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GLOBAL
D’OUVERTURE
INDEX OF
ECONOMIC
ÉCONOMIQUE
OPENNESS
Ouverture Economique
Étude de cas Royaume du Maroc
2020
CRÉER LES VOIES DE LA PAUVRETÉ À LA PROSPÉRITÉ
LES AUTEURS
Dr. Stephen Brien est le Directeur des Politiques à l’Institut Legatum.
Daniel Herring est Analyste Principal à l’Institut Legatum.
Ed King est Chargé d’Etudes à l’Institut Legatum.
James Edgar est Economiste en chef à WPI Economics.
REMERCIEMENTS
Les auteurs aimeraient remercier les personnes suivantes pour leur contribution au rapport : Abdelkhalek Touhami
(Institut National de Statistiques et d’Economie Appliquée), Fouad Abdelmoumni (Transparency Maroc), Rachid
Aouine (Agence Marocaine de Développement des Investissements et des Exportations), Manal Bernoussi
(Casablanca Finance City), Farid Boussaid (Université d’Amsterdam), Imane Chaara (Université d’Oxford),
Mohamed Daadaoui (Université d’Oklahoma City), Ismail Douiri (Attijariwafa Bank), Youness El Hachimi
(Consultant international), Brahim El Jai (AfricInvest), Khalid El Massnaoui (Banque Mondiale), Mourad Fathallah
(Casablanca Finance City), Sarah Feuer (Institut des Service de Sécurité Nationale), Jorge Galvez-Mendez (OCDE),
Fianna Jurdant (OCDE), Anne-Lucie Lefebvre (Banque Mondiale), Merouan Mekouar (Université d’York), Philippe
Miquel (ENGIE Afrique), Carlos Montes (chercheur indépendant), Safaa Nhairy (entrepreneur), Diane Pallez-
Guillevic (OCDE), Marco Rensma (MEYS Emerging Markets Research), Youssef Sbai (Groupe Altus), Michael Willis
(Université d’Oxford) and Ann Wyman (AfricInvest).
Cette publication fut rendue possible par le soutien financier de la Fondation Caritative
Templeton World, Inc. Les opinions exprimées dans cette publication sont celles des
auteurs et ne reflète pas nécessairement les vues de la Fondation Caritative Templeton
World, Inc.
L’Institut Legatum voudrait remercier la Fondation Legatum pour son soutien. Pour en savoir plus sur la Fondation
Legatum, visitez www.legatum.org.
©2020 The Legatum Institute Foundation. Tous les droits sont réservés. Le mot ‘Legatum’ et le logo de conducteur de char Legatum
font l’objet d’enregistrements de marques de Legatum Limited. Bien que tous les soins aient été apportés à la préparation de ce
rapport, aucune responsabilité ne peut être prise pour toute erreur ou omission contenue dans ce rapport.
L’Institut Legatum est le nom de travail de la Legatum Institute Foundation, un organisme de bienfaisance enregistré (numéro 1140719)
et une entreprise limitée par garantie et constituée en Angleterre et au Pays de Galles (numéro d’entreprise 7430903)
Avant-Propos............................................................................................................................. 2
Résumé analytique................................................................................................................... 5
Introduction..............................................................................................................................11
Environnement d’Investissement........................................................................................35
Conditions d’Entreprise.........................................................................................................49
Administration........................................................................................................................ 61
Conclusions.............................................................................................................................70
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AVANT-PROPOS
Au Legatum Institute, notre mission est de montrer la voie pour passer de la pauvreté à la
prospérité en encourageant des économies ouvertes, des sociétés solidaires et des peuples
émancipés. Notre travail consiste à comprendre comment la prospérité est créée et pérennisée.
La prospérité est bien plus que la simple richesse matérielle, elle comprend aussi la protection
sociale, la sécurité, le bien-être, la liberté et les opportunités. Cependant, sans une économie
ouverte et compétitive, il est très difficile de créer un bien-être social et économique où les
individus, les communautés et les entreprises ont la possibilité de se développer pleinement. C’est
pour cela que nous considérons l’Ouverture Economique comme si importante, malgré cette
Stephen Brien
période d’incertitude.
Directeur des Politiques Grâce au soutien généreux de la Fondation Caritative Templeton World, nous avons créé un
à l’Institut Legatum Index Mondial d’Ouverture Economique afin de classer plus de 150 pays sur leur ouverture
commerciale, en évaluant l’environnement qui facilite ou freine leur capacité d’échanges
commerciaux, que ce soit au niveau national ou international. Notre ambition est d’en faire un
outil apprécié par les dirigeants et conseillers du monde entier, les aidant dans leurs plans de
croissance économique et de développement. Dans le cadre de ce programme de travail, nous
entreprenons une série d’études de cas détaillées par pays, basées sur notre Index. Dans le présent
rapport, nous analysons la performance du Maroc sur les plans de l’ouverture au commerce, les
investissements, les idées, la compétition et le talent.
Tandis que l’épidémie du coronavirus a stoppé une grande partie de l’activité économique
mondiale, le commerce entre pays, régions et communautés sera fondamental pour assurer le
progrès dans l’innovation, le transfert des connaissances et la productivité. Ceux-ci stimulent
efficacement la croissance économique et la prospérité. La diffusion du libre-échange a permis
à de plus en plus de personnes de participer au commerce et de passer d’une subsistance basée
sur l’exploitation agricole à une existence plus stable et prospère. Plus récemment, la révolution
technologique a permis à des millions de personnes de participer au débat commercial, politique
et social grâce à l’accès plus facile et moins coûteux aux nouvelles technologies. Notre recherche
montre que les pays ouverts économiquement sont plus productifs et qu’il y a une corrélation
claire entre l’augmentation de l’ouverture et la croissance en productivité. En revanche, sur un
marché peu compétitif ou qui n’est pas conçu pour favoriser la participation et le bien-être de
tous, la croissance stagne, les industries protégées s’enracinent et le capitalisme népotique
prolifère.
Alors que la plupart des décideurs politiques se concentrent sur les grands outils de politique
budgétaire et macroéconomique dont ils disposent, les facteurs microéconomiques sont
parfois négligés et leur potentiel à stimuler l’ouverture et la croissance est sous-estimé. Une
caractéristique notable de cet indice est l’accent mis sur ces moteurs microéconomiques de
la productivité. En rassemblant l’ensemble des choix politiques disparates qui influencent et
stimulent l’ouverture et la concurrence dans un seul rapport, nous espérons déplacer l’attention
des décideurs, au Maroc et dans le monde, vers les implications plus larges de la politique
microéconomique en mettant l’accent sur la relation entre la productivité et ouverture
économique.
Sur plusieurs mesures, le Maroc a bien progressé socialement et économiquement sur les
dernières décennies. Son revenu par habitant a augmenté de 70% en termes réels depuis le début
du millénaire et le taux de pauvreté a chuté de 40% sur les 10 dernières années. En 2011, une
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nouvelle Constitution a mis en place les fondations pour davantage de progrès. Le lancement
récent de la Commission du Nouveau Modèle de Développement montre l’engagement soutenu
à de nouvelles réformes.
Cependant, le Maroc fait face à d’importants défis. Comme pour le reste du monde, l’épidémie
de coronavirus signifie moins de commerce et plus de déficits publics pour un certain temps. Cela
pèsera davantage sur le défi de la croissance économique de la nation qui est à la baisse depuis
deux ans. Cela crée de nombreuses tensions, les plus importantes étant l’augmentation des
dépenses publiques, la pression sur le marché du travail et les exigences accrues sur les services
publics.
Malgré ces difficultés, le Maroc est bien placé pour jouer un rôle leader dans l’Ouverture
Economique du Maghreb. Le Maroc continue de libéraliser son commerce international grâce
à un large éventail d’accords commerciaux. Le secteur financier du pays demeure développé et
d’importantes réformes ont été accomplies afin de renforcer les droits de propriété intellectuelle
et la protection des investisseurs.
Cependant, pour tirer parti de tout cela, le Maroc devra trouver le modèle qui permettra aux
moteurs de croissance nationaux de s’épanouir. Ces derniers sont actuellement limités par une
mauvaise contestabilité du marché national et un marché du travail contraignant et restrictif,
comparé aux nations concurrentes. Ceci contribue également à l’expansion de l’économie
informelle dans le pays.
Comme dans beaucoup de pays semblables, la corruption reste un fléau répandu, bien que le
gouvernement ait montré une volonté pour le combattre. Pour évoluer au-delà du statut de
pays à revenu moyen, les problèmes de contestabilité dans l’économie et des liens entre le
gouvernement et les entreprises doivent être reconsidérés.
Au cours de la réalisation de ces études de cas, nous avons compris que l’instauration de
telles réformes n’est pas une mission facile à accomplir, surtout sur le plan politique. C’est
particulièrement vrai pour le Maroc actuel, vu le problème mondial majeur du coronavirus. De
plus, il y aura toujours de puissants groupes d’intérêt qui profitent du statu quo et resteront
réticents à tout changement.
Néanmoins, plusieurs raisons suscitent de l’optimisme. Les accords commerciaux importants
signés par le Maroc, sa stabilité politique et l’amélioration de ses infrastructures fournissent
une base solide. Le gouvernement continue d’identifier un éventail de réformes économiques et
juridiques qui conduiront à des améliorations et nous nous attendons à ce que la Commission du
Nouveau Modèle de Développement donne une nouvelle impulsion au développement.
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RESUME ANALYTIQUE
Ce rapport fait partie d’une série d’études de cas qui examinent les liens entre l’Ouverture
Économique et la prospérité d’une Nation, éclairées par les informations générées par notre Index
Mondial d’Ouverture Économique.
Au cours de la dernière décennie, le Maroc a subi des changements importants. Vers la fin 2010, le
Printemps Arabe s’est répandu à travers la région et, au Maroc, cela a conduit le Roi à introduire
une nouvelle Constitution en 2011. Notre Index révèle le portrait d’un Maroc qui a depuis fait des
progrès sur de nombreux fronts, grimpant dans les classements pour trois des quatre piliers.
Les infrastructures ont été améliorées ; quasiment toute la population a maintenant accès
à de l’électricité fiable, et plus de deux-tiers de la population ont accès à internet, grâce au
développement de réseaux de téléphonie mobile compétitifs. Le Maroc a continué d’étendre ses
réseaux commerciaux déjà importants, en poursuivant un éventail d’accords commerciaux et en
construisant et en développant le plus grand port à conteneurs de la Méditerranée et de l’Afrique.
Le gouvernement a également amélioré considérablement l’environnement d’investissement, par
une révision substantielle du code d’insolvabilité en 2018 et par un renforcement de la protection
de la propriété intellectuelle. De plus, une série de réformes a amélioré les conditions de création
d’entreprises en réduisant substantiellement le temps passé à se conformer aux obligations
réglementaires et fiscales.
Par ailleurs, le Maroc a fait un progrès considérable depuis le début du millénaire. Le PIB par
habitant a augmenté de plus de 70% en termes réels. Les taux de pauvreté absolue et relative ont
diminué, en passant respectivement de 7,1% à 1,4% et de 21,4% à 19,7% entre 2012 et 2017.1 Les
finances publiques ont été gérées prudemment.
Cependant, le classement du Maroc pour la gouvernance a chuté. Le pays est mal classé sur
le plan de la responsabilité politique, et l’efficacité du gouvernement a connu une baisse des
contraintes exécutives, l’état de droit et la qualité réglementaire. Une gouvernance trop faible
menace le progrès réalisé ailleurs et met en évidence la mise en place partielle des réformes. Les
problèmes de gouvernance du Maroc sont souvent intimement liés à la concurrence, ou manque
de concurrence ; Au niveau des marchés, les entreprises publiques représentent une grande
partie de l’activité économique. Ceci, combiné aux liens entre le gouvernement et les grandes
entreprises privées, pourrait signifier que les initiatives de réformes administratives auront du mal
à se concrétiser. L’économie est caractérisée par un ensemble de marchés très concentrés, qui
sont souvent le résultat d’interventions gouvernementales qui restreignent l’entrée, facilitent la
domination ou créent des inégalités.
Il y a aussi un Maroc parallèle et plus pauvre, avec une économie informelle assurant jusqu’à 40%
de la totalité des emplois.2 La plupart de cette économie est rurale. En 2017, la pauvreté relative
était estimée à environ 8% dans les zones urbaines, contre 38% dans les zones rurales selon les
chiffres du gouvernement. Les touristes et investisseurs internationaux ne voient probablement
que le Maroc urbain et plus développé, où les intérêts commerciaux et politiques s’alignent pour
favoriser la croissance. Cependant, au-delà de ce centre névralgique, réside une économie moins
développée qui devrait bénéficier davantage de politiques gouvernementales.
1 “Indicateurs De Suivi Du Développement Humain. Niveau & Tendances à l’échelle Nationale Et Régionale. 2012-2017”.
Royaume du Maroc Le Chef du Gouvernement and Observatoire National du Développement Humain.
2 “An Estimation of the Informal Economy in Morocco” Bourhaba Othmane et Hamimida Mama, International Journal of
Economics and Finance; Vol. 8, No. 9; 2016
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En général, ceci n’est pas une solution pour une prospérité bien répartie dans le pays. Même
avant l’impact économique de la pandémie du coronavirus, le progrès ralentissait : le taux de
croissance du PIB par habitant pendant 2010-2019 représentait la moitié de celui des dix années
précédentes. Les grandes entreprises publiques peuvent être en mesure de faire des progrès
significatifs en matière d’infrastructure. Les compagnies internationales sont attirées à certains
endroits du Maroc grâce aux incitations gouvernementales. Cependant, le système économique
bénéficierait d’une plus grande place faite à un secteur privé dynamique et innovant qui pourrait
permettre aux petites entreprises performantes de s’imposer sur le marché et répartir la
prospérité.
Parmi plusieurs problèmes exogènes auxquels le Maroc est maintenant confronté, deux se
démarquent. À court-terme, l’impact de la pandémie du coronavirus menace deux principaux
secteurs d’activité dynamiques du Maroc, à savoir le commerce international et le tourisme. L’un
des principaux défis à long terme est l’impact d’une récente sécheresse sur l’important secteur
agricole marocain, qui a mis en évidence la vulnérabilité du pays au changement climatique. Bien
que le Maroc dispose de nombreux atouts pour naviguer dans ces eaux difficiles, ce rapport met
en évidence les domaines dans lesquels de nouvelles réformes prépareraient le pays à tirer profit
de ses atouts et à franchir la prochaine étape du développement économique.
Ce rapport se concentre sur les facteurs structurels de l’Ouverture Économique. Nous évaluons
dans quelle mesure le Maroc possède les quatre caractéristiques fondamentales des économies
ouvertes:
Accès aux Marchés et Infrastructures, assurant que les produits et services puissent être
facilement produits et livrés aux clients;
Environnement d’Investissement, assurant que les sources de financement nationales et
internationales soient largement disponibles;
Conditions de Création d’Entreprises qui assurent que les marchés soient en compétition et
sans régulations contraignantes;
Gouvernance qui est soutenue par l’état de droit ainsi que par l’intégrité et l’efficacité du
gouvernement.
Notre analyse indique un lien clair entre le niveau auquel l’économie d’un pays présente ces
caractéristiques et sa capacité de production.3 Ce lien est corroboré par une longue histoire de
littérature académique et se retrouve aussi dans les histoires économiques des pays qui ont
atteint un haut niveau de santé économique.
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3 Voir “Global Index of Economic Openness”, Legatum Institute, mai 2019.
ENVIRONNEMENT D’INVESTISSEMENT (RANG DU MAROC:
68ÈME)
Le Maroc se classe 68ème pour l’Environnement d’Investissement, réalisant un progrès de 13
places sur la dernière décennie. Le pays a progressé dans les classements pour chaque élément
de ce pilier. Des réformes importantes ont été conduites pour renforcer les droits de propriété
intellectuelle et la protection des investisseurs, instaurant ainsi un climat de confiance propice
à l’investissement et l’innovation. L’écosystème de financement est un point particulièrement
fort au Maroc. La solidité des banques du Royaume et le nombre de succursales de banques
commerciales ont connu des améliorations notables, même si le financement pour les petites
et moyennes entreprises et l’accès aux financements alternatifs pourraient permettre un
développement plus poussé. Le Maroc a encore certaines restrictions sur l’investissement
international qui pourraient entraver le développement dans ce domaine, avec certains contrôles
de capitaux, des restrictions sur la participation étrangère dans les entreprises de certains secteurs
et des obstacles à l’obtention de visas de travail.
PERSPECTIVES D’AVENIR
Le futur du Maroc sera défini non seulement par les choix nationaux mais aussi par sa réaction
aux grands défis extérieurs, tels que les pressions environnementales et l’évolution de la
pandémie. Ses vastes accords commerciaux, sa stabilité politique et ses infrastructures qui
continuent de s’améliorer constituent une base solide. Le gouvernement continue d’identifier
des réformes économiques et juridiques qui conduiront à des améliorations. Cependant, le Maroc
pourrait rester au niveau des pays à revenu intermédiaire si la détérioration de la qualité de
l’administration et le problème intriqué des entreprises publiques ne sont pas abordés.
Le problème double de la pandémie et du changement climatique est susceptible de créer la
tentation de recourir à plus d’intervention et de contrôle de l’État. Cependant, ces problèmes
exigent aussi le recours à l’innovation, au changement et à la flexibilité, qui ne peuvent provenir
que d’une plus grande ouverture économique dans les secteurs actuellement dominés par des
entreprises dans lesquelles l’État a un intérêt. Le progrès pour la majorité de la population au
Maroc n’est vraisemblablement possible que par des réformes qui permettront au plus grand
nombre de contribuer à l’économie formelle.
