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Chapitre 9

Phénomène d’induction
électromagnétique
L’expérience d’Oersted (juillet 1820) mit en évidence la création d’un champ magnétique à partir d’un
courant permanent. A la même époque, le physicien anglais Faraday était préoccupé par la question inverse :
puisque ces deux phénomènes sont liés, comment produire un courant à partir d’un champ magnétique ?
Il fit un certain nombre d’expériences qui échouèrent car il essayait de produire un courant permanent. En
fait, il s’aperçut bien de certains effets troublants, mais ils étaient toujours transitoires.
Il enroula ainsi sur un même cylindre deux fils électriques : l’un relié à une pile et un interrupteur, l’autre
seulement à un galvanomètre. Faraday savait que lorsqu’un courant permanent circule dans le premier
circuit, un champ magnétique serait engendré et il s’attendait donc à voir apparaître un courant dans le
deuxième circuit. En fait rien de tel n’était observé : lorsque l’interrupteur était fermé ou ouvert, rien ne se
passait. Par contre, lors de son ouverture ou de sa fermeture, une déviation fugace de l’aiguille du
galvanomètre pouvait être observée (cela n’a pas été perçu immédiatement). Une telle déviation pouvait
également s’observer lorsque, un courant circulant dans le premier circuit, on déplaçait le deuxième circuit.

1 Approche expérimentale
Soit un circuit ( Γ1 ) parcouru par un courant d’intensité i1 ; il crée en tout point de l’espace un champ

magnétique B1 . Plaçons dans ce champ un autre circuit ( Γ 2 ) comportant uniquement un galvanomètre. Les
sens positifs sont indiqués sur la figure suivante.

( Γ1 ) ( Γ2 )

i1 i2
K
A

1.1 Circuits fixes dans le référentiel d’étude


Dans le cas où les circuits sont fixes dans le référentiel d’étude  , on constate les faits suivants :
 L’interrupteur K étant ouvert et le régime permanent atteint ( i1 = 0 ), aucun courant ne traverse ( Γ 2 ) . On
ferme alors K : un courant i1 > 0 s’installe dans ( Γ1 ) , et tant que i1 n’a pas atteint de valeur stationnaire,
un courant i2 < 0 circule dans ( Γ 2 ) .
 L’interrupteur K étant fermé et le régime permanent atteint ( i= 1 I1 > 0 ), aucun courant ne traverse ( Γ 2 ) .
On ouvre alors K : un courant i2 > 0 circule dans ( Γ 2 ) tant que i1 n’est pas nul.
ELECTROMAGNETISME 2 ANALYSE. EXEMPLE DES RAILS DE LAPLACE

1.2 Circuits en mouvement relatif dans le référentiel d’étude


Dans le cas où les circuits sont en mouvement relatif dans le référentiel d’étude  , on constate les faits
suivants :
 L’interrupteur K étant fermé et le régime permanent atteint ( i= 1 I1 > 0 ), si on éloigne ( Γ1 ) de ( Γ 2 ) , un
courant i2 > 0 circule dans ( Γ 2 ) pendant toute la durée du mouvement.
 L’interrupteur K étant fermé et le régime permanent atteint ( i=1 I1 > 0 ), si on approche ( Γ1 ) de ( Γ 2 ) , un
courant i2 < 0 circule dans ( Γ 2 ) pendant toute la durée du mouvement.
 Dans tous les cas, le courant i2 est d’autant plus intense que le déplacement est rapide.

Remarque

En approchant le pôle nord d’un aimant droit de ( Γ 2 ) , un courant i2 < 0 circule également dans ( Γ 2 )
pendant toute la durée du mouvement, et inversement.

2 Analyse. Exemple des rails de Laplace


Considérons le dispositif des rails de Laplace schématisé ci-dessous, constitué de deux rails fixes
relativement au référentiel d’étude  . Sur ces rails conducteurs, parallèles à un axe Ox et distants de a ,
peut se déplacer sans frottement selon Ox une tige AB de masse m , conductrice et parallèle à l’axe Oy .
Les deux rails sont reliés à leur extrémité par une tige CD fixe. On plonge l’ensemble dans un champ
 
magnétique stationnaire et uniforme B = Bu z .
Orientons arbitrairement le circuit ABCD en considérant comme positif le sens de B vers A

C B

ve 
 a
+ B

D A

uy


ux
 
 Supposons que la tige AB se déplace avec la vitesse ve = veu x constante à partir de l’instant initial t = 0 .
Les électrons de la tige mobile acquièrent alors (en moyenne) cette vitesse d’entraînement et, du fait de la
présence du champ magnétique extérieur, vont être soumis à la force de Lorentz qui va les entraîner de A
vers B :
   
f = − eve ∧ B = eve Bu y

Ceci va immédiatement provoquer un déplacement global d’électrons de A vers B donc l’apparition d’un
courant, appelé courant induit.

