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LYON1
INSTITUT DES SCIENCES et TECHNIQUES DE READAPTATION N° 1369
Par
MARCHAND Aurélie
Maître du Mémoire
DAVID Danielle
Membres du Jury
CHEYNEL-ALBEROLA Marie-Laurence
MAY CARLE Annick Duchêne Date de Soutenance
PEILLON Anne Jeudi 6 juillet 2006
ORGANIGRAMMES
Vice-président CA Vice-président CS
Pr. ANNAT Guy M. GIRARD Michel
Secrétaire Général
Pr. COLLET Lionel
REMERCIEMENTS
SOMMAIRE
Organigrammes ............................................................................................. 2
Remerciements.............................................................................................. 4
Sommaire ..................................................................................................... 5
Introduction .................................................................................................. 9
PARTIE THEORIQUE...................................................................................... 10
LE MANQUE DU MOT..................................................................................... 11
1- L’aphasie ......................................................................................................11
1- Définition ......................................................................................................18
PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES.................................................................. 26
PRESENTATION DE LA PROBLEMATIQUE.......................................................... 27
5
SOMMAIRE
RETOMBEES THEORIQUES............................................................................. 28
EXPERIMENTATION ...................................................................................... 29
1- Le matériel....................................................................................................30
1- Etalonnage du DO 80 ....................................................................................34
2- Population ....................................................................................................34
ETUDES DE CAS........................................................................................... 35
1- Mademoiselle B. ............................................................................................35
2- Madame D. ....................................................................................................36
3- Monsieur M. ..................................................................................................37
4- Conclusion ....................................................................................................50
6
SOMMAIRE
1- Mademoiselle B. ............................................................................................51
2- Madame D. ....................................................................................................51
3- Monsieur M. ..................................................................................................51
4- Conclusion ....................................................................................................52
1- Passation ......................................................................................................55
2- L’échantillon .................................................................................................56
Conclusion .................................................................................................. 61
Bibliographie ............................................................................................... 62
ANNEXES .................................................................................................... 65
7
SOMMAIRE
8
INTRODUCTION
INTRODUCTION
Ce mémoire a pour objet l’étalonnage d’un sous-test de dénomination de vingt parties d’objets
du DO 80, destiné à une population aphasique. Le DO 80 (Deloche et Hannequin, 1997) est
un test de dénomination orale très fréquemment utilisé. Il comporte 80 images dont les 20
parties d’objets sont extraites. Celles-ci représentent un lexique plus fin et moins fréquent que
l’objet lui-même.
L’aphasie désigne la désorganisation du langage, concernant aussi bien le pôle expressif que
le pôle réceptif, à l’oral et à l’écrit, en rapport avec une atteinte des aires cérébrales
spécialisées dans les fonctions linguistiques. L’utilisation d’un test de dénomination a pour
but la mise en évidence du manque du mot, également appelé « anomie », qui est une des
manifestations aphasiques les plus fréquentes dans la mesure où il se rencontre dans toutes les
formes d’aphasie. Ce phénomène de manque du mot est aussi présent chez des personnes qui
n’ont pas de troubles aphasiques, on parle alors du « mot sur le bout de la langue ».
Dans le cadre de notre mémoire, nous ferons passer une épreuve de dénomination de 30
parties d’objets. Nous retiendrons les 20 parties d’objets les moins fréquentes et les mieux
dénommées puis nous étalonnerons ce test de 20 parties d’objets sur une population normale
la plus représentative possible de la population française. Enfin, nous nous appuierons sur des
études de cas de patients aphasiques afin de vérifier la validité du protocole en situation
clinique.
Nous présenterons dans un premier temps le phénomène de manque du mot, maître symptôme
de l’aphasie ainsi que la dénomination qui constitue l’épreuve reine d’évaluation de ce
manque du mot. De nombreux auteurs se sont intéressés à l’anomie en élaborant différentes
théories sur le fonctionnement du système lexical, nous nous attacherons en particulier à
décrire le modèle de Hillis et Caramazza (1990 et 1995), considéré aujourd’hui comme
modèle de référence en neuropsychologie.
Dans les deux parties suivantes, nous développerons notre protocole expérimental puis en
donnerons les résultats.
Enfin dans la dernière partie, les résultats obtenus nous permettront de discuter et de critiquer
notre travail.
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Chapitre I
PARTIE THEORIQUE
Chapitre I - PARTIE THEORIQUE
LE MANQUE DU MOT
Le manque du mot est une manifestation qu’on retrouve dans différentes pathologies comme
l’aphasie et les pathologies dégénératives.
1 - L’aphasie
1.1. Définition
L’aphasie est un trouble du langage acquis ayant pour caractéristique essentielle d’apparaître
à la suite d’une lésion du système nerveux central (Rondal & Seron, 1982 (cité par Findeling,
Goutorbe, 1994)). Chez l’adulte cette lésion perturbe l’ensemble des comportements
linguistiques ou seulement certains d’entre eux. L’expression et la compréhension du langage
oral et écrit peuvent être atteintes. La lésion cérébrale intervient dans l’hémisphère dominant
(gauche pour la grande majorité des individus) et touche la zone instrumentale du langage.
Les causes les plus fréquentes d’aphasie sont les accidents vasculaires cérébraux, les
traumatismes crâniens, les tumeurs intracrâniennes et les causes infectieuses. L’aphasie peut
faire partie de la séméiologie des démences, de même que les atrophies focales entraînant des
aphasies progressives. Les aphasies brèves peuvent relever d’accidents ischémiques
transitoires ou de crises épileptiques focales. Le pronostic de l’aphasie dépend de l’étiologie,
suivant qu’elle renvoie à des causes stabilisées comme les séquelles d’une contusion
traumatique, ou évolutives comme une tumeur intracrânienne.
- Les aphasies fluentes : elles font suite à des lésions postérieures, la plus connue est l’aphasie
de Wernicke : il n’existe ni trouble de la réalisation phonétique, ni réduction du langage.
L’expression orale est caractérisée par une logorrhée et l’émission de nombreuses
paraphasies. Ceci est sous-tendu par une anosognosie (non conscience du trouble). Ces
paraphasies peuvent être associées à une dyssyntaxie et font perdre au langage toute valeur
informative, pour aboutir à un véritable jargon. Par ailleurs, la compréhension orale est
massivement atteinte, une alexie et une agraphie complètent ce tableau.
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Chapitre I - PARTIE THEORIQUE
D’autres aphasies fluentes sont décrites : l’aphasie anomique (ou amnésique de Pitres) qui se
caractérise principalement par un manque du mot sans perte du sens, ni trouble de la
compréhension, ni paraphasies ; l’aphasie transcorticale sensorielle qui se définit entre autres
par des perturbations en compréhension et une répétition préservée à tendance écholalique et
enfin l’aphasie de conduction se caractérisant par un trouble de la répétition et par l’émission
de paraphasies phonémiques avec des tentatives d’autocorrection.
- Les aphasies non fluentes : elles sont liées à une lésion antérieure, la plus connue est
l’aphasie de Broca qui est très souvent associée à une hémiplégie droite et à une apraxie
bucco-faciale et se caractérise par une réduction massive du langage avec des difficultés
d’articulation des mots (troubles arthriques). La compréhension orale est globalement
préservée. On note également une importante dissociation automatico-volontaire et parfois un
agrammatisme. L’anomie est importante, souvent facilitée par l’ébauche orale.
D’autres aphasies sont également non fluentes : l’anarthrie pure de Pierre Marie qui réalise un
mutisme ou un syndrome de désintégration phonétique ; l’aphasie transcorticale motrice qui
se caractérise par une aspontanéité et la préservation des capacités de répétition ; l’aphasie
transcorticale mixte qui est définie par une suspension du langage et des troubles de
compréhension avec une préservation de la répétition, et enfin l’aphasie globale (ou
totale) qui se caractérise par une suspension du langage, une compréhension nulle et une
impossibilité de lire et d’écrire. La réduction du langage est parfois telle que le patient ne
produit que des stéréotypies (émission signifiante ou non produite de façon automatique et
incontrôlée en l’absence de langage informatif).
- Les aphasies sous corticales : celles-ci sont souvent d’un meilleur pronostic, l’expression est
plus altérée que la compréhension, la répétition est toujours préservée. L’anomie est variable
avec des paraphasies verbales le plus souvent sémantiques et une tendance aux persévérations.
On note également une hypophonie et des manifestations de dissociation automatico-
volontaire.
12
Chapitre I - PARTIE THEORIQUE
d’autres fonctions cognitives et sans troubles comportementaux. Les troubles prédominent sur
l’expression verbale avec, comme principale caractéristique, un manque du mot sans trouble
sémantique et un déficit de la fluence.
La démence sémantique, quant à elle, comporte des troubles sémantiques (perte des mots et
de leur concept). La perte du sens est multimodale, elle se révèle par un manque du mot et un
trouble de la compréhension des mots avec un déficit d’identification des objets et des
visages.
3 - Description de l’anomie
L’anomie se rencontre dans toutes les formes d’aphasie, elle se traduit par une impossibilité
pour le sujet de produire le mot au moment où il en a besoin, soit en langage spontané, soit au
cours d’une épreuve de dénomination. Le sujet donne l’impression d’avoir « le mot sur le
bout de la langue » sans parvenir à le produire oralement. C’est un trouble de la première
articulation du langage. On parle aussi de trouble lexico-sémantique ou de trouble de la
dénomination. Ce manque du mot est présent en expression orale et écrite. Le manque du mot
est mis en évidence par un test de dénomination qui permet d’observer les performances du
sujet pour l’évocation de mots précis et prédéterminés sans fournir d’aide par le contexte,
comme ce serait le cas dans le langage spontané ou une description d’image (Kohn &
Goodglass, 1985 (cités par Findeling & Goutorbe, 1994)). Pour parler de manque du mot il
faut s’assurer que le sujet ne souffre d’aucun déficit perceptif et qu’il connaît le mot attendu.
