Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Bruce Ecker
Laurel Hulley
Traduction française par
Sophie Côté
Bruce Ecker, MA, LMFT, et Laurel Hulley, MA sont à l’origine de la
Thérapie de la Cohérence (autrefois appelée Depth Oriented Brief
Therapy).
v180130
Les gens possèdent des processus innés capables de cibler et transformer le matériel qui rend le symptôme
nécessaire ainsi que ses circuits neuronaux, et ces processus sont disponibles maintenant, dès la première
session.
L’accessibilité immédiate des construits inconscients doit toujours être présumée. Même les réalités
émotionnelles inconscientes qui ont été formées dans l’enfance et qui génèrent des symptômes pendant des
décennies sont disponibles et accessibles à l’aide de méthodes non-correctrices, expérientielles, sans
interprétation, qui engagent et dévoilent ces schémas qui sont gardés dans les systèmes de mémoire
implicite.
Le changement se produit par les expériences. Le changement est le résultat de l’expérience directe du
matériel qui requiert le symptôme, et non des prises de conscience cognitives. Les prises de conscience
cognitives découlent de ces expériences, mais ne les précèdent pas ni ne les produisent. Les gens n’ont pas
besoin d’une prise de conscience analytique ou d’habiletés verbales pour vivre de telles expériences.
Les techniques qui permettent de créer des expériences en Thérapie de la cohérence sont illimités. Ce manuel
présente une « trousse de départ » de techniques qui sont particulièrement utiles, mais le thérapeute
bénéficie d’une marge de manoeuvre illimitée pour utiliser toute méthode expérientielle afin d’appliquer la
méthodologie. Bien que la méthodologie soit bien définie, la Thérapie de la Cohérence n’est pas une
approche rigide et ultra-précise qui demande des techniques de haut niveau. Le thérapeute se retrouve plutôt
devant la tâche de créer sur mesure une technique qui rencontre les besoins méthodologiques en temps réel.
Les techniques de base décrites dans ce manuel sont hautement flexibles, mais toute méthode expérientielle
déjà connue du thérapeute peut être appliquée en tout temps.
“La vérité émotionnelle d’un symptôme” réfère à ces schémas cohérents, inconscients, qui nécessitent le
symptôme et qui sont décrits ci-dessus.
Exemple A. Un homme de 40 ans présente le symptôme d’être trop dans la retenue avec son épouse.
Il n’initie pas de gestes d’affection physique et il ne ressent pas d’attirance sexuelle envers elle, ce
qui le dépasse complètement et qui cause de la tension et de la distance dans son mariage. Dans ses
sessions, il a découvert expérientiellement pour lui-même, sans aucune interprétation donnée par
le thérapeute, la nécessité (la vérité émotionnelle sous-jacente) d’être autant dans la retenue : une
anticipation anxiogène selon laquelle le fait de créer un rapprochement physique avec son épouse
de quelque manière que ce soit allait déclencher en elle un désir sexuel et une physicalité qui
allaient le bouleverser. « Bouleversé » voulait dire, tel qu’il le fut découvert par la suite, qu’il se
sentirait à nouveau emprisonné, violé et utilisé comme il s’était toujours senti en recevant
l’affection étouffante, envahissante et teintée de sexualité de sa mère, une situation dont il souffrait
régulièrement étant enfant. Rester dans la retenue était nécessaire parce que cela empêchait une
telle situation de se reproduire.
Exemple B. Une femme d’âge moyen présente une anxiété intense et envahissante qui s’est
développée dans les dernières années à la suite d’une série d’échecs amoureux et malgré son
engagement avec plusieurs prétendants intéressants. Elle rapporte maintenant la peur d’être
« toute seule au monde » alors qu’elle avancera en âge, redoutant des dangers et des épreuves
physiques et émotionnelles. Durant ses sessions, elle a pris directement conscience d’un besoin
jamais reconnu auparavant au sujet de la solitude qui la terrorisait : il était impératif de s’assurer
qu’elle ne soit jamais abandonnée par une personne chère, comme elle a été abandonnée, à
plusieurs reprises, jusqu’à l’âge de 14 ans. Elle a fait l’expérience de la vérité émotionnelle selon
laquelle elle maintient cet objectif en ne laissant aucun lien profond se former, « parce que c’est en
m’attachant que ça pourrait encore arriver ». Rester seule était nécessaire pour éviter l’abandon ;
et sa solitude nourrissait, en retour, l’anxiété envers l’anticipation d’épreuves difficiles et de
dangers alors qu’elle avancerait en âge.
Le sens de la « nécessité du symptôme. » Il y a deux différentes manières, à la base, par lesquelles les
symptômes et les problèmes sont révélés cohérents et nécessaires à entretenir :
Nécessité fonctionnelle. Le symptôme présenté est la manière directe d’atteindre un but personnel
ou de combler un besoin personnel crucial. En d’autres termes, le symptôme présenté a une fonction
définie et cruciale. Le symptôme est directement nécessaire.
L’exemple A sur la page précédente représente ce type de symptôme « nécessaire à entretenir »: la
retenue perpétuelle du client dans son mariage était nécessaire en tant que manière directe de
s’assurer qu’il n’allait pas souffrir encore comme il avait souffert avec sa mère.
Nécessité conséquente. Le symptôme présenté est un effet inévitable ou une conséquence causée par la
manière spécifique dont une personne atteint un but personnel crucial ou comble un besoin crucial. Le
symptôme présenté n’a pas une fonction en lui-même; il est plutôt une conséquence directe d’un autre
construit chez l’individu. Le symptôme est indirectement nécessaire.
Le thérapeute, qui prend connaissance de la description initiale du client au sujet de son symptôme ou de
son problème, ne peut inférer ou figurer de quel type de nécessité il s’agit. C’est plutôt le développement
du travail qui montre de quel type il s’agit, en révélant le matériel inconscient qui nécessite le maintien
du symptôme. Le client est ensuite guidé pour transformer le matériel qui nécessite le symptôme, peu
importe de quel type il s’agit, ce qui met fin à la production du symptôme.
Vérification de la cohérence du symptôme. La cohérence du symptôme n’est pas une interprétation
imposée au client ou superposée au matériel du client. Elle est rendue manifestement évidente par le
matériel qui appartient au client, comprise dans ses propres termes, sans aucune interprétation. La
réalité de la cohérence du symptôme est empiriquement confirmée et démontrée par le matériel
psychologique révélé avec chaque client et par la cessation de symptôme qui résulte de la transformation
de ce matériel, sans jamais faire opposition au symptôme lui-même.
Ils font ainsi l’expérience d’apprentissages émotionnels qui ont été conservés en-dehors de la conscience, et
jusque-là ne sont pas connus de la personnalité consciente. Lorsque le client fait l’expérience directe et
subjective de ce schéma/sous-personnalité/partie/état de l’égo/complexe/construction de la réalité, le client
se trouve typiquement dans un état altéré qui consiste à :
• avoir un certain âge ou être à un stade particulier du développement (comme être un enfant d’un
certain âge)
• être dans une situation particulière qui est intensément problématique d’une manière bien spécifique
• avoir une réponse émotionnelle et somatique spécifiques à cette situation
• avoir une connaissance vivante, personnelle, de la manière dont cette situation fonctionne, surtout la
manière dont elle a un impact sur la sécurité, le bien-être ou la justice, ce qui inclut :
• une connaissance pratique et stratégique de la manière dont il est impérativement nécessaire
de se comporter, se sentir ou penser dans cette situation afin d’assurer la sécurité, le bien-être
ou la justice, et cela demande de produire le symptôme présenté (qu’il soit fonctionnel ou
conséquent)
• une connaissance pratique et personnelle d’une souffrance encore pire qui résulterait de ne pas
produire le symptôme présenté.
Pour le client, cette facette du « soi-en-situation » peut être perçue comme une « partie » de lui ou elle, une
partie qui est entièrement constituée d’un certain module d’apprentissages émotionnels urgents : la connaissance
d’une souffrance spécifique qui doit être absolument évitée, et la connaissance de la manière de l’éviter. Le
symptôme présenté du client est soit une réponse au fait de se savoir vulnérable à cette souffrance, ou une partie
de ce qui doit être fait pour l’éviter.
Principes de changement
• Le changement d’un symptôme est bloqué lorsqu’une personne essaie de produire le changement à
partir d’une position qui ne contrôle pas le symptôme; une position qui est simplement opposée au
symptôme.
• En conséquence, pour qu’un client arrive à changer rapidement le symptôme, il faut d’abord qu’il soit
amené à vraiment investir sa position qui nécessite le symptôme.
• Les gens sont capables de changer une position dont ils font l’expérience, mais ils ne sont pas capables
de changer une position dont ils n’ont pas conscience.
Ces construits mettent en relief deux traits caractéristiques des positions pro-symptôme :
• Le modèle d’un problème (ici, le danger de se retrouver emprisonné dans une proximité physique
invasive)
• Une solution bien définie qui nécessite la production du symptôme (ici, les tactiques qui permettent
d’éviter cette souffrance)
Est conservée dans les systèmes de mémoire implicite du cerveau (système limbique et cerveau droit).
Cela signifie—
• la pps est constituée de construits non conscients et non-verbaux : des connaissances perceptuelles,
émotionnelles, somatiques et kinesthésiques; des connaissances dont on ignore l’existence jusqu’à ce
qu’elles soient amenées à la conscience et verbalisées.
• la pps non consciente n’est pas affectée par les insights cognitifs (néo-corticaux), le recadrage, les
narratifs, les croyances.
• la pps répond au travail imaginaire en expérientiel comme s’il s’agissait de la réalité, parce que le
cerveau émotionnel ne fait pas la différence entre une expérience réelle et imaginaire. On peut donc
directement accéder à la pps par des méthodes expérientielles en imaginaire.
• la pps inconsciente est séparée et isolée des autres connaissances du client et qui définissent le Soi et le
monde, et elle existe donc en-dehors du temps et ne change pas; le passé existe maintenant.
Il peut exister plus d’un schéma pro-symptôme. La nécessité de produire un symptôme peut s’articuler
de deux ou plusieurs manières complètement différentes, et constituer deux pps qui existent simultanément.
Une personne cesse alors de produire un symptôme seulement lorsque toutes les pps qui lui correspondent
sont transformées et que le symptôme n’est plus nécessaire en aucune manière.
Les positions pro-symptôme sont faites de construits. « Construit » désigne chaque représentation
formée par l’esprit. Les construits sont des connaissances sur la réalité et l’individu les vit comme étant la
réalité; ils ne sont pas reconnus comme étant des modèles créés et modifiables de la réalité jusqu’à ce qu’ils
soient infirmés expérientiellement.
Les construits sont constitués de plusieurs dimensions différentes, incluant les connaissances sensorielles et
perceptuelles, les connaissances émotionnelles, les connaissances somatiques/kinesthésiques, les
connaissances verbales/narratives. Un schéma est constitué d’un groupe de construits liés entre eux. La
Thérapie de la cohérence utilise le terme « position » pour désigner un schéma relativement plus complexe
qui définit un type de situation en particulier, la manière dont cette situation fonctionne, et comment y
répondre.
Exemples (verbalisations de construits/schémas inconscients, non-verbaux qui sont gardés dans le système
limbique et dans le corps)
Ontologie : « Les gens sont des agresseurs. S’ils me voient, ils vont essayer de me tuer. »
Causalité : « Si les choses vont trop bien pour moi, un coup dur va inévitablement m’arriver. »
Objectif : « Il faut que j’empêche Papa de me priver de son amour en n’étant jamais, jamais en
désaccord avec lui. »
Attachement : « Je vais recevoir de l’attention et entrer en connexion seulement si je suis visiblement
malade, en train d’échouer ou de souffrir. »
« Tu vas me rejeter et te déconnecter de moi si mon opinion diffère de la tienne de la moindre
manière. »
Valeurs : « C’est égoïste et mal de porter attention à mes propres émotions, besoins et opinions; c’est
altruiste et bien d’être ce que les autres veulent que je sois. »
Pouvoir : « La personne qui a le pouvoir dans une relation personnelle, c’est la personne qui retire son
amour; l’autre personne est alors impuissante. »
Devoir : « Si ma mère montre de la douleur émotionnelle, c’est ma responsabilité et mon travail de
l’apaiser. »
Une session efficace est une session dans laquelle se produisent des expériences additionnelles et
significatives de découverte, d’intégration ou de transformation d’une position pro-symptôme. Le
thérapeute tente de créer ces occurrences dans chaque session. À chaque moment pendant la session, le
thérapeute travaille à créer des expériences de découverte, d’intégration ou de transformation de la pps. La
clé pour atteindre le maximum d’efficacité possible en Thérapie de la cohérence, c’est de cibler la pps en
permanence. Garder la cible en pleine conscience sur la pps pour toute la session est un standard de
compétence de base.
Faire de la Thérapie de la cohérence, c’est éviter de dire ou de faire quoi que ce soit qui s’oppose
directement au symptôme, qui cherche à le surmonter, le contourner, le limiter ou le prévenir, et
ne faire aucune interprétation. Le thérapeute amène le client à faire l’expérience de sa position pro-
symptôme, de se l’approprier, de l’accueillir et de l’apprivoiser. L’attitude validante, empathique et
accueillante du thérapeute envers les positions pro-symptôme du client est essentielle (empathie de
cohérence).
Reconnaître la pertinence pro-symptôme est une habileté nécessaire pour un travail de découverte efficace. Le
thérapeute trie littéralement tout ce que le client exprime pour discerner la pertinence pro-symptôme, c’est-
à-dire comment et pourquoi il est nécessaire de produire le symptôme. Cela demande de garder explicitement le
symptôme à l’esprit en tout temps. Si le thérapeute ne reste pas conscient du symptôme, il/elle ne peut
reconnaître qu’un élément provenant d’un nouveau matériel émergent révèle quelque chose au sujet de la
manière dont il est nécessaire de produire le symptôme. La dernière communication du client est constituée
de plusieurs éléments verbaux et non-verbaux. Le thérapeute sélectionne l’élément qui lui semble le plus pertinent
d’un point de vue pro-symptôme, et place sa cible à cet endroit pour la prochaine étape de la découverte. C’est le
critère de sélection qui guide le travail de découverte. (Si vous utilisez d’habitude des critères de sélection qui
sont différent de cela, vous aurez besoin d’identifier et de vous désister délibérément de vos critères habituels
pour pouvoir explorer l’utilisation des critères de sélection de la Thérapie de la cohérence avec succès.)
Différent types de matériel peuvent être pertinents et servir de « portail » qui ouvre directement sur la vérité
émotionnelle plus profonde et limbique qui maintient le symptôme. Les positions pro-symptôme sont un
amalgame de construits liés entre eux (connaissances implicites) de plusieurs types différents : perceptions
(images, sons, etc.) et des séquences de perceptions, d’émotions (signification ressentie, éprouvée, qui est non-
verbale mais bien définie), sensations somatiques, kinesthésiques, niveau d’énergie. Par la suite, une fois la
découverte complétée, le construit sens-plus-émotion se révèle généralement comme étant le construit
central le plus important à récupérer, à expérimenter et à intégrer pour que le changement thérapeutique se
produise. Cependant, cela ne veut pas dire que l’accès initial devrait nécessairement se produire en explorant
l’affect ou le sens (même si cela pourrait être le cas). Le travail de découverte pourrait, pour certain clients,
progresser plus facilement en mettant l’accent sur une image qui vient d’émerger, ou une sensation
kinesthésique, par exemple, plutôt qu’en mettant l’accent initial sur l’humeur ou l’émotion.
La manière dont le thérapeute réfléchit et écoute afin de reconnaître et choisir le matériel pro-
symptôme pertinent. L’écoute du thérapeute est continuellement guidée par la question-cohérence
implicite (qui n’est pas posée) :
« Quelle est la réalité émotionnelle existante qui rend le symptôme plus important à produire qu’à cesser? »
En pratique, le thérapeute réfléchit selon les termes de ces quatre formes opérationnelles ou variations
de ces questions (note : ces questions ne sont pas pour le client !) :
(1) Qu’est-ce que le symptôme fait pour le client qui a de la valeur ou qui est nécessaire dans le
monde du client ? Comment, et dans quel contexte, le symptôme exprime-t-il ou cherche-t-il à
combler un besoin important ?
(2) Comment le symptôme représente-t-il un succès pour le client, plutôt qu’un échec ?
À quel problème le symptôme apporte-t-il une solution, ou une tentative de solution ?
(3) Quelles sont les conséquences indésirables ou redoutées qui résulteraient de vivre sans le
symptôme ? Que se passe-t-il si le symptôme ne… ?
(4) Comment le symptôme représente-t-il le sous-produit nécessaire de quelque chose d’autre ?
Est-ce que le symptôme découle inévitablement de la manière dont le client résout un problème
quelconque, du sens qu’il donne à quelque chose ou d’une de ses constructions de la réalité, ou
encore d’un coup dur ou d’une perte encourue?
Tel un anthropologue, le thérapeute sait que le sens profond des mots-clés du client (comme « mal » « sans
valeur » « échec ») est spécifique, non-évident et difficile à inférer ; il doit donc être révélé et reconnu.
Le thérapeute ne déduit pas, ne diagnostique pas, et n’interprète pas la position pro-symptôme d’un
client à partir de ses symptômes présentés. La tâche du thérapeute est de susciter l’émergence
expérientielle du matériel pro-symptôme inconscient. Le thérapeute apprend le thème pro-symptôme et sa
fonction du client lui-même, pas le contraire. Le thérapeute est dans le noir pendant la découverte et doit
tolérer de ne pas savoir alors qu’il incite les étapes expérientielles qui font émerger le matériel pps. La
persévérance est essentielle. Ce ne sont pas toutes les étapes de découverte qui sont fructueuses. Parfois,
les thérapeutes ne savent pas quoi faire ensuite, et doivent attendre de pouvoir sentir où cibler pour en
découvrir davantage.
« Qu’est-ce qui se trouve là-dessous ? » Lorsqu’une vérité émotionnelle sous-jacente est mise en évidence
et est vécue, verbalisée, et bien ancrée dans la pièce, le thérapeute se demande alors « et qu’est-ce qui se
trouve là-dessous? ». En d’autres termes : « Est-ce que cela provient d’une couche plus profonde? Quelle
présupposition ou construit sous-jacent doit être présent pour que ce matériel existe ? Quelle est la
prochaine étape de découverte qui pourrait faire émerger le mieux ce qui se cache en-dessous de cela ? »
Le but est d’aller seulement à une profondeur suffisante pour dissiper les symptômes présentés, mais il
est important d’aller suffisamment en profondeur pour accomplir cela. La profondeur minimale requise pour
une Thérapie de la cohérence efficace se trouve au niveau du principe directeur qui nécessite de produire le
symptôme. Ce principe directeur se révèlera toujours bien défini, passionné et accompagné d’une manière
d’être spécifique qui doit être respectée. (Voir les schémas de pps complètes à la page 33).
L’état du client durant la découverte. Expérience spontanée; conscience spécifique à l’état (état altéré) :
non intégrée, rapidement perdue. Le sens du matériel pro-symptôme émergent devient apparent pour le
thérapeute mais peut ne pas être saisi par le client jusqu’à ce que des expériences d’intégration
subséquentes soient créées.
Les clients utilisent souvent des termes vagues et abstraits, sans nommer le quoi et le quand, lorsqu’ils
décrivent leur problème ou leur symptôme (« stressé », « problème de colère », « compulsion alimentaire »,
« déprimé », « abattu » ou « problème de communication »). Ce niveau de description est trop embrouillé
pour permettre de pratiquer la Thérapie de la cohérence de manière efficace. Il est indispensable de solliciter
une description initiale spécifique du quoi et du quand pour deux raisons :
• Tel que montré dans le diagramme de la page 10, le symptôme présenté est, d’une manière bien réelle,
directement lié à la position pro-symptôme (pps) et sert de portail ou de sentier à partir duquel on va
suivre une voie jusqu’à la pps. C’est l’expérience du symptôme telle que vécue par le client, et non sa
description du symptôme, qui est le vrai sentier. Si la description du symptôme n’identifie pas
l’expérience directe du symptôme de manière assez spécifique, il est beaucoup plus difficile de trouver et
de suivre l’enchaînement, la voie, qui mène vers la pps. Le travail va probablement s’éparpiller.
• Plus la description initiale de l’expérience du symptôme telle que vécue par le client est spécifique et
complète, plus il est facile pour le thérapeute de reconnaître, pendant le travail de découverte, le matériel
émergent et fugace qui révèle la nécessité de produire le symptôme ; le matériel qui est la voie vers la pps
et qui est la pps. Avec une notion trop approximative du symptôme, le thérapeute ne peut pas reconnaître
le matériel pro-symptôme de manière fiable alors qu’il émerge, et il passera à côté d’éléments-clés ; des
éléments qui pourraient avoir été utilisés pour faire avancer le travail de manière puissante, et en
quelques minutes, si leur pertinence pro-symptôme avait été reconnue.
Comment faire
Les questions suivantes sont efficaces pour amener l’attention d’un client directement vers son expérience
du symptôme ou du problème, afin d’atteindre le niveau de spécificité nécessaire. La persévérance est
souvent nécessaire.
· « Je présume que vous êtes ici parce que vous vivez l’expérience de quelque chose que vous ne voulez
plus vivre. Quel est le problème, tel que vous en faites l’expérience, en ce moment ? »
· « Veuillez me décrire un bon exemple récent de ce qui se passe quad cela arrive. » Suscitez les détails
de pensées, émotions, réactions physiologiques, comportements et circonstances. « Et que pensez-
vous à ce moment précis ? Que ressentez-vous ? »
· « Comment savez-vous que le problème est en train d’arriver ? »
· (a) « À quel moment le problème a-t-il commencé à se manifester, dans cette situation ? »
(b) « Que venait-il de se produire dans le moment juste avant ? »
· (a) « Quand avez-vous vécu cela pour la toute première fois ? »
(b) « Qu’est-ce qui est arrivé, ou qui a changé, à ce moment ? »
· « Comment allez-vous savoir si nos sessions ont été efficaces ? »
Contrastez le flou de la définition initiale du problème, « colère », avec la cible mise précisément sur le quoi
et le quand du symptôme: le client éclate de colère quand il se sent rejeté et sans importance. Le thérapeute
sait maintenant, en présumant la cohérence du symptôme, qu’il est nécessaire de produire la colère-
symptôme dans le contexte personnel spécifique de « se sentir rejeté et sans importance ». Le travail de
découverte qui s’ensuit va créer des expériences pour mettre à jour exactement comment et pourquoi la
colère est nécessaire lorsqu’il se sent rejeté et sans importance (la position pro-symptôme du client). Les
techniques de découverte des prochaines pages sont des manières de le mettre en pratique.
Les techniques de « l’ensemble de base » sont simples, versatiles et d’une efficacité fiable. Les praticiens
d’expérience en Thérapie de la cohérence se retrouvent à utiliser ces techniques la plupart du temps. Et
pourtant, ces techniques ne sont pas machinales pour autant. Elles ont une forme bien définie, mais elles ont
besoin d’être adaptées à la personne et au moment thérapeutique. L’habileté du thérapeute, son jugement et
son expérience participent activement à leur utilisation.
La séquence de techniques en Thérapie de la cohérence, de même, n’est pas machinale non plus. La
méthodologie est bien définie, mais son application concrète, en temps réel, est un processus créatif mené par
le thérapeute, ce qui inclut le choix de la technique à chaque étape. La Thérapie de la cohérence, lorsqu’elle
est bien pratiquée, se fait à un rythme naturel, posé, et reste pourtant très précise en permanence. (Pour voir
une carte illustrant comment le thérapeute adhère à la méthodologie dans une session complète, voir « Le
mode d’opération de la Thérapie de la cohérence : comment maintenir une orientation pro-symptôme
continue aux pages 83-87).
Prenez note que les techniques de découverte ne consistent pas, en règle générale, à poser des questions.
Elles visent plutôt à guider le client dans une expérience dans laquelle des thèmes et objectifs pro-
symptôme, auparavant inconscients, deviendront apparents.
Collaborez avec le client pour la formulation; offrez librement des suggestions ou même une « phrase
d’essai » entière, et expliquez que « L’idée est que vous puissiez « essayer » ces mots, même si c’est
mécanique au début, et de juste sentir s’ils recèlent une vérité émotionnelle pour vous. Changez les mots
pour qu’ils reflètent le mieux possible votre vérité personnelle, si la moindre chose ne sonne pas juste pour
vous. » Invitez le client à répéter une deuxième ou une troisième fois, jusqu’à ce qu’il entre dans une
expérience au niveau du ressenti avec les significations verbalisées, ce qui est l’objectif de l’exercice (mais ne
constitue pas nécessairement une expérience émotionnelle intense). Du matériel lié peut alors faire surface
dans l’expérience et faire partie de la prochaine déclaration ouverte (ou d’une autre étape de découverte ou
d’intégration). L’exemple suivant illustre cette utilisation des déclarations ouvertes.
Exemple (disponible sur vidéo dans le Coherence Therapy Online Course 100, www.coherencetherapy.org)
Description du problème selon le client : « À quel point j’ai peur de me laisser être davantage la personne que je sais que
je peux être… » « mon côté plus intelligent… » « Ça me fait très peur… Je passe beaucoup de temps à me
cacher, rester en sécurité, être marginale… Ça n’a aucun sens… »
Th : Peut-être pouvez-vous, si vous le voulez bien, imaginer vos parents, votre famille… Visualisez-les tous, si vous
voulez. Créez une image d’eux; je ne sais pas s’ils sont assis ou debout ou ce qui vous semble juste… bien… et
essayez juste de leur dire: « Je sens que je fais mieux de ne pas montrer mon côté intelligent, vraiment
compétent. » Et vous pouvez le leur dire en silence ou à haute voix, ça n’a pas d’importance; ce qui vous semble
juste.
Cl : Je sens que je fais mieux de ne pas montrer mon côté intelligent, vraiment compétent. (Th: Bien.) Je ne ressens
rien, vraiment.
Th : Mm-hm. Vous ne ressentez rien ?
Cl : Non, pas vraiment. Je me sens figée, engourdie.
Th : Ah. Ok… Alors, dites-leur la vérité sur ce que cela vous fait de vous sentir gelée en leur disant cela. Est-ce que
ça vous semble dangereux de leur dire ça ?
Cl : Je… oui, on dirait. Je ne peux pas être aussi authentique. Je ne peux même pas dire ça, en quelque sorte.
Th : Bien, bien. Vous pouvez essayer de leur dire: « C’est même terrifiant pour moi de vous dire ça. »
Cl : [Se met soudainement à pleurer en parlant] C’est même terrifiant pour moi de vous dire ça. Et je ne sais pas
pourquoi.
Th : Oui. Mm-hm. Très bien, regardons cela. Pourquoi ne pas continuer en disant: « Parce que si je vous dis ça… »
Et voyez ce qui vient terminer la phrase.
Cl : [Pleure.] Parce que si je vous dis ça… ce qui me vient tout de suite est… vous allez être blessés, en quelque
sorte, ou vous allez vous sentir mal à l’aise ou vous… je ne sais pas…. menacés; inconfortables. Vous ne voulez
pas entendre ce que je veux dire. Vous ne voulez pas le savoir ! (Pleure.) Vous voulez que je me taise! Et que je
sois sage! Et que je me cache dans ma chambre ! (Pleure.)
