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SAMEDI 08 OCTOBRE 2022
Objectifs
Un constat empirique est que le taux d'épargne tend à croître avec l’âge. Les retraités issus des 30 glorieuses ont
une solvabilité moyenne qui n'a jamais été aussi élevée, qui a lancé un début de silver économie, qui pourrait
perdurer voire se développer dans le contexte d'une gérontocroissance (c'est-à-dire une hausse du nombre de
personnes âgées) inédite dans l'histoire. Cette gérontocroissance est observée, à des échelles différentes, sur
presque toute la planète. Elle est induite par l'accroissement de l'espérance de vie et dans certains pays (dont en
France) par le phénomène démographique du Papy boom. Selon le rapport Bernard (2013), dans ce contexte, en
France notamment, le secteur privé ne s’investit pas pleinement dans cette économie, notamment dans les
domaines du médicosocial et de la solidarité.
Les seniors sont souvent distingués en tant que consommateurs selon leur état de santé ou de dépendance et
selon leur niveau supposé de revenus. On les classe aussi sur l'échelle des extrêmes de revenus avec des seniors
très riches ou très pauvres de part et d'autre d'une « mass market » 6. Un des axes de développement de la silver
économie passe par le home care et en particulier dans les maisons de retraites et autres formes d'habitats
collectifs de personnes âgées6.
Un peu d’histoire
La filière Silver économie est créée en 2013 sous l’impulsion de la secrétaire d’Etat aux
personnes âgées et à l’autonomie, Michèle Delaunay. Elle voit là un moyen de répondre à
la préoccupation principale du gouvernement, l’emploi. Associée au Ministre du
Redressement Productif, Arnaud Montebourg, elle organise des réunions de travail avec
les professionnels qui travaillent déjà pour les personnes âgées. Ils lancent la filière
Silver économie le 24 avril 2013. La première mission des 200 acteurs initiaux est de
construire leur feuille de route, formalisée par un contrat de filière signé avec l’État. Le
11 octobre 2013, Anne Lauvergeon remet au Président de la République François
Hollande un rapport prospectif intitulé Un principe et sept ambitions pour la France. Il
identifie les filières d’avenir qui doivent faire décoller l’économie française d’ici à 2030.
Les freins identifiés par les acteurs
à l’émergence de la Silver Economy
Les premiers travaux entrepris dès septembre 2012, autour des technologies du bien-être
ont permis d’identifier sept freins à l’émergence de la Silver Economy. Aussi, sept
groupes de travail se sont attelés à mieux cerner chacun de ces freins, et identifier les
pistes d’actions afférentes.
L’offre
Rassurer les consommateurs. Il nous faut labelliser les meilleurs produits et donner une
plus grande visibilité et une meilleure information aux acteurs, prescripteurs, et bien-sûr
aux consommateurs.
L’organisation
En février 2015, la Fonda et Futuribles International ont démarré une étude prospective
sur le vieillissement démographique, en association avec les acteurs de l’Économie
sociale et solidaire (ESS). Avec l’appui d’un ensemble d’experts et de professionnels, ils
ont notamment identifié les principaux enjeux soulevés par cette mutation
démographique et des pistes quant aux réponses pouvant être apportées
Le capital santé
Comment permettre aux personnes vieillissantes de rester actives, dès lors que leur santé
le leur permet ? Alors que la mise en retraite, jadis passage brutal d’un statut d’actif à un
statut d’inactif, est devenue plus progressive, de nouvelles solutions au maintien des
seniors dans le marché de l’emploi sont à imaginer.
En outre, la possibilité offerte aux seniors de participer à des activités bénévoles comme
à d’autres activités créatrices de valeur représente un enjeu majeur, notamment lorsqu’il
s’agit de transmettre leur capital culturel aux plus jeunes.
Revenus et patrimoine
Alors même que quatre générations sont désormais amenées à coexister, les phénomènes
d’isolement concernent une partie grandissante de la population, et notamment de ses
classes d’âges les plus âgées. Comment améliorer la situation des générations pivots, et
plus généralement celle des proches aidants, sur lesquels repose la prise en charge des
personnes âgées en perte d’autonomie ?
Le développement des rapports intergénérationnels représente également un défi majeur.
