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>> méthodes

Un comité d’audit au sein de l’administration d’Etat :


le ministère de la Défense montre le chemin

>> fraudes
Comment monter une « usine à gaz » sans
qu’aucun régulateur ne fronce le sourcil

LE CONTRÔLE INTERNE
DU SYSTÈME D’INFORMATION
Quand auditeurs internes et gestionnaires
sont au coude-à-coude

n°195
Juin 2009
n° 184 n° 185 n° 186 n° 187 n° 188

n° 189 n° 190 n° 191 n° 192 n° 193

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I F A C I - Martine Pague - 12 bis, place Henri Bergson - 75008 Paris - Tél. : 01 40 08 48 04 - Fax : 01 40 08 48 20 - Mel : mpague@ifaci.com
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>> éditorial

éditorial
la revue française
de l’audit interne
n°195 - juin 2009
Auditeurs internes et
EDITEUR
Institut Français de l’Audit et
du Contrôle Internes (IFACI)
gestionnaires du
Association Loi 1901
12 bis, place Henri Bergson
75008 Paris (France)
système d’information
Tél. : 01 40 08 48 00
Mel : institut@ifaci.com
au coude-à-coude

E
« t ceci se passait en des temps très anciens » : elle paraît déjà lointaine en effet
DIRECTEUR DE PUBLICATION
l’époque – un quart de siècle seulement – où les nouvelles techniques gagnaient
Claude Viet
l’entreprise.
RESPONSABLE DE LA RÉDACTION Percevait-on l’effet structurant qu’elles allaient avoir ?
Louis Vaurs
RÉDACTEUR EN CHEF La prise de possession d’un écran par un acteur solitaire a eu des effets sur les relations
Marc Jouffroy hiérarchiques.
Machines à mémoire et utilisation d’ordinateurs simples pour le traitement de texte
RÉDACTION - RÉVISION
ont changé l’activité des secrétariats.
Jean-Loup Rouff - Béatrice Ki-Zerbo
SECRÉTARIAT GÉNÉRAL Puis, les choses sont allées très vite et désormais – c’est une évidence – les systèmes
Eric Blanc - Tél. : 01 40 08 48 02 d’information innervent l’entreprise, l’informatique est partout, prégnante, incontour-
Mel : eblanc@ifaci.com
nable. Arrêtez la salle des machines, dit plaisamment un auteur, et vous verrez le tra-
RÉALISATION / PUBLICITÉ vail …
EBZONE Communication
32, avenue de Beauregard Ce que l’on n’arrêtera pas, c’est le goût des enfants pour les jeux de la machine, pré-
94500 Champigny-sur-Marne lude au sérieux ultérieur. La paix des touches, plutôt que « La guerre des boutons ».
Port. : 06 15 04 56 32
Mel : eblanc@ebzone.fr
C’est la paix aussi entre les auditeurs internes et les gestionnaires des systèmes d’in-
formation :
IMPRESSION
Imprimerie Compédit Beauregard S.A.
l’audit interne devient plus technique et les auditeurs, forcément plus techniciens,
61600 La Ferté-Macé travaillent avec ces gestionnaires en apportant leurs compétences transverses et
leur professionnalisme spécifique ;
ABONNEMENT un contrôle interne pertinent du système d’information s’impose. Mais le système
Martine Pague - Tél. : 01 40 08 48 04 d’information, sujet de contrôle, est lui-même moyen du contrôle. Là est l’impor-
Mel : mpague@ifaci.com tance ;
Les articles sont présentés sous la composition des équipes d’audit s’équilibre nécessairement entre informaticiens
la responsabilité de leurs auteurs. devenus auditeurs et auditeurs dits généralistes souvent plus compétents en infor-
matique qu’on ne le croit généralement ;
échanges et complémentarité vont se poursuivre.
La complexification suscite l’osmose.

Revue bimestrielle (5 numéros par an)


Dans un ouvrage déjà ancien, Edgar Morin prônait
ISSN : 1954-4995
CPPAP : 0513 G 83150 l’interdisciplinarité entre les sciences biologiques et
Dépôt légal : juin 2009 les sciences humaines.
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Ce document est imprimé avec des encres végétales Marc Jouffroy


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d’une démarche de développement durable. Rédacteur en chef

n°195 - juin 2009 3


La Certification IFACI,
un engagement pour
plus de performance

Raymond Redding, Directeur Général


L’audit interne apporte à la Direction Générale Délégué du Groupe La Poste
une capacité à éclairer la décision managériale
dans les domaines à forts enjeux. « L’obtention de la Certification IFACI pour le
service d’audit du Courrier était un défi que nous
Pour la Direction Générale, la Certification est venons de relever avec succès. Cette démarche
une assurance sur la qualité des travaux de s’inscrit fort logiquement dans notre ambition de
l’audit interne effectués dans le respect des devenir à l’horizon 2012 le leader européen du
Normes professionnelles et la recherche de plus Courrier sous toutes ses formes.
de performance pour l’entreprise. Il est indispensable que, dans ce contexte, j’aie la garantie
que la démarche, les méthodes, les outils du service d’audit
sont au niveau des meilleurs et que leur professionnalisme
est incontestable. La Certification IFACI m’apporte cette
garantie.
Cette Certification constitue également un formida-
ble encouragement pour les équipes d’audit du
Courrier à “ faire la course en tête ”, à fournir des
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>> sommaire

>> méthodes
6 Un comité d’audit au sein de l’administration d’Etat : le ministère de la Défense montre le chemin
Marcel David, Laurent Le Bar, Francis Le Gallou, Olivier Maigne

>> fraudes
41 Comment monter une « usine à gaz » sans qu’aucun régulateur ne fronce le sourcil
Noël Pons

>> mémoire étudiant


47 Peut-on mesurer la performance du contrôle interne ?
Maxime Papon

>> francophonie
50 La vérification interne : un des quatre pieds indispensables de la table de la gouvernance
Denis Lefort

59 >> lu pour vous


62 >> l’audit en mouvement

>> dossier
Le contrôle interne du système
d’information
12 Un partenariat stratégique entre deux fonctions clés de l’entreprise
Régis Delayat
16 Un partenariat pour un contrôle interne pertinent dans un
environnement de gestion du système d’information
Jean-Claude Hillion
19 La mise en œuvre du guide opérationnel relatif au contrôle interne du
système d’information au sein du groupe Nexans
Jean-Marie Pivard
24 Au cœur de tous les métiers, le système d’information est à la fois objet
et moyen du contrôle interne
Farid Aractingi
29 Sous-traitance : une relation équilibrée entre client et prestataire pour
une meilleure maîtrise des risques
Marie-Noëlle Gibon
sommaire

34 Le rôle de l’audit informatique, une réelle plus value pour une DSI
Jean-Marc Hospital

>> Fiche technique n°25


> Norme 2130 - Contrôle
> Evaluation d’un dispositif de contrôle ancré dans les métiers
Thierry Bardet

n°195 - juin 2009 5


>> méthodes

Un comité d’audit au sein


de l’administration d’Etat :
le ministère de la Défense
montre le chemin

Marcel David,
contrôleur des armées
Laurent Le Bar,
commissaire lieutenant-colonel
Francis Le Gallou,
contrôleur des armées
Olivier Maigne,
contrôleur des armées

A
l’occasion de son rapport 2008 sur le gouver- guant cependant, tant dans son organisation que dans
nement d’entreprise et le contrôle interne1, certains de ses objectifs particuliers.
l’AMF a étudié un échantillon représentatif de
100 sociétés2. Parmi elles, 73 % avaient mis en place un Les raisons d’une création : répondre aux
comité d’audit. Parallèlement, à l’occasion de la diffu- exigences de la mise en œuvre de la
sion du Common body of knowledge (CBOK)3 en juin comptabilité générale au sein de l’Etat
2008, l’IFACI a relevé parmi les répondants français que
80 % disposaient d’un comité d’audit. Jusqu’en 2006, l’Etat ne tenait qu’une comptabilité d’en-
gagement et de caisse et souffrait donc de l’absence d’une
L’administration de l’Etat rejoint peu à peu ce mouve- approche patrimoniale, qui, à l’heure des questionne-
ment, bien que les enjeux de gouvernance soient sensi- ments sur la soutenabilité de la dette, exigeait une réponse
blement différents de ceux du secteur privé. Le ministère opératoire que la comptabilité générale pouvait lui offrir.
de la Défense a ainsi créé un comité ministériel d’audit Depuis 2006, en plus de cette comptabilité budgétaire,
comptable et financier le 11 octobre 2007. Le comité l’Etat établit aussi des comptes annuels en comptabilité
reprend une partie des missions d’un comité d’audit tel d’exercice, certifiés par la Cour des comptes.
qu’il peut être conçu dans une entreprise en s’en distin-

6 n°195 - juin 2009


méthodes
Depuis la révision du 23 juillet
2008, la Constitution4 dispose
que « les comptes des adminis-
trations publiques sont régu-
liers et sincères » et qu’ils
« donnent une image fidèle du
résultat de leur gestion, de leur
patrimoine et de leur situation
financière ». Dès 2001, l’arti-
cle 27 de la LOLF avait intro-
duit la comptabilité générale
au sein de l’Etat, aux côtés de
la traditionnelle comptabilité
budgétaire et de la comptabi-
lité d’analyse des coûts des
actions qui constitue, elle aussi, De gauche à droite : Francis Le Gallou, Olivier Maigne, Laurent Le Bar, Marcel David

une innovation en matière de comptabilité publique.

Si l’enjeu est capital, sa mise en œuvre est complexe, de qualité comptable formulées par la Cour des comp-
tant la logique de la comptabilité générale (les normes de tes6.
l’Etat s’approchant parfois très étroitement des standards
IFRS) peut différer des pratiques budgétaires mises en Une organisation originale qui se
œuvre jusqu’en 2006. Elle l’est tout particulièrement cantonne au domaine de la comptabilité
pour le ministère de la Défense, en raison de son poids et de l’exécution des lois de finances
dans les comptes de l’Etat.
Pour fiabiliser sa production de données comptables, le
Le poids du ministère de la Défense ministère a déployé une série de mesures parmi lesquel-
dans les comptes de l’Etat les figurent la définition d’un référentiel de contrôle interne
comptable7 (décliné du référentiel interministériel lui
Le ministère de la Défense tient une place particulière même inspiré du référentiel de contrôle interne de l’AMF)
dans les comptes de l’Etat. Au 31 décembre 2007, les et la création d’un comité d’audit. Le comité ministériel
actifs nets de l’Etat s’élevaient à 555,2 Md€5. Le minis- d’audit comptable et financier (CMACF), selon les ter-
tère de la Défense contrôlait directement 128 Md€ de ces mes de l’article 2 de l’arrêté du 11 octobre 2007 qui l’ins-
actifs, (dont 100 Md€ d’immobilisations corporelles et titue, « définit, au nom du ministre, la politique d’audit
de stocks) (Cf. schéma n° 1). Le ministère représente du ministère de la Défense dans les domaines relatifs à
ainsi 84 % des immobilisations corporelles de l’Etat hors l’exécution des lois de finances et la comptabilité. » Il
immobilier, 96 % de ses stocks et 96 % de ses immobili- vise aussi à fédérer la ressource d’audit du ministère tra-
sations incorporelles. Le poids prépondérant du minis- vaillant sur le domaine comptable et financier.
tère de la Défense dans le patrimoine de l’Etat explique
l’ampleur du chantier comptable que ce dernier a à faire Cette création se trouve en parfaite adéquation avec les
aboutir. Les enjeux de la certification des comptes de conclusions du Livre Blanc sur la défense et la sécurité
l’Etat ont très naturellement conduit le ministère de la nationale8.
Défense à renforcer sa capacité à répondre aux attentes

n°195 - juin 2009 7


>> méthodes

CBCM PQ* PQ*


(Invité) PQ*
État major
Direction des
des armées
affaires financières
Comité ministériel d'audit
Délégation générale comptable et financier
pour l'armement Armée de l'air

Gendarmerie Marine
nationale nationale
Délégation aux Armée de terre
affaires stratégiques
Secrétariat général
pour l'administration

Comité Technique Secretariat permanent


CTMACF SPCMACF
Représentants des
membres du CMACF CA CLC
* PQ : personne qualifiée CA
Schéma 1

Un comité qui associe fortement le major général de la gendarmerie nationale (désor-


le management mais rattaché au ministère de l’intérieur) ;
le directeur chargé des affaires stratégiques12 ;
Jusqu’à présent, les processus décisionnels du ministère le représentant du secrétaire général pour l’administra-
reposaient essentiellement sur une logique budgétaire. tion13 ;
L’innovation induite par l’introduction de la comptabi- le représentant du chef d’état-major de l’armée de terre14 ;
lité générale modifie profondément les conceptions et le représentant du chef d’état-major de la marine natio-
les pratiques du reporting financier. Elle devait donc nale15 ;
faire l’objet d’une approche « managériale » qui per- le représentant du chef d’état-major de l’armée de l’air16 ;
mette son appropriation par les décideurs. le directeur des affaires financières du ministère.

Ainsi, par souci de pragmatisme, tous les grands déci- Pour épauler le « management » qui y occupe une place
deurs du ministère ont été associés à la mise en œuvre du prépondérante, il a été décidé de faire appel à des per-
chantier comptable, avec l’appui de son inspection géné- sonnalités qualifiées issues du secteur privé17. Au 1er jan-
rale, le contrôle général des armées. vier 2009, Mme Sanz Redrado, directrice de l’audit interne
du groupe Galeries Lafayette, M. Philippe Douay, ancien
La composition du comité reflète l’esprit de cette démar- directeur financier dans plusieurs sociétés, et M. Michel
che. Placé sous la présidence du chef du contrôle général Bachette Peyrade, associé du cabinet Synergie Audit,
des armées, il est constitué de 14 personnes9 parmi les- apportent leur expertise à la constitution d’une fonction
quelles figurent : d’audit interne comptable cohérente et professionnelle.
le représentant du chef d’état-major des armées10 ; En outre, le contrôleur budgétaire et comptable ministé-
le représentant du délégué général pour l’armement11 ; riel, haut fonctionnaire dédié au ministère de la Défense

8 n°195 - juin 2009


méthodes
mais dépendant du ministre du budget des comptes publics tères ne disposent pas d’états financiers en propre mais
et de la fonction publique, peut être invité à participer seulement de parties de comptabilités18 qui, agrégées
aux réunions du comité. avec les enregistrements des comptables publics, vien-
nent alimenter les comptes de l’Etat. Les auditeurs s’at-
Les travaux du comité d’audit s’appuient par ailleurs sur tachent donc autant à évaluer la qualité des processus
un comité technique (comité ad hoc réuni pour traiter producteurs de données comptables qu’à apprécier celle
des aspects techniques de la régulation de la fonction des données comptables elles-mêmes, dont le ministère
« audit interne comptable » au sein du ministère) et sur ne détient que des fragments.
un secrétariat permanent qui prépare et anime les tra-
vaux des comités. Ce secrétariat permanent supervise Le secrétariat permanent a supervisé en 2008 plusieurs
également la réalisation d’audits comptables (Cf schéma missions qui ont porté sur les principaux processus à
n° 2). risque identifiés au ministère de la Défense (les cycles
immobilisation, stocks et charges, opérations de ratta-
Un comité qui assure la supervision chement à l’exercice, et états financiers).
directe d’audits ministériels
L’animation de la fonction ministérielle
Les pratiques du comité ministériel se distinguent de d’audit comptable par le comité
celles des comités du secteur privé.
En effet, le ministère de la Défense ne dispose pas pour Le comité ministériel a défini au cours du premier tri-
l’instant de force d’audit comptable structurée, entière- mestre de son activité le corpus de textes organisant la
ment professionnalisée et capable d’agir au niveau minis- fonction et les travaux des auditeurs19, en le complétant
tériel. Pour assurer la réalisation de travaux concrets dès par un règlement intérieur du comité technique et du secré-
l’année 2008, le comité a donc choisi de superviser lui- tariat permanent. L’ensemble de ces documents s’inspire
même des missions d’audit comptable. Ces missions sont des bonnes pratiques en la matière. Le ministère s’aligne
réalisées par des équipes ad hoc, composées d’auditeurs ainsi sur les grandes orientations prises par les sociétés
mis à disposition du SPCMACF par les membres du comité ayant mis en place un comité d’audit20, même s’il n’est
et encadrées par le secrétariat per-
manent. Elles comportent, en
moyenne, 5 à 6 auditeurs. Part du Mindef dans les actifs de l'État

Immobilisations
Les auditeurs s’appuient sur un corporelles
Immobilisations
12 %
guide méthodologique, une financières
2%
charte d’audit ministériel et un
code de déontologie, conçus par Stock
le secrétariat permanent et 6%

approuvés par le comité. Ils peu- Autres


vent par ailleurs recourir à un ministères
Trésorerie
outil informatisé de traitement 1%
de données comptables. La
méthodologie mise en œuvre
Immobilisations
tient compte des particularités Mindef incorporelles
24 % 5%
de l’organisation comptable de
l’Etat, dans laquelle les minis- Schéma 2

n°195 - juin 2009 9


>> méthodes

méthodes
pas soumis aux contraintes légales ou règlementaires qui Les travaux du comité et de l’ensemble du ministère visent
pèsent sur certaines d’entre elles21. à améliorer la qualité comptable par l’animation d’une
politique d’audit interne comptable, et par la participa-
Par ailleurs, le comité d’audit valide annuellement la tion directe à l’amélioration des dispositifs de contrôle
cartographie ministérielle des risques comptables et le interne grâce à la supervision de missions d’audit diri-
plan d’action ministériel établis par la direction des affai- gées par son secrétariat permanent. Ils permettront, à
res financières. Ces documents sont préparés en lien étroit terme, de fiabiliser les processus relatifs à la performance,
avec toutes les structures du ministère, y compris le secré- la gestion budgétaire et la connaissance des coûts. Ils
tariat permanent du comité. participent ainsi, in fine, au meilleur emploi des deniers
publics.
Le comité s’est parallèlement engagé dans la coordina-
tion des audits de nature comptable menés par des cellu-
les diverses réparties au sein des structures relevant des 1
Rapport 2008 de l’AMF sur le gouvernement d’entreprise et le
grands subordonnés du ministre (CEMA, SGA, DGA). contrôle interne, AMF, Paris, 27 novembre 2008.
2
100 sociétés dont les actions sont admises aux négociations sur
Elles travaillaient jusqu’à présent selon une spécialisa- Euronext Paris (50 du segment A dont 37 faisant partie de l’indice
CAC40, 20 du segment B et 30 du segment C).
tion des interventions qui ne recouvrait pas exactement 3
L’audit interne en France et dans le monde, points de repère et
la typologie distinguant le contrôle interne de l’audit tendance du CBOK, IFACI, Paris, juin 2008.
interne, et dans des domaines qui ne présentaient pas
4
Article 47-2.
5
Source : compte général de l’Etat 2007.
nécessairement un risque élevé pour le ministère. Il 6
En 2006 et 2007, la troisième réserve substantielle apportée par la
s’agit désormais de réorienter les pratiques d’audit vers Cour des comptes à sa certification des comptes de l’Etat soulignait les
efforts à produire par le ministère.
des zones évaluées comme étant à risque élevé et de conce- 7
Instruction ministérielle du 13 décembre 2007 relative au contrôle
interne comptable au ministère de la défense.
voir une structuration de la fonction d’audit interne selon 8
« Une fonction d’audit interne sera mise en place, de façon à assurer
une logique de subsidiarité : l’existence d’un échelon la production d’une information financière transparente, incontestable et
partagée […] », Livre blanc sur la défense et la sécurité intérieure,
ministériel vient renforcer les travaux d’audit réalisés au 2008, p.257.
sein des structures relevant des grands subordonnés et 9
Le rapport 2008 de l’AMF sur le gouvernement d’entreprise et le
contrôle interne constate une moyenne de 3,6 administrateurs au sein
coordonnés par le comité. Enfin, le comité ministériel des comités d’audit des 100 sociétés sélectionnées.
adresse au ministre, à la fin de chaque année, un rapport 10
CEMA, chargé de la préparation et de l’emploi des forces armées,
responsable d’un programme de 22 Md€, et co-responsable d’un
présentant le bilan de son activité, préparé par le secréta- programme de 12 Md€.
riat permanent, ainsi qu’un rapport sur l’état du contrôle 11
DGA, chargé de la conduite des opérations d’armement et co-
responsable avec le CEMA du programme de 12 Md€
interne comptable au sein du ministère. Ce second rap- 12
DAS, responsable de la prospective et d’un programme de 1,7 Md€.
port a une vocation descriptive et s’intéresse à la structu- 13
SGA, responsable du soutien commun du ministère et de programmes
de 5 Md€.
ration du dispositif de contrôle interne comptable. Il 14
CEMAT, responsable des forces terrestres.
n’aborde pas les problématiques de gouvernance du minis- 15
CEMM, responsable des forces navales.
16
CEMAA, responsable des forces aériennes.
tère telles, qu’en comparaison, elles peuvent être décri- 17
Nommées par arrêté du ministre de la Défense.
tes dans le rapport sur le gouvernement d’entreprise et le 18
Inventaires d’immobilisations et de stocks, opérations à rattacher à
l’exercice …
contrôle interne que prévoit, pour certaines sociétés, le 19
Un guide méthodologique, une charte d’audit ministériel et un code
code de commerce au travers de ses articles L 225-37 et de déontologie.
20
« L’audit interne en France et dans le monde – points de repères et
235-6822. Le rapport synthétisant l’activité du comité est, tendance du CBOK », IFACI, juin 2008.
quant à lui, évaluatif. Il s’attache à donner une opinion 21
Par exemple, loi du 3 juillet 2008 portant diverses dispositions
d’adaptation du droit des sociétés au droit communautaire (notamment
sur la maîtrise des risques comptables. Les deux rapports articles 26 et 27 modifiant deux articles du code de commerce).
sont diffusés au Parlement et à la Cour des comptes. Article L225-37 : « […] le président du conseil d’administration rend
22

compte […] de la composition, des conditions de préparation et


d’organisation des travaux du conseil […]. Ce rapport indique en outre
* * les éventuelles limitations que le conseil d’administration apporte aux
pouvoirs du directeur général. […] ».
*

10 n°195 - juin 2009


>> dossier

LE CONTRÔLE INTERNE
DU SYSTÈME D’INFORMATION
Quand auditeurs internes et gestionnaires
sont au coude-à-coude

12 Un partenariat stratégique entre deux fonctions clés de


l’entreprise
Régis Delayat
16 Un partenariat pour un contrôle interne pertinent dans un
environnement de gestion du système d’information
Jean-Claude Hillion

19 La mise en œuvre du guide opérationnel relatif au


contrôle interne du système d’information au sein du
groupe Nexans
Jean-Marie Pivard
24 Au cœur de tous les métiers, le système d’information est
à la fois objet et moyen du contrôle interne
Farid Aractingi
29 Sous-traitance : une relation équilibrée entre client et
prestataire pour une meilleure maîtrise des risques
Marie-Noëlle Gibon
34 Le rôle de l’audit informatique, une réelle plus value pour
une DSI
Jean-Marc Hospital
dossier
>> dossier

Un partenariat
stratégique entre
deux fonctions clés
de l’entreprise

Régis Delayat
directeur des systèmes
d’information, SCOR
administrateur du CIGREF

L
es entreprises ont été confron- A cet égard, l’actualité a été marquée Le cadre de référence AMF,
tées ces dernières années à de ces dernières années par la multipli- le document fondateur à
profondes transformations cation d’« affaires » provenant de l’origine des travaux entre
liées à des facteurs internes (consoli- défauts du contrôle interne des proces- le CIGREF et l’IFACI
dations, nouvelle gouvernance, orga- sus, des organisations, des hommes,
nisation de l’entreprise par proces- des systèmes d’information, etc. Le CIGREF1 et l’IFACI ont élaboré
sus…) ou externes (globalisation, Le contrôle interne des entreprises est ce guide opérationnel dans le cadre
exigence de création de valeur, gestion donc bel et bien aujourd’hui au cœur de leur partenariat signé le 9 octobre
des risques complexes, contraintes de la problématique de la performance 2007. Cet accord a fait suite à l’éla-
régulatoires…). et de la sécurité de l’entreprise. La boration début 2007, par un groupe
Complexité et accélération des chan- crise financière rend en outre les entre- de place, d’un cadre de référence du
gements ont pu engendrer des risques prises plus fragiles, plus exposées, contrôle interne doublé d’un guide
et des failles dans le fonctionnement renforçant de fait le caractère impé- d’application relatif au contrôle
des entreprises. ratif d’un bon contrôle interne. interne de l’information comptable et

12 n°195 - juin 2009


Le contrôle interne du système d’information

dossier
financière dont l’Autorité des Marchés de toute organisation des secteurs Deux axes de travail :
Financiers (AMF) recommande l’uti- privé et public, et à créer de la valeur le contrôle des processus
lisation. pour les entreprises. métiers de l’entreprise et le
contrôle du SI de
Il s’agit donc d’un partenariat straté- D’une manière générale, les travaux l’entreprise
gique entre deux fonctions clés de et le rapport final ont cherché à répon-
l’entreprise, l’audit interne et les systè- dre aux objectifs suivants : Le CIGREF et l’IFACI se sont inté-
mes d’information, visant à décliner sensibiliser les directeurs généraux, ressés à une double vision du contrôle
de manière pragmatique et opéra- directeurs des systèmes d’informa- interne du système d’information :
tionnelle le cadre de référence du tion, directeurs audit et contrôle, direc- d’une part le contrôle des applications
contrôle interne publié par l’AMF au teurs métiers, consultants… ; qui déclinent les processus métiers de
niveau du système d’information, enrichir la dimension SI du cadre l’entreprise, d’autre part le contrôle
véritable système sanguin de l’entre- AMF et mieux le relier aux référen- de l’activité de la DSI de l’entreprise.
prise. tiels existants ; Selon les situations, le SI est à la fois
élaborer un guide d’application rela- objet et levier du contrôle. Sur l’axe
Un guide opérationnel au tif au contrôle interne des systèmes processus métiers, les deux associa-
service de la performance d’information, incluant des listes de tions ont établi une démarche géné-
de l’entreprise bonnes pratiques ; rique, illustrée sur trois processus
aider les fonctions SI et audit à communs à de nombreuses entrepri-
Le partenariat entre le CIGREF et mieux collaborer pour renforcer l’ef- ses : le processus achat, le processus
l’IFACI vise à convaincre les diri- ficacité du contrôle interne de l’en- vente et le processus consolidation.
geants des enjeux du contrôle interne treprise ; Sur l’axe des métiers des systèmes
et de la maîtrise des systèmes d’in- avoir une approche sélective et d’information, les deux partenaires se
formation au sein de l’entreprise ou réaliste des risques. sont intéressés, en partant du réfé-

Pé r i m è t r e Li v r a b Le s

Contrôle interne de l’entreprise


Compétences
Contrôle interne du SI

Processus de l’entreprise
Cartographie processus
Métiers IT (CobiT)

Compétences
Achats
Projets Processus
Etapes
Maintenance & Changements Acteurs / RACI
Ventes Flow-chart
Incidents Risques
Exemples de contrôles
Sécurité logique & Accès Bonnes pratiques
Consolidation
Sous-traitance

Figure 1 : Synthèse des travaux - Un double approche du contrôle

n°195 - juin 2009 13


>> dossier

rentiel CobiT, à l’analyse de six la conception de Processus


processus IT : les compétences, les l’application.
projets, la maintenance, la gestion des Enfin, à chaque
incidents, la sécurité logique et les fois que possi-
accès, ainsi que la sous-traitance. ble, des bonnes
pratiques ont été
Les travaux ont rassemblé une ving- listées. Au final, Points de contrôle
Étapes
taine de grandes entreprises repré- il s’agit bien AMF

sentées par une trentaine de person- d’un guide


nes réunies au sein de deux groupes opérationnel,
de travail mixtes CIGREF et IFACI. même si chaque
De nombreuses réunions ont eu lieu entreprise devra
Acteurs Risques
tout au long de l’année 2008, et la adapter le docu-
présentation du rapport a rassemblé ment à son
200 personnes le 13 mars dernier au contexte d’en- Contrôles
Palais Brongniart (Cf. figure 1). treprise (Cf.
figure 2). Figure 2 : Une démarche commune

Une démarche commune


qui identifie les acteurs, les Schématiquement, le groupe a classé des familles de risques au niveau de
processus et leurs étapes, les processus de l’entreprise en trois l’entreprise : les risques financiers,
les risques et les bonnes grandes catégories : les processus de les risques opérationnels et les risques
pratiques de contrôle direction, les processus opérationnels de conformité (Cf. figure 4).
et les processus support, le processus
Sur ces deux axes la démarche a été IT faisant partie des processus support Au-delà du découpage par type de
identique : tout d’abord, un recense- et l’audit interne faisant partie des processus et par type de risques, un
ment des processus et des risques. processus de direction (Cf. figure 3). des intérêts des travaux est qu’il y a
Pour chaque processus, l’identifica- eu un travail d’analyse sur les acteurs
tion des étapes, des acteurs, des Concernant les risques, les travaux du risque, sur leurs rôles et responsa-
risques, et des contrôles à intégrer dès ont permis de distinguer trois gran- bilités (Cf. figure 5).

