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CHAP I : QU’EST-CE QUE LE DEVELOPPEMENT ?

I - CONCEPT DE DEVELOPPEMENT/SOUS-DEVELOPPEMENT
Harry TRUMAN, Président des EU à l’époque est la première autorité à prononcer
officiellement, le mot « développement » (discours sur l’état de l’Union du 20 janvier 1949).
Aujourd’hui l’écrasante majorité de la population de notre planète vit dans des pays dit
en voie de développement (PVD) ou sous-développés (PSD). Ils forment le Tiers monde ou
pays du SUD, c’est-à-dire la grande majorité des pays situés géographiquement sur
l’hémisphère sud, au sud des pays riches. De manière grossière, cela traduit une opposition
entre riches et pauvres en termes de niveau de vie.

1-1 DEVELOPPEMENT, SOUS-DEVELOPPEMENT ET CROISSANCE ECONOMIQUE

1-1-1 Notions de développement/sous-développement


A) Définitions
 Développement
U. THANT : « le développement, c’est la croissance plus le changement. Le changement
en retour est social et culturel et est aussi bien qualitatif que quantitatif».

F. PERROUX : « le développement est la combinaison de changements mentaux et


sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître, cumulativement et durablement,
son produit réel global » (PIB en valeur réelle).

 Sous-développement
Nations unies ont défini le sous-développement comme « la non-exploitation optimale de
toutes les ressources économiques et humaines disponibles sur un territoire ou une
accumulation insuffisante de capital ».
De façon triviale, on peut dire que le sous-développement est une absence de développement
ou un blocage du développement. De ce point de vue, développement et sous-développement
sont les deux faces d’une même pièce. Le passage d’une situation (état) à une autre nécessite
de briser ce que l’on a appelé les « cercles vicieux du sous-développement ».
Le sous-développement est cependant souvent appréhendé par un ensemble de traits communs
appelés caractéristiques communes du sous-développement (importance de la pauvreté,
faible niveau d’instruction, faible couverture des besoins fondamentaux, dualisme sectoriel et
domination du secteur primaire).
Mais quel rôle joue la croissance ?

B) Croissance et redistribution
 La notion de croissance économique
La croissance économique est l’augmentation soutenue, sur une longue période, de la
production de biens et services d’un pays. Elle est en principe synonyme de création de
richesse qui est répartie entre les différents acteurs de l’économie et qui censée également

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créer des emplois. Mais on ne peut parler de croissance significative que si l’augmentation de
la production est supérieure à la croissance démographique.

Phénomène durable, elle peut être accompagnée de périodes plus courtes d’expansion, de récession et
de dépression.
TPE : expansion/récession/dépression
- L’expansion
- Récession
- Dépression
La croissance économique est donc synonyme d’augmentation de la production
nationale et surtout d’une élévation du revenu par tête (PIB/ tête). Elle permet à une société de
disposer de plus de biens et de services pour satisfaire ses besoins et, en même temps, c’est
une création de richesse donc de revenu pouvant combattre la pauvreté qui est un des traits
caractéristiques du sous-développement.

 Les déterminants de la croissance

L’augmentation de la production synonyme de plus richesses créées résulte de plusieurs


facteurs :
- Les infrastructures publiques
- L’accroissement des facteurs de production => Croissance intensive
- Le progrès technique => croissance intensive (voir thème : Progrès technique et
développement)

Aujourd’hui avec les travaux Romer (1986), de Lucas (1988) et de Barro et Sala-i-Martin
(1992), les nouveaux modèles de croissance incluent le capital humain comme facteur
important (voir exposé sur le thème : Capital humain et croissance).

Encadré 1 : Définitions du capital humain


Joseph Stiglitz définit le capital humain comme « l'ensemble des compétences et de l'expérience
accumulées qui ont pour effet de rendre les salariés plus productifs ». Samuelson et Nordhaus
rajoutent qu'il constitue le « stock de connaissances techniques et de qualifications caractérisant la
force de travail d'une nation et résultant d'un investissement en éducation et en formation
permanente ».
Source : http://ses.ens-lyon.fr/articles/les-fondements-theoriques-du-concept-de-capital-humain-
partie-1--68302#section-0

Cependant la croissance n’est pas forcément synonyme de changements structurels sur le plan
économique, social et culturel.

