Vous êtes sur la page 1sur 97

REPUBLIC OF CAMEROON

REPUBLIQUE DU CAMEROUN Peace – Work – Fatherland


Paix – Travail – Patrie *******
******* UNIVERSITY OF DSCHANG
UNIVERSITE DE DSCHANG Scholae Thesaurus Dschangensis Ibi
Scholae Thesaurus Dschanensis Ibi Cordum
Cordum *******
******* DOCTORATE SCHOOL
ÉCOLE DOCTORALE *******
******* DSCHANG SCHOOL OF
DSCHANG SCHOOL OF AGRICULTURE
AGRICULTURE AND ENVIRONMENTAL
AND ENVIRONMENTAL SCIENCES SCIENCES
******* *******
FACULTE D’AGRONOMIE ET DES FACULTY OF AGRONOMY AND
SCIENCES AGRICOLES AGRICULTURAL SCIENCES
******* *******
Centre Régional d’Enseignement Regional Training Centre
Spécialisé en Agriculture Specialized in Agriculture
(CRESA Forêt-Bois) (RTCSA Forestry-Wood)
******* *******

18ème Promotion CRESA Foret-Bois, 1ère Promotion EME

FACTEURS INFLUENÇANT L’ADOPTION DES MESURES AGRO-


ENVIRONNEMENTALES DANS LES EXPLOITATIONS DE MAÏS DES
COOPERATIVES BENEFICIAIRES DU PIDMA : CAS DES COOPERATIVES
AFMABA et COOPROMAME DES LOCALITES RESPECTIVES DE BATCHENGA
ET MENGONG
Mémoire présenté en vue de l’obtention du diplôme de Master Professionnel en Environnement
et Mesure de Conservation (EMC)

Option : Economie et Management de l’Environnement (EME)

Par
TCHOUA Loveline Viviane
Licence en Chimie

Superviseur :
Encadreur :
Pr. JAZA FOLEFACK Achille Jean
ABEGA Raphaël
Chargé de cours département
Spécialiste Socio-Environnemental
Economie Rurale/FASA
PIDMA - Cameroun

Année académique 2016-2017

1
LISTE DES ABREVIATIONS
AFMABA Acteurs Filière Maïs Batchenga
BUCREP Bureau Central des Recensements et des Etudes de la Population
CAP Conseiller Agricole de Proximité
CENEEMA Centre National d'Études et d'Expérimentation du Machinisme Agricole
CGES Cadre de Gestion Environnemental et Social
COOPROMAME Coopérative des Producteurs de Maïs de Mengong
COOPROSHA Coopérative des Producteurs de la Haute-Sanaga
CRAAQ Centre de Recherche en Agriculture et Agroalimentaire du Québec
FAO Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture
GIC Groupe d’Initiative Commune
IITA Institut International d’agriculture Tropicale
INSEE Institut National de la Statistique et des Études Économiques
IRAD Institut de Recherche Agricole pour le Développement
MAE Mesures Agro-Environnementales
MINADER Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural
MINEPDED Ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et du
Développement Durable
MINEPAT Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du
Territoire
MINSANTE Ministère de la Santé Publique
NIE Notice d’Impact Environnementale
PFNL Produit Forestier Non Ligneux
OHADA Organisation pour l’Harmonisation en Afrique des Droits des Affaires
PGES Plan de Gestion Environnemental et Social
PGPP Plan de Gestion des Pestes et Pesticides
PIDMA Projet d’Investissement et de Développement des Marchés Agricoles
PNDP Programme National de Développement Participatif
SPSS Statistical Package for social science

2
RESUME

Pour responsabiliser ses coopératives partenaires sur la protection de l’environnement, le


PIDMA organise divers ateliers de formation entre autre, sur la prise en compte des aspects
socio-environnementaux, la gestion des pestes et des pesticides, etc. afin d’initier les petits
producteurs ruraux à l’adoption des bonnes pratiques environnementales au sein de leurs
exploitations agricoles. C’est dans cette perspective que la présente étude se propose d’analyser
les facteurs influençant l’adoption des mesures agro-environnementales dans les exploitations de
maïs des producteurs membres des coopératives AFMABA et COOPROMAME. Elle a pour
objectifs d’évaluer le niveau de connaissance en termes de mesures agro-environnementales
prescrites dans le cadre du projet par les coopérateurs, de déterminer les relations qui existent
entre le manque de support technique et professionnel, les caractéristiques socio-économiques et
le niveau d’applicabilité de ces mesures par les coopérateurs et enfin d’identifier et analyser les
facteurs qui favorisent ou limitent l’adoption desdites mesures. Pour atteindre ces objectifs, un
questionnaire structuré a été administré à 50 producteurs de maïs (21 coopérateurs d’AFMABA
et 29 de COOPROMAME) dans quinze villages des localités de Batchenga (08 villages) et
Mengong (07 villages). Les informations collectées ont été analysées à l’aide du logiciel SPSS
20. Le Cadre de Gestion Environnementale et Sociale (CGES) et le Plan de Gestion des Pestes et
Pesticides (PGPP) ont été utilisés pour évaluer le niveau de connaissance en termes de mesures
agro-environnementales, le test de Khi deux a été utilisé pour déterminer les relations entre le
manque de support technique et professionnel, les caractéristiques socio-économiques et le
niveau d’applicabilité des mesures agro-environnementales par les coopérateurs. L’étude utilise
aussi un modèle de régression logistique binaire en vue d’identifier et analyser les déterminants
de l’adoption des mesures agro-environnementales. Les résultats descriptifs du terrain indiquent
que la majorité (80%) des coopérateurs a bel et bien connaissance de ces mesures
agroenvironnementales car ces derniers ont pris part aux ateliers de formation organisés par le
Projet donc cela ne pourrait être un frein quant au niveau d’applicabilité. Le test de Khi deux a
dévoilé que le niveau d’applicabilité serait lié aux caractéristiques sociales et psychologiques
(perception de la dégradation de l’environnement, type de la main d’œuvre) et économiques
(revenu agricole du producteur, méconnaissance des bénéfices des pratiques proposées), de
l’expertise et du support technique (formation). Le modèle de régression logistique révèle que
l’adoption des mesures agroenvironnementales est associée à la formation (5%) et à la superficie
des champs de maïs (10%).

3
Mots clés : mesures agroenvironnementales, adoption, facteur limitant, coopérative, exploitation
agricole, régression logistique

ABSTRACT

To empower its partner cooperatives on the protection of the environment, PIDMA organizes
various training workshops, among other things, on taking socio-environmental aspects into
account, pest and pesticide management, etc. In order to introduce small rural producers to the
adoption of good environmental practices on their farms. It is in this perspective that this study
proposes to analyze the factors influencing the adoption of agri-environmental measures on the
corn farms of the producers who are members of the cooperatives AFMABA and
COOPROMAME. Its objectives are to assess the level of knowledge in terms of agri-
environmental measures prescribed by the cooperators in the project, to determine the
relationships between lack of technical and professional support, socio-economic characteristics
and Level of applicability of these measures by the cooperators and finally to identify and
analyze the factors which favor or limit the adoption of such measures. To achieve these
objectives, a structured questionnaire was administered to 50 maize producers (21 AFMABA
cooperators and 29 COOPROMAME cooperators) in fifteen villages in the villages of Batchenga
(08 villages) and Mengong (07 villages). The information collected was analyzed using the SPSS
20 software. The Environmental and Social Management Framework (ESMP) and the Pesticides
Management Plan (PGPP) were used to assess the level of knowledge in terms of measures The
chi-square test was used to determine the relationship between lack of technical and professional
support, socio-economic characteristics and the level of applicability of agri-environmental
measures by cooperators. The study also uses a binary logistic regression model to identify and
analyze the determinants of the adoption of agri-environmental measures. Descriptive results
indicate that the majority (80%) of the cooperators are aware of these agri - environmental
measures because they have participated in the training workshops organized by the Project, so
this could not be a brake on the level of " applicability. The chi-square test revealed that the level
of applicability would be related to social and psychological characteristics (perception of
environmental degradation, labor type) and economic (producer income, lack of knowledge of
the benefits of Practices), expertise and technical support (training). The logistic regression
model shows that adoption of agri-environmental measures is associated with training (5%) and
corn field area (10%).

4
Keywords: agri-environmental measures, adoption, limiting factor, cooperative, farm, logistic
regression

INTRODUCTION GENERALE

1) Contexte et justification de l’étude

Au Cameroun, environ 50% de la population vit en milieu rural avec l’agriculture


comme principale activité. Les produits tirés de cette activité servent aussi bien à
l’autoconsommation qu’à l’obtention de revenus monétaires. C’est le cas notamment de
l’agriculture vivrière dont les céréales définissent une part importante (Minader, 2006).
Depuis cette dernière décennie, la culture du maïs au Cameroun tend à devenir une culture
commerciale comme le café ou le cacao car de par son cycle de production court, il procure
des revenus non négligeables aux producteurs (Ntsama et Kamgnia, 2014). Pour Jama et
Gonzalo (2008), le développement agricole se trouve au cœur des stratégies de réduction de la
pauvreté et de la sécurité alimentaire dans la plupart des pays en voie de développement tel
que le Cameroun. Cependant, cette agriculture se trouve confrontée dans certains de ces
pays à plusieurs contraintes dont l’une des plus importantes est le phénomène de la
dégradation des sols qui limite le potentiel de l’agriculture (Serme et al., 2015). Les résultats de
Batamoussi (2015) ont montré un abandon de la jachère par les agriculteurs qui était la meilleure
technique de restauration des sols.

Aujourd’hui, les effets néfastes de l’activité agricole sur l’environnement amènent les
agronomes et les environnementalistes à concevoir des innovations qui permettent de concilier la
protection des ressources naturelles et les enjeux de productivité face à l’augmentation de la
démographie mondiale. Il s’agit d’innovations combinant des outils environnementales tel que
l’évaluation environnementale préalable à l’aménagement des exploitations de maïs des
coopératives, et aussi des outils agronomiques comme l’allongement des rotations des cultures
permettant ainsi d’optimiser la production en limitant l’usage d’intrants chimiques (Roussy,
Ridier et Chaib, 2015). Ainsi, il est généralement admis nécessaire d’améliorer les performances
environnementales de l’agriculture, en renforçant les effets bénéfiques sur l’environnement et en
réduisant les effets néfastes afin de garantir une utilisation durable des ressources naturelles.
Cette durabilité des ressources au sens écologique fait référence à leur préservation au cours de
l’aménagement des exploitations agricoles et à une faible utilisation d’intrants chimiques
(Nonga, 2002).

5
Avec la libéralisation économique, les chances pour développer une agriculture durable
au Cameroun, semblent difficiles à atteindre. Et pour cause, la diversification et l’expansion de
cultures vivrières car les objectifs d’amélioration de la productivité agricole semblent a priori
incompatibles avec les objectifs de la préservation des ressources naturelles. Incompatibilité qui
hypothèque l’efficacité des stratégies de lutte contre la pauvreté (Nonga, 2002).

En réponse à cette nécessité d’améliorer la production nationale, le gouvernement


camerounais à lancer le projet d’investissement et de développement des marchés agricoles
(PIDMA) en 2014 pour une durée de cinq (05) ans. Ce projet financé par la banque mondiale, a
pour objectif d’accompagner les coopératives agricoles dans l’optimisation de la productivité
entre autres celle du maïs. Ceci, d’une part en mettant à leur disposition des variétés améliorées
de maïs qui sont à haut rendement et d’autre part des documents stratégiques dans lesquels sont
prescrites des mesures agro-environnementales. Les objectifs de ces mesures agro-
environnementales tels que définis dans le plan national de gestion de l’environnement volume II
au Cameroun sont à la fois de réduire les impacts négatifs de l’agriculture sur
l’environnement et de promouvoir ses aménités en éradiquant l’utilisation des produits
chimiques non conformes à la réglementation (Minef, 1996). Il a été mis davantage un accent
sur la communication aux agriculteurs d’informations sur les problèmes environnementaux
via l’assistance technique et les actions de vulgarisation, de manière à induire des
changements volontaires dans les pratiques agricoles pour améliorer les résultats au plan
de l’environnement (Vojtech, 2010). Le manque d’informations disponibles sur ces
problèmes environnementaux pourrait engendrer des incertitudes supplémentaires chez les
agriculteurs, qui s’ajoutent aux risques encourus dans le contexte de production actuel (instabilité
des prix du Kg de maïs, contraintes réglementaires, etc) influençant ainsi l’adoption des mesures
agro-environnementales mises sur pied (Binswanger et Sillers 1983 ; Pannell et al. 2003 ;
Couture, Reynaud et al. 2010). Si ces mesures sont perçues comme plus risquées par les
coopérateurs, elles ne seront pas adoptées. Une multitude de travaux sur le comportement
d’adoption des mesures agro-environnementales ont été effectués par plusieurs auteurs entre
autres Dupraz (2003) ; Michaud, Ruyet et Beaudin (2009) ; Mitchell (2006) ; Vojtech (2010) ;
etc.

2) Problématique

6
L’évolution de l’agriculture vers un mode de production plus intensif a permis
d’augmenter de façon significative les rendements, mais a également contribué à l’apparition de
divers problèmes environnementaux (Canards illimités Canada, 2008). C’est face à ce constat
alarmant que le gouvernement camerounais à travers son ministère de l’environnement, de la
protection de la nature et du développement durable (MINEPDED) a décidé d’intervenir par une
série de mesures (règlements, programmes, etc.) visant à minimiser les impacts négatifs sur
l’environnement et la santé humaine de cette nouvelle forme d’agriculture (Boutin, 2004). C’est
ainsi qu’en 1996, apparait la loi-cadre sur la gestion de l’environnement qui consiste
principalement à la protection des sols et du sous-sol contre les produits chimiques, les
pesticides et les engrais.

Après 1996, on va assister à la naissance des politiques agroenvironnementales au


Cameroun qui fera la promotion d’une agriculture respectueuse de l’environnement tout en étant
économiquement viable. Plusieurs moyens ont été utilisés pour promouvoir ces politiques
comme la réglementation, l’élaboration de divers programmes gouvernementaux, la
sensibilisation, la formation, la recherche et les incitatifs financiers (Boutin, 2004). C’est dans
cette optique qu’évolue le PIDMA afin de mieux encadrer ses coopératives agricoles dans leurs
différentes activités. Le but étant de booster la productivité en maïs mais aussi de favoriser
l’adoption des mesures ou pratiques agroenvironnementales par les producteurs agricoles. Ces
mesures sont définies comme une vaste gamme de pratiques contribuant au développement
durable de l'agriculture. Ces pratiques sont appelées « pratiques agroenvironnementales » ou plus
simplement, « bonnes pratiques» (Minepded, 2011).

Le PIDMA a tenu compte des réglementations environnementales mises sur pieds par le
gouvernement camerounais et celles recommandées par la banque mondiale lors de l’élaboration
des documents stratégiques (cadre de gestion environnemental et social et le plan de gestion des
pestes et pesticides) mises à la disposition des coopératives. Ces documents illustrent différents
types de pratiques ou mesures agro-environnementales. Parmi elles, on a les mesures visant la
réduction et la gestion adéquate des pesticides comme le désherbage mécanique, la lutte intégrée
ou le dépistage ; les mesures visant à empêcher la mise en œuvre des projets agricoles ayant un
fort impact sur l’environnement comme l’évaluation environnementale ; etc. Face à cette
stratégie, il se pose la problématique de l’adoption des mesures agro-environnementales par les
agriculteurs (Sunding et Zilberman, 2001). En effet, une multitude de facteurs expliquent les
choix des agriculteurs quant au respect de ces mesures principalement les incitations

7
économiques qui exercent une grande influence sur le comportement des agriculteurs
(Vojtech, 2010).

Ainsi, dans une perspective d’adoption des mesures agro-environnementales par les
producteurs de maïs, l’on s’interroge sur les facteurs influençant l’adoption des mesures agro-
environnementales dans les exploitations de maïs des coopératives bénéficiaires du PIDMA : cas
des coopératives AFMABA et COOPROMAME des localités respectives de Batchenga et
Mengong. Plus spécifiquement, il s’agira d’apporter les éléments de réponses aux questions
suivantes :

 Quel est le niveau de connaissance en termes de mesures agro-environnementales


prescrites dans le cadre du projet par les coopérateurs ?
 Quelles relations existent-ils entre le manque de support technique et professionnel, les
caractéristiques socio-économiques et le niveau d’applicabilité des mesures agro-
environnementales par les coopérateurs ?
 Quelles sont les facteurs qui favorisent ou limitent l’adoption des mesures agro-
environnementales dans les champs ?

3) Objectifs de l’étude

L’objectif principal de cette étude est de relever les différents facteurs influençant
l’adoption des mesures agro-environnementales prescrites par le PIDMA dans les coopératives
maïs bénéficiaires. Il s’agit de comprendre le comportement d'un agriculteur confronté à
l’obligation d’appliquer des mesures agro-environnementales et de mettre en évidence les
éléments qui interviennent dans sa décision. De façon spécifique, l’étude vise à:

 Evaluer le niveau de connaissance en termes de mesures agro-environnementales


prescrites dans le cadre du projet par les coopérateurs ;
 Déterminer les relations qui existent entre le manque de support technique et
professionnel, les caractéristiques socio-économiques et le niveau d’applicabilité des
mesures agro-environnementales par les coopérateurs ;
 Identifier et analyser les facteurs qui favorisent ou limitent l’adoption des mesures agro-
environnementales dans les exploitations de maïs.

8
4) Hypothèses de l’étude

L’hypothèse principale de cette étude stipule que certains facteurs influencent


l’applicabilité des mesures environnementales prescrites par le PIDMA. Plus spécifiquement,

 Le niveau de connaissance en termes de mesures agro-environnementales n’est pas un


frein à la prise en compte desdites mesures ;
 Ils existent des relations entre le manque de support technique et professionnel, les
caractéristiques socio-économiques et le niveau d’applicabilité des mesures agro-
environnementales par les coopérateurs ;
 Certains facteurs favorisent ou limitent effectivement l’adoption des mesures agro-
environnementales dans les champs.

5) Résultats attendus de l’étude

A la fin de cette étude, les résultats attendus sont:

 Les mesures agro-environnementales les plus adoptées et celles qui le sont le moins par
les coopérateurs sont définies ;
 Les principaux facteurs ayant une influence relative sur l’adoption des mesures agro-
environnementales par les producteurs dans le cadre du PIDMA sont déterminés ;
 Les moyens pour encourager l’adoption desdites mesures sont déterminés.

6) Intérêt de l’étude
Le PIDMA après sélection des coopératives, organise à travers son spécialiste socio-
environnemental des ateliers de formation. Ces ateliers ont pour but d’informer et de sensibiliser
les coopérateurs sur le respect de la réglementation environnementale nationale et des politiques
de sauvegarde environnementale et sociale de la Banque mondiale au cours de leurs activités
culturales. Cette étude présente dès lors un intérêt sur plusieurs plans.

6.1 Sur le plan scientifique:

Au Cameroun, peu de travaux ont été consacrés sur la prise en compte des facteurs
pouvant influencer l’applicabilité de la réglementation environnementale dans les exploitations
agricoles principalement celles des cultures vivrières. Ainsi, cette étude contribuera à enrichir la

9
base de données scientifiques par les informations exploitables en vue d’une meilleure visibilité
lors de l’élaboration des normes environnementales.

6.2 Sur le plan pratique :

La présente étude permettra de :

 Avoir un certain nombre d’information sur les facteurs déterminant la non adhésion à
certaines mesures environnementales par les producteurs de maïs et en particulier ceux
bénéficiaire du PIDMA.
 Développer des stratégies encore mieux adaptées prenant en compte ces facteurs afin de
les accompagner dans l’applicabilité desdites mesures.
 Cibler les efforts fournis par les coopérateurs et de renforcer l’efficacité et l’efficience
des moyens et des actions qu’entreprennent les spécialistes du PIDMA afin d’atténuer
les effets sur l’environnement et la santé humaine.
6.3 Sur le plan personnel
Cette étude permet de mettre en application les connaissances théoriques acquises durant
le cursus académique, surtout qu’elle est réalisée dans un projet hors du commun. Elle a permis
d’informer, de sensibiliser et surtout de conscientiser les petits producteurs ruraux sur les effets
négatifs que peuvent avoir leur activité sur l’environnement et leur santé. Mieux encore, elle a
permis une contribution et participation dans la prévention et préservation de l’environnement.

7) Organisation du mémoire

Le présent mémoire s’ouvre avec une introduction générale dans laquelle ressort le
contexte, la problématique, les objectifs, les hypothèses et l’intérêt de l’étude. Par la suite sont
présentés les chapitres suivants :

 Le chapitre 1, consacré à la clarification conceptuelle, la présentation du cadre


juridico-institutionnel et une revue de la littérature;
 Le chapitre 2, qui précise la présentation du lieu de stage en lien avec le sujet , la
présentation de la zone d’étude et enfin la méthodologie utilisée en fonction de chaque
objectif spécifique pour collecter et analyser les données ;
 Le chapitre 3 où sont présentés, analysés et interprétés les résultats et une discussion
de ceux-ci ; cette partie se terminera par des recommandations ;
 Une conclusion générale résumant l’ensemble du travail, suivi des recommandations de
l’étude aux parties prenantes.

10
CHAPITRE 1 : APPROCHE CONCEPTUEL, CADRE JURIDICO-
INSTITUTIONNEL ET REVUE DE LA LITTERATURE

Ce chapitre porte essentiellement sur trois parties. On a d’abord la clarification des


concepts. Ensuite la présentation du cadre réglementaire sur lequel s’appuie cette étude. Et enfin
la revue de la littérature existante en relation avec le thème de l’étude.

1.8. Définition des concepts

Pour les besoins de la recherche, il est jugé nécessaire de préciser ou de clarifier le sens
de certains concepts clés pour une meilleure compréhension de l’étude.

1.8.1 Coopérative agricole

D’après la loi n° 92/006 du 14 août 1992 relative aux sociétés coopératives et aux
groupes d'initiative commune, une société coopérative se définit comme un groupe de personnes
physiques et/ou morales qui s'associent librement pour atteindre des buts communs par la
constitution d'une entreprise dirigée de manière démocratique et à laquelle elles sont liées par un
contrat qui fixe notamment les règles: de leur activité avec cette organisation ; de répartition
équitable de son capital ; de participation aux fruits et aux risques liés à ladite activité.

Pour la FAO (2012), une coopérative agricole est un type d’entreprise à vocation sociale
portée par deux objectifs principaux: satisfaire les besoins de ses membres et faire des bénéfices
tout en assurant sa pérennité.

La définition la plus complète qui servira de feuille de route dans ce travail est celle de
l’acte uniforme OHADA du 15 décembre 2010. Cette dernière stipule en son article 4 et 6 que,
une société coopérative est un groupement autonome de personnes volontairement réunies pour
satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs, au moyen
d’une entreprise dont la propriété et la gestion sont collectives et où le pouvoir est exercé
démocratiquement et selon les principes coopératifs que sont :

 l’adhésion volontaire et ouverte à tous ;


 le pouvoir démocratique exercé par les coopérateurs ;
 la participation économique des coopérateurs ;
 l’autonomie et l’indépendance ;
 l’éducation, la formation et l’information ;
 la coopération entre organisations à caractère coopératif ;

11
 l’engagement volontaire envers la communauté.

