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Introduction à l’économie agricole


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Agronomie : science étudiant des problèmes et opportunités d’ordre


biologique que pose la pratique de l’agriculture

Economie : science expliquant et prédisant des phénomènes


comportementaux humains en lien avec la production, la distribution,
l’échange et la consommation de biens et services
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Pourquoi un cours en introduction à l’économie agricole ?


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Objectifs
Fournir à l’étudiant les concepts de base de l’économie agricole
et l’initier aux grandes questions économiques en lien avec le
développement agricole et rural.

Volume horaire : 20h = 15h cours + 5h Travail Personnel


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Introduction générale

Chapitre 1 : les spécificités économiques de l’agriculture

1.1. L’importance de la terre en agriculture


1.2. Saisonnalité et dépendance vis-à-vis du milieu naturel
1.3. La complémentarité entre les nombreuses productions
1.4. La rigidité de la demande et son effet sur la formation des prix

Chapitre 2 : la notion d’exploitation agricole et la rationalité des


exploitants

2.1. Le concept d’exploitation : définition et importance


2.2. Les typologies d’exploitation
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Chapitre 3 : microéconomie de la production agricole


3.1. La combinaison de facteurs de production: modèle de base et ses
limites
3.3. L’investissement et la dynamique de la production agricole
3.4. Le risque et l’agriculture

Chapitre 4 : éléments de politiques agricoles


4.1. Les structures agraires : petite ou grande exploitations ?
4.2. L’amont et l’aval de l’agriculture (vulgarisation, crédit, organisation des
marchés…)
4.3. Gestion des ressources naturelles et durabilité (cas de l’eau)
4.3. Le développement rural durable
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Mode de contrôle des connaissances


- Un Examen
- Travail personnel (un article à lire)
Introduction générale: présentation de la science
économique

L’économie agricole
L’économie agricole consiste en la transposition des concepts et des
méthodes de l’économie au secteur de l’agriculture.

Elle est subdivisée en plusieurs sous-disciplines , en fonction des thèmes


traités:
 Économie de la production agricole
 Economie agroalimentaire
 Économie rurale
 Économie de la distribution

Ses thèmes relèvent de la microéconomie ou de la macroéconomie, et


peuvent être approchés par des méthodes empruntées à diverses
disciplines.
Introduction générale: présentation de la science
économique

L’économie agricole

L'économie de la production agricole mobilise principalement la théorie


économique pour comprendre les comportements des exploitants
agricoles.

Les préoccupations majeures en économie agricole sont :


 Les objectifs de l’exploitant agricole
 Le choix des productions
 L’allocation des ressources par production
 Comportement des producteurs face aux risques
 L’environnement économique concurrentiel
Introduction générale: présentation de la science
économique

L’économie agricole
Les objectifs de l’exploitant agricole:
Les économistes agricoles considèrent que l’objectif de tout exploitant agricole est
la maximisation de son profit (profit = recettes – dépenses).

Dans la réalité, les objectifs des agriculteurs peuvent varier d’un individu à un
autre. Un agriculteur peut avoir comme objectif de posséder :
-la plus grande ferme de sa région;
-les meilleurs équipements agricoles
-la meilleure plantation arboricole;

Il peut aussi vouloir ne pas avoir de dettes.


Introduction générale: présentation de la science
économique

L’économie agricole

Les objectifs des agriculteurs sont souvent liés à leur profil psychologique et sont
souvent loin de la maximisation du profit.

Malgré ce fait, la plupart des modèles économiques mobilisés pour interpréter les
comportements des exploitants agricoles sont construits sur l’hypothèse de la
maximisation du profit, ou au moins la maximisation du revenu sous la contrainte
des ressources disponibles.
Introduction générale: présentation de la science
économique

L’économie agricole
Le choix des productions:
L’exploitant agricole a un large éventail d’options de production. Ce choix
censé permettre à l’agriculteur de maximiser son profit est déterminé par :

Satisfaction visée
Contraintes internes
 Terre, eau, capital, travail
 Compétences
Contraintes externes
 Gouvernement (eau, terre, marché, lois)
 Climat
 Marché
Introduction générale: présentation de la science
économique

L’économie agricole
Allocation des ressources par production
Parmi les décisions que doit prendre l’exploitant, en lien avec le choix des
biens à produire, il y a celle de l’affectation des ressources dont il dispose
pour le ou les biens qu’il a choisi de produire. La première question à
laquelle il doit réponde concerne l’affectation de ses parcelles par culture
retenue. Cette question simple va devenir plus complexe lorsqu’il faut
affecter les autres ressources rares (travail, équipement, capital). Le
temps de travail disponible et les machines doivent être affectés sur
toutes les cultures et les activités d’élevage, en fonction de l’objectif
global de l’agriculteur.

La plus grande partie des travaux de l’économie de production agricole est


consacrée au traitement des problèmes rencontrés dans la gestion des
exploitations en matière d'allocation des ressources ou des intrants par
type de production.
Introduction générale: présentation de la science
économique

L’économie agricole
Hypothèses de risque et d’incertitude. Les modèles d'économie de production
supposent souvent que le gestionnaire sait avec certitude la fonction de
production applicable (par exemple, le rendement qui résulterait d'une culture
si une quantité particulière d'engrais a été appliquée) et les prix à la fois pour les
intrants à acheter et les produits agricoles à vendre.

