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Institut Diocésain de Formation, année 2022-2023

Diocèse d’Avignon

« L’homme sauvé par la Beauté ? » (Dialogue et mission)


WE 13-14 mai 2023

Samedi 13 : « Art, Culture et Foi. La Beauté au cœur du mystère et de la mission de l’Eglise » par
M. et Mme Lionel et Véronique MATHIEU
Dimanche 14 : « L’Art sacré, une Parole vivante. Balade sous les voûtes » par l’Abbé Daniel
Bréhier

« Art, Culture et Foi. La Beauté au cœur du mystère et de la mission de l’Eglise »


« Est-il vrai Prince que vous ayez dit un jour que la Beauté sauverait le monde ? Messieurs
s’écria-t-il en prenant toute la société à témoin, le Prince prétend que la Beauté sauvera
le monde ! Et moi je prétends que s il a des idées aussi folâtres c est qu il est amoureux.
Ne rougissez pas Prince vous me feriez pitié. Quelle Beauté sauvera le monde ? Le Prince
le contempla attentivement et ne répliqua rien » Fiodor DOSTOÏEVSKI, « L’Idiot »

Plan
INTRODUCTION
« Elle est la beauté désintéressée … Celui qui, à son nom, fait la moue …, on peut être sûr que -
en secret ou ouvertement - il ne peut déjà plus prier, et bientôt ne pourra plus aimer » (Hans
Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix).
• Sans beauté on ne prie plus et on n’aime plus ?
• Prier et aimer dans le mystère de la présence ?
• Fil rouge d’une « expérience » ?
• La beauté a t-elle une place dans cette expérience ?
• Beauté et Eucharistie ?

En quoi notre relation à la beauté, peut-elle nous aider à scruter les signes des temps, à revenir aux
fondamentaux et à interroger notre manière de vivre en Église ? (Cf. Lettre pastorale de Mgr Fonlupt)

ANNONCE DE PLAN
I- La Voie de la beauté dans l’histoire de l’Église - Scruter les signes des temps
A- L’enjeu d’un dialogue
A-1) État des lieux
A-2) Mécénat. Modernité. Sécularisation
A-3) Magistère et signes des temps
B- L’héritage de La Voie de la beauté dans l’Église
B-1) L’ouverture explicite à La Voie de la beauté et inquiétude d’un dialogue (Pie XII, Jean
XXIII, Paul VI)
B-2) Balises pour un dialogue (Jean-Paul Ier, Jean-Paul II)
B-3) Un appel à une actuation avec Benoît XVI et le pape François
C- L’actualité de La Voie de la beauté dans l’Église
C-1) Le chemin synodal
C-2) De l’événement au processus
C-3) Synodalité et Voie de la beauté : l’épreuve de l’altérité

II- Beauté et incarnation - Revenir aux fondamentaux


A- « La chair est la charnière du salut » (Tertullien)
A-1) Une expérience personnelle et singulière pour tous
A-2) Une expérience qui advient dans la chair et se vit dans la réalité de la présence
A-3) Une expérience d’altérité
B-« J’ouvrirai une école de vie intérieure et j’écrirai sur la porte é‘cole d’art’ » (Max Jacob)
B-1) « Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon » - « bel et bon » (Genèse
1, 31)
B-2) « Mon âme s’épuise à désirer les parvis du Seigneur » (Psaume 83, 3)
B-3) Une chair transfigurée
C-« Le pain que je donnerai, c'est ma chair » (Jean 6, 51)
C-1) La vulnérabilité en acte(s)
C-2) « La Beauté de toutes les beautés » (Saint Augustin)
C-3) Voulez-vous partir vous aussi ? (Jean 6, 67)

III- Beauté et expression - Interroger notre manière de vivre en Église


A- L’expression est une création
A-1) Intuition et expression - Présence
A-2) Disabled Theater ou l’exemplarité d’une rencontre
A-3) Nourrir « l’image intérieure »
B-Quelle « parole » est le disciple-missionnaire pour le monde ?
B-1) L’identité du disciple-missionnaire
B-2) « Je est un autre », de « Je » à « Nous » : la beauté comme passage ?
B-3) L’enjeu d’un langage spirituel
C- Le facere missionnaire infusé dans la beauté
C-1) L’Église, mystère de la lune

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C-2) La culture de la rencontre
C-3) La parole est un acte

CONCLUSION
« Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout. Cette petite fille espérance. Immortelle » -
« C'est cette petite fille pourtant qui traversera les mondes. Cette petite fille de rien du tout.
Elle seule, portant les autres, qui traversera les mondes révolus » (Charles Péguy, Le Porche du
mystère de la deuxième vertu, 1912).