La société coopérative peut, en plus de ses coopérateurs qui en sont les principaux
usagers, traiter avec des usagers non coopérateurs dans les limites que fixent les statuts et toute
discrimination fondée sur le sexe ou sur l’appartenance ethnique, religieuse ou politique est
interdite.

1.8.2 Exploitation agricole

Pour la FAO (1995), une exploitation agricole est une unité économique de production
agricole soumise à une direction unique et comprenant tous les animaux qui s’y trouvent et toute
la terre utilisée, entièrement ou en partie, pour la production agricole, indépendamment du titre
de possession, du mode juridique ou de la taille. La direction unique peut être exercée par un
particulier, par un ménage, conjointement par deux ou plusieurs particuliers ou ménages, par un
clan ou une tribu ou par une personne morale telle que société, entreprise collective, coopérative
ou organisme d’état.

D’après l’INSEE (2016), l'exploitation agricole dans un recensement agricole est définie
comme une unité de production remplissant les trois critères suivants : produire des produits
agricoles ; avoir une gestion courante indépendante ; atteindre un certain seuil en superficie, en
production ou en nombre d'animaux. Ce seuil est défini ainsi : une superficie agricole utilisée au
moins égale à un hectare ; ou une superficie en cultures spécialisées au moins égale à 20 hectares
; ou une activité suffisante de production agricole, estimée en cheptel, surface cultivée ou
volume de production.
La définition adapté pour cette étude est celle de la chambre d'agriculture des pêches de
l'élevage et des forêts du Cameroun qui définit une exploitation agricole comme une unité
économique qui participe à la production agricole et qui répond aux critères suivants : elle a une
activité agricole soit de production, soit de maintien des terres dans de bonnes conditions
agricoles et environnementales et respecte une certaine dimension (1 hectare de surface agricole
utilisée ou 20 ares de cultures spécialisées).

1.8.3 Facteur limitant ou influençant

D’après le dictionnaire français Larousse, un Facteur limitant est un " facteur qui, par sa
valeur trop faible ou trop élevée, empêche ou restreint à lui seul l'accomplissement d'une

12
fonction physiologique ou l'implantation d'un être vivant dans un milieu, alors que tous les autres
facteurs sont favorables".

Selon la loi du minimum établie par Justus Von Liebig (1840), Un facteur limitant
désigne un facteur écologique dont la carence entrave ou empêche un phénomène biologique ou
la vie d'une espèce. Un facteur limitant est donc un facteur écologique dont l'absence ou la faible
intensité empêche la pleine croissance d'un organisme, d'une population. Exemple : le rendement
d'une culture dépend uniquement de l'élément nutritif dont la quantité vient à manquer ou encore
la croissance des végétaux n'est possible que si tous les éléments minéraux sont présents en
quantité suffisante dans le sol.

Dans le cadre de cette étude, on ressortira les différents facteurs qui pourront influencer
l’adoption des mesures agro-environnementales. Ainsi un facteur limitant peut être physique ou
biologique.

1.8.4 Adoption

L'adoption d'une mesure ou d’une innovation est une décision permettant la pleine
utilisation d'une idée nouvelle comme seule voie favorable pour résoudre un problème (Rogers,
1983). Cette définition montre que l'adoption est consécutive à une prise de décision, mais elle
n'indique pas le siège de ce processus de prise de décision. Ainsi, selon Van Den Ban et al.
(1994) l'adoption est un processus mental qui commence depuis le premier contrat de l'individu
avec l'innovation, jusqu'à l'étape de rejet ou d'acceptation. A partir de cette définition, les
chercheurs ont conceptualisé l'adoption comme étant un processus qui se produit dans le temps et
qui consiste en une série d'actions. Rogers (1983) et Adams (1982) ont distingué cinq (05)
phases dans cette série :

 la connaissance qui est la phase d'information ;


 la phase d'intérêt où l'individu développe une envie active à avoir plus d'information sur
l'innovation ;
 la phase d'évaluation où l'individu compare l'innovation aux pratiques existantes et ses
exigences à sa situation actuelle ;
 la phase d'expérimentation où l'individu essaie l'innovation à petite échelle pour voir de
façon pratique ses performances ;
 la phase d'adoption où l'individu utilise de façon continue et à grande échelle l'innovation
avec satisfaction.

13
Ainsi, l’adoption d’une mesure ou d’une innovation est une décision mentale qui
s’achemine par une prise de décision.

1.8.5 Mesures agro-environnementales (MAE)

 Environnement

D’après la loi n° 96/12 du 05 août 1996 portant loi-cadre relative à la gestion de


l’environnement, l’environnement est un ensemble d’éléments naturels ou artificiels et des
équilibres biogéochimiques auxquels ils participent, ainsi que les facteurs économiques, sociaux
et culturels qui favorisent l’existence, la transformation et le développement du milieu, des
organismes vivants et des activités humaines.

 Mesures agro-environnementales (MAE)

Selon le site Agriculture et Développement Rural (2016), les mesures agro-


environnementales sont un élément essentiel du dispositif prévu pour intégrer les préoccupations
environnementales à la politique agricole du Cameroun. Elles visent à encourager les
agriculteurs à protéger et à valoriser l'environnement en les rémunérant pour la prestation de
services environnementaux.

Le système de mesures agro-environnementales est une des principales réponses aux


demandes de la société en faveur d'une agriculture plus respectueuse de l'environnement. Il met
l'accent sur l'agriculture et le pâturage extensifs, la variété des espaces naturels et les techniques
écologiques adaptées aux spécificités régionales. Les paiements agro-environnementaux incitent
les agriculteurs à adopter des techniques d'exploitation et des niveaux de production ayant des
effets positifs sur l'environnement sans se focaliser sur la rentabilité. Exemple d'engagements
agro-environnementaux à l’échelle national ou régional: une gestion agricole intégrée et une
agriculture biologique.

D’après le site de la Chambre d’Agriculture du Cameroun, Les MAE sont apparues en


2007 et modifiées en 2015 dans le cadre de la réforme de la politique agricole camerounaise.
Elles sont des contrats volontaires d'une durée de 5 ans entre l'Etat et les agriculteurs. Les MAE
visent à encourager des pratiques qui servent des objectifs environnementaux tels que la
préservation de la qualité de l'eau et de la biodiversité. Elles concernent notamment la gestion de
la fertilisation, le retard de fauche des prairies, l'ajustement de la pression du pâturage ainsi que
la remise en herbe de terres arables et la réduction des traitements phytosanitaires.

Il existe actuellement trois grands types de MAE :


14
 les MAE de conservation de la biodiversité génétique (protection des races menacées,
apiculture)
 les MAE systèmes : systèmes herbagers, grandes cultures, polyculture - élevage, zone
intermédiaire. Les mesures dépendent de certains critères d'éligibilité et de zonage.
 les MAE localisées : zone natura 2000 (préservation de la diversité biologique), zone de
captage.

En résumé les MAE sont un ensemble d’éléments permettant d’encourager et de


compenser financièrement l’agriculteur du manque à gagner occasionné par la contractualisation
de mesures respectueuses de l'environnement. Dans cette étude, il s’agit des MAE de
conservation.

1.9 Cadre juridique et institutionnel de la gestion de l’environnement dans le cadre


des projets agricoles au Cameroun

Avant la mise en place de la réglementation écrite, la gestion des exploitations agricoles


au sein des communautés était régie par la réglementation traditionnelle dont les chefs de
villages. Ces derniers étaient garants de l’application et ceci a permis une pérennisation des
ressources naturelles. De nos jours, ces exploitations sont régies par un arsenal de textes
législatifs et encadrées par des institutions.

1.9.1 Cadre juridique

1.9.1.1 Conventions internationales ratifiées par le Cameroun dans le domaine de


l’environnement relatifs aux projets agricoles

Plusieurs conventions internationales inhérentes au développement durable de l’agriculture et à


la protection de l’environnement ont été ratifiées par le Cameroun (tableau 1.1).

15
Tableau 1.1 : synthèse des textes internationaux régissant la gestion des projets agricoles
au Cameroun

Conventions, accords, traités Objet et pertinence dans le cadre de Date de


ce projet ratification par
le Cameroun

Convention de Rotterdam du 10 Elle définit les politiques relatives à la 20 mai 2002


septembre 1998 sur la procédure de gestion des produits chimiques et
consentement préalable à certains pesticides dangereux et à la préservation
produits chimiques et pesticides du sol et sous-sol.
dangereux qui font l’objet d’un
commerce international

Convention cadre de Rio de Janeiro du elle vise à stabiliser la concentration de 19 Octobre 1994
04 juin 1992 concernant les gaz à effet de serre dans l’atmosphère à
changements climatiques un niveau qui empêche toute
perturbation produite par les activités
agricoles

La convention ratifiée au niveau sous Elle a pour principal objectif Le 25 juillet


régional le Comité des Pesticides l'assainissement de la production 2012
d’Afrique Centrale (CPAC) le 11 Mars agricole en vue de protéger la santé
2007, à N’Djamena humaine et l'environnement

Convention cadre de Vienne du 22 Elle vise la promotion des mesures 30 Aout 1989
mars 1985 pour la protection de la appropriées pour protéger la santé de
couche d’ozone l’homme et de l’environnement contre
les effets néfastes résultant des activités
humaines.

Source : Tchoua, 2017

1.9.1.2 Cadre juridique national

Dans sa politique de développement d’une agriculture durable, le Cameroun s’est doté


d’un ensemble de textes réglementaires qui orientent l’utilisation des terres à des fins agricoles.
Ainsi, sur le plan juridique, la gestion de l’environnement dans le domaine agricole au Cameroun
est encadrée par une diversité de lois, décrets, arrêtés, décisions et ordonnances dont les plus
significatifs sont :

16
 La loi n°96/12 du 5 août 1996 portant Loi-cadre relative à la gestion de l’environnement
Cette loi en son article 36 alinéa (1) stipule que le sol, le sous-sol et les richesses qu'ils
contiennent, en tant que ressources limitées, renouvelables ou non, sont protégés contre
toutes formes de dégradation et gérées conjointement et de manière rationnelle par les
administrations compétentes. L’alinéa (2) de cette même loi fixe : les conditions
particulières de protection destinées à lutter contre la désertification, l'érosion, les pertes
de terres arables et la pollution du sol et de ses ressources par les produits chimiques, les
pesticides et les engrais; la liste des engrais, des pesticides et autres substances
chimiques dont l'utilisation est autorisée ou favorisée dans les travaux agricoles; les
quantités autorisées et les modalités d'utilisation afin que les substances ne portent pas
atteinte à la qualité du sol ou des autres milieux récepteurs.
 La loi n°92/006 du 14 août 1992 relative aux sociétés coopératives et aux groupes
d'initiative commune (GIC), en remplacement de la loi n°73/15 du 07 décembre 1973
portant statut des sociétés coopératives. C’est ainsi qu’en 1992, la loi n° 92/006 et le
décret n° 92/455 PM sont promulgués pour redéfinir la nouvelle coopérative et les
groupes d’initiatives communes. Elle rompt avec l’ancienne formule qui impliquait
le gouvernement dans la gestion des coopératives pour instaurer un système de
gestion par les membres de manière démocratique. A sa suite, les Etats parties à
l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique des Droits des Affaires (OHADA)
adoptent le 15 décembre 2010 à Lomé l’acte uniforme relatif au droit des sociétés
coopératives en effet, cette acte dans son article 6, dispose que la société coopérative
est constituée et gérée selon les 7 principes coopératifs universellement reconnus.
En son article 08, cette acte stipule que «la société coopérative est composée de
coopérateurs qui, unis par le lien commun sur la base duquel la société a été créée,
participent effectivement et suivant les principes coopératifs, aux activités de ladite
société et reçoivent en représentation de leurs apports des parts sociales».
L’article 74 précise que «toute société coopérative doit être immatriculée au Registre des
Sociétés Coopératives institué dans chaque Etat Partie». Le PIDMA travaille uniquement
avec les coopératives ayant leur certificat d’immatriculation.
 La loi n° 2003/003 du 21 avril 2003 portant protection phytosanitaire son article 19 (1)
stipule que: les traitements chimiques doivent être exécutés en respect des bonnes
pratiques agricoles édictées par l'autorité compétente, afin de préserver la santé humaine
et animale et de protéger l'environnement des dangers provenant de la présence ou de
l'accumulation de résidus de produits phytosanitaires.
17
L’article 21 alinéa (1) de cette même loi stipule que seuls les produits phytosanitaires
homologués ou bénéficiant d'une autorisation provisoire de vente doivent être importés,
distribués, conditionnés ou utilisés au Cameroun.
Les mesures agro-environnementales prescrites aux coopératives dans le cadre du
PIDMA intègrent dans sa totalité cette loi.
 Loi n°2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes.
Conformément au Décret n°2012/0882/PM du 27 mars 2012 fixant les modalités
d’exercice de certaines compétences transférées par l’État aux communes en matière
d’environnement, l’article 6 de ce décret stipule que, la commune veille à ce que les
promoteurs de projets ou établissements /installations de faible envergure, qui ne sont pas
assujettis à une étude d’impact environnemental ou à un audit environnemental, mais qui
pourraient avoir des effets négligeables sur l’environnement, réalisent une notice
d’impact environnemental (NIE). Les projets agricoles financés par le PIDMA sont ceux
soumis à une NIE. Le PIDMA travaille en collaboration avec les communes qui
veilleront à la réalisation de cette NIE. Cette dernière est une forme d’évaluation
environnementale faisant parti des dites mesures agro-environnementales.
 Décret n°92/455/PM du 2 novembre 1992 fixant les modalités d’application de la loi
n°92/006 du 14 août 1992 relative aux sociétés coopératives et aux groupes d’initiative
commune ;
 Décret n° 2005/0772/PM du 06 Avril 2005 fixant les conditions d’homologation et de
contrôle des produits phytosanitaires ;
 Décret n°2012/0882/PM du 27 mars 2012 fixant les modalités d’exercice de certaines
compétences transférées par l’État aux communes en matière d’environnement.

1.9.2 Cadre Institutionnel

D’après le décret n° 2011/410 du 09 décembre 2011 portant organisation du Gouvernement


Camerounais, plusieurs départements ministériels exercent une compétence sur la gestion de
l’environnement en particulier dans le domaine agricole. Les principaux sont :

 Ministère de l’environnement, de la protection de la nature et du développement


durable (MINEPDED), à travers le Secrétariat Permanent à l’Environnement (SPE), a
pour rôle spécifique l’élaboration et le suivi de la politique nationale dans le domaine de

18
l’environnement. Il assure la supervision et l’évaluation des études environnementales, le
suivi et la mise en œuvre des plans de gestion environnementale, etc.
Le MINEPDED met également en place des politiques agricoles (y compris le suivi et la
mise en œuvre nationale des grandes conventions relatives à l’environnement). Il
participe à la gestion, à la protection et à la restauration de l'environnement tout en
veillant à son contrôle.
 Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (MINADER), assure la tutelle
du PIDMA et des structures de développement en milieu rural. Il est chargé de
l'élaboration de la réglementation et des normes, ainsi que du contrôle de leur
application ; et assure la protection phytosanitaire des végétaux.
 Ministère de la Santé Publique (MINSANTE), est chargé de la mise en œuvre de la
politique du gouvernement en matière de santé publique dans les domaines de
l’assainissement de l’environnement, de la surveillance sanitaire des exploitations
agricoles, et de l’éducation à la salubrité de l’environnement.
 Collectivités territoriales décentralisées : Communes
En matière d’environnement, des compétences ont été transférées aux collectivités
locales par Décret n°2012/0882/PM du 27 mars 2012 fixant les modalités d’exercice de
certaines compétences transférées par l’État aux communes. Conformément à ce décret :
 La commune délivre à tout promoteur ou établissement assujettis à la procédure de la
NIE une attestation de conformité environnementale de son projet ou de son
établissement, après avis conforme du responsable régional des services déconcentrés
de l’Administration en charge de l’environnement (article 9(1)).
 Elle assure la surveillance administrative et technique de toute activité qui fait l’objet
d’une NIE en collaboration avec les services déconcentrés du ministère en charge de
l’environnement. Cette surveillance porte sur la mise en œuvre effective du plan de
gestion environnemental (PGE) inclus dans la NIE et fait l’objet d’un rapport
conjoint. La commune reçoit du promoteur un rapport semestriel sur la mise en œuvre
de ce PGE (article 9(2)).
Dans le cas présent, ce sont les communes de Batchenga et Mengong qui sont chargés
d’assurer la surveillance administrative et technique de toute activité agricole faisant
l’objet d’une NIE.
 Partenaires techniques et financiers

19
 La Coopération Chinoise participe au Projet d’Investissement, et de
Développement des Marchés Agricoles par la fourniture d’assistance technique
notamment en matière de transfert de technologies agricoles conjointement avec
l'Institut International d'Agriculture Tropicale (IITA) et l'Institut de Recherche
Agricole pour le Développement (IRAD) sur la base des technologies disponibles.
Ces deux institutions de recherche mettront en œuvre les mesures liées à la
gestion des pestes et pesticides en assureront le suivi interne.

1.11 Revue de la littérature

1.11.1 Facteurs influençant l’adoption des pratiques environnementales

Cette partie présente une revue de la littérature concernant les facteurs qui limitent
l’adoption de comportements ou de méthodes bénéfiques pour l’environnement chez les
producteurs agricoles Plusieurs auteurs ont étudié le comportement des individus face à la
protection de l’environnement. La majorité de ces auteurs s’entendent pour dire que si le choix
d’adopter un comportement plus écologique se présente, les individus vont généralement choisir
les alternatives les plus avantageuses pour eux et celles qui demandent le moins d’effort (Steg et
al., 2008). Les axes d’influence qui seront étudiés dans la section suivante sont : les facteurs
économiques, psychologiques et sociaux et, l’expertise et le support technique.

a) Les facteurs économiques

La rentabilité est une préoccupation constante pour un producteur agricole. Elle est
d’autant plus précaire dans un système où le prix des aliments est continuellement en fluctuation
et les pressions de production de plus en plus élevées. En effet, la production agricole est très
sensible aux signaux des marchés, car les agriculteurs tentent d’augmenter les recettes et de
réduire les coûts (Vojtech, 2010). Les facteurs économiques ont une grande influence sur la prise
de décision d’un agriculteur.

La majorité des auteurs qui ont étudié cette question abondent dans ce sens et mettent en
tête de liste les considérations économiques comme barrière à l’adoption de bonnes pratiques
agroenvironnementales au champ (Mitchell, 2006; Michaud et al., 2009). Parmi ces contraintes
on retrouve : les coûts élevés de la mise en œuvre de la pratique ; l’absence ou manque de
financement ; la superficie des champs de maïs ; le temps à allouer pour la mise en œuvre ; le
revenu agricole du producteur et les sources de revenu du producteur.

20
b) Facteurs sociaux et psychologiques

L’influence des facteurs sociaux et psychologiques, au moment de la prise de décision,


est complexe à comprendre et à analyser. Il est en effet difficile d’évaluer l’impact de ces
facteurs sur l’individu, car souvent plusieurs agissent simultanément selon différents gradients
d’intensité. Les facteurs sociaux et psychologiques qui seront discutés dans cette partie sont :
l’âge du producteur ; le sexe du producteur ; situation matrimoniale ; le niveau d’éducation ; le
type de la main d’œuvre ; la perception de la dégradation de l’environnement et la
méconnaissance des bénéfiques des pratiques proposées.

Une revue de la littérature effectuée par Mitchell (2006) a démontré l’absence de


consensus entre les auteurs qui ont étudié l’influence de ces paramètres démographiques auprès
des producteurs agricoles. Ainsi, même si des corrélations avaient été démontrées entre certaines
variables, d’autres auteurs ont prouvé le contraire. En somme, il est difficile de tirer des
conclusions généralistes sur le comportement d’un groupe d’individus peu homogène sur la base
de critères tels que l’âge, le sexe, le type de la main d’œuvre, etc. Une approche spécifique à
chaque producteur agricole qui prend en compte les caractéristiques du milieu dans lequel il
évolue semble davantage prometteuse pour favoriser l’adoption de bonnes pratiques
environnementales (CRAAQ, 2007).

Les pressions sociales du milieu peuvent également influencer négativement un individu


(Pruneau, 2006). Par exemple, un producteur agricole peut ne pas adopter une bonne pratique si
elle est mal perçue dans son entourage.

c) Expertise et support technique

La présence d’un soutien technique, de type accompagnement, pour mettre en place certaines
mesures plus exigeantes est certainement un facteur qui favorise positivement l’adoption de
bonnes pratiques. Il apparait que les producteurs agricoles qui sont membres d’une organisation
(Coopérative ; GIC ; etc.) sont généralement plus sensibles aux problématiques
environnementales que ceux non membres (Richer et al., 2005) car ces organisations ont souvent
comme mandat, entre autres, de sensibiliser et d’éduquer leurs membres par le biais de
formations, colloques, ateliers, démonstrations, etc. (ibid.).

1.11.2 Politiques de sauvegarde environnementale de la banque mondiale

Le PIDMA est conjointement financé par la Banque Mondiale et le Cameroun, il appelle


donc la prise en compte des politiques opérationnelles de la Banque. Pour ce qui est de la

21
gestion des pesticides c’est l’OP 4.09 qui s’applique. Pour aider ses emprunteurs à
combattre les organismes nuisibles à l’agriculture ou à la santé publique, la Banque
privilégie une stratégie qui encourage l’utilisation des méthodes biologiques ou
environnementales et limite le recours aux pesticides chimiques de synthèse.

 Politique de Sauvegarde OP/BP 4.09 : Lutte antiparasitaire

Cette politique appuie les approches intégrées sur la lutte antiparasitaires. Elle identifie les
pesticides pouvant être financés dans le cadre du projet et élabore un plan approprié de lutte
antiparasitaire visant à traiter les risques. La politique est déclenchée si : (i) l’acquisition des
pesticides ou l’équipement d’application des pesticides est envisagée; (ii) le projet appui une
activité nécessitant l’utilisation des pesticides pouvant créer des effets négatifs sur le milieu.

Cette politique est déclenchée dans la cadre du PIDMA car, à travers sa sous
composante A2 (financement de sous-projets des organisations de producteurs), certaines
activités agricoles notamment la mise en place des pépinières et des champs de maïs, manioc,
sorgho, le stockage et la transformation des produits agricoles, l’équipement agricole, etc.
pourront nécessiter l’utilisation de pesticides, encore que l’un des buts visés par ce projet soit
l’amélioration de la productivité agricole.

Afin de se conformer à cette politique, il a été élaboré concomitamment avec le présent


document, un Plan de Gestion des Pesticides (PGP) pour orienter les actions à prendre en
cas d’utilisation de pesticides (Ere developpement,2014).

