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Chapitre 1 : revue de littérature de l’innovation

Introduction :

Dans un environnement caractérisé par la mondialisation économique, la concurrence


croissante, les changements socio-économiques et le développement rapide des technologies
de l'information et de la communication (TIC), le développement et la survie d'une entreprise
sont déterminés par sa capacité à créer de la valeur par l'innovation

Le concept d’innovation est utilisé dans le cadre de situations très diverses et variées, y
compris à l’intérieur des champs disciplinaires ou des écoles de pensée. Et aujourd'hui,
l'innovation est au cœur des préoccupations des entreprises car elle est perçue comme le
meilleur moyen d'acquérir un avantage concurrentiel garantissant performance et survie dans
un environnement turbulent

Ce chapitre vise à clarifier le concept général d'« innovation », tel qu'il a été introduit dans
toutes les disciplines. Pour cette raison, nous avons divisé ce chapitre deux sections. La
première section présente des généralités à propos de l’innovation. La deuxième section
décrit les étapes et les modèles du processus d'innovation, les voies d'accès et les différents
facteurs qui le facilitent ou l'inhibent.
Section 1 : généralités à propos de l’innovation

Dans cette section, nous essaierons de présenter toutes les généralités liées au terme
"innovation": les différentes définitions, ses objectifs, les principales caractéristiques qui
mettent en évidence le contexte qui comprend les facteurs qui nécessitent l'innovation comme
un outil nécessaire et indispensable pour la survie et la croissance, ainsi que comme certains
termes basiques ou liés au mot « innovation »

Nous essayerons également dans cette section, de proposer quelques typologies en mettant
l’accent sur la plus appropriée par rapport à notre thème de recherche, Et finalement ses
enjeux

1. Définitions et concepts associés à l'innovation :

Le terme « innovation » a changé de sens au cours des années. Autrefois compris sous le sens
d’une création pure et simple, aujourd’hui le sens est beaucoup plus large et couvre de plus
nombreux domaines. En effet, l’environnement étant toujours plus concurrentiel, les
entreprises sont en constante recherche de nouveautés.

1.1 Concept d’innovation :

Le concept d’innovation se révèle une tâche difficile en raison de variété des critères que
différents auteurs utilisent pour le designer. Les définitions de l’innovation sont nombreuses
et très larges. Cependant, toutes ces définitions s’accordent sur des points essentiels qui
caractérisent l’innovation :

Le tableau 1, illustre De nombreuses définitions qui ont été proposées pour expliquer
l'innovation selon différents auteurs :
Tableau1 : Evolution du concept d’innovation selon les auteurs

Auteurs Années Point de vue Définitions

Schumpeter 1942 Domaine d’invention « L’innovation est particulièrement le domaine des


entrepreneurs dont la fonction est de réformer ou de
révolutionner le modèle de production en exploitant une
invention ou plus généralement une possibilité technologique
non testée pour produire une nouvelle marchandise ou en
produire une ancienne d’une manière nouvelle , en ouvrant un
nouveau débouché pour les produits »
Barnett 1953 L’innovation comme « l’innovation peut être toute pensée, tout comportement ou
quelque chose de chose qui est nouveau parce qu’il est qualitativement différent
nouveau des formes existantes »
Mohr 1969 Fonction de « l’innovation est une fonction d’interaction entre la
surmonter les motivation à innover, la force des obstacles à innover et la
obstacles disponibilité des ressources pour surmonter ces obstacles »
Urabe 1988 Mise en œuvre d’idée « l’innovation consiste à générer une nouvelle idée et la
mettre en œuvre dans un nouveau produit ou service,
conduisant à développer l’économie nationale et à
l’augmentation de l’emploi ainsi qu’à une création de profit
pour l’entreprise commerciale innovant »
Tidd, Bessant, 1998 Processus de « l’innovation se définit comme un processus de
pavlit&willey changement d’une transformation d’une opportunité en idées nouvelles et
opportunité a une idée largement utilisée dans la pratique »

Boer 2001 Combiner de nouveau « l’innovation est une création d’une nouvelle combinaison
entre les éléments entre le produit, le marché, la technologie, et l’organisation »
Lafley 2008 Transformation « l’innovation est la conversion d’une nouvelle idée en
d’idée en profit revenus et en bénéfices »
Silverstein, 2009 Valeur donnée au « l’innovation est l’acte de générer plus de valeur pour le
samuel& client et a l’entreprise client et l’entreprise en accomplissant un travail à faire mieux
decario que quiconque »
2017 Stratégie de la mise « l’innovation est une stratégie bénéfique qui s’appuie sur la
Kogabayev & en œuvre d’un projet, mise en œuvre de projets, produire les nouvelles produits avec
malauskas produit ou processus la nouvelle qualité et aider à réduire les couts de production ,
de production elle permet également gagner du temps »
permettant la
réduction des couts et
l’augmentation de
qualité
Taques, lopez, 2020 Amélioration des « l’innovation peut être une source d’avantage concurrentiel
basso& areal méthodes et pour les entreprises, soit par l’amélioration des méthodes et
techniques pour techniques capables de générer de nouveaux produits ou
générer de nouveaux services, soit par le perfectionnement de ceux existants »
produits ou services
Source : BEN YAKOUB S. & ACHELHI H. (2021) « Fondements théoriques et
importance de l’innovation : Regards des auteurs au cours des années » Revue
Internationale du chercheur «Volume 2 : Numéro 1» P 164-166
De ces dernières définitions nous concluons que le concept d’innovation est vu comme un
processus qui permet d’atteindre un résultat ainsi est vu comme un élément clé du maintien
de la compétitivité des entreprises. Et un facteur essentiel de la croissance économique, de
création de richesse et occupe une place importante dans la politique d'entreprise et elle est
l’un des objectifs majeurs de la politique de la recherche.

1.2. Quelques concepts liés à l’innovation :

-Invention :
Selon Schumpeter « L’invention est une idée, un schéma ou un modèle qui n’implique en
elle-même aucun test de faisabilité, aucun prototype même si elle suggère que ce qui est
trouvé fonctionne et peut être mis en application. » 1
Une invention est une pensée scientifique qui permet de créer une théorie, une technologie ou
un nouvel objet à partir de l'agencement d'éléments d'information existants.
Une invention est source d’émergence de projets d’innovation, la puce électronique est une
invention, la carte bancaire le résultat d’un projet d’innovation2
-créativité :
La créativité est la capacité à utiliser l’imagination pour générer des idées qui conduiront à
créer quelque chose la créativité est une qualité présente en chacun de nous.
Être créatif, c’est avoir des idées. Être innovant, c’est mettre ces idées en œuvre. Alors que la
créativité relève de la réflexion
- La découverte
On peut définir la découverte comme « ce qui été non seulement trouvé mais également Perçu
comme entrainement un accroissement important et soudain de la connaissance, et qui est
assez bien établi pour apparaitre irréversible »3.
Si l'on s'intéresse aux effets de la découverte, on peut dire qu'elle a une certaine généralité et
une portée réelle importante : elle ne doit pas concerner un seul objet ou un seul événement,
il doit être suffisamment grand pour être stocké dans une collection scientifique.