Processus de Processus Processus


direction opérationnels support

• Stratégie • Recherche & • Contrôle de gestion


• Organisation Développement • Trésorerie
• Déontologie • Achats • Comptabilité
• Conformité • Fabrication • Investissements
• Gestion des Risques • Contrôle qualité • Consolidation
• Communication financière • Distribution / Logistique • Fiscalité
• Audit interne • Marketing • Juridique
• Affaires Publiques • Vente • RH
• Communication interne • Après-vente • Services généraux
• Relations sociales • Informatique

Figure 3 : Les processus de l’entreprise

14 n°195 - juin 2009


Le contrôle interne du système d’information

dossier
Risques Risques Risques de
financiers opérationnels conformité

• Risques de contrepartie • Risques pays • Aspects légaux et régle-


• Risques de taux • Catastrophes naturelles mentaires
• Risques de change • Fraudes, corruption • Risques de sanctions
• Risques de marché • Failles de sécurité (administrative, judiciaire,
• Risques de liquidité • Accidents de travail disciplinaire)
• Arrêts de production • Risques de réputation et
• Dommages aux actifs d’image
corporels • Risques déontologiques
• Défaillances dans • Risques contractuels
l’exécution et la gestion
des processus et des
systèmes
• Autres dysfonction-
nements de l’activité

Figure 4 : Les risques de l’entreprise

Identification des Evaluation des Traitement des


Surveillance
risques risques risques

Direction générale Approbateur Approbateur Informé Approbateur

Directeur métier Approbateur Approbateur Approbateur Approbateur


Opérationnels
Réalisateur Réalisateur Réalisateur Consulté
métier
Direction des
systèmes Réalisateur Consulté
d’information
Risk Manager Réalisateur /
Réalisateur Informé Informé
Groupe Approbateur
Responsable
Informé Informé Réalisateur
Sécurité SI
Responsable du
Consulté Consulté Consulté Réalisateur
contrôle interne
Audit interne Informé / Réalisateur Informé / Réalisateur Informé Réalisateur

Figure 5 : Les acteurs du risque - rôle et responsabilités

Les 5 principes le management doit instaurer une granularité doit s’appliquer ;


du contrôle interne culture et une dynamique du contrôle ; il faut être conscient de la non-
le contrôle interne doit être intégré exhaustivité et des limites du dispo-
Pour conclure, j’aimerais insister sur dans les processus de l’entreprise ; sitif de contrôle.
cinq éléments essentiels dans la mise les systèmes d’information jouent 1
CIGREF : Club
en œuvre d’un contrôle interne perfor- un rôle clé ; Informatique des Grandes
Entreprises Françaises
mant : un principe de proportionnalité et

n°195 - juin 2009 15


>> dossier

Un partenariat pour
un contrôle interne
pertinent dans un
environnement de
gestion du système
d’information
Entretien avec
Jean-Claude Hillion
président de l’Unité de Recherche Informatique de
l’IFACI

Jean-Loup r ouff : Que pense l’URI formation, ont été réalisés en parte- mise en commun de réflexions et
(Unité de Recherche Informatique) nariat avec le CIGREF. La concréti- d’idées sur ce que doit être le contrôle
du guide opérationnel d’application sation en est la concordance établie interne dans un environnement de
du cadre de référence AMF relatif au entre les objectifs du cadre de réfé- gestion de systèmes d’information.
contrôle interne du système d’infor- rence et les « processus » décrits à
mation des organisations ? l'issue de ces travaux J.-L. r . : Ce document vous paraît-
il répondre aux questions essentiel-
Jean-Claude Hillion : Il faut repla- Ces travaux réalisés avec le CIGREF, les, être adapté aux diverses situa-
cer les travaux avec le CIGREF1 dans et le nouveau guide qui a été rédigé, tions ? Y a-t-il des domaines qui
leur contexte. Le Cadre de référence correspondent bien aux objectifs, dans devraient être approfondis ?
AMF sur le contrôle interne évoquait la mesure où il était nécessaire de
la problématique du contrôle interne préciser les choses – et nous les avons J.-C. H. : Le domaine qui devrait être
et des systèmes d’information, mais précisées – entre, d’une part, les audi- approfondi concerne la continuité de
ne la traitait pas suffisamment en teurs internes et, d’autre part, les l’activité, puisque le groupe a volon-
détail. C’est pourquoi des travaux opérationnels que sont les DSI ou tairement renoncé à traiter ce point-
complémentaires, spécifiques au ceux qui gèrent les systèmes d’infor- là. Par contre, une autre unité de
contrôle interne et au système d’in- mation. C’est donc un partage, une recherche de l’IFACI s’est penchée

16 n°195 - juin 2009


Le contrôle interne du système d’information

dossier
sur la question de la continuité de rale, et pas sous l’angle d’une appli- niciens, que sont les DSI et les infor-
l’activité et l’audit de la continuité de cation formelle. Autrement dit, c’est maticiens en général.
l’activité. Il y aurait probablement lieu la preuve par l’exemple qui a été choi-
de croiser les réflexions spécifiques sie comme méthode, et non pas l’ap- J.-L. r . : Oui, mais les audités ont
menées par cette unité de recherche plication formelle et théorique d’un affaire aux auditeurs et aux contrô-
et le prolongement qu’il y aurait à référentiel, ce qui est plutôt une bonne leurs internes, ils n’ont pas affaire
donner au cahier réalisé avec le chose. aux seuls techniciens ?
CIGREF.
Cela dit, l’essentiel des principes est J.-C. H. : Cela dépend : si l’on est sur
Sur les questions essentielles, les suivi ; notamment, est prise en compte le gestionnaire de l’application, c’est
points forts de l’ouvrage, il y a d’une la notion de point de contrôle, bâtie bien un « audité opérationnel » qui va
part tout ce qui concerne les proces- sur des exemples – c’est ce que j’évo- avoir à prendre en compte l’applica-
sus informatisés construits à partir quais tout à l’heure pour les applica- tion, et donc les observations sur le
d’exemples et, d’autre part, la gestion tions – qui peut servir de référence ou fonctionnement de l’application. À ce
proprement dite des ressources et des de référentiel à un auditeur pour abor- titre-là, c’est bien vis-à-vis des maîtri-
moyens informatiques : ce sont les der l’audit des systèmes d’informa- ses d’ouvrage qu’existe la nécessité
deux piliers sur lesquels on doit se tion. de pouvoir rapprocher le point de vue
fonder en termes d’audit de la gestion
du système d’information.
Un rôle de médiation s’impose entre
En revanche, n’est pas traité non plus
audités et techniciens
de façon exhaustive, l’aspect sécurité
du système d'information (limité dans
l'ouvrage à la sécurité logique et aux
accès physiques, ce qui est déjà essen- de l’utilisateur, au sens large, des
tiel), qui sera donc probablement un J.-L. r . : Quelles sont les compéten- nécessités de contrôle interne tel qu’il
autre chapitre à ouvrir. ces requises pour les auditeurs et les peut s’exprimer à travers la pure tech-
contrôleurs internes en charge de nique informatique.
J.-L. r . : Comment bâtir un plan l’évaluation des SI ?
d’audit des SI donnant l’assurance On ne dit pas que c’est un moyen ou
que le contrôle interne de ces SI est J.-C. H. : Nous en avons discuté, en une réalité absolue dans le cadre du
correctement mis en œuvre ? particulier lors de la dernière unité de métier d'auditeur informatique, mais
recherche. Ce qui apparaît comme une dans les compétences requises, c’est
J.-C. H. : On devrait partir des réfé- nécessité, au-delà de la compétence d’abord cet aspect de communication
rentiels d’audit, et particulièrement technique pure sur la connaissance et d’aide aux utilisateurs du système
du CobiT qui a été pris en compte et des systèmes d’information et des à comprendre le fonctionnement de
évoqué dans le cadre de l’ouvrage. règles de fonctionnement de ces systè- ce système qui doit constituer son
Mais l’ouvrage ne s’est pas donné mes, c’est un aspect de « médiation » souci premier.
comme mission d’appliquer le CobiT entre les audités et la technique ; ceci
dans toutes ses dimensions, pour cons- dans le but de rendre plus intelligi- J.-L. r . : Ne pensez-vous pas qu’il
truire un plan d’audit en appliquant bles les conclusions à l’égard des vaut mieux, en tant que de besoin,
strictement les principes. On s’en est audités, notamment pour ce qui faire appel à des compétences exter-
inspiré plutôt, dans une ligne géné- concerne le « jargon » des purs tech- nes, plutôt que de compter sur des

n°195 - juin 2009 17


>> dossier

compétences internes, souvent peu responsable de la structure d’audit y compris en faisant le sacrifice d’un
affirmées, des auditeurs et des contrô- informatique, chargé de mettre en certain nombre d’options en matière
leurs ? place de nouvelles équipes. Une de contrôle interne. Mais on peut dire,
contrainte était que les chefs de a contrario, que les entreprises étant
J.-C. H. : L’avantage des auditeurs et mission devaient obligatoirement être plus fragiles, il y a une nécessité
contrôleurs internes, c’est qu’ils sont des inspecteurs, donc des personnes encore plus impérieuse de maîtriser
censés avoir – et en général, ils ont – du contrôle interne. Il s’est agi pour les risques.
à la fois une connaissance des proces- moi, d’une part, de recruter des infor-
sus opérationnels et, pour ce qui maticiens, en général de jeunes agents En fait, la réponse tient en trois points
concerne l’informatique de leur entre- destinés à retourner ensuite à l’infor- importants. D’abord, une limitation
prise, des processus informatisés qui matique, pour y accéder à des fonc- de budget impacte « tout naturelle-
y sont mis en œuvre ; voire de l’in- tions d’encadrement supérieur, et ment » les éléments de contrôle
formatique tout court, d’ailleurs. d’autre part de disposer d’inspecteurs interne, et c’est un risque. Ensuite, il
qui, eux, n’étaient pas du tout infor- y a nécessité de renforcer le contrôle
J.-L. r . : Ce sont des compétences maticiens et qui allaient avoir à pilo- interne par rapport à des menaces
techniques fortes. Il y a peu d’audi- ter des équipes d’auditeurs informa- comme la fraude ou la non-confor-
teurs et de contrôleurs internes qui ticiens. Le challenge a été tenu en mité. Enfin, il y a des applications
les ont. équilibrant à la fois une formation dont la réalisation, en tout ou partie,
complémentaire dans les deux domai- a été différée, ce qui pose des ques-
J.-C. H. : C’est un challenge pour nes. C’est une recette que je vous tions en termes de risque, parce que
l’IFACI et, à partir de l’ouvrage réalisé livre. les applications actuelles n’étant pas
avec le CIGREF, c’est une opportu- up-to-date ou n’étant plus conformes
nité à saisir pour améliorer la situa- J.-L. r . : En quoi la crise mondiale à la stratégie même de l’entreprise, y
tion. actuelle a-t-elle un impact sur le compris dans une période de crise,
contrôle interne des systèmes d’in- risquent de créer un hiatus.
Dans un certain nombre d’entrepri- formation, et en fait-elle un sujet prio-
ses, les auditeurs internes sont souvent ritaire pour les organisations aujour- Je terminerai en soulignant à nouveau
des transfuges de l’informatique, et à d’hui ? l'intérêt de l’ouvrage réalisé avec le
ce titre-là, ils sont, par nature, tout à CIGREF. Pour nous, du côté de l’au-
fait capables d’intervenir dans ce J.-C. H. : Je reviens d’un colloque dit interne, c’est indéniable, mais je
domaine. A partir de là, la question des vérificateurs internes du Québec, suppose qu’il sera utile aussi aux
pourrait se poser de savoir s’il faut dans lequel la question a été explici- gestionnaires, aux cadres, aux respon-
avoir été, dans une vie antérieure, obli- tement traitée dans le cadre de diffé- sables de gestion des systèmes d’in-
gatoirement informaticien pour être rentes présentations. formation. Comme tout ouvrage de
auditeur interne. La question reste cette nature, je pense qu’il doit être
ouverte et donnerait lieu à un joyeux La première des choses est la notion prolongé par des réflexions ou des
débat, à mon avis. de l’impact en matière budgétaire, approfondissements sur tel ou tel
c’est-à-dire des ressources mêmes de aspect, tel positionnement. L’utilité,
J’ai d’ailleurs une expérience person- l’audit et donc, par ricochet, du voire la nécessité, de poursuivre des
nelle sur le sujet à la Banque de contrôle interne des systèmes d’in- échanges, quelle qu’en soit
France. Après avoir moi-même passé formation, la tentation étant de dire la forme : groupes de travail, CIGREF : Club
1

Informatique des
15 ans à l’Organisation et Infor- que, dans une période de crise, la colloques, réunions mensuel- Grandes
matique, j'ai été désigné comme tendance est à la réduction les budgets, les, me paraît évidente. Entreprises
Françaises

18 n°195 - juin 2009


Le contrôle interne du système d’information

dossier
La mise en œuvre du
guide opérationnel relatif
au contrôle interne du
système d’information au
sein du groupe Nexans

Jean-Marie Pivard
directeur de l’audit interne, Groupe Nexans

L
e Groupe Nexans se compose est donc une préoccupation majeure
Diplômé de l’ESCP (Ecole aujourd’hui de plus d’une de la direction de l’audit interne (DAI)
Supérieure de Commerce de centaine d’entités opération- et de la direction des systèmes d’in-
Paris), titulaire du diplôme nelles à travers le monde, de tailles formation (DSI) de Nexans.
d’Expertise comptable, très différentes :
Jean-Marie Pivard a débuté sa les filiales les plus significatives Une participation commune
carrière chez Ernst & Young où il (soit environ 70 % du chiffre d’affai- audit interne/ DSI Nexans
a acquis une large expérience de res consolidé) utilisent l’ERP « SAP » au groupe de travail
l'audit (1990-2004), en France et mais avec des setups différents ; IFACI / CIGREF
à l’étranger, notamment dans le les autres entités plus petites ont des
domaine de l’industrie. Il a rejoint systèmes ERP différents. Avec la parution du Cadre de réfé-
en 2004 le groupe Lafarge en rence sur le contrôle interne de l’AMF
tant que directeur adjoint de Compte tenu des enjeux et de l’im- en janvier 2007, un premier travail de
l'audit interne. Il est, depuis portance prise aujourd’hui par les recensement mené au sein du groupe
octobre 2006, directeur de l’audit systèmes d’information, le contrôle par la direction de l’audit interne, avait
interne du groupe Nexans. interne de ces systèmes d’information mis en évidence la nécessité de renfor-

n°195 - juin 2009 19


>> dossier

cer le contrôle des systèmes d’infor-


Le Groupe Nexans mation pour les processus clés de l’en-
treprise.
Nexans, leader mondial de l'industrie du câble, propose une large gamme
de câbles et systèmes de câblage, et est un acteur majeur des marchés En octobre 2007, l’IFACI et le
d’infrastructures, de l’industrie et du bâtiment. Il développe des solutions CIGREF ont créé un groupe de travail
pour les réseaux d’énergie, de transport et de télécommunications, comme mixte afin d’élaborer un guide d’ap-
pour la construction navale, la pétrochimie et le nucléaire, l’automobile, plication relatif au contrôle interne
les équipements ferroviaires, l’électronique, l’aéronautique, la manuten- des systèmes d’information. La direc-
tion et les automatismes. tion de l’audit interne (DAI) et la
direction des systèmes d’information
Chiffre d’affaires 2008 Chiffre d’affaires 2008
par marché* par zone géographique*
(DSI) ont décidé de participer conjoin-
tement à ces travaux pour en faire
10 %
31 %
21 %
Industrie
Amérique du Sud 48 % bénéficier le Groupe Nexans.
Bâtiment Europe

13 %
Asie- Pacifique Concrètement, le directeur de l’audit
interne et le directeur groupe de la
conformité et de la sécurité informa-
tique ont activement participé à ce
14 %
groupe de travail et notamment à la
48 %
Moyen Orient,
Infrastructure
Russie, Afrique 15 %
Amérique du Nord rédaction du chapitre 4 de ce guide
* Sur la base du chiffre d’affaires à cours des métaux courant IFACI / CIGREF : « le contrôle du
(Proforma de Madeco et Intercond sur 12 mois)
système d’information de l’entre-
Avec une présence industrielle dans plus de 39 pays et des activités prise ».
commerciales dans le monde entier, Nexans emploie 23 500 personnes
et a réalisé, en 2008, un chiffre d'affaires de 6,8 milliards d’euros. Nexans Nous avons ainsi pu :
est coté à la Bourse de Paris, compartiment A de l’Eurolist d’Euronext. actualiser la cartographie des proces-
sus opérationnels de l’entreprise,
notamment pour les trois processus
La direction de l’audit interne de Nexans critiques que sont les ventes, les achats
et la consolidation (processus décrits
Créée en 2002, après le spin-off d’Alcatel et l’introduction en bourse de dans le guide IFACI / CIGREF) ;
Nexans, la direction de l’audit interne compte aujourd’hui une dizaine faire le rapprochement entre les
d’auditeurs ayant des formations commerciales et/ou scientifiques, venant risques opérationnels identifiés et les
du Groupe (promotion interne) ou de recrutement externe. Elle est ratta- points de contrôles listés dans le cadre
chée hiérarchiquement au directeur financier avec un lien fonctionnel de référence de l’AMF.
avec le président-directeur général et le Comité d’audit et des comptes.
Son fonctionnement est régi par une charte d’audit disponible sur l’in- A partir de cette analyse, nous avons
tranet de l’entreprise. Elle réalise des missions de conformité et/ou de passé en revue avec les responsables
conseil selon un plan d’audit pluriannuel approuvé par le Comité exécu- fonctionnels des systèmes d’infor-
tif (COMEX) et le Comité d’audit et des comptes, et qui est préparé sur la mation, les contrôles, les extractions,
base d’une cartographie des risques et d’entretiens avec le management les rapports d’exceptions existants au
du Groupe. L’audit interne de Nexans est certifié par l’IFACI depuis 2005. sein de l’ERP, et permettant de faire

20 n°195 - juin 2009


Le contrôle interne du système d’information

dossier
Exemple pour le processus achats : rapprochement entre risques et points de contrôles AMF

Les avoirs ne
sont pas
correctement
enregistrés Duplication des
(mauvaise comptes clients
classification) entraînant un
(PC6.10) dépassement des
limites de
Non alignement crédit, des
entre l'échéancier statistiques
de paiement fausses et des
Ventes à des comptes clients
clients non et l'échéancier
de facturation faux (PC6.9)
solvables, à des L'impact financier
clients ayant (PC6.12) des réclamations Les engagements
dépassé leur Des limites de n'est pas reporté liés aux
plafond autorisé, Non respect du crédits dans les temps à discounts et
ou ne respectant principe de inappropriées sont la direction rabais ne sont
pas les délais de séparation des fixées pour financière pas
Risques client certains clients (PC 6.5/6.9/6.12/ correctement
paiement exercices
(PC6.10) (PC6.10) 6.14) calculés (PC 6.5)
(PC 6.10) (PC 6.1/6.2/6.3)

4. Processus 5. Gestion 6. Gestion 7. Gestion


1. Processus 2. Processus 3. Processus
émission du des du
de de de
de fichier réclamations pricing &
cotation commande livraison
factures clients clients tarification

Les rabais et Les avoirs ne sont Des engagements


discounts ne pas exacts (mauvais non autorisés
sont pas montants, clients, etc.). sont passés avec
Les avoirs ne sont pas
correctement correctement enregis- des clients
enregistrés trés (mauvaise classifi- (PC6.9)
(PC6.5) cation). Les avoirs ne
sont pas correctement
engagés (mauvaise
Des fausses période, mauvais
montant, etc.).
factures sont Des engagements
émises ou des non autorisés sont
factures manuelles passés avec les clients.
ne sont pas Des avoirs
comptabilisées non autorisés /
illégaux sont
dans le système émis envers des
informatique clients. Pas de
(PC6.4) politique claire des
réclamations (PC6.5)
Source IFACI-CIGREF

face à la problématique soulevée entre refondu son manuel des principes l’audit interne, l’objectif a été, non
risque et point de contrôle du cadre comptables, de consolidation et du pas d’avoir des auditeurs informa-
de référence AMF. contrôle interne pour l’actualiser tiques stricto-sensu pour faire des
notamment au regard du cadre de réfé- revues de systèmes et / ou d’applica-
Deux axes de travail rence de l’AMF sur le contrôle tions, mais plutôt de mettre en œuvre,
mis en œuvre interne. Les principaux contrôles à au sein des programmes de travail
mettre en œuvre au sein des ERP pour standards de la DAI, ces contrôles
Afin de s’assurer de la mise en œuvre couvrir les risques majeurs identifiés informatiques sur les processus opéra-
d’une façon opérationnelle et prag- sur les processus clés, ont ainsi été tionnels des entités. Des actions de
matique de ces contrôles, deux axes repris dans ce manuel afin de pouvoir formation à l’utilisation de SAP ont
de travail ont ensuite été définis et mis être mis en œuvre au sein des unités. été menées en parallèle afin de
en place au sein du Groupe Nexans : Un livret a été édité sous format papier pouvoir rendre les équipes d’audit
et distribué au sein des entités afin de relativement autonomes sur les
Vis-à-vis des opérationnels (DAF, promouvoir son déploiement. missions dans l’utilisation de l’ERP
contrôleurs de gestion, DSI de filia- En ce qui concerne les missions et pour l’obtention des extractions ou
les…), Nexans a, durant cette période, d’audit menées par la direction de requêtes informatiques nécessaires.

n°195 - juin 2009 21


>> dossier

Exemple pour le processus achats : rapprochement entre points de contrôle AMF et exemples de contrôles