PÉRIODES APPORTS ET RÉFÉRENCES


I - Ouverture 1) L’art et les artistes, expression d’un invisible interne au visible
explicite à la « interprètes des perfections infinies de Dieu et particulièrement de sa
Voie de la beauté et de son harmonie. La fonction de tout art est en effet de briser
beauté et l'espace étroit et angoissant du fini dans lequel l'homme est enfermé,
inquiétude tant qu'il vit ici-bas, et d ouvrir comme une fenêtre à son esprit aspirant
d’un à l'infini ! » (Pie XII, Discours aux artistes, 8 avril 1952).
dialogue
Pie XII, Jean « L’artiste accomplit un ministère para-sacerdotal à côté du nôtre ; notre
ministère est celui des mystères de Dieu, le sien est celui de la
XXIII, Paul VI
collaboration humaine qui rend ces mystères présents et accessibles.»
(Cardinal Montini, Discours à l’Union catholique des artistes italiens, 2 février
1963).

« Vous avez cette prérogative, dans l'acte même qui rend accessible et
compréhensible au monde, l'esprit de ce monde, de garder son ineffable
sens de la transcendance, son aura de mystère. » (Paul VI, Homélie messe
des artistes, 7 mai 1964).

2) Nécessité d’un dialogue : « Nous devons refaire notre alliance... Nous


devons laisser vos voix exprimer le chant libre et puissant dont vous
êtes capables » - « Allons nous refaire la paix aujourd hui même ? Ici ?
Voulons nous redevenir amis ? Le pape sera-t-il de nouveau l ami des
artistes ? » (Paul VI, Homélie messe des artistes, 7 mai 1964).

Concile « À leur manière aussi, la littérature et les arts ont une grande
Vatican II importance pour la vie de l'Église. Ils s'efforcent en effet d'exprimer la
Constitution nature propre de l'homme, ses problèmes, ses tentatives pour se
pastorale sur connaître et se perfectionner lui-même ainsi que le monde. Ils
s'appliquent à découvrir sa place dans l'histoire et dans l'univers, à
L’Église dans le
mettre en lumière les misères et les joies, les besoins et les énergies des
monde de ce hommes et à présenter l'ébauche d'une destinée humaine plus
temps heureuse. Ainsi sont-ils capables d'élever la vie humaine qu'ils
expriment sous des formes multiples, selon les temps et les lieux » - « Il
faut donc faire en sorte que ceux qui s'adonnent à ces arts se sentent
compris par l'Église au sein même de leurs activités et que, jouissant
d'une liberté normale, ils établissent des échanges plus faciles avec la
communauté chrétienne. » (Gaudium et Spes 56, 7 décembre 1965)

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PÉRIODES APPORTS ET RÉFÉRENCES
II - Balises 1) Une présence de chair et d’os dans un bref pontificat
pour un « ... (En) ce jour anniversaire de l’élévation au pontificat suprême de votre
concitoyen, le très aimé et inoubliable pape Jean-Paul Ier ... je suis aussi
dialogue profondément ému… tous, nous nous souvenons de ces phénomènes
Jean-Paul Ier, extraordinaires qu ont été l’élection, le pontificat et la mort de ce pape ; tous, nous
Jean-Paul II conservons dans le cœur sa figure et son sourire ; tous, nous avons gravé dans
notre esprit le souvenir des enseignements qu il a multipliés avec un zèle
infatigable et un sens pastoral très délicat durant les trente-trois jours de son bref
ministère universel. » (Jean-Paul II, Homélie lors de la visite pastorale en Vénétie, 26
août 1979)

2) Un enseignement théologique à 3 entrées (Jean-Paul II, Lettre aux artistes publiée le 4


avril 1999)