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Résumé des recommandations
Le Maroc pourrait continuer d’investir dans les infrastructures, avec un accent particulier sur les infrastructures de
technologie de pointe et les ressources en eau
• Investir dans le développement de son réseau haut-débit et continuer d’investir dans l’amélioration de la densité des
infrastructures routières et ferroviaires
• Le Maroc a d’importantes opportunités pour atténuer l’impact des problèmes liés à la baisse des précipitations,
notamment en:
• Poursuivant les programmes d’investissement dans les infrastructures d’irrigation durables
• Continuant d’appliquer des mesures visant l’amélioration de l’efficacité d’utilisation de l’eau
• Accroissant les efforts pour recycler les eaux usées et en renforçant la capacité de dessalement
Le Maroc pourrait renforcer progressivement le rôle du secteur privé dans les secteurs clés de l’économie et ouvrir ses
marchés agricoles
• Les opportunités pour les entreprises publiques de bénéficier d’un accès privilégié aux marchés devraient être réduites.
• En ce qui concerne la contestabilité du marché national, le Maroc devrait:
• Intégrer les principes de concurrence dans les secteurs porteurs tels que l’énergie et les télécommunications, en
levant les barrières à l’entrée qui protègent les titulaires et en renforçant le rôle des régulateurs du secteur.4
• Assurer la neutralité concurrentielle, afin que toutes les organisations, qu’elles soient privées ou publiques, soient
soumises au même ensemble de règles.5
• Renforcer les marchés publics grâce à une stratégie claire et à un financement adéquat pour la Commission
Nationale des Marchés Publics
• Ouvrir progressivement les marchés agricoles car l’agriculture constitue un des moteurs de l’économie marocaine.
Une stratégie agricole devrait offrir de meilleures opportunités pour permettre aux petites et grandes exploitations
de transformer le secteur agroalimentaire en une source stable de croissance, de concurrence, et de développement
économique dans les zones rurales.
Le marché du travail pourrait être rendu plus flexible pour réduire le niveau élevé d’économie parallèle et pour fournir
des compétences mieux adaptées aux emplois disponibles
• Ralentir l’augmentation du salaire minimum.
• Réduire les coûts de licenciement et faciliter le recours au licenciement pour les petites entreprises.
• Étendre la flexibilité des contrats à durée limitée
• Considérer l’introduction d’une forme d’assurance chômage plus complète, en échange de l’assouplissement des
pratiques de résiliation des contrats de travail.
• Poursuivre et élargir les programmes de formation professionnelle
4 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills Upgrading” World Bank Group. 2019,
p.8. | 11
5 Ibid, p.38.
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INTRODUCTION
Cette étude de cas sur le Maroc fait partie d’une série d’études examinant les liens entre
l’Ouverture Economique et la prospérité d’une nation, éclairée pas les informations générées par
notre Index Mondial d’Ouverture Économique qui compare la performance de plus de 150 pays.
Le but de ce rapport est de fournir une évaluation globale et systématique de l’environnement
politique sous-tendant l’économie marocaine et, ce faisant, d’aider à identifier des actions
spécifiques qui amélioreraient l’Ouverture Économique au Maroc.
Définir l’Ouverture Économique et mesurer ses effets positifs sur la prospérité est désormais une
tâche cruciale. Les avantages de la mondialisation et de l’Ouverture Économique ont été remis
en question à la suite de la crise financière mondiale. Nous continuons à voir l’impact de la crise
sur le débat public 10 ans plus tard, dans la montée du nationalisme et des politiques populistes à
travers le monde occidental - encore plus exacerbées par l’épidémie de coronavirus.
Pourtant, la mondialisation a continué à un rythme soutenu. Le degré de connectivité, l’échange
d’idées et le niveau des échanges et du commerce transfrontaliers se sont redressés au cours de
la décennie qui a suivi la crise, avant le choc le plus récent. Le commerce entre les communautés,
les pays et les régions a continué de diffuser les innovations et le transfert de connaissance, de
stimuler la productivité et de favoriser, à terme, la croissance économique.
L’épidémie de coronavirus a montré à la fois la fragilité du système de commerce international,
mais aussi son importance fondamentale pour la prospérité mondiale. Par conséquent, à la
sortie de la crise mondiale actuelle, l’un des choix pour les décideurs qui cherchent à assurer
une prospérité durable est de résister au protectionnisme, et de redynamiser le programme de
libéralisation du commerce. Lorsque les flux commerciaux mondiaux se sont considérablement
ralentis suite à la crise financière, de nombreux gouvernements des pays développés et en voie
de développement ont envisagé une série de mesures pour protéger leurs industries et leurs
producteurs nationaux de la concurrence internationale.
Il y a un risque que les mesures prises à court terme pour atténuer les effets économiques
immédiats du coronavirus, comme le soutien financier fourni à l’industrie, soient difficiles à
inverser. Cependant, nous espérons que les gouvernements du monde entier reconnaîtront
que des économies ouvertes et dynamiques sont la meilleure voie pour la prospérité de leurs
populations.
Les réformes pour relever ces défis ne sont ni évidentes ni faciles politiquement. Pour
pratiquement tous les angles d’une réforme, y compris ceux qui bénéficieraient à la majorité
de la population, il existe des groupes d’intérêts qui profitent des avantages du statu quo et
souhaitent le maintenir, par exemple par le biais d’accès aux contrats publics de façon injuste et
non transparente. L’adoption de ces réformes demande du courage et de la détermination pour
combattre ces intérêts particuliers. De plus, cela requiert la mise en place d’un accord centré sur
des politiques qui conduisent à une économie ouverte et prospère.
Cette étude de cas passe en revue les performances de l’économie marocaine, puis examine
l’environnement politique dans lequel elle opère pour identifier les forces et les faiblesses sous-
jacentes, ainsi que les opportunités d’amélioration.
Contexte
Nous avons choisi le Maroc comme exemple d’un pays marqué par un lien fort entre ses
grandes entreprises et le pouvoir politique et d’un pays ayant réalisé beaucoup de progrès.
Le Maroc illustre le type de progrès et de problèmes qu’un tel système engendre. Les grandes
infrastructures se sont améliorées ainsi que l’environnement pour les petites entreprises. Mais,
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une bonne Gouvernance, et les avantages qui en découlent, sont constamment entravés par une
élite politique qui est aussi puissante économiquement. Cela aggrave le potentiel de corruption,
entrave la croissance des revenus et renforce la présence du secteur informel. Les avantages d’un
tel système ont également tendance à profiter aux politiquement puissants, ce qui au Maroc
tend à désigner les zones urbaines et métropolitaines. Les règlementations et les réformes ont
tendance à ne pas aider les zones rurales pauvres à se développer. Dans ce sens, Les dirigeants
marocains ont reconnu qu’il y avait place pour de nouvelles réformes du modèle économique
du pays, en créant la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD) en 2019.1
Nous espérons que ce rapport fournira des informations utiles, en adoptant une perspective
comparative internationale, visant à identifier les domaines où résident les plus grandes
opportunités de réformes bénéfiques.
Rétrospectivement, sur les deux dernières décennies, l’économie du Maroc a été stable
globalement et un progrès considérable a été accompli. Le PIB par habitant a augmenté de plus
de 70% en termes réels depuis le début du millénaire et les chiffres publiés par le gouvernement
marocain indiquent que la pauvreté absolue est tombée de 7,1% à 1,4% entre 2012 et 2017, tandis
que la pauvreté relative a aussi reculé de 21,4% à 19,7% sur la même période.2
Le pays a bénéficié d’une gestion macro-économique relativement solide durant la dernière
décennie. Grâce à une politique monétaire prudente et une baisse des prix à l’importation,
l’inflation est restée basse et contrôlée en-dessous de 2%.3 Il y a eu cinq ans d’efforts continus
de consolidation fiscale, de 2014 à 2019, pour améliorer les finances publiques, mais le déficit
budgétaire s’est de nouveau agrandi en 2019, atteignant un taux estimé A 4,1% du PIB. Ceci est
dû principalement à des recettes fiscales et des subventions du Conseil de Coopération du Golfe
(CCG) inférieures aux prévisions, et à une augmentation des dépenses en biens et services et en
capital.4
Cependant, le progrès avait ralenti même avant l’impact de l’épidémie. Tout comme dans d’autres
pays du Maghreb, il y a eu un pic de progrès rapide depuis 2000 jusqu’au crash financier de 2008
et un progrès considérablement ralenti avant et après le Printemps Arabe de 2010.5 Le taux de
croissance du PIB par habitant au Maroc dans la période 2010-2019 représente la moitié du
taux des dix années précédentes.6 Plus récemment, la tendance est à la baisse pour la croissance
économique du Maroc, en raison principalement d’une chute de la production agricole causée
par un manque d’eau associé à la sécheresse récente.7 Cela souligne que le Maroc demeure
sensible à l’impact du changement climatique, en raison de l’importance du secteur agricole
dans l’économie. En outre, les impacts économiques négatifs de la pandémie de coronavirus
sur les recettes publiques et les besoins de dépenses signifient que le déficit budgétaire devrait
maintenant se détériorer à plus de 6% du PIB en 2020.8
L’économie marocaine présente une productivité faible comparée à la moyenne MENA (région
9 “Value Added Per Worker (constant 2010 US$). World Bank Data. Disponible en ligne : https://data.worldbank.org/country/
morocco. Consulté le 11 août 2020.
10 “Middle East and North Africa Report 2017”, Global Entrepreneurship Monitor.
11 “Atlas of Economic Complexity: Morocco”. Havard Growth Lab. https://atlas.cid.harvard.edu/countries/134. Consulté le 11
août 2020.
12 “Labor Market in Morocco: Challenges and Opportunities” World Bank, 2018.
13 “Le marché du travail au Maroc : défis et opportunités” (2017) Haut-Commissariat au Plan et la Banque mondiale, 2017.
14 Morocco Overview (1 May 2020)”. World Bank. Disponible en ligne : https://www.worldbank.org/en/country/morocco/
overview (Consulté le 28 juillet 2020).
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à une récession cette année, avec une baisse projetée du PIB réel de 4%. 15 La reprise économique
suite à l’épidémie est prévue d’être longue: la croissance retournant à son niveau pré-épidémie
d’ici 2022, avec des conséquences sévères, voire incertaines, pour le secteur du tourisme du
pays.16
On anticipe que l’impact économique du coronavirus conduira à une augmentation du taux
de pauvreté d’au moins 1%, voire plus; ce qui représente 300 000 Marocains supplémentaires
tombant en dessous du seuil de pauvreté et un total de presque 10 millions de Marocains courant
le risque de tomber en dessous du seuil de pauvreté, même à la suite d’un faible choc économique
négatif.17
Cela pourrait détériorer un autre point important de l’économie du Maroc: le fossé entre les
zones urbaines et rurales. Le gouvernement marocain estime que la pauvreté relative a diminué
de 10,3% à 8,2% dans les régions urbaines entre 2012 et 2017, mais que ce taux a augmenté d’un
niveau déjà haut de 37,3% à 38,2% dans les régions rurales durant la même période.18
L’avenir du Maroc sera déterminé à la fois par ses choix et réformes internes et par sa réaction
aux facteurs extérieurs telles les pressions environnementales et l’évolution de l’épidémie. Ses
nombreux accords commerciaux, sa stabilité politique et l’amélioration des infrastructures
fournissent une base solide. Le gouvernement continue d’identifier un éventail de réformes
économiques et légales qui conduiront à des améliorations. Cependant, le Maroc pourrait rester
au niveau des pays à revenu intermédiaire si le déclin de la qualité de l’administration et la
distorsion économique engendrée par les grandes entreprises publiques ne sont pas traités.
Le double défi de l’épidémie et du changement climatique sont susceptibles de créer la tentation
de recourir à davantage d’intervention et de contrôle de l’État. Cependant, ces problèmes exigent
aussi le recours à l’innovation, au changement et à la flexibilité qui ne peuvent provenir que d’une
plus grande ouverture économique dans les secteurs actuellement dominés par des entreprises
dans lesquelles l’État a un intérêt. Le progrès pour la majorité de la population au Maroc n’est
vraisemblablement possible que par des réformes qui permettront au plus grand nombre de
contribuer à l’économie formelle.
15 “Middle East and North Africa Report 2017”, Global Entrepreneurship Monitor.
16 “Morocco Overview (1 May 2020)”. World Bank. Disponible en ligne : https://www.worldbank.org/en/country/morocco/
overview (Consulté le 28 juillet 2020).
17 En utilisant un seuil de pauvreté de 3,2 USD en termes de parité de pouvoir d’achat; “Social and Economic Impact of the Covid
19 Crisis on Morocco” UNDP, UNECA and World Bank, March 2020.
18 “Indicateurs De Suivi Du Développement Humain. Niveau & Tendances à l’échelle Nationale Et Régionale. 2012-2017”.
16 | Royaume du Maroc Le Chef du Gouvernement and Observatoire National du Développement Humain.
19 (Pour une liste complète des sources de données, voir l’annexe).
Figure 1: Score d'Ouverture Economique
56
72ème
54
52
Score de l’Index
50 77ème
48
46
44
42
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Accès aux Marchés et Infrastructures: cela mesure la qualité des infrastructures qui favorisent
le commerce (comprenant les Communications, le Transport et les Ressources), et les facteurs qui
inhibent le flux de biens et services entre le pays et ses partenaires commerciaux. Quand les mar-
chés possèdent suffisamment d’infrastructures et ont peu d’obstacles au commerce et un passage
aux frontières souple, le commerce peut s’épanouir. Ce genre de commerce crée des marchés plus
compétitifs et efficaces, permettant de tester, financer et commercialiser de nouveaux produits et
de nouvelles idées, ce qui bénéficie aux consommateurs au final, à travers une plus grande variété
de biens et des prix plus compétitifs.
Le Maroc se classe 64ème pour l’Accès aux marchés et Infrastructures, grimpant de quatre places
sur la dernière décennie. L’accès à internet (grâce aux téléphones portables) et les infrastructures
de transport se sont considérablement améliorés. Le Maroc continue de libéraliser le commerce
international à travers une large gamme d’accords commerciaux. Cependant, le Maroc fait face au
défi sérieux des pressions environnementales sur ses ressources en eau, et un marché du haut-dé-
bit peu compétitif qui limite le développement économique du Maroc
Environnement d’Investissement: cela mesure à quel point les investissements sont protégés de
façon adéquate à travers des Droits de Propriété, des Protections d’Investisseurs et l’Exécution des
Contrats. La disponibilté pour investir les capitaux nationaux et internationaux (dette et capital
propre) est également mesurée. Plus un système légal protège les investissements, par exemple
grâce aux Droits de Propriété, plus cet investissement peut stimuler la croissance économique.
Le Maroc se classe 68ème pour son Environnement d’Investissement, gagnant 13 places sur la der-
nière décennie, et grimpant dans les classements de chaque élément de ce pilier. Il y a eu d’impor-
tantes réformes pour renforcer les droits de propriété intellectuelle et la protection des investis-
seurs. L’écosystème de financement demeure un atout particulier du Maroc. Cependant, le Maroc
impose toujours certaines restrictions sur les investissements internationaux, chose qui limite le
développement dans ce domaine.
| 17
Conditions d’Entreprise: cela mesure la facilité avec laquelle les entreprises peuvent être créées,
entrer en concurrence et se développer. La concurrence sur les marchés, avec peu d’obstacles à
l’entrée, reste importante pour que les entreprises innovent et développent de nouvelles idées.
Elle est essentielle pour une économie dynamique et entreprenante dans laquelle les réglementa-
tions favorisent les affaires et répondent aux besoins changeant de la société.
Le Maroc se classe 70ème pour les Conditions d’Entreprise, un gain de 23 places sur 10 ans, princi-
palement grâce à un progrès impressionnant dans l’allègement des réglementations. L’environne-
ment pour la création d’entreprise s’est aussi légèrement amélioré et une baisse substantielle des
subventions à l’énergie a conduit à une réduction significative des distorsions de prix. Cependant,
la contestabilité du marché national est faible et s’aggrave, à cause du rôle important de l’État
dans beaucoup de secteurs. De plus, le marché du travail reste limité avec une réglementation
lourde.
Gouvernance: Elle évalue la mesure dans laquelle il existe des contrôles et des restrictions sur
le pouvoir et si les gouvernements fonctionnent efficacement et sans corruption. La nature de
La gouvernance d’un pays a un impact matériel sur sa prospérité. L’État de droit, des institutions
fortes et la qualité de la réglementation contribuent de manière significative à la croissance
économique, tout comme les gouvernements compétents qui mettent en œuvre des politiques
de manière efficace et conçoivent des réglementations qui permettent d’atteindre les objectifs
politiques sans être trop lourdes.
Le Maroc se classe 98ème Sur le volet Gouvernance et a chuté de 16 places sur la dernière
décennie, avec des détériorations sur chaque élément d’Administration de l’Index, malgré
l’introduction d’une nouvelle Constitution en 2011. L’efficacité du gouvernement pourrait
bénéficier d’une meilleure responsabilisation et d’une administration plus forte, ce qui à son tour
diminuerait la corruption. Au cours des dernières années, la façon dont les experts perçoivent
l’application des réglementations dans le pays s’est détériorée.
Notre analyse montre un lien clair entre la proportion de l’économie d’un pays présentant ces
caractéristiques et sa capacité de production.20 Ce lien est confirmé par une longue tradition de
littérature académique et se retrouve aussi dans l’histoire économique des pays qui ont atteint un
haut niveau de santé économique.
Au cours des 10 dernières années, l’Ouverture Economique du Maroc s’est améliorée, gagnant
trois places au classement mondial. Cependant, ce taux d’amélioration a été inégal, avec un
progrès important sur l’Environnement d’Investissement et les Conditions d’Entreprise dans
le pays (et certains éléments de l’Accès aux Marchés et Infrastructures) qui est affaibli par une
détérioration de l’état de la gouvernance .
Le classement du Maroc met en avant les risques liés à l’absence de réforme, mais aussi
les opportunités potentielles ; l’impact de l’épidémie de coronavirus et des pressions
environnementales va mettre en évidence les fractures dans le succès économique marocain.
