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PROGRAMME

DE POLITIQUE GÉNÉRALE
du CPAS de la Ville de Bruxelles

2019-2024
Introduction................................................................................................................................... 5

TABLE DES MATIÈRES


1. Action sociale........................................................................................................................ 8
Femmes et familles monoparentales...................................................................10
Jeunes.....................................................................................................................................  11
Seniors....................................................................................................................................  14
Sans-abri................................................................................................................................  17

2. Insertion socio-professionnelle...............................................................................  18

3. Economie sociale.............................................................................................................  20

4. Santé........................................................................................................................................  22

5. Lutte contre l’isolement ..............................................................................................  26

6. Personnel..............................................................................................................................  28

7. Patrimoine............................................................................................................................  32

8. Transition écologique ...................................................................................................  35

9. Bonne gouvernance......................................................................................................  38

Conclusion ..................................................................................................................................  40
V ille de plus de 177.000 habitants, Ces chiffres et cette urgence sociale appellent

INTRODUCTION
Bruxelles connait de grandes disparités. à une réaction forte des pouvoirs publics. Les
Capitale de l’une des plus riches et prospères autorités de la Ville de Bruxelles et celle du
régions d’Europe, elle compte néanmoins un Centre public d’Action sociale sont conscients
nombre croissant d’habitants vivant dans une de ces enjeux et entendent bien se donner
situation de grande précarité. De plus en les moyens pour réduire ces inégalités et ces
plus de citoyens sont aujourd’hui confron- facteurs de pauvreté. Le CPAS constitue bien
tés à des difficulté socio-économiques et ce, souvent le dernier recours pour éviter de bas-
à différents stades de leur vie. Le rapport culer dans la grande pauvreté. Il assure l’aide
bruxellois sur l’état de la pauvreté1 établit sociale due par la collectivité aux personnes
que plus de 30% de la population en Ré- n’ayant plus d’autre choix. Cette aide sociale
gion bruxelloise vit sous le seuil de risque de est, faut-il le rappeler, un droit. Son but est de
pauvreté, la Ville de Bruxelles faisant partie permettre à chacun de vivre une vie conforme
des communes les plus concernées par ce à la dignité humaine comme le prévoit l’article
phénomène. La pauvreté latente et crois- 1er de la loi organique des CPAS de 1976. L’aide
sante touche de plus en plus de femmes, apportée par le centre peut être matérielle,
d’enfants et de personnes âgées. Le nombre sociale, médicale, médico-sociale ou encore
de personnes sans-abri a significativement psychologique. Aujourd’hui, néanmoins, le
augmenté en Région bruxelloise, avec une revenu d’intégration social se situe en deçà du
estimation de plus de 4.000 personnes vivant seuil de risque de pauvreté (fixé à 1139 euros
dans la rue. Les causes de la précarité peuvent pour un isolé et 854 euros pour un cohabitant
être variées mais un constat est fait par les par mois). Le montant du revenu d’intégration
travailleurs sociaux : une difficulté en entraine est fixé à 910,52 euros pour un isolé et à 607,01
souvent d’autres, on peut parler de toboggan euros pour un cohabitant. Conscient que ce
social. Il est donc fondamental de travailler à montant n’est pas suffisant pour vivre correc-
une prise en charge globale de l’usager et non tement, le CPAS plaidera de toutes ses forces
segmentée par problématique (demande RIS, auprès des instances compétentes pour le
médiation de dettes) ; nous y reviendrons. relever au-dessus du seuil de pauvreté2.

(E)RI Allocations de chômage minimum Seuil de pauvreté (Belgique – 2017)


Taux cohabitant 607,01 €/mois 550,42 € /mois /
781,30 € sur les 6 premiers mois

Taux isolé 910,52 €/mois 1.052,48 €/mois 1.139 €/mois


Taux personne avec 1.254,82 €/mois 1.271,1 € /mois 1.449 €/mois (pour un adulte
charge de famille avec un enfant)
1.736,28 € durant les 3 premiers
mois Ça passe à 2.118 €/mois (pour un
adulte et trois enfants)

1. Baromètre social, rapport bruxellois sur l’état de la pauvreté, Observatoire de la Santé et du Social Bruxelles, Commission communautaire commune, 2018.
2. Cette augmentation doit être couplée à un relèvement des bas salaires afin d’éviter les pièges à l’emploi.

5
Le CPAS de la Ville de Bruxelles est le plus son métier, notamment les travailleurs sociaux
gros CPAS de la Région bruxelloise. Le dans leur travail d’accompagnement social.
statut particulier de la Ville de Bruxelles, à la
fois commune, capitale du pays et capitale Dans ce contexte, l’action sociale apparait
de l’Europe explique en partie la singularité plus que jamais essentielle pour mener à bien
de l’action du CPAS, des demandes et des le projet de la Ville de Bruxelles fondé sur des
besoins auxquels il est confronté. À cet égard, principes de solidarité, d’égalité des chances,
volontariste et déterminé à agir là où les d’émancipation et d’épanouissement.
besoins sont réels, le CPAS poursuivra avec la
Vu les chiffres alarmants de la pauvreté,
Ville son engagement auprès des personnes
l’axe social sera la première des priorités
les plus précarisées à utiliser les leviers les
ces six années à venir. Les actions devront
plus variés et audacieux qu’il soit afin de
clairement être envisagées sur le long terme.
lutter contre les risques de pauvreté.
Aux solutions d’urgence, seront privilégiées
En 2018, le CPAS a aidé et accompagné plus des solutions structurelles ayant comme
de 27.000 personnes dont plus de 22.000 objectif de sortir durablement les personnes
financièrement. En 15 ans, ce chiffre a dou- la précarité. La prévention sera également
blé. Un pic a été observé dans les demandes un axe déterminant du travail afin que les
liées à une exclusion de chômage suite à personnes n’arrivent pas au CPAS. Rompre
la réforme des allocations de chômage et l’isolement social dans lequel sont bien
le durcissement des conditions d’accès, il y souvent plongées les personnes en situation
a quelques années3. Si les chiffres se sont, précaire figurera également parmi les objectifs.
à ce jour, stabilisés au CPAS, le nombre de
personne aidées suite à une exclusion reste Le travail sera prioritairement axé sur la
néanmoins plus élevé qu’avant la réforme. défense et le renforcement des disposi-
Se pose donc la question de l’impact des tifs existants, l’adaptation des outils et des
reformes politiques et la question de la leviers disponibles et la mise en place de
solidarité de tous les niveaux de pouvoir face nouveaux projets afin de répondre au mieux
à la problématique de la précarité. S’il on aux besoins et aux attentes des personnes
peut se réjouir de la baisse du chômage, la les plus fragilisées. Outre l’urgence sociale,
qualité de l’emploi de plus en plus précaire4 l’urgence environnementale figure naturelle-
et les exclusions faisant gonfler la charge du ment parmi les priorités.
CPAS doivent être rappelées.
Le CPAS de la Ville n’est clairement pas un outil
Les changements de règlementation et de qui subit et applique les politiques fédérales
législation pris aux autres niveaux de pouvoir ou régionales mais est un acteur mettant
pèsent, en outre, bien souvent sur la charge en place des politiques émancipatrices et
de travail administratif  (plus de contrôle,…). innovantes. Étant donné son statut singu-
Raison pour laquelle le CPAS entend lier, il affirmera son rôle de porteur de projets
soutenir son personnel et lui donner les outils pilotes, en collaboration avec les partenaires
nécessaires afin que chacun puisse exercer politiques et le milieu associatif en particulier.

3. 10 % de cette augmentation se concentre entre 2014 et 2016. Depuis lors, le chiffre se stabilise. Plusieurs facteurs l’expliquent, notamment la réforme du
chômage. Les effets s’en font ressentir dès le début de 2014 avec une augmentation du nombre de personnes faisant appel au CPAS suite à une sanction ou
une exclusion. (119 en 2013 > 390 en 2014). En 2015, cela passe à 1071 personnes. Depuis 2016, 592 personnes mais le nombre de personnes aidées exclues
du chômage demeure toujours plus important qu’avant la reforme.
4 . Baromètre FGTB.

6
Cette note permet de donner la vision et

INTRODUCTION
de tracer les grandes orientations choisies
pour ces six prochaines années. Le plan
stratégique sera amené à se décliner
annuellement et les matières, de nature
transversales, à s’entremêler. Chaque année,
aura lieu le suivi des objectifs, leur évalua-
tion et leur éventuelle réactualisation. Cette
vision sera « monitorée » par l’administration.
Les prochains points abordés présentent ce
sur quoi le CPAS va se concentrer, ce qu’il
entend amplifier et développer.

