Dr.

Abdourahamane Moumouni DJIBO

Ouakam-Cité avion, Immeuble C, Dakar (Sénégal)
E-mail : dialloiss@gmail.com
Tél : +221 78 371 95 46

RAPPORT DE RELECTURE DU POLICY PAPER SUR LE NIGER

« Promouvoir une sécurité et une stabilité durables au Sahel : Analyse des enjeux et
perspectives de la position stratégique actuelle du Niger dans la lutte contre l’insécurité au
Sahel»

Introduction
Dans le cadre de ses missions, le centre de compétence Paix et Sécurité de Friedrich Ebert
Stiftung Dakar a élaboré des TDRs pour un policy paper sur le Niger intitulés « Promouvoir
une sécurité et une stabilité durables au Sahel : Analyse des enjeux et perspectives de la
position stratégique actuelle du Niger dans la lutte contre l’insécurité au Sahel». Comme
suite aux TDRs, l’auteur a produit un document d’analyse. A la relecture du document, je me
propose de faire quelques commentaires et des observations d’amélioration.
1. Commentaires
A la lecture du rapport qui a une valeur scientifique certaine et d’un très haut niveau
rédactionnel, il est logique qu’il y ait des remarques critiques et des questions pour
comprendre davantage les problèmes abordés et proposer des points de vue sous d’autres
angles. C’est l’objet des commentaires.

• Dans une région du Sahel en proie à des défis sécuritaires prégnants, le Niger semble
être devenu le nouveau partenaire privilégié des puissances occidentales dans la lutte
contre les groupes extrémistes violents et la criminalité internationale organisée qui
sévissent dans cette région.
• Pour soutenir la pression sur les groupes djihadistes, éviter une aggravation de la
situation sécuritaire dans le Sahel et rester actifs militairement dans cette zone,
plusieurs pays occidentaux et l’Union européenne étaient dans une dynamique de
renforcer leur coopération avec le Niger, considéré comme un partenaire plus fiable et
cité comme un exemple de démocratie précieux face au terrorisme dans la région.
• Avec la présence de plusieurs bases militaires occidentales installées dans le pays
depuis des années déjà et après avoir accueilli successivement les opérations française
« BARKHANE » et européenne « TAKUBA » fin 2022, le Niger apparaissait comme le
nouveau carrefour des opérations anti-terroristes dans la région du Sahel. C’est ce qui
justifie certainement le fort intérêt diplomatique pour ce pays ponctué, entre autres.

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 • Mais le Niger est aussi un pays en proie à divers défis au plan interne : une forte
démographie, le pays est à la dernière place de l’indice de développement humain des
Nations Unies, en 2021.
• La situation sécuritaire est déjà inquiétante avec la présence de Boko Haram dans le
sud-est du pays, les bandes criminels dans la région frontalière avec le Nigeria, et les
groupes terroristes (AQMI et EI) qui mènent des attaques au-delà des frontières avec
le Burkina Faso, le Mali, mais aussi la Libye au Nord.
• Quelques franges de la population Nigérienne semblent ne pas être favorables à une
présence militaire occidentale de plus en plus accrue. Des voix se sont ainsi levées pour
critiquer le transfert des troupes de l’opération Barkhane et Takuba du Mali vers le
Niger, soulignant que la situation sécuritaire malienne ne s’est pas améliorée malgré la
forte présence militaire occidentale pendant dix ans.
• Des doutes subsistent donc sur les capacités militaires internationales à établir et
garantir une paix et une stabilité durables au Niger.
• Autant de vulnérabilités, entre autres, qui ont probablement fait basculer le pays dans
le cercle fermé des pays du Sahel et d’Afrique de l’Ouest victime d’un coup d’Etats
militaire comme ses voisins du Mali et du Burkina Faso. En effet, le 26 Juillet 2023, le
Niger est devenu le 4ème pays d’Afrique de l’Ouest (entre 2020 et 2023) à connaitre un
coup d’Etat militaire. A travers leur communiqué du 26 Juillet 2023, les putschistes du
Conseil national pour la sauvegarde de la patrie justifient le renversement du président
Mohamed BAZOUM par le fait que « Cela fait suite à la dégradation continue de la
situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale ».

2. Appréciation scientifique
L’auteur a fait une analyse détaillée des perspectives, des avantages, mais aussi les défis et les
enjeux potentiels de l’engagement militaire international accru dans le pays pour en tirer les
enseignements nécessaires et faire une proposition de recommandations pratiques d’actions
politiques adressées aux autorités nigériennes et aux partenaires internationaux.
D’abord, les causes de la prise du pouvoir par les militaires en cours au Niger sont bien
diagnostiquées. Ensuite, les scénarii posés et les perspectives dégagées me paraissent
probables. Enfin, les recommandations pour une sortie de crise diplomatique sont pertinentes
et réalistes pour préserver la stabilité et la sécurité du Niger et de la région.
3. Recommandations
Les recommandations faites sont pertinentes et concrètes même si elles peuvent être plus
étoffées. Outre ce qui précède, l’étude gagnerait plus en qualité si les observations suivantes
sont prises en compte :
Rendre la méthodologie plus explicite.
Prévoir quelques exemples de bonnes pratiques qui pourraient encourager les autres pays à
emboiter le pas.
Préférer respectivement les termes qui ne prêtent à confusion dans leur emploi actuel.

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Il convient d’inverser l’ordre de traitement des points 1 et 2. Cela permet d’aller du plus ancien
au plus récent des faits.
Ajouter la réconciliation nationale qui pourrait aider à renforcer le sentiment de patriotisme à
travers la sensibilisation et l’éducation à la citoyenneté, puis la gestion rationnelle et vertueuse
des ressources allouées à la sécurité lorsqu’on sait qu’il y a des soupçons de malversations des
gouvernants.

Conclusion
Le document de Dr. ABBA est une analyse fouillée de la problématique. Elle est pertinente,
exhaustive parce qu’elle rend compte autant de l’historique et du contexte socio-économique,
politique et sécuritaire du Niger. Les références convoquées sont pertinentes, justifiables et les
résultats reflètent le phénomène tel qu’il se manifeste sur le terrain. Le diagnostic posé dans
l’analyse est vrai et implacable, mais la réponse gouvernementale unilatérale et non inclusive,
voire exclusive et non concertée pourrait avoir des conséquences néfastes.
C’est donc un rapport publiable. Toutefois, l’auteur gagnerait à prendre en compte nos
commentaires et observations.