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HPE – L3
Jean-Paul Maréchal

QUELQUES DÉFINITIONS DE L’ANALYSE ÉCONOMIQUE

1. L’expression « économie politique » apparaît pour la première fois en 1615 sous la plume
d’Antoine de Montchrestien qui, dans son Traité de l’économie politique entend par là
l’« administration du patrimoine de la Cité ».

2. Jean-Jacques Rousseau écrit dans son Discours sur l’économie politique paru en 1755 que
l’économie est le « sage et légitime gouvernement de la maison pour le bien commun de toute la
famille ». 1

3. Pour Adam Smith : « Considérée comme une branche de la science d’un homme d’État ou
d’un législateur, l’économie politique se propose deux objets distincts : premièrement, procurer au
peuple une subsistance abondante ou un revenu abondant, ou plus exactement mettre les gens en état
de se procurer une telle subsistance ou un tel revenu ; et deuxièmement, assurer à l’État ou
collectivité un revenu suffisant pour les services publics. L’économie politique se propose d’enrichir
tout à la fois le peuple et le souverain » 2. Dit autrement, l'objet de l'économie politique est pour tout
pays « d’accroître les richesses et le pouvoir de ce pays » 3

4. Thomas Robert Malthus déclare dès la première page de ses Principes d'économie
politique que le but de l'économie politique « est la recherche des causes qui influent sur le progrès de
la richesse » 4.

5. Sismondi affirme dans le livre premier de ses Nouveaux principes d'économie politique que
« la science du gouvernement se propose ou doit se proposer pour but le bonheur des hommes réunis
en société » 5.

1
Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’économie politique in Œuvres complètes, vol. III, Du Contrat
social. Écrits politiques, Paris, Gallimard, Col. « La Pléiade », 1985, p. 241.
2
Adam Smith, Enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations, Paris, PUF, 1995, p. 481.
3
Ibid., p. 428.
4
Thomas Robert Malthus, Principes d'économie politique, Paris, Calmann-Lévy, Col. « Perspectives
économiques », 1969, p. 3.
5
J-C.-L. Sismondi, Nouveaux principes d'économie politique ou De la richesse dans ses rapports avec
la population, Paris, Calmann-Lévy, Col. « Perspectives économiques », 1971, p. 61.
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6. Le dernier grand économiste classique, John-Stuart Mill écrit en 1848 dans ses Principes
d'économie politique que « les économistes se donnent pour mission soit de rechercher, soit
d'enseigner la nature de la richesse et les lois de sa production et de sa distribution » 6.

7. Pour Léon Walras, l'économie politique pure est définie comme la théorie de la valeur
d'échange et de l'échange c'est-à-dire comme la théorie de la richesse sociale considérée en elle-
même 7. « La valeur d'échange, explique Léon Walras, est donc une grandeur et, on peut le voir [...]
une grandeur appréciable. Et si les mathématiques en général ont pour objet l'étude des grandeurs de
ce genre, il est certain qu'il y a une branche des mathématiques oubliée jusqu'ici par les
mathématiciens, et non encore élaborée, qui est la théorie de la valeur d'échange. Je ne dis pas [...]
que cette science soit toute l'économie politique. Les forces, les vitesses sont, elles aussi, des
grandeurs appréciables, et la théorie mathématique des forces et des vitesses n'est pas toute la
mécanique. Il est toutefois certain que cette mécanique pure doit précéder la mécanique appliquée. De
même il y a une économie politique pure qui doit précéder l'économie politique appliquée, et cette
économie politique pure est une science tout à fait semblable aux sciences physico-mathématiques » 8.
Si donc, poursuit Léon Walras, l'économie politique pure « est, comme la mécanique, comme
l'hydraulique, une science physico-mathématique, elle ne doit pas craindre d'employer la méthode et
le langage des mathématiques » 9.
A côté de cette économie pure, « scientifique », on trouve l'économie appliquée qui, classée
dans la catégorie des sciences appliquées, est définie comme « la théorie de la production économique
de la richesse sociale, ou de l'organisation de l'industrie dans la division du travail » 10.
On trouve également l'économie sociale qui est une science morale a pour objet « la
répartition de la richesse sociale » 11.

8. Pour Lionel Robbins, « l’Économie est la science qui étudie le comportement humain en
tant que relation entre les fins et les moyens rares à usages alternatifs » et qui « est absolument neutre
vis-à-vis des fins », que celles-ci soient « nobles ou viles » 12.

