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V. ROUQUET LA GARRIGUE PP.

ROCHER

principes
; de

mathematiques
economiques
TOME |

COLLECTION DE
MATHEMATIQUES
ECONOMIQUES |sous Ia direction de J.A. VILLE

OV GAUTHIER-VILLARS PARIS
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in 2022 with funding from
Kahle/Austin Foundation

https://archive.org/details/principesdemathe0001 pier
UgaR
BIBLIGTHEQUE
ELAGUE

PRINCIPES
DE

MATHEMATIQUES ECONOMIQUES
OUVRAGES DE LA COLLECTION

POnuses

I. CARVALLO (MicHEL). — Monographies des treillis et algébre de


Boole, 2¢ édition revue et corrigée, x11-130 pages, 38 figures; 1966.
II. CARVALLO (MicHEL). — Principes et applications de lanalyse
Booléenne. 132 pages, 32 figures; 1965.
III. MOISIL (G.). — Théorie structurelle des automates finis. 338 pages,
328 figures; 1967.
IV. ROUQUET LA GARRIGUE (V.) et ROCHER (PIERRE). — Prin-
cipes de mathématiques économiques. Tome I : La construction
mathématique. 546 pages, 37 figures; 1968.

A paraitre :

KUNZI (H. P.) et KRELLE (W.). — Programmation non-linéaire.


CARVALLO \(MicHEL). }— jLogique a trois valeurs, logique a seuil.

OUVRAGES DES MEMES AUTEURS

ROCHER (PIERRE) :
Les dettes sous le régime de séparation de biens. (Un volume), Editions
Ouest-Eclair, Rennes, 1939.
L’ Economie politique mathématique. (En collaboration avec Michel
Bropsky.) (Un volume). (Collection : L’ Economie politique contem-
poraine.) Librairie générale de droit et de jurisprudence, Paris, 1949.

ROUQUET LA GARRIGUE (VicrTor) :


La verrerie ouvriére d’Albi. (Contribution 4 l’étude des associations
ouvriéres de production.) (Un volume), Editions G. Subervie, Rodez, 1933.
Les problémes de la corrélation et de Uélasticité. (Etude théorique autour
de la loi de King.) (Deux volumes). Editions Hermann, Paris, 1948
La Société internationale d’économétrie. (Economie mathématique et écono-
métrie appliquée.) (Un volume). Editions scientifiques Riber, Paris, 1950.
Les problémes de la corrélation et de Vélasticité, (Etudes économétriques
et positives autour de la loi de King.) (Deux volumes). Editions du
Centre de documentation universitaire, Paris, 1953.
COLLECTION DE MATHEMATIQUES ECONOMIQUES
PUBLIEE SOUS LA DIRECTION DE J.-A. VILLE

Fascicute TV

PRINCIPES
DE

MATHEMATIQUES ECONOMIQUES
PAR

Victor ROUQUET LA GARRIGUE


Professeur des Facultés de Droit et des Sciences Hconomiques
Directeur d’tudes a l’Ecole Pratique des Hautes Ktudes

ET

Pierre ROCHER
Agrégé des Sciences Mathématiques
Docteur en Droit

TOME I
La construction mathématique

PARIS
GAUTHIER-VILLARS EDITEUR
1968
© Gauthier-Villars, 1968.
Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction, par tous procédés
y compris la photographie et le microfilm réservés pour tous pays.
INTRODUCTION GENERALE
AUX TOMES I, II ET Il

« Une science ne fait de véritables: progrés que lorsqu’on est parvenu


a bien déterminer le champ ot peuvent s’étendre ses recherches et
Pobjet qu’elles doivent se proposer; autrement, on saisit ca et 1a un petit
nombre de vérités sans en connaitre la liaison et beaucoup d’erreurs
sans en pouvoir découvrir la fausseté. »
Ces premiers mots du Discours préliminaire, qu’on peut lire en ouvrant
le Traité d’économie politique d’un vieil auteur classique, éclairent indi-
rectement la signification profonde des Principes de mathématiques écono-
miques dont nous avons l’honneur de présenter le premier volume au
lecteur (').
Ils soulignent, en méme temps, l’ampleur et la difficulté d’une tache.
qu’on ne peut jamais considérer comme résolue en raison de l’évolution
permanente et de incomparable richesse de la pensée mathématique.
La science mathématique peut, en effet, étre considérée de plusieurs
points de vue allant du mysticisme jusqu’aux calculs les plus prosaiques.
La conception la plus pure, au sens ancien, s’attachait aux propriétés
mystérieuses des nombres et des figures; ces propriétés provenaient d’un
certain automatisme de raisonnement manié par d’incontestables génies;
dans ces propriétés, les Pythagoriciens cherchaient la trace du dieu.
Cependant, la trame pragmatique apparait vite dans les préoccupations
mathématiques.
A Yorigine — aux temps de Thalés et de Diophante — les recherches
géométriques se développaient a cdté des premiers essais de calcul arith-
métique mais sans qu’aucun rapport fit encore soupconné entre les
deux sortes de spéculations.
Les Grecs savaient compter; ils n’achetaient pas un champ sans en
estimer la contenance, d’une maniére approximative, c’est-a-dire en

(‘) Les tomes II et III sont en cours d’élaboration.


VI INTRODUCTION GENERALE AUX TOMES I, II ET III.

négligeant les petits excédents dans la mesure et les menues monnaies


dans le paiement. Mais, les géométres grecs ne spéculaient que sur les
grandeurs elles-mémes, jamais sur leurs mesures, bien que l’algébre
fat déja en puissance dans les ouvrages des géométres grecs.
L’Histoire de la pensée mathématique montre que la marche suivie
par les Grecs n’a pas été reprise chez les Arabes et au cours du Moyen Age.
Les premiéres notions arithmétiques ont pris naissance avant les
recherches géométriques; mais il ne résulte aucunement de cette anté-
riorité nécessaire une dépendance quelconque entre les conceptions
élémentaires de l’algébre et celles de l’arithmétique. Les recherches
arithmétiques sont nées de la nécessité de régler équitablement les
conditions des contrats civils.
Soumise aux impératifs de la vie, élevée aux sommets de la recherche
humaine, la pensée mathématique a trés lentement requis une forma-
lisation progressive de ses concepts qui n’est pas encore achevée.
De nombreux siécles sont passés avant qu’elle ne prenne conscience
de lefficacité des méthodes capables d’assurer sa diffusion et de perfec-~
tionner l’enseignement ultérieur des techniques opératoires qui en cons-
tituent le terme naturel au plan des sciences sociales.
La généralité de l’initiation 4 la recherche mathématique autorise le
spécialiste 4 dégager quelques idées assez claires sur les diverses méthodes
retenues dans l’enseignement de la mathématique.
D’abord, que l’enseignement tel qu’il est dispensé dans la trés grande
majorité des cas n’atteint guére son but et ne satisfait ni le professeur
ni l’étudiant.
Le premier estime l’étudiant des Facultés de Droit et des Sciences
économiques insuffisamment préparé par ses études antérieures; le
second n’éprouve guére de joie a la découverte de la science mathé-
matique et se détourne parfois de cette discipline fondamentale, étran-
gement mélée, a ses yeux, a l’initiation économique.
En second lieu, que la mathématique est différente du calcul et qu’il
est de plus en plus indispensable de distinguer radicalement, d’une
part, la technique méme du calcul qui doit étre apprise, d’autre part,
le raisonnement mathématique, la compréhension des diverses struc-
tures a partir des modeéles qu’on peut fournir au débutant ou qu’il peut,
dans un second stade, inventer lui-méme.
L’abstraction, a partir du modéle, ne peut étre, en effet, qu’indivi-
duelle. Chacun batit sa propre abstraction et c’est a partir de ces notions
personnelles que le raisonnement progresse par intégration d’un stade
au suivant.
INTRODUCTION GENERALE AUX TOMES I, II ET Ill. VII

L’étudiant construit ses notions a partir du réel non par la simple


perception du monde environnant mais par son action répétée sur les
choses. Lorsqu’il constate qu’une action peut étre réversible, il accéde
a l’ « opération » et prend conscience d’un invariant : conservation du
nombre, de la longueur, du poids, du volume.
L’autonomie de l’abstraction rend dangereuse la tendance que peut
manifester l’étudiant en abordant les calculs sans l’acquisition préalable
de notions solides et relativement permanentes sur le fondement de la
science mathématique. Elle rend également inutile et pernicieuse toute
tentative — plus ou moins consciente — cherchant a favoriser l’effort
sur des subtilités stériles. Celui-ci doit étre soigneusement écarté sans
entrainer de préjudice a l’égard des vertus de l’intuition.
Tirons au clair un point qui peut préter a controverse.
L’intuition que la sagesse commande de limiter dans ses emportements
est la démarche dominante de la création mathématique.
Sans lui laisser libre cours qui pourrait étre fantaisie, mais sans freiner
son essor pour ainsi dire vital, nous estimons que la mathématique
doit s’incorporer dans les initiatives les plus profondes de la raison.
S’introduisant 4 la source méme de la découverte, l’intuition devient
Yun de ses éléments fondamentaux dés qu’il est question de recherche,
c’est-a-dire de marche en avant vers l’inconnu dans une direction dont
il faut étre le créateur incessant.
La réflexion attentive avec laquelle on doit examiner les étapes succes-
sives de la construction mathématique démontre que l'étude de cette
discipline conduit directement a pénétrer dans la connaissance de l’esprit
lui-méme, en ce sens qu’avec la mathématique, le contact spirituel est,
d’emblée, plus évident qu’avec toute autre discipline intellectuelle,
Ainsi, la vertu premiére de la mathématique se traduit par un phéno-
méne de plus en plus lumineux aujourd’hui : celui que traduit quoti-
diennement la progression de toutes les sciences qui n’entrent en rela-
tion intime avec l’esprit qu’en raison méme de la mathématique qu’elles
contiennent. .
L’une des taches premieres de l’économiste, dans cette seconde partie
du xx@ siécle qui voit éclore une mutation de sa science, comparable, en
bien des points, a ce que fut celle des sciences physiques au temps de
Lavoisier, consiste donc a préparer nos étudiants a comprendre, d’abord,
et a utiliser ensuite ce que sont devenues les mathématiques de notre
temps sans, pour autant, décréter la mort des mathématiques classiques
infiniment plus efficaces qu’on ne pourrait le penser dans certains secteurs
particuliers de la recherche économique.
KEK
VIII INTRODUCTION GENERALE AUX TOMES I, II ET III.
Le probléme de l’enseignement mathématique est devenu le premier,
peut-étre, des problemes mondiaux de l’éducation, ainsi qu’en juge
le Rapport préliminaire de la Commission chargée de la réforme
des programmes de l’enseignement des mathématiques, présidée par
A. Lichnerowicz — et ce n’est, certes, pas un hasard si, dans tous les
pays modernes, une évolution plus ou moins brutale du contenu et des
méthodes de l’enseignement s’est développée au cours des dernieres
années et continue a se poursuivre. Cette évolution qui demeure perma-
nente est en étroite interaction avec un autre phénoméne mondial qui
atteste limportance du rdéle joué par les mathématiques dans une
société moderne : il s’agit de ce qu’on a appelé la pénurie mondiale de
mathématiciens qui est d’autant plus angoissante que la culture mathé-
matique et la formation de mathématiciens sont devenues, de nos jours,
des impératifs d’un pays moderne.
Le Rapport précité insiste sur cette exigence qui s’impose a toute
nation soucieuse de son indépendance et de ses possibilités de déve-
loppement.
Si ingénieuses et si variées soient-elles, des recommandations ou des
mesures de cette nature illustrent la situation actuelle de la mathématique.
Tous les mathématiciens reconnaissent aujourd’hui que la mathé-
matique contemporaine est plus riche d’applications que les mathé-
matiques dites classiques dans le domaine des sciences exactes comme
dans celui des sciences sociales. En d’autres termes, la démarche classique
s’estompe au bénéfice de la mathématique contemporaine.
Est-il besoin de tempérer et d’assouplir quelque peu ce jugement
formel qui risque d’étre mal interprété aussi bien par les économistes
que par les étudiants en sciences économiques ?
Sil s’agit d’apprendre aux non-mathématiciens a se servir avec effi-
cacité des différentes techniques mathématiques, il ne saurait étre
question pour le mathématicien véritablement formé de défendre une
sorte d’impérialisme mathématique qui dominerait, d’une maniére souve-
raine, l’exercice de ce véritable service public qu’est devenu l’ensei-
gnement mathématique. La modestie et la mesure sont humaines.
Celui qui est donné a nos étudiants n’a point les contours et les limites
semblables 4 ceux des connaissances mathématiques utiles au spécia-
liste d’acoustique ou de physique nucléaire.
Le probleme majeur est celui d’une adaptation réfléchie aux moda-
lités changeantes de la pensée économique et aux objectifs poursuivis
par la recherche économique.
INTRODUCTION GENERALE AUX TOMES I, II ET III. IX

Est-il permis de dire qu’a cet égard, l’ceuvre n’est qu’a peine
commencée ? Elle ne peut étre valablement poursuivie que par les écono-
mistes eux-mémes.
A Véchelon de lenseignement supérieur des sciences économiques,
Venseignement oral devrait garder, dans une certaine mesure, un style
historique, c’est-a-dire que chacune des parties des mathématiques
retenues devrait étre exposée en évoquant rapidement la conception qui
fut contemporaine de sa naissance, renouvelée des Grecs, ici, bénéficiant,
la, de Pétat d’esprit des xvire et xvinié siécles.
Ce cheminement aurait, sans doute, pour effet d’éviter la rupture
parfois illégitime avec l’état de la science économique aux mémes époques,
denrichir l’enseignement proprement économique et d’éveiller l’atten-
tion sur la relativité d’une connaissance qui est inéluctablement liée a
des faits humains.
Or, cette conception nuancée mais parfaitement orthodoxe des mathé-
matiques n’est aucunement unifiée dans l’esprit de nos étudiants qui
se voient contraints a des déconditionnements difficiles.
Notre expérience qui commenca au moment méme ow Il’enseignement
mathématique fut introduit dans les Facultés de Droit et des Sciences
économiques révele que les étudiants sont constamment conduits a
repenser l’ensemble de leur acquis a l’aide de notions qui ne peuvent,
bien souvent, que leur sembler étranges, dans un langage différent de
celui pour lequel ils conservent une prédilection marquée mais qui est
cependant susceptible de retenir l’attention des meilleurs parce qu’il
porte une pensée neuve.
Il ne saurait donc y avoir une conception définitive de l’enseignement
des mathématiques aux étudiants économistes comme il ne saurait y
avoir, d’ailleurs, une conception sclérosée des mathématiques elles-
mémes dans l’esprit du mathématicien.
Les programmes officiels de la licence és sciences économiques
témoignent, sans doute, du souci de parfaire l’adaptation de la disci-
pline mathématique a l’analyse des probleémes économiques que l]’étu-
diant doit connaitre. Cependant, le déséquilibre inquiétant de ces pro-
grammes laisse au professeur la liberté d’affiner sa conception de la
diffusion de ]’enseignement mathématique a la lumiére des expériences
pédagogiques qu’il vit, A une condition qui ne parait guére avoir été
Yobjet d’un accord de principe unanime, c’est-a-dire que l’économiste
expose devant les mémes étudiants un enseignement économique et un
enseignement mathématique.
xX _ INTRODUCTION GENERALE AUX TOMES I, II ET III.

Les Principes de mathématiques économiques s’inspirent, fondamen-


talement, de Vidée que le choix et l’éclairage des notions premieres,
approche et l’importance des grands théorémes se modifient complé-
tement a travers l’unité de la mathématique.
Concue dans l’esprit des programmes de la licence és sciences écono-
miques, notre étude sous-entend que certaines branches naguére presti-
gieuses qui ne débouchent ni sur des concepts ni sur des techniques
mathématiques contemporaines sont condamnées 4 disparaitre partiel-
lement de l’enseignement magistral ou a ne plus étre matiére a exercices.
Cependant, elle ne veut point renier les qualités encore trés positives
de certaines techniques qui appellent simplement des transformations
mineures dans leur exposition et leur application ou des mutations
soigneusement élaborées.
Les trois étapes que nous nous proposons de poursuivre au cours de la
rédaction des trois tomes peuvent étre caractérisées de la manieére suivante :
I. Le premier tome est principalement destiné a montrer les stades
successifs de la construction mathématique.
II. Le second tome aura pour objet de préciser le processus de forma-
tion des outils du calcul algébrique et géométrique et tentera de justifier
le sous-titre que nous avons convenu de lui donner : Les mathématiques
de l’équilibre.
III. Modifiant notre diaphragme d’observation et tenant compte du
niveau des connaissances économiques supposées acquises aprés deux
années de licence, nous ferons du troisiéme et dernier tome un livre
plus technique qui utilisera certaines notions des deux premiers volumes
en vue de traiter les techniques mathématiques les pius usuelles au-dela
desquelles il sera nécessaire de se reporter aux ouvrages spécialisés.
Nous pensons que le sous-titre prévu : Les mathématiques des fluctua-
tions et de la croissance pourra étre toléré.
Comprenant l’ensemble des notions et des techniques mathématiques
exigées des candidats a la licence és sciences économiques, utile 4 ceux
qui préparent le doctorat és sciences économiques dans les Facultés de
Droit et des Sciences économiques ainsi qu’aux étudiants qui envi-
sagent de conquérir un doctorat de spécialité dans les Facultés des
Sciences, nos Principes visent plutét la pleine acquisition des notions
et techniques fondamentales que la connaissance nécessairement plus
superficielle de matiéres plus étendues.
PREFACE

La mathématisation de certaines branches de la recherche écono-


mique a conduit 4 modifier profondément l’enseignement des Facultés
de Droit et des Sciences économiques. Cette décision est venue a une
époque ott lenseignement des mathématiques dans les Facultés des
Sciences avait lui-méme été envisagé d’un point de vue plus général
et plus abstrait; elle devient également contemporaine de l’apparition
de conceptions nouvelles du calcul numérique, attachées a la générali-
sation de l’emploi de machines électroniques, dont la rigidité d’opération
demande, pour étre utilisée rationnellement, qu’on se penche avec
beaucoup de soin sur leur langage.
L’enseignement des mathématiques économiques se trouve donc
4 méme de « bénéficier » des progrés accomplis dans l’exposition des
principes mathématiques. Encore faut-il que ce bénéfice ne soit pas
évoqué par antiphrase. Les notions d’ensemble, de correspondance,
d’homologie, qui servent, en effet, de point de départ aux exposés mathé-
matiques, ne sont pas des notions primitives au véritable sens du terme.
Ce sont des notions qui sont devenues primitives lorsque la technique
mathématique a fourni des résultats si touffus que le besoin d’une
révision systématique s’est fait sentir. Ce retour aux sources, pour
employer une expression banale mais justifiée, a fait apparaitre que
certaines notions, comme celle d’ensemble, qui sont indispensables pour
exposer certains chapitres évolués de la mathématique classique (telle
la théorie de la mesure et de l’intégration) pouvaient étre mises en
évidence dés le début d’un exposé systématique. La nature du raison-
nement est ainsi mieux expliquée, et le caractére artificiel de certaines
constructions s’en trouve atténué. :
Il est hors de doute que ces notions générales sont indispensables a
parfaire une formation mathématique. Mais il est permis de douter de
leur opportunité dans une premiere initiation. Est-il recommandable
de traiter le débutant comme celui qui a déja fait la route, est revenu
XII PREFACE.

sur ses pas et la reprend pour mieux la connaitre ? L’enseignement des


Facultés des Sciences estime que oui. La justification de cette affirmation
se trouve principalement dans le fait que l’absence de ces notions fonda-
mentales abstraites rend impossible le moindre écart en dehors de la
voie purement scolaire. Celui qui ne les possede pas devra se limiter
aux exercices d’application, dans lesquels il pourra d’ailleurs exceller.
S’il se trouve devant un probléme imprévu, et dans la recherche écono-
mique tous les problémes sont imprévus, il se trouve désarmeé. Pour
atteindre une certaine efficacité, il faut donc acquérir ces notions, qu’elles
aient été acquises soit implicitement, par une longue pratique des tech-
niques classiques, soit explicitement, parce que l’enseignement les a
exposées directement.
La deuxiéme voie, l’acquisition explicite, est plus courte, et peut étre
plus aisée pour des esprits portés 4 la réflexion philosophique. Certaines
opérations intellectuelles, en effet, que le mathématicien effectue instincti-
vement, comme reconnaitre l’équivalence entre

{ A implique B }
et
{non B implique non A }

ou encore dire que :


La négation de :
{ Pour tout x il existe un y tel qu’on ait A}
est

| Il existe un x tel que pour tout y on ait non Aj,

sont des démarches qu’il est bon de mettre a part; elles ne peuvent
surprendre un esprit qui a quelques aptitudes a la logique, n’étant que
des dérivées simples des régles aristotéliciennes.
Reste maintenant, une fois accordé a ces notions le droit de cité, a les
présenter de maniéere qu’elles soient effectivement assimilables. Il y a
la un probleme difficile. Les exposés sommaires, suffisants pour un
mathématicien déja formé, lequel n’a qu’a reconnaitre des principes
qui sont déja en lui, sont insuffisants pour celui qui a moins d’expérience,
et dont l’esprit risque de ne pas avoir les mémes points de référence
que son professeur.
Les principes de mathématiques économiques qui figurent dans
la collection de Mathématiques Economiques ont été rédigés par
M. V. Rouquet LA GaARRIGUE et M. P. Rocuer avec le souci d’éviter
PREFACE. XIII

les malentendus dont nous venons d’évoquer le risque. M. V. Rouquret


La GARRIGUE montre par son exposé qu’il a eu, dans les premiéres années
de sa carriére universitaire, a enseigner les mathématiques; M. P. RocHER
a su garantir lharmonisation du vocabulaire et des méthodes avec
ceux en usage dans les traités mathématiques modernes. L’Ouvrage
est destiné aux étudiants des Facultés de Droit et des Sciences
économiques désireux de connaitre vraiment leur programme de mathé-
matiques économiques; il contient l’essentiel de ce qu’il faut savoir pour
accéder aux travaux actuels. Il peut étre étudié avec fruit par les
étudiants des Facultés des Sciences qui s’intéressent aux problémes
économiques.
Il nous faut mentionner une particularité des mathématiques écono-
miques. Elles ont un champ trés vaste, mal exploré; elles ont aussi
beaucoup d’écueils 4 éviter. Pour étre efficaces, elles ont, peut-étre,
davantage besoin de fondements théoriques solides que d’autres disci-
plines, telles que la mécanique. En effet, dans le monde économique,
la relation fonctionnelle « ordinaire », qui lie une valeur numérique a
une autre valeur numérique, est l’exception. Les relations différentielles
sont également l’exception, et ne sont utilisées que pour fixer certaines
idées. Les valeurs propres significatives d’une matrice sont également
rares. De sorte qu’on peut dire que le démarquage pur et simple des
mathématiques de la nature du calcul différentiel et intégral, tel qu'il
était concu il y a un quart de siécle, ne peut conduire qu’a |’erreur ou
a la stérilité. Ce qui donc a paru nécessaire pour permettre le progrés
des mathématiques pures le devient pour les premiers pas des mathéma-
tiques économiques — ow les correspondances, plusieurs a plusieurs,
sont la régle, non l'exception.
Les économistes auront deux taches principales : mettre des nombres
en face des notions connues mais mal mesurées, ce qui est un probleme
de statistique — mais aussi, par la recherche mathématique, a dégager
des notions nouvelles ou incertaines. Pour cette seconde tache, ils ont
besoin de toute leur liberté de conception, et ne peuvent l’avoir que si
leur formation de base est suffisamment dégagée des impératifs d’unicité
des correspondances, mis a la base des sciences déterministes; ces impé-
ratifs sont ici trompeurs.
J eACMVIETES
INTRODUCTION

L’introduction dans les programmes de Mathématiques appliquées a


l'économie de la licence és Sciences économiques, de notions modernes
et étendues, a rendu urgente la rédaction d’un Ouvrage de référence
accessible aux débutants désireux d’examiner attentivement une défi-
nition, de comprendre la légitimité d’une opération et de saisir les raisons
qui invitent 4 batir des concepts nouveaux.
Plusieurs Traités excellents ont déja été publiés. Cependant, cet
Ouvrage qui constitue le premier tome d’une étude globale composée
de trois volumes suivant aussi fidélement que possible les directives
officielles des programmes de premiere, seconde et troisitme années de
licence, se distingue des livres rédigés en langue francaise.
En effet, d’une part, il accorde une place importante a la logique du
raisonnement mathématique qui ne figure pas aux programmes de la
licence, d’autre part, il tente d’approfondir la notion d’ensemble en
accédant aux opérations générales (et non seulement élémentaires) sur
les ensembles et de systématiser la notion de structure mathématique.
Il s’écarte volontairement de l’option qui consiste 4 livrer a |’étudiant
les secrets de la technique mathématique sans lui faire toujours suffi-
samment percevoir lunité de la mathématique dont une prise de
conscience nette contribue 4 un avancement plus facile dans le laby-
rinthe des notions, des théorémes, de leur démonstration et de leurs
possibilités d’applications en économie.
En ces deux sens différents mais complémentaires l’un de l’autre,
notre livre est une tentative pour combler une lacune. Sa conception
générale peut faire de celui-ci un ouvrage auquel pourront se référer
les mathématiciens professionnels eux-mémes.
Ceux qui se borneraient a utiliser les mathématiques pourraient pré-
tendre que lorsqu’on écrit a titre principal pour un candidat de premiére
année de la licence és Sciences économiques, il est inutile ou dangereux
- @essayer de faire preuve d’une trop grande rigueur, de tout démontrer,
d’aller au fond de tout, d’introduire radicalement des concepts trop
XVI INTRODUCTION,

généraux, de se servir d’une terminologie et d’un symbolisme stricte-


ment définis et dépourvus d’une certaine dose sinon de lyrisme du moins
de verbalisme attractif.
S’ils avaient raison, cela voudrait dire que, contrairement au bon
sens, les débutants comprennent d’autant plus aisément un texte mathé-
matique qu il est plus mal rédigé ou qu’il est moins mathématiquement
pensé.
Nous avons renoncé a la facilité apparente au bénéfice de la rigueur
nécessaire en observant que les progrés réalisés depuis une soixantaine
d’années donnent au mathématicien la possibilité de renouveler substan-
tiellement l’enseignement qui lui est confié, soit en tirant au clair de
nouvelles notions simples et générales qui permettent d’élargir et d’appro-
fondir considérablement la portée du raisonnement traditionnel, soit en
mettant a jour des méthodes d’analyse qui rendent accessibles aux
étudiants de nos Facultés des résultats considérés autrefois comme
particuli¢érement difficiles.

La division ternaire que nous avons adoptée : logique, ensembles,


structures, exprime l’idée de construction mathématique, malgré l’allure
artificielle que présente une architecture trop facile. Elle nous parait
raisonnable et normale.
Logique, d’abord! Toute la premiére partie est consacrée aux notions
capitales de vérité mathématique, de vrai, de faux, au probléme de
lexistence.
Ardus dans une premiére lecture, les développements qui ont trait
a la genése de la pensée mathématique contemporaine et méme classique
(celle-ci sous un aspect différent) conditionnent l’assimilation des méthodes
de la construction mathématique a4 partir d’une définition purement
intuitive : celle d’ensemble selon Cantor.
Nous ne pensons pas que cette partie soit superflue, car la science du
raisonnement, c’est-a-dire des procédés par lesquels nous tirons d’une
proposition celles qui y sont contenues est, éminemment, l’exercice
intellectuel du mathématicien, au lendemain de ses inspirations intuitives.
Pour diriger les procédés du raisonnement, il faut d’abord en avoir
décomposé scrupuleusement tous les éléments et en avoir noté toutes
les formes.
Comme dans toute autre activité intellectuelle, la logique recherche
comment la nature des idées se retrouve dans les termes qui les désignent
et dont elle étudie l’extension.
INTRODUCTION. XVII

Eloignée cependant de toute gymnastique scolastique, l’analyse pré-


cise de la premiére notion : celle d’objet mathématique, condamne le
mathématicien a une contrainte non point pénible, mais enchanteresse :
celle qui se traduit par la remontée aux sources du raisonnement, ne
serait-ce que pour affermir son langage et qui débouche sur une impres-
sion quasiment visuelle, 4 savoir que toutes les sciences seraient parfaites
si elles parlaient une langue fort simple.
Prenons l’exemple de la définition de l’objet.
Savoir ce qu’est un objet mathématique est, assurément, l’affaire du
philosophe autant que du mathématicien, ce qui, d’ailleurs, confére un
sens au dialogue. Pour le mathématicien, un objet mathématique est
« quelque chose » qui est représentée auditivement ou visuellement,
soit par une lettre (objet indéterminé) soit par un 7,(R) (prototype).
Il n’y a pas d’autres objets mathématiques, donc pas d’autres ensembles.
La nature de cette limitation systématique d’une notion simple se
retrouve dans la modestie du comportement du mathématicien a l’égard
de la notion d’existence. Comme le constatera le lecteur dés le début
de l’Ouvrage, la mathématique néglige le probléme consistant 4 exa-
miner si absence de contradiction suffit 4 assurer l’existence idéale des
objets mathématiques et se contente de surveiller trés attentivement le
développement de la théorie qui les concerne : elle n’hésite donc point
— de par sa nature propre — a rendre explicite une abdication qui n’est
autre que la reconnaissance implicite de sa compétence et de son autonomie.
Construire ces modéles que sont les objets mathématiques, établir
des relations entre ces objets et démontrer que certaines de ces rela-
tions sont vraies forment les trois processus fondamentaux de la mathé-
matique appuyés sur le simple critére de la non-contradition.
Il y a une soixantaine d’années environ, les efforts tendant a englober
dans une méme théorie générale des théories particuliéres déja connues
afin de pouvoir appliquer aux unes les méthodes déja employées pour
étudier les autres, ou bien cherchant a établir sur des bases solides des
théories restées longtemps en suspens ou demeurées vulnérables du point
de vue de la logique, ont abouti 4 une rénovation de la pensée mathé-
matique au moyen d’un renforcement de la rigueur du langage.
Ces efforts couronnés de succés ont finalement octroyé au symbolisme
sa toute-puissance ('). Ils ont alors conduit le mathématicien a raisonner

(‘) En état actuel de notre discipline, si l’on peut parler de succés, il est difficile
de parler de triomphe, car on peut encore se demander s’il existe un ouvrage qui
tire définitivement au clair la transition qui s’est opérée dans le langage et le symbo-
lisme du mathématicien. Pour notre part, nous pensons qu’il est impossible de tout
réapprendre sans un recours constant a l’ceuvre magistrale de N. Bourbaki.
XVIII INTRODUCTION.

sur des objets de plus en plus éloignés de la réalité observable au point


que les symboles suffisent 4 inventer ces étres que sont les objets mathé-
matiques et les liaisons qui les unissent.
Ce logicisme impénitent mais épuré de tout arriére-fond philoso-
phique est incontestablement la condition nécessaire et suffisante de la
progression de la recherche et de la communication mathématiques.
C’est-a-dire que la croissance formalisée de la conception mathéma-
tique donne la sireté dans la démarche et l’assurance désirable dans le
recours ultérieur 4 ses différentes étapes pour l’application aux analyses
qui intéressent directement l’économiste et, d’une maniére plus géné-
rale, le spécialiste des sciences sociales.
*
* *

La deuxiéme partie de ce. tome I étudie l’ensemble qui est exactement


synonyme d’objet mathématique mais dont les structurations dégagent
toutes les potentialités de la recherche ultérieure.
La définition que Cantor a donnée — vers 1870 — de la notion
d’ensemble est purement intuitive et, comme le fait remarquer
N. Bourbaki, on ne peut rien en tirer en mathématiques.
La théorie des ensembles n’a pas d’autre but que de fixer les régles
d’emploi du mot : « ensemble » avec les mots : « égale », « appartient »,
« existe ». Intuitivement, on peut interpréter un ensemble comme une
collection d’objets, d’ou les représentations concrétes; mais, cette repré-
sentation et méme cette interprétation disparaissent dans le cas de
Vensemble vide et dans celui des ensembles dont la puissance dépasse
celle du continu. C’est, d’ailleurs, parce qu’une telle interprétation fait
défaut que quelques mathématiciens refusent d’accorder la moindre
considération a lensemble vide ou ne l’acceptent qu’avec ironie, de
méme qu’ils restent perplexes devant l’existence d’ensembles dont la
puissance est supérieure a celle du continu. Les mathématiciens en
question — intuitionnistes de l’école de Brower — sont en marge, évi-
demment, du grand courant axiomatique actuel. Mais il faut bien
reconnaitre quils existent!
La notion d’ensemble serait donc finalement condamnée elle-méme a
se satisfaire d’un contenu primitif trés difficile 4 définir et vouée a des
limitations que l’intuition est totalement inexperte a tracer et, a plus
forte raison, qu’un recours exclusif a lobservation est impuissant a
dégager. L’affirmation de l’inexistence d’un ensemble groupant tous les
objets est Pune des sanctions caractéristiques du bornage de l’analyse,
en l'état actuel de la science.
INTRODUCTION, XIX

Quels seront les ensembles, les correspondances, les opérations devant


lesquels sera placé l’économiste ? Que vont représenter celles-ci et ceux-la
dans le concret ? Il semblerait, certes, qu’en s’en tenant aux intentions,
chacune étant éclairée par un cas prototype (comme celui des nombres
carrés en matiére de nombres figurés), nous eussions évité de nous
confiner exclusivement dans le noir tunnel du logicien. A cette critique
probable, nous répondons que pour apprendre comment, imprégné des
données concretes de l'économie, on éprouve le besoin de redécouvrir
les ensembles, la réunion, l’intersection et, par elles, Valgebre de Boole,
il faut, d’abord, étre nanti d’un minimum de connaissances économiques
que l’étudiant ne posséde stirement pas lorsqu’il entre en premiére
année de licence.
De méme, pour savoir comment, enrichi des enseignements de théorie
économique, on en vient a repenser l’ensemble des couples introduisant
aux relations et aux graphes, le simple bon sens indique que le minimum
intellectuellement vital du jeune économiste n’est guére acquis lorsqu’il
termine sa premiére année de licence.
Il faut que l’étudiant se sente engagé avec confiance dans une démarche
intellectuelle dont il verra lintérét progressivement assuré au cours de
ses études économiques. I] faut, aussi — qu’on nous pardonne ce geste
désinvolte — que le professeur se passionne davantage pour la cohé-
rence du texte qu’il rédige et pour l’efficacité de son enseignement oral,
a plus ou moins long terme, que pour la lettre du programme qui restera
toujours essentiellement révisable (').
A ces deux conditions réunies, le probléme tracassant de lutilisation
de l’analyse mathématique dans la recherche et l’enseignement écono-
miques se posera et s’affirmera naturellement par la suite.
La justesse de ce probleme se doublera de la plénitude de ses instru-
ments, en ce sens que la redécouverte sera consciente et, par cela méme,
infiniment plus opérationnelle que par le moyen suspect d’un mélange
prématuré, tendancieux ou purement verbal de concepts rigoureusement
logiques et de notions extraites de observation du monde. Car ce qui
importe avant tout, c’est de montrer que les mathématiques sont
cohérentes et qu’un économiste pourra les utiliser en toute confiance.
Pour cela, on ne peut s’en tenir aux « intentions » : nous avons eu tout
particuliérement le souci de ne jamais employer de termes mathéma-

(1) De nombreuses questions du programme de premiére année de la licence


és sciences économiques ne sont pas abordées dans ce volume, mais le seront dans
le tome IJ. Inversement, la construction du corps des réels figure au programme
de la seconde année de licence, celle du corps des complexes fait partie du programme
de la troisiéme année alors que ces questions sont traitées dans ce premier tome.
XX INTRODUCTION.

tiques sans les avoir préalablement définis avec toute la rigueur et la


précision désirables. 3
Il fallait donc partir de la logique et ne jamais s’évader d’un climat
purement mathématique jusqu’au moment ow les outils forgés fussent
suffisamment puissants pour étre mis en « correspondance biunivoque »
avec les données concrétes et épurées de l’économie.
Lorsque le temps sera venu, il sera indispensable d’expliquer comment
on procéde dans les sciences économiques et sociales pour revétir de
mathématiques les phénoménes observés, c’est-a-dire, en derni¢re ana-
lyse, pour élaborer, d’abord, des modéles mathématiques au sens ou
Véconomiste emploie le mot « modéle », pour tester, ensuite, la ratio-
nalité d’un systéme économique (').
Mais, pour le présent, il importe avant tout que l’étudiant soit rompu
a la connaissance des grands principes généraux de la mathématique et
qu’en sus de ce travail d’emmagasinement, il se consacre ensuite a un
labeur approfondi de méditation et d’applications ou exercices proposés
par l’enseignant, dans son cours, ou méme, parfois, pratiquement réalisés
par lui-méme.
Nous avons, ainsi, cherché délibérément a situer nos développements
A un niveau relativement élevé, a4 nous débarrasser des circonstances

() L’exemple suivant montre — pensons-nous — le péril qui pourrait résulter


@un jumelage hatif ou prématuré de concepts mathématiques et de notions écono-
miques. L’étude de la concurrence parfaite montre, mathématiquement, qu’une
situation d’équilibre — si elle existe — interdit d’imaginer un accroissement d’une
satisfaction sans diminution d’une autre. On démontre, d’ailleurs, que toute situa-
tion de cette sorte peut étre considérée comme caractéristique d’un équilibre
concurrentiel. L’étude de la concurrence parfaite ot chaque consommateur maxi-
mise sa satisfaction en respectant la contrainte de son revenu — et chaque entre-
prise maximise son profit en respectant la contrainte de sa fonction de production —
doit étre considérée, selon nous, comme |’élément premier et fondamental des appli-
cations. I] serait done nécessaire d’étudier les décisions des consommateurs, celles
des entrepreneurs, puis le systéme d’équations imposant l’équilibre. La program-
mation linéaire et le systeéme de Léontief permettent d’apporter, sur ce dernier point,
des arguments sérieux pour l’existence d’une solution. Les autres formes de marchés;
monopole, oligopole peuvent étre, ensuite, étudiées sous leur aspect classique, puis
en faisant appel a la théorie des jeux. Or, le cas général ne peut pas étre véritablement
étudié en premiére année de licence. Si l’on extirpe l’hypothése simplifiée et sim-
pliste de deux ou trois biens, accessible en premiére année, on dénature le probléme
mathématique global qui s’y référe.
Ce rappel et cette esquisse d’une analyse, aujourd’hui classique, montrent pourquoi
Véconomie mathématique a longuement porté son effort sur le régime concurrentiel,
les autres formes de marchés n’étant pas «rationnelles », les déséquilibres qui
conduisent aux phénoménes d’évolution (cycles, croissance) provenant de modifi-
cations de données survenant avant que le systéme ait trouvé son équilibre par suite
@une espéce dinertie.
INTRODUCTION. XXI

parasites qui obscurcissent les concepts abstraits en les dépouillant volon-


tairement de revétements matériels toujours plus ou moins fantaisistes,
dans une premiere initiation. Ceux-ci sont trop particuliers, trop variables
d’une discipline a l’autre. Nous avons éloigné de notre objectif le risque
immense de se perdre dans le maquis des faits par l’observation
du concret, pour retrouver constamment la boussole qui dirige
lesprit.
Ce volontarisme qui sera discuté doit naturellement conduire le jeune
économiste a comprendre qu’un raisonnement, quel qu'il soit, est d’autant
plus puissant qu'il ne s’appuie que sur les éléments essentiels fournis
par les données d’un probleme.
Il doit également lui permettre de déceler la consistance d’une analyse
ainsi que la fécondité de cette derniére en découvrant, par voie d’ana-
logie avec la méthode de travail du mathématicien, que ce qui embar-
rasse souvent la recherche économique, c’est la complexité des condi-
tions locales et temporelles, souvent inutiles au raisonnement et qui
dissimulent celles qui sont véritablement déterminantes.

Enfin, dernier volet de notre triptyque : la notion de structure. Cette


notion-clé a été abordée avec le souci permanent qui fut le ndédtre du
premier mot au dernier mot de cet Ouvrage. Nous avons essayé de
prendre le maximum de soins pour mettre les principes des mathé-
matiques a la portée d’un public auquel on suppose, naturellement, le
désir d’acquérir ces principes, mais dont on craint qu’il ne sache combler,
par facultés innées, les lacunes aisées 4 fermer — lacunes qu’on rencontre,
parfois, dans les traités 4 usage des mathématiciens professionnels.
Le concept capital de structure mathématique est partiellement
analysé, c’est-a-dire que toutes les structures mathématiques ne sont,
évidemment, pas examinées dans ce texte. La notion de structure est
trés séduisante mais comme toute fascination, elle présente des dangers,
car il apparait vite qu’on ne peut facilement la transposer dans le
domaine de l'économie, méme au moyen de systemes d’analogies.
Les mathématiciens ont depuis longtemps remarqué, d’une maniére
plus ou moins approfondie, que certaines de leurs théories pouvaient étre
considérées comme une traduction textuelle d’autres théories mathé-
matiques, les objets et les relations des unes trouvant leur traduction
exacte dans les autres.
XXII INTRODUCTION.

Cependant, alors que la norme de lunité apparait, aujourd’hui,


comme le témoignage de la perfection vers laquelle tend la mathé-
matique, c’est seulement 4 une époque récente — vers 1920 — que les
mathématiciens ont entrepris d’étudier systématiquement des ensembles
d’objets de nature non précisée soumis a des hypotheses tres générales.
Ils ont, ainsi, dégagé la notion de structure.
L’étude des principales structures est considérée, a l’heure actuelle,
comme l’introduction indispensable 4 la compréhension a la fois pro-
fonde et rapide de l’ensemble des mathématiques, au point que le concept
de structure devient inséparable de la connaissance elle-méme.
Le sens et la portée de la théorie générale des structures ont été mis
en relief aprés l’exposé des notions élémentaires qui concernent les
structures fondamentales.
Dans ce titre, ’idée sous-jacente de la construction mathématique a
constamment dynamisé notre recherche et inspiré notre méthode
d’exposition.
Partie plus difficile qui se prolongera au-dela de ce tome par l'étude
des structures topologiques, elle forme la suite naturelle de l’étude des
opérations élémentaires et des opérations générales sur les ensembles.
A bien des égards, elle peut étre utilisée dans les trois années de la
licence és sciences économiques.
La structure est le sceau de lunité. Quels que soient, en effet, les
étres mathématiques qui occupent esprit du spécialiste : ensembles,
nombres, fonctions, espaces, soumis aux analyses du mathématicien,
ceux-Ci apparaissent comme des réalisations de structures dont une
théorie globale les enserre tous.
L’intérét primordial de la notion de structure résulte de ce qu'elle
facilite laccés a des définitions rigoureuses et qu’elle réduit a néant la
« prétendue rigidité dogmatique qui a fait curieusement distinguer par
les meilleurs esprits deux sortes d’esprits » (').
Trés précisément, cette notion apporte la preuve du contraire de
Vaffirmation 4 laquelle nous venons de faire allusion.
Les structures d’équivalence, de préordre et d’ordre, algébriques ont
été étudiées assez longuement dans le but de mieux saisir l’unité de la
mathématique et parce que, en dépit de l’extréme densité de pensée
que ces concepts recouvrent, il ne semble pas possible de faire un choix,
a priori, de ce qui peut étre utilisé par l’économiste.

(‘) A. Pratrer, P. Canuzac et L. CHAMBADAL, Economie et mathématiques, t. I,


p. 16, Collection « Thémis », Presses universitaires de France, Paris, 1965.
INTRODUCTION. XXIII

C’est ainsi que certains développements sur les structures de monoides


peuvent n’apparaitre que trés relativement susceptibles d’étre mis au
service de la recherche économique, au moins en 1’état actuel de celle-ci.

Le texte qui est soumis au lecteur est donc essentiellement nourri de


prudence quant aux modalités de rapprochement qui ne pourront étre
apercues qu’ultérieurement, entre la science économique, science d’obser-
vation, et la science mathématique échafaudée par des processus d’abstrac-
tion. I] est encore inspiré de cette idée que si l’état actuel de la science
économique doit orienter les modes d’utilisation de la mathématique,
c'est l’état actuel de la mathématique qui invite l’économiste a surveiller
attentivement les résultats qu’elle est capable de lui donner.
L’économiste et le mathématicien ne sont plus éloignés l’un de I’autre.
Aucun d’eux n’est le souverain captif de l’autre.
La rencontre spirituelle est effective. Qu’elle doive créer le progrés
de la science est, présentement, hors de discussion. Mais sans chercher
a transformer en plaidoyer — la cause est entendue — notre propos,
nous soulignerons simplement que la rencontre — si elle savait étre
permanente — léverait le voile sur de nombreux phénomeénes dont
Vexistence affirmée — ce qui ne veut pas dire : assurée — mérite qu’on
en connaisse les limites et suppose que ]’on comprenne vraiment |’enchai-
nement des relations qui en garantissent la signification (').

(‘) M. J. A. Ville examine le probléme suivant au cours d’une conférence qu’il a


prononcée, en juin 1962, 4 l'Institut de Science économique appliquée : « Que repré-
sente un accroissement exponentiel? Un fait d’expérience est que l’accroissement
exponentiel n’existe pas parce qu’il donne trés vite des résultats absurdes.
Je cite rapidement l’exemple de la piéce de monnaie placée a 5 % au début de
l’ére chrétienne et qui se change en une sphére d’or, grosse comme la Terre.
L’explication du paradoxe est difficile parce qu’il subsiste, quelle que soit la
modestie avec laquelle on réduise le taux d’intérét et quelle que soit la maniére dont
on réduise la durée du placement.
Si Von dit que 5 % est surestimé étant donné qu’il faut en déduire la prime de
risque, on en arrive a une estimation telle que la prime de risque est égale a 4,9.
Si on dit qu’un temps égal 4 2 000 ans doit étre multiplié par un facteur repré-
sentant la durée de « chémage » des capitaux, on trouve que le coefficient de ch6mage
serait de 95 %, par exemple. Il en résulte, par exemple, qu’on observe que les créa-
tions de richesses sont associées 4 des destructions, ce qui est presque évident, mais
difficile 4 expliquer en causalité.
Il semble, en effet, impossible de préciser une causalité sans introduire un symbo-
lisme mathématique assez poussé. »
XXIV INTRODUCTION.

Nous avons eu l’ambition — l’avenir dira si elle fut téméraire —


de nous engager dans les voies les plus naturelles en réalisant un instru-
ment de travail et — ce qui vaut sans doute davantage — en publiant
un livre de culture.
AVANT-PROPOS

Soucieux d’habituer l’étudiant a la rigueur du raisonnement, notre


préoccupation fondamentale a été de rédiger un Ouvrage accessible
a des débutants, faisant souvent appel a intuition.
L’intérét d’un enseignement nouveau est de faire connaitre certaines
idées ou propositions, mais il importe davantage d’approfondir les
relations essentielles et d’examiner ]’étroite solidarité des notions qui
peuvent jouer a la base des théories économiques un réle capital.
La licence és Sciences économiques a été créée par un décret en date du
17 aout 1959. Les dispositions relatives aux études et aux examens
fixées par la Commission de réforme des études de Droit et de Sciences
économiques, ont fait lVobjet d’une consultation de l’ensemble des
Facultés de Droit et des Sciences économiques; elles ont été approuvées
a Punanimité par le Conseil de l’Enseignement supérieur.
L’exposé des motifs souligne, de la maniére suivante, les caractéris-
tiques du décret :
— Développement de l’enseignement des statistiques et introduction
de l’enseignement des mathématiques. L’enseignement de la statistique,
porté a trois semestres répartis sur les trois premiéres années, est éfayé (')
par un enseignement des mathématiques qui faisait complétement
défaut jusqu’a ce jour. (Le probléme de Vunité ou de la dualité des ensei-
gnements mathématique et statistique est ainsi posé).
— La culture mathématique doit permettre aux étudiants d’accéder
a toute une partie de la théorie économique moderne, de comprendre
Vesprit des techniques utilisées dans la recherche opérationnelle et
dans la programmation.

Malgré l’aridité de ces indications officielles, il ne saurait étre question


de faire des étudiants de nos Facultés des spécialistes de l’économétrie
(mot dont la mode s’estompe), de la recherche opérationnelle ou de
l’économie mathématique, mais de leur faciliter ’accés 4 un domaine
qui leur est 4 peu prés totalement inconnu et dans lequel les jeunes

(‘) C’est nous qui soulignons.


bt
ea
es Ra
TITRE f.
LA LOGIQUE DES MATHEMATIQUES.

V. ROUQUET LA GARRIGUE,
Les spéculations mathématiques concernent des objets et s’expriment
par des relations entre ces objets.
Il n’y a rien 1a qui les caractérise puisque toute pensée procede de
cette facon. Mais le nom que la mathématique donne aux objets de son
étude est déja significatif d’une conception particuliere. Tous les objets,
en mathématiques, sont indifféremment appelés ensembles ou éléments,
Ce double nom ne saurait choquer le sens commun qui attribue une
signification claire 4 une expression telle que « l’ensemble des Francais »
par exemple, et admet que chaque Francais, élément de cet ensemble,
est lui-méme un ensemble dont chaque élément peut, a son tour, étre
considéré comme un ensemble. La mathématique peut donc se permettre
de qualifier d’ensembles les objets qu’elle retient et, en méme temps,
de considérer chacun d’eux comme élément d’un ensemble, ce dernier
ne fit-il qu’un ensemble réduit a un seul élément.
Tout aussi significative d’une conception particuliere est la maniére
dont la mathématique exprime ses idées.
Elle impose a ses relations certains caractéres qui les séparent d’une
foule de relations courantes. En particulier, les relations mathématiques
ne font jamais intervenir les notions philosophiques de nécessaire et
de contingent, de principe et de conséquence, de temps, de cause. La
mathématique ignore donc la métaphysique et, pour elle, tout se passe
au présent.
Elle ignore aussi les subtilités d’une pensée modale qui se plait a
tempérer ou accentuer ses assertions de nuances psychologiques. Toute
relation mathématique est, soit affirmée, soit niée brutalement, laffir-
mation étant habituellement sous-entendue et confondue avec la relation
elle-méme, la négation étant au contraire toujours explicitée. Enfin,
elle dit tout ce qu’elle veut dire au moyen de trois verbes seulement :
égale, appartient, existe.
Mais ce dépouillement n’est pas incompatible avec une certaine richesse
dont la source réside dans la répétition et la combinaison. La mathé-
matique admet, en effet, que la négation peut étre répétée — ilérée
selon le terme technique — autant de fois qu’on veut; elle admet, en
outre, que toute relation affirmative ou négative peut étre combinée
avec une autre relation au moyen de la conjonction grammaticale de
4 TITRE J.

coordination « ou », prise dans son sens non exclusif ('); la combinaison


ainsi obtenue est encore une relation — complexe —, appelée disjonction
des deux premiéres, le méme terme de disjonction désignant aussi l’opé-
ration qui la produit. La possibilité d’itérer la négation et la disjonction
laisse entrevoir la diversité des relations susceptibles d’étre formées
a partir de ce langage réduit a cing mots. Mais il convient d’insister sur
le fait que la mathématique ne demande rien d’autre.

(') Dans la langue frangaise, la conjonclion « ou » a, généralement, un sens exclusif


(aut : latin) qui interdit l’affirmation simultanée des deux éléments qu'elle relie.
La mathématique — comme la logique — prend au contraire cette conjonction dans
son sens non exclusif (vel : latin) qui permet cette affirmation simultanée.
CHAPITRE I.
VRAI. FAUX.

1. LA NOTION DE VERITE MATHEMATIQUE.

Le sens commun juge une relation affirmative ou négative en disant


quelle est vraie ou qu’elle est fausse. Il arrive d’ailleurs fréquemment
quwil suspende son jugement, faute de renseignements. Plus ou moins
implicitement le sens commun admet donc que ce qui lui permet de
juger la « valeur de vérité » d’une relation, c’est un corps de renseignements.
En d’autres termes, le sens commun discerne la vérité ou la fausseté
dune relation au moyen d’un ensemble d’assertions, quil considére
comme absolument hors de doute, joint a un ensemble de régles logiques
assurant le passage en toute certitude de relations vraies a d’autres
relations vraies.
La mathématique appelle théorie un tel corps de renseignements.

1.1. Théorie.

Pour parvenir au maximum de clarté et de précision, la mathématique


demande a ceux qui se proposent de reconnaitre avec elle les relations
vraies et les relations fausses, de passer un contrat comprenant plusieurs
accords :
1° un accord concernant les relations qui seront prises en considé-
ration dans la théorie;
2° un accord sur la vérité d’un certain nombre de relations explici-
tement posées;
3° un accord sur les regles logiques assurant le passage de relations
vraies a d’autres relations vraies.
Se placer dans une théorie — au sens mathématique du terme —
c’est souscrire a ces accords. Il n’y a pas de vérité mathématique
en dehors d’une théorie.
Les relations qui sont prises en considération sont appelées relations
de la théorie. Celles dont la vérité fait ’objet d’un accord sont appelées
axiomes.
6 TITRD ee ae eC
CHAPLERE le

Toute autre relation de la théorie reste neutre, c’est-a-dire n’est ni


vraie ni fausse tant qu’on ne la soumet pas a une épreuve appelée démons-
tration.
Les démonstrations d’une théorie et les résultats qu’elles permettent
d’assurer constituent le développement de la théorie.

1.2. Démonstration.

Démontrer, établir, montrer sont des termes synonymes du langage


courant qui servent a désigner l’activité mise en jeu dans un raison-
nement convaincant. Pour la mathématique, une démonstration (d’une
théorie) est une succession de relations de la théorie, telles que
chacune de ces relations soit ou bien un axiome, ou bien une
relation obtenue a partir des précédentes conformément aux
régles logiques acceptées.
La présentation d’une démonstration exige évidemment un exposé
préliminaire introduisant les objets et les relations qui subissent l’épreuve
de cette démonstration. L’ensemble constitué par une démonstration
et exposé préliminaire forme un texte démonstratif qui n’est autre
que l’expression d’un raisonnement. Un tel raisonnement est dit correct,
régulier, concluant, valide, valable ou probant s’il respecte les
conditions ainsi posées, incorrect, irrégulier ou douteux s’il ne les
respecte pas.
De la notion de démonstration dérivent celles de « vrai, faux, contra-
dictoire » en mathématiques.
Toute relation figurant dans une démonstration est dite vraie.
Toute relation vraie qui nest pas un axiome est appelée théoréme,
proposition, corollaire, lemme, selon l’importance que _ présente
la relation, un lemme précédant un théoréme ou une proposition, un
corollaire les suivant.
Toute relation dont la négation est vraie est dite fausse.
Toute relation a la fois vraie et fausse est dite contradictoire.
Toute théorie qui permet de démontrer qu’une relation est, a la fois,
vraie et fausse est dite théorie contradictoire. Ses axiomes sont alors
dits incompatibles.
Par suite, une relation, autre qu’un axiome, cesse d’étre neutre quand
elle-méme ou sa négation figurent dans une démonstration; elle devient
alors vraie ou fausse, le sens non exclusif de « ou » trouvant son appli-
cation dans le cas d’une théorie contradictoire.
Enfin, s’il s’avere qu'une relation ne peut cesser d’étre neutre, elle
est dite indécidable; en d’autres termes, une relation est indécidable
lorsque sa négation et son affirmation sont indémontrables dans la théorie.
VRAI. FAUX. II

En résumé, si l’on ne craint pas de renverser l’ordre des préséances,


démontrer c’est partir de vérités pour aboutir a des vérités.

1.3. Remarques. — 1. Pour prévenir des confusions facheuses,


il est indispensable d’insister sur les différences entre la vérité du
sens commun et la vérité mathématique. La vérité du sens commun
présente manifestement des caractéres absolus, métaphysiques et
psychologiques. Aucune allusion a de tels caractéres ne saurait étre
percue dans la notion de vérité mathématique : celle-ci est relative
a une théorie; elle ne comporte aucune référence aristotélicienne ou
scolastique & une quelconque adéquation de la pensée a la chose,
aucune référence cartésienne & un quelconque sentiment de Uévi-
dence. Est vraie — d’une vérité appauvrie — toute relation qui est
décrétée telle par un axiome de la théorie ot l’on se place ou qui est
démontrée selon les regles acceptées. Si le sentiment de l’évidence
joue encore un certain role, il n’a plus & s’exercer sur la relation elle-
méme, mais exclusivement sur le respect de régles qui, on le verra,
sont pratiquement des regles matérielles. On imagine difficilement
que des contestations puissent alors s’élever entre interlocuteurs
raisonnables et de bonne foi.

2. Il convient aussi d’insister sur la liberté que cette conception


permet a l’égard des vérités de départ, axiomes d’une théorie. Rien
n’est exigé de ces axiomes, ni que chacun d’eux soit évident comme
le voulait la conception ancienne, ni qwils forment ensemble un
systéme cohérent puisque la possibilité de leur incompatibilité est
explicitement prévue par la notion de théorie contradictoire ni enfin
qwils forment un systeme déterminant puisque n’est nullement
exclue la possibilité de se révéler ni vraie ni fausse pour une relation
qui leur est soumise.

3. Une remarque, pratique s’impose sur Vextréme généralité du


sens dans lequel est pris le terme « théorie ». Ainsi, on le verra, lorsque,
dans une théorie, on se propose de démontrer un théoréme, on construit
en fait une nouvelle théorie dans laquelle on admet comme axiomes,
d’abord tous les axiomes de la théorie initiale, ensuite tous les théoremes
précédemment établis par celle-ci, enfin ’-hypothése particuli¢re du
théoreme a démontrer. De méme, on le verra aussi, quand on se
propose de raisonner par l’absurde, on construit en fait volontai-
rement une théorie contradictoire.

4. On doit signaler que, dans les mathématiques courantes, les


textes démonstratifs ne sont généralement pas présentés avec toute
la rigueur qu’exigerait le respect des définitions précédentes. En parti-
culier, on méle souvent, dans l’exposé préliminaire, la présentation
des objets aux hypotheses faites sur eux. C’est ainsi que pour introduire
la démonstration d’un théoréme connu, on dit, par exemple :
« Considérons (soit, étant donné) un triangle ABC, rectangle en A,
montrons que BC? = AB? + AC?. »
we TITRE I. —~ CHAPITRE I.

2. THEORIE DE L'IMPLICATION.

Puisque démontrer se réduit 4 cheminer de vérités en vérités, il importe


de fixer les moyens de passage. C’est A quoi s’emploie la mathématique,
en construisant et développant, conformément aux principes qui viennent
d’étre posés, la théorie de l’implication. Mais, débordant ainsi le cadre
de ses activités propres, elle prend a cette occasion le nom de méta-
mathématique.
Le sens commun — et l’on remarquera que la mathématique part
implicitement de ses données pour élaborer les siennes — utilise cons-
tamment l’implication. L’implication type du sens commun est le cogito
cartésien : je pense, donc je suis. On y reconnait le passage assuré d’une
vérité a une vérité. Mais limplication du sens commun présente, comme
sa vérité, des caracteres métaphysiques et psychologiques ('). Aussi la
métamathématique se propose-t-elle de débarrasser l’implication commune
de ses caractéres extra-logiques en définissant son implication a elle,
de faire de son implication le seul moyen d’aller du vrai au vrai, de tirer
au clair enfin, en construisant et développant une théorie, les circonstances
dans lesquelles ce moyen de passage peut étre employe.

2.1. Définition de Vimplication.

Les seuls outils dont dispose la métamathématique pour construire


sa premiére théorie se réduisent a deux : la négation d’une relation et
la disjonction de deux relations. Elle se doit donc de définir implication
au moyen de ces seuls outils. Voici comment elle procéde.
Partant de deux relations quelconques désignées elles-mémes dans
ce qui suit, par les lettres A et B, disposant de la négation et de la
disjonction, la métamathématique construit la négation de A () qu’elle
note au moyen du symbole «non A», puis la disjonction de (non A) et
de B qu'elle note par « (non A) ou B » en entourant le symbole « non A »
de parenthéses rondes, de maniére a indiquer que la négation porte
sur A et non pas sur « A ou B ».

(‘) Il suffit d’évoquer deux commentaires de Descartes, l’un qui précéde, l’autre
qui suit le cogito : « Mais, aussit6t apres, je pris garde que, pendant que je voulais
ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui le pensais,
fusse quelque chose » et « Et ayant remarqué qu’il n’y a rien du tout en ceci: Je pense,
donc je suis, qui m’assure que je dis la vérité, sinon que je vois trés clairement que,
pour penser, il faut étre ». L’intervention de « nécessairement » dans le premier et de
« trés clairement » dans le second met en relief des caractéres extra-logiques.
(?) On devrait dire : La négation de la relation désignée par A, mais c’est un usage
universel, sauf le cas d’études tres particuliéres, de confondre dans le langage — non
dans la pensée — une relation avec le symbole qui la désigne.
VRAI. FAUX. 9

Enfin, elle décide de représenter par l’expression « implication de B


par A », la relation complexe ainsi construite.
Par la, elle définit cette derniére expression en la chargeant de signifier
« (mon A) ou B >,
En outre, elle note cette combinaison au moyen du symbole graphique

constitué par la lettre A et la lettre B, écrites de gauche a droite, séparées


par un double trait horizontal, luicméme muni de la pointe d’une fléche
a son extrémité droite.
Ce symbole est lu, 4 son tour, indifféremment de l’une des deux maniéres
suivantes :
A implique B,
A entraine B.

En définissant de la sorte limplication, la métamathématique adopte


le point de vue de la logique moderne. Elle rejoint aussi, en partie, le
sens commun, tout en le débordant, comme on peut s’en rendre compte
par les remarques suivantes : quand le sens commun affirme A entraine B,
il prétend affirmer que la vérité de A permet d’assurer la vérité de B; quand
il affirme non A ou B, il prétend affirmer que l’une des deux assertions
non A ou B est vraie, donc, en particulier, que si l'une est fausse, l'autre
est vraie, donc que la fausseté de non A permet d’assurer la vérité
de B ou enfin que la vérité de A permet d’assurer la vérité de B.

2.2. Accord sur les moyens de passage de relations vraies a


d’autres relations vraies.

Sans heurter de front le sens commun, la mathématique peut donc


se permettre de proposer a ses interlocuteurs les termes précis d’un
accord concernant les moyens de passage de relations vraies a d’autres
relations vraies. Le texte de cet accord se réduit a ceci :
Une relation B autre qu’un axiome peut étre insérée dans une
démonstration, c’est-a-dire étre considérée comme vraie, dans
le seul cas ou, antérieurement a elle, figurent dans la démons-
tration une relation A (donc vraie) et la relation A=~B.
On ne peut donc se permettre d’assurer, dans une théorie, la vérité
dune relation autre qu’un axiome que si celle-ci est impliquée par une
relation (simple ou complexe) déja vraie.
En d’autres termes, le seul moyen permettant de passer de relations
vraies a d’autres relations vraies se réduit, en mathématiques, a établir
la vérité d’une implication.
10 TITRE I, —~ CHAPITRE I.

La régle qui fait l’objet de l’accord ci-dessus est connue en logique


sous les appellations suivantes : régle de séparation, régle de détachement,
régle ou principe d’assertion séparée.

2.3. Construction de la théorie de limplication.

L’établissement de la vérité d’une implication ne peut se faire que


dans une théorie, soit par axiome, soit par démonstration. La méta-
mathématique se voit donc obligée de construire une théorie ou certaines
implications seront admises comme vraies par axiomes et ou seront
démontrées de nouvelles implications. Ainsi se trouvera constitué un
arsenal de regles — appelées critéres de déduction — permettant, dans
toute théorie, le passage de relations vraies 4 d’autres relations vraies.
Cette théorie, appelée théorie de l’implication, est construite sur les
bases suivantes :
~1° Toute relation est admise dans la théorie;
2° Les relations complexes suivantes, ot A, B, C désignent des relations
quelconques sont considérées comme vraies a titre d’axiomes
Lis: <GASOW TA) a5 oA
(is A =o AgNO),
I3,) (A ow B)) ==) (Broun AY):
Vine CAB) (Grouse) (Chou):

Ces quatre axiomes, mis en relief par Bertrand Russel, Bernays et


définitivement retenus par Hilbert et Ackermann, peuvent étre remplacés
par d’autres qui permettraient eux aussi le développement de la mathe-
matique, mais ils constituent le systéme le plus souvent utilisé.
Leur évidence — leur banalité — ne permet guére de mettre en doute
les résultats obtenus au cours du développement de la théorie de impli-
cation. En fait, d’ailleurs, on a pu établir que la théorie construite sur
ces bases n’est pas contradictoire.
Toute théorie qui admet ces quatre axiomes est appelée théorie
logique. |

Remarque. — L’énoncé complet concernant chaque axiome n’est


pas lui-méme un axiome; il comporte, dans le cas du premier, par
exemple, outre le symbole « (AouA)=>A » le commentaire
« A désignant une relation quelconque »; il signifie que si, dans ce
symbole, on remplace matériellement la lettre A partout ow elle
figure par un symbole représentant une relation, on obtient alors
un symbole qui représente une relation vraie, done un axiome.
Le symbole « (A ou A) = A » lui-méme n’est pas non plus le symbole
d’un axiome; il ne le devient qu’a la condition expresse de remplacer
la lettre A par un symbole de relation; si lon remplace A par un
VRAI. FAUX. ii

objet, 3 par exemple, on obtient le symbole «(3 ou 3) = 3 » qui, naturel-


lement, n’est pas le symbole d’une relation et encore moins d’un
axiome. En fait le symbole «(A ou A)= A » est ce qu’on appelle une
forme, un moule si l’on veut ot viendront se couler des axiomes
lorsqu’on aura effacé la lettre A partout ot elle figure, puis mis a sa
place le symbole d’une relation. C’est pourquoi ce symbole (et les
symboles Is, I;, I,) est appelé un schéma (d’axiomes). Par abus
de langage, l’énoncé complet lui-méme est appelé un schéma. Dans
la pratique courante, on ne s’astreint pas a faire la distinction entre
axiomes et schémas, de méme qu’on ne s’astreint pas a faire la
distinction entre une relation et le symbole qui la désigne. L’opération
qui consiste a effacer la lettre A puis A mettre a sa place le symbole
dune relation porte le nom de substitution.

2.4. Développement de la théorie de limplication.

Les axiomes I., I;, I, permettent l’introduction de relations nouvelles


et l’on concoit que, grace a cette introduction, la théorie puisse progresser.
Son développement permet de retrouver et de préciser les régles logiques
appliquées instinctivement, pour la plupart, par tous ceux qui « font
des mathématiques ». A ce titre, il peut paraitre superflu de les faire
surgir d’une théorie difficilement construite. Mais il convenait sans
doute de faire au moins pressentir au lecteur la solidité et le raffinement
de loutil logique forgé par la mathématique elle-méme, et il convient
aussi de rendre hommage a une pensée qui, au prix d’efforts millénaires,
est parvenue a se présenter en pleine lumiere ('). L’établissement des
régles logiques a partir de ces bases est réservé a des ouvrages spécialisés.
Il suffira de citer ici quelques résultats fondamentaux concernant les
théories contradictoires, la déduction, le raisonnement par labsurde,
la méthode de disjonction des cas, la conjonction, l’équivalence et de
préciser le langage utilisé 4 ce propos par les mathématiques courantes.
2.4.1. On sait, depuis l’Antiquité, que d’une théorie contradictoire
on peut tirer tout ce qu’on veut. La théorie de l’implication précise
cette idée en démontrant que si une théorie est contradictoire, toute
relation de la théorie est vraie dans cette théorie. Le raisonnement
se présente de la maniére suivante.
Dire qu’une théorie & est contradictoire, c’est dire qu’on dispose
d’une certaine relation R dont laffirmation et la négation sont toutes
deux vraies dans cette théorie.

(‘) Il convient cependant d’associer a cet hommage la logique stoicienne qui avait
su, il y a deux mille ans, dégager des axiomes analogues et qui était capable de leur
rattacher les régles logiques usuelles. Il convient aussi d’y associer la logique médiévale
et sa théorie des conseguentiz ainsi que Leibniz et ses disciples.
12 TITRE I. — CHAPITRE I.

Soit alors S une relation quelconque de %. D’apreés l’axiome I,, la


relation « A= (A ou B) » est vraie quelles que soient les relations A
et B, donc, en particulier, quand A désigne (non R) et B désigne S.
L’implication «(non R)-=>((non R) ou S) » et la relation (non R) étant
toutes deux vraies dans %, on peut assurer, d’apres la régle de déta-
chement, que la relation « (non R) ou §S » est vraie dans &,
Cela signifie, d’aprés la définition de limplication, que la relation
« R= 8S » est vraie dans %, Comme on sait que R est vraie, la régle de
détachement invoquée a nouveau permet d’assurer que S est vraie
dans %,
G2 Osi FD:

Pour se convaincre qu il s’agit la d’un raisonnement conforme aux


régles, il suffit de le transcrire sous la forme d’une succession de relations
toutes vraies dans &
R
non R
(non R) => ((non R) ou S$)
(non R) ou S
ReneS S
5

La correction de ce raisonnement saute alors aux yeux — c’est a


cela que se réduit le sentiment de lévidence en mathématiques — de
tout lecteur averti, c’est-a-dire de tout lecteur qui connait bien les régles
du jeu de la démonstration. Quand on adopte une telle présentation —
ce qui est assez rare dans les mathématiques courantes — il est d’usage
d’aider le lecteur en transcrivant en face de chaque ligne la justification
du passage a cette ligne. On obtient ainsi la présentation suivante :

R axiome ou théoréme
non R= axiome ou théoréme
(non R)=((non R) ou S) I,
(non R) ou S détachement
Rei déf. implication
5 détachement

2.4.2. REGLES DE LA DEDUCTION. — Déduire signifie passer d’une


elation vraie a une autre relation vraie. Le seul moyen permettant
de déduire en mathématiques consiste donc a démontrer une impli-
cation. La théorie de l’implication met en relief deux régles assurant
une déduction correcte
a. Pour établir que (A=>B) est vraie dans une théorie, c’est-a-dire
pour déduire B de A, il suffit de démontrer que B est vraie en joignant
VRAI. FAUX. 13

aux axiomes de la théorie dans laquelle on se place ’hypothése auxiliaire


consistant a supposer que A est vraie.
Cette régle permet, en pratique, d’utiliser implication dans le sens
qu'elle a intuitivement. Elle est connue sous le nom de méthode de
Vhypothése auxiliaire.
Elle permet d’établir aussit6t que si A est fausse dans une théorie,
alors (A=>B) est vraie quelle que soit B.
b. Si Vimplication (A= B) ainsi que limplication (B= C) sont
toutes deux vraies, on peut assurer que l’implication (A = C) est vraie.
Cette régle exprime le caractere de transitivité de limplication.
Elle est utilisée fréquemment et permet, dans une démonstration,
d’écrire (A = C) lorsqu’on a pu écrire précédemment (A = B) et (B = C).

2.4.3. RAISONNEMENT PAR L’ABSURDE. — La théorie de l’implication


permet de légitimer la méthode de démonstration classique appelée
preuve par labsurde ou raisonnement par l’absurde.
Les mathématiques fournissent de nombreux exemples de cette
méthode. Ainsi, pour démontrer, en géométrie plane, que deux droites
distinctes paralléles 4 une troisiéme sont paralleles entre elles, on raisonne
ainsi : si les deux droites distinctes n’étaient pas paralléles, elles auraient
au moins un point commun; par ce point on pourrait donc mener deux
droites paralléles 4 une méme troisiéme, ce qui est absurde comme
contraire a l’axiome d’Euclide.
On saisit sur cet exemple le procédé employé. I] consiste a adjoindre
aux axiomes de la théorie dans laquelle on se place une hypotheése comple-
mentaire consistant 4 nier la conclusion; on raisonne alors régulicrement
et l’on aboutit a une contradiction. En procédant ainsi, on construit
une théorie contradictoire; la théorie de Vimplication — plus raffinée
que la logique classique qui justifie la preuve par l’absurde par recours
au principe de contradiction et au principe du tiers exclu — démontre
que la contradiction ainsi établie permet d’assurer la conclusion du
théoreme dans la théorie initiale.

2.4.4. METHODE DE DISJONCTION DES cas. — La théorie de l’impli-


cation permet aussi de légitimer la méthode de démonstration classique
appelée méthode de disjonction des cas. Elle repose sur la regle
suivante : si, @ la fois (A ou B), (A= C), (B= C) sont vraies, alors C
est vraie.

2.4.5. CONJONCTION. — Le langage courant appelle conjonction


de deux relations A et B la relation complexe consistant a affirmer a
la fois A et B.
Comme la théorie de l’implication ne dispose que de la négation et
de la disjonction, elle doit définir la conjonction au moyen de ces notions
14 TITRE I. — CHAPITRE I.

premicres. Elle s’accorde avec le sens commun en dénommant conjonction


de A et de B la relation complexe : ;

non ((non A) ou (non B))


et en la notant
ING SG. IB

La conjonction des deux relations A et B se note aussi par l’un ou l’autre


des deux symboles

obtenus en écrivant la seconde au-dessous de la premiere et en bordant


d’une accolade, soit a gauche, soit a droite. Par analogie, on note parfois
la disjonction de A et de B au moyen d’un des symboles

A Ags

SB is Be

obtenus en remplacant Vaccolade par un trait denté.


La conjonction ainsi introduite dans la théorie, on peut en étudier
les caractéres et retrouver ceux que le sens commun attribue a la
conjonction grammaticale correspondante. En particulier, on démontre
que si chacune des relations A, B est vraie, alors la conjonction (A et B)
est vraie elle aussi; inversement, si la conjonction (A et B) est vraie,
chacune des relations A, B est vraie. On en déduit aussit6t que
(A et (non A)) est fausse.

2./,.6. EquivaLeENcE. — On appelle équivalence entre A et B la


relation :
GAB) et (Bi Ale

Cette relation qui, comme toute relation, reste neutre tant qu’elle n’est
pas soumise a l’épreuve d’une démonstration, est notée au moyen du
symbole graphique :
Aa Bs

lu : A équivalente a B.
La théorie de implication démontre alors de nombreuses équivalences
constamment utilisées en mathématiques. L’une d’elles mérite d’étre
mise en relief :
(A =B) <— ((non B) > (non A))s
VRAI. FAUX. 15

elle est connue sous le nom de régle de contraposition. Les plus impor-
tantes sont les suivantes :

ASA. (non non A) <> A


(A et A)GOA (A ou A)=&A
@Xeet B17 Bereta) (A ou B) = (B ou A)
(GAR etn (nets Oy) s((PAuret{ Bee te@)) (A ou (B ou C))
<> ((A ou B) ou C)
(A et (B ou C))
= ((A et B) ou (A et C)) (A ou (B
et C))
<>((A
ou B) et (A ou C))
(none AGB) eee CAet Tons)

Enfin, si A est vraie (A et B) = B quelle que soit la relation B. De méme,


si A est fausse (c’est-a-dire si non A est vraie), alors (A ou B) <=> B.

2.4.7. LANGAGE RELATIF A L’IMPLICATION. — L’implication (A= B)


déja traduite par « A implique B » ou « A entraine B » est encore traduite
par les diverses expressions suivantes qui paraitront « naturelles » si,
par exemple, on remplace A par « x est un entier multiple de 6 » et B
par « x est un entier multiple de 3 »:
SlAuealonsmis:
Sie AN 1832
Quand A, B;
Si A est vraie, B est vraie;
Sih [Pon 2) Ay Om, 2) 1836
A permet d’assurer B;
La vérité de A est une condition suffisante de la vérité de B;
I] suffit que A soit vraie pour que B soit vraie;
A est une condition suffisante pour que B;
I] suffit que A pour que B;
I] suffit qu’on ait A pour qu’on ait B;
B est une conséquence de A;
A, donc B;
La vérité de B est une condition nécessaire de la vérité de A;
Pour que A soit vraie, il faut que B soit vraie;
B est une condition nécessaire pour que A;
A n’est vraie que si B est vraie;
A est vraie seulement si B est vraie;
A seulement si B.

On dit méme que la premiere relation d’une implication est une


condition suffisante (sous-entendu : de la vérité) de la seconde, tandis
que la seconde est une condition nécessaire de la premiere.
16 TITRE I, — CHAPITRE I.

Ce langage est utilisé pour l’équivalence. Chacune des relations de


l’équivalence (A = B) est une condition nécessaire et suffisante de l’autre
et lon traduit l’équivalence elle-méme en disant :
pour que A, il faut et il suffit que B;
pour que B, il faut et il suffit que A;
A si et seulement si B;
B si et seulement si A;
dire A revient a dire B.

Par exemple, la relation « pour que x soit un entier multiple de 24,


il faut et il suffit que x soit un entier multiple de 4 et multiple de 6 »
est une équivalence..., d’ailleurs fausse.

Remarque. — Malgré lV’intervention des mots « vrai », « vérité »


dans certaines des expressions précédentes, le langage employé concerne
uniquement Vimplication elle-méme (A = B) et non la vérité de cette
implication.
CHAPITRE II.
EXISTENCE.

Aprés avoir réglé lenchainement des relations vraies par la théorie


de limplication, la mathématique se doit de dire quels objets elle se
propose d’étudier.
Pour y parvenir, elle procede comme toute science : elle décrif les
caractéres que présentent les objets mathématiques en exprimant ces
caracteres au moyen de relations. Mais, science abstraite et déductive,
elle se heurte 4 un probléme capital, celui de l’existence.
Il convient de poser ce probleme et d’en exposer la solution actuelle.

1. LE PROBLEME DE L’EXISTENCE.

Les sciences d’observation décrivent minutieusement les caractéres de


chacun des objets qu’elles retiennent; leur activité se borne, ensuite,
a établir des liens entre ces objets en les répartissant en genres, espéces, etc. ;
ce sont des sciences descriptives de classification. Le seul probleme
qu’elles rencontrent se réduit a discerner les concepts qui permettent
une classification a la fois simple et rationnelle. Aucun probleme d’exis-
tence ne se pose a elles : leurs objets sont concrets, tombent sous le sens,
et les caractéres qu’ils présentent sont, eux-mémes, concrets; l’obser-
vation la plus banale garantit l’existence.
Les sciences abstraites et déductives, dont le type par excellence
est évidemment la science mathématique, commencent, elles aussi,
par observer. Mais elles ne retiennent pas tout ce que l’observation leur
fournit. Bien au contraire : de la totalité des caractéres présentés
par un objet, elles extraient quelques-uns de ces caracteres qui leur
paraissent seuls dignes d’étre retenus; par la, elles se révelent déja
abstraites. Poussant ensuite l’abstraction a un niveau plus élevé, elles
attribuent aux objets ainsi dépouillés un ou plusieurs caractéres originaux
qui, eux, ne sont pas véritablement observés, mais proviennent d’une
opération de passage a une limite idéale. Les objets définitivement
retenus ne sont donc pas simplement des objets concrets dépouillés,
VY. ROUQUET LA GARRIGUE. 2
18 TITRE I. — CHAPITRE II.

mais des objets essentiellement abstraits, doués de caractéres inobser-


vables. I] ne saurait étre question pour eux d’une existence concrete,
mais tout au plus d’une existence idéale.
La conception géométrique courante de la droite manifeste de la
facon la plus nette ce processus d’abstraction. Elle part, en effet, de
lobservation d’un fil tendu entre deux pointes; elle observe, ensuite,
ce caractére semi-concret selon lequel par deux points on peut faire
passer une droite; elle ajoute qu’on n’en peut faire passer qu'une; enfin,
elle écarte toute épaisseur et toute limitation par le procédé suivant :
partant d’un fil tendu, elle le partage en deux longitudinalement,
recommence ce partage, et cela, indéfiniment, en admettant que « a la
limite », le résultat obtenu sera un fil sans épaisseur; elle reporte ce fil
d’un cété, recommence, et cela indéfiniment, puis le reporte de la méme
maniéere de l’autre coté, en admettant que « a la limite », le résultat
obtenu sera ce qu’Euclide appelle une droite. L’objet qui recoit l’appel-
lation de « droite euclidienne » n’est, évidemment, pas celui qu’on trace
avec un crayon sur une feuille de papier.
Il est incontestable que l’introduction de pareils objets dans le domaine
de la pensée reléve de l’aventure, et les Grecs l’avaient parfaitement
_ senti. Car, si cette introduction est faite sans précautions, elle se traduit,
dans une théorie déductive, par un systéme d’axiomes qui risquent
d’étre incompatibles et de rendre, ainsi, la théorie contradictoire. Or,
une telle théorie permet d’assurer la vérité de n’importe quelle relation.
Comme on ne saurait donner définitivement droit de cité a des étres
permettant de justifier toutes les fantaisies, l’existence — méme idéale —
des objets d’une théorie déductive risque d’étre compromise.
Le risque n’est pas imaginaire : on s’en persuade par un exemple
tres simple. Les principes de toute théorie permettent de parler d’un
objet, de désigner cet objet par une lettre, x par exemple, d’énoncer
a son propos telle relation qu’on veut. On peut donc, dans une théorie
logique & introduire un objet x et affirmer — ce qui ne veut pas dire :
assurer — qu’il présente a la fois les caractéres exprimés par une relation
quelconque RK et par la relation (mon R); en d’autres termes, on peut
dire qu’il présente les caracteres exprimés par la relation complexe
(R et (non R)). Or, dans la théorie & — dans toute théorie logique —
la relation (R et (non R)) est fausse. Une théorie peut done se trouver
en présence d’une relation dont elle est capable de montrer la fausseté
quel que soit Pobjet que cette relation concerne.
De tout temps, on a traduit ce fait en assurant que, dans la théorie,
il n’existe pas d’objet présentant les caractéres exprimés par
cette relation.
En d’autres termes, on refuse toute existence, méme idéale, aA un
objet dont les caracteres sont contradictoires ou, plus généralement,
exprimés par des axiomes incompatibles avec les autres axiomes.
EXISTENCE. 19
On peut, semble-t-il, objecter que Pexemple précédent — le contre-
exemple est trop visiblement évoqué pour les besoins de Ja cause,
quwil représente un cas extréme et que l’existence d’objets comme la
droite euclidienne ou les nombres entiers, par exemple, ne saurait étre
sérieusement mise en doute. On remarque, en effet, que la théorie ot
ils ont été introduits a été abondamment développée en tous sens et
ne s’est jamais heurtée a une contradiction, ce qui constitue au moins
une forte présomption de leur existence; on va méme plus loin en
prétendant qu’une sorte dintuition intellectuelle, une observation
idéale d’un monde d’idées nous garantissent cette existence elle-méme,
donc, de surcroit, écartent le risque d’incohérence.
C’est effectivement de cette garantie qu’on s’est contenté pendant
plus de vingt siécles. Mais, il convient d’observer qu’une situation de
ce genre peut se présenter, et méme sous une forme aggravée, a propos
d’autres relations destinées a caractériser un objet. Car, plus une relation
est complexe, moins est capable de jouer la garantie de lVintuition et
plus il est nécessaire de recourir au moins a une garantie d’ordre logique
permettant d’assurer, a défaut d’une existence idéale et métaphysique,
une existence appauvrie consistant en l’absence de contradiction.
Or, pour obtenir une telle garantie, on est conduit a élaborer une
démonstration prouvant la non contradiction de la théorie construite
en adjoignant a la théorie initiale un objet x et l’axiome assurant que
cet objet présente les caracteres exprimés par telle ou telle relation.
La tache est, sans aucun doute, difficile; actuellement, en vertu d’un
résultat dit : théoréme de Gédel, la mathématique ne peut la remplir
de maniére a fonder, en toute certitude, Vensemble des résultats connus.
Le probleme de l’existence des objets mathématiques se pose dans
les termes suivants.
Cette existence n’est pas une existence concréte, mais une existence
idéale; cette existence idéale est subordonnée a limpératif logique de
non contradiction. Or, Pintuition est incapable de garantir absolument
l’existence idéale et le raisonnement est incapable de garantir, a l’avance,
la non contradiction.
Devant cette situation de fait, la mathématique, parfaitement
consciente du danger, adopte une position a la fois hardie et sage.
Loin de jeter des interdits comme le ferait une pensée primitive,
elle propose, au contraire, de garder toute liberté d’introduire des objets,
aussi déroutantes pour l’intuition que puissent paraitre les relations
exprimant leurs caractéres.
Elle propose, en outre, de ne pas consacrer trop defforts a établir, au
préalable, la cohérence de la théorie qu'elle construit.
Elle propose, enfin, de négliger le probléme, psychologique ou méta-
physique consistant a examiner st l’absence de contradiction suffit a
assurer Uexistence idéale des objets mathématiques.
20 TITRE Vee sare CHAPITRES IIT.

En retour, elle surveille attentivement le développement de la theorie


qui les concerne et elle assume pleinement le risque d’étre contrainte
d’en réviser les fondements si, un jour, une contradiction se révélait.
Simplement, pour faciliter une révision éventuelle, elle prend soin de
réduire le plus possible le nombre des axiomes caractérisant ses objets.
Bref, elle identifie l’existence a l’absence de contradiction et elle
admet cette existence purement logique jusqu’a preuve du contraire.

2. THEORIE DE LA QUANTIFICATION.

L’affirmation de Jlexistence d’un objet, présentant les caracteres


exprimés par une relation R, n’est pas une assertion concernant un
objet de la théorie & ot lon se place, mais une assertion concernant
la théorie tout entiére et la relation R; elle signifie, en effet, que la
théorie 3’, obtenue en adjoignant a &% un objet dont on assure qu il
présente les caractéres exprimés par R, n’est pas contradictoire.
Or, la mathématique cherche, autant que possible, a exprimer ses
idées au moyen de relations concernant des objets. Elle se trouve donc
en présence du probleme suivant : exprimer la notion d’existence et
régler |’emploi des expressions ot intervient cette notion, grace a des
relations concernant des objets.
Ce probléme est résolu par la mathématique, grace a une nouvelle
théorie analogue a la théorie de implication, et appelée : Théorie de la
quantification.
De méme que la théorie de limplication régle les questions de vérite,
celle de la quantification regle les questions d’existence.
Son exposé exige quelques précisions sur les notions d’objet et de
relation.

2.1. Les données primitives de la mathématique.

Pour élever sa construction, la mathématique dispose, initialement,


de deux choses : des matériaux qui sont des objets dépourvus de tout
caractére et des procédés de fabrication lui permettant de construire
des couples, des relations générales et des objets déterminés et enfin,
par substitution, de nouvelles relations et de nouveaux objets.
Objets sans caractéres et procédés de fabrication constituent les
données primitives ou fondamentales de toutes les mathématiques. On dit
que la mathématique se les donne; elle en dispose, alors, en toute liberté.

2.1.1. OBJETS, INDETERMINES. — Pour rappeler que les objets


primitifs sont dépourvus de tout caractére, que ce sont des objets « tout
court », on dit que chacun d’eux est un objet indéterminé et, parfois,
pour insister, totalement ou complétement indéterminé; on dit aussi
EXISTENCE. 21

quelconque, arbitraire, mais ces qualificatifs sont employés de prefé-


rence, a propos d’objets qui présentent déja certains caracteres.
Ces objets sont, cependant, considérés comme parfaitement indivi-
dualisés, susceptibles d’étre parfaitement distingués les uns des autres
et indestructibles. En outre, ils sont disponibles sans limitation. Ces
qualités permettent de représenter un objet indéterminé par un symbole
graphique, généralement une lettre, qui subsiste au cours d’une étude
sans cesser de représenter l’objet introduit au départ; elles permettent,
en outre, d’introduire, a n’importe quel stade du développement d’une
théorie, autant d’objets indéterminés qu’on veut, pourvu que les
symboles représentant ces nouveaux objets puissent étre distingués
des symboles précédents et distingués entre eux; en pratique, on introduit
de nouvelles lettres, affectées parfois de signes divers tels que les accents
et les chiffres. C’est ainsi qu’aprés avoir introduit un premier objet
désigné par la lettre x, on peut en introduire un second, distinct du
précédent, désigné par la lettre y, et ainsi de suite.

2.1.2. CoupLes. — Aprés avoir introduit deux objets x et y, la mathé-


matique se permet de fabriquer avec eux deux nouveaux objets qu'elle
appelle des couples. L’un d’eux, désigné par le symbole (x, y), lu :
couple x—y, est dit avoir x pour premiére composante et y pour
deuxieme composante. L’autre, désigné par le symbole (y, x) est dit
avoir y pour premiére composante et x pour deuxi¢éme composante.
Le couple (y, x) est appelé le couple réciproque du couple (x, y); naturel-
lement (x, y) est le couple réciproque de (y, x). Cette notion de couple
est destinée a introduire, en mathématiques, la notion trés intuitive
d’ordre, évoquée oralement par la succession temporelle de la premiere
et de la deuxieme composantes, évoquée graphiquement par leur écriture
successive de gauche a droite.
Méme avec un seul objet x, on peut fabriquer un couple (x, x) dont
la premiére et la deuxieme composantes sont identiques; un tel couple
est dit symétrique; il est, évidemment, distinct de l’objet.2.
Apres avoir fabriqué un couple (a, y) et introduit un nouvel objet
indéterminé z, il est possible de fabriquer deux nouveaux couples : lun
dont la premiere composante est (a, y) et dont la deuxieme est z, l'autre
dont Ja premiére composante est z, et la deuxiéme (2, y). Le couple dont
la premiere composante est (x, y) et la deuxieme z, est appelé un triplet.
Un triplet ((x, y), z), est aussi noté abréviativement au moyen du
symbole (a, y, z), lu: triplet x — y—2z; le couple (z, (a, y)) ne porte
pas de nom.
On définit, de proche en proche, un quadruplet et, plus généralement,
un multiplet.
Tout couple, triplet, multiplet, étant un objet, peut, a son tour, étre
représenté par une seule lettre. Mais un objet ne peut étre un couple
\
22 TITRE Toa CHAPITRE? II-

que si l’introduction de cet objet est précédée de celle de deux autres


objets distincts ou non.
Un couple sans autre caractére que d’étre un couple est dit couple
quelconque, arbitraire; on dit, aussi : couple indéterminé.

2.2. Relations générales.

2.2.1. RELATIONS SINGULAIRES OU RELATIONS EN x. — Le second


procédé de fabrication part d’un objet indéterminé et d’une relation
absolument quelconque pour aboutir a une nouvelle relation. Il est
intuitivement fondé sur l’idée que toute relation, quelle quelle soit,
méme si elle ne concerne pas l’objet indéterminé x, est capable d’exprimer
des caractéres susceptibles d’étre attribués a cet objet x. Il consiste en
ceci : aprés avoir introduit un objet x et une relation R absolument
quelconque, la mathématique se permet de fabriquer une nouvelle
relation énoncée par Vobjet x est tel que R ou encore par Vobjet x
présente les caractéres exprimés par R. L’objet indéterminé 2x
prend alors le nom d’argument de la nouvelle relation et cette nouvelle
relation (l’objet x est tel que R) est appelée relation a un argument
ou encore relation singulaire ou enfin relation en x. On la note au
moyen du symbole
eee
<Us

constitué par la lettre R suivie de la lettre x, elle-méme entourée de


parenthéses dentées telles que © =; ce symbole est lu: grand R de 2.
Certains auteurs emploient des parenthéses ondulées au lieu de paren-
théses dentées.

Remarque. — Lorsque la lettre x figure dans l’expression R, la


relation singulaire R=x< a la méme signification que R et on la
confond avec elle; par exemple, si R désigne la relation « x est un
entier multiple de 3 », RSa= désigne la relation « x est tel que x est
un entier multiple de 3 ».
Lorsque la lettre x ne figure pas dans l’expression R, la relation
Reax< a une signification distincte de celle de R, et c’est la un des
avantages que présente la notion de relation singulaire, notion qui
ne semble pas étre dégagée par la logique usuelle ni méme par la
logique contemporaine; par exemple, si R désigne la relation « 2 = 3 »,
Rx désigne la relation « x est tel que 2 = 3 ».
Lorsque dans l’expression R figurent des objets indéterminés y, z, ...
autres que x, ce dernier y figurant ou non, les autres objets indéter-
terminés y, z,... prennent le nom de paramétres de la relation
singulaire RS x= ou méme de parametres de la relation R (quand x
figure dans R). La relation R=>x~ ou méme la relation R est dite
alors relation paramétrique et l’on dit que R©x= ou méme R
dépend des parametres y, z, .... Par exemple, si R désigne la relation
EXISTENCE. 23

« x est un point du plan euclidien, y est une droite de ce plan et la


distance de x a y est égale 4 1 », la relation Rex<, quia la méme
signification que R, est une relation paramétrique et attire l’attention
sur un point de l’une des deux droites, paralléles ala droite y et situées
a la distance 1 de cette droite y; objet indéterminé y est alors un
parametre. Bien entendu, R désignant la méme relation, Rey< ala
méme signification que R, est une relation paramétrique, mais attire
Vattention sur une droite tangente au cercle de centre x et de rayon 1;
x est alors un paraméetre.

2.2.2. RELATIONS BINAIRES, TERNAIRES, ..., N-AIRES. — De méme


qu’elle fabrique des relations singulaires, la mathématique fabrique
des relations binaires. Apres avoir introduit deux objets indéterminés
distincts x et y et une relation R quelconque, elle obtient ainsi une
nouvelle relation énoncée par x et y sont tels que R ou encore par x
et y présentent les caractéres exprimés par R; wx est dit premier
argument et y, deuxiéme argument de la nouvelle relation; cette
nouvelle relation est appelée relation a deux arguments, relation
binaire ou encore relation en z et y. On fabrique, de méme, des relations
ternaires et, plus généralement, n-aires.
On note les relations binaires et ternaires issues d’une relation R
au moyen des symboles
REE es, RS Oye a

lus, respectivement : R de x et de y et R de x — y — 7; les arguments


sont écrits de gauche a droite du premier au deuxiéme et au troisieme.
Pour les relations binaires on utilise aussi le symbole

chy

Quand tous les arguments d’une relation n-aire figurent dans R,


on confond R avec la relation n-aire issue d’elle; sinon la relation n-aire
obtenue a une signification distincte de celle de R. Par exemple, les
énoncés « x est un entier plus grand que l’entier y », « x est un entier
compris entre les entiers y et z », sont confondus respectivement avec
des énoncés de relations binaires et ternaires, ot le premier argument
est x, le deuxiéme y, le troisieme z. Mais x devient un paramétre dans
la relation binaire « y et z sont tels que x est un entier compris entre
les entiers y et z ».

2.2.3. RELATION RECIPROQUE D’UNE RELATION BINAIRE. — Etant


donnée une relation quelconque R — dans laquelle x et y figurent ou non —
on appelle relation réciproque de la relation binaire R°- 12, y~
la relation binaire R’=2,y-, ot R’ désigne la relation obtenue en
permutant les objets x et y dans R. Par exemple, si R désigne « x est
24 TITRE I, — CHAPITRE II.

un entier plus grand que l’entier y », la relation réciproque de Rea, y=


est la relation « x et y sont tels que y est un entier plus grand que
lentier x »; elle a méme signification que « y est un entier plus grand
que l’entier x » ou encore que « x est un entier plus petit que l’entier y ».
Si x et y ne figurent pas dans R, la relation réciproque de R° 2, y=
‘a évidemment la méme signification que R° x, y= elle-méme.
On notera l’analogie entre relation réciproque de R-2,y- et la
réciproque de l’implication (A => B) qui n’est autre que (B= A).

2.2.4. LAnGAGE. — Une relation singulaire attribuant des caracteres


a lobjet indéterminé qu’elle concerne, exprime, intuitivement, une
« propriété » de cet objet. Par exemple, I’énoncé « x est un entier multiple
de 3 » a méme signification que l’énoncé « x a (posséde, jouit de) la
propriété : étre entier multiple de 3 ». D’une manieére générale, l’énoncé
«Rex=»améme signification que x a (posséde, jouit de ) la propriété
d’étre tel que R. Par abus de langage, toute relation singulaire « R= x= »
est, elle-méme, appelée une propriété de Vobjet x; on admet aussi
que toute relation R peut étre considérée comme une propriété de
Pobjet 2.
D’autre part, une relation singulaire étant destinée a caractériser
Vobjet indéterminé qu’elle concerne, exprime, intuitivement, une
« condition » imposée a cet objet. L’énoncé « R= x= » présente alors
la méme signification que les énoncés : x remplit (satisfait a) la condition
d’étre tel que R. Par abus de langage, toute relation singulaire R= x=
est, elle-méme, appelée une condition imposée a lobjet x7; on admet
aussi que toute relation R peut étre considérée comme une condition
imposée a l’objet zx.
La notion de couple permet, enfin, d’assimiler une relation binaire
a une relation singulaire; il suffit, pour y parvenir, d’introduire une
lettre z désignant, abréviativement, le couple (x, y) dont la premiére
et la deuxiéme composantes constituent le premier et le deuxiéme
arguments de la relation binaire. Ainsi, toute relation binaire peut étre
considérée comme une propriété ou une condition relatives au couple
formé par son premier et son deuxiéme arguments. Il en est de méine
pour une relation n-aire, qui apparait comme une propriété ou une
condition relatives 4 un multiplet.
Les relations singulaires, binaires, ..., n-aires sont, souvent, appelées
relations générales.

2.3. Objets déterminés : Prototypes.

Le troisieme procédé de fabrication part d’une relation singulaire


pour aboutir 4 un objet. Il est destiné a introduire en mathéniatiques
la notion d’objet déterminé.
EXISTENCE. 25

Pour le sens commun, un objet est déterminé par un ensemble de


caractéres qui lui appartiennent en propre et permettent de le distinguer
sans ambiguité de tous les autres objets. C’est ainsi qu’une personne
est déterminée par son nom, ses prénoms, la date et le lieu de sa naissance.
Il est bien clair qu’une relation singulaire quelconque ne détermine
pas, en ce sens, un objet qui puisse étre parfaitement distingué de tous
les autres.
Cependant, la mathématique admet qu’a toute relation singulaire
il est possible d’associer un objet parfaitement précisé, parfaitement
discernable de tous les autres objets. Intuitivement, c’est un représentant
typique et privilégié des objets présentant les caractéres indiqués par
cette relation, et présentant lui-méme au supréme degré — éminem-
ment — ces caractéres.
En d’autres termes, la mathématique se permet de fabriquer, a partir
de toute relation singulaire REx~, un objet parfaitement précisé et
parfaitement discernable de tous les autres objets. L’objet ainsi fabriqué
peut étre appelé le prototype des objets x présentant les caractéres
exprimés par R, ou méme le prototype de la relation R, ou enfin, le
prototype de Ras.
Pour noter le prototype de la relation nouibits R= x~ on emploie
le symbole
“eo 1a)

lu : tau-z de R.
Lorsque dans l|’expression R figurent deux objets indéterminés y, z,
autres que 2, c’est-a-dire lorsque R= x= est une relation paramétrique,
les paramétres de R= x= sont dits paramétres de 7..(R); on dit alors
que le prototype (en x) de R est un prototype paramétrique et, pour
signaler cette circonstance, on désigne un tel prototype par la
notation U~y,z<; on dit enfin que le prototype U= y,z~ dépend des
parameétres y et z. Si, dans R= x= figurent plus de deux paramétres
on emploie une notation analogue.
Les seuls objets déterminés considérés en mathématiques sont des
prototypes de relations singulaires, c’est-a-dire des prototypes de
proprictés.
Par exemple, la mathématique admet que la relation « x est un entier
et x? +1 =o » permet d’introduire un objet parfaitement précisé,
qui est le prototype des entiers dont le carré augmenté de Vunité est
nul. Elle admet méme que la relation « x est tel que 2 = 3 » permet
d’introduire un objet parfaitement précisé, qui est le prototype des
objets tels que 2 soit égal a 3; il est inutile de souligner que, si la mathe-
matique se permet de disposer d’un tel objet, elle n’en peut assurer
Vexistence que dans une théorie contradictoire. Enfin elle admet que
la relation « x est un entier relatif et x*= 4 » permet d’introduire un
26 TITRE I. — CHAPITRE II.

objet parfaitement précisé, prototype des entiers relatifs dont le carré


est égal A 4; mais il convient de souligner le fait qu’actuellement elle
est incapable de décider si cet objet est égal a + 2 ou s'il est égal Aa — 2.
Remarque. — La fabrication des prototypes est étroitement liée
4 ce qu’on appelle axiome de choix ou axiome du choix. Elle permet,
en effet, de distinguer, de choisir, parmi tous les objets qui présentent
les caractéres exprimés par une relation R, et que R elle-méme est
incapable de différencier, un objet trés particulier, doué pour ainsi
dire plus que tous les autres des caracteres exprimés par R. L’axiome
de choix classique admet, sous une autre forme, cette possibilité
mais seulement dans le cas ot la relation R exprime l’appartenance
a un ensemble donné, de sorte que la fabrication des prototypes
permet de démontrer dans la théorie des ensembles la vérité de la
relation exprimant Vaxiome de choix classique. Les controverses
célébres auxquelles a donné lieu cet axiome au début du siécle sont
donc devenues sans objet surtout depuis 1940 et 1950, ot Yon a pu
démontrer que l’introduction des prototypes ne peut rendre contra-
dictoire la théorie des ensembles, si cette derniére est elle-méme non
contradictoire.

2.4. Substitution. Valeur. Variable. Paramétre. Solution.


Inconnue.

Le dernier procédé de fabrication consiste en une substitution mateé-


rielle; il s’applique a une relation singulaire et fournit une nouvelle
relation; il s’applique aussi a un prototype dans lexpression duquel
figure un objet indéterminé et fournit un nouveau prototype.
R= x= désignant une relation singulaire et T un prototype quelconque,
on peut, dans l’expression R= x -, substituer matériellement la lettre T
a la lettre x en chacune des occurrences de cette derniére, c’est-a-dire
a chaque place ot x figure dans R= x=; on obtient ainsi une nouvelle
relation qui indique des caractéres de l’objet T (ef non plus de lobjet x);
on note cette nouvelle relation au moyen du symbole
RST2
lu, naturellement : R de T.
De méme, U- z= désignant un prototype dans l’expression duquel
figure la jettre z, on peut, dans cette expression U> z ~, substituer maté-
riellement la lettre Ta la lettre z en chacune des occurrences de cette
derniere; on obtient ainsi un nouvel objet déterminé qui est ie proto-
type de la relation singulaire obtenue en substituant T a z dans la relation
qui fournit USz:. Ce nouveau prototype est noté Us T=. Intuiti-
vement, c’est le prototype que devient U- z quand on substitue T
a z. Lorsqu’un objet déterminé T est destiné a étre ainsi substitué a un
objet indéterminé x ou a un objet indéterminé z, l’objet déterminé T
recoit appellation de valeur, Vobjet indéterminé x de la relation
EXISTENCE, 27

singulaire R= w~ celle de variable; l’objet indéterminé z du_proto-


type U-z~ garde celle de paramétre. Pour exprimer cette substi-
tution, on dit que la variable x ou le parametre z prennent la valeur T;
on dit aussi qu’on donne la valeur T a la variable x ou au parametre z. On
peut, de méme, substituer a la variable x ou au paramétre z un autre objet
indéterminé y; on dit alors qu’on donne 4 x ou a z une valeur quelconque.
Quand on a substitué a la variable x de R= «= un objet déterminé
ou indéterminé T, on peut soumettre la relation R= T- obtenue a
Vépreuve dune démonstration dans une théorie. On constate alors,
généralement, que pour certaines valeurs T, R=T= devient vraie,
tandis que:pour d’autres valeurs T, R= T= devient fausse. On dit,
suivant les cas, que objet T (ou la valeur T) rend vraie ou fausse la
relation R= x=; on exprime les mémes idées en disant que T vérifie
ou ne vérifie pas la relation R° x
On appelle solution de Rx tout objet déterminé ou indéterminé
qui vérifie R- x. En d’autres termes, une solution de R- x est un
objet qui, substitué a x, rend vraie la relation R. x~. On dit alors que
la relation R x admet (ou a) cet objet comme solution. C’est
ainsi que les nombres 12, 15, 18 sont des solutions de la relation « x est
un entier multiple de 3 »; cette relation admet donc ces trois nombres
comme solutions.
Lorsqu’une étude est destinée a rechercher les solutions d’une
relation R° x, on dit qu’elle est destinée a résoudre cette relation;
Vargument x est alors appelé inconnue de la relation.
Des définitions analogues sont posées a propos des relations binaires
et, plus généralement, n-aires. Par exemple, une solution d’une relation
binaire est un couple dont la premiére et la deuxiéme composantes respecti-
vement substituées au premier et au deuxieme arguments, rendent
vraie la relation binaire. Chacun des arguments est appelé une inconnue
de la relation binaire qui est dite, alors, relation 4 deux inconnues.

Remarque. — Les diverses appellations et facons de parler qui


viennent d’étre définies s’appliquent 4 un méme objet ou a une méme
relation selon les divers réles que la théorie se propose de leur faire
jouer ou constate qu’ils remplissent; elles n’ont pas un caractére
intrinséque.

2.5. Expression de l’existence. Construction de la théorie de la


quantification.

La notion de prototype, introduite en mathématiques par Hilbert


voici une trentaine d’années, s’est révélée outil de choix pour exprimer
lexistence dans une théorie.
On peut s’assurer facilement que l’énoncé « il existe un objet tel que R »
et l’énoncé « le prototype des objets présentant les caractéres exprimés
28 TITRE, ee CHAPRITRE «IT;

par R présente lui-méme les caractéres exprimés par R » ont la méme


valeur de vérité dans toute théorie logique; en d’autres termes, on peut
s’assurer que la vérité de l’un entraine la vérité de l’autre et que la
fausseté de l’un entraine la fausseté de l’autre; autrement dit encore,
ces deux énoncés sont équivalents dans toute théorie logique.
On sait, en effet, que pour établir l’équivalence de deux relations,
il suffit d’établir l’équivalence de leurs négations. Or, assurer : « il n’existe
pas d’objet tel que R » permet d’assurer qu’aucun objet ne présente
les caractéres exprimés par R, donc que méme le prototype de KR ne
présente pas les caractéres exprimés par R.
Réciproquement, assurer : « le prototype des objets présentant les
caractéres exprimés par R ne présente pas les caracteres exprimés par R »,
permet d’assurer qu’aucun objet ne présente ces caractéres puisque,
par définition, le prototype est celui qui les présente éminemment.
L’équivalence des négations étant ainsi établie, celle des relations
en résulte. Ces remarques intuitives fournissent a la mathématique
le moyen d’exprimer Ja notion d’existence grace a des relations concernant
des objets. A cet effet, elle introduit les définitions, les notations et
l’axiome qui suivent et qui constituent les bases de la théorie de la quanti-
fication.

2.5.1. DEFINITION DES RELATIONS EXISTENTIELLES. — Disposant


d’objets indéterminés, de relations générales concernant ces objets,
dun prototype, parfaitement déterminé, associé a chaque relation
générale, la théorie de la quantification considere une _ relation
singulaire R- x ~ absolument quelconque, ot x désigne un objet indéter-
miné; elle substitue matériellement a la lettre x le symbole <,.(R)
représentant le prototype de R et elle obtient, ainsi, une nouvelle relation
qui concerne, non plus l’objet indéterminé x, mais l’objet parfaitement
déterminé ,.(R). Cette nouvelle relation est appelée relation existentielle
associée a R. Elle signifie que « le prototype de R présente les caracteres
exprimés par R ». En accord avec le sens commun comme on vient de
le voir et par définition, la théorie de la quantification la traduit par
«il existe un objet tel que R ».
En d’autres termes, 4 propos de toute relation singulaire R= x=,
la théorie de la quantification pose la définition suivante :
dire : il existe un objet tel que R, c’est dire : le prototype de R
présente les caractéres exprimés par R,
et elle appelle « relation existentielle associée a R », la relation exprimée
par Pun ou Vautre de ces énoncés.

Remarque. — Il s’agit bien 1a d’une définition puisque le définissant,


représenté par « le prototype de R présente les caractéres exprimés
par R » ne fait intervenir que des notions dont dispose la théorie
EXISTENCE. 2.

au préalable; d’autre part, le défini, représenté par « il existe un


objet tel que R », n’est qu’une abréviation — ou une autre facon de
parler.
On sait que les définitions sont libres dans toute théorie, mais
lorsque le définissant et le défini ont, par ailleurs, des significations
intuitives, il convient, évidemment, pour ne pas heurter l’usage
qu’en fait le sens commun, de montrer qu’il n’y a pas de désaccord
trop criard entre le définissant et le défini. Cette absence de désaccord
a, déja, été évoquée A propos de Vimplication; elle résulte, ici, de ce
que, on l’a vu, le sens commun attribue deux significations équi-
valentes — ayant méme valeur de vérité au définissant et au
défini.

2.5.2. NOTATION DES RELATIONS EXISTENTIELLES. — Les ouvrages


spécialisés notent la relation existentielle associée a une relation singulaire
elle-méme notée R= x-, au moyen du symbole

(a Rae) oR,

lu ; tau-x de R remplace x dans R. Ce symbole et sa lecture traduisent


Vénoncé original de la relation existentielle. Ces ouvrages utilisent,
aussi, le symbole

qui s’accorde avec la notation R= T~ introduite ci-dessus.


Les ouvrages courants de mathématiques utilisent exclusivement
le symbole
(4x),

lu : il existe un x tel que R ou méme : é-v-R.


Ce symbole et sa lecture traduisent exactement le second énoncé
de la relation existentielle. Le signe 3, dont le dessin est facilement
interprété, est appelé : quantificateur existentiel. I] ne figure jamais
seul, mais jumelé avec argument de la relation quwil affecte. Lorsque,
a partir dune relation singulaire, on construit la relation existentielle
associée, on dit qu’on applique a la relation singulaire le quantificateur
existentiel.
L’argument zx de la relation singulaire, qui sert a construire la relation
existentielle associée, recoit alors appellation de variable liée, ou
celle de variable muette.
La premiére appellation est destinée a souligner que l’argument de
la relation singulaire est jumelé avec le quantificateur dans la relation
existentielle; par opposition, l’argument dune relation singulaire est
dit variable libre. La deuxiéme appellation est destinée a souligner
que la lettre x, qui figure dans le symbole (42) R et, aussi, dans le symbole
sO TITRE I, —~ CHAPITRE II.

original, désigne un objet indispensable a l’énonce de la relation singulaire,


mais inutile a celui de la relation existentielle : il ne se manifeste,
aucunement, en effet, dans l’énonceé original : «le prototype de R presente
les caractéres exprimés par R ». LH en résulte que les symboles tels que

(Sa)R, (Ga dR, (aS5)R

ne contiennent qu’apparemment les lettres : 2, y, ¢.

2.5.3. AXIOME DE LA QUANTIFICATION. — La construction de la


théorie de la quantification s'achéve par lintroduction d’un seul axiome,
qui peut étre exprime par l’enonce suivant
Si, dans une théorie, un objet T, déterminé ou indétermine,
vérifie une relation singulaire Rx, alors on peut assurer que,
dans cette théorie, la relation (3.7) KR est vraie.

Il suffit de se reporter a la signification intuitive de (92) R pour recon-


naitre le bien-fondé de cet axiome; il est intuitivement certain, en effet,
que, si un objet vérifie une relation singulaire, le prototype de cette
relation la vérifie a fortiort.
Cet axiome, assurant la vérité d'une implication au sens courant,
peut étre exprimé de maniére 4 conserver 4 implication sa signification
technique, qui déborde un peu, on la vu, la signification courante.
I] se traduit alors par :

|Axiome Q: RESTS => (92)R. |

Il permet d’insérer une relation existentielle dans une démonstration


si cette relation est précédée d'une relation de la forme : Ro T
En définitive, existence d’un objet, presentant les caractéres exprimes
par une relation R, peut étre assurée de deux facons : ou bien par un
axiome, ou bien par la présentation d’un objet qui veritie R. Ce qui
nest pas explicitement permis étant interdit, il ny a, en mathematiques,
que ces deux moyens d’assurer Texistence d'un objet presentant des
caractéres donnés. Le premier moyen — par axiome — met en relief
Yidée rencontrée deja, selon laquelle Texistence des premiers objets
dune théorie ne peut étre assurée que par axiome; le deuxiéme moyen
— par démonstration — explique que, dans le langage mathéematique,
on remplace couramment I’énonce : cil existe un x tel que R » par enonee :
on peut trouver un x tel que R; l'un et l'autre expliquent, entin, qu'on
traduise souvent (gx) R par : on peut considérer un x tel que R.
Toute théorie logique qui admet l'axiome de quantification est appelee :
théorie quantifiée.
EXISTENCE. Jot

2.6. Développement de la théorie de la quantification.

2.6.1. RELATIONS UNIVERSELLES.


a. Construction et définition. — Etant donnée une relation R, on peut
en prendre la négation puis appliquer le quantificateur existentiel
a une relation singulaire issue de la négation obtenue. La relation existen-
tielle, ainsi construite, est représentée par le symbole
(3x) (mon R).

La négation peut étre, a nouveau, appliquée et l’on obtient


non (32) (non R).

Intuitivement, cette derniére relation signifie qu'il n’existe pas d’objet


présentant les caractéres exprimés par (non R), c’est-a-dire que tous
les objets présentent les caractéres exprimés par R. On comprend, ainsi,
que, par définition, cette relation soit appelée relation universelle
associée a R.
b. Notation. — Elle est notée au moyen du symbole abréviateur
(Wx)R,

lu indifféremment : pour tout x, R ou : quel que soit x, R, ou tout


objet x est tel que R. Le signe V est appelé: quantificateur universel.
Il a été choisi comme initiale renversée du nom qu'il porte dans les
Jangues anglo-saxonnes : « all-operator », ou en allemand « allsatz ».
De méme que le signe 3, il ne figure jamais seul, mais jumelé avec
Vargument x de R° x=, qui devient, évidemment, une variable liée
ou une variable muette. La lettre x ne figure donc qu’apparemment
dans le symbole (Wx)R qui concerne, non pas x, mais 7z(R).
Les relations existentielles et les relations universelles sont appelées
relations quantifiées.

2.6.2. IpentiTEs. ImpossipitirEs. — La relation universelle (Wx) R


exprimant que tout objet x est tel que R est appelée une identité. Toute
relation universelle est, par définition, une identité.
Par abus de langage, on traduit aussi la relation universelle (Wx)R
en disant : R est une identité. De méme, pour traduire la relation
universelle (Wx) (non R), on dit: R est une impossibilité ou encore :
R est impossible.
Remarque. — Récemment encore on réservait appellation d’identité
a une relation universelle vraie; actuellement on admet aussi bien
les identités fausses que les identités vraies et méme celles qui dépendent
d’un parametre et ne sont en général ni vraies ni fausses.
BY
92 TITRE :J.. — ‘CHAPITRE Il.

2.6.3. PRODUIT DE DEUX RELATIONS BINAIRES. — Etant données


deux relations binaires Roa, y2 et Ssy,z, ou y désigne le méme
objet indéterminé dans les deux relations, on appelle produit de R- x, y ~
et de S-y, z= la relation binaire exprimée par l’énoncé «x et z sont
tels qu’il existe un y tel que R et S ».
Cet énoncé n’est que la traduction de l’expression

CRS ae ae
aye
US Sy eee.
Par exemple, si R désigne « a est fils de y » et si S désigne « y est frére
de z», le produit des relations R=a, y= et S-y, z= désigne la relation
« x est neveu de z ».

2.6.4. CARACTERES CLASSIQUES DES RELATIONS BINAIRES.

a. Relations réflexives. — On dit que la relation binaire R= 2, y <


est réflexive pour exprimer que tout objet x est tel que R=2, x=. Par
exemple, la relation (x = y) est une relation réflexive, car, on le verra,
tout objet x est tel que x = x. L’énoncé qui définit une relation binaire
réflexive n’est que la traduction de l’expression

CDS Be

Dire qu’une relation binaire Ra, y~ est non réflexive, c’est dire
que non (Wz) R=a, x=; pour exprimer que (Wz) (non R- 2, x ) on dit
que R=, y= est irréflexive.

b. Relations symétriques. — On dit que la relation binaire R= x, y =


est symétrique pour exprimer que quel que soit x et quel que soit y

Re ory ea. ek

On constate aussit6t que si R= 2x, y= est symétrique, alors R= 2x, y=


est équivalente a R= y, x=, donc a sa réciproque.
La relation d’égalité est, par exemple, une relation symétrique.
On définit les relations non symétriques et les relations asymétriques
comme on définit les relations non réflexives et les relations irréflexives.

c. Relations transitives. — On dit que la relation binaire R®= a, y=


est transitive pour exprimer que quel que soit x, quel que soit y, quel
que soit z,

La relation d’égalité, par exemple, est une relation transitive.


99
EXISTENCE. oa

On définit les relations non transitives et les relations intransitives


comme on définit les relations non symétriques et les relations asymé-
triques.

Remarque. — Lorsqu’une relation binaire RS, y= est a la fois


symétrique et transitive, on peut assurer que, quel que soit x et quel
que soit y, l’implication
(REx, xs
IRENTS

est vraie. Il suffit de remarquer que Réaz,y<¢ entraine Rey,xs


et, par suite, la conjonction de Ria, ys et de Rey, x=; par transi-
tivité, on en déduit qu’on a Ra, x<; on procede de méme pour
établir que Rex, ys=> Rey, y S.
Mais cela ne permet pas d’assurer que la relation R=x, y= soit
une relation réflexive. Par exemple, la relation « x est un salarié de
Ventreprise A et y est un salarié de lentreprise A » est une relation
binaire symétrique et transitive lorsque les objets considérés sont
les salariés d’une ville B; mais cette relation n’est pas réflexive car
on ne peut assurer que tout salarié de la ville soit un salarié de l’entre-
prise A.

d. Relations de préordre. — Une relation binaire a la fois réflexive et


transitive est appelée relation de préordre.
La relation d’égalité est une relation de préordre.

e. Relations d’équivalence. — Une relation binaire a la fois réflexive,


symétrique et transitive est appelée relation d’équivalence.
Une relation d’équivalence est donc une relation de préordre symé-
trique.
La relation d’égalité qui est déja une relation de préordre est encore
une relation d’équivalence.

Remarque. — Certains auteurs étendent la notion


de relation de
préordre en appelant ainsi toute relation binaire R=2, y= qui est
transitive et qui entraine la conjonction de Ra, x= et de Roy, y=
quels que soient x et y. Les mémes auteurs appellent relation d’équi-
valence toute relation binaire R= x, y< qui est a la fois symétrique
et transitive; une telle relation entraine alors, tout comme une relation
de préordre, 4 la fois Rea, x2 et Rey, yS.

2.6.5. CRITERES DE DEDUCTION CONCERNANT LES RELATIONS GENE-


RALES ET LA QUANTIFICATION. — La théorie de la quantification permet
de retrouver un certain nombre de régles logiques assurant le passage
de relations vraies a d’autres relations vraies. Ces critéres de déduction
sont appliqués plus ou moins instinctivement — plutét moins que plus —
V. ROUQUET LA GARRIGUE. 3
34 TITRE I. — CHAPITRE II.

par ceux qui font des mathématiques; ils concernent les relations générales
et les liens entre la vérité d’une relation et celle de la relation universelle
qui lui est associée.
a. Equivalence entre R et Rea<e. — Dans toute théorie quantifiée,
la relation R et la relation R= x, ot x désigne un objet indéterminé
figurant ou non dans R, sont équivalentes.
Le sens commun ne doute pas de cette équivalence, grace a la signifi-
cation intuitive qu’il attribue 4 R° a. En effet, si x figure dans R,
la relation (x est tel que R) a la méme signification que la relation R
et lui est par suite équivalente; si x ne figure pas dans R, le sens commun
admet volontiers que, par exemple, la relation (x est tel que 2 + 3 = 5)
est tout aussi vraie que la relation (2 + 3 = 5), tandis que la relation
(x est tel que 2 = 3) est tout aussi fausse que la relation (2 = 3).
En fait, la théorie de la quantification introduit la relation géné-
rale R x comme notation accessoire de R et, par la méme, en
confondant R et R x, traite ces deux relations comme équivalentes
dans toute théorie quantifiée.
b. Passage de (Wx) RAR T ,aR «x= eta R. — Dans toute théorie
quantifiée, on peut assurer les implications suivantes, ol x désigne un
objet indéterminé, T un objet quelconque (indéterminé ou prototype) :

re,
(Wa) R=SRE
ne R.
(NJ S22) oh

Le sens commun considére la premiere implication comme un truisme,


étant donnée la signification qu’il attribue au symbole (Wz) R: il est
clair en effet pour lui que la vérité de la relation (tout objet x est tel
que R) permet d’assurer la vérité de la relation (tout objet T est tel
que R), donc que dans toute théorie quantifiée on peut assurer la premiere
implication. La théorie de la quantification s’accorde avec le sens
commun en établissant la vérité de cette premiére implication grace
a l’axiome de la quantification. Les deux autres s’ensuivent immé-
diatement; en effet, puisque la relation ((Wx) R= R= T=) est vraie
lorsque T désigne un objet quelconque (indéterminé ou prototype),
elle est vraie en particulier pour l’objet indéterminé x; d’autre part,
on sait que R- x — est équivalente a R, ce qui permet d’assurer la troisieme
implication.
De la résulte que si, dans une théorie quantifiée, on a pu établir que R
est une identité, alors tout objet de la théorie vérifie R= x~; autrement
dit, tout objet de la théorie est alors solution de R> x-.

c. Passage de R a (Wx) R. Passage de R'd R= T-. — Les passages


inverses, celui de R a (Wx) R et celui de R a RT -~, sont plus délicats.
2
EXISTENCE. 99

Pour reconnaitre dans quelles circonstances ils sont possibles, la théorie


de la quantification, en accord avec le sens commun, distingue le cas
ou lobjet indéterminé x figure dans les axiomes de la théorie ot l’on
se place — on dit alors que x est une constante de cette théorie — et
celui ou il n’y figure pas.
Si Vobjet x figure dans les axiomes de la théorie ott l'on se place, s'il
est une constante de cette théorie, on ne peut en général passer de la
vérité de R a celle de (Wx) R, pas plus qu’on ne peut passer de la vérité
de R a celle de R= T-. Par exemple, si un des axiomes de cette théorie
assure «l’objet x est un entier multiple de 6 », on peut, dans cette théorie,
assurer la vérité de la relation (l’objet x est un entier multiple de 3),
mais on ne saurait évidemment y assurer celle de la relation (quel que
soit objet x, cet objet x est un entier multiple de 3) pas plus que celle
de la relation (T est un entier multiple de 3), ou T désigne un objet
quelconque (indéterminé ou prototype) de la théorie. Les deux relations R
et (Wx) R ont, en effet, des significations distinctes : la relation R concerne
Pobjet x dont elle parle et dont a déja parlé un des axiomes de la théorie,
tandis que la relation (Wx)R concerne non pas x mais le prototype z.,.(R)
dont les axiomes de la théorie ne parlent pas.
Au contraire, si Vobjet x ne figure pas dans les axiomes de la théorie
ou l’on se place, s'il n’est pas une constante de cette théorie, alors la
vérité de R permet d’assurer la vérité de (Wx)R et celle de RT. Par
exemple, dans la théorie des ensembles qui est une théorie quantifiée
sans constantes, la relation (« 2 est un entier multiple de 6 » entraine
«x est un entier multiple de 3 ») est une relation vraie et l’on peut assurer
que, dans cette théorie, la relation universelle (quel que soit x, « x est
un entier multiple de 6 » entraine « x est un entier multiple de 3 »)
est elle aussi une relation vraie; il en résulte que la relation (« T est un
entier multiple de 6 » entraine « T est un entier multiple de 3 »), ot T
désigne un objet quelconque de la théorie, est elle-méme vraie.
Pour établir que la vérité de R permet d’assurer la vérité de (Vx)R
et celle de R= T~, dans toute théorie quantifiée dont x n’est pas une
constante, la théorie de la quantification procede en deux étapes, la
premiere concernant R= T= et la deuxiéme (V2)R.
Elle montre d’abord que si une relation R est vraie dans une théorie
quantifiée dont x n’est pas une constante, la relation R= T~, obtenue
en substituant a x un objet quelconque (indéterminé ou prototype)
est elle-méme vraie. Pour obtenir ce résultat, elle observe tout simplement
que si R est vraie, R figure dans une démonstration et qu’on obtient
une démonstration ot figure R= T= en substituant l’objet quelconque T
a l’objet indéterminé x dans toutes les relations de la démonstration
ou figure R.
Ayant ainsi établi que la vérité de R permet d’assurer celle de R= 7T-,
elle remarque aussitot que, si R est vraie, R= a= reste vraie quand on
36 TITRE I. — CHAPITRE II.

substitue a x le prototype de (non R), c’est-a-dire +, (non R). UJ lui suffit


alors d’établir que la relation R&z,.(non R) = ainsi obtenue est équi-
valente a (Vx)R — ce qui est facile — pour se permettre d’assurer
que (Wx) R est elle-méme vraie.

Remarques. — 1. Bien que, dans une théorie dont x n’est pas une
constante, la vérité de R permette d’assurer la vérité de Re T=
et celle de (VWx)R, on ne peut généralement pas assurer dans une
telle théorie la vérité de l’implication (R= R=T<¢) ni celle de
(R= (Wx)R); au contraire, on peut, on Va vu, assurer dans toute
théorie quantifiée la vérité des implications réciproques.
2. Si G désigne une théorie dont x n’est pas une constante, dire
«Rest vraie dans & » revient 4 dire « R© T < est vraie dans 6 »; chacune
de ces deux expressions revient a dire « (Wx)R est vraie dans © ».
Mais dire «R» n’équivaut pas a dire «RS T<» ni a dire « (Vz)R ».
3. Le passage de R a. R= T & justifie le critére selon lequel la vérité
d’une implication (R= S) dans une théorie dont x n’est pas une
constante permet d’assurer celle de l’implication (R= T=— SST >=).
Ce critére peut encore s’exprimer ainsi : la vérité de limplication
(R= S) dans une telle théorie permet d’assurer que toute solution
de R=a< est une solution de S=a2~, autrement dit que tout objet
qui vérifie RSa<¢ est un objet qui vérifie SSa=. Comme, d’autre
part, dans toute théorie quantifi¢ée la vérité de (Wx)(R=S) permet
@assurer celle de (R = S), on voit que, dans une théorie dont x n’est
pas une constante, démontrer l’implication (R = S) revient a démontrer
que toute solution de R est une solution de S.
Mais, dans une théorie ott x est une constante, il peut fort bien
se faire qu’on puisse démontrer l’implication (R= S) sans qu’on
puisse démontrer que toute solution de R soit une solution de S.
Par exemple, dans une théorie quantifiée ot la relation « x est un
entier multiple de 2 » est un axiome, on peut démontrer l’implication
(« x est un entier multiple de 3 » entraine « x est un entier multiple
de 6 »), mais on ne saurait évidemment y démontrer l’implication
(« 9 est un entier multiple de 3 » entraine « 9 est un entier multiple
de 6 »). On pourra observer cependant, & titre de curiosité, que l’impli-
cation (« 5 est un multiple de 3 » entraine « 5 est un multiple de 6 »)
est vraie dans une telle théorie — comme d’ailleurs dans toute théorie
logique admettant les entiers parmi ses objets.

2.6.6. QUANTIFICATEURS ET OPERATEURS LOGIQUES. —- On démontre


régulierement les implications ou équivalences suivantes qui constituent
autant de regles d’emploi des quantificateurs.
a. Quantificateurs et négation. — La négation est liée a la quantifi-
cation par les deux équivalences :
non (W2)R <— (92) (non R),
non (97)R <> (Wz) (non R).
EXISTENCE. 65)

Pour nier une relation quantifiée il suffit donc de nier la relation sur
laquelle porte le quantificateur et de remplacer ce quantificateur par
Vautre.

b. Quantificateurs et implication. — L’implication est liée a la quantifi-


cation par les deux implications :

CV oy CRE 8)) == (CV eS CV a) Sir


Van's) (Gar Ss

c. Quantificateurs et équivalence. — L’équivalence est liée a la quantifi-


cation par deux implications analogues :

(Wz) (RSS) 5S (Wz) RS(V-2)S),


(We) (RSs) => ((aa2)R S&S (42z)8).

d. Quantificateurs et conjonction ou disjonction. — La conjonction


et la disjonction sont liées a la quantification par les deux équivalences :

(Wize CRicet 15) COWaa Retet V2.)))s


(dx) (RouS) —& ((g2)R ou (gz) S$).

L’équivalence entre (Wx) (R ou S) et (Wx) R ou (Vz) S) est fausse en


général, ainsi que l’équivalence entre (Ax) (R et S) et ((Ax) R et (Az) S).
Mais on peut assurer, d’une part, les implications :

KON] ae) Rou GY, Zs.) == (Vix) (Rous).


(4x) (R et S) = ((3z)R et (Fx)S),

d’autre part, les implications :

(Wa) (R ou S$) = ((WV£) Row (42) S),


(Wz) (R ou 8S) => ((a3z)R ou (V2)S),
((Aw)R et (Wx)S) = (Ax) (R et),
(Wz) Ret (4zyS) => (4x) (BR et S).

Enfin, si v ne figure pas dans R, on peut assurer les équivalences :

(N22 Roots) 2—s(Reou (Wz) 5),


CER ASD) <aSGr ay) (we

2.6.7. QUANTIFICATION MULTIPLE. — Une relation quantifiée étant


encore une relation, on peut lui appliquer a nouveau le quantificateur .
existentiel ou le quantificateur universel. On néglige habituellement
Vitération d’une quantification relative au méme objet indéterminé
38 TITRE I. — CHAPITRE II.

et l’on se borne a considérer, dans le cas de deux quantifications, les


expressions suivantes :
(92) ((ay)R), (Wz) ((3”)R), (32) (VY)R), (Wx) (CW)R),

abrégées par
(Av) (ay) R, (Wx) (Ay) R, (Az)(Wy)R, (We) (Wy)R
et qui signifient respectivement :
— il existe un 2 tel que il existe un y tel que R;
— quel que soit x, il existe un y tel que R;
— il existe un 2 tel que pour tout y on ait R;
— quel que soit x on a R pour tout y.

Cette quantification multiple donne lieu aux équivalences ou impli-


cations suivantes :
(Ae) (Ey) R = (ay) (42)R,
(Wa) (WR S&S (WH) (Wa) R,
(Az) (Wy)R = (Wy) (gz).

Il convient d’observer que l’implication réciproque de la derniere regle


est en général fausse. On s’en persuade intuitivement en remarquant,
par exemple, que pour tout entier y il existe un entier x plus grand que y,
tandis qu’il n’existe pas d’entier x supérieur a tout entier y.

2.6.8. QUANTIFICATION CONDITIONNELLE OU QUANTIFICATION TYPIQUE.


— En fait, la quantification existentielle ou universelle n’est guére
employée, sous la forme indiquée dans l’exposé précédent, que dans
les débuts des mathématiques. La quantification qu’on emploie cons-
tamment est une quantification complexe qui porte sur des objets
remplissant une ou plusieurs conditions données. On l’appelle quantifi-
cation conditionnelle ou quantification typique. C’est d’ailleurs
la quantification conditionnelle qui traduit exactement luniverselle
et la particuliére de la syllogistique classique : tout homme est mortel,
quelque homme est mortel.
Etant données une relation quelconque A et une relation quelconque R
dans lesquelles l’objet indéterminé x figure ou non, on peut construire
la relation existentielle
(3x) (A et R):

on note cette relation au moyen de l'un quelconque des symboles


(3,2) R, (4a~)R, (Bias ADRS Salis A aR
aA

lus : il existe un x remplissant la condition A et tel que R. Les


symboles 4,, A sont appelés quantificateurs existentiels condi-
A

tionnels ou quantificateurs existentiels typiques.


EXISTENCE. 39
De méme, la relation
non (34,2) non R)

est notée au moyen de l'un quelconque des symboles


(Wy x)R, ES: (OG ae ADR NGiam
AG Ee

lus : pour tout x remplissant la condition A, ona R. Les symboles V4, V


sont appelés quantificateurs universels conditionnels ou quantifi-
cateurs universels typiques.
On exprime souvent la relation (W,2)R en disant que R est une identité
conditionnelle.
On démontre facilement l’équivalence :
(Vind) Bic CV z).(A
= R).

En effet, le symbole (V\xv)R n’est qu'une abréviation pour la relation


(non (32x) (A et (non R))). Or la relation (A et (non R)) est équivalente
a (non (A= R)) quel que soit x; donc, en vertu des liens entre équi-
valence et quantification, (Ax) (A et (non R)) est équivalente a (42)
(non (A = R)), et (non (3x) (A et (non R))) est équivalente a (non (32%)
(non (A = R))), c’est-a-dire a (Wx) (A= R).
I] est dusage de traduire la relation (Wax) (A= R) en disant que
la relation A est plus fine que la relation R ou que R est moins
fine que A.
Les quantificateurs conditionnels sont liés aux opérateurs logiques
par des implications ou équivalences analogues a celles qui lient les
quantificateurs a ces opérateurs. Les régles les plus importantes
concernent la négation, la conjonction, la disjonction. Elles s’expriment
par les équivalences :
non (Wy,2)R => (3),2) (non BR),
non (4,z)R => (Vaz) @ion R),
(N7 eo Cheers Va) Reta, 21S),
(3,2) (RouS) — ((3,2)R ow (9x %)S).
Il convient d’adjoindre a ces équivalences celles qui concernent la quantifi-
cation conditionnelle multiple. A, B, R désignant des relations telles
que x ne figure pas dans B et y ne figure pas dans A, on peut assurer :
(War) (Wax) R = (Wax) (Wa2) R,
(3a%) (Spy)R = (apy) Cada
2%)R,
CAs2) (Way) R = (Way) (dae) R.
Les exemples suivants, relatifs a la continuité d’une fonction numé-
rique d’une variable réelle, mettent en relief, pour le lecteur au courant
de la notion de continuité, l’intérét de la quantification conditionnelle.
4o TITRE I, — CHAPITRE II.

Par définition, l’énoncé : la fonction numérique f d'une variable


réelle est continue au point 2, signifie : pour tout nombre réel
positif <, il existe un nombre réel positif 7, tel que pour tout nombre
réel x remplissant la condition |x — x, |< », on ait |f(x) — f(m)| =<
L’expression définissante n’est que la traduction de l’expression :

(We) (Bn) (W2) (| f(@) —f(#o)


| 2).
SCR 97 CRs

Pour prendre la négation de l’énoncé « la fonction numérique f d’une


variable réelle est continue au point 2) », donc pour dire « la fonction -
numérique f d’une variable réelle n’est pas continue au point 2 », il
suffit d’appliquer successivement les équivalences liant la négation
aux quantificateurs conditionnels : nier la relation, remplacer chaque
quantificateur par l’autre sans modifier la condition qui l’affecte.
On obtient ainsi :

(As) (Vn) (a2) (|.f(@) —f(40)| >).


sERt 7ER* (
[]z—al<y

Done, dire : la fonction numérique f d’une variable réelle n’est pas


continue au point x, équivaut a dire: il existe un nombre réel positif :
tel que, pour tout nombre réel 7 positif, il existe un nombre réel x
remplissant la condition |x— x,|< 1, tel qu’on ait (| f(x) — f(x) |>).
De méme, dire f est continue dans l intervalle ouvert [ — f désignant
une fonction numérique d’une variable réelle — signifie : f est continue
en tout point x, de I. L’expression définissante n’est que Ja traduction
de l’expression :
(Wx0) (We) (dn) (We) (| f(e) —f(%0)|=8).
Qel -eeCRe 7 ERE Mee ee

Dire : f n’est pas continue dans l’intervalle ouvert I équivaut done


a dire :
(3%) (32) (V (Bz). (|f(#)=
flo >),
2) EI ees HE ( wel
1[z—a%1<7y

soit a : il existe un point xv, de I tel qu'il existe un nombre réel


positif «, tel que pour tout nombre réel positif +, il existe un
point x de | remplissant la condition |x—w,|< 7 tel qu’on ait
(| f@) — fo) |> 2).
Enfin dire : f est uniformément continue dans l’intervalle ouvert I
signifie :
(We (AQ (We) (Wa) (se) —f(a)| 29).
cGRE HER, 2,¢
| eis acta
EXISTENCE. 4I

Si Pon observe qu’on peut, dans une relation quantifi¢e, permuter


deux quantificateurs universels conditionnels consécutifs sous les réserves
indiquées ci-dessus, on constate que la définition de la continuité de f
dans I est équivalente a expression :

(We) (Wo) (An) (Wa) (fe) — flxo)| 2 =);


SCR ar ele 7 CRE ( LRSM
e—al<y
on reconnait alors que cette définition de la continuité simple dans I
ne differe de celle de la continuité uniforme dans I que par l’échange
de deux quantificateurs conditionnels consécutifs, l’un universel, l’autre
existentiel, a savoir (An) et (W2) et leurs conditions respectives.

Remarque. — L’utilisation des notions qui viennent d’étre évoquées


est assurément délicate; la théorie de la quantification permet seule
d’en tirer parti.
CHAPITRE Tf.
EGALITE. APPARTENANCE.

L’implication et la quantification, chacune dans son domaine propre,


vérité ou existence, dégagent des regles concernant des relations
quelconques. Toutes deux supposent évidemment que la mathématique
« dit quelque chose », mais aucune de ces deux théories n’apporte la
moindre lumiére sur ce qui est dit.
Aussi la métamathématique intervient-elle une derniére fois pour
fixer les moyens d’expression des idées mathématiques. Elle acheve
ainsi de remplir le programme tracé dés le début, en précisant quelles
sont les « relations de la théorie », c’est-a-dire les relations admises en
mathématiques.
Les idées exprimées en mathématiques et, par suite, les relations
mathématiques se réduisent a deux : égalité, appartenance.
Tout ce qui se dit en mathématiques, quelles qu’en soient la subtilité
et la complexité, se raméne sans aucune exception a des affirmations,
des négations, des disjonctions, des existentialisations portant exclusi-
vement sur des égalités ou des appartenances.
De ce fait capital et cependant trop souvent ignoré, semble-t-il,
découlent incontestablement la rigueur mais aussi Ja difficulté des
spéculations mathématiques.
Il n’est naturellement pas question de définir l’égalité et Vappar-
tenance a la maniére dont on a défini l’implication, la conjonction ou
Véquivalence, puisqu’une telle définition supposerait au préalable des
relations dont l’égalité et Vappartenance seraient des combinaisons.
La situation est ici la méme qu’a propos des notions primitives de
négation, disjonction, objets indéterminés, couples, relations singulaires,
prototypes, substitution. De méme qu’elle se donne ces notions primitives,
la métamathématique se donne l’égalité et Vappartenance. Elle dit
simplement que ce sont des relations dont elle fixe les caracteres par
des axiomes et dont elle dégage les régles d’emploi en développant une
théorie. L’introduction de ces notions releve donc de ce qu’on appelait
autrefois une définition par postulats.
44 TITRE I. — CHAPITRE III.

Mais, comme pour la vérité et l’existence, la métamathématique


observe l’usage que le sens commun fait de l’égalité et de l’appartenance
et les axiomes qu’elle propose pour les caractériser ne sont qu’une codifi-
cation de cet usage.

1. EGALITE.

Le langage mathématique n’utilise le mot égale que conjointement


avec deux objets déterminés ou indéterminés.
T et U désignant deux objets déterminés ou indéterminés, l’expression
« T égale U » désigne une relation admise en mathématiques et appelée
relation d’égalité entre T et U ou, plus simplement, égalité entre T
et U.
Si x et y désignent deux objets indéterminés, expression « x égale y »
désigne alors une relation binaire appelée relation binaire d’égalité.
Enfin, si x désigne un objet indéterminé, si, d’autre part, U et V
désignent deux objets quelconques (indéterminés ou _ prototypes),
lexpression « x est tel que U égale V » désigne une relation singulaire
a laquelle on réserve, traditionnellement, le nom d’équation; x est alors
appelé inconnue de l’équation conformément aux définitions générales;
une solution de cette équation est un objet T tel que « U=T-—
égale V- T~ » soit une égalité vraie dans la théorie ot l’on se place.

1.1. Notations.

Pour représenter le mot « égale », on emploie le signe tres connu

appelé signe de la relation d’égalité ou simplement signe d’égaliteé.


La relation d’égalité entre T et U et la relation binaire d’égalité entre x
et y se notent au moyen des symboles conformes a la notation générale
des relations binaires :
pee Le

La négation de la relation « x égale y » se note au moyen du symbole :


LV

qu’on obtient en barrant d’un trait oblique, montant de gauche a droite,


le signe d’égalité; ce symbole est lu : x différent de y.

1.2. Axiomes de légalité.

De l’usage que le sens commun fait du mot « égale », la métamathé-


matique ne retient que les trois caractéres suivants, qu’elle propose
comme axiomes et qui sont la source unique de tous les caractéres
reconnus a l’égalité par la mathématique.
EGALITE. APPARTENANCE. 4d

E,. Etant donnés deux objets T et U, déterminés ou non, et une relation


singulaire R-x= absolument quelconque, on peut assurer l’implication
suivante :

pit) eRe he Re Us) y

Cet axiome exprime que si deux objets sont égaux, tout caractére présenté
par Pun est un caractére présenté par l’autre. Il est évidemment en
parfait accord avec une certaine conception — d’ailleurs trés idéale —
que le sens commun se fait de l’égalité.
Tandis que le premier axiome de l’égalité relie l’égalité 4 l’équivalence,
le second la relie 4 la notion de prototype.
E,. Etant données deux relations quelconques R et S, on peut assurer
Vimplication suivante :
|

| (OW) (R&S8)) => (tz(R)=7,(S)).

Cet axiome assure l’égalité des prototypes en x de deux relations lorsque


ces relations sont équivalentes pour tout objet x qu’elles concernent.
I] est évidemment surprenant pour le sens commun qui ne dispose pas
de la notion de prototype; cependant celui-ci admet assez volontiers
que deux propriétés équivalentes caractérisent exactement les mémes
objets; il est ainsi amené a admettre que les prototypes de deux telles
propriétés sont les mémes, donc égaux. Cet axiome permet d’assurer
immédiatement que les prototypes de deux relations vraies pour tout
objet, c’est-a-dire de deux identités vraies, sont égaux. Il permet aussi
d’assurer que les prototypes de deux relations fausses pour tout objet,
c’est-a-dire de deux impossibilités, sont, a leur tour, égaux.
Par exemple, les prototypes de (# est un entier entraine x + 2 = 2 + 2)
et de (x est un entier entraine (x + 1))=2>+ 22+ 1) sont égaux.
De méme, les prototypes de (x est tel que 2 = 3) et de (x est un entier
naturel tel que x?= 5) sont égaux.
Le troisieme axiome de l’égalité concerne les couples. Il s’exprime
par l’énoncé suivant :
E,. Etant donnés deux couples (x, y) ef (x', y’), on peut assurer V’impli-
cation suivante :
iad
(UR WO Ca AD) Ni te
ane 3

En d’autres termes, l’égalité de deux couples permet d’assurer l’égalité


de leurs premiéres composantes ainsi que celle de leurs secondes compo-
santes.
46 TITRE I. — CHAPITRE III.

On verra ci-dessous que l’implication réciproque est vraie, de sorte


qu’on peut assurer non seulement l’implication E,, mais aussi l’équi-
valence entre ses deux membres.

1.3. Théorémes concernant légalité.

De ces trois axiomes on déduit aussitot les propriétés de l’égalite.


Ces propriétés sont constamment utilisées dans les développements
mathématiques, le plus souvent de maniere inconsciente parce que
le sens commun les considére comme des truismes.

(eos LaROREME la
25 —— Wie |

En d’autre termes, l’égalité est une relation réflexive.


Le fait que lVégalité d’un objet a lui-méme constitue un théoreme
mathématique est évidemment surprenant pour le sens commun. On
considére, en effet, que cette égalité va tellement de soi qu'il parait
impossible de concevoir la notion d’égalité sans concevoir en méme
temps que tout objet est égal a lui-méme.
Mais il est fort probable que cette évidence commune résulte d’une
confusion entre identité et égalité.
La mathématique, pas plus que le sens commun, ne met en doute
le fait que tout objet soit identique a lui-méme, mais elle distingue avec
soin Videntité de l’égalité. Quand il lui arrive d’utiliser la notion d’iden-
tité, ce nest qu’a Voccasion de deux symboles abréviateurs désignant
un protototype déja construit — ou, trés rarement, un objet indéterminé :
on dit que deux objets a et b sont identiques en mathématiques
uniquement par l’abus de langage qui consiste a confondre verbalement
un objet et le symbole qui désigne cet objet; on veut dire alors que
les symboles a et ) désignent tous deux un certain objet — généra-
lement un prototype. Dire que l’objet a est identique a lobjet a veut
donc dire que les symboles a et a désignent tous deux un certain objet par-
faitement individualisé, ce que, bien entendu, la mathématique n’éprouve
pas le besoin de justifier. Mais il en va tout autrement de l’égalité.
Dire que a = b ne signifie pas — en dépit d’innombrables affirmations
opposées — que les symboles a et b désignent tous deux un certain objet
parfaitement individualisé; c’est simplement une relation admise en
mathématiques, qui peut étre employée a propos de deux prototypes
parfaitement distincts (c’est-a-dire non identiques) comme suffirait a
le prouver l’énoncé méme de laxiome F2.
La question qui se pose alors est de savoir si la relation mathématique
(x = x) est vraie, bien que lidentité de x et de x — pseudo-relation,
puisque due a un abus de langage — ne soit pas contestable.
EGALITE. APPARTENANCE. AT

En ce qui concerne les prototypes, aucune difficulté ne se présente :


tout prototype est égal a lui-méme en vertu de l’axiome E» qui, pour
toute relation R, permet d’assurer Vimplication

(CGN ee tet NS yew (Un (==


ta Gl)

et par conséquent la vérité du second membre, puisque le premier est


vrai.
En ce qui concerne les objets indéterminés, la question est plus délicate.
Elle se résout cependant par l’affirmative grace aux remarques suivantes :
Le fait que le prototype de toute relation R soit tel que 7.(R) = 7..(R)
montre que ce prototype vérifie la relation (v = 2). En particulier,
le prototype de («+ 2), c’est-a-dire celui des objets non égaux a eux-
mémes, vérifie lui aussi la relation (v = x). Or, on le sait, cela équivaut
a dire que la relation
(Wax) (2@=2)

est vraie, ce qui entraine la vérité de (x = 2).

1.3.2. THEOREME 2:

(t=y) =S (Y=H2).

En d’autres termes, l’égalité est une relation symétrique.


La démonstration repose sur l’axiome E,. D’aprés cet axiome, si l’on
suppose que la relation (x = y) est vraie on peut assurer l’équivalence
de Reaw= et de Reys, quelle que soit la relation.R; en particulier,
on peut assurer l’équivalence de (y = x) et de (y = y), relations obtenues
en substituant x a x puis y a x dans la relation (y = x). Comme (y = y)
est vraie, son équivalence a (y = x) montre que cette derniére est alors
vraie. En résumé, lhypothése (x = y) permet d’assurer la conséquence
(y = x), done Vimplication

(Li 7.) = (1 =)

est vraie dans toute théorie.


L’implication réciproque se démontre de méme, ce qui achéve de justifier
le théoréme.

1.3.3. THEOREME 3 :

of
ee
Yi See 6G TS
J=F)

En d’autres termes, l’égalité est une relation transitive.


48 TITRE I. — CHAPITRE III.

Ce théoréme exprime un des axiomes d’Euclide selon lequel « deux


choses égales 4 une méme troisiéme sont égales entre elles ». Sa démons-
tration repose, elle aussi, sur l’axiome E,. Si l’on suppose que (x = y)
est vraie, on peut assurer l’équivalence :

a (y Bas

sil’on suppose, en outre, que (y = z) est vraie, on constate alors que (x = 2Z)
est vraie. On peut donc assurer l’implication qui exprime le theoreme.

Remarques. — 1. De ce théoréme résulte que tous les prototypes


des identités vraies sont égaux; de méme, tous les prototypes des
impossibilités sont égaux entre eux. Les premiers sont tous égaux
a celui de (x = x); les seconds, de leur cété, sont tous égaux a celui
Cena)
2. Les théorémes 1, 2 et 3 montrent que la relation d’égalité est
une relation d’équivalence.

1.3.4. THEorEME 4. — T désignant un prototype quelconque, x et y


deux objets indéterminés, on peut assurer l’égalité de T=ax= et de Tey-,
si les objets x et y sont égaux.
Ce théoreme qui joue, relativement aux objets, un rdle analogue a
celui que joue laxiome E, relativement aux relations, est employé
constamment sans qu’on y pense. C’est lui qui permet d’assurer,
par exemple, que Végalité (a = a’) entre deux entiers naturels
entraine l’égalité (a+ b=a'+ b), ott b désigne un entier naturel
quelconque.
Sa justification repose encore sur l’axiome E, et peut étre présentée
de la fagon suivante :
Si Ton suppose que x=y, on peut assurer que la relation
(Tors = Tey5s) .est, équivalente,..a la. relation, (Toye = Taye).
Comme cette derniére est vraie, la premiére l’est aussi. Ce théoréme
permet d’assurer l’égalité de deux couples dont les premiéres compo-
santes sont égales ainsi que les secondes composantes.

