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Introduction

L’entrepreneuriat prend de plus en plus d’importance dans le monde et ses attentes sont multiples.
En tant que phénomène économique et social, l’entrepreneuriat est censé redynamiser les
entreprises, les institutions et les individus, contribuer au renouvellement des entreprises, participer
à la création d’emplois, etc. En tant que discipline académique les attentes convergent vers
l’enseignement et la recherche. L’entrepreneuriat est l’action de s’engager dans un projet qui
implique le risque et l’entrepreneur, que ce soit dans les théories classiques ou modernes, est décrit
comme un preneur de risque, un coordinateur des ressources rares et un innovateur. (Adil )

La dynamique entrepreneuriale enclenchée dans la dernière décennie a permis un développement


des petites et moyennes entreprises (PME) qui investissent de plus en plus dans les différents
secteurs économiques. Le développement important et rapide de l’entrepreneuriat mérite de faire
l’objet d’une attention particulière en raison de l’enjeu qu’il représente pour le développement d’une
économie réellement productive. Alors, il est vital pour l’économie marocaine de développer mais
aussi de protéger le jeune secteur prive des dangers qui le menacent, et particulièrement les PME qui
constituent aujourd’hui l’essentiel du tissu économique. Les jeunes PME évoluent dans un
environnement particulièrement turbulent, notamment cause d’une transition encore inachevée et
d’une intégration rapide dans l’économie mondiale.

Face à l'importance économique des entrepreneurs dans le développement économique local, il est
important de le considérer comme un métier à part entière, Comme la plupart des métiers, il existe
des connaissances et des compétences à acquérir qui favorisant le développement de ce métier

. Il en va de même lorsque les personnes partagent leurs expériences autour d'un métier commun,
on parlera de diffusion des compétences liées à un métier.

A la lumière de ces quelques éléments, il est possible de comprendre un grand nombre de défaillance
des entreprises existantes. Ces défaillances sont loin d'être liées aux produits ou aux services
proposés par l'entreprise, mais plutôt à une méconnaissance du métier d'entrepreneur. Bien
souvent, les personnes sont formées par rapport à un domaine d'expertise bien précis et rarement
par rapport aux compétences nécessaires dans le domaine de l'entrepreneuriat. Cela se comprend
notamment par le fait qu'une des grandes différences entre l'entrepreneur et les autres acteurs qui
oeuvrent dans les organisations, c'est que « l'entrepreneur définit l'objet qui va déterminer son
propre devenir » (Filion, 1997).

A travers cette étude nous nous intéressons à l'acquisition des compétences liées au métier
d'entrepreneur et aussi aux facteurs de leur acquisition et développement. En d'autres termes, il est
important de s'interroger sur la nature des compétences nécessaires au métier d'entrepreneur mais
aussi sur la manière d’acquisition et de diffusion de ces compétences clés.

L’innovation, sous l’action de l’entrepreneur, est le moteur de l’économie et de la croissance. C’est la


clé de la réussite des entreprises.

Et par conséquent de la création de richesses et d’emplois qu’elles vont, toutes ensemble, générer
dans une économie de marché. Joseph Schumpeter l’avait clairement défini au milieu du siècle
dernier dans son Histoire de l’analyse économique parue en 1954.

C’est encore plus vrai et plus crucial aujourd’hui dans un monde globalisé et mouvant sous la
pression des évolutions technologiques. L’innovation est un processus qui suppose, par définition, et
nous y reviendrons, qu’un entrepreneur exploite une « invention » ou une idée nouvelle en
l’intégrant dans une activité industrielle ou commerciale.

L’entreprise, de son côté, ne peut être créée, puis se développer, se renouveler et s’imposer dans un
monde en changement que par l’innovation. Pour générer de la valeur pour ceux qui l’ont fondée,
pour ceux qui y travaillent, pour ses clients et pour la collectivité.*

Il est intéressant de commencer par une nouvelle démonstration du rôle crucial de l’innovation. Il

suffit pour cela d’examiner la liste des dix premières entreprises mondiales . ( ktab zr9)
L’innovation est au cœur du modèle dynamique de croissance fondé sur l’incertitude, le
risque et le profit. Dans le contexte actuel de crise et de mondialisation, l’entrepreneur,
l’entreprise et les institutions publiques d’action économique sont interpelés par le besoin
de renouveler au plus vite les technologies, les schémas organisationnels et les modes de
production et de consommation.
Dans les nouvelles approches de l’innovation, , l’entrepreneur et l’entreprise sont
appréhendés à travers leurs compétences et leur fonction de création de ressources.
Graduelle ou radicale, l’innovation devient ainsi endogène et elle est intégrée dans un
processus complexe caractérisé par de nombreuses rétroactions et interactions.
L’organisation innovante est présentée dans ce livre comme un système dynamique
composé de compétences particulières et diversifiées.
Par l’acquisition, la combinaison et la mobilisation de ces compétences, l’innovateur
(entrepreneur ou organisation) peut créer de ressources technologiques et faire évoluer les
relations qu’il entretient avec son environnement. C’est ce qui explique l’importance du
management de la conception, de l’application et du développement dans la mise en œuvre
d’un processus d’innovation.
Un système d’innovation mobilise un ensemble de connaissances et de compétences issues
des processus d’apprentissage et intégrées dans sa mémoire. Ces connaissances doivent être
enrichies pour être valorisées par la mise au point, l’utilisation et le lancement commercial
de nouveaux biens et services et des nouvelles technologies. La survie du système dépend
de sa capacité à innover qui lui permet d’affronter les agressions externes, de se transformer
et de perdurer. Les stimuli externes (concurrence, substituabilité des produits, politiques
d’innovation,etc.) sont générés par le contexte économique et ils agissent sur les
entrepreneurs et les entreprises comme des moyens de sélection. Les procédures de
sélection sont formées par le climat des affaires : nature du marché des produits,
disponibilité du capital et du travail, rythme de l’innovation, effets des politiques publiques,
etc. Elles peuvent, par conséquent, créer des alternatives au mode de fonctionnement de
gestion et de production d’une entreprise donnée (ou d’un système d’innovation
particulier).
Le climat des affaires est, dans tous les cas, créateur de barrières ou d’opportunités pour
l’organisation. L’imprévisibilité des résultats et l’existence possible d’alternatives constituent
les principales incertitudes intrinsèques aux activités d’innovation. Par ailleurs, comme le
processus d’innovation est un processus d’apprentissage et de valorisation, l’organisation
innovante doit constamment procéder à des ajustements internes et réviser ses relations
avec son environnement. Il va aussi sans dire que, par leur action, l’entreprise et
l’entrepreneur transforment le contexte sociotechnique et modèlent l’économie
environnante .En bref, l’innovation ne peut être appréhendée que si l’économiste et l e
manager recourent à une analyse multiforme des relations évolutives qui s’établissent entre
l’acteur et le système. L’innovation contribue incontestablement à la croissance et, surtout,
au changement économique et social. La réussite de ses effets multiplicateurs dépend aussi
bien de l’efficacité des politiques économiques appliquées par les décideurs publics pour
soutenir l’acte d’entreprendre et d’innover que des stratégies mises en œuvre par les
entreprises, dans le domaine de la production, de l’acquisition et de l’application des
connaissances et décidées nouvelles. Le plus difficile est cependant de prévoir son
orientation : domaines d’application de la science dans la production, effets combinatoires
des connaissances et des techniques, besoins révélés et/ou satisfaits, etc. Il est donc malaisé
de se prononcer avec certitude sur l’orientation de la trajectoire des innovations, même si,
considérant l’immense volume de connaissances scientifiques et techniques accumulées et
des appels au changement, quelques indications concernant ’évolution du paradigme
sociotechnique peuvent apparaîtree