• Beauté, art et artistes, société - Le beau est une expérience intime liée à une intuition du
mystère de l’Acte de Dieu créateur : « …vous avez contemplé l'œuvre de votre
inspiration, y percevant comme l'écho du mystère de la création, auquel Dieu,
seul créateur de toutes choses, a voulu en quelque sorte vous associer ». La
beauté, au sens de cette intimité, est un appel personnel (Parabole des talents,
Matthieu 25, 14-30). L’identité de l’artiste est l’expression de son être en réponse à cet
appel - il peut porter ou non du fruit dans la responsabilité personnelle : « L'artiste vit
une relation particulière avec la beauté. En un sens très juste, on peut dire que la
beauté est la vocation à laquelle le Créateur l'a appelé par le don du talent
artistique . Et ce talent aussi est assurément à faire fructifier, dans la logique de
la parabole évangélique des talents ». L’art est une expression de l’être, en relation
ordonnée au bien commun dans une dimension sociale, et particulièrement à
l’éducation : « À travers les œuvres qu'il réalise, l'artiste parle et communique avec
les autres. L'histoire de l'art n'est donc pas seulement une histoire des œuvres,
elle est aussi une histoire des hommes » - « La société, en effet, a besoin
d'artistes, comme elle a besoin de scientifiques, de techniciens, d'ouvriers, de
personnes de toutes professions, de témoins de la foi, de maîtres, de pères et de
mères, qui garantissent la croissance de la personne et le développement de la
communauté à travers cette très haute forme de l'art qu'est l'art de l'éducation ».

• La transcendance au cœur du dialogue à renouveler - La création artistique est un facere de


l’altérité, expérience d’une fulgurance reçue et donnée, qui fonde un langage de
transmission : « Chaque intuition artistique authentique va au-delà de ce que
perçoivent les sens et, en pénétrant la réalité, elle s'efforce d'en interpréter le
mystère caché. Elle jaillit du plus profond de l'âme humaine, là où l'aspiration à
donner un sens à sa vie s'accompagne de la perception fugace de la beauté et de
la mystérieuse unité des choses.» - « Pour transmettre le message que le Christ
lui a confié, l'Église a besoin de l'art. Elle doit en effet rendre perceptible et même,
autant que possible, fascinant le monde de l'esprit, de l'invisible, de Dieu ».

• La chair, enjeu du dialogue - Tout processus de création est dans l’ordre de l’incarnation,
la beauté est matière spiritualisée et transfigurée : « à chacun, je voudrais rappeler
que l'alliance établie depuis toujours entre l'Évangile et l'art implique, au-delà des
nécessités fonctionnelles, l'invitation à pénétrer avec une intuition créatrice dans
le mystère du Dieu incarné, et en même temps dans le mystère de l’homme. …
toute inspiration authentique renferme en elle-même quelque frémissement de
ce souffle dont l'Esprit créateur remplissait dès les origines l'œuvre de la
création. En présidant aux mystérieuses lois qui régissent l'univers, le souffle
divin de l'Esprit créateur vient à la rencontre du génie de l'homme et stimule sa
capacité créatrice. … Du chaos surgit le monde de l’esprit. Partant des mots
qu'Adam Mickiewicz écrivait dans une période particulièrement tourmentée pour
la patrie polonaise je formule un souhait pour vous : que votre art contribue à
l'affermissement d'une beauté authentique qui, comme un reflet de l'Esprit de
Dieu, transfigure la matière, ouvrant les esprits au sens de l'éternité ! ».

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PÉRIODES APPORTS ET RÉFÉRENCES
Document « La Via pulchritudinis, La Voie de la beauté - chemin d’évangélisation et de
dialogue avec les non-croyants », Conseil Pontifical de la Culture, 2006.

III - Un appel 1) La beauté, expérience du sens dans la présence, est une école de vie
à une intérieure
actuation « Chers artistes, vous savez bien que l'expérience du beau, du beau
Benoît XVI, authentique, pas éphémère ni superficiel, n'est pas quelque chose
Pape François d'accessoire ou de secondaire dans la recherche du sens et du bonheur,
car cette expérience n'éloigne pas de la réalité, mais, au contraire, elle
mène à une confrontation étroite avec le vécu quotidien, pour le libérer
de l'obscurité et le transfigurer, pour le rendre lumineux, beau » - «
L'humanité peut vivre sans la science, elle peut vivre sans pain, mais il
n'y a que sans la beauté qu'elle ne pourrait plus vivre, car il n'y aurait
plus rien à faire au monde. Tout le secret est là, toute l'histoire est là » -
« L'art, dans toutes ses expressions, au moment où il se confronte avec
les grandes interrogations de l'existence, peut assumer une valeur
religieuse et se transformer en un parcours de profonde réflexion
intérieure et de spiritualité » (Benoît XVI, Accueil des artistes dans la
chapelle Sixtine le 21 novembre 2009, à l’occasion du 10ème anniversaire de
La Lettre aux artistes).

