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INDICE MONDIAL

GLOBAL
D’OUVERTURE
INDEX OF
ECONOMIC
ÉCONOMIQUE
OPENNESS

Ouverture Economique
Étude de cas Royaume du Maroc

2020
CRÉER LES VOIES DE LA PAUVRETÉ À LA PROSPÉRITÉ

A PROPOS DE L’INSTITUT LEGATUM


L’Institut Legatum est un groupe de réflexion basé à Londres avec la vision audacieuse de créer un mouvement
citoyen mondial dédié à la création de mécanismes favorisant le passage de la pauvreté à la prospérité et à la
transformation des sociétés.
Nous aspirons à cet objectif en promouvant des dirigeants de bon caractère, en rétablissant une vitalité éthique à
tous les secteurs de la société et en développant des solutions pratiques et des outils de données qui contribueront
à créer des sociétés pacifiques et solidaires avec des économies ouvertes et des peuples émancipés.
• Notre Centre des Statistiques crée des index et des bases de données pour mesurer et expliquer comment la
pauvreté et la prospérité changent.
• Nos Programmes de Recherche analysent les nombreux facteurs complexes de pauvreté et de prospérité au
niveau local, national et mondial.
• Nos Programmes de Mise en Pratique identifient les actions nécessaires aux changements et aux
transformations.

LES AUTEURS
Dr. Stephen Brien est le Directeur des Politiques à l’Institut Legatum.
Daniel Herring est Analyste Principal à l’Institut Legatum.
Ed King est Chargé d’Etudes à l’Institut Legatum.
James Edgar est Economiste en chef à WPI Economics.

REMERCIEMENTS
Les auteurs aimeraient remercier les personnes suivantes pour leur contribution au rapport : Abdelkhalek Touhami
(Institut National de Statistiques et d’Economie Appliquée), Fouad Abdelmoumni (Transparency Maroc), Rachid
Aouine (Agence Marocaine de Développement des Investissements et des Exportations), Manal Bernoussi
(Casablanca Finance City), Farid Boussaid (Université d’Amsterdam), Imane Chaara (Université d’Oxford),
Mohamed Daadaoui (Université d’Oklahoma City), Ismail Douiri (Attijariwafa Bank), Youness El Hachimi
(Consultant international), Brahim El Jai (AfricInvest), Khalid El Massnaoui (Banque Mondiale), Mourad Fathallah
(Casablanca Finance City), Sarah Feuer (Institut des Service de Sécurité Nationale), Jorge Galvez-Mendez (OCDE),
Fianna Jurdant (OCDE), Anne-Lucie Lefebvre (Banque Mondiale), Merouan Mekouar (Université d’York), Philippe
Miquel (ENGIE Afrique), Carlos Montes (chercheur indépendant), Safaa Nhairy (entrepreneur), Diane Pallez-
Guillevic (OCDE), Marco Rensma (MEYS Emerging Markets Research), Youssef Sbai (Groupe Altus), Michael Willis
(Université d’Oxford) and Ann Wyman (AfricInvest).

Cette publication fut rendue possible par le soutien financier de la Fondation Caritative
Templeton World, Inc. Les opinions exprimées dans cette publication sont celles des
auteurs et ne reflète pas nécessairement les vues de la Fondation Caritative Templeton
World, Inc.

L’Institut Legatum voudrait remercier la Fondation Legatum pour son soutien. Pour en savoir plus sur la Fondation
Legatum, visitez www.legatum.org.

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font l’objet d’enregistrements de marques de Legatum Limited. Bien que tous les soins aient été apportés à la préparation de ce
rapport, aucune responsabilité ne peut être prise pour toute erreur ou omission contenue dans ce rapport.

L’Institut Legatum est le nom de travail de la Legatum Institute Foundation, un organisme de bienfaisance enregistré (numéro 1140719)
et une entreprise limitée par garantie et constituée en Angleterre et au Pays de Galles (numéro d’entreprise 7430903)

L‘image de couverture: Shutterstock.comm


CONTENU

Avant-Propos............................................................................................................................. 2

Résumé analytique................................................................................................................... 5

Introduction..............................................................................................................................11

Accès aux marchés et infrastructure.................................................................................. 19

Environnement d’Investissement........................................................................................35

Conditions d’Entreprise.........................................................................................................49

Administration........................................................................................................................ 61

Conclusions.............................................................................................................................70

Annexe (en Anglais)............................................................................................................... 74

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AVANT-PROPOS

Au Legatum Institute, notre mission est de montrer la voie pour passer de la pauvreté à la
prospérité en encourageant des économies ouvertes, des sociétés solidaires et des peuples
émancipés. Notre travail consiste à comprendre comment la prospérité est créée et pérennisée.
La prospérité est bien plus que la simple richesse matérielle, elle comprend aussi la protection
sociale, la sécurité, le bien-être, la liberté et les opportunités. Cependant, sans une économie
ouverte et compétitive, il est très difficile de créer un bien-être social et économique où les
individus, les communautés et les entreprises ont la possibilité de se développer pleinement. C’est
pour cela que nous considérons l’Ouverture Economique comme si importante, malgré cette
Stephen Brien
période d’incertitude.
Directeur des Politiques Grâce au soutien généreux de la Fondation Caritative Templeton World, nous avons créé un
à l’Institut Legatum Index Mondial d’Ouverture Economique afin de classer plus de 150 pays sur leur ouverture
commerciale, en évaluant l’environnement qui facilite ou freine leur capacité d’échanges
commerciaux, que ce soit au niveau national ou international. Notre ambition est d’en faire un
outil apprécié par les dirigeants et conseillers du monde entier, les aidant dans leurs plans de
croissance économique et de développement. Dans le cadre de ce programme de travail, nous
entreprenons une série d’études de cas détaillées par pays, basées sur notre Index. Dans le présent
rapport, nous analysons la performance du Maroc sur les plans de l’ouverture au commerce, les
investissements, les idées, la compétition et le talent.
Tandis que l’épidémie du coronavirus a stoppé une grande partie de l’activité économique
mondiale, le commerce entre pays, régions et communautés sera fondamental pour assurer le
progrès dans l’innovation, le transfert des connaissances et la productivité. Ceux-ci stimulent
efficacement la croissance économique et la prospérité. La diffusion du libre-échange a permis
à de plus en plus de personnes de participer au commerce et de passer d’une subsistance basée
sur l’exploitation agricole à une existence plus stable et prospère. Plus récemment, la révolution
technologique a permis à des millions de personnes de participer au débat commercial, politique
et social grâce à l’accès plus facile et moins coûteux aux nouvelles technologies. Notre recherche
montre que les pays ouverts économiquement sont plus productifs et qu’il y a une corrélation
claire entre l’augmentation de l’ouverture et la croissance en productivité. En revanche, sur un
marché peu compétitif ou qui n’est pas conçu pour favoriser la participation et le bien-être de
tous, la croissance stagne, les industries protégées s’enracinent et le capitalisme népotique
prolifère.
Alors que la plupart des décideurs politiques se concentrent sur les grands outils de politique
budgétaire et macroéconomique dont ils disposent, les facteurs microéconomiques sont
parfois négligés et leur potentiel à stimuler l’ouverture et la croissance est sous-estimé. Une
caractéristique notable de cet indice est l’accent mis sur ces moteurs microéconomiques de
la productivité. En rassemblant l’ensemble des choix politiques disparates qui influencent et
stimulent l’ouverture et la concurrence dans un seul rapport, nous espérons déplacer l’attention
des décideurs, au Maroc et dans le monde, vers les implications plus larges de la politique
microéconomique en mettant l’accent sur la relation entre la productivité et ouverture
économique.
Sur plusieurs mesures, le Maroc a bien progressé socialement et économiquement sur les
dernières décennies. Son revenu par habitant a augmenté de 70% en termes réels depuis le début
du millénaire et le taux de pauvreté a chuté de 40% sur les 10 dernières années. En 2011, une

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nouvelle Constitution a mis en place les fondations pour davantage de progrès. Le lancement
récent de la Commission du Nouveau Modèle de Développement montre l’engagement soutenu
à de nouvelles réformes.
Cependant, le Maroc fait face à d’importants défis. Comme pour le reste du monde, l’épidémie
de coronavirus signifie moins de commerce et plus de déficits publics pour un certain temps. Cela
pèsera davantage sur le défi de la croissance économique de la nation qui est à la baisse depuis
deux ans. Cela crée de nombreuses tensions, les plus importantes étant l’augmentation des
dépenses publiques, la pression sur le marché du travail et les exigences accrues sur les services
publics.
Malgré ces difficultés, le Maroc est bien placé pour jouer un rôle leader dans l’Ouverture
Economique du Maghreb. Le Maroc continue de libéraliser son commerce international grâce
à un large éventail d’accords commerciaux. Le secteur financier du pays demeure développé et
d’importantes réformes ont été accomplies afin de renforcer les droits de propriété intellectuelle
et la protection des investisseurs.
Cependant, pour tirer parti de tout cela, le Maroc devra trouver le modèle qui permettra aux
moteurs de croissance nationaux de s’épanouir. Ces derniers sont actuellement limités par une
mauvaise contestabilité du marché national et un marché du travail contraignant et restrictif,
comparé aux nations concurrentes. Ceci contribue également à l’expansion de l’économie
informelle dans le pays.
Comme dans beaucoup de pays semblables, la corruption reste un fléau répandu, bien que le
gouvernement ait montré une volonté pour le combattre. Pour évoluer au-delà du statut de
pays à revenu moyen, les problèmes de contestabilité dans l’économie et des liens entre le
gouvernement et les entreprises doivent être reconsidérés.
Au cours de la réalisation de ces études de cas, nous avons compris que l’instauration de
telles réformes n’est pas une mission facile à accomplir, surtout sur le plan politique. C’est
particulièrement vrai pour le Maroc actuel, vu le problème mondial majeur du coronavirus. De
plus, il y aura toujours de puissants groupes d’intérêt qui profitent du statu quo et resteront
réticents à tout changement.
Néanmoins, plusieurs raisons suscitent de l’optimisme. Les accords commerciaux importants
signés par le Maroc, sa stabilité politique et l’amélioration de ses infrastructures fournissent
une base solide. Le gouvernement continue d’identifier un éventail de réformes économiques et
juridiques qui conduiront à des améliorations et nous nous attendons à ce que la Commission du
Nouveau Modèle de Développement donne une nouvelle impulsion au développement.

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Credit (Shutterstock.com)
RESUME ANALYTIQUE

Ce rapport fait partie d’une série d’études de cas qui examinent les liens entre l’Ouverture
Économique et la prospérité d’une Nation, éclairées par les informations générées par notre Index
Mondial d’Ouverture Économique.
Au cours de la dernière décennie, le Maroc a subi des changements importants. Vers la fin 2010, le
Printemps Arabe s’est répandu à travers la région et, au Maroc, cela a conduit le Roi à introduire
une nouvelle Constitution en 2011. Notre Index révèle le portrait d’un Maroc qui a depuis fait des
progrès sur de nombreux fronts, grimpant dans les classements pour trois des quatre piliers.
Les infrastructures ont été améliorées ; quasiment toute la population a maintenant accès
à de l’électricité fiable, et plus de deux-tiers de la population ont accès à internet, grâce au
développement de réseaux de téléphonie mobile compétitifs. Le Maroc a continué d’étendre ses
réseaux commerciaux déjà importants, en poursuivant un éventail d’accords commerciaux et en
construisant et en développant le plus grand port à conteneurs de la Méditerranée et de l’Afrique.
Le gouvernement a également amélioré considérablement l’environnement d’investissement, par
une révision substantielle du code d’insolvabilité en 2018 et par un renforcement de la protection
de la propriété intellectuelle. De plus, une série de réformes a amélioré les conditions de création
d’entreprises en réduisant substantiellement le temps passé à se conformer aux obligations
réglementaires et fiscales.
Par ailleurs, le Maroc a fait un progrès considérable depuis le début du millénaire. Le PIB par
habitant a augmenté de plus de 70% en termes réels. Les taux de pauvreté absolue et relative ont
diminué, en passant respectivement de 7,1% à 1,4% et de 21,4% à 19,7% entre 2012 et 2017.1 Les
finances publiques ont été gérées prudemment.
Cependant, le classement du Maroc pour la gouvernance a chuté. Le pays est mal classé sur
le plan de la responsabilité politique, et l’efficacité du gouvernement a connu une baisse des
contraintes exécutives, l’état de droit et la qualité réglementaire. Une gouvernance trop faible
menace le progrès réalisé ailleurs et met en évidence la mise en place partielle des réformes. Les
problèmes de gouvernance du Maroc sont souvent intimement liés à la concurrence, ou manque
de concurrence ; Au niveau des marchés, les entreprises publiques représentent une grande
partie de l’activité économique. Ceci, combiné aux liens entre le gouvernement et les grandes
entreprises privées, pourrait signifier que les initiatives de réformes administratives auront du mal
à se concrétiser. L’économie est caractérisée par un ensemble de marchés très concentrés, qui
sont souvent le résultat d’interventions gouvernementales qui restreignent l’entrée, facilitent la
domination ou créent des inégalités.
Il y a aussi un Maroc parallèle et plus pauvre, avec une économie informelle assurant jusqu’à 40%
de la totalité des emplois.2 La plupart de cette économie est rurale. En 2017, la pauvreté relative
était estimée à environ 8% dans les zones urbaines, contre 38% dans les zones rurales selon les
chiffres du gouvernement. Les touristes et investisseurs internationaux ne voient probablement
que le Maroc urbain et plus développé, où les intérêts commerciaux et politiques s’alignent pour
favoriser la croissance. Cependant, au-delà de ce centre névralgique, réside une économie moins
développée qui devrait bénéficier davantage de politiques gouvernementales.

1 “Indicateurs De Suivi Du Développement Humain. Niveau & Tendances à l’échelle Nationale Et Régionale. 2012-2017”.
Royaume du Maroc Le Chef du Gouvernement and Observatoire National du Développement Humain.
2 “An Estimation of the Informal Economy in Morocco” Bourhaba Othmane et Hamimida Mama, International Journal of
Economics and Finance; Vol. 8, No. 9; 2016
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En général, ceci n’est pas une solution pour une prospérité bien répartie dans le pays. Même
avant l’impact économique de la pandémie du coronavirus, le progrès ralentissait : le taux de
croissance du PIB par habitant pendant 2010-2019 représentait la moitié de celui des dix années
précédentes. Les grandes entreprises publiques peuvent être en mesure de faire des progrès
significatifs en matière d’infrastructure. Les compagnies internationales sont attirées à certains
endroits du Maroc grâce aux incitations gouvernementales. Cependant, le système économique
bénéficierait d’une plus grande place faite à un secteur privé dynamique et innovant qui pourrait
permettre aux petites entreprises performantes de s’imposer sur le marché et répartir la
prospérité.
Parmi plusieurs problèmes exogènes auxquels le Maroc est maintenant confronté, deux se
démarquent. À court-terme, l’impact de la pandémie du coronavirus menace deux principaux
secteurs d’activité dynamiques du Maroc, à savoir le commerce international et le tourisme. L’un
des principaux défis à long terme est l’impact d’une récente sécheresse sur l’important secteur
agricole marocain, qui a mis en évidence la vulnérabilité du pays au changement climatique. Bien
que le Maroc dispose de nombreux atouts pour naviguer dans ces eaux difficiles, ce rapport met
en évidence les domaines dans lesquels de nouvelles réformes prépareraient le pays à tirer profit
de ses atouts et à franchir la prochaine étape du développement économique.
Ce rapport se concentre sur les facteurs structurels de l’Ouverture Économique. Nous évaluons
dans quelle mesure le Maroc possède les quatre caractéristiques fondamentales des économies
ouvertes:
Accès aux Marchés et Infrastructures, assurant que les produits et services puissent être
facilement produits et livrés aux clients;
Environnement d’Investissement, assurant que les sources de financement nationales et
internationales soient largement disponibles;
Conditions de Création d’Entreprises qui assurent que les marchés soient en compétition et
sans régulations contraignantes;
Gouvernance qui est soutenue par l’état de droit ainsi que par l’intégrité et l’efficacité du
gouvernement.
Notre analyse indique un lien clair entre le niveau auquel l’économie d’un pays présente ces
caractéristiques et sa capacité de production.3 Ce lien est corroboré par une longue histoire de
littérature académique et se retrouve aussi dans les histoires économiques des pays qui ont
atteint un haut niveau de santé économique.

ACCES AU MARCHE ET INFRASTRUCTURES


(RANG DU MAROC: 64ÈME)
Le Maroc se classe 64ème en Accès aux Marchés et Infrastructures, gagnant quatre places sur
la dernière décennie. Les infrastructures ont été considérablement améliorées dans certains
secteurs. Le marché compétitif de la téléphonie mobile a favorisé un accès à internet de haute
qualité. le secteur maritime s’est également développé grâce à la forte croissance de la capacité
et de la qualité des ports maritimes, notamment le port Tanger-Med qui est maintenant le port
ayant la plus grande capacité de conteneurs maritimes en Méditerranée et Afrique. Le Maroc
a aussi continué à libéraliser le commerce international grâce à un large éventail d’accords
commerciaux. Cependant, le Maroc est confronté à un sérieux problème dû aux pressions
environnementales sur ses ressources en eau. De plus, un marché du haut-débit non compétitif
limite le développement économique du pays.

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3 Voir “Global Index of Economic Openness”, Legatum Institute, mai 2019.
ENVIRONNEMENT D’INVESTISSEMENT (RANG DU MAROC:
68ÈME)
Le Maroc se classe 68ème pour l’Environnement d’Investissement, réalisant un progrès de 13
places sur la dernière décennie. Le pays a progressé dans les classements pour chaque élément
de ce pilier. Des réformes importantes ont été conduites pour renforcer les droits de propriété
intellectuelle et la protection des investisseurs, instaurant ainsi un climat de confiance propice
à l’investissement et l’innovation. L’écosystème de financement est un point particulièrement
fort au Maroc. La solidité des banques du Royaume et le nombre de succursales de banques
commerciales ont connu des améliorations notables, même si le financement pour les petites
et moyennes entreprises et l’accès aux financements alternatifs pourraient permettre un
développement plus poussé. Le Maroc a encore certaines restrictions sur l’investissement
international qui pourraient entraver le développement dans ce domaine, avec certains contrôles
de capitaux, des restrictions sur la participation étrangère dans les entreprises de certains secteurs
et des obstacles à l’obtention de visas de travail.

CONDITIONS D’ENTREPRISE (RANG DU MAROC: 70ÈME)


Le Maroc se classe 70ème pour les Conditions d’Entreprise, gagnant 23 places depuis 10 ans.
Ce progrès est dû principalement à la réduction considérable du fardeau de la règlementation,
survenue suite aux réformes ayant réduit le temps passé à se conformer aux obligations
règlementaires et fiscales. L’environnement de création d’entreprises s’est légèrement amélioré,
avec des réformes focalisées sur la facilité de création d’entreprise, partant toutefois d’une base
assez basse. Un déclin substantiel des subventions énergétiques a entraîné une grande réduction
des distorsions de prix.
Cependant, deux problèmes majeurs entravent le développement économique du Maroc.
Le premier est que la contestabilité des marchés intérieurs est faible et s’aggrave. Certains
secteurs importants sont hautement concentrés. Il existe un haut degré de participation de
l’État à l’économie, avec des règles de marché qui servent à restreindre l’entrée, à faciliter la
domination ou à créer des conditions de concurrence inégales. La deuxième contrainte majeure
sur les conditions de création d’entreprises est le marché du travail assez restrictif, avec une
réglementation lourde. Dans ce sens, le Maroc se classe 96ème en termes de flexibilité du marché
du travail, avec une gamme de réglementations restrictives du marché du travail, causant ainsi un
taux de chômage élevé et répandant davantage l’économie parallèle.

GOUVERNANCE (RANG DU MAROC: 98ÈME)


Le Maroc se classe 98ème pour le pilier de la Gouvernance, enregistrant une chute de 16 places
au cours de la dernière décennie. Ceci est causé par le déclin qu’ont connu les critères de la
Gouvernance pris en considération dans notre Index. Le Maroc est classé beaucoup plus bas que
les pays comparables comme le Ghana (55ème), l’Indonésie (62ème), le Rwanda (64ème) et la Tunisie
(65ème). Une nouvelle Constitution a été introduite en 2011. Bien que ses changements n’aient
pas encore conduit à une amélioration du classement du Maroc sur le plan de la Gouvernance, ils
ont créé une voie potentielle vers une nouvelle ère qui pourrait – sur le long terme – voir les fruits
de ces changements systémiques. Il y a le sentiment que les contraintes exécutives contenues
dans la Constitution ne sont pas suffisamment fortes en pratique. L’efficacité du gouvernement
pourrait bénéficier d’une meilleure responsabilité et d’une administration plus solide, ce qui
pourrait à son tour diminuer la corruption. De plus, le système judiciaire connait certains
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problèmes et la perception des experts vis-à-vis de l’application des règlements dans le pays
s’est détériorée au cours des dernières années. Concernant les dernières élections parlementaires
de 2016, elles ont réduit la fragmentation du Parlement. Certaines réformes récentes semblent
prometteuses pour s’attaquer à la corruption, telles que celles visant à rendre les marchés publics
plus équitables et plus sûrs et celles visant la mise en application de la nouvelle loi pour la
protection des lanceurs d’alertes.

PERSPECTIVES D’AVENIR
Le futur du Maroc sera défini non seulement par les choix nationaux mais aussi par sa réaction
aux grands défis extérieurs, tels que les pressions environnementales et l’évolution de la
pandémie. Ses vastes accords commerciaux, sa stabilité politique et ses infrastructures qui
continuent de s’améliorer constituent une base solide. Le gouvernement continue d’identifier
des réformes économiques et juridiques qui conduiront à des améliorations. Cependant, le Maroc
pourrait rester au niveau des pays à revenu intermédiaire si la détérioration de la qualité de
l’administration et le problème intriqué des entreprises publiques ne sont pas abordés.
Le problème double de la pandémie et du changement climatique est susceptible de créer la
tentation de recourir à plus d’intervention et de contrôle de l’État. Cependant, ces problèmes
exigent aussi le recours à l’innovation, au changement et à la flexibilité, qui ne peuvent provenir
que d’une plus grande ouverture économique dans les secteurs actuellement dominés par des
entreprises dans lesquelles l’État a un intérêt. Le progrès pour la majorité de la population au
Maroc n’est vraisemblablement possible que par des réformes qui permettront au plus grand
nombre de contribuer à l’économie formelle.

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Credit (Shutterstock.com)
Résumé des recommandations

Le Maroc pourrait continuer d’investir dans les infrastructures, avec un accent particulier sur les infrastructures de
technologie de pointe et les ressources en eau
• Investir dans le développement de son réseau haut-débit et continuer d’investir dans l’amélioration de la densité des
infrastructures routières et ferroviaires
• Le Maroc a d’importantes opportunités pour atténuer l’impact des problèmes liés à la baisse des précipitations,
notamment en:
• Poursuivant les programmes d’investissement dans les infrastructures d’irrigation durables
• Continuant d’appliquer des mesures visant l’amélioration de l’efficacité d’utilisation de l’eau
• Accroissant les efforts pour recycler les eaux usées et en renforçant la capacité de dessalement

Le Maroc pourrait renforcer progressivement le rôle du secteur privé dans les secteurs clés de l’économie et ouvrir ses
marchés agricoles
• Les opportunités pour les entreprises publiques de bénéficier d’un accès privilégié aux marchés devraient être réduites.
• En ce qui concerne la contestabilité du marché national, le Maroc devrait:
• Intégrer les principes de concurrence dans les secteurs porteurs tels que l’énergie et les télécommunications, en
levant les barrières à l’entrée qui protègent les titulaires et en renforçant le rôle des régulateurs du secteur.4
• Assurer la neutralité concurrentielle, afin que toutes les organisations, qu’elles soient privées ou publiques, soient
soumises au même ensemble de règles.5
• Renforcer les marchés publics grâce à une stratégie claire et à un financement adéquat pour la Commission
Nationale des Marchés Publics
• Ouvrir progressivement les marchés agricoles car l’agriculture constitue un des moteurs de l’économie marocaine.
Une stratégie agricole devrait offrir de meilleures opportunités pour permettre aux petites et grandes exploitations
de transformer le secteur agroalimentaire en une source stable de croissance, de concurrence, et de développement
économique dans les zones rurales.

Le marché du travail pourrait être rendu plus flexible pour réduire le niveau élevé d’économie parallèle et pour fournir
des compétences mieux adaptées aux emplois disponibles
• Ralentir l’augmentation du salaire minimum.
• Réduire les coûts de licenciement et faciliter le recours au licenciement pour les petites entreprises.
• Étendre la flexibilité des contrats à durée limitée
• Considérer l’introduction d’une forme d’assurance chômage plus complète, en échange de l’assouplissement des
pratiques de résiliation des contrats de travail.
• Poursuivre et élargir les programmes de formation professionnelle

En renforçant sa gouvernance, le Maroc pourrait soutenir plus de croissance


• Mettre en place des régulateurs juridiquement indépendants dans tous les secteurs de services publics, capables
de définir et d’appliquer efficacement les réglementations existantes. Ces régulateurs pourraient bénéficier d’une
orientation stratégique de la part du gouvernement, mais ne devraient avoir aucune représentation de la haute
direction au sein de leur conseil d’administration.
• Continuer, par le biais du projet de loi 46-19 (et d’autres mesures si nécessaires), à renforcer le rôle de l’organe
anticorruption, à savoir l’Instance Nationale de la Probité, de la prévention et de Lutte contre la Corruption (INPPLC),
en renforçant son indépendance et ses ressources.
• Poursuivre les réformes du système judiciaire, en investissant, à titre d’exemple, davantage dans les tribunaux et dans
la formation des juges.