Th : Mm. On dirait que vous sentez clairement que cela va leur faire mal, d’une manière ou d’une autre. (Cl: Oui!) Et
vous les protégez eux en cachant vos qualités. (Cl: Oui!) Mm-hm. Bien, bien. Continuez: dites-leur ce que vous
savez sur la manière dont ça va leur faire du mal. Et qui va avoir mal à cause de cela.
Cl : Ahh. Là ça devient embêtant, parce que maintenant ils sont comme amalgamés ensemble.
Th : Mm-hm. Ok, alors laissez-les être ainsi, et dites ce qui vous vient. « Si je laisse paraître mon vrai génie devant
vous… » (Cl: Ma vérité.) « …ma vérité devant vous, cela va vous faire du mal parce que vous allez… » ou
quelque chose comme ça. Laissez-le juste sortir, la manière dont vous savez qu’il auront mal. Il y a quelque
chose que vous savez sur ce qui va leur faire du mal.
La structure de phrase peut être élaborée pour faire émerger la nécessité positive ou négative d’un
symptôme.
Nécessité positive d’avoir le symptôme. Voici un exemple d’une structure de phrase élaborée pour faire
émerger l’objectif positif de produire un symptôme (présenté) d’accumulation d’échecs :
Th : Imaginez vos parents [et/ou votre fratrie ou votre partenaire] et essayez de leur dire quelque
chose comme: « Quand vous me voyez en train d’échouer dans tout ce que j’entreprends,
une partie de moi espère que… »
Cl : Quand vous me voyez en train d’échouer dans tout ce que j’entreprends, une partie de moi
espère que… que je vais enfin être vu et aidé ; comme Papa l’a été quand il a eu des problèmes.
Copyright © 2018 Coherence Psychology Institute
18
Expériences de découverte : émergence rapide des schémas
émotionnels (SUITE)
Techniques pour créer des expériences de découverte :
complétion de phrase (SUITE)
La réalité émotionnelle pro-symptôme émerge maintenant : le thérapeute invite le client à
s’exprimer davantage et apprend que :
Durant toute son enfance, le client s’est senti négligé, seul, sans personne pour prendre soin de lui
dans sa famille désengagée. Papa restait allongé, régulièrement, déprimé d’avoir perdu son emploi
ou d’une quelconque défaite, et Maman et ses deux soeurs aînées couvraient Papa d’attention et de
soins. Dans la position pro-symptôme du client, son objectif est de vivre l’expérience de faire
prendre soin de lui, ce dont il a été privé, et sa façon de l’obtenir est de montrer ses échecs et son
défaitisme comme Papa le faisait.
Nécessité négative d’avoir le symptôme. Comment est-ce négatif de ne pas avoir le symptôme ? Voici
un exemple de structure de phrase élaborée pour faire émerger la nécessité négative d’accumuler les
échecs, c’est-à-dire la manière dont le fait de produire le symptôme évite quelque chose de négatif, ou
comment le fait de ne pas produire le symptôme amène quelque chose de négatif :
Th : Imaginez vos parents, votre fratrie et votre épouse, et essayez de leur dire quelque chose
comme: « Si j’accumule des succès et que vous me voyez comme quelqu’un de vraiment
compétent et qui réussit,… »
Cl : Si j’accumule des succès et que vous me voyez comme quelqu’un de vraiment compétent et qui
réussit,… alors vous n’allez jamais prendre soin de moi ou m’aider, et personne ne va jamais le
faire.
C’est la même réalité émotionnelle pro-symptôme qui émerge ici. (Après la découverte de ce
matériel, il est nécessaire de faire une expérience d’intégration, ce qui consiste généralement à faire une
déclaration ouverte de ce matériel par le client, comme: « Personne n’a pris soin de moi et ce n’est
pas juste. Je déteste accumuler autant d’échecs, mais être trop perdant pour réussir, comme Papa, est
mon seul espoir de me faire remarquer par vous (parents, épouse), et que vous preniez soin de moi et
que vous vous préoccupiez de moi. Si je suis fort et que je réussis, vous ne voudrez jamais prendre
soin de moi. »
Ces verbatim peuvent être lus à haute voix en guise d’exercices pratiques, avec une personne désignée pour jouer le rôle du
client. Lire ces scripts à voix haute, même de manière mécanique, aide à construire une connaissance pratique des méthodes
de Thérapie de la cohérence. Les sections intitulées « Le thérapeute pense » devraient être lues à voix haute également,
comme si le thérapeute pensait à voix haute.
1. Invitez le client à faire l’expérience d’être dans une situation concrète, dans laquelle le symptôme
se produit de manière claire, c’est-à-dire en se souvenant et en imaginant être en plein milieu d’une
telle situation, ou en se centrant sur une manifestation en temps réel du symptôme pendant la session.
(C’est la condition d’engagement. Dans toute situation où le symptôme se produit, la position pro-
symptôme est activée et disponible à être transférée dans l’expérience consciente.)
2. Guidez le client afin qu’il ne produise pas le symptôme dans cette situation. On peut utiliser
différents types de suggestions. Par exemple: « Si vous le voulez bien, voyez quelle est votre expérience
de cette situation si vous ne (sentez, pensez, ou ne produisez) pas (le symptôme). De manière purement
imaginaire, voyez l’expérience que vous avez quand (le symptôme) ne se produit pas. »
Utilisez un langage vivant et concret. « Vous entrez dans la pièce, vous voyez votre frère… et c’est
comme si l’anxiété n’était pas là: vos mains restent sèches, votre respiration est aisée… voyez ce que
vous commencez à percevoir. »
Si une résistance se manifeste face à l’exercice et le met en échec, utilisez la version « doublement
dissociée »: guidez le client pour qu’il imagine qu’il regarde une vidéo ou un écran de cinéma et qu’il se
voit dans cette situation, mais sans le symptôme. Cela est presque toujours tolérable pour le client et
l’exercice peut continuer.
3. Guidez l’attention du client vers les effets indésirables de se trouver sans le symptôme. « Et alors
que vous regardez votre frère avec cette respiration aisée et ces mains sèches, remarquez aussi, en même
temps que vous sentez à quel point il est plus agréable de ne pas ressentir d’anxiété, à quel point il est
aussi inconfortable ou indésirable de se sentir ainsi, que ce soit dans la façon dont votre interaction avec
lui se passe, ou la manière dont vous vous sentez envers lui, quand l’anxiété n’est pas là. » Persistez! « Si
vous êtes libéré de l’anxiété, et vous êtes là avec lui, comment commencez-vous à vous sentir alors ? Que
dites-vous ? Que faites-vous ? »
Cliente: Une femme qui a récemment reçu un nouveau niveau de reconnaissance professionnelle en tant
qu’artiste et qui, depuis, entretient un discours intérieur qui l’accuse de ne « pas le mériter » et d’être un
« imposteur ».
Privation de symptôme #2 : Thérapeute : « Alors, regardez vos parents, ou peut-être plus votre mère.
Alors que vous la regardez, je voudrais que vous soyez très consciente de ce qui se passe au niveau
de votre connexion avec elle, telle qu’elle est maintenant, votre sentiment d’être en relation avec
elle, tel qu’il est maintenant… alors que vous avez du succès, que vous êtes populaire et reconnue ;
que vous êtes vraiment convaincue que vous êtes talentueuse, douée… »
Cl : Elle devient.. ma connexion avec elle… elle devient plus petite. [Rit.] Je la sens en train de
rétrécir, comme si elle était « l’incroyable femme qui rétrécit. »
Th : OK. Continuez dans le même sens. Voyez si vous pouvez laisser cela arriver.
Cl : Elle, elle… oui, elle devient toute petite.
Th : Mm-hm. Et… visuellement, elle devient toute petite. (Cl : Oui.) Th : Et qu’en est-il de votre
sensation d’être en relation avec elle ; est-ce que cela change aussi ?
Cl : Hum… elle devient comme accessoire, en périphérie…
Reconnaissance sur le terrain (utiliser le symptôme comme signal) : « Lorsque vous remarquez que
vous avez des pensées selon lesquelles vous ne méritez pas ce que vous recevez ou que vous êtes un
imposteur, c’est un signal pour vous remémorer ces deux raisons majeures pour lesquelles il est très
important de ne pas reconnaître que vous avez du talent, exactement à ce moment, et de vraiment les
sentir : [Écrit sur une carte-rappel] : « C’est beaucoup trop douloureux de sentir l’injustice d’avoir
gaspillé tant d’années de ma vie; et je ne veux pas que ma mère devienne toute petite, en périphérie
de ma vie. Je ne ressentirai rien de tout ça si je pense simplement que je ne n’ai pas de talent. »
Résultat. La cliente a rapporté un arrêt complet de sa tendance à se voir comme un imposteur qui ne mérite
pas que l’on reconnaisse son talent.
Cet exercice fait émerger un thème et un objectif en lien avec la décision de ne pas faire ce qui pourrait
éliminer le symptôme. Ce thème et cet objectif constituent la position pro-symptôme : le symptôme
présenté est un sous-produit nécessaire à ce thème et cet objectif de ne pas faire ce qui éliminerait ce
symptôme présenté.
Restez à cet endroit et intégrez : par exemple, demandez au client : « Qu’est-ce qui serait pire : avoir
[le symptôme], ou faire [le changement] pour en être libéré et vivre avec [la conséquence non-
voulue] ? » Le client va découvrir qu’il est pire pour lui de faire le changement qui le libère du
symptôme. Ensuite, travaillez en collaboration avec le client pour faire une déclaration ouverte qui
illustre bien cette découverte, quelque chose comme « Il est tellement important pour moi d’éviter [la
conséquence non voulue] qui arriverait avec [le changement] pour faire cesser [le symptôme], que ça
vaut la peine d’endurer [le symptôme]. » Si nécessaire, ajouter « C’est difficile à admettre, mais… » au
début de l’énoncé si cela aide le client.
Exemple d’une technique d’exploration en deux étapes : femme aux prises avec une anxiété
« paralysante »
Une cliente rapporte qu’elle ressent une anxiété « paralysante » en permanence et qu’elle se sent
intensément vulnérable devant une impression de désastre imminent. Elle rapporte aussi plusieurs attaques
simultanées envers sa famille: légales, financières et sociales, qui semblent effectivement effrayantes. Après
plusieurs tentatives infructueuses de faire émerger une position ou une vérité émotionnelle qui rend son
anxiété intense et débilitante nécessaire, le thérapeute a posé la première question de la technique
d’exploration en deux étapes.
Après avoir réfléchi en silence pendant un bon moment, la femme a déclaré que ce serait l’acte de « se
défendre » qui diminuerait l’anxiété. Le thérapeute, qui n’avait pas du tout réalisé qu’elle ne se défendait pas
contre les attaques, l’a alors guidée pour qu’elle s’imagine en train de se défendre de différentes manières
visibles aux yeux des personnes concernées. Cela a déclenché un inconfort tangible : se défendre veut dire
paraître une fautrice de trouble aux yeux des autres, et « folle ». Il est apparu ensuite que toute sa vie, ayant
été élevée dans une famille stricte et catholique, elle a cultivé une identité de Bonne Fille, avec la certitude
qu’une gentillesse absolue allait lui garantir une bonne vie, à l’abri des mauvaises choses, en plus de la faire
entrer au paradis. L’objectif pressant de sa position pro-symptôme était de conserver son statut de Bonne
Fille, ce qui demande de ne pas se défendre même lorsqu’elle est attaquée et cela, en retour, résulte
nécessairement en un sentiment d’être totalement exposée au désastre et envahie par l’anxiété (ses
symptômes présentés, et le sous-produit de sa position pro-symptôme).
Cette vérité émotionnelle a été nommée et articulée sous la forme d’une carte-rappel à lire quotidiennement :
« Ma vie est censée être celle d’une Bonne Fille. Je ne veux pas vivre autrement ! Si je riposte, que je me bats
pour me défendre, je vais avoir l’air d’une fautrice de trouble et d’une folle et je ne serai plus une Bonne Fille.
Alors je ne vais ni me battre ni me défendre, même si cela me met tellement en danger et sans aucune
défense, que je suis remplie d’anxiété. » Plusieurs mois après cette session, Mme a rapporté que son anxiété a
été éliminée de manière très importante, du fait de sentir et de s’approprier cette position auparavant
inconsciente, et qu’elle a rapidement commencé à riposter de manière active.
Copyright © 2018 Coherence Psychology Institute
30
Expériences de découverte : émergence rapide des schémas
émotionnels (SUITE)
Techniques pour créer des expériences de découvertes :
activation empathique directe
L’activation empathique directe est une manière franche et transparente de guider le client pour
qu’il fasse l’expérience de l’essence émotionnelle sous-jacente du symptôme. En tant qu’expression
ouverte de l’empathie envers la cohérence, l’activation empathique directe a deux utilités (elles sont
développées ci-dessous): pour accéder aux expériences de l’enfance dans lesquelles la position pro-
symptôme a d’abord été formée, et pour approfondir l’accès au matériel pro-symptôme émergent.
Accéder aux expériences de l’enfance dans lesquelles la position pro-symptôme a d’abord été formée
Le thérapeute dirige le travail de la Thérapie de la cohérence sur les expériences de l’enfance seulement
dans la mesure où cela facilite l’accès aux thèmes et objectifs émotionnels pro-symptôme sous-jacents
qui actionnent les symptômes. (Il est fréquent d’accéder à la totalité des positions pro-symptôme et de
les transformer sans faire aucune référence au passé.)
L’exploration des expériences de l’enfance n’est pas faite dans le but de trouver des causes dans le passé.
Elle est plutôt une manière de chercher une cause dans le présent: une cause sous la forme d’une
construction de la réalité émotionnelle et qui, bien qu’elle ait été formée dans le passé, est toujours
d’actualité dans le présent et demande au client de produire le(s) symptôme(s). Le client pense « nous
retournons dans le passé », mais un praticien de la Thérapie de la cohérence comprend que les
symptômes actuels sont seulement maintenus par des construits de la réalité qui existent dans le
présent, même s’ils ont été formés dans le passé. Le passé existe littéralement dans le présent, à
l’intérieur de ces construits, et en tant que ces construits.
Voici quelque formes de l’activation empathique directe orientées vers des expériences de l’enfance.
Parlez relativement lentement (mais pas trop), avec un ton empathique (mais pas trop). Les phrases-clé
sont soulignées:
• « Qu’est-ce qui, dans votre vie, pourrait expliquer que [ce soit aussi terrifiant d’être seul] ? Une
partie de vous sait quelque chose au sujet de [être seul]. Qu’avez-vous vécu comme expériences
[d’être seul] qui aurait pu vous amener à développer [une aversion] aussi forte ? [Pause.]
Essayez de deviner. »
• « Qu’est-ce qui est familier, pour vous, dans l’expérience de [vous sentir à la fois pris au piège et
humilié] ? Est-ce que c’est quelque chose qui vous est familier d’une manière ou d’une autre, dans
votre vie ? »
• « Est-ce que quelqu’un, par le passé, s’est comporté d’une manière que vous anticipez, maintenant,
chez les autres, [vous attaquer lorsque quelque chose n’est pas parfait] ? »
Par contre, si ces questions aident effectivement le client à entrer en contact avec des expériences et des
scènes de son enfance, il va probablement les décrire de manière conversationnelle (faire un rapport
factuel de ce qui s’est passé). En règle générale, vous devriez (assez rapidement, après quelques minutes)
inviter le client à basculer en mode expérimental (le client vit alors subjectivement ces scènes et ces
expériences, et parle à partir d’elles, à l’intérieur d’elles) en appliquant n’importe laquelle des techniques
décrites dans ces pages, ou encore d’autres que vous pourriez connaître, pour créer des étapes de
découverte et d’intégration additionnelles. Comme toujours, chaque étape doit être conçue pour garder
l’intensité émotionnelle du client dans une zone de travail.
Lorsque le client vient tout juste d’exprimer verbalement, pour la première fois, quelque chose que le
thérapeute reconnaît comme étant un sentiment ou une perspective pro-symptôme, l’application
immédiate de l’activation empathique directe peut être une manière efficace d’approfondir ce matériel et
d’amener le thème et l’objectif pro-symptôme dans l’expérience consciente de manière plus complète.
Exemple : Le client ne se sent pas compétent ni confiant, et donc se sent anxieux au travail, malgré le
fait qu’il soit hautement compétent et qu’il ait à son actif un parcours professionnel impressionnant.
Le thérapeute crée une expérience de privation de symptôme en guidant le client pour qu’il imagine
assister à la réunion quotidienne de la compagnie, qu’il fasse quelques commentaires brefs tout en se
sentant confiant envers ses connaissances. En imaginant cela, le client commence à sentir un résultat
indésirable, ce qui commence à révéler une position pro-symptôme :
Cl : Maintenant je me sens vraiment inconfortable, mais…. d’une manière différente. Une nouvelle
manière.
Th : [Reflet empathique direct :] OK, laissez-vous ressentir cela ; ce nouvel inconfort. Voyez s’il y a
des mots qui viennent avec ce sentiment inconfortable.
Cl : [Pause.] Maintenant, ils me détestent.
Th : [Reflet empathique direct :] Maintenant ils me détestent. Bien: continuez, voyez si ce
sentiment inconfortable sait pourquoi ils vous détestent maintenant.
Cl : [Pause.] Hum. Wow. C’est parce que… maintenant je suis… un trou du cul arrogant…
comme mon père… un je-sais-tout égocentrique complètement insensible.
Exemple de [4] Thème [3] Objectif [2] Situation [1A] Symptôme [1B] Symptôme
cas (INCONSCIENT*) (INCONSCIENT*) interprétée avec fonction sans fonction
(INCONSCIENT*)
Cache toujours Les autres sont fragiles et Ne jamais dire les mots Je vais pouvoir rester dans ce Ne s’affirme pas, est Se juge négativement face à
sa vérité ma vérité est trop pour eux, de ma connaissance groupe de consultation soumise, évite d’attirer son retrait social, sa
(p. 16) elle les dévaste et les ou de ma vérité aux seulement si je reste silencieuse l’attention ou d’interagir. marginalité, son isolement.
repousse. Alors je plonge autres pour éviter qu’ils et que je vais dans le sens de Cache sa vérité. (Symptômes présentés sans
dans la solitude et la s’écroulent et s’en tout ce qui est dit. (Symptômes fonction)
culpabilité et c'est aillent. fonctionnels)
insupportable.
“Nuage noir” Tout ce que je sais, fais ou Il faut que je sois Le bon emploi pour moi, c'est Ne ressent aucune Sent le « nuage noir » de la
de dépression aime est disponible pour effacée, vide, pour que d’écrire des soumissions de motivation ou intérêt dépression, désespoir face à
(p. 38) que Maman et les autres je reste en sécurité et bourses pour les organisations à envers quoi que ce soit. elle-même et envers son
s’en emparent ; je n’ai que je ne me fasse pas but non-lucratif parce que je n’ai (Symptôme présenté, avenir. Faible sentiment de
aucun mur, et les murs ne voler ce que je aucune motivation à le faire ; je fonctionnel) valeur, se juge négativement
sont pas permis. Je ne ressens, ce que je peux rester vide et en sécurité. comme un « légume ».
peux jamais être en sais, ce que je fais, car (Symptômes présentés sans
sécurité dans ma vie c'est tellement fonction)
intérieure et extérieure. douloureux.
Vulnérabilité et Une Bonne Fille est Je ne dois jamais faire Les problèmes qui m’arrivent Ne riposte pas, même Se sent complètement
anxiété protégée et elle a une de problèmes, sinon je signifient que je n’ai pas été quand elle est attaquée. exposée au désastre et vit une
« paralysantes » bonne vie; il ne va rien lui ne serai plus cette assez Bonne. Je ne suis plus (Symptôme fonctionnel, anxiété intense. Symptômes
(pp. 29, 71) arriver de mal. Bonne fille et je ne protégée! Je dois être encore mais inconscient et non présentés, sans fonction)
serai plus protégée meilleure et ne faire aucun présenté)
avec une bonne vie. problème, et alors les problèmes
vont s’arrêter.
*Les construits inconscients sont des connaissances émotionnelles et perceptuelles qui n’existent pas sous forme verbale avant de devenir conscientes et
verbalisées.
Une personne produit un symptôme parce qu’elle entretient au moins l’un des quatre types suivants de
réalité émotionnelle inconsciente (schéma personnel) selon laquelle il est nécessaire de produire le
symptôme. L’esprit possède des aptitudes innées pour accéder à la totalité des quatre réalités émotionnelles
et les transformer.
À travers le travail de découverte, le thérapeute apprend de la part du client lequel de ces quatre types de
vérités émotionnelles est en fonction. En règle générale, le thérapeute ne fait aucune inférence ni aucun
diagnostic sur le type de vérité émotionnelle à partir des symptômes présentés. Il est toutefois utile, pour le
thérapeute, de bien connaître les types de vérités émotionnelles possibles afin de reconnaître celui qui est
révélé par le matériel émergent que le client présente.
A. Une position pro-symptôme dans laquelle le symptôme présenté est nécessaire parce qu’il est le
moyen direct d’atteindre un but pressant ou une fonction importante.
B. Une position pro-symptôme dans laquelle le symptôme présenté n’a pas de fonction mais constitue un
sous-produit inévitable (nécessaire) d’une manière fiable d’atteindre un but pressant ou une fonction
importante.
En d’autres termes, le symptôme présenté est simplement un effet dérivé nécessité par un autre symptôme,
possiblement non-présenté ou inconscient qui, lui, a une fonction (la fonction étant d’atteindre l’objectif vital
qui existe dans cette position).
Le symptôme présenté est l’élément 1B dans le diagramme anatomique de la pps à la page 33.
Exemples de cas : pp. 29, 38 (exemple B), 78.
C. Une position pro-symptôme dans laquelle il est nécessaire d’éviter ou de reconnaître une émotion
inévitable, un désir ou un besoin, valides d’un point de vue existentiel, parce qu’ils font surgir un
sens négatif ou du danger.
D. Une position pro-symptôme constituée d’un souvenir traumatique qui surgit dans le champ de la
conscience.
Le symptôme présenté est une partie d’une expérience traumatique antérieure qui revient sous la forme d’un
flashback, bien que le client ou le thérapeute puissent ignorer, initialement, que le symptôme soit un
flashback.
La présentation par strates d’une pps montre les mêmes étages de construits que dans le diagramme
anatomique présenté dans un tableau.
Exemple : Femme aux prises avec le « nuage noir » de la dépression (Exemple B à la page 38).
Position pro-symptôme telle que verbalisée en session : « Ma mère prend tout ! Elle rafle tout ! Alors je
dois absolument m’effacer ! Elle en fait toujours, toujours, son accomplissement, pas le mien. Alors
pourquoi moi je serais qui que ce soit ? Alors je me suis effacée, pour qu’elle ne puisse plus continuer à
me faire ça. »
Voici la présentation par strate de la manière dont les construits composant cette pps sont organisés :
ORDRE DE CONSTRUIT
CONSTRUIT (connaissance non-verbale telle que verbalisée après qu’elle soit
devenue consciente)
3è Ordre (INCONSCIENT)
Il faut que je sois effacée, vide, pour que je reste en
Stratégies et objectifs sécurité et que je ne me fasse pas voler ce que je
généraux ressens, ce que je sais, ce que je fais, car c'est
tellement douloureux.
4è Ordre (INCONSCIENT) Tout ce que je sais, fais ou aime est disponible pour que
Maman et les autres s’en emparent ; je n’ai aucun mur, et
Nature de soi/autres/monde les murs ne sont pas permis. Je ne peux jamais être en
(ontologie) sécurité dans ma vie intérieure et extérieure.
· Les construits qui sont situés plus bas dans le tableau sont plus inconscients, plus retirés de la conscience.
Cette carte hiérarchique définit un gradient à 4 niveaux pour situer le degré de conscience d’un construit
donné.
Cliente: Une mère qui souffre toujours d’une dépression débilitante 8 ans après que son fils de 5 ans soit
décédé après avoir été frappé par une voiture. (Pour voir la session entière, consulter la vidéo 1096T,
Stuck in Depression.) L’extrait suivant montre la création d’expériences de découverte qui révèlent
l’objectif puissant de rester en dépression (un objectif souvent rencontré chez les clients endeuillés).
Th : Je vous propose de voir s’il y a un autre côté de vous, un espace dans vos émotions, où vous sentez
que vous ne méritez pas d’être heureuse à nouveau.
Cl : Probablement la culpabilité.
Th : La culpabilité. Alors, quels sont les mots de la culpabilité ?
Cl : Que je n’étais pas dehors quand il s’est fait frapper (pour l’empêcher).
Th : Je devrais avoir été dehors.
Cl : Je devrais avoir été dehors.
Th : C’est ma faute.
Cl : C’est ma faute.
(A peu près deux minutes plus tard…)
Th : Pourriez-vous me parler à partir de la partie de vous qui se sent coupable ? Seulement cette partie.
Je sais qu’il y a d’autres parties. Mais dans cet espace où vous vous sentez coupable, où vous sentez
que c’était votre faute si votre petit garçon si cher à votre coeur s’est fait frapper par un camion, à
partir de cet endroit, quelle est la vérité émotionnelle pour vous - à partir de cet endroit- à savoir si
c’est ok de vous sentir heureuse à nouveau ?
Cl : …Je ne me permets pas d’être heureuse.
Th : [Très doucement:] Pourquoi ? Pourquoi ?
Cl : Pourquoi ?
Th : Parce que si vous étiez heureuse… pourriez-vous compléter cette phrase ? « Je ne me permets pas
d’être heureuse, parce que si je l’étais… »
Cl : Je serais obligée de me pardonner. [Pause.] Et j’ai refusé de le faire jusqu’à maintenant.
Th : Bien. Continuez. « Je refuse de me pardonner parce que… »
Cl : Vous savez, il y a des parties de moi qui pensent que c’est parce que je ne veux pas continuer sans
lui. Et si je continue comme ça, je n’ai pas besoin de le faire.
Th : Je vois. Alors pourriez-vous l’imaginer à nouveau ? Billy ? Et essayer de juste dire ça à Billy.
Essayez de lui dire : « J’ai peur que si je me pardonne, je vais perdre ma connexion avec toi et je
vais devoir continuer sans toi. »
Cl : [Avec beaucoup d’émotion :] Billy, même si je sais que je peux t’imaginer comme un petit ange, j’ai
peur de me pardonner… que tu vas t’en aller, et je ne veux pas que tu t’en ailles.
Th : Oui. Et voyez si ça sonne juste quand vous lui dites : « C’est tellement important pour moi de
rester connectée avec toi que je suis prête à ne jamais me pardonner pour le reste de ma vie. Je
préfère continuer à me sentir coupable et de ne jamais me pardonner, que de perdre contact avec toi
et continuer sans toi. » Essayez de lui dire ça. Voyez si ça sonne juste.
Cl : [Soupire. Avec beaucoup d’émotion :] Billy, je suis prête à tout faire pour garder cette connexion
avec toi, même à rester misérable et ne jamais me pardonner pour le reste de ma vie. Et tu sais que
c’est vrai. [Son objectif de rester en dépression est maintenant explicite et elle en fait l’expérience
directe.]
