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COLLECTION DITO

Maurice Allais
Prix Nobel de Sciences économiques

Les fondements comptables


de la
macro-économique
Les équations comptables
entre quantités globales
et leurs applications

PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE


ISBN 2 13 044239 0
ISSN 0763-9538
Dépôt légal - 1re édition : 1954
ze édition : 1993, mars
© Presses Universitaires de France, 1954
108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris
DU M:Ë:ME AUTEUR

PRINCIPALES PUBLICATIONS*

1943 A la recherche d'une discipline économique, Première partie : L'économie


pure
Première édition, Ateliers Industria, 1943, 852 p., et Annexes, 68 p.
Deuxième édition, sous le titre : Traité d'économie pure, Imprimerie
Nationale, 1952, 5 vol., in-4°, 984 p. Cette seconde édition ne diffère de la
première que par l'addition d'une« Introduction à la deuxième édition»,
63 p.
Troisième édition, sous le titre : Traité d'économie pure avec une« Intro-
duction à la troisième édition>>, Éditions Clément Juglar, 1992.
1945 Économie pure et rendement social
Paris, Sirey, 1945, 72 p.
Seconde édition, Éditions Clément Juglar, 1992.
1946 Abondance ou misère
Paris, Librairie de Médicis, 1946, 120 p.
Seconde édition, Litec, 1992.
1947 Économie et intérêt
Paris, Imprimerie Nationale et Librairie des Publications officielles,
800 p., en deux volumes.
Deuxième édition publiée avec un Avant-propos, Éditions Clément
Juglar, 1993.
1949 La gestion des houillères nationalisées et la théorie économique
Paris, Imprimerie Nationale, 1953, 126 p. in-4°.
1954 Évaluation des perspectives économiques de la recherche minière sur de
grands espaces. Application au Sahara algérien
Alger, Bureau de Recherche minière de l'Algérie, 1957, 102 p.
1959 L'Europe unie, route de la prospérité
Paris, Calmann-Lévy, 1959, 370 p.
1960 Les aspects essentiels de la politique de l'énergie
Paris, Imprimerie Nationale, 1961, 74 p.
1961 Le Tiers Monde au carrefour. Centralisation autoritaire ou planification
concurrentielle
Les Cahiers africains, vol. 7 et 8.
Bruxelles, Éditions des Cahiers africains
Seconde édition révisée, Éditions Clément Juglar, 1992.

( *) La présente bibliographie se limite essentiellement aux publications d'ordre


monétaire. Pour une bibliographie étendue, voir ALLAIS, Autoportraits, 1989, p. 111-146.
VI LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

1963 The Role of Capital in Economie Development


Publié dans le volume Le rôle de l'analyse économétrique dans la formù-
lation de plans de développement
Pontificae Academiae Scientiarum Scripta Varia, 28, Pontifica Aca-
demia Scientiarum, 1965, vol. II, p. 697-1002.
Seconde édition, Éditions Clément Juglar, 1992.
1965 Reformulation de la théorie quantitative de la monnaie
Éditions S.E.D.E.I.S., in-4°, septembre 1965, 186 p.
1967 Growth without Inflation
Tokyo, Center for Modern Economies, Rikkyo University, 1968, 86 p.
1968 Growth and Inflation. American Bankers Association, Conference of
University Monetary Economists, Ditchley Park, 10-13 septembre 1968.
Journal of Money, Credit and Banking, août 1969, p. 355-426 et 427-462.
1970 La libéralisation des relations économiques internationales. Accords com-
merciaux ou intégration économique
Paris, Gauthier-Villars, 1971, 196 p.
Seconde édition, 1992.
1974 L'inflation française et la croissance. Mythologies et réalité
Paris, Association pour la Liberté économique et le Progrès social, 1974,
120 p.
Seconde édition, Éditions Clément Juglar, 1993.
1974 The Psychological Rate of Interest. Journal of A1oney, Credit and Banking,
août 1974, p. 285-331.
1976 L'impôt sur le capital et la réforme monétaire
Paris, Éditions Hermann, 370 p.
Seconde édition, 1988.
1978 La théorie générale des surplus
Première édition, Économie.s et sociétés, Paris, janvier-mai 1981, 2 vol.,
718 p.
Seconde édition, Presses Universitaires de Grenoble, 1989.
1984 The Credit N.lechanism and ils Implications. Contribution à l'ouvrage
collectif : Arrow and the Foq.ndations of the Theory of Economie Policy.
Edited by George R. Feiwell, p. 491-561, MacMillan Press, 1987, 758 p.
1985 The Empirical Approaches of the Hereditary and Relativistic Theory of
the Demand for l'vloney. Economia della Scelte Pubbliche. Journal of
Public Finance and Public Choice (Fondazione Luigi Einaudi), 1986,
p. 3-83.
1987 Les conditions monétaires d'une économie de marchés. De la réflexion sur le
passé à la préparation de l'avenir
École nationale supérieure des Mines de Paris.
Seconde édition avec un Post-scriptum, Éditions Clément Juglar, 1993.
1989 Autoportraits
Montchrestien, 1989, 150 p.
1990 Pour l'indexation
Éditions Clément Juglar, 1990.
1990 Pour la réforme de la fiscalité
Éditions Clément Juglar, 1990.
1991 L'Europe face à son avenir. Que faire?
Éditions Robert Laffont et Clément Juglar, 310 p.
1993 Scientific Papers on Risk and Utility. Theory, Experience, and Appli-
cations
Kluwer Publishing Company, 1 000 p.
INTRODUCTION
A LA SECONDE EDITION

L'objet de cet ouvrage qui se place dans un cadre dynamique est d'éta-
blir d'une manière rigoureuse et synthétique à partir de la sommation des
différentes comptabilités élémentaires les principales relations d'ordre comp-
table existant nécessairement entre les quantités globales habituellement
considérées en y incluant la masse monétaire el ses composantes.
C' esl là ce qui constitue l'originalité de cel ouvrage au regard de ioule la
lilférature sur la comptabilité nationale. Tout ce travail est en effet centré sur
les aspects économiques et monétaires des flux de valeur et leurs relations
avec les variations de la masse monétaire, notamment de la monnaie scrip-
turale (1 ).

L'ouvrage comprend deux parties : la première consacrée à l'établisse-


ment des relations macro-économiques essentielles, la seconde à des appli-
cations.
La Première Partie comprend trois chapitres portant sur les comptabilités
élémentaires, le cas d'une économie sans activité étatique, et le cas général
d'une économie comportant une telle activité. Toutes les- relations macro-
économiques sont déduites de la sommation des comptabilités des parti-
culiers, des entreprises, de l'État, des banques et de l'Institut d'Émission (Bilan
et Comptes d'exploitation). Partout les implications des variations de la masse
monétaire et de la monnaie scripturale apparaissent de manière explicite (2 ).
La Deuxième Partie applique les relations obtenues à l'étude de diffé-
rents aspects du fonctionnement de l'économie : signification économique de
la comptabilité des entreprises et du revenu national, liaison du capital et du
revenu, analyse dimensionnelle, monnaie et crédit, épargne et investisse-
ment, liaison entre les profits et les variations de la masse moné~aire, fonde-
ments de la macro-économique. Dans tous les cas, l'utilisation des relations
générales établies se révèle être d'une remarquable fécondité.

( 1 ) Cet ouvrage a été conçu et élaboré pour répondre à un certain nombre de questions
que je m'étais posées (notamment quant à la liaison entre la comptabilité nationale et les
variations de la masse monétaire) lors de la rédaction des chapitres IV et VIII, " Intérêt,
capital et capitalisation " et " Intérêt et monnaie "• de mon ouvrage Economie et intérêt
de 1947 (pp. 57-90 et 229-422), et auxquelles aucune réponse satisfaisante n'était donnée
dans la littérature.
Sur la conception générale de l'ouvrage, voir le Sommaire et l'Introduction générale
(pp. 1::.8). Une vue d'ensemble des concepts considérés et des relations les plus importantes
obtenues est donnée au début du Sommaire (pp. 1-3). Voir également les tableaux d'en-
semble I, II et III, pp. 25 et 44-47.
( 2 ) La mise en équation de l'activité bancaire offre des difficultés particulières (voir com-
ment la question a été traitée § 13, 15 et 16, pp. 14-17).
VIII LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

Dans son ensemble, ioules les contributions de cet ouvrage comme sa méthode
sont toul à fait originales. Celles qui me paraissent les plus suggestives sont les
suivantes :
application de l'analyse économique dimensionnelle à la théorie du capital
et aux relations macro-économiques (3 ) ;
théorie de l'épargne et de l'investissement (4 ) ;
théorie des bénéfices inflationnistes et des pertes déflationnistes (5 ).
Puis-je enfin indiquer que dans tous mes travaux ultérieurs d'analyse
monétaire la considération de l'ensemble des relations de cet ouvrage m'a été
extrêmement utile.

(3 )Pp. 62-66.
(4 )Pp. 68-71. Il est démontré que l'égalité keynésienne de l'épargne et de l'investis-
sement est inexacte, et qu'en fait l'investissement est égal à l'épargne augmentée des inves-
tissements des entreprises résultant de l'autofinancement et diminuée de l'accroissement des
encaisses des ménages. Cette démonstration constitue probablement la meilleure illustration
de la méthode suivie.
( 5 ) Pp. 71-81.
« La science est un système de relations. »
Henri PoiNCARÉ (1).

« La science a pour but principal de dégager d'une


masse de faits particuliers quelques principes généraux
et, pour cela, il faut absolument qu'elle fasse abstrac-
tion d'une foule de détails. Elle emprunte à la pratique
ses observations et en fait la synthèse. Reprocher à la
science l'abstraction, c'est lui reprocher sa raison
d'être.»
Vilfredo PARETO (2).

«Le rôle des symboles mathématiques est de guider


nos pensées dans le t;OUrs fuyant et compliqué du rai-
sonnement. Le langage ordinaire peut habituellement
traduire les premiers axiomes d'une science et souvent
aussi les conclusions définitivement acquises, mais ce
n'est que dl- la façon la plus imparfaite, la plus obscure
et la plus pénible qu'il peut nous guider à travers le
dédale des déductions.
Stanley JEvoNs (3).

(1 ) La Valeur de la science, Flammarion, 1927, p. 266.


( 2) Cours d'économie politique, Rouge, Lausanne, 1896, t. I, p. 120.
(3) Théorie de l'économie politique, Giard, 1909, p. 20.
PLAN GÉNÉRAL

Para- Pages
graphes

Sommaire • . . . . . . 1
Introduction générale . . 1 5
I. - Les relations comptables entre quantités globales
1. - Les comptabilités élémentaires . . . . . . . . . . 11 11
2. - La sommation des comptabilités élémentaires dans
le cas d'une économie sans activité étatique. 23 27
3. -Généralisation au cas d'une économie étatique 53 48
II. - Applications.
1. - Théorie de la comptabilité des entreprises 57 53
2. -- Théorie du revenu national. . . . . . . 58 54
3.- Théorie du capital et du revenu. . . . . . 66 59
4.- Théorie de l'analyse économique dimensionnelle. 71 62
5. - Théorie de la m,onnaie et du crédit . . . . . 78 66
6.- Théorie de l'épargne et de l'investissement. . 83 68
7.- Théorie des bénéfices inflationnistes et des pertes
déflationnistes . . . . . . . . . . 85 71
8. - Théorie de la dynamique économique . . 99 82
Index . . . . . 85
Bibliographie . 87
Table des matières . 89
SOMMAIRE

L'étude qui suit se propose d'établir d'une mamere rigoureuse et


synthétique à partir de la sommation des comptabilités des diffé-
rents agents économiques, consommateurs, entreprises, banques de cré-
dit, institut d'émission et État, les principales relations d'ordre comptable
existant nécessairement entre les quantités globales habituellement consi-
dérées et d'essayer de montrer les multiples applications de ces relations,
notamment à la théorie de la comptabilité, à la théorie du revenu national,
à la théorie de la monnaie et du crédit, à la théorie du capital et du revenu,
à la théorie de l'analyse économique dimensionnelle, à la théorie de l'épargne
et de l'investissement, à la théorie des bénéfices inflationnistes et à la théo-
rie de la dynamique économique.
Les principales grandeurs considérées sont les suivantes (1 )
eN = Capital national. 24
Cn.r = valeur des immobilisations. 11 et 23
C:E = valeur des stocks disponibles pour la vente. 11 et 23
Par = plus-value des immobilisations. 17 et 24
ArM = amortissement des immobilisations. 17 et 24
P:E = plus-value des stocks. 17 et 24
A:E = accroissement des stocks. 17 et 24
aN = somme des actifs nets. 11 et 23
BB = montant global des bénéfices bruts. 18 et 41
B = montant global des bénéfices nets. 18 et 40
RE = revenu national d'exploitation. 14 et 23
ReND = revenu national d'exploitation non distribué. 14 et 33
RN = revenu national. 37
P = valeur globale de la production. 18
PF = production finale. 35
PFR = prix de revient de la production finale. 45
RD = revenu distribué. 26
= taux d'intérêt pur. 18
S = salaires. 13 et 26
F = montant global des fournitures d'entreprise à entre-
prise. 13 et 31
V = montant global des ventes des entreprises. 13 et 31
1 = intérêts du capital national. 43
(1) Nous indiquons au bout de chaque ligne le paragraphe de notre étude où la défi-
nition précise de ces grandeurs se trouve donnée.
2 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

In = intérêts distribués. 13 et 26
An = amortissements distribués. 13 et 26
Dn = dividendes distribués. 13 et 26
Re = valeur de la consommation. 27
RP = montant des placements. 13 et 28
Rr =valeur des investissements. 13 et 24
RIA = auto-investissement des entreprises. 33
Es = épàrgne spontanée. 47
M = circulation monétaire globale (manuelle + scriptu-
rale). 9
Mx = disponibilités monétaires des individus. 9
Mp = disponibilités monétaires des entreprises. 9
MM = quantité de monnaie manuelle en circulation. 9
Ms = quantité de monnaie scripturale en circulation (mon-
tant des comptes créditeurs à vue des banques). 9

Les relations les plus remarquables liant ces grandeurs lorsque l'on consi-
dère l'État comme une entreprise particulière sont les suivantes (1)
(1) eN = CxM + C:E (100)
dCxM
(2) ( i f = PxM- AxM + Rx (102)
dC:E
(31 (if = P:E + A~ (103)
dCN
(4) (if = Rx + (PIM- AxM) + (P:E + A:E) (104)
(5) Rê = V - S - F - In (125)
(6) B = (PxM- AxM) + (P:E + A:E) + Rë -iaN (157)
(7) Ba = (PxM- AxM) + (P:E + A:E) +RE (160)
(8) RN -- R c + dCN
dt (145)
(9) RN=S+I+B (168)
(10) RN= s +ID+ BB (169)
(11) RN= PF + PxM - AxM + P:E (147}
(12) V=Rc+Rx+F (122)
(13) P=V+ A:E (139)
(14) PF
= P-F (140)
(15) PF= Re + Rx + A:E (141)
(16) PFR
= S + I + AxM (177)
(17) I =In+ iaN (166)
(18) = S + In + An + Dn
Rn (110)
dM x
(19) Rn=Re+Rp+& (116)
(20) Rn =Re+ Es (183)
(21) Rx =Es+ REND (187)
(22) Rx =RP+RxA (128)
(1) Nous indiquons après chaque équation le numéro d'ordre de l'équation dans le texte.
SOMMAIRE 3

dM dMP
(23) Rr = Rp +REND+ dt-Ti (132)
(24) RE = Re + Rr - S- Io (126)
dM x
(25) Rs = Ro + R1A-S- Io-df (130)
(26) REND = RE-Ao-Dn (131)
(27) M = M~r +Ms (29)
(28) M =Mx+ Mp (30)
Bien que l'analyse présentée puisse apparaître à première vue comme
relativement longue, elle paraît avoir l'avantage de rassembler et
de démontrer d'une manière synthétique un très grand nombre
de propriétés dont 1' exposé d'ensemble se trouve par là mêm~ consi-
dérablement réduit.
Il n'est guère possible de résumer les résultats obtenus dans les appli-
cations qui sont faites des relations trouvées aux différents ordres de problèmes
indiqués, car le texte n'est en lui-même qu'un résumé. Toutefois, il paraît pos-
sible de dégager parmi les conclusions les plus importantes les points suivants :
1° La sommation des comptabilités élémentRires conduit à des relations
bien précises entre les différentes quantités globales, mais cette étude est
manifestement bien plus complexe qu'on n'aurait pu le penser à priori.
2° Les définitions de grandeurs globales utilisées par les théoriciens du
revenu national, qu'il s'agisse du produit national brut, du produit national
net ou du revenu national, ne paraissent pas satisfaisantes en ce qui concerne
la manière dont il convient de tenir compte de l'activité étatique. A ce
point de vue, la théorie actuelle du revenu national devrait être repensée.
3° La fameuse relation I = S d'égalité entre l'épargne et l'investisse-
ment ne saurait être vérifiée que si l'on donne aux notions d'épargne et d'in-
vestissement des sens qu'elles n'ont pas habituellement.
4° Il n'y a aucune relation nécessaire entre le bénéfi.ce global d'une col-
lectivité et l'accroissement global de la quantité de monnaie en circu-
lation (monnaie manuelle + monnaie scripturale) ou la diminution de la
préférence pour la liquidité.
5° Les relations comptables existant entre les quantités globales ne sont
pas suffisantes à elles seules pour déterminer l'évolution économique. Il
faut pour arriver à ce but se donner de toute nécessité d'autres relations, des
relations de structure et des relations de causalité, à choisir judicieusemen~
compte tenu de l'expérience, mais les relations comptables entre grandeurs
globales constituent des conditions de liaison nécessairement vérifiées à tout
instant et à ce titre elles doivent constituer le point de départ nécessaire de
tout modèle de macrodynamique économique.
6o Les applications des relations trouvées sont extrêmement nombreuses
et elles constituent un outil d'analyse dont la fécondité n'a d'égale que sa
nécessité. Il est vain d'espérer arriver à fonder sans elles une théorie éco-
nomique efficace.
INTRODUCTION GEm!RALE

1. Pour l'essentiel l'étude qui suit a été rédigée au printemps de 1945 ; sa


présentation seule qui tient compte de plusieurs années d'enseignement et de
nombreuses discussions de séminaire a été modifiée (1). Telle qu'elle se présente,
elle est encore très imparfaite et incomplète et elle nécessiterait de nom-
breuses modifications et additions.
Toutefois le mieux est l'ennemi du bien. Aussi nous ne croyons pas
devoir différer plus longtemps la publication de cette étude, car quelqu'im-
parfaite qu'elle puisse être, elle peut néanmoins rendre de grands services en
mettant à la disposition des économistes un puissant moyen d'analyse et de
recherche.
Nous espérons que les observations et suggestions qui nous seront faites
pourront nous permettre d'y apporter tous les perfectionnements que nous
souhaitons.

2. Notre étude a un double but:


a) Définir de manière précise les concepts essentiels permettant de
raisonner sur les flux de revenus à l'échelle nationale (consommation,
investissement, épargne, etc.) et établir de manière rigoureuse et en
partant des comptabilités élémentaires les relations existant néces-
sairement entre les différentes quantités globales ainsi définies.
Un tel travail apparaît comme indispensable si l'on considère l'immense
floraison des relations globales qui ont été proposées depuis la publication
du Trealise onMoney de Keynes en 1930 et dont certaines apparaissent pour
le moins comme hautement fantaisistes. Quiconque s'est penché sur cette
question a senti se manifester en lui l'impérieux besoin de voir clair et de
distinguer nettement d.'une part les relations qui doivent être considérées
comme nécessairement vérifiées et d'autre part les relations purement hypo-
thétiques à soumettre au contrôle de l'expérience.
b) Montrer la fécondité des relations obtenues en les illustrant
par .1' examen de quelques questions manifestement fondamentales :
1° La signification de la comptabilité et la liaison entre eux des princi-
paux comptes : bilan, compte d'exploitation, compte « Caisse et Ban-
que >> et compte << Profits et Pertes '';

( 1 ) La présente note a fait l'objet de quatre éditions miméographiées successives :


juillet 1945, septembre 1950, novembre 1951, et mars 1952. Ce n'est que pour des raisons
purement financières que l'impression en a été retardée jusqu'à ce jour. Qu'il nous soit per-
mis d'adresser ici l'expression de notre reconnaissance au Centre National de la Recherche
Scie~tifique dont le concours a seul permis la publication de cet ouvrage.
6 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

zoLa signification des princjpales grandeurs utilisées par les théoriciens


du revenu national et la nature des relations qui les lient;
3° La signification et la liaison des concep~s de capital et de revenu;
4° La nature dimensionnelle des principales quantités globales et les
effets d'un changement d'unité de valeur d'une part sur les mesures des
grandeurs et, d'autre part, sur les relations qui les lient;
5o L'analyse du rôle de la monnaie et du crédit dans le mécanisme éco-
nomique;
6° La liaison entre l'épargne eL l'investissement qui a donné lieu dans
la littérature anglo-saxonne à de.s développements si étendus et en réalité
si peu satisfaisants en rai.son surtout de leur imprécision constante ;
7o La liaison entre Papparition de bénéfices et de pertes dans la comp-
tabilité des entreprises et les conditions inflationnistes ou déflationnistes de
l'économie et la tendance des bénéfices et des pertes à se compenser lorsque
l'économie est monétairement neutre (1);
so La liaison entre l'évolution économique et les liaisons comptables
qui la conditionnent.
3. Cette étude ne vise pas à épuiser le sujet. Elle se propose simplement
de fournir .au lecteur quelques relations absolument certaines, quelques
points de départ solides qu'il pourra par la suite utiliser en toute tranquil-
lité pour l'analyse des problèmes économiques qu'il se proposera de résoudre.
Notre but est avant tout de fournir à l'économiste un instrument de
traYail, un outil d'analyse, qui, s'il est convenablement manié, se révélera
eomme extrêmement puissant.
4. Bien que les questions étudiées aient à priori l'air assez élémentaires et
que certains des développements donnés puissent apparaître à première vue
comme de pures tautologies, il s'agit en réalité de questions particulière-
ment difficiles où il est extrêmement facile de se fourvoyer comme l'expé-
rience n'a cessé de le démontrer depuis quelque vingt ans (2 ).
Dans ce domaine plus que dans tont autre, il apparaît comme absolument
impossible de dégager des relations globales correctes par des raisonnements
purement verbaux. En réalité, il faut prendre beaucoup de précautions;
il faut partir des comptabilités des entreprises, de celles des banques et de
l'institut d'émi.ssion, de celles des particuliers, de celle .de l'État, .faire des
sommations algébriques parfois délicates et voir ce que cela donne.
Nous ne nous dissimulons pas le travail que peut représenter pour le lec-
teur l'a.ssimilation de cette étude. Il devra, s'il désire y arriver, la lire et la
relire plusieurs fois la plume à la main, en fournissant un effort de pensée
personnel. La concision des développements qui suivent n'a certainement
d'égale que leur aridité, mais à tout prendre il nous a paru préférable de faire

(~) Nous appelons éœnomie monétairemeflt neutre une économie où la somme globale
des disponibilités monétaires reste constante ainsi que les encaisses réelles désirées par les
dUJ.é~nts agents écon.omi.ques.
(~) Nou.s_ avo.uom bien. humblement avoir passé des dizaines et des dizaines d'heures
à ce travail.
INTRODUCTION GÉNÉRALE 7
bref sans nous laisser tenter par des illustrations faciles qui auraient certes
reposé et distrait le lecteur mais qui auraient allongé considérablement le
texte.
La complexité des développements qui suivent s'est en fait imposée à
nous au fur et à mesure que nous cherchions à préciser les différents concepts
qu'il y a lieu de faire intervenir pour obtenir une image ·à peu près satisfai-
sante de la réalité. Pour que le lecteur puisse se rendre compte de cette néces-
sité, nous ne saurions trop lui conseiller d'essayer de bâtir lui-même un modèle
plus simple. Il apercevra vite qu'à peu de choses près il est en fait conduit,
s'il veut attaquer efficacement les pr,oblèmes qui se posent, à une complexité
analogue. L'étude qui suit n'est complexe qu'en raison de la complexité
même des faits qu'elle se propose d'analyser (1 ).
Il se peut naturellement que le spécialiste detelle ou telle question, par
exemple de. la théorie du revenu national ou de la théorie de l'inflation, trouve
le modèle que nous avons utilisé outrageusement simplifié en ce qui concerne
sa propre spécialité (2 ) et exagérément compliqué en ce qui concerne certains
développements qui ne l'intéressent pas directement. Nous ne saurions trop
ici attirer son attention sur le fait que notre but est de présenter une
théorie synthétique des relations existant entre quantités globales
qui puisse s'appliquer à la fois aux différents domaines de la théorie
économique, qui ordinairement sont tout à fait artificiellement
séparés.
Par là même, notre travail satisfait, pensons-nous, à un besoin auquel ne
répond aucun ouvrage existant : celui d'un exposé synthétique et ramassé
des différents aspects de la théorie économique dans leur liaison avec les
équations comptables fondamentales entre quantités globales.

5. Dans le domaine des quantités globales comme ailleurs il y a un intérêt


très grand à savoir exactement de quoi l'on parle. Il convient donc de n'uti-
liser que des concepts hien définis et de ne recourir qu'à des raison-
nements précis sur ces concepts bien déîmis. Si l'on ne prend pas cette
précaution on risque de poursuivre des discussions sans fin, ne présentant
aucune espèce d'intérêt réel où le verbalisme joue le principal rôle. Nous
croyons ainsi que toutes les discussions qui se sont poursuivies autour de la
fameuse équation I = S constituent un exemple absolument frappant de
discussions absolument vaines, qui ne mènent à rien et nous montrent de
manière éclatante les voies dans lesquelles il ne faut à aucun prix se laisser
engager.