Encadré 2 : Le contresens à éviter : ne pas confondre croissance économique et développement


Le développement englobe des bouleversements plus grands (valeurs et normes sociales, structure
sociale, etc.) que le simple processus de croissance économique : le développement est par nature
un phénomène [plus] qualitatif de transformation sociétale (éducation, santé, libertés civiles et
politiques…) alors que la croissance économique est seulement un phénomène quantitatif
d’accumulation de richesses.

Cela pose la question de la qualité de la croissance : on parle ainsi de croissance


appauvrissante (Voir thème : Croissance et réduction de la pauvreté), de croissance
extravertie. Aujourd’hui les débats tournent autour des notions de croissance pro-pauvre, de
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croissance inclusive (voir exposé sur la « problématique de la croissance inclusive ».
L’une des stratégies pour la pauvreté c’est la redistribution des fruits de la croissance (ex :
bourses familiale) (voir thème : Croissance et redistribution : cas des bourses familiales
au Brésil)

C) L’apport du modèle de croissance Harrod- Domar dans la


théorie de développement
Si la croissance est une condition sine quo non; condition nécessaire du
développement, la question reste de savoir comment faire pour obtenir cette croissance. Parmi
les modèles qui ont le plus influencé les politiques de développement, il y a le modèle Harrod-
Domar.
Il se présente ainsi :
Hypothèses/ Rappel
 Soit Y le produit national (= revenu en économie fermée) et avec l’hypothèse que
toute production dépend du montant du capital investi (K) =>
Y = K/k (1) avec k coefficient de capital ou rapport capital production (nombre d’unités de
capital nécessaire pour une unité de produit national : k = K/Y) qui est une constante
(hypothèse)
 Soit Kt le stock de capital d’une économie à la période t et Kt+1 à la période t+1
L’investissement correspond à la variation de stock de capital : I = ∆K = Kt+1 – Kt (2)
 Selon l’hypothèse keynésienne à l’équilibre et ex ante I = S (3)
 L’épargne S est un % du revenu national : S= s Y d’où s = S/Y (4) avec s =
propension marginale à épargner qui est aussi une constante
 Si on appelle g taux de croissance de la production on a g = ∆Y/Y (5)
A partir de (1) on a g = (∆K/k)/Y = (∆K/k) x 1/Y = (∆K/Y) x 1/k = (∆K/Y)/k
A partir de (2) on a g = (I/Y)/k
A partir de (3) on a g = (S/Y)/k
A partir de (4) on a g = s/k g =s/k

Autrement dit le taux de croissance économique est fonction du taux d’épargne et du


coefficient de capital (rapport capital/produit). Il sera d’autant plus fort que le taux d’épargne
sera plus élevé. L’investissement (en usines et équipements) apparaît alors comme la
condition du développement ou encore la croissance résulte de l’épargne d’un certain
pourcentage du revenu national et de son investissement.
Grâce à cette analyse théorique, les choses deviennent plus claires pour les planificateurs.
La première tâche c’est d’évaluer le coefficient de capital. Une fois que l’on a une idée de ce
coefficient, il y a deux alternatives en termes de politique économique :
 Soit on fixe le taux de croissance économique que l’on souhaite atteindre et l’équation
donnera le taux d’épargne et d’investissement nécessaire
Exemple si un gouvernement souhaite atteindre un taux de croissance de 6% sur une
période donnée et si le coefficient de capital est de 3, il faudra alors un taux
d’investissement de 18%. Si le taux d’épargne ne permet pas d’atteindre ce niveau le

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gouvernement peut soit adopter une politique d’incitation à l’épargne soit recourir à
l’épargne extérieur c’est-à-dire l’aide extérieure.
 Soit on fixe un taux d’épargne et d’investissement que l’on pense raisonnable (réaliste
ou souhaitable) et l’équation indiquera le taux de croissance de la production nationale
qu’il est possible d’atteindre.
Le modèle a le mérite de mettre en lumière l’idée que la croissance doit être financée par
l’épargne et que l’accroissement de l’I est une condition nécessaire du développement.
Il montre en même temps que l’intervention de l’Etat est nécessaire à travers la planification
notamment (+ équilibre instable).

