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Voici la chose : créer des recettes inspirées par les habitudes alimentaires et
les goûts culinaires de dix compositeurs. Les créer, et non tenter l’impossible
en les reconstituant dans le style de l’époque, comme le font les marchands du
temple à Salzbourg qui proposent aux touristes ingénus des menus comme au
temps de Mozart.
Si la musique, à mon sens, n’a rien à faire avec la cuisine, les compositeurs
ont tout à faire avec ce qui les nourrit, tout simplement parce que ce sont des
hommes. Ainsi, découvrir leurs goûts et leurs habitudes alimentaires dans
leurs correspondances et leurs écrits, c’est ouvrir une porte sur l’espace le plus
quotidiennement familier de leurs existences, c’est quitter la sphère de leurs
destins pour celui de leurs cuisines, c’est, mutatis mutandis, les entrapercevoir
sous un profil qui n’a été que très peu dessiné.
Lui avait-on raconté enfant l’histoire de cet énorme pâté en croûte d’où
jaillit, un jour de 1454, un orchestre de vingt-huit musiciens qui jouèrent fort
probablement quelques airs de Gilles de Binchois et Guillaume Dufay, ses
Chère Nathalie,
Tu m’as demandé quelques mots pour préfacer ton essai. J’en suis très
flatté. Musique et gastronomie, joli menu !
MUSIQUELIER
Avec le tartare de dorade et langoustines de Madame, on pourrait partir sur un
Mozart un peu frais, un Rondo de jeunesse par exemple…
LA CLIENTE
Oui… Moi j’avais pensé à l’ouverture de Coriolan…
MUSIQUELIER
Je déconseille Beethoven sur le poisson…
LA CLIENTE
Vous croyez…
MUSIQUELIER
Oui Madame. Trop de longueur en oreille. D’une manière générale Beethoven
écrase les fruits de mer. Monsieur a pris des asperges. Rien ne va comme on le
dit sur les asperges. Je proposerais à Monsieur un silence pendant son entrée
s’il est d’accord. À la rigueur, un bruit d’eau de rivière s’il faut quelque chose.
MUSIQUELIER
Pour les truffes et girolles de Madame, nous avons un très bon Dialogue des
carmélites de chez Monsieur Poulenc, et pour Monsieur qui a pris le lièvre à la
royale, je verrais bien un Freischütz.
LA CLIENTE
Von Weber m’assomme un peu… Vous n’auriez pas quelque chose de plus
digeste ? Un Verdi par exemple ?
MUSIQUELIER
Nous avons une Force du destin bien faite, si Monsieur préfère. Sa vivacité
réveillera le lièvre.
Pour les desserts nous avons deux soufflés, je crois ? Je conseillerais un
Reynaldo Hahn un peu sucré… Le côté liquoreux mettrait bien en valeur le
chocolat amer…
LA CLIENTE
Parfait.
MUSIQUELIER
Eh bien merci. En attendant avec les amuse-bouches, un apéritif peut-être ?
une Veuve joyeuse d’une bonne production de chez Monsieur Lehár ?
LA CLIENTE
Après tout, c’est ton anniversaire chéri… Deux Veuves joyeuses. Merci.
Michel Blanc
Jean-Sebastien
BACH
1685-1750
Les mains dans la farine, la tête près des étoiles, c’est d’un tel pétrin qu’a surgi
Jean-Sébastien Bach, vingt-quatrième d’une fabuleuse lignée de musiciens. Veit,
le premier Bach connu, est boulanger. Mais un boulanger pas tout à fait comme
les autres : il pétrit la pâte en musique et moud le blé au rythme d’un cistre,
comme Jean-Sébastien, son arrière-arrière-petit-fils, le peint quand il écrit la
généalogie de sa famille : « Veit avait grand plaisir à jouer d’un petit cistre qu’il
prenait avec soi pour aller moudre le blé et en jouait ce faisant (les deux instru-
ments devaient ensemble sonner joliment !). Telle fut pour ainsi dire l’origine de
ce goût pour la musique chez ses descendants », raconte-t-il. C’est donc au pain,
l’aliment de base, que l’on doit Jean-Sébastien Bach, le compositeur de base qui
nourrit toutes les faims musicales.
Lui-même apprécie la bonne chère et se rend aux banquets qui lui sont offerts.
Salade d’asperges chaudes, poisson au beurre d’anchois, cerises, citrons,
Jean-Sébastien a goûté ces mets, jusqu’aux pommes de terre qui n’avaient pas
encore conquis la France et au café qui lui avait conquis l’Allemagne. Complè-
tement séduit par le breuvage, le Cantor de Leipzig, dont la figure est respectée
dans toute l’Europe, lui rend hommage avec une Cantate légère comme une
soirée d’été dans les jardins du Café Zimmermann.
Dans de l’eau salée à pleine ébullition, plonger les asperges vertes 7 à 8 min (de préférence
ficelées en botte de 7 à 8 pièces). Réserver.
Tailler les radis en fines lamelles. Les plonger dans de l’eau glacée afin qu’elles soient cro-
quantes.
Confectionner la vinaigrette : dans un bol mixeur, mettre le vinaigre, la gousse d’ail, les herbes.
Mixer finement, saler, poivrer et ajouter l’huile.
DRESSAGE
Disposer les asperges encore tièdes dans l’assiette.
N.B. : Pour obtenir des asperges bien vertes, après la cuisson plongez-les dans de l’eau glacée.
La vinaigrette ainsi préparée ne restera bien verte que quelques minutes mais on gagnera ainsi en
saveur…
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POUR 4 PERSONNES
1 sandre d’1,5 kg environ 1 oignon nouveau 20 cl de crème fleurette
1 kg de petits pois frais 1,5 l de fond blanc 1 cuillère à soupe d’huile d’olive
200 g de boquerones 1 gousse d’ail 1 citron
1 oignon 50 g de beurre
Écosser les petits pois, les plonger dans de l’eau bouillante et salée à pleine ébullition. Cuire
5 min. Plonger dans de l’eau glacée afin de les garder bien verts. Réserver.
Faire suer les oignons émincés avec du beurre sans coloration, ajouter la gousse d’ail. Verser le
fond blanc, cuire 10 min à frémissement et ajouter les petits pois.
Confectionner le beurre d’anchois : faire suer les boquerones dans un peu d’huile d’olive,
râper un peu d’ail, ajouter le jus de citron, le beurre, la crème et porter à ébullition. Retirer du
feu tout en remuant. Saler, poivrer.
DRESSAGE
Verser la préparation de petits pois dans une assiette creuse.
Napper de sauce et décorer de morceaux de boquerones ainsi que de rouelles d’oignons nou-
veaux.
N.B. : Initialement, J.-S. Bach mangeait cette recette avec du brochet qui a été remplacé par du sandre
pouvant être remplacé lui-même par du bar, de la daurade, etc.
Les anchois ont été remplacés par les boquerones que je préfère car ce sont des anchois non pas salés
mais vinaigrés et marinés dans l’huile.
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Confectionner la pâte sablée : mélanger la farine et le sucre avec le beurre pommade, ajouter
l’œuf ainsi qu’une pincée de sel. Laisser reposer 2 h.
Confectionner l’appareil au citron : dans une calotte en Inox, mettre le sucre, les jaunes et blan-
chir. Ajouter 5 cl d’eau. Râper les zestes et presser le jus des citrons.
Ajouter la Maïzena dans les jaunes d’œufs ainsi que le jus de citron et 20 cl d’eau, sans oublier
les zestes. Porter à ébullition cette préparation en remuant sans cesse. À la sortie du feu, ajouter
le beurre.
Étaler la pâte dans le fond de tarte, piquer à la fourchette, passer au four à 150° pendant 15 min.
Le reste de la crème citronnée sera agrémenté de chantilly faite avec la crème fleurette.
DRESSAGE
Couper la tarte en 4 ou en 8.
Ajouter sur chaque morceau, une belle cuillère de crème citronnée ainsi que des morceaux de
meringue. Zester.
N.B. : Bach adorait le citron et les écorces de citron confites, pourquoi ne pas en rajouter dans la recette
ou sur la tarte…
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Un solide appetit
Doté d’un tempérament puissant – vingt enfants –, Jean-Sébastien a un solide
appétit. Il aime la nourriture roborative et consistante, et se réjouit chaque fois
que des notables lui envoient du gibier. On ignore ce que lui préparait sa femme
Anna Magdalena à la maison, mais on connaît un menu que les bourgeois de
la ville de Hallé lui ont offert le jour où, accompagné de ses amis les musiciens
Kuhnau et Rolle, il est venu expertiser le grand orgue de la cathédrale.
Un menu formidable
« Menu du dîner du très honorable conseil des églises, à l’occasion
de la réception du nouvel orgue. Hallé, 3 mai 1716 » :
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Cafe gourmand
Bach adore le café dont il boit trois tasses quotidiennement. Au café
de Gottfried Zimmermann à Leipzig, il dirige tous les vendredis soir,
plus le mardi à l’époque de la grande foire, le Collegium Musicum créé
par son ami Telemann. Pour cet orchestre d’étudiants libre de toute
contrainte institutionnelle, Bach compose la Cantate du café jouée pour
la première fois en 1734.
La Cantate du café met en scène une jeune fille, son vieux barbon de
père, et un narrateur. À son père qui veut l’obliger à choisir entre boire
du café et un fiancé, la jeune fille revendique le droit à la gourmandise :
elle veut les deux, à parts égales.