1.3.5. Remarque. — Par un abus de langage trés répandu, on se


permet de dire que deux objets sont identiques, ou encore sont confondus,
ou enfin sont les mémes, pour dire qwils sont égaux; de méme, on
se permet de dire quwils sont distincfs pour dire qu’ils sont différents.
Ces abus de langage proviennent sans conteste de la confusion que
fait le sens commun entre identité et égalité; mais ils peuvent étre
rattachés a l’expression « les objets a et b sont identiques a une égalité
pres » qui signifie qu’on peut obtenir exactement a en prenant un
objet égal a b, ce qui veut alors dire simplement que a = b.
EGALITE. APPARTENANCE. 49

1.4. Notions fondamentales liées a légalité.

A la notion d’égalité sont reliées des notions importantes : celle


de valeur d’un objet, celle qui est traduite par l’expression « étre de
la forme... », celle de relation univoque, celle de relation fonction-
nelle, celle de relation antisymétrique, enfin celle de relation d’ordre.

1.4.1. VALEUR D’UN oBJET. — Etant donné un prototype T, on


appelle valeur de T le protolype des objets égaux a T. C’est le prototype
de la relation singulaire (v = T), ot x désigne un objet ne figurant pas
dans l’expression de T. On peut dire aussi que la valeur d’un objet indé-
terminé y est le prototype des objets égaux a y, donc le prototype de la
relation singulaire en x exprimée par (v = y).
L’énoncé T et U ont méme valeur signifie, non pas que la valeur
de T et celle de U sont identiques, mais seulement égales; comme T
et U sont respectivement égaux 4a leurs valeurs, dire « T et U ont méme
valeur » équivaut donc 4 dire que « T=U ».

Remarques. — a. Par abus de langage, on confond souvent la valeur


de T avec un objet qui parait jouer un role plus important que les
autres objets égaux a T. C’est ainsi qu’on dit volontiers que « 5 est
la valeur de 2 + 3 ».
b. Le sens dans lequel est pris le mot « valeur » dans l’expression
mathématique « valeur de T » est distinct de celui dans lequel est
pris ce méme mot dans l’expression métamathématique « x prend
la valeur U », rencontrée précédemment.

1.4.2. DEFINITION DE L’EXPRESSION : T EST DE LA FORME U. — On sait


que le symbole ((A ou A)= >A), ot la lettre A désigne une relation,
est une forme (de relation). On définit de méme une forme d objet.
On appelle ainsi tout symbole qui représente un objet et dans lequel
figure au moins une lettre désignant un objet indéterminé. Grace a
Vabus de langage, qui consiste 4 confondre un objet avec le symbole qui
le désigne, on peut dire que tout objet, dans l’expression duquel figure
au moins un objet indéterminé, est une forme (ou formule) d’objet.
L’énoncé T est de la forme U, constamment employé en mathé-
matiques mais trés rarement défini, signifie que U est un prototype
dans l’expression duquel figure au moins un objet indéterminé x, que T
est un prototype dans l’expression duquel ne figure pas cet objet indé-
terminé x, mais qu'il est possible de trouver un objet déterminé V qui,
substitué a l’objet indéterminé x, rende U égal a T.
En d’autres termes, dire T est de la forme U, cest dire : U est un
prototype dans Vexpression duquel figurent les objets indéterminés x,,
Y. ROUQUET LA GARRIGUE. 4
50 TITRE If > CHAPITRE* IL.

XY, ...5%,; T est un prototype dans Vexpression duquel ne figurent pas


les objets indéterminés 2%), %2, ..., U3 enfin

(21),
(a oo) ona oy),

Par exemple, dire que « l’objet z est un couple » signifie — on le sait —


que la théorie a introduit deux objets x et y et que z désigne le couple
(v, y); on peut donc traduire l’énoncé « z est un couple » par l’énonceé
« il existe deux objets x et y tels que z = (a, y) » ou encore par l’énoncé
« z est de la forme (a, y) ».
La quantification conditionnelle permet en outre de définir l’expres-
sion T est de la forme U pour un z tel que R. Elle signifie que U est
un prototype dans l’expression duquel figure x, que T est un prototype
dans l’expression duquel ne figure pas x et enfin que (3rx) (T = U),
c’est-a-dire (9x) (T = U et R). Par exemple, lentier naturel 5 est de
la forme x + 3 pour un wz entier naturel. On dit d’ailleurs plus volontiers
« ’entier naturel 5 est de la forme x + 3, ot x est un entier naturel »
et, d’une facon générale, T est de la forme U, ot x est tel que R.

1.4.3. RELATIONS UNIVOQUES. RELATIONS BIUNIVOQUES. UNIVOCITE.


Unicire. — L’énoncé : la relation singulaire R* x= est univoque
en x signifie, par définition, que : quels que soient les objets u et v

Reus)
Reve f

L’énoncé : la relation binaire Rv, y ~~ est biunivoque signifie,


par définition, que: la relation Rx, y est univoque en x et univoque
en y.
Les €énoncés suivants ont, par définition, la méme signification que
lénoncé la relation R° x< est univoque en x :
1° la relation Rox présente un caractére d’univocité;
2° il existe au plus un objet x tel que R;
3° la relation R=x~ admet au plus une solution;
4° un objet x tel que R est unique;
5° Vobjet x tel que R est unique;
6° Vobjet x est déterminé d’une facon unique par la condition R;
7° la solution éventuelle de Rx est unique;
8° la solution éventuelle de R° x présente un caractére d’uni-
cité.

Ces définitions donnent un sens aux mots ou expressions : univocité,


au plus une solution, unique, unicité. Ces mots ou expressions sont donc
entendus sous la réserve : a une égalité pres.
EGALITE. APPARTENANCE. oI

fl convient d’insister sur le fait que l’affirmation de lunicité de la


solution d’une relation (pratiquement, de la solution d’un probléme)
ne concerne nullement Vexistence de cette solution. Il arrive souvent,
d’ailleurs, qu’on démontre l’unicité de la solution avant son existence;
affirmation de Punicité et celle de l’existence d’un objet tel que R sont
ainsi trés nettement séparées dans le langage et la pensée mathématiques.
Par exemple, il est facile de prouver que la relation (« est un entier
naturel et x*= 5) est univoque et cependant n’admet pas de solution.
En effet, la conjonction des deux relations (u est un entier naturel
et u*= 5) et (v est un entier naturel et v?= 5) entraine (u*= v’) en
vertu du théoreme 3; on sait, d’autre part, que deux entiers naturels,
dont les carrés sont égaux, sont eux-mémes égaux; l’univocité de la
relation considérée est ainsi assurée. Quant a l’absence de solution,
elle releve des remarques les plus simples de la théorie des entiers naturels.
Le sens commun attend qu'une relation qui n’admet pas de solution,
une relation impossible, soit une relation univoque. I] en est bien ainsi
comme le montrent les remarques suivantes. Si R= x= n’admet aucune
solution, on peut assurer que pour tout objet u et pour tout objet v
la conjonction de R=u~ et de R-v-~= est fausse; relation fausse, elle
entraine toute relation, donc en particulier la relation (u = v).
GC. (Ores

Par exemple, la relation (# est un entier naturel et o Xa = 3) est une


relation univoque.
Remarque. — On peut démontrer que l’univocité d’une relation
R=a< permet d’assurer l’implication :

[Ree Sse 1G = EA Ne

Réciproguement, on peut démontrer qu’une relation R=Sx~ est


univoque si, pour un objet T, Vimplication (R = (x = T)) est vraie.

1.4.4. RELATIONS FONCTIONNELLES. — L’énoncé : la relation


singulaire R=x< est fonctionnelle en x signifie, par définition, que :
il existe un x tel que R et il existe au plus un x tel que R.
Une relation singulaire R = x =, fonctionnelle en x, est donc une relation
univoque en «x qui présente la particularité d’admettre une solution.
Par exemple, la relation singulaire (x est un entier naturel et x= 4)
est une relation fonctionnelle en 2.
Les énoncés suivants ont, par définition, la méme signification que
Vénoncé : la relation singulaire R~ 2x~ est fonctionnelle en x :
1° il existe un objet x et un seul tel que R:;
2° la relation R= x< admet une solution et une seule;
3° la relation R=a2~< admet une solution unique.
52 TITRE I. ——- CHAPITRE III,

Pour noter l'un queleonque de ces énoncés, on emploie assez volontiers


le symbole
(Q!ixz)R
qui ne différe du symbole notant la relation existentielle associée 4 R
que par la présence, 4 droite du quantificateur 3, d’un point d’excla-
mation. Ce symbole est habituellement lu : il existe un x et un seul
tel que R.
Remarque. —- On peut démontrer que, si une relation R=x-= est
fonctionnelle, l’équivalence
R <> (#=ty(R))
est vraie.
Réciproquement, on peut démontrer qu’une relation R=x= est
fonctionnelle si, pour un objet T, l’équivalence (R => (x = T)) est vraie.

1.4.5. RELATIONS ANTISYMETRIQUES. RELATIONS D’ORDRE. —


L’énoncé : la relation binaire R=z, y< est une relation antisymé-
trique signifie, par définition, que : quels que soient les objets x et y

L’énoncé : la relation binaire R=2z, y< est une relation d’ordre


signifie, par définition, que R&a, y< est, a la fois, réflexive, transitive
et antisymétrique.
2. APPARTENANCE.

Comme le mot « égale », le verbe « appartient a » n’est employé, en


mathématiques, que conjointement avec deux objets déterminés ou
indéterminés.
T et Udésignant deux objets déterminés ou indéterminés, l’expression
T appartient a U désigne une relation admise en mathématiques et
appelée relation d’appartenance entre T et U.
Si x et y désignent deux objets indéterminés, l’expression x appartient
a y désigne alors une relation binaire appelée relation binaire d'appar-
tenance.

2.1. Notations.

Pour représenter les mots « appartient a » on emploie le signe


<=

constitué par la lettre grecque =: légérement stylisée, initiale du verbe eo71


signifiant « est », sous-entendu « dans », Ce signe est appelé signe de la
relation d’appartenance ou simplement signe d’appartenance.
La relation d’appartenance entre T et U et la relation binaire d’appar-
EGALITE. APPARTENANCE. 53
tenance entre x et y se notent au moyen des symboles, conformes a la
notation générale des relations binaires :
Teu, “EY.
La négation de la relation « x appartient a y » se note au moyen du
symbole :
LEY

qu’on obtient en barrant d’un trait vertical, le signe d’appartenance;


ce symbole est lu : x n’appartient pas a y.
Remarque. — Pour obtenir plus de souplesse dans le langage on
emploie parfois les expressions suivantes a la place de « x appartient
ay»:
1° x est un élément de y;
2° y admet x comme élément;
3° y admet x parmi ses éléments;
4° y admet x;
5° y comprend x (parmi ses éléments).
Il convient d’éviter l’expression « y contient x » qui est en principe
réservée a la relation d’inclusion (cf. Tit. II, I, 1.2.2 et 4.1).
La négation de la relation d’appartenance peut étre traduite par
la négation grammaticale des énoncés précédents.

2.2. Axiome d’extensionalité.


Il est bien clair qu’on ne saurait rien tirer de l’emploi simultané de
Végalité et de l’appartenance si ces deux relations n’avaient aucun
rapport entre elles. On pourrait certes songer a créer de tels rapports
grace a des intermédiaires, en reliant l’appartenance aux notions anteé-
rieurement introduites, comme on la fait pour légalité. Mais la méta-
mathématique préfére se tenir tres pres de l’intuition commune en
posant un axiome — et d’ailleurs un seul — dont l’origine est trés simple
et qui lie directement l’égalité et lappartenance. Cet axiome, appelé
axiome d’extensionalité assure que, si deux ensembles sont tels que
tout élément du premier soit un élément du second et qu’inversement toul
élément du second soit un élément du premier, alors les deux ensembles
considérés sont égaux.
Son énoncé n’est autre que la traduction de la relation :
Quels que soient les ensembles x et y,

A. ((W2) ((sex) = (2Ey))) => (@=y)

qui constitue l’expression originale de l’axiome d’extensionalité.


Il appelle quelques commentaires.
Intuitivement, personne ne doute que si deux collections d’objets
comportent les mémes éléments ces deux collections ne soient les mémes,
done égales. L’axiome d’extensionalité, qui ne fait que traduire cette
54 TITRE I. — CHAPITRE III.

intuition, apparait alors au sens commun comme un pur truisme,


puisquil lui semble impossible de concevoir l’égalité et l’appartenance
sans admettre en méme temps ce lien entre elles.
Cependant l’axiome d’extensionalité est plus subtil. Le véritable
intérét qu’il présente réside dans le fait qu’il est équivalent (on peut
le démontrer) a l’énoncé que voici : quelle que soit la relation
singulaire R= 2, il existe au plus un ensemble A tel que R=x
soit équivalente a (xe A). En d’autres termes, il équivaut a assurer
Punicité d’un ensemble capable de grouper les objets présentant les
caractéres exprimés par une relation R, quelle que soit cette relation.
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il porte son nom. Les philosophes,
on le sait, sont accoutumés depuis Aristote a considérer tout concept
comme composé de sa compréhension et de son extension; la
compréhension n’est autre que le groupement des caracteres présentés
par les objets auxquels s’applique le concept; l’extension n’est autre
que le groupement des objets qui présentent ces caracteres. Ils semblent
admettre ainsi qu’on peut parler sans danger de l’ensemble unique capable
de grouper les objets auxquels s’applique un concept. L’axiome d’exten-
sionalité attire au contraire lattention sur lunicité d’un tel ensemble
et, par prétérition, sur le danger qu’il y aurait peut-étre a admettre
son existence. En fait, on le verra, apport sans doute le plus remarquable
de la théorie des ensembles est celui par lequel elle établit que certains
concepts dont la compréhension parait claire sont cependant dépourvus
d’ensemble constituant leur extension, de sorte qu'il y a effectivement
danger a admettre sans examen l’existence d’un ensemble capable de
grouper les objets auxquels s’applique un concept.
Le réle de Vaxiome d’extensionalité dans la construction mathé-
matique consiste donc a préserver le caractére d’unicité de Vextension
d’un concept, sans, pour autant, admettre l’existence d’un ensemble
constituant cette extension. .La préservation habile de cette unicité
nest d’ailleurs pas tout a fait superflue, car on voit mal sur quoi
s’appuierait le sens commun pour réfuter une thése prétendant qu'il
y a deux ou trois ensembles — ou plus — groupant les mémes objets.

3. CONCLUSION.

Les matériaux permettant de faire des mathématiques ont été


rassemblés dans tout ce qui précéde. Deux idées suffisent 4 exprimer
toutes les spéculations mathématiques : égalité et appartenance; ces
idées sont reliées par un seul axiome; l’égalité est rattachée aux notions
purement logiques par trois autres axiomes, et ces notions purement
logiques s’enchainent entre elles grace aux théories qui réglent l’existence
et la vériteé.
IH ciesAE
ENSEMBLES,
AXIOMES DES MATHEMATIQUES.

La théorie des ensembles, sous sa forme la plus répandue, est dominée


par une remarque curieuse.
Intuitivement, la relation d’appartenance est une relation tellement
compréhensive qu’on ne doute guére que toute propriété d’un objet
puisse étre considérée comme équivalente 4 l’appartenance de cet objet
a un certain ensemble : étre mortel, c’est appartenir a l’ensemble des
mortels. En d’autres termes, le sens commun, qui ne doute pas de I’exis-
tence de l’extension d’un concept, assimile cette extension a un ensemble.
- En d’autres termes encore, il pense qu’a toute relation singulaire R = 2 ~
il est possible d’associer un certain ensemble E tel que

(Wang w<9 <>) (aeB).

En fait, on aremarqué, au début du siecle, que cette assertion est inexacte


dans le cas oti la relation R= x= est la relation

LEX.

On se persuade qu’il n’existe pas d’ensemble E tel que

(Wx) (wear) = (xEE))

en raisonnant par l’absurde, c’est-a-dire en montrant que l’adjonction


de l’axiome assurant l’existence d’un tel ensemble conduit a une théorie
contradictoire. Voici ce raisonnement.
Admettre comme axiome qu’il existe un ensemble E tel que

(Wa) ((téx) = (we E)),

c’est, par définition, assurer la vérité de la relation

(Wa) ((wéx) = (#EaQ)),

ou a désigne le prototype

te((W2) ((w€x) = (xeEE)))


58 TITRE I.
de la relation en E exprimée par
(Wx) ((cxéx) = (vek)).

La relation précédente étant vraie, on peut assurer en particulier la


vérité de léquivalence
(aéa) = (aEea)..

Or la vérité de cette équivalence entre une relation et sa négation permet,


on va le voir, et l’on s’en doute, d’assurer celle de chacun de ses deux
membres, donc de constater que la théorie construite est contradictoire.
Pour faciliter l’exposé, on désigne par A la relation (aea) de sorte que
Véquivalence ci-dessus devienne

(TNOMVAG) eee

et lon fait les deux remarques suivantes :


La vérité de cette équivalence permet d’assurer d’abord que
((non A)= A) est vraie; mais, par définition, ((non A)=— A) désigne
((non non A) ou A) et (non non A) est équivalente a A; on peut done
assurer la vérité de (A ou A) et par suite celle de A, en vertu du premier
axiome de l’implication; donc, dans la théorie construite, la relation A,
c’est-a-dire (a€a), est vraie.
La vérité de léquivalence ((non A)= A) permet d’assurer ensuite
que (A = (non A)) est vraie; mais, par définition, (A = (non A)) désigne
((non A) ou (non A)); on peut donc assurer la vérité de ((non A) ou (non A))
et, par suite, celle de (non A), en vertu du premier axiome de l’impli-
cation; donc, dans la théorie construite, la relation (non A), c’est-a-dire
(aێa) est vraie.
La théorie construite est donc bien contradictoire; il en résulte qu'il
n’existe pas d’ensemble groupant les objets x tels que (w€2) (‘).
Ce fait a une importance considérable.

(‘) Le raisonnement précédent a été vulgarisé sous une forme imagée et plus
sommaire grace au « catalogue des catalogues qui ne se mentionnent pas eux-mémes »;
il ne saurait y avoir de tel catalogue, dit-on intuitivement, car : ou bien il se mentionne
et il n’est pas Je catalogue des catalogues qui ne se mentionnent pas (puisqu’il se
mentionne); ou bien il ne se mentionne pas et alors il n’est pas non plus le catalogue
des catalogues qui ne se mentionnent pas (puisqu’il oublie de se mentionner).
La situation de ce catalogue hypothétique est souvent rapprochée de celle ou se
trouvait le veilleur du village qui, dans certaines coutumes [dérivant du droit romain,
daprés Arricain, D., 35, 2, Ad legem Falcidiam, 88, pr. (référence citée par
E. W. Bern, in Les Fondements logiques des mathématiques, Gauthier-Villars, Paris,
1955)], avait le privilége d’étre le seul a pouvoir éveiller un villageois quelconque,
Vobligation d’éveiller tous ceux qui ne s’éveillaient pas eux-mémes et l’interdiction
d’éveiller ceux qui pouvaient s’éveiller. Remplir de pareilles fonctions apparatt aussitét
comme une prouesse peu commune |
ENSEMBLES. 59

Il conduit d’abord a distinguer parmi les relations singulaires deux


sortes de relations. On dit qu’une relation singulaire R = x= est collecti-
visante en xv pour exprimer qu’il existe un ensemble (unique en vertu
de l’axiome d’extensionalité) groupant les objets dont elle exprime
les caractéres; on dit qu'une relation R= x= est non collectivisante
en x pour exprimer quil n’existe pas d’ensemble groupant les
objets dont elle exprime les caractéres.
Il oblige ensuite a faire précéder la plupart des définitions de remarques
dont le sens échappe fréquemment a un lecteur non averti. Une défi-
nition est en effet souvent destinée a introduire un ensemble capable
de grouper les objets présentant les caractéres exprimés par une relation
singulaire. Si cette relation n’était pas collectivisante, la définition
posée introduirait un ensemble qui rendrait la théorie contradictoire.
Il est donc indispensable, avant de poser une définition de ce genre,
de s’assurer, par axiome ou démonstration, que la relation est collecti-
visante.
Il ruine enfin les espoirs de certains logiciens de la fin du x1x® siécle
qui s’efforcaient, afin de ramener la certitude mathématique a la certitude
logique, de fonder les mathématiques exclusivement sur la logique,
de réaliser ainsi le programme du « logicisme intégral », de construire,
en un mot, les mathématiques sans faire appel a aucun autre axiome
que ceux de l’implication, de la quantification, de Pégalité et de l’appar-
tenance. On voit mal, en effet, comment on pourrait se passer d’axiomes
spécifiquement mathématiques assurant que certaines combinaisons
dégalités et d’appartenances sont des relations collectivisantes.
La possibilité pour une relation de n’étre pas collectivisante conduit
donc la théorie des ensembles a admettre un certain nombre d’axiomes
nouveaux, si elle ne veut pas se réduire a une théorie « naive ». Comme
la métamathématique, elle le fait avec parcimonie et, dans sa version
la plus courante, se borne a proposer quatre axiomes. Ils assurent tous
les quatre que certains types de relations sont des relations collecti-
visantes; ce sont les quatre axiomes des mathématiques.
Le premier apparait au sens commun comme un pur truisme. I] assure
tout simplement l’existence d’un ensemble groupant deux objets donnés.
On l’appelle axiome de ensemble a deux éléments. II s’exprime
par l’énoncé :
M,;. Quels que soient les objets x et y, la relation

(zit), Tous Asi),

est collectivisante en z.

Il manifeste de facon éclatante combien la mathématique prend au


sérieux les relations non collectivisantes. On en déduit aussit6t l’existence
60 TITRE II.

d’un ensemble dont le seul élément est x (en considérant deux objets x
ety Mtelstque a4):
Le deuxiéme est beaucoup plus surprenant pour le sens commun,
qui, a premiére vue, ne le saisit pas. On l’appelle axiome — ou plutot
schéma — de sélection et de réunion. C’est, avec le troisieme, la source
principale des spéculations mathématiques. Il s’exprime par l’énoncé :
M:. R désignant une relation, x et y des objets distincts, X et Y des
ensembles distincts de x et y et ne figurant pas dans lVexpression de R, la
relation
(3x) ((v €Y) et R)

est collectivisante en x si elle remplit la condition

(Wy) (3X) (Wz) (R= (eeEX)).

L’exemple suivant, banal mais simple, permettra peut-étre de saisir


le sens de cet axiome. Etant donné un ensemble Y dont les éléments
sont désignés par y, la relation (Sy) (yeY) et (wv = y)) est collecti-
visante en 2, car (t = y) remplit bien la condition indiquée par l’axiome E,,
VYensemble X, que concerne alors cette condition, n’étant autre que
Vensemble dont le seul élément est y.
De cet axiome on déduit — par un raisonnement assez délicat — lune
de ses conséquences fréquemment utilisées : éfant donnés un ensemble E
quelconque et une relation quelconque R, la relation ((~eEE) et R) est
collectivisante en x. En d’autres termes, on peut assurer l’existence d’un
ensemble groupant les objets de E présentant les caractéres exprimés
par R, quelle que soit R. On peut donc assurer que toute relation, collecti-
visante ou non, est apte a sélectionner certains objets d’un ensemble
donné E et de grouper ces objets en un ensemble qu’on appelle un sous-
ensemble de E.
Le troisieme est trés facilement admis par le sens commun, mais a
cependant effrayé beaucoup de mathématiciens. On l’appelle axiome
de l'ensemble des parties. I] assure l’existence d’un ensemble groupant
tous les sous-ensembles d’un ensemble donné. Il s’exprime par l’énoncé :
M;. Quel que soit l'ensemble E, la relation « tout élément de X est un
élément de E » est collectivisante en X.
Quant au quatrieme et dernier, le sens commun l’admet trés faci-
lement car il n’éprouve pas de scrupules a parler de Vinfini. On l’appelle
axiome de linfini. I] s’exprime par l’enoncé :
M,. Jl existe un ensemble infini.
Sa signification mathématique ne peut étre saisie qu’aprés une défi-
nition du mot « infini »; on verra plus tard comment cette signification
est liée a la notion d’entier naturel; on verra aussi que l’énoncé de
ENSEMBLES. 61

Vaxiome M, est équivalent a l’énoncé (« x est un entier » est une relation


collectivisante). Le quatriéme axiome des mathématiques, aussi bien
que les trois autres, peut donc étre considéré comme exprimant qu’une
certaine relation est collectivisante.
De ces quatre axiomes et d’eux seulement découlent par implications
toutes les propriétés des notions mathématiques.
La théorie des ensembles, au sens large, coincide avec la mathématique.
Mais il est d’usage d’en restreindre le développement a l'étude des opéra-
tions élémentaires sur les ensembles, des opérations générales, des
cardinaux, des ordinaux et des entiers.
CHAPITRE I.
OPERATIONS ELEMENTAIRES.

Beaucoup de notions introduites par la théorie des ensembles peuvent


étre considérées comme des opérations. Mais la notion d’opération n’est
pas une notion mathématique ni méme une notion métamathématique :
aucune de ces deux disciplines ne définit ce qu’il faut entendre par
opération. Les philosophes, a en juger par le Vocabulaire philosophique,
semblent se désintéresser de la signification technique de ce terme et
Vemploient sans doute comme tout le monde; l’autorité classique de
la langue francaise en suggeére la signification en disant : action d'une
puissance, d’une’ faculté qui produit un effet. Il semble qu’on puisse
décrire une opération comme faisant intervenir un agent (puissance,
faculté) exercant son action sur une matiére pour aboutir a une matiére
nouvelle. En d’autres termes, on peut distinguer dans toute opération,
un opérateur s’appliquant a une ou plusieurs données et aboutissant a
un résultat; on pourrait presque dire qu’une opération est un triplet
dont les composantes sont lopérateur, ensemble des données et le
résultat, en chargeant le mot triplet de suggérer le passage des données
au résultat sous l’action de l’opérateur.
Mathématique et métamathématique utilisent le mot opération dans
ce sens. Il va sans dire qu’elles laissent a la métaphysique le soin
d’appréhender le passage des données au résultat sous laction de l’opé-
rateur. Mais elles se permettent souvent, comme d’ailleurs beaucoup
d’autres disciplines, de confondre — au moins verbalement — opérateur
et opération, opération et résultat. C’est ainsi que le mot négation désigne
a la fois lopérateur (on ne dit guére négateur pour désigner le symbole
« non »), lVopération elle-méme (effectuer une négation, prendre la
négation de telle relation) et le résultat (la négation de telle relation).
Il est utile, pour guider l'étude des opérations sur les ensembles, de
préciser certaines notions.
On distingue, dans une théorie, les opérations primitives qui ne sont
pas définies (sinon par postulats) et les opérations dérivées qui, elles,
sont définies comme combinaisons d’opérations primitives et constituent
des opérations composées (ou complexes). La théorie de limplication,
sous sa forme courante, n’admet que deux opérations primitives, la
64 TITRE II]. — CHAPITRE I.

négation et la disjonction; les autres opérations comme limplication,


la conjonction, l’équivalence sont des opérations dérivées. La théorie
de la quantification admet comme opérations primitives la fabrication
des couples, la fabrication des relations singulaires, celle des prototypes
et la substitution; l’existentialisation, l’universalisation sont des opéra-
tions dérivées. La théorie des ensembles n’admet pas d’opeérations
primitives propres : toutes ses opérations sont dérivées et définies a
partir des opérations fournies par les théories de l’implication ou de la
quantification.
On dit qu’une opération est définie pour telle donnée ou pour tel
type de données, lorsque l’opérateur de lopération considérée peut s’ exercer
sur la donnée ou le type de données considérées. Ainsi les opérations de
la théorie de Vimplication sont définies pour les relations et non pour
les objets; la fabrication des couples est définie pour les objets et non
pour les relations.
On ne peut combiner des opérations, c’est-a-dire introduire des
opérations composées que si le résultat de la premiére est une donnée
pour laquelle est définie la seconde et ainsi de suite. En particulier, on
ne peut itérer une opération que si le résultat de cette opération est
une donnée pour laquelle elle est définie.
On dit que deux opérations sont permutables lorsqu’il est possible
d effectuer la premiére puis la seconde, aussi bien que la seconde puis la
premiere et qu’en outre les résultats sont équivalents ou égaux, suivant
que ces résultats sont des relations ou des objets.
On distingue les opérations singulaires, binaires, ternaires, ..., n-aires.
Une opération est dite singulaire si son opérateur ne s’applique qu’a
une seule donnée; elle est dite binaire si son opérateur s’applique a
deux données; on définit de méme les opérations ternaires et, plus
généralement, les opérations n-aires. Ainsi, la négation est une opération
singulaire; la disjonction, l’implication, la conjonction, l’équivalence
sont des opérations binaires. La fabrication des couples est une opération
binaire; la fabrication des prototypes une opération singulaire si l’on
considére que l’opérateur 7 s’applique a une relation singulaire, mais
elle devient une opération binaire si l’on considére qu’il s’applique aux
deux données formées par un objet indéterminé x et une relation R.
Deux caracteres des opérations singulaires jouent un rdle important.
On dit qu’une opération singulaire est une opération identique
ou encore que son opérateur est un opérateur neutre pour exprimer
que le résultat est équivalent ou égal a la donnée suivant que ce
résultat est une relation ou un objet. Ainsi l’affirmation d’une relation
est une opération identique; l’opérateur-affirmation est un opérateur
neutre.
On dit qu’une opération singulaire est une opération involutive
pour exprimer que le résultat obtenu en itérant (une fois) lopération
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 65

est équivalent ou égal a la donnée suivant que ce résultat est une


relation ou un objet. Ainsi la négation est une opération involutive.
Pour exprimer les caractéres les plus fréquents des opérations binaires,
il est commode de désigner l’opérateur d’une telle relation par le symbole »
et de noter le résultat de cette opération portant sur les données a et b par
le symbole aw b.
On dit qu’une opération binaire est une opération idempotente
pour exprimer que, quelle que soit la donnée a, permettant [application
de o),
anawaea ou aAnNa=a

suivant que a désigne une relation ou un objet.


La disjonction et la conjonction sont des opérations idempotentes.
On dit qu’une opération binaire est une opération associative pour
exprimer que, quelles que soient les données a, b, c permettant l’application
de o,
aw(bwce) <= (awb)we ou aw(bwec) =(awb)we

suivant le cas.
La disjonction et la conjonction sont des opérations associatives.
On dit qu’une opération binaire est une opération commutative
pour exprimer que, quelles que soient les données a et b permettant l’appli-
cation de »,
awb—bwa ou awnb=bwa

suivant le cas.
La disjonction et la conjonction sont des opérations commutatives.
On dit qu’une opération binaire d’opérateur w est distributive
par rapport 4 une opération binaire d’opérateur ’ pour exprimer
que, quelles que soient les données a, b, c permettant application convenable
de w ou de wo,

(awb)w'c< (aw'c)w(bw'c) ou (awb)w'c


= (aw'c)w(bw'c).

La disjonction est distributive par rapport a la conjonction; la conjonc-


tion est distributive par rapport a la disjonction.
Toutes ces notions servent 4 guider ]’étude des opérations élémentaires
et méme une partie de celle des opérations générales.
L’étude des opérations élémentaires se réduit pratiquement a une
traduction en termes d’ensembles des notions déja rencontrées a propos
des propriétés (relations singulaires) et des relations binaires; mais,
bien entendu, cette traduction s’applique exclusivement aux relations
collectivisantes.
VY. ROUQUET LA GARRIGUE, 5
66 TITRE II, — CHAPITRE I.

1. ENSEMBLES ET PROPRIETES.

1.1. Diagrammes d’Euler.


Pour faciliter l’assimilation des notions et la conduite des raison-
nements, on utilise souvent des « représentations concrétes », c’est-a-dire
des schémas du genre suivant :

Fig. 1.

appelés diagrammes d’Euler ot les éléments d’un ensemble sont


représentés par des points, eux-mémes entourés d’une ligne fermée
non croisée, de fagon que ces points comme les éléments de l’ensemble,
apparaissent groupés en un tout.
Conformément aux principes généraux de désignation des objets,
on désigne un élément de l’ensemble par une lettre — assez souvent
minuscule — et l’ensemble lui-méme par une autre lettre — assez souvent
majuscule. Pour compléter le schéma de la représentation concrete,
on inscrit a cété de chaque point particuli¢rement considéré le symbole
graphique désignant |’élément que représente ce point et, a cdté de la
ligne fermée, ou dans l’enceinte, celui qui désigne l'ensemble. On obtient
ainsi avec le schéma précédent la représentation concrete d’un élément a
d’un ensemble E et par suite celle de la relation ac E.
Les contours fermés schématisant des ensembies ont des formes
arbitraires. On peut les remplacer par des schémas qui finissent par
se réduire a de simples traits (fig. 2).
Tous ces schémas évoquent la relation aeEE.

Fig. 2.

1.2. Relation d’inclusion. Parties d’un ensemble.


1.2.1. DEFINITION DE L’INCLUSION. — Les lettres E et F désignant
deux ensembles, pour exprimer plus briévement que tout élément
de E appartient a F, on dit que E est inclus dans F. L’expression
« E est inclus dans F » désigne donc une relation; cette relation est appelée
relation d’inclusion entre E et F.
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 67
Siz et y désignent deux objets indéterminés, l’expression « x est inclus
dans y » désigne alors une relation binaire appelée relation binaire
d’inclusion. Cette relation n’est autre, par définition, que la relation
complexe exprimée par
(W2) ((4€x) => (s€y)).
1.2.2. NOTATIONS ET REPRESENTATION CONCRETE. — Pour noter
la relation binaire d’inclusion, on emploie le symbole
Cy.
constitué par les lettres x et y, écrites de gauche a droite et séparées
par le signe c. Ce signe, qui provient du signe < employé pour la relation
d’inégalité, est appelé signe d’inclusion.
Le symbole « xcy » est lu, indifféremment : « est inclus dans y ou x
est contenu dans y.
La négation de la relation binaire d’inclusion se note au moyen du
symbole
LEY,
obtenu en barrant le signe d’inclusion d’un trait vertical; ce symbole
est lu, indifféremment : x n’est pas inclus dans y ou x n’est pas contenu
dans y.
Mais on emploie aussi, pour noter la relation binaire d’inclusion xcy,
le symbole qu’on obtient par lecture de droite 4 gauche, ce qui conduit a
Yee,
lu, habituellement : y contient 2; le signe D est celui de la relation réci-
proque de J’inclusion qu’on pourrait appeler inclusion réciproque.
On emploie naturellement le symbole
yde
pour noter la négation de l’inclusion, symbole qu’on lit : y ne contient
pas x.
La relation (ECF) se traduit concrétement par un schéma tel que

Fig. 3.

1.2.3. PARTIES D’UN ENSEMBLE. — Etant donné un ensemble E,


on dit que l'ensemble A est une partie de ensemble E pour exprimer
que A est inclus dans E. En d’autres termes, on appelle partie de E
tout ensemble contenu dans E.
68 TITRE II], — CHAPITRE I.

Au lieu de partie de E on dit aussi sous-ensemble de E. On peut donc


exprimer la relation « cy » en disant « x est une partie de y » ou « x est
un sous-ensemble de y ».

1.2.4. LA RELATION D’INCLUSION EST UNE RELATION D’ORDRE, —


Pour établir cette propriété fondamentale qui fait de l’inclusion la relation
d’ordre la plus importante de toutes les mathématiques, il suffit de
démontrer que la relation (xc y) est réflexive, transitive et antisymétrique.
Sa réflexivité, qui s’exprime par (Wx) (xc), est évidente puisque
tout élément de x appartient 4 x. Sa transitivité qui s’exprime par l’iden-
tité
Ley” |
= a(t
S Bi)
Yor)
se justifie immédiatement : si uex et sixcy et ycz on constate que u
appartient 4 y et que u appartient a z.
Son antisymétrie qui s’exprime par l’identité
LCY |
eae => (@=y)

apparait comme une traduction de l’axiome d’extensionalité.

Remarque. — La réflexivité de Vinclusion permet d’assurer que


tout ensemble E est une partie de lui-méme; on dit souvent que cette
partie est la partie pleine de E. Lorsqu’une partie A de E est diffé-
rente de E, on dit que cette partie A est strictement contenue dans E
ou encore que l’inclusion de A dans E est une inclusion stricte. Par oppo-
sition, l’inclusion, telle qu’elle a été définie, est appelée une inclusion
large et certains auteurs, pour ne pas heurter le sens commun qui
attribue a l’expression « étre contenu dans » un sens exclusif de l’égalité,
emploient la notation ACE pour désigner V’inclusion large.

1.3. L’opération fondamentale des mathématiques. L’ensemble


&,(R).

Lorsqu’une relation RSa$ est collectivisante en x, il existe, par


définition, un ensemble groupant les x tels que R; d’autre part, en vertu
de l’axiome d’extensionalité, il n’en existe qu’un (4 une égalité prés,
naturellement); la relation « y est un ensemble groupant les x tels que R »
est donc alors une relation fonctionnelle.
L’opération fondamentale des mathématiques consiste A associer
4 toute relation R¢ x = collectivisante en x, le prototype des ensembles y
groupant les x tels que R. Ce prototype, dont l’expression développée
S’écrit?:
t((Wx) (wey) = R))
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 69
est appelé ensemble des xz tels que R ou encore l'ensemble formé
(ou constitué) par les x tels que R ou l’ensemble composé des x
tels que R ou enfin ensemble groupant les x tels que R. Il est noté
indifféremment au moyen de l’un des quatre symboles suivants :

(@iR}, {2;R}, (#/R}, 62(R),


lus, tous les quatre : ?ensemble des x tels que R ou l'ensemble formé
(ou constitué) par les x tels que R. Les trois premiers symboles sont
formés par les lettres x et R, écrites de gauche a droite, séparées par
le signe « :» ou par le signe «;» ou par le signe «/», et bordées par deux
accolades; ces accolades constituent un signe «{ }» qui peut étre
considéré comme celui de l’opérateur singulaire conduisant de la relation
singulaire REa< a l’ensemble groupant les x tels que R. Le dernier
symbole, &,(R), a une forme analogue a celle du symbole c,(R). Mais
il convient de distinguer soigneusement et méme d’opposer l’ensemble
&,(R) et l'ensemble t,,(R). Le premier n’est défini que pour les relations
collectivisantes tandis que le second l’est pour toute relation; en revanche,
le premier existe toujours tandis que le second peut ne pas exister;
le premier désigne l’ensemble des x tels que R et le second le prototype
des x tels que R; quand le second existe, il appartient au premier.
Lorsqu’une relation R=xé¢ est collectivisante en x, on peut assurer,
par définition, que &,(R) vérifie la relation en y dont il est le prototype;
en d’autres termes, on peut assurer l’équivalence

|(x@6x(R)) <> R. |

On en déduit un lien étroit entre l’inclusion et l’implication, lorsque


Vimplication porte sur des relations collectivisantes. On constate aisément,
en effet, que si R et S sont deux relations collectivisantes, on peut assurer
V’équivalence
(Wz)(RS8) & (62(R)¢Sz(S)), |
d’ott lon déduit aussit6ét, dans les mémes conditions,

|owe) (Resse (G(R) = 62(8))- |


Le jeu de limplication entre relations collectivisantes se trouve ainsi
ramené a celui de l’inclusion sur les ensembles groupant les objets dont
elles expriment les caractéres. On peut dire que l’inclusion joue a propos
de l’extension des concepts le méme réle que l’implication a propos
de leur compréhension. Cependant la théorie de limplication reste
plus fondamentale et plus générale que celle de l’inclusion, puisqu’elle
concerne les relations non collectivisantes aussi bien que les relations
collectivisantes.
790 TITRE I]. — CHAPITRE I.

1.4. Les opérations liées aux trois premiers axiomes.

1.4.1. L’ENSEMBLE {2, y}. L’ENSEMBLE {x}. — Etant donnés deux


objets quelconques x et y, on sait, d’aprés l’axiome M,, que la relation R
exprimée par

est collectivisante en z. L’ensemble &-(R) associé a cette relation est


appelé l’ensemble dont les éléments sont x et y et noté au moyen du symbole
Sm \
(2, V5

On peut donc assurer |’équivalence

On déduit aussité6t de la commutativité de la disjonction légalité

( Nee :
linviaine), |

alors que les couples (a, y) et (y, x) sont généralement différents.


Lorsque x = y, la relation zE€{z,y} est une relation fonctionnelle
en z; on dit alors que l’ensemble {z, y } est un ensemble réduit a4 un
seul élément. En particulier, l’ensemble { xv, x} est un ensemble réduit
a un seul élément; on le note au moyen du symbole

iv},
lu : Pensemble dont le seul élément est xz.
Il en résulte les équivalences

Geie}) = @=2),|
|(VEX) => (, a2} eX). |

La seconde explique l’abus de langage trés répandu permettant de


dire « X contient x » pour dire « x appartient 4 X ». Elle montre aussi
que tout ensemble est élément d’un autre ensemble.
Parmi les ensembles réduits 4 un seul élément, il convient de signaler
celui dont le seul élément est le prototype en x de la relation (x = 2)
et celui dont le seul élément est le prototype en x de la relation (x= 2).
Le premier n’a rien de surprenant; le second est assez déroutant pour

Bibliothéque,
Université du Québec,
Rimouski
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 71

le sens commun car, si son existence est assurée, son seul élément est
un objet qui lui n’existe pas.
L’associativité de la disjonction permet de définir, de proche en proche,
des ensembles a trois, quatre, ... éléments. C’est ainsi que si 2, y, z, t
désignent quatre objets deux a deux différents, le symbole
a a
12,VY, 4, ts)

désigne l’ensemble a quatre éléments que constituent ces quatre objets.


Si les quatre objets étaient tous égaux, le symbole précédent
désignerait au contraire un ensemble réduit a un seul élément et l’on
pourrait lui substituer le symbole {x}, par exemple. En particulier,
Yensemble groupant les prototypes de quatre identités est égal a
ensemble réduit au seul élément 7t,(x =x); de méme, l'ensemble
groupant les prototypes de quatre impossibilités est égal a l’ensemble
réduit au seul élément 7,(% 4 2).

1.4.2. L°ENSEMBLE |x : (TEE et P)}. — On sait qu’étant donnés


un ensemble E et une propriété P quelconque, collectivisante ou non,
la relation R exprimée par (cEE et P) est une relation collectivisante.
L’ensemble &,,(R) associé a cette relation est appelé lensemble des x
appartenant a E et tels que P; il est noté sans faire appel 4 de nouveaux
symboles, par
Nope Ce Sohreterhr aa
a Kilet Py, wee (aekret
Pie Gy (ce eter

Cet ensemble constitue le résultat de la sélection dans E de la partie


déterminée par la propriété P.
La relation « EE et P » est assez souvent appelée relation induite
par P dans E.

Remarque. — Si une propriété PSx< entraine xeE, alors P est


collectivisante, car elle est équivalente a la relation qu’elle induit
dans E. Le fait que toute relation induite dans un ensemble est une
relation collectivisante permet de démontrer qu’il n’existe pas
densemble groupant tous les objets. En d’autres termes et en accord
avec une remarque d’Aristote perdue de vue par la suite, on peut
démontrer que l’ensemble de tous les ensembles n’existe pas. En effet,
s'il existait un tel ensemble, toute relation serait collectivisante;
or la relation (c€x) ne l’est pas; d’oti contradiction.
Il en résulte que les identités ne sont pas collectivisantes; en parti-
culier, ni la relation (x = x), ni la relation (acx) ne sont collecti-
visantes.

1.4.3. L’ENSEMBLE DES OBJETS DE LA FORME U pour EEK. — En


utilisant l’axiome de sélection et de réunion, on peut établir que la
relation « y est de la forme U pour zE€E », ot U est un prototype dans
72 TITRE II. — CHAPITRE I.

expression duquel figure l’objet quelconque x et E un ensemble, est


une relation collectivisante en y. L’ensemble &,(R) associé a cette
relation Rey est appelé ’ensemble des objets de la forme U
pour xeEFE. On l’appelle aussi ’ensemble des objets de la forme U,
ou x parcourt (décrit) E. On n’utilise pratiquement pas de notation
particuliére pour désigner cet ensemble qui intervient trés fréquemment
en mathématiques.
Il est clair que, si S est une relation collectivisante en z, la relation
«y est de la forme U pour un 2 tel que S » est elle-méme collectivisante
puisque S <= (xE&G,,(S)); l'ensemble &, (y est de la forme U pour un x
tel que S) est appelé ensemble des objets de la forme U pour un x
tel que S.

1.4.4. L’ENSEMBLE DES PARTIES D’UN ENSEMBLE. — Etant donné


un ensemble E quelconque,.l’axiome M, assure que la relation (xcE)
est collectivisante en x. L’ensemble &,(xcE) est jappelé ?ensemble
des parties de E et noté au moyen de l’un des symboles :
&(E), PE),
lus : ensemble des parties de E ou simplement P de E. L’opérateur
de lopération de passage a l’ensemble des parties est ainsi désigné par
une lettre capitale ronde ou gothique.

1.5. Complémentation. L’ensemble vide.

La complémentation est une opération singulaire de la théorie des


ensembles, qui joue pour les parties d’un ensemble donné le rdéle que
joue la négation pour les propriétés. Elle permet de définir l’ensemble
vide qui constitue le premier objet indépendant dont la mathématique
assure l’existence.

1.5.1. DEFINITION DU COMPLEMENTAIRE D’UNE PARTIE A D’UN


ENSEMBLE E, — Etant donnés un ensemble E et une partie A de cet
ensemble E, on appelle complémentaire de A par rapport a E,
ensemble des éléments de E qui n’appartiennent pas a A. Cet
ensemble n’est autre que jJ’ensemble 6,(~eEE et r€A) groupant les
objets de la relation collectivisante (ceEE et x¢ A).
Pour noter cet ensemble on utilise le symbole

b."
constitué par la lettre A précédée de la lettre C (légérement stylisée et
en gras) affectée de la lettre E en indice inférieur droit. Ce symbole
est lu : complémentaire de A par rapport a E ou, plus briévement :
C-E de A.
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 73

Lorsque le contexte ne laisse place 4 aucune ambiguité sur l’ensemble


dont A est une partie, on utilise le symbole

(j-

Le signe (est appelé signe de la complémentation (ou de la sélection


du complémentaire).
Pour représenter le complémentaire de A par rapport a E, on utilise
des schémas du genre suivant :

Fig. 4.

Remarque. — De la définition du complémentaire, il convient


de rapprocher celle de la différence entre deux ensembles. Etant donnés
deux ensembles E et F, on appelle difference entre E et F, l’ensemble
des éléments de E qui n’appartiennent pas a F. Cet ensemble
n’est autre que l’ensemble &,(xeE et x€F) groupant les objets de
la relation collectivisante (ce E et x¢F). On note la différence entre E
et F au moyen du symbole
KE—F
lu : E moins F.
Ce symbole peut servir a noter le complémentaire de la partie A
de E puisque ce complémentaire est, évidemment, la différence entre E
et A;

1.5.2. ParTIE VIDE. L’ENSEMBLE VIDE. — Etant donné un ensemble E,


le complémentaire ( E de la partie pleine de FE, dont l’existence est
E
assurée par ce qui précéde, est appelé la partie vide de E et noté parfois
au moyen du symbole «@,;». En utilisant le signe de la différence pour
noter le complémentaire, on peut donc assurer que

|E—E=G,
Cette partie vide de E n’est autre que l'ensemble 5,(veE et x¢€E)
groupant les objets de la relation collectivisante (reE et t€E). Il
n’existe évidemment aucun objet appartenant a la partie vide de E
puisque la relation (vE@,) est équivalente a la relation (reE et r¢ E)
qui est une impossibilité.
74 TITRE II. — CHAPITRE I.

La partie vide ©, d’un ensemble E quelconque posséde la propriété


remarquable d’éfre contenue dans tout ensemble F. I) suffit pour |’établir
de démontrer l’implication ((xE€O,,) = (weEF)); or cette implication
est vraie puisque son premier membre est faux. On en déduit aussitdt
Videntité

D’une facgon plus générale, indépendamment de toute référence 4 un


ensemble donné E, on dit qu’un ensemble X est un ensemble vide
pour exprimer que X n’admet aucun élément, c’est-a-dire que

(Wx) (x€X).

On observe alors, comme précédemment, que si X est un ensemble


vide, l’implication ((c€X) => (x€F)) est vraie quel que soit l’ensemble F;
on en déduit que tout ensemble vide est contenu dans tout ensemble F
et que tous les ensembles vides sont égaux entre eux. La relation
(Wx) (w€ X) est donc univoque en X. De plus, elle admet une solution,
a savoir la partie vide @, d’un ensemble arbitrairement donné E. En
d’autres termes, cette relation est fonctionnelle en X, c’est-a-dire qu’il
existe un ensemble et un seul qui la vérifie. Le prototype z, ((W 2x) (v¢ X))
est appelé l'ensemble vide; il est noté au moyen du symbole

Oo

réduit a la lettre O barré de l’alphabet scandinave, et lu : ensemble


vide ou simplement vide. La relation (Wz) (~e€ X) étant fonctionnelle,
on peut assurer l’équivalence

|(Wx) (wéX) & (X=B). |

D’autre part, on peut assurer les identités

|240, |Bcx, |

[B= |E-E=8, | |(Xe9) es(X= 9).

Enfin, quelle que soit la relation singulaire R {x}, on peut assurer que

|(V2) (EO) > REes) |


du fait que (re€@) est une relation fausse.
OPERATIONS ELEMENTAIRES, 79

Remarque. — L’ensemble vide n’admet aucun élément mais contient


une partie et une seule, a savoir lui-méme; en effet,;on a vu que
(X60) =(X =O).
I] doit étre soigneusement distingué de l’ensemble réduit au seul
élément <~(a 4 x) qui lui n’est pas vide mais admet un seul élément
inexistant.

1.5.3. PROPRIETES DE LA COMPLEMENTATION. — a. La complémentation


est une opération involutive. — E désignant un ensemble quelconque
et A une partie quelconque de E, on peut assurer |’égalité

|(iy aes
Sa démonstration résulte de la chaine d’équivalences suivante :
(weE) etnon (weKet x€A) <> (HEE) et (TEE ou EA)
S(2ek) et (4¢h)
S(veEE) et (xeEA)
<= (xeE) et (xEA)
& (eA).

Bien entendu, la représentation concréte de la complémentation suggeére


immédiatement l’exactitude de la propriété en question; mais il convenait
de prouver cette exactitude en la rattachant aux critéres de déduction.
Lorsqu’on utilise le signe de la différence pour noter le complémentaire
dune partie A de E, la formule exprimant que la complémentation est
involutive prend l’aspect suivant :
{

E—(E—A)=A.|

Elle rappelle alors des régles de calcul trés connues. Mais ce serait une
erreur que d’étendre cette formule au cas oti A n’est pas une partie de E;
une représentation concréte suggére aussitét qu’elle devient alors fausse
et d’ailleurs la démonstration précédente s’arréte a (weEE et weA)
si A n’est pas une partie de E.
b. Le complémentaire de la partie vide est égal a la partie pleine. —
En effet, la partie vide est, on le sait, égale au complémentaire de la
partie pleine; donc le complémentaire de la partie vide est égal au compleé-
mentaire du complémentaire de la partie pleine, c’est-a-dire a la partie
pleine en vertu du caractére involutif de la complémentation.
On peut done assurer les deux identités

[eae
EK
[2-5
E

la premiére ayant été rencontrée précédemment.


76 TITRE II. — CHAPITRE I.

c. Si A et B sont deux parties d’un ensemble E, on peut assurer |’équi-


valence

Cette équivalence peut d’ailleurs étre formulée de trois autres facons :

AcB = [ Bef} A,
KE 10)

AcB = E—BcE—A, | “AcB =S E—A>E—B. |

Une représentation concréte en suggére immédiatement l’exactitude.


Sa démonstration repose sur les remarques suivantes :
(ceA => xcEeB) &> (£€B > 2€A)
Ee aAe)
>)
\
LEB S laxeA
ce qui montre que
AGB = [eae A;
E KE

il suffit ensuite d’appliquer cette implication pour obtenir

soit
LP<G.* = GCG) <b.(62)
G.2<f IN, = AN GiB}
E 1)

ce qui achéve la démonstration.


De léquivalence ainsi établie on déduit immédiatement les équi-
valences suivantes, ou A et B sont des parties de E

Bc[j A Ac) B, [Ack = [Beas


IE E K E

il suffit de tenir compte du caractére involutif de la complémentation.


On en déduit aussi l’équivalence
INT ees1539 es f.A=( B.
b KB

1.6. Intersection. Réunion.

L’intersection et la réunion sont des opérations binaires qui jouent,


pour les concepts dont l’extension est un ensemble, le rdle que jouent la
conjonction et la disjonction de leurs compréhensions.
OPERATIONS ELEMENTAIRES, D9)

1.6.1. DEFINITION DE LINTERSECTION. — Etant donnés deux


ensembles E et F, on appelle intersection de E et de F, l’ensemble
des éléments de E qui appartiennent a F. Cet ensemble n’est autre
que l’ensemble &,(teE et xeF) groupant les objets caractérisés
par la relation collectivisante (ceEE et reF).
Pour noter cet ensemble on utilise le symbole
ENF,

constitué par la lettre E et la lettre F, écrites de gauche a droite et séparées


par le signe « NM ». Ce symbole est lu, généralement : E inter F. Le
signe « MN » quin’est autre que la lettre U, renversée et légérement stylisée
par suppression des barres limitant les jambages, est le signe de l’opé-
ration binaire appelée, elle aussi, intersection, conduisant de E et F a
leur intersection; on l’appelle volontiers le signe inter.
Pour représenter l’intersection de deux ensembles E et F, on utilise
des schémas du genre suivant :

LOD
CP

Ce) ;
Fig. 5.

Pour exprimer que Vintersection des deux ensembles E et F est


vide, on dit que E et F sont disjoints. Pour exprimer que Vinter-
section des deux ensembles E et F n’est pas vide, on dit que E
. et F se rencontrent. Ces définitions peuvent étre interprétées par les
schémas suivants :

E F E NonRe iciatis
ENF=¢
EetF disjoints Bibs o[Eet F se rencontrent|

Fig. 6.

1.6.2. DEFINITION DE LA REUNION. — Etant donnés deux ensembles E


et F, on peut démontrer, grace a l’axiome de sélection et de réunion,
que la relation R exprimée par
(w@eE) ou (zeF)
78 TITRE II, — CHAPITRE I.

est une relation collectivisante. L’ensemble &,(R) associé a cette relation


et groupant les objets 1 appartenant a E ou a F est appelé réunion
de E et de F. En d’autres termes, on appelle réunion de E et de F
Vensemble &,(te€E ou xeEF) groupant les objets caractérisés par la
relation collectivisante (ceE ou xeEF).
Pour noter cet ensemble on utilise le symbole

EUB,

constitué par la lettre E et la lettre F, écrites de gauche a droite et séparées


par le signe « U ». Ce symbole est lu, généralement : E union F. Le
signe « U » qui n’est autre que l’initiale du mot union, légérement stylisée,
est le signe de l’opération binaire appelée, elle aussi, réunion, conduisant
de E et F a leur réunion; on l’appelle volontiers le signe de la
réunion. ;
Pour représenter la réunion de deux ensembles E et F, on utilise des
schémas du genre suivant :

EUE

1.6.3. PROPRIETES DE L’INTERSECTION ET DE LA REUNION. — Ces


propriétés se réduisent a celles de la conjonction et de la disjonction.

a. Idempotence. — L/intersection et la réunion sont des opérations


idempotentes; cette propriété s’exprime par les deux identités

|Ene=5, | |EvE=E. |

Une représentation concréte en suggeére aussitét l’exactitude. La démons-


tration résulte de l’idempotence de la conjonction et de la disjonction.
En effet, la relation (ceE et xe E) est équivalente a (ce E), donc

Gx(xEE et eek) = 6;z(xeEE).

De méme, la relation (reE ou rE FE) est équivalente 4 (xeEE), donc


&x(xeEE ou weEE) = &,(xceEk).
OPERATIONS ELEMENTAIRES, 79

b. Commutativité. — L’intersection et la réunion sont des opérations


commutatives; cette propriété s’exprime par les deux identités :
{
nS |Bur =FvE.

Représentation concréte et démonstration sont analogues a celles qui


concernent lidempotence.

c. Associativité. — L’intersection et la réunion sont des opérations


associatives; cette propriété s’exprime par les deux identités :

Ba (Fa) = (EaF)nG, | |Eu(PuG) = (HUF) UG.

La représentation concrete suggere moins immédiatement cette propriété


que les deux précédentes. La démonstration, au contraire, est
immeédiate grace a l’associativité de la conjonction et de la disjonction.
Elle se réduit 4 ceci. En ce qui concerne la premiére identité,
son premier membre est l’ensemble &,.(~eEE et (weF et xEG)); il est
donc égal a &,((weEE et xEF) et xEG) puisque les deux relations que
concernent ces ensembles sont équivalentes. Le méme raisonnement
s’applique a la seconde identité.
d. Distributivité. — L’intersection est distributive par rapport a la
réunion; de méme, la réunion est distributive par rapport a linter-
section. Ces propriétés s’expriment par les deux identités :

En(FuG) =(EnF)vu(EnG), |Eu(FaG) = (EUF)n(EuG).

La représentation concréte n’est a peu pres d’aucun secours et cela


explique sans doute que ces propriétés n’aient été découvertes que
tardivement. La démonstration, au contraire, est immédiate grace a
la distributivité de la conjonction par rapport a la disjonction et a la
distributivité de la disjonction par rapport a la conjonction.
Il suffit de raisonner comme on !’a fait pour démontrer l’associativité.

Remarque. — L’expression « distributive par rapport a », assez


peu répandue dans le langage courant, peut sans doute étre interprétée
comme indiquant, dans le cas de la premiére identité, que l’inter-
section portant collectivement sur les deux données d’une réunion
s’applique séparément 4 chacune de ces données.

1.6.4. ALGEBRE DE BooLte. — L’étude des opérations sur les


ensembles : complémentation, intersection et réunion, a été largement
développée depuis le milieu du xrx® siécle. Elle ne constitue, comme
on s’en doute, qu’une formulation nouvelle de la théorie de l’implication
80 TITRE II, —— CHAPITRE I.

réduite aux propriétés collectivisantes. Les résultats de cette étude


constituent ce qu’on appelle l’algébre des ensembles ou algébre de Boole.
Les plus élémentaires d’entre eux sont donnés ci-dessous ('); toutes
les identités écrites concernent des parties A et B d’un ensemble donné E;
ou y a supprimé l’indice E normalement affecté au signe (
a. Relations entre opérations binaires ef complémentation :

An([a)=9 |su(Gs) ="!

[ AnE=A
| AUG=A |
[An®@=G | AVE=E | r

Gao be =Ce)
Les deux derniéres identités sont connues sous le nom de lois de
dualité ou lois de Morgan. Elles permettent de passer au complé-
mentaire d’une intersection en formant la réunion des complémentaires,
puis de passer au complémentaire d’une réunion en formant linter-
section des complémentaires. Plus généralement, elles permettent de
passer au complémentaire d’une expression ne faisant intervenir que
les opérations (} nA, U en remplacant les données par leurs compleé-
mentaires et en permutant les opérations q et U. Une expression ne
faisant intervenir que les opérations i nN, U est appelée expression
de Boole.
Elles permettent enfin de déduire d’une égalité identiquement vraie
entre deux expressions de Boole une nouvelle égalité identiquement
vraie, dite duale de la premiére, en permutant les signes A et U ainsi
que les symboles @ et E. Ainsi les identités de chaque ligne du tableau
précédent sont duales l’une de l’autre. La justification de cette régle
repose sur l’équivalence entre X = Y et es = Be our Set Yusonts
deux parties de E, et sur les lois de dualité.
Cette regle s’étend aussitét a une inclusion identiquement vraie entre
deux expressions de Boole, a condition de remplacer le signe c par
le signe > et vice versa. La justification repose alors sur l’équivalence
entre X cY, (xf Y et les lois de |dualité.

(1) Pour une étude complete de l’algébre de Boole, voir M. CarvALLo, Monographie
des treillis et Algébre de Boole, Gauthier-Villars. Paris.| 1962.
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 81

b. Lois d’absorption de Boole. — Des identités évidentes :

|AnBcA | AUBDA |

on déduit sans peine les deux suivantes :

(AnB)UA=A | (AUB)NA=A |

qu’on appelle lois d’absorption ou lois de Boole.


c. Equivalences fondamentales :

fact — f2G ANE) AG AU= Be

Can B=) ee (ac[jp) = ([jA>8):

co S (face) S (a>[pp). |

2. ENSEMBLES ET RELATIONS BINAIRES.

On sait qu’une relation binaire R= 2, y= peut étre considérée comme


une propriété du couple (2, y) qu’elle concerne. I] convient donc, comme
on l’a fait pour les propriétés, de distinguer deux sortes de relations
binaires : celles auxquelles il est possible d’associer un ensemble (et un
seul) groupant les couples qu’elles concernent, celles qui ne permettent
pas une pareille association. Cette remarque attire l’attention sur les
ensembles dont tous les éléments sont des couples : on les appelle des
graphes — notion relativement récente; une relation a laquelle il est
possible d’associer un graphe groupant les couples qu’elle concerne
est dite : relation binaire admettant un graphe. D’autre part, étant
donnée une relation binaire R=z, y, on peut considérer la relation
singulaire en y exprimée par « y est tel que R »; cette relation singulaire
est une relation paramétrique ou x est un paramétre et on peut l’exprimer
par « y est tel que R=xs ». De méme, on peut considérer la relation
singulaire en x exprimée par « x est tel que R=y= >». On constate alors
que toute relation binaire donne intuitivement naissance 4 deux opérateurs
singulaires, ?un qui associe a tout objet x les divers objets y tels
que R=2xé et l’autre qui associe a tout objet y les divers objets z tels
que R&ys.
Lorsqu’une relation binaire admet un graphe G, elle est équivalente
a la relation ((x, y)€G) et les opérateurs singulaires auxquels elle donne
naissance apparaissent étroitement liés au graphe G. Cette remarque
V. ROUQUET LA GARRIGUE. 6
82 TITRE II. —- CHAPITRE I.

conduit a considérer les graphes eux-mémes comme des opérateurs


singulaires, de sorte que l'étude des relations binaires qui admettent
des graphes apparait comme celle d’opérateurs singulaires trés généraux.
Etudier comment se traduisent sur les graphes les caractéres classiques
des relations binaires : réflexivité, symétrie, transitivité, antisymétrie,
préordre, équivalence, ordre; étudier comment se traduisent les deux
opérations définies sur les relations binaires : passage a la relation réci-
proque, passage a la relation-produit de deux relations, ces deux études
constituent l’objet essentiel du présent paragraphe. Elles exigent quelques
notions sur le produit de deux ensembles et sont facilitées par des repré-
sentations concrétes; enfin elles conduisent aux notions de correspondance
et de fonction qui figurent, sans conteste, parmi les plus importantes
de toutes les mathématiques.

2.1. Représentation concréte des couples.

De méme qu’on représente concrétement un objet par un point, on


représente concrétement un couple par deux points; mais pour indiquer
lequel de ces deux points figure la premiére composante et lequel figure
la deuxiéme composante du couple, on joint par un arc les deux points
et l’on munit cet arc de la pointe d’une fléche visant le point qui repré-
sente la deuxiéme composante. On inscrit alors a cété de chaque point
la lettre qui désigne la composante qu’il figure. Ainsi les couples (a, b)
et (b, a) sont habituellement représentés par des schémas du genre
suivant :

CAA os
Fig. 8.

Les arcs joignant les points peuvent étre rectilignes et la pointe de


fleche peut étre en contact avec la deuxiéme composante. On obtient
ainsi des schémas tels que :

ee b he ve

a a a

Fig. 9.

qui représentent tous les trois le couple (a, b).


OPERATIONS ELEMENTAIRES. 83

Un couple symétrique, dont les deux composantes sont égales, se


représente habituellement par l’un quelconque des trois schémas suivants :

a a a
(a,a) (a,a) (a,a)

Fig. 10

2.2. Produit de deux ensembles.

Le passage au produit de deux ensembles est une opération binaire


qui permet de grouper en un seul ensemble tous les couples dont la
premiére composante est un élément du premier ensemble et la deuxieéme
un élément du second. I] convient d’en préciser la définition, d’en étudier
les propriétés et d’indiquer une représentation concréte particuliére du
résultat de cette opération.

2.2.1. DEFINITION DU PRODUIT DE DEUX ENSEMBLES. — Etant


donnés deux ensembles A et B, on peut démontrer grace a l’axiome
de sélection et de réunion, que la relation R exprimée par « z est un
couple dont la premiere composante appartient a A et la deuxiéme
composante appartient 4 B » est une relation collectivisante en z.
L’ensemble &-(R) associé a cette relation et groupant les couples z
dont la premiére composante appartient a A et la deuxiéme compo-
sante appartient 4 B est appelé produit de A et de B.
Pour noter cet ensemble, on utilise le symbole

ASB

constitué par la lettre A et la lettre B, écrites de gauche a droite et séparées


par le signe « x ». Ce symbole est lu, habituellement, soit : produit
de A et de B, soit : produit de A par B, soit : A multiplié par B, soit :
A que multiplie B. L’ensemble A est appelé premier ensemble facteur
et Vensemble B deuxiéme ensemble facteur du produit AxB.
Le signe « X » qui n’est autre que celui utilisé pour la multiplication
des nombres entiers, est le signe de l’opération binaire appelée, elle aussi,
produit, conduisant de A et B a leur produit; on dit que c’est le signe
du produit des ensembles; malgré son aspect et son nom, il doit étre
soigneusement distingué du signe de la multiplication des nombres et,
84 TITRE I], — CHAPITRE I.

en particulier, au contraire de ce dernier, ne peut pas étre remplacé


par le signe «.» oulesigne« ».
Pour noter le produit EXE d’un ensemble E par lui-méme, on utilise
le symbole
F2

constitué par la lettre E affectée du chiffre 2 en indice supérieur droit;


on peut appeler ce chiffre un exposant du symbole E? et l’on dit que la
notation introduite est une notation exponentielle. Le symbole « E? »
est lu: E deux.
Les couples symétriques du produit E? forment une partie de E’,
appelée diagonale de E”. La diagonale de E? est notée au moyen du
symbole
Ap
constitué par la lettre capitale A de l’alphabet grec affectée de la lettre E
en indice inférieur droit. Ce symbole est lu : delta E.

2.2.2. REPRESENTATION CONCRETE DU PRODUIT DE DEUX ENSEMBLES.


— Le produit de deux ensembles A et B peut étre représenté par l’ensemble
des couples qui le constituent. En utilisant des diagrammes d’Euler on
obtient ainsi des schémas tels que :

Bisset.

La diagonale A; de l’ensemble EXE est alors représentée par :

Fig. 12.
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 85

On peut déformer ces schémas de facon arbitraire, et l’on utilise


volontiers les suivants :

Fig. 13.

Le second est souvent appelé schéma 4 traits paralléles. Mais


on utilise aussi une autre représentation oti les ensembles A et B sont
figurés par des points appartenant 4 deux traits rectilignes non paralléles.
Au lieu de représenter un couple (a, 6) du produit A xB par le schéma :

obtenu en joignant les points représentant les objets a et b par un trait


brisé dont les deux cétés sont physiquement paralléles aux traits figurant
les deux ensembles A et B. Le point anguleux, noté (a, b) sur ce schéma,
est alors considéré comme représentant le couple (a, b) luicméme. Chaque
couple du produit A xB étant ainsi représenté par un point, l’ensemble
86 TITRE I]. — CHAPITRE I.

de ces couples, c’est-a-dire le produit AXB lui-méme se trouve alors


représenté par un ensemble de points. Suivant que les points de A et
de B remplissent ou non tous les traits, on obtient des schémas tels que :

Fig. 16.

Lorsqu’on utilise ce procédé pour représenter le produit EXE de E


par lui-méme, on convient de représenter les deux facteurs égaux de
ce produit par deux traits distincts. En particulier, si les points de E
remplissent tout le trait représentant E on obtient le premier des schémas
ci-dessous :

La diagonale A; du produit EXE est alors représentée par une


« diagonale concrete » du « parallélogramme » représentant ce produit,
si l’on convient de représenter les deux composantes du couple symé-
trique (a, a) par des points semblablement placés sur les traits repré-
sentant les deux ensembles facteurs de E x E. On reconnait ainsi l’origine
de lappellation « diagonale » servant a désigner ensemble des couples
symétriques du produit EXE. C’est aussi cette représentation qui est
a lorigine des appellations premiére projection ou premiére coor-
donnée pour désigner la premiére composante d’un couple; on dit naturel-
lement deuxiéme projection ou deuxiéme coordonnée au lieu de
deuxiéme composante.
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 87

2.2.3. PROPRIETES DU PRODUIT.

a. Pour que le produit AxB de deux ensembles A et B soit vide, il faut


et il suffit que ’un ou l'autre des deux ensembles A et B soit vide.
En d’autres termes,

Ax<B=@
(ASB > Soper
2

L’implication de droite 4 gauche peut se démontrer par la méthode


de disjonction des cas. Si A est vide, la relation « z est un couple et sa
premiére projection appartient 4 A et sa deuxiéme a B » est évidemment
fausse de sorte que l’ensemble groupant les z qui remplissent cette
condition est l’ensemble vide; de méme, si B est vide, AXB est vide;
Yimplication de droite a gauche est ainsi démontrée.
Pour établir ’implication de gauche a droite, on peut utiliser la régle
de contraposition. La négation de (A = 0 ou B= Q) est é€quivalente
a(A +9 et B+ 9); si A et B sont non vides, alors il existe au moins
un couple dont la premiére projection appartient a A et la deuxieme
a B, ce qui montre que A XB n’est pas vide.
b. Etant donnés deux ensembles A et B respectivement contenus dans
deux ensembles A’ et B’, alors le produit AXxB est contenu dans le
produit A’ xB’.
En d’autres termes,

AcA’)
== NAGS BiG A> Bi
Bc B'$ :

En effet, tout couple de A xB a pour premiere composante un élément


de A, donc de A’, et pour deuxiéme composante un élément de B, donc
de B’; un tel couple appartient donc a A’ xB’, ce qui justifie l’implication.
c. La réciproque de cette propriété est vraie 4 condition — évidem-
ment — que AxB ne soit pas vide.
Si le produit AXB de deux ensembles A et B est non vide et contenu
dans le produit A' xB’ de deux ensembles A’ et B’, alors A est contenu
dans A’ et B dans B’.
En d’autres termes,

A >< BcA'x B’| Ses


INELS EN RS ial 0 ol 32

En effet, si AXB n’est pas vide, aucun des ensembles A et B n’est


vide comme on l’a vu en a. Soit alors x un élément de A et soit y un
88 TITRE I]. — CHAPITRE I.

élément de B; quels que soient x et y, le couple (a, y) appartient 4 A xB,


donc a A’xB’; 4 ce titre, x est un élément de A’ et y un élément de B’,
ce qui justifie implication.
d. Si deux produits AXB et A'xB’ sont égaux mais non vides, alors
AG TAC et BiB.
En d’autres termes,

APS AS oe A
=>
AxXB#@ ([B=B.
En effet, AB est contenu dans A’ xB’ et AB n’est pas vide, donc,
en vertu de c, A est contenu dans A’ et B dans B’; de méme, A’ xB’ est
contenu dans A xB et A’ xB’ n’est pas vide (puisqu’il est égal 4 A XB non
vide), donc A’ est contenu dans A et B’ dans B. L’implication énoncée
en résulte.
Cette propriété permet d’assurer qu’un produit non vide ne peut étre
décomposé en ensembles-facteurs que d'une seule facon.
Elle a pour conséquence immédiate l’implication suivante :

[Xx A=Xx Ay he NE

X4#@D fsa: j

ou X désigne un ensemble non vide, A et A’ des ensembles quelconques.


e. L’opération produit des ensembles n’est pas associative, car (A xB) XC
est généralement différent de Ax(B XC), mais on verra plus tard qu’il
est cependant possible d’assimiler les deux produits en question et,
par suite, le couple (a, (b, c)) et le couple ((a, b), c).
f. L’opération produit des ensembles est distributive par rapport
a la réunion; elle est aussi distributive par rapport 4 l’intersection.
Ces propriétés s’expriment par les identités :

A >< (BUC) =(A x< B)u(AxC), | |ASS< (Bini GC) "CA se Bini AS<G).

Elles sont immédiates; par exemple, si un couple (x, y) appartient au


produit A x(BUC), on peut assurer que y appartient 4 B ou y appartient
a C; mais alors (x, y) appartient 4 AxB ou (a, y) appartient a AxC;
donc (x, y) appartient 4 la réunion de AXxB et de AxC; la réciproque
se démontre de méme.
En ce qui concerne V’intersection, on peut assurer en outre que

(A.AB)>< (Ga.D) =A Can ( Bea DD).


(AnB) < (GAD) (Bex Cini SaD)s
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 89

2.3. Graphes.

2.3.1. DEFINITIONS. — On réserve le mot graphe pour désigner


un ensemble dont tous les éléments sont des couples.
Un graphe quelconque est habituellement noté au moyen du
symbole « G », initiale du mot graphe.
Le produit de deux ensembles A et B est donc un graphe; toute partie
d’un produit est un graphe; l’ensemble vide est un graphe.
La premiere composante d’un couple quelconque d’un graphe G est
appelée un argument du graphe G; la deuxieme composante d’un
couple quelconque d’un graphe G est appelée une image du graphe G.
Pour exprimer l’appartenance d’un couple (x, y) a un graphe G, on
écrit naturellement
(a, y) €G,
mais l’on dit aussi : y correspond a x par G ou encore : y est image
de x par G. Les deux expressions ainsi définies font apparaitre un graphe G
comme un opérateur singulaire, agissant sur un argument x pour produire
une ou plusieurs images de cet argument.

2.3.2. PREMIERE PROJECTION, DEUXIEME PROJECTION D’UN GRAPHE.


— Etant donné un graphe G, la relation exprimée par « x est premiére
composante d’un couple de G » est une relation collectivisante en 2;
elle signifie, en effet, qu’il existe un objet z tel que z appartienne a G
et que x soit égal a la premiére composante de z; en d’autres termes,
elle signifie que x est de la forme T (T désignant la premiére composante
de z) pour un z appartenant 4 G. On sait (cf. 1.4.3) que cette relation
est collectivisante en x.
L’ensemble groupant les premiéres composantes des couples de G
est appelé premiére projection de G ou encore ensemble des
arguments de G et noté au moyen du symbole

priG,
lu ; p-r-un-G,
On démontre, de méme, que la relation exprimée par « y est deuxiéme
composante d’un couple de G » est collectivisante en y.
L’ensemble groupant les deuxiémes composantes des couples de G
est appelé deuxiéme projection de G ou encore ensemble des images
de G et noté au moyen du symbole
pr. G,
lu : p-r-deux-G.
La premiére et la deuxiéme projections du produit AXB de deux
ensembles sont, respectivement, le premier et le deuxiéme ensembles
go TITRE II]. — CHAPITRE I.

facteurs de ce produit (qui est un graphe). L’ensemble vide est un graphe


dont les deux projections sont vides. Il est facile d’observer que
Gc(priG) < (pr G)

de sorte que, non seulement toute partie d’un produit est un graphe,
mais encore fout graphe est une partie d’un produit. Cette relation montre,
en particulier, que si l’une des projections d’un graphe est vide, le graphe
est vide et l’autre projection l’est aussi.
Si deux graphes sont égaux, leurs premiéres projections sont égales
et leurs deuxiémes projections sont égales. Mais Pégalité des premiéres
projections et celle des deuxiémes projections n’entraine pas l’égalité
des graphes; par exemple, les graphes { (a, a’), (b, b’) | et | (a, b’), (0, a’) |
ont des premiéres projections égales et des deuxiémes projections égales
bien que, généralement, ils soient différents..On verra ci-dessous (§ 2.3.6)
une caractérisation de légalité de deux graphes.
2.3.3. GRAPHES ET RELATIONS BINAIRES. — La relation (a, y)eG,
ou G est un graphe, est une relation binaire, mais toute relation binaire
nest pas nécessairement équivalente a Vappartenance a un graphe
du couple qu’elle concerne. Ainsi, il n’existe pas de graphe G tel que la
relation (x, y)€G soit équivalente a la relation x =y; en effet, sil
existait un tel graphe, sa premiére projection pr,G serait un ensemble
admettant tous les objets comme éléments, puisque tout objet x est la
premiére composante du couple (x, x) qui, vérifiant x = y, {devrait
verifier (x, y)€G; on sait qu’il n’existe pas de tel ensemble. On constate
de méme que les relations (xcy), (vey), (tej y}) ne sont pas équi-
valentes a l’appartenance a un graphe des couples qu’elles concernent.
Ces remarques conduisent a distinguer deux sortes de relations binaires,
comme on a distingué deux sortes de propriétés.
On dit qu’une relation binaire R£2z, y= admet un graphe par
rapport a x et y pour exprimer qu il existe un graphe (unique en
vertu de l’axiome d’extensionalité) groupant les couples dont elle
exprime les caractéres; on dit qu’une relation Riz, y= n’admet
pas de graphe pour exprimer qu’il n’existe pas de graphe groupant
les couples dont elle exprime les caractéres.
La notion de « relation binaire admettant un graphe » est donc parfai-
tement analogue a celle de propriété collectivisante; c’est méme la notion
de propriété collectivisante pour un couple.
Lorsqu’une relation binaire Ra,y= admet un graphe, on peut
désigner le graphe associé 4 R par la notation
Gix,y) (KR);
par définition, l’équivalence
Zo Sali , A
Re“ ys = (@, Y) €F c4)(R)
est alors assurée.
OPERATIONS ELEMENTAIRES. gi

On a souvent a démontrer qu’une relation binaire R~ x, y= admet


un graphe. Pour ce faire on établit fréquemment qu’il existe un ensemble E
tel que R=2, y= entraine l’appartenance de (a, y) a E. Il est clair, en
effet, que s’il en est ainsi, la relation (R= 2, y= et (x, y)EE) est équi-
valente a KR et constitue une propriété collectivisante par rapport au
couple (a, y).

2.3.4. REPRESENTATION D’UN GRAPHE. — Partie d’un produit de


deux ensembles, un graphe est représenté comme un produit, soit par
des diagrammes d’Euler, soit par des schémas issus de traits rectilignes.
Dans ce dernier cas, le graphe G lui-méme se trouve représenté par un
ensemble de points; cet ensemble de points est appelé graphique du
graphe G. Un tel graphique peut étre constitué par des points isolés,
une courbe physiquement continue (courbe représentative), ou remplir
toute une portion de la feuille sur laquelle on effectue la représentation
du graphe.
Les schémas obtenus par les deux procédés sont du genre suivant :

e ©

y GraphiquedeG
Graphique deG jraphiquedeG

Fig. 18.

2.3.5. CARACTERES CLASSIQUES DES GRAPHES. — L’appartenance


a un graphe étant une relation binaire, les caractéres classiques des
relations binaires se retrouvent a propos des graphes. Deux parti-
cularités doivent cependant étre signalées, lune concernant la notion
de graphe injectif, l’autre celle de graphe réflexif.
g2 TITRE II. — CHAPITRE I.

a. Graphe univoque (ou fonctionnel). — On dit qu’un graphe G est


univoque (ou fonctionnel) pour exprimer que la relation ((x, y)<€G)
est, quel que soit x, univoque en y. En d’autres termes, dire que G
est univoque signifie que tout objet x a au plus une image par G et que,
par conséquent, tout argument de G a exactement une image et une seule.
Un graphe non univoque est dit multivoque.
b. Graphe injectif. — On dit qu’un graphe G est injectif pour
exprimer que la relation ((x, y)€G) est, quel que soit y, univoque
en x. En d’autres termes, dire que G est injectif signifie que tout objet y
est image d’au plus un argument de G et que, par conséquent, toute
image de G est image d’un seul argument.
c. Graphe biunivoque. — On dit qu’un graphe G est biunivoque
pour exprimer que G est a la fois univoque et injectif. En d’autres
termes, dire que G est biunivoque signifie que la relation ((7, y)€G)
est univoque en y quel que soit x et univoque en x quel que soit y.
d. Graphe réflexif. — On sait que la réflexivité de la relation
binaire R&2, ys exprime que (Vz) (R22, 28), ou encore que tout
objet x est lié 4 lui-méme par R. II est clair qu’une relation réflexive
n’admet pas de graphe, puisque la premiére projection (et d’ailleurs
la seconde) du graphe d’une telle relation devrait admettre tous les
objets comme éléments.
Cette remarque conduit 4 donner a la notion de graphe réflexif une
signification plus restreinte qu’a la notion de relation réflexive.
On dit qu’un graphe G est réflexif pour exprimer que : quels que
solent x et y,
\ (2, 2) EG,
(@ y)€G) => ieee.

En d’autres termes, dire que G est réflexif équivaut a dire que G


admet tous les couples symétriques dont les composantes appartiennent,
soit 4 sa premiére projection, soit 4 sa deuxiéme projection.
On constate aussit6t que : pour qu’un graphe G soit réflexif, il faut
et il suffit que pr,G = pr.G et que la diagonale du produit pr,Gxpr.G
soit contenue dans G.
e. Graphe symétrique. — On dit qu’un graphe G est symétrique
pour exprimer que la relation ((7, y)€G) est symétrique.
Lorsque G est symétrique, la relation ((x, y)€G) est équivalente a
la relation ((y, x) €G).
f. Graphe transitif. — On dit qu’un graphe G est transitif pour
exprimer que la relation ((z, y)<€G) est transitive.
g- Graphe antisymétrique. — On dit qu’un graphe G est antisymé-
trique pour exprimer que la relation ((z, y)€G) est antisymétrique.
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 93

h. Graphes de préordre, d’équivalence, d’ordre. — On dit qu’un


graphe G est un graphe de préordre pour exprimer que G est réflexif
et symétrique.
— On dit qu’un graphe G est un graphe d’équivalence pour
exprimer que G est réflexif, symétrique et transitif.
— On dit qu’un graphe G est un graphe d’ordre pour exprimer
que G est réflexif, transitif et antisymétrique.

2.3.6. IMAGE D’UN ENSEMBLE PAR UN GRAPHE.

a. Définition. — Etant donnés un graphe G et un ensemble X


quelconques, la relation (reX et (x, y)e€G) admet un graphe G’
puisqu’elle entraine ((x, y) € G); la seconde projection de G’ est |’ensemble
groupant les objets y tels que (Az) (vEX et (a, y)€G), c’est-a-dire
Vensemble groupant les images de G dont les arguments appartiennent a X.
Par définition, Pensemble groupant les images par G des
arguments de G qui appartiennent a X est appelé image de X par G.
L’image de X par G est notée au moyen du symbole
Gh x
formé par la lettre G, suivie de la lettre X, elle-méme entourée de paren-
théses anguleuses; ce symbole est lu pratiquement : G de X et souvent
’ remplacé par G(X).
Lorsque X est un ensemble { x } réduit 4 un seul objet x, image de X
par G qui devrait étre notée G< {x} > est habituellement notée G<x>
et méme parfois G(x); cette image G< 2 > est appelée la coupe de G
suivant 2.
Remarque. — Le symbole G<¢ X > et le symbole G< 2x > sont définis
quels que soient l’ensemble X et l’objet x, que X soit ou non contenu
dans priG, que x appartienne ou non 4 prG. Si Vintersection de X
et de priG est vide, ’image G< X > de X par G est alors égale a 0;
si x n’appartient pas 4 prG, la coupe G<2xz> de x suivant G est
égale a O,
b. Propriétés. — Les propriétés suivantes se déduisent aisément des
définitions :
(CG, \aG eS Vets
G<X>cpreG,
G<¢ pr G >= prG,
GCG >=9,
DVEN eee ERED.
KEE Ny
MS pryG =>. GC K>= prG,
CKO) AGG,
G<XAY cECKS ACK:
94 TITRE II, — CHAPITRE I.
On notera la différence entre les deux derniéres relations. Tandis que
Vimage d’une réunion de deux ensembles (et naturellement de plusieurs)
est égale a la réunion de leurs images, au contraire l’image de linter-
section de deux ensembles est seulement contenue dans l’intersection
de leurs images sans lui étre égale en général : le contre-exemple de
deux parties non vides mais disjointes de priG le montre aussitot.
Cependant, si G est un graphe injectif, on peut assurer que

GEXA VG ES GX XkNery
Dans ce cas particulier, c’est-a-dire si G est injectif, on peut encore
assurer que
EO eC Re Cee a
De la relation
(fey) eG 25 VYEeGre ».

on déduit aussit6t une caractérisation de l’égalité de deux graphes :


pour que deux graphes G et G' soient égaux il faut et il suffit que pour
tout x
Gia>= Gide.
Le fait que la condition soit nécessaire provient des propri¢tés de
Végalité (exactement du théoréme 4); le fait qu’elle soit suffisante provient
de ce que lVégalité G< x > = G’ <x > entraine (axiome E,) l’équivalence
de (yEeGcx>) et de (YEG <x»), donc léquivalence de ((a, y)€G)
et de ((x, y) €G’).

2.3.7. OPERATIONS SUR LES GRAPHES. — Les deux opérations définies


a propos des relations binaires — passage a la relation réciproque et
produit de deux relations binaires — s’appliquent naturellement aux
relations binaires qui admettent un graphe; elles se traduisent par des
opérations sur les graphes et donnent naissance a la notion de graphe
réciproque et a celle de graphe composé.

a. Graphe réciproque d’un graphe. — Etant donné un graphe G, le


graphe réciproque de G n’est autre que le graphe de la relation réci-
proque de la relation ((x, y)€G), c’est-a-dire le graphe, par rapport
ax et y, de la relation ((y, x)€G). Mais il convient, avant de poser cette
définition, de s’assurer que la relation réciproque de ((x, y)€G) admet
bien un graphe par rapport 4 x et y. On le constate aussitét en observant
que la relation ((y, x)€G) entraine ((y, x)€pr:Gxpr.G) et, par suite,
((x, y)€pr.GxXpr:iG); il en résulte alors (cf. § 2.3.3) que la relation
((y, x) €G) admet un graphe par rapport 4 x et y. Ce graphe est l’ensemble
des couples (x, y) tels que ((y, x) €G).
OPERATIONS ELEMENTAIRES. gd
En d’autres termes, le graphe formé par les couples (x, y) tels
que ((y, x)€G) est appelé le graphe réciproque du graphe G. C’est,
naturellement, ensemble des couples réciproques des couples de G.
Pour noter le graphe réciproque de G on utilise le symbole

G
constitué par la lettre G surmontée du signe « —» lui-méme suivi du
chiffre «1». Pour des raisons typographiques, au risque de confusion
avec des notations employées en algébre, on utilise aussi le symbole
Gr

qui differe du précédent par la position de «—1 » placé ici en indice


supérieur droit. Ces deux symboles sont lus : G moins un.
La représentation concréte du graphe réciproque d’un graphe G
s’obtient, évidemment, en changeant le sens de toutes les fléches de la
représentation de G.
L’opération singulaire qui conduit d’un graphe G a son graphe réci-
proque Gee det qu’on peut appeler passage au réciproque d’un
graphe — est évidemment une opération involutive; on peut donc
assurer que
(G1)-1= G.

On en déduit que l’égalité de deux graphes est équivalente a celle de


leurs réciproques.
D’autre part, on voit aussitét que

| priG-!= proG | proG-?= pn G. |

Enfin, pour tout ensemble X, Vimage G <X>»> de X par G est appelée


image réciproque de X par G.
La notion de graphe réciproque permet de caractériser les graphes
symétriques. Pour qu’un graphe G soif un graphe symétrique, il faut
el il suffit que G = G~"'. On sait, en effet, que dire que G est symétrique
signifie que ((x, y)€G) est symétrique, ou encore que ((x, y)€G) est
équivalente a ((y, x) €G); cela revient a dire que le graphe de la premiére
est égal a celui de la seconde.
b. Composition des graphes. — Etant donnés deux graphes G et G’,
le graphe résultant de G et G’ qu’on appelle plus souvent le graphe
composé de G’ et G (l’ordre n’étant pas le méme dans les deux expressions,
en ce qui concerne G et G’) n’est autre que le graphe de la relation produit
\
des deux relations binaires ((z, y)€G) et ((y, z)€G’). Comme a propos
96 TITRE II. — CHAPITRE I.
du graphe réciproque, il convient, avant de poser cette définition, de
s’assurer que le produit des deux relations précédentes est bien une
relation admettant un graphe par rapport a x et z. On le constate aussitét
en observant que la relation produit — définie par l’énoncé (Jy)
(x, y)€G et (y, z)€ G’) — entraine l’appartenance ((z, z)€ pr: G xX pr. G’);
il résulte alors du paragraphe 2.3.3 que cette relation admet un graphe
par rapport a 2 et z.
En d’autres termes, le graphe formé par les couples (z, z) tels
qu'il existe un y tel que (x, y)€G et (y, z)€G’ est appelé le graphe
résultant de G et de G’ ou encore le graphe composé de G’ et de G.
Pour rendre cette définition plus intuitive, on peut faire appel a la
notion de couples enchainés et 4 celle de couple résultant de deux couples
-enchainés. On dit que le couple (a, 5) est enchainé au couple (a’, b’),
pour exprimer que ) =a’, c’est-a-dire que la seconde composante du
premier est égale a la premiére composante du second. Etant donné un
couple (a, b) enchainé au couple (0, b’) on appelle couple résultant
des couples (a, b) et (b, b’), le couple (a, b’).

(a,b’)

Fig. 19.

Ces notions introduites, le graphe résultant de G et de G’ apparait


comme constitué par les couples résultants des couples de G enchainés
a des couples de G’. Pour construire le graphe résultant de G et de G’,
il suffit donc de sélectionner dans G les couples susceptibles d’étre
enchainés a des couples de G’, c’est-a-dire les couples de G dont la seconde
composante appartient a pr.Gnpr.G’, puis de sélectionner dans G’
les couples dont la premiére composante appartient a pr.Gnpr.G’,
enfin de former l’ensemble des couples résultants des premiers couples
et des seconds couples sélectionnés.
Pour noter le graphe résultant de G et de G’ ou le graphe composé
de G’ et de G, on utilise le symbole

G'oG

constitué par la lettre G’ suivie de la lettre G, ces deux lettresj étant


séparées par le signe «o», appelé signe rond. Ce symbole est lu :
G’ rond G.
Le signe «o» est le signe de l’opération binaire appelée composition
des graphes.
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 97

La représentation concréte de la composition des graphes n’est vérita-


blement suggestive que si l’on utilise des diagrammes 4 traits paralléles.
On obtient ainsi un schéma du genre suivant :

Xs

:
AAS sy
.

:
PS peG pr,G!
pr, G'

Fig. 20.

ou G’oG est constitué par les quatre couples (%, 2:), (2, 21),
(42, 22), (425 2s).
La composition des graphes posséde des propriétés importantes,
La premiére de ces propriétés concerne le lien entre composition des
graphes et passage au réciproque. Elle s’exprime par l’identité :

| (G'oG)1=
Go G4,

ou G et G’ désignent deux graphes quelconques. En d’autres termes,


le graphe réciproque du composé de G' et de G est égal au composé des réci-
proques G" et G' (c’est-a-dire des réciproques dans l’ordre opposé).
Sa démonstration, immédiatement suggérée par un diagramme, se
réduit a la remarque selon laquelle la relation ((x, y)€G et (y, z)€G’)
est équivalente a la relation ((z, y)€G'— et (y, x)€G~"'); cette remarque
assure, en effet, que le graphe G’ o G coincide avec le graphe (G! 0 G'')~,
d’ou Von déduit Videntité ci-dessus, par passage au réciproque.
La deuxiéme propriété de la composition des graphes est l’une des
plus importantes de toutes les mathématiques. Elle exprime que la
composition des graphes est une opération binaire associative. Elle traduit
Videntité
G; 0 (Gy
0 G1) = (G3
o Ge) o Gy,

ou G,, G,, G, désignent des graphes quelconques.


Sa démonstration, qui n’est guére suggérée par un diagramme, peut
étre présentée de la maniére suivante. Dire que le couple (x, f) appartient
a (G,° G»)o G, signifie :

(By) ((@,y)€G1 et (y,t)E€Gs30Ge);


Vv. ROUQUET LA GARRIGUE. 7
98 TITRE I]. — CHAPITRE I.
la relation ((y, t)€G; ° Gy) signifie 4 son tour :
(32) (Cy, 2) €Ge et (z, t)€G3);

l’appartenance du couple (a, t) a (G;° Gz) o G, signifie donc

(AY) ((@, vy) €Gi et (92) ((y, 4) €Gy et (4, t)€Gs)).


Or on sait (cf. Titre 1, I], § 2.6.6d) que si z ne figure pas dans une
relation R, alors (R et (4z) S) est équivalente a (4z) (R et S). On constate
ainsi que l’appartenance du couple (a, tf) a (Gs ° Gz) o G; est équivalente
a la relation

(Ay) (A) (a, y) Gr et (y, 2) €Ge et (2, t)€Gs).


On voit, de méme, que l’appartenance du couple (2, t) a G; o (G. o G:)
est équivalente a la relation

(As) (Ay) ((@, y)eGs et (y, 5) €Ge et (, 4) Gs),


d’ot, par permutation des quantificateurs existentiels, l’équivalence
entre les deux appartenances. L’associativité de la composition des
graphes est ainsi établie.
Naturellement, on note sans parenthéses les deux composés qui
figurent aux deux membres de Vlidentité exprimant l’associativité;
on peut donc écrire ;
G3 0 Gz o Gy = (G30 Gy) o Gy = G3 0 (G2
o Gy).

On définit alors le composé de quatre graphes par la condition

Gy, o G3 o Gy o Gy = G, o (G3 0 Ge o Gy),

et lon poursuit, de proche en proche, pour cinq, six, etc.


La troisiéme propriété de la composition des graphes concerne les
images d’un ensemble X et explique la notation G’oG dont lordre
graphique a pu paraitre surprenant. Elle s’exprime par l’identité

|(G26) <X)=6'CG KX,

ou X désigne un ensemble quelconque, G’ et G des graphes quelconques.


Elle peut se traduire par l’énoncé :
L’image d’un ensemble X par le composé G'oG de deux graphes G'
et G est égale a image par G' de l'image de X par G.
L’exactitude de cette propriété apparait intuitivement sur un
diagramme et sa démonstration se réduit aux remarques suivantes.
CeeRATiONS ELEMENTAIRES. 99
Dire que y appartient a (G’oG)< X >» signifie
(Bax) (xeEX et (2, y)EG'oG);

dire que (x, y) appartient 4 G’oG signifie 4 son tour


(32) ((%, 2) €G et (2, y) EG’);
comme z ne figure pas dans la relation re X, on en déduit, comme
ci-dessus, que l’appartenance de y a (G’oG)< X > équivaut a la relation
(32)(35
5) (xeEX et (a, 2)EG et (4,
y) EG’);

mais, par permutation des quantificateurs existentiels, et grace au


fait que x ne figure pas dans (z, y)€G’ on constate que cette derniere
relation équivaut a

(32) ((34 x) (xeEX et (2, 2) EG) et (2, y) EG’);

or cette relation exprime que

(AZ) (EGCX> et (4, y) eG’),


c’est-a-dire que
mweG
XKOKX >’:
COs END.

La derniére propriété classique de la composition des graphes concerne


les projections du graphe G’ oe G composé de G’ et de G. Elle s’exprime
par les identités :

pri(G’o
G)= G¢ pri’) |pr2(G’oG)= G’< preG >,

ot. G et G’ désignent des graphes quelconques. On en déduit aussitét


les deux identités

pr; (G'oG)cprmG | pr2(G'oG)c


pre G’.

Ces deux derniéres identités sont d’ailleurs immédiatement suggérées


par un diagramme et peuvent étre démontrées indépendamment des
précédentes : pr:(G’oG), par exemple, est, en effet, constituée par les
premieres composantes des couples de G enchainés a des couples de G’,
donc est contenue dans pr,G.
Quant aux deux premiéres, on peut les établir de la facon suivante.
Dire que x appartient a pr,(G’oG) signifie

(42) ((%, 4) €G'eG),


c’est-a-dire
(34) (ay) ((% y) €G et (y, 2) €G'));
100 TITRE II. — CHAPITRE I.

par permutation des quantificateurs et grace au fait que z ne figure pas


dans la relation ((z, y)€G), on constate que l’appartenance de x
a pri(G’oG) équivaut a

(Ay) (a2) ((y% 2) €G’) et (x, y) EG);


mais la relation (4z) ((y, z)€G’) exprime que y € pr.G’ et la relation
(x, y)€G) équivaut a ((y, z)€G"); la relation précédente équivaut
donc a
(AY)(yepriG’
et (y, 2)€G~)
qui exprime alors que
aeG—<
pr, G’>. 4

COn, FmD*
L’identité concernant pr.(G’oG) se démontre de facon analogue.

Remarque. — Le composé G~!oG de G~ et de G est, évidemment,


une partie du produit priG < priG, mais il n’est généralement pas
égal a ce produit. Lorsque G est injectif, le composé G~'oG se réduit
a la diagonale A),;,g de (pr: G)?.

c. Caractérisation des graphes classiques au moyen des opérations sur


les graphes. — Pour qu’un graphe G soit univoque, il faut et il suffit
que G soit injectif; inversement, pour que G soit injectif, il faut et il
suffit que G~ soit univoque.
D’autre part, on peut montrer (cf. §2.4.6/) qu’un graphe injectif G
est caractérisé par la condition
GoG—=Ap.,63

on en déduit qu’un graphe univoque G est caractérisé par la condition


G ° GS! — Avr, G-

Un graphe biunivoque est donc caractérisé par la conjonction de ces


deux conditions.
On sait déja qu’un graphe réflexif G est caractérisé par la condition
j pri G= pre Go

Apr, ¢ G.

On sait aussi qu’un graphe syméfrique G est caractérisé par la condition


C1 Gate

Un graphe transitif G est caractérisé par la condition


GoGcG.
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 101
Un graphe antisymétrique G est caractérisé par la condition
GnG— cApr,6-

Un graphe de préordre est caractérisé par la condition


|pm G = preG,
INKS G,

|GoGcG,

mais cette condition est équivalente a


pri G = pr.G,
Aor,.@S G,

|CoC Ee

Un graphe d’équivalence est caractérisé par la condition


Dig Gp in Gs
|iN rosea,
ihGcG—=G.
G= (Ga

Un graphe d’ordre est caractérisé par la condition


pmG = preG,
| Aprg ¢G,
GioiGr—iG-
| Ga G1 cAy,¢.

2.3.8. FamILLes. Matrices. — Les graphes univoques, qu’on dit


aussi graphes fonctionnels, jouent un réle de premier plan dans toutes
les mathématiques; c’est grace a eux, en effet, qu’on peut introduire
la notion de fonction.
Mais, indépendamment de tout lien avec les fonctions, les graphes
univoques constituent l’instrument indispensable 4 la définition des
opérations générales sur les ensembles. Pour rendre plus intuitif l’emploi
qu’on en fait alors — et méme dans d’autres cas — on leur donne un
nom plus suggestif, celui de famille (d’ensembles). Ce changement de
nom s’accompagne de changements dans le langage et les notations.
Il convient donc de poser les définitions concernant les familles, défi-
nitions d’autant plus indispensables, d’ailleurs, que certaines familles
appelées matrices jouent, de leur cété, un réle de premier plan dans les
sciences appliquées, tout spécialement en théorie économique.
a. Détermination (ou définition) d’un graphe fonctionnel par un objet.
Avant d’étudier en détail les graphes fonctionnels, il convient d’attirer
l’attention sur un procédé fréquemment employé pour les introduire.
102 TITRE II. — CHAPITRE I.

Le procédé fondamental permettant d’introduire un graphe est au


fond le méme que celui qui permet d’introduire un ensemble : il consiste
a énoncer une relation binaire R=2, y= dont on puisse assurer, par
axiome ou démonstration, qu’elle admet un graphe. Ce procédé peut
naturellement étre employé pour introduire un graphe fonctionnel,
a condition, bien entendu, qu’on puisse en outre assurer que la
relation R=, y= est, pour tout x, univoque en y. On dit alors que
Ja relation R =a, y 2 détermine ou encore définit un graphe fonctionnel;
on dit aussi que le graphe fonctionnel associé 4 R © a, y = est déterminé,
ou encore défini par la relation R = 2, y <.
Cette remarque conduit 4 un autre procédé qui repose sur la propo-
sition suivante :
Etant donnés un objet en x absolument quelconque, T ©x2, ef un ensemble A
lui aussi quelconque, 4 cela prés que x ne figure pas dans l’ expression de A,
la relation R=2x, y= désignée par

yas err et xe,

ou y est un objet quelconque ne figurant ni dans T ni dans A, admet un


graphe F par rapport a x et y et ce graphe est fonctionnel.
La démonstration de cette proposition est trés simple.
Soit B Vensemble des objets de la forme T=x<, ot x parcourt A
(cf. § 1.4.3), c’est-a-dire l’ensemble des y tels que (Ax) (y=TexsetxeA).
Si deux objets xv’ et y’ sont tels que R, on peut assurer que x’ €A et y’ EB;
cela prouve l’implication

(2, 9)
RS.2.v ee s Be
Gases

il résulte alors du §2.3.3 que la relation R <2, y= admet un graphe F


par rapport a x et y.
D’autre part, la relation ((x, y)€F et (x, z)€F) entraine évidemment
Gj =Texs et <= T2253), done entraine (y =z); le graphe F est
donc univoque (ou fonctionnel). Sa premiére projection est égale a A
et sa deuxiéme a B.
La proposition ainsi démontrée fournit alors le procédé suivant. De
méme qu’a toute relation binaire, exprimant une propriété collecti-
visante du couple (x, y), on peut associer un graphe, de méme 4 tout
couple constitué par un objet en x quelconque T=x= et un ensemble
quelconque A ou x ne figure pas, on peut associer la relation précitée
Rea, ys et, par conséquent, un graphe fonctionnel F.
On dit, par abus de langage, que l’objet T et ensemble A déterminent
ou encore définissent un graphe fonctionnel; on dit aussi que le graphe
fonctionnel associé a la relation Re2a,y= est déterminé ou encore
défini par lobjet T et lensemble A.
OPERATIONS ELEMENTAIRES, 103

On dit méme, couramment, que l’objet T, a lui tout seul, définit ou


détermine un graphe fonctionnel, lorsque le contexte ne laisse aucun
doute sur l’ensemble A.

Remarques. — 1. L’expression T == est, comme on sait, souvent


appelée une formule; cela explique qu’on parle volontiers du graphe
fonctionnel déterminé ou défini par telle ou telle formule
(d’objet).
2. Le procédé de définition d’un graphe fonctionnel par une formule
risque cependant parfois de faire illusion, en ce qui concerne
VYensemble B, seconde projection du graphe F. D’abord il peut se
faire que x ne figure pas dans l’expression de T, c’est-a-dire que T
soit indépendant de x; alors B est réduit A un seul élément; par
exemple, il est vrai que Vobjet désigné par 3 détermine un graphe
fonctionnel F, en ce sens que la relation (y = 3 et xe A) admet un
graphe fonctionnel, mais la seconde projection de ce graphe est réduite
a un seul élément, c’est-a-dire que B = | 3}. L’illusion est encore
plus accentuée si l’on prend pour T le prototype d’une impossibilité;
ce prototype détermine encore un graphe fonctionnel, mais la seconde
projection de ce graphe est l’ensemble réduit au prototype de la
relation (z ~ z), prototype qui n’existe pas.
3. Les mots « déterminé » et « défini » ont recu, dans ce qui précéde,
une signification différente de leur signification fondamentale. II s’agit
la d’abus de langage par omissions que le contexte est censé permettre.
Le mot « déterminé » est employé avant tout en mathématiques
dans l’expression « objet déterminé par des conditions qui constituent
une relation fonctionnelle »; le mot « défini » est employé avant tout
dans l’expression « symbole défini » qui indique une abréviation destinée
a représenter un objet déja déterminé. Par omissions successives,
on arrive a dire qu’un graphe fonctionnel est déterminé par une
relation R = 2, y < univoque en y pour tout x, puis par un objet T =2=
et un ensemble A, enfin par un objet TSx<¢. On confond ensuite,
en accord avec une antique tradition, la détermination et la définition
et l’on parvient aux expressions couramment employées.

b. Familles. — Une famille n’est autre chose qu’un graphe fonctionnel


(ou univoque), c’est-a-dire un graphe tel que l’appartenance du
couple (x, y) a ce graphe soit, pour tout x, une relation univoque en y;
en d’autres termes, une famille est un graphe qui a tout objet fait corres-
pondre au plus une image et, par suite, 4 tout argument de sa premiere
projection une image et une seule.
Pour noter une famille, c’est-a-dire un graphe fonctionnel, on utilise
le symbole
F,
qui a l’avantage d’étre l’initiale 4 la fois du mot famille et du mot fonc-
tionnel.
104 TITRE II. — CHAPITRE I.

Lorsqu’un graphe fonctionnel F est appelé une famille, chaque argument


de F est appelé un indice et un indice quelconque est habituellement
noté au moyen du symbole « t », initiale grecque minuscule du mot
indice; l’ensemble des arguments de F, c’est-a-dire pr,F est alors appelé
Vensemble des indices de la famille F et habituellement désigné
par le symbole «I», lu : grand iota.
Chaque image de F est appelée un élément de la famille F; il y a
la un abus de langage traditionnel, puisque les éléments de la famille F
sont les couples constituant F et non les secondes composantes de ces
couples; cet abus de langage provient de la confusion, elle aussi tradi-
tionnelle, entre opérateur, opération et résultat de l’opération. L’ ensemble
des images de F, c’est-a-dire pr.F, est alors appelé l’ensemble des
éléments de la famille F.
Pour noter l’image unique par F d’un argument x d’un graphe fonc-
tionnel F, on utilise le symbole
F (2)
constitué par la lettre F, suivie de la lettre x, elle-méme entourée de
parenthéses rondes et non anguleuses. Ce symbole désigne exactement
le prototype des objets y tels que (x, y) EF; il n’est pas défini si objet x
n’appartient pas a pr:iF et, par conséquent, n’a pas de sens dans ce cas.
Il doit étre soigneusement distingué du symbole F< 2» qui, lui, est
défini pour tout objet x et désigne l’ensemble (et non le prototype) des
objets y tels que (x, y) € F; ’ensemble F < x > est réduit a un seul élément
si xX appartient a pr,F et, au contraire, égal a l’ensemble vide si x
n’appartient pas a pr. F.
Lorsque le graphe fonctionnel F est appelé une famille, l’image unique
par F d’un indice + de la famille F est appelée ’élément d’indice : de
la famille F; on utilise alors, pour noter cette image, le symbole
FP,
constitué par la lettre F, suivie, en position d’« indice » inférieur droit,
de la lettre 1; ce symbole est lu : F-indice-iota ou, plus simplement,
F-iota. I] désigne le prototype des objets y tels que (, y)€ F et remplace
ainsi le symbole F(:), lui-méme susceptible d’étre employé; comme F(:),
il n’est défini et n’a de sens que si s désigne un indice de la famille F.
La notation F, est appelée notation indicielle de élément d’indice 1
dest,
Lorsque la lettre « désigne un indice quelconque de la famille F, on
dit que F, est élément général de la famille F; on dit aussi, assez
volontiers, que F, est le terme général de la famille F.
Pour désigner la famille F elle-méme, dont l’ensemble des indices
est noté I, on utilise, concurremment avec F, la notation

(Fi).e1
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 105

constituée par le symbole F,, entouré de parenthéses rondes et suivi,


en « indice » inférieur droit du symbole « 1€I»; ce symbole est lu :
famille F d’indices iota. On peut ainsi écrire correctement :
r= (F,): e1

lorsque la famille F est donnée.


Souvent méme on supprime le symbole «:€I» de la notation précé-
dente, ce qui autorise a écrire, pour une famille F, précisée au préalable,
Fes (Fp)
Enfin, lorsque les éléments de F sont peu nombreux, par exemple F,,
F;, F;, on peut écrire :
F=(8), Fp, Fo).
Pour que deux familles (F,),e1 et (F:),e1 soient égales, il faut et il
suffit que
iss COR Sai Wilabe ae
pour tout « appartenant a I.
L’ensemble des éléments d’une famille F dont l'ensemble dindices est
noté I, c’est-a-dire l’ensemble pr.F, est appelé ensemble indexé par
Vensemble I. Un ensemble indexé n’est donc pas un ensemble tout
court, mais la seconde projection d’un graphe fonctionnel. Parler d’un
ensemble indexé suppose qu’on a introduit, par axiome ou démons-
tration, un graphe fonctionnel. Cependant, tout ensemble E peut étre
considéré comme un ensemble indexé : il suffit de construire le graphe
formé par la diagonale A, de E®; ce graphe évidemment fonctionnel
fait correspondre a chaque élément: de E l’image (A,,), = de E, de sorte
que E apparait comme la seconde projection d’un graphe fonctionnel.
Chaque élément d’un ensemble indexé est, par définition, image d’un
ou plusieurs indices de la premiére projection du graphe fonctionnel
dont il est lui-méme la seconde projection.
Remarque. — Tres souvent, dans les mathématiques courantes,
on confond oralement une famille F avec Vensemble des éléments
de cette famille, c’est-a-dire avec proF.
Toute partie d'une famille F est appelée une sous-famille de la
famille F.
Une famille dont ensemble d’indices est un ensemble de couples (c’est-
a-dire un graphe) est dite famille double ou encore famille a deux
indices; de méme, une famille dont l’ensemble d’indices est un ensemble
de triplets est dite famille triple; d’une facon générale, une famille est
dite famille multiple lorsque son ensemble d’indices est un ensemble de
multiplets admettant tous le méme nombre de composantes. Dans le cas.
d’une famille multiple on distingue les composantes de chaque indice en
disant, premier indice, deuxiéme indice, etc., malgré l’abus de langage.
106 TITRE II. — CHAPITRE I.

c. Matrices. — Une matrice est, par définition, une famille dont


l’ensemble d’indices est lui-méme le produit de deux ensembles.
La notion de matrice est donc une espéce du genre famille double.
Une matrice quelconque est habituellement notée au moyen du
symbole « M », initiale du mot matrice. L’ensemble des indices est habituel-
lement noté au moyen du symbole «IxK»; un élément quelconque
du premier ensemble facteur I est désigné par «1» et est appelé un
premier indice; un élément quelconque du second ensemble facteur K
est désigné par «x» (lu : kappa) et est appelé un second indice.
Lorsque les ensembles facteurs du produit constitué par les indices de M
sont notés de cette maniére, on dit que la matrice M est de type (I, K).
Contrairement a lusage général suivi pour les familles, l’élément général
de la matrice M de type (I, K) est noté, non pas M,.,,,, mais m.,, symbole
obtenu en substituant la minuscule m a la majuscule M et en supprimant
la parenthése et la virgule dans la notation du couple (:, x). La matrice M
elle-méme peut étre alors notée au moyen du symbole

(Mx) «.,%)EIxK

souvent abrégé en (m.,), de sorte qu’on peut écrire


M = (mix), WEIXK= (Mix).
Pour que deux matrices M et M’ soient égales, il faut et il suffit qu’elles
soient de méme type et que, pour tout couple (1, x) d’indices,

|Thin bree

Une sous-famille d’une matrice n’est généralement pas une matrice,


car une partie d’un produit n’est généralement pas un produit. On réserve
le nom de sous-matrices d’une matrice M aux sous-familles de M
qui sont elles-mémes des matrices. Une sous-matrice de la
matrice (m,,) de type (I, K) est donc une sous-famille de cette matrice
dont l’ensemble d’indices est le produit d’une partie J de I et d’une
partie L de K; la sous-matrice ainsi obtenue est notée au moyen du
symbole
(Mx) (, *)EIXL*

Au lieu de sous-matrice de M on dit aussi matrice extraite de M.


Parmi les sous-matrices de la matrice (m,,,) on distingue, pour tout :€ I,
la sous-matrice admettant pour ensemble d’indices le produit {«}xK;
on appelle cette sous-matrice la sous-matrice ligne d’indice : de (m,x)
ou, plus simplement, la ligne d’indice 1 de (m,,); on note cette sous-
matrice, d’une fagon un peu particuliére, au moyen du symbole
(Mix) xEK:
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 107

De méme, pour tout xEK, on distingue la sous-matrice admettant


pour ensemble d’indices le produit Ix { x |; on appelle cette sous-matrice
la sous-matrice colonne d’indice x de (m,,) ou, plus simplement,
la colonne d’indice «x de (m,,); on note cette sous-matrice au moyen
du symbole
(Mix) ve ie

Une sous-matrice de (m.,) admettant pour ensemble d’indices le


produit J xL d’une partie de I et d’une partie de K est dite « obtenue
en supprimant dans (m.,,) les lignes dont lindice n’appartient pas a J
et les colonnes dont l’indice n’appartient pas a L ». Inversement, on
dit que la matrice (m,,) elle-méme s’obtient en bordant la sous-
matrice (mx)u,% es. par les lignes dont Vindice n’appartient pas a J
et par les colonnes dont Vindice n’appartient pas a L.
Remarque. — Ces diverses appellations et facons de parler
proviennent de la notation habituelle d’une matrice dont l’ensemble
d’indices admet peu d’éléments. Lorsque, par exemple, I est constitué
par des éléments représentés par les chiffres 1, 2, 3 et K par des
éléments représentés par les chiffres 1, 2, l’ensemble I x K des indices
est constitue par les couples (1, 1); (1, 2), (2, 1), ©, 2), (8, 1)» ©, 2):
Pour noter cette matrice (m,,), on utilise alors le symbole obtenu
de la fagon suivante :
On écrit sur une premiere ligne, de gauche a droite, les éléments m1:
et mi2 admettant 1 comme premier indice; puis, sur une seconde
ligne, et au-dessous exactement de ceux qu’on vient d’écrire, les
éléments mo: et m2 admettant 2 comme premier indice; enfin, sur
une troisi¢me ligne, de la méme maniére, les éléments m3; et ms:
admettant 3 comme premier indice; on borde alors, a gauche et a
droite, le schéma ainsi formé de deux grandes parenthéses, ou de
deux doubles traits verticaux ou enfin de deux grands crochets.
La notation ainsi obtenue pour la matrice (m.,) considérée présente
alors l’un des trois aspects suivants :
fm, Mye 7144 M42 m4, Mie

(Mo, Moo 9 Mo, M9 }\/9 M1 M22 14


\ 731 M32 ™31 =IMm32 31 132

la premiére de ces trois notations a tendance a prévaloir 4 V’heure actuelle.


Si les éléments de la matrice considérée sont égaux a des objets
représentés par a, b, c, d, e, f, c’est-a-dire sont tels que
m1, 4, m2 = b, M24 = C, My. = d, ™m31 = €, mM3.= f,

on note alors cette matrice au moyen d’un des trois symboles :


ano GR a b
(: ‘) c dilly E ‘|
Gus. CN aes
sans que, dans cette notation, figurent les indices. C’est cette notation
qui fait dire couramment — au mépris du simple bon sens — qu’une
108 TITRE II. — CHAPITRE I.

matrice est un tableau rectangulaire d’objets (ou méme de nombres).


Il convient de souligner qu’un tableau d’objets (ou de nombres) est
un symbole (comme ANB par exemple) destiné 4 noter une matrice
(dans certains cas particuliers d’ailleurs), mais qu’en aucun cas on
ne peut se permettre de le prendre pour un des objets mathématiques
appelés matrices.

Sur les matrices les plus générales, telles qu’elles viennent d’étre
définies, on introduit une opération singulaire appelée transposition.
Etant donnée une matrice (m.x)u,xe1<x, on appelle transposée de
la matrice (m,,), la matrice dont ensemble d’indices est le
produit K xI et dont le terme général m;,, est égal a m.,,.
On note la matrice transposée d’une matrice M au moyen d’un des
symboles
‘M, M, M, Ms
lus : transposée de M. Le premier tend a prévaloir actuellement; il est
constitué par la lettre M affectée en indice supérieur gauche de lini-
tiale «f» du mot transposée. Le troisieme est constitué par la lettre M
surmontée du signe « ~ » (tilda de l’écriture espagnole); on le lit parfois :
M tildé ou M tilda.
La matrice transposée d’une matrice de type (I, K) est évidemment
une matrice de type (K, I).
La transposition des matrices est une opération involutive, ce qui
peut s’exprimer par l’identité
«(¢M) = M,
ou M désigne une matrice quelconque.
Lorsque la matrice M a peu d’éléments, la transposition s’exprime
par une manipulation tres simple sur le symbole représentant M. Ainsi,
la transposée de la matrice
a b
M= (:‘)
ony
est la matrice
OM TOWNE

Me Cota)
C’est pourquoi on dit volontiers, dans tous les cas, que la matrice trans-
posée d’une matrice M donnée s’obtient en échangeant les lignes
et les colonnes de M.
Il y a la cependant un léger abus de langage, car la colonne d’indice t
de ‘M est la matrice (m;,),ex tandis que la ligne d’indice 1 de M est
la matrice (mx)xex; ces deux matrices, malgré les apparences dues a
la notation particuli¢re — et défectueuse — des matrices-lignes et des
matrices-colonnes, ne sont pas égales, car elles ne sont pas de méme type.
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 109

2.4. Gorrespondances.

La notion de correspondance est une notion trés voisine de celle de


graphe. Elle en differe essentiellement en ce qu’une correspondance
s’exerce sur les objets d’un ensemble donné et fournit un résultat cons-
titué par des objets d’un autre ensemble donnée.
Elle donne une forme abstraite a une foule d’opérations concrétes,
parmi lesquelles on peut citer le « relevé des températures sous abri »
au cours d’une journée. Cette opération met en jeu l’ensemble des instants
de la journée, le thermométre enregistreur qui constitue l’opérateur
s’exercant sur les instants, enfin ensemble des températures possibles
ou s’inscrivent les divers résultats.
De cette observation découle toute la théorie des correspondances.

2.4.1. DEFINITIONS.

a. Correspondance entre A et B. — Pour les mathématiques, une


correspondance entre un ensemble A et un ensemble B est un
triplet admettant pour deuxiéme composante A, pour troisiéme
composante B et pour premiére composante un graphe G dont
la premiére projection est contenue dans A et la deuxieme projec-
tion contenue dans B.
En d’autres termes, une correspondance entre A et B est un objet
de la forme
(Gea)

ou G est un graphe tel que pr,GcA et pr.GcB.


Plus généralement, une correspondance est un triplet de la forme
(G, A, B), ou A et B sont deux ensembles et G un graphe remplissant
les conditions précédentes.
On note habituellement une correspondance quelconque au moyen
du symbole
if ?

initiale grecque majuscule — ou a peu pres — du mot correspondance.

_b. Correspondance. — Dire que Vobjet I est une correspondance,


c’est donc dire il existe deux ensembles A et B et il existe un graphe G
tel que pr:GcA et pr.GcB, et [ =, A, B).

c. Ensemble de départ. Ensemble d’arrivée. Graphe d'une correspondance.


— Etant donnée une correspondance I = (G, A,B), le graphe G est
appelé graphe de I, l’ensemble A est appelé ensemble de départ
de I, l'ensemble B est appelé ensemble d’arrivée de I.
110 TITRE Il. — CHAPITRE I.
L’égalité de deux correspondances (G, A, B) et (G’, A’, B’) est Pégalité
des deux triplets (G, A, B) et (G’, A’, B’); on sait qu’elle est équivalente
a la conjonction
areas?
)B=B,,
lo=e,
c’est-a-dire a l’égalité de l’ensemble de départ de (G, A, B) et de l’ensemble
de départ de (G’, A’, B’) jointe a celle de leurs ensembles d’arrivée et
a celle de leurs graphes.
Il en résulte qu’étant donnée une correspondance I’, il n’existe qu’un
seul triplet (G, A, B) tel que [ = (G, A, B); ainsi une correspondance
donnée I admet un ensemble de départ et un seul, un ensemble d’arrivée
et un seul, un graphe et un seul; on peut donc parler de l’ensemble de
départ; de l’ensemble d’arrivée, du graphe d’une correspondance I.
Remarque. — Etant données deux correspondances (G, A, B) et
(G’, A’, B’), on sait que l’égalité de leurs graphes G et G’ équivaut
a Videntité en « (G<x2x>=G’<2>); dire que les deux corres-
pondances (G, A, B) et (G’, A’, B’) sont égales équivaut done a dire
que leurs ensembles de départ sont égaux, que leurs ensembles d’arrivée
sont égaux et que, pour tout z, G<z> = G’<z>.

Etant donnée une correspondance I = (G, A, B) :


d. Ensemble des arguments. Ensemble des images. — La partie de A
constituée par les arguments de G, c’est-a-dire priG est appelée
l'ensemble des arguments de I’; la partie de B constituée par les
images de G, c’est-a-dire pr, Gest appelée ensemble des images del’.
e. Ensemble de définition. Ensemble des valeurs. — Etant donné un
objet x quelconque, pour exprimer que x est un argument de I, c’est-
a-dire que xepr.G on dit que la correspondance I est définie pour
Vobjet x. C’est pourquoi l’ensemble priG est appelé, non seulement
ensemble des arguments de I’, mais encore ensemble de définition de I’.
L’emploi du mot « définie » dans l’expression ci-dessus sera expliqué
plus loin (cf. § 2.5.1, Remarque).
Etant donné un objet y quelconque, pour exprimer que y est une
image de I’, c’est-a-dire que yepr.G, on dit que y est une valeur
prise par I’. C’est pourquoi l’ensemble pr.G est appelé, non seulement
ensemble des images de I, mais encore ensemble des valeurs de [.
L’emploi de l’expression « valeur prise par I’ » sera, lui aussi, expliqué
plus loin (cf. § 2.5.1, Remarque).
Enfin, pour exprimer l’appartenance du couple (z, y) a G, c’est-
a-dire la relation (x, y)€G, on dit, non seulement « y correspond a x
par G » ou « y est image de x par G », mais encore y correspond a x
par I ou y est image de z par I’. Ces deux derniéres expressions mettent
OPERATIONS ELEMENTAIRES. Ill

en relief le fait qu’une correspondance I entre deux ensembles A et B


est un opérateur singulaire portant sur un élément de pr, G et fournissant
comme résultat un ou plusieurs éléments de pr.G.
2.4.2. REPRESENTATION CONCRETE D’UNE CORRESPONDANCE. — La
correspondance I’, de graphe G, entre A et B, se représente concrétement
au moyen de diagrammes d’Euler ou de diagrammes a traits paralleéles,
a la maniére dont on représente un graphe.
On obtient alors lun des trois schémas suivants :

A Fig. 21. B

On utilise aussi des diagrammes a traits obliques, ce qui conduit a


des schémas du genre suivant :

=
// ;/ / ! !
/ }. 2EG ! ; | -pr,G 3
i he — f{— et - --

A ' A
112 TITRE II. —— CHAPITRE I.

Dans ce cas, le graphique de G est appelé le graphique de la corres-


pondance I. Comme pour les graphes, le graphique d’une correspondance
peut étre constitué par des points isolés, une courbe physiquement
continue (courbe représentative de la correspondance), ou remplir toute
une portion de la feuille sur laquelle on effectue la représentation de la
correspondance.

2.4.3. CORRESPONDANCES ET RELATIONS BINAIRES. — Le lien entre


correspondances et relations binaires est plus étroit que le lien entre
graphes et relations binaires.
Tandis qu’une relation binaire peut ne pas admettre de graphe, toute
relation binaire induit dans le produit de deux ensembles A et B une
relation binaire entre un élément de A et un élément de B; cette relation
binaire induite admet, évidemment, un graphe G, partie de A x B, dont
la premiére projection est contenue dans A et la deuxiéme dans B; ce
graphe G peut donc servir de graphe a une correspondance et une seule
entre A et B. Cette remarque permet de poser la définition suivante :

a. Définition. — Etant donnés deux ensembles A et B et une relation


binaire Rea, ys absolument quelconque, admettant ou non un graphe
(sous la seule réserve, d’ailleurs toujours réalisable au besoin par chan-
gement de notation pour x et y, que x et y ne figurent ni dans A ni
dans B), la correspondance (G, A, B) admettant pour graphe le
graphe G de la relation
RE, 5,
aed,
yeB

est appelée la pores Pon dace entre A et B déterminée (ou définie)


par la relation Ra, y 3.
Si lon emploie le verbe « déterminer » dans le sens ov il a été pris
dans l’expression « graphe fonctionnel déterminé par un prototype »,
on peut donc dire que toute relation binaire détermine une correspondance
entre deux ensembles donnés A et B.

b. Iniroduction d’une correspondance entre deux ensembles A et B. —


La définition précédente fournit un procédé fréquemment employé
pour introduire une correspondance entre deux ensembles A et B. Il
suffit d’énoncer une relation binaire R = x, y = quelconque, puis de cons-
truire la relation binaire entre un élément de A et un élément de B,
induite dans A x B par la relation R = a, y =; on dispose alors de la corres-
pondance (G, A, B) déterminée par la relation énoncée. Toute corres-
pondance I entre A et B peut, évidemment, étre introduite par ce procédé
puisque la relation (x, y)€G, exprimant l’appartenance du couple (a, y)
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 113

au graphe de I’, induit dans AB une relation entre un élément de A


et un élément de B dont le graphe est G lui-méme.

2.4.4. CARACTERES CLASSIQUES DES CORRESPONDANCES. — Les


caracteres des correspondances, habituellement mis en relief, découlent
d’abord de ceux de leurs graphes, ensuite de la présence des ensembles
de départ et d’arrivée.

a. Caractéres liés au graphe. — Une correspondance univoque


est, par définition, ume correspondance dont le graphe est univoque.
Mais, :tandis qu’on dit « graphe fonctionnel » pour « graphe univoque »,
on ne dit pas « correspondance fonctionnelle » pour « correspondance
univoque »; la notion de correspondance fonctionnelle ou de fonction
sera introduite au paragraphe 2.5.
Une correspondance I entre deux ensembles A et B est dite injective,
biunivoque, réflexive, symétrique, transitive ou antisymétrique, suivant
que son graphe G est lui-méme injectif, biunivoque, réflexif, symétrique,
transitif ou antisymétrique. En ce qui concerne les caracteres de
préordre, d’équivalence et d’ordre, on les réserve habituellement,
quand il s’agit de correspondances, au cas ol l'ensemble de départ est
égal a l'ensemble d’arrivée. Si Yon désigne par E lVensemble de départ
égal a Vensemble d’arrivée d’une correspondance I = (G, E, E), on
dit que l est un préordre dans E, une équivalence dans FE, un ordre
dans (ou sur) E pour exprimer que G est un graphe de préordre,
un graphe d’équivalence, un graphe d’ordre et que pr: G = pr. G= E.
Le langage acquiert ainsi une certaine cohérence intuitive puisque — on
s’en assure aisément — un graphe de préordre est effectivement le graphe
d’un préordre dans sa premiere projection; un graphe d’équivalence,
un graphe d’ordre sont les graphes d’une équivalence, d’un ordre
dans leurs premieres projections.
Une correspondance vide est, par définition, une correspondance
dont le graphe est vide, c’est-a-dire une correspondance de la
forme (0, A, B).

b. Caractéres liés a Vensemble de départ ou a l'ensemble d’arrivée. —


On dit que la correspondance I = (G, A, B) est partout définie
sur son ensemble de départ A pour exprimer que ensemble de
définition de [ est égal 4 son ensemble de départ, c’est-a-dire
que pr.G = A. On abrége souvent l’expression « I’ est partout définie
sur son ensemble de départ » en T est partout définie.
On dit que la correspondance I = (G, A, B) est surjective pour
exprimer que ensemble des valeurs de I est égal 4 son ensemble
d’arrivée, c’est-a-dire que pr.G =B. Une correspondance a la fois
injective et surjective est dite bijective.
V. ROUQUET LA GARRIGUE. 8
114 TITRE I. — CHAPITRE I.

On dit que la correspondance I est une correspondance identique


pour exprimer que l'ensemble de départ et lensemble d’arrivée
de I sont égaux 4 un méme ensemble E et qu’en outre le graphe
de I est la diagonale A, de EXE. En d’autres termes, une corres-
pondance identique est une correspondance de la forme (Ay,, E, E).
On désigne habituellement la correspondance identique d’un ensemble E
donné — dont l’existence et l’unicité sont évidentes — au moyen du
symbole «I, » lu : I-E. Pour tout x de E, x a une image et une seule
par I,,, qui est x lui-méme.
c. Représentation concréte des principaux caractéres des correspondances :

A
=
Correspondance
B . A
Correspondance
B A
we

Correspondance
B
|
univaque injective biunivoque

>
\—y.
pca==

A B E

Correspondance Correspondance Correspondance


partout définie surjective identique de E

A B
Correspondance
vide

2.4.5. IMAGE, PAR UNE CORRESPONDANCE, D’UNE PARTIE DE SON


ENSEMBLE DE DEPART.
a. Image de X. Image de |x}. — Tandis qu’on définit image, par
un graphe, d’un ensemble quelconque, on réserve habituellement la
notion d’image d’un ensemble par une correspondance au cas ou cet
ensemble est une partie de ensemble de départ de la correspondance.
Etant données une correspondance I = (G, A, B) et une partie X
de son ensemble de départ A, Vimage G< X > de X par G est appelée
lVimage de X par I et notée au moyen du symbole
DROS
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 115

Contrairement au symbole G< X» et a l’expression « l’image de X


par G » qui sont définis et ont donc un sens pour tout ensemble X, le
symbole < X > et expression « ’image de X par la correspondance IT »
ne sont définis et n’ont de sens que si X désigne une partie de l’ensemble
de départ de IL.
Les propriétés signalées au paragraphe 2.3.6 a propos de G< X»
sont donc encore applicables si, dans leur énoncé, on remplace partout G
par I sous la seule réserve que X désigne alors une partie de A. En parti-
culier, quelles que soient les parties X et Y de A et quelle que soit la
correspondance I entre A et B, on peut assurer que

PUY Sb CxSuncy , | RXR ei SPA CV

Si Tl est injective, on peut, en outre, assurer que

PDRANS SUBCSO A IaS et que |rex—Y>=Fc<x>—T<Y>.

Naturellement, pour tout élément x de l’ensemble de départ A, Vimage


de | x} par G, c’est-a-dire la coupe de G suivant x est appelée Vimage
de {x} par I ou encore la coupe de I suivant x. Cette coupe, déja
novee Gai ou .G.G ar. est. encore. notées T.Gi xs > oun <g>.
L’égalité de G< x» et de <x» pour tout x appartenant 4 A permet
alors d’assurer les identités conditionnelles

(Wz) (Wy) (2, y)EG & yeG<vy — yer <a).


D’autre part, cette méme égalité permet de caractériser 4 nouveau
Pégalité de deux correspondances.
Pour que deux correspondances V et ¥’ de graphes G et G' soient égales,
il faut et il suffit qu’elles aient méme ensemble de départ A, méme ensemble
d’arrivée et que, pour tout x appartenant a leur ensemble de départ commun A,
COTA Di A BO Si RE Os
La condition est évidemment nécessaire. Elle est suffisante car, si
T<x>=I"’<2z> pour tout reA, alors G<xr>=G'<2x)> pour
tout ce A; comme, d’autre part, G<x>» et G’< az» sont vides si r€A,
on. yoit que, pour tout 2, G<2> = G’< x>, done quel =I’.

Remarque. — Le symbole <x> n’est défini et n’a done de sens


que si x appartient a l’ensemble de départ A de l'; le symbole G < x >
est au contraire défini pour tout objet zx.

La notion d’image de X par [ conduit a d’autres notions impor-


tantes : celles de parties stables, parties invariantes, éléments invariants;
elle fournit en outre un nouveau procédé pour introduire une corres-
pondance entre deux ensembles.
116 TITRE IJ. —~ CHAPITRE I.

b. Parties stables. Parties invariantes. Eléments invariants. — Etant


donnée une correspondance T = (G, A, B), on dit que :
Une partie X de A est stable pour I pour exprimer que ’image
de X par I est contenue dans X, autrement dit que '< X >cX;
Une partie X de A est invariante par I ou encore que I laisse X
invariante pour exprimer que image de X par I est égale 4 X,
autrement dit que [< X> =X;
Un élément x de A est un élément invariant par I’ ou encore
que I laisse l’élément x invariant pour exprimer que image de | x }
par [ est égale a {x}, autrement dit que T¢x7> = {2}.
Souvent on réserve les notions de parties stables, parties invariantes,
éléments invariants au cas ot A = B. Dans ce cas, surtout, et quand les
éléments de A sont appelés des points — A lui-méme étant alors appelé
un espace (langage dit « géométrique ») — au lieu de « x est invariant
par I », on emploie l’expression x est un point fixe de I ou encore
lexpression « est un point double de I’.
Tout élément d’un ensemble E est, évidemment, invariant par la corres-
pondance identique I,, de cet ensemble qui est lui-méme une partie invariante
ainsi, d’ailleurs, que chacune de ses parties.
Si tous les éléments d’une partie X de l’ensemble de départ sont inva-
riants par I’, X est, évidemment, une partie invariante par I’. Mais une
partie X peut étre invariante par I sans que tous ses éléments soient
invariants.
On dit dans le premier cas que X est invariante point par point
et dans le second que X est globalement invariante.

c. Correspondance entre A et B qui donne de {x} Vimage T2xus. —


Pour introduire une correspondance entre deux ensembles, on utilise
fréquemment un procédé qui repose sur la remarque suivante :
Etant donné un objet en 2, Téa, présentant la particularité selon
laquelle, pour tout x appartenant a un ensemble A donné, T =x soit une
partie d'un ensemble B donné, alors il existe une correspondance V et une
seule entre A et B telle que, pour tout x appartenant a A, on ait
Liebe 2s,
L’unicité d’une telle correspondance est a peu pres évidente, car si
deux correspondances I et I’ entre A et B remplissent la condition de
l’énoncé, alors ces deux correspondances ont méme ensemble de départ A,
méme ensemble d’arrivée B et, pour tout x appartenant a A,
Dorp = Tore et Ic a> = Tors: il en, resulte, que, pour outa
appartenant a A, l<x>=TI" <2), ce qui suffit, on le sait, 4 assurer
Végalité de et de I’.
Pour établir l’existence d’une telle correspondance, il suffit de faire appel
ala correspondance l entre A et B déterminée par la relation (ye T <x 2).
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 117

En effet, le graphe G de cette correspondance [ est aussi le graphe


de la relation
|YETSxs,
“eA,

|yes,

relation qui sera désignée ici par Sa, ys.


La relation S22, y= est équivalente a la relation ((x, y)€G), elle-
méme équivalente a la relation (yEG< x»).
Mais Sé2, ys est équivalente a la relation (yEeTSaxs et xreA)
puisque TSx¢ est, par hypothése, une partie de B pour tout x appar-
tenant a A; d’autre part, la relation (yeEG<wx)>), équivalente
a Séa,y, entraine en particulier comme cette derniére (re A), d’ot
il résulte que (yeEG< a>) est équivalente 4 (yEG<x> et xe A). Ainsi
on peut assurer que, pour tout x et tout y,

Venowe e( yeGce>,
ves § SleeAy

dot l’on déduit l’équivalence

vyEeTEes |tae ( vel a>


xed j | w@eA;

on conclut alors que T=a<¢ et '<x> sont égaux pour tout x appar-
tenant a A, ce qui achéve d’établir l’existence.
La correspondance unique entre A et B déterminée par les
conditions de l’énoncé précédent est appelée la correspondance
entre A et B qui donne de {x} VPimage T<¢725.
Il convient de souligner que cette derniére expression n’est définie
et n’a de sens que si T= a¢ est une partie de B pour tout x appartenant
a A.
Pour introduire une correspondance entre deux ensembles donnés A
et B, il suffit done d’introduire un objet T= 25, partie de B pour tout x
de A, et de faire appel a la correspondance entre A et B qui donne
de {x} Vimage TSazs. Toute correspondance I entre A et B peut,
évidemment, étre introduite par ce procédé, puisque I’ donne de {2}
Vimage I< x >. Des exemples importants de l’application de ce procédé
seront donnés au paragraphe 2.4.6.

2.4.6. OPERATIONS SUR LES CORRESPONDANCES. — Les deux opérations


fondamentales définies 4 propos des graphes — passage au réciproque
et composition — se retrouvent naturellement a propos des corres-
pondances, mais on leur adjoint plusieurs autres opérations qui jouent,
elles aussi, un role de premier plan dans toutes les mathématiques.
118 TITRE I]. — CHAPITRE I.

a. Passage ad la réciproque d’une correspondance. — Etant donnée


une correspondance I = (G, A, B), on sait que le graphe réciproque G7’
de G est une partie de BxA; la premiére projection de G~™ est donc
contenue dans B et la seconde projection dans A; le triplet (G~', B, A)
est ainsi une correspondance entre B et A.
Par définition, la correspondance (G~', B, A) est appelée la corres-
pondance réciproque de la correspondance (G, A, B).
C’est aussi la correspondance entre B et A qui, pour tout y appar-
tenant a B, donne de {|y} limage Gees, c’est-a-dire Vimage réci-
proque de {yj} par G.
Pour noter la correspondance réciproque d’une correspondance notée [
on emploie l’un des deux symboles
ad
| eae a

De cette notation résulte que, pour tout x de A et tout y de B, on peut


assurer
(i yieG <5 -veGcr> = VeEWGry as Cy ZeeG 4
ea reGe Cy Fir 6 lat ey

Le passage de I’ a I est une opération singulaire, définie pour toute


correspondance, et appelée passage a la réciproque d’une corres-
pondance; cette opération consiste a permuter ensemble de départ
et ensemble d’arrivée de I’, puis 4 remplacer le graphe de I par son réci-
proque. Sur la représentation concréte on change le sens des fléches et lon
permute les dénominations « ensemble de départ » et «ensemble d’arrivée ».
L’image, par I—', d’une partie Y de ensemble d’arrivée B de [
déja appelée « image réciproque de Y par G », est encore appelée image
réciproque de Y par I.
Le passage a la réciproque d’une correspondance est, naturellement,
une opération singulaire involutive, de sorte que

(i )4=eP;

il en résulte que l’égalité de deux correspondances équivaut a l’égalité


de leurs réciproques.
L’effet, que produit le passage a la réciproque sur les principaux
caractéres d’une correspondance, s’exprime par l’énoncé suivant :
Par passage a la réciproque, une correspondance :
— univoque devient injective;
— injective devient univoque;
— partout définie devient surjective;
— surjective devient partout définie.

le
ag
aee
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 119

On sait déja (cf. §2.3.7¢) que le graphe réciproque d’un graphe


univoque est un graphe injectif et que le graphe réciproque d’un graphe
injectif est un graphe univoque. Les deux premiéres parties de l’énoncé
en résultent aussitot.
Quant aux deux derniéres, 4 peu pres évidentes elles aussi sur un
ius d’Euler, elles résultent des remarques suivantes. Soient
= (G, A, B) une correspondance entre A et B et [-*= (G™,B, A)
sa correspondance réciproque.
Si I est partout définie sur son eee de départ A, alors pr,G = A;
mais pr2G-!= pr,G, donc pr,G-*= A; en d’autres termes, l’ensemble
des valeurs de I~! est égal 4 son ensemble d’arrivée, ce qui prouve que I
est surjective.
Sig.t west. surjective, alors pr,G—=B; mais pr,G*= pr.G, “done
pri.G-'=B; en d’autres termes, l’ensemble de définition de I est
égal 4 son ensemble de départ, ce qui prouve que I’ est partout définie
sur son ensemble de départ.

b. Composition des correspondances. — La définition de l’opération


binaire qu’on appelle composition des correspondances se heurte
a une petite difficulté. Tandis que la composition des graphes est définie
pour deux graphes quelconques, celle des correspondances n’est définie
que pour deux correspondances présentant la particularité suivante :
Vensemble d’arrivée de la premiére est égal a l'ensemble de départ de la
seconde.
Etant données deux correspondances IT = (G, A; B) et I’ = (G’, B, C)
remplissant cette condition, le graphe G’oG, résultant de G et G’, ou
composé de G’ et de G, admet, comme on I’a vu au paragraphe 2.3.7,
une premiére projection contenue dans pr:G donc dans A et une deuxiéme
projection contenue dans pr.G’ donc dans C; le triplet (G’oG, A, C)
est ainsi une correspondance entre A et C.
Par définition, la correspondance (G’oG, A,(C) est appelée la
correspondance résultante de I et de I” ou encore la correspondance
composée de I” et de I.
C’est aussi la correspondance entre A et C qui, pour tout x appartenant
a A, donne de {x} l'image (G’ o G)< x, c’est-a-dire image G’¢ G<x>>,
ou encore l’image I’< [<z>>.
Pour noter la correspondance composée de I’ et de I, on emploie
le symbole
els
his Dorondsl;
L’opération binaire qui conduit de deux correspondances convenables I
et I’ A la composée I’ oT de I’ et I, c’est-a-dire a la résultante de T
et I’, est appelée composition des correspondances.
120 TITRE II. — CHAPITRE I.

Elle posséde des propriétés analogues a celles des graphes.


La correspondance I’ oI, composée de I’ et IT, admet une corres-
-i1 -—1 =f at |
pondance réciproque égale 4 la composée Io I’ de F et de I’. En d’autres
termes,

=1
En effet, si T = (G, A, B) et I’ = (G’, B, C), la réciproque I de I est
= {—1

égale a (G~', B, A) et la réciproque I" desi. a (G'aG: B); il en résulte


qu’on peut effectuer la composition de 1’ et del et, d’apres les propriétés
des graphes réciproques, que Det (G wet C3 A) est la réciproque
de I’ oT.
La composition des correspondances est associative a condition, naturel-
lement, que l’itération puisse étre effectuée. En d’autres termes, si I,
r,, I’; sont des correspondances convenables, on peut assurer que

| P30 (Peol,) = (Lse0P2) oV4.

De méme, a propos des images d’une partie X de A, on peut assurer que

Re See Ss)
En particulier,

(MoD) Ce p= CU Ce >>:

L’effet, que produit la composition des correspondances sur leurs


principaux caractéres, s’exprime par l’énoncé suivant :
La correspondance composée de deux correspondances:
— univoques est univoque ;
— injectives est injective;
— partout définies est partout définie;
— surjectives est surjective.

Dans un langage un peu imagé, on peut dire que la composition des


correspondances conserve leurs caractéres d’univocité, leurs caractéres
d’étre toutes deux injectives, toutes deux partout définies, toutes deux
surjectives.
Ces propriétés sont assez évidentes sur un schéma d’Euler. Elles peuvent
se démontrer de la fagon suivante. Soient deux correspondances
T = (G, A, B) et I’ = (G’, B, C); on sait que, pour tout « appartenant
a A,
(Lol)
a SNK DBD DS
OPERATIONS ELEMENTAIRES. [21

Si Tl et I’ sont toutes deux univoques, alors, pour tout x appartenant


aA, <2» est vide ou réduit 4 un seul élément; I’ <I <x >> est alors,
de son cété, vide ou réduit a un seul élément; il en résulte que (I’ oT)< a>
est, pour tout x appartenant a A, ou bien vide ou bien réduit a un seul
élément, ce qui prouve que I’ oT est univoque.
Si T et I’ sont toutes deux injectives, on sait que I et I” sont toutes
deux univoques; or, (I’oT)~ est égale a Tools. donc, d’apres ce qui
précede, (I’ oT) est univoque et sa correspondance réciproque, qui
n’est autre que I’ oT, est injective (cf. a).
En ce qui concerne le caractére d’étre partout définies, on sait
(cf. §2.3.76) que pour deux correspondances quelconques TI et I’ de
graphes G et G’, on peut assurer que pri(G’ o G) = G"'< pr:G’ 5; on sait,
d’autre part, que si XD>pr.G—, alors G-'< X > = pr.G—. Ces résultats
étant rappelés, on observe que si Il = (G, A, B) et Il’ = (G’, B, C) sont toutes
deux partout définies, alors pr,G = A et pr,G’ =B; donc pr,G’D>pr.G
Ceapalecwitea prai7 > prac sien resulte que G-*< preGy> — preG;
comme pr.G"'= pr,G = A (puisque I est partout définie sur A), on
voit que G-' <<pr, G’ >, c’est-a-dire pr;(G’ o G), est égale 4 A; cela prouve
que I” oT est partout définie sur son ensemble de départ A.
Si © et I’ sont toutes deux surjectives, on montre, par passage a la
=1 —1
réciproque, que I'’oT est elle-méme surjective. En effet, f et I’ sont
—1 —41
alors toutes deux partout définies; or (I’ oI)“ est égale a Pol’; done,
d’apreés ce qui précede, (I’ ol) est partout définie sur C et sa corres-
pondance réciproque, qui n’est autre que I’ oT’, est surjective.
c. Correspondance induite sur une partie de E par une correspondance
entre l'ensemble E et lui-méme. — Etant donnée une correspondance
Tl = (G, E, E) entre un ensemble E et l'ensemble E lui-méme, soit C une
partie de EK. La correspondance entre C et C, déterminée par la
relation (yel<x>) est appelée la correspondance induite par I
dans C.
Le graphe de cette correspondance est celui de la relation binaire en x
ety
Pe
ve,
ee C.

La correspondance induite par I dans C est donc aussi la correspondance


entre C et C qui, pour tout x appartenant a C, donne de {|x} lVimage
(Tce >)ac.
d. Restriction d’une correspondance a une partie de l'ensemble de départ.
Coincidence de deux correspondances dans une partie de leur ensemble
de départ. — Etant donnée une correspondance IT = (G, A, B) entre
122 TITRE II]. — CHAPITRE I.

un ensemble A et un ensemble B, soit C une partie de son ensemble de


départ A. La correspondance entre C et B qui donne de (| 2x}
Vimage I’ < x» est appelée la restriction de I’ a C. II est clair que cette
définition est correcte puisque, pour tout x appartenant a C, [<2 > est
une partie de B.
Le graphe de la restriction de I a C est celui de la relation binaire
ene eb: Yi:
YET C2),
LEC,
veb,

relation d’ailleurs équivalente 4 (ye <a> et weEC) puisque T<2r>


n’a de sens que pour xEA et que, dans ces conditions, ' <x > est une
partie de B, donc y un élément de B. La restriction de I a C est notée
au moyen du symbole
r/c
lu : gamma sur C.
Y et [/C ont méme ensemble d’arrivée — ce qui distingue la restriction
a C dela correspondance induite dans C — et, pour tout x appartenant a C,

|(LAC) fe es Ine Se

La notion de restriction d’une correspondance a une partie de


Yensemble de départ permet de dégager celle de coincidence de deux
correspondances dans une partie commune a leurs ensembles de départ.
On dit que les deux correspondances [| =(G,A,B) et
I’ = (G’, A’, B’) coincident dans l’ensemble E pour exprimer que E
est contenu dans les ensembles de départ A et A’ de I et I’ (donc
dans An A’) et que, pour tout x appartenant a FE, l<r> =I’ <a>.
Dire que les correspondances IT et I’ coincident dans une partie E
commune a leurs ensembles de départ, revient donc a dire que, pour
tout x de E, les deux correspondances donnent de { 2} la méme image.
Deux correspondances égales coincident, é¢videmment, dans leur
ensemble de départ commun. Si deux correspondances ont méme enseinble
de départ, méme ensemble d’arrivée et coincident dans leur ensemble
de départ commun, elles sont égales. Par exemple, lorsque deux corres-
pondances I et I’ ont méme ensemble d’arrivée et coincident dans un
ensemble E, leurs restrictions 4 E sont égales; inversement, si les restric-
tions [/E et I’/E de deux correspondances [ et I’, a une partie
commune E de leur ensemble de départ, sont égales, alors [ et I’
coincident dans E.
e. Prolongements d’une correspondance. — Etant donnée une corres-
pondance I = (G, A, B), toute correspondance I’ = (G’, A’, B’) qui
remplit les conditions : B’ contient B, A’ contient A, et, pour tout x
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 123

appartenant a A, I[’<x>=I<2x>,
/
est appelée un prolongement
de la A’.
Dire que I’ est un prolongement de I revient donc a dire que l’ensemble
de départ de I’ contient celui de I, que l’ensemble d’arrivée de I’ contient
celui de I et que, pour tout x de l’ensemble de départ de I, I’ donne
de {|x} la méme image que I’. Cela revient encore 4 dire que I’ coincide
avec I’ dans l’ensemble de départ de I et que son ensemble d’arrivée
contient celui de YL.
Il est clair que toute correspondance est un prolongement de sa
restriction 4 une partie quelconque de son ensemble de départ. Mais
une restriction admet généralement d’autres prolongements que la
correspondance dont elle est issue : un schéma d’Euler le suggere aussitét.
Le procédé le plus général permettant de construire un prolongement
d’une correspondance IT = (G, A,B) a un ensemble A’ contenant A
consiste a effectuer les opérations suivantes :
On introduit un objet T=ax tel que, pour tout x appartenant au
complémentaire A’ — A de A par rapport a A’, TS soit une partie
dun ensemble B’ contenant B;
on construit ensuite la relation binaire R=x, y= exprimée par
( BEA => yel< £>
lweA'—-A => yeTS$e8,

relation qu’on peut encore exprimer par


jyel<z> si xeA,
lyeTSsxe si ceA’—A;

la correspondance I” entre A’ et B’, déterminée par cette relation R= a, y§,


apparait aussit6t comme un prolongement de I, puisque, pour tout x
appartenant a A, Vimage I’<a> de {7} par I’ est égale a T< x.
En particulier, si B n’est pas vide, on peut prendre pour objet Teas
Vensemble { b}, ot b est un élément de B, de sorte que si B n’est pas
vide il existe au moins un prolongement de Y a un ensemble A‘ contenant A.
D’ailleurs, si B est vide, on peut toujours trouver un ensemble B’ non
vide et contenant B (quand ce ne serait que { @ }) et prendre alors pour
objet T Sas l’ensemble } b} ot b est un élément de B’; on obtient donc
encore un prolongement.
Remarque. — On peut montrer que, pour tout x appartenant a A’,
la relation R <= x, y =, construite ci-dessus, est équivalente a la relation
(qui est une disjonction)
SxeA et yer<ay,
SP ey Ce 47S Sas
cela explique que certains auteurs introduisent un prolongement I’
par cette derni¢re relation, au lieu de l’introduire par Ra, yé.
124 TITRE Il. — CHAPITRE I.

f. Inverses a gauche, inverses a droite de certaines correspondances. —


Les notions d’inverses a gauche et d’inverses a droite de certaines corres-
pondances sont liées 4 une remarque importante concernant la compo-
sition d’une correspondance I et de sa réciproque I~’.
Soit une correspondance [ = (G, A, B); soient, d’autre part, I, et I,
les correspondances identiques de A et de B. On pourrait penser que la
composée de [-' et de T est égale a I, et que celle de I et de I est égale
a I,, en imaginant intuitivement qu’aller de A 4 B par certains chemins,
puis revenir de B a A par les mémes chemins, raméne aux points de
départ. En fait, c’est une erreur quand il s’agit d’une correspondance
quelconque. La proposition suivante précise quelles conditions doit
remplir I pour que cette propriété soit exacte.
Etant donnée une correspondance Y = (G, A, B),
— pour que
—1
ror=|,,

il faut et il suffit que V soit injective et partout définie;


— pour que
=I
onie——nles

il faut et il suffit que V soit univoque et surjective.