1
Bernard Paulré, « L’innovation en économie : l’histoire d’un désenchantement », QUADERNI N°90, 2016, P 43
2
FERNEY Sandrine -Walch François Ramon, « dictionnaire du management de l’innovation », Vuibert, PARIS,
2008, p 86.
3
Edmond Malinvaud 96, cité par Joëlle Forest, Jean-Pierre Micaelli, Jacques Perrin et Innovation et conception :
pourquoi un approche en terme de processus, p 2.
2. Fonctions et objectifs de l’innovation :

2.1 Objectif de l’innovation

L'innovation est un changement introduit dans le processus de production dans le but de


mettre sur le marché un produit ou un service de plus grande valeur pour le client.
L'innovation n'est pas une fin mais un moyen de se différencier des concurrents 4 Ces objectifs
se différent selon les besoins de l'entreprise qui se base habituellement sur :

 Donnez à votre entreprise un avantage concurrentiel.


 Remplacer les produits retirés des circuits commerciaux.
 Gamme de produits compétitifs
 Développer et maintenir des parts de marché.
 Développer et adapter de nouveaux marchés.
 Améliorer la qualité des biens et services.
 Amélioration des conditions de travail.
 Abaisser les coûts de production (réduction des couts salariaux par unité produite,
diminution de consommation de matériaux et d'énergie, limitation de taux de rejet, la
réduction des couts de conception des produits).
 Contribuer au développement durable.
 Respecter les prescriptions réglementaires, concurrentielles de l’entreprise.

2.2 Les fonctions de l’innovation


On distingue quatre fonctions5 importantes de l’innovation :

 Facilitatrice : Fournit une facilité accrue dans l'exécution d'une tâche ou d'un
processus.
 Simplificatrice : Permet de réduire la suite des opérations constituant un service
donné.

4
BLANCO Sylvie et LELOARNES, « management de l’innovation », édition Pearson Education, Paris, 2009, P12
5
LIONEL Colins, PAUL et Lejal Jean-Jacques, « politique de l’entreprise », édition Dollaz, 2009, p 30.
 Amélioratrice : permet d'améliorer le service fourni par un produit existant.
 Accélératrice : Modifie le déroulement et le contenu d’opérations pour rendre le
service plus rapide.

3. Typologie de l’innovation:

La littérature propose une variété de classifications des types d'innovation. En générale, dans
le quelle trois modèles peuvent être distinguées en fonction de la nature, de l’objet et du
degré de nouveauté introduit par l’innovation Ces typologies sont parfois complémentaires et
permettent de mieux caractériser l'innovation.

3.1 Typologie suivant l’objet :

I'OCDE a proposé en 2005 la définition suivante : «L'innovation est la mise en œuvre d'un
produit (bien ou service) ou d'un procédé nouveau ou sensiblement amélioré, d'une nouvelle
méthode de commercialisation ou d'une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques
de l'entreprise, l'organisation du lieu de travail ou les relations extérieures ».6

Cette définition renvoie à quatre principaux types d'innovation : innovation de produit,


innovation de précédés, innovation organisationnelle, et innovation de marketing ou de
commercialisation.

3.1.1 L'innovation de produit :

Lancement d'un nouveau produit ou transformer des produits existants et les produire d’une
manière nouvelle, et a les proposer ou les présenter différemment selon le marché ainsi de
satisfaire les besoins changeants des clients et de maintenir leur position sur le marché 7

3.1.2 L'innovation dans les procédés et équipements :

Elle modifie la façon de fabriquer le produit et permet par exemple d'atteindre des fonctions
jusque-là inaccessibles, ainsi elle vise à réduire les délais de production, et à augmenter la
flexibilité et la capacité de production de l’entreprise afin de maintenir ou d’accroître sa
compétitivité et de réduire les coûts de fabrication. 8

6
OCDE, « perspectives de l’OCDE sur les PME et l’entrepreneuriat ». Edition OCDE, 2005
7
NASROUN Nacéra, & BELATTAF Matouk « L’entrepreneuriat et l’innovation : les facteurs stimulant
l’innovation dans les PME du secteur agroalimentaire de Béjaia ». Revues Eco Nature , N 02 /2015, P 8-9
8
Bahija JARDINI, Hanane JARDINI, Adnane ESSEKKARI « L’innovation comme opportunité d’affaires en
Entrepreneuriat ».Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation, Vol 1 N°1 Mars 2016, P 100
3.1.3 L'innovation organisationnelle:

Fait retour « aux nouvelles formes d'organisation du travail, les systèmes de gestion des
connaissances, les méthodes de mobilisation de la créativité des travailleurs, ainsi que les
nouvelles formes de relations entre les entreprises et leur environnement économique » 9 Elle
se démontre à travers les individus, les équipes et la gestion et permet la formation d'une
culture innovatrice, ainsi que la réceptivité interne globale de nouvelles idées 10

3.1.4 L'innovation de commercialisation :

se réfère à « l’adoption d'une nouvelle méthode de commercialisation pouvant se traduire par


des changements significatifs dans la conception, le conditionnement, le placement, la
promotion ou la tarification d'un produit »11Les innovations commerciales sont adoptées par
les entreprises pour mieux répondre aux besoins des consommateurs, pour ouvrir de nouveaux
marchés ou pour positionner leurs produits sur le marché de manière nouvelle afin
d'augmenter leur chiffre d'affaire

La figure c dessous schématise la Typologie de l’innovation suivant l’objet

9
Manuel d'Oslo. (2005). Principes directeurs pour le recueil et L’interprétation des données sur I ‘innovation.
OCDE, 3eme édition, P38.
10
Wang, C. L, & Ahmed, P. K., « Leveraging knowledge in the innovation and learning process at GKN ».
International Journal of Technology Management, 27(6-7), 2004, p 674-688
11
Manuel d’Oslo, op.cit., P 38.
Figure 1: les catégories d’innovation suivant l’objet

Source : réaliser à partir des définitions du manuel d’oslo

3.2 Typologie suivant le degré de nouveauté :


Les innovations peuvent également être classées selon leur degré de nouveauté. L'analyse de
la littérature montre que pour déterminer le degré de nouveauté des innovations, les
chercheurs ont utilisé les concepts d'innovation incrémentale et d'innovation radicale.