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Tandis que l’une parle d’amour, l’autre évoque la mauvaise nourriture à base de
navets et de choux qui éloigne un fils du foyer de sa mère : « Si seulement ma
mère m’avait cuisiné de viande ! » chante-t-il. Oui, Bach aime la bonne chère au
point d’introduire des légumes dans cette œuvre sublime qui déroule ses trente
variations sur une aria quasiment sacrée.
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Variations Goldberg
Quodlibet Variation n° 30
Toujours des navets, toujours du chou
voilà qui m’a fait fuir.
Si seulement ma mère m’avait cuisiné de la viande,
je n’aurais point tant voulu quitter ses pénates
etc, etc…
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Wolfgang Amadeus
MOZART
1756-1791
Enfant, sans cesse sur les routes, Wolfgang a l’Europe à la bouche. Il en goûte
toutes les nourritures, italiennes, françaises, tchèques, anglaises, hollandaises,
comme il écrit, par-ci, par-là, des mots dans toutes les langues. Les saveurs des
mets salzbourgeois forment alors dans sa mémoire gustative un précipité de
nostalgie. Celle des temps où, dans sa ville natale, manger était facile et à son
goût tandis que l’instabilité des voyages rend la nourriture incertaine et hostile :
il n’est jamais assuré de trouver à manger dans les auberges où le conduisent des
fortunes diverses, et il n’est pas non plus assuré d’apprécier ce qui va lui être
servi dans les villes comme Londres, Milan, Vienne ou Paris, où il réside parfois
de longs mois.
Pourtant, ses goûts sont simples. Ses nanans, ce sont les knoedel au foie de son
enfance ou les langues, de bœuf ou de veau, que son père lui envoie de Salzbourg
alors qu’il vit à Vienne. À condition d’être servi abondamment car il a toujours
faim. Le prix Nobel de médecine 2013, Thomas Südhof, qui a déclaré rêver de
dîner avec Mozart, est prié d’en tenir compte.
Confectionner le potage : couper en paysanne les carottes, oignon, quartier de céleri, branche de
céleri, pomme de terre, courgette. Cuire le tout avec le fond blanc pendant 1 h à frémissement.
Ajouter le beurre en fin de cuisson et mixer le tout. Réserver.
Confectionner les knoedel : couper les quenelles en morceaux, les mettre dans un cul-de-poule
et mélanger les foies de volaille préalablement sautés et déglacés au cognac. Ajouter le pain de
mie trempé dans le lait (bien égoutté), une échalote ciselée ainsi que le persil concassé et le
paprika. Malaxer la préparation et confectionner ainsi des boules de 5 cm de diamètre. Passer
les boulettes au four à 180° pendant 10 min. Réserver.
DRESSAGE
Verser la soupe chaude dans une assiette creuse, disposer les boulettes encore tièdes harmo-
nieusement.
N.B. : On pourra aussi rouler les boulettes dans de la chapelure pour leur donner une texture
croustillante.
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Blanchir les langues de veau dans une casserole (départ eau froide). Cuire 5 min à ébullition.
Jeter l’eau et remettre de l’eau froide ainsi qu’une garniture aromatique (1 carotte, 1 oignon,
½ tête d’ail, thym, laurier). Cuire 40 min à frémissement. Retirer les langues du feu et les peler
à chaud. Réserver.
Confectionner la sauce tomate : monder les tomates, couper en deux avant de les épépiner.
Faire suer dans de l’huile d’olive, carotte, oignon, ail, thym et laurier. Y plonger les morceaux
de tomate, ajouter le concentré de tomate et mouiller à mi-hauteur. Ajouter un sucre et laisser
mijoter 30 min à feu doux. Passer la préparation au moulin à légumes. Saler, poivrer et réserver.
Peler les oignons grelots, les cuire dans de l’eau, du beurre et du vinaigre d’alcool. Garder une
texture croquante en fin de cuisson.
DRESSAGE
Poêler les tranches de langue dans un peu d’huile et de beurre (elles doivent être légèrement
colorées). Disposer dans l’assiette.
Dans un cul-de-poule, mélanger les oignons, l’estragon et les câpres à queue. Poser ce mélange
sur la langue.
À côté de celle-ci, ajouter une cuillère de sauce tomate. Saupoudrer d’un peu de piment d’Es-
pelette.
N.B. : La technique de cuisson de la langue en deux temps permet d’avoir moins d’impuretés et
éventuellement de conserver l’eau de cuisson.
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Plonger les feuilles de gélatine dans de l’eau froide afin de les ramollir. Une fois ramollies, les
incorporer dans la préparation encore chaude.
Mixer 500 g de fraises afin d’obtenir un coulis. Sucrer selon la qualité des fraises ! Réserver.
DRESSAGE
Dans un ramequin, couler le coulis de fraise, mettre au congélateur. Une fois le coulis pris,
couler la pana cotta tiède. Laisser prendre au réfrigérateur. On peut renouveler l’opération
plusieurs fois (comme sur la photo).
Couper sur le dessus des morceaux afin d’y apporter un peu de croquant. Déguster !
N.B. : On peut remplacer la fraise par d’autres fruits de saison. C’est un dessert frais et léger…
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Le gourmand goulu
Exposé tout petit par son père Leopold devant les cours, présenté au gotha
européen de la musique, Wolfgang parcourt le continent, entre le ravissement
et la répulsion devant les nourritures qu’il avale au gré des pays qu’il traverse.
À Paris, il adore savourer des glaces dans les cafés installés sous les arcades du
Palais-Royal et aime les biscuits fourrés nommés « plaisirs ». Mais il déteste,
comme son père et sa mère, la nourriture française. Sa mère qui décrit ainsi les
repas commandés au traiteur : « de la vilaine viande, du bouillon dégoûtant et du
foie dur comme de la pierre. » Son père qui se plaint de ne rien trouver à manger
qui leur sied.
À Liège, lui et son père sont contents de trouver à l’auberge un « dîner à la hol-
landaise : un chaudron où bouillent, en compagnie de la viande, des carottes et
toutes sortes de choses. » Parfois, ils mangent debout « quelques morceaux de
pot-au-feu » ou du « veau en conserve (fumé, séché, ou saumuré) ».
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Il adore le chapon, au point que Leopold utilise la volaille comme un appât pour le
faire revenir à la maison : « Des chapons t’attendent, ils ont été achetés en prévision
de ton retour », lui écrit-il.
Il apprécie l’esturgeon, que l’on pêche alors dans le Danube, les truites, d’après le
témoignage de son fils Franz Xaver, la viande de bœuf accompagnée de « moutarde
piquante », la langue, le faisan, les côtelettes de porc (« Che gusto ! »).
Rendez-vous au cafe
À Salzbourg, la famille Mozart est familière, comme Haydn, du restaurant St-Peter,
réputé pour être un des plus vieux d’Europe. « Papa a déjeuné à St-Peter et y a fait
de la musique » raconte Nannerl dans son journal. Aujourd’hui, on y sert des dîners-
concerts en hommage à Mozart.
Au Café Staiger (le patron de la limonade moisie), Mozart vient déguster des « bois-
sons exotiques », telles que café, chocolat et thé, qu’il adore. Il prend du café pour
son petit déjeuner, mais son père, qui veille, lui intime de changer ses habitudes et de
passer au thé.
À Vienne, il vit près d’une auberge tenue par Joseph Deiner. Devenu son ami, celui-
ci lui prépare des plats et lui apporte du café : « J’ai demandé à Joseph qu’il aille me
chercher du café que j’ai bu en fumant une merveilleuse pipe de tabac ; puis j’ai ins-
trumenté tout le Rondo pour Stadler [le 3e mouvement du Concerto pour clarinette]. »
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Le marzimino existe bel et bien : son cépage est cultivé de nos jours dans la région du
Trentin au nord de Venise.
POÈME DU PUNCH
Meilleurs vœux
Dans le punch vieux !
Je sortis aujourd’hui sans pourquoi t’avouer.
La raison, je peux bien te le dire,
Était de te faire un tout petit plaisir.
Sans veiller à la dépense, au labeur ou à la peine.
J’ignore certes si mon punch sera en veine,
Oh, ne dis pas – non – mon bouquet n’embaumerait ;
Je pensais : tu aimes les Anglais.
Si tu aimais Paris, des rubans te donnerais,
Un bouquet raffiné,
Des parfums embaumés.
Mais toi, sœur chérie, tu n’es pas une coquette.
Prends donc ce punch, fort et délicieux, sœurette,
Savoure-le, tel est mon seul souhait.
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Ludwig van
BEETHOVEN
1770-1827
« Seul un cœur pur peut faire une bonne soupe » : tout Beethoven est dans cette
phrase, un vrai concentré. Pour Ludwig, chaque élément de la vie, domestique
ou spirituelle, doit passer par le crible de la plus haute exigence morale. Même la
soupe, objet de sa part de mille égards et qu’il aime à base d’« un peu de persil,
de céleri et de carottes ».
Parfois il reçoit chez lui, dans un des soixante-cinq logements qu’il a occupés
dans la capitale autrichienne. Il y cuisine de temps à autre, mais en général les
repas sont préparés par une gouvernante, qui n’est jamais la même : Beethoven,
qui prend un soin sourcilleux au contenu de son assiette et de son verre, sera
tracassé toute sa vie par la quête d’une cuisinière idéale, qui n’existera jamais.
Plonger le collier d’agneau dans le fond blanc, cuire pendant 2 h à frémissement. Sortir le
collier. Réserver.
Peler les carottes, le poireau, les tomates, l’ail, les branches de céleri et le céleri boule, tailler
en « paysanne », plonger les légumes dans le fond blanc (qui a servi à cuire le collier), porter à
ébullition. Laisser cuire à frémissement pendant 1 h.