Le manque du mot pour les noms propres pourra être évalué par un test de dénomination de
visages célèbres (Azoulai, Kalck, 1999).
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Chapitre I - PARTIE THEORIQUE
- Formes lexicales neutres : il s’agit de l’emploi de termes du type : truc, machin, chose.
- Gestes : il peut s’agir de gestes référentiels appropriés ou non, ou de mimes. Si le geste est
adapté, cela indique que le patient a reconnu l’objet.
- Paraphasies verbales: elles désignent la substitution du mot attendu par un autre mot du
lexique. On peut les considérer comme un trouble de première articulation. Il peut s’agir :
- Persévération : c’est un phénomène se manifestant dans les productions orales et écrites des
patients, échappant à leur contrôle et consistant en la répétition d’un même mot produit
d’abord dans une situation appropriée et réapparaissant inadéquatement ensuite.
- Stéréotypie : c’est une production répétée, systématique et automatique, des mêmes gestes
ou mots, à chaque tentative d’expression verbale ou non verbale du patient.
- Temps de latence élevés : les patients peuvent rechercher le mot pendant quelques instants
avant de pouvoir ou non le produire.
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Chapitre I - PARTIE THEORIQUE
Ce sont les lésions du lobe temporal qui entraînent le plus grand nombre d’erreurs. Ce n’est
pas l’étendue de la lésion temporale mais c’est sa localisation qui joue un rôle important : le
déficit est plus sévère pour les sujets chez qui la zone postérieure (zone de Wernicke) est
touchée ; mais des troubles de dénomination se retrouvent à un degré moindre, lors de toute
atteinte temporale, même lorsqu’elle ne concerne que le pôle antérieur de ce lobe (Kremin &
Koskas, 1983 (cités par Kremin, 1994)).
On peut se demander si divers types d’aphasies présentent des troubles identiques ou non.
Plusieurs études ont démontré que les différents types d’aphasies ne se distinguent pas par un
pattern anomique qualitativement différent (Kohn & Goodglass, 1985 (cités par Kremin,
1994)). Si tel est vraiment le cas, on peut conclure que les performances des sujets aphasiques
en dénomination ne présentent pas de valeur sémiologique.
Les troubles de dénomination manifestés par les sujets atteints d’aphasie semblent, le plus
souvent, indépendants de la voie sensorielle (visuelle, auditive, tactile) de présentation du
stimulus. On ne parle pas ici des aphasies spécifiques, comme l’aphasie optique, tactile ou
auditive.
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Chapitre I - PARTIE THEORIQUE
Que le matériel visuel à dénommer soit un objet réel, un dessin au trait ou une photographie
de l’item, les caractères physiques du stimulus n’ont pas d’effet sur la dénomination (Kremin,
1994).
« Les performances des sujets normaux déclinent avec l’âge et sont meilleures lorsque le
niveau de scolarité est plus élevé. Les erreurs de type perceptif sont liées à l’âge alors que
celles d’origine lexico-sémantique sont liées au niveau de scolarité » (Metz-Lutz, et al., 1991,
p.73).
Une étude confirme le rôle important, voire exclusif, de la variable « âge d’acquisition » des
mots sur les performances en dénomination d’images chez les sujets aphasiques (Hirsh, 1994
(cité par Kremin, 1994)).
Les conduites d’approche sont des tentatives de recherche du mot adéquat. Il y a deux
conduites différentes : soit le patient connaît le mot mais bute au niveau de la réalisation
phonémique, il effectuera alors une conduite d’approche phonémique (par exemple, à l’item
chapeau : «sabeau, chabeau, chareau… »), mais cela ne révèlera pas un manque du mot. Soit,
il ne parvient pas à évoquer le mot, il emploiera une conduite d’approche sémantique en
donnant, par exemple, la définition du mot, son usage, un autre mot de la même catégorie ou
encore le nom de la catégorie. Il va alors chercher à recréer un contexte sémantique. Ces
conduites d’approche montrent que l’image a bien été reconnue mais que le mot ne peut être
évoqué (Gobert Lapeze, 1975).
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Chapitre I - PARTIE THEORIQUE
Par ses conduites d’approche, le sujet peut nous permettre de mieux l’aider en donnant les
indices qui lui permettront de trouver le mot. Alors que le patient ne peut dénommer certaines
images qu’on lui présente, il suffit d’amorcer la première syllabe du mot cherché pour que le
malade l’énonce aussitôt ; souvent il suffit d’ébaucher cette prononciation, à voix chuchotée,
ou mieux encore sans parler, en mimant la gesticulation bucco-faciale correspondant à
l’émission de ce mot (Alajouanine, 1968). Ce type de facilitation phonémique est aussi appelé
ébauche orale.
D’autres types de facilitation sont utilisés : la facilitation sémantique : on donne au patient des
indices sémantiquement liés au mot cible (pour raisin : vendange, vigne) et la facilitation
contextuelle : le contexte vient aider à la récupération du mot cible (« une grappe de… »).
Celle-ci fait appel à la dissociation automatico-volontaire qui fait référence à la préservation
relative de formules automatiques du langage, comme les formules de politesse, les jurons, les
séries automatiques (alphabet, jours de la semaine, mois de l’année, énumération des
chiffres), mais il y a impossibilité de les exécuter de manière volontaire ou sur demande. Le
mot est prononcé d’une façon quasi involontaire et automatique s’il est amené par le contexte
en langage spontané. Ce phénomène peut être expliqué par l’influence de facteurs
émotionnels et par l’aide de la mélodie (rôle de l’hémisphère droit).
Malgré l’anomie, les patients peuvent, dans certains cas, donner des informations sur le mot
recherché comme le genre, la longueur syllabique, le premier phonème et la rime. Ces
connaissances peuvent aider le thérapeute à comprendre à quel niveau se situe le déficit en lui
révélant si le patient a toujours accès au mot dans le lexique phonologique de sortie. Il pourra
ainsi mieux adapter ses facilitations afin qu’elles soient plus efficaces (Nabais, Dentone,
1991). Ces connaissances partielles du mot sont variables d’un aphasique à un autre et d’un
moment à l’autre. Une étude de Brown et McNeill en 1966 (cité par Goodglass, Kaplan,
Weintraub, Ackerman, 1976) a montré que, lors d’un manque du mot chez des sujets
normaux, ceux-ci pouvaient écrire la première lettre du mot dans 57 % des cas et donner le
nombre de syllabes dans 60 % des cas.
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Chapitre I - PARTIE THEORIQUE
1 - Définition
- Test de dénomination de Boston (Goodglass et Kaplan, 1983). Ce test n’a pas été étalonné,
de multiples études de validation et d’analyse des facteurs d’influence ont été effectuées sur la
version originale anglophone (Mazeau, Dehail, Brun, Pélissier, 2000).
- Lexis (De Partz, 2001). Ce test vise à quantifier les troubles de la dénomination orale et de la
compréhension de mots concrets de différentes classes de fréquence d’usage dans la langue. Il
permet d’identifier le ou les processus cognitifs responsables du manque du mot. Lexis
comporte 3 épreuves qui utilisent les mêmes items : désignation, dénomination et appariement
sémantique d’images.
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Chapitre I - PARTIE THEORIQUE
Dans une tâche de dénomination, les objets avec des noms de haute fréquence sont dénommés
significativement plus rapidement que ceux avec des noms de basse fréquence. Cet effet est
véritablement lexical car il disparaît lorsque les objets doivent seulement être reconnus et non
dénommés, l’effet de fréquence du mot n’est pas dû à la reconnaissance de l’objet mais bien à
la dénomination (Ferrand, 1997).
Il s’agit de la fréquence d’emploi du mot dans la vie quotidienne de la personne. Plus le mot
est employé souvent, plus il sera facile de retrouver son étiquette verbale. Par exemple, si un
médecin se trouve dans l’incapacité de dénommer un stéthoscope, ce manque du mot sera
plus significatif que s’il s’agit d’un ouvrier (Mc Carthy, Warrington, 1990).
Le nombre de syllabes influence la récupération de l’étiquette verbale, plus le mot est long
plus la récupération est difficile.
3.4. « L’imagerie »
Il s’agit de la facilité à se créer une image mentale de l’objet, cela peut aussi représenter la
canonicité du dessin par rapport à son concept.
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Chapitre I - PARTIE THEORIQUE
termes acceptables pour nommer l’objet. « Presque tous ces paramètres sont culturellement et
linguistiquement dépendants et au moins certains d’entre eux sont sensibles à l’évolution de
la culture et de la langue » (Chainay, Rosenthal, Goldblum, 1998, p182).
Ceci nous amène ensuite à expliquer les processus de traitement impliqués dans la
dénomination d’une image au niveau cognitif.
De nombreuses théories ont tenté d’expliquer le manque du mot, nous retiendrons comme
théorie de référence celle d’Hillis et Caramazza qui propose l’existence d’un système
sémantique unique et amodal au sein du système lexical, ce qui représente la conception la
plus fréquente en neuropsychologie.
Le système sémantique, appelé aussi système lexical, est « une tentative de modélisation des
composants et des étapes impliquées dans la production de mots issue de la psychologie
cognitive » (Morin, 1989, p. 87). La question de l’organisation de ce système est encore
largement débattue et s’articule autour de deux hypothèses : soit il s’agirait d’un système
unique et amodal, accessible quelle que soit la modalité sensorielle d’entrée (auditive,
visuelle…), soit d’un système plurimodal, supposant un fractionnement en sous-systèmes
dépendant de la modalité sensorielle d’entrée et de la nature des objets. Hillis et Caramazza
postulent l’existence d’un système sémantique unique à l’intérieur duquel les représentations
sont conçues comme des combinaisons de traits sémantiques interconnectés entre eux et
organisés en réseaux hiérarchisés. Ces traits peuvent être communs à plusieurs exemplaires
d’une même catégorie. La présentation d’un mot activerait l’ensemble des traits sémantiques
qui le définissent ainsi que les mots avec lesquels il partage un certain nombre de ces traits.