La seconde partie de cette proposition est une conséquence presque
immeédiate de la premiere. Soit, en effet, I’ la correspondance réciproque
de I, de sorte que I’ =. Sif ol = I,, alorsT’oI’ = I,, ou B désigne
lensemble de départ de I’; donc, d’aprés la premiere partie de la propo-
=
sition, I’ est injective et partout définie; il en résulte que I’ = T est
—4
univoque et surjective. Inversement, si I est univoque et surjective, I’ =.
est injective et partout définie; donc, d’aprés la premiere partie,
Tote I,; il en résulte que To r= LES
La premiere partie de la proposition peut s’établir de la maniére suivante
qui montre que la condition qu’elle énonce est d’abord nécessaire et
ensuite suffisante.
Sil’ of =1,, ensemble de définition de I'o I est égal A celui de I,
c’est-a-dire a A; on sait, d’autre part (cf. §2.4.65), que pour deux
correspondances I et I’ dont on peut effectuer la composition, l’ensemble
de définition de I’ oT est contenu dans l'ensemble de définition pr,G
de l; donc AcpriG et, comme priGcA, pr.G = A; cela prouve que [
est partout définie sur son ensemble de départ A.
Pour établir que I est injective, on montre que le graphe G de I est
injectif, c’est-a-dire que la relation («, y)€G est, pour tout y, univoque
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 125

en x, ou enfin que, si deux éléments xv’ et x” de A ont une image commune


par G (ou par I), ces deux éléments sont égaux.
On sait (cf. §2.4.6 a) que, pour une epires pendence I quelconque, la
relation ye I< x» est équivalente a la relation ver <<y >, c’est-a-dire
toute image de x par admet x comme image par I~ et réciproquement.
On en déduit, pour deux éléments xv’ et x” de A ayant une image
commune y par I’, l’implication

Yensemble { y } étant une partie de I < x’ > et aussi une partie de [< x" 5,
on sait qu’on peut assurer que (cf. §§ 2.4.5 a et 2.3.6)
Aj nf
=i! A)

oe ay eet SExy DEV eT Ca" >>


—1
si l’on tient compte de ’hypothese Io = I,, faite ici sur l’, on constate
que les seconds membres des inclusions précédentes sont respectivement
égaux a {|x’ } et {x” |, de sorte que

1
enfin, comme 2x’ et x” sont des élements de [<< y>, on en déduit que
a’ ef a},
av elo! },

la deuxieme ou la troisieme appartenance suffisent a assurer que 2’ = x",


donc que I est injective, ce qui achéve de montrer que la condition
énoncée est nécessaire.
Pour établir que cette condition est suffisante, il convient de montrer
que, pour tout x de A, (is r) <z>={2}, c’est-a-dire que l'image
par P—' de l’ensemble I< x» est réduite a l'ensemble | x}. On y parvient
en montrant d’abord que image par I de | y}, ot y est un élément
de <a>, est réduite 4 {x}, en montrant ensuite que l’ensemble des
images, par I—', des éléments de I< a)» est lui-méme réduit a {7}.
Que l'image par I“ de { y }, ot. y est un élément de <x 5, soit réduite
a{ a}, est a peu prés évident du fait que I est injective, donc I univoque.
En effet, si ye I< x >, alors vel <y); x étant un élément de T<y>
et l’ensemble The y > admettant au plus un élément puisque I est
univoque, cet ensemble est réduit a {x}.
126 TITRE II]. —~ CHAPITRE I.

Que l’ensemble des images, par I, des éléments de I< x > soit lui-
méme réduit a { 2} apparait alors intuitivement certain. Les remarques
suivantes justifient cette intuition. On sait que, par définition, l’ensemble
des images, par I-', des éléments de [<a> est ensemble groupant
les objets x’ tels que
=—1
(3) (yer <a> et aercy. S);

la conjonction, soumise au quantificateur existentiel, entraine que


T'<y' >=} x} puisqu’elle exprime en particulier que y’ est un élément
mal . . , ,

de [<x>; cette conjonction entraine donc la relation


yelcu> et Le}x }

qui, a son tour, entraine la conjonction précitée, pour la méme raison;


conjonction et relation sont donc équivalentes. L’ensemble groupant
les objets x’ dont il a été question est donc égal a celui qui groupe les
objets x’ tels que
(Ay )(yelcr> et we, x});
il est aussi égal 4 celui qui groupe les objets x’ remplissant la condition

CAC Veena).
Brera.

car, on le sait (cf. Titre I, chap. IH, § 2.6.6d), cette derniére relation est
équivalente a la précédente.
Ces remarques faites, on distingue deux cas, suivant que l’ensemble
de départ A de I est non vide ou vide. Si A n’est pas vide, alors, pour
tout x de A, [<a> nest pas vide puisque I est partout définie sur A;
la relation (A y’) (y’e€0<2x>) est alors vraie et la condition imposée
aux objets x’ est équivalente a (ve; x}). Il est clair que l'ensemble
des objets x’ remplissant cette derniére condition est ensemble | 2 }.
Si A est vide, comme IT est partout définie sur A, la premiére projec-
tion pr,G de son graphe est égale a A, donc vide et G = @; donc, pour
tout z, G< a> est vide et, en particulier, pour tout x de A, G<2z>,
done ['< x» est vide; la relation (A y') (y’el'<2z>) est alors fausse
et la condition imposée aux objets x’ est une impossibilité; l’ensemble
groupant ces objets est donc lensemble vide. Mais il n’empéche que
c’est aussi l’ensemble | x}, ou x est un élément de A (= 9); on sait,
en effet, que (Vx) (teG—R=2x-) est une relation vraie quelle que
soit la relation R= x=; on peut donc assurer que pour tout x appar-
tenant a A, {x} = @.
Cela acheve d’établir que l’hypothése selon laquelle [ est injective
et partout définie entraine la conséquence Pele re
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 127

Remarque. — Si l’on répugne a utiliser les remarques concernant


le cas ot. A est vide, on peut traiter ce cas, dés le début de la démons-
tration relative a la condition suffisante. On dirait alors, des le début :
si A est vide, le graphe G de I est vide puisque I est partout définie;
G—' est lui-méme vide et G o G = M9; or la correspondance identique
de A=9 est la correspondance (0, 9,9) qui est bien égale a
(G o G, A, A) puisque G oG et A sont vides.

Les notions d’inverses 4 gauche et d’inverses a droite de certaines


correspondances sont des généralisations de la notion de correspondance
réciproque. = '
Soit une correspondance I = (G, A, B); soient, d’autre part, I, et I,
les correspondances identiques de A et de B.
On dit qu’une correspondance I” est une correspondance inverse
a gauche de la correspondance I pour exprimer que
TEMS 1D ed lige

On dit, de méme, qu’une correspondance |” est une correspondance


inverse a droite de la correspondance I pour exprimer que
Mor ols

Une inverse a gauche I’ de [. a, évidemment, A pour ensemble d’arrivée


et B pour ensemble de départ; de méme, une inverse 4 droite I” de I
a, elle aussi, B pour ensemble de départ et A pour ensemble d’arrivée.
En d’autres termes, toute inverse a gauche et toute inverse a droite
de I’ sont des correspondances entre B et A.
Il est clair que, si I’ est inverse a gauche de I’, alors I’ est inverse a
droite de I’; de méme, si I” est inverse 4 droite de I, alors I est inverse
a gauche de I’.
Le lien entre inverses 4 gauche et inverses a droite de I est précisé
par la proposition suivante, 4 peu prés évidente sur un schéma d’Euler.
Pour qu’une correspondance I’ soit une inverse a gauche de la corres-
=!
pondance TY = (G, A, B), il faut et il suffit que V' soit une inverse a droite
=

aeit".
Pour qu’une correspondance 1" soit une inverse a droite de la corres-
=4)
pondance V = (G, A, B), il faut et il suffit que I" soit une inverse a gauche
de IY.
En effet, si I’ est une inverse a gauche de I, on peut assurer que
I’olf =]I,; la correspondance réciproque de I, étant I, elle-méme,
ted =1
(LGoT)-t-—= 1, clest-a-dire Vie I’ = 1,5: l’est:.done. bien): une <inverse
a droite de I.
128 TITRE II. —— CHAPITRE I.

D’autre part, si I’ est une inverse a droite de I’, on peut assurer


ae ® a Lad et

que I elves I,; on en déduit, comme précédemment, que (Te Tels a ie


c’est-a-dire que I’ oT = I,; I’ est donc bien une inverse a gauche de I.
La seconde partie de l’énoncé se démontre de maniére analogue.
Au contraire du passage a la réciproque, le passage aux inverses a
gauche ou a droite ne peut pas étre effectué sur toute correspondance.
La proposition suivante indique certains cas (mais non tous) ol cette
opération est possible.
Pour quwune correspondance 1 admette une inverse a gauche, il est néces-
saire (mais non suffisant) qu’elle soit partout définie. Pour qu’une corres-
pondance V partout définie admette une inverse a gauche, il est suffisant
(mais non nécessaire) que celle correspondance (partout définie) soit injective.
Pour qu’une correspondance V admette une inverse a droite, il est nécessaire
(mais non suffisant) qu’elle soit surjective. Pour qu’une correspondance
surjective Y admette une inverse a droite, il est suffisant (mais non nécessaire)
que cette correspondance (surjective) soit untvoque.
En effet, si la correspondance I’ = (G, A, B) admet une inverse a gauche
IY =.(G',.B, A), Végalité To I = 1; \entraine: Dégalité, pr, (Gee G)i— A;
or, on le sait, pri(G’ o G) est contenue dans pr,G, elle-méme contenue
dans A; par suite, AcpriGcA et priG = A, ce qui prouve que I est
partout définie.
D’autre part, si l est partout définie et injective, la correspondance I,
réciproque de I, est telle que pee I,, donc T admet une inverse a
gauche, a savoir I,
Pour démontrer la seconde partie de la proposition, on peut procéder
de maniére analogue. Si I = (G, A, B) admet une inverse a gauche
I” = (G", B, A), Pégalité [oT = I, entraine lVégalité pr.(G@o G") = B;
or, on le sait, pr.(GoG") est contenue dans pr.G, elle-méme contenue
dans B; par suite, Bcpr.GcB et pr.G =B, ce qui prouve que I est
surjective.
D’autre part, si I est surjective et univoque, la correspondance réci-
proque I de I, est telle que [fo l-'= Is, done I admet une inverse
a droite, 4 savoir I—.
De la proposition ainsi démontrée, jointe au fait que toute inverse
a gauche de I’ admet une inverse a droite, résulte que toute inverse a
gauche est surjective et toute inverse a droite est partout définie.

Remarques. — 1. La démonstration de la seconde partie peut étre


obtenue par passage a la réciproque, si l’on admet la premiére, et
inversement (en ce qui concerne la démonstration de la premiére).
2. Etant données deux relations R et S, pour exprimer que
(R=S et non (S=R)), on dit volontiers que S est trop faible
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 129
pour entrainer R et que R est trop forte pour entrainer S. La
proposition précédente exprime donc, en particulier, que le caractére
d’étre partout définie pour une correspondance I est trop faible
pour entrainer l’existence d’une inverse A gauche, tandis que celui
d’étre partout définie et injective est trop fort pour entrainer cette
existence. L’exactitude de cette assertion apparait sur les deux schémas
suivants :

Fig. 24.

Les deux correspondances entre A et B, représentées concrétement


par ces schémas, sont partout définies; la premiére n’admet pas
d’inverse A gauche, donc la condition « partout définie » est trop faible
pour entrainer l’existence d’une inverse 4 gauche; la seconde, bien
que non injective, admet une inverse 4 gauche, donc la condition
« partout définie et injective » est trop forte pour entrainer l’existence
d’une inverse 4 gauche.
Une condition nécessaire et suffisante a l’existence d’une inverse
a gauche pourrait, évidemment, étre recherchée; en fait, le dévelop-
pement des mathématiques ne parait pas rendre cette recherche
indispensable.

g. Extension d’une correspondance aux ensembles de parties. — Etant


donnée une correspondance I’ = (G, A, B) entre deux ensembles A et B,
la correspondance entre “(A) et @(B), déterminée par la relation
binaire Y = I'< X 5, ot X est une partie de A (cf. § 2.4.3) est appelée
Vextension de I aux ensembles de parties de A et de B.
Son graphe est celui de la relation binaire en X et Y

Y=I<X),
Xe@(A),
Ye2(B),
elle-méme équivalente a la relation (Y =I'< X>) puisque cette derniére
n’a de sens que si X est une partie de A. L’extension de I’ aux ensembles
de parties de A et de B est manifestement une correspondance univoque
et partout définie sur @ (A).
En particulier, comme [¢ @> = 4Q, elle donne de {@} Vimage @.
On notera cependant que < X > peut étre égal 4 vide sans que X = @,
car T< X» est vide dés que X est une partie du complémentaire de
Vensemble de définition de I.
V. ROUQUET LA GARRIGUE. 9
130 TITRE I]. — CHAPITRE I.

On note habituellement l’extension aux. ensembles des parties d'une


correspondance, elle-méme notée I, au moyen du symbole
t

constitué par la lettre f surmontée d'un accent circonflexe; ce symbole


est lu, assez volontiers : gamma-chapeau.
Pour tout X appartenant a @(A), on peut assurer que
es
rex i (Xx); |

cette identité peut servir A définir f comme la correspondance entre


(A) et @(B) qui donne de { X} Vimage Tx X >».
L’opération singulaire faisant passer de f a [f° est appelée extension
aux ensembles de parties.
La premiere propriété de cette opération est une propriété négative
qui mérite d’étre soulignée, pour prévenir toute meéprise.
L’extension aux ensembles de parties de la réciproque @une corres-
pondance V n’est pas égale, en général, a la réciproque de l'extension de V
aux ensembles de parties. En d’autres termes, généralement,

en d’autres termes encore, le passage a la réciproque et l’extension aux


ensembles de parties ne sont pas, en général, des opérations permutadles.
ZN L ==
a
aS
<3 z
En effet, si I est égale a , alors I est, comme I’, univoque et partout
=

définie sur @(B); il en résulte que I, réciproque de I, est injective et


surjective. Or, la correspondance Ty, représentée concrétement par le
schéma suivant :

est telle que


To<{a’}>=To<fa"}>= {6};
donc f, n’est pas injective et cette correspondance I, constitue un contre-
LS —1

exemple mettant en défaut l’assertion hook


OPERATIONS ELEMENTAIRES. 131

La deuxieme propriété de l’extension aux ensembles de parties est,


au contraire, une propriété positive et d’ailleurs fort importante
(cf. Structures).
Etant données deux correspondances V = (G, A, B) et 1’ = (G', B, C),
Vextension de la composée ('oY aux ensembles de parties est égale a la
composée I o VY’ des extensions de ' et de Y aux ensembles de parties. En
d’autres termes,

Cette propriété ne fait que traduire, pour tout X appartenant a @(A),


Videntité conditionnelle
Mo
TY XS I CC KASS,
™S
—__]

puisque cette identité montre que pour tout X de @(A), f’of et Io r


donnent de { X } la méme image.
La troisiéme propriété concerne les caractéres que peut présenter I
d’étre injective et partout définie, ou d’étre univoque et surjective.
Son importance est aussi grande que celle de la précédente et tient aux
mémes raisons.
Si une correspondance V = (G, A, B) est injective et partout définie,
son extension f est injective (et partout définie).
Si une correspondance TY = (G, A, B) est univoque et surjective, son
extension ¥ est (univoque) et surjective.
En effet, si I’ est injective et partout définie, on sait que hiebres Line
lextension de I’ o T aux ensembles de parties est donc égale a l’extension
a “@(A) et “(A) de la correspondance identique de A, c’est-a-dire a la
correspondance identique de “(A). On en déduit aussitdt (cf. f) que ‘
est injective (et partout définie, bien entendu).
La seconde partie de la proposition se démontre de maniére analogue.

h. Extension de deux correspondances aux ensembles produits. — Etant


données deux correspondances I’, = (G,, Ai, B:) et TP: = (Gn, As, B2) dont
les ensembles de départ et d’arrivée sont absolument quelconques, pour
tout couple x = (x, x.) appartenant 4 A, x Ao, lobjet T,< 7, > X T2<¢ 22>
est une partie de B, x B,. Cette remarque faite, on peut poser la défi-
nition suivante :
La correspondance entre A,xA, et B:xB, qui donne de
{x} ={(t1,%} Pimage Ti¢%>xIT2¢ a> est appelée Vextension
de I, et I, aux ensembles produits ou encore lextension de I’,
et [', aux produits ou méme le produit de I’, et P,.
132 TITRE II. — CHAPITRE I.
Son graphe est celui de la relation binaire en x et y
vyeli<a> x< T'9¢ &e >,

weAyx As,

y € Bix Ba,

oul x, et x, désignent respectivement la premiére et la deuxieme compo-


santes du couple 2; cette relation est, avec cette méme notation, équi-
valente a la relation (yeEl.<2,>XT.< 22>) puisque cette derniére
n’a de sens que si 7,€ A, et 2,€ As.
On note habituellement l’extension aux ensembles produits de deux
correspondances, elles-mémes notées I’, et I':, au moyen du symbole
IRs lhse

mais, comme l’extension aux ensembles produits des deux corres-


pondances I, et IT n’est, évidemment, pas égale au produit des deux
ensembles I’, et T., il est préférable, pour éviter toute confusion, de
désigner l’extension aux ensembles produits de deux correspondances I’,
et [, par un symbole qui distingue, tout en le rappelant, le produit de
deux correspondances du produit de deux ensembles. On peut employer,
dans ce but, le symbole
r,x<T,

constitué par les symboles I, et I, séparés par le signe x, lui-méme


surmonté d’un point. Le signe « x » lu : croix-point est alors le signe
de l’opération binaire qu’on appelle, comme son résultat, extension
de deux correspondances aux ensembles produits, extension
de deux correspondances aux produits ou enfin produit de deux
correspondances.
D’aprés la définition de I, <T:, on peut donc assurer que :

(CM <ley K(ike Woo) eee Seen nts |

Contrairement a ce qui a été constaté a propos de l’extension d’une


correspondance aux ensembles de parties, le passage a la réciproque
pour deux correspondances a le méme effet sur leur produit que le passage
a la réciproque sur le produit de ces deux correspondances. En d’autres
termes, étant données deux correspondances IT,= (G,, Ai, B,) et
T, = (Gn, As, Bz), on peut assurer que

—1 —1
1B SK T, => (T x To)eh.

La démonstration de cette propriété repose simplement sur le fait que,


pour une correspondance I quelconque, la relation (yeT< x») est
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 133

équivalente a la relation (wel yd), quel que soit l’élément x de


Yensemble de départ.
En effet, le graphe de I';<TI, est celui de la relation binaire en z et y,

aN Sa ae
5 CEA, Ag,
|yeBix< Bo.

Si l’on désigne par y, et y. respectivement la premiére et la deuxiéme


composantes du couple y de B,xB:, on constate aussit6t que cette
relation est équivalente a
MEM1C£1 D,
es >
| wéA,>x Ao,
\ veB.x< Bo,

c’est-a-dire, en vertu de la remarque faite, a la relation


! —1

#1EMs1. CMD,
3 =)
22, EV 2< 2D,
] wzeAi~x< Ao,

\ veB,~x Bo.

Or le graphe de (I, <TI)—' est celui de la relation en x et y qu’on obtient


en permutant x et y dans la relation précédente, c’est-a-dire celui de
—1
NEM M1»,
-1
Yr ET2¢ £2D,
yeAix Ao,

xEB,x< Bo;

on observe alors que ce graphe est aussi celui du produit o xT; des
deux correspondances ie et T.; comme (I, x T.)—' et i xT; ont méme
ensemble de départ et méme ensemble d’arrivée, il en résulte que ces
deux correspondances (de méme graphe) sont égales.
La deuxiéme propriété du produit de deux correspondances est analogue
a la deuxiéme propriété de |’extension aux ensembles de parties et son
importance est du méme ordre; elle concerne les liens entre compo-
sition et extension aux produits.
Etant données deux correspondances V, = (G,, Ai, B;) et 1’, = (G,, Bi, C:)
susceptibles d’étre composées; étant données deux autres correspondances
T,= (G2, As, Bs) ef IT, =(G,, Bo, C2) susceptibles elles aussi d’étre
134 TITRE II. —— CHAPITRE I.

composées; le produit des composées V', 0, ef V', oY, est égal a la composée
des produits I. x, et Y;<xV.. En d’autres termes,

(Leo py) ean, olen tau Legrand) eos CMme= aya)

Cette propriété est une conséquence presque immédiate d’un lemme


selon lequel l'image du produit X, x X, de deux parties respectives de A,
et A., par le produit 1,xV, de deux correspondances (Gi, A:, Bi)
ef (Gz, As, Bz), est égale au produit T,<X,:>xT2< X:> des images
par TY, et TY. de ces parties. En d’autres termes, pour tout X,cA; et
HOLE DTeUING fe

(Dax Tsk Xpse ke


== Tie sole XS.

On se rend compte de l’exactitude de cette égalité en montrant que


tout élément du premier membre est un élément du second et récipro-
quement. Pour ce faire, on observe d’abord que, pour tout couple (x, 2X2)
du produit X,xX., I,< a, > étant une partie de T,¢ X,> et P:¢ >
une partie de .< X,. >, on peut assurer (cf. §2.2.3 6b) que

DCL, Sx To< 2p DH C= T.< Xo >

On observe ensuite que tout élément y du premier membre est une


image par I, xT, d’un couple de X; x X2, ce qui permet d’introduire
un couple (a, 7) de X; x X, dont y est une image par I’, x L;. Il devient
possible d’assurer que y appartient a (Ui xT.) < (a, 2%)», c’est-a-dire
a Ii¢x2,>xTV.<a.>; comme ce dernier ensemble est contenu dans
T,< X1> XT.¢ X,>, il en résulte que y appartient 4 T,< X, > x T.< X2 >.
Ainsi tout élément du premier membre est élément du second. Récipro-
quement, tout élément y’ du second membre est un couple dont la
premiére composante y’, est un élément de T',< X,>, donc une image
par I, d’un élément de X,; soit alors x, un tel élément de X, dont y’
est une image par I’;. De méme, la deuxiéme composante y, de y’ est
un élément de I:< X.>, done une image par Tl. d’un élément de X.;
soit alors x, un tel élément de X, dont y’, est une image par T.. On peut
ainsi assurer que y €T, <x, > et y, €V.< x, >, ce qui entraine

CY as Vo) Els v4 » x< Ke es SE

mais ce dernier ensemble est image par I’, x I, de l’ensemble { (x), x) |;


done (y;,, y,) est une image par I’, xT. de l’élément (a, x,) de X,x X,
et appartient ainsi a (1; <I.)<X,xX.>. En d’autres termes, tout
élément y’= (y', ys) du second membre est un élément du premier,
ce qui achéve la démonstration du lemme.
La propriété en découle grace aux remarques suivantes.
OPERATIONS ELEMENTAIRES. I

Pour tout couple (1, x2) de A, x A», la correspondance (I", o T',)<(@, oT.)
Gonies sem etiih ats )vienl image Wl Chica > xb, < Tiare >>} sla
correspondance (I, <V,)o(f%ix<TV.) donne du méme_ ensemble
| (v1, a) } Vimage (U<T,)<di xT.) < (a1, a) >>, c’est-a-dire Vimage
(I, «P.)<Ti<2i>xVTi<a,>>; d’aprés le lemme établi, cette derniére
image est égale a I, <Ti<a >> xXV,<T.<a.»>>. Elle est donc égale a
celle de |(a, x2.)} par (T, ol,)«(1% of), ce qui achéve la démonstration
de la propriété.
La troisieme propriété de l’extension aux produits pour deux corres-
pondances est, elle aussi, analogue a la troisieme propriété de l’extension
aux ensembles de parties : elle concerne les principaux caractéres des
correspondances.
Si deux correspondances Y,= (Gi, Ai, B,) ef T2= (Gn, As, Bz) sont
toutes deux injectives et partout définies, leur extension aux produits,
U,xT., est injective et partout définie.
Si deux correspondances V,= (Gi, Ai, B:) ef V.= (Gi, Az, Bz) sont
toutes deux univoques et surjectives, leur extension aux produits, 1, <1, est
univoque et surjective.
I,, et I,, désignant respectivement les correspondances identiques
de A, et de A», ’hypothese faite dans la premiére partie de cette propo-
sition permet d’assurer que
~4 =1
IR ol, => LN et [ysnorliot—= Le

Il en résulte que

ia oT) x Oi ° ie call Wigpart


Or, d’une part, le produit Iy,< I,, des correspondances identiques de A,
et de A, est, évidemment, égal a la correspondance identique I,,..s,
de A, x A.; d’autre part, on sait d’aprés ce qui précéde, que

Cire) se teers Ce re) ea sere


il en résulte, en tenant compte de l’égalité
ie —
Vy *< Vs => eM =< by )=",

que
(TM << IP53st 0 (ry x< T) = Deas

ce qui permet d’assurer, on le sait, que I, <I. est injective et partout


définie.
La seconde partie de la proposition se démontre de maniere analogue.
i. Intersection, réunion, extension au produit des ensembles d’arrivée
de deux correspondances. — Outre les opérations précédentes, qui sont
136 TITRE IJ, — CHAPITRE I.

fondamentales, on utilise parfois d’autres opérations sur les corres-


pondances dont voici des exemples.
Etant données deux correspondances I’, et Tr, ayant méme ensemble
de départ A et méme ensemble d’arrivée B, on remarque que, pour
tout « appartenant a A, le prototype I:<2%>nI.<2> est une partie
de B. On peut donc poser la définition suivante :
La correspondance entre A et B, qui donne de {xz} Vimage
T,<a>nV.<x> est appelée Vintersection des correspondances I’,
et T.. On la note habituellement au moyen du symbole «lAT,» qui
préte aux mémes critiques que le symbole «I, x1) ».
De méme, puisque [;<z>UT,<x%)> est une partie de B, on peut
poser la définition :
La correspondance entre A et B, qui donne de {xz} Vimage
Tic x2>5uUPT.<a> est appelée la réunion des correspondances I’,
et [, et notée habituellement TP, UT).
Enfin, étant données deux correspondances I, = (Gi, A, Bi) et
YT,= (G., A, B.), ayant méme ensemble de départ, mais des ensembles
d’arrivée distincts ou non, on remarque que, pour tout x appartenant
a A, le prototype [i\< x >xI2< x2» est une partie de B; xB;; cela permet
de poser la définition suivante :
La correspondance entre A et B, x Bz, qui donne de {z} VPimage
Tica@>xTV.<x> est appelée extension des correspondances I;
et [, au produit de leurs ensembles d’arrivée et notée parfois « T,.P, ».
Parmi les extensions de deux correspondances au produit de leurs
ensembles d’arrivée, on distingue celles qu’on appelle des « corres-
pondances diagonales ».
Etant donné un ensemble E quelconque, extension au produit
des ensembles d’arrivée de la correspondance identique I, de E
et de cette correspondance I, elle-méme est appelée la corres-
pondance diagonale entre E et EXE.
C’est aussi la correspondance entre E et EXE qui donne de | x}
Vimage {(x, x)}. Elle est, évidemment, univoque et partout définie,
injective mais non surjective; l’ensemble de ses valeurs est la diagonale
de EXE.
Naturellement, on peut itérer les opérations de passage a Jinter-
section, la réunion, l’extension au produit des ensembles d’arrivée;
on peut définir ainsi lintersection, la réunion, l’extension au produit
des ensembles d’arrivée de plusieurs correspondances ayant méme
ensemble de départ.
En particulier, étant donné un ensemble E quelconque, la corres-
pondance entre E et EXE XE qui donne de { x} l'image { (z, 2, 2) }
est appelée la correspondance diagonale entre E et EXEXE. C’est
le résultat obtenu en passant a l’extension au produit des ensembles
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 137
d’arrivée pour I, et Ip, puis en répétant cette opération pour le résultat
provisoire et Ip. L’ensemble des valeurs de la correspondance diagonale
entre E et EXEXE est l’ensemble des triplets de la forme (x, x, x), oll x
parcourt E. Cet ensemble est appelé la diagonale de EXEXE.
On définirait, de maniére analogue, la correspondance diagonale entre E
et EXEXEXE ainsi que la diagonale de EXxEXExXE, et l’on pour-
suivrait de proche en proche.

2.5. Fonctions (ou Applications).


La notion de fonction, sans doute la notion la plus importante de
toutes les mathématiques, n’est qu’un cas particulier de celle de corres-
pondance. Une fonction n’est autre chose qu’une correspondance univoque
et partout définie sur son ensemble de départ. Parmi les correspondances
déja rencontrées, la correspondance identique d’un ensemble E est, évi-
demment, une fonction; l’extension d’une correspondance aux ensembles
de parties est une fonction, elle aussi, quelle que soit la correspondance
dont elle est l’extension.

2.5.1. DEFINITIONS.
a. Fonction. — La définition la plus claire d’une fonction ne fait que
reprendre ce qui vient d’étre dit.
Une fonction est une correspondance univoque et partout définie
sur son ensemble de départ.
Mais il convient de commenter cette définition, en insistant sur la
signification des termes qui y figurent.
C’est ainsi qu’on peut dire :
Une fonction est une correspondance entre un ensemble A et un
ensemble B, qui présente les deux particularités suivantes :
1° fout élément de son ensemble de départ A a au plus une image (corres-
pondance univoque);
2° tout élément de son ensemble de départ A a au moins une image (corres-
pondance partout définie sur A).
En d’autres termes, fout élément de son ensemble de départ a exactement
une image et une seule.
On peut dire aussi :
Une fonction est une correspondance univoque dont l’ensemble de défi-
nition est égal a l'ensemble de départ.
Aucune réserve n’est faite sur l’ensemble d’arrivée B : certains
éléments de B peuvent n’étre pas des images (l’ensemble d’arrivée B
n’est pas nécessairement égal a l’ensemble des valeurs); d’autre part,
un élément de B peut étre image de plusieurs éléments de A. La défi-
138 TITRE I]. — CHAPITRE I.

nition d’une fonction prévoit seulement que deux éléments de B ne


peuvent étre images d’un méme élément de A.
Les particularités que présente une fonction parmi les correspondances
apparaissent aussit6t sur les deux schémas suivants :

A B

Fig. 26.

Lorsqwune correspondance est une fonction, de tout élément de


VYensemble de départ A part une fleche et une seule; aux éléments de B
aboutissent zéro, une ou plusieurs fléches.
Une fonction est encore un triplet de la forme (F, A, B), ott A ef B sont
deux ensembles et F un graphe univogue (ou fonctionnel) dont la premiére
projection est égale a A et la deuxiéme contenue dans B.
La relation binaire
(2, vy) EF

est alors une relation en y qui, pour tout x appartenant a A, admet


une solution et une seule. En d’autres termes, cette relation est une
relation fonctionnelle en y, pour tout x appartenant a A. C’est pourquoi
une fonction est appelée parfois une correspondance fonctionnelle (et non
seulement une correspondance univoque).
Pour désigner une fonction quelconque, on emploie habituellement
le symbole
6
initiale minuscule du mot fonction.

b. Notation f(x). — Etant donnés une fonction f = (F, A, B) et un


élément x de son ensemble de départ A, l'image unique de x par f — qui
est aussi celle de x par F, et a ce titre déja notée F(x) —, c’est-a-dire
le prototype de la relation fonctionnelle en y ((x, y)€F), est notée au
moyen du symbole
f (x)
constitué par la lettre f, suivie de la lettre x, elle-méme entourée de
parenthéses rondes. Ce symbole n’est défini que si x appartient a A;
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 139

en d’autres termes, f(x) n’a pas de sens si x n’appartient pas A. Si, pour
une raison quelconque, on éprouve le besoin de considérer le prototype des y
tels que ((x, y) € F) lorsque x n’appartient pas a A, on utilise alors la nota-
tion générale <,((x, y)€ F), quitte a l’abréger pour les besoins de la cause.
Le symbole f(x) doit étre distingué du symbole f<x> qui désigne,
lui, Yimage par f de l’ensemble | x |. Le lien entre ces deux symboles
apparait aussitot dans légalité
| |
WeKe ee eae |

La relation ((v, y)€F) étant fonctionnelle en y, pour tout x appartenant


a A, on sait (cf. Titre I, chap. III, §1.4.4. Rem.) qu’on peut alors
assurer les identités conditionnelles (dont la premiére est déja connue) :
NIZE NN Vey) ey nar)
\ wEA

D’autre part, Pégalité f<x > = | f(x) |, pour tout x appartenant a A,


permet de caractériser l’égalité de deux fonctions par l’énoncé :
Pour que deux fonctions f et f' soient égales, il faut et il suffit qu’elles
aient méme ensemble de départ A, méme ensemble d’arrivée et que, pour
tout x appartenant a leur ensemble de départ commun A, on ait f(x) = f' (2).
L’image unique f(x) de lélément x de A par f est, naturellement,
appelée, suivant le langage adopté pour les correspondances, la valeur
de f pour élément x de A.
De méme, pour exprimer que la fonction f admet A pour ensemble
de départ (et de définition) et B pour ensemble d’arrivée, on dit
que la fonction f est définie dans A (ou sur A) et prend ses valeurs
dans B; on dit aussi parfois, pour exprimer la méme idée, que f est
définie dans A et valuée dans B.

Remarques. — 1. L’emploi du mot « définie » et du mot « valeur »


dans l’expression « la fonction f est définie dans A et prend ses valeurs
dans B », ainsi que dans les expressions « la correspondance l est définie
pour l’objet x » et « y est une valeur prise par l' » (cf. § 2.4.1) provient
d’un abus de langage traditionnel et s’explique de la facon suivante.
Le symbole f(x) n’est défini — au sens fondamental du mot
« défini » —- que six appartient 4 A; ce symbole désigne le résultat d’une
opération singulaire dont l’opérateur f s’exerce sur l’objet x; la confusion
traditionnelle entre opération, opérateur et résultat de Vopération
explique alors qu’on dise « l’opérateur f n’est défini que si x appartient
a A », puisque le résultat de l’opération, f(x), n’est défini que si x
appartient a A.
La méme confusion explique que / (x) soit appelé « la valeur prise
par f pour V’élément x de A ». En fait, f(x) est un prototype para-
métrique, dépendant du paramétre x; si l’on donne une valeur 2»
au parameétre x, le prototype f(x) prend la valeur f(a), de sorte
140 TITRE I]. — CHAPITRE I.

que f(ao) est la valeur prise par f(x) pour x0; mais, comme on confond
verbalement le résultat f(x) et V’opérateur f, on dit que f(xo) est la
valeur prise par f pour la valeur x du paramétre x; enfin, f(x) lui-
méme est la valeur prise par {(x) pour la valeur x du paramétre x;
f(x) apparait ainsi comme la valeur prise par f pour la valeur x (ou
pour l’objet 2).
Ces remarques se transposent aisément aux correspondances.
2. La méme confusion explique que la lettre x du symbole /(x)
soit appelée la variable de la fonction f. En fait, comme on I’a vu,
la lettre x du symbole f(x), représentant un objet indéterminé (partiel-
lement puisque x appartient a A), est un paramétre du prototype f(x)
— paramétre parmi d’autres éventuellement, comme il arrive dans
f(x) = ax? + bx + c. Ainsi que tout paramétre, la lettre x est destinée
A étre remplacée par une valeur et se présente ainsi comme une
variable; pour distinguer le réle qu’elle joue dans le symbole f(x)
du réle que jouent les autres paramétres, on dit que la lettre x est
la variable du prototype f(x) (de méme qu’on dit, 4 propos d’une
équation en x, que x est l’inconnue de l’équation). Confondant alors
f(x) et f, on en vient a dire que la lettre x est la variable de la
fonction f. On dit parfois aussi que la lettre x est l’argument
de la fonction /, en détournant légérement le mot « argument » de la
signification fondamentale qui lui a été donnée.

c. Transformation. — L’image unique f(x) de V’élément x de A par


la fonction f = (F, A, B), déja appelée « la valeur de f pour l’élément x
de A » est encore appelée le transformé de x par f. On dit alors, pour
tout élément x de A, f transforme x en f(x), au lieu de f(x) est Vimage
de x par f et la fonction f est appelée une transformation. Ces expres-
sions, beaucoup employées jadis et méme naguére, a propos des fonctions
définies dans un espace et prenant leurs valeurs dans cet espace, semblent
tomber en désuétude.
d. Application. — En revanche, le langage suivant, introduit assez
récemment est en pleine vigueur.
Toute fonction définie dans A et prenant ses valeurs dans B
est appelée une application de A dans B. Par définition, d’ailieurs,
lexpression « application de A dans B » est réservée aux fonctions définies
dans A et prenant leurs valeurs dans B. Les deux expressions sont donc
parfaitement synonymes : toute fonction est une application, toute
application est une fonction. La seconde a l’avantage d’étre plus bréve.
On l’abrége encore, lorsqu’on veut parler d’une application f de A
dans B déja introduite ou qu’on veut introduire, en utilisant le symbole
suivant :
f:A>B
constitué par la lettre f suivie de « deux points », puis de la lettre A et
de la lettre B, elles-mémes séparées par une fléche dont la pointe est
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 141

placée a droite. Ce symbole désigne Vapplication f de A dans B et


est lu : f de A dans B. Ainsi, au lieu de dire «soit f une application de A
dans B » ou « soit une application f de A dans B » on dit « soit une appli-
cation f: AB » ou méme « soit f: A>B ».
De méme, pour dire « considérons l’application f de A dans B », on
dit « considérons f: AB ».
On emploie aussi, dans le méme but, le symbole

ASB
constitué par les lettres A et B séparées par une fléche dont la pointe
est placée a droite, elle-méme surmontée de la lettre f. Ce symbole est
lu de la méme maniére que le précédent.

Remarque. — Bien que les mots application et fonction soient


synonymes, on emploie « application identique de A » et non « fonction
identique de A».

2.5.2. FONCTIONS ET RELATIONS BINAIRES.

a. Application de A dans B déterminée par une relation binaire conve-


nable. — Tandis qu’une relation binaire absolument quelconque déter-
mine toujours, on le sait, une correspondance entre deux ensembles
donnés A et B, au contraire, une relation binaire R= xz, y= ne détermine
une application de A dans B que si le graphe de la relation

ince ois
“ZEA,
| eR

est un graphe fonctionnel dont la premiére projection est égale a A. Cela


n’exige pas que la relation R= z, y= soit fonctionnelle en y pour tout z,
ni qu’elle soit univoque en y pour tout z, ni qu’elle admette un graphe,
mais cela exige que la relation binaire qu’elle induit dans le produit AxB
soit fonctionnelle en y pour tout x appartenant a A.
Lorsqu’il en est ainsi, et dans ce cas seulement, la correspondance
entre A et B déterminée par R£z,y= est appelée Vapplication
de A dans B déterminée (ou définie) par la relation R£z, yé.
L’expression ainsi définie n’a de sens, bien entendu, que si Rez, y$
présente les caractéres indiqués ci-dessus.

b. Application de A dans B qui conduit de x 4 T= x3. — Pour introduire


une application d’un ensemble A dans un ensemble B donnés, il suffit
donc de disposer d’une relation binaire Rx, y= qui induise dans AxB
une relation fonctionnelle en y pour tout x appartenant a A. Le procédé
142 TITRE II. — CHAPITRE I.

qu’on emploie le plus fréquemment dans ce but repose sur une remarque
analogue a celle qui a été faite au paragraphe 2.4.5c:
Etant donné un objet en x, T= 2x2, présentant la particularité selon
laquelle, pour tout x appartenant a un ensemble A donné, T= x= soit un
élément d’un ensemble B donné; alors il existe une application f et une
seule de A dans B telle que, pour tout x appartenant a A, on ait f(x) = T= xs.
L’unicité d’une telle application est a peu prés évidente et se démontre
comme on l’a démontrée au paragraphe 2.4.5 pour les correspondances :
si deux applications f et f’ remplissent la condition énoncée, elles ont
méme ensemble de départ A, méme ensemble d’arrivée B et, pour tout x
appartenant’a A, f(z) = Tears *et f’@) = Terse i *en résulte que,
pour tout x appartenant a A, f(x) = f'(x), ce qui suffit, on le sait, a
assurer l’égalité de f et f’.
Quant a son existence, il suffit d’observer que la relation (veEA
et y = T= x<) admet un graphe F, partie de A xB, puisqu’elle entraine
(x, y)€AXB; que ce graphe F est univoque, puisque la relation
(@ yer et. (x, y’)eF),. équivalente a4 (veAet.y = Tez 5). et
(ceA et y’= TEx5)), entraine comme cette derniére y = y’; qu’enfin
la premiére projection pr,F de ce graphe est égale a A, puisque, pour
tout x appartenant a A, il existe un y tel que (a, y)E F, a savoir TS 2°.
L’application (F, A, B) remplit done bien les conditions de l’énoncé.
L’application unique de A dans B, déterminée par les conditions
de l’énoncé précédent est appelée Yapplication de A dans B, déter-
minée (ou définie) par Vobjet T: x=. Elle est aussi appelée lappli-
cation de A dans B qui conduit de xa T= 2>.
Il convient de souligner, comme a propos des correspondances, que
ces deux dernieres expressions ne sont définies et n’ont de sens que
si T= x= est un élément de B pour tout x appartenant a A.
Pour introduire une application d’un ensemble A dans un ensemble B
donnés, il suffit donc d’introduire un objet T= x= — ou une formule
(d’objet) — élément de B pour tout x appartenant 4 A, puis de faire
appel a lapplication de A dans B déterminée par la formule T= 22.
Il est clair que toute application f de A dans B peut étre introduite
de cette facgon, puisque f est, évidemment, égale a application de A
dans B déterminée par la formule f(x). Pour noter « l’application de A
dans B déterminée par l’objet T= x= », c’est-a-dire « l’application de A
dans B qui conduit de x a T= x= », on utilise le symbole
x—>Tsas(xeA, TSEx2eEB)
ou, plus simplement, le symbole
xz-—>T(@2eA, TeEB);

ces symboles, dont la description est assez longue, sont lus : l’appli-
cation de A dans B qui conduit de 7 a T = x= (oua T).
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 143

Symboles un peu lourds, ils sont souvent abrégés, quand le contexte


ne préte pas d confusion, par omission de l’ensemble d’arrivée, par omission
de lensemble d’arrivée et de l’ensemble de départ, par omission de
Vensemble d’arrivée, de l'ensemble de départ et du symbole partiel (a +).
On obtient ainsi, successivement, les symboles

@—>T(@edA), £>T, Tex.

: I
Par exemple, on parle couramment de « la fonction — » pour parler de
a

lapplication de R—{|O} dans R qui conduit de 1a ~. De méme,


aprés avoir introduit une application f de A dans B, on emploie volontiers,
pour désigner cette application, expression « la fonction f(x) ».
Mais ce langage elliptique doit étre employé dans un contexte trés
clair. Si l’on veut parler, par exemple, de « l’application de la partie
: sas : : wpe! . :
strictement positive de R dans R quiconduit dexva ;,» on doit mentionner
au moins l’ensemble de départ, de fagon a éviter toute confusion avec
Vapplication précédente.

Remarque. — Les symboles abrégés introduits ci-dessus, parce


qwils sont équivoques et seulement tolérés dans un contexte explicatif,
ne sauraient en aucun cas faire l’objet d’un calcul : il n’est pas question
de régler leur emploi.

c. Généralisation. — L’introduction d’une application de A dans B


au moyen dune formule peut étre généralisée grace a la remarque
suivante.
Etant donnés un objet en x absolument quelconque T= x = et un ensemble A
lui aussi absolument quelconque (sous la réserve que x ne figure pas dans
Vexpression de A, ce qui est toujours réalisable, au besoin, par chan-
gement de notation pour 2x); alors il existe un ensemble B et un seul, il
existe, d’autre part, une application surjective f de A dans B et une seule,
lels que, pour tout x appartenant a A, on ait f(x) = T= 2°.
On sait, en effet (cf. § 2.3.8a) que lobjet TSa= et ensemble A
déterminent un graphe fonctionnel F dont la premiére projection est A
et la deuxiéme l’ensemble B des objets de la forme T= x =, ot x parcourt A.
La correspondance f = (F, A, B) est, évidemment, une application surjec-
tive de A dans B, de sorte que B et f remplissent les conditions de l’énoncé.
Les existences indiquées par l’énoncé résultent de ces remarques.
D’autre part, si un second ensemble B’ et une seconde application
surjective f’ de A dans B’ remplissent les conditions imposées, alors,
pour tout x appartenant a A, on a f(x) = f’(x); ensemble des valeurs
de f est alors égal a l’ensemble des valeurs de f’, d’ou il résulte, puisque f
et f’ sont surjectives, que leurs ensembles d’arrivée sont eux-mémes
144 TITRE II, — CHAPITRE I.

égaux. Les deux fonctions f et f’ ayant méme ensemble de départ A,


méme ensemble d’arrivée, et étant telles que f(x) = f’(x) pour tout x
de leur ensemble de départ A, on peut assurer qu’elles sont égales. Les
unicités indiquées par l’énoncé résultent de ces remarques.
Pour introduire une fonction, il suffit donc de partir d’un objet Tere
et d’un ensemble A quelconques; on dispose alors de Jlapplication
surjective de A dans l’ensemble B des objets de la forme T=2xs, ot x
parcourt A; tout ensemble C qui contient B peut ensuite servir d’ensemble
d’arrivée A une fonction définie dans A, prenant ses valeurs dans C
et qui conduit de 7 4 TS 2%.
Remarque. — Une telle fonction peut, cependant, parfois, faire illusion,
tout comme le procédé permettant d’introduire un graphe fonctionnel
par une formule (cf. § 2.3.8 a, Rem. 2).

2.5.3. CARACTERES CLASSIQUES DES FONCTIONS.

a. Injections. — Toute application injective est appelée une injection


et l’on réserve le mot injection pour désigner une application injective.
Une correspondance injective n’est, généralement, pas une injection;
Vapplication identique d’un ensemble E est, évidemment, une injection.
Au lieu de injection de A dans B on dit aussi, mais cette expression
devient désuécte, application biunivoque de A dans B.
En reprenant les termes de la définition, on peut caractériser une
injection f = (F, A, B) par les diverses conditions suivantes :
19 Application f de A dans B telle que la relation (x, y)€F soit, pour
tout y, univoque en x;
2° Application f de A dans B telle que la relation y = f(x) soit, pour
tout y, univoque en 2x;
3° Application f de A dans B telle que l’équation en x, y = f(x), admette,
pour tout y, au plus une solution;
cette caractérisation peut encore s’exprimer par : Application f de A
dans B telle que tout objet soit image d’au plus un élément de Il’ensemble
de départ;
4° Application f de A dans B telle que, pour tout x' de A et tout x" de A,
on ait
Se) =f") => w= 2';
5° Par contraposition : application f de A dans B telle que, pour tout x'
de A et tout x” de A, on ait

Be a CODE VCO
cette derniére caractérisation peut encore s’exprimer par : application f
de A dans B telle que les images de deux éléments différents de A soient
deux éléments différents de B.
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 145

Remarque. — Comme, pour tout x’ et tout x” de A, l’égalité (x = x”


entraine l’égalité (f(x’) = f(x”)) — quelle que soit l’application f
d’ailleurs —, on peut remplacer les caractérisations 4° et 5° par les
équivalences
FOHf@) S waa",
af” => f(a’) < f(a").
Parmi les injections, on distingue les injections canoniques qui
sont les applications dont l’ensemble de départ A est contenu
dans l’ensemble d’arrivée B et dont le graphe est la diagonale
de AXA; en d’autres termes, une injection canonique est une appli-
cation de la forme (Ay, A, B), ot ACB (il est clair que toute corres-
pondance de la forme (A,, A,B) est univoque, partout définie et
injective). L’application (A,, A, B), ot ACB est appelée Vinjection
canonique de A dans B ou encore lapplication canonique de A
dans B ou simplement Vinjection de A dans B; elle différe de l’appli-
cation identique de A en ce que son ensemble d’arrivée B est généra-
lement distinct de A; elle est égale a la restriction 4 A de l’application
identique de B et coincide dans A avec la correspondance induite dans A
par cette derniére; l’image de chaquez de A, par l’injection canonique de A
dans B, est x lui-méme, de sorte que cette injection canonique est aussi
Vapplication de A dans B, x—> 2, qui conduit de x a 2, c’est-a-dire qui
laisse invariant tout élément de son ensemble de départ.
b. Surjections. — Toute application surjective est appelée une
surjection et l’on réserve le mot surjection pour désigner une appli-
cation surjective.
Une correspondance surjective n’est généralement pas une surjection;
Vapplication identique d’un ensemble E est, évidemment, une surjection.
On dit surjection de A sur B malgré la redondance, plutot que
« surjection de A dans B »; au lieu de « surjection de A sur B » on dit
aussi, mais cette expression devient désuéte, application de A sur B;
le défaut de cette derniére expression est qu’elle ne se distingue pas
assez de « application de A dans B ».
Toute surjection de A sur B peut étre aussi appelée une repré-
sentation paramétrique de B au moyen de A et l’on réserve cette
derniére appellation a une surjection de A sur B; quand on l|’emploie,
les arguments de la surjection, c’est-a-dire les éléments de A, sont
appelés les paramétres de la représentation paramétrique; le
mot paramétre a donc dans cette expression un sens restreint.
En reprenant les termes de la définition, on peut caractériser une
surjection f = (F, A, B) par les diverses conditions suivantes :
1° Application f de A dans B, dont l’ensemble des valeurs est égal a
l'ensemble d’arrivée;
V. ROUQUET LA GARRIGUE. 10
146 TITRE II. — CHAPITRE I.

2° Application f de A dans B telle que l’équation en x, y = f (x), admette,


pour tout y de B, au moins une solution;
3° Application f de A dans B telle que tout élément de l’ensemble d’arrivée
soit image d’au moins un élément de l'ensemble de départ.

c. Bijections. — Toule application a la fois injective et surjective est


appelée une bijection et l’on réserve le mot bijection pour désigner
une application injective et surjective.
Une correspondance bijective n’est généralement pas une bijection;
Vapplication identique de E est, évidemment, une bijection.
On dit bijection de A sur B et non pas « bijection de A dans B »;
au lieu de « bijection de A sur B », on dit aussi, mais cette expression
devient désuéte, application biunivoque de A sur B; cette derniére
expression doit étre soigneusement distinguée de « application biunivoque
de A dans B » qui, elle, désigne une injection de A dans B.
Etant donnée une application f de A dans B, pour exprimer que f
est une bijection de A sur B on dit souvent que f met A et B en corres-
pondance biunivoque. Cette expression ot le mot correspondance
est pris dans un sens intuitif et non dans le sens mathématique qui
lui a été donné est lun des derniers vestiges d’une conception périmée.
Pour exprimer qu’il existe une bijection de A sur B on dit que A et B
peuvent étre mis en correspondance biunivoque; on dit aussi que A
et B sont égaux a une bijection prés; on dit enfin que A et B sont
les mémes a une bijection prés.
Il convient d’observer que la relation binaire en A et B, ainsi exprimée
est une relation réflexive, puisque, pour tout A il existe une bijection
de A sur A, a savoir lapplication identique de A.
En reprenant les termes de la définition, on peut caractériser une
bijection f = (F, A, B) par les diverses conditions suivantes :
1° Application f de A dans B telle que tout élément de l’ensemble d’ arrivée
soit image d’un élément et d’un seul de l'ensemble de départ;
2° Correspondance entre A et B telle que tout élément de l'ensemble de
départ ait une image et une seule et que tout élément de l'ensemble d’arrivée
soit image d’un argument et d’un seul;
3° Application f de A dansB telle que la relation y = f(x) soit fonctionnelle
en x, pour tout y de B;
4° Application f de A dans B telle que, pour tout y de B, l’équation en x,
y = f (x), admette une solution et une seule.
Pratiquement, pour établir qu'une application de A dans B est une
bijection, on montre que cette application est injective et surjective.
Par exemple, éfant donnée une injection f de A dans B, lapplication
de A dans f< A>, qui coincide avec f dans A, est une bijection de A
sur f< A».
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 147

Cette bijection associée a une injection est d’ailleurs fort utilisée.


Elle permet de dire que A et f< A» sont égaux a une bijection prés.
d. Applications constantes. — On dit qu’une application f de A
dans B est une application constante pour exprimer que quels que
soient les éléments x’ et xv” de A, f(x’) = f(x’). Si le graphe F d’une
application constante f de A dans B n’est pas vide, il existe un élément 6
de B image commune a tous les éléments de A, donc tel que, pour tout x
dG=A. f(t) — ob;
e. Fonctions vides. — L’ensemble vide étant un graphe fonctionnel
peut servir de graphe a une application; mais l’ensemble de départ
d’une application admettant © pour graphe doit étre égal a la premiére
projection de ce graphe, c’est-a-dire a 0.
Toute fonction de la forme (0, 0,B) ot B est un ensemble
quelconque est appelée une fonction vide. Une fonction vide est une
application constante; c’est aussi une injection.
La fonction (9, 0,9) qui admet % pour ensemble d’arrivée
est appelée /a fonction vide; c’est une bijection.
f. Permutations. — Toute bijection d’un ensemble E sur lui-méme
est appelée une permutation de E et cette appellation est réservée.
L’application identique de E est une permutation de E. On dit qu'une
permutation f de E est involutive pour exprimer que

So f= lp;

on verra, ci-dessous, que cette condition équivaut a


Fi3 fp

La fonction vide est, évidemment, une permutation de 9; c’est la seule;


elle est involutive.

g. Fonctions de deux ou plusieurs variables (ou arguments). Fonctions-


projections. — On dit qu’une fonction f est une fonction de deux
variables (ou de deux arguments) pour exprimer que Pensemble de
départ (égal a l’ensemble de définition) de fest un ensemble de couples.
Une fonction de deux variables est encore une fonction dont lensemble
de départ est une partie du produit de deux ensembles.
De méme, on dit qu’une fonction f est une fonction de plusieurs
variables (ou de plusieurs arguments) pour exprimer que Pensemble
de départ de f est un ensemble de multiplets ayant tous le méme
nombre de composantes.
Une fonction de plusieurs variables est encore une fonction dont
Vensemble de départ est une partie du produit de plusieurs ensembles.
148 TITRE IJ, — CHAPITRE I.

Remarque. — L’expression « fonction de deux variables », par


exemple, parait en désaccord avec la définition donnée au para-
graphe 2.5.1 b, Remarque 2, de la notion de « variable d’une fonc-
tion ». D’aprés cette définition, une fonction f a, quelle qu’elle soit,
une seule variable, A savoir la lettre x du prototype f(x), image par f
de l’élément x de son ensemble de départ. L’expression « fonction
de deux variables » est, en fait, un abus de langage universellement
admis, A propos des fonctions dont l’ensemble de départ est un
ensemble de couples. La variable x d’une telle fonction représentant
un couple (u, v), oti figurent deux lettres, on se permet de dire que
cette variable se décompose en deux autres, u et v, qu’on appelle,
respectivement, la premiére variable et la deuxiéme variable de la
fonction. Il s’agit ld d’un abus de langage analogue a celui qui fait
dire qu’une équation dont l’inconnue est un couple est une équation
a deux inconnues.

L’image, par une fonction f de deux variables, d’un couple (a, 2X2)
appartenant A son ensemble de départ, est notée traditionnellement
au moyen du symbole
f(x, 2),

alors qu’en vertu des régles de notation générales, on devrait employer


le symbole f((a%, 22)).
De méme, si f est une fonction de quatre variables (pour fixer les
idées), ’image par f d’un quadruplet (a, x, %;, X,) appartenant a son
ensemble de départ est notée au moyen du symbole

f(a, X25 V3, Xs)

et non du symbole f((m%, 22, X3, %:)).


Parmi les fonctions de deux variables, mention particuliére doit étre
faite des fonctions qu’on appelle fonctions-projections ou fonctions-
coordonnées.
Etant donné un graphe G, l application de G dans pr,G qui conduit
de tout couple (x, x.) de G a sa premiére composante 2,, c’est-
a-dire Vapplication (x,, x,)—>2,, est appelée la premiére fonction-
projection de G ou encore la premiére fonction-coordonnée de G.
On note cette premiére fonction-projection de G au moyen du symbole

pr,

qui est visiblement insuffisant puisqu’il ne comporte aucune référence


au graphe G et, par suite, est équivoque; le contexte doit se charger
de prévenir les confusions...
La notion de « premiére fonction-projection de G » se rattache a la
notation pr,G destinée a représenter la premiére projection du graphe G.
La premiére projection du graphe G est, en effet, image de G par sa
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 149

premiere fonction-projection, de sorte que, si l’on note pr, cette premiére


fonction-projection, on doit noter pr,< G > l'image de G par cette fonction;
en fait, certains auteurs utilisent cette notation pour désigner la premiére
projection de G; on préfére cependant la premiére, parce que plus bréve.
Bien entendu, étant donné un graphe G, lapplication de G dans pr.G
qui conduit de tout couple (%,, x) de G a sa deuxiéme compo-
sante x, c’est-a-dire lapplication (x, 27), est appelée la
deuxiéme fonction-projection de G ou encore la deuxiéme fonction-
coordonnée de G. On la note pr., ce qui conduit a noter pr.< G» la
seconde projection du graphe G.
L’image par pr, d’une partie A de G est appelée premiére projec-
tion de A et notée réguli¢rement pri¢ A>. De méme, Pimage par pr,
d’une partie A de G est appelée deuxiéme projection de A et notée
réguli¢rement pr.< A>. On ne dit pas « premiére coordonnée de A »
au lieu de « premiére projection de A » ni « deuxieme coordonnée de A »
au lieu de « deuxiéme projection de A ».
En revanche, pour tout couple z de G, Vimage de z par pr; est appelée
la premiere projection de z ou la premiére coordonnée de z.
De méme, Vimage de z par pr, est appelée la deuxiéme projection
de z ou la deuxiéme coordonnée de z. Pour désigner les images respec-
tives de z par pr; et pr, on peut employer les symboles — conformes
a la notation générale :
pm(Z), pra(4);
mais on utilise aussi les symboles :
priZ, pres,

sans parentheses. Si z, et z, désignent respectivement la premiere et la


deuxiéme composantes d’un couple z appartenant a G, on peut donc
assurer que
Ay=pm(4), 42.=pre(4),
2 prize, So = pred.

La suppression des parenthéses dans les symboles indiqués en second


lieu provient de ce que certains auteurs introduisent les notions de
premiére et deuxiéme projections (ou coordonnées) d’un objet quelconque
(pas nécessairement d’un couple, et encore moins d’un couple appar-
tenant 4 un graphe G). Ils disent a cet effet : étant donné un objet z
quelconque, le prototype de la relation en x
CA) ea 7) )
est appelé premiére projection ou premiére coordonnée de l’objet z et
noté priz (sans parenthéses); le prototype de la relation en y
(37) (4=(4, ¥))
est appelé deuxiéme projection ou deuxiéme coordonnée de l’objet z
et noté pr2z.
150 TITRE IJ. — CHAPITRE I.

Les notations pr,z et pr.z doivent étre maniées avec prudence car,
si objet z n’est pas un couple, les symboles pr,z et pr.z désignent des
prototypes qui n’existent pas; ces symboles, comme les noms qu’on
leur attribue, risquent donc de conduire a des erreurs, si l’on oublie cette
possibilité (facheuse) qu’ils ont de ne pas exister. En régle générale
(mais non pas absolue) les mathématiques évitent d’attirer l’attention,
en leur donnant un nom et en les notant d’un symbole particulier, sur
des prototypes éventuellement inexistants.

Remarque. — Au lieu de premiére ou deuxiéme fonction-projection,


on dit souvent « premiére ou deuxiéme projection » confondant ainsi,
une fois de plus, opérateur et résultat de Vopération.

La notion de fonction-projection s’applique, évidemment, au produit


de deux ensembles A et B puisque ce produit est un graphe. Cette remarque
permet aussitét de la généraliser.
Etant donné un produit AxBxCxD de quatre ensembles (pour
fixer les idées), Yapplication de AxBxCxD dans A qui conduit
de tout quadruplet (x, v, x;, x.) appartenant a AXxBxCxD asa
premiére composante v,, c’est-a-dire l’application (%,, %, XY, X,) > X
est appelée la premiére fonction-projection de AxBxCxD. On
définit de méme les deuxiéme, troisiéme, quatriéme fonctions-projections
de AXBxCxD; on note ces fonctions pr,, pra, pr;, pr;; on les appelle
aussi fonctions-coordonnées ou simplement projections. Les compo-
santes du quadruplet x = (x, 2, x;, 7) sont ainsi liées 4 a par les
égalités :

Ci — Pia), Le— pry (@,), La— Prat). Bigg eas


L == (pli (Z)), prs (2) 7 Pts (ae) pry (aoe

I] n’est pas d’usage ici de supprimer les parenthéses.


h. Applications d’un ensemble dans une partie (éventuellement pleine)
dun produit d’ensembles. — A propos des applications de ce type, dont
les caracteres sont suffisamment clairs, on doit signaler deux choses.
Les correspondances diagonales en font partie car, on le sait, ce sont
des correspondances univoques, partout définies et méme injectives,
On les appelle done des applications diagonales; on pourrait méme
les appeler des « injections diagonales », Par exemple, l’application de E
dans le produit ExEXE qui conduit de tout 2 de E a (a, a, 2), c’est-
a-dire la fonction x -> (x, x, x) est, par définition, application diagonale
de E dans EXEXE, Son ensemble des valeurs est la diagonale
de EXEXE. A cété de l’application diagonale de E dans EXEXE
on utilise aussi la bijection diagonale de E sur la diagonale
de EXEXE qui n’est autre, évidemment, que Papplication (bijective)
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 15]

de E sur la diagonale de ExEXE, qui conduit de tout x de E


Bt; 2):
Le second point a signaler concerne une question de notation. Etant
donnée une application f d’un ensemble A dans le produit B, xB, xB;
de trois ensembles (par exemple), ’image par f d’un élément «x de A,
c’est-a-dire f(x), est un triplet appartenant 4 B, xB. B;; on peut donc
assurer (cf. § g) que
EDSON EAD |NEA CGACA YY AG AEA Oy.

ou pr, pr, pr, désignent respectivement les premiére, deuxiéme et


troisiéme fonctions-projections de B, xB. xB;.
Or, le prototype pr, (f(x)) est, évidemment, un élément de B,; de méme,
pr.(/(x)) est un élément de B, et pr;(f(x)) un élément de B;. Ces proto-
types peuvent donc servir a définir trois applications de A dans B,, B», B;
respectivement, a savoir les applications
2—>pri(f(2)), “L>pre(f(x)), x—>pr;(f(x))

(ces trois applications ne sont autres, d’ailleurs, que les applications


composées de pri, pr, pr, respectivement et de-/). On note alors ces
applications au moyen des symboles respectifs f:, f2, /;, de sorte que
Vimage f(x) de x par f devient égale au triplet admettant pour compo-
santes les images de x par les fonctions /,, fs, f; ainsi introduites. En
d’autres termes, on peut assurer |’égalité

S(z) — (fi (2), jt (x), Ss(@)).

On s’autorise alors de la confusion, maintes fois signalée, entre opérateur


et résultat de l’opération, pour dire f au lieu de f(x), fi, fo, fs respecti-
vement au lieu de /f;(2), f.(x), f;(x). On en vient ainsi a exprimer l’égalité
précédente, qui est parfaitement exacte, en disant que f est égale
a (f., fe, fs), ce qui est completement faux. On insiste enfin en adoptant
officiellement, pour désigner la fonction f elle-méme, la notation (f,, f2, fs)
et lon écrit en toute bonne foi cette monstruosité :

f= (fy ps Ss),

ott le deuxieme membre désigne un triplet, alors que le premier membre


désigne une fonction qui, bien sir, est un triplet..., mais pas celui-la !
On se tire de ce mauvais pas en déclarant qu’il s’agit 1a d’un abus de
notation et que le symbole (fi, f:, f;), bien qu’ayant la forme d’un
symbole de triplet, n’en est cependant pas un... et que le contexte doit
se charger de prévenir les confusions possibles.
Il convient, évidemment, d’étre soigneusement averti de ces « détails ».
On verra plus loin que de telles « acrobaties » se rattachent a la notion
générale didentification (cf. § 3.3).
152 TITRE IJ. — CHAPITRE I.

Remarque. — Une partie non négligeable des difficultés qu’éprouve


un esprit normalement constitué 4 comprendre les mathématiques,
trouve sa source dans des « détails » de ce genre.
i. Applications d’un produit d’ensembles dans un produit d’ensembles
(ou d’une partie d’un produit dans une partie d’un produit). — Ce sont
des fonctions de plusieurs variables qui prennent leurs valeurs dans une
partie (éventuellement pleine) d’un produit d’ensembles. Parmi les
applications de ce type, les fonctions-projections 4 deux ou plusieurs
indices jouent un réle important.
Etant donné un produit A, x A,xA;xA, de quatre ensembles (pour
fixer les idées), lapplication de A,xA.,xA;xA, dans A, XA, (par
exemple) qui conduit du quadruplet (x, 7, %;,7,) appartenant
a A,xA.xA;xA, au couple (x, x,) appartenant a A, x A, est appelée
la fonction-projection d’indices (2, 4) de A, x A. A; x A, et notée
pros.

On dit naturellement « projection » pour « fonction-projection ».


j. Représentation concréte des injections, surjections, bijections, permu-
tations et applications constantes. —- Les caractéres particuliers aux
injections, surjections, bijections, permutations et applications cons-

Se) & Gee)


tantes apparaissent immédiatement sur les schémas d’Euler suivants :

Injection de Adans B Injection ca- 2


nonique deAdansB Sucjection deAsurB

Z
z.

A B
A
Bjecion AaB
B E
aes
constante
de AdansB
Fig. 27.

De tout point représentant un élément de A, part une fléche et une seule.


A tout point représentant un élément de B, aboutissent
— zéro ou une fléche s'il s’agit d’une injection;
— une ou plusieurs fléches s’il s’agit d’une surjection;
— une fléche et une seule s’il s’agit d’une bijection.
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 153

Pour une permutation de E, chaque point représentant un élément


de E est l’origine d’une fléche et d’une seule ainsi que l’extrémité d’une
fléche et d’une seule.
Pour une application constante, toutes les fléches partant des points
représentant les éléments de A, convergent en un méme point repré-
sentant image commune de tous les éléments de B.

2.5.4. OPERATIONS SUR LES FONCTIONS. — L’étude des opérations


sur les fonctions a pour but de préciser les circonstances dans lesquelles
leur résultat est une fonction et d’attirer l’attention sur le passage aux
applications partielles pour une fonction de plusieurs variables.

a. Correspondance réciproque d’une application. Bijection réciproque


dune bijection. — La correspondance réciproque i:ou f—' dune appli-
cation f = (F, A, B) n’est généralement pas une application de B dans A.
Ce n’est cependant pas une correspondance quelconque : elle est injective
et surjective puisque l’application f est une correspondance univoque
et partout définie.
Pour que la correspondance réciproque {—' d’une application f de A
dans B soit une application de B dans A, il faut et il suffit que f soit une
bijection de A sur B. La correspondance réciproque d’une bijection de A
sur B est une bijection de B sur A.
En effet, si f—' est une application de B dans A, elle est univoque et
partout définie sur B, ce qui entraine, on le sait, que sa réciproque,
c’est-a-dire f, est injective et surjective; or f est une application; donc
si f-' est une application, f est une application injective et surjective,
c’est-a-dire une bijection.
Réciproquement, si f est une bijection, c’est une correspondance
univoque, partout définie, injective et surjective, donc /—' est injective,
surjective, univoque et partout définie; en d’autres termes, f—' est une
bijection.
La correspondance réciproque d’une bijection / est appelée la
bijection réciproque de la bijection f. L’existence de la bijection
réciproque de toute bijection f permet alors d’assurer que la rela-
tion binaire en A et B exprimée par « il existe une bijection de A
sur B » ou « A et B sont égaux a une bijection prés » est une relation
symétrique.
Une bijection f de A sur B étant univoque, partout définie, injec-
tive et surjective, on peut assurer que, quelle que soit la bijection f de A
sur B,
154 TITRE II. — CHAPITRE I.

Pour qu’une permutation f d’un ensemble E soit involutive, il faut et


il suffit que la permutation f soit égale a la permutation réciproque f'.
En d’autres termes, quelle que soit la permutation f de E,

fof = lp ee Oy = 7-

En effet, si fof = Is, on peut assurer que fofof—'=I:of—; or le


premier membre est égal 4 fo Ip, donc a f et le second est égal a f~';
—1
réciproquement, si f = f—', on peut assurer que fof = f of; or le second
membre est égal a Ip.
b. Application composée de deux applications convenables. — La compo-
sition des correspondances, quand elle s’exerce sur deux applications
f = (F, A, B), f’ = (F’, B, C), fournit un résultat qui est une appli-
cation de A dans C. On sait, en effet, que la composition des corres-
pondances conserve leurs caractéres d’univocité, leurs caractéres d’étre
partout définies; de la résulte que la composée /’ of des applications /’
et f est une application. On peut dire, d’ailleurs, que f’of est égale a
Vapplication de A dans C représentée en abrégé par

a> f'(f(2)).
La conservation des caractéres d’étre injectives ou d’étre surjectives
établie pour les correspondances montre aussitét que :
La composée de deux injections est une injection;
La composée de deux surjections est une surjection;
La composée de deux bijections est une bijection.
c. Correspondance induite sur une partie de E par une application
de E dans lui-méme. — La correspondance induite, par une application f
de E dans E, sur une partie C de E n’est généralement pas une appli-
cation de C dans C; elle risque de n’étre pas partout définie dans C;
c’est ce qui lui manque, en général, pour étre une application.
d. Restriction d’une application a une partie de l'ensemble de départ.
Coincidence de deux applications sur une partie de leur ensemble de départ.
— La restriction d’une application f = (F, A, B) a une partie C de son
ensemble de départ est, au contraire, quelle que soit f, une application
de C dans B. Notée //C, elle peut étre définie comme l’application de C
dans B représentée en abrégé par
2—> f(x).

C’est, évidemment, une injection si f elle-méme est une injection,


mais le passage a la restriction ne conserve généralement pas le caractére
de surjection — et encore moins celui de bijection.
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 155

La définition de la coincidence de deux correspondances, dans le


cas des fonctions, devient ceci :
On dit que les deux applications / = (F, A, B) et f’ = (F’, A’, B’)
coincident dans lensemble E pour exprimer que E est contenu
dans les ensembles de départ A et A’ de f et /’ (donc dans An A’)
et que, pour tout x appartenant a FE, f(x) = /'(2).
Dire que les fonctions / et f’ coincident dans une partie E commune
a leurs ensembles de départ revient donc a dire que tout x de E a la
méme image par f et par /’.
e. Applications prolongeant une application. — Etant donnée une
application f = (F, A, B) de l’ensemble A dans l’ensemble B, toute
application /’ = (F’, A’, B’) qui remplit les conditions: B’ contient B,
A’ contient A et, pour tout x appartenant a A, /’ (xv) = /(x) est appelée
une application prolongeant / 4 A’.
Dire que f’ est une application prolongeant l’application f revient
donc a dire que l’ensemble de départ de f’ contient celui de f, que l’ensemble
d’arrivée de f’ contient celui de f et que tout x de l'ensemble de départ
de f a méme image par f et par [’.
Cela revient encore a dire que f’ coincide avec f dans l’ensemble de
départ de f et que l’ensemble d’arrivée de f’ contient celui de /.
Toute application est ainsi une application prolongeant sa restriction
a une partie quelconque de son ensemble de départ. Mais il existe généra-
lement d’autres applications prolongeant une restriction que l’appli-
cation dont est issue cette derniere : un schéma d’Euler le suggére aussitot.
Pour obtenir une application prolongeant une application donnée
f = (Ff, A, B) a un ensemble A’ contenant A, on procéde de la facon
suivante :
On introduit un objet T=x-= tel que, pour tout x appartenant au
complémentaire A’—A de A par rapport a A’, T= x= soit un élément
d’un ensemble B’ contenant B; on introduit ensuite la relation binaire
Cues CUNU
zveA aya Le),
De
NG AG Sen = sa et

le prototype T’sx=2 des y remplissant cette derniére condition est,


évidemment, un élément de B’ qui est égal a f(x) si ve A et a TSx-=
si eA’ — A; ce prototype peut donc servir 4 définir une application /’
de A’ dans B’, a savoir l’application représentée en abrégé par

a> Teas;
=

cette application f’ de A’ dans B’ est bien une application prolongeant /f


a A’, puisque son ensemble de départ A’ contient celui de f, son ensemble
156 TITRE II. — CHAPITRE I.

d’arrivée B’ contient celui de f et que pour tout x de l’ensemble de départ


de f, f(x) = f(x). Elle est souvent représentée en abrégé par

ey Ke) sl 2eA,
Gps Z :
See er we A
et on l’introduit habituellement en disant : considérons lapplication
de A’ dans B’ qui, pour tout x de A’, conduit de x a f(x) sizeA et
dexa Téxresi veA’'—A.
Toute application prolongeant f peut, évidemment, étre obtenue par
ce procédé.
I] existe toujours, quelle que soit la fonction f = (F, A, B) au moins
une application prolongeant f 4 un ensemble donné A’ contenant A.
En effet, si B n’est pas vide, on peut prendre pour objet Teas un
élément 6 de B et pour B’ un ensemble quelconque contenant B (par
exemple B lui-méme); l’application prolongeant f ainsi obtenue conduit
alors de tout xe A’ — A al’élément b de B. SiB est vide, alors le graphe F
de f a sa deuxiéme projection contenue dans B, donc vide; F lui-méme
est vide et sa premiére projection étant égale a A, l’ensemble de départ A
est lui-méme vide; ainsi, si B est vide, f se réduit 4 la fonction vide :
(9, 8, ®); pour obtenir une application la prolongeant a A’, il suffit
de considérer une application constante quelconque de A’ dans un
ensemble B’ non vide (par exemple dans { @ }). Il convient d’observer
cependant que si l’on impose a B’ d’étre égal 4 B on n’obtient pas d’autre
prolongement que f elle-méme, c’est-a-dire (0, 0, 0).

f. Applications inverses a4 gauche (ou rétractions) dune injection.


Applications inverses a droite (ou sections) d’une surjection. — Les notions
d’applications inverses (a gauche ou a droite) d’une application ne sont,
naturellement, que des cas particuliers des notions analogues pour les
correspondances,
Soit une application f = (F, A, B); soient, d’autre part,I, et I, les
applications identiques de A et de B. On dit qu’une“application r est
une application inverse a gauche de l’application / pour exprimer
que
PCS Ne

On dit, de méme, qu’une application s est une application inverse


a droite de lapplication f pour exprimer que

fo ss Ip.

On dit enfin que f/ admet une application inverse a gauche (resp.


a droite) pour exprimer qu'il existe une application r telle
que rof = J, (resp. une application s telle que fos = I).
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 157
Une application inverse a gauche de / est appelée une rétraction
de f; une application inverse a droite de f est appelée une section
de /. Le seul intérét de ces appellations est d’abréger le discours.
Toute rétraction et toute section de f sont des applications de B dans A.
Sir est une rétraction de /, alors f est une section de r; si s est une section
de f, alors f est une rétraction de s.
Les théorémes sur les correspondances inverses se retrouvent, naturel-
lement, a propos des rétractions et des sections, mais le second devient
plus complet.
Pour qu’une application f’ soit une rétraction de lapplication f, il faut
et il suffit que la correspondance /’ soit une inverse a droite de la corres-
pondance f-'.
Pour qwune application f" soit une section de lapplication f, il faut
—=4
et il suffit que la correspondance f” soit une inverse a gauche de la corres-
pondance f-'.
La démonstration ne ferait que répéter ce qui a été dit a propos des
correspondances.
Le second théoréme s’exprime par ]’énoncé suivant :
Pour qu’une application non vide f admette une application inverse
a gauche, il faut et il suffit que f (mon vide) soit injective.
Pour qu'une application f quelconque admette une application inverse
@ droite, il faut et il suffit que f soit surjective.
On peut affiner ce théoréme en lui joignant une remarque concernant
les applications vides.
Si une application vide f admet une application inverse a gauche,
f est injective. Si une injection est vide, elle n’admet une application
inverse 4 gauche que dans le cas ou elle se réduit a la fonction vide.
En d’autres termes, foute application qui admet une application inverse
a gauche est une injection; toute injection admet une application inverse
a gauche, a l'exception des injections vides différentes de la fonction vide.
Le théoréme permet donc de caractériser les surjections et, joint a
sa remarque, de caractériser 4 trés peu prés les injections; le théoréme
analogue relatif aux correspondances ne permettait pas d’obtenir une
véritable caractérisation.
La démonstration insiste sur le fait qu’il s’agit d’applications et non
seulement de correspondances.
Que toute application (vide ou non), admettant une application inverse
a gauche, soit une injection, est 4 peu prés immédiat. Si, en effet,
f =(F, A, B) admet une rétraction r, on peut assurer que rof = Ik
et que, par suite, pour tout x de A, r(f(x)) = x. Pour démontrer que /
est injective, il suffit, on le sait, d’établir l’implication

S(@) =f") = = 2",


158 TITRE I], — CHAPITRE I.

ot. x’ et x” désignent deux éléments quelconques de A. Or, si f(x’) = f(x")


on peut assurer que r(/f(«x’)) = r(f(x")); le premier membre de cette
derniére égalité étant égal a x’ et le second a x”, on en conclut que xv’ = 2".
Donc f (vide ou non) est une injection.
Réciproquement, si f est une injection (vide ou non pour commencer),
lapplication g de A dans f< A>, qui coincide avec f dans A, est, on
le sait, une bijection de A sur /< A >; la bijection g~', réciproque de g,
est telle que g og = 1,; c’est une inverse 4 gauche de g mais non pas
de f. On devine cependant grace a un schéma d’Euler, qu’il suffit de
prolonger g~ en une application de B tout entier dans A pour obtenir
une application inverse a gauche de /, et que toute application inverse
a gauche de f est une application dans A prolongeant g“' a B. Cette
intuition se confirme grace aux remarques suivantes. Soit r une appli-
cation de B dans A prolongeant g~'; alors, pour tout x de A, r(f/(x)) = x
puisque r et g— conduisent de tout élément f(x) de f< A> a la méme
image, c’est-a-dire a
SUG))= Be eee;
ainsi ro f = I, et r est une application inverse a gauche de f/f. Récipro-
quement, soit r’ une application inverse a gauche de f; alors r’ of = I,
et r’(f(x)) = x pour tout x de A, de sorte que tout élément f(x) de f< A >
ala méme image — a savoir x— parr’ et g~'; donc r’ est une application
dans A prolongeant g— a B.
Ces remarques faites, on distingue deux cas, suivant que f est une
injection non vide ou une injection vide. Si f est une injection non vide,
alors A n’est pas vide et, en prenant dans A un élément a, on obtient
une application dans A prolongeant g—' a B grace a l’application repré-
sentée en abrégé par
ER) AS MEI LAD;
1a) si yeB—fcA);

toute autre application dans A prolongeant g— 4B serait aussi une rétrac-


tion de f.
Si f est une injection vide, ou bien f = (@, O, @) ou bien f = (0, @, 9).
Si f = (9, 9, 9), alors fof = I= I, de sorte qu'il existe une appli-
cation inverse a gauche de f, a savoir f elle-méme (c’est d’ailleurs une
bijection involutive). Si f/ ~ (9, G, @), comme f est une injection vide,
son graphe est vide et son ensemble de départ est vide; mais son ensemble
d’arrivée B n’est pas vide puisqu’elle est différente de la fonction vide;
alors il n’existe pas d’application de B(~@) dans A(= @), donc il
n’existe pas de rétraction de f.
Le raisonnement qui précéde montre ainsi que toute injection, sauf
les injections vides différentes de la fonction vide, admet une appli-
cation inverse a gauche.
OPERATIONS FLEMENTAIRES. 159

En ce qui concerne les surjections et leurs applications inverses a


droite, le résultat énoncé peut étre obtenu plus rapidement.
Que toute application admettant une application inverse a droite
soit une surjection est 4 peu prés immédiat. Si, en effet, la fonction
f = (F, A, B) admet une section s, on peut assurer que fos = I, et,
pueciite, quer (;os)x Db <= B:samais (fos)< B>=f<s<B>> et
f<s<B)>> est contenue dans f< A>; ainsi B est contenu dans f< A>
et, comme B contient f< A>, B et f< A> sont égaux. Cela montre
que f est une surjection.
Pour établir la réciproque, il convient de construire une application s
de B dans A telle que fos = Iy. On y parvient grace aux remarques
suivantes.
Soit y un élément quelconque de B; comme f est, par hypothese,
surjective, y est image par f d’au moins un élément de A; en d’autres
termes, on peut assurer, pour tout y de B, que

(Az) (ceAet f(z) =y).

Soit alors T le prototype des objets x qui appartiennent a A et dont


Vimage par f est l’élément y de B considéré, c’est-a-dire le prototype
des x tels que (reEA et f(x) = y); ce prototype vérifie la relation
(ceA et f(x) = y) puisque (Az) (wEA et f(x) = y) est vraie. On peut
donc assurer, pour tout y de B, que, d’une part, T-y<>eA, d’autre part,
que f(T) = y. Ce prototype peut ainsi servir a définir une application
de B dans A. On introduit alors l’application de B dans A qui, pour
tout y de B, conduit de ya T= y 2, c’est-a-dire l’application représentée
en abrégé par

Y= Teys;

si lon désigne par s cette application, on constate, pour tout y de B,


que, dune part, s(y)=T, que, d’autre part, f(s(y)) = f(1); comme
f(T) = y, on en conclut que f(s(y)) = y pour tout y de B; en d’autres
termes, fos est égale a l’application identique de B, ce qui prouve que
la fonction s ainsi construite est une application inverse a droite de f.

Remarque. — La fonction s définie dans la démonstration précé-


dente n’est généralement qu’une, parmi beaucoup d’autres, des appli-
cations inverses a droite d’une surjection. Par exemple, étant donnée
l’application de R dans la partie positive de R qui conduit de x a x
et qui est bien une surjection, les applications de la partie positive
de R dans R, qui conduisent de y a \/y et —\/y respectivement,
sont, évidemment, des applications inverses a droite de l’application
donnée. Savoir si Pune d’elles est égale a la fonction s définie plus
haut est une autre affaire....
160 TITRE, [lees CHAPIERE MK.

Le théoréme permettant de caractériser les injections et les surjections


x
eut, 9
naturellement, tf
servir 4 caractériser les bijections.
Pour qu’une application f d’un ensemble A dans un ensemble B soit une
bijection de A sur B, il faut et il suffit que f admette une application inverse
a gauche et une application inverse a droite.
En d’autres termes, on peut assurer |’équivalence :

( rof= I;
(f est une bijection de A sur B) <=> (gr) (9s)
| fos == lh

Cette caractérisation des bijections serait une conséquence absolument


immédiate de la caractérisation des injections et des surjections, s'il
n’y avait la réserve concernant les injections vides, puisqu’une bijection
n’est autre qu’une application a la fois injective et surjective. Or il
n’existe pas de bijection vide, si ce n’est la fonction vide, car une bijec-
tion vide admet © comme graphe, @ comme ensemble de départ et,
puisqu’elle est surjective, @ comme ensemble d’arrivée. Donc toute
bijection (vide ou non) admet une application inverse a gauche et une
application inverse a droite; réciproquement, toute application qui-
admet une application inverse 4 gauche et une application inverse 4
droite est une bijection, en vertu du théoréme général.
Mais on peut ajouter un résultat remarquable.
Une bijection n’admet qu’une application inverse a gauche et qu’une
application inverse a droite; l application inverse a gauche et l'application
inverse a droite de la bijection f sont égales a la bijection réciproque f—
de f et, par suite, égales entre elles.
En effet, soit r une application inverse 4 gauche d’une bijection f
de A sur B; on peut assurer aussit6t la chaine d’implications

rofsilg, Sor wfo~


t= he (Hiss roles
h ofp Suc

Soit, de méme, s une application inverse a droite de la bijection f de A


sur B considérée; on peut assurer la chaine d’implications
-1 =i -1
fos=tl, — [OP OSLS i © Is — I, oss fol, = ey Ao

Ces chaines permettent d’assurer que toute rétraction de la bijection f


est égale a f—' et que toute section de f est égale a f—', ce qui démontre
le théoréme.
Le raisonnement précédent montre d’ailleurs qu’une bijection n’admet
pas d’autre correspondance inverse (a gauche ou 4a droite) que sa réci-
proque.
g. Extension d’une application aux ensembles de parties. — On sait
déja que l’extension d’une correspondance quelconque aux ensembles
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 161

de parties est une application; a fortiori ’extension d’une application


quelconque aux ensembles de parties est une application qui peut étre
définie de la facon suivante : L’extension de lapplication f = (F, A, B)
aux ensembles de parties est lapplication de @(A) dans ‘?(B)
qui, pour tout X appartenant a ?(A), conduit de X a f< X >, c’est-
a-dire l’application représentée en abrégé par

X>f<CX> (Xe £(A)).

Naturellement, l’extension aux ensembles de parties de la corres-


pondance réciproque f—! de l’application f n’est pas égale, en général,
“aA

a la réciproque de l’extension de f aux ensembles de parties. Pour que f


—1
soil égale a f il faut et il suffit que f soit une bijection (cf. a), c’ est-d-dire
que felle-méme soit une bijection.
Naturellement aussi

Enfin :
Lextension aux ensembles de parties d’une injection est une injection.
Lextension aux ensembles de parties d’une surjection est une surjection.
L’extension aux ensembles de parties d’une bijection est une bijection.
Cette propriété est une conséquence immediate de la propriété analogue
pour les correspondances. Elle peut cependant étre démontrée indépen-
damment de cette derniére, grace a la notion d’application inverse d’une
application.
Si, en effet, f = (F, A, B) est une surjection, alors f admet une section s
RR i ae oan
telle que fos = Ip, d’ot. il résulte. que fos =I1,; comme fos =f o$
on en déduit que fo$ = Ih, c’est-a-dire que § est une section de f et
enfin que f est une surjection.
En ce qui concerne les injections, si f est une injection non vide ou
bien la fonction vide, alors f admet une rétraction r telle que ro f= I,
eam YeNOr ies ras a Cun
douril resulte ques ref = ys: ‘comme, roji—iref on ‘en déduit
que ?of = {, c’est-a-dire que # est une rétraction de f et enfin que
est une injection. Si f est une injection vide différente de la fonction
vide, alors f est de la forme (0, , B), ot BG; fest une application
de | @ } dans <?(B), c’est-a-dire une application dont l’ensemble de départ
est réduit 4 un seul élément; une telle application est, évidemment, une
injection.
Y. ROUQUET LA GARRIGUE, 11
162 THRE SMe eCHAPITRE I.

La propriété concernant les bijections découle immédiatement des


précédentes.
h. Extension de deux applications aux ensembles produits. — L’ extension
de deux applications f,;= (F:, Ai, B;) et f2= (F:, As, Bs) aux ensembles
produits est une application de A, x A, dans B, XB2.
En effet, limage par la correspondance f, xf. de l’ensemble
{2} = { (a, %)}, ou a et x sont respectivement des éléments de A,
et A», est le produit f, <2, >xf2<2.>; or, f: et f2 étant des applications,
ce produit est égal a { fi (x) | x} f2(a) |, donc a} (f1 (11), fe(%)) |; Pimage
par f:Xf2 de { (a, %)} est alors un ensemble réduit au couple
(f: (1), f2(x2)); en d’autres termes, f; x f2 est univoque et partout définie,
donc une application.
Cette application conduit de (a, 2) au couple (f:(%:), f2(®)); elle
peut donc étre définie comme lapplication de A,xA, dans B, xB,
représentée en abrégé par |

(#1, 2) > (fr (#1), fo(@2)).

Si lon utilise les notations pr, et pr2, on peut dire aussi que c’est l’appli-
cation représentée en abrégé par

a> (fi(pr 2), fo (pre Z)) (se€A,>< Ao).

Remarque. — Toute application de A,<A2 dans Bix Bz est extension


aux ensembles produits de deux applications de A, dans B, et de A»
dans Bo.
Soit, en effet, f une application de A; A» dans BiB» conduisant
de (x1, 2) a f(x, %2).
L’image de (x1, x2) par f étant un élément de BiB» est un couple
dont la premiere composante pri(f (x1, x2)) appartient a B, et la
deuxiéme composante 4 By. Il suffit de considérer les applications

Hi pri (f(21, @)) et o> pio ( f(#1, Be.))

pour constater que leur extension aux ensembles produits est égale
a f. En d’autres termes, pour toute application f de Ai<A»s
dans Bi < Bs, on peut assurer que
f= priof) <(ptaos)):

Comme pour les correspondances, on peut assurer que

ie . aul . ”

Ahk fps (AX fo),

mais généralement les deux membres de cette égalité ne sont pas des
applications.
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 163

Au contraire, quelles que soient les applications (susceptibles d’étre


composées), on peut assurer l’égalité suivante dont les deux membres
sont des applications :

Giese) Safe op) =f << Jfoe farX fo) 3

elle exprime que l’application produit des applications composées f', o f:


et f o f2 est égale a application composée des applications produits f, xf,
et fi: X foi
Enfin :
L’extension aux ensembles produits de deux injections est une injection.
L’extension aux ensembles produits de deux surjections est une surjection.
L’extension aux ensembles produits de deux bijections est une bijection.
Cette propriété est une conséquence immédiate de la propriété analogue
pour les correspondances. Elle peut, comme celle qui concerne l’extension
d’une application aux ensembles de parties, étre démontrée par recours
aux applications inverses. On constate alors que si f; et f, sont deux
injections (non vides ou réduites a la fonction vide), le produit rir.
de deux rétractions respectives de f, et f. est une rétraction du produit
f:<fz. De méme, si f, et f2 sont deux surjections admettant respecti-
vement s, et s. pour sections, alors s,s, est une section de f, <f2. Il en
if
résulte que, si f, et f. sont deux bijections, f, étant une rétraction et
une section de f:, fi une rétraction et une section de f2, alors fixfe est
une rétraction et une section de f,></f.2; le produit de deux bijections est
done une bijection, mais, de plus, la bijection réciproque du produit
est égale au produit des bijections réciproques des facteurs du produit,
ce qui rejoint la premiére propriété signalée ci-dessus.
i. Applications partielles d'une fonction de deux ou plusieurs variables. —
Pour définir le passage aux applications partielles d’une fonction de
deux ou plusieurs variables, il convient d’insister sur une remarque
préliminaire.
Soit une fonction f = (F, A, B) de deux variables notées respecti-
vement x, et 2, dont l’ensemble de départ A est un ensemble de couples
(donc un graphe) et dont lensemble d’arrivée B est un ensemble
quelconque. Soit, d’autre part, une valeur b quelconque de la seconde
variable x, (b appartenant ou non a proA). Le symbole f(x:, b) n’est
défini, c’est-a-dire n’a de sens, que si (a, b)€A; en d’autres termes,
le prototype en x, représenté par f(x,, b) ne peut servir a définir une
application que si x, appartient a l’ensemble des objets z tels que (z, b)€e A
—1 —1
(ensemble qui n’est autre que A« D>, c’est-a-dire la coupe du graphe A
suivant b); une fonction susceptible d’étre ainsi définie par f(a, 5)
prend alors ses valeurs dans un ensemble contenant une partie de B.
164 PPERE, (fl --ACHAPITRE sit

Cette remarque faite, on peut poser la définition suivante :


Etant donnée une fonction f = (F, A, B) de deux variables x, et x;
soit b une valeur quelconque de la seconde variable x. L’application
de i b> dans B qui conduit de x, a f(x, b), c’est-a-dire l’appli-
cation représentée en abrégé par
21> f(a, 6)

est appelée l’'application partielle déterminée par f/f, relative a la


valeur ) de la seconde variable. On la note au moyen de l'un des
symboles
Ton Dee IAN, Wer

De méme, a étant une valeur quelconque de la premicre variable 2,,


l’application de A<a» dans B qui conduit de x. a f(a, x2), c’est-
a-dire l’application représentée en abrégé par
Lx—> f(a, £2)

est appelée l’application partielle déterminée par /, relative a la


valeur a de la premiére variable. On la note au moyen de l’un des
symboles
f(a, +) F(a ds Sa-
La notation f. (comme la notation f;) ne doit étre employée que dans
un contexte explicatif, car elle n’indique pas nettement s'il s’agit
de: fay.) ound if(s..a),
Remarque. — L’application partielle f(., b), par exemple, n’est pas
| =a
une restriction de la fonction f, car son ensemble de départ A< b>
est une partie de pr:A et non une partie de A.

Pour une fonction f = (F, A, B) de trois variables x, x2, 7; (par exemple)


on définit de fagon analogue « l’application partielle déterminée par f,
relative aux valeurs b et c de la seconde et de la troisiéme variables ». C’est
la fonction représentée en abrégé par
Xi f (a, 5, ©);
son ensemble d’arrivée est B; son ensemble de départ est l'ensemble
des objets z tels que (z, b, c)EA.
On définit aussi application partielle déterminée par f, relative
a la valeur b de la seconde variable. C’est la fonction des deux
variables x, et x, représentée en abrégé par
(a1, £3) > f(a, b, x3);

son ensemble d’arrivée est B; son ensemble de départ est l’ensemble


des couples (x, y) tels que (x, b, y)EA.
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 165

Bien entendu, on peut généraliser ces définitions 4 une fonction d’un


nombre quelconque de variables.

2.5.5. FAMILLES D’ELEMENTS D’UN ENSEMBLE E. MATRICES SUR UN


ENSEMBLE E. — II est d’usage, actuellement, de faire une distinction
entre famille (tout court) ou famille d’ensembles et « famille d’éléments
d’un ensemble E »; de méme, on distingue matrice (tout court) et « matrice
sur un ensemble E ».

a. Familles d’éléments d’un ensemble E. — Tandis qu’une famille


est, on le sait, un graphe fonctionnel dont ensemble des arguments
est appelé ensemble des indices de Ja famille et dont l’ensemble des
images est appelé ensemble des éléments de la famille, une famille
d’éléments d’un ensemble E donné est, par définition, une fonction
dont l'ensemble d’arrivée est égal a E.
Une expression particuliére est employée lorsque E est l’ensemble
des parties <?(E’) d’un ensemble E’. Une famille d’éléments de <? (E’)
est encore appelée une famille de parties de E’; on emploie aussi
cette derniére expression pour désigner une famille d’éléments d’un
ensemble contenu dans @(E’) sans lui étre égal.
Lorsqu’une fonction f, admettant E pour ensemble d’arrivée, est
appelée une famille d’éléments de E, il est d’usage d’appeler l'ensemble
de départ de f l’ensemble des indices de la famille f et de le noter
au moyen du symbole «I » (lu: grand iota); un élément quelconque
de l'ensemble des indices est naturellement appelé un indice de la
famille f et noté habituellement «+» (lu : iota). L’ensemble d’arrivée E
de la fonction f n’est pas appelé ensemble des éléments de la famille f;
on réserve cette appellation a ensemble des valeurs de f.
L’image par f d’un élément : de l'ensemble de départ est appelée
lélément d’indice » et notée au moyen du symbole

tt
au lieu de f(z).
La fonction f elle-méme est alors désignée par le symbole

(fret (AEE),

souvent abrégé, quand le contexte supplée aux omissions, en

Giver ou (ft).

Ces symboles remplacent : :— f(.) (EI, f() EE) ainsi que


t—>f(t) (rel) et i> f(t).
166 TITRE IJ. — CHAPITRE I.

Une famille double d’éléments de E. n’est autre chose, par deéfi-


nition, qu’une fonction de deux variables dont l'ensemble d’arrivée
est E. La premiére variable est alors appelée le premier indice et
notée habituellement au moyen du symbole «1»; la deuxiéme variable
est appelée le deuxiéme indice et notée habituellement au moyen du
symbole «x» (lu : kappa). Si lon désigne par f une famille double
d’éléments de E dont l’ensemble de départ est désigné par A, limage
par f d’un couple (:, x) appartenant a A est notée, sans parentheses,
au moyen du symbole :
Six

et appelée élément dont le premier indice est : et le second indice ~


ou, plus simplement, élément d’indices » et x. La famille f elle-méme
est notée au moyen du symbole

(fix) (0,2) a (St,x € E)

souvent abrégé — quand le contexte est suffisant — en

(Six )(, x»)eA ou (fix).

On définit de méme une famille triple d’éléments de E et, plus généra-


lement, une famille multiple d’éléments de E.

b. Matrices sur un ensemble E. — Une matrice sur un ensemble E


est, par définition, une famille d’éléments de E dont l’ensemble
d’indices est le produit de deux ensembles. C’est donc une famille
double d’éléments de E présentant la particularité selon laquelle son
ensemble d’indices est non seulement un ensemble de couples mais
encore le produit de deux ensembles; c’est aussi une fonction de deux
variables dont l’ensemble d’arrivée est E et qui présente la particularité
selon laquelle son ensemble de départ est non seulement un ensemble
de couples mais encore le produit de deux ensembles.
Une matrice M sur E dont lensemble des indices est le produit IxK
de deux ensembles I et K est dite de type (I, K); un élément de I est
noté +, un élément de K est noté x; ’élément d’indices : et x est noté m,,,
et appelé élément (ou terme) général lorsque : et x sont des éléments
quelconques de | et K. La matrice M elle-méme est alors désignée
par le symbole

(M1,x) (1, x) EIscK (M1,x € L)

souvent abrégé en

(Mix) (0, x) EIXK ou (mM,x).


OPERATIONS ELEMENTAIRES. 167

3. ENSEMBLES FONDAMENTAUX CONSTRUCTIBLES


PAR LES OPERATIONS ELEMENTAIRES. IDENTIFICATION.

Pour conclure l’étude des opérations élémentaires sur les ensembles,


il n’est peut-étre pas inutile de présenter le tableau des divers ensembles
que ces opérations permettent de fabriquer et il convient, sans aucun
doute, d’insister sur une opération curieuse, de caractere métamathé-
matique, qui autorise a assimiler entre eux certains de ces ensembles,
a faire de deux ensembles qui s’y prétent deux ensembles qui soient
les mémes a quelque chose pres, a identifier, en un mot, deux tels
ensembles, bien quils ne soient ni identiques ni méme égaux. Cette
opération, dont la mathématique n’a pris conscience qu’assez récemment,
explique seule certains « détails » surprenants tels que, par exemple,
Vassimilation universellement admise des nombres rationnels a certains
nombres réels ou des nombres réels 4 certains nombres complexes, alors
qu’aucun nombre rationnel n’est véritablement un nombre réel et
qu’aucun nombre réel n’est véritablement un nombre complexe.

3.1. Ensembles déja rencontrés.

Toutes les fabrications d’ensembles sont suspendues a la notion de


relation collectivisante. On sait qu’une relation R =x & est collectivisante
en x lorsqu’il existe un ensemble (et un seul) tel que R= x= soit équi-
valente a appartenance de x a cet ensemble.
Les axiomes assurant pour certaines relations leur caractére d’étre
collectivisantes permettent alors de fabriquer :
— a partir de deux objets différents a et b, ensemble | a, 5} dont
les seuls éléments sont les objets a et b;
— a partir d’un objet a, ensemble {a} réduit au seul élément a;
— a partir de trois objets a, b, c, différents deux a deux, l’ensemble
; a, b,c} dont les seuls éléments sont ces trois objets, ...;
— a partir d’un ensemble E, l’ensemble <?(E) des parties de E;
— a partir d’un ensemble E quelconque et d’une relation singulaire
R= x= quelconque, l’ensemble des objets de E tels que R;
— a partir d’un ensemble E et d’une partie A de E, le compleé-
mentaire (4 de A par rapport a E;
— a partir de deux ensembles A et B, la différence A-B et la diffé-
rence B-A;
—a partir d’un prototype T et d’un ensemble A, l’ensemble des
objets de la forme T pour x appartenant a A;
168 TITRE Il. — CHAPITRE I.

— l'ensemble @ qui ne dépend d’aucun objet et, a ce titre, peut étre


appelé un ensemble absolu;
— les ensembles {@}, {G,{@}},..., £(@), Z(£(M)),...-, qui
sont eux aussi des ensembles absolus;
— a partir de deux ensembles A et B, les ensembles produits A xB
et BxA;
— a partir de trois ensembles A, B, C, les ensembles produits A xB x C,
BxXCUxXA, CXAXB, BXAXCG "AX CXE OXB XA
— a partir d’une relation collectivisante pour un couple (x, y), le graphe
de cette relation;
— a partir d’un graphe G, la premiére projection pr, G et la deuxiéme
projection pr.G;
— a partir d’un graphe G, le graphe G~ réciproque de G;
— a partir de deux graphes G et G’, les graphes composés G'oG
et GoG’;
—- a partir de deux ensembles A etB et d’un graphe G, partie de AB,
la correspondance (G, A, B) entre A et B;
— a partir de deux ensembles A et B et d’un prototype T = x, partie
de B pour tout x de A, la correspondance entre A et B qui donne de §x |
Pimagey i ea
— a partir d’une correspondance I’, la correspondance réciproque I’;
— a partir de deux correspondances [ et I” susceptibles d’étre
composées, les correspondances composées [’oT et Tol’;
— puis les correspondances induites, les restrictions, les prolon-
gements, les correspondances inverses a gauche ou inverses a droite,
l’extension aux ensembles de parties, l’entension aux ensembles produits,
Ja réunion, l’intersection, l’extension au produit des ensembles d’arrivée
de deux correspondances;
— enfin les applications d’un ensemble A dans un ensemble B et les
diverses applications ou correspondances qu’on obtient par les opérations
sur les fonctions.

3.2. Ensembles nouveaux. Exponentiation des ensembles.

A cette liste déja longue d’ensembles constructibles par les opérations


élémentaires, on doit joindre certains ensembles de graphes, de corres-
pondances ou d’applications qui jouent un réle important. L’un d’entre
eux, l’ensemble des graphes d’applications de A dans B est le résultat
d’une opération binaire sur les ensembles qui généralise l’exponentiation
bien connue des entiers (cette derniere conduit, par exemple, des entiers 2
et 3 a Ventier noté 2° et égal a 8).
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 169
Voici ces nouveaux ensembles définis a partir de deux ensembles A
et B quelconques :
L’ensemble des graphes de correspondances entre A et B : cet ensemble
nest autre chose, évidemment, que l’ensemble “@(A>B) des parties
du produit AB.
L’ensemble des correspondances entre A et B: c’ est lensemble des triplets
de la forme (G, A, B), ot G appartient 4 @(A>B); il n’est habituellement
désigné par aucune notation particuliére.
L’ensemble des graphes d’applications de A dans B: c' est, évidemment,
une partie de l’ensemble des graphes de correspondances entre A et B,
exactement la partie de @(A>B) groupant les graphes des correspondances
entre A et B qui remplissent la condition d’étre des graphes a’ applications
de A dans B. Cet ensemble est désigné par le symbole
BA

constitué par la lettre B, affectée en position d’indice supérieur droit


de la lettre A et lu: B puissance d’exposant A ou, plus simplement :
B puissance A.
L’ensemble B* est aussi l’ensemble des familles admettant A pour
ensemble dindices et dont V'ensemble des éléments est contenu dans B.
Lopération binaire qui, a partir de deux ensembles A et B,
permet de former l'ensemble B* des graphes d’applications de A
dans B est appelée exponentiation des ensembles.
Elle généralise effectivement, on le verra au chapitre III, l’exponen-
tiation des entiers, en ce sens que si elle porte sur des ensembles appelés
entiers, elle se réduit (a peu de chose prés) a |’exponentiation classique
des entiers.
On se doute que l’exponentiation des ensembles n’est ni commu-
tative ni associative. Ses propriétés élémentaires concernent |’ensemble
vide; elles sont des conséquences immédiates de la définition et s’expriment
par les identités :
— quel que soit l’ensemble B, Be =O);
en particulier, Gg? — 1 Ot
mais, quel que soit l'ensemble AG, G= O.
L’ensemble des applications de A dans B: c’ est l'ensemble des triplets
de la forme (F, A, B), ott F est un graphe fonctionnel, contenu dans AxB
et dont la premiére projection est égale a A; cet ensemble est désigné par
le symbole
F(A, B)

constitué par la majuscule ¥ d’écriture anglaise, suivie des lettres A


et B, elles-mémes séparées par une virgule et entourées de parenthéses
170 : TITRE II. — CHAPITRE I.

rondes; ce symbole est lu : ensemble des applications de A dans B


ou, plus simplement : F de A et B. L’ensemble des applications de A
dans B est, évidemment, une partie de l'ensemble des correspondances
entre A et B, qui est aussi l’ensemble des familles d’éléments de B’
(B’ étant contenu dans B) dont l'ensemble des indices est A.

3.3. Identification.

Il arrive que deux ensembles ct et &, tous deux constructibles par


les opérations élémentaires, puissent étre mis en correspondance
biunivoque par une certaine bijection de 4 sur #%, Ainsi, par exemple,
il existe une bijection de l’ensemble des graphes de correspondances
entre A et B sur l’ensemble des correspondances entre A et B; en effet,
lapplication du premier ensemble dans le second, qui conduit de
élément G du premier a l’élément (G, A, B) du SUED c’est-a-dire
lapplication représentée en abrégé par
Go> (G, A, B)

est, évidemment, une bijection, puisque toute correspondance entre A


et B admet un graphe dont elle est l'image par cette application, et
que deux correspondances égales sont les images de deux graphes égaux.
C’est a propos de deux ensembles et & susceptibles d’étre mis en
correspondance biunivogque par une certaine bijection qu’intervient
Vopération métamathématique qu’on appelle identification. Elle consiste
én Ceci ;:
Lorsqu’on a démontré qu’il existe une certaine bijection f de (sur «,
ces deux ensembles étant tous deux constructibles par les opérations
élémentaires, on se permet trés souvent — pas toujours cependant —
de donner le méme nom aux ensembles & et & et de les désigner par un
méme symbole, de donner le méme nom a un élément a de & et a son
image f(a) par la bijection f et de désigner a et f(a) par un méme symbole.
C’est ainsi qu’on parle de l’ensemble des correspondances entre A
et B pour parler de l’ensemble des graphes de correspondances entre A
et B et vice versa; c’est ainsi qu'on parle du graphe d’une correspondance
entre A et B pour parler de la correspondance elle-méme et vice versa,
car la correspondance est image du graphe par la bijection considérée.
En d’autres termes, on se permet, souvent, d’identifier, c’est-a-dire
de confondre, dans le langage et l’écriture, les deux ensembles Q et ®,
puis un élément de et son image dans @ par la bijection.
I] doit étre bien entendu que ces fagons de parler ou méme d’écrire
sont des abus de langage ou de notation qui ne prétendent nullement
assurer que & et @ sont identiques ni que a et f(a) sont identiques;
elles ne prétendent pas plus assurer que & et @ sont égaux ni que a
et f(a) sont égaux (il est d’ailleurs bien évident que, dans l’exemple
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 171

précédent, les deux ensembles en question ne sont pas égaux). Elles


sont simplement destinées a remplacer des expressions compliquées
et a souligner le lien entre Q et ® constitué par la bijection dont on a
démontré l’existence. On peut dire que ces facons de parler ou d’écrire
soulignent le fait que @ et v3 sont les mémes a une certaine bijection pres.
Il est bien clair qu’il convient d’étre parfaitement averti de ces abus
— universellement tolérés — et de n’étre pas dupe des confusions
volontaires par lesquelles s’expriment ces abus.

3.4. Bijections canoniques et identifications fondamentales.

Les identifications fondamentales entre deux ensembles © et @ cons-


tructibles par les opérations élémentaires sont autorisées par certaines
bijections qu’on appelle bijections canoniques, pour les distinguer
des autres bijections de sur ® (car, généralement, il n’y a pas qu’une
bijection d’un ensemble sur un autre). Voici la liste des principales.

3.4.1. BIJECTIONS CANONIQUES RELATIVES A L’ENSEMBLE DES GRAPHES


DE CORRESPONDANCES ENTRE A ET B ET L’ENSEMBLE DES CORRES-
PONDANCES ENTRE A ET B. — Comme. on I’a vu dans lexemple qui a
servi a introduire la notion d’identification, l’application G-—» (G, A, B)
de ensemble des graphes de correspondances entre A et B dans l’ensemble
des correspondances entre A et B est une bijection du premier ensemble
sur le second; sa bijection réciproque est une bijection du second sur
le premier; chacune d’elles est appelée une bijection canonique relative
a ces deux ensembles. Les confusions qu’elles autorisent ont été indiquées
ci-dessus.

3.4.2. BIJECTIONS CANONIQUES RELATIVES A B* Er Aa 3(A,B). —


Si F est le graphe d’une application de A dans B, l’application
F > (F, A, B) de B‘ dans #(A, B) est, comme la précédente, une bijection
de B4 sur #(A, B); sa bijection réciproque est une bijection de *(A, B)
sur B*‘; chacune d’elles est appelée une bijection canonique relative
aux deux ensembles B‘ et *(A,B). Elles autorisent a employer
l'une pour !’autre les expressions « graphe d’une application de A dans B »
et « application de A dans B »; c’est pourquoi beaucoup d’auteurs
confondent « graphe fonctionnel » et « fonction ». Mais le graphe F d’une
application de-A dans B est aussi une famille dont A est l’ensemble
d’indices et application (F, A, B) est, de son cété, une famille d’éléments
de B dont A est Vensemble d’indices; on confond donc souvent une
famille F et la famille d’éléments de B admettant F comme graphe.

3.4.3. BIJECTIONS CANONIQUES RELATIVES A A ET Ay. — Etant


donnés un ensemble A quelconque et la diagonale A, de son carré AA,
Vapplication diagonale x —> (x, x) de A dans A, est, évidemment, bijective,
172 TITRE II]. — CHAPITRE I.

Cette bijection et sa bijection réciproque sont appelées les bijections


canoniques relatives 4 A et A,. Elles autorisent l’identification qu’on
fait parfois —- rarement — entre un ensemble et la diagonale de son
carré et la confusion entre un élément x de A et le couple (a, x) de Ay.
Cette identification permet surtout de confondre un ensemble A avec
une famille; on confond alors A et A, qui est une famille dont l’ensemble
des indices et l’ensemble des éléments sont tous deux égaux a A. Quand
un ensemble A est appelé une famille, c’est toujours de la famille A,
qu'il est question. Bien entendu, on peut aussi confondre A avec la
famille d’éléments de A constituée par la fonction (Ay, A, A), c’est-a-dire
Vapplication identique de A.
3.4.4. BIJECTIONS CANONIQUES RELATIVES A G ET priG QUAND G
EST UN GRAPHE UNIVOQUE. BIJECTIONS CANONIQUES RELATIVES A G
ET preG QUAND G EST UN GRAPHE INJECTIF. — Si un graphe G est
univoque, la premiére fonction-projection de G, pr,, conduit du
couple (x, y) de Ga Vélément z de pr, G; cette application de G dans pr, G,
qui est, évidemment, surjective quel que soit G (univoque ou non), est
injective lorsque G est univoque puisque pr. (z’, y’) = pri(x”, y”) entraine
d’abord xv’ = x” et ensuite (parce que G est univoque) y’= y”. La bijec-
tion de G sur pr,G, ainsi mise en évidence, et sa bijection réciproque
sont appelées les bijections canoniques relatives au graphe univoque G
et a sa premiere projection. Elles généralisent les bijections canoniques
relatives 4 A et A, et autorisent parfois — rarement — a confondre un
graphe univoque avec sa premiére projection, ou encore une famille
avec son ensemble d’indices.
Si un graphe G est injectif, on constate de la méme maniere, que la
deuxiéme fonction-projection de G, pr., est une bijection de G sur pr. G.
Cette bijection et sa bijection réciproque sont appelées les bijections
canoniques relatives au graphe injectif G et A sa deuxiéme projection.
3.4.5. BIJECTIONS CANONIQUES RELATIVES A AXB ET BXA. BiJec-
TIONS CANONIQUES RELATIVES A G ET G~!. — Etant donnés deux ensembles
quelconques A et B, l’application (a, y) > (y, x) du produit AB dans
le produit BA est, évidemment, bijective. Cette bijection et sa bijection
réciproque sont appelées bijections canoniques relatives aux produits A xB
et BA. Elles sont égales lorsque A et B se confondent avec un méme
ensemble E et prennent alors le nom de symétrie canonique de E x E.
On ne se permet guére cependant de confondre (x, y) et (y, x) ni de
confondre AxB et BxA, car la distinction entre (x, y) et (y, x) est
trop importante pour qu’on la néglige, mais on peut utiliser les bijec-
tions canoniques relatives a AxB et BA pour dire que le produit de
deux ensembles est une opération commutative a une bijection prés, ce qui
présente l’avantage de rapprocher l’opération produit des ensembles
des opérations réunion et intersection.
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 173

De meme, étant donné un graphe quelconque G, !application


(x, y) > (y, x) de G dans G'! est, évidemment, bijective. On obtient
ainsi, avec sa réciproque, deux bijections canoniques relatives a G et G~’;
elles sont tres rarement employées aux fins d’identification, sans doute
parce que la notion de graphe est récente, et que les identifications
ne sont que des concessions faites 4 des conceptions surannées.

3.4.6. BIJECTIONS CANONIQUES RELATIVES A (A XB) xC Er Ax(BXC).


—- Etant donnés trois ensembles quelconques A, B, C, l’application
((x, y), z) > (x, (y, z)) de (AxB)xC dans Ax(BxC) est, évidemment,
bijective. Cette bijection et sa bijection réciproque sont appelées les
bijections canoniques relatives 4 (AxB)<C et Ax(BxC). Ce sont elles
qui autorisent la confusion tres fréquente qu’on fait entre l’ensemble
{(AxB)xC et ensemble A>x(BxxC) ainsi que la confusion entre les
deux couples ((x, y), z) et (x, (y, z)) que, pratiquement, on appelle tous
deux des triplets.
D’autre part, elles permettent d’assurer que le produit des ensembles
est une opération associative a une bijection pres.
Si l’on tient compte des bijections canoniques relatives 4 AxB et BxA
on constate aussitét que (AxB)x<C et (BxA)xC peuvent étre mis
en correspondance biunivoque; en effet, si fdésigne la bijection canonique
de AxB sur Bx<A et I¢ l’application identique de C, le produit fxIv
est le produit de deux bijections, donc une bijection de (AxB)xC
sur (B><A)xC. On montrerait de méme que les six ensembles AXBxC,
BxCxA, CxAxB, BkAxC, AxCxB, CxBxA, bien que différents
deux a deux, peuvent cependant étre mis deux a deux en correspondance
biunivoque.
Ces remarques s’étendent immédiatement au cas de quatre ensembles A,
B, C, D et permettent d’assurer, par exemple, que les deux produits
{A B)x(CxD) et (AxC)x(BxD) peuvent étre mis en correspondance
biunivoque. On peut, d’ailleurs, en désignant par 2, y, z, f respectivement
des éléments quelconques de A, B, C, D, faire appel a l’application de
(AxB)x(CxD) dans (AxC)x<(BxD) qui conduit de ((z, y), (z, §)
a ((x, z), (y, f)); cette application visiblement bijective assure la mise
en correspondance biunivoque des deux ensembles considérés. D’autre
part, l’extension aux ensembles de parties de cette bijection est, a son
tour, une bijection de sorte que l’ensemble des graphes de correspon-
dances entre AB et CxD peut étre mis en correspondance biunivoque
avec l’ensemble des graphes de correspondances entre AxC et BxD.

3.4.7. BIJECTIONS CANONIQUES RELATIVES A 5(A,, Bi)x F (A2, Bs)


ET A L’ENSEMBLE DES EXTENSIONS AUX PRODUITS DES APPLICATIONS
pE A, DANSB, ET DE A» DANS B>. — Etant donnés quatre ensembles A,, B;,
A», B,, soient u, une application de A, dans B, et uw. une application
174 TITRE I]. — CHAPITRE I.

de A. dans B:. Pour tout élément u,>*u, de l'ensemble des extensions


aux produits des applications de A, dans B, et de A» dans B,, le couple
(u,, Us) est un élément de ¥(A,, Bi) < F(A, B2). Cette remarque permet
d’introduire l’application f de l’ensemble des extensions considéré dans
Vensemble #(A., Bi)<#(A2, Bo), représentée par
uy x Ug —> (U4, Us).

Tout élément (v,, v2) de l'ensemble d’arrivée de f est, évidemment, l’image


par f de l’élément v, xv. de l'ensemble de départ; donc f est surjective.
D’autre part, si deux images (u', w,) et (u;, u;) par f sont égales, alors
on peut assurer que u, = u’,, u, = uw, d’ou il résulte que u, <u, = ul <u);
donc f est injective.
La bijection f ainsi construite et sa bijection réciproque sont appelées
les bijections canoniques relatives a ¥(A,, B;)<F (Az, B.) et a ensemble
des extensions aux produits des applications de A, dans B, et de A,
dans B,. Ces bijections canoniques permettent d’identifier ces deux
ensembles et, par suite, de confondre verbalement et graphiquement
Vextension u,>*<u. avec le couple (ui, u2). De la provient Vhabitude de
noter (UW, UW.) extension u, xUs.
On sait, d’autre part (cf. § 2.5.4 h), que l’ensemble des extensions
considérées est égal a ¥ (Ai A, Bi ><B:2); on peut donc identifier chacun
d’eux a F(Aj, B:)<#(A2, Bz) et confondre une application u de A, «A,
dans B, xB, avec le couple (prio u, prz° U).

3.4.8. BIJECTIONS CANONIQUES RELATIVES A AVS ger A®x AS


LORSQUE B ET C sont pisyornts. — Pour introduire les bijections cano-
niques relatives 4 APY° et A®x<A® lorsque B et C sont disjoints, on
passe habituellement par des bijections canoniques relatives 4 *(BUC, A)
et #(B, A)<#(C, A); de Vexistence d’une bijection f de #(BUC, A)
sur ¥(B, A)<3(C, A) on déduit, en effet, sans peine celle d’une bijection
de A®V¥© sur A®><A® : il suffit de considérer les bijections canoniques g
de A?¥° sur #(BuUC, A), h de’A® sur #(B, A), k de A® sur #(€, A)
et de construire lapplication (hx k) oficog, de AUC dans APSAG
application bijective en vertu du fait que lacomposition des applications,
le passage a la réciproque et l’extension aux ensembles produits conservent
le caractére bijectif.
La bijection canonique de #(BUC, A) sur’ #(B, A)x#(G, A),
lorsque B et C sont disjoints, se construit alors de la facon suivante.
Pour tout élément u du premier ensemble, c’est-a-dire pour toute appli-
cation u de BUC dans A, on considere les restrictions u/B et u/C de u
a B et C respectivement et l’on observe que le couple (u/B, u/C) est
un élément du second ensemble; cela permet d’introduire l’application /
du premier dans le second, représentée par
u—> (u/B, u/C)
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 179

et on montre que f est bijective en prouvant successivement qu’elle


est surjective et injective.
Le caractere surjectif de f provient de ce que tout élément (v,, v2)
de #(B, A)<#(C, A) est un couple dont la premiere composante est
une application de B dans A et la deuxieme une application de C dans A;
comme B et C sont disjoints, il existe une application et une seule de BUC
dans A qui conduit de x a v(x) siveB et de x a v, (x) si xEC; ses restric-
tions a B et C sont respectivement vp, et v.; son image par / est donc bien
VPélément (vi, v2) considéré,
Le caractére injectif de ’application f provient de ce que si deux appli-
cations u’ et u” de BUC dans A sont telles que (u’ /B, wu’ /C) = (u" /B, u"/C),
alors leurs restrictions u’/B et u”/B sont égales ainsi que leurs restric-
tions u’'/C et u"/C; les deux applications u’ et uw” coincident donc
dans BUC et sont par suite elles-mémes égales.
3.4.9. BIJECTIONS CANONIQUES RELATIVES A AB*®, (A®)°, (ACB, —
Pour introduire les bijections canoniques relatives a A®*<© et (A®)*,
on procéde comme dans le cas précédent, en construisant des bijections
canoniques relatives 4 #(Bx<C, A) et *(C, #(B, A)), d’ou l’on déduit
les bijections cherchées.
La bijection canonique de *(BxC, A) sur #(C, ¥(B, A)) se construit
de la facon suivante. Pour tout élément u du premier ensemble, c’est-
a-dire pour toute application u de BxC dans A (fonction de deux
variables notées x et y), on considére d’abord l’application partielle u(., y)
déterminée par u et relative a la valeur y de son second argument; on
considere ensuite l’application v de C dans #(B, A) qui conduit de yeEC
a lapplication partielle u(., y); cette application v étant un élément
de #(C, #(B, A)), elle permet d’introduire l’application f de #(B>xC, A)
dans #(C, #(B, A)) représentée par
u—>Pe

et ’on montre que f est bijective en prouvant successivement qu’elle


est surjective et injective.
1° f est surjective : En effet, soit g un élément quelconque de
F(C, ¥(B, A)); g est une application de C dans #(B, A) qui conduit
dun élément yE€C a une application g(y) de B dans A; il suffit alors
de considérer l’application de BC dans A représentée par
(2, ¥) >(8(¥)) (%),
ou x désigne un élément quelconque de B; cette application admet
comme application partielle relative a la valeur y de son second argument
Vapplication x—> (g(y)) (x), c’est-a-dire l’application g(y); son image
par f est donc lapplication y—> g(y), cest-a-dire l’application g elle-
méme. Tout élément g de #(C, #(B, A)) étant image par f d’un élément
de #(BxC, A), Papplication f est bien surjective.
176 TITRE If. — CHAPITRE I.

2° f est injective : En effet, soient u’ et u” deux éléments quelconques


de ¥(BxC, A); pour montrer que f est injective, il suffit d’établir Pimpli-
cation
GCI Vas LH YN 22 ih Mie

Or, dire que /(u’). = f(u"), c’est dire que les applications de C dans
¥(B, A) représentées par y—u'(.,y) et y>u"(.,y) sont égales;
cela entraine que, pour tout y de C, u’(., y) =u" (., y) et, par suite
que, pour tout x de B, u’(a, y) = u" (a, y); en définitive, on voit que,
pour tout y de C et pour tout x de B, uw’ et u” prennent la méme valeur,
ce qui permet d’assurer l’égalité de u’ et u”. L’application f est donc
bien injective.
La bijection f ainsi construite et sa bijection réciproque sont appelées
les bijections canoniques relatives a4 #(BxC, A) et #(C, F(B, A)).
Pour en déduire des bijections canoniques relatives 4 A®*®° et (A™)°,
on s’appuie sur la proposition générale suivante :
Etant donnés deux ensembles A et B dune part, deux ensembles A‘
etB’ d’ autre part, tels qu'il existe une bijection f de A sur A’ et une bijection g
de B sur B’, alors il existe une bijection de (A, B) sur F(A’, B’).
En effet, soit u un élément de (A, B); Papplication composée go uo f~'
est un élément de *(A’, B’); on peut donc considérer lapplication k
de #(A, B) dans #(A’, B’) représentée par
Ui eo bs

Cette application k est surjective car, si v désigne un élément quelconque


de ¥(A’, B’), la fonction g ovofest un élément de #(A, B) dont l'image
—1 —

par k est gogovo por c’est-a-dire v.


Cette application k est injective car, si u’ et uw" désignent deux éléments
quelconques de #(A, B), Végalité de leurs images par k, c’est-a-dire
Pégalité gou’of—'=geou"of—' entraine légalité

gogowofof=gogoulofof,

c’est-a-dire Végalité u’= u".


Cette remarque générale étant faite, pour construire la bijection
canonique de A®<° sur (A®)° a partir de la bijection canonique
de #(BxC, A) sur #(C, ¥(B, A)), on procéde de la facgon suivante.
On dispose déja de la bijection canonique de *(BxC, A) sur A®X<®,
On dispose aussi de la bijection canonique de *(B, A) sur A® ainsi que
de l’application identique de C qui est une bijection de C sur C; on
introduit alors la bijection de #(C, *(B, A)) sur #(C, A®) construite
dans la remarque générale, puis, comme on dispose de la bijection cano-
nique de #(C, A*) sur (A®)°, la bijection de #(C, ¥(B, A)) sur (A®)é
obtenue par une composition convenable. II] suffit alors de composer
OPERATIONS ELEMENTAIRES. 9)

convenablement a la maniére du paragraphe 3.4.7 les bijections de A®*<°


sur ¥(BxC, A) et de ¥(C, *(B, A)) sur (A®)© pour obtenir une bijection
de A®*<®© sur (A®)® qui est qualifiée de canonique ainsi que sa réciproque.
On introduirait, évidemment, de la méme maniére deux bijections
canoniques relatives 4 ¥(B XC, A) et *(B, #(C, A)), d’ou lon déduirait
par le procédé ci-dessus deux bijections canoniques relatives a A®*<°
eEe(AS)*
Finalement, deux quelconques des trois ensembles *(BxC, A),
F(C, ¥(B, A)), #(B, F(C, A)) peuvent étre mis en correspondance
biunivoque; deux quelconques des trois ensembles A®*<°, (A¥)°, (A‘C)®
peuvent étre mis en correspondance biunivoque; deux quelconques
des six ensembles précédents peuvent, eux aussi, étre mis en corres-
pondance biunivoque.

3.4.10. BIJECTIONS CANONIQUES RELATIVES A (A XB)® er AF xXB¥, —


La encore, pour introduire les bijections cherchées, on introduit des
bijections canoniques relatives 4 *(E, AB) et #(E, A)xXS(E, B),
d’ot: l’on déduit des bijections canoniques relatives 4 (A XB)¥ et A®xB®,
La bijection canonique de #(E,AxB) sur #(E, A)xXF(E,B) se
construit de la fagon suivante. Pour tout élément uw du premier ensemble,
c’est-a-dire pour toute application u de E dans le produit AxB, on
observe que les fonctions composées pr; o u et pr. ou, ou pr; et prs sont
les fonctions-projections du produit AB, sont des applications de E
dans A et de E dans B respectivement; le couple (pr: ou, pr2 ou) est
donc un élément de *(E, A)x #(E, B). Cette remarque permet d’intro-
duire l’application f de *(E, AXB) dans ¥(E, A) #(E, B) représentée
par
u—> (pri ou, pre ou)

et lon montre que f est bijective en prouvant successivement qu'elle


est surjective et injective.
19 f est surjective : En effet, soit g un élément quelconque de
F(E, A)x F(E, B) et soient g, et g. les composantes du couple g. Ces
composantes sont des applications de E dans A et de E dans B respecti-
vement et leur produit g:<g2 est une application de EXE dans A xB.
Soit alors d l’application diagonale (x — (x, x)) de E; on constate aussitot
que la fonction (g:><g2) od est une application de EK dans A xB. L’image
par f de cette application est le couple dont les composantes sont respecti-
vement pr: o (g:< gz) od et pr. o (g:<gz) od. Or, la premiére composante
de ce couple conduit de élément x de E a élément g,(x) de A; la
deuxiéme conduit de l’élément x de E a l’élément g(x) de B; il en résulte
que la premiére composante n’est autre que la fonction g, et que la
deuxiéme n’est autre que la fonction g.. Finalement l'image de (9g, g2) od
par f est Vapplication g considérée au début et f est bien surjective.
Vv. ROUQUET LA GARRIGUE. 12
178 TITRE Il. — CHAPITRE I.

2° f est injective : En effet, soient u’ et u" deux éléments quelconques


de #(E, AB); pour montrer que fest injective, il suffit d’établir Pimphi-
cation
GLA CH) th si

Or, dire-ques/(") = ((m"), ¢ €st-cire que


(pryiou', proou') = (pryou", pry ith Ne

cela entraine l’égalité de pr, o w’ et de pr, o uw” ainsi que l’égalité de pr, o u’
et de pr. ou”. Ilen résulte que, pour tout x de E, pr: (u‘(x)) = pri(u"(a))
et que pr.(u'(x)) = pr.(u"(x)); on en déduit que, pour tout x de E,
les couples (pri(w'(x)), pr.(u'(x))) et (pri(u" (x)), pr.(u"(x))) sont
égaux; en d’autres termes, pour tout x de E, les deux fonctions uw’ et u"
prennent la méme valeur, ce qui permet d’assurer leur égalité. L’appli-
cation f est donc bien injective.
La bijection f ainsi construite et sa bijection réciproque sont appelées
les bijections canoniques relatives 4 ¥(E, AB) et #(E, A)x#(E, B);
on en déduit, a la maniére du paragraphe 3.4.7, des bijections cano-
niques relatives.4 (A XB) et AF xB.
Ces bijections autorisent en particulier a identifier *(E, AB) et
F(E, A)x F(E, B), ce qui permet de confondre verbalement et graphi-
quement une application u de E dans A xB avec le couple (pr; o u, pr. ° U)
dont la premiére et la deuxiéme composantes sont respectivement des
applications de E dans A et de E dans B. On rejoint ainsi les confusions
paradoxales signalées au paragraphe 2.5.39, mais a cette difference
pres que les confusions actuelles relévent de la notion générale d’identifi-
cation et deviennent ainsi acceptables.
3.4.11. REMARQUE SUR L’EXPONENTIATION DES ENSEMBLES. —
Les bijections canoniques construites dans les derniers numéros géné-
ralisent les propriétés les plus classiques de l’exponentiation des entiers.
Le fait que APY et A®xA® soient les mémes a une bijection prés
lorsque B et C sont disjoints, apparait comme une généralisation de
Végalité entre entiers :
Qa ae,

Le fait que A®<°, (A®)°, (A°)® soient les mémes a une bijection prés
apparait comme une généralisation de
qoxc = (abye = (acy,

Le fait que (A xB)" et A®xB® soient les mémes a une bijection prés
apparait comme une généralisation de
(ax b)e= ae~x be,

L’étude des cardinaux permettra de donner tout son sens a cette remarque.
———S

CHAPITRE HI.
OPERATIONS GENERALES.

Les opérations générales sur les ensembles peuvent étre réparties


en deux catégories : d’une part, celles qui généralisent les opérations
élémentaires d’intersection, de réunion, de produit de deux ensembles;
d’autre part, celles qui permettent d’« organiser » un ensemble, soit
en le partageant en morceaux pour grouper ces morceaux en un nouvel
ensemble, soit en y « mettant de Vordre ».

1. GENERALISATION DES OPERATIONS ELEMENTAIRES.

Il est assez clair, semble-t-il, que les opérations élémentaires, étudiées


au chapitre précédent, s’effectuent toutes 4 partir d’une ou deux données,
dans la plupart des cas un ou deux objets; certes, ces opérations peuvent
en général étre itérées autant de fois qu’on le veut, mais ce serait sombrer
dans le verbiage pur et simple que de prétendre refaire une opération
une infinité de fois : pas plus maintenant que du temps d’Aristote, aucun
mathématicien n’admet une telle possibilité.
Cependant les idées ont considérablement évolué depuis un siécle
a propos de l’infini mathématique. Avant Cantor on s’interdisait de
considérer un ensemble composé d’une infinité d’objets — officiellement
du moins; on se permettait bien d’assurer, par exemple, qu’étant donné
un nombre premier p, il existait un autre nombre premier strictement
supérieur a p, et ce théoréme introduisait en mathématiques une sorte
d’infini (infini virtuel), mais sa construction totale apparaissait irréalisable
et Ton refusait de soumettre au raisonnement cet infini inaccessible
composé de tous les nombres premiers (infini actuel). Depuis Cantor,
au contraire, la considération d’ensembles de cette sorte est devenue
courante; tout en reconnaissant. l’impossibilité de les construire par
répétitions concrétes, les mathématiciens se sont enhardis a en admettre
Vexistence; passant outre a des scrupules relevant d’une conception
concrete et pour ainsi dire dynamique des mathématiques, ils ont pris
le parti de les traiter comme s’ils étaient effectivement constructibles
et de leur appliquer une logique plus ou moins incertaine relevant,
180 TITRE II. — CHAPITRE II.

elle, d’une conception aussi bien abstraite qu’indépendante du temps.


Restait & mettre au point une logique, a la fois simple et efficace,
permettant de régler, sinon en toute sécurité, du moins sans grands
risques d’erreur, les raisonnements sur de tels objets. C’est a quoi s’est
employée avec succés la mathématique moderne, comme on ]’a vu au
Latre ed.
Les fruits de cet effort apparaissent le plus nettement dans le passage
des opérations élémentaires 4 leurs généralisations. Au lieu de considérer
deux objets, d’effectuer sur eux une certaine opération, puis de la
recommencer, on considére d’emblée des objets sans en préciser le nombre
et lon définit 4 partir de ces objets une opération qui se réduit (ou a
peu prés) 4 l’opération qu’on se propose de généraliser, lorsque ces objets
se réduisent a deux objets.
La difficulté qu’ont rencontrée les mathématiciens dans cette tentative
a été principalement de savoir ce qu’ils voulaient dire quand ils disaient
des objets ». Sans précision supplémentaire cette expression peut
englober, par exemple, tous les objets et l’on se doute qu’une définition
prenant comme point de départ fous les objets risque fort de se heurter
a une relation non collectivisante, donc de devenir illusoire. Pour
surmonter cette difficulté, la mathématique actuelle se borne 4 généra-
liser les opérations élémentaires dans le cas ot les objets sur lesquels
porte l’opération a définir constituent eux-mémes une famille d’ensembles.
C’est donc finalement la notion de famille, dégagée a l’occasion des
opérations élémentaires, qui se révéle comme l’instrument indispensable
actuellement a la définition des opérations générales.

1.1. Réunion.

La premiére opération généralisée est celle de réunion. Il convient


de souligner qu’on distingue, malgré leurs liens étroits, la réunion d’une
famille d’ensembles, la réunion d’une famille de parties d’un ensemble,
la réunion d’un ensemble d’ensembles. D’autre part, une famille
quelconque apparait comme un cas légérement particulier de ce ae on
appelle un « recouvrement » de sa réunion.
1.1.1. DEFINITION DE LA REUNION D’UNE FAMILLE D’ENSEMBLES, —
Soit X une famille d’ensembles, c’est-a-dire un graphe univoque (ou
fonctionnel), admettant I (grand iota) comme ensemble d’indices; on
sait qu’un indice quelconque est alors noté « (petit iota), que I’élément
d’indice « de la famille est noté X, et que la famille elle-méme est
notée (X.):er
Pour introduire une opération qui, a partir de la famille (X,),e1,
généralise la réunion de deux ensembles, il est indispensable de faire
appel a une relation collectivisante qui assure l’existence d’un ensemble
capable de constituer le résultat de Vopération 4 introduire.
OPERATIONS GENERALES. 181

On observe alors, qu’étant donnée une famille (X.),<¢; quelconque


(en particulier I pouvant étre ou non vide), la relation
v vel } x
a: > ZzZE
xeX, < ;

est vraie (c’est assez évident !). I] en résulte, en vertu de l’axiome de


quantification, que la relation

(W:) (AZ) (We):

est vraie (puisque le prototype X, vérifie la relation soumise au quantifi-


cateur 3Z). Il en résulte enfin, en vertu de l’axiome de sélection et
réunion, que la relation en 2,
31: { vel
ae x,
est collectivisante en 2.
Par définition, ’Yensemble groupant les objets x tels que (3,)
(el et xeEX,), c’est-a-dire Pensemble &,((3,) ((€I et xreX,))
est appelé la réunion de la famille (X,), e1.
En d’autres termes, la réunion de la famille d’ensembles notée (X,),1
est ensemble des objets qui appartiennent a un ensemble au moins de cette
famille. Cette notion apparait donc intuitivement comme une générali-
sation raisonnable de la réunion de deux ensembles. On observera
cependant que la réunion de la famille (X,),e; est un prototype qui
dépend de l'ensemble des indices I de cette famille, puisque la lettre I
figure dans lexpression de ce prototype; au contraire, la lettre « n’y
figure pas.
Pour noter la réunion de la famille (X.),¢1, on emploie le symbole

Ux
tel

constitué par le signe de réunion agrandi, lui-méme souligné par le


symbole :€I et suivi de X,; ce symbole est lu, pratiquement : réunion
des X,; il est souvent remplacé, lorsque le contexte ne laisse pas de
doute sur l’ensemble des indices, par le symbole

es
lu comme le précédent.
La lettre 1 est une variable muette de ces deux symboles.
L’opération qui, portant sur une famille d’ensembles, fournit
comme résultat la réunion de cette famille, est appelée réunion
182 TITRE II. — CHAPITRE II.

des ensembles; c’est une opération singulaire dont la donnée est une
famille.

1.1.9. PRopRIETES DE LA REUNION DES ENSEMBLES. — La réunion


des ensembles a des propriétés analogues a celles de la réunion de deux
ensembles; cependant, les cas ou l’ensemble des indices est vide ou
réduit 4 un seul élément méritent une mention particuliére.
a. Réunion d’une famille vide. — Si I est vide, la relation (4:)
(.€ I et xe X,) est fausse et l'ensemble groupant les objets x remplissant
la condition qu’elle exprime est ensemble vide. Il en résulte que

La réunion d’une famille vide est souvent appelée la réunion vide.


b. Réunion dune famille dont Vensemble des indices est réduit a un
seul élément. — Si I est réduit a un seul élément, désigné par «, la
relation (31) (€{ a} et xeEX,) est équivalente a (31) (« = « et rE X,),
elle-méme é€quivalente a (3c) (« = « et rE X,); cette derniere relation
est équivalente a (cf. Titre I, II, 2.6.6d) xe X,; donc la réunion de la
famille est égale a Xz. En d’autres termes,

i 9op |
tela}

Remarque. — La notion de réunion de deux ensembles ne permettait


pas de parler de la réunion d’un ensemble et encore moins de la réunion
de zéro ensemble !

c. Changement de l'ensemble des indices par une représentation para-


métrique. — Etant données deux familles (X,).e1 et (Yynvex (% et K
étant lus petit kappa et grand kappa) felles que l'ensemble des éléments
de la premiére soit égal a l'ensemble des éléments de la seconde (en d’autres
termes, deux graphes univoques ayant méme seconde projection), alors
la réunion de la premiére famille est égale a la réunion de la seconde famille.
L’intérét de cette proposition réside en ce qu'elle précise de quelle
maniéere (trés faible) la réunion d’une famille dépend de l’ensemble
des indices. Si l’on change lensemble des indices (pourvu cependant
qu’il reste bien un ensemble des indices) sans modifier l’ensemble des
éléments de la famille, on ne modifie pas la réunion de la famille. En
d’autres termes, si, disposant d’un ensemble indexé (seconde projection
d’un graphe univoque) on modifie indexation sans modifier l’ensemble,
la réunion n’est pas modifiée.
OPERATIONS GENERALES. 183

Pour établir cette proposition on montre que tout élément de la réunion


de la premiére famille est un élément de la réunion de la seconde et
réciproquement.
Si x appartient a la réunion de la premiere, il existe un :e€l tel
que xe X,. Comme l’ensemble des éléments Y, de la seconde est égal
a celui des éléments X, de la premiere, on peut assurer que, pour tout sé I,
il existe un «EK tel que Y,= X,. Il en résulte que si x appartient
a la premiére réunion, il existe un xE€K tel que xe Y,. Cela montre
que x appartient a4 la seconde réunion.
La réciproque se démontre de la méme maniere.
Cette proposition entraine le corollaire suivant, qui concerne un chan-
gement de l’ensemble des indices au moyen d’une représentation para-
métrique.
Etant donnée une famille (X,),e1; étant donnés, d’autre part, un
ensemble K et une application surjective f de K sur I; alors, la réunion
de la famille (X,),e; donnée est égale a la réunion de la famille (X/x))xex;
déterminée par le prototype X;\, ot x est un élément de K.
En d’autres termes, on peut assurer que :
Si f est une surjection de K sur I,

xn=%
xEK tel

Soit, en effet, Y le graphe fonctionnel déterminé par le prototype X/,),


ou «EK (cf. I, § 2.3.8 a). Y est une famille admettant K pour ensemble
d’indices et dont l’élément Y,, d’indice x est égal a X+,). Il est facile
de voir que l’ensemble des éléments de la famille Y est égal a l’ensemble
des éléments de la famille donnée. En effet, si Y,, est un élément de la
famille Y, il est égal 4 X;), donc est un élément de la famille donnée.
Réciproquement, si X, est un élément de la famille donnée, il existe
un x~E€K tel que : = f(«), puisque f est surjective; donc l’élément X,
est égal A Xi, et, par suite, a élément Y,, de la famille Y.
La famille donnée (X,),e; a done méme réunion que la famille (Yy)xex-

d. Idempotence généralisée. — Etant donnée une famille non vide (X,),er


telle que, pour tout 1E 1, X, soit égal a un ensemble A, alors

En effet, si x appartient au premier membre de l’égalité énoncée,


il existe un -E€I tel que rE X,; mais comme X,= A, x appartient a A.
184 TITRE IJ. — CHAPITRE II.

Réciproquement, si x appartient au second membre, il appartient a X,


quel que soit .€I; comme I n’est pas vide, il existe alors un tel tel
que «eX, et x appartient au premier membre.
En particulier, si A = 0, la réunion d’une famille non vide ad’ensembles
fous vides est égale a 0.

Remarque. — On peut observer, a titre de curiosité, que si I est


vide, la relation « pour tout ‘eI, X,=A » est une relation vraie
quel que soit l’ensemble A. Mais l’égalité exprimant Vidempotence
généralisée est cependant fausse si A n’est pas vide. L’assertion du
théoréme précédent devient donc fausse lorsque, a la fois, I =
et A + ; elle reste vraie lorsque, 4 la fois, I = 0 et A = W. On peut
done assurer que :
Quel que soit I,

(Wy) (O39) \_)x. was


tel |

e. Commutativité généralisée. — La réunion dune famille (X,),e1


nest pas modifiée par une permutation quelconque de l'ensemble des indices.
En d’autres termes, on peut assurer que :
Si f est une permutation de I,

Cette propriété n’est qu’un cas particulier du corollaire établi au


paragraphe c.

f. Réunions partielles. — Etant donnée une famille (X,).e1, la réunion


d’une sous-famille de (X,),<; est appelée une réunion partielle
de la famille (X,),<). Par opposition, la réunion de Ja famille (X,),er
est appelée la réunion totale de cette famille.
Les propriétés des réunions partielles sont dominées par la propo-
sition suivante :
Si deux familles (X,),1 ef (Y:),e1, admettant le méme ensemble d’indices,
sont telles que, pour tout .E€ I, Y, soit contenu dans X., alors la réunion
de la seconde est contenue dans la réunion de la premiére. En d’autres
termes, on peut assurer l’implication
OPERATIONS GENERALES. 185

En effet, si x appartient a la réunion de la famille (Y,),e1, il existe


un tel tel que xe Y,; comme Y,cX,, x appartient alors a X, et il
existe ainsi un :€I1 tel que xe X,; donc x appartient a la réunion de la
famille (X,),¢;. On peut observer que cette propriété est vraie méme
Sip eas
A cette proposition on peut joindre la suivante :
Toute réunion partielle de la famille (X.),e1 est une partie de la réunion
totale de cette famille. En d’autres termes, on peut assurer |’implication

En effet, si x appartient 4 la réunion de la famille (X,),5, il existe


un + appartenant a J, donc a I, tel que rE X,; x appartient donc a la
réunion totale.
En particulier, tout élément de la famille (X,),e1 est une partie de la
réunion totale. En d’autres termes :
Quel que soit ae],

|
X,¢ \_)x..
rel

En effet, X, est égal a la réunion partielle dont l’ensemble d’indices


est {| a}.
Il en résulte que toute partie d'un ensemble de la famille (X,),e1
est une partie de la réunion totale. En particulier, toute partie contenue
dans tout ensemble de la famille est une partie de la réunion totale.
La derniére propriété des réunions partielles concerne la réunion
d’une famille de réunions partielles.
La réunion dune famille de réunions partielles est une partie dela réunion
totale. En d’autres termes, étant donnée une famille (X,),e, étant
donnée, d’autre part, une famille (J)rex (A et A étant lus, respecti-
vement : petit lambda et grand lambda), dont tout élément J) est une
partie de I, on peut assurer que

'S. ((\Ux)< bs:


AEA 1EI, el

En effet, toute réunion partielle est contenue dans la réunion totale;


donc la réunion de la famille de réunions partielles figurant au premier
membre de cette inclusion, est contenue dans la réunion de la
famille (Z)),eA, ou Z, est égal, pour tout AEA, a la réunion totale;
186 TITRE I]. — CHAPITRE II.

en vertu de l’idempotence généralisée, cette derniére réunion est égale


a la réunion totale.
g. Associativité généralisée. —- En précisant la derniére propriété
établie, on obtient une généralisation de la notion d’associativité d’une
opération binaire.
Etant donnée une famille (X,),e1; élant donnée, dautre part, une
famille (Jj),e dont la réunion est égale a1 (on verra au paragraphe 1.1.5
que cette famille (Jj),ea est, en particulier, un recouvrement de I),
alors la réunion de la famille des réunions des sous-familles (X.),e5, est
égale a la réunion totale. En d’autres termes, on peut assurer que

si i! (Ux) =).
AEA EH Ler

On sait déja que le premier membre de l’égalité énoncée est contenu


dans le second. II suffit donc, pour démontrer cette égalité, de prouver
que tout élément du second membre est un élément du premier. La
démonstration est a4 peu prés immédiate : si x appartient au second
membre, il existe un .EI, tel que re X,; mais cet : appartenant a la
réunion de (Jx),e il existe alors un AEA, tel que +e J;; il en résulte
que x appartient a la réunion d’une famille (X,),
es, et, par conséquent,
au premier membre.
h. Prolongement d'une famille d’applications dans B, définies respecti-
vement sur les divers éléments d’une famille. — Le probleme suivant se
pose assez souvent en mathématiques. Etant donnée une famille
d’ensembles (X,), <1; étant donnée, d’autre part, une seconde famille (f,),er
admettant le méme ensemble d’indices que la premiere et telle que,
pour tout -el, f, soit une application de X, dans un ensemble B,
lui-méme donné; on se propose alors de construire une fonction f, prenant
ses valeurs dans B, définie dans la réunion de (X.),e1 et coincidant
avec f, dans X,, quel que soit l’indice : de I. En d’autres termes, on se
propose de prolonger a la réunion de (X,),e1 toutes les applications f,
de la famille donnée.
On apercoit aussitét une condition de possibilité de ce probléme,
a savoir que deux applications f, et f, d’indices différents coincident
dans exe.
Cette condition est d’ailleurs suffisante et le probleme posé admet
alors une solution unique comme le prouve la démonstration du théoréme
suivant :
Etant données une famille d’ensembles (X,),e1 ed une famille (f.). 1,
ou f, est une application de X, dans un ensemble B et telle que f. et fy
coincident dans X,QX,, quels que soient les indices 1 et x, alors il existe
OPERATIONS GENERALES. 137

une fonction f et une seule, prenant ses valeurs dans B et prolongeant a


la réunion de (X.),e1 toutes les fonctions f..
Que la solution de ce probleme soit unique est a peu pres évident.
En d’autres termes, si deux fonctions f’ et f’ remplissent les conditions
imposées, elles conduisent de tout x de la réunion (ici désignée par A)
a la méme image. En effet, pour tout x de A, il existe un 1€ I tel queve X,;
comme f’ et f” sont toutes deux des prolongements de f,, elles coincident
dais, onc. pay == {7() et. f(x) = f,(x) et, par “suite, f’ (4) — f(z)
pour tout a de A.
Pour établir l’existence, il suffit, en désignant par F, le graphe de f,,
de faire appel a l’application de A dans B dont le graphe ¥ est la réunion
de la famille (F,), er.
Bien entendu, il convient de s’assurer que l|’expression « l’application
de A dans B dont le graphe est la réunion de la famille (F,),e1 » désigne
effectivement une application de A dans B qui prolonge toutes les
fonctions f,, c’est-a-dire que la réunion # de la famille (F,),er est un
graphe fonctionnel dont la premiére projection est égale a A et la deuxiéme
contenue dans B et que l'image de tout a de A par & est égale a F, (x)
lorsque x appartient a4 X,.
D’abord, * est un graphe dont la premiére projection est contenue
dans A et la deuxiéme dans B. En effet, si ze %, il existe un -El tel
que z€F,; comme F, est un graphe dont la premiére projection est X,
et la deuxieme contenue dans B, z est un couple dont la premiére compo-
sante appartient 4 X, et la deuxieme a B. En d’autres termes, ¥ est
bien une partie de AxB.
Ensuite, la premiére projection de ¥ est égale a A. Soit, en effet, x un
élément de A; alors il existe unt eI tel que rE X,; comme f, est définie
sur X,, le couple (a, f,(x)) appartient a F,; donc ce couple appartient
Aa * et x appartient a pr,%. En d’autres termes, pri% = A, puisque
tout élément de pri% appartient, évidemment, a A.
D’autre part, * est un graphe fonctionnel, c’est-a-dire que Vhypo-
these ((x, y')E*% et (a, y")EF) entraine la conséquence (y’= y").
En effet, si lon admet l’hypothése, il existe un cel tel que (a, y')EF,
et il existe un zeEI tel que (x, y")EF,; il en résulte que x appartient
a la fois 4 pr,F, et a pr, F,, donc a leur intersection X,N X,; comme f,
et f, coincident dans X,qA X,, on constate que y’= y’.
Enfin, si x appartient 4 A, il existe un: eI tel que ve X, et, pour un
tel indice +, quel qu’il soit, ¥(«) = F,(a). En effet, le couple (zx, F,(a))
est un élément de F,, donc un élément de *; comme ¥ est univoque,
x n’a qu’une seule image par # et cette image est nécessairement F, (2).