Découverte par privation de symptôme: Le thérapeute guide la cliente pour qu’elle s’imagine en train
d’avoir de vrais intérêts, et il persiste dans l’exercice. La cliente s’exclame soudain : « Je me suis effacée
! » et décrit comment: « ma mère prend tout! Merde, elle prend vraiment tout! Alors je dois absolument
m’effacer! Elle en fait toujours, toujours, son accomplissement, jamais le mien. Alors pourquoi est-ce que
je serais quelqu’un ? Alors je me suis effacée, pour qu’elle ne puisse plus me faire ça. » La cliente fait
maintenant l’expérience de sa fadeur comme étant sa propre solution pour résoudre son problème de vol
psychologique, et elle reconnaît sa dépression comme un sous-produit inévitable de vivre dans la fadeur
qui est cruciale pour sa sécurité, mais qui rend son avenir désespérément vide.
Le thérapeute continue le travail pour découvrir pourquoi le fait de « s’effacer » est nécessaire pour être
en sécurité. La cliente contacte alors une présupposition centrale selon laquelle elle ne doit entretenir
aucune frontière avec sa mère, une règle « sans murs ». De cette conscience émerge la possibilité d’avoir
des « murs » pour que ce qu’elle pense, ressent ou fait reste privé et ne puisse pas être volé. Elle peut
ainsi rester en sécurité tout en entretenant des intérêts et des accomplissements. Cette nouvelle
possibilité crée immédiatement, pour la cliente, la possibilité tangible d’un futur intéressant, et elle
rapporte alors des émotions riches en excitation et en énergie.
Issue : Lorsqu’elle fut questionnée, deux mois plus tard, la cliente a rapporté qu’elle a senti : « comme une
percée majeure… cette rage importante s’est levée ». Elle a rapporté qu’elle avait gardé privées, dans sa
relation avec sa mère, toutes les questions personnelles d’importance. Après deux ans, elle a confirmé
que le « nuage noir » était parti, elle était en train de suivre une nouvelle carrière avec enthousiasme, ne
consommait plus d’antidépresseurs et a dit : « Les choses vont bien, de bien des manières. Les choses
vont vraiment bien. »
Réalité émotionnelle émergée : À l’âge de 10 ans, il a formé une croyance selon laquelle il a déçu les
attentes de ses parents à un tel point, qu’ils ont « jeté la serviette » pour toujours à son sujet (il avait été
envoyé, à l’automne, dans un pensionnat en Europe depuis les États-Unis, s’est senti très malheureux et
les a suppliés de revenir à la maison). Il a revécu son désespoir chaque année depuis, inconsciemment.
Issue : Le client a amorcé une discussion avec ses parents au sujet de cet incident datant de 30 ans ; ils n’en
avaient jamais discuté. Dans cette conversation, il lui est apparu clairement que les comportements de
ses parents ne reflétaient pas qu’ils avaient abandonné tout espoir à son sujet, et cinq mois après sa
session, il a rapporté qu’il se sentait toujours soulagé de ses sentiments d’être inadéquat et dépressif.
L’esprit a une énorme influence sur la réalité expérientielle, et une grande capacité à la changer.
L’esprit inconscient est un organisateur/réorganisateur actif et puissant de la réalité expérientielle.
Les apprentissages émotionnels inconscients sont des schémas ou des modèles qui sont directement
accessibles et modifiables dans le présent, même s’ils ont d’abord été formés dans l’enfance et conservés
pendant des décennies. L’esprit possède des processus innés pour créer et défaire ses interprétations de la
réalité.
* * *
Deux principes de base :
1) La connaissance n’est pas reçue passivement, que ce soit par les sens ou les moyens de communication ; elle
est construite activement par le sujet.
2) La fonction de la cognition est adaptative, et elle est au service du sujet en organisant son monde
expérientiel, et non dans la découverte d’une réalité ontologique objective.
—traduit de Glasersfeld, E. von (1988). The reluctance to change a way of thinking. Irish Journal of Psychology,
9 (1), 83-90.
* * *
L’information verbale et non verbale est organisée ou réorganisée activement (de manière constructiviste) chez
les individus. Cette proposition implique que les clients en psychothérapie sont des agents actifs et intentionnels
et sont capables, lorsque les conditions favorables sont réunies, de réorganiser et de réviser leurs souvenirs et
leurs structures de connaissances expérientielles.
—traduit de Martin, J. (1991). The social-cognitive construction of therapeutic change: A dual-coding
analysis. Journal of Social and Clinical Psychology, 10 (3), 305-321.
* * *
Il est possible que le coeur de la conscience post-moderne soit la conscience de plus en plus répandue selon
laquelle le système de croyances et les « réalités » apparentes que l’on entretient sont constituées socialement
plutôt que « transmises », et donc qu’elles peuvent être constituées très différemment dans différentes cultures
(ou sous-cultures), périodes et circonstances, bien qu’elles puissent donner l’impression de porter la force de la
nécessité à ceux qui les investissent…. Les thérapies constructivistes sont unies dans leur rejet d’une théorie de
correspondance de la réalité et sa présomption corollaire que toute croyance qui ne corresponde pas à une réalité
objective est, par définition, dysfonctionnelle. Au lieu de cela, elles considèrent que la viabilité de toute
construction est une fonction de ses conséquences pour l’individu ou le groupe qui l’adopte provisoirement, et
considèrent aussi sa cohérence générale avec les croyances personnelles ou sociales dans laquelle elle est
comprise.
Au coeur de la théorie constructiviste se trouve une conception des être humains comme étant des
agents actifs qui, individuellement et collectivement, co-créent le sens de leur monde expérientiel…. sans
chercher à le valider avec une réalité objective qui existe au-delà de la façon dont les gens peuvent la construire.
—traduit de Neimeyer, R. A. (1993). An appraisal of constructivist psychotherapies. Journal of Consulting and
Clinical Psychology, 61 (2), 221-234.
* * *
Les théories non-constructivistes qui se penchent sur l’esprit humain et ses processus mentaux les décrivent
généralement comme passifs, réceptifs et capables « d’entreposage ». Les constructivistes voient les processus
mentaux comme étant actifs… ainsi que générateurs. Pour les constructivistes, la « rétention » est un processus
actif d’entretien et d’élaboration plutôt qu’un « entreposage » métaphorique de copies, bribes, et morceaux
d’information pré-emballée. Dans les théories constructivistes, l’information n’est pas transférée de
l’environnement vers l’organisme à travers les sens. « L’information », restant fidèle à l’étymologie du terme (in
formare) est plutôt ce qui est formé à partir de l’intérieur….
L’une des caractéristiques de base du constructivisme… est l’affirmation selon laquelle les systèmes
humains sont organisés de manière à ce que (a) le processus central, ou nucléaire, dicte et restreigne le contenu
et les particularités d’une activité en cours et (b) les processus centraux de classement opèrent de manière
prédominante à des niveaux tacites (inconscients) qui ne sont pas aussi facilement accessibles et moins
disponibles au changement que les activités plus périphériques. En d’autres termes, les « structures de surface »
de la vie quotidienne et les expériences momentanées sont biaisées sélectivement et projetées à partir des
« structures profondes » évasives qui constituent les processus de classement centraux de cet individu. L’activité
humaine et, avec le temps, le développement psychologique, reflètent donc des processus d’auto-organisation
profonds et puissants…
… Les systèmes d’auto-organisation avec une structuration profonde/de surface résistent activement au
changement dans leurs construits centraux. On appelle cela la théorie de la résistance d’auto-protection parce qu’elle
met l’emphase sur le fait que la résistance au changement remplit une fonction naturelle et souvent saine de
protéger les processus organisationnels centraux (et donc l’intégrité systémique) des assauts reconstructifs
rapides ou ravageurs. Les processus qui reposent sur le sens de (1) la réalité, (2) l’identité, (3) le contrôle/le
pouvoir ou (4) les valeurs d’un individu sont particulièrement résistants au changement.
—traduit de Mahoney, M. J. (1988). Constructivist metatheory: II. Implications for psychotherapy.
International Journal of Personal Construct Psychology, 1, 299-315.
Objectif de l’intégration : Faire l’expérience subjective de la pps = Accéder à la pps = pps est directement
disponible au changement
Principe de l’accessibilité : Les réalités émotionnelles inconscientes sont directement accessibles seulement par leur
expérience consciente; une immersion dans la « réalité » subjective des construits auxquels on accède tout en verbalisant
le contenu de ces construits. (Ce qui ne doit pas être confondu avec une émotivité dramatique, la catharsis ou
l’abréaction. Elles peuvent se produire, ou non, et ne sont pas intrinsèquement nécessaires en Thérapie de la
cohérence.)
· Connexion profonde avec le soi et l’authenticité. Le client fait l’expérience du thème et de l’objectif pro-
symptôme en tant que sa propre vision de la réalité, son propre objectif intense, et sa propre manière
d’atteindre cet objectif.
· Intention. Le client fait l’expérience du symptôme comme étant soit sa manière directe d’atteindre cet
objectif crucial (symptôme fonctionnel) ou comme un sous-produit inévitable entraîné par la manière dont il
atteint cet objectif (symptôme non-fonctionnel).
· Intention. La mystérieuse capacité du symptôme à perdurer est vécue comme étant sa propre capacité à
continuer à remplir un objectif d’une importance vitale. L’expérience d’être une victime impuissante (voir
le symptôme comme quelque chose qui « m’arrive ») est remplacée par une expérience d’intention
(l’individu utilise son propre pouvoir et son libre-arbitre).
· Conscience des « deux souffrances ». Le client fait l’expérience de la souffrance causée par le fait que le
symptôme vaut la peine d’être enduré afin d’éviter une souffrance qui serait encore pire si le symptôme
n’était pas produit.
· Illumination existentielle. Le client reconnaît, ressent et s’engage dans le dilemme existentiel central, le
« vrai » problème, qui jusqu’à présent était resté inconscient et avait été résolu par la production du
symptôme.
Devises de l’intégration
1. Le rythme devrait suivre les capacités du client, pas les présomptions du thérapeute.
2. Honorez, validez et soyez empathique envers la pps du client, et amenez le client dans la même attitude d’auto-
compassion.
3. Une fois que le client a été amené à ressentir (faire l’expérience subjective) de la réalité émotionnelle de sa
pps, alors plantez votre tente. Établissez votre campement exactement à cet endroit. N’allez nulle part ailleurs.
(Exception : souvenir traumatique.)
Le succès de l’intégration est déterminé par la capacité du client à se référer de manière congruente à son
thème et objectif pro-symptôme de sa propre initiative. Par exemple, après qu’une tâche d’intégration inter-
session (p. 48) ait été assignée, faites toujours un suivi au début de la session suivante, en demandant :
« Comment cette tâche s’est-elle déroulée ? » ou « Comment était-ce, pour vous, de rester en contact avec ce
que nous avons écrit sur cette carte ? » Ces questions évitent délibérément de remémorer au client le
contenu spécifique du matériel de la tâche. Observez si les réponses du client réfèrent explicitement aux
thèmes et objectifs pro-symptômes qui étaient dans la tâche. Si nécessaire, explorez davantage en demandant
: « Et comment était-ce, pour vous, de rester en contact avec les parties spécifiques de cet énoncé ? » Si cet
exercice révèle de la résistance envers l’intégration, appliquez la Thérapie de la cohérence à la résistance
Expériences d’intégration : ressentir une vérité
(voir pp. 62-66).
émotionnelle (SUITE)
« Connexion vers le haut » et le Pivot vers l’intention
pps
Le client est conscient de son La connexion « vers le bas » La connexion « vers le haut »
symptôme (S) et de sa position anti- guidée détache l’attention du guidée ramène l’attention vers le S
symptôme (pas) mais il n’est pas symptôme et la pas, et l’amène vers avec la conscience de l’objectif
conscient de la position pro- un thème et objectif personnel personnel (pps) qui nécessite la
symptôme (pps) qui sous-tend et majeur de la pps. Le contenu central production du S.
demande de produire S. de la pps ne réfère pas au S.
Exemple : Anxiété intense et chronique Une femme de 28 ans présente une anxiété de longue date. Cette
anxiété est présentement centrée sur les problèmes de santé de sa toute jeune fille. Au début, son anxiété
était justifiée par le caractère sérieux des problèmes de santé de l’enfant (ils mettaient sa vie en danger), mais
depuis plusieurs mois les docteurs affirment que sa fille est hors de danger, et l’anxiété ne diminue pas pour
autant.
« Connecter vers le haut » veut dire guider délibérément l’attention du client pour qu’il la ramène vers le
symptôme présenté, mais cette fois avec la conscience de l’objectif central récemment découvert, et qui
montre pourquoi il est nécessaire de produire ce symptôme. En faisant cela, elle contacte son anxiété envers
son bébé comme étant quelque chose qu’elle produit elle-même afin de se protéger de ces émotions envers
son père et son enfance. La cliente est maintenant consciente de ses « deux souffrances » et reconnaît que le
fait de produire son symptôme est sa manière d’éviter une souffrance encore pire. Le symptôme est donc
passé de quelque chose qui, mystérieusement, « lui arrive » à quelque chose que la cliente fait de manière
évidente pour répondre à son objectif personnel important. Cela est qualifié de « pivot vers l’intention ». Un
muscle involontaire est devenu un muscle volontaire. La connexion vers le haut est une étape essentielle de
l’intégration en Thérapie de la cohérence et le pivot vers l’intention est un point tournant majeur avec
Expériences d’intégration : ressentir une vérité
chaque client.
émotionnelle (SUITE)
Synthèse Pro/Anti
Forme optimale d’intégration : Synthèse pro/anti
Initialement, la position anti-symptôme du client (pas) et sa position pro-symptôme (pps) sont complètement
déconnectées ou séparées, et la pps est inconsciente. Au cours du travail de découverte et d’intégration, la
pps devient consciente et réelle d’un point de vue émotionnel, pour le client, qui reconnaît maintenant
pourquoi il lui est nécessaire de produire le symptôme.
Cependant, l’intégration n’est toujours pas complète tant que le client n’est pas guidé encore plus avant,
pour joindre les visions pas et pps du symptôme. Cette union consiste simplement à inclure, avec la nouvelle
reconnaissance de la raison pour laquelle il est nécessaire de produire le symptôme, une reconnaissance
explicite de la souffrance ou du coût entraîné par le symptôme.
Exemple : L’homme qui ne réussit jamais à s’accomplir pp 22-28. La verbalisation créée à la fin de la
session, et rédigée sur une carte-rappel pour sa tâche inter-session, était: « Je déteste accomplir aussi
peu, et ça pourrait faire dérailler toute ma vie, mais mon seul espoir d’attirer l’attention et le soutien
de ma famille c’est d’être abattu et défait comme papa. Ils me doivent ça et je veux absolument
l’avoir ! Si j’ai l’air d’avoir du succès et d’être fort je ne vais jamais l’avoir, alors je dois avoir l’air
d’un perdant, défait, même si ma vie est complètement gâchée à cause de ça. » Les phrases
d’ouverture et de fermeture permettent d’effectuer une synthèse pro/anti complètes en
reconnaissant explicitement le coût de ne pas s’accomplir.
Exemple : La femme dont le jeune fils est décédé (p. 37). Sa synthèse pro/anti pourrait être verbalisée
comme suit : « C’est très souffrant de rester dépressive et de me sentir coupable pour Billy, et mes
enfants ont besoin de leur mère, mais seule ma misère réussit à garder Billy auprès de moi, alors ça
en vaut la peine. Il n’est pas question que je le laisse partir. »
Ces « deux souffrances » et le dilemme de devoir choisir entre elles (et opter pour le symptôme en tant que
souffrance moindre) étaient inconscientes. Au moment où la synthèse pro/anti est vécue, le client commence
à faire face à ses deux souffrances de manière consciente pour la première fois. Le dilemme de choisir entre
elles est ensuite revisité par le client, et sera transformé en conséquence.
Dans les moments où un client ressent à nouveau une manifestation de son symptôme et en souffre, il va
probablement se positionner dans une perspective anti-symptôme; la perspective selon laquelle il veut
seulement se débarrasser de son symptôme car celui-ci est une expérience purement négative. Sans la
synthèse pro/anti, la ré-immersion dans la version anti-symptôme de la réalité émotionnelle fait perdre au
client sa conscience de sa pps, ce qui fait reculer le processus d’intégration de la pps.
Après avoir établi la synthèse pro/anti, l’expérience souffrante d’une occurence du symptôme par le client ne
lui fait pas perdre le point de vue de la pps, parce que la souffrance entraînée par le symptôme fait
maintenant partie d’une perspective unifiée qui inclut la pps.
Je suis en furie contre toi, Bill, parce que tu m’as toujours Cela me met en colère que mon frère aîné soit toujours en train
harcelé. de m’ennuyer.
Je déteste me sentir aussi neutre, comme un légume, mais si Il est plus important d’être un légume et de rester au neutre
j’ai quoi que ce soit qui marche pour moi, maman va prendre que d’avoir quoi que ce soit qui fonctionne pour moi et dont
tout le crédit! C’est encore pire! Je dois rester au neutre! maman peut prendre le crédit.
C’est épouvantable de me sentir aussi déprimée, mais si je me Je préfère rester déprimée pour ne pas avoir à continuer sans
sentais bien et que je me pardonnais, je devrais continuer Billy. Je choisis de ne pas me pardonner.
toute seule sans Billy. Il n’en est pas question, Billy, je ne
peux pas supporter de te laisser partir.
Déclaration ouverte
Voir la p. 15 pour une description et pp. 16-17 pour un exemple. C’est une technique simple et hautement
efficace pour approfondir le contact émotionnel des clients avec leur matériel. Elle est pratique à la fois pour
la découverte et l’intégration de la pps. Une déclaration ouverte peut être proposée par le thérapeute comme
une phrase d’essai: le thérapeute construit une phrase qui articule le matériel pro-symptôme qui a fait surface,
sans aucune trace d’interprétation, et demande au client de « l’essayer », pour voir à quel point elle sonne
véridique, et réviser la formulation si nécessaire pour améliorer la précision.
Reflet intégratif
Le thérapeute offre un résumé non-interprétatif des éléments-clés de la phénoménologie du client, les
présentant ensemble pour la première fois dans un seul portrait unifié, afin que le client fasse et ressente les
connexions, ce qui l’amène à faire l’expérience de sa propre intention et de son objectif de produire le
symptôme. Exemple: voir l’étape 3 ci-dessus.
Reconnaissance a posteriori. Elle est la même que la reconnaissance en temps réel, mais effectuée a
posteriori, après que le symptôme se soit produit, lorsque la scène où le symptôme s’est produit est rejouée
en imaginaire. La reconnaissance a posteriori construit le niveau de conscience nécessaire pour effectuer une
reconnaissance en temps réel.
• Un apprentissage émotionnel ou schéma non intégré ou inconscient est extrêmement durable parce qu’il
est isolé et encapsulé à l’écart des autres connaissances, réalités, identités radicalement différentes qui
pourraient l’informer, le désapprendre ou l’annuler.
• L’intégration d’un schéma pro-symptôme dans la conscience directe et quotidienne rend celui-ci
disponible à entrer en contact avec d’autres connaissances qui peuvent l’infirmer ou l’annuler à travers
le processus naturel de reconsolidation de la mémoire.
• La pleine conscience est « l’établi de la psyché » (Robert Neimeyer)
Toutefois, le cerveau et l’esprit ne tolèrent pas la moindre incompatibilité ou contradiction entre des
construits qui sont co-présents dans le même champ de conscience, juxtaposés et vécus ensemble.
Lorsqu’une juxtaposition se produit entre des construits incompatibles, l’esprit se retrouve devant trois
possibilités pour les dissiper:
Interprétation libre : L’esprit trafique la perception ou le sens de l’un des construits, ou des deux, afin
de les faire apparaître mutuellement compatibles (Piaget: assimilation).
Clivage : L’esprit re-compartimente rapidement la réalité afin que les construits incompatibles
demeurent entièrement séparés et ne sont jamais vécus ensemble, ce qui leur permet d’exister tous
les deux.
Transformation : Si l’esprit fait face à l’incompatibilité des construits juxtaposés et l’accepte, il exécute
une transformation fondamentale (désapprentissage, révision ou dissolution) des construits plus
limitatifs, parce que leur réalité ou leur véracité sont infirmées par l’autre construit (Piaget:
accommodation.)
La deuxième étape est de guider le client pour qu’il fasse l’expérience du schéma-cible et de la connaissance
contraire simultanément, côte-à-côte, dans le même champ de conscience. C’est l’expérience de juxtaposition que la
Thérapie de la cohérence définit comme étant la condition critique pour que le changement transformateur
prenne place. La première expérience de juxtaposition est, pour le client, un décalage, une erreur de prédiction.
La recherche a démontré que cette expérience déverrouille immédiatement l’encodage neuronal de
l’apprentissage ciblé. Ce dernier est maintenant disponible pour être désappris et annulé.
La troisième et dernière étape consiste à guider quelques répétitions de l’expérience de juxtaposition, ce qui
facilite l’annulation et la mise à jour (désapprendre) le schéma ciblé. (Voir ci-dessous pour des directives
détaillées de ces étapes).
Par la suite, les marqueurs de changement transformateur apparaissent et sont vérifiés : le schéma a perdu sa
sensation irrésistible de réalité émotionnelle, il ne se déclenche plus lorsqu’il est en contact avec ses
déclencheurs habituels, et il ne génère plus les symptômes qu’il produisait, et aucun effort n’est nécessaire
pour maintenir ce changement libérateur.
• Le processus de trouver des connaissances contradictoires est complètement guidé par et basé sur le fait de
savoir précisément ce qui doit être infirmé : le schéma révélé précédemment.
• Si vous n’êtes pas encore profondément familier avec l’univers spécifique du schéma ciblé (les croyances
fondamentales, les sens, les modèles et les attentes qui définissent un problème (une souffrance qu’il faut
absolument éviter) et sa solution (comment l’éviter)) vous ne pouvez trouver de connaissance contraire qui va
efficacement et spécifiquement infirmer ces composantes bien définies. L’invalidation doit être hautement
spécifique.
• En conséquence, il est mieux d’aller doucement : attardez-vous à la découverte du schéma et à son intégration
et faites un travail en profondeur avant d’essayer de vous diriger vers une expérience de juxtaposition.
Lorsque le moment est venu de commencer la recherche de connaissances contradictoires, la liste de ses sources
possibles (illustrée dans la section suivante) vous assistera pour mener la recherche efficacement.
Le schéma qui nécessite de produire le symptôme est composé de plusieurs construits liés entre eux, tel que
mentionné dans la section précédente. Parmi eux se trouvent un ou deux construits de base sur lesquels les
autres construits sont fondés et qui, s’ils sont infirmés et dissouts, dissiperaient complètement la partie du
schéma qui définit le problème, la solution, ou les deux. En conséquence, les construits de base sont les
meilleures cibles à infirmer. Le thérapeute scrute le schéma pleinement découvert, identifie le(s) construit(s) de
base, et cherche ensuite dans l’expérience passée ou présente du client, ce qui contredit ce construit de base, afin
de créer une expérience de juxtaposition qui permette d’infirmer et de dissoudre ce construit de base.
On peut chercher une connaissance existante de deux manières principales : détection de dissonance et
expériences opposées du passé.
Détection de dissonance. En règle générale, c’est la première approche utilisée pour trouver des
connaissances contradictoires. Elle est effectuée simplement en guidant le client pour qu’il fasse des
affirmations déclaratives du schéma pro-symptôme découvert. Les déclarations ouvertes du schéma ciblé
engagent le système de détection des décalages dans le cerveau. Dans une bonne proportion des cas, le
détecteur de décalage trouve des connaissances contradictoires que le client possède déjà mais n’a jamais
ressenti en juxtaposition avec le schéma pro-symptôme, et l’amène automatiquement à l’avant du champ de
la conscience et directement dans la juxtaposition. Le client, qui est en pleine déclaration des connaissances
et attentes du schéma, fait soudainement l’expérience distincte d’une sensation du genre « Hé, une minute ! »
suivie par la connaissance contraire qui s’articule et apparaît dans son champ d’attention.
À travers la détection de décalage, le travail d’intégration peut évoluer spontanément vers la découverte de
connaissances contraires et créer une expérience de juxtaposition. Ici aussi, l’importance de bien exécuter la
phase d’intégration en s’attardant sur le schéma découvert et en guidant des déclarations ouvertes à son
sujet, est à nouveau mise en évidence.
La détection de décalage se produit souvent, et elle crée une expérience de juxtaposition dans des formes de
thérapie du trauma largement utilisées (comme l’EMDR, le Comptage Progressif, la Réduction d’incident
traumatique (TIR), la Psychothérapie Sensorimotrice, l’Experiencing Somatique et les techniques de
tapping) mais aussi dans les thérapies expérientielles comme la Psychothérapie accélérée expérientielle et
dynamique (AEDP), le Hakomi, la Thérapie centrée sur les émotions (EFT), la Thérapie systémique
familiale (IFS), la Neurobiologie interpersonnelle (IPNB), la thérapie Pesso Boyden, et bien d’autres.
Expériences opposées du passé. Lorsque les déclarations ouvertes ne déclenchent pas de juxtaposition de
la manière spontanée décrite ci-dessus, le schéma ciblé demeure en force, même s’il est maintenant
pleinement mis à jour et bien intégré dans la conscience. La prochaine option disponible pour trouver de la
connaissance contraire est de demander au client s’il a déjà vécu une ou des expériences dans lesquelles la vie
ne s’est pas comportée selon les attentes ou croyances spécifiques du schéma ciblé.
Si le client se remémore une telle expérience, choisissez une ou deux expériences tangibles et fortes, et
guidez une expérience imaginaire dans laquelle il la revit. Dirigez l’attention du client pour qu’il prenne
conscience et reconnaisse la divergence entre son expérience et les attentes et prédictions du schéma ciblé.
Cela permet d’effectuer à la fois la découverte de la connaissance contradictoire et la création d’une
expérience de juxtaposition.
De nouvelles expériences peuvent être créées pour générer la connaissance contradictoire si elle n’est pas
trouvée dans les connaissances existantes. Il y a plusieurs manières de créer de telles expériences nouvelles : la
vie quotidienne, revisiter un souvenir de manière structurée, la relation client-thérapeute, la rétroaction par les autres, et la
psycho-éducation expérientielle.
La vie quotidienne entraîne souvent des situations qui diffèrent radicalement des attentes associées aux
schémas des gens. Toutefois, c’est seulement après qu’un schéma soit intégré dans la conscience courante
que le client remarque qu’une telle expérience détonne de manière surprenante avec la croyance centrale ou
les attentes. Le client mentionne alors l’expérience curieuse et le thérapeute l’utilise pour créer une
expérience de juxtaposition explicite.
Revisiter un souvenir de manière structurée est une expérience guidée d’une nouvelle expérience d’une
situation ou scène originale dans laquelle les modèles et sens du schéma ciblé ont été formés, mais cette
scène offre maintenant une expérience bien différente et elle est reconstruite. C’est-à-dire, elle forme de
nouvelles significations et modèles qui se juxtaposent avec, infirment et annulent les originaux. Cela peut
être accompli en utilisant plusieurs techniques bien connues en psychothérapie, telles que :
Reconstitution d’un incident traumatique. Le thérapeute accompagne et guide le client alors qu’il
rejoue l’incident, le revit scène par scène et réagit différemment que lors de l’incident original, ce qui
met en action, avec force, le comportement d’auto-protection naturel qui a été bloqué initialement. Cela
crée une nouvelle expérience dans laquelle le danger est écarté, ce qui contredit et infirme la
vulnérabilité impuissante qui avait été apprise dans l’incident initial et est devenue la prédiction
continue et implicite du client. Cette appréhension d’être vulnérable et impuissant est habituellement
responsable de la qualité traumatique constante du souvenir et elle est souvent la racine et la force
conductrice des symptômes de l’état de stress post-traumatique. La disparition de l’impuissance dans la
même scène qui l’a produite est une expérience de juxtaposition intrinsèque qui dé-traumatise le
souvenir.