2.3.6 5) L'émission des


2.3.6 4) Toutes les factures avoirs justifiée et contrô-
sont enregistrées dans les 2.3.6 6) Les fonctions de
2.3.6 2) Les produits des lée. Seuls les avoirs facturation et de
2.3.6 3) L'ensemble des comptes clients ou contrôlés, sont enregistrés
2.3.6 1) Existence de règles activités ordinaires prove- directement en chiffre recouvrement sont
nant de la vente de biens livraisons effectuées donne dans les comptes effectivement séparées ;
comptables établissant lieu à facturation au cours de d'affaires - Les avoirs passent
clairement la distinction ont été comptabilisés - Toutes les factures sont
lorsque les conditions la période appropriée obligatoirement par le 2.3.6 7) Les fonctions de
entre ventes et prestations - La facturation peut être traitées par le logiciel et progiciel et correspondent
de service (en amont, en suivantes sont satisfaites : passent par un compte recouvrement et de
- Transfert à l'acheteur des faite la livraison donc à une commande. Ils gestion des comptes
paramétrage) Idéalement faire le contrôle client font l'objet d'un type de
- Tout ce qui est relatif au risques et avantages - Tranches de numéros clients sont effectivement
- Fin de l'implication du une fois par semaine pour document particulier séparées
chiffre d'affaires passe éviter d'être débordé lors de communes à toutes les - Une annulation de
obligatoirement par le vendeur dans la gestion des sociétés pour les docu- - Ceci se fait au niveau des
biens cédés ; la clôture facture ne peut être créée rôles et autorisations. Ce
module Marketing et - La billing due list générée ments de ventes qu'en référence à une
Ventes du progiciel - Évaluation fiable du - Ordre chronologique et ne doit pas être la même
montant des produits des en fin de mois permet de facture personne. Il faut procéder
- Une facture fait référence recenser ces écarts ( contrôle propre à chaque société - Bonne pratique - Contrô-
à un article activités ordinaires pour les pièces comptables à un contrôle de la
- Évaluation fiable des manuel) les dans les masters data distribution des rôles.
- Les services ne sont pas - Une facture (ou note de - Bonne pratique - transac- et rapprochements vues
considérés comme livrables avantages économiques tion dans le module ventes Dans certaines
associés à la transaction et crédit) à émettre est passée société dans les modules sociétés (petites), cette
et ne sont pas comptabilisés en provision permet d'assurer le ventes & finance du
dans les mêmes comptes des coûts encourus contrôle (minimum une séparation n'est pas
progiciel / logiciel effective
fois par semaine) (vérifier que les déverse-
ments se sont bien faits)

Processus Ventes

2.3.6 8) Tous les comptes 2.3.6 11) Enfin, il existe un


dispositif visant à exclure 2.3.6 14) Les provisions pour
clients ouverts correspon- dépréciation sont revues en
2.3.6 10) Les clients douteux desproduits des activités
dent à des clients réels 2.3.6 9) Les soldes de ordinaires, les produits vue de leur ré-estimation, le
- Il n'y a pas de clients sont correctement identifiés 2.3.6 13) Il existe un dispositif cas échéant (par exemple
comptes sont périodi- facturés ou à facturer pour
génériques il existe des et les risques d'insolvabilité compte d'autrui permettant d'enregistrer les sur
quement et correcte- comptabilisés en conformité factures à émettre ou les la base d'une balance âgée
états qui permettent - Il n'y a rien dans le plan
ment justifiés ; avec les règles applicables comptable, ni dans les produits constatés d'avance ou des informations les plus
d'obtenir les historiques des - Les balances clients récentes sur les lignes avec
- Il existe des comptes systèmes de manière exhaustive et
changements, modifica- (auxiliaires et générales) les clients)
tions... généraux clients douteux exacte - La balance âgée permet
sont régulièrement 2.3.6 12) Il existe une
- Surveillance de la part de Il est possible de faire des procédure permettant de - À partir de la billing due list, d'obtenir le montant des
suivies Les balances provisions et de les rattacher il est possible de faire une créances en retard. Plusieurs
chaque client dans le total s'assurer que les produits et
âgées permettent par exemple à ces comptes charges ont été enregistrés valorisation par centres de autres balances existent
des ventes, pour limiter les de suivre l'évolution des dont celle des postes clients
de clients spécifiques sur la bonne période profits et de coûts, de faire le
risques de dépendance créances clients - Voir point 2 pour la billing qui permettent de connaî-
- Bonne pratique - contrôle - Bonne pratique - Une fois suivi et les enregistrements tre l'origine des litiges et les
- Bonne pratique - Une due list. Dans les documents
une fois par mois (ou par mois (ou trimestre selon Marketing et Ventes figurent - Bonne pratique - une fois raisons des provisions
fois par mois le type d'activité) pour faire par mois - Bonne pratique - cf. point 8
trimestre selon le type les différentes dates
évoluer les provisions (facturation, livraison...) - Bonne pratique - billing
d'activité), des gammes de due list passée en module
- Bonne pratique - une fois
produits, des clients par mois financier

Source IFACI-CIGREF

Tâches restant à mener accès physiques au système sont Par ailleurs, des actions complémen-
contrôlés au sein de la DSI, par la taires ont été lancées pour revoir et
Les travaux menés ces derniers mois direction groupe de la conformité et simplifier la matrice de séparation des
au sein du groupe Nexans n’ont pas de la sécurité informatique. Un audit tâches (et la requête informatique
couvert la partie 5 de ce document : annuel externe est réalisé sur ce thème correspondante utilisée sous « SAP »).
« Le contrôle interne de la DSI ». La pour sécuriser nos systèmes d’infor- L’objectif est d’obtenir une matrice
mise en œuvre de la démarche propo- mation (réseaux, infrastructure, appli- non pas par transaction informatique,
sée pour couvrir ce sujet reste donc à cations critiques). De même, des mais plutôt par rôle métier afin, d’une
réaliser. audits dans les filiales sont régulière- part, d’avoir une vision plus simple
ment effectués par cette direction sur des activités en conflit au sein d’une
A noter cependant qu’au sein de la base d’une analyse des risques et entité, de pouvoir proposer des actions
Nexans, les aspects de sécurité de la rotation. correctrices (contrôles compensatoi-
logique, de gestion et surveillance des res dans ou à l’extérieur du système

22 n°195 - juin 2009


Le contrôle interne du système d’information

dossier
informatique) et enfin, de pouvoir identifier les contrôles informatiques * *
aider les entités n’utilisant pas SAP à ou rapports d’exception existants dans *
avoir une démarche simple et efficace ces systèmes afin de les inclure égale-
de gestion des séparations des tâches ment dans nos programmes de travail, En conclusion, ce groupe de travail
dans leur système d’information et les mettre en œuvre lors des audits IFACI / CIGREF a été une très bonne
dans leur organisation. de ces entités. opportunité pour d’une part, mettre
en œuvre quasiment en temps réel et
Enfin, en ce qui concerne l’audit Des actions de formation des audi- de façon pratique et pragmatique, une
interne, nous prévoyons de conduire teurs à l’utilisation simplifiée de ces partie des travaux, et d’autre part, pour
un travail similaire à celui fait avec logiciels devront également être la DAI et la DSI de Nexans, de colla-
SAP sur les autres ERP utilisés au sein menées. borer étroitement ensemble à ce projet
de Nexans pour pouvoir : et ainsi de renforcer leurs relations.

n°195 - juin 2009 23


>> dossier

Au cœur de tous les


métiers, le système
d’information est à la fois
objet et moyen du
contrôle interne
Farid Aractingi
directeur de l’audit interne, Renault

S
i les informaticiens se plaisent Essayez donc de débrancher la salle
à baptiser le système d’infor- machine, et observez le résultat ! Ou
mation (SI), sans fausse bien lancez un grand projet de chan-
modestie, la colonne vertébrale de gement, et observez où sera la place
l’entreprise, voire son système du système d’information...
nerveux, c’est bien parce que celui-
Titulaire d’un diplôme d’ingénieur ci a acquis une place centrale dans C’est conscients de ce rôle unique
civil des Mines (Nancy), d’une une organisation moderne. Sans être dans les organisations modernes, et
licence d’histoire, et d’un le cœur du métier1, le SI est en effet pour compléter de manière concrète
executive program à Wharton, au cœur de tous les processus : après le cadre de référence de contrôle
Farid Aractingi a partagé sa avoir automatisé les fonctions de interne publié par l’AMF2 au début
carrière professionnelle entre support dans les années 70, puis fourni de 2007, que le CIGREF3 et l’IFACI
l’informatique (systèmes des technologies facilitant l’efficacité ont uni leurs compétences pour
d’information d’entreprise et individuelle, l’informatique a conquis produire un guide opérationnel d’ap-
services) et l’audit interne. En tous les métiers opérationnels de l’en- plication de ce cadre de référence.
partenariat avec Régis Delayat, treprise, depuis la conception du Fruit de la contribution d’une tren-
DSI de Scor, il a dirigé les travaux produit jusqu’à la connaissance du taine d’experts informaticiens et audi-
qui ont conduit à la publication client, en passant par la logistique et teurs, cet ouvrage a été publié en mars
d’un ouvrage sur le contrôle le film de fabrication. 20094, et présenté au public pendant
interne des systèmes Dans la création, la production ou les un colloque organisé par les deux
d’information. ventes, on est passé à l’ère numérique. instituts au Palais Brongniart.

24 n°195 - juin 2009


Le contrôle interne du système d’information

dossier
Y a-t-il une « exception de ses opérations, à l’utilisation effi- quatre objets différents : une carto-
culturelle » informatique ? ciente de ses ressources, et doit lui graphie stratégique des principaux
permettre de prendre en compte de processus et risques de l’organisation,
Ou bien est-ce le syndrome du DSI manière appropriée les risques signi- un guide d’application du cadre de
qui cherche désespérément à passer ficatifs. Le contrôle interne des systè- référence AMF, un guide méthodolo-
pour un dirigeant opérationnel comme mes d’information est donc un sujet gique sur trois processus représenta-
les autres ? prioritaire pour une organisation, et tifs, et une boîte à outils relative aux
encore plus actuellement où l’écono- points de contrôle et aux bonnes
En réalité, la prégnance transversale mie mondiale subit une crise inédite pratiques.
du système d’information lui donne par sa violence, sa globalité et la
un rôle critique sinon unique, en multiplicité de ses facteurs agissants. C’est dès le début du développement
matière de contrôle interne. Il irrigue d’une application qu’il convient d’in-
en effet toutes les fonctions de l’en- Mais c’est pourquoi aussi, le système tégrer les besoins de contrôle interne
treprise comme d’une administration d’information devient un moyen du métier comme de l’informatique :
publique, afin de contribuer à leur effi- essentiel du contrôle : contrôle des cette démarche générale a été décrite
cacité opérationnelle au quotidien opérations d’abord, puisque tous les depuis les réflexions préliminaires sur
comme à leur transformation straté- métiers vont embarquer dans leurs les obligations du contrôle interne et
gique : il est au cœur de tous les applications les contrôles de cohé- l’identification des objectifs et acti-
métiers. rence, de vraisemblance ou de sécu- vités de contrôle jusqu’à la spécifi-
rité susceptibles de minimiser les cation des états de contrôle pour
Il structure et intègre les éléments de erreurs et de détecter les fraudes, mais améliorer la surveillance des opéra-
standardisation comme les besoins de aussi pilotage des activités pour en tions, en passant par la gestion des
spécificités, les contrôles de sécurité comprendre les principaux leviers et accès (définition des rôles, gestion des
comme les leviers de performance. pouvoir déterminer les nouvelles habilitations, séparation des tâches).
Dans une économie globalisée et avec orientations, et enfin reporting finan-
des processus de plus en plus cier ou managérial à destination des Un effort particulier a été consacré au
complexes, c’est lui seul qui est dirigeants, des auditeurs et des recensement de bonnes pratiques sur
devenu le garant de la protection de commissaires aux comptes. des contrôles dits « embarqués »
l’information – capital majeur –, de bloquants ou non6 :
la sincérité des opérations – facteur Comme on le voit, la particularité du seuils d’alerte, rapprochements auto-
historique de l’audit –, et de la vitesse système d’information réside dans ce matiques, contrôles de cohérence,
d’exécution – composante de l’ex- qu’il est à la fois objet et moyen du etc. ;
cellence opérationnelle. Il permet la contrôle interne. Et l’ouvrage a donc traçabilité d’évènements et de
performance, sa puissance rassure, sa été structuré autour de ces deux « forçages » (logs) ;
complexité inquiète. thèmes, mais toujours avec une appro- programmes de contrôle et équili-
che par les processus et les risques. brage (comptages, sous-totaux) ;
C’est pourquoi, la pertinence du contrôles de flux d’entrées et de
contrôle interne du système d’infor- Le contrôle du système sorties ;
mation est un élément clé du succès d’information gestion des erreurs (fichiers
des organisations. Selon le cadre de d’erreur et de rejets).
référence de l’AMF5, un bon contrôle Ce chapitre couvre le contrôle interne
interne contribue à la maîtrise des acti- des métiers de l’entreprise, vus à Trois processus ont été retenus dans
vités d’une organisation, à l’efficacité travers le prisme des SI, et comprend l’étude à cause de leur universalité

n°195 - juin 2009 25


>> dossier

comme de leur importance pour C’est dans ce contexte que la DSI, à


l’AMF : les achats, les ventes et la l’instar de tous les autres métiers, doit
consolidation financière. Chacun de mettre en œuvre son propre disposi-
ces trois processus a été décomposé tif de contrôle interne lui permettant
en sous-processus, les acteurs et les de maîtriser ses risques pour attein-
risques ont été identifiés, les points dre ses objectifs opérationnels. Ce
de contrôle listés et rapprochés des chapitre couvre donc le contrôle
risques, et de bonnes pratiques ont été interne de la DSI, en proposant pour
proposées. six processus une cartographie des
risques et points de contrôle associés
Le contrôle interne de la DSI et de bonnes pratiques issues de l’ex-
périence des rédacteurs, sous forme
La direction des systèmes d’infor- d’un référentiel pratique que chaque
mation (DSI) joue souvent le rôle entité pourra utiliser facilement tout
paradoxal de pompier pyromane : on en l’adaptant à son contexte.
lui attribue une certaine responsabi-
lité dans les défaillances de contrôle Les six processus inclus dans le péri-
interne qui ont conduit à la crise, mais mètre ont été sélectionnés en partant aux processus d’alignement straté-
on l’attend comme un messie pour d’une analyse des risques fondée sur gique de la DSI, de gestion de crise,
sécuriser l’environnement général de une définition simple de la mission et du plan de continuité de fonction-
contrôle. Souvent perçue par la direc- du DSI : concevoir, maintenir et nement. On en retrouvera certains
tion générale sous le seul angle de exploiter des systèmes d’informa- éléments autour de la notion d’entrée
besoins et de contraintes financiers et tion, répondant aux besoins des de charge dans la gestion de projet et
réglementaires de plus en plus métiers et des utilisateurs au la maintenance applicative.
prégnants, la DSI est fortement solli- meilleur rapport qualité/coût.
citée par les métiers dont les exigen- Comme par ailleurs le métier infor- Gestion des compétences
ces croissent à la fois par leurs besoins matique est désormais encadré par La gestion des compétences dans le
organiques mais aussi par la vulgari- plusieurs référentiels de bonnes domaine informatique recouvre le
sation des technologies auprès des pratiques7, ces six processus sont pilotage des rôles, en particulier les
utilisateurs qui sont ou se croient plus conformes à la décomposition du rôles critiques (essentiels pour le bon
compétents et donc plus exigeants. CobiT8 : fonctionnement de la DSI, et a priori
Enfin, son environnement se gestion des compétences, non externalisables) et les rôles clés
complexifie continûment : technolo- projet et développement d’applica- (rôles critiques particulièrement rares
gies nouvelles mais parfois fragiles, tions, sur le marché). L’environnement de
interfaces de plus en plus nombreu- maintenance applicative et gestion contrôle décrit l’existence préalable
ses et non documentées, multiplica- des changements, d’une politique RH globale et d’un
tion des partenaires éditeurs ou pres- gestion des incidents, schéma directeur des SI, la cartogra-
tataires dont la compétence n’interdit sécurité logique et des accès phie des compétences, la définition
pas les défaillances, et dont la richesse physiques, des parcours, la formation et la rota-
de l’offre se marie souvent avec une sous-traitance. tion des personnes, incluant l’organi-
subtile gestion de versions aussi sation des remplacements, et la fidé-
prometteuses qu’éphémères. En choisissant ceux-ci, il a fallu lisation des talents.
renoncer à d’autres, et en particulier

26 n°195 - juin 2009


Le contrôle interne du système d’information

dossier
Projet et développement sement d’un service interrompu ou récurrent, son antériorité ne signifie
Si les projets informatiques, qui jouent altéré. La multiplication des techno- pour autant pas que le sujet soit parfai-
le premier rôle dans les grands projets logies et l’interconnexion des systè- tement sous contrôle. Au contraire, il
de transformation, sont souvent la mes et plateformes complexifie l’iden- permet traditionnellement de consti-
vitrine d’une DSI, les risques qu’ils tification et le traitement des incidents, tuer un fonds de dysfonctionnements
subissent entraînent souvent des déra- alors que les symptômes visibles classiques étoffant un bon rapport
pages en coûts ou en délais et justi- peuvent être très éloignés des causes d’audit, quelle que soit l’usine ou
fient d’une mauvaise réputation. ayant engendré un incident. Ce l’agence analysée. Notre définition
L’environnement de contrôle décrit processus s’interface en particulier de la sécurité logique comprend la
donc précisément le processus d’ali- avec la gestion des changements. confidentialité, la disponibilité et l’in-
gnement des projets sur les métiers, L’environnement de contrôle décrit tégrité de l'information, des applica-
les organes de gouvernance et de pilo- le système d’identification et de tions et de l'infrastructure informa-
tage opérationnels et économiques du hiérarchisation par niveau de criticité, tique, alors que nous avons limité le
projet, le dispositif de management la qualité de la documentation de tous champ de la sécurité physique au sujet
de la qualité et de la performance, les éléments de la chaîne, le déploie- des accès non autorisés : l’objectif est
avec en particulier l’utilisation des ment de dispositifs automatiques de en effet de garantir la mise à disposi-
normes et procédures de développe- surveillance et de pilotage, et la tion de données intègres, en empê-
ment garantissant la standardisation, formalisation des indicateurs de cher une divulgation inappropriée, et
l’intégration des exigences de sécu- performance. contribuer à la continuité de l'activité
rité, et la conduite du changement. de l'entreprise. L’environnement de
s écurité logique et accès physiques contrôle décrit l'existence d'une poli-
m aintenance et gestion des chan- Quoique le thème de la sécurité tique de sécurité des systèmes d'in-
gements logique et physique soit ancien et formation et de classification de l'in-
Le patrimoine applicatif d’une orga-
nisation moderne représente un capi-
Les recommandations du Cadre de Référence AMF pour
tal considérable d’intelligence et de
mettre sous contrôle les composantes de l’outil de produc-
connaissance, dont l’investissement
tion de l’information comptable :
représente des milliers voire des
millions d’hommes/an ; bien qu’il
• Une organisation claire et formalisée.
joue un rôle unique dans le fonction-
• Des dispositifs de sécurité physique/logique des systèmes et des
nement opérationnel, sa maintenance
données.
demeure souvent artisanale sinon
• Des applications bâties avec une exigence de sécurité, disponibilité,
artistique, et manque de discipline en
fiabilité et pertinence de l’information.
matière de gouvernance, documenta-
• Des règles d’accès, de validation des traitements/contrôles, de conser-
tion et utilisation de normes. L’article
vation des données et de vérification des enregistrements.
de JM. Hospital dans ce même
• Des procédures et des contrôles de qualité/sécurité de l’exploitation,
numéro de la revue Audit Interne
de la maintenance, du développement ou du paramétrage des systè-
décrit plus précisément l’environne-
mes et des interfaces.
ment de contrôle y afférent.
• Des contrôles clés (bloquants, seuils d’alerte, limitation d’accès, rappro-
chements automatiques…).
Gestion des incidents
• Une évolution en ligne avec les besoins de l’entreprise.
L’objectif de ce processus-clef du
• Une réponse aux exigences de l’administration fiscale (comptabilités
support informatique est le rétablis-
informatisées, description des règles de gestion des données et fichiers).

n°195 - juin 2009 27


>> dossier

formation, la mise en place d'une compter le phénomène de délocali-


organisation assurant son déploiement sation avec ses nombreuses opportu-
et sa mise à jour, le niveau d’indé- nités et ses multiples contraintes qui
pendance des acteurs, et enfin la peuvent rapidement le changer en
qualité des règles, directives et déro- miroir aux alouettes. L’environnement
gations proportionnées aux risques et de contrôle décrit le processus d’achat
vulnérabilités. et de sélection, la politique de sécu-
rité par rapport aux prestataires, les
s ous-traitance contraintes de formalisation, le pilo-
La gestion de la sous-traitance infor- tage de l’exécution des contrats de
matique nécessite une gouvernance service avec leurs indicateurs de
spécifique, compte tenu de son poids performance, la politique d’indépen-
élevé, de son extension à quasiment dance par rapport aux sociétés de
services et en particulier le test des
clauses de réversibilité dans les
contrats d’infogérance.

* *
*

L’audit interne a, ces dix dernières


années, continûment renforcé son
positionnement et son rôle : il est de
1
Sauf dans le secteur financier où le système
plus en plus positionné comme parte- d’information est au cœur du métier.
naire des organes dirigeants pour 2
AMF : Autorité des Marchés Financiers
évaluer les enjeux et les risques les
plus importants et les plus complexes CIGREF : Club Informatique des grandes
3

Entreprises Françaises (www.cigref.fr)


des organisations. Il évalue l’ensem-
4
« Le contrôle interne du système
ble du contrôle interne et fournit des d’information des organisations », co-édité par
conseils précieux pour leur pilotage. le CIGREF et l’IFACI, téléchargeable sur le
site Internet www.ifaci.com (service adhérent
tous les domaines, et de la complexité Son rôle vient d’ailleurs d’être souli- IFACI) ou en vente à l’IFACI au prix de 50 €.

des contrats, alors même que croît gné par la 8ème directive européenne, 5
Voir en encadré « Les recommandations du
continûment la criticité du SI dans le qui a été transposée dans le droit fran- Cadre de Référence AMF pour mettre sous
contrôle les composantes de l’outil de
fonctionnement global de l’entreprise çais par l’ordonnance du 8 décembre production de l’information comptable ».

ou de l’administration publique. En 2008. C’est dans cet esprit que s’est 6


Exemples : vérification de seuils et de limites,
effet, la sous-traitance informatique fondé le partenariat entre l’audit et contrôle de validité, contrôle de séquence,
intervalles de validité, tables de vérification …
est passée d’un mode d’achat de pres- l’informatique internes afin de contri-
7
Exemples : CobiT, CMMI, ITIL, e-SCM
tations avec obligation de moyens buer à la maîtrise et l’utilisation opti-
(jadis appelée régie) vers un mode male de l’informatique comme outil 8
CobiT : Contrôle Objectives for business and
related Technolgy, référentiel de gouvernance
d’achat de services avec obligation unique de performance et de trans- et d’audit des SI, développé par l’ISACA
(Information Systems Audit and Control
de résultats (par exemple pour les formation des organisations. Association) et promu en France par l’AFAI
(Association Française de l’Audit et du conseil
projets d’intégration de systèmes ou Informatiques) et le CIGREF. CobiT
d’infogérance récurrente) – sans décompose l’activité informatique en 34
processus regroupés en 4 domaines.

28 n°195 - juin 2009


Le contrôle interne du système d’information

dossier
Sous-traitance : une
relation équilibrée entre
client et prestataire pour
une meilleure maîtrise
des risques

Entretien avec
Marie-Noëlle Gibon
directeur de l’innovation technologique, des
systèmes d’information et du développement,
Docapost

e ric b lanc : Pouvez-vous nous présenter, en quelques


mots, le dispositif de maîtrise des risques MRB ?