Les chapitres qui suivent examinent en détail la performance du Maroc sur les quatre piliers et
les éléments distincts qui constituent notre mesure d’Ouverture Economique. Nous examinerons
les performances du passé, les conditions actuelles, et identifierons comment le gouvernement
pourrait renforcer certaines opportunités et contrer les menaces potentielles à l’avancement du
pays.
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ACCES AUX MARCHES ET INFRASTRUCTURE
(RANG DU MAROC: 64ÈME)
Un environnement favorable au commerce permet à de nouveaux produits et idées d’être
testés, financés, commercialisés et livrés facilement aux consommateurs. Notre pilier Accès
aux Marchés et Infrastructures comprend à la fois les mécanismes essentiels au commerce
(Communications, Transport et Ressources) ainsi que ses inhibiteurs (Contrôle aux Frontières,
Échelle du Marché Ouvert, Taxes à l’Importation et Distorsions du Marché).
Les avantages du libre-échange s’expliquent souvent en termes d’avantage comparatif ricardien
et d’amélioration du choix des consommateurs. Le commerce autonomise les individus et
encourage la concurrence. Offrir des choix aux consommateurs et aux entreprises quant aux
produits, services et idées qu’ils peuvent acheter aux niveaux national et international est au
cœur du libre-échange.
Le rôle que joue le commerce dans la communication d’idées nouvelles et l’augmentation de la
productivité est tout aussi important. La concurrence du commerce international garantit que
même lorsqu’une entreprise n’exporte pas, elle est obligée de répondre aux nouvelles idées de la
concurrence accrue sur les marchés nationaux1.
Le Maroc se classe 64ème pour l’Accès aux Marchés et Infrastructures, gagnant quatre places sur
la dernière décennie. Les infrastructures se sont considérablement améliorées dans certains
secteurs, comme le marché compétitif de la téléphonie mobile qui a stimulé l’accès à internet
de haute qualité, et une croissance forte de la capacité et la qualité des ports maritimes, en
particulier le port Tanger-Med qui est maintenant le port méditerranéen et africain avec la plus
grande capacité de conteneurs. Le Maroc a également continué de libéraliser le commerce
international à travers un large éventail d’accords commerciaux. Cependant, le Maroc fait face à
un défi sérieux provenant de l’impact des pressions environnementales sur ses ressources en eau
et d’un marché du haut-débit peu compétitif qui limite le développement économique du Maroc.
Le Maroc se classe 74ème pour les Communications, gagnant sept places sur la dernière décennie.
Ce gain est le résultat de l’amélioration marquée de l’utilisation de la téléphonie mobile, avec un
marché compétitif fournissant une connectivité relativement bon marché et rapide. Cependant,
deux facteurs empêchent les Infrastructures de Communications du Maroc de s’améliorer
rapidement: un haut-débit lent avec peu de clients et une fracture entre l’urbain et le rural.
1 Sebastian Edwards, “Openness, productivity and growth: What do we really know?” The Economic Journal 108, no.447 (1998),
p.383-398
| 21
Figure 2 : Score de l’amélioration de la communication dans certains pays
Koweït -4
Arabie Saoudite -
Turquie +3
Colombie +3
Maroc +7
Tunisie +8
Egypte -3
Algérie +7
Rwanda -1
Ghana -6
Indonésie +10
0 9 18 27 36 45 54 63 72 81 90
Le taux de pénétration des téléphones mobiles a triplé au Maroc entre 2006 et 2018, avec
maintenant 72% de la population ayant un contrat de téléphonie mobile.2 Cela a eu pour
conséquence d’améliorer considérablement l’accès à internet. En 2018, les deux-tiers de la
population avaient accès à internet; l’internet mobile représentant environ 94% de toutes les
connexions internet.3 L’accès est aussi de très bonne qualité ; le pays a été classé premier en Afrique
pour sa couverture 4G, et avec des vitesses de 33Mbps, la bande passante du Maroc est plus grande
que la moyenne mondiale et aussi que celle de la plupart des pays comparables.4 Les prix sont
relativement bon marché ; le Maroc a le 28ème coût le plus bas au monde pour les données mobiles.5
Il apparait que ce succès a été stimulé par une concurrence accrue sur le marché mobile. Les
responsables officiels supervisant le secteur TIC du Maroc ayant fait de la compétition une priorité
clé.6 Le leader du marché, Maroc Telecom, a vu ses actions perdre 5% entre 2012 et 2018, et les
concurrents Orange et Inwi ont innové en introduisant respectivement les réseaux LTE-A et 4G
améliorés.7 L’introduction d’une base de données de transférabilité des numéros par l’autorité
régulatrice (ANRT) a stimulé ce processus en permettant aux usagers de changer d’opérateurs tout
en gardant leur numéro.8
Cependant, la situation du haut-débit est beaucoup moins positive. Le Maroc se classe 123ème
mondialement pour ses vitesses de téléchargements par haut-débit fixe (18Mbps).9 En 2019, moins
de 4% de la population avait un contrat de ligne fixe haut-débit. Bien que le nombre de contrats
ait augmenté de 160% par rapport à la décennie précédente, cela reste plus lent que dans les pays
semblables.10
La concurrence pour le haut-débit fixe est faible. Maroc Telecom (avec une participation de 22%
2 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.183; “The Mobile Economy - Middle East & North Africa”. GSMA, 2019.
3 Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications; “Morocco’s fixed broadband market 2019” Business Wire,
2019.
4 “The State of LTE (February 2018)”. Opensignal, 2018; Speedtest Global Index, July 2019.
5 “Worldwide mobile data pricing: The cost of 1GB of mobile data in 228 countries”. Cable.co.uk. Disponible en ligne : https://
www.cable.co.uk/mobiles/worldwide-data-pricing/. (Consulté le 16 janvier 2020).
6 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.183.
7 Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications.
8 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.183.
22 | 9 Speedtest Global Index, July 2019.
10 International Telecommunications Union.
de l’Etat) possédait une part de marché de 89% des lignes fixes en septembre 2018.11 Étant donné
que les télécommunications sont considérées comme un secteur stratégique pour le pays, l’autorité
régulatrice (ANRT), bien qu’indépendante officiellement, fonctionne sous la supervision directe d’un
conseil d’administration comprenant le Chef du Gouvernement et plusieurs autres ministres.12 Les
risques d’interférences devraient être surveillés de près pour éviter de compromettre l’indépendance
et l’efficacité de l’autorité régulatrice lorsqu’il s’agit de prendre et de faire appliquer des décisions
allant à l’encontre de l’entreprise partiellement publique Maroc Telecom.13 Il y a des signes
contradictoires quant au pouvoir de l’ANRT. D’une part, l’ANRT a pris des décisions concernant
l’accès à la ligne d’abonnés de Maroc Telecom mais, d’autre part, la Banque Mondiale rapporte
qu’elles ne sont pas suffisamment appliquées.14 Cependant, l’ANRT a condamné cette année Maroc
Telecom à payer une amende de 3,3 milliards de dirhams (équivalent à 10% de son chiffre d’affaires
de 2018) pour ne pas avoir mis en place les dégroupements d’infrastructure requis par la loi.15
L’obtention de licence d’infrastructure est aussi un problème majeur : contrairement à certains pays
émergents d’Europe Centrale, le Maroc ne dispose pas de Fournisseurs d’Accès autorisés à déployer
leur propre infrastructure.16
Il existe également une disparité flagrante entre connectivité urbaine et rurale. En 2017, plus de
78% des foyers urbains avaient accès à internet sous une forme ou une autre, comparé à 53%
des foyers ruraux.17 Bien qu’il s’agisse à la fois de la connectivité mobile et du haut débit, l’une des
raisons importantes de cette disparité est que le marché du haut débit reste limité aux principaux
centres urbains et routes du pays. La Banque Mondiale soutient que cela est dû à un manque de
concurrence, une réglementation incomplète et inefficace et un sous-investissement dans les
infrastructures (principalement fixes).18
Opportunités
1. Prendre des mesures pour assurer que les décisions indépendantes prises par l’autorité
régulatrice soient appliquées totalement.
2. Augmenter la concurrence sur le marché du haut-débit, en (à titre d’exemple):
a. Introduisant une réglementation pour un accès ouvert et sans discrimination aux
réseaux de communications par des opérateurs télécoms et des opérateurs alternatifs
d’infrastructure.19
b. Introduisant un régime qui autorise l’accès aux marchés plutôt qu’un régime de licences.20
Le Maroc se classe actuellement 58ème mondialement pour les Ressources, reflétant une chute de 10
place sur une période de 10 ans. Le Maroc maintient un classement plus haut qu’un certain nombre
de concurrents mais, si la tendance continue ainsi, le Royaume sera bientôt dépassé par ses pairs. Le
Maroc a accompli un progrès remarquable en électricité mais fait face à de sérieux défis provenant
de tensions sur les ressources en eau dues aux pressions environnementales.
Le Maroc a Le développement de l’industrie électrique du Maroc sur les trois dernières décennies a été
accompli un progrès considérable. L’alimentation en courant a triplé et l’énergie renouvelable s’est étendue jusqu’à
remarquable en représenter un tiers du total.23 L’alimentation en électricité de tout le pays est maintenant
électricité mais fait accomplie,24 grâce à l’ambitieux Programme d’Electrification Rurale Généralisé (PERG).25 La
face à de sérieux défis fiabilité est haute comparée à la moyenne de la région MENA26. Le coût de l’électricité, s’élevant en
provenant de tensions moyenne à 12,4 cents par kWh,27 est moyennement bon puisqu’il est plus bas que dans des pays tels
sur les ressources en que la Colombie, le Ghana et le Rwanda, mais plus élevé qu’en Egypte, Algérie, Tunisie et Turquie.28
eau dues aux pressions Pour parvenir à une augmentation de l’accès à une électricité fiable, le Maroc a créé sa voie propre
environnementales. et distinctive de réforme du secteur de l’énergie.29 Le pays a introduit une participation sélective
du secteur privé pour l’élargissement de la capacité de production et de distribution d’électricité,
tout en maintenant un service public fort, agissant comme client unique au cœur du secteur.
Le gouvernement a fixé des objectifs ambitieux pour l’accès à l’électricité, la libéralisation et
les investissements dans l’énergie renouvelable (qui étaient perçus comme faisant partie d’une
21 “Broadband: the platform of the digital economy and a critical development challenge for Morocco” World Bank Group, 2016.
22 Ibid.
23 “Usman, Zainab; Amegroud, Tayeb. 2019. Lessons from Power Sector Reforms: The Case of Morocco. Policy Research Working
Paper; No. 8969. World Bank, Washington, DC.
24 “Access to electricity, rural (% of rural population) – Morocco” World Bank Data. Disponible en ligne : https://data.worldbank.
org/indicator/EG.ELC.ACCS.RU.ZS?locations=MA
25 “What Can Developing Countries Learn from Morocco’s Experience with Power Sector Reforms?” Zainab Usman, World Bank
Blogs, 2019.
26 Doing Business 2020: Economy Profile Morocco. World Bank Group, 2020.
27 Ibid.
28 “Getting Electricity: Price of Electricity (US cents per kWh)”. Doing Business Data. World Bank. Disponible en ligne : https://
www.doingbusiness.org/en/data. (Consulté le 18 avril 2020)
29 “Usman, Zainab; Amegroud, Tayeb. 2019. Lessons from Power Sector Reforms : The Case of Morocco. Policy Research Working
Paper; No. 8969. World Bank, Washington, DC.
24 |
approche au développement économique). Ceci en allégeant les pressions fiscales, en réduisant la
dépendance aux combustibles fossiles et en positionnant le pays comme leader régional en énergie
renouvelable, avec la plus grande centrale solaire du monde.
Jusqu’à récemment, il n’y avait pas de régulateur indépendant pour l’énergie ; les réglementations
étant exécutées directement par le gouvernement jusqu’à la création d’un régulateur autonome
en 2016 à savoir l’ANRE.30 La concurrence était aussi limitée en dehors de la production d’énergie ;
bien que la part de la production en énergie de l’Office National de l’Eau et de l’Électricité (ONEE)
ait chuté dramatiquement de 90% en 1991 à environ 30% en 2017, l’ONEE domine toujours le
transport et la distribution d’électricité.31 Cela pourrait constituer un facteur explicatif des prix plus
élevés que dans des pays comparables de la région.
Les ressources en eau représentent un domaine de défi beaucoup plus grand. Les infrastructures se
sont considérablement améliorées avec un taux d’accès à l’eau potable passant de 15% à 96,5% sur
les deux dernières décennies.32 Cependant, le Maroc fait partie des 25 pays au monde avec le plus
de tensions relatives à l’eau et fait face à de sérieuses difficultés, dues à un déclin des précipitations
estimé à 30% d’ici 2050.33
Le secteur agricole est l’utilisateur principal d’eau (représentant 86% de la consommation totale
d’eau).34 Les données indiquent une inefficacité marquée de l’utilisation de l’eau dans le secteur,
puisque le taux d’efficacité est de seulement 48%, signalant des pertes en eau considérables.35 Le
gouvernement a une gamme de projets en cours pour améliorer l’utilisation de l’eau, comprenant:
• Une augmentation de la capacité de dessalement.36
• Des incitations fiscales pour que les petites exploitations s’équipent en irrigation et mettent
en place des techniques de préservation de l’eau.37
• Le Programme National d’Economie d’Eau en Irrigation (PNEEI) passant de l’irrigation de
surface à l’irrigation localisée.38
• Un projet de la Banque Mondiale fournissant aux agriculteurs une irrigation au goutte-à-
goutte de grande efficacité.39
30 “Usman, Zainab; Amegroud, Tayeb. 2019. Lessons from Power Sector Reforms : The Case of Morocco. Policy Research Working
Paper; No. 8969. World Bank, Washington, DC.
31 Ibid; Country Nuclear Power Profiles 2018 Edition: Morocco. IAEA, 2018. Disponible en ligne : https://www-pub.iaea.org/
MTCD/Publications/PDF/cnpp2018/countryprofiles/Morocco/Morocco.htm (Consulté le 20 août 2020).
32 “Country Results Brief 2019: Morocco” African Development Bank Group, 2019.
33 “Moroccan Farmers Save Water on Irrigation and Increase Agricultural Production” World Bank, 2019; “Kingdom of Morocco:
Country Strategy Paper 2017-2021,” African Development Bank, p.28.
34 “Business Opportunities Report for Reuse of Wastewater in Morocco”. Netherlands Enterprise Agency, 2018.
35 “Water Quality and Use in Morocco”. Fanack, 2019. Disponible en ligne : https://water.fanack.com/morocco/water-quality-
and-use-morocco/ (Consulté le 20 août 2020).
36 Ibid.
37 L’entretien avec Simohamed Azzouz, le directeur général de Magriser, référencé dans “The Report: Morocco 2019”. Oxford
Business Group.
38 “The ‘Green Morocco’ Plan Strengthens Localized Irrigation” Morocco World News, 2019.
39 “Moroccan Farmers Save Water on Irrigation and Increase Agricultural Production” World Bank, 2019.
| 25
Opportunités
Energie
1. Identifier des moyens pour réduire les coûts en électricité, ce qui pourrait conduire à un
développement de la concurrence dans la distribution et le transport d’électricité.
Eau
D’importantes opportunités s’offrent au Maroc pour atténuer l’impact de la diminution des
précipitations, incluant:
1. La poursuite des programmes d’investissement dans les infrastructures d’irrigation.
2. La poursuite des mesures visant à améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’eau
3. Le développement des efforts pour recycler les eaux usées et augmenter la capacité de
dessalement.40
Le transport au Maroc s’est amélioré durant les 10 dernières années, grimpant 13 niveaux pour
atteindre la 60ème place mondialement. Ceci est dû principalement à une amélioration majeure de la
façon dont les experts ont évalué l’Efficacité des Services Portuaires. Sur ce dernier point, le Maroc
se classe considérablement plus haut que ses voisins, à savoir la Tunisie (90ème) et l’Algérie (104ème).
Toutefois, le pays devra développer davantage ses services pour atteindre un niveau semblable à
celui des autres pays comparatifs comme la Turquie (43ème) et l’Arabie Saoudite (45ème).
98% des échanges Le transport maritime est un atout majeur, avec le développement et la croissance du port principal
commerciaux du de Tanger Med depuis 2007.41 Tanger Med est maintenant le port méditerranéen et africain avec la
Maroc avec l’étranger plus grande capacité pour le transport de conteneurs. Il est leader de la région du Maghreb et en,
arrivent par la mer, déplaçant la majorité du trafic maritime trans-Maghrébin depuis d’autres ports régionaux vers le
rendant cruciaux les Maroc.42 Il importe de noter que 98% des échanges commerciaux du Maroc avec l’étranger arrivent
investissements dans par la mer, rendant cruciaux les investissements dans les ports pour une plus large croissance
les ports pour une économique.43 La Stratégie Portuaire Nationale 2030 du gouvernement reconnaît ce fait, avec
plus large croissance comme objectif de construire cinq nouveaux ports et d’en développer quatre de surcroît.44
économique.
40 “Morocco’s Water Security: Productivity, Efficiency, Integrity” OCP Policy Center, 2017.
41 “Tanger Med Global Logistics Hub” Tanger Med Port Authority. Disponible en ligne : http://www.tmpa.ma/wp-content/
uploads/2019/04/Brochure-Port-Anglais-1.pdf (Consulté le 20 août 2020).
42 “Morocco now has the largest capacity for shipping containers in the Mediterranean” The Africa Report, 2019; “Economic
Integration in the Maghreb: An Untapped Source of Growth”; IMF Departmental Paper, février 2019.
43 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.144.
44 “Business opportunities: Dutch companies in Transport & Logistics sector Morocco” Marco Rensma et Saad Haamoumi pour
Netherlands Enterprise Agency, 2018.