Remarque. — Si la famille (X:),c; est telle que X,N Xx est vide


dés que les indices : et ~ sont différents, la condition de possibilité
du probléme résolu ci-dessus est réalisée. Dans le cas d’une telle famille
188 TITRE I]. — CHAPITRE II.

— appelée comme on le verra ci-dessous (cf. § 1.1.6 a) une famille


d’ensembles mutuellement disjoints — le probleme de prolongement
admet toujours une solution unique.
Il apparait, d’ailleurs, comme une généralisation de celui qui a été
traité (chap. I, § 2.5.4e) 4a propos du prolongement d’une appli-
cation jf= (F, A, B) a un ensemble A’ contenant A. Dans ce dernier
probléme, la famille d’ensembles n’a que deux éléments A et A’— A,
évidemment disjoints; la famille de fonctions a elle aussi deux éléments,
& savoir les fonctions f(x) et T= 2. du probleme en question; le
prolongement obtenu est la fonction représentée par
\ f(#) st wea,
«>
COUS i si weA’—A.

1.1.3. REUNION D’UNE FAMILLE DE PARTIES D’UN ENSEMBLE E, —


a. Définition. — Il n’est peut-étre pas inutile de rappeler qu’une famille
de parties d’un ensemble E n’est pas tout a fait une famille d’ensembles,
mais une fonction dont l’ensemble d’arrivée est une partie de @(E).
Si I est ’ensemble de départ d’une telle fonction et X son graphe, on
note en abrégé cette famille de parties de E au moyen du symbole (X,),e1
qui omet lensemble d’arrivée et qui désigne la famille (tout court)
d’ensembles eux-mémes parties de E.
On définit alors la réunion de la famille (X,),e1 de parties de E comme
la réunion de la famille (tout court) représentée par (X,), er. Il en résulte
que la réunion d’une famille de parties de E est un prototype qui ne
dépend ni de l’ensemble E ni de l’ensemble d’arrivée [partie de (E)]
de la famille de parties de E considérée.
Il est clair que tout x appartenant a la réunion appartient a une partie
de E, donc est un élément de E; en d’autres termes, la réunion d’une
famille de parties de E est une partie de E.
b. Propriétés. — Les propriétés établies a propos de la réunion d’une
famille sont, évidemment, des propriétés de la réunion d’une famille de
parties de E, puisque la définition de cette derniére ne fait intervenir
que la premiere.
Mais, a ces propriétés, il convient de joindre celle qui concerne l’image
par une correspondance de la réunion d’une famille de parties @’un ensemble.
St (X.),e1 est une famille de parties d'un ensemble A et VY une corres-
pondance entre A et un ensemble B, Vimage par V de la réunion de la
famille (X:),<1 de parties de A est égale a la réunion de la famille des images
des éléments X,.
En d’autres termes,

rl Jxoal remy. |
tel tel
|
OPERATIONS GENERALES. 189
La démonstration se réduit a la chaine d’équivalences suivante :

(4) («<\_)x. etyel<n>) & (42) eletvex, et yel<z))


tel }
= (F,) celet yel<X,))

a7 ee eas
:el

puisque le premier chainon exprime l’appartenance de y au premier


membre et le dernier celle de y au deuxieme membre de Il’égalité a établir.

1.1.4. REUNION D’UN ENSEMBLE D’ENSEMBLES. — Etant donné


un ensemble d’ensembles désigné par GA, soit Aj la famille d’ensembles
constituée par la diagonale de Axa.
Par définition, la réunion de la famille \, est appelée la réunion
des ensembles de 1.
On note la réunion des ensembles de @ au moyen du symbole

\_)x
XE

lu : réunion des ensembles de a.


On voit aussit6t que la réunion des ensembles de ‘?(E) est égale a E.

Remarque. — En principe, on ne dit pas « réunion de © » pour


« réunion des ensembles de », car Cl n’est pas une famille. Mais
Videntification possible de et A, par la bijection introduite au
chapitre I, § 3.4.3 autorise 4 dire « réunion de Cl considéré comme
famille » au lieu de « réunion des ensembles de »,
Par abus de langage, en sous-entendant « considéré comme famille »,
on se permet de dire « réunion de ( »,

Si @=}{ A,B, ot A et B sont deux ensembles distincts ou non,


la réunion des ensembles de @ est ensemble des objets qui remplissent
la condition « appartenir 4 A ou appartenir a B »; en d’autres termes,
la réunion des ensembles de n’est alors autre que AUB; en d’autres
termes encore :

\ ) X= AUB.

XE {A,B}

La réunion d’un ensemble d’ensembles apparait bien ainsi comme une


généralisation de la réunion de deux ensembles.
On observera que si A = B, l’égalité ci-dessus reste valable, ses deux
membres étant parfaitement définis et égaux a A lui-méme (ou a B
naturellement).
Igo TITRE II, — CHAPITRE II.

On verrait, de méme, qu’étant donnés trois ensembles A, B, C;

oy] X=j{AuBUC
Xe
7A ByiC

et ainsi de suite.

1.1.5. RecouvREMENTS. — La notion de recouvrement et les propriétés


qui la concernent sont étroitement liées a celle de réunion.
a. Définition. — On dit qu'une famille d’ensembles (X,),<: est
un recouvrement d’un ensemble E lorsque la réunion de la
famille (X,),<; contient E. En d’autres termes, une famille (X,),e1
est dite un recouvrement de E lorsque

\_) x55.

On dit aussi qu’un ensemble d’ensembles (désigné par \) est un


recouvrement d’un ensemble E lorsque la réunion des ensembles
de ( contient E.
On réserve le mot recouvrement a ces deux cas, mais il convient
d’observer que ce mot désigne, soit une famille d’ensembles, soit un
ensemble d’ensembles. Cependant, comme tout ensemble d’ensembles cv
peut étre considéré comme une famille (par identification entre et \,),
tout recouvrement peut étre considéré comme une famille.
Toute famille X = (X,),e1 est un recouvrement de sa réunion; tout
ensemble d’ensembles ct est un recouvrement de la réunion des ensembles
de ct. La seconde projection pr.X d’une famille X, c’est-a-dire l’ensemble
des éléments de X, est un ensemble d’ensembles qui est un recouvrement
de la réunion de X, égale a la réunion des ensembles de pr. X. La famille X
ainsi que pr: X sont d’ailleurs des recouvrements de tout ensemble contenu
dans leur réunion commune.

Fig. 28.

b. Représentation concrete. — Le schéma ci-dessus représente un


ensemble E (rectangle en traits forts) et un recouvrement de E dont
Vensemble des éléments est réduit a trois éléments (rectangles en traits
fins).
OPERATIONS GENERALES. 1g!

L’ensemble des ardoises d’un toit donne une image concréte d’un
recouvrement de l’ensemble des voliges.
c. Recouvrements plus ou moins fins. — Etant donné un ensemble E,
soient (X,),e1 et (Yx)xex deux recouvrements de E. On dit que le recou-
vrement (Y,),cx est plus fin que le recouvrement (X,),c<; pour
exprimer que pour tout xe K, il existe un:e€I tel que Y,, soit contenu
dans X,. On exprime la méme idée en disant que le recouvrement (X;), €1
est moins fin que le recouvrement (Y,),ex. En d’autres termes,
tout élément d’un recouvrement plus fin est contenu dans un élément
au moins d’un recouvrement moins fin.
La relation binaire en X et Y exprimée par « X et Y sont des recou-
vrements de E et Y est plus fin que X » est, évidemment, réflexive et
transitive; c’est donc une relation de préordre.

Remarque. —— La notion de recouvrement plus fin qu’un autre


est plus large que celle de graphe plus fin qu’un autre. Dire en effet
que le graphe (fonctionnel) (Y»),ex est plus fin que le graphe (X.), e1,
c’est dire que le premier est contenu dans le second, ou encore que
tout élément du premier est un élément du second; or cela exige
Que wKoGIL ete ques pournstout eck, VY. xX.
Il est utile de noter aussi que deux recouvrements peuvent étre
tels que chacun d’eux soit plus fin que l’autre sans qu’ils soient égaux,
ni méme que l’ensemble des éléments du premier soit égal a celui
du second.
Le schéma suivant représente deux recouvrements d’un ensemble E
(rectangle en traits forts), ’un de deux éléments, l’autre de trois;
chacun d’eux est plus fin que l’autre.

Fig. 29.

Pour obtenir un recouvrement de E qui soit plus fin qu’un recou-


vrement (X,),c; donné, il suffit de considérer une _ sous-famille
de (X:),er1 qui soit un recouvrement de E, c’est-a-dire une
famille (X.),ej;, ou J est une partie de I et qui soit un recouvrement
de E. Une telle sous-famille est appelée un sous-recouvrement de E
extrait du recouvrement donné. Bien entendu, ce procédé ne
fournit pas tous les recouvrements plus fins que le recouvrement
donné.
_ ite)i} TITRE I]. —~ CHAPITRE II.

Un autre procédé permettant d’obtenir un recouvrement de E


plus fin qu’un recouvrement donné (X:),e; consiste a construire
un recouvrement (Yy),ex quelconque, puis la famille (X:9 Yx)i., yern:
On peut s’assurer aisément que cette famille est un recouvrement
de E plus fin que le recouvrement donné (et aussi plus fin que le
recouvrement introduit).
»

d. Image d’un recouvrement par une correspondance. — Etant donnés


deux ensembles A et B et une correspondance quelconque V entre A
et B; étant donné, d’autre part, un recouvrement de A noté (X,),en
la famille ((< X,NA>),e1 est appelée Vimage par I du recou-
vrement (X,),e1
En général, cette image n’est pas un recouvrement de B. Certes, la
réunion de la famille ((U< X,qnA
>), er est bien la réunion d’une famille
de parties de B et, a ce titre, est contenue dans B, mais généralement
elle ne contient pas B comme I’exige la notion de recouvrement. En effet,
ja réunion de la famille ((< X,N A>). €1 est égale, on le sait (cf. § 1.1.3 Db)
a l'image de la réunion de la famille (X,N A), 1, c’est-a-dire a l’image
de A, donc 4 '< A>; or P< A» ne contient pas B en général.
Mais, on déduit aussitét de cette remarque une condition nécessaire
et suffisante pour que image d’un recouvrement soit un recouvrement,
a savoir que [< A> =B, c’est-a-dire que [ soit surjective. On peut
donc assurer la proposition suivante :
Pour que limage par une correspondance V entre A et B @un recou-
vrement de A soit un recouvrement de B, il faut et il suffit que V soit surjective.
De cette proposition résulte immédiatement que si f est une application
d’un ensemble C dans un ensemble A, dont (X,),e1 est un recouvrement,
alors f~' est surjective et image par f—' du recouvrement (X,),e1 est
un recouvrement de C. Le recouvrement de C ainsi obtenu est appelé
Vimage réciproque par f du recouvrement (X,),1.

Remarque. — On définirait aisément lV’image réciproque d’un recou-


vrement par une correspondance quelconque, mais cette image ne
serait généralement pas un recouvrement de l’ensemble de départ.

e. Produit de deux recouvrements. — Etant donnés deux ensembles A


et B, un recouvrement (X,),e1 de A et un recouvrement (Y,)xex de B,
on constate aussitét que la famille (X. Y.)u,wercx est un recou-
vrement du produit AXxB. Le recouvrement ainsi obtenu est appelé
le produit des recouvrements (X,),c; de A et (Yy)xex de B.

1.1.6, Partitions. — La notion de partition d’un ensemble est


un cas particulier de celle de recouvrement. Pour lui ‘donner toute sa
valeur on introduit au préalable la notion de famille d’ensembles mutuel-
lement disjoints.
OPERATIONS GENERALES. 193

a. Famille d’ensembles mutuellement disjoints. — Etant donnée une


famille d’ensembles (X,),¢1, on dit que la famille (X,),<; est une
famille d’ensembles mutuellement (ou deux a deux) disjoints
pour exprimer que quels que soient les indices : et x différents,
les ensembles X, et X, sont disjoints. En d’autres termes, dire
que (X,), c; est une famille d’ensembles mutuellement disjoints signifie que
COV)
ANG ees NI
XG =O)
rel xel

De méme, on dit qu'un ensemble d’ensembles est un ensemble


d’ensembles mutuellement (ou deux a deux) disjoints, pour exprimer
que, quels que soient les deux ensembles A et B distincts et appar-
tenant a (, ces ensembles sont disjoints.
b. Définition d'une partition. — On appelle partition d’un ensemble E,
tout recouvrement (X,),<¢; de E qui présente les particularités
suivantes :
1° aucun élément du recouvrement (X,),<; n'est vide;
2° le recouvrement (X,),<; est une famille d’ensembles mutuel-
lement disjoints;
3° la réunion de la famille (X,),<; est égale a E (alors que la
réunion d’un recouvrement quelconque de E contient E mais peut ne
pas étre égale a E).
En d’autres termes, une famille de parties non vides et mutuellement
disjointes de E, dont la réunion est égale a E, est une partition de E.
Un ensemble d’ensembles est dit, lui aussi, une partition de E lorsque
c’est un ensemble d’ensembles non vides et mutuellement disjoints dont
la réunion est égale a E.
On réserve le mot partition a ces deux cas.
c. Représentation concréte. — Le schéma suivant représente (approxi-
mativement) un ensemble E (rectangle en traits forts) et une partition
de E formée par une famille de quinze ensembles (rectangles en traits fins).

Fig. 30.

Cette représentation n’est qu’approximative, car elle n’indique pas


que les ensembles de la partition sont mutuellement disjoints (chaque
point d’un trait fin doit appartenir a un et un seul des rectangles dont
le contour passe par ce point). D’autre part, il y a des partitions qu’il
VY. ROUQUET LA GARRIGUE. 13
194 TITRE II. — CHAPITRE II.

est impossible de représenter concrétement (par exemple, un serpent


infiniment lové placé a l’intérieur de E et le complémentaire de la partie
qu'il constitue). Cependant un tel schéma aide a suivre les raisonnements
sur les partitions.

d. Mise en correspondance biunivoque d’une partition, de l'ensemble


de ses indices et de l'ensemble de ses éléments. — On sait déja (cf. I, § 3.4.4)
qu’étant donné un graphe G, il existe deux bijections canoniques relatives
a G et pr.G lorsque G est univoque et qu’il existe deux bijections
canoniques relatives 4 G et pr.G lorsque G est injectif. Une parti-
tion X = (X,),er d’un ensemble E étant un graphe univoque on peut
immédiatement assurer que :
Il existe une bijection de toute partition sur l'ensemble de ses indices
(et, naturellement, une bijection de l'ensemble des indices sur la
partition).
Il n’est pas inutile d’observer qu’il ne s’agit pas la d’une propriété
particuliére aux recouvrements de E qui sont des partitions, puisque
tout recouvrement est lui aussi un graphe univoque.
Au contraire, la propriété suivante est spéciale aux partitions :
Il existe une bijection de toute partition sur ensemble de ses éléments.
Pour l’établir, il suffit de montrer qu’une partition (X.),er de E est
un graphe injectif, c’est-a-dire que Vhypothése (~~) entraine la
conséquence (X,~ X,). Or, si (X,),er est une partition de E, par défi-
nition V’hypothése (.=~) entraine la conséquence (X,AXx= 9);
comme, d’autre part, X, n’est pas vide (et d’ailleurs X, non plus), il
existe au moins un élément de X,, soit x; cet élément x n’appartient
pas a X,, car si x ‘appartenait 4 X,, Vintersection X,N X,, ne serait pas
vide; il en résulte que X,+~ X,.
On peut observer que le caractére de partition est essentiel a la
conclusion, car elle serait fausse pour un recouvrement de E constitué
par une famille d’ensembles mutuellement disjoints dont certains seraient
vides.
Une partition X = (X,),e; de E peut donc étre mise en correspondance
biunivoque avec l’ensemble de ses éléments tout aussi bien qu’avec
Vensemble de ses indices; il en résulte que l’ensemble de ses indices
et celui de ses éléments peuvent eux aussi étre mis en correspondance
biunivoque (c’est d’ailleurs une conséquence immédiate du fait qu’une
partition est un graphe biunivoque).
Les bijections relatives 4 une partition et a l’ensemble de ses éléments
autorisent 4 identifier une partition avec l’ensemble de ses éléments. Cette
identification est trés employée, au point méme que pratiquement,
lorsqu’on parle d’une partition on parle presque toujours de l’ensemble
de ses éléments.
OPERATIONS GENERALES. 195

Ces mémes bijections permettent aussi d’assurer que :


Etant donnée une partition X =(X,),c1 de E, toute partition
Y = (Y,)xex de E telle que pr,Y = pr.X (c’est-a-dire admettant le
méme ensemble d’éléments que la premiére) admet un ensemble d’ indices K
qui peut étre mis en correspondance biunivoque avec celui de la premiere.
On exprime assez volontiers cette propriété en disant :
Une partitien est déterminée (ou définie) par l’ensemble de ses éléments,
a une correspondance biunivoque prés des ensembles d’indices.
Ce dernier énoncé, qui n’est sans doute pas trés clair ni trés correct
en lui-méme, ne doit étre considéré que comme une traduction du
théoréme qui le précéde.
e. Partitions plus ou moins fines. — La définition est la méme que
pour les recouvrements; on dit que la partition (Y,),cx est plus fine
que la partition (X,),<; pour exprimer que pour tout xe K, il existe
un .€I, tel que Y, soit contenu dans X,.
Le schéma suivant représente deux partitions d’un ensemble E,
la seconde étant plus fine que la premieére.

Contrairement a ce qui a été observé pour les recouvrements, si deux


partitions de E sont telles que chacune d’elles soit plus fine que lautre,
ces deux partitions ont le méme ensemble d’éléments et sont donc égales
a une bijection prés. En effet, si deux partitions de KE, (X,),e1
et (Y,)xex, remplissent cette condition, tout élément X, de la premiére
est contenu dans un certain élément Y,, de la seconde, lequel est a son
tour contenu dans un certain élément X, de la premiére; il en résulte
que X, est alors contenu dans X,, ce qui impose a. et 1’ d’étre égaux
(car leur inégalité entrainerait X,AX,=X,A9); on en déduit
que X,= Y,,; on démontrerait de la méme maniére que, pour tout xe K,
il existe un: € I tel que Y, = X,, de sorte que tout élément de la premiere
partition est un élément de la seconde et réciproquement. Les deux
partitions ont donc le méme ensemble d’éléments. Cette propriété permet
d’assurer que la relation (Y est une partition de E plus fine que la
partition X de E) est une relation d’ordre, si lon confond une partition
avec l’ensemble de ses éléments, ou encore si Von ne considére que des parti-
tions constituées par des ensembles d’ensembles. On sait, en effet, que la
196 TITRE I]. — CHAPITRE II.

relation analogue pour les recouvrements est réflexive et transitive;


ce qui précéde montre qu’elle est antisymétrique sous les réserves faites.
Une sous-famille d’une partition de E, distincte de cette partition,
n’est pas une partition de E, car la réunion d’une telle sous-famille est
seulement contenue dans E sans étre égale a E. Le premier procédé
permettant d’obtenir un recouvrement plus fin qu’un recouvrement
donné est donc inefficace en ce qui concerne les partitions. Il ne peut
done étre question d’extraire une sous-partition d’une partition.
Le second procédé n’est pas plus efficace. Le recouvrement
(XN Yu nermcx de E, construit a partir de deux partitions (X,),e1
et (Yy)xex n'est généralement pas une partition de E, car ce recou-
vrement peut admettre des éléments vides.
f. Image d’une partition par une correspondance. — Etant donnés
deux ensembles A et B et une correspondance quelconque I entre A
et B; étant donnée, d’autre part, une partition de E, notée (X,),e1,
la famille (I< X, >),<;est appelée limage par I de la partition (X,), <1.
On sait déja que limage d’un recouvrement n’est généralement pas un
recouvrement; l'image d’une partition est encore moins une partition.
Cependant,
Si IV est surjective, Vimage de la partition (X,),e1 est un recouvrement
de B dont la réunion est égale a B.
Si V est surjective et injective (c’est-a-dire bijective), ’image de la parti-
tion est un recouvrement de B dont l’ensemble des éléments est un ensemble
@ensembles mutuellement disjoints (la réunion du recouvrement étant,
bien entendu, égale a B).
Si I est une correspondance bijective et partout définie (univoque ou
non), image de la partition est une partition de B.
En particulier, si ( est une bijection, V image de la. partition est une
partition.
Le premier point est évident si l’on tient compte des résultats obtenus
a propos des recouvrements.
Le deuxiéme point résulte de ce que le caractére injectif de la corres-
pondance I impose 4a I'¢X,> et [< X,» détre disjoints dés que 1 4x.
En effet, si, pour deux indices : et x différents, [< X,> et '< X, > avaient
un élément commun y, cet élément y serait image par l' d’un élément 2’
de X, et d’un élément x” de X,; ces éléments xv’ et x” seraient alors
distincts puisque X, et X, sont disjoints; il en résulterait que deux
éléments distincts de A auraient par [ une image commune, ce qui
est contraire au caractére injectif de I.
Le troisicme point résulte de ce que image d’une partie non vide
de l'ensemble A par une correspondance L partout définie n’est jamais
vide.
OPERATIONS GENERALES. 197

Quant au quatrieme, c’est un cas particulier du troisiéme.


Comme la correspondance réciproque d’une application est une corres-
pondance bijective, image réciproque d'une partition par une appli-
cation est une famille d’ensembles mutuellement disjoints; c’est une
partition de l'ensemble de départ si l’application est surjective.
g. Produit de deux partitions. — Etant donnés deux ensembles A et B,
une partition (X,).e, de A et une partition (Y,),ex de B, on constate
aussit6t que la famille (X,xYx)i..er<x est une partition du
produit AxB. La partition ainsi obtenue est appelée le produit des
partitions (X.),<; de A et (Y,),ex de B.

1.2. Somme d’une famille d’ensembles.

L’opération de réunion de deux ensembles qui se rencontrent ne tient


compte, intuitivement, qu'une seule fois de leur partie commune, puisque
le résultat de cette opération serait le méme si cette partie était seulement
contenue dans l’un d’eux sans |’étre dans l’autre. Pour donner un sens
mathématique a une notion trés intuitive permettant de rassembler
tous les éléments du premier et tous les éléments du second, en
« dédoublant » ceux qui appartiennent 4 la partie commune, la théorie
des ensembles emploie le procédé suivant.
Etant donnés deux ensembles E et F ayant une partie commune A,
elle introduit un ensemble d’indices a deux éléments, noté par
exemple {a, 6}, et considére la famille { (E, «), (F,8)'. Les couples
de la forme (x, ~), ol x est un élément quelconque de E, constituent
un ensemble E’ que la bijection (évidente) x -—> (x, ~) met en corres-
pondance biunivoque avec E; de méme, les couples de la forme (y, ),
ou y est un élément quelconque de F, constituent un ensemble F’ que
la bijection y — (y, &) met en correspondance biunivoque avec F. Les
éléments z de la partie commune A fournissent alors des couples (z, ~)
de E’ et des couples (z, 6) de F’; leur « dédoublement » est ainsi réalisé
intuitivement, et pour ainsi dire l’« écartement » des ensembles E et F.

La réunion des ensembles E’ et F’ rassemble alors des couples qui tiennent


compte de tous les éléments de E, y compris ceux de A, et de tous les
éléments de F, y compris ceux de A. Cette réunion de couples est ce
198 TITRE I]. — CHAPITRE II.
que la théorie appelle la somme de la famille d’ensembles introduite
ci-dessus. Elle tient lieu de la notion intuitive évoquée au début.
Ces remarques conduisent aux développements suivants.

1.2.1. D&FIniITIONS. — Etant donnée une famille d’ensembles (X.) .e1,


la réunion de la famille (X, x {:|):e1 est appelée la somme de la
famille (X,),1.
Pour noter la somme de la famille (X,),e1, on peut employer (bien
que cet usage ne soit pas trés répandu) le symbole
& X,
rel

constitué par la majuscule S d’écriture anglaise, soulignée par le


symbole :€I, et suivie de X,; ce symbole est lu, pratiquement : somme
des X,; i] peut étre remplacé (sauf risque de confusion) par
‘Sx

Cette notation permet de traduire la définition de la somme par l’égalité

RhaSX. tel
as
Xx {

L’opération qui, partant d’une famille, fournit comme résultat


la somme de cette famille est appelée adjonction des ensembles.
A propos de la définition de la somme d’une famille, deux points
meéritent d’étre soulignés. D’abord, ensemble X, et l’ensemble X, x |¢ |
sont mis en correspondance biunivoque par la bijection x — (a, 1) du
premier sur le second, et cela quel que soit :eI. Ensuite, deux
ensembles X,xXj{t{ et X,xj}x} Windices différents sont disjoints,
puisqu’un couple du premier différe d’un couple du second par sa seconde
composante au moins. L’opération qui conduit de la famille (X,),er
a la famille (X,X{+}),er1 a done pour effet de former de nouveaux
ensembles en correspondance biunivoque avec les anciens et deux a
deux disjoints. Elle tient lieu de lopération intuitive qui consisterait
a écarter les ensembles anciens les uns des autres de facon a les rendre
sans élément commun deux a deux pour obtenir, en les réunissant,
ce qu’on concoit étre leur somme.

1.2.2, REPRESENTATION CONCRETE. — Lorsque la famille (X.),e1


n’a que deux éléments X, et X., on peut représenter concrétement la
somme de cette famille de la maniére suivante. On représente les éléments
de X, par des points d’un trait rectiligne (horizontal) marqués d’une
barre verticale et ceux de X, par des points du méme trait marqués
d’une barre oblique; les deux éléments 1 et 2 de l’ensemble des indices I
OPERATIONS GENERALES. 199

sont, de leur cété, représentés par deux points d’un autre trait rectiligne
(vertical); les couples appartenant aux deux produits X,x{1}
et X,.x {2} peuvent enfin étre représentés par des points, dérivant
du schéma classique, marqués d’une barre verticale s’ils proviennent
du premier ensemble et, au contraire, d’une barre oblique s’ils proviennent
du second.
On obtient ainsi le schéma suivant :


Somme dela famille
, dont les éléments
sont X, et x
|
|
'

oe ee eeXx, Xx,

Fig. 33.

Le trait rectiligne horizontal porte ensemble X, (quatre éléments),


Vensemble X, (trois éléments) et leur réunion (cing éléments). Le trait
rectiligne vertical représente l’ensemble I des deux indices 1 et 2.
La ligne horizontale inférieure, a lintérieur du cadre, représente
Yensemble X, x {|1}; la ligne horizontale supérieure représente |’ensemble
X. x {2}. Enfin, Pensemble des points encadrés représente la réunion
de ces deux derniers ensembles, c’est-a-dire, par définition, la somme
de la famille dont les éléments sont X, et Xz.
Ce schéma montre nettement la distinction qu’il convient de faire
entre somme et réunion d’une famille d’ensembles. La réunion de la
famille représentée ne comporte que cing objets tandis que la somme
de cette famille en comporte sept. L’accord avec la notion intuitive
de somme est donc raisonnable.

1.2.3. PROPRIETES.

a. Somme dune famille vide. — Si I est vide, la famille (X, x {+ |).e1


est une famille vide, dont la réunion est vide. La somme d’une famille
vide est donc vide. On l’appelle souvent la somme vide. Cette propriété
peut se traduire par :
& X,=9.
1Ee@

b. Somme dune famille dont ensemble des indices est réduit a un seul
élément. — Si I est réduit 4 un seul élément, soit « cet élément. La somme
de la famille est la réunion d’une famille dont ensemble d’indices est
200 TITRE II. —— CHAPITRE II.

lui-méme réduit a l’élément «. Il en résulte que la somme de la


famille (X,),e;a) est égale A X.X{a}. Elle n’est pas égale & Xo mais
elle est cependant égale, a une bijection prés, ad Xz, puisque l’appli-
cation (x, ~)>x de la somme dans X, est, évidemment, bijective; cette
application bijective autorise a identifier la somme d’une famille réduite
a un seul ensemble avec l’unique ensemble de la famille.
c. Relation entre la somme et la réunion dune famille. — Il est utile
de distinguer une famille quelconque et une famille d’ensembles mutuel-
lement disjoints.
Etant donnée une famille quelconque, la réunion de cette famille est
contenue, a une bijection prés, dans la somme de cette famille.
Etant donnée une famille @ensembles mutuellement disjoints, la réunion
de cette famille est égale, a une bijection prés, a la somme de cette famille.
Cette propriété autorise a identifier la somme d’une famille d’ensembles
mutuellement disjoints avec la réunion de cette famille.
Pour établir le premier point on montre que, pour toute famille (X,), e1,
il existe une surjection de la somme sur la réunion de cette famille.
L’existence de cette surjection permet, en effet, d’assurer celle d’une
inverse a droite associée a cette surjection; cette inverse a droite est
une injection de la réunion dans la somme, ce qui assure qu’il existe
une bijection de Ja réunion sur une partie de la somme; en d’autres
termes, la réunion apparait comme contenue a une bijection pres dans
la somme.
L’existence d’une surjection de la somme sur la réunion d’une famille
quelconque (X.),e1 est prouvée par les remarques suivantes. Soient S
et A la somme et la réunion de la famille (X,),e1. On considére, pour
tout -el, la bijection de X,x{t} sur X, représentée par (az, 1) > 2,
puis l’application (injective) de X, x |} dans A qui coincide avec cette
bijection dans X, X {1}; on considére enfin la famille (/,),e1, oti f, est
Yapplication de X,xj{:} dans A ainsi introduite. Cette famille est
une famille d’applications dans A, telle que /, admet pour ensemble
de définition élément X, x |} de la famille (X, x |} !),e1; de plus, pour
deux indices quelconques : et z, f, et /, coincident dans la partie commune
a leurs ensembles de définition, puisque cette partie commune est vide
des que 1x. On peut done appliquer le théoréme (cf. § 1.1.2) sur
le prolongement de la famille (f,),e: et l'on dispose ainsi de l’appli-
cation f de S dans A qui prolonge toutes les applications f,.
Il est facile de voir que f est une surjection de S sur A. En effet, si y
appartient a A, il existe un .€I tel que ye X,; y est alors l’image par f,
d’un certain élément z (et, d’ailleurs, d’un seul) de X, x {1} (puisque
f< XxX {t}> =X); comme f prolonge f,, on peut assurer que
f(z) =f.(2) =y et cela prouve que y est image par f d’un élément
— a Savoir z — de S.
OPERATIONS GENERALES, 201

L’existence d'une bijection de la somme sur la réunion d’une


famille (X,),e;1 d’ensembles mutuellement disjoints se prouve alors en
montrant que le prolongement / introduit ci-dessus est non seulement
surjectif, comme on vient de le voir, mais encore injectif. I] suffit, pour
cela, d’établir que les images f(z’) et f(z") de deux éléments distincts
de S sont elles-mémes distinctes. Or, si z’ et z” appartiennent a S, il
existe deux indices u-et x tels que z’E X, x {t} et z27EX, x {x} et le fait
que? prolonse j,.etf, permet d’assurer que [(z') = /,(z’) et- f(z”) = f,.(z’).
Diuue—%, ule) et f.(2 ) appartiennent .respectivement a X, et X,,
donc a deux ensembles disjoints; il en résulte que /(z’) + f(z”).
Sit =x, f,(z’) et f(z") appartiennent toutes deux a X,, mais comme /,
est une application injective, f,(z’) est différente de f,(z”) dés que 2'/+ 2";
il en résulte que, dans ce cas encore, /(z’) 4 f(z").

Remarque. — La bijection ainsi construite de la somme sur la


réunion d’une famille (X,),e; d’ensembles mutuellement disjoints
autorise 4 identifier somme et réunion d’une telle famille.

d. Mise en correspondance biunivoque des sommes de deux familles


(X):e1 ef (Y,):e1, admettant le méme ensemble Windices, lorsque, pour
tout .€ 1, il existe une bijection de X, sur Y,.
Cette propriété importante constitue, sans doute, la principale difference
entre la réunion et l’adjonction des ensembles. Elle exprime que la
somme d’une famille reste la méme, a une bijection pres, si ’on remplace
chaque ensemble de la famille par un ensemble en correspondance
biunivoque avec lui.
La réunion ne posséde pas cette propriété; le contre-exemple qui
suit le suggére aussit6t. Soient X,=/ a, b,c} et X.={a, dD}; soient
Nerd 0 6 1 el Yor a 5-0" +s il existe, evidermment, une-bijection
de X, sur Y, et une bijection de X, sur Y.; cependant, on se doute qu’il
n’existe pas de bijection de X,UX, sur Y,UY2, puisque la premiére
réunion n’a que trois éléments tandis que la seconde en a cinq.
Il existe, au contraire, une bijection de la somme de la premiere famille
sur la somme de la seconde.
En effet, revenant au cas général, soit (f,),e; une famille telle que,
pour tout. eI, f, soit une bijection de X, sur Y,. Pour tout -eI, X, x | +}
est mis en correspondance biunivoque avec X, par la bijection f; qui
conduit de (x, 1) 4ax; de méme, Y, est mis en correspondance biunivoque
avec Y, X{«/{ par la bijection f/ qui conduit de y a (y, +) (cf. diagramme
ci-joint).
et oes
iho

fi rr
Y
eg a i TR
202 TITRE II], —— CHAPITRE II.

L’application f; of,of, est alors une bijection de X, x {+} sur Y, xX [t}.


En reprenant le raisonnement fait en c, on constate que le prolongement
de la famille (f{of,ofi):er est une bijection de la réunion de la
famille (X, X{+}),e1 d’ensembles mutuellement disjoints sur la réunion
de la famille (Y.x{+t})er densembles mutuellement disjoints. Ce
prolongement est donc une bijection qui met en correspondance biunivoque
la somme de la famille (X,),e1 et la somme de la famille (Y,),
er.
e. Changement de l'ensemble des indices par une représentation para-
métrique bijective. — Etant donnée une famille quelconque (X,),e1; étant
donné, d’autre part, un ensemble K tel qwil existe une bijection f de K
sur J; alors, la somme de la famille (X,),e1 peut étre mise en correspondance
biunivoque avec la somme de la famille (Xjx))xex, 0 ~ est un élément
de K.
Cette proposition montre Vinfluence (minime) d’un changement
de l’ensemble des indices (par une bijection) sur la somme de la famille.
Cette somme n’est pas modifiée a une bijection prés, si l’on remplace
Yensemble des indices par un autre ensemble d’indices en correspondance
biunivoque avec l’ancien.
La démonstration peut étre présentée de la maniere suivante :
On observe d’abord que la somme de la famille (X,),ce: est égale, par
définition, 4 la réunion de la famille (X, X {t}):er.
I] suffit donc d’établir que la somme de la famille (Xx)),ex est égale
a une bijection prés 4 la réunion de la famille (X, X {+ }),er.
Le schéma suivant et son commentaire constituent la démonstration
de l’assertion visée :
Somme de (Xpy)xex
iF
Somme de (Xp 1* }) xen
Sr

ls
Sonine de (Xp {1
S(*) }) xex

lr
Réunion de (Xp) < {|
f(%) })xex

Réunion de (X,< {t}),e1-

La premiere fléche affectée de f, signifie que f, est une bijection de


la somme de (Xyjx))xex Sur la somme de (Xj) X {*!)xex-
L’existence de f, est évidente en vertu de c.
L’existence de la bijection f. résulte de d.
L’existence de la bijection f; résulte de ¢ parce que la famille que
concerne cette bijection est une famille d’ensembles mutuellement
OPERATIONS GENERALES. 203

disjoints. Cette affirmation, évidente pour la famille (Xj) X/~})xexs


demande a étre vérifiée pour la famille (X pix) x} f(%)|)cxex et découle
du fait que f est une bijection de K sur I. En effet, si deux indices x’
et x" de cette derniére famille sont différents, leurs images [(x’) et /(«")
dans I sont différentes; il en résulte que deux couples (2’, f(x’))
et (x", f(x")), appartenant 4 1’élément d’indice x’ et al’élément d’indice x"
respectivement, different au moins par leurs secondes composantes;
deux éléments de la famille d’indices différents sont donc disjoints.
L’existence de la bijection f, résulte du théoréme établi au para-
graphe 1.1.2 c¢ sur le changement de l’ensemble des indices par une
representation paramétrique pour la réunion d’une famille. La bijection f,
est, d’ailleurs, une application identique.
Pour achever la démonstration, il suffit d’observer que lappli-
cation f,°f;°f2°f, est une bijection de la somme de la famille (X/.y)),ex
sur la réunion de la famille (X, x |+{).e1, c’est-a-dire sur la somme de
la famille (X,), er.

Remarque. — Il est bien évident que deux familles admettant le


méme ensemble d’éléments n’ont, généralement, pas des sommes
égales aA une bijection pres.

/. Commutativité généralisée a une bijection pres. — Il suffit d’appliquer


le théoréme e au cas ot K = I, pour en déduire l’énoncé suivant qui
exprime la propriété de commutativité généralisée a une bijection
prés de lVadjonction des ensembles.
La somme Wune famille (X,).e; nest pas modifiée, a une bijection
pres, par une permutation quelconque de l'ensemble des indices.
g. Sommes partielles. — Etant donnée une famille (X,),c1, la somme
d’une sous-famille de (X,),<i est appelée une somme partielle de
la famille (X,),<:. Par opposition, la somme de la famille (X,),e1 est
appelée la somme totale de cette famille.
Les propriétés des sommes partielles sont analogues a celles des réunions
partielles.
Si deux familles (X,),e1 ed (Y:):e1, admeitant le méme ensemble d indices,
sont telles que, pour tout 1.€1, Y, soit contenu dans X,, alors la somme
de la seconde est contenue dans la somme de la premiere.
En d’autres termes, on peut assurer l’implication :

(WoM@ex)
tel
So Sys xe|
rel rel |

Il suffit, pour s’en assurer, d’observer que les deux familles (X, x { + |): e1
et (Y, X {+ }),e1 remplissent la méme condition que les familles données;
204 TITRE IJ. — CHAPITRE II.

la réunion de la seconde est donc contenue dans la réunion de la premiere


en vertu de 1.1.2 f, ce qui prouve l’exactitude de la propriété.
Toute somme partielle de la famille (X,),e1 est une partie de la somme
totale de cette famille.
En d’autres termes, on peut assurer l’implication :

jel => SXic Shad


red rel |

En effet, toute somme partielle de la famille (X,),e; est une réunion


partielle de la famille (X, x} «|),e1; il suffit done d’appliquer la seconde
proposition de 1.1.92 f.
En particulier, toute somme partielle dont l'ensemble des indices est
réduit a un seul élément est une partie de la somme totale. Mais élément Xz
d’indice « de la famille (X,),c1 est seulement égal a une bijection prés
a une partie de la somme totale; en d’autres termes, X, est seulement
contenu, a une bijection prés, dans la somme totale.
De méme, toute partie d’un ensemble de la famille (X.), e; est contenue,
a une bijection pres, dans la somme totale. En particulier, toute partie
contenue dans tout ensemble de la famille est contenue, a une bijection
pres, dans la somme totale.
La réunion dune famille quelconque de sommes partielles est contenue
dans la somme totale.
En d’autres termes, on peut assurer l’inclusion :

\_}sy< SEXP: |
neu
a |

ou (S;))e.\ est une famille dont chaque élément S), est une somme partielle
de la famille (X,),e1.
En effet, toute somme partielle de (X,),e1 est réunion partielle
de (X,X{+t}):er et la somme totale de (X,),c; est la réunion totale
de (X, x | t }),er En vertu de la derniére propriété démontrée en 1.1.2 f,
la réunion d’une famille quelconque de sommes partielles de (X,),e1
est une partie de la somme totale de (X,), er.
La ssmme dune famille de sommes partielles mutuellement disjointes
est contenue, a une bijection prés, dans la somme totale.
En effet, la somme d’une famille de sommes partielles mutuellement
disjointes est égale, a une bijection prés, a la réunion de cette
famille (cf, 38" 17 2.23-C):
De cette proposition découle aussit6t la suivante :
Etant donnée une famille (X,),e1; étant donnée, d’autre part, une
famille (Jj)xe de parties mutuellement disjointes de 1; alors la somme de
OPERATIONS GENERALES. 205

la famille (Si)xeA, 0S) est la somme de la famille (X,).e,,, est contenue,


a une: bijection prés, dans la somme totale de la famille (X,),e1-
En effet, si deux indices 4’ et 4” appartenant a A sont différents, les
sommes partielles S),, et S,” sont disjointes puisque J), et Jj” n’ont
pas d’élément commun. On est ainsi ramené a la proposition précédente.
h. Associativité généralisée a une bijection pres. — De méme que pour
la reunion, on peut préciser la derniere propriété établie et l’on parvient
a Passociativité généralisée, 4 une bijection prés, de ladjonction
des ensembles, exprimée par la proposition suivante :
Etant donnée une famille (X.),e1; étant donnée, dautre part, une
famille (Ji) de parties mutuellement disjointes de I, dont la réunion
est égale a 1; alors la somme de la famille des sommes partielles des sous-
familles (X,),es, est égale, a une bijection pres, a la somme totale. En
d’autres termes,
iD (roses) Mela eX.
rEN EI, tel
sont égales a une bijection prés.

Cette propriété est une conséquence presque immédiate de l’associativité


généralisée de la réunion.
En effet, par définition,

SAK ae) CREE oe et § MH) (Xx f+);


ted (Ee
A ted, |

d’autre part,

sont égales a une bijection prés, puisque les sommes partielles forment
une famille d’ensembles mutuellement disjoints.
Enfin, en vertu de l’associativité généralisée de la réunion,
Las
tp) =x
L) (Ux
r~EN ted, rel

cette derniére remarque achéve la démonstration.


i. L’adjonction des ensembles n’est pas idempotente. — Contrairement
a4 la réunion, l’adjonction des ensembles ne posséde pas la propriété
d’idempotence généralisée, pas méme a une bijection pres. Tandis que
la réunion d’une famille non vide d’ensembles égaux 4 un ensemble A
est égale a A, la somme d’une telle famille n’est pas égale 4 A — méme
pas a une bijection prés — dés que la famille a plus d’un élément. I] suffit
de reprendre l’exemple donné dans la représentation concréte (cf. § 1.2.2)
pour s’en convaincre aussitot.
206 TITRE II. — CHAPITRE II.

1.3. Intersection.
Comme pour la réunion, on distingue l’intersection d’une famille
d’ensembles — mais on suppose cette famille non vide —, l’intersection
d’une famille quelconque (vide ou non) de parties d’un ensemble, |’inter-
section d’un ensemble d’ensembles.

1.3.1. DEFINITION DE L’INTERSECTION D’UNE FAMILLE NON VIDE


D’ENSEMBLES. — Etant donnée une famille (X,),c; dont l'ensemble
d indices est non vide, il existe au moins un objet appartenant a I. Soit
donc « un élément de I. On observe alors que la’relation en 2,
(W+) (cel) = (wEX,))
entraine xe X,. Cette relation est donc collectivisante en x. Cette
remarque permet de poser la définition suivante :
Par définition, Yensemble groupant les objets x tels que
(Wt) («El = (weEX,)), c’est-a-dire Pensemble

Sx ((W +) (vel) >(wEXs)))


est appelé VPintersection de la famille non vide (X.), «1.
En d’autres termes, U’intersection de la famille non vide d’ensembles
notée (X,),.e1 est Vensemble des objets qui appartiennent a tous les
ensembles de cette famille. Cette notion apparait donc intuitivement
comme une généralisation raisonnable de l’intersection de deux ensembles.
On observera cependant, comme pour la réunion, que Vlintersection
de la famille (X,),e1 est un prototype qui dépend de l’ensemble des
indices I de cette famille, puisque la lettre I figure dans expression
de ce prototype; au contraire, la lettre « n’y figure pas.
On observera aussi que l’expression « intersection d’une famille »
n’a de sens que si cette famille n’est pas vide. Si l’on voulait étendre
cette expression au cas d’une famille vide, on se heurterait a une
relation non collectivisante. En effet, si I est vide, la relation
(V.) (cE 1) = (wEX,)) est une relation vraie quel que soit x; il n’existe
pas d’ensemble groupant tous les objets x remplissant cette condition,
puisque cet ensemble devrait grouper tous les objets et l’on sait qu’il
n’existe pas de tel ensemble. Il ne peut done étre question de parler
de lintersection d’une famille vide.
Pour noter l’intersection de la famille non vide (X,),c¢1, on emploie
le symbole

fm tel

constitué par le signe d’intersection agrandi, lui-méme souligné par


le symbole 1€ I et suivi de X,; ce symbole est lu, pratiquement : inter-
OPERATIONS GENERALES. 207
section des X,; il est souvent remplacé, lorsque le contexte ne laisse
pas de doute sur l’ensemble des indices, par le symbole

{ )\*
lu comme le précédent.
La lettre 1 est une variable muette de ces deux symboles.
L’opération qui, portant sur une famille non vide d’ensembles,
fournit comme résultat lintersection de cette famille est appelée
intersection des ensembles; c’est une opération singulaire dont la
donnée est une famille non vide.

1.3.2. PROPRIETES DE L’INTERSECTION DES ENSEMBLES.

a. Intersection dune famille dont l'ensemble des indices est réduit a


un seul élément. — Si I est réduit 4 un seul élément désigné par a, la
relation
(WH) (CLE, aj) = (wEX,))

est équivalente a (Wt) (1 = ~)= (tE Xz)); cette derniére relation est
équivalente a re X, (cf. Titre I, II. §2.6.6d et I, §2.4.6); donc linter-
section de la famille est égale 4 X,. En d’autres termes,

(\ Reel
tE{a}

Remarque. — La notion d’intersection de deux ensembles ne


permettait pas de parler de l’intersection d’un ensemble.

b. Changement de l'ensemble des indices par une représentation para-


métrique. — Etant données deux familles non vides (X,),e1 et (Yxnex
telles que l'ensemble des éléments de la premiére soit égal a l'ensemble des
éléments de la seconde, l’intersection de la premiére famille est égale a l’inter-
section de la seconde famille.
L’intérét de cette proposition est le méme que celui de la proposition
analogue relative a la réunion. Sa démonstration est immédiate.
On en déduit aussit6t le corollaire suivant :
Etant donnée une famille non vide (X;),e1; éfant donnés, d’autre part,
un ensemble K et une application surjective f de K sur I (ce qui exige
que K ne soit pas vide); alors Vintersection de la famille (X,),e1 donnée
est égale a Vintersection de la famille (X/(x))xex, déterminée par le proto-
type X (x) ott x est un élément de K.
208 TITRE II. — CHAPITRE II.

En d’autres termes :
Si f est une surjection de K sur 140,

c. Idempotence généralisée. — Etant donnée une famille non vide (X,).e1


felle que, pour tout 1.€1, X, soit égal a un ensemble A, alors

Cette propriété est évidente.


d. Commutativité généralisée. — L’intersection dune famille non
vide (X.),e1 n'est pas modifiée par une permutation quelconque de l'ensemble
des indices. En d’autres termes :
Si f est une permutation de 14 0,

Comme pour la réunion, cette propriété n’est qu’un cas particulier du


corollaire établi en b.

e. Intersections partielle. — Etant donnée une famille non


vide (X,),e1, Pintersection d’une sous-famille non vide de (X.),¢;
est appelée une intersection partielle de la famille (X,),<;. Par
opposition, l’intersection de la famille (X,),e; est appelée lintersection
totale de cette famille.
On retrouve a propos des intersections partielles, des propriétés
analogues a celles des réunions partielles.
Si deux familles non vides (X.),er et (Y:):e1, admettant le méme ensemble
@indices, sont telles que, pour tout .E€l, Y, soit contenu dans X,, alors
intersection de la seconde est contenue dans Vintersection de la premiere.
En d’autres termes, on peut assurer l’implication

(Wt) (YieX,) = OV aT ay
tel tel

En effet, si x appartient a l’intersection de (Y,),<,, il appartient a tout Y,


de la famille, donc a tout X, de la famille (X,),e1, done a l’intersection
de cette derniére famille.
OPERATIONS GENERALES. 209

La seconde propriété des intersections partielles se distingue de la


seconde propriété des réunions partielles.
Toute intersection partielle de la famille non vide (X.),e1 contient Vinter-
section totale de cette famille. En d’autres termes, on peut assurer l’implication

Dice (\%.2(-)\x
ted tel

En effet, si x appartient a l’intersection de la famille non vide (X,). e1,


il appartient a tout X, de cette famille, en particulier 4 tout X, de la
sous-famille (X,),e;, done a Vintersection de cette sous-famille.
En particulier, fout élément de la famille (X.),e1 contient lV’intersection
totale. En d’autres termes :
Quel que soit ze],
|
IES) () a
rel

Tout ensemble contenant un ensemble de la famille (X,),e; contient


done l’intersection totale. En particulier, la réunion totale et méme
toute réunion partielle contiennent l’intersection totale.
L’intersection dune famille non vide d intersections partielles contient
Vintersection totale. En d’autres termes, étant donnée une famille non
vide (X,),e1; étant donnée, d’autre part, une famille (Ji),ea, dont
tout élément J), est une partie non vide de I, on peut assurer que

Ak (Oe) es
KE wed,

La démonstration de cette propriété peut se conduire de la méme


maniere que pour la réunion.
f. Associativité généralisée. — Etant donnée une famille non vide (X,). 13
élant donnée, d’autre part, une famille (J}),eA\ dont aucun élément nest
vide et dont la réunion est égale a I, alors V'intersection de la famille des
intersections des sous-familles (X,),e5, est égale a Vintersection totale.
En d’autres termes, on peut assurer que :

MA)-2™
EA

heA 1EKH €

La démonstration est immédiate.


VY. ROUQUET LA GARRIGUE. 14
210 TITRE II], — CHAPITRE II.

1.3.3. INTERSECTION D’UNE FAMILLE DE PARTIES D’UN ENSEMBLE E.


— L’intérét de cette notion est de donner un sens 4 l’intersection d’une
famille vide de parties d’un ensemble E, notion illusoire dans le cas
@une famille tout court.

a. Définition. — Pour définir lintersection d’une famille de parties


de FE, on part d’une définition provisoire concernant le cas d’une famille
non vide et l’on aboutit a une définition générale concernant celui d’une
famille quelconque.
Etant donnée une famille non vide (X,),e1 de parties d’un ensemble E,
Vintersection de la famille (X,),<: (tout court) est appelée Vinter-
section de la famille (X,),<; de parties de E. De cette définition
résulte que l’intersection d’une famille non vide de parties de E est
un prototype qui ne dépend ni de l’ensemble E ni de l’ensemble d’arrivée
[partie de @(E)] de la famille de parties de E considérée.
On observe alors que, si I~ @, tout élément x de l’intersection de
la famille (X,),c1 de parties de E est un élément de E puisqu’il existe
au moins une partie de E a laquelle appartient x. Cette remarque permet
alors d’assurer, quand I~ @, Véquivalence
( 2ek,
(Wi) (el => (wEexX,) & V (Wi) (cel) => (xeX,)).

Il en résulte que l’ensemble groupant les objets x remplissant la


condition exprimée par le premier membre, c’est-a-dire l’intersection
de la famille de parties de E considérée, est égal a l’ensemble groupant
les objets x remplissant la condition exprimée par la conjonction figurant
au second membre.
Or, quand I devient vide, le premier membre devient une relation
non collectivisante, tandis que le second reste une relation collecti-
visante, d’ailleurs équivalente a (~e€E). On apercoit alors le moyen
d’étendre la définition de lintersection d’une famille de parties de E
au cas ot cette famille devient vide, en posant la définition suivante :
Etant donnée une famille quelconque (X.),e1 (non vide ou vide)
de parties d’un ensemble E, on appelle intersection de la famille (X,),c1
de parties de E ensemble groupant les objets x tels que
xzek,
(Wt) ((tEl) = (wEX,)).
D’aprés cette nouvelle définition, si I= 0, l’intersection au nouveau
sens est égale (sans étre cependant identique) a l’intersection au sens
ancien; si, au contraire, I = 0, l’intersection est alors égale a E.
Pour éviter toute ambiguité, il convient d’adopter comme définition
de l’intersection d’une famille de parties de E la seconde définition
qui vient d’étre donnée.
OPERATIONS GENERALES. 211

b. Propriétés. — ‘Youtes les propriétés établies 4 propos de Jinter-


section d’une famille non vide sont, évidemment, applicables au cas
d’une famille non vide de parties d’un ensemble E, puisque l’intersection
dune telle famille est égale a l’intersection d’une famille non vide. Il
convient d’observer en outre que les propriétés qui s’y prétent restent
encore applicables au cas d’une famille vide de parties de E, a savoir
les propriétés établies en b, d, e, f du paragraphe 1.3.2.
kin ce qui concerne Vimage par une correspondance de l’intersection
dune famille de parties d’un ensemble, on dispose des théorémes
suivants :
Si (X%.).e; est une famille de parties d’un ensemble A et Y une corres-
pondance entre A et un ensemble B, Vimage par V de Vintersection de la
famille (X,),e; de parties de A est contenue dans Vintersection de la famille
des images des éléments X., mais ne lui est généralement pas égale.
En d’autres termes, on peut assurer, pour une correspondance
quelconque,

Ir<()\ Xe )P<x.
( |
beatin rel rel |

En effet, l’intersection totale de la famille (X.),<, de parties de A


est contenue dans tout X., donc son image par I est contenue dans I< X, >
quel gue soit .€ I; il en résulte qu’elle est contenue dans l’ intersection
de Ja famille (1 ~ X. .),<; de parties de B, comme le montre le para-
graphe 1.3.2.
Si la correspondance I est une correspondance injective, alors l’inclusion
précédente devient une égalité. En d’autres termes :
Si V est une correspondance injective,

On sait déja, en effet, par ce qui précéde, que le premier membre de


cette égalité est contenu dans le second. I] suffit donc d’établir que le
second est contenu dans le premier. Pour cela, soit y un élément du
second membre; y appartient a [ < X, > quel que soit -€1; comme LT
est injective, y est image d’un élément et d’un seul de A; cet élément
appartient 4 X.,, quel que soit» € I, sans quoi son image y n’appartiendrait
pas 4 I~ X, >; donc cet élément appartient a lintersection de (X,),er
et son image y appartient a l'image de cette intersection, c’est-a-dire
au premier membre.
Bien entendu, si I est non seulement une correspondance injective
mais une application injective, c’est-a-dire une injection, le théoréme
Dep TITRE I]. —— CHAPITRE II,

précédent s’applique et l’image de l’intersection est égale a l’intersection


de la famille des images.
En outre, la correspondance réciproque de toute application f de A
dans B étant injective, on peut assurer que
.
FA\YOaPTV ICO
rel tel

pour toute famille (Y,), ¢: de parties de B et toute application f de A dans B.


1.3.4. INTERSECTION D’UN ENSEMBLE D’ENSEMBLES NON VIDE. —
Etant donné un ensemble d’ensembles désigné par (, tel que & ne
soit pas vide, soit 4. la famille (non vide) d’ensembles, constituée par
la diagonale de (x CL.
Par définition, ’intersection de la famille (non vide) A, est appelée
intersection des ensembles de C.
Par abus de langage, comme pour la réunion, on dit intersection
de ensemble pour « l’intersection des ensembles de & ».
On note Vintersection des ensembles de & au moyen du symbole
( ) Xe,

XEa

lu : intersection des ensembles de (.


Si &@ ={A,B}, ot A et B sont deux ensembles distincts ou non,
Vintersection des ensembles de est ensemble des objets qui remplissent
la condition « appartenir 4 A et appartenir a B »; en d’autres termes,
Vintersection des ensembles de € n’est alors autre que ANB; en d’autres
termes encore,

Case
AN fay185

Xe (ABS

L’intersection d’un ensemble d’ensembles non vide apparait bien ainsi


comme une généralisation de l’intersection de deux ensembles.
On cbservera que si A = B, l’égalité ci-dessus reste valable, ses deux
membres étant parfaitement définis et égaux a A lui-méme (ou a B
naturellement).
On verrait, de méme, qu’étant donnés trois ensembles A, B, C,

2.6 NIB AC!


XE {A,B,C}

et ainsi de suite.
OPERATIONS GENERALES. 213

1.4. Produit.

La derniére opération généralisée est celle de produit. On ne définit


le produit que pour une famille d’ensembles, mais on met en relief les
liens entre produit de deux ensembles et produit d’une famille
d’ensembles.
Pour introduire la notion de produit d’une famille d’ensembles, il
nest pas inutile de rappeler ce qu’on entend par produit de deux
ensembles.
On sait qu’étant donnés deux ensembles A et B, le produit AB de
ces deux ensembles est l'ensemble groupant tous les couples dont la
premiécre composante appartient a A et la deuxieme a B. Si l’on considére
maintenant une famille d’ensembles X admettant comme ensemble
d’indices l’ensemble } 1, 2 | réduit a deux éléments distincts notés respecti-
vement 1 et 2, les éléments de cette famille étant notés respectivement X,
et X., pour généraliser la notion de produit des ensembles X, et X,
et parvenir a celle de produit de la famille (X,.).e,;,;, on substitue
a la notion de couple celle de famille 4 deux éléments, par un procédé
analogue a celui qui a permis de passer de la réunion a la somme d’une
famille.
Au lieu d’introduire un couple (x, y) dont la premiére composante x
appartient a X, et la deuxiéme composante y a X:, on introduit une
famille | (1, x), (2, y); admettant Vensemble | 1, 2} comme ensemble
d’indices et telle que le couple (1, x) de cette famille ait une seconde
composante appartenant a X, et le couple (2, y) une seconde compo-
sante appartenant a X,. On voit aussitot l’analogie entre le couple (x, y)
et la famille | (1, x), (2, y)} : se donner le couple permet d’obtenir la
famille, se donner la famille permet d’obtenir le couple. On pressent
alors qwil doit y avoir un lien trés étroit entre l’ensemble des
couples (x, y) dont la premiére composante appartient a X, et la deuxieme
a X, et ensemble des familles de la forme } (1, 2), (2, y) |, ol x appartient
a X, et y a X,. De la provient Vidée de définir le produit de la
famille (X,),e,;,2; comme l’ensemble, non pas des couples (x, y), mais
des familles (4,2), (2, y).}.
Ces remarques intuitives conduisent aux développements suivants :

1.4.1. DEFINITION DU PRODUIT D’UNE FAMILLE D’ENSEMBLES. —


Soit une famille d’ensembles (X,),e; admettant I comme ensemble
d’indices. On observe d’abord ceci :
Toute famille F = (F,),e1 admettant I pour ensemble d@indices et telle
en outre que, pour tout .El, F, soit un élément de X,, est un graphe fonc-
tionnel dont la premiére projection pr: F est égale a I et dont la deuxiéme
projection pr. F est constituée par des objets appartenant a la réunion
214 TITRE II]. — CHAPITRE II.

de la famille (X,).e1. En d’autres termes, siA désigne la réunion de la


famille (X,),e1, toute famille F remplissant les conditions indiquées est
une partie de IxA et, par suite, un élément de (1x A).
En vertu de la conséquence la plus importante de l’axiome de sélection
et réunion (cf. Tit. 1: Axiomes des mathématiques), on peut donc assurer
qu il existe un ensemble et un seul groupant toutes les familles F remplissant
les conditions indiquées. Ces remarques permettent alors de poser la
définition suivante :
Etant donnée une famille (X,),<1 quelconque, ’ensemble groupant
les familles (F,),<;, admettant I pour ensemble des indices et
telles en outre que, pour tout .eI, F.eX, est appelé le produit
de la famille (X,), e1.
Pour noter le produit de la famille (X,),e1, on emploie le symbole

Le tel
constitué par la capitale II de Valphabet grec, en caractéres gras, elle-
méme soulignée par le symbole eI et suivie de X,; ce symbole est lu :
produit des X, ou, plus simplement : grand-pi-des X,.
Il est souvent remplacé par le symbole

IIx
lu comme le précédent.
La lettre « est une variable muette de ces deux symboles.
On joint a cette définition et a ces notations les définitions et notations
suivantes :
Quel que soit .eI, Pélément X, de la famille (X,),<; est appelé
le facteur d’indice : du produit lI Ge
‘ Lel
Quel que soit .€I, élément F, de la famille (F,),<: est appelé
la coordonnée d’indice « (ou la projection dindice :) de la
famille (F,), c.
Quel que soit tel, Vapplication F--F, du produit de la
famille (X,),<; dans X,, qui conduit de la famille F 4 sa projection
d’indice : est appelée la fonction-coordonnée d’indice: (ou la fonction-
projection d’indice .) du produit de la famille (X,),<;. On note
la fonction-projection d’indice 1 au moyen du symbole
pr
lu : p-r-iota, analogue, évidemment, a pr, et: pro.
Quel que soit .€1, Pimage pr,< A> dune partie A du produit
de la famille (X,),e; est appelée la projection d’indice . de A.
OPERATIONS GENERALES. 215

Enfin, quand une famille est notée (X,),c1, on utilise habituellement


pour désigner une famille quelconque appartenant au produit, la notation

(@ rel

au lieu de la notation (F,),c; utilisée dans la définition, de facon a


généraliser les multiplets constituant un produit ordinaire. On sait qu’on
peut alors écrire x = (2,), 1.
L’opération qui, portant sur une famille d’ensembles, fournit
comme résultat le produit de cette famille est appelée produit
des ensembles; c’est une opération singulaire dont la donnée est une
famille.

1.4.2. PROPRIETES ELEMENTAIRES.

a. Produit d'une famille vide. — Si I est vide, toute famille (7),1


appartenant au produit de la famille (X,),<1 est elle-méme vide et égale
a lensemble vide. Donec le produit de (X.),eq comporte au plus un
élément, lui-méme égal a G. Réciproquement, l’ensemble vide est une
famille (2,),eq telle que, pour tout .€0, l’élément x, appartienne a X,,
puisque la relation (V.) ((«€@)= (@%,€X,)) est vraie. I] en résulte
que le produit d’une famille vide est, non pas vide, mais réduit a un seul
élément, a savoir l’ensemble vide. On peut donc assurer que

[[%='9 Js
1E@

Remarque. — On ne dit guere « produit vide » pour « produit d’une


famille vide » parce que le produit d’une famille vide n’est pas vide.

b. Produit d’une famille dont Vensemble des indices est réduit a un


seul élément. — Si I est réduit 4 un seul élément désigné par «, le produit
de la famille (X,),e;,2; est l'ensemble des familles (z,),e,2} telles que
Xx EX, c’est-a-dire l’ensemble des objets de la forme { (2, xz) }, ol Vy
parcourt X,. L’application x,— {|(«, Xz) } de X. dans le produit de
la famille est, évidemment, une bijection. En d’autres termes,

Kae et I] x)
1E{a}
sont égaux a une bijection prés.

La bijection x. { (a, ®) |, introduite ci-dessus, est souvent appelée


la bijection canonique de X, sur le produit de (X,), 6,2).
216 TITRE II. — CHAPITRE II.

c. Produit dune famille dont Vensemble des indices est réduil a deux
éléments distincts. Mise en correspondance biunivoque du produit A xB de
deux ensembles et du produit d’une famille 4 deux éléments respectivement
égaux a A ef B. — Si I est réduit a deux éléments distincts désignes
par a et (, le produit de la famille (X.),e,«,8) est lensemble des
familles (%,),e,«,¢) telles que %,€ Xq et rg € Xe, c’est-a-dire l’ensemble
des objets de la forme | (a, Xz), (8, %g)}, OW (Xa, 13)E€
Xa X Xe. L’appli-
cation (Xz, X13) —> | (%, Xx), (6, xs) | du produit Xo Xs dans le produit
de la famille (X,), e,2, 3; est, évidemment, une bijection. En d’autres termes,

Xgx< Xg et || xX,
1E{a,3}
sont égaux
8 a une bijection pres.

La bijection (xz, xg) > | (%, Xx), (6, xg) |, introduite ci-dessus, est
souvent appelée la bijection canonique de X,Xg sur le produit
de la famille (X,),€,«,8).
I] résulte de la propriété établie qu’étant donnés deux ensembles A
et B et leur produit AB défini au chapitre I, comme il est toujours
possible de construire une famille (X,),e,2,¢}, ou # et 6 sont deux objets
distincts (om peut, prendre, par exemple, « == Get 6 = {.G%), et telle
que X,= A et Xg=B, le produit A xB peut étre mis en correspondance
biunivoque avec le produit de la famille ainsi construite. Cette propriété
constitue le lien précis entre la notion de produit de deux ensembles
et la notion de produit d’une famille d’ensembles. Ce lien est un peu
plus lache que celui qui concerne la réunion ou lintersection de deux
ensembles et la réunion ou Jlintersection d’une famille d’ensembles.
Tandis quwil y a égalité entre AUB et la réunion d’une famille dont
les deux éléments sont respectivement A et B, il y a seulement égalité
a une bijection prés entre AxB et le produit d'une famille dont les
deux éléments sont respectivement A et B.
Cette propriété permet aussi de représenter concretement le produit
d’une famille de deux ensembles comme celui de deux ensembles.
d. Preduit dune famille non vide d’ ensembles dont chacun est un ensemble
réduit a un seul élément. — Soit (X.),e1 une famille d’ensembles dont
lensemble des indices I est non vide, mais dont chaque élément X, est égal
a | a,} [a, étant ’élément d’indice + d’une famille donnée (a,),e1], alors
le produit de la famille (X,),e1est réduit au seul élément constitué par (a,), e1-
Ikn effet, la famille (a,),c1 est bien un élément du produit de la
famille (X,), ce: et réciproquement, tout élément de ce produit est nécessaire-
ment égal a (a,), e1, puisque, pour tout: € I, X, est réduit a un seul élément a,.
e. Produit dune famille d’ensembles tous égaux a un méme ensemble E.
Lien entre Vexponentiation des ensembles et le produit des ensembles. —
OPERATIONS GENERALES. 217

Soit (X,).e1 une famille d’ensembles dont chaque élément X, est égal a
un ensemble donné E, alors le produit de la famille (X,).e; est égal a E'.
En d’autres termes,

(Yo)
eS Bye | | X.= ©".
rel : ries
te

En effet, tout élément du produit de la famille (X,),er est une


famille (#,),e; telle que, pour tout :e€I, 7,€E; une telle famille est
un graphe fonctionnel dont la premiere projection pr; est égale a I
et dont la seconde projection pr.# est contenue dans E; réciproquement,
tout graphe fonctionnel remplissant cette condition est une famille (2),ce:
appartenant au produit de la famille (X,),e:. Or, on sait que l’ensemble
des graphes fonctionnels de cette sorte est l’ensemble des graphes d’appli-
cations de I dans E, déja noté E'. L’égalité exprimant la propriété
énoncée résulte aussit6t de ces remarques.
I] est clair qu’on obtient ainsi une généralisation remarquable de la
propriété des entiers exprimée par
axaxa=a,

ot l’exposant est pris égal a 3 pour fixer les idées.


Parmi les familles (v,),<1 formant le produit E', on distingue celles
dont tous les éléments x, sont égaux a un méme élément y de E; chacune de
ces familles constitue, évidemment, une généralisation d’un multiplet dont
toutes les composantes sont égales. L’ensemble des familles qui remplissent
cette condition, c’est-a-dire Vensemble des familles (7,),<; telles que
4 ye,
(ay) )(Wijcel > x=y)

est appelé la diagonale de E'.


Si l’on désigne par A cette diagonale de E' et par y (lu: y barre) la
famille (x,),¢1 dont tous les éléments sont égaux a l’élément y de E,
lapplication y > y de E dans A est, évidemment, une bijection de E
sur A, Cette bijection est appelée Papplication diagonale de E sur
la diagonale de E'.
jf. Commutativité généralisée a une bijection prés. — Le produit dune
famille (X.),e1 nest pas modifié, a une bijection prés, par une permu-
tation de l'ensemble des indices. En d’autres termes,

Si f est une permutation de I,

IDs « [Ps
él Lel
sont €gaux aA une bijection prés.

218 TITRE I]. — CHAPITRE II.

En effet, soit F le graphe de la permutation /; soit, d’autre part,


x= (%,).er un élément du produit de la famille (X,),e1; on constate
aussitot que le graphe composé x o F est une famille élément du produit
de la famille (Xy(),er et que l’application x» xo F du premier produit
dans le second est une application bijective.

1.4.3. PRODUITS PARTIELS. — Etant donnée une famille (X,),e1


le produit d’une sous-famille de (X,),<; est appelé un produit partiel
de la famille (X,),¢1. Par opposition, le produit de la famille (X,):e1
est appelé le produit total de cette famille.
Si J est une partie de l’ensemble I des indices de la famille donnée,
on désigne habituellement par (X,),c; la sous-famille de (X,),e1 dont
Vensemble d’indices est J. Un élément (x,),c; du produit de (X,),e1
étant donné, on désigne par (2,),c; la famille (#),e; telle que, pour
tout .e J, x, = 2,; il est clair que (x,),c,; est alors un élément du produit
de la sous-famille (X,),<;; intuitivement, (z,),<e; n’est autre que la
famille obtenue en supprimant de (,),e1 tous les éléments dont lindice
n’appartient pas a J.
A ces notations on joint les définitions suivantes :
Quelle que soit la partie J de l’ensemble des indices I, le produit
de la sous-famille (X,),<; est appelé la projection d’indice J du
produit de (X,),c1.
Cette projection d’indice J est donc un produit partiel.
Quelle que soit JcI, la famille (z,),<; est appelée la projection
dindice J de la famille (7,), c..
Quelle que soit JcI, VPapplication (x,),<c:—(2,),-; du produit
total dans sa projection d’indice J est appelée la fonction-projection
d’indice J du produit de la famille (X,),
1.
On note la fonction-projection d’indice J au moyen du symbole

pry
lu : p-r-d.
Quelle que soit JcI, Pimage pr;< A> dune partie A du produit
de la famille (X,),<r est appelée la projection d’indice J de A.
Toutes ces notions, visiblement empruntées au langage de la géométrie
analytique, s’interprétent sans peine lorsque I n’a que trois éléments,
au moyen d’un systéme de coordonnées dans l’espace (fig. 34).
Les propriétés des produits partiels sont analogues a celles des réunions
et des sommes partielles, mais s’en distinguent trés nettement par le
fait qu’elles concernent presque toutes des familles (X,),¢r dont aucun
élément X, n’est vide. Elles jouent un réle important dans toutes les
mathématiques.
OPERATIONS GENERALES. 219

a. Tout produit partiel de la famille (X,),e1 est contenu, a une bijection


pres, dans le produit total de cette famille, a condition quaucun X, ne
soit vide.
En d’autres termes, quelle que soit JCI, la projection d’indice J du
produit total est contenue, 4 une bijection pres, dans le produit total
lui-méme, lorsque, pour tout .€l, X,4 0.

(GeLy 5LyX, )

Pour établir cette propriété, on procéde comme on I’a fait au para-


graphe 1.2.3 c a propos de la réunion et de la somme. On montre que
la fonction-projection pr, est une surjection du produit total sur sa
projection d’indice J. Cela permet en effet d’assurer |’existence d’une
inverse a droite associée a prj; cette inverse a droite est une injection
de la projection d’indice J dans le produit total, ce qui assure qu’il existe
une bijection de la projection d’indice J sur une partie du produit total;
en d’autres termes, la projection d’indice J apparait comme contenue,
a une bijection pres, dans le produit total.
Le fait que pr, soit une surjection du produit total sur sa projection
dindice J est a peu prés évident. I suffit d’établir qu’étant donné un
élément (2),e; de la projection d’indice J, il existe un élément (2,),e1
du produit total dont image par pr, est précisément (2,),¢;. En d’autres
termes et intuitivement, il suffit de « compléter » la famille (#),c; de
facon a en faire une famille (z,),e1 telle que, pour tout .eJ, x,=%,.
On y parvient grace aux remarques suivantes,
L’hypothése selon laquelle X, ~ 0, quel que soit :€ 1, permet d’assurer
que, pour tout <I, le prototype +,(ye X,) des éléments de X, appartient _
bien a X,. Etant donnée alors une famille (2)),c; appartenant a la
projection d’indice J, on peut construire la famille (2,),c1 telle que

{ Cae si ted,
( #,= ty( ye X,) si tel—J.
220 TITRE II, — CHAPITRE II.

On constate alors que l’image par pr, de la famille (2,),er ainsi cons-
truite est bien (2). e).
Ainsi, tout élément de la projection d’indice J est image par pr, d’un
élément du produit total; pr; est donc une surjection.
b. Si aucun des facteurs dun produit densembles n'est vide, chaque
facteur de ce produit est contenu, a une bijection prés, dans le produit total.
En effet, si «EI, on sait par a que la projection d’indice | « {|est
contenue a une bijection pres dans le produit total; comme, d’autre
part, X, est égal a une bijection pres a la projection d’indice } x { (en
vertu de 1.4.2 5), on en déduit aussitot la propriété énoncée.
Remarque. — On peut préciser cette propriété en observant que
si aucun élément de la famille (X,),<; n’est vide, alors pour tout ze I,

pry< I] Xp = Xa.
1el

En effet, d’apres la définition de prz, le premier membre de cette


égalité est contenu dans le second; d’autre part, tout élément de Xx
est Vimage par prz de l’élément du produit total construit comme
en a.

c. St deux familles (X,),e1 ef (Y:):e1, admettant le méme ensemble


d@indices, sont telles que, pour tout .E1, Y, soit contenu dans X,, alors
le produit de la seconde est contenu dans le produit de la premiere.
En effet, tout élément (y,),e; du produit de la seconde est une famille
telle que, pour tout -el, y,e Y,c X,, done est un élément du produit
de la premiere.
d. Réciproque. — Si deux familles (X.),e1 et (Y:):e1, admettant le
méme ensemble d’ indices, sont telles que le produit de la seconde soit contenu
dans celui de la premiére et qu’en outre aucun Y, ne soit vide, alors, pour
tout .eI, Y, est contenu dans X,.
Cette réciproque constitue un des caractéres originaux du produit
des ensembles; elle n’a pas d’analogue pour la réunion, la somme et
Vintersection.
Sa démonstration résulte de ce que, dans les conditions indiquées,
pour tout cel,

Nie pra< | P¥Ocprag PP Xo Noe


rel tel

1.4.4. ASSOCIATIVITE GENERALISEE A UNE BIJECTION PRES. — Etant


donnée une famille non vide (X,),e1; étant donnée, d’autre part, une parti-
tion (Jj),eA de 1; alors le produit de la famille des projections @ indices Jy,
est égal a une bijection prés au produit total.
OPERATIONS GENERALES. 221

On montre que l’application x —>(pr;,%),e\ du produit total dans


le produit de la famille des projections d’indices Jy, est une bijection.

1.4.5. PROPRIETE FONDAMENTALE. — Pour que le produit dune


famille d’ensembles soit vide, il faut et il suffit que lun de ses facteurs
(au moins) soit vide. En d’autres termes,

[] *=9 = ay (K= 0).


él |
Pour établir cette équivalence, on établit habituellement celle des
négations.
Si aucun élément de la famille (X,),<; n’est vide, alors ou bien cette
famille est vide et son produit, on le sait, n’est pas vide; ou bien cette
famille n’est pas vide et il existe un «EI tel que

praX< | iDh ae
rel

cette égalité montre alors que le produit total admet par prs, une image
non vide, ce qui prouve que Jui-méme n’est pas vide.
Réciproquement, si le produit total n’est pas vide, alors ou bien la
famille est vide et l’on peut assurer (sans crainte!) qu’aucun de ses
éléments n’est vide; ou bien cette famille n’est pas vide et pour tout ze I
on peut assurer l’égalité ci-dessus; l'image par une application d’une
partie non vide de l’ensemble de départ étant elle-méme non vide, il
en resulte que Xx, quel que soit ael.

1.4.6. EXTENSION D’UNE FAMILLE D’ APPLICATIONS AUX PRODUITS. —


Etant données deux familles d’ensembles (X,),e1 et (Y,).e1 admettant
le méme ensemble d’indices; étant donnée, d’autre part, une famille (9,), e1,
admettant elle aussi I comme ensemble d’indices, et telle que, pour
tout rel, g, soit une application de X, dans Y,; on peut alors introduire
une application du produit de la famille (X,),e; dans celui de la
famille (Y,),e1 de la facon suivante :
Soit x = (#,),cr un élément du produit de la premiere famille (X,). 1;
la famille (g,(%,)),e1 est un élément du produit de la _ seconde
famille (Y,).e1 puisque, pour tout EI, g,(@,) appartient a Y,.. De cette
remarque résulte qu’on peut poser la définition suivante :
L’application du produit de (X.),e1 dans le produit de (Y,),e1 qui conduit
de (x:):e1 @ (9: (%)):
e1, C est-a-dire qui est représentée en abrégé par
(@:)cer > (£1 (2) cet,

est appelée Vextension de la famille d’applications (9,),<; aux


produits des familles (X,),c: et (Y;):e1.
222 TITRE -I1. — CHAPITRE II.

Cette extension est souvent notée (9.),cr comme la famille dont elle
est l’extension; c’est, évidemment, un abus de notation.
Elle généralise |’extension de deux applications aux ensembles produits,
définie au paragraphe 2.5.4 h (chap. I).
Ses propriétés sont analogues :
L’extension de la famille des composées est égale a ia composée des
extensions.
Lextension dune famille @injections est une injection.
L’extension dune famille de surjections est une surjection.
Lextension d'une famille de bijections est une bijection.

1.4.7. RELATION NOUVELLE ENTRE LE PRODUIT ET L’EXPONENTIATION.


— En raisonnant de maniére analogue a ce qui a été fait au para-
graphe 3.4.10 (chap. I), on obtient la propriété suivante :
Pour un ensemble E quelconque et une famille (X,),cr quelconque,
on peut assurer que

1 Bs; et (5 [X.)
:el tel
sont égaux a une bijection pres.

1.5. Relations liant les diverses opérations généralisées.

Entre la réunion, l’intersection et le produit on peut établir les rela-


tions suivantes.

1.5.1. Lol DE DUALITE GENERALISEE. — Etant donnée une


famille (X,),er de parties d’un ensemble E, le complémentaire de la
réunion est égal a l’intersection de la famille des complémentaires des
éléments X,; le complémentaire de l’intersection est égal A la réunion
de la famille des complémentaires des éléments X,. En d’autres termes,

0.09%)" (0%) |BC) Go»)


1.5.2. FORMULES DE DISTRIBUTIVITE GENERALISEE.

La réunion est distributive par rapport a Vintersection.


L’intersection est distributive par rapport a la réunion.
Le produit est distributif par rapport a la réunion.
Le produit est distributif par rapport a Vintersection.
OPERATIONS GENERALES. 223

Ces énoncés tres simples expriment en fait des formules assez


compliquées. Voici celle qui se rapporte au premier énoncé :

(1 %)= AC x10):
eI San (eri ven

Dans cette formule, I désigne le produit de la famille (J)),e..


Les trois autres formules s’obtiennent en modifiant convenablement
les signes d’opérations.

2. ORGANISATION D’UN ENSEMBLE.

On utilise, en mathématiques, deux procédés pour organiser un


ensemble E : 1° en adjoignant a E le graphe d’une équivalence dans E;
2° en adjoignant a E le graphe d’un ordre dans E (ef. I, § 2.4.4 a).
On dit qu’un ensemble E est muni d’une équivalence pour exprimer
que dans la théorie ot lon se place, on a introduit un graphe G
dont on puisse assurer par axiome ou démonstration que G est
le graphe d’une équivalence dans EF.
On dit qu’un ensemble E est muni d’un ordre, ou encore est un
ensemble ordonné pour exprimer que dans la théorie ot. lon se
place, on a introduit un graphe G dont on puisse assurer par
axiome ou démonstration que G est le graphe d’un ordre dans E.
I] convient d’observer que ces notions ne sont pas des notions mathé-
matiques, mais des notions métamathématiques. Un ensemble muni
d’une équivalence, un ensemble ordonné ne sont pas définis comme
des ensembles remplissant une condition mathématique, mais comme
des objets métamathématiques remplissant une condition métamathé-
matique. Il est cependant possible d’associer 4 un ensemble E muni
d’une équivalence, le couple (E, G) formé par E et le graphe G de 1’équi-
valence introduite; de méme, il est possible d’associer 4 un ensemble E
muni d’un ordre, le couple (E, G) formé par E et le graphe G de l’ordre
introduit. Aussi, par abus de langage, dit-on souvent que l’ensemble E
muni d’une équivalence de graphe G est le couple (E, G) et que
ensemble E muni d’un ordre de graphe G est le couple (E, G).

2.1. Etude d’un ensemble muni d’une équivalence.

Pour introduire un graphe d’équivalence dans un ensemble FE, il suffit


de disposer d’une relation d’équivalence, puisque la relation entre
éléments de E induite dans EXE par une telle relation admet un
graphe et que ce graphe est celui d’une équivalence dans E. Mais on
utilise aussi, dans ce but, des relations un peu plus générales appelées
relations d’équivalence dans E et définies par ce qui suit.
22.4 TITRE I]. — CHAPITRE II.

On dit qu’une relation binaire R=2z,y~ est réflexive dans 1.


symétrique dans FE, transitive dans E, pour exprimer respectivement
que
pour tout x de E, x est tel que Roz, 7_;
pour tout x de E et tout y de E, R=a,y° entraine R-y, x=;
pour tous x, y,z de E, (Réa,y2 et Ry, z=) entraine R <q, zs.
On dit qu’une relation binaire R= x, y~ est une relation d’équiva-
lence dans E pour exprimer que R=2, y - est, a la fois, réflexive dans E,
symétrique dans FE, transitive dans E.
On vérifie aussit6t que la relation entre éléments de E, induite
dans EXE par une relation d’équivalence dans E, admet un graphe
et que ce graphe est celui d’une équivalence dans E. Pratiquement,
le langage confond presque systématiquement une relation d’équiva-
lence dans E avec la relation entre éléments de E qu'elle induit dans E x E.

2.1.1. NOTATIONS D’UNE RELATION D’ EQUIVALENCE DANS E, —


Soit R=a, y< une relation d’équivalence dans E. Pour exprimer que x
et y sont tels que R on dit que x est €quivalent a y suivant (ou selon) R
et on emploie une des notations particuliéres
z=y(R), a~y (R)

lues, toutes deux : x équivalent a y suivant (ou selon) R. La premiere


est la plus employée. On écrit aussi
z2=y (modR), r~y (modR)

lus : x équivalent a y modulo R. La négation se note =.


Les deux signes «=» et «~» sont appelés signes d’équivalence.
Le premier est souvent employé dans les mathématiques élémentaires
comme indiquant Videntité; il convient d’éviter les confusions possibles.
On peut traduire, avec ces notations, les caractéres d’une relation
d’équivalence dans un ensemble. On obtient alors les regles suivantes qui
gouvernent l’emploi des signes d’équivalence entre éléments de E :

BA —— EVby TONS

BO Wa <> Vie, wy ey a4 ~ x

ie) J a “Lzry |
3 L268 SN a
y=s) y~uss

Elles traduisent respectivement la réflexivité, la symétrie et la transi-


tivité.
Conformément aux définitions générales, étant données deux relations
d’équivalence R et S dans E, on dit que R est plus fine que S pour
exprimer que R=a, ys entraine S x,y. Le graphe de R est alors
OPERATIONS GENERALES. 225

contenu dans celui de S; l’équivalence déterminée par R est dite plus


fine que l’équivalence déterminée par S.
On exprime les mémes relations en disant que S est moins fine que R.

Remarque. — La relation d’égalité « x = y » entre éléments d’un


ensemble E, est réflexive, symétrique et transitive dans E; c’est
done une relation d’équivalence dans E. Son graphe est A,;; c’est
done la plus fine de toutes les relations d’équivalence dans E. La
relation (ce E et y€E) qu’on appelle souvent relation de co-appar-
tenance est, elle aussi, une relation d’équivalence dans E; son graphe
est E XE; c’est donc la moins fine de toutes les relations d’équivalence
dans E; on dit parfois que c’est l’équivalence grossiére dans E.

2.1.2. NOTIONS FONDAMENTALES.

a. Classes d’équivalence. — Soit R22, y= une relation d’équivalence


dans E et G son graphe. Pour tout « de E, ensemble G<2 >, c’est-
a-dire la coupe de G suivant x est appelé la classe d’équivalence
de x suivant R. Cette classe d’équivalence de 2 suivant R n’est autre
que V’ensemble des éléments €quivalents a x suivant R; elle n’est pas
vide puisque x est équivalent a 2.
b. Représentants dune classe d’équivalence. —- Tout objet appar-
tenant a la classe d’équivalence de x et, par conséquent, x lui-méme,
est appelé un représentant de la classe d’équivalence de x. Les
divers représentants de la classe d’équivalence de x sont, évidemment,
équivalents a x et, grace a la transitivité, €quivalents entre eux.

c. Systéme de représentants. — On appelle systeme de représentants


des classes d’équivalence suivant R toute partie de E qui remplit
les deux conditions suivantes : 1° tout élément de cette partie
appartient a une classe d’équivalence et a une seule; 2° toute
classe d’équivalence admet un élément (et un seul) qui appartienne
a cette partie.
Par exemple, l’ensemble des maires des communes francaises est
un systéme de représentants des classes d’équivalence obtenues dans
la population a domicile fixe par la relation « x et y sont domiciliés dans
une méme commune ».
d. Ensemble quotient. — L’ensemble des classes d’équivalence
suivant R qui est un ensemble de parties de E, est appelé ensemble
quotient de E par R. II est noté au moyen du symbole
E/R
lu : ensemble quotient de E par R ou, plus simplement : E sur R.
L’ensemble quotient de E par R est aussi l'ensemble des objets de la
forme G<x>, ou x parcourt E (G étant le graphe de R).
V. ROUQUET LA GARRIGUR. 15
290 TITRE II, —~ CHAPITRE II.

Toutes ces notions peuvent étre illustrées par l’exemple des salariés
et des entreprises d’une ville, en supposant que chaque salarié ne travaille
que dans une seule entreprise.
Les salariés travaillant dans les entreprises constituent un ensemble E;
dans cet ensemble E, on peut introduire la relation R :
« le salarié x travaille dans la méme entreprise
que le salarié y »;
cette relation est réflexive car, pour tout salarié x, on peut assurer que x
travaille dans la méme entreprise que x; elle est symétrique, car si x
travaille dans la méme entreprise que y, a son tour y travaille dans la —
méme entreprise que x; enfin elle est transitive, car si x travaille dans
la méme entreprise que y et si y travaille dans la méme entreprise que 2,
alors x travaille dans la méme entreprise que z.
La relation introduite dans E est donc une relation d’équivalence
dans E. La classe d’équivalence du salarié x est ’ensemble des salariés
de l’entreprise ou il travaille; chacun des salariés d’une entreprise est
un représentant de sa classe d’équivalence, done de son entreprise;
Yensemble quotient E/R de lensemble des salariés travaillant dans les
entreprises de la ville n’est autre que ensemble des entreprises de cette
ville, considérées comme ensemble de salariés. Si, dans toute entreprise,
on choisit un délégué syndical et un seul, ’ensemble des délégués choisis
est un systéme de représentants des entreprises.
De facon plus sommaire, lorsqu’on répartit en boites d’allumettes
de méme taille un tas d’allumettes en vrac, l’ensemble des boites est
lensemble quotient du tas par la relation d’équivalence « les allumettes x
et y ont la méme taille ». Ces notions peuvent étre encore illustrées par
des exemples familiers empruntés aux mathématiques.
Par exemple, en géométrie, dans l’ensemble de ce qu’on appelle les
vecteurs liés, on peut introduire une relation d’équivalence appelée
relation d’équipollence; les classes d’équivalence suivant cette relation
sont appelées des « vecteurs libres » et Pensemble quotient de celui des
vecteurs liés par la relation d’équipollence est l’ensemble des vecteurs libres.
On verrait de méme que la relation de parallélisme au sens large,
dans l’ensemble des droites de la géométrie dans l’espace, est une relation
d’équivalence dont les classes d’équivalence sont les directions des
droites de l’espace.

2.1.3. INTRODUCTION D’UNE RELATION D’EQUIVALENCE DANS E au


MOYEN D'UNE APPLICATION DE E DANS UN AUTRE ENSEMBLE.
a. Etant donnés un ensemble E et une application f de E dans un
ensemble F quelconque, la relation binaire entre éléments de E exprimée
par
HAC Do ce)
OPERATIONS GENERALES. 229

est, évidemment, réflexive, symétrique et transitive; c’est donc une relation


d’équivalence dans E; deux éléments équivalents suivant cette relation
sont deux éléments qui admettent la méme image par f dans F.

b. Toute relation d’équivalence dans E peut étre obtenue par ce procédé.


Ce fait est une conséquence de la propriété suivante qu’il est d’usage
de mettre en relief :
Deux éléments de E, équivalents suivant une relation d’équivalence R,
ont des classes d’équivalence égales.
Soient, en effet, X et Y les classes d’équivalence de deux éléments
équivalents x et y. Tout élément de X est équivalent a x, donc, par
transitivité, a y; par suite, tout élément de X appartient a Y. Récipro-
quement, tout élément de Y appartient 4 X; donc X = Y,
Soit alors f Vapplication de E dans E/R qui, pour tout x de E, conduit
de x a sa classe d’équivalence G< x» (application appelée l application
canonique de E sur l’ensemble quotient EK/R et qui est une
surjection). La propriété précédente permet alors d’assurer (en
notant x= y Ja relation R22, y=) que

D’autre part, si les classes d’équivalence de x et y sont égales, x et y sont


équivalents, ce qui permet d’assurer que

A) =e

Il en résulte que
cay = f(r)=f(y)-

En d’autres termes, toute relation d’équivalence R dans E est équi-


valente a celle qui exprime que deux éléments de E ont méme image
dans E/R par l’application canonique de E sur E/R.

2.1.4. INTRODUCTION D’UNE RELATION D’EQUIVALENCE DANS E


AU MOYEN D'UNE PARTITION DE E.

a. Etant donnés un ensemble E et une partition quelconque (X,):e1


de E, la relation binaire entre éléments de EK exprimée par

(4+) (celet eX, et yeX,)

est, évidemment, réflexive, symétrique et transitive; c’est donc une relation


d’équivalence dans E; deux éléments équivalents suivant cette relation
sont deux éléments qui appartiennent 4 un méme élément de la parti-
tion (X.):er
228 TITRE II. —- CHAPITRE II.

b. Toute relation d’équivalence dans E peut étre obtenue par ce procédé.


Ce fait est une conséquence de la propriété suivante qu il est d’usage
de mettre en relief :
Deux classes d’équivalence (suivant une relation R) ayant un élément
commun sont confondues. En d'autres termes, deux classes d équivalence
distinctes sont disjointes.
Soient, en effet, deux classes d’équivalence X et Y; X est la classe
d’équivalence d'un certain élément x de E et 'Y la classe d’équivalence
dun certain élément y de E. Si X et Y ont un élément commun Zz, on
peut assurer que tout élément de X est équivalent a z, done équivalent
a y; en d'autres termes, tout élément de X appartient a Y. Récipro-
quement, tout élément de Y appartient 4 X; donc X = Y.
Il en résulte que l'ensemble quotient E/R est un ensemble de parties
de E deux a deux disjointes. Aucune de ces parties n’est vide, comme
on le sait déja; enfin la réunion de cet ensemble de parties est égale
a E puisque tout élément x de E appartient a sa classe d’équi-
valence G« x». En résumé, l'ensemble quotient E/R est, quelle que
soit la relation d’équivalence R dans E, une partition de E.
Il suffit alors de considérer la relation binaire entre éléments x et y
de E, exprimée par
(3X) (XeEk/Ret reX et yeX)

pour constater que cette relation est équivalente a Ra, y=. En effet,
si x est équivalent a y suivant R, x et y ont méme classe d’équivalence
d’aprés le paragraphe 2.1.3 6; donc il existe un XeEE/R et tel
que te€X et yeX. Réciproquement, s’il existe un tel X auquel appar-
tiennent x et y, ces deux éléments appartiennent a une méme classe
d’équivalence suivant R et, par suite, sont équivalents suivant R.
In d’autres termes, toute relation d’équivalence R dans E est équi-
valente a celle qui exprime que deux éléments de E appartiennent a
un méme ensemble de la partition E/R.
Remarque. — Si R est plus fine qu’une relation d’équivalence S
dans E, la partition E/R est plus fine que la partition E/S et récipro-
quement.

2.1.5. PASSAGE AU QUOTIENT. — On appelle ainsi une opération


trés générale et trés importante qui permet d’introduire, a partir d’une
propriété concernant des éléments de E ou d’une correspondance admet-
tant E pour ensemble de départ, une propriété concernant des éléments
de E/R ou une correspondance admettant E/R pour ensemble de départ.
a. Passage au quotient pour une relation singulaire. — La notion de
passage au quotient pour une relation singulaire peut étre introduite
au moyen de l’exemple suivant.
OPERATIONS GENERALES. 22.9

Dans l’ensemble des communes frangaises, la relation Pax= « la


commune x a au moins 100 ooo habitants » est une propriété concernant
une commune quelconque; dans cet ensemble, la relation R= 2, y=
« la commune x et la commune y sont situées dans un méme dépar-
tement » est une relation d’équivalence dont l’ensemble quotient est
celui des départements; la relation « il existe dans le département f
une ville d’au moins 100 000 habitants » est une propriété concernant
un département quelconque, donc un élément de l’ensemble quotient.
Cette derniére relation est, précisément, ce qu’on appelle la relation
déduite de la relation P= a= par passage au quotient suivant R.
La définition générale s’obtient par une interprétation abstraite de
cet exemple.
Etant donnée une propriété P= x= concernant les objets x d’un
ensemble E muni d’une relation d’équivalence R, conduisant elle-méme
a lensemble quotient E/R dont les éléments sont désignés par ¢, on
appelle relation déduite de P* x= par passage au quotient suivant R
la relation exprimée par l’énoncé : il existe dans la classe ¢ un
élément x de E tel que P. Cette relation est généralement notée « P ‘(f) ».
On peut l’exprimer par
teE/Ret(4a))..”
4 L
/ | Deane
x

b. Passage au quotient pour une correspondance. — Cette notion peut


étre introduite au moyen de l’exemple suivant.
Soient E l’ensemble des communes francaises et F l'ensemble des
percepteurs francais. Si l’on désigne par x une commune quelconque
et par y un percepteur quelconque, il est possible d’établir une corres-
pondance I entre l’ensemble E et Vensemble F grace a la relation
« le percepteur y a ses bureaux dans la commune x »; il s’agit bien d’une
correspondance, qui n’est pas définie sur tout l’ensemble E, et qui
associe 4 une commune zéro, un ou plusieurs percepteurs de l'ensemble F.
La correspondance entre l’ensemble quotient E/R des départements
et l'ensemble F des percepteurs, déterminée par la relation « le percepteur y
a ses bureaux dans une commune du département ¢ » est ce qu’on appelle
la correspondance déduite de la correspondance I par passage au quotient.
Elle associe a chaque département — car elle est définie sur tout
Vensemble E/R — les divers percepteurs de ce département.
D’une facon générale, étant donnés un ensemble E muni d’une relation
d’équivalence R conduisant a ’ensemble quotient E/R dont les éléments
sont désignés par ¢, et une correspondance I entre l’ensemble E et un
autre ensemble F, on appelle correspondance déduite de I par passage
au quotient la correspondance entre E/R et F déterminée par la relation
{ tek /R,
l (42x) (wetet yel<ez)).
2x30 TITRE 1]. — CHAPITRE II.

c. Introduction dune relation déquivalence au moyen @une relation


de préordre. — Si Rew, y= désigne une relation de préordre entre
éléments d’un ensemble E, la relation

est, évidemment, symétrique. Comme elle est réflexive dans E et tran-


sitive puisque R° x,y est une relation de préordre, cette relation
est une relation d’équivalence dans E. La correspondance déduite par
passage au quotient suivant cette relation d’équivalence est une corres-
pondance d’ordre.

2.9. Etude d’un ensemble ordonné.

Pour introduire un graphe d’ordre dans un ensemble E, il suffit de


disposer d’une relation d’ordre, puisque la relation entre éléments de E
induite dans EXE par une telle relation admet un graphe et que ce
graphe est celui d’un ordre dans E.
Mais on utilise aussi dans ce but — comme a propos des equiva-
lences — des relations un peu plus générales appelées relations d ordre
dans E et définies par ce qui suit.
On dit qu'une relation binaire R =z, y = est antisymétrique dans E
pour exprimer que :
pour tous 7, y de E, (R=2, ys et R=y, x5) entraine (x = y).
On dit qu'une relation binaire R= vz, y= est une relation d’ordre
dans E pour exprimer que R=2, y= est, a la fois, réflexive dans E,
transitive dans E, antisymétrique dans E.
On vérifie aussitot que la relation. entre éléments de E, induite
dans EXE par une relation d’ordre dans E, admet un graphe et que ce
graphe est celui d’un ordre dans E, Pratiquement, le langage confond
presque systématiquement une relation d’ordre dans E avec la relation
entre éléments de E quelle induit dans Ex E.

2.2.1. NOTATIONS D’UNE RELATION D’ORDRE DANS E, — Soit R= x, y


une relation d’ordre dans E. Pour exprimer que x et y sont tels que R,
on dit, indifféremment, x est inférieur a y suivant (ou selon) R, y est
supérieur a x suivant (ou selon) R. Pour noter la _ relation
d’ordre Rea, ys dans E, on emploie, indifféremment, l'un des symboles
particuliers
xZy(R), ys 2x(R)
ana

lus, respectivement : x est inférieur a y ou y est supérieur a x. On peut


les lire encore : x est plus petit que y ou y est plus grand que vx et
OPERATIONS GENERALES. 231

surtout x est au plus égal a y ou y est au moins égal a zx, en sous-


entendant partout « selon R ».
La négation d’une relation d’ordre se note par « = » ou « 3s ». Les deux
signes «=<» et «>» sont appelés signes d’ordre. La relation «x ~y»
est dite opposée a la relation «x <y »; de méme, «x <y » est opposée
a «x —~y». Les ordres associés sont eux-mémes dits opposés. La relation
complexe exprimée par l’un ou l’autre des symboles
\ 2 Les \ =o,

tee V5 ly eee
est appelée relation d’ordre strict dans KE, associée 4 la relation
d’ordre «xy», bien quelle ne soit pas relation d’ordre dans E.
Elle se note généralement au moyen de l’un ou l'autre des symboles :
LES vy > xX,

lus, respectivement : x strictement inférieur a y et y strictement


supérieur a xv. La négation d’une relation d’ordre strict se note au
moyen des signes « << » ou « + ». Lorsqu’on veut marquer la distinction
entre une relation d’ordre strict et la relation d’ordre associée, on qualifie
souvent cette derniére de relation d’ordre large.
Avec ces notations, les regles qui gouvernent l’emploi des signes d’ordre
(large ou strict) sont résumées dans les tableaux :
as
Lb Ge Sa

Ce GS V-
a Te = ELS eae =S Eee
Vz b ' YB

way | Se Seni
ty |ees Mee ny
pee ay pt Ip sees | ;
CY YN 2x
Se ( —— Lay <5 ( => Ve
Bz iy \ : Pee

Wee ye Ve
“= J — a
2 XL = ¥ Te

Dee jee
y<a | e>y
a 4 = OE CONS, ) = IS Ae

Z<y ( Lie ees y ze | si pies


yaw Ze ye)
jee

Il convient d’observer que «xy» n’est pas nécessairement équi-


valent a4 «y <2».
232 TITRE HI. — CHAPITRE II.

La relation induite sur une partie A deE par une relation d’ordre
dans E notée « <y, c’est-a-dire la relation

|“LE A,

WE A,

|Lg

est une relation d’ordre dans A appelée relation d’ordre induite sur A
par x < y. On la confond habituellement avec la relation d’ordre dans E
et on la note simplement
LAY.

Conformément aux définitions générales, étant données deux relations


d’ordre R et S dans E, on dit que R est plus fine que S pour exprimer
que Ra, y= entraine S= x, y~. Le graphe de R est alors contenu dans
celui de S; l’ordre déterminé par R est plus fin que Vordre déterminé
par S et ce dernier moins fin que le premier.

Remarque. — La relation d’égalité « x = y » entre éléments d’un


ensemble E est une relation d’ordre dont le graphe est A,. C’est la
plus fine de toutes les relations d’ordre dans E.
La relation de coappartenance «xe E et yEE » n’est pas une relation
d’ordre dans FE, car elle n’est pas antisymétrique. La relation
d’inclusion « Xc Y » entre parties d’un ensemble E est une relation
d’ordre dans £(E).

2.2.2. NOTIONS FONDAMENTALES. — Dans tout ce paragraphe on


considére un ensemble E et une relation d’ordre dans E notée xy
et l’on confond, le cas échéant, la relation d’ordre induite sur une partie A
de E avec la relation d’ordre x < y dans E.
a. Elémenis comparables. — On dit que deux éléments x et y de E
sont comparables (pour la relation d’ordre) pour exprimer que x et y
sont tels que (x < y ou x ~ y). On dit que la relation d’ordre consi-
dérée est une relation d’ordre total pour exprimer que quels que
soient x et y de E, x et y sont comparables. On dit aussi, pour exprimer
la méme idée, que l’ordre (graphe ou correspondance) déterminé sur E
par la relation d’ordre considérée est un ordre total et que E est totalement
ordonné. Le graphe G d’un ordre total est caractérisé par les conditions
déja données (cf. I, §2.3.7¢) pour un ordre quelconque, avec la
condition supplémentaire
—1
GuUG
= Bs< i.

Par opposition, un ordre non total est dit ordre partiel. L’inclusion
dans “(E) est une relation d’ordre partiel.
OPERATIONS GENERALES. 333

b. Eléments mazimaux et éléments minimaux. — On dit qu'un


élément acE est un élément minimal pour exprimer que
(Whe (BZ 2 BS OQ).
xEek

On dit qu’un élément ace E est un élément maximal pour exprimer


que
(\/2)— (GE SS Cie Oe
xEE

Tout élément minimal de E est un élément maximal pour l’ordre opposé


et vice versa.
Un élément minimal est aussi un élément tel qu’il n’en existe pas de
strictement plus petit que lui; un élément maximal est aussi un élément
tel qwil n’en existe pas de strictement plus grand que lui.
Dans Vensemble des parties non vides de E ordonné par inclusion,
les parties réduites a un élément sont des éléments minimaux.
c. Plus grand élément. Plus petit élément. — On dit quwun
élement acE est un plus petit élément de E pour exprimer que
CQ Zey, CEZAaNe
crEE

On dit qu'un élément ac E est un plus grand élément de E pour


exprimer que .
(V2) (Za).
xEk

Un plus petit élément est un élément tel que tous les éléments de E
soient plus grands (au sens large) que lui. Il n’en existe donc pas de
strictement plus petit que lui; ainsi un plus petit élément est un élément
minimal.
Il existe au plus un plus petit élément de E pour un ordre donnée; il existe
au plus un plus grand élément. En effet, si a’ et a” sont deux plus petits
éléments, on peut assurer que a’ <a" et a” —a’, dot il résulte, grace
a lantisymétrie, que a’ =a’.
Au lieu de « plus petit élément de E » on dit assez volontiers minimum
de E et, au lieu de « plus grand élément de E », maximum de E. C’est
pourquoi le plus petit élément de E et le plus grand élément de E sont
notés respectivement min E et max E.
Le minimum de E, quand il existe, devient maximum quand on
remplace l’ordre par lordre opposé et vice versa.
On dit que E admet un plus petit élément pour exprimer qu il
existe un plus petit élément de E. Expression analogue pour « plus
grand ».
Si E admet un plus petit élément, ce plus petit élément est unique
élément minimal. Lorsque l’ordre est total la notion d’élément minimal se
234 TITRE. Il» —— CHAPITRE II.

confond avec celle d’élément minimum; de méme la notion d’élément


maximal se confond avec celle d’élément maximum.
L’ensemble “?(E) ordonné par inclusion admet un plus petit élément,
a savoir la partie vide 0, et un plus grand élément, a savoir la partie
pleine E.
Plus généralement, si un ensemble & de parties de E admet parmi
ses éléments l’intersection et la réunion des ensembles de A, cette inter-
section et cette réunion sont respectivement le plus petit et le plus grand
élément de @ ordonné par inclusion. Réciproquement, si ct ordonné
par inclusion admet un plus petit élément A, ce plus petit élément A
est contenu dans tout ensemble de @, done dans Jlintersection des
ensembles de c\; comme l'intersection est contenue dans A, elle coincide
donc avec le plus petit élément. De méme, si admet un plus grand
élément, ce plus grand élément coincide avec la réunion des ensembles
de aX,

d. Majorants. Minorants. — Etant donnée une partie X de l’ensemble


ordonné E, tout élément de E inférieur (au sens large) a tout élément
de X est appelé un minorant de X. On définit de facon analogue un
majorant de X. Majorants et minorants s’échangent quand on remplace
Pordre sur E par lordre opposé.
Pour que X admette un plus petit élément, il faut et il suffit qu’il
existe un minorant de X appartenant a X.
Pour exprimer que lensemble des minorants de X n’est pas
vide on dit que X est une partie minorée. On définit de facon analogue
lexpression X est une partie majorée. Pour exprimer que X est
une partie a la fois minorée et majorée, on dit que X est une partie
bornée.
Etant donnée une application f d’un ensemble quelconque A dans un
ensemble ordonné FE, on dit que lapplication f est minorée, majorée,
bornée pour exprimer que ensemble des images f<A> est lui-
méme une partie minorée, majorée, bornée de E.

e. Borne supérieure. Borne inférieure. — Etant donnée une partie X


dun ensemble ordonné E, le prototype des objets x remplissant
la condition : x est un plus grand élément de VPensemble des
minorants de X ordonné par Vordre induit est appelé la borne
inférieure de X dans E. On note ce prototype au moyen du symbole

inf,X

lu, pratiquement : inf-de-X comme infX qui souvent le remplace.


En abrégé, on dit souvent que la borne inférieure de X dans E est le
plus grand des minorants de X.
or
OPERATIONS GENERALES. 235

De méme, le prototype des objets x remplissant la condition :


x est un plus petit élément de ensemble des majorants de X
ordonné par Vordre induit est appelé la borne supérieure de X
dans E. On le note au moyen du symbole
supe X

lu, pratiquement : sup-de-X comme supX qui souvent le remplace.


En abrégé, on dit souvent que la borne supérieure de X dans E est le
plus petit des majorants.
La borne inférieure et la borne supérieure d’une partie { x, y | a deux
éléments x et y, se notent respectivement inf(x, y) et sup(a, y) au lieu
de infy| x, y | et supp) x,y}. On dit que X admet une borne infé-
rieure dans E pour exprimer que lensemble des: minorants de X
admet un plus grand élément. On définit de facon analogue |’expres-
sion X admet une borne supérieure dans E.

Remarque. ——- La plupart des auteurs réservent lVexpression « la


borne inférieure de X dans E » et la notation « inf;X » au cas ot
Vensemble des minorants de X admet un plus grand élément; en
d’autres termes, ces auteurs ne définissent l’expression et la notation
ci-dessus que si X remplit la condition selon laquelle l’ensemble de
ses minorants admet un plus grand élément; en d’autres termes
encore, ils considerent comme dépourvues de sens l’expression et la
notation ci-dessus quand X ne remplit pas la condition indiquée.
Cependant ces mémes auteurs n’éprouvent aucun scrupule & employer
des expressions telles que «la borne inférieure de X n’existe pas dans E ».
Il semble préférable de définir l’expression et la notation pour
toute partie X de l’ensemble ordonné E, en attirant simplement
Vattention sur le fait que Vobjet ainsi désigné peut ne pas exister.
Les notions de minimum et de maximum donnent lieu a une
remarque analogue.

Dans lensemble @(E) ordonné par inclusion, toute partie A de #(E)


admet une borne inférieure qui est Vintersection des ensembles de
et une borne supérieure qui est la réunion des ensembles de Q.
Il est utile d’observer que, dans un ensemble ordonné E quelconque,
l'ensemble des majorants de la partie vide est E lui-méme et que l’ensemble
des minorants de cette méme partie vide est encore E lui-méme. Il en
résulte que

inf, = maxE | sup,@ = minE.

Etant donnée une application f d’un ensemble quelconque A dans un


ensemble ordonné E, on dit que lapplication f admet une borne
inférieure dans FE pour exprimer que lensemble des images f< A >
236 TITRE II. — CHAPITRE II.

admet lui-méme une borne inférieure dans E. Cette borne infé-


rieure de f< A> est appelée borne inférieure de f et notée inf f(z).
xrEA

On définit de facon analogue la borne supérieure de f, notée sup f(z).


t rEA

Un ensemble ordonné E dont toute partie 4 deux éléments admet


une borne inférieure et une borne supérieure est appelé ensemble
réticulé, réseau ordonné, lattis ou treillis.

f. Intervalles. — Sia et b sont deux éléments tels que a =< b, et si x


est un élément quelconque

L’ensemble des
Bst appelé Bst noté Symbole lu
tels 3 que que

Intervalle fermé d’origine a Interyalle


[a, b|
et d’extrémité 6 ou segment fermé a-b.

Intervalle semi-ouvert a droite


tepid RNG) Oe 3 to gsiee a,b
a : d orig
origine @e tidlexit
extremiteté b taal

¥ Interyalle semi-ouvert 4 gauche :


OLED Se f ees ]a,6]
d’origine a et d’extrémité b

Intervalle ouvert d’origine a ‘ Intervalle


ELE EO. ; ees Ja,|
et Mextiémité 5 ouvert a—bh.

Intervalle fermé illimité


10 220 j<, @]
a gauche et d’extrémité a

Intervalle ouvert illimité


a gauche et d’extrémité a

Intervalle fermé illimité


a droite et d’origine a

Intervalle ouvert illimité


a droite et d’origine a

Remarque. — La relation (a<x-=<b) s’exprime généralement


par Vénoncé : x est compris entre a et b.
OPERATIONS GENERALES. 237

g. Sections commencantes. Sections finissantes. — On appelle section


commengante d’un ensemble ordonné E toute partie de E qui, des
qu’elle admet un élément x admet tout élément inférieur ou égal
a xv; en d’autres termes, une section commencante S de E est une partie
de E remplissant la condition suivante :
GES |: A
eee Nee ee:

On définit de maniere analogue une section finissante comme une


partie de E qui admet tout élément supérieur ou égala tout élément
qu'elle admet.
Une section commencante est dite ouverte si elle n’admet pas de
plus grand élément; elle est dite fermée si elle admet un plus grand
élément. De méme, une section finissante est dite ouverte si elle n’admet
pas de plus petit élément; elle est dite fermée si elle admet un plus
petit élément.
h. Bon ordre. — Un ensemble E est dit bien ordonné s’il est ordonné
et st toute partie non vide de E admet un plus petit élément. La relation
d’ordre qui l’ordonne est alors dite relation de bon ordre et l'ensemble
se trouve muni d’un bon ordre. Toute partie a deux éléments possede
alors un plus petit élément de sorte que deux éléments quelconques sont
comparables : les ensembles bien ordonnés sont donc totalement ordonnés.
On démontre — théoreme de Zermelo — que sur tout ensemble on
peut définir une relation de bon ordre, donc une relation d’ordre total.
2.2.3. REMARQUE GENERALE SUR LES ENSEMBLES PREORDONNES. —
Toutes les notions fondamentales relatives a un ensemble ordonne, sauf
la notion de bon ordre, s’étendent a un ensemble préordonné, c’est-a-dire
a un ensemble E muni d’une relation binaire réflexive dans FE et
transitive dans E. Les définitions correspondantes s’obtiennent en
remplacant les mots : ordre et ordonné par préordre et préordonné,
les signes < et ~ par les mémes signes courbés; ces derniers signes
servent a noter la relation de préordre et se lisent précéde et suit.
Contrairement a un ensemble ordonné, un ensemble préordonné peut
admettre plusieurs éléments maximums ainsi que plusieurs éléments
minimums. Il en résulte qu'une partie d’un ensemble préordonné peut
admettre plusieurs bornes supérieures ainsi que plusieurs bornes inférieures.
Les ensembles préordonnés jouent un role important dans la théorie
économique, en particulier, dans la théorie du consommateur.
2.2.4. REPRESENTATION CONCRETE DES ENSEMBLES ORDONNES. —
Pour représenter concrétement un ensemble ordonné on utilise des
schémas d’Euler disposés de telle fagon que deux éléments comparables
soient reliés par un trait (on supprime les pointes de fleche indiquant
les couples), le plus petit étant situé plus bas que le plus grand.
238 TITRE IJ. — CHAPITRE II.

Voici divers ordres sur un ensemble admettant trois éléments désignés


par a, b,c.

6b Q On io)

e e
a (e Ov
e———_0 a

Cc a

&

f a 5 c

b 7 Cc oe 5

E x A b b c
i; ih le Cc a a

Qa c 4 a c b

Le premier schéma représente l’ordre le plus fin, c’est-a-dire l’ordre


discret, dont la relation est l’égalité. Tous les éléments sont a la fois
minimaux et maximaux. Il n’y a ni plus petit mi plus grand élément.
L’ensemble des minorants et l’ensemble des majorants de toute partie
non réduite a un élément sont vides. Seules les parties 4 un élément
admettent une borne inférieure et une borne supérieure. Tout intervalle
ouvert est vide; tout intervalle fermé est réduit a un élément.
Les six schémas suivants représentent des ordres partiels, deux ordres
situés céte a céte étant opposés. On y voit des éléments minimaux et des
éléments maximaux; il n’y a ni plus petit ni plus grand élément.
Les six schémas suivants représentent des ordres partiels. On y voit,
soit un plus petit élément, soit un plus grand élément, mais nulle part
les deux a la fois.
Les six derniers schémas représentent des ordres totaux qui sont
aussi de bons ordres.
CHAPITRE Ul.
CARDINAUX. ENTIERS.

Les chapitres précédents ont permis de fabriquer un objet qui ne


dépend d’aucun autre : l'ensemble vide. Cet ensemble, qui se présente
comme un objet absolu, peut servir de point de départ pour la fabri-
cation de nouveaux ensembles absolus, par exemple, les ensembles
{Q', |G, {@) et ainsi de suite.
La définition et l’étude des cardinaux sont destinées a préciser la
fabrication intuitive ainsi évoquée et a permettre l’introduction de
certains cardinaux qu’on appelle des entiers; elles peuvent, d’autre part,
étre pour ainsi dire transposées a des ensembles bien ordonnés et donner
naissance a un nouveau type d’objets qu’on appelle des ordinaux.

{. CARDINAUX.

De méme que la notion de relations équivalentes est destinée a effacer


les différences entre deux relations qui ont méme valeur de vérité, de
méme que la notion d’égalité est destinée a effacer les différences entre
deux objets qui ont les mémes propriétés a une équivalence prés, de
méme la notion de cardinal est destinée a effacer les différences entre
deux objets qui sont égaux a une bijection prés.

1.1. Relation d’équipotence. Puissances.

1.1.1. RELATION D’EQUIPOTENCE. — Etant donnés deux ensembles A


et B, on dit que A est équipotent a B pour exprimer qu’il existe une
bijection de A sur B.
La relation binaire en x et y exprimée par
x est équipotent a y

est appelée la relation d’équipotence ou simplement Péquipotence.


On la note volontiers au moyen du symbole

Eq(a, y),
lu: x est équipotent a y.
240 TITRE I]. — CHAPITRE III.

La relation d’équipotence est une relation symétrique, car) s'il existe


une bijection f de x sur y, la bijection réciproque f—' est une bijection
de y sur xv. Cette remarque permet d’exprimer la relation d’équipotence
par x et y sont équipotents.
La relation d’équipotence est une relation transitive, car s’il existe
une bijection f de x sur y et une bijection g de y sur z, application go f
est une bijection de x sur z.
Enfin la relation d’équipotence est une relation réflexive, car, quel
que soit l’objet x, il existe une bijection de x sur x, a savoir l’application
identique de x.
La relation d’équipotence est donc une relation d’équivalence.
Elle induit dans tout ensemble d’ensembles ( une relation d’équi-
valence dans Ct, car la relation

|ret,
yea,
|Eq(2, ¥)

est, évidemment, réflexive dans Cl, symétrique dans Q, transitive dans CQ.
On exprime cette remarque en disant que la relation d’équipotence
est une relation d’équivalence dans tout ensemble d’ensembles;
on confond ainsi, selon l’usage, une relation binaire avec la relation
entre éléments d’un ensemble quelle induit dans cet ensemble.
1.1.2, PuissaNces. — Etant donnés un ensemble d’ensembles
et un ensemble A de , la relation « X est un ensemble de cl et X est
équipotent a A » exprime que X est un élément de équivalent a A
suivant la relation d’équipotence dans @. L’ensemble des objets X
qui remplissent cette condition est donc la classe d’équivalence de A
suivant la relation d’équipotence dans @. Par définition, la classe
d’équivalence de A suivant la relation d’équipotence dans © est
appelée la puissance de A par rapport a Cl.
I] convient d’observer que cette notion dépend de l’ensemble & dont A
est un ensemble, car si A est un ensemble d’un ensemble ’ différent
de , la puissance de A par rapport a Ct’ n’est pas égale, en général,
a la puissance de A par rapport a . C’est cette remarque qui conduit
a introduire la notion de cardinal.

1.2. Définition des cardinaux.

Etant donné un ensemble E quelconque, le prototype des objets X


remplissant la condition
X est équipotent a E
est appelé le cardinal de E.
CARDINAUX. ENTIERS. 241
On note le cardinal de E au moyen du symbole

Card (E)
lu : cardinal de E.
L’expression et le symbole ainsi introduits sont définis quel que soit
Yensemble E et désignent un objet qui ne dépend que de E — au contraire
de la puissance de E par rapport a a.
Le cardinal de E existe toujours, puisqu’il existe un X équipotent
a E, a savoir E luicméme. On en déduit aussitot (cf. Axiome de la quan-
iification-= Tit, I; Il; §°2.5 43). que

Card(E) est équipotent E.

D’autre part, si deux ensembles A et B sont équipotents, la transitivité


de l’équipotence permet d’assurer que
(WX) (Eq(X, A) = Eq(X, B));
d’apres le second axiome E, de l’égalité, on peut donc assurer que
ty (Eg (X, A)) =, (Hq (X, B)),

c’est-a-dire que Card(A) = Card(B).


Si l’on observe, par ailleurs, que l’égalité des cardinaux de A et de B
entraine, toujours par transitivité, l’équipotence de A et de B
[puisque Card(A) est équipotent a A et Card(B) équipotent a B], on
parvient a la proposition suivante qui ramene l’équipotence (égalité
a une bijection prés) a légalité simple des cardinaux :
Pour que deux ensembles A et B soient équipotents, il faué et il suffit
que Card(A) = Card(B).
En particulier, si A et B sont deux ensembles d’un ensemble
d’ensembles 4, l’égalité de leurs cardinaux équivaut a celle de leurs
puissances par rapport a QQ.

1.3. Premiers cardinaux.

Le cardinal de lensemble vide est noté au moyen du symbole


oO

lu : zéro.
Toute application admettant © comme ensemble de départ admet 0
comme ensemble de ses valeurs, donc toute bijection admettant @ comme
ensemble de départ admet © comme ensemble d’arrivée. En d’autres
termes, il n’existe qu’un seul ensemble équipotent a 0, a savoir 0 lui-
méme.
VY. ROUQUET LA GARRIGUE. 16
242 TITRE II. — CHAPITRE III. /

On peut donc assurer que

Card (9) =o = @.

Remarque. — Cela ne veut pas dire que l’objet noté o soit identique
a Vobjet noté 0.

Le cardinal de l'ensemble } 0} est noté au moyen du symbole


I

ju : un.
Comme tous les ensembles réduits 4 un élément sont, évidemment, équi-
potents, ils ont tous 1 pour cardinal. Le cardinal de l’ensemble | ©, | 9 | |
est noté au moyen du symbole

lu : deux.

Remarque. — Il est d’usage de désigner un cardinal quelconque


par une minuscule gothique.

1.4. Ordination dun ensemble de cardinaux.

La théorie montre ensuite — ce qui ne sera pas fait ici — que :


Dans tout ensemble & de cardinaua, la relation le cardinal « est équi-
potent a une partie du cardinal » induil une relation de bon ordre
dans
La relation ci-dessus exprimée par « le cardinal « est équipotent a
une partie du cardinal » » est notée, au moyen de l'un des symboles

fee
7
ag YE |

sans aucune autre référence, de sorte que la notation générale d’une


relation d’ordre R, a savoir (x < y(R)) se présente comme une extension
de la relation-de bon ordre ainsi définie.
Grace a ce théoréme fondamental, tout ensemble de cardinaux se
trouve muni d’un bon ordre qui est aussi un ordre total. On peut alors
assurer que, dans tout ensemble auquel ils appartiennent,
oa quel que soit le cardinal a,
1—<a_
\
quel que soit le cardinal a 40.

1.5. Opérations sur les cardinaux.

Trois opérations, chacune des deux premieres portant sur une famille
quelconque de cardinaux, sont alors introduites : addition, le produit,
lexponentiation. Il n’y a ni soustraction ni division. i
/
CARDINAUX. ENTIERS. 243

Les définitions de ces trois opérations et leurs propriétés sont


analogues a celles de la somme, du produit, de Vexponentiation des
ensembles.

1.5.1. DEFINITION DES OPERATIONS SUR LES CARDINAUX.

a. Addition. — Etant donnée une famille (a,),¢; dont tous les éléments
sont des cardinaux, le cardinal de la somme de la famille (0,),
et
est appelé la somme cardinale de la famille (a,),¢;. On note la somme
cardinale de la famille (a,),<¢; au moyen du symbole

2 a,
ya
rel

lu : grand sigma des a,. On dit souvent « somme » tout court pour
« somme cardinale ».

b. Produit. — Le cardinal du produit de la famille (a,),<; est


appelé le produit cardinal de la famille («,),<;. On le note au moyen
du symbole
p.
rel

lu : produit cardinal (ou produit) des a;. On le remplace souvent par

If:
rel

au risque de quelques confusions.


c. Exponentiation. — Etant donnés deux cardinaux a et b, le cardinal
de l’ensemble des applications de » dans o est appelé la puissance
d’exposant 6 de a. On le note au moyen du symbole

a”b

lu, pratiquement : a puissance b, au risque encore de quelques confusions.

Remarque. — La somme et le produit de deux cardinaux seront


définis apres ’examen des propriétés des opérations.

1.5.2. PROPRIETES DES OPERATIONS SUR LES CARDINAUX. — Les


propriétés des opérations sur les cardinaux ne sont au fond qu'une
traduction des propriétés des opérations analogues sur les ensembles
et se déduisent immédiatement de ces derniéres.
a. Commutativilé généralisée de la somme et du produit.
b. Associativité généralisée de la somme et du produit.
c. Distributivité généralisée du produit par rapport a la somme.
DQAh TITRE II. —— CHAPITRE III.

d. La somme @une famille de cardinaux égaux a zéro est égale a zéro.


e. Le produit @une famille de cardinaux égaux a x est égal a x.
f. Pour que le produit @une famille de cardinaur soit égal a zéro, il
faut el Ul suffit que Cun des cardinaux de la famille soit égal a zéro.
g. La puissance d’exposant » de a est égale au produit de la famille (0,), ey
ou, pour tout .Eb, a, =a,
h. Le produit @une famille de puissances (a°:),e1 est égal a la puissance
de « dont l'exposant est la somme de la famille (,), Et.
i. Le produit d’une famille de puissances (eles est égal a la puissance
@exposant » du produit de la famille (a,), €1.

1.5.3. ADDITION ET PRODUIT DE DEUX CARDINAUX.

a. Définitions. — Etant donnés deux cardinaux a et b, on peut cons-


truire une famille de cardinaux dont les éléments sont a et » en prenant
un ensemble d’indices a deux éléments distincts, par exemple les
cardinaux o et 1; les sommes cardinales de deux familles admettant pour
éléments a et b sont égales en vertu de IJ, § 1.2.3 e; il en est de méme
des produits cardinaux. On peut donc poser les définitions suivantes :
La valeur commune aux sommes cardinales des familles a deux
indices différents, admettant « et ) comme éléments est appelee la
somme des cardinaux a et ». Cette somme est notée au moyen du
symbole
a+b

lu : a plus b. Le signe « + » est le signe de l’opéralion binaire appelée


addition des cardinaux comme |’opération singulaire portant sur
une famille de cardinaux.
a et & sont appelés les termes de la somme a + 6.
De méme, la valeur commune aux produits cardinaux des
familles a deux indices différents, admettant o et b comme éléments
est appelée le produit des cardinaux a et b. Ce produit est noté au
moyen du symbole
ab

lu : a que multiplie b ou simplement : a-b. Aucun signe ne sépare


les deux symboles a et »; la simple juxtaposition de ces symboles indique,
par définition, ’opération binaire appelée multiplication des cardinaux
comme VTopération singulaire portant sur une famille de cardinaux.
a et b sont appelés les facteurs du produit ab. On utilise cependant
parfois le symbole «.b au lieu de ab,
b. Propriétés. — Les propriétés des opérations binaires sur les cardinaux
(addition, multiplication, exponentiation) se déduisent aussit6t des
propriétés des opérations portant sur des familles de cardinaux.
CARDINAUX. ENTIERS. w iawr

D’abord :
Commutativité :
T

a+b=b+a ab = ba. |

Associativité :

|| a(be) :
a+ (b+e)=(n+b)+¢ = (ab) c.
|
Distributivité :

a(b—+c) = abs ac. |

Propriétés de l’exponentiation :

ab at = gh+* | (qb)— ght | (Gs Gas |

Ensuite :
Le produit ab est égal a la somme de la famille (a;),€,, ott a, = « pour
tout eb,
Tout cardinal a est égal a la somme de la famille (a), <4, OW a,;=1 pour
tout tea,
La puissance a* est égale au produit de la famille (a,),<,, ou =a
pour tout -eb.
Enfin, les propriétés particuliéres aux cardinaux o et 1,

a+o—o+0a=—a4 Col slat |

| i

Da rcem eh ia Ola |1'=1,|


f

OF ONES
= On 501 —-0 jee ie |

1.6. Théoréme de Cantor.

Ce théoreme s’exprime par lidentité

2"> a.

I] assure qu’il n’existe pas de cardinal supérieur a tout cardinal;


on en déduit qu’il n’existe pas d’ensemble groupant tous les cardinaux.
246 TITRE I]. — CHAPITRE III.

On démontre, en outre, que le cardinal de l’ensemble des parties


d’un ensemble E est égal a 2", out a désigne le cardinal de E. Du théoreme
de Cantor résulte alors que le cardinal de l’ensemble des parties de E
est strictement supérieur a E.

2. ENTIERS.

Pour introduire la notion d’entier mathématique — et non pas, bien


entendu, celle d’entier intuitif dont ne saurait se passer la moindre
activité raisonnable et qui est, naturellement, un des instruments fonda-
mentaux de la métamathématique — la théorie des ensembles fait
appel a la notion de cardinal fini qu’elle définit avec soin de la fagon
suivante.

2.1. Définition des entiers.

Pour un cardinal quelconque a on peut démontrer l’identité

vea+i|

mais on ne peut assurer que a <a +1.


En revanche, il est possible d’établir léquivalence

qat+i=bsei se a=.

Ces remarques étant admises, la théorie pose les définitions suivantes.


On dit que le cardinal a est fini pour exprimer que

a7 a+.

Un cardinal fini a est donc strictement inférieur a a +1. Tout.


cardinal fini est appelé un entier et l’on réserve l’appellation « entier »
a un cardinal fini. Cependant, comme les mathématiques introduisent
par la suite des ensembles d’objets susceptibles de contenir a une bijection
pres des entiers, elles sont amenées a appeler entiers (suivis d’un qualifi-
catif) ces nouveaux objets, cela grace a lidentification. C’est pourquoi
on qualifie aussi les entiers eux-mémes, en les appelant, par opposition,
entiers naturels.
On dit qu’un ensemble E est fini pour exprimer que le cardinal
de E est fini.
L’entier constituant le cardinal d’un ensemble fini E est appelé
le nombre des éléments de E.
CARDINAUX. ENTIERS. 247

On dit qu'une famille (X,),<; est finie pour exprimer que


l’ensemble | de ses indices est fini.
Toute famille finie est appelée une suite finie.
Le nombre des éléments de l’ensemble des indices d’une suite
finie est appelé la longueur de la suite.
On note les cardinaux finis au moyen de minuscules latines.
A propos des ensembles finis, il convient d’attirer attention sur la
proposition suivante :
Etant donnés deux ensembles finis A et B ayant le méme nombre d’ éléments
et une application f de A dans B; alors les propriétés suivantes sont équiva-
lentes :
1° f est une injection;
2° f est une surjection;
3° f est une bijection.

2.2, Existence des entiers. Suivant et précédent immeédiat.

Le cardinal o est, évidemment, différent du cardinal o + 1—1, donc o


est un entier. L’existence d’autres entiers est assurée par les remarques
suivantes : léquivalence entre les relations (a +1=b +1) et (0 =b)
entraine celle des relations (aoa-+1) et [a+ 14(a+1)+1];
il suffit donc que a soit un entier pour que (a +1) le soit lui-méme;
le cardinal o étant un entier, o +1—1 est un entier, 1+1=—2 est
un entier et ainsi de suite.
Il est donc possible de fabriquer des entiers au moyen de lopéra-
tion « + 1», puisqu’on sait quesi « est un entier, a +1 en est un autre,
strictement supérieur au premier. On démontre alors qu’entre les entiers a
et a + 1, il n’existe pas d’entier en établissant que la relation (a’ < a +1)
est équivalente a la relation (a’=< a). L’entier (a +1) est appelé suivant
immeédiat de lentier «a et lon démontre que tout entier, sauf o, est
le suivant immédiat d’un entier et d’un seul qui est appelé précédent
immédiat du premier.

2.3. Principe de récurrence.

La notion de suivant immédiat et celle de précédent immédiat


permettent alors d’établir la propriété fondamentale des entiers connue
sous le nom de Principe de récurrence et qui s’énonce ainsi :
R=n& étant une relation concernant un entier quelconque n, si la rela-
tion R=n& est vraie pour Ventier o et si ’implication
Rsn¢g>REn+18

est vraie, alors on peut assurer que R=n< est vraie pour tout entier.
248 TITRE II. — CHAPITRE III.

.La démonstration de cette propriété est obtenue au moyen d'un


raisonnement par l’absurde qui justifie lintuition immédiate traduite
_couramment par cette « cascade » de syllogismes : la relation étant vraie
pour o est vraie pour o + 1 = 1; vraie pour 1, elle Pest pour 1+1=2;
vraie pour 2, elle l’est pour 3, etc.
Une des premiéres applications du principe de récurrence consiste
a établir que le cardinal de Vintervalle fermé [1, n] est précisément n,
ou, en d'autres termes, que n est le nombre d’entiers de cet intervalle.

2.4. L’ensemble infini N des entiers. Le cardinal ).

La construction des entiers s’achéve alors par le rassemblement des


entiers en un ensemble. Mais il convient de mettre en relief que l’existence
d'un ensemble auquel appartiennent tous les entiers résulte non pas
dune démonstration mais d’un axiome — le dernier de la théorie des
ensembles et, par conséquent, des mathématiques dans leur état actuel.
Cet axiome s’exprime par l’énonceé :
Axtome. — La relation « x est un entier » est une relation collectivisante.
On démontre que cet axiome entraine que l’ensemble des entiers
nest pas un ensemble fini, et l’on introduit la notion d’infini en mathe-
matiques en posant la définition : .
On dit qu’un ensemble est infini pour exprimer quil n’est pas fini.
L’ensemble des entiers est donc un ensemble infini. I] est généralement
noté au moyen du symbole
Ni
initiale (caractére gras) commune aux mots « nombres » et « naturels »;
il est lu: grand N.
On démontre, réciproquement, que l’existence d’un ensemble infini
entraine celle d’un ensemble groupant tous les entiers. Aussi remplace-t-on
souvent l’axiome affirmant l’existence de N par celui qui affirme |’existence
d’un ensemble infini; ce dernier axiome est appelé axiome de Jlinfini.
Le cardinal de ’ensemble N n’est pas fini car, s’il l’était, il serait celui
d’un ensemble fini; ce cardinal est donc infini. Il est noté au moyen du
symbole
Ro,
lu : aleph zéro, premiére lettre de l’alphabet hébreu, affectée de l’indice
zero.
Ce cardinal est strictement supérieur a tout entier, sans quoi il serait
fini. On démontre, en outre, qu’il est inférieur (au sens large) a tout
cardinal infini, de sorte qu’il peut étre considéré comme le plus petit
des cardinaux infinis.
CARDINAUX. ENTIERS. 249

Le cardinal de l’ensemble des parties de N est, on le sait, strictement


supérieur a celui de N; il est noté ,.
Cette notation laisse entendre qu’il n’existe pas de cardinal entre
et &i; en fait, cette assertion est encore en suspens 4 l’heure actuelle
dans la théorie des ensembles et constitue ce qu’on appelle le probleme
du continu.

2.5. Ordination de N.

L’ensemble N étant un ensemble de cardinaux peut étre ordonné


par la relation «+ <y». L’ordre ainsi obtenu sur N est un ordre total
et un bon ordre qu’on appelle Vordre naturel sur N. Bien entendu,
on peut munir N de beaucoup d’autres ordres.

2.6. Opérations sur les entiers.

La somme et le produit d’une famille infinie d’entiers ne sont, généra-


lement, pas des cardinaux finis.
Au contraire, on démontre que la somme et le produit d’une famille
finie d’entiers sont des entiers. L’addition et la multiplication des entiers
produisent ainsi leurs effets a lintérieur de N. Elles possédent toutes
les propriétés reconnues a l’addition et a la multiplication des cardinaux.
La puissance a’ d’exposant b de a est un entier des que a et b sont
entiers. Les propriétés de lexponentiation des cardinaux sont done
encore valables pour lexponentiation des entiers.
A ces trois opérations, on joint deux opérations nouvelles réservées
aux entiers : la soustraction et la division euclidienne dont voici les
définitions.
Etant donnés deux entiers a et b tels que a ~ b, on montre qu’il existe
un entier c et un seul tel que
Ga OC

Par définition, l’entier c ainsi déterminé est appelé la différence


entre a et b et noté
a—)b,

lu : a moins b; a et Db sont appelés respectivement premier terme


et second terme de la différence a— b.
L’opération binaire qui, portant sur deux entiers a et b (a ~ p),
conduit a leur différence est appelée la soustraction des entiers.
Etant donnés deux entiers a et b tels que b = 0, on montre qu'il existe
un couple d’entiers (q, r) et un seul, tel que
(a= bg +r,
lr<b.
/\
250 TRERE ie —Y CHAPIERE Gil.

Par définition, Vopération binaire qui, portant sur deux entiers a


et b (b 0), conduit au couple (q, r) ainsi déterminé est appelée
la division euclidienne des entiers.
La premiére composante q de ce couple est appelée le quotient
entier de a par b.
La deuxiéme composante r de ce couple est appelée le reste de a
par b.
Pour exprimer que le reste de a par b est égal a o on dit que a est
multiple de ) ou que a est divisible par 5 ou que ) est un diviseur
de a ou que b divise a.
Les multiples de 2 sont appelés les entiers pairs; les entiers non
multiples de 2 sont appelés les entiers impairs.

2.7. Ensembles dénombrables. Suites.

On dit qu’un ensemble E est dénombrable pour exprimer que E


est équipotent a une partie de N. Un ensemble dénombrable a donc
pour cardinal un entier ou Ro.
On démontre alors que tout ensemble infini dénombrable est équi-
potent a N.
Du théoréme de Cantor résulte que l’ensemble des parties de N n’est
pas dénombrable.
Toute famille admettant comme ensemble d’indices un ensemble
dénombrable est appelée une suite. Une suite est dite finie ou infinie
suivant que son ensemble d’indices est fini ou équipotent 4 N. Une suite
est habituellement notée au moyen du symbole : u. Son terme général
est noté : u; (au lieu de u,). Si le nombre des indices est n, on peut
écrire U = (Wy, Us, ..., U,). Les indices sont alors appelés des numéros.
TITRE TL.
La notion de structure, introduite il y a une quarantaine d’années
seulement, permet de partager les mathématiques en de vastes secteurs
ou viennent s’insérer assez naturellement l’immense majorité des résultats
connus. L’étude des structures est donc |’étude de l’organisation générale
des mathématiques, une sorte de science naturelle qui prendrait comme
objets tout ce qu’on sait déja. Elle s’est d’ailleurs révélée fructueuse
en ce sens qu’elle guide la recherche en fournissant des cadres de pensée.
A la notion fondamentale de structure sont liées de nombreuses notions
dérivées qu’il est indispensable de connaitre avant d’étudier les principales
structures,
Etant donné un ensemble E, il est possible de construire l’ensemble #(E)
des parties de E ainsi que le produit E x E de E par lui-méme. On obtient
ainsi deux nouveaux ensembles qui, avec E, permettent de disposer de
trois ensembles : E, @(E), Ex E. A partir de ces trois ensembles on peut
effectuer les opérations de passage a |’ensemble des parties et de produit.
On obtient ainsi, en écartant les ensembles déja construits, huit nouveaux
ensembles dont certains sont égaux a une bijection pres. On peut recom-
mencer sur les onze ensembles ainsi construits. Chaque ensemble obtenu
par des opérations de ce genre est appelé un échelon de l’échelle des
ensembles ayant pour base E.
E lui-méme est un échelon de l’échelle des ensembles ayant pour base E;
&(E) est un échelon de méme que EXE ou E? X@(E).
Tout élément d’un échelon est appelé une structure sur E.
Toute partie d’un échelon est appelée une espéce de structure
sur E.
Tout échelon est appelé un type de structure sur E.
Ces définitions précisent ce qu’en mathématiques on appelle une struc-
ture sur un ensemble, une espéce et un type de structure. Par un procédé
analogue on définit une structure sur trois ensembles E, F, G (pour
fixer les idées) comme un élément d’un échelon de l’échelle d’ensembles
ayant pour base E, F, G.
Dans cette introduction, on se bornera aux structures sur un seul
ensemble. Par exemple, un élément a de E est une structure sur E; un
couple (a, b) dont les deux composantes appartiennent a E est une struc-
254 TITRE III.

ture sur E; une partie A de E est une structure sur E; un graphe G dont
les deux projections sont contenues dans E est une structure sur ie
une application de E dans E, une correspondance entre E et E sont des
structures sur E.
Soit alors S$ une structure quelconque sur E. On dit que E est muni
de la structure S pour exprimer que la théorie ot Pon se place
dispose de l'ensemble E et de la structure S sur E. Pratiquement,
on confond l’objet métamathématique désigné par « E muni de la
structure S » avec le couple (E, $) (cf. H, II, § 2).
En fait, on n’étudie pas une structure déterminée mais une espéce
déterminée de structure.
Pour mener une telle étude, il convient de dire nettement de quelle
espéce de structure on veut parler. On procéde alors de la facon suivante.
On introduit un ensemble E. On introduit un objet S quelconque.
On introduit une relation T exprimant que l’objet S appartient a un certain
€chelon de l’échelle ayant E pour base, par exemple 4 EXE, a @(E XE),
a &(E), a £(2(E)).
On introduit une nouvelle relation R concernant %S. Cette relation,
jointe a la précédente, est collectivisante et équivalente a l’appartenance
de S a une partie parfaitement déterminée de l’échelon considéré au
préalable.
Cela fait, on construit la théorie admettant comme axiomes : les axiomes
de Ja théorie des ensembles, la relation exprimant l’appartenance de S
a léchelon considéré, la nouvelle relation concernant S qui acheve de
déterminer lespéce de structure qu’on se propose d’étudier. La théorie
ainsi construite et qui admet deux constantes E et S est appelée théorie
de l’espéce de structure caractérisée par T et R. La relation T est
appelée la caractérisation typique et la relation R laxiome de
lespéce de structure considérée..I] est inutile d’indiquer qu’il s’agit
d’une espéce de structure sur E car, si l'on remplace l'ensemble E par
un autre ensemble E’ partout ot E figure, on obtient, évidemment, la
méme théorie, avec E’ au lieu de E. Les théorémes qui peuvent étre
démontrés dans cette théorie sont, évidemment, applicables a tout
ensemble muni d’une structure caractérisée par T et R quelles que soient
les particularités que puisse présenter, par ailleurs, cet ensemble. Dans
cette simple remarque réside le principal intérét de la notion de structure :
traiter une fois pour toutes des questions étudiées séparément autrefois
et masquées par des particularités tenant a chaque étude.
Reste a développer cette théorie.
On se laisse guider par les idées suivantes qui dessinent un plan général
pour l’étude d’une espéce de structure.
Apres quelques notions particuliéres a chaque espéce de structure
on introduit ce qu’on appelle des « morphismes », puis ce qu’on appelle
des « isomorphismes ».
STRUCTURES. 255

En ce qui concerne les espéces de structures étudiées dans le tome I de cet


Ouvrage (cf. les divers chapitres du titre III), on appelle morphisme
pour lespéce de structure » caractérisée par les axiomes T et R
toute application f qui remplit les conditions suivantes :
1° f est une application d'un ensemble A muni d'une structure S d’espéce X
dans un ensemble A‘ lui-méme muni dune structure ‘S' de la méme espéce X;
2° image de S par Vextension convenable de f est contenue dans ‘Ss’,
Par «extension convenable de / », on entend, évidemment, l’application
qu’on obtient en effectuant lopération d’extension a l’ensemble des
parties et l’opération d’extension aux ensembles produits autant de fois
qu'il est nécessaire pour atteindre le type de structure de lespéce X,
indiqué par la caractérisation typique T.
On constate aisément que lapplication composée gof de deux mor-
phismes g et f pour l’espece » est un morphisme pour l’espéce &.
Quelle que soit lespéce de structure X, on appelle isomorphisme pour
lespéce de structure 2 caractérisée par les axiomes T et R toute
application f qui remplit les conditions suivantes :
1° { est une bijection d'un ensemble A muni dune structure ‘S d’espéce =
sur un ensemble A’ muni lui-méme dune structure ‘S' de la méme espéce =;
2° image de S par lextension convenable de la bijection f est exac-
tement 5’.
Les propriétés des bijections et l’influence des opérations d’extension
a ensemble des parties et d’extension aux ensembles produits sur une
bijection, montrent aussit6t que l’application composée gof de deux
isomorphismes g et f pour l’espéce & est un isomorphisme pour l’espéce &,
que la bijection réciproque /~! d’un isomorphisme f pour lespeéce & est
encore un isomorphisme pour l’espéce &.
On observera en outre que, en ce qui concerne les espéces de structures
étudiées au titre III, un isomorphisme est un morphisme bijectif, mais
qu'un morphisme bijectif f n’est pas nécessairement un isomorphisme :
pour qu'un morphisme bijectif f soit un isomorphisme, il faut, en outre,.
que l’application réciproque f~' soit elle-méme un morphisme.
Un isomorphisme d'un ensemble E muni d’une structure 5
d’espéce 2 sur E muni de la méme structure S est appelé un auto-
morphisme de E muni de 5, ou encore un automorphisme de 8S.
On dit que deux ensembles A et A’ munis respectivement de deux
structures 5 et s’ de méme espéce = sont en isomorphie pour
exprimer qu’il existe un isomorphisme de A muni de S sur A’
muni de 3’, I] existe alors un isomorphisme de A’ muni de 8’ sur A
muni de S.
Etant donné un ensemble E muni d’une structure 8, il est facile d’obtenir
un ensemble E’ muni d’une structure 5S’ en isomorphie avec l’ensemble
256 TITRE Ill.

donné : il suffit de disposer d’un ensemble E’ égal, a une bijection pres f,


a l'ensemble E et de considérer l’image par l’extension convenable de f
de la structure S$ sur E; la structure ainsi obtenue est dite la structure
obtenue en transportant sur I’ la structure 8.
Aprés avoir introduit les morphismes et les isomorphismes dans ]’étude
@une espece de structure, on s’intéresse habituellement aux structures
induites sur une partie de l’ensemble de base E, ce qui attire l’attention
sur les parties stables.
On étudie ensuite l’influence du passage au quotient selon une relation
d’équivalence dans E. On étudie l’influence du passage aux ensembles
produits.
Enfin, dans beaucoup de cas, on termine |’étude d’une espéce de struc- -
ture, en résolvant ce qu’on appelle un probleme d’immersion. Un tel
probléme se pose dans Jes termes suivants. Etant donné un ensemble E
muni d’une structure S d’espece caractérisée par les axiomes T et R, on
se propose de construire un nouvel ensemble E’ muni d’une structure 3S’
d-especey caracteriste par les“axioines +) et Net ort. “etanveune
condition supplémentaire imposée a 5’, et qui soit tel, en outre, que E’
contienne une partie en isomorphie avec E muni de S quand on munit
cette partie de la structure induite par 5’.
Les especes de structures fondamentales portent les noms suivants :
Yespéce des structures d’équivalence, l’espéce des structures d’ordre,
Vespece des structures algébriques, l’espece des structures topologiques.
_ Une structure d’ordre est dite aussi « structure d’ensemble ordonné ».
Dans l’espece des structures d’ordre, on distingue de nombreuses sous-
especes caractérisées par les axiomes T et R des structures d’ordre auxquels
on adjoint un axiome R’; c’est ainsi qu’on obtient les espéces de structures
d’ensemble filtrant, de treillis, d’ordre total, de bon ordre.
De méme, dans l’espéce des structures algébriques on distingue de
nombreuses sous-espéces obtenues par le méme procédé telles que les
especes de structures de monoide, de groupe, d’anneau, de corps, de
module, d’espace vectoriel, d’algebre.
Les sous-espéces d’une espéce de structure sont dites plus riches
que l’espéce.
I’étude des structures topologiques ne sera faite qu’au tome II.
CHAPITRE I.
STRUCTURES D’ EQUIVALENCE.