2) La beauté est une expérience de pauvre


« Quand quelqu un n apprend pas à s arrêter pour observer et pour
évaluer ce qui est beau, il n est pas étonnant que tout devienne pour lui
objet d usage et d abus sans scrupule » (Pape François, Lettre encyclique
sur la sauvegarde de la maison commune, Laudato si - chapitre 6, 24 mai
2015).

3) La beauté est nécessité d’un langage parabolique nouveau pour la


transmission de la foi
« Il est bien que chaque catéchèse prête une attention spéciale à la Voie
de la beauté. Annoncer le Christ signifie montrer que croire en lui et le
suivre n est pas seulement quelque chose de vrai et de juste mais aussi
quelque chose de beau, capable de combler la vie d une splendeur
nouvelle et d une joie profonde, même dans les épreuves. Dans cette
perspective, toutes les expressions d authentique beauté peuvent être
reconnues comme un sentier qui aide à rencontrer le Seigneur Jésus.
...... Il est souhaitable que chaque Église particulière promeuve
l utilisation des arts dans son évangélisation en continuité avec la
richesse du passé mais aussi dans l’étendue de ses multiples
expressions actuelles, dans le but de transmettre la foi dans un nouveau
langage parabolique » (Pape François, Exhortation apostolique sur
l’annonce de l’Évangile dans le monde d’aujourd’hui, Evangeli Gaudium, 24
novembre 2013) - En mars 2022, dans un message adressé aux jeunes
impliqués dans la préparation des prochaines JMJ-Journées Mondiales de la
Jeunesse de Lisbonne en août 2023, le pape François cite le bienheureux
Carlo Acutis : « Chacun de nous doit être un original, pas une photocopie
» avant d’ajouter : « Vous êtes créatifs, vous êtes des poètes ! Faites que
cette poésie de la créativité regarde vers le mois d’août 2023 ».

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PÉRIODES APPORTS ET RÉFÉRENCES
L’alliance • Document ressource « La synodalité dans la vie et la mission de l’Église »,
Beauté et Commission Théologique Internationale, 2018 - seuil de nouveauté à franchir
Église, enjeu aujourd’hui et condition préalable et indispensable pour un nouvel élan
synodal ? missionnaire : « Le chemin que Dieu attend de l’Église du troisième
millénaire » (Pape François).

• Enjeu du vivant : « Le Synode n est plus un événement mais un processus


… c est l enseignement de Vatican II : une Église qui est le peuple de Dieu
» - « La synodalité ... s exprime sous une forme unitaire en substance mais
qui peu à peu se fait explicite … dans le développement vivant
d'expressions selon les divers moments historiques et dans le dialogue
avec la diversité des cultures et des situations sociales » (document de
référence, numéro 24).

• L’épreuve de l’altérité ? - « le développement vivant d’expressions dans le


dialogue avec la diversité des cultures » : Synodalité et Voie de la beauté
peuvent-elles à l’intérieur de ce dialogue, ouvrir le champ de l’altérité ? -
« …l’intime conviction de la Commission, après avoir rencontré les
victimes, c'est que les violences sexuelles sont une œuvre de mort, et
c'est le cinquième commandement - Tu ne tueras pas - qui est en jeu’ »
(extrait ITW de Jean-Marc Sauvé, paru dans La Croix hebdomadaire des 9/10
octobre 2021).