7
écoles des devoirs

salles d’études
8
L ’action sociale est la pierre angulaire du colmater leurs effets dans l’urgence, le CPAS

1. ACTION SOCIALE
CPAS. C’est via ces services que les usagers et la Ville entendent travailler à une métho-
ont un premier contact avec le CPAS et qu’une dologie anticipatrice. La collaboration avec le
aide peut leur être apportée. Afin de renforcer secteur associatif sera également primordiale
l’accessibilité et la proximité du service public pour une remontée fine de la réalité et du vécu
sur le territoire étendu de la Ville de Bruxelles, les de toutes les personnes vivant sur le territoire
autorités ont décidé de mettre l’accent, d’une de Bruxelles.
part, sur la décentralisation des infrastruc-
tures publiques via une répartition territoriale Dans la prise en charge des ayant-droits, l’ap-
et, d’autre part, sur la qualité des services, via proche globale sera favorisée et non pas
une gestion et un encadrement adéquats. segmentée en fonction de la problématique
Le CPAS a ainsi décentralisé ses antennes rencontrée. Et ce, afin de travailler avec l’usa-
sociales, premiers points de contacts avec ger de manière plus transversale et durable. Le
les usagers, dans 11 quartiers différents. CPAS continuera par ailleurs à privilégier une
Parmi celles-ci, l’antenne de Neder-Over-Heem- logique d’accompagnement de qualité du
beek est actuellement implantée au sein de bénéficiaire et non une logique de contrôle,
la structure du Logement bruxellois dans des l’usager s’impliquant activement dans ce
locaux inadaptés à l’accueil du public. Il processus. À ce titre, la problématique du
manque de la place tant pour les travailleurs surendettement fera l’objet d’une attention
que pour les usagers et plus particulièrement particulière, tant du point de vue de la préven-
pour les activités liées à la jeunesse. Une tion, de la guidance que du recouvrement des
alternative sera donc trouvée rapidement. dettes via le service de médiation de dettes.
Une 12e antenne verra également le jour Les questions relatives aux crédits à la consom-
sur Laeken, la troisième du quartier, afin de mation, aux paris sportifs… seront plus
compléter les services offerts par les Antennes spécifiquement observées afin de développer
Bollen et Stéphanie et ainsi de mieux répondre des outils de prévention proactifs. Les usagers
aux demandes de la population de ce quartier du CPAS seront sensibilisés à ce risque mais
(dont la démographie est amenée à croître aussi nos travailleurs et plus particulièrement
ces prochaines années). Le CPAS étudiera les personnes sous contrat article 60.
aussi la possibilité de renforcer sa présence à
En plus du travail fait dans les antennes, le CPAS
Haren en fonction des besoins de la population.
entend renforcer ses contacts avec le tissu
N’oublions pas la volonté « tout à 10 minutes »
associatif pour faire circuler l’information rela-
de la majorité de la Ville de Bruxelles.
tive aux aides existantes d’une part et, d’autre
En matière d’action sociale, le CPAS renforcera part, détecter des situations difficiles et arriver
les services existants et développera de nou- à amener les personnes dans le besoin au CPAS.
veaux projets, en insistant notamment sur la
prévention. Parmi les grands combats que le CPAS entend
porter sur la scène nationale figure l’individua-
Afin de mieux anticiper les phénomènes lisation des droits, c’est-à-dire le fait de lier les
sociaux et les besoins des usagers, détecter droits d’une personne à sa situation propre
les nouveaux enjeux et renforcer les mesures et non en fonction de certains choix de vie
de prévention, le CPAS développera une (cohabitation, mariage…). À ce jour, le régime
méthodologie et des outils de recueil de de sécurité sociale belge prévoit des alloca-
données via sa Cellule Études et grâce tions différentes en fonction de la situation
à des partenariats extérieurs (notamment familiale des bénéficiaires. Les montants
les universités). Effectivement, des nouvelles accordés sont différents si la personne vit seule,
populations sont détectées sur notre terri- est mariée ou cohabitante légale. Ce modèle
toire, de nouveaux besoins et phénomènes repose sur un modèle de famille traditionnelle
apparaissent,... Pour mieux les appréhen- où le père de famille subvient aux besoins.
der et donc ne pas seulement les subir et Cette vision n’est plus en phase avec l’évolution

9
de la société et les mutations du modèle familial. demander de l’aide. Il s’agit pourtant d’une
Ce système génère des injustices et un stricte application de la loi et du respect
manque d’indépendance et d’autonomie des d’une série de droits.
femmes, en particulier.
Parmi les usagers, le centre entend ces pro-
Y figure également l’automatisation des chaines années porter une attention parti-
droits afin de garantir que tous y aient accès culière aux publics identifiés comme les plus
directement. Trop de personnes en situation fragilisés  et bien souvent les plus isolés  : les
de précarité ne font pas valoir leurs droits, par femmes et les familles monoparentales, les
méconnaissance ou parce qu’elles n’osent pas jeunes et les seniors.

Femmes et familles monoparentales 

L es chiffres du CPAS pointent la part


croissante de femmes en situation de pré-
carité. Plusieurs facteurs corrélés l’expliquent :
Le CPAS a pleinement connaissance et
conscience de cette problématique et la consi-
dère comme un enjeu essentiel. Aujourd’hui,
au cours de leur vie les femmes subissent plus de la moitié des bénéficiaires d’un reve-
au quotidien davantage de discrimination nu d’intégration du CPAS sont des femmes.
(emploi, logement, santé, famille…) et de La portion de familles monoparentales faisant
violence. Elles se retrouvent plus souvent appel au CPAS est dix fois plus élevée que
seules responsables des enfants et donc ne celles des autres familles. Et en 2018, 18% des
travaillent pas ou occupent davantage de bénéficiaires d’un revenu d’intégration étaient
postes à temps partiel. La grande majorité des familles monoparentales et 93% avaient
des familles monoparentales ont une femme comme cheffe de famille une femme.
pour cheffe de famille. Bien souvent, elles ne
touchent pas les pensions alimentaires dues C’est pourquoi le CPAS mettra, à l’instar du
par les pères eux-mêmes insolvables. Leurs projet Miriam pour les mères seules 7, l’accent
salaires ainsi que leurs pensions sont souvent sur les femmes et sur les enfants à leur charge.
plus faibles que ceux des hommes 5. L’indice Et cela en renforçant l’accompagnement
de leur bien-être et les inégalités en matière de spécifique des femmes où la confiance et le
santé s’aggravent également 6… Ces constats respect doivent occuper une place essentielle.
s’amplifient lorsque la femme est issue d’un
milieu précarisé. En effet, lorsqu’elles ont besoin d’aide, ces
femmes, souvent isolées ou en perte de
On relève par ailleurs un nombre en aug- confiance vis-à-vis des institutions, n’exercent
mentation constante de femmes sans-abri pas leurs droits. Le CPAS renforcera ses
sur le territoire communal (de 19% en 2011 collaborations avec le tissu associatif, les
à 32% en 2017). Ce chiffre est évidemment écoles et les Maisons de Quartier pour
inquiétant puisqu’une femme en rue est identifier les femmes en situation difficile,
encore plus vulnérable et certaines sont informer au mieux ces femmes sur leurs droits
accompagnées d’enfants. et les sortir de l’isolement.

5. Baromètre social, idem: salaires en moyenne 20,6 % inférieurs à ceux des hommes, pensions en moyenne 26% inférieures à celles des hommes.
6. Enquête Solidaris.
7. Le CPAS participe depuis octobre 2018 au projet Miriam. Un projet qui a pour objectif d’aboutir à l’émancipation socio professionnelle du public sélectionné
par ce projet, à savoir les mères seules. Il a été constaté que ce public en particulier vit dans une précarité plus grande du fait que ces mères assument seules
les charges du ménage et l’éducation des enfants. 15 femmes participent ainsi à ce projet et sont coachées par un Case Manager au sein du CPAS.

10
Pour les femmes se retrouvant à la rue, le CPAS Constatant les difficultés pour de nombreuses

1. ACTION SOCIALE
entend renforcer son dispositif de logements femmes qui souhaitent intégrer un processus
de transit qui leur sera réservé. Concernant le de formation et/ou d’insertion profession-
patrimoine locatif, le CPAS mettra également nelle à faire garder leur(s) enfant(s), le CPAS
l’accent sur les logements adaptés aux familles entend travailler avec la Ville de Bruxelles et son
(3 chambres et plus). Par ailleurs, comme cela Échevinat de la Petite Enfance, à la création de
a été mis en place notamment en France, nouvelles places d’accueil et au développe-
la distribution de kits hygiéniques destinés ment de services plus souples et innovants.
aux femmes dans le besoin sera organisée
par le CPAS. Par ailleurs, des femmes victimes de mal-
traitance s’adressent aussi au CPAS et sont
Via son Département Emploi et Formation, prises en charge par les travailleurs sociaux.
le CPAS poursuivra la recherche de solu- La sensibilisation des travailleurs aux droits
tions adaptées aux femmes et à leurs besoins des femmes en cas de violence (maintien
spécifiques dans le cadre de leur insertion socio- au domicile, demande d’asile, traite des
professionnelle (compatibilités avec les horaires êtres humains…) sera renforcée en vue de
scolaires, solutions de garde d’enfant…) et à détecter encore plus efficacement les
leur formation, étant donné le faible niveau de personnes victimes de violence. Les colla-
scolarité et l’absence d’expérience profession- borations avec les associations actives en la
nelle fréquemment constatés pour les raisons matière (collectif pour femmes battues, centre
citées plus haut. En vue de leur épanouissement de prise en charge des violences sexuelles…)
personnel, le CPAS poursuivra également l’opé- seront également renforcées.
ration promo-sport permettant de couvrir les
frais d’un abonnement à une activité sportive.