Tableau 1 : Relation Investissement-épargne-revenu par tête


Déficit en ressources internes (investissement - épargne)
(données 1997)
Pays Taux Taux PNB/habitant
d’investissement d'épargne (dollars courants)
(en % du PIB) (en % du PIB)
Tchad 19 1 230
Bangladesh 21 15 360
Bénin 18 11 380
Haïti 10 -4 380
Côte-d'Ivoire 16 23 710
Égypte 18 13 1200
Philippines 25 15 1200
Maroc 21 17 1260
Équateur 20 21 1570
Paraguay 23 20 2000
Costa Rica 27 25 2680
Thaïlande 35 36 2740
Maurice 28 24 3870
Malaisie 43 44 4530
Chili 27 25 4820
1999 WDI CD-Rom, Banque Mondiale.

Tableau n° 2 : Taux de croissance et d'investissement nécessaires afin de


diminuer la pauvreté en Afrique de 50% d'ici à 2015
Sous-région Taux de Coefficient Taux Taux Déficit
croissance marginale d’investissement d’investissement d’investissement
requis de capital requis actuel (investissement
supplémentaire
requis en % du
PIB)
Nord 5,5 3,8 21,3 24,2 5,0
Ouest 7,61 4,8 36,5 17,6 18,9
Centre 6,70 7,3 48,9 20,0 28,9

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Est 8,12 5,6 45,5 14,6 30,9
Sud 6,20 6,1 37,8 17,6 20,2
Afrique 6,79 5,0 33,0 20,5 12.5
(moyenne)
Afrique 7.16 5,8 40,0 17,4 22,6
subsaharienne

D) le développement comme une transformation structurelle


En définitive le développement peut être défini comme un processus de transformation
structurelle de long terme sur le plan économique, démographique, social et culturel qui
permet à une société d’améliorer de manière substantielle son niveau de vie et de satisfaire les
besoins fondamentaux de sa population. En ce sens, il comporte une dimension quantitative
(la croissance) et une dimension qualitative.

1-1-2 Une conception plus large du développement :


Capabilities et développement durable
- PNUD : L’Homme doit être la finalité du développement => « développement humain ».
- Amartya Sen (Nobel d’économie 1998) : le développement n’a de sens que s’il augmente
les capacités humaines, (capabilities traduit par capabilités)
- Développement durable /soutenable : le développement ne peut être durable que s’il tient
compte de l’avenir des générations futures => trois aspects indissociables :
- le respect de l’environnement (assurer la pérennité des ressources)
- équité sociale (réduire les différences de niveau de vie des populations)
- la rentabilité économique.

1-2 LES CARACTERISTIQUES DU SOUS-DEVELOPPEMENT


Les pays sous-développés présentent plusieurs caractéristiques communes.
1-2-1 Etendue de la pauvreté et inégalités
La pauvreté traduit la situation d’un individu, d’un groupe de personne ou d’une
société qui ne dispose pas des ressources suffisantes nécessaires pour lui permettre de
satisfaire ses besoins fondamentaux.
Elle est souvent estimée par un seuil de pauvreté qui est une ligne de démarcation à
partir de laquelle un individu de peut être considéré comme pauvre ou non pauvre.

Encadré 3 : Deux principales approches du seuil de pauvreté :


- L'approche nutritionnelle : le seuil de pauvreté est établi par l'apport minimal en calories pour
assurer la survie à terme. Ainsi la FAO fixe un seuil absolu sur la consommation journalière d'énergie
nutritive à 2 400 calories pour la pauvreté et à 1800 calories pour l'extrême pauvreté ;

- L’approche globale de la pauvreté : elle élargit le concept de pauvreté à l'ensemble des besoins qui
doivent être satisfaits pour mener une digne en société. La banque mondiale a fixé le seuil de
pauvreté absolue a une consommation journalière de biens et services en nombre de $ par jour.

On parle également de ligne de pauvreté qui peut être de nature monétaire (par exemple, un certain
niveau de consommation) ou non monétaire (par exemple, un certain niveau d'éducation).

Cependant, tout le monde n’a pas le même entendement de ce minimum nécessaire.


C’est pourquoi on parle de pauvreté absolue et de pauvreté relative.

