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JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE

Edition trimestrielle N° 5 - Avril à Juin 2018

Edito
N ous avons le plaisir de présenter à nos lecteurs
l’édition N° 5 du Journal de l’Agro-écologie. A part
les activités menées dans le cadre du projet PAPAM,
composante 2 et le nouveau projet MANITATRA 2 sur
financement de l’UE et mis en œuvre par le COMESA
dans le cadre de l’alliance globale sur le changement RAKOTONDRAMANANA
climatique (Intra-ACP GCCA+), le Journal présente
Directeur de publication
les activités des membres et des partenaires du
GSDM dans plusieurs régions de Madagascar et dans
différents domaines en lien avec l’Agro-écologie et le
changement climatique. L’Agro-écologie couvrant des
Au sommaire
domaines très larges, cherchant à mieux valoriser
la résilience des écosystèmes cultivés, le journal
ACTUALITES [P2] [P6]

valorise ainsi les acquis des techniques comme la


rizipisciculture, la permaculture, les semences SQD L’AGRO-ECOLOGIE AU NIVEAU NATIONAL [P7] [P14]
etc. pour ne pas trop dépendre des énergies fossiles
et mieux valoriser entre autres, les bonnes pratiques
RECHERCHES [P15] [P16]
agricoles et les bio-pesticides.

L es commentaires de nos lecteurs sont toujours les


bienvenues et merci de votre assiduité à la lecture
du journal.
DOSSIER [P17] [P23]

VIE ASSOCIATIVE [P24]


Présentation du projet Manitatra 2

AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO [P25]

CALENDRIER / DIVERS CONTACTS [P 26]

ENSEMBLE, OEUVRONS POUR UNE


AGRICULTURE DURABLE...
1
ACTUALITES
Des actions de formations en Agro-écologie à différents niveaux

D ans le cadre du projet PAPAM, les missions


du GSDM consistent à la capitalisation, à
assurer l’interface recherche et développement,
Vakinankaratra, mais mal pratiquée.

Acquis de la formation
le plaidoyer en Agro-écologie et la formation à

L
différentes échelles. Les objectifs du GSDM sont a formation a permis aux participants d’acquérir
ainsi orientés vers ces approches en vue d’adapter de nouvelles connaissances sur les pratiques
l’agriculture au changement climatique pour une de contre-saison. Etant tous des agriculteurs à
meilleure sécurité alimentaire et contribuer à la temps partiel, ils ont évoqué que les connaissances
réduction du réchauffement climatique. acquises durant les 3 sessions de formation
sont un plus à valoriser même au niveau de
Formation en Agro-écologie en milieu leurs propres exploitations. Pour le transfert
scolaire de connaissances aux élèves, ils ont affirmé la

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possibilité de reproductibilité du contenu technique

P our l’année scolaire 2017-2018 (phase pilote),


il est prévu de réaliser 3 sessions de formation
pour les enseignants et agents décentralisés
de façon ludique et compréhensible. Lors des
séances d’animation et d’échange, les enseignants
témoignent de l’enthousiasme et de la motivation
de l’OEMC1 issus des 6 établissements et des des élèves lors des activités parascolaires en
3 CISCO2 concernés. Rappelons ici l’objet de Agro-écologie. D’après-eux, les élèves adhèrent
la formation qui consiste à leur transmettre les complètement à la notion d’environnement et en
techniques et connaissances nécessaires en parlent à leurs parents et entourage.
Agro-écologie afin qu’ils puissent en assurer
l’apprentissage et le transfert de connaissances
aux élèves (animation/sensibilisation et transfert de
connaissances). L’objectif ultime est de constituer
un plaidoyer national en vue de l’intégration de
l’Agro-écologie dans le système éducatif malgache.
Cette activité est inscrite dans le cadre du projet
PAPAM « Activités 1.1: Développer la formation en
Agro-écologie à différentes échelles » et réalisée
conjointement avec l’équipe de l’OEMC qui se
charge de l’aspect éducation environnementale
ainsi que l’apprentissage des techniques de
transfert pédagogiques adaptés aux cibles.
Travaux pratiques confection table

L a troisième session de formation des enseignants


s’est tenu les 26-27 et 28 avril 2018 à Antsirabe.
(support pépinière sur pilotis) Trimestrielle - Edition N° 05 - Avril à Juin 2018

Comme les 2 formations antérieures, cette 3ème


et dernière session a vu la participation active de
l’OEMC/MEN3 centrale qui a dispensé la première
partie en exposant les liens entre l’environnement
et le changement climatique. Composée de cours
théoriques réalisés par le MEN : Ministère de
l’Education Nationale salle (CRINFP d’Antsirabe) et
de travaux pratiques sur le terrain (CEG de Betafo),
l’intervention du GSDM s’est porté sur la culture
de contre-saison (culture maraichère et pépinière
sur pilotis), une pratique agricole très utilisée et
génératrice de revenus dans la région du
1 OEMC : Office de l'Education de Masse et du Photo de groupe des participants à la
Civisme troisième session de formation
2 CISCO : Circonscription scolaire
3 MEN : Ministère de l’Education Nationale

2
ACTUALITES
Formation spécialisée en Agro-écologie ainsi que les propositions techniques possibles ont
été présentées et discutées. La participation active

D ans le cadre de la mise en oeuvre du des encadreurs pédagogiques et stagiaires a été