1.11.3 Description des mesures agroenvironnementales mises en place par le


PIDMA

Depuis des décennies, les problématiques environnementales étaient beaucoup plus axées
sur les grands projets tels que les projets de construction des routes, de barrage hydroélectrique,
de port en eau profonde, etc. Dans le cadre du PIDMA, ces problématiques sont orientées vers
les petits producteurs ruraux regroupés en coopérative qui ont pour la majorité des faibles
niveaux de revenu et d’éducation et surtout un âge très avancé. Face à ces problématiques, le
projet a mis à la disposition des coopératives deux documents : le Cadre de Gestion
Environnemental et Social (CGES) et le Plan de Gestion des Pestes et Pesticides (PGPP).

Le CGES ressort les différents impacts positifs et négatifs prévisibles en fonction des
activités agricoles financées par le PIDMA et celles des coopérateurs dans les champs. Chaque

22
impact négatif est accompagné des mesures d’atténuation Ce CGES intègre plusieurs mesures
agro-environnementales dont les principales sont résumées dans le tableau 1.2.

Tableau 1.2 : Synthèse des impacts négatifs et mesures d’atténuation par activité

Activités Impacts négatifs mesures

Recours à l’usage des produits Sensibilisation et formation


chimiques (engrais et pesticides) des producteurs
Financement des
dommageables à l’environnement.
sous projets pour les Formations des producteurs
Sources de pollutions/nuisances ou
Politiques sur l’emploi et la sécurité
contamination des sols et des eaux
Opérationnelles de
de surface et de nappe des bassins Respect du plan de zonage
la Banque Mondiale
de production. communal et d’utilisation des
terres
Risque d’infertilité des sols suite à
son acidification et à sa salinisation

Risque de dévastation de grande Sensibilisation des


superficie pour la mise en place des bénéficiaires sur les risques
Facilitation de
exploitations agricoles de très environnementaux encourus
l'accès au
grande taille
financement rural

Risque d’abandon des variétés Sensibilisation des


locales au profit des variétés de producteurs sur la nécessité
Appui aux services
semences dites améliorées, de réserver quelques
publics de base
diffusées à grande échelle parcelles pour les variétés
locales
Réduction de la biodiversité
floristique

Perte de certaines pratiques Accompagnement de toutes


traditionnelles (valeurs culturelles) les actions de transfert de
Amélioration du
technologie des programmes
transfert de Demande croissante en terres
de sensibilisation des
technologie agricole agricoles
producteurs sur les effets
Tendance à l’usage excessif des environnementaux et sociaux
produits chimiques néfaste de son utilisation
inappropriée

Source : Tchoua, 2017

23
Le PGPP ressort les différents insectes nuisibles et ainsi que maladies dominantes du
maïs. Ces deux vices sont accompagnés des mesures intégrées de lutte. Ces mesures agro-
environnementales permettent aux producteurs de maïs non seulement de prendre connaissance
des insectes et des maladies qui peuvent affecter les plants de maïs mais aussi d’effectuer une
lutte intégrée face à ces nuisibles dans leur exploitation agricole. Les tableaux 1.3 et 1.4
résument les propositions de lutte antiparasitaire intégrée.

Tableau 1.3 : synthèse des insectes nuisibles du maïs

Symptômes Méthodes de lutte

La larve de la pyrale du maïs (Ostrinia nubilalis) Lutte biologique par la femelle de trichogramme.
est la cause de diverses pourritures de la tige.

Le ver gris noir (Agrotis ipsilon) coupe les plants Lutte chimique par Décis (15 g/l de
de maïs au ras du sol. deltaméthrine) qui s’utilise à la dose de 0,50 l/ha.

Le ver de l’épi du maïs (Helicoverpa zea) cause Bacillus thuringiensis Spray, une lutte biologique
des dommages souvent concentrés autour de la contre les chenilles.
pointe de l’épi.
Mix de mélasse et d’appât à la pyréthrine et à la
peinture autour de la base des plants de maïs pour
tuer les adultes car ils sortent du sol.

Le chrysomèle des racines (Diabrotica virgifera), Rotation des cultures, maïs/soja.


dont la larve sectionne les racines, incurve les
Contre les larves, utiliser des insecticides de
tiges en col-de-cygne et renverse des plants
synthèse (téflutrine), au moment des semis.
depuis leur base.

L’altise du maïs (Chaetocnema pulicaria) est la Le crapaud est le prédateur naturel de l’altise.
cause de la maladie de Stewart (une brûlure
Mélange de cendre et de chaux appliqué en
bactérienne des feuilles).
poudrage léger sur les jeunes plants.

Purins répulsifs d’ail ou de piments forts.

Source Tchoua, 2017

24
Tableau 1.4 : Synthèse des maladies dominantes du maïs

Symptômes Méthodes de lutte

Le charbon des inflorescences, Éviter les blessures mécaniques et les dommages


l’helminthosporiose fusiforme (Ustilago maydis) causés par les herbicides.
sur épi et le charbon nu (Sphacelotheca reiliana),
Respecter les formules de fertilité équilibrée.
dû à l’agent pathogène (Helminthosporium
turcicum) sont causés par un champignon qui
s’attaque aux épis et tiges en provoquant des
malformations et des poussières noires.

L’Anthracnose du maïs (Colletotrichum Utiliser des variétés résistantes comme meilleurs


graminicola) provoquée par un champignon moyens de lutte contre la forme foliaire de
brûle les feuilles et pourrit la tige. l’anthracnose.

Pratiquer la rotation des cultures.

Fusariose de la tige du maïs (Fusarium sp) causée Enfouir les résidus de récolte (céréales, maïs).
par des champignons (Fusarium graminearum,
Favoriser la rotation des cultures en évitant
Gibberella zeae) provoquant des lésions ou
de cultiver le maïs après le maïs.
tâches externes sombres aux nœuds inférieurs. À
l’intérieur de la tige, le tissu pourri de la moelle
prend une couleur rose saumon.

Source: Tchoua, 2017

1.11.4 Modèle de régression logistique

Plusieurs études empiriques (Nkamleu et Coulibaly, 2000 ; Adésina et al, 2000)


ont étudié l’adoption des innovations agricoles. Diverses méthodes d’analyse ont été
appliquées dont notamment l’utilisation de modèles économétriques. La recension de littérature
sur les études d’adoption permet de distinguer trois types de modèles couramment utilisés pour
analyser la décision d’adopter une technologie ou une mesure agro-environnementale dans le
cadre d’un projet agricole : les modèles de probabilité linéaire, de Logit et de Probit. Dans le
cadre de cette étude, nous allons retenir le modèle Logit comme outil d’analyse car ce modèle
est très souvent utilisé dans la plupart des études d’adoption.

25
La régression logistique est un des modèles multi variables couramment utilisé en
agriculture avec la régression linéaire multiple, la régression de Poisson et le modèle de Cox.
Elle s’utilise lorsque la variable à expliquer (variable dépendante Y) est qualitative, le plus
souvent binaire. Les variables explicatives (variables indépendantes Xi) peuvent être par contre
soit qualitatives, soit quantitatives. La variable dépendante est habituellement la survenue
ou non d’un événement (adoption d’une mesure agro-environnementale ou non) et les variables
indépendantes sont celles susceptibles d’influencer la survenue de cet événement c’est-à-dire
les variables mesurant l’exposition à un facteur de risque ou à un facteur protecteur, ou
variable représentant un facteur de confusion (Preux et al., 2005). L’intérêt majeur de cette
technique est de quantifier la force de l’association entre chaque variable indépendante et la
variable dépendante, en tenant compte de l’effet des autres variables intégrées dans le
modèle (« mesure ajustée ») (Aminot et Damon, 2002 ; Katz, 1999).

Le modèle de régression logistique utilisé pour identifier et analyser les déterminants


de l’adoption des mesures agroenvironnementales dans les exploitations de maïs des producteurs
sera celui binaire. En effet, plusieurs études similaires ont déjà été menées avec comme méthode
d’analyse la régression logistique (Mabah Tene, Havard et Temple, 2013 ; Nounanwa Rock,
2015 ; Yabi, Bachabi et al, 2016). Ces auteurs ont obtenu les résultats suivants :

Mabah Tene, Havard et Temple (2013) ont travaillé sur les déterminants socio-
économiques et institutionnels de l'adoption d'innovations techniques concernant la production
de maïs à l'ouest du Cameroun. Les résultats révèlent que la superficie cultivée en maïs,
l’orientation marchande de la production, le contact avec les services de vulgarisation agricole et
le mode d’accès à la terre sont les facteurs qui déterminent la probabilité d'avoir recours au
paquet technique.

Nounanwa Rock (2015) a analysé les déterminants de l’adoption de la lutte intégrée en


horticulture au Québec. Les résultats montrent que l’information reçue (p<0,0001) et l’incitation
à adopter d’un conseiller indépendant (p=0,001) sont positivement reliées à l’adoption.

Yabi ; Bachabi et al. (2016) ont travaillé sur l’identification des facteurs qui influencent
l’adoption des pratiques culturales de gestion de la fertilité des sols utilisées dans la commune
d’Ouaké (Bénin). Les résultats révèlent que le sexe, le mode de faire-valoir des terres mises en
culture, l’appartenance à un groupement et l’accès à l’engrais minéral ont une influence positive
sur l’adoption de la fumure minérale.

26
Cette étude quant à elle permettra de relever les facteurs qui influenceront positivement
l’adoption des mesures agro-environnementales chez les producteurs de maïs des régions du
Centre et du Sud Cameroun. Et ainsi complètera les résultats des études précédentes.

Ce chapitre portait sur la clarification des concepts clés, les cadres règlementaire et
institutionnel et une revue de la littérature. Les termes tels que coopérative agricole, exploitation
agricole, facteur limitant ou influençant, adoption et mesures agro-environnementales ont été
clarifié en fonction du contexte de cette étude. Les politiques de sauvegarde
environnementale de la banque mondiale et les mesures environnementales et les méthodes de
lutte antiparasitaire intégrée exposées par le PIDMA ont été choisies comme cadre d’analyse
pour ce travail. Les différents facteurs influençant l’adoption des mesures environnementales ont
été exposés. Et en dernier point, la présentation du model de régression logistique qui sera utilisé
pour identifier et analyser les déterminants de l’adoption des mesures agroenvironnementales.

27
CHAPITRE 2 : METHODOLOGIE

Ce chapitre présente le lieu de stage, le choix et la présentation des zones d’étude et,
le matériel et méthodes utilisés pour conduire cette étude.

2.1 Présentation du lieu de stage

Le Projet d’Investissement et de Développement des Marchés Agricoles (PIDMA) est


une initiative conjointe du Gouvernement Camerounais et de la Banque mondiale, avec le
MINADER comme agent d’exécution et le MINEPAT comme agent fudiciaire. Il a pour objectif
de développement de contribuer à la transformation de l’agriculture de subsistance du manioc,
du maïs et du sorgho caractérisée par une faible productivité, en une agriculture commerciale
avec des chaînes de valeurs compétitives dans les cinq (5) zones agro-écologiques du Cameroun.
Le Projet se déploie sur le terrain à travers 04 Unités de Coordination opérationnelles :

 Centre, Sud, Est : Yaoundé


 Littoral, Sud-Ouest : Douala
 Ouest, Nord-Ouest : Bafoussam
 Adamaoua, Nord, Extrême-Nord: Garoua

Les résultats attendus sont : l’augmentation des rendements des spéculations ciblées
(manioc, maïs et sorgho) et l’amélioration de la qualité des produits vendus par les coopératives
bénéficiaires (prix premium). Le projet a comme bénéficiaires directs 300 Coopératives éligibles
représentant 30 000 ménages soit 120 000 bénéficiaires directs dont au moins 50% de femmes
(70% à la fin du projet).

Le stage a été réalisé dans l’unité de coordination Centre-Sud-Est dont les bureaux sont
basés à Yaoundé/Nkolbisson, enceinte CENEEMA.

Le PIDMA compte parmi ses cadres un spécialiste socio-environnemental chargé du


suivi et du respect de la réglementation environnementale nationale et des politiques de
sauvegarde environnementale et sociale de la Banque mondiale déclenchées par le Projet. Pour
responsabiliser les coopératives sur le plan environnemental et social, il organise des ateliers de
formations sur la prise en compte des aspects socio-environnementaux dans les exploitations
agricoles. La participation à deux (02) de ces ateliers l’un à l’Est (Bertoua) et l’autre au Sud

28
(Ebolowa), a permis d’identifier des idées de thèmes de recherche. Ces idées ont été affinées lors
de l’échange avec les coopérateurs et les CAP des deux (02) Coopératives maïs l’une du Sud
(COOPROMAME de Mengng) et l’autre du Centre (COOPROSHA de Nanga-Eboko). D’où la
naissance du thème de recherche : FACTEURS INFLUENÇANT L’ADOPTION DES MESURES

AGROENVIRONNEMENTALES DANS LES EXPLOITATIONS DE MAÏS DES COOPERATIVES BENEFICIAIRES


DU PIDMA : CAS DES COOPERATIVES AFMABA ET COOPROMAME DES LOCALITES RESPECTIVES DE
BATCHENGA ET MENGONG.

2.2 Présentation de la zone d’étude

2.2.1 Choix de la zone d’étude

Le choix de la zone d’étude s’est fondé autour deux (02) départements d’appartenance
des deux coopératives de l’étude, il s’agit de la Lékié, arrondissement de Batchenga région du
Centre pour la coopérative AFMABA et la Mvila, arrondissement de Mengong, région du Sud
pour la coopérative COOPROMAME. Ces deux coopératives ont été choisies en raison de leur
grand bassin de production de maïs et surtout en raison de leur proximité de Yaoundé.

2.2.2 Description de la zone d’étude

2.2.2.1. Localisation géographique

Batchenga est située à 62 kilomètres de Yaoundé, la petite ville est traversée par la route
nationale N°1, construite sous la colonisation allemande, qui fut longtemps la principale voie de
communication reliant le Sud à la partie septentrionale du pays. Il est compris entre les
coordonnées géographiques 4° 17′ 00″ de latitude Nord et 11° 39′ 00″ de longitude Est, avec une
altitude moyenne de 600 m (BUCREP, 2010). Batchenga couvre une superficie de 216 km² et est
limitée à l’Ouest par l’arrondissement de Sa’a ; à l’Est par l’arrondissement d’Edzendouan ; au
Nord par les arrondissements de Mbandjock et Ntui et au Sud par l’Arrondissement d’Obala.

Mengong se trouve dans le plateau Sud du Cameroun et est située à 30 km d’Ebolowa qui
est le Chef-lieu de la Région du Sud; à 20 km de Ngoulemakong sur la Nationale N°2. La
position géographique de Mengong est de 2° 55′ 59″ de latitude Nord et 11° 25′ 01″ de
longitude Est, avec une altitude moyenne de 600 m et couvre une superficie de 683,117 km². La
Commune de Mengong est limitée : au Nord par l’arrondissement de Ngoulemakong ; au sud et
à l’ouest par l’arrondissement d‘Ebolowa II ; et à l’Est par les arrondissements de Sangmelima et
Biwong-Bulu (BUCREP, 2010).

29
30
Source : Tchoua, 2017
Figure 2.1: Localisation géographique des zones d’étude

31
2.2.2.2 Milieu humain

L’arrondissement de Batchenga est composé de seize (16) villages. Au recensement de


2005, on note 15 000 habitants dans cet arrondissement regroupés sur une superficie globale de
216 km² (BUCREP, 2010). Sur le plan ethnique, l’on distingue les Eton (Benyagda et Mvog
Namnye) qui représentent environ 53% de la population, les Batchenga (42%) et les Halogènes
(5%) (ORSTOM, 1966).

Au recensement de 2005, la commune de Mengong avait une population estimée à 41.389


habitants répartis dans 49 villages sur une superficie de 683,117 Km2 (BUCREP, 2010). Sur le
plan ethnique, l’on distingue une (01) seule tribu (Boulou) avec plusieurs lignées à savoir les:
Yembong, Essamane, Yevol, Yemissem, Yekombo, Essamelondo, Essabikoula, Esse,
Yemevong, Yemvak et les Yemfeck. Toutes ces familles entretiennent entre elles de très bonnes
relations et cohabitent dans l’harmonie et le respect mutuel ; malgré quelques heurts liés à des
problèmes fonciers qu’on constate çà et là entre certaines familles. On rencontre également des
groupes allogènes tels que les Bamilekés, et des étrangers (Maliens et Nigérians) (PNDP, 2013).

La culture du maïs est très bien pratiquée par les différentes ethnies de ces localités. Ce
qui pourra faciliter l’adoption des mesures agro-environnementales par ces derniers.

2.2.2.3. Milieu physique

a) Pédologie et sols

Le matériel parental de Batchenga est essentiellement composé de quartzites et de


granites. Deux principaux types de sols se rencontrent dans cette localité à savoir les sols
ferralitiques et les sols hydromorphes. Les sols ferralitiques sont caractérisés par une texture
sablo-argileuse. Sous le couvert forestier, ces sols sont quelques fois argileux, poreux, très
perméables et riches en humus et sont reconnus très fertiles sous ce couvert forestier. Ces sols se
prêtent surtout aux cultures pérennes (cacao, fruitiers, palmier) et aux cultures vivrières. Les sols
hydromorphes se rencontrent essentiellement dans les zones marécageuses et aux abords des
cours d’eau de Batchenga (ORSTOM, 1966).

Les sols identifiés dans la Commune de Mengong sont des sols ferralitiques de couleur
brun-jaune. Ce sont des sols acides caractérisés par une faible teneur en éléments nutritifs. Ils ont
des teneurs en azote très faibles du fait de la dégradation rapide de la matière organique. L’on y
retrouve également des sols hydromorphes situés dans les bas-fonds ainsi que des sols sableux
ou argilo-sableux très pauvres. Ces sols ont une faible valeur agricole et leur mise en valeur

32
nécessite un investissement important. L’utilisation des engrais sur ces sols doit être
accompagnée d’amendements organiques et calciques pour améliorer la rétention des nutriments
et diminuer l’acidité (PNDP, 2013).

Les sols de ces deux régions sont favorables à la culture du maïs mais celui de Mengong
nécessite l’utilisation des amendements organiques pour améliorer la productivité.

b) Climat

La commune de Batchenga subit l’influence d’un climat équatorial de type guinéen à


quatre saisons d’inégales durées : une grande saison sèche de Novembre à mi-Mars ;- une petite
saison pluvieuse de mi-Mars à mi-Juin ;- une petite saison sèche de mi-Juin à mi-Août et -une
grande saison pluvieuse de mi-Août à fin Octobre. La moyenne annuelle des précipitations est de
1577 mm. La température moyenne annuelle est de 25°C avec une amplitude moyenne annuelle
de 2,5°C. Ce climat favorise annuellement la conduite de 2 campagnes agricoles (ORSTOM,
1966).

Le climat dans l’ensemble de la Commune de Mengong est du type équatorial humide


avec quatre saisons réparties de la manière suivante : mi-Août à mi-Novembre : grande saison de
pluies ; mi-Novembre à mi-Mars : grande saison sèche ; mi-Mars à mi-Juin : petite saison de
pluies ; et mi-Juin à mi-Août : petite saison sèche. La Moyenne annuelle des précipitations est de
1577mm avec une température moyenne annuelle est de 25°C et une amplitude moyenne
annuelle de 2,5°C. Ce climat est favorable à deux campagnes agricoles. Cependant cette
répartition des saisons connait des perturbations fréquentes depuis plusieurs années avec tantôt
des saisons sèches plus longues, ou des pluies intempestives perturbant ainsi le calendrier
agricole et d’autres réalisations à portée économiques et socio-environnementale (PNDP, 2013).

Ce climat est très favorable à l’agriculture et principalement à la culture du maïs malgré


des perturbations du calendrier agricole causé par les changements climatiques.

c) Végétation et Flore

Deux grandes formations végétales caractérisent la végétation de Batchenga. Il s’agit de


la forêt galerie (aux abords du fleuve Sanaga et des rivières) et des savanes péri-forestières. Ces
formations végétales sont riches en essences commercialisables, en Produits Forestiers Non
Ligneux (PFNL) et en faune sauvage. Elles sont caractérisées par une abondance de Tectona
grandis. Les principales espèces ligneuses rencontrées localement comprennent entre autres:
l’Ebènier, le Sapelli, le Moabi, le Doussié blanc, l’ayous, le Sipo, le Framiré, le Kosipo, l’Iroko,

33
le fraké, l’Eyong, le Bilinga, le Movingui, le manguier sauvage, le Noisetier, le Bitter cola, le
Djangsang, etc. (ORSTOM, 1966).

La végétation de Mengong est celle de forêt dense équatoriale. Elle appartient aux
formations mixtes semi caducifoliées toujours vertes, présentant des faciès de dégradation le
long de la route à cause de l’occupation et des activités humaines (habitations, cultures de
proximité et réseaux de pistes). Elle est essentiellement constituée de jachères (jeunes ou
anciennes), d’une forêt secondaire et d’une forêt primaire dégradée selon qu’on évolue en
profondeur à l’intérieur de celle-ci. Les jachères (terres forestières dégradées) sont aux abords de
la route et des zones de cultures et d’habitation. Les forêts marécageuses longent les cours d’eau.
La forêt regorge d’une diversité d’essences ainsi que de nombreux produits forestiers non
ligneux entre autres : Djansang, Mbongo, Champignon, Palmier à huile, Andok, Anvout, Moabi,
etc. (PNDP, 2013).

Ces formations végétales regorgent une diversité d’essences en PFNL favorisant la


naissance des activités économiques. Ceci contribuera à limiter la dégradation de
l’environnement.

d) Relief et hydrographie

De par sa proximité au fleuve Sanaga, Batchenga présente un relief peu accidenté et varié
(présence de plaines, de collines et de vallées) avec des pentes comprises entre 0 et 10%
traduisant une faible sensibilité à l’érosion. L’altitude moyenne est de 600 m. Batchenga est
arrosée par le fleuve Sanaga et la rivière Afamba, cours d’eau très poissonneux et à débit
permanent. A côté de ces cours d’eau, l’on note la présence de rivières à régime permanent ou
saisonnier à l’instar de Famna, Avo’o et Nala.

La Commune de Mengong présente un relief peu accidenté et varié (présence de plaines,


de collines et de vallées) avec des pentes comprise entre 0 et 5% traduisant une faible sensibilité
à l’érosion. L’altitude moyenne est de 600 mètres. Le réseau hydrographique est très dense. Il est
composé d’une multitude de rivières et de ruisseaux dont les plus importants et plus visibles le
long des axes routiers sont : Otong-Adjap, Otong-Nkoulou, Memou’ou, Akonlo’o, Seng, Oto-
Ekouk, Oto-Mba, Mone-Memou’ou, etc. La densité du réseau hydrographique montre la
diversité des produits halieutiques. Les espèces les plus rencontrées comprennent entre autres les
siluridae, les claridae, le « poisson-courant » (Malapterurus electricus) etc (PNDP, 2013).

34
Le relief de ces deux localités est peu accidenté et peu soumis à l’érosion ; ce qui favorise
un bon développement de l’agriculture et une faible dégradation du sol.

