Vous êtes sur la page 1sur 67

Dépôt légal : N°8874 du 13/09/16

Bibliothèque Nationale du Bénin, 3ème trimestre


République du Bénin
Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche

Institut National des Recherches Programme Cadre d'Appui à la


Agricoles du Bénin Diversification Agricole
~~~~~~~~~~ ~~~~~~~~~~
Centre de Recherches Agricoles à Projet de Productivité Agricole
vocation nationale basé à Agonkanmey en Afrique de l'Ouest

Document Technique et d’Information

GUIDE PRATIQUE D’ANALYSE FINANCIERE


D’UNE ENTREPRISE AGRICOLE :
Théorie et application à la pisciculture

Epiphane SODJINOU

Septembre 2016
© Copyright 2016
Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB)
Tous droits réservés. Aucun extrait de cette brochure ne peut être reproduit
sous quelque forme ou par quelque procédé que ce soit (machine électronique,
mécanique, à photocopier, à enregistrer ou autre) sans l’autorisation écrite de
l’INRAB.

ISBN : 978 - 99919 - 2 - 442 - 7


Dépôt légal : N°8874 du 13/09/16 Bibliothèque Nationale du
Bénin, 3ème trimestre
Contact des Ecole Nationale Supérieure des Sciences et
auteurs Techniques Agronomiques de Djougou
e-mail de Epiphane SODJINOU :
esodjinou@yahoo.fr
Impression : GRACE DIVINE CORPORATION
TEL : 97 48 31 00 /95 79 80 03 - bpc200914@yahoo.fr
Soutien à la Projet de Productivité Agricole en Afrique de
réalisation : l'Ouest (PPAAO/ProCAD)
Citation SODJINOU Epiphane (2016). Guide pratique
d’analyse financière d’une entreprise agricole :
Théorie et application à la pisciculture.
Bibliothèque Nationale, Porto-Novo, 64p.
Résumé 
Le document traite de l’analyse financière de l’entreprise agricole ou
agroalimentaire. Il aborde l’analyse financière dans sa vision rétrospective et
dans sa vision prévisionnelle. Dans le premier cas, deux principales méthodes
ont été développées à savoir la méthode des marges ou l’approche budget
d’entreprise (incluant les charges opérationnelles, les charges de structure, les
charges directes et indirectes, les marges brute et nette, et le profit) et la
méthode des résultats d’exploitation (consommations intermédiaires, valeur
ajoutée, Résultat brut d’exploitation, résultat net d’exploitation). L'analyse
financière prévisionnelle concerne les investissements, c’est-à-dire des
activités ou des projets que l’on prévoit faire dans le futur. Dans ce cas, le
document présente les techniques pratiques de réalisation des comptes (de
trésorerie, de production, d’exploitation, etc.) ainsi que les indicateurs
d’appréciation des projets tels que la valeur actualisée nette (VAN), le taux de
rentabilité interne (TRI), le délai de récupération, le ratio bénéfice/coût, l’indice de
rentabilité et le taux d’enrichissement relatif. En dehors de l’analyse financière
rétrospective et prévisionnelle, le document explique les techniques pratiques
de détermination du seuil de rentabilité et de calcul des prix de vente des
produits mis au point dans une entreprise agricole ou agroalimentaire. Toutes
ces notions d’analyse financière et de calcul de prix de vente et de seuil de
rentabilité ont été appliquées aux activités piscicoles.

Mots clés : Analyse financière, Méthode des marges, Méthode des résultats
d’exploitation, Profit, Compte de trésorerie, Compte d’exploitation, Prix de vente,
Seuil de rentabilité.

ii
Sommaire 
Résumé ............................................................................................. ii 
Sommaire ........................................................................................ iii 
Liste des tableaux ............................................................................ v 
Liste des figures ............................................................................ vii 
Liste des abréviations et acronymes .......................................... viii 
Remerciements ............................................................................... ix 
1.  Introduction ............................................................................. 1 
2. Analyse financière d’une exploitation agricole sur une
période de référence............................................................ 3 
2.1.  Notion d’agent ou d’acteur économique ............................... 3 
2.2.  Méthode des marges ............................................................ 4 
2.2.1.  Produit brut .................................................................. 5 
2.2.2.  Charges ....................................................................... 6 
2.2.3.  Coût de production et structure des coûts ................. 10 
2.2.4.  Marge brute et marge nette........................................ 10 
2.2.5.  Exemple d’application ................................................ 11 
2.3.  Méthode des résultats d’exploitation................................... 18 
2.3.1.  Chiffre d’affaires ......................................................... 18 
2.3.2.  Consommations intermédiaires.................................. 18 
2.3.3.  Valeur ajoutée ............................................................ 19 
2.3.4.  Résultat brut d’exploitation ......................................... 19 
2.3.5.  Résultat net d’exploitation .......................................... 19 
2.3.6.  Exemple d’application ................................................ 19 
3. Etablissement de compte d’exploitation et analyse financière
prévisionnelle .................................................................... 22 
3.1.  Compte d’exploitation ......................................................... 22 
3.1.1.  Compte de production ................................................ 22 
3.1.2.  Compte d’exploitation................................................. 23 
3.1.3.  Compte de production-exploitation ............................ 24 

iii
3.1.4.  Exemple d’application................................................. 26 
3.2.  Analyse financière prévisionnelle ........................................ 28 
3.2.1.  Durée de vie d’un projet ............................................. 28 
3.2.2.  Besoins d’investissements ......................................... 29 
3.2.3.  Dépenses et recettes.................................................. 32 
3.2.4.  Analyse de la liquidité : compte de trésorerie ............. 33 
3.2.5.  Compte d’exploitation prévisionnel ............................. 34 
3.2.6.  Critères ou indicateurs financiers ............................... 35 
3.2.7.  Exemple d’application................................................. 40 
4.  Calcul des prix de vente et des ratios de rentabilité .......... 45 
4.1.  Calcul des prix de vente ...................................................... 45 
4.1.1.  Prix plancher............................................................... 45 
4.1.2.  Prix technique ............................................................. 45 
4.1.3.  Prix cible ..................................................................... 45 
4.2.  Détermination du seuil de rentabilité ................................... 46 
4.3.  Ratios avantage-coût .......................................................... 46 
4.3.1.  Rendement de l'unité monétaire investie .................... 47 
4.3.2.  Indice de rentabilité .................................................... 48 
4.3.3.  Ratio bénéfice-coût ou taux d'enrichissement relatif .. 48 
4.4.  Exemple d’application ......................................................... 48 
5.  Conclusion ............................................................................. 51 
Références bibliographiques ........................................................ 52 
Annexe. Quelques tableaux d’application ................................... 53 

iv
Liste des tableaux 
Tableau 1. Quelques éléments constitutifs des charges opérationnelles
et charges de structure en agriculture .................................................. 9
Tableau 2. Equipements et matériel de production disponibles sur
la ferme d’André ................................................................................... 12
Tableau 3. Données sur la production de poissons sur la ferme
d’André au cours de l’année 2012 ........................................................ 12
Tableau 4. Produit brut pour la ferme d’André ..................................... 13
Tableau 5. Charges variables pour la ferme d’André ........................... 14
Tableau 6. Calcul de l’amortissement des équipements et matériel
de la ferme d’André .............................................................................. 15
Tableau 7. Répartition des charges fixes par type d’infrastructures
(en FCFA/an) ....................................................................................... 16
Tableau 8. Coût total de production par type d’infrastructure d’élevage
(en FCFA/an) ....................................................................................... 16
Tableau 9. Structure des coûts de production du poisson sur la ferme
d’André (en % des coûts totaux de production) .................................... 17
Tableau 10. Marges brutes et nettes par type d’infrastructure piscicole
(en FCFA/na) ........................................................................................ 17
Tableau 11. Marges brutes et nettes par infrastructure piscicole
(en FCFA/na) ........................................................................................ 18
Tableau 12. Chiffre d’affaire sur la ferme d’André pour l’année 2012 .. 20
Tableau 13. Consommations intermédiaires sur la ferme considérée . 20
Tableau 14. Valeur ajoutée issue de la production de poisson dans
l’entreprise d’André............................................................................... 21
Tableau 15. Résultats brut et net d’exploitation sur la ferme d’André .. 21

v
Tableau 16. Première manière de présenter le compte de production 22
Tableau 17. Deuxième manière de présenter le compte de production 23
Tableau 18. Première façon de présenter le compte d’exploitation pour
un exercice comptable ......................................................................... 24
Tableau 19. Présentation simplifiée du compte d’exploitation pour un
exercice comptable ............................................................................... 24
Tableau 20. Première manière de présenter le compte de production-exploitation ........ 25
Tableau 21. Deuxième manière de présenter le compte de production-exploitation ...... 25
Tableau 22. Compte de production pour la ferme d’André .................. 26
Tableau 23. Compte d’exploitation de 2012, sur la ferme d’André ...... 27
Tableau 24. Compte de production-exploitation de la ferme d’André .. 27
Tableau 25. Eléments constitutifs des investissements ....................... 31
Tableau 26. Calendrier des investissements ....................................... 31
Tableau 27. Eléments constitutifs des recettes et dépenses ............... 32
Tableau 28. Compte de trésorerie portant sur la durée de vie du projet 34
Tableau 29. Compte d’exploitation prévisionnel................................... 35
Tableau 30. Analyse de la rentabilité financière................................... 37
Tableau 31. Compte de trésorerie portant sur la durée de vie du projet 41
Tableau 32. Compte d’exploitation prévisionnel pour le projet d’André 43
Tableau 33. Analyse financière pour le projet d’André......................... 44
Tableau 34. Prix et seuil de rentabilité au niveau des Bacs Hors Sol .. 49
Tableau 35. Prix et seuil de rentabilité au niveau des étangs .............. 49
Tableau 36. Différents ratios de rentabilité calculés............................. 50

vi
Liste des figures 
Figure 1. Schématisation de l’agent productif...........................................3
Figure 2. Distinction entre l’unité de production et l’unité de consommation............... 4
Figure 3. Phases de la durée de vie d’un projet ...................................... 29
Figure 4. Schématisation des fonds de roulement .................................. 30
Figure 5. Variation de la valeur actuelle en fonction du taux
d’actualisation .......................................................................................... 38

vii
Liste des abréviations et acronymes 

Am : Amortissement
BFRE : Besoin en Fonds de Roulement d'Exploitation
BHS : Bac Hors Sol
CF : Charges Fixes
CI : Consommations Intermédiaires
CP : Coût de Production
CRA : Centre de Recherches Agricoles
CV : Charges Variables
DT&I : Document Technique et d’Information
ENSTA-Dj : Ecole Nationale Supérieure des Sciences et Techniques
Agronomiques de Djougou
INRAB : Institut National des Recherches Agricoles du Bénin
MB : Marge Brute
MO : Rémunération du travail
PPAAO : Projet de Productivité Agricole en Afrique de l'Ouest
RBE : Résultat Brut d’Exploitation
RNE : Résultat Net d’Exploitation
TRI : Taux de Rentabilité Interne
VA : Valeur Ajouté
VAN : Valeur Actualisée Nette ou Valeur Actuelle Nette

viii
Remerciements 
L’idée d’écrire ce document est née du fait que plusieurs étudiants, collaborateurs,
agents de vulgarisation et autres acteurs du développement rural que nous
avons côtoyés ou à qui nos différents travaux sont destinés éprouvent non
seulement de difficultés à faire la distinction entre charges opérationnelles et
charges de structure mais aussi de difficultés à calculer certains indicateurs
d’appréciation de la situation financière des entreprises agricoles ou des activités
pratiquées par celles-ci. Certains étudiants écrivent leur mémoire de fin de
formation en utilisant des expressions et indicateurs financiers dont ils ne
maîtrisent parfois pas la quintessence.

L’auteur du présent Document Technique et d’Information (DT&I) tient à


témoigner sa profonde gratitude et sa reconnaissance :
− au Projet de Productivité Agricole en Afrique de l'Ouest (PPAAO) qui a
financé le projet « Formulation d’aliments techniquement efficaces et
économiquement rentables pour la pisciculture au Bénin » dont la mise
en œuvre a permis l’élaboration de ce DT&I ;
− aux chercheurs membres de l’équipe de mise en œuvre du projet, pour
leurs diverses contributions à l’exécution du projet et à la rédaction du
présent DT&I notamment à travers leur critique, suggestions et
observations ;
− à tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué d’une manière ou d’une
autre à la production du présent Document Technique et d’Information.

ix
1. Introduction 
L’analyse financière est constituée d’un ensemble d’outils visant à étudier la
situation financière d’une l’entreprise ou d’une activité, à interpréter les résultats et
à prendre les décisions qui s’imposent. Elle vise à formuler un diagnostic financier
sur une entreprise ou sur une activité, afin d’en évaluer la viabilité ou la rentabilité,
d’apprécier l’équilibre des masses présentes dans le bilan et si possible ses
perspectives de développement (Bruissart, 1999 ; Sodjinou, 2011).

L’analyse financière est utilisée dans divers domaines notamment en banque


ou encore en agronomie. Dans le domaine agricole, l’analyse financière utilise
un ensemble de concepts, de méthodes et d’instruments permettant de formuler
une appréciation sur la situation financière de l’entreprise agricole prise dans
son ensemble ou pour chacune des activités qu’elle pratique (Cohen, 1997).