Référentel de spécialisation en Agriculture très marquée lors de l’animation des formateurs du
de Conservation et Agro-écologie au niveau des GSDM.
EFTA1, la contribution du GSDM se traduit par des
appuis techniques et matériels. Depuis la rentrée en
date du 12 mars 2018, la formation des techniciens L e stage des étudiants d’une durée de deux mois
(juillet et août) a été également préparé à la
fin de la formation sur le diagnostic territorial. Un
spécialisés en Agro-écologie s’est déroulé comme
prévue au niveau des Ecoles de Formation de planning de stage a été élaboré ensemble servant
techniciens agricoles ou EFTA d’Analamalotra de base de discussion pour recadrer le stage
Toamasina et d’Iboaka Fianarantsoa. Les 30 lors du premier rencontre des étudiants avec les
conseillers agricoles admis au concours national organismes d’accueil. A cet effet, le GSDM a aidé
dont 15 par EFTA poursuivent actuellement la dans la recherche d' organismes œuvrant dans la

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formation de spécialisation sur la base du référentiel diffusion de l’Agro-écologie pouvant acceuillir des
national du certificat de spécialisation « Conseiller stagiaires.
en Agriculture de conservation et Agro-écologie ». Les organismes suivants ont ainsi accepté
En plus des modules de formation technique et de d'acceuilir les stagiaires :
formation professionnelle, les étudiants complètent
leurs compétences durant les voyages d’études EFTA IBOAKA :
et stages en milieu professionnel. Le GSDM, en • FERT/CAP Ihosy
tant que partenaire technique et financier dans le • TOZZI GREEN Ihosy Saharaha
cadre du projet PAPAM, a accompagné les EFTA • AGA KHAN (Antsahadinta, Analamanga
d’Iboaka et d’Analamalotra dans l’organisation des et Mahatsinjo Betsiboka)
voyages d’études et stages de ces futurs conseillers • ONG KOLORANO/AGRISUD Fianarantsoa
agricoles. La contribution du GSDM concerne le • SDMAD (Farafangana, Vohipeno,
transport et la prise en charge des étudiants et des Ankazomiriotra et Antsirabe)
encadreurs lors du voyage d’études ainsi que le • CEFFEL Antsirabe
paiement des indemnités des étudiants en stage. • BEL AVENIR Mangily Tuléar

L ’accompagnement au voyage d’études a été


effectué les 25 et 26 avril 2018 dans les sites
agro-écologiques du GSDM et ses partenaires dans
EFTA TOAMASINA :
• FERT Ambositra
• AVSF Fenerive Est
la région du Vakinankaratra. Les 30 étudiants des • FOFIFA/CALA Ambatondrazaka
EFTA d’Iboaka et d’Analamalotra, encadrés par leur • AGA KHAN Ambanja
encadreur respectif, ont pu visiter les parcelles des • AGRISUD Analavory
exploitants agricoles ayant appliqué les techniques • ANAE Tsiroanomandidy
agro-écologiques et l’agriculture de conservation,
situées dans la commune de Vinany, des parcelles
A noter que la durée totale de stage est de 12
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de démonstration des CEG de Vinany et d’Alakamisy semaines réparties en deux phases, dont
Anativato. Les étudiants ont pu également enrichir la première en 8 semaines et la seconde en 4
leurs connaissances en fruits et légumes pendant semaines. Les objectifs du stage sont de découvrir
la visite du centre CEFFEL d’Andranobe Antsirabe. le monde agricole et rural, d’expérimenter le travail
dans une structure d’accueil, de découvrir l’AC/AE et

L a préparation des stages des conseillers


agricoles au niveau des deux EFTA qui
poursuivent la formation de Techniciens spécialisés
de renforcer et appliquer la formation agronomique
en AC/AE. Ce stage servira de support à la formation
et donnera lieu, après chaque période de stage, à
en AC/AE a été effectuée en parallèle par deux la remise d’une note de synthèse de stage et à la fin
équipes techniques du GSDM du 20 au 23 juin du stage d’un rapport finalisé.
2018. La formation sur le diagnostic territorial et les
lieux de stage sont les principaux attendus de ces
missions. Les observations du milieu, les systèmes
de production et les contraintes des agriculteurs
1 EFTA : Ecole de Formation de Technicien Agricole

3
ACTUALITES
Participation du GSDM à la Journée Un plaidoyer en Agro-écologie dans
mondiale de lutte contre la région du Vakinankaratra
la désertification

L a journée mondiale de la lutte contre la


désertification (JMLCD) a eu lieu le 15 juin 2018
L ’évènement "Journées Agro-écologiques"
organisé par le GSDM dans la région du
Vakinankaratra les 12 et 13 Avril 2018 a été honoré
à la salle RADO de la Bibliothèque nationale Anosy, par la présence des autorités centrales et locales,
Antananarivo. Le thème adopté par les Nations des partenaires techniques et financiers, de divers
Unies est « La terre a de la valeur, investissez-y acteurs de développement (publics/privés), des
». Le GSDM, en tant que membre du groupe de organisations paysannes, du corps éducatif ainsi
travail sur la gestion durable des terres a participé que des bénéficiaires. Plus de 140 personnes
activement à cette journée. La cérémonie a été ont ainsi répondu favorablement à l’invitation
présidée par le Ministère de l’Environnement, du GSDM et ont participé aux deux jours de

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de l’Ecologie et des Forets en la présence du partage et d’échanges axés sur l’Agro-écologie.
Directeur de cabinet du Ministre, du Point Focal
National UNCCD et le STAFF du Ministère.
L a journée du 12 Avril a été consacrée à la visite
des réalisations effectuées dans le cadre du