2.2.2.4. Activités socio-économiques

Les populations de Batchenga s’adonnent à de nombreuses activités économiques. Celles-


ci englobent l’agriculture, l’élevage, la chasse, la pêche, la coupe artisanale du bois et la collecte
des Produits Forestiers non ligneux (PFNL), l’exploitation artisanale du sable et l’agro-industrie.
L’agriculture est la principale activité économique de la localité. Elle occupe près de 90% de la
population active de Batchenga (hommes, femmes et jeunes). Il s’agit ici d’une agriculture de
subsistance caractérisée par des façons culturales archaïques avec un matériel rudimentaire
(houes pioches, daba). Elle a une double fonction : l’auto-consommation et la commercialisation
et est basée essentiellement sur les cultures vivrières, les cultures de rente, les fruitiers et le
maraîchage qui est pratiqué dans les bas-fonds marécageux par les femmes et les jeunes. Les
cultures maraichères sont la tomate, le poivron, le piment, la pastèque, les plantes aromatiques et
le gombo. L’élevage est très peu développé dans la localité. Il s’agit d’un élevage extensif
caractérisé par des cheptels réduits avec la divagation des bêtes. La pêche par contre constitue la
première activité lucrative pour les halogènes maliens installés à Ndji et à Natchigal. Il s’agit
d’une pêche artisanale pratiquée surtout dans le fleuve Sanaga et la rivière Afamba. Le secteur
agro-industriel reste sous développé dans la Commune de Batchenga et se limite à la
transformation du manioc et du maïs en farine avec des moulins ou des machines à main. Cette
farine est destinée à la consommation ou à la commercialisation locale.

Les populations de Mengong s’adonnent à de nombreuses activités économiques :


l’agriculture, l’élevage, la chasse, la pêche, la coupe artisanale du bois et la collecte des Produits
Forestiers non ligneux (PFNL). L’agriculture est l’une des principales activités des populations
de l’espace urbain Communal de Mengong. C’est une agriculture itinérante sur brûlis dont les
produits sont destinés pour l’essentiel à la consommation et à la vente dans les différents
marchés. Elle se pratique sur de petits espaces à cause de la pénibilité des travaux dus à
l’existence de la forêt. Le matériel agricole n’est pas moderne à cause de l’insuffisance des
moyens financiers, ce qui constitue un frein pour le développement de l’agriculture. Du fait de
leur surexploitation et des mauvaises pratiques culturales, les sols perdent de plus en plus leur
fertilité rendant ainsi le secteur peu productif. Les principales spéculations que l’on retrouve
dans l’espace urbain communal sont la banane plantain, le manioc, macabo et les cultures
maraichères. L’élevage et la chasse sont pratiqués de manière traditionnelle et la pêche quant à
elle se pratique dans les différents cours d’eau qui traversent la localité, les lacs et les étangs
35
piscicoles; c’est une pêche artisanale qui se fait à la ligne, à la nasse et par barrage surtout en
période d’étiage. Il existe trois (03) petites unités de transformation du bois dans la localité. La
matière première utilisée provient des zones éloignées ne dépendant pas forcément de la
commune. Le bois ici, est destiné principalement aux constructions, au chauffage et très souvent
au commerce illégal.

L’agriculture est l’activité la plus pratiquée par les populations de ces localités. Ce qui
veut dire que ces populations sont aptes aux travaux agricoles et plus précisément dans la
production du maïs.

2.3 Matériel et méthodes

2.3.1 Matériel

Pour mener à bien cette étude un certain nombre de matériel était nécessaire à savoir :

 Un appareil photo
 Equipement de terrain (bottes, manteau, pantalon)
 Des fiches d’enquêtes

2.3.2 Méthodes de collecte de données

2.3.2.1 Choix et taille de l’échantillon

a. Unité d’analyse

L’unité d’analyse est constituée principalement des producteurs (femmes et hommes) de


maïs bénéficiaire du projet et regroupés en coopératives dans les arrondissements de Batchenga
et Mengong. Ces producteurs habitent dans différents villages des dits arrondissements. Cette
étude s’est effectuée en deux temps : en premier lieu, en enquêtant les producteurs (hommes ou
femmes) de la coopérative AFMABA (Batchenga) et en deuxième, en enquêtant ceux de la
coopérative COOPROMAME (Mengong).

b. Echantillon

Il a été choisi de manière aléatoire et surtout grâce à leur proximité de Yaoundé deux (02)
coopératives maïs sur les quatre (04) que compte l’Unité Régionale de Coordination Centre-Sud-
Est en 2016 dont une à Batchenga (AFMABA) dans le Centre et l’autre à Mengong
(COOPROMAME) dans le Sud. Ces deux (02) coopératives comptent un effectif total de 135
coopérateurs membres inscris dont 88 producteurs de maïs actifs répartis ainsi : 28 coopérateurs

36
membres inscrits à AFMABA dont 22 producteurs actifs et 107 à COOPROMAME dont 66
producteurs actifs.

b.1 Taille de l’échantillon

Compte tenu de la taille de la population qui est de 88 coopérateurs membres actifs et de


la distance qui sépare chaque localité, l’enquête était axée sur un effectif de 50 coopérateurs
dont 56,82% de la population active. L’enquête a été menée dans quinze (15) villages au total
réparti ainsi : huit (08) villages (Emana Benyada, Nkolmekok, Nalassi, Famenassi, Emana-
Batchenga, Balong 2, Nkoayos et 0kongo et Emana) regroupant les producteurs de la coopérative
AFMABA et sept (07) villages (Bilon ; Ato'o-Oveng ; Mamenye ; Essessana ; Nnemeyong I ;
Koungoulou ; Nkoleteto) regroupant les producteurs de la coopérative COOPROMAME (tableau
2.1). La sélection des producteurs enquêtés par coopérative a été effectuée en fonction du
nombre total de producteur que renferme chaque village et de la distance qui sépare un
producteur à l’autre.

Tableau 2.1 : Taille de l’échantillon enquêtée en fonction des localités.

Coopérative Nombre total de Localités enquêtés Agriculteurs enquêtés


(Arrondissement) producteurs actifs

Secteur 1 (Axe Bilon-Minkok) :


Bilon ; Ato'o Oveng ; Mamenye
COOPROMAME
(Mengong) Secteur 2 (Axe lourd) :
66 29
Essessana ; Nnemeyong I

Secteur 3 (Axe Koungoulou vers


Sangmélima) : Koungoulou;
Nkoleteto

Emana Benyada
Nkolmekok
Nalassi
AFMABA 22 Famenassi 21
(Batchenga) Emana-Batchenga
Balong 2
Nkoayos
0kongo et Emana
TOTAL 88 15 50
Source : Tchoua, 2017

37
2.3.2.2 Les types de données et leurs sources

L’ensemble des données utilisées pour cette étude ont été collectées d’Octobre 2016
à Février 2017 et sont de deux sources : les données de sources secondaires et les données
de sources primaires.

a. Les données de sources secondaires

Il s’agit de la recherche documentaire. Cette phase s’est faite à travers l’exploitation des
documents portant sur l’agriculture et l’environnement. Ces données sont aussi bien textuelles
que cartographiques et sont collectées à partir des bibliothèques du CRESA Foret-Bois (anciens
mémoires), du PIDMA et des bibliothèques personnelles de l’encadreur et du superviseur. Des
informations ont également été obtenues sur Internet. Ces documents ont permis d’avoir des
informations sur l’adoption des technologies avec comme outil d’analyse le modèle Logit dans le
monde et au Cameroun en particulier, de rédiger la revue de littérature et d’élaborer des cartes de
synthèse en rapport avec l’environnement des zones d’étude.

b. Les données de sources primaires

Les données primaires sont celles qui ont été collectées directement auprès des
producteurs de maïs de chaque localité. Ceci grâce à des interviews et questionnaires. Le
questionnaire est subdivisé en trois sections :

 Section 1 : Situation socio-économique des producteurs (sexe, âge, niveau d’éducation,


taille du ménage, activités économiques, superficie des champs exploités…) ;
 Section 2 : Niveau de connaissance des mesures environnementales (techniques de
désherbage, effets négatifs des activités sur l’environnement, mesures mises en
pratiques…) ;
 Section 3 : Niveau d’applicabilité des mesures.

2.3.3 Traitement et analyse des données

Les données collectées dans les interviews et les enquêtes ont été saisies, regroupées et
classées selon l’ordre logique des objectifs spécifiques. Les données de sources secondaires ont
été restituées dans les tableaux et les commentaires tandis que les données de sources primaires
ont été collectées sous deux formes : quantitatives et qualitatives. Elles ont été dépouillées et
codifiées manuellement.
Deux types d’analyse des données ont été effectués pour atteindre nos objectifs : les
analyses descriptives et le modèle de régression logistique grâce aux logiciels SPSS (Statistical
38
Package for Social Sciences) version 20.0 et tableur Excel. Le tableau 2.2 décrit le plan
d’analyse statistique en fonction des objectifs de l’étude.
Tableau 2.2 : Plan d’analyse statistique en fonction des objectifs de l’étude.
Objectifs Objectifs Paramètres Traitements
spécifiques opérationnels statistiques

Evaluer le niveau de en posant une série de Questions liées à la rubrique Fréquence,


connaissance en termes question en lien avec les niveau de connaissances des pourcentage, figures
de mesures mesures coopérateurs
agroenvironnementales agroenvironnementales
prescrites dans le cadre prescrites dans le CGES et
du projet par les PGPP afin de dégager le
coopérateurs degré de compréhension
des coopérateurs
Déterminer les relations Cet objectif a été atteint en Age, Sexe, Niveau Khi-carré de Pearson
qui existent entre le comparant le niveau d’éducation, formation,
manque de support d’applicabilité des mesures Suivi nécessaire, Coût de la
technique et en fonctions des mise œuvre de la pratique,
professionnel, les contraintes. Temps à allouer pour la mise
caractéristiques socio- en place, le manque ou
économiques et l’absence de financement,
le niveau d’applicabilité etc.
des mesures
agroenvironnementales
par les coopérateurs
Identifier et Analyser les Identifier et analyser Age, Sexe, Niveau Régression logistique
facteurs qui favorisent Les facteurs favorisant ou d’éducation, formation, binaire
ou limitent l’adoption limitant l’adoption des Suivi nécessaire, Coût de la
de certaines mesures mesures mise œuvre de la pratique,
agroenvironnementales agroenvironnementales Temps à allouer pour la mise
dans les champs en place, le manque ou
l’absence de financement,
etc.

Source : Tchoua, 2017

2.3.4 Réalisation des objectifs

Objectif 1: Evaluer le niveau de connaissance en termes de mesures agro-


environnementales prescrites dans le cadre du projet par les coopérateurs

39
Cet objectif a été atteint en posant une série de question en lien avec ces mesures
environnementales afin de mesurer le niveau d’applicabilité par des coopérateurs. Ces mesures
sont entre autres : utilisation des produits phytosanitaires homologués, lutte biologique, rotation
des cultures, etc.
Objectif 2 : Déterminer les relations qui existent entre le manque de support
technique et professionnel, les caractéristiques socio-économiques et le niveau
d’applicabilité des mesures agro-environnementales par les coopérateurs.
La réalisation de cet objectif se fera à partir d’un test d’indépendance de khi-deux afin de
savoir s’il y a dépendance ou non entre certaines caractéristiques socio-économiques, le
manque de support technique et professionnel et l’application des mesures environnementales.

Objectif 3 : Identifier et analyser les facteurs qui favorisent ou limitent l’adoption de


certaines mesures agro-environnementales dans les champs

Cet objectif a été réalisé en utilisant le modèle de régression logistique binaire. En


effet ce modèle est utilisé lorsque la variable dépendante est qualitative et non continu (Jaza,
2015). Cette variable prendra donc la valeur 1 et 0 pour expliquer l’adoption ou la non-adoption
des mesures agro-environnementales.

a. Justification du modèle de régression logistique

L’objectif est d’identifier les facteurs favorisant ou limitant l’adoption des mesures
agro-environnementales par les agriculteurs membres des coopératives producteurs de maïs. En
effet, lorsque dans une étude la variable dépendante ne peut prendre que deux modalités
(variable dichotomique), la méthode des moindres carrés ordinaires ne peut pas être utilisée.
Ceci à cause de la faiblesse du modèle (le problème d’hétérokedasticité et de la non distribution
de l’erreur, l’estimation des probabilités à l’extérieur de l’intervalle 0 et 1) (Jaza, 2015). Pour ce
type de données, les modèles Logit et Probit peuvent être utilisés et calculés à partir de la
méthode d’estimation du maximum de vraisemblance. Toutefois, dans cette ’étude, c’est le
modèle Logit qui est approprié parce que :

 La taille de l’échantillon est petite (N= 50),


 Dans le modèle Logit, les variables explicatives peuvent être soit continues, soit
qualitatives ou bien les deux (continues et qualitatives). L’étude comporte à la fois les
variables continues et qualitatives, par conséquent, elles peuvent bien être utilisées
dans le modèle Logit pour analyser les facteurs suscitant la non-adoption des
mesures environnementales.

40
Dans les milieux scientifiques, les déterminants de l’adoption d’ordres agronomiques,
économiques, environnementaux ou psycho-sociaux font l’objet de modélisation économétrique.
Ainsi, plusieurs auteurs ont utilisé le modèle Logit dans l'analyse des déterminants de
l’adoption des mesures environnementales : Dupraz (2003), a étudié les mesures agro-
environnementales et la demande de travail agricole dans huit (08) pays de l’UE en se servant du
modèle économétrique reliant ainsi l’adoption d’une ou plusieurs MAE à la demande de travail
agricole à surface égale. De même Groulx-Tellier (2012) a eu recours à ce modèle pour
caractériser les facteurs influençant l’adoption de bonnes pratiques agro-environnementales par
les producteurs de grandes cultures dans le bassin versant de la rivière châteauguay au Quebec.
En outre, Ntsama Etoundi et Kamgnia Dia (2014), dans l’étude des déterminants de l’adoption
des nouvelles variétés de maïs, à l’instar de la « Cameroon Maize Series (CMS) » 8704 au
Centre – Cameroun ont utilisé le modèle économétrique Probit avec instrumentation de
l'appartenance à une organisation paysanne.

En s’inspirant de ces travaux, le modèle Logit a été utilisé pour l'analyse des
déterminants de l’ adoption des mesures agro-environnementales dans les exploitations de maïs
des producteurs bénéficiaires du PIDMA.

b. Formulation mathématiques et justification des variables

Si l’on suppose P la probabilité d’adopter des mesures agro-environnementales ou non et


X une variable indépendante susceptible d’influencer la survenue d’une telle situation, la
formulation du modèle est la suivante (Jaza, 2015):

P
Y = logit (P) = ln (1−P ) = α + βX (3.1)

En dérivant P de l’équation (3.1) on obtient :

1
P = 1+(exp −(𝛼 + 𝛽𝑋)) (3.2)

Avec :

P= probabilité de l’occurrence d’un évènement (adoption de mesures environnementales ou non)

X= variable indépendante qui représente le facteur influençant la décision d’un producteur de


maïs à adopter une mesure environnementale ou non

Y= variable dépendante qui indique si les coopérateurs adoptent les mesures ou non

exp= fonction exponentielle

41
β = coefficient de X

α= constante

P/ (1-P) est appelé rapport de cote ("ODDS ratio")

Ln [P/ (1-P)] est appelé log ODDS ratio, ou "logit"

D’après la revue de littérature effectuée au Chapitre un (1) (sous-titre 2.3.4) et sur la


base des données collectées au cours des enquêtes de terrain, les variables indépendantes
susceptibles d’influencer l’adoption des mesures agroenvironnementales ou non sont les
suivantes:

 Age du producteur
 Sexe du producteur
 Situation matrimoniale
 Niveau d’éducation
 Superficie des champs de maïs
 Type de la main d’œuvre
 Perception de la dégradation de l’environnement
 Méconnaissance des bénéfiques des pratiques proposées
 Absence ou Manque de financement
 Coût de la mise œuvre de la pratique
 Temps à allouer pour la mise en place
 Revenu agricole du producteur
 Les différentes sources de revenu du producteur
 Formation
 Support technique: conseillé et suivi par un ingénieur ou technicien agricole

Par conséquent, les équations (3.1) et (3.2) deviennent :

P
Y = Logit (P) = ln (1−P) = α + β1X1 + β2X2 + .......... + β15X15 (3.3)

1
P = 1+(exp −(α + β1X1+ β2X2+ ..........+ β15X15 (3.4)
))

Où:

Y = Adoption des mesures environnementales (codé 0 = non adoption des mesures et 1 =


adoption des mesures)

42
X1 = Age du producteur (en années)

X2 = Sexe du producteur (codé 1 = femme ; 0 = homme)

X3 = Situation matrimoniale (codé 0 = seul ; 1 = en couple)

X4 = Niveau d’éducation (codé 0 = primaire ; 1 = secondaire et plus)

X5 = Superficie des champs de maïs (en hectares)

X6 = Type de la main d’œuvre (codé 0= Familiale ; 1 = Salariale et autre)

X7 = Perception de la dégradation de l’environnement (codé 0= ne perçoit pas ; 1=


perçoit)

X8 = Méconnaissance des bénéfiques des pratiques proposées (codé 0= méconnait ; 1= a


connaissance)

X9 = Coût de la mise en œuvre de la pratique (codé 0= très coûteuse ; 1 = pas du tout


coûteuse)

X10 = Temps à allouer pour la mise en œuvre (codé 0 =prend assez de temps ; 1 = prend
moins de temps)

X11 = Absence ou manque de financement (codé 0= manque de financement ; 1 = ne


manque pas de financement)

X12 = Revenu agricole du producteur (FCFA)

X13 = Sources de revenu du producteur (codé 0=agriculteur ; 1= agriculteur et autres)

X14 = Formation (codé 0= non ; 1= oui)

X15 = Support technique: Encadré et suivi par un conseiller agricole de proximité (codé
0= non ; 1= oui)

β1, β2, ….. β15 sont les coefficients des variables explicatives X1, X2, …. , X15
respectivement à estimer en utilisant le logiciel SPSS.

c. Description des variables explicatives

Age du producteur (pas de codification) : les résultats de certaines études ont démontré
que les producteurs agricoles plus expérimentés et âgés étaient généralement davantage réticents
à adopter des méthodes de conservation puisqu’ils avaient tendance à minimiser l’impact des

43
problèmes environnementaux (Richer et al, 1995). D’autres auteurs (Ngondjeb et al, (2009) ;
Roussy et al., Delvaux et al, (1999) ; etc.) en sont par contre arrivés à des conclusions différentes
suggérant plutôt que c’est l’utilisation de différentes technologies et le contexte même de
production qui influençait le choix des producteurs agricoles et non leur âge (Mitchell, 2006). Il
faut cependant souligner qu’il y a souvent une corrélation entre un individu plus âgé et la faible
utilisation de nouvelles technologies. Par conséquent, l'effet attendu de l'âge sur l’adoption des
mesures environnementales pourrait être négatif.

Sexe du producteur (codé 0 = homme, 1 =femme) : les hommes sont parfois réticents
face aux nouvelles technologies agricoles par contre les femmes sont plus ouvertes et se donnent
à fond pour mieux apprendre. D’autre part, il semble que les femmes sont plus sensibles aux
préoccupations environnementales que les hommes (Richer et al, 1995). Dans cette étude, les
femmes ont un effectif considérable dans les coopératives. Ainsi, l’effet attendu du sexe sur
l’adoption des mesures environnementales pourrait être positif.

Situation matrimoniale (codé 1= en couple ; 0= seul) : les producteurs ou productrices


célibataires pourraient manquer d’appui (financier ou physique) faute de partenaires. Cet appui
pourrait leur être très bénéfique pour l’application des mesures agro-environnementales
(Chatterjee et al, 2012; Nagata et al, 2012). Par conséquent, l’effet attendu du statut matrimonial
sur l’adoption des mesures environnementales pourrait être positif.

Niveau d’éducation (codé 0= Primaire ; 1 = Secondaire et plus) : les coopérateurs


instruits ont une meilleure chance d’adopter des mesures bénéfiques pour l’environnement et
pour leur santé et en même temps conduisant ainsi à une meilleure productivité (Richer et al.
1995). Par conséquent, le niveau d’éducation du coopérateur sur l’adoption des mesures
environnementales pourrait être positif.

Superficie des champs de maïs (en Hectare) : la taille de l’exploitation a aussi une
influence sur l’adoption ou non de certaines pratiques agro-environnementales. En effet,
certaines études démontrent que les producteurs ayant des petits exploitations seront moins
enclines à adopter certaines méthodes agro-environnementales coûteuses ou qui nécessitent
d’investir plus de temps (Richer et al. 1995). Ceci s’explique par le fait que les revenus de ces
bassins sont généralement plus faibles. La main d’œuvre et la machinerie sont donc limitées.
Ainsi, des petits changements dans les méthodes de production peuvent engendrer des coûts
importants pour ces dernières (ibid.). Pour ce qui est des producteurs de grandes cultures, le coût
et le temps d’implantation d’une mesure est généralement mieux absorbé. Ainsi, l’effet attendu

44
de la superficie des champs de maïs sur l’adoption des mesures environnementales pourrait être
positif.

Type de la main d’œuvre (codé 0 = Familiale ; 1 = Familiale et autres) : les


producteurs ayant une main d’œuvre familiale et salariale ou bien uniquement salariale
pourraient cultiver de grandes superficies de maïs car la main d’œuvre est importante. Cette
dernière permettra d’effectuer une lutte intégrée face aux nuisibles. Dès lors, une relation
positive devrait être attendue entre le type de la main d’œuvre et l’adoption des mesures
environnementales.

Perception de la dégradation de l’environnement (codé 0= ne perçoit pas ; 1=


perçoit): la perception de la problématique environnementale est considérée comme une
condition essentielle pour l’adoption de pratiques de conservation (Richer et al. 1995). Ainsi, si
un producteur agricole ne considère pas comme problématique l’érosion du sol de son champ
vers la rivière, il n’interviendra pas pour régler ce problème. De plus, certaines sources de
pollution sont difficiles à détecter par exemple des pesticides dans l’eau ce qui augmente la
croyance que l’impact du problème est faible (Richer et al. 1995). Il existe également une
différence de perception entre un agriculteur qui loue une terre pour cultiver et un autre qui en
est le propriétaire. En effet, généralement le sentiment de responsabilité est plus fort chez les
producteurs agricoles propriétaires (ibid.). Ainsi, le coefficient de cette variable sur l’adoption
des mesures environnementales pourrait être positif.

Méconnaissance des bénéfiques des pratiques proposées (codé 0= méconnait ; 1= a


connaissance): selon certains auteurs, la connaissance d’une problématique environnementale et
des moyens pour y remédier influencerait l’adoption d’un comportement environnemental
(Pruneau et al. 2006). L’éducation relative à l’environnement agit sur cette variable puisqu’elle
vise la prise en charge d’un individu par la connaissance des moyens qu’ils disposent pour
adopter un comportement bénéfique pour la société (Sauvé, 2007). La sensibilisation excessive à
une problématique peut cependant produire l’effet contraire et pousser à l’inaction. L’individu
peut se sentir impuissant face à la situation ou ne pas percevoir la gravité des effets appréhendés.
Il va ainsi banaliser l’impact de son action individuelle. Il faut donc plus que la connaissance
pour agir, il faut également la volonté d’agir (Pruneau et al. 2006). Les barrières du changement
comme plusieurs les nomment sont diverses et complexes (Steg et al. 2008). Par conséquent,
l'effet attendu de cette variable sur l’adoption des mesures environnementales pourrait être
négatif.