Elle se fait en termes de coûts et de recettes réels comme ils sont ressentis
par l’entreprise ou les agents économiques pris individuellement (pisciculteur,
transformateur, commerçant, etc.) (Fabre, 1997).

L’analyse financière peut être rétrospective ou prévisionnelle. Dans sa vision


rétrospective, l’analyse financière évalue la situation financière d'une entreprise
ou d’une activité (production de poisson par exemple) sur une période de
référence qui peut correspondre à un cycle de production, au trimestre, à l’année
ou encore à l’exercice comptable(1) . Elle se réalise à partir de documents
comptables et d'un ensemble de données économiques et financières liées tant à
l’entreprise qu'à son marché ou son secteur d'activité.

1 L’exercice comptable est la période délimitée (correspondant souvent à l’année civile) pendant laquelle
l’entreprise enregistre tous les faits économiques qui concourent à l'élaboration de sa comptabilité.

1
L'analyse financière est dite prévisionnelle lorsqu’elle est réalisée pour des
investissements, c’est-à-dire pour des activités ou des projets que l’agent
économique prévoit faire dans le futur. Dans ce cas, l’analyse financière traite
le projet comme une affaire et vérifie si celui-ci créé ou non de la valeur ajoutée.

Le présent document s’intéresse surtout aux outils qui peuvent être utilisés
dans l’appréciation des activités agricoles. Il vise à aider les étudiants, les
agents de vulgarisation et autres acteurs du secteur agricole dans leur souci
de faire le diagnostic financier des entreprises agricoles. En dehors de ce
chapitre introductif, le document comporte trois parties dont la première traite
de l’analyse financière d’une exploitation agricole sur une période de référence. La
seconde partie explique les notions de compte d’exploitation, de compte de
production et de compte de trésorerie et montre la technique de leur établissement
pour un cycle de production ou pour l’analyse prévisionnelle, habituellement
utilisées dans les études de faisabilité de projets ou de microprojets. La troisième
partie du document présente les techniques de détermination des prix de vente
des produits et de calcul du seuil de rentabilité, avec application sur des
situations réelles. Le document prend fin par une conclusion.

2
2. Analyse financière d’une exploitation agricole 
sur une période de référence 
 
Deux types d’approches seront développés dans cette partie à savoir l’approche
des marges et l’approche des résultats d’exploitation, et ceci sur une période
de référence donnée. Avant de développer les deux approches d’analyse
financière, quelques explications seront données sur la notion d’agent
économique dans la section 2.1.

2.1. Notion d’agent ou d’acteur économique 

Un agent ou un acteur économique peut être défini comme étant une cellule
élémentaire intervenant dans l’économie, un centre autonome d’action et de
décision. Il se caractérise par une ou des fonction(s) économique(s),
des pouvoirs de décision, des comportements par rapport à des finalités
économiques, des stratégies d’intervention dans le système économique
(Fabre, 1994 ; Tallec, 2005).
Un agent économique constitue en quelque sorte un genre de « territoire »
économique (figure 1) délimité par des frontières à l’intérieur desquelles des
facteurs de production sont transformés en des biens et services (Tallec,
2005). Il peut être une personne physique (producteur, transformateur,
pépiniériste, pisciculteur, commerçant) ou morale (entreprise, coopérative,
société). L’agent agit comme une entité autonome du point de vue des autres
agents. Ceci permet de ne pas lié l’analyse financière d’un agent à autre agent
mais aux activités et aux paramètres économiques subit par cet agent.

Facteurs de Produit
AGENT
production

Figure 1. Schématisation de l’agent productif


Source : Tallec (2005)

3
Les facteurs de production, encore appelés intrants ou inputs, peuvent être
regroupés en deux grandes catégories à savoir les facteurs fixes et les
facteurs variables. Dans le premier cas, la quantité nécessaire est indépendante
du volume de la production, alors que dans le second cas la quantité nécessaire
dépend de l’importance de la production. Les produits, aussi appelés extrants
ou output ou encore production, sont les biens et services qui résultent de
l’activité de l’agent économique.
Dans certain cas, un agent économique peut exercer plusieurs activités
(exemple : production animale et transformation des produits agricoles) ou
dispose de plusieurs unités. Pour des questions de simplicité, ce type d’agent
sera décomposé en autant d’unités fonctionnelles théoriques correspondant
chacune à une seule activité. Si par exemple, un ménage produit et auto-
consomme le même produit, son unité de production sera considérée comme
étant séparée de l’unité de consommation (cf. figure 2).

Facteurs de Unité de Récolte Unité de


production production Autoconsommée consommation
Ménage paysanne
Récolte vendue

Figure 2. Distinction entre l’unité de production et l’unité de consommation


Source : Tallec (2005)

2. 2. Méthode des marges 

La « méthode des marges », encore appelée « méthode des marges brutes »


ou approche « budget d’entreprise », désigne un technique d’analyse qui
suppose l’affectation des charges opérationnelles aux diverses activités de
l’entreprise (Cordonnier et al., 1977 ; Sodjinou, 2011). C’est une méthode qui
fournit des informations utiles pour diverses catégories d’acteurs (producteurs
agents de vulgarisation, structure de développement ou autres) afin de leur
permettre de prendre des décisions (Sodjinou, 2011). Elle est relativement
simple et peut coûteuse. Elle ne se conçoit que dans le court terme (par exemple

4
deux ans) et implique la détermination du produit brut, des coûts ou charges,
et des marges pour un produit ou une entreprise sur une période de référence
donnée (Cordonnier et al., 1977 ; Sodjinou, 2011). Dans ces conditions, il est
possible de distinguer deux types de charges à savoir les charges variables et
les charges de structure (cf. paragraphe 2.2.2, pour plus de détails). Ces
dernières seront supposées être fixes dans le court terme.

Une des limites de la méthode des marges est qu’elle ne permet pas de trouver la
combinaison optimale des activités conduisant à la maximisation du profit pour
une entreprise donnée. En effet, il y a divers types de contraintes qui interviennent
dans la production agricole (telle que la contrainte de superficie, la contrainte
de main-d’œuvre, etc.) que la méthode des marges ne peut prendre en compte.
Dans ces cas, on peut recourir à des techniques comme la programmation
linéaire ou la programmation mathématique.

2. 2. 1. Produit brut
Le produit brut correspond à la valeur totale des produits issus d’un processus
de production. Dans son calcul, on peut comptabiliser les flux internes (par
exemple la production autoconsommée) ainsi que les productions non encore
vendues au prix du marché, c'est-à-dire au prix auquel l'exploitant pourrait vendre
sa production sur le marché. En désignant par Q la quantité totale produite
d’un bien, Qv la production vendue, Qa la production autoconsommée, Qnv la
production non encore vendue et p le prix unitaire de vente du bien, le produit
brut ( PB ) est donné par :
PB = Q × p = ( Q v + Q a + Q nv ) × p
(1)
En production végétale et en pisciculture, le produit brut ( PB V ) peut être
déterminé par la formule suivante :
PB V = S × rdt × p (2)

avec S la superficie totale produite en hectare, rdt le rendement en kg/ha, p


le prix unitaire de vente du produit fini en FCFA/kg et Q = S × rdt .

5
Pour le produit brut animal, il faut tenir compte de la (dé)croissance du cheptel
et de la nature des variations (achat, reproduction ou vente). Ainsi, pour le
produit brut animal ( PB A ), l’équation (1) peut être réécrite de la manière suivante :

PB A = V AV + V AA + VB − Vac + V Fin − V Début (3)

avec V AV la valeur des productions animales (lait, œufs, etc.) vendues, V AA la


valeur des productions animales autoconsommées, V B la vente de bétail (en
FCFA), Vac les achats de bétail (en FCFA), VFin la valeur du cheptel en fin
d'exercice et VDébut la valeur du cheptel en début d'exercice. Il est à noter
que les achats de géniteurs ne sont pas pris en compte dans cette formule car ce
sont des investissements qui doivent être amortis (cf. paragraphe 2.2.2).
Dans le cas de la transformation des produits agricoles, le produit brut peut
être calculé en utilisant l’équation (1) lorsqu’un seul produit fini est issu du
processus de transformation. Lorsqu’il s’agit de plus d’un produit fini, il faudra
faire la somme des valeurs des différents produits finis. Il en est de même pour
une entreprise produisant plusieurs produits. Dans ce cas, le produit brut est
donné par :
PB = ∑ Qi × pi (4)
i

avec Q i la quantité du produit i et p i son prix unitaire.

En général, le produit brut est exprimé en FCFA. Mais, il peut être aussi expri-
mé en FCFA par hectare ou par kilogramme (ou litre) de produit fini, ou encore
par tête de bétail ou par hectare de surface fourragère.

2.2.2. Charges
Les charges ou coûts correspondent aux dépenses liées aux facteurs de
production (cf. figure 1). On peut donc les regrouper en deux catégories à
savoir les charges variable et les charges fixes. Dans le domaine agricole, les
termes « opérationnel » et « structure » sont aussi utilisés en lieu et place des
termes « variables » et « fixe », malgré que ces termes ne soient pas parfaitement
synonymes.
6
• Charges valables
Les charges variables (CV) ou coûts variables ou charges opérationnelles sont
les coûts qui changent avec la quantité d’extrants produite, mais pas forcément
de façon proportionnelle. Ces charges peuvent être facilement affectées à chaque
activité prise individuellement, sauf dans les cas d'association culturale
(élevage de deux espèces de poissons dans une même infrastructure piscicole,
production de deux ou plusieurs cultures sur une même parcelle). Pour ces
cas, il existe une diversité de méthodes (approximatives) d’affectation de ces
charges aux différentes espèces associées (par exemple les affectations
proportionnelles à la biomasse des espèces ou par rapport à la quantité d’alevins
utilisée). Comme exemple de charges variables on peut citer les fertilisants
(engrais chimique, engrais organique, etc.), les pesticides, la main-d’œuvre
occasionnelle.

• Charges fixes
Les charges fixes ou charges de structure (CF) correspondent à des coûts qui
varient peu dans une courte période (2 à 3 ans, voire 5 ans) lorsque l’activité
varie dans une certaine fourchette. Elles sont indépendantes de la nature, de
la dimension et de l’intensité des activités pratiquées au sein de l’entreprise, au
cours de la période de référence. Ces charges comprennent notamment les
rentes foncières, les salaires de la main-d’œuvre permanente, les frais de
maintenance et de réparation, les capitaux fixes, etc.
Les capitaux fixes de l'exploitation sont les biens ayant une durée de vie pluri-
annuelle ou couvrant plusieurs cycles de production. Il s’agit par exemple des
infrastructures piscicoles (étangs, bassins, bacs, etc.)(2), des équipements et
matériels de travail, des châteaux d’eau, des aménagements fonciers, etc.
Pour ces biens à durée de vie pluriannuelle, il faut calculer leur perte de valeur,
c'est-à-dire leur amortissement. Pour raison de simplicité, ce document utilise

2Les infrastructures d’élevage de poissons comprennent les étangs, les bacs hors sol, les bassins, etc. Certains l’appellent
simplement structure d’élevage.
l’amortissement linéaire(3). Autrement dit, pour chaque item (installation,
équipement ou outils) utilisé dans la production, il conviendra de déterminer le
nombre, la durée de vie et le prix unitaire. L’amortissement par type d’item est
donné par la formule :
Ami = (ni × pi ) / Di (5)

avec, Ami l’annuité de l’item i, ni le nombre de cet item possédé, pi son prix
unitaire et Di sa durée de vie.

Le problème que posent souvent les charges de structure est relatif à leur
affectation aux différentes activités de l’entreprise. Diverses clés de répartition
existent à cet effet. Cordonnier et al. (1977) proposent par exemple :

• pour les charges de travail permanent : de les répartir en utilisant


comme clé de répartition, le temps d’emploi des travailleurs par
activité ;
• pour les charges de capital fixe (charges de matériel, installations,
etc.). En fonction du temps d’utilisation de ce matériel par chacune
des activités, on calcule le coût correspondant pour l’activité ;
• pour la production végétale, les charges (fermage, amendements,
entretien des bâtiments) peuvent être réparties uniformément à
l’hectare.

Le tableau 1 donne quelques éléments qui peuvent entrer dans les charges
fixes et dans les charges variables selon le domaine considéré. Il convient
cependant d’être prudent dans l’utilisation de ces informations et d’analyser
tous les éléments en fonction de la situation qui se présente. Par exemple, en
pisciculture, les frais de curage peuvent être considérés comme charge variable si
ces dépenses sont effectuées pour chaque infrastructure piscicole et par cycle.
Mais lorsque le pisciculteur fait ces dépenses pour l’ensemble de l’exploitation
piscicole et ceci chaque 2 ans, on est obligé de les considérer comme charge
de structure.
3 Mais il existe d’autres formes d’amortissent tel que l’amortissement dégressif.

8
Remarque
Certains auteurs regroupent aussi les charges de production en charges directes
et charges indirectes. Les charges directes comprennent essentiellement les
charges opérationnelles mais on peut y trouver des charges de structures
affectées directement à une production. Par exemple, en production animale,
les mangeoires et les abreuvoirs constituent des charges directes mais aussi
des charges de structure. Les charges indirectes sont dans la plupart des cas
constituées surtout de charges de structures.