26 |
Les réseaux routier, ferroviaire et aérien ont aussi fait l’objet d’investissement du gouvernement
marocain. Les routes sont le mode de transport principal au Maroc53 . Elles demeurent relativement
de bonne qualité (classées 49ème mondialement), mais sont peu nombreuses (classées 113ème). 45
Investir dans le réseau routier est une priorité du gouvernement. Dans la période 2012-2016, il
y a eu en moyenne une augmentation des investissements de 30% par an dans le réseau routier
comparé aux quatre années précédentes. En 2016, un nouveau programme de routes rurales a été
annoncé.46 Des investissements majeurs supplémentaires sont prévus dans le programme Plan
Route 2035.47 La sécurité routière est un réel problème, classant le pays 128ème en termes d’années
de vie vécues avec une incapacité résultant d’un accident de la route.48
La couverture du territoire par voie ferrée reste relativement basse malgré des investissements
visant à étendre le réseau ferroviaire à 3600km avec 120 gares d’ici 2017. A présent, le réseau
ferroviaire est particulièrement important avec 70% du volume de cargo voyageant par train depuis
ou vers les ports.49
Il y a eu des améliorations pour les trains passagers, avec en particulier l’inauguration en 2018
du projet phare du train à grande vitesse (la Ligne à Grande Vitesse) entre Casablanca et Tanger
via Rabat.50 Une deuxième ligne à grande Vitesse entre Casablanca et Marrakech est prévue; et
la stratégie ferroviaire à l’horizon 2040 (Plan Rail Maroc) détaille comment le réseau ferroviaire
jouera un nouveau rôle, avec 37,5 milliards de dollars d’investissements prévus.51 Concernant le fret
ferroviaire, l’augmentation des transports attendue à Tanger Med pourrait accentuer la couverture
relativement faible du pays, soulignant la nécessité de renforcer le réseau.52
Quant au transport aérien, celui-ci a connu une nette croissance. Suite à la signature d’un accord
ciel ouvert (OpenSky) avec l’Union Européenne en 2004, le nombre de voies aériennes et de
compagnies aériennes a approximativement doublé.53 De plus, 22,5 millions de passagers sont
passés par les aéroports du pays en 2018, soit le chiffre le plus élevé jamais enregistré auparavant.54
Le fret aérien a aussi augmenté en 2018 (de 7%) mais, comme pour le reste de l’Afrique en général,
il demeure assez bas comparé aux indices de référence mondiaux.55
Le Maroc est en train d’agrandir ses aéroports pour absorber l’augmentation du trafic, avec pour
objectif de hisser l’Aéroport Mohammed V de Casablanca au rang de hub régional.56 Cet objectif a
été soutenu par l’ouverture d’un nouveau terminal de 2 milliards de dollars en 2019, faisant passer
la capacité de tous les aéroports du pays de 24 millions de passagers actuellement à 75 millions de
passagers d’ici 2035.57
45 “FY 2016 Ex-Post Evaluation of Japanese ODA Loan Project: Rural Road Improvement Project” Takeshi Daimon, Waseda
University, 2016.
46 “Morocco Strengthening Integrity in the Energy, Transportation and Health Sectors” OECD, 2018; “Grands Projets: Routes
rurales” Kingdom of Morocco: Ministry of Equipment, Transport, Logistics and Water. Disponible en ligne: http://www.equipement.
gov.ma/Infrastructures-Routieres/Grands-Projets/Pages/Routes-Rurales.aspx (Consulté le 13 août 2020).
47 “Business opportunities: Dutch companies in Transport & Logistics sector Morocco” Marco Rensma et Saad Haamoumi pour
Netherlands Enterprise Agency, 2018.
48 L’indice de prospérité de Legatum Institute Prosperity Index.
49 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.141
50 Ibid.
51 Ibid.
52 “Business opportunities: Dutch companies in Transport & Logistics sector Morocco” Marco Rensma et Saad Haamoumi pour
Netherlands Enterprise Agency, 2018.
53 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.142
54 Ibid.
55 Office National des Aéroports; “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.142.
56 “Business opportunities: Dutch companies in Transport & Logistics sector Morocco” Marco Rensma et Saad Haamoumi pour
Netherlands Enterprise Agency, 2018.
57 Ibid, “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.142.
| 27
Les partenariats public-privé (PPP) sont perçus comme offrant la possibilité d’attirer des
investissements plus larges dans le transport. D’ailleurs, le Ministre de l’Économie et des Finances
avait annoncé en Décembre 2018 que le renforcement des investissements dans le Royaume
dépendait du développement de plus de PPP.58 La réalisation du nouveau port de Kénitra Atlantique
est prévue comme PPP les autorités publiques de Fès-Meknès cherchent de plus en plus à financer
leurs projets et initiatives via des PPP.59
Le Maroc se classe relativement mal pour la performance en logistique (84ème), puisque le secteur
est largement non régulé. Le secteur du fret routier est dominé par les PME (95% des compagnies)
avec beaucoup de ces petites entreprises qui pratiquent généralement la fraude fiscale et sociale.60
La stratégie logistique nationale (2010-2030) a pour objectif d’augmenter la croissance du PIB en
réduisant les coûts logistiques et en augmentant la compétitivité.61
Opportunités
1. Continuer l’investissement pour l’amélioration de la densité des infrastructures routières et
ferroviaires, en restant concentré sur l’amélioration de la sécurité routière
2. S’assurer que la structure des Partenariats Public-Privé est à la fois bien adaptée pour attirer
les investisseurs et rentable pour les finances publiques marocaines
3. Baisser les coûts logistiques, en encourageant la formalisation et la montée en puissance des
entreprises marocaines
65 “National Trade Estimate Report on Foreign Trade Barriers”. US Trade Representative, 2019.
66 “Morocco - Trade Barriers”. Version published October 13, 2019. Trade.gov. Disponible en ligne : https://www.trade.gov/
knowledge-product/morocco-trade-barriers.
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ECHELLE D’OUVERTURE DU MARCHE (RANG DU MAROC: 28ÈME)
La taille de l’opportunité économique des producteurs est contrainte par la taille des marchés
nationaux et internationaux auxquels ils ont accès. Les taxes sur les produits imposées aux
exportateurs dans beaucoup de pays peuvent empêcher ces compagnies de vendre des biens,
bloquant ainsi leur capacité à s’imposer sur le marché mondial. Nous mesurons à quel point les
producteurs ont accès aux marchés nationaux et internationaux sans taxes et les taxes imposées dans
les marchés destinataires.
L’Echelle d’Ouverture du Marché est relativement forte pour le Maroc qui est classé 28ème
mondialement. Ses résultats sont meilleurs que la moyenne de la région MENA (Moyen-Orient-
Afrique du Nord). Il continue de bien se classer tant pour le tarif moyen auquel les exportateurs
marocains sont confrontés que pour la marge de préférence sur les marchés de destination. Avec
56 accords commerciaux, le Maroc est parmi les pays avec le plus d’accords commerciaux au
monde.67
L’Union Européenne En raison de l’Accord d’Association UE-Maroc qui entra en vigueur en 2000, l’Union Européenne
est le principal est le principal partenaire commercial du Maroc, responsable de 65% des exports du Maroc
partenaire en 2017.68 Le Maroc possède également un accord commercial fructueux avec les Etats-Unis,
commercial du ayant conduit les Etats-Unis à devenir le quatrième partenaire commercial du Maroc.69 Le
Maroc, responsable Maroc cherche activement à mettre en place de nouveaux accords, notamment avec le début
de 65% des exports de négociations avec le Canada, plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et le bloc commercial sud-
du Maroc en 2017. américain Mercosur.70 Cependant, le gouvernement a récemment exprimé son inquiétude face
au niveau du déficit commercial et le Ministre du Commerce et de l’Industrie a déclaré en janvier
2020 que 56 accordsDe libre échange sont actuellement en cours de révision.71
Il existe aussi un certain nombre d’accords commerciaux au sein de la région MENA et de l’Afrique
sub-saharienne, notamment avec la Turquie et 18 États arabes grâce à la zone de libre échange
du monde arabe (Greater Arab Free Trade Area -GAFTA).72 Il y a aussi l’accord de libre échange
d’Agadir entre l’Egypte, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie signé en 2004 mais cela n’est pas aussi
performant « qu’espéré », selon les dirigeants d’entreprises et les politiciens.73 Le commerce avec
les pays voisins du Maroc souffre en particulier de régulations commerciales restrictives, tandis
que le commerce avec l’Afrique représentait moins de 8% des échanges commerciaux du Maroc
entre 2015 et 2018.74 Les exportateurs marocains font face à des taxes plus basses avec l’Europe
qu’avec les autres pays du Maghreb.75
Le Maroc tente de remédier à cette situation; A titre d’exemple, le Royaume a demandé à être
membre de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest(CEDEAO).76 Cependant
67 “Morocco Loses up to $2 Billion in Trade Imbalance with Turkey” The North Africa Post, 2020; “Morocco Country Report
2020”. BTI Transformation Index.
68 “Trade Policy: Countries and regions: Morocco” European Commission. Disponible en ligne : https://ec.europa.eu/trade/
policy/countries-and-regions/countries/morocco/index_en.htm (Consulté le 13 août 2020).
69 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
70 “Morocco - Trade Agreements” Version published July 15, 2019. Export.gov. Disponible en ligne : https://www.export.gov/apex/
article2?id=Morocco-Trade-Agreements (Consulté le 13 août 2020).
71 “Morocco Loses up to $2 Billion in Trade Imbalance with Turkey” The North Africa Post, 2020.
72 “Business Climate” Kingdom of Morocco - Moroccan Investment Development Agency. Disponible en ligne : http://www.
invest.gov.ma/?lang=en&Id=77 (Consulté le 13 août 2020); “Greater Arab Free Trade Area (GAFTA)” Republic of Lebanon Ministry
of Economy & Trade. Disponible en ligne : https://www.economy.gov.lb/en/services/trade/international-agreements/gafta
(Consulté le 13 août 2020); “GAFTA” bilaterals.org. Disponible en ligne : https://www.bilaterals.org/?-GAFTA- (Consulté le 13 août
2020).
73 “Agadir Agreement” bilaterals.org. Disponible en ligne : https://www.bilaterals.org/?-agadir-agreement- (Consulté le 13 août
2020); “Economic Integration in the Maghreb: An Untapped Source of Growth”; IMF Departmental Paper, février 2019.
74 “UNCTADstat Data Center” UNCTAD. Disponible en ligne https://unctadstat.unctad.org/EN/About.html (Consulté le 25 août
2020)
30 | 75 “Economic Integration in the Maghreb: An Untapped Source of Growth”; IMF Departmental Paper, février 2019.
76 “Morocco’s Ecowas bid sparks African fear and suspicion”. The Financial Times, January 24, 2019.
la demande est en suspens pour un certain nombre de raisons géopolitiques, légales et politiques;
En particulier un désaccord entre les taxes de la CEDEAO sur les imports de l’UE et des Etats-
Unis et les accords de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis et l’UE.77 Le Maroc a eu plus
de succès en étant l’un des 44 signataires de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine
(ZLECA), l’un des projets phares du Programme 2063 pour une Afrique unie, prospère et en paix.78
La fermeture de la frontière Maroc-Algérie est un autre problème qui rend impossible le transport
de biens du Maroc vers la Lybie, la Tunisie et l’Algérie par voie routière.79 Le problème persiste
malgré plusieurs tentatives initiées par le Roi Mohammed VI visant à résoudre le différend.80
En parallèle des accords commerciaux, le gouvernement marocain est très focalisé sur la
facilitation du commerce, en utilisant par exemple « des zones franches » à faibles taxes.
L’objectif étant d’inciter les compagnies à exporter et d’offrir aux investisseurs des exemptions
de TVA pour l’importation des matériaux et outils nécessaires à la réalisation de projets à gros
investissements. 81
Enfin, les entreprises marocaines sont toujours confrontées à un grand nombre d’obstacles
(autres que les taxes) dans les marchés destinataires, y compris ceux où des accords commerciaux
fructueux sont en place comme l’Union Européenne (UE). Des conditions telles que les
régulations strictes sur l’emballage et l’étiquetage et l’envoi obligatoire du Résumé de Déclaration
d’Entrée avant l’entrée des biens dans l’UE ont été évaluées comme mesures non tarifaires
équivalentes à une taxe de 12% sous l’accord Maroc-UE.82
Opportunités
Le potentiel de commerce et d’investissement entre le Maroc et l’Afrique sub-saharienne devrait
être exploité et développé.
1. Renforcer le cadre des réglementations commerciales et chercher à débloquer et à
développer des accords de libre-échange avec les communautés économiques africaines
telles que l’UEMOA, la CEDEAO et la CEMAC.83
2. Développer le commerce avec les pays voisins, en résolvant le problème de la fermeture des
frontières avec l’Algérie.
3. Chercher à améliorer les accords existants en réduisant les obstacles de type non-tarifaire
à l’export. Cela pourrait être réalisé grâce à des accords commerciaux ou en alignant
les standards nationaux avec les standards internationaux (par exemple en alignant les
standards nationaux en agriculture avec les standards européens et américains).84
Figure 3: Taxes appliquées et proportion des importations exemptes de droits de douane dans certains pays
Taux de taxation moyen appliqué Part des importations exemptes de droits de douane
Pire Mieux Pire Mieux
16 90
14 80
12 70
60
10
Pourcentage
Pourcentage
50
8
40
6
30
4 20
2 10
0 0
rie
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oc
da
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rie
te
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Co
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In
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Ar
Source: WEF
85 “World Tariff Profiles 2019” WTO, ITC et UNCTAD, 2019. Disponible en ligne : https://www.wto.org/english/res_e/booksp_e/
tariff_profiles19_e.pdf
86 “Africa Agriculture Trade Monitor 2019” IFPRI; Bouet, Antoine et Sunday P. Odjo, eds.
87 “Agriculture and Economic Transformation in the Middle East and North Africa,” International Food Policy Research Institute,
June 2018.
32 |
88 “Morocco 2040: Emerging by Investing in Intangible Capital” Jean-Pierre Chauffour, 2017.
comme l’UE, pourraient aussi coopérer avec le Maroc pour réduire les taxes agricoles bilatérales
et les barrières non-tarifaires.
L’un des aspects de la politique tarifaire du Maroc qui mine la compétitivité de l’industrie
marocaine est que les droits de douane sont plus élevés sur les produits intermédiaires. Les droits
d’importation sur les matières premières sont inférieurs à ceux des produits semi-transformés,
eux-mêmes inférieurs à ceux des produits finis.89 Ce constat est particulièrement prononcé dans
les secteurs du textile, vêtements, cuir et chaussures où les producteurs pour le marché national
ont accès à des marchandises à taux bas, tout en ayant leurs produits finis protégés par des
barrières à l’export importantes.90 Des droits élevés sur les produits intermédiaires ont tendance
à faire obstacle à la productivité des entreprises et la croissance des exportations, car les
entreprises marocaines ont besoin de biens intermédiaires bon marché pour rester compétitives.91
Opportunités
1. Continuer à réduire les taxes à l’importation, en particulier celles sur les biens intermédiaires
qui diminuent la compétitivité des exportateurs marocains.
2. Ouvrir progressivement le marché agricole car l’agriculture constitue un des piliers
de l’économie du pays. Une stratégie pour l’agriculture devrait offrir de meilleures
opportunités aux dirigeants de petites et grandes exploitations afin de transformer le secteur
agroalimentaire en une source durable de croissance, de compétitivité et de développement
économique des régions rurales.92
89 Ibid.
90 “Morocco 2040: Emerging by Investing in Intangible Capital” Jean-Pierre Chauffour, 2017.
91 Ibid.
92 Ibid.
93 “Morocco Country Report 2020”. BTI Transformation Index
94 “Morocco: Food and Agricultural Import Regulations and Standards Country Report”. US Department of Agriculture, Foreign | 33
Agricultural Service, June 2019.
Ces mesures font monter les prix au Maroc. Les accords commerciaux ont eu tendance à se
focaliser sur la suppression des obstacles dûs aux taxes plutôt qu’aux obstacles non-tarifaires.95
Les mesures sont généralement soit techniques, soit basées sur des normes avec environ 300
règlements techniques appliqués et près de 12000 normes élaborées par l’Institut Marocain de
Normalisation (IMANOR).96
Les douanes Cependant, la plupart des problèmes rencontrés par les importateurs sont liés aux délais
marocaines n’ont d’établissement de la conformité des produits, ne respectant pas les exigences techniques et
toujours pas adopté les standards eux-mêmes.97 Par exemple, le gouvernement marocain publia en 2016 un décret
une procédure d’exécution qui autorisait l’importation de voitures qui passaient le standard américain fédéral
pour réguler les de sécurité routière (U.S. Federal Motor Vehicle Safety Standards - FMVSS).98 Cependant, les
documents d’auto- douanes marocaines n’ont toujours pas adopté une procédure pour réguler les documents
certification prouvant d’auto-certification prouvant la conformité; ce qui veut dire que les importateurs font face à des
la conformité. problèmes de délais et d’incertitude aux frontières.99
Opportunités
1. Continuer à réduire le nombre de mesures non-tarifaires en place sur les imports, en se
focalisant sur l’agriculture, les ressources naturelles et l’industrie.
2. Améliorer les procédures de certification de conformité aux standards règlementaires et
techniques.
95 “Non-tariff measures in the MNA region: Improving Governance for Competitiveness” Augier et al, 2012. Cette étude a
montré que parmi les pays de la région MOAN, le Maroc a la plus grande disparité entre les prix nationaux et mondiaux associée
aux mesures non tarifaires; “The impact of Non-Tariff Measures (NTMs) on Moroccan foreign trade: Comparison between
developed and developing countries.” Mustapha Khouilid et Abdellah Echaoui, 2017.
96 “Examen des politiques commerciales, Maroc.” World Trade Organisation (2016).