Comment faciliter les regroupements familiaux, qu’ils soient temporaires (fêtes,
vacances, etc.) ou définitifs (organisation des parcours résidentiels, habitats
intermédiaires, etc.) ? Comment de nouvelles formes d’entraide intergénérationnelle, qui
se développent hors de la famille, du voisinage ou de l’action caritative, peuvent elles
être mobilisées dans le combat contre l’isolement des personnes âgées ?
Le soutien aux aidants
Hommes, femmes, membres de la famille, mais également voisins, amis ou proches :ils
sont 4 millions à aider régulièrement, financièrement ou psychologiquement, une
personne de 60 ans et plus, vivant à son domicile, en perte d’autonomie et parfois atteinte
d’une maladie. Comment permettre à ces aidants, lorsqu’ils sont actifs, de concilier l’aide
qu’ils apportent à un tiers avec leurs vies familiale et professionnelle ?
Comment améliorer l’articulation de leur action avec celle des aidants professionnels ?
Comment leur fournir un accompagnement dans leurs tâches administratives ?
Les lieux de vie
À l’échelle du quartier comme à celle du logement, les personnes âgées ont besoin que leur environnement
quotidien puisse évoluer et s’adapter à chacun des différents moments de leur vie. Outre celui de leur
accessibilité financière, les innovations technologiques contribuant à la sécurisation des lieux de vie
(vidéosurveillance, domotique, selfmonitoring, visites médicales en ligne, etc.) posent également le problème
de leur acceptation et de leur appropriation par les personnes âgées en perte d’autonomie et par leurs aidants.
Comment impliquer les personnes âgées dans la conception de ces outils ? Et comment permettre à
l’ensemble des personnes âgées, notamment à celles disposant de ressources limitées, d’accéder à cette
offre ?
En outre, en vue de dépasser l’alternative entre maintien à domicile et placement en établissement médicalisé,
quelles formules d’habitat intermédiaires, notammentntergénérationnelles, peuvent être imaginées ? Enfin,
comment renforcer l’intégration sociale des personnes âgées, à l’échelle du quartier ou du village ? Sur ce
plan, quelles formes de coopération peut-on imaginer entre les acteurs oeuvrant dans des domaines aussi
divers que ceux du logement des personnes âgées, de leur accompagnement médico-social, ou encore des
loisirs et de la culture ?
La mobilité
Les personnes vieillissantes doivent être renforcées dans leur rôle de citoyen ayant la
capacité de s’exprimer, d’être entendu et d’agir.
Comment permettre aux personnes âgées de contribuer à la vie démocratique de leur
territoire ? Comment les inclure dans la construction, la mise en œuvre et l’évaluation
des politiques publiques dont elles sont les sujets ? Comment multiplier les lieux
d’échanges, de partage et de construction de projets communs, pouvant notamment
permettre de tisser des liens intergénérationnels ?
La fin de vie
La filière Silver économie est officialisée par la signature d’un contrat de filière le 12
décembre 2013. Ce contrat jète les bases de l’organisation de la filière Silver économie et
en définit les grands principes
Périmètre en expansion continue, puisque la Silver économie a vocation à irriguer tous
les marchés. Ce marché correspond aux biens de consommation, aux solutions pour âgés,
aux services. La Silver économie retient la perspective de design pour tous, d’une
économie de la confiance et d’un marketing approprié. Il faut en permanence viser la
non-stigmatisation dans les produits ou services
Les engagements du contrat de filière de la
silver économie
Hélas, les remaniements ministériels de l’été 2014 laissent la filière orpheline. Michèle
Delaunay, puis Arnaud Montebourg quittent tour à tour le gouvernement. La filière n’est
plus la priorité des ministres en charge. Elle continue à exister tant bien que mal, son
déploiement à un niveau national dépendant grandement de l’engagement des Silver
régions, les émanations locales de la filière.
La feuille de route est laissée au bon vouloir des acteurs chargés de porter les actions.
Certaines de ces actions voient le jour mais la plupart resteront lettre morte. Cette
première itération de la filière a suscité beaucoup d’espoirs parmi les acteurs, mais son
épilogue a aussi créé beaucoup de frustrations.