Tableau 1. Quelques éléments constitutifs des charges opérationnelles et


charges de structure en agriculture
Domaine Charges variables ou Charges fixes ou
charges opérationnelles charges de structure
Fertilisants (engrais chimiques, Rente foncière
engrais organiques, etc.) Salaires (pour la main-d’œuvre permanente)
Eau d’irrigation (dans le cas du Intérêt du capital emprunté
Production maraîchage par exemple) Amortissements des installations ; machines,
végétale Carburant pour le pompage de l’eau matériel et équipements
Main-d’œuvre occasionnelle Frais de maintenance et de réparations
Pesticides
Semences
Aliments Amortissements des géniteurs
Produits vétérinaires Rente foncière
Fertilisants (en pisciculture) Salaires (pour la main-d’œuvre permanente)
Production
Alevins, poussins Intérêt du capital emprunté
animale et
Coût de l’eau (le cas échéant) Amortissements des installations ; machines,
piscicole
Carburant pour le pompage de l’eau matériel et équipements
Main-d’œuvre occasionnelle Frais de maintenance et de réparations
Frais de chaulage (en pisciculture)
Rente foncière
Transfor- Energie (bois, gaz, électricité, etc.) Salaires (pour la main-d’œuvre permanente)
mation des Eau Intérêt du capital emprunté
produits Condiments Amortissements des installations ; machines,
agricoles Main-d’œuvre occasionnelle matériel et équipements
Frais de maintenance et de réparations
Rente foncière
Main-d’œuvre occasionnelle
Dépenses effectuées avant l’entrée en pro-
Production Fertilisants (utilisés au cours de la
duction (plants, engrais, main-d’œuvre, etc.)
forestière période de référence)
Salaires des permanents
(noix de Eau d’irrigation (utilisée au cours de la
Intérêt du capital emprunté
cajou par période de référence)
Amortissements des installations ; machines,
exemple) Pesticides (utilisés au cours de la
matériel et équipements
période de référence)
Frais de maintenance et de réparations
N.B. : Les éléments présentés dans ce tableau ne sont exhaustifs

9
2. 2. 3. Coût de production et structure des coûts
Coûts de production
Un des objectifs de la détermination des différentes charges opérationnelles
et de structure est de calculer les coûts de production afin de pouvoir établir
un prix correct pour sa vente. Ceci permet au producteur de ne pas vendre à
perte. En pratique, le coût de production (CP) est égal à la somme des CV
des CF.
CP = CV + CF (6)

Structure des coûts de production

L’établissement de la structure des coûts de production consiste à déterminer


la part ( Ri) qu’occupent les différents postes dans les coûts totaux de production.
On peut l’exprimer en pourcentage. Sa formule peut s’écrire :
Ri = Di / CP

avec Di les dépenses relatives au poste i .

Enfin, le rapport entre les coûts fixes et les coûts variables, c'est-à-dire entre
charges fixes et charges opérationnelles, est un indicateur du risque de
rentabilité (ONUDI, 1998). En outre, des coûts fixes élevés réduisent la marge de
sécurité par rapport aux ventes prévues. En d’autres termes, plus le pourcentage
représenté par les coûts fixes dans les coûts totaux de production est faible,
plus la rentabilité est intéressante.

2. 2.4. Marge brute et marge nette

Marge brute
La marge brute (MB) ou marge sur charges opérationnelles sert à comparer
des opérations entre elles ou groupes d’opérations entre eux. Elle est donnée
par la différence entre le produit brut (PB) et les CV :
MB = PB − CV (7)

10
Marge nette ou profit

La marge nette ou profit est égale à la différence entre le produit brut et les
coûts de production, ou encore la différence entre la marge brute et les
charges fixes. Sa formule peut s’écrire :

MN = MB − CF = PB − CP = PB − CV − CF (8)
L’interprétation des marges ne doit pas se limiter à la lecture de leur signe
(marge positive ou marge négative). Elle doit aller plus loin et amenée l’analyste à
identifier les raisons pour lesquelles telle marge est faible ou négative. Selon
Cordonnier et al. (1977), on doit se demander si les marges atteignent un niveau
satisfaisant ou si, au contraire, elles sont faibles ou insuffisantes. Dans ce dernier
cas, l’explication peut provenir des rendements, des prix, des charges
opérationnelles et parfois des charges de structure.
Au niveau des rendements, l’analyste peut se demander ; compte tenu des
conditions météorologiques de l’année ou de la période de référence, de la
nature des terres, de la technicité de l’agriculteur, du matériel disponible ; si
ces rendements atteignent un niveau satisfaisant. Dans le cas contraire, il faut
rechercher la source de leur faiblesse : emploi insuffisant ou mal équilibré des
facteurs variables, travaux exécutés dans de mauvaises conditions, etc.
En ce qui concerne les prix de cession, on doit chercher à savoir si l’agriculteur
vend ses produits dans les meilleures conditions, compte tenu des prix moyens
réalisés dans la région, compte tenu des possibilités de commercialisation
(Cordonnier et al., 1977).
Au niveau des charges opérationnelles : est-il possible de les réduire par
l’achat d’engrais simple ou par auto-approvisionnement en semences par
exemple ? Ou au contraire, est-il souhaitable de les augmenter (engrais
traitements) afin d’obtenir les meilleurs rendements ?

2.2.5. Exemple d’application


André est un pisciculteur produisant le tilapia dans des étangs et le clarias
dans des Bacs Hors Sol (BHS) dans la commune d’Adjarra. Les équipements
et matériel disponibles sur sa ferme sont présentés dans le tableau 2.

11
Tableau 2. Equipements et matériel de production disponibles sur la ferme d’André
Equipements et matériel Nombre Prix unitaire (FCFA) Durée de vie (an)
Bacs hors sol 4 100 000 10
Etangs 10 70 000 10
Motopompe 1 95 000 5
Filets de pêches 4 25 000 6
Coupe-coupe 4 1 200 3
Balance/Peson 2 25 000 5
Magasin/Bureau 1 200 000 10
Sceau 5 1 000 5
Epuisette 2 1 000 5
Passoire 3 200 2
Mangeoire 10 3 000 5

Le salaire total payé à la main-d’œuvre permanente est de 50 000 FCFA par


mois. La main-d’œuvre occasionnelle est utilisée pour le nettoyage des BHS
ainsi que pour la récolte (ou la pêche) des poissons dans les étangs
(cf. tableau 3). Les données sur la production de la ferme au cours de l’année
2012 sont présentées dans le tableau 3.
Tableau 3. Données sur la production de poissons sur la ferme d’André au cours de l’année 2012
BHS 1 BHS 2 BHS 3 BHS 4 Etang 1 Etang 2 Etang 3
Frais de curage (1 fois chaque 2 0 0 0 0 15 000 15 000 20 000
ans) (FCFA)
Fertilisation (FCFA/cycle) 0 0 0 0 2 000 2 000 2 000
Frais de nettoyage (FCFA/cycle) 5 000 5 000 5 000 5 000 0 0 0
Longueur 4 4 4 4 20 20 20
Largeur 0,6 0,6 0,6 0,6 10 10 10
Profondeur 0,6 0,6 0,6 0,6 1,2 1,2 1,2
Type de poisson produit Clarias Clarias Clarias Clarias Tilapia Tilapia Tilapia
Nombre de cycles de production 2 2 2 2 1 1 1
par an
Durée d'un cycle (en mois) 5 5 5 5 7 7 7
Nombre d'alevins utilisés par 250 250 250 250 1 000 1 200 1 000
cycle
Prix unitaire d'achat d'un alevin 100 100 100 100 50 50 50
(FCFA)
Alimentation (FCFA/cycle) 52 000 52 000 52 000 52 000 35 000 60 000 60 000
Quantité de poissons récoltée 85 114 125 95 163 300 284
par cycle (kg)
Prix unitaire de vente du poisson 1 500 1 500 1 500 1 500 1 400 1 400 1 400
(FCFA/kg)
Coût de la vidange de l'eau 0 0 0 0 2 000 2 000 2 000
(FCFA/cycle)
Frais de récolte des poissons 0 0 0 0 4 000 4 000 4 000
(FCFA/cycle)

12
Sur la base de ces informations, les différents indicateurs décrits plus haut
seront calculés d’abord pour l’étang 2, puis pour chacune des infrastructures
d’élevage (BHS et étang) et enfin pour l’ensemble de la fermer d’André.

Calcul du produit brut


Pour l’étang 2, en appliquant l’équation 1, le produit brut sera :
PB étang2 = Qétang2 × pétang2
= 300 x 1400 = 420 000 FCFA

Pour chacun des BHS, la production doit être multipliée par 2 (c’est-à-dire par
le nombre de cycles par an) puis par le prix unitaire de vente pour trouver le
produit brut annuel. Pour le BHS 3 par exemple, le produit brut annuel sera :
PB BHS3 = QBHS3 × nc × p BHS3
= 125 x 2 x 1500 = 375 000 FCFA

Pour l’ensemble des trois étangs, le produit brut annuel peut être obtenu en
faisant la somme des produits bruts de différents étangs :
PBétang = ∑ Qi × pi
i

= (163 x 1400) + (300 x 1400) + (284 + 1400)


= 228 200 + 420 000 + 397 600 = 1 045 800 FCFA

Le produit brut pour l’ensemble des quatre BHS est de 1 257 000 FCFA pour
les deux cycles de production annuels. Le produit brut annuel pour l’ensemble
de la ferme piscicole d’André est de 2 302 800 FCFA (tableau 4).
Tableau 4. Produit brut pour la ferme d’André
Ensemble
Rubrique BHS Etang
de la ferme
Production par cycle (kg) 419 747 1 166
Nombre de cycles de production par an 2 1
Production annuelle (kg) 838 747 1 585
Prix unitaire de vente (FCFA/kg) 1 500 1 400
Produit brut (FCFA/an) 1 257 000 1 045 800 2 302 800

13
Détermination des charges variables
Les charges variables comprennent ici les frais d’alimentation, la fertilisation,
les alevins, les frais de vidange et la main-d’œuvre occasionnelle (incluant les
frais de nettoyage et de récolte). Pour l’étang 2, les charges variables sont :

CV = Fertilisation + Alevin + Alimentation + Main-d’œuvre occasionnelle


= 2 000 + 60 000 + 60 000 + 2 000 + 4 000 = 128 000 FCFA

Pour les différents types d’infrastructures d’élevage (BHS et étang) ainsi que
pour l’ensemble de la ferme, les charges variables sont résumées dans le
tableau 5. Les charges variables pour l’ensemble de la ferme sont de 995 000
FCFA. Les détails par infrastructure piscicole sont donnés au tableau A1 en
annexe .
Tableau 5. Charges variables pour la ferme d’André
Ensemble
Rubrique BHS Etang
de la ferme
Fertilisation (FCFA/cycle) 0 6 000 6 000
Alevin 100 000 160 000 260 000
Aliment 208 000 155 000 363 000
Frais de vidange 0 6 000 6 000
Main-d'œuvre occasionnelle 20 000 12 000 32 000
Total pour un cycle (FCFA) 328 000 339 000 667 000
Total annuel (FCFA/an) 656 000 339 000 995 000

Détermination des charges fixes


Comme on peut le constater, l’amortissement linéaire a été adopté pour les
équipements et matériel conformément à ce qui a été mentionné au paragraphe
2.2.2. Par exemple, l’amortissement des quatre BHS donnera :
Am = ( n × p ) / D
,
= (4 x 100 000) / 10 = 40 000 FCFA/an
Pour l’ensemble des équipements et matériel disponibles au niveau de la
ferme d’André, l’amortissement sera de 184 967 FCFA/an (tableau 6).

Les charges fixes annuelles de l’ensemble de la ferme sont constituées de


l’amortissement des installations, des machines, du matériel et des équipements,
14
du salaire de la main-d’œuvre permanente, et de l’amortissement des frais de
chaulage. Elles sont égales à :

CF = Salaire + Amortissement du chaulage + Amortissement des


équipements
= (50 000 x 12) + ((15 000 + 15 000 + 20 000)/2) + 184 967
= 809 967 FCFA/an

Tableau 6. Calcul de l’amortissement des équipements et matériel de la ferme d’André


Nombre Prix unitaire Durée de Amortissement
(n) (PU) Vie (D) ( Am = (n × PU ) / D )
Bacs hors sol 4 100 000 10 40 000
Etangs 10 70 000 10 70 000
Motopompe 1 95 000 5 19 000
Filets de pêches 4 25 000 6 166 66,7
Coupe-coupe 4 1 200 3 1 600
Balance/Peson 2 25 000 5 10 000
Magasin/Bureau 1 200 000 10 20 000
Sceau 5 1 000 5 1 000
Epuisette 2 1 000 5 400
Passoire 3 200 2 300
Mangeoire 10 3 000 5 6 000
Total 184 966,7

Les charges fixes annuelles (809 967 FCFA/an) ainsi déterminées peuvent
être réparties entre les types d’infrastructure d’élevage que sont les étangs et
les BHS. Les frais de chaulage seront affectés uniquement aux étangs, puisque ce
sont seulement les étangs qui subissent cette opération. Par contre, le salaire
et l’amortissement des équipements/matériel devront être affectés entre les
BHS et les étangs. La règle d’affectation utilisée est la durée du cycle de
production dans chaque type d’infrastructure piscicole. Par exemple, la durée
considérée pour chaque BHS est de 5 mois x 2, soit 10 mois. Alors que pour
chaque étang, le temps considéré est de 7 mois. Sur cette base, la valeur de
l’amortissement des équipements et matériel qui sera affectée à l’ensemble
des trois (3) étangs est :

Amétangs = ((184 967 / 61) x 7) x 3 = 63 677 FCFA/an

15
L’amortissement revenant aux BHS peut être calculé de la même manière que
ce qui est fait pour les étangs. Le même principe de calcul peut être utilisé
pour répartir le salaire de la main-d’œuvre permanente entre les BHS et les
étangs. Le tableau 7 présente les résultats obtenus. Les détails par infrastructure
piscicole sont donnés au tableau A1 en annexe.