4 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills Upgrading” World Bank Group. 2019,
p.8. | 11
5 Ibid, p.38.
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Credit (Shutterstock.com)
INTRODUCTION

Cette étude de cas sur le Maroc fait partie d’une série d’études examinant les liens entre
l’Ouverture Economique et la prospérité d’une nation, éclairée pas les informations générées par
notre Index Mondial d’Ouverture Économique qui compare la performance de plus de 150 pays.
Le but de ce rapport est de fournir une évaluation globale et systématique de l’environnement
politique sous-tendant l’économie marocaine et, ce faisant, d’aider à identifier des actions
spécifiques qui amélioreraient l’Ouverture Économique au Maroc.
Définir l’Ouverture Économique et mesurer ses effets positifs sur la prospérité est désormais une
tâche cruciale. Les avantages de la mondialisation et de l’Ouverture Économique ont été remis
en question à la suite de la crise financière mondiale. Nous continuons à voir l’impact de la crise
sur le débat public 10 ans plus tard, dans la montée du nationalisme et des politiques populistes à
travers le monde occidental - encore plus exacerbées par l’épidémie de coronavirus.
Pourtant, la mondialisation a continué à un rythme soutenu. Le degré de connectivité, l’échange
d’idées et le niveau des échanges et du commerce transfrontaliers se sont redressés au cours de
la décennie qui a suivi la crise, avant le choc le plus récent. Le commerce entre les communautés,
les pays et les régions a continué de diffuser les innovations et le transfert de connaissance, de
stimuler la productivité et de favoriser, à terme, la croissance économique.
L’épidémie de coronavirus a montré à la fois la fragilité du système de commerce international,
mais aussi son importance fondamentale pour la prospérité mondiale. Par conséquent, à la
sortie de la crise mondiale actuelle, l’un des choix pour les décideurs qui cherchent à assurer
une prospérité durable est de résister au protectionnisme, et de redynamiser le programme de
libéralisation du commerce. Lorsque les flux commerciaux mondiaux se sont considérablement
ralentis suite à la crise financière, de nombreux gouvernements des pays développés et en voie
de développement ont envisagé une série de mesures pour protéger leurs industries et leurs
producteurs nationaux de la concurrence internationale.
Il y a un risque que les mesures prises à court terme pour atténuer les effets économiques
immédiats du coronavirus, comme le soutien financier fourni à l’industrie, soient difficiles à
inverser. Cependant, nous espérons que les gouvernements du monde entier reconnaîtront
que des économies ouvertes et dynamiques sont la meilleure voie pour la prospérité de leurs
populations.
Les réformes pour relever ces défis ne sont ni évidentes ni faciles politiquement. Pour
pratiquement tous les angles d’une réforme, y compris ceux qui bénéficieraient à la majorité
de la population, il existe des groupes d’intérêts qui profitent des avantages du statu quo et
souhaitent le maintenir, par exemple par le biais d’accès aux contrats publics de façon injuste et
non transparente. L’adoption de ces réformes demande du courage et de la détermination pour
combattre ces intérêts particuliers. De plus, cela requiert la mise en place d’un accord centré sur
des politiques qui conduisent à une économie ouverte et prospère.
Cette étude de cas passe en revue les performances de l’économie marocaine, puis examine
l’environnement politique dans lequel elle opère pour identifier les forces et les faiblesses sous-
jacentes, ainsi que les opportunités d’amélioration.
Contexte
Nous avons choisi le Maroc comme exemple d’un pays marqué par un lien fort entre ses
grandes entreprises et le pouvoir politique et d’un pays ayant réalisé beaucoup de progrès.
Le Maroc illustre le type de progrès et de problèmes qu’un tel système engendre. Les grandes
infrastructures se sont améliorées ainsi que l’environnement pour les petites entreprises. Mais,
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une bonne Gouvernance, et les avantages qui en découlent, sont constamment entravés par une
élite politique qui est aussi puissante économiquement. Cela aggrave le potentiel de corruption,
entrave la croissance des revenus et renforce la présence du secteur informel. Les avantages d’un
tel système ont également tendance à profiter aux politiquement puissants, ce qui au Maroc
tend à désigner les zones urbaines et métropolitaines. Les règlementations et les réformes ont
tendance à ne pas aider les zones rurales pauvres à se développer. Dans ce sens, Les dirigeants
marocains ont reconnu qu’il y avait place pour de nouvelles réformes du modèle économique
du pays, en créant la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD) en 2019.1
Nous espérons que ce rapport fournira des informations utiles, en adoptant une perspective
comparative internationale, visant à identifier les domaines où résident les plus grandes
opportunités de réformes bénéfiques.
Rétrospectivement, sur les deux dernières décennies, l’économie du Maroc a été stable
globalement et un progrès considérable a été accompli. Le PIB par habitant a augmenté de plus
de 70% en termes réels depuis le début du millénaire et les chiffres publiés par le gouvernement
marocain indiquent que la pauvreté absolue est tombée de 7,1% à 1,4% entre 2012 et 2017, tandis
que la pauvreté relative a aussi reculé de 21,4% à 19,7% sur la même période.2
Le pays a bénéficié d’une gestion macro-économique relativement solide durant la dernière
décennie. Grâce à une politique monétaire prudente et une baisse des prix à l’importation,
l’inflation est restée basse et contrôlée en-dessous de 2%.3 Il y a eu cinq ans d’efforts continus
de consolidation fiscale, de 2014 à 2019, pour améliorer les finances publiques, mais le déficit
budgétaire s’est de nouveau agrandi en 2019, atteignant un taux estimé A 4,1% du PIB. Ceci est
dû principalement à des recettes fiscales et des subventions du Conseil de Coopération du Golfe
(CCG) inférieures aux prévisions, et à une augmentation des dépenses en biens et services et en
capital.4
Cependant, le progrès avait ralenti même avant l’impact de l’épidémie. Tout comme dans d’autres
pays du Maghreb, il y a eu un pic de progrès rapide depuis 2000 jusqu’au crash financier de 2008
et un progrès considérablement ralenti avant et après le Printemps Arabe de 2010.5 Le taux de
croissance du PIB par habitant au Maroc dans la période 2010-2019 représente la moitié du
taux des dix années précédentes.6 Plus récemment, la tendance est à la baisse pour la croissance
économique du Maroc, en raison principalement d’une chute de la production agricole causée
par un manque d’eau associé à la sécheresse récente.7 Cela souligne que le Maroc demeure
sensible à l’impact du changement climatique, en raison de l’importance du secteur agricole
dans l’économie. En outre, les impacts économiques négatifs de la pandémie de coronavirus
sur les recettes publiques et les besoins de dépenses signifient que le déficit budgétaire devrait
maintenant se détériorer à plus de 6% du PIB en 2020.8
L’économie marocaine présente une productivité faible comparée à la moyenne MENA (région

1 “La Commission Spéciale Sur Le Modèle De Développement” Disponible en ligne : https://www.csmd.ma/


2 Mesuré en utilisant les taux de parité de pouvoir d’achat; “GDP per capita, PPP (constant 2017 international $) – Morocco”.
World Bank Data. Disponible en ligne : https://data.worldbank.org/indicator/NY.GDP.PCAP.PP.KD?end=2019&locations=MA&sta
rt=2000 (Consulté le 6 août 2020); “Indicateurs De Suivi Du Développement Humain. Niveau & Tendances à l’échelle Nationale
Et Régionale. 2012-2017”. Royaume du Maroc Le Chef du Gouvernement and Observatoire National du Développement.
3 Morocco Overview (1 May 2020)”. World Bank. Disponible en ligne : https://www.worldbank.org/en/country/morocco/
overview (Consulté le 28 juillet 2020).
4 Ibid.
5 Konrad Adenauer Stiftung (2017) Smart Development Strategy for the Maghreb.
6 “GDP per capita, PPP (constant 2017 international $) – Morocco”. World Bank Data. Disponible en ligne : https://data.
worldbank.org/indicator/NY.GDP.PCAP.PP.KD?end=2019&locations=MA&start=2000 (Consulté le 6 août 2020).
7 Morocco Overview (1 May 2020). World Bank. Disponible en ligne : https://www.worldbank.org/en/country/morocco/
overview (Consulté le 28 juillet 2020); “African Economic Outlook 2020”. African Development Bank Group, 2020.
8 “COVID-19 Crisis in North Africa: The Impact and Mitigation Responses”, United Nations Economic Commission for Africa,
2020.
14 |
Moyen-Orient et Afrique du Nord). Les données les plus récentes de la Banque Mondiale
montrent que la valeur ajoutée par actif dans les principaux secteurs économiques sont comme
suit (tous les chiffres sont aux prix de 2010):
• Agriculture, exploitation forestière et pêche : 4 000$ au Maroc comparé à 7 000$ en
moyenne dans la région MENA,
• Industrie : 13 000$ comparé à 46 000$ dans la région MENA. Ce chiffre inclut l’industrie
pétrolière de la région MENA. Des chiffres comparables pour le secteur industriel seul ne sont
pas publiés par la Banque Mondiale. Cependant, la valeur ajoutée par l’industrie représente
17% du PIB du Maroc comparé à 14% en moyenne dans la région MENA,
• Services : 13 000$ comparé à 21 000$ dans la région MENA.9
Le taux d’entreprenariat est aussi relativement bas. Le Maroc a seulement 5,6% de sa population
adulte qui est soit en train de démarrer une entreprise, soit qui a récemment démarré une
entreprise, comparé à une moyenne MENA de 10,8%.10
Globalement, la diversité économique de l’export du Maroc est comparable à celle des autres
pays du même niveau de revenu ; son plus grand volume d’exportation étant les produits de
complexité basse ou moyenne – agricoles et textiles respectivement.11
Le marché du travail représente un autre défi pour le Maroc. Bien que le pays ait amélioré son
classement pour la Flexibilité du Marché du Travail dans notre Index, il reste classé 96ème pour
cet élément. La Banque Mondiale affirme que le marché du travail du Maroc fait face à trois défis
cruciaux:12
i. Manque d’inclusion : les jeunes et les femmes sont moins bien intégrés au marché du
travail. La participation des femmes est particulièrement faible (23%). Les changements
démographiques signifient que la Maroc va faire face à une augmentation de l’âge de la
population active, puisque 46% de la population avait moins de 25 ans en 2017.13
ii. Faible croissance de l’emploi : la création d’emploi n’est pas suffisante pour absorber le flux
de population en âge de travailler. Les emplois officiels sont concentrés dans les entreprises
plus grandes et mieux établies, tandis que les petites et moyennes entreprises font face à de
multiples contraintes pour fonctionner et se développer.
iii. Faible qualité des emplois : l’économie parallèle domine le marché du travail. La croissance
des emplois en dehors de l’agriculture est faible et les emplois dans le secteur des services
sont essentiellement dans les services peu qualifiés.
Avant l’épidémie de coronavirus, le taux de chômage s’élevait déjà à 9,2% et le taux d’activité
voyait un déclin prolongé jusqu’à moins de 46%.14 Cela retarde le progrès pour certains groupes
au Maroc, et pour le Maroc dans son ensemble.
A présent, le Maroc fait face à deux défis extérieurs considérables et distincts. L’apparition de
l’épidémie de coronavirus et les effets d’une sécheresse sévère vont vraisemblablement conduire

9 “Value Added Per Worker (constant 2010 US$). World Bank Data. Disponible en ligne : https://data.worldbank.org/country/
morocco. Consulté le 11 août 2020.
10 “Middle East and North Africa Report 2017”, Global Entrepreneurship Monitor.
11 “Atlas of Economic Complexity: Morocco”. Havard Growth Lab. https://atlas.cid.harvard.edu/countries/134. Consulté le 11
août 2020.
12 “Labor Market in Morocco: Challenges and Opportunities” World Bank, 2018.
13 “Le marché du travail au Maroc : défis et opportunités” (2017) Haut-Commissariat au Plan et la Banque mondiale, 2017.
14 Morocco Overview (1 May 2020)”. World Bank. Disponible en ligne : https://www.worldbank.org/en/country/morocco/
overview (Consulté le 28 juillet 2020).
| 15
à une récession cette année, avec une baisse projetée du PIB réel de 4%. 15 La reprise économique
suite à l’épidémie est prévue d’être longue: la croissance retournant à son niveau pré-épidémie
d’ici 2022, avec des conséquences sévères, voire incertaines, pour le secteur du tourisme du
pays.16
On anticipe que l’impact économique du coronavirus conduira à une augmentation du taux
de pauvreté d’au moins 1%, voire plus; ce qui représente 300 000 Marocains supplémentaires
tombant en dessous du seuil de pauvreté et un total de presque 10 millions de Marocains courant
le risque de tomber en dessous du seuil de pauvreté, même à la suite d’un faible choc économique
négatif.17
Cela pourrait détériorer un autre point important de l’économie du Maroc: le fossé entre les
zones urbaines et rurales. Le gouvernement marocain estime que la pauvreté relative a diminué
de 10,3% à 8,2% dans les régions urbaines entre 2012 et 2017, mais que ce taux a augmenté d’un
niveau déjà haut de 37,3% à 38,2% dans les régions rurales durant la même période.18
L’avenir du Maroc sera déterminé à la fois par ses choix et réformes internes et par sa réaction
aux facteurs extérieurs telles les pressions environnementales et l’évolution de l’épidémie. Ses
nombreux accords commerciaux, sa stabilité politique et l’amélioration des infrastructures
fournissent une base solide. Le gouvernement continue d’identifier un éventail de réformes
économiques et légales qui conduiront à des améliorations. Cependant, le Maroc pourrait rester
au niveau des pays à revenu intermédiaire si le déclin de la qualité de l’administration et la
distorsion économique engendrée par les grandes entreprises publiques ne sont pas traités.
Le double défi de l’épidémie et du changement climatique sont susceptibles de créer la tentation
de recourir à davantage d’intervention et de contrôle de l’État. Cependant, ces problèmes exigent
aussi le recours à l’innovation, au changement et à la flexibilité qui ne peuvent provenir que d’une
plus grande ouverture économique dans les secteurs actuellement dominés par des entreprises
dans lesquelles l’État a un intérêt. Le progrès pour la majorité de la population au Maroc n’est
vraisemblablement possible que par des réformes qui permettront au plus grand nombre de
contribuer à l’économie formelle.

ANALYSE DE L’OUVERTURE ECONOMIQUE DU MAROC


Pour analyser l’Ouverture Economique du Maroc, nous examinons les performances du passé, les
conditions actuelles, et identifions dans quelle mesure le gouvernement pourrait renforcer les
opportunités et contrer les menaces potentielles à l’avancement du pays. Le Maroc se classe 72ème
mondialement en termes d’Ouverture Economique et 9ème dans la région du Moyen-Orient et
d’Afrique du Nord (voir Figure 1).
Notre évaluation de l’Ouverture Economique du Maroc est basée sur son classement dans des
bases de données mondiales comme la Banque Mondiale, le Forum Economique Mondial et le
Fonds Monétaire International.19 L’analyse de la performance du Maroc dans ce rapport se focalise
sur ce que nous considérons comme les facteurs clés de la santé économique à travers le monde.
Ils sont organisés en quatre piliers:

15 “Middle East and North Africa Report 2017”, Global Entrepreneurship Monitor.
16 “Morocco Overview (1 May 2020)”. World Bank. Disponible en ligne : https://www.worldbank.org/en/country/morocco/
overview (Consulté le 28 juillet 2020).
17 En utilisant un seuil de pauvreté de 3,2 USD en termes de parité de pouvoir d’achat; “Social and Economic Impact of the Covid
19 Crisis on Morocco” UNDP, UNECA and World Bank, March 2020.
18 “Indicateurs De Suivi Du Développement Humain. Niveau & Tendances à l’échelle Nationale Et Régionale. 2012-2017”.
16 | Royaume du Maroc Le Chef du Gouvernement and Observatoire National du Développement Humain.
19 (Pour une liste complète des sources de données, voir l’annexe).
Figure 1: Score d'Ouverture Economique

56
72ème
54

52
Score de l’Index

50 77ème

48

46

44

42
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019

Maroc Moyen-Orient et Afrique du Nord

Accès aux Marchés et Infrastructures: cela mesure la qualité des infrastructures qui favorisent
le commerce (comprenant les Communications, le Transport et les Ressources), et les facteurs qui
inhibent le flux de biens et services entre le pays et ses partenaires commerciaux. Quand les mar-
chés possèdent suffisamment d’infrastructures et ont peu d’obstacles au commerce et un passage
aux frontières souple, le commerce peut s’épanouir. Ce genre de commerce crée des marchés plus
compétitifs et efficaces, permettant de tester, financer et commercialiser de nouveaux produits et
de nouvelles idées, ce qui bénéficie aux consommateurs au final, à travers une plus grande variété
de biens et des prix plus compétitifs.

Le Maroc se classe 64ème pour l’Accès aux marchés et Infrastructures, grimpant de quatre places
sur la dernière décennie. L’accès à internet (grâce aux téléphones portables) et les infrastructures
de transport se sont considérablement améliorés. Le Maroc continue de libéraliser le commerce
international à travers une large gamme d’accords commerciaux. Cependant, le Maroc fait face au
défi sérieux des pressions environnementales sur ses ressources en eau, et un marché du haut-dé-
bit peu compétitif qui limite le développement économique du Maroc

Environnement d’Investissement: cela mesure à quel point les investissements sont protégés de
façon adéquate à travers des Droits de Propriété, des Protections d’Investisseurs et l’Exécution des
Contrats. La disponibilté pour investir les capitaux nationaux et internationaux (dette et capital
propre) est également mesurée. Plus un système légal protège les investissements, par exemple
grâce aux Droits de Propriété, plus cet investissement peut stimuler la croissance économique.

Le Maroc se classe 68ème pour son Environnement d’Investissement, gagnant 13 places sur la der-
nière décennie, et grimpant dans les classements de chaque élément de ce pilier. Il y a eu d’impor-
tantes réformes pour renforcer les droits de propriété intellectuelle et la protection des investis-
seurs. L’écosystème de financement demeure un atout particulier du Maroc. Cependant, le Maroc
impose toujours certaines restrictions sur les investissements internationaux, chose qui limite le
développement dans ce domaine.

| 17
Conditions d’Entreprise: cela mesure la facilité avec laquelle les entreprises peuvent être créées,
entrer en concurrence et se développer. La concurrence sur les marchés, avec peu d’obstacles à
l’entrée, reste importante pour que les entreprises innovent et développent de nouvelles idées.
Elle est essentielle pour une économie dynamique et entreprenante dans laquelle les réglementa-
tions favorisent les affaires et répondent aux besoins changeant de la société.

Le Maroc se classe 70ème pour les Conditions d’Entreprise, un gain de 23 places sur 10 ans, princi-
palement grâce à un progrès impressionnant dans l’allègement des réglementations. L’environne-
ment pour la création d’entreprise s’est aussi légèrement amélioré et une baisse substantielle des
subventions à l’énergie a conduit à une réduction significative des distorsions de prix. Cependant,
la contestabilité du marché national est faible et s’aggrave, à cause du rôle important de l’État
dans beaucoup de secteurs. De plus, le marché du travail reste limité avec une réglementation
lourde.

Gouvernance: Elle évalue la mesure dans laquelle il existe des contrôles et des restrictions sur
le pouvoir et si les gouvernements fonctionnent efficacement et sans corruption. La nature de
La gouvernance d’un pays a un impact matériel sur sa prospérité. L’État de droit, des institutions
fortes et la qualité de la réglementation contribuent de manière significative à la croissance
économique, tout comme les gouvernements compétents qui mettent en œuvre des politiques
de manière efficace et conçoivent des réglementations qui permettent d’atteindre les objectifs
politiques sans être trop lourdes.
Le Maroc se classe 98ème Sur le volet Gouvernance et a chuté de 16 places sur la dernière
décennie, avec des détériorations sur chaque élément d’Administration de l’Index, malgré
l’introduction d’une nouvelle Constitution en 2011. L’efficacité du gouvernement pourrait
bénéficier d’une meilleure responsabilisation et d’une administration plus forte, ce qui à son tour
diminuerait la corruption. Au cours des dernières années, la façon dont les experts perçoivent
l’application des réglementations dans le pays s’est détériorée.
Notre analyse montre un lien clair entre la proportion de l’économie d’un pays présentant ces
caractéristiques et sa capacité de production.20 Ce lien est confirmé par une longue tradition de
littérature académique et se retrouve aussi dans l’histoire économique des pays qui ont atteint un
haut niveau de santé économique.
Au cours des 10 dernières années, l’Ouverture Economique du Maroc s’est améliorée, gagnant
trois places au classement mondial. Cependant, ce taux d’amélioration a été inégal, avec un
progrès important sur l’Environnement d’Investissement et les Conditions d’Entreprise dans
le pays (et certains éléments de l’Accès aux Marchés et Infrastructures) qui est affaibli par une
détérioration de l’état de la gouvernance .
Le classement du Maroc met en avant les risques liés à l’absence de réforme, mais aussi
les opportunités potentielles ; l’impact de l’épidémie de coronavirus et des pressions
environnementales va mettre en évidence les fractures dans le succès économique marocain.
Les chapitres qui suivent examinent en détail la performance du Maroc sur les quatre piliers et
les éléments distincts qui constituent notre mesure d’Ouverture Economique. Nous examinerons
les performances du passé, les conditions actuelles, et identifierons comment le gouvernement
pourrait renforcer certaines opportunités et contrer les menaces potentielles à l’avancement du
pays.

20 Voir “Global Index of Economic Openness”, Legatum Institute, mai 2019.


18 |
Dans le cadre de notre analyse, nous avons choisi un ensemble de pays comparables au niveau
régional et mondial qui sont à un niveau semblable de développement ou qui offrent un point de
référence auquel le pays peut aspirer. Au sein de la région MENA, nous avons l’Arabie Saoudite
(56ème), la Turquie (62ème), le Koweït (77ème), la Tunisie (87ème), l’Egypte (105ème) et l’Algérie (123ème).
En dehors de cette région, nous avons retenu le Rwanda (67ème), l’Indonésie (69ème), la Colombie
(73ème) et le Ghana (91ème).

Table 1: Pillars and Elements of Economic Openness

ACCES AU MARCHE ET ENVIRONNEMENT CONDITIONS


ADMINISTRATION
INFRASTRUCTURES D'INVESTISSEMENT D'ENTREPRISE

— Communications — Droits de Propriété — Contestabilité du — Contraintes de


Marché National l’Exécutif
— Ressources — Protection des
Investisseurs — Distorsions de Prix — Responsabilité
— Transport
Politique
— l’Application des — Environnement
— Administration des
Contrats pour la Création — Etat de Droit
Frontières
d’Entreprises
— Ecosystème de — Intégrité du
— L’Echelle d’Ouverture
Financement — Fardeau Gouvernement
du Marché
Réglementaire
— Restrictions sur — Efficacité du
— Obstacles dus aux
l’Investissement — Flexibilité du Gouvernement
Taxes à l’Importation
International Marché du Travail
— Qualité des
— Distorsions du
régulations
Marché

| 19
Credit (Shutterstock.com)
20 |
Credit (Shutterstock.com)
ACCES AUX MARCHES ET INFRASTRUCTURE
(RANG DU MAROC: 64ÈME)
Un environnement favorable au commerce permet à de nouveaux produits et idées d’être
testés, financés, commercialisés et livrés facilement aux consommateurs. Notre pilier Accès
aux Marchés et Infrastructures comprend à la fois les mécanismes essentiels au commerce
(Communications, Transport et Ressources) ainsi que ses inhibiteurs (Contrôle aux Frontières,
Échelle du Marché Ouvert, Taxes à l’Importation et Distorsions du Marché).
Les avantages du libre-échange s’expliquent souvent en termes d’avantage comparatif ricardien
et d’amélioration du choix des consommateurs. Le commerce autonomise les individus et
encourage la concurrence. Offrir des choix aux consommateurs et aux entreprises quant aux
produits, services et idées qu’ils peuvent acheter aux niveaux national et international est au
cœur du libre-échange.
Le rôle que joue le commerce dans la communication d’idées nouvelles et l’augmentation de la
productivité est tout aussi important. La concurrence du commerce international garantit que
même lorsqu’une entreprise n’exporte pas, elle est obligée de répondre aux nouvelles idées de la
concurrence accrue sur les marchés nationaux1.
Le Maroc se classe 64ème pour l’Accès aux Marchés et Infrastructures, gagnant quatre places sur
la dernière décennie. Les infrastructures se sont considérablement améliorées dans certains
secteurs, comme le marché compétitif de la téléphonie mobile qui a stimulé l’accès à internet
de haute qualité, et une croissance forte de la capacité et la qualité des ports maritimes, en
particulier le port Tanger-Med qui est maintenant le port méditerranéen et africain avec la plus
grande capacité de conteneurs. Le Maroc a également continué de libéraliser le commerce
international à travers un large éventail d’accords commerciaux. Cependant, le Maroc fait face à
un défi sérieux provenant de l’impact des pressions environnementales sur ses ressources en eau
et d’un marché du haut-débit peu compétitif qui limite le développement économique du Maroc.

COMMUNICATIONS (RANG DU MAROC: 74ÈME)


L’échange libre d’information, soutenu par une bonne infrastructure des communications, est
une composante vitale de l’Ouverture Économique. De plus, l’émergence des technologies
de communication en tant que produit final a créé une opportunité économique pour les
entreprises et les pays innovants. Des sociétés entières ont été transformées par cette évolution
des technologies de communication. Notre mesure prend en considération un large éventail
de formes et de mesures de communication, allant des télécommunications fixes et mobiles
jusqu’aux débits et taux de pénétration du haut débit.

Le Maroc se classe 74ème pour les Communications, gagnant sept places sur la dernière décennie.
Ce gain est le résultat de l’amélioration marquée de l’utilisation de la téléphonie mobile, avec un
marché compétitif fournissant une connectivité relativement bon marché et rapide. Cependant,
deux facteurs empêchent les Infrastructures de Communications du Maroc de s’améliorer
rapidement: un haut-débit lent avec peu de clients et une fracture entre l’urbain et le rural.