Cependant, en agriculture l'hypothèse d'une connaissance précise de la fonction


de production n'est presque jamais atteinte.
-La pluviométrie et d’autres éléments naturelles (maladies, autres accidents
climatiques) interviennent dans des conditions qui ne sont pas contrôlées
par l’exploitant… Risque de production .
-Les agriculteurs connaissent les prix des intrants (engrais, semences…),
mais ne connaissent presque jamais en début de campagne de production
les prix des produits agricoles qui prévaudront en fin de campagne… Risque
de marché.
Introduction générale: présentation de la science
économique

L’économie agricole

Les agricultures prennent donc des décisions (choix des cultures, type de
fonction de production) en situation d’information imparfaite. Ils ne connaissent
pas à l’avance et avec précision, les conditions naturelles et les prix de vente qui
vont prévaloir durant la campagne agricole.
Introduction générale: présentation de la science
économique

L’économie agricole

Environnement économique concurrentiel.


Les économistes citent souvent l'agriculture comme l'exemple le plus proche du
monde de la concurrence pure. Mais l'environnement concurrentiel dans lequel
un agriculteur fonctionne dépend fortement du bien qu’il produit, chaque filière
étant spécifique (blés, lait, culture maraîchères…).
Introduction générale: présentation de la science
économique

L’économie agricole
Les hypothèses de la concurrence pure et parfaite:
Les économistes utilisent souvent la théorie de la concurrence pure et
parfaite comme modèle de base pour expliquer les comportements des
producteurs. Il est donc utile de revoir les hypothèses de base de cette
théorie et d’évaluer jusqu’à quel degré elles peuvent être appliquées à
l’agriculture.

Hypothèse 1: l’atomicité de l’offre et de la demande


Hypothèse 2: les producteurs sont des preneurs de prix
Hypothèse 3: l’homogénéité des produits
Hypothèse 4: l’absence de barrière à l’entrée et à la sortie
Hypothèse 5: l’information est parfaite et gratuite
Introduction générale: présentation de la science
économique

L’économie agricole
Hypothèse1: l’atomicité de l’offre et de la demande.
L’existence d’un nombre très important de producteurs et de demandeurs.

En Algérie, le nombre d’agriculteurs est estimé à 1,16 millions (RGA, 2001). Ce


nombre important est à relativiser par rapport à l’importance des biens agricoles
produits par le secteur. Ils sont quelques milliers d’agricultures qui produisent 40%
de la production nationale de pomme de terre à El Oued.
Il existe certes un très grand nombre de producteurs, mais la tendance est vers
l’émergence de très grands producteurs qui concentrent une grande part de
marché (filière avicole).
Pour les acheteurs, leur nombre varie d’une filière à une autre. La filière céréale est
dominée par un grand acheteur public, l’OAIC. Dans la filière tomate industrielle, il
y a 24 conserveries qui achètent la totalité de la production. C’est le cas aussi pour
la filière lait, etc.

Ces éléments relatives à la structure du secteur agricole en Algérie montrent que


cette hypothèse ne peut être appliquée d’une manière stricte.
Introduction générale: présentation de la science
économique

L’économie agricole
Hypothèse 2: les producteurs sont des preneurs de prix.
une entreprise peut vendre n’importe quelle quantité au prix du marché.

Aucune entreprise n’est suffisamment importante pour influer sur les prix
des biens qu’elle produit.

Pour beaucoup de biens agricoles, les agriculteurs sont des preneurs de prix
(blés, lait, fruits et légumes). Dans certaines filières, notamment celles des
fruits de qualité (variétés ou espèces rares : raisin, cerise, pomme…etc.), de
par la faiblesse du nombre des producteurs, ces derniers peuvent exercer
un certain contrôle des prix.
Introduction générale: présentation de la science
économique

L’économie agricole

Hypothèse 3: l’homogénéité des produits


Il est supposé que tous les produits sont identiques et rien ne distingue le
produit d’une entreprise de celui d’une autre.

Cette hypothèse s’applique pour la plupart des produits agricoles. Il est


difficile de différencier entre le blé dur d’un agriculteur ou d’un autre.

Dans certaines filières, la tendance est vers la construction de ces


différentiations (sur la base de terroir, ou du procédé de production) pour
en faire un avantage commercial (les signes de qualité).
Introduction générale: présentation de la science
économique

L’économie agricole
Hypothèse 4: Absence de barrières à l’entrée et à la sortie et libre
circulation des biens et capitaux
La liberté de vendre et d’acheter est totale, les barrières à l’entrée et à la
sortie n’existent pas : sélection et auto sélection

De nos jours, s’engager dans la production agricole nécessite beaucoup de


moyens (financier, humain, terre, etc. ), il est donc difficile de vérifier cette
hypothèse.
La mobilité des biens et capitaux veut dire l’absence de barrières
réglementaires imposées par le gouvernement (ex: interdiction d’investir
dans l’agriculture) ou une autre partie. L’Etat algérien encourage la mobilité
des capitaux et incite au développement des investissements agricoles.
Il protège par contre les producteurs nationaux de la concurrence
étrangère, par l’imposition de quotas d’importation et/ou des tarifs
douaniers dissuasifs.
Introduction générale: présentation de la science
économique

L’économie agricole

Hypothèse 5: l’information est parfaite et gratuite


Toutes les variables (les prix, les coûts de production) qui intéressent le
producteur et le consommateur sont connues d’une manière certaine.
Il est donc supposé que le producteur connaît parfaitement le processus de
production qui ne change pas sous l’effet de variables externes qu’il ne
contrôle pas.

Cette hypothèse est irréaliste dans le cas du secteur de l’agriculture. Les


aléas naturels affectent presque toutes les activités agricoles.
Introduction générale: présentation de la science
économique

L’économie agricole

Pourquoi donc retenir le modèle de concurrence pure?


Malgré ses faiblesses, ce modèle permet la représentation la plus proche
de la réalité des comportements des acteurs, comparativement aux autres
modèles.

La configuration du secteur de l’agriculture n’est pas celle d’un monopole,


ni celle d’un oligopole. Les marchés agricoles sont concurrentiels mais
peuvent fonctionner d’une manière imparfaite.