Jeunes 

E n Région bruxelloise, plus d’un enfant


sur 5 nait dans un ménage sans revenu
de travail. 39% des enfants naissent dans un
En Belgique, le taux de déprivation matérielle
des enfants est d’environ 15 %, ce qui est
supérieur à la moyenne des pays voisins 11.
ménage avec un seul revenu et près d’un Cette moyenne belge recouvre en outre de
cinquième des enfants naissent dans un fortes disparités entre régions, Bruxelles étant
ménage où la mère vit seule au moment particulièrement concernée (29 % à Bruxelles,
de la naissance8. Pour mesurer les difficultés 22% en Wallonie et 8 % en Flandre). La pauvreté
spécifiques des enfants, outre le revenu, un démarre dès la naissance et a tendance à
nouvel indicateur agréé au niveau européen se répéter de génération en génération,
(2018) se base sur les conditions de vie9 : ce qu’on appelle la reproduction intergéné-
l’indicateur de déprivation matérielle10. rationnelle de la pauvreté.

8. Baromètre social, idem.


9. Rapport « La pauvreté et la déprivation des enfants en Belgique. Comparaison des facteurs de risque dans les trois Régions et les pays voisins », Fondation
Roi Baudouin, 2018.
10. L’indicateur de déprivation matérielle se base sur l’accès à un même ensemble de 17 items (vacances, loisirs réguliers, jeux d’intérieur, habits neufs,
chaussures à la bonne taille, fruits et légumes à chaque repas ...) considérés comme nécessaires pour tout enfant vivant en Europe.
11. On considère qu’un enfant est en situation de déprivation lorsqu’il est privé d’au moins 3 items. Lorsqu’on prend un seuil plus élevé, l’écart se creuse
encore plus avec les pays voisins. 12 % des enfants sont privés en Belgique d’au moins 4 items. Aux Pays-Bas, en France ou encore en Allemagne, 7 à 9 %.

11
La pauvreté infantile est une réalité préoccu- et de durée de l’activité), son offre d’activités
pante car, en plus de priver l’enfant de certains extrascolaires, le financement de repas
de ses besoins durant les premières années scolaires et de goûters sains par exemple.
de sa vie, elle peut handicaper son devenir L’accompagnement scolaire sera proposé
de manière tout à fait injuste. Bien souvent, automatiquement aux enfants des familles
les inégalités sociales se transforment en aidées par le CPAS. Cela fait partie de cette
inégalités de réussite scolaire. Dès la première « nouvelle » conception de prise en charge
primaire, les enfants issus de milieux défavori- globale de l’usager.
sés accumulent plus de retard que les autres,
une différence qui se renforce par la suite. Les Pour les plus petits, face à la difficulté de faire
jeunes qui aujourd’hui quittent tôt l’école, garder son enfant pour trouver un travail, pour
sans qualification, sont les parents vulné- se former ... particulièrement pour les familles
rables de demain. Ces cercles vicieux doivent monoparentales ou personnes exerçant des
être brisés. Il apparait essentiel d’investir dans métiers aux horaires non conventionnels,
des services de qualité pour soutenir le le CPAS travaillera à une augmentation du
développement des plus jeunes 12. nombre de places d’accueil en collabora-
tion avec la Ville et les associations et/ou les
En outre, la population se rajeunit à Bruxelles. entreprises. Et ce, en vue de mettre en place
C’est un facteur évidemment positif qui des dispositifs souples et multiples : crèches,
constitue une opportunité mais qui demande haltes garderies ...
également une attention renforcée. Le rôle
des acteurs publics sera d’anticiper et d’ac- Pour les élèves de primaires et les adoles-
compagner cette évolution démographique. cents, le CPAS entend augmenter le nombre
Trop souvent considérées comme un coût, de places en écoles des devoirs13 face à la
les politiques familiales et de petite enfance demande croissante des familles. Aujourd’hui,
doivent être vues comme un investissement. les écoles des devoirs sont organisées dans les
11 antennes sociales. La volonté est d’ampli-
Afin de donner ses chances à chacun, le fier ce service et de l’implanter durablement
CPAS a mis en place un certain nombre de dans les quartiers. Ces écoles des devoirs sont
services à destination des plus jeunes. Le aussi un formidable outil de proximité entre
centre entend les renforcer et mettre sur les travailleurs sociaux et les familles pour
pied de nouveaux projets, en impliquant faire circuler les informations, sensibiliser les
un maximum le jeune ainsi que son ou ses parents à certaines problématiques, détecter
parent(s). L’objectif visé est de faire en sorte des besoins ...
que ces jeunes puissent trouver leur place
dans la société, s’émanciper et ne pas devoir à Pour les plus de 16 ans, des salles d’études
leur tour dépendre du CPAS. sont ouvertes gratuitement depuis 2018
durant les sessions d’examens (à raison de
La réussite scolaire étant une des clés de 6 jours sur 7, de 9h à 21h) 14. Et ce, afin de
l’émancipation personnelle, le CPAS renfor- répondre à la problématique des logements
cera ses services d’écoles des devoirs, ses parfois exigus, inadaptés et trop bruyants
salles d’étude (en terme de nombre de salles pour permettre à un élève de réviser dans

12.Rapport « Voir l’école maternelle en grand. Des compétences clés pour mieux prendre en compte la précarité et la diversité », Fondation Roi Baudouin,
2019.
13. Le bilan des écoles des devoirs affiche en 2017-2018 un taux de réussite scolaire de 93% pour 471 enfants inscrits (244 enfants issus de familles aidées
par le CPAS). 456 jeunes sont encore sur listes d’attente.
14. Fréquentation en augmentation avec en moyenne 120 élèves sur 200 places par jour dans 3 salles. 780 inscrits lors de la dernière session d’hiver. Plus de
1.600 lors de la session de juin 2018, les élèves de secondaire et du supérieur ayant alors leurs examens au même moment.

12
de bonnes conditions. Vu la demande et climat de confiance et de non stigmatisation.

1. ACTION SOCIALE
l’enjeu, la volonté est clairement d’ouvrir plus Ce projet sera réalisé de concert avec la Plate-
de salles sur le territoire voire d’envisager forme de lutte contre la pauvreté.
l’ouverture de ces salles toute l’année.
Enfin, le projet d’une maison de l’adoles-
Depuis plus de dix ans, la cellule étudiants cent «  MADO  » subsidié par la Fédération
du CPAS s’inscrit au cœur du processus Wallonie-Bruxelles ouvrira prochainement
d’intégration sociale des jeunes bénéficiaires ses portes dans le quartier Bockstael en
d’un revenu d’intégration en réponse à la collaboration avec le CPAS et son Département
paupérisation du milieu estudiantin en leur Formation. La Mado proposera aux jeunes
offrant un accompagnement scolaire 15, un de 11 à 25 ans et leur famille une approche
soutien d’ordre psychosocial et financier 16 de prise en charge globale et intégrée dans
La Cellule renforcera encore davantage ses un lieu unique, compte tenu des probléma-
actions à destination de la jeunesse no- tiques multifactorielles que les jeunes peuvent
tamment en matière de coaching, de jobs rencontrer. Ce panel de services et de profes-
étudiants, de Stage First par exemple. En sionnels pourra répondre à leurs questions, les
matière de langues, la cellule poursuivra orienter et les guider.
son action en matière d’alphabétisation et
étudiera la possibilité de mettre en place des Afin d’accompagner également le jeune en
stages d’immersion. dehors du cadre scolaire et de favoriser son
épanouissement, le CPAS renforcera son offre
Dans le cadre du renforcement des collabo- d’activités extrascolaires (voyages, sport,
rations avec le monde enseignant, le CPAS culture ...), via notamment des collaborations
et la Ville de Bruxelles souhaitent mettre sur avec le tissu associatif et les institutions cultu-
pied un médiateur «  pauvreté  ». Ce dernier relles et sportives de la Ville de Bruxelles.
assurera le lien entre les familles précari-
sées et les équipes scolaires afin de garan- Dans les actions tournées vers la jeunesse,
tir les meilleures chances de réussite. Outre il faut aussi développer un encadrement
l’élève, les parents seront aussi soutenus dans particulier pour les jeunes NEET (ni à l’emploi,
cette démarche ; l’objectif étant de renforcer ni aux études, ni en formation), les jeunes en
le lien et le dialogue entre les parents, les autonomie et les MENA (mineurs étrangers
professeurs et la direction et d’instaurer un non accompagnés).

15. Le taux de réussite des jeunes aidées dans leurs études est de 75% dans le secondaire et de 68% dans le supérieur. A noter que ces chiffres sont supérieurs
à la moyenne.
16. Cela concerne plus de 2.500 jeunes âgés en moyenne de 18 à 25 ans dont la grande majorité est cohabitant. Plus de la moitié sont issus de familles
préalablement aidées par le CPAS soulignant l’importance de lutter contre le déterminisme social.