De l’entrepreneur a l’innovateur dans une économie dynamique


L’innovateur est la fonction manquante de l’économie dynamique. Elle complète la
fonction d’entrepreneur et crée le lien principal entre l’environnement et l’innovation.
De 1755 à 1921, de Cantillon à Knight en passant par J-B. Say, la science économique a
progressivement distingué l’entrepreneur de l’investisseur capitaliste en soulignant ses
fonctions d’organisation, de gestion de l’incertitude et du risque.
Le terme d’innovateur apparaît au 20esiècle avec une double filiation d’inventeur et
d’entrepreneur, mais sa définition n’est pas approfondie et le rapprochement effectué par
Schumpeter entre l’innovateur et l’entrepreneur entraîne une confusion qui dure encore
.Notre objectif est de montrer la possibilité et la nécessité de distinguer les concepts
d’entrepreneur et d’innovateur pour mieux rendre compte de la réalité de l’innovation.
Cette séparation des concepts d’entrepreneur et d’innovateur se fonde sur la différence de
nature de l’apport économique de chacun d ’entre eux : l’innovateur développe un
nouveau paradigme social plus efficace que le précédent, tandis que l’entrepreneur
s’efforce de maîtriser et d’optimiser les paradigmes préexistants pour faire face à l’aléa de
la vie économique. Ce nouveau concept réorganise la vision du processus innovant et
modifie ainsi la capacité d’intervention des différents acteurs . (l’innovation
Sophie )
1. L’innovateur jusqu’à ce jour
Les innovateurs, au sens que nous allons donner à ce terme, ont existé bien avant que le
concept ne soit utilisé. Schumpeter lui-même n’utilise pas le terme d’innovateur et peu
celui d’innovation.
On doit distinguer deux périodes : avant et après l’apparition du concept moderne
d’innovation au 20esiècle qui va conduire à confondre la fonction d’innovateur avec celle
d’entrepreneur
. 1.1. L’innovateur avant l’innovation
Avant le concept moderne d’innovation (20esiècle), le terme d’innovateur n’est pas
utilisé. Pourtant, on en trouve de nombreux exemples cachés sous le nom d’inventeur au
départ, puis d’entrepreneur.
A. Les innovateurs-inventeurs avant l’existence du concept d’entrepreneur
:Les premiers innovateurs au sens européen du terme, ont une activité brillante. Ils
apparaissent comme étant simultanément inventeurs et entrepreneurs. Gutenberg et Watt
établissent le modèle d’innovation européen.Baumol, Landes et Mokyr (2010) ont donné
une perspective multi-millénaire à l’entrepreneuriat occidental puisqu’ils font remonter
lephénomène à la naissance de notre civilisation, en Mésopotamie. Il apparaît d’ailleurs que
ce concept n’est pas propre à l’Occident. Plus proches de nous, les entrepreneurs
vénitiens2ont développé un corpusjuridique et économique étonnant, allant jusqu’à utiliser
des règles departage de bénéfices3proches du capital-risque. C’est ainsi que la part
ducapitaine dans les bénéfices d’une navigation commerciale était del’ordre de 25% du seul
fait de sa fonction. La première définition de1Notation pour ce chapitre :1 - Pour bien
distinguer le terme classique d’innovateur du concept que nous voulonsdéfinir et pour
souligner la nouveauté du concept, nous avons noté ce dernier par unN sous forme
d’exposant ou avec un tiret : innovateur(N), ou innovateur(N).2 – L’ensemble de cet article a
d’abord été conçu pour des innovateurs réalisant desinnovations de rupture, c’est-à-dire
avec une très forte rente technique qui se traduitpar une baisse des coûts d’un facteur 10.
Mais nous verrons que l’ensembles’applique aussi aux innovations plus modestes,
notamment incrémentales.2En fait, les capitaines des galères commerciales.3Des règles
similaires existaient déjà à Carthage et chez les Phéniciens

Conclusion : la nature de l’innovateur(N)