DRESSAGE
Verser la soupe dans les assiettes creuses. Ajouter les morceaux d’agneau encore tièdes.
N.B. : On peut remplacer l’agneau par de la volaille, voire même des crustacés en fonction de son goût.
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Lever les filets de poisson, désarêter si possible à la pince à épiler. Plonger dans de l’eau froide
avec le vinaigre pendant 10 min. Sortir et poser sur papier absorbant. Réserver.
Couper les tronçons de poireaux sur 10 cm, les plonger dans de l’eau froide afin de se débar-
rasser de la terre.
Confectionner le jus de veau : faire revenir les morceaux de parures dans un peu de matière
grasse légèrement colorée, ajouter la garniture aromatique coupée en morceaux réguliers
(1 oignon, 1 carotte, ½ tête d’ail, quelques queues de persil, 1 branche de thym, 1 feuille de lau-
rier). Finir de colorer. Mouiller à hauteur avec de l’eau. Ajouter le concentré de tomate. Porter
à ébullition et laisser cuire à frémissement pendant 1 h 30.
Sortir les poireaux de l’eau. Les mettre dans une sauteuse et couvrir de vin rouge. Ajouter un
domino de sucre. Cuire à frémissement pendant 15 min. Retirer les poireaux. Réserver sur
papier absorbant.
Couper les morceaux de carpe, poêler côté peau dans une poêle antiadhésive légèrement hui-
lée. Saler et poivrer. Retirer et poser sur papier absorbant.
DRESSAGE
Disposer les poireaux au fond d’une assiette creuse. Filtrer le jus de veau et le monter au beurre.
Napper de cette sauce les poireaux. Poser les morceaux de carpe dessus.
N.B. : on pourra toutefois prévoir pour les « gros mangeurs » des pommes de terre cuites à l’eau ou à la
vapeur.
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Ouvrir les huîtres en prenant soin de conserver l’eau de celles-ci à part. Décoller la chair et la
replacer dans la coquille. Réserver.
Faire suer légèrement les pousses d’épinard dans une poêle avec un peu de beurre. Réserver
sur papier absorbant.
Cuire l’œuf dans de l’eau et du vinaigre avec sa coquille pendant 4 min. Écaler l’œuf. Mettre
dans le bol mixeur.
Cuire le vin blanc, porter à ébullition. Faire flamber celui-ci afin de brûler l’alcool. Verser dans
le bol mixeur. Ajouter la crème, le jus des huîtres et le beurre en pommade. Mixer le tout afin
d’obtenir une consistance crémeuse.
DRESSAGE
Disposer les feuilles d’épinard dans les coquilles de chacune des huîtres, ajouter la chair, napper
d’une cuillère à café de sauce vin blanc (encore tiède).
N.B. : Vous avez la possibilité de les passer sous le grill du four ou de les brûler légèrement au
chalumeau.
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Un gourmet
sourcilleux
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Les grands jours, ce sera du lieu avec des pommes de terre bouillies, un
de ses plats préférés avec les macaronis au parmesan.
Beethoven a-t-il aimé les huîtres au point d’avoir composé une œuvre
en leur hommage, comme l’a fait Rossini avec sa Chanson des huîtres ?
C’est ce que laisse imaginer ce mot laissé sur un des carnets de conver-
sation : « Les huîtres vont même chanter un canon. »
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L’une d’elles lui réclame un jour l’argent du ménage par un petit mot laissé dans
l’entrée : « C’est aujourd’hui samedi et j’ai encore besoin d’argent. Il le faut ! (Es
muss sein !) » Ce sont ces mêmes mots, Es muss sein, que Beethoven inscrit sur
les premières mesures du dernier mouvement de son dernier quatuor à cordes.
Aucun rapprochement ne peut raisonnablement être fait entre la note de la
gouvernante et le sublime seizième quatuor. Il n’en reste pas moins, délicieuse
coïncidence, que les termes sont identiques.
Il ordonne de « ne pas peler les pommes de terre », de faire attention aux « per-
drix espagnoles1 qui ramollissent après la cuisson », vérifie la fraîcheur des œufs
en les cassant lui-même.
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S’il est champion dans la récrimination domestique, en réalité il n’est pas difficile :
il mange de tout. Volaille (dindon, chapon, oie, poularde), poisson frais (sandre,
carpe, brochet, truite, lieu) ou fumé (hareng, anguille, saumon), viande, parti-
culièrement le veau (escalopes, tête de veau, rôti) et l’agneau en gigot, légumes
(épinards, fèves, pommes de terre bouillies ou en purée, chou, châtaignes), gibier
(grive, canard, faisan, poule d’eau, gelinotte), œufs, saucisses. Les saucisses,
motif de ses moqueries envers les Viennois :
Il mange de tout, mais sucreries, gâteaux ou autres douceurs ne sont pas de son
goût. C’est une vraie bouche salée.
Quelques préparations qu’il a goûtées : l’oie farcie au pain blanc et cuite bouillie.
Les œufs servis en salade. Le veau préparé « avec un peu de jambon et des lan-
gues ». Les huîtres « fraîches » ou « rôties ».
Quelques menus qu’il a dégustés : « potage succulent ; viande avec sauce ; chou
bleu aux châtaignes ; canard sauvage ou un autre gibier, gelinotte, canard, poule
d’eau ; gigot ; pâtisserie » ; « Friture ; soupe aux nouilles ; viande avec sauce ; épi-
nards avec carbonade ».
Il mange de tout, mais il reste persuadé que ses ennuis de santé proviennent
de la mauvaise qualité de ce qu’il absorbe : « Tant que durera cette alimenta-
tion défectueuse, je serai toujours malade », écrit-il au comte de la Goinfrerie,
comte des Dîners et comte des Soupers, comme il nomme son ami Nikolaus von
Domanovecz.
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Malade, il devient « comme un enfant qui demande quelque chose », écrit-il à son
ami Pasqualati. « Aujourd’hui, par exemple, je voudrais avoir de la compote de
pêche ou de la compote de cerises, sans citron, toute simple, un entremets léger
et du champagne. »
Il meurt le 26. En buvant du champagne dans une coupe ? S’il a déclaré un jour
« préférer la liberté de la cuisine d’une caserne à la table d’un prince », c’est bien
à la façon d’un prince qu’il a pris congé des vivants.
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Franz
SCHUBERT
1797-1828
Couper en fines lamelles (comme des tagliatelles) les navets longs. Saupoudrer de sel et de
sucre, mettre à dégorger pendant 10 min, égoutter et réserver.
Tailler en quartiers l’oignon rouge, le faire légèrement suer avec un petit peu d’huile dans une
sauteuse et déglacer au vinaigre. Cuire 1 min et retirer.
Dans une cocotte, mettre un peu d’huile, ajouter les lamelles de navet, les oignons rouges et
le genièvre concassé. Arroser de bière, laisser cuire à couvert 10 min. Ajouter la saucisse, sau-
poudrer de ciboulette.
DRESSAGE
Afin de garder l’authenticité du plat, on pourra le laisser dans la cocotte et le présenter ainsi
aux convives.
N.B. : Pour ce plat on pourra utiliser tout type de saucisse (Toulouse, Francfort, Bregenwurst,
gendarme).
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Écosser les fèves. Les plonger dans de l’eau fortement salée à pleine ébullition pendant 2 à
3 min. Les ressortir et les plonger immédiatement dans de l’eau glacée. Les peler une à une.
Réserver.
Confectionner le jus de veau : faire revenir les parures dans une sauteuse avec un peu d’huile,
colorer. Ajouter la garniture aromatique : 1 oignon, 1 carotte, thym, laurier, ail, 1 cuillère à café
de concentré de tomate et mouiller à l’eau à hauteur. Laisser cuire durant 1 h à frémissement.
Passer la préparation au chinois en ne conservant que le liquide. Réserver.
Dans une cocotte, faire revenir l’oignon finement émincé, les gousses d’ail, les feuilles de laurier
ainsi que l’anis étoilé. Ajouter les fèves et mouiller avec le jus de veau. Cuire 10 min à feu doux.
Cuire le rôti en le faisant préalablement colorer, saler et poivrer dans un sautoir pendant
environ 30 min à 180°. Laisser reposer.
DRESSAGE
Une fois cuit, positionner le rôti de veau sur le ragoût de fèves. Passer la cocotte au four 15 min
à 180°.
N.B. : Pour cette préparation, j’ai décidé de travailler la fève par goût et par antériorité par rapport aux
haricots qui sont arrivés d’Amérique en Europe avec Lafayette.
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Couper un citron en petits dés. Saler, poivrer, sucrer avec 1 cuillère à moka de chaque. Laisser
reposer le mélange.
Peler le potiron et le cuire dans de l’eau avec du beurre et l’oignon émincé pendant 40 min à feu
doux. Garder un morceau de celui-ci cru, tailler des cubes d’½ cm. Réserver.
Une fois cuit, mixer le potiron, remettre du beurre frais afin d’obtenir l’onctuosité désirée ainsi
que la gousse d’ail.
Dans une poêle chaude, mettre du beurre, plonger les morceaux de truite, les faire légèrement
colorer (3 à 4 minutes de cuisson selon épaisseur).
DRESSAGE
Disposer la purée de potiron dans l’assiette ainsi que les cubes poêlés, ajouter les queues
d’oignon tendre émincées.
Poser le filet de truite. Ajouter les dés de citron par-dessus. Passer en salamandre ou au grill
1 à 2 min.
N.B. : On pourra remplacer la purée de potiron par du potimarron et l’agrémenter d’un peu de
gingembre râpé.