13
14
Seniors  

1. ACTION SOCIALE
Le CPAS accompagne les personnes à diffé- de projets de logements.
rents stades de leur vie. Les aînés peuvent
aujourd’hui faire appel au CPAS par exemple Lorsque le maintien à domicile n’est plus
au travers de son service d’aide à domicile, possible, l’ainé peut se tourner vers nos cinq
ses maisons de repos, ses maisons de repos maisons de repos et établissements de
et de soins et ses résidences services. soins spécialisés dans les maladies liées à la
vieillesse (Alzheimer, troubles mentaux ...)
L’objectif fixé par la Ville de Bruxelles et son ou aux handicaps. Vu l’évolution démogra-
CPAS est de maintenir en autonomie de vie phique et le nombre croissant de seniors, les
le plus longtemps possible ses habitants et de maisons de repos du CPAS continueront de
rompre leur isolement. Le CPAS entend donc déployer leurs pleines activités et le projet de
ces prochaines années adapter son offre de création d’une 6e maison de repos sera lancé.
services d’aide à domicile pour les seniors Une étude pour trouver l’endroit le plus
pour répondre le plus efficacement aux opportun pour son implantation sera réalisée.
besoins  (service bricolage, jardinage,…). La rénovation et la mise en conformité des
À ce titre, la Ville de Bruxelles et le CPAS maisons de repos seront poursuivies.
rationnaliseront leurs outils. Le CPAS pour-
suivra également les collaborations avec des Chaque institution verra également son
services spécialisés dans les soins à domicile. projet de vie redéfini et dynamisé afin d’aug-
menter toujours plus la qualité de vie des
Il entend également accentuer tout ce qui a seniors. Et ce, par exemple, via un catalogue
trait à l’intergénérationnel, par exemple en d’activités diversifié, une alimentation plus
terme d’activités (cf. lutte contre l’isolement), gourmande, une ouverture sur le quartier et
de services (crèches ou écoles des devoirs une implication dans le tissu local, l’installa-
dans les maisons de repos par exemple) ou tion de potagers ...

Maison Vésale

15
Restaurant social

Restaurant social

16
Sans-abri

1. ACTION SOCIALE
L e dernier dénombrement de la Strada
annonçait 4.000 personnes sans-abri en
Région bruxelloise, un chiffre en augmentation
l’hébergement de 350 personnes en capacité
maximale. La gestion de ces hébergements
est confiée au Samusocial. En dehors du
constante. Rien qu’entre 2016 à 2017, le sans- dispositif hivernal, soit de mai à septembre,
abrisme a connu un pic de 20% à Bruxelles. ces mêmes étages sont affectés au logement
De différentes manières, le CPAS vient en d’urgence dont la gestion est assurée par
aide à ces personnes. Et ce afin de veiller à la le CPAS. Il s’agit de 34 logements, soit une
dignité humaine et de suppléer aux carences capacité d’accueil de 53 personnes. Une
des autres niveaux de pouvoirs. Le centre est réflexion doit être menée d’une part sur le
de cette manière venu en aide à quelque remplacement des solutions d’urgence en
3.800 personnes sans-abri, soit 90% des solutions structurelles pour parvenir, à terme,
personnes concernées sur tout le territoire à sortir les personnes de la rue. D’autre part, une
de la Région. Le CPAS observe également réflexion doit être faite quant aux femmes
une augmentation du nombre de personnes sans-abri de plus en plus nombreuses, n’osant
sans-abri ayant bénéficié d’une aide mé- se rendre dans les centres où se trouvent
dicale urgente (AMU) et une féminisation également des hommes. Pour répondre à
croissante du public. L’orientation et le ces besoins, qui ne sont pas saisonniers, le
suivi des personnes sans domicile fixe sont CPAS s’engagera de manière volontaire dans
réalisés par les assistants sociaux de référence la multiplication de logements de transit et
en antenne afin d’assurer la proximité avec le de housing first.
quartier où se trouve la personne concernée.
Le CPAS fournit régulièrement des adresses Enfin, l’action sociale se tourne également
de référence (892 adresses en date du 1er vers les publics aux besoins spécifiques qui
mars 2019) pour permettre aux personnes arrivent sur le territoire communal  que sont,
sans-abri d’entreprendre diverses démarches par exemple, la communauté Roms, les primo-
administratives. Le restaurant social du CPAS arrivants, les demandeurs d’asile ou les migrants
apporte également un peu de chaleur et de en transit et qui se retrouvent souvent en marge
nourriture à ces personnes en situation de de la société (différences culturelles, barrière de
pauvreté extrême. la langue, parcours de vie difficile,…). Le CPAS
délivre notamment les AMU pour les personnes
Le CPAS, en collaboration avec le Samu- en séjour illégal. À cet égard, le CPAS poursui-
social, continuera de mettre à disposition vra son engagement auprès de la Plateforme
des espaces pour accueillir ces personnes, en citoyenne et plaidera pour une prise en charge
particulier durant l’hiver. A ce jour, le CPAS structurelle et pérenne de cette problématique
met à disposition l’hiver les étages 1 à 4 du par le gouvernement fédéral, prise en charge
bâtiment situé rue Royale 139, permettant aujourd’hui défaillante.

17
Tanneurs 1000 Services

Veilleur de nuit
18
U

2. INSERTION SOCIO-PROFESSIONNELLE 
n volet essentiel du travail du CPAS En 2019, ce contrat d’insertion concerne plus
consiste en l’insertion socio-profes- de 1000 travailleurs. Après une évaluation du
sionnelle de nombreux ayant-droits sur le dispositif, la mise en perspective des modifi-
marché du travail, sous contrat article cations règlementaires et le retour des struc-
60 ou par le stage en entreprise pour les tures accueillantes, le CPAS investira dans la
plus jeunes, le Stage First. En effet, chaque formation de ce public (langues, premières
bénéficiaire d’un revenu d’intégration ou secours, gestion du stress, règles de travail,
d’une aide sociale s’inscrit désormais dans prévention…). Cette étape déterminante
un parcours individualisé d’intégration sera renforcée voire allongée si nécessaire.
sociale (PIIS). Le rôle du CPAS est d’accom- Parmi les projets de formation doit notam-
pagner ces personnes qui rencontrent des ment figurer la problématique de la fracture
difficultés et leur permettre de trouver du numérique. La collaboration avec Bruxelles
travail. Les raisons de ces difficultés peuvent Formation - proposant une large gamme de
être multiples  : un manque d’expérience formations, notamment en ligne pouvant
ou de qualification dû à un parcours de vie compléter notre catalogue - sera intensifiée.
difficile, un arrêt de travail longue durée par La convention avec Bruxelles Formation
exemple, mais pas seulement. La méconnais- sera exploitée sous ses différents volets (for-
sance de la langue ou l’absence d’équivalence mations, validation des compétences…). La
de diplôme en sont aussi parfois la raison. piste de la formation aux métiers en pénurie
doit aussi être explorée. Le CPAS souhaite
Le CPAS s’engage alors à soutenir les également renforcer ses collaborations avec
bénéficiaires dans leur recherche d’emploi les opérateurs actifs dans la recherche d’em-
et à les outiller le mieux possible afin qu’ils ploi (la Maison de l’Emploi, Actiris, la VDAB).
puissent l’intégrer durablement et ne plus
Constatant la difficulté de nombreuses
dépendre à terme d’un revenu d’intégration
personnes ayant obtenu un diplôme dans
social. Trois objectifs seront poursuivis sous
leur pays d’origine mais ne pouvant le valo-
cette législature  : une meilleure formation
riser en Belgique, n’ayant dès lors pas accès à
des personnes concernées, une pérenni-
certains métiers ni à certains barèmes, le CPAS
sation des emplois au sein des structures
plaidera pour une simplification des procé-
qui accueillent ces travailleurs (monitoring,
dures d’équivalence et veillera à informer
accompagnement…) et une recherche de
activement et à accompagner les concernés
place de qualité (en mettant l’accent par
aux possibilités offertes en matière de valori-
exemple sur les métiers en pénurie).
sation des compétences acquises.

Aujourd’hui, plusieurs pôles au sein du Enfin, le CPAS maintiendra la priorité


CPAS assurent les différentes étapes de la au recrutement des travailleurs sous
mise à l’emploi  : la formation préalable, contrat d’insertion dans l’administration
la recherche d’emploi et, selon le cas, un publique et travaillera à la pérennisation des
accompagnement durant la durée du contrat emplois au sein des partenaires accueillant
d’insertion. Plusieurs projets de formation ces travailleurs. Le CPAS plaidera pour un
(Odysée, Coup de Pouce, Work Attitude, meilleur financement de l’encadrement des
Langues ...) sont déjà mis sur pied. travailleurs sous contrat article 60.