Pour rattacher nettement la notion d’équivalence a la notion de


structure, il convient de caractériser 4 nouveau les graphes d’équivalence
dans un ensemble.
On sait (cf. Tit. II, I, § 2.4.4 a) que, par définition, le graphe G d’une
équivalence dans un ensemble E est un graphe réflexif, symétrique,
transitif, dont les deux projections sont égales a E.
Or, la condition pour un graphe G d’étre réflexif et d’avoir ses deux
projections égales 4 E équivaut a la condition d’étre une partie de ExE
contenant A,. En effet, si pr.G = pr.G = E, G est une partie de EXE;
si, d’autre part, G est réflexif, il admet tous les couples symétriques
dont les composantes appartiennent a sa premiére projection, donc
il contient A,..
Inversement, si un graphe G’ est une partie de ExE, tout argument
de G’ est un élément de E; si, d’autre part, G’ contient A,,, tout élément
de E est un argument de G’, de sorte que pr,G’ = E; on voit, de méme,
que pr.G = E; en outre, G’ est réflexif, puisque A; coincide avec A), «.
Dire que G est un graphe d’équivalence dans E équivaut donc a dire :
G est un graphe, partie de EXE, contenant Ap, symétrique et transitif.
On sait (cf. Tit. II, I, § 2.3.7 c) que cela équivaut a dire : G est un graphe,
partie de EXE, contenant A, égal a son réciproque et a son composé avec
lui-méme.
C’est cette derniére caractérisation des graphes d’équivalence dans un
ensemble que retient la théorie des structures d’équivalence.

1. DEFINITIONS, NOTATIONS ET LANGAGE.

Il est possible de construire une théorie d’espéce de structure sur les


bases suivantes :
a. Données :
— Un ensemble E;
— Un objet G.
Y. ROUQUET LA GARRIGUE, a
bey
258 TITRE III. — CHAPITRE I.

b. Caractérisation typique :

c. Axiome :

La théorie construite sur ces bases est appelée théorie des structures
d’équivalence. Elle élabore des notions et établit des résultats utilisés
dans toutes les branches des mathématiques. Cette théorie n’est pas autre
chose que I’étude des relations réflexives, symétriques et transitives
entre éléments d’un ensemble; mais la présentation de cette étude au
moyen du graphe déterminé par une telle relation permet a la théorie
d’étre proprement mathématique, alors qu’une présentation ne se référant
qu’aux relations conduirait a une théorie de caractére métamathématique.
Lorsque, étant donné un ensemble E, il est possible de distinguer
une partie G de E x E présentant les trois caractéres indiqués, soit en vertu
d’axiomes, soit en vertu de démonstrations, on dit que E est muni d’une
structure d’équivalence, muni d’une relation d’équivalence ou
enfin muni d'une équivalence.

.2. APPLICATIONS COMPATIBLES


AVEC DEUX RELATIONS D’EQUIVALENCE.

Etant donnés un ensemble E muni d’une relation d’équivalence R


et un ensemble F muni d’une relation d’équivalence S, on dit qu’une
application / de E dans F est compatible avec les relations d’équi-
valence R et S pour exprimer que :
Quels que sotent x et x’ appartenant a E,

a=a'(modR) => f(£)=/f(#’) (modS).

Si G désigne le graphe de R et H celui de S, l'image de G par I’extension


aux ensembles produits de f est contenue dans H lorsque f est compatible
avec les relations d’équivalence R et S et réciproquement. En effet,
Yimage d’un couple (a, x’) de E par cette extension est le couple
(f (x), f (v’)) de F. Dire que f est compatible avec R et S équivaut a dire que

(w, a'eG => (f(x), f(x')) eH,


c’est-a-dire que l’image de tout couple de G appartient 4 H, ou enfin
que l’image de G est contenue dans H.
STRUCTURES D’ EQUIVALENCE. 259
Une application compatible avec deux relations d’équivalence n’est donc
autre chose qu'un morphisme de l’espéce de structure d’équivalence.
Lorsqu’en particulier la relation d’équivalence S sur F est réduite
a l’égalité on dit que f est compatible avec R (seulement) pour exprimer
que { est compatible avec R et légalité sur F. On voit aussitét que,
dans ce cas, la restriction de f A toute classe d’équivalence selon R est
une application constante, ce qu’on exprime en disant que { est constante
sur toute classe d’équivalence selon R. La correspondance déduite
de f par passage au quotient selon R est alors une application de E/R
dans F,

3. EQUIVALENCE ET PARTIES DE E.

3.1. Restriction d’une équivalence dans un ensemble a une partie


de cet ensemble.

Conformément aux définitions générales, une équivalence dans un


ensemble E étant une correspondance entre éléments de cet ensemble,
on appelle restriction d’une équivalence dans E a une partie A de E,
la correspondance entre A et E déterminée par la relation complexe :

aveA,
yek,
Sy = hs

Son ensemble de départ est A; son ensemble d’arrivée est E. L’équivalence


considérée dans E est, naturellement, un prolongement de sa restriction a A.
Il convient d’observer que cette restriction a A n’est généralement pas
une équivalence dans A.

3.2. Equivalence induite dans une partie.

Conformément aux définitions générales, on appelle équivalence induite


dans une partie A de E par une équivalence dans E, la correspondance
entre A et A déterminée par la relation complexe — qui est bien une relation
d’équivalence dans A :
“ed,
yea,
Y=.

Son ensemble de départ est A; son ensemble d’arrivée est A lui-méme.


La relation complexe qui détermine l’équivalence induite est appelée,
naturellement, relation induite dans A par la relation d’équivalence consi-
260 TITRE III. —— CHAPITRE I.

dérée dans E. Les nuances qui conduisent a distinguer restriction a A


et équivalence induite dans A apparaissent sur les deux schémas suivants :

Restriction d A Equivalence induite dansA

Fig. 36.

Les classes d’équivalence de la relation d’équivalence induite dans A


sont les ¢races sur A des classes de E.

3.3. Parties stables ou saturées.

Conformément aux définitions générales, on appelle partie stable


pour une relation d’équivalence Raz, y= dans E, toute partie A de E
telle que son image par l’équivalence I associée a R soit contenue dans A,
en d’autres termes, toute partie A telle que [< A >cA.
Mais, tout élément de A étant équivalent a lui-méme est une de ses
images, donc appartient 4 [< A >.
Par suite, non seulement Vimage I<A > est contenue dans A, mais
lui est égale.
Afin de souligner cette particularité que présentent les parties stables
pour une relation d’équivalence R, on les qualifie de parties saturées
pour Ja relation d’équivalence R ou pour |’équivalence I.
On peut aussi remarquer que I'< A>, ensemble des éléments équivalents
aux divers éléments de A, est la réunion d’une famille de classes d’équi-
valence : les classes des éléments appartenant 4 A. Réciproquement,
toute réunion de classes d’équivalence est, évidemment, une partie saturée
de sorte qu’on peut confondre partie saturée et réunion de classes d’équi-
valence.

Le schéma ci-dessus (fig. 37) représente une partie de A, saturée pour


la relation d’équivalence associée a une partition.
STRUCTURES D’ EQUIVALENCE. 261
I] justifie intuitivement la proposition suivante : lorsque A est une partie
saturée, la restriction a A et l’équivalence induite sur A sont deux corres-
pondances qui coincident dans A.
L’intersection de deux parties saturées A et B est une partie saturée.
En effet,
LOARB CRC AS ArCBS;

d’autre part, A et B étant saturées,

TE GAG te et [BAG bay eal 53

il en résulte que fC ANB>cANB et, par suite, que ANB est elle-méme
saturée.
On déduit aussitét de cette remarque que l’intersection des parties
saturées de E contenant une partie donnée quelconque C de E est une
partie saturée contenant C. C’est, évidemment, la plus petite partie saturée
contenant C par rapport 4 linclusion. Il existe donc toujours une plus
petite partie saturée contenant une partie donnée C; on l’appelle volontiers
le saturé de C.

4. PROPRIETES COMPATIBLES AVEC UNE RELATION D’EQUIVALENCE.

On dit qu’une propriété P=x= concernant un élément quelconque


d’un ensemble E est compatible avec une relation d’équivalence dans E,
notée «x = y», pour exprimer que P= 2 = reste vraie quand on remplace x
par un élément équivalent a x. On dit encore que la relation d’équivalence
est compatible avec la propriété ou que l’une et l’autre sont compatibles.
De facon imagée, une propriété est compatible avec une équivalence
lorsque |’équivalence ne trouble pas la propriété.
On peut enfin traduire cette définition par

L’égalité, qui est une relation d’équivalence dans tout ensemble, ne trouble
aucune propriété, de sorte que toute propriété est compatible avec l’égalité.
Mais une propriété quelconque n’est généralement pas compatible
avec une équivalence quelconque. Ainsi, dans l’ensemble des salariés
d’une ville, la propriété « x a les yeux bleus » n’est généralement pas compa-
tible avec la relation d’équivalence « x travaille dans la méme entreprise
que y ».
Pour qu'une propriété P= x= soit compatible avec une relation d’équi-
valence R, il faut et il suffit que la partie de l’ensemble E déterminée
par P= 2x2, c’est-a-dire l’ensemble A des éléments de E tels que P, soit
262 TITRE III. — CHAPITRE I.

une partie saturée pour R. En effet, tout élément équivalent a un élément


de A est tel que P, donc appartient a A qui est ainsi partie stable et, par
suite, saturée. Réciproquement, l’appartenance de x a une partie saturée
est, évidemment, une propriété compatible avec l’équivalence.
Il en résulte qu’on peut associer 4 toute propriété compatible une
réunion de classes d’équivalence, donc une partie de E/R et récipro-
quement. En d’autres termes, le passage au quotient pour une propriété
compatible P= x= conduit a une propriété P’St= qui détermine a son
tour P= a2, ce qui n’est pas le cas pour une propriété non compatible.

5. EQUIVALENCES-QUOTIENTS.
Etant donné un ensemble E muni d’une relation d’équivalence R,
soit S une autre relation d’équivalence dans E, plus fine que R.
La relation binaire T entre éléments ¢ et t’ de ’ensemble-quotient E/S
exprimée par : ¢ et ¢/ admettent respectivement deux éléments x et 2’
équivalents selon R, est une relation d’équivalence dans E/S.
En effet, sa réflexivité et sa symétrie dans E/S sont évidentes. Quant
a sa transitivité dans E/S, elle peut s’établir de la maniére suivante :
sit et ¢’ admettent respectivement x et x’ équivalents selon R et si ’ et ¢”
admettent respectivement deux éléments y’ et y” équivalents selon R,
alors ¢ et t” admettent respectivement les éléments x et y” qui sont bien
€quivalents selon R puisque x’ et y’ étant équivalents selon S le sont aussi
selon R grace au fait que S est plus fine que R.
La relation T, ainsi définie, est appelée quotient de la relation d’équi-
valence R par la relation d’équivalence plus fine S et notée au moyen
du symbole R/S, lu: R sur S.
L’équivalence déterminée dans E/S par R/S est appelée équiva-
lence-quotient de léquivalence associée a R par la relation d’équi-
valence plus fine S.
Le graphe de R/S n’est autre que l'image du graphe de R par l’exten-
sion aux produits de la surjection canonique f de E sur E/S. Les classes
d’équivalence déterminées par R/S dans E/S sont les images par f des
classes d’équivalence déterminées par R dans E; chacune d’elles est
formée de parties de E dont la réunion est une classe selon R.

6. EQUIVALENCES-PRODUITS.

Etant donnés deux ensembles E et E’ munis respectivement de relations


d’équivalence R et R’, on vérifie aussit6t que la relation entre éléments
du produit Ex E’ exprimée par :
le couple (u, u’) et le couple (v, v’) sont tels que
u=e (R) et u'=p' (R’),
est une relation d’équivalence dans EXE’.
STRUCTURES D’ EQUIVALENCE. 263

Par définition, la relation d’équivalence ainsiconstruite dans E x E’


est appelée produit des relations d’équivalence R et R’ et notée
au moyen du symbole RXR’, lu: R que multiplie R’.
L’équivalence déterminée dans EXE’ par RxR’ est appelée
équivalence-produit des équivalences déterminées par R et R’ dans
E et E’.
Toute classe d’équivalence selon RXR’ est, visiblement, le produit
d’une classe d’équivalence dans E selon R et d’une classe d’équivalence
dans E’ selon R’. Inversement, tout produit de cette sorte est une classe
d’équivalence dans EXE’ selon RXR’.
CHAPITRE II.
STRUCTURES D°ORDRE.

Pour rattacher nettement la notion d’ordre 4 la notion de structure,


il convient de caractériser 4 nouveau les graphes d’ordre dans un ensemble,
de méme qu'il convenait de caractériser les graphes d’équivalence dans
un ensemble.
On sait (cf. Tit. II, I, § 2.4.4 a) que, par définition, le graphe G d’un
ordre dans un ensemble E est un graphe réflexif, antisymétrique, transitif,
dont les deux projections sont égales 4 E.
On sait, d’autre part (cf. Introduction du chapitre I), que la condition
pour un graphe G d’étre réflexif et d’avoir ses deux projections égales
a E équivaut a la condition d’étre une partie de EXE contenant A,,.
Un graphe G d’ordre dans E peut donc étre caractérisé par la relation
complexe :
GcExE et ApeG et GnGcAg et GoGcG.

Or, il est facile de voir que cette relation complexe est équivalente a la
condition :
Galeri tet SG VG ves Ae el Gel aG.

Il est évident que la seconde entraine la premiére; quant au fait que


la premiére entraine la seconde, il provient essentiellement de ce que
si G est un graphe d’ordre dans E, son réciproque G~' l’est aussi.
La derniére condition obtenue peut donc servir a caractériser un
graphe d’ordre dans un ensemble; c’est elle que retient la théorie des
structures d’ordre.

1. DEFINITIONS, NOTATIONS ET LANGAGE.

La théorie construite sur les bases suivantes :


a. Données :
— Un ensemble E;
— Un objet G.
b. Caractérisation typique :
GcEXE.
266 TITRE III, — CHAPITRE II.

c. Axiome :
1
GniG =A,
GoG=G

est appelée théorie des structures d’ordre.


Un ensemble E est dit muni d’une structure d’ordre, d’une relation
d’ordre, d’un ordre lorsque, dans la théorie ot est étudié l’ensemble E,
on a introduit un graphe G, partie de EXE, pour lequel il est possible
d’assurer — par axiome ou théoreme — la réflexivité, la transitivité
et l’antisymétrie dans E.

2. FONCTIONS CROISSANTES.

Etant donnés un ensemble E muni d’une relation d’ordre R et un


ensemble F muni d’une relation d’ordre S, on dit qu’une application f
de E dans F est une application croissante (pour les relations R
et S) pour exprimer que:
Quels que soient x et x' appartenant a E,
Te eee ACER) a= (ENCED) (09)

Si G désigne le graphe de R et H celui de S, l’image de G par |’extension


aux ensembles produits de f est contenue dans H lorsque f est une appli-
cation croissante de E dans F et réciproquement. On s’en rend compte
aussit6t comme a propos des structures d’équivalence.
Une application croissante n’est donc autre chose qu’un morphisme de
Vespéce de structure d’ordre.
On vérifie sans peine qu’un isomorphisme d’un ensemble ordonné E sur
un ensemble ordonné F est une bijection croissante de E sur F dont la
bijection réciproque est elle aussi croissante. Lorsque E est totalement
ordonné, il suffit qu’une bijection de E sur F soit croissante pour qu’elle
soit un isomorphisme de E sur F.
On dit qu’une application f est décroissante (pour les relations R
et S) pour exprimer que :
Quels que soient x et x’ appartenant a E,

eZe'(R) > f(@)Sf(#") (S).


On emploie l’expression application monotone pour désigner une
application croissante aussi bien qu’une application décroissante.
Lorsque les relations sont d’ordre strict, on dit strictement crois-
sante, décroissante, monotone.
Une fonction croissante devient décroissante si l’on remplace un — mais
un seul — des ordres sur E et F par l’ordre opposé. Une fonction constante
est, a la fois, croissante et décroissante.
STRUCTURES D’ORDRE. 267

Lorsque f est une application de E dans lui-méme, on peut dire qu’elle


respecte lordre ou qu’elle est compatible avec lui si elle est croissante,
qu’elle respecte l’ordre opposé si elle est décroissante.

Remarque. — On définit parfois une application croissante en disant


que « f(x) augmente lorsque x augmente ». Cette définition qui fait
appel a une notion intuitive de croissance, qui utilise des expressions
non définies [x augmente, f(x) augmente] et qui donne 4 la définition
la forme d’une implication concernant x, ne saurait étre retenue dans
les mathématiques modernes.

3. RESTRICTION D’UN ORDRE. ORDRE INDUIT,

3.1. Restriction d’un ordre dans un ensemble a une partie de cet.


ensemble.

Conformément aux définitions générales, on appelle restriction d’un


ordre dans E a une partie A de E, la correspondance entre A et E déterminée
par la relation complexe :

Son ensemble de départ est A; son ensemble d’arrivée est E. L’ordre


considéré dans E est un prolongement de sa restriction a A. Cette
restriction n’est généralement pas un ordre dans A.

3.2. Ordre induit dans une partie.

Conformément aux définitions générales, on* appelle ordre induit


dans une partie A de E par un ordre dans E, la correspondance entre A
et A, déterminée par la relation complexe — qui est bien une relation
d’ordre dans A :
|“ea,
YEA,
(aay.
Son ensemble de départ est A; son ensemble d’arrivée est A lui-méme.
La relation complexe qui détermine l’ordre induit est appelée, naturelle-
ment, relation d’ordre induite dans A par la relation d’ordre dans E.
Elle ne coincide dans A avec la restriction 4 A que si A est une partie
stable pour l’ordre. Par abus de langage, on dit cependant que l’ordre
dans E est un prolongement de l’ordre qu’il induit dans A.
268 TITRE IJ], — CHAPITRE II.

4, PRODUIT D’ENSEMBLES ORDONNES.

Soient un ensemble E dont les éléments sont désignés par x ou y ou z


et un ensemble F dont les éléments sont désignés par £ ou 7 ou ¢; soient,
d’autre part, une relation d’ordre R=z, y= dans E, notée «xy» et une
relation d’ordreS =£, 71> dans F, notée «2 = 7» elle aussi — toute confusion
étant évitée par l’emploi de lettres latines pour E et de lettres grecques
pour F; soit, enfin, dans l’ensemble produit E x F, la relation. entre deux
couples (a, &) et (y, 7) de ce produit, exprimée par :
« La premiere composante de (a, £) est au plus égale
a la premiére composante de (y, 7) »
et
« La deuxiéme composante de (x, ¢) est au plus égale
a la deuxiéme composante de (y, 7) »
ou, en d’autres termes, la relation entreee £) et (y, 1) exprimée par
(i
l x
Jy

Cette relation est une relation d’ordre dans E x F. En effet, elle est réflexive
puisque, pour un couple quelconque (a, £), on peut assurer que
(2a,
eee ee
elle est transitive puisque, pour trois couples (a, £), (y, 1), (z, ¢), on peut
assurer que
|ie

Bkie
i IN
IN SwXY
AS
AIT
Sh
| mM
OS

enfin elle est antisymétrique puisque

> (2, N= (7% n).

4.1. Définition.

On appelle produit des ensembles ordonnés E et F l’ensemble


produit E x F muni de la structure d’ordre déterminée par la relation d’ordre
dans KE XF exprimée par
PEDY;
Goins
STRUCTURES D’ORDRE. 269

L’ordre ainsi déterminé dans EXF est appelé produit des ordres
considérés dans E et F.

4.2. Exemple.

L’ensemble des nombres entiers étant ordonné par la relation d’ordre


classique, le produit de cet ensemble ordonné par lui-méme est celui des
couples d’entiers muni de la relation « ray et €=~7 ». Ainsi, le
couple (2, 3) est inférieur au couple (3, 3), au couple (2, 4), au couple (5, 7);
mais les deux couples (2, 3) et (1, 4) ne sont pas comparables.
Cet exemple montre que le produit de deux ordres totaux n’est pas néces-
sairement un ordre total.

4.3. Produit d’une famille d’ensembles ordonnés.

Etant donnée une famille (E.), e: d’ensembles ordonnés, dont la relation


ordonnant E, est notée (v,— y,), on appelle produit de la famille (E,), <1
le produit LIE muni de la relation d’ordre exprimée par
tel

(Wt) (m2);
1el

ou, en d’autres termes, par la relation «chaque élément x, de la famille


(x,), e1 est au plus égal al’élément de méme indice y, de la famille (y,), e1».

5. PRODUITS LEXICOGRAPHIQUES.

Dela notion de produit d’ensembles ordonnés, il convient de distinguer


soigneusement celle de produit lexicographique.
La notion de produit lexicographique et celle d’ordre lexicographique
se rapportent a une famille d’ensembles ordonnés dont l’ensemble
d’indices 1 est lui-méme muni d'une structure de bon ordre. Ces notions
sont présentées ici, d’abord quand I = {1, 2}, puis quand I = {1, 2, 3},
enfin quand I est un ensemble bien ordonné quelconque.
Etant donnés deux ensembles ordonnés E, et E:, dont les relations
d’ordre sont notées respectivement we et S on appelle produit
lexicographique de E, et E, ?ensemble-produit E, x E., muni de la
relation d’ordre exprimée par l’énoncé suivant, ou 2, y; sont des
éléments de E,; x», y» des éléments de E» : (a, X2) et (yi, y2) sont tels que:
4
®1<1, <
4/1 et X2< 2,
a= Y1 et XLo= V2-
270 TITRE III. —- CHAPITRE II.

Cette relation est, évidemment, réflexive; on vérifie aisément qu’elle


est antisymétrique et transitive dans E; x E.; c’est donc bien une rela-
tion d’ordre. On lappelle la relation d’ordre lexicographique
dans E, x E,; l’ordre qu’elle détermine dans E, x E, est appelé : ordre
lexicographique dans FE, x FE».
De méme, étant donnés trois ensembles ordonnés E,, E:, E;, dont les
1 2 3
relations d’ordre sont notées respectivement <, —, —, on appelle produit
lexicographique des ensembles ordonnés E,, E., E;, l’ensemble-produit
E, x E. x E;, muni de la relation d’ordre exprimée par l’énoncé suivant,
ot 2:1, y; sont des éléments de E,; 2, y, des éléments de E2; %;, y; des
éléments de E; : (%1, 2, 3) et (Yi, Yo, Ys) sont tels que :
1
<1,
nw

mM= NM et Le< 2) F
wy" et X= Yr et L3< V3)
m=)
MADAAWWAWAAAAANA et L2= f2 et “3
= ¥3-

L’ordre dans lequel on trouverait les mots d’un dictionnaire ne conte-


nant que des mots tous formés de trois lettres, a, b, c, serait un ordre
lexicographique représenté par :
ALG, AAU AAC ACC A AU04 msARC NA CHMIACO mE GCE,
baa, bab, (bac, ibba, “bbb. bbc, \ bca bcos abae,
CAAiR. CAD, {CAC NCO COU COC NCCU mmCCU NCCC.

Pour étendre ces définitions au cas général ot la famille (E,),er est


une famille d’ensembles ordonnés par des relations d’ordre notées respec-
tivement es dont l’ensemble des indices, éventuellement infini, est
lui-méme bien ordonné, on observe d’abord que, si deux éléments x = (@,)
et y = (y,) de l’ensemble-produit de la famille considérée sont différents,
alors l’ensemble des indices teI tels que pr.x~pr,y est une partie
non vide de I et admet, a ce titre, un plus petit élément puisque I est
bien ordonné. Soit alors « ce plus petit des indices : tels que pr,a =~ pr, y.
La relation entre deux éléments x et y de I] E,, exprimée par: x et y
tel
sont tels que :
a
LAY et ‘pra vt < pray,
a

est une relation d’ordre sur I |E,, comme on le montre aisément.


tel

Par définition, la relation d’ordre ainsi construite est appelée relation


dordre lexicographique sur i |E,; Vordre qu’elle détermine est
ter :
STRUCTURES D’ORDRE. 271

appelé ordre lexicographique; 1l’ensemble-produit LE. muni de


tel
cette relation d’ordre ou de l’ordre qu’elle détermine, est appelé produit
lexicographique de la famille (E,), er.
Lorsque tous les ensembles E, de la famille sont fotalement ordonnés,
le produit lexicographique de la famille est fofalement ordonné.
On peut montrer que le produit lexicographique d’une famille d’en-
sembles bien ordonnés n’est lui-méme bien ordonné qu’a la condition
que l’ensemble des indices soit fini.
CHAPITRE Hf.
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES.

L’étude des structures algébriques est destinée, d’une part, a définir


les notions fondamentales de cette branche des Mathématiques qu’on
appelle l’Algébre, d’autre part, a établir les propriétés fondamentales
de ces notions.
L’Algébre, outre son intérét propre, est susceptible d’étre appliquée
aux autres branches des Mathématiques et constitue, en particulier,
l’instrument indispensable, actuellement, 4 la construction des ensembles
de nombres suivants : entiers relatifs, nombres rationnels, nombres réels,
nombres complexes. Elle est donc, immédiatement aprés la théorie des
ensembles, a la base de toutes les Mathématiques aussi bien modernes
que classiques.

1. NOTION ESSENTIELLE : LOI DE COMPOSITION.

Toute structure algébrique fait intervenir, au moins, une loi de compo-


sition qui n’est autre chose qu’une opération binaire et, par suite, une
fonction de deux arguments. On distingue deux sortes de lois de compo-
sition : les lois de composition internes et les lois de composition externes.

1.1. Loi de composition interne.


Etant donné un ensemble E, on réserve l’appellation de loi de compo-
sition interne entre éléments de E, a toute application d’une partie A
du produit E x E dans E lui-méme.
Si f désigne une telle application, image f(z, y), par f, d’un couple (a, y)
appartenant a A, qui n’est autre que le résultat de l’opération binaire f,
est appelée le composé de zx et y pour la loi /; x et y sont appelés respec-
tivement : premier terme et deuxiéme terme du composé.
Effectuer lopération conduisant de (a, y) a f(x, y) c’est, par définition,
« composer x et y par f ». Etant donnés deux éléments x et y, ces deux
éléments peuvent servir d’éléments de départ, soit pour composer z et y,
soit pour composer y et x par f.
VY. ROUQUET LA GARRIGUE, 18
274 TITRE II], — CHAPITRE III.

Bien que cette application soit définie dans une partie A du produit
E xE, on dit, par abus de langage, qu’elle est définie dans E.
Souvent, les lois de composition internes rencontrées en mathématiques
sont définies pour tout couple appartenant 4 EXE. On dit, alors, que de
telles lois sont partout définies sur E.
Quand une loi de composition interne f est partout définie sur HE,
le symbole f(x, y) a un sens quels que soient x et y appartenant a E;
donc le symbole f(y, x) a lui-méme un sens quels que soient x et y appar-
tenant a E. Il est alors possible de considérer l’application de EK x E dans E
associant 4 tout couple (x, y) image f(y, x); cette application est une
loi de composition interne partout définie sur E et appelée loi de compo-
sition opposée 4a la loi f. C’est l’application résultante de la symétrie
canonique de E xE et de l’application f.
Quand la loi f n’est définie que sur une partie A de Ex E, le symbole
f(y, x) a un sens pour tout couple (2, y) appartenant au graphe A“ réci-
proque de A. Il est encore possible de considérer l’application de A~'
dans FE, associant a tout couple (x, y) de A image f(y, x). Cette appli-
cation est donc une loi de composition interne dans E, mais définie seule-
ment sur la partie A~! de Ex E; cette loi est encore appelée loi opposée
a la loi f. Il est clair que si une loi g est opposée a une loi f, inversement f est
opposée a la loi g. On dit, naturellement, que f et g sont alors opposées.

1.2. Loi de composition externe.

Etant donnés un ensemble de base principal E et un ensemble de base


auxiliaire £2, on réserve l’appellation de loi de composition externe
entre éléments de 2 et éléments de E, a toute application d’une
partie A du produit 22 x E dans E.
Si f désigne une telle application, limage f(«, x) par f d’un couple
(a, x) appartenant 4 A — qui n’est autre que le résultat de l’opération
binaire f — est appelée le composé de « et de x pour la loi f. On peut
appeler a le coefficient du composé; x ne recoit généralement pas de nom
particulier. Comme pour une loi interne, on dit, par abus de langage,
que application f est définie dans E; lorsqu’une loi de composition
externe est définie pour tout couple appartenant a 22x E, on dit encore
quelle est partout définie sur E.
Chaque valeur « du premier argument de l’application f détermine,
avec f elle-méme, une application partielle dans E d’une partie de E —
la partie de E pour laquelle le symbole f(z, x) a un sens; intuitivement,
chaque élément de &, appartenant a la premiére projection du graphe A,
apparait ainsi comme un opérateur capable de produire une application
d’une partie de E dans E.
C’est pourquoi l’ensemble de base auxiliaire 22recoit Vappellation de
domaine (ou ensemble) d’opérateurs; ses éléments sont appelés
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. 275

opérateurs de la loi externe sans qu’on fasse de distinction entre ceux


qui appartiennent a pr,A et ceux qui ne lui appartiennent pas. L’appli-
cation partielle x->f.(x), déterminée par « et la loi de composition
externe f, est appelée : application produite par Vopérateur «.
Réciproquement, toute famille (f.) d’applications de parties de E dans E,
ayant {2 comme ensemble d’indices, détermine, 4 son tour, une loi de
composition externe entre & et E : l’application (a, x) > f(x). Plus géné-
ralement, une famille quelconque d’applications de parties de E dans E
et , éventuellement, une seule application déterminent une loi de compo-
sition externe définie dans E de sorte que toute application d’une partie
de E dans E est un opérateur au sens précis qui vient d’étre donné a ce mot.
Ces remarques conduisent 4 dire qu’un élément x de E est invariant
par un opérateur « de &, lorsque |’application produite par @ laisse x
invariant, c’est-a-dire lorsque le composé de « et x est x lui-méme. Enfin,
lorsque tous les éléments de E sont invariants par un opérateur ¢, on dit
que cet opérateur est un opérateur neutre; il produit alors l’application
identique de E.

Remarque. — Dédoublement d’une loi interne. La définition d’une


loi de composition externe ne suppose pas que le domaine d’opéra-
teurs © soit distinct de l’ensemble de base principal BE. Si 2 et E sont
confondus, la loi externe coincide, alors, avec une loi interne. Inver-
sement, A toute loi interne f, conduisant de (a, y) a f(x, y), on peut
associer deux lois externes admettant E comme domaine d’opérateurs :
la loi externe entre opérateurs « de E et éléments x de E qui conduit
de («, x) a f(«, x); la loi externe entre opérateurs @ de E et éléments x
de E qui conduit de (8, x) a f(a, 6). On dit que les deux lois externes
ainsi définies sont obtenues par « dédoublement » de la loi interne /
considérée. La premiére est appelée loi externe a gauche déduite
de la loi interne f. La deuxiéme est appelée loi externe a droite.
Chaque opérateur « de la loi externe 4 gauche produit une application
de E dans lui-méme, appelée translation a gauche correspondant
a; de méme, chaque opérateur 8 de la loi externe A droite produit
une application de E dans lui-méme, appelée translation 4 droite
correspondant a §.

1.3. Exemples.

La réunion et l’intersection entre parties d’un ensemble E sont des lois


de composition internes partout définies sur “(E).
L’addition, la multiplication, l’exponentiation entre éléments de
lensemble N des entiers naturels sont des lois de composition internes
partout définies sur N.
La soustraction, la division entre éléments du méme ensemble N sont
des lois de composition internes non partout définies.
2.76 TITRE IJ]. — CHAPITRE III.

La composition des graphes peut, sous certaines conditions, étre


considérée comme une loi de composition externe. I] suffit, étant donnés
deux ensembles E et F, de considérer lopération conduisant du
couple (X, Y) formé par une partie X de EXE et une partie Y de FxE
au graphe composé X o Y, pour obtenir une loi de composition externe
partout définie sur @(F XE) et dont le domaine d’opérateurs 2
est @(E.X E).

1.4. Isomorphismes.

Conformément aux définitions générales, on appelle ensemble muni


d’une loi de composition interne, tout couple (E, G) constitué par
un ensemble E et un graphe fonctionnel G dont la premiére pro-
jection est une partie de E xE et la seconde projection une partie
de E. On confond ainsi la loi et son graphe G; on confond aussi (E, G)
et E muni de G.
De méme, on appelle ensemble muni d’une loi de composition
externe ou ensemble muni d’un domaine d’opérateurs, ou encore
ensemble a opérateurs, tout triplet (E, 2, G) constitué par un
ensemble EK, un ensemble {2 et un graphe fonctionnel G dont la
premiere projection est une partie de 22xE et la deuxiéme pro-
jection une partie de E. Confusions analogues aux précédentes.
Dans les deux cas, on dit que E est muni d’une structure de loi
de composition. Le graphe fonctionnel G lui-méme est, par détinition,
la structure dont E est muni; c’est un élément de l’ensemble @ ((Q x E) x E)
ou de l’ensemble @((E x E) x E) suivant qu’il s’agit d’une loi de compo-
sition externe ou interne.
Comme a toute structure, une notion d’isomorphisme est attachée
a une structure de loi de composition.
Etant donnés deux ensembles E et E’, munis respectivement de deux
lois de composition internes ayant pour graphes G et G’, on appelle
isomorphisme de E muni de la structure G sur E’ muni de la struc-
ture G’ toute bijection de E sur E’ dont lextension (bijective) aux
produits E xE et E’xE’ transforme G en G’. La bijection réciproque
est alors un isomorphisme de E’ muni de la structure G’ sur E muni
de la structure G,.
De méme, étant donnés deux ensembles E et E’, munis respectivement
de deux lois de composition externes, ayant méme domaine d’opérateurs &2,
et pour graphes G et G’, on appelle isomorphisme de E muni de la
structure G sur EK’ muni de la structure G’, toute bijection de E
sur E’ qui, jointe a l’application identique de {2 sur lui-méme, trans-
forme G en G’. La bijection réciproque est alors un isomorphisme de E’
muni de la structure G’ sur E muni de la structure G.
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. 277

On dit que E et E’ sont isomorphes ou qu’il y a isomorphie entre


leurs structures pour exprimer qu’il existe un isomorphisme de E
sur E’.
Conformément au langage général concernant les structures, un isomor-
phisme de E muni de la structure G sur lui-méme est appelé un auto-
morphisme de la structure G.

Remarque. — On peut caractériser un isomorphisme d’une structure


de loi de composition (interne, pour fixer les idées), au moyen de la
propriété suivante : A désignant la premiere projection (partie de E x E),
du graphe G et A’ la premiere projection (partie de E’xE’) du
graphe G’, pour qu’une bijection f soit un isomorphisme de (EF, G)
sur (E’, G’), il faut et il suffit que l’extension de f aux produits
applique A sur A’ et que l’image par f du composé par G de x et de y
soit le composé par G’ des images par f de x et de y.

1.5. Définition générale d’une structure algébrique.

Les structures de lois de composition sont des espéces particulieres du


genre : structure algébrique.
On obtient une structure plus générale en considérant un ensemble E
muni de deux lois de composition internes ou externes, puis un ensemble E
muni d’un nombre entier quelconque de lois de composition internes
ou externes; enfin, on obtient la structure algébrique la plus générale
en considérant n ensembles de base principaux E,, ..., E, et r ensembles
de base auxiliaires 2,, ..., 82, chacun des ensembles de base principaux
étant muni de lois de composition internes ou externes, ces derniéres
admettant pour domaines d’opérateurs-l’un des ensembles de base
auxiliaires.
Les structures algébriques usuelles sont définies sur un ensemble de
base principal seulement et sont déterminées par une, deux ou trois lois
de composition.
A chaque structure algébrique sont attachées une notion d’isomor-
phisme et une notion d’automorphisme.
Il convient d’observer que la notion d’isomorphisme d’un ensemble E,
muni d’une structure algébrique 2, sur un ensemble E’, muni d’une
structure algébrique ’, concerne exclusivement le cas ot les deux struc-.
tures = et ’ sont homologues. Dire que deux structures = et ~’ sont
homologues, signifie que si la structure & comporte p lois internes et q lois
externes, la structure 2’ comporte, elle aussi, le méme nombre p de lois
internes et le méme nombre q de lois externes et que les domaines d’opé-
rateurs des lois externes de &’ sont exactement ceux des lois externes
de &.
278 TITRE III. —~ CHAPITRE III.

2. NOTATIONS.

Non seulement on donne un nom particulier, celui de composé, a l’image


d’un couple par une loi de composition, mais encore on utilise pour noter
ce compose, des symboles particuliers a l’Algebre.
Etant donnée une loi de composition f quelconque, au lieu de
noter f(x, y) le composé des termes x et y ou f(z, x) le composé de
Yopérateur a et de l’élément x, comme on le fait normalement pour
une fonction de deux arguments, on utilise systématiquement un symbole
graphique constitué par les deux lettres désignant les deux arguments et,
soit séparées par un signe représentant la loi, soit disposées typographi-
quement d’une maniére particuliére.

2.1. Notation générale.

2.1.1. COMPOSE DE DEUX ELEMENTS. — Lorsqu’on étudie une loi de


composition interne quelconque, c’est-a-dire une loi dont le graphe n’est
pas supposé présenter d’autres caractéres que celui de graphe fonctionnel,
on utilise, pour noter Je composé de deux termes x et y, un des deux
symboles suivants :
TY, KY,
lus, respectivement : x tau y, x étoile y.
Les signes tau (J) et étoile (*) notent la loi de composition interne
étudiée elle-méme et l’on parle de la loi T et de la loi * comme on parle
de la fonction f et de la fonction g.
S’il est nécessaire de considérer, dans une méme étude, plusieurs lois
de composition, on utilise des signes tels que T, T, ou méme ¥’, %”, lus
respectivement : tau-barre, tau-double-barre, étoile-prime, étoile-
seconde.
Lorsqu’on étudie une loi de composition externe quelconque, on utilise,
pour noter le composé de l’opérateur « et de l’élément x, le symbole :
“| 2@
lu ; a-anti-tau x.
Le signe anti-tau (|) note la loi de composition externe; on le souligne
~d’un ou plusieurs traits (alts 28) pour permettre la notation simultanée
de plusieurs lois externes.
Remarque. — Lorsque la loi T n’est définie que sur une partie A
de EXE distincte de EXE, le symbole x 7 y n’a pas de sens pour
les couples (x, y) n’appartenant pas 4 A. On dit souvent alors, par abus
de langage, que le composé x 7 y n’est pas défini..
Une remarque analogue s’impose a propos du symbole « | x.
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. 279
2.1.2, COMPOSE DE COMPOSES. — Qu’il s’agisse d’une loi externe ou
d’une loi interne, le composé de deux éléments est toujours un élément
de l’ensemble E dans lequel est définie cette loi. Si cette loi est partout
définie, le composé de deux éléments peut, a son tour, constituer un des
éléments de départ pour une itération de l’opération binaire qu’est la loi
de composition. On parvient, ainsi, A la notion de composé de composés,
notion qui se généralise aussitét.
Conformément aux régles générales de notation, étant donnée une loi
interne T partout définie sur E, le symbole

CAB ai:
désigne le composé de x T y et de z; le symbole

ENAY TA)
désigne le composé de x et de y T z; le symbole

CTL) 1) GT, ety),


ou a, b, c, d, e, fdésignent des éléments de E, désigne lui-méme 1’élément
obtenu en effectuant les opérations suivantes : composer les éléments a
et b, puis composer a T b et c; composer e et f, puis composer d et
e | f; composer enfin le premier et le deuxiéme résultats obtenus.
On remarquera que les opérations a effectuer se déroulent dans
un ordre allant des composés entourés d’un plus grand nombre de paren-
théses 4 ceux qui sont entourés d’un moins grand nombre.
L’exemple suivant indiquera, suffisamment, comment de tels symboles
doivent étre interprétés. Les lettres a, b, c, d, e, f, g, h désignant des
éléments d’un ensemble E muni d’une loi interne 7 partout définie,
le symbole
(CM, SOA Se) lca CEC ee) Ltt)
désigne, lui-méme, |’élément obtenu en effectuant les opérations suivantes :
composer b et c, puis composer a et b T c; composer d et e; composer f
et g, puis composer f T g et h; composer d T eet (f T g) T A; composer
enfin le premier et le dernier résultats obtenus.

Remarque. — Dans le cas d’une loi externe partout définie, les nota-
tions précédentes se réduisent 4 des symboles tels que
SiavLbile@t))),
car un composé quelconque étant un élément de E ne peut servir
que de second terme pour une nouvelle composition.

2.1.3. COMPOSE D’UNE SUITE D’ELEMENTS. — Etant donnée une suite


(X1, %, X3, Xs, Xs) de cing éléments (par exemple) d’un ensemble E muni
d’une loi de composition interne T partout définie, on appelle composé
280 TITRE III. — CHAPITRE III.

de la suite (x, a, %, %, Xs) l’élément obtenu en effectuant succes-


sivement les opérations suivantes : composer 2 et 2, puis 2 7 2 et Xs,
puis (a 7 %2) T 2X, et 2, puis ce dernier résultat et 2;.
Grace aux notations précédentes, cet élément peut étre désigné par
le symbole
(((a1[7£2) T v3) T 24) T 2s.

Par définition, on convient de le représenter, soit par le symbole


x4 “lk es Tee ee ness

sans aucune parenthese, soit par le symbole


t=

Lt="

lu: grand tau de i égale 14a i égale 5 des 7;.


D’une facon générale, on pose les définitions et notations suivantes
pour le composé d’une suite finie.
1° Etant donnée une suite finie (x) d’éléments de E dont les termes,
numérotés de 1 an, sont en nombre strictement supérieur & un, on appelle
composé de cette suite l’élément obtenu en formant de proche en proche
le composé de 2; et X2, puis le composé de 2; T x, et de x; et ainsi de suite
jusqu’a €épuisement de l’ensemble des numéros. Ce composé est noté
au moyen d’un des symboles
i)
ea coe [Pas a ee
jit

Ce dernier symbole, lu: grand tau de z égale 1 a7 égale n des 2; est,


d’ailleurs, souvent abrégé lui-méme par les symboles
n n n

| Xi, | Xi, I Zi, T “ji


1 i

si le contexte ne laisse aucun doute sur l’ensemble des numéros.


2° Lorsque n =1, on appelle composé de la suite (x) réduite au seul
élément x,, élément x, lui-méme, de sorte que les symboles précédents,
sauf le premier, désignent alors 2.
Le composé d’une suite vide sera défini ultérieurement dans certains cas.
Les notations précédentes dites notations en grand tau ne constituent
pas autre chose qu’une adaptation des notations : UX, NX,, IX,
de la théorie des ensembles au cas ow la famille est indexée par l’intervalle
fermé totalement ordonné des entiers compris entre 1 et n.
Dans le méme esprit, on utilise des symboles tels que
| Ly Ou ] Le,
aeA a
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. 281

ou désigne un indice appartenant 4 un ensemble A fini et totalement


ordonné. Le plus fréquemment, A est un intervalle [p, g] non vide de
lensemble des entiers naturels. C’est ainsi que les symboles
SAT q

To % Te
pZizq =p p
Te
désignent tous le composé : tT %pii |... [27 Ou x, lui-méme si p = q.
En particulier, lorsque p = o, ces symboles deviennent
i=q q
a eed eyBs
0<i<g v0 0

Remarque 1. — Lorsque les n termes 2; d’une suite (x) sont tous


égaux 4 un méme élément x de E, c’est-a-dire lorsque la suite (ai)
est constante, on note le composé de cette suite au moyen du symbole
7
Ble

lu : tau-n-de-x sans faire appel au symbole 4 & ni a Vindice 7. On peut


nt
alors assurer, sin >1, que | x désigne le composé de n termes égaux
a x, et que
Zi
ARSE
eal Pes aa peer

le second membre contenant exactement n termes. Lorsque n =1,


1
le symbole J] x désigne x lui-méme par définition; il représente le
composé du seul élément vx.
Remarque 2. — Pour une loi de composition externe |, on utilise
des notations analogues. Etant donnés une suite finie («;) d’opérateurs
numérotés de 1 4 n et un élément x de E, le composé désigné par
CL eo (Casotro NastCoto
((Ocqres |leeUs)
9)ese)

est noté au moyen de l’un des symboles


Ca leeo IL CB ell em Waar
(4

2.1.4. Composé DE PARTIES. — Etant données, d’une part, une loi


de composition interne 7 partout définie sur un ensemble E, d’autre
part, deux parties X et Y de E, Vimage par l’application (x, y)—> xT y
du produit X x Y est appelé le composé par J] des parties X et Y.
Ce composé est noté au moyen du symbole X T Y. La loi de compo-
sition interne ainsi définie sur @ (E) est appelée extension aux parties
de la loi T.
Comme pour les éléments, on définit pour les parties des composés
de composés et des composés de suites de parties. Les notations indiquées
282 TITRE II]. — CHAPITRE III.

pour les composés d’éléments s’emploient sans restriction pour les


composés de parties. En particulier, le symbole

ix
n a

représente le composé
XG]p ale. eee Ge: 7 pantiessecales amNe

De plus, on désigne par jo lu : tau Vinfini de X, l’ensemble des


composés de toutes les suites finies non vides dont tous les termes
appartiennent a X, c’est-a-dire la réunion

Us):
p>o
1
cette réunion contient, en particulier, T X, c’est-a-dire X lui-méme.
Le composé de deux parties X et Y n’est autre que l’ensemble des
composés x 7 y dont les premiers termes appartiennent a X et les
deuxiémes termes a Y. Lorsque X et Y sont des parties finies de E, le
nombre des éléments de X T Y est celui des couples du produit X x Y,
donc le produit des nombres d’éléments de X et de Y (sauf égalité de
certains composés). En particulier, si ’une des parties X ou Y est vide,
le composé de ces parties est l'ensemble vide.
L’exemple suivant permet d’illustrer la signification qu’il faut attribuer
au symbole X JT Y.
Si 7 désigne l’exponentiation dans l’ensemble N des entiers naturels,
X Vensemble { 2, 3, 5 |et Y l'ensemble |4, 7}, le symbole X T Y désigne
alors ensemble | 16, 81, 128, 625, 2 187, 78 125 }.

Remarque. — La définition et la notation précédentes s’étendent,


immédiatement, au cas d’une loi externe partout définie sur E.

2.1.5. CAS DE PLUSIEURS LOIS DE COMPOSITION. — Lorsque l’ensemble E


est muni de deux lois de composition internes T et 7, pour fixer les
idées, on définit sans peine des composés de composés qu’on note au
moyen de symboles tels que

(aT (Oc o)) al (ee) eG ey iar


et dont la signification est immédiate. L’usage des parenthéses est indis-
pensable, sauf régles explicites permettant de les supprimer.
Dans le cas d’une loi interne J et d’une loi externe |, on obtient des
symboles tels que

(4 TCOTF 6) 1 Ce) CCE) alee


La encore l’usage des parenthéses est indispensable.
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. 283

2.1.6. REMARQUE GENERALE. — Les notions et notations introduites


ci-dessus concernent des lois de composition partout définies. Lorsqu’il
n’en est pas ainsi, il peut arriver qu’un composé obtenu ne puisse servir
d’élément pour une nouvelle composition; les notations correspondantes
perdent alors leur sens.
D’autre part, ces notations deviennent dépourvues de sens si elles ne
sont pas correctement formées par suite d’une omission ou d’une adjonc-
tion de parenthéses, ou encore d’une disposition incorrecte des lettres
et des signes. Par exemple, le symbole

a1(8 Te)
est dépourvu de sens, si 7 désigne une loi interne, | une loi externe,
6 un opérateur.

2.2. Notation multiplicative d’une loi interne.

On dit qu’une loi de composition interne est notée multiplicativement


ou encore qu’on adopte, pour la désigner, la notation multiplicative,
lorsqu’on note le composé de deux éléments x et y de l'ensemble E ou elle
est définie, au moyen de l’un des symboles

IO SLI SB ABT

lus, indifféremment : x que multiplie y, x multiplié par y, ou, le plus


souvent : xy.
La loi de composition est alors représentée par lun des signes
crolx (xX), point (.), blanc ( ). On n’emploie guére des expressions telles
que « la loi croix », «la loi point », « la loi blanc », mais on dit, systémati-
quement, que la loi notée de l'une de ces maniéres est une multiplication,
ou encore une loi multiplicative. Le composé recoit alors l’appellation
de produit de x et de y, ou encore de produit de x par y; chacun des
termes du composé est alors appelé facteur, en précisant éventuellement,
premier et deuxiéme facteurs.
Le produit d’une suite (x;) de n facteurs est alors noté au moyen des
symboles
By XK Hye X X3K—. 1K Ln, L1.X_Q-X3. «1. -Xn, X%{H_X3...
Xp,

Tl He Uf TL
i) n

i=1 4

Ces derniers symboles, lus pratiquement grand-pi de 1an des 4%,


ou encore produit des nx; peuvent entrainer des confusions avec le
symbole analogue de la théorie des ensembles, confusions que le contexte
doit permettre d’éviter.
284 TITRE III. — CHAPITRE III.

Lorsque les n termes 2; d’une suite (7) sont tous égaux a un méme
élément 2, le produit de cette suite, désigné par

Tx
dans la notation générale, est désigné, lorsqu’on adopte la notation multi-
plicative, par le symbole
aes

Ce symbole est exceptionnel puisque le produit devrait étre noté x x,


ou “2, ou “x; il est lu x puissance d’exposant n, ou x puissance n,
ou méme xX-n.
Lorsque n = 2 ou n = 3, on peut lire : x au carré ou x au cube;
enfin, lorsque n = 1, conformément aux regles de la notation générale,
le symbole x' désigne x lui-méme et représente le produit du seul
élément vw.
Le composé de deux parties X et Y, appelé produit de ces deux parties,
est noté au moyen d’un des symboles :
KiVeve
On évite, alors la notation
MsceYs
qui créerait une confusion avec la notation identique utilisée dans la
théorie des ensembles, mais on emploie la notation X” qui désigne le
produit :
X.X.X...X den parties égales a X.

L’ensemble des produits des suites finies (non vides) dont les termes
appartiennent a X est noté X*.
La notation multiplicative d’une loi interne est actuellement réservée
strictement — sauf indication formelle du contraire — au cas ow Il’opé-
ration binaire que constitue cette loi est une opération associative.

2.3. Notation additive d’une loi interne.

On dit qu’une loi de composition interne est notée additivement,


ou encore qu’on adopte pour la désigner la notation additive, lorsqu’on
note le composé de deux éléments x et y de l’ensemble ou elle est définie,
au moyen du symbole
TY
lu: x plus y.
La loi de composition est alors désignée par le signe plus (++); on parle
de la loi + et l’on dit que cette loi est une addition ou encore une loi
additive.
Le composé de x et de y recoit alors l’appellation de somme de x et
de y; chacun des termes de ce composé garde le nom de terme de la somme.
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. 285

La somme d’une suite (x;) de n termes est, alors, notée au moyen de


lun des symboles
i=n n n
s
Ly Le... + Ln,
NI
Za”
. Xi,
NM
ab 2:

it 4

Ces derniers symboles sont lus, pratiquement : grand sigma de 7


égale 1a i égale 1 des x, ou sigma de14n des x, ou sigma des n-a;,
ou enfin sigma des ;.
Lorsque les n termes x; d’une suite (;) sont tous égaux a un méme
élément x, la somme de cette suite, désignée par
ne
T 2;
dans la notation générale, est désignée, lorsqu’on adopte la notation
additive, par l’un des symboles
rm.e2& OU NX.

Ces symboles sont exceptionnels puisque la somme devrait étre notée He os


ils sont lus : multiple de rang n de x, ou n-iéme multiple de x, ou n-x;
Ventier n est appelé coefficient du multiple nz. Lorsque n = 1, confor-
mément aux régles de la notation générale, les symboles 1.x ou 12
désignent x lui-méme et représentent la somme du seul élément z.
Le composé de deux parties X et Y, appelé somme de ces deux parties,
est noté au moyen du symbole
X+ Y.

Le symbole n X désigne la somme :


X+X4+X-4+...4X

de n parties égales a X.
On n’emploie pas de notation particuli¢re pour désigner l’ensemble
des sommes de suites finies (non vides) dont les termes appartiennent a X.
La notation additive d’une loi interne est, actuellement, réservée
strictement, sauf indication formelle du contraire, au cas ot lopération
binaire que constitue cette loi est une opération a la fois associative
et commutative.

2.4. Notation multiplicative et notation exponentielle d’une loi


externe.

On n’emploie pas la notation additive pour désigner une loi externe.


En revanche, on emploie fréquemment la notation multiplicative, et
dans certains cas, la notation exponentielle.
286 TITRE III. — CHAPITRE III.

L’usage de la notation multiplicative pour une loi externe donne lieu


a deux notations distinctes, suivant que le composé de l’opérateur «
et de élément x est désigné par

ou par
DO SAO SO Os

La premiére de ces notations qui revét, d’ailleurs, trois formes inter-


changeables, est dite : notation multiplicative a gauche; c’est la plus
fréquente.
La seconde est dite notation multiplicative a droite.
Dans les deux cas, la loi de composition externe est alors désignée
elle-méme par l’un des signes (xX), (.), ou ( ) et l'on dit que cette loi est
une multiplication par un opérateur; on ajoute, suivant les cas :
a gauche ou a droite.
La notation multiplicative pour une loi externe — surtout a gauche —
est utilisée A peu pres systématiquement lorsque l’ensemble E est unique-
ment muni d’une seule loi externe; elle remplace avantageusement
Vusage du signe |, surtout quand elle est réduite au signe blanc.
On lutilise aussi, 4 peu prés systématiquement lorsque l’ensembile E
est, déja, muni d’une loi interne (associative et commutative), notée
additivement.
On utilise enfin, parfois, méme quand l’ensemble E est déja muni
d’une loi interne (associative) notée elle-méme multiplicativement.
Les risques de confusion entre les deux lois sont, en général, minimes
si lon utilise des lettres grecques pour désigner les opérateurs et des
lettres latines pour désigner les éléments de E.
Cependant, on emploie volontiers une notation exceptionnelle dite
exponentielle pour désigner, dans ce cas, le composé de l’opérateur «
et de l’élément z.
Ce composé prend alors le nom de « puissance d’exposant « de
élément x ».
I] est noté au moyen du symbole

ee

lu: x puissance d’exposant 2, ou x puissance ~, ou méme x-z. La loi


externe est alors appelée une exponentiation.

Remarque. — La notation x” pour le composé d’une suite de n termes


égaux a x par une loi interne notée multiplicativement est une notation
exponentielle pour une loi externe associant A l’opérateur n de
Vensemble N des entiers naturels et 4 l’élément x de E, un élément
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. 287

bien déterminé désigné par x”. De méme, la notation : n.x pour le


composé d’une suite de n termes égaux a x par une loi interne notée
additivement est une notation multiplicative pour une loi externe
associant a Vopérateur n de l’ensemble N des entiers naturels et
a lVélément x de E, un élément bien déterminé désigné par n.2x.

2.5. Notations particuliéres.

Les lois de composition particuli¢res que les mathématiques sont


ameneées a définir recoivent, le plus souvent, des appellations particuliéres
et sont notées au moyen de signes particuliers. Par exemple, dans
ensemble des parties @(E) d’un ensemble E, la réunion est notée au
moyen du signe U, Jlintersection au moyen du _ signe n; dans
ensemble *(E, E) des applications d’un ensemble E dans lui-méme,
la composition des applications est notée au moyen du signe o.
Dans un treillis, application conduisant du couple (x, y) a la borne
supérieure de l’ensemble {2z,y} notée au moyen du_ symbole
(x, y) > sup (a, y), n’est autre qu’une loi de composition dans le treillis,
appelée loi sup.; le composé de x et de y par cette loi est noté au moyen
du symbole :
zY y, le signe « Y » étant le signe sup.

De méme, pour l’application (a, y) —> inf (%, y), appelée loi inf. et
notée « J ».
Enfin, exponentiation des entiers naturels, comme la multiplication
et Paddition, sont des lois de composition internes dans N, d’ot dérivent,
d’ailleurs, les trois notations étudiées ci-dessus.

3. REPRESENTATION CONCRETE.

On wutilise, pratiquement, pas de diagrammes pour représenter


concretement les lois de composition. Mais, quand il s’agit d’une loi de
composition définie sur un ensemble fini, on profite de ce que cette loi
est une application pour la représenter concrétement au moyen d’une
table. Il y a, cependant, une différence matérielle entre une table de
fonction d’un argument et une table de loi de composition qui est une
fonction de deux arguments. Tandis qu’une table de fonction d’un
argument se réduit, schématiquement, a deux colonnes, une table de loi
de composition se présente sous la forme d’un tableau, dit a double
entrée. [ ,
L’exemple le plus connu d’un tel tableau est la table de multiplication
des entiers de 1 4 10, ou table de Pythagore. La table d’une loi quelconque
288 TITRE III. — CHAPITRE III.

— interne et partout définie, pour fixer les idées — se présente de la


facon suivante :

ae
TS We a b Cc d
yo

a Cc a a b

b d a C d

c a b a b

d C a b d

La colonne de gauche, appelée colonne marginale, porte les diverses


valeurs — ici, a, b, c, d— que peut prendre le premier terme 7; la ligne
supérieure, appelée ligne marginale, porte les diverses valeurs que peut
prendre le second terme y. Chaque case, obtenue par l’intersection d’une
ligne déterminée par une valeur x; de x et d’une colonne déterminée
par une valeur y; de y, recoit la valeur du composé correspondant au
couple (x;, y;) par la loi T.
La colonne de gauche et la ligne supérieure sont appelées les marges
de la table. Les valeurs x; ou y; portées par les marges sont appelées
les titres des lignes ou des colonnes.
Si la loi n’est pas partout définie, on laisse en blanc les cases pour les-
quelles la loi n’est pas définie. S’il s’agit d’une loi externe, la colonne
marginale porte les valeurs des opérateurs et la ligne marginale celles
des éléments de E.

4. NOTIONS DERIVEES.

Aux structures algébriques, comme aux structures d’équivalence et


aux structures d’ordre, sont liées diverses notions générales qui jouent
un role important dans toute l Algébre.

4.1. Associativité.

On distingue deux sortes d’associativité : Passociativité d’une loi interne


et l’associativité d’une loi externe par rapport a une loi interne elle-méme -
associative sur le domaine d’opérateurs.
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. 289

4.1.1. ASSOCIATIVITE D’UNE LOI INTERNE. — On dit qu’une loi de


composition interne T partout définie entre éléments d’un ensemble E,
est associative pour exprimer qu’elle remplit la condition suivante :
Quels que soient les éléments x, y, z, de E,

2g OMG ee eo is (ail
Ng a el

La loi opposée a une loi associative est, évidemment, associative.


L’associativité est le caractére présenté par une loi associative. Dire
qu’une loi interne, non partout définie, est associative, c’est dire, le plus
souvent, que la condition d’égalité précédente est remplie pour tous les
éléments de E qui donnent un sens a chacun de ses deux membres.
Cette définition n’est qu'une adaptation 4 l’Algébre de la notion d’asso-
ciativité dégagée a propos des opérations binaires les plus générales.
Hl est facile de voir que l’extension aux parties dune loi associative est
elle-méme associative.
4.1.2. ASSOCIATIVITE D’UNE LOI EXTERNE PAR RAPPORT A UNE LOI
INTERNE ASSOCIATIVE MUNISSANT LE DOMAINE D’OPERATEURS. — Etant
données une loi externe | partout définie entre opérateurs zE€2 et
éléments d’un ensemble E, une loi interne T associative partout définie
sur 22, on dit que la loi externe | est associative par rapport a la loi
interne 7] pour exprimer que les deux lois remplissent la condition
suivante :
Quels que soient les opérateurs x et 3 de &2 et élément x deE:
(«7 B)L_v=a] (81 2).

4.2. Commutativité.

On dit qu’une loi interne 7, partout définie sur un ensemble E, est


commutative pour exprimer qu’elle remplit la condition suivante : -
Quels que soient les éléments x et y de E,

eter @:
Une loi commutative est identique a son opposée.
Dés que deux éléments remplissent la condition d’égalité x T y=yT 2,
et que les deux composés en question sont définis, on dit que ces
éléments sont permutables ou échangeables; on dit aussi qu’ils sont
commutables ou qu’ils commutent.
Un élément c permutable avec tout élément de E est dit élément central.
L’ensemble des éléments centraux est appelé centre de E.
Dire qu’une loi interne, non partout définie, est commutative, c’est
dire que la condition d’égalité précédente est remplie pour tous les
éléments de E qui donnent un sens a chacun de ses deux membres.
VY. ROUQUET LA GARRIGURK. 19
2.90 TITRE III. — CHAPITRE III.

Il s’agit, comme pour l’associativité, d’une adaptation a l’Algebre


de la notion de commutativité concernant les opérations binaires.
Il est facile de voir que l’evtension aux parties dune loi commutative
est elle-méme commutative.
La table d’une loi de composition commutative est caractérisée par
le fait qu’elle est symétrique par rapport a sa diagonale qui descend
de gauche a droite, diagonale appelée diagonale principale.
On reconnait la présence de deux éléments permutables au fait que deux
cases symétriques par rapport a la diagonale principale contiennent
le méme élément.

4.3. Idempotence.

On dit qu’une loi interne 7, partout définie sur un ensemble E, est


idempotente pour exprimer qu’elle remplit la condition suivante :
Quel que soit élément x de E,
aL a=oa.
Dés qu'un élément A remplit la condition
h ar (pe h,

on dit que cet élément est idempotent.


Dire qu’une loi interne, non partout définie, est idempotente, c'est
dire que la condition d’égalité précédente est remplie par tout élément
qui donne un sens a son premier membre.
La réunion et lintersection entre parties d’un ensemble fournissent
des exemples de lois idempotentes.
La table d’une loi de composition idempotente est caractérisée par le
fait que sa diagonale principale est constituée par les éléments de
ensemble, rangés dans ordre commun aux deux marges. Un élément
idempotent se reconnait sans peine.

4.4. Distributivité.

On distingue deux sortes de distributivités : la distributivité d’une loi


externe par rapport a une loi interne, la distributivité d’une loi externe
par rapport a l’ensemble de deuz lois internes, l'une définie sur l'ensemble
de base principal, l'autre sur le domaine d’opérateurs. Mais, une loi interne
déterminant une loi externe 4 gauche et une loi externe a droite, la
premiére notion de distributivité se dédouble. La seconde, aussi, mais
on ne fait pratiquement pas usage des notions correspondantes.
4.4.1. DISTRIBUTIVITE D'UNE LOI EXTERNE PAR RAPPORT A UNE LOI
INTERNE. — Etant données une loi externe | partout définie entre
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. 291

opérateurs «€Q et éléments d’un ensemble FE, une loi interne 7 partout
définie sur E, on dit que la loi externe | est distributive par rapport
a la loi interne 7, pour exprimer que les deux lois remplissent la
condition suivante :
Quels que soient les éléments x et y de E et Vopérateur « de &,
ey) (@ be) ely)
Lorsque la loi interne (associative et commutative) est notée additi-
vement et la loi externe multiplicativement, la condition exprimant
la distributivité se note
a(e+y)HSar+ ay,

et rejoint, ainsi, la notation courante du calcul algébrique élémentaire.


Lorsque la loi interne (associative) est notée multiplicativement,
on emploie, généralement, la notation exponentielle pour la loi externe;
la condition exprimant la distributivité se note alors :
(BEY Gea a

4.4.2. DISTRIBUTIVITE A GAUCHE ET DISTRIBUTIVITE A DROITE D'UNE


LOI INTERNE PAR RAPPORT A UNE AUTRE LOI INTERNE. Etant données
deux lois internes ¥ et T partout définies sur un ensemble E, on dit que
la loi interne *% est distributive 4 gauche par rapport a la loi 7
pour exprimer que la loi externe a gauche déduite de * est distri-
butive par rapport a la loi T.
De méme, on dit que la loi interne ~% est distributive 4 droite par
rapport a la loi 7 pour exprimer que la loi externe a droite déduite
de * est distributive par rapport a la loi T.
Enfin, on dit que la loi interne *% est doublement distributive
par rapport a la loi 7 pour exprimer que chacune des lois externes
déduites de la loi * par dédoublement est distributive par rapport
alaloiT.
Pour traduire ces définitions dans la notation des lois de composition,
il suffit de désigner respectivement par | et | les lois externes a gauche
et a droite déduites de la loi % par dédoublement.
Sil’on désigne par x, y, z trois éléments quelconques de E, la loi externe
a gauche déduite de *% est alors l’application
(2, y)>@o | VH=LRKY;

la distributivité de | par rapport a T s’exprime par lidentité


BA lA let (4 AOA ee),
ou encore, en revenant a la notation *%, par lidentité
ey Ge pea) — (2 Ky)
TV (2% 2).
292 TITREF Tie CHAPITRE Ill.

De méme, la loi externe 4 droite déduite de *% est l’application

(Ly )>e Ly sy wx;


la distributivité de | par rapport 4 T s’exprime, alors, par lidentité

eLyTa=(@Ly)T (74)
ou encore, en revenant a la notation *%, par lidentité

OT ake = (yk@)T (2% 2):


En d’autres termes, pour que la loi interne *%* soit doublement distri-
butive par rapport a la loi interne T, il faut et il suffit que les deux lois
remplissent la condition suivante :
Quels que soient x, y, z, appartenant a ensemble E,

(Ow (YT 2 =(@kY)T (@*& 4),


(Ts) ke = (9 kz) T (2&2).
Dés que la premiére condition d’égalité est remplie, la loi % est distri-
butive a gauche par rapport a la loi T ; dés que la seconde est remplie,
la loi % est distributive a droite par rapport a la loi T.
Bien entendu, si la loi % est commutative, ces deux conditions d’égalité
sont équivalentes; si Pune d’elles est remplie, on dit alors simplement,
par abus de langage, que la loi % est distributive par rapport a la loi T.
Lorsque la loi * est associative et la loi T associative et commutative,
on peut utiliser respectivement pour ces deux lois, les notations multi-
plicative et additive.
La condition de double distributivité de la multiplication par rapport
a laddition se traduit par les identités
a(y+%s)=x2y+ £8,
(GaS 3) pS sie

Lorsque la loi T est associative et notée multiplicativement, la loi


étant quelconque mais notée exponentiellement, la condition de double
distributivité de exponentiation par rapport a la multiplication se traduit r)

par les identités :


LI = LY. L%,
( (yz) = y®_ ze,

On reconnait, ainsi, que l’exponentiation définie dans ensemble N


des entiers naturels est distributive a droite (mais non a gauche) par
rapport a la multiplication définie dans le méme ensemble.

4.(,.3, DISTRIBUTIVITE D'UNE LOI EXTERNE PAR RAPPORT A L’ ENSEMBLE


STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. 2.93

définie entre opérateurs «€2 et éléments d’un ensemble E, une loi


interne 7 partout définie sur E, une loi interne T partout définie sur &,
on dit que la loi externe | est distributive par rapport a l'ensemble
des deux lois internes T et 7 pour exprimer que les trois lois
remplissent la condition suivante :
Quels que soient les opérateurs « et 3 de 2 et élément x de E,
(a7 8) | a@ = (ei Ik ey) IS eae

Dans beaucoup de cas ot intervient cette distributivité, en particulier,


comme on le verra, dans celui des espaces vectoriels, les lois internes
considérées 7 et T sur E et 2 sont toutes deux associatives et commuta-
tives. On convient, alors, de les noter toutes deux additivement d’un méme
signe +, sans risque de confusion grace a la distinction des symboles
d’opérateurs et des symboles d’éléments; on note, alors, multiplicative-
ment (généralement a gauche) la loi externe |.
Avec ces notations, la distributivité de la multiplication, par rapport
aux additions définies sur E et 22, s’exprime par l’identité
(a+ B)ex=ar+ Be.

Dans cette identité, le signe + du premier membre désigne l’addition


définie sur le domaine d’opérateurs 22, le signe + du second membre
désigne l’addition sur ensemble des éléments de E.
Cette distributivité ne doit pas étre confondue avec la distributivité
définie en premier lieu, qui, elle, concerne uniquement la multiplication
et addition dans E et s’exprime par l’identité
(0 Von oy,

ou x et y désignent deux éléments quelconques de E et les deux signes +


Vaddition dans E. La distributivité de la loi externe par rapport
a Vensemble des deux additions n’entraine, évidemment, pas la distri-
butivité par rapport a la seule addition définie sur E ; quant a une distri-
butivité par rapport 4 Vaddition définie sur 2, on n’en fait pas usage
et on ne la définit pas.
Cependant, lorsque la multiplication est distributive par rapport
a l’addition sur E, d’une part, et par rapport aux deux additions sur E
et 2, d’autre part, on dit que cette multiplication est doublement
distributive.

4.5. Permutabilité.

Etant données une loi externe | partout définie entre opérateurs % € 2


et éléments d’un ensemble EF, d’une part, une loi externe | partout définie
entre opérateurs 9, appartenant a un domaine d’opérateurs © distinct
294 TITRE III], —~ CHAPITRE III.

de £2, et éléments du méme ensemble E, d’autre part, on dit que ces deux
lois sont permutables pour exprimer qu’elles remplissent la condition
suivante :
Quels que soient lopérateur z de 2, Vopérateur 9 de © et ’élément x de E:

ay|Petite) eee) il (C2 Ale)

4.6. Elément absorbant.

Un élément a de E est dit absorbant pour la loi interne 7 partout


définie sur E, lorsqu’il remplit la condition suivante :
Quel que soit l’élément x de E,

\ Cmca
ee ae gewae»

Un élément absorbant pour la loi T est, évidemment, absorbant pour


la loi opposée.
Dés que la premiere de ces conditions d’égalité est remplie pour tout x
de E, on dit que a est absorbant a gauche; dés que la seconde est
remplie, on dit que a est absorbant a droite.
Un élément absorbant peut étre caractérisé comme un élément invariant
par tous les opérateurs des deux lois externes obtenues par dédoublement
de la loi interne.
L’existence d’un élément absorbant pour une loi J se reconnait sur
la table de cette loi au fait que la ligne (s'il est absorbant a gauche)
ou la colonne (s’il est absorbant a droite) de cet élément ne comporte
que lui-méme.
Tout élément absorbant, soit a droite, soit a gauche, est, évidemment,
idempotent.

Remarque. — Unicité : Pour une loi donnée 7, il existe au plus un


élément absorbant. En effet, si a et a’ sont absorbants, on peut assurer
que
Gar ae
|CN Gh =2Cre
|asl Oa,
Cena

Il en résulte que a = a’.


En revanche, il peut exister plusieurs éléments distincts absorbants
a droite (ou a gauche); la simple construction d’une table le prouve
aussitot.
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. i) Ke)Or

4.7. Elément neutre. Elément unité. Elément origine.

Un élément e de E est dit élément neutre pour la loi interne T partout


définie entre éléments de E, lorsqu’il remplit la condition :
Quel que soit l’élément x de E,
je ap w= 2,
la Te=za.

Un élément neutre pour la loi T est, évidemment, neutre pour la loi


opposée. j
Dés que la premiére de ces conditions d’égalité est remplie, on dit que
e est élément neutre a gauche; dés que la seconde est remplie, on dit
que e est élément neutre a droite.
Un élément neutre peut étre caractérisé comme un opérateur neutre
pour chacune des lois externes obtenues par dédoublement de la loi interne.
L’existence d’un élément neutre pour une loi T se reconnait sur la
table de cette loi au fait que la ligne (neutre a gauche) et la colonne
(neutre a droite) de cet élément reproduisent respectivement la ligne
marginale et la colonne marginale de cette table.
Tout élément neutre, soit 4 gauche, soit a droite, est, évidemment,
idempotent.
Remarques. — 1. Unicité: Pour une loi donnée T, il existe au plus
un élément neutre. En effet, si e et e’ sont neutres, on peut assurer que
“@ "2 Se.
|GAP See?
|Zag e>e€@,

\ -€ ae Coes

Titensresulterquiercs=—=e. /

En revanche, il peut exister plusieurs éléments distincts neutres a


gauche (ou a droite); la simple construction d’une table le prouve
aussitot.
2. Notation : Lorsqu’une loi de composition externe est notée
multiplicativement, son élément neutre éventuel est appelé élément
unité ou méme simplement unité; il est alors noté au moyen du
symbole « 1 », sauf confusion possible avec l’entier 1.
De méme, pour une loi notée additivement, l’élément neutre éventuel
est appelé élément origine, élément zéro, élément nul ou méme
simplement origine ou zéro; il est alors noté au moyen du symbole «0 »,
sauf confusion possible avec l’entier o.
0 7

3. Définition de Tx : Le symbole 7 2 a recu un sens pour tout


entier n différent de l’entier 0, mais n’en a pas recu pour n = o. Par
définition, silaloi ] posséde un élément neutre e, on convient que
0
Wiese
2.96 TITRE II, —~ CHAPITRE Ill.

Cette définition est en accord avec celle qui attribue a l’intersection


d’une famille vide de parties d’un ensemble E la signification d’étre
égale A E lui-méme. Pour la loi de composition entre parties de E
que constitue l’opération binaire d’intersection n, l’ensemble E est,
en effet, élément neutre, puisque, pour toute partie X de E,
1BiQ\eas =. ayLele A

Le composé d’une suite vide est souvent appelé le composé vide.


De cette définition résulte que si une loi est notée multiplicativement
et posséde un élément neutre, on peut assurer que, pour tout x de E,
OV 13

autrement dit, le produit vide d’éléments de E est égal 4 1.


De méme, si une loi est notée additivement et posséde un élément
neutre, on peut assurer que, pour tout x de E:

OL =0;
autrement dit, la somme vide d’éléments de E est égale a o.
Mais il convient d’observer que, dans la relation 2° = 1, le symbole o
désigne bien l’entier naturel zéro tandis que le symbole 1 désigne
Vélément neutre de la loi multiplicative et non pas, en général, l’entier
naturel : un.
De méme, dans la relation 0x = o, le symbole o du premier membre
désigne Ventier naturel zéro, tandis que celui du second membre
désigne 1’élément neutre de la loi additive et non pas, en général,
Ventier naturel : zéro.

Ces remarques fournissent un exemple des confusions possibles


évoquées ci-dessus.

4.8, Elément régulier.

Les regles gouvernant l’emploi du signe


5
= permettent d’assurer que,
pour tout élément a appartenant a un ensemble E muni d'une loi
interne T,
jaTe=aTy,
| GAN Greig IE Gh

Ces regles ne permettent pas d’assurer la réciproque. Aussi, pose-t-on


Ja définition suivante :
Un élément a de E est dit régulier pour la loi interne 7 partout
définie entre éléments de E, lorsque a remplit la condition :
Quels que soient x et y appartenant a E,
j [= Os Wane
x als a=y oi a> L=Yy.
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. 297

Des que la premiere des deux implications est remplie, on dit que a est
élément régulier 4 gauche; dés que la seconde est remplie, on dit
que a est élément régulier 4 droite.
Lorsque a est régulier a gauche, le passage, par implication, de
Pégalitéa Tx =aT yalégalité x =y apparait matériellement comme
la suppression de l’élément a et du signe T de la loi; l’égalité obtenue
par cette suppression est intuitivement plus simple que la premiére;
aussi dit-on que ce passage est obtenu au moyen d’une simplification
a gauche par |’élément a et que a est un élément simplifiable 4 gauche;
les notions d’élément régulier 4 gauche et d’élément simplifiable 4 gauche
sont donc deux notions identiques. On définit, de facon analogue, un
élément simplifiable a droite.
La notion d’élément régulier coincide avec celle d’élément simpli-
fiable. Pour un tel élément régulier ou simplifiable, on peut donc assurer
les deux ێquivalences :
Caled
|ey ic ae ys es ae | a = | a!

Dire que aT x=aT y entraine x =y équivaut, par contraposition,


andre queda =- 7 entrained | ¢ 3c a | y.-
En d’autres termes encore, dire que a est simplifiable a gauche ou
régulier a gauche équivaut a dire que la translation a gauche associée
a a est une application injective de E dans lui-méme. Naturellement,
si aest simplifiable a droite, la translation a droite associée a a est injective
et réciproquement.
Un élément a simplifiable a gauche se reconnait au fait que, dans la
table, la ligne intitulée a contient une fois et une seule chaque élément
de l’ensemble. De méme, un élément a simplifiable 4 droite se reconnait
au fait que la colonne intitulée a contient une fois et une seule chaque
élément de l’ensemble. Lorsque tous les éléments de E sont réguliers,
on dit parfois que la loi est partout réguliére.
La table d’une loi partout réguliére est caractérisée par le fait que chaque
ligne et chaque colonne contiennent une fois et une seule chaque élément
de E. Une telle table est appelée un carré latin. On sait que les carrés
latins jouent un réle important en Statistique.

4.9. Eléments symétriques. Eléments inverses. Eléments opposés.

Etant donnée une loi de composition T entre éléments d’un


ensemble E, admettant un élément neutre : e, on dit qu’un élément 2’
est symétrique d’un élément x pour la loi TJ, lorsqu’il remplit les
conditions
(27 av=e,
lai Ta =e.
298fore TITRE III. —~ CHAPITRE III.

Si x’ est symétrique de x pour la loi T, il en est encore symétrique,


pour la loi opposée.
Pour exprimer qu'il existe un élément symétrique de x, on dit que x est
symétrisable ou que x admet un symétrique.
Dés que la premiére des conditions précédentes est remplie, on dit
que wv’ est symétrique a droite de x et que x est symétrisable a droite;
des que la seconde est remplie, on dit que x’ est symétrique a gauche
de x et que x est symétrisable a gauche.
La condition définissant un symétrique de x étant, évidemment, une
relation symétrique, elle s’exprime généralement par l’énoncé: x et x’ sont
symétriques.
L’existence de deux éléments symétriques se reconnait, sur la table
de la loi, au fait que deux cases symétriques par rapport a la diagonale
principale contiennent toutes deux l’élément neutre e. Si une case
contient e, le premier des termes conduisant a ce composé est symétrique a
gauche du second, tandis que le second est symétrique a droite du premier.
La construction d'une table montre aussitét qu’un élément x peut
admettre plusieurs symétriques. Mais un élément régulier admet au plus
un symétrique; en effet, si v’ et x” sont symétriques de z et si x est régulier,
on peut assurer que x 7 xv’ et x 7 x’ sont tous deux égaux a e et que,
par suite, en simplifiant par l’élément régulier z, x’ et x” sont égaux.
On verra plus loin que, pour une loi associative, un élément quelconque
admet encore un symétrique au plus.
Lorsqu’un élément x admet un seul symétrique pour une loi JT, on note
ce symétrique au moyen du symbole

Te
lu : tau-moins-un-x.
Lorsqu’une loi associative est notée multiplicativement, le symétrique
unique de x, quand w est symétrisable, est appelé inverse de x et noté
au moyen du symbole « z~' », lu : x-moins-un. On dit, alors, inversible
pour symétrisable.
Lorsqu’une loi associative et commutative est notée additivement,
le symétrique unique de x, quand & est symétrisable, est appelé opposé
de x et noté au moyen du symbole « — x», lu: moins x.

4.10. Complément. Quotient. Différence. Opération inverse.

Etant donnés un ensemble E; muni d’une loi interne T et deux


éléments a et m de E, on appelle complément de m par a fout élément x
qui remplit le systéme de conditions
( 2 ba =p,
Gr 08
Econ
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. 299

Dés que la premiére de ces conditions d’égalité est remplie, on dit


que x est un complément 4 gauche de m par a; dés que la seconde est
remplie, on dit que x est un complément a droite de m par a.
Chacune d’elles peut étre considérée comme une équation en x. Un
complément a gauche de m par a est donc une solution de la premiére
équation, un complément a droite de m par a une solution de la seconde;
un complément de m par a est une solution du systeme.
Chacune de ces équations (et le systéme lui-méme) peut n’admettre
aucune solution, peut en admettre une seule, peut en admettre plusieurs.
Sur la table de la loi T, on trouve les solutions de la premiere équation
en retenant les cases portant m dans la colonne intitulée a et en prenant
les titres des lignes ot se trouvent ces cases; si aucune case de la colonne
intitulée a ne porte m, l’équation n’a pas de solution. On procéde de
facon analogue, en permutant lignes et colonnes, pour trouver les solutions
de la seconde équation.
Un complément de m par a, c’est-a-dire une solution du systéme,
se reconnait a la présence de m dans deux cases symétriques par rapport
a la diagonale principale et situées respectivement dans la colonne et
dans la ligne intitulées a; la solution correspondante est le titre de la ligne
ou de la colonne ou se trouvent ces cases.
Il convient d’observer que Vunicité, quel que soit m, de la solution de
Véquation xT a=m, c’est-a-dire Vunicité du complément a gauche
de tout m par a, est équivalente a la régularité a droite de l’élément a de E;
elle équivaut aussi au caractére injectif de la translation a droite associée
a l’élément a. Une remarque analogue s’impose a propos de lunicité
pour tout m du complément a droite de m par a.
Quant a l’existence pour tout m d’une solution de l’équation x T a = m,
c’est-a-dire l’existence d’un complément a gauche de tout m par a, elle équi-
vaut au caractére surjectif de la translation da droite associée a |’élément a.
Remarque analogue a propos de l’existence pour tout m d’un complément
a droite de m par a, qui équivaut au caractére surjectif de la translation
a gauche associée a l’élément a. ;
Lorsque, pour un couple (m, a) de EXE, l’équation x T a = m admet
une solution unique, elle permet d’associer a ce couple (m, a) un élément
parfaitement. déterminé de E.
L’équation x T a= m détermine donc, elle-méme, une loi de compo-
sition interne dans E, appelée loi inverse a gauche de la loi 7. Cette
loi inverse a gauche de la loi T est la loi qui, 4 un couple (m, a) de Ex E,
pour lequel x 7 a=m admet une solution unique, associe cette
solution unique. Elle n’est généralement définie que sur une partie
stricte de EXE: la partie constituée par les couples (m, a) de Ex E pour
lesquels ’équation x T a = m admet une solution unique.
L’équation a T x =m détermine, de méme, une loi de composition
interne dans E qui est appelée loi inverse a droite de la loi T.
300 TITRE III]. — CHAPITRE III.

Enfin, le systéme formé par la conjonction de ces deux équations déter-


mine, a son tour, une loi de composition interne dans E qui est appelée
loi inverse de la loi 7 ou opération inverse de l’opération T.
En notation multiplicative, tout complément de m par a est appelé
un quotient de m par a. On définit, de méme, un quotient a gauche
de m par a et un quotient a droite de m par a. La loi inverse a gauche
est alors appelée division a gauche; la loi inverse a droite est appeleée
division a droite. L’opération inverse de la loi de composition est appelée
division; elle est notée au moyen du signe «: » constitué par deux points.
Le composé de deux éléments xv et y par la division « : » est appelé le
quotient de x par y et noté au moyen du symbole

eNey

lu quotient de x par y ou x divisé par y. Cette appellation et cette


notation du complément de x par y sont réservées au cas ot la loi initiale
est une multiplication, mais elles sont employées des que cette condition
est remplie, que la multiplication soit ou non commutative, que l’élément y
soit inversible ou non. Le premier terme du quotient x: y est appelé
dividende et le deuxiéme terme est appelé diviseur.
Lorsque la multiplication est commutative et admet un élément-unilé,
lorsque, de plus, le diviseur y du quotient zx : y est inversible — et seulement
dans ces conditions — on donne le nom de fraction au composé de x et y
par division, c’est-a-dire au quotient de x par y. Le premier terme x est
appelé numérateur de la fraction, le deuxiéme terme y est appelé
dénominateur de la fraction. Pour noter la fraction dont le numérateur
est x et le dénominateur y, on utilise indifféremment l’un ou l’autre des
symboles

CO ee =
Wf

lus tous les deux : x sur y. Le trait oblique ou le trait horizontal, séparant
les symboles qui représentent les termes de la fraction, est appelé barre
de fraction. La notation z/y, utilisant la barre oblique, est conforme
a la notation générale en JT d’une loi de composition et cette barre
oblique « / » est le signe de la division. Au contraire, la notation a utilisant

la barre horizontale, est une notation exceptionnelle : le signe « — »


peut, a la rigueur, étre considéré comme signe de la division, mais la
disposition typographique du symbole désignant le composé est verticale
et non horizontale. Cette disposition présente lavantage de permettre
la suppression des parenthéses dans certains symboles et d’écrire, par
exemple,
x
Qn OC —
eee
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. 301

pour représenter
(a.b.c). (3) -d-(“).(2).

Mais elle se préte mal a la notation d’une succession de divisions.


On emploie assez volontiers le mot rapport comme synonyme de
fraction; on dit alors numérateur ou dénominateur du rapport.
En notation additive — réservée a une loi associative et commutative —
tout complément de m par a est appelé une différence entre m et a
ou un excés de m sur a. Il n’y a pas de distinction a faire entre différence
a gauche et différence a droite puisque |’addition initiale est commutative.
L’opération inverse de l’addition est appelée soustraction. Elle est notée
au moyen du signe « — » constitué par un simple trait horizontal et lu :
moins. Le composé de deux éléments x et y par la soustraction « — »
est appelé la différence de zx et de y et noté au moyen du symbole

ty
lu : x moins y. On ne donne pas de nom particulier au premier terme
ni au second terme de la différence. I] s’agit la d’une notation conforme
a la notation générale en T.

4.11. Remarque générale.

Lorsque la loi de composition interne JT n’est pas partout définie dans


Vensemble E, les définitions des notions suivantes : élément absorbant,
élément neutre, élément régulier, peuvent étre posées de facon analogue :
il suffit de restreindre les conditions qui définissent ces notions au cas
ou les symboles qu’elles contiennent ont un sens.

5. ETUDE GENERALE D’UNE STRUCTURE ALGEBRIQUE.

L’étude générale d’une structure algébrique se déroule, naturellement,


suivant le plan dressé pour I’étude d’une structure quelconque.
Elle attire, d’abord, l’attention sur une certaine catégorie d’applications
qui peuvent jouer le réle de morphismes; elle définit ensuite des structures
induites, des structures quotients, des structures produits.

5.1. Représentations. Homomorphismes.

5.1.1. DEFINITIONS. — La notion de représentation et celle d’homo-


morphisme peuvent étre atteintes en trois étapes, selon qu’elles se
rapportent a des structures déterminées par une loi interne, par une loi
externe ou par un nombre quelconque de lois internes ou externes.
302 TITRE III. — CHAPITRE III.

a. Cas @une loi interne. — Etant donnés deux ensembles E et E


munis respectivement des lois de composition internes 7 et 7 admettant
elles-mémes les graphes G et G, on dit qu’une application f de E dans E
est une représentation de E muni de 7 dans E muni de T, pour
exprimer que Vimage de G par lextension convenable de f est
contenue dans G.
Le rapprochement de cette définition et de celle d’un isomorphisme met
en relief la distinction qui s’impose : tandis que, par un isomorphisme,
Vimage de G est exactement G, par une représentation, l'image de G est
seulement contenue dans G.
Si on désigne par A Ja premiere projection de G — qui nest autre
chose que la partie de Ex E sur laquelle est définie la loi | — et par A
la premiere projection de G, on constate immédiatement qu'une repreé-
sentation f de (E, G) dans(E, G) applique A sur une partie de A et que,
pour tout couple (a, y) appartenant a A, l'image par f du composé x T y
est le composé par 7 des images f(x) et f(y) des termes de ce composé.
Réciproquement, si une application remplit ces deux conditions, elle
transforme G en une partie de G; c’est donc une représentation de (E, G)
dans (E, G). On peut, alors, assurer que :
Pour qu'une application f de E dans E soit une représentation, il faut et
il suffit que f remplisse les conditions suivantes :
Quel que soit le couple (x, y) appartenant a A,
1° le couple (f(x), f(y)) appartient a A;
2° f(x T y) = f(e)
T fy).
Lorsque la loi T est parlout définie sur E, c’est-a-dire lorsque A = Ex E,
une représentation de E dans E est appelée un homomorphisme de E
dans E.
Si un homomorphisme est surjectif, on dit que c’est un homomor-
phisme de E sur E ou encore un épimorphisme de E sur E. On
exprime qu'il existe un homomorphisme de E sur E ou un épimor-
phisme de E sur E en disant que la structure de E est homomorphe
a celle de E ou encore en homomorphie avec celle de E, ou enfin que
E est une image homomorphe de E.
Un homomorphisme de E dans lui-méme est appelé un endomor-
phisme de E.
b. Cas @une loi externe. — La définition dune représentation concer-
nant une structure de loi externe est analogue a celle qui concerne une
structure de loi interne.
\ STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. 303

‘Etant donnés deux ensembles E et E, munis respectivement des lois


decomposition externes | et L admettant V une et Vautre le méme domaine
@opérateurs &, admettant, d’autre part, respectivement, les graphes G
et G, on dit qu’une application f de E dans E est une représentation
de E muni de | dans E muni de | pour exprimer que image de G
par / jointe a lapplication identique de {2 est contenue dans G.
De méme que pour une loi interne, si l’on désigne par A la premiére
projection de G — qui n’est autre chose que la partie de 2 x E sur laquelle
est définie la loi | — et par A la premiére projection de G, on peut
assurer que:
Pour qu une application f de E dans E soit une représentation, il faut
et il suffit que f remplisse les conditions suivantes :
Quel que soit le couple («, x) appartenant a A,
1° le couple (2, f(x)) appartient @ A;
2° f(a |x) =a] f(a).
Lorsque la loi | est partoul définie sur E, c’est-a-dire lorsque A=2 XE,
une représentation de E dans E est encore appelée un homomorphisme
de E dans E.
On définit, de la méme maniére que pour une loi interne, les expressions
ou interviennent : épimorphisme, endomorphisme, homomorphe, « en
homomorphie » et « image homomorphe ».
c. Cas général. — Etant donnés deux ensembles E et E munis de struc-
lures homologues X et & déterminées, chacune, par p lois internes et q lois
externes, les domaines d’opérateurs de E coincidant avec ceux de E, non
nécessairement partout définies, on dit qu’une application f de E dans E
est une représentation de E muni de ¥ dans E muni de ¥, pour
exprimer que f est une représentation pour chacune des lois internes
et aussi une représentation pour chacune des lois externes.
Lorsque toutes les lois que comporte = sont partout définies sur E, une
représentation de (E, ¥) dans (E, ¥) est encore appelée un homomor-
phisme de (E, 2) dans (E, »). Les autres notions s’ensuivent.
Remarques. — On convient, souvent, pour définir les notions de
représentation et d’homomorphisme, de noter d’un méme signe une
Joi de E et la loi homologue de E.
D’autre part, il est possible de définir ces notions a propos du cas
le plus général ot une structure algébrique concerne plusieurs ensembles
de base principaux, mais on en fait rarement usage.
Enfin, il convient de souligner le sens particulier donné ici au mot
« représentation ».
304 ; TITRE Il]. — CHAPITRE III.

5.1.2. Proprieres. — La propriété fondamentale des représentations


se réduit a ce qu’elles constituent une catégorie de morphismes pour
les structures algébriques; c’est, d’ailleurs, la seule catégorie de
morphismes utilisée d’ordinaire. Mais le rapprochement entre repré-
sentation et isomorphisme, qu’imposent leurs définitions, doit étre précisé;
c’est ce qui sera fait dans le cas ou la représentation est un épimorphisme.
a. Représentations et morphismes. — La définition méme d’une repré-
sentation permet de vérifier la propriété suivante déja signalée a propos
des morphismes :

Etant donnés trois ensembles E, E, E munis de structures algébriques


homologues, f une représentation de E dans E, g une représentation de 1
dans E, lVapplication composée g o f est une représentation de E dans FE.
Pour le montrer, on peut se borner au cas ot EF, E, E sont munis chacun
d’une seule loi de composition interne; le raisonnement concernant une
seule loi externe peut, en effet, étre conduit de la méme maniere et la
propriété générale est une conséquence immédiate de ces deux cas
particuliers.
Soient, alors, respectivement, G, G, G, les graphes des lois internes
dont sont munis les ensembles E, E, E. Par définition d’une représentation,
Vimage de G par f est contenue dans G; l'image de cette image par g est
donc contenue dans G; or, cette derniére image est, par définition, celle
de G par g of.
CONE Ds

On vérifie de méme le lien signalé entre morphismes bijectifs et


isomorphismes :
Etant donnés deux ensembles E et E munis de structures algébriques
homologues; d’une part, tout isomorphisme de E sur E est une représentation
de E sur E; d’autre part, toute représentation bijective f de E sur E, dont
la bijection réciproque f~' est une représentation de E sur E, est un isomor-
phisme.
La premiere partie de cet énoncé est évidente en raison du fait qu’un
isomorphisme de E sur E conduit du graphe G d’une loi (interne ou
externe) définie dans E au graphe G de la loi homologue définie dans E.
La seconde partie résulte de la remarque suivante : une représentation
bijective de E sur E conduit du graphe G d’une loi (interne ou externe)
définie dans E a une partie du graphe G de la loi homologue définie dans E;
si, en outre, conformément a l’hypothese, la bijection réciproque f—' est,
une représentation de E dans E, elle conduit, A son tour, du graphe G
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. 305

a une partie du graphe G. Les propriétés des bijections permettent alors


d’assurer que l'image de G par fest G (dailleurs, Vimage de G par f
est G). Il en résulte que la représentation bijective f transforme G en G
—1
et qu’elle est, ainsi, un isomorphisme; la bijection réciproque f est, bien
entendu, un isomorphisme de (E, G) sur (E, G).

Remarque. — Lorsque les lois déterminant la structure dont est


. muni Pensemble E sont partout définies et que, par conséquent, une
représentation de E dans E est un homomorphisme, il suffit qu’un tel
homomorphisme soit bijectif pour qu’il soit un isomorphisme.
Il convient de rapprocher cette remarque de celle qui concerne les
applications croissantes d’un ensemble fotalement ordonné dans un
ensemble ordonné : il suffit qu’une telle application soit bijective pour
constituer un isomorphisme de l’ensemble totalement ordonné dans
Vautre.

b. Epimorphismes et isomorphismes. — Les épimorphismes sont,


évidemment, parmi toutes les représentations, celles qui se rapprochent
le plus des isomorphismes; il y a donc intérét a préciser leurs ressemblances
et leurs différences.
Il est clair que, si deux ensembles structurés (E, ¥) et (E, ¥) sont iso-
morphes, foute propriété concernant (E, ~) peut étre traduite mécani-
quement (au moyen de la bijection que constitue l’isomorphisme) en une
propriété concernant (E, ¥); de méme, foute notion concernant (E, >)
peut, elle aussi, étre traduite mécaniquement en une notion concer-
nant (E, ¥). On peut dire que toutes les propriétés et toutes les notions
concernant (E, ») sont conservées par isomorphisme.
Au contraire, si l'ensemble structuré (E, =) est simplement une image
homomorphe de (EF, 2%), c’est-a-dire s’il existe un épimorphisme du second
sur le premier, certaines propriétés et certaines notions concernant (E, =)
sont conservées par épimorphisme; d’autres sont altérées.
Sans entreprendre une étude systématique des ressemblances et des
différences entre une structure algébrique et une de ses images: homo-
morphes, il suffira de mettre en relief les propriétés conservées et les
propriétés altérées par épimorphisme, lorsque chacun des ensembles E
et E est muni d’une seule loi de composition interne, notée JT sur le
premier et 7 sur le second.
Les propriétés conservées sont nombreuses :
1° Si 7 est associative, T est associative;
2° Si T est commutative, T est commutative;
3° Si T est idempotente, T est idempotente;
V. ROUQUET LA GARRIGUE. 20
306 TITRE Il]. — CHAPITRE III.

4° Si T admet un élément a, absorbant (a gauche, a droite), T admet


un élément a, absorbant (a gauche, a droite), image de a par l’épimor-
phisme;
5° Si T admet un élément e, neutre (a gauche, a droite), T admet
un élément é neutre (a gauche, a droite), image de e par l’épimorphisme;
6° Si deux éléments x et x’ de E sont symétriques pour la loi T, leurs
images x et X’ sont symétriques pour la loi T;
79 Si un élément x de E est complément (a gauche, a droite) de m
par a pour la loi T, limage x est complément (a gauche, a droite) de
Vimage m par l’image a pour la loi T.
En résumé, sont conservées, par épimorphisme, les propriétés suivantes
d’une loi interne : associativité, commutativité, idempotence, existence
dun élément absorbant (a. gauche, a droite), existence d’un élément
neutre (A gauche, a droite), existence d’un symétrique pour un élément,
existence d’un complément (a gauche, a droite), pour deux éléments.
La justification de ces invariances repose essentiellement sur le fait
que, dans un épimorphisme de (E, 2) sur (E, 2»), tout élément de E est
image d’au moins un élément de E.
Par exemple, pour établir la conservation de l’associativité, on part
de trois éléments quelconques 2, y, z de E ; ce sont les images de trois
éléments (au moins) x, y, z de E ; l'image du composé (x T y) T z est
alors — on le voit aisément —le composé (x 7 y) 7 Zz dont l’existence est,
ainsi, assurée; on voit, de méme, que limage du composé x JT (y T z)
est le composé | (gy 7 2); comme les deux composés de E sont égaux,
en vertu de l’associativité de la loi T, les deux composés de E le sont aussi,
ce qui établit l’associativité de la loi T.
Quant aux propriétés altérées, elles sont peu nombreuses mais
essentielles :
1° Bien que les images de deux éléments permutables pour T soient
deux éléments permutables pour 7, Vimage du centre de E n’est pas
nécessairement le centre de E; on peut, seulement, assurer que limage
du centre de E est contenue dans le centre de E; on verra, ultérieurement,
des exemples prouvant que l’inclusion ainsi indiquée est, généralement,
une inclusion stricte.
2° L’image d’un élément régulier de E pour la loi T n’est pas néces-
sairement un élément régulier de E pour la loi T. L’exemple de N
muni de la multiplication et de ’endomorphisme appliquant tout multiple
de 4 sur o, tout multiple de 4 + 1 sur 1, tout multiple de 4 + 2 sur 2,
tout multiple de 4 + 3 sur 3 montre que l’image f(N) dans cet endo-
morphisme est constituée par | 0, 1, 2, 3 | et que 2 n’est pas régulier :
le composé de 2 et de 2 est o de méme que celui de 2 et de o.
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. 307

9.2, Structures induites. Parties stables. Immersion.

5.2.1. DEFINITIONS RELATIVES AUX STRUCTURES INDUITES. — Ces


définitions sont introduites successivement pour une loi interne, une
loi externe, un nombre quelconque de lois internes ou externes.
a. Cas d'une loi interne. — Etant donné, d’une part, un ensemble E
muni d’une loi de composition interne T, définie sur une partie A de EX E
constituant, elle-méme, la premiere projection du graphe G de la loi T;
étant donnée, d’autre part, une partie quelconque F de E, on appelle loi
induite par la loi 7 sur la partie F de E, la loi de composition entre
éléments de F ayant pour graphe l’intersection de G et du produit
(Fx F)xF. On remarque, aussité6t, en effet, que cette intersection est
bien le graphe d’une loi interne définie dans F. Cette loi induite par T
sur F n’opere que sur les couples (x, y) de F x F qui, a la fois, appartiennent
a A et admettent des composés x 7 y appartenant 4 F. A tout couple
remplissant cette condition, elle fait correspondre l’élément x T y de F.
b. Cas @une loi externe. — Etant donné, d’une part, un ensemble E
muni d’une loi de composition externe |, admettant un domaine d’opéra-
teurs £2, définie sur une partie A de & XE, constituant elle-méme
la premiére projection du graphe G de la loi |; étant données, d’autre
part, une partie quelconque F de E et une partie quelconque ® de &, on
appelle loi induite par | sur les parties I de E et ® de &, la loi de
composition entre opérateurs «€ ® et éléments ve F ayant pour graphe
lintersection de G et du produit (0 x F) x F.
Comme pour une loi interne, on remarque aussitét que cette inter-
section est bien le graphe d’une loi externe définie dans F et admettant ®
comme domaine d’opérateurs. Cette loi induite par T sur F et ® n’opére
que sur les couples (a, x) de ®xF qui, a la fois, appartiennent a A et
admettent des composés. x | x appartenant a F. A tout couple remplissant
cette condition elle fait correspondre élément « | x de F.
Deux cas particuliers de cette définition générale méritent d’étre
soulignés : celui ot ® = 2, celui ot F=E.
Dans le premier. cas, on dit simplement que la loi induite est induite
sur F sans mentionner ®(= {2); dans le second cas, on dit que la loi
induite sur ® et E est obtenue par restriction a ensemble ® du
domaine d’opérateurs de T.
c. Cas général. — Etant donné, d’une part, un ensemble E muni d’une
structure algébrique & déterminée par p lois internes et q lois externes;
étant donnée, d’autre part, une partie F de E, on appelle structure
induite sur F par la structure &, la structure déterminée sur F par les p
lois internes induites et par les g lois externes induites. On tient
compte, naturellement, des restrictions éventuelles imposées aux domaines
d’opérateurs.
308 TITRE II]. — CHAPITRE III.

5.2.2. PARTIES STABLES. — Méme si une loi interne J est partoul


définie sur un ensemble E, il convient de ne pas confondre la loi induite
par 7 sur une partie F de E et la restriction a FF de l’application
(z, y)—>2 T y.
La restriction 4 FXF admet, en effet, comme ensemble de définition
et de départ, le produit FxF lui-méme. Au contraire, pour qu’un
couple (x, y) de Fx F admette une image par la loi induite sur F, il faut
que le composé x T y appartienne lui-méme a F; autrement dit, ensemble
de définition de la loi induite est seulement contenu dans F x F, c’est-
a-dire dans celui de la restriction.
L’inclusion ainsi mise en évidence est, généralement, une inclusion
stricte comme on s’en persuade au moyen de |’exemple suivant : la restric-
tion de l’addition, définie sur l’ensemble des entiers N, a la partie Fx F
telle que F = } 2, 3, 4 }|a pour ensemble de définition F x F; au contraire,
la loi induite sur F a pour ensemble de définition la partie de F x F reduite
au seul couple (2, 2). Mieux encore, si F = } 2, 3 }, ’ensemble de définition
de la loi induite est vide alors que celui de la restriction est toujours F x F.
Ces remarques attirent l’attention sur les « parties stables».

a. Définitions. — Etant donné un ensemble E muni d’une loi interne 7,


on dit qu’une partie F de E est une partie stable par rapport a la
loi 7 pour exprimer que le composé par 7 de deux éléments de F
appartient a F des quil est défini.
On constate aussitét que :
Pour qu'une partie F de E soit stable par rapport a une loi
interne 7, il faut et il suffit que F 7 FcF.
L’inclusion est, généralement, stricte, comme le prouve l’exemple
de F=/j2, 3,4, ...} pour laddition dans N: FT] F ne comprend
ni 2 ni 3.
De méme, pour une loi externe :
Etant donné un ensemble E muni d’une loi externe | admettant comme
domaine d’opérateurs 2, on dit qu'une partie F de E est stable par
rapport a la loi externe | pour exprimer que le composé par |
d’un opérateur de {2 et d’un élément de F appartient a F dés qu'il
est défini.
En d’autres termes, dire que F est stable par rapport 4 | équivaut
a dire que 2 | FcF. L’inclusion est, généralement, stricte.
Enfin, pour une structure algébrique > :
Etant donné un ensemble E muni d’une structure algébrique ¥ déter-
minée par p lois internes et q lois externes, on dit qu’une partie F de E
est stable pour la structure ~ pour exprimer que F est stable pour
chacune des lois internes ou externes qui déterminent *.
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. 309

b. Partie stable engendrée par une partie quelconque. — L’intersection


d'une famille quelconque de parties stables par rapport a une loi (interne
ou externe) ou une structure est, évidemment, une partie stable par
rapport a cette loi ou cette structure. [I] existe donc, en particulier,
une plus petite partie stable Z contenant une partie X donnée.
Cette partie Z de E est appelée partie stable engendrée par X.
Les éléments de X a eux seuls (méme si la loi est externe) sont dits
constituer un systéme de générateurs de la plus petite partie stable
qu’engendre X.

5.2.3. STRUCTURE INDUITE SUR UNE PARTIE STABLE OBTENUE PAR


HOMOMORPHISME. — Lorsqu’on effectue un homomorphisme f d’un
ensemble E muni d’une structure algébrique © dans un ensemble E muni
dune structure homologue ¥, on obtient pour image de E par f une
partie f(E) de E. Cette partie est une partie stable de E par rapport a la
structure X. Par abus de langage, elle est appelée image de f et notée Im f.
Pour l’établir, il suffit de montrer — en se bornant au cas d’une loi
interne — que deux éléments % et y de E appartenant a f(E) admettent
un composé x JT y appartenant lui-méme a f(E). Or, x et y appartenant
a f(E), ce sont les images par f d’au moins deux éléments x, y, de E;
ces deux éléments x et y de E admettent, eux-mémes, un composé x T y,
puisque la loi T est partout définie; on peut donc assurer que
flaTy=fl@) Thy) =2T7;
il en résulte que X et y admettent un composé par T et que ce composé
appartient a f(E) puisqu’il est image par f d’un élément de E.
Non seulement l’image de E dans un homomorphisme est une partie
stable de E, mais l'image d’une partie stable de E par rapport A = est une
partie stable de E par rapport a %. I] suffit, pour s’en convaincre, de
reprendre la démonstration précédente en y remplacant partout E
par une partie stable F par rapport a T.
Enfin, l'image réciproque par f d’une partie stable de E par rapport a X,
c’est-a-dire l'image par la correspondance f dune telle partie, est elle-
méme, une partie stable de E par rapport a x.
En se bornant au cas d’une loi interne, on constate, en effet, que, si
deux éléments x et y de E appartiennent a l’image réciproque d’une partie
stable F de E par rapport a T, leur composé x T y a pour image
ice Wow deo) aia

or, cette image, qui est le composé de deux éléments de F, appartient


A F puisque F est stable; donc x T y appartient a l’image réciproque
de F.
310 TITRE II]. ——- CHAPITRE III.

Un cas particulier de cette derniére propriété présente une importance :


celui ot E posséde un élément idempotent et. encore plus particuliérement,
un élément absorbant ou un élément neutre. Si h est un élément idem-
potent pour 7, la partie de E réduite a | hj est, évidemment, une partie
stable par rapport a 7. Son image réciproque est donc une partie stable
de E par rapport a 7.
L’image réciproque d’un élément absorbant (a gauche, a droite) est
donc une partie stable. L’image réciproque d’un élément neutre (a gauche,
a droite) est encore une partie stable.
Dans le cas ot la loi T posséde un élément neutre @, l’image réci-
proque f (e) de cet élément neutre par ’homomorphisme fest appelée
le noyau de l’homomorphisme considéré; il est noté Ker f (de l’allemand
kern et de l'anglais kernel : noyau).
Revenant au cas général, on observe que, l'image de E par l’homo-
morphisme f étant une partie stable de E, on peut considérer la structure
induite par = sur f(E). Cette structure induite n’est autre (dans le cas
dune seule loi interne, par exemple) que la restriction a cette partie
de la structure ¥. On peut donc assurer que l’homomorphisme f est un
épimorphisme de (E, %) sur l’ensemble f(E) muni de la structure induite
par ¥. Cette remarque permet de dire que f(E) est une image homo-
morphe de E, non pas exactement pour =, mais pour la structure induite.
Elle permet, en outre, d’assurer que cette structure induite présente
les caractéres conservés par les épimorphismes.

5.2.4. Immersion. — L’immersion d’un ensemble muni d’une structure


algébrique dans un autre ensemble structuré est, conformément aux
notions générales sur les structures, une sorte d’opération inverse de celle
qui conduit a une structure induite. Elle consiste a partir d’un ensemble
structuré (E, ¥) et a définir un nouvel ensemble structuré (E, 2) qui
contienne strictement une partie F telle que l'ensemble F muni de la struc-
ture induite par = soit isomorphe a l’ensemble initial (E, ~). On dit,
conformément aux notions générales, qu’on a plongé l’ensemble (E, 2)
dans l’ensemble (E, = ) aprés avoir identifié (E, 4) et F muni de la struc-
ture induite par . Lastructure ¥ est dite un prolongement de la struc-
ture x.
Ce procédé peut étre utilisé pour « corriger » les défauts que parait
présenter une structure algébrique, comme absence d’un élément absor-
bant, absence d’un élément neutre. Son application la plus remarquable
est la symétrisation d’un ensemble muni d’une loi associative et commu-
tative; il en sera question par la suite.
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. 311

5.3. Structures quotients.

Le phénoméne observé a propos des structures d’équivalence et des


structures d’ordre se reproduit a propos des structures algébriques.
Deux couples (x, y) et (x’, y’) dont les premieres composantes sont
équivalentes pour une relation d’équivalence R, ainsi que les deuxiémes
composantes, n’ont, généralement, pas pour images par une loi de compo-
sition interne 7, des composés équivalents..On est ainsi amené 4 distinguer
les relations d’équivalence compatibles avec la loi 7 qui permettent
de définir les structures quotients. Ces structures quotients, a leur tour,
permettent de préciser les liens entre un ensemble structuré et son image
dans un homomorphisme.

5.3.1. RELATIONS D’EQUIVALENCE COMPATIBLES AVEC UNE STRUCTURE


ALGEBRIQUE. — a. Cas d’une loi interne. — Etant donné, d’une part,
un ensemble E muni d’une loi de composition interne partoul définie;
étant donnée, d’autre part, une relation d’équivalence R notée =, on dit
que la relation d’équivalence R est compatible avec la loi interne 7
pour exprimer que R remplit la condition suivante :
Quels que soient x, x', y, y' appartenant a E,
Mes

ae ( PSY
a= aa

Jou
Sila loi T n’est pas partout définie, on dit que R est compatible avee T
pour exprimer que la condition précédente est remplie des que les
composés x JT yet xz’ T y’ sont définis.
b. Cas d’une loi externe. — Etant donné, d’une part, un ensemble E
muni d’une loi de composition externe |, partout définie, admettant
elle-méme un domaine d’opérateurs 2; étant donnée, d’autre part, une
relation d’équivalence R notée =, on dit que la relation d’équivalence R
est compatible avec la loi externe | pour exprimer que R remplit
la condition suivante :
Quels que soient les éléments x el x' de E et lopérateur « de & :
DSL So, [a=
a |Pae.

Si la loi | n’est pas partout définie, on dit que R est compatible


avec | pour exprimer que la condition précédente est remplie dés que
les composés a | x et « | 2’ sont définis.
La définition relative a une loi externe permet un dédoublement de
la notion relative a une loi interne.
On dit que la relation d’équivalence R est compatible 4 gauche
avec la loi interne 7 pour exprimer que R est compatible avec la loi
STD, TITRE III. — CHAPITRE III.

externe a gauche déduite de la loi interne. En d’autres termes, « R est


compatible a gauche avec T » signifie que :
Quels que soient x, y et y’ appartenant a E,
yay = «eT y=rTy.
On définit de méme une relation d’équivalence compatible a droite
avec une loi interne T ; c’est une relation qui remplit la condition :
Quels que soient x, x’ et y appartenant a E,

exe! > oTy=2'Ty.


On constate aussité6t que la condition, exprimant qu'une relation
d’équivalence est compatible avec une loi interne J, équivaut a la condi-
tion exprimant qu’elle est compatible a la fois 4 gauche et a droite avec T .
c. Cas général. — Etant ‘donné, d’une part, un ensemble E muni
dune structure algébrique X, elle-méme déterminée par p lois internes
et q lois externes; étant donnée, d’autre part, une relation d’équivalence R,
on dit que la relation d’équivalence R est compatible avec la struc-
ture + pour exprimer que R est compatible avec chacune des lois
internes ou externes qui déterminent la structure ~.
5.3.2. DEFINITION D’UNE STRUCTURE QUOTIENT. — Une relation
d’équivalence R compatible avec une structure = détermine, comme toute
relation d’équivalence, une partition de E en classes d’équivalence. Ces
classes d’équivalence constituent l'ensemble quotient de E par R.
Il est alors possible, conformément aux définitions suivantes, de munir
Vensemble quotient E/R d’une structure algébrique appelée structure
quotient de ~ par R.
a. Cas d’une loi interne. — Etant donné, d’une part, un ensemble E
muni d’une loi de composition interne 7 partout définie; étant donnée,
d’autre part, une relation d’équivalence R compatible avec la loi T;
étant données, enfin, deux classes d’équivalence quelconques X et Y
appartenant a lensemble quotient E/R, on peut remarquer que le
composé X T Y des parties X et Y de E est contenu dans une classe
et une seule de E/R.
En effet, X T Y est constitué par tous les éléments obtenus en compo-
sant un élément de X et un élément de Y; si x et y sont des représentants
respectifs de X et Y, l’élément x T y, en particulier, appartient aX T Y;
tout élément appartenant a X T Y est de la forme x’ T y' ot 2’ et y’ sont
respectivement équivalents 4 x et y; mais alors x’ T y’ est équivalent
ax T y, en vertu de la compatibilité de R avec JT; de sorte que tout
élément de X T Y appartient a la classe d’équivalence de x T y, donc
a une classe et une seule de E/R.
Ces remarques faites, on appelle, par définition, loi quotient de T
par R, la loi de composition interne entre éléments de E/R qui, a tout
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. dng

couple (X, Y) d’éléments de E/R fait correspondre la classe d’équi-


valence unique contenant X TJ Y.
En résumé, la loi quotient de 7 par R fait correspondre a deux classes,
ayant pour représentants respectifs xv et y, la classe de x T y.
b. Cas dune loi externe. — Des remarques analogues permettent de
définir la loi quotient d’une loi externe | par la relation d’équi-
valence R compatible avec |. C’est la loi de composition entre
éléments de E/R et opérateurs de l’ensemble 2, qui, 4 un opérateur z € 2
et a une classe XEE/R, fait correspondre la classe de x | 2, ou x est
un représentant de X.
c. Cas général. — Etant donné, d’une part, un ensemble E muni d’une
structure algébrique , elle-méme déterminée par p lois internes et q lois
externes; étant donnée, d’autre part, une relation d’équivalence R compa-
lible avec la structure 2, on appelle : structure quotient par R de la
structure , la structure déterminée sur E/R par les lois quotients
des lois qui déterminent ~.

5.3.3. THEOREME D’HOMOMORPHIE. — On sait déja qu’un homo-


morphisme f de (E, ¥) dans (E, ¥) transforme E en une partie f(E),
stable par rapport a la structure ¥.
On sait, d’autre part, que la relation f(x) = f(y) entre deux éléments x
et y de E est une relation d’équivalence dans E. Un fait nouveau apparait
ici : la relation d’équivalence f(x) = f(y), associée a Vapplication f, est
compatible avec la structure X. En effet, si T est une des lois (interne
pour fixer les idées) déterminant ¥ et T la loi homologue définie dans E,
dire que la relation d’équivalence R associée a f est compatible avec T
équivaut a dire que R est compatible, a la fois, 4 gauche et a droite,
avec 7. Or, la compatibilité 4 gauche s’exprime par la condition

IO as On) = ew) = es
cette condition est visiblement vérifiée, puisque, par définition d’un
homomorphisme, f(x 7 y) et f(« Ty’) sont respectivement égaux
a f(x) T f(y) et f(x) T fly’). La compatibilité a droite s’établit de la
méme maniere.
La relation d’équivalence R, associée 4 Phomomorphisme f, étant compa-
tible avec la structure 2, détermine sur ensemble quotient E/R une
structure quotient par R de la structure =. Comme &, cette structure
quotient est partout définie.
D’autre part, la structure ¥ détermine, sur la partie stable f(E) de E,
une structure induite, elle aussi partout définie.
Entre ces deux structures, existe un lien remarquable : elles sont
isomorphes. Pour établir ce résultat, on peut se borner au cas ow
314 TITRE. III. .—— CHAPITRE III.

lensemble E est muni d’une seule loi de composition (interne pour fixer
les idées) notée T, partout définie, et ’ensemble E d’une loi homologue T .
fl suffit, alors, de montrer qu’il existe une bijection 9 de l’ensemble quo-
tient E/R sur la partie f(E) et que, par cette bijection, image du
composé de deux éléments de E/R est le composé des images de ces deux
éléments; on sait, en effet, que la loi quotient étant partout définie sur E/R,
tout homomorphisme bijectif est un isomorphisme.
L’existence d’une bijection 9 de E/R sur f(E) découle des remarques
suivantes : l’application o de E/R dans f(E) qui, a toute classe X appar-
tenant a E/R, fait correspondre l'image par f dans f(E) d’un élément x
de X (application déduite de f par passage au quotient suivant R) est,
évidemment, une application surjective de E/R sur f(E); c’est, aussi,
une application injective, car si deux classes X et X’ appartenant a E/R
ont méme image par o dans f(E), ces deux classes sont constituées
d’éléments x et x équivalents selon R, donc ces deux classes sont
confondues.
Le fait que la bijection 9, ainsi introduite, respecte la loi induite (notée 7
elle aussi) par la loiT sur f(E), découle, 4 son tour, des remarques
suivantes : X et Y étant deux classes appartenant a E/R et admettant
comme représentants respectifs deux éléments x et y de E, le composé
par JT (notant, lui aussi, la loi quotient) de X et Y, a pour image par 9,
le composé par T des images o(X) et o(Y). En effet,

XT Y) =f(@ Ty) =S(#)


T Sx) = 9(X)
T 2%).
L’ensemble de ces résultats constitue ce qu’on appelle le théoréme
d’homomorphie. Ce théoréme peut étre exprimé par l’énoncé :
Soient deux ensembles E et E munis de structures algébriques homo-
logues X et X, la structure X étant partout définie sur E. Si f est un homo-
morphisme de E dans E :
19 L’image f(E) de E dans E est une partie stable de E par rapport
a la structure X et la structure induite par % dans f(E) est partout définie
sur f(E);
2° La relation @’équivalence R associée a’ homomorphisme f est compatible
avec la structure & et détermine une structure quotient de X;
3° L’ensemble f(E) muni de la structure induite par X et l'ensemble
quotient E/R muni de la structure quotient de X par R sont deux ensembles
structurés en isomorphie.

Remarque. — Le théoréme d’homomorphie peut étre en défaut si


la structure = n’est pas partout définie sur E; en d’autres termes,
exact pour un homomorphisme, il ne Vest pas nécessairement pour
une représentation; cela provient de ce que le composé de f(x) et de
2
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. 315

f(y) sur E peut alors étre défini sans que celui de x et y sur E le soit
pour la loi homologue.
Bien entendu, si Vhomomorphisme f est injectif, f(E) est isomorphe
a E lui-méme.
Enfin, si R est une relation d’équivalence dans un ensemble E
compatible avec une structure = munissant E, il est clair que l’appli-
cation canonique de E sur E/R est une représentation, dite représen-
tation canonique de E sur E/R. Cette représentation devient un
homomorphisme et méme un épimorphisme (dits aussi canoniques)
de E sur E/R, lorsque * est partout définie sur E. Ainsi se trouvent
précisés les liens entre structures-quotients et images homomorphes
dans le cas ot » est partout définie : non seulement toute image
homomorphe est isomorphe 4a une structure-quotient, mais toute
structure-quotient peut étre considérée comme image homomorphe.

5.3.4. PROPRIETES CONSERVEES, PROPRIETES ALTEREES PAR PASSAGE


A UNE STRUCTURE QUOTIENT. — Le théoreme d’homomorphie permet
d’assurer, aussitot, que les propriétés conservées et les propriétés altérées
par passage a la structure quotient sont respectivement les mémes que
les propriétés conservées et les propriétés altérées par homomorphisme.
On peut établir directement ce résultat général, mais il suffira de rappeler
ceux qui ont été obtenus a propos des homomorphismes.
Le passage a une structure quotient conserve les deux sortes d’asso-
ciativité, la commutativité, ’idempotence, les trois sortes de distributivité,
la permutabilité, ’existence d’un élément absorbant (a gauche, a droite),
Vexistence d’un élément neutre (a gauche, a droite), lexistence d’un
symétrique pour un élément, l’existence d’un complément (a gauche,
a droite) pour deux éléments.
On peut ajouter les précisions suivantes :
Si une loi T admet un élément absorbant a, la loi quotient (par une
relation d’équivalence compatible avec T ) admet pour élément absorbant
la classe de a.
Si une loi T admet un élément neutre e, la loi quotient admet pour
élément neutre la classe de e. Cette classe est, d’ailleurs, le noyau de
V’homomorphisme canonique, associé a la relation d’équivalence qui
détermine la loi quotient.
Quant aux propriétés altérées, généralement, par le passage a une
structure quotient, ce sont les mémes que les propriétés altérées, généra-
lement, par un épimorphisme :
— le centre d’une loi non commutative a pour image, par passage
4 la loi quotient, non pas le centre de cette loi quotient, mais seulement,
une partie de ce centre;
— la classe image d’un élément régulier n’est pas nécessairement
un élément régulier de l'ensemble quotient pour la loi quotient.
316 TITRE II]. — CHAPITRE III.

5.4. Structures produits.

Les structures algébriques produits se rattachent, étroitement, a l’exten-


sion aux produits d’une famille d’applications. Lorsque les structures
facteurs sont des structures de lois internes, la structure produit est méme
exactement une extension aux produits; lorsque les structures facteurs
sont des structures de lois externes, on fait subir une légére modification
a la notion d’extension aux produits pour parvenir a la structure produit.
Dans les définitions qui suivent, on se bornera, pour plus de clarté, au cas
d’une famille de deux ensembles; il sera facile de généraliser a celui d’une
famille quelconque (finie ou infinie).

5.4.1. Dérinirions. — Ces définitions concernent deux ensembles E,


et E, ainsi que leur produitE, x E, qui sera désigné par E; les éléments
de E, seront désignés par des symboles tels que : x, y:, ... affectés de
Yindice du premier ensemble facteur, ceux de E, par des symboles tels
que : 2, yo, ... affectés de l’indice du second ensemble facteur; les
gOS de E; XE. = E sont done des qeehES tels que (X1, X2), (Xi, Y2),
(Y:, X2), Yrs Yr),-
a. Cas dune loi interne. — Etant données deux lois de composition
internes 7, et T., partout définies respectivement sur E, et E., on appelle
produit des lois J, et T., la loi de composition interne, partout définie
sur E, xE., constituée par Pextension aux produits des applica-
tions 7, et 72 de E, XE, dans E, et de E. x E, dans Eb.
Le produit des lois T, et TJ. n’est donc autre chose que l’application
de EXE dans E qui, a deux éléments x = (x, 22) et y = (y:, y2) de E,
fait correspondre le couple z de E dont la premiére composante est le
composé x, T .y; des premiéres composantes de x et y et dont la deuxiéme
composante est le composé x, T.y, des deuxiémes composantes de x et y.
In d’autres termes, encore, si l’on désigne par T le produit des lois
T. et Ts, la loi T est définie par lidentité
=i; lea V1; Cra WieWo)
& Ap

b. Cas dune loi externe. — Etant données deux lois externes |, et | >
partout définies respectivement sur E, et E, et admettant le méme domaine
@opérateurs &, extension aux produits des applications|, (de 2xE,
dans E,) et |» (de2 x E, dans E.) est une application de (2 x E,) x (2 x E32)
dans E,xE, pour laquelle 2 perd son role de domaine d’opérateurs.
Pour lui permettre de conserver ce réle, on considére pour chaque opéra-
teur a de £2 application de E, dans E, produite par « et application de E,
dans E, produite, elle aussi, par ~; l’extension aux produits de ces deux
applications est une application de E dans E associée a l’opérateur 2;
on définit, ainsi, une famille d’applications de E dans E indexée par les
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES. 319

opérateurs x de 22; cette famille détermine, on le sait, une loi de compo-


sition externe partout définie sur E et admettant £22 comme domaine d’opé-
rateurs. C’est exactement cette loi de composition externe qu’on appelle
produit des lois |; et |».
Le produit des lois |, et |.» n’est donc autre chose que l’application
de 22 (E; x E,) — et non pas de (2 x E,) x (2 x E.) — dans E, x E2 qui,
a Un opérateur o de @ et a un élément « = (x, x.) de E = E; XxEx, fait
correspondre le couple z de E, dont la premiére composante est
le composé x | ,x, de x et de la premiere composante de x et dont la
deuxiéme composante est le composé x |.x,. de z et de la deuxiéme
composante de x.
En d’autres termes encore, si l’on désigne par | le produit des lois |;
et |», la loi | est définie par lidentité

o |r = (Com Lars @ jn725)-

c. Cas général. — Etant données deux structures homologues %, et %:,


partout définies respectivement sur E, et E., chacune étant déterminée
par p lois internes et q lois externes admettant mémes domaines d’opéra-
teurs, on appelle produit des structures ~, et »., la structure déter-
minée sur E = E,xE, par le produit des deux premiéres lois
internes homologues, par le produit des deux secondes lois internes.
homologues, ..., par le produit des deux p‘’’”’’ lois internes homo-
logues et par le produit des deux premiéres lois externes homo-
logues, par le produit des deux secondes lois externes
homologues, ..., par le produit des deux q’’”’ lois externes
homologues.

Remarques. — Si les structures *; et %. ne sont pas partout définies


sur E, et E», on définit la structure produit en ne considérant pour
chacun des couples de lois homologues que les composés qui ont un
sens. La généralisation & une famille quelconque (E,) d’ensembles.
munis de structures homologues s’obtient aussitot.
Pour une loi interne, on note 7, ala fois, toutes les lois homologues
définies dans Jes E, et aussi la loi produit; la loi produit est alors.
définie par Videntité
z Bis = COAL TA

qu’on peut exprimer par l’énoncé : le composé de deux éléments du


produit I [z.— dont chacun est un multiplet ou, plus généralement,
U

une famille — est le multiplet ou la famille dont les composantes sont


les composés des composantes de méme indice. Pour une loi externe,
la loi produit est définie par Videntité
oe NL ee (Cha ae
318 TITRESIIT.— ‘CHAPITREL ST.

5.4.2. Proprieres. — Si l’on se borne a une famille de deux


ensembles E,et E>, on peut établir, sans difficulté, les propriétés suivantes :
1° Si A, et A. sont des parties stables de E, et E. respectivement,
le produit A, x A. est une partie stable de E et la structure induite
sur A, x A» est le produit des structures induites sur A; et A».
2° L’application qu’on appelle projection de E sur un ensemble facteur
est une représentation de E dans cet ensemble facteur. I] en est de méme
de lapplication qu’on appelle projection de E sur une produit partiel.
3° Le passage aux produits conserve les deux sortes d’associativiteés,
la commutativité, l’'idempotence, les trois sortes de distributivités, la
permutabilité, l’existence d’un élément absorbant, l’existence d’un élément
neutre, l’existence d’un symétrique, l’existence d’un complément et la régu-
Jarité (contrairement a ce qui a été constaté dans le passage au quotient).
4° On peut méme assurer:
— Pour qu'une loi produit admette un élément absorbant : a= (a, a),
il faut et il suffit que a, soit absorbant pour TJ, et a absorbant pour T 2;
— Pour qu'une loi produit admette un élément neutre : e = (@, é2),
il faut et il suffit que e, soit neutre pour TJ, et e, pour T 2;
— Pour que x = (%, x) et y = (Y:, y») soient symétriques pour la loi
produit, il faut et il suffit que 2, et y, soient symétriques pour T , et que x,
et yo soient symétriques pour T»;
— Pour que x = (x, 2) soit régulier pour la loi produit, il faut et
il suffit que x, soit régulier pour 7, et x, régulier pour T 2.

5.5. Apercgu des structures fondamentales de ]lAlgébre.


L’Algébre moderne a dégagé six structures fondamentales qui portent les
noms suivants : monoide, groupe, anneau, corps, espace vectoriel, algebre.
Ces structures sont partout définies sur un seul ensemble de base
principal; les quatre premieres ne comportent pas d’ensemble de base
auxiliaire; les deux derniéres comportent chacune un domaine d’opéra-
teurs. Les quatre premiéres sont de plus en plus riches : un groupe est
un monoide particulier, un anneau est un groupe muni d’une seconde
loi interne, un corps est un anneau particulier.
Les deux derniéres sont reliées a la deuxieme et a la troisieme de la
facon suivante : un espace vectoriel est un groupe a opérateurs, une algebre
est un anneau a opérateurs. On notera que le mot algébre désigne non
seulement cette branche importante de la mathématique a laquelle on
réserve la majuscule, mais aussi une structure algébrique particuliére.
L’étude de chacune de ces structures fondamentales suit, a peu prés,
le plan dressé pour l’étude des structures algébriques, plan lui-méme
conforme a celui des structures les plus générales. Un seul caractére parti-
culier mérite d’étre souligné : importance donnée aux régles de calcul.
———
#-
CHAPITRE LV.
MONOIDES. -

1. DEFINITIONS ET EXEMPLES.

On emploie le terme monoide pour désigner un ensemble muni


d’une loi de composition interne partout définie et associative.
On dit aussi qu’un tel ensemble structuré est muni d’une structure
de monoide ou encore d’une loi de monoide.
Au lieu de monoide, on dit parfois demi-groupe.
La loi opposée a une loi de monoide est encore une loi de monoide.
Elle détermine sur l’ensemble une structure de monoide dite opposée
a la structure donnée.
On distingue, parmi les monoides, ceux dont la loi admet un élément
neutre et qu’on appelle monoides a élément neutre, ceux dont la loi
est commutative et qu’on appelle monoides commutatifs ou encore
monoides abéliens (').
L’usage actuel perinet de noter multiplicativement la loi de compo-
sition associative d’un monoide quelconque; il permet de noter additi-
vement celle d’un monoide abélien. On utilisera donc, en général, la nota-
tion multiplicative, quitte 4 mettre en relief certaines propriétés
exprimées au moyen de la notation générale. Un composé portera donc
le nom de produit et chacun de ses termes le nom de facteur.
L’ensemble N des entiers naturels, muni de l’addition, est un monoide
abélien a élément neutre 0; on dit aussi que c’est un monoide additif.
Le méme ensemble, muni de la multiplication, est, lui aussi, un monoide
abélien a élément neutre 1; on dit que s’est un monoide multiplicatif.
En revanche, N muni de l’exponentiation n’est pas un monoide, car,
on le sait, l’exponentiation n’est pas associative.
L’ensemble des parties £(E) d’un ensemble E quelconque devient
un monoide (abélien) si l’on munit @(E) de lopération n; il le devient
encore si on le munit de l’opération vu.

(‘) En Vhonneur du mathématicien norvégien N. Abel.


(Se)Ww ro) TITRE III. —> CHAPITRE IV.

2. REGLES DE CALCUL DANS UN MONOIDE QUELCONQUE.

Les modifications qu’on peut faire subir, sans en altérer la valeur,


A des composés de composés, a des relations d’égalité, a des relations
d’équivalence compatibles avec une structure de monoide quelconque,
sont réglées par le calcul monoidal. Elles sont dominées par le theoreme
d’associativiteé.

2.1. Théoréme d’associativité.

Dans un monoide, le produit d’une suite finie de facteurs reste égal a lui-
méme si lon remplace deux facteurs consécutifs par leur produit effectué.
Pour établir ce théoréme, on remarque, d’abord, que son enoncé est
vrai dans le cas de trois facteurs, en vertu de la définition méme de
l’associativité; il se réduit, alors, en effet, a l’égalité
(a, Ay) @3 = A; (A2Q3).

On remarque, ensuite, qu’il reste vrai lorsque, dans un produit


quelconque, on remplace les deux derniers facteurs par leur produit
effectue.
En effet, en vertu de la définition du symbole a, a, a;a,a; (par exemple)
et de l’associativité, on peut assurer que
A; Ay A; Ay,As = (A, G23)
A, A; = (A, A2A3) (A, as) = A, a2;
(a, a5).

On remarque, enfin, qu’en vertu des régles gouvernant l’emploi du


signe =, si deux produits sont égaux, ceux qu’on obtient en les multipliant
a droite par un nombre quelconque de facteurs, le sont aussi. De 1a résulte,
en effet, par exemple, que
A, aA2a3 (a, as) A a7 = A) A293 0,435 5 A7

puisque
Ay Ay A; (A,3) = A, AA, G5.

2.2. Théoréme d’associativité généralisée.


Dans un monoide, le produit d’une suite finie de facteurs reste égal & lui-
méme sil’on remplace un nombre quelconque de facteurs consécutifs par leur
produit effectué: il reste, de méme, inchangé si lon effectue cette opération
autant de fois qu’on veut, quelle porte sur des facteurs dont le produit n’est
pas effectué ou quelle porte sur des facteurs dont le produit est déja effectué.
La premiere partie de ce théoréme résulte des remarques suivantes :
dans le symbole a.a:a;(a,a;)a,a; pris comme exemple, on peut
remplacer (a,a;) a, par (a,a;@.) qui lui est égal; de méme, on peut
remplacer a;(a,a;) par (a;4,as); de proche en proche. on peut donc
MONOIDES. 321

remplacer un nombre quelconque de facteurs consécutifs par leur produit


effectué. La seconde partie est évidente.
Remarque. — Le théoreme d’associativité généralisée peut étre
exprimé de fagon plus formelle, mais aussi plus pratique, grace Al’énoncé
suivant ;
Dans tout symbole désignant le produit d@’un nombre quelconque de
facteurs, on peul, sans changer la valeur de ce symbole, introduire ou
supprimer un nombre arbitraire de parenthéses, méme emboitées les unes
dans les autres.
Exemple particulier :
Ay A, A; dy, = [(A1 A,) a; | a, = [ay (az a4,)],

de sorte que, dans un monoide dont la loi est notée 7, la définition


du symbole
a [| a | a,7 &,

qui a été obtenue par récurrence de gauche 4 droite, est équivalente


a celle qu’on obtiendrait par récurrence de droite a gauche.
D’autre part, l’égalité :
ay (Ar a3, ) = 4,42 a3,

montre que, pour effectuer le produit d’un élément par un produit


de facteurs, on peut multiplier successivement |’élément par chacun
des facteurs du produit.

2.3. Calcul exponentiel.


L’application la plus importante des théoremes d’associativité concerne
le calcul exponentiel dans un monoide quelconque. On sait que le produit
d’une suite de n facteurs, tous égaux a un élément x du monoide, est noté
au moyen du symbole :
wae
Les théorémes d’associativité permettent alors d’assurer les deux régles
fondamentales suivantes du calcul exponentiel ot m et n désignent deux
entiers naturels quelconques non nuls :

gwmtn—= gm or,

Inn — (@m)n — (an ym,

La premiére exprime que l’exponentiation, considérée comme loi


externe, est distributive par rapport a ensemble des deux lois internes
que constituent la multiplication du monoide et l’addition des entiers
naturels.
La deuxiéme exprime que l’exponentiation est associative par rapport
a la multiplication des entiers naturels.
VY. ROUQUET LA GARRIGUE, 21
322 TITRE III. — CHAPITRE IV.

Si l’on utilise la notation générale 7 pour désigner la loi de compo-


sition du monoide, ces deux régles se présentent sous la forme :

T"c=(T2) T(t),
Wu -+- Ih

aE 7 EatAaatayas

Plus généralement, si mi, m2, ..., mp, désignent des entiers naturels
quelconques, mais non nuls, on peut assurer que

git lat. +>Np == 7, gle, .... lp.

Remarque. — Ces regles sont valables, méme si lun des entiers


qui figurent dans leur énoncé est nul, 4 condition que le monoide
admette un élément neutre.

2.4. Calcul sur les égalités.

La régle de calcul essentielle sur les égalités dans un monoide se réduit


a celle qui gouverne la multiplication des égalités; elle s’exprime par
Videntité
Oe )
=> -00 — aon

ou a, b, a’, b’ désignent des éléments quelconques du monoide. Sa démons-


tration est immédiate et résulte des remarques suivantes :
C—O On
b=06' CO ae

qui conduisent, grace a la transitivité de l’égalité, a


ab=a'b'.

On étend, par récurrence, cette régleau cas d’un nombre quelconque


d’égalités et l’on obtient lidentité

CE TE)
“Ly = Ve
=> 1.22 in = 1-2 Vn

Ln=Vn

Cette identité se traduit habituellement par l’énoncé :


Etant donné un nombre quelconque d’égalités entre éléments d’un monoide,
le produit des premiers membres est égal au produit des seconds membres.
MONOIDES. 323

On dit aussi : Dans un monoide, on peut multiplier membre a membre


deux ou plusieurs égalités.
Bien entendu, lordre dans lequel on effectue le produit des premiers
membres est indifférent pourvu qu’on effectue celui des seconds membres
dans le méme ordre.

2.5. Calcul sur les relations d’équivalence compatibles avec la loi


d’un monoide.

Ce calcul est pratiquement le méme que celui des égalités, au rempla-


cement pres du signe « = » par le signe « = ». La régle essentielle se réduit
a celle qui gouverne la multiplication des équivalences compatibles
avec la loi d’un monoide; elle s’exprime par l’identité

a= a)
= ab=Baal,
Gaba

ol. a, b, a’, b’ désignent des éléments quelconques du monoide. Cette


identité n’est autre que celle qui exprime que la relation d’équivalence «=»
est compatible avec la multiplication du monoide.
On létend, par récurrence, au cas d’un nombre quelconque d’équi-
valences et l’on obtient l’identité

Elle se traduit habituellement par lénoncé :


Etant donnés un nombre quelconque d’équivalences, selon une méme
relation d’équivalence compatible avec la lot d'un monoide, le produit des
premiers membres est équivalent au produit des seconds membres.
On dit aussi : Dans un monoide, on peut multiplier membre a membre
deux ou plusieurs équivalences selon une méme relation d’équivalence
compatible avec la loi du monoide.

Remarque. — L’associativité ne joue aucun role dans l’établissement


des réegles dégagées a propos des égalités ou des équivalences. Ces regles
sont done applicables au cas d’une loi quelconque.
4
CoWw TITRE III. —- CHAPITRE IV.

3. REGLES DE CALCUL SPECIALES A UN MONOIDE A ELEMENT NEUTRE.

L’existence d’un élément neutre e dans un monoide permet l’existence


éventuelle d’éléments symétriques.

3.1. Unicité du symétrique.

Le fait remarquable, dans un monoide a élément neutre, est que, contrai-


rement 4 ce qu’on peut observer pour une loi quelconque, tout élément
symétrisable admet un seul symétrique.
En effet, soient x’ et x” deux symétriques d’un élément symétrisable x;
alors le produit z'xx" est égal a ex", donc a x", puisque x’x = e; mais
il est aussi égal 4 x’e, donc a x’, puisque rx" = e; x’ et x” sont donc égaux.
De cette unicité résulte l’équivalence entre l’égalité de deux éléments
symétrisables et l’égalité de leurs symétriques. En d’autres termes,

LS SS] w= ye'.

3.2. Lien entre un produit de n facteurs symétrisables et le symé-


trique de ce produit.

Ce lien résulte de la propriété suivante :


Le produit dune suite finie de n facteurs symétrisables admet pour unique
symétrique le produit des n facteurs symétriques effectué dans l’ordre oppose.
On établit d’abord cette proposition dans le cas de deux facteurs et on
létend, par récurrence, a celui d’un nombre quelconque de facteurs.
Pour le cas de deux facteurs x et y dont les symétriques sont notés 2’
et y’, il suffit de constater que

\ AAW) (Ona a)
( (y'#") (ay) =e.
Or les théoremes d’associativité permettent d’assurer successivement
que
(ry) (y' x’) — LOG i SVN) 0 oa GE iD eS

on démontre, de méme, la seconde égalité du systéme. La récurrence sur


le nombre des facteurs se présente alors ainsi :
n esl

On suppose que le symétrique de [[« est égal a [[«. le second


4 17

produit étant effectué dans lordre opposé a celui qui fournit le premier;
MONOIDES. © or
ee

on constate alors que le symétrique de (LL }em est égal a


\ 1
(==) \

ied [l« ou, en d’autres termes, que


ce
n+1 (peas |

le symétrique de []« est égal a I] Dive


i=n+1

En particulier, si x et x’ sont symétriques, x” et x” sont eux-mémes


symétriques, quel que soit l’entier no. On en déduit aussitét que,
met n désignant des entiers ~ o,

em, (aa yn =7"-" sim Se ein, (74 we (7! yn—m Si 7 SS

3.3. Symétriques et permutabilité.


Dans tout monoide a élément neutre, si deux éléments x et x' sont symé-
triques et si x est permutable avec un élément y, alors x' est permutable
avec y.
En effet, on peut assurer successivement

DY Vai Oty) te al (yr


(LL) (Ve) (Ly (Lae)
= C7) = (ae 72) @
=> Vs —— ee

3.4. Translations surjectives et élément neutre.

Dans tout monoide, s'il existe un élément a tel que la translation a


gauche et la translation a droite associées a a soient toutes deux des appli-
cations surjectives, alors il existe un élément neutre et a est symétrisable.
En d’autres termes, s’il existe un élément a tel quil existe au moins
un quotient a droite et au moins un quotient a gauche de tout élément
par a, alors il existe un élément neutre et a est symétrisable.
En effet, on peut d’abordassurer l’existence d’un élément e tel que ae =a.
Soit alors y un élément quelconque; on peut assurer |’existence d’un
élément z tel que za = y; on en déduit
ye = 2a€ = 24 =,

ce qui prouve l’existence d’un élément e, neutre a droite.


On démontre, de méme, l’existence d’un élément e’, neutre a gauche.
Mais ces deux éléments sont égaux puisque e’e = e’ et e’e =e; il en
résulte qu’il existe un élément neutre e = e’.
326 TITRE III. —~ CHAPITRE IV.

Enfin, il existe un élément a’ tel que aa’=e et un élément a” tel


que a"a =e; mais alors a"aa'=a"e = ea’, ce qui prouve que a’=a'
et que leur valeur commune est celle du symétrique de a.

3.5. Application aux monoides finis.

Dans un monoide fini, l’existence d’un élément régulier a entraine


celle d’un élément neutre et celle d’un symétrique pour a.
En effet, a étant régulier, les translations a droite et a gauche associées
a a sont injectives; mais comme le monoide est un ensemble fini, elles sont
aussi surjectives, ce qui démontre la propriété (cf. H, III, § 2-1).

4. REGLES DE CALCUL SPECIALES A UN MONOIDE ABELIEN.

L’usage actuel permettant d’utiliser la notation additive pour une


loi associative et commutative, on emploiera cette notation pour préciser
les régles de calcul dans un monoide abélien. Un composé devient une
somme et un terme de ce composé reste un terme de la somme qu’il
devient. Cependant, comme il arrive souvent qu’on note multiplicati-
vement un monoide abélien, on traduira dans la notation multiplicative
les principales regles de calcul. Ces regles sont dominées par le théoreme
de commutativite.

4.1. Théoréme de commutativité.

Dans un monoide abélien, la somme d’un nombre quelconque de termes


reste égale a elle-méme si l'on modifie arbitrairement Vordre dans lequel
on effectue la somme de ces termes.
Pour établir ce théoréme, on remarque, d’abord, que son énoncé est
vrai dans le cas d’une somme de deux termes, en vertu de la définition
méme de la commutativité; il se réduit alors, en effet, a ’égalité
a+ Ag= Ag+ Q.

On remarque, ensuite, quil reste vrai lorsque, dans une somme


quelconque, on échange deux termes consécutifs. En effet, en vertu de
VPassociativité et de la commutativité, on peut assurer que (par exemple)
4 Ap+ A34+-- A,+ A3+ Ag+ Az => A+ As+ A334 (i+ A; ) == ¢ + G7

= A+ Ag+ A3+ (A3;+ a,) + Ap+ ay


= + G24 23+ 4+ A,+ Ag+ az.

On remarque, enfin, qu’en itérant suffisamment l’échange de deux termes


consécutifs, on peut, en partant d’un ordre quelconque des indices,
rétablir ordre naturel de ces indices, ce qui garantit I’égalité d’une
MONOIDES. 32.7

somme quelconque avec la somme : a+a@mtata+tata+a.


Il suffit, en effet, d’échanger successivement a, avec tous les termes qui
le précédent pour l’amener au premier rang, puis d’échanger a avec tous
les termes qui le précédent pour l’amener au deuxiéme rang, et, ainsi
de suite, jusqu’a épuisement des termes.

4.2. Calcul de la somme d'une suite double finie de termes d’un


monoide abélien.
va=7e

On connait déja la notation abrégée Be x; servant a désigner la somme


i—1

d’une suite finie de n termes, soit (1, X2, ..., Hn).


Or, on peut étre amené 4 considérer, dans un monoide abélien, une suite
double finie d’éléments et a calculer la somme de cette suite double finie.
On utilise, alors, une notation abrégée analogue 4 celle qu’on emploie
pour une suite simple.
La suite double finie a pour ensemble d’indices, le produit de deux
intervalles [1, p] et [1, q] de ’ensemble N des entiers naturels. Si i désigne
un premier indice quelconque et j un second indice quelconque, un terme
quelconque de la suite est désigné par le symbole
Vij.

Pour représenter la somme des termes de cette suite double considérés


dans un ordre quelconque, on utilise indifféremment les notations
J=9
ip PT Pi
A

(RaSh Peete ‘eed


j=!

lues: sigma de 1apetde1aq des Xj.


Par suite de la commutativité et de l’associativité, on peut, alors,
assurer que
Pod pP Gf Hh yf. \
al =

alse! lace js jaa t=

En pratique, d’ailleurs, on supprime les parentheses et l’on écrit

Sand Soe ES
Po Nig Y q jee
. ea 7 oy

Ghevah iti O74 (St t=1

La propriété, ainsi mise en évidence, prend un aspect trés intuitif


si l’on dispose les termes x;; de la matrice que constitue la suite double (x:;)
en un tableau rectangulaire de p lignes et q colonnes.
328 TITRE III. — CHAPITRE IV.

Elle traduit, en effet, le fait que la somme des éléments de ce tableau


garde la méme valeur, soit qu’on la fasse en calculant la somme des
éléments de chaque ligne puis la somme de toutes les lignes, soit qu’on la
fasse en calculant la somme des éléments de chaque colonne puis la somme
de toutes les colonnes.
Bien entendu, le résultat serait le méme si l’on adoptait un ordre
quelconque dans l’ensemble des termes x;;, en particulier, si l’on faisait
la somme en calculant celle de chaque diagonale puis la somme de toutes
les diagonales.
Lorsque la loi du monoide abélien est notée multiplicativement,
on obtient des formules analogues telles que

LF T=TE De
Py q p

PANS 1 =A

Enfin, il est facile de généraliser ces résultats au cas ot la suite considérée


est, non seulement double, mais multiple.

4.3. Galcul exponentiel dans un monoide abélien.

Si la loi d’un monoide abélien est notée multiplicativement, le théoreme


de commutativité permet d’assurer, aussitot, la relation suivante pour
deux éléments quelconques et un entier n = 0,
(ay )e = Ee

Cette relation n’est pas vraie, en général, dans un monoide multipli-


catif non abélien.
Au contraire, si, de plus, le monoide abélien admet un élément neutre,
elle reste vraie lorsque n =o, ses deux membres devenant égaux a
l’élément neutre.
Lorsque la loi est notée additivement, la propriété précédente s’exprime
par l’égalité
n( e+ vy) = n& + ny. |

On peut la considérer, ainsi, d’ailleurs, que son expression multipli-


cative, comme une propriété de distributivité d’une loi externe par
rapport a la loi du monoide.
Il convient d’y joindre celles qu’expriment les identités

n(mxz) = m(nxe) =(mn) « | |(mM+n) xX =mMr+ nsx


|

et qui ne sont que la traduction en notation additive des propriétés


rencontrées au paragraphe 2.3.
MONOIDES. 329

Enfin, si lon utilise la notation générale T, on obtient lVidentité

Feet =e) T Fy). |


“7

5. REGLES DE CALCUL SPECIALES


A UN MONOIDE MULTIPLICATIF ABELIEN ADMETTANT UN ELEMENT NEUTRE.
EXPRESSIONS-MONOMES.

Dans un monoide multiplicatif abélien admettant un élément neutre,


il est @usage d’attirer l’attention sur certains composés qu’on appelle
des expressions-mondmes.

5.1. Définitions.

Tout composé de la forme


ax",

ot. a désigne un élément quelconque du monoide, x un élément quelconque


du méme monoide et n un entier naturel quelconque, est appelé
expression-mondme a une base. L’élément a est appelé coefficient
de l’expression-monéme ax”; l’élément x en est appelé, indifféremment,
la base ou le générateur; l’entier n en est appelé le degré. On définit de
méme des expressions-mondmes a deux, trois, ..., p bases.
Tout composé de la forme
ALN LE? .. 2"

ou a désigne un élément quelconque du monoide, 2, 22, ..., x, des éléments


quelconques du méme monoide, mi, m, ..., mp, des entiers naturels
quelconques, est appelé expression-monéme a p bases. L’élément a en
est encore appelé le coefficient; les éléments X,, X2, ..., X, en sont appelés
les bases ou les générateurs; les entiers ni, No, ..., N, sont appelés respec-
tivement degré en z,, degré en %, ..., degré en x,; la somme
(1.+nm+...+n,) en est appelée degré total ou simplement degré.
Conformément a la définition générale, x° est égal a élément neutre
du monoide.
Tout élément x du monoide étant égal a e.x' est une expression-
mondme a une base. Tout produit d’éléments du monoide est une
expression-mondme.