L a journée a été marquée par des présentations


sur diverses thématiques sur (1) les techniques
d’agriculture durable/ Permaculture, présenté
Projet d’Amélioration de la Productivité Agricole à
Madagascar (PAPAM) notamment sur les actions
dans le cadre de l’intégration de l’Agro-écologie
par Mr Rasoanindrainy Andrianjafy, (Eco Village) dans la formation de base, mais également
, (2) L’Approche Paysage, présenté par Mr sur les actions de diffusion avec les paysans
Rakotondralambo Tahiana de l’ANAE), (3) le accompagnés dans le Moyen Ouest. Cette journée
secteur privé présenté par Mr. Razanamasy Zo de a commencé par une cérémonie d’ouverture
l’association OBIO HAMY), et (3) le foncier présenté officielle au sein du CEG de Vinany, District de
par Mr Razafindrakotohary Tiana du service foncier Mandoto. Après les discours d’usage effectués
(CCRF). Ces présentations ont été suivies de par la Directrice du CEG de Vinany, le Maire de
discussions échanges axées surtout sur le foncier la Commune Rurale de Vinany, la Présidente du
et sur la gestion durable des terres. Un film sur Conseil d’Administration du GSDM, la Chef du
l’action contre la désertification conçu par le FAO a Circonscription scolaire de Mandoto et du Directeur
été projeté au début des interventions des membres: de Développement Régional du Vakinankaratra, les
https://www.youtube.com/watch?v=0W61wb0qi3I journées Agro-écologiques ont été officiellement
ouvertes par le Directeur de la Promotion
et du Développement Rizicole, représentant
du Ministre de l’Agriculture et de l’Elevage.
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Paysage représentatif
de l'ANDROY

Cérémonie d'ouverture officielle des journées


Agro-écologiques - CEG de Vinany

4
ACTUALITES
Les visites de terrain L’atelier de restitution

D irigée par le Directeur Exécutif du GSDM, la


visite des parcelles de démonstration en Agro-
écologie au sein de CEG de Vinany et du CEG
L ’atelier de restitution des journées Agro-
écologiques s’est tenu à l’hôtel des THERMES
Antsirabe durant la matinée du vendredi 13 avril
Annexe d’Alakamisy Anativato a particulièrement 2018. De nombreuses personnalités publiques et
attiré l’attention des participants. Il s’agit de parcelles privées ont fait l’honneur de répondre à l’invitation et
en Agro-écologie mises en place pour assurer la ont échangé sur leurs perceptions d’une agriculture
pratique de l’apprentissage de l’Agro-écologie en durable lors de leur prise de parole respective.
milieu scolaire. Pour une première année Représenté chacun par leurs Directeurs
de pratique, les résultants ont été Régionaux, le Ministère auprès de la
spectaculaires tant sur le rendement Présidence en charge de l’Agriculture
du riz avoisinant les 5 tonnes /ha, et de l’Elevage (MPAE), le Ministère

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que sur le rendement du maïs et de de l’Environnement, de l’Ecologie
la quantité de biomasse obtenue. et des Forêts (MEEF), le Ministère
de l’Emploi, de l’Enseignement

L es parcelles de quelques
paysans pionniers en Agro-
écologie et d’une parcelle de
Technique et de la Formation
Professionnelle (MEETFP) ainsi
que le Ministère de l’Education
reboisement d’Acacia mangium (mise Nationale (MEN) ont félicité l’initiative
en place lors du projet MANITATRA 1 du GSDM et ont ensemble insisté sur
en 2015) ont également été source la nécessité d’une prise de conscience
d’échanges et de discussions. Il a collective en vue d’un changement
été démontré que les paysans de comportement, garant du
convaincus continuent de pratiquer développement durable. Sur le plan
l’Agriculture de Conservation environnemental, le MEEF fait appel
même quelques années après le à la protection et à la régénération
départ du projet. Cette motivation de la fertilité du sol. Pour sa part,
est due à la constatation effective le MEETFP accentue le manque de
de l’augmentation de la fertilité du sol compétences des jeunes en matière
et de sa préservation contre l’érosion, d’agriculture et valorise l’importance
à l’augmentation considérable de la des formations de spécialisation. Le MEN
production, à la production de diverses pour sa part souligne les efforts déployés
semences ainsi que la possibilité d’en et remercie l’Agence Française de
vendre pour augmenter les revenus Développement pour sa précieuse
familiaux. Lors de la visite, le GSDM contribution au développement
a tenu également à partager les de l’Education Nationale
impacts des formations effectuées Malgache. L’Agence Française
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dans le site de référence en de Développement en sa qualité


Agro-écologie à Ivory ainsi que la de partenaire financier a salué le
diffusion des semences à l’échelle travail effectué par le GSDM et tous
nationale. les intervenants du projet PAPAM.
L’AFD a mis l'accent sur sa volonté

O n peut ainsi retenir que la journée de


visite a permis aux participants de découvrir
la pratique de l’Agro-écologie sous différents
d’appuyer la promotion de l’Agro-écologie
en vue d’une agriculture durable et résiliente
face au changement climatique et à l’insécurité
aspects, de discerner les problèmes et les freins alimentaire. A part les remerciements adressés au
rencontrés sur le terrain, d’écouter les témoignages partenaire financier, au GSDM et à l’opérateur du
des bénéficiaires et de percevoir les nombreux PAPAM dans le Vakinankaratra, le MPAE réitère
avantages liés à l’adoption des techniques. que le développement durable est un affaire de
tous. Le MPAE fait ainsi appel à la mobilisation des
compétences pour des résultats sur le long terme.