45
Coût de la mise en œuvre de la pratique (codé 0= très couteuse ; 1 = pas du tout
couteuse: si l’adoption d’une bonne pratique agro-environnementale engendre l’accroissement
des coûts de production et/ou un investissement de base important, les agriculteurs n’y
adhèreront généralement pas (CRAAQ, 2007). La rentabilité de la pratique proposée est
également un point important puisque si cette dernière n’est pas démontrée ou connue elle sera
également moins prisée par les agriculteurs. Ainsi, une corrélation négative entre cette
variable et l’adoption des mesures environnementales devrait être attendue.

Temps à allouer pour la mise en œuvre (codé 0=prend assez de temps ; 1 = prend
moins de temps): les producteurs agricoles se plaignent du temps que cela prend pour effectuer
les travaux champêtres de manière traditionnelle et surtout lorsque les superficies sont
importantes. Encore plus au moment du sarclage et en cas de lutte antiparasitaire biologique car
la main d’œuvre est très rare et couteuse (Tellier, 2012). Par conséquent, l'effet attendu de cette
variable sur l’adoption des mesures environnementales pourrait être négatif.

Absence ou Manque de financement (codé 0= manque de financement ; 1 = ne


manque pas de financement) : il arrive souvent que certains coopérateurs manquent de l’argent
pour payer la main d’œuvre pour effectuer certaines tâches champêtres. Et même pour acheter
les produits phytosanitaires homologués en cas de désherbage et de maladies dominantes du
maïs. Ainsi, ceci entraine le plus souvent une réduction de la taille des exploitations agricoles
(Tellier, 2012). Par conséquent, l'effet attendu de cette variable sur l’adoption des mesures
environnementales pourrait être négatif.

Revenu agricole du producteur (FCFA) : les producteurs pourraient facilement adopter


les mesures agro-environnementales si leur revenu agricole leur permet d’amortir les couts de la
mise en œuvre de ces pratiques. Ainsi, une relation positive entre le revenu agricole et l’adoption
des mesures environnementales devrait être attendue.

Source de revenus du producteur (codé 0= agricole ; 1= agricole et autres): le succès


des producteurs dans la mise en application des mesures agro-environnementales est largement
tributaire de leur capacité à avoir accès à plusieurs sources de revenu non agricoles (Beyene et
Muche, 2010). Dès lors, la disponibilité des revenus non agricoles devrait être positivement
associée à l’adoption des mesures environnementales.

Formation (codé 0= non ; 1= oui): au cours des formations, les coopérateurs bénéficient
en terme de conseils et de nouvelles techniques culturales permettant ainsi de mieux adopter les

46
mesures environnementales (Tellier, 2012). Dès lors, une relation positive entre la formation et
l’adoption des mesures environnementales devrait être attendue.

Support technique: Encadré et suivi par un conseiller agricole de proximité (codé


1=oui ; 0= non) : la présence d’un soutien technique, de type accompagnement, pour mettre en
place certaines mesures plus exigeantes est certainement un facteur qui favorise positivement
l’adoption de bonnes pratiques (Tellier, 2012).

d. Influence relative de chaque facteur

Le tableau 2.3 résume les catégories de facteurs qui ont été déterminées à l’aide de la
revue de littérature. Pour chaque catégorie, les principaux facteurs, décrits dans les sections
précédentes, sont exposés. Le type d’influence que ce facteur exerce sur l’adoption d’une bonne
pratique est ensuite déterminé. Si cette influence est positive c’est-à-dire qu’elle augmente les
chances que le comportement soit adopté, un symbole positif est écrit (+). Au contraire, si cette
influence est négative un symbole négatif (-) est inscrit.

Tableau 2.3 : Influence relative de chaque facteur

Facteurs influençant
l’adoption de bonnes
Facteurs précis Type d’influence
pratiques

les coûts de la mise en œuvre de la pratique -

l’absence ou manque de financement. -

Economique la superficie des champs de maïs +

le temps à allouer pour la mise en œuvre -

Le revenu agricole du producteur +

Source de revenus du producteur +

Age +

Sexe -

Sociaux et psychologiques Situation matrimoniale +

Niveau d’éducation +

Perception de la dégradation de l’environnement +

47
méconnaissance des bénéfiques des pratiques -
proposées

le type de la main d’œuvre +

Expertise et support Formation +


technique
Support technique: Encadré et suivi par un +
conseiller agricole de proximité

e. Méthode d’interprétation des résultats

Le rapport de cote (ratio ODDS) est utilisé pour faciliter l’interprétation des résultats
obtenus. En effet, celui-ci est définit dans l’étude pour diverses variables indépendantes
comme le quotient entre la probabilité pour un producteur d’adopter des mesures
environnementales sur la probabilité de la non adoption des mesures

Par ailleurs, lorsque β>0, on a ratio ODDS supérieur à 1 et lorsque β<0, on a un rapport
inférieur à 1. Dans ce cas, le quotient 1/exp (β) qui est l’inverse du ratio ODDS est calculé pour
faciliter l’interprétation du coefficient ayant un signe négatif.

Ce chapitre portait sur la présentation du lieu de stage, de la zone d’étude, le choix


et la taille de l’échantillon, les types de données et leurs sources, le traitement et l’analyse des
données et la réalisation des objectifs. Les zones d’étude sont les arrondissements de
Batchenga et Mengong, où il a été sélectionné de façon aléatoire un échantillon de 50
producteurs de maïs dans quinze villages regroupant les deux arrondissements. Les données
collectées (de sources primaires et secondaires) ont été traitées et analysées à partir des
logiciels SPSS et Excel. Et pour réaliser les objectifs, des analyses descriptives, des tests de
Khi deux et le model de régression logistique seront exécutés.

48
CHAPITRE 3 : RESULTATS, DISCUSSIONS ET

RECOMMENDATIONS

Ce chapitre présente les résultats et discussions issus de l’analyse des données


collectées. Plus spécifiquement, il s’agit des caractéristiques des producteurs de maïs,
l’évaluation du niveau de connaissance en termes de mesures environnementales prescrites dans
le cadre du projet par les coopérateurs, de la relation entre le manque de support technique et
professionnel, les caractéristiques socio-économiques et le niveau d’applicabilité des mesures
environnementales par les coopérateurs, et l’analyse des facteurs influençant la non-applicabilité
de certaines mesures environnementales dans les champs.

3.1 Présentation, analyse et interprétation des résultats

3.1.1 Caractéristiques des coopérateurs producteurs de maïs

La connaissance des caractéristiques des coopérateurs producteurs de maïs enquêtés


permet de ressortir le profil des coopérateurs en fonction de leurs connaissances sur les mesures
environnementales prescrites et de leur niveau d’applicabilité.

Sur l’ensemble des coopérateurs enquêtés (N=50), il ressort que 60% sont des
hommes et 40% les femmes. Mais compte tenu du fait que l’enquête se portait sur deux (02)
coopératives distinctes, il en ressort qu’à AFMABA (Batchenga), on a 61,9% de femmes et
38,1% d’hommes (tableau 3.1). Par contre à COOPROMAME (Mengong), on a un effet inverse
c’est-à-dire 24,1% de femmes et 75,9% d’hommes. Cette différence est dû au fait qu’à
Batchenga, les femmes sont plus actives dans les cultures vivrières que les hommes ce qui n’est
pas à Mengong (tableau3.1).

S’agissant du niveau d’éducation des coopérateurs, on note à AFMABA une égalité de niveau
entre le primaire et secondaire c’est-à-dire 47,6% et seulement 4,8% ont un niveau supérieur
(tableau3.1). Tandis qu’à COOPROMAME, on observe que jusqu’à 31,0% ont un niveau
supérieur, 51,7 un niveau secondaire et seulement 17,2 ont un niveau primaire (tableau3.1). Ce
bon niveau d'éducation des producteurs particulièrement à COOPROMAME a un effet sur le
développement de l'agriculture en général et de la culture du maïs en particulier. Car, avec
l'environnement économique mondial fluctuant, les paysans doivent disposer d’un niveau
d'instruction suffisant pour s'adapter aux mutations, notamment la libéralisation des marchés.

49
Tableau3.1: Caractéristiques socio-économiques des coopérateurs producteurs de maïs des
coopératives AFMABA (Batchenga) et COOPROMAME (Mengong) (N=50)

AFMABA (Batchenga) N=21 COOPROMAME (Mengong)


N=29

Facteur/variable caractéristique Fréquence Pourcentage Fréquence Pourcentage


(%) (%)
Sexe du producteur Masculin 8 38,1 22 75,9
Féminin 13 61,9 7 24,1
Aucun 0 0 0 0
Niveau d’éducation Primaire 10 47,6 5 17,2
Secondaire 10 47,6 15 51,7
Supérieur 1 4,8 9 31,0
célibataire 2 9,5 4 13,8
Situation marié 17 81,0 23 79,3
matrimoniale
veuf 2 9,5 2 6,9
Perception de la Ne perçoit pas 18 85,7 19 65,5
dégradation de
l’environnement Perçoit 3 14,3 10 34,5
Méconnaissance des Méconnait 4 19,0 5 17,2
bénéfiques des
pratiques proposées A connaissance 17 81,0 24 82,8
Coût de la mise en Très couteuse 17 81,0 26 89,7
œuvre de la pratique
Pas du tout
4 19,0 3 10,3
couteuse

Absence ou Manque Manque de


de financement financement 11 52,4 10 34,5

Ne manque pas de
10 47,6 19 65,5
financement

Familiale 5 23,8 7 24,1


Type de la main Salariale 4 19,0 4 13,8
d’œuvre
Familiale et
12 57,1 18 62,1
salariale

Prend assez de
temps 13 61,9 10 34,5
Temps à allouer pour
la mise en œuvre Prend moins de
8 38,1 19 65,5
temps

Agriculteur 12 57,1 10 34,5


Agriculteur et
7 33,3 6 20,7
commerçant

Agriculteur et 1 4,8 4 13,8


Sources de revenu du

50
producteur éleveur

Agriculteur et
0 0 5 17,2
salarié

Agriculteur et
1 4,8 4 13,8
retraité
Formation Non 4 81,0 5 17,2
Oui 17 19,0 24 82,8
Support technique Non 5 23,8 3 10,3
Oui 16 76,2 26 89,7

S’agissant de la situation matrimoniale des coopérateurs, il ressort du tableau 3.1 qu’à


AFMABA, 81% des coopérateurs sont mariés, on a une égalité parfaite de 9,5% entre les
coopérateurs célibataires et veufs. Tandis qu’à COOPROMAME, 79,3% sont mariés, 13,8%
sont célibataires et 6,9% sont veufs. Ce bon résultat de coopérateurs mariés a un impact positif
sur l’adoption des mesures environnementales car ces derniers reçoivent un appui (financier,
moral ou physique) venant de leur partenaire surtout les coopératrices femmes qui sont souvent
plus fragiles quand elles sont soit veuves, soit célibataires.

Concernant la perception de la dégradation de l’environnement, le tableau ci-dessus


révèle qu’à AFMABA, seulement 14,3% des producteurs ont une perception de la dégradation de
l’environnement par contre 85,7% n’en ont pas. A COOPROMAME, 34,5% ont cette perception
et 65,7% n’en ont pas. On note que la dégradation de l’environnement perçue ici par les
coopérateurs dans leur champ est beaucoup plus le problème d’érosion. Et ceux qui le perçoivent
sont les producteurs dont leur exploitation agricole contient beaucoup de termitières
(AFMABA), ou alors ceux dont leur bassin est sur une pente (légère ou forte) (Mengong. Or
Batchenga est une zone de savane, les terrains sont généralement plats mais contiennent
beaucoup de termitières (photo 3.1). A travers la photo 3.1, nous observons effectivement
l’existence des termitières dans le champ malgré le fait que le terrain soit plat. Et ceci a été
observé dans tous les champs visités. Notons que l’enquête a été réalisée après les récoltes d’où
l’existence des sols à nu préparant ainsi la prochaine campagne.

51
2017 cliché Tchoua
Photo 3.1 : configuration de terrain de Batchenga contenant des termitières

Par contre Mengong est une zone de foret avec des terrains soit plats, soit sur une pente
(photo 3.2). Comme le montre la photo 3.2, certains champs des enquêtés étaient situés sur une
pente forte avec en bas fond l’existence d’un point d’eau. Comme à Batchenga, la collecte de
données a aussi été faite après les récoltes.

2017 cliché Tchoua 2017 cliché Tchoua


Photo 3.2 : Exemple de champs situés sur une pente
En plus, il faut noter que les coopérateurs ne perçoivent pas l’existence des pesticides
dans l’eau et leur impact sur la santé. D’où le fort taux de la non perception de la dégradation de
l’environnement.

En ce qui concerne la méconnaissance des bénéfiques des pratiques proposées, le tableau


3.1 ressort qu’à AFMABA, une bonne partie des coopérateurs (81,0%) connaissent ces bénéfices
par contre 19,0% les méconnaissent. De même à COOPROMAME, 82,8% les connaissent et

52
seulement 17,2% les méconnaissent. L’analyse des résultats permet de constater que les
producteurs qui méconnaissent ces bénéfices sont ceux n’ayant pas assistés aux ateliers de
formations organisées par le projet et aussi aux réunions de restitution des formations organisées
par les Conseillers Agricoles de Proximité (CAP).

Le tableau 3.1 révèle aussi que le coût de la mise en œuvre de la pratique est très élevé
pour la majorité des producteurs d’AFMABA (81,0%) et COOPROMAME (89,7%) et
seulement 19,0% (AFMABA) et 10,3% (COOPROMAME) pensent que ces coûts sont faibles
comparé à ceux par exemple de l’achat des produits phytosanitaires. Etant donné que le projet
prône une agriculture durable, les producteurs se plaignent du coût de la main d’œuvre qui est
très élevé pour effectuer des techniques culturales biologiques et une lutte intégrée face aux
nuisibles ou aux maladies dominantes du maïs.

Concernant l’absence ou le manque de financement, le tableau 3.1 présente que les


coopérateurs des deux coopératives manquent de financement soit 52,4% à AFMABA et 34,5%
à COOPROMAME. On a respectivement 47,6% et 65,5% des producteurs de maïs d’AFMABA
et COOPROMAME qui ont un financement. L’analyse de ces résultats permet de montrer la
faiblesse de certains producteurs car ces derniers se retrouvent souvent dans le besoin au
moment de payer la main d’œuvre pour le lancement d’une nouvelle campagne de production et
de ce fait, se sentent obligés de s’endetter au près des caisses agricoles pour ceux qui y sont
adhérés.

S’agissant du type de la main d’œuvre, il ressort du tableau 3.1 que la majorité des
producteurs (57,1%) de AFMABA et (62,1%) de COOPROMAME ont une main d’œuvre
familiale et salariale, 23,8% et 24,1% des producteurs respectivement de AFMABA et
COOPROMAME ont une main d’œuvre uniquement familiale et la minorité des producteurs
(19%) d’AFMABA et 13,8% de COOPROMAME ont une main d’œuvre salariale. Ce résultat
montre que bon nombre de producteurs manquent parfois de l’argent pour payer la main
d’œuvre. Et de ce fait, effectuent eux-mêmes leurs activités agricoles et parfois sollicitent l’aide
d’une main d’œuvre salariale.

En ce qui concerne le temps à allouer pour la mise en œuvre de la pratique, 61,9% des
coopérateurs d’AFMABA disent que cette pratique prend assez de temps, 38,1% disent le
contraire. Les coopérateurs de COOPROMAME ont un point de vue contraire à ceux
d’AFMABA car 65,5% disent que cette pratique prend moins de temps contre 34,5%. Cette
différence d’avis est due au fait que les producteurs de COOPROMAME optent plus pour une

53
main d’œuvre familiale et salariale. Ceci permet de réduire le temps de travail car le mode
d’agriculture est encore traditionnel dans ces localités.

Concernant les sources de revenu du producteur, le tableau 3.1 montre que ceux qui exercent
uniquement l’agriculture sont les plus nombreux avec 57,1% à AFMABA et 34,5% à
COOPROMAME, respectivement 33,3% et 20,7% des coopérateurs d’AFMABA et
COOPROMAME sont agriculteurs et commerçants, 4,8% (AFMABA) et 13,8%
(COOPROMAME) sont agriculteurs et éleveurs, AFMABA n’a aucun producteur agriculteur et
salarié par contre COOPROMAME en a 17,2% et enfin, 4,8% et 13,8% d’AFMABA et
COOPROMAME sont agriculteurs et retraités. Plusieurs éléments permettent d'expliquer cet
engouement à la diversification. En effet, elle résulte de la chute permanente du prix de vente du
Kg de maïs. Ce qui amène certains coopérateurs au découragement ou à l’abandon de l’activité
car les couts de production ne sont parfois pas amortis.

S’agissant de la formation le tableau 3.1 montre que la majorité (81,8% et 82,8%) des
coopérateurs respectivement d’AFMABA et COOPROMAME ont assisté à la formation
organisée par le projet ou aux réunions de restitutions, tandis que 19,0% (AFMABA) et 17,2%
(COOPROMAME) n’ont pas assisté à cette formation. De l’autre côté les producteurs qui
reçoivent du support technique venant du CAP sont de 76,2% de AFMABA et 89,7 de
COOPROMAME et 23,8% (AFMABA) et 10,3% (COOPROMAME) disent qu’ils ne le
reçoivent pas. Ces taux relativement appréciables représentent déjà un bon début pour le succès
de l’amélioration des techniques culturales. Ces deux facteurs représentent les principaux canaux
de communication les plus importants en milieu rural.

Tableau 3.2: Statistiques descriptives des coopérateurs


AFMABA (Batchenga)

Facteur/variable N Minimum Maximum Moyenne Ecart type


Age 21 35 64 50,67 8,839
Superficie du champ de maïs 21 ,50 8,00 1,9524 1,85003
Revenu agricole du producteur 21 28000 1400000 396360 481510,567

COOPROMAME (Mengong)

Facteur/variable N Minimum Maximum Moyenne Ecart type


Age 29 27 67 48,21 10,916
Superficie du champ de maïs 29 ,25 2,50 ,9069 ,53498

54
Revenu agricole du producteur 29 15820 280000 96469,66 73719,215

Le tableau 3.2 ci-dessus révèle que les âges moyens des coopérateurs d’AFMABA et
COOPROMAME sont respectivement de 50,67 ans et 48,21 ans, avec un minimum de 35 ans
(AFMABA) et 27 ans (COOPROMAME) et un maximum de 64 ans (AFMABA) et 67 ans
(COOPROMAME). L’analyse de ces résultats permet de constater un vieillissement des
producteurs. Ce vieillissement des coopérateurs constitue un handicap pour l’adoption des
mesures environnementales car les vieux s’adaptent moins aux mutations de technologies. Ces
résultats pourraient aussi s’expliquer par le fait que dans ces zones, l'activité de production de
maïs est très peu attrayante pour les jeunes, qui migrent plus vers les grandes villes à la
recherche d'un emploi stable et à des meilleures conditions de vie.

La superficie moyenne des champs des coopérateurs d’AFMABA est de 1,9524 ha et


0,9069 ha de ceux de COOPROMAME. Ce résultat confirme effectivement un vieillissement des
coopérateurs.

Le revenu agricole moyen des producteurs des coopératives AFMABA et


COOPROMAME est respectivement de 396360 FCFA et 96469,66 FCFA. Ce revenu
relativement faible est la conséquence de l’existence des maladies dominantes de maïs qui a été
très accentuée pendant la campagne agricole 2016 et avec son corollaire de baisse de rendement
(photo 3.3). A travers cette photo 3.3, nous observons que les coopérateurs versent les épis de
maïs récoltés dans un espace à l’abri de l’eau qui seront par la suite égrainés pour être
empaquetés dans des sacs 50 à 100 Kg destinés au marché. Observons la présence des épis de
maïs touchés par les maladies baissant ainsi le rendement. On note que cela a été observé dans
les récoltes de tous les coopérateurs.

2017 cliché Tchoua 2017 cliché Tchoua


Photo 3.3 : Récolte contenant quelques épis touchés par la maladie

55
Ces résultats permettent aussi de constater que ce revenu ne saurait subvenir aux besoins des
familles des coopérateurs qui sont très élargies (photo 3.4). Ainsi, il est fort probable que les
producteurs ayant uniquement un revenu agricole puissent manquer de financement pour les
prochaines campagnes.

2017 cliché Tchoua 2017 cliché Tchoua


Photo 3.4 : Maïs égrainé empaqueté dans des sacs prêt pour la vente

On observe à travers la photo 3.4 que certains coopérateurs effectuent l’égrainage des
épis de maïs à l’aide d’une égraineuse. Ce constat a été fait dans la coopérative AFMABA chez
les producteurs ayant de grandes superficies (5 à 10 ha). Par contre d’autres ayant des superficies
plus faibles, le font à la main. On note qu’il se pose un problème de stockage car les sacs sont
déposés à même le sol et certains ne sont pas du tout fermés.

On note après analyse des résultats du tableau 3.2, une différence des moyennes des
variables quantitatives (âge, superficie des champs et revenu agricole) entre les coopérateurs
d’AFMABA et ceux de COOPROMAME. Pour tester si cette différence est significative, le t-
test est utilisé pour tester l’hypothèse nulle de l’égalité des moyennes des variables quantitatives
entre les producteurs de maïs de ces deux coopératives.

56
 T-test de comparaison des moyennes des variables âge, superficie des champs,
revenu agricole entre les producteurs de maïs des coopératives AFMABA et
COOPROMAME

Posons deux hypothèses :

-H0 : la moyenne des variables âge, superficie des champs, revenu agricole des
agriculteurs d’AFMABA est égale à celle des agriculteurs de COOPROMAME

-H1 : la moyenne des variables âge, superficie des champs, revenu agricole des
agriculteurs d’AFMABA est inégale à celle des agriculteurs de COOPROMAME

La synthèse des résultats de réalisation du t-test sont présentés dans le tableau 3.3. L’intégralité
est présentée en annexe.

Tableau 3.3 : Synthèse des résultats du t-test

Facteur/variable t-value Sig (2-tailed) ou P- Différence des


value moyennes

Age 0,850 0,400 2,460

Superficie des champs 2,891 0,006 1,04548

Revenu agricole 3,313 0,002 299890,345

Le tableau 3.3 révèle que :

Pour la variable âge, on a : t = 0,850 < 1,54 par conséquent la différence des moyennes
des âges n’est pas significative. P = 40% > 10% par conséquent la différence des moyennes des
âges n’est pas significative. Donc on rejette H1 et on accepte H0. En conclusion, cette différence
des moyennes d’âge entre les producteurs de maïs des deux coopératives est non significative.

Pour la variable superficie des champs, on a : t = 2,891 > 2,58 par conséquent, la
différence des moyennes de la superficie des champs est hautement significative. P = 0,6% <
1% par conséquent, la différence des moyennes de la superficie des champs est hautement
significative au seuil de significativité de 1%. Donc on rejette H 0 et on accepte H1. En
conclusion, l’hypothèse alternative (H1) de l’inégalité de la superficie des champs entre les
agriculteurs d’AFMABA et ceux de COOPROMAME est prouvée.