97 “Maroc: perspectives des entreprises.” International Trade Center, 2012.
98 “2019 Trade Policy Agenda and 2018 Annual Report of the President of the United States on the Trade Agreements Program”
Office of the United States Trade Representative, 2019.
99 Ibid.
34 |
| 35
Credit (Shutterstock.com)
36 |
Credit (Shutterstock.com)
ENVIRONNEMENT D’INVESTISSEMENT
(RANG DU MAROC: 68ÈME)
Les idées et les entreprises ont besoin d’investissement pour se développer et croître efficacement.
Les entreprises bien établies tout comme les nouveaux entrepreneurs ont besoin d’investissements et
les investisseurs ont besoin de protection et de confiance pour les soutenir. Si les investisseurs n’ont
pas de droits de propriété sûrs, les investissements se font rares. La croissance de la sophistication
des marchés financiers internationaux au cours des quatre dernières décennies a été considérable. La
compréhension par les économistes du rôle des capitaux dans la croissance économique s’est aussi
améliorée pendant ladite période.1 Un bon Environnement d’Investissement garantit la disponibilité
des financements nationaux et internationaux pour des opérations commerciales, permettant ainsi à
des microentreprises de devenir des compagnies Fortune 500.
Le Maroc se classe 68ème pour son Environnement d’Investissement, réalisant un progrès de 13
places durant la dernière décennie. Le pays s’est amélioré sur chaque aspect de ce pilier. Des
réformes importantes ont été mises en place pour renforcer les droits de propriété intellectuelle
et la protection des investisseurs et ont amélioré le niveau de confiance avec lequel les
entreprises peuvent investir et innover dans le pays. L’écosystème de financement est un atout
particulier du Maroc. La stabilité des banques du Royaume et le nombre d’agences bancaires
commerciales se sont notablement améliorés, bien que le financement pour les petites et
moyennes entreprises et l’accès à des financements alternatifs pourraient permettre un plus
large développement. Le Maroc applique toujours certaines restrictions sur l’investissement
international qui limitent et freinent le développement dans ce domaine, avec notamment
certains contrôles de capitaux, des restrictions sur la participation étrangère dans les entreprises
de certains secteurs et des obstacles à l’obtention de visas de travail.
1 Anne O. Kreuger, “Financial markets and economic growth,” International Monetary Fund, septembre 28, 2006.; Stanley | 37
Fisher, “The importance of financial markets in economic growth,” Citigroup, discours de Campos de Jordao, le 21 août 2003.
2 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
Figure 4 : Score des droits de propriété
68 50ème
66
64
Score de l’élément
62
60 64ème
58
56
54
52
50
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
3 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills
Upgrading” World Bank Group. 2019, p.60.
4 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
5 “Freedom in the World 2019: Morocco” Freedom House, 2019.
6 Doing Business Data. World Bank. Disponible en ligne : https://www.doingbusiness.org/en/data
7 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills
Upgrading” World Bank Group. 2019, p.12.
8 Doing Business Data. World Bank. Disponible en ligne : https://www.doingbusiness.org/en/data
38 |
Opportunités
1. Continuer à numériser et à rationaliser la charge administrative de l’enregistrement foncier,
dans le but de réduire les coûts..
2. Améliorer davantage le cadre légal et réglementaire relatif à la possession et l’échange de
propriété. Ces améliorations devraient inclure un meilleur accès aux données relatives aux
terrains et leurs disponibilités pour des activités économiques.9
3. Améliorer la sécurité de la propriété privée par la mise en place d’une loi foncière unique qui
encourage l’enregistrement des transactions foncières au cadastre, garantit la protection des
droits fonciers et clarifie le système d’expropriation, y compris sa transparence.10
60
60ème
58
56
54
Score de l’élément
52
50
48
46 91ème
44
42
40
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
La protection des investisseurs s’est considérablement améliorée au Maroc, qui est passé de la
91ème place à la 60ème en 10 ans. La plus grande amélioration est survenue grâce à la solidité du
cadre d’insolvabilité, avec une révision majeure du code de l’insolvabilité en 2018.12
9 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills
Upgrading” World Bank Group. 2019, p.62.
10 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills
Upgrading” World Bank Group. 2019, p.63
11 Paula Ramona Rachisan, Cristina Bota-Avram, et Adrian Grosanu, “Investor protection and country-level governance: cross
country empirical panel data evidence.” Economic Research | Ekonomska Istraživanja 30, no. 1 (2017): 806-817.
12 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
| 39
Le cadre d’insolvabilité du Maroc est désormais de bonne qualité et de bonne réputation car il a
facilité l’initiation des procédures pour la résolution d’insolvabilité, en la rendant plus accessible
Aux créanciers et en encourageant la poursuite des activités des débiteurs en cours d’instance.13
16
14
12
Score de l’Index (0-16)
10
0
Rwanda Maroc Indonésie Turquie Colombie Egypte Tunisie Algérie Koweït Ghana Arabie
Saoudite
2009 2019
Source: WBDB
18 Corporate Governance in Transition Economies, Morocco Country Report. European Bank for Reconstruction and
Development, June 2016.
19 Ibid.
20 Commercial Laws of Morocco: An Assessment by the EBRD. European Bank for Reconstruction and Development, 2013;
Corporate Governance in Transition Economies, Morocco Country Report. European Bank for Reconstruction and Development,
June 2016.
21 Corporate Governance in Transition Economies, Morocco Country Report. European Bank for Reconstruction and
Development, June 2016.
22 “Business Reforms in Morocco” World Bank. Disponible en ligne : https://www.doingbusiness.org/en/reforms/overview/
economy/morocco (Consulté le 13 août 2020).
23 “Morocco” IFAC. Disponible en ligne : https://www.ifac.org/about-ifac/membership/country/morocco (Consulté le 13 août
2020).
24 Ibid.
| 41
EXECUTION DES CONTRATS (RANG DU MAROC: 73ÈME)
L’Exécution des contrats est un indicateur essentiel de la confiance, permettant aux économies
d’échelle de se développer au-delà du cercle immédiat des associés et de la famille. Les retards et
les coûts de résolution des litiges contractuels ne profitent à aucune des parties. Notre mesure rend
compte à la fois de l’efficacité et de l’efficience du système d’un pays à faire respecter les droits d’un
titulaire de contrat.
Le Maroc se classe 73ème pour l’Exécution des contrats. Durant la dernière décennie, le Royaume
a gagné 6 places et a systématiquement dépassé la moyenne de la région MENA. Les tribunaux
marocains sont relativement rapides à juger les cas commerciaux, classant le pays au 63ème
rang mondialement, grâce à l’existence de huit tribunaux de commerce spécialisés, créés
en 1997.25 Cependant, les frais de justice sont relativement plus hauts, classant le pays 79ème
mondialement et la qualité de l’administration judiciaire se classe relativement mal, au 78ème rang
mondialement.26
Il existe plusieurs problèmes avec les tribunaux au Maroc. Nous les présentons en détail dans
la rubrique « Etat de droit » du pilier Gouvernance, mais ces problèmes sont susceptibles
d’expliquer la faible qualité relative de l’administration judiciaire. Par exemple, le Ministère de la
Justice reconnaît que le niveau d’expertise judiciaire est généralement bas et que le manque de
transparence est dû à l’absence de règlementation légale relative à la publication des décisions de
justice.27
Le Maroc possède également un système alternatif de résolution des litiges relativement bien
établi. Les experts estiment que celui-ci s’est amélioré au cours des dernières années. Il fut établi
en 2008 afin de fournir des outils de négociation et de médiation commerciales afin de réduire les
litiges coûteux et longs et de débloquer les actifs liés aux litiges.28
Opportunités
1. Comprendre les raisons justifiant les frais de justice élevés afin d’identifier des réformes
appropriées, visant particulièrement à réduire les coûts et à favoriser davantage la
concurrence dans le secteur juridique.
2. Continuer à exploiter le système alternatif de résolution des litiges (ADR) dans Un cadre de
circonstances plus large.
25 Doing Business Data. World Bank. Disponible en ligne : https://www.doingbusiness.org/en/data; “Update: Introduction to the
Moroccan Legal System” Netty Butera et Kevashinee Pillay, 2018. Disponible en ligne : https://www.nyulawglobal.org/globalex/
Morocco1.html#TheJudicialSystem (Consulté August 13, 2020).
26 Doing Business Data. World Bank. Disponible en ligne : https://www.doingbusiness.org/en/data
27 Dylan Brake, “Morocco: Leadership and Governance,” 2017, p.19; Morocco, 2019 Article IV Consultation, IMF Country Report
No. 19/230.
28 “Alternative Dispute Resolution” ADR Center for Development. Disponible en ligne : https://www.adrcenterfordevelopment.
42 | com/2018/06/08/morocco-alternative-dispute-resolution/ (Consulté le 13 août 2020).
ECOSYSTEME DE FINANCEMENT (RANG DU MAROC: 66ÈME)
L’Ecosystème de Financement assure la disponibilité de capitaux d’investissement provenant de
sources comprenant la banque, la dette bancaire, la dette des entreprises et des marchés financiers
plus sophistiqués. Il est aussi souhaitable d’avoir un large éventail d’options de financement pour
les entreprises puisque chaque option de financement de base est adaptée à des entreprises à des
étapes différentes de maturité et avec des profils de risque et de revenus différents. Notre mesure
Ecosystème de Financement évalue la disponibilité de capitaux, allant du système bancaire aux
créances d’entreprises jusqu’aux marchés financiers plus sophistiqués.
L’Ecosystème de Financement est un atout particulier du Maroc qui a continué de s’améliorer
durant les 10 dernières années et qui a permis au pays de gagner 22 places, arrivant 66ème
mondialement. Ce classement est meilleur que la moyenne de la région MENA. Comparé au reste
de l’Afrique, le secteur bancaire du Maroc est relativement important, avec des actifs bancaires
représentant 84% du PIB, plaçant le pays au 41ème rang mondial.29 La stabilité des banques du
Royaume et le nombre d’agences bancaires commerciales ont connu des améliorations notables.
65
66ème
63
61
59
Score de l’élément
88ème
57
55
53
51
49
47
45
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Le Maroc possède quelques-unes des plus grandes banques d’Afrique et plusieurs d’entre elles
sont des acteurs majeurs sur le continent et qui étendent davatange leur influence.30 Cela se
traduit par des niveaux de pénétration importants, avec des services bancaires multiples et une
large gamme de produits.31 Le nombre d’agences des banques commerciales a pratiquement
doublé au Maroc entre 2009 et 2019, grimpant à 24,5 pour 100 000 adultes et le taux de
participation bancaire approche approximativement 60%.32
Figure 8 : Succursales de banques commerciales et la stabilité des banques dans certains pays
30 7
Succursales pour 100 000 adultes
25 6
4
15
3
10
2
5 1
0 0
oc
sie
ie
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l
Sa
Sa
Co
Co
In
In
ie
ie
ab
ab
Ar
Ar
Cependant, le Maroc se classe 105ème pour l’accès au financement. Cela reflète le fait que bien
qu’Il soit facile pour les personnes avec un salaire officiel d’accéder à des emprunts, l’ampleur
de l’économie parallèle au Maroc exacerbe l’exclusion de plusieurs groupes.34 Par exemple,
tandis que 77% des hommes marocains possédaient au moins un compte bancaire en 2017, le
pourcentage de femmes titulaires d’un compte était de 40% (même si cela doit être vu dans
le contexte d’une participation des femmes au marché du travail de seulement 23%).35 Il a été
également suggéré que si la participation bancaire est probablement d’environ 80% dans les
villes, elle n’est que de 30% dans les zones rurales.36
Des règlementations récentes supervisant les institutions de paiement non-bancaires et un
La bourse de
nouveau système de paiement par téléphone ouvrent la voie à une digitalisation des procédés
Casablanca est l’une
bancaires et à de nouveaux moyens pour les institutions d’Intéragir avec les clients.37
des plus grandes et
des plus importantes Quant à la finance d’entreprise, la Bourse de Casablanca est l’une des plus grandes et des plus
d’Afrique. importantes d’Afrique.38 Selon Fathïa Bennis, Directrice Générale du dépositaire central Maroclear,
« les marchés de capitaux du Maroc ont atteint un haut niveau de sophistication.39 Cependant,
il y a quelques problèmes : la bourse est affectée par des niveaux de liquidité bas, une pénurie
33 “Morocco – Market Challenges”. Version publiée le 13 octobre 2019. Trade.gov. Disponible en ligne : https://www.trade.gov/
knowledge-product/morocco-market-challenges.
34 Basé sur un entretien avec un expert
35 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.62.
36 Basé sur un entretien avec un expert
37 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.51.
38 “Morocco – Banking Systems”. Version publiée le 13 octobre 2019. Trade.gov. Disponible en ligne : https://www.trade.gov/
knowledge-product/morocco-banking-systems.
39 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.69
44 |
de cotations en bourse et une performance moyenne dans l’ensemble.40 Une nouvelle loi sur les
échanges boursiers met en place la base nécessaire pour fournir plus de produits financiers et
pour établir une bourse alternative focalisée sur les petites et moyennes entreprises (PMEs).41
Le financement des PMEs est moyennement bon, le Maroc se classant 60ème, et la part des
PMEs ayant accès à des sources de financement ou de crédit a doublé entre 2007 et 2015.42
Les prêts bancaires aux PMEs (environ 17% du PIB) sont relativement hauts par rapport aux
normes régionales mais les exigences collatérales peuvent être très élevées pour les plus petites
entreprises et les compagnies continuent de considérer l’accès au financement comme un
obstacle majeur aux affaires au Maroc.43
Il y a eu plusieurs programmes avec pour objectif d’augmenter l’intégration financière des
PMEs et autres, tels que le réseau Dar Al Moukawil (services de soutien pour différents groupes
rencontrant des difficultés d’accès au financement), le projet de développement MSME
(fournissant des garanties partielles de crédit) et le programme intégré récent de Soutien
et Financement des Entreprises (financement et coordination des activités de soutien à
l’entreprenariat au niveau régional et intégration financière des populations rurales).44
L’écosystème de financement alternatif est moins développé, ce qui se traduit en « un besoin non
satisfait de capital privé et en particulier de capital risque. »45 Le Maroc est à la traine derrière
le reste de l’Afrique sur ce point : un rapport de l’Association Marocaine des Investisseurs de
Capitaux montre que les entreprises ayant besoin de capitaux de lancement et de capitaux risque
ont seulement reçu 6% de tous les investissements faits au Maroc en 2015, un des taux les plus
bas de la région MENA.46
Le gouvernement cherche à enrayer ce problème grâce au Fonds « Invest Innov » de 50 millions
de dollars lancé en 2017 avec pour objectif de combler les lacunes dans le financement de
capitaux pour les start-ups et de catalyser le marché du capital risque au Maroc.47 En mars 2019,
68 start-ups marocaines avaient bénéficié de financements du programme d’une valeur de 5
millions de dollars.48
53
51
Score de l’élément
49
102ème
47
110ème
45
43
41
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
53 “King Mohammed VI of Morocco Builds New Financial City for the World” Forbes, 2013.
54 “Morocco”. Heritage Index of Economic Freedom, 2019.
55 Ibid; “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
56 “Morocco Country Report 2020”. BTI Transformation Index, 2020.
57 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
58 “Morocco – Foreign Exchange Controls”. Version publiée 13 octobre 2019. Trade.gov. Disponible en ligne : https://www.trade.
gov/knowledge-product/morocco-foreign-exchange-controls
| 47
Il existe aussi des obstacles bureaucratiques à l’acquisition et à la vente de devises étrangères
et une absence de possibilité de posséder des comptes bancaires dans une devise étrangère, ce
qui classe le Maroc au 139ème rang mondialement.59 Bien qu’il soit possible pour des étrangers
d’ouvrir des comptes bancaires, ils sont tenus d’ouvrir un compte « convertible » avec un dépôt
initial en devises étrangères et ne peuvent ensuite que faire des dépôts en devises étrangères ;
à aucun point ne leur est-il possible de faire des dépôts en dirhams marocains.60 En général,
les investisseurs doivent aussi informer le gouvernement si un investissement requiert une
conversion.61
Le Maroc se classe seulement 89ème pour la liberté de mouvement des étrangers. Bien qu’il
soit relativement facile pour un étranger de rentrer sur le territoire (en particulier les citoyens
européens et américains qui n’ont pas besoin de visa), les visas de travail peuvent être difficiles
à obtenir.62 La délivrance de visas est sujette à l’impossibilité d’une entreprise de trouver un
employé local qualifié pour un poste spécifique et cela doit être vérifié par l’Agence Nationale de
Promotion de l’Emploi et des Compétences (ANAPEC).63 Selon certains rapports, la procédure
d’obtention et de renouvellement des visas et permis de travail peut être lourde et prendre
jusqu’à six mois, sauf pour les membres de la CFC pour qui le délai de la procédure serait d’une
semaine.64
Opportunités
1. Réduire les contrôles de capitaux, en réduisant en particulier le recours aux autorisations de
l’Office des Changes pour la plupart des transactions.
2. Réduire les limitations sur l’engagement étranger dans les secteurs du transport, de la pêche et
des assurances ainsi que les limitations sur la possession de terrain agricole par des étrangers.