Alors que la fonction d’entrepreneur existe dans de nombreux payset civilisations, la
fonction d’innovateur(N)est apparemment essentielle-ment occidentale. Bien qu’il n’existe
pas à ce jour de travaux de réfé-rence sur ce sujet, il apparaît que jusqu’au 20esiècle, on ne
trouve pascet ensemble innovateur(N)+ entreprise innovante + financier dans lesautres pays
du monde. Le concept tel qu’il est décrit ici a pris sa sourcedans l’occident médiéval, lui a
permis de réaliser la révolution indus-trielle du 18eet 19esiècle et de maintenir une avance
technique considé-rable sur le reste du monde. L’Amérique du Nord a repris ce modèle dèsle
19eet le Japon au 20esiècle avec des personnalités comme AkioMorita. Le début du
21esiècle montre une généralisation probable àl’ensemble du monde avec de grandes
percées comme la Chine, l’Inde,l’Indonésie ou le Brésil qui démontrent une volonté de
reprendre cemodèle et de le développer dans des zones de type « cluster ».L’innovation est
un phénomène à la fois endogène et exogène àl’économie : endogène car elle se fonde sur
des mécanismes écono-miques qui sont nécessaires et exogène car le fait déclencheur n’est
pasuniquement économique, mais relève souvent d’un acte individuel« indépendant » : c’est
un choix opéré par un individu. Et le processusde choix innovant n’est pas toujours de nature
économique. Il est par-tiellement rationnel, intègre une « vision » de l’avenir, ne s’améliore
pasen fonction des moyens mis en œuvre et peut être bloqué par un groupesocial
influent.Le choix de base est réalisé par un ou plusieurs hommes que nousdénommons
innovateur(N)car il(s) assument cette fonction de choix puisdémontrent la qualité de leur
choix en effectuant les premières ventesqui elles-mêmes ne sont que le début d’un choix
collectif.
Patrice NOAILLES-SIMÉON109Pour un groupe humain, que ce soit une civilisation, un pays
ou uneville, innover, c’est choisir un paradigme sociotechnique plus
efficace.L’innovateur(N)est l’initiateur de ce choix collectif
Bien qu’au cœur de l’activité économique capitaliste, l’entrepreneur n’a pas retenu l’attention
de la grande majorité des économistes, à part quelques exceptions. Ceux-ci ont en effet
principalement focalisé leur attention, non sur un agent économique en particulier, mais sur la
dynamique économique dans sa globalité (Boutillier, 2014).
L’économie politique s’institutionnalise à la fin du XVIIIe siècle avec l’école classique et les
travaux d’Adam Smith (1991), mais elle évoque peu l’entrepreneur, et surtout, semble s’en
méfier, en premier lieu du « faiseur de projets » qui est au cœur en revanche de l’analyse de
Cantillon, économiste pionnier de la théorie de l’entrepreneur. Depuis Cantillon (1755), deux
autres économistes ont été placés sur un piédestal quant à la théorie de l’entrepreneur, Jean-
Baptiste Say (1803) et Joseph Alois Schumpeter (1911).
Ces derniers ont mis l’accent sur la figure de l’entrepreneur en tant que moteur de la
dynamique capitaliste. L’entrepreneur personnifie au niveau macroéconomique le progrès
technique, et au niveau micro le processus décisionnel, ses motivations et comment il fait face
aux difficultés auxquelles il est confronté. Pendant la période de forte croissance économique
de l’après seconde guerre mondiale (1945-1975), l’entrepreneur est ignoré dans un contexte
marqué par l’épanouissement du capitalisme managérial (que Schumpeter avait au demeurant
annoncé). Pourtant au cours de cette période une voix discordante se fait entendre, celle de
Baumol (1968) critiquant les Marginalistes pour avoir ignoré l’entrepreneur. Celui-ci lui
apparaît comme un acteur économique central, à tel point qu’il écrit que les Marginalistes
cherchent à jouer Hamlet sans le personnage principal du prince du Danemark. Ainsi en 1990,
Baumol souligne que l’offre et la créativité entrepreneuriales sont fondamentalement
dépendantes du contexte institutionnel (définissant le droit de la propriété, du commerce,
etc.). Contrairement à la proposition marginaliste, l’entrepreneur n’est pas isolé, mais encastré
(Granovetter, 1985) dans un milieu économique, social, et politique dont il tire son identité et
à partir duquel il définit son action.
La théorie de l’entrepreneur occupe une place relativement marginale par rapport à
l’ensemble des questions posées par les économistes, mais elle comprend ses concepts-clés et
ses lignes épistémologiques de convergence et de fracture. Pour apprécier leur portée et
comprendre leur signification, contextualiser les théories économiques et leurs auteurs s’avère
indispensable. La théorie de l’entrepreneur se développe d’abord avec Cantillon alors que le
capitalisme industriel commence son lent développement. Elle s’étoffe avec Say au début du
XIXe siècle, quand elle s’affirme et se poursuit avec Schumpeter, lorsque le capitalisme
managérial pendant la première moitié du XXe siècle s’étend, justifiant apparemment la
conclusion pessimiste de Schumpeter quant à la disparition annoncée de l’entrepreneur. Le
développement de l’économie industrielle, en tant que discipline scientifique, à partir des
années 1950 dans un contexte précisément marqué par le développement du capitalisme
managérial, marque une rupture fondamentale dans l’histoire de la théorie économique de
l’entrepreneur, car cette approche l’ignore fondamentalement au profit d’une réflexion plus
anonyme sur les structures industrielles, leur impact sur la stratégie des firmes et les
performances de celles-ci. Pourtant, lorsque Marshall jette les bases de l’économie industrielle
en publiant en 1879 Economics of Industry, son objet est précisément l’étude de
l’organisation industrielle dans sa globalité, petites et grandes entreprises. Marshall remet en
cause le paradigme marginaliste (remise en cause de l’homo œconomicus, atomicité du
marché, organisation hiérarchique de l’économie, etc.), pour s’intéresser à la montée en
puissance du capitalisme managérial, soulignant que l’industrie doit cependant tout à
l’entrepreneur, à ce capitaine d’industrie, qui est le moteur essentiel du progrès. (crain
l’entrepreneur et son evolution )
Les caractéristiques de la personnalité d'un entrepreneur sont variées : la
passion, la confiance en soi et la prise de risque, l'ambition, la détermination, le
gout du challenge et le leadership. Ces principaux traits de caractère se
retrouvent toujours dans le profil type d'un entrepreneur
https://www.l-expert-comptable.com/a/532000-le-profil-d-un-entrepreneur-
caracteristiques-de-sa-personnalite.html
Par suite de l’accélération des innovations technologiques et de la
mondialisation de l’économie et du travail, le changement est devenu une
constante de la vie économique. Les restructurations ne concernent plus
seulement les industries traditionnelles ; elles s’étendent à tous les secteurs,
même ceux qui se développent rapidement.
Par conséquent, pour les salariés, la vie professionnelle se fera plus complexe au
fur et à mesure que les schémas de travail deviendront de plus en plus nombreux
et moins réguliers. Ils devront parvenir à un certain nombre de transitions, telles
que la transition entre école et travail, entre les emplois, entre travail et
formation, etc.
On ne parle plus, en terme d’emploi, de « carrière linéaire et continue jusqu’à la
retraite » mais de « discontinuité des carrières professionnelles ». De plus, avec
la réforme du système de retraite lié au phénomène du papy boom et
l’augmentation de la population active4, il nous faudra donc travailler plus
longtemps.
Face à ces turbulences économiques et sociales, la création et la reprise
d’entreprises apparaissent comme une cause d’intérêt général. L’entrepreneur,
parce qu’il « crée de la richesse, des emplois […], est un véritable cadeau que la
société doit s’empresser de reconnaître, de valoriser et de citer en exemple ».
[…]