Selon Cooper12, l'innovation radicale et l'innovation incrémentale se distinguent par le niveau


de radicalité ou du degré de changement technologique, structurel et stratégique que
l'entreprise doit subir pour mettre en œuvre l'innovation en question. Cette classification
reflète donc la diversité dans l'intensité des changements opérés par les entreprises, et mesurée
par référence au degré de nouveauté des résultats obtenus et au risque encouru13

3.2.1 L'innovation radicale ou de rupture

Se concentre sur le développement de nouvelles technologies, de nouveaux marchés et de


nouveaux modèles commerciaux qui changent le monde. L'iPhone est un exemple célèbre
d'innovation radicale. Elle a repensé la portée du "téléphone" et réécrit les règles de nombreux
marchés. Les projets d'innovation radicale s'appuient sur des ressources de connaissances que
l'entreprise ne possède pas encore ou qui sont différentes de celles existantes14

L'innovation radicale est plus coûteuse et plus risquée que l'innovation incrémentale, et la
majorité des entreprises préfèrent améliorer leurs processus plutôt de rechercher des
innovations de rupture

3.2.2 L'innovation incrémentale :

Elle concerne l'amélioration d'un produit/service ou d'un précédé existant et passe par des
changements mineurs ou de petites améliorations des technologies existantes 15

Ce type d'innovation est le plus rencontré du marché car il n’exige pas de nouvelles
connaissances techniques et représente des effets importants pour la croissance de la
productivité des entreprises et donc pour l'ensemble du système économique. L’innovation,
dite incrémentale permet à un entreprise déjà leader sur son marché de converser et renforcer
son avance technologique face à ses compétiteurs. Les innovations incrémentales sont très
nombreuses chaque année, par exemple un appareil photo jetable est une innovation
12
Cooper, J. R. A multidimensional approach to the adoption of innovation. Management Décision, 36(8), 1998,
p 493-502.
13
OSEO. (2006). PME et innovation technologique: Pour une relation plus naturelle. Regards sur les PME n°10,
Observatoire des PME, OSEO services.
14
BEN YAKOUB S. & ACHELHI H. (2021) « Fondements théoriques et importance de l’innovation : Regards des
auteurs au cours des années » Revue Internationale du chercheur «Volume 2 : Numéro 1» p : 174
15
Popadiuk, S., & Choo, C. W., Innovation and knowledge creation: How are these concepts related?
International Journal of Information Management, 26,2006, p 302-312.
incrémentale car la technologie initiale reste identique, le produit a simplement connu une
amélioration du procédé.

 Le classement des innovations selon leur degré de nouveauté est important car il permet
de distinguer les innovations qui présentent des degrés de nouveauté élevés de celles qui
conduisent à des améliorations mineures.

3.3. Typologie suivant la nature


L'innovation peut être technique ou administrative. La distinction entre innovations
technologiques et innovations administrative dépend du degré de changement par rapport au
cœur de métier de l’entreprise

3.3.1 Innovation technologique :

« L’innovation Technologique se présente comme un ensemble de connaissances et de


techniques tandis que l'innovation administrative concerne toute transformation opérée au
niveau des dispositifs cognitifs collectifs, permettant à un groupe, par voie d'apprentissage,
d'atteindre des objectifs globaux d'efficacité »16
L'innovation technologique, concerne la fonction technique de l'entreprise elle est hautement
liée au développement de produits, procédés et équipements.

3.3.2 Innovation administrative :

L’innovation administrative se manifeste par « des changements de la structure


organisationnelle, des procédés administratifs, des techniques de commercialisation et de la
gestion des ressources humaines qui sont indirectement rattaches a son activité principale,
mais directement rattaches a sa gestion ».17

4. Caractéristiques et enjeux de l’innovation


4.1 Caractéristiques de l’innovation

16
CADIX, A., and POINTET ., « Le management à L’épreuve des changements technologiques: Impacts sur la
societe et les organisations ». Editions d'Organisation, 2002, p58.
17
CHENIER, A.A, Dynamique de I ‘apport des facteurs technico-commerciaux a I ‘innovation de produit.
Thèse de doctorat, Université de Montréal. Ecole polytechnique de Montréal.199
Rogers 18
cité cinq caractéristiques de l’innovation qui sont l’avantage relatif, la
compatibilité, la complexité, la possibilité d’essai, et le caractère d’observabilité. A ces cinq
traits viennent s’ajouter d’autres attributs qui diffèrent d’une recherche à une autre.

Caractéris
tiques Explications
correspond à la différence de valeur perçue par les individus entre la nouvelle
innovation et l’ancienne qui la remplace, ou entre la nouvelle situation issue de
l’innovation et l’ancienne situation
L’avantage relatif
C'est le degré auquel la nouvelle innovation est perçue confirme étant meilleure
que celle déjà existante.

il quantifie le degré perçue de conformité d’une innovation aux valeurs, aux


expériences passées et aux besoins d’un adoptant potentiel plus une idée est
La compatibilité
incompatible avec les valeurs et les normes d’un système social, plus elle est
adoptée par les membres.

La complexité elle fait référence à la difficulté perçue de comprendre les principes, le


fonctionnement et l’utilisation de l’innovation.
Les nouvelles idées qui sont simples à comprendre seront adoptées plus
rapidement que d'autres qui vont nécessiter plus de compétences avant de pouvoir
les comprendre.

Possibilité d’essai elle présente la facilité avec laquelle une innovation peut être utilisée à faible
d’une innovation échelle ou sur un petit périmètre avant de devoir être adoptée complètement.

(testabilité).
L’observabilité elle correspond à la possibilité pour les adoptants potentiels d’observer les effets
de l’innovation. Plus les effets d’une innovation sont visibles et communicables
d’un individu à l’autre, plus l’innovation se diffuse de manière rapide.

Source : réalisé par moi-même

18
Rogers E., « Diffusion of innovations », the free press, 4th édition, New York, 1995, P.56
L’innovation est plus que jamais investie de nouveaux rôles et fonctions. Elle sera une force
motrice pour la survie des entreprises dans un environnement hautement concurrentiel, et
c’est dans ce contexte ces entreprises arrivent à réaliser les objectifs préétablis.