Les économistes utilisent ce modèle comme une base pour leurs analyses.
Ils n’hésitent pas à le modifier pour prendre en compte des problèmes
spécifiques que ce modèle ne permet pas de considérer convenablement.
Chapitre I
Les spécificités économiques de l’agriculture
Chap. I: Les spécificités économiques de l’agriculture

La production est un processus de transformation régi par des


hommes. La transformation implique que certains biens perdent
leurs caractéristiques antérieures pour donner naissance à de
nouveaux biens. Les premiers se nomment facteurs de production
et les deuxièmes produits.

La production agricole consiste en la transformation des facteurs en


produits agricoles. Le processus de transformation est
indissociablement lié à la biologie des végétaux cultivés et des
animaux d’élevage. Cette caractéristique fondamentale fait la
spécificité économique de l’agriculture.
Chap. I: Les spécificités économiques de l’agriculture

Les facteurs de la production agricole

Les facteurs de production sont de deux grands types:


1. Les éléments du milieu (air, lumière, chaleur du soleil, eau de
pluie, etc.), sont indispensables au fonctionnement du cycle
biologique des plantes et des animaux utilisés pour la production
agricole. De par leur abondance et leur nature, ces produits sont
considérés comme des biens libres , d’usage non privatif. Leur
allocation et leur usage ne sont pas l’objet de l’analyse
économique.
2. Les biens rares , naturels (terre, les pâturages naturels, eau
superficielle ou souterraine mobilisée par une infrastructure
artificielle) ou élaborés (semences, machines, engrais…), sont
acquis sur le marché des facteurs et font l’objet de l’analyse
économique.
Chap. I: Les spécificités économiques de l’agriculture

Les facteurs de la production agricole

La terre: est un facteur de production qui occupe une place centrale dans la
production agricole.

La terre est le support de l’activité agricole. La fertilité des sols est gérée et
de plus en plus contrôlée par l’homme.

Contrairement à toutes les autres activités économiques (artisanat,


industrie, service), l’activité agricole a besoin de grands espaces pour se
réaliser. C’est ce besoin en espace qui fait que la terre joue un rôle
important dans l’activité agricole. Même si certaines productions se
densifies (élevage avicole, engraissement de bovin et d’ovin, cultures sous-
serre contrôlées), l’activité agricole reste fortement exigeante en grands
espaces.
Chap. I: Les spécificités économiques de l’agriculture

Les facteurs de la production agricole

Le travail: désigne tout effort conscient et organisé, déployé par


l’homme dans un but de production des biens agricoles. Par extension,
il comprend les efforts des animaux ainsi que la mobilisation des
machines dans l’opération de production.

Les exploitants agricoles peuvent mobiliser de la main d’œuvre


familiale et/ou salariée.

La terre et le travail sont parfois appelés facteur primaires, parce qu’ils


ne sont pas produits par une activité économique.
Chap. I: Les spécificités économiques de l’agriculture

Les facteurs de la production agricole

Les capitaux: désignent un ensemble de biens hétérogènes, produits


d’une activité économique. On peut les distinguer en deux catégories:
-Les capitaux fixes: les bâtiments de production, les équipements,
les machines et outillages. Ce type de capitaux permet d’accroitre
le rendement du travail de l’homme.
la terre aussi est considérée comme un capital fixe.

-Les capitaux circulants (variables): matières premières (engrais,


semences, produits phytosanitaires, énergie…).
Chap. I: Les spécificités économiques de l’agriculture

Les productions agricoles


Les productions agricoles sont issues de processus biologiques. Cette
spécificité implique d’autres caractéristiques des productions agricoles:
1. Rigidité : Parce que les produits agricoles sont générés par des organismes
vivants et sont généralement périssables, leur offre est inélastique à très
court terme.
2. Flux
-Productions discontinues, obtenue au terme du cycle biologique (pomme de
terre, céréales…etc.)
-Productions relativement continues, constituant dans le temps un flux
quotidien (lait, œuf) ou à périodicité plus étalée (arboriculture, luzerne, etc.).
Ces productions exigent d’investir dans un support de production (vaches
laitières, poules pondeuses, plantations, etc.).
3. Périodicité : Le calendrier de production dépend du cycle biologique de
l’espèce concernée (espèces à cycle court, moyen et pluriannuel).
La dépendance des productions agricoles à l’égard du temps rend plus
complexes la détermination des coûts de production, ainsi que la décision
d’acquérir des facteurs (bâtiments, équipements). Cette caractéristique est
génératrice d’incertitude et de risque.
Chap. I: Les spécificités économiques de l’agriculture

Les productions agricoles

Les produits agricoles sont essentiellement destinés à l’alimentation


humaine.
Les besoins alimentaires des individus sont relativement rigides et peu
susceptibles d’extension, du moins en quantité et à court terme.
La demande en produits agricoles est donc relativement stable et peu
sensible à la variation des prix (loi de King ) et des revenus (loi
d’Engel).
Chap. I: Les spécificités économiques de l’agriculture

Les productions agricoles


loi de King : la demande sur les produits alimentaires étant
rigide/stable (à court terme), toute variation des quantités disponibles
sur le marché affecte les prix de ces produits d’une manière
disproportionnelle:
-un déficit de l'offre fait monter les prix d’une manière
disproportionnelle au déficit,
-un excédent de l'offre provoque une chute des prix importante.
La baisse de la récolte de pomme de terre impliquera une augmentation du prix dans les
proportions suivantes :
Une récolte amoindrie de 1 dixième engendre une multiplication des prix par 1,3
2 dixièmes 1,8
3 dixièmes 2,6
4 dixièmes 3,8
Donc, si on observe que le prix de la PT a triplé par rapport à la normale, on peut présumer
d'une pénurie relative d'un tiers par rapport à la production habituelle ; et si la production
était inférieure de moitié par rapport à la production habituelle, le prix serait alors presque
quintuplé."
Chap. I: Les spécificités économiques de l’agriculture