57
Pour la variable revenu agricole, on a : t = 3,313 > 2,58 par conséquent, la différence
des moyennes du revenu agricole est hautement significative. P = 0,2% < 1% par conséquent, la
différence des moyennes de la superficie des champs est hautement significative au seuil de
significativité de 1%. Donc on rejette H0 et on accepte H1. En conclusion, l’hypothèse alternative
(H1) de l’inégalité du revenu agricole entre les agriculteurs d’AFMABA et ceux de
COOPROMAME est prouvée.

3.1.2 Evaluation du niveau de connaissance en termes de mesures agro-


environnementales prescrites dans le cadre du projet par les coopérateurs

Cette évaluation s’est faite en posant une série de question en lien avec ces mesures
environnementales tirées du Cadre de Gestion Environnemental et Social (CGES) et du Plan de
Gestion des Pesticides (PGP) afin de mesurer le niveau d’applicabilité des coopérateurs.

3.1.2.1 Techniques de désherbage et de sarclage

La figure 3.1 ci-dessous présente les techniques de désherbage des coopérateurs


d'AFMABA et COOPROMAME.

AFMABA COOPROMAME

Figure 3.1: Répartition des enquêtés en fonction des techniques de désherbage

La figure 3.1 montre que dans AFMABA, jusqu’à 85,71% utilisent de l’herbicide pour le
désherbage, 9,5% désherbent manuellement et seulement 4,76% utilisent les deux techniques.
Par contre dans COOPROMAME, 34,48% de coopérateurs utilisent de l’herbicide, jusqu’à

58
58,62% désherbent manuellement et 6,9% désherbent en utilisant les deux techniques. On
constate que les coopérateurs d’AFMABA utilisent plus des herbicides pour le nettoyage de leur
champ. Ceci est dû à l’étendue de la superficie et surtout au vieillissement des producteurs. Il
faut noter que les herbicides utilisés sont tous homologués. De l’autre côté, les producteurs qui
ont essayé les deux techniques trouvent le désherbage manuel plus rentable que celui avec
l’herbicide.

3.1.2.2 Mode de protection des cultures contre les nuisibles ou les maladies
dominantes du maïs
La figure 3.2 montre que les producteurs d’AFMABA et COOPROMAME effectuant une
lutte biologique face aux nuisibles ou aux maladies dominantes du maïs sont respectivement de
38,10% et 41,38, ceux utilisant des insecticides sont de 42,86% d’AFMABA et 44,83% de
COOPROMAME et les producteurs n’effectuant pas de lutte c’est-à-dire n’emploient aucun
moyen pour faire face aux nuisibles sont de 19,05% d’AFMABA et 13,79% de
COOPROMAME.

AFMABA COOPROMAME

Figure 3.2: Répartition des enquêtés en fonction du mode de protection des cultures de maïs

L’analyse du mode de protection des cultures de maïs révèle une légère différence de
protection entre les deux coopératives. On constate aussi que le fort taux du mode biologique est
dû au manque d’argent pour l’achat des insecticides et que ce mode de protection biologique a un
impact positif sur la plante et de ce fait accroit le rendement. Les producteurs qui n’effectuent
pas de lutte sont ceux qui ont une ignorance des différentes maladies du maïs mais ce déficit a

59
été comblé après réception de la formation sur les nuisibles organisés par le PIDMA. Notons
que les insecticides utilisés sont tous homologués.

3.1.2.3 Mesures de sécurité pendant la préparation et l’épandage des pesticides


(herbicides et insecticides)
a. Protection des coopérateurs pendant la pulvérisation
Les résultats obtenus montrent que 42,86% des producteurs d’AFMABA se protègent pendant la
pulvérisation contre 57,14%. Par contre, 68,97% des producteurs de COOPROMAME se
protègent tandis que 31,03% ne le font pas (figure 3.3). Le taux accru des coopérateurs se
protégeant est dû à la formation reçue par ces derniers. Mais cette protection est encore
rudimentaire car plusieurs ne portent effectivement pas les équipements de protection
individuelle (casque, combinaison, lunette, cache-nez, bottes et gants) faute de moyens pour les
acheter. Les producteurs qui ne se protègent pas sont ceux soit n’ayant pas assistés à la
formation, soit ceux n’ayant pas les moyens pour s’offrir au moins l’un des équipements cités
plus haut.

AFMABA COOPROMAME

Figure 3.3 : Proportion des coopérateurs se protégeant durant l’utilisation des pesticides

b. Dose des pesticides à utiliser


Avant la formation, les coopérateurs ne respectaient pas les doses des produits car se
disaient que leur augmentation entrainerait un très bon résultat. Et de ce fait augmentaient le
taux de pollution de l’environnement sans en rendre compte. Depuis qu’ils ont reçu la formation
sur l’utilisation des pesticides, tous respectent les doses à utiliser selon le mode opératoire
prescrit sur l’étiquette du produit.

60
c. Heures de pulvérisation des pesticides
Les heures de pulvérisation des pesticides recommandées lors de la formation sur l’utilisation de
ces pesticides sont de 6h-9h (matin) et 17h-18h 30 (soir). La figure 3.4 ci-dessous présente les
proportions des coopérateurs d'AFMABA et COOPROMAME respectant les heures de
pulvérisation des pesticides.

AFMABA COOPROMAME

Figure 3.4 : Proportion des coopérateurs respectant les heures de pulvérisation des pesticides

La figure 3.4 ci-dessus montre que jusqu’à 80,95% des producteurs d’AFMABA ne
respectent pas les heures de pulvérisation des pesticides et seulement 19,05% les respectent. Ce
pourcentage du respect des heures est plus élevé à COOPROMAME dont 42,86% contre
57,14%. L’analyse de ces résultats permet de constater que les coopérateurs de COOPROMAME
sont mieux assidus quant aux respects des heures de pulvérisation et ceci est dû au fort taux de
participation des coopérateurs à l’atelier de formation sur l’utilisation des pesticides. Le
pourcentage élevé du non-respect de ces heures est causé soit par un manque de temps et surtout
soit par une multitude d’activités car les producteurs ne font pas uniquement dans la culture du
maïs.

3.1.2.4 Rotation des cultures


La figure 3.4 ci-dessous présente les proportions de producteurs qui effectueront une
rotation de cultures.

61
AFMABA COOPROMAME

Figure 3.4 : Proportions des producteurs effectuant une rotation de culture


La majorité des producteurs (95,24%) de la coopérative AFMABA n’effectueront pas
une rotation de cultures, seulement 4,76% l’effectueront. A COOPROMAME par contre 24,14%
effectueront cette rotation contre 75,66%. La non-rotation des cultures est due, soit à un manque
de terrain, soit à la proximité des exploitations de production de la route, ou soit à une
augmentation des coûts de productions qui est la raison majeure énoncée par les producteurs. Ces
producteurs prévoient juste un élargissement des parcelles réduisant ainsi les coûts de
production. Par contre les coopérateurs qui rotent, sont ceux qui soit ont un conflit foncier, soit
louent le terrain ou soit alors veulent se rapprocher de la route ou des points d’eaux.

En résumé pour cette section, bien que la majorité des producteurs connaissent les
bienfaits des mesures environnementales prescrites, il ressort que certaines contraintes
empêchent l’applicabilité de ces dernières par tous les coopérateurs surtout ceux d’AFMABA.
Ainsi, le niveau de connaissance en termes de mesures environnementales n’est pas un frein à la
prise en compte desdites mesures. L’hypothèse 1 est donc acceptée.

3.1.3 Relations qui existent entre le manque de support technique et professionnel,


les caractéristiques socio-économiques et le niveau d’applicabilité des mesures
environnementales par les coopérateurs.

Pour déterminer la relation qui existe entre les caractéristiques socio-économiques, le


manque de support technique et l’application des mesures environnementales, le test

62
d’indépendance de khi-deux a été utilisé. Deux hypothèses ont été posées, l’une stipulant
que le niveau d’applicabilité des mesures agro-environnementales est dépendant des contraintes
socio-économique et du support technique et professionnel (H1) et l’autre stipulant que le niveau
d’applicabilité des mesures agro-environnementales est indépendant des contraintes socio-
économique et du support technique et professionnel (H0) (tableau 3.4).

Tableau 3.4: Relation entre le niveau d’applicabilité et les caractéristiques des coopérateurs
producteurs de maïs (N=50)

Niveau Résultats
d’applicabilité
Variables/facteurs Conclusion
F M E X2 P-value

Sexe du producteur Masculin 5 9 16


1,701 42,7% > 10% Rejeté Ha
Féminin 4 9 7

27 – 40 ans 1 5 6
Age du producteur 41 – 50 ans 3 4 10
4,450 61,6% > 10% Rejeté Ha
51 – 60 ans 3 7 4

61 – 70 ans 2 2 3

Aucun 0 0 0
Niveau Primaire 4 6 5
d’éducation 2,013 73,3% >10% Rejeté Ha
Secondaire 4 8 13

Supérieur 1 4 5
célibataire 3 1 3
Situation marié 7 15 18 2,418 65,9% >10% Rejeté Ha
matrimoniale
veuf 0 2 2

Perception de la Ne perçoit pas 2 17 18 Accepté Ha au


dégradation de 16,668 0% < 1% seuil de
l’environnement Perçoit 7 1 5 significativité de
1%

Méconnaissance Méconnait 4 4 1
des bénéfiques des 7,386 2,5% > 5% Accepté Ha au
pratiques A connaissance 5 14 22 seuil de
proposées significativité de
5%

Coût de la mise en Très couteuse 9 14 20


œuvre de la 2,493 28,7% > 10% Rejeté Ha
pratique Pas du tout 0 4 3
couteuse

Absence ou Manque de 5 6 10
Manque de financement
financement 1,235 53,4% > 10% Rejeté Ha
Ne manque pas de 4 12 13
financement

63
Superficie du 0,25 – 1 ha 8 15 14
champ de maïs
1,5 – 2 ha 1 2 5 4,406 35,4% > 10% Rejeté Ha

2,5 – 8 ha 0 1 4

Familiale 5 3 4
Type de la main Salariale 2 5 1 11,764 1,9% < 5% Accepté Ha au
d’œuvre seuil de
Familiale et 2 10 18 significativité de
salariale 5%
Prend assez de 5 7 11 Rejeté Ha
temps
Temps à allouer
pour la mise en Prend moins de 4 11 12 0,728 69,51%>10%
œuvre temps

15 000 – 70 000 4 10 10
Accepté Ha au
Revenu agricole du 80 000 – 150 000 0 5 5 15,925 1,4% < 5% seuil de
producteur significativité de
200 000 – 300 000 5 2 2
5%
350 000 – 1 500 0 1 6
000

Agriculteur 5 6 11
Agriculteur et 1 5 7
commerçant
Sources de revenu
du producteur Agriculteur et 2 2 1
éleveur 5,691 68,2% >10% Rejeté Ha

Agriculteur et 1 2 2
salarié

Agriculteur et 0 3 2
retraité
Formation Non 4 4 1
7,386 2,5% < 5% Accepté Ha au
Oui 5 14 22 seuil de
significativité de
5%

Support technique Non 3 3 2


2,931 23,1% >10% Rejeté Ha
Oui 6 15 21

Notes : F = Faible ; M = Moyen ; E = Elevé

Les résultats de ce test montrent que le niveau d’applicabilité serait lié à la


perception de la dégradation de l’environnement, à la méconnaissance des bénéfices des
pratiques proposées, au type de la main d’œuvre, au revenu agricole du coopérateur et à la
formation reçue par les coopérateurs . Par contre, la relation entre le niveau d’applicabilité et le
sexe du producteur, l’âge, la situation matrimoniale, le niveau d’instruction, le coût de la mise en
64
œuvre de la pratique, le manque de financement, la superficie des champs, le temps à allouer
pour la mise en œuvre, les sources de revenu du producteur et le support technique et
professionnel n’est pas clairement mise en évidence (tableau 3.4).

En effet, plus de la moitié des coopérateurs n’ayant pas une perception de la dégradation
de l’environnement ont un bon niveau d’applicabilité des mesures agro-environnementales. Ce
qui veut dire que les producteurs percevant au moins un problème d’érosion dans leur champ ont
un faible niveau d’applicabilité de ces mesures (tableau 3.4). Ceci s’expliquent par le fait que la
perception de la dégradation de l’environnement n’est pas seulement physique comme l’érosion.
D’où ceux qui n’ont pas cette perception s’arriment plus aux nouvelles pratiques culturales.
Egalement, plus un coopérateur a connaissance des bénéfices des pratiques proposées,
plus son niveau d’applicabilité est élevé. En d’autre terme, les coopérateurs qui ont une
connaissance appliquent plus les mesures agro-environnementales par rapport à ceux qui n’en
ont pas (tableau 3.4). Ce résultat montre que les formations dispensées par le Projet sont un
gain pour les producteurs car c’est de là qu’ils apprennent tous ces bénéfices.
Aussi plus le type de la main d’œuvre est familial et salarial, plus le niveau
d’applicabilité est bon. Les producteurs ayant une main d’œuvre seulement familiale ou
seulement salariale appliquent moins les mesures environnementales (tableau 3.4). Ce constat
peut s’expliquer par le fait que l’utilisation des deux types de main d’œuvre est favorable pour le
producteur car elle lui permet de gagner en temps et aussi de contrôler le respect des
prescriptions environnementales.
De même, plus un coopérateur a un meilleur revenu agricole, plus son niveau
d’applicabilité progresse (tableau 3.4). Le constat qui est fait ici est que les coopérateurs qui ont
un bon rendement sont plus encouragés à appliquer ces mesures contrairement à ceux qui en ont
un faible rendement.
En outre, un coopérateur qui a reçu la formation, a un bon niveau d’applicabilité par
rapport à celui qui ne l’a pas reçu (tableau 3.4). Ce constat s’explique par le fait que les
producteurs qui ont pris part aux formations acquièrent de nouvelles connaissances en matière de
bonnes pratiques culturales.
Contrairement à ce qui aurait été attendu, aucun lien entre le sexe du producteur, son âge,
le statut matrimoniale, le niveau d’instruction, le coût de la mise en œuvre de la pratique,
l’absence ou le manque de financement, la superficie des champs, le temps à allouer pour la mise
en œuvre, les sources de revenu du producteur, le support technique et le niveau d’applicabilité
n’a été établi dans cette étude (tableau 3.4).

65
En résumé, il est clair que le niveau d’applicabilité des mesures agro-environnementales
dépend de plusieurs caractéristiques sociales (perception de la dégradation de
l’environnement, le type de la main d’œuvre) et économiques (revenu agricole du producteur, la
méconnaissance des bénéfices des pratiques proposées). Et de l’expertise et du support technique
(formation). L’hypothèse 2 est donc confirmée.

3.1.4 Identification et analyse des facteurs influençant l’adoption des mesures


environnementales dans les champs
Le modèle de régression logistique binaire a été utilisé pour identifier les facteurs
influençant l’adoption des mesures environnementales. On s’intéressera à l’influence de chaque
variable explicative ou indépendante (Xi) sur la variable dépendante (Y).

3.1.4.1 Validation et résultats du modèle de régression logistique

D’après la littérature (Michaud et al., 2009 ; Mitchell, 2006 ; Richer et al., 1995 ; Pruneau et al.,
2006 ; etc.) et en fonction des données collectées, 15 variables explicatives ont été sélectionnées
: le genre, l’âge, le niveau d’instruction, le statut matrimonial, la perception de la dégradation de
l’environnement, la méconnaissance des bénéfices des pratiques proposées, le cout de la mise en
œuvre de la pratique, le manque de financement, la superficie des champs de maïs, le type de la
main d’œuvre, le temps à allouer pour la mise en œuvre, le revenu agricole, les sources de
revenus, la formation et le support technique. La matrice de corrélation de Pearson a été utilisée
pour vérifier la multi colinéarité des variables explicatives (c’est-à-dire qu’il n’y a pas de
relation entre les variables explicatives). Ce test a permis d’éliminer trois (03) variables
corrélées. Il s’agit des variables revenu agricole, les différentes sources de revenu du producteur
et la méconnaissance des bénéfices des pratiques proposées qui sont corrélées respectivement
avec les variables superficie des champs de maïs, l’absence ou le manque de financement et la
formation (voir tableau de la matrice de corrélation en annexe). Le modèle a été validé car
dans 68% des cas, la variable dépendante est correctement prédite dans le modèle et le test de
Omnibus des coefficients du modèle donne un chi- deux élevé (X2=19,644 et P-value =0,074).
De plus toutes les variables retenues à l’exception du sexe, du niveau d’instruction, et du temps
à allouer ont les signes attendus (tableau 3.5).

66
Tableau 3.5 : Résultats du modèle de régression logistique (N=50)

Variables explicatives B Sig Exp(B) 1/Exp(B)

Genre (0=Homme et 1=Femme) 3,891


-1,360 0,137 0,257
Age (en année) 1,011
-0,011 0,802 0,989
Niveau d’éducation (0=Primaire et 1=Secondaire et plus) //
0,204 0,856 1,227
Statut matrimoniale (0=Seul et 1=En couple) //
0,398 0,679 1,488
Perception de la dégradation de l’environnement (0=Ne //
perçoit pas et 1=Perçoit) 0,652 0,521 1,920

Cout de la mise en œuvre de la pratique (0=Très couteuse 2,053


et 1=Pas du tout couteuse) -0,719 0,522 0,487

Absence ou manque de financement (0=Manque de 4,041


financement et 1= A du financement) -1,405 0,114 0,245

Superficie des champs de maïs (en Ha) * //


0,819 0,099 2,267
Type de la main d’œuvre (0=Familiale et 1=Salariale et //
autre) 0,548 0,680 1,729

Temps à allouer pour la mise en œuvre de la pratique //


(0=Prend assez de temps et 0=Prend moins de temps) 0,284 0,813 1,328

Formation (0=Non et 1=Oui) ** //


4,031 0,019 56,296
Support technique et professionnel (0=Non et 1=Oui) //
1,630 0,147 5,106
Constante
-5,298

Nombre des observations N=50 ; -2Log likelihood ratio =49,350; Nagelkerke R²= 0,434
Pourcentage correct de prédiction =68% ; test de Omnibus des coefficients du modèle
X2=19,664 ; test de Hosmer et Lemeshow X2 =8,827
***significatif à 1% ; **significatif à 5% ; *significatif à 10%

3.1.4.2 Analyse des facteurs influençant l’adoption des mesures environnementales


dans les champs

Formation : cette variable à coefficient positif est significative à 5%. Ceci signifie que
les coopérateurs qui ont assistés à la formation ou aux réunions de restitutions de la dite
formation sont plus favorables à adopter des mesures environnementales prescrites par le projet
par rapport à ceux qui ne l’ont pas fait. En plus comme le montre le tableau 3.5, le ratio ODDS
pour cette variable est de 56,296 (supérieur à 1). Par conséquent, les coopérateurs qui ont
bénéficié de la formation ont une probabilité de 56,296 fois plus élevé d’adopter les mesures

67
environnementales par rapport à ceux n’ayant pas bénéficiés. Ceci s’explique par le fait que les
coopérateurs bénéficiant de la formation acquièrent de nouvelles connaissances en termes de
bonnes pratiques agricoles propices à l’environnement et à la santé humaine bénéfiques pour
eux. Ce qui contribuera à limiter les mauvaises pratiques et ainsi à mieux s’arrimer aux
prescriptions environnementales ou agro-environnementales.

Comme le prouve son coefficient positif et significatif (à 10%) la superficie des champs de
maïs des coopérateurs a une influence sur l’adoption des mesures environnementales tel que, les
coopérateurs ayant une superficie des champs considérable ont 2,267 fois plus l’opportunité
d’intégrer les mesures environnementales dans les champs par rapport à ceux qui ont de faible
superficie (tableau 3.5). Ceci s’explique par le fait que les coopérateurs ayant des grandes
superficies de maïs disposent un bon revenu agricole qui absorbe facilement le coût et le temps
d’implémentation desdites mesures.

Par contre, bien que le coefficient du niveau d’éducation ne soit pas significatif,
cette variable a une influence positive sur l’adoption des mesures environnementales de telle
manière que les coopérateurs instruits ont 1,227 fois plus de chance d'adopter des technologies
qui conduisent à une meilleure protection de l’environnement et aussi à la productivité (tableau
3.5). En effet, le fait que le coefficient de cette variable ne soit pas significatif pourrait être
dû au pourcentage élevé des coopérateurs instruits (70%) dans notre échantillon.

De façon similaire, bien que le coefficient de la variable statut matrimoniale ne soit pas
significatif, il a une influence positive sur l’adoption des mesures environnementales car les
coopérateurs qui sont en couple ont 1,488 fois plus de chance d’adopter ces mesures
compativement à ceux qui sont seul (tableau 3.5). En effet, le fait que le coefficient de cette
variable ne soit pas significatif pourrait être aussi dû au pourcentage élevé des coopérateurs en
couple (80%) dans notre échantillon.

De même, bien que le coefficient de la perception de la dégradation de


l’environnement ne soit pas significatif cette variable influence aussi positivement l’adoption
desdites mesures car les producteurs qui ont cette perception ont une probabilité de 1,920 fois
plus élevé d’adopter les mesures environnementales par rapport à ceux qui n’en ont pas (tableau
3.5). En effet, il est très difficile de percevoir la dégradation de l’environnement surtout lorsqu’il
s’agit de l’impact des pesticides dans l’eau ou bien sur le sol.

En outre, bien que le coefficient du type de la main d’œuvre ne soit pas significatif
cette variable influence positivement l’adoption desdites mesures car les producteurs qui ont une

68
main d’œuvre familiale et salariée ont 1,729 fois plus de chance d’adopter les bonnes pratiques
agricoles par rapport à ceux qui ont une main d’œuvre uniquement familiale ou salariée (tableau
3.5). En effet, ces producteurs pourront mieux effectuer une lutte biologique ou intégrée face aux
nuisibles ou alors appliquer les mesures visant à réduire l’utilisation des pesticides.

De plus, bien que le coefficient de la variable temps à allouer pour la mise en œuvre
de la pratique ne soit pas significatif cette variable influence aussi positivement l’adoption des
mesures environnementales car les producteurs qui ont une main d’œuvre familiale et salariée ou
bien uniquement salariée ont une probabilité de 1,328 fois plus élevé d’adopter les mesures
environnementales que ceux qui ont une main d’œuvre uniquement familiale (tableau 3.5). En
effet, ces producteurs se plaignent moins du temps que peut prendre l’application des bonnes
pratiques agricoles dans les champs.

Support technique et professionnel : bien que cette variable soit aussi non significative,
elle a une influence positive sur l’adoption des mesures environnementales car les producteurs
recevant un appui technique de la part du Conseiller Agricole de Proximité (CAP) ont 5,106 fois
plus de chance d’adopter ces mesures par rapport à ceux qui n’en reçoivent pas (tableau 3.5). En
effet, le Projet met à la disposition des coopératives des CAP afin d’améliorer leur maitrise de
l’itinéraire technique. D’où le fort taux (84%) des producteurs recevant cet appui.