Travail de l’enfant intérieur. En revisitant une scène de son enfance où il a reçu un mauvais
traitement, le client adulte ou le thérapeute observe et interagit avec le Soi enfant du client et guide
l’enfant pour qu’il fasse l’expérience de nouvelles significations et de nouveaux construits au sujet de ce
qui se passe, et qui diffèrent des significations originales de l’enfant (qui ont généré un faible sentiment
de valeur personnelle, de la dépression, de l’anxiété et/ou des symptômes physiologiques), ce qui les
dissipe.
EMDR, PNL, Comptage Progressif, TIR, Tapping. Ces formes de thérapie consistent
principalement à faire revisiter des souvenirs de manière structurée, et peuvent être appliquées à des
schémas ciblés spécifiques en Thérapie de la cohérence. Ces thérapies établissent une condition interne
particulière, comme le focus double, qui permet à l’esprit de revisiter et réinterpréter un incident
traumatique original à partir d’un point de vue qui se trouve à l’extérieur du schéma (l’interprétation)
qui a été formé pendant cet incident et qui, habituellement, contrôle la réponse du client aux signaux
attribués à l’incident.
Dé-suppression d’un souvenir traumatique. Un souvenir traumatique est gardé dans un état de
suppression qui conserve la souffrance originale hors de la conscience. Bien qu’une telle suppression
entraîne des symptômes difficiles à vivre (incluant la dissociation émotionnelle, la crispation somatique,
la somatisation, et l’évitement hypervigilant des objets, personnes et situations associées), elle constitue
la solution nécessaire au problème du client, c’est-à-dire le problème d’avoir la connaissance ressentie
d’une souffrance extrême qui est anticipée comme envahissante et au-delà de ce que le client est capable
de tolérer consciemment. Ce modèle implicite de l’incapacité du client se bute à une connaissance
contraire lorsque e client, guidé et accompagné avec empathie par le thérapeute, revisite une expérience
traumatique, s’ouvre à elle et la ressent sans être envahi ou détruit par elle. Cette juxtaposition dissout
à la fois la conception du client selon laquelle l’émotion représente un grand danger, mais aussi le
besoin d’appliquer la solution de la suppression, alors les divers symptômes entraînés par la
suppression disparaissent. Bien sûr, la dé-suppression doit être accomplie en suivant une progression
assez graduelle pour qu’elle demeure tolérable et productive pour le client à chaque étape. Le point, ici,
est que le processus de dé-suppression d’un souvenir traumatique est en lui-même une source de
connaissance contradictoire qui crée une juxtaposition et dissipe un éventail significatif de symptômes
du TSPT.
La divulgation de soi d’autres personnes se produit typiquement dans la thérapie de couple ou familiale
lorsqu’une personne partage ce qui se cache vraiment derrière son comportement, et cette signification
révélée est, pour les autres, une nouvelle expérience qui se juxtapose avec les significations problématiques
qui avaient été attribuées au comportement et les dissipe.
Exemple tiré de la thérapie familiale. Un père a critiqué son fils adolescent en le qualifiant de bouffon
paresseux à cause de tout ce temps passé sur les médias sociaux, et le garçon s’est senti blessé et rejeté
par les jugements négatifs de son père envers lui. Ensuite, pendant une rencontre de thérapie familiale,
le garçon partage avec émotion et vulnérabilité qu’il se sent profondément seul et isolé dans sa vie
sociale à l’école, et que les médias sociaux le soulagent quelque peu de cette solitude en le connectant
avec des « amis » partout dans le monde. Ce nouveau sens attribué au comportement dissipe le sens
premier que le père lui avait donné.
Exemple tiré de la thérapie de couple. Suzanne a défini son problème en affirmant que Luc se
« retire, se referme et cesse de m’adresser la parole dès que je suis le moindrement contrariée à cause de
lui ». Le thérapeute approfondit la question et établit avec elle que ce comportement veut dire, pour elle:
« Il ne m’aime pas vraiment. Quand on aime quelqu’un, on veut savoir ce qui ne va pas. » En donnant au
comportement le sens « Il ne m’aime pas vraiment », la faisait souffrir intensément et lui causait du
désespoir et de la colère.
Lorsque Luc s’est montré fermé et distant pendant la session, le thérapeute a dirigé son attention à ses
sentiments immédiats, puis l’a aidé à les verbaliser pour la première fois. Luc a rapidement avoué à
Suzanne, avec le menton qui tremble et un ton poignant : « Je me referme comme ça parce que j’ai
vraiment peur ; quand je te contrarie, j’ai l’impression que tu ne veux plus de moi. »
Le thérapeute, qui constate qu’un construit avec un fort potentiel d’invalidation vient d’être fourni par
Luc, se tourne immédiatement vers Suzanne et guide doucement une expérience de juxtaposition en lui
demandant : « Avez-vous ressenti cela ? Pendant tout ce temps vous avez pensé que sa froideur voulait
dire ‘il ne m’aime pas’ et maintenant vous voyez et vous entendez que ce que Luc vit réellement, au fond
de lui, veut plutôt dire ‘Je suis terrorisé parce que l’humeur de Suzanne veut dire qu’elle ne veut plus de
moi.’ Voilà une signification bien différente de cette fermeture et de ce silence. Avez-vous senti ça ? »
Prenez note de la nature non-correctrice du processus : le thérapeute guide délibérément Suzanne pour
qu’elle reste en contact avec son construit pro-symptôme, « cela veut dire qu’il ne m’aime pas » et qu’elle
fasse aussi l’expérience tout aussi réelle de la connaissance contradictoire « cela veut dire qu’il a peur de
perdre mon amour » dans le même champ de conscience. Le thérapeute l’invite, avec transparence, à
« laisser entrer » le nouveau construit tout en la gardant aussi en contact avec l’ancien, pour qu’elle fasse
l’expérience de la juxtaposition des deux construits incompatibles. La signification qui posait problème a
été désapprise et dissoute par cette expérience de juxtaposition, ce qui a mis fin à la détresse qu’elle
causait. (Supposons que Suzanne dise au thérapeute « Il ne m’aime pas vraiment » mais que le thérapeute
réagisse en lui soulignant tout ce qui suggère que Luc l’aime vraiment. Cela serait une approche
correctrice, une tentative de construire des connaissances cognitives préférables, mais elles ne seraient
pas ressenties comme étant assez vraies pour invalider la signification cible, qui resterait intacte.) Le
travail a ensuite porté sur la peur de l’abandon chez Luc.
La psycho-éducation expérientielle se produit quand le thérapeute transmet une nouvelle information qui
est ressentie par le client comme étant réelle et tangible, pas seulement un fait. Après que le thérapeute se
familiarise avec le paysage du schéma nécessitant la production du symptôme chez le client, le thérapeute
peut être en mesure de fournir de l’information que le client vit comme étant une connaissance nouvelle et
lucide qui se juxtapose avec le schéma, ce qui invalide et annule l’un de ses éléments-clés.
Exemple de psycho-éducation expérientielle. Une cliente était coincée dans un sentiment de détresse
et se sentait profondément blessée et rejetée par son époux qui ne tenait jamais compte de ses
nombreuses suggestions aidantes et aimantes portant sur ses problèmes de santé sérieux. « Je ne compte
pas » disait-elle - une formulation qui exprimait la profondeur de son désespoir, un état du Soi qui
référait à une blessure primordiale de son enfance. Après avoir montré de l’empathie pour son
expérience, le thérapeute a rapidement commenté : « Je me souviens que vous m’avez dit que votre
conjoint a beaucoup souffert pendant toute son enfance, du fait d’être énormément dominé et contrôlé
par sa mère. » Soudainement, la cliente dit avec énergie : « Oh ! C’est vrai ! Voilà pourquoi il ne m’écoute
pas ; il a tellement peur que je le contrôle comme elle le contrôlait ! Ce n’est pas parce que je ne compte
pas et qu’il ne respecte pas mes connaissances ! » Sa détresse s’est envolée avec le changement de
signification qu’elle attribuait au comportement de son conjoint, et qui a été produit par l’ajout habile
d’un seul élément d’information au sujet de son conjoint, et qui était réel pour elle. Le thérapeute, voyant
l’opportunité de généraliser ce changement pour que l’invalidation soit plus élargie, dit alors : « Et si
c’était la même chose pour vos parents ? Et si leur attitude de rejet envers vous montrait toute l’étendue
de leur bagage émotionnel, au lieu de vouloir dire que vous ne comptez pas ? Et si le rejet de toute
personne envers vous, voulait dire la même chose ? » Cela a eu un fort impact sur la cliente, et l’identité
apprise, ou état du Soi « Je ne compte pas » ne s’est plus activé par la suite.
Récupérer le schéma pro-symptôme et l’intégrer dans la conscience, puis trouver des connaissances
contradictoires peut nécessiter une quantité très variable de sessions. Quant à elle, l’expérience de juxtaposition
est simple à guider et ne demande typiquement que quelques minutes.
Dans une expérience de juxtaposition, vous pistez le client pour qu’il sente subjectivement deux connaissances
différentes simultanément, qui sont toutes deux ressenties comme étant vraies, et pourtant ne peuvent être
vraies toutes les deux.
Ce modèle est souvent utile : « Revoyons ensemble les choses qui semblent vraies pour vous. Il serait bien que
vous visualisiez et ressentiez ces choses autant que possible alors que nous les passons en revue. Premièrement,
au cours de votre vie, vous avez appris et vous avez cette certitude profonde que [croyance de base, modèle
mentale qui est la cible du changement]. Et deuxièmement, vous avez vécu des expériences, comme _________,
qui vous ont montré que [connaissance contradictoire]. »
Alors que vous présentez les deux connaissances, vous montrez une empathie égale envers les deux, ce qui ne
suggère aucun favoritisme ou défaveur. Toute forme de favoritisme déclenche la re-suppression chez le client et
le détache de son apprentissage émotionnel cible (schéma), ce qui amène le processus dans la correction et la
suppression plutôt que dans la transformation et l’annulation. Vous faites confiance que l’esprit et le cerveau du
client vont enregistrer l’invalidation, désapprendre et annuler le schéma cible. Alors vous demandez simplement
: « Comment trouvez-vous l’expérience de ressentir ces deux choses en même temps ? »
Une expérience de juxtaposition est étrangement surprenante et intense pour le client, alors il est naturel de s’y
attarder et de la réviser quelques fois durant le reste de la session, ce qui crée des répétitions.
La première répétition se fait en demandant : « Comment trouvez-vous l’expérience d’être en contact avec ces
deux choses ? » après avoir guidé la juxtaposition. Deux répétitions peuvent généralement être crées
naturellement, simplement en révisant avec empathie ce que le client a reconnu et vécu des deux côtés de la
juxtaposition. Il est généralement suffisant de faire trois répétitions dans une session, au total.
En revisitant les deux côtés de la juxtaposition, nommez très spécifiquement les connaissances qui confirment et
infirment le schéma cible, afin de les réactiver. De cette manière, le client revit la juxtaposition à nouveau. Par
exemple, le thérapeute peut dire : « Pendant tout ce temps, vous étiez tellement convaincue que ___________.
Et maintenant, c’est assez surprenant de réaliser que ___________. » Par la suite, la discussion fournira d’autres
opportunités pour faire référence spécifiquement aux deux connaissances, pour une autre répétition.
Le fait de guider un client dans une série d’expériences de juxtaposition, en lui demandant : « Comment trouvez-
vous l’expérience de rester en contact avec ces deux choses ? » ne fait pas que répéter la juxtaposition. En
encourageant le client à revisiter les deux côtés de la juxtaposition, ce genre de question permet aussi d’évaluer
si l’apprentissage cible continue à être ressenti comme véridique, ou s’il a perdu sa crédibilité. Le thérapeute peut
aussi guider le client pour qu’il se concentre, en imagination, sur les déclencheurs connus pour avoir toujours
déclenché le schéma pro-symptôme, afin de vérifier si de telles activations ont toujours lieu. Cela amorce la
phase de vérification.
Si la juxtaposition invalide et dissout le schéma cible avec succès, le client va réagir à cette question (ou aux
tentatives de déclencher le schéma à nouveau) en éclatant de rire ou en exprimant que le schéma semble
maintenant absurde. À l’opposé, le client peut aussi exprimer de la détresse, en faisant une grimace ou en versant
des larmes, du fait de reconnaître que sa vie a autant été dirigée par des croyances qui sont maintenant
reconnues comme fausses. Toutes ces manifestations sont des marqueurs de changement transformateur ou
d’annulation de schéma.
Afin de faire une vérification méticuleuse, il convient de s’assurer que ces marqueurs persistent dans le temps:
que le schéma ne possède plus sa réalité émotionnelle d’avant, ne déclenche plus la même réponse devant les
anciens déclencheurs, qu’il ne génère plus les symptômes qu’il produisait et ce, sans que le client n’ait besoin de
fournir un quelconque effort pour prévenir l’activation des symptômes.
Si le schéma cible demeure réel et facile à déclencher pour le client, même après avoir créé des expériences de
juxtaposition riches, hautement spécifiques et expérientielles, alors le thérapeute peut commencer à suspecter la
présence de résistance à la transformation. La méthodologie de la Thérapie de la cohérence pour dissiper la
résistance à la transformation est décrite plus loin dans ce manuel.
Connaissance existante
• Détection de décalage UEB pp. 71–77; UEB pp. 77–86; UEB pp. 120–123; DOBT pp. 184–185;
vidéos en ligne à http://bit.ly/2gDBpkP: “Compulsive Underachieving,” “Down
Every Year,” et “Stuck in Depression”
Nouvelles expériences
• Revisiter un souvenir de UEB pp. 86–91; MRP pp. 69–78; article dans New Therapist:
manière structurée http://bit.ly/2g3pCZG
• Relation client-thérapeute UEB pp. 106–109; UEB pp. 130–136; MRP pp. 29–35
• Rétroaction par les autres DOBT pp. 22–24; DOBT pp. 221–230; DOBT pp. 240–256
• Les symptômes du client sont une réponse naturelle à une difficulté existentielle actuelle ;
• Le travail de découverte est peut-être incomplet, et les éléments possibles à infirmer sont dans les couches
plus profondes du schéma pro-symptôme ;
• Le schéma possède en son centre un souvenir traumatique qui ne peut tolérer aucun niveau de risque et sait
que « ça pourrait arriver ».
Voici des exemples, avec des directives sur la manière de procéder lorsque ces cas se présentent.
• Les symptômes du client sont une réponse naturelle à une difficulté existentielle actuelle, et non l’expression d’un schéma
formé par un apprentissage émotionnel effectué plus tôt dans la vie.
Considérez, par exemple, un homme dans la cinquantaine, qui entame une psychothérapie pour soulager des
symptômes d’anhédonie, de tension musculaire et d’insomnie qui étaient occasionnels au départ mais sont qui
devenus chroniques. Le processus thérapeutique révèle que ces symptômes sont causés par son anxiété envers le
fait que son travail est en train de devenir obsolète et que son gagne-pain et son revenu vont bientôt disparaître,
lui qui a consacré sa vie à son travail tout comme ses parents l’ont fait. Il n’était pas conscient d’entretenir cette
importante anxiété envers cette situation existentielle, parce que l’une de ses manières de s’adapter dans la vie,
est de ne pas ressentir ses émotions.
Le thérapeute le guide pour qu’il ressente et verbalise la nécessité émotionnelle sous-jacente de produire son
anxiété, de la manière suivante : « C’est vraiment terrifiant pour moi de perdre bientôt mon travail et mes
revenus parce que je n’ai aucun moyen de les remplacer et je vais devoir vendre ma maison et réduire mes bien
drastiquement. »
Le thérapeute constate donc qu’aucune partie de cette vérité émotionnelle ne semble possible à infirmer, pour la
simple raison que, dans ce cas, le symptôme est une souffrance provenant d’une difficulté existentielle, avec peu
ou pas d’influence provenant d’un apprentissage émotionnel qui pourrait être désappris. Il n’y a rien qui
s’apparente, par exemple, à un schéma : « Perdre mon emploi veut dire que papa a toujours eu raison à mon
sujet: je suis trop irresponsable et je ne vais jamais réussir dans la vie. » Puisque son anxiété n’est pas associée à
une souffrance apprise ou une stratégie apprise pour éviter cette souffrance, elle est une réponse sans fonction
(bien que cohérente), et non un symptôme fonctionnel tel que conceptualisé en Thérapie de la cohérence. La
thérapie devrait alors s’orienter vers la normalisation des symptômes et de la peur de cet homme, de faciliter son
processus émotionnel (ce qui inclut le deuil des pertes qu’il anticipe) et l’encourager à aller chercher du soutien
émotionnel et pratique de la part de son entourage.
• Le travail de découverte est incomplet, et les éléments possibles à infirmer sont dans les couches plus profondes du
schéma pro-symptôme.
En guise d’exemple, considérez un homme dans la quarantaine qui entame une psychothérapie parce qu’il ne
peut plus éviter de reconnaître son patron d’échecs successifs. Le travail de découverte l’amène à ressentir et
verbaliser la nécessité émotionnelle d’empiler les échecs selon les termes suivants : « Je ne dois jamais réussir
parce que cela va détruire mon père et notre lien va être brisé, et ça serait beaucoup plus souffrant que la
détresse que je ressens maintenant devant mes échecs. Alors il faut que j’évite d’être compétitif et d’avoir des
succès. »
Cela dénote déjà que le client accède à une vérité émotionnelle puissante et profonde, et le thérapeute pourrait
présumer que cela constitue la totalité de son schéma pro-symptôme. Le thérapeute trouverait alors qu’aucune
partie de ce schéma ne semble possible à infirmer, parce qu’elle constitue une description entièrement juste de ce
que le client a appris de sa dynamique avec son père.
Toutefois, ce n’était pas la totalité du schéma pro-symptôme du client. Souvenez-vous de la ligne directrice, en
Thérapie de la cohérence, pour le travail de découverte : « et qu’est-ce qui se cache là-dessous ? » Les attentes de
cet homme envers le fait que dépasser les accomplissements de papa allaient rompre leur lien possédaient une
structure encore plus profonde qui était toujours implicite et était toujours à identifier, et
c’était ce matériel additionnel qui allait être révélé possible à infirmer. Voici quelques extraits du travail de
découverte qui montrent l’étendue de ce qu’il restait à dévoiler dans ce schéma :
• Comment le client sait-il qu’il faut s’attendre à ce que leur relation se termine de cette manière s’il dépasse
ses accomplissements ? Qu’est-ce que le client a vécu dans le passé qui le lui a montré et lui a appris qu’il
devait s’y attendre ?
• Peu importe ce que le client a vécu et qui lui a appris de s’y attendre, comment sait-il que cela s’applique
toujours dans sa relation avec papa ? A-t-il généralisé un patron qu’il a observé et qui ne s’applique plus
maintenant dans sa relation avec papa ?
• Comment cela fonctionne-t-il, exactement, que le fait de dépasser papa dans ses accomplissements va briser
leur lien ? En d’autres termes, à partir du moment où il pourrait dépasser papa, quelle serait l’enchaînement
d’événements (chaque détail, sans rien laisser de côté) qui mènerait à la rupture de leur relation ?
• Quels types d’accomplissements auraient cet effet sur papa ? Manger plus de gâteau que papa en est capable ?
Posséder une meilleure sécurité d’emploi ? Avoir un meilleur revenu ? Avoir une meilleure relation de
couple ?
• Est-ce que c’est la réaction de papa, lorsqu’il constate que le client l’a dépassé, qui briserait leur relation ?
• Est-ce que c’est le simple fait d’apprendre que le client l’a dépassé qui briserait leur relation, ou est-ce que
c’est l’attitude du client qui déclencherait cette réaction chez papa ?
• Est-ce que le client présume que papa apprendrait inévitablement qu’il a été dépassé ? Est-ce que le fils est
conscient de la possibilité de ne pas informer papa du fait qu’il a dépassé ses accomplissements ?
• Ou est-ce que leur relation serait plutôt brisée par un aspect de la réaction du client envers le fait de savoir
qu’il a dépassé papa ?
Le schéma pro-symptôme inclut tout ce qui pourrait être révélé en suivant les pistes de travail de découverte
listées ci-dessus. Certains des éléments additionnels révélés pourraient être possibles à infirmer.
• Le schéma possède en son centre un souvenir traumatique qui ne peut tolérer aucun niveau de risque et sait que « ça
pourrait arriver ».
Chez les clients qui présentent un comportement d’évitement très intense, l’apprentissage émotionnel sous-
jacent qui nourrit cet évitement est souvent initialement révélé comme étant, par exemple : « l’ascenseur pourrait
rester coincé et me garder prisonnier » ou « une abeille pourrait entrer par la fenêtre ouverte. » La connaissance
du client selon laquelle cela pourrait arriver est vraie, alors il n’est pas possible de trouver des connaissances
contradictoires qui infirmeraient cela.
Toutefois, comme dans la situation clinique illustrée ci-dessus, la connaissance selon laquelle cela pourrait arriver
ne constitue pas la totalité de l’apprentissage qui maintient l’évitement et la panique d’anticipation du client. Un
autre apprentissage est responsable de cette intensité émotionnelle, et lorsqu’il sera découvert et verbalisé, il est
possible de trouver des connaissances contradictoires pour lui.
En règle générale, l’apprentissage qui alimente la crainte et l’évitement se révèle être un souvenir traumatique
refoulé d’une expérience identique ou similaire. L’état refoulé du souvenir traumatique préserve sa qualité brute
et non traitée, ce qui inclut la terreur, le désespoir et l’impuissance. La dé-suppression du souvenir (de manière
assez graduelle pour que ce soit tolérable) révèle un ensemble d’éléments spécifiques, qui constituent chacun des
apprentissages spécifiques. Ce sont ces apprentissages auxquels peuvent correspondre des connaissances
contradictoires. Cette attente apprise de se retrouver impuissant devant un certain type de danger peut être
fortement infirmée de plusieurs manières. Le désapprentissage de l’attente de se retrouver impuissant dé-
traumatise le souvenir, et alors le fait que « ça pourrait arriver » ne réveille plus la terreur et l’évitement. La
technique de reconstitution est une méthode largement utilisée en thérapie du trauma pour créer des
connaissances contradictoires. Elle vise à créer une forte expérience d’auto-protection (non-impuissance) dans la
scène originale (pour un exemple de cas détaillé, voir Unlocking the Emotional Brain, pp. 86-91).
Tel que démontré dans ce volume et un autre publié par la suite, Memory Reconsolidation in Psychotherapy, les
étapes du Processus de Reconsolidation Thérapeutique font déjà partie de divers systèmes de psychothérapie où
elles sont identifiables de manière constante comme des précurseurs immédiats de changement transformateur.
Toutefois, dans la description d’un système de thérapie donné, les étapes ne sont pas identifiées ou
conceptualisées selon le processus de reconsolidation de la mémoire, et dans plusieurs cas elles ne sont pas
reconnues du tout.
La Thérapie de la cohérence est le seul système qui définit sa méthodologie de manière explicite en suivant
l’application de chacune des étapes du Processus de Reconsolidation Thérapeutique. Cette correspondance étape
par étape, illustrée dans le tableau ci-dessous, place le thérapeute dans la position optimale pour satisfaire les
exigences du cerveau pour qu’il vive un changement transformateur et ce, de manière constante dans la pratique
clinique quotidienne.
Juxtaposition du schéma
II. Séquence de 1. Réactivation de l’apprentissage
nécessitant la production du
transformation cible
symptôme et de la connaissance
2. Activation de la connaissance
contradictoire
contradictoire, décalage avec
l’apprentissage cible
Répétitions de la juxtaposition
3. Répétition du pairage en décalage
III. Séquence de V. Vérification de l’effacement de Vérification de l’annulation du
vérification l’apprentissage cible schéma
• Cessation du symptôme • Cessation du symptôme
• Non-réactivation de • Non-réactivation du schéma
l’apprentissage cible • Maintien sans effort
• Maintien sans effort
Copyright © 2018 Coherence Psychology Institute
61
Niveaux de changement, types de thérapie
Thérapies amenant des changements de 1er ordre
• La cible du changement se situe au niveau des construits de 1er ordre : les symptômes eux-mêmes.
• Stratégie: prévenir l’occurence des symptômes en enseignant des modes de réponse alternatifs plus
désirables (comme des techniques de relaxation, des habiletés de communication, des croyances
positives, etc.).
• Aucun travail sur les réalités émotionnelles sous-jacentes qui rendent les symptômes nécessaires à
produire : le schéma pro-symptôme demeure intact.
• La cible du changement se situe au niveau des construits de 2è ordre : le sens construit attribué à une
situation concrète.
• Stratégies :
(a) Prévenir l’occurence des symptômes en développant l’insight du client face à une difficulté non-
résolue de sa vie qui se réactive, pour que le client sépare rationnellement le passé du présent, qu’il
passe outre la tendance réactive qui prend racine dans cette difficulté de vie, et choisir un mode de
réaction plus constructif et approprié à la place.
(b) Prévenir l’apparition des symptômes en recadrant la situation problématique ; en amenant le client
à voir la situation sous un nouvel angle, dans un contexte altéré, pour que la situation prenne un sens
altéré qui déclenche une réponse différente, asymptomatique, chez le client. Le nouveau cadre doit
être assez fort pour supplanter la signification pro-symptôme inconsciente qui nécessite la production
d’une réponse symptomatique.
• Aucune transformation du matériel sous-jacent qui alimente et maintient les symptômes ; le schéma pro-
symptôme reste intact.
• Stratégie : dissoudre la base fondamentale de l’existence du symptôme en amenant le client à utiliser ses
capacités innées pour localiser, atteindre et désapprendre (annuler) les construits qui nécessitent la
production du symptôme, et qui ont été formés (appris) précédemment dans le cours de son
développement.
La résistance se présente sous deux formes principales, en réponse aux expériences de découverte,
d’intégration et de transformation des positions pro-symptôme :
Résistance consciente. Le client a déjà conscience de la raison pour laquelle il semble nécessaire de résister
à l’expérience que le thérapeute est en train de guider, et il peut exprimer un sentiment de menace ou de
détresse envers le matériel pro-symptôme émergent. Par exemple, le client exprime ressentir la peur
d’être envahi par ses émotion, ou de recevoir des jugements négatifs au sujet du matériel émergent, ou
d’être désorienté en étant abruptement séparé d’une image de soi familière.
Résistance inconsciente. Le client n’a aucune conscience de la raison pour laquelle la résistance se produit,
et il en est déconcerté. Par exemple, il a le syndrome de la page blanche, il a l’esprit embrouillé, il ne
ressent soudainement plus aucune connexion émotionnelle avec le matériel, ou il est soudainement
incapable d’exécuter une tâche proposée par le thérapeute. De telles résistances proviennent soit
directement de la position pro-symptôme inconsciente du client (et offrent donc une opportunité
thérapeutique pour effectuer immédiatement du travail de découverte) ou d’une position différente mais
proche qui garde volontairement le matériel pro-symptôme inconscient.