Est entrepreneur celui ou celle qui « manifeste son esprit d’entreprise en
impulsant et en conduisant des projets de création ou de développement
d’entreprise » ; celui « qui juge quand et comment l’idée peut aboutir à une
création d’entreprise réussie, celui qui sait transformer les évènements en
opportunité ».
Nous considérons, dans notre étude, que tout créateur d’entreprises est
entrepreneur mais en considérant qu’à terme, il peut en perdre la caractéristique
si il ne se remet pas en cause.
En matière d’entrepreneuriat, les trois principaux blocages soulevés par P. A.
Fortin sont les suivants : le manque de compétence, de soutien et de
financement. Le manque de compétence constitue, selon l’auteur, le principal
frein à l’entrepreneuriat. Il ne s’agit pas uniquement du savoir dans le sens de la
connaissance, mais également du savoir-faire, du savoir être et, comme le
souligne le professeur Y. Gasse, du savoir vivre.
La compétence semble donc être essentielle à la réussite d’un entrepreneur.
Parce qu’il existe une grande diversité de profils chez les entrepreneurs, il
semble difficile de construire un dispositif qui permettrait de révéler à
quiconque qu’il possède, ou non, les compétences requises pour réussir son
projet de création d’entreprise.
Toutefois, le test I.C.E. (Inventaires des Caractéristiques Entrepreneuriales),
développé par le professeur Y. Gasse pour la Fondation de l'entrepreneurship,
est l'outil de base dont se sert le centre d'entrepreneurship de l'université de
Montréal pour évaluer les caractéristiques entrepreneuriales de ses membres. Il
n'indique pas les probabilités de réussite d’une entreprise mais permet de
comparer certaines caractéristiques d’un individu à celles des entrepreneurs à
succès.
Le but de la présente contribution n’est pas de dresser un profil de l’entrepreneur
idéal qui préciserait toutes les combinaisons de caractéristiques et de
compétences requises (et qui correspondrait à un « mouton à cinq pattes ») ;
mais de dresser un inventaire des qualités, compétences et conditions qui, selon
les entrepreneurs, semblent nécessaires pour aboutir à une création d’entreprise
réussie. En effet, qui est le plus à même de nous en informer si ce n'est les
entrepreneurs eux-mêmes ?
Propre aux sciences de l’éducation, notre travail de recherche se veut
pluridisciplinaire. Ainsi, certaines incursions dans des champs conceptuels, tels
que la sociologie, la psychologie, l’économie, la philosophie, l’anthropologie,
nous permettent d’enrichir notre approche de l’entrepreneuriat.
Présenter un état des lieux des principaux positionnements théoriques et
contextuels des auteurs ayant décrit les concepts liés à l’entrepreneuriat, à
l’entrepreneur et à la notion de compétences fera l’objet de notre premier
chapitre.
Compte tenu des considérables études et de la complexité des modèles qui sont
proposés pour caractériser le champ de l’entrepreneuriat, nous avons souhaité
restituer une représentation suffisamment pertinente de la réalité. Nous estimons
que la connaissance des comportements entrepreneuriaux dépend, en effet, du
travail de terrain.
C’est la raison pour laquelle nos travaux se basent sur une approche qualitative,
par le biais d’entretiens, cherchant à repérer les profils et spécificités des
personnes interrogées et à recueillir des informations relatives aux qualités et
compétences qu’elles mettent en oeuvre. Par conséquent, nous traiterons, dans
un second chapitre, de la méthodologie retenue dans le cadre de notre étude.
L’analyse faisant suite au traitement des informations recueillies, présentée en
troisième et dernier chapitre, pourrait être une aide au projet professionnel d’un
individu, porteur ou non de projet de création d’entreprise ; comme le mentionne
C. Lemoine « plus que jamais, la connaissance de ses compétences apparaît
comme un enjeu pour se diriger sur le marché du travail ou orienter une
évolution de carrière ».
Notre travail pourrait également permettre, lors de recherches d’informations, ou
durant des phases de sensibilisation17 à la création d’entreprise, de prendre
conscience qu’il est possible de créer son entreprise en fonction de ses propres
qualités et compétences.
L’étude pourrait également aider à démystifier l’image de l’entrepreneur, très
forte dans notre région et qui fait l’objet de représentations diverses, notamment
chez les étudiants. De plus, on ne peut avoir envie de devenir entrepreneur si
l’on n’a pas soi-même une image positive et pertinente de lui.
CHAPITRE 1- POSITIONNEMENTS THEORIQUES ET CONTEXTUELS
I) L’entrepreneur : éléments de définition et présentation des courants de
recherches
A- Vers une tentative de définition de l’entrepreneur
1) Le champ de l’entrepreneuriat
2) Une notion présente depuis des siècles
3) La pensée économique comme base historique
a) Le risque du non probabilisable pour R. Cantillon
b) Un coordinateur selon J-B. Baptiste Say
c) Des fonctions économiques selon J. Schumpeter
B- Entre être et agir, deux façons d’approcher l’entrepreneur
1) L’approche par les traits dite « déterministe » : qui est l’entrepreneur
2) Des limites à l’analyse « déterministe »
3) L’approche par les faits dite « comportementale » : que fait l’entrepreneur ?
II) Les situations et potentialités entrepreneuriales
A- Les situations entrepreneuriales
1) Les différents aspects d’une démarche entrepreneuriale
2) La création ex nihilo
B- Les potentialités entrepreneuriales pouvant intervenir dans l’acte
d’entreprendre
1) Les facteurs intervenant dans le désir et la crédibilité de l’acte
2) Les facteurs ayant une influence sur la faisabilité et le déclenchement de
l’acte
3) Les facteurs pouvant aider au déclenchement de l’acte
III) La notion de compétences
A- Une notion récente pour un engouement massif contextualisé
1) Une problématique ancienne mais théorisée tardivement
2) Une notion devenue incontournable malgré son imprécision
B- Une tentative de définition de la notion de compétences
1) Des caractéristiques qui aident à délimiter le champ de la compétence
2) Des cadres de référence pour clarifier la notion
3) La catégorisation des compétences et les points de vigilance dans la pratique
CHAPITRE 2- La démarche méthodologique
I) Le cadre de la recherche
A- La pertinence de la problématique posée
B- L’élaboration du modèle d’analyse
II) La spécificité de la démarche mise en oeuvre
A- Les objectifs de la démarche entreprise
1) Une inscription dans le cadre du bilan personnel et professionnel
2) Dans un contexte d'instabilité et de crise de l'empoi
3) Qui exige de l'individu de devenir « entrepreneur de soi »
B- L’organisation de la démarche mise en oeuvre
1) La méthode choisie pour le recueil d'informations
2) Le choix et la constitution de l'échantillon
3) La méthode de prospection et la prise de contact
4) Des aides à la dynamique et à l'analyse de l'entretien
CHAPITRE 3- L’analyse des contenus suite au recueil d’informations
I) A propos de l’entrepreneur
A- Les paramètres sociologiques
1) Les données concernant le sexe et l’âge de la population d’enquête
2) La situation familiale des personnes interrogées
3) L’entrepreneur, fruit de son milieu ?
B- Le niveau d’études et le parcours professionnel
1) Le niveau d’études
2) Le parcours professionnel jusqu’à la création
3) Le « capital-expérience professionnelle » et l’acte d’entreprendre
II) L’acte d’entreprendre
A- Les motivations à passer à l’acte d’entreprendre
1) Des mobiles personnels et variés
2) Une logique de réinsertion professionnelle
B- Le risque, l’incertitude et la gestion des difficultés
1) La notion de risque et d’incertitude
2) La gestion des difficultés relevées dans les propos de nos locuteurs
III) Les qualités et compétences entrepreneuriales : un triptyque en émergence
A- Des savoirs pluridisciplinaires imparfaits
B- Des savoir-faire
C- Des savoir être
https://www.mawarid.ma/document-3836.html