5
ACTUALITES

L ’objectif de l’atelier de restitution est de


présenter l’état d’avancement du projet PAPAM
(GSDM et celui de l'opérateur d’appui PAPAM)
d’Avril, sur les techniques de compostage au mois
de Mai et axée sur les techniques d’Agriculture de
conservation au mois de juin.
sur la base des réalités exposées sur le terrain,
d’énumérer les éventuels problèmes et les freins
rencontrés, de faire le lien entre la recherche et le
développement et proposer des solutions adaptées
E n effet, le GSDM continue d’informer, de
sensibiliser et de former le grand public sur les
bonnes pratiques agricoles et s’attend à ce que
au travers des échanges, de discussions et débats. les messages soient reçus et compris au travers
différents canaux de diffusion. L’objectif étant
Remerciements aux participants de favoriser une prise de conscience collective
des journées Agro-écologiques du et un changement de comportement face à la
Vakinankaratra dégradation des ressources naturelles et les
impacts du changement climatique sur l’Agriculture.

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e GSDM tient à remercier tous ceux qui ont Différents aspects pratiques, défis, enjeux de
contribué à la réussite des journées Agro- l’agriculture et proposition de solutions adéquates
écologiques, tenue dans la région du Vakinankaratra sont ainsi exposés. L’émission offre également une
les 12-13 Avril 2018. Merci aux participants, aux opportunité d’échange et de partage entre le GSDM
conférenciers et à tous ceux qui ont travaillé dans et les auditeurs, qui au terme de chaque émission
les coulisses sur de nombreux aspects - sans leurs sont invités à se manifester.
contributions l’évènement n’aurait pas été possible.
En particulier, nous remercions vivement l’appui
du Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, du L e GSDM participe également à des émissions
télévisée telle que l’émission Midi ma’nifik
pour élargir et diversifier ses cibles et faire
Ministère de l’Environnement, de l’Ecologie et des
Forêts, du Ministère de l’Education Nationale, du connaitre à large diffusion l’Agro-écologie. Il s’agit
Ministère de l’Enseignement Technique et de la d’une émission quotidienne, diffusée en direct à
Formation Professionnelle et de l’Agence Française 11h 55min sur la télévision nationale malgache
de Développement en tant que partenaire financier. (TVM) et également publiée en ligne sur Facebook
Un remerciement spécial aux membres du GSDM et Youtube. Midi ma’nifik offre ainsi au GSDM une
et aux collaborateurs technique. opportunité de se faire connaitre à large échelle
aussi bien sur le plan national qu’international :
https://www.youtube.com/watch?v=5k89cnWqIfw&t=83s

A part les actions de sensibilisation et d’animation


sur le Web: http://gsdm-mg.org/ et les réseaux
sociaux : https://www.facebook.com/GSDM-
838300569533063/?ref=bookmarks, le GSDM continue
également de publier des articles ludiques en Agro-
écologie dans le journal bimestriel
Trimestrielle - Edition N° 05 - Avril à Juin 2018

«TANTELY» du BIMTT. Diffusé en version


physique à travers le pays (Administration, centres
de formation, établissements scolaire, partenaires,
associations, groupement de paysans…), le GSDM
initie les lecteurs à la pratique de différentes
techniques d’agriculture durable (l’Agro-écologie).
Ateleir de restitution des journées Agro- L’édition n° 100 (mars à avril 2018) et n° 101 (avril
écologiques - Hôtel des Thermes Antsirabe à mai 2018) seront bientôt disponibles.

Actions de sensibilisation de masse

D urant cette période, l’émission FIVOHY,


diffusée sur la RNM tous les 3ème samedis du
mois de 08h à 08h15 a porté sur les techniques de
culture en contre-saison pour le mois

6
L’AGRO-ECOLOGIE
AU NIVEAU NATIONAL
Projet MANITATRA 2
L’Agro-écologie et l’Agriculture Climato-
Un projet du COMESA sur finance- Intelligente à titre de rappel
ment de l’Union Européenne

Il est important de rappeler que l’Agriculture


Climato-Intelligente fait partie de l’Agro-écologie
mais met l’accent surtout sur la sécurité alimentaire
(productivité des systèmes), la résilience des
Rakotondramanana systèmes de cultures (par rapport au changement
climatique en particulier) et la réduction des
Cadre du projet émissions de carbone (couverture végétale, place
de l’arbre dans l’exploitation).

L e programme pilote « Agriculture Climato-


Intelligente » (ACI) coordonné par le Marché Dans un paysage il y a plusieurs options d’Agriculture

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commun de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique australe Climato-Intelligente (photo ci-dessous).
(COMESA) fait partie d’un programme régional
impliquant cinq (5) États membres (EM).

Les autres États membres sont l'Ouganda, les


Seychelles, le Swaziland et le Zimbabwe. Le
nouveau programme sera mis en œuvre au cours
de la période 2018-2020. Le programme est financé
par l'UE dans le cadre du programme Intra Afrique,
Caraïbes et Pacifique (Intra ACP) appelé Global
Climate Change Alliance plus (GCCA +).

A Madagascar, ce programme vise à renforcer les


acquis du précédent projet du GCCA + (appelé
MANITATRA 1) mis en œuvre au cours de la période
2014-2016, un projet mis en œuvre par le GSDM
dans 4 communes du Moyen Ouest de la région du Qu’est-ce qu’on attend de ce projet ?
Vakinankaratra et 4 communes du Sud-Est.