Par ailleurs, bien que le coefficient genre du producteur ne soit pas significatif,
cette variable influence négativement l’adoption des mesures environnementales car les
coopératrices ont 3,891 fois moins de chance d’adopter ces mesures que les coopérateurs
(tableau 3.5). En effet, les femmes étant moins nombreuses et plus âgés se sentent très fatiguées
et de ce fait sont moins aptes à adopter ces mesures.

De même, bien que le coefficient âge du coopérateur ne soit pas significatif, cette
variable influence négativement l’adoption des mesures environnementales. En effet, les
coopérateurs très âgés ont 1,011 fois moins de chance d’adopter de nouvelles technologies
agricoles comparativement à ceux moins âgés qui sont moins réticent face à ces nouvelles
technologies (tableau 3.5). En effet, l’analyse de ce résultat est parallèle à celui du genre.

Parallèlement, bien que le coefficient de la variable coût de la mise en œuvre de la


pratique ne soit pas significatif, cette variable influence négativement l’adoption des
mesures environnementales car une pratique très coûteuse a 2,053 fois moins de chance d’être
adoptée par les coopérateurs que celle qui est moins couteuse (tableau 3.5).

69
Quant à la variable absence ou manque de financement, elle a un coefficient non
significatif et influence négativement l’adoption des mesures environnementales car les
producteurs qui manquent de financement ont une probabilité de 4,041 fois moins élevé
d’adopter ces mesures que ceux qui ont du financement (tableau3.5). En effet, un coopérateur qui
peut ne pas payer directement la main d’œuvre pour travailler dans son champ s’intéressera
moins aux nouvelles technologies agricoles même si elles sont bénéfiques pour lui.

En résumé, l’adoption des mesures environnementales par les coopérateurs a été


associée à une caractéristique économique telle que la superficie des champs et à l’expertise et
support technique tels que la formation. L’hypothèse 3 est donc confirmée.

3.2 Discussion des résultats

D’après les résultats obtenus sur la détermination des facteurs influençant l’adoption des
mesures environnementales dans les champs des coopérateurs, certaines coïncident avec celles
de certains auteurs et d’autres non. Il s’agit principalement des facteurs suivants :

La formation : ce facteur influence positivement et significativement l’adoption de ces


mesures. Ce résultat corrobore avec les recherches antérieures qui ont démontré que la présence
d’un soutien technique, de type accompagnement (formation), pour mettre en place certaines
mesures plus exigeantes est certainement un facteur qui favorise positivement l’adoption de
bonnes pratiques (Groulx-Tellier, 2012). Il a été aussi constaté sur le terrain que les coopérateurs
formés ont abandonné les mauvaises pratiques et s’adaptent progressivement aux bonnes
pratiques qui les ont été enseignées durant la formation et surtout continuent à sensibiliser les
membres de la coopératives non formés.

La superficie des champs de maïs est aussi un facteur qui influence positivement et
significativement l’adoption de ces mesures environnementales prescrites par le PIDMA. Ce
résultat rejoint celui de Richer (1995) qui a prouvé que les producteurs ayant des bassins de
production importants adoptent mieux les pratiques agro-environnementales car le coût et le
temps d’implémentation de ces pratiques sont facilement absorbés par leur revenu agricole. Lors
de la descente sur le terrain, le constat qui a été fait est que les coopérateurs surtout ceux
d’AFMABA (Batchenga) ont quand même des superficies importantes et se donnent à fond pour
la réussite de leur champ afin d’obtenir un bon rendement. D’où le coût de production peut être
facilement absorbé par le cout de revient.

70
En ce qui concerne le niveau d’éducation, ce facteur influence positivement l’adoption
malgré le fait que son coefficient ne soit pas significatif. Ce constat a été aussi observé par
Tadesse et Assureurs (2004) qui ont affirmé que les producteurs instruits ont une meilleure
chance d'adopter des technologies qui conduisent à une meilleure productivité et par conséquent,
à une meilleure protection de l’environnement.

Le facteur statut matrimoniale a aussi une influence positive sur l’adoption des mesures
ou pratiques environnementales. Ce résultat va en droite ligne avec l’étude de Chatterjee et
al. (2012) et de Nagata et al. (2012) qui ont démontré que les producteurs en couple ont plus de
chance d’adopter ces mesures car reçoivent du soutien (intellectuel, physique, financier, etc.) de
la part de leur partenaire.

En outre, la perception de la dégradation de l’environnement est un facteur


influençant aussi positivement l’adoption des bonnes pratiques. Ce constat a également été
effectué par Richer et al. (1995) qui a prouvé que la perception de la problématique
environnementale est considérée comme une condition essentielle pour l’adoption de bonnes
pratiques.

Il a été constaté sur le terrain que les producteurs ayant uniquement une main d’œuvre
familiale se plaignent beaucoup de la pénibilité du travail vue la taille de l’exploitation agricole.
De même, ceux qui ont une main d’œuvre salariée n’arrivent toujours pas à contrôler le travail
des ouvriers surtout en ce qui concerne les prescriptions environnementales. C’est pourquoi les
coopérateurs qui ont une main d’œuvre familiale et salariée adoptent plus ces prescriptions car
ils ont une main d’œuvre suffisante et surtout ont l’opportunité de contrôler le travail des
ouvriers. C’est ce qui explique le fait que le facteur type de la main d’œuvre influence
positivement l’adoption des mesures environnementales.

Les études effectuées sur le terrain ont montrés que plus de la majorité des producteurs
recevaient un appui du CAP. Sauf les coopérateurs qui ont leur champs soit très éloigné, soit
difficilement accessible. D’où, le facteur support technique et professionnel influence
positivement l’adoption des pratiques environnementales. Ce résultat rejoint celui de Groulx-
Tellier (2012) qui a démontré que la présence d’un soutien technique, de type accompagnement,
pour mettre en place certaines mesures plus exigeantes est certainement un facteur qui favorise
positivement l’adoption de ces pratiques.

Le temps à allouer pour la mise en œuvre de la pratique est un facteur qui influence
aussi positivent l’adoption car les producteurs travaillant avec les deux types de main d’œuvre se

71
plaignent moins de ce temps. Ce résultat est contraire à ceux de Groulx-Tellier (2012) et Richer
et al. (1995) qui ont prouvé qu’une pratique agroenvironnementale qui nécessite assez de temps
serait moins adoptée par les producteurs surtout ceux ayant de petit bassin de production.

L’âge du coopérateur est un facteur qui influence aussi négativement cette adoption. Ce
constat est identique à celui de Richer et al. (1995) dont les résultats de certaines études ont
démontré que les producteurs agricoles plus expérimentés et âgés étaient généralement
davantage réticents à adopter des méthodes de conservation puisqu’ils avaient tendance à
minimiser l’impact des problèmes environnementaux. Et ceci a été effectivement vérifié sur le
terrain.

Le facteur coût de la mise en œuvre de la pratique influence négativement cette


adoption. Le constat fait sur le terrain a été en parfaite similitude avec celui du Centre de
Référence en Agriculture et Agroalimentaire du Québec (2007) qui a montré que si l’adoption
d’une bonne pratique agroenvironnementale engendre l’accroissement des coûts de production
et/ou un investissement de base important, les agriculteurs n’y adhèreront généralement pas.

Les coopérateurs qui manquent du financement ont certes la volonté d’adopter les
prescriptions environnementales mais se plaignent de leur coût. Bon nombre de producteurs en
sont à ce niveau, ce qui à entrainer une influence négative de ce facteur sur cette adoption. Ce
résultat rejoint celui du Centre de Référence en Agriculture et Agroalimentaire du Québec
(2007) car un producteur qui se plaint du cout de la mise en œuvre et manque du financement
n’y adhérera forcement pas.

Bien que les femmes aient un effectif considérable dans l’échantillon, on a constaté un
vieillissement de ces dernières. Ainsi, le facteur genre du producteur influencent
négativement l’adoption des mesures environnementales car en parcourant la littérature, il a été
mentionné que les femmes étaient plus sensibles aux préoccupations environnementales que les
hommes (Richer et al., 1995). Ce résultat est contraire à celui de Richer car dans notre étude, ce
sont les hommes qui sont plus sensibles.

En somme, l’on s’attendait à ce que certaines variables telles que : (i) le temps à allouer pour la
mise en œuvre de la pratique, (ii) le genre du coopérateur et (iii) le niveau d’éducation
influencent fortement l’adoption des mesures ou pratiques agroenvironnementales. Ces variables
n’ont pas eu des signes attendus et en plus ne sont pas significatifs.

72
3.3 Recommandations

Les chapitres précédents ont permis de dresser les principaux facteurs qui influencent soit
positivement et significativement, soit positivement et non significatif, soit négativement et non
significatif l’adoption des pratiques ou mesures environnementales par les coopérateurs
producteur de maïs. En ordre croissant d’importance, ces facteurs sont selon la revue de
littérature : (i) économiques, (ii) expertise et soutien technique et (iii) social et psychologique. La
collecte des données auprès des coopérateurs d’AFMABA et COOPROMAME a révélé
également la grande influence des facteurs économiques cependant, en second lieu ce sont plutôt
les facteurs sociaux et psychologiques. Ces résultats suscite le questionnement suivant :
comment pourrait être amélioré l’approche auprès des producteurs agricoles afin d’encourager
l’adoption des mesures agroenvironnementales ? Cette question a été posée aux coopérateurs lors
de l’enquête. Les résultats seront présentés ci-dessous et par la suite les recommandations seront
émises.

3.3.1 Incitatifs possibles pour améliorer l’adoption des pratiques environnementales


selon les coopérateurs d’AFMABA et COOPROMAME

Globalement, les coopérateurs questionnés avaient beaucoup de suggestions à apporter


pour améliorer l’adoption des pratiques environnementales. Un des principaux moyens évoqués
par les répondants est l’augmentation des incitatifs financiers. Ainsi, selon ces derniers, une aide
financière et diversifiée serait un moyen qui pourrait convaincre les producteurs agricoles de
faire le saut. Cette aide financière devrait cependant être facilement accessible, afin de leurs
permettre de lancer aisément une nouvelle campagne de production. Et surtout de faire face aux
multiples maladies dominantes du maïs en pratiquant effectivement une lutte intégrée comme le
souhaite le PIDMA. Une autre idée évoquée par les répondants est la réalisation de
démonstrations chez des producteurs qui ont adopté une pratique agroenvironnementale. Le but
de ces démonstrations est de présenter concrètement l’application d’une méthode
agroenvironnementale et de permettre les échanges de connaissances entre producteurs de la
même filière. Selon un répondant, les producteurs agricoles ont une grande influence les uns sur
les autres. Ils sont donc les mieux placés pour parler aux autres de leurs expériences en matière
d’agroenvironnement. Finalement, certains répondants ont mentionné que les producteurs
agricoles devraient être davantage accompagnés dans leur démarche. Selon ces derniers, le Projet
devrait affecter un assistant environnemental dans chaque siège des coopératives.

73
3.3.2 Recommandations

Avant tout chose, il est important de considérer l’influence du milieu sur le


comportement des producteurs agricoles. Les coopérateurs à grand bassin de production par
exemple, sont fortement sollicités par les compagnies qui vendent des pesticides. Ainsi, si l'on
veut mettre en place des pratiques qui visent la réduction de l’utilisation de pesticides il faut
prendre en considération l’influence majeure de ce groupe d’acteurs.

Selon cette étude, le principal facteur qui limite l’adoption des mesures ou pratiques agro-
environnementales est les considérations économiques. Ainsi, certaines mesures principalement
celles visant à effectuer une lutte intégrée contre les maladies dominantes (respecter les formules
de fertilité équilibrée ; arrachage et incinération des plants malades ; pratiquer la rotation des
cultures ; éliminer les plants de trop) sont peu attrayantes aux yeux des producteurs agricoles
puisqu’elles prennent beaucoup de temps et demandent parfois un investissement de base
important et ne sont pas nécessairement rentables après leur implémentation. Un appui financier
plus généreux et accessible qui cible les pratiques les moins rentables pourrait être mis de
l’avant.

Les efforts agro-environnementaux des producteurs agricoles devraient aussi être


davantage publicisés pour engendrer un rayonnement dans le milieu. Tel que mentionné
précédemment les producteurs agricoles ont une grande influence les uns sur les autres. De plus,
ce type de stratégie permettrait d’influencer positivement les perceptions du grand public par
rapport aux activités des producteurs agricoles.

En somme, l’adoption d’un comportement bénéfique pour l’environnement est un


processus complexe et dépend en grande partie du milieu dans lequel évolue le producteur
agricole (CRAAQ, 2007). Étant donné les particularités de chaque producteur agricole il semble
qu’une approche spécifique lors de l’accompagnement soit plus bénéfique que globale (CRAAQ,
2007).

74
CONCLUSION GENERALE

La pratique d’une agriculture intensive sur un territoire est souvent source de plusieurs
problématiques environnementales. Conscient de ces problématiques, le Projet d’Investissement
et de Développement des Marchés Agricoles (PIDMA), a mis en place une série de mesures
agro-environnementales qui devront être mises en pratiques par les coopératives bénéficiaires.
Mais il s’avère que certains producteurs de maïs se trouvent confronter à de nombreuses
difficultés leur empêchant ainsi de mettre en pratique ces mesures.

Cette étude avait pour objectif d’analyser les principaux facteurs qui limitent ou
favorisent l’adoption des mesures agro-environnementales par les coopérateurs producteurs de
maïs des localités de Batchenga et Mengong. Plus spécifiquement, il était question de vérifier si :
le niveau de connaissance en termes de mesures environnementales n’est pas un frein à la prise
en compte desdites mesures ; s’il existe des relations entre le manque de support technique et
professionnel, les caractéristiques socio-économiques et le niveau d’applicabilité des mesures
environnementales par les coopérateurs ; si certains facteurs limitent effectivement l’adoption
des mesures environnementales dans les champs. Ces trois (03) hypothèses ont été effectivement
vérifiées car les résultats descriptifs du terrain indiquent que :

La majorité (80%) des coopérateurs a bel et bien connaissance de ces mesures


agroenvironnementales car ces derniers ont pris part aux ateliers de formation organisés par le
Projet donc cela ne pourrait être un frein quant au niveau d’applicabilité.

Le test de Khi deux a dévoilé que ce niveau d’applicabilité serait lié aux caractéristiques
sociales et psychologiques (perception de la dégradation de l’environnement, type de la main
d’œuvre) et économiques (revenu agricole du producteur, méconnaissance des bénéfices des
pratiques proposées), de l’expertise et du support technique (formation).

Le modèle de régression logistique révèle que l’adoption des mesures


agroenvironnementales est associée à la formation (5%) et à la superficie des champs de maïs.
Cependant, certains déterminants identifiés dans la littérature et disponibles dans nos données
collectées (le genre, l’âge, le niveau d’instruction, le statut matrimonial, la perception de la
dégradation de l’environnement, le cout de la mise en œuvre de la pratique, le manque de
financement, le type de la main d’œuvre, le temps à allouer pour la mise en œuvre, et le support
technique) ne semblaient pas être associés à l’adoption des mesures agro-environnementales
dans notre échantillon.

75
Par ailleurs, pour vérifier ces hypothèses, de nombreuses difficultés ont été rencontrées
sur le terrain.

Au cours de la descente à Batchenga dans la coopérative AFMABA, les difficultés


rencontrées sont dues au fait que d’une part les coopérateurs (qui sont des femmes en majorité
car il faut noter que c’est une coopérative à 70% de femmes) sont très âgés, et de ce fait s’est
posé un problème de compréhension et de dialogue puisque certains ne comprennent et ne
s’expriment pas bien en français. D’autre part, certains ne perçoivent pas encore les impacts
négatifs de leur activité sur l’environnement et leur santé car ils ont du mal à citer quelques-uns.
De plus, la majorité n’a pas encore pris connaissance des documents fournis lors des ateliers de
formation, d’où il était un peu difficile de travailler dans ce contexte.

A Mengong dans la coopérative COOPROMAME, bon nombre de producteurs n’ont pas


assistés au moins à l’une des formations et encore moins lors des réunions de restitutions de
formation organisées par le CAP. Ces derniers ne maitrisent aucune des bonnes pratiques
environnementales proposées par le PIDMA. Dans ce contexte, la difficulté était encore plus
grande. On note aussi que la distance qui sépare un coopérateur à l’autre rendait le travail très
pénible et surtout que pour les rencontrer il fallait y aller soit très tôt le matin, soit en soirée.

Dans une perspective de minimiser l’influence de certains facteurs de l’adoption des


pratiques agro-environnementales, des efforts synergiques de plusieurs acteurs sont envisagés
pour obtenir les résultats escomptés.

Aux coopérateurs, il est recommandé de se réunir en groupe de travail d’au moins 10


personnes afin de pratiquer des rotations dans les champs de chaque membre du groupe. Cette
union permettra d’étendre les superficies de maïs, de limiter le payement de la main d’œuvre,
d’éviter de s’endetter à cause du manque de financement, de gagner en temps et surtout de se
sensibiliser en terme de bonnes pratiques agro-environnementales proposées par le PIDMA afin
qu’elles soient connues par tous.

Au PIDMA, il est recommandé d’apporter des moyens relativement simples tels que de
l’aide financière, des ateliers de démonstration en champs de bonnes pratiques et d’affecter des
assistants environnementalistes dans chaque siège des coopératives. Egalement, continuer à
chercher de nouveaux agro-business pour la signature des contrats avec les coopératives afin
d’assurer un meilleur revenu des producteurs de maïs à travers la stabilisation des prix du Kg de
maïs. Ceci pourra les encourager à continuer l’activité et les exciter au respect des prescriptions
environnementales surtout si l’agro-business est très exigeant sur ce fait pour l’achat du produit.

76
En somme, la connaissance des facteurs qui limitent l’adoption de certaines bonnes
pratiques agro-environnementales par le PIDMA est un outil essentiel qui doit permettre
d’améliorer les programmes et les politiques actuellement en place.

77
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

 Aminot, I., Damon, M. (2002). Régression logistique : intérêt dans l’analyse de


données relatives aux pratiques médicales. Revue Médicale de l’Assurance Maladie,
137p.
 Banque Mondiale., (2007). From Agriculture to Nutrition: Pathways, Synergies and
Outcomes. Washington D.C.: Banque international pour la reconstruction et le
développement et la Banque Mondiale, 83p.
 Batamoussi Hermann M, Moumouni I, Tokoro Orou Méré SBJ., (2015).
Contribution à l’amélioration des pratiques paysannes de production durable de
coton (Gossypium hirsutum) au Bénin : cas de la commune de Banikoara. Int.
J. Biol. Chem. Sci., 9(5): 2401-2413. DOI : http://dx.doi.org/10.4314/ijbcs.v9i5.12
 Beyene, F. et Muche, M. (2010). Determinants of food security among rural
households of central Ethiopia: An empirical analysis. Q. J. Int. Agric., 49: 299-318p.
 Binswanger, H. P. and D. A. Sillers, (1983). "Risk aversion and credit constraints in
farmers' decision‐making: A reinterpretation." The Journal of Development Studies
20(1): 5-21p.
 Bougha, E., Novembre 2014. Evaluation financière socio-environnementale de la
certification Rainforest dans le secteur cacao chez les producteurs suivi par la sic
CACAOS. Mémoire de fin d’études présenté en vue de l’obtention du diplôme
d’Ingénieur Agronome, FASA Dschang, 14p.
 Boutin, D., (2004). Réconcilier le soutien à l’agriculture et la protection de
l’environnement. Québec, Direction du milieu rural, Ministère de l’Environnement du
Québec, 30 p.
 Canards Illimités Canada, (2008). Étude pour une approche de gestion intégrée de
l’eau de surface par des ouvrages de retenue dans les cours d’eau agricoles tributaires
du ruisseau Norton - Concilier les enjeux agricoles et les enjeux environnementaux.
Québec, Canards illimités Canada, 115p.
 Centre orstom de Yaoundé., Mars 1966. Dictionnaire des villages de la Lekié, 75p.
 Chatterjee, N., Fernandes, G. et Hernandez, M. (2012). Food insecurity in urban
poor households in Mumbai, India. Food Security, 619-632p.
 Choquette C., (2009). Analyse de la validité des règlements municipaux sur les
bandes riveraines. Québec, Université de Sherbrooke, R.D.U.S. volume 39, 261p.

78
 CRAAQ (2007)., Mandat de recherche : Les bonnes pratiques
agroenvironnementales, fiche de travail : les bonnes pratiques
agroenvironnementales. In CRAAQ. Commission sur l’avenir de l’agriculture et de
l’agroalimentaire québécois, [En
ligne].http://www.craaq.gouv.qc.ca/userfiles/File/Mandats%20etude/Helene%20Perra
ult%20Bonnes%20pratiques.pdf.
 DIBANGO, P.M., Décembre 2016. Analyse des facteurs influençant la sécurité
alimentaire des ménages producteurs de cacao : cas de la localité de Mbalmayo,
Mémoire de fin d’études présenté en vue de l’obtention du diplôme d’Ingénieur
Agronome, FASA Dschang, 98p.
 DUPRAZ, P., Mai 2003. Mesures agro-environnementales et demande de travail
agricole, 26p.
 ERE DEVELOPPEMENT., Avril 2014. Rapport du Plan de Gestion des Pesticide
PIDMA, 35p.
 ERE DEVELOPPEMENT., Mars 2014. Rapport du Cadre de Gestion
Environnementale et Sociale PIDMA, 52p.
 FAO: Développement statistique numéro 5, FAO, Rome., 1995. Programme du
recensement mondial de l’agriculture 2000, 28p.
 Groulx-Tellier, E., Septembre 2012. Facteurs influençant l’adoption de bonnes
pratiques Agroenvironnementales par les producteurs de grandes cultures dans le
bassin versant de la rivière châteauguay. Mémoire de fin d’études présenté en vue de
l’obtention du grade de maître en environnement (M. Env.), centre universitaire de
formation en environnement Sherbrooke, Québec, Canada, 13p et 23p.
 INSEE., Octobre 2016. Définition Exploitation Agricole
 Institut de recherche scientifique du Cameroun., Aout 1965. Dictionnaire des
villages de la Haute-Sanaga, 55p.
 Jacob Afouda YABI, François Xavier BACHABI, Innocent Adédédji LABIYI,
Christian Agbatchi ODE et Romaine Lalé. AYENA, avril 2016. Déterminants
socio-économiques de l’adoption des pratiques culturales de gestion de la fertilité des
sols utilisées dans la commune d’Ouaké au NordOuest du Bénin, 14p.
 Jama B, Gonzalo P., 2008. Agriculture in Africa: Strategies to Improve and
Sustain Smallholder Production Systems. Ann. N.Y. Acad. Sci. New York 1136:
218–232p.