Marie-Noëlle Gibon rejoint le groupe La Poste en m arie-Noëlle Gibon : Le dispositif MRB, comme
1996 en tant que directeur du système d’information « Maîtrise des Risques Business », est un dispositif de
du Colis. En février 2003, elle est nommée directeur prévention qui a cinq objectifs :
des systèmes d’information du Groupe. Elle prend, permettre de systématiser l’évaluation de la criticité
ensuite, le poste de directeur du système des processus métier et des ressources SI ;
d’information du Courrier, en juillet 2005, avant de clarifier le rôle des acteurs impliqués dans la gestion
rejoindre, fin 2008, Docapost, holding des solutions des risques SI ;
documentaires du Groupe La Poste, en tant que suivre les arbitrages et les risques résiduels non
directeur de l’innovation technologique, des systèmes couverts ;
d’information et du développement. vérifier la mise en œuvre effective des dispositifs de
Marie-Noëlle Gibon est également président de réduction des risques retenus ;
l’association e-SCM, association française pour la organiser et adapter les systèmes d’information au
promotion des bonnes pratiques du Sourcing. regard de la criticité des activités métier.

n°195 - juin 2009 29


>> dossier

La finalité de la démarche MRB est risque que fait courir le système d’in- des lieux des dispositifs de sécurité et
de contribuer et de vérifier que les formation à la bonne marche de l’en- de qualité mis en œuvre pour chacun
contrôles et les sécurités sont bien en treprise. des huit critères. On évaluera le niveau
place, et que les résultats des dispo- de service offert pour le système d’in-
sitifs sont bien atteints. Autrement dit, e . b . : Concrètement, comment s’ar- formation, pour chacun de ces critè-
faire de la prévention en ce qui ticule cette démarche ? res, sur une échelle de 1 à 4. On iden-
concerne l’utilisation du SI. tifiera les zones de risques résiduels,
m .-N. G. : Cette démarche s’articule en mesurant les écarts entre le niveau
e . b . : Quand utilisez-vous ce dispo- autour de trois phases. de service exigé, tel que défini dans
sitif de maîtrise des risques ? la phase 1, par les métiers, et le niveau
La première phase est l’expression de service offert par le SI.
m .-N. G. : Il faut l’utiliser à partir du des exigences métiers. MRB s’ap-
moment où le système d’information puie sur un processus documenté. Il Dans la troisième phase, il s’agira de
va traiter des informations pour y a trois acteurs majeurs : le métier, décider et de choisir quel plan de
lesquelles le manque de disponibilité, son représentant qui est la maîtrise réduction des risques mettre en
de confidentialité, d’intégrité, pour- d’ouvrage, et la maîtrise d’œuvre. Il œuvre, de définir ce que l’on va
rait entraîner un grand nombre de est important, dans cette phase, de faire des risques résiduels : va-t-on
contentieux ; ou serait susceptible qualifier la sensibilité des processus les transférer ? Va-t-on prendre une
d’empêcher La Poste de respecter ses métiers à l’usage des systèmes d’in- assurance pour couvrir certains
obligations légales ; ou pourrait causer formation et au regard d’un certain risques ? Va-t-on les refuser ? Va-t-
un dommage financier supérieur à
100 000 euros, etc. Il convient d’uti-
liser cette démarche pour couvrir tous « La sous-traitance ne dégage pas la
ces risques. Pour faciliter la tâche, la responsabilité de l’entreprise qui sous-traitance »
DSI a mis en place un questionnaire
qui permet à un métier de mesurer
l’éligibilité de son application par nombre de critères (huit) définis par on optimiser ces risques ou les accep-
rapport au MRB, de savoir s’il doit CobiT, qui permettront de définir l’in- ter ? La phase importante est l’ac-
entrer dans la démarche ou non. formation qui sera véhiculée dans les ceptation d’un risque résiduel que l’on
systèmes d’information pour faire ne va pas couvrir, de la part des
e . b . : Comment le dispositif MRB, fonctionner les processus au quoti- métiers qui doivent les valider.
qui concerne les risques métiers dans dien.
leur globalité, a-t-il été décliné pour L’avantage de cette méthode est de
le SI qui supporte les processus La deuxième phase consiste à répon- structurer un dialogue entre l’ensem-
métiers ? dre aux exigences des métiers. On ble des acteurs.
va projeter la sensibilité des proces-
m.-N. G. : Il y a une tradition, au sein sus métier sur les ressources (au sens e . b . : Abordons maintenant le
de La Poste, sur la maîtrise des CobiT du terme) qui vont supporter problème de la sous-traitance.
risques, de façon générale, et la mise l’activité au quotidien. On va évaluer Comment la sous-traitance peut-elle
en place de plans de réduction de ces cette sensibilité par rapport à l’infor- constituer un risque par rapport à la
risques. En continuité de la démarche mation qui doit être véhiculée, et on fiabilité du système d’information de
globale, nous avons « spécialisé » va classifier les ressources système l’entreprise ?
notre approche en la réduisant au d’information. On fera ensuite un état

30 n°195 - juin 2009


Le contrôle interne du système d’information

dossier
ce que l’on veut et m .-N. G. : La sous-traitance est
bien préparer le presque aussi vieille que l’informa-
terrain de façon à ce tique. Evidemment, au cours des âges,
que la sous-traitance elle a pris différents visages.
se fasse dans les Aujourd’hui, on a acquis une certaine
meilleures condi- maturité et, si l’on a essuyé des échecs
tions. cuisants en matière d’externalisation,
on en a bien tiré les leçons. Nous
m .-N. G. : Exac - avons notamment à notre disposition
tement. Et il faut un référentiel des bonnes pratiques du
savoir pourquoi on sourcing (je préfère ce terme à
le fait. La gestion de outsourcing qui est trop négatif), le
la relation et la eSCM, « eSourcing Capability
gestion du risque Model », qui gère à la fois des bonnes
diffèreront selon que pratiques pour le client et des bonnes
vous opterez pour pratiques pour les fournisseurs, un
une sous-traitance certain nombre de ces pratiques étant
« au long cours » ou communes aux deux, notamment dans
que vous aurez la partie « gestion des risques ».
simplement fait trai-
ter une opération Ce référentiel est jeune puisqu’il est
ponctuelle pour du 3e millénaire (les premières
laquelle vous versions des bonnes pratiques pour le
m .-N. G. : Concernant la sous-trai- n’aviez pas les compétences disponi- fournisseur, datent de l’année 2002,
tance, rappelons d’abord un point bles en temps voulu, qu’elles soient et les bonnes pratiques pour le client,
important, qui est qu’elle ne dégage techniques, fonctionnelles ou humai- de l’année 2006) ; il met chacun en
pas la responsabilité de l’entreprise nes. face de ses responsabilités : gérer une
qui sous-traite, notamment en matière prestation de sous-traitance, c’est
de gouvernance de ses risques. Pour La gestion des risques de la relation gérer un équilibre des relations entre
externaliser une prestation, quelle avec le fournisseur n’aura pas tout à les deux parties.
qu’elle soit – il faut le rappeler, parce fait la même dimension ni le même
que l’on a tendance à l’oublier –, il impact, et les mesures à prendre pour C’est aussi dépasser l’idée que, dans
faut soi-même maîtriser ce que l’on couvrir les risques varieront selon les « sous-traitance » ou dans « presta-
sous-traite. Pour parler un peu fami- cas de figure que vous aurez retenus taire de service », il y a le service au
lièrement, si l’on pense qu’en mettant pour votre sous-traitance, que l’on soit sens latin du vocable servitium, escla-
sa poubelle chez le voisin, il pourrait dans le développement ou qu’il vage. Pour que cela fonctionne, il faut
la transformer (comme la citrouille s’agisse de prestations de service qu’il y ait une relation équilibrée,
qui devient carrosse dans Cendrillon) récurrentes. fondée sur des pratiques acceptées de
en une application performante, on se part et d’autre.
trompe lourdement. e . b . : Et quels seraient, selon vous,
les principaux points clés sur lesquels Les risques identifiés, dans le cadre
e . b . : Ce que vous dites, c’est qu’il il faudrait intervenir pour maîtriser de ce référentiel, sont les risques de
faut déjà avoir une bonne visibilité de ce risque ? non-conformité, les risques de gestion

n°195 - juin 2009 31


>> dossier

des données individuelles, les risques nous avons fait en sorte qu’au moins mêmes choses avec les mêmes mots.
liés à l’environnement international un auditeur soit formé, évidemment En usant du même vocabulaire, on
– les législations n’étant pas homo- sur le niveau 1, qui est la connaissance aura davantage de chances de se
gènes –, les risques de sinistres avec des référentiels, mais également sur comprendre que si chacune des deux
les problèmes de continuité d’activité. le niveau 2, qui permet le contrôle de parties utilise sa propre terminologie,
Tous ces risques, et bien d’autres, l’implémentation de ces référentiels. ce qui arrive, comme vous le savez,
doivent être vus et gérés, de part et hélas assez souvent dans les échan-
d’autre, et chez le client et chez le Dans le programme de mise en œuvre, ges.
fournisseur. il existe des programmes de forma-
tions certifiantes pour les hommes, e . b . : Comment peut-on s’assurer
Le mérite de ce référentiel, dans lequel des programmes de certification pour qu’une procédure de maîtrise des
sont recensées 84 bonnes pratiques les organisations. Les organisations risques de la sous-traitance des systè-
pour le fournisseur et 95 pour le client, certifiées sont situées en Amérique du mes d’information est bien appliquée
est de mettre en exergue ce parallé- Nord et du Sud, notamment au Brésil, à tous les niveaux, dans toutes les enti-
lisme et la nécessaire synchronisation, par le biais des grands prestataires tés, et prévue dans les contrats, sans
notamment en matière de gestion des internationaux, ainsi qu’en Asie. En qu’elle devienne pour autant un
risques, pour que le système fonc- Europe, en France notamment, nous processus trop lourd ?
tionne bien de part et d’autre, sans ne sommes pas tout à fait en retard,
pour autant que le client renonce à sa mais pas tout à fait en avance non m .-N. G. : Tout n’a pas le même
responsabilité. Il ne sous-traite pas et plus. Or, il y a beaucoup à faire, et je poids, et donc le même impact dans
il n’externalise pas sa responsabilité. pense notamment que – en parlant de l’entreprise. On va donc se focaliser,

Ce référentiel – qui a d’ailleurs été


développé par l’université Carnegie « Il faudrait être capable, avec le prestataire,
Mellon, connue aussi pour CMMi, un de tester une fois par an la réversibilité
référentiel des bonnes pratiques de
possible du contrat »
développement – est le fruit de
travaux conjoints de prestataires de
service, comme IBM, Global sous-traitance – quand vous allez notamment en parlant du SI, sur les
Services, Accenture, et de clients. Y consulter le marché pour savoir quel applications dont le non-fonctionne-
ont participé notamment l’Oréal, sera le bon partenaire, cela vous ment pourrait être destructeur de
General Motors, des clients exerçant permet aussi de définir des exigences valeur pour l’entreprise.
des activités diverses. C’est dans ce en la matière à l’égard de vos presta-
travail en collaboration qu’a émergé taires futurs. Prenez le cas, par exemple, d’un
la première version du référentiel. plateau de télévente qui ne fonctionne
e . b . : Ce référentiel peut donc faire pas. C’est un chiffre d’affaires poten-
e . b . : A quel niveau intervient l’au- office de cahier des charges, en tiel qui ne sera pas réalisé. C’est un
dit interne ? quelque sorte. manque à gagner. Qu’un intranet d’in-
formation tombe en panne pendant un
m .-N. G. : Si l’on prend le cas du m .-N. G. : Il donne également un jour, c’est tout de même moins drama-
courrier, de la DSI du courrier, nous cadre commun de référence, et on sait tique pour l’entreprise. Donc, là
avons associé la direction de l’audit que dans la communication, dans la encore, la collaboration avec les audi-
à l’apprentissage de ce référentiel, et relation avec l’autre, on parlera des tés est très importante ; elle fonctionne

32 n°195 - juin 2009


Le contrôle interne du système d’information

dossier
d’ailleurs très bien avec la direction une co-construction entre les deux. ce n’est pas dans une situation de crise
du contrôle général et de l’audit du L’enjeu étant tout de même l’entre- qu’il va pouvoir vous les transmettre.
courrier, qui a d’ailleurs obtenu la prise, son bon fonctionnement ; il y a Il faut anticiper. On sait que la prédic-
certification IFACI. un intérêt commun à avoir là-dessus tion est un art difficile, surtout quand
une vision de l’auditeur, et non pas il s’agit de l’avenir, a dit un humo-
Dans des relations empreintes de l’avis d’un enquêteur. riste. Plus vous aurez anticipé, plus
maturité, celui qui porte le système vite vous pourrez réagir.
d’information sait bien où sont les e . b . : Dans cette période de crise,
faiblesses, et où démarrent les pistes comment s’assurer que le sous-trai-
d’enquête. tant est viable ? Comment être sûr de
la pérennité de sa prestation de
service, de sa qualité, de la sécurité,
de la performance, etc. ?

m .-N. G. : On peut se baser sur la


relation, sur les affaires en cours, sans
avoir pour autant une certitude abso-
lue. Les événements récents sont de
nature à nous rendre prudents. Je
pense, là encore, que c’est dans les
aspects de réversibilité des contrats
qu’il faut être extrêmement vigilant.
Mais il ne suffit pas de mettre dans
un contrat un article « Réversibilité »,
comme il ne suffit pas de mettre en
place un plan de reprise d’activité, il
faut tester. Et de même que l’on
devrait tester les plans de reprise d’ac-
e . b . : Donc, vous hiérarchisez les tivité, de continuité d’activité au
risques dans le cadre du plan d’au- moins une fois par an, il faudrait aussi
dit. être capable, avec le prestataire, de
tester une fois par an la réversibilité
m .-N. G. : Oui. Et l’on discute de possible du contrat. Ce n’est pas au
l’opportunité. L’audit fait des propo- moment où vous en aurez besoin qu’il
sitions, nous faisons des propositions faudra vous poser des questions du
et le plan de travail est établi d’un type : « Qu’est-ce qu’on va faire ? ».
commun accord. C’est pour cela qu’il
était important, notamment dans la Puisque vous lui avez sous-traité une
mise en place de ce référentiel dans partie de votre activité, le prestataire
nos pratiques internes, de disposer est détenteur d’un certain nombre
d’auditeurs qui le connaissent et qui d’informations, et ces informations,
soient capables de mener les audits et si vous ne les recevez pas de façon
les contrôles nécessaires ensuite. C’est régulière, s’il ne les a pas consignées,

n°195 - juin 2009 33


>> dossier

Le rôle de l’audit
informatique,
une réelle plus value
pour une DSI
Jean-Marc Hospital
responsable du secteur informatique de
la direction de l’audit interne, Renault

L’audit informatique au sein Cette direction est rattachée à la direc-


de l’audit interne Renault tion générale adjointe finance et jouit
de l’indépendance nécessaire à l’exé-
Avant de présenter les activités pro- cution de ses travaux ; la charte d’au-
pres à l’audit informatique dans le dit et de contrôle interne du groupe
Groupe Renault, il paraît important conforte le rôle de cette organisation
de situer l’organisation et la compo- en tant qu’acteur et élément de
sition des effectifs de l’audit interne maîtrise de l’ensemble du dispositif
au sein de l’entreprise. Nous verrons de contrôle interne de l’entreprise.
Titulaire d’un diplôme d’ingénieur ensuite en quoi l’audit peut apporter
civil des Mines (Paris), d’un DEA une réelle plus value à l’entreprise Des auditeurs généralistes et poly-
d’informatique de l’Ecole dans le cadre de l’exécution de son valents
Normale Supérieure (Ulm), plan annuel.
Jean-Marc Hospital est A la différence de nombreuses entre-
responsable du secteur Au sein de la direction de l’audit prises qui spécialisent leurs équipes
informatique de la direction de interne (DAI), les différents métiers d’audit, les ressources permettant
l’audit interne du groupe Renault. de l’entreprise sont en lien avec les l’exécution des missions y compris
Il a participé aux travaux qui ont responsables de secteur consacrés, informatiques (auditeurs et chefs de
conduit à la publication d’un l’informatique étant l’un d’entre eux mission) sont partagées et communes
ouvrage sur le contrôle interne tout comme le commerce, l’ingénie- à l’ensemble des secteurs. Ainsi les
des systèmes d’information. rie ou la fabrication. équipes sont constituées pour des

34 n°195 - juin 2009


Le contrôle interne du système d’information

dossier
missions en fonction de leur expé- Le rôle du responsable de secteur dans La contrainte apparente liée à des
rience, des besoins identifiés et de ce cadre de travail adopté au sein de ressources jeunes et non particulière-
leurs compétences. Ces ressources Renault se trouve renforcé pour appor- ment expérimentées au niveau infor-
sont partagées et encadrées par l’en- ter le contenu « métier informatique » matique se révèle en pratique d’une
semble des responsables de secteur nécessaire ainsi que la connaissance extrême richesse. En effet les audi-
de la DAI. du fonctionnement de l’entreprise. Il teurs soumis à des environnements
doit également trouver l’équilibre différents tout au long de leur passage
Le principe de polyvalence est une pour mener des missions techniques à la direction de l’audit interne déve-
pierre angulaire de l’audit interne au en ligne avec la capacité de ses équi- loppent un esprit de curiosité, une
sein de Renault. Les auditeurs réali- pes et utiliser au mieux les ressour- forte capacité d’analyse et d’appren-
sent des missions sur des sujets variés ces disponibles pour fournir un travail tissage. Dans ce cadre, l’œil neuf sur
dans les différents secteurs de l’en- de qualité sur les thèmes analysés. des processus complexes permet une
treprise en lien avec les responsables Son rôle se manifeste tout au long du analyse sans a priori ou idée
de secteur d’audit concernés. La popu- cycle d’une mission (voir Figure - préconçue qui pourrait exister en cas
lation des auditeurs est jeune, géné- Déroulement typique d'une mission d’expérience forte dans un domaine.
ralement fraîchement diplômée issue d'audit Renault) : Le responsable de secteur permet
de formations très diverses (tech- lors de la préparation du plan d’au- quant à lui d’équilibrer ce modèle en
niques, commerciales ou gestion). dit avec la fonction informatique fournissant le support métier infor-
Une méthodologie d’audit et de durant l’année précédente ou dans le matique nécessaire.
modes de fonctionnement précis1 cadre d’un ajustement,
communs à toutes les missions lors du cadrage préalable d’une Enjeux de l’audit
menées par la DAI à été définie pour mission afin d’identifier et de hiérar- informatique, référentiels
encadrer les pratiques en se guidant chiser les risques liés au sujet audité, de processus et référentiel
sur les normes professionnelles d’au- durant la phase de démarrage (phase d’audit
dit interne définies et éditées par d’approche) qui permet la construc-
l'IFACI. En effet, la méthode et la tion d’un plan de travail détaillé e njeux de l’audit informatique
rigueur sont au cœur du métier d’au- adapté à l’équipe et priorisé en fonc-
dit afin de garantir l’indépendance et tion des enjeux identifiés, Les organisations d’entreprise sont
l’objectivité des constats réalisés au lors du déroulement des travaux conscientes des enjeux liés aux systè-
cours des missions. détaillés afin de prendre les décisions mes d’information et l’utilité de ce
majeures sur les orientations de la type de mission est ancrée dans les
Le responsable de secteur : relation mission, d’apporter le support tech- esprits. Les évènements récents ont
avec le métier informatique, nique métier nécessaire et de valider encore conforté l’importance du
support et validation du contenu de au fil de l’eau les constats produits contrôle des systèmes d’information,
la mission par l’équipe, éléments indispensables et cruciaux
en phase de validation, pour pren- dans le bon fonctionnement d’une
L’utilisation de ressources généralis- dre le relais et argumenter auprès du entreprise. L’article rédigé par Farid
tes au sein de la DAI est un paramè- métier les recommandations effec- Aractingi dans ce même numéro de
tre structurant car il impose une appro- tuées, la revue Audit Interne détaille les
che particulière des missions. En effet, et enfin en aval de la mission, pour enjeux associés au contrôle des systè-
les ressources disponibles condition- la gestion des commentaires et la vali- mes d’information.
nent également le type d’audit dation du plan d’actions construit par L’activité foisonnante autour des réfé-
pouvant être réalisé. les audités. rentiels d’audit informatique est une

n°195 - juin 2009 35


>> dossier

Déroulement typique d’une mission d’audit Renault

Phase terrain

Approche : Travaux détaillés :


entretiens, analyse tests et Cycle de
Lettre de
DÉBUT documentaire et entretiens, validations avec
mission
définition des axes analyse les audités
d'intervention documentaire

Finalisation

- réception des
commentaires et du
plan d'actions Note de Suivi des
Projets de - modifications des Rapports synthèse plans FIN
rapports rapports définitifs au PDG d'actions
- envoi aux audités et
à la hiérarchie

autre démonstration de la vigueur de nouveaux risques associés (sécurité, l’occasion d’une prise de recul et
ce domaine. En effet, de nombreux indisponibilité par exemple). Un d’une analyse de risque en relation
référentiels2 existent chacun ayant travail a notamment été mené par le avec le métier informatique de l’en-
leurs particularités et leurs domaines CIGREF3 et l’IFACI pour aboutir à treprise.
respectifs d’application. Ils partici- un ouvrage4 pédagogique et synthé- Il permet la construction d’un plan
pent à l’émergence et à la formalisa- tique permettant de tirer des axes basé sur quatre grands types de
tion de bonnes pratiques, à la défini- pratiques d’analyse et des éléments missions :
tion de processus types et proposent directement exploitables de ces diffé- le contrôle d’entités locales en
des méthodes pour exercer des contrô- rents référentiels, la difficulté étant connexion avec le référentiel central
les ou assurer un niveau de qualité et d’obtenir la substantifique moelle des du métier informatique afin de véri-
de contrôle interne. nombreux référentiels existants et de fier le bon pilotage des activités loca-
réussir à l’adapter aux contraintes les,
Les entreprises ont donc à leur dispo- particulières de l’entreprise concer- le contrôle de processus particuliers
sition des éléments pour construire née. (transverse, projet d’organisation) au
leurs standards internes en incluant sein de l’entité informatique,
des référentiels prédéfinis. Toutes ces a nalyse des enjeux et des risques, l’audit de projet ou de maintenance
démarches internes et externes mon- construction du plan d’audit d’un parc applicatif ; c’est-à-dire de
trent une volonté globale de mieux la relation entre une entité informa-
contrôler et de tirer les gains maxi- La première étape d’analyse des tique et son client issu du métier de
mums de processus standard et infor- enjeux a lieu lors de la construction l’entreprise afin de garantir la tenue
matisés tout en maîtrisant les annuelle du plan. Cette phase est des jalons en qualité coût délais et/ou

36 n°195 - juin 2009


Le contrôle interne du système d’information

dossier
la maintenance du parc applicatif exis- permettre la revue régulière des fonda- la nécessité de la mise en œuvre
tant, mentaux d’une DSI. Les référentiels d’un service pour un métier de l’en-
des missions de suivi des audits externes peuvent alors être d’une treprise qui peut dans le pire des cas
réalisés les années précédentes. grande aide pour « croiser » et appor- s’apparenter à un « clientélisme
ter un éclairage sur les éléments exacerbé » de la DSI qui accepte tous
Des demandes hors plan et des modi- déployés dans la DSI de l’entreprise. les besoins de son client quels qu’en
fications peuvent bien entendu inter- Le responsable d’audit n’ayant pas soient l’impact technologique et le
venir afin de répondre à des sujets d’implication opérationnelle directe coût associé,
urgents et des ajustements en cours dans l’activité de la DSI, son indé- le nécessaire contrôle des coûts et
d’année ont lieu afin de revoir les prio- pendance est assurée par rapport aux des contraintes techniques au niveau
rités. équipes directement impliquées dans de la DSI qui peut transformer cette
les projets et l’exploitation quoti- dernière en une « machine à refuser »
Il apparaît important dès l’analyse et dienne. Il peut ainsi apporter l’œil toute nouvelle initiative sous prétexte
la construction de ce plan de se coor- critique nécessaire et favoriser l’iden- de coûts trop importants.
donner et de s’appuyer sur les stan- tification des risques locaux et leur
dards et processus en place au sein de remontée au niveau nécessaire de Un bon équilibre métier DSI dans la
l’entreprise en prenant en compte ses décision. Dans ce cadre, la connais- gestion du parc applicatif doit permet-
spécificités et ses modes de déploie- sance des risques potentiels ou avérés tre de percevoir les opportunités de
ment particuliers. est renforcée en toute transparence ; simplification des processus tout en
Dans ce rôle, la DAI peut faire valoir la DAI peut également proposer des contrôlant les coûts informatiques de
sa connaissance de l’entreprise et son outils et des méthodes permettant de projet ainsi que les coûts récurrents.
intégration afin de supporter la direc- mieux contrôler les processus néces- En effet bien des entreprises ont forte-
tion informatique dans le déploiement saires à la maîtrise des risques iden- ment limité leur capacité de réalisa-
de ses standards et de renforcer les tifiés. tion par un amoncellement de petits
processus existants. Il ne peut en effet projets de maintenance et d’évolution
y avoir d’audit efficace sans volonté Deux exemples vont maintenant être faisant peu à peu « exploser » le parc
forte de définition de référentiel et du évoqués pour aborder de manière applicatif et les coûts récurrents asso-
cadre de contrôle interne par le métier concrète le rôle de l’audit interne lors ciés (maintenance corrective, exploi-
audité. d’une mission : tation…).
Le responsable de secteur anime cette l’audit d’un projet informatique ou
construction du plan dans l’organisa- de la gestion d’un parc applicatif exis- Afin de rationaliser les décisions des
tion de la DAI ; pour l’informatique, tant, dossiers « projets », il est donc néces-
le nombre d’interlocuteurs clefs doit l’audit d’une entité indépendante et saire de mettre en place une démar-
s’étendre au-delà de la DSI pour la construction d’un outil d’auto- che à long-terme entre métier et infor-
analyser de manière efficace les évaluation de la maîtrise des proces- matique. Ce processus d’alignement
enjeux et les risques vus du client sus. avec le métier permettra alors de
interne. De plus au-delà de ces enjeux mesurer tous les choix d’évolution et
connus et envisagés au moment de la L’audit de la gestion d’un parc les projets à mettre en œuvre.
construction du plan, il convient que applicatif : projet et maintenance
le responsable du secteur garde l’in- Lors d’une mission d’audit portant
dépendance suffisante pour assurer Le déroulement d’un projet informa- sur un projet ou la maintenance d’un
une couverture des processus en tique est toujours tiraillé entre parc applicatif, il est important de resi-
dehors des sujets d’actualité afin de plusieurs objectifs : tuer tout projet dans la stratégie appli-

n°195 - juin 2009 37


>> dossier

cative afin de s’assurer qu’en amont processus de mise en production Certains axes sont cependant
les choix et arbitrages ont été faits sur applicative, indispensables à un bon fonctionne-
des éléments partagés entre le métier gestion des changements (technique ment même s’ils sont considérés
et la DSI pour évaluer les contraintes ou applicatif), comme administratifs par les équipes
et la valeur ajoutée pour l’ensemble gestion des versions successives de opérationnelles :
des acteurs. l’application, une gestion des changements rigou-
mise à jour et constitution de la reuse (nécessitant une validation
La phase de démarrage d’une mission documentation de référence. préalable et une analyse basée sur des
réalisée sur un projet informatique est critères objectifs de l’impact dudit
l’occasion d’évaluer ce contexte et les Les axes d’analyse sont donc nom- changement),
éléments de l’environnement de breux et peuvent largement dépasser une séparation des tâches réelle entre
contrôle interne afin d’analyser les le cadre purement technique. les équipes de développement et les
risques et de sélectionner les travaux équipes en charge de l’environnement
à effectuer. Il est en effet primordial Lors de l’analyse d’un projet de déve- de production pour éviter toute tenta-
de pouvoir identifier rapidement les loppement d’une application, il est tion de modification rapide,
enjeux en termes d’impact métier et souvent nécessaire de resituer ce une mise à jour réelle et efficace de
de budget/ressources mobilisés. projet dans la gestion d’un portefeuille la documentation de référence afin
Une fois la compréhension de ces
éléments acquise par l’équipe, celle-
ci pourra juger les décisions du projet « Pas d’audit sans fonction informatique
à l’aune du référentiel identifié et en volontaire dans le déploiement de ses processus »
liaison avec les enjeux.