L’entrepreneur a un rôle particulier et indispensable dans l’évolution du système économique


libéral. Il est, très souvent, à l’origine des innovations de rupture, il crée des entreprises, des
emplois et participe au renouvellement et à la restructuration du tissu économique.
L’entrepreneur est souvent l’innovateur qui apporte la destruction créatrice (Schumpeter,
1935). Tout cela a été parfaitement mis en valeur, dès la n des années 1970, par Octave
Gélinier (1978) qui insiste sur l’importance des apports de l’entrepreneur à l’économie :
« Les pays, les professions, les entreprises qui innovent et se développent sont surtout ceux
qui pratiquent l’entrepreneuriat. Les statistiques de croissance économique, d’échanges
internationaux, de brevets, licences et innovations pour les 30 dernières années établissent
solidement ce point: il en coûte cher de se passer d’entrepreneurs».Quels sont, plus
précisément, ces apports des entrepreneurs?
L’entrepreneuriat et l’innovation sont associés depuis que l’économiste autrichien Joseph
Schumpeter a évoqué la force du processus de «destruction créatrice» qui caractérise
l’innovation. L’idée contenue dans cette expression à première vue para-doxale est que
l’émergence de nouvelles entreprises innovantes met très souvent en difculté, voire entraîne
la disparition d’entreprises existantes installées dans leurs secteurs d’activité et qui n’ont pas
su (ou pu) adapter leurs produits ou leurs services ou renouveler leurs technologies. D’après
Schumpeter, les entrepreneurs constituent le moteur de ce processus de «destruction
créatrice» en identiant les opportunités que les acteurs en place ne voient pas et en
développant les technologies et les concepts qui vont donner naissance à de nouvelles
activités économiques.
1 L’entrepreneur et les principaux courants de pensée
1.1 L’entrepreneur et les caractéristiques psychologiques uniques
1.2 1.2 L’entrepreneur et l’innovation
1.3 1.3 L’entrepreneur et le management
1.4 1.4 L’entrepreneur et le leadership
1.5 1.5 L’entrepreneur organisationnel

2 L’entrepreneur et les approches typologiques


2.1L’entrepreneur artisan versus l’entrepreneur opportuniste
2.2 types d’entrepreneur
2.4 Les indépendants versus les créateurs d’organisation
2.5 L’approche de Schumpeter

3 INNOVATION VOIR INNOVATION (SCHOLARVOX )

Qu'est-ce qu'un entrepreneur ?


Difficile de donner une définition de l'entrepreneur tant les profils sont divers.
C'est en comprenant ce qu'il fait, ses trajectoires et ses motivations, ses
modes de pensée, de décision et d'action que l'on peut en esquisser un portait.

Les transformations profondes (digitalisation de l'économie, globalisation des activités, mutation des
relations employeurs-employés) que nous vivons, individuellement et collectivement, ont une implication
majeure : nos économies et nos organisations ont un besoin croissant d'entrepreneurs passionnés, motivés
et préparés pour affronter les défis d'un monde de plus en plus complexe et incertain. Ces évolutions en
cours s'accompagnent d'un changement des mentalités et de l'arrivée dans l'économie de générations de
jeunes portés par des attitudes, des aspirations et des valeurs qui les orientent vers l'entrepreneuriat, quelle
qu'en soit la forme.

Cela explique, sans doute, pourquoi nous n'avons jamais autant parlé, en France, d'entrepreneuriat et
d'entrepreneurs, souvent en qualifiant d'entrepreneurs des acteurs économiques qui n'en étaient pas
vraiment, en réduisant à l'extrême l'extraordinaire diversité des profils d'entrepreneur et en survalorisant la
figure « héroïque » de l'entrepreneur au détriment d'une représentation plus ordinaire, correspondant
davantage à la variété des situations dans lesquelles il est possible d'entreprendre.

L'objectif de cet article est d'apporter des éléments de réponse, issus d'une littérature scientifique
foisonnante, à plusieurs questions qui nous semblent avoir des implications importantes : a) Qu'est-ce
qu'un entrepreneur ? b) Quels sont ses ressorts psychologiques et ses motivations ? c) Pourquoi il faut
distinguer entrepreneur, manager et chef d'entreprise ? Avant d'aborder ces questions, nous donnerons un
bref aperçu de la manière dont l'entrepreneur a été conceptualisé au fil du temps.

