Vous êtes sur la page 1sur 2

État de la question (2000-2020)

En 2002, Sylvie Requemora publie un article intitulé « L’espace dans la littérature de voyages »,
dans la revue Études littéraires. Dans cet article, la chercheuse française s’intéresse aux récits
du XVIIe racontant des voyages effectuées dans différentes régions du monde (l’Europe,
l’Afrique, l’Asie), mais aussi la traversée de l’Océan atlantique et l’exploration du Nouveau
Monde. Parmi les récits auxquels elle s’intéresse, notons l’ouvrage de François Bertaut, intitulé
Journal du voyage d’Espagne contenant une description fort exacte de ses royaumes, et de ses
principales villes ; avec l’estat du gouvernement, & plusieurs traités curieux, touchant les
regences, les assemblées des Estats, l’ordre de la noblesse, la dignité de Grand d’Espagne, les
commanderies, les bénéfices, & les conseils, publié en 1669. Notons également l’ouvrage de
Carpeau du Saussay, intitulé Voyage de Madagascar connu aussi sous le nom de l’Isle de St
Laurent, par M. de V… commissaire provibcial d’artillerie de France. Dédié à S. A. le Prince
de Conty, publié en 1722.

En 2014, Zanghi Filippo publie un ouvrage où il est question de la représentation de l’espace


urbain dans des romans français publiés pendant les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix,
ceux de François Bon, Jacques Réda et Philippe Vasset. L’ouvrage est intitulé Zone indécise.
Périphéries urbaines et voyage de proximité dans la littérature contemporaine. Bien qu’il ne
s’agisse pas de récits de voyage, mais le chercheur analyse ces romans comme des récits de
« voyages de proximité », puisque les histoires se déroulent dans Paris ou dans des villes
avoisinantes. En 2020, Catherine Fournet-Guérin publie un compte-rendu de l’ouvrage dans la
revue en ligne Géographie et cultures, le compte-rendu est intitulé « Littérature et espace : la
représentation des banlieues populaires dans les récits de voyages ».

La même année, une thèse de doctorat qui porte sur les représentations de l’espace a été
soutenue à l’université de Montpellier. Julio Zarat, l’auteur de la thèse, s’est intéressé à trois
auteurs qui appartiennent à la littérature latino-américaine. Sa thèse est
intitulée : « Représentations et dynamiques de l’espace, du voyage et de l’ironie dans trois
romans de Roberto Bolano, Guillermo Fadanelli et Juan Villoro ».

En 2018, Alexandre Bataller s’intéresse aux voyages du poète et écrivain valencien Josep Piera,
Cet écrivain de langue catalane a en effet visité plusieurs pays du bassin méditerranéen, comme
la Grèce et l’Italie. Ses écrits autobiographiques, mélange harmonieux de poésie et de prose,
fait l’objet d’un article d’Alexandre Bataller, publié dans Le Globe en 2018, et intitulé : « Récits
de voyage et expérience de l’espace : la Méditerranée écrite et vécue par Josep Piera ».

En 2020, Joanna Ofleidi rapproche littérature et géographie à travers l’étude de plusieurs récits
de voyage : Voyages de Mr de Thevenot, contenant la relation de l’Indostan, des nouveaux
Mogols et des autres peuples et pays des Indes, de Jean Thévenot, publié en 1684, Nouveau
voyage vers le Septentrion, où l’on représente le naturel, les coutumes, et la religion des
Norwégiens, des Lappons, des Sybériens, des Zembliens, des Samoïédes, etc…, de Pierre Martin
de La Martinière, publié en 1708, ou encore Voyage en Laponie de Jean-François Regnard,
publié 1731. L’article de la chercheuse est intitulé : « Une cartographie littéraire dans le récit
de voyage : quand la littérature viatique se fait littérature géographique », publié dans la revue
en ligne Astrolabe.
Les recherches qui ont été menées durant les vingt dernières années s’inscrivant dans la
littérature de voyage, portent sur différentes périodes historiques et sur différentes régions du
monde. Cependant, nous remarquons un intérêt particulier pour les récits de voyage du XVIIe
siècle en Europe, un siècle durant lequel la Renaissance s’est reflétée à travers des mouvements
artistiques d’une charge culturelle riche et significative, comme le baroque et le classicisme.
Cela est le résultat de longues années d’échange culturel et littéraire entre la France et l’Italie.
Cela a également permis l’enrichissement littéraire qui s’est fait ressentir dans les genres
littéraires de l’époque, notamment après la découverte du Nouveau Monde vers la fin du XVe
siècle et les mobilités entre les deux continents qui ont largement contribué à l’évolution de la
littérature viatique.
Nous constatons également que l’Amérique latine a été elle aussi le terrain fertile de plusieurs
recherches menées sur l’espace dans le récit viatique. L’on s’intéresse aujourd’hui aux récits
viatiques du XXe et du XXIe siècle et issus de la littérature latino-américaine. Il s’agit
globalement d’écrivains voyageant dans leurs pays ou dans d’autres pays du continent et
décrivant les espaces qu’ils (re)découvrent à travers l’écriture et l’imaginaire littéraires.

Un autre espace intéresse davantage les chercheurs ces dernières années, il s’agit des régions
méditerranéennes. Un espace quasiment clos sur une mer riche en îles et en côtes et qui englobe
plusieurs pays de différentes cultures. Les peuples de ces régions ont toutefois une histoire et
un passé communs, ils ont connu les mêmes conquêtes, les mêmes guerres et les mêmes
maladies. Les perspectives et les enjeux géopolitiques en sont également communs et les
représentations spatio-temporelles sont presque identiques.
La diversité des espaces étudiés dans les recherches sus-citées démontre bien la richesse du
champ d’étude dont il est question. Cela nous motive davantage dans le choix de cette
thématique et nous amène à nous interroger sur les représentations de l’espace et du temps dans
différents genres s’inscrivant dans la littérature de voyage. Nous estimons qu’une recherche
sur l’espace-temps dans ces genres littéraires permettra des (re)lectures de divers récits
viatiques à travers des pistes encore inexplorées.

Vous aimerez peut-être aussi