6. C'est par tâtonnements successifs que nous avons été amené aux
définitions que nous avons choisies et que le lecteur pourra regarder à pre-
mière vue comme plus ou moins heureuses. Un critérium essentiel a été pour
( 1 ) Pour permettre au lecteur de consulter plus facilement notre étude, une fois sa lec-
ture terminée, nous avons donné dans le résumé qui précède l'indication des numéros de
paragraphes où sont données les définitions des principales grandeurs ainsi que celle des
numéros des formules du texte que l'on peut considérer comme les plus importantes.
( 2 } Notre théorie du revenu national ne comporte en fait que 6 pages.
8 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

nous le désir de simplifier autant que possible la présentation des raison-


nements économiques.
Naturellement on pourrait prendre d'autres définitions que les nôtres,
encore que nous nous soyons efforcé d'adopter un système de définitions
qui soit à la fois cohérent, commode et aussi voisin que possible des concep-
tions habituelles, mais les questions de défmitions sont, somme toute,
assez secondaires. Seules importent les relations existant entre les
différentes grandeurs susceptibles d'être définies de manière pré-
cise. Les relations qui suivent représentent en fait des relations qui existent
nécessairement entre certaines grandeurs bien définies et elles restent valables
quel que soit le vocabulaire utilisé pour les désigner.
Ainsi en ce qui concerne l'épargne et l'investissement il y a en fait un cer-
tain nombre de concepts qui sont intéressants à définir et qui sont très nom-
breux. Qu'on les appelle A, B ou C avec telle ou telle définition verbale,
cela n'a aucune importance. La seule chose qui est intéressante, c'est de
savoir qu'il y a différents concepts qui ont été utilisés par les économistes et
d'examiner quelles sont les relations qui lient ces concepts.
Le lecteur devra constamment se rappeler que lorsque nous parlerons
de 1'épargne spontanée, de l'auto-investissement, du bénéfice net
global, etc., ou de tout autre concept, c'est dans le sens précis où
nous les aurons déîmis. Il devra se dégager des suggestions verbales plus
ou moins floues qui peuvent être attachées à ces concepts dans la langue
ordinaire.
Nous pensons que toute définition étant nécessairement convention-
nelle, toutes les discussions sur les définitions n'ont guère d'intérêt.
Ce qui est important, c'est de dégager des concepts qui soient opération-
nels, qui permettent de faire des raisonnements clairs et d'exposer facile-
ment les thèses que l'on présente.
En aucun cas il ne faut se battre sur des mots. Il faut rechercher
ce qu'il y a sous les mots et poursuivre les discussions non pas sur
les mots eux-mêmes, mais sur les relations qui lient les concepts
qu'ils représentent, relations qui constituent effectivement le seul
but véritable de toute théorie réellement scientifique.
I

LES RELATIONS COMPTABLES


ENTRE QUANTITES GLOBALES

Nécessité d'un modèle précis.

7. Toute théorie scientifique fait nécessairement des hypothèses


simplificatrices 1 car la représentation de la réalité dans tous ses détails
serait tellement complexe qu'elle serait inutilisable. On peut même dire
que le propre de toute théorie, c'est de faire des hypothèses simplificatrices
en éliminant toutes les circonstances accessoires et en ne gardant de la
réalité que ses caractères essentiels. En fait une théorie est plus ou moins
valable suivant que ce choix, en tout état de cause nécessaire, est plus ou
moins bon (1).
Ces considérations qui valent pour toute science s'appliquent naturelle-
ment à la théorie économique. Pour analyser la réalité économique, il
convient de la réduire à ses caractères essentiels .. On obtient ainsi un «modèle>>
dont la construction peut être plus ou moins heureuse, mais qui, en tout état
de cause est absolument indispensable.
Toute théorie fait nécessairement appel à un tel modèle explicitement ou
implicitement, et c'est le propre des théories effectivement scientifiques que
de raisonner sur des modèles bien précisés. Comme le disait si bien Henri
Poincaré à propos de la théorie physique : « Il y a des hypothèses dangereuses;
ce sont d'abord, ce sont surtout cellel? qui sont tacites et inconscientes.
Puisque nous les faisons sans le savoir, nous sommes impuissants à les aban-
donner. C'est donc là un service que peut nous rendre la physique mathéma-
tique. Par la précision qui lui est propre, elle nous oblige à formuler tout'es
les hypothèses que nous ferions sans elle, mais sans nous en douter (2 ). >>
Le modele que nous avons utilisé s'est efforcé naturellement de ne conser-
ver de la réalité que les relations essentielles et d'éliminer tout ce qui est
accessoire. Peut-être pourra-t-il apparaître à première vue comme assez

( 1 ) Sur le compromis inévitable entre le souci de la ressemblance la plus grande pos-


sible avec le réel et le souci de la commodité, voir l'introduction ·à notre Traité d'économie
-pure (n° 33).
( 9 ) La Science et l'hypothèse, Flammarion, 1927, p. 179.
10 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

particulier, mais à la réflexion nous pensons que le lecteur reconnaîtra sa


très grande généralité.
Le lecteur sera lui-même en mesure de juger de l'efficacité de nos hypo-
thèses simplificatrices et de ·notre modèle lorsqu'il aura pris connaissance
des huit exemples d'application que nous donnons dans la deuxième partie
de cette étude. A en juger par les réactions de ceux de nos amis et de nos
élèves qui, au cours de ces neuf dernières années, ont bien voulu approfondir
notre travail et nous aider de leurs suggestions (1), nous ne doutons pas de
sa réponse.
Hypothèses du modèle.

8. On peut obtenir les relations comptables existant nécessairement


entre les quantités globales en sommant les comptabilités élémentaires des
différents agents économiques.
Pour la généralité et la facilité de l'exposition nous considérerons
comme activité d'entreprise toute activité individuelle qui ne se
ramène pas à 1'utilisation de revenus donnés en vue de la consom-
mation dii~ecte. Avec une telle définition, l'achat par un individu d'un bien
durable, d'une maison par exemple, sera considéré comme une activité
d'entreprise; par contre la consommation directe des services fournis par
différents biens comme par exemple les aliments sera considérée comme
une activité de consommation (2 ).
Nous considérerons une économie fermée, c'est-à-dire nous suppose-
rons qu'il n'y a pas d'échanges internationaux (3 ).
Nous supposerons en première approximation qu'il n'y a pas
d'État et que seuls coexistent des entreprises et des individus. Tou-
tefois nous supposerons qu'il existe parmi les entreprises un ins-
titut d'émission susceptible d'émettre de la monnaie. Dans une
deuxième approximation nous généraliserons les résultats trouvés au cas
d'une économie étatique.
Nous ne considérerons quelesflux devaleur qui ont lieu entre le groupe
des entreprises et celui des individus. Les flux de valeur existant à l'intérieur
de chacun de ces groupes n'interviendront donc pas.
Les flux de valeur que nous considérerons seront des flux par unité
de temps.

( 1 ) Nous voulons ici tout particulièrement remercier MM. Dubourdieu, docteur ès


sciences, actuaire conseil de la Banque de Paris et des Pays-Bas; Lavaill, professeur
d'économie à l'École Nationale Supérieure des Ponts et Chaussées; Marczewski, profes-
seur à la Faculté de Droit de Caen; Boiteux et Mercier, agrégés de mathématiques;
Lesourne, Montjoie, Morin et Rauline, ingénieurs au Corps des Mines; Gandon, ingé-
nieur de l'Aéronautique, et Malinvaud, administrateur de l'Institut National de la Sta-
tistique.
( ) Le lecteur vérifiera facilement que l'abandon de cette hypothèse simplificatrice
2

ne changerait rien aux résultats qui suivent. L'exposition se trouverait seulement rendue
moins simple.
( ) Les .r~sultats qui seront obtenus pourraient facilement être généralisés au cas
3

d'une économie nationale en relation avec des économies étrangères. Le modèle serait sim-
plement plus compliqué.
LES COMPTABILITÉS ÉLÉMENTAIRES Il

Monnaie circulante.

9. Nous désignerons par MM la quantité de monnaie manuelle, par Ms


la quantité de monnaie scripturale égale au montant des comptes créditeurs
à vue des banques (1) et par M la quantité de monnaie circulante totale.
Nous aurons ainsi
(29) M=MM+Ms 1

Nous nous bornerons pour simplifier au cas où toute la monnaie


manuelle est constituée par de la monnaie papier inconvertible, mais le
lecteur pourra facilement vérifier que rien d'essentiel ne serait modifié
dans ce qui suit dans le cas d'une monnaie or.
Nous affecterons de l'indice P les disponibilités monétaires détenues
par les entreprises (secteur production) et de l'indice I les encaisses détenues
par les individus consommateurs. En désignant par Mr et Mp les disponi-
bilités monétaires globales des individus et des entreprises, nous aurons

(30)

Inflation monétaire.
10. Nous appellerons inflation monétaire de l'institut d'émission
et nous désignerons par dMMjdt la quantité de monnaie manuelle nouvelle
émise par l'Institut d'émission par unité de temps.
Nous appellerons inflation bancaire et nous désignerons par dMs/dl
la quantité de monnaie scripturale nouvelle émise par les banques par unité
de temps.
Nous appellerons inflation monétaire globale et nous désignerons
par dMjdt la quantité
(31)

de monnaie circulante globale supplémentaire mise en circulation par unité


de temps.

1° LES COMPTABILITÉS ÉLÉMENTAIRES

Bilan d'une entreprise.

11. Au début d'une période T le bilan d'une entreprise ( ~i) se pré-


sente essentiellement de la manière suivante :

(1) Sur le mécanisme du crédit et ses effets, le lecteur pourra utilement consulter
notre ouvrage Economie et Intérêt, chap. VIII, Intérêt et monnaie.
12 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

Actif. Passü.
Immobilisations non amorties (1 ). Capital action non amorti (2).
Stocks. Dettes.
Créances. Solde du compte de « Profits et
Disponibilités monétaires. Pertes» (3) (4).
5
Dans un but de simplification ( ) nous ne ferons figurer dans le poste
stocks que les stocks de produits finis destinés à la vente et de produits en
cours de fabrication, et nous bloquerons les approvisionnements avec les
immobilisations (6).
Ce bilan peut encore s'écrire pour simplifier:
Actif. Passü.
Immobilisations non amorties. Capital actions non amorti (7).
Stocks. Endettement net (S) (9).
Disponibilités monétaires. Solde du compte de << Profits et
Pertes».
On peut remarquer que l'excès de la valeur globale des immobilisations,
des stocks et des disponibilités monétaires sur l'endettement net représente
en principe (10 ) la somme qui serait obtenue si on liquidait l'entreprise et
que pour cette raison on appelle généralement « actif net )>.
Si nous désignons par C~, C~, M!, e~ et a~ les valeurs des immobilisa-
tions non amorties, des stocks, des disponibilités monétaires, de l'endette-
ment net et de l'actif net au début de la période T, le bilan peut alors s'écrire :
( 1 ) Corporelles (immeubles, machines, etc.) et incorporelles {droits à brevets, valeur
des fonds de commerce, etc.)
( 2 ) Comptabilisé suivant sa valeur d'émission.
( ) Ce poste groupe les postes habituellement appelés << Réserves », « Provisions »,
3

« Bénéfices reportés », etc.


{ 4 ) Le solde du compte de «Profits et Pertes " représente les sommes non distribuées
antérieurement aux actionnaires sous forme de dividendes.
Dans le cas où le solde de ce compte est négatif la somme correspondante doit appa-
raître naturellement à l'actif sous la même rubrique. Il s'agit alors d'une perte reportée.
5
( ) La relation (139) ci-dessous et certaines des relations qui en dérivent ne sont
valables qu'avec cette hypothèse.
( 6 ) En outre des simplifications qu'elle permet d'obtenir cette hypothèse se justifie
économiquement par la nature économique différente des stocks d'approvisionnements
d'une part, et des stocks de produits disponibles pour la vente et de produits en cours
de fabrication d'autre part. Alors que la constitution des premiers est sous le contrôle
direct de l'entreprise, la constitution des seconds dépend pour une grande part des décisions
de la clientèle.
( 7 ) Le montant de ce poste est égal à la valeur des actions.
( 8 ) Si cette somme était négative, elle s'écrirait à l'actif sous la rubrique «Créances
nettes».
( 9 ) Ce poste comprend naturellement le montant des obligations émises par l'entreprise.
( 10 ) En effet la valeur des postes .de l'actif ne peut jamais être exactement évaluée
et ils peuvent être en fait surévalués ou sous-évalués.
Généralement et compte tenu d~ la tendance séculaire à la hausse des prix nominaux,
le procédé qui consiste à prendre comme valeur des immobilisations leur valeur d'achat
diminuée des amortissements aboutit à une sous-évaluation.
En fait il y a deux séries de relations comptables, les relations qui lieraient les véri-
tables estimations et les relations qui lient les estimations effectivement faites, estima-
LES COMPTABILITÉS ÉLÉMENTAIRES 13

Actif. Passü.

Immobilisations non amorties. c;M Endettement net. €~


Stocks. Actif net (1). a~
Disponibilités monétaires. M'!,
Ce bilan exprime que 1'on a :

(32) ai
N = CilM + C~
~
+ lWP. - e"'N.

Opérations de crédit bancaire.


12. Il est facile de voir comment se traduit en comptabilité l'ouverture
d'un crédit .6.M~i par une banque (zi) à une entreprise (zi). Cette ouverture
de crédit se traduit en effet pour l'entreprise ( Zi) par une augmentation de
son endettement net correspondant à des engagements à terme ou à l'es-
compte de créances, par exemple de Bons du Trésor.
Dans le premier cas les modifications à apporter au bilan de
1'entreprise sont les suivantes :
Actif. Passif.

Disponibilités monétaires. Endettement net.


Crédits bancaires. + .6.M~i Engagements à terme vis-à-vis de la
banque (e1). +
.6.M~i
Dans le second cas les créances de l'entreprise ( Ei) sont diminuées
des créances escomptées par la banque ( Zf) de sorte que 1'endettement net
de l'entreprise ( Zi) est encore augmenté de ~M~i. +
Dans les deux cas, les disponibilités monétaires de l'entreprise ( ei)
augmentent de .6.M~i.
Son actif net reste dans les deux cas inchangé.
Quant au bilan de la banque ( Zf) il subit les modifications suivantes :
Actif. Passif.

Créances. Dettes.
Effets de commerce ou engagements Endettement à vue.
à terme + .6.M~'
tions qui sont fausses, mais qui &ont les seules dont on dispose. Mais ces deux séries de
relations ont même forme analytique et tous les développements qui suivent s'appliquent
indifféremment à l'un ou à l'autre cas puisque le fait d'utiliser des notations· algébriques
ne présuppose naturellement en rien la manière dont les évaluations sont faites.
· (1 ) · Rappelons que ce poste est égal à la somme de la valeur des actions non amor-
ties et du solde du compte de « Profits et Pertes JJ.
14 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

L'ouverture de crédits à vue par la banque n'entraîne donc aucune


modification de ses disponibilités monétaires totales (1). Son actif
net reste également inchangé.
Échanges de monnaie (2 ) d'une entreprise avec l'extérieur
pendant un exercice.
13. Pendant une période T, l'entreprise ( Ei) emploie des facteurs de pro-
duction, soit internes (immobilisations et stocks), soit externes (travail et
fournitures extérieures) et produit une certaine quantité Q du bien (Q).
Nous supposerons pour simplifier qu'il n'y a aucune vente à crédit et
que tous les achats sont réglés immédiatement en monnaie (3 ).
Dans ces conditions, les principaux flux de monnaie par unité de temps
qui caractérisent une période T sont les suivants :
L'entreprise paie des salaires Sï. Elle règle ses achats de fournitures F
et de biens d'investissements R~ (4 ). Elle verse également à ses créanciers
les amortissements A~ et les intérêts 1:
de son endettement. Elle verse des
dividendes D! à ses actionnaires et elle verse au titre des prêts qu'elle consent
et de ses souscriptions d'actions nouvelles des sommes R;.
Par contre elle encaisse le montant Vi de ses ventes. Elle reçoit des amor-
tissements A!,; des intérêts ~, et des dividendes n;,.
Elle reçoit enfin au
titre des emprunts qu'elle contracte et de ses émissions d'actions nouvelles
des sommes R~,.
Parallèlement l'entreprise reçoit une ouverture globale de crédits
dMi
_ _s = ::E dMii
__s
(33)
dt dt
et elle augmente ses disponibilités monétaires de d M~fdt.
En écrivant que l'accroissement de ses disponibilités monétaires est égal
à l'excès des sommes reçues sur les sommes versées, on obtient la relation:

Cette relation n'est autre que le compte « Caisse et Banque» de l'en-


treprise et elle représente les échanges de monnaie avec l'extérieur.
En appelant placements nets extérieurs, intérêts nets distribués, amor-

(1) Sous forme manuelle ou scripturale.


( 2)Manuelle ou scripturale.
Ce qui suit pourrait être facilement généralisé, mais au prix naturellement d'une
( 3)
certaine complication, dans le cas de ventes à crédit, c'est-à-dire dans le cas où les ventes
sont réglées, non pas par de la monnaie, mais par la remise de promesses de payer, c'est-
à-dire de créances.
Le lecteur pourra facilement vérifier que les conclusions de notre étude resteraient
fondamentalement inchangées.
( 4 ) Les investissements sont entendus ici dans leur sens industriel courant d'accrois-
sement des immobilisations.
D'après l'hyPothèse faite au § 11, ils comprennent les accroissements de stocks d'ap-
provisionnements.
LES COMPTABILITÉS ÉLÉMENTAIRES 15

tissements nets et dividendes nets distribués et en représentant par I~, R!,


A~ et n;, les différences (Rp'- Rf,), (I:--I!,), (A!- A~) et (D!- D~),
nous aurons
(35) R~=R~~-R~
(36) I~ = I! - I~
(37) A~= A!- A!,
(38) D~ = D!- D~
. dMi . . . . . . dMip
(39) R'p + _ s = S"'
dt
+ F"' + R~
I
+ PD + A"'D + n~
D
+ dt

Nous supposerons que les seuls investissements réalisés par l'en-


treprise sont exécutés par des entreprises extérieures de sorte que
la quantité R! représente effectivement le montant global des investisse-
ments de l'entreprise et que les salaires Si et les fournitures Fi payées sont
utilisés à la production courante. Il y a là évidemment une hypothèse
simplificatrice (1 ), mais comme le lecteur pourra s'en rendre compte
à la réflexion, cette hypothèse ne change rien d'essentiel à ce qui suit et
elle permet cependant de simplifier assez considérablement l'exposé.

Revenu d'exploitation.
14. En désignant par R~le revenud'exploitationbrut (que nous appel-
lerons plus simplement revenu d'exploitation de l'entreprise), le compte
d'exploitation s'écrit :
(40) I'_R_~_=_V_i--(S_i_+_F_i_+_I~-)----,

Cette relation exprime que le revenu d'exploitation est égal à la valeur


des ventes diminué du montant global des salaires, des fournitures et des
intérêts obligataires.
La relation (34) devient alors :

. . dM! . . . dM!
(41) R~ + R~ + dt = ~ +A~ + D~ +dt
Cette relation exprime que la somme du revenu d'exploitation, du mon-
tant net .reçu en placement et des ouvertures de crédit est égal à la somme
du revenu investi, de l'amortissement de l'endettement et du capital, des
dividendes distribués et de .l'accroissement des disponibilités monétaires.,
Le revenu d'exploitation R~ lorsqu'il est positif est distribuable par
l'entreprise. C'est ·sur ce revenu qu'elle peut rembourser ses créanciers des
amortissements nets ~ et verser à ses actionnaires -des dividendes D~.
Nous appellerons revenu non distribué de l'entreprise et nous dési-
gnerons par RsND la différence :
(42)
(1 ) Notons cependant qu'en général c'est bien là le cas.
16 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

Cas d'une banque.

15. Dans le cas d'une banque ô, le compte << Caisse et Banque n se tra-
duit comme suit (1) (2) :
. . . . . . . . dMi
(43) 1 1
V +R~=S +F'+R'+J1
I D
+A'D +UD +-p.
df

Naturellement, on peut encore l'écrire


. . . . . dMi
(44) R~~ +R =1
p RI' + A1 + D1 +
D D
_P.
df

Cas de l'Institut d'émission.


16. Le bilan de l'Institut d'émission peut se résumer ainsi qu'il suit

Actif. Passif.
Immobilisations. Capital action.
Créances. Billets en circulation.
Disponibilités monétaires. Comptes courants créditeurs.
Solde du compte de << Profits et
Pertes>>.

Pour simplifier nous écrirons ce bilan


Actif. Passif.

Immobilisa ti ons. C~ Endettement net.


Disponibilités monétaires. M';' Actif net.
Cette relation exprime que l'on a :
(45)
Les opérations d'escompte et de prêt de l'Institut d'émission em sont
analogues à celles d'une banque quelconque et se traduisent dans sa compta-
bilité de la même manière.
Seule l'émission de monnaie manuelle entraîne des modifications. En
effet dans ce cas l'égalité des débits et des crédits du compte << Caisse et
Banque >> donne la relation :
dM dMm
(46) ym + "Rm
~~
+ _M
~
= sm +pm + RmI +AmD + DmD + _P.
~

( 1 ) Il est à noter que dans le cas d'une banque de crédit les intérêts reçus· représentent

une grande partie de ses ressources et que dès lors la quantité I~ = :E ( I~ - I~) est
généralement négative.
(•) Vj représente les recettes provenant pour la banque des services rendus à ses clients
à titre onéreux.
LES COMPTABILITÉS ÉLÉMENTAIRES 17
Naturellement on peut encore l'écrire :

(47) Rm
E
+ Rm + _.dM
p df
_M = Rm
I D
dMm
+ Am + Dm + __
Ddt
P •

Ces relations traduisenL notamment le fait que, au moment d'une émis-


sion .6.MM de monnaie manuelle, les disponibilités monétaires se trouvent M:
augmentées de ce fait de l'accroissement .6.MM.
Quant au bilan de la banque d'émission, il subit les modifications sui-
vantes :
Actif. Passif.
Encaisse. + .6.MM Accroissement de l'endettement net.
+ .6.MM
Le passif et l'actif augmentent du même montant ct le solde du compte
de « Profits et Pertes» ou actif net re~.te inchangé. Dans un deuxième stade,
l'accroissement .6.MM d'encaisse est avancé à l'État et le solde des créances
est augmenté d'un montant égal.
On constate ici l'analogie profonde existant entre l'émission de mon-
naie manuelle et l'émission de monnaie scripturale.

Variations de valeur des immobilisations 1


des stocks et de l'endettement net.

17. A la fin de la période T, les stocks ont changé de valeur en raison;


d'une part, des variations des prix de marché et, d'autre part, des varia-
tions en quantité des produits stockés. Pour simplifier l'exposé, nous sup-
poserons que les stocks se réduisent à un certain stock q du bien produit (1 ).
Si on appelle alors p le pri.x comptable du stock, on a
dC~ dp dq
(48) dl=qdi+Pd(
Le premier terme représente la plus-value P~ du stock par unité de
temps due à la variation de prix.
Quant au second terme, il représente l'accroissement de valeur du stock
correspondant à l'accroissement de la quantité stockée (2 ). Nous l'appelle-
rons «accroissement du stock» et. nous le désignerons par A~. Suivant ces
définitions nous aurons (3) :

( ) Ce qui est inexact en général, l'entreprise ayant en magasin des approvisionne-


1

ments et des produits semi-finis en cours de fabrication.


Toutefois, le lecteur pourra· vérifier qu'une telle simplification ne modifie en rien les
résultats obtenus qui peuvent se généraliser sans· difficulté au cas général.
( 2 ) D'ailleurs positif ou négatif.
( 3 ) Si on prenait des notations discontinues, il faudrait naturellement écrire :

d'où
18 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

. dp
(49) p~ = q-
dt
. dq
(50") A~ = p -
dt
dC~ . .
(51) - =P~ +A~
dt

On voit que l'augmentation de valeur du stock est égale à la somme


de sa plus-value et de son accroissement.
Une analyse analogue peut être donnée pour les immobilisations.
La variation de valeur des immobilisations existant à l'instant t peut
être décomposée en deux éléments, l'un relatif à leur variation de valeur
résultant, à composition et à qualité constante, de la variation de leurs
prix, et l'a-utre résultant de leur disparition ou de leur changement de qua-
lité à prix constants. Nous appellerons le premier plus-value brute et nous
le désignerons par P;M. Quant au second, il est négatif et sa valeur abso-
lue est communément appelée amortissement ; nous la désignerons par A!M.
L'expression P;lrl est encore de la forme

(52)

mais l'expression ~ ne peut être écrite- sous la forme (50), car il n'y a
pas ici diminution des quantités q mais changement de leur nature dû à
leur usure. En fait, on ne peut définir A;lrl que par l'excès sur la plus-
value p:M de la variation de valeur des immobilisations anciennes. En appe-
lant plus-value nette P;~>~.• des immobilisations existant à l'instant i
cette variation de valeur, on voit que l'on a

(53)

Tout~fois, cette plus-value ne représente pas la variation de valeur


aqlrljdt des immobilisations, car des investissements nouveaux de valeur
R!dt sont effectués pendant chaque période di, de sorte que l'on a par unité
de temps :

(54) dC~~
dt
=pi -Aï + R~
IM Π~

Cette relation exprime que l'accroissement de valeur des immobilisations


par unité de temps est égal à l'excès de leur plus-value sur leur amortisse-
(1 ) L'analogie entre les relations (51) et (54) doit être soulignée.
LES COMPTABILITÉS ÉLÉMENTAIRES 19

ment augmenté de la valeur des investissements nouveaux. Cette relation


peut être regardée si l'on veut comme définissant l'amortissement ~ par
différence.
Enfin, en appelant RP'A les nouvelles souscriptions d'actions et A~ les
amortissements du capital action, on a naturellement

de:~
(55) di = ( . . . )
R~ - RP'A -
( .
A~ -
.)
A~A + dM~
dt
relation qui exprime que l'accroissement de l'endettement net est égal au
montant net reçu en placement diminué des souscriptions d'actions nou-
velles et des amortissements des créances et augmenté des ouvertures de
crédit bancaire.
Dans le cas d'une banque e:i et d'après ce qui précède cette relation s'écrit
simplement
(56)
de:~
-- ( 1
. _.1
) -( 1
. _ 1. )
- RP RP'A \AD AeA .
dl
Dans le cas de l'institut d'émission 3m cette relation s'écrit de même

(57)

Bénéfice d'une entreprise.

18. On appelle ordinairement bénéfice de la période T • l'accroissement du


solde du compte de«Profits et Pertes», c'est-à-diredel'actifnet,entreledébut
et la fin de la période avant distribution aux actionnaires de tout divi-
dende D~ (1 ), de tout amortissement du capital action A!~ et avant toute
perception de nouvelle souscription de capital R~~A. Ce bénéfice a pour
expression
a~n+:r - a : + TD~n +TA!~- TR~':A.
puisque a~n +:r représente l'actif net après distribution des dividendes
TD~, des amortissements TA!~ et des encaissements TR~\.