Juste une partie de vous. Certains clients arrivent à accepter de ressentir et s’approprier leur vérité
émotionnelle pro-symptôme seulement après avoir entendu le thérapeute dire : « Je sais que c’est
seulement une partie de vous, et je sais que d’autres parties de vous ont une vision très, très différente de
cela, et se sentent autrement. Mais même si d’autres parties désapprouvent vraiment cela, pensent que
c’est ‘irrationnel’ [ou égoïste, immature, etc.] nous avons besoin de savoir comment cette partie de vous
[pps] voit cela et comment elle se sent envers cela, parce que cette partie semble être en contrôle.
« C’est difficile à admettre, mais… » Dans la même veine, certains clients arrivent à accepter de
ressentir et verbaliser leur vérité émotionnelle pro-symptôme seulement si la verbalisation commence
par: « C’est difficile à admettre, mais… » La personnalité consciente a besoin que sa désapprobation du
matériel soit explicite pour ne pas donner la moindre impression qu’elle l’approuve.
Carte cognitive. Certains clients ont besoin de commencer par comprendre pourquoi il est nécessaire d’aller
vers le matériel qu’ils détestent (consciemment) et d’entrer en contact avec lui, même s’ils souhaitent s’en
débarrasser. Le fait de donner une explication brève et simple du rationnel de la Thérapie de la
cohérence lève généralement cet obstacle. Par exemple : « Vous avez essayé, pendant des années, toutes
sortes de stratégies pour que X disparaisse. Il y a une partie de vous qui continue à déclencher X, et cette
partie est apparemment plus forte que toutes les manières dont vous avez tenté de la supplanter et de
vous y opposer. Alors, si vous êtes d’accord, cessons d’essayer ce qui ne fonctionne pas. Essayons plutôt
de faire connaissance avec cette partie de vous. Cela va nous révéler les chemins du vrai changement,
que nous ne pouvons connaître avant d’y arriver. »
Étapes suffisamment petites. Cette simple technique s’applique lorsque le client indique d’une manière ou
d’un autre que le matériel pro-symptôme émergent semble accablant ou oppressant.
Le thérapeute nomme alors ce que le client perçoit comme matériel émergent (contenu, type d’émotion
impliquée, et spécifiquement comment ça se passerait inexorablement mal s’il s’y ouvrait). Une
complétion de phrase peut être utile : « Si je m’ouvrais à cela… » Le thérapeute fait alors un reflet sur sa
compréhension de ce que le client vient d’expliquer.
Créez de la juxtaposition. La première prise de contact consciente du client avec sa position pro-
symptôme (pps), incluant sa solution et les coûts élevés de cette solution (le symptôme), peut déclencher
une réaction de protestation : « Pas question ! Ça n’en vaut pas la peine ! » Cette résistance à
l’intégration et à l’appropriation de la pps est activée parce que la pps arrive dans le même champ de
conscience qu’une connaissance consciente qui est carrément en désaccord avec le modèle de solution
nécessaire de la pps. La connaissance consciente qui se montre spontanément sous forme de résistance
est le même matériel qui, s’il est amené pleinement en juxtaposition avec la pps, pourrait transformer la
solution de la pps et mettre fin à la production de symptôme. En conséquence, le thérapeute invite le
client à articuler de manière explicite la connaissance qui se cache derrière la protestation (exactement
comment et pourquoi la solution-pps est inacceptable) et guide ensuite une juxtaposition expérientielle
de cette connaissance aux côtés de la connaissance-solution pps.
Chacune des trois phase principales de la Thérapie de la cohérence peut rencontrer de la résistance
inconsciente :
1. Résistance aux expériences de découverte. Consciemment, le client veut coopérer et fait de son mieux,
mais la résistance bloque l‘expérience nouvelle de la réalité émotionnelle pro-symptôme que le thérapeute
veut créer chez le client.
La résistance inconsciente envers les expériences de découverte est un « non » qui s’oppose à ce que la
réalité émotionnelle pro-symptôme devienne consciente. Ce « non » se révèle souvent comme faisant partie
de la position pro-symptôme (pps) elle-même, ce qui fait de la réponse de résistance une opportunité
excellente pour engager la pps directement et l’amener vers une expression explicite. Tel que démontré dans
l’exemple suivant, cela est accompli en accueillant et en reconnaissant d’abord le « non » de la pps avec
empathie et respect.
Th : Dans toute votre vie, envers qui diriez-vous que vous ressentez la plus forte colère ?
Cl : Peut-être mon frère aîné.
Th : Seriez-vous d’accord pour vous l’imaginer, maintenant ? Bien. Et si vous êtes d’accord, essayez
de lui dire : « Je suis fâché contre toi, et je veux que tu saches pourquoi. »
Cl : OK. [Pause. Au thérapeute :] Ben, en fait, y’a beaucoup de choses qui me mettent en colère. Je
veux dire, dans le genre, pourquoi est-ce que je suis le dernier gars de l’atelier qui reçoit une
nouvelle boîte à outils du patron ?
Le thérapeute reconnaît ici la résistance envers l’expérience qui lui a été demandée, soit de ressentir plus
profondément sa colère envers son frère. Il applique ensuite la Thérapie de la cohérence à la résistance
elle-même :
a. Commentez de manière neutre sur la forme de résistance spécifique :
Th : Je remarque que nous nous sommes éloignés assez rapidement de cette colère envers votre
frère. Avez-vous remarqué cela ?
b. Continuez la découverte doucement mais avec insistance en ciblant la vérité émotionnelle qui sait
pourquoi il était nécessaire d’éviter cela précisément à ce moment :
Th : Je me demande si c’est important, d’une manière ou d’une autre, de ne pas révéler ou ressentir
votre colère envers lui. Pourrions-nous regarder cela ; la raison pour laquelle il pourrait être
important de ne pas révéler ou ressentir votre colère envers lui ? Je vous laisse deviner ce que cela
pourrait être.
c. La découverte culmine rapidement lorsque le client fait une déclaration ouverte sur la vérité
émotionnelle de sa résistance :
Cl : Si je lui montre moindrement ma colère, il va être détruit, et il va recommencer à boire, et ça va
être de ma faute. Alors il faut absolument que je cache ma colère envers lui, toute une vie de colère
accumulée en moi.
Cette position nouvellement consciente (la vérité émotionnelle de la résistance du client envers la
découverte de la pps) se révèle être en elle-même une pps qui maintient son symptôme de colère.
Cela illustre que la résistance envers la découverte donne souvent un accès direct à la pps, parce
qu’elle provient de la pps.
La technique de double dissociation est une autre manière fiable de travailler avec la résistance aux
expériences de découverte. La dissociation double est une manière spécifique de poursuivre dans la
même direction pour le travail de découverte, mais en utilisant des étapes suffisamment petites pour
qu’elles ne déclenchent plus de résistance. Dans l’exemple ci-dessus, le thérapeute pourrait l’avoir
utilisée en disant : « Peut-être que j’ai créé une étape trop grosse, en vous demandant d’imaginer que
vous dites à votre frère à quel point vous êtes fâché contre lui. Alors au lieu de cela, imaginez
simplement un gros écran de projection, et sur cet écran, il y a votre frère et vous ; et regardez-vous
sur cet écran en train de lui dire : ‘Je suis fâché contre toi.’ Et sur cet écran, voyez comment cela se
passe entre vous deux. [Pause.] Et, observez aussi pourquoi il est important de ne pas laisser cela se
produire. » L’accès en double-dissociation est habituellement possible à utiliser quand l’accès direct
ne l’est pas.
2. Résistance aux expériences d’intégration. Le client permet la découverte et vit une expérience
émotionnelle direct de son schéma émotionnel pro-symptôme, mais cela se coupe pendant ou rapidement
après la session. Cette résistance provient d’une connaissance ou position inconsciente selon laquelle
maintenir la conscience de la réalité émotionnelle pro-symptôme entraînerait des coûts ou de la détresse
impossibles à gérer. Tel que démontré dans l’exemple suivant, cette position anti-intégration co-existe avec
la pps, en y étant liée tout en restant distincte.
3. Résistance aux expériences de transformation : Si le schéma cible est toujours ressenti comme étant
vrai et est toujours facilement activé après avoir tenté une gamme d’expériences de juxtaposition bien
choisies (hautement spécifiques et riches d’un point de vue expérientiel), le thérapeute peut commencer à
considérer qu’il y a présence de résistance à la transformation.
Une telle résistance n’est pas consciente. Elle se produit si l’invalidation du schéma cible (la reconnaissance
qu’il n’est pas vrai) entraînerait une connaissance, une émotion ou une conséquence qui induirait trop de
détresse pour être acceptée, alors l’annulation du schéma est bloquée et le schéma demeure en force. Même si
le schéma cible est lui-même une source de souffrance, son annulation peut entraîner de la détresse de bien
des manières.
Alors, lorsqu’un schéma demeure en force même après que le thérapeute eut bien guidé une série
d’expériences de juxtaposition, le thérapeute considère la résistance envers la transformation comme étant le
symptôme en cours et il y applique la Thérapie de la cohérence. Le thérapeute commence doucement à
chercher la détresse spécifique qui serait entraînée par l’annulation du schéma. Le client est guidé à travers
de petites étapes tolérables afin de faire face à cette détresse et ainsi rendre le travail possible. Aussitôt qu’il
semble possible de reprendre l’expérience de juxtaposition, le thérapeute la réutilise et maintenant le schéma
pourra alors se dissoudre.
Copyright © 2018 Coherence Psychology Institute
66
Dissiper la résistance du client en Thérapie de la cohérence
(SUITE)
Les quatre types de cohérence du symptôme qui sont définis de manière générale à la page 29 s’appliquent
de la manière suivante aux clients qui présentent des symptômes d’anxiété, de panique ou de phobie (pour un
compte-rendu plus complet, voir les références 2000b et 2003).
C. L’anxiété exprime une vulnérabilité et une incertitude inconscientes mais réelles d’un
point de vue existentiel
Lorsque des sources d’anxiété valides sont refoulées et inconscientes, un large éventail de symptômes
peut en résulter. La Thérapie de la cohérence vise à rendre consciente(s) le(s) raison(s) conduisant le
client à refouler la conscience de son anxiété dans certains contextes. Cela le conduit par la suite à la
prise de conscience simultanée de ses sensations d’anxiété et de ce qui les provoque actuellement dans
sa vie. Ce processus normalise l’anxiété aux yeux du client.
Exemple C. Un client était régulièrement admonesté par son père pendant son enfance lorsqu’il
ressentait de l’anxiété, de la peur ou d’autres « faiblesses ». Afin d’éviter une telle humiliation et la
perte de l’amour de son père, le client refoule toute conscience de ressentir la peur envers quoi que ce
soit. Lorsque des situations anxiogènes se présentent, il enregistre des sensations physiques de
tension sans aucune conscience de la peur et aucune reconnaissance du danger. En réponse à la
Thérapie de la cohérence, il fait l’expérience de son vrai dilemme : « Papa me dénigre quand je
ressens à quel point la vie peut devenir effrayante » et au lieu de tenter de résoudre ce dilemme en
refoulant ses peurs, il accepte maintenant de reconnaître et de ressentir ses peurs, tout en les
dissimulant volontairement pour que papa ignore leur existence, et en acceptant sa propre tristesse
au sujet des limites de papa dans son rôle de père.
Symptômes. Préoccupation continue, intensément anxieuse, au sujet de la santé d’une fille âgée de 20 mois,
dont la condition médicale à la naissance menaçait sa vie, mais qui est maintenant hors de danger.
Contexte découvert relié au symptôme : La cliente a été profondément malheureuse pendant toute son
enfance en raison de son père continuellement « cruel », colérique et critique qui n’exprimait « jamais »
d’affection et qui ne posait jamais un regard positif sur elle.
Pps découverte et verbalisée en session : « Ça fait juste tellement mal, ça m’étouffe, de sentir quoi que ce
soit envers mon père. Et ça s’en va si je m’inquiète de mon bébé. »
Le symptôme a une fonction : Son anxiété est un état-écran hautement efficace qui est directement le
moyen d’accomplir son objectif d’éviter toute conscience des émotions douloureuses au sujet de son père.
2è Ordre (INCONSCIENT) La maladie de mon bébé est quelque chose dont je peux
Signification de la situation m’inquiéter constamment et cela va occuper toute mon
concrète attention.
Résultats : La cliente a réalisé que, lorsqu’elle choisit de ne pas refouler sa douleur et son deuil envers son père,
elle se libère de l’anxiété. (La cliente cesse de produire le symptôme quand elle n’en a plus besoin.) La cliente
a ensuite poursuivi avec un travail sur le processus de deuil.
Symptômes : Attaques de panique quotidiennes qui sont déclenchées, par exemple, par le fait de constater que
son conjoint, qui rentre à la maison en voiture, est légèrement en retard. Elle l’imagine en train d’avoir un
accident et la panique monte rapidement. Elle éprouve le même genre de panique avec ses proches. Elle sent
en permanence « un fort sentiment de danger ». Éviter les dangers est « comme une guerre ». Les attaques
de panique ont commencé il y a 5 ans. Elles ont « remplacé des dépressions » qui duraient des semaines et
elles se sont intensifiées après un tremblement de terre.
Contexte découvert relié au symptôme : Les parents étaient des chrétiens « très religieux ». Depuis
l’enfance elle se sent « très désintéressée de la religion ». Elle se considère comme une agnostique endurcie
et trouve cela difficile parce que « cela donne une vision chaotique du monde. Si on ne croit pas en Dieu, on
ne sait pas ce qui contrôle les choses. »
Pps découverte et verbalisée en session : « Si je ne m’inquiète pas, c’est comme si je croyais que je suis
éternelle et que rien ne va m’arriver… et le fait d’entretenir cette croyance va certainement attirer le malheur.
Je sens vraiment que si je panique, j’empêche le malheur d’arriver. J’ai l’impression de croire que je peux
m’en tirer et que rien ne va arriver si je souffre, tout simplement. »
Le symptôme a une fonction : La souffrance qu’elle ressent en paniquant est, en elle-même, la manière
directe d’atteindre son objectif de protéger sa famille d’un malheur impossible à contrôler.
ORDRE DE CONSTRUIT
CONSTRUIT (connaissance non-verbale verbalisée après être devenue
consciente)
Contexte découvert relié au symptôme : La famille d’origine était largement organisée autour des
préoccupations anxieuses et persistantes quant à la fragilité émotionnelle et physique de la mère. Enfant, la
cliente se faisait régulièrement rappeler que le fait de causer le moindre problème ou stress pouvait affecter
sa santé de manière possiblement fatale. Plusieurs incidents auraient, en apparence, confirmé cela de manière
frappante et terrifiante.
Pps découverte et verbalisée en session : « Si je fais la mauvaise chose et que cela te dérange, ça pourrait
te tuer, et ça serait entièrement de ma faute, alors il faut que je passe inaperçue. » La nouvelle position à son
emploi, aux antipodes de cet objectif (avoir visiblement une influence majeure sur les autres plutôt que de
passer inaperçue) est tellement dangereuse et terrifiante qu’elle justifie la panique.
Le symptôme présenté est sans fonction : Sa panique n’est pas en elle-même le moyen direct d’atteindre
son objectif de s’empêcher de faire du mal aux autres. Son symptôme inconscient, non présenté, d’éviter
d’attirer l’attention et d’avoir une influence a cette fonction, et sa panique est un sous-produit de l’échec
d’éviter d’attirer l’intention ou d’avoir une influence.
ORDRE DE CONSTRUIT
CONSTRUIT (connaissance non-verbale verbalisée après être devenue
consciente)
Résultats : Cessation permanente des attaques de panique après la 4è session ; 5 sessions au total.
Contexte découvert relié au symptôme : La cliente a grandi dans un environnement très strict sur le plan
religieux, avec des rôles très stéréotypés et des définitions dichotomiques du bien, du mal et de leurs
conséquences prévisibles et catastrophiques.
Pps découverte et verbalisée en session : « Je suis censée vivre ma vie comme une Bonne Fille. Je refuse
de renoncer à ça! Si je me défends, si je riposte, je vais avoir l’air d’une perturbatrice ou d’une folle et je ne
serai plus une Bonne Fille. Alors je ne vais pas être une battante, je ne vais pas me défendre, même si ça me
met terriblement en danger et sans défense pour moi et les miens, et que je suis envahie par l’anxiété. »
Le symptôme présenté est sans fonction : Son anxiété n’est pas, en elle-même, la manière d’atteindre son
objectif d’être la Bonne fille et d’avoir la protection qui est due à la Bonne Fille dans sa vie. Son symptôme
inconscient, non présenté, de ne pas se défendre même sous attaque est celui qui a cette fonction, et son
anxiété est le sous-produit de cet état sans défense.
Résultats. Au suivi de 6 mois, la cliente a rapporté qu’après une seule session elle a immédiatement commencé
à se défendre en prenant des actions affirmatives, de sorte que son intense anxiété et son sentiment de
vulnérabilité ont été « largement éliminés ».
Ce blâme dirigé vers soi, qui est en accord avec le message négatif reçu au sujet de soi, est cultivé dans un
but pleinement cohérent et inconscient : être d’accord permet d’éviter des épreuves émotionnelles encore
pire, épreuves conséquentes au fait de ne pas être d’accord et de ne pas accepter de porter une image de soi
négative. Cette dernière permet d’éviter efficacement des expériences encore pires, expériences que vous
retrouverez énumérées ci-dessous.
Le passage du temps n’altère pas cette configuration : même des décennies plus tard, les épreuves évitées
réapparaissent dans l’expérience de la personne lorsqu’elle cesse d’invoquer l’image de soi négative. C’est
pourquoi le faible sentiment de valeur personnelle est un symptôme particulièrement tenace: sans lui, de
nombreuses souffrances particulièrement bouleversantes sont brusquement ressenties.
Objectif inconscient pour créer et maintenir une Épreuve évitée par l’image de soi négative et
image de soi négative immédiatement retrouvée sans elle
1. Entretenir la connexion avec les parents en Perte terrifiante d’un espace partagé et de la connexion
partageant leur définition de la réalité; en étant émotionnelle avec les parents; réalisation douloureuse de ne
d’accord avec leur définition négative de moi. pas être vu ou reconnu par les parents.
2. Maintenir le sentiment d’avoir le pouvoir de Terrifiante impuissance à faire arrêter les abus.
faire cesser les abus (c’est ma faute, je pourrais
l’arrêter en ayant assez de valeur pour mériter de
l’amour).
4. Éviter toute conscience de trahison de la part des Fort sentiment de trahison de la part de mes parents dans
parents (si je suis d’accord que je n’ai pas de la manière dont ils m’ont fait mal et en me renvoyant une
valeur/suis inadéquat/suis stupide/etc. alors il n’y a image négative de moi ; l’image de mes « bons » parents
eu aucune trahison: je méritais d’être traité ainsi). éclate.
5. Éviter d’avoir conscience de réaliser seulement Deuil douloureux et intense de réaliser à quel point je suis
une petite partie de mon potentiel (si je suis passé à côté de ce que ma vie aurait pu être parce que j’ai
d’accord que je n’ai pas de valeur/suis vécu selon une fausse image négative de moi-même.
inadéquat/suis stupide/etc. alors aucun potentiel
La liste continue…
n’a été perdu).
Objectif inconscient pour créer et maintenir une Épreuve évitée par l’image de soi négative et
image de soi négative immédiatement rencontrée sans elle
6. Se protéger des coups, des attaques, des échecs (si Forte prise de conscience des risques plus élevés de vivre un
je suis d’accord que je suis échec, de recevoir de la critique ou du rejet, et sentiment
incompétent/stupide/etc. alors je ne vais pas intense d’être vulnérable à recevoir de tels coups.
m’exprimer ou essayer de faire quoi ce que soit, ce
qui me garde en sécurité).
8. Maintenir une vision du monde, de la nature Une crise de sens quant à un monde qui permet qu’un soi
humaine, de l’univers et/ou de Dieu comme valable et bon puisse être abusé, ou une crise de foi quant à
étant justes, sensibles, bons, ordonnés (ce qu’ils la nature humaine celle de Dieu/de l’univers.
sont si je suis d’accord avec le fait que la manière
dont j’ai été traité était due à ma propre valeur
déficiente).
11. Rechercher l’enfance qu’on me doit : Si je crois Faire le deuil d’avoir été privé d’une enfance insouciante ;
que je ne suis pas capable d’accomplir grand chose, lâcher prise sur la quête impossible de vivre l’expérience
on ne me demande rien, on ne me fait vivre aucune d’un enfant insouciant.
pression, et je peux vivre l’enfance insouciante
qu’on m’a volée.
12. Pseudo-repentir : Je me considère sans valeur ou Authenticité, regard honnête sur soi, et des conflits de
méchant afin de faire les mauvaises actions que je conscience, d’intégrité, de valeurs.
veux faire, et préserver mon sentiment d’être une
La liste continue…
bonne personne; une mauvaise personne ne se
sentirait même pas coupable de cela.
13. Désidentification. En me sentant incapable, non- Lutte intérieure contre l’Ombre: honte et/ou haine de soi en
confiant, et négatif envers moi-même, je m’assure constatant que les traits de caractère horribles du parent ou
que je ne suis pas un monstre insensible et du membre de la fratrie qui ont perpétré les abus sont
arrogant comme [Papa, Maman, frère ou soeur]. présents en soi.
14. Préserver une identité, des rôles et des Perte d’un sentiment familier de soi, et de rôles et patrons
schémas interpersonnels et envers la vie qui relationnels coutumiers.
sont familiers et entretenus depuis toute la
vie.
Dans le verbatim suivant, une expérience de découverte révèle l’un des objectifs de Jeff quand il entretient
une image de soi négative. La technique de découverte utilisé est la privation de symptôme.
Résumé : La privation de symptôme a généré une expérience visuelle et kinesthésique directe de perdre la
connexion familière avec le père lorsqu’il est dans une position d’image de soi positive. La position de faible
estime de soi est nécessaire pour préserver son lien original avec le père.
Étape 1. Orientation. Dites au client : « Dans quelques minutes, vous allez constater par vous-même que dès
que vous entretenez des pensées et sentiments négatifs envers vous-même, vous le faites parce que faire le
contraire ferait surgir quelque chose d’encore pire. C’est d’ailleurs le cas pour tout le monde. Cette
compréhension est la clé que nous allons utiliser encore et encore pour créer les expériences qui vont
changer ce schéma. »
Étape 2. Détails. Demandez au client de se remémorer une expérience concrète et représentative de son
faible sentiment de valeur personnelle, comme si elle était en train de se produire maintenant, et de décrire
dans les détails les manifestations internes et externes de ce qui se passe. Facilitez l’expression des
jugements négatifs tels que « sans valeur », « stupide », « imposteur », « inadéquat », etc.
Étape 3. Message reçu. Demandez au client : « Dans les débuts de votre vie, quels étaient les
comportements spécifiques de vos parents, ou d’autres personnes qui, pour vous, envoyaient vraiment le
message que vous êtes ‘sans valeur’ ? Pourriez-vous me les décrire comme si vous étiez en train de voir la
scène se dérouler sous vos yeux maintenant ? »
Étape 4. S’approprier l’acquiescement. Invitez le client à visualiser les parents (et/ou les autres qui l’ont
significativement maltraité pendant l’enfance) et, en les regardant, de « faire l’essai » de penser : « Vous
pensez que je n’ai pas de valeur [ou que je suis stupide, etc.], et je le pense aussi. Je suis d’accord avec vous
que je n’ai pas de valeur. Je pense la même chose que vous à mon sujet. » Faites répéter une seconde fois.
Ensuite, demandez au client : « Est-ce que cela semble vrai ? » Si le client entre en résistance, suggérez cette
variation : « C’est difficile à admettre, mais je suis d’accord avec vous » ou « Même si je pense différemment
intellectuellement, dans mes émotions je suis d’accord avec vous; je pense aussi que je n’ai pas de valeur. »
Étape 5. Privation de symptôme. « Ok, prenez une grande respiration et laissez partir tout cela… Voyons
ce qui se passe si, dans votre for intérieur, vous n’êtes pas d’accord avec leur vision négative de vous. Juste
pour une minute ou deux, voyez ce que ça fait de les regarder, et de les voir depuis une position dans laquelle
vous savez que vous êtes très bien, que vous êtes adéquat et que vous avez de la valeur, avec un équilibre
normal de forces et de faiblesses comme nous en avons tous. Pas besoin de prouver quoi que ce soit ; vous
savez simplement que vous êtes un être humain correct, alors que vous les regardez. Observez l’expérience
qui se présente si vous les regardez en sachant que vous êtes ok, en étant secrètement en désaccord avec leur
vision négative de vous, en sachant qu’ils se trompent à votre sujet. Voyez si vous pouvez avoir un aperçu de
ça. » Persistez.
Le client fait l’expérience d’une forme de perte ou de détresse, qu’il décrit (par exemple, une image ou un
sens kinesthésique d’une connexion grandement diminuée ou une impression lancinante de deuil) et qui
vient du fait d’être en relation avec les parents depuis une position de valeur personnelle positive. C’est
l’émergence initiale d’un dilemme inconscient et terrible que le client évite en maintenant son image de soi
négative. Dans la position pro-symptôme du client, l’objectif inconscient de l’auto-dévalorisation est
l’évitement de la perte ou de la détresse qui fait maintenant surface.
Complétez la privation de symptôme en reflétant au client son expérience. Par exemple : « Ok, vous avez
essayé de vous laisser sentir votre valeur personnelle et immédiatement, vous avez constaté que vous laisser
sentir votre valeur personnelle amène cette [perte de connexion, ce deuil douloureux, etc.]. »
Étape 6. Alternance. Invitez le client à prendre une respiration d’ancrage, et recommencez à regarder ses
parents en ayant à nouveau les pensées et sentiments de faible valeur personnelle. Ensuite, demandez au
client si la perte ou la détresse spécifiques qui s’est présentée dans l’Étape 5 est encore présente. Le client
rapporte qu’elle n’est pas présente. Faites un récapitulatif verbal et succinct des descriptions du client; par
exemple : « Ce que j’entends c’est que, si vous restez dans ce sentiment de non-valeur, alors dans votre
vision Papa est très proche et pas mal grand, et votre sentiment de connexion avec lui est pleinement
présent. Mais si vous vous écartez du sentiment d’être sans valeur et que vous savez que vous êtes ok, alors
il n’est plus aussi proche, il s’éloigne ou rapetisse, et votre sentiment de connexion semble diminué, il y a
beaucoup plus de distance. Est-ce cela ? »
Étape 7. Déclaration ouverte d’intégration. Demandez au client de dire à haute voix sa propre
déclaration ouverte de la vérité émotionnelle qui a été découverte dans les étapes précédentes, tout en
visualisant le(s) parent(s) à une certaine distance pour qu’ils n’entendent pas. Construisez de manière
collaborative les phrases pour qu’elles saisissent adéquatement toute l’intensité et la tragédie de ce qui est en
jeu pour le client. Par exemple : « Papa, si je sais que je suis ok, alors on dirait que tu ne me connais pas du
tout et que tu ne m’as jamais vraiment connu, et je me sens tellement déconnecté de toi, et c’est tellement
terrifiant [ou tellement triste, ou ce qui est juste pour le client] que ça vaut la peine de sentir que je n’ai pas
de valeur, parce qu’alors je reste connecté avec toi. Alors, nous sommes dans la même réalité, nous me
voyons de la même façon. » En intégrant cette vérité émotionnelle, le client saisit que, pour s’éloigner de la
faible valeur personnelle, il fait face au grand dilemme de la séparation-individuation, alors il a recours à des
pensées et des sentiment de non-valeur non pas parce qu’elles sont vraies, mais pour éviter la rupture de la
connexion ressentie avec son père, ce qui le ferait se sentir bien plus seul au monde.