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A) Pauvreté absolue, pauvreté relative
Encadré 4 : Définition de la pauvreté monétaire
La définition monétaire de la pauvreté est une insuffisance durable de revenus. On peut
toutefois séparer la pauvreté en deux grandes catégories :
- La pauvreté absolue est déterminée par un niveau de revenu en dessous duquel les besoins
fondamentaux de l'individu ne sont pas satisfaits : nourriture, logement, habillement,...
- La pauvreté relative se mesure quant à elle par une inégalité importante entre les individus
d'une même société qui a un modèle de consommation considéré comme "normal".
L'incapacité pour une partie des individus de pouvoir consommer "normalement" détermine
leur pauvreté.
L'Union Européenne considère comme pauvre un individu gagnant moins de la moitié du
revenu moyen disponible.

 Pauvreté Absolue
La pauvreté absolue concerne les personnes qui ne disposent pas du minimum de
ressources qui leur permettraient de satisfaire leurs besoins essentiels.
Pour mesurer la pauvreté absolue, la méthode la plus utilisée aujourd’hui est celle de la
Banque mondiale qui a établi un seuil budgétaire journalier ou seuil de pauvreté (1,90$ -
PPA- par jour et par personne) en dessous duquel une personne est dans la pauvreté absolue car
on juge que ses besoins de base ne sont pas satisfaits. Selon cette approche, la pauvreté a
diminuée dans le monde en termes absolus.

D’après les estimations les plus récentes, presque 10 % de la population mondiale vivait avec
1,90 dollar par jour en 2015, contre 11 % en 2013 et presque 36 % en 1990.
(https://www.banquemondiale.org/fr/topic/poverty/overview)

Tableau 3 : Evolution de la pauvreté dans le monde en valeur absolue et valeur relative

Nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté


1981 2005 2012 2015
(seuil de pauvreté : (seuil de pauvreté : (seuil de pauvreté :
1$/jour) 1,25$/jour) 1,90$/jour)
902 millions
1,9 milliard 1,4 milliard (12,8% de la 702 millions
population (9,6%)
mondiale)

Tableau 4 : Les disparités régionales

Zone 2012 2015 Variation


Asie de l’Est et dans le
Pacifique (Japon, chine,
Indonésie, Philippines, 7,2% 4,1% - 43,05%
etc.)**
Amérique latine et dans les
Caraïbes (Brésil, Mexique,
Chili, Haïti, Jamaïque, etc.) 6,2% 5,6% - 9,67%
Asie du Sud (Inde, 18,8% 13,5% - 28,19%

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Afghanistan, Pakistan, etc.)
Afrique subsaharienne 42,6% 35,2% - 17,37
**1 tiers de la croissance économique mondiale en 2014, soit le double de la contribution cumulée de
l’ensemble des autres régions en développement

Encadré 6 : Indicateurs de pauvreté


Trois (3) types d’indicateurs importants et souvent utilisée pour mesurer la pauvreté absolue
dans un pays
L’incidence de la pauvreté ou taux de pauvreté : mesure la proportion d’individus
considérée comme pauvres dans une population donnée
La profondeur de la pauvreté : (écart de pauvreté) : c’est un indicateur du degré de
pauvreté. Elle mesure le degré de pauvreté des pauvres en calculant l’écart des pauvres par
rapport à la ligne de pauvreté
Sévérité de la pauvreté (écart au carré) : Indicateur de gravité de la pauvreté, c’est-à-dire de
l’inégalité au sein des pauvres et cherche à appréhender les plus pauvres parmi les pauvres.

Tableau 5 et 6 : Indicateurs de pauvreté dans l’UEMOA en 2010

 Pauvreté relative
La notion de pauvreté absolue n’est pas toujours
opérationnelle, notamment pour certains pays
développés qui préfèrent celle de pauvreté relative. Elle
est définie par comparaison à un revenu jugé normal dans le pays. Là aussi on définit un seuil
de pauvreté par rapport à un certain niveau de revenu (mensuel). En Europe par exemple, le
seuil de pauvreté est défini par rapport au revenu médian.