Toutefois, on peut remarquer que le bénéfice ainsi entendu ne représente


pas le véritable gain de l'entreprise, car, si cette dernière avait liquidé son
actif net à l'instant ln, elle aurait pu le placer au taux d'intérêt pur in
du marché (2 ) et elle aurait disposé à l'instant ln+x d'un actif total de·
(1 + Tin) a:.Pour cette raison nous appellerons bénéfice brut et nous
représenterons par B~n le bénéfice ainsi entendu par unité de temps, et nous
(1 ) Nous gardons ici la terminologie comptable française qui s'oppose à la terminologie
des économistes anglo-saxons et de certains économistes français qui appellent « profit JI
ce que nous appelons bénéfice (sur cette question, voir notre Traité d'économie. pure,
note (2}, n° 101 et no 158).
( 2 ) Sur la définition du taux d'intérêt pur, voir notre ouvrage Economie tl intéril
(Librairie des Publications officielles, 40, rue de Verneuil, Paris, 1947), no• 11 et 84. En
vente à la Librairie de Médicis.
20 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

appellerons bénéfice net 1 ou plus simplement bénéfice, et nous représen-


terons par Bin la différence B~n + I - in a!:'.
Avec ces définitions nous aurons en notations continues (1)

(58)

(59)

Le bénéfice Bi ainsi défini n'est naturellement qu'un concept théorique,


mais il est particulièrement jmportant tant au point de vue de la théorie
économique que de la gestion des entreprises (2 ).
On a alors d'après les relations (32), (51), (54) et (55)
da~ . . . . . dM~ _ ( . . ) dM; ( . . )
(60) -=P~u-A~u+P~+A~+R~
dt . ~ ....
+-dt
- - R~-Rp~'A - -
dt
+ A~ -A:A
~.

soit encore d'après la relation (41)

. . . . da~
(61) p Illl -A~lM + F~-~
+A~-
~
+ R~E. = .
-df- ~,' n~D
.
+ A~e.•-~
.
Rp~'A

Cette relation n'est autre que le compte «Profits et Pertes n de


l'entreprise.
Compte tenu des relations (44), (47), (56) et (57) on vérifie immédiatement
que cette relation représente également le compte « Profits et Pertes >>
dans le cas d'une banque quelconque ou de l'institut d'émission.
On en déduit que l'on a

(62)

autrement dit le bénéfice net apparaît comme 1'excès de la valeur


globale du revenu d'exploitation et de 1'accroissement de valeur des
iinmobilisations anciennes et des stocks sur l'intérêt de l'actü net.
Naturellement on peut encore écrire
. dri dC~ . .
(63) B~ = _'-'I_lll
dt
- R
I
+ -""
dt
+ R! -
c
i a~ .
N

(1) Dans ce cas la période Tn devient infiniment petite.


( 2) Au point de vue pratique c'est ce bénéfice et non le bénéfice brut qui devrait
être considéré du point de vue fiscal.
Si d'ailleurs l'entreprise veut établir des prix de revient qui aient un sens, elle doit de
toute nécessité faire intervenir ce terme correctif. 'C'est œailleurs ce que prévoit le projet
de plan comptable établi en France par la Commission interministérielle instituée par le
décret du 22 avril 1941 (voir p. 118 et suiv. du Plan comptable, Éditions Delmas, Paris,
1943).
Sur l'analyse économique du bénéfice, l~ lecteur pourra utilement se reporter à notre
ouvrage A la Recherche d'une discipline économique. T. 1: L'Économie pure (Chez l'auteur,
15, rue des· Gâte-Ceps,. Saint-Cloud, Paris, 1943), nos 157 à 159. (Cet ouvrage est actuelle-
ment coinplètèin~nt. épuisé, mais une nouvelle édition vient d'être publiée par l'Im-
primerie Nationale sous le titre Traité d'économie pure.)
LES COMPTABILITÉS ÉLÉMENTAIRES 21

Bénéfice non distribué.

19. Nous appellerons Bénéfice non distribué et nous désignerons par


B~D l'excès du bénéfice sur les dividendes distribués. On aura ainsi
(64)
On peut de même définir un bénéfice brut non distribué
(65)
Compte tenu de la relation (58) on voit que l'on a
. da~ . .
(66) B~ND =dt + A;A- RP'A'
Le bénéfice brut non distribué apparaît comme égal au montant global de
l'accroissement de l'actif net et de l'amortissement du capital action, dimi-
nué du montant des nouvelles souscriptions.

Représentation comptable des flux de valeur.


20. Il est facile de voir comments'agencentlesunsparrapportauxautres
les différents flux de valeur que nous avons définis dans la comptabilité de
l'entreprise. On peut, en effet, résumer la situation dans le tableau I ci-des-
sous (~). Pour la clarté nous avons introduit les montants e! et z!,, des dettes
et des créances vérifiant naturellement la relation
(67)
Nous avons de même représenté respectivement par dM!A et dM!E les mon-
tants des crédits bancaires correspondant à des engagements à terme et des
crédits bancaires correspondant à l'escompte d'effets de commerce accordés
à l'entreprise dans la période T considérée.
On a ainsi

(68)

Nous avons enfin décomposé les deux termes Rp' et Ae dans leurs éléments
Rp'o et RP'A et AeA et Aeo correspondant aux emprunts contractés et aux
émissions d'actions nouvelles (2 ). On a naturellement
(69) Rp' = Rp'o + Rp'A
(70) Ae = Aeo + AeA·
On vérifie naturellement que pour chaque compte le solde créditeur est
égal à l'excès du montant global des crédits sur le montant total des débits.
Cette propriété correspond à la définition même du solde créditeur.
( 1 ) Ce tableau nous a été suggéré par M. Dubourdieu, actuaire Conseil de la Banque
de Paris et des Pays-Bas.
( ) L'indice o rappelle le caractère obligataire des emprunts contractés.
2
22 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

On vérifie de même que pour chaque ligne le total des crédits est égal au
total des débits. Pour la première et la dernière ligne cela correspond à cette
propriété comptable que dans la« balance générale» le montant des soldes
débiteurs est égal au montant des soldes créditeurs. Pour les autres lignes
cela tient au fait que chaque virement donne lieu à deux écritures de mon-
tant égal, l'une au débit du compte qui reçoit (entrées ou recettes) et l'autre
au crédit du compte qui donne (sorties ou dépenses).
L'égalisation des débits et crédits des comptes << Immobilisations»,
<< Stocks», «Caisse et Banque», «Exploitation ll et <<Profits et Pertes» donne
respectivement les égalités (54), (51), (34), (41) et (61 ).
L'égalisation des débits et crédits des comptes cc Dettes ll et c< Créances ll
du bilan donne respectivement les deux égalités
dE! i i dM!A
(71) dt= Rp'o-Aeo +---;n-
dE~
(72)
di
dont la sommation, compte tenu des relations (35), (37), (69) et (70), redonne
l'équation (55).
Bénéfice et imprévision.

21. Il est possible de donner encore une autre expression du bénéfice


B~ qui peut être plus commode d·ans certains cas.
A l'instant ln la valeur des immobilisations est égale à la valeur actuelle
de leurs revenus futurs, de sorte que si elle est correctement évaluée
la valeur a!;' de l'actif net à l'instant ln est égale à la valeur actuelle de
la valeur telle qu'elle est prévue à l'instant ln de l'actif net à l'instant ln+ I
avant toute distribution aux actionnaires de dividendes ou d'amortisse-
ments et tout encaissement de nouvelles souscriptions. Il en résulte que
l'on a, en affectant de l'indice 'Tt" les valeurs prévues et compte tenu de la
définition du bénéfice

{73)
.
B~n
'Tt"
= (1 +Tin)T a~- a~ - in .
a~n=
N
0

relation qui exprime que la valeur prévue pour le bénéfice est nulle, ce
qui s'explique immédiatement, puisque tout revenu prévu à l'instant ln est
capitalisé à cet instant, donc apparaît dans les éléments du bilan de l'exer-
cice s'il est correctement établi. D'après la relation (62) on a alors

(1-) Les relations (58) et (59) expriment en effet que le bénéfice net est égal à l'accrois-
sement de l'actif :net avant distribution de tout amortissement et dividende et encaisse-
ment ·cile toute nouvelle souscription-et la quantité (1 + Tin) a~n représente précisément
la valeur prévue de l'actif net à l'instant ln+ I, avant toute distribution d'amortisse-
ment ou de dlvidende et totit encaissement de nouvelle souscription.
LES COMPTABILITÉS ÉLÉMENTAIRES 23

(74)

puisque la valeur prévue de ia~ n'est autre que i a~. Cette relation retran-
chée de la relation (62) donne alors

Bénéfice = plus-value non prévue des immobilisations


(75)
et des stocks +
revenu d'exploitation non prévu.

Ainsi le bénéfice apparaît comme la somme de la plus-value


non prévue des immobilisations et des stocks et du revenu d 'exploi-
tation non .prévu (1).

Bénéfice net et coût comptable.


22. S'il n'y avait pa~ d'immobilisations, ni d'endettement, ni de stocks,
ni d'encaisse et si l'activité de l'entreprise se bornait à des transformations
à l'intérieur de chaque période Tn, on aurait
(76)
En désignant par q1r la quantité produite par unité de temps, par pc
son prix de revient comptable, par qv la quantité vendue par unité de temps
et par pv son prix de vente, on aurait de même

et par suite
(78)
On voit ainsi que le bénéfice apparaîtrait dans ce ·cas hypothé-
tique comme le produit de la quantité vendue par l'excès du pri~
de vente sur le coût comptable.
En fait, il est possible de généraliser ce résultat au cas plus complexe
où l'activité de l'entreprise s'étend sur plusieurs périodes et où elle détient
des immobilisations et des stocks et où elle a un endettement et une encaisse.
Il suffit de remarquer à cet effet que tout se passe en fait comme si
l'entreprise disposait au début d'une période Tn d'une valeur cf: + C~,
comme si, avec cette valeur, elle achetait les immobilisations et les stocks
correspondants à leurs prix comptables, concurremment aux dépenses
(79) !J.in = sin + pin + I~
effectuées à l'extérieur et à la rémunération ia~ de l'actif net et qu'en fin
de période elle revendait ces différents biens après les avoir transformés
ou non.

( 1 ) Le lecteur désireux d'approfondir ce résultat pourra avantageusement consulter


notre ouvrage général : A la Recherche d'une discipline économique. T. I :L'Économie pure,
nos 157 et suiv.
24 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

TABLEAU

COMPTABILITÉ
_,.

Actif net Immobilisations Stocks

Débit Crédit Débit Crédit Débit Crédit

Report à nouveau des écritures du bilan. c~


Produit des ventes. .

Paiement des salaires

Achat de fournitures .

Intérêts des dettes . .

Intérêts c!es créances .

Paiement des intérêts et amortissements des dettes et du


capital action.. . . . . . . .. . . . . . . . . . ...
Encaissement des intérêts et amortissements des créances
et des actions remboursées

1nvestissements .

Effets escomptés.

Avances des banques.


Emprunts contractés et émission d'actions nouvelles . .
Prêts consentis aux tiers et souscription à des actions
nouvelles . . . ........ . . ......................... .
Virement à P. P. ou revenu d'exploitation (solde du
Compte d'exploitation) . . . . . .

Amortissement des Immobilisations ..

Réévaluation des Immobilisations .

Accroissement des stocks.

Réévaluation des stocks. .

Versement de dividendes ..

Report à nouveau du solde de P. P ..

Soldes. o o • o • o o o o o o o o • o o o • • • • o • • • • a~ + da~ c ~ + dCt~ .. j


. C~+ dC~ ••
i
LES COMPTABILITÉS ÉLÉMENTAIRES 25

r
DE L'ENTREPRISE

Dettes Compte
Créances Caisse et Banques Profits et Pertes
d'exploitation

Débit Crédit Débit Crédit Débit Crédit Débit Crédit Débit Crédit

Yi dt . Vidt

Fi dt

i
. . . le' dt

dM!E
dM!A .. dM!A

R~,0 dt .. · (R~, 0 +Rp,~)dt.

R~ dt

p;M dl
. Ail:. dt

: p~ dt

. (o!-D!,)dt ..
da~

..............
26 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

Dans ces conditions et en posant


(80) lin = I!: + ia!;'
les recettes totales seraient égales à
TVin + c!;:+r- TR!n + c~n+r
et les dépenses à
T(Sin + J?in + Jin) + c:_ + c~
et le bénéfice Bïn donné par la relation (63) apparaîtrait bien comme une
différence entre des recettes et des coûts (1).
En fait tout se passe comme si 1'entreprise pouvait se décompo-
ser en trois exploitations distinctes, la première gérant la produc-
tion, la seconde les stocks et la troisième enfin les immobilisations.
En ce qui concerne la production, tout se passe comme si q~ représen-
tant la quantité stockée à l'instant in l'entreprise produisait une quantité
totale par unité de temps
n+:r n
n n + qa- -qu
(81) qrr = qv T

de bien Q à un coût comptable moyen P:m tel que


(82) Tq; p':m = T(Sin + pïn + lin + A!~)
et le revendait à un prix de vente moyen P~m tel que
(83) Tq~ P~m = Tp~ q~ + p~+I (q~+I _ q~)
où p~+:r représente le prix auquel est évalué le stock à- l'instant tn+r. Elle
réalise ainsi un bénéfice sur la production
(84)
qui s'écrit encore en notation continue

(85)

De même en ce qui concerne le stock tout se passe comme si elle ache-


tait une quantité. qa- au prix p~ et la revendait au prix p~+I. A ce titre elle
réalise par unité de temps un bénéfice sur le stock

(86)

ou en notation continue

(87)

Enfin en ce qui concerne les immobilisations, tout se passe comme si


l'entreprise achetait les immobilisations de l'instant tn+z à un prix de
revient fictif
( 1) Compte tenu de la relation (40).
SOMMA,;IQN DES COMPTABILITÉS 27
(88)
et les revendait à un prix de vente fictif ·
(89) ~p :m q:M+ J = c~M+J
en réalisant par unité de temps un bénéfice sur les immobilisations

(90) BiIll!
= ~ (P:m -T P:m) qiM n+l

soit encore en notation continue

(91) B~M
. =dCIM
dt +A
IM
-R
I

ou encore
(92)

Au total on vérifie que le bénéfice Bin peut bien s'écrire


(93)
et que l'on a bien pour le bénéfice global

(94)

l'expression déjà trouvée


(95)
La relation (93) permet de vérifier que dans le cas le plus général
le bénéfice peut être considéré comme égal à une somme de béné-
fices élémentaires égaux chacun au produit par une quantité de
l'excès d'un prix de vente sur un coût comptable.

2° SOMMATION DES COMPTABILITÉS ÉLÉMENTAIRES


DANS LE CAS D'UNE ÉCONOMIE SANS ACTIVITÉ
ÉTATIQUE
Sommation des bilans.
23. En posant
(96)
aN = :l::a~
. EN = ~ E~ ~

le bilan au début de la périodê T de l'ensemble du secteur production peut


s'écrire compte tenu des relations (32) et (45)
Actif. Passif.
Immobilisations non amorties. Cm Endettement net.
Stocks. C1:; Actif net.
Disponibilités monétaires. Mp
28 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

Ce bilan exprime que l'on a


(97) ~-C-r_M_+_C_I_+_M_P_____a_"__-+-EN-,

L'actif net aN. si les évaluations comptables comme celles du marché


étaient correctes, devrait être égal en principe à la somme de la valeur
en bourse Ca de la masse des actions détenues par les individus et de la
valeur des biens possédés individuellement (1) (2). Mais naturellement quel
que soit le système de définitions utilisé l'égalité (97) subsiste toujours.
On voit que la valeur globale des immobilisations, des stocks
et des disponibilités monétaires est égale à la somme des actifs
nets et des endettements nets.
Remarquons une fois pour toutes que les sommations indiquées
s'étendent à toutes les entreprises, banques et Institut d'émission compris.
Capital national. Revenu national investi.
24. Nous appellerons capital national et nous désignerons par CN la
valeur globale des immobilisations
- ~ i
(98) Cil\! - i Cil\!

et des stocks
(99)
détenus par les entreprises. Nous aurons ainsi

(100)

Nous appellerons respectivement les quantités


( 101) P~
.<....~
= ~p~
• .<....~
A~ =~At
• .<....~
PIll! --~pi
i Il\!
A Ill! --~Ai
i Ilii R I --~Ri
j I

plus-value et accroissement du stock national, plus-value et amortissement


des immobilisations nationales, et revenu national investi (4).
On a alors d'après les relations (51) et (54)

(102)

(103)

( 1 ) Rappelons que suivant les conventions faites au début du § 8, la possession


d'un bien durable par un individu constitue une activité d'entreprise. Les biens possédés·
par les personnes physiques sont donc inclus dans notre définition.
( 2 ) En fait Ca diffère de la valeur des biens possédés par les entreprises en raison d'une
part de l'insuffisance de l'information et d'autre part de la sous-évaluation habituelle de
l'actif net par les entreprises.
( 3 ) Pour simplifier, nous supposons, comme nous l'avons précisé au § 9, que la monnaie
manuelle est une monnaie papier inconvertible. Dans le cas d'une monnaie or, il faudrait
naturèllement inclure l'or en circulation dans le capital national. Le lecteur pourra facile-
ment vérifier que rien d'essentiel ne serait changé dans ce qui suit.
(') Comme nous l'avons déjà indiqué (§§ 1.1. et.1.3) la valeur des investissements corres-
pond à des immobilisations et ne comprend pas les accroissements de stocks.
Il est certain qu'au point de vue économique une partie au moins des accroissements
SOMMATION DES COMPTABILITÉS :29
et

(104)

On voit que l'accroissement du capital national est égal à la somme


du revenu national investi et de la plus.:..value nette des immobili-
sations et des stoks.

Fortune nette des individus.


25. Nous appellerons endettement net global des entreprises et nous
1
représenterons par eN la somme e:~ des endettements des entreprises.
(105)
Si on représente par eNr l'endettement global des entreprises vis-à-vis
des individus, il est visible d'après ce qui précède que
(106)
Nous appellerons fortune globale nette des individus et nous désigne-
rons par Cr le montant global de ce qu'ils possèdent, c'est-à-dire de leurs
disponibilités monétaires Mr, de l'endettement global e~r des entreprises
et de la somme
(107) aN --~i
i aN

de la somme des actifs nets qui représente un actif (2 ) qui doit leur
revenir (3 ). On aura ainsi
{108) Cr= ENI+ aN+ Mx
soit d'après les relations (29), (30), (97), (100) et (106).
(109) Cr = eN
La fortune globale nette des individus est donc égale au capital natio-
nal.
Revenu national distribué.
26. Nous appellerons revenu national distribué et nous désignerons par
RD le montant global des revenus reçus par unité de temps par les indivi-
dus, c'est-à-dire le montant global des salaires S, des intérêts ID, des amor-
tissements AD et des dividendes DD versés en monnaie aux individus par
les entreprises par unité de temps. On aura ainsi
de stocks (la partie réalisée volontairement) pourrait être considérée comme un investis-
sement, mais il nous a paru préférable pour la clarté de nous en tenir aux usages comptables
courants.
( 1 ) Dans la sommation (105) les créances et les dettes des entreprises entre elles s'an-
nulent en effet deux à deux, sauf· les comptes courants créditeurs et le montant du poste
« billets en circulation » figurant au bilan de· l'Institut d'émission, et il ne reste finalement
que la somme des créances des individus sur les entreprises augmentée du montant global
de la monnaie scripturale et de la monnaie manuelle.
( 2 ) Ou naturellement un passif dans le cas où l'~ctif net aN est négatif.
(3) Rappelons que la possession de biens personnels par un individu a été comprise
pouT' simplifier dans l'activité d'entreprise (§ 8).
30 LES FONDEMENTS COMPTABLES .DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

La somme des intérêts versés par les entreprises à d'autres entreprises


étant l:;J!,, le montant des intérêts versés par l'ensemble des entreprises
aux individus est évidemment ~( r; - r;,). Une remarque analogue vaut
naturellement par les am()rtissements des dettes et les dividendes, de sorte
qu'on a, compte tenu des relations (36), (37) et (38)
(ll1)
(112)
(113)

Revenu national consommé.


27. Nous appellerons revenu national consommé et nous désignerons
par Re le montant total des dépenses de consommation des individus par
unité de temps.
(ll4)
en désignant par R! le montant des dépenses de consommation par unité
de temps de l'individu k.

Revenu national placé.


28. Nous appellerons revenu national placé et nous désignerons par
Rp le montant des placements en monnaie des individus par unité de temps.
On a naturellement comme pour les intérêts, les amortissements et
les dividendes
(ll5)

Emploi du revenu distribué.


29. Compte tenu de l'hypothèse de paiement au comptant des dépenses
(§ 13), l'accroissement des disponibilités monétaires individuelles est égal
à l'excès de leur revenu RD en monnaie sur leurs dépenses de consomma-
tion Re et leurs placements RP, et on a

(116)

Va.riation de l'endettement net.


30. Si on appelle Rp'A le montant global des émissions d'actions nou-
velles et AeA le montant global des amortissements d'actions anciennes,
on aura
SOMMATION DES COMPTABILITÉS 31

(117) RP'A -- !:Rs


s P'A AeA -- !:As
s eA
et compte tenu des relations (31), (55), (56), (57), (112) et- (115).

( llS) deN
(JI= (Rp - R PA
, ) -(AD-AeA) dM
+df•

Sommation des recettes et des dépenses monétaires


des entreprises.
31. En désignant par V et F les sommes ~vs et ~i des ventes des
entreprises et des fournitures d'entreprise à entreprise, en posant
dMS _!:dM!
(119)
dt - s dl
et en sommant pour toutes les entreprises (1) la relation (34) compte
tenu des relations (43) et (46), on obtient la relation

(120) V + Ae' + le' + De' + Rp' + d~M + d:s

= S + F + Rr + Ae + le + De + Rp + d~p
soit compte tenu des relations (29), (39), (43), (46), (96), (101), (110), (111),
(112), (113) et (115 ).

(121)

Cette relation exprime que la valeur globale des ventes, des place-
ments et de l'inflation monétaire est égale à la somme du revenu distribué,
des fournitures, du revenu investi et de l'accroissement des disponibilités
monétaires des entreprises.
Compte tenu des relations (30) et (116), cette relation peut encore
s'écrire
(122) V=Rc+Rr+F

Cette relation exprime que la valeur globale des ventes est égale à la
somme du revenu consommé, du revenu investi et des fournitures d'entre-
prise à entreprise (2).

Sommation des valeurs ajoutées.


32. Nous appellerons valeur ajoutée par l'entreprise E:i pendant la
période T n et nous désignerons par v:
la différence

Y compris naturellement les banques de crédit et l'Institut d'é:rp.ission.


(1 )
Cela résulte de notre hypothèse simplificatrice suivant laquelle les investissements
( 2)
d'une entreprise sont tous considérés comme achetés à l'extérieur de l'entreprise (§ 13).
32 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

yin + c::+I + C~"+I - pin - c:: - c~


entre la valeur globale de la production et des immobilisations en fin de
période d'une part, et la valeur globale des fournitures et des immobilisa-
tions initiales d'autre part. On aura ainsi
(123) V!,.. = yin + c;;:+r + C~ +r- pin- c;:- Ct.
Si on désigne par VA la somme 1:v: des valeurs ajoutées nous aurons
d'après la relation (122)

(124)

La valeur ajoutée globale est ainsi égale à la somme du revenu consommé,


du revenu investi et de l'accroissement de valeur des immobilisations
anciennes et des stocks.

Revenu d'exploitation national.


33. Nous appellerons revenu d'exploitation national et nous désigne-
rons par RE la somme l:R! des revenus d'exploitation des entreprises. D'après
les relations (40) et (111) on obtient alors

(125) RE= V-S-F-ln

Compte tenu de la relation (122) on a alors

(126) RE=Rc+Rr-S-In

Le revenu national d'exploitation est ainsi égal à l'excès du montant


de la consommation et des investissements sur la somme des salaires et
des intérêts distribués.
Compte tenu des relations (110) et (121) on a encore

(127)

Cette relation exprime que le montant global du revenu d'exploita-


tion, du revenu pfacé et de l'inflation monétaire est consacré par l'ensemble
des entreprises aux investissements, à la distribution d'amortissements et
de dividendes et à l'accroissement de leurs disponibilités monétaires.
Nous appellerons auto-investissement des entreprises et nous dési-
gnerons par RIA (1 ) l'investissement réalisé par les entreprises, en sus des
sommes reçues des particuliers à titre de placement, par prélèvement sur
les revenus distribuables aux actionnaires, de sorte qu'on aura
1
( ) Cette quantité peut, naturellement, être positive ou négative.
SOMMATION; DES COMPTABILITÉS 33

(128)

La relation (127) peut alors s'écrire

dM
(129) Re + dt = RrA + Ao + Do + dMP
(if

ou encore d'après les relations (30) et (110)

(130)

Nous appellerons encore revenu d'exploitation· non distribué et


nous désignerons par ReND la somme des revenus non distribués R:ND des
entreprises et nous aurons d'après la relation (42)

(131)

On aura alors d'après la relation (127)

(132)

On voit ainsi que les entreprises financent leurs investissements et


l'accroissement de leurs disponibilités monétaires par les placements indi-
viduels, les revenus non distribués et l'inflation monétaire.
Naturellement l'équation (132) peut encore s'écrire

(133) ReND + dM
(if = RIA
dMP
+ (if
On voit ainsi que les entreprises financent leurs auto-investissements
et les accroissements de leurs encaisses avec leur revenu non distribué et
l'inflation de monnaie manuelle et scripturale.
Enfin des relations (126) et (131) on tire la relation
(134) ReND = Re + Rr - Ro.
On voit ainsi que le revenu non distribué des entreprises est égal à
l'excès du montant global du revenu consommé et du revenu investi sur le
revenu distribué.

Financement des investissements

34. La relation (132) peut encore s'écrire

(135)
34 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

Si on remarque alors que la différence


dM dMP
----
dt dt
représente la partie de l'inflation monétaire qui est effectivement utilisée à
des dépenses par le secteur production (1 ), on voit que l'investissement
peut être considéré comme constitué par trois éléments : un inves-
tissement spontané Rp des individus, une auto-épargne REND du sec-
teur· production et enfin un investissement réalisé à l'aide de la partie de
l'inflation monétaire effectivement utilisée à des dépenses et que l'on peut
appeler, conformément à la terminologie courante, investissement forcé.
Comme on a d'après la relation (30)
dM dMP dMr
(136) df-Tt=di
on voit que 1'investissement forcé ainsi ·déîmi est égal à 1'accroisse-
ment du montant global des disponibilités monétaires des indivi-
dus. Cette circonstance est certainement très remarquable.

Remarque.- Lorsque la quantité de monnaie manuelle MM reste


constante ainsi que le montant global des disponibilités monétaires Mp des
entreprises, on a, d'après la relation (27)
dM dMP dMs
(137) dt -dt= dt.
On vérifie que dans ce cas, qui est le cas habituellement considéré
par les différents auteurs, 1'investissement forcé est égal à 1'accrois-
sement de la quantité de monnaie scripturale.
On a alors naturellement, d'après les relations (27) et (28)
(138) dMs dMr
dt=&"
On voit ainsi qu~ dans ce cas particulier l'égalité de l'investissement forcé
et de l'accroissement des disponibilités monétaires individuelles se comprend
iin.médiatement.

Production globale et production Ïmale.


35. Nous appellerons production globale et nous désignerons par P la
valeur globale de toutes les productions des entreprises (2 ). Ces produc-
tions étant soit vendues, soit stockées, on a nécessairement

(139) P=V+A~

(1) C'est-à-dire non employée à l'accroissement de ses disponibilités monétaires.