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Un convive de reve
Quand ce n’est pas « marée basse », autrement dit lorsqu’ils sont en fonds, les
amis de Schubert organisent des « schubertiades » : au cours de ces fameuses
soirées où ils font de la musique toute la nuit, Schubert étant au piano, la bière
coule à flots. Les saucisses y font office d’entrée, de plat principal, de légumes,
de fromages et de dessert. Et même de divertissements avec les Würstelbälle
(« lancers de saucisses »), un jeu dont on ne sait rien mais qu'on imagine sans
peine.
1 La Cinquième des Six Grandes Marches et trios op.40 D 819 composés pour piano à quatre mains est
un Andante en mi bémol mineur.
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À Vienne, le petit déjeuner lui tient parfois lieu de déjeuner. Des petits
déjeuners sans suppléments : Kipfel (petit pain) accompagnés de
Melange (café au lait).
S’il est parfois saisi d’« appétits de faisan », c’est surtout de « soupe au
pain grillé », de « côtelette » et de « petites saucisses » qu’il se nourrit.
Et quand il va déjeuner chez la mère d’une amie qui leur a préparé de
« vraies nouilles bavaroises », c’est la fête.
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« J’étais le frère de nombreux frères et sœurs, écrit-il. Notre père et notre mère
étaient bons. Une fois mon père me conduisit à un joyeux banquet… Mes frères
y furent très gais, – mais j’étais très triste. Alors mon père s’approcha de moi et
m’intima l’ordre de me régaler des mets succulents… »
Si nous ignorons tout des plats préférés de Franz Schubert, si nous subodorons
qu’il se nourrissait, au mieux, de saucisses et de nouilles bavaroises, au pire de
petit-pain-café au lait, nous savons qu’il a eu faim, lui dont l’œuvre gigantesque
édifiée en si peu de temps pourrait combler à elle seule les appétits musicaux de
toute une vie. Alors, nous lui devons bien ça : réaliser son rêve de « banquet de
mets succulents » en lui préparant un bon repas.
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Gioacchino
ROSSINI
1792-1868
« Je cherche des motifs musicaux mais ne me viennent à l’esprit que pâtés, truffes
et choses semblables. »
Dans un sautoir, mettre la crème, porter à ébullition et réduire celle-ci d’un tiers. Ajouter le
parmesan et retirer du feu. Plonger les macaronis.
Faire poêler les morceaux de foie gras, saler, poivrer et disposer sur papier absorbant.
DRESSAGE
Dans une assiette creuse, disposer les macaronis crémés encore chauds, les cubes de foie gras.
N.B. : Ce plat peut se décliner avec aussi des spaghettis ou des tagliatelles.
Je préfère utiliser la truffe fraîche car elle a plus de goût. Saison : de décembre à mars.
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Dans un sautoir plat, faire suer sans coloration les échalotes ciselées à l’huile d’olive. Ajouter le
riz. Mouiller petit à petit avec le fond blanc afin que le riz absorbe le liquide doucement (remuer
à la spatule). À mi-cuisson, ajouter les noisettes de beurre frais tout en remuant et en finissant
la cuisson au fond blanc. Ne saler qu’en fin de cuisson !
La veille, plonger les os à moelle dans de l’eau froide avec un peu de gros sel. Laisser dégorger
toute la nuit.
Le lendemain, cuire la moelle dans de l’eau (départ eau froide), porter à ébullition 1 min et
retirer. Mettre à égoutter.
DRESSAGE
Verser le risotto dans les assiettes creuses, disposer la moelle taillée en rondelle par-dessus.
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Peler les pommes, les évider et les couper en quartiers. Dans une poêle, mettez du beurre et du
sucre, faire blondir. Plonger les pommes, remuer vivement et les faire colorer. Réserver.
Dans un batteur, mettre le sucre glace, la levure chimique, la fleur de sel, la farine, le jus et le
zeste d’une orange et d’un citron. Remuer à petite vitesse, ajouter les jaunes d’œufs ainsi que le
beurre pommade. La pâte ainsi confectionnée devra reposer 2 à 3 h. Étaler celle-ci. Tailler avec
un emporte-pièce de 10 cm de diamètre environ sur une épaisseur d’1 à 2 cm.
Dans un ramequin, mettre un jaune d’œuf et un peu d’eau, remuer au pinceau et badigeonner
cette préparation sur chacun des cercles. Passer au four à 160° pendant 20 min.
Confectionner un caramel, ajouter du beurre frais en fin de cuisson ainsi qu’un peu de fleur
de sel.
DRESSAGE
Mettre le cercle de pâte au centre de l’assiette, disposer les quartiers de pommes encore tièdes.
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Le gastrolatre
extravagant
Stendhal, qui rencontre le maestro alors qu’il n’a encore que vingt-neuf ans, le
décrit « énorme », « mangeant comme trois ogres » et « avalant vingt biftecks par
jour. » Il était déjà devenu le Calife Pappataci (« Bouffe et tais-toi ») de l’Italienne
à Alger.
Il n’a pas vraiment la même notion d’une œuvre que ses confrères : à un ban-
quier qui lui commande une partition, Rossini fait envoyer des cochonnailles de
Bologne. « Ce qui m’intéresse bien plus que la musique, c’est la découverte que
je viens de faire d’une nouvelle salade, écrit-il une autre fois à Isabella Colbran :
huile de Provence, moutarde anglaise, vinaigre français, poivre, laitue, et avec
prudence, jus de citron. Le tout bien battu et travaillé. »
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Au milieu de ces amuse-gueules, une grande œuvre, la Petite Messe solennelle que
Rossini a composée en deux parties pour pouvoir dîner à l’entracte. À la dédica-
taire, la comtesse Alexis Pillet-Will, Rossini offre un ananas. Fidèle à lui-même,
jusqu’au bout. « L’estomac est le maître de musique qui freine ou éperonne le
grand orchestre des passions ; [...] Manger et aimer, chanter et digérer : tels sont
à vrai dire les quatre grands actes de cet opéra-bouffe qu’on appelle la vie et qui
s’évanouit comme la mousse d’une bouteille de champagne. Celui qui la laisse
s’enfuir sans en profiter n’est qu’un fou. »
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Gioacchino Rossini
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Frederic
CHOPIN
1810-1849
Bien nourrir Frédéric : une idée fixe qui a habité tous ceux qui entouraient
Chopin, de ses parents à George Sand en passant par ses élèves, convaincus
qu’une alimentation saine et roborative le prémunirait contre les menaces que
faisait peser sur lui sa mauvaise santé.
Bien que doté d’un « appétit extraordinaire » joyeusement revendiqué, il est sou-
mis enfant à de strictes règles de diététique, ce qui ne l’empêche pas de « grigno-
ter » les carottes du jardin botanique de Varsovie, de se goinfrer de pain d’épices
ou de « babas ». À Vienne, après qu’il a quitté la Pologne, il continue à manger
polonais grâce à la sollicitude de ses amis qui lui cuisinent des plats de son pays
pour le consoler de son exil. Pour sa part, Frédéric avoue dévorer des « strudels
en grande quantité ».
Dans une sauteuse, émincer le poireau, faire suer avec un peu de beurre (sans coloration).
Ajouter les morceaux de potiron, mouiller au fond blanc. Cuire à frémissement pendant
40 min et rajouter le beurre. Mixer la préparation afin d’obtenir une consistance crémeuse.
Saler, poivrer et réserver.
Couper les morceaux de pain d’épices, les poêler dans un peu de beurre. Ajouter les morceaux
de châtaigne. Réserver.
DRESSAGE
Dans une assiette creuse, verser le velouté encore chaud.
Disposer harmonieusement les gésiers ainsi que les châtaignes et le pain d’épices.
N.B. : Cette préparation peut se préparer avec tous autres légumes en velouté. Et, pourquoi pas,
remplacer les gésiers par du foie gras ou des cœurs de volaille.
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Préparer la pâte : mélanger dans la cuve du batteur au crochet la farine, la levure et le sel.
Ajouter les œufs entiers et pétrir jusqu’à ce que la pâte se décolle des bords. Ajouter le sucre
et pétrir à nouveau jusqu’à ce que la pâte se décolle des bords. Ajouter le beurre fondu froid et
pétrir jusqu’à obtenir une pâte lisse et homogène. Mettre cette préparation dans les moules à
l’aide d’une poche et laisser pousser. Cuire 13 min à 170°.
Préparer le sirop : faire bouillir tous les ingrédients et y plonger les babas à 60°.
Préparer la chantilly : dans le batteur (cuve froide), mettre les ingrédients et mixer le tout à
vitesse régulière afin d’obtenir une préparation onctueuse.
DRESSAGE
Positionner le baba au centre de l’assiette.
N.B. : On peut agrémenter cette recette de fruits de saison (ananas, framboise, fruit de la passion, etc.).
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Confectionner la béchamel : faire fondre dans une casserole le beurre et la farine, ajouter
par-dessus le lait chaud. Cuire jusqu’à épaississement. Y incorporer les jaunes d’œufs. On aura
avant trempé les feuilles de gélatine dans de l’eau froide. Sortir celles-ci et les incorporer à la
béchamel encore chaude. Zester le citron. Verser cette préparation dans une plaque sur ½cm
d’épaisseur, laisser refroidir.
DRESSAGE
Couper en rectangle la béchamel prise. Saupoudrer de la préparation parmesan, sucre, can-
nelle. Et reproduire cette opération sur 4 ou 5 couches.
N.B. : Cette recette « très particulière » a été conçue selon les écrits de George Sand, plat fétiche de
Chopin initialement fait avec du gruyère que j’ai remplacé par du parmesan.