La renaissance
En octobre 2018, la filière bénéficie d’un nouveau coup de projecteur. L’année 2018 a été
marquée par plusieurs événements dans le secteur, notamment les grèves de personnels
des EHPAD au premier trimestre 2018. Ce mouvement inédit qui fait suite à une
première grève à l’été 2017 et à plusieurs rapports parlementaires sur le sujet (rapport
Iborra, notamment) incite le Président Macron à l’action.
Le rapport Iborra est le premier texte officiel qui réclame une ambitieuse loi Grand Age
et Autonomie pour compléter la loi ASV de décembre 2015. Cette loi devra notamment
inventer un système pour financer la dépendance.
Les premiers pas de la consultation Grand Age
et Autonomie
Suite à la demande de Emmanuel Macron, le ministère de la santé confie à Dominique Libault la réalisation d’un rapport
qui servira de fondation à la future loi. Dominique Libault s’entoure de professionnels du secteur médico-social réunis
dans une dizaine de groupes de travail qui planchent sur le sujet pendant six mois.
A l’automne, l’ONG Make.org décide elle aussi de s’intéresser à la question du Grand Age, érigé en « Grande Cause
Nationale ». Make.org agit pour son compte et lance une grande consultation citoyenne qui doit faire ressortir les attentes
des français sur le sujet. Cette grande consultation est appuyée par Agnès Buzyn et Dominique Libault qui entretiennent
une dérangeante confusion quant à la finalité de cette consultation. En effet, la consultation doit servir de base de travail à
Make.org pour dégager des actions civiles ou économiques qui seront appuyées par sa fondation. Or, le discours public et
les médias semblent penser que les résultats de cette consultation seront pris en compte par la commission Libault !
Les résultats de la Grande Consultation Make.org sont rendus publics au début de l’hiver et malgré le battage médiatique
autour de ces résultats, ils ne surprennent personne dans l’écosystème : les citoyens ont remonté des demandes très
prévisibles.
Pendant ce temps, du côté de la filière Silver
économie
A l’été 2018, Luc Broussy, Président de l’association France Silver Eco, chargée
d’animer la filière Silver économie déclare en conférence de presse qu’il est temps de
relancer la filière et qu’il serait pour cela nécessaire d’en revoir la gouvernance. Il
propose d’ailleurs sa candidature. Il est entendu, puisque le 22 octobre 2018, Agnès
Buzyn, Ministre de la Santé lui confie la présidence de la filière Silver économie et lui
demande de proposer une feuille de route pour relancer la filière.
Luc Broussy s’empresse de reconstituer une filière réorganisée autour de plusieurs
instances. Un mois plus tard, le nouveau président de la filière réunit les acteurs de la
Silver économie en Comité National de filière. Ce comité valide l’organisation de la
filière. Il donne aussi son feu vert à la transmission à Agnès Buzyn de la feuille de route
2019-2020.
Comment fonctionne la filière Silver
économie ?
La filière se réunit plusieurs fois par an. Elle réalise des rapports d’études en s’entourant
des meilleurs spécialistes : adaptation du logement, évolutions technologiques dans le
médico-social, éthique, ville et urbanisme. Loin d’être un arbitre ou un donneur d’ordre,
elle se définit plutôt comme une boite à outils qui doit aider l’écosystème à se
développer.
Les accompagnants de la filière
• Les clusters qui permettent la création de synergies entre les entreprises, les startups et les
collectivités publiques.
• Les gérontopôles qui fédèrent les acteurs scientifiques et médicaux pour favoriser l’innovation et
expérimenter des solutions.
• Les living labs qui rassemblent des utilisateurs sollicités pour évaluer l’intérêt des produits et
services avant leur mise sur le marché. Ces labs pallient une difficulté majeure de la Silver
économie, l’impossibilité pour les concepteurs de se mettre dans la peau des utilisateurs. Les
labs peuvent être organisés par des universités (Living Lab de l’hôpital Broca), des clusters
(open Lab de Silver Valley, Cluster-Lab d’Occitanie), des entreprises (Lab Senioriales créé par le
groupe de résidences services Les Sénioriales avec ses clients, Lab AG2R-LA MONDIALE qui
fonctionne avec les retraités bénéficiaires du groupe). Des entreprises privées spécialisées
proposent également cette prestation, comme Médialis.