79
 Jaza, F.A.J., (2015). The determinants for the adoption of compost from household
waste for crop production by farmers living nearby Yaoundé, Cameroon: descriptive
and logit model approaches of analysis. Article published in International journal of
biological and chemical sciences, 308-328p.
 Justin Von Liebig., 1840. Loi du minimum ou loi des facteurs limitant.
 Katz, M.H. (1999). Multivariable analysis. A practical guide for clinicians,
Cambridge University Press.
 Lawin, G., 2006. Analyse des déterminants de l'adoption et de la diffusion du
dispositif amélioré d'étuvage du riz dans la commune de glazoue. diplôme d'Ingénieur
Agronome Option : Economie, Socio- Anthropologie et Communication, Université
d'Abomey-Calavi, 113p.
 Manfo, D.A., Mai 2015. Maitrise des impacts de la construction du bassin de retenue
d’eau du barrage de Memve’ele sur les ressources forestières. Mémoire de Master
professionnel, CRESA Foret-Bois, 124p.
 Michaud, A., Ruyet, F.,Beaudin, I. (2009). Évaluation des outils de gestion
agroenvironnementale à l’échelle du bassin versant dans un cadre opérationnel de
service-conseil à la ferme – Dans le cadre du projet Lisière verte. Québec, Institut de
recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA), Coopérative de
solidarité du bassin versant de la rivière au Brochet, Dura-Club, AAC (PASCAA) et
MAPAQ, 63 p.
 MINADER., (Juillet 2006). Stratégie de Développement du Secteur Rural, 12p.
 MINEF, Février 1996. Plan national de gestion de l'environnement volume II
analyse des secteurs d'intervention, 582p.
 Mitchell, R., (2006). Study on identifying rural sociological barriers to adoption.
Research report, Canada, Alberta Research Council, 224p.
 Nagata, J. M., Magerenge, R. O., Young, S. L., Oguta, J. O., Weiser, S. D. et
Cohen, C. R. (2012). Social determinants, lived experiences, and consequences of
household food insecurity among persons living with HIV/AIDS on the shore of Lake
Victoria, Kenya. AIDS Care - Psychological and Socio-Medical Aspects of
AIDS/HIV, 24(6), 728-736p.
 Ndam Njiemessa, M., Juin 2016. Accessibilité financière des agriculteurs familiaux
auprès des établissements de micro-finance : cas du département de la Lékie

80
(Cameroun), Mémoire de fin d’études présenté en vue de l’obtention du diplôme
d’Ingénieur Agronome, FASA Dschang, 38p.
 Nonga. N. F., (2002), « Gestion soutenable de la forêt et développement intégré
au Cameroun ». Thèse de Doctorat d’Etat, Université deYaoundé II-Soa, 385p.
 Nounanwa Rock, E. H., 2015. Déterminants de l’adoption de la lutte intégrée en
horticulture au Québec. Mémoire de fin d’études présenté en vue de l’obtention du
grade de maître des sciences (M.Sc), Université Laval, 144p.
 NTSAMA ETOUNDI, S. M., KAMGNIA DIA, B., (Février 2014). Les
déterminants de l’adoption des variétés améliorées de maïs : adoption et impact
de la « CMS 8704 », 23p.
 Perault, H., (2007). Les bonnes pratiques agroenvironnementales, 7p.
 PIDMA. (2014). Résumé du Cadre de Gestion Environnementale et Sociale, 1p.
 PIDMA. (2014). Manuel d’Exécution du Projet, 10p.
 PNDP. (Novembre 2013). Plan communal de développement de Mengong, 18-37p.
 Pruneau, D., Doyon, A., Langis, J., Vasseur, L., Martin, G., Ouellet, E.,
Boudreau, G. (2006). L’adoption de comportements environnementaux: motivations,
barrières et facteurs facilitants .In UQAM. REFERE.
 Richer, N., Needeman, R., (1995). Études des perceptions des agriculteurs du bassin
versant de la rivière aux Raisins concernant l’impact de l’agriculture sur la qualité de
l’environnement de la région. Ottawa, Institut de recherche sur l’environnement et
l’économie, Université d’Ottawa, 195p.
 Roussy C., Ridier A., Chaib K., Avril 2015 Adoption d’innovations par les
agriculteurs : rôle des perceptions et des préférences, 24p.
 Sauvé, L., (2007). Théories et pratiques d’éducation relative à l’environnement. In
Université du Québec à Montréal. ERE-UQAM, 62-63p.
 Sermé I, Outtara K, Logah V, Taounda JB, Pale S, Quansah C, Abaidoo R.,
2015. Impact of tillage and fertility management options on selected soil
physical properties and sorghum yield. Int. J. Biol. Chem. Sci., 9(3): 1154-1170.
DOI : http://dx.doi.org/10.4314/ijbcs.v9i3.2
 Steg,L.Vlek,C. (2008). Encouraging pro-environmental behaviour: An integrative
review and research agenda. Journal of Environmental Psychology 29 (2009) 309–
317p.

81
 Sunding, D. and D. Zilberman, (2001). The agricultural innovation process:
Research and technology adoption in a changing agricultural sector. Handbook of
Agricultural Economics. L. G. Bruce and C. R. Gordon, Elsevier. Volume 1, Part A:
207-261.
 Vojtech, V., (2010). « Les mesures prises face aux problèmes agro-
environnementaux », Éditions OCDE. doi : 10.1787/5kmjrzdr9s6c-fr, 6p.

82
ANNEXES

Annexes 1 : Questionnaire

N° Fiche …………………. Date :………............... ……………………………….


Nom de l’enquêteur…………………………………………………………………..
Nom de la coopérative : ……………………………………………………………..
Département……………………..Arrondissent………………… Localité…………
Nombre de producteurs de maïs membres de votre coopérative : ………………….
I. SITUATION SOCIO-ECONOMIQUE
A. INFORMATION GENERALE

N° Questions Réponses
1 Sexe 0-Masculin 1- Féminin
2 Age
3 Niveau d’éducation 1- N’a pas été à l’école 2-Primaire
3 – Secondaire 4 – Supérieure
4 Statut matrimonial 1- Célibataire 2- Marié 3- Veuf
(ve)
5 Nombre de personnes en charge
vivant ou non avec vous
6 Exercez-vous une activité non 1- Oui 0-Non
agricole ?
7 Si oui, laquelle (lesquelles) ? 1- Fonctionnaire 2- Elevage
3- Artisanat 4- Commerçant
5- Autre (précisez)………..
8 Depuis combien de temps cultivez-
vous le maïs ?
9 Avez-vous déjà bénéficié de l’appui 1- Oui 0-Non
du PIDMA (Semences, Engrais,
Formation,
Accompagnement)?

83
B. INFORMATIONS SUR L’EXPLOITATION AGRICOLE

N: Questions Réponses
10 Avez-vous facilement accès à la terre 1- Oui 0- Non
?
11 Si non, pourquoi ? 1- Conflit interculturel
2- Autre (à préciser)
12 Propriété foncière (Comment avez- 1- Achat 2- Héritage
vous obtenu vos terres ?)
3- Don 4-Location
5-Autre (précisez)
13 Coût d’achat et location d’un hectare Achat …………………
Location…………….
14 Vos terres ont-ils un titre foncier? 1- Oui 0- Non
25 Type de la main d’œuvre 1- Familiale 2- Salariale
3- Familiale et salariale
16 Dans quel milieu cultivez-vous ? 1- foret 2- Savane
17 Quelle est la superficie totale en ha
cultivée ?
18 Quelle est la configuration de votre 1- Plaine 2- Pente
terrain ?
19 Quelle est la variété de maïs que vous 1- Variété locale (précisez)
utilisez?
2- Variété améliorée ou hybride
(précisez)
20 Votre production est utilisé pour : 1- consommation 2- La commercialisation
3- la transformation
21 Quel est votre revenu agricole par
production?

II. NIVEAU DE CONNAISSANCE DES MESURES ENVIRONNEMENTALES


A. ACTIVITES DE PRODUCTION

N: Questions Réponses
22 Quel type d’agriculture pratiquez-vous ? 1- Subsistance
2- Commerciale

84
23 Combien de fois par campagne de 1- une fois 2- deux fois 3-trois fois
production procédez-vous au désherbage ?
24 Techniques de désherbage ? 1- Mécanique (manuellement) 2- avec
Herbicide (précisez le non de l’herbicide)
3- les deux

B. PORTRAIT DE L’AGROENVIRONNEMENT

N: Questions Réponses
25 Pouvez-vous citer des effets négatifs de ………………………………………………
vos activités sur l’environnement ? …………….
………………………………………………
26 Avez-vous déjà été victimes de certains de 1- Oui 0-Non
ces effets ?
si oui, lesquels ………………………………………………
……………..
………………………………………………
27 Avez-vous déjà reçu une formation sur 1- Oui 0-Non
l’environnement ou la gestion des
nuisibles?
28 Citez les mesures que vous mettez en ………………………………………………
pratique pour prévenir, ou éliminer les ……………….
impacts négatifs de vos activités sur ………………………………………………
l’environnement
29 Que faites-vous pour protéger vos cultures 1- utilisation des pesticides 0- lutte
contre les maladies et/ou les ravageurs ? biologique

Si pesticide lesquels? ………………………………………………


…………….
………………………………………

Si lutte biologique quel type? ………………………………………………


……………….
………………………………………………
30 Avez-vous reçu une formation pour utiliser 1- Oui 0- Non
des pesticides chimiques
Si oui, les mettez-vous en pratique ? 1- Oui 0- Non
31 Comment faites-vous pour déterminer les ………………………………………………
doses de vos produits ……………..
……………………………………………
32 Connaissez-vous les produits 1- Oui 0- Non

85
phytosanitaires interdits au Cameroun?
Si oui, citer quelques-uns ………………………………………………
………………
………………………………………………
33 Connaissez-vous les produits 1- Oui 0- Non
phytosanitaires homologués au
Cameroun ?
Si oui, citer quelques-uns ………………………………………………
………………
………………………………………………
Traitez-vous vos semences aux 1- Oui 0- Non
fongicides à bonne dose ?
34
Si non, pourquoi ? ………………………………………………
…..................
………………………………………………
Effectueriez-vous une rotation des 1- Oui 0- Non
cultures ?
35
Si non, pourquoi ? ………………………………………………
…..................
………………………………………………
Utilisez-vous des insecticides de 1- Oui 0- Non
synthèse (téflutrine) au moment des
36 semis ?
Si non, pourquoi ? ………………………………………………
…..................
………………………………………………

III. NIVEAU D’APPLICABILITE DES MESURES


37/ Quelles catégories de pratiques ou mesures sont les plus appliquées ?
(Échelle de 1 à 3, 1= catégorie la moins appliquée ; 2= catégorie moyennement
appliquée ; 3= catégorie la plus appliquée)

Catégorie de mesures Exemples 1à3


a) Les mesures visant la Désherbage mécanique
réduction et la gestion
raisonnée de l’usage des Dépistage (lutte intégrée)
pesticides Utilisation réduite des pesticides
Rotation des cultures
b) Mesures visant à effectuer Respecter les formules de fertilité

86
une lutte intégrée contre les équilibrée
maladies dominantes
Arrachage et incinération des plants
malades.
Pratiquer la rotation des cultures
Éliminer les plants de trop
c) Mesures visant la réduction Port des EPI
des maladies causées par les
pesticides Utilisation des produits homologués
Respect des doses des produits

38/ Pouvez-vous dire pourquoi la première catégorie de pratiques que vous avez identifiée est la
plus répandue?
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………...

39/ Parmi ces catégories de pratiques, qu’elle est la pratique la plus adoptée par les producteurs
de maïs ?
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
………………………….
40/ Pourquoi cette pratique est-elle la plus appliquée ?
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………
41/ Pouvez-vous dire pourquoi la dernière catégorie de pratique que vous avez identifié est la
moins répandue?
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………..
42/ Trouvez-vous que le PGP et le CGES sont des bons outils de travail pour diagnostiquer les
problématiques agroenvironnementales ? 1- oui 0- non
Si non pourquoi ?
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………

87
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………

43/ Selon vous, quels sont les principaux facteurs qui freinent l'adoption des mesures
environnementales dans les champs? (1=pas du tout, 2= moyennement, 3=énormément)

Facteurs 1 2 3

les coûts de la mise en œuvre de la


pratique

l’absence ou manque de financement.


Contraintes économiques
la superficie des champs de maïs

le temps à allouer pour la mise en


œuvre

Le revenu agricole du producteur

Source de revenus du producteur

Manque de support Formation


technique et professionnel
Support technique: Encadré et suivi
par un conseiller agricole de
proximité

Age

Sexe

Situation matrimoniale

Contraintes sociales Niveau d’éducation

Perception de la dégradation de
l’environnement

méconnaissance des bénéfiques des


pratiques proposées

88
le type de la main d’œuvre

44/ Selon vous, quels moyens pourraient être envisagés pour encourager davantage l'adoption de
bonnes pratiques agro-environnementales par les producteurs de maïs ?
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………
Annexe 2 : T-test de comparaison des moyennes des variables âge, superficie des champs,
revenu agricole entre les producteurs de maïs des coopératives AFMABA et COOPROMAME

Group Statistics

COOPERATIVE N Mean Std. Deviation Std. Error Mean

AFMABA 21 50,67 8,839 1,929


Quel âge avez-vous?
COOPROMAME 29 48,21 10,916 2,027

Independent Samples Test


T-test for equality Mean

t df Sig (2- Mean Std Error

tailed) Difference Difference

Quel âge Equal variance assumed 0,850 48 0,400 2,460 2,895

avez-vous?
Equal variance not assumed 0,879 47,333 0,384 2,460 2,798

Group Statistics

COOPERATIVE N Mean Std. Deviation Std. Error Mean

Quel est la superficie de AFMABA 21 1,9524 1,85003 ,40371


votre champ? COOPROMAME 29 ,9069 ,53498 ,09934

Independent Samples Test


T-test for equality Mean

89
t df Sig (2- Mean Std Error

tailed) Difference Difference

Quel est la Equal variance assumed 2,891 48 0,006 1,04548 0,36165

superficie de
Equal variance not assumed 2,515 22,437 0,020 1,04548 0,41575
votre champ?

Group Statistics

COOPERATIVE N Mean Std. Deviation Std. Error Mean

Quel est votre revenu AFMABA 21 396360,00 481510,567 105074,220


agricole? COOPROMAME 29 96469,66 73719,215 13689,315

Independent Samples Test


T-test for equality Mean

t df Sig (2- Mean Std Error

tailed) Difference Difference

Quel est votre Equal variance assumed 3,313 48 0,002 299890,345 90508,187

revenu
Equal variance not assumed 2,830 20,680 0,010 299890,345 105962,206
agricole?

Annexe 3 : Test du Khi-deux entre les variables explicatives et le niveau d'application


Test du Khi-deux entre le sexe et le niveau d'application
Signification
Valeur ddl asymptotique
(bilatérale)

Khi-deux de Pearson 1,701a 2 0,427

Rapport de vraisemblance 1,715 2 0,424

Association linéaire par 0,983 1 0,321


Linéaire

Nombre d'observations 50
valide
a. 1 cellule (16,7%) a un effectif théorique inférieur à 5.
L'effectif théorique minimum est de 3,60.

Test du Khi-deux entre l’âge et le niveau d'application

90
Signification
Valeur ddl asymptotique
(bilatérale)

Khi-deux de Pearson 4,450a 6 0,616

Rapport de vraisemblance 4,654 6 0,589

Association linéaire par 1,499 1 0,221


Linéaire

Nombre d'observations 50
valide
a. 7 cellules (58,3%) ont un effectif théorique inférieur à 5.
L'effectif théorique minimum est de 1,26.

Test du Khi-deux entre le statut matrimonial et le niveau d'application


Signification
Valeur ddl asymptotique
(bilatérale)

Khi-deux de Pearson 2,418a 4 0,659

Rapport de vraisemblance 3,111 4 0,539

Association linéaire par 0,428 1 0,513


Linéaire

Nombre d'observations 50
valide
a. 6 cellules (66,7%) ont un effectif théorique inférieur à 5.
L'effectif théorique minimum est de 0,72.

Test du Khi-deux entre le niveau d’éducation et le niveau d'application


Signification
Valeur ddl asymptotique
(bilatérale)

Khi-deux de Pearson 2,013a 4 0,733

Rapport de vraisemblance 2,050 4 0,727

Association linéaire par 1,379 1 0,240


Linéaire

Nombre d'observations 50
valide
a. 5 cellules (55,6%) ont un effectif théorique inférieur à 5.
L'effectif théorique minimum est de 1,80.

91
Test du Khi-deux entre La perception de la dégradation de l’environnement et le niveau
d'application
Signification
Valeur ddl asymptotique
(bilatérale)

Khi-deux de Pearson 16,668a 2 0,000

Rapport de vraisemblance 15,962 2 0,000

Association linéaire par 5,770 1 0,016


Linéaire

Nombre d'observations 50
valide
a. 2 cellules (33,3%) ont un effectif théorique inférieur à 5.
L'effectif théorique minimum est de 2,34.

Test du Khi-deux entre la méconnaissance des bénéfiques des pratiques proposées et le


niveau d'application
Signification
Valeur ddl asymptotique
(bilatérale)

Khi-deux de Pearson 7,386a 2 0,025

Rapport de vraisemblance 7,478 2 0,024

Association linéaire par 7,205 1 0,007


Linéaire

Nombre d'observations 50
valide
a. 3 cellules (50,0%) ont un effectif théorique inférieur à 5.
L'effectif théorique minimum est de 1,62.

Test du Khi-deux entre le cout de la mise en œuvre des MAE et le niveau d'application
Signification
Valeur ddl asymptotique
(bilatérale)

Khi-deux de Pearson 2,493a 2 0,287

Rapport de vraisemblance 3,615 2 0,164

Association linéaire par 0,314 1 0,576


Linéaire

Nombre d'observations 50

92
valide

a. 3 cellules (50,0%) ont un effectif théorique inférieur à 5.


L'effectif théorique minimum est de 1,26.

Test du Khi-deux entre le manque de financement et le niveau d'application


Signification
Valeur ddl asymptotique
(bilatérale)

Khi-deux de Pearson 1,255a 2 0,534

Rapport de vraisemblance 1,257 2 0,533

Association linéaire par 0,111 1 0,739


Linéaire

Nombre d'observations 50
valide
a. 1 cellule (16,7%) a un effectif théorique inférieur à 5.
L'effectif théorique minimum est de 3,78.

Test du Khi-deux entre la superficie des champs et le niveau d'application


Signification
Valeur ddl asymptotique
(bilatérale)

Khi-deux de Pearson 4,406a 4 0,354

Rapport de vraisemblance 5,156 4 0,272

Association linéaire par 3,928 1 0,047


Linéaire

Nombre d'observations 50
valide
a. 6 cellules (66,7%) ont un effectif théorique inférieur à 5.
L'effectif théorique minimum est de 0,90.

93
Test du Khi-deux entre le type de la main d’œuvre et le niveau d'application
Signification
Valeur ddl asymptotique
(bilatérale)

Khi-deux de Pearson 11,764a 4 0,019

Rapport de vraisemblance 11,907 4 0,018

Association linéaire par 7,027 1 0,008


Linéaire

Nombre d'observations 50
valide
a. 5 cellules (55,6%) ont un effectif théorique inférieur à 5.
L'effectif théorique minimum est de 1,44.

Test du Khi-deux entre le temps à allouer pour la mise en œuvre des mesures et le niveau
d'application
Signification
Valeur ddl asymptotique
(bilatérale)

Khi-deux de Pearson 0,764a 2 0,019

Rapport de vraisemblance 0,731 2 0,694

Association linéaire par 0,027 1 0,869


Linéaire

Nombre d'observations 50
valide
a. 2 cellules (33,3%) ont un effectif théorique inférieur à 5.
L'effectif théorique minimum est de 4,14.

Test du Khi-deux entre le revenu agricole et le niveau d'application


Signification
Valeur ddl asymptotique
(bilatérale)

Khi-deux de Pearson 15,925a 6 0,014

Rapport de vraisemblance 16,498 6 0,011

Association linéaire par 0,308 1 0,579


Linéaire

Nombre d'observations 50
valide
a. 10 cellules (83,3%) ont un effectif théorique inférieur à 5.

94
L'effectif théorique minimum est de 1,26.

Test du Khi-deux entre les différentes sources de revenu et le niveau d'application


Signification
Valeur ddl asymptotique
(bilatérale)

Khi-deux de Pearson 5,691a 8 0,682

Rapport de vraisemblance 6,529 8 0,588

Association linéaire par 0,030 1 0,588


Linéaire

Nombre d'observations 50
valide
a. 12 cellules (80,0%) ont un effectif théorique inférieur à 5.
L'effectif théorique minimum est de 0,90.

Test du Khi-deux entre la formation et le niveau d'application


Signification
Valeur ddl asymptotique
(bilatérale)

Khi-deux de Pearson 7,386a 2 0,025

Rapport de vraisemblance 7,478 2 0,024

Association linéaire par 7,305 1 0,007


Linéaire

Nombre d'observations 50
valide
a. 3 cellules (50,0%) ont un effectif théorique inférieur à 5.
L'effectif théorique minimum est de 1,62.

Test du Khi-deux entre le support technique et le niveau d'application


Signification
Valeur ddl asymptotique
(bilatérale)

Khi-deux de Pearson 2,931a 2 0,231

Rapport de vraisemblance 2,699 2 0,259

Association linéaire par 2,726 1 0,099


Linéaire

Nombre d'observations 50
valide

95
a. 3 cellules (50,0%) ont un effectif théorique inférieur à 5.
L'effectif théorique minimum est de 1,44.

Annexe 4 : Output file du modèle de régression logis

Tests de spécification du modèle

Khi-Chi deux Ddl Sig.

Etape 19,647 12 0,074

Etape 1 Bloc 19,647 12 0,074

Modèle 19,647 12 0,074

Récapitulatif des modèles

Etape -2log-vraisemblance R-deux de Cox & R-deux de


Snell Nagelkerke
1 49,347a 0,325 0,434
a. L'estimation a été interrompue au numéro d'itération 6 parce que les estimations des
paramètres ont changé de moins de ,001.

Test de Hosmer-Lemeshow
Etape Khi-Chi- Ddl Sig.
deux
1 8,827 8 0,357

a
Tableau de classement

Observation Prévision

Adoption des mesures Pourcentage


environnementales Correct

Non 0ui

Adoption des mesures Non 19 8 70,4

Etape 1 environnementales 0ui 8 15 65,2

Pourcentage global 68,0

a. La valeur de césure est ,500

96
Variables dans l’équation

A E.S Wald ddl Sig. Exp(B)

Sexe -1,360 ,914 2,214 1 ,137 ,257

Age -,011 ,045 ,063 1 ,802 ,989

Mariage ,398 ,960 ,172 1 ,679 1,488

Education ,204 1,124 ,033 1 ,856 1,227

Perception ,652 1,015 ,412 1 ,521 1,920

cout -,719 1,123 ,410 1 ,522 ,487


a
Etape 1 Absfinance -1,405 ,890 2,493 1 ,114 ,245

superfici_ha ,819 ,497 2,715 1 ,099 2,267

Main_oeuvre ,548 1,325 ,171 1 ,680 1,729


Temps ,284 1,200 ,056 1 ,813 1,328

Formation 4,031 1,720 5,491 1 ,019 56,296

Support_tech 1,630 1,125 2,099 1 ,147 5,106

Constant -5,298 3,607 2,157 1 ,142 ,005

a. Variable(s) entrées à l'étape 1: Sexe, Age, Mariage, Education, Perception, cout, Absfinance,
superfici_ha, Main_oeuvre, Temps, Formation, Support_tech.

97

Vous aimerez peut-être aussi