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Tous les matins Frédéric est réveillé par un chocolat chaud – sa chocolatière
est toujours à Nohant – et par les parfums des confitures que prépare George
Sand, avec les prunes, coings, oranges du jardin : « On ne peut pas confier cette
besogne, affirme-t-elle. Il faut la faire soi-même et ne pas la quitter un instant.
C’est aussi sérieux que de faire un livre. »
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Avant le dîner, servi le plus souvent en plein air et à 18 heures, Chopin, Sand et leurs invités boivent
du champagne frappé. Puis, c’est le repas, sans ostentation. L’authentique n’est jamais très loin, à
Nohant. Chopin y a fait un vrai tour de France gourmand avec tous les plats régionaux qu’il y a dégus-
tés : bouillabaisse, pissaladière, galettes aux pommes de terre, quiche lorraine, confit d’oie, potage au
potiron, clafoutis, châtaignes.
Priorité est donnée aux farces et aux hachis, des mets peu onéreux qui permettent de rassasier la
douzaine de personnes présentes chaque jour à table matin et soir. Au dessert sont servis des gnocchis
sucrés à la cannelle, une recette de George Sand, qui achèvent d’assouvir les gros appétits.
Le gout du lait
À Paris, la même quête d’authentique exacerbe la passion sandienne
qui est comblée par l’arrivage régulier de produits venant de Nohant :
marrons qu’ils « croquent à toutes les sauces », poulets, gibier, pommes,
noix. Près de chez eux, une laiterie où Chopin peut trouver du lait frais
tous les matins. Le lait, porte-drapeau d’une alimentation roborative
et naturelle, est une constante dans les préoccupations des femmes
proches de Frédéric. Marie d’Agoult, la compagne de Liszt, lui promet
du « lait délicieux » pour le faire venir chez elle dans son château de
Croissy, en Ile-de-France, tandis qu’au début de leurs relations George
Sand l’invitait à « partager avec elle un lait excellent ».
Tous ces soins n’empêchent pas cette dernière d’être minée par l’inquié-
tude : « Le matin, dans la hâte de ses leçons, je crains qu’il oublie d’ava-
ler une tasse de chocolat ou de bouillon. » Lorsqu’ils sont loin l’un de
l’autre, elle a peur que Frédéric ne se nourrisse plus et va même jusqu’à
envoyer un ami l’espionner « pour voir s’il déjeune ».
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La Bombance
Chopin n’aurait-il bu que du lait ? Impossible, mais quasiment rien n’est connu
de ses goûts en matière d’alcool. Il y a le vin doux auquel il avait droit de temps
en temps enfant en Pologne, le champagne avec George Sand, les bouteilles de
bordeaux qu’il se fait envoyer en Angleterre par son ami le violoncelliste Fran-
chomme. Sans doute pour oublier les « orchestres [anglais] qui ressemblent à
leur rosbif et à leur potage de tortue : forts, renommés… rien d’autre. »
Il avait vingt ans, il allait partir de Pologne pour ne plus jamais y revenir. La
veille de son départ eut lieu avec ses amis un dîner très arrosé où tout le monde
entonna la Bombance. Pendant l’insurrection contre la Russie qui éclata juste
après son exil, la Bombance de Chopin fut chantée par les insurgés et emprunta
d’autres chemins avec de nouvelles paroles.
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Giuseppe
VERDI
1813-1901
Parfait honnête homme gourmet, Giuseppe Verdi oppose à la bonne chère une
tempérance exemplaire, à faire mourir de honte tous les Falstaff esclaves de leur
panse. Et pourtant, manger l’intéresse au plus haut point : d’une façon ou d’une
autre, il consacre à cet acte tout le temps qu’il ne passe pas à la composition.
Mais voilà, il a planté de strictes bornes qui délimitent le champ de ses passions.
Élevé entre jambon, fromage et épices dans l’épicerie de ses parents à Roncole,
petit village en Émilie-Romagne, Giuseppe ne reniera jamais la rusticité de son
enfance. Bien au contraire : il déteste les mondanités qui accompagnent son sta-
tut de compositeur d’opéra à succès. Pour les fuir, il achète à trente-cinq ans le
domaine de Sant’Agata, situé non loin de Roncole, où il va vivre cinquante ans
comme un prince paysan, marchandant le matin dans les foires les produits de
ses terres et dînant le soir chez lui en frac dans une vaisselle à lisérés vert et or.
Pour la polenta, la cuire dans le mélange de lait et de crème. Porter à ébullition, finir à frémis-
sement en remuant sans arrêt. Une fois cuite, ajouter une gousse d’ail râpée, les échalotes cise-
lées finement. Sortir du feu et couler la préparation sur une plaque à rebord pour une épaisseur
d’1,5 cm. Laisser reposer.
Préparer la soupe : en mouillant la boîte de maïs égoutté avec le lait de coco et compléter avec
de l’eau. Cuire 30 min à frémissement. À la sortie du feu, mixer, saler, poivrer et passer au
chinois. Réserver.
Tailler en cercle ou en bâtonnet la polenta qui a figé, poêler les morceaux dans une poêle
antiadhésive avec un peu d’huile d’olive : colorer légèrement.
DRESSAGE
Verser la soupe de maïs chaude dans une assiette creuse, accompagner des morceaux de polenta.
N.B. : On pourra accompagner cette préparation de quelques croûtons aillés pour accentuer le côté
rustique du plat.
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Peler les poires, les couper en deux dans le sens de la hauteur et les évider. Poêler dans une
poêle antiadhésive avec du beurre, les faire légèrement colorer. Réserver sur papier absorbant.
DRESSAGE
Positionner la poire encore tiède au milieu de l’assiette.
Mélanger dans un cul-de-poule le parmesan et les feuilles d’oseille (comme une salade). Assai-
sonner avec l’huile, le sel et le poivre. Positionner ce mélange sur la poire.
N.B. : La crème fraîche devra se manger en même temps que le reste afin d’arrondir la mise en bouche.
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Préparer la polenta en la versant en pluie fine dans le mélange crème et lait porté à ébullition.
Remuer jusqu’à épaississement, râper ½ gousse d’ail et le zeste d’un citron. Saler et poivrer.
Une fois cuite, verser la préparation sur une plaque afin d’obtenir une épaisseur de 1 à 2 cm.
Réserver.
Monder et épépiner les tomates afin de les tailler en brunoise. Y ajouter les oignons tendres
finement émincés afin d’obtenir un mélange harmonieux. Réserver.
Dans un sautoir, faire suer l’oignon taillé toujours en brunoise, râper l’autre demi-gousse d’ail
et faire suer sans coloration avec un peu de beurre. Déglacer au vin blanc, réduire de moitié et
crémer. Porter à ébullition durant quelques minutes jusqu’à épaississement. Saler et poivrer.
Poêler les morceaux de viande dans un mélange d’huile et de beurre afin d’obtenir une colora-
tion régulière. Saler et poivrer. Réserver.
Une fois reposée, tailler la polenta en cercle (avec un cercle de diamètre équivalent à celui des
tournedos). Faire un trou au centre de ce cercle. Poêler et légèrement colorer à l’aide d’huile et
de beurre dans une poêle. Réserver.
DRESSAGE
Au fond de l’assiette, mettre la sauce blanche. Disposer le tournedos qui a été repassé au four.
Ajouter le mélange tomates-oignons tendres au centre du cercle ainsi que quelques gouttes
d’huile d’olive, fleur de sel et poivre mignonnette.
N.B. : Initialement, la recette de Verdi était à base de semoule de blé. Je l’ai remplacée par de la polenta,
plus goûteuse à mon goût.
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Le gastronome
« Si le public savait comment Giuseppe compose un risotto alla milanese”,
quelles ovations lui pleuvraient alors sur le dos ! » s’exclame Giuseppina Streppo-
ni à quelqu’un qui lui rapporte le dernier triomphe de Verdi. Pour Giuseppina,
que Verdi appelle « petit pâté », succulent surnom qu’elle lui adresse à son tour,
son mari est le « maestro du risotto » qu’il prépare dans le respect des traditions.
C’est un risotto au safran et à la moelle de bœuf auquel il ajoute parfois des restes
de volailles ou de gibier, de foies de volaille, des lamelles de cèpes ou de truffes.
Il tient à l’observance de certaines règles : la cuillère doit être en bois, le riz du
Piémont, le vin « blanc, naturel et doux », le fromage du parmesan râpé et les
truffes en fins copeaux parsemés sur le risotto juste avant de servir.
Ses goûts sont enracinés dans l’enfance et son terroir : il apprécie les mets riches,
les sauces épaisses, comme c’est la tradition de la cuisine en Émilie-Romagne,
faites au beurre et à la crème fraîche, et non à l’huile d’olive et au citron.
Il aime par-dessus tout les raviolis alla genovese farcis de pesto au basilic, ainsi
que la spalla cotta (jambon), spécialité de Rocca San Secondo qu’il prépare lui-
même : c’est un travail au long cours, le salage et le trempage durant plusieurs
jours et la cuisson plusieurs heures. Il en fait profiter ses amis : « Vous allez
recevoir par le train une caisse contenant deux petits jambons de San Secondo
pour vous et pour la famille Ricordi » (son éditeur milanais), écrit-il à la soprano
Teresa Stoltz.