3. Alléger la procédure d’obtention et de renouvellement des visas et permis de travail, en
réduisant en particulier la disparité entre les entreprises de la CFC et les autres.
| 51
Figure 10 : Score de contestabilité des marchés nationaux dans certains pays
70
60
50
Score de l’élément
40
30
20
10
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Co
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Certains secteurs importants sont très concentrés, en particulier le transport, l’énergie, les
télécommunications et les services financiers.1 Par exemple, dans le secteur bancaire, les trois
plus grandes banques possèdent les deux-tiers des actifs du système bancaire.2 Dans le secteur
de l’électricité, l’office national ONEE domine la production, la distribution et la transmission de
l’électricité.3 La compétition sur le marché du haut-débit fixe est faible, avec Maroc Telecom (détenu
à 22% par l’État) possédant une part de marché de 89% sur les lignes fixes en date de Septembre
2018.4
Il y a aussi une participation de l’État importante dans l’économie. La Banque Mondiale a trouvé
que sur 23 des 29 secteurs passés en revue, beaucoup d’entre eux n’étant pas des secteurs
d’infrastructure, avaient au moins une entreprise nationale, en comparaison avec une moyenne de
15 dans les autres pays sondés.5
Ces marchés fortement concentrés sont souvent le résultat des interventions du gouvernement
qui limite les entrées, facilite la dominance ou crée des conditions de jeu biaisées. Par exemple, la
Banque Mondiale a trouvé que beaucoup d’entreprises publiques ne sont pas tenues d’atteindre
systématiquement un taux de rentabilité commerciale et qu’elles peuvent utiliser des activités
non-commerciales pour subventionner les activités commerciales. Certaines sont aussi exemptées
d’impôts sur les sociétés et peuvent percevoir des subventions du gouvernement.6 Les entreprises
publiques peuvent aussi bénéficier d’un accès préférentiel aux marchés publiques.7
Il y a eu récemment des tentatives d’amélioration des procédures d’offres de marchés. En 2014, des
réformes furent votées pour établir un corps de législation des marchés publics, créer une stratégie
de formation des marchés nationaux et développer un nouveau système de marchés nationaux
1 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills
Upgrading” World Bank Group. 2019, p.34.
2 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
3 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills
Upgrading” World Bank Group. 2019, p.37.
4 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.185.
5 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills
Upgrading” World Bank Group. 2019, p.38.
6 Ibid.
52 | 7 The Global Competitiveness Report 2015–2016. World Economic Forum. Tel que cité dans : https://www.ganintegrity.com/
portal/country-profiles/morocco/.
Figure 11: Politique antimonopole dans certains pays
9
Pire Mieux
8
7
Etude d’experts (1-10)
6
5
4
3
2
1
0
Turquie Colombie Rwanda Tunisie Egypte Indonésie Arabie Ghana Koweït Maroc Algérie
Saoudite
La concurrence du marché La politique antimonopole
Source: BTI
8 “Public Procurement Reform In Morocco” Rachel Lipson, Salim Benouniche, Abdoulaye Keita, Khadija Faridi, 2014.
9 “Morocco makes Strides in Modernizing its Public Procurement System— Operationalization of the Procurement Regulatory
Body” World Bank. Disponible en ligne : https://wbnpf.procurementinet.org/featured/morocco-makes-strides-modernizing-its-
public-procurement-system%E2%80%94-operationalization (Consulté le 13 août 2020).
10 “Morocco Launches National Commission for Public Procurement in Rabat” Morocco World News, 2018.
11 ”Governing Towards Efficiency, Equity, Education And Endurance: Systematic Country Diagnostic”. World Bank, June 2018.
12 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills
Upgrading” World Bank Group. 2019, p.40.
13 “Morocco’s evolving business environment encourages legal reform” Oxford Business Group. https://oxfordbusinessgroup.
com/overview/code-practice-evolving-business-environment-has-encouraged-reform (Consulté le 13 août 2020).
14 “The Merger Control Review - Edition 10: Morocco” The Law Reviews, 2019. | 53
15 “World Bank to Assist Effective Implementation of Competition Policy in Morocco.” Morocco World News, 2020.
la création d’une commission spéciale pour étudier la situation.16 Ce cas est aussi un exemple des
fuites financières qui existent entre le gouvernement et les grandes entreprises privées et illustre les
difficultés empêchant les réformes institutionnelles et administratives d’être instaurées.17
Opportunités
L’État devrait limiter son implication directe dans l’économie et réduire les chances des
entreprises nationales d’avoir un accès privilégié aux marchés.
1. Inscrire les principes de concurrence dans des secteurs porteurs comme l’énergie et les
télécommunications, en supprimant les obstacles qui protègent les titulaires et en renforçant
le rôle des organismes de régulation sectoriels.18
2. Assurer une neutralité dans la concurrence afin que toutes les organisations, privées ou
publiques, soient soumises aux mêmes règles.19
3. Renforcer les marchés publics grâce à une stratégie claire et un financement approprié de la
Commission Nationale des Marchés Publics.
16 “King Mohammed VI Orders Probe on Sanctions Against Hydrocarbon Companies.” Morocco World News, 2020.
17 “King Mohammed VI Orders Probe on Sanctions Against Hydrocarbon Companies.” Morocco World News, 2020.
18 “Creating Markets in Morocco: A Second Generation of Reforms: Boosting Private Sector Growth, Job Creation and Skills
Upgrading.” World Bank Group. 2019, p.8.
19 Ibid., p.38.
20 Ibid.
21 “Morocco: Agricultural Export Subsidy Program Expands” USDA Foreign Agricultural Service, 2018.
22 “For food sovereignty in Morocco” ATTAC/CADTM Maroc, 2019.
54 |
niveau de soutien.23 Cependant, certaines subventions agricoles ont été systématiquement
supprimées, telles que celles pour les oléagineux et le sucre.24
Concernant les taxes, le code des impôts du Maroc comprend une variété d’exemptions qui
peuvent fausser les décisions des entreprises. En particulier, le taux de TVA varie grandement
selon les secteurs. Le taux standard est de 20% mais il y a une variété de taux réduits : 14%
(transport et énergie solaire), 10% (par exemple services bancaires et financiers, gaz, services de
restauration et alimentation pour bétail) et 7% (eau et aliments pour animaux).25 Certains biens
et services sont exemptés, comme le matériel et équipement agricoles et les biens et services
délivrés aux entreprises basées dans les zones franches.26
Il y a d’autres exemptions d’impôts, pouvant causer des distorsions. Ces exemptions prennent
différentes formes telles que la réduction de taux, les déductions, les indemnités, les forfaits
fiscaux et les facilités de trésorerie.27 En 2016, il y avait 407 exemptions. Elles avaient pour
objectif principal de stimuler des activités économiques, en particulier l’agriculture et la pêche,
l’industrie alimentaire, le secteur de l’immobilier et l’intermédiation financière.28
Opportunités
1. Continuer d’évaluer et de réduire les subventions dans le secteur agricole
2. Simplifier autant que possible le régime d’imposition, en particulier les taux de TVA, et supprimer les
exemptions.
23 Ibid.
24 “Agriculture and Economic Transformation in the Middle East and North Africa,” International Food Policy Research Institute,
June 2018.
25 “Morocco: Tax System” Santander Trade Markets. Disponible en ligne : https://santandertrade.com/en/portal/establish-
overseas/morocco/tax-system?&actualiser_id_banque=oui&id_banque=17&memoriser_choix=memoriser (Consulté le 13 août
2020).
26 Ibid.
27 “Morocco: Selected Issues,” IMF Country Report No. 18/76, novembre 2017, p.7.
28 Ibid.
| 55
Credit (Shutterstock.com)
ENVIRONNEMENT POUR LA CREATION D’ENTREPRISES
(RANG DU MAROC: 95ÈME)
L’entreprenariat est la manifestation d’une société en bonne santé et dynamique, et dans laquelle
des idées sont créées, développées et testées en permanence. Il est important que le processus de
transformation d’une idée en un succès soit aussi facile et accessible que possible. Le gouvernement,
et donc la société, peuvent bénéficier d’un environnement favorable qui apprécie et valorise les
contributions des entrepreneurs qui améliorent la prospérité.
59 95ème
58
57
56
Score de l’élément
55
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101ème
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2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Le Maroc se classe 95ème pour l’Environnement pour la Création d’Entreprises, un léger progrès
de six places sur la dernière décennie, en phase avec d’autres pays de la région MENA. Cela est
dû principalement à l’amélioration de la facilité de création des entreprises et la perception
montante que les entreprises privées sont protégées.
Le Maroc est classé 30ème au monde pour la facilité à démarrer une entreprise, soit une légère
amélioration de trois places depuis 2009. Selon la Banque Mondiale, la procédure d’inscription
d’une entreprise au Maroc prend en moyenne neuf jours (beaucoup moins longue que la
moyenne de 21 jours de la région MENA).29 En comptant tous les frais officiels et les frais légaux
et de services professionnels, l’inscription coûte 3,7% du revenu annuel par habitant du Maroc
(considérablement moins que la moyenne régionale de 22,6%).30
Un certain nombre de réformes ont été mises en place pour faciliter la création d’entreprise,
telles que l’allégement des procédures d’inscription et la réduction des frais d’inscription.31 Le
gouvernement travaille sur un Acte des Petites Entreprises et sur une charte des investissements
dont le but est de simplifier davantage les procédures administratives et de soutenir les
investisseurs.32
29 The World Bank, as quoted in “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
30 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
56 | 31 “Morocco Country Report 2020”. BTI Transformation Index,2020.
32 “Morocco 2019 Article IV Consultation” IMF, 2019.p.19.
Le Maroc possède aussi une stratégie de développement de clusters relativement avancée pour
laquelle il se classe 83ème. Le Maroc possède une stratégie de développement de clusters depuis
2009, le premier plan visant à en créer 15. Le but est d’assister les entreprises pour les rendre
plus compétitives et améliorer la recherche et développement.33 Les secteurs de l’automobile et
de l’aéronautique constituent des exemples notables. La création d’un écosystème automobile
a permis de doubler les exportations dans ce secteur entre 2013 et 2018, faisant de l’industrie
automobile le secteur d’exportation leader du Royaume.34 La création d’une zone industrielle
dédiée à l’aérospatiale près de l’aéroport international de Casablanca a conduit 110 entreprises de
l’industrie aérospatiale à s’implanter au Maroc.35
La main d’œuvre qualifiée est un défi majeur pour les entreprises ; 32% des entreprises déclarant
que la main d’œuvre qualifiée est une contrainte majeure pour les entreprises.36 Le taux
d’alphabétisation n’est que de 74% et le système d’éducation supérieure ne produit pas les
compétences requises par les employeurs, avec comme conséquence un taux de chômage élevé
parmi les diplômés d’universités.37 Pour les diplômés entre 15 et 24 ans, le taux de chômage est de
59% et pour les diplômés entre 25 et 35 ans, ce taux est de 30%.38 Contrairement à l’expérience
commune du reste du monde, le taux de chômage parmi les jeunes diplômés est plus bas que
pour ceux sans diplômes.39 Le Maroc souffre aussi du départ des personnes qualifiées. Un sondage
international mené par Arab Barometer a indiqué que plus de 70% des Marocains veulent quitter
le pays pour des raisons économiques ou à cause de la prolifération de la corruption et l’absence
de méritocratie.40
Le Maroc a pris des mesures pour améliorer la situation. Il investit dans les enseignants et les
écoles avec un plan de recrutement et de formation de 200 000 nouveaux enseignants d’ici
2030.41 L’attention se tourne aussi vers les formations professionnelles. Le gouvernement a ouvert
27 centres de formation professionnelle entre 2015 et 2018.42 En outre, il a quasiment doublé le
nombre de bourses de formation allouées entre 2017 et 2018.43
Le pays essaie aussi de faire correspondre les compétences aux emplois disponibles. Par exemple,
en 2019, le Maroc a lancé une nouvelle stratégie ciblant les compétences des jeunes et la
formation professionnelle. Le but du programme est de créer 12 centres de formation régionaux
qui proposeront des formations en collaboration avec les professionnels, afin de satisfaire aux
besoins des entreprises et aux exigences des écosystèmes sectoriels et régionaux.44
De plus, l’Agence Nationale de Promotion de l’Emploi et des Compétences (ANAPEC) a lancé
trois programmes pour augmenter la participation du marché de l’emploi : Idmaj (subventions
salariales pour les diplômés au chômage), Te’hil (formation des jeunes) et Moukawalati
(promotion de l’entreprenariat grâce à la formation et à l’assistance financière).45
33 Boumediene Amraoui, Abdesselam Ouhajjou, Salvatore Monni, Najiba El Idrissi et Manuela Tvaronavičienė, “Performance of
clusters in Morocco in the shifting economic and industrial reforms.” Insights into Regional Development, 2019, 1 (3), pp.227-243.
34 “HM The King Chairs Inauguration Ceremony of PSA Group’s Ecosystem In Morocco”. Kingdom of Morocco: Ministry of
Industry, Trade and Investment and the Digital Economy http://www.mcinet.gov.ma/en/content/hm-king-chairs-inauguration-
ceremony-psa-groups-ecosystem-morocco (Consulté le 13 août 2020).
35 “Moroccan Aerospace Industry: The Most Competitive Base At The Gate Of Europe” GIMAS. http://gimas.org/pdf/
brochuregimas.pdf (Consulté le 13 août 2020).
36 “Enterprise Surveys” World Bank Data. Disponible en ligne : https://www.enterprisesurveys.org/en/enterprisesurveys.
37 “High and Persistent Skilled Unemployment in Morocco: Explaining it by Skills Mismatch” OCP Policy Center, 2017.
38 “Morocco 2040: Emerging by Investing in Intangible Capital” Jean-Pierre Chauffour, 2017. p.232.
39 Ibid.
40 “La Maroc saigne encore de ses compétences” Yabiladi. Disponible en ligne : https://www.yabiladi.com/articles/
details/80239/maroc-saigne-encore-competences.html (Consulté le 13 août 2020).
41 “The Report: Morocco 2019”. Oxford Business Group. p.248.
42 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
43 Ibid.
44 “Le Roi lance les travaux de la Cité des Métiers et des Compétences à Agadir” Medias24, 2020. | 57
45 Labor Market in Morocco: Challenges and Opportunities. World Bank, 2018.
Opportunités
La priorité pour le Maroc est d’améliorer l’adéquation des compétences acquises dans le secteur
de l’éducation avec celles requises sur le marché du travail.
1. Effectuer des évaluations régulières des stratégies sectorielles et des changements pour
garantir que les mesures prises aident les Marocains à acquérir les bonnes compétences.
2. Les programmes de formation professionnelle devraient être poursuivis et potentiellement
étendus.
3. Le Maroc devrait s’atteler à réduire la fuite de ses ressources humaines qualifiées en
redoublant d’efforts pour accroître la concurrence loyale sur le marché et lutter contre la
corruption.
Le temps passé par les cadres supérieurs à respecter les exigences imposées par le gouvernement
a chuté de 11,4% en 2009 à juste 4,6% en 2019 et la lourdeur est moindre pour l’obtention
de permis de construire, permettant au Maroc de gagner 7 places et grimper au 22ème rang
mondialement. Il y a seulement 12 procédures pour obtenir le permis de construire un entrepôt,
58 |
ce qui est comparativement meilleur que la moyenne MENA (16 procédures) et la moyenne
des pays de l’OCDE à revenu élevé (13 procédures).46 Le temps nécessaire pour achever ces
procédures est également bon, 58 jours, une durée beaucoup moins courte que la moyenne de la
région MENA (124 jours) et la moyenne des pays de l’OCDE à revenu élevé (152 jours).47
Le Maroc a mis en place une série de réformes pour améliorer le processus d’obtention de permis
de construire. En 2008, le Maroc a introduit un « guichet unique » pour s’occuper des permis
de construire.48 Plus récemment, le Royaume a simplifié l’obtention de certains certificats de
conformité en ligne.49
Le nombre total d’impôts à payer chaque année pour les entreprises a aussi été réduit
considérablement, passant de 28 par an en 2009 à 6 par an en 2019 (voir figure).50 Le temps
passé à déclarer les impôts est passé de 358 heures par an en 2009 à 155 heures par an, dix ans
plus tard.
Cela fut rendu possible grâce à une gamme de réformes telles que l’amélioration de la plateforme
de déclaration et paiement de l’impôt sur le revenu des sociétés, la TVA et les charges salariales
en 2016 et l’intégration de logiciels de comptabilité dans la plateforme des impôts.51 Les
contribuables peuvent désormais consulter instantanément leur situation fiscale.52
Opportunités
1. Continuer à simplifier les procédures administratives pour les entreprises en poursuivant la
digitalisation et en créant des guichets uniques.53
2. Continuer à identifier des réformes permettant de réduire le temps passé à déclarer les
impôts afin de rejoindre les pays de premier plan sur cet élément.
46 “Ease Of Doing Business In Morocco” World Bank Doing Business. Disponible en ligne : https://www.doingbusiness.org/en/
data/exploreeconomies/morocco# (Consulté le 13 août 2020).
47 Ibid.
48 Doing Business Data. World Bank. Disponible en ligne : https://www.doingbusiness.org/en/data
49 “Doing Business 2020: Comparing Business Regulation in 190 Economies” World Bank Group, 2020.
50 Doing Business Data. World Bank. Disponible en ligne : https://www.doingbusiness.org/en/data
51 Ibid.
52 “Paying Taxes 2018” World Bank Group et PWC. p.28.
53 “Report to G20 Compact with Africa – Compact Narrative Kingdom of Morocco” Compact with Africa, 2018. p.4.
| 59
Le Maroc a un fort Le Maroc a un fort taux de chômage et des taux de participation de la main-d’œuvre faibles, en
taux de chômage particulier chez les jeunes et les femmes. Dans certaines régions, le chômage des jeunes atteint
et des taux de 40%.54 La participation de la main-d’œuvre féminine est particulièrement faible (23%).55 En plus du
participation de la taux de chômage élevé, il y a un fort taux d’économie parallèle sur le marché du travail, absorbant
main-d’œuvre faibles, jusqu’à 40% de la totalité des emplois selon des estimations.56
en particulier chez les
Un des facteurs causant l’augmentation du taux de chômage et l’exacerbation de l’économie
jeunes et les femmes.
parallèle est la réglementation contraignante du marché du travail qui rend coûteux les emplois
officiels au Maroc. Par exemple, l’emploi de travailleurs est onéreux et le Maroc se classe 127ème pour
la facilité de l’emploi pour trois raisons:
i. Il y a des barrières strictes contre le licenciement, en particulier pour les petites entreprises.