Les axes de travail lors d’un audit de complet afin de prendre en compte d’assurer le maintien dans le temps
parc applicatif (maintenance ou l’ensemble des opérations de main- des connaissances,
projet) peuvent alors être très variés ; tenance et d’évolution sur un parc une gestion de version robuste
à titre d’exemple en voici quelques- applicatif donné. En effet, les ressour- permettant un retour arrière efficace
uns usuellement retenus : ces consacrées à la maintenance de en cas d’incident majeur suite à la
intégration dans la stratégie appli- l’existant peuvent être aussi consé- mise en production.
cative métier / DSI (alignement quentes que celles dédiées aux projets Une équipe d’audit respectant scru-
métier), de développement (en considérant que puleusement l’analyse préalable des
processus d’arbitrage du projet les deux éléments soient strictement risques dans la phase de démarrage
métier/informatique (coûts, délais, dissociables). saura, en s’appuyant sur son respon-
qualité…), sable de secteur, apporter un regard
pilotage du projet, animation des De plus ces opérations de mainte- nouveau sur les enjeux des différents
instances, nance quotidienne sont souvent l’ori- processus à étudier durant la mission.
respect et suivi du budget et des gine des erreurs les plus fréquentes
livraisons du projet, de par leur nombre et le fait qu’elles En effet, une équipe d’audit même
gestion de la sous-traitance, s’appuient sur un référentiel de généraliste peut, une fois ces axes
gestion des compétences et péren- contrôle souvent dégradé, sous dégagés, apporter un œil critique et
nisation afin de maintenir la solution, prétexte d’enjeu moindre vu par le systématique sur un ensemble de
respect de la méthodologie et des métier interne. changements réels et proposer des
jalons associés, améliorations sur les processus en

38 n°195 - juin 2009


Le contrôle interne du système d’information

dossier
place en renforçant les points de Dans tous les cas, le rôle de l’audit Au fil des missions, il est apparu que
contrôle existants. En effet, elle ne interne (hors fraude identifiée de les interprétations locales associées à
sera pas a priori tentée de céder à des manière indéniable) n’est pas d’ana- des niveaux de connaissances diffé-
arguments trop techniques ou liés aux lyser les responsabilités individuelles rents par ces entités des processus
habitudes opérationnelles et finale- mais de tirer les enseignements néces- standards à appliquer, rendaient
ment injustifiés. Elle peut aussi appor- saires des erreurs ou dysfonctionne- parfois difficile le contrôle par rapport
ter des solutions simples en proposant ments passés pour proposer des aux références centrales. La DAI a
des processus améliorés sans forcé- améliorations des processus associés. ainsi pu favoriser et encourager la
ment alourdir l’outillage nécessaire. création d’un « Guide de contrôle
Les équipes opérationnelles plongées Dans un environnement de contrôle interne » édité par la direction de la
dans leur activité quotidienne ont interne robuste et bien défini, la possi- qualité de la DSI visant à clarifier les
parfois des difficultés à prendre le bilité d’une décision dans l’urgence, pratiques et les standards et à favori-
recul nécessaire sur leur activité et ne non mesurée et parfois passionnée, ser leur diffusion au sein des entités
disposent pas toujours de la vision pouvant mener à un incident majeur, informatiques du groupe Renault.
d’ensemble des causes de dysfonc- sera ainsi fortement diminuée.
tionnement. Dans le cadre de ce guide, une revue
s upport dans le renforcement du des processus centraux a été conduite
contrôle interne, la mise en place afin de préciser les références dispo-
d’un outil d’auto-évaluation nibles et devant être respectées pour
une activité informatique. Pour ce
Le groupe Renault, implanté dans de travail, la capitalisation par la DAI
nombreux pays, comporte de fait de s’est avérée utile par sa vision globale
multiples entités informatiques en et centralisée des processus devant
relation avec les activités industriel- être sous contrôle. En s’appuyant sur
les, commerciales ou bancaires loca- les grilles d’analyses d’audit, la direc-
les. La fonction informatique centrale tion de la qualité de la DSI a ainsi pu
garde cependant un rôle de préconi- impliquer les experts centraux et
sateur de standards techniques et de alimenter un guide assurant une
processus afin d’assurer une homo- couverture complète des activités. Un
généité des pratiques et un contrôle référentiel de processus centralisé a
des activités informatiques du groupe. été créé, propriété de la DSI et partagé
avec les équipes d’audit.
Lors d’audits menés dans des sites La seconde étape qui est alors appa-
lointains, les équipes de la DAI s’ap- rue naturelle a été la mise en place
Grace à l’audit, l’accent peut égale- puient sur les référentiels de standards d’un outil d’auto-évaluation par les
ment être mis sur la formalisation collectés et consolidés au fil des entités, basé sur des critères simples
nécessaire de processus clés afin missions au sein du secteur d’audit afin qu’elles jugent leur niveau de
d’éclaircir et de partager les modes informatique. Elles sont alors amenées maîtrise des processus décrits dans ce
de fonctionnement pour l’ensemble à examiner les spécificités locales et guide. La direction de l’audit a pu
des intervenants (point souvent vu à adapter leurs critères d’analyse en apporter un soutien méthodologique
comme inutile par les opérationnels fonction de l’activité de l’entité et de durant la construction de cet outil,
du fait de la récurrence de leur acti- son périmètre. pour favoriser l’objectivité et la préci-
vité). sion des questions posées, de par sa

n°195 - juin 2009 39


>> dossier

dossier
connaissance transverse des outils sationnels. Il est primordial qu’il suive sant des ressources généralistes pour
d’auto-évaluation déployés par d’au- les évolutions des organisations et des mener ses missions, Renault en est un
tres entités métiers du groupe (achats, référentiels de processus, il doit donc exemple.
risques industriels…) et son expé- rester la propriété du métier informa- Des thèmes de travail bien choisis lors
rience de la grande variété des situa- tique pour une appropriation et une de la construction du plan, une hiérar-
tions locales. adaptation optimale par les référents chisation des axes de travail lors du
centraux. lancement de la mission en s’appuyant
Ces auto-évaluations permettent ainsi sur le responsable de secteur permet-
une cartographie par les équipes infor- Du point de vue de l’audit, cet outil tent aux jeunes auditeurs d’exercer
matiques du niveau de contrôle ainsi peut se révéler être une mine d’or. Il leur esprit critique et d’avoir un œil
que la mise en place des actions néces- permet en effet une analyse préalable neuf sur les processus en place. Ceci
saires allant de la modification tech- des risques d’une entité sur une grille garantit l’objectivité et l’indépendance
nique d’architecture à la formation comparable et mise à jour régulière- dans des sujets sensibles et parfois
des équipes informatiques, à un ment. passionnels.
nouveau mode de fonctionnement en La connaissance des risques locaux
passant par la revue du standard défini La direction de l’audit apporte égale- et la remontée des précisions néces-
au plan central pour une meilleure ment un support en réalisant des saires dans l’environnement de
adaptation. revues d’auto-évaluation afin de s’as- contrôle sont un autre vecteur d’amé-
surer que la méthodologie est appli- lioration que les équipes d’audit
Même basé sur des éléments décla- quée et de maintenir la pression peuvent apporter. La fonction d’audit
ratifs dans un premier temps, cet outil externe nécessaire pour conserver une permet alors une analyse des risques
s’avère un puissant élément d’amé- analyse critique lors des auto-évalua- sans tabou et favorise la formalisa-
lioration à condition de challenger sur tions. Ces revues permettent aussi de tion des standards et des processus.
des critères objectifs et transparents faire émerger les éclaircissements Enfin, des méthodes de cartographies
les équipes locales et de créer un inté- nécessaires du cadre de contrôle des risques ou des outils d’auto-
rêt pour tous les acteurs du processus interne global. Elles permettent d’en- évaluation peuvent être profitables au
d’auto-évaluation. Dans un deuxième tretenir une relation constructive avec DSI et permettre en parallèle une effi-
temps, le niveau d’exigence associé la DSI en charge de définir les proces- cacité accrue des audits réalisés.
à chaque processus peut être renforcé sus et fournissent alors un appui pour
en ligne avec l’animation qualité une vision objective du niveau de La DSI peut ainsi tirer des gains réels
centrale sur les processus estimés maîtrise des entités lors du déroule- du plan d’audit s’il
critiques (preuve de documentation, ment du plan d’audit. est utilisé pour
preuve de contrôle de l’application du L’outil d’auto-évaluation devient alors mener les actions de La DAI a été certifiée en
1

processus…). Le déploiement d’un une méthode de capitalisation et un progrès, améliorer 2006, 2007 et 2008 par
l’IFACI
tel outil nécessite un engagement moyen de déploiement des processus les processus et fina-
important de la direction métier afin pour le métier informatique. lement permettre la Exemples : CobiT, CMMI,
2

ITIL, Val-IT…
d’assurer son évolution, son anima- construction d’un
* * CIGREF : Club
3

tion régulière et son intégration dans environnement de Informatique des grandes


les pratiques des acteurs informatiques * contrôle informa- Entreprises Françaises
(www.cigref.fr)
afin d’en tirer des axes de progrès. Il tique sain et partagé
« Le contrôle interne du
4

permet aussi de favoriser l’échange L’audit interne informatique peut en toute transparence système d’information des
organisations », co-édité par
entre les entités locales et centrales apporter une réelle plus value à la DSI avec la fonction le CIGREF et l’IFACI, et
sur des sujets techniques ou organi- de son entreprise, y compris en utili- d’audit. disponible auprès de l’IFACI
au prix de 50 €

40 n°195 - juin 2009


>> fraudes

fraudes
Deuxième partie de la série de quatre articles commencée dans le précédent numéro de la revue Audit Interne
(n°194 - p.33).

Comment monter
une « usine à gaz »
sans qu’aucun
régulateur ne fronce
le sourcil1 (2/4)
Noël Pons, CIA
conseiller au Service Central de
Prévention de la Corruption

L
e secteur bancaire a cru trouver dans la titrisa- tenir le rang ont augmenté. Ces créances ont alors été
tion, comme les alchimistes en leur temps, le revendues à des « avocats », qui ont utilisé les grands
moyen de changer le plomb en or. La dispersion moyens. Le surnom de « grippe sols » qui leur colle encore
du risque de non remboursement des prêts chez une mul- aux basques vient de là.
titude de porteurs, aurait dû le faire disparaître. La titri-
sation a été présentée comme une novation, cependant la Le processus de titrisation permet donc de créer à partir
méthode est fort ancienne. Identifiée dés le 17ème siècle, d’une créance (un prêt par exemple) un instrument finan-
elle permettait de résoudre des problèmes récurrents de cier susceptible d’être revendu sur un marché fluide, c'est-
récupération de créances. En effet, les nobles, proprié- à-dire dans lequel les échanges sont importants et répétés.
taires terriens, avaient consenti des prêts aux paysans tra- Même si la différence entre le prix de vente et le prix
vaillant sur leurs terres. Leur proximité avec ces derniers d’achat est faible, le nombre d’opérations rend la démar-
rendait laborieuse la récupération des fonds avancés, dont che intéressante du fait des possibilités ultérieures d’ar-
une partie était finalement abandonnée. En se rappro- bitrage.
chant de la cour, les liens avec les paysans se sont dis- La titrisation, l’élément clé de la crise des « subprimes »,
tendus, corrélativement les besoins de trésorerie pour autorisa la généralisation des prêts aux pauvres dont cha-

n°195 - juin 2009 41


>> fraudes

cun savait que tous ne pourraient être remboursés ; cepen- De fait, ils échappent à toute réglementation pruden-
dant : tielle.
la hausse de l’immobilier devait permettre aux emprun-
teurs en difficulté de vendre le local et de se débarrasser Pour se financer, ils émettent des billets de trésorerie
de la créance ; adossés à des obligations elles mêmes adossées à des
le prêteur pouvait placer ces prêts sur un marché secon- actifs sous jacents.
daire.
Les actifs cédés sont transformés en obligations payant
Enfin, tous les acteurs qui pratiquaient l’effet levier un coupon remboursables à l’échéance c’est dire en géné-
empruntaient pour réaliser leurs plus values, ce qui était ral trente années5. Ils sont regroupés dans des produits
une source inépuisable, croyait-on, de produits. complexes tels les « Asset backed Securities » (ABS) –
valeurs mobilières adossées à des actifs – eux mêmes
Cette opération permet d’obtenir des disponibilités nou- pouvant être classés en d’innombrables sous catégories
velles autorisant l’allocation d’autres prêts. La rémuné- telles que les « Asset backed Commercial Paper » ou
ration est alors composée des commissions récupérées encore les « Collaterized debt obligation » (CDO)6, ou
lors du conditionnement des titres, ce qui majore les pro- « Residential Mortgage Backed Securities », etc.
duits, et des sommes perçues au titre de l’amortissement
des prêts. Ces produits répondent à des besoins précis et parfois
Ces valeurs disparaissant du bilan, elles ne sont plus pro- divergents : limiter le coût de refinancement, exploiter
visionnées, elles échappent à l’obligation de servir les des opportunités d'arbitrage et transférer le risque de cré-
réserves statutaires2. dit en redistribuant ce risque au sein ou en dehors de la
sphère bancaire et financière crédit.
La titrisation consiste à céder un ensemble d’actifs à des
sociétés (en l’espèce des banques ou à Fanny Mae et Toutefois, quelle que soit leur forme, les CDO’s ont en
Freddy Mac3) qui les ont reconditionnés. Des entités ad commun d'être émis sous la forme de millefeuilles struc-
hoc (Special Purpose Vehicle4 et Structured Investment turés en tranches présentant des risques différents. En
Vehicle) appelés aussi « conduits » ou « tuyaux » les ont fonction de la tranche choisie, l'investisseur acquiert un
rachetés. Ces sociétés ad hoc sont créées avec une fina- produit plus ou moins risqué et en tire une rémunération
lité précise : une fois le but atteint elles sont appelées, en appropriée.
principe, à se dissoudre. Le SPV émet des titres pour
payer l’acquisition de ces actifs, les acheteurs emprun- Pour synthétiser, le fonctionnement d'un CDO peut être
tent pour payer ces titres. divisé en trois périodes :
en premier lieu, l'initiateur, souvent une banque, cède
Jusqu’ici tout va pour le mieux dans le meilleur des mon- son portefeuille de créances à une société « ad hoc » ;
des ! en second lieu, cette dernière émet des tranches de CDO
Les SPV et les SIV peuvent appartenir et être exploités (refinancement) ;
par une banque, ils se comportent comme de simples enfin les tranches sont souscrites par les acheteurs.
sociétés écrans permettant la mise hors contrôle de pans
entiers d’activité. Ces supports sont, en fait, des « hed- Depuis lors, la gamme des entités, la nature, le nombre
ges funds » camouflés et gérés par les banques d’affai- et la qualité des actifs sous jacents s’est sans cesse élar-
res. Ils ressemblent beaucoup aux « investment trust » gie. C’est cependant l'essor des dérivés de crédit qui a
utilisés lors de crise de 1929. généré une réelle accélération du marché.

42 n°195 - juin 2009


fraudes
Les titres ont été retraités dans un processus complexe :
de nombreux titres représentatifs de créances sont com-
binés créant un millefeuille de risques particuliers. Ainsi
le risque le plus élevé doit être amorti par l’aggloméra-
tion d’autres risques et par les produits dérivés des cré-
dits. Ainsi sur une obligation présentant cinq tranches
(distribution normale ou dite de Gauss) le risque est struc-
turé de la manière suivante : les trois premières tranches
(dites senior) sont cotées respectivement AAA, AA, et
A, apparaissent ensuite une tranche dite « junior » et une
tranche résiduelle qui peut être considérée comme le fonds
de réserve. On a peu commenté les opérations de « rem-
bourrage » réalisées pour compléter les produits ; à l’ins-
tar des opérations de « hedge accounting » elles peuvent
devenir plus que dangereuses.

Les pertes éventuelles sont censées s’imputer d’abord sur


la tranche résiduelle et ainsi de suite sur les autres tran-
ches. Cette structure est élaborée suivant la théorie des
probabilités. On compense ainsi, croît-on, les risques liés
à chacune des créances. Ainsi les sous jacents des crédits Encore une fois les observateurs pour un temps enthou-
hypothécaires subprimes ont été mélangés à des crédits siastes ont oublié un principe fondamental suivant lequel
hypothécaires tels les crédits Alt-A, ou encore à des « la mauvaise monnaie chasse la bonne » et le fait que
dettes sur des cartes de crédit ou à des leasing divers ces produits ne pouvaient qu’être appelés à devenir
(avions ou bateaux). Ces crédits présentent chacun une toxiques.
qualité différente avec des risques, des durées, des sup-
ports et des origines variables. Les auditeurs externes chargés d’expertiser la valorisa-
tion des CDS et autres CDO n’ont disposé que de peu de
On a pu élaborer des CDO, des CDO² (carré ou square) moyens pour contrôler les méthodes mathématiques voire
qui sont des CDO de CDO mais également des CDO³ qui la qualité de ces outils figurant aux bilans. Paul Jorion
sont des CDO de CDO² mais aussi des CDO synthétiques. (ibidem), cite une publication spécialisée de l’Union des
L’intérêt de ces objets financiers non identifiables, est Banques Suisses qui reconnaissait que le type de CDO
qu’ils n’étaient pas, à proprement parler, composés comme « au carré », c'est-à-dire un CDO composé d’autres CDO,
les autres CDO de tranches d’ABS mais de CDS mimant eux-mêmes composés de tranches de CDS, étaient
le comportement des CDO7. On comprend mieux pour- incontrôlables. Pour contrôler un CDO composé de 125
quoi ces OVNI financiers ont embourbé la finance ! titres, il eût fallu disposer de l’information relative à 9 375
titres.
Ces « lots » de créances ont été largement commerciali-
sées en transférant le risque de non remboursement du Les agences de notation, acteurs incontournables, ont agi
crédit initial. La rémunération du placement excède les en tant que conseils auprès des émetteurs afin de définir
risques qu’il recèle c’est ce qui le rend attractif. On relève la qualité, la structure, les seuils « déclencheurs » des
là l’un des postulats essentiels de l’économie virtuelle produits finalement fourgués aux acheteurs. En fait le
que l’on retrouve aussi chez les traders. déclenchement du transfert de fonds d’une tranche vers

n°195 - juin 2009 43


>> fraudes

l’autre est initié par l’importance et le nombre des retards duits très risqués étaient agrégés à d’autres moins ris-
de paiement évalué par l’indice ABX. Pour l’anecdote, qués. Notons pour l’anecdote que ces outils, par défini-
dans le cadre de l’évaluation de ces produits, c’était par- tion hors bilan, donc hors contrôle, étaient mieux cotés
fois six ou sept spécialistes qui échangeaient, chacun que des produits figurant dans le bilan.
exposant la spécificité et la technicité propre au support.
A ce moment les investisseurs rationnels auraient dû fuir. De plus, les agences ont développé une croyance naïve
Ces agences ne sont pas pour autant des petits intermé- dans les modèles utilisés pour évaluer le crédit des socié-
diaires, dont le métier est de noter les entreprises, les tés et les instruments qu’elles aidaient à structurer.
banques, les fonds, les collectivités et les Etats ; elles ont
un impact fort sur les décideurs. Leurs évaluations orien- Les notations ont été effectuées, comme les évaluations
tent les investissements. courantes à partir de modèles. Deux types de modèles,
les modèles « scientifiques » et les modèles correspon-
Les agences de notation ont ainsi, encore une fois, joué dant à une « norme sectorielle » sont admis par les régu-
avec le feu. Elles facturaient des prestations pour struc- lateurs des organismes financiers américains.
turer les produits, puis les notaient ou en modifiaient
l’évaluation en fonction de l’évolution. Sur ce point Paul Jorion avance les constats suivants :
« Un modèle financier typique comprendra par exem-
Il semble évident que dans le but d’obtenir une excel- ple cinq ou six composantes atteignant un degré de pré-
lente évaluation les émetteurs étaient tentés de faire effec- cision qui permettra l’usage de plusieurs décimales, et
tuer des prestations (l’évaluation de la
prestation peut aller de 100 000 à 300 000
euros et plus) à une agence qui alors peut dif- « Les régulateurs ne voulaient ni voir, ni
ficilement se dédire. Lorsque le chiffre d’af-
faires réalisé avec l’émetteur est conséquent,
entendre, ni parler, mais le pouvaient-ils ? »
le chiffre d’affaires et les bonus prennent une
importance essentielle pour l’agence ; la nota-
tion est sujette à caution, car une inversion des évalua- une dernière dont l’équivalent est le geste bien connu
tions coûterait cher à la société. Le précédent d’Enron et consistant à mouiller son doigt et à le lever pour pren-
de Parmalat n’a apparemment pas servi de leçon8. dre la direction du vent… ».
Quant à un modèle de norme sectorielle, il présente un
Les agences vendent aussi aux mêmes clients des analy- risque dans le fait qu’il est utilisé pour prédire une situa-
ses, des prestations, des avis dont le prix est très élevé. tion dans l’avenir mais à partir d’une situation actuelle.
La Commission de Bruxelles a récemment interdit cette
pratique. En fait, les notateurs collationnent des séries de données
sur des populations spécifiques et produisent une note
De plus, il restera toujours une phénoménale incompré- qui évalue la possibilité de défaillance. Ces séries sem-
hension : comment explique-t-on le fait que seulement blent ne pas tenir compte ou pas assez de la conjoncture
quatre groupes industriels soient cotés AAA alors que économique ou de faits extérieurs. On a pu le constater
5 000 fonds auraient reçu cette note ? dans deux cas :
lorsque la bourse est tombée dans une crise de liqui-
Ainsi, de remarquables notations (le « rating » va de dité : plus personne ne désirait acheter le produit, aucun
AAA9 pour les meilleurs produits à C pour les moins des modèles n’avait envisagé cela, l’éventualité de l’occur-
bons) ont été attribuées alors que dans ces entités des pro- rence était si faible qu’elle n’était même pas considérée

44 n°195 - juin 2009


fraudes
et portant elle est bien advenue ; ont été perçus et ne seront jamais rendus. Ces « gestion-
une chute générale de l’immobilier et son impact sur naires » ont eu comme qualité essentielle de faire croire
le cours des ABS n’avait fait l’objet d’aucune évaluation que leur activité était indispensable… on a constaté les
de risque ni d’une étude d’éventualité. résultats. Seul l’attrait invétéré de l’argent, une extraor-
dinaire décadence morale, mais aussi une pression incroya-
Ces modèles semblent ne pas tenir compte de l’occur- ble, expliquent une telle dérive. Refuser de vendre des
rence d’un cumul de problèmes qui se produiraient en « subprimes » entraînait alors une mise à pied immédiate.
même temps. De plus, dans un cas au moins à la suite On notera que cette manne a pour une grande partie
d’une erreur informatique l’une de ces agences aurait sur- échappé à la collectivité, bonus et parachutes dorés, par-
noté de quatre niveaux certains produits. fois versés après un tour de passe-passe dans les paradis
fiscaux ont été accompagnés d’une noria d’accords « d’in-
Ils auraient dû faire leur le proverbe chinois : « la pré- téressement » exonérés des taxes les plus lourdes.
diction est un art difficile surtout si elle concerne
l’avenir ». On constate donc, à ce stade du déroulement de la crise,
qu’à l’exception des agences toutes les opérations qui ont
La bulle financière a été construite à partir d’un mélange posé problème étaient hors ou dans le meilleur des cas à
de modèles utilisables certes mais sur lesquels aucun l’extrême limite du contrôle de la société. Qu’il s’agisse
doute n’a été émis, et sur la foi du charbonnier dans un de la titrisation, de l’évaluation du produit ou de son achat,
modèle économique jamais remis en cause. De plus, tout c’est une structure tierce qui transmettait les données. La
cela est dû à une carence, j’allais écrire absence, de cohérence du contrôle était ainsi rompue12, et, à ce moment
contrôle interne car ces agences disposaient toutes de là, l’environnement humain ne permettait pas de remet-
codes de déontologie10, de services d’audit internes, de tre en cause la vulgate annoncée.
contrôles externes et d’une régulation, mais manifeste-
ment, personne ne regardait dans la bonne direction. De plus, certaines banques ont utilisé et créé ces SIV pour
acheter ces produits une fois titrisés. Elles étaient donc
La situation est similaire à celle constatée lors de l’écla- hors contrôle à la fois en amont et en aval du problème !
tement d’Enron, les mêmes personnes organisaient les Ces structures présentaient deux avantages importants :
montages, en évaluaient la qualité, le potentiel commer- elles n’étaient pas soumises à l’obligation de détention
cial et percevaient trois types de rémunération : celles des fonds propres et permettaient de prêter à long terme
versées lors de la mise en place du produit, celles ver- en empruntant à court terme.
sées lors de la vente et celles versée lors des opérations
de cotation ce qui génère des résultats, des bonus et des Outre les commissions perçues sur ces opérations de titri-
stocks options conséquentes à tous les niveaux. Les audi- sation, certaines banques ont prêté des fonds aux struc-
teurs internes et externes sont amenés à valider les opé- tures financières qui achetaient ces mêmes produits. Le
rations s’ils entrent dans le moule ; dans le cas où ils risque évident de non paiement a été pris sciemment car
auraient attiré l’attention sur ce problème personne ne il était réparti entre un grand nombre d’acteurs tiers, ces
les aurait écoutés. derniers ne maîtrisant manifestement pas les risques nou-
veaux. La notation de ces produits permettait de les com-
Ces analystes en herbe détenaient ainsi des pouvoirs consi- mercialiser au meilleur prix sur le seul renom de la banque
dérables dans la mise en place, l’évaluation et la notation qui les avait structurés.
de produits auxquels certains d’entre ne comprenaient
goutte11, ils répétaient une leçon bien apprise. Quant aux Certains auteurs ont qualifié l’union de SIV, de banques
bonus encaissés, tout comme ceux des divers traders, ils d’investissement et de hedges funds de « système fan-

n°195 - juin 2009 45


>> fraudes

fraudes
tôme » car non soumis à contrôle. En fait, on constate
que tous les efforts ont été accomplis pour « sortir » ces
juteuses opérations du cadre de contrôle.
Il résulte de ces faits, le constat d’un engouement effa-
rant vers un univers financier bis (Paul Fabra), miroir
dans lequel les seules limites seraient celles du calcul
mathématique et d’une organisation en réseau dans
laquelle les structures s’épaulent les unes et les autres.
Or, Paul Jorion, Nouriel Roubini, Paul krugmann et
quelques autres avaient depuis plusieurs années démon-
tré le caractère néfaste des comportements constatés.