2
CHAPITRE 10 – PHENOMENE D’INDUCTION ELECTROMAGNETIQUE 2 ANALYSE. EXEMPLE DES RAILS DE LAPLACE

Relativement à la tige mobile définissant un référentiel  ' , les électrons de conduction de cette tige
   
acquièrent donc une vitesse d’ensemble v/  ' selon u y liée au courant de densité j = − nev/  ' où n est la
densité volumique d’électrons de conduction dans la tige.
Classiquement, la vitesse d’ensemble de ces électrons relativement au référentiel  est donnée par la loi de
composition des vitesses :
  
v/ = ve + v/  '
     
Chaque électron est donc désormais soumis à la force F= f + f ' où f ' = − ev/  ' ∧ B .
En considérant la tige comme un cylindre conducteur de section S et longueur a , la résultante de la

composante f ' s’appliquant à l’ensemble des électrons de conduction de la tige s’écrit :
   
FLa = ( naS ) f ' =aS ( − nev/  ' ) ∧ B
Compte tenu du sens d’orientation positif choisi pour le circuit, toute section de la tige est orientée

positivement selon −u y . L’intensité du courant induit qui traverse la tige de B vers A s’écrit donc :
   
i= j .S ( −u y ) =
− nev/  'u y .S ( −u y ) =
nev/  ' S > 0

On en déduit que la force résultante peut encore s’écrire :


  
F=La iBA ∧ B
Comme on pouvait s’y attendre, cette force est ni plus ni moins la force de Laplace agissant sur la tige AB

traversée par le courant d’intensité i . Cette force de Laplace est orientée selon −u x , dans le sens inverse du
mouvement de la tige. Elle tend donc à la freiner. Ceci révèle un aspect  modérateur de la réponse du
dispositif au déplacement de la tige conductrice dans le champ extérieur B .
Mais ce n’est pas le seul ! En effet, traversé par le courant induit, le circuit ABCD va générer à son tour un

champ magnétique Bi , appelé champ induit. Comme il a été vu en magnétostatique, les lignes de champ
tournent autour du courant dans le sens donné par la règle du tire-bouchon, à partir de celui du courant. Ce
dernier allant dans le sens ADCB , on constate que le champ induit s’oppose à l’intérieur du circuit ABCD
au champ extérieur, appelé champ inducteur. Cela traduit une règle générale de modération appelée loi de
Lenz : le courant induit a un sens tel que ses effets s’opposent aux causes qui lui ont donné naissance.


B
C B

i 
  ve
Bi FLa
D A

  
 La force f = − eve ∧ B est la force motrice qui entretient le courant induit dans la tige AB . On peut l’écrire
sous la forme d’une force électrique :
 
f = − eEm
   
Par identification, le champ électrique Em , appelé champ électromoteur, s’écrit : Em= ve ∧ B .
Du point de vue électrique, la tige AB se comporte exactement comme un générateur. La force
électromotrice (f.é.m.) correspondante est :

3
ELECTROMAGNETISME 3 GENERALISATION. LOIS DE L’INDUCTION

  A
  
e
= ∫
P∈AB
Em ( P ).d =
P ∫ (v u
B
e x ∧ Buz ).d( −u y=
) Bave
B→ A

En supposant que la résistance totale R du circuit reste pratiquement constante, bien que la quantité de
matériau conducteur impliquée dans le circuit augmente lors du déplacement de la tige, l’application de la loi
d’Ohm donne pour l’intensité du courant induit :
e Bave
i
= =
R R
On retrouve ici toute la physique du phénomène. En effet, il n’est pas étonnant de trouver dans l’expression
de cette intensité le produit des grandeurs caractérisant les deux causes de son apparition : la vitesse ve et le
champ inducteur B . Que l’une des deux disparaisse et le courant induit disparaît aussi.
On peut, comme l’a fait Faraday, relier la force électromotrice à la variation du flux du champ inducteur au