C") Calculée suivant les prix de vente. .
(8) Il est visible que la production globale ainsi définie n'aurait plus le caractère d'une
véritable production si le terme A~ comprenait les accroissements ·de stocks d'approvi-
sionnement,puisque alors un bien acheté par une entreprise et destiné à son stock d'appro-
SOMM"-TION DES COMPTABILITÉS 35
Nous appellerons production finale et nous désignerons par PF l'excès
de la production globale P sur le montant ·global F des fournitures d'en-
treprise à entreprise. On aura ainsi

(140)

Des relations (122) et (139), on tire alors

(141)

La production finale apparaît ainsi comme égale à la valeur globale


de la consommation finale, des investissements et de l'augmentation des
stocks.
La production îmale PF doit être soigneusement distinguée de
la production globale P de l'ensemble des entreprises. La plupart
des entreprises ne produisent en effet que des matières premières et des
produits semi-finis qui n'interviennent pas dans la production finale PF.
On peut encore écrire d'après les relations (116), (128) et (141)

(142) PF = dM1)
(RD -Tt +RIA+ A::E.
L'interprétation de cette relation est naturellement immédiate.

Ventes îmales.
36. A la notion de production finale, on peut faire correspondre la
notion de ventes finales, excès des ventes V sur les fournitures F. En dési-
gnant le montant global des ventes finales par VF on aura ainsi
(143) VF=V-F
soit d'après la relation (122)
{144) VF = Re+ R1.
Le montant des ventes finales apparaît donc comme égal au montant
global du revenu consommé et du revenu investi. Ce montant représente
la consommation îmale globale ·de la collectivité.

Revenu national net.


37. Nous appellerons revenu national net, ou plus simplement revenu
national, et nous désignerons par RN la somme de la consommation et de
l'accroissement du capital national. Nous aurons ainsi

visionnement serait compté deux fois, d'où l'utilité de distinguer ces stocks des stocks de
produits disponibles pour la vente et de produits en cours de fabrication. C'est la raison
pour laquelle dans un souci de simplification nous les avons bloqués avec les immobilisa·
ti ons.
( 1 ) Le concept de production finale ainsi défini est naturellement indépenqant de ce
que l'on fait figurer sous la rubrique stocks puisque la somme Rt + A~ est indépendante
de l'affectation ou non d'une partie des stocks aux immobilisations (voir le§ 11).
36 LES FONDEMENTS COMP.TABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

(145)

Compte tenu de la relation (99) on voit que l'on a ainsi

(146)

On voit ainsi que le revenu national apparaît comme la somme du


revenu consommé, du revenu investi, et de la plus-value nette des immo-
bilisations et des stocks.
D'après la relation (141) on peut encore écrire

(147)

Le revenu national apparaît ainsi comme égal à la somme de la pro-


duction finale, de la plus-value nette des immobilisations anciennes et de
la plus-value des stocks.

Revenu national et somme des valeurs ajoutées.


38. Le rapprochement des relations (124) et (146) montre que le revenu
national est encore égal à la somme des valeurs ajoutées

(148)

Épargne nationale brute, épargne nationale totale


et épargne nationale nette.
39. Nous appellerons épargne nationale brute et nous désignerons
par EB l'excès sur la consommation Re de la production finale. Nous aurons
ainsi
(149)
D'après la relation (141) on a alors

(150)

Ainsi l'épargne nationale brute est égale à la valeur globale des


investissements et de l'accroissement des stocks.
En fait, si l'on veut avoir la valeur nette totale produite par l'éco-
nomie, il faut ajouter à la production finale PF la plus-value PxM + P 2: des
immobilisations et des stocks anciens. On est ainsi amené à la notion d'épargne
nationale totale, excès de la valeur nette totale produite sur la consom-
mation que nous désignerons ET· On aura ainsi
(151) ET = PF + PxM + Pz- Re
SOMMATION DES COMPTABILITÉS 37
soit, d'après les relations (103) et (141)

(152)

On voit ainsi que l'épargne totale est égale à la somme du revenu


investi 1 de la plus-value des immobilisations anciennes et de l'ac-
croissement de valeur des stocks.
Nous appellerons enfin épargne nationale nette et nous désignerons
par EN l'excès sur la consommation Re du revenu national. Nous aurons
ainsi
(153)

D'après la relation (145) on a alors

(154)

On voit ainsi que l'épargne nationale nette n'est autre que l'ac-
croissement du capital national.
Compte tenu des relations (103), (146), (150)• et (153), on a alors

(155)
et
(156)

On voit que l'épargne nationale nette est égale à 1'épargne brute


augmentée de la plus-value nette des immobilisations anciennes
et de l'accroissement de valeur des anciens stocks et à l'excès de
l'épargne totale sur l'amortissement des immobilisations anciennes.

Bénéfice national.
40. Nous appellerons bénéfice national et nous désignerons par B la
somme ~B des bénéfices des entreprises.
~

D'après les relations (62) et (63), on a alors :

(157) B = (P,. ~A,.),+ (P1; + A1;) + R, ~ ia. 1

(158) B = (dCrM- Rr) + dC:E + Rë -LaN


. dt dt .

Ces relations expriment que le bénéfice national est égal à l'excès


sur l'intérêt de l' actü national net de la valeur globale du revenu
d'exploitation et de l'accroissement de valeur .des immobilisations
anciennes et des stocks.
38 LES FONDEME:N:l'S COMPTABLES DE LA MACRo-ÉCONOMIQUE

Bénéfice national brut.


41. Si on appelle bénéfice national brut et si on désigne par BB, la somme
des bénéfices bruts ~B! on aura d'après la relation (59)
(159} Bll = B + iax
soit encore

(160)

Bénéfices non distribués.


42. Si on appelle encore bénéfice national non distribué et bénéfice
brut non distribué et si on désigne par BNo et BBNo les sommes ~B!m et
~B!ND des bénéfices non distribués et les bénéfices bruts non distribués,
on aura encore d après les relations (64), (65) et (66) :
7

(161) BNo = B- Do
(162) B:eNo = BB - Do
(163) BBNO = daN
(if +A CA-
R'
p A•

On voit que le bénéfice brut non distribué apparaît comme égal à la


somme de l'accroissement de l'actif net et de l'excès de l'amortissement du
capital action sur le capital nouvellement souscrit.

Éléments du revenu national net.


43. Compte tenu des relations (104) et (125) on a
(164) B = d~N - Rr + V- F - S- Io - iaN
soit d'après la relation (122)

(165) B = d~N +Re-S- Io- iaN.


Si on appelle salaire national le montant S des salaires et intérêt
national le montant I des intérêts

(166)
rapportés par le capital national
(167) eN= Car+ Cz =aN+ S:N- Mp
la relation (165) montre, compte tenu de la relation (145), que l'on a

(168) RN= s + I +B
autrement dit le revenu national net est égal à la somme du salaire
national, de :l'intérêt national ~t du bénéfice national.
Compte tenu des relations (159) et (166) on a encore
SOU;MATION DES COMP'l'A1iULITÉS .39

(169)

D'après la relation (148) on voit encore que !"on a

(170)

relation qui exprime que la somme des valeurs ajoutées est égale à la somme
des salaires, des intérêts et des bénéfices.

Éléments du montant des ventes finales.


44. Compte tenu des relations (125) et (143) on a

(171)

relation qui exprime que le revenu d'exploitation peut être considéré comme
l'excès des ventes finales sur les salaires et les intérêts distribués.
Naturellement, compte tenu de la relation (144) cette relation n'est
autre que la relation (126) déjà obtenue.

Éléments du bénéfice et de la production finale.


45. On peut appeler bénéfice national .sur les immohilisations, les stocks
et la production et désigner par Bn.t, B~ et B~' les sorm:nes 1B~, ~B~ et ~B;.
On aura alors d'après les relations (85), (87) et (92)
(172) Bm = ~B~M B~ = ~B~ B~' = ~B!
(173) BrM = Pu~:
(174) B~ = P~
(175) Bp = V- S - F - I - ArM + A~.
D'après les relations (139) et (140) la relation (175) donne

(176) PF = S + I + ArM + B.P l


On voit ainsi que la valeur de la production finale est égale à la somme
des salaires, des intérêts, des amortissements des immobilisations et du
bénéfice sur la production. Cette relation est naturellement l'analogue pour
la production finale de la relation (168).
Si on désigne par PFR le prix de revient de la production finale, la rela-
tion (176) indique que l'on a

(177) PFR = S + I + ArM 1

Autrement dit, le prix de revient de la production finale apparaît


comme la somme des salaires, des intérêts et de l'amortissement des immo-
bilisations.
40 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

Revenu national net et revenu national distribué.


46. On a, d'après les relations (110) et (168)
(178) RN - RD = s + +
I B - s - AD - h - DD 0

Cette relation s'écrit d'après les relations (159), (162) et (166)

(179)

Autrement dit, le revenu national est égal au revenu distribué augmenté


du bénéfice brut non distribué et. diminué des amortissements distribués.
Il peut être commode d'appeler revenu national non distribué et de
désigner par RNND la différence

(180)
on a ura alors
(181) BB~D = RNND +AD.
Le bénéfice brut non distribué apparaît comme égal à la somme du
revenu national non distribué et de l'amortissement distribué.
Compte tenu des relations (131 ), (157), (159), (162) et (181) on a

(182)

le revenu national non distribué est ainsi égal au revenu national d'exploi-
tation non distribué augmenté de la plus-value nette des immobilisations
et des stocks.
Épargne spontanée.
47. Nous appellerons épargne spontanée et nous désignerons par Es
l'excès (RD- Re) du revenu distribué sur le revenu consommé.

(183) Es= RD- Re

Compte tenu de là relation (116) on a alors

(Ü34) Es= Rp + dMx


dt

L'épargne spontanée est ainsi égale à la somme du revenu placé et


de l'accroissement des encaisses individuelles.
On en déduit que l'on a
(185) Rx-Es = R1-Rp- d~1
soit d'après la relation (128)

· dM1
(186·) Rr "-- Es == RIA --'-- (if
SOMMATION DES COMPTABILITÉS 41
On voit ainsi que l'investissement est supérieur à l'épargne spontanée
d'un montant égal à l'excès de l'auto-investissement sur l'accroissement
des encaisses individuelles.
Compte tenu des relations (30) et (133) on peut encore écrire

( 187)

On voit ainsi que l'investissement est financé par l'épargne sponta-


née et le revenu non distribué des entreprises.
Des relations (134), (141) et (187) on tire la relation

(188)

On voit ainsi que l'épargne spontanée est égale au montant global du


revenu investi, de l'accroissement des stocks et de l'excès du revenu dis-
tribué sur la production finale (1 ).
Des relations (146), (153) et (187) on tire
(189) EN = Es + RsND + (PxM- AxM) + (Pi +AI;).
On voit ainsi que l'épargne nationale nette est égale à la somme de
l'épargne spontanée, du revenu non distribué des entreprises et de la plus-
value des immobilisations et des stocks.
Compte tenu de la relation (182), cette relation peut encore s'écrire

•(190)

On voit que l'épargne nationale nette est égale à la somme de l'épargne


spontanée et du revenu national non distribué.

Epargne des entreprises.


48. Nous définirons l'épargne des entreprises comme l'excès del'épargne
nationale sur l'épargne indiv.iduelle (ou épargne spontanée).
En fait, on peut faire correspondre aux trois notions d'épargne natio-
nale brute, d'épargne nationale totale et d'épargne nationale nette trois
notions parallèles pour l'épargne des entreprises.
L'épargne brute des entreprises EBP sera ainsi égale à l'excès
(191) EBP = EB- Es (2 )
de l'épargne brute sur l'épargne spontanée.
Compte tenu des relations (147), (149), (180), (182) et (183) on a alors
(192) EBP = RsND +AI;.

(1 ) Contrairement à ce que certains auteurs semblent penser au moins implicitement,


la différence (Rn- PF) ne saurait s'exprimer en fonction des quantités dMrfdt et dMpjdt,
autrement dit il n'existe pas de relation entre l'épargne spontanée Es, le revenu investi R 1
les accroissements de stocks Az: et les variations des disponibilités monétaires dM 1 jdt et
dMpfdt.
( 2) L'indice P indique qu'ils'agit du secteur production.
42 LES FONDEMENTS C01'4PTA.BLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

L'épargne· brute des entreprises apparaît ainsi comme égale au :revenu


.d'exploitation.non distribué augmenté de l'accroissement des stocks.
L'épargne totale ETP des entreprises est égale à l'excès
(193) ETP =ET- Es
de l'épargne totale sur l'épargne spontanée et on a d'après les relations
(147), (151), (180) et (183)
·(194) ETP = RNND + AIM•
L'épargne totale des entreprises est ainsi égale à la somme du revenu
national non distribué et de l'amortissement des immobilisations.
D'après les relations (110), (168) et (180) on a encore
(195) ETP = (AIM- AD) + (I- ID) +(B- DD)
Telation dont l'interprétation est immédiate.
Enîm l'épargne nette ENP des entreprises sera égale à l'excès
(196) ENP = EN- Es
-de l'épargne nationale nette sur l'épargne spontanée, soit d'après la rela-
tion (190)
(197) ENP = RNNDo
On voit ainsi que l'épargne nette des entreprises est égale au revenu
national non distribué.

Épargne spontanée des entreprises.


49. A la notion d'épargne spontanée des individus on peut faire corres..
pondre la notion d'épargne spontanée des entreprises définie comme égale à
l'excès du revenu d'e.xploitation RE sur les versements AD et DD effectués aux
-créanciers et aux actionnaires. On voit ainsi que l'épargne spontanée des
entreprises n'est autre que le revenu non distribué REND des entreprises.

Épargne spontanée globale.


50. Si on appelle épargne nationale spontanée et si on désigne par E la
somme des épargnes spontanées des individus et des entreprises, on aura

(198)

Et compte tenu de la relation (187)

(199) RI=E

On voit ainsi que le revenu national investi est égal à l'épargne nationale
spontanée.
Les relations globales essentielles.
51 . A ce terme le lecteur se sentira peut-être un peu submergé par Ie
nombre des définitions e~ des relations qui précèdent. La raison en est que
SOMMATION DES COMPTABILITÉS 43

les quantités qu'il y a intérêt à définir en vue de diverses applications ainsi


que les relations remarquables qui les lient sont très nombreuses (1 ).
Cependant certaines des grandeurs et certaines des relations qui pré-
cèdent apparaissent pour la plupart des applications comme plus intéres-
santes que d'autres. Ce sont celles que nous avons rassemblées dans le résumé
placé en tête de cette étude.
Quelque intérêt qu'il y ait à être substantiel, nous n'avons pas néanmoins
cru devoir limiter notre exposé au développement strict de ce résumé, car
si les notions et les relations qui n'y figurent pas ne sont pas absolument
fondamentales, elles n'en constituent pas moins des concepts et des relations
très utiles et très éclairantes pour certains aspects de l'analyse économique.
Afin de faciliter le travail du lecteur, nous avons représenté dans les
tableaux II et III les principales relations globales par des schémas géomé-
triques sous forme de réseaux (2). Il n'a malheureusement pas été possible
· de les représenter toutes par ùn schéma unique.

Stocks et flux. Relations de définition, relations de propriété


et paramètres indépendants.
52. Il est indispensable de se faire l:lne idée claire de la nature propre
des différents paramètres et relations que nous avons utilisés. Pour la sim-
plification nous nous limiterons aux 35 p~amètres et aux 28 rela-
tions explicités dans le résumé· placé en tête de cette étude 1 mais le
lecteur pourra facilement compléter 1 s'il le désire, les indications
qui suivent.
En dehors du taux d'intérêt i, les différents paramètres utilisés repré-
sentent soit des stocks, soit des flux. Les uns ont été définis directement
comme sommé de quantités élémentaires de même nature figurant dans les
comptabilités des différentes entreprises, les autres l'ont été indirectement
par des relations de définition. Voici leur distribution :
Paramètres de stocks déîmis directement :
CxM- c~- aN- Mx·- Mp- MM et Ms.
Paramètres de stock définis indirectement
eN et M.
Paramètres de flux déîmis directement
PxM - AxM - pk - Ak - s - F - v - ID - AD - Do - Re - Rp et Rx.
Paramètres de flux déîmis indirectement :
BB - B - Re: - ReND - RN - p - PF - PFR - RD - I - RIA et Es.
( 1 ) Le lecteur tant soit peu au courant des problèmes posés par l'étude du revenu
national (voir notamment: Nations Unies, Mesure du revenu national el établissement d'une
comptabilité nationale, 1947, avec le rapport annexé de Richard Stone), ne pourra cependant
que reconna:itre que nous·nous sommes efforcé de simplifier l'ensemble des flux économiques
au minimum strictement indispensable pour l'étude théorique de la plupart des questions
.relatives aux .quantités globales.
(li) ·Ces .schemas nous ont été suggérés et ils ont été établis par un de nos élèves~
M. Lesourne, ingénieur au Corps des Mines.
TABLEAU
REPRÉSENTATION S~TIQUE
Schéma

LÉGENDE
amortissements distribués
amortissements des immobilisations
somme des actifs nets
accroissement des stocks

montant global des bénéfices nets


montant global des bénéfices bruts
montant global des bénéfices bruts non distribués

dCN
variation du capital national
dt
dCI:
variation des stocks
dt
dC 1M
variation des immobilisations
dt
Do dividendes distribués

épargne nationale spontanée


épargne nationale brute
épargne nationale nette
épargne spontanée des individus
épargne totale

F montant global des fournitures d'enireprise à entreprise

(1) Ce schéma a été établi par M. LESOURNE ingenzeul'-


(2) Les chiffres placés à l'intér.ieur des cercles situés aua;
Les barres verticales correspondent à des relalions qui
n
DES ÉQUATIONS GLOBALES PRINCIPALES
no 1. (1) (2)

An-1

(130) R
l.NO

J33,l----R~TA::._...

taux d'intérêt pur


intérêts du capital national
intérêts distribués

variation des disponibilités monétaires des individus

valeur globale de la production


production finale
plus-value des immobilisations
plus-value des stocks

Re valeur de la consommation
Ro revenu distribué
R~ revenu national d'exploitation
R.:ND revenu national d'exploitation non distribué
R, valeur des investissements
RIA auto-investissement des entreprises
RN revenu national
RNND revenu national non distribué
Rp revenu placé

s salaires

v montant global des ventes des entreprises

au Corps des Mines.


nœuds du réseau renvoient aux équations correspondantes.
n'ont pu être représentées par des nœuds.
TABLEAU
REPRÉSENTATION SCHÉMATIQUE
Sché:m.a

dC"
dt

Es

LÉGENDE
amortissements distribués
accroissement des stocks
amortissements des immobilisations

montant global des bénéfices nets


montant global des bénéfices bruis

dCN
variation du capital national
dt
dC 1M
variation des immobilisations
dt
dC~
variation des stocks
dt
Do dividendes distribués

épargne spontanée des individus

F montant global des fournitures d'entreprise à entreprise

intérêt du capital national


1
0 intérêts distribués

(1) Ce schéma a été établi par M. LESOURNE ingénieur


2
( ) Les chiffres placés à l'intérieur des nœuds du réseau
Les barres verticales correspondent à des relations qui
III
DES ÉQUATIONS GLOBALES PRINCIPALES
no 2 (1) (2)

~
dt

variation des disponibilités monétaires des individus

valeur globale de la production


production finale
plus-value des stocks
plus-value des immobilisations

Re valeur de la consommation
Ro revenu distribué
Re revenu national d'exploitation
ReND revenu national d'exploitation non distribué
Rr valeur des investissements
RIA auto-investissement
RN revenu national
Rp revenu placé

5 salaires

montant global des ventes


ventes finales

au Corps des Mines.


renvoient aux équations correspondantes.
n'ont pu être représentées par des nœuds.
48 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

Il y a donc 21 paramètres définis directement (1) et 14 définis indirec-


tement (2 ).
Les relations utilisées sont soit des relations de définition de certains
paramètres, soit des relations de propriété entre des paramètres préala-
blement définis.
Les 14 relations (1), (5), (6), (7), (8), (13), (14), (16), (17), (18), (20), (22),
(26) et (27) définissent respectivement les 14 paramètres eN, RE, B, BB, RN,
P, PF, PFR, I, RD, Es, RIA, REND et M.
Les 14 relations (2), (3), (4), (9), (10), (11), (12), (15), (19), (21), (23),
(24), (25) et (28) définissent des propriétés existant entre les paramètres
déjà définis directement ou indirectement.
Il est facile de voir que ·les 21 paramètres définis directement ne sont
pas indépendants et qu'ils sont liés par cinq relations, les trois relations (2),
(3) et (12) et les deux relations
dMI
(200) S + ID + AD + DD = Re + RP + dt
(201) MM + Ms = MI + MP
déduites respectivement des relations (18) et (19) et des relations (27) et (28).
On voit ainsi qu'il n'y a que 16 paramètres indépendants et l'on peut par
exemple choisir comme tels les paramètres CIM, G~, aN, MI, MP, MM, PIM, Pz,
S, F, ID, AD, DD, Re, RI et i (3 ).
Le lecteur vérifiera facilement qu'une fois données à chaque instant ces
16 grandeurs, la presque totalité des grandeurs considérées dans ce qui pré-
cède et ne figurant pas dans le résumé sont bien déterminées. Le nombre des
paramètres qu'il y a lieu de considérer comme indépendants pour une étude
d'application apparaît ainsi comme relativement limité.
Comme il y a 35 - 16 = 19 paramètres dépendants, on voit encore
que sur les 28 relations considérées il y en a 28 - 19 = 9 qui se déduisent
de toutes les autres. Il n'y a que 19 relations indépendantes dont 14 sont des
relations de définition et 5 sont des relations de propriété correspondant aux
5 relations existant entre les paramètres directement définis que nous venons
d'indiquer.

3o GÉNÉRALISATION AU CAS D'UNE ÉCONOMIE


ÉTATIQUE

L'État entreprise particulière.


53. Les différentes définitions et relations précédentes s'étendent sans
difficulté au cas d'une économie étatique.
Il suffit à cet effet de considérer l'État comme une entreprise particu-
lière produisant des services, les services étatiques, qui sont vendus soit aux

( 1) Dont 7 correspondent à des stocks, 13 à des flux et 1 au taux d'intérêt.


(li) Dont 2 correspondent à des stocks et 12 à des flux.
( 1 ) Les 5 paramètres Air.u Al:, V, Rp et M5 pouvant être considérés comme déterminés

par les relations (2), (3), (12), (200) et (201).


ÉCONOMIE ÉTATIQUE 49

entreprises, soit aux individus moyennant un prix représenté par l'impôt.


Dans ces conditions les impôts payés ·par les entreprises à l'État sont
absolument comparables aux paiements effectués par certaines entreprises à
d'autres en contre-partie de leurs achats de produits semi-finis. Quant aux
impôts payés par les individus, ils sont assimilables aux sommes qu'ils versent
aux entreprises en contre-partie de leurs achats de consommation.
Cette conception ne laisse pas de se justifier. Le but fondamental de
toute production est en effet la consommation de services directs par les
individus. Cette consommation peut se faire à l'échelon individuel (consom-
mations individuelles) ou à l'échelon collectif (consommations collectives).
Notre consommation de pain est une consommation individuelle. Le main-
tien de l'ordre et de la sécurité, l'instruction publique sont des consommations
collectives. Les consommations collectives apparaissent essentiellement
comme des consommations effectuées par les soins de l'État, c'est-à-dire par
les représentants des individus pour· réaliser en bloc, d'une manière directe,
les besoins individuels, que ce soient ceux des individus ou des entre-
prises.
Les dépenses de l'État étant couvertes en définitive par les impôts, ces
derniers apparaissent bien comme les prix payés pour les services rendus
et le fait que la fixation de ces prix, payés sous forme d'impôts, ainsi que la
ventilation entre les impôts payés par les entreprises et ceux payés par les
individus, soient largement arbitraires ne change rien à l'analogie incontes-
table existant entre l'État et les entreprises. Les relations que l'on obtient
sont d'ailleurs et en tout état de cause indépendants de la valeur de
cette analogie.
De même, et bien qu'ellesne soient pas ordinairement utilisées, des notions
analogues à celles d'immobilisations, de bénéfice et de dividende distribué
peuvent et doivent être définies pour cette entreprise particulière que cons-
titue l'État. Tôt ou tard on sera amené à établir parallèlement au
revenu national un Bilan national.
On peut, en particulier, étendre au cas de l'État la notion de dividendes
distribués. Si l'État, en effet, ne répartit pas de dividendes, il distribue des
allocations, des pensions, des secours d'assistance, des subventions, etc.,
absolument analogues au point de vue comptable aux bénéfices distribués
des .entreprises.
Toutes ces notions, pour n'être pas habituellement dégagées, n'en sont
pas moins nécessaires pour la théorie économique et elles ont 1' avantage
de permettre de généraliser sans difficulté les développements don-
nés pour 1' activité productrice des entreprises proprement dites (1 ).

( 1 ) Ce point de vue est absolument analogue-à celui de S. KuzNETs, l'éminent spécia-


liste américain du revenu national (voir notamment on étude : Government product and
National Income, publiée dans l'ouvrage collectif Income and Weallh, série 1, Internatio-
nal Association for Research in Income and Wealth, Bowes, Cambridge). Ce point de vue
a soulevé de nombreuses critiques dont certaines s.ont incontestablement justifiées, mais
toutes les autres solutions qui ont été proposées souffrent également d'insuffisances mani-
festes et d'inconvénients pratiques au :moins équivalents. De sorte qu'au total et compte
tenu des avantages considérables ·qu~ene .affre au point de vue .de la simp.lieité et .Q.e la
50 LES FONDEMENTS COMPTABLES ·DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

Quant aux entreprises natienalisées il est indiqu-é de les joindre au


secteur des entreprises privées.
Dans ces conditions, toutes les relations précédenune:n.t obtenues
restènt valables et elles peuvent être utilisées telles qu'elles (1).
Différenciation de 1'État •.
54. Toutefois pour certaines études, il est nécessaire de différencier les
flux de valeur relatifs à l'ensemble des entreprises de ceux relatifs à l'État~
En affectant d'un indice lies flux de valeur entre entreprises et individus
ainsi que les paiements effectués par les entreprises à l'État, et d'un ·indice 2
les flux de valeur entre État et Individus ainsi que les paiements effectués
par l'État aux entreprises, on obtient le schéma représentatif suivant :

Secteur
Production

Secteur
Consommation· '

Schéma no· 3.
En désignant par Xl l'ensemble des paiements des entreprises. à l'État
et par X 2 l'ensemble des paiements de l'État aux entreprises, on a naturel-
lement
(202) RD=R!+R;
(203) Re= R~ + R~
cohérence logiq!le; c'est notre solution, qui est également celle· de Kuznets, qni nous appa-
ràlt comme la meilleure.
Nous· ctoyons devoir nous abstenir ici, malgré son intérêt manifeste, d'une discussion
approfondie, car elle sortirait du cadre de cet ouvrage dont la conception fondamentale
est d·'être court. Il n'y a pas de raison de développer ici la théorie de ract:ivité de l'Éltat
plus que· celle de l'inflation, ou du bilan, par exemple, et si n-ous.procédions à· tous ces déve-
loppements, ce· seraient de nomnretix-èt.forts volûmes qui seraient nécessaires.
( ) C'~st là qu'il faut voir la meilleure justification des hypothèses faites.
1
\
ÉCONOMIE ÉTATIQUE 51

(204) RP.=fl!+R:
(205) R~ + R! + X = R! + X? 2

(206) R~· + R; + X1 = R! + X 2

(207) X1 = p1 + R}· + A 1 + 11 + D1 + R!
(208) 2
X = F + R: + A + 1 +
2 2 2
n~ + R;-
(209) R! = 8 + I! + A! ·+ D!
1

(210) R~ = 8
2
+ I~ + ~ + D~
où R! représente le montant des prêts effectués par les entreprises (banques
et Institut d'émission compris) à l'État, où représente le montant des R:.
prêts effectués par l'État aux entreprises, et où les différents autres signes
ont les mêmes significations générales que précédemment (1 ).
Les relations (205) et (206) ne sont autres que les comptes << Caisse et
Banque'' de l'ensemble des entreprises et de l'État.