La méthode consiste à répartir la population par tranche de quarts appelés les "quartiles".
(Le premier quartile, c'est donc le niveau de revenu tel que un quart gagne moins et trois quarts
gagnent plus ...). Le deuxième "quartile" est appelé médiane (à ne pas confondre avec la
médiale ! et encore moins avec la moyenne). La médiane, c'est donc le niveau de revenu tel
que la moitié de la population gagne moins et l'autre moitié gagne plus.
Le seuil de pauvreté en Europe correspond à de 60 % du revenu médian. Ainsi en 2006 en

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France (seuil de pauvreté = 50% du revenu médian jusqu’en 2008, mais il aujourd’hui calculé
pour 50% et 60%) pour un individu seul, il fallait avoir un revenu inférieur à 880 € (578 000)
par mois pour être compté comme pauvre. En conséquence, 13,2 % de la population française
était considérée comme pauvre en retenant ce seuil.

Graphique 1 : Niveau de vie et revenu médian en France (2016)

B) Une mesure des inégalités : la Courbe de Lorenz et l’indice de GINI


Autre caractéristique commune des PSD, l’importance des inégalités de revenu (exemple 30
% d’une population reçoit 60 % du revenu national). Pour représenter le niveau de
concentration des revenus dans un pays, un américain du nom Max Otto Lorenz (1880-
1962), proposa sa courbe en 1905.
 Courbe de Lorenz
La méthodologie pour tracer la courbe est la suivante :
On commence par classer les MNG par ordre croissant de revenus, puis on les répartie en 10
groupes appelés déciles (on les regroupe en classes de revenu croissant). Ainsi le premier
décile comprendra 10% des ménages dont le revenu est le plus faible, le second 20% dont le
revenu est le plus faible, etc. et le 10ème décile correspondra au 10% des MNG ayant les
revenus les plus élevés.
Un décile est séparé du décile supérieur et du décile inférieur par un montant de revenu que
l'on appelle "limite de décile". Chaque décile est donc borné par une limite inférieure de
décile, qui est le montant du revenu au-dessus duquel se situent les ménages du décile, et une
limite supérieure, qui est le montant du revenu au-dessous duquel se situent les ménages du
décile
Prenons un exemple chiffré avec le tableau ci-dessous :

Tableau 7 : exemple de répartition du revenu en déciles


Groupes ayant chacun Revenus
1/10e du nombre total de
Ménages
Part du revenu total (%) Pourcentages cumulés

8
1 2 2
2 3 5
3 4 9
4 5,5 14,5
5 7 21,5
6 8,5 30
7 10 40
8 12 52
9 15 67
10 33 100
Total 100

On trace la courbe en mettant en abscisse les % cumulés croissants des MNG et en ordonnés
le % cumulé des revenus. Cette courbe est située en-dessous d’une diagonale de 45 ° par
rapport à l’origine (bissectrice).

Donc plus la courbe se rapproche de celle-ci (bissectrice) plus la concentration des revenus
est faible, plus elle s’en éloigne plus elle est forte autrement dit, plus les inégalités sont
grandes.
Graphique 2 : Courbe de Lorenz

Ligne d’égalité parfaite

Vers une distribution


inégalitaire

Plus la courbe tend vers la droite, plus les revenus sont concentrés

Graphique 3 : Courbe de Lorenz Sénégal selon le milieu de résidence

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Source ESPS II

Encadré 7 : Les inégalités selon les pays


Le développement se manifeste par une phase préalable de fortes inégalités et des charges très
lourdes. Les pays records pour l'inégalité (pourcentage de la richesse détenu par le décile supérieur
de la population) se trouvent parmi les plus pauvres : les pays où ce ratio est supérieur à 40 % sont la
Tanzanie, la Guinée Bissau, le Kenya, le Zimbabwe, pays de la tranche la plus pauvre ; néanmoins les
pays à inégalité record sont le Brésil (51%, coefficient de Gini, record, de 63,4) et l'Afrique du Sud (47
%).
Les pays développés répartissent mieux leur richesse, avec un taux situé entre 20 et 30 %. De façon
générale, les NPI qui, par un développement accéléré (Singapour, Hong Kong, Corée, Mexique, Chili),
rejoignent les pays développés, affichent une très grande inégalité sociale, vérifiant la loi de Kuznets
selon laquelle les inégalités augmentent avec le développement, avant de diminuer

 Coefficient de Gini

A la suite de Lorenz, un statisticien italien Corrado Gini (1884-1965) a présenté en 1914,


une méthode pour calculer le taux d'inégalité de répartition appelé indice ou coefficient
Gini et noté G.
L’indice de Gini est calculé de la manière suivante :

G= (surface de concentration)/ (surface du demi carré)

Si l'aire de la zone entre la diagonale d'égalité parfaite (en pointillés) et la courbe de Lorentz
(en gras) est A, et l'aire de la zone à l'extérieur de la courbe de Lorenz est B, alors le
coefficient de Gini est A/ (A+B).