Le degré d’activation des représentations phonologiques de ces mots sémantiquement liés est
directement proportionnel au degré de similarité sémantique qu’ils partagent avec le mot de
départ. (Caramazza & Hillis, 1990).
20
Chapitre I - PARTIE THEORIQUE
Le système sémantique est donc considéré comme situé à l’interface entre les systèmes
d’entrée (lexique phonologique pour les mots entendus, lexique orthographique pour les mots
écrits et système des connaissances structurales pour les images) et les systèmes de sortie
(lexique phonologique pour les productions orales et orthographique pour les productions
écrites). L’organisation interne des lexiques est régie par des variables linguistiques telles que
la fréquence, la structure morphologique et la classe des mots qui exercent une influence au
sein même de ces structures et dans leur accès (Rapp & Caramazza, 1991 (cités par Lambert,
1999)).
21
Chapitre I - PARTIE THEORIQUE
Le système sémantique occupant une position centrale, toute altération de celui-ci peut être à
l’origine de troubles affectant la production ou la compréhension de mots oraux ou écrits ainsi
que la dénomination d’images (Lambert, Perrier, David-Grignot, 2001). Les erreurs observées
peuvent être la conséquence d’un trouble d’accès aux représentations sémantiques ou d’une
altération du stock sémantique lui-même, dans ce cas on peut observer une constance des
erreurs dans toutes les modalités d’entrée et de sortie (mot entendu ou lu et production orale
ou écrite). Ce trouble affecte la production ainsi que la compréhension. En revanche lorsqu’il
s’agit d’un défaut d’accès au stock sémantique les erreurs sont variables d’un moment à
l’autre et non spécifiques à une modalité d’entrée. On ne parle pas ici des aphasies optiques et
auditives dont les difficultés d’accès aux représentations sémantiques seraient spécifiques à
une modalité d’entrée.
Une perturbation du système sémantique est assimilée à une perte plus ou moins étendue des
traits sémantiques qui constituent un concept. Des travaux ont montré que la dégradation
sémantique affecte peu les connaissances génériques ou catégorielles (le patient sait qu’un
mouton est un animal), mais qu’elle touche plus les attributs spécifiques des concepts, c'est-à-
dire leurs caractéristiques physiques ou fonctionnelles (le patient ne sait pas si le mouton est,
ou non, plus grand qu’un cheval, s’il a des poils ou de la laine) (Lambert, 1999). Les
manifestations cliniques en dénomination d’images sont révélées par des absences de réponse
et des erreurs sémantiques : activation d’un mot partageant une partie des traits de l’item cible
(poire - pomme). La récupération partielle des propriétés sémantiques est insuffisante à
activer une représentation lexicale qu’elle soit phonologique ou orthographique. Le manque
du mot ne cède pas à une aide par l’ébauche orale. Cette perturbation est parfois plus marquée
au point que le patient ne reconnaît pas le mot correct quand il lui est fourni par l’examinateur
(Lhermitte, Derouesné, Lecours, 1971).
22
Chapitre I - PARTIE THEORIQUE
Selon Lambert (1999), un déficit affectant les représentations phonologiques est à l’origine de
la production de paraphasies phonémiques et de néologismes qui surviennent aussi bien en
dénomination qu’en répétition et qu’en lecture à voix haute. Il reste encore difficile de
déterminer si ces déficits se situent dans l’accès au lexique phonologique de sortie ou s’il y a
une altération du lexique lui-même. Comme le suggèrent Rapp et Caramazza (1993) (cité par
De Partz, 2000) on parlera plutôt de déficit « au niveau » du lexique phonologique de sortie
qui ne distingue pas les deux interprétations.
23
Chapitre I - PARTIE THEORIQUE
Les troubles peuvent également être multiples, c'est-à-dire qu’ils peuvent porter à la fois sur le
système sémantique et sur le lexique phonologique de sortie.
La publication d’Hillis et Caramazza (1991), est une bonne illustration d’une atteinte
catégorielle du système sémantique. Les cas présentés (J.J. et P.S.) ont des performances
opposées pour la catégorie des animaux dans des tâches de dénomination orale et écrite, de
désignation d’images et de définition. Le fait que les erreurs sémantiques et l’atteinte
catégorielle soient retrouvées pour des épreuves différentes, permet d’envisager une origine
sémantique à cette atteinte. Cette « double dissociation » des déficits sémantiques selon la
catégorie indique que les mots sont organisés en catégories sémantiques à l’intérieur du
système sémantique. Cependant, si cette dichotomie biologique / manufacturée est souvent
retrouvée, elle ne recouvre pas complètement toutes les atteintes catégorielles. Si l’atteinte du
système sémantique s’accompagne fréquemment d’un effet catégoriel, il faut souligner qu’à
l’inverse, un effet catégoriel n’équivaut pas à une atteinte du système sémantique.
Warrington et Shallice (1984) (cités par Hannequin (1996)), ont suggéré que la dissociation
entre catégories biologiques et catégories des objets manufacturés pourrait relever de
différences dans l’importance respective des attributs sensoriels ou fonctionnels servant au
développement de la connaissance de ces catégories. Ils ont avancé l’argument selon lequel la
connaissance des catégories biologiques (animaux, fruits…) s’établirait essentiellement à
partir d’informations sensorielles. A l’inverse, les exemplaires d’une catégorie non biologique
(outils…) se distingueraient essentiellement par des différences de fonction. Autrement dit, la
notion de catégorie serait inhérente aux types de représentations en mémoire.
Goodglass, Wingfield, Hyde et Theurkauf (1986) ont montré que trois catégories sémantiques
sont rarement sources de manque du mot chez les patients aphasiques : les parties du corps,
les lettres et les couleurs. Celles-ci ont en commun le fait d’avoir des éléments limités en
nombre et sont apprises tôt dans l’enfance.
24
Chapitre I - PARTIE THEORIQUE
lexique phonologique de sortie, nous ne sommes pas en mesure de distinguer une altération
des représentations phonologiques proprement dites d’une altération de l’accès à des
représentations par ailleurs intactes. Il est probable aussi qu’un déficit grossièrement localisé
au niveau du système sémantique recouvre une variété d’altérations sémantiques qu’il est
difficile à ce jour de qualifier davantage (De Partz, 2000).
25
Chapitre II
PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES
Chapitre II – PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES
PRESENTATION DE LA PROBLEMATIQUE
HYPOTHESES GENERALES
On peut faire l’hypothèse que les patients aphasiques continuant à se plaindre d’un manque du
mot au quotidien présenteraient des résultats déficitaires à l’épreuve de dénomination des
parties d’objets, comparativement à l’étalonnage effectué au préalable sur des sujets normaux.
On peut penser que le test de dénomination des 20 parties d’objets sera sensible à l’âge et au
niveau de scolarité des sujets comme cela a été démontré dans plusieurs tests de dénomination
et en particulier le DO 80.
27
Chapitre II – PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES
RETOMBEES THEORIQUES
On peut s’attendre à ce que les patients aphasiques ayant récupéré un bon niveau de
dénomination au test du DO 80 obtiennent un score pathologique au test de dénomination des
parties d’objets. Celles-ci représentant un lexique plus fin et moins fréquent que l’objet lui-
même, les seuils d’activation de ces unités lexicales seraient plus élevés et les étiquettes
verbales seraient donc plus difficiles à récupérer.
28
Chapitre III
EXPERIMENTATION
Chapitre III – EXPERIMENTATION
PROTOCOLE EXPERIMENTAL
1 - Le matériel
Il s’agit de faire passer aux sujets le test du DO 80, en faisant dénommer 30 parties d’objets
supplémentaires au cours de la passation. Pour les sujets de plus de 60 ans, nous avons fait
passer au préalable le test du Mini Mental State (MMS) afin de nous assurer qu’ils n’avaient
pas de trouble cognitif.
1.1. Le MMS
Le MMS, conçu par Folstein et ses collaborateurs en 1975 et traduit par C. Derouesne et S.
Bakohine, a pour but d’établir un bilan rapide (environ 10 minutes) des aptitudes cognitives
d’un sujet en tenant compte de différents domaines caractéristiques des fonctions supérieures.
Le test se compose de six parties : orientation, mémoire, calcul, rappel, langage et praxies
constructives. Il s’agit de répondre à différentes questions portant sur :
Le sujet bénéficie d’un temps illimité pour répondre aux questions. On note un point par
bonne réponse, la note maximale étant de 30 points. On considère qu’un sujet est normal s’il
30
Chapitre III – EXPERIMENTATION
obtient une note entre 27 et 30. Ainsi, nous avons évité de prendre en compte les résultats de
sujets dont le score au MMS était inférieur à 27.
1.2. Le DO 80
Les images :
Il s’agit de 80 images qui proviennent pour 63 d’entre elles de la batterie de Snodgrass et Van
der Wart (1980). Il s’agit de dessins au trait en noir et blanc, qui représentent différentes
catégories sémantiques :
Tous les items sont des substantifs. La longueur des mots varie de une à quatre syllabes. On
note la présence de deux mots composés : père noël et corde à sauter.
31
Chapitre III – EXPERIMENTATION
Pour chaque image, les sujets ne doivent fournir qu’un seul nom (le plus précis possible) et
sans contrainte de temps. Les commentaires, les périphrases ou définitions, les réponses avec
leur négation, les expansions (adjectifs, etc.) ont été éliminés de l’analyse. En cas de réponses
multiples, ils ont éliminé celles de niveau de dénomination plus général (« animal,
kangourou » pour « kangourou »). Quand plusieurs réponses de même niveau étaient reliées
par « et », ils n’ont conservé que la première, par contre ils ont retenu plusieurs réponses
lorsqu’elles étaient reliées par « ou » (« un canard ou une oie »). Les réponses finalement
analysées sont donc soit l’absence de réponse, soit une ou plusieurs réponses.