L’amélioration des moyens de subsistance des


bénéficiaires, la place de l’arbre dans l’exploitation
L e nouveau projet "MANITATRA 2" ciblera aussi la
région de VAKINANKARATRA et couvrira deux
écosystèmes de cette région : (i) le Moyen Ouest
(reboisement, agroforesterie) et l’utilisation des (600 à 1000 m d'altitude) qui vise à mettre à l’échelle
Bonnes pratiques agricoles (bio pesticides, compost les acquis de MANITATRA 1 mais couvrira aussi de
et lombricompost et plantes biocides/répulsives) nouvelles communes et (ii) les Hautes Terres (1200
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ont été les principales réalisations de ce projet. à 1800 m d'altitude) qui est une nouvelle zone sans
activités durant MANITATRA 1 mais avec une forte
expansion du riz pluvial (districts d'Antsirabe II, An-
tanifotsy et Ambatolampy). Au total 17 communes
sont ciblées par ce projet de 3 ans.

L es objectifs suivants sont prévus dans le cadre


du projet :

• Les bénéficiaires du projet seront de l’ordre de


15.000 agriculteurs dans 17 communes du Va-
kinankaratra.
• Les femmes bénéficiant du projet sont estimées
à 50% des bénéficiaires.

7
L’AGRO-ECOLOGIE
AU NIVEAU NATIONAL
• La superficie totale sous AC, essentiellement national de 150.000 ha mais souffre de l’enclavement
dans le Moyen Ouest, est estimée à 2000 ha et d’inondations chroniques. La population y souffre
(500 ha pour la première année, 1500 ha pour de déficit alimentaire alors que les bas-fonds sont
la deuxième année et 2000 ha pour la troisième très productifs. Welthungerhilfe a choisi la région
année). L'érosion totale évitée est donc estimée pour développer le LANN + ou Linking Agriculture,
à 40 000 tonnes métriques pendant 3 ans (sur Natural resources management towards
la base d'une perte minimum de 10 t / ha / an) Nutrition, financé par le BMZ. En partenariat avec
• 1.500.000 arbres seront plantés sous forme l’Association PARTAGE, l’ONG Allemand y mène
de reboisement, d’agroforesterie ou de haies des actions qui ont pour but de contribuer à réduire
vives. Sur la base de ces réalisations, le projet la malnutrition et de conserver les ressources
réduira les émissions de gaz à effet de serre naturelles de 2016 à 2019. Le projet met l’accent
en augmentant le nombre d'arbres grâce au sur l’approche communautaire et développe le sens
reboisement (500 000 arbres / an soit 1.500.000 d’ "ownership" par les communautés. Multisectoriel,
arbres pendant la durée du projet) le projet se veut de mettre les liens intrinsèques

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• Le projet améliorera la capacité de l'agriculteur entre la composante principale qu’est nutrition avec
à s'adapter au changement climatique en l’agriculture, la gestion des ressources naturelles,
augmentant les systèmes de culture utilisant le WASH1 ainsi que les activités génératrices de
les systèmes sous couverture végétale et en revenus.
particulier l'atténuation de l'impact des pluies
irrégulières par la couverture permanente du
sol.
• Le projet mettra à l'échelle les bonnes pratiques
agricoles comme l'utilisation de bio pesticides,
de plantes répulsives/biocides et par l’utilisation
de composts additionnées de plantes répulsives.
• Le projet contribuera à l'amélioration des
fourrages pour les bovins laitiers sur les
Hautes Terres (zones laitières) en améliorant
Barrage réhabilité à Befotaka
l’alimentation et les étables sur la base
des expériences de FIFAMANOR, activités
complémentaires des bonnes pratiques
agricoles en termes de gestion de la matière E n 2017, LANN a pu réaliser la réhabilitation et
la construction de 6 barrages afin d’augmenter
les surfaces cultivables. 140ha de surface exploitée
organique.
• Le projet introduira aussi les variétés de patate actuellement contre 38ha avant le projet. Sept
douce à chair orange riches en vitamine A pour autres ouvrages sont en cours pour l’année 2018.
atténuer la malnutrition, très présente dans le Des semences de Haricot SQD et de cultures
Vakinankaratra (rapports de l’ONN, FAO). maraîchères ont également été diffusé et la
• Le projet apportera sa contribution à la formation de PMS et GMS ont été réalisés pour la
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rizipisciculture (qui fait partie de l’Agro-écologie) production locale de haricots, riz et CUMA2.
sur la base des expériences d’APDRA et du


CIRAD.
Le projet contribuera aussi à l’établissement P our la gestion des ressources naturelles, le
projet travaille avec le DREEF pour le transfert
de gestion vers 12 COBA3. Des formations en
de la base de données nationale sur l’Agro-
écologie dans les zones stratégiques du Pays. carbonisation améliorée sont également effectué
pour que la population puisse planter elle-même
LANN : Un projet multisectoriel à son bois de chauffage. 12 plans d’aménagements
Midongy du SUD ont été élaborés et validés en collaboration avec les
autorités locales. Actuellement, 38 pépinières de
reboisement ont été installés avec des reboiseurs.
Des comités de reboisement ont aussi été établis
pour la gestion de ces pépinières.