Étape 9. Transformation. Au cours du processus d’intégration, il devient de plus en plus clair et tangible
pour le client qu’il produit des pensées et émotions de non-valeur non pas parce qu’elles sont vraies, mais
parce qu’elles bloquent complètement toute conscience de dilemmes existentiels et extrêmement douloureux
(voir la liste au début de cette section). Au début du processus de découverte, ces dilemmes peuvent être trop
douloureux et dérangeants pour accéder à la conscience plus d’un court instant à la fois, mais ils deviennent
plus tolérables avec le temps. Finalement, quand le client n’a plus besoin d’éviter d’en faire l’expérience et
interagit directement avec eux, il ne s’engage plus dans l’auto-dénigrement parce que le seul objectif de cela,
l’évitement, n’existe plus.
NOTE : Cette procédure doit être suivie pour chaque objectif actif et inconscient d’auto-dévalorisation
du client (voir la liste). Ce processus de session en session pour travailler avec ces divers objectifs
distincts est typiquement non-linéaire. Le thérapeute doit donc suivre attentivement chacun des thèmes
simultanément présents qui ont émergé et qui sont à différents stades de
découverte/intégration/transformation.
Exemple
Chaque objectif d’auto-dévalorisation (voir la liste aux pages 72-74) représente une position pro-symptôme
distincte. Voici une hiérarchie de construits pour la position pro-symptôme dans laquelle l’objectif est de
préserver la connexion avec les parents.
3è Ordre (INCONSCIENT) Je dois rester en connexion avec papa à tout prix ; je dois
Stratégies et objectifs généraux penser, me sentir et me comporter de façon à conserver une
réalité émotionnelle commune avec lui ; je dois être d’accord
avec sa vision de moi.
4è Ordre (INCONSCIENT)
Nature du soi/des autres/ Ma survie est entièrement dépendante de ma connexion avec
du monde (ontologie) mes parents. La déconnexion est l’horreur et la mort.
1. Accompagnement apaisant. Pour plusieurs clients, entrer en contact avec leur matériel pro-symptôme
par eux-mêmes entraînerait des sentiments de solitude et/ou de peur qui seraient intolérables. Le fait
d’être accompagné par un thérapeute réduit grandement ces émotions intimidantes, et le contact avec le
matériel devient possible.
2. Favoriser l’alignement du néocortex et du système limbique. Entrer en contact par soi-même avec du
matériel émotionnel inconscient (sans la présence du thérapeute) pourrait, pour bien des clients, résulter en
une simple fusion avec le matériel bouleversant et revisiter la souffrance familière avec impuissance dans son
intensité originale ; un plongeon dans le système limbique sans conserver le soi néocortical, adulte,
observateur. En contraste, être en interaction empathique avec le thérapeute tout en s’engageant dans le
matériel troublé, pro-symptôme, facilite l’ancrage du client dans son soi adulte, observateur, ce qui a deux
impacts cruciaux :
(a) Tel que vécu par le soi adulte du client, le matériel est maintenant tolérable (alors qu’il est
intolérable s’il fusionne simplement avec lui) et le client peut s’ouvrir à lui et permettre son
intégration.
(b) Aller à la rencontre du matériel depuis une perspective d’adulte permet au client de
reconnaître de manière méta-cognitive les significations qui génèrent les symptômes
(construits pro-symptômes) qu’il a formées à l’origine, ce qui prépare leur transformation.
3. Utiliser le transfert. Avec certains clients, utiliser le transfert est un bon moyen pour découvrir et
transformer la position pro-symptôme (voir pp. 81-82).
4. Créer l’expérience du bien-être neuro-affectif. En faisant la pleine intégration d’une position pro-
symptôme, peu importe son contenu spécifique, le client en Thérapie de la cohérence fait l’expérience :
• d’une profonde connexion avec soi • d’être vu, entendu, intimement compris, honoré et
• d’une vraie cohérence du soi validé dans ce même niveau vulnérable de profondeur
• d’une authenticité profonde du soi par un autre être humain (le thérapeute)
Alors qu’il se trouve en connexion simultanée avec le soi et avec l’autre, le système limbique du client et son
cerveau droit sont significativement ramenés à un état original de bien-être : calme, non-défensif, un
membre à part entière de la famille humaine. L’expérience de cet état, qui est un résultat inhérent de la
méthodologie de la Thérapie de la cohérence, est un objectif important des thérapies qui ont une orientation
neurobiologique sur la théorie de l’attachement (tel que préconisé, par exemple, par Diana Fosha, Allan
Schore et Daniel Siegel).
Bien que l’utilisation de la relation thérapeute-client soit toujours une option en Thérapie de la cohérence
(voir le paragraphe suivant, « Transfert du client: quand faut-il diriger le travail sur lui »), la méthodologie
ne requiert pas, en général, de travailler avec la relation client-thérapeute ou d’amener l’attention sur le
transfert du client. Avec la majorité des clients, ni le symptôme présenté, ni le matériel sous-jacent qui
l’alimente (la position pro-symptôme) n’interviennent de près ou de loin dans l’expérience relationnelle du
client avec son thérapeute. Avec de tels clients, il peut devenir absurde de tenter de résoudre le problème
présenté en misant sur la relation thérapeute-client. La Thérapie de la cohérence induit le client à entrer
dans un bien-être neuro-affectif, que l’accent soit mis ou non sur la relation thérapeute-client, selon ce qui
est approprié pour dissiper le problème présenté.
Transfert « A » : Le client développe une réaction de transfert envers le thérapeute qui est identique au
symptôme présenté (le client réagit au thérapeute à partir de son symptôme).
L’activation du symptôme présenté dans le transfert, comme toute autre activation du
symptôme en temps réel dans une séance, est la condition la plus opportune de travail
avec la position pro-symptôme, même mieux que celle en imagerie (la méthode
habituelle).
Transfert « B » : Le client développe une réaction de transfert envers le thérapeute qui est différente du
symptôme présenté et qui contrecarre le travail sur le symptôme présenté.
Étape 1. Indices de transfert. Observez les comportements du client qui indiquent possiblement qu’une
réalité émotionnelle non-reconnue soit activée dans la relation avec vous. Par exemple, le client devient
soudainement silencieux et fait moins de contact visuel que d’habitude.
Étape 2. Reflétez les indices de transfert et encouragez la verbalisation. Par exemple : « Je voudrais
juste mentionner que vous semblez particulièrement silencieux aujourd’hui, et vous me regardez moins
que d’habitude. Peut-être que ce n’est rien, mais je me demande s’il se passe quelque chose. » N’offrez
aucune interprétation.
Persistez si le client ne se dévoile pas facilement : « Si ce n’est rien, ou si c’est quelque chose que vous ne
souhaitez vraiment pas qu’on aborde, ok. Mais j’espère que vous allez vous sentir libre de dire ce que
c’est, s’il se passe effectivement quelque chose. Peut-être que c’est quelque chose que vous avez besoin de
me dire. »
Étape 3. Empathie et reflet. Le Thérapeute répond : « Je vois… quand j’ai dit [ceci et cela] la dernière
fois, vous avez vraiment entendu cela comme si j’étais en train de vous dire que je ne vous voulais plus
comme client et que j’allais probablement cesser de vous voir ; que j’allais vous abandonner. Et
naturellement, vous ressentez de la peur et vous êtes en colère contre moi à cause de cela. Hé bien, je
suis vraiment content que vous me l’ayez dit, je l’apprécie. »
Étape 4. Invitez une déclaration ouverte. Le thérapeute continue : « Hé bien, je voudrais que vous ayez la
satisfaction de vraiment exprimer la pleine vérité émotionnelle de cela, directement à moi. Peut-être
quelque chose comme : ‘Bruce, ce que vous avez dit veut dire que vous voulez m’abandonner et
maintenant je suis terrifié que vous le fassiez, et je suis vraiment en colère contre vous à cause de cela.’
Ou utilisez les mots qui l’expriment le mieux. » Le thérapeute reçoit la déclaration ouverte du client
avec une compréhension empathique.
Étape 5. Prendre le blâme. Le thérapeute présente ses excuses soit pour ne pas avoir réalisé que les propos
tenus pouvaient suggérer « l’abandon » et causer de la détresse, soit pour un réel manque de sensibilité
ou une erreur identifiée par le client. Procédez avec le client jusqu’à ce qu’il se sente entendu, validé, et
rassuré.
Étape 6. Demandez « Qui d’autre ? » Dites au client : « Vous savez, pendant toute notre discussion à ce
sujet, je me suis également demandé s’il y avait une autre personne dans votre vie, avec qui cela sonne
aussi vrai, ou avec qui cela a déjà semblé vrai, de dire la même chose que vous venez de me dire : ‘Tu
veux m’abandonner, et maintenant j’ai peur que tu le fasses, et je suis vraiment en colère contre toi à
cause de ça.’ Est-ce que le fait de dire ça vous semble familier au sujet d’une personne en particulier, dans
votre vie ? » Le client identifie un parent, un frère ou une soeur, ou une autre personne clé.
Étape 7. Invitez une déclaration ouverte. Demandez au client : « Je me demande si vous seriez d’accord
pour le/la/les visualiser, et d’essayer de dire ces mots directement à lui/elle/eux. » Le client s’exécute et
entre directement dans l’expérience plus profonde des thèmes interpersonnels sous-jacents qui étaient
projetés sur le thérapeute. Ensuite :
(a) Si le transfert incluait la production de symptôme, ce matériel est la position pro-symptôme du
client. Continuez à la découvrir, l’intégrer et la transformer.
(b) Si le transfert n’incluait pas le symptôme présenté, le client et le thérapeute décident maintenant s’ils
souhaitent en faire une cible additionnelle pour la Thérapie de la cohérence.
Note : La technique « Qui d’autre ? » peut être utilisée comme une technique de découverte de pps et pour
une intégration initiale lorsque le symptôme présenté du client est une réaction existante envers le/la
partenaire, le/la supérieur(e), etc. Amenez le client à faire une déclaration ouverte de la réaction existante,
comme dans l’étape 4, et ensuite effectuez le « Qui d’autre ? » comme dans les étapes 6 et 7.
Le processus utilisé par le thérapeute pour appliquer la méthodologie de la Thérapie de la cohérence pendant
la session entière est décrite étape par étape dans les pages suivantes. En utilisant cette procédure, vos
sessions vont cerner rapidement le matériel sous-jacent qui nécessite la production du symptôme.
Exercice d’apprentissage sur toute une session. L’une des étapes majeures de l’apprentissage du thérapeute
en formation est d’effectuer des sessions de pratique en suivant ce mode d’opération pour toute la session. Le
client devrait être un collègue thérapeute qui présente soit une problématique (d’intensité légère) qui lui
appartient, soit qui joue le rôle de l’un de ses clients.
N’hésitez pas à vous référer aussi souvent que nécessaire aux instructions pendant votre session. Il est
particulièrement important de vous souvenir que :
·C’est un exercice qui vise principalement à maintenir l’orientation pro-symptôme, un objectif fondamental de cette
thérapie, pour une session entière, de manière continue. Il vise à trouver la manière dont il est nécessaire de
produire le symptôme et de l’habiter complètement.
Cela veut dire: ne faites rien, ne dites rien, qui vise à faire opposition au symptôme, à le régler ou le prévenir ; ne
fournissez pas de croyances ou comportements alternatifs, d’outils de communication, de techniques
pour se calmer, etc. En Thérapie de la cohérence, vous ne devriez jamais sentir que vous êtes en train
d’essayer de faire en sorte que les clients arrêtent d’être ce qu’ils sont, ou de tenter de les amener à être ce
qu’ils ne sont pas.
·C’est aussi un exercice visant à créer des expériences de découverte et d’intégration de la position pro-symptôme
du client (pps). Cela veut dire qu’il ne faut ni expliquer ni interpréter la pps au client. Votre tâche est
d’amener le client vers sa propre expérience subjective et directe de la pps, en utilisant les techniques de
base.
Voici le mode d’opération pour une première session de thérapie pour un nouveau problème ou symptôme, que
ce soit avec un nouveau client ou un suivi en cours. (La deuxième session et les suivantes commencent
différemment que pour les étapes 1-2, mais les étapes 3-7 s’appliquent. Voir p. 82.)
• est un construit-clé dans la pps du client et vous voulez mettre cet élément en juxtaposition saisissante
avec un morceau de réalité incompatible qui l’infirme expérientiellement ;
mais soyez vigilant envers vos propres réflexes de correction, qui vous amèneraient à tenter la
transformation trop tôt, dans une tentative de vous débarrasser du matériel pro-symptôme plutôt que
d’amener le client à se l’approprier, l’accueillir, vivre avec elle, l’intégrer. Même si la pps semble se
transformer spontanément, en règle générale le mieux est de continuer à créer des expériences
d’intégration de la pps, ce qui rend le processus de transformation plus rigoureux.
5. Planifiez la manière dont vous allez créer le type d’expérience que vous avez choisi à l’étape
—en vous laissant sentir la manière naturelle dont vous avez envie de le faire. Restez immobile, habitez votre
intention de créer le type d’expérience que vous avez choisie à l’étape 4, et laissez votre connaissance
intuitive de la façon de le faire apparaître en vous de la même manière que vous savez quel bras utiliser pour
ouvrir une porte. Faites confiance à ce qui vient.
Si vous avez besoin de consulter une liste de techniques, faites-le (p. 88 pour une carte-rappel), mais faites-le
seulement pour faciliter votre choix intuitif, pas pour rester dans votre tête et déterminer intellectuellement
quelle technique est la « bonne ».
Ensuite, procédez avec la technique que vous avez choisie pour créer le type d’expérience que vous avez
choisie à l’étape 4.
6. Répétez les étapes 3, 4 et 5 (encore et encore, jusqu’à ce qu’il reste 10 minutes à votre
session)
Le but du travail de découverte et d’intégration est de trouver l’objectif bien défini de la position pro-
symptôme du client.
(a) Le matériel de la tâche est resté L’intégration fut un succès. Passez maintenant aux étapes 3-6
vivant et vrai émotionnellement, le client du processus de Thérapie de la cohérence des pages 84-85.
est resté en contact avec lui et l’est
toujours.
(b) Même chose que (a), et en plus de L’intégration fut un succès. Passez maintenant aux étapes 3-6
cela, la tâche l’a conduit à une plus du processus de Thérapie de la cohérence des pages 84-85.
grande prise de conscience ou a produit
un changement de perspective, d’humeur
ou de comportement.
(c) Le matériel de la tâche a cessé d’être Demandez au client : « Est-ce que la formulation posait
ressenti comme vrai lors de ses lectures, problème d’une manière ou d’une autre ? » « Comment
et donc le client s’est désengagé de cette formuleriez-vous l’énoncé pour qu’il sonne vrai ? » Si
tâche. nécessaire, faites un retour sur le travail qui a été fait dans la
session précédente et qui a mené au matériel de la tâche.
Persévérez dans la re-connexion jusqu’à ce que le matériel
résonne à nouveau d’un point de vue émotionnel, pour le
client. Ensuite, passez aux étapes 3-6 du processus de
Thérapie de la cohérence des pages 84-85.
(d) Le matériel de la tâche a continué à C’est une indication de résistance à l’intégration ; une position
sembler vrai sur le plan intellectuel, mais encore non-reconnue existe, dans laquelle il est nécessaire de
il a cessé d’être ressenti comme étant ne pas être en contact émotionnel avec le matériel de la tâche.
vrai, réel et vivant. Il s’est affaissé. Dites au client : « Voyons si certaines parties de cette tâche
étaient une étape trop grosse pour une raison que nous
n’avons pas saisie, ou nous amenaient dans une direction
(e) Le client a très peu fait la tâche, ou inconfortable pour vous. » Ensuite, en considérant
pas du tout, il peut savoir pourquoi ou temporairement la résistance comme le symptôme, effectuez la
non, ou bien le client a « oublié » la Thérapie de la cohérence sur la résistance jusqu’à ce que la
tâche. vérité émotionnelle de la résistance (pourquoi il est nécessaire
de la produire) est trouvée et transformée (voir pp. 62-66).
Cela peut prendre 3 minutes ou 3 sessions. Ensuite, retourner
votre attention sur le matériel de la tâche et reprenez le
travail dessus.
Utilisation fragmentaire de la Thérapie de la cohérence. Il est commun d’intercaler l’une ou l’autre des techniques de
Thérapie de la cohérence avec vos manières habituelles de travailler, parce que c’est l’une des manières les moins
anxiogènes de l’essayer tout en apprenant.
Suggestion. Afin d’optimiser votre apprentissage, ne choisissez pas les clients les plus difficiles pour appliquer la
Thérapie de la cohérence. Commencez plutôt avec quelqu’un qui présente un symptôme ou un problème assez bien
défini, comme des attaques d’anxiété, une humeur dépressive ou de la procrastination, et engagez-vous à ne faire
rien d’autre que la Thérapie de la cohérence avec cette personne, en tolérant l’insécurité que vous allez ressentir par
moments.
Suggestion. Si vous voulez changer pour la Thérapie de la cohérence dans un suivi déjà en cours, la transition est
plus facile à faire si vous la négociez avec transparence. Par exemple, vous pourriez dire: « J’ai pensé à vous en
considérant des manières de travailler qui sont plutôt différentes de ce que nous avons fait. Est-ce que vous seriez
d’accord pour essayer quelque chose qui va sembler différent ? »
Une seule manière de travailler. Certains thérapeutes forment pour eux-mêmes une version simpliste, étroite, de la
Thérapie de la cohérence. Par exemple, ils vont se fixer sur la privation de symptôme ou la complétion de phrase et ne
faire que cela, encore et encore, à chaque session.
Utilisation non-systématique des tâches inter-session, comme si elles étaient des parties optionnelles de la Thérapie
de la cohérence.
Suggestion. Il est obligatoire de créer une tâche inter-session d’intégration à la fin de chaque session; ce n’est pas
une option. Cet aspect ne devrait pas non plus être une pratique intermittente avec vos clients de Thérapie de la
cohérence. Planifiez votre temps pour que les dernières 5 à 10 minutes de chaque session soient utilisées pour réviser
les vérités émotionnelles ou les positions importantes qui ont été vécues en session. Ensuite, créez une tâche inter-
session pour que le client poursuive son intégration du matériel; à tout le moins, créez une carte-rappel.
Suggestion. Typiquement, il est nécessaire de s’exposer à chaque semaine ou aux deux semaines, à une forme de
matériel pour rester engagé vers votre objectif et rester en contact avec votre intérêt et votre motivation à continuer
votre apprentissage. Vous pouvez regarder une vidéo, examiner vos autres suivis selon la méthodologie de la
Thérapie de la cohérence, faire une session d’exercice avec un collègue, rencontrer un petit groupe de collègues
intéressés à la Thérapie de la cohérence pour une discussion théorique ou de cas, ou lire une étude de cas.
Blocage à cause de notions selon lesquelles le matériel profond, de l’enfance, est structurel et inaccessible.
Croyance selon laquelle le contenu précoce, issu de l’enfance, est inaccessible et nécessite absolument des années
pour y accéder et le modifier.
Suggestion. Voici probablement la croyance la plus dominante dans le domaine, depuis un siècle. Toutefois,
« inconscient » veut simplement dire, au fond, que le matériel n’a pas été porté à notre attention, pas « inaccessible ».
Il n’y a rien de fondamental qui empêche l’attention du client d’aller dès maintenant dans certains endroits de son
monde de signification où il n’est pas allé depuis des décennies, ou jamais allé. Oui, le client peut avoir de bonnes
raisons pour ne pas porter attention à certains matériels (« défenses », « résistance »), mais cela est aussi accessible
et transformable dans la session actuelle, et ne crée pas non plus d’inaccessibilité pour autant, comme plusieurs
études de cas publiées en Thérapie de la cohérence le démontrent. Des paradigmes entiers reposent sur cette
croyance. Il peut être difficile de lâcher prise sur cela, et cela peut demander une réorientation difficile et courageuse.
Blocage au sujet du lien de confiance. Croyance selon laquelle il faut nécessairement beaucoup de temps pour qu’un
client développe suffisamment la confiance et l’alliance thérapeutique nécessaires pour effectuer du travail en profondeur
sur des enjeux sensibles.
Suggestion. Oui, le client doit développer un niveau de confiance adéquat envers le thérapeute, mais celui-ci peut se
développer très rapidement pour la plupart des clients, et voici pourquoi: la confiance ne se développe pas avec le
temps, en tant que tel, mais parce que le thérapeute offre une présence sécurisante. Soyons directs : combien de
temps faudra-t-il pour développer un lien de confiance si le thérapeute n’offre pas une présence rassurante ? Un
thérapeute offre une présence sécurisante émotionnellement s’il n’a pas peur des émotions du client et de ses vérités
émotionnelles, qu’il est fortement en résonance empathique, qu’il est détendu et authentique, qu’il n’impose pas ses
interprétations, qu’il n’a aucun besoin que le client dépende de lui, et qui recherche activement à rencontrer et
comprendre la vérité émotionnelle du client en lien avec le problème présenté. Une majorité de clients éprouve
immédiatement assez de confiance envers un tel thérapeute pour que le travail en profondeur commence dès la
première ou la deuxième session.
Blocage devant la fragilité des clients. Croyance selon laquelle les gens n’ont pas les habiletés inhérentes, la force
d’égo et le courage requis pour travailler avec leur matériel émotionnel non-résolu immédiatement et directement ; utiliser
des méthodes qui mettent les clients en contact avec ce matériel sera nocif et non thérapeutique.
Suggestion. L’objectif de la Thérapie de la cohérence est que la vitesse avec laquelle les clients sont mis en contact
avec leurs vérités émotionnelles inconscientes et sous-jacentes soit fixée selon leurs capacités, et non selon les
présomptions théoriques du thérapeute ou selon ses peurs concernant la fragilité. Un thérapeute qui est bien connecté
à son client figure rapidement si un client a besoin d’avancer par petites étapes dans la découverte ou l’intégration et,
si c’est le cas, il ajuste le processus en conséquence. Avec l’accompagnement habile d’un thérapeute qui n’a pas peur
des processus émotionnels, la plupart des clients sont capables de s’ouvrir à leur matériel sous-jacent à un rythme
beaucoup plus rapide que les « fragilistes » l’anticipent. Ce sont parfois les thérapeutes attachés à une image de
sauveur ou de gourou qui présument de la fragilité de leurs clients.
Blocage envers le transfert. Croyance selon laquelle la montée graduelle du transfert est la seule manière fiable
d’accéder directement aux difficultés réelles du client.
Suggestion. Outre le fait de travailler avec le transfert du client, il existe plusieurs manières d’accéder aux thèmes
émotionnels sous-jacents, tel que démontré dans les histoires de cas publiées et les vidéos de Thérapie de la
cohérence. Dans certains cas, le transfert des clients est la meilleure avenue, mais avec la plupart des clients, ce n’est
pas parce que les difficultés émotionnelles qui sous-tendent le symptôme présenté n’entrent pas en jeu dans la
relation avec le thérapeute.
Blocage envers l’Axe II du DSM. Croyance selon laquelle un trouble de la personnalité possède une base inconsciente
qui n’est pas facilement accessible.
Suggestion. Il est vrai que, à l’extrémité du spectre des troubles de la personnalité, les thèmes et objectifs
émotionnels sous-jacents ne seront probablement pas immédiatement accessibles. Toutefois, cela représente une
petite proportion de la clientèle. Plusieurs clients qui manifestent clairement des traits de trouble de la personnalité
connaissent tout de même un succès thérapeutique en Thérapie de la cohérence. Encore une fois, le thérapeute ne
devrait pas renoncer à la possibilité de faire du travail rapide et profond avec un client. Apprenez de quoi chaque client
est capable.
Perte de l’attitude pro-symptôme : écarts anti-symptôme pendant la Thérapie de la cohérence. L’un des aspects
majeurs de la maîtrise de la Thérapie de la cohérence est d’avoir la pleine conscience et l’habileté à garder le travail bien
centré sur les positions pro-symptôme pour la totalité de la session. Toutefois, cela peut être difficile à saisir au départ,
ou contre-intuitif, de garder un focus pro-symptôme et de complètement freiner l’habitude de faire des interventions anti-
symptôme ou correctrices, même lorsque votre intention consciente au début de la session est de rester sur la voie de la
cohérence pro-symptôme. L’abandon du focus pro-symptôme est cohérent et lié à l’un de ces quatre blocages :
A. Anxiété de performance à l’idée que le client perçoive le thérapeute comme inefficace ou incompétent.
B. Croyance que le focus pro-symptôme sera nocif, contre-thérapeutique, ou moins efficace que les méthodes
anti-symptôme.
C. Croyance qu’aucune position pro-symptôme existe; que le problème de ce client est à l’extérieur du modèle
de la Thérapie de la cohérence.
Chacun de ces blocages se présente sous différentes formes, qui sont présentées ci-dessous. Premièrement, voici des
lignes directrices générales :
1. Penser: « Ah, oui : ça veut dire que le symptôme était d’une manière ou d’une autre plus important à produire, qu’à
ne pas produire, dans cette situation. Trouvons la vérité émotionnelle de ça. » Penser de cette manière vous
ramène vers la Thérapie de la cohérence.
2. Effectuez les étapes de découverte sur la manière dont il était nécessaire de produire le symptôme dans cette
situation, jusqu’à ce que le client tombe lui-même sur sa vérité émotionnelle à ce sujet. (Cela doit être du travail
réellement expérientiel. Si le travail expérientiel est nouveau pour vous, commencez par utiliser des techniques
simples, de base, de découverte : déclarations ouvertes, complétion de phrase ou privation de symptôme).
3. Créez des étapes d’intégration de la position pro-symptôme découverte à la fois pendant la session et entre les
sessions.
A. Anxiété de performance : crainte d’être perçu par le client comme inefficace ou incompétent. Alors que vous
apprenez un système de thérapie non-familier et que vous avancez en chancelant sur la courbe d’apprentissage, vous
pouvez sentir, par moments pendant les sessions, que vous êtes intensément préoccupé par le danger d’être perçu
comme incompétent par votre client. Pour dissiper rapidement à la fois l’anxiété et le danger, vous pourriez
involontairement lâcher le focus pro-symptôme de la Thérapie de la cohérence et revenir vers des méthodes familières.
Suggestion. À un certain degré, ce schéma est naturel et inévitable. Après une sessions dans laquelle cela s’est
produit, identifiez avec le recul le dilemme spécifique auquel vous étiez confronté alors que vous effectuiez la Thérapie
de la cohérence et que votre anxiété est devenue intolérable. Par exemple, étiez-vous perdu sans savoir quoi faire
ensuite? Étiez-vous inquiet au sujet des étapes expérientielles ? Étiez-vous intimidé par le matériel pro-symptôme
émergent ou par l’inconfort du client à son sujet ? Lorsque vous avez identifié votre inquiétude, cherchez-la dans ces
lignes directrices et dirigez votre apprentissage à ce point pour l’instant.