1 Sebastian Edwards, “Openness, productivity and growth: What do we really know?” The Economic Journal 108, no.447 (1998),
p.383-398

| 21
Figure 2 : Score de l’amélioration de la communication dans certains pays

Koweït -4
Arabie Saoudite -
Turquie +3
Colombie +3
Maroc +7
Tunisie +8
Egypte -3
Algérie +7
Rwanda -1
Ghana -6
Indonésie +10
0 9 18 27 36 45 54 63 72 81 90

Score pour l’élément (2009, 2019) et l'amélioration du rang

Le taux de pénétration des téléphones mobiles a triplé au Maroc entre 2006 et 2018, avec
maintenant 72% de la population ayant un contrat de téléphonie mobile.2 Cela a eu pour
conséquence d’améliorer considérablement l’accès à internet. En 2018, les deux-tiers de la
population avaient accès à internet; l’internet mobile représentant environ 94% de toutes les
connexions internet.3 L’accès est aussi de très bonne qualité ; le pays a été classé premier en Afrique
pour sa couverture 4G, et avec des vitesses de 33Mbps, la bande passante du Maroc est plus grande
que la moyenne mondiale et aussi que celle de la plupart des pays comparables.4 Les prix sont
relativement bon marché ; le Maroc a le 28ème coût le plus bas au monde pour les données mobiles.5

Il apparait que ce succès a été stimulé par une concurrence accrue sur le marché mobile. Les
responsables officiels supervisant le secteur TIC du Maroc ayant fait de la compétition une priorité
clé.6 Le leader du marché, Maroc Telecom, a vu ses actions perdre 5% entre 2012 et 2018, et les
concurrents Orange et Inwi ont innové en introduisant respectivement les réseaux LTE-A et 4G
améliorés.7 L’introduction d’une base de données de transférabilité des numéros par l’autorité
régulatrice (ANRT) a stimulé ce processus en permettant aux usagers de changer d’opérateurs tout
en gardant leur numéro.8

Cependant, la situation du haut-débit est beaucoup moins positive. Le Maroc se classe 123ème
mondialement pour ses vitesses de téléchargements par haut-débit fixe (18Mbps).9 En 2019, moins
de 4% de la population avait un contrat de ligne fixe haut-débit. Bien que le nombre de contrats
ait augmenté de 160% par rapport à la décennie précédente, cela reste plus lent que dans les pays
semblables.10

La concurrence pour le haut-débit fixe est faible. Maroc Telecom (avec une participation de 22%

2 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.183; “The Mobile Economy - Middle East & North Africa”. GSMA, 2019.
3 Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications; “Morocco’s fixed broadband market 2019” Business Wire,
2019.
4 “The State of LTE (February 2018)”. Opensignal, 2018; Speedtest Global Index, July 2019.
5 “Worldwide mobile data pricing: The cost of 1GB of mobile data in 228 countries”. Cable.co.uk. Disponible en ligne : https://
www.cable.co.uk/mobiles/worldwide-data-pricing/. (Consulté le 16 janvier 2020).
6 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.183.
7 Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications.
8 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.183.
22 | 9 Speedtest Global Index, July 2019.
10 International Telecommunications Union.
de l’Etat) possédait une part de marché de 89% des lignes fixes en septembre 2018.11 Étant donné
que les télécommunications sont considérées comme un secteur stratégique pour le pays, l’autorité
régulatrice (ANRT), bien qu’indépendante officiellement, fonctionne sous la supervision directe d’un
conseil d’administration comprenant le Chef du Gouvernement et plusieurs autres ministres.12 Les
risques d’interférences devraient être surveillés de près pour éviter de compromettre l’indépendance
et l’efficacité de l’autorité régulatrice lorsqu’il s’agit de prendre et de faire appliquer des décisions
allant à l’encontre de l’entreprise partiellement publique Maroc Telecom.13 Il y a des signes
contradictoires quant au pouvoir de l’ANRT. D’une part, l’ANRT a pris des décisions concernant
l’accès à la ligne d’abonnés de Maroc Telecom mais, d’autre part, la Banque Mondiale rapporte
qu’elles ne sont pas suffisamment appliquées.14 Cependant, l’ANRT a condamné cette année Maroc
Telecom à payer une amende de 3,3 milliards de dirhams (équivalent à 10% de son chiffre d’affaires
de 2018) pour ne pas avoir mis en place les dégroupements d’infrastructure requis par la loi.15
L’obtention de licence d’infrastructure est aussi un problème majeur : contrairement à certains pays
émergents d’Europe Centrale, le Maroc ne dispose pas de Fournisseurs d’Accès autorisés à déployer
leur propre infrastructure.16

Il existe également une disparité flagrante entre connectivité urbaine et rurale. En 2017, plus de
78% des foyers urbains avaient accès à internet sous une forme ou une autre, comparé à 53%
des foyers ruraux.17 Bien qu’il s’agisse à la fois de la connectivité mobile et du haut débit, l’une des
raisons importantes de cette disparité est que le marché du haut débit reste limité aux principaux
centres urbains et routes du pays. La Banque Mondiale soutient que cela est dû à un manque de
concurrence, une réglementation incomplète et inefficace et un sous-investissement dans les
infrastructures (principalement fixes).18

Opportunités

1. Prendre des mesures pour assurer que les décisions indépendantes prises par l’autorité
régulatrice soient appliquées totalement.
2. Augmenter la concurrence sur le marché du haut-débit, en (à titre d’exemple):
a. Introduisant une réglementation pour un accès ouvert et sans discrimination aux
réseaux de communications par des opérateurs télécoms et des opérateurs alternatifs
d’infrastructure.19
b. Introduisant un régime qui autorise l’accès aux marchés plutôt qu’un régime de licences.20

11 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.185.


12 “Version consolidée de la Loi n°24-96 relative à la poste et aux télécommunications, telle qu’elle a été modifiée et
complétée” Law 24/96, disponible sur le site de l’ANRT : https://www.anrt.ma/en/reglementation/lois/telecommunications
(Consulté le 2 septembre 2020)
13 “Broadband: the platform of the digital economy and a critical development challenge for Morocco” World Bank Group, 2016.
14 Ibid.
15 “310 M€ d’amende pour Maroc Telecom” Econostrum, le 2 février, 2020.
16 “Broadband: the platform of the digital economy and a critical development challenge for Morocco” World Bank Group, 2016.
17 Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications.
18 “Broadband: the platform of the digital economy and a critical development challenge for Morocco” World Bank Group, 2016.
19 Ibid. | 23
20 Ibid.
3. S’inspirer de l’Europe de l’Est qui a mis en place des réformes pour améliorer les taux de
pénétration des lignes fixes en:
a. Stimulant les investissements privés dans le réseau haut-débit, par exemple en passant
une loi sur le logement exigeant que tout nouvel immeuble soit équipé de la fibre optique ;
en listant et cartographiant les infrastructures existantes qui pourraient être utilisées pour
déployer de nouveaux réseaux.21
b. Promouvant les partenariats public-privé (PPP) et l’utilisation du fonds de service universel
lorsque les incitations à la fourniture du haut débit par le secteur privé font défaut.22

RESSOURCES (RANG DU MAROC: 58ÈME)


L’accès à des ressources fiables et bon marché, y compris l’eau et l’énergie, est crucial pour
qu’une économie fonctionne bien. Une distribution d’énergie non fiable a tendance à limiter
la croissance d’une entreprise potentielle et représente un obstacle à un commerce efficace.
Notre mesure des Ressources a pour but d’évaluer la qualité, la fiabilité et le coût abordable ou
non du réseau énergétique d’un pays, ainsi que l’accès et l’utilisation des ressources en eau.

Le Maroc se classe actuellement 58ème mondialement pour les Ressources, reflétant une chute de 10
place sur une période de 10 ans. Le Maroc maintient un classement plus haut qu’un certain nombre
de concurrents mais, si la tendance continue ainsi, le Royaume sera bientôt dépassé par ses pairs. Le
Maroc a accompli un progrès remarquable en électricité mais fait face à de sérieux défis provenant
de tensions sur les ressources en eau dues aux pressions environnementales.

Le Maroc a Le développement de l’industrie électrique du Maroc sur les trois dernières décennies a été
accompli un progrès considérable. L’alimentation en courant a triplé et l’énergie renouvelable s’est étendue jusqu’à
remarquable en représenter un tiers du total.23 L’alimentation en électricité de tout le pays est maintenant
électricité mais fait accomplie,24 grâce à l’ambitieux Programme d’Electrification Rurale Généralisé (PERG).25 La
face à de sérieux défis fiabilité est haute comparée à la moyenne de la région MENA26. Le coût de l’électricité, s’élevant en
provenant de tensions moyenne à 12,4 cents par kWh,27 est moyennement bon puisqu’il est plus bas que dans des pays tels
sur les ressources en que la Colombie, le Ghana et le Rwanda, mais plus élevé qu’en Egypte, Algérie, Tunisie et Turquie.28
eau dues aux pressions Pour parvenir à une augmentation de l’accès à une électricité fiable, le Maroc a créé sa voie propre
environnementales. et distinctive de réforme du secteur de l’énergie.29 Le pays a introduit une participation sélective
du secteur privé pour l’élargissement de la capacité de production et de distribution d’électricité,
tout en maintenant un service public fort, agissant comme client unique au cœur du secteur.
Le gouvernement a fixé des objectifs ambitieux pour l’accès à l’électricité, la libéralisation et
les investissements dans l’énergie renouvelable (qui étaient perçus comme faisant partie d’une

21 “Broadband: the platform of the digital economy and a critical development challenge for Morocco” World Bank Group, 2016.
22 Ibid.
23 “Usman, Zainab; Amegroud, Tayeb. 2019. Lessons from Power Sector Reforms: The Case of Morocco. Policy Research Working
Paper; No. 8969. World Bank, Washington, DC.
24 “Access to electricity, rural (% of rural population) – Morocco” World Bank Data. Disponible en ligne : https://data.worldbank.
org/indicator/EG.ELC.ACCS.RU.ZS?locations=MA
25 “What Can Developing Countries Learn from Morocco’s Experience with Power Sector Reforms?” Zainab Usman, World Bank
Blogs, 2019.
26 Doing Business 2020: Economy Profile Morocco. World Bank Group, 2020.
27 Ibid.
28 “Getting Electricity: Price of Electricity (US cents per kWh)”. Doing Business Data. World Bank. Disponible en ligne : https://
www.doingbusiness.org/en/data. (Consulté le 18 avril 2020)
29 “Usman, Zainab; Amegroud, Tayeb. 2019. Lessons from Power Sector Reforms : The Case of Morocco. Policy Research Working
Paper; No. 8969. World Bank, Washington, DC.
24 |
approche au développement économique). Ceci en allégeant les pressions fiscales, en réduisant la
dépendance aux combustibles fossiles et en positionnant le pays comme leader régional en énergie
renouvelable, avec la plus grande centrale solaire du monde.
Jusqu’à récemment, il n’y avait pas de régulateur indépendant pour l’énergie ; les réglementations
étant exécutées directement par le gouvernement jusqu’à la création d’un régulateur autonome
en 2016 à savoir l’ANRE.30 La concurrence était aussi limitée en dehors de la production d’énergie ;
bien que la part de la production en énergie de l’Office National de l’Eau et de l’Électricité (ONEE)
ait chuté dramatiquement de 90% en 1991 à environ 30% en 2017, l’ONEE domine toujours le
transport et la distribution d’électricité.31 Cela pourrait constituer un facteur explicatif des prix plus
élevés que dans des pays comparables de la région.
Les ressources en eau représentent un domaine de défi beaucoup plus grand. Les infrastructures se
sont considérablement améliorées avec un taux d’accès à l’eau potable passant de 15% à 96,5% sur
les deux dernières décennies.32 Cependant, le Maroc fait partie des 25 pays au monde avec le plus
de tensions relatives à l’eau et fait face à de sérieuses difficultés, dues à un déclin des précipitations
estimé à 30% d’ici 2050.33
Le secteur agricole est l’utilisateur principal d’eau (représentant 86% de la consommation totale
d’eau).34 Les données indiquent une inefficacité marquée de l’utilisation de l’eau dans le secteur,
puisque le taux d’efficacité est de seulement 48%, signalant des pertes en eau considérables.35 Le
gouvernement a une gamme de projets en cours pour améliorer l’utilisation de l’eau, comprenant:
• Une augmentation de la capacité de dessalement.36
• Des incitations fiscales pour que les petites exploitations s’équipent en irrigation et mettent
en place des techniques de préservation de l’eau.37
• Le Programme National d’Economie d’Eau en Irrigation (PNEEI) passant de l’irrigation de
surface à l’irrigation localisée.38
• Un projet de la Banque Mondiale fournissant aux agriculteurs une irrigation au goutte-à-
goutte de grande efficacité.39

30 “Usman, Zainab; Amegroud, Tayeb. 2019. Lessons from Power Sector Reforms : The Case of Morocco. Policy Research Working
Paper; No. 8969. World Bank, Washington, DC.
31 Ibid; Country Nuclear Power Profiles 2018 Edition: Morocco. IAEA, 2018. Disponible en ligne : https://www-pub.iaea.org/
MTCD/Publications/PDF/cnpp2018/countryprofiles/Morocco/Morocco.htm (Consulté le 20 août 2020).
32 “Country Results Brief 2019: Morocco” African Development Bank Group, 2019.
33 “Moroccan Farmers Save Water on Irrigation and Increase Agricultural Production” World Bank, 2019; “Kingdom of Morocco:
Country Strategy Paper 2017-2021,” African Development Bank, p.28.
34 “Business Opportunities Report for Reuse of Wastewater in Morocco”. Netherlands Enterprise Agency, 2018. 
35 “Water Quality and Use in Morocco”. Fanack, 2019. Disponible en ligne : https://water.fanack.com/morocco/water-quality-
and-use-morocco/ (Consulté le 20 août 2020).
36 Ibid.
37 L’entretien avec Simohamed Azzouz, le directeur général de Magriser, référencé dans “The Report: Morocco 2019”. Oxford
Business Group.
38 “The ‘Green Morocco’ Plan Strengthens Localized Irrigation” Morocco World News, 2019.
39 “Moroccan Farmers Save Water on Irrigation and Increase Agricultural Production” World Bank, 2019.
| 25
Opportunités

Energie
1. Identifier des moyens pour réduire les coûts en électricité, ce qui pourrait conduire à un
développement de la concurrence dans la distribution et le transport d’électricité.
Eau
D’importantes opportunités s’offrent au Maroc pour atténuer l’impact de la diminution des
précipitations, incluant:
1. La poursuite des programmes d’investissement dans les infrastructures d’irrigation.
2. La poursuite des mesures visant à améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’eau
3. Le développement des efforts pour recycler les eaux usées et augmenter la capacité de
dessalement.40

TRANSPORT (CLASSEMENT DU MAROC: 60ÈME)


Le transport sous-tend la capacité à déplacer les produits et les personnes efficacement,
facilement et de façon fiable. Un réseau de fret bien connecté contribue à la croissance
économique en soutenant le développement des ressources et en accroissant le commerce
entre Etats. Nous évaluons la qualité des infrastructures physiques telles que le réseau routier,
ferroviaire, portuaire et aérien, ainsi que la performance logistique qui mesure l’efficacité de
l’import et l’export de produits dans un pays.

Le transport au Maroc s’est amélioré durant les 10 dernières années, grimpant 13 niveaux pour
atteindre la 60ème place mondialement. Ceci est dû principalement à une amélioration majeure de la
façon dont les experts ont évalué l’Efficacité des Services Portuaires. Sur ce dernier point, le Maroc
se classe considérablement plus haut que ses voisins, à savoir la Tunisie (90ème) et l’Algérie (104ème).
Toutefois, le pays devra développer davantage ses services pour atteindre un niveau semblable à
celui des autres pays comparatifs comme la Turquie (43ème) et l’Arabie Saoudite (45ème).
98% des échanges Le transport maritime est un atout majeur, avec le développement et la croissance du port principal
commerciaux du de Tanger Med depuis 2007.41 Tanger Med est maintenant le port méditerranéen et africain avec la
Maroc avec l’étranger plus grande capacité pour le transport de conteneurs. Il est leader de la région du Maghreb et en,
arrivent par la mer, déplaçant la majorité du trafic maritime trans-Maghrébin depuis d’autres ports régionaux vers le
rendant cruciaux les Maroc.42 Il importe de noter que 98% des échanges commerciaux du Maroc avec l’étranger arrivent
investissements dans par la mer, rendant cruciaux les investissements dans les ports pour une plus large croissance
les ports pour une économique.43 La Stratégie Portuaire Nationale 2030 du gouvernement reconnaît ce fait, avec
plus large croissance comme objectif de construire cinq nouveaux ports et d’en développer quatre de surcroît.44
économique.

40 “Morocco’s Water Security: Productivity, Efficiency, Integrity” OCP Policy Center, 2017.
41 “Tanger Med Global Logistics Hub” Tanger Med Port Authority. Disponible en ligne : http://www.tmpa.ma/wp-content/
uploads/2019/04/Brochure-Port-Anglais-1.pdf (Consulté le 20 août 2020).
42 “Morocco now has the largest capacity for shipping containers in the Mediterranean” The Africa Report, 2019; “Economic
Integration in the Maghreb: An Untapped Source of Growth”; IMF Departmental Paper, février 2019.
43 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.144.
44 “Business opportunities: Dutch companies in Transport & Logistics sector Morocco” Marco Rensma et Saad Haamoumi pour
Netherlands Enterprise Agency, 2018.
26 |
Les réseaux routier, ferroviaire et aérien ont aussi fait l’objet d’investissement du gouvernement
marocain. Les routes sont le mode de transport principal au Maroc53 . Elles demeurent relativement
de bonne qualité (classées 49ème mondialement), mais sont peu nombreuses (classées 113ème). 45
Investir dans le réseau routier est une priorité du gouvernement. Dans la période 2012-2016, il
y a eu en moyenne une augmentation des investissements de 30% par an dans le réseau routier
comparé aux quatre années précédentes. En 2016, un nouveau programme de routes rurales a été
annoncé.46 Des investissements majeurs supplémentaires sont prévus dans le programme Plan
Route 2035.47 La sécurité routière est un réel problème, classant le pays 128ème en termes d’années
de vie vécues avec une incapacité résultant d’un accident de la route.48
La couverture du territoire par voie ferrée reste relativement basse malgré des investissements
visant à étendre le réseau ferroviaire à 3600km avec 120 gares d’ici 2017. A présent, le réseau
ferroviaire est particulièrement important avec 70% du volume de cargo voyageant par train depuis
ou vers les ports.49
Il y a eu des améliorations pour les trains passagers, avec en particulier l’inauguration en 2018
du projet phare du train à grande vitesse (la Ligne à Grande Vitesse) entre Casablanca et Tanger
via Rabat.50 Une deuxième ligne à grande Vitesse entre Casablanca et Marrakech est prévue; et
la stratégie ferroviaire à l’horizon 2040 (Plan Rail Maroc) détaille comment le réseau ferroviaire
jouera un nouveau rôle, avec 37,5 milliards de dollars d’investissements prévus.51 Concernant le fret
ferroviaire, l’augmentation des transports attendue à Tanger Med pourrait accentuer la couverture
relativement faible du pays, soulignant la nécessité de renforcer le réseau.52
Quant au transport aérien, celui-ci a connu une nette croissance. Suite à la signature d’un accord
ciel ouvert (OpenSky) avec l’Union Européenne en 2004, le nombre de voies aériennes et de
compagnies aériennes a approximativement doublé.53 De plus, 22,5 millions de passagers sont
passés par les aéroports du pays en 2018, soit le chiffre le plus élevé jamais enregistré auparavant.54
Le fret aérien a aussi augmenté en 2018 (de 7%) mais, comme pour le reste de l’Afrique en général,
il demeure assez bas comparé aux indices de référence mondiaux.55
Le Maroc est en train d’agrandir ses aéroports pour absorber l’augmentation du trafic, avec pour
objectif de hisser l’Aéroport Mohammed V de Casablanca au rang de hub régional.56 Cet objectif a
été soutenu par l’ouverture d’un nouveau terminal de 2 milliards de dollars en 2019, faisant passer
la capacité de tous les aéroports du pays de 24 millions de passagers actuellement à 75 millions de
passagers d’ici 2035.57

45 “FY 2016 Ex-Post Evaluation of Japanese ODA Loan Project: Rural Road Improvement Project” Takeshi Daimon, Waseda
University, 2016.
46 “Morocco Strengthening Integrity in the Energy, Transportation and Health Sectors” OECD, 2018; “Grands Projets: Routes
rurales​” Kingdom of Morocco: Ministry of Equipment, Transport, Logistics and Water. Disponible en ligne: http://www.equipement.
gov.ma/Infrastructures-Routieres/Grands-Projets/Pages/Routes-Rurales.aspx (Consulté le 13 août 2020).
47 “Business opportunities: Dutch companies in Transport & Logistics sector Morocco” Marco Rensma et Saad Haamoumi pour
Netherlands Enterprise Agency, 2018.
48 L’indice de prospérité de Legatum Institute Prosperity Index.
49 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.141
50 Ibid.
51 Ibid.
52 “Business opportunities: Dutch companies in Transport & Logistics sector Morocco” Marco Rensma et Saad Haamoumi pour
Netherlands Enterprise Agency, 2018.
53 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.142
54 Ibid.
55 Office National des Aéroports; “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.142.
56 “Business opportunities: Dutch companies in Transport & Logistics sector Morocco” Marco Rensma et Saad Haamoumi pour
Netherlands Enterprise Agency, 2018.
57 Ibid, “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.142.
| 27
Les partenariats public-privé (PPP) sont perçus comme offrant la possibilité d’attirer des
investissements plus larges dans le transport. D’ailleurs, le Ministre de l’Économie et des Finances
avait annoncé en Décembre 2018 que le renforcement des investissements dans le Royaume
dépendait du développement de plus de PPP.58 La réalisation du nouveau port de Kénitra Atlantique
est prévue comme PPP les autorités publiques de Fès-Meknès cherchent de plus en plus à financer
leurs projets et initiatives via des PPP.59
Le Maroc se classe relativement mal pour la performance en logistique (84ème), puisque le secteur
est largement non régulé. Le secteur du fret routier est dominé par les PME (95% des compagnies)
avec beaucoup de ces petites entreprises qui pratiquent généralement la fraude fiscale et sociale.60
La stratégie logistique nationale (2010-2030) a pour objectif d’augmenter la croissance du PIB en
réduisant les coûts logistiques et en augmentant la compétitivité.61
Opportunités
1. Continuer l’investissement pour l’amélioration de la densité des infrastructures routières et
ferroviaires, en restant concentré sur l’amélioration de la sécurité routière
2. S’assurer que la structure des Partenariats Public-Privé est à la fois bien adaptée pour attirer
les investisseurs et rentable pour les finances publiques marocaines
3. Baisser les coûts logistiques, en encourageant la formalisation et la montée en puissance des
entreprises marocaines

ADMINISTRATIONS DES FRONTIERES (RANG DU MAROC: 87ÈME)


Les entraves au commerce dues à la lenteur et l’inefficacité bureaucratiques limitent l’efficacité et le
dynamisme des économies. L’ampleur des entraves est souvent liée à la corruption et à la collusion.
Notre mesure de l’Administration des Frontières prend en compte le temps et le coût des procédures
douanières d’un pays.
Le Maroc se classe 87ème pour l’Administration des Frontières, perdant huit places depuis 2009
malgré une légère amélioration de son score. Bien que cela représente une faiblesse du Maroc,
celui-ci reste plus performant que la majorité des pays comparables. Il n’y a que la Turquie qui
possède une législation des frontières moins couteuses en temps et en argent que le Maroc.
Le lancement de PortNet, une unique plateforme de commerce, a amélioré les procédures
douanières à travers le pays qui sont maintenant comparativement rapides à accomplir.62 Le
temps passé à se conformer aux procédures douanières est passé de presque 52 heures en 2014
à juste 32 heures en 2018 et le Maroc se classe 50ème mondialement pour le coût relatif aux
procédures douanières.63
Cependant, un défi important réside dans le domaine des procédures d’autorisations douanières
du Maroc pour lesquelles le pays est classé 128ème mondialement.64

58 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.31


59 Ibid. p.137 and p. 173.
60 Business opportunities: Dutch companies in Transport & Logistics sector Morocco” Marco Rensma et Saad Haamoumi pour
Netherlands Enterprise Agency, 2018.
61 Ibid.
62 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.144
63 “Trading Across Borders” World Bank. Disponible en ligne : https://www.doingbusiness.org/en/data/exploretopics/trading-
across-borders. (Consulté : le 22 janvier 2020)
64 L’indice de performance logistique de la Banque mondiale.
28 |
Des compagnies américaines ont rapporté que l’approche du Maroc pour l’évaluation des biens
aux douanes et son exigence d’un certificat de non manipulation des biens en transit représentent
des obstacles pour l’autorisation et le mouvement de leurs cargaisons.65 Il y a aussi le sentiment
que les standards européens pour les produits sont favorisés et que les protocoles formels et la
bureaucratie excessive peuvent conduire à de longs temps d’attente avant qu’un produit puisse
être lancé ou faire son entrée.66
Opportunité
Poursuivre la tendance des améliorations substantielles récentes des procédures douanières,
en s’assurant que les procédures bureaucratiques sont réduites au minimum et en continuant
d’étendre la digitalisation A toutes les étapes.