DOSSIER DES TEXTES

1. Jean-Paul II, Lettre apostolique Mane Nobiscum Domine, numéros 15 et 16, 7 octobre
2004

« La dimension la plus évidente de l'Eucharistie est sans aucun doute celle du repas. … Cet
aspect exprime bien la relation de communion que Dieu veut établir avec nous et que nous
devons nous-mêmes développer les uns avec les autres. On ne peut toutefois oublier que le
repas eucharistique a aussi, et c'est primordial, un sens profondément et avant tout sacrificiel.
Le Christ nous y présente à nouveau le sacrifice accompli une fois pour toutes sur le Golgotha.
Tout en y étant présent comme Ressuscité, Il porte les signes de sa passion, dont chaque
Messe est le ‘mémorial’ … En même temps, tandis qu'elle rend présent le passé, l'Eucharistie
nous tourne vers l'avenir de l'ultime retour du Christ, à la fin des temps. Cet aspect
«eschatologique» donne au Sacrement eucharistique une dynamique qui met en marche et
qui donne au cheminement chrétien le souffle de l’espérance. »

« Toutes ces dimensions de l'Eucharistie se rejoignent dans un aspect qui, plus que tous les
autres, met notre foi à l'épreuve, à savoir celui du mystère de la présence «réelle». … C’est
pourquoi la foi nous demande de nous tenir devant l'Eucharistie avec la conscience que nous
sommes devant le Christ lui-même. C'est sa présence même qui donne à toutes les autres

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dimensions - repas, mémorial de la Pâque, anticipation eschatologique - une signification
qui va bien au-delà d'un pur symbolisme. L'Eucharistie est mystère de présence, par lequel
se réalise de manière éminente la promesse de Jésus de rester avec nous jusqu'à la fin du
monde. »

2. Alain Damasio, Extraits de La rage du sage, 11 janvier 2009

« Notre époque a un problème d'étoffe. Le tissu social se troue et il défibre. Les relations
humaines sont remplacées par leur calque virtuel : les réseaux … Les visages qu'on embrassait
disparaissent derrière leur photo. Les gestes qu'on attend restent à la surface du plasma :
vidéo. Tout se dématérialise : la musique, la pellicule, l’humeur. La voix. La présence. Même
le toucher a trouvé son ersatz, son mode vibreur ».

« Être soi. Plutôt qu'être avec. Voici venir le règne des citoyens-bulles, lovés dans leur
technococon ».

« Dans ce 21ème naissant, le sentiment collectif ne se vit plus sous forme de familles ou de
groupes, mais de grappes structurées par affinités de consommation : les ‘communautés’ en
langage net… ».

« Ainsi je m'affiche sur le mur de facebook… Et j'alimente, en toute conscience, le plus


gigantesque fichage consenti de l'histoire du marketing personnalisé. Je me donne, à nu, et
mieux : je leur livre mes potes, mes groupes, mes clubs… ».

« C'est comme si, par miracle, la liberté vraie devait naître désormais d'un isolement connecté.
Et non plus de ce que m’offre l'amour et l'amitié, avec leur épaisseur de tensions riches …
On ne partage plus : on s'agrège. On ne se touche plus mais on garde le contact.

Le moi-île est une invention occidentale… tout à l’inverse, le soi qui vit est un carrefour, un
échangeur, une place peuplée ou un parc, une multitude, des tribus. Il a l'énergie des champs
dans lequel il est pris ; il a les intensités qu'il traverse, suscite et reçoit en liant ».

« L'argent, la communication, la technologie : tout ce qui fonde notre rapport au monde fait
écran à la vie. Tout nous connecte - de loin et sans fil - mais rien ne nous relie ».

3. Extrait Charte de Facebook

En publiant un contenu utilisateur sur tout ou partie du site, vous concédez expressément à
la Société une licence irrévocable, perpétuelle, non exclusive, transférable et pour le monde
entier, sans rétribution financière de sa part, d’utiliser, copier, représenter, diffuser, reformâter,
traduire, extraire et distribuer ce contenu utilisateur, à des fins commerciales, publicitaires ou
autres, sur le site ou en relation avec le site (ou dans le cadre de sa promotion), de créer des
7
œuvres dérivés du contenu utilisateur ou de l'incorporer à d'autres créations, et d’en
concéder des sous-licences des éléments cités ».