Hypothèses simplificatrices.

55. Pour les études courantes de théorie économiques on peut faire


quelques hypothèses simplificatrices qui permettent une utilisation plus
facile de ces relations (2 ).
Nous supposerons que l'État ne détient pas de créances sur les entre-
prises, ni inve~sement.
On aura ainsi
(211) R; = A1 = J1 = A2 = 12 = R; = 0
(212) R1 = dMM
~ dt·
Nous supposerons en outre que les. entreprises dans leur· ensemble ne dis-
tribuent aucun dividende à l'État et qu'inversement l'Êta:t ne leur distribue
aucun subside.
On aura alors
(213) Dl= D 2 =O.
Nous supposerons enfin que l'État ne distribue aucun subside aux indi-
vidus, soit:
(214) D2D· = 0
Avec le$ hypothèses faites' R~ et F 1 repr-ésentent resp@Ctiv~m€nt les.
impôts payés par les individus et par les entreprises. Nous les· désignerons·
par J1 et J:Ji:. Ces sommes· représentent d'après nos conventions les paiements
à l'État des services qu'il rend~ .

{ 1) Ainsi A1 désign~ les amortissements yersés :Rar, les entrepris,as à l'État.


{2) Il va naturellement de soi que pour. toute étude excluant ces hypothèses simpJi~·
catrices, on peut toujours revenir -aux équations complètes (207), (208) et (210).
( } Yom§ 16.
3
52 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMiQUE

La seule différence existant entre les dépenses R~ et F 1 et les autres


dépenses telles que R! est, d'une part, d'être fixée par l~s représentants des
individus au lieu de l'être par les individus eux-mêmes et, d'autre part, de ne
présenter qu'un rapport lointain avec le prix de revient des services étatiques
rendus directement aux individus (1 ), mais ces circonstances ne diminuent,
en rien l'analogie comptable existant entre les flux R~ et R~ d'une part et
FI et F 2 d'autre part.
On aura ainsi
(215) R~ =JI
(216) F1 = JE.
Par ailleurs F2 représente les achats de fournitures effectués par l'État
pour le fonctionnement des services publics et R~ les investissements publics
(routes, ports, matériel de guerre, etc.). Il est plus commode de désigner les
fournitures F 2 par R~ et de ]es appeler consommation de l'État.
Les flux entre les entreprises et l'État peuvent alors se représenter ainsi
qu'il suit :
dMM
Impôt JE+ Inflation monétaire """"dt

Achats de l'État R~ +Ri

Schéma no 4.
et les équations (203), (205), (206) et (210) s'écrivent
(217) Re= R~ +JI
(218) Re
1
+ 1
RP + R~ + R! = RD
1
+ JE + d~
df:
dM
(219) JI+ JE + R! + dtM = R~ + R~ + R~
R~ = 8 + I~ + A~
2
t220)
Toutes ces relations s'interprètent très facilement. Ainsi la relatÛm (219)
qui représente le compte << Caisse et Banque » de l'État exprime que le mon-
tant global des impôts, des emprunts publics et de l'inflation de monnaie·
manuelle sert à financer les revenus distribués par l'État aux individus_, ses
dépenses d'investissements et ses achats de fournitures.
Quant aux comptes d'exploitation de l'ensemble des entreprises et de
l'État ils s'écrivent respectivement, compte tenu de la relation de défini-
tion (40) ou de la relation (126).
(221) R! = R~ R~ + +
RI - S1 - I! - JE
2
(222) R~ = JI + JE - 8 - R~ - I~.

(1 ) Prix de revient dont le calcul précis soulèverait d'ailleurs de nombreuses difficultés.


II

APPLICATIONS

56. Les différentes relations qui précèdent peuvent être appliquées avec
succès à différentes sections de la théorie économique et elles constituent
un moyen très puissant soit pour l'exposition des résultats déjà acquis,
soit pour des recherches nouvelles.

Io THÉORIE DE LA COMPTABILITÉ DES ENTREPRISES

57. Les relations (32), (39), (40), (61), (58), et (59) donnent une repré-
sentation analytique simple du bilan, du compte « Caisse et Banque,, du
compte d'exploitation et du compte de « Profits et Pertes>> d'une entre-
prise, et elles permettent de mettre en évidence de manière très simple les
relations qui lient ces différents comptes, ainsi que la signification comptable
du bénéfice.
Le tableau général du n° 20 donne la possibilité d'apercevoir d'une
manière particulièrement accessible les relations fondamentales existant
dans toute comptabilité (1 ) et de s'en faire une idée parfaitement claire.
La compréhension complète de ce tableau constitue certainement la meil-
leure introduction à une étude approfondie de la comptabilité.
Les relations (43), (45) et (46) montrent les modifications essentielles
qu'il y a lieu d'apporter dans le cas des banques de crédit et de l'Institut
d'émission.
Peut-être la ma~ière la plus simple d'illustrer la théorie de la compta-
bilité est de considérer la gestion d'un bien capital (f) de prix y qui four-
nit des services (r) de prix y. Le bilan et le compte d'exploitation corres-
pondants s'écrivent respectivement avec les notations précédentes
(223)
(224)
On a alors d'après la relation (62)

(225) B y= dy+
dt
·-
y-!:_y.

Cette relation, qui n'est autre que le compte « Profits et Pertes >> atta-
ché au bien considéré, illustre d'une manière ramassée toute la théorie de
(1) Voir les indications déjà données au § 20.
54 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

la comptabilité en montrant de la manière la plus simple possible la rela-


tion existant entre les comptes capital et les comptes revenu, entre le bilan,
le compte « Exploitation » et le compte << Profits et Pertes Jl, qui sont les
trois comptes fondamentaux de toute comptabilité (1 ).
S'il y a équilibre économique le bénéfice est nul et on a

(226) y = j_y- ~
relation qui exprime qu'à l'équilibre la valeur d'usage d'un bien est égale
à l'intérêt de sa valeur diminué de sa plus-value (2 ).

2o THÉORIE DU REVENU NATIONAL


58. Les relations obtenues permettent de dégager très simplement la
signification des grandeurs habituellement utilisées dans la théorie du
revenu national et de mettre en évidence leurs propriétés et les relations
qui les lient, ainsi que les critiques qui peuvent leur être faites.

a) DÉFINITION DES GRANDEURS

59. Nous désignerons par PNB, PNN, RNs, et Rus le produit national
brut (Gross National Product), le produit national net (Net National Pro-
duct), le revenu national (National In come) et le revenu des particuliers
(Personal Income) des statisticiens (3 ).

Produit national brut.


60. Le produit national brut des statisticiens est la somme de la consom-
·mation des particuliers, des investissements et accroissements de stocks
·privés, des achats de biens de l'État au secteur entreprises et de la valeur
des services des fonctionnaires. Autrement dit on a

(227)

et comme d'après les relations (141) et (215) on a


(228) PF = Re + RI + AL
on voit que
=~~+JI + RI + R: +AL
(229)

A notre avis le produit national brut apparaît ainsi comme un


concept moins satisfaisant que celui de production finale tel que nous

(1) Le bilan est un compte de stocks, le compte d'exploitation un compte de flux


·et .le compte de « Profits et Pertes » fait la liaison entre ces deux comptes.
·(=) Voir.notre ouvrage Économie et intérêt, p. 70.
( 8 ) Nous affectons les quantités RNs et RDs de l'indice S pour ·Ies distinguer des quan-
tités RN et RD ci-dessus définies et rappeler qu'il s'agit des concepts utilisés par les statis-
ticiens. ·
REVENU NATIONAL 55
l'avons défini, car il est visible que si la somme (H~ R~ Az+ R~ + R~) + +
est bien représentative de ·la production brute des entreprises, la somme de
cette expression et des salaires 8 2 ne saurait donner une idée de la production
brute de l'ensemble (Entreprises + État), car une partie de la somme
(R~ + 8 2 ) est déjà comprise au titre des impôts des entreprises dans le coût
des services rendus aux entreprises dont le prix est déjà incorporé dans
l'expression (R~ +R; Az+ +
R~ ). n y a donc double emploi (1 ).

Produit national net.

61. Le produit national net est défini comme égal à l'excès du pro-
duit national brut sur la dépréciation du capital.
On a ainsi
(230)

Cette relation est absolument semblable à la relation (147) qui relie


le revenu national tel que nous l'avons défini à la production finale. On
a ainsi
(231)

La définition du produit natio.nal net soulève naturellement la même


objection de double emploi que le produit national brut.

Revenu national.

62. Le revenu national ·des statisticiens RNs est défini comme égal au
produit national net diminué des impôts payés par les entreprises.

(1) On peut considérer en première approximation que la sommeR~ + S 2 représente


le coût des services rendus par l'État d'une part aux entreprises et d'autre part aux parti-
culiers. Appelons Y1 :le coût.des :premiers et Y 2 le coût des. seconds. On a, d'après la relation
(229).
PNB = PF + yl + y2- JI"
En première approximation on peut considérer que dans cette somme le coût Y1 figure
deux fois, une fois explicitement par le terme Y 1 et une fois implicitement dans PF, puisque
PF comprend un élément impôt correspondant plus ou moins bien aux services rendus aux
entreprises par l'État.
PNB ne pourrait être égal à PF que si l'on avait

R~ + 8 2 =JI.
c'est-à-dire si la totalité de l'activité ·de J!État·se.rvait à rendre des services directs aux
individus, ce qui n'est pas.
La convention actuelle, suivant laquelle les impôts payés par les entreprises sont consi-
dérés comme une part du produit national brut, alors que l'on compte intégralement
par ailleurs la somme des dépenses de consommation de l'État et des Salaires qu'il paie
est,. à notre avis,.·une·convention ·vicieuse. Nous sommes heureux de nous renaontrer ,ici
avec des auteurs aussi qualifiés en matière de revenu national que S. Kuznets (voir note l,
p. 49, ci-dessus).
56 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

(232) RNs = PNN- JE


On a ainsi d'après la relation (231)

(233)

Ici l'objection de double emploi disparaît.


Toutefois l'expression de RNs en ses éléments constitutifs qu'on peut
déduire des relations (141 ), (147) et (233).
(234-) RNs R~ + R1 + R~ + S2 - JE+ (P1M - Anr +Pz +Az)
=
est dissymétrique (1 ) et elle additionne des éléments de nature différente,
savoir des prix de vente globaux et des prix de revient partiels.
On peut encore écrire d'après (221)
(235) RNs = s + I~ + R1 + (PIM-AIM +Pz+ Az)
soit d'après la relation (160)
(236) RNS = s + ~~ + B~ + (P:M- ~M + p~ + A~)
soit encore comme les immobilisations matérielles de l'État ne sont pas
habituellement comptabilisées

(237)

Ainsi le revenu national des statisticiens apparaît comme égal à la


somme des salaires, des intérêts versés par les entreprises et des bénéfices
bruts des entreprises. L'exclusion des intérêts payés par l'État pour assu-
rer son fonctionnement apparaît au moins en partie comme très dis-
cutab:le. Quelle différence peut-il en effet y avoir au point de vue du revenu
national entre les intérêts des fonds immobilisés dans un port ou dans une
route et les intérêts des fonds immobilisés dans un haut fourneau?

Revenu des particuliers.


63. Enfin le revenu des particuliers des statisticiens Rns est défini comme
égal au revenu national RNs des statisticiens, diminué des bénéfices bruts
non distribués des entreprises et augmenté des intérêts payés par l'État.
On· a ainsi
(238)

soit d'après les relations (162) et (237)


(239) RDS = s + ID + D~
soit encore compte tenu des relations (110) et (214)

(240) Rns =RD- AD 1

On voit que le revenu des particuliers défini par les statisticiens est
égal au revenu distribué diminué des amortissements .distribués aux parti-
{1) La comparer à la relation (146).
REVENU NATIONAL 57
cu]iers, tant par les entreprises que par l'État. A tout prendre si on ne
retient qu'un seul chiffre pour caractériser· le revenu des particuliers, c'est
le revenu Ro que l'on devrait considérer plutôt que. le revenu Rns.

Les inconvénients des concepts habituellement utilisés.


64. On voit ainsi que les grandeurs habituellement considérées par les
statisticiens du revenu nation_al diffèrent de celles que nous avons définies.
Les différences proviennent essentiellement de la manière dont on fait inter-
venir l'activité de l'État dans les calculs (1 ).
Tout bien pesé les définitions des statisticiens du revenu national- nous
paraissent moins naturelles et moins commodes que les nôtres. Ainsi si on
considère les deux définitions RN et RNs du revenu national, la nôtre part de
l'hypothèse que la valeur R~ des services rendus par l'État aux particuliers
est bien représentée par le montant Jx des impôts qu'ils acquittent. Cette
hypothèse est arbitraire, mais la définition des statisticiens part de l'hypo-
thèse que la valeur de ces services est bien représentée par la quantité
(R~ + S2 - JE) (2 ), hypothèse non moins arbitraire, car la répartition
des impôts entre impôts directs et impôts inclirects n'ayant pas de signi-
fication de coût, la prise en considération de JE est aussi arbitraire que
celle de J x. Mais si les deux définitions sont également arbitraires,
la nôtre est beaucoup plus naturelle, plus symétrique et par suite
plus élégante, et enf'm d'application plus facile (3 ).
Les concepts de produit national brut et de produit national net sont
encore moins satisfaisants pour représenter les résultats bruts et nets du
point de vue des individus de l'activité économique d'ensemble des
entreprises et de l'État (4) (5).
(1) Les deux ·séries de définitions coïncideraient complètement s'il n'y avait aucune
activité étatique, sous la seule réserve de la relation (240).
( 2 ) Le lecteur pourra facilement s'en rendre compte, compte tenu du fait que l'on a

RN- JI = RNs- (R~ + S2 - JE)·


le premier terme de l'égalité correspondant à notre estimation et le second à l'estimation
des statisticiens des éléments du revenu national ~utres que les services rendus par l'État
aux particuliers (relation (233)). Ces deux estimations sont égales.
( 3 ) La meilleure preuve nous en paraît être qu'aucune théorie générale du revenu
national justifiant l'emploi des concepts habituels n'a encore été donnée qui soit vraiment
satisfaisante. Sur cette question le lecteur pourra utilement se reporter aux ouvrages
suivants :. François PERRoux, Le Revenu· national, Presses Universitaires de France,
Paris, 1947; Richard STONE, Definition el Mesure du revenu national. Nations Unies,
Genève, 1947; Carl S. SHOUP, Principles of National Income Analysis, Riverside Press,
Cambridge, 1947; Richard RuGGLES, An Introduction lo National Income and Income Ana-
lysis, Mac Graw Hill, New:.York, 1949.
( 4 ) Toutefois précisons bien que faire cette constatation ne signifie nullement que
la considération du produit national brut n'ait pas une certaine utilité pour donner une
idée du niveau de l'activité nationale, car si la signification économique de ce concept est
limitée, son calcul est par contre dénué de tout arbitraire.
Mais naturellement dire que le calcul de ces concepts n'est pas arbitraire ne -signifie
pas que sa signification jouiss·e de la même propriété. Car la part d'impôts incluse dans la
valeur de la production des entreprises dépend de la ventilation arbitraire du point de
vue des coûts des impôts entre les entreprises et les particuliers.
( 5 ) De. nombreuses critiques pourraient encore être faites aux conceptions actuelles.·
Ainsi et par exemple les assurances automobiles et les assurances sociales, dans la mesure
58 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

A -notre avis .les conceptions actuelles du revenu national sont


viciées par ·la coiÜusion de deux problèmes pourtant bien distincts,
d'une part .la recherche d'une représentation simple de la compta-
bilité nationale et d'autre part la recherche d'indices satisfaisants
pour comparer dans le temps et dans 1' espace les revenus natio-
naux. Au point de vue du premier problème notre modèle et les
conc~pts qui .s'y rattachent nous paraissent plus satisfaisants. Au
point :de vue du second problème, seule pourrait être satisfaisante
une méthode qui s'attaquerait au problème d'une évaluation cor-
recte des prix de revient, d'une part, des services rendus par 1'État
aux -entreprises et, d'autre part des services rendus par l'État aux
particuliers .
.Pour conclure nous souhaitons vivement que les statisticiens repensent
à nouveau le problème du revenu national. Dans l'état actuel des choses
il ne saurait en effet être considéré comme résolu.

b) RELATIONS FONDAMENTALES
DE LA THÉORIE DU REVENU NATIONAL

65. La théorie qui précède met simplement en évidence les trois concep-
tions possibles du revenu national qui aboutissent en fait à trois méthodes
de ·calcul distinctes. On a en effet trouvé les relations (1 )

(241) RN= s I + +
B
(242) RN = Re Rr+ +(PrM - ArM) + (PI; + AI;)
(243) RN= ~v:

Ces relations expriment respectivement que le revenu national est


égal à la fois :
.1 ° A la somme des rémunérations des différents facteurs de production;.
2° A la valeur globale de la production consommée par les particuliers
et de l'accroissement du capital national;
3° A la somme des valeurs ajoutées, c'est-à-dire des produits nets des
différentes entreprises.
où elles constituent éffectivement des assurances, ne sont pas .traitées de manière symé-
trique. La prime d'assurances automobile est en effet considérée comme leprixpayépour
l'achat d'un service de sécurité, correspondant à la rémunération des facteurs nécessaires
à cette sécurité, alors que la cotisation d'assurances sociales est considérée comme un trans-
fert, c'est-à-dire comme un don sans contre-partie.
D'une manière générale les conventions habituelles faites essentiellement pour
des raisons de comm.odité sont très arbitraires et elles ne peuvent se soutenir sur le plan
de la logique, mais nous n'avons malheureusement pas la possibilité de nous livrer, dans
le cadre :r;estreint de ce chapitre, à une critique d?ensemble des concepts actuellement uti-
lisés par les statisticiens dans leurs calculs du revenu national.
Disons simplement que 1e seul avantage vraiment décisif de:: conceptions actuelles,
c!est d?être généralement appliquées .par la plupart des comptables nationaux et ·interna-
tionaux :des diliérents pays, mais ·On pouvait en dire tout autant .des systèmes de numél!a-
tion qui ont précédé en FPanee le système métrique et. qui eux .aussi -avaient l'avantage
d'être -utilisés.
(1) Relations {'I-6g), (146}-et (HiS).
CAPITAL ET REVENU 59

A ces trois relations correspondent les trois décompositions classiques


clu revenu national (1).
Il convient de souligner ici que toutes les relations trouvées s'appliquent
-également aux trois cas suivants :
1° Les éléments pris en considération sont ceux qui figurent effecti-
vement dans les diverses comptabilités;
2° Les éléments pris en considération sont ceux qui devraient figurer
dans les comptabilités existantes si elles étaient correctement établies,
c'est-à-dire si toutes les évaluations qui servent à leur établissement cor-
respondaient à la réalité économique;
3° Les éléments pris en considération sont ceux qui correspondent non
seulement aux comptabilités existantes, mais également à celles qui devraient
être tenues si l'on voulait avoir une vision complète des processus écono-
miques (par exemple la prise en compte du travail de la ménagère).
La raison en est que dans les trois cas, la forme analytique des rela-
tions reste la même (2 ).

3° THÉORIE DU CAPITAL ET DU REVENU

66. Les équations obtenues montrent quelle relation existe entre le


capital et le revenu.
Cette relation peut être facilement illustrée par l'étude de cas parti-
culiers.
a) RÉGIME PERMANENT EN ÉQUILŒRE
A AUTO-INVESTISSEMENT NUL

67. Si le régime est permanent, la prévision est parfaite. Le lecteur véri-


fiera alors facilement, compte tenu des définitions et des relations qui pré-
cèdent (3 ), que l'on a
(244) B = 0 (4)
(245) PrM = P2; = A2; = 0 dM= O
dt
(246) dCN = O Rr = Anr
dt
(247) In= = i(CN- a N - Mr)
ÏZNI I = i(CN- Mr)
(248) Re = RN = S iCN - + iMr
(249) Rn= Re+ AIM
( 1 ) Rappelons que la troisième se fait habituellement par secteurs, le revenu national
étant égal à la somme des produits nets dans l'agriculture, dans les mines, dans l'indus-
trie, dans le commerce, etc.
( 2 ) Voir les indications déjà données dans la note (10), p. 12.

( 3 ) Il pourra à cet effet se reporter simplement aux re.Iations indiquées dans le résumé
placé en tête de la présente étude. ·
(' 4 ) Cette relation résulte de l'hypothèse de l'équilibre. Le ·bénéfice est normalement
nul lorsque la prévision est parfaite (voir paragraphe 21 ci-dessus. Voir également les in-
dications données ci-dessous à propos des bénéfices inflationnistes § 85 sq.).
( 5 ) Voir les relations (108) (109) et (166). Les intérêts distribués In sont ici égaux
à l'intérêt ieNr de l'endettement global des entreprises vis-à-vis des individus.
60 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

Une anomalie apparente se présente dans les relations (247) et (248).


Les intérêts figurant dans le revenu national ont en effet pour expression
i(CN- Mr) et non pas iCN.
Cela vient du fait que la sommation des comptabilités et des bilans que
nous avons faite s'est étendue à tous les biens susceptibles d'être conser-
vés (1 ) sauf les disponibilités monétaires Mr détenues par les individus.
Si l'on veut en fait faire une sommation effectivement globale, il faut tenir
compte de ces disponibilités monétaires et des services qu'elles rendent et
dont la valeur à l'équilibre est iMr.
En fait le bilan relatif à la détention des disponibilité3 monétaires indi-
viduelles s'écrit :
Actif. Passif.

Disponibilités monétaires individuel- Actif net.


les. Mr
On a ainsi, en faisant la sommation des bilans à toute l'économie, non
pas la relation (97), mais, en affectant de l'indice prime le nouvel actif net, la
relation
(250) CrM + Cz + M = a'N +EN a'N =aN+ Mr.
En réalité il y a lieu de joindre les services rendus par les disponibilités
monétaires individuelles dans les sommations aboutissant aux quantités
globales et on aura alors en désignant par R' c et R' N la consommation globale
et le revenu national global
(251) R'c = Re+ iMr R'N =RN+ iMr
Avec ces définitions l'anomalie précédente disparaît et on a effecti-
vement:
(252)
En fait ce sont les concepts correspondant à l'intégration des
disponibilités monétaires individuelles dans les sommations globales
dont il faudrait tenir compte dans une théorie générale du capital
et du revenu. Les relations que l'on obtient alors ont toute la symétrie que
l'on peut escompter à priori (2 ).
Finalement on voit que dans le cas d'un régime permanent en équilibre
le revenu national est égal à la valeur de la consommation, elle-même égale
à la somme des salaires et de l'intérêt du capital nationaL Le revenu d'exploi-
tation est égal au montant global de l'intérêt de l'actif net et de l'amortisse-
ment des immobilisations anciennes, et cet amortissement est égal à la
valeur des investissements. Le capital national est constant.
L'interprétation économique de ces résultats est naturellement immé-
diate et elle est très éclairante.
( 1 ) Rappelons que pour simplifier l'exposition nous avons considéré comme activité
d'entreprise la possession par un individu d'un imme'\lble par exemple (voir le § 8).
( 2 ) Nous n'en avons pas tenu compte dans ce qui précède d'une part parce qu'un tel
perfectionneme-nt n'est pas nécessaire pour la plupart des applications, et, d'autre part,
parce qUe le lecteur en aurait moins senti la nécessité qu'avec le mode d'exposition que
nous avons adopté.
CAPITAL ET REVENU 61

b) RÉGIME QUASI PERMANENT EN ÉQUILIBRE


A AUTO-INVESTISSEMENT NUL

68. Nous appellerons régime quasi permanent un régime physiquement


permanent mais où le taux de hausse des prix
dP
dt
(253) oc= p
est constant.
Le lecteur vérifiera facilement que l'on a
(254) B = 0
dM
(255) P1; = ocC1; Az =0 d[ = ocM

(256)
(257) i = io + oc (2) ID = i eNI = i (eN - aN - Mx) I = i( eN - Mx)
(258) Re = S + ioCN - iMx RN = S + iCN - iMx
(259) Rn = Re + A:M. + ocMx Re: = AxM. + iaN - .xCN
Ici encore on retrouve la même anomalie que précédemment. Si on tient
compte des disponibilités monétaires individuelles, le revenu consommé et
le revenu national deviennent
(260) R'e = S +
ioCN RN = S iCN. +
Il est d'ailleurs facile de se rendre compte que c'est bien la valeur io et
non la valeur i qui doit intervenir dans le calcul de R'e. La valeur (R'e- S)
apparaît en effet comme la valeur capitalisée des dépenses faites dans le
passé. Cette capitalisation se fait aux prix anciens, le taux d'intérêt étant à
chaque instant égal à i. Le lecteur pourra vérifier facilement que la valeur
obtenue est la même qu'en prenant dans le calcul les prix présents et le
ta.ux d'intérêt réel io = i - oc (3).
Là encore l'interprétation économique des résultats trouvés est très
éclairante.
c) SOMMATION DES SERVICES
DANS UNE ÉCONOMIE EN ÉQUILIBRE

69. A un instant donné les services rendus comprennent d'une part les
services du travail et, d'autre part, les services rendus par les différents
biens matériels durables (4 ). Soit (I') un tel bien, Î' sa quantité, y son prix
et y le prix de son service. On sait qu'on a à l'équilibre
(1) Voir ce que nous avons dit plus haut dans le cas d'un régime permanent. V. note 4, ·
p. 59.
( 2 ) Le taux d'intérêt d'équilibre doit en effet être égal au taux d'intérêt réel augmenté
du taux d'augmentation des prix. Voir notre ouvrage Économie et intérêt, n° 16.
( 3 ) Rien d'analogue naturellement ne se produit en ce qui concerne l'intérêt des
disponibilités monétaires Mx.
. ( 4 } La consommation d'un bien, même s'il est fongible, c'est-à-dire si sa consomma-
tion physique est instantanée, n'est pas économiquement instantanée. Ainsi la consomma-
tion d'un certain stock de charbon demande un certain temps.
62 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

(261) ·- dy
y= zy- dt
On en déduit que la valeur globale des services rendus est égale à
(262) s + 1; fi yi= s + i ~fi yi- ~fidyi
dt
= s + iCN- (PIM- AIM + P:E)·
D'après la relation (147) et la relation
(263) RN = s + iCN
on a ainsi
(264)
La valeur. globale des services rendus par les différents biens
est ainsi égale à la production îmale.
70. Il n'est pas possible, compte tenu de la place dont nous disposons,
de donner ici tous les commentaires qu'attirent les relations obtenues au
point- de vue de la théorie du capital et du revenu, mais en un certain sens
le lecteur pourra vérifier que tous les résultats essentiels d'un ouvrage comme
celui d'I. Fisher sur le capital et le revenu y sont condensés.