65 “National Trade Estimate Report on Foreign Trade Barriers”. US Trade Representative, 2019.
66 “Morocco - Trade Barriers”. Version published October 13, 2019. Trade.gov. Disponible en ligne : https://www.trade.gov/
knowledge-product/morocco-trade-barriers.

| 29
Credit (Shutterstock.com)
ECHELLE D’OUVERTURE DU MARCHE (RANG DU MAROC: 28ÈME)
La taille de l’opportunité économique des producteurs est contrainte par la taille des marchés
nationaux et internationaux auxquels ils ont accès. Les taxes sur les produits imposées aux
exportateurs dans beaucoup de pays peuvent empêcher ces compagnies de vendre des biens,
bloquant ainsi leur capacité à s’imposer sur le marché mondial. Nous mesurons à quel point les
producteurs ont accès aux marchés nationaux et internationaux sans taxes et les taxes imposées dans
les marchés destinataires.
L’Echelle d’Ouverture du Marché est relativement forte pour le Maroc qui est classé 28ème
mondialement. Ses résultats sont meilleurs que la moyenne de la région MENA (Moyen-Orient-
Afrique du Nord). Il continue de bien se classer tant pour le tarif moyen auquel les exportateurs
marocains sont confrontés que pour la marge de préférence sur les marchés de destination. Avec
56 accords commerciaux, le Maroc est parmi les pays avec le plus d’accords commerciaux au
monde.67
L’Union Européenne En raison de l’Accord d’Association UE-Maroc qui entra en vigueur en 2000, l’Union Européenne
est le principal est le principal partenaire commercial du Maroc, responsable de 65% des exports du Maroc
partenaire en 2017.68 Le Maroc possède également un accord commercial fructueux avec les Etats-Unis,
commercial du ayant conduit les Etats-Unis à devenir le quatrième partenaire commercial du Maroc.69 Le
Maroc, responsable Maroc cherche activement à mettre en place de nouveaux accords, notamment avec le début
de 65% des exports de négociations avec le Canada, plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et le bloc commercial sud-
du Maroc en 2017. américain Mercosur.70 Cependant, le gouvernement a récemment exprimé son inquiétude face
au niveau du déficit commercial et le Ministre du Commerce et de l’Industrie a déclaré en janvier
2020 que 56 accordsDe libre échange sont actuellement en cours de révision.71
Il existe aussi un certain nombre d’accords commerciaux au sein de la région MENA et de l’Afrique
sub-saharienne, notamment avec la Turquie et 18 États arabes grâce à la zone de libre échange
du monde arabe (Greater Arab Free Trade Area -GAFTA).72 Il y a aussi l’accord de libre échange
d’Agadir entre l’Egypte, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie signé en 2004 mais cela n’est pas aussi
performant « qu’espéré », selon les dirigeants d’entreprises et les politiciens.73 Le commerce avec
les pays voisins du Maroc souffre en particulier de régulations commerciales restrictives, tandis
que le commerce avec l’Afrique représentait moins de 8% des échanges commerciaux du Maroc
entre 2015 et 2018.74 Les exportateurs marocains font face à des taxes plus basses avec l’Europe
qu’avec les autres pays du Maghreb.75
Le Maroc tente de remédier à cette situation; A titre d’exemple, le Royaume a demandé à être
membre de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest(CEDEAO).76 Cependant

67 “Morocco Loses up to $2 Billion in Trade Imbalance with Turkey” The North Africa Post, 2020; “Morocco Country Report
2020”. BTI Transformation Index.
68 “Trade Policy: Countries and regions: Morocco” European Commission. Disponible en ligne : https://ec.europa.eu/trade/
policy/countries-and-regions/countries/morocco/index_en.htm (Consulté le 13 août 2020).
69 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
70 “Morocco - Trade Agreements” Version published July 15, 2019. Export.gov. Disponible en ligne : https://www.export.gov/apex/
article2?id=Morocco-Trade-Agreements (Consulté le 13 août 2020).
71 “Morocco Loses up to $2 Billion in Trade Imbalance with Turkey” The North Africa Post, 2020.
72 “Business Climate” Kingdom of Morocco - Moroccan Investment Development Agency. Disponible en ligne : http://www.
invest.gov.ma/?lang=en&Id=77 (Consulté le 13 août 2020); “Greater Arab Free Trade Area (GAFTA)” Republic of Lebanon Ministry
of Economy & Trade. Disponible en ligne : https://www.economy.gov.lb/en/services/trade/international-agreements/gafta
(Consulté le 13 août 2020); “GAFTA” bilaterals.org. Disponible en ligne : https://www.bilaterals.org/?-GAFTA- (Consulté le 13 août
2020).
73 “Agadir Agreement” bilaterals.org. Disponible en ligne : https://www.bilaterals.org/?-agadir-agreement- (Consulté le 13 août
2020); “Economic Integration in the Maghreb: An Untapped Source of Growth”; IMF Departmental Paper, février 2019.
74 “UNCTADstat Data Center” UNCTAD. Disponible en ligne https://unctadstat.unctad.org/EN/About.html (Consulté le 25 août
2020)
30 | 75 “Economic Integration in the Maghreb: An Untapped Source of Growth”; IMF Departmental Paper, février 2019.
76 “Morocco’s Ecowas bid sparks African fear and suspicion”. The Financial Times, January 24, 2019.
la demande est en suspens pour un certain nombre de raisons géopolitiques, légales et politiques;
En particulier un désaccord entre les taxes de la CEDEAO sur les imports de l’UE et des Etats-
Unis et les accords de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis et l’UE.77 Le Maroc a eu plus
de succès en étant l’un des 44 signataires de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine
(ZLECA), l’un des projets phares du Programme 2063 pour une Afrique unie, prospère et en paix.78
La fermeture de la frontière Maroc-Algérie est un autre problème qui rend impossible le transport
de biens du Maroc vers la Lybie, la Tunisie et l’Algérie par voie routière.79 Le problème persiste
malgré plusieurs tentatives initiées par le Roi Mohammed VI visant à résoudre le différend.80
En parallèle des accords commerciaux, le gouvernement marocain est très focalisé sur la
facilitation du commerce, en utilisant par exemple « des zones franches » à faibles taxes.
L’objectif étant d’inciter les compagnies à exporter et d’offrir aux investisseurs des exemptions
de TVA pour l’importation des matériaux et outils nécessaires à la réalisation de projets à gros
investissements. 81
Enfin, les entreprises marocaines sont toujours confrontées à un grand nombre d’obstacles
(autres que les taxes) dans les marchés destinataires, y compris ceux où des accords commerciaux
fructueux sont en place comme l’Union Européenne (UE). Des conditions telles que les
régulations strictes sur l’emballage et l’étiquetage et l’envoi obligatoire du Résumé de Déclaration
d’Entrée avant l’entrée des biens dans l’UE ont été évaluées comme mesures non tarifaires
équivalentes à une taxe de 12% sous l’accord Maroc-UE.82
Opportunités
Le potentiel de commerce et d’investissement entre le Maroc et l’Afrique sub-saharienne devrait
être exploité et développé.
1. Renforcer le cadre des réglementations commerciales et chercher à débloquer et à
développer des accords de libre-échange avec les communautés économiques africaines
telles que l’UEMOA, la CEDEAO et la CEMAC.83
2. Développer le commerce avec les pays voisins, en résolvant le problème de la fermeture des
frontières avec l’Algérie.
3. Chercher à améliorer les accords existants en réduisant les obstacles de type non-tarifaire
à l’export. Cela pourrait être réalisé grâce à des accords commerciaux ou en alignant
les standards nationaux avec les standards internationaux (par exemple en alignant les
standards nationaux en agriculture avec les standards européens et américains).84

77 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.21.


78 “Forty-four African countries sign a free-trade deal”. The Economist, 2018; “2019 Investment Climate Statements: Morocco”
US Department of State, 2019.
79 Economic Integration in the Maghreb: An Untapped Source of Growth; IMF Departmental Paper, février 2019.
80 “Open that border”. The Economist, 2010; “Morocco’s king invites Algeria for ‘frank, direct dialogue”. Al Jazeera, 2018;
“Morocco seeks to ‘turn page’ on tense ties with Algeria”. Arab News, 2019.
81 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
82 Mustapha Khouilid et Abdellah Echaoui, “The impact of Non-Tariff Measures (NTMs) on Moroccan foreign trade: Comparison
between developed and developing countries.” (2017).
83 “Relations between Morocco and sub-Saharan Africa: What is the potential for trade and foreign direct investment?” OCP
Policy Center, 2017.
84 “The impact of Non-Tariff Measures (NTMs) on Moroccan foreign trade: Comparison between developed and developing | 31
countries.” Mustapha Khouilid et Abdellah Echaoui, 2017.
OBSTACLES DUS AUX TAXES A L’IMPORTATION
(RANG DU MAROC: 94ÈME)
En règle générale, les taxes commerciales font augmenter le prix des produits et réduisent le volume
des échanges commerciaux en créant une barrière entre la population et la vraie valeur marchande
des biens. Nous évaluons le taux moyen de taxes appliqué, la complexité des taxes et la part des
imports non taxés.
Le Maroc se classe 94ème mondialement pour les obstacles dus aux taxes à l’importation, malgré
un progrès de 7 places sur les 10 dernières années et une meilleure performance que la moyenne
des pays de la région MENA. Sur une note plus positive, moins de 30% des biens importés sont
taxés, classant le pays au 67ème rang mondial. Cependant, quand des taxes sont imposées, elles
sont élevées comparées aux autres pays. Le taux moyen de taxation appliqué au Maroc est de
10,4%, un taux classant le pays 130ème mondialement, marginalement plus bas que ses pays
voisins.
L’une des raisons principales du taux élevé de taxation est l’utilisation des taxes pour protéger
l’agriculture marocaine. Le Maroc impose en moyenne un taux de 27,6% sur les produits agricoles,
comparé à une moyenne de 8,8% pour les produits non agricoles.85 En général, l’agriculture est
plus protégée que les autres secteurs à travers le monde, mais beaucoup de pays de la région
MENA favorisent l’utilisation de barrières non tarifaires.86 Dans ladite région, seuls la Tunisie
et le Maroc utilisent des taux de plus de 20% pour protéger leur agriculture.87 La protection du
commerce agricole est souvent justifiée pour protéger les emplois à faible rémunération, mais
il s’agit d’un outil inefficace pour réduire la pauvreté.88 Les partenaires commerciaux principaux,

Figure 3: Taxes appliquées et proportion des importations exemptes de droits de douane dans certains pays

Taux de taxation moyen appliqué Part des importations exemptes de droits de douane
Pire Mieux Pire Mieux

16 90
14 80

12 70
60
10
Pourcentage

Pourcentage

50
8
40
6
30
4 20
2 10
0 0
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Source: WEF

85 “World Tariff Profiles 2019” WTO, ITC et UNCTAD, 2019. Disponible en ligne : https://www.wto.org/english/res_e/booksp_e/
tariff_profiles19_e.pdf
86 “Africa Agriculture Trade Monitor 2019” IFPRI; Bouet, Antoine et Sunday P. Odjo, eds.
87 “Agriculture and Economic Transformation in the Middle East and North Africa,” International Food Policy Research Institute,
June 2018.
32 |
88 “Morocco 2040: Emerging by Investing in Intangible Capital” Jean-Pierre Chauffour, 2017.
comme l’UE, pourraient aussi coopérer avec le Maroc pour réduire les taxes agricoles bilatérales
et les barrières non-tarifaires.
L’un des aspects de la politique tarifaire du Maroc qui mine la compétitivité de l’industrie
marocaine est que les droits de douane sont plus élevés sur les produits intermédiaires. Les droits
d’importation sur les matières premières sont inférieurs à ceux des produits semi-transformés,
eux-mêmes inférieurs à ceux des produits finis.89 Ce constat est particulièrement prononcé dans
les secteurs du textile, vêtements, cuir et chaussures où les producteurs pour le marché national
ont accès à des marchandises à taux bas, tout en ayant leurs produits finis protégés par des
barrières à l’export importantes.90 Des droits élevés sur les produits intermédiaires ont tendance
à faire obstacle à la productivité des entreprises et la croissance des exportations, car les
entreprises marocaines ont besoin de biens intermédiaires bon marché pour rester compétitives.91
Opportunités
1. Continuer à réduire les taxes à l’importation, en particulier celles sur les biens intermédiaires
qui diminuent la compétitivité des exportateurs marocains.
2. Ouvrir progressivement le marché agricole car l’agriculture constitue un des piliers
de l’économie du pays. Une stratégie pour l’agriculture devrait offrir de meilleures
opportunités aux dirigeants de petites et grandes exploitations afin de transformer le secteur
agroalimentaire en une source durable de croissance, de compétitivité et de développement
économique des régions rurales.92

DISTORTIONS DU MARCHE (RANG DU MAROC: 73ÈME)


Les distorsions du marché entravent l’une des forces les plus convaincantes et les plus puissantes du
marché: une concurrence loyale. Le prix des biens varie de leur vraie valeur à cause des interférences
de l’ État, ce qui conduit à une société qui entretient des industries inefficaces et inopérantes. Ces
distorsions peuvent résulter de restrictions réglementaires et de mesures non tarifaires. De par leur
nature même, les distorsions du marché peuvent être difficiles à mesurer, et des conclusions plus
larges doivent souvent être tirées de mesures indirectes.
Le Maroc a gagné 56 places pour les Distorsions du Marché au cours de la dernière décennie. Ce
progrès important est le résultat de la poursuite de la libéralisation du commerce international
et place le Maroc au-dessus de la moyenne de la région MENA. Cela reflète les nombreux accords
de libre-échange que le Maroc a poursuivis et signés, en particulier les accords commerciaux avec
l’Union Européenne et les États-Unis.
Le Maroc se classe moins bien sur la prédominance des mesures non-tarifaires. Le pays se
classe 66ème mondialement, avec 396 mesures non-tarifaires. Dans une étude des entreprises,
le Ministère de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies du Maroc a trouvé
qu’environ 40% des entreprises se plaignaient des obstacles au commerce de nature non-
tarifaires, tels que les procédures longues pour obtenir des permis gouvernementaux.93 Les
mesures non-tarifaires sont prédominantes en agriculture avec une prévalence élevée dans les
secteurs des resurces naturelles et de l’industrie.94

89 Ibid.
90 “Morocco 2040: Emerging by Investing in Intangible Capital” Jean-Pierre Chauffour, 2017.
91 Ibid.
92 Ibid.
93 “Morocco Country Report 2020”. BTI Transformation Index
94 “Morocco: Food and Agricultural Import Regulations and Standards Country Report”. US Department of Agriculture, Foreign | 33
Agricultural Service, June 2019.
Ces mesures font monter les prix au Maroc. Les accords commerciaux ont eu tendance à se
focaliser sur la suppression des obstacles dûs aux taxes plutôt qu’aux obstacles non-tarifaires.95
Les mesures sont généralement soit techniques, soit basées sur des normes avec environ 300
règlements techniques appliqués et près de 12000 normes élaborées par l’Institut Marocain de
Normalisation (IMANOR).96

Les douanes Cependant, la plupart des problèmes rencontrés par les importateurs sont liés aux délais
marocaines n’ont d’établissement de la conformité des produits, ne respectant pas les exigences techniques et
toujours pas adopté les standards eux-mêmes.97 Par exemple, le gouvernement marocain publia en 2016 un décret
une procédure d’exécution qui autorisait l’importation de voitures qui passaient le standard américain fédéral
pour réguler les de sécurité routière (U.S. Federal Motor Vehicle Safety Standards - FMVSS).98 Cependant, les
documents d’auto- douanes marocaines n’ont toujours pas adopté une procédure pour réguler les documents
certification prouvant d’auto-certification prouvant la conformité; ce qui veut dire que les importateurs font face à des
la conformité. problèmes de délais et d’incertitude aux frontières.99
Opportunités
1. Continuer à réduire le nombre de mesures non-tarifaires en place sur les imports, en se
focalisant sur l’agriculture, les ressources naturelles et l’industrie.
2. Améliorer les procédures de certification de conformité aux standards règlementaires et
techniques.

95 “Non-tariff measures in the MNA region: Improving Governance for Competitiveness” Augier et al, 2012. Cette étude a
montré que parmi les pays de la région MOAN, le Maroc a la plus grande disparité entre les prix nationaux et mondiaux associée
aux mesures non tarifaires; “The impact of Non-Tariff Measures (NTMs) on Moroccan foreign trade: Comparison between
developed and developing countries.” Mustapha Khouilid et Abdellah Echaoui, 2017.
96 “Examen des politiques commerciales, Maroc.” World Trade Organisation (2016).
97 “Maroc: perspectives des entreprises.” International Trade Center, 2012.
98 “2019 Trade Policy Agenda and 2018 Annual Report of the President of the United States on the Trade Agreements Program”
Office of the United States Trade Representative, 2019.
99 Ibid.
34 |
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Credit (Shutterstock.com)
36 |
Credit (Shutterstock.com)
ENVIRONNEMENT D’INVESTISSEMENT
(RANG DU MAROC: 68ÈME)
Les idées et les entreprises ont besoin d’investissement pour se développer et croître efficacement.
Les entreprises bien établies tout comme les nouveaux entrepreneurs ont besoin d’investissements et
les investisseurs ont besoin de protection et de confiance pour les soutenir. Si les investisseurs n’ont
pas de droits de propriété sûrs, les investissements se font rares. La croissance de la sophistication
des marchés financiers internationaux au cours des quatre dernières décennies a été considérable. La
compréhension par les économistes du rôle des capitaux dans la croissance économique s’est aussi
améliorée pendant ladite période.1 Un bon Environnement d’Investissement garantit la disponibilité
des financements nationaux et internationaux pour des opérations commerciales, permettant ainsi à
des microentreprises de devenir des compagnies Fortune 500.
Le Maroc se classe 68ème pour son Environnement d’Investissement, réalisant un progrès de 13
places durant la dernière décennie. Le pays s’est amélioré sur chaque aspect de ce pilier. Des
réformes importantes ont été mises en place pour renforcer les droits de propriété intellectuelle
et la protection des investisseurs et ont amélioré le niveau de confiance avec lequel les
entreprises peuvent investir et innover dans le pays. L’écosystème de financement est un atout
particulier du Maroc. La stabilité des banques du Royaume et le nombre d’agences bancaires
commerciales se sont notablement améliorés, bien que le financement pour les petites et
moyennes entreprises et l’accès à des financements alternatifs pourraient permettre un plus
large développement. Le Maroc applique toujours certaines restrictions sur l’investissement
international qui limitent et freinent le développement dans ce domaine, avec notamment
certains contrôles de capitaux, des restrictions sur la participation étrangère dans les entreprises
de certains secteurs et des obstacles à l’obtention de visas de travail.

DROITS DE PROPRIETE (RANG DU MAROC: 50ÈME)


Les droits de propriété sont l'institution clé qui permet d'accumuler des richesses et de participer
efficacement au commerce. Là où les droits de propriété sont faibles, les gens évitent de prendre
des risques. Ceci a un impact substantiel sur l'investissement, le niveau d'activité entrepreneuriale
et l'accumulation des richesses. Les risques pour les droits de propriété vont de l'expropriation aux
limites de rapatriement des bénéfices et aux restrictions sur la vente ou le transfert d'actifs. Notre
mesure des droits de propriété rend compte de la manière dont les droits sur les terres, les actifs et la
propriété intellectuelle sont protégés.
L’amélioration
de la protection Le Maroc se classe 50ème pour les Droits de Propriété, grimpant de 14 places durant la dernière
de la propriété décennie. Le Maroc surclasse largement la moyenne régionale de ce critère et surclasse ses pairs
intellectuelle s’est pour les droits de propriété intellectuelle et physique. L’amélioration notable de ce point est le
faite à travers un résultat d’améliorations majeures de la protection de la propriété intellectuelle pour lesquelles le
éventail de mesures. Maroc est passé de 95ème à 47ème mondialement.
L’amélioration de la protection de la propriété intellectuelle s’est faite à travers un éventail de
mesures comprenant la mise en place de décrets forçant la police à enquêter sur la violation
des droits d’auteur et le renforcement des prérogatives de l’Office Marocain de la Propriété
Industrielle et Commerciale, lui permettant d’ exécuter sa mission principale qui consiste à
délivrer des titres de propriété industrielle et commerciale et à faire respecter le droit à la
propriété intellectuelle.2

1 Anne O. Kreuger, “Financial markets and economic growth,” International Monetary Fund, septembre 28, 2006.; Stanley | 37
Fisher, “The importance of financial markets in economic growth,” Citigroup, discours de Campos de Jordao, le 21 août 2003.
2 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
Figure 4 : Score des droits de propriété

68 50ème
66
64
Score de l’élément

62
60 64ème
58
56
54
52
50
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019

Maroc Moyen-Orient et Afrique du Nord

La propriété foncière et l’inscription au cadastre sont plus complexes. Le Maroc se classe


respectivement 80ème et 81ème pour les Procédures d’Inscription au Cadastre et pour la
Règlementation sur la Possession et l’Echange de Propriétés, avec un léger changement durant
la dernière décennie. Acheter et enregistrer un terrain reste toujours une action difficile en raison
des procédures longues et complexes. Les grandes compagnies, en particulier, perçoivent l’accès
au terrain comme un obstacle majeur ou grave à l’expansion de leurs activités car elles sont très
susceptibles d’être à la recherche de terrains pour accroître leurs activités.3
Seul 30% des terres sont officiellement enregistrées, essentiellement dans les régions urbaines,
bien qu’il soit possible d’établir le statut de propriétaire en prouvant une occupation de longue
durée grâce à un système de documents coutumiers appelé moulkiya.4 Plus d’un tiers du territoire
marocain est la propriété collective de tribus, mais il est géré par le Ministère de l’Intérieur et
appartient légalement à l’État.5
Le Maroc a redoublé d’efforts pour réduire la complexité des procédures d’acquisition et
d’enregistrement de terrains. Grâce à une série de réformes, telles que l’augmentation de
la transparence du cadastre et la simplification des procédures administratives, la durée
d’enregistrement au cadastre est passée de 76 à 20 jours durant la dernière décennie.6 Le
gouvernement s’est également efforcé à améliorer le terrain commercial en investissant
lourdement dans le développement de zones industrielles et grâce un programme de subventions
territoriales généreux.7 Cependant, à cause de l’augmentation des frais d’inscription des
propriétés, le coût d’inscription au cadastre au Maroc est passé de 4,9% de la valeur de la
propriété en 2009 à 6,4% actuellement.8

3 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills
Upgrading” World Bank Group. 2019, p.60.
4 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
5 “Freedom in the World 2019: Morocco” Freedom House, 2019.
6 Doing Business Data. World Bank. Disponible en ligne : https://www.doingbusiness.org/en/data
7 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills
Upgrading” World Bank Group. 2019, p.12.
8 Doing Business Data. World Bank. Disponible en ligne : https://www.doingbusiness.org/en/data
38 |
Opportunités
1. Continuer à numériser et à rationaliser la charge administrative de l’enregistrement foncier,
dans le but de réduire les coûts..
2. Améliorer davantage le cadre légal et réglementaire relatif à la possession et l’échange de
propriété. Ces améliorations devraient inclure un meilleur accès aux données relatives aux
terrains et leurs disponibilités pour des activités économiques.9
3. Améliorer la sécurité de la propriété privée par la mise en place d’une loi foncière unique qui
encourage l’enregistrement des transactions foncières au cadastre, garantit la protection des
droits fonciers et clarifie le système d’expropriation, y compris sa transparence.10

PROTECTION DES INVESTISSEURS (RANG DU MAROC: 60ÈME)


La Protection des Investisseurs est essentielle pour tout pays souhaitant profiter d’une croissance
économique durable, car ils représentent un catalyseur de flux des capitaux vers les entreprises.11
Notre mesure de la Protection des Investisseurs comprend une gamme d’indicateurs qui évaluent la
Protection des Investisseurs, du risque d’expropriation jusqu’aux droits des actionnaires minoritaires.

Figure 5 : Score de la protection des investisseurs

60
60ème
58
56
54
Score de l’élément

52
50
48
46 91ème

44
42
40
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019

Maroc Moyen-Orient et Afrique du Nord

La protection des investisseurs s’est considérablement améliorée au Maroc, qui est passé de la
91ème place à la 60ème en 10 ans. La plus grande amélioration est survenue grâce à la solidité du
cadre d’insolvabilité, avec une révision majeure du code de l’insolvabilité en 2018.12

9 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills
Upgrading” World Bank Group. 2019, p.62.
10 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills
Upgrading” World Bank Group. 2019, p.63
11 Paula Ramona Rachisan, Cristina Bota-Avram, et Adrian Grosanu, “Investor protection and country-level governance: cross
country empirical panel data evidence.” Economic Research | Ekonomska Istraživanja 30, no. 1 (2017): 806-817.
12 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
| 39
Le cadre d’insolvabilité du Maroc est désormais de bonne qualité et de bonne réputation car il a
facilité l’initiation des procédures pour la résolution d’insolvabilité, en la rendant plus accessible
Aux créanciers et en encourageant la poursuite des activités des débiteurs en cours d’instance.13

Figure 6 : Force du cadre d’insolvabilité dans certains pays

16

14

12
Score de l’Index (0-16)

10

0
Rwanda Maroc Indonésie Turquie Colombie Egypte Tunisie Algérie Koweït Ghana Arabie
Saoudite
2009 2019
Source: WBDB

Cependant, le taux de recouvrement reste faible. Les investisseurs récupèrent en moyenne 29


cents par dollar (contre 35 cents il y a dix ans). Bien que cela soit comparable avec la moyenne
dans la région MENA, ce taux est plus bas que dans toutes les régions du monde sauf l’Afrique
sub-saharienne.14 L’efficacité du cadre d’insolvabilité solide du Maroc est compromise par le
manque d’expérience et de formation des juges et des autres professionnels impliqués dans les
procédures d’insolvabilité.15
Le code d’Administration d’Enterprise du Maroc est relativement bon et contient d’importantes
clauses telles que la définition des obligations fiduciaires des directeurs du conseil qui s’alignent
avec les meilleurs pratiques, y compris la recommandation que les entreprises publient
régulièrement leurs informations légales et financières en ligne.16 Toutes les entreprises sont
tenues de divulguer leurs états financiers vérifiés et, en 2016, les 10 plus grandes entreprises
recensées ont respecté cette condition.17

13 “Business Reforms in Morocco” World Bank. Disponible en ligne : https://www.doingbusiness.org/en/reforms/overview/


economy/morocco (Consulté le 13 août 2020).
14 “Resolving Insolvency” World Bank. Disponible en ligne : https://www.doingbusiness.org/en/data/exploretopics/resolving-
insolvency (Consulté le 13 août 2020).
15 “Morocco: Collection Profile”. Euler Hermes, 2017.
16 Commercial Laws of Morocco: An Assessment by the EBRD. European Bank for Reconstruction and Development, 2013;
Corporate Governance in Transition Economies, Morocco Country Report. European Bank for Reconstruction and Development,
June 2016.
17 Corporate Governance in Transition Economies, Morocco Country Report. European Bank for Reconstruction and
Development, June 2016.
40 |
Cependant, il n’y a pas une telle exigence dans la loi pour la publication d’informations juridiques ;
la plupart des entreprises ne divulguent pas beaucoup d’informations non financières.18 A titre
d’exemple, aucune des 10 plus grandes entreprises recensées n’a publié en ligne ses statuts, les
procès-verbaux des assemblées générales de ses actionnaires ou les qualifications et activités des
membres de son Conseil et de ses commissions.19
Les droits des actionnaires minoritaires sont protégés par une loi de protection contre le
comportement abusif potentiel d’actionnaires majoritaires, des droits d’inspection et le droit
de porter plainte pour obtenir une compensation contre les directeurs et gestionnaires de
l’entreprise.20 Les seuils pour la proportion d’actionnaires requise pour appeler une assemblée
générale des actionnaires ou pour nommer un membre du conseil sont relativement bas (10%
et 5% respectivement du capital social).21 Ces protections ont été renforcées récemment en
étendant le rôle des actionnaires dans les transactions majeures, en promouvant des directeurs
indépendants, en augmentant la transparence sur les emplois des directeurs dans d’autres
compagnies et en facilitant les demandes d’assemblées générales.22
Les normes d’audit Les normes d’audit et de rapports se sont largement améliorées, Faisant passer le Maroc de
et de rapports se la 98ème à la 51ème place durant la dernière décennie. Cela est dû à l’adoption des normes
sont largement internationales. Le Conseil National de Comptabilité, établi en 1989, adopta initialement les
améliorées. Principes de Comptabilité Marocaine Généralement Acceptés (Generally Accepted Accounting
Principles - GAAP) qui diffèrent considérablement des Normes Comptables Internationales
(International Financial Reporting Standards - IFRS).23 Cependant, depuis 2007, le CNC travaille
pour la mise en place des IFRS pour les entités cotées et les entités d’intérêt public, et pour
permettre à d’autres entités d’appliquer soit les IFRS, soit les GAAP marocains.24
Opportunités
1. Renforcer le Code de Gouvernance des Entreprises pour améliorer leur transparence.
a. Introduire des obligations et exigences légales plus rigoureuses au lieu de
recommandations, en particulier en ce qui concerne la publication des structures légales
des compagnies, des qualifications des membres du conseil et de la commission et les
procès-verbaux des assemblées générales d’actionnaires
b. Introduire des sanctions en cas de non-conformité avec les éléments du code, comme
par exemple les obligations de divulgation pour plus d’efficacité.
2. Continuer de se conformer aux normes internationales d’audit et d’information financière.