cours du mouvement. En effet, pour le circuit ABCD considéré ici, ce flux, défini positivement selon −uz
compte tenu de l’orientation positive du circuit, vaut à un instant t donné, pour une position x (t ) de la tige :
Φ (t ) =
− ax (t ) B
dx
Comme ve = , il vient immédiatement que :
dt

e= −
dt
Cette dernière relation constitue la loi de Faraday-Lenz : la force électromotrice induite s’oppose à la
variation de flux qui lui a donnée naissance.
À la lumière de cette relation fondamentale, expliquons la réaction du circuit considéré ici. On comprend que
sur la surface intérieure ABCD , le flux du champ inducteur croît, puisque la surface présentée croît. Une
réaction de modération est mise en œuvre pour essayer de stopper cette augmentation : force de Laplace
opposée au déplacement de la tige, champ induit s’opposant au champ inducteur.

Remarque

Si nous nous plaçons du point de vue de l’extérieur du circuit, nous voyons une surface décroître, et donc
un flux inducteur qui décroît. Cela est encore tout à fait conforme à la règle de modération, car dans cette

région, le champ induit est selon + uz (les lignes de champ s’enroulent autour de chaque portion du
circuit) et vient donc renforcer le champ inducteur.

3 Généralisation. Lois de l’induction


La loi de Faraday-Lenz, établie plus haut dans le cas particulier d’un circuit mobile relativement au
référentiel d’étude  et plongé dans un champ inducteur stationnaire, est en fait valable quelle que soit la
cause de la variation de flux qui traverse le circuit. On peut comprendre cette généralisation en invoquant le
principe de relativité : le phénomène d’induction ne dépend que du mouvement relatif du circuit et des
sources de champ magnétique inducteur. Cette loi doit donc être vraie si le circuit est fixe relativement au
référentiel  et les sources de champ mobiles.
On parle d’induction de Lorentz lorsque le circuit est soumis à un champ inducteur stationnaire et qu’on le
déforme ou qu’on l’oblige à se déplacer.
On parle d’induction de Neumann lorsque le circuit est immobile et que c’est le champ inducteur qui varie
dans le temps. Plus généralement, ces deux effets peuvent intervenir simultanément.

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CHAPITRE 10 – PHENOMENE D’INDUCTION ELECTROMAGNETIQUE 3 GENERALISATION. LOIS DE L’INDUCTION

3.1 Loi de Faraday (1831)



On postule que le champ magnétique B reste à flux conservatif en régime variable, ce que l’on traduit pour
une surface fermée (Σ) par :
  
= Φ (Σ) ( B) ∫∫ B(=M , t ).dS M 0
M ∈( Σ )


On a donc également validité de l’équation de Maxwell-Thomson en régime variable : div( B ) = 0 .

Conséquence, le flux de B à travers une surface quelconque s’appuyant sur un contour fermé ( Γ) ne dépend
que de ce contour. On parle alors de flux à travers ( Γ) .
La loi établie expérimentalement par Faraday exprime la f.é.m. engendrée dans un circuit ( Γ) à travers
lequel le flux magnétique Φ (t ) varie dans le temps :

dΦ ( t )
e( t ) = − (10.1)
dt

3.2 Loi de Lenz (1834)


Cette loi qualitative, qui justifie le signe négatif dans la loi de Faraday s’énonce de la façon suivante.

La f.é.m. induite tend par ses conséquences à s’opposer à la cause qui lui a donnée naissance (loi dite de
modération).

Historiquement, Faraday avait en fait énoncé que la force électromotrice induite dans un circuit fermé est
proportionnelle au taux de variation par rapport au temps du flux du champ magnétique traversant la surface
délimitée par le circuit. Et c’est le physicien russe Heinrich Lenz qui fit ensuite la découverte du sens des
courants induits. La relation (10.1) devrait donc en fait être qualifiée de loi de Faraday-Lenz.

Exemple
Reprenons le cas vu en TP de l’aimant droit qu’on approche d’une bobine reliée à un galvanomètre.