Les productions agricoles

Courbe de la demande Courbe de l’offre

Moins le prix est élevé, plus Plus le prix est élevé, plus
la demande est importante l’offre est importante
Chap. I: Les spécificités économiques de l’agriculture

Les productions agricoles

100 DA

20 DA
Chap. I: Les spécificités économiques de l’agriculture

Les productions agricoles


Chap. I: Les spécificités économiques de l’agriculture

Les productions agricoles

Prix +20%
Demande -20%
Chap. I: Les spécificités économiques de l’agriculture

Les productions agricoles

Courbe de la demande Courbe de l’offre


Moins le prix est élevé, plus Plus le prix est élevé, plus
la demande est importante l’offre est importante
Chap. I: Les spécificités économiques de l’agriculture

Les productions agricoles

Demande inélastique
Prix +40%
Chap. I: Les spécificités économiques de l’agriculture

Les productions agricoles

Lois d’Engel: la part du revenu allouée aux dépenses alimentaires est


d'autant plus faible que le revenu est élevé. Si le revenu d’un ménage
augmente, il ne consommera pas plus de quantité de produits de base
(pain).
Même si la part pour l’alimentation diminue lorsque le revenu augmente, sa valeur
absolue augmente quand même.
Exemple : Revenu : 10.000 DZD
Dépenses alimentaires : 5000 DZD
Part pour l’alimentation : 50%

Revenu : 20.000 DZD


Dépense alimentaires : 7600 DZD
Part pour l’alimentation : 38%
Chap. I: Les spécificités économiques de l’agriculture

Lois d’Engel
Engel a analysé, à partir de séries statistiques sur une longue période, l’évolution
de la consommation finale des ménages. L’analyse a porté sur les variations
relatives des différents postes de consommation en fonction de l’augmentation des
revenus. Il en a déduit trois lois.

Loi 1 : les dépenses alimentaires augmentent moins vite que le revenu.

Loi 2 : les autres dépenses liées à des besoins primaires (logement, soins
habillement) augmentent au même rythme que le revenu.

Loi 3 : les dépenses ne relevant pas de la nécessité de satisfaire des besoins


primaires augmentent plus rapidement que les revenus. Une fois ses besoins
primaires satisfaits, un ménage consacre une part plus importante de son revenu à
l’achat de biens et services répondant à des besoins secondaires (loisir…).
Chap. II: L’exploitation agricole et la rationalité des exploitants

L’exploitation agricole

Unité de
Intrants production Extrants
(centre de
décision)
Terre, travail, argent Produits agricoles
Chap. II: L’exploitation agricole et la rationalité des exploitants

Qu’est-ce qu’une exploitation agricole ?


 Définition courante : « Une exploitation agricole est une unité
économique de production agricole soumise à une direction unique et
comprenant tous les animaux qui s’y trouvent et toute la terre utilisée,
entièrement ou en partie, pour la production agricole, indépendamment
du titre de possession, du mode juridique ou de la taille. La direction
unique peut être exercée par un particulier, par un ménage,
conjointement par deux ou plusieurs particuliers ou ménages, par un clan
ou une tribu ou par une personne morale telle que société, entreprise
collective, coopérative ou organisme d’Etat. L’exploitation peut contenir un
ou plusieurs blocs, situés dans une ou plusieurs régions distinctes ou dans
une ou plusieurs régions territoriales ou administratives, à condition qu’ils
partagent les mêmes moyens de production tels que main-d’œuvre,
bâtiments agricoles, machines ou animaux de trait utilisés sur
l’exploitation » (FAO, 1995)
 Est-ce une définition correcte et complète ?
Chap. II: L’exploitation agricole et la rationalité des exploitants

Qu’est-ce qu’une exploitation agricole ?


 Éléments clés de la définition :
1. Unité économique
2. De production agricole
3. Direction unique
4. La direction peut être exercée par un particulier, par un ménage, par deux
ou plusieurs particuliers entreprise, coopérative, organisme d’Etat…
5. Comprenant tous les animaux qui s’y trouvent et toute la terre utilisée
entièrement ou en partie
6. Indépendamment du titre de possession, du mode juridique ou de la taille
7. Plusieurs blocs, situés dans une ou plusieurs régions
Chap. II: L’exploitation agricole et la rationalité des exploitants

Les objectifs de l’exploitation


 La réalisation d’un profit
– Exploitations privées
 La couverture des besoins alimentaire des ménages
– Exploitations généralement traditionnelles et extensives (agriculture de
subsistance ou agriculture vivrière)
 La valorisation des terres
– Pour garder le patrimoine foncier
 La production de semences !
– Fermes pilotes
 L’approvisionnement des unités de transformation
– Exploitations propres aux entreprises agroalimentaires (profit indirect)
Chap. II: L’exploitation agricole et la rationalité des exploitants

D’autres concepts de base


 Parcelle : Une portion de terre entière non fragmentée
 Agriculteur : La personne détenant le faisceau des droits dans une
exploitation
 Métayer : Employé qualifié dont la rémunération est relative aux résultats
 Main-d’œuvre : Employé « relativement » moins qualifié dont la
rémunération est fixe (salaire)
 Aide familial : Employé membre de la famille agricole souvent non rémunéré
monétairement
 Locataire (tenancier) : Agriculteur exploitant une terre non propre contre des
frais de location fixé ex ante
 Cédant : personne cédant en location une terre propre
 Producteur propriétaire : agriculteur exploitant une terre propre
 Propriétaire : personne possédant une terre agricole qu’elle exploite ou pas ;
 Associé : Un agriculteur détenant une partie du faisceau des droits au titre de
sa contribution en facteurs (travail, capital, intrant, foncier)
Chap. II: L’exploitation agricole et la rationalité des exploitants

Les différents types d’exploitations

Il existe une très grande diversité d’exploitations agricoles. Pour les


étudier, il faut les classer en groupes homogènes à l’intérieur
desquels la variabilité serait moindre.