L’innovation a également été identifiée comme à l’origine du renouvellement des stratégies


industrielles et au développement de nouveaux secteurs d’activité économique 19

4.2 les enjeux de l’innovation


Deux dimensions principales dans l’analyse des enjeux de l’innovation, une dimension
économique qui s’est activée sur la logique économique, et l’autre une dimension sociale

4.2.1 Les enjeux économiques :

Dans les pays développés, l'innovation est un moyen d'être compétitif sur le marché. Une
étude américaine citée par Loillier et Tellier 20, indique que les entreprises les plus
performantes gaspilleront près de 50% de leurs ventes avec des produits qui ont moins de cinq
ans, et cette étude est étayée par les résultats de l’étude SESSI 21
il montre que l’innovation
est perçue par les industriels comme le principal

Tableau N°02 : Les motivations des entreprises pour innover

Motivations pour innover (%


d’entreprises)
Conquérir de nouveaux marchés, accroitre les parts de marché de 57,8
l’entreprise
Améliorer la qualité des produits 50,2
Elargir la gamme de produits 49,7
Remplacer des produits anciens 23,6
Réduire les couts salariaux par unité produite 22,7
Satisfaire a une nouvelle réglementation, normes 22,5
Conférer d’avantage de souplesse a la production 20,3
Réduire ses consommations de matières 17,6
Réduire les atteintes à l’environnement 11,8
Source : SESSI, 1997

19
Commission européenne, « Livre vert sur l’innovation », décembre 95, P.3.
20
Loilier.T &Tellier. A, « Gestion de l’innovation, management et société », édition Economica, 1999
21
Services des études économiques et statistiques du ministère en charge de l’industrie
22
Pour Giget (1994), le concept d’innovation est directement lié au concept d’entreprise,
pratiquement tous les projets présentés sont par essence une innovation, ainsi les entreprises
qui ne réagissent pas assez rapidement par une restructuration innovante de leur offre tenant
compte du nouveau contexte risquèrent de perdre rapidement leur marché.

Ainsi en période de dépression économique, l’innovation apparaît comme une solution pour
les firmes. La crise bouleverse le comportement des consommateurs, et l’entreprise est sensée
scruter en permanence le marché en se donnant les moyens. Parfois, ça va jusqu’ au
renouvellement complet de l’offre, et le secteur automobile illustre bien cela.

- Les enjeux sociaux :

Ce type d’enjeux est très peu pris en compte par la sphère politique et dirigeante.

23
Walsh et Romon (2006) parlent de l'existence de barrières au changement inhérentes à
l'innovation dont les entreprises doivent être conscientes. Il est donc clair que l'innovation est
avant tout un phénomène social, étroitement lié aux conditions dans lesquelles elle se produit.
L'innovation est par nature un processus collectif qui nécessite la participation progressive de
divers partenaires.

Par conséquent, l'innovation peut et doit répondre aux problèmes actuels critiques en
améliorant les conditions de vie dans les pays pauvres et en relevant des défis écologiques de
plus en plus pressants.

Les dirigeants doivent intégrer cette responsabilité dans leurs décisions et leurs actions en
matière d'innovation. Parallèlement, les pouvoirs publics doivent montrer l'exemple en initiant
des politiques publiques axées sur la recherche et l'innovation, tout en encourageant les
entreprises à aller dans ce sens.

22
Giget, M., La dynamique stratégique de l'entreprise : innovation, croissance et redéploiement à partir de
l'arbre des compétences. Paris, Dunod ,(1998), p 11
23
Ferney-Walch, S., Romon, F. (2006). Management de l’innovation: De la stratégie aux projets.Vuibert, Paris, P
11
Section 2 : Démarche d’innovation.

L'innovation est un processus concret qui peut être planifié et mis en œuvre et doit être adapté
aux besoins de l'entreprise. C'est le moyen par lequel nous atteignons nos objectifs
stratégiques, renforçons la compétitivité, créons une différenciation et créons de la valeur.

Nous aborderons, la démarche d’innovation en présentant les différentes étapes composant le


processus d’innovation.

1. Les étapes du processus d'innovation

L’innovation est un processus interactif qui met en jeu de nombreux acteurs dans les
entreprises mais aussi dans leur environnement. Philipe définit le processus d’innovation
comme un « ensemble d’activités reliées entre elles par des flux d’information…significatifs
et dont la combinaison permet d’obtenir un output important »24
Le processus d'innovation regroupe toutes les activités nécessaires pour transformer une idée
susceptible d'être commercialisée en un projet. L'innovation repose généralement sur quatre
étapes : l'idée, la transformation de l'idée en projet, la réalisation du projet et la
commercialisation du projet. Ces étapes ne sont pas gérées de la même manière.

1.1 L’idée

La première étape consiste à faire émerger l'idée du nouveau produit, et cette étape doit
s'accompagner d'une réflexion stratégique interne sur les priorités de l'entreprise en termes
d'innovation également, en s'appuyant sur les ressources et les compétences de l'entreprise.

Cette étape d'émergence des idées se poursuit par une étape de filtrage dans laquelle les idées
les plus pertinentes sont sélectionnées en évaluant leur potentiel marché et leur potentiel
interne.25

1.2. De l’idée au projet

24
Joëlle Forest, Jean-Pierre Micaelli et jacques Perrin (1977), innovation et conception, pourquoi une approche
en terme de processus, 1997, p 5
25
Le Nagard-Assayag, Emmanuelle, Manceau, Delphine, Morin-Delerm, Sophie « Le marketing de l'innovation :
Concevoir et lancer de nouveaux produits et services » Ed. 3, Dunod, 2015, P 90
L’idée géniale est un prérequis, une condition nécessaire à la création d’entreprise, mais
certainement pas une condition suffisante. L’idée doit devenir un projet, viable, pérenne et
sérieux.

Le passage de l’idée sélectionnée au projet nécessite les étapes suivantes :

 Établissement d’un business plan :


Business plan, plan d’affaires…Quelle que soit la langue que l’on utilise pour parler de ce
travail de préparation du projet, Ila déjà quelque chose d’excitant26

Tableau 3 : établissement de son premier BP

Catégorie du BP Questions aux quelle je dois répondre


Le chiffre d’affaire -Que je vais vendre ?
- A quel prix ?
-A combien du personne ?
- sur combien de temps ?

La marge brute - Quels sont mes couts variables ?