Et il obéit aux coutumes culinaires qui rythment les fêtes traditionnelles : cha-
pon et spongata (gâteau de la région) à Noël, agneau et panettone à Pâques,
faisan au Nouvel An.
bien tempere
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Que ce soit avec le gibier chassé par le maître, la viande des troupeaux, les poissons de
l’étang, le vin des vignes, les volailles et œufs de la basse-cour, le maïs consommé en pain,
gâteau, polenta ou en épis bouillis et recouverts de beurre, le riz sous forme de risotto,
soupe, gâteau, tous les légumes, courges, tomates, asperges, épinards, blettes, salade (que
Giuseppe assaisonne à merveille).
La propriété est aménagée pour assurer la conservation des produits. Elle comprend trois
laiteries (lait, beurre, fromages), une fruiterie, un moulin, un garde-manger, une glacière
creusée dans la terre derrière la maison, la glace prise en hiver sur l’étang en garantissant
la fraîcheur.
Il n’apprécie que ce qui vient de chez lui, au sens large. En voyage à l’étranger ou lors
de séjours à Gênes, il se fait envoyer du parmesan de Sant’Agata qu’il déguste avec des
poires, une coutume de la région, du salami da Felino, une saucisse maigre affinée au vin
blanc de Felino, des tranches de Culatello di Zibello (littéralement « petit cul de Zibello »),
un jambon salé produit dans certains villages de la province de Parme, dont Roncole.
La cuisine, qui « ressemble, selon Giuseppe Giocosa, à l’antre d’un alchimiste pan-
tagruélique » et qui « mériterait l’honneur des scènes », est équipée afin de préparer et
transformer les produits.
Les réserves de la propriété sont énormes : conserves de fruits ou légumes, toutes sortes
de salaisons et venaisons, dont son préféré, le Culatello di Zibello.
S’il boit volontiers le lambrusco de ses vignes et de l’asti spumante avec le dessert, ce
connaisseur fait venir des vins de toute l’Italie et aussi de France, avec une prédilection
très nette pour le bordeaux et le champagne.
Son vin préféré reste le chianti, dont la réputation à l’époque est d’être le meilleur de la
production vinicole italienne. Il aime particulièrement celui du baron Bettino Ricasoli,
un homme politique et vigneron de grande classe qui en a trouvé la formule au bout de
trente ans de recherches.
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Modeste
MOUSSORGSKI
1839-1881
« Parfois je m’élance, mais non, stop ! mon cuisinier intérieur me dit que la
soupe a beau bouillir, il est encore trop tôt pour la servir à table ! Peut-être
conviendrait-il d’y ajouter encore quelques légumes ou un peu de sel ? » s’ex-
clame Modeste Moussorgski alors qu’il travaille à son opéra La Khovanchtchina.
Dans une poêle antiadhésive, mettre un peu d’huile d’olive, faire chauffer, plonger les écre-
visses encore vivantes, remuer vivement et asperger de cognac. Retirer du feu. Décortiquer en
séparant la tête et la queue.
Dans un sautoir, mettre de l’huile d’olive, faire revenir oignon, ail et carotte coupés grossiè-
rement. Ajouter les têtes d’écrevisse préalablement concassées. Mouiller à la crème fleurette
et ajouter le bouquet d’estragon ainsi que le concentré de tomate, cuire pendant 1 h à frémis-
sement. Passer la préparation au chinois, mixer la bisque pour la rendre homogène.
Décortiquer les queues d’écrevisse, les passer au four afin de les tiédir.
DRESSAGE
Verser la bisque chaude dans une assiette creuse.
N.B. : Cette préparation peut ainsi se préparer avec toutes sortes de crustacés (homard, langoustine,
etc.).
100
Dans une sauteuse, faire revenir betterave, oseille, aneth, oignon et ½ concombre au beurre
sans coloration. Ajouter la moutarde ainsi que le jus de citron. Mouiller au fond blanc déjà
chaud. Cuire 10 min et mixer aussitôt. Ajouter le paprika et le raifort. Réserver.
Couper le saumon en cubes, passer au four à 180° pendant 3 min afin de le saisir. Saler, poivrer.
Faire des billes de concombre à l’aide d’une cuillère à racine ou pomme parisienne.
DRESSAGE
Verser la soupe dans une assiette creuse (chaude ou froide).
N.B. : Afin de garder la soupe bien verte, une fois mixée la verser dans un récipient qui sera lui-même
posé sur un lit de glace.
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La veille, préparer la pâte : mélanger tous les ingrédients afin d’obtenir une boule, puis laisser
reposer.
La veille également, préparer la farce : passer au hachoir (grosse grille) le porc, le veau, l’écha-
lote et l’oignon. Arroser le tout de cognac, saler, poivrer sans oublier le thym et le laurier.
Incorporer cette farce dans le moule en prenant soin d’ajouter en son centre (sur la longueur)
le foie gras préalablement salé et poivré.
Recouvrir la terrine d’un morceau de pâte. Coller celle-ci à l’eau, napper d’une dorure. Sans
oublier de faire une cheminée (faire un trou de 4 mm de diamètre, disposer un morceau de
papier de cuisson roulé positionné à la verticale. Cette technique permet d’évacuer le trop-plein
d’humidité en cours de cuisson).
DRESSAGE
Le lendemain de la cuisson, une fois reposé, couper des tranches, les disposer sur l’assiette.
N.B. : Cette recette peut aussi se décliner avec de la pâte feuilletée, de toutes les sortes de viandes
(blanches de préférence) et pourquoi pas d’un peu de truffe.
104
Le bambocheur
esthete
Les abyssales beuveries dans lesquelles pouvait sombrer Moussorgski lui ont
fabriqué une réputation de pochard qui a traversé les siècles. Il faut bien dire
qu’excepté cet élément massif, on ne connaît de lui que les quelques miettes
d’une existence de fonctionnaire, sans cesse en butte au manque d’argent ou de
toit. Malgré tout, la chose culinaire exsude dans maints de ses propos et l’inté-
resse au plus haut point. Car composer pour Moussorgski, c’est cuisiner.
La lecon du pate
Moussorgski adore les pâtés en croûte. Au point de les imaginer mesurant « cent
verstes de long » et de construire une esthétique à partir d’eux. Comme Kant
dans la Critique de la faculté de juger élaborant sa théorie à partir du vin des Cana-
ries, Moussorgski part du pâté.
« S’il existe une chose que je ne peux supporter, c’est lorsqu’une maîtresse de
maison se mêle d’expliquer à propos d’un délicieux pâté en croûte, au moment
où l’on est en train de le manger, les millions de livres de beurre, cinq cents
œufs, une plate-bande de choux, cent cinquante poissons » qu’il a fallu à sa
préparation. Cela suffit à trouver le « pâté moins goûteux », car on se représente
« la cuisinière, toujours sale, la tête tranchée d’une poularde, un poisson vidé
sur un autre. Dans les œuvres d’art accomplies, il y a aussi cet aspect de chaste
pureté qui fait que si l’on se met à les manipuler avec des pattes sales, cela devient
répugnant ».
En un mot : comme pour le pâté en croûte, il vaut mieux ne pas révéler les secrets
de composition d’une œuvre d’art afin de préserver le mystère de sa gestation et
d’en garder tout le goût.
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Les jours où il est indolent, il se sent dans « un état de pâte à pain* ». Quand
un air d’opéra est réussi, il le juge « très goûteux* ». Il surnomme le dra-
maturge Pavel Fiodorov « Pain d’épice » et compare la vanité d’auteur « à
du beurre fondu qui coule dans la panse ». Sans compter les innombrables
beignets et pâtés qui surgissent sans arrêt sous sa plume pour désigner amis,
amies, amours.
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S’il est loquace sur la nourriture, il est quasiment muet sur l’alcool qui le noie.
Mais peut-être pensait-il à lui-même en écrivant la musique et le texte de Ah,
maudits ivrognes (La Khovanchtchina, Acte III) !
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Erik
SATIE
1866-1925
« Doué d’un bon appétit, je mange pour moi, mais sans égoïsme, sans bestialité.
Autrement dit, je me « tiens mieux à table qu’à cheval » – bien que je sois assez
bon cavalier. » Voilà, c’est Erik Satie, en une phrase : le pied de nez absurde, qui
vient dérégler des propos presque sensés.
Erik Satie mange, il aime, et il le dit : surprenant de la part d’un homme qui se
dissimule derrière de multiples masques, dont celui de la dérision qui explose
jusqu’à sa musique. Mais sur ce sujet-là précisément, il montre le plus souvent
un grand bon sens. Non seulement il mange, mais il écrit des textes sur l’art
culinaire, s’inspire de la gastronomie pour certaines de ses œuvres et s’entretient
de ses goûts avec Debussy chez qui il déjeune de temps à autre.
Confectionner 1,5 l de court-bouillon avec carotte, oignons, bouquet garni, sel, poivre. Porter
à ébullition pendant 10 min. Plonger les tronçons d’anguille pendant 10 min à frémissement.
Retirer délicatement avec une écumoire. Poser sur papier absorbant. Réserver.
Dans une russe, faire fondre le beurre sans coloration. Plonger oignons grelots et champi-
gnons coupés en morceaux, remuer délicatement. Mouiller au vin blanc et faire réduire de
moitié. Rajouter la crème, porter à ébullition et laisser frémir pendant 10 min afin d’obtenir
une consistance onctueuse. Ajouter les morceaux d’anguille encore 10 min. Retirer du feu et
rectifier l’assaisonnement.
DRESSAGE
Disposer dans les assiettes le poisson et les légumes.
N.B. : Choisir de préférence des petites anguilles pour ce type de plat. Il pourra être accompagné de
pâtes ou de pomme de terre.
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Peler les crosnes. La technique consiste à placer le légume dans un torchon avec du gros sel
et de les frotter afin d’ôter la peau sans abîmer la forme initiale du légume. Rincer à l’eau.