Tableau 7. Répartition des charges fixes par type d’infrastructures (en FCFA/an)

Rubrique BHS Etang Ensemble

Salaire 393 442,6 206 557,4 600 000,0


Amortissement du chaulage 0,0 25 000,0 25 000,0
Amortissement des équipements 121 289,6 63 677,0 184 966,7
Total 514 732,2 295 234,4 809 966,7

Calcul des coûts de production


Les coûts totaux de production sont donnés par la somme des charges variables
et des charges fixes, soit :
CP = CV + CF = 995 000 + 809 967 = 1 804 967 FCFA/an
Tableau 8. Coût total de production par type d’infrastructure d’élevage (en FCFA/an)

Charges BHS Etang Ensemble

Variables 656 000,0 339 000,0 995 000,0


Fixes 514 732,2 295 234,4 809 966,7
Total 1 170 732,2 634 234,4 1 804 966,7

Détermination de la structure des coûts de production

La structure des coûts de production du poisson sur la ferme d’André est


présentée dans le tableau 9. Ce tableau montre que c’est l’alimentation qui
occupe la part la plus élevée dans les coûts totaux de production du poisson
dans les BHS, soit 36 %. Pour les étangs, c’est le salaire de la main-d’œuvre
permanente qui occupe la part la plus importante dans les coûts totaux de
production du poisson, soit 33 %. La structure des coûts de production par
infrastructure piscicole est présentée dans le tableau A2 de l’annexe.

16
Tableau 9. Structure des coûts de production du poisson sur la ferme d’André
Poste BHS Etang Ensemble
Fertilisation 0,0 0,9 0,3
Alevin 17,1 25,2 19,9
Aliment 35,5 24,4 31,6
Frais de vidange 0,0 0,9 0,3
Main-d'œuvre occasionnelle 3,4 1,9 2,9
Charges variables 56,0 53,5 55,1
Salaire 33,6 32,6 33,2
Amortissement du chaulage 0,0 3,9 1,4
Amortissement des équipements 10,4 10,0 10,2
Charges fixes 44,0 46,5 44,9

Calcul des marges brutes et marges nettes


Les marges brutes et marges nettes déterminées à partir des formules des
équations 7 et 8 sont présentées dans le tableau 10. Ce tableau montre que la
marge nette de la production de poisson sur la ferme d’André est de 497 833
FCFA/an, indiquant que cette activité est rentable pour le producteur. Le profit
obtenu pour les étangs semble être plus élevé que celui obtenu pour les BHS.
On peut pousser cette analyse en calculant les marges brutes et nettes par
infrastructure (tableau 11). Ceci permet d’identifier l’infrastructure au niveau de
laquelle la rentabilité est bonne ou mauvaise. Les résultats du tableau 11
indiquent que la marge nette est négative au niveau du BHS 1 et du BHS 4.
L’étang 1 affiche aussi une rentabilité relativement faible. Le producteur devrait
donc identifier les problèmes qui se posent au niveau des BHS 1 et 4 ainsi
qu’au niveau de l’étang 1.

Tableau 10. Marges brutes et nettes par type d’infrastructure piscicole (en FCFA/na)

Rubrique BHS Etang Ensemble


Produit brut 1257 000,0 1 045 800,0 2 302 800,0
Charges variables 656 000,0 339 000,0 995 000,0
Marge brute 601 000,0 706 800,0 1 307 800,0
Charges fixes 514 732,2 295 234,4 809 966,7
Marge nette 86 267,8 411 565,6 497 833,3

17
Tableau 11. Marges brutes et nettes par infrastructure piscicole (en FCFA/na)
Rubrique BHS 1 BHS 2 BHS 3 BHS 4 Etang 1 Etang 2 Etang 3
Produit brut 255 000 342 000 375 000 285 000 228 200 420 000 397 600
Charges variables 164 000 164 000 164 000 164 000 93 000 128 000 118 000
Marge brute 91 000 178 000 211 000 121 000 135 200 292 000 279 600
Charges fixes 128 683 128 683 128 683 128 683 97 578 97 578 100 078
Marge nette -37 683 49 317 82 317 -7 683 37 622 194 422 179 522

2.3. Méthode des résultats d’exploitation


 

Cette section traite des notions comme le chiffre d’affaires, les consommations
intermédiaires, la valeur ajoutée, les résultats brut et net d’exploitation.

2.3.1. Chiffre d’affaires


Le chiffre d’affaires en valeur ( CAv ) peut être défini comme le total des quantités
physiques vendues durant une période donnée ( Qv) que multiplie le prix de vente
moyen d’une unité ( p ). Il est différent du produit brut car il se réduit seulement
à la production vendue, alors que le produit brut inclut également l'auto-
consommation et les productions non encore vendues. Le chiffre d’affaires a
pour formule :
CAv = Qv × p (9)
Le chiffre d’affaire est équivalent au produit brut lorsque le producteur réussit à
vendre toute sa production au cours de la période de référence considérée.

2. 3. 2. Consommations intermédiaires
Les consommations intermédiaires (CI) sont les biens et services entièrement
consommés au cours du processus de production ou au cours de la période de
référence. Les éléments qui le constituent sont notamment les achats de
matière et marchandises, les travaux, fournitures et services, les transports et
déplacements, les frais divers de gestion. Par exemple, en pisciculture, les
consommations intermédiaires comprennent notamment les fertilisants, les
alevins, l'eau de production notamment pour les infrastructures de production
hors sol, les aliments, la location de moyen de production, les frais d'entretien
et de réparation du matériel.

18
2.3.3. Valeur ajoutée
La valeur ajoutée (VA) correspond à la différence entre le produit brut et la
valeur des consommations intermédiaires (CI). La VA peut s’écrire :
VA = PB − CI (10)

2.3.4. Résultat brut d’exploitation


Le résultat brut d’exploitation (RBE) est donné par la différence entre la valeur
ajoutée (VA) et les frais tels que la rémunération du travail (MO), les frais financiers
(FF) et les taxes (T). Il peut s’écrire (Fabre, 1994) :
RBE = VA − ( MO + FF + T ) (11)

Le résultat brut d’exploitation indique le gain ou la perte économique de l’agent


une fois acquittées toutes les charges d’exploitation courantes ou les coûts
d’exploitation de la période de référence que sont les consommations
intermédiaires, le travail, les frais financiers et les taxes (Fabre, 1994).

2.3.5 Résultat net d’exploitation


Le résultat net d’exploitation (RNE) correspond au solde du RBE diminué de la
valeur de l’amortissement (Am). Il a pour formule (Fabre, 1994) :

RNE = RBE – Am (12)

Le résultat net d’exploitation indique le gain ou la perte économique compte


tenu des investissements ou des ressources que l’agent a dû immobiliser
antérieurement (Fabre, 1994).

2.3.6 Exemple d’application


Pour appliquer les différentes notions développées dans cette section, nous
allons recourir aux données de l’exemple d’application du paragraphe 2.2.5.
Mais, nous allons supposer que le producteur n’a effectivement vendu que les
productions des étangs 1 et 2 et celles des BHS 1 à 3.

19
Calcul du chiffre d’affaires
Etant donné que le producteur n’a vendu que les poissons des étangs 1 et 2 et
celles des BHS 1 à 3, seuls ces infrastructures seront prises en compte dans
la détermination du chiffre d’affaires de la ferme. En appliquant la formule de
l’équation 9, le chiffre d’affaires de l’entreprise est de 1 620 200 FCFA (tableau 12).

Tableau 12. Chiffre d’affaire sur la ferme d’André pour l’année 2012
BHS Etang Ensemble
Production par cycle (kg) 324 463 787
Nombre de cycles de production par an 2 1
Production annuelle (kg) 648 463 1 111
Prix unitaire de vente (FCFA/kg) 1 500 1 400
Montant 972 000 648 200 1 620 200

Détermination des consommations intermédiaires


Les consommations intermédiaires sur la ferme d’André comprennent les frais
d’alevinage, les frais d’alimentation, les frais de vidange et les frais relatifs à la
main-d'œuvre occasionnelle. Dans l’exemple d’application, les consommations
intermédiaires (tableau 13) sont pratiquement identiques aux charges variables
déterminées au paragraphe 2.2.5.
Tableau 13. Consommations intermédiaires sur la ferme considérée
BHS Etang Ensemble
Fertilisation 0 6 000 6 000
Alevin 100 000 160 000 260 000
Aliment 208 000 155 000 363 000
Frais de vidange 0 6 000 6 000
Main-d'œuvre occasionnelle 20 000 12 000 32 000
Total pour un cycle 328 000 339 000 667 000
Total annuel 656 000 339 000 995 000

Valeur ajoutée
La valeur ajoutée pour les étangs est, par exemple, de 309 200 FCFA si on
tient compte seulement du chiffre d’affaires (648 200 – 339 000), et de 706 800
FCFA si le calcul est fait sur la base du produit brut (1 045 800 – 339 000).
Pour la suite de l’exercice, nous allons baser les calculs sur les produits bruts.
Ainsi, la valeur ajoutée pour toute l’entreprise d’André est de 1 307 800 FCFA
(tableau 14).
20
Tableau 14. Valeur ajoutée issue de la production de poisson dans l’entreprise d’André
BHS Etang Ensemble
Chiffre d'affaire 972 000 648 200 1 620 200
Produit brut 1 257 000 1 045 800 2 302 800
Consommations intermédiaires 656 000 339 000 995 000
Valeur ajoutée
Sur la base du chiffre d'affaire 316 000 309 200 625 200
Sur la base du produit brut 601 000 706 800 1 307 800

Calcul des résultats brut et net d’exploitation


Le résultat brut d’exploitation par type d’infrastructure piscicole est présenté
dans le tableau 15. Pour l’ensemble de la ferme, le RBE est de 707 800 FCFA,
indiquant que l’entrepreneur obtient un gain une fois acquittées toutes les
charges d’exploitation courantes de l’année 2012. Le RNE est équivalent au
profit calculé au paragraphe 2.2.5. Il est positif au niveau de l’exploitation ; ce
qui indique un gain compte tenu des investissements que l’entrepreneur a dû
immobiliser antérieurement.

Tableau 15. Résultats brut et net d’exploitation sur la ferme d’André


BHS Etang Ensemble
Produit brut 1 257 000,0 1 045 800,0 2 302 800,0
Consommations intermédiaires 656 000,0 339 000,0 995 000,0
Valeur ajoutée 601 000,0 706 800,0 1 307 800,0
Salaire 393 442,6 206 557,4 600 000,0
Résultat brut d'exploitation (RBE 207 557,4 500 242,6 707 800,0
Amortissement du chaulage 0,0 25 000,0 25 000,0
Amortissement des équipements 121 289,6 63 677,0 184 966,7
Résultat net d'exploitation (RNE) 86 267,8 411 565,6 497 833,3

21
3 .  Etablissement de compte d’exploitation et 
analyse financière prévisionnelle 
 
L’établissement de comptes consiste à élaborer des tableaux permettant de
récapituler, sous différentes perspectives, les flux d'échanges que l’entreprise
entretient avec le reste de l'économie (Fabre, 1997). Ces tableaux comportent
toujours deux parties dont l’une correspond aux « ressources » et l’autre aux
« emplois ».

3.1. Compte d’exploitation


La définition du compte d’exploitation fait appel aux notions de compte de
production et de compte production-exploitation.

3.1.1. Compte de production


Le compte de production retrace les opérations sur biens et services, c'est-à-
dire les flux de consommations intermédiaires et de produits (Tallec, 2005). Il
permet de calculer la valeur ajoutée. Les ressources de ces comptes sont appelées
« produits » et les emplois sont dénommés « charges ». Les tableaux 16 et 17
illustrent deux différentes manières de présenter le compte de production.
Tableau 16. Première manière de présenter le compte de production

Charges Produits
Stocks en début d’exercice Stocks en fin d’exercice
Consommations intermédiaires: Ventes :
− Achats de matière et marchandises −Marchandises et produits finis
− Travaux, fournitures et services −Déchets et sous-produits
− Transports et déplacements Travaux faits par l’entreprise
− Frais divers de gestion pour elle-même

Valeur ajoutée
Total Total

22
Tableau 17. Deuxième manière de présenter le compte de production
Rubriques Valeurs
Produits
Stocks en fin d’exercice
Ventes:
−Marchandises et produits finis
−Déchets et sous-produits
Travaux faits par l’entreprise pour elle-même
Total
Charges
Stocks en début d’exercice

Consommations intermédiaires:
−Achats de matière et marchandises
−Travaux, fournitures et services
−Transports et déplacements
−Frais divers de gestion

Valeur ajoutée
Total

3.1.2.Compte d’exploitation
Les comptes d'exploitation résument les recettes et les dépenses de l'entreprise
pendant l’exercice comptable (Gittinger, 1982). Il permet de déterminer les résultats
d’exploitation (RBE et RNE). Ce compte s’intéresse aux répartitions s’opérant à
l’occasion de l’activité productive de l’agent économique, et met en évidence la
ventilation de la valeur ajoutée (Tallec, 2005). Le compte d’exploitation est constitué
de deux éléments (appelés «ressources» et «emplois») et part du solde dégagé par
le compte de production (en «ressources») auquel sont ajoutées les subventions
d’exploitation reçues par l’agent. Il peut être présenté de deux manières comme le
montre les tableaux 18 et 19.