- Comment est-ce qu’ils sont liés à mon activité ?
Frais fixes - Quels seront mes frais fixes ?
Loyers
Personnel fixe
Juridique
Autres
EBE C’est la marge brute moins les frais fixes
Source : Bergerault, François, Bergerault, Nicolas « De l'idée à la création d'entreprise :
Concrétisez votre projet » Ed. 3, Dunod, 2019, P 90

 Identification des facteurs de risque et de réussite


 Désignation d’un chef de projet et des tableaux de bord
 Engager une démarche de protection de l’innovation

1.3 Du projet à la réalisation :

26
Bergerault, François, Bergerault, Nicolas « De l'idée à la création d'entreprise : Concrétisez votre projet » Ed.
3, Dunod, 2019, P 115
Cette phase se caractérise par la concrétisation de l’idée. Elle se décompose en deux axes :

• Préparation :

– Définition du contenu technique du projet (définition des tâches) ;

– Définition détaillée des coûts et des délais (budget et plan) ;

– Affectation des ressources matérielles et humaines (organisme responsable) ;

– Définir des métriques pour assurer l'atteinte des objectifs.

• Exécution :

Correspond à la construction d'un produit fini ou à la mise en œuvre d'un service27

Donc dans cette phase, le chef de projet met en place toutes les ressources internes prévues
(équipes projet, études, achats consommés, équipements de l'entreprise...) et externes (centres
techniques, bureaux d'études...), pour la réalisation du projet.

1.4 La mise au marché :

La mise au marché est l’étape à laquelle les résultats des efforts seront récoltés, elle comporte
deux phase : le pré-lancement et le lancement final de l'innovation

- Pré-lancement :
Cette phase de pré-lancement est très importante avant d'engager directement le lancement car
elle fait partie des outils de préparation au lancement ainsi d'opérer si nécessaire des
modifications sur le produit et de lui apporter les dernières améliorations, et elle crée des
attentes qui contribuent au succès futur du produit.28
- Lancement final :
Le lancement est traditionnellement défini comme le début de la commercialisation d'une
nouvelle offre. Le lancement précède alors la mise à disposition matérielle de l’offre. Les
différentes actions envisagées pour le lancement dépendent de la situation financière de
l’entreprise, du rôle joué par la nouvelle offre dans la stratégie de celle-ci, de son degré
d’innovation, et de la situation concurrentielle.29

27
Mongin, Pierre,Garcia, Luis « Organisez vos projets avec le Mind Mapping : Les 8 phases du projet et les outils
à mettre en place » Ed. 3, Dunod, 2017, P 76
28
Gotteland, David, Haon , Christophe, Boulé, Jean-Marie « L'innovation : de l'idée au lancement : Créer et
développer un produit ou service nouveau », Dunod , 2017 , P 255-257
29
Le Nagard-Assayag, Emmanuelle, Manceau, Delphine, Morin-Delerm, Sophie « Le marketing de l'innovation :
Concevoir et lancer de nouveaux produits et services », Op.cit, P 299
2 Les modèles du processus d’innovation

2.1 Le modèle de la boite noire : l’innovation comme résultat

Dans ce modèle, les entreprises sont considérées comme des boîtes noires techniques 30,
montrant un processus linéaire allant de la recherche à l'invention et à l’innovation. Ce
modèle fait l'objet de deux modélisations différentes : la « science push », où les avancées
technologiques représentent des processus autonomes en aval, et la « demande pull », où la
source de l'innovation est les opportunités générées par le marché.

Figure N°2 : Le modèle de la boite noire.

Source : CHOUTTEAU.M et VIEVARD.L, « L’innovation, un processus à décrypter »,


édition : centre ressources prospectives du grand Lyon, Paris, 2007, P.10.

2.1.1. Le modèle de « Science Push »

Ce modèle a été lancé par Schumpeter et est apparu dans les années 1950 et 1960 lorsque le
développement de produits dépendait des progrès technologiques. Elle considère que la
science et les activités de R&D sont à la base de toute innovation, cette dernière étant un
facteur exogène (hors du marché) pour l'entreprise. Ce modèle repose sur l'idée que l'on
peut prévoir les ressources nécessaires à mobiliser à chaque étape du processus d'innovation.
Ce processus commence par l'invention, se poursuit par la recherche et le développement et se
termine par l'innovation. La recherche et le développement restent au cœur de ce processus 31.
Ce modèle est composé d'éléments. Ce modèle est composé des éléments suivants ;

Figure 3. : Le modèle linéaire de l’innovation (science push)


30
Greffe Xavier, « Encyclopédie économique », ed. Economica, Paris, 1990, p.35.
31
Perrin Jacques, « Concevoir l’innovation industrielles », édition CNRS, Paris, 2001, P111.
Source : Guillermo CORTES ROBLES, « Management de l’innovation technologique
des connaissances », Toulouse, 2006, P.16.

2.1.2. Le modèle de « DEMAND Pull » (Le modèle de deuxième génération)

Le modèle Science-push comporte quelques insuffisances ; cela a guidé les chercheurs vers
l’élaboration d’un nouveau modèle: le modèle de l’innovation tirée par la demande. Ce
modèle a été conçu à la fin des années 1960 et début des années 1970, où l’accent est mis sur
les opportunités du marché et les besoins du client.

Dans ce modèle, l’innovation est une dérivée d’une demande perçue sur un marché et qui
modifie le développement et la direction de la technologie. L’innovation est aussi induite par
le département qui est en lien direct avec le client et qui, basé sur cette expérience, peut
soulever les problèmes existants pendant la conception du produit ou suggérer de nouvelles
directions pour la R&D32. En résumé, le marché est une source d'idées pour contrôler et
organiser la recherche et le développe

Figure N°4: Le modèle de « DEMAND Pull »

32
Réjean Landry, « L’innovation de produits et de procédés de fabrication dans les Entreprises manufacturières
de l’Estrie – Etat de la situation et pistes d’action. Etude réalisée pour le Groupe d’Action pour l’Avancement
Technologique de l’Estrie (GATE) » – Université Laval, Québec, Canada. Septembre 1998.
Source : Guillermo, CORTES ROBELES, op.Cit.P.15.

2.2. Le modèle linéaire :

Le modèle linéaire, au début de la seconde moitié du XXe siècle, a prouvé que le modèle de la
boîte noire est inefficace, car il ne permet pas de mieux comprendre le processus d'innovation.
C'est dans ce contexte que Schumpeter propose en 1942 une nouvelle approche de son
modèle, incorporant un changement significatif. Il considère que l'innovation n'est plus le fruit
d'un entrepreneur individuel, mais plutôt le résultat d'un travail organisé au sein d'un
département appelé recherche et développement 33

Figure N°5 : Le modèle linéaire :

Source : CHOUTEAU.M et VIEVARD.L, Op.cit., P.15.