B
 N S
Bi
i 

- Lorsqu’on entre le pôle nord de l’aimant dans la bobine (étape ), il apparaît un courant induit i > 0
selon les conventions du schéma. En appliquant la règle du tire-bouchon, on en déduit que ce courant est

à l’origine d’un champ magnétique induit Bi (dit champ propre) tel que la face de la bobine en regard de
l’aimant se comporte comme une face nord (cas du schéma).

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ELECTROMAGNETISME 4 THEORIE DE L’INDUCTION

- Lorsqu’on retire le pôle nord de l’aimant de la bobine (étape ), il apparaît un courant induit i < 0 . En
appliquant la règle du tire-bouchon, on en déduit que ce courant est à l’origine d’un champ magnétique
induit tel que la face de la bobine en regard de l’aimant se comporte comme une face sud.
Dans les deux cas de figure, l’effet s’oppose à la cause. Ainsi, le rapprochement du pôle nord provoque la
circulation d’un courant qui fait apparaître un pôle de même nature (effet répulsif qui tend à s’opposer à

l’approche de l’aimant et qui modère donc l’augmentation du flux de B ) sur la face de la bobine en
regard de l’aimant. De même, il apparaît un pôle sud sur cette même face lorsqu’on éloigne le pôle nord
(effet attractif qui tend à s’opposer à l’éloignement de l’aimant).

4 Théorie de l’induction
4.1 Notion de force électromotrice
Le phénomène d’induction consiste donc en l’apparition de courants dans un circuit mobile placé dans un
champ magnétique dépendant du temps. Rappelons qu’une seule des deux causes citées suffit pour que le
phénomène se manifeste.
Lors de ce phénomène, les porteurs de charge ont été mis en mouvement par l’action de forces motrices dont

on notera par la suite le champ Fm ( P, t ) en tout point P du circuit à l’instant t .
Soit ( Γ) un circuit fermé et orienté. On appelle force électromotrice (f.é.m.) dans le circuit ( Γ) le quotient,

noté e , de la circulation le long de ( Γ) de Fm ( P, t ) par la charge q d’un porteur :

1  
e( t ) = ∫( Γ )
q P∈
Fm ( P , t ).d P

D’un point de vue dimensionnel, e(t ) est homogène à une tension et s’exprime donc en volts. L’appellation
« force » électromotrice est en fait une désignation historique malheureuse.

Remarque
 
Dans le référentiel d’étude  dans lequel le champ électromagnétique est ( E , B ) , appliquons la
définition de la f.é.m. au champ de force de Lorentz qui s’applique aux porteurs de charge mobiles d’un
circuit ( Γ) , supposé filiforme et fixe dans  :

1    
=e ∫Γ ) + v ∧ B).d 
q (
q ( E

   
En régime stationnaire, E = − grad(V ) est à circulation conservative, et puisque v et d  sont colinéaires

( v est, rappelons-le, la vitesse d’ensemble d’un porteur relativement au référentiel  ), alors il vient
e( t ) = 0 .
Ceci justifie que l’une des conditions, régime stationnaire et conducteur immobile dans  , ne soit pas
respectée pour observer dans le circuit l’apparition d’une f.é.m. engendrant un courant.

4.2 Cas d’un circuit fixe dans un champ magnétique variable


 
Appliquons la définition de la f.é.m. au champ de forces de Lorentz Fm = qE s’appliquant sur un porteur de
charge q d’un circuit ( Γ) , fixe dans le référentiel d’étude  , dans lequel le champ électromagnétique est
    
( E , B ) . On ne tient évidemment pas compte dans l’expression de Fm de la partie magnétique qv ∧ B ,

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CHAPITRE 10 – PHENOMENE D’INDUCTION ELECTROMAGNETIQUE 4 THEORIE DE L’INDUCTION

 
puisque le circuit étant fixe dans  , v et d  sont colinéaires, d’où une contribution nulle à la circulation le
long de ( Γ) .