19
Création d’emplois

Renobru
20
D

3. ECONOMIE SOCIALE 
epuis plusieurs années, le CPAS Parmi les grands projets d’économie
développe, d’initiative propre ou en sociale du CPAS, figure l’Usine du linge et
partenariat, des projets d’économie sociale son activité de blanchisserie industrielle qui
dont le but premier est l’insertion socio- compte 50 travailleurs sous contrat article 60.
professionnelle. L’économie sociale est un Compte tenu de la pénibilité du travail et du
modèle économique alternatif plus juste, volume de production, l’Usine du Linge a adop-
plus durable, plus social et équitable dont té un plan de modernisation fin 2017 reprenant
l’objectif principal est de maximiser l’impact une série d’investissements (matériels, tech-
sociétal et non les profits. Les activités concernées niques) permettant d’améliorer les conditions
répondent généralement à des problématiques de travail, d’améliorer la productivité et de pré-
sociales ou environnementales. L’économie parer l’avenir. À cela, d’autres investissements
sociale vise à réduire les inégalités, favoriser ont été ajoutés dans le cadre de l’amélioration
la cohésion sociale, participer au développe- des performances énergétiques et environne-
mentdurable, créer de l’emploi et renforcer le mentales, via l’installation de panneaux photo-
pouvoir d’action des citoyens. voltaïques sur l’ensemble du toit de l’usine ayant
pour but de produire 30% de la consommation
Ce modèle d’économie favorise l’insertion journalière, via le remplacement des
en proposant aux personnes engagées une calandres sur les lignes existantes et la
expérience de travail - parfois la première ex- suppression de deux chaudières assurant la
périence ou la première dans ce domaine production de l’huile et enfin le remplacement
- assortie d’une formation. Elle constitue un de l’éclairage par du LED.
premier pas dans le marché du travail et vise
à permettre à ces personnes de décrocher un D’autres projets d’économie sociale tels
emploi durable. que les Ateliers des Tanneurs, au sein du
quartier des Marolles, ou le futur Be-Here,
Ces projets permettent d’offrir également à deux pas de Tour & Taxis, ont été égale-
des services à prix concurrentiel. Parmi ment mis en place à l’initiative du CPAS. Ces
les projets d’économie sociale initiés par le initiatives permettent non seulement de
CPAS, figurent le projet Ecoflore (entretien et redonner vie à des bâtiments et de revita-
aménagement des espaces verts du CPAS, liser certaines zones urbaines, elles offrent
des hôpitaux…), Renobru (travaux de aussi à de jeunes entrepreneurs la possibi-
rénovation), Relocto (nettoyage de bureaux et lité de se lancer et sont génératrices d’em-
des communs d’immeubles du CPAS), plois locaux, notamment peu qualifiés.
Relecto-Mabru (nettoyage en milieu industriel), Outre la revitalisation urbaine et l’insertion
Nettoyage PC (nettoyage du parc informatique socio-économique, ces initiatives défendent
du CPAS), Surveillance (du site Pacheco et de des valeurs éthiques et citoyennes, avec
logements de transit), Cyclup (centre de tri, l’organisation par exemple d’un marché
friperie, atelier-boutique), Duo (menuiserie et bio accessible. Les Ateliers des Tanneurs,
récupération de vieux meubles en faveur des vaste complexe Art Nouveau de 8.000 m2
ayant-droits), Proxymove (déménagement en où se trouvaient avant le Palais du Vin et
faveur du CPAS et des ayant-droits) ou encore les grands magasins Merche-Pied, a été
le lavage de vitres des bâtiments du CPAS. entièrement rénové à l’initiative du CPAS. Cet
espace est réservé à l’hébergement d’activités
économiques portées par des entreprises
L’objectif est aussi de créer des liens entre starters et à l’organisation d’événements.
différents services du CPAS afin de réali- Le pôle d’activités économiques urbaines
ser une économie circulaire (récupération Be-Here prend lui place dans l’ancien
des encombrants, des vêtements,…) et magasin d’alcool «  Byrrh  » à Laeken pour
de tendre, lorsque cela est possible, vers y redonner vie. Une dizaine d’entreprises
le zéro déchet. investies dans le durable occuperont la

21
structure de 9.000 m2. L’ouverture est prévue d’aide à domicile (service de bricolage, de
pour mai 2019. petit jardinage, de plomberie-chauffage,…),
la mise sur pied d’un volet de récupération
Le CPAS vient aussi en aide à de
et de remise en état d’appareils électromé-
nombreuses personnes tous les jours en
nagers ou informatiques à l’instar de Cyclup
distribuant des repas. A travers l’asbl Resto
par exemple, dans cette même logique de
du Cœur – L’Autre-Table, le CPAS dispose
mise à l’emploi, de services accessibles et
d’un restaurant social et d’un centre de
de recyclage. L’ouverture d’une première
distribution de colis alimentaires à Laeken.
épicerie sociale sera également étudiée.
En 2018, 43.033 repas ont été servis et
De nouveaux espaces de vente de mobilier
119.625 rations ont été servies au niveau des
et de vêtements du CPAS seront envisagés
colis. Ce volet sera soutenu.
dans d’autres quartiers afin de décentraliser
D’autres projets d’économie locale seront ces activités (concentrées aujourd’hui rue
également envisagés ces six prochaines Haute) et de les rendre accessibles à davan-
années tels que la diversification des services tage de Bruxellois.

Be-Here

22
Investir dans la prévention

Nouvelles maisons médicales


23
L a santé est la condition première du
bien-être des personnes. Pourtant, faute
de moyens suffisants, les soins de santé sont
tels que les dentistes (pour lesquels les délais
d’attente sont plus longs). L’accès aux soins
de santé de première ligne est aujourd’hui
alors relayés au second plan. Ainsi, les inéga- saturé et pourtant indispensable, permettant
lités sociales vont de paire avec les inégalités de réduire le coût humain et financier d’inter-
en matière de santé. C’est pourquoi la santé ventions plus lourdes.
constitue un enjeu majeur de la politique
du CPAS. Ce qui a toujours fait la spécificité Constatant par ailleurs une augmentation
bruxelloise, c’est l’alliance entre la médecine des problèmes de santé mentale, et ce aussi
de proximité et la recherche médicale du chez les plus jeunes, en collaboration avec le
plus haut niveau. Cette accessibilité et cette secteur, le CPAS lancera une étude relative aux
qualité des soins de santé pour tous, le CPAS soins ambulatoires de santé mentale pour
les défend. Malgré leur charge de travail la prise en charge des personnes concernées.
colossale et leur moindre financement, les Le développement d’un service spécifique
hôpitaux publics et leurs équipes soignent sera envisagé.
au quotidien sans distinction des personnes
Le CPAS analysera également le besoin
venues du monde entier, quels que soient
de nouvelles maisons médicales dans les
leurs revenus ou leur situation. Le CPAS conti-
quartiers les plus faiblement desservis et ceux
nuera à soutenir les hôpitaux publics dans
qui seront les plus exposés dans les années
leurs missions indispensables et à plaider
à venir. Le CPAS travaillera, également, à des
pour leur meilleur financement.
partenariats pour renforcer l’accessibilité
En matière de santé, le CPAS déploie l’aide des soins de santé sur le territoire de la Ville
médicale grâce à différents dispositifs. Le de Bruxelles.
CPAS fournit l’aide médicale urgente (AMU)
Le CPAS, main dans la main avec la Ville
aux personnes en séjour illégal 17. Le CPAS
entend ouvrir le plus rapidement possible
fournit également des cartes santé à plus
une salle de consommation à moindre
de 11.500 personnes par an permettant une
risque (SCMR). Les SCMR sont des dispo-
simplification et une systématisation de
sitifs de santé publique qui permettent
remboursement des soins de santé. Pour
l’accueil d’usagers de drogue(s) en situation de
améliorer toujours plus l’accès aux soins et
précarité par une équipe professionnelle
intervenir le plus rapidement possible, le CPAS
pluridisciplinaire. Déjà présentes dans 9
plaidera pour la simplification des procédures
pays en Europe et récemment en Belgique,
administratives en matière d’AMU et pour
à Liège, elles s’inscrivent dans le prolonge-
l’harmonisation du dispositif entre les CPAS.
ment des actions de réduction des risques
Le CPAS assurera via ses travailleurs une mises en place depuis plus de 20 ans en
information systématique et complète des Belgique. Leur pertinence est justifiée par
ayant-droits sur leurs droits et les possibilités la nécessité d’élargir la palette des actions
de suivi médical. de réduction des risques pour toucher les
personnes les plus éloignées des dispositifs
Afin de répondre au mieux aux besoins existants et aux conditions de vie les plus
et plus rapidement, le CPAS renforcera précaires. Les SCMR viennent donc complé-
sa politique de conventionnement de ter le dispositif de prise en charge existant
médecins mais également de spécialistes à Bruxelles (continuum de soins :  Transit/

17. 1.628 AMU en 2018. (En 2017, 1.424. En 2013, 1.339). En cinq ans, cela représente donc une augmentation de 21%. Selon les derniers chiffres du SPP
IS, en 2016, 8.227 AMU pour tous les CPAS de Belgique.

24
4. SANTÉ 
MASS). L’objectif des SCMR est de mettre les Enfin, il apparait nécessaire d’investir dans la
personnes les plus marginalisées consom- prévention en matière de santé pour endi-
matrices de drogue(s) en rapport avec des guer l’augmentation du nombre de malades.
professionnels en vue de diminuer les risques Constatant l’augmentation des problèmes
pour leur santé et pour leur entourage, pour de santé tels que le diabète, les maladies
les inscrire dans un parcours de stabilisation cardiovasculaires ou encore les cancers,
et de réinsertion sociale. Enfin, ces salles le CPAS entend par exemple promouvoir
permettent également d’agir sur la sécurité une alimentation saine et durable auprès de
publique et le cadre de vie des quartiers en ces bénéficiaires, de personnes sous contrat
réduisant la consommation dans l’espace article 60 ou encore via les maisons de
public, les nuisances et les risques que cela quartiers et les homes (cours de cuisine, cours
engendre. Ce projet sera mené en collabo- de diététique ...). Une enquête de satisfaction
ration avec la Ville de Bruxelles, la Région, relative à la nourriture distribuée dans les mai-
Transit et l’ensemble des parties prenantes sons de repos sera réalisée. La pratique du sport
en la matière (hôpitaux, police, parquet ...). sera également bien entendu encouragée.