23
Tableau 18. Première façon de présenter le compte d’exploitation pour un exercice
Emplois Ressources

Rémunération du personnel (salaires, charges sociales, etc.) Valeur ajoutée


Frais financiers (intérêts, assurance) Subventions d’exploitation,
Impôts et taxes indemnités pour sinistre

Résultat brut d’exploitation


– amortissement = Résultat net d’exploitation

Total Total

Tableau 19. Présentation simplifiée du compte d’exploitation pour un exercice


comptable
Rubrique Valeur
Ressources

Valeur ajoutée
Subventions d’exploitation, indemnités pour sinistre

Total (R1)
Emplois

Rémunération du personnel (salaires, charges sociales…)


Frais financiers (intérêts, assurance)
Impôts et taxes

Sous-total (ST1)
Résultat brut d’exploitation (RBE = R1 – ST1)

Amortissement (Am)
Résultat Net d’Exploitation = RBE - Am

3.1.3. Compte de production-exploitation


Le compte de production-exploitation est en quelque sorte une fusion du
compte de production et du compte d’exploitation. Par abus de langage,
certains l’appellent simplement « compte d’exploitation ». Tout comme les
deux précédents types de comptes, le compte de production-exploitation peut
se présenter de deux manières (cf. tableaux 20 et 21).

24
Tableau 20. Première manière de présenter le compte de production-exploitation
Emplois Ressources
Stocks en début d’exercice Stocks en fin d’exercice

Consommations intermédiaires: Ventes:


Marchandises et produits finis
− Achats de matière et marchandises Déchets et sous-produits
− Travaux, fournitures et services
− Transports et déplacements Travaux faits par l’entreprise pour
elle-même
− Frais divers de gestion Subventions d’exploitation,

Valeur ajoutée
− Rémunération du personnel
− Frais financiers
− Impôts et taxes
− Résultat brut d’exploitation dont:
◊ Amortissement
◊ Résultat net d’exploitation

Total Total

Tableau 21. Deuxième manière de présenter le compte de production-exploitation


Ressources Valeur
Stocks en fin d’exercice
Ventes:
− Marchandises et produits finis
− Déchets et sous-produits
Travaux faits par l’entreprise pour elle-même
Subventions d’exploitation, indemnités pour sinistre, etc.
Emplois
Stocks en début d’exercice
Consommations intermédiaires:
− Achats de matière et marchandises
− Travaux, fournitures et services
− Transports et déplacements
− Frais divers de gestion
Valeur ajoutée
− Rémunération du personnel
− Frais financiers
− Impôts et taxes
− Résultat brut d’exploitation dont:
◊ Amortissement
◊ Résultat net d’exploitation

25
3.1.4. Exemple d’application
Les applications, qui seront effectuées dans cette section, se baseront sur les
données présentées dans l’exemple d’application du paragraphe 2.2.5.

Compte de production
Le compte de production au niveau de la ferme d’André est présenté dans le
tableau 22. Le compte est équilibré avec une valeur de 2 302 800 FCFA et la
valeur ajoutée s’élève à 1 307 800 FCFA.
Tableau 22. Compte de production pour la ferme d’André
Rubriques Valeurs Rubriques Valeurs
Charges Produits
Stocks en début d’exercice 0 Stocks en fin d’exercice 0
Consommations intermédiaires: Ventes:
- Fertilisation (FCFA/ cycle) - Poissons Clarias en 1 257 000
- Alevin (FCFA/ cycle) 6 000
BHS
260 000 1 045 800
- Aliment (FCFA/ cycle) - Poissons tilapia des
363 000
- Frais de vidange (FCFA/cycle) étangs
6 000
- Main-d'œuvre occasionnelle (FCFA/ 32 000
cycle)
667 000
- Total pour un cycle 995 000
- Total annuel
Valeur ajoutée 1 307 800
Total 2 302 800 Total 2 302 800

Compte d’exploitation

Le tableau 23 présente le compte d’exploitation de la ferme piscicole d’André.


Ce compte indique que le résultat brut d’exploitation est de 707 800 FCFA et le
résultat net d’exploitation s’élève à 497 833 FCFA.

26
Tableau 23. Compte d’exploitation de 2012, sur la ferme d’André
Rubrique Valeur
Ressources
Valeur ajoutée 1 307 800
Subventions d’exploitation, indemnités pour sinistre 0
Total (R1) 1 307 800
Emplois
Rémunération du personnel 600 000
Frais financiers (intérêts, assurance) 0
Impôts et taxes 0
Sous-total (ST1) 600 000
Résultat brut d’exploitation (RBE = R1 – ST1) 707 800
Amortissement du chaulage 25 000
Amortissement des équipements 184 967
Résultat Net d’Exploitation = RBE - Am 497 833

Compte de production-exploitation
Le compte de production-exploitation de l’entreprise piscicole d’André est résumé
dans le tableau 24. Dans l’ensemble, le résultat net d’exploitation de la ferme
d’André est de 497 833 FCFA par an.
Tableau 24. Compte de production-exploitation de la ferme d’André

BHS Etang Ensemble


Produit brut 1257 000 1 045 800 2 302 800
Consommations intermédiaires
Fertilisation (FCFA/cycle) 0 6 000 6 000
Alevin 100 000 160 000 260 000
Aliment 208 000 155 000 363 000
Frais de vidange 0 6 000 6 000
Main-d'œuvre occasionnelle 20 000 12 000 32 000
Total pour un cycle 328 000 339 000 667 000
Total annuel 656 000 339 000 995 000
Valeur ajoutée 601 000 706 800 1 307 800
Salaire 393 442,6 206 557,4 600 000,0
Résultat brut d'exploitation (RBE) 207 557,4 500 242,6 707 800,0
Amortissement du chaulage 0,0 25 000,0 25 000,0
Amortissement des équipements 121 289,6 63 677,0 184 966,7
Résultat net d'exploitation (RNE) 86 267,8 411 565,6 497 833,3

27
3.2. Analyse financière prévisionnelle
L’analyse financière prévisionnelle s’effectue pour des investissements ou des
activités que le producteur projette faire dans le futur. Pour ces activités, le
producteur définit un temps pour atteindre des objectifs qu’il a préalablement
fixé. Deux types de compte peuvent être élaborés à cet effet, à savoir le compte de
trésorerie et le compte d’exploitation prévisionnel. En plus de ces deux types
de compte, la présente section aborde aussi les techniques de calcul de
certains critères ou indicateurs financiers servant dans l’appréciation des projets.
Mais, avant de présenter ces différentes notions, les paragraphes 3.2.1, 3.2.2
et 3.2.3 seront d’abord respectivement consacrés aux notions de durée de vie
d’un projet, de besoins d'investissement et de dépenses et recettes.

3.2.1. Durée de vie d’un projet


La durée de vie d’un projet correspond en quelque sorte au temps horizon que
le producteur se fixe pour atteindre les objectifs qu’il projette par rapport à ses
investissements. Il n’existe de règle particulière permettant de déterminer la
durée de vie d’un projet. Le temps considéré dépend de la nature du projet, du
bailleur de fonds ou du promoteur. Certains auteurs proposent d’utilisé la
durée d’activité de l’équipement le plus lourd (donné par l’étude technique)
comme référence.
La durée de vie du projet peut être subdivisée en quatre phases :
- la phase d’investissement,
- la phase de montée en puissance après le démarrage du projet. Cette
phase correspond généralement à la première année d’exploitation,
- le régime de croisière. Il traduit souvent le niveau optimal de production
que l’on peut attendre d’un investissement réalisé à une date donnée,
dans un contexte déterminé. La production est souvent constante au
cours de cette phase,
- la fin du projet.

28
Montée en puissance
Régime de croisière
Investissement

Fin du projet
Figure 3. Phases de la durée de vie d’un projet

3.2.2. Besoins d’investissements


Les coûts ou besoins d’investissements sont les ressources dont le promoteur
a besoin avant le démarrage de l’activité projetée. Ces besoins doivent être
clairement identifiés et un calendrier clair doit être défini pour leur acquisition
ou pour éventuellement leur renouvellement au cours de la phase de production.
Comme le montrent les tableaux 25 et 26, les éléments constituant les besoins
d’investissement sont :

les dépenses d’investissements fixes ;


les coûts de pré-production ;
le fond de roulement ;
les intérêts intercalaires.

Les dépenses d’investissements fixes sont constituées des éléments tels que
les aménagements du site de production, les bâtiments, les machines, les
équipements, les outils et matériel de production, etc. Ils ont une durée de vie
qui couvre plusieurs années et nécessitent donc une dépréciation ou amortissement. Il
est recommandé de recourir à des spécialistes afin de faire un inventaire clair
et précis des investissements fixes. Par ailleurs, compte tenu des problèmes
de variation de prix, il est souhaitable de faire des provisions pour les imprévus.
Dans ce dernier cas, il est souvent conseillé d’ajouter environ 10 % des dépenses
d’investissements fixes comme provision pour imprévus.

29
Les coûts de pré-production correspondent aux dépenses effectuées dans le
but de préparer le projet ou l’activité. Ils comprennent les frais relatifs aux études
préalables et aux recherches, les frais pour obtenir l’approbation du gouvernement
(par exemple les frais d’études d’impact environnemental effectuée avant
l’autorisation d’installation), les frais de premier établissement.
Les intérêts intercalaires sont les intérêts sur le capital emprunté payés durant
la phase d'investissement initial, c'est-à-dire avant le démarrage de la production.
Ces intérêts viennent parfois s'ajouter au montant des investissements.
Le fond de roulement est la somme totale nécessaire au financement quotidien
de l’exécution du projet ou de l’exploitation. Comme le montre la figure 3, le
fond de roulement provient du « cycle d’exploitation ». En effet, avant que la
vente du produit fini n’intervienne pour rémunérer l’activité du producteur, ce
dernier doit effectuer certaines dépenses (approvisionnement en intrants et
matières premières, paiement de la main-d’œuvre, stockage, etc.) du début
jusqu’à la fin du cycle de production. Le promoteur a besoin de ce financement
à chaque cycle de production. En outre, un certain temps de paiement est parfois
accordé aux clients et les fournisseurs pourraient aussi accorder un temps de
paiement au promoteur. En termes comptable, le besoin en fonds de
roulement d'exploitation (BFRE) est donné par :
BFRE = Stocks produits + Stocks intrants + Sommes dues par clients –
Sommes dues aux fournisseurs
Achats  Transformation  Vente 

(Stockage)  (Stockage) 

FLUX PHYSIQUES 

Crédit  FLUX MONETAIRES SORTANTS 
Crédit   F.M. ENTRANTS 
fournisseur  client 

Temps 
Période de « besoin de trésorerie » 
F.M. Entrants= Flux  Monétaires 
Figure 4. Schématisation des fonds de roulement Entrants 

Source : Fabre (1997)


30
Il est à noter qu’à la « fin de la durée de vie du projet, le montant total du fonds
de roulement constitue une valeur résiduelle et doit donc, à ce titre, faire l'objet
d'une « reprise » du fonds de roulement » (Fabre 1997).

Tableau 25. Eléments constitutifs des investissements


Nombre Prix unitaire Montant Durée
Postes d’investissement
(n) (pu) (m=n x pu) de vie
Capital fixe
Terrain et Aménagement du site
Ouvrage, Génie civil et Bâtiment
Véhicule, moto, vélo et Machine
Equipement et matériel de production
Etc.
Dépenses de pré-production
Etudes d’impact environnemental
Autres études et recherches
Frais d’actes juridique
Mise en service, formation
Acquisition de technologie
Etc.
Provision pour imprévus
Intérêts intercalaire
Fonds de roulement

Tableau 26. Calendrier des investissements


Année
Postes d’investissement
0 1 2 ….. N
Capital fixe
Terrain et Aménagement du site
Ouvrage, Génie civil et Bâtiment
Véhicule, moto, vélo et Machine
Equipement et matériel de production
Etc.
Dépenses de pré-production
Etudes d’impact environnemental
Autres études et recherches
Frais d’actes juridique
Mise en service, formation
Acquisition de technologie
…….
Provisions pour imprévus
Intérêts intercalaire
Fonds de roulement
Total

31
3.2.3 Dépenses et recettes
Pour une bonne évaluation de la rentabilité d’un projet ou d’un investissement
futur, il est nécessaire d’identifier clairement l'ensemble des flux entrants et
l’ensemble des flux sortants. Il s’agit notamment du volume et de la valeur de
la production, du coût des intrants, des frais divers de gestion, des coûts de
main-d’œuvre et des impôts et taxes (cf. tableau 27). Les dépenses correspondent
aux sommes (toutes taxes comprises) réglées par le producteur en paiement
d’achats de biens ou des services nécessaires à l’exploitation, alors que les
recettes sont les sommes (toutes taxes comprises) relatives aux ventes des
produits ou des services.