Contexte France
✓ Trois piliers : l’adaptation de la société au vieillissement de sa population, l’anticipation et l’accompagnement de la perte d’autonomie
✓ Rôle renforcé pour les conseils départementaux et mise en en place des Conférences des Financeurs de la Prévention de la Perte d’Autonomie (CFPPA)
Nouvelle gouvernance, Priorité à la Prévention (2018-2020)
✓ Une nouvelle gouvernance : un bureau d’animation (La Poste, Legrand, Caisse des dépôts, VYV, Fédération Hospitalière de France, Silver Valley), un
Conseil national de filière, un Conseil des « Silver Régions »
✓ Le rapport Libault (2019), deux enjeux clés : faire face aux besoins de financement de la prise en charge de la dépendance, changer le modèle
d’accompagnement pour privilégier la vie au domicile
La loi Grand Âge et autonomie est un projet visant à anticiper l’impact dû à l’augmentation des
personnes âgées en situation de dépendance. Ils seront 1,4 million d’ici à 2030 en France selon les
estimations de l’INSEE.
À la suite de la crise sanitaire et de sa promesse électorale lors des élections de 2018, le Président
de la République, Emmanuel Macron, revient sur l’accompagnement des seniors dépendants, en
faveur du bien vieillir à domicile et en maison de retraite ou Ehpad. Il profite alors de son
nouveau mandat pour :
La Silver économie désigne l’ensemble des activités développées en réponse aux besoins
des personnes âgées. Cette économie rassemble ainsi toute la diversité des biens et
services qui favorisent l’état de santé, l’autonomie et la qualité de vie des personnes
âgées. Transversale, concernant l’ensemble des secteurs d’activité (santé, transport,
loisirs, habitat, alimentation, urbanisme), la Silver économie se décline principalement en
deux volets :
- L’accompagnement sanitaire et social des personnes âgées qui comprend les établissements
spécialisés et le secteur des services à la personne (services aux personnes dépendantes, aide
aux actes de la vie quotidienne, soins et hospitalisation à domicile).
- Le développement de gérontechnologies, à l’instar de la domotique et des solutions de
téléassistance, permettant d’équiper les lieux de vie des personnes âgées.
La Silver économie, une filière transversale
(2)
Selon Frédéric Serrière, expert reconnu du marché des seniors, la Silver économie a réuni dans une
filière unique deux entités qui lui étaient contemporaines.
Le marché des seniors que Serrière définit comme l’ensemble des biens et services qui sont
commercialisés pour les consommateurs âgés de 55 ans et plus. C’est la définition retenue par la BPI
pour évaluer ce marché à 130 mds d’euros.
Le médico-social et les gérontechnologies que Serrière définit comme les produits et services
développés pour faire face à la dépendance des seniors fragiles.
Frédéric Serrière déplore que la Silver économie, en réunissant les deux concepts dans une filière unique
ait dévalorisé le marché des seniors qui est désormais perçu comme le marché des seniors dépendants.
Nous confirmons cette tendance qui se vérifie notamment dans les créations d’entreprises post 2013,
majoritairement centrées autour des problèmes liés au grand âge : isolement, santé, perte d’autonomie et
dépendance.
Qu’est ce que la gérontechnologie ?
La gérontechnologie est un véritable moteur de progrès en matière de qualité de vie des personnes âgées. De nombreux objets connectés notamment
sont déjà mis à la disposition des seniors pour améliorer leur vie au quotidien.
C’est le cas par exemple des porte-clés connectés qui permettent aux personnes âgées dont les fonctions cognitives sont altérées de retrouver leur
chemin grâce aux nouvelles technologies. Il existe aussi des piluliers « intelligents » qui font en sorte de distribuer automatiquement les médicaments
aux heures indiquées en prévenant les seniors par un signal sonore ou visuel et évitent ainsi l’oubli des traitements ou les surdoses de médicaments.
Dans le domaine de la communication, et en particulier informatique, la gérontechnologie a permis la création, par exemple, d’ordinateurs à écran plat
tactile facilement utilisables par les personnes âgées même souffrant d’un handicap physique. Elles peuvent ainsi naviguer simplement sur Internet,
regarder leurs photos numérisées, écouter de la musique, etc.
L’adaptation du logement fait aussi partie des domaines où la gérontechnologie apporte des améliorations non négligeables pour les seniors. Ceux
dont les capacités visuelles sont amoindries peuvent ainsi bénéficier à leur domicile de chemins de lumière qui facilitent leurs déplacements et évitent
les chutes notamment. Des dispositifs de télésurveillance adaptés sont aussi des avancées majeures pour sécuriser au quotidien la vie des seniors à
domicile.