Suggestion. Le type de rôle que vous investissez comme thérapeute a une énorme influence sur le niveau d’anxiété
que vous ressentez lorsque vous apprenez et appliquez la Thérapie de la cohérence. L’anxiété concernant l’image se
maximise lorsque les thérapeutes souhaitent être vus par les clients comme une autorité sage, ou un guérisseur-
sauveur qui comprend l’esprit et le problème du client mieux que lui. De tels rôles sont largement incompatibles avec
la Thérapie de la cohérence. Le rôle optimal du thérapeute en Thérapie de la cohérence est une combinaison de guide
spéléologue, chien pisteur, anthropologue, et coach de processus qui guide étape après étape l’exploration créative à
travers le réseau de construits personnels du client.
Séparons-nous. La croyance selon laquelle s’opposer et corriger est efficace pour amener le changement est
profondément ancrée. En conséquence, la tendance automatique des thérapeutes est de faire des interventions anti-
symptôme.
Au-delà de cette tendance habituelle, plusieurs thérapeutes entretiennent des croyances implicites ou explicites selon
lesquelles la thérapie ou le client subiront un tort lors de l’ouverture à un schéma émotionnel qui sous-tend et requiert la
production du symptôme. De telles croyances sont accompagnées par un fort réflexe de sortir le client à l’extérieur de la
réalité émotionnelle pro-symptôme le plus vite possible, plutôt que vers l’intérieur, tel que la Thérapie de la cohérence le
ferait. Faire la Thérapie de la cohérence, c’est se diriger droit sur le matériel qui cause tous les problèmes et la
souffrance, et cela peut avoir l’air de courir vers le désastre au lieu de s’en éloigner. Plusieurs croyances contraires au
focus pro-symptôme sont adressées au travers de ces lignes directrices (comme les croyances au sujet de la fragilité du
client, de la nature structurale du matériel sous-jacent, de la longue durée inhérente du changement, etc.).
Suggestion. Faire de la Thérapie de la cohérence requiert la conviction fondamentale que le fait d’amener le client à
habiter consciemment sa position pro-symptôme, à un rythme qu’il est capable de tolérer, est la meilleure façon de
dissiper le pouvoir de cette position et le chemin le plus court pour sa transformation. Souvenez-vous que (a) la
position pro-symptôme du client est la position, ou la partie, qui a présentement le contrôle sur la production du
symptôme et (b) les gens sont capables de changer une position dont ils font l’expérience directe, mais ils ne sont pas
capables de changer une position qu’ils ne sont pas conscients d’avoir.
Thérapie de la cohérence au début seulement. Certains thérapeutes qui ont l’intention de faire de la Thérapie de la
cohérence procèdent avec le travail de découverte mais reviennent ensuite automatiquement vers des méthodes anti-
symptôme au moment où les étapes de découverte ont abouti et où le thème et l’objectif pro-symptôme du client sont
maintenant clairs. Le réflexe anti-symptôme du thérapeute intervient alors vivement parce la chose à corriger vient
d’apparaître clairement ; je t’ai eue ! Le thérapeute utilise en fait seulement la partie découverte de la méthodologie de la
Thérapie de la cohérence afin de trouver exactement ce qu’il faut corriger, et de le faire plus précisément et efficacement
qu’avant. Rester avec la Thérapie de la cohérence à partir de ce point les amènerait directement aux étapes de
l’intégration, c’est-à-dire se diriger à l’intérieur, et non à l’extérieur, du matériel pro-symptôme, et amener le client à le
ressentir, l’investir, l’adopter et se l’approprier.
Suggestion. Concentrez-vous sur un moment spécifique avec un client spécifique avec lequel vous avez été dans ce
schéma, et mettez en relief votre propre vérité émotionnelle sur la raison pour laquelle il est important de ne pas
procéder avec l’intégration. Reconstituez cette scène, peut-être, et cette fois guidez le client droit sur le matériel pro-
symptôme, et si vous vous sentez inconfortable, ressentez-le pleinement et verbalisez-le, jusqu’à ce que vous soyez
pleinement en contact avec ce que vous étiez en train d’éviter ou de protéger en ne procédant pas à l’intégration.
C. Croyance qu’il n’existe aucune position pro-symptôme ; que le problème de ce client existe en-dehors du
modèle de la Thérapie de la cohérence.
Si vous pensez que les symptômes ou les difficultés du client sont en-dehors du modèle de la Thérapie de la cohérence
(cohérence et intention), si vous ne croyez pas qu’une position pro-symptôme pourrait être la cause sous-jacente d’un
symptôme, vous allez abandonner la Thérapie de la cohérence et vous tourner vers d’autres modèles et méthodes
familiers. Voici quelques exemples de ce blocage :
Je crois qu’il n’y a pas de position pro-symptôme pour ceci, parce que…
Je ne peux imaginer qu’un symptôme aussi bouleversant et indésirable pourrait être « nécessaire à
produire » d’une manière ou d’une autre.
Suggestion. Étudiez les exemples de cas de la Thérapie de la cohérence qui ont été publiés, et qui présentent une
symptomatologie similaire à celle de votre client, afin de voir si une pps existe même pour de tels symptômes.
Suggestion. Ne présumez pas que l’existence d’une pps et la « fonction du symptôme » sont équivalents ; souvenez-
vous que les symptômes peuvent être sans fonction et pourtant continuer d’être nécessaires et cohérents au sein
d’une pps (voir p. 3 et pp. 33-34.)
Je crois qu’il n’y a pas de position pro-symptôme pour ceci, parce que…
Le symptôme présenté est trop diffus et envahissant, il se présente sous beaucoup trop de facettes, et il est trop
difficile pour le client de le décrire. Je ne trouve aucune structure thématique bien définie que l’on retrouve
normalement dans les positions pro-symptôme.
Suggestion. Ne tolérez pas le manque de clarté quand il est question de ce qui doit être considéré comme le(s)
symptôme(s). Soyez persévérant avec le client pour identifier les caractéristiques spécifiques de l’expérience que le
client considère comme étant le problème. Voyez « Point de départ : identifier le symptôme » à la p. 14. Concentrez-
vous sur des exemples spécifiques et concrets. Les symptômes et les thèmes sous-jacents vont se révéler bien définis
malgré la difficulté initiale du client à les articuler.
Je crois qu’il n’y a pas de position pro-symptôme pour ceci, parce que…
C’est un trouble de la personnalité, et donc sa base inconsciente n’est pas formée de positions pro-symptôme.
Suggestion. Considérez qu’une position pro-symptôme est simplement un thème et un objectif inconscients, ainsi
qu’une manière tout aussi inconsciente de répondre à cet objectif. La base sous-jacente de chaque type de trouble de
personnalité a la même composition (bien que la qualité rigide et absolue de la position soit extrême dans ce cas).
Cela est particulièrement clair dans les excellents livres de Stephen Johnson sur la psychothérapie pour les troubles
de la personnalité.
Le matériel pro-symptôme du client est trop similaire à du matériel que vous évitez toujours, alors vous
divergez.
Suggestion. Si c’est dans le suivi d’un seul client en particulier que vous esquivez mystérieusement le focus pro-
symptôme, il se pourrait que vous soyez engagés dans un évitement conjoint, et vous devriez l’évaluer. Si c’est le cas,
il pourrait être nécessaire de faire une session de thérapie, si vous avez de la difficulté à vous ouvrir par vous-même à
cette partie de vous.
Votre obéissance inconsciente aux (ou votre rébellion contre les) règles et rôles de votre famille d’origine fait
obstacle à votre focus pro-symptôme avec les clients.
Suggestion. Il existe évidemment plusieurs formes possibles de ce blocage. La co-dépendance résiduelle chez le
thérapeute et l’une des formes de blocage communément observées ; il s’agit d’un évitement strict et d’un inconfort
important envers le fait de créer toute forme de malaise chez les autres. Guider les clients vers leurs positions pro-
symptôme est souvent bouleversant de manière évidente pour eux, et un thérapeute co-dépendant va être trop
inconfortable avec cela pour maintenir le focus pro-symptôme. La présomption qui habite le thérapeute co-dépendant
lorsqu’il définit son rôle est : « Je vais régler ça pour vous, et vous allez m’aimer, vous allez avoir besoin de moi et
vous allez rester attaché à moi ».
Se reposer sur les discussions concernant la pps ou pour expliquer la pps. Dans cette forme de blocage envers le
travail expérientiel, le thérapeute se fie sur une discussion au sujet de la pps ou sur une explication de la pps au client,
avec beaucoup de lucidité et d’empathie afin d’amener le client à faire l’expérience de la pps. Cela est inefficace et
drainant pour le thérapeute.
Suggestion. Avec le client que vous avez choisi pour la Thérapie de la cohérence, suivez une discipline selon laquelle
vous utiliserez vos idées sur la position pro-symptôme du client seulement pour concevoir des étapes expérientielles
de découverte et d’intégration. Par exemple, imaginez que vous inférez ou formez l’hypothèse selon laquelle le client
projette une rivalité fraternelle dans sa relation avec ses collègues. Plutôt que d’imposer cette notion comme une
explication ou une interprétation, utilisez une technique de découverte dans laquelle le client peut « se buter »
expérientiellement contre cette vérité émotionnelle, si effectivement elle existe. Par exemple, guidez d’abord le client
pour qu’il élabore une déclaration ouverte aux collègues en visualisation, telle que : « Je sens que vous êtes tous en
train d’essayer de me battre, et je dois absolument riposter » ou « j’ai toujours l’impression que vous essayez de
m’exclure ». Ensuite, utilisez la technique « Qui d’autre ? » : demandez au client : « Y a-t-il quelqu’un d’autre, dans
votre vie, à qui vous pourriez aussi dire ça ? » Le client nomme sa fratrie. Ensuite, vous demandez au client de
visualiser la fratrie avec les collègues et de refaire la déclaration ouverte à tout le groupe. Ensuite, pour approfondir ce
matériel, vous pourriez l’inviter à faire une complétion de phrase dans laquelle le client dit à tout le groupe : « Si je
vous laisse gagner… » ou « Je dois absolument vous dépasser parce que si je ne le fais pas… »
Suggestion. La tendance à se fier à des explications et des interprétations de la pps au client, plutôt que de guider le
client vers des expériences directes de la pps est, pour certains thérapeutes, motivée par un agenda caché de
démontrer un statut d’expert au client ; une intention de montrer que le thérapeute comprend l’esprit du client mieux
que lui-même. L’attachement à ce type de rôle, cette image et ce pouvoir dans la relation thérapeutique est
fondamentalement incompatible avec une application efficace de la Thérapie de la cohérence.
Confusion portant sur la différence entre le travail qui est vraiment expérientiel et celui qui ne l’est pas.
Suggestion : En Thérapie de la cohérence, « expérientiel » veut dire que le client est subjectivement à l’intérieur et
parle à partir de la réalité émotionnelle de sa position pro-symptôme; il n’est pas simplement en train de vous parler au
sujet de cette réalité émotionnelle ou de cette « partie ». Le client est subjectivement dans la réalité émotionnelle de sa
position pro-symptôme en tant qu’expérience présente, à la première personne.
À cette fin, il est important en règle générale que le client soit d’abord immergé en imaginaire dans une scène où le
symptôme se produit (c’est la condition de l’engagement) et vous parle depuis cette expérience reconstituée alors que
vous effectuez les étapes de la découverte, de l’intégration ou de la transformation de la position pro-symptôme.
Gardez l’expérience aussi saisissante que possible, et gardez le client à cet endroit, dans l’expression directe des
significations et ressentis émotionnels pro-symptôme dans cette scène, et non simplement dans une discussion sur
cette situation.
Les thérapeutes qui s’initient au travail expérientiel devraient s’en tenir à trois ou quatre techniques de base qui sont
recommandées pour la découverte: déclaration ouverte, complétion de phrase, privation de symptôme et l’exploration
en deux étapes. Mettez régulièrement en pratique l’une ou l’autre de ces techniques. Les moments où vous discutez
du matériel devraient toujours servir à préparer la prochaine étape du travail expérientiel et ne devraient pas durer très
longtemps (habituellement 5 à 10 minutes).
Suggestion : Certains clients vont habiter subjectivement leur position pro-symptôme pendant le travail de découverte
ou d’intégration, mais vont ensuite rapidement en ressortir et se mettre à en discuter avec le thérapeute. Cette
discussion pourrait sembler « expérientielle » parce qu’elle reconnaît directement la réalité émotionnelle de cette
« partie » ou cette position, et y fait référence. En fait, le client se tient maintenant à l’extérieur et discute à son sujet
plutôt que de parler à partir d’elle et à l’intérieur de cette réalité émotionnelle. Votre travail, en tant que thérapeute, est
de reconnaître encore et encore la différence et de demander au client s’il est d’accord pour retourner à cet endroit et
vous parler depuis cette réalité et à l’intérieur d’elle.
Par exemple, le client dit : « Oui, cette partie de moi ne veut vraiment pas que les choses comptent, parce que si elles
comptent, alors tu es vraiment vulnérable, tu vois ? Tu peux vraiment te faire du mal. » Vous répondez : « Je vois ; et
je me demande si vous pourriez encore aller à l’intérieur et devenir cette partie de vous, là tout de suite, et essayer de
me dire quelque chose comme : ‘ Je sens qu’il vaut mieux que je ne laisse rien compter, parce que je ne veux pas me
faire du mal. ‘ »
Si un client sort constamment de sa position pro-symptôme et refuse d’y rester, faites un commentaire, accueillez cela,
et ensuite guidez le client pour qu’il fasse l’expérience de la vérité émotionnelle de cette résistance (par exemple, une
complétion de phrase : « Si je reste en contact avec cette partie de moi… »). Découvrir et intégrer cette position de
résistance la dissipe dans presque tous les cas.
Peur que les émotions qui sous-tendent le symptôme seront impossibles à contenir, envahissantes et nocives
pour le client, et vont mettre votre thérapie en échec.
Suggestion. Souvenez-vous qu’en Thérapie de la cohérence, « expérientiel » ne veut pas nécessairement dire
évacuer des émotions intenses (« catharsis »). Une telle intensité n’est pas un but en soi et pourrait, ou non, faire
partie de la connexion subjective du client avec ses positions pro-symptôme.
Suggestion. Certains clients vivent effectivement un inconfort significatif ou une certaine intensité émotionnelle
lorsqu’ils font l’expérience de leur position pro-symptôme. Cependant, il demeure quand même profondément
thérapeutique « d’y aller » avec presque tous les clients (bien entendu, sans jamais aller plus vite que la tolérance du
client). Voici pourquoi : lorsqu’il fait l’expérience de sa position pro-symptôme, le client fait non seulement l’expérience
de ses émotions mais aussi d’une nouvelle signification; une récupération puissante de thèmes et objectifs personnels,
une auto-validation intrinsèque, une reconnaissance du dilemme authentique ou de la souffrance pour laquelle le
symptôme est véritablement une réponse adaptée. Dans ce contexte plein de sens, les émotions sont cohérentes et
possibles à travailler, mais elles deviennent vite ingérables si le thérapeute panique. Les gens sont capables de
travailler avec leurs vraies difficultés une fois qu’ils reconnaissent pleinement ce qu’elles sont. L’un des meilleurs
exemples, et il est courant, est le deuil inconscient. En s’ouvrant à des sentiments inconscients mais intensément
douloureux de deuil, les clients décrivent ensuite une expérience profondément positive de se sentir à nouveau
complets, en connexion avec le soi, et une nouvelle cohérence de leur histoire personnelle et ce, même si les étapes
initiales de l’ouverture étaient durement douloureuses et même entravées par la résistance (pour une démonstration
claire de cet exemple, voir le vidéo Compulsive Underachieving.)
Verbalisation de la vérité émotionnelle. Pour un accès expérientiel efficace, le client doit se plonger subjectivement
dans la réalité émotionnelle pro-symptôme et, alors qu’il est dans cette expérience, contacter et verbaliser les thèmes et
objectifs qui la constituent. Pour cela, il faut un style de communication « limbique ». Le langage limbique semble
complètement naturel et simple, et pourtant il faut de la pratique pour le maîtriser. C’est l’une des habiletés importantes à
développer pour faire de la Thérapie de la cohérence efficacement.
Suggestion. Voir les lignes directrices de la verbalisation à la p. 45. Les verbalisations doivent capturer la passion et
le drame de la position pro-symptôme du client, la magnitude et le sens de ce qui est en jeu, en des termes très
personnels, saisissant, et concrets. Les mots devraient correspondre au ressenti du client et être en résonance
émotionnelle évidente avec lui. Si ce n’est pas le cas, les mots tomberont légèrement à côté de par leur style ou leur
substance. Travaillez avec la collaboration active du client afin que le phrasé résonne avec la vérité émotionnelle
limbique.
Peur du processus « à l’aveugle » de la découverte expérientielle. Le thérapeute fait l’expérience de ne pas savoir et
de chercher une réalité émotionnelle inconnue, dans le noir, de manière expérientielle, et cela déclenche une forte
anxiété portant sur la possibilité que le client se rende compte qu’il ne sait pas et qu’il le considère incompétent.
Suggestion. Il est normal de ressentir le processus de découverte d’une position pro-symptôme chez un client comme
une recherche à tâtons dans le noir. C’est l’une des caractéristiques inhérentes de la découverte authentique: si le
processus vous semble ainsi ou que le client se rend compte que vous ne savez pas, il n’y a rien de mal. La présence
d’anxiété chez le thérapeute en réponse à cette situation dépend de la manière dont il définit son rôle et son image.
Le fait de ne pas savoir maximise l’anxiété chez les thérapeutes qui définissent leur position envers le client de cette
manière : « La connaissance de la cause sous-jacente de votre symptôme est en moi et je possède l’expertise de
cette sagesse et la connaissance pour vous guérir. »
Un thérapeute qui est détendu envers le fait de ne pas savoir, se positionne envers le client comme suit : « La
connaissance de la cause sous-jacente de votre symptôme est en vous, tout comme la capacité de le transformer, et
mon expertise est la capacité de vous guider pour que vous puissiez la chercher et la trouver. »
Peur que les techniques expérientielles tombent à plat. Peur de paraître incompétent si une technique expérientielle
ne fonctionne pas pour une raison ou une autre, et/ou peur de ne pas savoir quoi faire ensuite ou comment rebâtir une
crédibilité si cela se produit.
Suggestion. En général, lorsque la piste se refroidit et que la réalité émotionnelle du matériel se fane, retournez
simplement au dernier matériel qui était émotionnellement vivant et réel dans la pièce. Demandez au client :
« Pourrions-nous revenir à… » Reprenez les étapes suivantes de découverte et/ou d’intégration à partir de là.
Suggestion. Voici comment procéder quand une étape ou technique expérientielle tombe à plat: penchez-vous sur la
situation de manière transparente avec le client, et trouvez pourquoi elle est tombée à plat. Trouvez exactement ce qui
est arrivé dans le processus subjectif du client.
• Certains exercices tombent à plat parce que le client a mal compris les directives. Si c’est le cas, clarifiez
simplement et reprenez au début.
• Certaines situations de ce genre peuvent être évitées si, aussi souvent que nécessaire, vous persistez avec
ténacité à offrir au client de faire l’exercice. Par exemple, la technique de privation de symptôme demande
souvent de persévérer de manière obstinée et en usant d’ingénuité avant que le client finisse par se buter sur un
résultat incommodant de se retrouver sans son symptôme.
• Certaines situations de ce genre sont dues à la résistance du client envers l’exercice. Si c’est ce que vous
suspectez, effectuez la Thérapie de la cohérence sur la résistance: d’abord, faites preuve d’acceptation envers
elle, puis allez chercher la vérité émotionnelle de la raison pour laquelle il est nécessaire de résister à l’exercice
(voir pp. 62-66). Ce processus donne souvent un accès direct à la position pro-symptôme du client ou à une
position « couvercle » qui y est associée de près, et qu’il faudra intégrer et transformer de toute façon.
• Certaines situations de ce genre veulent simplement dire qu’il n’y a rien de pertinent pour la position pro-
symptôme. Si c’est le cas, prenez du recul, relaxez-vous et trouvez une autre manière de poursuivre la
découverte ou l’intégration que vous vouliez faire.
Pendant l’apprentissage d’une modalité non-familière, il arrive des moments pendant une session où vous ne savez
pas quoi faire ensuite. C’est naturel et inévitable, mais cela peut être stressant et anxiogène. Il est alors très tentant de
laisser tomber la Thérapie de la cohérence et de revenir vers des méthodes de travail familières, pour que le client ne se
rende jamais compte que vous étiez perdu.
Suggestion. Chaque fois que vous laissez tomber la Thérapie de la cohérence parce que vous ne savez pas quoi
faire ensuite, identifiez, après la session, à quel point spécifique vous avez perdu votre chemin. Quel était votre
dilemme à ce moment? Ensuite, identifiez comment vous pouvez être mieux préparé pour cette croisée des chemins
dans le processus. Trouvez des pistes dans le manuel ou avec d’autres professionnels qui pratiquent la Thérapie de la
cohérence. Écrivez-vous des instructions pertinentes sur une carte-rappel et gardez-la visible pendant chaque
session.
Je ne savais pas quoi faire ensuite parce que… le symptôme du client n’était pas clair, ou je l’ai perdu de vue.
Suggestion. Si vous ne gardez pas continuellement à l’esprit le symptôme présenté par le client, vous ne pouvez
reconnaître quelles parties du matériel émergent sont pertinentes pour savoir pourquoi il est important de produire le
symptôme. Lorsqu’il pratique la Thérapie de la cohérence, le thérapeute est toujours, toujours à l’écoute de la
pertinence pro-symptôme. C’est votre pleine conscience continuelle du symptôme qui vous permet de reconnaître les
éléments pro-symptômes émergents dans l’immédiat. Aussitôt que vous oubliez le symptôme, il devient impossible de
reconnaître les significations pro-symptôme ou leurs liens, et vous vous sentez immédiatement perdu.
Écrivez le symptôme là où vous pouvez le lire et vous le rappeler durant la session. Dès que vous perdez de vue la
nature exacte du symptôme, travaillez en priorité à retrouver la clarté et la précision dont vous avez besoin. Soyez
transparent à ce sujet. Vous trouverez plusieurs questions pour vous aider à la p. 14; faites-en une copie et gardez-la
à portée de main. Ce que vous considérez comme le symptôme change à mesure que le travail progresse, mais à tout
moment vous devriez en avoir une représentation très claire à l’esprit.
Je ne savais pas quoi faire ensuite parce que… Je n’avais aucune idée de la position pro-symptôme du client; j’étais
vraiment dans le noir.
Suggestion. Vous êtes supposé faire les étapes expérientielles de découverte « à l’aveugle », sans aucune
connaissance ou hypothèse préalable sur la position pro-symptôme. Vous n’êtes pas supposé figurer la position pro-
symptôme du client avant de procéder. Votre travail vise à amener le client en contact avec cette position pour qu’il
vous la révèle, ainsi c’est le client qui vous révèle ce qu’elle est. Si vous vous sentez perdu durant la découverte,
continuez simplement les déclarations ouvertes, ou les complétions de phrase, ou la privation de symptôme jusqu’à ce
qu’un filon significatif pro-symptôme émerge. Ensuite, continuez à suivre cette piste avec les étapes suivantes de ces
techniques de base.
Je ne savais pas quoi faire ensuite parce que… le client a dérivé vers du contenu qui n’était pas clairement relié au
symptôme ou aux vérités émotionnelles que nous avons découvertes jusqu’à maintenant. Je ne savais plus où nous en
étions.
Suggestion. Retournez simplement à l’endroit où vous aviez encore pied ; la dernière pièce de matériel avec laquelle
vous saviez que vous étiez bien dans le processus de découverte ou d’intégration. Demandez au client : « Pourrions-
nous revenir à… » Reprenez les étapes de découverte et/ou d’intégration à partir de là. Souvenez-vous, c’est votre
responsabilité de garder le travail centré sur les positions pro-symptôme. Cela veut aussi dire savoir reconnaître quels
éléments du matériel émergent ont probablement une signification pro-symptôme et ensuite guider le client pour qu’il
fasse une expérience plus profonde de ces éléments.
Suggestion. Si un client a plusieurs positions pro-symptôme, révisez les notes de toutes vos sessions et distillez une
liste des thèmes et objectifs pro-symptôme que vous avez découverts jusqu’à maintenant. Gardez-la sous vos yeux
durant les sessions pour que vous puissiez faire des liens astucieux entre les développements de la session et la pps
pertinente, et approfondir le travail avec la découverte ou l’intégration.
Suggestion. Lorsque vous faites de la Thérapie de la cohérence, vous entrez grâce à l’empathie dans une pièce de la
psyché du client, qui est meublée avec une réalité émotionnelle pro-symptôme particulière, tout en étant assis dans
votre chaise, en train d’entretenir une carte cognitive claire de la méthodologie de la Thérapie de la cohérence, et de
l’endroit où vous vous trouvez sur celle-ci. Ce double mode d’opération est une habileté inestimable à développer si
vous ne la possédez pas déjà.
Si vous vous perdez parmi les arbres, élargissez l’angle pour voir toute la forêt. Les praticiens d’expérience en
Thérapie de la cohérence vont et viennent plusieurs fois dans chaque session entre une vision générale des
caractéristiques majeures, de base, du matériel du client, et une vision rapprochée, détaillée, des construits,
séquences de processus ou séquences comportementales. En d’autres termes, vous pouvez garder votre chemin en
prenant délibérément du recul et en vous demandant:
Je ne savais pas quoi faire ensuite parce que… nous avons atteint une vérité émotionnelle, et le client la ressent
comme étant vraie, mais rien n’a été changé ou transformé, y compris le symptôme. Alors qu’est-ce que je fais
maintenant ?
Suggestion. Premièrement, évaluez si vous avez vraiment amené le client en contact profond avec la vérité
émotionnelle du symptôme. Souvenez-vous que le niveau minimal de profondeur requis pour la Thérapie de la
cohérence est l’objectif inconscient qui requiert la production du symptôme. Pour que le client fasse l'expérience de la
vérité émotionnelle du symptôme, il faut que l’objectif précédemment inconscient qui nécessite de produire le
symptôme soit devenu directement conscient sous la forme d’une réalité émotionnelle personnelle. Est-ce que cet
objectif est encore embrouillé ou mystérieux ? Si c’est le cas, il est nécessaire de continuer la découverte et
l’intégration.
Lorsqu’il développe une conscience assez profonde de la vérité émotionnelle de son symptôme, le client est
pleinement conscient d’un choix perpétuel entre deux formes de souffrances : la souffrance qui résulte de produire le
symptôme et celle qui résulte de ne pas produire le symptôme. Et vous, le thérapeute, montrez explicitement de
l’empathie pour les deux formes de souffrance et pour la vérité émotionnelle du client selon laquelle produire le
symptôme est nécessaire parce que cela mène à une forme moindre, plus tolérable, de souffrance.
Une fois que vous avez amené le client, de manière expérientielle, dans la pleine vérité émotionnelle du symptôme,
restez là. *Ne faites rien, à ce point, outre le processus d’intégration selon lequel le client reste en contact avec son
objectif passionné de produire le symptôme, de manière quotidienne, routinière et bien ressentie. Assurez-vous que le
client « connecte vers le haut » : qu’il fasse l’expérience du symptôme concret comme faisant partie de la manière
dont il atteint cet objectif important. Cela devrait complètement transformer la signification de produire le symptôme et,
dans la plupart des cas, cela va aussi dissoudre l’illusion du client selon laquelle il n’a aucun contrôle sur le symptôme,
la remplaçant avec une conscience d’intention.