Etablir une typologie des exploitations, consiste à répartir toutes


les exploitations dans des classes exclusives (toutes les
exploitations doivent être réparties, et aucune exploitation ne peut
appartenir à deux classes à la fois) sur la base de critères que l’on
peut observer pour chacune d’elle.

Pour que la typologie soit utile, il faut que les classes qu’elle
propose aient un sens économique. Pour ce faire, il faut que les
critères de classification soient pertinents.
Chap. II: L’exploitation agricole et la rationalité des exploitants

Les différents types d’exploitations

 Dans les grandes institutions internationales de développement (FAO,


BM, BA, …), la classification des exploitations se fait généralement sur la
base des critères économiques, techniques et de gestion
 Pour ce module (et contexte algérien), dix critères font fortement sens :
1. Degré de modernisation
2. Mode de fonctionnement
3. Dimension
4. Domaine
5. Diversification
6. Système de production
7. Résultats
8. Statut foncier
9. Mode d’accès à la terre
10. Mode de faire valoir
Chap. II: L’exploitation agricole et la rationalité des exploitants

Les différents types d’exploitations


1. Typologie basée sur le critère « Degré de modernisation »
– Moderne
• Taille relativement importante
• Mise en valeur importante
• Présence de salariés
• Présence de matériel ou d’équipement ou d’installations
particulières de pointe
– Traditionnelle
• Taille relativement faible
• Faible mise en valeur
• Absence de salariés
• Absence de matériel ou d’équipement ou d’installations de pointe
Chap. II: L’exploitation agricole et la rationalité des exploitants

Les différents types d’exploitations


2. Typologie basée sur le critère « Mode de fonctionnement »
– Familiale
• Capital appartenant à une famille, à savoir un « collectif
d’attributaires formé sur la base d’une relation de consanguinité »
(Djenane, 1997) (indissociable du patrimoine familial)
• Main-d’œuvre familiale non liée par des rapports de salaire
• Une partie de la production est destinée au marché et une autre à la
consommation ménagère (CIRAD)
– Entrepreneuriale
• Capital appartenant à un entrepreneur à titre moral ou physique
• Main d’œuvre majoritairement salariale
• Production destinée au marché
Chap. II: L’exploitation agricole et la rationalité des exploitants

Les différents types d’exploitations


3. Typologie basée sur le critère « Dimension »
– Petite
– Moyenne
– Grande
• Chiffre d’affaire, nombre d’employé, nombre de têtes, ou superficie
4. Typologie basée sur le critère « Domaine »
– Cultures (cultures maraîchères, grandes cultures, cultures industrielles)
– Arbres fruitiers (agrumes…)
– Élevages (aquaculture, bovin, ovin, apicole, avicole)
5. Typologie basée sur le critère « Diversification »
– Monoculture (une seule culture est pratiquée)
– Polyculture (plusieurs cultures sont pratiquées)
– Élevage
– Système mixte (plusieurs cultures sont pratiquées en association avec l’élevage)
Chap. II: L’exploitation agricole et la rationalité des exploitants

Les différents types d’exploitations


6. Typologie basée sur le critère « Système de production »
– Système intensif
• Visant à atteindre une productivité maximale en fournissant un effort
intense et des moyens considérables
– Système extensif
• Ne visant pas à maximiser la productivité à court terme et n’utilisant pas des
produits chimiques et des fertilisants
7. Typologie basée sur le critère « Résultats »
– Exploitations performantes
– Exploitations moyennement performantes
– Exploitations non performantes
• Résultats productifs
• Résultats économiques
Chap. II: L’exploitation agricole et la rationalité des exploitants

Les différents types d’exploitations


8. Typologie basée sur le critère « Statut foncier »
– Privées : faisceau des droits appartenant entièrement à un particulier
– Arch : terre perçue comme un bien commun ou une propriété de l’Etat
et sur laquelle « les tribus ont un droit d’usage traditionnel » (Daoudi et
Colin, 2017)
– Exploitations agricoles individuelles et collectives (EAI et EAC) et de
mise en valeur : terre appartenant à l’Etat qui donne le droit d’usage à
des particuliers
– Fermes pilote : terre appartenant à, et exploitées par l’Etat
9. Typologie basée sur le critère « Mode d’acquisition/d’accès à la
terre »
– Achat, don, héritage, association, location
10. Typologie basée sur le critère « Mode de faire valoir »
– Faire valoir direct (FVD) : travailler lui-même sa propre parcelle
– Faire valoir indirect (FVI) : métayage, association, location
Chap. II: L’exploitation agricole et la rationalité des exploitants

Présentation d’une typologie d’exploitations agricoles


Critères Exploitation de firme Exploitation Exploitation familiale
(entrepreneuriale ) patronale
Main d’œuvre Exclusivement Mixte, présence de Dominance familiale,
salariée salariés permanents pas de salariés
permanent
Capital Actionnaires Familial ou Familial
association de famille
Management Technique Familial/technique Familial

Autoconsommation Absence Résiduelle Dominante/partielle/


résiduelle
Statut juridique de Sociétés (anonymes Statut d’exploitant, Informel
l’exploitation ou autres) Formes associatives Statut d’exploitant
Statut foncier Propriété ou location Propriété ou location/association, formelle
formel ou informelle
Source: Bosc et al. (2014)
Chap. III : Microéconomie de la production agricole

CHAPITRE 3 : MICROECONOMIE DE LA PRODUCTION AGRICOLE


Chap. III : Microéconomie de la production agricole

La fonction de production

La production, une fonction linaire ?