Conventionnement de médecins

25
Cours d’alphabétisation

La culture comme facteur d’émancipation sociale


26
L a précarité s’accompagne bien souvent un ticket modérateur. Enfin, le CPAS accordera

5. LUTTE CONTRE L’ISOLEMENT


d’une grande désaffiliation sociale, les une attention particulière aux artistes figurant
personnes se retrouvant coupées de leur parmi ses usagers.
réseau et de l’information. Ce manque
entraine alors un vide et une solitude. C’est la En matière de sport, outre la poursuite du
raison pour laquelle le CPAS - outre apporter projet «  promo sport  », le CPAS plaidera pour
une réponse aux besoins fondamentaux que que les bénéficiaires et leurs enfants aient un
sont le -logement, l’emploi ou encore la santé - accès facilité aux infrastructures sportives de la
entend lutter contre l’isolement et contribuer au Ville de Bruxelles.
bien-être de ses ayant-droits, à les encourager
Dans la lutte contre l’isolement, les services
à prendre part à la vie en société et à retrouver
d’aide à domicile aux personnes, aux familles
leur place.
ou encore aux seniors sont aussi indispensables
La Ville de Bruxelles est forte de nombreuses et feront l’objet d’une réflexion en vue d’élargir
structures propres et d’un tissu associatif l’offre.
dense en matière de cohésion sociale. Le
En terme d’aide, il faut souligner le nombre
CPAS entend entretenir avec ce réseau de
important d’enfants de moins de 18 ans qui
nombreux contacts afin de mieux diffuser
fournissent de l’aide, se soucient d’un autre
l’information concernant ses services mais
membre de la famille en situation de dépen-
aussi de détecter des situations difficiles.
dance et effectuent, souvent de manière
Parmi ces structures, les 17  Maisons de
régulière et continue, des tâches, des soins.
Quartier, espaces de rencontre polyvalents,
Ces derniers assument des responsabilités qui
remplissent un rôle important en la matière, via
incombent d’habitude à un adulte. Ils sont
le suivi social, les cours d’alphabétisation, l’école
appelés «  jeunes aidants proches  » 18. Bien
des devoirs, les projets intergénérationnels ou
souvent, la situation n’est absolument pas
via l’organisation d’activités tant culturelles, que
connue ni des condisciples, ni des équipes
sportives ou encore de loisirs.
pédagogiques  ; parfois les jeunes eux-mêmes
De la même manière, le CPAS souhaite ne sont pas conscients d’être aidants proches.
mettre l’accent sur la culture comme facteur Cette méconnaissance peut engendrer des
d’émancipation sociale. La culture permet la situations très problématiques. C’est pourquoi,
rencontre de l’autre, la découverte, le partage la Ville de Bruxelles s’est engagée à devenir
et l’évasion. Les actions en partenariat avec le «  
Ville Jeunes Aidants Proches   ». Le CPAS
secteur culturel seront davantage renforcées s’engage pour sa part à former et à sensibiliser
et diversifiées ainsi que mieux diffusées au- ses travailleurs sociaux en contact régulier avec
près des ayant-droits. Le CPAS souhaite amener les jeunes et à collaborer avec l’asbl Aidants
davantage ses usagers dans les lieux culturels proches, l’Instruction publique et BRAVVO pour
et, inversement, amener la culture dans ses appréhender au mieux cette problématique et
institutions (maisons de repos, hôpitaux, soutenir ces jeunes.
homes…). Le centre a, pour mener ce travail,
engagé récemment une personne chargée Le CPAS fera également appel à la collectivité
de la médiation culturelle. Le CPAS travaillera en recourant de plus en plus aux bénévoles
également avec l’asbl Article 27 dont la dans le fonctionnement de ses projets et
mission est de sensibiliser, de faciliter la partici- services (cf. personnel). Par exemple, les seniors
pation culturelle pour toute personne vivant une pourraient servir de mentors aux jeunes cher-
situation sociale et/ou économique difficile via cheurs d’emploi (projet duo for a job).

18. Ces jeunes aidants proches représentent à Bruxelles 14% des enfants bruxellois, selon une estimation des professionnels de la jeunesse et selon une
recherche subsidiée par le gouvernement bruxellois et accompagnée par un groupe de travail de la FWB portant sur six écoles secondaires bruxelloises de
tous les réseaux. Cette étude révèle que 2 élèves par classe sont concernés en moyenne, que 1 jeune sur 3 passe de 11h à 20h par semaine à soigner un proche,
que 1 élève par 2 classes passe plus de 3 heures par jour à aider un proche et sa fratrie plus jeune. Les études réalisées concernent les enfants du secondaire.
Les études réalisées dans d’autres pays, notamment en Angleterre, indiquent que les jeunes aidant-proches sont plus nombreux dans le primaire encore.

27
Valoriser les compétences

Formation continue
28
L

6. PERSONNEL
e personnel du CPAS, ce sont 1.777 conciliable avec des temps de formation longs.
agents en activité et 1.062 agents sont La formation continue des travailleurs de
sous contrat article 60. Les missions indis- première ligne devra faire l’objet d’une
pensables menées par le CPAS ne pour- attention particulière en tenant compte de
raient être assurées sans l’investissement l’augmentation des besoins des usagers
de son personnel au quotidien. Afin d’amé- et de la complexité de la prise en charge,
liorer toujours plus les conditions de travail tout spécialement dans le domaine de la
et par la même la qualité du travail et donc santé mentale. La formation continue des
du service, le CPAS va entreprendre formateurs eux-mêmes, en insertion
différentes actions. socio-professionnelle et en alphabétisa-
tion, sera aussi poursuivie et renforcée.
Une réflexion sera réalisée afin de rendre la La formation en amont de la mise à
gestion du CPAS plus dynamique et plus l’emploi des article 60 devra être renforcée afin
moderne envers les usagers ainsi que plus que les agents soient aptes à (re)intégrer le
transversale entre les différents départe- monde du travail (cf. partie 2).
ments du CPAS.
Il est indispensable de valoriser les com-
Constatant une surcharge de travail admi- pétences et l’expérience et de permettre
nistratif, notamment auprès des assistants la mobilité en interne via notamment une
sociaux ne pouvant plus consacrer autant correcte publicité des postes à pourvoir
de temps que souhaité au travail social, le et la mise en place de formations spéci-
CPAS entreprendra une importante réflexion fiques. Les outils de communication du CPAS
afin d’optimiser et d’alléger les procédures visant aussi à attirer de nouveaux profils seront
administratives. renforcés.

Outre le recrutement des travailleurs, le


Afin de détecter les éventuels disfonc-
CPAS entend revoir son recrutement de
tionnements et carences, le CPAS mettra
bénévoles et de stagiaires afin d’en aug-
sur pied différents dispositifs. Parmi ceux-
menter le nombre. Le qualité du stage sera
ci, on peut souligner l’enquête de satisfac-
par exemple déterminante pour motiver le
tion auprès des usagers, l’accueil du public
jeune à venir travailler plus tard au CPAS.
restant un axe de travail prioritaire. En terme
de gestion des plaintes, le CPAS analysera
Le règlement de travail devra être revu afin
l’opportunité d’engager un médiateur qui
de permettre et d’encourager le télétravail
sera chargé d’examiner celles-ci et d’adres-
lorsque cela est possible, tout en assurant la
ser des recommandations. Une analyse
continuité du service public.
de chaque département sera réalisée afin
d’identifier les problématiques rencontrées En terme de mobilité, le CPAS plaidera pour
et des solutions y seront apportées. un remboursement conséquent des trans-
ports en commun et le mode de transports
En terme de carrières, dans un contexte doux seront encouragés (installation par
en constante évolution, il est indispen- exemple de parking vélo, mise à disposition
sable de soutenir et de former. La formation de vélo dans les antennes ...).
continue des travailleurs sera primordiale
et ce, à tous les niveaux de qualifications. Afin de renforcer l’esprit d’équipe, des team
Si le catalogue de formations est actuelle- building seront davantage organisés et ce
ment bien fourni, il faudra encourager les dans tous les services. Des échanges de
travailleurs à suivre celles-ci et aménager postes type « vis ma vie » et des rencontres
les horaires, notamment pour les métiers plus systématiques entre services seront
techniques qui demandent une pré- organisés afin d’assurer une meilleure
sence sur le terrain parfois difficilement circulation de l’information.