18 Corporate Governance in Transition Economies, Morocco Country Report. European Bank for Reconstruction and
Development, June 2016.
19 Ibid.
20 Commercial Laws of Morocco: An Assessment by the EBRD. European Bank for Reconstruction and Development, 2013;
Corporate Governance in Transition Economies, Morocco Country Report. European Bank for Reconstruction and Development,
June 2016.
21 Corporate Governance in Transition Economies, Morocco Country Report. European Bank for Reconstruction and
Development, June 2016.
22 “Business Reforms in Morocco” World Bank. Disponible en ligne : https://www.doingbusiness.org/en/reforms/overview/
economy/morocco (Consulté le 13 août 2020).
23 “Morocco” IFAC. Disponible en ligne : https://www.ifac.org/about-ifac/membership/country/morocco (Consulté le 13 août
2020).
24 Ibid.
| 41
EXECUTION DES CONTRATS (RANG DU MAROC: 73ÈME)
L’Exécution des contrats est un indicateur essentiel de la confiance, permettant aux économies
d’échelle de se développer au-delà du cercle immédiat des associés et de la famille. Les retards et
les coûts de résolution des litiges contractuels ne profitent à aucune des parties. Notre mesure rend
compte à la fois de l’efficacité et de l’efficience du système d’un pays à faire respecter les droits d’un
titulaire de contrat.
Le Maroc se classe 73ème pour l’Exécution des contrats. Durant la dernière décennie, le Royaume
a gagné 6 places et a systématiquement dépassé la moyenne de la région MENA. Les tribunaux
marocains sont relativement rapides à juger les cas commerciaux, classant le pays au 63ème
rang mondialement, grâce à l’existence de huit tribunaux de commerce spécialisés, créés
en 1997.25 Cependant, les frais de justice sont relativement plus hauts, classant le pays 79ème
mondialement et la qualité de l’administration judiciaire se classe relativement mal, au 78ème rang
mondialement.26
Il existe plusieurs problèmes avec les tribunaux au Maroc. Nous les présentons en détail dans
la rubrique « Etat de droit » du pilier Gouvernance, mais ces problèmes sont susceptibles
d’expliquer la faible qualité relative de l’administration judiciaire. Par exemple, le Ministère de la
Justice reconnaît que le niveau d’expertise judiciaire est généralement bas et que le manque de
transparence est dû à l’absence de règlementation légale relative à la publication des décisions de
justice.27
Le Maroc possède également un système alternatif de résolution des litiges relativement bien
établi. Les experts estiment que celui-ci s’est amélioré au cours des dernières années. Il fut établi
en 2008 afin de fournir des outils de négociation et de médiation commerciales afin de réduire les
litiges coûteux et longs et de débloquer les actifs liés aux litiges.28
Opportunités
1. Comprendre les raisons justifiant les frais de justice élevés afin d’identifier des réformes
appropriées, visant particulièrement à réduire les coûts et à favoriser davantage la
concurrence dans le secteur juridique.
2. Continuer à exploiter le système alternatif de résolution des litiges (ADR) dans Un cadre de
circonstances plus large.

25 Doing Business Data. World Bank. Disponible en ligne : https://www.doingbusiness.org/en/data; “Update: Introduction to the
Moroccan Legal System” Netty Butera et Kevashinee Pillay, 2018. Disponible en ligne : https://www.nyulawglobal.org/globalex/
Morocco1.html#TheJudicialSystem (Consulté August 13, 2020).
26 Doing Business Data. World Bank. Disponible en ligne : https://www.doingbusiness.org/en/data
27 Dylan Brake, “Morocco: Leadership and Governance,” 2017, p.19; Morocco, 2019 Article IV Consultation, IMF Country Report
No. 19/230.
28 “Alternative Dispute Resolution” ADR Center for Development. Disponible en ligne : https://www.adrcenterfordevelopment.
42 | com/2018/06/08/morocco-alternative-dispute-resolution/ (Consulté le 13 août 2020).
ECOSYSTEME DE FINANCEMENT (RANG DU MAROC: 66ÈME)
L’Ecosystème de Financement assure la disponibilité de capitaux d’investissement provenant de
sources comprenant la banque, la dette bancaire, la dette des entreprises et des marchés financiers
plus sophistiqués. Il est aussi souhaitable d’avoir un large éventail d’options de financement pour
les entreprises puisque chaque option de financement de base est adaptée à des entreprises à des
étapes différentes de maturité et avec des profils de risque et de revenus différents. Notre mesure
Ecosystème de Financement évalue la disponibilité de capitaux, allant du système bancaire aux
créances d’entreprises jusqu’aux marchés financiers plus sophistiqués.
L’Ecosystème de Financement est un atout particulier du Maroc qui a continué de s’améliorer
durant les 10 dernières années et qui a permis au pays de gagner 22 places, arrivant 66ème
mondialement. Ce classement est meilleur que la moyenne de la région MENA. Comparé au reste
de l’Afrique, le secteur bancaire du Maroc est relativement important, avec des actifs bancaires
représentant 84% du PIB, plaçant le pays au 41ème rang mondial.29 La stabilité des banques du
Royaume et le nombre d’agences bancaires commerciales ont connu des améliorations notables.

Figure 7 : Score de l'écosystème de financement

65
66ème
63
61
59
Score de l’élément

88ème
57
55
53
51
49
47
45
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019

Maroc Moyen-Orient et Afrique du Nord

Le Maroc possède quelques-unes des plus grandes banques d’Afrique et plusieurs d’entre elles
sont des acteurs majeurs sur le continent et qui étendent davatange leur influence.30 Cela se
traduit par des niveaux de pénétration importants, avec des services bancaires multiples et une
large gamme de produits.31 Le nombre d’agences des banques commerciales a pratiquement
doublé au Maroc entre 2009 et 2019, grimpant à 24,5 pour 100 000 adultes et le taux de
participation bancaire approche approximativement 60%.32

29 Bank assets to GDP - Country rankings” TheGlobalEconomy.com. Disponible en ligne : https://www.theglobaleconomy.com/


rankings/bank_assets_GDP/ (Consulté le 13 août 2020).
30 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019; “Moroccan banks doing well in Africa”. The
Arab Weekly, 2019.
31 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.51.
32 “Annual Report 2018,” Bank Al Maghrib, 2019. | 43
La force du secteur bancaire s’est aussi améliorée avec la stabilité des banques du Maroc, passant
de 90ème à 24ème mondialement sur la dernière décennie. Le Maroc a effectué d’importantes
réformes du système bancaire pendant les dernières années, comprenant des structures et
programmes pour les Investissements directs étrangers (foreign direct investment - FDI), le
financement de projets et le financement commercial.33

Figure 8 : Succursales de banques commerciales et la stabilité des banques dans certains pays

Succursales de banques commerciales Stabilité des banques


Pire Mieux Pire Mieux

30 7
Succursales pour 100 000 adultes

25 6

20 Etude d’experts (1-7) 5

4
15
3
10
2
5 1

0 0
oc

sie

ie

sie

eït

te

da

rie

te

oc

te

te

eït

sie

ie

da

sie

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yp

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w

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ni

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ou

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M
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l

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Sa

Sa
Co

Co
In

In
ie

ie
ab

ab
Ar

Ar

Source: WBDI & WEF

Cependant, le Maroc se classe 105ème pour l’accès au financement. Cela reflète le fait que bien
qu’Il soit facile pour les personnes avec un salaire officiel d’accéder à des emprunts, l’ampleur
de l’économie parallèle au Maroc exacerbe l’exclusion de plusieurs groupes.34 Par exemple,
tandis que 77% des hommes marocains possédaient au moins un compte bancaire en 2017, le
pourcentage de femmes titulaires d’un compte était de 40% (même si cela doit être vu dans
le contexte d’une participation des femmes au marché du travail de seulement 23%).35 Il a été
également suggéré que si la participation bancaire est probablement d’environ 80% dans les
villes, elle n’est que de 30% dans les zones rurales.36
Des règlementations récentes supervisant les institutions de paiement non-bancaires et un
La bourse de
nouveau système de paiement par téléphone ouvrent la voie à une digitalisation des procédés
Casablanca est l’une
bancaires et à de nouveaux moyens pour les institutions d’Intéragir avec les clients.37
des plus grandes et
des plus importantes Quant à la finance d’entreprise, la Bourse de Casablanca est l’une des plus grandes et des plus
d’Afrique. importantes d’Afrique.38 Selon Fathïa Bennis, Directrice Générale du dépositaire central Maroclear,
« les marchés de capitaux du Maroc ont atteint un haut niveau de sophistication.39 Cependant,
il y a quelques problèmes : la bourse est affectée par des niveaux de liquidité bas, une pénurie

33 “Morocco – Market Challenges”. Version publiée le 13 octobre 2019. Trade.gov. Disponible en ligne : https://www.trade.gov/
knowledge-product/morocco-market-challenges.
34 Basé sur un entretien avec un expert
35 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.62.
36 Basé sur un entretien avec un expert
37 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.51.
38 “Morocco – Banking Systems”. Version publiée le 13 octobre 2019. Trade.gov. Disponible en ligne : https://www.trade.gov/
knowledge-product/morocco-banking-systems.
39 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.69
44 |
de cotations en bourse et une performance moyenne dans l’ensemble.40 Une nouvelle loi sur les
échanges boursiers met en place la base nécessaire pour fournir plus de produits financiers et
pour établir une bourse alternative focalisée sur les petites et moyennes entreprises (PMEs).41
Le financement des PMEs est moyennement bon, le Maroc se classant 60ème, et la part des
PMEs ayant accès à des sources de financement ou de crédit a doublé entre 2007 et 2015.42
Les prêts bancaires aux PMEs (environ 17% du PIB) sont relativement hauts par rapport aux
normes régionales mais les exigences collatérales peuvent être très élevées pour les plus petites
entreprises et les compagnies continuent de considérer l’accès au financement comme un
obstacle majeur aux affaires au Maroc.43
Il y a eu plusieurs programmes avec pour objectif d’augmenter l’intégration financière des
PMEs et autres, tels que le réseau Dar Al Moukawil (services de soutien pour différents groupes
rencontrant des difficultés d’accès au financement), le projet de développement MSME
(fournissant des garanties partielles de crédit) et le programme intégré récent de Soutien
et Financement des Entreprises (financement et coordination des activités de soutien à
l’entreprenariat au niveau régional et intégration financière des populations rurales).44
L’écosystème de financement alternatif est moins développé, ce qui se traduit en « un besoin non
satisfait de capital privé et en particulier de capital risque. »45 Le Maroc est à la traine derrière
le reste de l’Afrique sur ce point : un rapport de l’Association Marocaine des Investisseurs de
Capitaux montre que les entreprises ayant besoin de capitaux de lancement et de capitaux risque
ont seulement reçu 6% de tous les investissements faits au Maroc en 2015, un des taux les plus
bas de la région MENA.46
Le gouvernement cherche à enrayer ce problème grâce au Fonds « Invest Innov » de 50 millions
de dollars lancé en 2017 avec pour objectif de combler les lacunes dans le financement de
capitaux pour les start-ups et de catalyser le marché du capital risque au Maroc.47 En mars 2019,
68 start-ups marocaines avaient bénéficié de financements du programme d’une valeur de 5
millions de dollars.48

40 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.69.


41 Ibid.
42 Ibid., p.61
43 “Morocco 2019 Article IV Consultation” IMF, 2019. p.20.
44 “Attijariwafa bank strengthens its Dar Al Moukawil network with the 9th center in Casablanca” Attijariwafa bank, 2019; Small
and Medium Enterprises (SMEs) Finance: Improving SMEs’ access to finance and finding innovative solutions to unlock sources of
capital. World Bank. Disponible en ligne : https://www.worldbank.org/en/topic/smefinance (Consulté le 13 août 2020); “Morocco
Creates MAD 6 Billion Fund to Finance Entrepreneurship.” Morocco World News, 2020.
45 Basé sur un entretien avec un expert
46 “Developing venture capital for young startup firms in Morocco” Randa Akeel, 2017.
47 Ibid.
48 “Morocco: Innov Invest has financed 68 startups between 2017 and 2019 for 46.3 million dirhams” Kapital Afrik, 2019.
| 45
Opportunités
1. Améliorer l’accès au financement dans les régions rurales et pour les femmes. Cela demandera
une augmentation concrète des agences, des solutions digitales et des offres de services qui
visent certains segments de la population.49
2. S’appuyer sur des opportunités importantes pour les technologies financières:
a. Les banques pourraient s’appuyer sur des innovations récentes en matière de crédits,
comprenant l’utilisation de l’analyse de données à grande échelle, afin de fournir aux
petites entreprises un accès plus facile et sans collatéraux au crédit.50 Cela pourrait aussi
améliorer l’accès au financement dans les régions rurales.
b. Le gouvernement pourrait réviser le cadre réglementaire pour s’assurer qu’il autorise une
approche innovante aux technologies financières.
3. Réviser et étendre l’approche actuelle afin d’augmenter le montant de financement alternatif,
comme le capital risque et le capital privé.

RESTRICTIONS SUR L’INVESTISSEMENT INTERNATIONAL


(RANG DU MAROC: 102ÈME)
L’investissement international est reconnu comme ayant un effet positif dans l’ensemble sur la
croissance économique. Les études montrent que l’Investissement direct étranger (IDE) (FDI) est plus
productif que l’investissement national typiquement, étant donné les risques plus élevés auxquels
il est confronté. L’avantage de l’investissement direct étranger (IDE) n’est pas seulement l’afflux de
capitaux – les capitaux d’investissement ne manquent pas, comme remarqué ci-dessus – mais aussi
la diffusion de compétences de gestion qui accompagnent de tels investissements. L’IDE stimule
une compétition saine sous forme d’innovation de produits et de services, de nouvelles méthodes de
travail et une productivité à l’efficacité renouvelée.
Le Maroc se classe 102ème pour les Restrictions sur l’Investissement International, ce qui reflète
une légère amélioration de 8 places sur les 10 dernières années et une performance juste au-
dessus de la moyenne MENA. Le pays se classe bien (36ème) pour l’Impact des Réglementations
sur les Affaires relatif à l’IDE et pour la Prédominance de la Participation Etrangère dans les
Entreprises (46ème). Cependant, il existe des restrictions sur l’investissement international, dues
à certains contrôles de capitaux, une absence de possibilité de posséder des comptes bancaires
dans une devise étrangère et des obstacles à l’obtention de visas de travail.
Pendant la dernière décennie, le Maroc a bénéficié d’Investissements Directs Étrangers
conséquents, avec un afflux net moyen (en pourcentage du PIB) plus haut que la moyenne de
la région MENA entre 2011 et la dernière année disponible (2018).51 Quantum Global a classé le
Maroc comme le pays le plus attrayant en Afrique pour l’investissement international dans son
Africa Investment Index 2018.52

49 Basé sur un entretien avec un expert


50 Basé sur un entretien avec un expert
51 “Foreign direct investment, net inflows (% of GDP) - Morocco, Middle East & North Africa” World Bank Data. Disponible en
ligne : https://data.worldbank.org/indicator/BX.KLT.DINV.WD.GD.ZS?end=2019&locations=MA-ZQ&start=2007 (Consulté le 13
août 2020).
52 “Country Risk of Morocco: Investment” Société Générale. Disponible en ligne : https://import-export.societegenerale.fr/en/
country/morocco/country-risk-in-investment (Consulté le 13 août 2020).
46 |
Figure 9 : Score des restrictions à l’investissement international

53

51
Score de l’élément

49

102ème
47
110ème
45

43

41
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019

Maroc Moyen-Orient et Afrique du Nord

Il y a plusieurs politiques attrayantes pour les investisseurs internationaux, comme des


subventions, des incitations fiscales et des zones économiques spéciales. A titre indicatif,
Casablanca Finance City (CFC), inaugurée en 2010, est le fleuron financier et le centre d’affaires
qui offre une gamme d’incitations qui encouragent et facilitent la création d’entreprises à
Casablanca.53 Le secteur financier est compétitif et offre toute une gamme d’options financières ;
la bourse de Casablanca ne limitant pas la participation étrangère.54 Les investisseurs nationaux et
internationaux sont généralement traités équitablement par la loi, sont soumis aux mêmes taxes
sur les dividendes (10%) et ne paient pas d’impôts sur les gains en capitaux.55
La délivrance aux
non-résidents de La Prédominance de la Participation Étrangère dans les Entreprises reflète le fait que la
valeurs mobilières du participation étrangère est autorisée dans beaucoup de secteurs. Cependant, il existe des
marché de capitaux, restrictions sévères dans certains secteurs, comme les compagnies aériennes et maritimes, la
de titres du marché pêche et les assurances.56 Le Maroc n’autorise pas les investisseurs étrangers à posséder de terrain
monétaire et de agricole mais ils peuvent obtenir un bail de 99 ans.57
valeurs mobilières L’investissement international est freiné par certains contrôles de capitaux, classant le Maroc
de placements 126ème mondialement. Par exemple, alors que les non-résidents peuvent acquérir des capitaux
collectifs est soumise et des titres du marché monétaire sans limitation, la délivrance aux non-résidents de valeurs
à l’autorisation et mobilières du marché de capitaux, de titres du marché monétaire et de valeurs mobilières de
l’approbation de placements collectifs est soumise à l’autorisation et l’approbation de l’Office des Changes
l’Office des Changes (Foreign Exchange Office - FEO).58
(Foreign Exchange
Office - FEO).

53 “King Mohammed VI of Morocco Builds New Financial City for the World” Forbes, 2013.
54 “Morocco”. Heritage Index of Economic Freedom, 2019.
55 Ibid; “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
56 “Morocco Country Report 2020”. BTI Transformation Index, 2020.
57 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
58 “Morocco – Foreign Exchange Controls”. Version publiée 13 octobre 2019. Trade.gov. Disponible en ligne : https://www.trade.
gov/knowledge-product/morocco-foreign-exchange-controls
| 47
Il existe aussi des obstacles bureaucratiques à l’acquisition et à la vente de devises étrangères
et une absence de possibilité de posséder des comptes bancaires dans une devise étrangère, ce
qui classe le Maroc au 139ème rang mondialement.59 Bien qu’il soit possible pour des étrangers
d’ouvrir des comptes bancaires, ils sont tenus d’ouvrir un compte « convertible » avec un dépôt
initial en devises étrangères et ne peuvent ensuite que faire des dépôts en devises étrangères ;
à aucun point ne leur est-il possible de faire des dépôts en dirhams marocains.60 En général,
les investisseurs doivent aussi informer le gouvernement si un investissement requiert une
conversion.61
Le Maroc se classe seulement 89ème pour la liberté de mouvement des étrangers. Bien qu’il
soit relativement facile pour un étranger de rentrer sur le territoire (en particulier les citoyens
européens et américains qui n’ont pas besoin de visa), les visas de travail peuvent être difficiles
à obtenir.62 La délivrance de visas est sujette à l’impossibilité d’une entreprise de trouver un
employé local qualifié pour un poste spécifique et cela doit être vérifié par l’Agence Nationale de
Promotion de l’Emploi et des Compétences (ANAPEC).63 Selon certains rapports, la procédure
d’obtention et de renouvellement des visas et permis de travail peut être lourde et prendre
jusqu’à six mois, sauf pour les membres de la CFC pour qui le délai de la procédure serait d’une
semaine.64
Opportunités
1. Réduire les contrôles de capitaux, en réduisant en particulier le recours aux autorisations de
l’Office des Changes pour la plupart des transactions.
2. Réduire les limitations sur l’engagement étranger dans les secteurs du transport, de la pêche et
des assurances ainsi que les limitations sur la possession de terrain agricole par des étrangers.
3. Alléger la procédure d’obtention et de renouvellement des visas et permis de travail, en
réduisant en particulier la disparité entre les entreprises de la CFC et les autres.

59 “Morocco – Market Challenges”. Version publiée 13 octobre 2019. Trade.gov.


60 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
61 Ibid.
62 “Morocco – Business Travel”. Version published October 13, 2019. Trade.gov. Disponible en ligne : https://www.trade.gov/
knowledge-product/morocco-business-travel
63 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
64 Ibid.
48 |
| 49
Credit (Shutterstock.com)
50 |
Credit (Shutterstock.com)
CONDITIONS D’ENTREPRISE
(RANG DU MAROC: 70ÈME)
Une économie saine est une économie dynamique et compétitive où les régulations favorisent
les affaires et permettent de répondre aux priorités changeantes de la société. En revanche, une
économie centrée sur la protection des titulaires verra une croissance et une création d’emplois
médiocres. Les activités d’entreprenariat sont une source clé de prospérité à long terme et leur
importance ne fera que croître, à mesure que le rythme du progrès technologique et le nombre
de personnes affectées par ces changements augmentent. Vu le rythme du progrès technologique
inhérent à l’ère de l’information, la capacité d’une société à réagir rapidement aux nouvelles
opportunités d’entreprises et de marchés est cruciale pour l’ensemble de son Ouverture Économique.
Le Maroc se classe 70ème pour les Conditions d’Entreprise, un gain de 23 places sur 10
ans, principalement grâce à un progrès impressionnant dans la baisse de la lourdeur des
réglementations à travers des réformes qui ont réduit le temps passé à se conformer aux
obligations fiscales et réglementaires. Le climat pour la création d’entreprise s’est légèrement
amélioré, avec des réformes portant sur la facilité à créer une entreprise, bien que le point de
départ fût relativement bas.
Cependant, deux problèmes majeurs entravent le développement économique du Maroc. Le
premier est que la contestabilité du marché intérieur est faible et s’aggrave. Beaucoup de secteurs
sont très concentrés et il y a un fort degré de participation de l’État dans l’économie, avec des
règles ayant pour but de limiter les entrées, faciliter la dominance ou créer des conditions de
jeu biaisées. Le deuxième problème majeur relatif aux conditions d’entreprise est un marché
de l’emploi contraignant et fastidieux. Le Maroc se classe 96ème pour la flexibilité du marché de
l’emploi, avec une série de réglementations du marché du travail qui conduisent à un taux élevé de
chômage et un large secteur d’économie parallèle.

CONTESTABILITE DU MARCHE NATIONAL


(RANG DU MAROC: 113ÈME)
La plupart du temps, lorsque des marchés ouverts à la concurrence loyale et compétitive existent, le
progrès et la prospérité suivent. Une des choses les plus utiles qu’un gouvernement puisse mettre en
place est de s’assurer qu’il y ait de la concurrence nationale et internationale et une politique anti-
monopole forte et efficace. Un marché compétitif, juste et appliqué efficacement bénéficie à tout
le monde, en contribuant à stimuler l’amélioration de l’efficacité et l’innovation. Notre mesure de
Contestabilité du Marché National évalue dans quelle mesure le marché est ouvert aux nouveaux
arrivants en comparaison avec la protection des titulaires.
Le Maroc se classe 113ème pour la Contestabilité du Marché National, réalisant une chute de six
places durant la dernière décennie. Le Maroc a un fort niveau de concentration du marché et une
participation substantielle de l’État dans l’économie, se classant 92ème pour la concurrence sur les
marchés.

| 51
Figure 10 : Score de contestabilité des marchés nationaux dans certains pays

70

60

50
Score de l’élément

40

30

20

10

0
ie

di ie

sie

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Co

In

Certains secteurs importants sont très concentrés, en particulier le transport, l’énergie, les
télécommunications et les services financiers.1 Par exemple, dans le secteur bancaire, les trois
plus grandes banques possèdent les deux-tiers des actifs du système bancaire.2 Dans le secteur
de l’électricité, l’office national ONEE domine la production, la distribution et la transmission de
l’électricité.3 La compétition sur le marché du haut-débit fixe est faible, avec Maroc Telecom (détenu
à 22% par l’État) possédant une part de marché de 89% sur les lignes fixes en date de Septembre
2018.4
Il y a aussi une participation de l’État importante dans l’économie. La Banque Mondiale a trouvé
que sur 23 des 29 secteurs passés en revue, beaucoup d’entre eux n’étant pas des secteurs
d’infrastructure, avaient au moins une entreprise nationale, en comparaison avec une moyenne de
15 dans les autres pays sondés.5
Ces marchés fortement concentrés sont souvent le résultat des interventions du gouvernement
qui limite les entrées, facilite la dominance ou crée des conditions de jeu biaisées. Par exemple, la
Banque Mondiale a trouvé que beaucoup d’entreprises publiques ne sont pas tenues d’atteindre
systématiquement un taux de rentabilité commerciale et qu’elles peuvent utiliser des activités
non-commerciales pour subventionner les activités commerciales. Certaines sont aussi exemptées
d’impôts sur les sociétés et peuvent percevoir des subventions du gouvernement.6 Les entreprises
publiques peuvent aussi bénéficier d’un accès préférentiel aux marchés publiques.7
Il y a eu récemment des tentatives d’amélioration des procédures d’offres de marchés. En 2014, des
réformes furent votées pour établir un corps de législation des marchés publics, créer une stratégie
de formation des marchés nationaux et développer un nouveau système de marchés nationaux

1 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills
Upgrading” World Bank Group. 2019, p.34.
2 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
3 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills
Upgrading” World Bank Group. 2019, p.37.
4 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.185.
5 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills
Upgrading” World Bank Group. 2019, p.38.
6 Ibid.
52 | 7 The Global Competitiveness Report 2015–2016. World Economic Forum. Tel que cité dans : https://www.ganintegrity.com/
portal/country-profiles/morocco/.
Figure 11: Politique antimonopole dans certains pays

9
Pire Mieux
8
7
Etude d’experts (1-10)

6
5
4
3
2
1
0
Turquie Colombie Rwanda Tunisie Egypte Indonésie Arabie Ghana Koweït Maroc Algérie
Saoudite
La concurrence du marché La politique antimonopole
Source: BTI

électroniques afin de simplifier les procédures d’approvisionnement.8 En 2018, le gouvernement


a officiellement nommé 12 membres de la commission nationale de la commande publique, la
CNCP.9 Le rôle de la CNCP est de réguler les marchés publics, de contrôler la dépense publique
et de « garantir les principes de transparence et de parité dans le développement et l’exécution
des contrats entre compétiteurs, tout en améliorant la gestion des plaintes. »10 Les réformes sont
destinées à éradiquer la corruption et les paiements irréguliers effectués en vue d’accéder aux
contrats et licences publics.11
Des cadres Par ailleurs, il existe des lacunes dans l’application des règles à la concurrence. La Banque Mondiale
institutionnels plus a déclaré que des cadres institutionnels plus solides sont essentiels pour mettre en place les
solides sont essentiels mesures constitutionnelles et autres dispositions légales et réglementaires qui maintiennent la libre
pour mettre en concurrence au Maroc.12 Le rôle du Conseil de Concurrence fut renforcé en 2014, après l’introduction
place les mesures de nouvelles règles par le gouvernement donnant au Conseil le pouvoir de sanctionner certaines
constitutionnelles et entreprises, notamment pour des pratiques anti-concurrentielles et des contrôles de fusion.13
autres dispositions Cependant, le Conseil ne fut en fonction qu’à partir de 2018 lorsque son nouveau Président et ses
légales et membres furent nommés.14 En 2020, il a signé un accord avec la Société Financière Internationale
réglementaires qui (International Finance Corporation - IFC) « afin de développer un écosystème institutionnel ayant
maintiennent la libre pour but de mettre en place efficacement la politique de concurrence » .15 En juillet 2020, le Conseil
concurrence. a conclu une enquête d’envergure sur d’éventuels accords entre les sociétés d’hydrocarbures et
groupes pétroliers du Maroc. Cependant, suite à des communications contradictoires rapportées au
Roi sur les conclusions de l’étude (présentées initialement comme une amende représentant 9%
du chiffre d’affaire annuel de trois des principaux distributeurs de pétrole du Maroc), le Roi ordonna

8 “Public Procurement Reform In Morocco” Rachel Lipson, Salim Benouniche, Abdoulaye Keita, Khadija Faridi, 2014.
9 “Morocco makes Strides in Modernizing its Public Procurement System— Operationalization of the Procurement Regulatory
Body” World Bank. Disponible en ligne : https://wbnpf.procurementinet.org/featured/morocco-makes-strides-modernizing-its-
public-procurement-system%E2%80%94-operationalization (Consulté le 13 août 2020).
10 “Morocco Launches National Commission for Public Procurement in Rabat” Morocco World News, 2018.
11 ”Governing Towards Efficiency, Equity, Education And Endurance: Systematic Country Diagnostic”. World Bank, June 2018.
12 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills
Upgrading” World Bank Group. 2019, p.40.
13 “Morocco’s evolving business environment encourages legal reform” Oxford Business Group. https://oxfordbusinessgroup.
com/overview/code-practice-evolving-business-environment-has-encouraged-reform (Consulté le 13 août 2020).
14 “The Merger Control Review - Edition 10: Morocco” The Law Reviews, 2019. | 53
15 “World Bank to Assist Effective Implementation of Competition Policy in Morocco.” Morocco World News, 2020.
la création d’une commission spéciale pour étudier la situation.16 Ce cas est aussi un exemple des
fuites financières qui existent entre le gouvernement et les grandes entreprises privées et illustre les
difficultés empêchant les réformes institutionnelles et administratives d’être instaurées.17
Opportunités
L’État devrait limiter son implication directe dans l’économie et réduire les chances des
entreprises nationales d’avoir un accès privilégié aux marchés.
1. Inscrire les principes de concurrence dans des secteurs porteurs comme l’énergie et les
télécommunications, en supprimant les obstacles qui protègent les titulaires et en renforçant
le rôle des organismes de régulation sectoriels.18
2. Assurer une neutralité dans la concurrence afin que toutes les organisations, privées ou
publiques, soient soumises aux mêmes règles.19
3. Renforcer les marchés publics grâce à une stratégie claire et un financement approprié de la
Commission Nationale des Marchés Publics.