Notons d’ores et déjà que E , à la différence d’un champ purement électrostatique, est nécessairement à
circulation non conservative pour avoir une f.é.m. non nulle, et a priori lié directement et uniquement aux

variations temporelles de B .
On obtient donc :
1   dΦ (t )
e( t ) = ∫
q P∈( Γ )
qE ( P, t ).d  P = −
dt

À partir du théorème de Stokes, il vient :


     dΦ ( t ) d   
e( t ) =∫ E ( P , t ).d  P =∫∫ rot M E ( M , t ).dS M =

dt
=

dt  M∫∫
 B ( M , t ).dS M 

P∈( Γ ) M ∈( Σ ) ∈( Σ ) 
On peut intervertir la dérivée et l’intégration dans le dernier terme car agissant sur des variables

   ∂B ( M , t ) 
indépendantes (temporelle et spatiale) : ∫∫ rot M E ( M , t ).dS M = − ∫∫ .dS M .
M ∈( Σ ) M ∈( Σ )
∂t
On en déduit l’équation locale :

  ∂B
rot( E ) = − (10.2)
∂t
Cette relation est la relation de Maxwell-Faraday dans le cas des régimes variables et constitue l’une des
quatre relations fondamentales de la théorie de Maxwell.

Notons que si on avait postulé au contraire cette équation (comme on a postulé l’équation de Maxwell-
Thomson div( B ) = 0 en régime variable dans le paragraphe précédent), on retrouvait par un calcul inverse la
loi de Faraday pour un circuit fixe dans un champ variable.

Partant de l’équation de Maxwell-Thomson, on peut écrire de manière équivalente que B dérive d’un

potentiel vecteur A (a priori dépendant du temps) défini par :
  
B = rot( A)
De l’équation de Maxwell-Faraday, on en déduit que :

   ∂A  
rot  E +  = 0
 ∂t 

 ∂A
Ainsi, le vecteur E + dérive d’un potentiel scalaire V tel que :
∂t

  ∂A
E= − grad(V ) − (10.3)
∂t

Cette relation montre l’indissociabilité des potentiels V et A en régime variable.

Remarque

Pour des champs stationnaires, V s’identifie avec le potentiel scalaire électrostatique. On est alors tenté

∂A
d’interpréter le terme en − comme étant le champ électrique induit. Il faut faire très attention : le
∂t

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ELECTROMAGNETISME 4 THEORIE DE L’INDUCTION

   
potentiel vecteur A n’est défini qu’à un gradient près (on a vu que le potentiel vecteur A=' A + grad(ϕ )

redonne le même champ B pour tout champ scalaire ϕ ). Au cours de cette transformation de jauge, on
∂ϕ 
doit simultanément transformer V en V =' V − pour conserver le même champ E . La séparation du
∂t

champ E en deux termes, dont l’un est à circulation nulle, est arbitraire et n’a pas de sens physique.
Seule la somme des deux termes a un sens physique.
Cependant, on peut montrer que dans le cadre de l’approximation des régimes quasi-stationnaires
(ARQS), qui consiste à négliger les phénomènes de propagation devant les temps d’évolution de la
distribution-source, cette séparation est valide. Nous nous placerons dans tout ce chapitre dans ce cadre.

Le terme − grad(V ) est ainsi à circulation conservative et on retiendra que :

∂A 
e= ∫ − ∂t .d 
(Γ)
(10.4)

4.3 Cas d’un circuit mobile dans un champ magnétique stationnaire


Désormais, le circuit ( Γ) est susceptible de se déformer et de se déplacer dans le référentiel  où règne un
 
champ B stationnaire. Chaque élément d du circuit est caractérisé par sa vitesse ve dans  .

Un porteur de charge du conducteur se déplacera ainsi à la vitesse d’ensemble v/  dans  donné par la loi
classique de composition des vitesses :
  
v/ = ve + v/  '

v/  ' est la vitesse d’ensemble du porteur de charge par rapport à l’élément d de conducteur définissant un
référentiel  ' .
  
Le seul champ de force appliqué au porteur étant celui des forces de Lorentz =Fm qv/  ∧ B , la f.é.m. s’écrit :

1         
e= ∫
q (Γ)
( qv/  ∧ B ).d  = ∫
(Γ)
( ve ∧ B ).d  + ∫
(Γ)
( v/  ' ∧ B ).d 

 
Le deuxième terme est nul puisqu’il correspond au produit mixte de deux vecteurs colinéaires ( v/  ' et d  ) :
     
∫ (v/  ' ∧ B).d  = ∫ (d  ∧ v/  ' ).B = 0
(Γ) (Γ)

Il reste donc finalement :