29
Le confort des travailleurs passe également tage (cancer du sein, cancer de l’utérus ...).
par la sécurité du personnel. Observant La problématique du burnout et autres
des situations d’agression croissante, maladies professionnelles feront également
le CPAS a développé une Cellule Prévention l’objet d’une attention particulière afin de
Agressivité permettant une intervention et prévenir ces situations (gestion du stress,
un suivi en cas d’incident. Le fonctionnement ergonomie, soutien ...).
de la cellule devra être encore davantage
intensifié via de nouveaux engagements. En terme d’embauche, le CPAS engagera
Des nouveaux dispositifs tels que des alertes d’avantage de personnes porteuses d’un
sur GSM ou sur PC en cas de problème handicap avec l’accompagnement néces-
dans les antennes seront implémentés. Des saire. Et ce via une personne référent qui
dispositifs via GSM peuvent aussi être pourra les accompagner dans leur travail et
utiles pour les travailleurs se rendant aux faciliter leur insertion dans l’équipe.
domiciles des ayant-droits.
Les discriminations de toute forme ne seront
La santé des travailleurs est aussi au cœur pas tolérées sur le lieu de travail. Le respect
des préoccupations, ainsi le CPAS organise- des travailleurs et des usagers doit être as-
ra, par exemple, des campagnes de dépis- suré (genre, origines, croyances, orientation

Team building
30
6. PERSONNEL
sexuelle…). À cet égard, le CPAS renforcera possibilité de prises des rendez-vous en ligne
ses outils de prévention et d’information avec rappel par SMS ou e-mail. Les collabo-
vis-à-vis du personnel ainsi que des usagers rations avec le département informatique
par rapport aux discriminations, en insistant et méthodes (SIM) seront donc renforcées
particulièrement sur le respect de l’égalité afin de moderniser et de simplifier différents
homme-femme. outils et procédures.

En terme de modernisation, la virtualisa- Enfin, le CPAS soutiendra auprès de la Région


tion et la sécurisation des données consti- bruxelloise les revendications salariales des
tueront également un volet essentiel de travailleurs.
ces prochaines années, notamment pour le
télétravail et le partage des données entre
services. En collaboration avec la Ville,
la simplification administrative via Easy
Brussels sera envisagée ainsi que par exemple
la création d’une application sur Smart-
phone pour les ayant-droits concernant la
gestion de leur dossier. Le CPAS envisagera la

Santé des travailleurs

31
Solutions structurelles

Rénovation et isolation
32
L

7. PATRIMOINE
e CPAS de la Ville de Bruxelles dispose De nouvelles formes d’habitats seront
d’un patrimoine immobilier 19 important étudiées tels que les logements commu-
lui permettant de loger de nombreux Bruxel- nautaires, les logements intergénération-
lois, de développer des projets d’économie nels (crèche dans les résidences seniors,
sociale notamment et de financer des poli- logements mêlant seniors et étudiants qui
tiques sociales ambitieuses. paient un loyer faible en participant aux tâches
de la maison – voir 1 toit 2 âge ...), l’habitat
Dans le cadre du plan logement de la Ville groupé (logement où l’on retrouve des
de Bruxelles, le CPAS se concentrera sur son espaces privatifs ainsi que des espaces
public cible et développera avant tout du collectifs. Il est caractérisé par l’auto-
logement adapté aux besoins  : logement gestion et par la volonté de vivre de manière
de transit, logement de type Housing First, collective), le co-housing (logements
logements communautaires, logements in- partagés avec espaces communs)… per-
tergénérationnels, logements modulaires ... mettant par une rationalisation des coûts,
un meilleur accès au logement et en
Aux solutions d’urgence seront préférées
assurant également la mixité des publics au
des solutions structurelles : des logements
sein des projets de logements.
visant à réintégrer durablement un public en
situation de pauvreté extrême. Dans cette Le CPAS entend également assurer une
optique, le CPAS poursuivra la construc- gestion plus efficace des plaintes
tion de logement de transits 20, et de loge- relatives au logement avec un dispatching
ments Housing First, en partenariat avec technique plus étendu et plus accessible (via
l’OIP de la COCOM Bruss’Help. L’installation par exemple un numéro vert). Le principe de
de logements modulaires sera initié tant personnes-relais sur les sites des logements
en extérieur qu’au sein d’immeubles inoc- sociaux pouvant, moyennant une formation,
cupés. C’est un véritable changement de centraliser et transmettre les demandes aux
paradigme qu’entend développer le CPAS, services spécialisés sera analysé.
avec en ligne de mire la volonté d’inclure
socialement les personnes sans-abri en les Pour faciliter l’accès au logement, le par-
accompagnant dans le relogement. Dans tenariat avec les Agences immobilières
cette dynamique, une attention particu- sociales (AIS) sera renforcé, le CPAS apportant
lière sera accordée aux femmes ainsi qu’aux des garanties aux propriétaires et rendant les
familles monoparentales qui constituent le logements accessibles aux personnes qui en
public le plus vulnérable. ont le plus besoin. Cette démarche permettra
également de réhabiliter une partie du parc
Afin de répondre aux besoins de nom- immobilier privé dont le manque d’entretien
breuses familles (en ce compris les familles est patent.
monoparentales) confrontées à des loyers
trop onéreux et devant vivre dans des Souhaitant être un propriétaire exemplaire,
logements trop exigus ou inadaptés, le le CPAS entend par ailleurs poursuivre la
CPAS construira plus de logements adap- rénovation et l’isolation de ses logements
tés aux familles nombreuses dans le cadre et de ses bâtiments via un audit énergé-
de ce plan  ou encore des logements dits tique. Outre l’aspect environnemental de
modulables (adaptables aux vicissitudes de la mesure, cela a aussi un aspect social et
la vie familiale). un impact direct sur les factures d’éner-

19. Différents départements en assurent la gestion quotidienne, le Département des Travaux, le Département Gestion Technique et Energie et le Département
des Propriétés.
20. Le parc des logements de transit se compose aujourd’hui de 65 logements répartis dans différents bâtiments (50 studios, 4 logements d’1 chambre, 10
logements de 2 chambres et 1 logement de 3 chambres) auxquels viennent s’ajouter les 34 logements de la rue Royale durant la période estivale.

33
7. PATRIMOINE gie qui pèsent dans le portefeuille des afin que les entrepreneurs puissent lancer leur
ménages. La rénovation et l’isolation projet plus facilement. Ces baux de courtes
porteront également sur les bâtiments durées permettront de lutter contre la vacance
publics du CPAS et recouvreront toutes sortes commerciale et de relancer l’attractivité d’une
d’aménagements : isolation des toitures et des artère ou d’un quartier.
façades, remplacement des châssis et des
chaudières, nouvel éclairage économique, La lutte contre le vide locatif, qui ne
récupération des eaux de pluie, pompe représente que 4% du parc immobilier
à chaleur aérothermique ou géother- du CPAS, prendra également d’autres
mique, panneaux solaires photovoltaïques, formes. Le CPAS favorisera les occupations
panneaux solaires thermiques ... (cf. partie 8). temporaires de biens lorsque cela est
possible en faveur d’activités sociales ou
Toujours en terme d’exemplarité, l’accès des culturelles par exemple (type salle d’études).
logements et des bâtiments aux personnes Le CPAS participera aussi, lorsque détecté,
à mobilité réduite sera mis à l’étude. Encore à la lutte contre les logements insalubres et
trop de lieux sont aujourd’hui inadaptés et les marchands de sommeil.
d’importants efforts doivent être entrepris à
ce sujet. Toujours en partenariat avec la Ville et les
sociétés de logements sociaux (Logement
Le CPAS étudiera la possibilité de mettre bruxellois et Foyer Laekenois), le CPAS
en place une stratégie de gestion pour ses participera à la réflexion concernant
espaces commerciaux. Il faudra repenser l’implantation de lieux où pratiquer un
et structurer la publicité de ces biens mis en sport aux abords des logements concernés.
location pour mieux travailler au mix commer-
cial dans le quartier et assurer la qualité des Enfin, dans une logique globale, le CPAS
bailleurs. Les critères d’attribution seront ainsi poursuivra son implication dans les contrats
revus. Le CPAS étudiera la possibilité de favo- de quartiers afin de garantir dans les projets
riser les boutiques éphémères (pop-up store) des espaces destinés aux publics fragilisés.