Les auteurs ont proposé deux modes de cotation des réponses, l’un « strict » qui considère les
expansions et les diminutifs comme différents de la réponse attendue et un autre qui les
considère comme équivalent à la réponse attendue (type 2). Les données de l’étalonnage dit
en cotation stricte permettent de distinguer parmi les productions déviantes du sujet les
réponses non dominantes (référencées par les auteurs selon l’âge et le niveau de scolarité) des
réponses paraphasiques. Pour cette étude nous avons choisi d’utiliser le mode de cotation
type2.
Les items ont été choisis de façon à représenter une partie signifiante de l’objet qui lui soit
vraiment spécifique : la lame du couteau, l’anse du seau, la crête du coq… (cf. annexe 3).
Certains items ont par ailleurs posé problème par leur polysémie, c’est le cas par exemple, des
items « trompe et défense de l’éléphant » qui sont aussi couramment employés dans d’autres
contextes. Tous les items peuvent donc être :
32
Chapitre III – EXPERIMENTATION
• non spécifiques à l’objet : trompe, défense, bec, mèche, tronc, manche, branche, fût,
dent, pied, dossier, antenne, lame, anse, pale, baleine, crête, corne et rayon.
• spécifiques : orteil, wagon, épine, pis, goulot, ongle, accoudoir et nageoire.
• spécifiques aux animaux : crinière et carapace.
• spécifique aux fleurs : pétale
Les 20 parties d’objets retenues devront obtenir un fort pourcentage de dénomination par les
80 personnes testées tout en ayant une fréquence faible. Nous avons utilisé la base de
données « Lexique 3 » afin de déterminer les fréquences des objets et parties d’objets dans la
langue orale (donne la fréquence des mots dans les films). Le problème que nous avons
rencontré est qu’il a été impossible de connaître la fréquence de certaines parties d’objets
polysémiques dans le contexte souhaité. Par exemple pour l’item « défense », la base de
données nous donne une fréquence élevée mais il peut s’agir de l’action de se défendre et non
de la défense de l’éléphant. Il a été alors difficile, pour certains items de savoir quelle était la
fréquence exacte de la partie d’objet dans la signification appropriée.
2.2. Passation
Nous avons fait dénommer les 30 parties d’objets au cours de la passation du DO 80, par
exemple pour le premier item « éléphant », une fois que le mot est dénommé, on montre ses
défenses, puis sa trompe afin que le sujet les dénomme. On donne la consigne suivante : « Je
vais vous montrer des images, vous devrez me donner le nom de l’objet, parfois je vais vous
montrer une partie de cet objet, de la même façon, vous devrez me donner son nom. »
Le temps de réponse n’est pas limité mais si le sujet ne trouve pas le mot au bout de 10
secondes, on lui fournit une facilitation phonémique par ébauche orale du premier phonème
(ex : pour crinière : « c’est la c… » ou une facilitation contextuelle (ex : pour branche : « on
dit une étoile à cinq…) ou encore les deux si le sujet est toujours en échec (ex : pour mèche :
« on allume la m… »). La passation totale de l’épreuve a duré en moyenne de trois à douze
minutes.
On dispose d’un cahier de passation pour noter les réponses des sujets. (cf. annexe 1) La
notation est d’un point par bonne réponse, si le sujet donne deux noms et que l’un d’eux
correspond au nom attendu, on considère que la réponse est juste. Au-delà de deux noms et si
ce phénomène se reproduit plusieurs fois on peut considérer qu’il s’agit d’un manque du mot
et on considérera que la réponse est fausse. Il est important de marquer toutes les productions
du sujet afin d’effectuer une analyse qualitative des réponses (périphrase, temps de latence,
33
Chapitre III – EXPERIMENTATION
CONDITIONS EXPERIMENTALES
1 - Etalonnage du DO 80
Le test DO 80 a été étalonné auprès d’une population de 108 sujets répartis en 12 sous-
groupes de 9 individus. Chaque sous-groupe correspondait à une tranche d’âge (3 classes : de
20 à 39 ans ; de 40 à 59 ans ; de 60 à 75 ans), un niveau de scolarité (2 classes : inférieur ou
égal à 9 ans et supérieur à 9 ans) et au sexe des sujets.
Les analyses statistiques du rôle des trois facteurs caractérisant les sujets, vis-à-vis du taux de
réponses dominantes, n’ont montré que deux effets principaux : le niveau de scolarité et l’âge
(limité à l’opposition entre 20-59 ans et 60-75 ans), sans effet du sexe ni interaction entre les
facteurs. Ces résultats ont donc conduit à ne conserver que 4 sous-groupes de référence, à
partir de la combinaison des deux niveaux de scolarité et des deux tranches d’âge pertinentes.
Les valeurs relativement élevées des seuils de normalité indiquent que ce test est assez facile
pour les sujets contrôle.
2 - Population
Pour notre étude, nous prendrons en compte les deux critères du DO 80 : l’âge (20-59 ans et
60-75 ans) et le nombre d’années de scolarité (inférieur ou égal à 9 années de scolarité et
supérieur à 9 années de scolarité à partir de l’entrée à l’école primaire (CP)). L’effectif de
l’échantillon est de 80 personnes réparties en quatre sous-groupes de vingt personnes, chacun
correspondant aux critères du DO 80. Cet échantillon est composé de 40 hommes et 40
femmes. Nous avons pris soin de répartir équitablement la population à l’intérieur même des
classes d’âges (5 personnes dans chaque tranche de 10 ans pour la classe des 20-59 ans et 6 à
7 personnes dans chaque tranche de 5 ans pour la classe des 60-75 ans). Ainsi l’échantillon est
le plus homogène possible.
34
Chapitre III – EXPERIMENTATION
20 – 59 ans 60 – 75 ans
Total
≤ 9 ans > 9 ans ≤ 9 ans > 9 ans
Hommes 12 10 10 8 40
Femmes 8 10 10 12 40
20 20 20 20 80
Total
Nous avons éliminé de notre étude les sujets qui ont obtenu un score inférieur à 27 au MMS
ainsi que ceux qui ont obtenu un score pathologique au DO 80.
3 - Lieux de l’expérimentation
Etant donné le choix de notre population normale, nous n’étions pas obligés de faire passer le
test dans un lieu précis. Nous nous sommes donc rendus dans différents endroits afin
de diversifier notre échantillon. Dans un premier temps nous avons testé tous les gens de notre
entourage puis nous avons de plus en plus ciblé notre recherche afin que la répartition soit la
plus homogène possible.
ETUDES DE CAS
Nous avons ensuite fait passer le DO 80 et le sous-test de dénomination des parties d’objets à
trois sujets aphasiques ayant récupéré un bon niveau linguistique et ayant un score normal ou
à la limite de la pathologique au DO 80.
1 - Mademoiselle B.
Mademoiselle B. est née le 31 octobre 1983, elle est actuellement âgée de 22 ans. Elle a fait
un AVC à l’âge de 4 ans et demi. Elle a suivi un cycle scolaire normal jusqu’à la quatrième,
puis elle a suivi une quatrième et une troisième technologique, elle a ensuite préparé un BEP
comptabilité et est désormais en première année du bac professionnel.
35
Chapitre III – EXPERIMENTATION
Il n’y a pas de trouble de compréhension orale et écrite, la lecture est bonne malgré quelques
erreurs sur les mots irréguliers (régularisations).
La mémoire verbale est très faible avec un empan de deux mots et de nombreuses hésitations
en répétition de phrases.
2 - Madame D.
Madame D. est née le 3 septembre 1946, elle est actuellement âgée de 59 ans. Elle était
responsable gestion-comptabilité d’un magasin. En juin 1999, elle est victime d’un AVC avec
dissection de la carotide. L’examen tomodensitométrique réalisé à son entrée aux urgences
révèle alors une discrète hypodensité frontale gauche en faveur d’une ischémie débutante.
Lors du premier bilan, aucune oralisation n’était possible, aucun automatisme ne déclenchait
la patiente, la compréhension orale et écrite se limitait aux consignes simples, l’écriture était
également impossible et il existait une apraxie bucco-faciale. Très rapidement, elle a été
déclenchée par les automatismes et la répétition devint possible. Le manque du mot était total
mais facilité par l’ébauche orale avec la présence de paraphasies sémantiques, de nombreuses
persévérations et une tendance à l’écholalie. Madame D. a alors suivi durant quelques mois
une rééducation intensive.
Lors d’un bilan à deux ans de son AVC, Madame D. se plaint encore d’un manque du mot,
son discours spontané reste hésitant mais fluent et informatif. Lors des épreuves elle se
montre encore fatigable et on remarque des temps de latence élevés avant les réponses. Il n’y
a plus de manque du mot pathologique en dénomination (-0,3 écart-type au DO 80) mais le
manque du mot apparaît encore dans le discours avec quelques paraphasies sémantiques. Le
déficit d’évocation est toujours présent (-1,12 écart-type en fluence catégorielle et -2,05 écart-
type en fluence alphabétique) ainsi que les difficultés d’élaboration psycho-linguistique. La
36
Chapitre III – EXPERIMENTATION
compréhension orale et écrite est correcte mais ralentie dans les épreuves complexes. Il y a
également persistance d’éléments d’apraxie bucco-faciale.
3 - Monsieur M.
37
Chapitre IV
PRESENTATION DES RESULTATS
Chapitre IV – PRESENTATION DES RESULTATS
Nous avons fait passer l’épreuve de dénomination des 30 parties d’objets à 80 adultes en les
répartissant selon leur âge et leur niveau de scolarité. Ceci dans le but de sélectionner et
d’étalonner les 20 parties d’objets les mieux dénommées et dont les fréquences dans la langue
sont les plus faibles. Ainsi nous avons obtenu un pourcentage de réussite pour chaque partie
d’objet présentée et nous avons recherché la fréquence de chaque item dans la langue orale.
1 - Le pourcentage de réussite
Nous avons calculé le pourcentage de réussite des 80 personnes pour chaque item et nous
avons répertorié chaque pourcentage dans le tableau suivant.