De plus, les régulateurs comme les trois singes de la


sagesse, ne voulaient ni voir, ni entendre, ni parler, mais
le pouvaient-ils ? La sagesse antique n’allègue-t-elle pas
1
Document établi d’après l’ouvrage de Paul Jorion,
que « Jupiter rend aveugles ceux qu’il veut perdre » ! « L’implosion », Fayard, Paris 2007 ; l’article de JJ Chicquelin,
dans le nouvel observateur (« Voyage au pays merveilleux de
la finance » nouvelobs.fr) ; l’interview de JF Gayraud et
Désormais on est en droit de se poser quelques questions : N Pons par Pascal Junghans (latribune.fr).

La première est fort simple et de bon sens, (elle peut Lorsque ces créances sont « rentrées » par la bande dans les
2

comptes, les sommes prêtées aux acheteurs de CDO et autres


aussi s’appliquer au trading et aux ventes à découvert), n’ayant pas été remboursées l’obligation de provisionner ces
dernières a contribué à assécher les liquidités.
ne doit-on pas revenir au principe strict de la livraison de 3
Il s’agit d’organismes de prêt au logement qui ont été
la marchandise ? Ceci faciliterait l’évaluation comptable privatisées mais considérés comme garantis par l’Etat car ils
seraient trop gros pour mourir.
et le contrôle. 4
Nous entrons ici dans le monde des acronymes.
Actuellement, je suis persuadé que rares sont ceux qui D’où le problème de leur évaluation en cas de crise : doit-
5

comprennent la nature et le contenu du papier en circu- on les évaluer en valeur actuelle ou à la valeur d’achat alors
qu’ils seront exigibles dans plusieurs dizaines d’années ?
lation. 6
Les CDO regroupent des certificats, parfois plusieurs
La seconde est issue du constat de la carence de régu- centaines empruntés à des ABS différents. Ils étaient très
utilisés dans les opérations de financement à court terme
lation des banques ; ne devrait-on pas contrôler drasti- (au jour le jour) pour des raisons fiscales.
quement les transactions entre les banques et le système 7
In Paul Jorion « L’implosion ». « La finance contre
l’économie » Fayard, Paris 2008.
parallèle ? Cela présenterait un avantage : obliger les 8
En fait dans un tel cadre l’expérience ne sert à rien puisque
banques « officielles » à évaluer les risques pour chacune ceux qui ont vécu la dernière crise ne sont plus présents, et
quand bien même ils feraient remonter l’information il n’y a
des opérations. personne pour les entendre, ce qui revient à prêcher dans le
La troisième est le problème de la nationalisation des désert. Donc, le problème des crises financières est
constamment posé dans les mêmes termes et avec les mêmes
agences, à tout le moins la définition des méthodologies effets.

pour en confier l’élaboration à un organisme indépen- 9


Cette note représente l’évaluation de l’absence de risque
pendant plusieurs millénaires sur le produit concerné.
dant. Et peut-être la création d’une autorité de la nota- 10
Elles avaient évité l’application d’un code de bonne
tion qui fixerait les méthodes, puisque c’est là que se situe conduite en prétendant que l’auto-régulation était préférable
car respectée par tous.
l’une des failles majeures du système, et qui distribue- 11
Le Dr Shahin Shojai, rédacteur en chef du « journal of
rait les agréments. Financiel Transformation » a déclaré : « il ne se passe pas une
journée sans que des investisseurs se demandent s’ils
comprennent vraiment les produits dans lesquels ils
investissent. La complexité d’un grand nombre d’instruments
Cependant, tout ceci ne peut fonctionner que si les para-
nouveaux est simplement trop forte pour la plupart des
dis fiscaux sont placés sous contrôle. L’évolution actuelle investisseurs, même les plus avertis ».

peut rendre, si elle se poursuit, optimiste.


12
De la même manière une succession en cascade de sous-
traitants rompt la lecture d’une opération.

46 n°195 - juin 2009


>> mémoire étudiant

mémoire étudiant
Prix « Olivier Lemant » du meilleur mémoire étudiant
Le prix Olivier Lemant récompense les meilleurs mémoires étudiants de 3ème cycle en audit et contrôle internes délivrés
par les universités et grandes écoles partenaires de l’IFACI. Chaque année, l’IFACI récompense trois mémoires en
évaluant les bonnes pratiques proposées, la méthodologie appliquée, l’originalité et l’intérêt de la problématique et
enfin la qualité rédactionnelle.
En 2009, Maxime Papon a remporté le 1er prix pour son mémoire réalisé dans le cadre de l’Executive Master
« contrôle interne et maîtrise des risques » de l’ESCP Europe.

Peut-on mesurer
la performance du
contrôle interne ?
Maxime Papon
étudiant, ESCP Europe

L
’idée de mesurer la performance du contrôle répondre à une attente de performance, ou la créer. Les
interne est une de ces idées qui sont dans l’air du autorités de régulation ont, d’abord, su inciter les fonctions
temps sans que l’on sache vraiment ni pourquoi, de pilotage à être efficaces. En initiant des concertations
ni comment. Certes quelques événements récents ont pu de place, en multipliant et en précisant leurs textes, les
favoriser une réflexion générale sur la performance des superviseurs, du secteur financier par exemple, ont su
fonctions dédiées à la sécurisation de l’activité au sein ménager la discrète transition d’une obligation de moyens
de l’entreprise, mais la légitimité d’un tel questionne- à une obligation de résultats. Les services de contrôle
ment ne paraît à notre sens pas tenir à quelques fraudes, permanent, de gestion du risque opérationnel, de conti-
aussi spectaculaires soient-elles. nuité d’activité, de sécurité financière ou d’audit interne
ont dû répondre à ces exigences nouvelles. La profession
De notre point de vue, on a commencé à s’interroger sur elle-même a, ensuite, su organiser sa visibilité auprès
la performance des fonctions en charge de la maîtrise des diverses parties prenantes et créer en conséquence
des risques dans l’organisation lorsque celles-ci ont su une attente d’efficacité. Des associations telles que l’IFACI

n°195 - juin 2009 47


>> mémoire étudiant

ou l’AMRAE, par exemple, sont autant de relais qui par la profession, tout en conciliant des préoccupations
diffusent et font connaître aux acteurs de la gouvernance d’exhaustivité et de confidentialité. Une fois ces indica-
les bonnes pratiques ayant trait à la gestion des risques. teurs récoltés, il convient de les évaluer à l’aune de critères
Sachant que ces pratiques existent, les parties prenantes de performance couramment admis. Car le fait ne fonde
sont désormais en droit d’attendre des fonctions dédiées pas le droit. Ou, en d’autres termes si vous préférez, ce
qu’elles les mettent en œuvre. Enfin, les dirigeants doivent n’est pas parce qu’un indicateur de performance est utilisé
désormais composer avec les recommandations des comités dans la pratique qu’il est légitime et pertinent pour autant !
non exécutifs en matière de maîtrise des risques, l’enga- Il convient de s’assurer de la compatibilité de chacun des
gement de leur responsabilité personnelle sous l’effet de indicateurs disponibles avec les objectifs assignés aux
certains règlements, et les impératifs d’optimisation de fonctions de contrôle interne. Et ceci fait, on peut jauger
l’activité et de réduction des coûts. Il paraît dès lors naturel la clarté avec laquelle ces indicateurs rendent compte de
que les managers cherchent à mesurer la performance l’économie de moyens mise en œuvre pour atteindre ces
des fonctions chargées de mettre l’entreprise sous contrôle, objectifs. Alors seulement, on a des indicateurs de mesure
ne serait-ce que pour se rassurer. de performance valides.

Mais comment mesurer la performance des fonctions En se livrant à un tel travail, on obtient 28 indicateurs de
dédiées au pilotage du contrôle interne ? Pour qui souhaite performance. Citons le premier, à titre d’exemple. Dans
répondre à cette question, deux difficultés surgissent le domaine du contrôle permanent, on peut dire que l’in-
d’emblée. D’une part, l’existence de fonctions spéciali- dicateur « Nombre de collaborateurs sensibilisés au
sées, chargées exclusivement de superviser et d’optimi- contrôle permanent au cours de l’exercice / Nombre de
ser le dispositif de contrôle interne, est relativement récente. collaborateurs à sensibiliser au cours de l’exercice » est
Les services affectés au contrôle permanent, à la gestion un indicateur de performance. Pourquoi ?
du risque opérationnel, et à la continuité d’activité par Premièrement, parce qu’il est compatible avec un critère
exemple, disposent encore de peu de recul pour caracté- d’efficacité du contrôle interne couramment admis, l’uni-
riser leur propre performance et la qualifier à l’aune d’un versalité. Quel que soit le référentiel de contrôle pour
historique. D’autre part, les données traitées par ces lequel on a opté, COSO 1, COSO 2, COCO, Turnbull
fonctions de pilotage sont souvent confidentielles. Les Guidance ou cadre de référence AMF, il paraît en effet
managers à la tête des services de contrôle sont ainsi difficile de contester qu’un contrôle interne performant
parfois peu disposés à communiquer sur la performance est un dispositif qui doit s’appliquer partout, donc universel.
de leurs équipes. Le faire reviendrait à rendre public des Or, un dispositif universel est d’abord un dispositif connu.
informations à accès restreint. Il suit de ces deux diffi- Les fonctions spécialisées sont ainsi fondées à mesurer
cultés, une méconnaissance du cœur de métier des fonctions le degré de connaissance de ce dispositif dans l’organi-
de contrôle interne dans l’entreprise. Méconnaissance sation. Et, comme le travail de sensibilisation du personnel
qui touche parfois les dirigeants eux-mêmes. de l’entreprise leur échoit, elles mesurent leur propre
efficacité.
Si l’on souhaite proposer des indicateurs de performance Deuxièmement, cet indicateur est un indicateur de perfor-
applicables aux fonctions de contrôle interne, il convient mance car il est effectivement utilisé par des profession-
ainsi d’élaborer une méthode capable de pallier le manque nels, notamment dans la Banque.
d’historique de ces jeunes services, et la culture de discré- Troisièmement, cet indicateur est un indicateur de perfor-
tion des contrôleurs. Le recours à la littérature spéciali- mance car il est aisé à mettre en œuvre.
sée, à l’observation directe, aux entretiens avec des profes- Enfin, quatrièmement, cet indicateur est un indicateur de
sionnels, et au sondage peut constituer un moyen pour performance car il est transversal. Ainsi, le ratio « Nombre
collecter des indicateurs de performance signalés ou utilisés de collaborateurs sensibilisés au contrôle permanent au

48 n°195 - juin 2009


mémoire étudiant
cours de l’exercice / Nombre de collaborateurs à sensibi- fonctions de pilotage du contrôle interne est réalisé en
liser au cours de l’exercice » est transposable aux domaines coproduction. Il s’agit d’une coproduction entre un « pres-
de la gestion du risque opérationnel, de la continuité d’acti- tataire » et un « utilisateur ». Le prestataire conseille ; il
vité et de la sécurité financière, car là aussi il faut former s’agit des fonctions de contrôle interne qui mettent à la
les effectifs pour sécuriser les pratiques. Voilà un exemple disposition de toute entité soucieuse de sécuriser son
simple. activité leur expertise en matière de contrôle. L’utilisateur
réalise ; il s’agit de l’entité organisationnelle mettant
Il est certes possible de raffiner chaque indicateur de effectivement en œuvre les contrôles préconisés. Dès
performance et de l’adapter au contexte de son entre- lors, qui du prestataire ou de l’utilisateur est responsable
prise, mais il faudra, à notre sens, conserver à l’esprit de la performance réalisée ?
deux limites inhérentes à ce type d’exercice. Disons simplement, pour finir, que si, dans une entre-
La première réside dans le fait que le pilotage du contrôle prise, contrôleurs et contrôlés en sont à se disputer la
interne est une activité de service, qu’elle ne produit aucun paternité de la performance du contrôle interne, c’est
bien tangible, et que par conséquent l’appréciation de que les fonctions de pilotage n’ont pas chômé. Elles ont
ses résultats est parfois soumise à débat. au moins su démontrer la nécessité de sécuriser l’acti-
La seconde tient au fait que le service dispensé par les vité !

Le DPAI
Diplôme Professionnel de l’Audit Interne

L’obtention du DPAI démontre que vous possédez les connaissances fondamentales nécessaires à la pratique de l’audit
interne et votre capacité à conduire une mission d’audit interne, en mettant en œuvre la démarche et les techniques
d’audit appropriées, en conformité avec les normes internationales de la profession.

Les du diplôme professionnel

Un engagement dans un cursus de formation vous permettant de conduire une mission d’audit en autonomie
men et
me de l’exa
La valorisation des formations suivies par un diplôme professionnel
Le program nt disponibles
so
les annales
Une remise de 20 % sur les tarifs d’au moins 4 des séminaires fondamentaux de l’audit interne
ternet
(Cf. catalogue des formations de l’IFACI) sur le site In
om
www.ifaci.c

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Session 2010 : 26 janvier Tarifs : 50 € HT
Etre adhérent de l’IFACI et être diplômé niveau Bac + 3

IFACI Formation - 12 bis, place Henri Bergson - 75008 Paris


Tél. : 01 40 08 48 08 - Mel : formation@ifaci.com - Internet : www.ifaci.com

n°195 - juin 2009 49


>> francophonie

La vérification interne :
un des quatre pieds
indispensables de la table
de la gouvernance

Denis Lefort, CIA, CA


directeur principal risque et contrôle,
Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT)

N
Denis Lefort compte près de 30 années d’expérience ous ne pouvons laisser passer sous silence la
en vérification interne. Au cours de sa carrière, il a crise financière en cours sans nous questionner
implanté, dirigé et transformé des services de sur l’efficacité et la qualité du processus de
vérification interne au Canada et en Europe, gouvernance des organisations. Plus particulièrement,
notamment dans les secteurs bancaire, manufacturier pour les professionnels de la vérification interne, le
et des télécommunications. moment est opportun pour se demander si notre contri-
À titre de responsable de la pratique de consultation bution à la gouvernance des organisations a été et est à
risque et contrôle au bureau de Montréal de RCGT, la hauteur des attentes de leur direction et des membres
Denis Lefort conseille ses nombreux clients en matière de leur comité de vérification. J’entends déjà certains dire
de gouvernance, de gestion des risques, de contrôles que les vérificateurs internes1 ne peuvent être tenus respon-
internes et de vérification interne. C’est aussi à ce sables de la crise actuelle. Évitons de jouer à l’autruche
titre qu’il a dirigé de nombreuses évaluations qualité et essayons au moins de tirer des leçons pertinentes pour
de services de vérification interne. assurer un avenir meilleur à nos organisations.
Il est actuellement le représentant du Québec au
Conseil canadien de l’Institut des vérificateurs internes Après avoir passé en revue le concept de gouvernance et
pour la période 2008-2010, et il a été le président le rôle de ses principaux acteurs, le conseil d’adminis-
de la section de Montréal du même institut pour les tration, la direction, le vérificateur externe2 et le vérifi-
périodes 1990-1991 et 2006-2008. Il a aussi été cateur interne, je m’attarderai à déterminer les meilleures
membre du conseil d’administration de l’IFACI ainsi pratiques qui devraient guider les efforts des services de
que de l’UFAI au début des années 2000. vérification interne afin d’améliorer l’efficacité et l’effi-

50 n°195 - juin 2009


francophonie
cience de leur contribution ainsi que leur valeur ajoutée influencent directement la solidité et l’harmonie de l’en-
à la saine gouvernance des organisations. semble. Si un seul pied cède, la table perd alors son équi-
libre et elle devient alors vulnérable, notamment à la
Avant de parler gouvernance, il est important de compren- matérialisation de risques indus, à la survenance
dre dans quel environnement évoluent nos organisations. d’erreurs ou de fraudes importantes et à des comporte-
Le schéma 1 qui suit illustre bien cet environnement. ments délinquants, voire criminels. Bien sûr, nous devrions
être en mesure de croire que les trois pieds restants suffi-
Cet environnement d’affaires inclut des composantes ront à la soutenir en vue de prévenir la matérialisation
externes et internes qui sont toutes des parties prenantes des risques précédents. Toutefois, les plus pessimistes
importantes au bon fonctionnement et à la réussite des diront que si un seul pied cède, il existe alors un risque
organisations, que ce soit les actionnaires, les autorités élevé que la table s’écroule complètement car tous ses
réglementaires, les banques, les clients, les fournisseurs, pieds sont dépendants des uns et des autres. Cela montre
les employés, le conseil d’administration et ses comités, bien l’importance de la complémentarité des rôles joués
la direction, le vérificateur externe et le vérificateur interne. par les uns et les autres dans le processus de gouvernance.
Toutes ces parties prenantes souhaitent que la direction Ceci étant dit, le conseil d’administration et ses comités,
mette en œuvre avec succès la vision, les objectifs, la de même que la direction supérieure se veulent tout de
stratégie et toute autre décision approuvés par le conseil même les acteurs principaux de la gouvernance alors que
d’administration, qui agit bien sûr comme le représen- le vérificateur externe et le vérificateur interne viennent
tant des actionnaires. Cette réussite sera favorisée, entre les appuyer dans l’exercice de leurs responsabilités.
autres, par la mise en œuvre de processus de création de
valeur sous la responsabilité des différentes unités corpo- Le premier pied de la table de la
ratives et d’affaires qui en assureront une surveillance gouvernance : le CA et ses sous-comités
étroite par l’entremise, notamment, d’indicateurs de
performance, de signaux d’alerte, de mécanismes de reddi- Il est maintenant reconnu que les membres du CA agis-
tion des comptes et de communication et, bien sûr, de sent comme représentants des actionnaires. Toutefois,
l’ensemble des employés. plusieurs événements survenus récemment et au cours
des dernières années, sur la scène financière et écono-
Sur le plan de la gouvernance, mes propos s’arrêteront mique, montrent que le CA doit aussi protéger les inté-
aux responsabilités du conseil d’administration (CA) et rêts d’autres parties prenantes comme les actionnaires
de son comité de vérification3, de la direction supérieure minoritaires, les détenteurs d’obligations et le public en
et du vérificateur externe, en soulignant notamment leur général.
relation avec le vérificateur interne. Je ferai aussi réfé-
rence, de façon plus détaillée, au rôle de la fonction véri- C’est le CA qui, avec l’appui de ses comités, revoit,
fication interne. approuve, supervise et ajuste, entre autres, le plan et les
objectifs stratégiques de l’organisation, les plans de finan-
Le concept de gouvernance, selon la perspective de notre cement et d’investissement, le budget et les états finan-
association professionnelle, The Institute of Internal ciers intérimaires et annuels, le plan de rémunération des
Auditors – The IIA, est illustré dans le schéma 2 qui suit. hauts dirigeants, le plan des acquisitions et des fusions,
les rapports de performance et de reddition des comptes,
Ce concept de gouvernance est illustré par une table soute- le cadre de gestion des risques et de contrôle et le cadre
nue par quatre pieds. La table elle-même se veut l’en- de surveillance de la conformité aux lois et règlements,
semble du processus de gouvernance alors que ses pieds ainsi qu’aux politiques et procédures internes.
représentent les acteurs clés du processus dont les actions

n°195 - juin 2009 51


>> francophonie

Je m’arrêterai quelques Actionnaires

instants sur le rôle joué par le Marchés financiers Autorités réglementaires

comité de vérification en Banques Législateur


Comité de
matière de gouvernance. Dans vérification
CA Autres comités Public
la majorité des organisations, du CA

les membres de ce comité Chef de la direction


jouent un rôle primordial de Comité de direction

surveillance des activités liées Gestion des Contrôle


risques et Finance Vérificateurs
à la communication de l’in- Vision externes
RH, Juridique &
formation financière, à la Conformité
Objectifs
gestion et à l’évaluation des TI et autres unités cibles


rifi
risques, au contrôle interne, à corporatives

ca
tio
n
Stratégie
l’éthique, au suivi des dénon- Unités

in
te
d'affaires

rn
ciations externes et internes,

e
Fournisseurs Processus de Clients
à la vérification statutaire des création de valeur

états financiers et au vérifica-


Mise en œuvre
teur externe et, enfin, à la
fonction vérification interne. Indicateurs de Reddition de Employés Signaux d'alerte
performance comptes / Reporting

Schéma 1
Pour effectuer une sur -
veillance efficace et alerte de la fonction vérification de vérification lui fournira ainsi la direction stratégique
interne, les membres de comités de vérification doivent et le cadre de communication et de reddition de comptes
être en mesure d’apprécier l’ensemble du cadre norma- auxquels devra se conformer le chef de la vérification
tif auquel est assujettie la vérification interne, lequel cadre interne.
est résumé à la section 4 ci-dessous. Sans cette connais-
sance, les membres de comités de vérification ne sont Le comité de vérification doit aussi prêter une écoute
pas en mesure de déterminer si la fonction vérification attentive au chef de la vérification interne en lui accor-
interne s’acquitte de sa mission selon les exigences profes- dant tout le temps nécessaire à chacune de ses réunions
sionnelles et les règles de l’art reconnues. pour qu’il puisse rendre compte de l’exercice de sa
Le comité de vérification doit aussi s’assurer que le posi- mission, des résultats des différents projets de vérifica-
tionnement organisationnel de la fonction vérification tion interne et de la performance de son service. Le comité
interne lui assure toute l’indépendance requise pour assu- devrait aussi se réunir avec le chef de la vérification
mer pleinement et librement son mandat tout en favori- interne, lors de séances à huis clos, pour lui donner l’oc-
sant une pleine transparence. La tendance forte observée casion d’aborder, en l’absence de la direction, des sujets
de nos jours, de notre côté de l’Atlantique, est un ratta- qui pourraient notamment être plus sensibles. Entre les
chement hiérarchique de la vérification interne au comité réunions, le chef de la vérification interne devrait avoir
de vérification. Par ailleurs, la tendance en France est libre accès au président du comité de vérification pour
plutôt un rattachement hiérarchique avec la direction discuter de tout enjeu requérant une attention immédiate.
générale et un lien étroit et continu avec le comité de véri-
fication. J’observe aussi, de plus en plus, des comités de vérifi-
cation qui exigent que les hauts dirigeants et les gestion-
En approuvant la mission, l’autorité et l’étendue des naires viennent leur présenter leurs plans d’action et les
responsabilités de la fonction vérification interne, le comité échéanciers d’implantation prévus afin de réduire l’inci-

52 n°195 - juin 2009


francophonie
dence des risques élevés identifiés par les vérificateurs mique et active du chef de la vérification interne ou de
internes et aussi rendre compte de l’implantation des l’un de ses représentants aux différents comités et projets
recommandations des vérificateurs internes. J’observe stratégiques. Elle encouragera aussi fortement une syner-
aussi de plus en plus de comités de vérification qui ont gie, une concertation et une communication efficaces
recours au service de vérification interne pour les assis- entre les interventions de la vérification interne et celles
ter dans la conception de la charte du comité, leur four- des autres acteurs clés de la surveillance, notamment les
nir des informations sur les enjeux actuels et émergents responsables des fonctions de gestion des risques, de
auxquels est confrontée l’organisation et les assister dans conformité et des finances.
l’évaluation de la façon dont ils s’acquittent de leur
mandat. Ce sont des pratiques exemplaires à suivre. Le chef de la direction sollicitera aussi le chef de la véri-
fication interne pour qu’il effectue périodiquement une
Clairement, il est difficile, voire impossible, pour la fonc- présentation des conclusions de ses travaux et de sa plani-
tion vérification interne de s’acquitter de manière adéquate fication au comité de direction de l’organisation. Le chef
de sa mission sans l’appui soutenu et intéressé du comité de la direction s’assurera aussi que des mécanismes effi-
de vérification. caces sont mis en place pour assurer le suivi ponctuel de
l’implantation des recommandations des vérificateurs
Le deuxième pied de la table de la internes et des plans d’action proposés par les gestion-
gouvernance : la direction supérieure naires pour remédier aux faiblesses observées, notam-
ment celles liées à des enjeux comportant un risque élevé.
La direction supérieure joue bien sûr un rôle clé en matière
de gouvernance. La direction supérieure inclut, en plus Trop souvent par le passé, des dirigeants se sont désin-
du chef de la direction, tous les autres hauts dirigeants téressés de la fonction de vérification interne ou ont empê-
responsables des unités administratives et d’affaires. La ché ses responsables de réaliser librement et pleinement
direction est notamment responsable de mettre en œuvre leur mandat. Et lorsque des failles majeures survinrent
l’ensemble des décisions adoptées par le conseil d’admi- dans les processus de leurs organisations, ils posèrent
nistration et ses comités. Elle doit aussi rendre compte alors la question qui tue : mais où étaient nos vérifica-
au CA des résultats et de la performance stratégique, teurs internes ? Se désintéresser de la vérification interne,
financière et opérationnelle de l’organisation, de façon ne pas appuyer ses efforts ou lui mettre des bâtons dans
transparente et en temps opportun. les roues revient à mettre en péril l’équilibre de l’en-
semble de la table de la gouvernance. Un partenariat fort
C’est la direction qui donne « le ton » à l’ensemble de entre la vérification interne et la direction doit aussi repo-
l’organisation en adoptant un modèle de gestion exem- ser sur le respect mutuel des rôles des uns et des autres.
plaire, notamment sur le plan de l’éthique. Elle définira
la culture et les valeurs qui guideront les actions et les Le troisième pied de la table de la
comportements de l’ensemble des gestionnaires et gouvernance : le vérificateur externe
employés. Les membres de la direction supérieure donne-
ront le ton et l’exemple au personnel en pratiquant de Le vérificateur externe joue bien sûr un rôle clé en matière
façon exemplaire cette culture et ces valeurs. de gouvernance, notamment au niveau de la communi-
cation de l’information financière. Dans le cadre de sa
Au même titre que le comité de vérification, la direction vérification statutaire des états financiers, le vérificateur
supérieure se doit d’être au fait du cadre normatif auquel externe est amené à identifier et à évaluer les contrôles
est assujettie la fonction vérification interne (section 4). au niveau de l’entité, y compris ceux liés à la gouver-
La direction supérieure encouragera la présence dyna- nance. Cette évaluation devrait englober une revue de la

n°195 - juin 2009 53


>> francophonie

fonction vérification interne. S’il advenait que le vérifi- geants ignorent l’existence, encore de nos jours, de notre
cateur externe observe des anomalies importantes relati- association professionnelle, The Institute of Internal
ves à cette fonction, il est de son obligation de les Auditors – The IIA, qui est la seule association profes-
divulguer à la direction supérieure et au comité de véri- sionnelle entièrement dédiée à la profession de la vérifi-
fication de l’organisation. Je ne suis pas convaincu que cation interne. Cette association regroupe plus de 160 000
ce fut toujours le cas par le passé. membres dans plus de 165 pays. Elle fournit à tous ses
membres un cadre normatif unique applicable partout
La concertation entre le vérificateur externe et le vérifi- dans le monde. Ce cadre englobe les normes internatio-
cateur interne est aussi une pratique exemplaire. En effet, nales professionnelles, le code de déontologie applica-
ceux-ci ont tout intérêt à partager leur planification, à ble à ses membres, des prises de position publiques,
coordonner leurs interventions et à échanger leurs évalua- notamment auprès des autorités réglementaires, des
tions, leurs conclusions et leurs rapports. Une telle concer- gouvernements, des regroupements de décideurs et d’au-
tation contribue à apporter l’assurance globale requise tres associations professionnelles, ainsi que des projets
par le comité de vérification en matière de gouvernance, de recherche portant sur la gouvernance, la gestion des
gestion des risques et des contrôles. L’apport au comité risques et les contrôles. Notre association a aussi mis en
de vérification est optimal lorsque la concertation englobe place un processus de certification professionnelle condui-
aussi les autres acteurs clés de la surveillance, dont la sant à l’obtention du titre Certified Internal Auditor, lequel
gestion des risques, les technologies de l’information, la se veut la seule désignation professionnelle au monde
conformité et le service des finances. reconnaissant l’expertise et les compétences des vérifi-
cateurs internes. The IIA est donc le seul représentant et
Le quatrième pied de la table de la le seul porte-parole reconnu et crédible de la profession
gouvernance : la vérification interne de la vérification interne, y compris au Canada par l’en-
tremise du Conseil Canadien de l’Institut des Vérificateurs
La vérification interne est une fonction indépendante Internes.
d’évaluation des processus de gouvernance, de la gestion
des risques et des contrôles. Elle doit fournir une assu- La vérification interne fournit essentiellement deux types
rance à l’organisation sur le degré de maîtrise de ses opéra- de services : un service d’assurance et un service de
tions, apporter des conseils pour les améliorer et contribuer conseil. Le service d’assurance consiste en l’évaluation
à créer de la valeur ajoutée. Dans ce contexte, les vérifi- des processus de gouvernance, de management des risques
cateurs internes doivent utiliser une approche et une et de contrôles, basée sur des éléments probants, liés aux
méthodologie de vérification interne systématique et processus financiers et opérationnels, y compris les contrô-
méthodique et faire des propositions pour renforcer les les des technologies de l’information, afin de déterminer
processus. si l’application de ces contrôles contribue à :
la sauvegarde des actifs ;
C’est aussi dans ce contexte que la vérification interne la fiabilité, l’intégralité et l’intégrité des informations
permet souvent de faire le pont entre la direction et le et des rapports ;
comité de vérification et qu’elle agit comme une soupape la conformité aux lois et règlements ainsi qu’aux poli-
de sécurité pour ces derniers en matière de conformité tiques et procédures ;
aux lois et règlements, aux politiques et procédures et l’utilisation efficace, efficiente et économique des
aux meilleures pratiques de contrôle en général. ressources.