2.3. Le modèle d’innovation de quatrième (é) génération :

Kline et Rosenberg sont les précurseurs de ce modèle, ils l’ont présenté comme un modèle
intégré du processus d’innovation, appelé « chain linked model » ou « chaine interconnectée».

La différence entre ce modèle et les autres, est qu’il n’y a pas un chemin principal d’activité
dans le processus d’innovation. Il peut prendre divers chemins différents34

En résumé, l’apport de ce quatrième modèle de liaison en chaine est de présenter l’innovation


comme un processus d’interactions entre différents acteurs : d’une part entre les entreprises et

33
CHOUTEAU.M et VIEVARD.L, « L’innovation, un processus à décrypter », édition : Le centre ressources
prospectives du grand Lyon, 2007, Paris, P.11.
34
Joelle Forest, Jean pierre Micaelli et Jacques Perrin, « Innovation et conception : pourquoi une approche en
terme de processus », Journal of product innovation management, N°12 (5), 2010, P7
la recherche fondamentale, puis entre les différentes fonctions de la firme, et enfin entre les
consommateurs et les producteurs…. Il exclut l’aspect financier de l’innovation, ses auteurs
considèrent que les couts des innovations croissent au fur et à mesure que le processus
avance, ce qui peut nuire la capacité d’une organisation d’entreprendre l’innovation

2.4. Le modèle d’innovation de cinquième (é) génération :

Ce modèle appelé aussi « System Integration and Networking Model (SIN) », se caractérise
par35 :

- une stratégie croissante d'intégration entre différentes organisations à l'intérieur et à


l'extérieur de l'entreprise ;

- Intégration des technologies de l'information et de la communication dans le processus


d'innovation.

- Organisation horizontale qui cherche à regrouper des groupes de recherche et


développement, marketing et production, etc.

- L'importance de la flexibilité dans l'entreprise et la rapidité de développement, la qualité et


d'autres facteurs non quantifiables.

Conclusion chapitre 2

35
CORTES ROBLES.G, « Management de l’innovation technologique et des connaissances », Toulouse, 2006,
P.18.
En conclusion, L’innovation est un facteur clé de succès, plus particulièrement dans le
secteur des nouvelles technologies où elle est même une nécessité absolue et considéré
comme un moteur de la croissance économique. Et devenue, au cours des années, un facteur
stratégique permettant aux entreprises, régions et pays de prospérer dans une économie qui est
de plus en plus globalisée et concurrentielle.

L’innovation est processus très complexe. Ce processus est affecté par une relation très
forte entre l’entreprise et son environnement tant au niveau interne qu’externe. Dans cette
relation complexe, il faut gérer une grande quantité de ressources, de connaissance,
d’interrelation il est nécessaire de mettre en cohérence et d’harmoniser l’information les
ressources et les technologies disponible. Tout cela avec but d’argumenter les possibilités de
réussite de la stratégie mise en œuvre, et par conséquent, du succès d’une entreprise sur un
marché très concurrentiel.

L’innovation, sous ses différentes formes est une force motrice de la croissance et sa
relation profonde avec toutes les fonctions fondamentale de l’entreprise la rend vitale pour
toute entreprise et cette innovation sera sûrement guidée par un entrepreneur innovateur.

Chapitre 2 : la perception du risque d’innovation :


Introduction :

Section 1 : la notion du risque :


Aujourd'hui, le concept de risque s'étend à presque tous les domaines de notre vie. Risques
technologiques, environnementaux, économiques, politiques, médicaux, sociaux,
psychologiques et sociaux. Partout dans les sociétés contemporaines, les problèmes de gestion
et de contrôle des risques sont un sujet essentiel.

1. Définition du risque :
« Le risque est une situation ensemble d’événements simultanés ou consécutifs dont
l’occurrence est incertaine et dont la réalisation affecte les objectifs de l’entité (individu,
famille, entreprise, collectivité) qui le subit » 36 Au sens propre du terme, le mot risque est
définit comme : un danger, un inconvénient plus au moins probable auquel on est exposé.
Les risques peuvent être à la fois commerciaux (risque d'invendus, risque de concurrence,
etc.), financiers (risque clients, risque de change, etc.) et sociaux (risque de conflit, risque
d'absentéisme, etc.). Le terme est largement utilisé, mais sa définition n'est pas uniforme. Ce
fait reflète la diversité des sens des mots, et il est utile et même nécessaire de rappeler les
principaux sens différents du mot risque présentés dans le tableau ci-dessous :
Tableau : Définitions du concept de risque

(Gourc, 2006) La possibilité que survienne un événement dont l’occurrence entraînerait


des conséquences (positives ou négatives) sur le déroulement de l'activité
du projet.

International Organisation for


Standardisation (ISO-Guide 73) Le risque est l’effet de l'incertitude sur l'atteinte des objectifs

(Daniel Bernoulli, 1738)


Le risque est l'espérance mathématique d'une fonction de probabilité
d'événements.

Desroches et al Le risque est une incertitude, menace ou opportunité que l’activité doit
anticiper, comprendre et gérer pour protéger ses actifs et sa valeur, et
atteindre les objectifs définis dans le cadre de sa stratégie.
Source : MOHAMED CHEMLAL, ASMAE MRABET, LOTFI BENAZZOU « la
gestion des risques dans les pme marocaines : un état des lieux », revue marocaine de
recherche en management et marketing, n°16, 2017, p 506

En termes plus simples, on peut dire que le risque est la probabilité qu'un événement se
produise qui aura un impact sur l'atteinte des objectifs. Certains risques peuvent avoir des
effets positifs tandis que d'autres sont négatifs, nous pouvons donc mesurer le risque à travers

36
RANNANE M & TALBI A. (2019) « Evolution des risques : De la gestion du risque simple au Management des
risques. », Revue du contrôle, de la comptabilité et de l’audit « Numéro 8 : Mars 2019 / Volume 3 : numéro 4 »
p : 175-189
deux indicateurs principaux : la probabilité, qui mesure l'incertitude de survenance de
l'événement considéré, et la Gravité qui mesure les conséquences de l'événement.