D ans la région du Sud-Est de Madagascar, 1 WASH : Water, Sanitation and Hygiene


2 CUMA : Culture maraichère
Midongy du Sud possède la richesse d’un parc
3 COBA : Communauté de base

8
L’AGRO-ECOLOGIE
AU NIVEAU NATIONAL
S ur le côté nutrition, WHH travaille en étroite
collaboration avec l’ONN et a pu faire la
formation de 144 Relais communautaires villageois
dans 28 Fokontany. 600 ménages ont pu bénéficier
de ces formations. Maho est une des habitantes
du Fokontany d’Agnarena qui est devenue RCN1
suite à la formation avec WHH. Elle a déclaré
que maintenant, elle mange pour être en bonne
santé mais non seulement pour être repue comme
avant. Maho est bien convaincue des bienfaits
d’une bonne nutrition et réunit les femmes de son
fokontany pour des séances de sensibilisation. Elle
bénéficie de l’aide d’agent nutritionnel du projet
pour ses activités et a réalisé un jardin nutritionnel

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pour y cultiver les différents condiments et autres Séance de sensibilisation nutritionnelle
cultures qui lui permettront d’avoir un bon équilibre à Agnarena
nutritionnel.

Ancien pont-canal détruit par les


Jardin nutritionnel à Agnarena
inondations à Midongy

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Allier sensibilisation et jeu sur la nutri- Nouveau système d'irrigation construit


tion à Agnarena par LANN

1 RCN : Relais Communautaire Nutritionnel

9
L’AGRO-ECOLOGIE
AU NIVEAU NATIONAL
ECOVILLAGE MADAGASCAR, une solution alternative à la restauration
d'un environnement harmonieux ?
Andrianjafy Rasoanindrainy, FTA

A pparu pour la première fois au Sommet de la Terre à Rio de Janeiro l’année 1992, l’expression Eco-
village ne s’est propagée à Madagascar avec ampleur qu’à partir des années 2013, période où la
grande île passe par une crise et où les indicateurs des OMD qui arrivent bientôt à terme sont au rouge
dans plusieurs domaines. Madagascar est une fois de plus classé parmi les pays les plus pauvres de
la planète et les aides et vastes programmes de développement engagés dans le pays n’ont pas suffi à
redresser la situation de ce pays pourtant aux richesses énormes.

C ’est dans ce contexte, exaspéré par la spirale de la pauvreté et la dépendance de son pays, que les

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fondateurs d’Ecovillage Madagascar, dont un malgache qui a rêvé de contribuer au développement
de son pays depuis sa jeunesse et qui a une forte expérience dans les domaines de la Recherche, la
Vulgarisation et les Organisations Paysannes Agricoles en Afrique, propose et met en avant un système
innovant et osé pour créer de l’abondance et l’équité à Madagascar: les écovillages et éco-sites.

A gglomérations (rurales ou urbaines) à petite échelle, les éco-sites et écovillages sont des solutions
alternatives accessibles, relativement faciles à mettre en place, et ne nécessitent pas de ressources
financières énormes. Ils sont mis en place par des groupes de citoyens qui se rassemblent autour de
mêmes visions et poursuivant les mêmes objectifs.

R épartis un peu partout dans l’île depuis cinq ans, les éco-sites et écovillages s’identifient comme tels,
se créent, se renforcent et se multiplient pour se grouper dans un réseau national dénommé Ecovil-
lage Madagascar avec comme objectifs communs la préservation de l’environnement, la recherche de
l’autosuffisance alimentaire et la mise en place d’écosystèmes résilients.

D epuis 2013, l’année de sa création, le réseau travaille aussi bien en milieu urbain, suburbain que rural
et organise plusieurs activités focalisées sur les écoconstructions, la Permaculture, le recyclage des
déchets et de l’eau, l’énergie renouvelable.

D epuis sa création, le réseau organise des ren-


contre-échanges et des formations périodiques
pour les membres et pour le public. Du thème de la ré-
génération du sol à la gestion de l’eau en passant par
les énergies renouvelables, les plantes aromatiques,
Trimestrielle - Edition N° 05 - Avril à Juin 2018

les écoconstructions et les forêts nourricières, le ré-


seau multiplie les échanges et transferts de connais-
sances pour développer de nouvelles compétences
dans le pays.

L es chantiers participatifs sont un autre mode de


fonctionnement et de manifestation des activités
membres d’Ecovillage Madagascar. Similaire au prin-
cipe du « valin-tanana », les chantiers participatifs
permettent aux différents membres d’entraider et de
La participation et l’expression de chacun est réaliser des chantiers qui, s’ils devaient le faire seuls,
indispensable dans une communauté intentionnelle
serait difficile à réaliser.
comme les écovillages. Depuis sa conception jusqu’à
sa réalisation, chaque intéressé a son mot à dire.

10
L’AGRO-ECOLOGIE
AU NIVEAU NATIONAL

M otivés par la recherche d’une qualité de vie meil-


leure, les membres du réseau écovillage sont des
apprenants et chercheurs permanents, avec un esprit
d’entraide et le réseau est ouvert à toute personne de
bonne volonté qui souhaite contribuer au développe-
ment durable du pays.

JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Les échanges et le partage sont essentiels dans
la vie d’un Ecovillage.

La Permaculture, une autre tendance pratiquant l'Agro-écologie

L e terme « Permaculture » vient de « Permanent » + « Culture ». Il a été créé dans les années 1978
par David Holmgren et Bill Mollison. Alors que la majorité des adoptants réduisent la Permaculture à
une agriculture dont les préoccupations sont l’efficacité, la résilience, l’autosuffisance et les perspectives
durables, il s’agit avant tout d’un ensemble d’éthique qui visent à prendre soins des humains et de la terre
et de principes.