5.2. Calcul des expressions-mondédmes.


Ce calcul se réduit, évidemment, 4 celui du produit de deux expressions-
monomes, puisque le résultat de tout calcul sur des expressions-monédmes
est un élément du monoide, done une expression-monéme.
330 TITRE III. — CHAPITRE IV.

On peut distinguer le produit de deux expressions-mondmes de méme


base et celui de deux expressions-mondmes quelconques.
Le produit de deux expressions-mondémes az” et bx” est, en vertu
de l’associativité et de la commutativité, donné par la formule

ax” bar = abamtrn

qui étend aux expressions-mondmes la régle fondamentale du calcul


exponentiel dans un monoide multiplicatif abélien.
Le produit de deux expressions-monémes quelconques ax'.w5”.. .x7'r
et byt.ys...y/7 est donné par la formule

ee ie Romy ete My Apa mee Wig Des mm


Dye OE i LP OY IS a Vgl AOL SHE, LDP LV 4 OYNg on Vy"
tt

Dans tous les cas, le produit de deux expressions-mondmes est une


expression-mondme ayant pour coefficient le produit des coefficients
des expressions facteurs.

5.3. Réduction d’une expression-mondme.

Lorsqu’une expression-mon6dme a plusieurs bases, il peut se faire que


certaines d’entre elles soient égales. La commutativité et lassociativiteé
de la loi du monoide permettent alors de diminuer le nombre des bases
en remplacant deux facteurs de méme base par un seul dont le degré
est la somme des degrés des facteurs remplacés.
Par exemple,
AL?VS B= ALY.

Cette opération matérielle peut étre effectuée tant que figurent dans
une expression-mondme des bases égales. On peut facilement démontrer
par récurrence que l’ordre dans lequel on effectue ces remplacements
n’a pas d’influence sur le résultat final. Cette opération matérielle permet
donc de construire, a partir d’une expression-mondme donnée, une nouvelle
expression-mondéme, égale a l’expression donnée, et dans laquelle toutes les
bases sont deux a deux différentes. L’expression-monoéme obtenue ainsi
est appelée la forme réduite de l’expression-monéme donnée. L’opération
qui permet de lobtenir est appelée réduction des expressions-
mondomes.
Il est d’usage de présenter sous une forme réduite le résultat définitif
d’un calcul portant sur des éléments donnés d’un monoide. Bien entendu,
sil n’y a qu’une forme réduite pour une expression-mon6dme donnée,
un calcul sur des éléments donnés peut, généralement, étre conduit de
plusieurs maniéres qui peuvent donner lieu a des formes réduites d’aspects
divers, bien que toutes égales entre elles.
MONOIDES. 88

Remarque. — On abrége assez souvent « expression-mondme »


en «mondme »; c’est un abus de langage actuellement difficile 4 tolérer
du fait que le terme « monéme » a pris une signification particuliere
dont il sera question plus tard.

6. SOUS-MONOIDES.

La loi induite par une structure de monoide sur une partie quelconque
de ce monoide, est, évidemment, une loi associative, mais ce n’est pas
nécessairement une loi de monoide, car la loi induite peut n’étre pas
partout définie dans la partie considérée.
Au contraire, sur une partie stable, une structure de monoide induit
une structure de monoide. Une telle partie stable, munie de la struc-
ture induite, est appelée un sous-monoide.

6.1. La plus petite partie stable contenant une partie X donnée


d’un monoide est appelée sous-monoide engendré par X.

THEOREME. — Le sous-monoide engendré par une partie X d’un monoide


est égal a ensemble des produits de toutes les suites finies non vides dont
les termes appartiennent a X.
L’ensemble dont parle l’énoncé contient, évidemment, X, puisque le
produit d’une suite réduite a un élément x de X est, par définition,
x lui-méme.
D’autre part, le sous-monoide engendré par X doit, nécessairement,
contenir le produit d’une suite finie quelconque dont les termes appar-
tiennent a X, en vertu de la définition d’une partie stable. I] suffit donc,
pour établir le théoreme, de constater que l’ensemble des produits des
suites finies dont les termes appartiennent a X est une partie stable.
Or, si u et v sont deux éléments de cet ensemble, ils sont de la forme :

U = Hy, Hq... Ln—1 ev 0 = Xn Unt1-+-Ln+p;

ou les 2 appartiennent a X quel que soit l’indice 7; leur produit


UP = 1 X_...Ln+p

est, alors, celui d’une suite finie non vide dont les termes appartiennent
a X. Done, le produit de deux éléments de cet ensemble est bien lui-méme
un élément de cet ensemble, ce qui montre que cet ensemble est une partie
stable, donc un sous-monoide.

Remarque. — On désigne, assez volontiers, le sous-monoide engendré


par une partie X au moyen du symbole « X* », lu: grand X puissance
Vinfini.
Do TITRE III. — CHAPITRE IV.

Si le monoide est abélien, X* n’est autre que ’ensemble des expres-


sions-mondmes dont les générateurs et les coefficients appartiennent
aD.
On constate aussitot que :

NEE eh) CAD


ED. CS
| -

6.2. Sous-monoides remarquables.

Parmi les sous-monoides d’un monoide, il convient d’attirer l’attention


sur trois d’entre eux : le sous-monoide des éléments réguliers, le sous-
monoide constitué par le centre du monoide, le sous-monoide des éléments
symeétrisables.
Chacun d’eux peut étre vide, le dernier l’étant des que le monoide
n’admet pas d’élément neutre.
Que les éléments réguliers d’un monoide constituent un sous-monoide
revient a dire que le produit de deux éléments réguliers est, lui-méme,
un élément régulier. Or, si x et y sont réguliers, quels que soient les
éléments u et v du monoide, on peut assurer que
CAA C5) Oh se

En effet, Pégalité
(ay) u= (ay)e
peut s’écrire, en vertu de l’associativité,
LB(yu) = 2 (ye):

x étant régulier, on en déduit que


yu= Ve;

y étant régulier, on en déduit que


u =>

La régularité a gauche est ainsi démontrée. La régularité a droite


se démontre de maniére analogue.
Le sous-monoide des éléments réguliers d’un monoide est, évidemment,
un monoide dont tous les éléments sont réguliers.
Dire que les éléments centraux d’un monoide constituent un sous-
monoide revient 4 dire que le produit de deux éléments séparément
permutables avec tout élément du monoide est, lui-méme, permutable
avec tout élément du monoide.
Or, si deux éléments x et y appartiennent au centre du monoide, on peut,
en désignant par z un élément quelconque du monoide, assurer que
(wy) % = 2(ay).
MONOIDES. 333

En effet, le produit (wy) z peut s’écrire, successivement, en vertu de


lassociativité et de l’hypotheése selon laquelle x et y appartiennent au
centre du monoide :
(wy) %= 2(ys) = a4 (2y) = (#2)y = (20)y = 2 (ay);
la transitivité de la relation d’égalité permet donc d’assurer que

(ay) 2= 2(ay),
donc que xy est permutable avec tout élément z du monoide.
Le centre d’un monoide est, évidemment, abélien; plus généralement,
on peut montrer que le sous-monoide engendré par une partie dont les
éléments sont deux a deux permutables est abélien.
Enfin, dire que les éléments symétrisables constituent un sous-monoide
revient a dire que le produit de deux éléments symétrisables est lui-méme
un élément symétrisable. Or, cela a déja été constaté précédemment :
on sait que tout élément symétrisable d’un monoide admet un seul symé-
trique et que le symétrique d’un produit xy est le produit y’x’ des symé-
triques pris dans l’ordre opposé.

Remarque. — Ul est facile de montrer que tout élément symétrisable


est régulier. Dire, en effet, qu’un élément x du monoide est Tégulier,
c’est dire que, quels que soient les éléments u et v du monoide, la condi-
tion suivante est remplie :
{ cu = xe SU
l ua = ex ee i
| ae

Or, si x est symétrisable, il admet un seul symétrique x’; si xu = xv,


les produits «’xu et x’xv sont alors égaux; mais ces produits sont
respectivement égaux a eu et ev, e désignant l’élément neutre, donc
Au et v. Ilen résulte que u et v sont égaux, ce qui démontre la premiére
implication. La seconde se démontre de maniére analogue.
Une conséquence suit immédiatement cette remarque : Le sous-
monoide des éléments symétrisables est, lui-méme, un sous-monoide du
sous-monoide des éléments réguliers.

7. MONOIDES-QUOTIENTS.

On sait que la propriété d’étre partout définie et associative se conserve


par passage au quotient suivant une relation d’équivalence R compatible.
Par conséquent, toute structure-quotient d’une structure de monoide
est, elle-méme, une structure de monoide.
On appelle donc monoide-quotient par R d’un monoide M donné
lensemble M/R muni de la structure-quotient par R de la structure
de M.
334 TITRE II]. — CHAPITRE IV.

D’autre part, une structure de monoide étant partout définie, toute


representation d’un monoide M dans un ensemble E muni d’une lov interne
est un homomorphisme. Le théoréme d’homomorphie s’applique donc,
sans réserve, aux monoides; il suffira de l’adapter.
Soient un ensemble M muni d'une structure de monoide et un ensemble E
muni @une loi de composition interne quelconque. Si f est un homomorphisme
de M dans E :
1° L’image f(M) de M dans E est une partie stable de E;
2° La relation d’équivalence R associée a Vvhomomorphisme f est compa-
tible avec la structure du monoide M et détermine sur M/R une structure-
quotient qui est une structure de monoide ;
3° L’ensemble f (M) muni de la structure induite par la loi de E est un
monoide isomorphe au monoide M/R.

8. MONOIDES-PRODUITS.

Etant donnée une famille quelconque de monoides, chacun des monoides


de la famille est muni d’une loi interne partout définie et associative.
Par passage aux produits, on obtient une loi, elle-méme partout définie
et associative.
Par conséquent, la structure-produit est une structure de monoide.
On dit que le monoide ainsi obtenu est le monoide-produit des
monoides de la famille. Si l’on adopte la notation multiplicative pour
chacune des lois définies sur les ensembles de la famille et aussi pour
la loi définie sur ensemble produit cette derniére loi est déterminée
par Jlégalité
LY = (LY);

ou x et y désignent respectivement les couples, multiplets ou familles

Cen et Soa
CHAPITRE V.
GROUPES.

14. DEFINITIONS ET EXEMPLES.

On emploie le terme de groupe pour désigner un ensemble muni


d'une loi de composition interne remplissant elle-méme les condi-
tions suivantes :
1° La loi est partout définie ;
2° La loi est associative ;
3° Elle admet un élément neutre;
4° Tout élément est symétrisable.

On dit aussi qu’un tel ensemble structuré est un ensemble muni d’une
structure de groupe ou encore d’une loi de groupe.
Un groupe est donc, en particulier, un monoide non vide, puisqu’il
comporte, au moins, un élément : l’élément neutre.
Cet élément neutre est unique comme pour toute loi de composition
interne. Le symétrique de tout élément est, lui-méme, unique puisque
la loi est associative.
Enfin, comme tout élément symétrisable d’un monoide est régulier,
tout élément d’un groupe est régulier.
La loi opposée a une loi de groupe définie sur un ensemble G est elle-
méme une loi de groupe; elle détermine donc sur l’ensemble une nouvelle
structure de groupe dite opposée a la premiére; le groupe opposé a G
est noté G°,
L’existence d’un symétrique unique pour tout élément x d’un groupe G
permet de définir une application importante de G dans lui-méme :
celle qui a tout x associe son symétrique x’. On appelle cette application:
symétrie du groupe G. C’est, évidemment, une application bijective,
donc une permutation de G. En outre, la symétrie est une permutation
involutive et un isomorphisme de G sur le groupe opposé G®, en vertu de la_
propriété relative au symétrique d’un composé.
/
f
/
997
336 TITRE III. — CHAPITRE V.

On distingue, parmi les groupes, d’une part, ceux dont la loi est commu-
tative et qu’on appelle groupes commutatifs ou encore groupes
abéliens; d’autre part, les groupes infinis et les groupes finis; suivant
qu’ils comportent une infinité d’éléments ou non. Le nombre des éléments
d’un groupe fini est appelé ordre du groupe.
La loi d’un groupe quelconque est, généralement, notée multiplicati-
vement; celle d’un groupe abélien peut étre notée additivement sans que
ce soit obligatoire.
L’ensemble N des entiers naturels muni de l’addition nest pas un
groupe : aucun de ses éléments, sauf o, n’admet de symétrique. Muni de la
multiplication, il n’est pas plus un groupe : aucun de ses éléments sauf 1
n’admet de symétrique.
Pour corriger le défaut que présente ainsi N, muni de l’addition, on
définira plus tard l’ensemble.Z des entiers relatifs qui, lui, est un groupe;
de méme, pour corriger le défaut que présente N muni de la multiplication,
on définira ensemble Q* des nombres rationnels non nuls qui, lui aussi,
est un groupe.
En revanche, l’ensemble des bijections d’un ensemble sur lui-méme
devient un groupe si l’on munit cet ensemble de la loi o.
On sait, en effet, que la composition des applications quelconques
est associative; on sait, aussi, que parmi les bijections d’un ensemble
sur lui-méme figure l’application identique qui est, évidemment, élément
neutre pour la loi 0; on sait, enfin, que la correspondance réciproque d’une
bijection est, elle-méme, une bijection telle que si on la compose avec la
bijection initiale on obtienne la bijection identique. La loi o partout définie
sur lensemble des bijections remplit donc bien les quatre conditions
imposées a une loi de groupe.
Plus particuliérement, ensemble des automorphismes d’une structure,
quelle qu’elle soit, muni de la loi o est un groupe; cela provient de ce
qu’un automorphisme laisse invariante la structure.

2. REGLES DE CALCUL DANS UN GROUPE QUELCONQUE.

Les régles de calcul dans un monoide quelconque et les régles spéciale:


a un monoide a élément neutre sont, évidemment, valables dans un
groupe.
Mais l’existence d’un symétrique unique pour tout élément d’un groupe
permet de dégager des régles nouvelles; ces régles nouvelles se réduisent,
d’une part, a celles qui concernent le calcul du complément (a gauche
ou a droite) d’un élément par un autre, et, par 14 méme, les lois inverses
de la loi de groupe; d’autre part, a celles qui concernent les égalités
et les équivalences.
GROUPES. 337

2.1. Calcul des quotients a gauche et a droite d'un élément par


un autre.

On sait qu’en notation multiplicative, notation qui sera adoptée ici,


les compléments d’un élément par un autre portent le nom de quotients.
On sait, aussi, que pour une loi quelconque, un élément m peut n’admettre
aucun complément a gauche par un élément a, peut en admettre un seul,
peut en admettre plusieurs.
Dans un groupe, au contraire, tout élément m admet un quotient
a gauche et un seul par tout élément a; de méme, tout élément m admet
un quotient a droite et un seul par tout élément a. La démonstration
de cette propriété fournit, en méme temps, la régle de calcul des quotients.
La recherche des quotients a gauche de m par a revient, en effet, a la
résolution de l’équation
rLaA= Im.

Or, en vertu de la régularité de tout élément du groupe, cette équation


est équivalente a celle qu’on obtient en multipliant a droite ses deux
membres par le symétrique de a, soit, en notation multiplicative, par
Vinverse a~' de a. L’équation devient, ainsi,
LAG — NO

et comme aa! est égal a élément neutre e, on obtient, finalement,


Véquation équivalente :
CATV,

On peut donc assurer que :


Etant donnés deux éléments quelconques m et a d’un groupe, il existe
un quotient a gauche et un seul de m par a et ce quotient nest autre que
Vélément désigné par le symbole ma.
On établit, de méme, qu’il existe un quotient a droite et un seul de m
par a et que ce quotient est a~'m.

2.2. Division 4 gauche et division 4 droite dans un groupe multi-


plicatif.
Le résultat précédent permet d’assurer que les deux lois inverses du
groupe sont partout définies.
La division a gauche est la loi de composition interne 7, partout définie
et déterminée par Videntité
oh Say

La division a droite est la loi de composition interne 7, partout définie


et déterminée par l’identité
ke Ty Vee

Y. ROUQUET LA GARRIGUE. 22
338 TITRE III. — CHAPITRE V.

Aucune de ces deux lois n’est associative ou commutative, aucune


d’elles n’admet d’élément neutre ni d’élément absorbant. Mais chacune
d’elles détermine deux lois inverses : la loi inverse a gauche de la division
a gauche est la multiplication du groupe; la loi inverse a droite de la divi-
sion a gauche est la loi opposée a la division a droite; la loi inverse 4 gauche
de la division a droite est la loi opposée a la multiplication; la loi inverse
a droite de la division a droite est la loi opposée a la division a gauche.
Ces propriétés s’établissent facilement.

2.3. Calcul sur les égalités.

Dans un groupe on peut, non seulement, comme dans tout monoide,


multiplier membre 4 membre deux ou plusieurs égalités, mais on peut
aussi effectuer la division membre a membre a gauche et la division membre
a membre a droite de deux égalités. La justification de ces deux reégles
nouvelles repose, évidemment, sur le fait que l’égalité de deux éléments
entraine celle de leurs inverses et que la division a gauche (par exemple)
se raméne a la multiplication a droite par l’inverse. Plus importante est
la régle de simplification des égalités. Tout élément d’un groupe étant
régulier, on peut assurer les identités :

ar = ay oe Fi) a Ss | rLa= ya SBS &L=> eS

ou a, x, et y désignent des éléments quelconques du groupe. On peut


interpréter ces identités en disant qu’on ne trouble pas une égalité en
divisant (a droite ou a gauche) ou en multipliant (a gauche ou a droite)
ses deux membres par un méme élément a.

2.4. Galcul sur les relations d’équivalence compatibles avec la loi


du groupe.

L’équivalence entre deux éléments a et b suivant une relation d’équi-


valence R notée « = » entraine l|’équivalence de leurs inverses suivant
la méme relation R, comme le montrent les remarques

C= 6) SO Oa Ob SO a

On en déduit aussitét la relation

a=b a= o-1,

De la résulte qu’on peut effectuer sur deux équivalences compatibles


avec la loi du groupe les mémes opérations que sur les égalités : la multi-
plication membre a membre comme dans tout monoide, la division
membre 4 membre a gauche et la division membre 4 membre a droite.
GROUPES. 339

De la résulte aussi qu’on peut simplifier a gauche et simplifier


a droite une équivalence compatible avec la loi du groupe. En d’autres
termes, on peut assurer que

CSV < 2 Ax = ay, | L== V — LA = Va.

Les implications de gauche a droite résultent, en effet, de la définition


méme d’une €quivalence compatible; les implications de droite a gauche
résultent elles aussi de cette méme définition appliquée a l’élément a~'.
Enfin, il est possible de simplifier (A gauche ou a droite) une équi-
valence compatible, non seulement par un méme élément, mais encore
par deux éléments équivalents. C’est ainsi que, si a ef b sont équivalents,
on peut assurer que

G=y ax = by,

Les implications de gauche a droite résultent, en effet, de la définition


méme d’une €quivalence compatible; les implications de droite a gauche
résultent de cette méme définition appliquée aux éléments a“ et 5!
qui, eux aussi, sont équivalents.

3. REGLES DE CALCUL SPECIALES A UN GROUPE ABELIEN.

Le fait qwun groupe soit abélien entraine que les deux lois inverses
du groupe coincident; elles constituent, alors, une seule loi de composition
interne qui, on le sait, est l’opération inverse de Vopération du groupe.
Elle est partout définie.
Cette opération inverse est appelée division si le groupe est noté
multiplicativement, soustraction s'il est noté additivement.
L’introduction, dans un groupe abélien, de lVopération inverse de
Yopération du groupe munit le groupe d’une seconde structure de loi
interne.
L’étude des relations entre ces deux structures fournit les regles de
calcul concernant les fractions ou les différences suivant qu’on adopte,
pour le groupe abélien, la notation multiplicative ou la notation additive.
Le calcul des fractions et le calcul des différences dans un groupe abélien
ne sont donc que deux traductions d’aspects différents d’un méme calcul
relatif 4 ’opération du groupe et a son opération inverse; on pourrait
présenter ce calcul général en utilisant la notation T pour l’opération
du groupe et la notation JT pour l’opération inverse, mais les deux traduc-
tions étant indispensables, il est préférable de les exposer directement.
340 TITRE III. >> CHAPITRE V.

3.1. Calcul des fractions (ou rapports) dans un groupe multi-


plicatif abélien.
Ce calcul est, naturellement, dominé par la définition d’une fraction,
rappelée, ici, sous forme symbolique. Par définition, x et y étant deux
éléments quelconques d’un groupe multiplicatif abélien, la fraction ~
est le composé de x et y par la division du groupe, donc l’élément du
groupe qui a pour expression

= ryt=y-' a,
y 2 y

ot y—' désigne l’inverse de y. Ces identités mettent en relief la propriété


selon laquelle : toute fraction est égale au produit de son numérateur par
Vinverse de son dénominateur (quel que soit Vordre). Cette propriété,
a son tour, peut s’exprimer par l’énoncé : Toute division se raméne a la
multiplication du dividende par Vinverse du diviseur.
3.1.1. NOTATION FRACTIONNAIRE DE L’INVERSE D’UN ELEMENT DU
GROUPE. — Si l’on néglige le risque de confusion entre l’entier 1 et
élément neutre du groupe, on peut désigner cet élément neutre par le
symbole «1 » et l’appeler élément-unité. Cette notation permet d’assurer
les deux identités fondamentales :

La premiere exprime que le quotient de tout élément par lui-méme


est égal a l’unité; la deuxiéme exprime que tout élément est égal a une
fraction dont le dénominateur est l’unité.
L’inverse x~' d’un élément quelconque x du groupe est, de son cété,
le quotient de 1 par 2, puisque
I
== te

On peut donc noter l’inverse de x par le symbole .


La définition d’une fraction montre alors que

exprimant que l’inverse de l’inverse de x est x lui-méme.


GROUPES. 341

Enfin, de la propriété selon laquelle, dans un monoide abélien, l’inverse


d’un produit est le produit des inverses, on déduit les identités :

. I I x
[ay =% e=%

x I : I & :
en effet, pe eed POUL AlIIeISe xX y= 2; on exprime souvent cette
Le . a

derniere propriété en disant que l’inverse d’une fraction est égal a la


fraction renversée. C’est, évidemment, de cette circonstance que vient
Vhabitude de désigner par « inverse de x » le symétrique de x dans un
monoide multiplicatif a élément neutre.

3.1.2. CALCUL DES COMPOSES DE COMPOSES PAR MULTIPLICATIONS


OU DIVISIONS PORTANT SUR DES ELEMENTS OU DES FRACTIONS. — Pour
effectuer un tel calcul, on peut se borner a considérer le cas ot il porte
sur des fractions, puisque tout élément est égal a une fraction (dont le
dénominateur est lunité). Le résultat final est, bien entendu, un élément
du groupe, donc aussi une fraction.
Il suffit, pour lobtenir, de calculer autant de fois qu'il est nécessaire,
soit un produit de deux fractions, soit un quotient de deux fractions.
La considération de la fraction inverse raméne, aussitot, le calcul d’un
quotient a celui d’un produit. Tout repose donc, en définitive, sur le
produit,de deux fractions.
Or, il est facile d’établir la proposition suivante :
Le produit de deux fractions est égal a la fraction ayant pour
numérateur le produit des numérateurs et pour dénominateur
le produit des dénominateurs.
° . x u .
Soient, en effet, deux fractions ee Fs On remarque, successivement,
que

La premiére égalité exprime la définition des fractions; le passage a la


seconde résulte de l’associativité et de la commutativité de la multi-
plication; le passage a la troisieme est une application de la propriété de
342 TITRE III. — CHAPITRE V.
Vinverse d’un produit; enfin, le passage 4 la quatriéme résulte de la
définition des fractions.
Dans le cas particulier ot l’une des fractions se réduit a un élément
noté par le symbole a, on obtient la relation :

: a
puisque a = — et que
a a
a a —
I y a

On peut traduire cette relation par l’énoncé classique :


Pour multiplier un élément par une fraction ou une fraction
par un élément, il suffit de multiplier par l’élément, le numérateur
de la fraction.
Quant au quotient de deux fractions -et “, il est égal au produit de =
: es een v
ar l’inverse de —; c’est-a-dire par —, de sorte que
P 10) u

x |u x 7) xe
y | Vv V u yu .

Dans le cas particulier ot l’une des fractions se réduit a un élément


noté a, on obtient les formules

La premiére s’exprime par l’énoncé classique :


Pour diviser une fraction par un élément, il suffit de multiplier
par cet élément le dénominateur de la fraction.
Les formules ainsi mises en évidence permettent d’effectuer, de proche
en proche, le calcul de tout composé par multiplications ou divisions
portant sur des éléments, des produits ou des fractions; le résultat final
est toujours une fraction dont le numérateur et le dénominateur sont des
produits. En d’autres termes, le résultat de tout calcul dans un groupe
multiplicatif abélien peut se mettre sous la forme d’un quotient de deux
produits.

3.1.3. EGALITE DES FRACTIONS. Proportions. — La division d’une


. x re “4 .
fraction wypar un élément a peut s’effectuer d’une autre maniére : il suffit
GROUPES. 343

de diviser par l’élément a le numérateur x de la fraction. On s’en


rend compte aussit6t en observant que
Li Q — & te 2
We BSG de aN

Cette remarque met en évidence le fait que deux fractions peuvent étre
égales sans que le numérateur et le dénominateur de la premiére soient
respectivement égaux au numérateur et au dénominateur de la seconde.
En d’autres termes, bien qu’une fraction soit le résultat d’une opération
portant sur les composantes d’un couple, l’égalité de deux fractions n’est
pas équivalente a celle des couples dont elles proviennent.
L’étude classique de l’égalité des fractions distingue une condition
suffisante puis une condition nécessaire et suffisante d’égalité de deux
fractions.
Une condition suffisante d’égalité de deux fractions résulte des
remarques suivantes, ol a, b, m désignent des éléments quelconques
du groupe :
am a ne a a
= >< == el ete
bm b m b b

Elles permettent d’assurer les identités

am a am
a ee ae
bm h? m

La deuxiéme, qui est un cas particulier de la premiere, celui ot. b = 1, per-


met de diviser un produit par un de ses facteurs en supprimant ce facteur.
La premiere s’exprime, habituellement, par un ou l’autre des énoncés :
a. On obtient une fraction égale a une fraction donnée lorsqu’on multiplie
ou divise, par un méme élément, les deux termes de la fraction donnée.
b. On ne change pas la valeur d'une fraction lorsqu’on multiplie ou divise
ses deux termes par un méme élément.
ets ; : Se OHIO A re a >
L’opération conduisant de la fraction a ei la fraction égale 7 apparait,
matériellement, comme la suppression de la lettre m au numérateur et
au dénominateur de la fraction initiale, ou, comme on dit encore, la
suppression haut et bas du facteur commun m. Le symbole obtenu
se présente donc sous une forme plus simple que le symbole initial;
n
am
c’est pourquoi l’opération permettant de passer de bm
a la fraction

égale ; est appelée simplification de la fraction font

Remarque. — Cette simplification peut étre effectuée sur une fraction


quelconque, oti a, b et m désignent des produits, des fractions ou des
composés quelconques d’éléments du groupe par multiplication ou
w “aN-—= TITRE III. — CHAPITRE V.

division : on ne change pas la valeur d’une fraction, d’un rap-


port, d’un quotient quelconques si l’on supprime un facteur commun
au numérateur et au dénominateur, que ce facteur soit représenté
par une seule lettre, un produit, une fraction ou un composé
quelconque. Habituellement, le résultat définitif d’un calcul dans un
groupe multiplicatif abélien est présenté sous forme d’une fraction
débarrassée des facteurs communs apparents au numérateur et au
dénominateur.

ain a oe , . . rf
A la relation bm =H est liée une autre opération importante : la réduc-
0)

tion au méme dénominateur.


Elle consiste a construire deux fractions respectivement égales a deux
fractions données de facon que les fractions obtenues aient méme dénomi-
nateur.
Cette opération est toujours réalisable; étant données les deux fractions :
a Cc

Didaeare

on constate aussitot, en effet, que les fractions :


ad

es
e
be

bd bd

sont respectivement égales aux fractions données et ont le méme déno-


minateur.
Naturellement, on obtient encore des fractions réduites au méme
dénominateur en multipliant ou en divisant par un méme élément les
deux termes de chacune des fractions obtenues.
La réduction au méme dénominateur d’un nombre quelconque de
fractions est, évidemment, réalisable de proche en proche; il suffit
d’adopter pour dénominateur commun le produit des dénominateurs.
Une condition nécessaire et suffisante d’égalité des deux fractions :

s’obtient aisément par la considération des produits ad et bc. Elle se


traduit par l’équivalence : .

r=5 & ad=be

dont la justification est immédiate si l’on tient compte de la régularité


de tout élément du groupe et, en particulier, de l’élément bd. En effet,
cette régularité permet d’assurer que
a ¢° a C

DG b d
GROUPES. 3? £5)

en simplifiant le premier et le second membres de la deuxieme égalité,


on obtient l’équivalence annoncée.
A cette équivalence est liée une notion qui a joué un role important
dans l’histoire des mathématiques et qui est encore mise en relief dans
Venseignement élémentaire : la notion de proportion.
On donne le nom de proportion a tout quadruplet d’éléments
d’un groupe multiplicatif abélien tel que le rapport de la premiere
a la deuxiéme composantes soit égal a celui de la troisiéme a la
quatriéme.
Un quadruplet pouvant étre considéré comme une suite de quatre
éléments, les composantes d’un quadruplet, constituant une proportion,
sont appelées les termes de la proportion. Le premier et le quatrieme
sont appelés les (termes) extrémes; le deuxieme et le troisiéme sont
appelés les (termes) moyens.
Ces définitions permettent, alors, de traduire la condition nécessaire
et suffisante d’égalité de deux fractions au moyen de |’énoncé classique :
Pour que quatre éléments a, b, c, d, @un groupe multiplicatif abélien
constituent (dans cet ordre) une proportion, il faut et il suffit que le produit
des extrémes soit égal au produit des moyens.
On en déduit aussit6t qu’un quadruplet conserve son caractére de
proportion, soit qu’on échange les moyens, soit qu’on échange les
extrémes, soit qu’on effectue simultanément les deux opérations.

Remarque. — La vieille définition dune proportion comme I|’égalité


de deux rapports ne saurait étre admise actuellement.

3.1.4. CALCUL SUR LES EGALITES. — Le fait que, dans un groupe


multiplicatif abélien, la division a gauche et la division a droite se
confondent avec la division tout court, le fait aussi que cette division
soit notée au moyen d’un signe particulier donnent un aspect nouveau
au calcul sur les égalités étudié précédemment (cf. § 2.3).
Naturellement, on peut, comme dans tout monoide, assurer la possi-
bilité de multiplier membre 4 membre deux ou plusieurs égalités. La possi-
bilité de diviser membre 4 membre deux égalités se traduit par lidentité :

ou a, b, a’, b’ désignent des éléments quelconques du groupe. D’autre


part, la possibilité de simplifier une égalité s’exprime par les deux identités :
346 TITRE III. — CHAPITRE V.

La premiére est valable dans un groupe multiplicatif quelconque; la


deuxiéme, spéciale 4 un groupe multiplicatif abélien, s’en déduit par chan-
I
gement de a en av
Il convient d’insister sur ces équivalences en les traduisant par l’énonceé
classique :
Dans un groupe multiplicatif abélien, on obtient une égalité équivalente
a une égalité donnée en multipliant ou en divisant par un méme élément
les deux membres de l’égalité donnée.
En particulier, si l’on tient compte de la simplification des composés,
on peut assurer l’équivalence :
b
Aa B =
a

ou A, B, a désignent indifféremment des éléments quelconques du groupe,


des produits ou des fractions. Cette équivalence, qui traduit une des plus
anciennes régles du calcul algébrique, s’exprime par l’énoncé classique :
Dans un groupe multiplicatif abélien, on obtient une égalité équivalente
a une égalité donnée en faisant passer un facteur d’un membre dans lautre,
a condition de placer ce facteur en position de dénominateur dans le membre
ou il parvient.
De méme, on obtient une égalité équivalente a une égalité donnée, en faisant
passer un dénominateur d’un membre dans lVautre, a condition de placer
ce dénominateur en position de facteur dans le membre ott il parvient.

3.1.5. CALCUL SUR LES RELATIONS D’EQUIVALENCE COMPATIBLES


AVEC LA LOI DU GROUPE. — Les régles de calcul sur les relations d’équi-
valence compatibles avec la loi du groupe sont les mémes que celles du
calcul sur les égalités, avec la possibilité supplémentaire de simplifier
une équivalence, non seulement par un méme élément, mais encore par
deux éléments équivalents. Sil’on note au moyen du signe « = » la relation
d’équivalence considérée R, les régles de ce calcul établies au para-
graphe 2.4 se traduisent par les identités suivantes concernant :
— le passage de l’équivalence entre deux éléments a celle de leurs
inverses, soit
I
Lay 2) SS

— la multiplication membre 4 membre et la division membre 4 membre,


soit
iSi |
Y
a —s
i
a

> I SS < | Sa SIR Si


GROUPES. 347

— la simplification par un méme élément, soit

C=y > ar=ay, L=y —i

L=V &S ar=by,

sia et b sont équivalents.


Enfin,
Aa=B @& A=-—;

A, B, a désignant des composés par multiplication ou division ou des


éléments quelconques.
3.1.6. CALCUL EXPONENTIEL. — Tout groupe étant un monoide, le
calcul exponentiel dans un groupe quelconque dispose, évidemment, des
deux identités suivantes, ot a et b désignent des éléments quelconques
du groupe et m et n des entiers naturels quelconques :

|amx< ar= qin, | |(CGH Ne ann, |

Lorsque le groupe est un groupe multiplicatif abélien, le calcul exponentiel


s’enrichit des identités

( ab jm = qin bin, |

| qm—n Sos 0s |
gil qn—h = qn—M — Qo=] Si 77
| I
Sl ih <a
a! as

Les deux premiéres sont des conséquences de la commutativité du


groupe, compte tenu de lassociativité; elles expriment la distributivité
de l’exponentiation respectivement par rapport a la multiplication et
par rapport a la division.
La troisiéme est une conséquence de la simplification des fractions
par suppression de facteurs communs au numérateur et au dénominateur.

3.2. Galcul des excés dans un groupe additif.


Le calcul des excés dans un groupe additif (donc abélien) est, essen-
tiellement, le méme que celui des fractions dans un groupe multiplicatif
abélien. Seules les notations différent, mais la différence des notations
348 TITRE III. — CHAPITRE V.

engendre une présentation nouvelle des régles de ce calcul, présentation


sur laquelle il convient d’insister d’autant plus qu’elle est a la base du
calcul algébrique élémentaire.
Comme le calcul des fractions, le paren des excés ou des différences
est, naturellement, dominé par la définition d’une différence. On sait
que, x et y étant deux éléments quelconques d’un groupe additif, la diffé-
rence x—y est le composé de x et y par la soustraction du groupe,
donc l’élément du groupe qui a pour expression

@2—-yH=u+(—y)=(—y) +2,

ou le symbole « — y » désigne l’opposé de y. Ces égalités mettent en relief


la propriété selon laquelle : foute différence est égale a la somme de son
premier terme et de lopposé de son second terme (quel que soit l’ordre).
Cette propriété, a son tour, peut s’exprimer par l’énoncé : Toute sous-
traction se raméne a l’addilion du premier terme et de lopposé du second.

3.2.1. NOTATIONS EXCEPTIONNELLES D’UN ELEMENT ET DE SON


OPPOSE. REGLE DES SIGNES. — Si l’on néglige le risque de confusion entre
Ventier zéro et l’élément neutre du groupe, on peut désigner cet élément
neutre par le symbole « o » et l’appeler élément nul ou élément zéro.
Cette notation permet d’assurer les deux identités fondamentales :

L—XL=0, £L=X—O.

La premiére exprime que la différence entre tout élément et lui-méme est


nulle; la deuxiéme exprime que tout élément est égal a une différence
dont le second terme est nul.
L’opposé — x d’un élément quelconque x du groupe est, de son cété,
la différence entre o et x, puisque

a IP SOS (2 99) SS sh -

On peut donc noter l’opposé de x par le symbole « o — x ». Mais, contrai-


rement aux habitudes de calcul dans un groupe multiplicatif, on n’utilise
pas systématiquement cette derniére notation. Pratiquement, on persiste
a désigner par — x lopposé de 2. II s’agit la d’une tradition qui ne laisse
pas de créer des confusions.
En effet, la notation —z est déja une notation exceptionnelle du
symétrique de x, puisque la notation normale dérivée de aisx devrait
—1
étre + x. De plus, lidentité ci-dessus (0 — x =— 2) tend 4 laisser croire
que l’élément neutre du groupe ne représente rien, puisqu’on peut le
supprimer purement et simplement dans un symbole ow il intervient.
GROUPES. 349
Enfin, la méme identité tend 4 laisser croire que le signe — figurant
dans le symbole « o — x» a le méme sens que le signe — figurant dans le
symbole « — 2 » du second membre. Or ce sont la de grossiéres erreurs.
Le signe — du symbole « o — z » est le signe de la soustraction, donc d’une
opération binaire; le signe de « — x » n’est pas le signe de la soustraction,
mais celui de l’opération singulaire conduisant de l’élément x a son oppose,
c’est-a-dire le signe de la symétrie du groupe. Malgré son nom et son aspect
graphique, il ne doit pas étre confondu avec celui de la soustraction.
La confusion est aggravée par l’habitude qui consiste a noter + x
élément x lui-méme, sans doute en vertu de l’identité

“L=0+2.

Ici encore, la notation + x est une notation pecephonnelle, puisque la


notation normale, dérivée de id, devrait étre af x. Le signe + du
symbole « o + x » est le signe de l’addition, opération binaire; le signe +
du symbole « + 2 », destiné a noter l’élément a lui-méme, n’est pas le
signe de l’addition mais celui de l’opération singulaire conduisant de
élément x a lui-méme, c’est-a-dire le signe de l’application identique
du groupe. Malgré son nom et son aspect graphique, il ne doit pas étre
confondu avec celui de l’addition. Ces deux notations exceptionnelles,
appliquées a l’élément nul du groupe, permettent d’assurer les relations

|+o=0=~0. |

Les signes + et — de l’application identique et de la symétrie du groupe


sont reliés par les identités suivantes dont la justification est immeédiate :

+ (—#)=(—«“) =— 2,

Ces quatre identités traduisent ce qu’on appelle, en algébre élémentaire,


la régle des signes énoncée familiérement :
Plus par plus donne plus, plus par moins donne moins, moins
par plus donne moins, moins par moins donne plus.
D’autre part, les signes de l’application identique et de la symétrie
sont liés aux signes d’addition et de soustraction par les identités suivantes
qui autorisent notamment l’introduction d’un signe + devant le premier
terme d’une somme ou d’une différence :

erysar(+y)=(+a)+(+y)s+ety,
G@—YSeust(—y)=(4+4)4+ (—y) H=+2—-y.
350 TITRE III. — CHAPITRE V.

Enfin, la propriété selon laquelle le symétrique d’un composé par une


loi additive est le composé des symétriques des termes conduit aux
identités

e+") =—e—9| | (Z# y= (al a) ar a

qui permettent la formation de l’opposé d’une somme ou d’une différence


par « changement de signe » (a condition de supposer que le premier terme
est précédé du signe +).
3.2.2. CALCUL DES COMPOSES DE COMPOSES PAR ADDITIONS ET SOUS-
TRACTIONS. — De méme que dans un groupe multiplicatif abélien, le calcul
des composés de composés peut étre ramené a celui du produit de deux
fractions, de méme, dans un groupe additif, le calcul des composés de
composés peut étre ramené a celui de la somme de deux différences.
En effet, tout élément x est égal a la différence x — o; si lon sait calculer
la somme de deux différences, on saura donc calculer toute somme, que
ses termes soient des éléments ou des différences; enfin, on saura calculer
la différence de deux différences puisqu’il suffira d’ajouter a la premiére
Vopposée de la seconde qui est, on I’a vu, elle aussi une différence. Or le
calcul de la somme de deux différences (x — y) et (u—v) résulte des
remarques suivantes :
(~—y) + (u—e)=[4#+(—y)|+[u+ (— #)]
=(#+u)+[(—y)+(— »)]
=(x+u)+[—(y+?)],

(By) (b= 0) =e a) yr Se

La premiere égalité résulte de la définition des différences; le passage


a la seconde résulte de l’associativité et de la commutativité de l’addition;
le passage a la troisieme est une application de la propriété de l’opposé
d’une somme; enfin, le passage a la quatrieme résulte de la définition des
différences.
On aboutit, ainsi, a l’énoncé : La somme de deux différences est
égale a la différence ayant pour premier terme la somme des
premiers termes et pour second terme la somme des seconds
termes.
Dans le cas particulier ot lune des différences se réduit 4 un élément
noté a, on obtient la relation

a+(@—y)=(a+a)—y
puisque a = (a — o) et que
(@—o)+(@—y)=(a+2)—(o+y)=(a+a2)—y.
GROUPES. 351

On peut traduire cette relation, lue de gauche a droite, par l’énoncé


classique :
Pour ajouter une différence 4 un élément ou un élément a une
différence, il suffit d’ajouter /élément au premier terme de la
différence.
Quant a la différence de deux différences, elle est fournie par la relation

|(2— y)—(u—)=(a PFE aH)


| =(x+ v)—(y+u4).

Dans le cas particulier ot lune des différences se réduit a un élément


noté a, on obtient les formules

(ey
a (ty), | ||a—(x—y)=(a+y)—@2.
:

La premiere, lue de droite 4 gauche, est souvent exprimée par l’énoncé :


Pour retrancher une somme d’un élément, il suffit de retrancher
successivement a cet élément les termes de la somme.
La deuxiéme, lue de gauche a droite, se traduit de méme par l’énoncé :
Pour retrancher une différence d’un élément a, il suffit d’ajouter
a ’élément a le second terme de la différence puis de retrancher
le premier terme du résultat obtenu.
Les formules ainsi mises en évidence permettent d’effectuer, de proche
en proche, le calcul de tout composé par additions ou soustractions
portant sur des éléments, des sommes ou des différences; le résultat
final est toujours une différence de deux sommes.

3.2.3. EGALITE DES DIFFERENCES. — Les propriétés de l’égalité des


différences ne sont autres que celles de l’égalité des fractions, mais
traduites dans la notation des groupes additifs. Une condition suffisante
d’égalité de deux différences résulte des remarques suivantes, ou a, b, m
désignent des éléments quelconques du groupe
(a+ m)—(b+m)=(a—b)+(m—m)=(a—b)+o0=a—b.

Elles permettent d’assurer les identités

a—ba(a+m)—(b+m), (ae my maa.

La deuxiéme qui est un cas particulier de la premiére, celui ot b = 0,


permet de retrancher 4 une somme un de ses termes en supprimant
ce terme.
352 TITRE II]. — CHAPITRE V.
La premiére s’exprime habituellement par l’un ou lautre des énoncés :
On obtient une différence égale a une différence donnée lorsqu’on
ajoulte ou retranche un méme élément aux deux termes de la différence
donnée.
b. On ne change pas la valeur dune différence lorsqu’on ajoute ou
retranche un méme élément a ses deux termes.
Le passage de la différence (a + m)—(b+ m) a la différence
égale a— b est une opération qu’on peut appeler simplification des
différences.
Elle peut étre effectuée sur une différence quelconque ot a, b, m
désignent des sommes, des différences ou des composés quelconques
d’éléments du groupe par addition ou soustraction : une telle différence
ne change pas de valeur si lon supprime un terme commun (ainsi que
le signe qui précéde) a ses deux termes.
Il n’y a pas, dans la théorie des groupes additifs, d’opération analogue
a la réduction au méme dénominateur; du moins, une telle opération
ne parait présenter aucun intérét.
Une condition nécessaire el suffisante d’égalité des deux différences
(a — b) et (ec — d) s’exprime par l’équivalence :

C—O
= 04 SS a d= 6

dont la justification est immédiate si lon tient compte de la régularité


de tout élément du groupe et, en particulier, de l’élément (b + d). En
effet, on peut assurer que

a—b=c—d = (a—b)+(b+d)=(ce—d)+(b+
4d);

en simplifiant le premier et le second membres de la deuxiéme égalité


on obtient léquivalence annoncée.
Il n’y a pas, dans la théorie des groupes additifs, de notion analogue
a celle de proportion. Mais il peut étre utile d’énoncer |’équivalence
ci-dessus de la maniére suivante :
Etant donnée une suite de quatre éléments a, b, c, d, d'un groupe additif,
pour que la différence entre les deux premiers termes soit égale a la différence
entre les deux derniers, il faut et il suffit que la somme des extrémes soit
égale a la somme des moyens. On en déduit aussité6t qu’une suite qui
présente un tel caractére le conserve quand on échange les moyens, quand
on échange les extrémes et quand on effectue simultanément les deux
opérations. .
GROUPES. 353

3.2.4. CALCUL SUR LES EGALITES. — Les régles de calcul sur les
égalités dans un groupe additif sont analogues 4 celles d’un groupe
multiplicatif abélien. Elles se traduisent par les identités suivantes :

C= a ; ;
Aa => atb=a+,

[e+asy+a => =y,| E C=) — a => L= YH,

[Ata=B a A=B—a.|

Il convient d’insister sur les trois derniéres; la troisieme et la quatriéme


s’expriment par l’énoncé classique :
Dans un groupe additif, on obtient une égalité équivalente a une égalité
donnée en ajoutant ou en retranchant un méme élément aux deux membres
de l’égalité donnée.
Quant a la cinquieme qui traduit, comme son analogue dans un groupe
multiplicatif abélien, une des plus anciennes regles du calcul algébrique,
on l’exprime par l’énoncé :
Dans un groupe additif, on obtient une égalité équivalente a une égalité
donnée, en faisant passer un terme d’un membre dans l’autre, a condition
d’entrainer avec ce terme le signe qui le précéde et de changer ce signe
(en supposant, au besoin, que les premiers termes de chaque membre
sont précédés d’un signe).

3.2.5. CALCUL SUR LES RELATIONS D’ EQUIVALENCE COMPATIBLES


AVEC LA LOI DU GROUPE. — Les régles de calcul sur les équivalences
compatibles sont, comme dans un groupe multiplicatif abélien, les mémes
que celles du calcul sur les égalités, avec la possibilité supplémentaire
de simplifier une équivalence, non seulement par un méme élément,
mais encore par deux éléments équivalents. Si l’on note au moyen du
signe = la relation d’équivalence considérée R, les régles de ce calcul
se traduisent par les identités suivantes concernant :
— le passage de l’équivalence entre deux éléments a celle de leurs
opposés, soit

— ]’addition membre 4 membre et la soustraction membre a membre,


soit

a
=> atb=a4+I, Baie =a 0 =a —0":
b=B0'

V. ROUQUET LA GARRIGUE. 23
354 TITRE III. — CHAPITRE V.

— la simplification par un méme élément, soit

L=Y <> bramy+a,| jemy —-. e—asy—a)|

— la simplification par deux éléments équivalents, soit

Jeay > a+a=yd, & J aS cmasy—b|

si a et b sont équivalents.
Enfin,

A, B, a désignant des composés ou des éléments quelconques.

3.2.6. CALCUL DES MULTIPLES. — Dans un groupe additif, le calcul


exponentiel devient calcul des multiples. Les régles de ce calcul
comportent, naturellement, les deux identités suivantes, ot a et Db
désignent des éléments quelconques du groupe et m et n des entiers
naturels quelconques :

|ma+na=(m-+n)a,
ae m(na)=(mn)a.
|
Elles comportent, en outre, celles qu’expriment les identités

mat 6b)= ma+ mb, m(a—b)=ma—mb; |

(m—n)a Slee tivait.


ma—na=< (m—n)a=(n—m)a=o Sire
—((m—m)a) Sit, 110 Te

Les deux premieres sont des conséquences de la commutativité, compte


tenu de l’associativité; elles expriment la distributivité de la multiplication
par un entier naturel, respectivement par rapport a l’addition et par
rapport a la soustraction du groupe.
La troisiéme est une conséquence de la simplification des différences
par suppression de termes communs aux deux termes d’une différence.

3.2.7. SOMMES ALGEBRIQUES. CALCUL DES PARENTHESES, — Les regles


de calcul des différences, dégagées ci-dessus, n’ont pas l’importance des
régles analogues concernant les fractions d’un groupe multiplicatif
abélien. En pratique, en effet, le calcul dans un groupe additif opére
systématiquement, non pas sur des différences, mais sur des composés —
)
GROUPES. 355

plus complexes qu’on appelle des sommes algébriques. Les différences


sont des cas particuliers de ces composés plus complexes de sorte que le
calcul des différences apparait comme « absorbé » par celui des sommes
algébriques.
La notion de somme algébrique se concoit aisément au moyen d’un
exemple. Etant donnés quatre éléments a, b, c, d d’un groupe additif,
le composé désigné par le symbole

[(a—b)+c]—d

est une somme algébrique des quatre éléments a, b, c, d pris dans cet
ordre.
De méme, le composé désigné par le symbole

[(a+6)—c|—d

en est une autre; il est facile d’imaginer encore d’autres sommes algé-
briques de la suite (a, b, c, da).
Une définition générale d’une somme algébrique peut alors étre posée
sous la forme suivante :
Etant données une suite finie (a,, a@, ..., dr.) de n éléments (n> 1)
d’un groupe additif et une suite finie de (n — 1) signes + ou —, on appelle
somme algébrique de la suite (a:, @, ..., d,) associée a la suite
des (n —1) signes, le composé désigné par le symbole obtenu
en composant a, et a au moyen du premier signe, le résultat
et a; au Moyen du second signe, le nouveau résultat et a, au moyen
du troisiéme signe et ainsi de suite, de proche en proche, jusqu’a
épuisement des termes et des signes.
Si n = 1, la somme algébrique se réduit, par définition, au terme a.
Les éléments di, @, ..., A, sont appelés les termes de la somme algé-
brique. La somme algébrique vide est, par définition, réduite a )’élément
neutre o.
Pour désigner une somme algébrique, on utilise une notation exception-
nelle obtenue en supprimant toutes les parenthéses normalement prévues
dans le symbole qui sert 4 définir cette somme algébrique.
On convient donc de désigner respectivement par

a—b+ce—d, a+b—c—d

les sommes algébriques données dans les exemples ci-dessus, de sorte


qu’on peut assurer des identités telles que

a—b+c—d=((a—6b)+ c)—a, | |a+b—c—d=((a+ b)—c)—d.


356 TITRE III. — CHAPITRE V.

Naturellement, les termes d’une somme algébrique peuvent étre des


composés quelconques ou des opposés. En particulier, le premier terme
peut étre l’opposé (— x) d’un élément x de sorte que

—x“#+y—2-—t

est encore une somme algébrique.


L’introduction des sommes algébriques et leur notation exceptionnelle
donnent lieu a des regles de calcul spéciales aux groupes additifs. Ces
régles dérivent de la propriété fondamentale suivante :
Toute somme algébrique est égale a la somme (tout court) des
termes obtenus par lVopération qui consiste a entourer de paren-
theses chaque terme de la somme algébrique et le signe qui précéde
ce terme (en supposant, ce qui est toujours possible, que le premier
terme est lui-méme précédé d’un signe).
Cette propriété, qui provient du fait que a = (+ a) et que la sous-
traction d’un élément se raméne a l’addition de lopposé, apparait
aussitét sur les deux exemples :

a—b+e—d=(+a)+(—6)+(+c¢)+(—@),
—x“+y—sz—t=(—“)+(+y7)+(—2)+(—?2).

On en déduit, grace 4 la commutativité et a l’associativité de l’addition,


la possibilité de supprimer, dans une somme algébrique deux termes
de cette somme quand ils sont égaux et précédés de signes contraires :
leur somme est, en effet, réduite a o. L’opération par laquelle on supprime
ainsi deux tels termes généralise la simplification des différences et
porte le nom de réduction des termes semblables.
On en déduit ensuite la régle de formation de l’opposé d'une somme
algébrique qui se réduit 4 changer tous les signes servant a définir cette
somme et celui qui figure devant le premier terme.
Par exemple,

—(+a—b+ce—d)=—a+b—c+d,
—(—“+y—4— t)=+2—y+2+t.

D’autre part, le calcul de la somme de deux sommes algébriques peut,


grace a l’associativité de l’addition, étre effectué par additions ou sous-
tractions successives des termes de la seconde somme algébrique a ceux
de la premiére. Par exemple,

(a—b+c—d)+(—“+y—4—t)=a—b+e—d—a+y—2-t.
GROUPES. 357

Quant au calcul de la différence de deux sommes algébriques, il se réduit


a celui de la somme de la premiére et de l’opposé de la seconde. Par
exemple,
(a—b+ec—d)—(—a#+y—24—t)=a—b+e—d+a—yrst+t.

Enfin, la commutativité et l’associativité de l’addition permettent de


présenter le résultat de tout calcul sur des sommes algébriques sous la
forme d’une différence entre deux sommes ow ne figurent que des
multiples d’éléments deux 4 deux inégaux. Par exemple,
(a—b+e—d)+(—a—b+c+d)
(—@#+y—2—t)=(2e+24+2+1)—(26+y).

L’expression ainsi obtenue porte habituellement le nom de forme


réduite.
Les régles de calcul sur les sommes algébriques se traduisent formelle-
ment par ce qu’on appelle régles du calcul des parenthéses dans un
groupe additif. L’énoncé qu’on en donne ci-dessous suppose — ce qui
est toujours possible — que le premier terme de chaque somme algébrique
dont il est question est précédé d’un signe.
Dans tout symbole désignant le composé de composés d’éléments
d’un groupe additif, par additions ou soustractions, on peut, sans changer
la valeur de ce composé, supprimer toute parenthése précédée du signe +,
ainst que ce signe lui-méme. On peut, de méme, supprimer toute paren-
thése précédée du signe —, ainsi que ce signe lui-méme, a condition de
changer tous les signes précédant les termes de la parenthése. Ces deux régles
fixent les conditions dans lesquelles on peut effectuer lopération qui
consiste 4 chasser les parenthéses. Mais on peut, aussi, introduire
arbitrairement une parenthése et un signe + qui la précéde, a condition
qu'elle s’ouvre immédiatement avant un signe (quelconque) et se ferme
immédiatement avant un autre signe.
On peut aussi infroduire arbitrairement une parenthése et un signe —
qui la précéde, a condition qu'elle s’ouvre immédiatement avant un signe
(quelconque), se ferme immédiatement avant un autre signe, et qu’on
change tous les signes précédant les termes ainsi entourés.

Remarque. — En admettant la possibilité pour le premier terme d’une


parenthése de n’étre précédé d’aucun signe, on peut introduire arbitrai-
rement une parenthése sans introduire de signe qui la préceéde, 4 condi-
tion qu’elle s’ouvre immédiatement aprés un signe + et se ferme
immédiatement avant un autre signe. On peut, enfin, introduire
arbitrairement une parenthése sans introduire de signe qui la précéde,
A condition qu’elle s’ouvre immédiatement aprés un signe —, se ferme
immédiatement avant un autre signe et qu’on change tous les signes
qui figurent alors devant les termes ainsi entourés.
358 TITRE Il]. — CHAPITRE V.

4. SOUS-GROUPES.

4.1. Définition.

On appelle sous-groupe d'un groupe G toute partie H de G sur


laquelle la loi du groupe induit une structure de groupe.
Remarque. — Tout sous-groupe d’un groupe G est sous-groupe du
groupe G° opposé a G et réciproquement.

4.2. Caractérisations d’un sous-groupe.


Pour qu’une partie H d’un groupe G soit un sous-groupe de G, il faut
et il suffit qu’elle remplisse l'une ou l’autre des deux conditions suivantes :
PREMIERE CARACTERISATION. — H est une partie stable non vide de G
admettant inverse x~! de tout élément x qu’elle admet.
DEUXIEME CARACTERISATION. — H est une partie non vide de G admettant
Vélément xy dés qu'elle admet les éléments x et y.
La premiere caractérisation peut étre démontrée grace aux remarques
suivantes :
Si H est un sous-groupe, la loi induite sur H par celle de G est une loi
de groupe, donc partout définie; cela exige que le composé de deux
éléments de H pour la loi induite existe dans H et, par suite, appartienne
a H; en d’autres termes, H est partie stable de G.
Si H est un sous-groupe, il existe dans H un élément neutre pour la loi
induite, soit u; cet élément u, de G comme de H, n’est autre que I’élément
neutre e du groupe G. En effet, on peut assurer que
UU = Uh = UR.

ce qui, grace a la simplification par u du premier et du troisieme membres,


entraine ‘
Mo == Bk

en d’autres termes, tout sous-groupe H de G admet parmi ses éléments


Vélément neutre e de G.
Enfin, si H admet l’élément 2, il admet, en tant que groupe, V’inverse de x
dans H, mais cet inverse dans H est aussi l’inverse 2~' de x dans G puisque
les éléments neutres u et e de H et G sont égaux.
Réciproquement, si H est une partie stable non vide de G, elle admet
au moins un élément x; d’aprés l’énoncé de la premiére caractérisation,
elle admet donc aussi I’élément a~'; le fait qu’elle soit partie stable
entraine, alors, qu’elle admet ]’élément x.x~' égal a e; la loi induite sur H
est donc associative (propriété générale des structures induites), admet
un élément neutre et tout élément de H est inversible; il résulte de ces
trois remarques que cette loi est une loi de groupe.
GROUPES. 359
La deuxiéme caractérisation peut étre démontrée par équivalence
avec la premiere.
Si H est une partie stable non vide admettant x~' des qu’elle admet z,
elle admet aussi y~' dés qu’elle admet y et, en tant que partie stable,
xy! dés qu’elle admet z et y.
Réciproquement, si H, partie non vide, admet xy! dés qu’elle admet x
et y, on peut assurer qu’elle admet, au moins, un élément zx et |’élément
x.x-' = e; admettant e ainsi que z, elle admet

(Dab OS Pee

enfin, si elle admet x et y, elle admet, aussi, en particulier, y~', donc


x (y')* = xy, ce qui, en assurant la stabilité de H, achéve d’établir que
la deuxiéme caractérisation entraine la premiere.
Remarque. — La premiere caractérisation peut étre exprimée par
la condition :
|hea:
Be thich,
|Rie lal.

On montre aisément qu’elle est équivalente 4 la condition

lah 2 8)
ees te
|H-! =H
(qui l’entraine).
En effet, si la premiere condition est remplie, H est un sous-groupe
de G et admet I’élément neutre e de G; par suite, quel que soit
élément « de H, e.x appartient 4 H.H; mais e.x = x, donc tout
élément de H appartient 4 H.H ce qui, joint 4 ’hypothese H.HcH,
montre que H.H = H.
De méme, H étant un sous-groupe de G, tout élément x de H appar-
tient 4 H—', c’est-a-dire est inverse d’un élément de H, ce qui, joint
a ’hypothese H—-!'cH, montre que H = H.
La deuxiéme caractérisation peut, de son cété, étre exprimée par
la condition
(or AD,
| H.H-cH;

on montre, aisément, qu’elle est équivalente a la condition

H #9,
) H-.HcH.
360 TITRE III, — CHAPITRE V.

Il suffit, pour s’en convaincre, de reprendre la démonstration de l’équi-


valence entre la premiére et la deuxiéme caractérisations. On voit
enfin que

lab 206) ee BEN, ae AD (te Nae


|SOME Sees s Ae — eeONGEM)Ghee!os gm y(n gS barony: Ro eer ysy gs ME
Tak
H-+ =H |Het Hye H-1 "= H;

En résumé, pour toute partie H d’un groupe, on peut assurer la chaine


d’équivalences

ee AD H #9 (H zO \H AD Ke xO;
H.HcH <= /H.H=H es /H.H-'cH & |H-.HcH&(H.H=H,
re cH fe = H-.H =H.

Chaque membre de cette chaine caractérise un sous-groupe. La condi-


tion H + @ est essentielle dans chacun, car les autres conditions sont
remplies par la partie vide du groupe qui ne saurait, évidemment,
étre un sous-groupe, faute d’élément neutre.
On, peut exprimer le premier par l’énoncé : Pour qu’une partie non
vide d’un groupe soit un sous-groupe, il faut et il suffit qu’elle admette le
produit de deux quelconques de ses éléments ainsi que lUVinverse de tout
élément qu’elle admet. En d’autres termes, un sous-groupe peut étre
caractérisé comme une partie non vide stable pour la multiplication et la
symétrie du groupe.
On, peut exprimer le troisieme par l’énoncé : Pour qu’une partie non
vide d’un groupe soit un sous-groupe, il faut et il suffit qu'elle admette le
quotient a gauche de deux quelconques de ses éléments. En d’autres
termes, un sous-groupe peut étre caractérisé comme une partie non
vide stable pour la division a gauche. Le quatriéme s’exprime par
le méme énoncé ou l’on remplace gauche par droite.

4.3. Sous-groupe engendré par une partie d’un groupe.

Etant donnée une famille quelconque (finie ou infinie) de sous-groupes


@un groupe G, Vintersection H de cette famille est, elle-méme, un sous-
groupe.

En effet, chaque sous-groupe de la famille, admettant 1’élément


neutre e du groupe, l’intersection H l’admet aussi et, par suite, est une
partie non vide de G; d’autre part, si x et y appartiennent a4 H, ils appar-
tiennent a chaque sous-groupe de la famille; il en résulte que zy—! appar-
tient, aussi, a chaque sous-groupe de la famille et, par suite, 4 l’inter-
section H de cette famille.
GROUPES. 361

Ainsi, H remplit les conditions exprimées par la seconde caractérisation


d’un sous-groupe. De cette remarque résultent l’existence et l’unicité
d’un plus petit sous-groupe contenant une partie donnée X du groupe G:
Vintersection H de la famille des sous-groupes contenant X.
Ce plus petit sous-groupe contenant X est appelé le sous-groupe
engendré par X; la partie X elle-méme est appelée un systeme de
générateurs du sous-groupe qu'elle engendre.
Si X est la partie vide de G, elle engendre, évidemment, le sous-groupe
réduit a l’élément neutre de G.
Si X est une partie non vide de G, le sous-groupe qu’elle engendre peut
étre caractérisé comme la partie stable engendrée par la réunion
des ensembles X et X~', c’est-a-dire la plus petite partie stable conte-
nant, a la fois, X et X—.
Il est clair, en effet, que tout sous-groupe contenant X admet comme
élément inverse x de tout élément x de X, donc contient, a la fois,
X~ et X; un tel sous-groupe est donc une partie stable contenant
XuxX-1

et, en particulier, contenant la partie stable engendrée par cette réunion.


Inversement, tout élément de la partie stable engendrée par
XuX—!

est, on le sait, le composé d’une suite finie dont les termes appartiennent
a X ou a X~'; l’inverse d’un tel composé appartient, aussi, a cette partie
stable puisqu’il est le composé, dans l’ordre opposé, des inverses des
termes de la suite initiale. De 1a résulte que la partie stable — non vide —
engendrée par
SUN

admet l’inverse de tout élément qu’elle admet; en vertu de la premiére


caractérisation des sous-groupes, c’est donc un sous-groupe de G.
En résumé, le sous-groupe engendré par X contient la partie stable
engendrée par
XU XS

et, réciproquement, la partie stable engendrée par XU X~" contient le


sous-groupe engendré par X. Les deux sous-ensembles de G, ainsi consi-
dérés, sont donc en coincidence.
Si lon désigne par Y la réunion XU X~"', le sous-groupe engendré
par X n’est autre que Y”, c’est-a-dire (XU X~")”.

Remarque. — Si le groupe G est un groupe additif, le sous-groupe


engendré par une partie non vide X de G n’est autre que l’ensemble
des sommes algébriques dont les termes appartiennent a X. Cet exemple
362 TITRE III. — CHAPITRE V.

met en évidence la distinction qu’il convient de faire entre la partie


stable engendrée par X et le sous-groupe engendré par X;; la partie stable
engendrée par X est l’ensemble des sommes (non algébriques) dont les
termes appartiennent 4 X; elle est contenue dans le sous-groupe
engendré par X, mais en differe généralement.
Lorsque la partie X, non vide, est elle-méme stable, le sous-groupe
engendré par X se réduit a l’ensemble des différences dont les termes
appartiennent a X. En effet, cet ensemble présente les caractéristiques
d’un sous-groupe : il est, évidemment, non vide; il est stable car la
somme de deux telles différences est une différence de deux sommes
appartenant 4 X; enfin, il admet l’opposé de toute différence qu’il
admet puisque l’opposé de a — b n’est autre que b — a. Comme, d’autre
part, le sous-groupe engendré par X le contient nécessairement,
Vensemble en question coincide avec lui.
Des remarques analogues peuvent étre faites 4 propos d’un groupe
multiplicatif abélien : le sous-groupe engendré par une partie non
vide X d’un tel groupe est ’ensemble des composés par multiplications
ou divisions quelconques des suites finies dont les termes appartiennent
a X. La partie stable engendrée par X est l'ensemble des produits
dont les facteurs appartiennent a X. Si X, non vide est, elle-méme,
stable, le sous-groupe engendré par X. est, l'ensemble des fractions
dont les termes appartiennent a X.

Cas particulier. — Une mention spéciale doit étre réservée au sous-


groupe engendré par un seul élément a de G. Ce sous-groupe est
V’ensemble des éléments de la forme :
a’ ou ( BNE.

n étant un entier naturel quelconque; c’est encore l’ensemble constitué


par les puissances de a et celles de son inverse. Il admet, naturellement,
comme élément neutre
A= (a) f= re.

De plus, ce sous-groupe engendré par a est un sous-groupe abélien.


I] suffit, pour s’en convaincre, de remarquer que
am aqar=qntnr— a” .ai”, Ci aa) (a 1\m+n — (a LN a aes

qm, (a r= Qn—r—= (@A)ecar Sl iid: SSIOR

CO (GaN he (a 1\n m — (a 1)n qm Sl Tabs

Tout groupe engendré par un seul élément est appelé groupe


monogéne; un groupe monogéne et fini est appelé groupe
cyclique.
Dans un groupe quelconque G, si le sous-groupe monogéne engendré
par un élément a de G est un sous-groupe cyclique, l’ordre p de ce
sous-groupe, c’est-a-dire le nombre de ses éléments, est appelé
l’ordre de l’élément a du groupe G. L’entier p est le plus petit entier
strictement positif tel que x? = e.
GROUPES. 363

On peut donc assurer que tout groupe monogéne et, en particulier,


tout groupe cyclique est abélien.
Plus généralement, un sous-groupe engendré par un nombre fini
d éléments est appelé sous-groupe de type fini.

4.4. Sous-groupes remarquables.

L’ensemble | e | est un sous-groupe de G (le plus petit de tous les sous-


groupes). G lui-méme est un de ses sous-groupes (le plus grand de tous
les sous-groupes).
Le centre Z du groupe G est un sous-groupe abélien de G.
En effet, on sait, déja, que le centre Z est une partie stable non vide
de G (elle contient e); il suffit donc de montrer que l’inverse de tout élément
central est un élément central; or, si z appartient au centre, on peut
assurer que, pour tout x de G:
LEG Se

on en déduit que, pour tout z de G,


mers ope Se Ce

soit
G6 oe

z— est donc élément central. Ainsi, le centre Z, partie stable non vide,
admet l’inverse z—! de tout élément z qu’il admet; en d’autres termes,
Z est un sous-groupe.
Sa commutativité est évidente puisque zx = xz pour tout élément x
de G, donc, en particulier, pour tout élément x de Z. Plus généralement,
dans un groupe quelconque, le sous-groupe engendré par une partie
dont les éléments sont deux 4 deux permutables est abélien.

5. GROUPES-QUOTIENTS.

La recherche des groupes quotients d’un groupe donné G se raméne


a celle des relations d’équivalence compatibles avec la loi de G.
On sait, en effet, que l’associativité se conserve par passage aux quo-
tients, qu'il en est de méme de existence d’un élément neutre et, enfin,
de la propriété, pour un élément, d’étre symétrisable; en d’autres termes,
toute relation d’équivalence compatible avec une structure de groupe
détermine un ensemble quotient sur lequel la structure déterminée par
la loi quotient est une structure de groupe.
Or, il se trouve — et cette circonstance ne se présente pas dans le cas
des monoides — que les relations d’équivalence compatibles avec une
364 TITRE III. — CHAPITRE V.

structure de groupe sont étroitement et simplement liées aux sous-


groupes du groupe, de sorte que la recherche et l’étude des groupes
quotients d’un groupe sont, elles aussi, liées a celles de ses sous-groupes.
On s’attachera donc a caractériser, dans cet esprit, les relations d’équi-
valence compatibles, soit 4 gauche, soit a droite, soit des deux cdtés,
avec une structure de groupe, 4 étudier les partitions qu’elles déterminent,
puis 4 appliquer aux groupes le théoreme général d’homomorphie.

5.1. Relations d’équivalence compatibles a gauche (ou a droite)


avec une loi de groupe.

Avant de caractériser ces relations, il convient d’attirer ’attention sur


une propriété importante qui relie trés simplement, dans un groupe,
les équivalences compatibles a gauche et les équivalences compatibles
a droite.
Dans un groupe abélien, toute équivalence compatible 4 gauche est
compatible a droite et inversement.

5.1.1. LIEN ENTRE LES EQUIVALENCES COMPATIBLES A GAUCHE ET LES


EQUIVALENCES COMPATIBLES A DROITE. — Dans un groupe non abélien,
le lien entre les deux sortes d’équivalences s’exprime par le théoréme
suivant :

THEOREME, — 1° Toute équivalence compatible a gauche avec la loi


d'un groupe G est compatible a droite avec la loi (opposée a celle de G) du
groupe G° opposé a G. Réciproquement, toute équivalence compatible 4 droite
avec la loi de G° est compatible a gauche avec la loi de G. De plus, toute
équivalence compatible a droite avec la loi de G est compatible a gauche
avec celle de G° et réciproquement.
2° La symétrie de G — plus exactement l’extension de cette symétrie
a Vensemble des parties de Gx G — échange l'ensemble des graphes des
équivalences compatibles a gauche avec la loi de G et l'ensemble des graphes
des équivalences compatibles a droite avec la loi de G lui-méme.
On peut exprimer plus briévement la premiere partie de ce théoréme
en disant :
L’ensemble des graphes des équivalences compatibles a gauche dans G
coincide avec l'ensemble des graphes des équivalences compatibles a droite
dans G°, De méme, l'ensemble des graphes des équivalences compatibles
a droite dans G coincide avec l’ ensemble des graphes des équivalences compa-
tibles a gauche dans G°:
La démonstration de cette premiére partie s’obtient presque immé-
diatement a partir des définitions.
GROUPES. 365

On sait, en effet, que le groupe G’ opposé 4 G n’est autre que


Yensemble G lui-méme, muni de la loi opposée a celle de G, c’est-a-dire
de la loi T telle que, x et y étant deux éléments de G° (donc de G),
ala

Or, dire qu’une relation d’équivalence, notée :

MN)

entre éléments de G (donc de G°), est compatible 4 gauche avec la multi-


plication de G, signifie que, pour tout élément z de G (donc de G’),

Comme

il s’ensuit que pour tout z de G’,

CG=7) SS (22 2=y7 1);

ce qui exprime qu’une relation d’équivalence compatible 4 gauche avec


la loi de G est compatible a droite avec la loi opposée.
On voit aussitét de la méme maniere, que toute relation d’équivalence
compatible a droite avec la loi de G° est compatible 4 gauche avec la
loi de G.
Enfin, puisque le groupe G est le groupe opposé a G’, toute équivalence
compatible a droite dans G est compatible 4 gauche dans G° et récipro-
quement, ce qui achéve la démonstration de la premiere partie du
théoréme.
Quant a la seconde, elle dérive de la premiére grace a la notion d’isomor-
phisme. La symétrie de G est, on le sait, un isomorphisme de G sur le
groupe opposé G°.
Il en résulte que le graphe d’une é€quivalence compatible da gauche
dans G a pour image, par l’extension de la symétrie au produit GxG,
celui d’une équivalence compatible a gauche dans G°®; comme une é€qui-
valence a gauche dans G° est une €équivalence a droite dans G, on constate
aussit6t que, parl’extension de la symétrie de G, l'image du graphe d’une
équivalence compatible a gauche dans G est le graphe d’une équivalence
compatible a droite dans G lui-méme.
Toujours 4 cause de lisomorphisme de G sur G° que constitue la
symétrie de G, l’ensemble des graphes d’équivalence a gauche dans G
a pour image l’ensemble des graphes d’équivalence a droite dans G (par
l’extension de la symétrie A l’ensemble des partiesde Gx G).
On voit, de méme, que l’ensemble des graphes d’équivalence a droite
dans G a pour image l’ensemble des graphes d’€équivalence a gauche dans G.
366 TITRE III]. — CHAPITRE V.

En résumé, l’extension convenable de la symétrie de G échange


Yensemble des graphes d’équivalence a gauche dans G et l’ensemble
des graphes d’équivalence a droite dans G.

5.1.2. EQuIvVALENCES ET SOUS-GROUPES. — Si ]’on considére, main-


tenant, deux graphes d’équivalence (l’un a gauche, l’autre a droite)
qui s’échangent par l’extension au produit de la symétrie d’un groupe G,
on peut montrer que ces deux graphes d’équivalence sont associés trés
simplement 4 un méme sous-groupe H de G.
De plus, en termes familiers, il y a autant de couples de graphes d’équi-
valence dont les composantes s’échangent par symétrie que de sous-
groupes de G. Le lien entre sous-groupes et graphes d’équivalence est
précisé par le théoréme suivant :

THEOREME. — 1° Pour qu’une relation d’équivalence R, notée x = y,


entre éléments d’un groupe G soil compatible a gauche avec la loi de G,
il faut et il suffit que R soit équivalente a une relation de la forme

DLAVel,
ou H est un sous-groupe de G.
2° De méme, pour que R soit compatible a droite avec la loi de G, il faut
et il suffitque R soit équivalente a une relation de la forme

ya eH,

ou H est un sous-groupe de G.
3° Les deux relations d’équivalence associées, ainsi, @ un méme sous-
groupe H ont des graphes qui s’échangent par l’extension au produit de la
symeétrie de G.
4° Enfin, il existe une bijection mettant en correspondance biunivoque
Vensemble des sous-groupes de G et l'ensemble des graphes des équivalences
a gauche (et, bien entendu, l'ensemble des graphes des équivalences « droite).
La démonstration de la premiere partie de ce théoreéme peut étre consti-
tuée par les remarques suivantes.
Si la relation x = y est compatible a gauche avec la multiplication
du groupe G, on peut assurer que

LY = iy ea.

e désignant l’élément neutre du groupe. En effet, grace a la compatibilité


a gauche,
L=y entrane ta == aay
c’est-a-dire
C=) (Saray).
GROUPES. 367
Réciproquement e = x~'y entraine ve = vay, c’est-a-dire

(Sry = (a=y).
Or, H désignant la classe d’équivalence de e, pour la relation «= y,
il résulte de la définition méme de H, que

uw iy=e < a yeH;

enfin léquivalence
L=y —> «eyeH

montre, en particulier, que, si deux éléments x et y appartiennent a4 H


(donc sont équivalents), le composé x—'y appartient a H.
En résumé, il existe une partie non vide H de G (elle admet e comme
élément) qui remplit la deuxieme condition caractéristique des sous-
groupes et telle que
i= = iV EN:

Le sous-groupe H ainsi construit, classe de l’élément neutre selon la rela-


tion d’équivalence R, est appelé sous-groupe associé a R.
Inversement, si H est un sous-groupe quelconque de G, la relation

a1vyeH

est une relation d’équivalence entre éléments de G. Elle est, en effet,


réflexive puisque
Laer

et que e, donc x~'x appartient au sous-groupe H; elle est symétrique, car


a—yeH ENMU ANG Mel (lee 2 aah Goll

c’est-a-dire
(ayeH) => (y xed).
Elle est enfin transitive, car

Ce VG setae Vor ze H entrainent (2!) (y—12) eH,

c’est-a-dire
rz yeH
=) (eae zie MH).
y'zeEeH ( )

D’autre part, la relation d’équivalence x—'y€H est compatible a gauche


avec la multiplication du groupe.
368 TITRE II]. — CHAPITRE V.

En effet, cela signifie que, pour tout z de G, les produits zx et zy sont


équivalents dés que x et y le sont eux-mémes; or, |’équivalence entre zx
et zy s’exprime par la relation
(4x2)—! (zy) EH;

comme
(EDrN CSG Vim AGI as Ue

cette équivalence entre zx et zy se réduit a la relation


aye;

elle est donc assurée dés que x et y sont équivalents.


La relation x—'y€H est donc une relation d’équivalence compatible
a gauche avec la loi du groupe. Elle est dite relation d’équivalence
& gauche associée au sous-groupe H.
La deuxieme partie du théoréme peut se démontrer de maniére abso-
lument analogue.
Mais il est préférable, pour en obtenir la démonstration, de recourir
a la symétrie du groupe G, ce qui présente l’avantage de lier la seconde
et la troisiéme parties a la premiére.
Soit, en effet, H un sous-groupe de G. La relation x'ye€H est une
relation d’équivalence 4 gauche dans G; comme elle est symétrique, elle
est équivalente a la relation y-‘xeEH et le graphe de x—'yeEH coincide
avec celui de y'xeH.
Par l’extension au produit G x G de la symétrie de G, image du graphe
de y~'x€ H est le graphe d’une équivalence a droite dans G.
Or, cette image est l’ensemble des couples (~", y—') tels que
y ave,

c’est-a-dire l’ensemble des couples (u, v) tels que


psu Ee H,

ou enfin, aux notations prés, l’ensemble des couples (2, y) tels que
ye eH.

Il en résulte que la relation yx—' € H, ot H est un sous-groupe quelconque


de G, est une relation d’équivalence compatible a droite avec la loi de G,
x
dite relation d’équivalence 4 droite associée au sous-groupe H.
D’autre part, tout graphe d’équivalence 4 droite étant image, par
Yextension considérée, d’un graphe d’équivalence 4 gauche, est alors
celui d’une relation de la forme
vy ael.

La deuxiéme partie du théoréme est ainsi démontrée.


GROUPES. 369

La troisiéme partie s’ensuit immédiatement. En effet, H étant un


sous-groupe de G, les deux premiéres parties associent a ce sous-groupe
deux relations d’équivalence

a—yeH, y vel.

Le graphe de la seconde est l'image, par I’extension, du graphe de la


premiere et, bien entendu, le graphe de la premiere est l’image du graphe
de la seconde; les deux relations d’équivalence associées 4 un méme sous-
groupe H s’échangent donc bien par |’extension au produit de la symétrie
de G.
Enfin, la quatrieme partie du théoreme résulte de la remarque suivante :
A tout sous-groupe H, la premiére partie du théoréme (fin de cette
premiere partie) associe un graphe d’équivalence 4 gauche dans G, donc
définit une application de l’ensemble des sous-groupes dans celui des
graphes d’équivalence a gauche. Cette application est surjective puisque
tout graphe d’équivalence 4 gauche est associé a un sous-groupe (début
de la premiere partie); elle est injective car si deux graphes d’équivalence
a gauche sont égaux, deux éléments équivalents pour l’une sont équiva-
lents pour l’autre et, en particulier, l’ensemble des éléments équivalents
a l’élément neutre e est le méme pour lune et pour l'autre; comme chacun
de ces ensembles est, précisément, le sous-groupe auquel est associé
chacun des graphes, ces deux sous-groupes sont égaux.

Remarque. — Les relations d’équivalence compatibles 4 gauche


peuvent, tout aussi bien, étre caractérisées comme les relations de la
forme
yiaeu

puisque ce sont des relations symétriques.


De méme, les relations d’équivalence compatibles 4 droite peuvent
étre caractérisées comme les relations de la forme
ay—eH.

5.2. Partitions d’un groupe déterminées par un sous-groupe.

Tout sous-groupe H d’un groupe G, déterminant deux relations d’équi-


valence dans G, détermine, par 14 méme, deux partitions de G. Les classes
d’équivalence suivant la relation
z—1vyeH

sont appelées classes 4 gauche suivant H (ou modulo H). La partition


déterminée par cette relation d’équivalence est appelée décomposition
de G en classes a gauche suivant H.
V. ROUQUET LA GARRIGUE. 24
370 TITRE III. —- CHAPITRE V.

De méme, les classes d’équivalence suivant la relation


Wiae HH

sont appelées classes a droite suivant H (ou modulo H).


La partition déterminée par cette relation d’équivalence est appelée
décomposition de G en classes a droite suivant H.

5.2.1. CLASSES D’EQUIVALENCE ET TRANSLATIONS. — Les classes


a gauche (mod H) ne sont autres que les images de H par les diverses trans-
lations a gauche du groupe, c’est-a-dire les ensembles de la forme : x.H,
ou x est un élément quelconque de G.
De méme, les classes a droite (mod H) ne sont autres que les images de H
par les diverses translations a droite du groupe, cest-d-dire les ensembles
de la forme H.2, ott x est un élément quelconque de G.
En effet, la classe 4 gauche (mod H) de l’élément z est l'ensemble des
éléments y tels que x~'y € H et l’on sait que l'image de H par la translation
a gauche correspondant a x est l’ensemble des composés de x et d’un
élément quelconque de H.
Or, on voit, aisément, que ces deux ensembles coincident. Si y appar-
tient 4 la classe a gauche de z, l’élément x~'y est un élément z de H et
le produit xz y, soit y, est égal a xz, donc appartient a v.H.
Inversement, si y appartient 4 x.H, il est de la forme xz, ou z est un
élément de H, de sorte que
Ce ice
i eiamis EN NAA NE Bh lal:

ce qui assure que y appartient a la classe 4 gauche de z.


On démontre, de facon analogue, que la classe 4 droite (mod H) de
l’élément x coincide avec l’ensemble H.2.
De la résulte que tout ensemble de la forme x.H, ot x est un élément
de G, est une classe a gauche : celle de x. Inversement, toute classe a
gauche (mod H) admet, au moins, un élément z’ et coincide alors avec
ensemble 7H.
De méme, tout ensemble de la forme H.2 est une classe a droite et
inversement.
La démonstration qui précéde prouve, en outre, que les deux relations
ave etl veo.

sont équivalentes. Deux éléments x et y équivalents 4 gauche (mod H)


peuvent donc étre caractérisés par l’une quelconque des quatre relations
suivantes:
atyeH, yex.H, y—xeH, aey.H.

On obtient un résultat analogue pour deux éléments équivalents


a droite (mod H).
GROUPES. Q
371
5.2.2. CARDINAUX DES CLASSES DETERMINEES PAR UN SOUS-GROUPE.
CARDINAUX DES DECOMPOSITIONS. — I] est bien clair que si H coincide
avec le sous-groupe { e}, réduit a l’élément neutre de G, les classes
a gauche sont les ensembles z.' e|, c’est-a-dire les ensembles | x};
les classes a droite sont les ensembles | e/}.x, c’est-a-dire encore les
ensembles { x }.
En d’autres termes, les deux partitions déterminées par le sous-
groupe | e | ont pour éléments les parties a un élément de G, et coincident,
ainsi, toutes deux, avec la partition la plus fine de G.
Par ailleurs, si H coincide avec le sous-groupe G de G lui-méme, les
classes 4 gauche sont les ensembles x.G et se réduisent 4 une seule qui
n’est autre que G; de méme, les classes 4 droite sont les ensembles G.x
et se réduisent, elles aussi, 4 une seule qui n’est autre que G. En d’autres
termes, les deux partitions, déterminées par le sous-groupe G de G
lui-méme, coincident avec la partition grossiere de G.
Entre ces extrémes, les deux partitions déterminées par un sous-groupe
quelconque H, distinct de |e} et de G, sont généralement distinctes.
Mais, elles possédent une propriété remarquable, exprimée par le théo-
réeme suivant :
THEOREME. — Toute classe a gauche d’un groupe G suivant un sous-
groupe H a méme cardinal que H; loute classe a droite suivant H a méme
cardinal que H (d’ow il résulte que les classes a gauche ou a droite ont, toutes,
le méme cardinal).
La décomposition de G en classes a gauche suivant H et la décomposition
de G en classes a droite suivant H sont deux partitions de G qui ont méme
cardinal et s’échangent dans Vextension a l’ensemble des parties de la
symétrie du groupe.
Pour établir que toute classe 4 gauche d’un groupe G, suivant un sous-
groupe H, a méme cardinal que H, il suffit de montrer qu’il existe une
bijection appliquant H sur une classe a gauche.
Or, toute classe 4 gauche est un ensemble de la forme x.H, ou 2 est
un élément de G; l’application conduisant d’un élément quelconque z
de H a l’élément xz de x.H est une application bijective de H sur 2.H,
comme on s’en assure aisément : elle est, évidemment, surjective, car tout
élément de x.H est de la forme wz, ou z est un élément de H; de plus,
elle est injective, car si deux images xz, et xz, d’éléments z, et z. de H
sont confondues, l’égalité
La Css

entraine
44 => 2a,

en vertu de la régularité de x, ce qui assure qu’un méme élément de x.H


ne peut étre l’image de deux éléments distincts de H.
372) TITRE III. — CHAPITRE V.

Pour établir, enfin, que les deux partitions, déterminées par un sous-
groupe H, s’échangent dans l’extension de la symétrie du groupe
a ensemble des parties, il suffit de montrer que l’image d’une classe
a gauche (mod H) est une classe 4 droite (mod H) et que toute classe
a droite (mod H) est l'image d’une classe a gauche (mod H). En effet,
-s’il en est ainsi, l’image de l’ensemble des classes 4 gauche (mod H) sera
l’ensemble des classes a droite (mod H) et comme |’extension considérée
est une bijection involutive, il en résultera la propriété énoncée.
Or, image de la classe 4 gauche a.H d’un élément donné a, par la
symétrie de G, est la classe 4 droite de l’élément a~'. En effet, image
de a.H est ensemble des éléments de la forme (a.z)~', ot. z appartient
a H, c’est-a-dire celui des éléments de la forme z~'.a~', ot z (donc z“ et
inversement) appartient 4 H; ce dernier n’est autre que H.a“'.
Ainsi, image de a.H est H.a~'; mais toute classe a droite est de la
forme H.z et se trouve, alors, étre image de la classe 4 gauche x.H.
L’égalité des cardinaux des deux partitions résulte de lexistence
de la bijection que constitue l’extension de la symétrie du groupe et qui
échange ces deux partitions.

5.3. Application aux groupes finis.

Dans le cas des groupes finis, une partie des résultats précédents
s’énonce sous une forme un peu plus suggestive :
Tout sous-groupe d’un groupe fini détermine une décomposition
a gauche et une décomposition a droite qui s’échangent par la symétrie
du groupe.
Il y a exactement le méme nombre de couples de telles décompositions
que de sous-groupes dans le groupe.
Il y a le méme nombre de classes dans lune et dans l’autre décompo-
sitions. Dans chacune des classes des deux décompositions, il y a le méme
nombre d’éléments que dans le sous-groupe auquel sont associées les
deux décompositions.
On donne le nom d’indice du sous-groupe H au nombre de classes
des deux décompositions qu’il détermine.
On sait, d’autre part, qu’on appelle ordre d’un groupe fini le nombre
de ses éléments. Le rapprochement entre ces deux notions montre,
aussitot, que l’ordre d’un groupe est égal au produit de l’indice et de
Vordre d’un sous-groupe.
En effet, si l’on désigne par g l’ordre d’un groupe G, par hl’ordre d’un
de ses sous-groupes H et par i l’indice de H, on peut assurer que la décom-
position a gauche suivant H contient i classes et que chacune des classes
contient h éléments; comme la décomposition a gauche est une partition
de G, le produit h xi est le nombre total d’éléments du groupe; donc
X= TSS Ik
GROUPES. 373
On met généralement en relief cette propriété en énoncant :
Dans un groupe fini, Vordre et V'indice d’un sous-groupe sont des divi-
seurs de Vordre du groupe, dont le produit est ordre du groupe lui-méme.
Elle facilite la recherche des sous-groupes — donc des groupes-
quotients — d’un groupe fini.

Remarque. — Dans un groupe infini, on peut donner le nom d’indice


d’un sous-groupe au cardinal de ce sous-groupe, d’ordre d’un groupe
au cardinal de ce groupe. L’ordre du groupe est encore égal au produit
de Vordre et de l’indice d’un sous-groupe, mais le caractére de divi-
seurs que présentent ces derniers dans un groupe fini, disparait dans
un groupe infini.

5.4. Relations d’équivalence compatibles 4 gauche et a droite.


Sous-groupes distingués. Groupes simples.

5.4.1. Les relations d’équivalence compatibles 4 gauche et a droite,


c’est-a-dire compatibles (tout court) attirent l’attention sur certains
sous-groupes dits « distingués ».
En effet, si une relation d’équivalence R= 2, y = est compatible, elle est
associée a un sous-groupe H en tant que compatible a gauche; elle est
associée, de méme, a un sous-groupe H’ en tant que compatible a droite;
comme H et H’ sont, tous deux, classes (mod R) de |’élément neutre e,
H et H’ sont confondus. Il en résulte que R est équivalente, a la fois,
a la relation yex.H et a la relation y¢H.2x; donc ces deux relations sont
équivalentes, ce qui entraine que
Cole’ apoOulLtoulrrder Gr

Inversement, si un sous-groupe H est tel que v.H = H.a, la relation yexv.H


et la relation y€ H.x sont équivalentes, de sorte que, la premiére étant
compatible a gauche et la seconde, a droite, avec la loi de G, elles sont
toutes deux compatibles des deux cétés avec cette loi.
On aboutit, ainsi, au théoréme suivant :
THEOREME. — Pour quwune relation d’équivalence dans un groupe G
soit compatible avec la loi du groupe, il faut et il suffit qu'elle soit équivalente
a une relation de la forme yex.H (ou de la forme ye H.x), H étant un
sous-groupe tel que: x. H = H.x pour tout x de G.
Le graphe d’une telle relation d’équivalence, compatible 4 gauche et
a droite avec la loi du groupe, est bien entendu invariant par |’extension
au produit de la symétrie du groupe.
5.4.2. Pour souligner limportance des sous-groupes H tels que
x.H = H.z, qui sont les seuls 4 déterminer des équivalences compatibles
avec la loi du groupe, on leur réserve l’appellation de sous-groupes
374 TITRE III, — CHAPITRE V.
distingués. Ils peuvent étre caractérisés comme les sous-groupes H
remplissant la condition :
Quel que soit xreG, vex) alsa) = lel

En vertu de l’associativité de la composition des parties, on peut,


en effet, assurer que
wel plea th ines (ae labore la)io ees lal (en ey = Ae os Lal

et que, réciproquement,
eH.at=H = H.r=(a.H.a—).2 = (x.H).(a—.c) = (2.H).e=2.H.
Historiquement, c’est cette propriété qui a attiré l’attention sur les
sous-groupes distingués; aussi adopte-t-on, habituellement, la définition
suivante :
On dit que un sous-groupe H d’un groupe G est un sous-groupe
distingué de G pour exprimer que x.H x'= H pour tout x de G.

Remarque. — La condition par laquelle on définit ainsi un sous-


groupe distingué est équivalente a la suivante :
OY v2eG\\( eH H ).

En effet, si la relation
Weta ahd

est vraie pour un élément quelconque x de G, elle est vraie pour


V’inverse y—! de tout élément y de G; donc
(YN 2eG) (oe. H.24= bh) Sey reGnG hay

La réciproque s’établit de maniere analogue, de sorte qu’on peut


assurer l’équivalence
(Wize G) (22g = es IN SG) (rata Hae).

En liaison avec cette remarque, on peut méme observer que la


condition
(We2eG) (@.H.c“cH)

suffit a caractériser les sous-groupes distingués de G. En effet,


on constate aussitét, en reprenant la remarque précédente, que
OV veG) Gihlvs eh) ss (VW weG)i(at Hewes:

du second membre de cette implication, on déduit


(WveG) (Hc2z.H.2),

ce qui permet d’assurer l’égalité de H et de x.H.a—'. On démontrerait


de méme que la condition
(VW veG) (2 TH..aweH)

suffit a caractériser les sous-groupes distingués.


GROUPES. 375
En résumé, un sous-groupe distingué H de G peut donc étre carac-
térisé comme un sous-groupe remplissant ’une quelconque des condi-
tions suivantes dont l’équivalence vient d’étre établie :
Wi7 eG a He Hews
\e/ EES -gealalege
Sh ahs
\
KES eae Nala ale
Wi2veGen-7hec— cH.
Wiie Gee ta Hee Es

5.4.3. Les groupes-quotients d’un groupe G apparaissent alors comme


déterminés par les divers sous-groupes distingués de G. On pose, en consé-
quence, la définition suivante :
DEFINITION. — Etant donné un sous-groupe distingué H d’un groupe G,
soit R la relation d’équivalence déterminée par H, compatible avec la
loi de G. On appelle groupe-quotient de G par H, le groupe constitué
par lensemble-quotient de G par R et la loi-quotient par R de la
loi de G.
Le groupe-quotient de G par H se note au moyen du symbole
G/H,
lu: grand G sur grand H.
La loi-quotient par R de la loi de G est appelée loi-quotient de la
loi de G par le sous-groupe distingué H.
Dans un groupe abélien, tout sous-groupe est distingué. Dans un groupe
quelconque G, les sous-groupes | e | et G sont des sous-groupes distingués
qui déterminent, respectivement, l’équivalence réduite a l’égalité et
léquivalence grossiére. Les groupes-quotients
CyAPGIN OE CyKG:

sont, respectivement, isomorphes a G et a | ¢€ |.


Quand un groupe G n’admet pas d’autre sous-groupe distingué que
lui-méme et le sous-groupe réduit a l’élément neutre, on dit que G est un
groupe simple.
Enfin, l’intersection d’une famille (H,) de sous-groupes distingués
d’un groupe G est, on le sait, un sous-groupe H; ce sous-groupe est lui-
méme distingué. En effet, si z désigne un élément quelconque de l’inter-
section H de la famille (H,) et si x désigne un élément quelconque du
groupe G, on peut assurer que
2.2.2 46H,

puisque x.z.x~! appartient comme z a tous les sous-groupes distingués (H,)


de la famille. Or, cela revient a dire que
VWitrielGrraa ar Heat CH
376 TITRE II], — CHAPITRE V.

et l’on sait que cette condition suffit 4 conférer au sous-groupe H la pro-


priété d’étre distingué.
En particulier, l’intersection de la famille des sous-groupes distingués
contenant une partie X de G est un sous-groupe distingué, le plus petit des
sous-groupes distingués contenant cette partie. On dit, naturellement,
que cette intersection est le sous-groupe distingué engendré par X
et que les éléments de X constituent un systeme de générateurs de
ce sous-groupe distingué.

5.5. Représentations ou homomorphismes d’un groupe. Auto-


morphismes intérieurs.

5.5.1. Une structure de groupe étant partout définie, toute représen-


tation d’un groupe G dans un ensemble E, muni d’une loi interne, est
un homomorphisme.
Le théoréme d’homomorphie s’applique donc, sans réserve, aux
groupes; il suffira de tenir compte du fait qu’un groupe admet un élément
neutre.
Soient un ensemble G muni dune structure de groupe ef un ensemble E
muni @une loi de composition interne quelconque. Si f est un homomor-
phisme de G dans E :
1° l'image f (G) de G dans E est une partie stable de E;
2° la relation d’équivalence R associée a lvhomomorphisme f est compatible
avec la structure du groupe G et détermine sur G/R une structure-quotient
qui est une structure de groupe;
3° ensemble f (G) = Im f, muni de la structure induite par la loi de E,
est un groupe G' dont l’ élément neutre e’ est Vimage f(e) de élément neutre e
de G. Ce groupe G’ est isomorphe au groupe G/R;
4° image réciproque H = f-'(e') de Vélément neutre de G’ est le
noyau Ker f de ’homomorphisme f, donc la classe d’équivalence suivant R
de (élément neutre e de G; a ce titre, H est un sous-groupe distingué de G,
de sorte que G’' est isomorphe a G/H.
On déduit aussitét du 4° que :
Pour que Vhomomorphisme soit injectif, il faut et il suffit que le noyau
de f se réduise a { e}.
On peut observer aussi, plus généralement, que :
L’image d’un sous-groupe de G est un sous-groupe de G' et que l'image
réciproque d’un sous-groupe de G’' est un sous-groupe de G.
Conformément a la terminologie générale, une représentation ou un
homomorphisme d’un groupe G dans lui-méme est un endomorphisme;
de méme, un isomorphisme de G sur lui-méme est un automorphisme.
GROUPES. 37

La composition des applications, c’est-a-dire la loi o, munit l’ensemble


des automorphismes d’un groupe d’une structure de groupe comme elle
le fait pour l’ensemble des automorphismes d’une structure quelconque.

5.5.2. Parmi les automorphismes d’un groupe, il convient d’attirer


Vattention sur les automorphismes dits intérieurs.
On appelle automorphisme intérieur d’un groupe G, toute appli-
cation de G dans lui-méme qui, étant donné un élément a de G,
associe a chaque élément x de G lélément aza“'.
Une telle application est, en effet, un endomorphisme puisque l’image
qu elle fournit du composé zy de deux éléments de G est l’élément

ALV Gt —(ALA=")- (Aaa).

c’est-a-dire le composé des images de x et de y.


Elle est, en outre, bijective, car si u désigne un élément quelconque de G,
il existe un x et un seul tel que

alae — TU,

a savoir élément a~'ua. Finalement, une telle application est un endo-


morphisme bijectif, donc un automorphisme.
Les automorphismes intérieurs constituent un groupe pour la loi o et,
par suite, un sous-groupe de l'ensemble de tous les automorphismes.
En effet, si f, et f, désignent les automorphismes intérieurs déter-
minés par deux éléments a et b de G, on voit aussitdt que l’appli-
cation f.of, conduit de chaque zx de G a l’élément abxrb— a~',, qui est égal
a (ab) (ab), c’est-a-dire 4 l'image de x par |’automorphisme intérieur
déterminé par!’élément ab. Comme, d’autre part, l’automorphisme f,,-: est,
évidemment, l’automorphisme réciproque de f,, on constate que l’ensemble
des automorphismes intérieurs est une partie de l’ensemble de tous les
automorphismes qui remplit les conditions caractérisant un sous-groupe.

Remarque. — 1. Un sous-groupe distingué H de G reste invariant


par tout automorphisme intérieur, puisque image de H par l’auto-
morphisme intérieur déterminé par a est a.H.at*=H. C’est pour
cette raison que les sous-groupes distingués d’un groupe sont encore
appelés sous-groupes invariants.
2. L’image de x par l’automorphisme intérieur déterminé par a est
souvent appelé transmué de x par a et un automorphisme intérieur
est lui-méme appelé, parfois, une transmutation.
Ces appellations sont surtout employées lorsque les éléments du
groupe G sont des permutations d’un ensemble.
375 TITRE II]. —~ CHAPITRE V.

6. GROUPES-PRODUITS.

On sait que le passage au produit pour des lois de composition internes


conserve la propriété d’étre partout définies, lassociativité, l’existence
d’un élément neutre et la propriété pour deux éléments d’étre symétriques.
En d’autres termes, le passage au produit pour une famille de Brornes
fournit un groupe. Aussi pose-t-on la définition suivante:
D&rinition. — Etant donnée une famille de groupes (G,), on appelle
groupe-produit de la famille (G,), le groupe constitué par lensemble
produit G =|[[c. muni de la structure déterminée par la loi qui,

a deux éléments x =(z,) et y=(y,) de G, fait correspondre


Lélément (v,.y,) noté lui-méme vw.y.

6.1. Produits directs.

La présence d’un élément neutre dans chacun des groupes d'une


famille a, lorsque cette famille est finie, un effet remarquable : chacun des
groupes de la famille apparait comme plongé dans le groupe-produit
qui se révéle ainsi comme une extension de chacun d’eux.
De facon précise, en se bornant au cas d’une famille de deux groupes G;,
et G, admettant comme éléments neutres respectifs e; et e, on fait
intervenir les parties H, et H, du groupe-produit G, constituées respec-
tivement par les éléments de la forme (a, é:), ol x; parcourt G, et les élé-
ments de la forme (e,, 2), ol a parcourt G». On peut, alors, assurer
le théoréme suivant :
THEOREME. — 1° H, est un sous-groupe de G isomorphe a Gi; Hz est
un sous-groupe de G isomorphe a Gy;
29 Tout élément de H, est permutable avec tout élément de Hy»;
3° G est le produit de H, el H2, au sens de composé de H, et H: par la
multiplication de G, cest-a-dire G = H,.H2; de plus, la représentation
(on dit aussi la décomposition) de toul élément de G en un produit de la
forme u,.Uy, ol u, el Uy appartiennent respectivement a H, et Hz, est unique
(a l’ordre pres puisque u, et u, sont permutables).
En résumé, si le groupe-produit de la famille (G;, G») n’est pas tout
a fait le produit G,.G,, il est exactement le produit H,.H, de deux sous-
groupes respectivement isomorphes a G; et G,. C’est done une extension,
par immersion, a la fois de G, et de G., extension remarquable du fait
qu’apreés identification, elle apparait comme le produit G,.G».
La premiére partie du théoreéme résulte de ce que l’application de G,
dans H,, qui conduit d’un élément x a l’élément (a, e:), est, évidemment,
GROUPES. 79
Ww

une bijection de G, sur H,; d’autre part, c’est une injection de G,; dans G
qui respecte la loi de G puisque image du composé x.y: de deux
éléments de G, est le couple (@,.y:, @) qui est, lui-méme, le composé
~ de (X1, es) et de (y:, e).
En d’autres termes, ’ensemble H,, muni de la structure induite par
celle de G, est image de G, par un homomorphisme bijectif, ce qui
assure que H, est isomorphe a G,, donc est un groupe et, par suite,
un sous-groupe de G.
La deuxiéme et la troisieme parties résultent des égalités suivantes :

Uu,.uU2,=> (#4, >). Eng Lo) — (24.€4, 62.22) = CQa, ap)

Wes CC nner te CLARMe = (CC4 Lane neon) =a Lana)’.

Ces égalités montrent, en effet, que le composé de deux éléments u, de H,


et u, de H, est indépendant de l’ordre dans lequel on les compose. Elles
montrent, en outre, que tout élément x = (a, x.) de G est le composé
de deux éléments u; = (2%), e2) et U2 = (€:, X2) appartenant respectivement
a H, et H.; en d’autres termes, tout élément de G appartient 4 H,.H:,
ce qui permet d’assurer que G = H;.H:2, puisque G contient, évidem-
ment, H,.H:.
Illes montrent, enfin, que si les produits

ts Uni (eBAse >)an) >) et 04-02 (1;-€2). (C1, Yo)

sont deux décompositions dun méme élément de G, alors


(£4, x2) = (1) )),

dot il résulte successivement

\ 2a aSeyri = \ Uy = 94;
ao Ve

Pour souligner importance du théoreme précédent, on pose la défi-


nition suivante :
D&FINITION. — Etant donnés un groupe G et deux sous-groupes H,
et H, de G, on dit que G est produit direct de ses sous-groupes H,
et H, pour exprimer que tout élément de H, est permutable avec
tout élément de H, et tout élément x de G peut étre décomposé
d’une maniére et d’une seule en un produit de la forme U;. 1,
ou u; appartient a H, et u. a Ho.
L’élément u, est appelé composant de x dans H, et l’élément u,
composant de x dans H).
Le produit H,.H, est appelé décomposition de G en produit direct
de ses sous-groupes H, et H).
380 TITRE III]. — CHAPITRE V.

Cette définition permet d’exprimer le théoréme précédent par l’énonce :


Le groupe-produit d’une famille (G;, G.) de deux groupes quelconques
est produit direct de sous-groupes H, ef H, respectivement isomorphes
a Gi et Go.

6.2. Réciproque.
Inversement, foul groupe G qui est produit direct de deux sous-groupes
H, et H, est isomorphe au groupe-produit de la famille (Hi, He).
Il suffit, pour s’en convaincre, de considérer l’application f qui conduit
d’un élément x de G au couple (wu, u) formé par les composants de x
dans H, et H:, couple qui est un élément. du groupe-produit H, x Hb.
Cette application de G dans H,H: est surjective puisque tout
couple (u;, uw.) est image de ]’élément w,.u2; elle est injective puisque deux
éléments distincts ont pour images des couples distincts de composants;
l’application f est donc bijective. D’autre part, c’est un homomorphisme
de G dans H; x H:; en effet, en désignant par u, et u, les composants
d’un élément x de G et par v, et vp, ceux d’un élément y, on constate que
LV = (Uy .Uy). (04.05) = (Ur. 91). (U2 ..P)

en vertu de la permutabilité de uz et v,; les composants de x.y sont


alors u,.v,; et U2.¥2, en vertu de l’unicité de la décomposition; enfin,
Vimage par f du composé x.y est le couple (U;.0:, U2.v2) qui est, par
définition, le composé des images (UW, U2) et (Ui, V2). Homomorphisme
bijectif, application f est un isomorphisme de G sur H, x Hb.
Remarque. — Cette réciproque permet de ramener tout calcul dans
un groupe, qui est produit direct de deux sous-groupes, au méme calcul
sur les composants.

6.3. Décomposition d’un groupe en produit direct.


La question se pose, évidemment, de savoir si un groupe G quelconque
admet deux sous-groupes H, et H, dont il soit le produit direct. Les sous-
groupes constitués respectivementpar |’élément neutre etle groupe G lui-
méme permettent bien de former un produit direct. Mais la décomposition
d’un groupe en un produit direct de cette sorte est, évidemment,
banale : tout élément x de G est alors représenté par e.x, e désignant
élément neutre. Pour reconnaitre s’il en existe d’autres, il convient
d’approfondir l’organisation de deux sous-groupes H, et H.2 susceptibles
de fournir les facteurs d’un produit direct. En fait, les caractéres de deux
tels sous-groupes se réduisent aux suivants :
Caractérisation de deux sous-groupes H, et Hz facteurs de la décomposition
d’un groupe G en produit direct H,.He :
1° Hi, et H, sont deux sous-groupes distingués de G;
GROUPES. 381

2° L’intersection H;n Hz de H, et H: se réduit a l'ensemble formé du seul


élément neutre; en d’autres termes,

3° Le produit H,.Hz: est égal a G lui-méme. En d’ autres termes,

Ew — G.

La premiére propriété résulte des remarques suivantes : u, étant un


élément quelconque de H, et x = v;.v2 un élément quelconque de G
ayant pour composants v; et v2, le transmué de u, par x peut s’écrire
successivement :

DU =P 4 09105 Va — 1 UVa V5 Cg = VUE a 5

ce transmué apparait, ainsi, comme composé d’éléments de H, et, par


suite, appartient luicméme, a H;. On sait que cela suffit pour assurer
que H, est sous-groupe distingué.
La deuxiéme propriété est une conséquence de l’unicité de la décompo-
sition de tout élément de G en ses composants. En effet, si un élément x
est commun a H, et H:2, son premier composant est x et son deuxiéme e
en tant qu’élément de H,; son premier composant est e et son deuxieme x
en tant qu’élément de H,; l’unicité de la décomposition exige que x = e.
La troisiéme propriété est évidente.
Pour établir que ces propriétés sont caractéristiques, il faut montrer
qu’elles entrainent l’existence et Vunicité de la décomposition de tout
élément de G en un produit de la forme u;.u2, ou u, et U, appartiennent
respectivement a H, et H:, ainsi que la permutabilité de deux tels
composants.
L’existence d’une telle décomposition est assurée par la_ rela-
tion G = H,.M:.
L’unicité peut s’établir comme il suit. Si un élément de G admet
deux décompositions u,.U2 et v.02, ol u; et Vv; appartiennent a H, tandis
que U2 et v, appartiennent a H2, lVégalité

Uy, .Ug = 04.02

entraine
OE UR UES

comme on le voit aussit6t en multipliant ses deux membres a gauche


par v;* et a droite par uz’. Or, le composé v;*.u, appartient, comme ses
deux termes, au sous-groupe H, et, de méme, le composé v2.u,' appartient
a H,; leur égalité entraine que tous deux appartiennent a la fois a H
et H2, donc 4a HiN Hz qui se réduit a | e |.
38» TITRE III]. — CHAPITRE V.

De la résulte que
OF SUC Von lean
dot Pon conclut que
P,=> Uy, (ale Vo= Uy.

On peut établir la permutabilité de u, et u, en montrant que l’inverse


u,;'.uz;' de Us.U, coincide avec celui de wW,.UW:, c’est-a-dire que
(U;.U2).(u;'.uz') = e. Or, les égalités
(Rial CIES onal alin AU) =A OR aonairs -

montrent que le produit a étudier est un élément de H, en tant que


composé de u, et du transmué u,.u;'.uz' d’un élément u;' du sous-groupe
distingué H,; elles montrent, de méme, qu'il est un élément de H:;
ce produit est donc un élément de H, H: et, par suite, coincide avec e.

Remarque. — Les seuls groupes G décomposables en un produit


direct non banal de deux sous-groupes sont donc ceux qui admettent,
outre {|e} et G, deux sous-groupes distingués dont le produit est G
et dont l’intersection est { e |. En particulier, les groupes simples sont
indécomposables en produit direct non banal.
La notion de produit direct et les résultats précédents s’étendent,
aisément, au cas d’une famille finie de sous-groupes remplissant
des conditions analogues a celles qui caractérisent H: et HH». Elle peut
méme s’étendre, avec des modifications convenables, au cas d’une
famille infinie de sous-groupes.
Quand le groupe est noté additivement on emploie l’expression
somme directe au lieu de produit direct.

7. IMMERSION D’'UN MONOIDE ABELIEN


ET PARTOUT REGULIER (NON VIDE) DANS UN GROUPE ABELIEN.
THEOREME DE SYMETRISATION.

Le couronnement de la théorie élémentaire des groupes est le théoreme


de symétrisation qui résout le probleme consistant a immerger un monoide
abélien et partout régulier dans un groupe abélien.
Ce probleme se pose lorsqu’on observe qu’un monoide méme abélien
et partout régulier est généralement dépourvu d’élément neutre et,
a fortiori, d’éléments symétrisables. On se propose alors de construire
un groupe qui corrige ces défauts et contienne une partie stable sur
laquelle sa propre loi induise une structure isomorphe 4 celle du monoide.
I] se trouve que ce probleme admet une solution et méme une infinité
de solutions. (Il est bien clair, en effet, que s’il en admet une, il suffira
d’effectuer le produit de cette solution par un groupe quelconque pour
en obtenir une autre.) Mais parmi toutes les solutions, il en existe une et
une seule qui posséde cette propriété remarquable d’étre — a une isomor-
GROUPES. 383

phie prés — contenue dans toute autre solution; on peut dire, 4 deux iso-
morphies prés, que cette solution privilégiée est le plus petit groupe abélien
contenant le monoide abélien et partout régulier dont il s’agit de corriger
les défauts.
Il convient de signaler que l’hypothése selon laquelle le monoide est
abélien est une hypothése essentielle, car il est possible de démontrer
— ce qui ne sera pas fait ici — qu’un monoide partout régulier mais non
abélien ne peut généralement pas étre plongé dans un groupe.
La démonstration du théoréme de symétrisation met en ceuvre un
procédé connu depuis le milieu du XIX® siécle sous le nom de « méthode
des couples » et utilisé assez couramment, méme dans |’enseignement
élémentaire, pour la construction de l’ensemble des entiers relatifs et
de l’ensemble des nombres rationnels.
Les idées directrices de cette démonstration sont les suivantes.
Partant du monoide ‘M, non vide, abélien et partout régulier,
on construit par passage au produit, le monoide Mx M, lui-méme abélien
et partout régulier; on introduit, ensuite, dans MxM, une relation
d’équivalence convenable et compatible avec la structure de ce nouveau
monoide; on constate alors que le monoide quotient de MxM par cette
relation d’équivalence est, précisément, un groupe abélien, qu’il contient
une partie stable sur laquelle il induit une structure isomorphe a la struc-
ture du monoide initial M et, enfin, qu’il constitue le plus petit groupe
— a4 deux isomorphies prés — dans lequel puisse étre plongée M.
Il suffit de préciser les détails pour obtenir la démonstration.
Présentée dans ce qui suit, 4 laide de trois signes distincts pour les
trois lois de composition qui interviennent sur les trois ensembles, elle
devient trés intuitive si l’on confond ces trois signes avec le signe de
multiplication et se réduit a des remarques classiques concernant les
fractions.
Monoide M x M. — Soit donc un monoide M, abélien et partout régulier,
dont la loi de composition est notée au moyen du signe 7. Le monoide-
produit MxM est constitué par les couples de la forme (u;, U2) ou U; et Ur
sont des éléments de M et le composé, noté au moyen du signe T, de
deux éléments (U;, U2) et (Vi, v2) de MXM a pour expression

(U1, U2) Cae Oy == (Un


GP Om, Be IP Coys

Relation d’équivalence R. — La relation R entre éléments (UW, U2)


et (0, v2) de MxM, exprimée par l’énoncé
(Uy, Uy) et (P1, 2) sont tels que: w,| b= U2 T %

— et qui signifie que deux couples de MxM satisfont a cette relation R


lorsque le composé des extrémes est égal au composé des moyens du
384 TITRE III]. — CHAPITRE V.

quadruplet (u,, Us, v;, v2) — est une relation d’équivalence, comme on s’en
assure aussitét. La réflexivité de R provient de ce que :
Ug |e 0 oe eA

a cause de la commutativité de la loi T de M; la symétrie provient de


ce que
Uy | Po= Ue | 1 entraine, 04 5]|s Uo Con
|eta,

toujours a cause de la commutativité; enfin, la transitivité provient


a la fois de l’associativité, de la commutativité et de la régularité de la loi,
comme le montre la chaine d’implications :

Uy 7 02 =U2T % ) Vs ww
(9 v Wz = Us (e
ety 2. a 2) | 4
Po 7 m1 { i abe DT
01 | We=

=> Us] (02T 1) | 2= UeT (%2 7 01) T v1


= AN ee Ree

La relation d’équivalence R, désormais susceptible d’étre notée au moyen


du signe = est, en outre, compatible avec la loi T de MxM.
La compatibilité 4 droite s’exprime, en effet, par la relation
CO TAO ey a I ie) en Vo) = (U4, Us) Ries 2),

c’est-a-dire par la relation


Uti Uae [atl Lean ao) ai(Ty
| Oo a eceomae
eo aleceoaa| mem)

qui est une conséquence immeédiate de l’associativité et de la commu-


tativité de la loi T de M.
La compatibilité 4 gauche se vérifie de la méme maniére.
On observera que, pour tout m de M, (u, 7 m, u. T m) = (Wi, U2).
Groupe abélien (M x M)/R. — Le monoide-quotient (M x M)/R est alors
un monoide abélien non vide, constitué par les classes d’équivalence
déterminées par R dans MxM; la classe d’équivalence d’un couple
quelconque (u:, U2) sera notée, dans la suite, au moyen du symbole (u;, Ww)
et la loi du monoide-quotient au moyen du symbole T.
Ce monoide-quotient admet pour élément neutre l’ensemble, non vide,
des couples symétriques, c’est-a-dire des couples de la forme (u, u), qui
constituent manifestement une classe d’équivalence; on s’en assure
aussit6t grace aux égalités suivantes, ot (v1, vy.) désigne une classe
quelconque
(tw, amet Vs) = ((u, w) | (4, 2))

=@Tmnete)
= (1, 2),

et aux égalités analogues prouvant que (u, u) est neutre a droite.


GROUPES. 385

Tout élément (ui, U2) du monoide-quotient admet comme symétrique


élément (uu, u,) puisque
(Uy thy)
Yo (tn, Us) = Gus|) Uap tee | U1) =u, 2).

Le monoide-quotient (MxM)/R apparait ainsi comme un groupe


abélien G.
Partie stable isomorphe a4 M. — Dans ce groupe G, on distingue, pour
chaque élément u de M, la classe formée par les couples de la forme
(uT m, m), ot m parcourt M; l’ensemble de ces couples, u étant donné,
coincide, en effet, avec une classe d’équivalence de MxM, puisque deux
couples (uT m, m) et (uJ m’, m’) de cette forme sont équivalents en
vertu de l’égalité
Ue STU eae CLE TIe

et que, d’autre part, tout couple (a, b) équivalent 4 un couple (u 7 m, m)


est lui-méme de cette forme en vertu de |’égalité
OT f= OI BAL we
équivalente a l’égalité
CES ONG ee SA ae

Cette remarque faite, on considére la partie A de G constituée par


Vensemble des classes de la forme (u T m, m), ott u parcourt M. L’appli-
cation f de M dans G qui, a tout élément u de M associe la classe (u T m, m)
est, évidemment, une bijection de M sur A. C’est, d’autre part, un homo-
morphisme de M dans G, car l'image par f du composé ui J uz de deux
éléments de M est le composé par 7 des images de u, et u2, comme le
prouvent les égalités
(u,[ U2] m, m) = ((u,[ v2) T (mTsm), mT m)

SSeaaETET eae
Il en résulte que f est un isomorphisme de M sur A (muni de la structure
induite par la loi de G). En résumé, le groupe abélien G, ainsi construit,
contient une partie A sur laquelle il induit une structure isomorphe
a celle du monoide donné M. De plus, il est engendré par A, c’est-a-dire
que tout élément (i, U2 ) de G est le composé d’un élément A et du
symétrique d’un élément de A, comme le prouvent les égalités
(uy, U2) = (Uy| m | m, us]? m Tm) =(u 7]mim) T (m, ue m).

Unicité a une isomorphie prés. — Pour achever la démonstration,


il reste a établir — ce qui est souvent négligé dans les exposés courants —
que tout groupe abélien G’, contenant une partie A’ isomorphe a M (pour
VY. ROUQUET LA GARRIGUE, 25
386 TITRE II], — CHAPITRE V.

la structure induite par G’), contient nécessairement une autre partie


isomorphe au groupe G qui vient d’étre construit.
On y parvient en observant d’abord qu’un tel groupe G’ (dont la loi
sera, dans la suite, notée multiplicativement) contient nécessairement
un plus petit sous-groupe contenant A’ : le sous-groupe G" engendré
par A’; que ce sous-groupe G" n’est autre que l’ensemble des fractions
de G’, dont les termes appartiennent a A’, puisque A’, isomorphe a un
monoide, est une partie stable de G’ (cf. § 4.3, Remarque); que G” est
image homomorphe du _ monoide-produit A’xA’ par Jlapplication |
de A’ x A’ dans G’ qui associe 4 tout couple (a, b) de A’ x A’ la fraction ;
de G; que, par suite (théoréme d’homomorphie), G” est isomorphe au
quotient de A’ x A’ par la relation d’équivalence R’ associée 4 cet homo-
morphisme et qu’enfin ce quotient est, A son tour, isomorphe a (M x M)/R,
c’est-a-dire a G.
La seule des remarques précédentes qui mérite un commentaire est
celle qui affirme que G” est image homomorphe du monoide-
produit A’x A’. C’est d’ailleurs elle qui, dans une certaine mesure, rend
«naturel » le procédé employé pour construire G.
Pour la justifier, il suffit de montrer que, par l’application de A’ x A’
dans G’ qui conduit du couple (a, b) a la fraction -? Vimage du composé
de deux couples (a, b) et (c, d) est le composé des images de ces deux
couples. Or cela est immédiat : le composé des couples (a, b) et (c, d) est,
par définition d’un monoide-produit, le couple (ac, bd); son image est
la fraction ae le composé des images des couples (a, b) et (c, d) est le

produit a5 qui est, on le sait, égal a la fraction =


ac

La relation d’équivalence R’ associée 4 cet homomorphisme est donc


la relation entre couples (a, b) et (c, d) quis’exprime par

(CED le Gna) sont tels que ad= be,

et l’affirmation exprimant que le monoide-quotient (A’ x A‘)/R’ (qui est


un groupe) est isomorphe au monoide-quotient (M x M)/R (qui est aussi
un groupe) reléve alors d’un simple changement de notation.
Les résultats obtenus peuvent étre exprimés par l’énoncé :

THEOREME DE SYMETRISATION. — Etant donné un monoide M, non


vide, abélien et partout régulier, il existe un groupe abélien G ef un seul
(a une isomorphie prés) remplissant les conditions suivantes :
19 G contient une partie (stable) sur laquelle il induit une structure iso-
morphe a celle de M;
GROUPES. 387

2° Tout groupe abélien contenant un monoide isomorphe a M contient


un sous-groupe tsomorphe a G.
Le groupe G = (MxM)/R, construit au cours de la démonstration
de ce théoreme, est appelé le groupe symétrisé du monoide M ou encore
le groupe des fractions du monoide M si M est noté multiplicativement,
ou enfin le groupe des differences du monoide M si M est noté additi-
vement. Conformément 4 l’usage, on convient d’identifier le monoide M
et la partie A de G qui lui est isomorphe, c’est-a-dire de confondre orale-
ment et graphiquement (non dans la pensée !) ces deux ensembles. Cette
identification permet alors de confondre, de la méme maniére, un élément
quelconque de A et l’élément de M qui lui est associé dans l’isomorphisme
qui relie A et M. En particulier, on peut donc écrire et dire que

(CGA 1)

u et m désignant deux éléments quelconques de M, bien que cette égalité


soit radicalement fausse. Cela permet aussi de dire et d’écrire que G
contient M ou encore que M a été plongé dans G.

Remarques. — 1. On peut méme assurer que le groupe des fractions


du monoide M est le plus petit groupe (abélien ou non) dans lequel M
puisse étre plongé. En effet, dans tout groupe contenant M, M est une
partie dont les éléments sont deux 4 deux permutables; donc, le sous-
groupe engendré par M est abélien et, par conséquent, coincide avec
le groupe des fractions de M.

2. Le théoréme de symétrisation peut étre généralisé au cas ol


le monoide M, tout en restant abélien, n’a pas tous ses éléments
réguliers.
On considére alors ensemble M* des éléments réguliers de M,
le produit MxM", puis la relation d’équivalence R* exprimant que
deux couples (ui, u3) et (vi, vs) de M x M“* sont tels que uw: [ v3 = uy T v1.
On montre alors, en suivant pas a pas la démonstration du théoréme
de symétrisation, que l’ensemble structuré (Mx M*)/R*, obtenu par
passage au produit MxM", puis par passage au quotient selon R’,
est muni d’une loi commutative, possede un élément neutre (u*, u”*),
contient une partie stable isomorphe a M, que tout élément régulier
de cet ensemble — pas seulement ceux de A — est symétrisable et que
chacun de ses éléments est composé d’un élément de A et du symétrique
d’un élément régulier de A. En modifiant légérement la démonstration
de la deuxiéme partie, on parvient 4 montrer, en outre, que tout
ensemble, muni d’une loi associative et commutative et contenant
une partie isomorphe 4 M, contient nécessairement une autre partie
isomorphe A (MxM"*)/R*. L’ensemble (MxM")/R* est appelé
Vensemble symétrisé du monoide M.
388 TITRE III. — CHAPITRE V.

8. GROUPES A OPERATEURS.

On dit que un groupe G est un groupe a opérateurs pour exprimer


que G est muni d’une ou de plusieurs lois de composition externes
distributives par rapport 4 la loi de G. Si la loi de groupe sur G
est notée multiplicativement et si le signe « | » désigne l'une des lois
externes, tout opérateur « pour cette loi remplit la condition exprimée
par Videntité
PN Geeg a) =n ese Abe)

En d’autres termes, tout opérateur produit alors une application du


groupe G sur lui-méme, telle que l’image du produit de deux éléments de G
soit le produit des images de ces deux éléments. Une telle application
est donc un endomorphisme de G, auquel on réserve l’appellation de
homothétie du groupe a opérateurs G. L’image d’une partie A de G
par une telle homothétie est dite image homothétique de A. -
Un sous-groupe stable d’un groupe a opérateurs G est, naturellement,
un sous-groupe, stable pour les lois externes de G, ou encore un sous- —
groupe qui contient toutes ses images homothétiques.
Toutes les notions et toutes les propriétés rencontrées dans l'étude
des groupes, sauf celles qui relévent de la symétrie du groupe, s’étendent
aussit6t aux groupes a opérateurs, si l’on y remplace partout « groupe »
par « groupe a opérateurs » et « sous-groupe » par « sous-groupe stable »,
Les modules et les espaces vectoriels étant des groupes a opérateurs,
leur étude ne parait guére pouvoir étre approfondie sans une étude
préalable des groupes. Au contraire, elle profite de la plupart des résultats
relatifs aux groupes.
CHAPITRE VI.
ANNEAUX.

1. DEFINITIONS ET EXEMPLES.

On emploie le terme anneau pour désigner un ensemble muni de


deux lois de composition internes remplissant, elles-mémes,
les conditions suivantes :
La premiére loi est une loi de groupe abélien;
La seconde loi est :
1° partout définie,
2° associative,
3° doublement distributive par rapport a la premiere.
On dit, aussi, qu’un tel ensemble structuré est un ensemble muni
d'une structure d’anneau.
Un anneau est donc un groupe abélien et, par suite, un ensemble non
vide, muni d’une seconde loi interne associative et doublement distri-
butive par rapport a la loi du groupe.
. Si l’on remplace la seconde loi par la loi opposée, cette nouvelle loi et
la premiére déterminent encore sur-l’ensemble une structure d’anneau
qui est dite opposée 4 la structure initiale; l’anneau obtenu est lui-méme
dit opposé a l’anneau initial et l’on constate sans peine que l’anneau
initial est, a son tour, opposé a l’anneau final. L’anneau opposé a un
anneau A est noté A’, :
La premiere loi d’un anneau étant une loi de groupe abélien est, évidem-
ment, partout définie, associative et commutative, admet un élément
neutre et tout élément de l’anneau est symétrisable et régulier pour cette
premiére loi. La seconde, au contraire, bien que partout définie et asso-
ciative, n’est pas nécessairement commutative, n’admet pas nécessai-
rement d’élément neutre, ni, a fortiori, d’éléments symétrisables ou
réguliers. On distingue, alors, parmi les anneaux, ceux dont la seconde loi
admet un élément neutre et qu’on appelle anneaux a élément unité
ou encore anneaux unitaires, ceux dont la seconde loi est commutative
et qu’on appelle anneaux commutatifs. Un anneau commutatif coincide
avec son opposé. Les notions d’éléments symétrisables, réguliers, centraux,
390 TITRE III, — CHAPITRE VI.

dans un anneau, sont relatives exclusivement a la seconde loi (puisque


tous les éléments de l’anneau présentent ces caractéres pour la premiére
loi).
Les deux lois externes, déduites par dédoublement de la seconde loi
interne, déterminent sur un anneau une structure de groupe a opérateurs,
puisque ces deux lois externes sont distributives par rapport a la premiére.
Les translations 4 gauche déterminées par la seconde loi sont donc appelées
— conformément aux notations générales — homothéties a gauche
de l’anneau; de méme, les translations a droite déterminées par la seconde
loi sont appelées homothéties a droite de l’anneau.
La premiére loi d’un anneau quelconque étant une loi de groupe abélien,
donc associative et commutative, est généralement notée additivement
et appelée addition de l’anneau; son élément neutre est noté o et appelé
le zéro de l’anneau ou l’élément nul de lVanneau; |l’opposé d’un
élément x est noté — x. Elle munit l’ensemble des éléments de l’anneau
d’une structure de groupe qu’on appelle le groupe additif de l’anneau.
La deuxieme loi étant associative est généralement notée multipli-
cativement et appelée multiplication de l’anneau; elle munit l'ensemble
des éléments de ’anneau d’une structure de monoide multiplicatif qu’on
appelle le monoide multiplicatif de l’anneau; si le monoide multi-
plicatif de ’anneau admet un élément neutre, cet élément est noté 1
et appelé élément-unité de Panneau. Les lois externes déduites par
dédoublement de la multiplication sont appelées respectivement multi-
plication a gauche et multiplication a droite de l’anneau; les appli-
cations de l’anneau dans lui-méme produites par les opérateurs de la
multiplication a gauche ou de la multiplication 4 droite ne sont autres
que les homothéties a gauche ou les homothéties 4 droite de l’anneau.
x

Avec ces notations, les conditions que doivent remplir les deux lois
d’un anneau s’expriment par les identités suivantes qu’on peut appeler
axiomes de la structure d’anneau, si l’on sous-entend que les deux lois
sont partout définies et que la troisieme et la quatriéme comportent
des affirmations d’existence :

GBE(y
+3) = (2+ y) +2,
BDH+Y=V+a,
+0 =0+2=2,
no (— 2) = (—2) +e=0,
(YZ) = (Hy) 2,
UY AS) = Uy + #2,
(YZ)
2 = yn + 2x.

Il convient d’attirer l’attention sur les deux derniéres qui expriment


respectivement la distributivité 4 gauche et la distributivité 4 droite
ANNEAUX. 391
de la multiplication par rapport a l’addition. Lues de gauche 4a droite,
elles permettent d’effectuer lopération qui consiste 4 développer le
produit d’un élément par une somme et celui d’une somme par un élément.
Lues de droite a gauche, elles permettent d’effectuer l’opération qu’on
appelle mise en facteur ou factorisation.
Bien que l’ensemble N des entiers naturels soit muni d’une addition
et d’une multiplication, N n’est pas un anneau puisque, on le sait, il n’est
méme pas un groupe pour l’addition. On verra que l’ensemble Z des entiers
relatifs, muni de l’addition et de la multiplication habituelles, est alors
un anneau (a élément-unité).
L’anneau le plus simple qu’on puisse construire est l’anneau réduit
a un seul élément, noté o; la multiplication coincide alors avec l’addition
et l’élément-unité avec l’élément-nul. On appelle ’anneau nul.
Un autre exemple d’anneau est celui qu’on obtient en munissant un
groupe abélien G quelconque d’une multiplication conduisant de tout
couple (x, y) a élément nul de G; on constate aussitot, en effet, que cette
multiplication (trés particuliére) est partout définie, associative et dou-
blement distributive par rapport a addition; elle est d’ailleurs commu-
tative mais n’admet pas d’élément-unité si l’anneau obtenu n’est pas
Vanneau nul. Un tel anneau est dit anneau de carré nul en vertu du
fait que'G..G = 0}.

2. REGLES DE CALCUL DANS UN ANNEAU QUELCONQUE.

Les régles de calcul dans un groupe additif sont, évidemment, appli-


cables a addition d’un anneau. En particulier, on peut définir la sous-
traction d’un anneau, calculer sur les différences ou les sommes algébriques.
De méme, les régles de calcul dans un monoide quelconque sont appli-
cables 4 la multiplication d’un anneau. En particulier, on peut appliquer
les regles provenant de lassociativité généralisée, de l’extension aux
parties, du calcul exponentiel, du calcul sur les égalités ou les relations
d’équivalence compatibles avec la multiplication de l’anneau.
Mais le lien entre l’addition et la multiplication, créé par la double
distributivité, permet de dégager des régles et des notions nouvelles.

2.1. Multiples et diviseurs (a gauche, a droite).


Pour faciliter expression de ces régles, il est d’usage d’étendre a un
anneau les notions de multiples et de diviseurs rencontrées dans l’étude
des entiers. Etant donné un anneau A, on dit qu’un élément a de A est
multiple 4 gauche d’un élément } de A pour exprimer qu'il existe
un élément c de A tel que a = cb.
On exprime la méme relation en disant que b est diviseur a droite
de a ou que a est divisible a gauche par b. On définit de facon analogue
9
992, TITRE III, — CHAPITRE VI.

la notion de multiple 4 droite, de diviseur 4 gauche et la relation


a est divisible a droite par b.
Si A est commutatif,; les notions de multiple 4 gauche et de multiple
a droite se confondent; de méme celles de diviseur a gauche et de diviseur
a droite; on supprime alors les qualificatifs.

Remarque. — Dans tous les cas, il convient de distinguer soigneu-


sement cette nouvelle notion de l’ancienne. Par exemple, si A n’a pas
d’élément-unité, ’élément n.x, ot n est un entier naturel et x un
élément de l’anneau, n’est pas, en général, un multiple de x (ni a gauche,
ni a droite) au sens qui vient d’étre donné au mot multiple; on constate,
en effet, que, si A est un anneau de carré nul, l’élément n.x est généra-
lement différent de 0, tandis que tout produit y<zxz ou xy est égal a o,
ce qui interdit l’existence d’un élément y tel que n.x = yx ou que
n.« = xy. Il en résulte que, dans de tels anneaux, un élément a n’est
pas nécessairement diviseur de lui-méme. On voit aussi qu’un
élément a n’est pas nécessairement multiple de lui-méme. Au contraire,
si A est un anneau admettant un élément-unité noté e, on constate que

TURE Urn (Ce) a CIENT mE)

en recourant a la définition du symbole n.zx et a la double distributivité


dc la multiplication par rapport a Vaddition; tout multiple au sens
ancien est alors un multiple (a gauche et 4 droite) au nouveau sens;
de méme, grace a |’élément-unité, tout élément est, évidemment, divi-
seur de luicméme des deux cétés et multiple de luic-méme des deux
cétés.
Ces sortes d’anomalies conduisent certains auteurs a exiger d’un
anneau qu’il posséde un élément neutre pour sa multiplication,
c’est-a-dire un élément-unité. Si l’on permet 4 un anneau de ne pas
admettre d’élément-unité, il est indispensable de distinguer les
multiples au sens ancien des multiples au sens nouveau en disant
que ce sont des multiples entiers.

2.2. Dans tout anneau, Vélément nul est élément absorbant


pour la multiplication.

En d’autres termes, tout multiple (a gauche ou a droite) de zéro est


nul, ou encore, quel que soit l’élément x d’un anneau

0% = x0=0

ou enfin : Dans un anneau, un produit de facteurs est nul dés que l'un
des facteurs est nul.
En effet, la double distributivité permet d’assurer que pour tout x:
LL=(L+0)eX=H#e
+02
ANNEAUX, 393
et que, par suite, grace a la simplification par xz, o = o x; de méme,
LLL (et 0) Ci CO

entraine que o = o.
On peut encore exprimer une partie de ces résultats en disant que
dans tout anneau, méme dépourvu d’élément-unité, ’élément nul
est diviseur de lui-méme (des deux cétés) et multiple de lui-méme
(des deux coétés).
Enfin, on en déduit que, dans tout anneau non réduit a l’élément nul
et possédant un élément-unité

e105

car, 1 étant élément neutre pour la multiplication, on peut assurer que,


pour tout 2,
_ & ~

{ Ooxr=—d0,

ce qui est en contradiction avec (1 = 0) dés qu’il existe un t 4 o.

2.3. Régle des signes dans un anneau. Distributivité de la multi-


plication par rapport a la soustraction.

La propriété, selon laquelle tout multiple de zéro est nul, entraine


les identités suivantes, constituant la regle des signes dans un anneau.

(= y=—(ay),| n—y=—@n,| |Ga) (—n= ay


La premiere résulte de ce que la somme de (— 2) y et de zy est nulle,
comme le montre la chaine d’identités : ;
(—“)y+uy=(—@+2)y¥y =ov=0,

ou intervient la distributivité a droite. La seconde se démontre de facon


analogue grace a la distributivité a gauche.
Elles se traduisent, si l’on fait intervenir l’application identique notée +,
par «moins par plus donne moins » et par « plus par moins donne moins »
et permettent de mettre sous deux formes différentes l’opposé d’un
produit.
La troisiéme apparait alors comme une conséquence immédiate des
deux premieres, puisque

ey a a) Se (ay) ) ey
on peut la traduire par « moins par moins donne plus ».
394 TITRE III. — CHAPITRE VI.
De la régle des signes, on déduit d’abord, en désignant par n un entier
strictement supérieur a l’entier o :

(— a)"?= a" si n est pair, |


(—a)"=—(a”) sinest impair;

on en déduit ensuite les identités :

| OY oe

Cy B)L = VL — BL

qui expriment la double distributivité de la multiplication par rapport


a la soustraction. La premiere, par exemple, résulte de ce que :

a(y—2)Sa(y+(—2)) = ae2y+a(—2) = 4“y+ (— #2) = 2y — £2.

La seconde se démontre de facon analogue.

2.4. Diviseurs de zéro. Anneaux d’intégrité.

La propriété 2.2 assurant que, dans tout anneau, un produit de facteurs


est nul dés que l’un de ses facteurs est nul, a une réciproque généralement
fausse. En d’autres termes, malgré certain théoréme bien connu concer-
nant les entiers, il est faux que dans un anneau quelconque, tout produit
nul ait au moins un facteur nul. Le contre-exemple, constitué par un
produit de facteurs d’un anneau de carré nul et non réduit a o, prouve
aussitét cette assertion.
Il est probable que, si les mathématiques n’offraient pas d’autre
contre-exemple, elles n’auraient pas songé a attirer l’attention sur cette
particularité; mais on rencontre des anneaux construits trés simplement
qui la présentent — par exemple, les anneaux d’entiers modulo un
nombre non premier, ou encore les anneaux de matrices carrées d’ordre
donné sur l’ensemble des réels. Il convient donc d’insister en posant
des définitions.
L’usage actuel est d’utiliser l’expression « diviseur de zéro » bien que
la définition méme du mot diviseur dans un anneau confére la qualité
de diviseur de zéro 4 tout élément de cet anneau; quel que soit a, il existe,
en effet, un élément x tel que ax = o et que xa = 0, a savoir o lui-méme
en vertu de la propriété 2.2.
On convient donc, par restriction de sens, que l’expression :l’élément a
d’un anneau A est un diviseur a gauche de zéro signifie exclusivement :
il existe un élément non nul b, de lanneau A, tel que ab = o.
De méme, dire que a est un diviseur a droite de zéro signifie exclu-
sivement : il existe un élément non nul b, de l’anneau, tel que ba = o.
ANNEAUX, 395
Enfin, dire que a est un diviseur de zéro signifie que a est un diviseur
a gauche et un diviseur a droite de zéro. On constate alors que dans
tout anneau, sauf dans l’anneau nul, zéro est diviseur de zéro, au sens
restreint qui vient d’étre donné a cette expression.
Parmi les diviseurs de zéro éventuels, on distingue les éléments a dont
une puissance d’exposant entier non nul est égale a zéro; on appelle ces
éléments des éléments nilpotents. Dans un anneau de carré nul, tout
élément est diviseur de zéro et nilpotent, 4 moins que l’anneau ne soit
Yanneau nul : dans ce dernier cas tres particulier, l’élément nul est nil-
potent mais non diviseur de zéro. C’est la seule exception : dans tout autre
anneau, un élément nilpotent est un diviseur de zéro.
Dans un anneau quelconque, les diviseurs de zéro a gauche ne sont
autres que les éléments non réguliers a gauche (pour la multiplication bien
entendu). De méme, l’ensemble des diviseurs de zéro a droite coincide
avec l’ensemble des éléments non réguliers 4 droite. Enfin, l’ensemble des
diviseurs de zéro (des deux cétés) coincide avec l'ensemble des éléments
qui ne sont réguliers ni d’un cété ni de l’autre; ensemble des éléments
réguliers coincide avec l’ensemble des éléments qui ne sont diviseurs de
zéro ni d’un cété ni de ’autre; ensemble des diviseurs de zéro (a droite
ou a gauche) coincide avec l’ensemble des éléments non réguliers (a droite
ou a gauche).
En effet, si a est diviseur de zéro (a gauche, par exemple), il existe un
élément 5, non nul, tel que ab = 0; on en déduit que ab = ao, ce qui
interdit a l’élément a d’étre simplifiable 4 gauche, donc régulier a gauche,
puisque cela entrainerait b = o.
Inversement, si a est non régulier (a gauche), il existe deux éléments x
et y tels que, a la fois,
{| a= ay,
C 2ey;
on en déduit qu’il existe deux éléments x et y tels que
( a(@—y)=0,
eA
et enfin qu'il existe un élément b non nul, a savoir (v — y) tel que ab = 0, °
ce qui assure que a est un diviseur de zéro a gauche.
Les autres résultats énoncés ci-dessus sont alors évidents. Il est clair
qu’un anneau dépourvu de diviseurs de zéro a gauche autres que zéro
est dépourvu de diviseurs de zéro a droite autres que zéro, et récipro-
quement. Les anneaux qui présentent lun ou l’autre de ces caracteres
sont dits anneaux intégres. L’absence de diviseurs de zéro (des deux
cotés) autres que zéro n’est pas une condition équivalente a la précédente;
elle le devient si l’anneau est commutatif. D’ot la définition : on dit
qu’un anneau est un anneau @intégrité pour exprimer que c’est un
396 TITRE III. — CHAPITRE VI.
anneau dépourvu de diviseurs de zéro autres que zéro et de plus
commutatif. Dans tout anneau infégre, en particulier dans tout anneau
dintégrité, on peut assurer que pour qu'un produit de facteurs
soit nul, il faut et il suffit que l’un de ses facteurs soit nul. Le seul
élément nilpotent est alors zéro. Ces propriétés importantes peuvent étre
exprimées par les identités suivantes, ot a et b désignent des éléments
quelconques d’un anneau intégre et n un entier strictement supérieur
a l’entier nul.
<a=0, iO OE
Chey SS
<= Onn
dans un anneau intégre.
)

Remarque. — On ne range pas, habituellement, l’anneau réduit


a son élément nul parmi les anneaux d’intégrité.

2.5. Formules générales de distributivité.


De méme que l’associativité, définie a partir de trois éléments, donne
lieu A un théoréme général d’associativité, de méme la distributivité,
définie 4 partir de trois éléments, donne lieu 4 un théoreme général de
distributivité. Les formules qui expriment ce théoréme sont d’une appli-
cation constante dans le calcul algébrique le plus élémentaire.
2.5.1. FORMULES CONCERNANT LE PRODUIT D’UN ELEMENT PAR UNE
SOMME ET LE PRODUIT D’UNE SOMME PAR UN ELEMENT. — Etant donnés
un élément a d’un anneau et une suite (%, %®, %, ..., %,) de n éléments
de cet anneau, on peut assurer que

A(X,+ X2_+ X3o+...+ Xn) = AX + ALA+ AX3+...+aLyn,


(Ly
+ Lot Xy+... + Xpj) A= MA+ LLA+ L3A+...+ La

ou encore, sous forme condensée,

Ces formules, immédiatement établies par récurrence sur n, peuvent


étre lues dans les deux sens.
Lues de gauche a droite, elles permettent de développer le produit
d’un élément par une somme et celui d’une somme par un élément;
elles s’expriment par les énoncés classiques :
Pour effectuer le produit d’un élément par une somme, il suffit d’effectuer
les produits de V’élément par chaque terme de la somme, puis d’effectuer
la somme des résultats obtenus.
9
ANNEAUX. 997

De méme, pour effectuer le produit d’une somme par un élément,


il suffit d’effectuer les produits des termes de la somme par |’élément,
puis d’effectuer la somme des résultats obtenus.
Lues de droite a gauche, elles permettent d’effectuer la mise en facteur
d’un facteur commun aux divers termes d’une somme.
2.5.2. FORMULES CONCERNANT LE PRODUIT D’UN ELEMENT PAR UNE
SOMME ALGEBRIQUE ET LE PRODUIT D'UNE SOMME ALGEBRIQUE PAR UN
ELEMENT. — Etant donné un élément a d’un anneau et une somme
algébrique (%,— 2%,—2%;+2%,—2;) (par exemple) d’éléments de cet
anneau, on peut assurer que

a(x Se ARly Oy — Xs) = AX,— ALyz— AL34+ AL,— aX3,

| (21 — %y—
Lz + Ly~— L3) ASH MWA— M1A— L3A+ L,a— “3a.

La justification de ces formules est immédiatement obtenue si lon


remplace les diverses sommes algébriques qui y figurent par les sommes
tout court qui leur sont respectivement égales.
Lues de gauche a droite, elles permettent de développer le produit
d’un élément par une somme algébrique et celui d’une somme algébrique
par un élément; elles s’expriment par les énoncés classiques :
Pour effectuer le produit @un élément par une somme algébrique,
il suffit deffectuer les produits de l’élément par chaque terme de la somme
algébrique, puis de composer les résultats obtenus au moyen de la méme
suite de signes.
On peut dire aussi, plus briévement, qu’il suffit de multiplier a gauche,
par l’élément, chacun des termes de la somme algébrique.
De méme, pour effectuer le produit d’une somme algébrique par un
élément, il suffit de multiplier a droite, par I’élément, chacun des termes
de la somme algébrique.
Lues de droite a gauche, elles permettent d’effectuer la mise en facteur
d’un facteur commun aux divers termes d’une somme algébrique.
2.5.3. FoRMULE CONCERNANT LE PRODUIT DE DEUX SOMMES. — Etant
données, dans un anneau, une premiere suite (7;) de m éléments et une
deuxiéme suite (y;) de n éléments, on peut assurer que

(Se) (Sir) Sie


me n Til, Te

1,4

Par exemple, si m = 3 et sila premiére suite est désignée par (a, b, c)


tandis que n = 2 et la seconde suite désignée par (d, e),
(a+b+c)(d+e)=ad+ae+
bd+ be+cd+ ce.
398 TITRE III. — CHAPITRE VI.

La démonstration de cette formule s’obtient par récurrence grace aux


remarques successives :
(a+b+c)(d+e)=a(d+e)+b(d+e)+c(d+e)
=ad+ae+bd+ be +cd+ce.

Son expression générale permet de calculer le produit de deux sommes


en calculant la somme des produits qu’on obtient en multipliant chaque terme
de la premiére par chaque terme de la seconde.
Autrement dit, il suffit d’effectuer la somme des produits de la
forme 2;.y;, ot le couple (i, j) parcourt l’ensemble des couples du produit
d’intervalles[1, m]x[1, n]. Il y a donc, dans la somme finalement obtenue,
un nombre de termes égal au produit mn des nombres de termes des
deux sommes initiales.

2.5.4. FORMULE CONCERNANT LE PRODUIT DE DEUX SOMMES ALGE-


BRIQUES. — Pour éviter un énoncé compliqué et sans grand intérét,
il suffira de considérer exemple (a + b—c) (d—e—f + 9).
On obtient successivement :

(a+b—c)(d—e—f+g)=a(d—e—f+ 8)
+b(d—e—f+g)—c(d—e—f+g),

(a+ b—c)(d—e—f+g)=ad—ae—af+ag + bd
— be —bf+bg—cd+ce+cf—eg.

On constate alors que pour calculer le produit de deux sommes alge-


briques, il suffit de multiplier chaque terme de la premiére par chaque terme
de la seconde en faisant précéder chacun des résultats du signe obtenu par
la régle des signes dans un anneau.
Le nombre de termes de la somme algébrique finalement obtenue est
encore égal au produit des nombres de termes des deux sommes algébriques
initiales.

2.5.5. FORMULE CONCERNANT LE PRODUIT DE PLUSIEURS SOMMES. —


Elle s’écrit

(Sa.) (Sn) (Sa) a


P2 Pa

4
P1>Pareery Pn

1, 4,04251
avait
Lue de gauche a droite, elle permet de calculer le produit de n sommes
ayant respectivement p,, Po, ..., Pr éléments, en calculant la somme des
produits de la forme %,.yi,...t:,, ol x, désigne un élément de la premiére
ANNEAUX. 399
somme, y;, un élément de la seconde, ..., ¢;, un élément de la nim,
et ot: le multiplet (i, i, ..., in) parcourt le produit des intervalles
[t, pi], [1, pe], ..-, [1, pr]. Le nombre de termes de la somme finale-
ment obtenue est égal au produit pi x po x... X Dn.

Remarque. — Les formules de distributivité autorisant a supprimer


ou a introduire des parentheses dans certaines conditions constituent,
avec celles qui concernent les groupes abéliens, les regles du calcul
des parenthéses dans un anneau.

2.6. Extension aux parties.

La distributivité de la multiplication par rapport a l’addition d’un


anneau ne s’étend pas a l’addition et a la multiplication des parties.
Le contre-exemple suivant permet de s’en convaincre. Soit, dans un anneau
a élément-unité, la partie A = {0,1}, puis la partie B= {5b} et la
partie C= | c}, ot D et c sont deux éléments de l’anneau, distincts de o
et 1 et distincts entre eux. On constate alors que :
Pee ea ABEL.)
fo, bec), AB =f on 5.
AC=$0,¢c}, AB+ACG={o, b,¢,b+¢},

d’ou l’on déduit que A(B + C) est strictement contenu dans AB + AC,
contrairement a ce qu’exigerait la distributivité.

2.7. Galcul exponentiel.

La distributivité enrichit le calcul exponentiel dans un anneau de


formules permettant de développer des puissances de sommes — ou de
sommes algébriques. Cependant, si l’anneau n’est pas commutatif, ces
formules ne sont qu’une simple application des formules de distributivité.
On s’en rend compte sur les exemples suivants ow les lettres désignent
des éléments de l’anneau :

|(a+ 6)?= a+ ab+ ba+ Bb, |(a— b6)?= at— ab — ba + b?,


Mee

|(a+b) (a—b) = at— ab + ba—b, |

(a+b+c)= a+ b6?+ 2+ ab+ ba+ be + cb + ca + ac.

Il n’est pas permis de remplacer, dans la premiére formule, ab + ba


par 2 ab puisque, généralement, ab et ba sont différents; de méme, dans
la troisiéme, il n’est pas permis de supprimer ab et ba, bien quils soient
précédés de signes contraires.
400 TITRE III. — CHAPITRE VI.