Ou Pour n tranches, le coefficient (l’indice) s'obtient par la formule de Brown

où X est la part cumulée de la population, et Y la part cumulée du revenu

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Il est donc compris entre 0 et 1, 0 étant synonyme d’égalité parfaite en ce sens que le taux
d’inégalité de la répartition est nul (tout le monde a le même revenu) et 1 signifie l'inégalité
totale (une personne a tout le revenu, les autres n'ont rien). Mais dans la pratique g est
strictement inférieur à 1 (g < 1) et l’indice est souvent compris entre 0,25 et 0,60. Plus il est
grand plus il y a inégalité.

NB : on exprime parfois l'indice de Gini en pour-cent en parlant de coefficient de Gini.


C'est ainsi qu'un indice de Gini de 0,75 équivaut à un coefficient de Gini de 75.

Carte n°1 : Carte Coefficients de GINI

Source: C. D. Elvidge et al.: The Night Light Development Index (NLDI) (2012)

Des travaux ont montré que les pays du Sud ont généralement un coefficient de Gini plus élevé que
les pays développés.
Encadré 8 : Des travaux portant sur le calcul d'un indice de Gini de concentration du revenu ou encore
d'une analyse par tranches de population ont été réalisés. Ces travaux ont révélé que les pays du Sud
ont généralement un coefficient de Gini plus élevé que les pays développés, mais les valeurs du
coefficient varient de façon importante parmi les pays du Sud. « Les conclusions, même sommaires,
sont riches en enseignements quant aux inégalités nationales. Les variations sont en effet très fortes,
avec un indice de Gini qui s’étage de moins de 20 en Slovaquie à 60 au Nicaragua et au Swaziland.

 Le rapport Inter-décile
Pour mesurer l’écart entre les 10% de la population les plus riches et les 10% les plus pauvres,
on utilise aussi le rapport inter-décile (D9/D1) : on fait le rapport entre le montant de
revenu séparant le décile 9 du décile 10 et celui séparant le décile 1 du décile 2. On ne
prend pas le 10ème décile car, pour ce décile, on n'a pas de borne supérieure (le montant d'un
revenu ou d'un patrimoine connaît une borne inférieure, c'est 0, mais pas de borne supérieure)
En France, en 1976, D9/D1 = 3,047, ce qui veut dire que le salaire minimal des 10% les
mieux payés était 3,047 fois plus élevé que le salaire maximum des 10% les plus mal payés.
En 2002 et 2010, la situation se présente ainsi :

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Tableau 8 : Rapport inter-décile France en 2002 et 2010

C) Développement et inégalités : la courbe de Kuznets


Simon Kuznets (1901 - 1985), « Prix Nobel » d'économie en 1971 a montré, dans le cadre
d’une étude (57 pays), que les inégalités augmentent dans un premier temps au cours du
processus de développement pour ensuite diminuer après s’être stabilisées.
Explication : le développement économique améliore à terme la distribution des revenus
(mécanisme du trickle down effect » ou « effet de ruissellement).
C’est ce qui a donné naissance à la courbe en « U » renversé appelée courbe de Kuznets.
Graphique 4 : Courbe de Kuznets

Conséquence sur la politique économique : favoriser la croissance au lieu de mettre en place


des politiques de redistribution de revenus
Sénégal : SCA/grappes de croissance

1-2-2 La structure démographique et la théorie de la transition


Démographique
Quelle relation entre croissance démographique et développement ?
Encadré 9 : Une évaluation des études réalisées pendant les années 1980 et 1990 révèle une
corrélation importante entre la croissance démographique et le déboisement en Amérique centrale,
en Afrique de l'Est et de l'Ouest et en Asie du Sud, mais cette association est beaucoup moins
évidente en Amazonie (Amérique du Sud) et en Afrique centrale.