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Projet DREAM

Sources d’énergie renouvelable


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O utre la réduction de la pauvreté et des sont la solidarité alimentaire et la politique
8. TRANSITION ECOLOGIQUE
inégalités, notre société est aujourd’hui anti-gaspillage.
confrontée à un défi de taille, la préser-
vation de l’environnement. Les dérègle- Le CPAS, en tant qu’acteur public d’impor-
ments climatiques menacent notre qualité tance, doit néanmoins encore poursuivre et
de vie et notre santé. À travers le monde, amplifier ses efforts en terme de politique
les premières victimes du changement de développement durable tant dans sa
climatique sont les populations les plus propre gestion que dans sa politique d’aide
vulnérables. En Belgique, ce sont les aux bénéficiaires.
enfants, les personnes âgées, les malades ou les
Le CPAS va poursuivre, en matière de
personnes précarisées qui en subissent avant
travaux du patrimoine public et privé, les
tout les conséquences (qualité de l’air, prix de
objectifs de performances énergétiques
l’énergie, mobilité, alimentation…). L’urgence
élevés et a, autant que possible, recours
environnementale nous impose aujourd’hui
à des sources d’énergie renouvelable   :
de repenser nos modes de fonctionnement.
isolation des toitures et des façades,
Un autre modèle de développement est
remplacement des châssis et des chaudières,
désormais nécessaire, le développement
nouvel éclairage économique, récupération
durable qui permet d’allier progrès social,
des eaux de pluie, pompe à chaleur etc.
protection de l’environnement et dévelop-
Très clairement, le relighting et le monito-
pement économique. La mise en œuvre de
ring seront poursuivis pour l’ensemble des
cette transition doit être collective puisque la
bâtiments du CPAS. De même, un inven-
protection du climat est par nature transver-
taire des toits appartenant au CPAS sera
sale (économie, énergie, logement, mobilité,
réalisé afin d’identifier ceux qui potentiel-
agriculture, déchets…). Les pouvoirs publics
lement pourraient accueillir des panneaux
ont, à ce titre, un rôle d’exemple à jouer.
photovoltaïques. Les pistes de végétali-
sation des toits et des murs, ainsi que le
Le CPAS n’a pas attendu la médiatisation
développement de l’agriculture urbaine
de la problématique pour s’impliquer.
(potagers, ruches, compost…), etc. seront
Depuis 2008, le CPAS entreprend différentes
aussi explorées. Comme mentionné plus
actions de sensibilisation et de réduction
haut, le patrimoine du CPAS fera l’objet d’un
de la consommation d’énergie, notamment
audit énergétique visant à l’amélioration
via la mise en œuvre de l’actuel Agenda 21
des performances. Une réflexion sur une
(17 objectifs du développement durable
utilisation plus rationnelle de l’eau dans les
de l’ONU) et du plan climat de la Ville de
bâtiments publics et privés fera l’objet d’un
Bruxelles.
plan d’approche.

En terme de développement durable, le Le CPAS repensera également la mobilité de


projet DREAM est un projet exemplaire. ses travailleurs et le recours à des moyens
Ce projet de récupération et de redistribu- de transports écologiques sera encouragé
tion des excédents alimentaires du marché via la mise à disposition, par exemple, de
matinal MABRU permet de fournir en vélos, de vélos électriques, de triporteurs ...
moyenne une tonne de fruits et de légumes La flotte de véhicule sera rationnalisée en
frais invendus par jour (via 2 formateurs et concertation avec la Ville de Bruxelles et
6 travailleurs contrats article 60) à de nom- le passage à des modèles moins polluant
breuses associations bruxelloises actives sera poursuivi. Le personnel sera sensibilisé
dans le domaines de l’aide alimentaire. La et impliqué dans la lutte contre le réchauffe-
nécessité de renforcer ce service de redis- ment climatique.
tribution des invendus est très claire et sera
analysée car ce projet permet de remplir Constatant la part financière importante
deux objectifs absolument essentiels que des factures liées à l’énergie et à l’eau

36
dans le budget des ménages les plus
fragilisés, le CPAS doit davantage sensibi-
liser et informer ses usagers à la gestion
raisonnée des ressources via la Cellule
Energie. Dans les logements sociaux, les
locataires doivent être mieux informés sur
les techniques mises à leur disposition. Le
CPAS plaidera également pour le main-
tien et l’élargissement du fonds énergie
auprès des instances compétentes et le
maintien d’un prix raisonnable de l’énergie.
La possibilité des achats groupés en
matière d’énergie pour les allocataires du CPAS
pourra être étudiée.

Le CPAS repensera notamment la qualité de


la nourriture en se tournant d’avantage
vers le biologique et le local (colis alimen-
taires, goûters dans les écoles des devoirs,
repas des maisons de repos…). La question
de l’alimentation, indispensable à la santé et
au bien-être fera l’objet d’une réflexion plus
large, notamment avec nos établissements.

Utilisation plus rationnelle de l’eau

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Audit interne

Renforcement de la Cellule Etudes

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L e CPAS applique les principes de bonne l’aide sociale et la cohésion sociale ou

9. BONNE GOUVERNANCE
gouvernance mis en place par la Ville encore les autres CPAS de Belgique. En terme
de Bruxelles et la Région bruxelloise ces de collaboration spécifique, un travail sera
dernières années. Ce qui implique un haut également entamé avec la Ville de Bruxelles
niveau de transparence et de rigueur dans et son Service de la culture pour la revalo-
la gestion des affaires publiques. L’objectif risation du Musée et des Archives du CPAS.
est d’assurer un service public performant, Le CPAS analysera également la possibili-
efficace et exemplaire. té de rationnaliser avec la Ville de Bruxelles
son parc automobile, son service d’aide à
Le centre se donnera les moyens d’y domicile et son service de reprographie afin
parvenir en réalisant un audit externe, d’éviter des doublons.
un audit interne et un contrôle interne
régulier. Le règlement d’ordre intérieur du Dans l’optique de lutte contre la précarité
Conseil d’Action sociale (CAS) a été revu afin des femmes, le CPAS travaillera au Gender
d’optimiser le travail des conseillers, de Budgeting dont le but est d’évaluer la me-
l’administration et in fine fournir un service sure dans laquelle les ressources écono-
aux usagers toujours plus performant et miques et financières du CPAS sont allouées
efficace. Cette révision se base sur les prin- de manière équilibrée entre hommes et
cipes de bonne gouvernance mis en place par femmes et pour améliorer l’efficacité et
la Ville et tient compte des nouvelles l’efficience dans l’allocation des fonds
règlementations concernant les CPAS publics aux objectifs politiques (touche-
bruxellois. Les différents comités organisés en t-on tout type de public  ?). Le budget
vue de préparer le CAS ont notamment été sensible au « genre » applique les principes de
réorganisés. « Gender Mainstreaming » à la distribution des
ressources financières. Il ne s’agit pas d’éta-
Par ailleurs, afin de tracer de nouvelles blir un budget spécial séparé.  C’est un
politiques au plus proche de la réalité et processus de questionnement qui peut
d’anticiper les futurs défis, avec la Ville de permettre de revoir les priorités mais aussi
Bruxelles, le CPAS renforcera sa Cellule les manières de faire. Une fois les inégali-
Études. Celle-ci pourra dégager des indi- tés constatées, des objectifs seront définis
cateurs propres, prospecter sur les bonnes ainsi qu’un plan d’action pour parvenir à une
pratiques d’autres villes et identifier des égalité objectivable. Des indicateurs de suivi
projets innovants. Des collaborations avec pertinents, quantitatifs et qualitatifs, devront
les universités et les chercheurs seront également être définis.
envisagées afin d’analyser le terri-
toire, d’extraire des données, de réaliser
Enfin, à l’instar de la Ville de Bruxelles,
des projections et d’entreprendre, en
le CPAS ajoutera des clauses sociales et
meilleure connaissance de cause, des actions
environnementales dans les cahiers des
spécifiques.
charges des marchés publics afin de
lutter contre le dumping social et de limiter
À l’externe, le CPAS renforcera les colla- l’impact environnemental des investisse-
borations et les synergies avec la Ville de ments. À cet égard, les circuits courts et
Bruxelles, d’une part, et d’autre part, avec l’économie circulaire seront favorisés lors
le tissu local, le secteur associatif actif dans des achats.

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C es six prochaines années, le CPAS de du plan stratégique par l’administration,
CONCLUSION
la Ville de Bruxelles entend travailler de tenant compte des impératifs.
façon toujours plus transversale et proac-
tive  ; en témoignent les différents projets Pour terminer, il est important de rappeler le
présentés ci-dessus en détails. Tenant compte statut singulier du CPAS étant donné la Ville
du contexte général bruxellois et de la pour laquelle il opère. Bien souvent, le CPAS
précarisation d’un nombre croissant de fait plus que sa part du travail pour répondre
citoyens, parmi les nombreuses missions aux urgences. Un juste financement de ses
du CPAS, l’axe social sera prioritaire. Le missions sera plaidé aux niveaux de pouvoir
travail sera entrepris afin d’assurer un service subsidiant. Appliquant législations et règle-
public de qualité en phase avec les besoins des mentations diverses en la matière, le CPAS
usagers. Pour ce faire, avant tout, le personnel ne manquera également pas de faire remon-
sera soutenu dans ses missions et l’action du ter les réalités rencontrées sur le terrain et de
CPAS sera valorisée. porter un message auprès des autres niveaux de
pouvoir concernés. À l’approche des élections
Les objectifs et les orientations définis plus régionales, fédérales et européennes, le
haut permettent de jeter les bases et de moment est plus qu’opportun pour mettre
tracer les grandes lignes de ce mandat. Le la problématique de la pauvreté au cœur du
monitoring de cette note sera assurée par débat. Le CPAS ne pourra, en effet, y arriver seul
l’administration. Bien entendu, son conte- et entend solliciter le Fédéral et la Région bruxel-
nu n’est pas figé et sera amené à évoluer au loise à cet égard. Seule une approche conjointe
fil du temps. Les objectifs seront réévalués de toutes les autorités du pays permettra
chaque année à l’occasion de l’élaboration d’arriver à réduire durablement les inégalités.

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