Tableau 27. Eléments constitutifs des recettes et dépenses


Année 0 1 2 …. N
Recettes :
(a) Capitaux propres
- Entrepreneur, Actionnaires extérieurs
(b) Ventes
- Produit A
- Produit B
- Etc.
(c) Subventions et indemnités d'assurance
Total recettes (R=a+b+c+d)
Dépenses :
(d) Investissements
- Investissement initial, Renouvellements
- Fonds de roulement
(e) Fonctionnement
- Matières premières, Intrants (aliment, alevins, etc.)
- Fournitures et pièces, Entretien, réparations
- Services extérieurs, Frais généraux
- Frais de personnel
- Royalties et droits, Taxes

(f) Charges financières


- Assurances
- Remboursement du capital emprunté
- Intérêts sur emprunts
Total dépenses (D=e+f+g)

32
3.2.4. Analyse de la liquidité : compte de trésorerie

L’analyse de la trésorerie permet de faire apparaître les liquidités dont dispose


l’entreprise pendant une période donnée et d’établir le compte de trésorerie.
Ce compte récapitule tous les flux monétaires qui ont effectivement eu lieu, et
uniquement ceux-ci, sur la durée vie du projet ou d’investissement considérée
(Fabre, 1997). Cette analyse prévisionnelle de trésorerie vise, entre autres, à :
permettre à l’exploitant de prévoir période par période les recettes
et dépenses courantes et exceptionnelles de l’exploitation ;
déterminer les moments les plus appropriés pour effectuer les
achats importants (engrais, petit matériel, semence, etc.) et de faire
face à des échéances obligatoires (annuité d’emprunt, fermage, etc.).

Le solde de trésorerie peut être faible voire négatif au cours des premières
années de production. Mais, ceci devient positif par la suite bien que, par
moment, il puisse être négatif du fait de renouvellements importants
d'investissements (cf. tableau 28).

33
Tableau 28. Compte de trésorerie portant sur la durée de vie du projet
Année
Libellé 0 1 2 …… …… N
A) Crédit
B) Capitaux propres (action, propres fonds)
C) Investissement
Bâtiment
Machine
Equipement
Fonds de roulement
D) Coût d’opération
Main-d’œuvre/Frais de personnel
Rente (location)
Intrants et matière première
Entretien, réparations
Fournitures et pièces
E) Taxe
F) Charges financières
Remboursement des crédits
Intérêt sur emprunts
Assurances
G) Recettes
Vente :
Produit A
Produit B
Etc.
Subventions
H) Valeur résiduelle
Bâtiment
Machine
Equipement
Fonds de roulement
I) Solde (Excédent ou déficit de trésorerie)
I=A+B–C–D–E–F+G+H
I) Valeurs cumulées

Source: Inspiré de Fabre (1997)

3.2.5. Compte d’exploitation prévisionnel


Le compte d’exploitation prévisionnel s’inspire en réalité des différents comptes
présentés à la section 3.1. Il est donc possible d’élaborer un compte de
production prévisionnel, un compte d’exploitation prévisionnel et un compte de
production-exploitation prévisionnel. Par abus de langage, le compte de pro-
duction-exploitation prévisionnel est appelé compte d’exploitation prévisionnel.
Dans ce paragraphe, nous allons seulement présenter le compte de production
-exploitation prévisionnel qui sera dénommé simplement compte d’exploitation
prévisionnel (cf. tableau 29).
34
Tableau 29. Compte d’exploitation prévisionnel
Année
Libellé 1 2 … N
Total
A) Chiffre d’affaires
B) Consommations intermédiaires
Matières premières
Transports consommés
Intrants
Autres services extérieurs
C) Valeur ajoutée (C) = (A) – (B)
D) Charges
Autres charges
Charges de personnel
Impôts et taxes divers
Frais financiers (intérêt sur emprunts + assurances)
E) Excédent brut d’exploitation (E) = (C) – (D)
F) Amortissement
G) Résultat Net d’Exploitation (G) = (E) – (F)
H) Cash-flow Net (H) = (G) + Amortissement
I) Cash-flow Net cumulé

Source: Inspiré de Fabre (1997)

Le compte d’exploitation prévisionnel est en fait un outil comptable qui prévoit,


sur la base d’informations réalistes, les différents types et le montant des
ressources (recettes) ainsi que les dépenses que le projet aura à engager
durant la période considérée. Ce compte permet à l’entrepreneur (producteur,
transformateur, etc.) de mieux identifier les moyens nécessaires à la bonne
mise en œuvre de l’activité projetée sur la période considérée. L’élaboration de
ce compte abouti à la détermination du résultat net d’exploitation et du cash
flow pour chaque année ou période considérée. Le cash flow ou flux de
trésorerie de l’année correspond à la différence entre les recettes de l’année
et les dépenses (à l’exclusion des amortissements) de cette même année.

3.2.6. Critères ou indicateurs financiers


Dans une analyse financière prévisionnelle, divers indicateurs peuvent être
calculés à partir du compte d’exploitation prévisionnelle. Il s’agit, entre autres,
de la Valeur Actualisée Nette (VAN), du Taux de Rentabilité Interne (TRI), et
du délai de récupération (tableau 30). Le principe d’actualisation joue un rôle
important dans ces calculs.
35
Notion d’actualisation
Une somme d’argent ou un bien (par exemple un tracteur) n’a pas la même
valeur aujourd’hui que la même somme d’argent ou le même bien (c'est-à-dire
le même tracteur) dans le futur. En d’autres termes, la valeur d’une somme
d’argent donnée sera moindre à l’avenir que dans le présent ou le passé. En
effet, la perception du futur et surtout l’incertitude qui lui est attachée fait que
l’homme a souvent plus de préférence pour le présent que pour le futur. Ainsi,
toutes choses égales par ailleurs, la valeur d’un bien économique présent est
jugée plus forte que celle du même bien dans le futur (Fabre, 1997). La technique
de calcul qui permet de prendre en considération ce phénomène de dépréciation
est appelée actualisation.

Il s’agit d’une technique mathématique qui permet de calculer la valeur actuelle


d’une (ou d’une série de) somme(s) d’argent (dépenses, recettes, etc.) qui
deviendra disponible dans le futur. Pour calculer la valeur actuelle d’une somme
future, la somme future est multipliée par un coefficient dénommé facteur
d’actualisation ou coefficient d’actualisation qui exprime en quelque sorte
l’équivalent à la date actuelle d’une valeur disponible au terme d’une certaine
période (Cordonnier et al., 1977).

36
Tableau 30. Analyse de la rentabilité financière
Année 0 1 2 3 …. N
Investissement
Bâtiment
Machine
Equipements
etc.
fonds de roulement
Sous total
Coût d’opération
Main-d’œuvre
Location
Intrant
etc.
Sous-total
Taxe
Charges financières (intérêts sur emprunts et
autres)
Recettes
Valeur résiduelle
Bâtiment
Machine
Equipements
Fonds de roulement
Profit net (G=E+F-A-B-C-D)
Facteur d’actualisation (Fa)
Valeurs actualisées (
VAN
TRI

La valeur actuelle (Va) d’une recette ou d’une dépense future est donnée par :
n
⎛ 1 ⎞
Va = Vf * v n = Vf ⎜ ⎟ = Vf v
n

⎝1+ i ⎠ (13)

Dans cette formule, Vf correspond à la valeur future, i est le taux d’actualisation,


n est le nombre de périodes entre le moment de l’évaluation et le moment de
la réalisation de la valeur finale Vf ; et v = 1 / u = 1 /(1. + i ) Il n’y a pas de règle
particulière pour le choix du taux d’actualisation i . Ce taux peut être fourni par
le bailleur de fonds ou la structure chez qui le promoteur compte prendre un
crédit ou une subvention. Cordonnier et al. (1977) suggère que le taux
d’actualisation de l’entreprise soit choisi entre son taux de prêt et son taux
d’emprunt.
37
Exemple : Avec un taux de 10% l’an, 100 francs disponibles ou déboursés
dans deux ans sont équivalents à : 100/(1+10%)² = 82,64 francs actuels.

La valeur actuelle (Va) est d’autant plus réduite que le taux d’actualisation (i)
est élevé (cf. Figure 3).

Figure 5. Variation de la valeur actuelle en fonction du taux d’actualisation

Valeur Actualisée Nette (VAN)


La Valeur Actualisée Nette ou Valeur Actuelle Nette ou encore bénéfice total
actualisé (en anglais : Net Present Value ou Net Worth) d’un projet est définie
comme la différence entre la somme des recettes actualisées et la somme des
coûts actualisés. Elle peut être calculée à l’aide de la formule suivante
(Gittinger, 1982) : t =n
Rt − Ct
t =n
VAN = ∑ = ∑ Bt (1 + i ) −t − I
t =1 (1 + i) t =1 (14)

avec : Rt le revenu ou recette de l’an t , Ct les coûts ou dépenses (c'est-à-dire


les investissements, les coûts d’opération, les taxes et les charges financières)
de l’an t , n la durée du projet ; Bt le flux de trésorerie de l’an t (valeur des
produits et/ou services moins les coûts associés qui résultent de la réalisation
du projet) ; et I le montant de l’investissement initial au moment de l’évaluation. Si
l’investissement est étalé sur plusieurs années, il convient de ramener tous les
frais à la date d’évaluation.
A partir de la VAN, trois situations peuvent se présenter :
soit la VAN est positive. Elle représente alors le surplus monétaire
actualisé que l'entreprise compte dégager de la série de recettes
futures. Dans ce cas, le projet est financièrement rentable ;
soit la VAN est égale à zéro. Dans ce cas, le projet permet de
rembourser et de rémunérer le capital investi, mais il ne laisse pas
de surplus au promoteur ;
soit la VAN est négative. Dans ce cas, le projet rapporte un intérêt
inférieur au taux d'actualisation utilisé. Un tel projet devrait être
rejeté puisqu'il consomme plus de ressources qu'il n'en produise.

La VAN est moins utilisée comme critère de sélection entre deux ou plusieurs
projets. En effet, elle est une valeur absolue qui dépend de l'envergure du projet.

Il est possible qu'un petit projet hautement rentable ait une VAN inférieure à
celle d'un grand projet au rendement marginalement acceptable. La VAN
conduirait à retenir les projets les plus grands qui sont également les projets
les plus coûteux. Pour pallier cet inconvénient, il est possible de recourir aux ratios
avantage-coût que nous allons aborder dans la section 4.3.

Taux de rentabilité interne (TRI)

Le Taux de Rentabilité Interne (en anglais : Internal rate of return) ou Taux


Interne de Rentabilité (TIR) d'un projet est le taux d'actualisation pour lequel la
VAN est égale à zéro, c'est-à-dire le taux d'actualisation pour lequel il y a équi-
valence entre le capital investi et le bénéfice net actualisé. Il donne une indica-
tion sur le taux maximum d’intérêt que peut supporter un projet et peut être
utilisé comme critère d’évaluation de projet. Ainsi, tout projet dont le TRI est
supérieur au taux d’actualisation i , sera accepté. Le projet sera rejeté dans le
cas contraire.

Il convient de noter qu’un TRI plus élevé ne signifie nullement une meilleure
rentabilité (Fabre, 1997). En effet, comme le souligne cet auteur, un TRI élevé
signifie simplement que si la préférence pour le présent augmentait beaucoup

39
(donc i augmentant) le projet continuerait à être acceptable. En conséquent, il
sera erroné de comparer entre eux des projets sur la base du montant de leur
TRI. En effet, le TRI a tendance à défavoriser les projets qui atteignent leur
régime de croisière après une longue phase de montée en puissance (cas des
projets portant sur les plantes pérennes comme le palmier et l’anacardier). Le
TRI a aussi tendance à défavoriser les projets dont l’investissement initial est
important (Fabre, 1997).

Délai de récupération
Le délai de récupération (en anglais : Payback Period) peut être défini comme
étant le temps nécessaire pour que le solde cumulé de trésorerie (calculé sans
inclure les capitaux propres en flux entrants) devient positif (Fabre, 1997).
Autrement dit, c’est la durée de la période à partir de laquelle les recettes
cumulées deviennent supérieures aux dépenses cumulées (Cordonnier et al.,
1977). Au bout du temps correspondant au délai de récupération, on aura :

∑ (R t − Ct ) = 0 (15)

3.2.7 Exemple d’application


Pour l’application des notions développées dans cette section, nous allons
encore considérer les données de l’entreprise d’André présentées au paragraphe
2.2.5. Mais, nous allons supposer que les investissements ont été réalisés au
cours de l’année 0 (année d’investissement) et que la production a effectivement
démarré dans les quatre BHS et dans trois étangs au cours de l’année 1
(première année de production). Au cours de l’année 2, deux autres étangs ont
été mis en production et au cours de l’année 3, les cinq (5) étangs restant ont
aussi été mis en production. Les étangs mis en production au cours des
deuxième et troisième années ont les mêmes caractéristiques et même
production que l’étang 3. L’entreprise a donc atteint la phase de croisière en
année 3. La production sera maintenue à ce niveau en années 4 et 5. La main-
d’œuvre permanente sera triplée à partir de l’année 3. La durée considérée

40
pour le projet (pour raison de calcul financier) est donc de cinq ans. Le promoteur
prévoit une provision pour imprévus correspondant à 10 % des dépenses
d’investissements fixes. L’entreprise sera financée sur un crédit de 1 000 000
FCFA contracté auprès d’une structure financière, au taux d’intérêt de 12 %
l’an, et le reste (soit 800 000 FCFA) sur fonds propre. Le crédit sera remboursé
en annuité constante au cours des quatre premières années de mise en œuvre
du projet. Le fonds de roulement initial est de 350 000 FCFA et les dépenses
de pré-production (notamment pour l’analyse de la qualité de l’eau et les frais
de constitution de l’entreprise) sont de 100 000 FCFA.