2.8. Calcul sur les égalités et sur les congruences.

Les relations d’équivalence compatibles avec une structure d’anneau


portent traditionnellement le nom de congruences.
Les regles de calcul, concernant les égalités ou les équivalences dans
un groupe additif, s’appliquent, évidemment, sans réserve aux égalités
et congruences dans un anneau; il en est de méme des regles concernant
les égalités ou les équivalences dans un monoide multiplicatif quelconque.
Les formules établies aux paragraphes 3.2.4 et 3.2.5 du chapitre V
sont donc applicables sans modification; de méme, les formules établies
aux paragraphes 2.4 et 2.5 du chapitre IV. Il convient seulement d’attirer
Vattention sur le fait qu’une égalité de la forme ax = ay n’est générale-
ment pas simplifiable; de méme, une congruence de la forme ax = ay
nest généralement pas simplifiable, et encore moins une congruence
de la forme ar= by, ot a et b sont deux éléments congruents.
L’égalité ax = ay devient simplifiable si a n’est pas diviseur de zéro
a gauche, car elle est équivalente a a(z — y) = o et entraine alors r—y =o,
donc x = y.
Pour la congruence ax = ay, cette condition n’est pas suffisante.

3. REGLES DE CALCUL SPECIALES A UN ANNEAU COMMUTATIF.


IDENTITES REMARQUABLES. :

La commutativité d’un anneau a pour effet essentiel de rendre équi-


valentes la distributivité 4 gauche et la distributivité a droite. I] s’ensuit
que les multiples 4 gauche se confondent avec les multiples 4 droite;
le méme phénomeéne se produit pour les diviseurs ou pour les diviseurs
de zéro. Les deux formules de distributivité (§ 2.5.1) se confondent
ainsi que les deux formules (§ 2.5.2). Dans toutes les formules de distri-
butivité, on peut tenir compte de la commutativité et opérer ainsi des
réductions de termes semblables. Ces réductions de termes semblables
se manifestent tout particulicrement dans le calcul exponentiel. On
obtient alors les identités remarquables classiques du calcul algé-
brique élémentaire :

(a+b) at + aab+ be |(a—b)*= a? —aab +0; |

|
|(a+b) (a—b)=a—B8;

(a+ 6) =a@+ 3a2b + 3ab?+ 0 (a— b)}=a3—


3a2b + 3.ab?— 63,
ANNEAUX. 4ol

|(a+ 6) (at—
ab + 6?) = a+ BS, (a — 6) (@+ ab
+ 6?) = a3— Bb’; |

|(a — b) (a®—!4+ arb + a? 62+... + a2 br-3+ abr—2+ br-1) = an— bn |

quel que soit l’entier n > 0;

(a+ b) (a?— arb + a3 b2?—...4 a? br-3— abr + br) = art br |

quel que soit l’entier impair n > o.

Ces identités remarquables, dont la justification est immédiate, seront


généralisées ultérieurement grace a l’analyse combinatoire qui permettra
de fournir des expressions de

(a + b)” (formule du binome de Newton);


(a+ a-+...+a,)? (développement du carré d’une somme quel-
conque);
(a+ a+...+ a,)" (développement d’une puissance, d’exposant n
entier quelconque >o, d’une somme quel-
conque).

Lues de gauche a droite, elles permettent déja d’effectuer rapidement


des développements d’expressions courantes.
Lues de droite a gauche, elles permettent la factorisation, c’est-a-dire
la mise sous forme de produits de certaines expressions et sont la source
d’innombrables exercices de calcul qui se réduisent essentiellement
a ceci : étant donnée une certaine somme algébrique d’éléments d’un
anneau commutatif, représentés par des composés quelconques par addi-
tion, soustraction ou multiplication, on propose de factoriser cette somme
algébrique. On dispose alors essentiellement de trois procédés permettant
éventuellement une telle factorisation. Le premier consiste a reconnaitre
un facteur commun a chaque terme de la somme algébrique donnée :
on applique alors la premiére formule de distributivité. Le second consiste
4 reconnaitre que l’expression rentre dans l’un des types figurant au second
membre d’une des identités remarquables : on applique alors l’identité
convenable, lue de droite a gauche. Le troisiéme consiste a effectuer
des factorisations partielles de l’expression obtenue en développant
Vexpression donnée, grace au premier et au deuxiéme, puis a reconnaitre
alors la présence d’un facteur commun a tous les termes de la nouvelle
somme algébrique obtenue : on applique alors la premiere formule de
distributivité.
VY. ROUQUET LA GARRIGUE. 26
402 TITRE III. —- CHAPITRE VI.

4. REGLES DE CALCUL SPECIALES A UN ANNEAU COMMUTATIF UNITAIRE.


EXPRESSIONS ENTIERES.

Dans un anneau commutatif unitaire, le monoide multiplicatif de


Vanneau devient abélien et admet un élément neutre. La notion
d’expression-monéme et les régles de calcul qui la concernent sont alors
utilisables. En particulier, on peut effectuer la réduction des expressions-
mondmes de l’anneau.

4.1. Définitions.

Mais l’addition de l’anneau permet de considérer des sommes d’expres-


sions-monémes. Ces sommes sont appelées indifféremment expressions-
polynomes ou expressions entiéres. Chacune des expressions-mondmes
figurant dans une expression entiére est appelée un terme de l’expression
entiére; le coefficient d’une expression-mondme est appelé coefficient du
terme de lexpression entiére constituée par cette expression-
monéme. Chacune des bases des divers termes d’une expression entiére
est dite base de expression entiére. Deux termes ne différant que par
leurs coefficients sont dits termes semblables.
Tout élément de l’anneau étant égal a 1.x' est une somme (a un terme)
d’expressions-monédmes, donc une expression entiére. En particulier,
un multiple a.x est une expression entiére. Tout somme d’expressions
entiéres est donc une expression entiére et il en est de méme de tout
produit.

4.2. Galcul des expressions entiéres.

L’opposé d’une expression entiére donnée est exactement égal a l’expres-


sion entiére qui a pour termes les opposés des termes de |’expression
donnée; les coefficients sont donc les opposés des coefficients donnés.
La somme de deux expressions entiéres est une expression entiére qui
peut se calculer comme dans un groupe additif quelconque; le produit
de deux expressions entiéres se calcule en application des formules de
distributiviteé.

4.3, Réduction des expressions entiéres.

On définit pour une expression entiére donnée une réduction des


expressions entiéres analogue a la réduction des expressions-mondmes.
Elle consiste a effectuer successivement les deux opérations matérielles
suivantes : 1° réduire chaque terme de l’expression entiére de maniére
a le remplacer par sa forme réduite ot: toutes les bases sont deux 4 deux
ANNEAUX. 4o3

différentes; 2° utiliser la commutativité et l’associativité de l’addition


pour remplacer deux termes semblables par leur somme qui se présente
alors comme un seul terme ayant pour coefficient la somme des coeffi-
cients des deux termes semblables. On démontre par récurrence que l’ordre,
dans lequel on effectue les réductions de termes semblables, n’a pas
d’influence sur le résultat final. La réduction des expressions entiéres
permet donc de construire, a partir d’une expression entiere donnée,
une nouvelle expression entiére, égale a l’expression donnée, dans laquelle
chaque terme a des bases deux a deux différentes et dans laquelle tous les
termes sont deux a deux dissemblables. L’expression entiére ainsi obtenue
est appelée la forme réduite de l’expression entiere donnée. La deuxiéme
opération matérielle mentionnée ci-dessus porte le nom de réduction
des termes semblables; l’opération matérielle constituée par la réduc-
tion des expressions-mondmes d’une expression entiere et la réduction
des termes semblables est appelée réduction des expressions entiéres.

4.4. Ordination des expressions entiéres réduites. Degrés.

Lorsqu’on dispose d’une expression entiére réduife, on supprime dans


cette expression tous les termes dont le coefficient est nul. S’il ne reste
rien apres cette suppression, on dit que l’expression entiére est réduite
a zéro ou nulle, et on la représente par o; elle est effectivement égale a zéro
comme l’expression entiére d’ou elle provient. S’il reste un terme seule-
ment, l’expression entiére est réduite 4 une expression-mondme; s’il en
reste deux on dit que c’est un binome; s’il en reste trois, un trinome.
Quand il reste des termes, on considére le degré total de chacun d’eux;
on écrit d’abord ceux qui ont le degré total le plus élevé, puis ceux qui
ont le degré total immédiatement inférieur et ainsi de suite jusqu’au
terme de degré total zéro qui se réduit a son coefficient et qu’on appelle
« terme constant » de l’expression entiere.
Le degré total le plus élevé des termes d’une expression entiere réduite
est appelé le degré total ou simplement le degré de l’expression entiere
réduite. Il n’est pas question de définir le degré d’une expression entiére
non réduite.
Les termes d’une expression entiére qui ont tous un méme degré total p
sont les termes d’une expression entiere dite homogéne de degré p;
lentier p est appelé degré @homogénéité de cette expression.
Une expression entiere réduite qui est homogéne de degré 1 est dite
expression linéaire.
Pour écrire les termes d’une expression entiére homogéne on utilise
assez volontiers l’ordre lexicographique.
Une expression entiére réduite se présente donc, en définitive, sous
la forme d’une somme d’expressions entiéres homogeénes écrites dans l’ordre
4o4 TITRE III. —- CHAPITRE VI.

décroissant de leurs degrés, chacune étant écrite suivant l’ordre lexico-


graphique. Une expression entiere réduite ainsi écrite est dite ordonnée
suivant les degrés décroissants. Par exemple, une expression entiére
réduite a deux bases x et y, et du second degré, s’écrit
ax?+ bay + cy?+ dx + ey +f.

On utilise parfois d’autres procédés d’ordination. Les plus courants sont


les deux suivants : ordination suivant les degrés croissants, ordination
suivant les degrés (décroissants ou croissants) par rapport a une base.
Par exemple, l’expression entiére précédente peut s’écrire :
ax*+ (by+d)x+ey*+ey+f.

4.5. Gas des expressions entiéres a une seule base.


Les expressions entiéres a une seule base x donnent lieu a des exercices
d’entrainement au calcul dans un anneau commutatif unitaire. Une
expression entiére réduite, 4 une base, de degré n, s’écrit généralement
Ay B+ O29... + Ay LP +. + an 12k + an;

pour effectuer la somme de deux expressions entiéres a une base


on commence par les mettre sous forme réduite, puis on additionne
les coefficients des termes de méme degré; on obtient ainsi la forme réduite
de la somme. On procéde de méme pour le produit en disposant l’opération
de la facon suivante :
20'+ 323— 4a?+ 5a —6
4xa— 3x7+ 24H —1 |

8274+ 1245— 162'4 20x7'— 2443


— 6¢°5— 925+ 122*—
1529+ 1822
+ 42+ 62'— 8234+ 10xH2?— 122
— 2%'*— 323+ 4x2?— 5xe+6

8ai+ 642°— 214°+ 362'— 50z22?—17x4+ 6.

XN
5. SOUS-ANNEAUX.

5.1. Définition.

On appelle sous-anneau d’un anneau A, toute partie B de A


telle que la structure induite sur B par celle de A soit une structure
d’anneau.
En d’autres termes, un sous-anneau de A est une partie de A sur
laquelle les deux lois de A induisent une structure d’anneau.
Remarque. — Tout sous-anneau d’un anneau A est sous-anneau
de ’anneau A° opposé a A et réciproquement.
ANNEAUX. 4o5

5.2. Garactérisations d’un sous-anneau.

Pour qu’une partie B d’un anneau A soit un sous-anneau de A, il faut


et il suffit qu’elle remplisse les conditions suivantes :
1° B est un sous-groupe du groupe additif de A;
2° B est stable pour la multiplication de A.
En effet, si B est un sous-anneau de A, la structure induite sur B par
celle de A est la structure déterminée par : 1° la loi induite par l’addition
de A; 2° la loi induite par la multiplication de A. Or, cette structure
induite sur B étant une structure d’anneau, la loi induite par l’addition
de A est une loi de groupe, donc B est un sous-groupe du groupe additif
de A; d’autre part, la loi induite par la multiplication de A est partout
définie sur B, donc B est stable pour la multiplication de A.
Inversement, si B est un sous-groupe du groupe additif de A, stable
pour la multiplication de A, la loi induite sur B par l’addition de A est une
loi de groupe additif et la loi induite par la multiplication est partout
définie sur B, associative et doublement distributive par rapport a l’addi-
tion induite.
En se reportant aux caractérisations d’un sous-groupe dans un groupe,
on peut caractériser un sous-anneau B d’un anneau par l’une quelconque
des quatre conditions suivantes qui sont équivalentes :

BG, BZ,
fit tea Grp aii
BoB, Sie
| B.BCB: | B.BCB:
| | BAY,
Kanes ue eae
| B.BcB: B.BcB. |
On peut alors les traduire par des énoncés analogues a ceux qui carac-
térisent un sous-groupe.
PREMIERE CARACTERISATION. — B est une partie non vide, qui admet
Vopposé de tout élément qu'elle admet, ainsi que la somme et le produit de
deux quelconques de ses éléments.
DEUXIEME CARACTERISATION. — B est une partie non vide qui admet
la différence et le produit de deux quelconques de ses éléments.
On peut aussi exprimer la premiére par l’énoncé : B est une partie non
vide, stable pour la multiplication ainsi que pour l’addition et la symétrie
du groupe additif de l!anneau. De méme, la deuxiéme peut s’exprimer
par l’énoncé : B est une partie non vide stable pour la soustraction et la
multiplication.
406 TITRE III. — CHAPITRE VI.

5.3. Sous-anneau engendré par une partie d’un anneau.


Toute intersection de sous-anneaux est une intersection de sous-groupes
du groupe additif, donc elle-méme un sous-groupe du groupe additif;
d’autre part, toute intersection de parties stables pour la multiplication
est elle aussi stable. En d’autres termes, toute intersection de sous-
anneaux est un sous-anneau.
De cette remarque découlent l’existence et l’unicité d’un plus petit
sous-anneau contenant une partie donnée X d’un anneau A : l’intersec-
tion B de la famille des sous-anneaux contenant X.
Ce plus petit sous-anneau contenant X est appelé : le sous-anneau
engendré par X; la partie X elle-méme est appelée un systéme de
générateurs du sous-anneau qu’elle engendre.
Si X est la partie vide de A, X engendre, évidemment, le sous-
anneau {o} réduit a l’élément nul de A.
Si X est une partie non vide de A, le sous-anneau engendré par X nest
autre que le sous-groupe additif engendré par X”.
En effet, en tant que partie stable pour la multiplication, le sous-anneau
engendré par X admet nécessairement tous les produits finis (non vides)
dont les facteurs appartiennent a X, c’est-a-dire tous les éléments de X”,
parmi lesquels figurent tous les éléments de X; d’autre part, en tant que
sous-groupe du groupe additif de A, il admet nécessairement toutes les
sommes algébriques de termes qu’il admet, donc d’éléments de X*;
autrement dit, le sous-anneau engendré par X contient nécessairement
le sous-groupe additif engendré par X*. Inversement, ce sous-groupe
additif est stable pour la multiplication puisque, d’aprés les formules
de distributivité (§ 2.5.4), le produit de deux sommes algébriques dont
les termes appartiennent a X* est lui-méme une somme algébrique dont
les termes appartiennent &€ X*. On constate alors que le sous-groupe
additif engendré par X” est le plus petit sous-anneau contenant X.

Remarques. — 1. Lorsque X est une partie non vide quelconque


de A, le sous-anneau engendré par X est l’ensemble formé par les
sommes algébriques ayant pour termes des produits non vides quelconques
dont les facteurs appartiennent a X.
2. Sila partie X, non vide, est elle-méme sfable pour la multiplication,
alors X° = X et le sous-anneau engendré par X se réduit a l’ensemble
des sommes algébriques (y compris les sommes & un terme), dont les
termes appartiennent a X.

5.4. Sous-anneaux remarquables.


L’ensemble | 0 | réduit a élément nul de lanneau A est un sous-anneau
de A (le plus petit des sous-anneaux). A lui-méme est un de ses sous-anneaux
(le plus grand de tous les sous-anneaux).
ANNEAUX. hoz
5.4.1. LE CENTRE Z D’UN ANNEAU A EST UN SOUS-ANNEAU COMMU-
TATIF DE A, — En effet, on sait déja que le centre Z de A est une partie
stable pour la multiplication (§ 6.2 du chapitre IV). Il suffit donc de
vérifier — la commutativité résultant de la définition de Z — que Z est
un sous-groupe du groupe additif de A. On le constate aussitét en obser-
vant que Z est non vide (il admet l’élément nul), et qu’il admet la différence
de deux éléments qu’il admet; en effet, si deux éléments x et y de A sont
centraux, ils sont permutables avec tout élément de A, et le fait que pour
tout zde A:

eh
VEE VGE |)
(2S 4(e—y) ;

permet d’assurer que la différence de deux éléments centraux est un


élément central.
5.4.2. DANS UN ANNEAU unitfaire A, LE SOUS-ANNEAU ENGENDRE PAR
L’ELEMENT-UNITE € EST commutatif, MEME SI A NE L’EST PAS.
On sait, en effet, que ce sous-anneau est le plus petit sous-groupe
additif contenant { e} et stable pour la multiplication. On sait, d’autre
“part (cf. chap. V, § 4.3), que le sous-groupe additif engendré par | e} est
Vensemble des éléments de la forme
me ou — (ne) (mEeN,neEN).

Or, deux éléments de cet ensemble sont permutables comme le montre


essentiellement l’identité :
(me). (Re) =| ie —)(7e). (ne),

(les autres identités achevant de justifier la commutativité se déduisent


de celle-la par application de la régle des signes).

6. IDEAUX.

La multiplication 4 gauche et la multiplication a droite, lois externes


déduites par dédoublement de la multiplication d’un anneau (qui, elle,
est une loi interne) permettent d’associer a tout anneau A trois structures
de groupes abéliens a opérateurs : celles qu’on obtient en munissant
le groupe additif de A de la multiplication a gauche, dont les opérateurs
sont les éléments de A, puis de la multiplication a droite, enfin des deux
a la fois.

6.1. Définition.
Les sous-groupes stables de ces trois groupes a opérateurs
sont respectivement appelés : idéaux a gauche de l’anneau A, idéaux
a droite de l’anneau A, idéaux bilatéres de lanneau A.
4os TITRE III. —- CHAPITRE VI.

En d’autres termes, un idéal a gauche (par exemple) est défini comme


une partie de l’anneau sur laquelle l’addition et la multiplication 4 gauche
(loi externe) induisent une structure de groupe a opérateurs.

Remarques. — 1. Tout idéal 4 gauche dans un anneau A est idéal


a droite dans l’anneau A® opposé a A. Lorsque A est commutatif,
tout idéal (A gauche ou & droite) est bilatere et l’on supprime les
qualificatifs.
2. Tout idéal (a gauche, 4 droite, bilatere) est un sous-anneau.

6.2. Garactérisations des idéaux, a gauche, a droite, bilatéres.

Pour qu’un sous-groupe H du groupe additif de A soit stable pour la


multiplication a gauche, il est, évidemment, nécessaire et suffisant que
le produit a gauche de tout élément de H par tout élément de A (et non
plus seulement de H comme dans le cas des sous-anneaux) soit un élément
de H. On obtient ainsi les conditions suivantes qui caractérisent chacune
les idéaux a gauche H de A et qui sont équivalentes :

| Jie) | HQ,
H+HcH, H+H=H,
| —HcH, | — HH,
AC GE AT ECs
I

{ lela 62). | HO;


H+ (—H)cH, ¢ H+ (—H) =H,
( Assia Aw EG

Elles se traduisent par des énoncés analogues a ceux qui caractérisent


un sous-groupe ou un sous-anneau.

PREMIERE CARACTERISATION. — H est une partie non vide qui admet


la somme de deux quelconques de ses éléments ainsi que lopposé et tout
multiple a gauche dun élément qu'elle admet.

DEUXIEME CARACTERISATION. — H est une partie non vide qui admet


tout multiple a gauche d'un élément qu’elle admet ainsi que la différence
de deux quelconques de ses éléments.
On peut aussi exprimer la premiére par l’énoncé : H est une partie
non vide, stable pour l’addition et la symétrie du groupe additif ainsi que
que pour la loi externe constituée par la multiplication a gauche.
De méme, la deuxiéme peut s’exprimer par l’énoncé : H esf une partie
non vide, stable pour la soustraction et pour la loi externe constituée par la
multiplication a gauche.
ANNEAUX. 4og

Les idéaux a droite sont caractérisés par l’une quelconque des conditions
suivantes équivalentes entre elles :

HA. | H ve WA),
H+HcH, H+H =H,
|a eH; | —H=H,
H.AcH; H.AcH;

( HeS,
|H+ (—H)cH, H+ (—H) =H,
| PAC riL H.AcH.

Les énoncés correspondants s’obtiennent, évidemment, par changement


de gauche en droite.
Les idéaux bilatéres, constituant l’intersection de l’ensemble des idéaux
a gauche et de l’ensemble des idéaux a droite, sont alors caractérisés
par l’une quelconque des conditions :

HA 9, HA 9,
H+HcH, H+H=H,
—HcH, —H =H,
pas Gell | HANGEL.
Bilal lnle DN | Cor ule

HO, HH 9,
H +(—H)cH, pete
e pera e
| H.AcH, H.AcH,
ACCEL CoH: Ave He

Les énoncés correspondants s’explicitent sans peine.

6.3. Idéal (a gauche, a droite, bilatere) engendré par une partie


d’un anneau.

Toute intersection d’idéaux a gauche est une intersection de sous-


groupes du groupe additif, donc elle-méme un sous-groupe du groupe
additif; d’autre part, toute intersection de parties stables pour la multi-
plication a gauche est elle-méme stable pour cette multiplication a gauche.
En d’autres termes, toute intersection d’idéaux a gauche est un idéal
a gauche.
De cette remarque découlent l’existence et l’unicité d’un plus petit
idéal 4 gauche contenant une partie donnée X d’un anneau A : l’inter-
section de la famille des idéaux a gauche contenant X.
410 TITRE III. — CHAPITRE VI.

Ce plus petit idéal 4 gauche contenantX est appelé conformément


4 la terminologie générale : Vidéala gauche engendré par X; la partie X
elle-méme est appelée un systéme de générateurs de l’idéal 4 gauche
qu’elle engendre.
Les notions analogues concernant l’idéal a droite engendré par X
et Vidéal bilatére engendré par X sont obtenues de facon analogue.
Si X est la partie vide de A, les trois espéces d’idéaux engendrés par X
se confondent avec l’idéal réduit a l’élément nul de A; on l’appelle idéal
nul de A ou idéal zéro de A et on le note habituellement au moyen du
symbole
(0),
constitué par zéro entouré de parenthéses et lu : idéal zéro.
Si X est une partie non vide de A, l’idéal 4 gauche engendré par X
peut étre caractérisé plus simplement que le sous-anneau engendré
par X. Il n’est autre que le sous-groupe additif de A engendré par la réunion
de X et de A.X, c’est-a-dire par XU(A.X).
En effet, en tant que contenant X, lidéal 4 gauche engendré par X
admet nécessairement tous les éléments de X; en tant que partie stable
pour la multiplication a gauche, il admet nécessairement tout multiple
a gauche d’un élément qu’il admet, donc tout multiple a gauche d’un
élément de X et, par conséquent, cet idéal contient A.X; d’autre
part, en tant que sous-groupe du groupe additif de A, il admet toute
somme algébrique de termes qu’il admet, donc, en particulier, toute
somme algébrique dont les termes appartiennent, soit 4 X, soit a A.X,
autrement dit, a leur réunion XU(A.X); bref, ’idéal 4 gauche engendré
par X contient nécessairement le sous-groupe additif engendré par
XU(A.X). Inversement, ce sous-groupe additif est stable pour la
multiplication a gauche, car tout multiple 4 gauche d’une somme algé-
brique qu’il admet est, en vertu des formules de distributivité (§ 2.5.2),
une somme algébrique de méme nature. Ce sous-groupe est donc bien
le plus petit idéal 4 gauche contenant X.

Remarques. — 1. Les sommes algébriques d’éléments de X sont aussi


les sommes algébriques dont les termes sont des multiples entiers
d’éléments de X; on peut donc dire que l’idéal ad gauche engendré par X
est contitué par les sommes algébriques des multiples ad gauche d’ éléments
de X (y compris les multiples entiers).
2. Si Panneau A posséde un élément-unité, tout élément x de X
est un multiple 4 gauche d’un élément de X, puisque x = 1.2; l’idéal
a gauche engendré par X n’est donc autre que l’ensemble des sommes
algébriques de multiples 4 gauche (au sens strict) d’éléments de X.
De plus, comme l’opposé — x d’un élément de X est égal A (—1).2
et que l’opposé — ax d’un multiple 4 gauche est égal 4 (— a).a, on peut
dire que l’idéal ad gauche engendré par X se réduit ad Vensemble des
ANNEAUX. Git

sommes (tout court) dont les termes sont des multiples a gauche (au sens
strict) d’éléments de X, c’est-a-dire l’ensemble des sommes de la forme:
i=p
~
> AiXj,

t=1

ou p désigne un entier quelconque strictement supérieur a l’entier 1,


a; un élément quelconque de A et x; un élément quelconque de X.
On montre, de la méme maniere, que V’idéal a droite engendré par
la partie non vide X coincide avec le sous-groupe additif de A engendré
par XU(X.A) et qu’il est constitué par les sommes algébriques de
multiples a droite d’éléments de X (y compris les multiples entiers).
Lorsque Vanneau A possede un élément-unité, Vidéal a droite
engendré par X se réduit 4 l’ensemble des sommes (tout court) dont
les termes sont des multiples a droite (au sens strict) d’éléments de X,
c’est-a-dire l’ensemble des sommes de la forme
i=p

) XL; Qi,

i=4

ou p désigne un entier quelconque strictement supérieur a l’entier 1,


a; un élément quelconque de A et x; un élément quelconque de X.
L’idéal bilatéere engendré par une partie non vide X a une structure
un peu plus compliquée. Dans le cas d’un anneau A quelconque,
il coincide avec le sous-groupe additif engendré par la réunion de X,
A.X, X.A, A.X.A. On se rend bien compte, a priori, de la nécessité
de réunir 4 X, aussi bien X.A que A.X; la nécessité d’y réunir A.X.A
provient de ce qu’un multiple a gauche d’un élément de X ne devient
généralement ni multiple 4 gauche ni multiple 4 droite d’un élément
de X, quand on le multiplie 4 droite par un élément de A. En d’autres
termes, aixa2 n’est généralement ni multiple A gauche, ni multiple
a droite d'un élément de X. Lorsque l’anneau A possede un élément-
unité, l’idéal bilatere engendré par X se réduit 4 l’ensemble des sommes
de la forme
=p"

s QiX40},
i=41

ou p désigne un entier quelconque strictement supérieur a l’entier 1,


x; un élément quelconque de X, a; et b; des éléments quelconques de A.
Cas particuliers. — L’idéal 4 gauche engendré par une partie réduite
A un seul élément «x est qualifié idéal principal a gauche et noté (zx }.
Il se réduit 4 ensemble des éléments de la forme
MX — NL + AL,
ou m et n désignent des entiers naturels quelconques et a un élément
quelconque de l’anneau: c’est, évidemment, a cet ensemble que se réduit
alors celui des sommes algébriques de multiples 4 gauche de x (y compris
les multiples entiers). Il n’est généralement pas commutatif.
412 TITRE III. — CHAPITRE VI.

Lorsque, de plus, l’anneau A admet un élément-unité, l’idéal principal


& gauche (x} se réduit a l’ensemble des produits de la forme ax
ou encore a l’ensemble A.w.
Des remarques analogues peuvent étre faites A propos de l’idéal a
droite engendré par { x |, qualifié idéal principal a droite et noté | x).
Quant a Vidéal bilatere engendré par | x |, qualifié idéal principal
bilatére et noté (x), il se réduit 4 l’ensemble des éléments de la forme :
i=p

ML —NL+ AL + Lb +) C;x dj,


t=4

oul m, n, p désignent des entiers naturels quelconques; a, 0, ci, di des


éléments quelconques de l’anneau.
Lorsque, de plus, l’anneau A admet un élément unité, l’idéal bilatere
principal (x) se réduit A l’ensemble des sommes dont les termes sont
de la forme ax b, ot. a et Db sont des éléments quelconques de l’anneau.
Mais, si l’anneau est commutatif, les trois especes d’idéaux se
confondent avec l’ensemble des multiples de x.
Enfin, elles se confondent, quel que soit l’anneau a élément-unité,
lorsqu’il s’agit de Vidéal engendré par cet élément-unité. Il coincide
alors avec Panneau A lui-méme, est appelé idéal unité et noté (1).
On dit qu’un anneau est principal pour exprimer qu’il est un
anneau d@’intégrité a élément-unité et dont tous les idéaux sont
principaux.
Un anneau principal est donc, en particulier, commutatif et sans
diviseur de zéro autre que zéro.

6.4. Idéaux remarquables.


L’ensemble {0} est un idéal bilatére de A (le plus petit des idéaux).
A lui-méme, qu’il admette ou non un élément-unité, qu’il soit ou non
commutatif, est un idéal bilatére (le plus grand de tous les idéaux).
Le centre Z d’un anneau, bien que sous-anneau commutatif, n’est
généralement pas un idéal, ni a gauche, ni a droite (cf. Corps). En revanche,
étant donné un élément a de A, l’ensemble des éléments d tels que
da=o0

est un idéal a gauche appelé annulateur 4 gauche de a. On vérifie


sans peine que sa coincidence avec l’idéal nul est une condition nécessaire
et suffisante pour que a soit régulier a droite.

7. ANNEAUX-QUOTIENTS.

Comme celle des groupes-quotients la recherche des anneaux-quotients


d’un anneau A se raméne a celle des relations d’équivalence compatibles
avec la structure de A.
On sait, en effet, que le passage au quotient conserve la structure de
groupe additif; on sait, d’autre part, qu’il conserve l’associativité et les
ANNEAUX. 413

distributivités d’une loi par rapport 4 une autre. En d’autres termes,


toute relation d’équivalence, compatible avec une structure d’anneau,
détermine un ensemble-quotient sur lequel la structure déterminée par
les lois-quotients est une structure d’anneau.
Les relations d’équivalence, compatibles avec la structure d’un anneau,
portent traditionnellement, on l’a déja dit, le nom de congruences.
Une congruence dans un anneau A n’est donc autre chose qu’une relation
d’équivalence entre éléments de A, compatible avec l’addition de A,
compatible a gauche avec la multiplication de A, compatible 4 droite
avec la multiplication de A. Lorsqu’une relation d’équivalence, compatible
avec l’addition, est seulement compatible a gauche avec la multiplication,
c’est-a-dire compatible avec la loi externe que constitue la multiplication
a gauche, on dit que cette relation d’équivalence’est une congruence
a gauche. On définit, de facon analogue, une congruence a droite.
L’étude des congruences dans un anneau apparait ainsi comme celle des
relations d’équivalence compatibles avec lune des trois structures de
groupes additifs 4 opérateurs déterminés par la multiplication a gauche,
la multiplication a droite, les deux multiplications.
Cette étude ne sera donc qu’une simple vérification de l’affirmation
générale concernant les groupes a opérateurs, a savoir que toutes les
notions et propriétés des groupes, sauf celles qui relévent de la symétrie
de groupe, deviennent notions et propriétés de groupes a opérateurs,
a condition de remplacer partout « groupe » par « groupe a opérateurs »
et « sous-groupe » par « sous-groupe stable ». Comme les sous-groupes
stables, dans le cas des groupes a opérateurs associés a une structure
d’anneau, sont précisément les idéaux de l’anneau, on voit aussitét que
étude des anneaux-quotients n’est qu’une simple répétition de celle
des groupes-quotients : les sous-groupes sont remplacés, soit par les idéaux
a gauche, soit par les idéaux a droite; les sous-groupes distingués sont
remplacés par les idéaux bilatéres. On obtient alors ce qui suit.

7.1. Gongruences a gauche (ou a droite) dans un anneau.

Dans un anneau commutatif, toute congruence a gauche est congruence


a droite et réciproquement; il n’y a que des congruences tout court.
Dans un anneau non commutatif, les deux espéces de congruences sont
liées par le théoréme suivant :
THEOREME. — Toute congruence a gauche dans un anneau A est
congruence a droite dans l'anneau opposé A° et, réciproquement, toute
congruence ad droite dans A° est congruence a gauche dans A. De méme,
toute congruence a droite dans A est congruence a gauche dans A°, et
réciprogquement.
Aid TITRE III, — CHAPITRE VI.

On peut dire encore :


L’ensemble des graphes de congruences a gauche dans A coincide avec
Vensemble des graphes de congruences a droite dans A°. De méme, l’ensemble
des graphes de congruences a droite dans A coincide avec l'ensemble des
graphes de congruences a gauche dans A°.
Mais il n’est plus question d’échanger par symétrie l’ensemble des
graphes de congruences a gauche dans A et l’ensemble des graphes de
congruences a droite dans A.
La démonstration ne ferait que répéter celle qui a été donnée pour
les groupes (sans opérateurs) (chap. V, § 5.1.1).
Les congruences a gauche sont alors liées aux idéaux a gauche de A
par le théoréme suivant :
THEOREME, — Pour qu'une relation d’équivalence KR entre éléments
@un anneau A soit une congruence a gauche dans A, il faut et il suffit
que R soit équivalente a une relation de la forme
¥ — LEN,

ou a désigne un idéal a gauche de A, noté suivant la tradition au moyen


d’une minuscule gothique.
En effet, si R est une congruence a gauche dans A, elle est compatible
avec l’addition de A, donc équivalente a une relation de la forme
y— «ved,

ou H est le sous-groupe additif de A associé a R (quelconque, puisque


tous les sous-groupes du groupe additif sont distingués). Elle est en outre
compatible avec la multiplication a gauche de l’anneau, ce qui s’exprime
par
VzeA: x=y(modR)=> sx =zy (modR);

donc le sous-groupe additif H associé a R est tel que


Weed: y—xreH => sy—22eEH;

or, cette derniére condition est équivalente a


VzeA: y—aweH => 2(y—2)eEH;

enfin, comme tout élément w de l’anneau peut étre mis sous la


forme (y — x), ot y et x désignent deux éléments de l’anneau, on constate
que la condition précédente concernant H est, 4 son tour, équivalente a
Vzed
weH => zweHl.
Vwead

En d’autres termes, H est un sous-groupe additif de A, stable pour la


multiplication a gauche, donc un idéal 4 gauche de A, dit associé a la
ANNEAUX. 415
congruence R. C’est la classe d’équivalence de zéro suivant R. Récipro-
quement, la relation y — xE€a, ol a désigne un idéal a gauche de A, est
une relation d’équivalence dans A compatible avec l’addition de A
(puisque a est un sous-groupe du groupe additif de A); elle est, d’autre
part, compatible avec la multiplication a gauche, puisque
VzeA: y—xen => 2(y—az) ea,

grace au fait que a est stable pour cette multiplication 4 gauche. Donc
cette relation est une congruence a gauche dans A, dite associée a Pidéal
a gauche a.
L’ensemble des graphes de congruences a gauche et l’ensemble des
idéaux a gauche peuvent alors étre mis en correspondance biunivoque.
Remarque. — La relation y —xe€a étant une relation d’équivalence
est, en particulier, symétrique, donc équivalente 4 la relation x — yéa.
Ainsi que dans un groupe additif quelconque, chacune de ces deux
relations est équivalente 4 yex +a, yen+a, rey +a, ren+y.
On peut done caractériser les congruences 4 gauche dans un anneau A,
par ’une quelconque des relations binaires entre éléments de A, de
la forme :
y—uven | yer+al]yen+e
L—yeut | rEeyta| rent ¥

ou. a désigne un idéal 4 gauche quelconque de A. Les congruences


a droite peuvent étre caractérisées par les mémes relations ot a désigne
un idéal a droite quelconque de A.
L’ensemble des graphes de congruences a droite et ensemble des
idéaux a droite peuvent alors étre mis en correspondance biunivoque.

7.2. Partition d’un anneau déterminée par un idéal a gauche


(ou a droite).

Tout idéal a gauche a, déterminant une congruence a gauche, détermine,


par la méme, une partition de l’anneau dont les éléments sont appelés
classes suivant lidéal a gauche a (ou modulo a), De méme, tout idéal
4 droite détermine une partition de l’anneau. On parle, comme dans les
groupes, de décompositions de l’anneau.en classes suivant tel ou tel
idéal. .
Les classes suivant l’idéal a (A gauche ou a droite) ne sont autres, d’aprés
les résultats concernant les groupes, que les images de a par les diverses
translations du groupe additif de l’anneau, c’est-a-dire les parties de A,
de la forme «+2 ou de la forme x+ a, ou x désigne un élément
quelconque de l’anneau.
Si « est idéal nul (0) de A, les classes suivant cet idéal sont les parties
de la forme (0) + 2, soit les parties | x | réduites 4 un élément.
416 TITRE III. — CHAPITRE VI.

Si a est Pidéal unité (1) de A, les classes suivant cet idéal se réduisent
a une seule qui n’est autre que A.
De méme que dans la théorie des groupes, foute classe suivant un idéal a
a méme cardinal que a et, par suite, toutes les classes suivant lidéal « sont
équipotentes.

7.3. Gongruences dans un anneau.

On constate, comme dans la théorie des groupes, que l’idéal associé


a une congruence R dans un anneau est un idéal bilatére et, récipro-
quement, que la congruence R associée a un idéal bilatere est compa-
tible avec la structure de l’anneau.
Etant donné un idéal bilatére « d’un anneau A, soit R la congruence
déterminée par a, compatible avec la structure de A.
On appelle anneau-quotient de A par lidéal bilatére a |’anneau
constitué par lensemble-quotient de A par R, muni des lois-
quotients, par R, des lois de A.
L’anneau-quotient de A par a se note, comme dans le cas des groupes,
au moyen du symbole
A/a.

Dans un anneau commutatif, tout idéal est bilatére, donc tout idéal
détermine un anneau-quotient.
Dans un anneau quelconque A, l’idéal nul et lVidéal-unité déterminent
respectivement la congruence réduite a l’égalité et la congruence grossiere.
Les anneaux-quotients
A/(o) et A/(1)

sont, respectivement, isomorphes 4 A et a { 0 }.

7.4. Représentations ou homomorphismes d’un anneau. Auto-


morphismes intérieurs.

Les deux lois d’un anneau étant partout définies, toute représentation
d’un anneau A dans un ensemble E, muni de deux lois internes, est un
homomorphisme.
Le théoreme d’homomorphie s’applique donc sans réserve aux anneaux
comme aux groupes.
Soient un ensemble A muni d’une structure d’anneau et un ensemble E
muni de deux lois de composition internes quelconques. Si f est un homo-
morphisme de A dans E:
19 image f(A) de A dans E est une partie stable de E;
2° la relation d’équivalence R, associée a l’homomorphisme f, est compa-
tible avec la structure de A et détermine sur A/R une structure-quotient qui
est une structure d’anneau;
ANNEAUX. 47

3° ensemble f(A), muni de la structure induite par les deux lois de E,


est un anneau A’ dont Vélément nul est Vimage f(o) de élément nul de A
el dont Vélément-unité (éventuel) est Vimage f(1) de Vélément-unité (éven-
tuel) de A. Cet anneau A’ est isomorphe a Vanneau-quotient A/R;
4° Vimage réciproque de Vélément nul de A' est le noyau de l’homomor-
phisme f, donc la classe d’ equivalence suivant R de Vélément nul o de A;
a ce titre, ce noyau est un idéal bilatére « de A, de sorle que A’ est isomorphe
a A/a.
Comme pour les groupes, on déduit de 4° que : Pour que l’homomor-
phisme f soit injectif, il faut et il suffit que le noyau de fse réduise a Vidéal
nul (0) de A.
On peut observer aussi plus généralement, que :
L’image dun sous-anneau ou dun idéal de A est un sous-anneau ou
un idéal de méme espéce de A’ et que Vimage réciproque @un sous-anneau
ou dun tdéal de A’ est un sous-anneau ou un idéal de A.
On emploie les expressions « endomorphisme, automorphisme d’un
anneau » dans le sens général.
A tout élément inversible a d’un anneau unitaire, on peut associer
V’application de A dans lui-méme désignée par

t>axa~!.

On vérifie aisément que cette application est bijective, que Vimage de la


somme (x + y) est a(x + y)a@' et que celle du produit zy est axya".
Cette application est donc un automorphisme de A, qu’on appelle, comme
dans la théorie des groupes, un automorphisme intérieur ou une
transmutation.

S. ANNEAUX-PRODUITS.

On sait que le passage au produit pour une loi de groupe fournit une loi
de groupe; on sait aussi que ce passage conserve la distributivité d’une
loi par rapport a une autre. En d’autres termes, le passage au produit,
pour une famille d’anneaux, fournit un anneau. Aussi pose-t-on la
définition suivante :
D&FINITION. — Etant donnée une famille d’anneaux (A,), on appelle
anneau-produit de la famille (A.), l’anneau constitué par ’lensemble-
produit A =[ JA. muni de la structure déterminée par les deux
C

lois qui, a deux éléments x = (zx,) et y = (y,) de A, font correspondre,


respectivement, (x, -+ y,) noté x + y et (z,.y,) noté v.y.
V. ROUQUET LA GARRIGUE, 27
418 TITRE III. — CHAPITRE VI.

8.1. Composés directs.


Le phénomeéne observé dans l’étude des groupes-produits se manifeste
a nouveau dans celle des anneaux-produits, lorsque la famille d’anneaux
est finie : chacun des anneaux de la famille apparait comme plongé
dans l’anneau-produit qui se révéle ainsi comme une extension de chacun
d’eux. En se bornant, comme pour les groupes, au cas d'une famille de
deux anneaux A, et As, admettant comme éléments nuls respectifs o,
et o., on fait intervenir les mémes parties de l’anneau-produit A que
dans l'étude des groupes-produits, c’est-a-dire les parties H, et H:z
de A constituées respectivement par les éléments de la forme (2, 02),
ou x, parcourt A,, et les éléments de la forme (0), x2), ol x parcourt As.
On peut alors assurer le théoréme suivant :

THEOREME, — 1° H, est un sous-anneau de A isomorphe a A,; Hz est


un sous-anneau de A isomorphe ad A»;
2° A est somme directe des sous-groupes additifs de H, et Hz;
3° Le produit de deux éléments de A est égal a la somme du produit
de leurs composants dans H, et du produit de leurs composants dans Ha.
Les deux premieres parties de ce théoréme expriment, en particulier,
que A est une extension, par immersion, des anneaux A, et A», et qu’apres
identification entre H, et A,, puis H. et A., cette extension est la somme
de A, et A..
La demonstration est analogue a celle qui concerne les groupes-produits.
On sait déja que le groupe additif de A est la somme directe des
groupes additifs de H, et H., ce qui justifie la deuxiéme partie.
En ce qui concerne la premiére, on sait déja que H, (par exemple)
est un sous-groupe du groupe additif de A isomorphe au groupe additif
de A,. Reste donc a montrer que la bijection de A, sur H,, qui conduit
dun élement 7, a l’élément (2, 0.) et qui est un isomorphisme pour l’addi-
tion, est aussi un isomorphisme pour la, multiplication. Or cela résulte
de ce que Vimage du produit av,.y, de deux éléments de A, est le
couple (x.y), o2) égal au produit des images (%;, 02) et (y:, 02) de x, et y,.
Quant a la troisieme partie, elle résulte des remarques suivantes.
A étant somme directe des groupes additifs de H, et H., tout élément x
de A peut se mettre, d’une facon et d'une seule, sous la forme u, + uw,
ou u, et u. appartiennent respectivement a H, et H, (u, et w sont les
composants de x dans H, et H.); de méme, tout élément y est, de facon
unique, la somme de ses deux composants vp, et v.; le produit x.y a done
pour expression
LY = (uU,> U7) (Py = P35) = Uy Py, . Po We 8 = PS

mais W,.v, ainsi que u..v, sont nuls; en effet, uw, est un couple (x, 02)
dont la seconde composante est le zéro de A,, v, est un couple (0;, y2)
ANNEAUX,. 419

dont la premiére composante est le zéro de A, : ces deux couples ont


done pour produit (0;, 0.) = o. De méme, u..v; = o.

Remarques. — 1. La démonstration de la troisieme partie montre,


au passage, que lout anneau-produit non réduit a Vanneau nul, admet
des diviseurs de zéro autres que zéro.
2. Lorsque deux parties d’un anneau sont, ainsi que H, et Hg, telles
que H,;.H,= H2>.H,=;0}, on dit que ces parties s’annulent
mutuellement.
Comme pour les groupes, on souligne l’importance du théoreme
précédent, en posant la définition suivante.

DEFINITION. — Etant donnés un anneau A et deux sous-anneaux B,


et B, de A, on dit que A est composé direct de ses sous-anneaux B,
et B., pour exprimer que A est somme directe des sous-groupes
additifs de B, et B, et que le produit de deux éléments de A est
égal a la somme du produit de leurs composants dans B, et du
produit de leurs composants dans B,.

Remarque. — Au lieu de dire que A est somme directe des sous-


groupes additifs de B, et Bz, on dit volontiers, par abus de langage,
que A est somme directe des sous-anneaux B, et B2. Cet abus de langage
permet de présenter la définition d’un composé direct sous une forme
plus concise :
1° A est somme directe des sous-anneaux B, et Bz;
2° (Wi + U2).(V1 + 2) = W1.V; + U2.v2, quels que soient les éléments ui
et v; de H, et les éléments u» et v2 de Ho.
Comme pour les groupes, cette définition permet d’exprimer le
théoreme précédent par l’énoncé :
L’anneau-produit @une famille (A;, A») de deux anneaux quelconques
est composé direct de sous-anneaux H, et Hy» respectivement isomorphes
a Ay et Ao.

8.2. Réciproque.

Inversement, fouf anneau A qui est composé direct de deux sous-


anneaux B, et B2, est isomorphe a Vanneau-produit de la famille (Bi, B2).
La démonstration de cette réciproque est analogue a celle qui concerne
les groupes.
L’application f de A dans B,; XB:, qui conduit d’un élément x de A
au couple (u,, U2) de B, x B2, constitué par les composants de xv dans B,
et B, est, on le sait, une bijection de A sur B, x Bz; on sait aussi que cette
bijection est un isomorphisme pour l’addition. Reste done a montrer
que l’image par f du produit x.y de deux éléments de A est égale au produit
des images de 2 et de y.
a 20 TITRE II, —~ CHAPITRE VI.

Or, si l’on désigne par (v,, v.) image de y par f, on constate aussitdt
que (deuxiéme condition) :

LY = (Uy+ Ug). (01+ 02) = Uy.


04 + Uy. V2,

ce qui montre que les composants de xv.y sont u;.v; et Uz.v2,, donc que
Pimage par f de x.y est le couple (u;.v,, U2.v2), c’est-a-dire le produit
des couples (u;, U2) et (V;, v2), images par f de z et de y.

Remarque. — Comme pour les groupes, cette réciproque permet


de ramener tout calcul dans un anneau, qui est composé direct de
deux sous-anneaux, au méme calcul sur les composants, avec cette
simplification notable que le produit de deux composants d’indices
différents est nul.

8.5. Décomposition d’un anneau en composé direct.


Comme pour les groupes encore la question se pose de caractériser
deux sous-anneaux B, et B, d’un anneau A, dont A soit le composé direct.
Bien entendu, on trouve un couple banal de tels sous-anneaux, celui
qui est constitué par l’anneau réduit a lélément nul de A et par l’anneau A
lui-méme : tout élément x de A est alors représenté par x + o et l’on
voit aussit6t que (x + 0).(y + 0) =2.y. Pour en chercher d’autres,
on utilise le théoréme suivant qui fournit deux caractérisations.

CARACTERISATIONS DE DEUX SOUS-ANNEAUX B,; ET B:, DONT UN


ANNEAU A EST LE COMPOSE DIRECT :

PREMIERE CARACTERISATION. — A est somme directe de B, ef B.; les


sous-anneaux B, et Bz sont des idéaux bilatéres de A.

DEUXIEME CARACTERISATION.— A est somme directe de B, et B,; B, ef Bz


sannulent mutuellement, c’est-a-dire

Pour établir ce théoreme, on peut démontrer la chaine d’implications


suivante :
A composé direct de B, et B.
=> Premiere caractérisation
= Deuxiéme
=> A composé direct.
Si A est composé direct de B, et Bz, il est, par définition, somme directe
de B, et B.. Pour établir que B, et B. sont des idéaux bilateres de A,
il suffit de montrer que B, et B, sont stables pour la multiplication a gauche
et pour la multiplication a droite. Or, si z désigne un élément quelconque
ANNEAUX. 42t

de A, cet élément admet deux composants w, et w. tels que z = Ww, + W.;


le produit z.u, de z par un élément quelconque u;, de B; est alors égal a
BU, = (Wy = (Vo) .Uy = 4. Uy,

puisque le second composant de wu, est nul; cela prouve que B, est stable
pour la multiplication 4 gauche; on montre de méme qu’il est stable
pour la multiplication a droite et, par suite, est un idéal bilatere. Les
mémes remarques s’appliquent a Bo.
Si, maintenant, B, et Bs sont des idéaux bilatéres dont A est somme
directe, alors Bin B,= {0} comme on I’a vu a propos des groupes-
produits. Comme, d’autre part, B,.B,CB,nB., on peut assurer
que B,.B,= {0}; de méme, B,.Bi= {0}.
Enfin, si B, et B. sont des sous-anneaux dont A est somme directe et
tels que B,.B. = B..B, = | 0}, alors le produit de deux éléments zx et y
mis sous la forme de somme de leurs composants, t = u, + uw et y=v) +l»,
a pour expression
(Uy+ Us). (01 + 02) = Uy.
01 + Uy. Pr,

ce qui assure que A est composé direct de B, et Bp.

Remarque. — Un anneau A ne peut étre considéré comme composé


direct non banal de deux sous-anneaux que s’il admet des idéaux
bilateres autres que | 0} et A.
On verra que les corps ne remplissent pas cette condition, de sorte
que les corps sont analogues aux groupes simples et ne sont jamais
composés directs de sous-corps. Cette particularité est, d’ailleurs,
liée au fait qu’un anneau-produit admet nécessairement des diviseurs
de zéro, autres que zéro, tandis qu’un corps n’en admet pas.
La notion de composé direct et les résultats précédents s’étendent,
aisément, au cas d’une famille finie de sous-anneaux remplissant des
conditions analogues a celles qui caractérisent B; et B». Elle. peut
méme s’étendre, avec des modifications convenables, au cas d’une
famille infinie de sous-anneaux.

9. PROBLEMES DE PROLONGEMENT ET D’IMMERSION.

De méme que la théorie élémentaire des groupes s’acheéve par la construc-


tion du groupe symétrisé d’un monoide abélien et partout régulier (non
vide), de méme la théorie élémentaire des anneaux s’acheve par la
construction de certains anneaux capables de perfectionner certains
ensembles structurés dont on dispose déja.
Ces problemes de construction se posent avec acuité dés le début des
mathématiques, a deux reprises et sous deux formes différentes.
D’abord, a propos de la construction des nombres rationnels, lorsque,
partant de ensemble N des entiers naturels, muni de l’addition et de la
422 TITRE II]. — CHAPITRE VI.

multiplication, on ‘cherche a plonger N dans un ensemble structuré


ot il soit possible d’effectuer la soustraction par tout élément et la division
par tout élément non nul.
Ensuite, a propos de la construction des nombres complexes, lorsque,
partant de l’ensemble R des nombres réels, qui est un corps, done un
anneau, on cherche a plonger R dans un ensemble structuré qui soit un
corps et ot le nombre réel — 1 admette une racine carrée.
Le premier probleme est un cas particulier de celui qui consiste a plonger
un ensemble E, muni d’une addition partout réguliére et d’une multi-
plication commutative et distributive (par rapport a l’addition), dans
un anneau ot tout élément régulier pour la multiplication soit inversible.
Le second est, évidemment, un cas particulier de celui qui consiste
a plonger un anneau commutatif dans un anneau ot un certain element
donne du premier soit un carré dans le second.
Pour résoudre le premier probleme, deux procédés se presentent
immeédiatement :
1° Construire le groupe symétrisé E, de E pour l’addition; prolonger
a E, la multiplication de E de facon a obtenir un anneau commutatif A;
construire le symétrisé A,, de A pour la multiplication; prolonger a A,
Vaddition de A de facon a obtenir un anneau ct remplissant les conditions
imposées.
2° Construire le symétrisé E’,, de E pour la multiplication; prolonger
a E’,, laddition de E de facon a obtenir un anneau A’; construire le
groupe symétrisé A’, de A’ pour l’addition; prolonger a A’, la multiphi-
cation de A’ de facon a obtenir un anneau «’ remplissant les conditions
imposées.
Les probleémes de symétrisation intervenant dans ces deux procédés
sont déja résolus. Reste done a traiter les problemes de prolongement.
Ils se réduisent a deux :
1° Prolonger une multiplication, non partout définie dans un ensemble
symétrisé pour une addition, de facon a obtenir un anneau commutatif;
2° Prolonger une addition, non partout définie dans un ensemble
symétrisé pour une multiplication, de facon a obtenir un anneau
commutatif.
On montrera, dans ce qui suit, que chacun de ces problemes de prolon-
gement admet une solution unique. I] en résultera que les anneaux
et c’ sont parfaitement déterminés a une isomorphie pres. Resterait
a examiner — ce qui ne sera pas fait ici — s‘ils sont isomorphes entre
eux.
Quant au probleme consistant 4 plonger un anneau commutatif dans
un anneau assurant une racine carrée a un certain élément, il sera traité
directement comme probleme d’immersion.
ANNEAUX. =~Nw Oo

9.1. Prolongement de la multiplication.

Ce probleme sera traité pour un groupe symétrisé d’un monoide additif


non vide et partout régulier, puis étendu a un ensemble symétrisé admet-
tant éventuellement des éléments non réguliers pour l’addition.
Il se pose dans les termes suivants. On part d’un monoide M, additif,
non vide, partout régulier et muni d’une multiplication partout définie,
commutative et distributive par rapport a l’addition. On construit
le groupe additif G, symétrisé du monoide M pour l’addition et l’on se
propose de montrer qu il existe un prolongement et un seul de la multi-
plication définie sur M qui acheve de munir G d’une structure d’anneau
commutatif. La démonstration repose essentiellement sur le fait que tout
élément x de G peut étre mis sous la forme d’une différence 7 = u — v
entre deux éléments de M (G est, en effet, engendré par M d’apres le
théoreme de symétrisation).

9.1.1. UNICITE DU PROLONGEMENT. — On notera au moyen du


signe «.» la multiplication donnée sur M et au moyen du signe «x»
une multiplication (cherchée) remplissant les conditions imposées, savoir :
achever de munir le groupe additif G d'une structure d’anneau commu-
tatif et prolonger la multiplication «.». On exprimera alors successi-
vement ces conditions imposées a la multiplication cherchée « x » et
lon sera conduit a une expression parfaitement déterminée du produit
de deux éléments quelconques de G; on pourra donc conclure a Vuniciteé
de prolongement.
Tout x de G peut étre mis sous la forme x = u—v et tout xv deG
peut étre mis sous la forme 2’ = u’— v’, ot. u, v, uw’, v' appartiennent a M.
Pour que la multiplication « x » achéve de munir G d’une structure
danneau commutatif, elle doit posséder toutes les propriétés d’une
multiplication d’anneau, en particulier, étre distributive par rapport
a la soustraction et permettre l’application de la régle des signes dans
un anneau. Cela exige que
ae Tle ee ke) = UL I Of) a StL I= Wo 0)

D’autre part, la multiplication « x » devant prolonger la multiplication «. »


définie sur M doit coincider avec elle sur M. Or, u, v, u’, v’ appartenant
a M, cela exige que
TELAT = UB eae sat, Se Ue 0 RIOR Oe,

Il en résulte que le produit cherché «xa de x et de x’ par la multipli-


cation «<» a nécessairement pour expression
exe=u.u'+e.’—(9.w+u.0’).
424 TITRE III]. — CHAPITRE VI.

9.1.2, ExISTENCE DU PROLONGEMENT. — Reste a voir si, en associant


au couple (x, x’) lexpression ainsi trouvée, on définit véritablement
une multiplication sur G qui remplisse toutes les conditions imposées.
ll convient d’attirer lattention sur un point délicat. Un élement x
de G peut admettre une infinité de représentations par une différence
entre deux éléments de M (puisqu’une différence ne change pas par addi-
tion d’un élément a ses deux termes et que M est stable pour laddition
de G). Lorsque, pour associer au couple (x, x’) un élément bien déterminé
de G, on commence par représenter x au moyen de (u — v) et x’ au moyen
de (u’—v’) et qu’on poursuit en faisant appel au composé
u.u’ + v.v'—(v.u'+u.v'), il est bien certain qu’on n’est nullement
assuré d’associer ainsi au couple (x, x’) un élément bien déterminé de G;
en d’autres termes, on n’est nullement assuré de définir carrectement
une loi de composition sur G : en effet, le procédé employé fait intervenir
une représentation (u— v) de x et, de méme, une représentation de 2’
— parmi beaucoup peut-étre — et rien n’assure que d’autres représenta-
tions de x et x’ conduiraient toujours au méme élément de G. I] est done
indispensable d’examiner si le procédé employé pour associer au
couple (x, xv’) un élément de G conduit toujours au méme élément quelles
que soient les différences (u— v) et (u'— v’) par lesquelles on représente x
et x’. En fait, on vérifie qu’il en est bien ainsi en montrant que si (u;— v,)
est une autre représentation de zx, l’élément de G qui a pour expression
Uy .U + 01.0’— (94.UW+ Wy.9’)

est égal a celui qui a pour expression u.u’ + v.v'’— (v.u'+ u.v’), ce qui
entraine, évidemment, que le remplacement de (u'—v’) par une différence
égale (u,—v,) respecte la valeur du composé associé a (x, x’) et que
le remplacement simultané de (u — v) et (u’—v’) par (u,— v,) et (u, — 0) )
en fait autant.
Il suffit donc de vérifier implication
U— P= U—P => Wy.W+,.07°—(h).W
+.) =U.u + ¢.9'—(r.U' + U.?’).

Or, cette implication est équivalente aux deux suivantes, dont la seconde
est évidente :

WMeteSuUu+e |S W.wW+ Hy. +e.W+uU.! =U. + 0.04 11. + Uy."


Ute H=U+e, =| (H+ h).Ww + (Pr tu). = (U+ Fy). + (P+ W).0'.

Cette remarque prouve qu’en représentant x par (u — v) et x par (u’ — 0’)


et en associant au couple (x, x’) le composé u.w’ + v.v'— (v.u'+ u.v’),
on définit une loi de composition interne sur G qui sera désormais
notée «x». Reste a savoir si cette loi remplit bien les conditions imposées :
prolonger la multiplication «.» de M et achever de munir G d’une structure
d’anneau commutatif.
ANNEAUX. 425

Le fait quelle prolonge la multiplication «.» de M provient de ce que,


si x et x’ appartiennent a M, on peut les représenter par ((u + w) — w)
et ((u'+ w’) —w’), ot u, U’, Ww, Ww’ appartiennent a M; on constate alors,
par un calcul facile, que «x a’= u.u’, ce qui assure la coincidence sur M
de la multiplication «x» et de la multiplication «.».
Pour montrer que la multiplication «x» achéve de munir G d’une struc-
ture d’anneau commutatif, il faut établir que cette multiplication est
partout définie (ce qui est évident), associative, commutative et distri-
butive par rapport a l’addition.
La commutativité est immédiate en vertu de l’égalité
(u—v) < (W—") =u.w + ¢.0'— (9.u'+ U9’)

dont le second membre ne change pas de valeur si l'on permute u et u’


ainsi que v et v’ (en vertu de la commutativité de la multiplication «.»
et de l’addition de G).
L’associativité résulte de légalité suivante facile a vérifier, compte
tenu des propriétés de la multiplication «.» :
(u.u'+9.0').u"+ (u.o'+ ¢.u').9"— [(u.u'+ 0.9"). 0"+ (u.e’+ ¢.u').u")
= (U'.U'+ ¢'.0").uU + (u’.e”+ 0 .u").o —[(u'.u’+ 0’. 9").9 + (u'.0"+ 0. u").Uu).

La distributivité de la multiplication «x» par rapport aladdition de G


se vérifie de la méme maniére.

Remarque. — Si le monoide additif qu’on symétrise n’est pas partout


régulier, l’ensemble symétrisé obtenu n’est plus un groupe et il n’est
pas question d’en faire un anneau commutatif, mais en utilisant des
remarques analogues, on peut montrer qu'il existe un prolongement
unique de la multiplication qui constitue une loi de composition partout
définie sur le symétrisé, associative, commutative et distributive
par rapport a Vaddition.

9.2. Prolongement de l’addition. Anneau des fractions (ou anneau


- des quotients) d’un anneau commutatif.

Le probleme se pose ici dans les termes suivants. On part d’un anneau
commutatif A admettant ou non des diviseurs de zéro, donc pouvant
admettre certains éléments autres que zéro, non réguliers pour la multi-
plication. On construit le symétrisé A de l’anneau A pour la multiplication,
de facon a obtenir un ensemble structuré ot tous les éléments réguliers
pour la multiplication soient inversibles. On se propose alors de prolonger
l’addition définie sur A a A tout entier de maniére que cette addition
achéve de munirA d’une structure d’anneau commutatif. La encore,
ce probleme admet une solution unique.
426 TITRE III. — CHAPITRE VI.

La démonstration est analogue a celle qui vient d’étre faite pour le


prolongement de la multiplication. Elle repose sur le fait que tout
élément x de A peut étre mis sous la forme d’une fraction x = > Olu
‘ye ahd nN * F) a u ~

et v appartiennent a A, v étant, de plus, régulier pour la multiplication


de A.

9.2.1. UNICITE DU PROLONGEMENT. — On notera au moyen du


signe «+» l’addition donnée sur l’anneau A et au moyen du signe «=»
une addition (cherchée) remplissant les conditions imposées.
Tout x de A peut étre mis sous la forme + = “ et tout x’ de A peut étre
é ie 2 ; 5 ;
mis sous la forme wv! = or? Ou U, D, u’, v' appartiennent a A, v et v’ étant
réguliers. De plus, les deux fractions peuvent étre réduites au méme
; 5 : : . up’ ule
dénominateur et sont respectivement égales a AG et oF

Pour que l’addition «+=» achéve de munir A d’une structure d’anneau


commutatif, elle doit posséder toutes les propriétés d’une addition
d’anneau, en particulier, étre telle que la multiplication de A soit distri-
butive par rapport a elle. Cela exige que

u u’ UC = Uae

; Ley I heise ue’= ule


= UP >< FUP xK — = XX (UP FU eC) = ———_ -
Cv ore) vr? Ce 3

D’autre part, laddition «+», devant prolonger Vaddition «+» définie


sur A, doit coincider avec elle sur A. Or, u, v, uw’, v’ appartenant a A,
uv’ et wv appartiennent aussi a A qui est partie stable de A. Cela exige
que
uv + UPS UP +E Pe.

I] en résulte que la somme cherchée x= x’ a nécessairement pour


expression
hes UL ete ee
t+ xX = ———_-
eP

9.2.2, EXISTENCE DU PROLONGEMENT. — On vérifie que le rempla-


u : , u
cement de ; par une fraction égale - respecte la valeur du
1

, UP + Ue rye : oe
composé ———— associé a x et x’ par l’expression précédente. Il suffit de
véerifier l’implication
uy Us) We ue, ue sew?
4 ” p, 9" oy!
ANNEAUX. 427

Or, cette implication est équivalente aux deux suivantes dont la seconde
est évidente :
Ce ae (OO) PY!== (ULC= Us CoD,
Uj 0 =U, SS Uy 002+ W 0, oY = Ur, 02+ UW 0e, eC".

p . 2 u u’ ;
Il en résulte qu’en représentant x par > et xv’ par ~7 et en associant au
couple (x, x’) le composé

on définit sur A une loi de composition interne qui sera notée «+». Cette
loi prolonge l’addition (+) définie sur A, car si aw et 2’ appartiennent a A,
F uw u' op!
on peut les représenter par eb ram ou u, u’, Ww, Ww’ appartiennent 4 A,
w et w’ étant réguliers, et l’on constate alors que
: uw’ + uw’ wo! .
eS —e_— Srru.
Pry

Cette loi, partout définie, est associative, commutative, admet pour


élément neutre élément nul de A; tout élément est symétrisable et la
multiplication de A est distributive par rapport a elle.
La commutativité est évidente. L’associativité résulte de légalité
(ue o” + ul!ee") + u" ee" ue eo” + (ul ve” + ue’)
pep" v= pp! p" ’

grace a l’associativité de addition «+ » définie sur A.


Le fait que le zéro de A est élément neutre pour l’addition «= » provient
de
ees UpanO u+o u
1 Seat = SS =—-}
° e v °

Cae ras P u :
Pélement - ) est, évidemment, l’opposé de v= ai enfin, la multi-

plication de A est distributive par rapport a l’addition «=» comme


le montrent les égalités suivantes ou l’on suppose deux des fractions
réduites au méme dénominateur :
r ” ' " r ” , a
u u“ u u“uu-+tu uu + UU uu _ uk u u uu
. = . a = +n == . n —* .
Pp w Vv . iy (ere od rw Civ YP Ww v Ww

Finalement, A, muni de l’addition «=» et de sa multiplication, apparait


comme un anneau commutatif contenant l’anneau commutatif A donné.
On donne un nom a l’anneau A en posant la définition suivante :
DEFINITION. — On appelle anneau des fractions (ou anneau des
quotients) d’un anneau commutatif A, ’anneau qu’on obtient en munis-
428 TITRE III]. — CHAPITRE VI.

sant le symétrisé A de A (pour la multiplication) du prolongement


de laddition de A défini par
u u’ ur’ + ue
vy

Remarque. — L’anneau des fractions de l’anneau commutatif A


est le plus petit anneau commutatif dont tout élément régulier soit
inversible et qui contienne A. En effet, si un anneau commutatif A’,
dont tout élément régulier est inversible, contient A, il contient un plus
petit sous-anneau remplissant les mémes conditions. I] contient done
le symétrisé de A pour la multiplication et comme, sur ce symétrisé,
Vaddition n’est prolongeable que d’une seule manieére, il est nécessaire
que le plus petit sous-anneau en question coincide avec A.

9.3. Extensions quadratiques d’un anneau commutatif unitaire.

Etant donnés un anneau commutatif unitaire A et un élément d de A,


on se propose de construire un nouvel anneau commutatif unitaire qui
soit une extension de A, c’est-a-dire contienne A a une isomorphie prés,
et qui admette un élément w dont le carré soit égal 4 d — en supposant,
naturellement, qu’on identifie A et la partie de ce nouvel anneau qui lui
est isomorphe.
Il est bien clair que si d est, dans A, le carré d’un élément de A, ce
probleme a une solution banale qui est A lui-méme; c’est, évidemment,
la plus petite solution a une isomorphie prés. Dans tous les cas, que d soit
ou non un carré dans A, on montrera que le groupe-produit A x A, muni
d'une certaine multiplication, est une solution du probléme et que toute
autre solution est un anneau-quotient de l’anneau ainsi construit.
L’étude peut étre faite en deux parties : montrer d’abord que tout anneau
remplissant les conditions imposées est isomorphe au quotient de
Yensemble AA, muni d’une certaine structure, par une relation d’équi-
valence convenable; montrer ensuite que l’ensemble Ax A, muni de la
structure découverte dans la premiére partie, constitue effectivement
une solution du probleme.
9.3.1. Sil existe un anneau commutatif unitaire qui contient A
et qui admet un élément © tel que m? = d, cet anneau 4 contient un plus
petit sous-anneau remplissant les mémes conditions : le sous-anneau
engendré dans par la réunion de A et de |» }, ou encore, en d’autres
termes, le sous-anneau obtenu dans par adjonction de l’élément w
au sous-anneau A; ce sous-anneau sera noté ’ dans la suite.
Or, ce sous-anneau qui, lorsque » est un élément quelconque de a,
est l'ensemble des expressions enti¢res en w ayant pour coefficients
des éléments de A, prend ici une forme plus simple du fait que w?= d
et que d appartient au sous-anneau A. En effet, dans toute expression
ANNEAUX. 429

entiére en w a coefficients dans A, on peut remplacer »? par d partout


ou il figure et autant de fois qu’on veut, ce qui incorpore »? et ses diverses
puissances a l’ensemble des coefficients de l’expression entiére; une telle
expression entiere doit donc se réduire a une expression linéaire en o,
ou w ne figure qu’au premier degré, c’est-a-dire une expression de la
forme x + wy, ou x et y sont éléments quelconques de A. On peut,
d’ailleurs, observer directement que l’ensemble des éléments de Cl, qui sont
de la forme x + wy (#, ye€ A), coincide avec le sous-anneau ’ engendré
par A et { w |. En effet, ’ admet nécessairement tout x de A, tout y de A,
tout produit wy et toute somme xv + wy. Inversement, l'ensemble de ces
sommes admet tout x de A (il suffit de prendre x = o qui appartient a A),
admet w (il suffit de prendre x = o et y = 1, ce qui est possible puisque A
est un anneau unitaire), donc contient A et |}; c’est, d’autre part,
un sous-anneau de , car il admet, évidemment, l’opposé —‘x + w(— y)
de tout élément qu’il admet, la somme et le produit de deux éléments
xv’ + wy’ etx’ + wy" qu’il admet, comme le prouyent les égalités

(2+ oy’) + (a"+o0y") = (2'+ 2") +0(y +7"),


(a +uy) < (c+ oy) =a’ ae"+ dy y+ (“y+y x"),

la seconde résultant du fait que w’= d.


On fait alors intervenir l’ensemble-produit Ax A qu’on munit d’une
addition et d’une multiplication. L’addition n’est autre que |’addition-
produit du groupe additif de A et du groupe additif de A; elle sera
notée «+ ».
La multiplication, qui sera notée « x», est définie de facon qu'elle
s’accorde avec l’expression obtenue ci-dessus pour le produit de deux
éléments de ’. En d’autres termes, étant donnés deux couples (2’, y’)
et (x", y") de l’ensemble-produit AXA, on définit leur somme et leur
produit par les expressions suivantes :

(aay (ay) = (2 ay + y"),


"
(BES 1a is alCTR el ot a ek Palo oe EN Zlnk)

On considére ensuite l’application f de A A dans & exprimée par


P ae
CL Va) Os

Yimage f(AxA) de AXA par cette application est, évidemment, ’,


puisque x + wy appartient a A’ et que tout élément de ’ est de la
forme x + wy, donc image d’un couple (x, y) de AXA.
D’autre part, l’application f est un homomorphisme dans & de Ax A
muni de la structure déterminée par les lois de composition «+» et «x »
430 TITRE II]. — CHAPITRE VI.

précédemment définies. On le constate toujours de la méme manieére :


l'image d’un composé est égale au composé des images, en vertu des
relations

fie, VIE OV SSC OY EY SH ae Oy 5


fie", VK OY Hf ee ay Yo YY HP ek )|
Ha x" + dy y+ w(ay+y' 2").

D’aprés le théoreme d’homomorphie, on peut done assurer que Cv’ est


isomorphe a l’ensemble-quotient de A x A par la relation d’équivalence R
associée a l’homomorphisme f, muni de la structure déterminée par les
lois-quotients de addition «+» et de la multiplication «x» de AXA.
On aboutit ainst 4 la conclusion suivante :
Etant donnés un anneau commutatif unitaire A et un élément d de A,
foul anneau A, commutatif unitaire, contenant A (a une isomorphie pres)
admettant un élément ») (appartenant ou non a A) fel que »*?= d, contient
nécessairement une partie isomorphe a lensemble-quotient (A x A)/R, muni
des lois-quotients par R des lois « + » et « x » définies ci-dessus.
La relation R peut étre exprimeée par :
CaS Solin ACA Se") sont tels que a +oyosxr"+wy’.

Remarque. — Ce résultat assure que, si deux anneaux GQ, et AQ,


remplissent les conditions indiquées pour & et admettent respecti-
vement deux éléments , et », tels que |; =d et 3 =d, les sous-
anneaux Ci; et GQ. respectivement engendrés par Av} ™,; et par
AU}, {| sont respectivement isomorphes aux ensembles quotients
(A x A)/R et (A x A)/R’, ot: R et R’ sont respectivement exprimées par
(Coe r ae et miarey=) sont tels que 2+ 0,7 = 27+ 0,7",
Cee SN Nara) sont tels que 2’+ wo.) = a”+ Woy”.

Il n’assure nullement que les sous-anneaux Cl, et CL. soient isomorphes


entre eux; on pourrait d’ailleurs montrer qu’ils ne le sont pas en général.
Mais il assure que s’il existe une plus petite solution au probléme posé
— recherche d’une extension de A, oi d€ A admet une racine carrée —
cette plus petite solution devra étre cherchée parmi les quotients de
Vensemble A x A muni de la structure définie ci-dessus.

9.3.2. La deuxieéme partie de l’étude se réduit 4 démontrer que


Vensemble AA est un anneau remplissant les conditions imposées
lorsqu’on le munit de la structure déterminée par les lois «+» et «x»
précédemment définies. Il en résultera que l’'anneau A peut étre plongé
dans un anneau commutatif unitaire qui permet d’attribuer une racine
carrée a ]’élément d de A.
La démonstration du fait que lensemble structuré AXA _remplit
les conditions imposées est une simple question de patience. On vérifie,
ANNEAUX. 431

pas a pas, que c’est un anneau commutatif unitaire, contenant une partie
isomorphe a A et dans lequel il existe un élément dont le carré peut étre
identifiéa d.
Pour verifier que A x A est un anneau commutatif unitaire, on constate
d’abord que la loi «+-» est bien une loi de groupe abélien: elle n’est autre,
en effet, que la loi-produit du groupe additif de A et du groupe additif
de A.
On observe ensuite que la loi « * » est, évidemment, partout définie
sur AA, qu'elle est, évidemment, commutative, qu’elle est associative
en vertu des égalités

(Qe dy y)a da yey 2") y= (a a” + dy" y") a! + dal V+ Ve") Y,


(a a" + dy’ y"\y" + (al ae ye") 0M = (ae dy" y” ye (aly + yal") a! 3

qu'elle est distributive par rapport a Vaddition en vertu des égalités


wr ( ol dy (y+ ie) =e ate dy! y" + wa” + dy'y",;

(Yt yey (e+e Ha y+ yeaa y+ ya".

On observe enfin que le couple (1, 0) est élément-unité de l’anneau A x A,


grace a l’égalité
(EO eae rye eet ECL OM Olek pti —9 (LV)

Pour verifier que AXA contient une partie P, sur laquelle la structure
de AXA induit une structure isomorphe a celle de A, on s’adresse a
l’ensemble des couples de la forme (2, 0), oll x appartient a A.
On constate d’abord que lapplication g de A dans AA, définie par
EL) = (2; 0),

est injective — ce qui est évident; que l’image g(A) de A par cette
application n’est autre que P, puisque tout élément de A admet une
image dans P et que tout élément (x, 0) de P est image de élément x
deaAs
Reste a montrer que cette application g est un homomorphisme de A
dans A x A; or ceci résulte des égalités
e(@+y)=(@#+y, 0) = (2, 0) +(y, 0),
LCL) a elayenO)) SCAN Se (GZ ae

qui expriment que l'image par g d’une somme est égale a la somme des
images et que limage d'un produit est égale au produit des images.
La partie P apparait ainsi comme munie d’une structure isomorphe
a celle de l’anneau A. On peut alors se permettre d identifier A et la
partie P et, par conséquent, d’écrire
(2 Cy) ate
432 TITRE III]. — CHAPITRE VI.

Enfin, on vérifie aussit6t que l’élément (0, 1) de Ax A admet un carré


égal a (d, 0), car
(0, 1) X (0, 1) = (o+d,0+0) = (d, 0).

Cela permet donc d’écrire


[Con 1) R==aal

Finalement, l’'anneau commutatif unitaire A x A, ainsi construit, remplit


bien toutes les conditions imposées; l’élément (0, 1) de cet anneau, qu’on
peut désigner par » en posant
(Oy
1) a

est, dans cet anneau, une racine carrée de |’élément (d, 0) qui est identifié
a élément d de A de sorte que
w2= d.

De plus, on peut écrire : (wv, y) = 2% + wy.


Remarque. — Pour faire mieux, c’est-a-dire pour construire un
anneau commutatif unitaire, permettant d’attribuer a d une racine
carrée, plus petit que l’anneau A x A, on ne peut faire autre chose que
s’adresser A un anneau-quotient de A x A; si Ax A n’admet pas d’autre
anneau-quotient que lui-méme — ce qui, on le verra, se produit
lorsque A est un corps et que d n’est pas un carré dans ce corps —
la solution trouvée AxA est la plus petite solution possible (a une
isomorphie pres naturellement).

DEFINITION. — L’anneau commutatif unitaire Ax A, construit dans


ce qui précéde et qui permet d’attribuer une racine carrée a l’élément d
de A, est, dans tous les cas (que d soit ou non un carré dans A, que Ax A
admette ou non des anneaux-quotients distincts de lui-méme), appelé
une extension quadratique de lanneau commutatif unitaire A.
On note, traditionnellement, cette extension quadratique particuliére,
relative a d, au moyen du symbole

Al yd]
constitué par la lettre A suivie d’un crochet renfermant le symbole \d;
le symbole A |
\/d| est lu: A de racine de d. On dit aussi que A [/d] est
obtenu par adjonction a A d’une racine carrée de d.

10. ANNEAUX A OPERATEURS,

On dit que un anneau A est un anneau a opérateurs pour exprimer


que A est muni d’une ou de plusieurs lois de composition externes,
distributives par rapport a l'addition de A et permutables avec la
multiplication a gauche et la multiplication 4 droite de A.
ANNEAUX. 433

Si Pon désigne par | une des lois externes dont est muni l’anneau
a opérateurs A, tout opérateur « pour la loi | remplit la condition
exprimée par les identités suivantes :

I
aejl@+yy=(ele)+(e]y), |
oPWesFe) Sees
(es Ia),
Ce NL (ag) SCALA |

La premiére exprime la distributivité de la loi | par rapport a l’addition,


la deuxiéme la permutabilité entre la loi | et la multiplication a gauche,
la troisieme la permutabilité entre la loi | et la multiplication a droite;
lopérateur de la multiplication a gauche comme celui de la multiplication
a droite est désigné par x dans les identités qui les concernent.
Si lon note multiplicativement a gauche la loi externe, on obtient les
identités :
a(r+y)Sar+ay,
a(ay) =ax(ay),
a (vy) SS ((Ou2))9e-

La premiere exprime que tout opérateur « de l’anneau A produit un endo-


morphisme, non pas de l’anneau A, mais du groupe additif (sans opératcurs)
de A. Un tel endomorphisme est donc une homothétie du groupe additif
de A; on l’appelle volontiers une homothétie externe de l’anneau A.
La deuxieme identité exprime que toute homothétie externe de l’anneau
est permutable avec toute homothétie a gauche de l’anneau; la troisieme
exprime que toute homothétie externe de l’anneau est permutable avec
toute homothétie a droite de l’anneau.
Un sous-anneau stable d’un anneau a opérateurs A est naturellement
un sous-anneau, stable pour les lois externes de A, ou encore un sous-anneau
dont une image homothétique externe quelconque est contenue dans
luicméme. De méme, un idéal (a gauche, 4 droite, bilatére) stable d’un
anneau a opérateurs A est un idéal (a gauche, a droite, bilatére) stable
pour les lois externes de A.
Toutes les notions et toutes les propriétés rencontrées dans l’étude des
anneaux s’étendent aussitot aux anneaux a opérateurs, si l’on y remplace
partout « anneau » par « anneau a opérateurs », « sous-anneau » par « sous-
anneau stable » et « idéal » par « idéal stable ».

—- ——_

V. ROUQUET LA GARRIGUE. 238


CHAPITRE VIL.
CORPS.

1. DEFINITIONS ET EXEMPLES.

On emploie le terme corps pour désigner un anneau dont la multi-


plication induit une structure de groupe sur la partie obtenue par
suppression de élément nul.
Tout élément différent de zéro, dans un corps K, est donc inversible
et par suite régulier. Conformément aux notations générales, on désigne
par K* Vensemble des éléments différents de zéro, c’est-a-dire
ensemble K — | 0}. L’ensemble K*, muni de Ja multiplication induite
par la multiplication du corps, est appelé groupe multiplicatif du
corps Kk. En tant que groupe, K* n’est pas vide et posséde un élément-
unité qui est aussi élément-unité du corps K. Tout élément de K sauf
zéro étant régulier, K est dépourvu de diviseurs de zéro autres que zéro.
Tout corps est done un anneau integre et unitaire.
L’anneau opposé a un corps K est lui-méme un corps K® qui est dit
corps opposé au corps K. Le corps opposé au corps K® est, évidemment,
le corps K lui-méme.
On distingue, parmi les corps, d’une part, ceux dont la multiplication
est commutative et qu’on appelle corps commutatifs, ceux dont la
multiplication n’est pas commutative et qu’on appelle corps gauches,
d’autre part, les corps finis ou infinis suivant que leur cardinal est fint
ou infini. Tout corps commutatif coincide avec son opposé et réciproque-
ment. C’est un anneau d’intégrité. Un théoréme célébre assure que tout
corps fini est commutatif. Malgré son énoncé trés simple, sa démons-
tration exige beaucoup de préparatifs et ne sera pas donnée ici.
Un corps K posséede au moins deux éléments puisqu’il doit admettre
un élément nul et que ensemble K* = K —/} 0} doit étre muni d’une
structure de groupe multiplicatif, donc admettre au moins un élément-
unité différent par la méme de |’élément nul. Le corps le plus simple
qu’on puisse construire est donc un corps a deux éléments. En fait, un tel
corps existe; il est méme unique a une isomorphie prés. En effet, si l'on
désigne par o son élément nul et par 1 son élément-unité, sa table d’addi-
tion est nécessairement celle du groupe a deux éléments. Sa table de
436 TITRE II]. — CHAPITRE VII.

multiplication est déterminée par le fait que, dans un corps comme dans
tout anneau, l’élément nul est absorbant, et par le fait que la multipli-
cation doit munir {1} d’une structure de groupe. On obtient alors les
tables suivantes :
| |
Pe
en e
|
‘ vy 0) ] | gee te) I |
IN L a

| | i]

|
oO oO I oO oO oO

On vérifie que la multiplication est associative, doublement distributive


par rapport a l’addition, et qu’elle munit, par sa construction méme,
Yensemble K* =; 1} d’une structure de groupe. Le corps ainsi obtenu
est visiblement commutatif.

2. REGLES DE CALCUL DANS UN CORPS GAUCHE.

Toutes les régles de calcul dans un anneau quelconque sont applicables


dans un corps. Il est inutile d’y revenir. L’élément nouveau se réduit
au fait qu'un corps gauche est un anneau integre. L’absence de diviseurs
de zéro autres que zéro permet alors d’assurer la propriété fondamentale :
pour qu'un produit de facteurs soit nul, il faut et il suffit que lun
de ses facteurs soit nul. Elle permet aussi de simplifier une égalité
par tout élément non nul; en d’autres termes,

| ar = ay | 'Loy
= ee | | > ee ey A~
Che @ | | GQeAOn a)

En ce qui concerne les congruences, il est inutile de s’y arréter, car, on le


verra, il n’y a pas de congruences compatibles avec une structure de corps,
hormis l’égalité et la co-appartenance.

3. REGLES DE CALCUL DANS UN CORPS COMMUTATIF.

Toutes les régles de calcul spéciales 4 un anneau commutatif unitaire


sont applicables aun corps commutatif, en particulier, celles qui concernent
les identités remarquables et les expressions — mondmes ou les expressions
entieres. Mais, alors que la division ne joue, dans un corps gauche ou dans
un anneau méme commutatif, qu’un role effacé — faute de commutativité
dans un corps gauche, faute de régularité, et a fortiori, d’inversibilité
CORPS. 437

dans un anneau — cette division prend une importance capitale dans les
corps commutatifs. La division dans un corps commutatif K est, en effet,
définie pour tout couple (a, y) appartenant a K x K* et non seulement
pour tout couple appartenant a4 K* x K*. Outre les fractions dont les
termes appartiennent a K*, on est donc amené a considérer les fractions
dont le numérateur est nul et le dénominateur — bien entendu — différent
de zéro. Ces fractions de numérateur nul sont, évidemment, elles-mémes
nulles; toutes les régles de calcul concernant les fractions d’un groupe
multiplicatif abélien s’étendent aussitét aux fractions d’un corps commu-
tatif, mais il n’est pas question de considérer des « pseudo-fractions »
a dénominateur nul puisque l’équation en z, zy = x n’admet aucune
solution si y = o et x + o et admet plusieurs solutions (au moins o et 1)
S/O. Cb ==" 0;
L’importance du domaine de définition de la division dans un corps
commutatif enrichit alors le calcul de toutes les propriétés qui relient
cette division a l’addition et a la soustraction. Ces propriétés dérivent
de la distributivité @ droite (et non a gauche) de la division par rapport
a l’addition et sont, en fait, la traduction de celles qui dérivent de la
distributivité a droite de la multiplication par rapport a l’addition.

3.1. Distributivité a droite (et non a gauche) de la division par


rapport a l’addition.
Quels que soient les éléments x et y d'un corps commutatif K, et quel
que soit élément non nul a de ce corps, on peut assurer que

(2+ y)/a = (#/a) +(¥/4) |


ou, en utilisant les « barres de fraction »,

La justification de ces identités est immédiate si l’on se reporte a la défi-


nition des fractions. Elle résulte des identités suivantes qui pont intervenir
la distributivité de la multiplication par rapport a l’addition,
Yh 5 I I I L ye
EB
OSS (CBS YP) BK SS eS PR ae
a $ a a r a a a

3.2. Régle des signes pour la division.


On en déduit les identités suivantes, ou x est un élément quelconque
de K et y un élément quelconque de K*,

j=eaee. SAGE E6) tt seis


ae aoe rahe ve = Oe
Dye}
438 TITRE II]. — CHAPITRE VII.

Leur justification reléve toujours de la définition des fractions.


Par exemple,

La premiere et la seconde permettent de mettre sous deux formes diffé-


cach x , x . zr
rentes —— et —— Popposé — a de la fraction —-

3.3. Distributivité a droite (et non a gauche) de la division par


rapport a la soustraction.

Quels que soient re K, ye K et ae K*, on peut assurer que

|(2— y)/a = (2/a)— (y/4a)

ou
I

a a Ga
|
I

La justification se réduit aux remarques suivantes :


LV SATAN =a) @ Hane x v
a - a a a a a

3.4. Formule concernant le quotient dune somme algébrique


par un élément.

Quels que soient les éléments 2, %2, 2%, 2%, 2% du corps K et


Vélément ae K*, on peut assurer que
|
0g — a et Fae Xv, HRs ee 0 LX, Xs |

a a a a a a |

Le procédé de justification est toujours le méme : retour a la définition


des fractions et application de la formule correspondante concernant
la multiplication.

3.5. Galcul d’une somme ou d’une différence de deux fractions.

Si les fractions ont le méme dénominateur, la distributivité a droite


de la division, par rapport a l’addition et a la soustraction, fournit aussitét
le résultat sous forme d’une fraction. Sinon, on les réduit au méme déno-
CORPS. 439
minateur et l’on est ramené au premier cas. On peut donc assurer les
identités
|
| x u LO+UY |ae u Le — UV |
We , ye? Ie : 2 |

3.6. Expressions rationnelles.

On appelle expression rationnelle dans un corps commutatif K


toute fraction dont le numérateur est une expression entiére
quelconque et le dénominateur une expression entiére non nulle.
Sous réserve que les diviseurs éventuels ne soient pas nuls, la somme,
la différence, le produit, le quotient de deux expressions rationnelles
est- une expression rationnelle. Plus généralement le composé, par addi-
tions, soustractions, multiplications ou divisions quelconques, d’une suite
quelconque d’expressions rationnelles, est une expression rationnelle
{toujours sous la méme réserve).

3.7. Galcul sur les égalités.

Outre les possibilités offertes par un anneau quelconque, un corps


commutatif permet de diviser membre 4a membre deux é€galités, a condition
que la seconde ne se réduise pas a o = 0; il permet aussi de simplifier
une égalité en chassant un dénominateur commun aux deux membres.
Comme on l’a déja dit, il n’y a pas de congruences dans un corps,
hormis l’égalité et la co-appartenance.

4. SOUS-CORPS.
4.1. Définition.

On appelle sous-corps d’un corps K, toute partie B de K sur


laquelle la structure de K induit une structure de corps.

Remarque. — Tout sous-corps d’un corps Ks est sous-corps du corps K°


opposé a K et réciproquement.

4.2, Garactérisation d’un sous-corps.

Pour qu’une partie B d’un corps K soit un sous-corps de K, il faut et


il suffit qu’elle remplisse les conditions suivantes :
1° B est un sous-anneau de K non réduit a} 0};
2° B admet Vinverse de tout élément non nul qwil admel.
La nécessité de ces conditions serait évidente si l’on était assuré qu’un
sous-corps de K admet comme élément-unité l’élément 1 de K lui-méme,
440 TITRE Ul. —-_CHAPITRE Vil-

Or, cette propriété est exacte; en effet, si u désigne l’élément-unité d’un


sous-corps B de K, on peut assurer que u = o et que

VEOH SSSA,

ce qui, grace 4 la simplification par uo de légalité u.u=u.1,


entraine u = 1. Les conditions sont donc nécessaires. Pour établir qu’elles
sont suffisantes, on peut montrer que l’ensemble B* des éléments non nuls
de B est un sous-groupe du groupe multiplicatif de K, en revenant,
par exemple, a la premiere caractérisation des sous-groupes. Or, B* n’est
pas vide, en vertu de la premiere condition de l’énoncé. D’autre part,
non seulement la partie B — sous-anneau de K — est stable pour la
multiplication de K, mais B* elle-méme est stable pour cette multiplica-
tion; en effet, le produit de deux éléments de B* n’est pas nul puisque K est
un corps; or, ce produit appartient 4B qui est stable, donc a B* puisqu’il
nest pas nul. Enfin, B*, partie non vide et stable du groupe multiplicatif
de K, admet, en vertu de la deuxiéme condition, l’inverse de tout élément
qu’il admet, donc présente bien les caractéres d’un sous-groupe de ce
groupe multiplicatif. B sous-anneau de K, tel que la multiplication de K
induise sur B* une structure de groupe, est donc un sous-corps de K.
En se reportant aux caractérisations d’un sous-anneau et d’un sous-
groupe, on peut alors caractériser un sous-corps d’un corps par l’énonce :
Pour qu'une partie non réduite a {|o } d'un corps soit un sous-corps, il faut
et il suffit qu'elle admette la différence, le produit, le quotient a gauche
(ou le quotient a droite) de deux quelconques de ses éléments (sous réserve,
pour les quotients, que le diviseur soit différent de zéro). On peut dire
aussi qu’un sous-corps est une partie non réduite a | 0}, stable pour
Vaddition, la soustraction, la multiplication et la division a gauche (ou la
division a droite). On peut encore caractériser un sous-corps comme une
partie non réduite a { o }, stable pour la soustraction et la division a gauche
(ou a droite).

Remarque. —- On peut chercher, dans un anneau A, non supposé


étre un corps, des parties B sur lesquelles la structure de A induise
une structure de corps. Un raisonnement analogue au précédent
permet de montrer qu’une telle partie B peut étre caractérisée par les
conditions :
1° B est un sous-anneau de A non réduif a {|0};
2° B admet un élément-unité u (qui n’est pas nécessairement élément-
unité de A);
3° B admet Vinverse relatif a u de tout élément non nul qu’il admet.
La nécessité de ces conditions est alors évidente. Pour établir qu’elles
sont suffisantes, il convient de modifier légerement le raisonnement
précédent assurant que B* est stable pour la multiplication : on peut
CORPS. 4GX

recourir au fait que B* est l’ensemble des éléments de B inversibles


par rapport a u; on voit alors (cf. IV, § 6.2) que B* est un sous-
monoide du monoide multiplicatif de B. ;

4.3. Sous-corps engendré par une partie d’un corps.

Toute intersection de sous-corps d’un corps K est un sous-corps de K,


car c’est une intersection de sous-anneaux, donc un sous-anneau, et qui
admet, comme chacun des sous-corps de la famille, l’inverse de tout
élément non nul qu’elle admet.
On définit, comme toujours, le sous-corps engendré par une partie X
comme le plus petit sous-corps contenant X qui n’est autre que
Pintersection de la famille des sous-corps contenant X. La partie X est
toujours appelée un systéme de générateurs du sous-corps qu’elle
engendre.
Si X est la partie vide de K, X engendre un sous-corps qui doit admettre
comme élément non seulement o, mais aussi 1, puisque tout sous-corps
de K admet nécessairement ces deux éléments. Le sous-corps engendré
par la partie vide coincide donc avec le sous-corps engendré par la
partie | 0, 1 {; ce sous-corps est, évidemment, le plus petit des sous-corps
de K; il ne se réduit pas, en général, a la partie } 0, 1 |, contrairement
au phénomene observé dans les groupes et les anneaux; en tant que sous-
corps remarquable, sa constitution sera étudiée ci-dessous (cf. § 4.4).
Dans le cas général d’un corps gauche et d’une partie non vide X
quelconque, la caractérisation du sous-corps engendré par X ne parait
pas présenter d’intérét véritable.
Dans le cas d’un corps commutatif, au contraire, on peut caractériser
le sous-corps engendré par une partie non vide X, distincte de | o |, comme
Vensemble des expressions rationnelles ayant pour numérateur une expression
entiére quelconque dont les bases appartiennent a X et dont les coefficients
sont des éléments de X ou l’élément-unité du corps, et pour dénominateur
une expression de méme forme, mais non nulle.
Tout sous-corps étant stable pour l’addition, la soustraction, la multi-
plication et la division, il est évident que le sous-corps engendré par X
doit contenir l'ensemble défini ci-dessus. Pour montrer que cet ensemble
est bien le sous-corps engendré par X, il suffit donc d’établir que cet
ensemble contient X et est lui-méme un sous-corps. Or, on constate
aussit6t que cet ensemble contient X par l’intermédiaire des expressions
j io . ec aye
rationnelles de la forme =
gi? OUL désigne un élément quelconque de X.
D’autre part, cet ensemble non réduit a | o | est stable pour la sous-
traction et pour la division du corps, puisque la différence et le quotient
de deux expressions rationnelles qui le constituent sont des expressions
rationnelles de cet ensemble.
442 TITRE Il]. — CHAPITRE VII.

On peut donc assurer que cet ensemble est un sous-corps contenant X,


ce qui acheéve la démonstration.

4.4. Sous-corps remarquables. Sous-corps premier. Caracté-


ristique.

Le corps KK lui-méme esl un des sous-corps (le plus grand de tous les
sous-corps). Le centre Z du corps KK est un sous-corps commutatif de K.
En effet, on sait déja que c’est un sous-anneau commutatif de K; d’autre
part, comme 1 est, évidemment, élément central, ce sous-anneau n’est
pas réduit a | o/; enfin, comme l’inverse d’un élément central non nul
est un élément central (cf. V, § 4.4), on constate que Z est un sous-
corps commutatif de K.
Le sous-corps le plus remarquable d’un corps est assurément le plus
petit des sous-corps; on peut le considérer comme le sous-corps engendré,
soit par la partie vide, soit par la partie | 0}, soit par la partie | 1 j,
soit par la partie | 0, 1 }.
Que le corps K soit ou non commutatif, le plus petit sous-corps de K est
foujours commutatif. On Pappelle sous-corps premier de K et il introduit
« naturellement » la notion importante de caractéristique d'un corps.

4.4.1. CONSTITUTION DU SOUS-CORPS PREMIER D’UN CORPS QUEL-


CONQUE K.
THEOREME. — Le plus petit sous-corps d'un corps quelconque K coincide
avec le sous-anneau commutatif A, engendré par Uélément-unité e de K,
si ce sous-anneau A est un sous-corps de K; il coincide avec l'ensemble
des fractions de A si A nest pas un sous-corps de K. Dans ce cas encore,
le plus petit sous-corps de K est commutatif.
En d’autres termes, le sous-corps premier de K est constitué par
Vensemble des éléments de K pouvant se mettre sous la forme
me ou —(me) (meN),

si cet ensemble est un sous-corps de K; il est constitué par l’ensemble


des éléments de K pouvant se mettre sous la forme
nrve me
ou (meEN, nEN"*, ne +o)
ne ne

si ensemble précédent n’est pas un sous-corps de K.


La premiére partie du théoréme est a peu prés évidente. Le plus petit
sous-corps de K doit, en effet, contenir | e |, donc le sous-anneau engendré
par }e}. D’autre part, si ce sous-anneau est un sous-corps, c’est alors
le plus petit sous-corps de K; enfin, on sait (cf. VI, § 5.4.2) que ce
sous-anneau A est commutatif.
CORPS. {43

En ce qui concerne la deuxiéme partie, il convient de remarquer


d’abord que le sous-anneau A est un monoide abélien pour la multipli-
cation induite par celle de K, que tous ses éléments non nuls sont inver-
sibles dans K, mais qu’il peut trés bien se faire que certains de ses éléments
non nuls, bien qu’inversibles dans K, ne soient pas inversibles dans A.
Si ce cas se présente, A n’est pas un sous-corps de K et il faut, pour
obtenir le sous-corps premier de K, rechercher le plus petit sous-corps
contenant A. On obtient ce plus petit sous-corps grace aux remarques
suivantes.
Ce plus petit sous-corps doit, évidemment, contenir le sous-groupe
multiplicatif A* engendré dans K* par ensemble A* des éléments non
nuls de A. On sait (cf. V, § 4.4) que A* est abélien, méme si K* ne
Vest pas, et qu’il coincide avec l’ensemble des fractions dont les termes
appartiennent a A*. Le sous-corps premier de K doit donc contenir la
réunion |o}UA*. Or, cette réunion est un sous-corps de K. En effet,
elle n’est pas réduite a | o |; elle admet la différence et le produit de deux
éléments qu’elle admet; enfin, elle admet, par construction méme de A‘,
Vinverse de tout élément qu’elle admet.
On devine aussi que ce sous-corps est isomorphe a l’anneau des fractions
de Panneau A et que A¥ est isomorphe au groupe des fractions de A*.
4.4.9. CARACTERISTIQUE D’UN CorRPS. — La notion de caractéristique
dun corps s’introduit lorsqu’on recherche a quelle condition le sous-
anneau commutatif A, qui est d’ailleurs anneau dintégrité, est un sous-
corps de K.
Pour que le sous-anneau A soit un sous-corps de K, il faut et il suffit
qu il existe un entier naturel non nul n tel que ne = o.
En effet, si A est un sous-corps de K, tout élément non nul de A est
inversible dans A. En particulier, élément 3 e, parexemple, est inversible
dans A; cela exige qu’il existe un entier naturel m tel que
3 Gia NU) beaten
3€. (—=me) = €.
AAAAA

Or, cette disjonction d’égalités est équivalente a la disjonction


$(3m—1)e=0,
$ (3m+1)e=0,

ce qui entraine l’existence d’un entier non nul n (soit 3m — 1, soit 3m +- 1,


car m nest pas lentier nul) tel que ne = o.
Pour établir que la condition énoncée est suffisante, on peut faire les
remarques suivantes.
S’il existe un entier naturel n->~o tel que ne= o, alors l’ensemble des
entiers naturels k, non nuls et tels que ke = o, n’est pas vide; cet ensemble
admet donc un plus petit élément; soit p ce plus petit élément.
444 TITRE II. — CHAPITRE VII.

On montre aisément que A est alors un ensemble fini dont le nombre


d’éléments est exactement p et qui est constitué par : 0, e, 2 e, ..., (p—a2)e,
(p= i1):e:
Or, tous les éléments non nuls de A sont réguliers dans A, puisqu’ils
sont inversibles dans K; on sait que dans un monoide multiplicatif fint,
tout élément régulier est inversible; donc A, qui est bien un monoide
pour la multiplication induite par celle de K, a tous ses éléments non
nuls inversibles dans A, ce qui assure que ce sous-anneau est un sous-
corps de K.
On pose alors la définition suivante :
DEFINITION. — S’il existe des entiers naturels non nuls n tels
que ne = 0, le plus petit de ces entiers est appelé caractéristique
du corps K.
S’il n’existe pas d’entier naturel non nul n tel que ne = 0, on dit
que le corps K est de caractéristique nulle.

Remarque. — Il serait incorrect de dire que la caractéristique d’un


corps est le plus petit entier naturel nm (nul ou non) tel que ne = o,
car pour tout corps oe = o, ce qui conduirait toujours a une carac-
téristique nulle.
L’existence de corps de caractéristique nulle sera établie plus tard.
En anticipant, on peut signaler que l’exemple le plus simple d’un tel
corps est le corps 1 des nombres rationnels.
L’existence de corps de caractéristique non nulle peut s’établir
par recours au corps a deux éléments. Ce corps a, évidemment, pour
caractéristique 2, puisque e + e = 2»e = o.
Il n’existe, évidemment, pas de corps dont la caractéristique soit 1.
On peut montrer facilement que la caractéristique d’un corps quelconque
K est o ou un nombre premier p = 1. De plus, px = 0, quel que soit
Vélément x du corps K.
En effet, si K n’est pas de caractéristique nulle, sa caractéristique p
est le plus petit entier non nul tel que pe = o. On raisonne par l’absurde
pour montrer que p est un nombre premier.
Si p n’est pas premier, il est le produit mn de deux entiers
strictement supérieurs a 1 et strictement inférieurs a p. Le fait que
mne = (me).(ne) entraine alors

(Gne)ei(7e) =o

mais on sait que, dans un corps, la nullité d’un produit de facteurs


entraine la nullité d’un au moins de ses facteurs. On aboutit ainsi,
par exemple, 4 me = 0, ou m << p, ce qui contredit le fait que p est
le plus petit entier non nul tel que pe = o. Quant a la propriété px = o,
elle provient des égalités

PLS Plese) — (pen iaa—= 008


CORPS, 445

5. IDEAUX D’UN CORPS.

L’étude des idéaux d’un corps est trés simple : dans un corps quel-
conque K, il n’existe que deux idéaux a gauche qui sont (0) ef K; de méme,
il n’existe que deux idéaux a droite qui sont (0) et K; ces deux idéaux sont,
évidemment, bilatéres.
En effet, si un élément x = o appartient a un idéal 4 gauche a, on peut
assurer que 7 '.x% = e appartient a a; il en résulte que a admet comme
élément tout produit de e par un élément quelconque de K, donc tout
élément de K, Cet idéal n’est donc autre que K lui-méme.

6. CORPS-QUOTIENT.

L’absence d’idéaux, autres que (0) et K, réduit les congruences compa-


tibles avec la structure de corps aux deux congruences exprimées par
les relations
x—yeEi{o}, G—yek.

La premiére n’est autre que l’égalité. La seconde n’est autre que la


co-appartenance.
La premiere fournit par passage au quotient un anneau-quotient
qui coincide avec K, donc un corps-quotient banal qui n’est autre que K.
C’est le seul corps-quotient de K, car la co-appartenance fournit, par
passage au quotient, un anneau réduit a un seul élément; cet anneau ne
saurait étre un corps.
Une représentation d’un corps K dans un ensemble E muni de deux
lois internes est naturellement un homomorphisme. Le théoreme d’homo-
morphie s’applique. Mais comme toute image homomorphe d’un corps
est isomorphe a l’ensemble structuré obtenu par passage au quotient
pour une congruence compatible, image homomorphe d’un corps est,
soit un anneau réduit a un élément (anneau nul), soit un corps isomorphe
au corps lui-méme.

7. PRODUITS DE CORPS.

Tout produit de corps est un anneau-produit. Mais, comme tout anneau-


produit non nul admet des diviseurs de zéro autres que zéro, un produit
de corps n’est jamais un corps. En d’autres termes, la notion de corps-
produit est illusoire.
446 TITRE II. — CHAPITRE VII.

8. PROBLEMES DE PROLONGEMENT ET D’IMMERSION.

L’introduction de la notion de corps permet d’apporter des comple-


ments importants au probleme du prolongement de J’addition — qui
conduit a un anneau de fractions — et au probleme des extensions quadra-
tiques.
En ce qui concerne le premier, on peut assurer que V'anneau des fractions
@un anneau @intégrilé A est un corps. Ce corps est appelé corps des frac-
tions de l’anneau d’intégrité A.
En effet, ’'anneau d’intégrité A n’admet pas de diviseurs de zero autres
que zéro; tous ses éléments non nuls sont donc réguliers; or, les elements
; = 42 _ ee aaa
de l’anneau des fractions de A sont de la forme 57 our désigne un élément
de la partie isomorphe a A et y un élément non nul de cette partie; tous
les éléments de cette forme ott x n’est pas nul sont réguliers donc inver-
sibles. Tout élément de l’anneau des fractions de A est ainsi inversible
dés qu’il n’est pas nul. En d’autres termes, cet anneau est un corps.
En ce qui concerne le second probléme, on peut assurer que : Etant
donné un élément d d'un corps commutatif K, pour que Vextension quadra-
tique K |\ d |soit un corps, il faut et il suffit que d ne soit pas uncarré dans K.
En outre, si K| \/d | est un corps, ce corps est le plus petit corps oit d admette
une racine carrée.
La deuxiéme partie est évidente si lon tient compte des remarques
du paragraphe 9.3 (chap. VI). On sait, en effet, que tout anneau ou
VYelement d de K admet une racine carrée est anneau-quotient de |’exten-
sion quadratique K| \d |. Si K|\ d] est un corps, il n’admet pas d’autres
corps-quotients que lui-méme. I] en résulte que c’est le plus petit corps
ou l’élément d de K admette une racine carrée.
En utilisant les notations du paragraphe 9.3 (chap. VI), on peut
démontrer la premiére partie de la facon suivante.
Si K est un corps et si K|\/d |est un corps, d n’est pas un carré dans K.
En effet, s'il était, il existerait un élément x de K tel que

ae
¢’est-a-dire tel que
CO. uO) ee On

Comme K|\/d| est un corps, cette égalité entrainerait que soit égal
a + x ou a — x; mais ceci est impossible, car

= (Copia, C—O) eel =

Pégalité de » a + x ou — z entrainerait 1 = o.
CORPS. {47

Réciproquement, si K est un corps et si d n’est pas un carré dans Kk,


tout élément non nul de K[\/d| est inversible et K|\/d| est un corps.
En effet, l’égalité
(4+ uy) (v7—wy)=22?—dy*

montre que, si z*>— dy” n’est pas nul, on peut la simplifier par x*— dy”
: ax Vi ane eee
et lon obtient avec ays Vinverse de x + oy. Or, tout élément non
C—O
nul de K| \/d] est de la forme x + »y, ot x et y sont deux éléments de K
non nuls a la fois. Alors x*— dy? n’est pas nul, car

xr — dy? ==! (6)

entraine x*= 0, donc x = o (puisque K est un corps) si y = 0; d’autre


: 2 site A x ; : : ;
part, si y ~o, cette égalité entraine d = 5a puisqu’on peut la simplifier
par y’+ 0; alors d est un carré dans K. [1 en résulte que x?— dy? n’est
pas nul si «+ oy ne Vest pas luirméme. Donec x + wy est inversihle
et K[ /d | est un corps.
CHAPITRE VIUf.
MODULES. ESPACES VECTORIELS. ALGEBRES.

La notion de module, celle d’espace vectoriel qui en est un cas par-


ticulier, celle d’algébre enfin ne sont nullement indispensables a la construc-
tion des ensembles fondamentaux de la mathématique. Mais leur étude
est actuellement le meilleur moyen d’approfondir la résolution des
equations linéaires et la construction de la géométrie; a ces titres, elle sera
développée au tome II de cet Ouvrage. On se contentera ici de donner
les définitions essentielles de maniére a fournir un tableau d’ensemble
des structures algébriques fondamentales.

!. MODULES.

Un module est un groupe abélien a opérateurs dont le domaine d’opéra-


teurs est lui-méme un anneau unitaire. On distingue les modules a gauche
et les modules a droite. Si l’anneau d’opérateurs est commutatif, les
deux notions coincident et l’on parle alors simplement de modules.
Bien entendu, le fait que le domaine d’opérateurs du groupe abélien
a opérateurs soit un anneau, n’ajoute pratiquement rien a la notion
générale de groupe abélien a opérateurs, si l’on ne relie pas l’addition
et la multiplication de l’anneau a la loi de groupe abélien et a la loi
externe. En fait, actuellement, on définit un module de la facon suivante.

1.1. Définitions.

Etant donné un anneau unitaire A (commutatif ou non), on appelle


module a gauche sur A ou A-module a gauche tout ensemble E
muni d'une loi de composition interne et d'une loi de composition
externe, cette derniere ayant A pour domaine d’opérateurs, et remplis-
sant les conditions suivantes :
1° La loi interne est une loi de groupe abélien sur E;
2° La loi externe est distributive par rapport a la loi interne,
distributive par rapport a l'ensemble de la loi interne et de l’addi-
tion de lanneau, associative par rapport a la multiplication de
Vanneau;
3° L’élément-unité de lanneau A est opérateur neutre.
V. ROUQUET LA GARRIGUE. 29
450 TITRE II]. — CHAPITRE VIII.

Pour traduire ces conditions, on désignera par «+» la loi interne (loi
de groupe abélien), par «|» la loi externe, par «+» l’addition de l’anneau,
par «.» la multiplication de l’anneau; on désignera par x, y des éléments
quelconques du A-module a gauche E, par z, % des éléments quelconques
de l’anneau unitaire A, par 1 l’élément-unité de l’anneau.
On obtient alors les identités suivantes, ott sont omises les conditions
définissant la loi interne +

SIM Ma are ts 0 es Ce Ba) Ne calCoes |


(G2
6)s [Naas aCe ae
| CRA NG Seal[zee ms (C7515) IN eres
Tis ene

En pratique, on confond les signes de addition + du groupe abélien E


et de addition + de lanneau d’opérateurs A; on confond de méme les
signes de la loi externe | et de la multiplication «.» de Panneau avec
le signe blanc. On obtient alors les identités :

OC = V) a0 ay
|
(at B)xr=axr+ ay

a(B GaN (G55) 0

1t=. |
=

Les éléments de E sont habituellement appelés vecteurs du A-module


a gauche; les éléments de lanneau A sont habituellement appelés
scalaires du A-module a gauche; la loi externe est habituellement appelée
multiplication par un scalaire du A-modulea gauche; le composé x _| x
est alors appelé produit du vecteur x par le scalaire x. On définit
de méme un A-module a droite, en remplacant la condition
of OB fia) SanB
ye) ox
par la condition

On constate alors qu’un A-module a droite est un A-module a gauche


sur ’anneau A" opposé a A et réciproquement. Lorsque A est commu-
tatif,les deux notions coincident. Dans la suite, on parlera seulement de
A-modules a gauche. Comme dans tout groupe a opérateurs — la distri-
butivité de la multiplication par un scalaire par rapport a l’addition du
groupe assure, en effet, qu’un A-module est un groupe a opérateurs —
lapplication conduisant de x a ax est appelée homothétie de rapport ~.
Pour obtenir un A-module a gauche, il suffit de considérer le groupe additif
de A et de munir ce groupe additif de la multiplication a gauche de A,
t
MODULES. ESPACES VECTORIELS. ALGEBRES. 451

pris comme domaine d’opérateurs. Le A-module a gauche ainsi défini


est habituellement désigné par A,;. On définit de méme le A-module
a droite, désigné par A,. Cela permet d’associer a tout anneau unitaire
deux A-modules.

1.2. Calcul linéaire.

Les régles de calcul dans un A-module sont naturellement analogues


aux régles de calcul dans un anneau, puisgue la multiplication par un
scalaire posséde des propriétés analogues a celles de la multiplication
d’un anneau.
Elles portent traditionnellement le nom de régles du calcul linéaire
parce que tout calcul dans un A-module peut étre effectué sur des composés
d’un type particulier qu’on appelle des combinaisons linéaires; ces
composes seront définis ci-dessous.
1.2.1. De méme que dans un anneau, grace a la distributivité de la
multiplication par rapport al’ addition, le produit d’un élément quelconque
par l’élément nul est nul, de méme dans un A-module, le produit d’un
vecteur quelconque par le scalaire nul est le vecteur nul. La démonstration
de cette propriété est la méme, aux notations pres, que celle qui établit
que le zéro d’un anneau est un élément absorbant. Si lon ne craint pas
les confusions, on peut dire que le zéro de l’anneau A est opérateur absor-
bant dans le A-module. II suffit, pour s’en convaincre, de désigner par 0
le vecteur nul de E, par o le scalaire nul de A; la distributivité de la
loi [| par rapport a la loi + et a la loi + permet alors d’assurer succes-
sivement les identités
a |p (oO)
|e (aul or) (On| 2)s

par simplification de l’égalité entre le premier et le troisieme membres,


on obtient
On| Ga 0

Pratiquement, en confondant «|» et «.» avec « » et en confondant o


et 0, on écrit
Or =O.

De méme, le produit du vecteur nul par un scalaire quelconque est le vecteur


nul, En effet, les identités
Cine |eect0) — aOrme
ea et nO]OY)

assurent, par simplification, que

CaleOa—2 Oz |
452 TITRE II]. — CHAPITRE VIII.

Pratiquement, on écrit
40= 0.

1.2.2. La régle des signes est applicable dans un A-module comme


dans un anneau, grace aux identités suivantes :
|
(—a)r7 =— (an), 2(— 2) =— (a2), | |(—a) (—2) =a2. |
Es | |

La premiére résulte de ce que


(—@)@ + 67 =(—4a4 + 4)7 = 0r =—0;

la deuxiéme résulte de ce que


a(—@2) +oar=a(—rt+7r7)=40=—0;

la troisiéme résulte de ce que


(== G(T (4(—x#)) =— (— (a@@))
= aa.

1.2.3. De la regle des signes on déduit les deux distributivités de la


multiplication par un scalaire, soit par rapport a la soustraction des vecteurs,
soit par rapport a l’ensemble de la soustraction des vecteurs et de la sous-
traction des scalaires. Elles s’expriment par les identités

a(e— Vy) = ax — xy,


(a—S)w=axr—er.

‘La présence éventuelle de diviseurs de zéro autres que zéro dans ’anneauA
interdit d’assurer que la nullité du produit «zx entraine la nullité de «
ou de x. I] suffit de considérer un anneau unitaire A admettant des divi-
seurs de zéro autres que zéro et le A-module a gauche A,. Si x désigne
un diviseur a droite de zéro non nul, il existe un x non nul appartenant
a A et tel que z% = 0; dans le A-module A,, le produit zx est nul sans
que ni z ni & le soient. En d’autres termes, comme dans un anneau
quelconque, le produit «x est nul dés que « ou x est nul, mais pas plus
que dans un anneau quelconque, la nullité de xx ne permet d’assurer
celle de x ou de x. On verra que, dans un espace vectoriel, on peut assurer
la réciproque en défaut dans un module quelconque.
1.2.4. La notion de combinaison linéaire dans un A-module est ana-
logue a celle d’expression linéaire dans un anneau commutatif. Elle
se définit ainsi :
DEFINITION. — On appelle combinaison linéaire dans un A-module E,
tout composé de la forme
44+ Nes 4. pets Rael,
MODULES. ESPACES VECTORIELS. ALGEBRES. 453
ou d;, &, ..., d, désignent des vecteurs quelconques du A-module E
et Ai, Ax, ..., A, des scalaires quelconques de l’anneau A.
Les termes d’une telle somme de vecteurs sont appelés termes de la
combinaison linéaire; les scalaires A\, As, ..., 4, sont appelés coeffi-
cients de la combinaison linéaire.
Tout vecteur x est une combinaison linéaire,
IZ

réduite a un terme.
Le vecteur nul o peut étre considéré comme une combinaison linéaire,
Og,

réduite a un terme, ot x désigne un vecteur quelconque. Le calcul sur


les combinaisons linéaires se réduit a celui de l’opposé, celui de la somme,
celui du produit par un scalaire. Ces calculs sont immédiats et se traduisent
par les identités

— (11 1 + Ag y+... + Apap) = (— Ax) + (— do) ag +...


+ (— Ap) Gp;

(Ar + Ax Qa+...+ Apap)


+ (4101+ pobo+...+
pg by) = Mat...
+ midi +... + pgbg3

(A, it Ag@o+...
+ Apap) = Apart whodet...
+ wrpay

qui ne méritent aucun commentaire.

2. ESPACES VECTORIELS.

2.1. Définition.

Un module a gauche dont l’anneau d’opérateurs est un corps kK


prend le nom d’espace vectoriel a gauche sur K.
On définit, de méme, un espace vectoriel a droite sur K. Les deux
notions coincident si le corps K est commutatif et l’on parle simplement
d’espace vectoriel.
Il n’y a rien a changer aux conditions que doivent remplir les lois de
composition lorsqu’on passe d’un A-module a un espace vectoriel (a gauche
ou a droite).

2.2. Galcul linéaire dans un espace vectoriel.


Les régles de calcul dégagées a propos d’un A-module a gauche
s’appliquent, évidemment, a un espace vectoriel a gauche.
Une seule nouveauté apparait du fait que tout élément non nul du
corps K est inversible.
494 TITRE III], — CHAPITRE VIII.

Dans tout espace vectoriel (a gauche ou a droite), on peut assurer que

En effet, on sait déja que l’implication de droite 4 gauche est vraie dans
tout module. Pour établir celle de gauche a droite, on distingue le cas
ou « = oet celui ot « = o. Si « = o, cette implication est vraie; si « 4 0,
lopérateur « admet un inverse «~'; on en déduit que
OY i eC

Ordo = 1, 1¢= 2 -el azo == "03" d' ou =o. Some elmaplication de


gauche a droite est vraie quel que soit «.
L’existence d’un inverse pour tout opérateur non nul permet aussi
la division a gauche et la division a droite d’un vecteur par un scalaire
non nul; on nutilise guére pratiquement ces deux divisions; mais si le
corps est commutatif, on emploie fréquemment la notion de quotient
d’un vecteur par un scalaire non nul. Ce quotient n’est autre que le
produit du vecteur par l’inverse du scalaire; on le note volontiers sous
forme fractionnaire, ce qui permet d’écrire, pour tout z = o,

Bens
R

Le calcul dans un espace vectoriel présente donc de nombreux points


communs avec le calcul dans un corps, mais il ne permet pas de parler
de produit de vecteurs.

3. ALGEBRES.

Pour introduire, a cété de laddition des vecteurs et de leur multipli-


cation par un scalaire, une multiplication des vecteurs entre eux, on est
amené a définir la notion d’algébre ou de systéme hypercomplexe. Le
domaine d’opérateurs est encore un anneau unitaire et, de plus, commu-
tatif; d’autre part, l’ensemble muni de la structure d’algébre est un anneau
a opérateurs.

3.1. Définition.

Etant donné un anneau unitaire et commutatif A, on appelle algébre


sur A ou encore systeme hypercomplexe sur A foul anneau a opéra-
feurs EK dont la loi externe a pour domaine dopérateurs lanneau A et déter-
mine avec laddition de E une structure de A-module sur E.
MODULES. ESPACES VECTORIELS. ALGEBRES. 455

Une algebre comporte donc une addition des vecteurs, une multipli-
cation (commutative ou non) des vecteurs, une multiplication des vecteurs
par un scalaire.
Si Pon désigne par + et x l’addition et la multiplication des vecteurs,
par + et x laddition et la multiplication des scalaires, par | la loi
externe qui intervient dans la structure; si l’on désigne par x, y des vec-
teurs quelconques, par x, 8 des scalaires quelconques et par 1 le scalaire
unité, on obtient les identités suivantes, ot sont omises les conditions
définissant laddition et la multiplication des vecteurs.

al(@ty=(¢ley+aly), |}
(Oe Bye
| ore (a ey sia (B| car,

21 (@Le)=(@x8)La,
Ta
od i G8 Se (Ce eas
Conlin Peo, =u Coal
a) ys

En pratique, on confond les signes + et + de l’addition des vecteurs


et de l’addition des scalaires; on confond les signes < et x de la multi-
plication des vecteurs et dela multiplication des scalaires; enfin, on confond
ces deux derniers signes avec le signe | dela multiplication par un scalaire
en les remplacant tous les trois par le signe blanc. On obtient alors les
identités :
ie |
a(e+y)=ar+ay,
(a+ 6)x=ax+ Ba,
x(Ba) = (af)2,
iGo Se
a(“y) = x2(ey),
CHCA Ps (CHA)ee

Il n’est pas question d’algébre 4 gauche ou d’algébre a droite puisque


Vanneau d’opérateurs est supposé commutatif. Mais l’algébre elle-méme
est dite ou non commutative selon que la multiplication des vecteurs est
elle-méme commutative ou non.
La structure d’anneau a opérateurs opposée a une structure d’algébre
donnée est dite, comme toujours, algébre opposée a l’algébre donnée.
A tout anneau unitaire et commutatif A est associée une structure
d’algebre sur A admettant comme domaine d’opérateurs l’anneau A.
luicméme. On dit qu’on peut ainsi « considérer » tout anneau unitaire
et commutatif comme une algebre sur lui-méme.
456 TITRE III. — CHAPITRE VIII.

3.2. Calcul dans une algébre.

Toutes les regles du calcul dans un A-module sont applicables en ce qui


concerne les vecteurs et les scalaires. En particulier, « nul ou zx nul
entraine 2% =o et la notion de combinaison linéaire est utilisable. Si
Vanneau d’opérateurs est un corps commutatif, la nullité de «x entraine
la nullité de « ou de x et l’on peut utiliser la notion de quotient |dun
vecteur par un scalaire.
La seule nouveauté réside dans le lien entre la multiplication des vec-
teurs et la multiplication par un scalaire. Elle se traduit par la formule
générale de distributivité pour un produit de deux combinaisons linéaires.

| m n m,n

(Den)(Ser)== Dian en
| /
| |

On étend sans peine cette formule au cas d’un produit de plusieurs


combinaisons linéaires.
CHAPITRE IX.
STRUCTURES ALGEBRIQUES ORDONNEES.

De méme que deux lois de composition définies sur un ensemble ne


sauraient fournir des propriétés autres que les propriétés de chacune d’elles
si ces deux lois ne sont liées par aucune condition, de méme une structure
algébrique et une structure d’ordre, définies sur un méme ensemble,
ne peuvent fournir des résultats originaux que si ces deux structures
sont astreintes a certaines conditions les liant l'une a l’autre. Elles consti-
tuent alors une structure complexe qu’on appelle une structure algé-
brique ordonnée. Les structures algébriques ordonnées qu’on rencontre
le plus souvent en mathématiques portent les noms de monoide ordonné,
groupe ordonné, anneau ordonné, corps ordonné, espace vectoriel
ordonné. Chacune de ces structures comporte la structure algébrique
correspondant a son nom, une structure d’ordre et une condition reliant
la structure algébrique et l’ordre. Cette condition traduit ce qu’on appelle
habituellement la compatibilité de la structure algébrique et de la
structure d’ordre. Il ne faudrait pas cependant conclure de cette déno-
mination qu’une structure algébrique et une structure d’ordre non liées
par cette condition sont incompatibles au sens de « contradictoires »;
elles peuvent coexister sur un méme ensemble, mais l'ensemble muni de
telles structures ne saurait, évidemment, porter les noms indiqués ci-dessus.
On étudiera surtout le cas oti les structures algébriques considérées
sont commutatives.

1. MONOIDES ORDONNES.

1.1. Définitions.

Une structure de monoide abélien (notée additivement) et une


structure d’ordre (notée au moyen du signe —), définies sur un méme
ensemble M, sont dites compatibles si — et seulement si — elles
remplissent la condition exprimée par lidentité

Lay > eee at CL5

ou x, y, a désignent des éléments quelconques de l’ensemble M.


458 TITRE III. — CHAPITRE IX.

On appelle monoide ordonné tout ensemble muni d’une structure


de monoide abélien et d’une structure d’ordre compatibles entre elles.
Une relation d’ordre quelconque, mais compatible avec la loi d’un
monoide, porte traditionnellement le nom de relation dinégalité.
La condition de compatibilité entre la loi d'un monoide et une relation
d’inégalité porte habituellement le nom d’axiome des monoides
ordonnés. Cet axiome peut étre exprimé de l’une des deux facons
suivantes :
Toute translation d’un monoide ordonné est une application
croissante ou encore est un morphisme de la structure d’ordre.
Dans un monoide ordonné, on peut ajouter un méme élément
aux deux membres d'une inégalité.
Si une structure d’ordre est compatible avec la loi d’un monoide
abélien, la structure d’ordre opposée est, elle aussi, compatible avec
la loi du monoide.

Remarque. — On utilise parfois la notion de monoide non abélien


ordonné. La condition de compatibilité s’exprime alors par Videntité:

GCZzy > Ree ee


| waZ ya,
ou x, y, a désignent des éléments quelconques du monoide (dont la loi
est notée multiplicativement). On peut la traduire en disant que toute
translation a gauche et toute translation a droite sont des appli-
cations croissantes ou des morphismes de la structure d’ordre;
on peut dire aussi que dans un monoide non abélien ordonné,
on peut multiplier a gauche et multiplier a droite, par un élément
quelconque, les deux membres d’une inégalité.

1.2. Calcul sur les inégalités dans un monoide ordonné.

La régle de calcul essentielle dans un monoide ordonné se réduit a celle


qui gouverne Vaddition des inégalités; elle s’exprime par l’identité

(PZ)
|!=> a+bZza-+t,
fe

ou a, b, a’, b’ désignent des éléments quelconques du monoide. Sa démons-


tration, analogue a celle qui concerne l’addition des égalités, résulte
des remarques suivantes :
CATO NG) So Meola). HSA},
62260" = -a = baa6

qui conduisent, grace ala transitivité de l’inégalité, A ’identité énoncée.


STRUCTURES ALGEBRIQUES ORDONNEES. 499

On peut donc, dans un monoide ordonné, additionner membre a membre


deux inégalités.
Si, de plus, les éléments a, 5, a’, b’ sont réguliers pour la loi du monoide,
on peut assurer que

ae => at+b<a-+d'.

On remarque, en effet, que

Ta,
Ss at+b42ae+bZa+b'.
oy ZA

Si (a + b) était égal a (a’ + 5b’), on en déduirait que


es, Za+b',
a+b Za+b

et l’antisymétrie de l’inégalité entrainerait


a+b=a'+ be

soit, par simplification, b = b’.


Mais (a + b) serait aussi égal a (a’+ bd), ce qui, de nouveau par simpli-
fication, entrainerait a= a’, contrairement a l’hypothése assurant
quea<a’.
On étend, par récurrence, la régle gouvernant l’addition de deux
inégalités au cas d’un nombre quelconque d’inégalités. On obtient alors
les identités

Mays
Lo Ze
2S 2 SS yA Het e tH ZM+Vo+-.-
+n}

= GS UD ero ot Se NSS Ue aes Oa ae

La derniére est exacte si tous les éléments mis en jeu sont réguliers.
On énonce habituellement la premiere en disant :
Dans un monoide ordonné, on peut additionner membre a@ membre un
nombre quelconque d’inégalités de méme sens.
460 TITRE III]. — CHAPITRE IX.

2. GROUPES ORDONNES.
2.1. Définition.

On appelle groupe ordonné tout ensemble muni d'une loi de groupe


abélien et d'une structure d’ordre compatible avec la loi de monoide
abélien que constitue la loi de groupe. .
L’axiome des groupes ordonnés est donc le méme que celui des monoides
ordonnés et on peut lexprimer par les mémes éenonces.
Mais le fait que tout élément d’un groupe abélien admette un oppose
permet d’assurer lidentite

ou x, y, a désignent des éléments quelconques du groupe ordonne, L’impli-


cation de gauche a droite n’est autre que l’axiome des groupes ordonneés;
celle de droite & gauche s’en déduit par addition de lopposé (— a) aux
deux membres de l’inégalité de droite.
En observant que toute translation dun groupe abelien G est une
bijection de G sur lui-méme, on peut exprimer lidentite ci-dessus en disant
que dans un groupe ordonné, toute translation du groupe est un auto-
morphisme de la structure d’ordre; on dit aussi que Uordre dun groupe
ordonné est invariant par chaque translation du groupe. Le graphe de
Yordre est, en effet, invariant par l’extension convenable de chaque
translation du groupe. La notion de groupe non abelien ordonné s‘intro-
duit de la méme maniéere que celle de monoide non abélien ordonne.

2.2. Galcul dans un groupe ordonné.


Non seulement on peut, dans un groupe ordonné comme dans tout
monoide ordonné, ajouter un méme élément aux deux membres d'une
inégalité, mais on peut aussi soustraire un méme élément aux deux membres
dune inégalilé.
En d’autres termes, dans un groupe ordonneé, on peut simplifier une
inégalité comme on simplifie une égalité; on peut donc faire passer un terme
dun membre dans l'autre a condition d’entrainer avec ce terme le signe qui
le précéde et de changer ce signe (en supposant, ce qui est toujours possible,
que les premiers termes de chaque membre sont précédés d’un signe).
En particulier, on peut assurer lidentité

et Videntité
STRUCTURES ALGEBRIQUES ORDONNEES. 401

qui ne differe de la premiere que par la notation de la relation d’ordre.


Cette derniére identité s’exprime par l’énoncé classique : on obtient
une inégalité équivalente a une inégalité donnée en changeant les signes
de tous les termes figurant dans cette inégalité ainsi que le sens de cette
inégalité. On peut dire aussi que la symétrie du groupe transforme lV’ordre <
en Vordre opposé —.
La considération de l’élément nul d’un groupe ordonné permet alors,
grace a la simplification des inégalités, d’assurer les identités suivantes :

tee Oa= 2 SP zo (eS ey Zs |


|

dont un cas particulier s’exprime par

2.3. Garactérisation d’une relation d’ordre compatible avec une


loi de groupe abélien. Eléments positifs. Eléments négatifs.

2.3.1. DEFINITIONS. — Dans un groupe ordonné G, on dit qu’un


élément x est un élément positif ou, simplement, est positif pour
exprimer que o < x. On dit, de méme, qu’un élément x est un élément
négatif ou, simplement, est négatif pour exprimer que v = o.
L’ensemble des éléments positifs est habituellement désigné par P
et celui des éléments négatifs par N.

2.3.2. PRopriETES DE P er pe N. — De ces définitions résulte que


P élément nul o est, ala fois positifetnégatif; c est d’ ailleurs le seul a présenter
simultanément ces deux caractéres, puisque, en vertu de l’antisymétrie
de l’inégalité,

L’opposé dun élément positif est un élément négatif et, réciproquement,


Vopposé dun élément négatif est un élément positif, puisque x ~ o équivaut
a—xZzoet x — 0 €quivaut Aa— 0.
D’autre part, la transitivité de Vinégalité permet d’assurer que tout
élément négatif est inférieur ou égal a tout élément positif; de plus, tout
élément strictement négatif est strictement inférieur a tout élément positif.
Enfin, l'ensemble P des éléments positifs est stable pour l’addition du
groupe ordonné G; en d’autres termes, la somme de deux éléments positifs
462 TITRE III. — CHAPITRE IX. /

est un élément positif. Il en est de méme de l’ensemble N des éléments


négatifs. En effet, ces énoncés ne font que traduire les identités :
LEO |
—~ V+ ¥ 0; rN ra Oe a OY
TiZ0
En résumé, dans un groupe ordonné, les parties P et N possédent les
propriétés suivantes :

Nis P+ PcP, N+NCN,


P=—N; Pa(—P) ={0}; Nna(—N)
= {o}.
ey Se ee | RUE aR A EP ME Le all |

2.3.3. CARACTERISATION D’UNE RELATION D’ORDRE COMPATIBLE AVEG


L’ADDITION D’UN GROUPE ORDONNE. — La considération de l’ensemble
des éléments positifs (de méme que celle des éléments négatifs) permet
de caractériser les relations d’ordre compatibles avec l’addition d’un
groupe abélien, au moyen de relations d’appartenance analogues a celles qui
caractérisent les relations d’équivalence compatibles avec la loi du groupe.
Il est d’abord immédiat que si P désigne l’ensemble des éléments
positifs d’un groupe ordonné G pour la relation «<y, cette relation
est €quivalente a la relation d’appartenance y — ve P.
Eneffet,
LAY & Vt S —“er.

Réciproquement, si une partie P dun groupe abélien G est stable pour


Vaddition et si son intersection avec la partie (— P) est réduite a Iélément
nul, alors la relation
y—xeP

est une relation d’ordre compatible avec la loi du groupe abélien G, pour
laquelle P est l'ensemble des éléments positifs.
Pour établir cette réciproque, il suffit de montrer que la relation
y—xeP, ott P remplit les conditions de l’énoncé, est une relation
_ réflexive, antisymétrique et transitive, qu’en outre, elle est compatible
avec la loi de G et qu’enfin P est ensemble des éléments positifs.
La réflexivité s’exprime par l’identité
z—axeP,

qui est une conséquence de (o€P), elle-méme conséquence de


(Pa(—P) = {0};
— lantisymétrie par l’identité
y—zeP | Aes
z—yveP } See

qui est une conséquence de (PA(— P) = { 0});


STRUCTURES ALGEBRIQUES ORDONNEES. 463

— la transitivité par lidentité


= LE he)
Sys — Te P
z— yeP J

qui est une conséquence de la stabilité pour l’addition.


La compatibilité de la relation d’ordre y—axeP avec Jladdition
du groupe G s’exprime par l’identité
Vine Ree (Viet Be (2s 3) CIP.

Kelle est évidente.


Enfin, P est l'ensemble des éléments positifs, puisque ye P équivaut
a y — o&P, c’est-a-dire y = 0, si lon note x <y la relation
y—axeP.

On obtient ainsi le théoréme suivant :

THEOREME. — Pour quwune relation dordre, définie sur un groupe


abélien G, soit compatible avec Vaddition de G, il faul et il suffit que cette
relation soit équivalente a une relation de la forme

y—weP,
ou x ely appartiennent a G et ott P est une partie de G remplissant la condition
suivante :
Peery
Pa(— P) ={o}.

Remarques. — 1. La partie N =—P d’un groupe ordonné remplit


cette condition; elle détermine sur le groupe la structure d’ordre
opposée a celle que détermine P.
2..Si Pon remplace la condition Pn(—P) =; 0} par la condi-
tion (o€P), la relation (y —2xe€P) est une relation de préordre sur G
(réflexive et transitive) qu’on dit aussi compatible avec l’addition de G
et qui détermine avec elle une structure dite de groupe préordonné.
3. Si lon joint aux conditions que doit remplir P pour déterminer
une structure de groupe ordonné, la condition

PO (=. P).=G;
on constate aussitét que la relation d’ordre y —2e€P est une relation
d’ordre fofal; si cette derniére condition n’est pas remplie, elle n’est
que relation d’ordre partiel; l’exemple de la relation y—wre}o},
soit y = x, quiest bien une relation d’ordre compatible avec l’addition,
mais, évidemment, d’ordre partiel si le groupe a plus d’un élément,
montre aussit6t que cette circonstance peut se produire.
464 TITRE III. — CHAPITRE IX.

4, Sur un groupe abélien dont fous les éléments sont d’ordre fini,
il n’existe qu’une seule structure d’ordre compatible avec lVaddition du
groupe et la relation d’ordre qui fait du groupe un groupe ordonné
est réduite a Végalité; c’est une relation d’ordre partiel.
Il suffit, pour s’en convaincre, d’observer qu’il existe alors, pour tout
élément z du groupe, un entier naturel n > o tel que nx = 0; on en
déduit que (n — 1) « =—wa. Siz est positif, — x est négatif; mais
(n — 1) x est positif comme somme d’éléments positifs; (— x), égal a
(n — 1) a, est donc positif et négatif; son opposé a, est a la fois négatif
et positif, donc nul. Tout élément positif est ainsi nul; P se réduit a
{o} et la relation d’ordre y—_xePay—vzxé{ 0}, c’est-a-dire y = x-

2.3.4. BORNES SUPERIEURES ET BORNES INFERIEURES DANS UN


GROUPE ORDONNE. — Si X est une partie d’un groupe ordonné G
admettant une borne supérieure supX et si a est un élément quelconque
de G, le fait que la translation déterminée par a soit un automorphisme
de la structure d’ordre de G permet d’assurer que l'image de X par cette
translation, c’est-a-dire ensemble | a + X |, admet une borne supérieure
qui est image (a ++ sup X) de la borne supérieure de X par la translation
associée a a. Réciproquement, si l'ensemble | a + X ; admet une borne
supérieure, ensemble X = | a+ X—aj} admet une borne supérieure
égale a (sup (a + X)—a). En d’autres termes, on peut assurer que,
pour tout élément a de G,

sup(a+X)=a+supX

sous la réserve que l’un des deux membres existe (l’autre alors existe
et lui est égal).
De méme, le fait que par la symétrie du groupe (# — (— 2)) l'image
du graphe de lordre soit le graphe de ordre opposé permet d’assurer,
sous la méme réserve, que

inf(— X) = — supX.

2.3.5. GROUPES RETICULES. — On sait qu’un ensemble ordonné est


dit réticulé si — et seulement si — toute partie 4 deux éléments admet,
dans cet ensemble, a la fois une borne supérieure et une borne inférieure.
On sait aussi que si l’on désigne par x et y deux éléments quelconques
d’un ensemble réticulé, la borne supérieure de {x, y | est notée indiffé-
remment
sup (2, y), OU e any

et la borne inférieure
inki(7 wy)e OUN BEN ys
STRUCTURES ALGEBRIQUES ORDONNEES. 465

On voit aisément enfin que les opérations binaires, partout définies,


sup et inf, sont des lois de composition internes associatives et commu-
tatives.

a. DEFINITION. — Un groupe réticulé n’est autre, par définition,


qu’un groupe ordonné dont lordre est réticulé.
b. PROPRIETES GENERALES. — Dans un groupe réticulé, on peut assurer
sans réserve, d’apres le paragraphe 2.3.4, les deux identités :

sup(a+z,a+y)=at+sup(z,y), |
inf(— 2, — y) = —sup(2, y), |

traduites par
(GSS) YON SEO) ChE aO 1G Was |
a ey |

On en déduit aussit6t les deux suivantes :

inf(a+2,a+y)=a+inf(2, 7), |
sup(— xv, — y) = —inf(a2, y),

traduites par
|ISA NOOSA Ah isSa
| (—2)¥(—y)=--(@ Ly). |

On en déduit enfin lidentité :

|“+ y = sup (Ge y) ae


inf (x, Vs

traduite par
we ey = GONG IY aarl U6 oS ee |

En effet, en ce qui concerne cette derniére identité, on peut assurer


que, pour tout élément a du groupe réticulé
sup(@, y¥) =— @+sup(@+a,a+y),
inf (x, y) = — sup(— 24, —y).
En prenant a = — x — y, on obtient alors

sup(“, y) =e +y +sup(—y, —2),


inf (@, y) = — sup(— az, — y)

et, en additionnant membre a membre, l’identité énoncée.


Vv. ROUQUET LA GARRIGUE. 30
466 TITRE II], — CHAPITRE IX. yi

c. PARTIE POSITIVE, PARTIE NEGATIVE, VALEUR ABSOLUE DUN


ELEMENT D’UN GROUPE RETICULE. — Etant donné un élément v d'un
groupe réticulé G, on appelle partie positive de x et l’on note au moyen
du symbole
Gera

lu: x plus, la borne supérieure de lVensemble { x, 0 |, ce qui permet d’écrire

Ae ——=sSU Pit )ic |

La partie positive de x étant un majorant de o est, évidemment, un


élément positif.
De méme, on appelle partie négative de zx et l’on note au moyen
du symbole

lu : x moins, la borne supérieure de l'ensemble | — x, 0 |, ce qui permet


d’écrire

“= sup (=e SO)

Contrairement a ce qu’évoque son nom, la partie négative de x étant


un majorant de o est un élément positif.
Enfin, on appelle valeur absolue de zx et l’on note au moyen du
symbole
jo|
constitué par la lettre x bordée de deux barres verticales et lu : valeur
absolue de x, la borne supérieure de l’ensemble | x, — x |, ce qui permet
d’écrire
||| =sup(2,— 2). |

La commutativité de Popération « sup » montre aussitot que

Hel=l=2l.|
On verra ci-dessous que |x| est un élément positif, ce qui est évident
si ordre est total, mais ne l’est pas si lordre est partiel.

d. De ces définitions, jointes aux propriétés générales des groupes


réticulés, résultent un certain nombre de propriétés particuliéres. On peut
classer ces propriétés de la fagon suivante.
STRUCTURES ALGEBRIQUES ORDONNEES. 407

1° Les propriétés concernant x+ et x, sans intervention de |x|,


s’expriment par les identités

|L-=(— x), TS (Ue | |LO |

sup(@, vy) =xr+(y—a2), | inf(7, vy) =y—(y— ax); |

5 )erey, ;
te CE ;
(as Vi |U(r ms LO | |SUD C25 22) SSS Le |

Les deux premiéres sont évidentes. On peut les retenir comme on retient
la régle des signes.
La troisiéme est une conséquence immédiate des propriétés générales
qui permettent d’assurer que
£ +0 = sup(z, o) + inf(@, 0),

identité équivalente 4 x = x*—z, sil’on observe que


inf (a, 0) = —sup(—@, 0).

La quatriéme et la cinquiéme dérivent aussit6t des propriétés générales,


puisqu’elles traduisent
sup(%, v¥) =sup(#+o0, 7+(y—a2))=x+sup((y— 2), 0),
inf (2, vy) =inf(a# +0, #+(y—£))=x+inf((y—~2), 0).

La sixiéme résulte des remarques suivantes. Si xy, y majore 2;


y+= sup (y, 0) majore a la fois y et 0, donc 2 et o et, par suite, majore
x* = sup (2, 0). Dans les mémes conditions, (— x) majore (— y); on peut
donc assurer que (—x)+(—y)*, c’est-a-dire x-~y-. La réciproque
est évidente, par addition membre 4 membre, en vertu de la troisiéme
identité.
Les deux derniéres résultent des identités
(toate = UN (ays) ate te) Pt tO
GP £ = sup(#t, #2) + inf (2+, 2).

2° Les propriétés concernant la valeur absolue s’expriment par les


identités suivantes :

|fel =|—2\, Jie+yizlel+iyb| — |{leila Zl2—y\, |

[iei—lvilele+rlZlel+17b | [lel=erre-.|

La premiére, déja signalée, est évidente.


468 TITRE II], — CHAPITRE IX.
La deuxiéme,° dite inégalité triangulaire, joue un rdle de premier
plan dans la théorie des espaces métriques; elle admet, comme cas
particulier en géométrie euclidienne, une interprétation selon laquelle
un cété d’un triangle est inférieur a la somme des deux autres, d’ou son
nom.
Elle peut s’établir ainsi.
La valeur absolue de 2 étant la borne supérieure de ! 2, — 2 }, elle
majore a la fois x et — x, ce qui permet d’assurer que

ee Mabe eraie rena cle


ly<ly| (—y<ly|
On en déduit que

la somme |2|-+|y| apparait ainsi comme un majorant commun


a(x«+y)eta—(x+y), dot

|e|+|y|=sup(@+y,—(e@+y))= LEY |.

La troisiéme identité se déduit des deux premiéres par un procédé


classique. En substituant successivement, dans la deuxiéme, (% — y)
ax, puis (y — 2) a y, on obtient les identités

|Jejzle—y|+|y|, |y|elel+ly—2|
qui montrent que l’élément | x — y |= | y— |est un majorant commun
a |x|—J|y]| et a son opposé | y|—|2|; comme ci-dessus, il en résulte
que
je—y|s|lz|—lyl|.
La quatrieme identité n’est qu’une application des deux précédentes,
si Pon observe que |—y|=|y|. Elle exprime que la valeur absolue
dune somme est comprise entre la somme et la valeur absolue de la diffé-
rence des valeurs absolues de ses termes.
Pour démontrer la derniére identité, on peut montrer que (x+ a2-)
et |x| sont majorants l'un de l’autre, ce qui assurera leur égalité.
Le fait que (++ 2-) majore |x| provient de ce que z* majore 2,
x~ majore (— 2), x* et x sont positifs; leur somme, en effet, majore
a la fois x et (— 2), donc |x
Le fait que |x| majore (w+ + 2) provient de ce que tout majorant
de |x |, donc | x |en particulier, majore (w* + 2-). Si, en effet, un élémentz
majore |x |, il majore x et (— 2) et des identités
Ligue SS ie
BSS
BOS PEG
STRUCTURES ALGEBRIQUES ORDONNEES. 469

on déduit d’abord que z~ est un minorant commun a x et a x, doncun


minorant de inf (x, x-) qui est nul comme on sait; il en résulte que z—
est lui-méme nul puisqu’il est positif et minorant de zéro.
De cette remarque on déduit que z = z~ et les identités considérées
assurent alors que z, comme z~, est un majorant commun a2 etaz-; ilen
résulte que z est un majorant de sup (@*, x), mais sup (v*, @-) = a+ a-
comme on sait. Done tout majorant de |2) et|a| elle-méme est un
majorant de (x*+ x-).
Lidentité |x| = x*+ x permet alors d’assurer que |x | est un élément
positif, puisque c’est la somme de deux éléments positifs.
3° Les propriétés concernant les éléments positifs, d’une part, les
éléments négatifs, d’autre part, s’expriment par les identités suivantes :

ES Es Ga SSL SS jel ==, |

LAO esa x |Je|=—-, |

On peut démontrer les identités de la premiére ligne en établissant


successivement la chaine d’implications
BSS OC. OS SS Sar SS a ee Sp

La premiére implication provient de ce que «~o entraine que x


lui-méme est un majorant de zx et o, donc le plus petit majorant de 2 et o,
c’est-a-dire que v = x.
La deuxieme provient de lidentité + = a*+— 2-;
la troisieme, de lidentité | 7| = a++ 2;
la quatriéme de la propriété selon laquelle |x | ~ o.
Les identités de la seconde ligne peuvent se démontrer de fagon ana-
logue ou par recours a l’ordre opposé.
4° La liste des propriétés particuliéres concernant les groupes réticulés
s’achéve par les identités

(C2 Feats,

La premiere résulte des identités


Gee SS a0,

YBN G
d’ou Von déduit
(EP GR IPE SIDS Ys

la somme (positive) de x* et y* apparait alors comme un majorant


de (x + y); positive et majorant de (x + y) elle majore a la fois o
et (x + y), donc leur borne supérieure (x + y)*.
470 TITRE III. — CHAPITRE IX.

La seconde se démontre par recours au procédé classique déja signaleé.


En substituant successivement dans la premiére, « — y 42, puis y— ray,
on obtient les identités

wt e(w—y)r+yt, year+ (y—2)*;


comme l’expression |x—y|, égale a l’expression |y—zx|, majore
a la fois (cv — y)* et (y — x)*, on peut assurer que

ie aoe fg Cay Bi yh aes 2


(je—y|S(y—2)tSyt— x,
et, par suite, que
|a—y|s|et—yrf

2.4. Prolongement, au groupe symétrisé, d’un ordre total compa-


tible avec un monoide abélien et partout régulier.

TutorEmMe. — Etant donné un monoide totalement ordonné M, abélien


et partout régulier, dont la loi est notée additivement pour fixer les
idées, soit G son groupe symétrisé dont la loi sera notée additivement
elle aussi.
Il existe sur G un ordre total et un seul compatible avec la loi de G et
prolongeant a G Vordre total dont est muni M.
Pour démontrer ce théoreme, on identifiera, selon usage, le monoide
totalement ordonné M avec la partie de G qui lui est isomorphe aussi bien
pour l’ordre que pour l’addition.
L’unicité du prolongement résulte du fait que, pour tout ordre compa-
tible avec la loi de G et prolongeant l’ordre de M, la partie positive
de G est nécessairement égale 4 ensemble des différences a— 5b entre
deux éléments de M, dont le premier terme est supérieur au second selon
Vordre de M.
En effet, tout élément x de G est de la forme a — b, différence entre
deux éléments de M. Si x est positif selon l’ordre de G, a est supérieur
a b selon le méme ordre, puisque l’ordre de G est compatible avec la loi
de G; d’autre part, a est supérieur a b selon l’ordre de M, puisque l’ordre
de G coincide avec celui de M dans M; donc 2 est une différence entre
deux éléments de M, dont le premier terme est supérieur au second selon
Vordre de M.
Réciproquement, si un élément x de G est égal a une telle diffé-
rence a — b, alors a est supérieur a b selon l’ordre de M, donc aussi selon
Vordre de G et, par suite, a— b est un élément positif selon l’ordre de G.
L’existence du prolongement résulte du fait que ensemble P des
différences a — b entre deux éléments de M, dont le premier terme est
supérieur au second selon l’ordre de M, remplit bien les conditions qui
STRUCTURES ALGEBRIQUES ORDONNEES, 471

caractérisent la partie positive associée 4 un ordre total compatible avec


la loi de G.
En effet, P + PcP car la somme de deux différences a — b et a’— b’
appartenant a P est égale a la différence (a + a’) —(b + b’) dont les
deux termes appartiennent 4 M (puisque M est une partie stable de G)
et dont le premier terme est supérieur au second selon l’ordre de M.
D’autre part, Pn (— P) = | 0}. En effet, si un élément est commun
a P et a —P, il est égal a une différence a — b appartenant 4 P et a
Yopposé —(a’— b') dune différence appartenant a P. L’égalité
a— b =— (a’— Db’) entraine alorsa + a’= b + Db’; ilenrésulte quea = b,
sans quoi a serait strictement supérieur a b selon lordre de M et a + a’
strictement supérieur a b + b’ selon le méme ordre, contrairement
a légalité a + a’= b + b’; en d’autres termes, la différence a— b est
nulle, ce qui achéve de montrer que tout élément commun a P et a — P
est nul.
Enfin, PUu(— P) = G. En effet, tout élément de G est égal a une diffé-
rence a— } entre deux éléments de M; l’ordre de M étant un ordre
total, ou bien a est supérieur a b selon l’ordre de M et a — b appartient
a P, ou bien a est inférieur A b selon l’ordre de M et a— b appartient
a — P; donc tout élément de G appartient a4 P ou a — P, ce qui acheéve
la démonstration.