  
=e ∫ (v
(Γ)
e ∧ B ).d  (10.5)

4.4 Cas général


Dans le cas général d’un circuit mobile dans un champ variable, le phénomène d’induction résulte de la

  ∂A
superposition des « causes » ve ∧ B et − identifiées précédemment.
∂t

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CHAPITRE 10 – PHENOMENE D’INDUCTION ELECTROMAGNETIQUE 4 THEORIE DE L’INDUCTION

Considérons le circuit ( Γ) aux instants t et t ' = t + dt . Soient (Σ) une surface quelconque s’appuyant sur
( Γ) à l’instant t et (Σ ') une surface quelconque s’appuyant sur ( Γ) à l’instant t ' .

La variation dΦ du flux du champ magnétique B à travers le circuit entre les instants t et t ' s’écrit :
   
dΦ = Φ (t + dt ) − Φ (t ) = ∫∫ B (t + dt ).dS ' − ∫∫ B (t ).dS
( Σ ') (Σ)

On peut aussi écrire :


         
dΦ  ∫∫ B (t + dt ).dS ' − ∫∫ B (t + dt ).dS  +  ∫∫ B (t + dt ).dS − ∫∫ B (t ).dS 
=
 ( Σ ')   (Σ) 
 (Σ)   (Σ) 
Dans cette expression, le premier terme représente la variation du flux due au déplacement du circuit dans le

référentiel d’étude  en supposant B stationnaire, tandis que le deuxième terme représente la variation du

flux due à une variation temporelle du champ B , le circuit étant immobile dans  . Le principe de
superposition permettant d’ajouter les causes, nous en déduisons que la force électromotrice totale s’écrit :

dΦ    ∂A  
=∫  ve ∧ B − .d 
dt (
e= −
Γ) 
∂t 

   ∂A
On appelle champ électromoteur Em la quantité ve ∧ B − : le premier terme est dit champ
∂t
électromoteur de Lorentz, et le deuxième champ électromoteur de Neumann.

La loi de Faraday semble cependant être un des seuls exemples en physique où deux phénomènes
complètement différents a priori se traduisent pas la même loi. En fait, il n’en est rien. Ces deux phénomènes
ont une interprétation commune pleinement satisfaisante dans le cadre de la relativité générale. On montre
que cette théorie légitime l’expression précédente de e pour les vitesses ve  c , ce qui sera toujours le cas
dans ce chapitre, et rend compte dans tous les cas de la validité de la loi expérimentale de Faraday.

Remarque

Il existe quelques exemples classiques de « réfutation » de la règle du flux (dus à Faraday en particulier).
En fait, ces exemples ne font que préciser les règles d’application de cette loi.
Considérons ainsi un rhéostat formé d’un enroulement hélicoïdal de fil, branché à un circuit extérieur
entre le début de l’hélice et le sommet d’une spire, disons celle de rang n , et plongé dans un champ
magnétique uniforme et stationnaire, parallèle à l’axe de l’hélice. Il est donc traversé par un flux
approximativement égal à nBS où S est la surface d’une spire.
Si l’on décale le curseur d’une spire, le flux varie de BS . Pourtant, on constate expérimentalement qu’il
n’y a pas de phénomène d’induction, ce qui est bien en accord avec la circulation du champ

électromoteur. En effet, presque partout ve est nul, donc le champ électromoteur aussi, sauf au niveau du
    
curseur, mais là ve est parallèle à B , donc ve ∧ B = 0.
D’où vient la contradiction entre les deux points de vue dont le premier est contraire à l’expérience ?
C’est que le circuit s’est cassé au niveau du point de contact (on parle de commutation) et les deux points
de part et d’autre de la cassure ont évolué différemment : l’un a bougé, l’autre pas ; en d’autres termes, la
vitesse des points du circuit n’est pas une fonction continue. Chaque fois que l’on constatera une telle
discontinuité, il y aura lieu d’être méfiant et de revenir à la circulation du champ électromoteur, plutôt
qu’à la loi de Faraday.

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ELECTROMAGNETISME 4 THEORIE DE L’INDUCTION

4.5 Exemple de résolution d’un exercice d’induction


Une spire de rayon R a même axe qu’un solénoïde infini de rayon a < R et constitué de n spires par unité
de longueur. Le solénoïde est parcouru par un courant d’intensité variable i (t ) . On se propose de déterminer
la f.é.m. induite e dans la spire en appliquant la loi de Faraday, puis en faisant circuler le champ
électromoteur.