De nombreuses autres applications de la gérontechnologie devraient dans l’avenir contribuer à encore davantage sécuriser et améliorer la vie des
personnes âgées au quotidien. Bientôt, par exemple, pour améliorer leurs déplacements, les seniors pourront largement utiliser des cannes « nouvelle
génération » qui, une fois en main, permettent de géolocaliser la personne qui s’en sert, d’appeler de l’assistance grâce à un bouton dédié, ou encore
mesurent en permanence la tension ou le pouls.
Bientôt, la gérontechnologie permettra également à chaque senior de disposer à son domicile d’éclairages totalement adaptés à leur propre vue, de
télécommandes connectées qui gèrent toutes seules l’ouverture et la fermeture des volets, des portes, du chauffage, des appareils électriques de la
maison, etc.
ESS ET SILVER
ECONOMIE
LE DÉVELOPPEMENT D’INNOVATIONS
SOCIALES
L’ESS a sa place pour développer ce type d’innovation de manière éthique. Elle a pour but
de favoriser la prise en compte du bénéficiaire des différents produits et services. Cela
permet de remettre l’usager au centre des décisions. C’est par exemple le cas du groupe
associatif Siel Bleu qui développe des parcours de prévention-santé en organisant des
ateliers d’activités physique. Ceux-ci s’adaptent aux personnes âgées et à leurs envies.
FAVORISER LA CO-CONSTRUCTION ET
LA DYNAMIQUE DE TERRITOIRE
Mais le rôle des acteurs de l’ESS dans la Silver Economie va plus loin que de développer des innovations à
destination des personnes âgées. Il y a aussi un enjeu de dynamique de territoire et de coopération des acteurs
autour de la santé et du bien-vieillir. Si ces missions relèvent de comités et des conseils régionaux, les acteurs de
l’ESS ont aussi leur place dans ces actions locales. En effet l’ESS se base aussi sur des principes de proximité et
ses acteurs ont développé une multitude de connaissances ayant trait à l’adaptation des territoires au vieillissement.
Ceux-ci visent notamment à favoriser la coopération et les expérimentations en donnant un nouveau regard sur
certaines problématiques. Ces acteurs ont par exemple souvent une approche plus collective et moins
transactionnelle des services rendus. Cela peut ainsi aboutir à plus de coopération et de coordination sur le
territoire.
Les grands acteurs ne sont donc pas les seuls à avoir leur importance dans le domaine du bien-vieillir, au contraire.
Faire participer l’ESS à de projets d’envergure c’est injecter plus de réalité de terrain en travaillant de manière
solidaire.
La Silver Économie touche de nombreux
domaines d’activités :
MATRICE SWOT DE LA SILVER ÉCONOMIE
ET DE L’ESS
PANORAMA DE
L’ÉVOLUTION
RÉCENTE DU
SECTEUR - AIDE À LA
PERSONNE POUR LES
PERSONNES ÂGÉES
La demande
La transition démographie observée en France avec l’allongement de la durée de vie entraîne une forte progression du
nombre de personnes âgées de 60 ans ou plus enregistrée depuis 2005. Elle perdurera jusqu’en 2055, entraînant
notamment un accroissement du nombre de personnes âgées de 75 ans ou plus entre 2020 et 2050 ainsi qu’une forte
progression du nombre de personnes âgées de 85 ans ou plus à compter de 2030 jusqu’à 2060.
Cet accroissement fait émerger de nouveaux besoins en matière de services personnalisés, de technologies pour
l’autonomie, la domotique, les objets connectés… et en matière de services liés à la dépendance. Ces services permettent
un accompagnement quotidien des personnes pour accomplir certains actes de la vie quotidienne (toilette, habillage,
déplacements…) ou une surveillance régulière.
Cette dépendance peut être plus ou moins sévère selon les cas. 1,2 million de personnes âgées étaient considérées comme
dépendantes début 2012 au sens des degrés de perte d’autonomie (GIR 1 à 6) définis pour accéder à l’APA (allocation
personnalisée d’autonomie).