DISTORSIONS DE PRIX (RANG DU MAROC: 34ÈME)


Les distorsions de prix peuvent provenir à la fois de restrictions réglementaires et de subventions,
qui nuisent à la prospérité d’une nation, car les ressources limitées de l’État sont gérées de manière
inefficace et détournées de projets qui peuvent offrir des avantages beaucoup plus importants à
la société. Notre mesure des Distorsions de Prix évalue la façon dont les marchés compétitifs sont
perturbés par les subventions et les taxes.
Le Maroc se classe 34ème mondialement pour les Distorsions de Prix, gagnant 21 places sur
une décennie et surpassant la moyenne MENA ainsi que la plupart des pays comparables. Ce
changement est le résultat de la réduction des subventions à l’énergie au Maroc, avec une
proportion de son PIB dépensée en subvention à l’énergie passant de 4,5% en 2013 à 1,6% en
2016.
Dans l’ensemble, le pays est classé 44ème mondialement pour les Effets de Distorsions des Taxes
et Subventions. Bien que le marché détermine les prix de beaucoup de biens et services, il y a
des contrôles de prix dans le transport, les produits de première nécessité (eau potable, sucre,
farine, produits pharmaceutiques, détergents, tabac) et les services professionnels réglementés
(notaires, services médicaux et judiciaires).20
Le code des impôts du L’agriculture est un domaine où les subventions sont répandues, ciblant en particulier les récoltes
Maroc comprend une destinées à l’exportation. Sous le Programme de Subventions pour l’Exportation Agricole, les
variété d’exemptions produits retenus forment historiquement 75% des exports agricoles du Maroc.21 En général, ces
qui peuvent fausser subventions bénéficiaient plus aux grands producteurs alimentaires qu’aux petites exploitations.
les décisions des Les subventions étaient focalisées sur les zones d’irrigation qui représentaient 17% de la surface
entreprises. agricole totale.22 Cela signifie que beaucoup de petites exploitations ne reçoivent pas le même

16 “King Mohammed VI Orders Probe on Sanctions Against Hydrocarbon Companies.” Morocco World News, 2020.
17 “King Mohammed VI Orders Probe on Sanctions Against Hydrocarbon Companies.” Morocco World News, 2020.
18 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills
Upgrading.” World Bank Group. 2019, p.8.
19 Ibid., p.38.
20 Ibid.
21 “Morocco: Agricultural Export Subsidy Program Expands” USDA Foreign Agricultural Service, 2018.
22 “For food sovereignty in Morocco” ATTAC/CADTM Maroc, 2019.
54 |
niveau de soutien.23 Cependant, certaines subventions agricoles ont été systématiquement
supprimées, telles que celles pour les oléagineux et le sucre.24
Concernant les taxes, le code des impôts du Maroc comprend une variété d’exemptions qui
peuvent fausser les décisions des entreprises. En particulier, le taux de TVA varie grandement
selon les secteurs. Le taux standard est de 20% mais il y a une variété de taux réduits : 14%
(transport et énergie solaire), 10% (par exemple services bancaires et financiers, gaz, services de
restauration et alimentation pour bétail) et 7% (eau et aliments pour animaux).25 Certains biens
et services sont exemptés, comme le matériel et équipement agricoles et les biens et services
délivrés aux entreprises basées dans les zones franches.26
Il y a d’autres exemptions d’impôts, pouvant causer des distorsions. Ces exemptions prennent
différentes formes telles que la réduction de taux, les déductions, les indemnités, les forfaits
fiscaux et les facilités de trésorerie.27 En 2016, il y avait 407 exemptions. Elles avaient pour
objectif principal de stimuler des activités économiques, en particulier l’agriculture et la pêche,
l’industrie alimentaire, le secteur de l’immobilier et l’intermédiation financière.28
Opportunités
1. Continuer d’évaluer et de réduire les subventions dans le secteur agricole
2. Simplifier autant que possible le régime d’imposition, en particulier les taux de TVA, et supprimer les
exemptions.

23 Ibid.
24 “Agriculture and Economic Transformation in the Middle East and North Africa,” International Food Policy Research Institute,
June 2018.
25 “Morocco: Tax System” Santander Trade Markets. Disponible en ligne : https://santandertrade.com/en/portal/establish-
overseas/morocco/tax-system?&actualiser_id_banque=oui&id_banque=17&memoriser_choix=memoriser (Consulté le 13 août
2020).
26 Ibid.
27 “Morocco: Selected Issues,” IMF Country Report No. 18/76, novembre 2017, p.7.
28 Ibid.

| 55
Credit (Shutterstock.com)
ENVIRONNEMENT POUR LA CREATION D’ENTREPRISES
(RANG DU MAROC: 95ÈME)
L’entreprenariat est la manifestation d’une société en bonne santé et dynamique, et dans laquelle
des idées sont créées, développées et testées en permanence. Il est important que le processus de
transformation d’une idée en un succès soit aussi facile et accessible que possible. Le gouvernement,
et donc la société, peuvent bénéficier d’un environnement favorable qui apprécie et valorise les
contributions des entrepreneurs qui améliorent la prospérité.

Figure 12 : Score de l’environnement de création d’entreprises

59 95ème
58
57
56
Score de l’élément

55
54
53
52
101ème
51
50
49
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019

Maroc Moyen-Orient et Afrique du Nord

Le Maroc se classe 95ème pour l’Environnement pour la Création d’Entreprises, un léger progrès
de six places sur la dernière décennie, en phase avec d’autres pays de la région MENA. Cela est
dû principalement à l’amélioration de la facilité de création des entreprises et la perception
montante que les entreprises privées sont protégées.
Le Maroc est classé 30ème au monde pour la facilité à démarrer une entreprise, soit une légère
amélioration de trois places depuis 2009. Selon la Banque Mondiale, la procédure d’inscription
d’une entreprise au Maroc prend en moyenne neuf jours (beaucoup moins longue que la
moyenne de 21 jours de la région MENA).29 En comptant tous les frais officiels et les frais légaux
et de services professionnels, l’inscription coûte 3,7% du revenu annuel par habitant du Maroc
(considérablement moins que la moyenne régionale de 22,6%).30
Un certain nombre de réformes ont été mises en place pour faciliter la création d’entreprise,
telles que l’allégement des procédures d’inscription et la réduction des frais d’inscription.31 Le
gouvernement travaille sur un Acte des Petites Entreprises et sur une charte des investissements
dont le but est de simplifier davantage les procédures administratives et de soutenir les
investisseurs.32

29 The World Bank, as quoted in “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
30 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
56 | 31 “Morocco Country Report 2020”. BTI Transformation Index,2020.
32 “Morocco 2019 Article IV Consultation” IMF, 2019.p.19.
Le Maroc possède aussi une stratégie de développement de clusters relativement avancée pour
laquelle il se classe 83ème. Le Maroc possède une stratégie de développement de clusters depuis
2009, le premier plan visant à en créer 15. Le but est d’assister les entreprises pour les rendre
plus compétitives et améliorer la recherche et développement.33 Les secteurs de l’automobile et
de l’aéronautique constituent des exemples notables. La création d’un écosystème automobile
a permis de doubler les exportations dans ce secteur entre 2013 et 2018, faisant de l’industrie
automobile le secteur d’exportation leader du Royaume.34 La création d’une zone industrielle
dédiée à l’aérospatiale près de l’aéroport international de Casablanca a conduit 110 entreprises de
l’industrie aérospatiale à s’implanter au Maroc.35
La main d’œuvre qualifiée est un défi majeur pour les entreprises ; 32% des entreprises déclarant
que la main d’œuvre qualifiée est une contrainte majeure pour les entreprises.36 Le taux
d’alphabétisation n’est que de 74% et le système d’éducation supérieure ne produit pas les
compétences requises par les employeurs, avec comme conséquence un taux de chômage élevé
parmi les diplômés d’universités.37 Pour les diplômés entre 15 et 24 ans, le taux de chômage est de
59% et pour les diplômés entre 25 et 35 ans, ce taux est de 30%.38 Contrairement à l’expérience
commune du reste du monde, le taux de chômage parmi les jeunes diplômés est plus bas que
pour ceux sans diplômes.39 Le Maroc souffre aussi du départ des personnes qualifiées. Un sondage
international mené par Arab Barometer a indiqué que plus de 70% des Marocains veulent quitter
le pays pour des raisons économiques ou à cause de la prolifération de la corruption et l’absence
de méritocratie.40
Le Maroc a pris des mesures pour améliorer la situation. Il investit dans les enseignants et les
écoles avec un plan de recrutement et de formation de 200 000 nouveaux enseignants d’ici
2030.41 L’attention se tourne aussi vers les formations professionnelles. Le gouvernement a ouvert
27 centres de formation professionnelle entre 2015 et 2018.42 En outre, il a quasiment doublé le
nombre de bourses de formation allouées entre 2017 et 2018.43
Le pays essaie aussi de faire correspondre les compétences aux emplois disponibles. Par exemple,
en 2019, le Maroc a lancé une nouvelle stratégie ciblant les compétences des jeunes et la
formation professionnelle. Le but du programme est de créer 12 centres de formation régionaux
qui proposeront des formations en collaboration avec les professionnels, afin de satisfaire aux
besoins des entreprises et aux exigences des écosystèmes sectoriels et régionaux.44
De plus, l’Agence Nationale de Promotion de l’Emploi et des Compétences (ANAPEC) a lancé
trois programmes pour augmenter la participation du marché de l’emploi : Idmaj (subventions
salariales pour les diplômés au chômage), Te’hil (formation des jeunes) et Moukawalati
(promotion de l’entreprenariat grâce à la formation et à l’assistance financière).45

33 Boumediene Amraoui, Abdesselam Ouhajjou, Salvatore Monni, Najiba El Idrissi et Manuela Tvaronavičienė, “Performance of
clusters in Morocco in the shifting economic and industrial reforms.” Insights into Regional Development, 2019, 1 (3), pp.227-243.
34 “HM The King Chairs Inauguration Ceremony of PSA Group’s Ecosystem In Morocco”. Kingdom of Morocco: Ministry of
Industry, Trade and Investment and the Digital Economy http://www.mcinet.gov.ma/en/content/hm-king-chairs-inauguration-
ceremony-psa-groups-ecosystem-morocco (Consulté le 13 août 2020).
35 “Moroccan Aerospace Industry: The Most Competitive Base At The Gate Of Europe” GIMAS. http://gimas.org/pdf/
brochuregimas.pdf (Consulté le 13 août 2020).
36 “Enterprise Surveys” World Bank Data. Disponible en ligne : https://www.enterprisesurveys.org/en/enterprisesurveys.
37 “High and Persistent Skilled Unemployment in Morocco: Explaining it by Skills Mismatch” OCP Policy Center, 2017.
38 “Morocco 2040: Emerging by Investing in Intangible Capital” Jean-Pierre Chauffour, 2017. p.232.
39 Ibid.
40 “La Maroc saigne encore de ses compétences” Yabiladi. Disponible en ligne : https://www.yabiladi.com/articles/
details/80239/maroc-saigne-encore-competences.html (Consulté le 13 août 2020).
41 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.248.
42 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
43 Ibid.
44 “Le Roi lance les travaux de la Cité des Métiers et des Compétences à Agadir” Medias24, 2020. | 57
45 Labor Market in Morocco: Challenges and Opportunities. World Bank, 2018.
Opportunités
La priorité pour le Maroc est d’améliorer l’adéquation des compétences acquises dans le secteur
de l’éducation avec celles requises sur le marché du travail.
1. Effectuer des évaluations régulières des stratégies sectorielles et des changements pour
garantir que les mesures prises aident les Marocains à acquérir les bonnes compétences.
2. Les programmes de formation professionnelle devraient être poursuivis et potentiellement
étendus.
3. Le Maroc devrait s’atteler à réduire la fuite de ses ressources humaines qualifiées en
redoublant d’efforts pour accroître la concurrence loyale sur le marché et lutter contre la
corruption.

FARDEAU REGLEMENTAIRE (RANG DU MAROC: 23ÈME)


Un lourd fardeau administratif oblige les entreprises à concentrer leurs ressources sur le respect
des réglementations, plutôt que sur l’innovation et la création.. En particulier, la procédure pour
respecter le règlement fiscal devrait être simple et rapide. La possibilité que les impôts aient un effet
néfaste sur les affaires est bien comprise, tout comme la méthode de perception des impôts et la
complexité du prélèvement des impôts l’est. Notre mesure évalue combien de temps et d’efforts
sont nécessaires pour respecter ces réglementations.
Le Maroc a fait des progrès impressionnants dans la réduction du Fardeau Réglementaire, passant
de la 66ème à la 23ème place en une décennie. Ce résultat est le fruit d’une série de réformes du
gouvernement qui ont conduit à l’amélioration de tous les indicateurs de cet élément dans l’Index
sauf un.

Figure 13 : Score de l’amélioration du fardeau réglementaire dans certains pays

Arabie Saoudite +11


Rwanda +24
Maroc +43
Indonésie +6
Turquie +38
Koweït -13
Ghana +31
Tunisie -8
Egypte +14
Colombie -
Algérie +24
0 9 18 27 36 45 54 63 72 81 90

Score de l’élément (2009, 2019) et l'amélioration du rang

Le temps passé par les cadres supérieurs à respecter les exigences imposées par le gouvernement
a chuté de 11,4% en 2009 à juste 4,6% en 2019 et la lourdeur est moindre pour l’obtention
de permis de construire, permettant au Maroc de gagner 7 places et grimper au 22ème rang
mondialement. Il y a seulement 12 procédures pour obtenir le permis de construire un entrepôt,

58 |
ce qui est comparativement meilleur que la moyenne MENA (16 procédures) et la moyenne
des pays de l’OCDE à revenu élevé (13 procédures).46 Le temps nécessaire pour achever ces
procédures est également bon, 58 jours, une durée beaucoup moins courte que la moyenne de la
région MENA (124 jours) et la moyenne des pays de l’OCDE à revenu élevé (152 jours).47
Le Maroc a mis en place une série de réformes pour améliorer le processus d’obtention de permis
de construire. En 2008, le Maroc a introduit un « guichet unique » pour s’occuper des permis
de construire.48 Plus récemment, le Royaume a simplifié l’obtention de certains certificats de
conformité en ligne.49
Le nombre total d’impôts à payer chaque année pour les entreprises a aussi été réduit
considérablement, passant de 28 par an en 2009 à 6 par an en 2019 (voir figure).50 Le temps
passé à déclarer les impôts est passé de 358 heures par an en 2009 à 155 heures par an, dix ans
plus tard.
Cela fut rendu possible grâce à une gamme de réformes telles que l’amélioration de la plateforme
de déclaration et paiement de l’impôt sur le revenu des sociétés, la TVA et les charges salariales
en 2016 et l’intégration de logiciels de comptabilité dans la plateforme des impôts.51 Les
contribuables peuvent désormais consulter instantanément leur situation fiscale.52
Opportunités
1. Continuer à simplifier les procédures administratives pour les entreprises en poursuivant la
digitalisation et en créant des guichets uniques.53
2. Continuer à identifier des réformes permettant de réduire le temps passé à déclarer les
impôts afin de rejoindre les pays de premier plan sur cet élément.

FLEXIBILITE DU MARCHE DU TRAVAIL (RANG DU MAROC : 96ÈME)


La Flexibilité du Marché du Travail permet simultanément d’assurer la disponibilité d’emplois et la
protection des travailleurs. Sans un marché du travail fonctionnant correctement, les emplois se font
souvent rares et les emplois disponibles peuvent ne pas être attrayants, avec peu de recours disponibles
pour ceux qui sont dans une situation d‘emploi difficile. Notre mesure évalue à quel point le milieu du
travail est dynamique et flexible pour les employeurs comme pour les employés.
Le marché du travail du Maroc est l’un des défis les plus importants auxquels le pays est confronté.
Malgré une progression de 17 places au classement mondial sur les dix dernières années, le Maroc
se classe seulement 96ème pour la Flexibilité du Marché du Travail. Une situation en-dessous de la
moyenne MENA et inférieure à la plupart des pays comparables, sauf le Ghana, la Colombie et la
Tunisie.

46 “Ease Of Doing Business In Morocco” World Bank Doing Business. Disponible en ligne : https://www.doingbusiness.org/en/
data/exploreeconomies/morocco# (Consulté le 13 août 2020).
47 Ibid.
48 Doing Business Data. World Bank. Disponible en ligne : https://www.doingbusiness.org/en/data
49 “Doing Business 2020: Comparing Business Regulation in 190 Economies” World Bank Group, 2020.
50 Doing Business Data. World Bank. Disponible en ligne : https://www.doingbusiness.org/en/data
51 Ibid.
52 “Paying Taxes 2018” World Bank Group et PWC. p.28.
53 “Report to G20 Compact with Africa – Compact Narrative Kingdom of Morocco” Compact with Africa, 2018. p.4.
| 59
Le Maroc a un fort Le Maroc a un fort taux de chômage et des taux de participation de la main-d’œuvre faibles, en
taux de chômage particulier chez les jeunes et les femmes. Dans certaines régions, le chômage des jeunes atteint
et des taux de 40%.54 La participation de la main-d’œuvre féminine est particulièrement faible (23%).55 En plus du
participation de la taux de chômage élevé, il y a un fort taux d’économie parallèle sur le marché du travail, absorbant
main-d’œuvre faibles, jusqu’à 40% de la totalité des emplois selon des estimations.56
en particulier chez les
Un des facteurs causant l’augmentation du taux de chômage et l’exacerbation de l’économie
jeunes et les femmes.
parallèle est la réglementation contraignante du marché du travail qui rend coûteux les emplois
officiels au Maroc. Par exemple, l’emploi de travailleurs est onéreux et le Maroc se classe 127ème pour
la facilité de l’emploi pour trois raisons:
i. Il y a des barrières strictes contre le licenciement, en particulier pour les petites entreprises.
Seules les entreprises avec plus de 10 employés peuvent licencier pour raisons économiques,
techniques ou de restructuration et l’application de ces droits est bureaucratique et laborieux.57
Malgré le progrès du Maroc dans la réduction du coût de ses indemnités de licenciement, de 85
semaines à 21 semaines en 10 ans, il ne se classe que 104ème au monde. Ces protections sont
peut-être conservées à cause de l’absence d’assurance chômage au Maroc.”58 Les indemnités de
chômage sont difficiles à obtenir et ne couvrent pas toute personne ayant perdu son emploi.
ii. Le coût de la main-d’œuvre est élevé. Le coût des heures supplémentaires et du travail de nuit
est élevé comparé aux pratiques internationales59 et le salaire minimum est élevé. Dans les
régions urbaines en 2015, il s’élevait à 50% du salaire moyen dans le secteur privé officiel.60
Ces coûts sont souvent exacerbés par les conventions collectives. Le gouvernent s’est engagé à
continuer d’augmenter le salaire minimum de 10% sur deux ans (à partir de 2019-2020).61
iii. Jusqu’en juillet 2020, il était interdit d’utiliser des contrats à durée limitée pour des tâches
permanentes et tout contrat à durée limitée est fixé à 12 mois.62 Une nouvelle loi a été votée
récemment pour supprimer certaines de ces contraintes.63
Les syndicats dominent largement et « les employeurs considèrent souvent le marché du travail
marocain comme rigide avec des relations employé-employeur lourdes. » 64
Dans l’ensemble, les opportunités pour améliorer la flexibilité du marché du travail sont
considérables. Le FMI soutient que la réduction des coûts d’embauche ainsi que d’autres
obstacles, en particulier pour les PMEs, pourrait « conduire à une augmentation de 2,5% en aval
et à une réduction de 2,2% du chômage à moyen terme. » 65
Le gouvernement a franchi quelques étapes dans cette direction. Comme noté plus haut dans
la section sur l’environnement de création d’entreprises, l’Agence Nationale de Promotion de
l’Emploi et des Compétences (ANAPEC) a lancé trois programmes destinés à augmenter la
participation du marché de l’emploi. Un programme de contrats à durée limitée destiné à aider

54 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.


55 “Labor Market in Morocco: Challenges and Opportunities” World Bank, 2018.
56 “An Estimation of the Informal Economy in Morocco” Bourhaba Othmane and Hamimida Mama, International Journal of
Economics and Finance; Vol. 8, No. 9; 2016
57 “Morocco 2040: Emerging by Investing in Intangible Capital” Jean-Pierre Chauffour, 2017. p.159.
58 “Institutions and Labour Markets in the Southern Mediterranean Countries: A Survey of Egypt, Jordan, Morocco & Tunisia”
Euro-Mediterranean Network of Economic Studies (EMNES), 2017.
59 “Morocco 2040: Emerging by Investing in Intangible Capital” Jean-Pierre Chauffour, 2017. p.158
60 Ibid. p.159
61 “Moroccan Government to Increase Wages and Family Benefits” Morocco World News, 2019.
62 “Morocco 2040: Emerging by Investing in Intangible Capital” Jean-Pierre Chauffour, 2017. p.158
63 “Contrat à durée déterminée : les situations exceptionnelles connues” Challenge.ma. July 21, 2020.
64 “Labour Market Profile 2018: Morocco” Danish Trade Union Development Agency, 2018. p.ii.
65 “Morocco 2019 Article IV Consultation” IMF, 2019. p.18.
60 |
Figure 14 : Coûts de licenciement et flexibilité des pratiques d’embauche dans certains pays

Coûts de licenciement Flexibilité des pratiques d’embauche


Pire Mieux Pire Mieux

70 7

60 6

Etude d’experts (1-7)


50 5
Semaines de salaire

40 4

30 3

20 2

10 1

0
0
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Source: WEF

les nouveaux arrivants sur le marché du travail a aussi été mis en place. Le gouvernement paie
la sécurité sociale et les cotisations d’assurance médicale de l’employé et les participants sont
tenus d’employer 60% des stagiaires de l’Agence Nationale de Promotion de l’Emploi et des
Compétences (ANAPEC) à la fin du contrat.66
Opportunités
1. Ralentir l’augmentation du salaire minimum.
2. Baisser les coûts de licenciement et faciliter la possibilité d’utiliser le licenciement si nécessaire
pour les petites entreprises.
3. Augmenter la flexibilité des contrats temporaires
4. Examiner la possibilité de mettre en place une meilleure couverture d’assurance chômage en
échange d’une souplesse accrue des pratiques de licenciement.