Réserver.
Dans une sauteuse mettre à chauffer la crème. Râper la gousse d’ail et ajouter la moutarde à
l’ancienne. Porter à ébullition, plonger les crosnes et laisser frémir 15 min. Saler, poivrer.
Poêler le boudin à l’huile et au beurre afin de lui donner une jolie coloration.
DRESSAGE
Dans une assiette, disposer les crosnes crémés.
Ajouter le boudin blanc, quelques graines de moutarde ainsi que les amandes.
N.B. : Cette préparation pourra aussi accompagner les viandes blanches (veau, volaille, etc.).
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Confectionner la vinaigrette : mélanger les échalotes ciselées finement, sel, poivre, vinaigre de
vin vieux et l’huile d’olive. Ajouter la ciboulette.
DRESSAGE
Napper de quelques cuillères à soupe de vinaigrette la brousse écrasée.
N.B. : Cette préparation d’origine lyonnaise pourra se confectionner avec aussi bien de la brousse de
vache que de brebis ou de chèvre suivant les saisons et votre goût.
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Il surgit dans La Journée du musicien, un texte où Satie décrit minute par minute
ses activités quotidiennes, toutes plus absurdes les unes que les autres : « Je
déjeune à 12 h 11 et quitte la table à 12 h 14 », « Le dîner est servi à 19 h 16 et
terminé à 19 h 20 », ou encore « Je fais bouillir mon vin, que je bois froid avec
du jus de fuchsia ». Morceau de bravoure dans cet emploi du temps loufoque, le
menu blanc est l’équivalent gastronomique d’une blague de Toto.
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Ce qu’il aime ? « Un gigot bien à point », qu’il préfère « au subtil ouvrage d’une viande dissimulée sous
les “fards savants d’un maître de la sauce”. »
Ainsi, comme il a aboli les barres de mesure dans ses partitions, Erik Satie abolit les sauces, théorisant
sans le savoir et bien avant l’heure la cuisine de produit.
Mais il n’a pas souvent l’occasion de la savourer, vivant le plus souvent dans une grande misère qu’il
cache à ses amis. Il dépense toutefois le peu qu’il a dans la nourriture : « Pour moi, tout pour le bec »,
déclare-t-il. Il achète alors de la viande qu’il demande à faire cuire dans un café où il a ses habitudes
car il préfère ne pas manger seul. Il prend parfois de l’anguille, qu’il apprécie particulièrement : « Je
vais me mettre à table pour faire mon repas de midi : l’anguille est sous roche et me regarde amicale-
ment, avec une sorte de tendresse émue. Je l’aime surtout froide », écrit-il à Jean Cocteau.
Il adore aussi le gâteau saint-honoré, un grand classique. Il se sert chez le même pâtissier qui le sur-
nomme « mon client saint-honoré. » Quand il « est en finances », il en consomme un entier et s’achète
des cigares qu’il choisit avec le plus grand soin.
Le repas se compose le plus souvent d’œufs et de côtelettes de mouton mais « quels œufs et quelles côte-
lettes ! s’exclame Satie. Je m’en lèche encore les joues – intérieurement – vous le devinez », poursuit-il.
Debussy, qui les prépare lui-même, garde au sujet de ses recettes le secret le plus absolu. Le repas est
arrosé d’un « délicieux bordeaux blanc dont les effets étaient touchants et disposaient convenablement
aux joies de l’amitié et à celles de vivre loin des “double veaux”, des “momifiés” et autres “vieilles
noix” ».
120
Le président, d’une façon fort civile, avait Le Président dit à son fils : Ventre à terre !
invité nos grands peintres français Cours chez notre bistrot de la rue Duphot
à venir goûter sa cuisine à l’huile. On me chercher douze bouteilles de bons
raconte que ce fut vraiment parfait. vieux litres de choix,
Après la soupe, radis et caviar, presque Dis-lui bien que c’est pour moi !
comme par hasard ...
Ça sentait bon et le moment était suprême
Ça sentait bon et le moment était suprême
et la musique du soixante-quatorzième de
et la musique du soixante-quatorzième de ligne jouait, ne vous déplaise,
ligne jouait, ne vous déplaise,
La Marseillaise ! Hymne vraiment français
La Marseillaise ! Hymne vraiment français ou française !
ou française !
Après le café, ce grand noircisseur
La conversation avait été fort maigre d’âmes,
jusque-là,
ces messieurs assurèrent sérieusement
quand l’épouse du Président, qui avait à notre Président (Auguste pour les dames),
sa gauche ce sale Leygues,
et sa dame de leur profond dévouement
et à sa droite Monsieur Jean Paul Laurens, puis ils se retirèrent tranquillement et
Dit, tout à coup, au ministre des Beaux- tout en borborygmant.
Arts Ça sentait bon et le moment était suprême
« En voulez-vous du z’homard ? » Ça et la musique du soixante-quatorzième de
sentait bon et le moment était suprême ligne jouait, ne vous déplaise,
et la musique du soixante-quatorzième de La Marseillaise ! Hymne vraiment français
ligne jouait, ne vous déplaise, ou française !
121
Henri
DUTILLEUX
1916-2013
Comment ? Cet être délicieux qui a écrit une des musiques les plus raffinées qui
soient ne pensait qu’à « boulotter », comme disait parfois, mi-sérieuse mi-rieuse,
sa femme, la pianiste Geneviève Joy ? Certes, Henri Dutilleux était un bon
vivant pour qui manger était un acte précieux. Mais pour lui les repas n’étaient
pas destinés qu’à « boulotter », ils étaient les points d’orgue de ses journées :
moments de détente ou de récompense après le travail, ils étaient soumis à des
rituels invariables, selon les jours de la semaine ou les fêtes du calendrier.
Très gourmand et gros mangeur, Dutilleux n’a jamais pris du poids, rejetant aux
enfers l’image d’un Rossini soufflé par les kilos. Le secret ? Un appartement au
deuxième étage sans ascenseur, dont il montait et descendait les marches pour
un rien, un goût immuable pour la marche à pied, et une simplicité dans ses
appétits qui le poussait à apprécier la cuisine ni trop riche, ni trop guindée, ni
trop mode : une pintade aux choux, des maquereaux au vin blanc, une bouil-
labaisse, des œufs à la tomate qu’il cuisinait lui-même, le comblaient. Exquis
Henri.
Dans une cocotte, faire suer à l’huile d’olive les oignons et l’ail. Ajouter les poissons de roche,
le concentré de tomate, le safran, le pastis, le fenouil ainsi que les écorces d’orange. Mouiller à
hauteur à l’eau froide. Porter à ébullition puis finir de cuire 1 h à frémissement. Passer le tout
au moulin à légumes. Réserver.
Lever les filets de poissons et les portionner. Cuire les morceaux dans une plaque avec un peu
de soupe en les passants au four à 200° pendant 10 min.
DRESSAGE
Disposer les morceaux de poissons harmonieusement dans l’assiette creuse ainsi que l’oursin.
Finir en toastant les tranches de pain, les frotter à l’ail. Napper de sauce rouille.
N.B. : Cette recette est une recette simplifiée de la bouillabaisse traditionnelle. On pourra y rajouter de
la daurade, du congre, de la rascasse, etc.
124
Dans un cul-de-poule, casser les œufs et les battre. Ajouter sel et poivre.
Dans une russe, faire fondre 20 g de beurre, ajouter les œufs et mettre sur le feu. Remuer
jusqu’à ce que l’œuf cuise et reste crémeux en incorporant des morceaux de beurre frais.
Dans de l’huile à 80°, plonger de fines tranches d’ail frais pendant 3 à 4 min. Retirer et mettre
sur papier absorbant. Renouveler la même opération avec le persil.
DRESSAGE
Verser dans chaque bol, la brouillade crémeuse.
Disposer les quartiers de tomates confites tiédis ainsi que l’ail et le persil.
Choisir des tomates semi-confites qui seront plus moelleuses ou les faire soi-même !
127
Dans une poêle, faire chauffer un peu d’huile et disposer côté peau les suprêmes de pintade.
Ajouter une noisette de beurre, cuire doucement et garder rosé. Réserver.
Couper en julienne le chou, le faire blanchir dans de l’eau salée à pleine ébullition 3 à 4 min.
Égoutter et réserver.
Dans une cocotte, faire revenir la graisse de canard, disposer la carotte taillée en brunoise,
l’échalote émincée et la feuille de laurier. Ajouter le chou, finir de le cuire sans coloration.
Concasser la carcasse de pintade, la faire revenir dans un sautoir avec un peu d’huile afin d’ob-
tenir coloration. Ajouter le thym, le concentré de tomate et mouiller à l’eau à hauteur. Cuire à
frémissement pendant 45 min. Passer au chinois et monter le jus au beurre.
DRESSAGE
Dans l’assiette, disposer le chou et l’assaisonner.
Ajouter les tranches de jambon taillées en julienne.
Disposer le suprême de pintade par-dessus.
Napper de la sauce.
128
Le sybarite exquis
Henri Dutilleux n’était pas sectaire , c’était là son moindre défaut. Il aimait tout :
poissons, crustacés, fruits de mer, volailles, viandes, fromages, vins, alcool… Il
aimait tout, sans modération, mais avec un brin de tempérance, juste ce qu’il
fallait pour continuer à apprécier la suite du repas et de l’existence. Ses papilles
étaient comblées si la fête s’accompagnait de rituels qui ajoutaient aux plaisirs
présents les souvenirs des joies passées.