4° THÉORIE DE L'ANALYSE ÉCONOMIQUE


DIMENSIONNELLE (3)

71. Il est du plus haut intérêt, en économie comme en toute science, de


savoir ee que deviennent, d'une part les mesures des grandeurs et, d'autre
part, les r.elations qui les lient lorsque l'on change d'unité de mesure. Que
de-viennent ainsi les relations ainsi que les différentes grandeurs qui inter-
viennent dans: la théorie du revenu national lorsque l'on change d'unité de
valeur, par exemple lorsqu'on prend comme unité de valeur la valeur du
complexe de biens utilisé pour le calcul d'un indice des prix P déterminé.
On étonnerait hien les techniciens du revenu national si on leur disait
que·· dans ce changement la valeur nouvelle du revenu national n'est
pas P fois plus petite. C'est pourtant le cas comme nous allons le
voir.

a) QUE DEVIENNENT LES RELATIONS COMPTABLES


LORSQUE L'ON CHANGE D'UNITÉ DE MESURE?

72. Il résulte de la théorie générale des dimensions que dans tout chan-
gement d'unités toutes les relations entre les grandeurs restent inchangées,
à cond:i,tion que pour obtenir ces relations on n'ait fait aucune hypothèse
explicite ou implicite sur les unités choisies.
( 1)Voir la. relation (226) ci-dessus.
2
( }·Généralisant les relations (252) et (260).
3
( ) Sur toutes les questions abordées dans ce paragraphe le lecteur pourra trouver
s'ille désire. toutes les iRformations complémentaires nécessaires dans notre ouvrage A la
Recherche d'une discipline économique. T. I : L'Économie pure, p. 220 à .267. « Les gran-
deurs économiques et leur mesure ».
ANALYSE DIMENSIONNELLE 63
Tel est le cas de toutes les relatioRs. qui précèdent et qui par conséquent
doivent être considérées comme intrinsèques dans un changement d'un-ités;
saut celles qui Îont intervenir des termes de la forme iM (produit d'une qua.n-
tité de monnaie par un taux d'intérêt) (1).
En effet la valeur d'usage d'une encaisse de valeur M ne s'écrit. iM que
lorsque l'unité de monnaie circulante est prise comme unité: de valeur. Dans
le cas général, cette valeurd'usage a p.our. expression mM(iii. en appelant m·la
valeur d'usage et m la valeur de l'unité de monnaie circulante (2).
Comme on a à l'équilibre, d'après la relation (226)
(265) ·-
m= zm-& diii.

on vérifie bien que pour m = 1 on a


(266) mM= iM
m
mais tel n'est pas le cas en général.
Si donc on désire disposer de relations intrinsèques il convient de substi-
tuer dans les équations précédentes des expressions du type mM tm
à toutes
les expressions du type iM.
Sous cette réserve toutes les relations qui précèdent doivent être·
regardées comme intrinsèques dans un changement d'unités. de.
mesure.

b) QUE DEVIENNENT LES GRANDEURS INTERVENANT


DANS LES COMPTABILITÉS PRIVÉE_S ET NATIONAL"ES.
DANS UN CHANGEMENT D'UNITÉS ?

73. Le problème type· à résoudre est le suivant. Supposons qu'une


entreprise tienne, parallèlement à sa comptabilité en valeur nominale, une
comptabilité en valeur réelle. Quel sera le bénéfice qui apparaîtra dans les
écritures? C'est là un problème classique de la théorie des dimensions, mais
sa résolution soulève en économique des difficultés inhabituelles dans les
sciences physiques (3 ).
Examinons par exemple· la substitution à l'unité de monnaie circulante
comme unité de compte l'unité ayant la valeur P en unités de monnaie cir- ·
culànte.
On peut appeler valeur nominale la mesure d'une valeur lorsqu'on prend
comme unité de valeur l'unité de monnaie circulante et a-ppeler valeur réelle
la mesure de cette même valeur lorsque l'on prend comme unité, de valeur .la
va1eur·dont·la mesure: nominale est P. Nous affecterons de l'indice prime les
valeurs réelles et nous réserverons les lettres sans indice pour les valeurs
nominales. On aura alors en désignant par m la valeur de l'unité de monnaie
circulante :
-, 1
(267) m: = 1 m =p·
(1) Voir notre ouvrage Économie et intérêt, p. 246 à 249.
{ 2) La- quantîté·d·e·monnate circulante est en effet égale à M/m~
(3) Sur cette question, voir notre Traite d'économie pure, nos 92,7- 92;8 et 92~11.
64 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE 'LA MACRO-ÉCONOMIQUE

74. On aura de même pour les grandeurs capital eN, Cm, c~, eN, aN, etc.,
des relations du type ·
(268) C'N = ~N.
On exprime ce résultat en analyse dimensionnelle en disant que ces
grandeurs ont pour équation aux dimensions
(269)
.0 étant le symbole dimensionnel de la valeur.
Le lecteur vérifiera de même sans difficulté que les grandeurs A~, P~,
S, AD, DD···, etc., ont pour dimension .OT-I, T étant le symbole dimension-
nel du temps.

75. La dimension du taux d'intérêt par rapport au temps est encore ·


T-1 . Mais sa dimension par rapport à la valeur est beaucoup plus compli-
quée. On a en effet
dP
., . (jJ.
(270) z = z--p
l'échelle des · i' se déduit. donc de celle des i non par une homothétie mais
par une translation (1).
Il en résulte que pour les intérêts
(271) I = iC
des capitaux, on a

(272) I' -
- z"'C' -- ( z--p
· ~;) pC
soit
dP

(273) l'=_!_- dt c
p p .
La dimension des termes du type (271) n'est donc pas n, comme
on ne pourrait être que trop tenté de le penser à priori. C'est une
dimension plus complexe, inhabituelle dans .les sciences physiques.
En ce qui concerne les produits du type iM, représentant les intérêts
de quantités de monnaies, on peut vérifier qu'au contraire de ce qu'on
pourrait penser à la lueur de ce que nous venons de dire, leur dimension
n'est pas complexe, mais de la forme .OT-1.
En effet .et comme nous l'avons vu les expressions du type iM ne
s'écrivent de cette façon que dans un système où la .valeur de l'unité de
monnaie .circulante est prise comme unité.
En réalité dès que l'on envisage des changements d'unité de valeur il ·
faut, comme nous l'avons vu, écrire ce terme mMJm. Or, on a, compte tenu
des relations (265), (266), (267) et (270) :
{ 1 ) Voir nos ouvrages A la Recherche d'une discipline .économique, n° 50, et Écono-
mie et intérêt, no 16.-
ANALYSE DIMENSIONNELLE 65

m'M'
(274)
m'=
1 mM
=pm
ce qui montre que les termes de la forme iM (mais qui encore une fois doivent
s'écrire mMfm) ont bien la dimension 0 par rapport à la valeur (1).
76. Une même observation vaut pour les grandeurs dCN/dl et R!'l dont
la dimension par rapport au temps est T-1 mais dont la dimension par
rapport à la valeur est complexe.
On a en effet
dP
dC'N d eN 1 dCN eN dl
(275) = -=·-
p Tt-P p
dt dl p
dP
(276)
Ces deux grandeurs n'ont donc pas, comme on serait tenté de le pen-
ser à priori, la dimension .QT-1.
En particulier la valeur du revenu national calculée en termes réels
n'est pas RN/P, mais la valeur donnée par la relation (276).
Pour les grandeurs PI;, PxM, et Re le lecteur pourra vérifier facilement
qu'on trouverait des résultats analogues.
En ce qui concerne l'amortissement AxM défini par la relation
dCN
~277) Ant = - - PIM - Rx
dt
le lecteur vérifiera immédiatement que la dimension de AxM est bien .QT-1.
77. Pour le bénéfice. le plus facile est de considérer la relation (.225)

(278) B'( = ~f +Y- ïy.


On voit que

(279)
soit
(280) B'y = By
p
ce qui montre que le bénéfice a pour dimension n par rapport à la valeur (2 );.
Contrairement à ce que beaupoup d'esprits pensent plus o.u moin;; consciem-
ment (3 ), le bénéfice qui apparaîtrait dans une comptabilité tenue
( 1 ) Sur ce point le lecteur pourra trouver de plus amples développements. dans notre
ouvrage Économie et intérêt, p. 246 à 249.
(l') Si l'on partait de la relation (62), le calcul serait plus compliqué, mais le résultat
resterait le même.
( 3 ) En temps d'inflation, on dit souv-ent en effet qu'aux bénêflces ~n valeur nomi-
nale ne correspondent pas des bénéfices en valeur réelle. Ce .phénQmène pe~t être etrec·
66 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

en valeur réelle serait donc égal au quotient par 1'indice des prix P
considéré du bénéfice correspondant à la comptabilité nominale.
Ce résultat montre en particulier que les équations de l'équilibre éco-
nomique obtenues en égalant les bénéfices à zéro sont des équations intrin-
sèques indépendantes du système d'unités considéré (1).

5° THÉORIE DE LA MONNAIE ET DU CRÉDIT


Nous ne pouvons malheureusement donner ici, faute de place, que
quelques exemples particulièrement significatifs d'application (2).
Monnaie manuelle et monnaie scripturale.
78. Les relations obtenues montrent l'analogie profonde existant
entre l'émission et le rôle des monnaies manuelle et scripturale (3). On
voit en particulier que les accroissements dMMfdl et dMs /dl n'interviennent
que par leur somme. Autrement dit l'inflation de crédits se traduit
sur le plan comptable exactement comme 1'inflation de monnaie
manuelle.
Financement des investissements.
79. Les relations obtenues montrent encore d'une manière très simple
[relation (135 )] comment s'effectue le financement des investissements et
donne la justification de la classification des investissements en investissements
spontanés, en investissements auto-épargnés et en investissements forcés.
Thésaurisation.
80. La relation
(281)

tirée des relations (29) et (30) montre qu'une diminution (ou une augmentation)
simultanée des disponibilités monétaires de tous les agents économiques est
impossible à concevoir sans une diminution (ou une augmentation) paral-
lèle de la monnaie manuelle ou de la monnaie scripturale en circulation.
Il est facile de voir que contrairement à une opinion commune cela
ne signifie naturellement pas qu'à circulation globale inchangée aucun phé-
nomène de déthésaurisation (ou de thésaurisation) ne soit possible.
Rappelons en effet que les disponibilités monétaires peuvent être consi-
dérées comme servant à une double fin, la constitution de fonds de roule-
ment et la thésaurisation.
tif, mais son origine n'est pas tant le choix d'une unité de valeur nominale qu'une éva-
luation erronée de la dépréciation subie par les biens capitaux en raison de leur usage
(voir les indications données ci-dessous dans le § 93).
(1) II n'en serait pas de même par ~xemple d'équations égalant à zéro des termes
comme dCN {dt ou ·In. ·
(2) D'autres exemples seront don1;1és dans ce qui suit à propos de la théorie des
bénéfices inflationnistes et de la théorie de la dynamique.
(s) Rappelons que l'émissio:n de monnaie manuelle se traduit par un accroissement
de l'endettement de l'État auprès de l'Institut d'émission, de la même manière que l'émis-
sion de monnaie scripturale se traduit par un accroissement de l'endettement des entre-
prises auprès des banques (yoir les indications données au § 16).
MONNAIE ET CRÉDIT 67
La nécessité de fonds de roulement provient de l'existence de déca-
lages entre les recettes et les dépenses. Quap.t à la thésaurisation, elle pro-
vient du désir de se constituer des réserves, soit pour profiter de différences
de cours, soit surtout pour se prémunir contre l'aléa d'une diminution
possible de revenus.
Appelons alors MR les disponibilités monétaires servant de fonds de
roulement et MT celles représentant les fonds thésaurisés. On a naturelle-
ment.
(282) MR +MT= M.
En première approximation on peut considérer que l'on a
(283) MR = KPQ
où K est une constante, P l'indice général des prix et Q l'indice général
de la production. On peut de même poser
(284)
où M'T représente la thésaurisation en valeur réelle (1 ). On voit alors que
l'on a
(285) PM'T = l.\1- KPQ
et que pour une valeur donnée de M une déthésaurisation ou une
thésaurisation générale sont parfaitement possibles, aussi hien en
valeur nominale qu'en valeur réelle (2 ), si les fonds de roulement
décroissent (ou croissent) soit en raison de la baisse (ou de la hausse) des
prix, soit en raison de la diminution (ou de l'augmentation) de l'activité
économique, soit pour les deux raisons à la fois (3 ).
Le mécanisme de cette évolution relève de la dynamique économique (4).

Coût des services de la monnaie.


81. On voit encore qu'à l'équilibre et bien que les disponibilités moné-
taires constituent des biens comme les autres, qui sont utiles à la produc-
tion, leur service ne coûte globalement rien aux consommateurs (5 ) ( 6 ).
82. En fait pour la théorie de la monnaie et du crédit comme pour la
théorie du capital et du revenu de nombreux commentaires pourraient être
présentés à propos des relations qui précèdent. Nous ne pouvons les don-
ner ici faute de place, mais ils éclaireraient singulièrement la théorie de la mon-
naie et du crédit pour laquelle leur considération est en réalité indispensable.
( 1) Sur toute cette analyse voir notre ouvrage Économie et intérêt, nos 79 à 82 et 97
et 98.
(2) On a naturellement
PÂM; = - (M~ + KQ)ÀP- KPÂQ.
( 3) Sur ce point voir notre ouvrage Économie et intérêt, p. 318 à 326.
(4) Voir ci-dessous la s~ction 8° relative à la dynamique écçmomique.
( 6 ) Dans le cas du régime permanent étudié ci-dessus au § 67, le coût de la consom-
mation globale est en effet (relation (252))
Re= S + iCN.
alors que son prix de revient est manifestement S + iCN + iM.
On vérifie ainsi que par le mécanisme du système le coût de la consommation. est efTec..
tivement abaissé d'un montant égal aux intérêts iM.
( 6 ) Sur cette circonstance voir notre ouvr.age_ Éçonomie el :ïnrtrê~ p~ _297 et suiv•.
68 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

6° THÉORIE DE L'ÉPARGNE ET DE L'INVESTISSEMENT


83. On sait à quelles discussions passionnées a donné lieu la fameuse
égalité
(286) I =S
(Investissements = épargne) de la« Théorie générale de l'emploi, de l'inté-
rêt, et de la monnaie>> de Keynes dans la littérature anglo-saxonne depuis
sa publication en 1936; les relations qui précèdent permettent de régler
cette question rapidement, définitivement et en toute clarté (1 ).
Rappelons tout d'abord la thèse Keynésienne. Elle repose sur trois
articulations
(287) S (Épargne) =Y (Revenu)- C (Consommation)
(288) I (Investissement) = P (Production)- C
(289) Y (Revenu) = P (Production)
dont il résulte nécessairement que S = I (2) (3).
Autant qu'on puisse en juger (4 ) la correspondance de ces nota-
tions avec les nôtres est ta suivante :
(290) S ;::=: Es Y = Rn C = Re I = Rr P = PF•
Or, il résulte des relations (116), (141) et (183) que les trois relations
(287), (288) et (289) doivent s'écrire en réalité avec nos notations
(291) Es =Rn- Re
(292) Rr = PF- Re -Ak
dMr ·
(293) Rn= PF +(if- RrA- A:E.
Les relations (288) et (289) apparaissent donc comme inexactes, de
sorte que finalement on a. en réalité
( 1 ) Une réponse tout aussi précise pourrait être apportée en ce qui concerne les
discussions qui se sont poursuivies à propos des équations fantaisistes du Treatise on Money
publié par KEYNES en 1931 et qui ont été tout aussi obscures que celles relatives à l'équa-
tion I = S. Il est vrai que personne n'en parle plus aujourd'hui en attendant qu'il en soit
probablement de même de la General Theory. Quiconque pre:nd connaissance de toute
cette littérature, s'il a l'esprit scientifique, ne sait de quoi il doit s'étonner le plus: de l'obs-
curité des discussions et du néant presque total de leurs résultats ou des prétentions de
.ceux qui déclarent sans rire y comprendre quelque chose.
(2) Le lecteur pourra se reporter à la Théorie générale de KEYNEs, édition anglaise,
p. 63. Voir également Joan RoBINSON, Introduction à la théorie de l'emploi, traduction
française, Presses Universitaires de France, p. 18. Voir encore dans les Readings in Bu-
siness Cycle Theory (p. 130 à 168) les deux articles de F. A. LuTz, «The outcome of the
saving investment discussion», et de A. P. LERNER, Saving and Investment: Definitions,
assumptions, objectives, ainsi que Prospérité et dépression de f!ABERLER, cha p. 8, § 2, p. 192
à 220. Voir encore les raisonnements surprenants de SAMUELSON, pourtant toujours si
pénétrant lorsqu'il ne s'agit pas de la théorie keynésienne, dans son Te:xtbook, ccEconomicsn,
première édition, p. 268 et suiv.
(1!) Il n'est peut-être pas inutile de rappeler qu'alors qu'une des articulations fon-
damentales du Treatise on Money reposait sur 1'analyse de la différence existant entre
l'épargne et l'investissement, la General Theory part de leur identité!
(') Que peut-on donc penser de discussions (dont le texte global pourrait peut-êtr~
oonstituel' àluiseul une bibliothèque) qui portent sur des grandeurs dont on ne peut jamais
dire en toute certitu<ie ce qu'elles représentent?
Cela BOUS rapptÜle les· pires métaphysiques!
ÉPARGNE ET INVESTISSEMENT 69
(294) Rr =Es+ REND
avec
dMr
(295) REND = RrA - --
dl
Autrement dit l'investissement n'est pas égal à l'épargne spon-
tanée, mais à 1'épargne spontanée augmentée du revenu non dis-
tribué des entreprises, lui-même égal à 1'excès de l'auto-investisse-
ment sur 1' accroissement des encaisses des particuliers.
L'égalité I = S ne pourrait en fait avoir lieu que si l'on définissait S
comme égal" à la somme que nous avons appelée épargne spontanée glo-
bale (3 ), mais autant que nous avons pu en juger (116) (4 ) ce n'est pas
là la définition usuelle de S (5 ).
(1) Relation (187).
(2) Relations (30), (128) et (133).
( ) Définie comme la somme des épargnes spontanées Es + REND des individus et
3

des entreprises (n° 50).


( 4 ) Voir note (4) p. 68.
( 5 ) Si on comprenait, comme le font souvent certains auteurs keynésiens, les accrois-
sements de stocks dans l'investissement I on aurait suivant cette interprétation
(1) I = R1 + A~.
En admettant encore l'interprétation
(2) S = E 5•
la relation (188) donnerait alors
(3) S = I + Rn- PF.
Dans le cadre de telles interprétations l'épargne S ne serait pas égale à l'investissement I.
Elle lui serait supérieure de l'excès du revenu distribué sur la production finale.
Un de nos anciens élèves, M. MoNTJOIE, a donné une autre interprétation dans une étude
qui sera publiée prochainement par la Revue d'Économie politique. Selon lui on aurait
(4) I = R 1 + A~- e
(5) S = EB- e
e étant une quantité très petite et pratiquement négligeable que l'on peut, à notre avis,
considérer sans inconvénient comme nulle. Comme l'on a [relation (150)] ci-dessus.
(6) EB = Rr + A~
on aurait bien alors identiquement
(7) I =S.
Il est bien certain qu'avec des définitions appropriées l'équation (7) sera valable et
que tout auteur a le droit de choisir les définitions qui lui apparaissent comme les plus
convenables. Ainsi que nous l'avons déjà souligné au début de ce travail, les querelles de
définition n'ont aucun intérêt (§ 6). Dans le cas particulier de la théorie keynésienne nous
sommes disposé à accepter l'interprétation de M. Montjoie, mais da~s l'éventualité où une
telle interprétation serait correcte, il serait indispensable que les keynésiens utilisent le
concept d'épargne dans ce sens, et non dans le sens qui est attaché au concept d'épargne
spontanée Es que nous avons défini, sens qui précisément est suggéré plus ou moins expli-
citement dans leurs écrits, et qui correspond d'ailleurs à la notion courante de l'épargae.
Il nous paraît intéressant d'ajouter que selon l'interprétation de M. Montjoie les autres
grandeurs fondamentales A, Ar. U, C, Y = P de Keynes (voir notamment le lexique annexé
à la traduction française de la General Theory) seraient liées aux nôtres par les relations
(8) A =V
(9) A1 = R1 F +
(10) U = F-AL + e
(11) C =Re
(12) Y = Re + R 1 + AL - e:
(13) P =Pp- e
et l'on aurait
70 LES FONDE:.\IENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

Telle est la réponse irréfragable et pourtant particulièrement simple


qu'apportent les relations précédentes au problème de l'égalité de l'épargne
et de l'investissement (1 ). Nous espérons qu'elle contribuera à dissiper
bien des fumées qui obscurcissent encore la théorie économique.

(14)
A'nr étant selon l\1. Montjoie cc la diminution de valeur par usure par le temps et le progrès
technique des immobilisations oisives "·
(1) Disons en passant deux mots de la théorie keynésienne en général. Nous pensons
que Keynes a été un très grand économiste qui a eu des intuitions remarquables, mais dont
les raisonnements appellent de très nombreuses réserves. Toutes ses déductions, à notre
avis, manquent absolument de rigueur.
L'intuition de Keynes lui a fait sentir où se trouvaient les difficultés, mais son insuf-
fisance logique ne lui a pas permis de résoudre les problèmes que son intuition lui avait
fait entrevoir. Keynes a été un grand esprit, certainement un des plus originaux du siècle,
mais il n'a pas été un grand théoricien ni un grand savant.
Le caractère de la vérité scientifique est d'être universellement communicable. Tel
n'est certainement pas le caractère de l'œuvre de Keynes.
Il y a des pages entières de Keynes qui sont absolument incompréhensibles et elles
le sont non pas en raison de quelque infirmité de nos cerveaux, mais pour cette raison
toute simple qu'elles n'ont pas de sens. Nous croyons qu'il faut avoir le courage de décla-
rer que l'on ne comprend pas quand on ne comprend pas, et si l'on avait toujours eu le
courage de le faire, bien de vaines discussions auraient pu être évitées qui n'ont absolu-
ment aucun sens.
Aucune des constructions théoriques de Keynes ne peut être prise comme un point
de départ solide pour de nouveaux progrès. Il est d'ailleurs absolument inutile de les dis-
cuter, d'en préciser les obscurités, les contradictions et les erreurs. Le temps nécessaire
serait absolument hors de proportion avec les résultats à obtenir. Mieux vaut tout recom-
mencer.
La théorie keynésienne n'a cessé de se caractériser par une rare confusion de pensée
et une totale incohérence qui seraient vraiment incompréhensibles si nous ne savions pas
combien la logique a peu de poids lorsqu'il s'agit de justifier théoriquement certaines posi-
tions idéologiques ... Bien des discussions qui au premier abord apparaissent au lecteur
peu averti comme particulièrement obscures s'éclaireraient singulièrement si les textes
pouvaient être accompagnés d'annotations où seraient clairement explicitées les arrières
pensées. Il n'y aurait plus alors de mal à comprendre l'accueil enthousiaste fait au grand
libéral qu'était Keynes par les esprits les plus anti-libéraux de notre temps. Peu importent
·en effet les raisonnements si les conclusions vont dans le sens que l'on souhaite. Pour Keynes
comme pour Marx, là et pas ailleurs est la raison essentielle du succès.
Cela est si vrai que par un paradoxe au premier abord non moins surprenant, les
tenants de l'école keynésienne n'ont cessé de chercher à appliquer la théorie du maître à
la période d'après guerre essentiellement inflationniste à laquelle el1e ne pouvait absolument
pas s'appliquer. Ce qu'il y avait de profondément valable dans cette théorie, fondée sur
l'idée toute simple, vieille d'au moins plusieurs siècles (voir l'article si intéressant de
M. Charles RrsT, cc Vieilles idées devenues neuves sur la monnaie "• Revue d'Economie Poli-
tique, septembre-octobre 1951, p. 717 à 735) qu'il faut dépenser pour lutter contre la défla-
tion, ne pouvait en effet valoir que pour une période déflationniste telle que celle de 1929
1936.
Sous cet éclairage on s'expliquerait également sans difficulté les divergences fonda-
mentales qui sont apparues de son vivant entre Keynes et ses disciples dans les années 40.
En fait il est vraiment temps de secouer l'idole keynésienne. Il y a dans Keynes des
choses admirables, mais il y a également des erreurs de raisonnement pitoyables qui sont
absolument à dénoncer, et c'est là précisément une des tâches de notre temps que d'essayer
de mettre un peu d'ordre et un peu de clarté dans la confusion extrême apportée dans la
théorie économique par la pensée keynésienne. Nous sommes heureux de nous rencontrer
ici avec des hommes aussi remarquables que MM. Charles Rist et Jacques Rueff.
Avec le recul du temps, on ne tardera pas à reconnaître qu'avec Keynes la théorie
économique s'est fourvoyée pour de nombreuses années dans une voie erronée. Les résul-
tats obtenus ont été dérisoires si on les rapproche du nombre considérable de travaux qui
ont été effectués et du nombre non moins considérable des obscurités auxquelles on n'a
jamais cessé de se heurter depuis le premier jour. D'année en année depuis 1931la théorie
BÉNÉFICES ET PERTES INFLATIONNISTES 71
84. En réalité, il n'est pas étonnant que les relations entre quantités
globales, telles que l'équation I = S, aient donné lieu à tant de discussions.
Elles sont en réalité trop complexes pour pouvoir être dégagées sans une
étude rigoureuse préalable, la difficulté essentielle à surmonter étant, d'une
part, une définition claire et précise des termes utilisés, et, d'autre part, le
rejet de toute vue << à priori ». En fait les discussions se sont multipliées
parce qu'on ne savait pas de quoi l'on parlait et parce que dans une hàte
pernicieuse on considérait comme hien établies des relations qui en réalité
ne l'étaient pas, le seul mode de preuve scientifiquement recevable étant ici
le recours aux comptabilités élémentaires et ce recours étant le seul moyen
que précisément on n'a jamais effectivement utilisé jusqu'ici.

7° THÉORIE DES BÉNÉFICES INFLATIONNISTES


ET DES PERTES DÉFLATIONNISTES
85. On considère généralement que l'augmentation des moyens de paie-
ment entraîne pour les entreprises des bénéfices inflationnistes et inverse-
ment. Autrement dit on considère qu'il y a une relation nécessaire entre
l'existence d'un bénéfice global B positif et l'inflation monétaire globale
dMfdi.
Précisons tout de suite que les bénéfices et les pertes que nous considé-
rerons ici sont ceux qui sont calculés en incluant dans les salaires S la rému-
nération de l'activité des entrepreneurs prise égale à ce que pourraient être
leurs gains s'ils consacraient leur activité à un travail salarié.
Si les relations que nous avons obtenues ne permettent pas à elles seules
d'obtenir une solution complète du problème des bénéfices inflationnistes,
elles permettent néanmoins d'apporter quelques éclaircissements absolument
essentiels.
Bénéfice global et monnaie.