6
John Stuart Mill, Principes d'économie politique avec quelques-unes de leurs applications à
l'économie sociale, Paris, Guillaumin et Cie, 1873, p. 1.
7
Ibid., p. 53 (par. 30).
8
Léon Walras, Éléments d'économie politique pure, Paris, Economica, 1988, p. 52 (paragraphe 30).
9
Ibid., p. 53 (par. 30).
10
Ibid., p. 61 (par. 34).
11
Ibid., p. 65 (par. 38).
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9. Pour François Perroux : « L’économie est l’aménagement en vue de l’avantage de chacun


et de tous, des rapports humains par l’emploi de biens rares socialement et approximativement
quantifiables et comptabilisables. 13»

10. Tim Harford écrit : « Most economics has very little to do with GDP. Economics is about
who gets what and why. Clean air and smooth-flowing traffic are part of the ‘economy’ in this sense
14
[…] »

11. Raymond Barre et Frédéric Teulon écrivent : « La science économique est la science de
l’administration des ressources rares. Elle étudie les formes que prend le comportement humain dans
l’aménagement de ces ressources ; elle analyse et explique les modalités selon lesquelles un individu
ou une société affecte des moyens limités à la satisfaction de besoins nombreux et illimités. » 15

12. René Passet écrit : « Gérer un patrimoine énergétique en vue d'en assurer la reproduction
et le développement dans le temps ; structurer, grâce au travail, les flux énergétiques par de
l'information afin de satisfaire, au moindre coût, aux impératifs individuels et sociaux de l'‘‘être’’,
telle nous apparait l’essence de l’acte économique. » 16

13. Pour Henri Bartoli, le « parti [de la science économique] n'est pas celui d'un être
abstrait, l'homme en général, mais d'hommes en situation, aussi doit-elle unir la transformation du
monde et la connaissance de ses lois, être d'un même mouvement objective et combattante » 17.
« L'économie est [donc], fait-il remarquer ailleurs, lutte contre des formes de mort et de meurtre,
action en vue de la victoire de la Vie, elle doit être toute entière vouée à la création » 18.

12
Lionel Robbins, Essai sur la nature et la signification de la science économique, Paris, Librairie de
Medicis, 1947, p. 31, 36 et 37.
13
François Perroux, Pour une philosophie du nouveau développement, Paris, Aubier/Les presses de
l’Unesco, 1981, p. 36.
14
Tim Harford, The Undercover economist, Londres, Little, 2006, p. 109.
15
Raymond Barre et Frédéric Teulon, Économie politique, Économie politique, vol. 1, Paris, PUF, Col.
« Thémis », 1997, p. 13.
16
René Passet, L’économique et le vivant, Paris, Economica, 1996, .p. 129.
17
Henri Bartoli, L’économie service de la vie. Crise du capitalisme. Une politique de civilisation,
Grenoble, PUG, 1996, p. 150.
18
Henri Bartoli, Economie et création collective, Economica, Paris, 1977, p. 144.
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14. Joseph Stiglitz déclare que : « La science économique étudie comment les individus, les
entreprises, les pouvoirs publics et d’autres organisations sociales font des choix, et comment ces
choix déterminent la façon dont les ressources de la société sont utilisées. » 19

15. Edmund Phelps (PN 2006) : « … l’analyse économique est (…) apparue en réponse à des
questions d’intérêt politique concernant l’économie nationale 20 »;
« L’économie politique est l’étude des structures alternatives de rémunérations entre
lesquelles la société peut – et donc doit – choisir : comment les mécanismes d’un système donné,
existant ou potentiel, – les droits légaux, certains marchés, les impôts et les subventions, les
obligations et les devoirs, etc. – agissent-ils sur la nature des perspectives individuelles? Et dans
quelle mesure fonctionnent-ils bien ou mal? 21 »
« L’économie politique est l’étude de la manière dont la société fait fonctionner son
économie 22 ».
« En définitive, l’économie politique est l’étude des effets des divers mécanismes et systèmes
de mécanismes utilisés (ou utilisables) par les sociétés pour faire fonctionner leur économie
sociale 23 ».
« L’objectif d’explication est l’une des faces de l’économie politique. Mais, de même que l’on
conçoit mal la physique sans l’ingénierie, ou la biologie sans la médecine, l’économie politique a une
autre face, plus appliquée. La face que l’on appelle l’économie politique positive étudie la
détermination des rémunérations telles qu’elles sont. Celle que l’on appelle l’économie politique
normative étudie la structure des rémunérations (les institutions qui vont de pair) telles qu’elles
seraient si la société se dotait d’institutions économiques différentes ou de politiques
gouvernementales différentes, dans l’espoir de réduire les inefficiences, ou si la société s’inspirait de
tel ou tel précepte moral pour choisir entre différentes structures possibles des rémunérations, pour
promouvoir une forme donnée de justice 24. »

19
Joseph Stiglitz, Principes d’économie moderne, Bruxelles, De Boeck Université, 2000, p. 10.
20
Edmund Phelps, Economie politique, paris, fayard, 1990, p. xvii.
21
Idem, p. 4.
22
Idem, p. 30.
23
Idem, p. 30.
24
Idem, p. 31.

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