J’ai été trop souvent surpris de constater que plusieurs Le service de conseil consiste à offrir des services visant
membres de comités de vérification et des hauts diri- aussi la création de valeur ajoutée en appui aux dirigeants

54 n°195 - juin 2009


francophonie
dans l’exercice de leurs fonctions. Dans ce contexte, les aux causes sous-jacentes des faiblesses relevées et qui
vérificateurs internes pourraient, par exemple, offrir des permettent de réduire l’incidence des risques à un seuil
ateliers de formation et de sensibilisation en matière de jugé acceptable par l’organisation.
risques et contrôles internes, animer des sessions d’auto-
évaluation des risques et des contrôles impliquant des Être un partenaire de confiance auprès de la direc-
gestionnaires d’unités d’affaires ou participer à l’im- tion et du comité de vérification
plantation de nouveaux systèmes. Lorsqu’il agit comme Le chef de la vérification interne et les vérificateurs inter-
un conseiller, le chef de la vérification interne doit mettre nes doivent être respectés et reconnus par le comité de
en place les mécanismes et balises requis pour préserver vérification et la direction pour leur expertise et leurs
l’indépendance, l’objectivité et l’intégrité de sa fonction compétences pointues, leur professionnalisme, leur objec-
et de son équipe de professionnels. tivité et leur indépendance. Les vérificateurs internes
doivent posséder un sens élevé de l’écoute de leurs clients
Toutefois, il est important de rappeler que le premier rôle et jouer pleinement leur rôle en participant activement
de la vérification interne est de fournir un service d’assu- aux comités et aux projets stratégiques. Enfin, un parte-
rance, lequel est rendu en priorité aux deux clients que naire de confiance doit également être en mesure d’in-
sont le comité de vérification et la direction supérieure tervenir rapidement lors de situations ou d’incidents
de l’organisation. Il est aussi important de rappeler qu’au- soudains et imprévus.
cun des processus de l’organisation n’est exclu du péri-
mètre d’intervention des vérificateurs internes, qui doivent Élaborer une planification pluriannuelle et annuelle
bénéficier d’un accès libre aux lieux, aux informations fondée sur les risques clés de l’organisation
et rapports, et aux employés de l’organisation. La vérification interne doit élaborer ses plans de travail
triennal et annuel en suivant une méthodologie fondée
Les meilleures pratiques suivantes favoriseront grande- sur l’identification et l’évaluation des risques clés de
ment la contribution significative que peut apporter la l’organisation. Ces plans et ces évaluations doivent être
vérification interne à la saine gouvernance de son orga- partagés et discutés avec l’ensemble des parties prenan-
nisation, et elles aideront à mettre en place un service de tes, y compris le comité de vérification, la direction supé-
vérification interne à valeur ajoutée. Par ailleurs, leur rieure, les autres acteurs clés de la surveillance en matière
implantation devra prendre en compte la situation actuelle de gouvernance, de risques et de contrôles. Les plans
de votre service, son rythme de croissance et l’environ- doivent aussi déterminer clairement les ressources
nement opérationnel et d’affaires de votre organisation. (nombre et profil) et les outils requis pour exécuter les
priorités de travail retenues.
Être un acteur de changement
La vérification interne doit être au fait des enjeux actuels Exécuter les mandats de vérification interne selon une
et émergents auxquels est confrontée l’organisation et ne méthodologie rigoureuse et disciplinée
pas hésiter à remettre en cause les pratiques et procédu- L’exécution de chacun des projets de vérification interne
res en vigueur depuis très longtemps. Cela lui demandera inclus dans le plan annuel doit reposer sur une métho-
d’être en alerte face aux tendances qui se dégagent et à dologie structurée qui permettra de concevoir des
adapter ses priorités de travail selon les circonstances. programmes de vérification en lien avec les risques impor-
Cela exigera aussi des vérificateurs internes une bonne tants, d’effectuer les sondages nécessaires pour évaluer
dose de persévérance et de ténacité, en répétant encore le bon fonctionnement des contrôles internes et d’iden-
et toujours leurs messages clés tout en évitant le dogma- tifier les opportunités d’amélioration, tant sur le plan du
tisme. Être un acteur de changement signifie aussi de renforcement des contrôles internes que de leur allège-
proposer des recommandations qui s’attaquent vraiment ment. Le programme de travail doit permettre d’éviter

n°195 - juin 2009 55


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une dispersion des efforts et de cibler seulement certains


GOUVERNANCE
enjeux clés.
J’ai remarqué de plus en plus que les délais d’exécution

Vérificateurs

Vérificateurs
des projets de vérification interne sont de plus en plus

externes
internes
courts, ce qui reflète les préférences de la direction et du

CA et comités

supérieure
comité de vérification vis-à-vis de projets plus ciblés

Direction
évitant la dispersion des ressources disponibles limitées.
Cela est une pratique exemplaire à suivre.

Rapporter en temps opportun les conclusions des Schéma 2

mandats de vérification interne portant sur les risques


clés Suivre en temps opportun l’implantation des recom-
Le rapport de vérification interne doit être un outil de mandations portant sur les risques clés
gestion à la fois pour les gestionnaires et les dirigeants. Un rapport de vérification interne ne faisant l’objet d’au-
Un rapport détaillé est remis aux gestionnaires respon- cun suivi est destiné à la filière 13 ! Les vérificateurs
sables de l’implantation des recommandations des véri- internes doivent effectuer le suivi de l’implantation de
ficateurs internes, lequel inclura leur plan d’action et leurs recommandations de façon ponctuelle à la lumière
l’échéancier d’implantation pour remédier aux faibles- des risques en cause. Dans certains cas, ils devront retour-
ses soulevées. ner sur le terrain pour s’assurer que les actions mises en
place par les gestionnaires ont vraiment permis de corri-
Un rapport sommaire est rédigé à l’intention des diri- ger efficacement les faiblesses relevées. Les vérificateurs
geants afin de mettre en lumière les principales oppor- internes devront aussi rapporter les conclusions de leurs
tunités d’amélioration et les principales recommandations suivis à la direction supérieure et au comité de vérifica-
en lien avec le niveau de sévérité des risques. Le rapport tion. L’implantation en temps opportun des recomman-
sommaire inclura aussi l’opinion globale des vérifica- dations des vérificateurs internes est un indice de la valeur
teurs internes sur l’environnement de contrôle interne de ajoutée que leurs rapports apportent à l’organisation.
même que sur sa capacité à réduire les risques à un seuil
jugé acceptable par l’organisation. Ce rapport doit permet- Gérer les ressources humaines de façon dynamique
tre à ses lecteurs de cerner rapidement les enjeux clés et Comme pour tout autre service, les effectifs de la vérifi-
d’y réagir tout aussi rapidement à la lumière de l’impor- cation interne doivent être gérés de façon dynamique.
tance des risques en cause. Cela signifie maintenir en place une équipe optimale de
professionnels possédant les compétences requises pour
Un rapport de vérification interne doit être basé sur des « livrer » les plans de vérification triennal et annuel, gérer
faits et inclure des informations qui sont exactes, fiables, adéquatement les plans de carrière du personnel, évaluer
complètes, objectives et présentées de façon construc- les performance en lien avec des objectifs ambitieux et
tive, tout en étant dépourvu d’informations superflues. réalistes, mettre en place des plans de développement
Ainsi qu’il est mentionné précédemment, les recom- professionnel et de formation adaptés aux besoins, animer
mandations proposées doivent s’attaquer vraiment aux des réunions d’équipe motivantes et rassembleuses et
causes sous-jacentes des faiblesses relevées et elles doivent favoriser une communication franche et ouverte entre ses
permettre de réduire l’incidence des risques à un seuil membres ainsi que le sens des responsabilités quant à la
jugé acceptable par l’organisation. Les recommandations qualité du travail effectué (reddition de comptes).
se doivent d’être pratiques tout en prenant en compte la Je rencontre de plus en plus de vérificateurs internes avec
relation coûts-bénéfices. un potentiel élevé, qui sont promus à des postes de gestion

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francophonie
et de direction au sein des organisations. Cela envoie un Comme pour tout autre service, la vérification interne
message fort aux autres gestionnaires sur l’importance doit rendre compte de façon transparente de ses travaux
du contrôle interne dans la gestion des processus, des et de sa performance. Plus spécifiquement, la vérifica-
systèmes et des activités. Dans certaines organisations, tion interne rendra compte, sur une base trimestrielle et
des stages ponctuels sont offerts par le service de vérifi- annuelle, des conclusions et des recommandations résul-
cation interne aux employés prometteurs de l’organisa- tant des travaux effectués, du degré de réalisation du plan
tion provenant des unités corporatives et opérationnelles, annuel approuvé par le comité de vérification, du degré
avec comme objectif de les sensibiliser à l’importance d’implantation de ses recommandations, de l’utilisation
des risques et des contrôles. Ce sont des pratiques exem- de ses ressources financières, matérielles et humaines, et
plaires à suivre. de son opinion sur l’environnement de contrôle de l’orga-
nisation. La plupart des services de vérification interne
Recourir, au besoin, à de l’expertise externe pour se dotent d’indicateurs de performance qui seront mesu-
pallier l’insuffisance de l’expertise et des compéten- rés et communiqués à la direction et au comité de véri-
ces disponibles à l’interne fication afin d’évaluer leur performance réelle et leur
Ma connaissance du domaine de la vérification interne vraie valeur ajoutée pour l’organisation.
m’a enseigné qu’il est quasiment impossible pour un
service de vérification interne de disposer à l’interne de Maintenir un programme d’assurance qualité des acti-
l’ensemble des compétences, expertises et outils requis vités de vérification interne
pour s’acquitter de sa mission. C’est pourquoi le recours Le chef de la vérification interne doit mettre en place un
à des experts externes, en lien avec des projets de vérifi- programme d’assurance qualité afin d’évaluer ponctuel-
cation interne requérant une expertise pointue, comme lement l’efficacité et l’efficience du fonctionnement de
ceux portant sur les technologies de l’information, les l’ensemble de son service, c’est-à-dire la structure orga-
enjeux environnementaux, la fraude et la trésorerie, devrait nisationnelle, les ressources financières, matérielles et
être permis et encouragé par l’entremise d’un budget humaines, les processus de planification et d’exécution
suffisant géré rigoureusement. C’est la responsabilité du des mandats de vérification, les rapports de vérification,
chef de la vérification interne d’informer la direction et le pilotage et le suivi des différentes activités et l’en-
le comité de vérification de toute insuffisance significa- semble de la communication, notamment avec la direc-
tive de ressources financières, humaines et matérielles, tion et le comité de vérification.
et de son impact sur sa capacité à s’acquitter adéquate- Le programme d’assurance qualité consistera en des méca-
ment de ses responsabilités. nismes d’évaluation en continu de la performance du
service de vérification interne et de la conformité de ses
Être en alerte face à la survenance potentielle de la pratiques aux normes internationales professionnelles de
fraude l’Institut des vérificateurs internes. De plus, ce programme
Bien que les normes de notre association professionnelle inclura des évaluations internes périodiques prenant la
n’exigent pas des vérificateurs internes l’obligation d’être forme d’une auto-évaluation réalisée par les profession-
des experts en matière de détection et d’investigation de nels du service. Il inclura aussi une évaluation externe
la fraude, elles demandent cependant qu’ils possèdent périodique effectuée par un évaluateur qualifié et indé-
des connaissances suffisantes pour évaluer les risques de pendant provenant de l’extérieur de l’organisation. Il est
fraude et évaluer la façon dont ils sont gérés par l’orga- important de rappeler qu’une telle évaluation externe
nisation. indépendante des activités de vérification interne doit être
réalisée au moins une fois tous les cinq ans, le rapport de
Rendre compte en temps opportun à la direction supé- l’évaluateur externe devant être communiqué à la direc-
rieure et au comité de vérification tion supérieure et au comité de vérification.

n°195 - juin 2009 57


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francophonie
Il me faut mentionner l’initiative – heureuse – prise en douteux. Watkins et Cooper ont toutes deux été nommées
France par l’IFACI qui considère qu’une évaluation personnalités de l’année par le Times Magazine pour l’an-
externe tous les 5 ans est très insuffisante pour une profes- née 2002 ! Le travail de vérificateur interne est donc un
sion qui veut jouer un rôle clé dans la gouvernance des travail passionnant, mais qui requiert aussi du courage,
organisations. Tenant compte du fait que le turnover des de la persévérance et un haut niveau de professionna-
vérificateurs internes est de l’ordre de 20 % par an et lisme.
qu’en 5 ans une organisation peut changer du tout au tout,
l’IFACI a mis en place un dispositif de certification qui Dans ce contexte, le comité de vérification des organi-
consiste en une évaluation tous les 3 ans complétée par sations joue un rôle majeur dans la surveillance, l’éva-
un audit de suivi annuel pour s’assurer en permanence luation et la défense de la vérification interne afin de
que les activités des services de vérification interne sont déceler et de prévenir toute pression indue qui pourrait
toujours conduites selon les normes de la profession et être exercée par quiconque contre l’indépendance et l’ob-
continuent à apporter de la valeur ajoutée à l’organisa- jectivité des vérificateurs internes, et de prévenir aussi
tion. Cette certification s’appuie sur la norme interna- toute entrave à l’accomplissement de la mission du service
tionale ISO relative aux organismes certificateurs de de vérification interne.
services s’appuyant sur un référentiel professionnel, en
l’occurrence le cadre de référence des pratiques profes- En terminant, je souhaite insister sur le leadership et la
sionnelles de l’IIA. notoriété dont doit jouir le chef de la vérification interne
dans l’ensemble de l’organisation, ce leadership et cette
* * notoriété devant être reconnus et promus par la direction
* supérieure et le comité de vérification. Le chef de la véri-
fication interne est celui qui doit prêcher par l’exemple
Il est juste de dire qu’à certains moments dans le passé, pour le bénéfice des professionnels de son service et de
la communication n’a pas vraiment été la plus grande l’organisation même, et son comportement doit être à
aptitude des vérificateurs internes; mais les temps ont l’abri de tout reproche. Le chef de la vérification interne
bien changé. Le contexte des Enron et Worldcom de ce et les vérificateurs internes doivent maintenir vivants leur
monde, l’avènement des nouvelles lois sur la communi- réseau de contacts formels et informels au sein de l’orga-
cation de l’information financière ainsi que la crise finan- nisation, ainsi qu’à l’extérieur, pour être au fait des enjeux
cière actuelle ont braqué les projecteurs sur l’efficacité et tendances en matière de gouvernance, de gestion des
de la gouvernance, dont la vérification interne est une risques et des contrôles, et de vérification interne. Une
composante clé. Les vérificateurs internes se doivent de participation active à leur association professionnelle,
parler haut et fort, d’assumer leur leadership de façon l’Institut des vérificateurs internes, est aussi une exigence,
visible et crédible, de rapporter de façon indépendante et de même que l’obtention du titre professionnel Certified
objective leurs évaluations des risques et des contrôles Internal Auditor (CIA). L’IFACI offre, en plus de la certi-
et, lorsque c’est nécessaire, de dénoncer en temps oppor- fication CIA, le Diplôme Professionnel de l’Audit Interne
tun les pratiques douteuses ou illégales. (DPAI) qui se veut une partie intégrante de la démarche
J’aimerais rappeler le courage exemplaire des ex-respon- de professionnalisation des auditeurs internes qui atteste
sables des services de vérification interne d’Enron et de de leur capacité à mener une mission de façon autonome.
Worldcom, Sherron Watkins et Cynthia Cooper, qui ont
toutes deux dénoncé des pratiques douteuses au sein de Les services de vérification interne ne peuvent fonc-
leur organisation respective. Leur démarche a mené à des tionner en vase clos, mais plutôt former une symbiose Auditeurs
1

internes
interventions ciblées des autorités réglementaires améri- avec l’ensemble de l’organisation et être dignement 2
Commissaire
caines visant les personnes ayant commis ces actes représentés au sein de leur profession. aux comptes
3
Comité d’audit

58 n°195 - juin 2009


>> lu pour vous

lu pour vous
auditeurs ne sont pas montages est due à la tech-
Arnaques censés être des spécialistes
de la fraude, mais ils
nicité de la comptabilité et
au caractère abscons de
Le manuel anti-fraude doivent posséder des certaines opérations finan-
connaissances suffisantes cières liées. Ce qui rend
pour identifier les indices les montages complexes
Auteurs : Noël Pons, pulations donnant lieu à d’une fraude. est le professionnalisme
Valérie Berche des fraudes parfois gigan- des organisateurs et la
Editeur : CNRS Editions, tesques, et souvent diffi- Deuxième partie : fraudes crédulité des autres.
2009 ciles à mettre en évidence. et cycles comptables. Cette Manipulation des produits
La quatrième partie partie présente le et des comptes d’actif,
Au 19ème siècle, arnaque présente des méthodes de panorama des fraudes camouflage des dettes,
(ou arnache) avait lutte contre les fraudes. récurrentes, les plus manipulation des postes à
plusieurs acceptions : connues et les plus « lissage » (amortisse-
escroquerie, vol, tricherie, Première partie : les utilisées. Fraudes relevées ments, provisions, frais de
ruse et… policier ! De nos fraudes : un monde dans le cycle achats : recherche, stocks), sont
jours, l’arnaque est un vol, complexe. On y apprend, création d’un faux autant d’éléments annon-
et plus précisément une entre autres, que si frauder document ; détournement ciateurs de fraude.
fraude ou une escroquerie. est un exercice difficile, d’un moyen de paiement ; Montages volontaires
L’ouvrage « Arnaques – Le rechercher, identifier, création d’un faux four- organisés, corruptions,
manuel anti-fraude » de prévenir la fraude l’est nisseur ; surfacturation, blanchiment, sont devenus
Noël Pons et Valérie encore bien davantage. etc. Montages au sein du pour certains un mode de
Berche, nous entraîne Que l’informatique et la cycle ventes : écrémage gestion. Le haut niveau de
dans le monde très comptabilité constituent les depuis la caisse ; vols technicité de certains
complexe, pour ne pas supports de la fraude. depuis les
dire très embrouillé, de la Qu’internet n’a guère stocks ;
fraude en tous genres et apporté de fraudes manipula-
des fraudeurs de toute nouvelles, mais a tion des
espèce. contribué à l’amplification factures ;
L’imagination des et à la propagation de clients fictifs,
fraudeurs étant sans limite, celles qui existent déjà. etc., fraudes
et les moyens dont ils « L’affaire » des sur les
disposent ou se dotent à la subprimes, si compliquée, salaires.
hauteur de leurs ambitions, fait l’objet d’une analyse Fraudes de
les types de fraudes et les remarquable par sa trésorerie.
montages auxquels elles simplicité et sa clarté. Un
donnent lieu sont très chapitre est consacré aux Troisième
divers. instruments de la fraude. partie : les
Les auteurs de l’ouvrage Un autre concerne directe- montages
présenté ici décortiquent, ment les auditeurs et les complexes.
dans les trois premières contrôleurs, et les La comple -
parties, les mécanismes, modalités d’organisation xité appa -
les montages et les mani - de la lutte. On sait que les rente des

n°195 - juin 2009 59


>> lu pour vous

montages rend la lutte très découvre tous les jours des pas créer de risques Cet ouvrage, qui pourrait
difficile. fraudes dues à un cumul, juridiques en empiétant sur être aride de par la tech-
sur une seule tête, de les libertés individuelles. La nicité du sujet, est d’une
D’où la nécessité d’une tâches incompatibles. Commission Nationale lecture aisée pour tous les
boîte à outils contre les L’informatique, parfois à Informatique et Libertés a publics. Il permet de
fraudes, qui fait l’objet de l’origine de fraudes, est un fixé un cadre spécifique comprendre nombre de
la quatrième partie. Le rôle outil de contrôle précieux, pour la ligne d’alerte, manipulations frau-
des dirigeants (leur en ce qu’elle fait gagner laquelle n’est acceptable duleuses dont les médias,
engagement) dans l’acti- du temps et assure d’une que si elle répond à un quand ils en parlent, le
vité de prévention et de exhaustivité non garantie intérêt dont la légitimité est font de façon souvent
recherche des fraudes est par des traitements bien établie. superficielle. Il sera lu avec
primordial. manuels. La mise en place La recherche des fraudes le plus grand profit par
La prévention la plus d’indicateurs de fraudes requiert une méthode et tous les managers, et bien
efficace, et la plus simple, ou de risques de fraude est des analyses rationnelles. sûr, au premier chef, par
contre le développement très appréciable, et Il faut savoir ce que l’on les contrôleurs et les
des fraudes internes, est la d’ailleurs ne cesse de se cherche, où on va le auditeurs, quelle que soit
séparation des fonctions : développer. chercher et comment on va la taille de leur organisa-
celui qui ordonnance n’est La gestion de la fraude le chercher. tion.
pas celui qui paye. On doit être maîtrisée pour ne

les barrières aux réalisa- tionnel et stratégique ; le


Le contrôle tions stratégiques : management des risques ;
seulement 10 % des entre- le contrôle interne. Le
interne prises réalisent leur premier assure la prise de
Pour créer de la valeur stratégie. La variété des décision à partir
objectifs, leur dispersion, d’analyses et d’éléments
parfois même leur factuels. Le deuxième met
Auteurs : Philippe Noirot, tion du mode d’emploi du antinomie, montre des en place des moyens d’an-
Jacques Walter contrôle interne, mais il défaillances dans le mode ticipation ; il s’appuie sur
Editeur : AFNOR, 2008 s’appuie sur le contrôle de fonctionnement du le contrôle interne et
interne pour en faire un système de gestion. En l’audit. Le troisième met en
Le contrôle interne est un levier des divers systèmes appliquant quelques place des dispositifs pour
dispositif destiné à de management déployés principes de bon sens, ce rendre les risques accepta-
maîtriser les risques dans les entreprises. système peut apporter de bles ; en aucun cas il ne
inhérents à toute activité. Il l’unité et de la cohérence les élimine. Le contrôle
existe donc une « étroite Une première partie dans l’action des entre- interne est une assurance.
imbrication entre le replace l’entreprise dans prises.
contrôle interne et le mana- son milieu, définit ses On peut déterminer trois La deuxième partie, cœur
gement des risques ». attentes, ses objectifs, s’in- composantes de la de l’ouvrage, s’intitule
L’ouvrage présenté ici n’est terroge sur la raison des fonction de pilotage. Le « Comprendre le contrôle
pas une énième descrip- difficultés rencontrées, sur pilotage financier, opéra- interne et le management

