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CHAPITRE IV : QUELLES STRATEGIES POUR DEVELOPPER

L’AGRICULTURE ?

OBJECTIFS SPECIFIQUES
 Au terme du chapitre, l’apprenant doit être capable de :
 Citer les quatre dimensions de la sécurité alimentaire
 Expliquer comment l’agriculture participe au développement
industriel
 Connaître les différents types d’exploitations agricoles
 Connaître les différentes formes de réformes agraires
 Définir la notion de révolution verte
 Définir la notion de révolution doublement verte

I - L’UTILISATION DU SURPLUS AGRICOLE POUR ASSURER LE DEVELOPPEMENT


ECONOMIQUE
 La sécurité et l’autosuffisance alimentaire
Il est trop risqué de compter sur les excédents mondiaux qui sont de plus en plus décroissants et dont les
prix sont erratiques. D’où donc l’importance d’assurer la sécurité alimentaire notamment par une bonne
politique visant l’autosuffisance alimentaire.
Encadré 1: la sécurité alimentaire : « La sécurité alimentaire est réalisée lorsque « toutes les
personnes, en tout temps, ont économiquement, socialement et physiquement accès à une
alimentation suffisante, sûre et nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels pour leur permettre de
mener une vie active et saine. » (Sommet mondial de l’alimentation, 1996)
Les 4 piliers de la sécurité alimentaire
- accès (capacité de produire sa propre alimentation et donc de disposer des moyens dele faire, ou
capacité d'acheter sa nourriture et donc de disposer d'un pouvoir d'achat suffisant pour le faire);
- disponibilité (quantités suffisantes d'aliments, qu'ils proviennent de la production intérieure, de
stocks, d'importations ou d'aides);
- qualité (des aliments et des régimes alimentaires des points de vue nutritionnel, sanitaire, mais
aussi sociaux-culturels);
- stabilité (des capacités d'accès et donc des prix et du pouvoir d'achat, des disponibilités et de la
qualité des aliments et des régimes alimentaires)

Encadré 2 : La souveraineté alimentaire « La souveraineté alimentaire désigne le DROIT des


populations, de leur pays ou Unions à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping vis-
à-vis des pays tiers »

 L’apport de devises par le biais des exportations


Dans les PSD, l’essentiel des exportations est constituée de produits primaires. Ainsi, l’agriculture fournit
des devises pour importer les matières premières et les produits manufacturés (machines) nécessaires au

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développement industriel. En retour, ce secteur industriel va fabriquer des biens de production pour les
paysans (Ex : extracteurs de jus).
L’agriculture peut aussi permettre d’économiser des devises, car si elle est suffisamment compétitive, elle
peut produire des denrées auparavant importées.

 L’agriculture au service de l’industrie


L’agriculture peut participer activement au développement de l’industrie par :
 la fourniture des matières premières pour l’agro-industrie qui comprend la transformation des
matières premières issues de l'agriculture, de la pêche et de la foresterie en produits alimentaire
(l'agroalimentaire) et en produits non alimentaires, comme les biocarburants.
 le financement du processus d’industrialisation
Par ailleurs le secteur agricole peut être à l’origine d’une bourgeoisie locale capable d’accumuler et
d’investir dans l’agro-industrie notamment. L’histoire a montré que l’agriculture a été la source majeure de
capitaux dans le processus de développement des pays européens.
La différence entre les cours mondiaux (prix à l’international) et le prix au producteur (avec la fixation de
prix faible au producteur) permet alors de dégager un surplus orienté vers le financement de l’industrie.
(Les PD pratiquent l’inverse avec des prix internes élevés)

 Débouché pour l’industrie et les services


L’agriculture est un marché pour l’industrie et les services. En effet, le développement
progressif de ces secteurs suppose l’existence de débouchés, donc d’une demande croissance
(ex. pour les intrants agricoles, le téléphone portable). Cela suppose en partie l’amélioration
des revenus agricoles, donc une hausse de la productivité. L’augmentation d’un revenu qui
profiterait à une frange importante de la population rurale aura forcément un effet sur la
demande de biens de consommation et de biens de production.

II – ROLE DE L’AGRICULTURE DANS LA REDUCTION DE LA PAUVRETE ET LA


CROISSANCE ECONOMIQUE
L’agriculture est donc essentielle à la réalisation des objectifs de réduction de la pauvreté.
Étant donné que beaucoup de pauvres travaillent dans l’agriculture, la croissance agricole aura
probablement des effets plus bénéfiques pour les pauvres que la croissance non agricole.
En retour, une augmentation généralisée des revenus agricoles est indispensable pour stimuler
la croissance de l’ensemble de l’économie, y compris les secteurs non agricoles qui vendent
leurs produits aux populations rurales.

III - POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT AGRICOLE


 Les réformes agraires
A- Les différents types de régime foncier
Un régime foncier est un ensemble de règles, régies par la loi et /ou la coutume,
définissent la répartition des droits de propriété sur les terres, les modalités
d’attribution des droits d’utilisation, de contrôle et de transfert des terres ainsi que les
responsabilités et limitations correspondante
On distingue généralement plusieurs formes de régime foncier.
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- Régime privé : donne un droit de jouir exclusivement sur les parcelles agricoles

- Régime communautaire : chaque membre a le droit d’utiliser de façon indépendante les


biens détenus par la communauté : ex droit de faire paître son bétail dans un pâturage
collectif. Les personnes n’appartenant pas à la communauté concernée ne sont pas autorisées
à utiliser les terres mises en commun.

- Régime d’accès libre : aucun droit spécifique n’est attribué à personne et personne ne peut
être exclu (cela peut s’appliquer également aux pâturages mais ce n’est pas réservé aux
membres de la communauté)

- Régime public : droits de propriétés attribués à une entité du secteur public (Etat central ou
collectivité territoriale).