66 “Labour Market Profile 2018: Morocco” Danish Trade Union Development Agency, 2018. p.9.
| 61
Credit (Shutterstock.com)

Le Ministre Marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, serre la main de Rex Tillerson, ancien secrétaire d'État des États-Unis
62 |
GOUVERNANCE
(RANG DU MAROC: 98ÈME)
L'importance d'une bonne gouvernance pour la croissance économique à long terme ne
saurait être surestimée.1 Même en tenant compte de facteurs externes comme la culture, il
est établi que les institutions économiques sont l’un des facteurs déterminants des différences
de prospérité entre pays.2 La Gouvernance sous-tend l’activité économique ; tant qu’une
bonne gouvernance n’est pas établie, attirer les investissements et les entreprises est presque
impossible. Les investissements et la prospérité requièrent un Etat de Droit efficace, lui-même
dépendant de la confiance en un ensemble robuste d’institutions efficaces et responsables.3
Une bonne gouvernance est plus robuste lorsqu’elle s’est établie au cours du temps par une
évolution naturelle et constitue essentiellement une codification des attentes culturelles et des
comportements.4
Le Maroc se classe 98ème pour la Gouvernance et a perdu 16 places sur la dernière décennie,
avec un déclin sur tous les critères de notre Index relatifs à la Gouvernance. Le Maroc est classé
considérablement en dessous des pays comparables tels que le Ghana (55ème), l’Indonésie
(62ème), le Rwanda (64ème) et la Tunisie (65ème). Une nouvelle Constitution a été introduite en
2011. Bien que ces changements n’aient pas encore amélioré notablement le classement
du Maroc pour la Gouvernance, ils offrent une voie potentielle vers une nouvelle ère qui
pourrait - sur le long terme – être le témoin des résultats de ces changements systémiques. Il
y a un sentiment que les limitations de l’exécutif contenues dans la Constitution ne soient pas
suffisamment fortes en pratique. L’efficacité du gouvernement bénéficierait d’une meilleure
responsabilisation et d’une administration plus forte, ce qui à son tour diminuerait la corruption.
Il y a un ensemble de problèmes avec le système juridique et il y a eu une détérioration
considérable de la façon dont les experts perçoivent l’application des règlements dans le pays
au cours des dernières années. Les dernières élections parlementaires en 2016 ont réduit la
fragmentation du parlement et des réformes récentes montrent des signes prometteurs pour
la lutte contre la corruption, telles que les réformes visant à rendre les marchés publics plus
équitables et la une nouvelle loi protégeant les lanceurs d’alerte.

CONTRAINTES DE L’EXECUTIF (RANG DU MAROC: 69ÈME)


Un gouvernement qui fonctionne bien repose sur des pouvoirs clairement définis et séparés et un
niveau adéquat de contrôle externe sur l’exécutif, provenant des organismes juridictionnels,des
médias et de la société civile. Des sanctions appropriées doivent être appliquées lorsque les
responsables officiels abusent de leur pouvoir. Notre mesure tient compte de l’ampleur des
contraintes institutionnalisées sur les pouvoirs de décision de l’exécutif, par exemple à travers la
séparation des pouvoirs entre les différents organes , et LE degré de freins et contrepoids qui existent
dans la pratique.

1 Douglass C. North. Institutions, institutional change, and economic performance. Cambridge: Cambridge University Press,
1990.
2 Daron Acemoglu et James Robinson. “The role of institutions in growth and development.” Leadership and Growth 135
(2010).
3 Guillermo A. O’Donnell, “Why the rule of law matters.” Journal of Democracy 15, no.4 (2004): 32-46; Stephan Haggard and
Lydia Tiede. “The rule of law and economic growth: Where are we?.” World Development 39, no.5 (2011): 673-685.
4 Richard V. Adkisson and Randy McFerrin. “Culture and good governance: A brief empirical exercise.” Journal of Economic Issues
48, no.2 (2014): 441-450.
| 63
Le test des contraintes exécutives est ce qui se passe dans la pratique, souvent constitué
par un large éventail d’actions et de décisions quotidiennes. C’est pour cela que l’évaluation
de cet élément se base sur des sources telles que le Projet de Justice Mondiale (WJP) qui
mesure l’État de droit à travers le monde grâce à l’expérience et les perceptions du public, des
professionnels juridiques et des experts de chaque pays.5 Le Maroc se classe 69ème pour la qualité
de ses contraintes de l’exécutif, en léger déclin de sa position de 63ème il y a 10 ans. Ceci est dû
principalement au fait que les experts voient peu de sanctions prises à l’encontre des responsables
ayant commis des erreurs. Le Maroc se classe au 59e rang pour la limitation des pouvoirs
exécutifs par le pouvoir judiciaire et législatif, et au 96e pour les pouvoirs du gouvernement
soumis à des contrôles indépendants et non gouvernementaux.
En tant que monarchie constitutionnelle, le pouvoir au Maroc a toujours été concentré, bien
que de nombreuses institutions formelles qui contraignent effectivement un exécutif aient
été et sont présentes. La constitution actuelle du Maroc a été introduite en 2011 à la suite du
printemps arabe et établit une séparation des pouvoirs entre le parlement, le pouvoir judiciaire
et le gouvernement. Cependant, depuis l’introduction de la nouvelle constitution, le classement
du Maroc pour les contraintes exécutives ne s’est pas encore amélioré, avec une légère baisse du
score que l’enquête et les experts attribuent au pays au cours des cinq dernières années.6
Un aspect important de la Constitution est l’ensemble des pouvoirs encore réservés au monarque,
y compris le pouvoir de nommer et de révoquer les ministres et de présider les Conseils supérieurs
de la sécurité et du pouvoir judiciaire.7 Les classements reflètent le niveau d’engagement pratique
du monarque par rapport à l’exercice moins substantiel du pouvoir discrétionnaire dans d’autres
monarchies constitutionnelles.

RESPONSABILITE POLITIQUE (RANG DU MAROC: 131ÈME)


La Responsabilité Politique est importante pour promouvoir la démocratie et assurer la prospérité.
Elle fournit un moyen démocratique pour réguler les décisions du gouvernement et empêcher la
concentration des pouvoirs et la collusion entre l’État et les grandes entreprises. Notre mesure de la
responsabilité politique saisit le degré auquel le public peut demander des comptes aux institutions,
ce qui couvre une gamme de mécanismes de responsabilité tels que les élections périodiques et le
degré de pluralisme politique.
Nos indicateurs reflètent dans quelle mesure les cadres institutionnels permettent au public de
tenir les institutions pour responsables en pratique, à travers le jugement d’experts appliqué selon
des systèmes d’évaluation systématiques.
Le Maroc se classe 131ème pour la Responsabilité Politique après avoir occupé la 124ème place il y a
10 ans. Depuis son indépendance en 1956, la Monarchie a poursuivi un effort de transformation
du pays, passant d’un sultanat héréditaire à une monarchie constitutionnelle moderne avec
la tenue régulière des élections législatives et des convocations du Conseil des Ministres.8 La
dernière étape de ce processus fut l’introduction de la Constitution de 2011, qui transféra une
partie de l’autorité du Monarque au parlement.9

5 “Rule of Law Index® 2020” World Justice Project, 2020.


6 “Morocco’s Gradual Political and Economic Transition” Rafik Hariri Center for the Middle East, 2015; “Morocco: Constraints on
Government Powers” World Justice Project, 2020. Données consultées le 28 août 2020.
7 “Morocco’s Constitution of 2011 – English Translation” Constitute Project, 2012.
8 “Polity IV Country Report 2010: Morocco” Center for Systemic Peace, 2010
9 “Polity5 Regime Narratives 2018: Morocco” Center for Systemic Peace, 2018
64 |
En se basant sur des références internationales, la responsabilité politique reste un domaine où le
Maroc peut progresser. Par exemple, le classement du Center for Systemic Peace pour le niveau
de démocratie reflétait une évolution vers la démocratie suite à la Constitution de 2011, mais
dans l’ensemble, le pays se classe toujours au 141e rang mondial..
Le taux de La tendance à la participation aux élections parlementaires est un indicateur de la confiance du
participation au vote public et le taux de participation au vote pour les élections générales au Maroc a chuté de 82% en
pour les élections 1977 à 43% en 2016, limitant ainsi le pouvoir de responsabilisation politique par l’intermédiaire
générales au Maroc du parlement.10 Le Maroc possède un riche système politique pluraliste mais à un point tel
a chuté de 82% en que cela peut entrainer un manque de cohésion du gouvernement et de l’opposition.11 Dans ce
1977 à 43% en 2016. contexte, la réduction de la fragmentation parlementaire après les élections de 2016 fut accueillie
comme un développement positif, avec seulement 12 partis obtenant des sièges au parlement
comparé à 18 en 2011.12

ETAT DE DROIT (RANG DU MAROC: 56ÈME)


Malgré une légère détérioration de 8 places sur les 10 dernières années, le Maroc se classe
relativement bien pour son Etat de droit, occupant la 56ème place. Son score global est bien
au-dessus de la moyenne MENA. Cependant, la tendance de détérioration est commune à à tous
les critères du pilier Gouvernance. L’élément de l’Etat de Droit a été particulièrement marqué
par le déclin de l’intégrité du système judiciaire au cours des années passées. En 2009, le Maroc
était parmi les pays leaders au monde sur cet élément, se classant 14ème mondialement d’après
l’évaluation du Guide International du Risque Pays du groupe PRS. L’évaluation la plus récente
classe le Maroc au 48ème rang mondialement.
Un problème majeur est l’indépendance du système judiciaire, où le Maroc se classe 75ème malgré
les garanties constitutionnelles.
Cependant, il y a eu récemment dans ce domaine un développement positif dans l’indépendance
du parquet. En 2017, Le Maroc a transféré le parquet de la tutelle du Ministère de la Justice
(qui fait partie de la branche exécutive) à la tutelle de la Cour de Cassation (qui fait partie de
la branche judiciaire). Selon Abdellatif Chentouf, Président du Club des Juges du Maroc, ce
changement « signale la fin d’une ère de contrôle strict de l’exécutif sur le parquet. »13
Il existe également d’autres problèmes au niveau du système judiciaire. Le Ministère de la Justice
reconnaît que le niveau de compétence juridique est faible dans l’ensemble, en raison d’une
mauvaise formation des juges par l’Institut National des Etudes Judiciaires, qui manque de
personnels et de moyens, et à cause des lacunes dont souffrent les stagiaires à la cour.14
Une étude de Transparency International montre également que 26% des Marocains pensent que
les juges et les magistrats sont corrompus, avec des cas tels que celui du juge à la cour d’appel de
Rabat qui fut relevé de ses fonctions après avoir accepté un pot-de-vin.15 Le magistrat fut arrêté
dans le cadre d’une opération menée sous la supervision du Ministère Public.

10 “Morocco: Voter Turnout by Election Type (Parliamentary)” International Institute for Democracy and Electoral Assistance.
Disponible en ligne : https://www.idea.int/data-tools/country-view/200/40 (Consulté le 20 août 2020)
11 Freedom in the World 2020. Freedom House.
12 “Morocco Country Report 2018”. BTI Transformation Index, 2018.
13 “Morocco’s Pursuit of Judicial Independence” Carnegie Endowment for International Peace, 2017.
14 Dylan Brake, “Morocco: Leadership and Governance,” 2017, p.19.
15 Global Corruption Barometer Middle East & North Africa 2019: Citizens’ Views and Experiences of Corruption” Transparency
International, 2019; “Un magistrat à la Cour d’appel de Rabat pris en flagrant délit de corruption” Maghreb Arabe Press, 2017.
| 65
Opportunités
Il y a un éventail d’études détaillants les voies pour réformer le système judiciaire marocain. La
Commission Internationale des Juristes présenta un programme entier de réformes en 2013.16 Les
plus grandes priorités étaient:
1. Le renforcement de l’indépendance judiciaire, en créant par exemple une commission pour
nommer les juges qui serait plus indépendante du Gouvernement. Le Conseil Supérieur du
Pouvoir Judiciaire, indépendant du Ministère de la Justice, fut créé en 2017 et le soutien à
cette structure devrait être maintenu.17
2. Un plus grand investissement dans les tribunaux et la formation des juges.

INTEGRITE DU GOUVERNEMENT (RANG DU MAROC: 79ÈME)


La corruption a un impact économique néfaste et significatif, réduisant la confiance du public et
la légitimité de l’État. Elle augmente les inégalités, décourage le développement du secteur privé
et, en réduisant les les recettes publiques, limite la capacité des gouvernements à investir dans
des projets visant l’amélioration de la productivité. La transparence soutient la responsabilité
publique et aide à établir la confiance dans le gouvernement, ce qui à son tour favorise la stabilité
sociale et la croissance économique. Notre mesure considère la corruption dans chaque branche
du gouvernement et de la fonction publique et elle mesure aussi la transparence en évaluant à quel
point le gouvernement favorise l’engagement et la participation des citoyens à travers l’accessibilité
de l’information et les pratiques de transparence.
Le Maroc se classe 79ème pour l’intégrité du gouvernement, perdant six places durant la dernière
décennie, et 11ème des 19 pays de la région MENA.
En se basant sur des études comparatives entre pays, Transparency International a trouvé que le
manque de volonté politique, la faible responsabilité et la mauvaise Gouvernance permettent
à une corruption systémique de se répandre. Selon son rapport de 2019, 53% de la population
estimaient que la corruption avait augmenté sur les 12 mois précédents et 74% pensaient que le
gouvernement ne combattait pas la corruption efficacement.18
Le clientélisme, signifiant favoritisme ou faveurs spéciales grâce aux relations, est aussi présent.
Tout comme d’autres pays de la région MENA, l’accès aux marchés publics peut bénéficier à ceux
disposant de liens politiques forts.19
Bien que le système judiciaire traite certains cas de corruption, les procédures juridiques
demeurent longues. Un exemple de justice retardée est le cas du Casino Es Saadi dans lequel
un officiel local du gouvernement a prétendument reçu un pot-de-vin en échange d’un terrain
communal à bas prix pour une entreprise. En 2015, l’officiel fut condamné à cinq ans de prison.
Cependant, l’appel n’a toujours pas abouti et a dû recommencer après que les juges chargés de
l’appel furent remplacés.20
Il y a aussi un large secteur d’économie parallèle au Maroc, stimulé en grande partie par un désir

16 International Commission of Jurists (2013) Reforming the Judiciary in Morocco.


17 “SM le Roi reçoit et nomme les membres du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire” Maroc-Diplomatique, 2017
18 Global Corruption Barometer Middle East & North Africa 2019: Citizens’ Views and Experiences of Corruption” Transparency
International, 2019.
19 Bauer, Marcus, “Public Anticorruption in Morocco and Tunisia : a Comparative Study” (2019). International Immersion
Program Papers. 99
20 Global Corruption Barometer Middle East & North Africa 2019: Citizens’ Views and Experiences of Corruption” Transparency
International, 2019. p.36.
66 |
31% de la population de ne pas payer d’impôts et de contributions sociales, comme cela arrive si l’on se conforme aux
a versé un pot-de-vin réglementations. Certains estiment que l’économie informelle représentait 43% du PIB en 2015,
pour un service public ce qui favorise à la fois la corruption et est dans une certaine mesure soutenue par la corruption.21
dans les 12 derniers Le type le plus fréquent de corruption est simplement les pots-de-vin pour les services publics.
mois, dont 32% aux Selon Transparency International, 31% de la population a versé un pot-de-vin pour un service
cliniques et centres public dans les 12 derniers mois, dont 32% aux cliniques et centres de santé publique.22
de santé publique.
Il y a des signes prometteurs que les officiels marocains soient de plus en plus soucieux de
s’attaquer à la corruption.23 En 2016, la Stratégie Nationale contre la Corruption fut lancée et,
deux ans plus tard, un Président de l’Instance Nationale de la Probité, de la Prévention et de
Lutte contre la Corruption(INPPLC) fut nommé (sept ans après que l’institution ait été créée). Il
y a aussi eu des réformes visant à rendre les marchés publics plus équitables et plus sûrs et une
nouvelle loi protégeant les lanceurs d’alerte fut introduite en 2019, avec l’intention de remplir les
obligations du Maroc sous la Convention des Nations Unies contre la corruption.24
Il y a aussi des règles autour de la transparence. Pour se conformer à la Convention des Nations
Unies contre la corruption, le Maroc a passé sa loi d’Accès à l’Information en 2018.25 La loi permet
aux Marocains de demander la permission d’accéder à certains documents gouvernementaux.
Certains aspects des règles sur la transparence incluent l’obligation pour les officiels publics,
comme les députés, juges et fonctionnaires, de déclarer leurs actifs. Les budgets et les
informations financières doivent aussi être publiés en ligne.26
Opportunités
1. Continuer à renforcer le rôle de l’entité anti-corruption, Instance Nationale de la Probité, de
la Prévention et de Lutte contre la Corruption(INPPLC), en renforçant son indépendance et
son financement.
2. Réduire le rôle de l’économie informelle au Maroc pour diminuer les possibilités de
corruption.
3. Adopter une nouvelle législation relative aux lanceurs d’alerte pour garantir une protection
forte de ceux qui dénoncent la corruption dans le secteur public.

21 Bauer, Marcus, “Public Anticorruption in Morocco and Tunisia : a Comparative Study” (2019). International Immersion
Program Papers. 99
22 Global Corruption Barometer Middle East & North Africa 2019: Citizens’ Views and Experiences of Corruption” Transparency
International, 2019. p.36.
23 Bauer, Marcus, “Public Anticorruption in Morocco and Tunisia: A Comparative Study” (2019). International Immersion
Program Papers. 99.
24 “Morocco: Draft Law Introduced to Protect Whistle-Blowers in Corruption Cases” Library of Congress, 2019.
25 Bauer, Marcus, “Public Anticorruption in Morocco and Tunisia: A Comparative Study” (2019). International Immersion
Program Papers. 99.
26 “Freedom in the World 2019: Morocco” Freedom House, 2019.
| 67
EFFICACITE DU GOUVERNEMENT (RANG DU MAROC: 114ÈME)
L’Efficacité du Gouvernement comprend l’utilisation efficace des ressources et l’affectatioon
efficientes des dépenses à travers la création et la mise en place d’une politique gouvernementale,
mais va aussi plus loin tenant en compte la capacité d’un gouvernement à mettre en œuvre
ses stratégies annoncées. Notre mesure inclut la qualité des services publics, la qualité des
fonctionnaires du gouvernement et leur indépendance face aux pressions du gouvernement.
Au cours de la dernière décennie, Le Maroc a continué d’être mal classé en termes d’efficacité
gouvernementale, perdant sept places ; Il est classé actuellement au 114e rang mondialement.
Parmi les pays de comparaison, seule l’Égypte obtient de moins bons résultats pour cette
mesure. Le Maroc a un classement particulièrement bas sur les éléments d’Apprentissage et de
Coordination des politiques (respectivement 120e et 117e au niveau mondial).

Figure 15: Mise en place et coordination des politiques au Maroc versus pays comparables

Coordination des politiques Mise en place


Mieux Pire Mieux Pire

10 10
9 9
8 8
Etude d’experts (1-10)

Etude d’experts (1-10)

7 7
6 6
5 5
4 4
3 3
2 2
1 1
0 0
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na

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sie

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ab
Ar

Ar

Source: BTI

Il y a plusieurs obstacles à une meilleure mise en oeuvre des politiques gouvernementales.


On note les défaillances du gouvernement à coordonner les politiques de façon efficace, la
fragmentation des partis politiques, les allocations inefficaces des ressources publiques et
les difficultés à fournir des services décentralisés. L’Index de Transformation Bertelsmann
(Bertelsmann Transformation Index - BTI) suggère qu’il y a une vague de réformes/activités
de développement et d’initiative politiques au Maroc, mais qu’elles manquent de cohérence
d’ensemble et qu’elles ne sont pas souvent mises en œuvre efficacement.27
Les projets d’infrastructure sont relativement bien menés, à l’instar des projets de
réaménagement du port de Tanger et la construction de la ligne grande vitesse Tanger-Casablanca
(voir Transport). La stratégie industrielle du Maroc est aussi particulièrement réussie. Lancée
initialement en 2005 (et mise à jour en 2009 et 2015), elle a attiré plusieurs grands groupes
industriels au Maroc, comme Boeing et Peugeot-Citroën.28

27 “Morocco Country Report 2020”. BTI Transformation Index, 2020 and “Morocco 2040: Emerging by Investing in Intangible
68 | Capital” Jean-Pierre Chauffour, 2017.
28 “Maroc: comment le plan d’accélération industrielle a dépassé les objectifs fixes” Jeune Afrique, 2017.
Cependant, le secteur public n’est pas efficace. En 2015, la masse salariale du gouvernement
central représentait 40% du budget du gouvernement et 10,6% du PIB, ce qui est très haut
comparé à la plupart des autres pays (voir le graphe). La fragmentation du système politique
affaiblit l’efficacité du gouvernement. Ce dernier est souvent constitué d’une multitude de partis
qui ont du mal à s’unir autour de projets de lois et qui sont souvent en compétition pour certains
ministères.29

Figure 16 : Masse salariale du secteur public dans certains pays

16

14

12
Pourcentage du PIB

10

0
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Source: WWBI

Un autre problème majeur est le système de gestion des finances publiques. En général, le
système assure une discipline fiscale d’ensemble. Cependant, selon la Banque Mondiale, il requiert
« plus d’attention pour améliorer l’allocation stratégique des ressources et assurer des services
publics de qualité. »30 Par exemple, bien que 30% du budget annuel soit alloué à l’éducation, les
résultats restent décevants. En général, la Banque Mondiale remarque que « sans améliorations
fondamentales dans l’efficacité des dépenses publiques (d’équipement et de fonctionnement) à
tous les niveaux, la qualité des services publics pourrait stagner. »31
Les réformes existantes, telles que la budgétisation axée sur les résultats, n’ont pas été mises
en place complètement. Les réformes pour décentraliser le service public marocain depuis 2011
n’ont pas conduit à une augmentation de la responsabilité ou de la performance mais plutôt à
« une double structure onéreuse où chaque institution de représentation (par exemple le conseil
municipal) est supervisée par l’équivalent d’un exécutif nommé par le pouvoir ».32
Certains secteurs de dépenses du gouvernement restent bas. Par exemple, en 2017, le Maroc
a dépensé 160 dollars par habitant pour la santé, le classant 123ème dans le monde, derrière la
Tunisie (250$), l’Algérie (258$) et la Jordanie (340$).33

29 “Morocco Country Report 2020”. BTI Transformation Index, 2020.


30 “International Bank for Reconstruction and Development, International Finance Corporation, Multilateral Investment
Guarantee Agency: Country Partnership Framework for The Kingdom of Morocco for the Period FY19–FY24” World Bank Group,
2019. p.64.
31 Ibid.
32 “Morocco Country Report 2020”. BTI Transformation Index, 2020.
33 “Current health expenditure per capita (current US $)”. World Bank Data. Disponible en ligne : https://data.worldbank.org/ | 69
indicator/SH.XPD.CHEX.PC.CD (Consulté le 19 août 2020).
Opportunité
1. Réforme du secteur public : des réformes supplémentaires et accélérées permettraient de
garantir des économies publiques durables tout en renforçant l’efficacité et la qualité des
services publiques, comprenant des statuts et une grille de salaires plus simple et flexible et
une progression de carrière basée sur le mérite (conformément aux recommandations de la
Cour des Comptes en 2017).34 Ces réformes pourraient :
a. Viser à aligner le recrutement avec les postes vacants pour répondre à des besoins
clairement identifiés
b. Assurer « une utilisation systématique de critères pour les postes et compétences
recherchés. »35
c. Combattre l’absentéisme grâce à des procédures disciplinaires plus claires
d. Gérer les fonctionnaires sur la base des résultats
e. Introduire un système de rémunération qui est « motivant, cohérent et transparent et
qui récompense les efforts et le degré de complexité du poste ».36
f. Favoriser une meilleure formation des fonctionnaires pour s’assurer que les compétences
correspondent aux tâches requises.

34 “Morocco 2019 Article IV Consultation” IMF, 2019. p.17.


35 “Morocco 2040: Emerging by Investing in Intangible Capital” Jean-Pierre Chauffour, 2017. p 206
36 Ibid.

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Mohammed VI, Roi du Maroc

70 |
QUALITE DE LA REGLEMENTATION (RANG DU MAROC: 74ÈME)
La Qualité de la Réglementation comprend tous les aspects du fonctionnement de l’État régulateur
– qu’il soit lourd et empêche le développement du secteur privé ou qu’il soit souple et fonctionne
efficacement. Notre mesure de la Qualité de la Réglementation comprend à la fois la qualité et le
fardeau de la réglementation gouvernementale.
Le Maroc se classe 74ème mondialement pour la qualité des régulations, au-dessus de la moyenne
de la région MENA et surpassant ses pairs comme la Tunisie, l’Algérie et l’Égypte. Cependant, un
déclin est remarqué dans son classement depuis 2009, lorsqu’il a été classé 59ème . Ce déclin est
dû en grande partie au score faible attribué au pays par les experts. En termes d’application des
réglementations, le Maroc a chuté de la 56ème à la 97ème place mondialement durant les dernières
années.
En général, l’application des réglementations dépend du secteur. Par exemple, l’Agence Nationale
de Réglementation des Télécommunications (ANRT) contrôle les télécommunications en
participant au développement du cadre législatif et réglementaire, alors que dans le secteur
de l’électricité, les premiers membres du conseil de l’autorité régulatrice nationale, l’ANRE,
viennent d’être nommés.37 Même lorsqu’une régulation bien établie existe, la représentation du
gouvernement au conseil (par exemple le régulateur des télécoms ANRT) signifie que le risque
d’interférence devrait être surveillé afin d’éviter de compromettre l’indépendance et l’efficacité
du régulateur dans les prises de décisions et leur application (comme nous l’avons mentionné
dans la section Accès aux Marchés et Infrastructure de ce rapport).
Il est de plus en plus reconnu qu’un bon environnement réglementaire est important pour les
entreprises au Maroc et permet d’attirer les investissements étrangers.38 En 2015, une loi a
introduit des évaluations de l’impact de la réglementation dans la loi marocaine. Cependant, la loi
ne présente pas ce que doivent être les détails et conditions de ces évaluations et aucune entité
n’est chargée de superviser et passer en revue les rapports.39
Sur une note positive, les réglementations développées par plusieurs ministères sont souvent
approuvées par le Ministre correspondant et chaque projet de réglementation est mis à la
disposition du public pour commentaires.40 Les réglementations sont ensuite entièrement
publiées en Arabe et en Français et mises en ligne sur le site du Secrétariat Général du
Gouvernement.41
Opportunités
1. Mettre en place des régulateurs légalement indépendants dans tous les secteurs d’utilité
publique, qui soient en mesure de créer puis de faire appliquer les réglementations. Ces
régulateurs ne devraient pas avoir de représentation exécutive du gouvernement dans leurs
conseils, mais un simple pilotage stratégique du gouvernement suffirait.
2. Mettre en place une entité indépendante chargée de superviser les évaluations d’impact des
réglementations.