39
Chapitre IV – PRESENTATION DES RESULTATS
Ainsi, nous avons choisi d’éliminer les cinq parties d’objets ayant les pourcentages de réussite
les plus faibles : le fût du canon (45%), la branche de l’étoile (61,25%), la corne de l’escargot
(61,25%), la baleine du parapluie (70%) et la pale de l’hélicoptère (71,25%). Il nous reste
alors 25 parties d’objets qui font partie des items les mieux dénommés.
Afin de déterminer la fréquence de chaque item nous avons utilisé la base de données
« lexique 3 » (B. New & C. Pallier) qui fournit pour 135000 mots du français les
représentations orthographiques et phonémiques, la syllabation, la catégorie grammaticale, le
genre, le nombre, les fréquences et les lemmes associés.
Pour donner la fréquence des mots dans la langue orale, « lexique 3 » se base sur des corpus
de films c'est-à-dire sur leurs sous-titres français. Il utilise 2960 films ou saisons de séries, ce
qui représente 16,6 millions de mots. Ces films peuvent être étrangers ou français et sont
relativement récents, ce qui permet d’obtenir un vocabulaire actuel. Le nombre donné
représente la fréquence par million d’occurrences du mot selon le corpus de sous-titres.
La base de données « lexique 3 » nous a permis d’obtenir la fréquence des mots mais celle-ci
ne différencie pas les multiples sens d’un même mot. La fréquence donnée est donc valable
pour tous les signifiés possibles de ce mot. Certains de nos items étant polysémiques, nous
n’avons pas pu avoir connaissance de la fréquence exacte du mot dans le sens désiré. Par
exemple pour l’item « pied » (il s’agit dans notre épreuve du pied de la chaise et non de la
partie du corps), la fréquence indiquée par la base de donnée est très élevée. Nous avons alors
supposé que celle-ci était biaisée par la fréquence de la partie du corps qui est très élevée et
non de celle du pied de la chaise qui l’est beaucoup moins. Nous avons donc été dans
l’impossibilité de connaître la fréquence exacte de nos items polysémiques mais nous avons
supposé qu’ils étaient plus fréquents en tant qu’objets qu’en tant que parties d’objets.
Ainsi, nous avons choisi d’éliminer les cinq parties d’objets qui sont les plus fréquentes afin
de ne garder que des items peu fréquents. Nous avons également déterminé quelle était la
spécificité de chaque partie d’objet par rapport à son objet et nous avons tenté d’éliminer des
parties d’objets non spécifiques : le pied de la chaise (83,46) la défense de l’éléphant (53,62),
40
Chapitre IV – PRESENTATION DES RESULTATS
le dossier de la chaise (51,12), le rayon du soleil (19,68) et la dent du peigne (12,45). (Cf.
annexe 3)
Nous avons calculé la moyenne et la médiane des fréquences des objets et des parties d’objets
afin de montrer que les fréquences des parties d’objets sont plus faibles que celles des objets.
La moyenne représente la somme des observations divisée par l’effectif tandis que la médiane
est la valeur de la variable qui partage l’effectif de la distribution en deux parties égales. Le
calcul de la médiane s’effectue en deux étapes : le calcul du rang médian et le calcul de la
classe qui contient l’observation correspondant au rang médian.
Nous avons donc calculé avec le logiciel Excel, les moyennes et médianes des fréquences des
objets du DO 80 ainsi que celles des 30 parties d’objets de départ et des 20 parties d’objets
retenues. (cf. annexes 3 et 4)
On observe que la moyenne des 20 parties d’objets est bien plus faible que celles des objets et
des 30 parties d’objets sélectionnées au départ. Les parties d’objets sont donc bien moins
fréquentes que les objets du DO 80.
La médiane des fréquences des 20 parties d’objets est elle aussi très nettement inférieure à
celle des objets du DO 80. La dispersion des fréquences des 20 parties d’objets se fait donc
autour d’une valeur moindre.
41
Chapitre IV – PRESENTATION DES RESULTATS
Afin de comparer les moyennes des fréquences des objets et des parties d’objets et de
déterminer si l’écart entre les deux moyennes obtenues est significatif, nous avons utilisé un
test de Student. Le test t de Student permet de décider si la différence observée entre les
moyennes de deux échantillons est attribuable à une cause systématique ou si elle peut être
considérée comme l’effet des fluctuations dues au hasard. On pose comme hypothèse :
La formule utilisée est la suivante : t ddl = m1 - m2 / √ [(S1² / n1) + (S2² / n2)] avec
Donc t calculé > t théorique, on rejette H0 au profit de H1. Les fréquences des objets sont
significativement supérieures aux fréquences des parties d’objets. On peut donc affirmer que
les 20 items retenus sont significativement moins fréquents que les 80 items du DO80.
42
Chapitre IV – PRESENTATION DES RESULTATS
Les personnes qui ont accepté de participer à l’étalonnage se sont montrées tout à fait
coopérantes et volontaires malgré quelques réticences chez certaines, en particulier chez les
personnes de plus de 60 ans. Celles-ci avaient, en effet, quelques doutes sur leurs
compétences et avaient peur de montrer leurs difficultés, qu’elles soient réelles ou non.
La présentation du MMS en première partie d’entretien fut assez délicate, les sujets avaient
alors peur que nous suspections chez eux des troubles ou une maladie dégénérative comme la
maladie d’Alzheimer. Nous avons eu quelques réflexions du type « Je n’ai pas Alzheimer au
moins ? » « De toute façon je n’ai pas de mémoire. » C’est l’épreuve de calcul mental qui a
posé le plus de difficultés, les personnes se décourageant très vite, il a fallu les stimuler au
maximum afin qu’elles essayent d’effectuer l’épreuve malgré leur réticence. Les phrases du
type « je suis nul en calcul » sont revenues très fréquemment. Par contre, pour les premières
questions sur le repérage spatio-temporel, la plupart des sujets se sont montrés étonnés et
même presque choqués que l’on leur pose des questions aussi faciles pour eux.
Les sujets, pour la plupart, ont dénommé facilement tous les items du DO80, certains se
plaignant même du fait que c’était trop évident pour eux. Ils se sont prêtés également à la
dénomination des parties d’objets qui a été plus ou moins aisée selon les sujets. Les premiers
items étant relativement faciles pour des sujets sains, cela les a mis en confiance dès le départ.
43
Chapitre IV – PRESENTATION DES RESULTATS
Une fois les 20 parties d’objets sélectionnées nous avons établi un score sur 20 pour chaque
personne (cf. tableau 4).
NOTES
EFFECTIFS
SUR 20
20-59 ans 60-75 ans
≤ 9 ans > 9 ans ≤ 9 ans > 9 ans
20 9 12 6 10
19 7 5 9 5
18 2 2 2 1
17 2 3
16 1 1
15 1
14
13
12
11 1
10 1
Nous avons alors établi pour chaque classe (inférieur ou supérieur à 60 ans et inférieur ou
supérieur à 9 ans de scolarité) la moyenne des scores ainsi que la variance et l’écart-type avec
le logiciel Excel. La variance (V) et l’écart-type (σ) constituent une estimation de la
44
Chapitre IV – PRESENTATION DES RESULTATS
dispersion des valeurs de la distribution autour de leur moyenne. La formule de la variance est
la suivante : V(X) = Σ (x-m)² / n-1 = σ². Les résultats sont présentés dans le tableau 5.
Tableau 5 : Distribution des scores et seuils de normalité selon l’âge et le niveau de scolarité
des sujets
Nous avons ainsi pu déterminer un seuil de normalité pour chacune des quatre classes en
soustrayant deux écart-type à la moyenne. Tout score inférieur au seuil de normalité est donc
considéré comme pathologique. (cf. graphique 1)
25
20
NOTE SUR 20
15
Moyenne
Seuil de normalité
10
0
1 2 3 4
GROUPES
45
Chapitre IV – PRESENTATION DES RESULTATS
Nous constatons que les scores sont relativement homogènes, les notes au test de
dénomination de parties d’objets étant similaires et avoisinant dans la plupart des cas la note
maximale 20/20 (cf. graphique 2).
Nous avons effectué un test Anova qui est une analyse de variance, il permet de comparer
plusieurs moyennes entre elles issues d’échantillons indépendants. L’écart entre les moyenne
obtenues n’est pas significatif (p=0,503). Il n’y a donc pas de différences significatives entre
les quatre groupes pour la note sur 20.
Afin de vérifier nos résultats, nous avons également effectué un test de Levene qui permet la
comparaison des variances des quatre groupes entre elles. On note comme hypothèse nulle :
« les variances sont égales » et comme hypothèse alternative « les variances ne sont pas
égales ». Les résultats obtenus permettent de rejeter l’hypothèse alternative, le test est non
significatif (p>0,05), il y a homogénéité des variances, les moyennes sont donc comparables.
Même si les différences ne sont pas significatives, le premier groupe des 20-59 ans, inférieur
ou égal à 9 ans de scolarité, se démarque tout de même dans ses résultats. En effet deux des
personnes du groupe ont obtenu les notes de 10 et 11 sur 20 ce qui a fait chuter l’écart-type de
façon notable et par la même occasion le seuil de normalité. Les personnes de moins de 60
ans ayant un faible niveau de scolarité semblent donc avoir un niveau de vocabulaire
légèrement inférieur aux autres.
46
Chapitre IV – PRESENTATION DES RESULTATS
14
12
10
8
EFFECTIF
0
20 19 18 17 16 15 14 13 12 11 10
NOTES
20-59 INF A 9 ANS 20-59 SUP A 9 ANS 60-75 INF A 9 ANS 60-75 SUP A 9 ANS
47
Chapitre IV – PRESENTATION DES RESULTATS
• la personne connaît le mot mais « ne s’en souvient plus », il s’agit, dans ce cas d’un
manque du mot. Soit le mot est retrouvé avec l’aide de l’ébauche orale, du contexte
ou avec un temps de latence important, soit le mot n’est pas retrouvé. Dans ce cas, il
s’agira le plus souvent de mots connus mais très peu familiers, qui ne sont employés
que rarement par la personne.