Au Sénégal, deux régimes fonciers coexistent :

- le régime de l’immatriculation : terres immatriculées au nom de personnes physiques ou


morales (titre foncier)

- le régime du domaine national (toutes les terres qui ne sont pas immatriculées : loi du
domaine national 17 juin 1964).

B- Les différentes formes d’exploitation agricole


Sous ce rapport, on distingue plusieurs formes d’exploitations agricoles :
- La grande exploitation agricole utilisant de grandes superficies pour l’agriculture et l’élevage et faisant
appel à une main d’œuvre journalière. Elle se caractérise également par une grande mécanisation des
activités. On les trouve davantage aux EU avec les ranchs, tandis qu’en Amérique latine on les appelle les
latifundios (Haciendas et fazendas) qui s’opposent au minifundios qui sont de très petites exploitations
moins rentables,
- L’agriculture de plantation : c’est une agriculture de grande surface destinée essentiellement à
l’exportation (café, cacao, thé, etc.). Elle a également recourt aux journaliers,
- Les exploitations familiales : elles sont caractérisées par des superficies modestes et l’utilisation presque
exclusive de la main d’œuvre familiale,
- L’agriculture communale : elle se pratique essentiellement en Afrique où il existe souvent des terres
appartenant à la collectivité. La tradition ou le chef de village définit les règles et conditions d’exploitation
des lopins de terre,
- Le fermage : l’exploitant appelé fermier, qui est propriétaire du capital d’exploitation (machines, bétail),
loue la terre et verse un loyer monétaire au propriétaire de celle-ci,
- Le métayage : l’exploitant, appelé métayer, partage la récolte avec le propriétaire qui fournit la terre et le
capital d’exploitation.

C- Modalités des réformes agraires


Il y a la réforme agraire (redistribution plus équitable des terres) qui est différent de la réforme foncière qui
ne touche pas à la propriété.
Outre la dimension sociale, l’objectif de la réforme agraire c’est surtout l’augmentation de la production
dans la mesure où elle est synonyme de meilleures garanties des droits sur les terres, ce qui devrait
encourager l’investissement. C’est une forme d’incitation à produire. Elle peut prendre plusieurs formes :

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- La réforme des baux : lorsque le bail est plus favorable au propriétaire, le locataire fermier n’a pas trop
intérêt à investir. Ainsi une telle réforme garantie le droit des locataires fermiers sur les terres qu’ils
exploitent avec des lois qui imposent des baux à long terme.
- La réduction du fermage : il s’agit de plafonner la part de la récolte qu’un propriétaire peut exiger
comme loyer. En cas d’exploitation par le propriétaire, une telle loi peut augmenter substantiellement le
revenu du fermier.
- L’octroi de terre à l’exploitant avec ou sans compensassions : c’est le type de réforme agraire classique,
mais qui présente plusieurs variantes :
 La réforme avec compensation planifiée par l’Etat qui peut prendre deux formes :
 une loi fixant le nombre d’ha qu’un propriétaire peut posséder, obligeant les détenteurs de terre à
vendre les superficies dépassant la limite autorisée,
 ou une loi attribuant les terres à ceux qui les cultivent et que toute autre terre doit être vendue
Cette réforme à certains enjeux : faut-il une compensation totale ou partielle ? Doit-elle se faire au prix du
marché ?
 La réforme sans compensation : c’est le type de réforme le plus radical car, les propriétaires ne
cultivant pas leurs terres sont tout simplement expropriés sans dédommagement.

 La révolution verte et la révolution doublement verte

A- La révolution verte

La révolution verte, qui est une introduction du PT dans l’agriculture, vise justement à assurance
l’autosuffisance alimentaire. Il s’agit par le biais de la recherche agronomique, de sélectionner et
d’introduire dans le circuit de production des variétés à haut rendement(VHR) permettant de faire deux à
trois récoltes par an (précoces).
Cependant, ces variétés à haut rendement nécessitent une irrigation importante et l’utilisation intensive
(d’importantes quantités) de pesticides (pour lutte contre les parasites animaux et végétaux des cultures),
d’engrais chimique (fertiliser les terres) et des semences spécialisées.
Autre conséquence possible, le recul des cultures vivrières dans certains cas.
B- La révolution doublement verte
La Révolution Doublement Verte (RDV), est une révolution verte qui se souci de préserver la
biodiversité, autrement dit, qui préserve l’environnement. Elle consiste à passer d’une logique de
développement agricole fondée sur la maîtrise des milieux à une autre fondée sur la connivence avec les
écosystèmes. Il s’agit de produire plus sans diminuer le potentiel des milieux et la biodiversité au profit des
générations futures.

Encadré 3 : Inconvénients de l’utilisation des pesticides


Les problèmes engendrés par l'usage de pesticides sont l'empoisonnement des terres, la
contamination de l'eau (notamment par les nitrates) et l’apparition de souches de moustiques
résistantes aux pesticides, la diminution de l'efficacité des programmes antipaludéens utilisant du
DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane).

Encadré 4 : Définition de la biodiversité


La biodiversité est définie par la Convention sur la diversité biologique comme : "la variabilité des
êtres vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes aquatiques et les complexes

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écologiques dont ils font partie : cela comprend la diversité au sein des espèces, ainsi que celle des
écosystèmes" (art. 2). Le concept de biodiversité concerne donc toutes les composantes et les
variations du monde vivant. Les scientifiques distinguent trois niveaux d'organisation : - la diversité
écologique (les écosystèmes) ; - la diversité spécifique (les espèces) ; - la diversité génétique (les
gènes). Une autre composante essentielle et constitutive de la biodiversité sont les interactions au
sein et entre chacun de ces trois niveaux d'organisation.

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