4. Henri Bissonnier, L’Expression, valeur chrétienne, 1964.

« L’expression est essentiellement un mouvement qui va de l’intérieur vers l’extérieur, vers le


visible à partir du caché et, pour ainsi dire, s’enrichit lui-même. Elle est la manifestation de
l’être, à partir de ce qu’il recèle de plus essentiel, de plus profond, de plus inné. Elle est
l’actuation des puissances ignorées le plus souvent de celui-là même qui s’exprime. Elle est
le résultat, le fruit, sinon le but ou le terme, d’un laborieux effort qui va du vide à la plénitude
de la présence. … Elle est donc bien une création en ce sens qu’elle apporte quelque chose
de nouveau en ce monde. Nous pourrions ajouter qu’elle est une incarnation. … Le spirituel
prend corps sans, pour autant, perdre sa qualité. Mais il devient connaissable et communiqué.
… C’est un don de soi que l’expression. … Un don de soi dans lequel l’être se dépasse »

5. Texte écrit par Roger Munier, paru dans le Monde du 5 mars 1977,

« Je dirai d’abord que c’est aujourd’hui ce qui nous manque le plus. Dans un monde objectivé,
placé comme le nôtre sous l’emprise croissante de l’artifice, la présence n’a pour ainsi dire
plus de lieu. Un certain espace, le silence, au moins l’intériorité des êtres et des choses sont
nécessaires pour qu’elle se lève, à de certains moments, pour un certain regard. Car elle n’est
pas distincte des choses, bien au contraire. Elle serait presque, elle est dans son résultat la
chose même apparaissant. Je regarde un village proche… Je peux le voir sans le voir,
distraitement. Je peux le voir aussi comme élément du paysage, enclos en soi, situé, mais
distant, sans vibration ni écho. Je peux enfin le laisser être, comme éclore en soi, partant de
soi, et ainsi apparaître. C’est le même village et rien n’en est changé, mais une dimension
l’enveloppe, qui pour une part le dépasse et, en même temps, n’est faite que de lui-même
comme village sur la colline. De sorte, que le contemplant, me laissant peu à peu gagner, je
m’ouvre à cette présence dont le pouvoir me rencontre et me parle … Car la présence d’abord
s’éprouve. Elle appelle, pour être reconnue, un mouvement d’adhésion … La présence est
toujours épiphanique… elle est l’annonce, en somme d’une transcendance nouvelle, qui ne
serait pas autre, mais la même que celle qu’elle transcende, la transcendance du Même… Le
sens n’a pas, comme d’aucuns le croient déserté le monde : il fait seulement corps avec lui.
Il l’épouse en son épaisseur. Il est sa propre épaisseur transmuée. Comme cette nuée
incandescente irradiant parfois le ciel en fin de jours et dont l’embrasement est autant son
propre feu que celui de l’astre masqué. Ainsi la présence éprouvée vient irradier ce qu’elle
assume, fermant le cercle du fini, lui donnant par instant, oui, ne fût-ce que par instants,
comme un poids d’éternité ».
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6. Texte écrit par Maurice Zundel à propos d’une expérience qu’il fit à Florence devant
la tombe des Médicis en 1926.

« … Ce n'était pas l'œuvre de Michel-Ange que je voyais, c'était à travers l'œuvre de Michel-
Ange, une présence.… Cette beauté qui n'a plus de figure, qui n'a plus de visage, qui n'a plus
de mains, qui n'a plus de nom, qui est l'horizon de toutes les œuvres d'art, qui est le désir
de tous les poètes, qui est la joie de tous les musiciens, cette présence qu'il est impossible
de nommer… et que je sentais maintenant prendre possession de moi. Et je me souviens
avec une parfaite netteté que l'impression que j'ai eue ce matin-là était une impression d’une
immense liberté, la liberté d'un homme qui prend des vacances de lui-même, qui ne se
souvient plus qu'il est là, qui ne se voit plus, qui ne se regarde plus, qui ne s'écoute plus, qui
est perdu, perdu dans cette présence qu'il aspire, qui l’appelle, qui le remplit, qui le comble
et qui devient vraiment pour lui une respiration… Je sentais que j'étais pris dans un dialogue
et que c'était ça la vie … . C’est toujours la même découverte, ce sentiment qu'on se quitte
soi-même, qu’on s’oublie… et qu'on écoute, qu'on écoute dans un silence merveilleux, où on
s’enracine dans une Présence qui est la Vie de notre vie ».