• la personne émet une paraphasie d’ordre sémantique (corne pour défense) ou
morphologique (hublot pour goulot) ou phonologique (coudoir pour accoudoir).
Dans la plupart des cas, la personne se corrige d’elle-même ou alors, elle nous
signifie qu’elle sait que ce n’est pas la réponse attendue mais qu’elle n’arrive plus à
trouver le mot exact. Il s’agit également d’un manque du mot qui peut être, dans
certains cas, facilité par l’ébauche ou le contexte.
• la personne émet une circonlocution de définition afin de faciliter la récupération de
l’étiquette verbale dans le lexique phonologique (un repose coude pour un
accoudoir).
• la personne persévère sur un mot qui a déjà été évoqué précédemment (la crinière du
coq au lieu de la crête).
Dans tous les cas où la personne peut donner des indications sur le mot, cela montre que
l’item a bien été reconnu mais que la récupération de l’étiquette verbale est difficile et
coûteuse.
On remarque aussi que les erreurs des tranches d’âges plus jeunes sont plus souvent dues à un
manque de vocabulaire alors que les erreurs des groupes plus âgés sont plutôt dues à un
manque du mot.
Nous avons effectué une analyse de variance à deux facteurs (Anova) dans le but de
déterminer si les différents facteurs choisis pour construire les groupes de sujets (âge et
niveau de scolarité) produisaient réellement des différences de performance en dénomination.
Ainsi, nous avons tenté de mettre en évidence l’éventuelle présence d’effets significatifs en
fonction des différentes données. Pour accepter de considérer une différence comme
significative, nous avons choisi de retenir le seuil α = 0,05, habituellement utilisé en
psychologie cognitive.
Les analyses statistiques ont été réalisées avec le logiciel SPSS version 13.0 pour Windows
(SPSS Inc, Illinois, USA). La formule utilisée est la suivante :
48
Chapitre IV – PRESENTATION DES RESULTATS
F (x,y) = F ; p<0,05 où :
Il s’agit d’observer s’il existe une différence entre les personnes de moins de 60 ans et celles
de plus de 60 ans.
Nous avons vérifié ces résultats avec un test non paramétrique de Mann-Withney (lorsqu’on
n’est pas dans des conditions normales de distribution) qui est basé sur le principe du test de
rang, c'est-à-dire que l’ensemble des notes est classé (tous groupes confondus) et on associe
un rang à chaque note. Puis on calcule un rang moyen pour chacun des deux groupes
comparés puis on compare ces deux rangs moyens pour savoir si un des deux groupes est
significativement au-dessus de l’autre. Les résultats de ce test vont dans le même sens que
ceux de l’Anova (p=0,950), il n’y a donc pas de différence de notes entre les moins de 60 ans
et les plus de 60 ans.
Ainsi, on peut affirmer que, pour l’épreuve de dénomination des parties d’objets, les
personnes âgées n’ont pas plus de difficulté à dénommer les parties d’objets que les personnes
plus jeunes.
Il s’agit d’observer s’il existe une différence entre les personnes ayant un niveau de scolarité
supérieur à 9 ans et celles dont le niveau de scolarité est inférieur à 9 ans.
49
Chapitre IV – PRESENTATION DES RESULTATS
Nous avons vérifié ces résultats avec un test de Student qui n’est pas significatif (p=0,227). Il
n’y a donc pas de différence de notes entre les personnes de niveau de scolarité inférieur à 9
ans et les personnes de niveau de scolarité supérieur.
On peut donc affirmer que les personnes avec un faible niveau de scolarité n’ont pas plus de
difficulté à dénommer les parties d’objets que les personnes avec un niveau plus élevé.
4 - Conclusion
Etant donné qu’il n’existe aucun effet ni de l’âge ni du niveau de scolarité des sujets, il est
possible de calculer la moyenne et l’écart-type de l’ensemble des 80 sujets sans tenir compte
des variables âge et niveau de scolarité. On obtient alors les résultats ci-après :
Nous avons choisi de faire passer le test de dénomination des parties d’objets à trois
personnes aphasiques qui ont un score non pathologique ou à la limite de la pathologie au test
du DO 80. Ceci dans le but d’observer s’il existe un manque du mot lorsque les mots à
dénommer sont moins fréquents. Pour noter les réponses des sujets, nous avons élaboré un
cahier de passation comportant uniquement les 20 parties d’objets sélectionnées (cf. annexe2).
50
Chapitre IV – PRESENTATION DES RESULTATS
1 - Mademoiselle B.
Au niveau du test de dénomination des parties d’objets, Mlle B. a obtenu un score de 9/20, ce
qui correspond à -10,25 écart-type de la moyenne de sa classe. On observe donc un écart
important entre les mots fréquents du DO 80 et les mots moins fréquents des parties d’objets.
Sur les 11 mots non dénommés, on remarque qu’une fois sur deux elle est aidée par l’ébauche
orale du mot. Mlle B. produit des paraphasies verbales sémantiques (fil pour mèche, cheveux
et crête pour crinière…), elle fait une tentative d’approche du mot cible (nachoire pour
nageoire) et produit une paraphasie morphologique (miche pour mèche).
2 - Madame D.
Elle obtient au test de dénomination des parties d’objets un score de 17/20, elle est donc à -
2,33 écart-type de la moyenne, ce qui est pathologique. Chaque fois qu’elle ne peut retrouver
le mot, elle est aidée par l’ébauche orale et le contexte et parvient finalement à le produire. Il
lui arrive d’émettre des paraphasies sémantiquement liées à la cible. On observe donc que,
même avec un niveau de dénomination parfait au DO 80, Mme D. a un manque du mot sur
des mots moins fréquents.
3 - Monsieur M.
Pour le test des parties d’objets, il obtient un score de 19/20, correspondant à la moyenne de
sa classe, cela ne représente donc pas un score pathologique. La seule erreur commise se
traduit par l’émission de deux paraphasies sémantiques (feuille, corole pour pétale) mais il
parvient tout de même à dénommer l’item à la suite de ces deux approches. Mr M.
contrairement aux attentes, est aussi performant sur la dénomination de mots moins fréquents
que sur les mots fréquents du DO 80. Il n’a donc plus de manque du mot.
51
Chapitre IV – PRESENTATION DES RESULTATS
4 - Conclusion
Les résultats obtenus sont hétérogènes, notre hypothèse de départ est validée pour deux des
cas alors qu’elle ne l’est pas pour le troisième. Il aurait fallu faire passer cette épreuve à un
plus grand nombre de personnes mais il a été difficile de trouver des personnes aphasiques
encore suivies en rééducation dont les scores ne sont plus pathologiques au DO 80.
52
Chapitre V
DISCUSSION DES RESULTATS
Chapitre V – DISCUSSION DES RESULTATS
La sélection des 30 items de départ repose essentiellement sur les 20 parties d’objets qui
faisaient déjà partie d’un sous-test de dénomination utilisé au CHU de Grenoble, mais pour
lequel il n’y avait pas d’étalonnage. Nous avons donc rajouté 10 items de façon plus ou moins
subjective, aux 20 qui avaient déjà été sélectionnés par l’équipe de neuropsychologie de
l’hôpital. Etant donné que ces parties d’objets font partie des images du DO 80, nous n’avions
donc aucun matériel à créer si ce n’est le cahier de passation dont les 30 items ont été rajoutés
à ceux du DO80 (cf. annexe 1).
1 - Le pourcentage de réussite
Parmi les 30 items choisis, certains items se sont démarqués tout de même au niveau de leur
complexité et de leur fréquence d’utilisation ; c’est le cas de l’item « fût du canon » qui est
rarement employé. Seules les personnes qui sont plus âgées et en particulier les hommes ayant
fait la guerre connaissent bien cette partie du canon et ont pu facilement en retrouver le nom.
Cet item aurait donc pu être remplacé par un item plus facile dès la sélection des 30 premiers
items. Il en est de même pour les pales de l’hélicoptère, les personnes ont tendance à
54
Chapitre V – DISCUSSION DES RESULTATS
dénommer l’hélice, ne faisant pas la distinction entre les deux. Les cornes de l’escargot ont
également posé problème, elles ont souvent été confondues avec des antennes. C’est le cas
aussi des branches de l’étoile, qui ne sont pas facilement identifiables. Dans la plupart des cas,
les personnes n’ont pas su comment appeler cette partie de l’étoile, mais dès qu’on leur a
fourni la facilitation contextuelle « une étoile à cinq… », elles ont pu facilement retrouver le
nom. Le terme de « branche de l’étoile » est plus souvent employé dans ce contexte que de
façon isolée.
Selon Ferrand (1997), la fréquence du mot dans la langue est un paramètre qui influence
fortement la dénomination. En effet, plus le mot est fréquent, plus son étiquette verbale est
retrouvée facilement. Rapp et Caramazza, en 1991 (cités par Lambert, 2004), parlent de seuil
d’activation déterminé par la fréquence d’usage du mot phonologique. Moins le mot est
fréquent plus le seuil d’activation est haut et plus il est difficile de récupérer son étiquette
verbale. Les items que nous avons sélectionnés étant significativement moins fréquents que
ceux du DO 80, ils ont donc un seuil d’activation plus haut. Le test de dénomination des
parties d’objets est donc un test plus sensible. Il permettra l’évaluation de troubles de
dénomination plus fins qui ne sont pas décelables par les tests de dénomination qui
comportent des items plus fréquents.
Nous avons par la suite rencontré un problème majeur puisque nous avons été dans
l’impossibilité de connaître la fréquence exacte des items polysémiques dans le contexte
voulu. Ainsi, nous avons choisi d’éliminer les cinq items dont les fréquences étaient les plus
élevées dans la base de données « lexique 3 » en sachant que celles-ci ne correspondaient pas
forcément à la fréquence de la partie d’objet. Nous ne sommes donc pas certains d’avoir retiré
les cinq items les plus pertinents.