Seules les entreprises avec plus de 10 employés peuvent licencier pour raisons économiques,
techniques ou de restructuration et l’application de ces droits est bureaucratique et laborieux.57
Malgré le progrès du Maroc dans la réduction du coût de ses indemnités de licenciement, de 85
semaines à 21 semaines en 10 ans, il ne se classe que 104ème au monde. Ces protections sont
peut-être conservées à cause de l’absence d’assurance chômage au Maroc.”58 Les indemnités de
chômage sont difficiles à obtenir et ne couvrent pas toute personne ayant perdu son emploi.
ii. Le coût de la main-d’œuvre est élevé. Le coût des heures supplémentaires et du travail de nuit
est élevé comparé aux pratiques internationales59 et le salaire minimum est élevé. Dans les
régions urbaines en 2015, il s’élevait à 50% du salaire moyen dans le secteur privé officiel.60
Ces coûts sont souvent exacerbés par les conventions collectives. Le gouvernent s’est engagé à
continuer d’augmenter le salaire minimum de 10% sur deux ans (à partir de 2019-2020).61
iii. Jusqu’en juillet 2020, il était interdit d’utiliser des contrats à durée limitée pour des tâches
permanentes et tout contrat à durée limitée est fixé à 12 mois.62 Une nouvelle loi a été votée
récemment pour supprimer certaines de ces contraintes.63
Les syndicats dominent largement et « les employeurs considèrent souvent le marché du travail
marocain comme rigide avec des relations employé-employeur lourdes. » 64
Dans l’ensemble, les opportunités pour améliorer la flexibilité du marché du travail sont
considérables. Le FMI soutient que la réduction des coûts d’embauche ainsi que d’autres
obstacles, en particulier pour les PMEs, pourrait « conduire à une augmentation de 2,5% en aval
et à une réduction de 2,2% du chômage à moyen terme. » 65
Le gouvernement a franchi quelques étapes dans cette direction. Comme noté plus haut dans
la section sur l’environnement de création d’entreprises, l’Agence Nationale de Promotion de
l’Emploi et des Compétences (ANAPEC) a lancé trois programmes destinés à augmenter la
participation du marché de l’emploi. Un programme de contrats à durée limitée destiné à aider
70 7
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Source: WEF
les nouveaux arrivants sur le marché du travail a aussi été mis en place. Le gouvernement paie
la sécurité sociale et les cotisations d’assurance médicale de l’employé et les participants sont
tenus d’employer 60% des stagiaires de l’Agence Nationale de Promotion de l’Emploi et des
Compétences (ANAPEC) à la fin du contrat.66
Opportunités
1. Ralentir l’augmentation du salaire minimum.
2. Baisser les coûts de licenciement et faciliter la possibilité d’utiliser le licenciement si nécessaire
pour les petites entreprises.
3. Augmenter la flexibilité des contrats temporaires
4. Examiner la possibilité de mettre en place une meilleure couverture d’assurance chômage en
échange d’une souplesse accrue des pratiques de licenciement.
66 “Labour Market Profile 2018: Morocco” Danish Trade Union Development Agency, 2018. p.9.
| 61
Credit (Shutterstock.com)
Le Ministre Marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, serre la main de Rex Tillerson, ancien secrétaire d'État des États-Unis
62 |
GOUVERNANCE
(RANG DU MAROC: 98ÈME)
L'importance d'une bonne gouvernance pour la croissance économique à long terme ne
saurait être surestimée.1 Même en tenant compte de facteurs externes comme la culture, il
est établi que les institutions économiques sont l’un des facteurs déterminants des différences
de prospérité entre pays.2 La Gouvernance sous-tend l’activité économique ; tant qu’une
bonne gouvernance n’est pas établie, attirer les investissements et les entreprises est presque
impossible. Les investissements et la prospérité requièrent un Etat de Droit efficace, lui-même
dépendant de la confiance en un ensemble robuste d’institutions efficaces et responsables.3
Une bonne gouvernance est plus robuste lorsqu’elle s’est établie au cours du temps par une
évolution naturelle et constitue essentiellement une codification des attentes culturelles et des
comportements.4
Le Maroc se classe 98ème pour la Gouvernance et a perdu 16 places sur la dernière décennie,
avec un déclin sur tous les critères de notre Index relatifs à la Gouvernance. Le Maroc est classé
considérablement en dessous des pays comparables tels que le Ghana (55ème), l’Indonésie
(62ème), le Rwanda (64ème) et la Tunisie (65ème). Une nouvelle Constitution a été introduite en
2011. Bien que ces changements n’aient pas encore amélioré notablement le classement
du Maroc pour la Gouvernance, ils offrent une voie potentielle vers une nouvelle ère qui
pourrait - sur le long terme – être le témoin des résultats de ces changements systémiques. Il
y a un sentiment que les limitations de l’exécutif contenues dans la Constitution ne soient pas
suffisamment fortes en pratique. L’efficacité du gouvernement bénéficierait d’une meilleure
responsabilisation et d’une administration plus forte, ce qui à son tour diminuerait la corruption.
Il y a un ensemble de problèmes avec le système juridique et il y a eu une détérioration
considérable de la façon dont les experts perçoivent l’application des règlements dans le pays
au cours des dernières années. Les dernières élections parlementaires en 2016 ont réduit la
fragmentation du parlement et des réformes récentes montrent des signes prometteurs pour
la lutte contre la corruption, telles que les réformes visant à rendre les marchés publics plus
équitables et la une nouvelle loi protégeant les lanceurs d’alerte.
1 Douglass C. North. Institutions, institutional change, and economic performance. Cambridge: Cambridge University Press,
1990.
2 Daron Acemoglu et James Robinson. “The role of institutions in growth and development.” Leadership and Growth 135
(2010).
3 Guillermo A. O’Donnell, “Why the rule of law matters.” Journal of Democracy 15, no.4 (2004): 32-46; Stephan Haggard and
Lydia Tiede. “The rule of law and economic growth: Where are we?.” World Development 39, no.5 (2011): 673-685.
4 Richard V. Adkisson and Randy McFerrin. “Culture and good governance: A brief empirical exercise.” Journal of Economic Issues
48, no.2 (2014): 441-450.
| 63
Le test des contraintes exécutives est ce qui se passe dans la pratique, souvent constitué
par un large éventail d’actions et de décisions quotidiennes. C’est pour cela que l’évaluation
de cet élément se base sur des sources telles que le Projet de Justice Mondiale (WJP) qui
mesure l’État de droit à travers le monde grâce à l’expérience et les perceptions du public, des
professionnels juridiques et des experts de chaque pays.5 Le Maroc se classe 69ème pour la qualité
de ses contraintes de l’exécutif, en léger déclin de sa position de 63ème il y a 10 ans. Ceci est dû
principalement au fait que les experts voient peu de sanctions prises à l’encontre des responsables
ayant commis des erreurs. Le Maroc se classe au 59e rang pour la limitation des pouvoirs
exécutifs par le pouvoir judiciaire et législatif, et au 96e pour les pouvoirs du gouvernement
soumis à des contrôles indépendants et non gouvernementaux.
En tant que monarchie constitutionnelle, le pouvoir au Maroc a toujours été concentré, bien
que de nombreuses institutions formelles qui contraignent effectivement un exécutif aient
été et sont présentes. La constitution actuelle du Maroc a été introduite en 2011 à la suite du
printemps arabe et établit une séparation des pouvoirs entre le parlement, le pouvoir judiciaire
et le gouvernement. Cependant, depuis l’introduction de la nouvelle constitution, le classement
du Maroc pour les contraintes exécutives ne s’est pas encore amélioré, avec une légère baisse du
score que l’enquête et les experts attribuent au pays au cours des cinq dernières années.6
Un aspect important de la Constitution est l’ensemble des pouvoirs encore réservés au monarque,
y compris le pouvoir de nommer et de révoquer les ministres et de présider les Conseils supérieurs
de la sécurité et du pouvoir judiciaire.7 Les classements reflètent le niveau d’engagement pratique
du monarque par rapport à l’exercice moins substantiel du pouvoir discrétionnaire dans d’autres
monarchies constitutionnelles.
10 “Morocco: Voter Turnout by Election Type (Parliamentary)” International Institute for Democracy and Electoral Assistance.
Disponible en ligne : https://www.idea.int/data-tools/country-view/200/40 (Consulté le 20 août 2020)
11 Freedom in the World 2020. Freedom House.
12 “Morocco Country Report 2018”. BTI Transformation Index, 2018.
13 “Morocco’s Pursuit of Judicial Independence” Carnegie Endowment for International Peace, 2017.
14 Dylan Brake, “Morocco: Leadership and Governance,” 2017, p.19.
15 Global Corruption Barometer Middle East & North Africa 2019: Citizens’ Views and Experiences of Corruption” Transparency
International, 2019; “Un magistrat à la Cour d’appel de Rabat pris en flagrant délit de corruption” Maghreb Arabe Press, 2017.
| 65
Opportunités
Il y a un éventail d’études détaillants les voies pour réformer le système judiciaire marocain. La
Commission Internationale des Juristes présenta un programme entier de réformes en 2013.16 Les
plus grandes priorités étaient:
1. Le renforcement de l’indépendance judiciaire, en créant par exemple une commission pour
nommer les juges qui serait plus indépendante du Gouvernement. Le Conseil Supérieur du
Pouvoir Judiciaire, indépendant du Ministère de la Justice, fut créé en 2017 et le soutien à
cette structure devrait être maintenu.17
2. Un plus grand investissement dans les tribunaux et la formation des juges.
21 Bauer, Marcus, “Public Anticorruption in Morocco and Tunisia : a Comparative Study” (2019). International Immersion
Program Papers. 99
22 Global Corruption Barometer Middle East & North Africa 2019: Citizens’ Views and Experiences of Corruption” Transparency
International, 2019. p.36.
23 Bauer, Marcus, “Public Anticorruption in Morocco and Tunisia: A Comparative Study” (2019). International Immersion
Program Papers. 99.
24 “Morocco: Draft Law Introduced to Protect Whistle-Blowers in Corruption Cases” Library of Congress, 2019.
25 Bauer, Marcus, “Public Anticorruption in Morocco and Tunisia: A Comparative Study” (2019). International Immersion
Program Papers. 99.
26 “Freedom in the World 2019: Morocco” Freedom House, 2019.
| 67
EFFICACITE DU GOUVERNEMENT (RANG DU MAROC: 114ÈME)
L’Efficacité du Gouvernement comprend l’utilisation efficace des ressources et l’affectatioon
efficientes des dépenses à travers la création et la mise en place d’une politique gouvernementale,
mais va aussi plus loin tenant en compte la capacité d’un gouvernement à mettre en œuvre
ses stratégies annoncées. Notre mesure inclut la qualité des services publics, la qualité des
fonctionnaires du gouvernement et leur indépendance face aux pressions du gouvernement.
Au cours de la dernière décennie, Le Maroc a continué d’être mal classé en termes d’efficacité
gouvernementale, perdant sept places ; Il est classé actuellement au 114e rang mondialement.
Parmi les pays de comparaison, seule l’Égypte obtient de moins bons résultats pour cette
mesure. Le Maroc a un classement particulièrement bas sur les éléments d’Apprentissage et de
Coordination des politiques (respectivement 120e et 117e au niveau mondial).
Figure 15: Mise en place et coordination des politiques au Maroc versus pays comparables
10 10
9 9
8 8
Etude d’experts (1-10)
7 7
6 6
5 5
4 4
3 3
2 2
1 1
0 0
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na
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Ar
Source: BTI
27 “Morocco Country Report 2020”. BTI Transformation Index, 2020 and “Morocco 2040: Emerging by Investing in Intangible
68 | Capital” Jean-Pierre Chauffour, 2017.
28 “Maroc: comment le plan d’accélération industrielle a dépassé les objectifs fixes” Jeune Afrique, 2017.
Cependant, le secteur public n’est pas efficace. En 2015, la masse salariale du gouvernement
central représentait 40% du budget du gouvernement et 10,6% du PIB, ce qui est très haut
comparé à la plupart des autres pays (voir le graphe). La fragmentation du système politique
affaiblit l’efficacité du gouvernement. Ce dernier est souvent constitué d’une multitude de partis
qui ont du mal à s’unir autour de projets de lois et qui sont souvent en compétition pour certains
ministères.29
16
14
12
Pourcentage du PIB
10
0
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Source: WWBI
Un autre problème majeur est le système de gestion des finances publiques. En général, le
système assure une discipline fiscale d’ensemble. Cependant, selon la Banque Mondiale, il requiert
« plus d’attention pour améliorer l’allocation stratégique des ressources et assurer des services
publics de qualité. »30 Par exemple, bien que 30% du budget annuel soit alloué à l’éducation, les
résultats restent décevants. En général, la Banque Mondiale remarque que « sans améliorations
fondamentales dans l’efficacité des dépenses publiques (d’équipement et de fonctionnement) à
tous les niveaux, la qualité des services publics pourrait stagner. »31
Les réformes existantes, telles que la budgétisation axée sur les résultats, n’ont pas été mises
en place complètement. Les réformes pour décentraliser le service public marocain depuis 2011
n’ont pas conduit à une augmentation de la responsabilité ou de la performance mais plutôt à
« une double structure onéreuse où chaque institution de représentation (par exemple le conseil
municipal) est supervisée par l’équivalent d’un exécutif nommé par le pouvoir ».32
Certains secteurs de dépenses du gouvernement restent bas. Par exemple, en 2017, le Maroc
a dépensé 160 dollars par habitant pour la santé, le classant 123ème dans le monde, derrière la
Tunisie (250$), l’Algérie (258$) et la Jordanie (340$).33
Credit (Shutterstock.com)
70 |
QUALITE DE LA REGLEMENTATION (RANG DU MAROC: 74ÈME)
La Qualité de la Réglementation comprend tous les aspects du fonctionnement de l’État régulateur
– qu’il soit lourd et empêche le développement du secteur privé ou qu’il soit souple et fonctionne
efficacement. Notre mesure de la Qualité de la Réglementation comprend à la fois la qualité et le
fardeau de la réglementation gouvernementale.
Le Maroc se classe 74ème mondialement pour la qualité des régulations, au-dessus de la moyenne
de la région MENA et surpassant ses pairs comme la Tunisie, l’Algérie et l’Égypte. Cependant, un
déclin est remarqué dans son classement depuis 2009, lorsqu’il a été classé 59ème . Ce déclin est
dû en grande partie au score faible attribué au pays par les experts. En termes d’application des
réglementations, le Maroc a chuté de la 56ème à la 97ème place mondialement durant les dernières
années.
En général, l’application des réglementations dépend du secteur. Par exemple, l’Agence Nationale
de Réglementation des Télécommunications (ANRT) contrôle les télécommunications en
participant au développement du cadre législatif et réglementaire, alors que dans le secteur
de l’électricité, les premiers membres du conseil de l’autorité régulatrice nationale, l’ANRE,
viennent d’être nommés.37 Même lorsqu’une régulation bien établie existe, la représentation du
gouvernement au conseil (par exemple le régulateur des télécoms ANRT) signifie que le risque
d’interférence devrait être surveillé afin d’éviter de compromettre l’indépendance et l’efficacité
du régulateur dans les prises de décisions et leur application (comme nous l’avons mentionné
dans la section Accès aux Marchés et Infrastructure de ce rapport).
Il est de plus en plus reconnu qu’un bon environnement réglementaire est important pour les
entreprises au Maroc et permet d’attirer les investissements étrangers.38 En 2015, une loi a
introduit des évaluations de l’impact de la réglementation dans la loi marocaine. Cependant, la loi
ne présente pas ce que doivent être les détails et conditions de ces évaluations et aucune entité
n’est chargée de superviser et passer en revue les rapports.39
Sur une note positive, les réglementations développées par plusieurs ministères sont souvent
approuvées par le Ministre correspondant et chaque projet de réglementation est mis à la
disposition du public pour commentaires.40 Les réglementations sont ensuite entièrement
publiées en Arabe et en Français et mises en ligne sur le site du Secrétariat Général du
Gouvernement.41
Opportunités
1. Mettre en place des régulateurs légalement indépendants dans tous les secteurs d’utilité
publique, qui soient en mesure de créer puis de faire appliquer les réglementations. Ces
régulateurs ne devraient pas avoir de représentation exécutive du gouvernement dans leurs
conseils, mais un simple pilotage stratégique du gouvernement suffirait.
2. Mettre en place une entité indépendante chargée de superviser les évaluations d’impact des
réglementations.
37 “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019; “Maroc/ANRE: Un régulateur du secteur de
l’électricité” 2M.ma, August 14, 2020.
38 “Modernization of the Business Legal System” MICJ. Disponible en ligne : https://micj.justice.gov.ma/2019/09/19/
modernization-of-the-business-legal-system/
39 “Global Indicators of Regulatory Governance: Worldwide Practices of Regulatory Impact Assessments” World Bank Group,
2019. p.10; “2019 Investment Climate Statements: Morocco” US Department of State, 2019.
40 Ibid.
41 Ibid.
| 71
72 |
Credit (Shutterstock.com)
CONCLUSIONS
Bien que la véritable prospérité ne se limite pas qu’au succès économique et à la richesse matérielle,
toute Nation nécessite une économie florissante pour bâtir une prospérité durable. Notre intention
en publiant ce cas d’étude sur l’Ouverture Economique du Maroc est d’identifier les réussites du
pays, tout en mettant en évidence davantage de possibilités de réformes.