37 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019; “Maroc/ANRE: Un régulateur du secteur de
l’électricité” 2M.ma, August 14, 2020.
38 “Modernization of the Business Legal System” MICJ. Disponible en ligne : https://micj.justice.gov.ma/2019/09/19/
modernization-of-the-business-legal-system/
39 “Global Indicators of Regulatory Governance: Worldwide Practices of Regulatory Impact Assessments” World Bank Group,
2019. p.10; “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
40 Ibid.
41 Ibid.
| 71
72 |
Credit (Shutterstock.com)
CONCLUSIONS

Bien que la véritable prospérité ne se limite pas qu’au succès économique et à la richesse matérielle,
toute Nation nécessite une économie florissante pour bâtir une prospérité durable. Notre intention
en publiant ce cas d’étude sur l’Ouverture Economique du Maroc est d’identifier les réussites du
pays, tout en mettant en évidence davantage de possibilités de réformes.
Le Maroc fait face à deux défis majeurs, notamment la lutte contre l’impact du coronavirus et
la diminution des précipitations dans la région. Cependant, le pays possède plusieurs atouts
et un potentiel économique important. Le pays est une nation de commerce avec un large
éventail d’accords commerciaux et une infrastructure portuaire qui, combinée avec sa situation
géographique, en font un carrefour régional. A travers un programme de réformes, le Gouvernement
a amélioré l’environnement d’investissement en renforçant à la fois le régime d’insolvabilité et le
régime de propriété intellectuelle et en réduisant considérablement le temps passé à se conformer
aux réglementations et obligations fiscales. Ceci a conduit à une amélioration substantielle des
conditions d’entreprises.
L’accès quasiment universel à l’électricité et l’accès généralisé à Internet créent des opportunités
de croissance dans le pays. Avec une stratégie active de développement de pôles industriels, des
opportunités significatives se présentent aux entreprises nationales et internationales. Une gestion
macro-économique prudente constitue la base d’un État qui pourrait favoriser la prospérité future.
Malgré ces atouts, le Maroc souffre de plusieurs difficultés structurelles qui doivent être surmontées.
Suite à notre analyse des quatre piliers et leurs 23 éléments, nous avons identifié les quatre
limitations suivantes à une plus grande Ouverture Economique du Maroc.
Premièrement, le Maroc devrait investir davantage dans les infrastructures, en particulier
dans les ressources en eau et dans les infrastructures haut-débit
Le Maroc fait face à un défi considérable causé par le déclin des précipitations dans la région et
l’impact que cela a sur la disponibilité des ressources en eau et sur son vaste secteur agricole. Cela
nuit déjà à sa croissance économique. Bien que cela représente un sérieux défi, il y a d’importantes
opportunités à saisir pour en atténuer l’impact, en lien avec une inefficacité apparente dans
l’utilisation de l’eau. Le Maroc a déjà commencé à investir dans des programmes destinés à
améliorer les infrastructures d’irrigation et la valorisation de l’eau – ceux-ci doivent être poursuivis
et évalués afin d’améliorer leur efficacité. Des efforts sont entrepris pour recycler les eaux usées et
étendre la capacité de dessalement ; ceux-ci devraient être élargis.
Trois autres domaines d’infrastructure sont relativement de mauvaise qualité par rapport aux
normes internationales ; la couverture en haut-débit et les infrastructures routières et ferroviaires.
il existe une opportunité importante d’accroître la concurrence loyale dans la fourniture
d’infrastructures. Le Maroc devrait prendre les mesures nécessaires pour rendre l’Agence Nationale
de Régulation des Télécommunications indépendante des ministres du gouvernement. Dans le
même ordre d’idées, le pays devrait également accroître la concurrence en introduisant un régime
d’accès au marché, au lieu d’un régime de licences et d’une réglementation, et ce pour établir
un accès ouvert et non discriminatoire aux réseaux de télécommunication. Afin d’améliorer la
couverture haut-débit du territoire, le Maroc devrait appliquer une batterie de mesures comprenant
la promotion des partenariats public-privé et utilisant pleinement le fonds de service universel.

| 73
Deuxièmement, le Maroc devrait chercher à augmenter la croissance et le dynamisme de
l’économie en augmentant progressivement le rôle du secteur privé dans les secteurs clés de
l’économie
L’économie du Maroc est freinée par un manque de compétition. Certains secteurs importants
sont hautement concentrés et l’État participe considérablement dans l’économie. Ces marchés
fortement concentrés sont souvent le résultat des interventions du gouvernement qui restreint
l’entrée, facilite la dominance et crée un terrain de jeu biaisé.
Pour favoriser la croissance et le dynamisme, l’État pourrait limiter son intervention directe dans
l’économie et réduire les chances d’accès privilégié aux marchés dont les entreprises nationales
bénéficient. Plus particulièrement, le Maroc pourrait introduire les principes de concurrence dans
les secteurs d’appui clés tels que l’énergie et les télécoms, garantir que les entreprises privées et
publiques sont soumises aux mêmes règles et renforcer les marchés publics.
Le secteur agricole est aussi fortement protégé à travers des mesures tarifaires et non-tarifaires. Le
Maroc pourrait ouvrir progressivement les marchés agricoles, surtout que l’agriculture constitue
l’un des moteurs de l’économie marocaine. Une stratégie agricole devrait offrir de meilleures
opportunités pour que les petites et grandes exploitations transforment le secteur agroalimentaire
en une source stable de croissance, de compétitivité et de développement économique dans les
régions rurales.
Troisièmement, le marché du travail devrait être rendu plus flexible pour faire face à
l’économie informelle, qui demeure très répandue, et pour assurer que les compétences
acquises correspondent mieux aux emplois disponibles :
Le marché du travail est l’une des faiblesses majeures du Maroc. Celui-ci est caractérisé par une
faible inclusion des jeunes et des femmes en particulier, une croissance lente de l’emploi et un degré
élevé d’informalité. Avant la crise de coronavirus, le taux de chômage atteignait déjà à 9,2% et le
taux de population active a vu un déclin persistant, passant en dessous de 46%. L’entreprenariat et
la productivité demeurent également faibles.
Pour améliorer le marché du travail, le Maroc peut prendre plusieurs mesures. Pour rendre le marché
du travail plus flexible, le pays peut ralentir l’augmentation du salaire minimum, baisser le coût des
licenciements, faciliter le recours au licenciement pour les petites entreprises et rendre les contrats
à durée limitée plus flexibles. Pour faciliter ces changements, le Maroc devrait introduire une forme
d’assurance chômage plus étendue.
Par ailleurs, le Maroc souffre d’une inadéquation entre les compétences enseignés/acquises et
les emplois disponibles, avec un taux d’alphabétisation relativement faible, et également un taux
de chômage élevé parmi les diplômés universitaires. Le Maroc a entamé la mise en œuvre des
programmes de formation professionnelle, qui devrait être poursuivis et potentiellement étendus.
Finalement, en renforçant sa gouvernance, le Maroc pourrait soutenir sa croissance et élargir
son activité économique à travers tout le pays
Les problèmes de gouvernance du Maroc risquent d’enrayer la marche du progrès atteint dans
plusieurs domaines. La corruption nuit aux investissements nationaux et internationaux. Quant à
la faible efficacité du gouvernement, celle-ci compromet l’aboutissement Des réformes destinées à
stimuler la croissance et élargir les activités économiques.
Pour libérer les potentialités de l’économie marocaine, l’État pourrait s’attaquer à la fois à la
corruption et réduire considérablement la prévalence des entreprises publiques dans l’économie,

74 |
ainsi que les distorsions qui y sont associées. Pour y parvenir, le rôle de l’Instance Nationale de
la Probité, de la Prévention et de Lutte contre la Corruption (INPPLC) devrait être renforcé en
favorisant son autonomie et son indépendance et en lui allouant les moyens nécessaires. En outre,
le Maroc pourrait créer des régulateurs indépendants légalement dans tous les secteurs d’utilité
publique qui peuvent mettre en place de nouvelles réglementations et veiller à l’application de
celles déjà existantes. Ces régulateurs ne devraient pas avoir des représentants gouvernemntaux au
sein de leurs conseils ; le gouvernement devant seulement assurer un pilotage stratégique.
L’efficacité du gouvernement pourrait être considérablement améliorée par un système
parlementaire moins fragmenté. En outre, une série de réformes du système judiciaire pourrait
améliorer son indépendance et son efficacité, en soutenant le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire
(CSPJ) dont les membres ont été nommées par le Roi en 2017. De plus, les réformes devraient
envisager la publication de toutes les décisions de justice, peu de temps après la remise de la
décision de justice. Enfin, les tribunaux doivent bénéficier de plus d’investissements et la formation
des juges doit être renforcée.
Dans un pays tel que le Maroc, il ne faut pas sous-estimer les efforts requis pour instaurer les
réformes et la lourdeur de cette tâche. Sur pratiquement tous les angles de réforme, y compris
ceux qui bénéficieraient à la majorité de la population, il existe de puissants groupes de pression.
Par exemple – comme dans d’autres pays – la réforme du marché du travail est critiquée par
les syndicats ; la libéralisation du marché se heurte à l’opposition des entreprises en place qui
pilotent le système existant ; les compagnies nationales dominantes résistent à la libéralisation
des investissements étrangers ; les changements à la politique du territoire apparaissent suspects
aux autorités traditionnelles et régionales ; et finalement, la réforme des subventions rencontre
l’opposition des bénéficiaires, même ceux qui, en tant que citoyens, bénéficieraient particulièrement
de retombées économiques positives, dont notamment une augmentation de l’investissement
public et de meilleurs prix pour les produits agricoles.
Néanmoins, l’histoire et l’évolution récentes du Maroc ont démontré qu’avec une réelle volonté
politique, le Royaume peut mener à bien ses réformes. En poursuivant cette voie et en appliquant
les recommandations suggérées dans cette étude de cas, le Maroc deviendrait plus compétitif dans
l’économie mondiale.

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ANNEXE (EN ANGLAIS)
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Morocco: GIEO Score 54.6 (72nd)

Pillar
Economic Openness over time Rank - Global PI (1 to 167) Score
Performance 2019 2009 10-year trend 2019
60
59 Market Access and
58 64 46.1 57.4
57
56 72nd
Infrastructure
74th
55 74th
Investment
GIEO Score

54 73rd 74th
53 73rd
68 52.2 58.9
52
51
76th
74th
Environment
50 77th 79th 80th
49 Enterprise
48 70 47.9 55.9
47
46 Conditions
45
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Index Year Governance 98 49.2 46.3

Breakdown of performance 2009


Score
10-year trend 2019
Rank - Global PI (1 to 167)
2019
10-year rank change

Economic Openness 48. 9 54. 6 72 5

Market Access and Infrastructure 46 .1 5 7.4 64 4

Communications 34.7 66.4 74 7

Resources 61.9 61.0 58 10

Transport 37.6 42.8 60 13

Border Administration 41.7 44.8 87 8

Open Market Scale 66.5 65.0 28 21

Import Tariff Barriers 55.2 61.1 94 7

Market Distortions 49.6 62.3 73 56

Investment Environment 5 2 .2 5 8.9 68 13

Property Rights 58.8 66.6 50 14

Investor Protection 45.1 57.4 60 31

Contract Enforcement 48.0 50.5 73 6

Financing Ecosystem 56.9 63.1 66 22

Restrictions on International Investment 45.4 46.8 102 8

Enterprise Conditions 47.9 5 5 .9 70 23

Domestic Market Contestability 42.8 42.3 113 6

Price Distortions 56.3 65.6 34 21

Environment for Business Creation 50.5 58.5 95 6

Burden of Regulation 50.3 69.4 23 43

Labour Market Flexibility 42.2 46.5 96 17

Governance 49 .2 46 .3 98 16

Executive Constraints 58.5 55.1 69 6

Political Accountability 42.3 39.2 131 7

Rule of Law 59.8 55.3 56 8

Government Integrity 46.4 45.4 79 6

Government Effectiveness 42.1 39.0 114 7

Regulatory Quality 49.5 46.1 74 15


Morocco: Market Access and Infrastructure (64th)
Italics: Indicator contains imputed values
Value Global PI Rank Value Global PI Rank
Source Unit Weight Source Unit Weight
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019

Communications (74th) 25% 34.7 66.4 81 74 Re s our ce s ( 58 t h) 20 % 61.9 61.0 48 58

International internet bandwidth ITU kilobits per capita 1.0 1.6 30.5 73 73 Installed electric capacity UNESD kilowatts per capita 1.5 0.2 0.2 105 111

index, index,
2G, 3G and 4G network coverage GSMA
0-100
2.0 59.1 96.3 100 43 Ease of establishing an electricity connection WB-DB
0-100
1.0 75.0 79.3 62 72

number /100 index,


Fixed broadband subscriptions ITU 1.0 1.5 3.9 74 99 Reliability of electricity supply WB-DB 1.0 7.0 6.0 1 32
population 0-7

USD per population


Internet usage ITU percentage 1.0 21.5 61.8 65 72 Gross fixed water assets IBNET
served
1.0 153.1 153.1 83 83

Water production IBNET litres per capita per day 0.5 701.2 701.2 9 9

expert survey,
Reliability of water supply WEF 1.0 5.7 5.7 44 44
1-7

Source Unit Weight Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019

Transport (60th) 25% 37.6 42.8 73 60 Bor de r A dmi ni s t r a t i on ( 8 7 t h) 5% 41.7 44.8 79 87

index, survey,
Logistics performance WB-LPI
1-5
1.5 2.4 2.7 111 84 Efficiency of customs clearance process WB-LPI
1-5
1.5 2.2 2.2 111 128

index, Time to comply with border regulations and


Airport connectivity WEF
0-100
2.0 2.0 2.0 86 86 WB-DB hours 1.0 51.8 32.0 76 66
procedures

expert survey, Cost to comply with border regulations and


Efficiency of seaport services WEF
1-7
2.0 4.2 4.9 64 29 WB-DB USD (current) 0.5 151.8 151.8 48 50
procedures

index,
Liner shipping connectivity UNCTAD 0.5 29.8 71.5 49 18
rebased to 100 in 2004

expert survey,
Quality of roads WEF
1-7
1.0 4.5 4.5 49 49

km per 100 sq km of
Road density FAO 0.5 13.0 13.1 111 113
land area

km per sq km of land
Rail density UIC
area
0.5 0.0 0.0 89 83

Source Unit Unit Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019

Open Market Scale (28th) 5% 66.5 65.0 7 28 Impor t T a r i ff Ba r r i e r s ( 9 4 t h) 5% 55.2 61.1 101 94
Domestic and international market access for percentage of global
WTO
GDP
1.5 53.9 48.4 1 16 Share of imports free from tariff duties WEF percentage 1.5 65.6 70.7 67 67
goods
Domestic and international market access for percentage of global
WTO
GDP
2.0 23.3 21.2 55 73 Average applied tariff rate WEF percentage 2.0 11.7 10.4 142 130
services

Trade-weighted average tariff faced in index,


WEF percentage 0.5 3.7 3.5 41 52 Complexity of tariffs WEF
1-7
0.3 5.2 5.6 106 89
destination markets

index,
Margin of preference in destination markets WEF
1-100
0.5 48.5 54.7 43 32

Source Unit Unit Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019

Market Distortions (73rd) 1 5% 49.6 62.3 129 73 #N/A #N/A ## ##


expert survey,
Extent of liberalisation of foreign trade BTI
1-10
1.0 6.0 8.0 114 63

expert survey,
Prevalence of non-tariff barriers WEF
1-7
1.0 4.1 4.3 119 88

Non-tariff measures UNCTAD number 0.3 396.0 396.0 66 66

| 79
Morocco: Investment Environment (68th)
Italics: Indicator contains imputed values
Value Global PI Rank Value Global PI Rank
Source Unit Weight Source Unit Weight
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019

Property Rights (50th) 30% 58.8 66.6 64 50 Inve s t or Pr ot e ct i on ( 60 t h) 20 % 45.1 57.4 91 60


expert survey, index,
Protection of property rights WEF
1-7
1.0 4.7 4.9 67 41 Strength of insolvency framework WB-DB
0-16
1.0 6.0 12.0 109 27

expert survey,
Lawful process for expropriation WJP
0-1
1.0 0.6 0.6 44 43 Insolvency recovery rate WB-DB percentage 1.5 35.1 28.5 67 101

expert survey, expert survey,


Intellectual property protection WEF 2.0 3.3 4.6 95 47 Auditing and reporting standards WEF 2.0 4.3 5.1 98 51
1-7 1-7

index, index,
Reliability of land infrastructure administration WB-DB
0-8
1.0 7.0 7.0 24 26 Extent of shareholder governance WB-DB
0-10
1.0 5.3 6.0 67 67

index, index,
Procedures to register property WB-DB
0-100
1.0 66.0 72.0 87 80 Conflict of interest regulation WB-DB
0-10
0.5 5.0 6.0 93 55

Regulation of property possession and expert survey,


BTI 1.0 6.0 6.0 87 81
exchange 1-10

Source Unit Weight Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019

Contract Enforcement (73rd) 20 % 48.0 50.5 79 73 Fi na nci ng E cos y s t e m ( 66t h) 20 % 56.9 63.1 88 66

index,
Quality of judicial administration WB-DB
0-18
1.5 8.0 8.0 68 78 Access to finance WB-ES percentage 1.0 31.6 27.7 109 105

expert survey,
Time to resolve commercial cases WB-DB days 1.0 170.0 170.0 66 63 Financing of SMEs WEF
1-7
1.0 3.9 3.9 60 60

expert survey,
Legal costs WB-DB percentage 0.5 8.8 8.8 79 79 Venture capital availability WEF
1-7
1.0 3.0 2.8 70 93

expert survey, expert survey,


Alternative dispute resolution mechanisms WJP 1.0 0.6 0.7 111 74 Quality of banking system and capital markets BTI 1.0 6.0 7.0 97 82
0-1 1-10

branches /100,000
Commercial bank branches IMF-FAS
adult population
1.0 12.6 24.5 78 35

expert survey,
Soundness of banks WEF 1.0 5.2 5.7 90 24
1-7

index,
Depth of credit information WB-DB
0-8
0.5 6.0 7.0 59 41

Source Unit Unit Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019
Restrictions on International
10% 45.4 46.8 110 102 #N/A #N/A ## ##
Investment (102nd)
expert survey,
Business impact of rules on FDI WEF
1-7
2.0 5.1 5.1 76 36

Capital controls FI percentage 1.0 0.0 7.7 146 126

Freedom to own foreign currency bank index,


FI
0-10
1.0 0.0 0.0 137 139
accounts

index,
Restrictions on financial transactions Chinn-Ito
0-1
1.0 0.2 0.2 106 103

expert survey,
Prevalence of foreign ownership of companies WEF
1-7
1.0 5.1 4.9 1 46

index,
Freedom of foreigners to visit FI 1.0 7.2 7.4 30 89
0-10

Source Unit Unit Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019

#N/A #N/A ## ## #N/A #N/A ## ##

80 |
Morocco: Enterprise Conditions (70th)
Italics: Indicator contains imputed values
Value Global PI Rank Value Global PI Rank
Source Unit Weight Source Unit Weight
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019

Domestic Market
30% 42.8 42.3 107 113 Pr i ce Di s t or t i ons ( 3 4 t h) 10% 56.3 65.6 55 34
Contestability (113th)
expert survey, expert survey,
Market-based competition BTI
1-10
1.0 5.0 5.0 99 92 Distortive effect of taxes and subsidies WEF
1-7
1.0 4.2 4.2 44 44

expert survey,
Anti-monopoly policy BTI
1-10
1.0 4.0 4.0 121 123 Energy subsidies IMF percentage of GDP 1.0 4.5 1.6 86 42

expert survey,
Extent of market dominance WEF 1.0 3.8 3.7 68 73
1-7

Source Unit Weight Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019
Environment for Business
25% 50.5 58.5 101 95 Bur de n of Re gula t i on ( 23 r d) 25% 50.3 69.4 66 23
Creation (95th)
expert survey, expert survey,
Private companies are protected and permitted BTI
1-10
1.0 5.0 6.0 123 106 Burden of government regulation WEF
1-7
1.0 3.5 3.8 60 39

index,
Ease of starting a business WB-DB
0-100
1.0 86.0 93.0 33 30 Time spent complying with regulations WB-ES percentage 1.0 11.4 4.6 136 61

expert survey,
State of cluster development WEF
1-7
1.0 3.2 3.8 98 83 Number of tax payments WB-DB number per year 1.0 28.0 6.0 74 9

Labour skill a business constraint WB-ES percentage 0.5 30.9 31.8 128 136 Time spent filing taxes WB-DB hours per year 1.0 358.0 155.0 126 47

expert survey, index,


Availability of skilled workers WEF
1-7
0.5 3.8 3.8 119 119 Burden of obtaining a building permit WB-DB
0-100
1.0 73.5 81.1 29 22

index,
Building quality control index WB-DB 0.5 13.0 13.0 12 17
0-15

Source Unit Unit Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019
Labour Market Flexibility
10% 42.2 46.5 113 96 #N/A #N/A ## ##
(96th)
expert survey,
Cooperation in labour-employer relations WEF
1-7
1.0 3.9 3.9 137 133

expert survey,
Flexibility of hiring practices WEF
1-7
0.5 3.9 3.4 81 127

Redundancy costs WEF weeks 0.5 85.0 20.7 139 104

index,
Flexibility of employment contracts WB-DB
0-1
1.0 0.4 0.4 59 73

expert survey,
Flexibility of wage determination WEF
1-7
1.0 5.1 5.5 81 27

Source Unit Unit Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019

#N/A #N/A ## ## #N/A #N/A ## ##

| 81
Morocco: Governance (98th)
Italics: Indicator contains imputed values
Value Global PI Rank Value Global PI Rank
Source Unit Weight Source Unit Weight
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019

P ol i t i ca l A ccou n t a b i l i t y
Executive Constraints (69th) 1 5% 58.5 55.1 63 69 1 5% 42.3 39.2 124 131
( 131st)
Executive powers are effectively limited by the expert survey, Consensus on democracy and a market expert judgement,
WJP
0-3
2.0 1.8 1.7 56 59 BTI
1-10
1.0 6.0 5.0 96 117
judiciary and legislature economy as a goal

Government powers are subject to expert survey, coding,


WJP
0-3
1.0 1.4 1.4 98 96 Political participation and rights FH
1-7
0.5 5.0 5.0 108 106
independent and non-governmental checks

expert survey, expert judgement,


Transition of power is subject to the law WJP 1.0 0.6 0.6 73 72 Democracy level CSP 1.0 -6.0 -4.0 143 141
0-1 -10-10

index, expert survey,


Military involvement in rule of law and politics FI
0-10
0.5 6.7 6.7 71 67 Complaint mechanisms WJP
0-1
1.0 0.6 0.5 74 128

Government officials are sanctioned for expert survey,


WJP
0-1
1.0 0.6 0.5 43 68
misconduct

Source Unit Weight Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019

Rule of Law (56th) 1 5% 59.8 55.3 48 56 G ove r nme nt Int e gr i t y ( 7 9t h) 20 % 46.4 45.4 73 79

expert survey, expert survey,


Judicial independence WEF
1-7
1.0 3.9 3.8 68 75 Use of public office for private gain WJP
0-4
2.0 1.4 1.4 81 89

expert survey, expert survey,


Civil justice WJP
0-6
3.0 3.0 3.2 75 67 Diversion of public funds WEF
1-7
0.5 3.6 4.0 59 47

index, expert survey,


Integrity of the legal system FI
0-10
2.0 8.3 6.7 14 48 Right to information WJP
0-1
0.5 0.5 0.5 90 87

expert survey, expert survey,


Efficiency of dispute settlement WEF 0.5 3.9 3.6 60 73 Publicised laws and government data WJP 1.0 0.5 0.4 58 86
1-7 0-1

expert survey,
Transparency of government policy WEF
1-7
0.5 4.4 4.4 50 49

index,
Budget transparency IBP 0.5 28.0 45.0 118 87
0-100

Source Unit Unit Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019
Government Effectiveness
20 % 42.1 39.0 107 114 Re gula t or y Qua li t y ( 7 4 t h) 1 5% 49.5 46.1 59 74
(114th)
index, index,
Government quality and credibility WGI
-2.5 - +2.5
2.0 -0.2 -0.2 81 83 Regulatory quality WGI
-2.5 - +2.5
1.0 -0.2 -0.2 81 88

expert judgement, expert survey,


Prioritisation BTI
1-10
1.0 5.0 5.0 87 89 Enforcement of regulations WJP
0-1
1.0 0.5 0.5 56 97

expert survey, Efficiency of legal framework in challenging expert survey,


Efficiency of government spending WEF
1-7
0.5 3.8 3.6 46 55 WEF
1-7
1.0 3.9 3.5 55 60
regulations

expert judgement, expert survey,


Efficient use of assets BTI
1-10
1.0 4.0 4.0 106 103 Delay in administrative proceedings WJP
0-1
1.0 0.5 0.5 65 67

expert judgement,
Implementation BTI
1-10
1.0 4.0 4.0 123 119

expert judgement,
Policy learning BTI 1.0 5.0 4.0 86 120
1-10

expert judgement,
Policy coordination BTI 1.0 5.0 4.0 93 117
1-10

Source Unit Unit Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019

#N/A #N/A ## ## #N/A #N/A ## ##

82 |
Liste des sources de données et des acronyms

Code Organisation

Bertelsmann Stiftung Transformation


BTI
Index
CII Chinn-Ito Index

CSP Center for Systemic Peace

FAO Food and Agriculture Organisation

FH Freedom House

FI Fraser Institute

GSMA Groupe Spéciale Mobile Association


International Benchmarking Network
IBNWS
for Water and Sanitation Utilities
IBP International Budget Partnership

IMF International Monetary Fund


International Telecommunications
ITU
Union
UNCTAD United Nations Trade Data
United Nations Energy Statistics
UNESD
Database
WBDB World Bank Doing Business Index

WBDI World Bank Development Indicators

WBES World Bank Enterprise Surveys


World Bank Logistics Performance
WBLPI
Index
WEF World Economic Forum

WGI Worldwide Governance Indicators

WJP World Justice Project

WTO World Trade Organisation

Vous pouvez trouver le rapport et la méthodologie de l’Indice


Mondial d’Ouverture Économique sur: https://li.com/research/
open-economies/global-index-of-economic-openness/down-
loads/
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United Kingdom
t: +44 (0) 20 7148 5400

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Septembre 2020

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