Une petite histoire de l'entrepreneur


L'entrepreneur a sans doute existé dès lors que les êtres humains se sont regroupés en communautés
cherchant à assurer leur survie, leur subsistance et s'efforçant de se protéger des menaces affectant leur
environnement immédiat. L'entrepreneur du Moyen Âge est avant tout un constructeur d'ouvrage, qui fait
écho à l'entrepreneur du bâtiment et des travaux publics plus contemporain.

Nous n'allons pas ici présenter dans le détail les différentes conceptualisations de l'entrepreneur et de sa
fonction sociale que les économistes nous ont proposées, d'excellentes revues y pourvoient 1. Notre propos
est plus synthétique et vise à dégager les contributions majeures. Un des premiers économistes à avoir
tenté de définir l'entrepreneur est Richard Cantillon (1680-1734), qui reconnaît en l'entrepreneur une
capacité à acheter les moyens nécessaires à l'activité à un prix connu et à revendre les biens et services à
un prix incertain. Le comportement entrepreneurial est défini par cette incertitude dans une transaction
commerciale.

Plus de deux siècles après Cantillon, Frank Knight pousse un peu plus loin le raisonnement et avance que
les entrepreneurs sont des acteurs économiques dotés d'une capacité à affronter (et à vivre avec) une
incertitude non prédictible, liée aux retours éventuels de leur activité productive.

Un économiste français, Jean-Baptiste Say, introduit clairement, au début du XIX e siècle, la notion de
risque, déjà présente en filigrane dès lors que la notion d'incertitude est évoquée, en développant une
conceptualisation de l'entrepreneur centrée sur la création d'un produit (ou d'un service) par un individu,
pour son propre compte, à son profit mais aussi à ses risques.

Finalement, Joseph Schumpeter et l'école des économistes autrichiens, au cours du XX e siècle, voient dans
l'entrepreneur un acteur doté d'une capacité d'innovation et d'une « habileté » à reconnaître des
opportunités de création de nouveaux produits et services, dans un mouvement de création destructrice
(l'innovation, majeure ou radicale, dans la pensée de Schumpeter, contribue à la création d'un nouveau
domaine d'activité tout en détruisant ce qui existait auparavant).

Les économistes offrent donc une représentation de l'entrepreneur innovateur (Schumpeter), organisateur
de ressources (Say), doté d'une capacité à reconnaître des opportunités de création (Schumpeter et les
économistes autrichiens), engagé dans des transactions incertaines (Cantillon, Knight) et, en définitive,
preneur de risques (tous).

Les économistes offrent une représentation de l’entrepreneur innovateur (Schumpeter), organisateur de


ressources (Say),doté d’une capacité à reconnaître des opportunités de création (Schumpeter et les
économistes autrichiens), engagé dans des transactions incertaines (Cantillon, Knight) et, en définitive,
preneur de risques (tous).

Qu'est-ce qu'un entrepreneur ?


Qui est l'entrepreneur ? Est-ce lié à un ou des traits de personnalité ? Naît-on entrepreneur ou le devient-on
? Toutes ces questions sont largement documentées aujourd'hui et l'image de l'entrepreneur apparaît de
plus en plus consensuelle et moins sujette à débat qu'il y a une trentaine d'années.

Nous n'allons pas définir ce qu'est un entrepreneur ou ce qu'il n'est pas, mais plutôt chercher à donner un
cadre de compréhension susceptible de mieux le saisir dans sa singularité, mais aussi dans sa complexité
et sa pluralité, dimensions caractéristiques des êtres humains en général.

 Mieux comprendre l'entrepreneur dans sa diversité


Dans les années 1980, un chercheur américain, William Gartner, relevait qu'il y avait autant de
diversité chez les entrepreneurs que chez les non-entrepreneurs, pour mettre un terme à des
études visant à « discriminer » les entrepreneurs et donc à identifier un profil « idéal ». Cette
hétérogénéité qui caractérise le monde des entrepreneurs vient, entre autres, de la diversité de
leurs motivations, aspirations, objectifs personnels, traits de personnalité, croyances, valeurs,
compétences et autres capacités.
Ce qui importe n'est donc pas la recherche illusoire d'un profil idéal, mais la connaissance de son
propre profil personnel (le « connais-toi toi-même » pour entreprendre) et entrepreneurial afin de
choisir les situations entrepreneuriales les plus appropriées et en cohérence avec un profil donné.
A-t-on un profil d'innovateur ou d'organisateur ? Recherche-t-on, au niveau des objectifs, la
croissance, la rentabilité, l'autonomie ou la pérennité ? Dans quel type d'identité sociale situe-t-on
principalement son rôle en tant qu'entrepreneur ?
 Mieux comprendre l'entrepreneur par ce qu'il fait et non par ce qu'il est
Ce qui fait l'entrepreneur, c'est la situation dans laquelle il est engagé et le processus de décisions-
actions qu'il conduit. En d'autres mots, ce qui fait l'entrepreneur n'a que peu de rapport avec un
certain « talent » pour entreprendre, des traits de personnalité liés à la prise de risque ou
d'initiative, une capacité à identifier des opportunités de création, etc.
Un individu est entrepreneur parce qu'il est dans une situation entrepreneuriale, c'est-à-dire une
situation caractérisée par la création de valeur nouvelle (nouveau produit ou service, création d'une
nouvelle organisation, d'une nouvelle activité, etc.), laquelle, par essence, génère du changement
pour l'individu et pour l'environnement auxquels cette nouvelle valeur est destinée (donc de
l'incertitude et des risques). Dans ces situations, les entrepreneurs pensent, décident et agissent
dans l'incertitude et la pénurie de ressources.
 Mieux comprendre l'entrepreneur dans sa trajectoire singulière
On ne naît pas entrepreneur, on le devient dans une trajectoire de vie sous influences multiples 2.
D'un point de vue psychologique, entreprendre est un comportement intentionnel et généralement
planifié. Devenir entrepreneur est la conséquence de prédispositions sociologiques,
psychologiques et situationnelles. L'on connaît, par exemple, au niveau sociologique, le rôle joué
par les modèles parentaux, familiaux ou amicaux, l'importance des stages et expériences
professionnelles, qui s'avèrent être des révélateurs, l'influence des milieux et territoires à forte
culture entrepreneuriale, l'impact d'une exposition à d'autres contextes et cultures.
La littérature montre également que des facteurs psychologiques (lieu de contrôle interne,
autoefficacité, certaines motivations comme le besoin d'indépendance ou d'accomplissement, la
propension à l'action, au risque) peuvent orienter un individu vers l'entrepreneuriat. Enfin, des
facteurs situationnels comme la perte d'emploi, des changements professionnels qui génèrent des
frustrations ou des insatisfactions, peuvent avoir le même résultat. Ces différents facteurs
entraînent des changements d'attitude et de perception qui élèvent le niveau de désirabilité et la
perception de faisabilité du comportement entrepreneurial.