60 n°195 - juin 2009


lu pour vous
remarquer que Il est question, entre autres, organisations à évoluer.
le contrôle dans cette partie, des Dans la démarche
interne trouve risques les plus menaçants d’atteinte des objectifs,
ses sources pour l’entreprise, de la d’amélioration des
dans le mana- gouvernance et du COSO, performances et de
gement des d’environnement de maîtrise des risques,
risques et contrôle, de fraude et chacun a un rôle à jouer et
plonge profon- d’éthique, de sécurité de des responsabilités à
dément ses l’information et des assumer : les dirigeants
racines dans systèmes d’information, et bien sûr, et les managers ;
les activités bien sûr d’audit. les opérationnels ; la
opération- comptabilité et le contrôle
nelles. C’est « Le contrôle interne et le de gestion ; et, au cœur du
probablement management des risques sujet, l’auditeur et le
cette portée du au quotidien », troisième manager des risques.
contrôle partie de l’ouvrage, nous
interne qui dit comment tirer parti des L’ouvrage dont nous
pose question richesses inhérentes, ou venons de parler briève-
des risques ». quant à son positionne- comment améliorer ses ment, nous fait
Le milieu est complexe. ment. De ce fait il est performances. comprendre que le
L’organisation doit tentant de regrouper Il s’agit d’abord d’identi- contrôle interne, pratiqué
s’adapter en fonction des management des risques fier les risques et de les dans l’ouverture et la trans-
évolutions et des et contrôle interne dans classifier ; le recensement parence, est à l’antipode
contraintes : évolutions une entité unique. ». Quoi des risques est un exercice de la répression, et à
technologiques, cadre qu’il en soit, l’interaction moins facile qu’il n’y l’avant-garde de la
juridique et réglementaire, entre les deux fonctions est paraît. Il faut ensuite les maîtrise. Il contribue indis-
obligations légales, indiscutable, et donc le évaluer et en analyser les cutablement à créer de la
contraintes environnemen- lien de dépendance causes. Il est important de valeur.
tales, mondialisation, etc. également. bien distinguer les risques,
Dans cet environnement La mise en place du les impacts et les causes. Il
perpétuellement instable, contrôle interne permet de faut toujours garder
quel est le bon position- choisir un niveau de présent à l’esprit que
nement pour le contrôle sécurité compatible avec chaque risque identifié a
interne et pour le manage- les ambitions et les possi- un impact potentiel sur les
ment des risques ? bilités de l’entreprise, objectifs de l’entreprise.
« Lorsque l’on se pose la autrement dit d’assurer L’audit se situe au cœur du
question de l’organisation l’atteinte des objectifs au processus de management
du management des meilleur coût. Le contrôle des risques, et il joue un
risques et du contrôle interne doit « se posi- rôle de premier plan dans
interne, force est de tionner comme un vecteur la mise en œuvre d’amélio-
constater qu’il n’existe pas essentiel d’amélioration de rations. Les conclusions et
de consensus à ce sujet. Il la capacité à atteindre les les recommandations des
nous semble sage de faire objectifs ». auditeurs poussent les

n°195 - juin 2009 61


>> l’audit en mouvement

l’audit en mouvement
Le rôle de l’audit indépendance et de maîtrise, par une
interne dans le l’étendue de son domaine approche plus dynamique
gouvernement d’action, l’audit interne et mieux ciblée, basée sur
d’entreprise joue un rôle de première les indicateurs de risques.
importance dans le Les bénéfices attendus de
Colloque du 5 mai 2009 processus de gouverne- ce concept sont d’une
ment d’entreprise. part, un développement de
L’association de l’IFA et de Il est souligné qu’ « il la réactivité face aux
l’IFACI, s’est concrétisée convient de mettre ou de risques : une identification
par la mise en place d’un remettre les hommes au plus rapide des risques et
groupe de recherche, cœur des systèmes et […] des faiblesses de contrôle
lequel a rendu ses conclu- que l’éthique, le bon sens, interne, et une meilleure
sions dans une prise de la capacité de discerne- utilisation des capacités de
position qui débouche sur ment et le courage l’audit interne ; d’autre
un certain nombre de devraient prévaloir autant part, un renforcement de
recommandations, en ce que les techniques et l’assurance sur la maîtrise
qui concerne : parfois y suppléer ». des risques : une interven-
les relations de l’audit tion ciblée de l’audit
interne avec la direction interne, une intensité
générale, dont il dépend L’audit en d’audit adaptée au niveau
hiérarchiquement ; continu : quel de risque, un environ-
les relations de l’audit rôle et apport nement de contrôle
interne avec le conseil et le pour l’audit renforcé, des informations
comité d’audit, dont il interne ? plus pertinentes pour le
dépend fonctionnellement ; management.
les relations de l’audit Réunion mensuelle du 27 La mise en œuvre du
interne avec les autres mai 2009 concept outre qu’elle
acteurs du contrôle interne : implique un changement
comptabilité, contrôle de L’audit en continu est une de culture, qu’elle soulève
gestion, risk management, méthode utilisée par les des problèmes organisa-
informatique, conformité, auditeurs pour accomplir tionnels et technologiques,
qualité… ; leurs tâches de façon peut faire craindre, entre
les relations de l’audit continue, selon des cycles autres, une dispersion de
interne avec l’audit externe. plus courts mais plus l’audit interne qui devrait
Il est rappelé que la crédi- fréquents. assurer à la fois un
bilité et la légitimité de Il s’agit, de manière contrôle de troisième
l’audit interne sont condi- régulière, de déterminer niveau (périodique) et de
tionnées par son indépen- l’exposition et le niveau de deuxième niveau (perma-
dance et son profession- risque et d’évaluer l’effi- nent).
nalisme. Du fait de cette cacité des dispositifs de

62 n°195 - juin 2009


>> Fiche technique

Norme 2130 - Contrôle

L’audit interne doit aider l’organisation à maintenir un dispositif de


contrôle approprié en évaluant son efficacité et son efficience et en
encourageant son amélioration continue.

L
a mise en œuvre de cette norme pourrait aller de veillera donc à une utilisation objective des informa-
soi puisque l’évaluation du dispositif de tions provenant de l’ensemble des acteurs et à des
contrôle interne constitue l’une des raisons recommandations qui actionnent des processus exis-
d’être de l’audit interne. Néanmoins, la pratique profes- tants et évitent les superpositions inutiles.
sionnelle montre que cette évidence exige une métho-
dologie structurée et adaptée. En effet, plus que les Si l’évaluation du « système de recensement et d’ana-
dysfonctionnements constatés lors de missions ponc- lyse des risques » et des « activités de contrôle » trouve
tuelles, cette norme vise une approche globale du dispo- naturellement sa place dans les programmes de travail.
sitif de contrôle interne. Il ne faut pas oublier les trois autres composantes qui
rendent le dispositif efficient et dynamique :
Maintenir le dispositif de contrôle interne suppose qu’il la « diffusion en interne d’informations pertinentes »
existe un ensemble cohérent d’objectifs et de moyens est partiellement intégrée dans l’évaluation du contrôle
relatifs au contrôle interne. Si tel n’est pas le cas, l’au- interne du système d’information. Mais il convient
dit interne devra sensibiliser la direction générale à la d’être plus attentif à ce volet en considérant sa contri-
nécessité d’une politique de contrôle interne. Puisque la bution à l’efficacité et au bon fonctionnement des autres
mise en place de ce dispositif ne se fait jamais ex nihilo, composantes ;
il convient d’être attentif aux outils et référentiels exis- « une organisation appropriée » définissant claire-
tants. Par exemple, un système de management de la ment les responsabilités (notamment en ce qui concerne
qualité facilitera la compréhension des processus en les différents niveaux de contrôle), et favorisant un
place. Après l’effort de déploiement, la direction géné- environnement de contrôle adéquat ;
rale et les managers opérationnels doivent faire vivre le la surveillance et le pilotage sans lesquels le disposi-
dispositif. tif resterait statique et figé.

La vérification de la conformité au référentiel adopté Au final, l’opinion formulée par l’audit interne est-elle
constitue la première étape du processus d’évaluation. suffisamment claire sans être réductrice (cf. guide
Mais l’auditeur interne apporte vraiment de la valeur en pratique). Ces opinions sont-elles adressées au niveau
s’interrogeant sur la pertinence du système en place et approprié pour déclencher la boucle d’amélioration (cf.
le rapport coût/bénéfice des améliorations proposées. N2060) ? Une dynamique, dépassant la formalisation
des instructions relatives au contrôle interne et la véri-
L’efficience du dispositif dépend des spécificités de fication de leur exécution, est-elle en place ?
l’organisation et de son déploiement endogène sur un
périmètre adéquat. Le responsable de l’audit interne Béatrice Ki-Zerbo, directrice de la recherche, IFACI

Fiche technique n°25 - juin 2009 1/6


>> fiche technique

Le suivi des
recommandations,
véritable enjeu d’une
mission d’audit ?
Entretien avec
Thierry Bardet
directeur audit et organisation, groupe SEB

Béatrice Ki-Zerbo : Pouvez-vous nous indiquer les modali-


tés de mise en place du dispositif de contrôle interne dans
votre organisation ?

Thierry Bardet : Rien de très extraordinaire : les responsables


Diplômé de Sciences-Po Paris et d’un DESS du contrôle interne sont d’abord et avant tout les managers
Finances et Banques, Thierry Bardet a ainsi que le comité exécutif du groupe. La surveillance du
travaillé 2 ans à la DIAC (financement dispositif est assurée par le comité de contrôle qui est une
Renault), puis 5 ans à la Société Nouvelle émanation du conseil d’administration.
de Roulement (filiale industrielle de Renault
à l'époque) dans des fonctions financières et Par contre, là où on devient un tout petit peu plus original,
comptables. Il intègre en 1987 le groupe c’est l’organisation que nous avons calée sur le système de
SEB où il prend les responsabilités de management de la qualité (SMQ) mis en place il y a une
directeur de contrôle de gestion dizaine d’année en vue de la certification ISO. Ce système est
international puis de directeur général de piloté par la direction de la qualité. Les 12 processus qui le
filiale avant de devenir directeur de l'audit composent définissent véritablement le squelette de l’entre-
et organisation du groupe en janvier 2005. prise, son architecture. Un process owner est identifié et une

2/6 Fiche technique n°25 - juin 2009


Th. B. : Je me suis référé à ce découpage et j’ai
Le Groupe SEB
demandé à chacun des auditeurs – nous avons une
équipe de 8 auditeurs – d’être un référent pour les
Présent dans plus de 120 pays, le groupe SEB dispose
opérationnels. Ce n’est pas un process owner, ce n’est
d'un portefeuille de plus de 20 marques prestigieu-
pas à lui de définir le contenu du dispositif. Ce n’est pas
ses, mondiales : TEFAL, MOULINEX, KRUPS, ROWENTA,
nécessairement un spécialiste. S’il l’est en plus, tant
LAGOSTINA et ALL CLAD, ou locales : CALOR, SEB,
mieux, mais ce n’est pas le but. Par contre, en tant que
ARNO, SUPOR, PANEX...
référent, il se doit d’être au courant des évolutions du
Leader mondial du petit équipement de la maison,
métier, donc de tout ce qui peut se passer en externe à
et pouvant s'appuyer sur la compétence de plus de
l’entreprise. Il doit également être à l’écoute du métier
19 000 salariés, le groupe SEB vend six produits dans
concerné et être au fait de tous les changements inter-
le monde par seconde, au travers de plus de 60 filia-
nes. Chaque auditeur se voit attribuer au moins un
les ou d'agents distributeurs.
processus, parfois deux.
Le chiffre d'affaires du groupe dépasse 3,2 Mds
d’euros, dont près de 80 % hors de France.
B. K.-Z. : Existe-t-il une direction du contrôle
interne ? Une direction des risques ?

directive générale par processus est établie. Elle est Th. B. : Non.
validée par le responsable de la fonction, qui est
souvent un directeur général membre du comité exécu- B. K.-Z. : L’audit interne s’appuie-t-il sur les travaux
tif. On a donc 12 directives clés qui définissent ce que d’autres acteurs (auto-évaluation, CAC …) ?
l’on attend de chacun de ces 12 processus.
Th. B. : Tout à fait, nous avons mis en place un outil
Ce découpage est très structurant. C’est l’un des d’auto-évaluation ainsi qu’un questionnaire d’identifi-
moyens d’être exhaustifs et de garantir un certain cation des risques. Nous utilisons également les mémos
niveau de qualité du contrôle. de contrôle interne produits par les commissaires aux
comptes.
B. K.-Z. : Comment passe-t-on d’une démarche ISO à
la mise en place d’un dispositif de contrôle interne ? B. K.-Z. : Pouvez-vous nous décrire ce qui se fait en
matière d’auto-évaluation ?
Th. B. : Le SMQ m’a servi, encore une fois, à avoir une
architecture. Mais je ne fais pas de l’ISO. C’est l’ap- Th. B. : Le questionnaire d’auto-évaluation est un outil-
proche par les risques qui distingue les actions menées maison. Nous avons ainsi pu maîtriser les coûts de
dans le cadre du contrôle interne. La question posée conception tout en nous assurant qu’ils étaient adaptés
étant : dans l’entité dont vous êtes responsable, estimez- à notre organisation, à nos métiers. L’élaboration du
vous que, métier par métier, votre façon de travailler est questionnaire a été pilotée par le(s) auditeur(s) réfé-
sous contrôle et ne génère pas des risques pour l’entre- rent(s) du processus concerné. Ils sont partis des réfé-
prise et ses actifs ? rentiels existants et des meilleures pratiques de Place.
Bien entendu, ils ont sollicité les gens du métier et
B. K.-Z. : La structure du SMQ a-t-elle une incidence demandé leurs validations.
sur l’organisation de votre service ? L’objectif initial était de l’appliquer tous les ans. On est
passé à tous les 2 ans, à raison de 50 % du périmètre du

3/6 Fiche technique n°25 - juin 2009


fiche technique
groupe chaque année. On a donc pris l’option du
petit pas et l’on a construit l’outil, processus par
processus. Trois ans après le démarrage, nous en
sommes à 11 processus sur 12. Il y a 120 points de
notation, tous processus confondus ; sachant qu’il y
a des entités qui n’ont pas tous les processus : les
filiales commerciales ne font ni de la production ni
de la R&D et, à l’inverse, les usines ne font pas de
marketing ou de SAV.

B. K.-Z. : Qu’appelez-vous « point de notation » ?

Th. B. : Les 11 processus sont subdivisés en 29


sous-processus, eux-mêmes divisés en 120 objectifs
de contrôle. C’est à ce niveau qu’on demande au
manager de se positionner sur une échelle de 1 à 4.
Face à ces 120 objectifs de contrôle, il y a un peu
plus de 300 risques dont le niveau de maîtrise est
évalué par 900 points de contrôle.
B. K.-Z. : Qu’en est-il de vos échanges avec les
Mais j’insiste, je n’ai jamais d’entité auditable avec CAC ?
100 % des 900 points de contrôle. On a mis en place
un outil informatique, qui permet au responsable Th. B. : Nos relations sont suffisamment claires et
d’usine, d’un entrepôt ou d’une filiale commerciale transparentes pour qu’on ait compris des deux côtés
de viser électroniquement le questionnaire qu’il a qu’on avait intérêt à s’échanger des informations.
rempli. L’audit interne a accès à cet outil et fait la Plus on est international, plus on a besoin de se
synthèse des questionnaires saisis. reposer sur les réseaux des différents pays. Ils sont
mieux à même d’appréhender les enjeux locaux, ne
B. K.-Z. : Vous nous avez parlé d’un autre outil : serait-ce d’ailleurs que parce qu’ils peuvent lire les
le recensement des risques. documents dans la langue du pays.

Th. B. : Je réalise personnellement des entretiens B. K.-Z. : Pour en revenir à l’auto-évaluation,


annuels au près de 25 top managers du groupe dont quelles en sont les limites ?
les membres du comité exécutif. Le questionnaire
n’est pas vraiment établi par process, mais plutôt Th. B. : L’audit interne a été créateur de l’outil. Il en
par zone géographique, par business unit et par est le réalisateur-collecteur. Il est encore trop
grande catégorie de risque. Pour des raisons histo- lecteur-utilisateur. J’ai une assez grande difficulté
riques, l’échelle de cotation de nos risques est à 6 au niveau de l’appropriation des résultats des auto-
niveaux au lieu de 4 pour l’auto-évaluation et pour évaluations par les managers. Il faut que cela vive
les missions d’audit. La cartographie des risques est plusieurs cycles.
présentée au comité exécutif et au comité de Il y a également les limites intrinsèques à l’outil : il
contrôle. y a des gens qui ont toujours une propension à trou-

Fiche technique n°25 - juin 2009 4/6


>> fiche technique

ver tout parfait ; il y en a d’autres, qui minimisent la savoir-faire permettent une actualisation régulière des
qualité de leur organisation et de leur savoir-faire. programmes de travail.

Parce qu’il est lourd et très détaillé, ce n’est claire- B. K.-Z. : Avec une approche aussi cadrée, avez-vous
ment pas un outil de direction générale. La direction vraiment l’opportunité d’évaluer la pertinence des
générale a besoin d’une synthèse que nous lui contrôles en place et leur rapport coût/bénéfice ?
communiquons avec une analyse des résultats de
l’auto-évaluation par rapport aux notations provenant Th. B. : Je reviens à la réunion annuelle faite systé-
de nos missions d’audit. matiquement avec les responsables de fonction. L’un
des objectifs de ces réunions est de prendre en consi-
B. K.-Z. : Comment l’audit interne évalue-t-il le dération ce qui a changé. Ils peuvent donc réagir en
dispositif de contrôle interne ? disant « tu es en train de demander systématiquement
telle chose, je te signale que cela ne sert plus à rien
Th. B. : Nous utilisons les outils que je vous ai cités puisqu’il y a un autre contrôle, que les objectifs ont
et réalisons des missions d’audit récurrentes. Si je évolué…».
devais absolument respecter le principe selon lequel
toute entité doit être auditée tous les 3 ou 4 ans, mon B. K.-Z. : Quelle est le résultat de votre évaluation ?
plan d’audit annuel serait déjà établi à 100 %. Pour
faire la part des choses, nous utilisons notamment les Th. B. : On s’impose, de coter chaque mission selon
résultats de l’auto-évaluation pour identifier les enti- le niveau de maîtrise du contrôle interne de « 1 :
tés où nous allons mener des audits. Insuffisant » à « 4 : Excellent ». Chaque auditeur réfé-
rent intègre la notation résultant de la mission d’audit
B. K.-Z. : Le schéma que vous décrivez semble très dans le tableau de bord de suivi du processus qui le
mécanique. N’est-il jamais remis en cause ? concerne. C’est la même échelle qui est utilisée pour
l’auto-évaluation.
Th. B. : Nous faisons systématiquement, au moins
une fois par an, une réunion avec le comité de direc- B. K.-Z. : A qui est destinée cette opinion ?
tion d’une fonction, d’un processus pour leur faire un
retour sur 12 mois de missions d’audit, dans leur Th. B. : Nous la délivrons lors de la réunion de débrie-
métier. Nous partageons les constats les plus fing. Puis nous suivons un processus classique de
fréquents et les recommandations. C’est une base de remontée de ces informations vers le comité de
discussion pour approfondir les résultats de leur auto- contrôle, après échanges avec les managers et la
évaluation, en disant : « Vous nous avez dit ça, nous, direction générale du groupe.
on a plutôt vu ça ». Parfois, il y a de sacrés écarts. Cet
échange permet d’identifier des points à inscrire au Des synthèses annuelles sont communiquées au
plan d’audit ou que les managers peuvent préciser lors comité exécutif et au comité de contrôle.
de leur exercice d’auto-évaluation.
B. K.-Z. : Donnez-vous une opinion à l’échelle de
Le deuxième fait qui remet en cause la mécanique, l’ensemble de l’organisation ?
c’est le profil des auditeurs. Ils ont à 90 % un parcours
long dans le groupe, de 10 à 15 ans et restent en Th. B. : Non. Il y a un moment où, à force de mettre
moyenne 3 ans à l’audit interne. Ce turn-over et ce des notes, on ne sait plus bien à quoi cela rime. On a

Fiche technique n°25 - juin 2009 5/6


fiche technique
déjà la moyenne par processus qui permet de faire des tivité des individus. Il faut pouvoir retourner aux
comparaisons et d’animer la réunion annuelle par constats de la mission pour donner du sens aux notes
fonction. Mais la moyenne des moyennes, je n’y crois et les relativiser les unes par rapport aux autres.
pas. Ça ne rime à rien et c’est donc volontairement
que je ne la calcule pas. Enfin, c’est évident que l’on fait de meilleurs audits
avec des gens qui ont une connaissance du métier. Si
B. K.-Z. : Quelles sont les autres éléments à prendre j’envoie quelqu’un qui a fait de la certification comp-
en considération lorsqu’on utilise ce système de table dans une usine il ne verra pas les mêmes
cotation ? dysfonctionnements qu’un ancien responsable
d’usine. Et puis, il faut savoir hiérarchiser correcte-
Th. B. : Attention aux interfaces, parce que, c’est bien ment les écarts, en prenant du recul. C’est l’avantage
joli d’avoir un beau squelette et d’avoir des belles que les auditeurs ont par rapport aux managers qui
cases, mais entre les cases il peut y avoir des frotte- font une auto-évaluation.
ments, des fuites. Il y a forcément une part de subjec-

Pour aller plus loin dans la bibliographie :


• Le dispositif de contrôle interne : Cadre de référence (AMF)
• La pratique du contrôle interne - Coso Report
• Cahier de la Recherche : Des clés pour la mise en œuvre du contrôle interne
• Cahier de la Recherche : Contrôle interne et qualité
• Evaluation du processus de contrôle interne (IFA / IFACI)
• Le contrôle interne du système d’information des organisations (IFACI / CIGREF)
• Norme 2060 et MPA 2060-1
Retrouvez l’ensemble de ces éditions sur le site Internet www.ifaci.com

Fiche technique n°25 - juin 2009 6/6


Calendrier 2009
SESSIONS Durée juin juillet sept. oct. nov. déc.
SE FORMER AU CONTRÔLE INTERNE
S’initier au contrôle interne 2j 2-3 3-4 16-17
Mettre en œuvre le dispositif de contrôle interne 2j 8-9 6-7 7-8 19-20
Etablir la cartographie des risques 3j 10-12 9-11 7-9 9-11
Piloter et faire vivre le dispositif de contrôle interne 2j 22-23 14-15 26-27
SE FORMER À L’AUDIT INTERNE
Les fondamentaux de l’audit interne
S’initier à l’audit interne 2j 4-5 2-3 3-4 1-2 12-13 3-4
Conduire une mission d’audit interne : la méthodologie 4j 9-12 6-9 7-10 5-8 16-19 7-10
Maîtriser les outils et les techniques de l’audit 3j 15-17 6-8 14-16 14-16 23-25 14-16

D P A I
Maîtriser les situations de communication orale de l’auditeur 2j 22-23 16-17 17-18 12-13 26-27 17-18
Réussir les écrits de la mission d’audit 2j 25-26 16-17 21-22 19-20 26-27 17-18
De la lecture à la compréhension des états financiers 3j 23-25 2-4
Désacraliser les systèmes d’information 3j 28-30 7-9
Détecter et prévenir les fraudes 2j 29-30 29-30 22-23 10-11
Le management
Piloter un service d’audit interne 2j 1-2
Manager une équipe d’auditeurs au cours d’une mission 1j 2 17
Préparer l’évaluation externe du service d’audit interne 2j 19-20
L’audit interne, acteur de la gouvernance 1j 1
Audit interne, contrôle interne et qualité : les synergies 1j 15
Les audits spécifiques
Audit du Plan de Continuité d’Activité - PCA 2j 4-5 23-24
Audit de la fonction Comptable 2j 12-13
Audit de la fonction Ressources Humaines 3j 23-25
Audit de la fonction Achats 2j 21-22
Audit des Contrats 1j 19
Audit de la fonction Contrôle de Gestion 2j 23-24
Audit de la Sécurité des Systèmes d’Information 2j 17-18
Audit des Processus Informatisés 2j 26-27
Audit de la Législation Sociale 2j 15-16
SE FORMER DANS LE SECTEUR PUBLIC
S’initier au contrôle interne public 2j 2-3 3-4 16-17
Pratiquer l’audit interne dans le secteur public 4j 23-26 22-25 24-27
SE FORMER DANS LE SECTEUR BANCAIRE
S’initier au contrôle interne bancaire et financier 3j 2-4 19-21
Pratiquer l’audit interne dans le secteur bancaire et financier 4j 15-18 1-4
Audit de la transposition de Bâle II 2j 15-16
L’audit de la conformité 2j 10-11
SE FORMER DANS LE SECTEUR DES ASSURANCES
S’initier au contrôle interne dans le secteur des assurances 2j 3-4 3-4
SE FORMER DANS LES SECTEURS INDUSTRIE ET COMMERCE
Audit des processus clés des activités industrielles et commerciales 4j 15-18 5-8 7-10
ACQUÉRIR UNE CERTIFICATION
Le DPAI
Préparation au DPAI 2j 12-13 16-17 14-15
Le CIA
Préparation au CIA - partie I 1,5 j 16pm-17 15pm-16
Préparation au CIA - partie II 1,5 j 18pm-19 17pm-18
Préparation au CIA - partie III 1,5 j 23pm-24 21pm-22
Préparation au CIA - partie IV 1,5 j 25pm-26 23pm-24

IFACI Formation - Tél. : 01 40 08 48 08 - Mel : formation@ifaci.com - Consultez le programme complet sur le site internet
www.caseware-idea.fr

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