7. Définitions Chasteté

Wikipédia : Une attitude morale liée à la vie sexuelle ou relationnelle ... Dans le domaine
sexuel, elle vise à vivre sa sexualité selon son statut. Dans le domaine relationnel, elle se veut
établir une relation dont l'objet n'est pas le seul plaisir des personnes aimées ou de soi-
même ... la chasteté ne doit pas être confondue avec (et réduite à) la continence qui consiste
à s'abstenir de toutes pratiques, de toutes pensées sexuelles et à faire preuve de retenue
dans le domaine sexuel en général. Selon certaines définitions, la chasteté inclut toutes les
relations entre deux personnes (amicales, lien d'autorité...), et exige un strict respect de la
liberté de l'autre (les « jeux de pouvoir », manipulations, pressions diverses constituant des
actions « non-chastes »). Ainsi, une personne continente peut être non- chaste dans ses
relations avec des tiers.

Catéchisme de l’Église catholique, numéro 2237 : La chasteté signifie l’intégration réussie


de la sexualité dans la personne et par là l’unité intérieure de l’homme dans son être corporel
et spirituel. La sexualité, en laquelle s’exprime l’appartenance de l’homme au monde corporel
et biologique, devient personnelle et vraiment humaine lorsqu’elle est intégrée dans la
relation de personne à personne, dans le don mutuel entier et temporellement illimité, de
l’homme et de la femme. La vertu de chasteté comporte donc l’intégrité de la personne et
l’intégralité du don.

9
D’autres ressources
Extrait Lettre du pape François au Peuple de Dieu en marche en Allemagne, juin 2019
« L’Église universelle vit dans et parmi les Églises particulières, tout comme les Églises
particulières vivent de l'Église universelle et s'épanouissent en son sein ; si jamais elles sont
séparées du reste du corps ecclésial, elles s'affaiblissent, se fanent et meurent. D'où la
nécessité de toujours maintenir vivante et efficace la communion avec l'ensemble du corps
de l’Église ».

Valère Novarina, Extraits Actualités, mai-juin 2019


« Beaucoup de gens très intelligents aujourd’hui, très informés, qui éclairent le lecteur, lui
disent où il faut aller, où va le progrès, ce qu’il faut penser, où poser les pieds ; je me vois
plutôt comme celui qui lui bande les yeux, comme un qui a été doué d’ignorance et qui
voudrait l’offrir à ceux qui en savent trop.
Un porteur d’ombre, un montreur d’ombre pour ceux qui trouvent la scène trop éclairée :
quelqu’un qui a été doué d’un manque, quelqu’un qui a reçu quelque chose en moins. Je
continue, je quitte ma langue, je passe aux actes, je chante tout, j’émets sans cesse des
figures humaines, je dessine le temps, je chante en silence, je danse sans bouger, je ne sais
pas où je vais, mais j’y vais très méthodiquement, très calmement ... Tout çà, toutes ces
épreuves, pour m’épuiser, pour me tuer, pour mettre au travail autre chose que moi, pour
aller au-delà de mes propres forces, au-delà de mon souffle, jusqu’à ce que la chose parte
toute seule, sans intention, continue toute seule, jusqu’à ce que ce ne soit plus moi qui
dessine, écrive, parle, peigne. Établir toute une chronologie d’horaires minutieux, pour être
hors du temps. Placer devant soi mille repères pour se perdre... »

La synodalité dans la vie et la mission de l’Église - numéro 107, document publié par la
Commission Théologique Internationale en 2018
L’ethos de l’Église (manière d’être) naît et s’alimente par ... le passage pascal du je entendu
de manière individualiste au nous ecclésial dans lequel chaque je ayant revêtu le Christ vit
et chemine avec ses frères et sœurs comme un sujet responsable et actif dans l’unique
mission du peuple de Dieu - d’où l'exigence d’une conversion du cœur et de l’esprit sans
(laquelle) et sans un entraînement ascétique à l'accueil et à l'écoute réciproque, les
instruments extérieurs de la communion seraient peu utiles et pourraient même se
transformer en de simples masques sans cœur ni visage.

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Catéchisme de l’Église catholique, numéro 2563
Le cœur est la demeure où je suis, où j’habite - selon l’expression biblique ou sémitique : où
je descends. Il est notre centre caché, insaisissable par notre raison et par autrui ; seul l’Esprit
de Dieu peut le sonder et le connaître. Il est le lieu de la décision, au plus profond de nos
tendances psychiques. Il est le lieu de la vérité, là où nous choisissons la vie ou la mort. Il
est le lieu de la rencontre, puisque à l’image de Dieu, nous vivons en relation : il est le lieu
de l’Alliance.