3. ANNEAUX ORDONNES.

3.1. Définitions.
Une structure d’anneau commutatif et une structure dordre
(notée au moyen du signe —), définies sur un méme ensemble A,
sont dites compatibles si — et seulement si — elles remplissent
les deux conditions exprimées par les identités suivantes :

CO )
SS OY NOY,
Dey ee Be Vet V
Vo |

ou x, y, a désignent des éléments quelconques de l’ensemble A.


On appelle anneau ordonné tout ensemble muni d’une structure
d’anneau commutatif et d’une structure d’ordre compatibles entre elles. :
La premiére condition de compatibilité, qui n’est autre que celle
des monoides ordonnés ou des groupes ordonnés, exprime que la relation
d’ordre est compatible avec l’addition de l’anneau; toute translation
de l’anneau est donc un automorphisme de la structure d’ordre.
La deuxiéme condition de compatibilité exprime que l’ensemble P
des éléments positifs de Vanneau est stable pour la multiplication. Elle
exprime aussi que l'image d'un élément positif par une homothétie de rapport
positif est un élément positif.
472 TITRE Ill. — CHAPITRE IX.

3.2. Régle des signes dans un anneau ordonné.

Les identités

Beas ye)
2 3 a eS == V2, | ; Bee =—= J? 4
sso 4 aM BezOe) |

s obtiennent facilement si lon observe que x ~y =] x — y = 0.


En effet, d’aprés la deuxiéme condition de compatibilité,
fo - O
y ( = (0) SS OF ye,
2 \/
sOr)
/

ce qui démontre la premiére identité. Cette premiére identité permet


d’assurer, en particulier, que l’ensemble des éléments positifs d’un anneau
ordonné est un monoide multiplicatif ordonné pour la multiplication
et lordre induits.
La deuxiéme résulte de

myo}
Pie OO SS) = Gay)
(EV SES OF 4 BSS DB.

Ces deux identités permettent,dans un anneau ordonné, de multiplier


par un méme élément positif les deux membres d'une inégalité; elles
permettent aussi de multiplier les deux membres d’une inégalité par un
méme élément négatif, mais, a condition de changer le sens de Vinégalile.
Elles ne permettent pas en général de multiplier membre 4 membre deux
inégalités, méme si ces inégalités sont de méme sens. Mais, si deux inéga-
lités de méme sens ont tous leurs membres positifs, la multiplication membre
a membre devient possible, comme le montrent les identités
Syn) UDa ate
y ( => S y SLES Ve
U0. 0 eS luyrey ;

De méme, si deux inégalités de méme sens ont tous leurs membres


négatifs, la multiplication membre a membre devient possible, mais
a condition de changer le sens commun aux deux inégalités.
Si, dans les identités présentées au début, on remplace y par o ou x
par o, on obtient la régle des signes dans un anneau ordonné qui peut
se formuler ainsi : le produit de deux éléments positifs est un élément positif;
le produit d’un élément positif et d’un élément négatif est un élément négatif;
le produit de deux éléments négatifs est un élément positif.
On en déduit que, si l’anneau ordonné A est tofalement ordonné, tout
carré est posilif, tout idempotent est positif et, en particulier, l’élément-
unité éventuel est positif. Mais, méme dans un anneau totalement ordonné,
STRUCTURES ALGEBRIQUES ORDONNEES. 473

un carré peut étre nul, comme le montre l’exemple de l’anneau de carré


nul défini sur un groupe totalement ordonné.
Si ’anneau n’est que partiellement ordonné, un carré peut étre négatif.
L’appellation de « régle des signes » provient de ce que dans l’anneau Z
des entiers relatifs, les éléments positifs sont traditionnelement affectés
du signe + et les éléments négatifs affectés du signe —. Deux éléments
positifs sont dits de méme signe; deux éléments négatifs sont dits aussi
de méme signe; un élément positif et un élément négatif sont dits de
signes contraires.

3.3. Propriétés caractéristiques de lensemble P des éléments


positifs.

Les résultats précédents montrent que l’ensemble P des éléments


positifs d’un anneau ordonné remplit les conditions :

[P+PcP, | |P.Pep, | | Pa(—P) = {0}. |

L’anneau A n’est totalement ordonné que s’il remplit, en outre, la


condition PU(— P) = A.
On peut facilement établir que ces propriétés caractérisent l'ensemble
des éléments positifs pour toute structure d’ordre compatible avec la
structure d’anneau commutatif.
Si, en effet, P remplit ces conditions, la relation y—axeP est une
relation d’ordre compatible avec l’addition de l’anneau et la condi-
tion P.P cP lui impose de remplir la seconde condition de compatibilité.

4. CORPS ORDONNES.

On réserve habituellement l’appellation de corps ordonné a un corps


commutatif muni d’une structure d’ordre folal.

4.1. Définition.

On appelle corps ordonné tout ensemble muni d’une structure


de corps commutatif et d’une structure d’ordre total compatible
avec la structure d’anneau que constitue celle de corps.
Les axiomes des corps ordonnés sont done ceux des anneaux ordonnés
auxquels se joint l’axiome exprimant que l’ordre est total.
Il en résulte aussit6t que, dans un corps ordonné, tout carré est positif
et qu’en particulier il n’existe pas de structure d’ordre total compatible
avec la structure d’un corps ol — 1 admet une racine carrée.
= “I i~ TITRE III. —~ CHAPITRE Ix.

4.2, Régle des signes dans un corps ordonné.

La régle des signes d’un anneau ordonné s’enrichit, dans un corps


ordonné, des trois identités suivantes :

La premiére est 4 peu prés évidente, puisque le produit zy de deux


éléments positifs et non nuls est positif et ne saurait étre nul dans un corps.
La deuxiéme peut étre établie au moyen d’un raisonnement par
labsurde : si, quand 2 est strictement positif, a! n’était pas strictement
positif, il serait nul ou strictement négatif puisque l’ordre est total;
il ne peut étre nul, puisque c’est inverse d’un élément non nul; il ne peut
étre strictement négatif car, alors, xx~' serait strictement négatif (régle
des signes), donc 1 (= xx") serait strictement négatif contrairement
au fait que 1 est un carré.
On démontre la réciproque en observant que x est l’inverse de x‘;
on démontre la troisiéme identité de la méme maniére que la deuxiéme.
Les deux dernieres identités permettent de diviser par un méme élément
strictement positif les deux membres d’une inégalité, puisqu’une telle
division se raméne a la multiplication par linverse qui est, lui aussi,
strictement positif. Il en résulte que, dans un corps ordonné, on peut
assurer que
sl a> 0, Deny ne ak ZAaY, |

alors que, dans un anneau ordonné, on peut seulement assurer l’impli-


cation de gauche a droite.
De méme, dans un corps ordonné, on peut diviser par un méme élément
strictement négatif les deux membres d’une inégalité a condition de changer
le sens de Vinégalité. En d’autres termes, on peut assurer que

si a<o, OD ES ONE SOL Ve

Pas plus que dans un anneau ordonné, on ne peut, en général, dans un


corps ordonné, multiplier ni diviser membre 4 membre deux inégalités,
méme si ces inégalités sont de méme sens. Mais ces opérations deviennent
possibles entre deux inégalités de méme sens dont tous les membres sont
positifs — ou dont tous les membres sont négatifs a condition, alors, °
de changer le sens commun aux deux inégalités.
STRUCTURES ALGEBRIQUES ORDONNEES. A795

4.3, Caractérisation des éléments positifs et des éléments stric-


tement positifs dans un corps ordonné.

Si P désigne ensemble des éléments positifs d’un corps ordonné K,


Vensemble P remplit les conditions suivantes :

|P+PcP, | PEPE, |Pa(—P) ={0}, | |; Pu(—P)=K.


l

On constate aussitét, comme dans le cas des anneaux ordonnés, que si


une partie P d’un corps commutatif K remplit ces conditions, la rela-
tion y — xEP est une relation d’ordre total compatible avec la structure
de corps définie sur K.
Quant a l’ensemble P’= P —} 0} des éléments strictement positifs
d’un corps ordonné K, il remplit les conditions suivantes :

Ketch pra aes


|Pe Pree’

|P'n(— P’) = @, |Pu P) = K— fo}. |

La seconde et la troisieme, si l’on y joint le fait que P’ n’est pas vide


puisque 1 est un élément strictement positif, expriment que P’ est un
sous-groupe du groupe multiplicatif de K. Comme, d’autre part, la rela-
tion x = y entraine ax = ay lorsque a€ P’, ce sous-groupe P’ est un groupe
multiplicatif totalement ordonné pour l’ordre induit par l’ordre de K.
La premiére condition exprime alors que ce sous-groupe multiplicatif
totalement ordonné est stable pour l’addition.
Réciproquement, si une partie P’ d’un corps K remplit les conditions
ci-dessus (ou la troisiéme peut étre négligée), la partie P’U}; o } remplit
celles qui caractérisent l’ensemble des éléments positifs pour une structure
d’ordre total compatible avec la structure de corps définie sur K. Il en
résulte que P’ est l'ensemble des éléments strictement positifs pour cette
structure d’ordre. Les conditions ci-dessus, ot la troisieme peut étre
négligée, suffisent donc a faire de P’ un sous-groupe multiplicatif tota-
lement ordonné de K.

4.4. Prolongement, au corps des fractions d’un anneau d’intégrité,


dune structure d’ordre total compatible avec celle de
lanneau.

Lorsqu’un anneau d’intégrité est totalement ordonné, on peut se


‘proposer de prolonger 4 son corps des fractions l’ordre total défini sur
lanneau, de maniére a obtenir un corps ordonné. Ce probleme admet
une solution unique comme le prouvent les remarques suivantes.
476 TITRE Il]. — CHAPITRE IX.

On montre d’abord que si un ordre total est compatible avec la structure


du corps des fractions K d’un anneau d’intégrité A et induit sur A lordre
total dont A est supposé muni, l'ensemble des éléments positifs P de K
, : > a
pour cet ordre est nécessairement l’ensemble des fractions de la forme 3°
oti a et 6 appartiennent a A (b = o) et sont tous deux positifs pour l’ordre
défini sur A.
On montre ensuite que l’ensemble ainsi déterminé remplit bien les
conditions qui caractérisent l’ensemble des éléments positifs d’une
structure d’ordre compatible avec celle du corps K.
En ce qui concerne le premier point, on constate immédiatement que
lensemble P des éléments positifs pour une structure d’ordre total
compatible avec la structure de K et induisant sur A la structure d’ordre
définie sur A admet nécessairement toutes les fractions de la forme
5 (ae, be A, ao, b> o). Réciproquement, tout élément de K étant

de la forme [(aeA, be A, b 0), tout élément positif de K est égal


a une fraction de la forme indiquée puisque l’ordre de A est un ordre
total. Le seul ordre total sur K susceptible d’étre solution du probleme
est donc celui pour lequel l’ensemble des éléments positifs est l’ensemble P
des fractions de la forme } ou a et b appartiennent a A, a étant positif
et b strictement positif pour l’ordre de A.
En ce qui concerne le deuxiéme point, il suffit de vérifier que
VYensemble P des fractions de la forme 5 (ae, be A, aXXo, b> 0)
remplit bien les conditions

PuPeP, Pal— P)=tolh. ob PoP ws Puce)

qui permettent a la relation y — xe P de munir le corps K d’une structure


de corps ordonné.
a
La premiere condition exprime, en effet, que la somme de deux fractions
b
et dont les termes appartiennent 4 A et sont positifs (6 > 0, b’ > 0)
pour l’ordre de A, est une fraction de méme forme; elle est, évidemment,
remplie du fait que
a a ab’ + ba’
Tage angering Sm

as c ‘ a aa
La deuxiéme exprime que deux fractions 7 et —F, ou a, b, a’, b’ appar-
tiennent a A et sont positifs (b > 0, b’>o0) pour l’ordre de A, sont
nulles dés qu’elles sont égales.
STRUCTURES ALGEBRIQUES ORDONNEES. 477

On constate qu'il en est bien ainsi en observant que l’égalité de deux


telles fractions équivaut a l’égalité ab’ = — ba’ entre un élément positif
et un élément négatif de A; cela entraine ab’= ba’ = 0; comme b et b’
sont ~ o et que A est un anneau d’intégrité, il en résulte que a = a’ = 0.
ee aoe P ‘ipe Tb ae 3 a
La troisieme condition exprime que ZX 7 est un élément de P dés que zB
f
a e ; — Bs ree 2
et 7 sont de tels éléments; il est évident qu’il en est ainsi puisque

Zi a _ aa
bw be
La quatrieme est remplie du fait que tout élément de K est une fraction
dont les termes appartiennent 4 A; comme A est totalement ordonné,
7 z , a ——" (4
une telle fraction est nécessairement de la forme 7 ou de la forme ra?
}

a et b étant positifs (b > o) pour lordre de A; en d’autres termes, tout


sy . ‘ . a * . a hy
élément de K appartient a P (fractions z) ou a—P/ fractions — Fs ):
Le probleme de prolongement posé admet donc une solution unique.
Ce fait est exprimé par l’énoncé suivant :
Tutoréme. — Etant donnés un anneau d intégrité A, totalement ordonné,
et son corps des fractions K, il existe une et une seule structure d ordre
(total) prolongeant Vordre de A et munissant K dune structure de corps
ordonné.
L’ensemble des éléments positifs de cette structure dordre est lensemble
des fractions dont les termes appartiennent a A et sont positifs pour l’ordre
de A (les dénominateurs étant naturellement strictement positifs).

3. ESPACES VECTORIELS ORDONNES.

5.1. Définition.

On réserve habituellement lappellation d’espace vectoriel ordonné


4 un espace vectoriel E sur un corps ordonné K (dont la relation
d’ordre est notée au moyen du signe —), muni d'une relation d’ordre
(notée au moyen du signe ~) remplissant les deux conditions expri-
mées par les identités suivantes :

PAaAYVSe+raazyra,

ou x, y, a désignent des éléments quelconques de E, 2 un élément


quelconque de K, -_ Vaddition des vecteurs, 6 le vecteur nul et o le scalaire
nul,
{78 TITRE II]. — CHAPITRE IX.

En pratique, on confond les signes — et < des relations d’ordre sur E


et sur K; on confond aussi les signes + et + de l’addition des vecteurs
et de celle des scalaires; on confond enfin le symbole 6 du vecteur nul
et le symbole o du scalaire nul. Les identités exprimant les axiomes
d’un espace vectoriel ordonné prennent alors la forme
Lis O |
Dee NS ee Ve Oh, : SS ue
7 of LS SO )

La premiére condition exprime que la relation d’ordre sur E est compa-


tible avec la loi de groupe abélien de E; toute translation de l’espace
vectoriel est donc un automorphisme de sa structure d’ordre.
La deuxiéme condition exprime que l’ensemble P des vecteurs positifs
est stable pour la multiplication par un scalaire positif. Elle exprime aussi
que image dun vecteur posilif par une homothétie de rapport positif est
un vecteur posttif.

5.2. Régle des signes dans un espace vectoriel ordonné.

Les identités

oNy : !
3 Gig. Gow)
| => heshy, : y | SS
‘ = |
eke
Sos) é Zo }

S69 ELS
= \ BS Tk SSI ) ae ( ee
hee eget i REZ NE,

s’obtiennent de la méme maniére que dans un anneau ordonné, si l’on


observe que
LE CIO et que KSNu € k= So.

Elles permettent, dans un espace vectoriel ordonné, de multiplier


par un méme scalaire positif les deux membres d’une inégalité entre
vecteurs et de multiplier par un méme scalaire négatif les deux membres
dune telle inégalité, a condition de changer le sens de I’ inégalité.
Elles permettent aussi de composer avec un méme vecteur positif
les deux membres d’une inégalité entre scalaires et de composer avec un
méme vecteur négatif les deux membres d’une telle inégalité, a condition
de changer le sens de l’inégalite.
Elles ne permettent pas, en général, de multiplier membre 4 membre
une inégalité entre vecteurs et une inégalité entre scalaires, méme si ces
inégalités sont de méme sens. Mais, comme dans un anneau ordonné,
deux inégalités de méme sens, l’une entre vecteurs positifs, l’autre entre
STRUCTURES ALGEBRIQUES ORDONNEES. 479

scalaires positifs, peuvent étre multipli¢es membre a membre. De méme,


deux inégalités de méme sens, l'une entre vecteurs négatifs, l'autre entre
scalaires négatifs, peuvent ¢tre multipliées membre a membre, mais
a condition de changer le sens commun aux deux inégalités.
D’autre part, le fait que l'ensemble des scalaires est muni d’une struc-
ture de corps ordonné, permet d’effectuer des divisions par des scalaires
non nuls, dans les mémes conditions que des multiplications. I] en résulte
que, dans un espace vectoriel ordonné, on peut assurer les deux identités

Se 75 Sy ID LV IRS NPE) SIPS |

Sis iw 0, eee LE SS NY iy |

Si, dans les identités présentées au début, on remplace y ou @ par le vecteur


nul, puis 4 ou pv. par le scalaire nul, on obtient la regle des signes dans
_un espace vectoriel ordonné qui peut se formuler ainsi : le produit @un
vecteur positif par un scalaire positif est un vecteur positif; le produit dun
vecteur positif par un scalaire négatif est un vecteur négatif; le produit
dun vecteur négatif par un scalaire positif est un vecteur négatif; le produit
dun vecteur négatif par un scalaire négatif est un vecteur positif.

5.3. Propriétés caractéristiques de l'ensemble P des vecteurs


positifs.

Les résultats précédents montrent que l’ensemble P des vecteurs


positifs, dans un espace vectoriel ordonné, remplit les conditions :

[P+PcP, | |Pa(—P)={0}, | JxNo =) RSP:

Pour des raisons qui seront exposées au tome II, on résume ces condi-
tions en disant que ensemble P est un céne convexe pointé saillant.
L’espace vectoriel E n’est totalement ordonné que s’il remplit, en outre,
la condition Pu(— P) = E.
On peut démontrer facilement que ces propriétés caractérisent
lensemble des vecteurs positifs pour toute structure d’ordre sur E faisant
de E un espace vectoriel ordonné sur un corps K lui-méme ordonne.
La relation y —xéP est alors, en effet, une relation d’ordre compatible
avec l’addition des vecteurs et la condition (A ~o->APcP) impose
a la structure d’ordre ainsi définie de remplir la seconde condition
imposée a une structure d’espace vectoriel ordonneé.
CONCLUSION,

Les développements présentés depuis la premiere page de cet Ouvrage


se proposaient un seul objectif : fournir, a tous ceux qui sont amenés
a lutiliser, la signification précise de la notion de nombre.
L’activité mathématique du sens commun se réduit 4 compter le nombre
d’objets d’une collection concréte, a faire des additions et des sous-
tractions, puis — démarche déja fort abstraite — a faire des multipli-
cations et des divisions.
L’ambition de la mathématique moderne est de construire une théorie,
fondée sur les notions d’objet et de relation, qui s’adapte a l’activité
spontanée du sens commun et qui corrige les défauts que présente la
notion rudimentaire de nombre entier. C’est pourquoi elle définit succes-
sivement avec leurs structures les ensembles suivants :
— lensemble N des nombres entiers naturels, muni de la structure
déterminée par deux lois de monoide (addition et multiplication) et d’un
ordre compatible avec ces lois;
— ensemble Z des nombres entiers relatifs (ou rationnels), muni
dune structure d’anneau totalement ordonné;
— lensemble Q des nombres rationnels, muni d’une structure de
corps ordonné;
— lensemble R des nombres réels, muni d’une structure de corps
ordonné, dont toute partie non vide et majorée admet une borne
supérieure ;
— lTensemble G des nombres complexes, muni d’une structure de
corps commutatif assurant une racine carrée au nombre complexe
identifié au réel — 1.
Ces cing ensembles structurés, dont chacun contient le précédent a une
isomorphie prés, sont les seuls ensembles de nombres. En d’autres termes,
un nombre est un élément de lun de ces cing ensembles.
Les remarques suivantes se proposent de préciser les définitions ci-dessus
et leur enchainement.

1. N et N: On sait (cf. Tit. IJ, II], § 1.2) qu’A tout ensemble il est
possible d’associer un objet parfaitement déterminé qu’on appelle le
cardinal de cet ensemble. L’addition des cardinaux permet de définir
V. ROUQUET LA GARRIGUR. 31
482 CONCLUSION.

les cardinaux finis qu’on appelle les entiers naturels. L’axiome de l’infini
permet, a son tour, de grouper les cardinaux finis en un ensemble qui est
précisément l’ensemble N des entiers (naturels).
La somme de deux entiers naturels est un entier naturel de sorte que
l’addition des cardinaux finis apparait comme une loi de composition
interne, partout définie dans N; elle est associative et commutative
et munit ainsi N d’une structure de monoide abélien (additif).
Le produit de deux entiers naturels est un entier naturel (cf. Tit. I, III,
§ 2.6), de sorte que la multiplication des cardinaux finis est, elle aussi,
une loi de composition interne, partout définie dans N; elle est asso-
ciative et commutative et munit ainsi N d’une nouvelle structure de
monoide abélien (multiplicatif). De plus, la multiplication dans N est
distributive par rapport a l’addition dans N.
Enfin, la relation de bon, ordre définie sur tout ensemble de cardi-
naux (cf. Tit. II, III, § 1.4) détermine sur N une relation de bon ordre,
donc d’ordre total, qui — on s’en assure aisément — est compatible avec
la structure de monoide additif et avec celle de monoide multiplicatif
dont N est déja muni.
Si Ton observe que l’addition dans N admet un élément neutre
(lentier o) et que la multiplication dans N admet, elle aussi, un élément
neutre (l’entier 1), N apparait alors comme un ensemble muni de la struc-
ture déterminée par une loi de monoide additif ordonné admettant
un élément neutre et une loi de monoide multiplicatif ordonné et unitaire,
ou la multiplication est distributive par rapport a l’addition.
A cété de cet ensemble structuré qui s’insére parfaitement dans les
cadres de l’Algébre, on considére assez volontiers, de fagon plus ou moins
explicite, un nouvel ensemble déduit de N par adjonction d’un élément.
Ce nouvel ensemble peut étre appelé ?ensemble achevé des entiers
et noté au moyen du symbole N, lu : grand N barre. II est construit
de la maniére suivante :
A partir de l’ensemble N et d’un ensemble réduit 4 un seul élément
non entier, par exemple | (0, 0)}, on forme la réunion de ces deux
ensembles. L’ensemble ainsi obtenu est précisément N et le nouvel
élément adjoint ainsi 4 N est appelé Vinfini et noté au moyen du sym-
bole 2% qui évoque le couple (0, 0). On prolonge alors 4 N le bon ordre
défini sur N, l’addition et la multiplication dans N, en posant les défini-
tions suivantes concernant l’infini :
(1) VveN; 22 @;

on constate que l’ordre ainsi introduit sur N est un bon ordre qui induit
sur N l’ordre dont N est déja muni; est donc le plus grand élément
de N;
(2) VrtEN: 2+ n> ao + x=;
CONCLUSION. =~[o/e)wo

de plus,
o+o= 0;

on définit ainsi une addition dans N qui est partout définie, associative,
commutative et compatible avec le bon ordre introduit dans N; N est
_ donc, comme N, ainsi muni d’une structure de monoide abélien ordonné
(additif); mais l’élément x est absorbant pour l’addition et, par suite,
non régulier;
(3) Wi IN — 0 ms So SO = 50.
de plus,

on définit ainsi une multiplication dans N, mais cette loi de composition


n’est pas partout définie [en fait, seuls les couples (0, «) et (x, 0) n’ont
pas d’images par cette multiplication]. Elle est cependant associative
et commutative au sens large; élément x est absorbant au méme titre
que l’entier o, sauf en ce qui concerne les couples (0, ~) et (x, 0).
Le principal intérét que présente l’ensemble N, muni de la structure
ainsi déterminée, est d’assurer une. borne supérieure (et, naturellement,
un plus petit élément) a chacune de ses parties non vides.
Remarque. — La construction de N exposée ci-dessus est, évidemment,
aussi proche que possible de l’intuition du sens commun. Elle satisfait,
en outre, aux exigences actuelles de la mathématique selon lesquelles
aucun objet ne peut étre définitivement introduit sans une preuve
d’existence. Les définitions, courantes actuellement, qui caractérisent N
au moyen d’axiomes, tels que les axiomes de Peano, ne satisfont pas a ces
exigences, car elles admettent — sans preuve — l’existence d’un ensemble
remplissant les conditions exprimées par ces axiomes. Malgré l’intérét
historique qu’elles présentent et les services qu’elles peuvent rendre,
de telles définitions ne sauraient étre retenues dans une véritable
construction mathématique.
2. Zet Z: L’ensemble des entiers N présente deux défauts trés appa-
rents aux yeux d’un algébriste moderne : la soustraction et la division
ne sont pas partout définies. En fait, la pensée grecque essentiellement
préoccupée de géométrie et se défendant mal d’un certain mépris a l’égard
des « logisticiens » ou calculateurs a tout juste pressenti le second et il a
fallu plus d’un millénaire pour que les mathématiciens s’apercoivent
du premier.
Actuellement, c’est pour rendre la soustraction toujours réalisable
que la mathématique construit l’ensemble Z des entiers relatifs. Elle fait
appel, dans ce but, au théoréme de symétrisation (cf. Tit. III, V, § 7).
N étant un monoide additif dont tous les éléments sont réguliers, ce théo-
réme assure qu'il existe, 4 une isomorphie pres, un plus petit groupe et
484 CONCLUSION.

un seul contenant une partie identifiable 4 N. L’ensemble Z des entiers


rationnels (ou relatifs) est, par définition, le symétrisé de N pour/addition,
muni de la multiplication qui prolonge celle de N (cf. Tit. III, VI, § 9.1)
et de l’ordre total qui prolonge celui de N (cf. Tit. III, IX, § 2.4).
Les éléments de Z, c’est-a-dire les entiers rationnels, sont les classes
d’équivalence déterminées dans N x N par la relation entre couples (u, v)
et (u’, v') exprimée par l’énoncé : (u,v) et (u’,v’') sont tels que
u+v’=v-+u’, ot u, v, u’, v’ sont des entiers naturels. La partie de Z
identifiable 4 N est constituée par les classes de la forme (n, 0) admettant
un représentant dont la premiére composante est un entier naturel
quelconque n et dont la seconde composante est lentier naturel o.
On confond verbalement et graphiquement l’entier naturel n et la
classe (n,0) élément de Z, suivant les conventions de identification.
De plus, en accord avec les usages concernant les groupes additifs, on note
la classe (n, 0) au moyen du symbole + n aussi bien qu’au moyen du
symbole n. L’opposé de l’entier rationnel (n, 0) est l’entier rationnel (0, n);
comme le premier est noté n ou + n, le second est noté — n, conformément
aux mémes usages. Tout entier rationnel (u, v) pouvant étre mis sous
Yune des formes (u—vp, 0), (0, v—u) ou (0,0) suivant que l’entier
naturel u est strictement supérieur, strictement inférieur ou égal a l’entier
naturel v, Z apparait comme constitué par les entiers naturels n ou +n
et les opposés — n des entiers naturels. C’est, on le sait, un groupe abélien
(additif).
On prolonge ensuite a Z la multiplication définie sur N (cf. Tit. III, VI,
§ 9.1) de facon que Z soit muni d’une structure d’anneau commutatif.
On sait que ce prolongement est unique.
On prolonge enfin lordre total de N a Z tout entier de facon que Z
soit muni d’une structure d’anneau ordonné; on sait (cf. Tit. III, IX,
§ 2.4) que ce prolongement est unique. On constate alors que la partie
positive de Z est constituée par les entiers naturels n ou + n, qui sont
appelés entiers rationnels positifs et qui apparaissent ainsi comme
les entiers naturels « précédés du signe + »; la partie négative de Z est
constituée par les opposés des entiers naturels; ces opposés des entiers
naturels, notés — n, sont appelés entiers rationnels négatifs et appa-
raissent ainsi comme les entiers naturels « précédés du signe — ». L’entier
rationnel (0, 0), élément neutre de l’addition dans Z, est le seul élément
positif et négatif et son propre opposé; il est noté aussi bien + 0 et —o
que o.
Z est ainsi un anneau commutatif, unitaire et totalement ordonné.
Les diverses régles des signes s’appliquent.
A cété de Z on considére aussi lensemble achevé des entiers ration-
nels noté au moyen du symbole Z. Pour obtenir cet ensemble, on part
CONCLUSION. (8)
de N, on passe au symétrisé de N pour l’addition (cf. Tit. III, V, § 7,
Rem. 2) et lon adjoint a ce symétrisé un ensemble a un élément comme
on l’a fait pour obtenir N. Le nouvel élément ainsi introduit est appelé
moins l'infini et noté au moyen du symbole —x. L’élément x de N
est identifié naturellement A son image dans le symétrisé de N et
noté + 2. On prolonge a Z l’ordre total de Z, l’addition et la multipli-
cation, en posant les définitions suivantes concernant —~x :
(1) VuxeZ: «>—;

de plus,

on constate alors que l’ordre ainsi introduit sur Z est un ordre total qui
induit sur Z Vordre dont Z est déja muni;
(2) ; VweZ: x«+(— x) =(—H)+u=>—w;

de plus,
(— %)-b (— 0) = — wo;

on définit ainsi une addition dans Z, mais cette addition ne fournit pas
d’image aux couples (— ~, + «) et (+ «,— x);
(3) VwvweZ—io!: @#x(—o0)=(—
0) xXa7=— om si +0,
DX oo ) = (oo) XK ei eS <0}
de plus,
(Gee On Neal)
00) )Get OOF.

on définit ainsi une multiplication dans Z, mais cette loi de composition


nest pas partout définie : les couples (0, + x), (0, — x), (+ ~, 0),
(— x, 0) nont pas d’images.
Naturellement Z n’est pas un anneau, bien que cet ensemble soit tota-
lement ordonné.
3. Q et Q: La division n’est pratiquement pas plus réalisable dans Z
que dans N. Il ne peut étre question de la rendre partout réalisable puisque
Yentier rationnel o est absorbant pour la multiplication. Mais on sait
(cf. Tit. III, VII, § 8) qu’a partir de Z, anneau d’intégrité, il est possible
de construire, a une isomorphie prés, un corps et un seul contenant une
partie identifiable 4 Z et plus petit que tout autre remplissant les mémes
conditions. L’ensemble Q des nombres rationnels est, par définition,
le corps obtenu en prolongeant l’addition de Z au symétrisé de Z pour
la multiplication, ce qui en fait un corps commutatif, puis en prolongeant
a ce symétrisé l’ordre total défini surZ (cf. Tit. III, IX, § 4.4). En d’autres
termes, Q est le corps des fractions de ’anneau Z, muni de l’ordre total
prolongeant celui de Z.
486 CONCLUSION.

Les éléments de Q, c’est-a-dire les nombres rationnels, sont les classes


d’équivalence déterminées dans Z x Z* par la relation entre couples (u, v)
et (u’, v') exprimée par l’énoncé : (u, v) et (u’, v’) sont tels que uv’= vu’,
ou u, v, u’, v’ sont des entiers rationnels, v et v’ étant non nuls. La partie
de Q identifiable a Z est constituée par les classes de la forme (@, 7)
admettant un représentant dont la premiére composante est un entier
rationnel quelconque z et dont la seconde composante est lentier
rationnel 1. On confond verbalement et graphiquement l’entier rationnel z
et la classe (z, 1) élément de Q. L’inverse du nombre rationnel (z, 1) est
le nombre rationnel (1, z) si z est différent de zéro; conformément aux
notations en usage dans les groupes multiplicatifs abéliens, on note 1/z
linverse de z. L’ensemble Q, symétrisé de Z pour la multiplication, étant
engendré par la réunion de sa partie identifiable 4 Z et de l'ensemble
des inverses des éléments de cette partie, Q apparait comme constitué
par les fractions de la forme z/z’, ou z désigne un entier rationnel quel-
conque et z’ un entier rationnel non nul. L’ensemble Q — } o } est alors
un groupe abélien (multiplicatif).
On prolonge ensuite 4 Q l’addition définie dans Z (cf. Tit. III, VI,
§ 9.2) de facon que Q soit muni d’une structure de corps commutatif.
On sait que ce prolongement est unique.
On prolonge ensuite l’ordre total de Z 4 Q tout entier de facon que Q
soit muni d’une structure de corps ordonné; on sait (cf. Tit. III, IX, § 4.4)
que ce prolongement est unique.
Finalement, Q est un corps ordonné; on peut montrer qu'il est de
caractéristique nulle.
A cote de Q, on considére aussi lensemble achevé des nombres
rationnels noté au moyen du symbole Q. On l’obtient en adjoignant + x
et —27 AQ.
4, R et R: Le corps Q des nombres rationnels, malgré ses qualités,
présente, cependant, un défaut que la pensée grecque a pressenti de trés
bonne heure. Pour elle, un probleme est apparu avec le théoréme de
Pythagore. Un triangle rectangle dont les cétés de l’angle droit sont
mesurés par le nombre entier 1 a pour hypoténuse un cété dont le carré
doit étre mesuré par le nombre entier 2. Or, des raisonnements simples
et tres anciens d’arithmétique montrent qu'il n’existe aucun nombre
rationnel dont le carré soit égal a 2. Le corps Q des nombres rationnels
présente donc ce défaut de ne pas permettre de mesurer l’hypoténuse
d’un triangle rectangle isocéle. L’étude du probléme ainsi posé a conduit
les Grecs a une théorie profonde et subtile des grandeurs et des propor-
tions; elle a conduit la mathématique moderne a discerner que le défaut
principal présenté par le corps Q, corps ordonné, était de ne pas assurer
de borne supérieure a certaines de ses parties non vides et majorées :
la partie de Q constituée par les rationnels positifs dont le carré est infé-
CONCLUSION. 487

rieur a 2 rentre précisément dans ce cas. On s’est alors proposé de corriger


ce défaut en construisant un nouveau corps ordonné contenant une partie
identifiable 4 Q et assurant a toute partie non vide et majorée une borne
supérieure. Bien entendu, on recherche le plus petit corps possible remplis-
sant les conditions qu’on s’impose. On peut alors établir ce qui suit :
1° Tout ensemble ordonné, contenant une partie identifiable a4 Q
et tel que toute partie non vide admette une borne supérieure, contient
nécessairement une partie isomorphe 4a l’ensemble des sections commen-
cantes ouvertes de Q ordonné par la relation d’inclusion.
2° L’ensemble de ces sections commencantes ouvertes de Q assure
a chacune de ses parties (vide ou non vide, majorée ou non) une borne
supérieure. L’ensemble ainsi constitué est appelé lensemble achevé
des nombres réels et noté au moyen du symbole R; il admet un plus
petit élément : © et un plus grand élément : Q, quand on l’ordonne
par la relation d’inclusion.
3° Sil’on supprime ce plus petit et ce plus grand élément de R, il existe
une structure de corps et une seule qui prolonge a ce nouvel ensemble
la structure de corps ordonné dont est muni Q. Le corps ordonné ainsi
obtenu est, par définition, le « corps des nombres réels », noté au moyen
du symbole R. Dans ce corps, toute partie non vide et majorée admet
une borne supérieure et aussi une borne inférieure. I] assure ainsi une
racine carrée au nombre rationnel 2.
Naturellement, les éléments dont on a privé R pour obtenir R sont
identifiés respectivement aux éléments — « et + o de Q.

5. G: Le corps R des nombres réels présente, 4 son tour, un défaut


x

dont se sont apercu les mathématiciens du xvi? siécle a l’occasion de la


résolution de l’équation du 3¢ degré. Dans ce corps ordonné, tout carré
est positif ou nul; les nombres réels négatifs n’admettent donc pas de
racines carrées. La résolution de l’équation du 3¢ degré invitait d’une
facon pressante a4 construire un nouveau corps, contenant une partie
identifiable 4 R et assurant une racine carrée aux nombres réels négatifs.
On sait que cette derniére exigence interdisait d’espérer un corps ordonne.
Mais le recours a l’extension quadratique R [\/—1] de R fournit un corps
non ordonné et le plus petit de ceux qu’on peut construire répondant
aux exigences fondamentales. Cette extension quadratique R[V—1]
de R est, par définition, le corps des nombres complexes noté au
moyen du symbole C.
Il assure a toute équation 4 une inconnue de degré n un nombre de
racines distinctes ou confondues exactement égal a n.
Il termine la liste des ensembles de nombres.

Bibliothéque,
Université dy Québec
,
Rimouski
INDEX. DES NOTATIONS ET DEFINITIONS.

TITRE TI.

NOTATIONS.

Me TG: (disjonction), 14
Pour tout x remplissant la condi- s Y eek
tion A, ona R; =, égale, 44.
ou : Tout x remplissant la condi- | (A z)R, 29.
tion A est tel que R. Il existe un x tel que R.
(Wx:A)R, 39. (EM aoa yoy
Pour tout x remplissant la condi- Il existe un x et un seul tel que R.
tion A, on a R; (32) Ry 38:
ou : Tout x remplissant la condi-
tion A est tel que R. Il existe un x remplissant la condi-
tion A et tel que R.
(Wex) R531
Quel que soit xz, R; (A, v) R, 38.
ou : Tout objet x est tel que R. I] existe un x remplissant la condi-
ee) Re oOs tion A et tel que R.
“ Swe AsR, 38.
Pour tout x remplissant la condi-
Il existe un x remplissant la condi-
tion A, on a R;
tion A et tel que R.
ou : Tout x remplissant la condi-
(iz A)R, 38:
tion A est tel que R.
Il existe un x remplissant la condi-
(Vy 3) R39:
tion A et tel que R.
Pour tout x remplissant la condi-
(4 2)(Wy) R38.
dagn a ie : oe li t] di Il existe un x tel que pour tout y
ou : Tout x remplissant la condi- ertalere
Re recnc ae R. (a x) (Ay)R, 38.
Il existe un x tel que il existe un y
Quel que soit x, on a R pour tout y.
tel que R.
(W x) (A y)R, 38.
=, implique, 9.
Quel que soit 2, il existe un y tel que R.
€, appartient a, 52.
Rew, Ridesl, 26:
¢, n’appartient pas a, 53. Ré2xs, R-de-z, 22.
‘, (conjonction), 14. R <a, y2, R-de-x-et-de-y, 23.
\, (conjonction), 14. z,(R), tau-x-de-R, 25.
4, différent de, 44. U Sy, z$, U-de-y-et-de-z, 25.
xRy, x«-R-y, 23.
<, (disjonction), 14. (x, y), couple-x-y, 21.
<
490 INDEX.

DEFINITIONS.

Antisymétrique (relation), 52. ] Paramétre, 22.


Appartenance (relation d’), 52. Plus fine (relation), 39.
Appartient a, 52. Préordre (relation de), 33.
Axiome d’extensionalité, 53. Probant (raisonnement), 6.
Axiomes, 5. Produit (relations binaires), 32.
Composantes (couple), 21. Proposition, 6.
Concluant (raisonnement), 6. Propriété, 24.
Condition, 24. Prototype, 25.
Conjonction, 14. Quadruplet, 21.
Contradictoire (relation), 6. Quantificateur existentiel, 29.
Contraposition, 15. — universel, 31.
Corollaire, 6. Quantification conditionnelle (ou
Correct (raisonnement), 6. typique), 38.
Couple, 21. Raisonnement par l’absurde, 13.
Critéres de déduction, ro. Réciproque (couple), 2r.
Déduire, 12. Réflexive (relation), 32.
Démonstration, 6. Régulier (raisonnement), 6.
Développement (d’une théorie), 6. Relation a un argument, 22.
Différent, 44. — binaire, 23.
Disjonction des cas (méthode de), 13. —en &, 22.
Douteux (raisonnement), 6. — existentielle, 28.
Egale, 44. — paramétrique, 22.
Egalité (relation d’), 44. — réciproque (d’une relation binaire),
Equation, 44. Dae
Equivalence (relation d’), 33. — singulaire, 22.
— (relations), 14. — universelle, 31.
Est de la forme, 49. —s de la théorie, 5.
Est de la forme U pour UeaCeebel Relations quantifiées, 31.
que R, 50. Résoudre, 27.
Fausse (relation), 6. Schéma (d’axiomes), 11.
Fonctionnelle (relation), 51. Solution, 27.
Formule (d’objet), 4g. Substitution, rr.
Hypothése, 7. — (d’objet), 26.
— auxiliaire (méthode del’), 13. Symétrique (couple), 21.
Identité, 31. — (relation), 32.
— conditionnelle, 39. Texte démonstratif, 6.
Implication de B par A, 9. Théoreme, 6.
Impossibilité, 31. Théorie, 5.
Incompatibles (axiomes), 6. — logique, ro.
Inconnue, 27. — quantifiée, 30.
Incorrect (raisonnement), 6. Transitive (relation), 30>.
Indécidable (relation), 6. Transitivité (implication), 13.
Indéterminé (objet), 20. Unicité, 5o.
Trrégulier (raisonnement), 6. Unique, 5o.
Lemme, 6. Univocité, 5o.
Métamathématique, 8. Univoque (relation), 5o.
Moins fine (relation), 39. Valable (raisonnement), 6.
Multiplet, 21. Valeur, 26.
Ordre (relation d’), 52. — (d’un objet), 4o.
INDEX. 4Qt
Valide (raisonnement), 6. — muette, 29:
Variable, 27. Véerifie, 27.
— libre, 29. Vraie (relation), 6.
— liée, 29.

TITRE II.
NOTATIONS.
{a, >[; ]<, a]: intervalles fermés, 236. f., élément d’indice : de f, 165.
a, b], intervalle fermé a-b, 236. fuse clement dundices’ ¢, 0% de da
Ja, >[; ]<, al : intervalles ouverts, 236. famille f, 166.
Ja, b[, intervalle ouvert a-b, 236. Gre. €5),
[a, bl; Ja, 6]: intervalles semi-ouverts a-b, famille d’éléments de E, 165.
236.
(f.,,), famille d’éléments f, ,, 166.
S$, (aleph,), aleph-un, 249.
CF, Dia, x) A? famille d’éléments I HOS
N,, aleph-zéro, 248.
fe, diced (f.,.€E), famille d’éléments
a application f de A dans B, 141. fu. de E, 166,
AB, A que multiplie B, 83.
(F,), famille des F., 105.
B‘, B-puissance-A, 169.
(F.), cp famille des F,, 104.
Card (E), cardinal de E, 241.
(f.), famille d’indices 1, 165.
Hs complémentaire de A, 73. (f.),
ep famille d’indices +, 165.
f(x), f-de-x, 138.
[ A, complémentaire de A dans E, 72. f(x,, X,), f-de-x,, x, 148.
E
f(x, Ly, X35 x,), f-de-x,, Vy Lz, Xi, 148.
>, contient, 67.
F, grand F (utilisé pour noter une famille
p, ne contient pas, 67.
quelconque), 103.
c, est contenu,
ou : est inclus, 67. ¥ (A, B), grand F-de-A-et-de-B, 169.
¢, nest pas contenu, F(a), grand F-de-x, 104.
ou : n’est pas inclus, 67. F,, grand F-iota, 104.
Ap, delta-E, 84. ts gamma-chapeau, 130.
oY Kail
e.gy YOY, r<x>, gamma de a, 115.
E?, E-deux, 84. I< X >, gamma de grand X, 114.
—1
E—F, E moins F, 73. IT, f', gamma moins un, 118.
&,(R), ensemble des x tels que R, rol, gamma prime rond gamma, 119.
ou : &-x-de-R, 68.
r,x0,, gamma un croix point gamma
@, ensemble vide,
deux, 132.
OUsse Vide, a.
r,.l,, gamma un-gamma deux, 136.
Eq(a, y), x est équipotent a y, 239.
I,ar,, gamma un inter gamma deux, 136.
~, équivalent a, 224.
r,ul,, gamma un union gamma deux,
=, équivalent a, 224.
136.
E/R, E-sur-R, 225.
f (symbole utilisé pour noter une fonction f, grand gamma (pour noter une corres-
quelconque), 138. pondance), 109.
f : A->B, application f de A dans B, r4o. G'oG, G prime rond G, 96.
f(a, -), f(a), fas application partielle G,o G,oG,, G, rond G, rond G,, 98.
relative a la valeur a de la premiére Gi(@),, grand =Gadewisg3:
variable, 164. G< 2x), grand G de z, 93.
f(., 6), f(, 6), fy, application partielle G(X), grand G de grand X, 93.
relative a la valeur b de la deuxiéme G< X >, grand G de grand X, 93.
variable, 164. G—', grand G moins un, 95.
492 INDEX.

G grand G moins un, 95. X,, produit des X,,


iabsfi(a), int. denj dec suns Ay 1206 tel
wer
ou : grand-pi-des-X,, 214.
inf, > CPaLiaip de X dans E, 234.
\ )X, réunion des ensembles de @, 189.
nN, inter, 77.
xEa
(\x intersection des ensembles de
\ fe réunion des X,, 181.
xed
Ciomn2L De
\ Loree réunion des X,, 181.
NX: intersection des X,, 207. tel

(Vo intersection des X,, 206. Sur somme cardinale de la_ fa-
rel tel

(m,,,), matrice d’éléments m,,,, 160. mille (a,), 643


(mM, Di, xe _y> matrice d’éléments m,,,5 somme cardinale des a,;
166. grand sigma des a,, 243.
matrice d’élé- a+ b (somme de deux cardinaux), 244.
(Mm. x) el eK (m,,,€E),
ments m,, de E, 166. SX,, somme des X,, 198.
(m,,) (4, x» matrice de terme géné- S X,, somme des X,, 198.
rel
ral aex 166: sup f(x), sup. de f de x sur A, 236.
rEA
maxE, maximum de E, 233.
sup, X, sup. de X dans E, 235
minE, minimum de E, 233.
N, grand N, 248. T<2x¢ (fonction, par abus de notation),
#, non équivalent a, 224. fonction grand T de a, 143.
4, non inférieur, 231. ‘M, M‘, M, M’, transposée de M, 108.
“3, non supérieur, 231. u (notation d’une suite), 250.
<t{, non strictement inférieur, u;, U-indice-i, 250.
ou : non strictement plus petit, 251. (Wigs Use Sis, Uy) s SUILE? U2, eee
+, non strictement supérieur, TU 2D.
ou : non strictement plus grand, 251. U, union, 78.
Oy partie vide de E, 73. | x}, ensemble réduit au seul élément 2, 70.
&(E) ou P(E), grand P de E, 72. | x, y }, ensemble z-y, 70.
pr, (premiére fonction-projection), |x: (xeEE et P)}, ensemble des x appar-
pr-un, 148. tenant a E et tels que P, 71
pr. (deuxieme fonction-projection), x<y, x strictement inférieur a y,
pr-deux, 149. ou: x strictement plus petit que y, 231.
pr, G, pr. G, p-r-un-G, p-r-deux-G, 89. x —y(R), x inférieur 4 y selon R,
pr,,,, p-r-deux-quatre, 152. ou : x au plus égal a y selon R, 230.
pr.Z, pr-deux-z, 149. (x, hep familie des x,, 215.
pr,, p-r-iota, 214. x-—>T, fonction qui conduit de x a T, ey
Pr,, p-r-J, 218. x>eaten fonction qui conduit de x
pr,Z, pr-un-z, 149. ee 143.
ee Sxg(reA, TS2xeeB), fonction
[]« produit cardinal des a,; qui contea dexa T de fe JlDe
tel x-> T(xeA, TEB), fonction qui conduit
produit des a,; de x dans A 4 T dans B, 142.
grand-pi-des-a,, 243. {'bs \Yyez,. ensemble, nity. z, bse re
ab (produit de deux cardinaux), 244. y>«x, y strictement supérieur a a,
a”, puissance d’exposant b de a, 243. ou : y strictement plus grand que z, 231.
y~x(R), y supérieur Aa zx selon. R,
| [x. produit des X,,
u: y au moins égal a x selon R, 230.
ou : grand-pi-des-X,, 214. 0, Zéro, 241.
INDEX. 493

DEFINITIONS.

Addition des cardinaux, 243, 244. Classe d’équivalence de x suivant R, 225.


— des entiers, 249. Co-appartenance, 225.
Adjonction des ensembles, 198. Coincider (applications), 155.
Antisymétrique (graphe), 92. — (correspondances), 122.
Application biunivoque : Collectivisante (relation), 59.
de A dans B, 144. Colonne (matrice), 107.
de A sur B, 146. Commutative (opération), 65.
Application canonique de E sur E/R, 227. Complémentaire, 72.
— constante, 147. Coordonnée d’indice : de la famille

— de A dans B, rf4o. (Fev 214.


— de A-sureB; 145; Coordonnées (d’un couple), 86.
Application de A dans B : Correspond a x par I, 110.
déterminée ou définie par l’objet T Sx, — (graphe), 89.
142. Correspondance, 109.
déterminée ou définie par R=2, y<, — bijective, 113.
tAr. — déduite de I par passage au quo-
tient, 229.
qui conduit de x A TS2x&, 141.
— composée de I’ et I, 119.
Application diagonale de E sur la dia-
— diagonale, 136.
gonale de EI, 217.
— entre A et B, 109.
— minorée, majorée, bornée, 234.
— entre A et B déterminée (ou définie)
—s diagonales, 150.
Pate Res
ve yim.
—s inverses ;
—eentre A et B qui donne de {2}
a droite d’une surjection, 156.
Vimage TS 2, 117.
a gauche d’une injection, 156.
— identique, 114.
Applications partielles, 164.
— induite, 121.
Argument (d’un graphe), 89.
— partout définie, 113.
Associative (opération), 65.
— réciproque, 118.
Axiome de l’ensemble : — résultante de [et I’, 119.
A deux éléments, 59. — surjective, 113.
des parties, 60. — vide, 113.
Axiome de Vlinfini, 60. Coupe de G suivant z, 93.
— de sélection et de réunion, 60. — de I suivant x, 115.
b divise a (entiers), 250. Couple résultant, 96.
Bien ordonné, 237. Défini (graphe), 102.
Bijection, 146. Défini par T et A (graphe), 102.
— canonique : Définie (opération), 64.
de X, sur le produit de (X,),<,4, oO Déterminé (graphe), 102.
de X,XXg sur le produit de la — par T et A (graphe), 102.
famille (%)eca.8y 216,
Deux (cardinal), 242. 5
Deuxiéme coordonnée d’un couple, 149.
— diagonale, 15o. — projection d’un couple, 149.
— réciproque (d’une bijection), 153. — projection d’une partie d’un graphe,
—s canoniques, 171 et suiv. 149.
Binaire (opération), 64. Diagonale, 84.
Biunivoque (graphe), 92. — de EXEXE, 137.
Borne inférieure de X dans E, 234. — de RF. Digs
— supérieure de X dans E, 235. Diagramme d’Euler, 66.
Cardinal de E, 240. Différence (entre deux: ensembles), 73.
— fini, 246. — entre deux entiers, 249.
494 INDEX.
Disjoints (ensemble d’ensembles), 193. Equipotence (relation d’), 239.
— (ensembles), 77. Equivalence dans E, 113.
— (famille d’ensembles), 193. — (graphe d’), 93.
Distributive (opération), 65. — grossiére, 225.
Diviseur (entiers), 250. Est contenu, 67.
Divisible (entiers), 250. Exponentiation des cardinaux, 243.
Division euclidienne des entiers, 250. — des ensembles, 169.
E admet un plus petit élément, 233. — des entiers, 249.
Elément d’indice :, 165. Expression de Boole, 80.
— d’indice « d’une famille, 104. Extension au produit des ensembles
— dune famille, 104. d’arrivée, 136.
— général d’une famille, 104. — aux ensembles de parties, 129.
— invariant par I, 116. — aux ensembles produits (correspon-
— maximal, 233. dances), 131.
— minimal, 233. — aux produits, 131.
Eléments comparables, 232. — de la famille d’applications (9:)vex
Ensemble d’arrivée, 109. aux produits des familles (%):er
— de définition (correspondance), 110.
et (Yep ee
— de départ, 109.
— dénombrable, 250. Facteur d’indice ; du produit Nyy 2 Tie
— des applications de A dans B, 169. tel
— des arguments (correspondance), 110. Famille, 103.
— des arguments (graphe), 89. — déléments d’un ensemble, 165.
— des éléments d’une famille, 104. — de parties d’un ensemble, 165.
— des images (correspondance), 110. — double, 105.
— des images (graphe), 89. — double d’éléments d’un ensemble, 166.
— des indices, 104. — finie, 247.
— des indices de la famille f, 165. — multiple, 105.
— des objets de la forme U, ot x par- — triple, 105.
court (décrit) E, 72. Fonction, 137.
-— des objets de la forme U pour un x — coordonnée d’indice : du produit de
tel que S, 72. la famille (Sev 214.
— des objets de la forme U pour xe E, — de deux variables (ou arguments),
WD 147.
— des parties, 72.
f définie dans A et valuée dans B, 139.
— des valeurs (correspondance), 110.
Fonction de plusieurs variables (ou
— des x appartenant a E et tels que P,
arguments), 147.
ie f met A et B en correspondance biuni-
— des x tels que R, 69.
voque, 146.
— fini, 246.
Fonction-projection d’indice J du produit
— indexé, 105.
de la famille (%)er 218.
— infini, 248.
— muni d’un bon ordre, 237. — d’indice : du produit de la famille
(X)rep 214:
— muni d’un ordre, 223.
— muni d’une équivalence, 223. Fonction vide, 147.
— quotient, 225. Fonctions-coordonnées, 148.
— réduit a un seul élément, 70. — de AXBxCXD, 150.
— réticulé, 236. Fonctions-projections, 148.
— vide, 74. — a deux ou plusieurs indices, 152.
Ensembles facteurs, 83. — de AXBxCxD, 150.
Entier, 246. Fonctionnel (graphe), 92.
— naturel, 246. Fonctionnelle (correspondance), 138.
Entiers impairs, 250. Graphe, 89.
— pairs, 250. — composé, 96.
INDEX. 495
— résultant, 96. Multivoque (graphe), 92.
Graphique, 91. Neutre (opérateur), 64.
— (d’une correspondance), 112. Nombre des éléments de E, 246.
Idempotente (opération), 65: Numeéros, 250.
Identification, 170. Ordre dans E, 113.
Identique (opération), 64. — (graphe d’), 93.
Image de X par G, 93. — naturel sur N, 249.
— de x par I, 110. — partiel, 232.
== CE 26 oe IS wilh Partie, 67.
Gee) spar ir). — bornée, 234.
— (dun graphe), 89. — globalement invariante, 116.
— dune partition, 196. — imvariante par I, 116.
— d’un recouvrement, 192. — invariante point par point, 116.
— réciproque d’un recouvrement, 192. — majorée, 234.
— réciproque (graphe), 95. — minorée, 234.
— réciproque par I, 118. — pleine, 68.
Inclusion, 66. — stable pour I, 116.
Indice, 104. — vide, 73.
Partition, 193.
Indices de la famille f, 165.
Partitions plus ou moins fines, 195.
Induite (relation), 71.
Permutables (opérations), 64.
Injectif (graphe), 92.
Permutation, 147.
Injection, 144. — involutive, 147.
— canonique, 145. Plus fine (relations d’équivalence), 224.
Intersection (correspondances), 136. — (relation d’ordre), 232.
— (ensembles), 77. Plus grand élément, 233.
— des ensembles de @, 212. Plus petit élément, 233.
— d’une famille de parties de E, 210. Point double de I, 116.
— d’une famille non vide, 206. — fixe de I, 116.
— partielle (famille), 208. Précédent immédiat, 247.
— totale (famille), 208. Premiére coordonnée d’un couple, 149.
Intervalle,236. — projection d’un couple, 149.
Inverse a droite (correspondance), 127. — projection d’une partie d’un graphe,
— a gauche (correspondance), 127. 149.
Involutive (opération), 64. Préordre dans FE, 113.
— (graphe de), 93.
L’application f admet une borne infé-
Principe de récurrence, 247.
rieure dans FE, 235.
Produit cardinal, 243.
La fonction vide, 147.
— dune famille d’ensembles, 214.
Lattis, 236.
— de deux partitions, 197.
Ligne (matrice), 106.
— de deux recouvrements, 192.
Lois d’absorption, 81.
— de Il, et Y,, 131.
— de dualité, 80.
— des cardinaux «a et b, 244.
Longueur d’une suite, 247.
— (ensembles), 83.
Majorant, 234. — partiel de (X,er 218.
Matrice, 106.
— total de (%)ev 218.
— extraite, 106.
— sur un ensemble, 166.
Projection d’indice « de A, 214.
— d’indice J de A, 218.
Maximum de E, 233.
— d’indice ; de la famille (Fer 214,
Minimum de E, 233.
Minorant, 234. — d’indice J de la famille (®).er 218,
Multiple (entiers), 250. — @Windice J du produit de (%):er 218,
Multiplication des cardinaux, 243, 244. Projections (d’un couple), 86.
— des entiers, 249. — de AXBxXCxD, 150.
496 INDEX.

— (graphe), 89. Somme cardinale, 243.


Prolongement (application), 155. — d’une famille, 198.
Prolongement d’une correspondance, 123. — des cardinaux a et b, 244.
Puissance d’exposant b de a, 243. — partielle (famille), 203.
— de A par rapport a a, 240. — totale (famille), 203.
Quotient entier de a par 0, 250. Sous-ensemble, 68.
Réciproque (graphe), 95. Sous-famille, 105.
Recouvrement, 190. Sous-matrice, 106.
Recouvrements plus ou moins fins, 191. — colonne, 107.
Réflexif (graphe), 92. — ligne, 106.
Relation binaire : Sous-recouvrement extrait d’un recou-
antisymétrique dans E, 230. vrement, 191.
réflexive dans E, 224. Soustraction des entiers, 249.
symétrique dans E, 224. Strictement inférieur, 231.
transitive dans E, 224. — supérieur, 231.
Relation de bon ordre, 237. Suite, 250.
— déduite de PSx- par passage au — finie, 247.
quotient suivant R, 229. Suivant immédiat, 247.
— d’équivalence dans E, 224. Surjection, 145.
— d’ordre dans E, 230. Symétrie canonique, 172.
— ordre induite, 232. Symétrique (graphe), 92.
— d’ordre large, 231. Systéme de représentants, 225.
— d’ordre opposée, 231. Terme général d'une famille, 104.
— dordre strict, 231. Transforme (fonction), 140.
— d’ordre total, 232. Transformé de x par f, 140.
Représentant d’une classe d’équivalence, Transitif (graphe), 92.
2205 Transposée (matrice), 108.
Représentation paramétrique, 145. Treillis, 236.
Réseau ordonné, 236. Trop faible (relation), 128.
Reste de a par Jb, 250. — forte (relation), 129.
Restriction (correspondance), 122. Type (matrice), 106.
Rétractions d’une injection, 157. — (matrice sur un ensemble), 166.
Réunion, 78. Un (cardinal), 242.
— (correspondances), 136. Univoque (correspondance), 113.
— d’une famille de parties, 188. — (graphe), 92.
— des ensembles de &, 189. Valeur de f pour x, 139.
— (famille), 181. — prise parl, 110.
— partielle, 184. Variable de la fonction f, 140.
— totale, 184. XN admet une borne inférieure (supé-
R=«a, ys admet un graphe, go. rieure) dans E, 235.
Section commencante, 237. x est compris entre a et }, 236.
— commengante fermée, 237. x est inférieur a y suivant (ou selon) R,
— commencante ouverte, 237. 230.
— finissante, 237. x équivalent a :
— finissante fermée, 237. y modulo R, 224.
— finissante ouverte, 237. y suivant (ou selon) R, 224.
Sections d’une surjection, 157. y est supérieur a x suivant (ou selon) R,
Se rencontrent (ensembles), 77. 230.
Singulaire (opération), 64. Zéro, 241.
INDEX. ; 197

TITRE IL
(ET CONCLUSION).
NOTATIONS.
A/a, A sur a, 416.
Te, 7B *’, *%&”, tau-barre, tau-double-
A°®, A zéro, 389.
ipso
barre, étoile-prime, étoile-seconde, 278.
a a; | v, ATULAUE dels te—8 dt 1 Soe tau Vinfini de X, 282.
me /

des a, | 2, 281. ae tau-moins-un-« (symétrique de 2x


a | x, x anti-tau-z, 278. pour la loi 7), 298.
a, |- | % | 2, | «, @, antitau et coetera
TX, tau-n de X, 282.
‘antitau a, antitau a, antitau x, 281.
ea SEC Od, ao CLOLK Eee Oe POM ew, Te, tau-n-x, 281.
alpha-ix, 286.
Te, tau-un-x, 281.
C, corps grand C des nombres complexes, i}
487. T 2, tau-zéro-x, 295.
G/H, grand G sur grand H, 375. =n
G°, grand G zéro, 335. mime eran datanede: ioe —rieawue— qe Ceci.
Imf, lu : im-ef yt

(utilisé pour noter Vimage de E par n a MN


un homomorphisme f), 309. 2-1 te 1 2; | 2; grand.tau de un
x, Vinfini, 482. 1 i
— x, moins linfini, 485. an des 2;, 280.
+x, plus Vinfini, 485. le zoe let,,.gtand aus desecse poursa
Kerf, lu : ker-ef Wek m
(utilisé pour noter le noyau d’un homo- appartenant a A, 280.
Loi g
morphisme f), 310.
T « 2» [2 grand, tau dessa;
Kew etoile, (43.5. paizgq 7) p
Ke, K zéro, 435, pour i compris entre p et g, 281.
N, grand N, 481. 1.%, 1%, un point x, un-ix, 285.
N, grand N barre, 482. — 2x, moins x (opposé de 2), 298.
nX, n-X, 285. |x|, valeur absolue de x, 466.
n.®, nx, n point x, enn-ix, 285. UDG el oom uRD, COL Oy mean) Ol Uaioe
t= n n ix-alpha, 286.
||: BES | lil grand pi Ley LOIS, 64.60.
a 1 a-', x moins un (inverse de x), 298.
devi=—T alv— 7 des: z,,, 283. x+, x plus, 466.
Q, corps Q des nombres rationnels, 485. x*, x puissance a, 286.
Q, grand Q barre, 486. x", x puissance n, 284.
R, corps des nombres réels, 487. x', x puissance un, 284.
x°, x puissance zéro, 296.
R, grand R barre, 487.
=n n n
LOGY Les aac, CLOUXS SY a Cam OLN Lasts
\) Mm) a at e ix-i grec, 283.
S Zs fis N ie) \ x;, grand sigma
Le yee etoile -y,. 278.
fal 1
x—y, x moins y, 3or.
dent ==, aul = Ns des. 8 200-
x+y, x plus y, 284.
/=7
t=?) PY Po x:y, quotient de x et de y, 300.
al \)
EF: > Ljjs SE. grand sigma x/y, x sur Y, 300.
i=4 (ip +l
iS Coey ints dexgret. year.
Ce tee ete elie PVC lafi——. Gat 25)o PNeU, sup. dev etsy, 2sa-
VY. ROUQUET LA GARRIGUE, 32
498 INDEX.

x, ] 2%, 7[.-- | %,, 2, tau x, tau et coetera X*, X Vinfini, 284.


LUST HOES DXshoy, xX =ETY, XxX plus 2y, 1285:
x]y, « tau y, 278. X”, X puissance n, 284.
x] (y[z), x tau entre parenthéses
Z, grand Z, 484.
y tau Z, 279.
(xTy) 7%, x tau y entre parenthéses Z, grand Z barre, 484.
UAE ZOO ox, zéro x, 296.

DEFINITIONS.

A[ Vad], 432. Automorphisme, 255.


Absorbant a droite (élément), 294. — de la structure G, 277.
— a gauche (élément), 294. — intérieur (anneau), 417.
— (élément), 294. — intérieur d’un groupe, 377.
Addition, 284. Axiome d’une espéce de structure, 254.
— d’un anneau, 390. Base (d’une expression entiére), 402.
Algebre opposée, 455. — ou générateur d’une_ expression-
— sur un anneau unitaire et commu- monome, 329.
tatif, 454. Binome, trinome, 403.
Anneau, 389. Calcul des parenthéses :
— a opérateurs, 432. dans un anneau, 399.
— commutatif, 389. dans un groupe additif, 357.
— dWintégrité, 395. Calcul linéaire (modules), 451.
— de carré nul, 391. Caractérisation typique, 254.
— des fractions d’un anneau commu- Caractéristique (d’un corps), 444.
tatif, 427. Carré latin, 297.
— des quotients d’un anneau commu- Centre (d’un ensemble muni d’une loi
tatif, 427. interne), 289.
— intégre, 395. Chasser les parenthéses, 357.
— nul, 391. Classes a gauche (a droite) suivant un
— obtenu par adjonction a A d’une sous-groupe, 369, 370.
racine carrée de d, 432. — suivant un idéal, 415.
— ordonné, 471. Coefficient d’un composé (loi externe),
— principal, 412. 274.
Anneau-produit d’une famille d’anneaux, Coefficient d’une expression-mondéme, 329.
417. Coefficients d’une combinaison linéaire
Anneau-quotient par un idéal bilatére, (modules), 453.
416. Combinaison linéaire (modules), 452.
Anneau unitaire (a élément unité), 389. Commutativité, 289.
— Z des entiers rationnels, 484. Complément a droite, 299.
Annulateur a gauche, 412. — a gauche, 299.
Application croissante, 266. Composant de x dans H (groupes), 379.
— décroissante, 266. — Composé d’une suite d’éléments, 279,
— monotone, 266. 280.
— produite par un opérateur, 275. — de «et dex pour une loi externe, 274.
Applications compatibles avec : — de composés, 279.
deux relations d’équivalence, 258. — de parties, 281.
une relation d’équivalence, 259. — de xet y pour la loi f, 273.
Applications strictement croissantes, dé- — direct de sous-anneaux, 419.
croissantes, monotones, 266. — du seul élément x, 281.
Associativité d’une loi externe par rapport — vide, 296.
a une loi interne sur 2, 289. Le composé x T y n’est pas défini, 278.
— dune loi interne, 289. Composer «x et y par f, 273.
INDEX. 499
Cone convexe pointé saillant, 479. — invariant par un opérateur, 275.
Congruence associée a un idéal, 415. — négatif, 46r.
—s 4 droite, 413. — nul, 295.
—s a gauche, 413. — origine, 295.
Conservées par isomorphisme (notions et — positif, 461.
propriétés), 305. — régulier a droite, 297.
Corps, 435. — régulier a gauche, 297.
Corps CG des nombres complexes, 487. — unité d’un anneau, 390.
— commutatif, 435. — unité, unité, 295.
— de caractéristique nulle, 444. — zéro, 295.
— des fractions d’un anneau d’intégrité, Endomorphisme, 302, 303.
446. En homomorphie, 302, 303.
-— gauche, 435. Ensemble achevé des entiers, 482.
— opposé (a un corps), 435. — achevé des entiers rationnels, 484.
— ordonné, 473. — achevé des nombres réels, 487.
— Q des nombres rationnels, 485. —des éléments positifs et négatifs
—— R des nombres réels, 487. (groupes ordonnés), 461.
Décomposition d’un groupe en classes Ensemble muni :
a gauche (a droite) suivant un dun domaine d’opérateurs, 276.
sous-groupe, 369, 370. dune équivalence, 258.
— d’un groupe en produit direct, 379, @une loi de composition externe,
380. interne, 276.
Dédoublement d’une loi interne, 275. @une relation d’équivalence, 258.
Degré d’homogénéité (expression entiére), d'une structure, 254.
4o3. d’une structure d’équivalence, 258.
—en Z,, 329. d’une structure de loi de composition,
— total, 329. 276.
— total d’une expression entiére réduite, Ensemble symétrisé d’un monoide abé-
403. lien, 387.
Demi-groupe, 319. Entiers rationnels :
Développer un produit (anneaux), 391. négatifs, 484.
Diagonale principale (d’une table), 290. positifs, 484.
Différence entre m et a, excés, 3o1. Epimorphisme, 302, 303.
Distributivité a droite, 291. Equivalence induite, 259.
— a gauche, 291. Equivalences-produits, 263.
—d’une loi externe par rapport a Equivalences-quotients, 262.
lYensemble de deux lois internes, Espace vectoriel :
293. a droite, 453.
— d’une loi externe par rapport a une a gauche, 453.
loi interne, 291. ordonné, 477.
Dividende, diviseur, 300. Espéce de structure sur E, 253.
Diviseur a droite (anneaux), 391. Exponentiation (loi externe), 286.
— a gauche (anneaux), 391. Expression linéaire, 403.
— de zéro a droite (anneaux), 394, 395. Expression-monome a p bases, 329.
— de zéro a gauche (anneaux), 394, 395. — a une base, 329.
Divisible a droite (anneaux), 392. Expression rationnelle (corps), 439.
— a gauche (anneaux), 391. —s entieres, 402.
Division a droite, 300. —s-polynémes, 402.
— a gauche, 300. Extension aux parties de la loi 7, 281.
Domaine (ou ensemble) d’opérateurs (loi — quadratique d’un anneau commutatif
externe), 274. , unitaire, 432.
Double distributivité, 291, 293. Facteur (loi interne), 283.
Echelon, 253. Forme réduite d’une expression-mondme,
Elément central, 2809. 330.
500 INDEX.

Fraction, 300. Loi additive, 284.


Groupe, 335. — de composition :
— a opérateurs, 388. externe, 274.
— additif d’un anneau, 3go. interne, 273.
Groupe cyclique, 362. opposée a la loi f, 274.
— des différences d’un monoide, 387. — de groupe, 335.
— des fractions d’un monoide, 387. — de monoide, 319.
Groupe monogéne, 362. — externe
— multiplicatif d’un corps, 435. a droite, 275.
— opposé, 335. a gauche, 275.
— ordonné, 460. — induite, 307.
— préordonné, 463. — inf., 287.
Groupe-produit, 378. — inverse :
Groupe-quotient, 375. a droite, 299.
Groupe réticulé, 465. a gauche, 299.
— simple, 375. — multiplicative, 283.
— symétrisé d’un monoide (abélien, non — partout définie dans E, 274.
vide, partout régulier), 387. — partout réguliére, 297.
Groupes commutatifs (ou abéliens), 336. Loi-quotient, 312, 313.
Groupes infinis et groupes finis, 336. — par un sous-groupe distingué, 375.
Gero oas ; Loi sup., 287.
Homogéene de degré p (expression entiére), Mise en facteur, factorisation (anneaux),
4o3. 391, Gor.
Homomorphisme, 302, 303. Module :
Homothétie d’un groupe a opérateurs, 388. a droite, 450.
— de rapport « (modules), 450. a gauche, 449.
— externe d’un anneau, 433. Moins V’infini, 485.
Homothéties aA gauche et a droite
Monoide, 319.
(anneaux), 390.
— a élément neutre, 319.
Idéal a gauche (a droite, bilatére) engendré
— commutatif ou abélien, 319.
par X, 4ro.
— multiplicatif d’un anneau, 390.
— a gauche associé A une congruence
— ordonné, 458.
a gauche, 414.
Monoide-produit, 334.
— nul, 4io.
Monoide-quotient, 333.
— principal a droite, 412.
Morphismes, 255.
—- principal a gauche, 411.
Multiple :
— zéro, 410.
a droite (anneaux), 392.
Idéaux a droite, 407.
a gauche (anneaux), 391.
— a gauche, 407.
— hbilatéres, 407. Multiple de rang n de zx, ni*™* multiple
-Idempotent (élément), 290. de x, 285.
Idempotente (loi interne), 290. Multiplication, 283.
Identités remarquables (anneau), 4oo. — a droite d’un anneau, 390.
Image d’un homomorphisme, 309. — a gauche d’un anneau, 390.
— homomorphe, 302, 303. — d’un anneau, 390.
— homothétique de A (groupes a opéra- — des égalités, 322.
teurs), 388. — des équivalences compatibles avec

Indice d’un sous-groupe, 372. une loi de monoide, 323.


Inégalité triangulaire, 468. — par un opérateur, 286.
Isomorphisme de E muni de la structure G — par un scalaire (modules), 450.
sur E’ muni de la structure G’, 276. Neutre (élément) :
Isomorphismes d’une espéce de structure, a droite, 295.
Daas a gauche, 295.
L’infini, 482. Nilpotent (élément), 395.
INDEX. 501

Notation additive, 284. Proportion, 345.


— exponentielle, 286. Propriétés compatibles avec une relation
— multiplicative (loi externe) : d’équivalence, 261.
a droite, 286. Quotient dun vecteur par un scalaire
a gauche, 286. non nul, 454.
— multiplicative (loi interne), 283. — dune relation d’équivalence par une
Noyau d’un homomorphisme, 310. relation d’équivalence plus fine, 262.
Numérateur, dénominateur, 300. — dem para:
Opérateur neutre, 275. a droite, 300.
Opérateurs d’une loi externe, 275. a gauche, 300.
Rapport, 3o1.
Opération inverse de l’opération |, 300.
Ordonnée suivant les degrés décroissants Réduction au méme dénominateur, 344.
— des expressions entiéres, 402.
(expression entiére réduite), 4o4.
— des expressions-mondmes, 330.
Ordre dun élément d’un groupe, 362.
— des termes semblables, 403.
— dun groupe, 336.
— des termes semblables (groupe addi-
— induit, 267.
tif), 356.
— lexicographique, 271.
Régle des signes :
— lexicographique dans E, x E., 270.
(anneau ordonné), 472.
Ordres (produit), 269.
(corps ordonné), 474.
Partie négative de x (groupes réticulés),
dans un anneau, 393.
466.
(espaces vectoriels ordonnés), 479.
— positive de x (groupes réticulés), 466.
(groupe additif), 349.
— stable engendrée par X, 309. (modules), 452.
Parties dun anneau qui s’annulent Relation d’équivalence
mutuellement, 419. (a gauche, a droite) associée a un sous-
— stables, 308. groupe, 368.
— stables ou saturées pour une équi- compatible avec la structure %, 312.
valence, 260. compatible avec une loi interne ou
Permutables, échangeables, commutables externe :
(éléments), 289. a droite, 312.
— (lois externes), 294. a gauche, 3rr.
Premier terme, deuxiéme terme d’un Relation dordre lexicographique :
composé, 273. dans E, x E, 270.
Produit dune famille d’ensembles sur] Din AgXer
ordonnés, 269.
tel
— de deux ensembles ordonnés, 268. Représentation, 302, 303.
— de deux relations d’équivalence, 263. — canonique de E sur E/R, 315.
— de x et de y, 283. Restriction d’un ordre, 267.
— de x par y, 283. — dune équivalence, 259.
— des lois | , et | 4, 317. Saturé, 261.
— des lois Jj, et 7]. 316. Scalaires (modules), 450.
— des structures 2, et X,, 317. Simplifiable :
— direct de deux sous-groupes, 379. a droite, 297.
— du seul élément x, 284. a gauche, 297.
— du vecteur x par le scalaire a, 450. Simplification d’une fraction, 343.
— lexicographique de E, et E,, 269. — des différences, 352.
— lexicographique de la famille (E.).ep Somme algébrique, 355.
271. — de x et de y, 284.
— vide, 296. — du seul élément 2x, 285.
Prolongement d’un ordre total : — vide, 296.
A un groupe symétrisé, 470. Sous-anneau, 4o4.
au corps des fractions, 475. — engendré par X, 406.
502 INDEX.

Sous-corps, 439. Systéme de générateurs, 3og.


— engendré par X, 441. — de générateurs d’un sous-groupe, 361.
— premier d’un corps, 442. — hypercomplexe sur un anneau uni-
Sous-groupe, 358. taire et commutatif, 454.
— associé a une relation d’équivalence Terme (d’une expression entiére), 402.
compatible (a gauche ou a droite), —s d’une combinaison linéaire, 453.
367. —s extrémes, moyens (proportion), 345.
— de type fini, 363. —s semblables, 4o2.
—— distingué engendré par X, 376. Théoréme d’homomorphie, 314.
— distingué (ou invariant), 373, 374, 377. — de symétrisation, 382.
— engendré par X, 361. Théorie d’une espéce de structure, 254.
Sous-monoide, 331.
— des structures :
— engendré par X, 331.
d’équivalence, 258.
Soustraction, 3or.
d’ordre, 266.
Structure algébrique ordonnée, 457.
Translation :
— d’anneau, 389.
a droite, 275.
— d’ordre compatible avec une structure:
a gauche, 275.
d’anneau, 471.
Transmué de x par a, 377.
de monoide abélien, 457.
Transmutation, 377.
— de groupe, 335.
— (anneau), 417.
— de monoide, 319.
— induite, 307. Transport de structure, 256.
— plus riche, 256. Type de structure sur E, 253.
Structure-quotient, 312, 313. Valeur absolue de x (groupes réticulés),
Structure sur E, 253. 466.
—s homologues, 277. Vecteurs (modules), 450.
Suppression haut et bas d’un facteur (i); (G2.
commun, 343. {X), 412.
Symétrie du groupe G, 335. (Ore
Symétrique (élément) : x puissance d’exposant a, x puissance a
a droite, 298. (loi externe), 286.
a gauche, 298. x puissance d’exposant n, x puissance n,
Symétrisable : 284.
a droite, 298. (0), 410.
a gauche, 298. Zéro (élément nul) d’un anneau, 390.
TABLE DES MATIERES.

INTRODUCTIONS GENERALE AUX DOMES: Me Wiener DUD. cca tee cece cee ss
BRIS BING Heaeeancaite
tocareussoersew araie

TITRE I.
La logique des mathématiques.

JUMPROEMIO NOUNS A680 60 OOOB ED

CHAPITRE I.
VRAI. Faux.

J ALO! GOMOD. C2 WERE (TOW NATOMAS No 6.6 Biss. Sols AOA Or mao AO COO Om oe
IEF tee NEOLIC: wears Gans
a
foro

Lose EREMLAT CUES ate ars sdaropus oie omarsates vaflenaulare Retopece sieve avesostotialis vows ieee ayeaneuale
2. Théorie de lV’implication.
Pawis IOXSicienh ON. Cho. liiiays) MCI Olas G Oesio=-—caito. dee NGe oh OO EOE Boo OF
2.2. Accord sur les moyens de passage
fo} de relations vraies a d’autres
relations vraies
Pao CONsStLuCLiOnsdeslaetheoriesde laimplication .. 1-1 vee eee trl
2H Developpement de la eheorie: desimplication.y....-...... «areas sven
2 Senin EAC
21CS SENCLALCS here herent maT eet ee eye Anions etyoyeeeer ners
Ps Mies Di AAAS «CO ABT CGM CUO sa 4 sco Goa adem onopemaocsaund
2p Pom NalsOnne ments parma SUG yest the 0st aay seer seseete «
Dauowremylethode des disjonctiony Ges: Cas.yrq su seciesercitars se oe
Prehrsoy, ACOMUOUNG WO tetas How o wk Sano Bom Smo OUST oo Meme eas
OF Om uival
eliCe samen e aee ino ss ata iccra ace ape eis eas
2 man eAasearelavil. agai pli CAClOMnratestersiyncesiato recess

CHAPITRE II.
EXISTENCE.

ECT OULCIMC ud CHICCLISLCNCC men nt eine arts wmitet bey Nera cise toluene Meee eee 17
OX AURORA CO UG CHOC [QO eee5 oo bom nls FOR bo eC ON 00S Se ee a ee 20
21 les) données primitives de laimathematiquess-2 3... 2...ie 20
Dele O)DISCS ain GELETIOIMES qerscysin evtieieiesoe ss ie die ideal eas) sat 20
2.1.2. Couples 21
504 TABLE DES MATIERES.

+ Relations, générales. 208.75 iit.cia akavtus Wert seancte) coketate teenie a cioece eenehametemake
2.2.1. Relations singulaires ou relations en @.................
2..5. 98 Relations binaires, ternaires; :.;, JI-AlveS caw
serene se
2.2.3. Relation réciproque d’une relation binaire..............
B04 ae SATIS AGC erdeysepe, owe rs weMC oaacdeen Oo teat eae Pig aeRG ee :
wo ooMm Objetsedetermimnesi-s PLOLOCY DOS meyerstre cepten csiet eteksters etyteeet ante aene oem wey
NM
NY
NS
NW

. Substitution. Valeur. Variable. Paramétre. Solution. Inconnue. ... iS) ofp


wwrrn

. Expression de l’existence. Construction de la théorie de la quanti-


FTCALT
OU scorers arteanettery “oseines fooe85S) See DEO DS rcp one aeeretevrel emus eT
2. 5.1. Definition des’ relations existentielles...% 7 2. «02 cea se
22m Notation. des relationsexistentielles ta. ..6 csr. ate rene
QAOKom AXIOM CrGena QUanUINCALLON 5 .ctuer. sree terse tik eeread ere
. Développement de la théorie de la quantification...............
2h G.ple ERELATIONS, UNLVETSCLIES sweeten eee tnfate it ne Aenea ese tere nena
2.6.2. 1dentités. Limp ossibilites wale sraperese! sheee sins ae os wel alo
2.6.0. Produit. de-deuxs relations imarnesierarerare ste leis cietses elet-tal =
2.6.4. en
OO Caractéres classiques des relations binaires.............
ay. elation iretlexiv.eSivtaa-d-tassucte |ome: onctietn scart mate aimee tr
bgRelationsxsyimeuniqueskyec cir a ea er eae
Con Relations: cLramSithvies)aus etna aia eoteeeaite exon
d= Relations, dempreorGre stein ae pet tee eels
é.. Relations: dequival enCerr. rie sth t ke tale eiceees eae
2.6.5. Critéres de déduction concernant les relations générales et la
Quantification © irg-scratese Suen te4n.cetera ere ea a ene mentee
aeiquivalence -entresRuct jt.
Bb. Passage de (Wax)iRuaeR =0 =a Reaesetea Ro:
c. Passage de R A (Wz) R. Passage de RAR -T=..
2 0.0. Quantificaveurs vet Operateurselogiques = -i-eihe eerie ee
as Ouantincateurs etme? AtlOUe: sey miee sci eie orig eee Oe
OS
Go
G
QW

be Ouantiticateurs etoimplicationy.iry--ce rere eee (SS)

ew Quantificateurs seluequivalencesmer reise cee ee


d. Quantificateurs et conjonction ou disjonction......
i) (o>) 1 pQuantification<multiplecn eas gm terecatoe cite oer oreo
2.6.8. Quantification conditionnelle ou quantification typique.. wES,
OOS)
es
Gy
ow
ow
cs Se
So
STS
©

CHAPITRE Iii
EGALIT&é. APPARTENANCE.

1. Egalité
ers INO LACLONISIRE ch sdshire 4 cosastasks steers, Was Me seas we RRS eater ee ene eer eee
Ihe A XIOMeS ideal GSAliLG- 215.4. 0h- ayetsis ec.nie a tancees caelekonerevenceseeienerohe
Horace teat
sso ncoremes= cOnCernantal CLalilUG.. me ccbeletenietensieratar aeuereienciel oaleeenere ote
AristaTce) NEOLEME. LS. Gilera sites cde Mie OeSSE LD cee T ARE eR eee ee
pie laa! MaVXta 11 ste Paneer n AMPA. hiKortiy Giro ow Guke nO Die SRO Baan 6
Peete RNCOLEMECY D:.. ao avid oe scouthye ofOE aosteak) ee ree Ome as
WES ston DUCOLEMEC 4: Ue ssclini< Grcusioce shat chelstateteee Giiatene een eee eae
Me SsiOes EREMLAT
GU EC:Mrs colsuels eye oem aieterchopt ronetelten taranchonete teas Mapahc ciee eeee
iariwNovonserondamentales: liées\alLégalitéa. ...neeice cine siete ne
oa oi Valeur dun ob]et ais)..c sero o oebraetr ere acts erin ererelee ata
1.4.2. Définition de l’expression : T est de la forme U.......
1.4.3. Relations univoques. Relations biunivoques. Univocité.
LOSS Ie eeerina OMNI CIOS hbo. 5 ooaco bmotcccroue ic 5
TABLE DES MATIERES.

Neem NelALOlSm On COLONMEl]ESmaedqm Mesh tical sho cos iets. 5 sg caleysvevceel @


1.4.5. Relations antisymétriques. Relations d’ordre............
Dae AD DOTECTIONC Cnn a ayer, vbeas Rie) aod a SUT RMA EAS RoR heme aI IE ay esa Seaway es alison’
Dost NOUALT OMS ee ater ysuey aaceuternisseem tients ale. atone es ie ic ah) TEE NEES decne

TITRE I.
Ensembles.

ACTOMES MCCS MINQUNCINOLLG


UCSAamemdn ei aa cuban Soe mt ain tags ee RAEN Sade os

CHAPITRE I.
OPERATIONS ELEMENTAIRES.

pels ASCTIVULESAC MSL ODILELCSianat Peach noe steenc roe ae ROT Ta cape Rev Te iGete we
eMeE DA SRAMT A CSaCellOly. were atte iat erent TelSs stat weies racks aystalteter ol
leo mAClanOn Calncluslonia Parties: dln ensemblens. 2c... +: see cei antace
Moser me HNACLON Meo lc INCISION cpceeteeetencin ateasielintocraec tceceiacs. & oncoe tees
io Ome NOtatiOnsue tb.replresentariomaCOnchetess icici
<a> «leas speleies
Poe RALCCS «dali mmensein
bl Cmarraapmotcssterepsnes
this nce stoh sites Phosenear’s
1.2.4. La relation d’inclusion est une relation d’ordre..
. L’opération fondamentale des mathématiques. L’ensemble &, (R)...
> Les opérations liées aux trois premiers axiomes.................
Uy qate SeeNSenLb lems uty rer A CMSCIID LE)Bt, cscs eels steteaete rat a ok
devel ensemble, Wea (Ges CLO) ln retrennadl semneacrenctemein cxotstc <ltalav
1.4.3. L’ensemble des objets de la forme U pour weE.......
1.4.4. L’ensemble des parties d’un ensemble. ........4.......;
Pe
COMPLEM CNUAtON wexeHSCMDLOmVT Cnr rcs tieisnie be asewnist ty scnieve Tei
1.5.1. Définition du complémentaire d’une partie A dun
j (STAYS 000) (2a DS ee on i eaaIclacd goth eo Cae Oe be Cs oS
ieee Panties vadera COSCMDI CmVCC suemmorsciaie teletac se eiatcco ies) ease
lor mrOpriclessdenlamcomp lem entaviOn ges. t--ne-i-n eases teak
a. Lacomplémentation est une opération involutive...
b. Le complémentaire de la partie vide est égal a la partie
ICING cerunsa ee tomate note Meets keno uw een Serie auhanends Dieparens
TFOSMINIPENSCCLIOM IRC UNLOIU A Be teretey Seton eit venice aattafotciatiagosenemneene: Geetalis tatotieWelle cap
Oper Clit CLOT Cd emlanLerseCUlOlcmapense nit ciclo etek elere re arte teks
AG. oD) CfinttLOImd cml aeMCUMION cysvectelceecatesteharatclevens ence viele eceres elicta
1.6.3. Proprietés de Pintersection et. dewla réunion.....2..0..%
Cpa UMLOTR OUCTICE irewetscietozsteneictote saree WEMeter -itarerauer Meesioaarae) «
Da COmMMIUCACiyite mes oti pncuwewemarei Tek tetereteceicie eansmterane
Gore NSSOClabiN ALC ees cporertecde fess, ach nae aTO ertena) oreo eats leeMelNene
aS DIStTIDUELVIUla rs taco certieysrie mae siere 0c: de reer els
dis,
erhee TaNKEYS ORE: CoVenBY) (Ree Raa s 6 ae Oe ISD Arto Joon.
a. Relations entre opérations binaires et complémentation
heslLOIs edANSOrp UG nm en 0 Ole armecy icc l-Pa osneat cee on
Pcuetquivalences: fondamentalesiisacc ser. yt ei ale
DME TSELRDLESMEL STCLOLLOIIS ELOLILOLELCS skoths » eataeatcemehswcreceihe
ratiat vaya, onakan oeusie exe arer os ogo y
Dite epLesentatlon concrete WAeSmCOUPLeSi essa crys oa cee ie risterginre op om
mom PNOCUM Mes CEUX eNSCMDLCS, unctmarsstsiats epehettesls ialscacsteoks ehoesenene ings tate
506 TABLE DES MATIERES.
Pages.
2.2.1. Définition-du produit ide<deux ensemblesi= {ernierr 83
2.2.2. Représentation concréte du produit de deux ensembles... . 84
De Vcds SELOPLICCESMC Ue LO CUIL ves peeuseries ceahaoth tenet olny ucts tee stance Rea weer 87
Dyids <GTAPIES Goss eue tree sabesoleheusl morass lemeucic ca)here atatia, Wanbe a}nyoe clloneries ROWaNeT omeneton tenem 89
Ppiea eedOXON IS Cie,SE ONO OoGAO Ws oan Ub rune ao o0.c ok > Lod Ode 89
.2. Premiére projection, deuxiéme projection d’un graphe...
yom GLraphes etorelaplOons DLTALTESie varcktsle) vatole cesses ntcieccie leeterates
= peRepLesentation, duns ora phe sie c.c ore caeuetoreeeenciere
teekeibuenenanes
bv
www MO
ww MGALACLELES aClASSIGITES nGeS sOLAPHES\ ay.sofstete tee nee) eenereneanigls
a. Graphe univoque (ou fonctionnel).................
(ip, Layo TVX aga dim orien Gece o Gain amoom aces
ce Grapher Diunivio ques: tetaa-ro lee. Sane lone snereeeae
dy Graphe Tenesit renee stan trate hole tenay enemies erp tents
@s "GLapHee SV MUL QUE sete sateRee.fo ko ool naket Medes foeR soe ce
fc (Grapher transient ro: cra-t eee eeetet atecemememote ager detec tence 3
G- Glaphesantis yan Ctni cle cgemetets iste ratatiene ater teeta
h. Graphes de préordre, d’équivalence, d’ordre........
2o3.10. Image dan ensemblempar 1m, Stapler cnits clei ternaee
a: -DEéfinitiony. acti s .cia.c hike: SO ai oe a eee eet eee
D> PLOPTICUES eases tesreuchoae ekete)ones Acre gE ee eRe tee mea
Adige. O)PCLALIOMS.SULMIECS OT Ap ING Smitten epson ete eneiete) fee aces
a. Graphes réciproquerd-un stapes | ericlade Jeet eer

a. Détermination d’un graphe fonctionnel par un objet.


Det Pramnilles iasis patee Meaiote: shehsire)ove sien oie eee a sateen Mswocers sree
OPrEMPALLICES ius Means anki a oicteneo ovate Ate eee acetate: spcles stage emanates
Disias COPTESP ON GAN CES royce’ Safene us!offen ee aatrontanc abefeaire see Mira ENnro ren apna ergata
Py eet Gam DYSV LeU AHL)oe aneea encte iG baie char potato atria Choi. ocr aie
an Correspondancesentre cas ete aa cnn ee
by COLneSpONdancCe piers cra s cesksee cabo) eee neyehater te erolates) eoe
c. Ensemble de départ. Ensemble d’arrivée. Graphe
caune COrrespondancend: —-meraewerceteereiee soaeeeys oes
d. Ensemble des arguments. Ensemble des images......
e. Ensemble de définition. Ensemble des valeurs.......
2. Représentation concréte d’une correspondance..........
jo COLrespondances et: nelations™binaires. <0 eae
Gs DEmNItION se cere ohtere lore ote Sed ear ieiege) cx teeter ae
b. Introduction d’une correspondance entre deux
ensemblestANet eB aera terete oie ar teaereolstoromstecatrs
2.4.4. Caractéres classiques des correspondances..............
dee Garacteres les vallseeraplie amen iranita casteniere ee rene cea
b. Caractéres liés 4 ’ensemble de départ ou a l’ensemble
GATTIVE? toe An ee Aad os aaa hee leo e lores
c. Représentation concréte des principaux caractéres des
OME NIRV nooo ace noah pore a@aGoec codecs
2.4.5. Image, par une correspondance, d’une partie de son
ensemblerde™dépants <mrasa ert rreioiote a cir a eentte
an Imager des Xo Imager dew lay} mettre einer kere rena
b. Parties stables. Parties invariantes. Eléments inva-
THAMES sak Anljrauasalawiore ame alereis 4.tke ORES Cem Cites
TABLE DES MATIERES. 507
Pages.
c. Correspondance entre A et B qui donne de {x}
Weimmace
pilin syUkomen ere em et, chee ead eles 116
2040, Operations sur les=correspondances... .........5.....« > seth)
a. Passage a la réciproque d’une correspondance...... 118
b. Composition des correspondances................. 119
c. Correspondance induite sur une partie de E par une
correspondance entre l’ensemble E et lui-méme.... 121
d. Restriction d’une correspondance a une partie de
l’ensemble de départ. Coincidence de deux corres-
pondances dans une partie de leur ensemble de
GE PAL Gara eat nonororens tetera crm arenrae: ete ee Ns OPche re 121
Ca PnolongementsadediescOrresp ON danCezeas cues ae 22
f. Inverses a gauche, inverses a droite de certaines
COTECSPOMGANCCSrsavscsh tale suess iyeatineh esAe ok ees phencts 124
g. Extension d’une correspondance aux ensembles de
DALULES rere teen ucmsear tan cgomal entrant) amen a Paanswe ate crept 12g
h. Extension de deux correspondances aux ensembles
PLOGUIUS atc Atlee moter a © ait alge ceame eae tee aR 131
i. Intersection, réunion, extension au produit des
ensembles d’arrivée de deux correspondances...... 135
PEO PEON CONSE (OUMANPDILCACLONS) Certpelterceteecsin ed see ciede ameter scenes Petey nates ae ity)
PLORM sie) CHIELILLO MG terete ae. Befay ceopdics Sietehelio pasleeyPeu sen stena:aleStdoueeecudd ecco L397
Chs ARGVNG BTCV, co. cet ooeROke Cac) DICE Ce aCe OE CR tee ee 137
DaaNotationte (i(Ge) rota ceracimits, ovate ticsde ioearl awl 138
Ceelranstormatloncnwarstetioie.ceteseiemictccnc osoieare heresy meets 140
EPA P DILCATLONIN ac yens-cuemcecpatsuahe:ches ieebns shaves taeaha yearn retea aie 140
OOo ONCLONSsets Le lAtlONSe DIATE Sir. jepsigeaen steneneracess eevee eee = 141
a. Application de A dans B déterminée par une relation
binaire convenable....... HoLeTsoooGKOMpOM COED 141
b. Application de A dans B quiconduit dexa Ta... 141
CoAGENCLAUSAUOM Eyskp ctereuerslereseie sere’secteushanne cenit ouNarn eects 143
DO orm CALACLCECSHCLASSIGUeS ees) LOMCLIONS senmmcrciets crs eects reemens 144
GAIN CCUON Secon) were. eee aercsn tonetcne eat qe)= eee ee 144
Dye SUTIEC CONS ya Soy eh eter ete aioe Me vecssetlaXO Seat sions yaeate eee 145
CxAESINCCULONS See speaereee toes cetoRen sehcesta oy aetna ene ar 146
d= Appleavions CONS Camberg strtiess tere atelsera) ve tnetneeneast res 147
CORE ONCTIONS VIGES co.neerenieragrepcMarstars setae: tye eee eee ots 147
fem CVUN UC ALOIS cea sauce Nepona ack Foe alc ona erat mC Ome 147
g. Fonctions de deux ou plusieurs variables. Fonctions-
PROT SCLLONS 5. sterorap ncetaic kp wie -fvvete eq cue eeerchuers otoaerete 147
h. Applications d’un ensemble dans une partie (éventuel-
lement pleine) d’un produit d’ensembles.......... 150
i. Applications d’un produit d’ensembles dans un produit
GENS CMD ICS a awerers creator wiateatrea ope enertew acttes cols, sheeeenenet ot 152
j. Représentation concréte des injections, surjections,
bijections, permutations et applications constantes. 152
Deni © PEraciONsmsurales LON CUONS rca aie telyeis rereicns terete Neneeare TO
a. Correspondance réciproque d’une application. Bijec-
tion) réciproques dine bijection’. ce) ee ere = 153
b. Application composée de deux applications
Comvenablesr waaticciitoctels
axcts «cl ciloustesces Meee erere 154
c. Correspondance induite sur une partie de E par une
application’ denbdansolul-m€me, sem tent ieee 154
508 TABLE DES MATIERES.
Pages.
d. Restriction d’une application a une partie de l’ensemble
de départ. Coincidence de deux applications sur une
partie de Jeursensemble- des départs -5 01... ae 154
e. Applications prolongeant une application........... 155
f. Applications inverses a gauche (ou rétractions) d’une
injection. Applications inverses a droite (ou sections)
Gtnessurjection jor. cet atener-.s acy eer ee He 156
g. Extension d’une application aux ensembles de parties. 160
h. Extension de deux applications aux ensembles
PLOGUICS ae tench geen eaters Stereo sears ka eh ker ete 162
i. Applications partielles d’une fonction de deux ou plu-
Sieurscvariables yes sist. ce tienmsus isrte ite ac nyiit 163
2.5.5. Familles d’éléments d’un ensemble E. Matrices sur un
ensemble <Eii'c stata -)state eue eral ois okotels elemese teeter iekon ee iede 165
a. Familles d’éléments d’un ensemble E............. 165
b.gMatricescsur un=.emSenib Getter. stescrenstelene ere aie) re 166
3. Ensembles fondamentaux constructibles par les opérations élémentaires.
NSSCA ERD Tce} 310)(aren ee ne ORO. oe Oe URIS OI OS© Ob ea aPC 167
Sapiens CMIDIES: dE]a TSMC OM UTES saan eseteae fee ea uote toh colon te ee anos fees 167
3.2. Ensembles nouveaux. Exponentiation des ensembles............. 168
Didoe LA CMULTCALION des tapesSalus tio le ovenandes Seatpost aan dealioes Irecm enue Ne etn. ove 170
3.4. Bijections canoniques et identifications fondamentales............. 171
3.4. 1. Bijections canoniques relatives a l’ensemble des graphes
de correspondances entre A et B et lV’ensemble des
COrrespondancessenUre: Ay teks see eciliaci<1- as eterno 171
3.4. 2. Bijections canoniques relatives a B*eta FASB) ich soe ae rea
2.4. 3. bijections canoniques relatives a Avet Ay. J. 13) s2 =. 171
3.4. 4. Bijections canoniques relatives 4 G et pr,G quand G est
un graphe univoque. Bijections canoniques relatives a G
ehiprG quandGesGimierapne dupe Ctiic cect mila taer sens Lz
3.4. 5. Bijections canoniques relatives a A XB et Bx A. Bijections
Canoniguesarclatives a Grebe Greet a nek clailee miei eno. 172
3.4. 6. Bijections canoniques relatives a (A xB)x Cet Ax(BxC). 173
3.4. 7. Bijections canoniques relatives 4 *(A,,B,) x #(A.,, B.) et
a ensemble des extensions aux produits des applications
devAvadans B -eizderAy dans iDyep cite eels ciertooe THe
3.4. 8. Bijections canoniques relatives a APY et APyx Ae
lorsquerB net aGysont=disjOmtseieas ae setter. wiser 174
3.4. 9. Bijections canoniques relatives 8AP*", (A®)®, (ASB... 195
3.4.10. Bijections canoniques relatives a (AxB)" et AY x BY... 177
3.4.11. Remarque sur l’exponentiation des ensembles......... 178

CHAPITRE II.
OPERATIONS GENERALES.

pen GCIicr OVISOLLORE ACS BOPELOLIONS, CLCMOCRtALTCS 4uq eiea caer aera aoe te oe cee 179
vege SRE UMIONN 3% 8.4,~ina. tet ac ahaha s Sister ath mehate aeRO eee, aa teen ater eee 180
1.1.1. Définition de la réunion d’une famille d’ensembles........ 180
1.1.2. Propriétés de la réunion des ensembles. ..............4. 182
a Reunions dine fainihley vid Gmetad: cipencic senate 182
b. Réunion d’une famille dont l’ensemble des indices
‘est, Teduitcae unyseulyclements seas cece cinta eee 182
TABLE DES MATIERES. 509

Pages.
Changement de l’ensemble des indices par une repré-
SCMUALLOM SPAPAMeLLIGUe Wccecc say tices eis Sinisa wae 182
TEMP OVEN CORSENETALISCO Semise mrrarcheren fue etee opr ssstes vores 183
CoMIMULAI VILE ASEM CLAMSCEcjoaiensy cess = dasuayemusye sso saaee 184
FRCUTIOHS MPATUCMES ee taraneerae eis tase Mec snsic.+ nTos,< 184
ENSSOCIALIVAILOOCNETANISCE scum aectmntors; nite wane euche.ssleqeres ao 186
aaD Prolongement d’une famille d’applications dans B,
définies respectivement sur les divers éléments d’une
PATIL Capes mec a eusietees taeck eiatt dlSoisettss shy asus sheen s 186
1.1.3, Réunion d’une famille de parties d’un ensemble E........ 188
a. PC PIAAGT OT yen ssucetysreteceee on calsCayenne ee neaters noccicasusiaateed »-ayoiste 188
b. PRO PELOCES Hise. fess erat wee, eelaro dcota + cava oi eeers. aS ngs areca 188
Réunion d’un ensemble d’ensembles.................6- 189
— fy
or PXCCOUNT EINEM US seat tarece Berctansont id shallot wivatone cas Shela sss “aa 190
a. WD EfiniMON sae hosts cosas amie Serene Sateen ae 190
b. RNepPresentatlonmeonCreue-wtesn acrsicgeresraee ines ensue fe 190

a LLECOUVTEIMENLSE PLUS =OUAM OMS MAINS as vier «cols cereter sels 191
d. Image d’un recouvrement par une correspondance.. 192
es PNOC Mim eRexe LECOMVEEIN
CIC Sirens ei atsisicreiciois
=or 192
io tins IRI SONOS 6 supadilo dad ma oc OG Gn DIDO MOOR OO Bia cod tit 192
a. Famille d’ensembles mutuellement disjoints........ 193
b PED eH MuVON mC Sp ALU ULO LD rere och ey ete lonera Went eelcaepes 193
C. FREDTES CrbALIONNCONCLETCs asl. oxo a)ae ote)avers late ebsneke Ausysyoels 193
d . Mise en correspondance biunivoque d’une partition,
de l’ensemble de ses indices et de l’ensemble de ses
OL ETIVENES ise ie ays nea eee onevenote cuvenats saie-a ieapes Shereeate ee tote a 194
éaebarclvions» plus soOW MONS! -fNES 22.2 « tele steers6+ 199
f. Image d’une partition par une correspondance....... 196
G- Produit dey deux partitions, yas cues teestesseteleleuonatts lets -e yy,
Tao SOMMend UNner anilbes G7 enSenabLeS vie, 2c a eeseet snevetosia oe bniste welacer, ser es 197
Leute LD)CLITILLLONS eaves eracautyseepage Aiea elie aise rae aatee igeeeel earn ala eTemess.Anes 198
PR oeeo APE PLeSeneAatlOMaCONCLELE case 2.) otene texeuaiigi- taaeesy sens cease cies 198
eto ODLICLES she cioere eeancuets hee aires wel el otaeea ol ayeta)ac peeaee eae) a 199
d= Sommendiunestamille vide: gry cytes cto ches cles) oye 199
b. Somme d’une famille dont l’ensemble des indices est
NEGUIGHeUNS SCULBO LGM CM Ua. citantercc-sete
nein teiteust sen. 199
c. Relation entre la somme et la réunion d’une famille... 200

d. Mise en correspondance biunivoque des sommes


de deux familles (X,) ,<; et (Y,),er admettant le
méme ensemble d’indices, lorsque, pour tout :e], il
EXISLEMUN CaDIVECULOM NCC oe Nte SULMNY pecatstes= op tesaniol ics 201

e. Changement de l’ensemble des indices par une repré-


sentation paramétrique bijective................
f. Commutativité généralisée a une bijection pres... .
GAPS OMIM CSBPALLICLIES My srcte- Maree tents oe cweliey teers
h. Associativité généralisée a une bijection prés.......
i. L’adjonction des ensembles n’est pas idempotente..
[We ATLL CHSC CULO INU pameciecreeaercie ceeyoteos fore oxadetes omMaler oleae ava ahcin iahereee Cmtcneene Rakats
1.3.1. Définition de Jintersection d’une famille non vide
ZENS DlESag. te succes cee elieser laste neue: sicgecoienememenateconeta oreKS
1; 3.2. Propriétés de l’intersection des ensembles..............:.
a. Intersection d’une famille dont l’ensemble des indices
CSEEC UIE ant uSeUlolément.2,.0cke
cctscsa ene eis
510 TABLE DES MATIERES.

b. Changement de l’ensemble des indices par une repré-


Sentation \parametrique’s cy. Aleve aleve wie ein nie onnickepeadels
cy Ldempotences seneralisee animate ee retragels rae eel.
da Commutativites sémeraliscesercieaus aeons eiete aekertra trai
e. Intersections partielles................-++++-2000-
f. -Associativités céméralisGe i. rcjrsucetsuehos-tats)otherste
sree dice
1.3.3. Intersection d’une famille de parties d’un ensemble E.....
CBANDY Liha co anos ua koo Od Sow OD NC OO OG.nG Aino e
DM BTOPLICCES 5.) ay.0, certs eueleas tLBialatinceRopes topONadetey MeleRewece cue Ray elle
1.3.4. Intersection d’un ensemble d’ensembles non vide........
A aihepIP POGUE: cercawtatert sor, cee Gis riche aiolonakonsos omete elle opeterekhe Gre pect Peni iieReeaaste
1.4.1. Définition du produit d’une famille d’ensembles........
AiGrn 2 peero PLielES: ClEMICMGALLES vrvatete) ctr etenshteice Pele ana nr aa eerie
a. Produit idzunestamiilles vider vein erect ier
b. Produit d’une famille dont ensemble des indices est
HECULCHAMUIMES CUCL CIM EM Umar nena et eae «eka tela:oneteene
c. Produit d’une famille dont ’ensemble des indices est
réduit andeux” cléments (distinctsx)- <1 orecer ire
d. Produit d’une famille non vide d’ensembles dont
chacun est un ensemble réduit 4 un seul élément. ...
; e. Produit d’une famille d’ensembles tous égaux a un
MAINS GuRgralyl( Min coooadootanasace Meese donde
f. Commutativité généralisée 4 une bijection prés....
ergo LOTOCULES HD AT CLE] eerie te ctotols Kenosha eyoNseie ranueiaaal ie career
1.4.4. Associativité généralisée a une bijection prés...........
Ion EROprictestondam ental Cracatrerrer erent otra ree eee
1.4.6. Extension d’une famille d’applications aux produits......
1.4.7. Relation nouvelle entre le produit et l’exponentiation.. .
1.5. Relations liant les diverses opérations généralisées...............
doe i. Ol dev dualite seéneralis€ec.,4 seers rere. taacal ee at eed
[one ormules: des Gistribubivite eeneralisce@cstecisl ences sree
Del OMISAUOIULCIILIE (CRSCTIUDIC! erecta ceneientie sRtret Reel e etereter ieaeee hehe era Ee
2.1.°Etude d’un ensemble muni d’une équivalence.................--
PA 1. Notations d’une relation d’équivalence dans E.........
Jini osu Notions: fondamentalesiyancm crests elcrercroraoterfeneieuencns
oe cehersue’
Oy (ChE SSIES GHEG MEN EN COs oo dco be ogo oOo Cu OmGomes ONE
b. Représentants d’une classe d’équivalence..........
CapOy Suet e: CesiepresenuallUsama micniare totes tears
adzEnsemble, quotienthrcincyerctcuccrtetletsseye
cree laste eve ace seen
2.1.3. Introduction d’une relation d’équivalence dans E au moyen
d’une application de E dans un autre ensemble.........
2.1.4. Introduction d’une relation d’équivalence dans E au
moyenne diunesparti tioned em kaemtscite creatine ere eee
Ain OmePaSSASe: AUT QUOLIEN US mo uke amen meneitonete hae saetksudle tate. tae
a. Passage au quotient pour une relation singulaire.....
b. Passage au quotient pour une correspondance.......
c. Introduction d’une relation d’équivalence ati moyen
d@unesrelations de-preordress a-nciieeide cis tteen:
Opovslnuderaaunmensemble. ordonne ania miro etter eee eters oe ee
AnateNOvationSs daune: relations diordreudansetsqmr-etects reece
POs NOW MS vO bha MEN: oo bedocUGous ogoodooohovusuu Sc
as Hlémentsicompanab] esenaieeerheieny
ater ee
b. Eléments maximaux et éléments minimaux........
TABLE DES MATIERES. Oa

Pages
c. Plus grand élément. Plus petit élément........... 233
Cea} OLANTS SeNINOLANUS vrerseacett.cistoee
oeoclevalcls ©suere erecemsi sos 234
CEP DOIMensIpericures DORN) IMLELICULC since cr.felNakelels 4 </0-8 234
fepmom VErvallles xamens Ges escaenereh ies so catia sa clavers Aire as ob eos 236
g. Sections commengantes. Sections finissantes........ 237
fixe OU OLGLE Meseesewien ccece ieee, Cesare mnTiare Ma eee eae 237
2.2.3. Remarque générale sur les ensembles préordonnés....... 237)
2.2.4. Représentation concréte des ensembles ordonnés........ Doo)

CHAPITRE III.
CARDINAUX. ENTIERS.

Hes GOT OUT ULT ray Stace ade cap hs MON TS Ove hee asset ee PTE! ra aeayelOR wae OD Shecola) Sera 239
HPC LAL ONS ClequapOlenCerel UISSANCES «tien ii suerace-b ior narercyslaey aa ees rete 239
Meat, wie NC LACION CLéEGuIPOLENCOr:.c «,satsereeeteta cicr-Pattna S qaietotte meses 239
Hie EUMISSAN CES tesa ce cnovigcee tone corSeaml Sie [eeayaaens we aceee ays ermal tan ae 2ho
peo e fr ClONwGeSmCal Cin All xqmeanevapernrtatel
sett suced ieee claws <lsve-lenpasterse amet eete aho
Meroe OV CIMETS HeCALGIN AUK 5 eters Yeeeah cise discard oss euaia a)G acances: Satehadapens save bs 241
ee Ordination™ dun sensemDbleade, Cardinauxe «<6 es te + seme ateio ene 242
Om OPCraLvionse suv Lesa CardiNaliX. mmnsmeesstere ie lcmin se ses ti ce Siete oles anoreteee 2he
1.5.1. Définition des opérations sur les cardinaux............. 243
1.5.2. Propriétés des opérations sur les cardinaux............ 243
1.5.3. Addition et produit de deux cardinaux................ 2hh
iL6G}, SAMSON Ole NCVER, dehcidvorn nola.GU OG OOH COO Beth onc dena e 245
7B5, NORMEDES oes A oss, AS OE o CRIOS 8 CLA Sache © CupHacO OOO) CRON Noe ON ROE CRDWoPant OR TICS 246
Desi CLIO" CESeCNbLeISt a cmtemtonce bi Snir yoke suet ete Eee ate i eleTs Ske 246
2.2. Existence des entiers. Suivant et précédent immédiat............ 247
Dime EINCID Cs Cer TCCURECHICE «iajaterepctrcictste y+ eveteisie ieote viekeletadstauelolsyene cio adees 247
Vielucensemble infin N desventiers) Le cardinal’ Nya... s- ss. = 248
DieOrmOraia avon Ge: IN ses cescie siscie ssere ersistomcee eens apaltountartWelior ¢ lelgs Gilehn sera 249
745k, COMAWONS GHP IES GaSe occa cop Poa eact poo soptetobopecGoous 2h9
Qj nsembles, Genombrapless OULLES cre nies elo wie cs) oe element ae aise 250

TITRE Il.
Structures.

IDR ROCLTRATOND. «So Steoro OSD, COO COO ORD OE. CE OOO © HIG OTIT ertacmoRc ty ho Cec. Co.ceotosc 253

CHAPITRE I.
STRUCTURES D’EQUIVALENCE.

Ls LITO ORES WOMUIO SAG UOMOCG Ro A oo copmo eR OO GC CAO AU Cope aoe OOtOOas oes 0g)
2. Applications compatibles avec deux relations d’équivalence.............+4+ 258
3) TOUTES OP INA ARCDAII 6 oo tn Cade oe Hosa cols Go0 00 uN omaearecaie
oor 259
3.1. Restriction d’une équivalence dans un ensemble a une partie de cet
CGN he Gos Silo Saco GAO COCO 6 O06 oO Doe PUI EOIN OC's TAD oO 259
Show quivalencesinduites dans elmes partie aresmrt ae. <i-veciueis oirteerersteerees 259
SMOUMZARLIES ESLADIES wOMMESALULCES i. caisbs potas cllaueiey sereretefovlensso./<. seteaoloseneksieus eras 260
4. Propriétés compatibles avec une relation d’équivalence..............e000es 261
ie JOUNING FOO UTEON ITS: 5% 58 cin cree Hob Coe ODE DBE Teo UO Ono CIO Ga Oe 262
2 TOR THNGT Ce Ri9 OU ULTILES sm sh0 BO Gok ho ROT OE GSN OO ON SAO Tae » 262
2 TABLE DES MATIERES.

CHAPITRE II.
STRUCTURES D’ORDRE.

se DCFINTLLONS =TLOCALLONS) CE LAM OUGC tacts ters ss te semen N= wen yate ese)see ier he hae eaaae
LCORCLLONS VCROUSSQIUES .crtster ne Sietone, Feit aitae cate Pea cee as renner ats|teh NP ed ena em Bao
MELESERICLIOIU
wWOnwre NCUits OFANCaeOLOLE ERO e ars cra segones erat attetas oksCanal eee erate ns
3.1. Restriction d’un ordre dans un ensemble a une partie de cet ensemble.
Dis) MOLALERIMAUTENCATISMIIC. PALlLe we. fen aeetel ene. eee ere ene Ree Pee eee
PALO GLILIN de CReSCIEOLES OCG OMDMLE Svea euch nusene eatnade s\ansia tus ee eeereeie ieee ton Maca
A cpWomee) CsLLTUI
tetOTN eects sy SOF et A Acer un LER unis OT NOR Gato, 0
Ze eel OpCg OK aad meters eR PHAROR! Ooi eT Soro Ob A ovo aoe ia clos btdte tees
4-3. Produit, d'une famille d’ensemblés. ordonneés. . 2.025.500. 252.0
Produits leXLtCOOT AP RIGWes sr. ahe s skdns eames eee a seis 4s th eee Ls een ee

CHAPITRE III.
STRUCTURES ALGEBRIQUES GENERALES.

per NOlLOm: eSSemtlelleys Ol (des COMPOSIELO Ir at eleheust elon ae pitt nettleeae


digas LOT Ge: COMP OSLULOM mit VELIAC naam iesns iW ense ne etal etie hea Ree caa ete ete eet ae
ore OlgCexCOMPOSLULON Ox CLM noushalaes eee ia eeroman nase t tense tiers
TERMS ESKOM PLOSi,fovscs ccdtauer ar5,0Wiehe aeeeonestea teSuarcamee sept oe eh one naet iat Nac, eke Mereter Be
bb Orfr
wn w

A epics SOMMOLP DISINES ey nas) sya.e\sps caves susispd s¥ose uals @ tara. peitnpae nee stnsrel= ie iaebe eee Ne(=>)
oes
Se
ees
J
1.5.) Définition: générale: dunes structure -algébrique..2.4 5-1-1. » 2sre
eae NOLCCLA 0) (eet GIRO TARE Vaan a eee OO UES Sci ROIS ZI AIS Bigions Aloe
2-1, #NOLARONS SENETAl et, 5 cychate eth se eae wien ere sae IPCBE eke icy cap ee CR oaa re
Acticin OOMpPOSe de sdeux ClOMelUsace a kaater aot tes wet Relsiat tenn
To sesCOMM OSC es COMMDOSCS si-ecks ois te eteneas een oun as tases eon
chieo.f COMPOS a GeUMe sSULUeM Ciele IMGT UStem vast ict uel merrell een
Lom GOMPOSe Ae. LDALCICS <ctaiha 0s sraeae uamc eet slotted ener exeRCek eee reece
[Jon Casadesplusieuns lois, dexcOMpOSILOM ae 4 folereeaer tates
Qrrks. On AREALUS! 8 CL CT ALE care egene eastotcbc iene aioe ses caaiecet esa tene nea
2 NOCALION SMU LEIplCAabivesd: Une 1Ol interne teos wtoetre c/s Cetera rts
Asoae NOtAbLOn additives GUN erOl yin LELR Gtr amet ofotee ered agreed ese oer
2.4. Notation multiplicative et notation exponentielle d’une loi externe. .
AED. Notations {particuli res crx... ors cist joc eerenenseein: ome vee meen eae
a ePIC DLCSCIUOLIOLN» CONCT CLE sarthaeactae SO sicily PIGS eee Sie UrarerRee rei ren ic Pattee
4 RE NOLLOTIS RGCTLUECSZmacin s oyemeys colar sucnetslatescle easoeno BRE eee Te eT Roe
Ave BIAS SOCLALIVILE 5,<.sastens sortcatantuceeiontrero tye eist olen pee enc aaitice terdee tare ceene eee

4.1.2. Associativité d’une loi externe par rapport a une loi


interne associative munissant le domaine d’opérateurs...
AND fee (OMIT LACIN UCC, oy.0t cash atl erage hele: Gicds abate cee eneata a pala eee are
Aas CLOCITM OUCIUCE aromas stcucyokoueoi'st cis ous ccd Cee eneran he oaks Seana eek CIOS
APs POUDIS CUUDUUCL
VALCG hans cosycclos stSiehcas sesdeuenen hs scekORS Mate, or cll ete ec ae ree
4.4.1. Distributivité d’une loiexterne par rapport a une loi interne.
4.4.2. Distributivité 4 gauche et distributivité a droite d’une loi
interne par rapport a une autre loi interne............
4.4.3. Distributivité d’une loi externe par rapport a l’ensemble
derdetse lois: niternesetra.se to ths enetc nee catecur Rare eet
iS on ue)ie)tz}5 c = ~ Se = Oo
cs =} o
{ThiS =} = © ispn (o) = a i) =] =
TABLE DES MATIERES. 513
Pages
eee pile ELC CUNT cagetape Or dain SIF see Gai per Pa ean a sb hoe 296
4.9. Eléments symétriques. Eléments inverses. Eléments opposés...... 297
4.10. Complément. Quotient. Différence. Opération inverse........... 298
Aes eA CIALUCE OM OLALC aie.seo aie delebect) shelolnoele! Orth Uhcievoncoke vediwiSiscogs» Bass 301
5. Etude générale d’une structure algébrique..........00.000e ec ccc vce eeees 301
5.1. Représentations. Homomorphismes....... Seail BRE Coe eet See 301
Dal aU) CLINI DONS miyanttereieuePra
aes teen tomer eee eee ee 301
Gas CASHAs UNC slOL INLET ME minis saree ponpected coos. cWSock S70.«esshnyes oMellone 302
Dae CASmCetlneslOlse XUCTINCD wiscicrtenets eres opera cee hv scene 302
Coe CAS SEOIELAl rorctepstoeyr. tesa lo GIS Reece Uns ets ea eae a 303
Sey
SpeeOPTIC LCSiewer, tse.ces ss don hans erases Gos eR ee aE cath eee 304
dG Representavionsnetamorphismiesy raga pels nsec ae 304
b. Epimorphismes et isomorphismes................4- 305
5.2. Structures induites. Parties stables. Immersion.................. 307
5.2.1. Définitions relatives aux structures induites............ 307
Gr CASedcunenlolein Ler Nexen aati. Va et Se tenis ae eke 307
bra GaseGtine plOl Sex LeTne arexnerapsie aieean sehen eureseen orate, Mate, Ms 307
Cs GASP EON ETA Saucy cisjaponerestepers eae hast apatoncuswty ee Siel eswaeee o wiatcoete 307
DoleDa ALUIES RSLADLE Sheen age cake ene hc oe 18 careSoda meeeaen eee we mse 308
AS DeinitionS =. saeceh ie he ests ers aaa Se eae aera 308
b. Partie stable engendrée par une partie quelconque. 309
5.2.3. Structure induite sur une partie stable obtenue par homo-
ALOT PHISI © cutie cw tenes aicicustouainl s -sc0ue Pieac elles y=RPSin aap aes 309
Ba Dalhe dlWPT Sey Be cakes OTe SONG Oy Dn eee SEIN Bey Are 310
Diao meOULUCLULES! GUOCIEMUStac shy tencduareuete © nares ctviets mentsiene oesa ere taps CIC soya 311
5.3.1. Relations d’équivalence compatibles avec une structure
BUPA Nt I Opioan wna ois ao be DIO IRS aie Ooty omnia.) Oe 311
Cog CASA ChlOLIN COLMG anarchy ietcnuetleteter lea) an 311
De Cased une olgextenn Cea ac reir chee ieee ele oes 311
Cs CASHOCHELAlmy he here We hexctele sieks sao aire eae eh scone ts 312
ONonow Definition d.Unerstruccure GQuOLICNU sy. cnarta. © a cietromi-relsiek: 312
ay Casedune slOurint CLNCssdeqeeieee! stessseiote ete skein ete 312
De Casma Une OLZEX LLM e sr rcias Gite cons! otro Ser ehicrst oe te Bba)
Exe CASE SENCLAl actsis osnec easy etch ete ore iat ccs tress eset e 313
Somos NCOLeIMen Cd;HOMONLOLP ICs sick hotel sssis siete uate eee ars ots)ie 3S
5.3.4. Propriétés conservées, propriétés altérées par passage a une
StRUCLUGE-GUOLLEIN Gs cist tdcr eke et sya. coments (tout Re 315
Dokic SUC UNS, UUs Goo coeoo Soe odes aasob eo mon aabh ao soon bemor OO
Aeter LCL LLOM Sere is eretere cline s.sicthis, soir tacartite withe sae Coeesccen aha,seuss ele 316
AmMGAS A UneslO IN CErMe sc ctreierese cfr ssstersna enelo ssel one ; oe OO
DTA CASeG UNEMOIs EXLELME nies soclere spots oe orsvcretatets ewenoke stele ae 316
LORS FRANSES 5 n66.85 GO cE Or DO > Fo GO EO aon Sue]
B3G (AS Peel BdRO)OV CA Sah ql Alain Fah CCOICIS OAONG GO UO AHS, SO Lt HONORS 318
5.5. Apercu des structures fondamentales de l’Algébre............... 318

CHAPITRE IV.
MOoNOIDES.

1 LOVE TOSS GR AIIT HOURS 5 6 Coe BOO SOO.D So lOG.0 Ob TOO OIE SROE OO SO NOOO aS 319
aemkegles aercalcul dans un monoide quelconquese <<. ccc ase «.< eetniel= veld 320
Aer NECOLCINOmOcASSOCIALLVALEGs cacceererercictetle
nshiicistac scwiteaeterem n/ihe ee tae sc8ce 320
220 Lbeoreme idassociativité: généralisées << wis cere orc. els rete ominie ores 320
Vv. ROUQUET LA GARRIGUE. 33
514 TABLE DES MATIERES.
Pages
2.'3.<Caleul-exponentiel ear ac cunp ctontarocis ces eecee yo meraneneteietestomayeeste
reotters 321
2JheGalculssur les egal tes se ray ctanrn ewe elee snatoeetsteteneWelenouy
ereTobeus teusrelorcas et 322
2.5. Calcul sur les relations d’équivalence compatibles avec la loi d’un
TOM OL ee eaters dts bic ore vay outtare hae a ranean cronsy eee Res eMON Aree regstore 323
3. Régles de calcul spéciales 4 un monoide a élément neutre............ 01s ee eee 324
Sie OMMK Ker COMeChaatuTleM One ocanmesesbal bUdado as Gooenotcou lsoeodec 324
3.2. Lien entre un produit de n facteurs symétrisables et le symétrique
OUCH DRO MN Racor OA ODAC SOOO COORD OO MOC ODO. UO Sk S 324
Sz seesyMeunigues el, permutabilite-rasm arse) clears ee ores «age teeneion eleusken ie 325
3.4.5 Lranslationssurjectives et élément meutre. 0.) 00% 3m a. eaters le es 325
SDA PPLCALIOM All XaMLOMOIGES cLINIS spo spaiaous osha] seraegel neve Pe eteen teins tehcl 326
4. Régles de calcul spéciales d un monoide abélien..............2+2220s00:- 326
Aare eDheoreme. dev cOmmutativit Cars aytorctereitachonelctnaieicrs teehee spear nenats 326
4.2. Calcul de la somme d’une suite double finie de termes d’un monoide
AD ENE wo 06 255 oo cah ete Pe tee oP ee EE ee Pee ene eae haut vere Siloti d's Biety)
4.3. Calcul exponentiel dans un monoide abélien.......:............ 328
5. Régles de calcul spéciales a un monoide multiplicatif abélien admettant un
Clément aneulres ei)LPLeSSLOMS-T1OROMIUES anaiatanere staat ater aee eich ete een 329
Dente) GHIMIEIOTIS 35 rasSates. s oe a rae oa aces EARN pene clear ae ee emacs 329
Ono Calcul des. xpressionS-mlOMOMICS ra cetete susneyetel aleve a wekctenck toe ete ie nae 329
Deo ELeEGUCUION 1dUMe Tex PreEsSION-IMOMOMMe ce nagsenanee ero) latent meruate lee) ate 330
GLAS OLLSSIMONOLAES Bios tisk jor= ew whchone aes Na)SANS ae ean oan ode Tee Wai aueiny) d cbaenelin saat Son
6.1. Sous-monoide engendré par une partie d’un monoide............. 331
659; SOUS-monoidessremarquablesi.s «snc sveveie « slepeie oscars <iokeiet seltremmicleeedens 332
Pe AVLONOLACS=QUOLIEIUS.wij.iic scare Roe sheikh A ase Seni Te 333
Se VIOMOTAES=DLOMULE Stacra atenesa teres Fe 570 ote Meee ess Alp OTe eisce)tens outreach ate 334

CHAPITRE V.
GROUPES.

ADE INILIONS sCle CLCINP LES nets eyes. Wace cee Tm Noa Speiera cee eee ote 335
emINCOLES Ce aCAICUL GANS il nOLOUDC NGUeLCOlQUC aria tenn in reine areicreas iene eet 336
2.1. Calcul des quotients 4 gauche et a droite d’un élément par un autre. 337
2.2. Division a gauche et division 4 droite dans un groupe multiplicatif.. 337
245.7, CALCULA SURES PCO ALILES aor tece ahereusueag ole Guamsaei neko oe ore et on Oe 338
2.4. Calcul sur les relations d’équivalence compatibles avec la loi du
LOUD erie uatersveseteln Wir:Mecatesenptiene aiere WNeaenel een ne fener hte farvanes Rret rere 338
Jemegles) dencalcttlaspeciales: dul grompe avelienmneatianieren eet nie 339
3.1. Calcul des fractions (ou rapports) dans un groupe multiplicatif
ADEMEN ayesPare, steyecaa sos Norokes Slapeene vaste cee neR MRT otto LCR NC REE eRe 340
3.1.1. Notation fractionnaire de l’inverse d’un élément du groupe. 340
3.1.2. Calcul des composés de composés par multiplications ou
divisions portant sur des éléments ou des fractions...... 341
3.1.3. Egalité des fractions. PrOPOLUIONS at... ohn icten pee RU oe 342
OeicsiseGalcul Sure lesteCalives crn farsa teas ick eitee te ene 345
3.1.5. Calcul sur les relations d’équivalence compatibles avec la
LOI dU STOUPEs) ca.yenea eta ckn ere La ERC eee: 346
Jute .0- JCalculvexp onenticlleamya.ccce eters te ee rer Or ael Tee 347
2)..25 Calcul des exces’ dans un groupe additif.....sto..0..6.05+->
+26 me 347
3.2.1. Notations exceptionnelles d’un élément et de son opposé.
Regle des sSignes sh >t teu omer er ae eee ae 348
TABLE DES MATIERES.

3.2.2. Calcul des composés de composés par additions et sous-


PLAC TIONS Mmetepeeacre eisicrer suovehay ies afereigen nlath Sedicheiiste ous,stare: sands
3.2
SA a OALCUIMSUTAIES MEP ALLLES turer sine ers eae eet saath ae eee
3.2.5. Calcul sur les relations d’équivalence compatibles avec la
HOLE CUBA OUP Che muaset mea aor ora onoteetic ees Saha ones
Sei OnnCALCU eC esaUULL PDLeStas ctoscrte «sia -eouke wictttnoie.c ees A ews ore Pons
3.2.7. Sommes algébriques. Calcul des parenthéses............
ASS ASOT OG OY NON Geese SRS Bae oe ORO TORO TL Ee ee rae
Abesto'd DY TOTO UE)TRS oes Salsas ae She eau IO REA SONG ORG Gre RS Gn ea eee
AxSe Garacterisauionsud ams) SOUS-GTOUPC 0. vis js /e/ejoj. sonal pertains Aiea alain eters
4.3. Sous-groupe engendré par une partie d’un groupe...............
Aeolfe SOUSAROMI NOS TRENTO (IED) ISI coaetiols groan o ord ood. a'e coe adic Gidea ook
Ns CHRONO THO) TO ORE bos od om Chala Ghd 4 orcIOiG a OU TEE Canis on Oi Cn On ac SRO
5.1. Relations d’équivalence compatibles a gauche (ou a droite) avec une
NOIZASRSL OUTS mysrsen erecensus fewer yercaevchs even Neve sicher sla osfeeaibya cistedas. agesoerevece
Seale len entresles, GeuxeSOLLes G,CQuiVvalenCes «214 .01- excels oke)
Dime mecTanvalences€bSOUS-WTOUDES c, 2 «05 cc's +s css va es eon
5.2. Partitions d’un groupe déterminées par un sous-groupe..........
Omeints (Classes dcequivalenee, eu) LLANSIATIONS sn sc. tlaete ieee
5.2.2. Cardinaux des classes déterminées par un sous-groupe.
CardinalsadessdcCOMPpPOSIULONS sais tenis teleerei iene
3. Application aux groupes finis........ Weciot teolervicteaercts thsldclsuentoseuetones
4. Relations d’équivalence compatibles a gauche et a droite. Sous-
SLOUpPESACISLIN SUES. GLOUPES HSMPES erator aenedeele = ie teenie ssegeeie
5.5. Représentations ou homomorphismes d’un groupe. Automorphismes
ANCOTLS UTS hes arteeemeetet aks cisVei arate taliacte usta ucisieye aly aeteeiatame tate eid ..0'auclle
Ore GROMPCS= PLOUUlls sg. stot he atemere keReper estar eae vebon Moncue eeteeasislss oS ee cle fates
Grae erOCUILESY CITC CES Aceow.geudctesntertonens ther Moloterscteleretenttn heme erAMER AMEE ovendicen
Grea PEE CIM LO GUC eee cepsksreee eonsa Melceuetebatisosecaks raeuonsnsches sin Weems ete vetaeemaKersleieus
623-. Decomposition) dun: groupe en) produit: directs. o.com is
7. Immersion d’un monoide abélien et partout régulier (non vide) dans un groupe
Abelien meNNCOneIMCe Ce SHINELL USGL LOM . momstew te welel teusioe Testor -Palce- ieee oned te sheet
Sap GROUP CSMUGOPERALCULS hitstale tebe ste otolalieta a ehsesie usteave, vii)one's Toear skews Aue Nevers La soca

CHAPITRE VI.
ANNEAUX.

MDE FiTUILLOMS CetmeLEIN PLES | x cbe ssiotehe een knee eI eae eds oe RSet meget ae aloye! 389
DEM COICSRACHCOLCIL CANS: Ul ANMEAUQUCLCOTLOILE sreierer) retake ayeteneer sens oyinst «aie
Det VWULtiples et Civiseursa (a sallche,uds GhOLLC)ecuseiarle chraitstsisiciare > -relels
2.2. Dans tout anneau, l’élément nul est élément absorbant pour la multi-
POI Ny ro os. da. Samo Gods Gon On Odeo ane ene camo anls 4
2.3. Régle des signes dans un anneau. Distributivité de la multiplication
DAlagapPOL ce awla ssCOUSCLACLION roca tense: tliat eae eae: (ora oe
Dee DIVASCUIS KdenZCLOs ANC AUX aCANCCOTILC herons tetera sire Memento ime) ote
ZrO OLMUleS gen cralesede yGISCCLD UCIVICG materaieGiaricashs a tacit atte eae eeres
2.5.1. Formules concernant le produit d’un élément par une somme
et le produit d’une somme par un élément.............
2.5.2. Formules concernant le produit d’un élément par une somme
algébrique et le produit d’une somme algébrique par un
ISITETiras clone Oo n Gro DOGO DOOD DEO Pou. o die 2
516 TABLE DES MATIERES.
Pages.
2.5.3. Formule concernant le produit de deux sommes........ 397
2.5.4. Formule concernant le produit de deux sommes algébriques. 398
2.5.5. Formule concernant le produit de plusieurs sommes.... 398
256. LEXtensiomvauxs Partlesy 2 Mas warepeet maine eee eee ee soko raeeate ener a eae 399
Qi iesCalcul; EXPOMeNeLe] sha... c% atotsi teleletters Tokens ore eveteNe aie oe eter tet eenctcen ees 399
2.cesGalcul sur Jées-egalites. et Surmles CONSEWENCES - 1 «isis chalet ean eeerenrielers hoo
3. Régles de calcul spéciales a un anneau commutatif. Identités remarquables...... hoo
4, Régles de calcul spéciales & un anneau commutatif unitaire. Expressions
CHIVELD) CAS ARR, A 2 ae en Net ae eer has TN CCE au SOONER EO PROMO: Aiea cies AE, Bsc 4o2
A ret) CLLMLEL ONS deter coe onc oynia aMS SMeaes es aha ee erroll edgeleonal erate ceratures eel 4o2
Aero aGACH CSE NP LESSLOM SmCILLCTO Sir sigeteps characsieges he lees Wear clhestes metonnats hoa
APS XE CUGTIONS GES EXPRESSIONS. CHULCLES cia ty ieee ciete renee odes et ater eee) 4o2
4.4. Ordination des expressions entiéres réduites. Degrés............. 4o3
4.0. Cas-des expressions “entiéres 4 une seuletbasey.<...-..-...20.-56. hod
OT BSOUSHAMMEQAUG .:«erence hei ereiers hal NG, SO SUEDE gucane OPRUSES REeRe EMA enaNes ota Vardcus onaavele care 4ok
Sets cL
OLMUCLOM - 2 Paie a ciao aha arene, 3)snags, otnone aloes omen ater RUaero usliooyel edotiat eee eeA nee 4o4
OD. CATACLELISALLONS id UN SSOUS“AMICAU, .wejcatc cet > ame lecbeestcame tater iat meee 405.
5.3. Sous-anneau engendré par une partie d’un anneau.............. 4o6
Dp ee WOUS-AMMCAUX Le Mlar WAM leGea reeds letelel teakat hod elites acliet dictoketenet eee TA 4o6
5.4.1. Le Centre Z d’un anneau A est un sous-anneau commu-
tabi DAN es ie te ctor wetn sre etener cows Nakata onfore saatecaeaee a eens 4Lo7
5.4.2. Sous-anneau engendré par l’élément-unité : e........... 407
Go LCC AG < eporinete ieetate Gree are)SloFa,ets ioelaver wie¥anielor skews tencunganeeeye: «ios) ahelter LOR ae ee arene 4o7
Gar. DehinnitOoneesueres
eas RS IA ioe HO AE CO EN OR DOCG Cee Ce 4o7
6.2. Caractérisations des idéaux, a gauche, a droite, bilatéres........... 408
6.3. Idéal (A gauche, a droite, bilatére) engendré par une partie d’un
ANIC AUG 4 oesteis sage Matera eare(e «atocacere a oraOhaleteieeea ts= 10eisai eee peneRecep es hog
624. ldéauxsremarquablesin. er .rsina stem tems tie. a seelaicke a)akells oe etsteerer ce tas 412
Wee ATITIC
AUC =QUOLLETUES oar taiioeerasiake ata,’0Teds SNe) Reo lepezencseaeybigie ©)sD eycae ene Sakae 412
7.1. Congruences a gauche (ou a droite) dans un anneau................ 413
7.2. Partition d’un anneau déterminée par un idéal 4 gauche (ou a droite). 415
Taos CONSEUENCES: GANSeUM MANN CAU shea mrareitl erstcierto olenclte serene terest maces ere 416
7.4. Représentations ou homomorphismes d’un anneau. Automorphismes
ITICELTOUITS |.ficterny «15:5 10soracle toses aeehcLose eee eae nem teenie oraleee ae 416
SEANILC
ULL PLOAULUES Sedans eves she wicca eae MeesiR ue are aro anete cht elosa anNaicae ace ectees Arq
Sze, GOMPOSES ACITECLSh eee aeclans uaone cetaeteie Serene renee stare SObsinpeMncorciate 418
Sr FRECIPFOQU Ga eae tere yscenoraca tava shopmene ake o crater sue orenetelcual areal) eaclents Gneaeeteee 419
8.3. Décomposition d’un anneau en composé direct.................. 420
Dm eroplemes dewprolongement. ely A UnUnerstota. sitesi sons) «eid cite aete telele eere hor
Jet. brolongementdeda-imul tiplicatlonerst-tar ta sete. oh- picicloaleiereteie
erieteete 423
Osu ts UMetendi prolongemen tra) a oe cite le seule a ichenenienace eee 423
OT Eases kIStENCEEGUY DLOLONGENIeN tryie ney aan eel ene eee tee 4ho4
9.2. Prolongement de l’addition. Anneau des fractions (ou anneau des
CUOLIEnES Nagin anneal COMMMIUATIT A ieee chet crseiere cemene aimee 42d
OO OmMCiLen dit Prolongementtcesorsmser
cies checitbel Gaertner tones 426
OP oROEXISLENCE UCU PrOlLONZEMEN cw. utc me Mercurie eee ee ere 426
9.3. Extensions quadratiques d’un anneau commutatif unitaire....... 428
OFoatenibremiere: partie desl: ebuderna cw ites rector erent 428
Oponoe SeCcOnde partie del CtuGemsmamicie metres festa airane 430
MN ANERC AIL EA ODEROLEUTS ue ssc). 00 tale ool allen araeets aiserduis nereyae ea re ieee eee 432
TABLE DES MATIERES. 519

CHAPITRE VII.

Corps.
Pages
Le) CTURUCLOLIS MCL ECL ETI
D CS sree Meena ey aoualee err eE re asia ee he ega Seape aUaee Ga a Seat es 435
reel eCQLES UCR COUCIIING OS CUTE MCOLSO QUCH Carcieri eps intialsiere tis = acoyeresseete Senos patoes 436
oe hegles=de=caleuldans n= Corps COMUNULAETT ocr 30. s w crern are Siete ss a ay Shel 436
3.1. Distributivité a4 droite (et non a gauche) de la division par rapport
PING
Velinh iipinantunieayry cereale ne wer icrc crc Biomech oeecar S OeSoar eRe Re 437
SPOR Cole 7deSuSIBNESSPOUMs Mee CLVISIOM ere cteterdnse comtetote cele ee vucieicte are oceont te 439
3.3. Distributivité a droite (et non a gauche) de la division par rapport
CMI ASSOUSLLACEION mensmme ao na reste susie cestecn obecitene eenerarersac oie,¥ sue sisted 438
3.4. Formule concernant le quotient d’une somme algébrique par un
CL CTINGTibeste seentescc heat steerer Tacs tain heneeoteae anroitRNA creette cons oat -e foeA eice 438
3.5. Calcul d’une somme ou d’une différence de deux fractions.......... 438
SeOGY PLESSIOMSHLALIODINGL LES epcpee tere sectornsntkcpeeertaceadeeraliay
Shove neutaeve wiraie.s Sirol 439
Se peCAlCUSU TEES COANECS eemaastanmiss aucaet atte eatenier gerne, ote epene apcacey eerste tyeuieae 439
ASE SOULS
=COLDS ota eeepc ta Pema ceTOAS ONG cae GeaferSis selMolto e Sueppee oe Colggs’ oes shorsta Mea eae eee 439
AP rome) CHLLTLL BLOM areetcreearses ees Gavat ap csyeecaveG Caterer astarens eases, ake so Slats, Oem tenes 439
AN sa]CALACUELISALION CaN aSOUS=COLPS scans oushaker shou lesa:jrus sr» eosle etavare. ans saute 439
4.3. Sous-corps engendré par une partie d’un corps.................. Adi
4.4. Sous-corps remarquables. Sous-corps premier. Caractéristique........ 442
4.4.1. Constitution du sous-corps premier d’un_ corps
Quelconque Kao ciet. otis bce stir c aiotsie ORpedataatele ee ws os Aho
AE Oe GATACECTIS ELUM COLDS eeapetoecis aie cts1s\lsrel aes lieecte ais) eros7ee 4h3
reel LOCUM le LIVE COT: )S)kacriss <ineseonetas oe netinta wou io Raza Sa Neeeehas Natoalabesetlcisrtedlepe emeepan eeof sole! setae 445
GRECO ORISEQULOLLCT) Pee ertere nc 8s Cone Megtee keen eetea treachscreeners sisi stetetetorereieittee: oea:'s. «eres 445
ee EOC UES LEMCORDSig,Wesx.2 taleushe eheie persuene entgeae (ose Ss torohojo apie eoseee Evo abSeca oN S onapontys 445
Sue Problemesedes proloigement Cbd UmINerslOrme si, seeeecee soaenchants
aesocd oe 446

CHAPITRE VIII.

Mopbu.Les. ESPACES VECTORIELS. ALGEBRES.

pln LOULLLES meetin ove Rene ten eresya eet sses sewrestate ores eros SI Meso St cece Aho
GUST BYSRGVan (0)0 eemiewe mysa Aalst chrecec NAT Sh peas Sets ee, SAICaen, Cae 4hg
deo aeCALCU IGIIT GAIT Cag cso a ceaweteren ts. ee one0 sheainllonoceieetepegeheneisiot
s\e:'eva arsislsGame 4d1
1.2.1. Produit d’un vecteur quelconque par le scalaire nul..... 451
1.2.2. Application de la régle des signes dans un A-module.... 452
1.2.3. Distributivités de la multiplication par un scalaire...... 452
eoey i) Combinaisonsmineaine Sire eget eee roaster eee -c. cho 452
By IO OEGOS: WHOA BS. cpsoco cco Po tomo oeeebb coos Sab eopeoteone bsos0 mobos 453
PEN oi DLASLOT
UIY NEE, oor Bence Rae CuO Or Pao Ont CARS yhoo ose 453
27> Galculelineaine danseun espace. vectorieli: 4... 24-. oe 453
By CAGES oda oo ha Rae OO iO Oe orien lao Otic PRC EIEIO Oso ole eae 454
Bis es DC LIMUELON < Basten uecrsncle sie ode ote Reece Joe e vaio: shlone) Scie oe omtrahen Pema erations 454
SeoGalculedanssinesal geDre zea: crsctestetes oieesske cus clbis 2 co aietertfo cus sterae stayeye 456
518 TABLE DES MATIERES.

CHAPITRE IX.

STRUCTURES ALGEBRIQUES ORDONNEES.


Pages
he Monetdes sordonnes:.-2%ee.g csc vidio. te Wey nS eae. nee SeeOsOSM A See PRS Te aaa 459
Bet. DE TMICIONS ccois54 cower o acctore oe sates te, RTL aote cele are cree Ra enence 459
1.2. Calcul sur les inégalités dans un monoide ordonné.............. 458
Dew GROUPES “OLA ONTIES sees ahssalieause te)sw ecayial canon Oyohafarsa ueseyes casdavenel ) eesgareaoimhareas shovels 460
Zee LeeeD) OFITMTUCLONN hm cecue erantas hae. «ieee Se catalase) sCaks ayswekeyBrakollese Rareiane eel aegevenere tens 460
Din DmOALCUIN GANS LUI aSLO UPC OL GOL Cetoretereteiate leo)ate ia isieeRaiemeieseatiena
stele skate 460
2.3. Caractérisation d’une relation d’ordre compatible avec une loi de
groupe abélien. Eléments positifs. Eléments négatifs............. 461
PAB Heycan Det oh LO) he eee eS eeimo omictn Ache cand & Hd Obeerwci aod ae 461
DEO, AeG NASH CS MONG B COIN SRT saa dAon ood Moe Lb aga i 461
2.3.3. Caractérisation d’une relation d’ordre compatible avec
Ladditionsd:un sroupe,ordonneGs ess) etal aelaciee i its 462
2.3.4. Bornes supérieures et bornes inférieures dans un groupe
OY COMME. a)58 oofeae yc; ena © Shedeusuat treks: tuese siclieanl A oweresetn Petes 464
Die Ogre aTOUDESs LELICUIES «cc reas eof vyece.shea sie enavelcyene cae, skslemeietcors aie 464
AS DENNITLON Saye erection ances hes cn oice em ctor 465
Db. SPLOPriclLésaseneraleswrceecy-ccherverercmee teeters eee Borers 465
c. Partie positive, partie négative, valeur absolue d’un
élément idm Sroupe=veticulé ems ic. ee 2 roc toda 466
ASPPLOPLIGtES UpAaTLICULICLES cnctete ters eo ot-toiaicr ete ere eeeenes 466
2.4. Prolongement, au groupe symétrisé, d’un ordre total compatible
avec un monoide abélien et partout régulier................... 470
Sew ATURE AUX OG OTUIES ote votre tenlenanhs sfxclene ceee ndehedonerstolene lhe cele eae eee tehede depels Aqt
spp ome DISPUT
ENN COLOhs Besrecpiaeec ch ering Cul sur ner OR RONENS Te COE OIEAIE 0 Oleic oh So. 471
3 ne gle des ESIONes (dans UN TANNCAW OLGOMME tele ele ac lelslereeenensiote arts ct 472
3.3. Propriétés caractéristiques de l’ensemble P des éléments positifs.. 473
Ane GOTPS OLGOMMES re oterepens: ayn e iehiere sors cates ks,ae Capea oe mraay6)tes, =,Sie ake,Tams eV eRe 473
At. ~DELNIUON Me oohecesecsie, casieug ie be irasiote act eeaeto alone ete Ok ne ere Tel eae 473
An. eglendes:signes dans Un sCOLpSs OFdODNE 4. em cers). ie ee eres 474
4.3. Caractérisation des éléments positifs et des éléments strictement
Positilssdans:- Un .CorpsOrGOnnes str, mc. yais eye Peete eine aeons 475
4.4. Prolongement, au corps des fractions d’un anneau d’intégrité, d’une
structure d’ordre total compatible avec celle de l’anneau......... 475
SeePE! Sp)LCOS VECLOTIELS (OLUONIUS meh anctet ofits) crete aeeieha ote leclever re) oe eterteh tere 477
Date DETMILIOMCan 4 «ayers, ctor ta tnee eee ea cine ees aussie oeeher sole Cities Ameren 497
5.2. Régle des signes dans un espace vectoriel ordonné.................. 478
5.3. Propriétés caractéristiques de l’ensemble P des vecteurs positifs..... 479
CORDES inane So 0 ood ERGs + 5 oCm bo tans OG TOO Gon ONOmN OMICS Go acs 6 481
INDEX DES (NODATIONS LED DEFINIDIONS\, « ois se) oleuesus- euescteicreicierei elsce gielielolek eine 489
PRABEE) DES MAD TORES sure 70) esol tetas aha efele heterolayaheae Paieies acetone evens coercesoe) econ 503
PARIS — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS

QUAI DES GRANDS-AUGUSTINS, 55

170262-68

Dépét légal, Imprimeur, 1968, n° 1803.


Dépét légal, Editeur, 1968, n° 1495.

ACHEVE D’IMPRIMER LE 20 MAI 1968.

Imprimé en France
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