1 - Passation
La durée de passation étant relativement courte : environ 10 minutes pour les personnes de
moins de 60 ans et 20 minutes pour les personnes de plus de 60 ans (en raison de la passation
supplémentaire du MMS), cela a constitué un argument favorable afin d’encourager les
personnes réticentes à la passation du test. Etant donné qu’environ la moitié des passations se
sont effectuées dans des clubs de loisirs, les gens étaient assez pressés de retrouver leur
55
Chapitre V – DISCUSSION DES RESULTATS
activité au plus vite et ont donc répondu avec plus ou moins d’attention et de rigueur. Certains
ont peut être même préféré dire qu’ils ne se rappelaient du mot afin de ne pas perdre trop de
temps à chercher la réponse par eux-mêmes. Mais dans la plupart des cas, en particulier pour
les passations effectuées au domicile, les personnes se sont montrées attentives et dans un
souci de bien faire.
On peut noter également que compte tenu des lieux de passation les personnes ont pu être à
tout moment interrompues par un coup de téléphone, une sollicitation de la part de leur
partenaire de jeu ou pour d’autres motifs encore. La concentration de celles-ci tout au long de
l’épreuve a pu en être altérée.
Les passations se sont modifiées au fil du temps, le protocole étant très répétitif et similaire
d’un sujet à l’autre, nous avons mis moins de temps à le faire passer, une fois qu’il nous était
plus familier. Nous avons également pris de l’assurance pour aborder les sujets afin de leur
demander de participer à cet étalonnage, il n’a pas été facile au départ d’interrompre les sujets
dans leur activité au sein du club. Certains ont refusé catégoriquement, pour d’autres il a fallu
argumenter afin de les inciter quand même à passer le test.
Nous avons eu des difficultés à trouver des personnes jeunes ayant un niveau de scolarité
inférieur à 9 ans, effectivement de plus en plus de jeunes aujourd’hui vont au delà du brevet
et, quand ils arrêtent leurs études avant, ils font généralement un CAP ou un BEP qui
nécessite encore deux ans. Nous nous sommes basés sur l’étalonnage du DO 80 afin de
choisir nos critères de sélection mais ceux-ci sont surtout valables pour les personnes âgées
qui, pour la plupart, se sont arrêtées au CEP (certificat d’études primaires) c’est-à-dire vers
l’âge de 14 ans. Pour notre étalonnage, il a donc fallu trouver des personnes qui n’avaient pas
fait de CAP ou de BEP ou alors qui s’étaient arrêtées à la classe de cinquième.
Il a également été difficile de trouver des personnes âgées entre 60 et 70 ans, en effet l’âge
moyen des personnes fréquentant les clubs de loisirs avoisinait plutôt 75 ou 80 ans. Nous
avons donc dû visiter de nombreux clubs afin de trouver ces personnes.
2 - L’échantillon
La taille de l’échantillon étant suffisamment grand, nous n’avons pas effectué un contrôle de
la normalité des distributions. On peut alors considérer que les moyennes et écart-type
obtenus sont valables et généralisables à la population. Cela d’autant plus que l’étalonnage du
56
Chapitre V – DISCUSSION DES RESULTATS
DO 80 ne porte que sur 108 sujets et il est utilisé comme test de dénomination de référence
par de nombreux orthophonistes.
Nous avons remarqué que peu d’erreurs ont été effectuées sur la dénomination des objets du
DO 80, or l’étalonnage de celui-ci comporte des seuils de normalité inférieurs à 72/80 pour
les catégories des plus de 60 ans et des moins de 60 ans avec niveau de scolarité inférieur à 9
ans (selon la cotation type 2). On peut donc se demander si l’étalonnage du DO 80 est encore
valable. Peut-être nécessiterait-il une actualisation en changeant éventuellement les critères de
répartition de la population afin qu’ils répondent mieux au cursus scolaire actuel des sujets.
Celle-ci s’adresse en particulier à toute personne qui n’obtient plus un score pathologique au
DO 80 et qui pourtant, se plaint encore d’un manque du mot dans la vie de tous les jours.
L’avantage principal de cette épreuve est qu’elle permet une évaluation du manque du mot sur
du lexique plus fin que celui des tests ordinaires. L’étalonnage a permis d’établir une
référence quant aux performances des sujets tout-venant, ce qui est nécessaire dans
l’établissement d’un seuil de normalité. Il permet donc de déterminer si un sujet a un manque
du mot pathologique ou non à cette épreuve.
Celle-ci utilise le même matériel que le DO 80, test de référence dans l’évaluation du manque
du mot, elle est donc utilisable par tout orthophoniste possédant ce test. Cette épreuve est
facile et très courte à faire passer puisqu’elle s’intègre parfaitement à la passation normale du
DO 80. D’autre part, le calcul du score est très rapide, l’analyse quantitative des performances
est facilitée par l’utilisation du cahier de passation permettant la notation des réponses (cf.
annexe 2).
Ce test porte sur un nombre restreint de mots, il permet d’avoir un aperçu des comportements
de dénomination d’un sujet face à des mots moins fréquents, mais il ne peut en aucun cas
évaluer le manque du mot de façon très précise sur le lexique fin en général. Cela demanderait
un nombre d’items bien plus conséquent. D’autre part il n’évalue qu’un aspect du langage
57
Chapitre V – DISCUSSION DES RESULTATS
oral et ne peut évidemment pas suffire à l’orthophoniste pour connaître la nature ou l’étendue
des troubles du langage. Celui-ci aura donc besoin d’autres outils pour compléter son
évaluation du langage.
Tout comme le DO 80, cette épreuve ne permet pas de re-test puisqu’il n’existe qu’une seule
version ; mais il est possible de refaire passer l’épreuve avec un intervalle de temps
suffisamment grand afin d’observer l’évolution du manque du mot. Le phénomène d’anomie
étant très variable d’un moment à l’autre, il est possible d’avoir des erreurs sur des items
précédemment réussis ou inversement. La passation du test à plusieurs reprises n’est donc pas
très gênante.
Nous nous sommes demandés si ce test serait soumis aux effets de l’âge et du niveau de
scolarité des sujets tout comme les tests de dénomination classiques. Contrairement aux
attentes, les études statistiques n’ont montré aucun effet, ni de l’âge, ni du niveau de scolarité
des sujets. Notre seconde hypothèse est donc infirmée. Pourtant, l’existence de ces effets a été
largement démontrée dans les étalonnages des tests de dénomination ainsi que dans les
différentes études réalisées jusqu’à présent. Les résultats pouvant être obtenus par les sujets à
ce test de dénomination de parties d’objets ne sont donc pas liés ni à leur âge ni à leur niveau
de scolarité. Nous avons donc calculé la moyenne globale des scores des 80 sujets ainsi que la
variance et l’écart-type. Nous avons aussi choisi de laisser les quatre catégories correspondant
à celles du DO 80 pour des raisons pratiques. Les deux tests étant intriqués il est donc plus
aisé de conserver les mêmes critères d’analyse des résultats. Chaque thérapeute pourra alors
choisir à sa convenance le seuil de normalité adéquat.
Les études de cas ont permis d’appliquer la passation du protocole ainsi que de réaliser
l’analyse quantitative des réponses par le biais de l’étalonnage ainsi que l’analyse qualitative
sur quelques sujets aphasiques. Elles permettent d’utiliser ce test en situation clinique afin de
confirmer ou non sa pertinence dans le bilan des troubles de dénomination.
Malheureusement nous n’avons pas pu trouver davantage de sujets aphasiques qui n’étaient
plus pathologiques au DO 80, en effet, la rééducation du manque du mot est souvent très
longue, plusieurs années sont nécessaires à la récupération et bien souvent elle n’est que
partielle. Dans la plupart des cas, les sujets qui sont encore suivis en rééducation gardent un
58
Chapitre V – DISCUSSION DES RESULTATS
manque du mot pathologique au DO 80. Il aurait donc fallu interroger des personnes n’étant
plus suivies mais cela pose un réel problème qui est de pouvoir les trouver et les contacter. De
plus, ces personnes n’étant plus suivies en rééducation, nul ne peut connaître l’évolution de
leur niveau de dénomination.
Les études de cas étant trop peu nombreuses, nous ne pouvons en aucun cas faire de
généralisation, puisque notre hypothèse de départ est validée seulement dans deux des cas.
Mlle B. qui est à la limite de la pathologie au DO 80 obtient un score très pathologique à
l’épreuve de dénomination des parties d’objets, et Mme D. qui n’a plus du tout de manque du
mot au DO 80 a pourtant un score à la limite de la pathologie aux parties d’objets. Mr M.
quant à lui, n’a plus de manque de mot, il n’a donc plus de score pathologique ni au DO 80 ni
à l’épreuve de dénomination des parties d’objets.
Ces résultats très contrastés et hétérogènes nous montrent la variabilité des réponses des sujets
face à une épreuve de dénomination. Ils ne permettent pas de valider l’hypothèse précisément,
mais donnent simplement un aperçu des comportements des sujets aphasiques dans une
situation de dénomination de mots moins fréquents.
Ce travail de réalisation du mémoire a été très enrichissant : en plus d’une initiation au travail
de recherche universitaire, il a permis une familiarisation à la pratique du bilan
orthophonique, clef de voûte de toute prise en charge rééducative. Sur le plan de la recherche,
il a permis de mieux connaître le matériel d’évaluation des troubles de dénomination ainsi que
les principales études sur le système lexico-sémantique et son organisation. Il a également
permis de développer des capacités d’adaptation, de vigilance et de rigueur ainsi qu’une prise
de conscience de la variabilité des réactions des sujets en situation de test.
Le fait de travailler avec des inconnus qu’il faut aborder et convaincre de passer le test a été
bénéfique dans le développement de capacités de communication ainsi que dans la prise
progressive de confiance en soi. Il a été gratifiant d’adopter une place de professionnel et, de
fait, de répondre aux diverses interrogations des sujets quant à l’aphasie et au vieillissement
cognitif et langagier.