LEXIQUE
Alliance : union entre des personnes, envisagé comme contenu de la relation.
Altérité : du latin alteritas qui signifie différence, qu’on peut définir comme l’état, la qualité
de ce qui est autre, distinct.
Comprendre : compre(he)ndere, composé de cum-avec et prehendere-prendre, saisir ;
littéralement saisir ensemble, embrasser quelque chose, entourer quelque chose, saisir par
l’intelligence.
Conforme : qui s'accorde avec quelque chose à quoi il est destiné, qui lui correspond
exactement, qui lui est adapté.
Consentir : emprunt très ancien au latin qui signifie être d accord avec, composé de cum -
avec, et de sentire - être dans un même sentiment ; ce verbe signifie être d’accord mais,
dans le sens de se conformer à.
Désir : mouvement ontologique d’un être vers ce qu’il reconnaît comme son bien.
Émotion : du latin e movere, qui veut dire ébranler, mettre en mouvement.
Émotivisme : théorie philosophique selon laquelle tout jugement évaluatif, et plus
précisément tout jugement moral, n’est rien d’autre que l’expression d’une préférence, d’une
attitude ou d’un sentiment (extrait définition du philosophe Alasdair MacIntyre).
Événement : ce qui se produit, arrive ou apparaît ; fait d'une importance particulière.
Faire-Facere : infinitif du verbe latin facio qui signifie je fais. Le terme recouvre une infinie
variété d’engagements, dans lesquels, d’une façon ou d’une autre, le débiteur paye de sa
personne, « joue sa peau » : livrer la chose, se porter fort, prodiguer ses soins, transporter ...
pour bien comprendre, se souvenir que fiat est le subjonctif du verbe facere ; qu’il désigne
le oui de la Vierge Marie au mystère de l’incarnation du Verbe de Dieu en elle. On le trouve
aussi au début de la Genèse - fiat Lux. Finalement que facerea soit le mot roumain pour dire
Genèse suffit peut-être pour percevoir l’immensité des enjeux de cette réalité de chair et
d’os où se vit l’expérience du vivant.

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Fonctionnement : manière dont un système, composé d'éléments solidaires, répond à sa
fonction.
Identification : action de s’identifier, considérer comme identique, comme assimilable à autre
chose ou comme ne faisant qu’un. Le processus d’identification se fait par « l emprunt d un
représentant à l existence expressive d un autre sujet ».
Intériorité : espace où le Tout-Autre est à l’épreuve de mon altérité et moi à l’épreuve de la
sienne ... rencontre qui ouvre le dynamisme du décentrement car l’intériorité inclut
l’expérience d’une altérité. Pour le chrétien, cette expérience est complète car Jésus, Fils de
Dieu est incarné.
Introspection : retour sur soi et analyse supposés nous permettre de mieux nous connaître
et mieux nous développer (obnubilé par soi-idolâtre).
Paradoxe : être, chose ou fait qui paraissent défier la logique parce qu’ils présentent des
aspects contradictoires.
Présence : fait pour quelqu'un, quelque chose de se trouver matériellement en un lieu
déterminé, par opposition à absence. Impression donnée d'être là, alors qu'on ne l'est plus.
Fait d'être disponible en esprit à n'importe quelle sollicitation extérieure. Qualité de
quelqu'un dont la personnalité exerce un rayonnement.
Processus : ensemble de phénomènes, conçu comme actif et organisé dans le temps ; suite
continue d'opérations, d'actions constituant la manière de faire ; manière que quelqu'un, un
groupe, a de se comporter en vue d'un résultat particulier répondant à un schéma précis.
Relation : lien entre des personnes.
Rencontre : fait de se trouver en présence d’un autre.
Ressemblance : rapport entre la chose et son modèle, tel que la chose est conforme au
modèle.
Sensibilité : fonction du système nerveux lui permettant de recevoir et d'analyser des
informations, faculté de percevoir par les sens.
Sensiblerie : connotation péjorative d’une sensibilité outrée, affectée ou déplacée.
Transcendance : du latin transcendens ; de transcendere, franchir, surpasser, indique l'idée
de dépassement ou de franchissement.

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