Le placement dans un établissement reste la solution la plus importante en France avec 84 % des personnes âgées
considérées comme dépendantes résidant dans un établissement. Cependant, pour des raisons de confort et de coût, 90 %
des personnes âgées préfèrent rester à domicile plutôt que de résider dans un établissement spécialisé quand elles sont
encore en mesure de le faire.
Les aides existantes pour l’accès aux services de prise en
charge et le rôle des
pouvoirs publics
Entrée en vigueur le 1er janvier 2002, l’APA est une aide financière attribuée aux personnes âgées
dépendantes de 60 ans et plus, vivant à leur domicile ou en établissement. Cette allocation, versée par
le département, varie en fonction du niveau de dépendance déterminé par la grille AGGIR
(Autonomie gérontologique groupe iso-ressources). Elle classe les personnes âgées en six niveaux de
perte d’autonomie, de la dépendance totale (GIR 1) à l’absence de dépendance (GIR 6) : À
domicile : l’APA à domicile est évaluée en GIR 1 à 4.
Pour chaque GIR, le montant maximal fait l’objet d’un barème arrêté au niveau national fondé sur la
majoration pour tierce personne (MTP) de la Sécurité sociale dont le montant mensuel moyen était de
494 euros en 2009. L’APA n’est pas soumise à des conditions de ressources mais l’allocation versée
correspond au montant d’aide effectivement utilisé par le bénéficiaire diminué d’une participation
financière (ticket modérateur) dépendant de ses revenus. L'APA à domicile peut prendre en charge
des dépenses de personnels ainsi que des dépenses matérielles (fauteuil roulant, portage de repas,
déambulateur, etc.).
L'Aide sociale à l'hébergement
L’ASH s'adresse aux personnes âgées de plus de 65 ans (ou 60 ans en cas d'inaptitude au
travail). Sous certaines conditions de ressources, le département peut participer
partiellement ou totalement aux frais d'hébergement d'une personne âgée si cette dernière
réside dans un établissement agréé.
D’autres aides publiques sont octroyées aux personnes âgées : Les aides au logement
octroyées par la CAF (Caisse d'allocations familiales) ou la MSA (Mutualité sociale
agricole) sous conditions de ressources aux personnes vivant à domicile ou en
établissement d’hébergement. Les aides des caisses de retraite, notamment pour les
retraités ne pouvant pas bénéficier de l’APA.
L’ESS est présente sur l’ensemble des segments de
l’aide aux personnes âgées
L’innovation sociale consiste à élaborer des réponses nouvelles à des besoins sociaux
nouveaux ou mal satisfaits en impliquant la participation et la coopération des acteurs
concernés, notamment des utilisateurs et usagers. De nombreuses entreprises sociales
développent ainsi des produits ou services répondant aux besoins spécifiques des
personnes âgées, notamment dans les champs de l’habitat, de la mobilité, des loisirs et du
tourisme.
Habitat
La mobilité est une autre condition essentielle à l’autonomie des personnes âgées : dès
lors que la personne n’est pas dotée d’une voiture ou qu’elle n’en a plus l’usage, son
périmètre de vie se limite à un rayon d’action de 500 mètres environ. Il est donc
nécessaire d’adapter les transports publics mais aussi de développer des formules
alternatives. Autopartage social, transport micro-collectif, taxis partagés … sont autant de
services proposés par des entreprises de l’ESS telles que la Scop Senior Mobilité en Ile
de-France ou la Scop Titi Floris dans les Pays de la Loire
Loisirs, tourisme
Enfin, l’ESS intervient également dans les domaines culturels, sportifs, de loisirs
favorisant le bien-être des personnes âgées et contribuant à la lutte contre l’isolement et
la prévention de la perte de l’autonomie. L’INSEE Champagne-Ardenne souligne ainsi le
rôle actif des acteurs de l’économie sociale et solidaire (Familles rurales, club d’ainés,
MSA, etc.) dans le programme « Vacances seniors » développé par l’Agence Nationale
des Chèques Vacances et l’Union Nationale des Associations de Tourisme. Ce dispositif
permet aux seniors de partir en vacances sur des séjours d’au moins 5 jours/4 nuits grâce
au soutien logistique et organisationnel des porteurs de projet et grâce à une aide
financière pour les plus démunis. D’autres structures s’engagent en faveur du lien
intergénérationnel et de la cohésion sociale.