Le Maroc fait face à deux défis majeurs, notamment la lutte contre l’impact du coronavirus et
la diminution des précipitations dans la région. Cependant, le pays possède plusieurs atouts
et un potentiel économique important. Le pays est une nation de commerce avec un large
éventail d’accords commerciaux et une infrastructure portuaire qui, combinée avec sa situation
géographique, en font un carrefour régional. A travers un programme de réformes, le Gouvernement
a amélioré l’environnement d’investissement en renforçant à la fois le régime d’insolvabilité et le
régime de propriété intellectuelle et en réduisant considérablement le temps passé à se conformer
aux réglementations et obligations fiscales. Ceci a conduit à une amélioration substantielle des
conditions d’entreprises.
L’accès quasiment universel à l’électricité et l’accès généralisé à Internet créent des opportunités
de croissance dans le pays. Avec une stratégie active de développement de pôles industriels, des
opportunités significatives se présentent aux entreprises nationales et internationales. Une gestion
macro-économique prudente constitue la base d’un État qui pourrait favoriser la prospérité future.
Malgré ces atouts, le Maroc souffre de plusieurs difficultés structurelles qui doivent être surmontées.
Suite à notre analyse des quatre piliers et leurs 23 éléments, nous avons identifié les quatre
limitations suivantes à une plus grande Ouverture Economique du Maroc.
Premièrement, le Maroc devrait investir davantage dans les infrastructures, en particulier
dans les ressources en eau et dans les infrastructures haut-débit
Le Maroc fait face à un défi considérable causé par le déclin des précipitations dans la région et
l’impact que cela a sur la disponibilité des ressources en eau et sur son vaste secteur agricole. Cela
nuit déjà à sa croissance économique. Bien que cela représente un sérieux défi, il y a d’importantes
opportunités à saisir pour en atténuer l’impact, en lien avec une inefficacité apparente dans
l’utilisation de l’eau. Le Maroc a déjà commencé à investir dans des programmes destinés à
améliorer les infrastructures d’irrigation et la valorisation de l’eau – ceux-ci doivent être poursuivis
et évalués afin d’améliorer leur efficacité. Des efforts sont entrepris pour recycler les eaux usées et
étendre la capacité de dessalement ; ceux-ci devraient être élargis.
Trois autres domaines d’infrastructure sont relativement de mauvaise qualité par rapport aux
normes internationales ; la couverture en haut-débit et les infrastructures routières et ferroviaires.
il existe une opportunité importante d’accroître la concurrence loyale dans la fourniture
d’infrastructures. Le Maroc devrait prendre les mesures nécessaires pour rendre l’Agence Nationale
de Régulation des Télécommunications indépendante des ministres du gouvernement. Dans le
même ordre d’idées, le pays devrait également accroître la concurrence en introduisant un régime
d’accès au marché, au lieu d’un régime de licences et d’une réglementation, et ce pour établir
un accès ouvert et non discriminatoire aux réseaux de télécommunication. Afin d’améliorer la
couverture haut-débit du territoire, le Maroc devrait appliquer une batterie de mesures comprenant
la promotion des partenariats public-privé et utilisant pleinement le fonds de service universel.
| 73
Deuxièmement, le Maroc devrait chercher à augmenter la croissance et le dynamisme de
l’économie en augmentant progressivement le rôle du secteur privé dans les secteurs clés de
l’économie
L’économie du Maroc est freinée par un manque de compétition. Certains secteurs importants
sont hautement concentrés et l’État participe considérablement dans l’économie. Ces marchés
fortement concentrés sont souvent le résultat des interventions du gouvernement qui restreint
l’entrée, facilite la dominance et crée un terrain de jeu biaisé.
Pour favoriser la croissance et le dynamisme, l’État pourrait limiter son intervention directe dans
l’économie et réduire les chances d’accès privilégié aux marchés dont les entreprises nationales
bénéficient. Plus particulièrement, le Maroc pourrait introduire les principes de concurrence dans
les secteurs d’appui clés tels que l’énergie et les télécoms, garantir que les entreprises privées et
publiques sont soumises aux mêmes règles et renforcer les marchés publics.
Le secteur agricole est aussi fortement protégé à travers des mesures tarifaires et non-tarifaires. Le
Maroc pourrait ouvrir progressivement les marchés agricoles, surtout que l’agriculture constitue
l’un des moteurs de l’économie marocaine. Une stratégie agricole devrait offrir de meilleures
opportunités pour que les petites et grandes exploitations transforment le secteur agroalimentaire
en une source stable de croissance, de compétitivité et de développement économique dans les
régions rurales.
Troisièmement, le marché du travail devrait être rendu plus flexible pour faire face à
l’économie informelle, qui demeure très répandue, et pour assurer que les compétences
acquises correspondent mieux aux emplois disponibles :
Le marché du travail est l’une des faiblesses majeures du Maroc. Celui-ci est caractérisé par une
faible inclusion des jeunes et des femmes en particulier, une croissance lente de l’emploi et un degré
élevé d’informalité. Avant la crise de coronavirus, le taux de chômage atteignait déjà à 9,2% et le
taux de population active a vu un déclin persistant, passant en dessous de 46%. L’entreprenariat et
la productivité demeurent également faibles.
Pour améliorer le marché du travail, le Maroc peut prendre plusieurs mesures. Pour rendre le marché
du travail plus flexible, le pays peut ralentir l’augmentation du salaire minimum, baisser le coût des
licenciements, faciliter le recours au licenciement pour les petites entreprises et rendre les contrats
à durée limitée plus flexibles. Pour faciliter ces changements, le Maroc devrait introduire une forme
d’assurance chômage plus étendue.
Par ailleurs, le Maroc souffre d’une inadéquation entre les compétences enseignés/acquises et
les emplois disponibles, avec un taux d’alphabétisation relativement faible, et également un taux
de chômage élevé parmi les diplômés universitaires. Le Maroc a entamé la mise en œuvre des
programmes de formation professionnelle, qui devrait être poursuivis et potentiellement étendus.
Finalement, en renforçant sa gouvernance, le Maroc pourrait soutenir sa croissance et élargir
son activité économique à travers tout le pays
Les problèmes de gouvernance du Maroc risquent d’enrayer la marche du progrès atteint dans
plusieurs domaines. La corruption nuit aux investissements nationaux et internationaux. Quant à
la faible efficacité du gouvernement, celle-ci compromet l’aboutissement Des réformes destinées à
stimuler la croissance et élargir les activités économiques.
Pour libérer les potentialités de l’économie marocaine, l’État pourrait s’attaquer à la fois à la
corruption et réduire considérablement la prévalence des entreprises publiques dans l’économie,
74 |
ainsi que les distorsions qui y sont associées. Pour y parvenir, le rôle de l’Instance Nationale de
la Probité, de la Prévention et de Lutte contre la Corruption (INPPLC) devrait être renforcé en
favorisant son autonomie et son indépendance et en lui allouant les moyens nécessaires. En outre,
le Maroc pourrait créer des régulateurs indépendants légalement dans tous les secteurs d’utilité
publique qui peuvent mettre en place de nouvelles réglementations et veiller à l’application de
celles déjà existantes. Ces régulateurs ne devraient pas avoir des représentants gouvernemntaux au
sein de leurs conseils ; le gouvernement devant seulement assurer un pilotage stratégique.
L’efficacité du gouvernement pourrait être considérablement améliorée par un système
parlementaire moins fragmenté. En outre, une série de réformes du système judiciaire pourrait
améliorer son indépendance et son efficacité, en soutenant le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire
(CSPJ) dont les membres ont été nommées par le Roi en 2017. De plus, les réformes devraient
envisager la publication de toutes les décisions de justice, peu de temps après la remise de la
décision de justice. Enfin, les tribunaux doivent bénéficier de plus d’investissements et la formation
des juges doit être renforcée.
Dans un pays tel que le Maroc, il ne faut pas sous-estimer les efforts requis pour instaurer les
réformes et la lourdeur de cette tâche. Sur pratiquement tous les angles de réforme, y compris
ceux qui bénéficieraient à la majorité de la population, il existe de puissants groupes de pression.
Par exemple – comme dans d’autres pays – la réforme du marché du travail est critiquée par
les syndicats ; la libéralisation du marché se heurte à l’opposition des entreprises en place qui
pilotent le système existant ; les compagnies nationales dominantes résistent à la libéralisation
des investissements étrangers ; les changements à la politique du territoire apparaissent suspects
aux autorités traditionnelles et régionales ; et finalement, la réforme des subventions rencontre
l’opposition des bénéficiaires, même ceux qui, en tant que citoyens, bénéficieraient particulièrement
de retombées économiques positives, dont notamment une augmentation de l’investissement
public et de meilleurs prix pour les produits agricoles.
Néanmoins, l’histoire et l’évolution récentes du Maroc ont démontré qu’avec une réelle volonté
politique, le Royaume peut mener à bien ses réformes. En poursuivant cette voie et en appliquant
les recommandations suggérées dans cette étude de cas, le Maroc deviendrait plus compétitif dans
l’économie mondiale.
| 75
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ANNEXE (EN ANGLAIS)
Credit (Shutterstock.com)
Morocco: GIEO Score 54.6 (72nd)
Pillar
Economic Openness over time Rank - Global PI (1 to 167) Score
Performance 2019 2009 10-year trend 2019
60
59 Market Access and
58 64 46.1 57.4
57
56 72nd
Infrastructure
74th
55 74th
Investment
GIEO Score
54 73rd 74th
53 73rd
68 52.2 58.9
52
51
76th
74th
Environment
50 77th 79th 80th
49 Enterprise
48 70 47.9 55.9
47
46 Conditions
45
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Index Year Governance 98 49.2 46.3
Governance 49 .2 46 .3 98 16
International internet bandwidth ITU kilobits per capita 1.0 1.6 30.5 73 73 Installed electric capacity UNESD kilowatts per capita 1.5 0.2 0.2 105 111
index, index,
2G, 3G and 4G network coverage GSMA
0-100
2.0 59.1 96.3 100 43 Ease of establishing an electricity connection WB-DB
0-100
1.0 75.0 79.3 62 72
Water production IBNET litres per capita per day 0.5 701.2 701.2 9 9
expert survey,
Reliability of water supply WEF 1.0 5.7 5.7 44 44
1-7
Source Unit Weight Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019
index, survey,
Logistics performance WB-LPI
1-5
1.5 2.4 2.7 111 84 Efficiency of customs clearance process WB-LPI
1-5
1.5 2.2 2.2 111 128
index,
Liner shipping connectivity UNCTAD 0.5 29.8 71.5 49 18
rebased to 100 in 2004
expert survey,
Quality of roads WEF
1-7
1.0 4.5 4.5 49 49
km per 100 sq km of
Road density FAO 0.5 13.0 13.1 111 113
land area
km per sq km of land
Rail density UIC
area
0.5 0.0 0.0 89 83
Source Unit Unit Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019
Open Market Scale (28th) 5% 66.5 65.0 7 28 Impor t T a r i ff Ba r r i e r s ( 9 4 t h) 5% 55.2 61.1 101 94
Domestic and international market access for percentage of global
WTO
GDP
1.5 53.9 48.4 1 16 Share of imports free from tariff duties WEF percentage 1.5 65.6 70.7 67 67
goods
Domestic and international market access for percentage of global
WTO
GDP
2.0 23.3 21.2 55 73 Average applied tariff rate WEF percentage 2.0 11.7 10.4 142 130
services
index,
Margin of preference in destination markets WEF
1-100
0.5 48.5 54.7 43 32
Source Unit Unit Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019
expert survey,
Prevalence of non-tariff barriers WEF
1-7
1.0 4.1 4.3 119 88
| 79
Morocco: Investment Environment (68th)
Italics: Indicator contains imputed values
Value Global PI Rank Value Global PI Rank
Source Unit Weight Source Unit Weight
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019
expert survey,
Lawful process for expropriation WJP
0-1
1.0 0.6 0.6 44 43 Insolvency recovery rate WB-DB percentage 1.5 35.1 28.5 67 101
index, index,
Reliability of land infrastructure administration WB-DB
0-8
1.0 7.0 7.0 24 26 Extent of shareholder governance WB-DB
0-10
1.0 5.3 6.0 67 67
index, index,
Procedures to register property WB-DB
0-100
1.0 66.0 72.0 87 80 Conflict of interest regulation WB-DB
0-10
0.5 5.0 6.0 93 55
Source Unit Weight Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019
Contract Enforcement (73rd) 20 % 48.0 50.5 79 73 Fi na nci ng E cos y s t e m ( 66t h) 20 % 56.9 63.1 88 66
index,
Quality of judicial administration WB-DB
0-18
1.5 8.0 8.0 68 78 Access to finance WB-ES percentage 1.0 31.6 27.7 109 105
expert survey,
Time to resolve commercial cases WB-DB days 1.0 170.0 170.0 66 63 Financing of SMEs WEF
1-7
1.0 3.9 3.9 60 60
expert survey,
Legal costs WB-DB percentage 0.5 8.8 8.8 79 79 Venture capital availability WEF
1-7
1.0 3.0 2.8 70 93
branches /100,000
Commercial bank branches IMF-FAS
adult population
1.0 12.6 24.5 78 35
expert survey,
Soundness of banks WEF 1.0 5.2 5.7 90 24
1-7
index,
Depth of credit information WB-DB
0-8
0.5 6.0 7.0 59 41
Source Unit Unit Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019
Restrictions on International
10% 45.4 46.8 110 102 #N/A #N/A ## ##
Investment (102nd)
expert survey,
Business impact of rules on FDI WEF
1-7
2.0 5.1 5.1 76 36
index,
Restrictions on financial transactions Chinn-Ito
0-1
1.0 0.2 0.2 106 103
expert survey,
Prevalence of foreign ownership of companies WEF
1-7
1.0 5.1 4.9 1 46
index,
Freedom of foreigners to visit FI 1.0 7.2 7.4 30 89
0-10
Source Unit Unit Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019
80 |
Morocco: Enterprise Conditions (70th)
Italics: Indicator contains imputed values
Value Global PI Rank Value Global PI Rank
Source Unit Weight Source Unit Weight
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019
Domestic Market
30% 42.8 42.3 107 113 Pr i ce Di s t or t i ons ( 3 4 t h) 10% 56.3 65.6 55 34
Contestability (113th)
expert survey, expert survey,
Market-based competition BTI
1-10
1.0 5.0 5.0 99 92 Distortive effect of taxes and subsidies WEF
1-7
1.0 4.2 4.2 44 44
expert survey,
Anti-monopoly policy BTI
1-10
1.0 4.0 4.0 121 123 Energy subsidies IMF percentage of GDP 1.0 4.5 1.6 86 42
expert survey,
Extent of market dominance WEF 1.0 3.8 3.7 68 73
1-7
Source Unit Weight Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019
Environment for Business
25% 50.5 58.5 101 95 Bur de n of Re gula t i on ( 23 r d) 25% 50.3 69.4 66 23
Creation (95th)
expert survey, expert survey,
Private companies are protected and permitted BTI
1-10
1.0 5.0 6.0 123 106 Burden of government regulation WEF
1-7
1.0 3.5 3.8 60 39
index,
Ease of starting a business WB-DB
0-100
1.0 86.0 93.0 33 30 Time spent complying with regulations WB-ES percentage 1.0 11.4 4.6 136 61
expert survey,
State of cluster development WEF
1-7
1.0 3.2 3.8 98 83 Number of tax payments WB-DB number per year 1.0 28.0 6.0 74 9
Labour skill a business constraint WB-ES percentage 0.5 30.9 31.8 128 136 Time spent filing taxes WB-DB hours per year 1.0 358.0 155.0 126 47
index,
Building quality control index WB-DB 0.5 13.0 13.0 12 17
0-15
Source Unit Unit Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019
Labour Market Flexibility
10% 42.2 46.5 113 96 #N/A #N/A ## ##
(96th)
expert survey,
Cooperation in labour-employer relations WEF
1-7
1.0 3.9 3.9 137 133
expert survey,
Flexibility of hiring practices WEF
1-7
0.5 3.9 3.4 81 127
index,
Flexibility of employment contracts WB-DB
0-1
1.0 0.4 0.4 59 73
expert survey,
Flexibility of wage determination WEF
1-7
1.0 5.1 5.5 81 27
Source Unit Unit Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019
| 81
Morocco: Governance (98th)
Italics: Indicator contains imputed values
Value Global PI Rank Value Global PI Rank
Source Unit Weight Source Unit Weight
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019
P ol i t i ca l A ccou n t a b i l i t y
Executive Constraints (69th) 1 5% 58.5 55.1 63 69 1 5% 42.3 39.2 124 131
( 131st)
Executive powers are effectively limited by the expert survey, Consensus on democracy and a market expert judgement,
WJP
0-3
2.0 1.8 1.7 56 59 BTI
1-10
1.0 6.0 5.0 96 117
judiciary and legislature economy as a goal
Source Unit Weight Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019
Rule of Law (56th) 1 5% 59.8 55.3 48 56 G ove r nme nt Int e gr i t y ( 7 9t h) 20 % 46.4 45.4 73 79
expert survey,
Transparency of government policy WEF
1-7
0.5 4.4 4.4 50 49
index,
Budget transparency IBP 0.5 28.0 45.0 118 87
0-100
Source Unit Unit Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019
Government Effectiveness
20 % 42.1 39.0 107 114 Re gula t or y Qua li t y ( 7 4 t h) 1 5% 49.5 46.1 59 74
(114th)
index, index,
Government quality and credibility WGI
-2.5 - +2.5
2.0 -0.2 -0.2 81 83 Regulatory quality WGI
-2.5 - +2.5
1.0 -0.2 -0.2 81 88
expert judgement,
Implementation BTI
1-10
1.0 4.0 4.0 123 119
expert judgement,
Policy learning BTI 1.0 5.0 4.0 86 120
1-10
expert judgement,
Policy coordination BTI 1.0 5.0 4.0 93 117
1-10
Source Unit Unit Value Global PI Rank Source Unit Weight Value Global PI Rank
2009 10-yr trend 2019 2009 2019 2009 10-yr trend 2019 2009 2019
82 |
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FI Fraser Institute
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Septembre 2020