86. Il convient tout d'abord de remarquer que dans l'expression (157)


du bénéfice global
(296) B = (Pn[- AIM) (P~ + A~) + Rs- iaN +
l'inflation monétaire n'intervient pas directement (1 ). Comme l'on a d'après
les relations ( 125) et (126)
(297) Rs = V- S - F - Io
keynésienne s'est modifiée et contredite; et nous pouvons affirmer en toute certitude qu'eHe
ne cessera pas de se modifier et de se contredire jusqu'à ce qu'elle n'ait plus rien de commun
avec la construction théorique originale, si ce n'est peut-être le nom de Keynes. (Ces appré-
ciations sur Keynes ne valent naturellement que relativement à sa construction écono-
mique générale. Voir notre ouvrage Économie et intérêt, p. 319 à 321; voir encore l'in-
troduction à la deuxième édition de notre Traité d'économie pure, p. 54 à 57).
( 1 ) Cette circonstance, qui peut étonner de prime abord, s'explique facilement si
l'on considère que dans les écritures comptables l'émission de monnaie tant.manuelle que
scripturale s'accompagne d'un endettement parallèle qui lui est strictement égal. Il n'y a
donc pas de relation directe entre l'inflation et l'apparition de bénéfices, mais il peut y avoir,
comme nous allons le voir ci-dessous, une relation indirecte si certaines circonstances sup-
olémentaires sont réalisées.
72 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

(298) Re = Re + Rt - S - ID.
on voit que s'il se prodùit une hausse des prix on ne peut rien dire
à priori. En effet, si Pn.t et P~ sont presque certainement positifs, par contre
Atu peut avoir une grande valeur et Al: peut être négatif. Quant au revenu
d'exploitation qui, dans l'équilibre économique, est normalement égal
comme nous l'avons vu (relation 249) à AIH +
iaN, donc positif, il peut
devenir faible ou même négatif si la hausse des salaires précède suffisamment
la hausse des prix.

Cas d'un régiine permanent en équilibre.


87. Considérons en premier lieu un régime d'équilibre permanent qui
reste identique à lui-même lorsque le temps s'écoule et dans lequel l'auto-
investissement R1A des entreprises reste nul (1 ). Dans un tel état écono-
mique, purement idéal puisque dans la réalité les conditions de structure
évoluent constamment, il ne saurait y avoir de bénéfices ni de pertes, puisque
toute activité bénéficiaire attirerait vers elle de nouvelles entreprises, que
toute activité déficitaire entraînerait à la longue la disparition des entre-
prises correspondantes et qu'ainsi il ne pourrait y avoir, comme nous l'avons
supposé, équilibre permanent.
Le régime étant permanent, la quantité de monnaie reste constante. Il
en est de même des disponibilités monétaires détenues par les différents
agents économiques dont les dépenses sont constamment égales aux recettes
et restent dans un rapport constant avec leurs encaisses. Il y a neutralité
monétaire. Chaque année le lot des marchandises produites à un coût donné
(299) Re + Rr = S + ID + AD + DD = RD (2 )
trouve devant lui un flux de dépenses égal qui permet son écoulement. Les
prix restent constants et le bénéfice global B est nul (3 ).

Régime permanent et déséquilibre.

88. Supposons maintenant qu'il n'y ait plus équilibre économique, mais
qu'il y ait toujours régime permanent. Dans de telles conditions .le fait
qu'une activité donne régulièrement des revenus supérieurs à ceux corres-
pondant à l'intérêt et à l'amortissement des capitaux engagés n'entraîne
pas l'apparition de nouvelles entreprises, en raison par exemple de conditions
monopolistiques.
Avec de telles hypothèses on pourrait concevoir que l'on ait de manière
permanente un bénéfice global B positif.
Mais il est facile de voir qu'il ne saurait en être ainsi. En effet, dans la

(1) Cette hypothèse est faite pour simplifier l'exposition et comme le lecteur pourra
s'en assurer elle n'a rien d'essentiel. Elle sera maintenue dans les raisonnements qui suivent.
(:) Relations (110), (116) et (128) où les encaisses sont supposées rester constantes et
ou RIA= o.
{ 3 ) C'esUe cas que nous avons examiné plus haut à propos de la théorie du capital et
du revenu(§ 67).
BÉl'IÉFICES ET PERTES INFLATIONNISTES 73
mesure même où une entreprise réalise de manière permanente un révenu
net déterminé, la valeur de l'entreprise s'accroît, autrement dit le revenu
net est capitalisé (1 ). Au moment de la capitalisation un bénéfice apparaît
du fait de la plus-value de l'entreprise résultant de cette capitalisation, mais
ultérieurement le revenu net de l'entreprise n'apparaît plus que COIIlllle
l'intérêt des capitaux engagés et le bénéfice devient nul (2 ).
On peut ainsi considérer que dans un régime supposé à la fois en désé-
quilibre et permanent on a encore un bénéfice global nul.

Régime quelconque mais neutralité monétaire.


89. Abandonnons maintenant l'hypothèse du régime permanent, mais
gardons encore l'hypothèse de la neutralité monétaire. Les disponibilités
monétaires globales M:r.t et Ms restent constantes et chaque consommateur
maintient ses disponibilités monétaires à un niveau déterminé. Dans de
telles conditions, si physiquement l'économie n'est plus en régime perma-
nent, les recettes et les dépenses des particuliers restent constamment égales
et fixées à un niveau bien déterminé. Les salaires S et les intérêts distribués
In aux créanciers obligataires peuvent en moyenne être regardés comme
constants.
Le régime n'étant plus permanent, il se produit des modifications de
structure. Supposons par exemple que les goûts des consommateurs se modi-
fient et qu'ils désirent plus de postes de T. S. F. et moins de vêtements. Les
dépenses des consommateurs vont alors se modifier, non dans leur volume
global qui reste par hypothèse le même, mais dans leur répartition.
Durant l'année nils vont par exemple dépenser 100 millions de plus en postes.
de T. S. F. et 100 millions de moins en vêtements, alors que le flux des mar-
chandises dont la production a demandé des mois pendant les années anté-
rieures à l'année n est resté le même. Il va en résulter une hausse des prix
des postes de T. S. F., une baisse des prix des vêtements, et comme aupara-
vant les prix de vente équilibraient strictement les coûts, on peut s'attendre
à ce que l'industrie eT des postes de T. S. F. enregistre un bénéfice global de
100 millions et l'industrie des vêtements zv une perte de 100 millions, de
sorte qu'au total le bénéfice global reste nul.
En réalité, les circonstances qui se présentent peuvent être plus
complexes. On a bien pour le revenu global d'exploitation
(300) .LlRé = .LlR~ + .LlR: = + 100- 100 = 0
mais il n'en résulte pas que l'on ait en général .LlB = O.
En effet d'après la relation (157) on a, en négligeant le terme !:ii aN pour
simplifier,
(301) ô.B = ô.(P~- A~:r.t) + ô.(P~ + Ai) + ô.(P;:r.t ~ A;:r.t) + ô.(P~ + A~)
( 1 ) Ce mécanisme s'effectue lors de la cession des affaires et des opérations d'aug-
mentation du capital.
( 2 ) Voir ce que nous avons dit plus haut § 21. Voir également notre ouvrage, A la
Recherche d'une discipline économique, n°8 157 et 162.
74 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

On voit ainsi que ce n'est que dans ·le cas où aucune réévaluation des
capitaux des entreprises n'est effectuée et où les stocks ne varient pas que le
bénéfice global restera nul.
Tout d'abord, si l'industrie des vêtements plutôt que de consentir à la
baisse des prix nécessaire à l'écoulement de toute sa production préfère
stocker et si parallèlement l'industrie des postes de T. S. F. élève moins ses
prix qu'elle ne le pourrait et déstocke, on aura
(302) ôA:E < 0 ôAz > 0
et il n'y a aucune raison pour que la somme de ces deux termes soit nulle.
De même si les industries des vêtements et de laT. S. F. réévaluent leurs
stocks pour tenir compte de la variation des prix, on aura
(303) ôP~>O
Là encore il n'y a pas de raison pour que la somme de ces termes soit
nulle.
Enfin si les deux industries réévaluent leurs installations, compte tenu
de l'évolution de la situation, on aura
(304)
sans qu'il y ait nécessairement compensation.
Au total il n'y a aucune raison pour que l'expression (301) de bénéfice
global B soit rigoureusement nulle. Tout ce à quoi on peut normalement
s'attendre, c'est à ce que cette expression reste relativement petite (1 ).
Finalement on voit qu'il n'y a aucune raison pour que les modifications
intervenant dans une économie monétairement neutre en équilibre laissent
le bénéfice global à sa valeur nulle initiale.

Conditions inflationnistes.
90. Supposons maintenant qu'à ces modifications de structure se sura-
joutent des conditions monétaires inflationnistes. Supposons par exemple
que pour une raison ou pour une autre les consommateurs diminuent leurs
disponibilités monétaires de 300 millions.
{305) ÔMr = - 300.
En supposant toujours l'auto-investissement RrA nul et en supposant
pour simplifier S, In, An et Dn constants, on aura (2 )
(306) ÔRs = ô(Rc + Rr) = - ôMr = + 300.
Le revenu d'exploitation global augmente ainsi de 300 millions alors que
précédemment il restait constant.
L'augmentation de 300 millions sera normalement répartie de manière

{ 1 ) Compte tenu du fait qu'en moyenne la valeur du capital (immobilisations et


stocks) représente un même multiple de la valeur de la production par unité de temps, et
qu'en conséquence les réévaluations dans les bilans par suite des hausses de prix tendent
à être éga:Ie·s et de signè opposé.
( 8 ) D'après les relations générales (18), (19), (22) et (25).
BÉNÉFICES ET PERTES INFLATIONNISTES 75
uniforme sur toutes les dépenses et en supposant pour simplifier qu'il n'y a
pas d'autres industries que celles de la T. S; F. et des vêtements et qu'anté-
rieurement les dépenses de vêtements étaient le double des dépenses de
T. S. F., on aura 200 millions de dépenses supplémentaires en vêtements et
100 millions de dépenses supplémentaires en T.S.F. Compte tenu des modi-
fications de goût précédentes, on aura ainsi au total
(307) ~R: = + 100 + 100 = + 200 millions
(308) ~R: = - 100 + 200 = + 100 millions.
Ici toutes les entreprises voient leur revenu d'exploitation augmenter.
Si aucune réévaluation n'est faite au bilan et si les stocks restent inchan-
gés, on voit que finalement on aura
(309) ~B = ~RE = + 300 millions.
Autrement dit la déthésaurisation de 300 millions a pour effet de porter
le bénéfice global de zéro, puisque la situation initiale était supposée de
régime permanent, à 300 millions.
Si naturellement des réévaluations sont faites dans les bilans et si les
stocks varient, la valeur de B n'est plus de 300 millions,mais on peut consi-
dérer que· son ordre de grandeur sera vraisemblablement peu différent de
ce chiffre.
Inflation et bénéfice global.
91. Il est facile d'illustrer directement par les relations générales la
dépendance existant entre l'inflation et le bénéfice. S'il n'y a aucune rééva-
luation de l'actif, et si l'amortissement Anr. reste constant, on a, d'après la
relation (6) :
(310) ~B =~RE.
Supposons par exemple que le revenu consommé Re, les salaires S, les
intérêts distribués ID, le revenu placé Rp et le revenu d'exploitation non dis-
tribué REND restent constants. Les relations (23) et (24) montrent alors que

(311) ~Re = ~Rx = ~ (dM - dMP) .


~ dt dl
En séparant les activités de l'ensemble des entreprises et de l'État, en
supposant Bo = 0 ainsi que [d(M- MP)/di]o = 0
on obtient:
(312)
d'où finalement
1 2 dM dMP
(313) Bl (l) =~RE = (-~RE)+-- - .
dl dl
On voit ainsi que dans le cadre des hypothèses faites, l'ensemble des entre-
prises réalise un bénéfice global égal à la valeur globale de l'accroisse-
ment du déficit budgétaire de l'État, de l'inflation de monnaie manuelle
(1) La relation (310) est en effet valable pour l'ensemble des entreprises considé-
rées séparément.
76 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

et scripturale, et enfin de la di:rrllnution des disponibilités monétaires des


entreprises.
On vérifie ainsi, comme on pouvait d'ailleurs s'y attendre à priori, que
la déthésaurisation joue un rôle absolument analogue à celui de
1'inflation.
Il est facile de vérifier que la diminution de leurs disponibilités moné-
taires par les particuliers donne des résultats analogues. D'après les rela-
tions (18) et (25) et en supposant les amortissements et les dividendes
distribués An et Dn et les auto-investissements RxA constants ainsi que
(dMz jdl)o = 0 , Bo = O. On a en effet :
dMz
(314) Bl ~t) =-dt-.
On vérifie ainsi que dans les circonstances supposées un bénéfice global
apparaît pour l'ensemble des entreprises égal à la diminution des disponi-
bilités monétaires des particuliers.
Naturellement si on tenait compte de la réévaluation des bilans et du
fait que les prix s'accroissent généralement plus vite que la quantité de
monnaie, la valeur du bénéfice global pourrait se. trouver égale à plusieurs.
fois la valeur donnée par les formules précédentes.

Augmentation des salaires.


92. Les conclusions qui précèdent n'ont pu être obtenues que parce
qu'on a supposé qu'entre temps les salaires restaient constants. Dans le cas.
où les salaires augmentent parallèlement le problème devient naturellement
plus complexe.
Supposons tout d'abord et par exemple qu'à la suite de l'émission de
nouveaux billets les salaires des fonctionnaires s'accroissent de
(315) ~S = +
100 millions.
Si nous supposons que les amortissements An et les dividendes Dn dis-
tribués restent constants et que les consommateurs n'augmentent pas leurs.
disponibilités monétaires, on aura d'après les relations (18) et (25)
(316) ~Rf = O.
Ainsi le revenu global d'exploitation restera inchangé.
Toutefois l'augmentation des dépenses se traduira normalement par une.
élévation des prix, de sorte que
~(PzM- Am) +
Ll (P:E A:E) +
pourra être positif et qu'un bénéfice global pourra apparaître (1 ).
Il est de même facile de voir que si la hausse des salaires précède celle
des prix, l'inflation peut se solder par des pertes pour les entreprises.
Considérons par exemple le cas où les flux physiques restent constants,.
où les disponibilités monétaires Mp des entreprises restent constantes ainsi

(1} S'il y a élévation des prix ce bénéfice global apparaîtra tôt ou tard.
BÉNÉFICES ET PERTES INFLATIONNISTES 77
que les placements RP, où les prix restent constants sauf les salaires, et où
l'inflation est financée par une augmentation ·des crédits 6.Ms. Compte tenu
des relations (6), (24) et (25 ), on aura par rapport à l'état précédent où B est
supposé nul, ou tout au moins peu différent de zéro pour les raisons que nous
avons exposées,
(317) .ô.B = .ô.RE = - .ô.S = - .ô.Ms.
On voit ainsi que dans les conditions supposées la perte globale sera
égale à l'augmentation des salaires, elle-même égale à l'augmentation de la
monnaie scripturale qui sert à la financer.

Bénéfices réels.
93. Les bénéfices ou pertes que nous avons considérés jusqu'ici sont des
bénéfices ou pertes en valeur nominale. Ces bénéfices ou pertes en valeur
nominale se traduisent-ils par des bénéfices ou pertes en valeur réelle?
En fait. et comme nous l'avons indiqué dans le paragraphe consacré
aux dimensions (1 ), à tout bénéfice nominal correspond effectivement un
bénéfice réel. Il semble qu'il y ait là, au moins dans certaines circonstances,
un résultat paradoxal, contraire à l'expérience.
Pour nous. rendre compte de la façon dont les choses se présentent nous
discuterons un cas particulier tout à fait significatif, celui du marchand de
clous de Colson. Au début d'une inflation un marchand de clous possède
10.000 kilos de clous dont chacun vaut 100 francs. Il les revend 200 francs
et gagne ainsi 1 million, mais quand il se réapprovisionne le kilo de clous
vaut 400 francs et il ne peut plus en racheter que 5.000 kilos. Dans la période
suivante, il les revend 800 francs et gagne ainsi deux millions, mais quand il
se réapprovisionne le kilo de clou vaut 1.600 francs et il ne peut plus en
racheter que 2.500 kilos, et ainsi de suite, jusqu'au moment oü notre mar-
chand de clou après avoir gagné des sommes fabuleuses n'a plus qu'un clou ...
avec lequel il se pend!
Sur cet exemple particulier il paraît vraiment difficile de soutenir qu'aux
bénéfices nominaux du marchand de clous correspondent des bénéfices réels,
puisque précisément en valeur réelle il ne cesse de s'appauvrir. Pourtant les
relations
(318) B =dy+
- ·-
y-ly
dt
(319) B I-~
-p
sont rigoureuses et rien n'empêche de les appliquer au bien (P) constitué
par l 1entreprise du marchand de clous considérée dans son ensemble. Leur
application conduisant à la conclusion qu'aux bénéfices nominaux B cor-
respondent des bénéfices réels B', il y a là une circonstance qu'il convient
d'expliquer.
Soit n le nombre de kilos de clous et a leur prix et considérons une
période élémentaire au cours de laquelle le marchand vend son stock n
(1) § 77.
78 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

de clous. Soit V le montant des ventes effectuées an.térieuremeut à l'instant t.


On a
(320) y= na+ V avec - av= - a - dn
dt dt
Quant au revenu y il est nul puisque le produit de la vente des clous reste
dans l'entreprise.
On a ainsi pour le bénéfice nominal l'expression

(321) B = n ~~- i (na+ v)


qui est effectivement positive si le taux de hausse des prix est suffisam-
ment élevé.
Le bénéfice en valeur réelle, d'après la relation (318), a pour expres-
sion :

(322) B' = ~ l - (i- ~)


dt a a/
y
a
soit, tous calculs faits
(323) B' =~a
expression effectivement positive.
Mais, dans l'apologue que nous venons de citer, on ne considère pas
le bénéfice net B, mais le bénéfice brut Ba

(324)
Or, on a ici :
da
(325) Ba= n -
dl
et
(326) B'a = r!_
dt a
I + Ia
= !:_
dl
(n + ~)a
V da
=-~({{"

Si donc le bénéfice brut nominal Ba est constamment positif, on vérifie


bien que le bénéfice brut réel est constamment négatif (4 ).
Finalement, on voit que si B' est positif, c'est en raison de la correc-
tion d'intérêt qui permet de passer du bénéfice brut au bénéfice net.

(327) B'-B'. =PI -i] (n+~)·


( 1) Puisque pendant le temps dt le marchand vend- dn au prix a.
( 3) Voir le§ 75,
(3) Voir le§ 18.
(') Naturellement on n'a plus ici B'a = Ba/a.
BÉNÉFICES ET PERTES INFLATIONNISTES 79
C'est parce que cette correction est positive (1 ) que le bénéfice réel
B' est positif, alors que le bénéfice brut réel B'B est négatif. Cette condition
représente le gain en valeur réelle que le marchand de clous a fait en pla-
çant son argent en clous, et non en billets de banque; et elle fait plus que
compenser la valeur négative du bénéfice brut réel. Le bénéfice B' repré-
sente le bénéfice réel que fait le marchand de clous en se consacrant à son
activité plutôt qu'en stockant de la monnaie.
Il résulte de cette analyse que si le marchand de clous se ruine, c'est
parce qu'il ne renouvelle pas à temps son stock de clous, mais que, s'il se
ruine, il se ruine moins vite que si au lieu d'un stock de clous il avait ini-
tialement un stoèk de billets (2 ).
Il est certain que la considération du terme correctif d'intérêt lorsque
ce terme est positif, conduit à des résultats qui ne paraissent plus corres-
pondre à la notion intuitive que nous avons du bénéfice, mais cela tient à
ce que nous ne sommes pas familiarisés avec les conséquences d'un taux
d'intérêt négatif.
Si le taux «nominal n était négatif, il apparaît bien à la réflexion qu'il
faudrait continuer à faire la correction d'intérêt, si l'on voulait mettre en
évidence le bénéfice effectif de l'activité considérée, par rapport à une situa-
tion d'absence d'activité (3 ).
Naturellement, si le taux d'intérêt nominal s'élève à mesure que le
niveau des prix croît, en sorte que la différence
dP
di
i--p
reste constante, ou si l'inventaire matériel de l'entreprise reste constant, il
n'y a plus aucun paradoxe dans la proposition que l'existence d'un béné-
fice (ou d'une perte) nominale entraîne l'existence d'un bénéfice (ou d'une
perte) réelle. Ce sera le cas en général.

Bénéfice global et monnaie.


94. Au total on voit que la question même avec les hypothèses extrê-
mement simplifiées que nous avons considérées est très complexe.
Dans l'ensemble on peut dire qu'il y a de fortes raisons de penser que
1es mécanismes économiques tendent à maintenir le bénéfice global à une
valeur peu différente de zéro s'il y a neutralité monétaire (4 ) et à une

( 1 ) Elle n'est positive que parce que la hausse du taux d'intérêt nominal est en
retard sur la hausse des prix et qu'il y a déséquilibre.
( 2 ) Si le marchand de clous s'était contenté de conserver ses clous (dnfdl = o),
les relations (321) et (323) subsisteraient, mais on aurait B'B == o. Comme précédemment
il continuerait à faire un bénéfice B' relativem.ent à la situation qu'il aurait s'il avait
:vendu ses clous au début de l'inflation sans les renouveler.
( 3 ) Rien n'empêche d'ailleurs de convenir, si on le désire, de ne pas faire la correc-
tion d'intérêt lorsqu'elle est positive.
(') Soulignons encore une f~is que les équations générales que l'on peut déduire
des comptabilités ne peuvent pas permettre à elles seules d'arriver à cette conclusion. Il
80 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO~ÉCONOMIQUE

valeur positive ou négative s'il y a inflation ou déflation, en supposant


toutefois que la hausse des prix est en avance sur celle des salaires. Si les
salaires sont en avance sur les prix, des conclusions se renversent.
La tendance à la nullité de la somme des bénéfices réalisés lorsque les
prix sont stables est manifestement d'une très grande importance au point
d-e vue de la théorie de la répartition des revenus et de leur justification
sociale, car elle conduit à ce résultat que la somme globale des bénéfices
et des pertes d'une économie monétairement neutre étant approximative-
ment nulle, le prélêvement global effectué par les entrepreneurs sur le
revenu national (déduction faite naturellement des amortissements et des
intérêts des capitaux ainsi que de la rémunération des entrepreneurs en
tant que tels) est probablement peu différent de zéro.

Inflation, déflation et déséquilibre.


95. Les bénéfices ou les pertes accompagnant l'inflation (ou la défla-
tion) résultent de ce que les différents prix ne sont pas ajustés immédia-
tement les uns aux autres. S'ils l'étaient on se trouverait dans un cas ana-
logue à celui du régime quasi permanent étudié à propos de la théorie du
capital et du revenu (1).
Les bénéfices et les pertes constatées ne sont donc que des conséquences
indirectes de l'inflation (ou de la déflation). Ce ne sont pas là des consé-
quences absolument nécessaires.
Des bénéfices (ou des pertes) se produisent parce qu'en raison des
ajustements inégaux des différents paramètres (prix et taux d'intérêts) la
répartition du revenu national se modifie au détriment (ou à l'avantag~)
de certaines parties prenantes.

Inflation, déflation et répartition.


96. En modifiant les valeurs relatives de S, I et B, l'inflation (ou la
déflation) a pour effet de modifier la répartition du revenu national.
Il convient ici comme précédemment de bien distinguer deux
cas d'inflation, celui où l'inflation est menée par les conditions
monétaires (augmentation du crédit ou déthésaurisation par exemple)
et celui où elle· est menée par la hausse des salaires. Dans le pre-
mier cas les prix sont en avance sur les salaires et dans le second
c'est l'inverse qui est réalisé.
faut nécessairement faire intervenir parallèlement à ces équations le raisonnement écono-
mique, ou bien encore l'observation économique.
En fait l'examen des statistiques du revenu national aux États-Unis et en France
~emblent bien montrer que l'on a approximativement, en période de stabilité, tout au moins

RN# s + iCN
S représentant la rémunération des différentes. sortes de travail, CN le capital national et
i le taux d'intérêt pur, Compte tenu de la relation (109) il en résulte .que l'on doit avoir
approximativement
B#o
Autrement dit, la somme des bénéfices doit être peu différente de zéro
( 1) § 68.
BÉNÉFICES ET PERTES INFLATIONNISTES 81
Dans les deux types d'inflation les détenteurs de revenus fixes sont
défavorisés. Les travailleurs. sont défavorisés· dans le pre-mier cas et favo-
risés dans le second. Le cas des entrepreneurs est sensiblement inverse.
Si salaires et prix marchent de pair, la situation reste neutre pour les
salariés et les bénéfices des entreprises sont financés par les pertes des
détenteurs de revenus obligataires.

Niveau des salaires et inflation.

97. Il est facile de voir que des salaires réels plus élevés que leurs
valeurs d'équilibre ne peuvent être maintenus s'il y a plein emploi que par
l'inflation.
Schématiquement le cas du régime permanent étudié à propos du
capital et du revenu (1 ) montre qu'en cas de stabilisation des prix la
part relative revenant aux salaires dans le revenu national est égale à
. eN
1 - l RN.

Comme le rapport CN/RN est de l'ordre de 6 et i de l'ordre de 4 %


pour la France (2 ) on voit que la part du travail (3 ) dans le revenu na-
tional ne saurait, en cas de stabilisation des prix, dépasser 70 à 80 %
du revenu national. L'inflation française de 1945 à 1948 a eu à notre avis
pour principale cause le maintien conscient ou non des salaires réels à un
niveau ·plus élevé. Il est probable, sinon certain, que cette circonstance
provoquera tôt ou tard, si la législation fiscale ne change pas (4 ), une
nouvelle inflation (5 ).

Les équations globales et l'analyse de l'inflation


et de la déflation.

98. Finalement et bien qu'en fait les explications qui précèdent soient
restées en raison du manque de place extrêmement limitées, on voit de
quelle aide peuvent être les équations obtenues pour l'étude des mécanismes
monétaires. Convenablement maniées elles peuvent 'constituer un
instrument extrêmement puissant, et à vrai dire indispensable,
d'explication.