Quelles motivations ?
Les nombreuses études réalisées sur des entrepreneurs font ressortir des motivations et des ressorts
psychologiques largement partagés au sein de cette catégorie d'acteurs économiques. Mais cela ne veut
pas dire que tous les entrepreneurs présentent ces caractéristiques au même niveau et avec une intensité
similaire. Cela ne signifie pas que des non-entrepreneurs, dirigeants d'entreprise, managers, collaborateurs
ne disposent pas de ces attributs.

 Entreprendre, oui mais pourquoi ?


Deux types de motivations sont généralement distinguées, qui conduisent à deux types
d'entrepreneurs et d'entrepreneuriat.
Les motivations dites pull  (du verbe « tirer » en anglais), comme le besoin d'indépendance,
d'accomplissement, la recherche d'autonomie, de liberté, de reconnaissance, de statut, de « fun »,
ou encore l'envie du challenge, de gagner de l'argent, de relever des défis, viennent de facteurs
plutôt positifs. Dotés de ces motivations pull, les entrepreneurs concernés s'engagent dans un
entrepreneuriat d'opportunité.
Le second type de motivations est qualifié de push  (du verbe « pousser » en anglais), et entraîne
souvent les individus dans un entrepreneuriat de nécessité ou de survie. Parmi les facteurs, ici
plutôt négatifs, qui appartiennent à cette catégorie, on trouve des insatisfactions professionnelles,
le licenciement, la menace de perdre son emploi, la difficulté de retrouver un emploi salarié.
Une définition de l'entrepreneur, centrée sur les motivations, donne une idée de la force de ces
dernières : « Un entrepreneur est un individu passionné, épris de liberté, qui se construit une
prison sans barreaux »  3.
 Quels ressorts psychologiques ?
Les motivations pull  constituent déjà de puissants ressorts psychologiques. Dans une approche
volontairement restrictive, la documentation existante proposant plusieurs dizaines de facteurs,
nous considérons qu'il est difficile d'entreprendre et d'avoir des comportements entrepreneuriaux
sans disposer d'un contrôle interne (sentiment de contrôler directement le cours des choses) et
d'un minimum de confiance en soi, de tolérance à l'ambiguïté, de résistance au stress, de
persistance et de résilience (capacité à rebondir dans des circonstances d'erreurs et d'échecs aux
conséquences importantes). Un construit de psychologie reprend certains de ces facteurs, et de
nombreuses études ont montré que les entrepreneurs disposent d'un capital psychologique élevé.
Ce dernier comprend quatre composantes : l'espoir, l'optimisme, la résilience et l'autoefficacité
(concept qui caractérise la perception qu'un individu a de sa capacité à être performant pour
certains types de comportement, dont l'entrepreneuriat).

Les entrepreneurs disposent d’un capital psychologique élevé

Entrepreneurs, chefs d'entreprise et managers


Comme nous l'avons vu précédemment, ces différences ne portent pas sur ce qu'ils sont, mais sur ce qu'ils
font, sur la manière singulière dont les entrepreneurs pensent, décident et agissent dans des situations
difficilement prédictibles. Entreprendre est un processus de création de valeur nouvelle, dans une double
dynamique de changement pour l'individu et pour l'environnement, qui a un début, une durée et une fin. Il
n'y a pas de statut d'entrepreneur comme il y en a un pour des chefs d'entreprise et des dirigeants, lié à
leurs mandats sociaux. Tous les chefs d'entreprise ne sont pas des entrepreneurs, ils peuvent être dans
d'autres situations et fonctions, non reliées à l'entrepreneuriat. Tous les entrepreneurs ne sont pas des
chefs d'entreprise (l'abbé Pierre, par exemple, a été un entrepreneur lorsqu'il a créé le mouvement
Emmaüs). Nous allons développer plus précisément dans ce qui suit les différences entre deux fonctions,
celle qui permet d'explorer (l'entrepreneuriat) et celle qui permet d'exploiter le résultat de l'exploration (le
management). Puis, nous présenterons deux logiques opposées de décision-action, la première relevant du
management tel qu'il est encore très largement conceptualisé et la seconde caractérisant le comportement
entrepreneurial dans l'incertitude.

 Entreprendre versus manager
Nous allons utiliser deux approches pour essayer de bien mettre en évidence les différences en
termes de comportements et de compétences. Tout d'abord, nous revenons sur les deux fonctions
évoquées dans le paragraphe précédent. L'exploration est la fonction principale de l'entrepreneur
en situation. L'exploration peut consister à s'aventurer dans des territoires inconnus (nouveaux
marchés), à développer des produits nouveaux, à inventer de nouvelles technologies, à apporter
des solutions innovantes. Une conceptualisation de l'entrepreneuriat repose sur l'idée
qu'entreprendre relève d'un processus d'identification, d'évaluation et d'exploitation d'opportunités
de création de produits ou de services nouveaux. L'exploration fait écho aux deux premières
dimensions.
Dans une autre analyse, le processus entrepreneurial est segmenté en trois phases : invention,
création et développement. L'exploration, ici, renvoie à l'invention (reconnaissance d'une
opportunité) et à la création (mise en place de l'organisation, assemblage des ressources et
lancement des activités). L'exploitation est la fonction du manager. Ce dernier met en oeuvre les
ressources et optimise le fonctionnement en cherchant à valoriser le mieux possible l'opportunité
façonnée par l'entrepreneur-explorateur.
Dans une seconde approche, l'entrepreneur est distingué du manager par son orientation vers les
opportunités, sa propension à se saisir rapidement des opportunités identifiées, son rapport aux
ressources (capacité à faire beaucoup de choses avec peu de moyens) et le type d'organisation
qu'il met en place (structure plate, flexibilité, polyvalence, agilité). À l'inverse, le manager est
orienté vers le contrôle des ressources qui lui sont confiées, a une approche très évolutive vis-à-vis
des opportunités, n'est généralement pas dans une situation de tension extrême entre les
ressources nécessaires et celles qui sont à sa disposition et agit dans une organisation davantage
structurée et stabilisée.
 Logique causale versus logique effectuale 4
La logique causale voit dans l'acteur économique un individu rationnel qui décide d'abord des
objectifs et, ensuite, identifie et sélectionne les moyens-ressources nécessaires pour atteindre ces
objectifs. Dans cette perspective, l'action est pensée comme un processus linéaire dans lequel la
volonté de l'acteur dirige la planification et la gestion des activités. La logique causale sous-tend la
démarche de planification et légitime le business plan. Cette logique d'action est plutôt celle du
manager.
La logique effectuale caractérise le comportement des acteurs économiques confrontés à un
niveau d'incertitude élevé. Dans ces situations, ils adoptent une logique de pensée, de décision et
d'action différente de celle décrite dans un modèle traditionnel, plus rationnel, de prise de décision
(voir le modèle de la causation). Lorsque le niveau d'incertitude est élevé, les objectifs changent,
sont façonnés et construits chemin faisant et peuvent parfois relever de contingences et d'aléas.
Au lieu de se focaliser sur les buts, l'acteur s'efforce de contrôler le processus à partir d'une
focalisation sur les moyens-ressources disponibles et sous son contrôle. Ces ressources
concernent notamment des connaissances, des compétences et des relations. Cette logique
d'action est plutôt celle de l'entrepreneur.
Penser le comportement entrepreneurial à travers la logique de l'effectuation suppose que le
processus soit initié par un examen des ressources disponibles, en se centrant sur une série de
questions : Qui suis-je ? Qu'est-ce que je sais ? Qui je connais ? Ces questions permettent
d'envisager, compte tenu des réponses apportées, ce qui peut être fait et de choisir entre les
différentes possibilités. Les interactions avec les autres et l'engagement avec les parties prenantes
permettent ensuite d'obtenir de nouvelles ressources et d'établir de nouveaux objectifs qui
conduisent à une réévaluation des moyens et des possibilités d'action.