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Encadré 10 : L'importance de la croissance démographique
Poursuivant sa réflexion sur l'unité et la diversité du tiers-monde, Yves Lacoste en est venu, vers la fin
des années 1970, à considérer qu'un critère commun et presque unique unissait ses constituants :
l'ampleur de la croissance démographique (toujours supérieure à 2 % par an, alors qu'elle reste
sensiblement inférieure à ce seuil dans le reste du monde). Dans le tiers-monde, ce phénomène, qui
n'a jamais eu d'équivalent (la croissance démographique annuelle n'a pas dépassé 1 % l'an dans
l'Europe du XIXe siècle), est à la fois signe et cause de sous-développement : il est signe car il traduit
des attitudes à l'égard de la vie quotidienne, des relations personnelles et sociales – qui ne paraissent
plus de mise dans des sociétés marquées par l'allongement de l'espérance de vie –, de
l'investissement dans l'éducation ou encore de la sécurité sociale (où l'enfant est coûteux plus
qu'utile) ; il est cause dans la mesure où il provoque des tensions supplémentaires dans des
économies peu productives où la proportion d'inactifs s'est brutalement accrue, tant par
l'accroissement du nombre des personnes âgées que par le fourmillement des enfants, deux
conséquences des progrès «importés» de la médecine de masse.

Rations démographiques
 Taux de natalité (nombre de naissance vivantes/population totale) * 1000
 Taux de mortalité (nombre de décès/population totale) *1000
 Taux de fécondité (nombre de naissances vivantes/nombre de femmes entre 15 et 49 ans) *
100
 Accroissement naturel= natalité -mortalité

TPE : Evolution :
- Taux de natalité du Sénégal
- Taux de mortalité du Sénégal
- Taux de fécondité du Sénégal

 Caractéristiques démographiques communes


La plupart des pays sous-développés sont caractérisés par une forte natalité (> 30 pour
1000), une mortalité moyenne (entre 10 et 15 pour 1000), un fort accroissement naturel
(différence pour une période donnée entre le nombre de naissances et le nombre de décès : en
moyenne 2%/an contre 0,5% pour les pays industrialisés) et une population très jeunes
(pyramide des âges large) : ces sociétés n’ont pas encore connu une transition démographique.
 Les PSD : une transition non achevée
Définition de la transition démographique :

Les deux phases de la transition démographique

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Graphique 5 : Pré-transition, transition et post-transition

 La démographie comme atout : le Dividende démographique


Le dividende démographique est l'accélération de la croissance économique qui peut
résulter d'une baisse rapide de la fécondité d'un pays et l'évolution ultérieure de la structure
par âge de la population

TPE : quelles sont les conditions pour bénéficier du dividende démographique ?

2-2-3 La place du secteur primaire


L’une des caractéristiques des pays sous-développés c’est la place du secteur primaire
(agriculture, élevage, pêche, foresterie, mines) dans la production et surtout dans la main
d’œuvre. Dans la plupart des pays il fournit 60 à 70% des emplois

Le processus de développement se traduire par une transformation structurelle

La Loi des 3 secteurs :


1. : domination de l’agriculture
2. : développement du secteur secondaire au détriment du secteur primaire (agriculture)
3 : développement du secteur tertiaire qui devient aussi important que le secteur
secondaire, faible part de l'agriculture des pays occidentaux.

Quel est l’impact de l’importance du secteur tertiaire dans les PSD ?

II –NECESSITE DE LA TRANSFORMATION STRUCTUELLE


Dans le rapport « Perspectives économiques africaines 2013 » (BAD, OCDE, 2013), la
transformation structurelle est définie comme la réorientation de l’activité économique
des secteurs les moins productifs vers des secteurs plus productifs. Ce processus est
généralement caractérisé par au moins deux faits stylisés :
(i) l’augmentation de la part du secteur manufacturier et des services à forte valeur
ajoutée dans le PIB, couplée avec
(ii) une baisse soutenue de la part de l'agriculture ; et

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(iii) la baisse de la part de l'emploi agricole et le transfert des travailleurs vers les autres
secteurs plus productifs de l'économie. L’augmentation de la productivité est au cœur de ce
processus.

Rapport PNUD sur PMA insiste sur la réorientation vers des activités plus intensives
en connaissances, à plus haute valeur ajoutée offrant plus de possibilité d’apprentissage.