(+)
 
uz B
i (t )


On rappelle (cf. TD) que le champ magnétique B (t ) créé par le solénoïde est nul à l’extérieur de celui-ci, et

égal à µ0 ni (t )u z à l’intérieur.

 1e méthode : application de la loi de Faraday

Attention tout d’abord aux conventions d’orientation. Procéder toujours de la façon suivante :
1. On choisit arbitrairement un sens de circulation le long de la spire notée ( Γ) .
2. Ce sens définit, grâce à la règle du tire-bouchon, une normale à toute surface (Σ) s’appuyant sur la spire

et donc le sens du vecteur élément de surface dS M en tout point M de (Σ) .
 
3. Le signe du flux est alors déterminé par le signe du produit scalaire B ( M , t ).dS M .
4. En utilisant ensuite la loi de Faraday, on obtient la valeur et le signe de la fém. induite dans la spire (et
donc le sens du courant induit).

- Ici, la surface (Σ) la plus simple à considérer est le disque de rayon R définit par la spire, orientée selon

u z compte tenu du sens de circulation positif choisi sur le schéma. Il vient donc :
 
= Φ (t ) ∫∫ =B (
M ∈( Σ )
M , t ).d S M πa 2 µ0ni (t )


Attention, B est nul à l’extérieur du solénoïde, donc le flux est non nul uniquement à travers un disque de
rayon a .
On en déduit la f.é.m. :
dΦ ( t ) di
e( t ) =
− − πa 2 µ0n
=
dt dt

- Analyse physique.
  di
Si i (t ) augmente au cours du temps, B = Bu z augmente de même et > 0 , d’où e < 0 . La f.é.m. tend donc
dt
à faire un circuler un courant induit < 0 dans la spire, c’est-à-dire dans le sens opposé au sens de circulation
positif arbitrairement choisi. Ce courant est alors à l’origine d’un champ magnétique induit orienté selon
 
−u z . Ce champ s’oppose bien à la cause qui lui a donnée naissance, à savoir l’augmentation de B .

10
CHAPITRE 10 – PHENOMENE D’INDUCTION ELECTROMAGNETIQUE 5 COEFFICIENTS D’INDUCTION

Spire


B
 O i (t ) 
 uθ
uz
a r

M ur

(+)

 2nde méthode : circulation du champ électromoteur



Il faut commencer par déterminer le potentiel-vecteur A(t ) .
On a invariance de la distribution de courant par translation le long de l’axe Oz , et invariance par rotation
 
autour de cet axe. Par ailleurs, le plan ( M , ur , u z ) est un plan d’antisymétrie de la distribution de courant,
   
donc A , vecteur vrai, est perpendiculaire à ce plan : A(r ,θ , z , t ) = A(r , t )uθ .
D’après le théorème de Stokes :
      
∫ A ( P
P∈( Γ )
, t ).d P = ∫∫
M ∈( Σ )
rot M A( M , t ).dS M = ∫∫
M ∈( Σ )
B ( M , t ).dS M = Φ (t )

En choisissant comme contour ( Γ) un cercle de rayon r ≥ a et d’axe Oz , et comme surface (Σ) celle du
disque définit par ( Γ) , il vient :
   
∫ A (
P∈( Γ )
P , t ).d  P A
=( r , t ).2πr ≡ ∫∫ B ( M , t
M ∈( Σ )
).d S πa 2 µ0ni (t )
M =

 a 2 µ ni (t ) 
Ainsi, A( r ≥ a , t ) =0 uθ , d’où l’expression du champ électromoteur :
2r

 ∂A a 2 µ0n di 
Em ( r ≥ a , t ) =
− =
− uθ
∂t 2 r dt
Il ne reste plus qu’à faire circuler ce champ le long de la spire (donc pour r = a ) :
  a µ n di di
(∫Γ ) Em .d  =
e= − 0
2 dt
− πa 2 µ0n
.2πa =
dt

On retrouve évidemment le même résultat que précédemment.

5 Coefficients d’induction
5.1 Coefficient d’auto-induction
Soit un circuit filiforme ( Γ) , parcouru par un courant d’intensité i (t ) uniforme, source du champ

magnétique B .