2. La typologie du risque
La classification des risques vise à classer les risques en catégories homogènes et exclusives,
ce qui permet de regrouper les événements afin de pouvoir traiter statistiquement
l'information. Selon cette classification, les risques pris en compte dépendent des points
d'entrée choisis :

 Fait ou événement.
 Conséquence ou préjudice (dommages corporels, destruction de biens, etc.).
 Raisons (incompétence, dysfonctionnement technique, etc.).
 Lieu de survenue.
 Signalisation de la gravité
Selon Bernard BARTHÉLÉMY et Jacques QUIBEL, il y a cinq types de risques : 37

• Des risques dits « de fréquence », qui sont très fréquents et qui ont une gravité assez
faibles ;

• Des risques dits « de gravité », qui ont une gravité forte et une probabilité faible ;

• Des risques dits « négligeables » qui ont à la fois une probabilité et gravité faibles.

 des risques dits « intolérables » qui ont à la fois une probabilité et gravité élevées ;
• Et enfin des risques de gravité et fréquence moyennes qui constitueront le vaste champ
d’application de la gestion des risques

Pour Miller38, il existe trois catégories principales de risques :

 Les risques liés à l’environnement des organisations.

 Les risques liés à l’activité.

 Les risques spécifiques aux organisations

Donc on peut dire que, la typologie des risques n’est pas standard et varie selon le domaine,
37
2 Sghaier W, et al. Gestion global des risques, Transfusion Clinique et Biologique (2015).
38
MARYHOFER, "Gestion des risques et formes de rapprochement", Revue française de gestion, Nov.-Déc.,
2000, Page : 53-64.
l’approche d’analyse et le contexte.
3. La gestion du risque :

La gestion des risques est l'affaire de tous les acteurs de l'entreprise, elle permet d'avoir une
vision globale des risques de l'organisation.

Identifier, analyser, évaluer les risques sont les étapes de la gestion des risques. Chaque
étape fait l’objet d’un dispositif à mettre en place afin de mener une gestion efficace des
risques, lequel devrait être inspiré de la connaissance, du savoir-faire et de l’innovation 39

La figure ci-dessous présente le processus de gestion des risques

Figure : le processus de gestion de risque

Source: Dr. Bruno Brühwiler, Management und Qualität, 3/2009

3.1 L’identification des risques :


L'incertitude de l'environnement, l'émergence de nouveaux produits et services, l'évolution
des attentes de clients de plus en plus exigeants, la décentralisation des responsabilités, les
évolutions technologiques... autant d'éléments qui rendent difficile l'atteinte des objectifs et la
pérennité de l'activité de l’entreprise. A cet égard, l'entreprise doit dresser une liste exhaustive
39
Munier B., 2000. "L’ingénierie du risque". Revue de marketing portant sur « Risques », N°44
de tous les risques susceptibles d'entraver sa progression, et distinguer les risques les plus
importants d'une part, et les moins importants d'autre part.40

3.2 Analyser les risques :

Suite à l’identification des risques, l’entreprise procède à leur analyse en essayant de


comprendre comment le risque se développe incluant les moyens de contrôle, causes et
conséquences effectives en se basant sur des méthodes différentes41

3.3 Evaluer le risque :


Pour évaluer les risques, il est nécessaire de prendre en compte les éléments de vulnérabilité,
c'est-à-dire les facteurs à l'origine du risque, les objectifs des risques liés aux organisations ou
aux ressources et bien sûr les conséquences et la gravité potentielle des risques. L'évaluation
du risque consiste à le mesurer par l'approche statistique en faisant recours au calcul des
probabilités42

3.4 Surmonter le risque :

Pour que ces dispositifs mis en place dans chaque étape soient efficaces et mènent une gestion
performante des risques, une sélection sérieuse doit se faire au niveau du choix de la
composante humaine qui exerce ces dispositifs (la veille stratégique, l’intelligence
économique et l’analyse statistique). La vision stratégique au regard des risques, les capacités
opérationnelles telles que la capacité à innover (la recherche de l’alternative optimale :
rapidement et efficacement), les capacités techniques à s’adapter à une nouvelle technologie
(nouvelle version informatique, nouvelle technique,…etc.), l’adoption de nouveaux outils et
mécanismes fondées sur les TIC, ainsi que les compétences communicationnelles permettent
de dépasser le cap conventionnel de la gestion de la performance et donc de la gestion des
risques

Section 2 : Les risques de l’innovation

40
Frédérique Blondel, Sophie Gaultier-Gaillard « COMMENT UNE ENTREPRISE PEUT-ELLE MAÎTRISER LES
RISQUES INDUITS PAR L'INNOVATION ? », « Vie & sciences de l'entreprise », vol 3, N° 172, 2006, P 10- 23
41
MOHAMED CHEMLAL, ASMAE MRABET, LOTFI BENAZZOU « la gestion des risques dans les pme marocaines :
un état des lieux », revue marocaine de recherche en management et marketing, n°16, 2017, p 506
42
Frédérique Blondel, Sophie Gaultier-Gaillard « COMMENT UNE ENTREPRISE PEUT-ELLE MAÎTRISER LES
RISQUES INDUITS PAR L'INNOVATION », op.cit, P13
Il existe une forte tension entre innovation et prise de risque. Compte tenu de la culture, des
valeurs et du respect des règles d'une organisation, les risques associés à l'innovation prennent
de nombreuses formes.
L'innovation signifie essentiellement un changement qui nécessite de prendre des risques, liés
à des incertitudes techniques, commerciales et financières. L'évaluation des risques associés à
une innovation particulière est l'étape la plus importante par rapport à l'évaluation de
l'innovation elle-même.43
Donc dons cette section on va mettre l’accent sur les différents types de risques d’innovation
à savoir les risques stratégiques, financière, commerciale, technologique

1 Les risques stratégiques 44

Pour qu'une entreprise puisse innover efficacement, elle doit d'abord avoir une vision globale
et être capable d'en évaluer l'impact technique et économique. De plus, il est nécessaire que
l'entreprise évalue le degré de risque compatible avec son organisation et ses moyens.

1.1 Risque lié au choix du projet d’innovation


Le choix du projet d’innovation joue un rôle très important En pratique, les décideurs sont
souvent confrontés à deux types de risques. Le premier est le premier degré et consiste à faire
de mauvais choix, le second degré est le second degré et consiste à rejeter les bons choix. Ce
type de risque est appelé : Erreurs de gestion stratégique.