Définition de Ocampo (2005) : le « Changement structurelle [est défini] comme la


capacité d’une économie de créer continuellement de nouvelles activités dynamiques,
caractérisées par une productivité plus élevée et des rendements d’échelle croissants.
=> Transformation structurelle = innovation au niveau macro partant des innovations au
niveau micro
Tableau 9 : évolution de la structure de la population active de la Corée du Sud

Part de la population active


Secteur 1960 1980 2013
Agriculture 63% 34 6,6%
Industrie 11% 23% 17%
Service 26% 43% 76,3%

Tableau 10 : Comparaison de la structure productive entre 1980 et 1997


La structure sectorielle de la production
Agriculture Industrie Services
Pays (% PIB) (% PIB) (% PIB)

1980 1997 1980 1997 1980 1997


Tanzanie 46 48 18 21 36 31

Mali 49 49 13 17 38 34

Inde 38 25 26 30 36 45

Nicaragua 24 34 31 22 45 44

Chine 30 19 49 49 21 32

Côte-d'Ivoire 26 27 20 21 54 52

Égypte 18 18 37 32 45 50

Philippines 25 19 39 32 36 49

Bulgarie 14 23 54 26 32 51

Colombie 19 11 32 20 49 69

Turquie 26 15 23 28 51 57

Uruguay 14 8 34 28 52 64

Corée 15 6 40 43 45 51

15
France 4 2 34 26 62 72

États-Unis 3 2 33 27 64 71
Source: 1999 WDI CD-Rom, Banque Mondiale

Tableau 11 : Structure sectorielle de la population active


Tableau n°
La structure sectorielle de la population active
Agriculture Industrie Services
Pays (%) (%) (%)
1980 1990 1980 1990 1980 1990
Tanzanie 86 84 4 5 10 11

Mali 93 93 2 2 5 5

Inde 70 64 13 16 17 20

Nicaragua 39 28 24 26 37 46

Chine 74 76 15 14 11 10

Côte-d'Ivoire 65 60 8 10 27 30

Egypte 61 43 17 23 22 34

Philippines 52 45 15 15 33 40

Bulgarie 20 14 45 50 35 36

Colombie 39 25 20 22 41 53

Turquie 60 53 16 18 24 29

Uruguay 17 14 28 27 55 59

Corée 37 18 27 35 36 47

France 8 5 35 29 57 66

Etats-Unis 3 3 31 28 66 69
Source : Rapport sur le développement dans le monde 1997, Banque Mondiale

III - LES SITUATIONS SPECIFIQUES DE DEVELOPPEMENT


Le tiers monde n’est plus un ensemble homogène  situations spécifiques

3-1 Les PMA

Trois critères :

- La faiblesse du niveau de vie :


- Faiblesse du niveau de développement humain :
- La vulnérabilité économique

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3-2 Les NPI /Pays émergents
Les NPI d’Asie : stratégies de développement presque similaires caractérisées par une :
- industrie fortement utilisatrice de main d’œuvre et produisant pour l’exportation ;
- spécialisation dans les secteurs de haute technologie comme l’électronique ;
- un rôle actif de l’Etat pour promouvoir un cade favorable au développement du secteur
privé et de l’exportation (infrastructures, création de zones franche pour attirer les capitaux
étrangers -incitations fiscales, subventions, développement massif de l’éducation, barrières
douanières pour protéger les secteurs vulnérables, mise en place d’un système financier
fiable, faible protection sociale et absence de salaire minimum, etc.)
Composition :
- « Quatre dragons »
- « Les tigres »

Depuis plusieurs années, on a « les Jaguars », à savoir le Brésil, l’Argentine, le Mexique, le


Chili ont rejoint ces deux groupes,

 Pays émergents.

Qu’est-ce que l’émergence ? Quels critères ?

Certains spécialistes placent les Philippines, la Chine voire l’Inde dans le groupe de pays
émergents.

3-3 Les BRICS

BRICS : acronyme anglais désignant : Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et South Africa,
(Afrique du Sud qui a rejoint le groupe en 2011).
Caractéristiques :
- 42 % de la population de la planète,
- 20% du produit intérieur brut (PIB) mondial.
- plus de 50 % de la croissance économique mondiale au cours des dix dernières années.
- Trois des cinq Brics font partie des dix premières puissances économiques mondiales (Chine
2e, Brésil 7e, Inde 9e). L'Afrique du Sud, première puissance du continent africain, elle
classée parmi les 40 plus importantes économies de la planète (38e rang).

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