Compte de trésorerie
Le tableau 31 qui présente le compte de trésorerie du projet d’André indique
que l’investissement initial nécessaire est de 2 246 140 FCFA. Le prêt
(1 000 000 FCFA) et les capitaux propres (800 000 FCFA) ne pourront permettre
de couvrir l’investissement initial. L’entrepreneur aura donc besoin d’un
financement additionnel de 446 140 FCFA. Le solde de trésorerie est déficitaire au
cours de la première année de production mais devient excédentaire à partir
de l’année 2. Le solde cumulé quant à lui est de 5 279 827 FCFA.
Tableau 31. Compte de trésorerie portant sur la durée de vie du projet
Année
Libellé 0 1 2 3 4 5
A) Crédit 1 000 000
B) Capitaux propres 800 000
C) Investissement
Bacs hors sol 400 000
Etangs 700 000
Motopompe 95 000
Filets de pêches 100 000
Coupe-coupe 4 800 4 800
Balance/Peson 50 000
Magasin/Bureau 200 000
Sceau 5 000
Epuisette 2 000
Passoire 600 600 600
Mangeoire 30 000
Imprévus (10%) 158 740 0 60 480 60 0
Curage des étangs 50 000 40 000 150 000 40 000 150 000
Frais de 100 000
pré-production
Fonds de roulement 350 000
Sous-total 2 246 140 40 000 150 660 45 280 150 660 0

41
Tableau 31 (suite). Compte de trésorerie portant sur la durée de vie du projet
Année
Libellé 0 1 2 3 4 5
D) Coût d’opération
Fertilisation (FCFA/cycle) 0 6 000 10 000 20 000 20 000 20 000
Alevin 0 360 000 460 000 710 000 710 000 710 000
Aliment 0 571 000 691 000 991 000 991 000 991 000
Frais de vidange 0 6 000 10 000 20 000 20 000 20 000
Main-d'œuvre occasion- 0 52 000 60 000 80 000 80 000 80 000
nelle (nettoyage, récolte)
Salaire 0 600 000 600 000 1 800 000 1 800 000 1 800 000
Sous-total 0 1 595 000 1 831 000 3 621 000 3 621 000 3 621 000
E) Taxe 0 0 0 0 0 0
F) Frais financiers
Crédit 0 250 000 250 000 250 000 250 000
Intérêt 0 120 000 90 000 60 000 30 000
Sous-total 0 370 000 340 000 310 000 280 000 0
G) Recettes
Clarias 0 1 257 000 1 257 000 1 257 000 1 257 000 1 257 000
Tilapia 0 1 045 800 1 841 000 3 829 000 3 829 000 3 829 000
Sous-total 0 2 302 800 3 098 000 5 086 000 5 086 000 5 086 000
H) Valeur résiduelle
Bacs hors sol 0 200 000
Etangs 0 350 000
Motopompe 0 0
Filets de pêches 0 16 666,7
Coupe-coupe 0 800
Balance/Peson 0 0
Magasin/Bureau 0 100 000
Sceau 0 0
Epuisette 0 0
Passoire 0 300
Mangeoire 0 0
Imprévus (10%) 0 0
Curage des étangs 0 25 000
Fonds de roulement 0 350 000
Sous-total 0 0 0 0 0 1 042 766,
7
I) Solde (Excédent ou déficit -446 140 297 800 776 340 1 109 720 1 034 340 2 507 766,
de trésorerie) 7
I) Valeurs cumulées -446 140 -148 340 628 000 1 737 720 2 772 060 5 279 826,
7

Compte d’exploitation prévisionnel


Le compte d’exploitation prévisionnel (tableau 32) indique que le résultat net
d’exploitation et le cash flow net sont positifs quelque soit l’année considérée.
Le cash flow net cumulé est de 6 069 800 FCFA.

42
Tableau 32. Compte d’exploitation prévisionnel pour le projet d’André
Année
Libellé 1 2 3 4 5
A) Chiffre d’affaires 2 302 800 3 098 000 5 086 000 5 086 000 5 086 000
B) Consommations intermédiaires
Fertilisation 6 000 10 000 20 000 20 000 20 000
Alevin 360 000 460 000 710 000 710 000 710 000
Aliment 571 000 691 000 991 000 991 000 991 000
Frais de vidange 6 000 10 000 20 000 20 000 20 000

Main-d'œuvre occasionnelle 52 000 60 000 80 000 80 000 80 000


Sous-total 995 000 1 231 000 1 821 000 1 821 000 1 821 000
C) Valeur ajoutée 1 307 800 1 867 000 3 265 000 3 265 000 3 265 000
D) Charges
Charges de personnel 600 000 600 000 1 800 000 1 800 000 1 800 000
Frais financiers 120 000 90 000 60 000 30 000 0
Taxes et impôts 0 0 0 0 0
Sous-total 720 000 690 000 1 860 000 1 830 000 1 800 000

E) Excédent brut d’exploitation 587 800 1 177 000 1 405 000 1 435 000 1 465 000
F) Amortissement

Amortissement du chaulage 25 000 45 000 75 000 75 000 75 000


Amortissement des
équipements 184 967 184 967 184 967 184 967 184 967
Sous-total 209 967 229 967 259 967 259 967 259 967
G) Résultat Net d'Exploitation 377 833,3 947 033,3 1 145 033,3 1 175 033,3 1 205 033,3
H) Cash-flow Net 587 800,0 1 177 000,0 1 405 000,0 1 435 000,0 1 465 000,0
I) Cash-flow Net cumulé 587 800,0 1 764 800,0 3 169 800,0 4 604 800,0 6 069 800,0

Indicateurs financiers
Le tableau 33 montre que la VAN est positive indiquant la rentabilité du projet.
Le TRI est d’environ 39,3 %. Le délai de récupération est de 2,49 ans.
Autrement dit, la durée de la période à partir de laquelle les recettes cumulées
deviennent supérieures aux dépenses cumulées est de deux ans et demi pour
le projet étudié.

43
Tableau 33. Analyse financière pour le projet d’André
Année
Libellé 0 1 2 3 4 5
A) Investissement 2 246 140 40 000 150 660 45 280 150 660 0
B) Coût d’opération 0 1 595 000 1 831 000 3 621 000 3 621 000 3 621 000,0
C) Taxe 0 0 0 0 0 0,0
D) Intérêts sur emprunts 0 120 000 90 000 60 000 30 000 0,0
E) Recettes 0 2 302 800 3 098 000 5086 000 5 086 000 5 086 000,0
F) Valeur résiduelle 0 0 0 0 0 1 042 766,7
G) Profit net -2 246 140 547 800 1 026 340 1 359 720 1 284 340 2 507 766,7
Solde cumulé -2 246 140 -1 698 340 -672 000 687 720 1 972 060 4 479 826,7
Taux d'actualisation 15% 15% 15% 15% 15% 15%
Facteur d'actualisation 1 0,870 0,756 0,658 0,572 0,497
Valeurs actualisées -2 246 140 476 347,8 776 060,5 894 038,0 734 325,6 1 246 803,2
VAN 1 881 435,1
TRI 39,26%
Délai de récupération 2,49

44
4. Calcul des prix de vente et des ratios de rentabilité 
 
4.1. Calcul des prix de vente
La bonne fixation du prix de vente des produits permet au producteur de s’assurer
que ce prix couvre tous les coûts et lui garantit un bénéfice raisonnable. A ce
titre il est possible de calculer différents types de prix afin de limiter les erreurs.
Les types de prix pris en compte dans cette section sont le prix plancher, le
prix technique et le prix cible. Les définitions et les formules utilisées pour ces
éléments proviennent de Fellows et Axtell (2005).

4.1.1. Prix plancher


Le prix plancher correspond au prix au-dessous duquel l’entreprise ne peut
réaliser aucun bénéfice. Il est égal au coût variable unitaire et a pour formule :
Pp= v = CV/Q (16)
avec, Pp le prix à déterminer, v le coût variable unitaire du produit, CV le coût
variable total et Q la quantité produite et vendue.

4.1.2. Prix technique


Le prix « technique » fait correspondre exactement les revenus aux dépenses.
C’est le prix qui permet au producteur de récupérer ses coûts d’opération ainsi
que ses investissements ; mais ce prix ne lui permet pas de rentabiliser ses
investissements. Il est donné par :
Pt= v + CF/Q (17)
avec, Pt le prix à déterminer, v le coût variable unitaire du produit, Q la quantité
produite et vendue et CF les coûts fixes.

4.1.3. Prix cible


Le prix cible est le prix qui permet au producteur non seulement de récupérer
progressivement ses investissements et ses coûts d’opération mais surtout de
réaliser un bénéfice. Il a pour formule :
Pc= v+ CF/Q + rK/Q (18)

45
Dans cette formule, Pc correspond au prix à déterminer, v est le coût variable
unitaire du produit, CV est le coût variable total, Q est la quantité produite et
vendue, CF représente les coûts fixes, K correspond au capital investi et r est
le niveau de bénéfice visé. Le produit rK est le retour sur investissement qui
est recherché par l’entreprise. Selon Fellows et Axtell (2005), une valeur de r
comprise entre 20 % et 30 % garantit au promoteur un bénéfice justifiant la
poursuite de ses activités, bien que de nombreuses entreprises qui réussisse
fonctionnent avec des marges inférieures si leur efficience et leur productivité
sont élevées.

4.2. Détermination du seuil de rentabilité


Le seuil de rentabilité (SR) désigne le niveau de production d’une entreprise
auquel les produits sont égaux aux charges, c'est-à-dire le niveau auquel
l’entreprise ne réalise ni bénéfices ni pertes. Au-dessous de ce niveau de
production l’entreprise connaît un déficit, et en dessus l’entreprise sera en
excédent. Mathématiquement, le volume de la production au seuil de rentabilité est
égal au total des coûts fixes (CF) divisé par la différence entre le prix de vente
(PU) et les coûts variables unitaires :

CF CF
SR = =
PU − v PU − (CV / Q) (19)

Les éléments de cette équation sont définis comme dans la section 4.1.

4.3. Ratios avantage-coût


Dans l’analyse financière des projets, divers types de ratios avantage-coût
peuvent être calculés, à savoir les ratios basés sur des valeurs non actualisées
et ceux basés sur des valeurs actualisées. Dans la première catégorie de
ratios, ce document aborde essentiellement le ratio le plus courant qui le
« rendement de l'unité monétaire investie ». Dans la seconde catégorie de
ratios, deux seront présentés à savoir l’indice de rentabilité et le taux
d'enrichissement relatif.

46
4.3.1. Rendement de l'unité monétaire investie
Le ratio de « rendement de l'unité monétaire investie » ( Rm ) est donné par le
rapport entre la somme des avantages nets et le coût total des investissements et
renouvellements d'investissements (Fabre, 1997). Sa formule est donnée par :
n n

∑ BN t ∑ ( AB − CFo )
i t
(20)
Rm = t =0
n
= t =0
n

∑I
t =0
t ∑I
t =0
t

avec I t les coûts d’investissement de l’année ou période t, BNt les avantages


nets de l’année ou période t, n la durée de vie du projet (ou le nombre de période),
ABi les avantages bruts pour l’année ou période t, CFot les coûts de
fonctionnement pour l’année ou période t.

Le ratio définit dans l’équation 20 peut aussi être calculé pour une année de
croisière c ; et permet dans ce cas d’avoir une idée rapide de la rentabilité a
priori d'un investissement dès les phases préliminaires du cycle de projet
(Fabre, 1997). La formule de ce nouveau ratio est donnée par :
ABc − CFoc
Rmc = n
(21)
∑I
t =0
t

Certains auteurs proposent aussi une autre version du ratio Rmc qui est obtenue en
remplaçant le dénominateur de l’équation 21 par les coûts de fonctionnement.
On a donc :
ABc − CFoc
Rmf = (22)
CFoc
Les différents ratios définis ci-dessus peuvent être utilisés comme critères de
sélection de projet. Ainsi, tout projet dont le Rm est supérieur à 1 ou dont le
Rmc > 1 / N est considéré comme étant intéressant ; N étant le nombre d’années
de croisière. Le critère Rmf peut être utilise dans le cas des innovations techniques
(tracteur, motoculteur, machine de transformation des produits agricoles, etc.).

47
En effet, selon Fabre (1997), des recherches ont permis de constater que les
paysans n'adoptent des innovations techniques que si Rmf ≥ 2 . Ce critère
est en quelque sorte un indicateur de la difficulté que des entreprises du secteur
informel peuvent avoir à s'acquitter de nouvelles charges financières ou à
acquérir des intrants (Fabre, 1997).