130
Puis Henri a fait ses courses au Daguerre Marée, rue Daguerre, dans le 14e arron-
dissement de Paris. C’était toujours Momo qui s’occupait de lui et ouvrait les huîtres.
Momo qui l’accueillait avec ces mots : « Alors, qu’est-ce qui va prendre aujourd’hui,
le papy ? », ce qui faisait beaucoup rire Dutilleux. Aujourd’hui, Momo se souvient
parfaitement de ce papy qui « savait exactement ce qu’il voulait : des gillardeau, du
haddock, des soles, parfois du homard ou de la langouste… »
Le pot-au-feu du samedi
Les journées d’Henri Dutilleux étaient invariablement rythmées par trois repas, dont
le petit déjeuner. Déjeuner et dîner comportaient entrée, plat et fromage. Même s’il
appréciait le caviar que des amis lui rapportaient parfois de voyage, ses goûts étaient
magnifiquement simples : en entrée, maquereaux au vin blanc, harengs, radis beurre,
soupe de poissons agrémentée de croûtons aillés. En plat principal, pintade aux
choux, poulet rôti, haddock, chateaubriand dans le filet, côtelettes d’agneau. Aucun
repas ne se concluait sans fromage. Il n’appréciait que le fromage de vache, avec un
penchant pour le maroilles, le comté, le camembert et le saint-nectaire. Le tout arrosé
de bordeaux, car si Dutilleux n’était pas un expert, il savait quand un vin était bon et
quand un texte évoquant l’ivresse l’était aussi : il avait choisi le poème de Baudelaire
« Enivrez-vous » pour son cycle Le Temps l’horloge composé pour la soprano Renée
Fleming.
S’il n’était pas très sucré, il aimait bien les sorbets de chez Berthillon qu’il choisissait
en fonction des couleurs, et non des parfums, juste pour que ce soit joli, l’association
cassis/fruits de la passion étant sa préférée.
Dès que l’hiver arrivait commençait le rituel du pot-au-feu du samedi soir, dont Gene-
viève était la grande prêtresse. C’était un pot-au-feu traditionnel servi avec le bouillon
dégraissé, des cornichons, du gros sel et les trois viandes, macreuse, gîte, plat de côte.
Et forcément un os à moelle, lequel était dégusté sur du pain grillé.
131
Les Dutilleux préféraient recevoir à dîner des gens qui aimaient bien man-
ger, comme Brigitte Engerer, Mstislav Rostropovitch qui lui commanda
le concerto pour violoncelle Tout un monde lointain, Germaine Mounier,
Myriam Soumagnac, Jean Roy. Ils servaient alors le fameux gigot Dutilleux.
132
Ses goûts étaient sans frontières : il aimait les couscous et les tajines de l’Atlas,
un Marocain à côté de la Tour d’Argent, les pâtes de Caruso, un Italien rue
de Turenne dont « il connaissait toute la carte », se souvient Éric Tanguy, le
poisson de Isami, un Japonais de l’île Saint-Louis.
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JEAN-SÉBASTIEN BACH
CANTATE DU CAFÉ (SCHWEIGT STILLE , PLAUDERT NICHT ) BWV 211
Emma Kirby, David Thomas, Academy of Ancient Music, Christopher
Hogwood (direction). Oiseau Lyre
VARIATIONS G OLDBERG BWV 988
Pierre Hantaï (clavecin). Mirare
Nicholas Angelich (piano). Erato
MOZART
ESSEN, TRINKEN, CANON À 3 VOIX K.234
Chorus Viennensis. Philips (vol.12 de l’édition complète Mozart)
DON GIOVANNI
Mirella Freni, Martina Arroyo, Richard van Allan, Ingvar Wixell, Royal Opera
House Orchestra, Colin Davis (direction). Philips
CONCERTO POUR CLARINETTE ET ORCHESTRE K.622
Sharon Kam (clarinette), Haydn Philharmonie. Berlin Classics
BEETHOVEN
SYMPHONIE N °9 AVEC CHOEUR OP.125
Choeur et Orchestre du Festival de Bayreuth, Wilhelm Furtwängler
(direction). Warner Classics
QUATUOR À CORDES N °16 OP.135
Quatuor de Budapest. Sony
SCHUBERT
L A TRUITE (LIED DIE FORELLE ) D.550
Ian Bostridge (ténor), Julius Drake (piano). Warner Classics
L A BELLE MEUNIÈRE D.775
Jonas Kaufmann (ténor), Helmut Deutsch (piano). Decca
L E RÔTI DE NOCES (DER HOCHZEITSBRATEN ) D. 930
Marlis Petersen (soprano), Werner Güra (ténor), Konrad Jarnot (basse),
136
ROSSINI
L’ITALIENNE À A LGER
Ruggero Raimondi, Agnes Baltsa, Enzo Dara, Orchestre philharmonique
de Vienne, Claudio Abbado (direction). Deutsche Grammophon
TANCRÈDE
Marilyn Horne, Lella Cuberli, Ernesto Palacio, Nicola Zaccaria, Orchestre
de la Fenice, Ralf Weikert (direction). Sony
L A PIE VOLEUSE
Ileana Cotrubas, Carlos Feller, Nucci Condo, Orchestre Güzernich de
Cologne, Bruno Bartoletti (direction). Arthaus
GUILLAUME TELL
Gerald Finley, John Osborn, Malin Bystrom, Marie-Nicole Lemieux, Frédéric
Caton, Orchestre de l’Académie Sainte Cécile, Antonio Pappano (direction).
Warner Classics
L ES PÉCHÉS DE VIEILLESSE : QUATRE HORS -D’OEUVRE ET QUATRE MENDIANTS
Alessandro Marangoni (piano). Naxos
L A PETITE MESSE SOLENNELLE
Cecilia Gasdia, Bernarda Fink, Vincenzo La Scola, Ensemble vocal de
Lausanne, Michel Corboz (direction). Erato
CHOPIN
HULANKA (L A BOMBANCE) OP.74 N °4
Urszula Kryger (soprano), Charles Spencer (piano). Hélios.
137
VERDI
FALSTAFF
Bryn Terfel, Thomas Hampson, Daiil Shtoda, Adrienne Pieckzonka,
Orchestre philharmonique de Berlin, Claudio Abbado (direction). Deutsche
Grammophon
SATIE
TROIS MORCEAUX EN FORME DE POIRE , L E CHANT GUERRIER DU ROI DES HARICOTS,
VALSE DU CHOCOLAT AUX AMANDES, LUI MANGER SA TARTINE , L E P IQUE-NIQUE ,
TROIS P ETITES P IÈCES MONTÉES
Aldo Ciccolini (piano). In Intégrale de l’œuvre pour piano. Warner Classics
UN DÎNER À L’É LYSÉE
Gabriel Bacquier (voix), Paolo Santos (piano). In Album Erik Satie. Reader’s
Digest Music
DUTILLEUX
L E TEMPS L’HORLOGE
Renée Fleming, Orchestre national de France, Seiji Ozawa (direction). Decca
CONCERTO POUR VIOLONCELLE TOUT UN MONDE LOINTAIN
Mstislav Rostropovitch, Orchestre de Paris, Serge Baudo (direction). Warner
Classics
HYMNE À LA NUIT
Brigitte Engerer, piano. Œuvres de Schubert et de Liszt
(En souvenir de Brigitte Engerer, proche amie de Henri Dutilleux)
138
139
PRÉLUDES, FOUGASSES ET
VARIATIONS, PAR P HILIPPE
BEAUSSANT, ACTES SUD, 2004.
140
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MENU
Salade d’asperges vertes tièdes, vinaigrette potagère p.12
Filet de sandre, beurre d’anchois, fricassée de petits pois p.14
Tarte au citron crémeuse, éclats de meringue p.16
UN SOLIDE APPÉTIT
MENU
Knoedel de foies de volaille, potage de légumes p.24
Langue de veau poêlée, tomate relevée aux câpres p.26
Pana cotta vanille – fraise p.28
LE GOURMAND GOULU
MENU
Soupe de vermicelles et petits légumes de saison p.36
Filet de carpe aux poireaux et au vin rouge p.38
Huîtres plates, crémeux de vin blanc de Moselle p.40
LE GOURMET SOURCILLEUX
MENU
Choucroute de navet à la saucisse p.50
Rôti de veau et fricassée de fèves à l’anis étoilé p.52
Filet de truite au potiron, condiments citronnés p.54
LE CONVIVE DE RÊVE
MENU
Macaronis crémés : truffe fraîche et foie gras p.62
Risotto à la moelle p.64
Sablé aux pommes caramélisées, crème glacée vanille p.66
LE GASTROLÂTRE EXTRAVAGANT
MENU
Velouté de potiron, gésiers confits et pain d’épices p.76
Baba au rhum « à ma façon » p.78
Gnocchi sucré façon George Sand p.80
L’AMATEUR ÉCLAIRÉ
MENU
Le « tout maïs » ! p.88
Tranche de poire williams rôtie, copeaux de parmesan et oseille p.90
Tournedos Verdi p.92
LE GASTRONOME BIEN TEMPÉRÉ
MENU
Bisque d’écrevisses, crème de raifort p.100
Botvinia p.102
Pâté en croûte p.104
LE BAMBOCHEUR ESTHÈTE
MENU
Matelote d’anguilles p.112
Boudin blanc et crosnes à la crème de moutarde à l’ancienne p.114
Brousse comme une cervelle de canut p.116
TOUT POUR LE BEC
MENU
Bouillabaisse simplifiée p.124
Brouillade d’œufs « à l’Italienne » p.126
Suprême de pintade rôti et chou braisé p.128
L’EXQUIS SYBARITE