11
ELECTROMAGNETISME 5 COEFFICIENTS D’INDUCTION

i (t )

d P
M
r
( Γ) P 
u


En vertu de la loi de Biot et Savart, B est proportionnel à i :
   
 µ0 i (t )d  P ∧ u  µ0 d  P ∧ u 
= B( M , t ) = ∫( Γ ) r 2
4π P∈  P∈∫( Γ ) 4π r 2 
   i (t )
 

On en déduit que le flux de B à travers le circuit ( Γ) qui en est la source, noté Φ p et appelé flux propre,
est proportionnel à i :
 
=
Φp ∫∫ B=
(Σ)
.dS Li (10.6)

Le coefficient L est appelé coefficient d’auto-induction (ou inductance propre ou self-induction), et


s’exprime en henry (H). Ce coefficient, toujours positif, ne dépend que des caractéristiques géométriques du
circuit.
On en déduit la f.é.m. auto-induite associée, pour un circuit supposé indéformable :
dΦ p di
e=
− −L
= (10.7)
dt dt

En appliquant la loi d’Ohm, on retrouve ainsi l’expression classique de la tension aux bornes d’une bobine,
d’inductance propre L et de résistance R :
di
u = Ri − e = Ri + L
dt

Remarque

Tout circuit a une inductance propre, mais seuls, quelques rares circuits de forme géométrique simple
permettront son calcul ; dans les autres cas, il s’agira d’un résultat expérimental.
Considérons par exemple un long solénoïde, parcouru par un courant i , contenant N spires de surface S
µ Ni
sur une longueur  . On sait qu’il crée un champ quasiment uniforme à l’intérieur de module B = 0 .

µN S2
Le flux total est N fois le flux ϕ à travers une seule spire : Φ p= Nϕ= 0 i.

µ N 2S
On en déduit l’inductance propre du solénoïde long : L = 0 .

5.2 Coefficients d’induction mutuelle entre circuits

Soient deux circuits filiformes ( Γ1 ) et ( Γ 2 ) , parcourus respectivement par les courants d’intensité i1 et i2 ,
 
sources des champs magnétiques B1 et B2 .

12
CHAPITRE 10 – PHENOMENE D’INDUCTION ELECTROMAGNETIQUE 5 COEFFICIENTS D’INDUCTION

i1

d 1

( Γ1 ) P1 r12 ( Γ2 )
P2


d 2 i2


On s’intéresse au flux Φ12 de B1 à travers une surface (Σ 2 ) s’appuyant sur ( Γ 2 ) . Avec des notations
évidentes, il vient :

       µ0  i1d 1  
Φ12 ∫∫ = B1.dS2 ∫∫ rot( A= ∫ = ∫ )  (Γ∫ ) r12  .d 2
4π ( Γ
= 1 ).dS 2 A1.d 2
( Σ2 ) ( Σ2 ) ( Γ2 ) 2  1 
 
µ  d  .d  
En posant M 21 = 0  ∫  ∫ 1
4π ( Γ2 )  ( Γ1 ) r12 

2
 , on peut écrire finalement :

Φ12 =M 21i1 (10.8)


Le coefficient M 21 est appelé coefficient d’induction mutuelle (ou mutuelle inductance), et s’exprime en
henry (H). La relation donnant l’expression de M 21 est appelée formule de Neumann.

 
µ0  d  .d  
On a de la même façon, en posant M 12 = ∫Γ )  ( Γ∫ ) 2r12 1  :
4π (  1  2 
Φ 21 =M 12i2
On peut intervertir les intégrales qui portent sur des variables indépendantes, si bien que :
M
= 21 M
= 12 M
L’inductance mutuelle M de deux circuits ne dépend que de leurs formes et de leurs positions relatives.
C’est une grandeur purement géométrique dont le signe dépend des orientations des courants.
On en déduit la f.é.m. associée, pour chaque circuit, supposé indéformable :
dΦ dΦ p dΦ 21 di di
e1 =
− 1= − − − L1 1 − M 2
=
dt dt dt dt dt
Et de même :
dΦ 2 dΦ p d Φ12 di di
e2 =
− =
− − − L2 2 − M 1
=
dt dt dt dt dt

13

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