Quelle place pour l’ESS dans les
gérontechnologies ?
Les gérontechnologies désignent les technologies facilitant l’autonomie des personnes âgées :
dispositifs de rappel de tâches et de stimulation, aides techniques pour la motricité, outils de
communication spécifiques, domotique, robotique … Ce domaine rassemble surtout des PME
innovantes et des grandes entreprises telles que Legrand ou Orange.
Toutefois, forte de sa capacité d’expérimentation et d’innovation, l’ESS participe elle aussi au
développement de solutions innovantes destinées aux personnes âgées ou aux aidants eux-
mêmes pour améliorer leurs pratiques professionnelles.
Les structures d’intervention à domicile peuvent par ailleurs proposer des services pour faciliter
l’acceptation de ces produits novateurs. Luc Broussy, qui a dirigé la réalisation du rapport
interministériel portant sur l’adaptation de la société au vieillissement, précise ainsi que « oui la
gérontechnologie sera génératrice d’emplois. Mais d’emplois dans la production aussi bien que
dans les services ».
ÉCOSYSTÈME
PANORAMA DES
ACTEURS
DE LA SILVER
ÉCONOMIE
Les acteurs de la
silver économie
> SilverEco.fr
Le portail national de la silver économie propose des actualités et décryptages sur les nouvelles technologies pour
l’autonomie et plus largement sur l’ensemble des produits et services dédiés au bien vieillir. www.silvereco.fr
> AgeVillagePro
Ce magazine internet d’information propose chaque semaine, depuis 2000, des actualités sur le bien vieillir.
www.agevillagepro.com
> Insee
L’Institut national de la statistique et des études économiques propose de nombreuses publications pour la France ou les
régions sur l’évolution de la structure des populations. www.insee.fr
> Institut français des seniors
Créé en 2010 par l’ancien directeur de Notre Temps, l’Institut français des seniors exerce quatre métiers autour d’un même
public, les 50 ans et plus : l’organisation de salons leaders sur la cible seniors, le conseil, les études et la formation. Des
études détaillées sur le marché des seniors sont disponibles en ligne (accès gratuit). www.institutfrancaisdesseniors.com
Ils fédèrent et représentent les structures
LES MUTUELLES
> Fédération nationale de la mutualité française
Créée en 1902, la Fédération nationale de la mutualité française (FNMF) est le porte parole
des mutuelles et des unions mutualistes qui la composent. L’organisation professionnelle
représente la quasi-totalité des mutuelles, avec plus de 426 structures adhérentes. Elle
poursuit quatre missions principales : l’animation de la vie démocratique du mouvement
mutualiste, la promotion du modèle, des valeurs et des principes mutualistes,
l’accompagnement au développement des mutuelles et la représentation des mutuelles dans
l’espace public. www.mutualite.fr
LES ACTEURS DU MÉDICO-SOCIAL À BUT
NON LUCRATIF
> Union nationale interfédérale des oeuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss)
Depuis 1947, l’Uniopss unit, défend et valorise les acteurs du secteur non lucratif de solidarité. L’Uniopss regroupe 25 000 établissements et
services (centres de santé, centres hospitaliers, foyers de vie, etc.) et 750 000 salariés. www.uniopss.asso.fr
> Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles (UNA)
Fondé en 1970, l’UNA est le 1er réseau français de l’aide, des soins et des services aux domiciles. Avec plus de 1 000 structures adhérentes
et 120 000 professionnels, le réseau est présent sur l’ensemble du territoire français et en outre-mer. Les structures UNA sont polyvalentes et
ont pour mission d’aider et d’accompagner au quotidien chaque année plus de 730 000 personnes et familles (personnes âgées, fragiles ou
handicapées, enfants et familles en difficulté). www.una.fr
> ADMR
Fondée en 1945, l’ADMR (Aide à domicile en milieu rural) est un réseau associatif de services à la personne rassemblant 3 300 associations
locales. L’ADMR intervient dans quatre grands domaines : autonomie, services de confort à domicile, famille et santé. En 2013, l’ADMR
compte 717 000 clients sur l’ensemble de la France. www.admr.org
> Adessadomicile
Créée en 1927, cette fédération nationale représente quelque 400 associations et organismes gestionnaires à but non lucratif (Scop, CCAS,
etc.) œuvrant dans l’aide, le soin à domicile et les services à la personne. adessadomicile.org
LES ENTREPRISES DE LA SILVER
ÉCONOMIE
Les “Assises martiniquaises du bien vieillir”, organisées par la Collectivité́ Territoriale de Martinique se
tiendront les 20 et 21 septembre au Palais des Congrès de Schœlcher. Le thème retenu pour cette première
édition est “Construire une Martinique solidaire pour envisager le grand âge avec sérénité”. Plusieurs sujets
seront traités : le soutien à l’autonomie des personnes âgées en Martinique, le soutien à l’inclusion scolaire des
élèves en situation de handicap, notamment atteints d’autisme, le déploiement du plan de rattrapage de l’offre
ultramarine sur le secteur des personnes âgées ainsi que la création de la 5ème branche consacrée à
l’autonomie.