59
Chapitre V – DISCUSSION DES RESULTATS
pourrait l’entendre, mais aussi à toutes les pathologies d’origine neurologique qui touche de
nombreux adultes. D’autre part, les personnes interrogées ont pu prendre connaissance de ce
qu’était l’aphasie, une pathologie encore très méconnue de nos jours, par une grande majorité
de la population.
60
CONCLUSION
CONCLUSION
Notre travail de recherche a été motivé par le constat de certains professionnels d’une
difficulté à évaluer les compétences de dénomination sur du lexique fin. L’équipe du CHU de
Grenoble a élaboré pour cela une épreuve de dénomination de mots moins fréquents mais sans
avoir de référence quant aux performances d’une population normale.
La passation du test par 80 sujets répartis en quatre classes d’âge et de niveau de scolarité
variable a permis d’élaborer un étalonnage du test portant sur les vingt parties d’objets les
mieux dénommées et les moins fréquentes.
Les études de cas ont montré des résultats hétérogènes qui ne vont pas tous dans le sens de
l’hypothèse puisque chez un des sujets, il a été plus facile de dénommer les mots moins
fréquents que les mots fréquents. Ces études de cas étant limitées en nombre on ne peut en
tirer de réelles conclusions ; il serait intéressant d’approfondir cette recherche sur un nombre
plus élevé de patients afin de pouvoir généraliser les résultats.
Les résultats obtenus peuvent toutefois montrer la variabilité des réponses des sujets face à
une épreuve de dénomination. Ils permettent de donner un aperçu des comportements
possibles de sujets aphasiques dans une situation de dénomination de mots moins fréquents
comme les parties d’un objet.
L’outil clinique ainsi élaboré répond à un besoin certain et s’envisage dans un bilan complet
des aptitudes cognitives.
61
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
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auprès de sujets aphasiques et de patients souffrant de la maladie d’Alzheimer. Mémoire
d’orthophonie, Ecole d’orthophonie de Lyon, Lyon.
64
ANNEXES
ANNEXE I
DO 80
Epreuve de dénomination de 30 parties d’objets
Cahier de passation
Nom : Prénom :
Trompe
1 Eléphant
Défense
2 Citron
3 Drapeau
4 Canard Bec
5 Lit
6 Aspirateur
7 Chien
8 Poire
66
ANNEXE I
9 Accordéon
10 Bougie Mèche
11 Sapin Tronc
12 Cheval Crinière
13 Marteau Manche
14 Etoile Branche
15 Canon Fût
16 Serpent
17 Brouette
18 Pied Orteil
19 Rhinocéros
20 Fraise
21 Chapeau
22 Tambour
23 Paon
24 Téléphone
25 Cloche
26 Train Wagon
27 Ours
28 Corde à
sauter
29 Peigne Dent
30 Casserole
Epine
31 Rose
Pétale
32 Vache Pis
33 Cœur
34 Bouteille Goulot
67
ANNEXE I
35 Pipe
36 Sabot
37 Ecureuil
Pied
38 Chaise
Dossier
39 Brosse
40 Papillon Antenne
41 Main Ongle
42 Ciseaux
43 Kangourou
44 Grillage
45 Arrosoir
46 Chat
47 Père Noël
48 Balai
49 Couteau Lame
50 Lapin
51 Fauteuil Accoudoir
52 Avion
53 Louche
54 Zèbre
55 Cadenas
56 Seau Anse
57 Masque
58 Hélicoptère Pale
59 Poule
60 Banc
68
ANNEXE I
61 Commode
62 Lion
63 Parapluie Baleine
64 Tabouret
65 Croix
66 Balance
67 Coq Crête
68 Flèche
69 Botte
70 Cendrier
71 Escargot Corne
72 Hache
73 Soleil Rayon
74 Tortue Carapace
75 Champignon
76 Bureau
77 Girafe
78 Canne
79 Fourchette
80 Poisson Nageoire
69
ANNEXE II
DO 80
Epreuve de dénomination de 20 parties d’objets
Cahier de passation
Nom : Prénom :
1 Eléphant Trompe
2 Citron
3 Drapeau
4 Canard Bec
5 Lit
6 Aspirateur
7 Chien
8 Poire
9 Accordéon
10 Bougie Mèche
70
ANNEXE II
11 Sapin Tronc
12 Cheval Crinière
13 Marteau Manche
14 Etoile
15 Canon
16 Serpent
17 Brouette
18 Pied Orteil
19 Rhinocéros
20 Fraise
21 Chapeau
22 Tambour
23 Paon
24 Téléphone
25 Cloche
26 Train Wagon
27 Ours
28 Corde à
sauter
29 Peigne
30 Casserole
Epine
31 Rose
Pétale
32 Vache Pis
33 Cœur
34 Bouteille Goulot
35 Pipe
36 Sabot
71
ANNEXE II
37 Ecureuil
38 Chaise
39 Brosse
40 Papillon Antenne
41 Main Ongle
42 Ciseaux
43 Kangourou
44 Grillage
45 Arrosoir
46 Chat
47 Père Noël
48 Balai
49 Couteau Lame
50 Lapin
51 Fauteuil Accoudoir
52 Avion
53 Louche
54 Zèbre
55 Cadenas
56 Seau Anse
57 Masque
58 Hélicoptère
59 Poule
60 Banc
61 Commode
62 Lion
63 Parapluie
72
ANNEXE II
64 Tabouret
65 Croix
66 Balance
67 Coq Crête
68 Flèche
69 Botte
70 Cendrier
71 Escargot
72 Hache
73 Soleil
74 Tortue Carapace
75 Champignon
76 Bureau
77 Girafe
78 Canne
79 Fourchette
80 Poisson Nageoire
73
ANNEXE III
74
ANNEXE III
Brosse 7,71
Papillon 8,03 Antenne 11,81 non spécifique
Main 234,79 Ongle 2,02 spécifique
Ciseaux 8,61
Kangourou 1,93
Grillage 1,69
Arrosoir 0,3
Chat 65,9
Père noel
Balai 11,2
Couteau 46,38 Lame 10,27 non spécifique
Lapin 39,22
Fauteuil 14,52 Accoudoir 0,11 spécifique
Avion 117,65
Louche 1,93
Zèbre 1,33
Cadenas 2,05
Seau 5,85 Anse 0,25 non spécifique
Masque 20
Hélicoptère 12,98 Pale 0,48 non spécifique
Poule 26,63
Banc 7,71
Commode 2,05
Lion 10
Parapluie 6,49 Baleine 9,95 non spécifique
Tabouret 2,47
Croix 19,88
Balance 5,66
Coq 5,21 Crête 3,46 non spécifique
Flèche 10,48
Botte 5,3
Cendrier 3,92
Escargot 1,97 Corne 2,77 non spécifique
Hache 11,81
Soleil 86,38 Rayon 19,68 non spécifique
Tortue 3,67 Carapace 1,33 spécifique animal
Champignon 4,28
Bureau 163,92
Girafe 2,11
Canne 7,95
Fourchette 5,06
Poisson 41,28 Nageoire 0,9 spécifique
75
ANNEXE IV
76
ANNEXE IV
77
ANNEXE V
78
TABLE DES ILLUSTRATIONS
79
TABLE DES MATIERES
Organigrammes ............................................................................................. 2
Remerciements.............................................................................................. 4
Sommaire ..................................................................................................... 5
Introduction .................................................................................................. 9
PARTIE THEORIQUE...................................................................................... 10
LE MANQUE DU MOT..................................................................................... 11
1- L’aphasie ......................................................................................................11
1.1. Définition ................................................................................................. 11
1.2. Etiologie et pronostic ................................................................................. 11
1.3. Les différentes formes cliniques .................................................................. 11
1- Définition ......................................................................................................18
80
TABLE DES MATIERES
PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES.................................................................. 26
PRESENTATION DE LA PROBLEMATIQUE.......................................................... 27
RETOMBEES THEORIQUES............................................................................. 28
EXPERIMENTATION ...................................................................................... 29
1- Le matériel....................................................................................................30
1.1. Le MMS ................................................................................................... 30
1.2. Le DO 80 ................................................................................................. 31
1- Etalonnage du DO 80 ....................................................................................34
2- Population ....................................................................................................34
ETUDES DE CAS........................................................................................... 35
1- Mademoiselle B. ............................................................................................35
2- Madame D. ....................................................................................................36
3- Monsieur M. ..................................................................................................37
81
TABLE DES MATIERES
4- Conclusion ....................................................................................................50
1- Mademoiselle B. ............................................................................................51
2- Madame D. ....................................................................................................51
3- Monsieur M. ..................................................................................................51
4- Conclusion ....................................................................................................52
1- Passation ......................................................................................................55
82
TABLE DES MATIERES
2- L’échantillon .................................................................................................56
Conclusion .................................................................................................. 61
Bibliographie ............................................................................................... 62
ANNEXES .................................................................................................... 65
83
Aurélie MARCHAND
ETALONNAGE D’UNE EPREUVE DE DENOMINATION DE PARTIES
D’OBJETS DERIVEE DU DO 80
83 Pages
Mémoire d'orthophonie -UCBL-ISTR- Lyon 2006
RESUME
Nous avons ensuite fait passer ce test à trois personnes aphasiques n’ayant plus de manque du
mot pathologique au test du DO 80, afin d’observer leurs comportements de dénomination sur
des mots moins fréquents. Nous avons pu remarquer l’hétérogénéité des réponses des sujets
au test de dénomination des parties d’objets, les scores obtenus pouvant être soit inférieurs,
soit supérieurs à la norme établie auparavant.
MOTS-CLES
Marie-Laurence Cheynel-Alberola
Annick Duchêne May Carle
Anne Peillon
MAITRE DU MEMOIRE
Danielle David
DATE DE SOUTENANCE