4.3.2. Indice de rentabilité


L’indice de Rentabilité ( IR ) se base sur des valeurs actualisées contrairement
aux ratios présentés dans le paragraphe 4.3.1. Il correspond au rapport entre
les avantages nets actualisés et la valeur actualisée des investissements
(Fabre 1997) : n
( AB i − CFo t )
∑ (1 + i ) t
IR = t = 0 n
It (23)

t = 0 (1 + i )
t

avec i le taux d'actualisation. Un projet est acceptable si IR est supérieur à


1, et plus sa valeur est élevé plus le projet est intéressant. De plus, entre deux
projets en compétition, on retiendra celui dont l’Indice de Rentabilité est le plus élevé.

4.3.3. Ratio bénéfice-coût ou taux d'enrichissement relatif


Le ratio bénéficie-coût ou taux d'enrichissement relatif est donné par le rapport
entre la VAN et la valeur actualisée des investissements. Ce ratio, qui permet de
tenir compte de la contrainte de rareté des capitaux, peut s’écrire (Fabre, 1997) :
VAN
RBC = n
It

t = 0 (1 + i )
t (24)

Tout investissement dont le ratio RBC est supérieur à zéro peut être considéré
comme acceptable. Entre deux projets en compétition, on retiendra celui dont
le ratio RBC est le plus élevé.

4.4. Exemple d’application


L’application des notions développées dans ce chapitre utilisera à nouveau les
données de l’entreprise d’André présentées au paragraphe 2.2.5.

48
Prix plancher, prix technique et prix cible
Les tableaux 34 et 35 présentent les différents prix calculés respectivement
pour les Bacs Hors Sol (BHS) et pour les étangs. Les prix les plus élevés sont
obtenus au niveau du BHS 1. Le prix cible calculé pour l’ensemble des BHS
est de 1 426 FCFA/kg (tableau 34). Etant donné que le pisciculteur n’a produit
que de clarias dans les BHS, on peut en déduire que le prix minimum qu’il doit
appliquer pour ces clarias est de 1 426 FCFA/kg. Ce prix lui permet d’avoir une
rentabilité acceptable. Au niveau du tilapia (tableau 35), ce prix est de 866
FCFA/kg. Le prix plancher est de 783 FCFA/kg pour le clarias et de 454 FCFA/
kg pour le tilapia. Ce prix correspond au prix minimum à pratiquer pour que le
producteur couvre au moins ses charges variables. Le prix technique quant à
lui est de 1 397 FCFA/kg pour le clarias et de 849 FCFA/kg pour le tilapia. Ce prix
permet au producteur de récupérer progressivement ses investissements mais ne
lui permet pas de rentabiliser ses activités.
Tableau 34. Prix et seuil de rentabilité au niveau des Bacs Hors Sol
Rubrique BHS 1 BHS 2 BHS 3 BHS 4 Ensemble
Charges variables (CV) 164 000 164 000 164 000 164 000 656 000
Production annuelle (kg) (Q) 170 228 250 190 838
Prix plancher (FCFA/kg) 964,7 719,3 656,0 863,2 782,8
Coûts fixes (CF) 128 683 128 683 128 683 128 683 514 732
Prix technique (FCFA/kg) 1 721,7 1 283,7 1 170,7 1 540,4 1 397,1
Capital investi (K) 30 322,4 30 322,4 30 322,4 30 322,4 121 290
Niveau de bénéfice visé (r) 20% 20% 20% 20% 20%
Prix cible (FCFA) 1 757,3 1 310,3 1 195,0 1 572,4 1 426,0
Prix unitaire de vente (FCFA) 1 500 1 500 1 500 1 500 1 500
Seuil de rentabilité (SR) 240,4 164,8 152,5 202,1 717,7

Tableau 35. Prix et seuil de rentabilité au niveau des étangs


Rubrique Etang 1 Etang 2 Etang 3 Ensemble
Charges variables (CV) 93 000 128 000 118 000 339 000
Production annuelle (kg) (Q) 163 300 284 747
Prix plancher (FCFA/kg) 570,6 426,7 415,5 453,8
Coûts fixes (CF) 97 578 97 578 100 078 295 234
Prix technique (FCFA/kg) 1 169,2 751,9 767,9 849,0
Capital investi (K) 21 225,7 21 225,7 21 225,7 63 677
Niveau de bénéfice visé (r) 20% 20% 20% 20%
Prix cible (FCFA) 1 195,2 766,1 782,8 866,1
Prix unitaire de vente (FCFA) 1 400 1 400 1 400 1 400
Seuil de rentabilité (SR) 117,6 100,3 101,7 312,0

49
Seuil de rentabilité
Le seuil de rentabilité, c'est-à-dire la quantité minimale de poissons que le
pisciculteur doit produire, est de 718 kg par an pour l’ensemble des BHS et de
312 kg par an pour l’ensemble trois étangs mis en production en 2012. C’est
au niveau des BHS 1 et 4 que le producteur n’arrive pas encore à atteindre la
production nécessaire pour que l’élevage de clarias dans ces deux infrastructures
soit rentable.

Divers ratios
Le tableau 36 montre que le rendement de l'unité monétaire investie ( Rm ) est
supérieur à 1, indiquant que le projet d’André est intéressant. Le Rmc est aussi
supérieur à 1/N et le ratio Rmf est égal à 0,405.

L’indice de rentabilité (IR) est supérieur à 1, signifiant que le projet est


acceptable du point de vu de ce critère. Le ratio RBC est supérieur à zéro
confirmant également que le projet peut être considéré comme acceptable.
Selon ce ratio, chaque FCFA investi dans le projet rapporterait en moyenne un
avantage net de 0,75 FCFA sur la durée de vie du projet.
Tableau 36. Différents ratios de rentabilité calculés
0 1 2 3 4 5
Coûts d’investissement 2 246 140 40 000 150 660 45 280 150 660 0
Avantages bruts 0 2 302 800 3 098 000 5 086 000 5 086 000 5 086 000

Coûts de fonctionnement 0 1 595 000 1 831 000 3 621 000 3 621 000 3 621 000
Rendement de l'unité
monétaire investie 2,419
(Rm)
I/N 0,333
Rmc 0,556
Rmf 0,405
Taux d'actualisation 15% 15% 15% 15% 15% 15%
Facteur d'actualisation 1 0,870 0,756 0,658 0,572 0,497
Avantages bruts 2 342 533, 2 907 937, 2 528 640,
0 2 002 434,8 3 344 127,6
actualisés 1 0 9
Coûts de fonctionnement 1 384 499, 2 070 318, 1 800 277,
0 1 386 956,5 2 380 866,3
actualisés 1 5 0
Coûts d’investissement
2 246 140 34 782,6 113 920,6 29 772,3 86 140,3 0,0
actualisé
Indice de Rentabilité 1,634
VAN 1 881 435,1
Enrichissement relatif 0,749

50
5. Conclusion 

L’analyse financière peut être effectuée sur une activité (production de maïs
par exemple), sur l’ensemble ou une partie des activités pratiquées dans
une entreprise. Elle permet de faire le diagnostic de l’entreprise ou de ses
activités afin d’aider le promoteur à prendre des décisions. Ce diagnostic peut
se faire en utilisant la méthode des marges ou encore la méthode des
résultats d’exploitation. Dans le cas des investissements, l’analyse fi-
nancière prévisionnelle a été présentée avec un accent particulier sur les
différents comptes et les indicateurs de prise de décision tels que la valeur
actuelle nette (VAN), le taux de rentabilité interne (TRI), l’indice de rentabili-
té, le ratio bénéfice-coût ou taux d'enrichissement relatif et le rendement de l'unité
monétaire investie. La VAN permet d’apprécier la rentabilité du projet alors que
le TRI donne une indication sur le taux maximum d’intérêt que peut supporter le
projet. Le TRI a tendance à défavoriser les projets à investissement initial lourd
ou les projets qui atteignent leur régime de croisière après une longue phase de
montée en puissance. En conséquent, il sera erroné de comparer entre eux
des projets sur la base de la valeur de leur TRI. Pour pallier l’insuffisance de la
VAN et du TRI, il est conseillé de recourir aux ratios avantage-coût tels que
l’Indice de Rentabilité et le taux d'enrichissement relatif ou ratio bénéficie-coût.
Entre deux projets en compétition, on retiendra celui dont l’Indice de Rentabili-
té est le plus élevé. Il en est de même du ratio bénéficie-coût.

51
Références bibliographiques 
Bruissart C. (1999). Analyse financière. Edition Fouche.
Cohen E. (1997). Analyse financière. 4ème édition Economica, Paris.
Cordonnier P., Carles R. et Marshal P. (1977). Economie de l’entreprise
agricole. Cujas, Paris, 541p.
Fabre P. (1994). Note de méthodologie générale sur l’analyse de filière :
utilisation de l’analyse de filière pour l’analyse économique des politiques.
Document de formation pour la planification agricole, FAO, Rome. 105p.
Fabre P. (1997). Manuel analyse financière et économique des projets de
développement. Office des publications officielles des Communautés
européennes, Luxembourg, 380p.
Fellows P.J. et Axtell B. (2005). Créer et gérer une petite entreprise
agroalimentaire. Collection Réussir dans l’Agroalimentaire. CTA-UE,
Wageningen, 277p.
Gittinger J.P. (1982). Analyse économique des projets agricoles. Une série de
l'ide sur le développement économique. The World Bank, Washington, 547p.
Consulté le 11/07/2016. Disponible sur www.worldbank.org.
ONUDI (1998). Manuel de préparation des études de faisabilité industrielle.
2ème édition.
Sodjinou E. (2011). Poultry-Based Intervention as Tool for Poverty Reduction
and Gender Empowerment: Empirical Evidence from Benin. Thèse de
doctorat, University of Copenhagen, 239p. Consulté le 11/07/2016.
Disponible sur: http://curis.ku.dk/ws/files/33324451/
Thesis_Sodjinou_February_2011_VF.pdf
Tallec F. (2005). L’approche filière : Analyse financière. EASYPol/FAO.
Consulté le 11/07/2016. Disponible sur : www.fao.org/tc/easypol.

52
 Annexe. Quelques tableaux d’application 
 

Tableau A1. Détail des calculs de rentabilité par infrastructure piscicole


BHS 1 BHS 2 BHS 3 BHS 4 Etang 1 Etang 2 Etang 3 Ensemble
Production par cycle (kg) 85 114 125 95 163 300 284 1166
Nombre de cycle par an 2 2 2 2 1 1 1
Production annuelle (kg) 170 228 250 190 163 300 284 1585
Prix unitaire de vente (FCFA/kg) 1500 1500 1500 1500 1400 1400 1400
Produit brut (FCFA/an) 255000 342000 375000 285000 228200 420000 397600 2302800
Charges variables
Fertilisation (FCFA/cycle) 0 0 0 0 2000 2000 2000 6000
Alevin 25000 25000 25000 25000 50000 60000 50000 260000
Aliment 52000 52000 52000 52000 35000 60000 60000 363000

53
Frais de vidange 0 0 0 0 2000 2000 2000 6000
Main-d'œuvre occasionnelle 5000 5000 5000 5000 4000 4000 4000 32000
Total pour un cycle 82000 82000 82000 82000 93000 128000 118000 667000
Total annuel 164000 164000 164000 164000 93000 128000 118000 995000
Charges fixes
Salaire 98360,7 98360,7 98360,7 98360,7 68 852 68 852 68 852 600000
Amortissement du chaulage 0 0 0 0 7 500 7 500 10 000 25000
Amortissement des équipements 30322,4 30322,4 30322,4 30322,4 21 226 21 226 21 226 184966,7
Sous-total 128683,1 128683,1 128683,1 128683,1 97578,1 97578,1 100078,1 809966,7
Durée du cycle (mois) 5 5 5 5 7 7 7 61,0
Coût total 292683,1 292683,1 292683,1 292683,1 190578,1 225578,1 218078,1 1804966,7
Marge brute 91000,0 178000,0 211000,0 121000,0 135200,0 292000,0 279600,0 1307800,0
Marge nette -37683,1 49316,9 82316,9 -7683,1 37621,9 194421,9 179521,9 497833,3
Tableau A2. Structure des coûts de production par infrastructure piscicole

Poste BHS 1 BHS 2 BHS 3 BHS 4 Etang 1 Etang 2 Etang 3 Ensemble

Fertilisation 0,0 0,0 0,0 0,0 1,0 0,9 0,9 0,3

Alevin 17,1 17,1 17,1 17,1 26,2 26,6 22,9 19,9

Aliment 35,5 35,5 35,5 35,5 18,4 26,6 27,5 31,6

Frais de vidange 0,0 0,0 0,0 0,0 1,0 0,9 0,9 0,3

54
Main-d'œuvre occasionnelle 3,4 3,4 3,4 3,4 2,1 1,8 1,8 2,9

Charges variables 56,0 56,0 56,0 56,0 48,8 56,7 54,1 55,1

Salaire 33,6 33,6 33,6 33,6 36,1 30,5 31,6 33,2

Amortissement du chaulage 0,0 0,0 0,0 0,0 3,9 3,3 4,6 1,4

Amortissement des équipements 10,4 10,4 10,4 10,4 11,1 9,4 9,7 10,2

Charges fixes 44,0 44,0 44,0 44,0 51,2 43,3 45,9 44,9

Vous aimerez peut-être aussi