• Investissements insuffisants
• Effet de toxicité et rendements décroissants

Pour une production optimale :


• Allocation optimale des ressources
• Planification de la production
• Évaluation de l'efficacité
• Analyse des coûts
• Prévisions et stratégie des exploitations

Il faut donc connaître la fonction de production


Chap. III : Microéconomie de la production agricole

La fonction de production

Les mathématiciens définissent une fonction comme une règle pour


attribuer à chaque valeur dans un ensemble de variables (le domaine
de la fonction) une valeur unique dans un autre ensemble de variables
(la portée de la valeur)

En général une fonction de production avec un seul facteur de production s’écrit :

𝑦= 𝑓 𝑥 x y
ʄ
Domaine Portée
Y= output et x = input
Toutes les valeurs de x ≥ 0 sont le domaine de cette fonction
La portée de la valeur consiste en toutes les valeurs de (y) qui résulte de chaque niveau
d’input (x) utilisé.
Chap. III : Microéconomie de la production agricole

La fonction de production

Supposons la fonction de production simple suivante: chaque


2 unités d’intrant produisent une unité d’output.
𝑦 = 2𝑥

Pour chaque valeur de x, une valeur unique est affectée à y.

Exemple:
Si x =2, donc y = 4; Si x = 4, donc y= 8; Etc.
Chap. III : Microéconomie de la production agricole

La fonction de production
Le tableau représente la relation entre l’utilisation de l’azote et le niveau de
production de maïs et fournit une valeur spécifique pour la fonction de
production générale y = f(x). Pour chaque niveau d'application d'azote, un
rendement est obtenu.

Quantité d’azote livre/ha) Rendement (q/ha)

0 50
40 75
80 105
120 115
160 123
200 128
240 124
Chap. III : Microéconomie de la production agricole

La fonction de production

Un problème possible existe avec l'interprétation du contenu du tableau.


Si on peut connaître la quantité exacte de maïs qui sera produite si un
agriculteur décide d'appliquer 120 livres d’azote, comment savoir quelle
quantité sera produite si un producteur décide d’appliquer 140 livre/ha
d’azote? Aucun rendement n’est attribué à cette quantité d’azote.

La solution simple pourrait être d’interpoler entre les valeurs connues.


Exemple:
Si 120 livres d’azote/ha produisent 115q maïs/ha et 160 livres d’azote
produisent 123 q de maïs.
Alors,
Les 140 livres d’azote produisent (115+123)/2 ou 119 q de maïs.
Chap. III : Microéconomie de la production agricole

La fonction de production
Le problème avec la solution qu’apporte la polarisation réside dans le fait que
l’augmentation incrémentale dans l’utilisation d’azote ne donne pas une augmentation
incrémentale équivalente de la production de maïs.

Parce que le sol contient déjà une quantité donnée d’azote (décomposition de matière
organique naturelle + résidus d’azote de la campagne précédente), la production de maïs
= 50q, même avec 0 apport d’azote.
Quantité d’azote Production Augmentation
(livre/ha) (q/ha) incrémentale
En dehors des données du tableau,
nous ne disposons d’aucune 0 50 -
information sur le comportement de 40 75 25
la fonction.
Pour toutes autres valeurs, nous ne 80 105 30
pourrons faire que des suppositions. 120 115 10
160 123 8
200 128 5
240 124 -4
Chap. III : Microéconomie de la production agricole

La principale question qui intéresse l’économiste :

quelle est la quantité optimale de facteur qu’il faut utiliser,


celle qui maximise le profit du producteur?
Chap. III : Microéconomie de la production agricole

La fonction de production

Supposons plutôt que la relation entre la quantité d'azote appliquée et le


rendement du maïs est décrite comme:

y= 0,75 x + 0,0042x2 - 0,000023x3 + 50

Cette équation a des avantages par rapport à la fonction exprimée à travers le


tableau précédent.

Le principal avantage est qu’il est possible de calculer la production de maïs


pour n’importe quelle quantité d’azote utilisée.

L’autre avantage de cette fonction est qu’elle permet de calculer avec précision
la quantité de production additionnelle pour chaque livre d’azote utilisée. On
peut donc calculer l’efficacité marginale de l’utilisation d’azote.
Chap. III : Microéconomie de la production agricole

La fonction de production
Y1 = f(x1)
La fonction Y1 exprime la quantité physique totale correspondant à la
quantité X1 du facteur variable de la production.

La production totale en valeur est égale à la production physique totale


multipliée par le prix du produit, soit:

PTV y 1 = Y1 . Py1 = f(x1). Py1

Le rendement moyen physique (productivité moyenne physique) du


facteur X1 est le rapport de la production Y1 à la quantité de facteur
employé: il exprime la quantité physique de production obtenue en
moyenne par unité de facteur et est égal à:

RMP X 1 = Y1/X 1 = f(x1)/X1


Chap. III : Microéconomie de la production agricole

La fonction de production

Le rendement moyen en valeur (productivité moyenne en valeur ) est


égal au rendement physique multiplié par le prix du produit, soit

RMV X 1 = Y1/X 1 . P y 1 = f(x1)/X1 . P y 1

Le rendement marginal physique (productivité marginale physique) du


facteur X1 est le surcroit de production physique totale obtenu par
l’utilisation d’une quantité supplémentaire infinitésimale du facteur X1
et rapportée à celle-ci. Il est la dérivée de la fonction de production qui
s’exprime comme suit:
RmPX 1 = f’(x1)
Chap. III : Microéconomie de la production agricole

La fonction de production

Le rendement marginal en valeur ( ou productivité marginale en valeur )


est égale au rendement marginal physique multiplié par le prix du
produit, soit

RmV X 1 = f’(x1) . P y 1
Les rendements sont croissants lorsque le rendement marginal croit: dans ce cas
la dérivée seconde de la fonction de production est positive, soit f’’(x1)˃0.