( 1) § 67.
2
( ) Il s'agit du taux d'intérêt pur.
(3) De toutes catégories.
(') Dans le sens d'une appropriation collective par l'impôt des rentes de rareté iCN.
( ) Écrit en septembre 1950. De cette date à septembre 1953, le salaire horaire du
5

manœuvre ordinaire à temps des industries des métaux de la région parisienne est passé
de 81 fr. 20 à 126 fr. 25. Sur cette question voir nos deux études Le Problème des salaires,
novembre 1947, 25 6 cycle d'études de la CEGOS, fasc. 1, p. 6 à 20, et Le Problème de
l'inflation française, Groupe de Recherches économiques et sociales, 13 janvier 1949.
Voir ~gaiement les indications numériques données dans la note 13, p. 197 de notre étude.
c. Les niveaux de vie européens et amétieains et l'union é.conomique de_ l'Europe »,_Le
Hainaut économique, septembre 1949, p. 191 à 201.
82 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

go THÉORIE DE LA DYNAMIQUE ÉCONOMIQUE


Ici comme ailleurs, nous ne pouvons attirer l'attention du lecteur que
sur quelques points, à titre d'illustration.

Fondements comptables de la macrodynamique économique.


99. Les relations trouvées s'appliquant· à tout système quel qu'il soit
doivent figurer telles qu'elles dans tout modèle de macrodynamique.
On peut naturellement faire des hypothèses simplificatrices qui per-
mettent des applications plus faciles que celles correspondant au cas géné-
ral et ne pas tenir compte des relations faisant intervenir d'autres para-
mètres que les paramètres étudîés, mais sous ces réserves toutes naturelles
les relations trouvées constituent le point de départ nécessaire de
tout modèle de macrodynamique économique 7 car elles doivent être
nécessairement vérifiées à tout instant. Leur importance apparaît donc
comme considérable.
On vérifie immédiatement, comme on pouvait s'y attendre, que les
relations trouvées ne peuvent déterminer à elles seules l'évolution écono-
mique et qu'il faut leur ajouter d'autres conditions, d'une part des condi-
tions de structure (1 ) et d'autre part des conditions de causalité repré-
sentant la détermination de tout état économique à partir de ceux qui
l'ont précédé.
Les :r:elations comptables ne représentent en fait qu'un des trois groupes
de conditions qu'il faut considérer lorsque l'on se propose d'étudier les
mécanismes économiques.

Mécanisme de la thésaurisation.
100. Une illustration peut être effectuée à propos de l'étude du méca-
nisme de la thésaurisation. Pour voir ce qui se passe on peut joindre aux
relations précédemment considérées dans l'étude de la thésaurisation faite
à propos de la théorie de la monnaie (2 ) des équations représentant les
relations existant entre les· fonds de roulement et les fonds thésaurisés en
fonction des autres paramètres et obtenir ainsi un système de relations défi-
nissant l'évolution du modèle considéré.
Si l'on suppose par exemple que l'indice général Q de la production
et la quantité de monnaie M sont des données, que la thésaurisation en
valeur réelle est une fonction bien déterminée

(328)

(1 ) Comme .par. exemple les fonctions de production et les fonctions de satisfaction


l'eprésentant respectiyement les techniques de production et les psychologies individuelles.
( 2) § ao.
DYNAMIQUE ÉCONOMIQUE 83
du taux d'augmentation des prix, que le fonds de roulement a pour expres-
sion
(329)
et que l'accélération de la hausse des pri.x est proportionnelle à l'excès des
disponibilités monétaires détenues sur les disponibilités monétaires dési-
rées, on obtient une relation différentielle

(330) ~ :=K,[ M-KPQ-Pt(~)]


qui définit parfaitement l'évolution du système (1 ). On vérifie ainsi que
contrairement à ce que certains semblent penser, il existe un problème de
la thésaurisation, même dans une économie où le montant global des
disponibilités monétaires reste constant.

Construction de modèles de macrodynamique.


101. On peut naturellement faire toutes sortes d'hypothèses pour
construire des modèles, par exemple supposer
(331) MP = cc(Rx +Re) (théorie quantitative)
ou encore
(332) Rc(i) +
RP(i) = RD(l- T) (théorie suédoise)
ou encore
dRc _ y dRD
(333) dl - ~ dt (théorie keynésienne)
ou toutes autres sortes de relations choisies le plus judicieusement possible
suivant l'étude poursuivie, mais dans tous les cas les relations comptables
générales obtenues devront être maintenues sans aucun changement.
Elles doivent être considérées comme les fondements comptables
de toute macrodynamique économique.

Bénéfice global et dynamique économique.


102. Un des éléments moteurs de l'évolution économique est l'appa-
rition de bénéfices. Il en résulte que les relations obtenues donnant l'expres-
sion du bénéfice global et faisant sa liaison avec les autres grandeurs glo-
bales doivent jouer un rôle fondamental dans toute théorie de l'évolution
économique.

Épargne, investissement et évolution dynamique.


103. Une grande partie de la littérature économique concernant l'évo-
lution économique dynamique s'éclaire singulièrement à l'aide des rela-
tions obtenues. Par exemple dans la mesure où la relation
(334) B = ô.Re:
(1 )Voir sur cette question notre étude récente '' L'explication des cycles écono-
miques par un modèle non linéaire à régulation retardée,, Revue d'Économie contempo-
raine, 1954.
84 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

peut être considérée comme vérifiée (1 ) et où les amortissements AD et


les dividendes DD peuvent être considérés comme constants, on a, d'après
les relations (21) et (26) :
(335) =
B Ll(R1 - Es).
On voit ainsi que dans l'hypl')thèse envisagée, l'apparition de béné-
fices et l'accroissement de l'excès de l'investissement sur l'épargne sponta-
née sont des phénomènes liés.
Les relations (21), (22), (23) et (30) permettent encore d'écrire
dM x
(336) R1- Es= RIA- dt'
Or, et en général, s'il y a inflation, l'auto-investissement est positif et
il y a déthésaurisation des individus. Il en résulte que la différence Rr - Es
est positive. C'est généralement le contraire en cas de déflation. On vérifie
ainsi que l'excès de l'investissement sur l'épargne (I - S) avec lès nota-
tions anglo-saxonnes, est généralement positif ou négatif suivant qu'il y
a inflation ou déflation monétaire, mais ce n'est pas là naturellement, comme
l'exprime la relation (336), une circonstance nécessaire.
Les auteurs keynésiens soutiennent qu'un excès positif de l'investisse-
ment sur l'épargne est un stimulant pour l'économie. C'est là en réalité
prendre l'effet pour la cause. Ce qui est stimulant en réalité, c'est l'in-
flation, que ce soit une inflation de monnaie manuelle ou une inflation de
crédit, ou encore une inflation due à la déthésaurisation.

104. Telles sont, d'ailleurs traitées d'une manière extrêmement som-


maire, compte tenu du manque de place, quelques-unes des nombreuses
applications possibles des relations comptables générales entre quantités
globales. Elles pourraient être multipliées. Leur fécondité est en réalité
à la mesure de leur nécessité pour toute exposition claire et précise
de la théorie économique.
(1) Voir ci-dessus Théorie des bénéfices inflationnistes el des pertes déflationnistes,
nos 85 à 98.
Les chiffres renvoient aux paragraphes. Les chiffres italiques correspondent aux
paragraphes où se trouvent, soit les définitions des termes employés, soit les principaux
développements des questions.
D
A
Déflation; et déséquilibre, 94, 95; et répar-
Actif, 11, 12, 16; intérêt de 1', 18, 19, tition, 96.
40; net, 11, 12, 16; somme des actifs Dépenses; répartition des, 89; valeur ca-
nets, 23, 25, 67, 68; valeur de l', 21. pitalisée des, 89; valeur globale des,
Actions; amortissements distribués des, 89; sommation des recettes et des, 31.
13, 17 à 20, 26, 30, 33, 54; capital, 11, Dimensions 72, 75; analyse économique
12, 16; émission d', 13, 17 à 20, 30. dimensionnelle, 71 à 78.
Activité; d'entreprise, 8; étatique, 5.4. Disponibilités monétaires; accroissement
Allocations, 53. des, 12, 13, 29, 31, 92; constantes, 87,
Apologue du marchand de clous, 93. 89, 100; des entreprises, 9, 11, 12, 16,
Approvisionnements, 11. 23, 33, 34, 80, 92, 100; individuelles,
9, 25, 29, 34, 67, 68, 80, 89, 100.
B Dividendes distribués, 13, 14, 18 à 20,
26, 33, 42, 54, 92.
Balance générale, 20. Dynamique économique, 80, 102; macro,
Bénéfices; des entreprises, 18, 19, 2.'!, 57; 99; théorie de la, 99 à 103.
éléments du, 45; et dynamique éco-
nomique, 102; et imprévision, 21; et E
monnaie, 86, 94; inflationnistes, 85 à
99; national, 40, 41, 42, 46, 67; réel, Échanges; de monnaie, 13; internatio-
77, 93; signification comptable, 22 à naux, 8.
57. Économie; étatique, 53; fermée, 8; non-
Biens; d'investissement, 13; durables, 66, étatique, 23.
67. Endettement net, 11, 12, 16, 22, 23;
Bilan; d'une banque, 12, 57; d'une entre- global, 25; variation de l', 17, 30.
prise, 11, 12, 57, 67, 68; de l'Institut Entreprises nationalisées, 53.
d'émission, 16, 57; national, 53; réé- Épargne; auto, 34; brute, 39, 48, 50,
valuation des, 89; sommation des, 23, 83, 103; et investissement, 83 à 85;
67. investissement et évolution dynamique,
103; nette, 39, 47; spontanée, 47, 48,
c 50, 83, 103; spontanée globale, 50;
totale, 39, 47.
Capital national, 24, 25, 67; accroisse- Escompte; de créances, 12, 16; d'effets
ment du, 24, 37, 39, 65; dépréciation . de commerce, 20.
du 61; et revenu national, 67 à 71. État; différenciation de l', 54; entreprise
Comptabilités; élémentaires, Il, 12, 20; particulière, 53.
en valeur nominale, 73; en valeur Évolution dynamique, 102, 103.
réelle, 73; sommation des, 23, 67;
théorie de la, 57. F
Compte; <<Caisse» et «Banque », 13, 15,
16, 54, 57; d' «Exploitation n, 14, 20, Facteurs de production; rémunération
55, 57; «Profits et Pertes», 11, 16, des, 65.
18, 57. Flux; de marchandises, 89; de monnaie,
Consommations; collectives, 53; indi- 13; de valeurs, 8, 89; de valeurs entre
viduelles, 53, 60; valeur globale des, Etat, entreprises et individus, 54; repré-
27, 65, 67. sentation comptable des, 20; stocks et,
Créances, 11, 13, 16, 20; intérêts des, 20. 52.
Crédits bancaires, 12, 13, 17, 20. Fonds de roulement, 80.
(1) Cet index a été établi par notre assistante, M11e Bouteloup.
86 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

Fortune nette des individus, 25. R


Fournitures; montant global des, 13, 14,
31, 33, 35. Régime; permanent en équilibre, 57, 67,
G 87; permanent et déséquilibre, 88;
quasi permanent, 68; monétairement
Grandeurs et changements d'unités, 71, neutre, 89.
73 à 77. Relations; comptables, 11, 72; de défini-
I tion, 52; de propriété, 52; globales es-
sentielles, 51; représentation schéma-
Immobilisations; globales, 23, 24; plus- tique des, 52; intrinsèques, 72.
value et amortissement, 17, 18, 24, 32, Réserves, 11.
37, 39, 40, 41, 45, 46, 67; valeur des, Revenu des particuliers au sens des sta-
11, 16, 17, 21 à 24. tisticiens, 63.
Impôts, 53, 55, 62, 64. Revenu d'exploitation, 14, 18; brut, 14;
Indice; des prix, 71, 80; de la production, capitalisation du, 88; distribué, 14;
80. investi, 14, 31; non-distribué, 14, 33,
Inflation; bancaire, 10, 78; conditions de 47, 49, 83; non prévu, 21.
l', 90; déflation et déséquilibre, 95; Revenu d'exploitation natiopal, 33, 40,
déflation et répartition, 96; monétaire, 41, 44, 67, 68, 86, 90, 92.
10, 78, 85, 91, 93, 94; monétaire glo- Revenu national, 37, 38, 46, 61, 62 à 67,
bale, 10, 31, 33, 85, 86; et niveau des 71, 83; consommé, 27, 29, 31, 32, 33,
salaires, 97. 35, 37, 47, 60, 65, 68, 83; distribué,
Intérêts; distribués, 13, 26, 33, 43, 44, 26, 29, 31; 33, 46, 47, 52, 54, 58, 63,
54, 62; du capital national, 43, 45, 64, 83; des statisticiens, 62, 63, 64;
63, 67; obligataires, 14, 20, 89. éléments du, 43; emploi du, 29; investi,
Institut d'émission, 8, 16, 78. 24, 31, 32, 33, 35 à 38, 47, 53, 60, 83;
Investissements, 13, 17, 20, 24, 47, 59, non distribué, 46, 83, 91; répartition
83, 103; auto, 33, 47, 83; auto-épargnés, du, 96; théorie du, 58 à 66; théorie du
68; et épargne, 83; financement des, capital national et du, 66 à 71; placé,
34, 79; forcés, 34, 79; spontanés, 34, 28, 29, 31, 33, 47, 54, 91.
68.
M s
Modèles, 8, 57, 67; macrodynamiques,
99, 101; nécessité de, 7. Salaires, 13, 26, 33, 43 à 45, 54, 60, 62,
Monnaie; circulante, 9, 13, 72, 73; émis- 65, 67, 85, 88, 9i; augmentation des,
sion de, 9, 16, 33 et 34, 78 à 80; et 86, 92, 94, 96; inflation et niveau des,
97.
crédit, 78 à 83; manuelle, 9, 33, 78;
neutralité monétaire, 87, 89, 94; quan- Services; coût des, 82; des biens, 69; de
tité de, 9, 72, 80, 85; scripturale, 9, la monnaie, 81; du travail, 69; éta-
33, 78; valeur d'usage de la, 72. tiques, 60, 64; sommation des, 69;
valeur des, 69.
Stocks; plus-value et accroissement des,
0 17, 18, 20, 24, 32, 35, 37, 38, 40, 41,
46, 47, 50; valeur des, 11, 22, 23, 24,
Obligations, 11, 20; intérêts des, 14, 20,
89. 35, 52.
p T

Paiements entre Etat et entreprises, 54. Taux d'intérêt, 18, 40, 68, 72, 93; dimen-
Paramètres; de flux, 52; de stocks, 52; sion du, 75.
indépendants, 52; grandeur des, 75, 76. Thésaurisation, 80; déthésaurisation, 80,
Passif, 11, 12, 16; 23. 90, 91; mécanisme de la, 100.
Prévision parfaite; modèles de, 57, 67.
Prix; de revient comptable, 22, 64; de u
revient partiels, 62; de vente 22; de
vente globaux, 62; hausse des, 86, 92, Unités de mesure, 71, 72; changement d',
94, 96, 100; inflation et niveau des, 72, 73.
97; taux de hausse des, 68. v
Production, 13, 22 et 23; éléments de la,
45; finale, 35, 37, 47, 60, 69; prix de Valeurs; ajoutées, 32, 38, 65; d'usage?
revient de la, 45. 57, 72.
Produit national; brut, 60, 61, 64; net, Ventes; à crédit, 13; éléments des, .44;
61, 63, 64. finales, 36; montant global des, 13, 14,
Provisions, Il. 31, 33, 35.
INDEX DES NOMS PROPRES

BOITEUX, p. 10 n. 1. MARCZEWSKI, p. 10 n. 1.
MARX, p. 70 n. 1.
DuBOURDIEU, p. 10 n. 1. MERCIER, p. 10 n. 1.
MoNTJOIE, p. 10 n. 1, 69 n. 3 et n. 7.
HABERLER, p. 68 n. 2. MORIN, p. 10 n. 1.

PARETO {Vilfredo), Épigraphe (2).


JEVONS (Stanley), Épigraphe (3). PERROUX {François), p. 57 n. 3.
POINCARÉ {Henri), Épigraphe (1).
KEYNES, p. 5, 68 n. 1 et 2, 69 n. 7,
70 n. 1. RAULINE, p. 10 n. 1.
KuzNETS (S.), p. 49 n. 1. RIST (Charles), p. 70 n. 1.
RuEFF (Jacques), p. 70 n. 1.
LAVAILL, p. 10 n. 1. RUGGLES (Richard), p. 57 n. 3.
LERNER, p. 68 n. 2.
LESOURNE, p. 10 n. 1, 43 n. 2, 44, SAMUELSON, p. 68 n. 2.
45, 46, 47. SHOUP (Carl S.), p. 57 n. 3.
LuTz (F. A.), p. 68 n. 2. STONE (Richard), p. 43 n. 1, 57 n. 3.
BffiLIOGRAPHIE

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du taux de l'intérêt dans l'économie et de leurs solutions. 800 p. en 2 vol. in-8°
raisin 15,5 x 23,5. Dépositaire : Poinsot, Librairie des Publications officielles,
40, rue de Verneuil, Paris, 1947, (en vente également à la Librairie de Médicis.)
A la Recherche d'une discipline économique. T. l: L'Économie pure et ses annexes.
Chez l'auteur, 15, rue des Gâte-Ceps, Saint-Cloud (Seine-et-Oise), 1943, 852 et
68 p. in-8° raisin (épuisé). Une nouvelle édition augmentée d'une introduction
a été publiée par l'Imprimerie Nationale (27, rue de la Convention, Paris) avec
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TABLE DES MATŒRES

Page

INTRODUCTION A LA DEUXIÈME ÉDITION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VII-VIII

SOMMAIRE. • • •••. 1 à 3
INTRODUCTION GÉNÉRALE (1 à 6) 5 à 8

I. -LES RELATIONS COMPTABLES ENTRE QUAN-


TITÉS GLOBALES . . . . . . . . . . . . . . . 9 à 52
7. Nécessité d'un modèle précis, p. 9. - 8. Hypothèses
du modèle, p. 10.- 9. Monnaie circulante, p. 11.
- 10. Inflation monétaire, p. 11.

1° Les comptabilités élémentaires . . Il à 27


11. Bilan d'une entreprise, p. 11.- 12. Opérations de
crédit bancaire, p. 13. - 13. Échanges de monnaie
d'une entreprise avec l'extérieur pendant un exercice,
p. 14.- 14. Revenu d'exploitation, p. 15.- 15. Cas
d'une banque, p. 16.- 18. Cas de l'Institut d'émis-
sion, p. 16.- 17. Variations de valeur des immobi-
lisations, des stocks et de l'endettement net, p. 17.
- 18. Bénéfice d'une entreprise, p. 19.- 19. Béné-
fice non distribué, p. 21. - 20. Représentation comp-
table des flux de valeur, p. 21.- 21. Bénéfice et impré-
vision, p. 22. - 22. Bénéfice net et coût comptable,
p. 23.

2° Sommation des comptabilités élémentaires dans le


cas d'une économie sans activité étatique. . . . 27 à 48
23. Sommation des bilans, p. 27.- 24. Capital natio-
na-l. Revenu national investi, p. 28.- 25. Fortune
nette des individus, p. 29. - 28. Revenu national
distribué, p. 29. - 27. Revenu national consommé,
p. 30.- 28. Revenu national placé, p. 30.- 29.
Emploi du revenu distribué, p. 30. - 30. Variation
de l'endettement net, p. 30.- 31. Sommation des
recettes et des dépenses monétaires des entreprises,
p. 31.- 32. Sommation des valeurs ajoutées, p. 31.
- 33. Revenu d'exploitation national, p. 32. - 34.
Financement des investissements, p. 33. - 35. Pro-
duction globale et production final-e, p. 34.- 36.
Ventes finales, p. 35.- 37. Revenu national net, p. 35.
- 38. Revenu na ional et somme des valeurs ajoutées,
p. 36.- 39. Épargne nationale brute, epargne natio-
nale totale et épargne nationale nette, p. 36.- 40.
Bénéfice national, p. 37.- 41. Bénéfice national brut,
p. 38. - 42. Bénéfices non distribués, p. 38. - 43. Élé-
ments du revenu national net, p. 38. - 44. Éléments du
montant des ventes finales, p. 39. - 45. Éléments du
bénéfice et de la production finale, p. 39. - 46. Revenu
92 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

national net et revenu national distribué, p. 40.- 47.


Épargne spontanée, p. 40. - 48. Épargne des entre-
prises, p. 41.- 49. Épargne spontanée des entreprises,
p. 42.- 60. Épargne spontanée globale, p. 42.-
61. Les relations globales essentielles, p. 42. - 52.
Stocks et flux. Relations de définition, relations de pro-
priété et paramètres indépendants, p. 43.

3° Généralisation au cas d'une économie étatique. . 48 à 52


53. L'État, entreprise particulière, p. 48.- 64. Différen-
ciation de l'État, p. 50. - 55. Hypothèses simplifica-
trices, p. 51.

II.- APPLICATIONS (56) . . . . . . . . . . . . . . 53 à 84


1° Théorie de la comptabilité des entreprises, n° 57. . 53 à 54
2° Théorie du revenu national, no 58. . • . . . . · . 54 à 59
a) Déîmition des grandeurs, n° 59. . . . . 54 à 57
60. Produit national brut, p. 54.- 61. Produit national
net, p. 55. - 62. Revenu national, p. 55. - 63. Revenu
des particuliers, p. 56.- 64. Les inconvénients des
concepts habituellement utilisés, p. 57.
b) Relations fondamentales de la théorie du
revenu national, n° 65 . . 58 à 59
3° Théorie du capital et du revenu, n° 66. . . 59 à 62
a) Régime permanent en équilibre à auto-
investissement nul, n° 67. . · . . . . 59 à 60
b) Régime quasi permanent en équilibre à
auto-investissement nul, n° 68 . . . . . 61
c) Sommation des services dans une économie
en équilibre, nos 69 et 70 . . . . . . . . 61 à 62
40 Théorie de l'analyse économique dimensionnelle,
n° 71 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 à 66
a) Que deviennent les relations comptables
lorsque l'on change d'unité de mesure?,
n° 72 . . . . . . . . . . . . . . . . • . 62 à 63
b) Que deviennent les grandéurs intervenant
dans les comptabilités privées et natio-
nales dans un changement d'unités?, n° 73
à 77.. . . . . . 63 à 6G
5o Théorie de la monnaie et du crédit . . . . . . . 66 à 67
78. Monnaie manuelle et monnaie scripturale, p. 66. -
79. Financement des investissements, p. 66.- 80. Thé-
saurisation, p. 66. - 81:.82. Coût des services de la
monnaie, p. 67.

6o Théorie de l'épargne et de l'investissement,


nos 83 et 84 • . . 68 à 71

7o Théorie des bénéfices inflationnistes et des pertes


déflationnistes, n° 85. . . . . . • . . . . . 71 à 81
86. Bénéfice global et monnaie, p. 71.- 87. Cas d'un
régime permanent en équilibre, p. 72.- 88. Régime
TABLE DES MATIÈRES 93
permanent et déséquilibre, p. 72.- 89. Régime que!-
conque mais neutralité mon~taire, p. 7 3 . - !JO. Gondi·
tions inflationnistes, p. 74.- 91. Inflation et bénéfice
global, p. 75. - 92. Augmentation des salaires, p. 76.
- 9J. Bénéfices réels, p. 77. - 94. Bénéfice global et
monnaie, p. 79.- 95. Inflation, déflation et déséqui-
libre, p. 80.- 96. Inflation, déflation et répartition,
p. 80. - 97. Niveau des salaires et inflation, p. 81. -
98. Les équations globales et l'analyse de l'inflation
et de la déflation, p. 81.

ao Théorie de la dynamique économique 82 à 84


99. Fondements comptables de la macrodynamique éco-
nomique, p. 82.- 100. Mécanisme de la thésaurisa-
tion, p. 82. - 101. Construction de modèles de macro-
dynamique, p. 83. - 102. Bénéfice global et dynamique
économique, p. 83.- 103. Épargne, investissement
et évolution dynamique, p. 83.- 104, p. 84.
INDEX .•.• 85 à 86
BIBLIOGRAPHIE. 87 à 88
APPRECIATIONS
SUR « LES FONDEMENTS COMPTABLES
DE LA MACRO-ECONOMIQUE »

« M. Allais souligne que son effort ne vise à donner à l'économiste rien


d'autre qu'un fructueux instrument de travail, et ceci est la meilleure et la
plus courte définition qui puisse être donnée de ce qui peut être trouvé dans
ce livre ...
<< Je suis sûr qu'il faudra quelque temps au lecteur pour se familiariser

complètement avec les équations de M. Allais, mais l'effort exigé en vaut cer-
tainement la peine. »
M. NIVEAU,
Economica,
août 1957, pp. 280-281.

« Que l'on prenne quelque chose de la première partie de l' I nlroduction


à la théorie économique d'Erich Schneider; que l'on ajoute toute la technique
institutionnelle bancaire à la R. S. Sayers et R. G. Hawtrey; que l'on élabore
une pâte consistante à partir de la littérature du revenu national de Simon
Kuznets, Richard Stone, Richard Ruggles, Carl S. Shoup, Thomas C. Schel-
ling; que l'on ajoute encore comme levain une puissante dose de la sympathique
combativité allaisienne, sans oublier quelques raisins secs anti-keynésiens ;
que l'on mette le tout, non pas dans un four de circulation du type Fôhl-
Frisch-Peterschen, mais dans un appareil algébrique de la société de cons-
truction privée allaisienne, et l'on obtiendra une fournée d'une solide nourri-
ture dont on pourra vivre des années entières si l'on est jeté sur les îles désertes
de la macro-économie. Tel est le nouvel ouvrage d'Allais, aride comme un os,
très difficile à assimiler, mais cependant très nourrissant. ..
'' Comme toujours la logique d'Allais apparaît impeccable ...
cc Le livre d'Allais est en tout cas non seulement digne d'être lu, mais il
est également original dans un domaine où trop d'auteurs s'accommodent de
vérifications hypothétiques ...
<< Une conclusion se dégage de manière impressionnante du livre d'Allais

dont on doit lui rester reconnaissant, c'est que la méthode qui consiste à
définir les quantités globales à partir de la sommation des différents postes
comptables des comptabilités des entreprises est la seule voie sûre. Lorsque
plus rien ne peut tromper, l'ère de l'impressionnisme macro-économique est
révolue. »
Eberhard FELS,
Wellwirlschaflliches Archiv,
Band 76, 1956, Heft 2, pp. 49-51.
96 LES FONDEMENTS COMPTABLES DE LA MACRO-ÉCONOMIQUE

« Si nous devions comparer ce livre aux travaux américains, comme ceux


de Shoup ou Ruggle, la plus grande concision comme la plus grande
rigueur mathématique d'Allais ressortirait clairement. Le parallélisme et les
connexions entre la comptabilité des entreprises et la comptabilité des quan-
tités globales sont mis en évidence avec beaucoup d'élégance et d'ingéniosité.
«Si on considérait seulement l'aspect mathématique, on pourrait conve-
nablement comparer le livre avec l'ouvrage de Schelling, National Income
Behavior, sous la double réserve que Schelling consacre un grand nombre de
pages à la tâche terre à terre d'enseigner l'algèbre et que son ouvrage manque
de la beauté synthétique du livre français. »
Walter FROEHLICH,
Econometrica,
vol. 24, n° 1, January 1956, pp. 97-98.
Imprimé en France
Imprimerie des Presses Universitaires de France
73, avenue Ronsard, 41100 Vendôme
Mars 1993 -No 38 719

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