Dans la majorité des cas, il s’agit d’un individu passionné, convaincu, s’appuyant sur des motivations
solides, qui s’engage dans des situations et des processus qui vont le révéler, le transformer, à travers
de multiples apprentissages.

En définitive, l'entrepreneur, de notre point de vue, n'est pas un super-héros, un être hors du commun qui
accomplit des choses extraordinaires. Il n'est pas non plus le demandeur d'emploi poussé vers
l'autoentrepreneuriat.

Dans la majorité des cas, il s'agit d'un individu passionné, convaincu, s'appuyant sur des motivations
solides, qui s'engage dans des situations et des processus qui vont le révéler, le transformer, à travers de
multiples apprentissages, et l'amener à développer des comportements appropriés à des contextes d'action
et de décision caractérisés par le changement et l'incertitude.

1. Pour une publication récente, voir Caroline Verzat et Olivier Toutain, « Former et accompagner des entrepreneurs
potentiels : diktat ou défi ? », Savoirs, n° 39, 2015.
2. Sur cette question, voir aussi l'article d'Étienne St-Jean.
3. Entrepreneuriat. Apprendre à entreprendre.
4. La théorie de l'effectuation a été développée par Saras Sarasvathy au début des années 2000.

1. LES CONCEPTIONS DOMINANTES DE L’ENTREPRENEURIAT


1 Un processus lié à la notion d’opportunité
2 2 Un processus d’émergence organisationnelle
3 L’entrepreneuriat: un processus qui évolue sous
l’effet d’une dialogique individu-création devaleur

2 THÉORIES ÉMERGENTES DE L’ENTREPRENEURIAT


1 Théorie de l’effectuation
2 2 Théorie du bricolage

Plan CHAPITRE : ENTREPRENEUR ET INNOVATION


ktab : Principes d’économie de l’innovation

Section 1 Théories économiques de l’entrepreneur


innovant
1. Les fondements historiques de la théorie de
l’entrepreneur : incertitude, risque et innovation
1.1. Les premiers pas : entre incertitude et innovation
1.2. Les Marginalistes ignorent l’entrepreneur et l’innovation
1.3. L’entrepreneur créateur ou découvreur d’opportunités ?
1.4. Entrepreneur, innovation, territoire et réseaux sociaux
1.5. 2.4. Vers une théorie évolutionniste de l’entrepreneur
SECTION 2 : Entrepreneur innovant et cycles économiques
1. L’évolution économique, l’entrepreneur et la destruction
créatrice
Introduction : l’entrepreneuriat, au cœur de l’innovation
Dans la littérature, académique ou grand public, consacrée à l’entre-
preneuriat, les thèmes dominants sont respectivement la création
etl’innovation. Ils sont majoritairement abordés au travers, soit de
l’entre-preneur (ce qu’il est, ce qu’il fait, etc.), soit de l’esprit
d’entreprise(l’entrepreneurship), c’est-à-dire les capacités pour
entreprendre, quel’on distingue des aptitudes à gouverner et
commander, (le leadership).Si l’on définit l’entrepreneur comme tout
individu qui crée et dirige sapropre affaire, ce en quoi il se distingue
du manageur ou du simplesalarié, cette personne aura plus ou moins
l’esprit d’entreprise, selon sescompétences, ses buts, l’activité créée,
etc. On dira qu’un (ou une)entrepreneur(e) est d’autant plus
entreprenant(e) (certains disent « entre-preneurial(e) ») qu’il (elle) fait
montre de plusieurs capacités. Il doitd’abord manifester un
investissement élevé dans son projet, concrétisétant par un engagement
personnel que par la mobilisation de capitauxfinanciers, propres ou
empruntés, de son capital (« bagage ») personnelet social (entregent).
Il doit ensuite révéler une aptitude personnelle àassumer les risques
inhérents à la vie des affaires. Il doit en troisièmelieu posséder et/ou
acquérir des compétences en matière de gestiond’une organisation,
donc des personnes, en faisant davantage montred’une autorité
personnelle plutôt que hiérarchique. Il doit enfin avoirune capacité «
visionnaire » à concevoir et développer un projet inno-vant, qui
singularise l’entreprise, d’autant plus qu’il est « entreprenant »,ce qui
implique également une compréhension, intuitive ou non, dumarché
existant, latent ou à créer. Enfin, l’entreprenant a une attenteforte en ce
qui concerne le « retour sur investissement », qu’il s’agissede profits
(rentabilité de l’investissement financier) ou d’autres formesde «
récompenses » ou de « réussite » (réalisation
personnelle,reconnaissance sociale)

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