Les rendements sont constants lorsque le rendement marginal est constant: la


dérivée seconde de la fonction de production est nulle , soit f’’(x1) = 0.

Les rendements sont décroissants lorsque le rendement marginal est


décroissant: la dérivée seconde de la fonction de production est négative, soit
f’’(x1) ˂ 0.
Chap. III : Microéconomie de la production agricole

La fonction de production

Il existe par ailleurs une liaison évidente entre le rendement marginal (Rm) du
facteur et son rendement moyen (RM):
• Le RM est croissant, lorsque sa dérivée est positive, ou Rm˃ RM
• Le RM est maximum, lorsque sa dérivée est nulle, ou Rm= RM
• Le RM est décroissant, lorsque sa dérivée est décroissante, ou Rm˂ RM

On comprend aisément par exemple, que le RM ne peut décroitre que si le


surcroit de production totale (rendement marginal) obtenu par unité
supplémentaire du facteur utilisée lui est inférieur.
Chap. III : Microéconomie de la production agricole

La fonction de production

Facteur Production RM Rm
0 10
1 20 20
2 40 20 20
3 45 15 5
4 49 12 4
5 90 18 41
6 98 16 8
7 103 15 5
8 103 13 0
9 102 11 -1
10 97 10 -5
Chap. III : Microéconomie de la production agricole

La fonction de production
120

100

80

60

40

20

0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
-20
Facteur Production RM Rm
Chap. III : Microéconomie de la production agricole

La fonction de production

L’élasticité de la production relativement au facteur est le rapport de la


variation relative de la production à la variation relative du facteur, elle
s’exprime comme suit:
dY1 dY1
Y1 dX1 Rm
Ex1= dx1 = Y1 =
RM
X1 X1

L’élasticité de la production est donc simplement le rapport du


rendement marginal du facteur à son rendement moyen.

Le coût total du facteur variable est égal à la quantité employée de


facteur multipliée par son prix, soit

CT= X1 .PX1
Chap. III : Microéconomie de la production agricole

Quantité optimale de facteur


Conformément aux prémisses ci-dessus, la quantité de facteur recherchée est
celle qui maximise le profit, c’est-à-dire la différence entre la valeur totale de la
production et le coût total; celui-ci comprend le coût relatif du facteur X1 et un
montant fixe K représentant la dépense relative aux autres facteurs. Le profit
peut donc être exprimé comme suit:

Π =f(X1) . Py1 – (X1 . PX1 + K)

La valeur de X1 maximisant cette expression est celle dont la dérivée première


est nulle et sa dérivée seconde est négative.
La première condition s’exprime comme suit:

dπ/dx1 = f’(x1) . Py1 – Px1 = 0

ou encore f’(x1) . Py1 = Px1

Soit RmVX1 = PX1


Chap. III : Microéconomie de la production agricole

Quantité optimum de facteur

La seconde condition implique

d2π/dx21 = f’’(x1) ˂ 0

En langage courant, la première condition signifie que le rendement


marginal en valeur du facteur doit être égal à son prix d’achat: en d’autre
termes, il faut employer le facteur variable jusqu’à ce que la dernière
unité utilisée rapporte exactement ce qu’elle a coûté.

Cette première condition est nécessaire mais non suffisante. Il faut en


outre que les rendements marginaux soient décroissants.
Chap. III : Microéconomie de la production agricole

Quantité optimum de facteur

Si le prix du facteur atteignait une valeur supérieure à son


rendement moyen maximum en valeur il ne faudrait pas en
employer du tout, car dans ce cas l’emploi du facteur engendrerait
une perte.
Chap. IV : Eléments de politiques agricoles

CHAPITRE 4 : ELEMENTS DE POLITIQUES AGRICOLES


4.1. Politiques foncières et structures agraires
4.2. L’amont et l’aval de l’agriculture (vulgarisation, crédit,
organisation des marchés…)
4.3. Gestion des ressources naturelles et durabilité (cas de l’eau)
4.4. Le développement rural durable
Chap. IV : Eléments de politiques agricoles

4.1. Politiques foncières et structures agraires

 La politique publique comme un ensemble de solutions à des problèmes


identifiés.

Un ensemble de mesures mises en œuvre par une autorité publique au


sein de la société...
... défini en référence à des problèmes identifiés et visant des objectifs à
atteindre...
... et relevant d’un choix autoritaire entre plusieurs alternatives
Chap. IV : Eléments de politiques agricoles

4.1. Politiques foncières et structures agraires

 La politique publique comme “productrice de sens” : construire un


référentiel d’action, une “vision du monde”

Les politiques publiques ne visent pas seulement à résoudre des


problèmes, mais aussi à construire des référentiels qui expriment les
intérêts mis en jeu.
La politique publique comme action visant à modifier l’environnement
économique et socioculturelles des acteurs.
Chap. IV : Eléments de politiques agricoles

4.1. Politiques foncières et structures agraires


Le caractère stratégique de la politique foncière:
un levier central de construction d’un régime (cadre réglementaire) de
gouvernance des ressources.

Les objectifs généraux:


Assurer l’efficience économique :
 encourager l’allocation de la ressources aux acteurs
les plus efficaces
 Favoriser l’équité / réduire la pauvreté :
 encadrer le fonctionnement des marchés / corriger les
asymétries de pouvoir
Un enjeu particulier au regard des questions de développement :
 Quels rapports entre grandes structures (agriculture
entrepreneuriale) et petites structures (agriculture
familiale/“paysanne”)
Chap. IV : Eléments de politiques agricoles

4.1. Politiques foncières et structures agraires


Les objectifs opérationnels:
Sécuriser les droits fonciers
Assurer un bon fonctionnement des marchés fonciers
Favoriser une gestion durable et efficiente des ressources naturelles
Assurer un accès équitable à la terre (éviter l’exclusion)
Organiser la structure de distribution des droits de propriété
A travers des interventions directes :
 réformes agraires, classements, concessions publiques
A travers des politiques incitatives :
 fiscales
 Crédit foncier
Chap. IV : Eléments de politiques agricoles

4.1. Politiques foncières et structures agraires


Les politiques foncières : 4 moments correspondant aux inflexions du
référentiel du développement
Le référentiel libéral (XIXe siècle–1930) :
libérer les “forces vives” et permettre la mobilité des facteurs

Le référentiel national-développementiste (1930-1975) :


l’Etat doit assurer l’essor et l’équilibre du marché intérieur
Garantir l’accès des différentes composantes de la société aux facteurs de
production.