Il arrive quelques fois que tout ceci est bien en place, mais rien ne se transforme. La transformation ne résulte pas
toujours spontanément et automatiquement de l’intégration. Il pourrait être nécessaire de faire des étapes de
transformation de manière délibérée (voir pp. 48-56).
* Il y a une exception majeure à la consigne de rester là : lorsque la vérité émotionnelle du symptôme implique un
trauma et un TSPT.
Si le symptôme continue ou réapparaît même si vous croyez que le client a été en contact avec les vérités
émotionnelles pro-symptôme sous-jacentes, il faut considérer plusieurs raisons possibles :
Raison 1. Le travail n’a pas été vraiment ou suffisamment expérientiel. Vérifiez les lignes directrices ci-dessus et
au travers de ce manuel pour trouver les caractéristiques qui définissent le travail expérientiel en Thérapie de la
cohérence.
Raison 2. L’intégration de la position pro-symptôme n’a pas atteint le degré nécessaire de conscience
quotidienne et routinière bien ressentie, parce que (a) vous n’êtes pas resté là assez longtemps ou en relation avec
toutes les situations pertinentes, ou (b) la résistance du client envers l’intégration est non-résolue ou non-détectée.
L’indicateur principal d’une intégration adéquate : le client fait référence à toutes les manifestations du problème ou
symptôme à partir de sa position pro-symptôme et décrit ces expériences ainsi de sa propre initiative pendant les
sessions, sans avoir besoin d’être guidé à le faire par le thérapeute.
Raison 4. Il existe une autre position pro-symptôme qui n’a pas été découverte et qui maintient le symptôme.
Ceci est fort possible si les trois raisons précédentes ne s’appliquent pas, et que le succès de la transformation de la
pps déjà découverte a eu lieu: la pps ne semble plus réelle et n’influence plus le client, même lorsqu’il est guidé en
imaginaire par le thérapeute pour la réinvestir dans des circonstances qui la déclenchaient auparavant. Si une pps
non-découverte est suspectée, le thérapeute commence simplement un nouveau processus de découverte. Il est
courant de découvrir la présence de plus d’une pps.
Raison 5. La position pro-symptôme contient un trauma dans le sens strict et neuropsychologique du terme. Pour
transformer un tel matériel, le travail expérientiel ordinaire est inefficace; il est nécessaire d’utiliser des techniques
spécifiques pour le trauma telles que l’EMDR ou la RIT. Les symptômes de TSPT listés dans le DSM sont des
indicateurs raisonnablement fiables de la présence de trauma.
Le thérapeute est trop mis à nu. (a) La Thérapie de la cohérence rehausse les standards de l’efficacité thérapeutique à
un tel degré, que les habiletés du thérapeute (ou leur manque) sont apparentes dans la façon dont il assiste le client à la
rémission de ses symptômes. (b) L’opinion d’un individu sur son travail passé peut décliner en raison du contraste qu’il
offre avec l’efficacité qui est maintenant considérée possible.
Suggestion. (a) Consultez les lignes directrices ci-dessus pour « Perte de focus pro-symptôme en raison de : A.
Anxiété de performance quant à la crainte d’être perçu comme inefficace ou incompétent par le client. » (b)
Reconnaissez que dans tous les domaines, le fait d’atteindre de nouveaux niveaux d’habiletés fait nécessairement
ombrage aux compétences antérieures.
Le thérapeute a besoin du client pour combler ses besoins affectifs. Plusieurs besoins non-résolus chez le
thérapeute peuvent entraver l’utilisation de méthodes conçues pour être brèves: le thérapeute a besoin qu’on dépende
de lui, le thérapeute a de l’affection pour son client, le thérapeute veut connaître toute l’histoire du client, le thérapeute a
un besoin perfectionniste de « terminer » le travail ou de créer un changement de personnalité chez le client, le
thérapeute a peur d’être perçu comme rejetant, etc.
Suggestion. Il est nécessaire de cultiver une bonne autocritique, une force intérieure et un engagement envers la
croissance émotionnelle pour reconnaître et lâcher prise sur de tels schémas d’attachement.
Attachement au client pour des raisons financières peut motiver l’évitement de toute forme de thérapie brève.
Suggestion. S’immuniser contre cette tendance peut demander une forte dose de courage et d’intégrité.
Préoccupations sur le fait d’interagir avec des tiers partis payeurs. Pour certains thérapeutes, la manière de
procéder n’est pas claire quand il est question de tiers partis payeurs qui demandent des diagnostics DSM et un plan de
traitement, alors qu’ils utilisent une modalité de thérapie non pathologisante que ces systèmes ne reconnaissent pas.
Suggestion. Si vous parlez de la température de votre bureau en Centigrades, mais que votre propriétaire vous
demande la température en Fahrenheit, le défi est simplement de transmettre l’information dans la forme demandée.
Les compagnies d’assurances ne veulent pas entendre parler de position pro-symptôme, alors situez simplement votre
client dans les catégories du DSM et traduisez votre stratégie de Thérapie de la cohérence en des termes
conventionnels que les tiers partis payeurs comprendront.
Peur de la marginalisation ou de l’ostracisme professionnel. Le risque de perdre de la crédibilité dans les cercles
professionnels en adoptant un système thérapeutique qui est non-familier ou qui diverge de la tendance générale.
Suggestion. Dans tous les domaines, les personnes progressistes et les premiers à adopter une nouvelle méthode
font face à ce risque à des degrés variés. N’adoptez pas la Thérapie de la cohérence si ce risque est intolérable pour
vous. Gardez à l’esprit également que des psychologues éminents, hautement respectés, ont publiquement fait
connaître leurs opinions fortement positives envers la Thérapie de la cohérence, que des chapitres sur la Thérapie de
la cohérence apparaissent sur invitation dans des textes académiques, et que des articles sur la Thérapie de la
cohérence ont été publiés dans des revues évaluées par des pairs.
Thérapeute trop fatigué. Manque d’enthousiasme pour fournir les efforts supplémentaires dans l’intervention
thérapeutique et la concentration qui sont nécessaires en Thérapie de la cohérence.
Suggestion. L’effort et la concentration supplémentaires sont grandement récompensés par (a) le processus de la
Thérapie de la cohérence est intéressant et unique avec chaque client, et (b) la plus grande efficacité du thérapeute
est satisfaisante et emplie de sens.
Le thérapeute est trop directif. Croyance que le fait d’être directif et actif ne peut que mener à une obéissance ou à
une résistance transférentielle.
Suggestion. Notre expérience montre que cette préoccupation est pertinente seulement avec une faible minorité de
clients, et même dans ces cas, cela ne constitue pas un obstacle fondamental à l’application de la Thérapie de la
cohérence.
Plus, c’est mieux. Croyance selon laquelle la thérapie brève est forcément superficielle.
Suggestion. Cette vision peut correspondre à la plupart des thérapies brèves, mais pas à la Thérapie de la
cohérence. Lorsqu’on prend le temps de se renseigner à son sujet, cela devient évident.
Allégeance à un paradigme. Loyauté envers des mentors, expériences d’apprentissage dans un paradigme de
psychothérapie différent. Protection d’un investissement de plusieurs années ou décennies dans un paradigme différent.
Suggestion. Il faut beaucoup de courage et de force pour faire face à cette question profonde et puissante, si l’on ne
veut pas rejeter les plus grandes opportunités de croissance professionnelle.
Attachement à la position de pouvoir. Réticence envers le fait de perdre le pouvoir et la stature donnés au
thérapeute/guérisseur/docteur qui sait comment diagnostiquer et guérir les « désordres » psychologiques.
Suggestion. Si ce type de rôle et cette image de soi ont été importants, il peut être intimidant de les laisser aller au
cours d’un processus de croissance personnelle et professionnelle, mais c’est faisable et incroyablement libérateur.
• Le focus pro-symptôme a été maintenu pour toute la session; aucune intervention anti-symptôme ou correctrice
n’a été faite ;
• Deux exercices ou plus de travail pleinement expérientiel ont été guidés avec le client, qui s’est immergé
subjectivement dans sa position pro-symptôme ;
Les méthodes et les concepts de la Thérapie de la cohérence s'appliquent très naturellement aux systèmes familiaux.
En Thérapie de la cohérence, le système de couple ou de famille est conceptualisé comme l’interaction entre les
constructions conscientes et inconscientes de la réalité (positions) que chacun des membres de la famille entretient
individuellement. Typiquement, cette interaction est complexe ; pourtant, toutes les propriétés du système résultent en
principe de l'interaction entre les positions entretenues par les individus. Puisqu’il est possible de découvrir et vérifier les
positions inconscientes, de même, toute la mécanique du système est accessible et possible à connaître. Par exemple, toute
« fonction du symptôme » existe en tant que construit de troisième ordre bien défini (objectif) dans les positions pro-
symptôme d’un ou plusieurs membres de la famille, et donc il est possible de la découvrir expérientiellement et de la vérifier.
Si le symptôme présenté par la famille est protecteur d’une certaine manière, cet objectif et cette fonction de protection ne
peuvent pas exister indépendamment des positions possibles à découvrir chez les individus de la famille.
Cette vision a beaucoup d'affinité avec l'approche de « l’écosystème des idées » de Gregory Bateson1 et l'approche de
« perspective, méta-perspective et méta-méta-perspective » de R. D. Laing2. Dans les conceptualisations de Bateson et Laing,
la manière dont un membre de la famille comprend les comportements des autres lui semble confirmé par leurs
comportements. Cela verrouille le système dans sa configuration actuelle, qui génère ainsi des symptômes, de l’adversité
mutuelle, des réactions ou de l’aliénation. L’inflexion apportée par la Thérapie de la cohérence à cette vision est le fait que la
« compréhension » qu'un membre de la famille a d'un autre membre est souvent largement inconsciente; une construction
inconsciente de la signification des comportements des autres, ce qui déclenche une réponse comportementale générée de
manière inconsciente. Les autres membres évaluent alors ce comportement en fonction de leur propres significations privées
et largement inconscientes, et répondent en conséquence, possiblement d’une façon qui aggrave le problème, et le cycle de
l’adversité réactionnelle et de la mauvaise communication ne fait que grandir.
Dans son ensemble, le domaine de la thérapie familiale a, dès ses débuts, fortement exclu les processus émotionnels et
inconscients des individus en tant que cibles de l'attention thérapeutique. Ce biais malencontreux (une réaction à l’orthodoxie
freudienne) a fait en sorte que la thérapie familiale a négligé de développer des méthodes thérapeutiques en profondeur pour
accéder et transformer rapidement et efficacement l’écosystème des significations de la famille, largement inconscientes. La
méthodologie de la Thérapie de la cohérence, conçue avec l’objectif spécifique de découvrir et traiter rapidement les
constructions émotionnelles inconscientes, est bien adaptée à accéder et déverrouiller les écosystèmes de significations
problématiques de la famille et pour faire disparaître les caractéristiques de cet écosystème qui se présentent sous la forme de
symptômes.
Le thérapeute cherche à identifier les positions pro-symptôme des membres de la famille. Il effectue du travail de
découverte et d’intégration avec différents membres de la famille en présence les uns des autres, et souvent à travers leurs
interactions mutuelles. Il ne faut pas sous-estimer le potentiel d'expériences dans lesquelles des membres de la famille accèdent
à leurs vérités émotionnelles qui maintiennent leurs symptômes et les révèlent aux autres. Les perceptions selon lesquelles
certains comportements sont insultants ou blessants, étant basées sur les significations attribuées par chacun, peuvent être
significativement diminuées ou dissoutes en étant témoin des émotions et des significations personnelles qui se cachent
vraiment derrière le comportement des autres. Typiquement, cette signification personnelle et ces ressentis sont restés
largement inconscients, mais lorsqu'ils sont dévoilés et intégrés dans le système (dans les positions des autres) l’écosystème
des significations traverse rapidement un changement substantiel et s’harmonise.
Ce ne sont pas nécessairement tous les membres de la famille qui entretiennent une position pro-symptôme en lien avec
un symptôme donné. Lorsque le porteur du symptôme est un enfant, les positions pro-symptôme des aînés qui entourent
l’enfant (parents, fratrie) sont encore plus importantes que celle de l’enfant. Prenez par exemple le cas d’un enfant dont les
symptômes de longue date ont cessé après que la position pro-symptôme du père fut trouvée et intégrée dans le système à la
8è session de thérapie familiale. Peu importe les positions pro-symptôme qui auraient pu être entretenues par la mère ou la
soeur aînée, celle du père était la clé dans ce cas.
Pour des exemples de Thérapie de la cohérence avec les couples et et les familles, voir Ecker et Hulley, 1996, 1998, 1999
et 2000a.
1Bateson, G. (1972). Steps to an ecology of mind. New York: Ballantine. See also Bogdan, J. (1984). Family organization as an
ecology of ideas: An alternative to the reification of family systems. Family Process, 23, 375-388.
2Laing, R. D., Phillipson, H. & Lee, A. (1966). Interpersonal perception. New York: Perennial Library.
L’étendue de l’influence d’une position pro-symptôme est directement reliée à la proportion de changement qui est
possible en thérapie. Plus le rôle de la position pro-symptôme dans la structure du monde de signification du client est
important, plus la psyché sera réticente à permettre à cette position d’être changée. Les changements importants dans la
réalité expérientielle ont tendance à entraîner de la désorientation extrême, une perte de repères, un profond sentiment de
perte de contrôle, une terreur existentielle, et donc ils sont évités obstinément.
D’un autre côté, il est beaucoup moins difficile de permettre le changement dans une position pro-symptôme qui a
seulement de l’influence sur une zone limitée de signification personnelle. En conséquence, on observe beaucoup plus de
coopération de la part de la psyché quand vient le temps de permettre le changement.
Pour effectuer une résolution durable et profonde, il faut transformer ou dissoudre la position pro-symptôme, mais si le
symptôme présenté est produit par une position pro-symptôme qui joue un rôle majeur et global dans la construction de la
réalité expérientielle du client, le changement deviendra acceptable pour la personne seulement si les étapes sont assez
graduelles et lentes pour rester tolérables.
La nature globale d’une position pro-symptôme est apparente dans ses construits de troisième et de quatrième ordre. La
faible estime de soi, par exemple, implique typiquement une position pro-symptôme qui est faite de construits de 3è et 4è
ordre globaux (voir la liste des objectifs inconscients liés à la faible estime de soi et remarquez la nature globale de ces
construits).
Certains clients ont plusieurs position pro-symptômes globales qui co-maintiennent le(s) même(s) symptôme(s). Ces
situations multi-globales sont les plus difficiles à résoudre d’une manière efficace. Toutefois, même les cas multi-globaux
peuvent être résolus avec la Thérapie de la cohérence avec un nombre de sessions beaucoup plus réduit que les thérapies
profondes traditionnelles. Une configuration multi-globale est souvent rencontrée chez les clients qui ont vécu des abus
répétés dans l’enfance (émotionnels, physiques ou sexuels). Les construits inconscients qui ont été formés afin de faire face
aux abus ont tendance à être globaux et à colorer toute la réalité expérientielle, tel que discuté dans le paragraphe précédent
au sujet de la faible estime de soi.
Tout de même, le thérapeute ne devrait jamais classer ces clients de manière stéréotypée, comme étant des « clients à
long terme », ce qui minerait l’intentionnalité du thérapeute et qui allongerait inévitablement la durée de la thérapie sans
raison. Peu importe le nombre de sessions requises, le thérapeute considère chaque session comme ayant le potentiel de créer
une avancée cruciale. C’est la tolérance du client envers le changement qui devrait toujours régler le rythme du travail, et
non les présomptions du thérapeute ou ses méthodes.
En plus des enfants qui ont subi des abus, on trouve aussi des clients multi-globaux dans la population qui serait décrite
en psychodynamique comme ayant un trouble de la personnalité sévère. Toute la méthodologie de la Thérapie de la cohérence
s’applique encore ; découvrir, intégrer et transformer les construits pro-symptôme centraux dans chaque session.
En sciences cognitives, le caractère modulaire du fonctionnement mental a été bien établi. L'esprit s'organise en modules
de traitement distincts qui opèrent inconsciemment et simultanément, et chaque module opère sur une zone particulière et
relativement restreinte de l’expérience. 3,4 Ce système est hautement avantageux pour l'économie psychique parce que le
nombre d’activités pouvant être tenues en même temps dans l'attention consciente est sévèrement limité. L'expérience
présente et la mémoire sont toutes deux organisées de cette manière. (Le terme mémoire réfère, en science cognitive, à
l'entretien et au rappel de toutes les formes de connaissances ; cette définition est plus large que le terme « mémoire » tel qu'il
est couramment utilisé et qui vise seulement le rappel du passé ou des faits). La mémoire explicite (aussi nommée mémoire
déclarative) est constituée des représentations conscientes et verbales d'un individu de ses expériences et de sa connaissance.
La mémoire implicite (aussi nommée mémoire procédurale) inclut toutes les connaissances expérientielles et non-verbales,
comme l'utilisation de la grammaire pour composer des phrases en parlant, comment marcher, comment raconter une histoire
fascinante, et toutes les actions réflexes et instinctives.
Les chercheurs en mémoire ont trouvé que les différents types de mémoire implicite sont associées à différentes zones du
cerveau sous-cortical.5
Les études sur le trauma ont, elles aussi, fait état de la modularité, et trouvé que le caractère unique de cette
symptomatologie est dû au fait que l'expérience traumatique est conservée en mémoire séparément et différemment de
l'expérience non-traumatique.6
Les études sur « l'activation cognitive profonde »7 permettent aussi de situer la Thérapie de la cohérence sur un terrain
scientifique ferme. Historiquement, l'existence même de l'inconscient et du contenu mental inconscient a été largement
présupposée et a été vulnérable d’un point de vue conceptuel. Les recherches sur l’activation cognitive profonde ont apporté
de nouvelles méthodes pour une détection plus rapide des contenus mentaux inconscients, de leur activation et de leur
production de comportements, humeurs et pensées de surface.
Le soutien le plus important à la Thérapie de la cohérence vient des neurosciences cognitives. La correspondance entre
les activités psychologiques spécifiques et l'activation de régions localisées du cerveau est maintenant bien établie. Dans les
années 50 et 60, le travail de Michael Gazzaniga a révélé des différences entre les fonctions exécutées par les hémisphères
gauche et droit. Ses recherches subséquentes ont évolué bien au-delà de ce simple modèle gauche-droit. Gazzaniga a regroupé
les résultats extraordinaires de plusieurs de ses études dans son livre publié en 1985, The Social Brain.8 Il explique :
3 Rumelhart, D. E. & McClelland, J. L. (1986). Parallel distributed processing: Explorations in the microstructure of cognition (2 vols.).
Squire, L. R. (1994). Declarative and nondeclarative memory: Multiple brain systems supporting learning and memory. In D. L. Schacter
& E. Tulving (Eds.), Memory systems (pp. 203-231). Cambridge, MA: MIT Press.
5 van der Kolk, B. A. & Fisler, R. (1995). Dissociation and the fragmentary nature of traumatic memories: Overview and exploratory
7 Wegner, D. M., & Smart, L. (1997). Deep cognitive activation: A new approach to the unconscious. Journal of Consulting and Clinical
Psychology, 65 (6), 984-995.
8 Gazzaniga, M. (1985). The Social Brain. New York: Basic Books.
Le portrait qui se dessine à partir des neurosciences cognitives est celui de modules cérébraux largement autonomes
(chacun représente un réseau de neurones) qui opèrent en-dehors de la conscience et qui peuvent tous « évaluer, se souvenir,
ressentir des émotions et agir »10, ce qui est exactement la phénoménologie des positions pro-symptôme inconscientes.11
Le seul module verbal du cerveau est un élément-clé du Soi conscient et est « voué à la tâche d'interpréter nos
comportements ouverts tout comme nos réponses émotionnelles privées qui sont produites par ces modules mentaux
individuels de notre cerveau. Il construit des théories sur la raison pour laquelle ces comportements se sont produits et il le
fait parce que ce système cérébral a besoin de garder une constance dans tous nos comportements. C'est une entreprise
uniquement humaine… »12 La concoction des explications conscientes du module verbal, dans son effort pour donner un sens
aux comportements générés par les modules non-verbaux qui opèrent en-dehors de la conscience correspond à la position
anti-symptôme consciente du client en thérapie, selon les termes de Thérapie de la cohérence.
Gazzaniga met l'accent sur le fait que : « la modularité du cerveau n'est pas seulement un concept psychologique… À
travers les études [expérimentales]…, il devient clair que la modularité possède des bases anatomiques réelles. »13 Dans des
études plus récentes faites par d'autres chercheurs14 qui ont utilisé des technologies plus récentes, l'imagerie en temps réel à
haute résolution de l'activité cérébrale, des tâches psychologiques spécifiques ont été associées à des régions du cerveau
hautement spécifiques, ce qui corrobore le modèle de Gazzaniga.
En particulier, les neurobiologistes ont établi que le système limbique du cerveau emmagasine et contrôle l'activation
de tous les schémas qui impliquent des émotions de détresse, comme la peur et la colère, et aussi les connaissances sur la
manière d'être en sécurité et de s’auto-protéger.15 À l'intérieur du cerveau limbique (aussi appelé lobe temporal médian) se
trouve l’amygdale, qui compare les perceptions à ces schémas à teneur émotionnelle négative. Si une caractéristique des
perceptions en cours semble correspondre à l’une de ces réalités émotionnelles intenses, l’amygdale met en route la réponse
d’auto-protection prédéfinie par le schéma activé.
Il est particulièrement pertinent, en Thérapie de la cohérence, de considérer le fait que l’amygdale fait seulement une
faible distinction entre les perceptions qui proviennent des sens externes physiques et ceux qui proviennent de l’imagination.
C’est pour cette raison que les techniques expérientielles imaginaires déclenchent efficacement et accèdent à ces réalités
émotionnelles (positions pro-symptôme) qui sont conservées dans le cerveau limbique. Lorsqu’une situation qui a une
signification émotionnelle négative est imaginée de manière saisissante, pour l’amygdale, cette situation se produit vraiment.
De plus, en raison de la nature entièrement non-verbale du cerveau limbique, les méthodes expérientielles plutôt que les
méthodes cognitives sont nécessaires pour engager et changer ses schémas avec succès. Les méthodes cognitives engagent le
néocortex, qui ne conserve pas le matériel sous-cortical qui produit les symptômes et ne permet pas non plus d’y accéder.
,
Dans les thérapies fondées sur l’échange verbal, la recherche a montré que le langage doit être utilisé de manière spécialisée
afin de produire cet accès expérientiel.16 17 La Thérapie de la cohérence utilise donc des styles de formulation hautement
personnalisés, concrets, saisissants, au présent, qui favorisent un engagement direct avec le matériel limbique.
9 Ibid., p. 74.
10 Ibid.,p. 86.
11 Pour une revue de la littérature récente et exhaustive de la science du cerveau qui supporte l’existence des positions pro-symptôme,
voir Toomey, B. & Ecker, B. (2007). Of neurons and knowings: Constructivism, coherence psychology and their neurodynamic
substrates. Journal of Constructivist Psychology, 20, 201-245.
12 Ibid., p. 80.
13 Ibid., p. 128.
14 Voir par exemple (a) Posner, M. I. & Raichle, M. E. (1994). Images of mind. San Francisco: W. H. Freeman and Co.
(b) Raichle, M. E. (1994). Visualizing the mind. Scientific American, 240 (4), 58-64.
15 Panskepp, J. (1998). Affective neuroscience: The foundations of human and animal emotions. Oxford: Oxford University Press.
16 Watson, J. C. (1996). The relationship between vivid description, emotional arousal, and in-session resolution of problematic reactions.
La recherche sur la reconsolidation s’est développée rapidement. La séquence d’expériences nécessaires pour que le
cerveau exécute un déverrouillage et un effacement a été identifiée en 2004.19 Tel que détaillé par Ecker and Toomey,20 le
processus de changement en Thérapie de la cohérence correspond, au détail près, aux étapes requises pour l’effacement d’un
apprentissage émotionnel à travers la reconsolidation avec le même succès: une réponse émotionnelle qui génère un symptôme
n’est plus possible à déclencher par les signaux et les contextes qui l’avaient fortement déclenchée auparavant. Cela fournit
provisoirement un mécanisme qui soutient les observations cliniques et anecdotiques de changement profond qui ont été
faites par des praticiens de la Thérapie de la cohérence.
18 Par exemple: Nader, K., Schafe, G. E., & LeDoux, J. E. (2000). Fear memories require protein synthesis in the amygdala for
Changement expérientiel : (Phrase utilisée dans le livre Depth Oriented Brief Therapy.) Changement dans la
manière dont le client considère sa position pro-symptôme; désigne l’intégration (rendre consciente) ou la
transformation (révision ou dissolution) de cette dernière.
Construit : Toute représentation interne du Soi ou du monde, dans n’importe quel mode d’expérience :
sensoriel/perceptuel; narratif/linguistique/conceptuel; émotionnel; kiné/somesthésique. Un construit est un
modèle de la réalité qui opère comme une unité de savoir; lorsqu’elle est appliquée, sa représentation semble
réelle. Un groupe de construits reliés entre eux forment un schéma, un modèle mental plus élaboré qu’un
construit unique.
Expérience d’intégration (ou travail de position) : Processus selon lequel le thérapeute suggère au client
de garder sa position pro-symptôme consciente plutôt qu’inconsciente, sans aucune tentative de changer le
contenu ou la vérité émotionnelle de cette position. L’intégration, la première forme de changement ou de
changement expérientiel en Thérapie de la cohérence, déclenche spontanément une transformation et une
résolution dans plusieurs cas.
Mémoire implicite/connaissance implicite : Connaissance acquise que l’individu ignore posséder ou avoir
apprise, même lorsque de tels apprentissages répondent et produisent les réponses du comportement, de
l’humeur, de l’émotion et de la pensée.
Position anti-symptôme : La vision et la position initiales, conscientes, du client envers son symptôme
présenté, qui consiste en des construits qui dépeignent le symptôme comme étant insensé, complètement
indésirable, involontaire et une preuve de faiblesse, de maladie ou de méchanceté.
Questionnement radical : (Phrase utilisée dans le livre Depth Oriented Brief Therapy.) Le processus de
découverte en Thérapie de la cohérence; la recherche active, expérientielle, non-interprétative du thérapeute
pour mettre à jour la vérité émotionnelle du symptôme (la position pro-symptôme du client). « Découverte
radicale » ou simplement « découverte » sont des termes équivalents. Une étape de découverte réussie amène le
client dans une expérience directe des thèmes et objectifs pro-symptôme, et c’est le client qui révèle au
thérapeute ce qu’ils sont. C’est la première phase de la méthodologie de la Thérapie de la cohérence.
Travail expérientiel : N’importe quelle étape de travail dans une session de thérapie dans laquelle l’attention
du client est principalement ou totalement dirigée sur du matériel non-verbal, non-intellectuel. Il ne doit pas
être mis dans la même catégorie que la catharsis ou les techniques dramatiques ou fortement intenses. En
Thérapie de la cohérence, « expérientiel » veut dire que le client est subjectivement plongé dans la réalité
émotionnelle de son schéma émotionnel qui génère le symptôme et parle à partir de lui comme d’une expérience
présente, à la première personne.