Plénière 1 : Comment appréhender les évolutions socio-culturelles dans les politiques publiques du
vieillissement en Martinique ? Est-il encore possible de réinventer un lien intergénérationnel ?
Plénière 2 : L’impact des mutations et innovations sur le bien-vieillir sur le territoire de Martinique. Le
vieillissement : un problème public ou privé ? une solution de « coopération »
Plénière 3 : Comment « Vivre mieux, plus longtemps et en bonne santé » en Martinique ?
Plénière 4 : Comment éviter la faillite du secteur médico-social?
LONGEVITY Les Assises Martiniquaises du
Bien Vieillir
Le positionnement de la banque des territoires
Le but est de sensibiliser et engager les acteurs locaux dans une dynamique de partage
d’expériences et de réflexions autour des problématiques de prévention de la perte
d’autonomie, de soutien à la vie au domicile, des offres d’accueil et d’hébergement et
d’accès à la vie sociale.
« La Banque des Territoires est un acteur engagé, à l’écoute de la Martinique. Prêteur auprès
des collectivités, des établissements publics et des bailleurs sociaux, investisseur auprès des
porteurs de projets privés, nous intervenons en accompagnement des politiques publiques.
Le vieillissement de la population nous oblige, nous incite à proposer des solutions
concrètes. L’accompagnement à la digitalisation des personnes fragiles, l’hébergement via
les bailleurs sociaux, les résidences sénior services, la mobilité douce sont autant de
thématiques qui peuvent se décliner sur l’ile pour une meilleure prise en compte de
l’évolution sociétale de la Martinique. »
L’écosystème du Bien Vieillir pour la CGSS
D’ici 2030, la Martinique pourrait bien devenir le deuxième plus vieux département de
France. Anticiper, former, accompagner sont les maîtres mots de l’offre de services Bien
Vieillir de la CGSS.
Faciliter le maintien à domicile
Il s’agit de proposer une offre de services globale d’aide et de service à la personne, afin
de faciliter le maintien à domicile des personnes âgées autonomes et d’apporter des
dispositifs d’accompagnement financier.
La prévention avant tout
Au sein du dispositif Bien Vieillir, l’action sociale permet aux personnes âgées, grâce à OSCAR (Offre
de Services Coordonnées Autour du Retraité) de bénéficier de la visite d’une structure évaluatrice afin
d’identifier les besoins du retraité. Ainsi, des aides d’accompagnement et de prévention à domicile afin
de soutenir l’autonomie à domicile, telles que des prestations d’aide psychologique, de portage de
repas, d’installation de kits de sécurité, d’ateliers nutrition ou dédiés à la mémoire, … peuvent être
financées par l’Action Sociale, qui inscrit le retraité dans une démarche préventive. Pour davantage de
facilité, le guide référence, par ailleurs, une liste d’organismes d’aide à la personne et d’aide à domicile.
L’enjeu est de permettre aux seniors de rester actifs et dynamiques le plus longtemps possible.
Autre enjeu tout aussi important : que les professionnels de l’aide à la personne puissent exercer leur
métier dans les meilleures conditions afin d’offrir un accompagnement durable et de qualité. Des
formations aux risques professionnels et la mise en place de dispositifs d’aide, à l’acquisition de
matériel et d’équipements de protection, sont donc intégrés à la démarche de prévention proposée par le
DRP, pour accompagner le personnel des entreprises et associations du secteur.
Développement social durable