Le référentiel néolibéral (1980-1995) : élimination des distorsions de marché


et insertion compétitive.

Le référentiel néolibéral-institutionnel (1995-...) : l’Etat doit accompagner le


développement et le fonctionnement des marchés.
Chap. IV : Eléments de politiques agricoles

4.1. Politiques foncières et structures agraires


1ere période 1962- 1979 : l’Autogestion (1963) et Révolution agraire (1971)
 Appropriation d’une partie du patrimoine foncier national par l’Etat et
création de domaines publics ;
 Promotion de l’exploitation collective des terres publiques

2eme période 1980 –1999: Restructuration ( 1981) et Réorganisation des terres


agricoles publiques (1987) et mise en valeur et privatisation (1983)
 Privatisation des exploitations agricoles et maintien de la propriété
publique sur les terres agricoles;
 Encouragement de la mise en valeur de nouvelles terres et privatisation de
leur propriété.

3eme période 2008 – 2010 : loi d’orientation agricole ( 2008) et Concessions


(2010)
 Maintien de la politique de mise en valeur agricole ;
 Maintien du choix de la préservation de la propriété publique de la terre;
Chap. IV : Eléments de politiques agricoles

4.2. L’amont et l’aval de l’agriculture: vulgarisation, crédit,


organisation des marchés…
1. Le crédit agricole :
Il est admis que le manque de financement est un obstacle à
l’investissement et donc à la modernisation technique des exploitations, seul
voie pour l’amélioration de leurs performances productives (rendement) et
économiques (VA, revenu) .
 L’octroi de crédit aux agriculteurs est une opération très difficile et
compliquée pour une banque.
 Les coûts engendrés par la gestion de centaines de milliers de petites
opérations de crédit, sont très élevés.
Les risques de non remboursement sont élevés, en grande partie liés
aux risques de production (risque climatique, phytopathologie), mais
aussi au risque moral.
 Les agriculteurs fournissent rarement des garanties suffisantes pour
couvrir les risques de non remboursement.
Chap. IV : Eléments de politiques agricoles

4.2. L’amont et l’aval de l’agriculture: vulgarisation, crédit,


organisation des marchés…

Tous ces facteurs justifient des taux d’intérêt élevés , ou le rationnement du


crédit (limitation des crédits accordés à l’agriculture)
 A cause de ces obstacles, les banques commerciales ne financent pas le
secteur agricole.
 des solutions alternatives sont recherchées:
 Micro-finance
 Interventions publiques.
Chap. IV : Eléments de politiques agricoles

4.2. L’amont et l’aval de l’agriculture: vulgarisation, crédit,


organisation des marchés…
2. Vulgarisation et conseil technique :
La vulgarisation et la diffusion de nouvelles techniques agricoles sont des
facteurs de progrès.
 Pour qu’il soit efficace, le conseil technique nécessite des moyens humains
et matériels importants.
 Un système de production d’innovations techniques adaptées et
appropriées aux besoins des agriculteurs dans leur diversité.
Des agents techniques compétents et motivés, capables d’apporter un
conseil personnalisé.
Les systèmes publics de vulgarisation ont montré leurs limites (coût élevé
et faible efficacité)
 Les systèmes privés sont sélectifs et leurs services coûteux pour les
usagers
 Quels systèmes de vulgarisation et de conseil technique promouvoir?
Chap. IV : Eléments de politiques agricoles

4.2. L’amont et l’aval de l’agriculture: vulgarisation, crédit,


organisation des marchés…
3. L’organisation des marchés des facteurs et des produits agricoles :
La disponibilité dans l’espace et dans le temps des intrants et équipements
agricoles de qualité est importante pour la réussite de l’agriculture.
 des semences de mauvaise qualité affectent considérablement les
rendements
 un retard dans la livraison d’une semence peut causer des pertes de
rendement considérables.
 L’écoulement de la production agricole à un prix rémunérateur (supérieur
au coût de production) est nécessaire pour la pérennité de l’activité agricole.
 comment assurer une bonne coordination entre l’offre et la demande
de produits agricoles?
 multiplier les marchés de gros et rendre leur fonctionnement
transparent (encourager la circulation de l’information).
Promouvoir la coordination directe entre les agriculteurs et les
entreprises agroalimentaires et des supermarchés.
Chap. IV : Eléments de politiques agricoles

4.3. Gestion des ressources naturelles et durabilité

 L’importance des ressources naturelles pour l’agriculture:


Le sol, l’eau, les ressources génétiques (végétales et animales) sont au
cœur de la production agricole. Leur préservation est donc une condition sine
qua non de la durabilité de l’activité agricole.
Après des décennies de domination du modèle de développement agricole
dit «productiviste», peu soucieux de la durabilité de ces ressources, la
tendance s’inverse depuis près de trois décennies.
 des modèles d’agricultures alternatives émergent.
 des méthodes de gestion des ressources se développent (GIRE, GIRS…)
 les travaux de recherche portant sur la connaissance et la
conservation des ressources génétiques se développent.
 des lois et réglementation sont élaborées pour protéger les ressources
et assurer leur usage rationnel (loi sur l’eau 2005, la loi sur la
biodiversité….).

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