Pour éviter cela, la sélection des projets d'innovation doit viser à répondre à des besoins
techniques, des besoins très spécifiques en gardant à l'esprit les contraintes suivantes :

 Intensité de la concurrence.
 Niveau technique.
 ressources disponibles.
Par ailleurs, pour réduire ces risques, le recours aux compétences, à l’expérience, à la vision
stratégique prétentieuse…, est indispensable. Face à l’incertitude, la prise de risques met en
relief deux facteurs déterminants de l’engagement au changement à savoir :

 La bonne gouvernance.
 L’orientation stratégique

43
Seboud S., & Mazzoual T.W., 2004. "Intérêt d’outil d’évaluation du risque lié à l’innovation pour les PME".
44
Tidd, J., Bessant, j., & Pavitt, K., 2006. "Management de l’innovation", Ed: De Boeck, page : 71.
Ces deux facteurs reflètent également le niveau d'accompagnement de l'innovation et du
changement, à travers la tolérance à l'erreur et la gestion des opportunités que l'innovation
peut offrir, acquérant ainsi une capacité particulière à acquérir une organisation apprenante.

D'autre part, ces deux facteurs distinguent les organisations en termes de degré de flexibilité,
de rapidité de prise de décision et de taille représentée par des contraintes de ressources.
Cependant, l'efficacité de la gestion de l'innovation dépend fortement de la création de
structures et de comportements qui donnent une certaine dynamique.

1.2 Risque lié à la mauvaise définition de l’objectif :

La fixation des objectifs est une étape importante dans innovation donc la mauvaise fixation
des objectifs influence négativement sur l’innovation

Pour cela les objectifs spécifiques du projet d'innovation doivent porter sur les aspects
suivant: qualité ; coût et temps. Les projets dont la réalisation prend plus d'un an sont
automatiquement considérés comme à haut risque.

2. Risque organisationnel :45

Les entreprises sont déstabilisées par les nouvelles organisations, les nouveaux modes de
travail et les nouveaux outils de management. Certains risques se présentent comme des
obstacles à l'innovation.
 Manque de flexibilité organisationnelle.
 La réglementation peut être un obstacle à l'innovation.
 les collaborations et les partenariats mal négociés qui peuvent conduire à l'échec du
projet
 Manque de connaissances en gestion
 Incompétence du personnel dans les domaines de la comptabilité, des finances et des
systèmes d'information
 Absence d'outils de gestion et faiblesse de la gestion financière

Pour y faire face et maîtriser sa gravité, ces risques doivent être analysés puis certaines
actions doivent être mises en place :
 Informer largement et symétriquement les personnels
45
Beaudoin, R. & Josée, SP., 1999. "Financement de l’innovation dans les PME". Rapport de veille présenté à
l’observatoire économique
 Motiver au maximum les employés.
 Développement dans la dynamique de la qualité totale
 amélioration et accumulation des savoirs et savoir-faire

3. Risque technique / technologique 46

Parmi les risques qui peuvent ralentir l'activité d'innovation on peut citer :
 Moins d'investissements en R&D
 Manque de coopération avec les instituts de recherche
 Obsolescence des équipements et retard technologique
 L'expérience des participants au projet est la caractéristique la plus importante. Moins
d'expérience signifie plus de risques. Leur engagement, leurs compétences et leurs
dispositions sont des facteurs pouvant facilement réduire ce risque
L'atténuation ou le contrôle de ce type de risque nécessite les mesures suivantes :

 Maintenir la formation continue du personnel.


 Embaucher des employés qualifiés.
 Faites appel à une aide extérieure : Bureau d'études, centre d'innovation, consultant.

4. Risque financier 47
L'innovation peut nécessiter des investissements importants en temps et en argent, sans
garantie de succès parmi les risques qui peuvent entraver l'innovation

 Faible indépendance financière


 Des ressources financières insuffisantes
 Absence de maîtrise de la gestion budgétaire des activités
Les risques financiers peuvent inclure des coûts de développement élevés, des pertes
financières en cas d'échec de l'innovation, une concurrence accrue, etc. C'est pourquoi il faut

 Évaluer correctement le coût de l'innovation.


 Estimation du budget relatif et affectation des fonds propres de l'entreprise.
 Utilisation des aides financières et prise en charge du dossier de financement
 La possibilité d'assurer une protection en cas de nouveau produit breveté.

46
Stephen R. Toney 1998, Président Systems Planning Las Vegas USA, "Facteurs de risques dans les projets
technologiques
47
Josée St-Pierre, Jacques Bertrand, Sylvestre Uwizeyemungu « Accroître la performance en innovation des
PME grâce à la gestion des risques », numéro 5, Volume 34, 2017 P 315-336
5. Risque commercial 48
Ce risque est lié notamment aux

 Manque d’information sur les marchés et les besoins des clients pour ajuster à
l’environnement concurrentiel
 Absence d’expertise dans les domaines commerciaux et marketing
 Méconnaissances des actions des concurrents
 Absence de protection de l’innovation
La réduction voire la maitrise de ce type de risque nécessite l’adoption de la démarche
marketing tout au long du processus innovation à travers les actions suivantes :

 Faire une étude sérieuse du marché.


 Faire des sondages.
 Bien évaluer la concurrence.
 Elaborer une stratégie commerciale

Donc on va résumer les risques qui freinent l’innovation dans le tableau ci-dessous

Tableau : les risques de l’innovation

• Potentiel d’innovation (R-D, conception, etc.) insuffisant.


Manque de personnel qualifie:( À l’intérieur de l’entreprise et sur le marché du
48
Josée St-Pierre, Jacques Bertrand, Sylvestre Uwizeyemungu « Accroître la performance en innovation des
PME grâce à la gestion des risques », op.cit.
travail.)
• Manque d’informations sur la technologie.
• Manque d’informations sur les marchés.
Risque lié aux connaissances • Insuffisances dans la disponibilité de services externes
• Difficulté à trouver des partenaires en coopération pour : la mise au point de
produits ou de procédés.
•Rigidités organisationnelles à l’intérieur de l’entreprise:
Attitude du personnel à l’égard du changement
Attitude de l’encadrement à l’égard du changement
Structure de la direction de l’entreprise.
Incapacité d’affecter du personnel aux activités d’innovation en raison des
impératifs de production
- Coût trop élevé.
- Manque de fonds propres.
Risque du coût : - Manque de financement à partir de sources extérieures à l’entreprise.
- Capital risque.
- Sources publiques de financement
Manque d’infrastructure.
Risque institutionnelle - Faiblesse des droits de propriété.
- Législation, réglementations, normes, fiscalité
-Demande incertaine de biens et de services innovants.
Risque du marché - Marche potentiel domine par des entreprises établies.

Source : réalisé par moi-même

Section 3 : les facteurs-clé du succès d’un projet innovant : la gestion des risques
de l’innovation

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