Trimestrielle - Edition N° 05 - Avril à Juin 2018

B ill Mollison (1928 - 2016) co-fondateur de la Permaculture disait : « Alors que les problèmes du monde
deviennent de plus en plus complexes, les solutions demeurent honteusement simples … »

11
L’AGRO-ECOLOGIE
AU NIVEAU NATIONAL
L e monde des Permaculteurs se veut être aux
antipodes d’un monde conditionné par l’argent
petite ou grande soit-elle).

et l’énergie fossile : pas besoin de spéculation


financière, pas besoin de dépense d’énergie
fossile irréfléchie. L’être humain prend une place
L a Permaculture semble être une solution rapide
(vue sous une perspective holistique), facile et
accessible pour faire face à beaucoup de problèmes
importante, mais non centrale, dans une nature que traités dans les méga-cadres comme les ODD . Il
l’on veut remettre dans un état naturellement stable reste pourtant encore beaucoup à faire pour la faire
et harmonieux tout en recréant l’abondance. On connaître à Madagascar. Parmi les promoteurs de
apprend à observer et connaître les lois de la nature cette approche, le réseau Ecovillage Madagascar
et on travaille avec. Tout est déjà dans le programme joue un rôle prépondérant.
de Mère Nature, il s’agit juste, tel un maître Aïkido
utilisant l’énergie de son adepte, d’entraîner la
nature dans la direction où on veut qu’elle aille pour
créer de l’équilibre et de la production.

JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
E n Permaculture, il faut du temps, (il faut du temps
même si nous semblons ne plus en avoir) et il
faut de la connaissance. Malheureusement toute
une partie de notre connaissance de la nature nous a
été ôtée dans nos systèmes éducatifs emprisonnés
dans des murs. Enfin, il faut un minimum d’input
énergétique humain.

T out comme en Agro-écologie, les permaculteurs


mettent en place ce que l’on peut appeler des
éléments et des packages techniques. Parmi tous les
packages techniques existants, les permaculteurs La butte de culture auto-fertile est une des
choisissent et mettent en place celles qui répondent techniques clés utilisée en Permaculture, mais la
à leur éthique et leurs principes. Le permaculteur se Permaculture est beaucoup plus vaste et ne peut
soucie avant tout du système dans son ensemble, être résumé en une simple technique.
avec les interrelations entre les différents packages
et éléments techniques et leur synergie. On ne
jette et on ne perd rien, d’où les techniques de
compostage, de lombricompostage et de traitement
des eaux grises. On recherche la permanence et le
durable d’où les forêts alimentaires multi-étages et
comestibles. On canalise et stocke tout ce qui peut
être valorisé, même la pluie qui doit être canalisée
Trimestrielle - Edition N° 05 - Avril à Juin 2018

dans des étangs de rétention ou pour remplir les


nappes phréatiques en altitude … tout est pensé de
façon systémique et l’humain joue plusieurs rôles :
concepteur, facilitateur, régulateur et parfois juste
observateur et consommateur.

U n autre aspect fondamental de la Permaculture


qui s’ajoute aux autres disciplines voisines
est le design. Le design en Permaculture peut Le champ en Permaculture se caractérise par la
s’appliquer tant aussi bien à un petit jardin urbain présence d’arbres et la diversité des plantes souvent
de quelques mètres carré, qu’à un écovillage ou « désordonnées » qui y poussent. Derrière cette
un éco-territoire. A côté des aspects éthiques, apparence de désordre se cache la productivité.
scientifiques et philosophiques, la Permaculture est
une méthode de conception, d’aménagement, de
planification et d’organisation d’écosystème (aussi

12
L’AGRO-ECOLOGIE
AU NIVEAU NATIONAL
La FAO contre l'insécurité alimen- l’objectif 2 intitulé « Eliminer la faim, assurer la sécu-
taire et la malnutrition à rité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir
l’agriculture durable ». Un des cibles de cet objectif
Madagascar
2 est : d’ici 2030, assurer la viabilité des systèmes
de production alimentaire et mettre en œuvre des
pratiques agricoles résilientes qui permettent d’ac-
croître la productivité et la production, contribuent à
Andry RAKOTO HARIVONY la préservation des écosystèmes, renforcent la ca-
Chargé de l’AIC à la FAO Madagascar, Comores,
pacité d’adaptation aux changements climatiques,
Maurice et Seychelles.
aux phénomènes météorologiques extrêmes, à la
Atteindre la sécurité alimentaire pour tous est au sécheresse, aux inondations et à d’autres catas-
cœur de la FAO : veiller à ce que les êtres humains trophes et améliorent progressivement la qualité
aient un accès régulier à une nourriture de bonne des terres et des sols.

JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
qualité qui leur permette de mener une vie saine
et active. La FAO appuie ses Etats membres selon
5 objectifs stratégiques bien définis :

1. Contribuer à éliminer la faim, l’insécurité ali-


mentaire et la malnutrition : libérer le monde
de la faim en promouvant des politiques et des
engagements politiques en faveur de la sécurité
alimentaire et en veillant à ce que soient dispo-
nibles et accessibles des informations actuali-
sées sur les problèmes relatifs à la faim et à la
nutrition, et sur les solutions qui peuvent y être
apportées.
2. Rendre l’agriculture, la foresterie et la pêche
Par rapport à la diffusion de ces techniques agri-
plus productives et plus durables : promou-
coles innovantes et résilientes face aux impacts né-
voir les politiques et les pratiques scientifique-
gatifs du changement climatique, la FAO a promu
ment éprouvées qui favorisent une productivité
«l’Agriculture Intelligente face au Climat (AIC)» en
élevée des secteurs agricoles tout en épargnant
tant qu’approche qui permet de réorienter les sys-
la base de ressources naturelles.
tèmes agricoles dans le but de développer une agri-
3. Réduire la pauvreté : aider les ruraux pauvres
culture durable et d'assurer la sécurité alimentaire
à accéder aux ressources et aux services dont
face au changement climatique. L’Agro-écologie
ils ont besoin – notamment l’emploi rural et les
(AE) fait partie intégrante de cette approche AIC.
dispositifs de protection sociale – pour éloigner
En effet, l’Agro-écologie contribue à l’augmentation
le spectre de la pauvreté.
de la productivité agricole pour une meilleure sé-
4. Favoriser la mise en place de systèmes agri-
Trimestrielle - Edition N° 05 - Avril à Juin 2018

curité alimentaire, à la réduction du réchauffement


coles et alimentaires ouverts et efficaces :
climatique et à la promotion de l’agriculture durable.
mettre en place des systèmes alimentaires sûrs
et efficaces qui soutiennent la petite agriculture
et fassent reculer la pauvreté et la faim dans les
zones rurales.
5. Améliorer la résilience des moyens d’exis-
tence face aux catastrophes : aider les pays à
être mieux préparés en cas de catastrophe na-
turelle ou anthropique, en atténuant les risques
et en améliorant la résilience de leurs systèmes
alimentaires et agricoles.

Q uant à l’atteinte des objectifs du développement


durable ODD, la FAO contribue à l’atteinte de

13
L’AGRO-ECOLOGIE
AU NIVEAU NATIONAL
L a FAO intervient sur la base d’un document Cadre de Programmation par Pays CPP 2018-2021 élaboré
à partir des priorités nationales, des objectifs de l’Organisation, et des ODD. Ce document a été signé
par le Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage MINAE, le Ministère de l’Environnement, l’Ecologie et la
Forêt MEEF et la FAO à Madagascar, Comores, Maurice et Seychelles.

JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Trimestrielle - Edition N° 05 - Avril à Juin 2018

URL : www.fao.org/madagascar
Suivez-nous sur Twitter @FAOMadagascar

14
RECHERCHES
Les effets physiques du mulch sur l'enerbement. Cas du riz pluvial dans la
région du Lac Alaotra, Madagascar
Résultats de recherche adaptée de l’article :

Ranaivoson L, Naudin K, Ripoche A, et al (2018) Is mulching an efficient way to control weeds? Effects of type and amount of
crop residue in rainfed rice based cropping systems in Madagascar. F Crop Res 217:20–31. doi: 10.1016/j.fcr.2017.11.027

L es adventices constituent une contrainte majeure pour l’agriculture dans les systèmes de production
tropicaux, en particulier pour les petits exploitants agricoles qui ne peuvent pas se permettre d'acheter
des herbicides. D’après les précédentes études sur l’Agriculture de conservation, il a été avancé que la
couverture du sol avec les résidus de récolte peut limiter la pression des adventices en développant un
environnement défavorable à leur émergence et leur développement.

JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
D ans cette étude, nous avons quantifié l'effet d'une augmentation de la quantité de résidus de culture
laissés sur les parcelles sur l’émergence des adventices, la biomasse des adventices et le rendement
du riz en menant des experimentations agronomiques. L'expérience a été reconduit pendant quatre sai-
sons culturales dans la région du lac Alaotra, Madagascar. Deux types de mulch ont été appliqués sur un
sol non labourré, Stylosanthes guianensis et un mélange de maïs et Dolichos lablab, avec des quantités
allant de 0 à 45 t ha-1 (Figure 1). L'émergence des adventices a été mesurée chaque semaine à partir du
jour de la première pluie qui a déclenché l’émergence des adventices jusqu' à 100 jours par la suite, et la
biomasse des adventices a été mesurée à quatre dates au cours de la saison culturale.

Figure 1 : Parcelle de riz pluvial du dispositif expérimental. (A) Riz sur sol nu ; (B) Riz sur un mulch de Stylosanthes ; (C) Riz
sur un mélange de maïs et dolique

L es résultats ont montré que l’enherbement sur les parcelles couvertes dépend essentiellement de la
Trimestrielle - Edition N° 05 - Avril à Juin 2018

quantité et de la distribution de la pluviométrie durant la saison culturale. L’émergence ainsi que la


biomasse des mauvaises herbes diminuent avec l’augmentation de la quantité de mulch maintenu sur les
parcelles. Toutefois, une grande quantité de résidus de l’ordre de 10 t ha-1 est nécessaire pour réduire
significativement la pression des adventices sur le riz par rapport à un sol nu dans les conditions agro-éco-
logiques de notre dispositif expérimental. Nos résultats sont cohérents avec les études précédentes dé-
montrant qu’il faut au moins un taux de couverture de 90% du sol pour avoir un effet sur le contrôle de
l’enherbement (Teasdale and Mohler 2000; Bilalis et al. 2003). Il a été également démontré que l’efficacité
du mulch sur le contrôle des adventices va dépendre de la vitesse de dégradation du mulch. Une année
avec une forte pluviométrie va diminuer l’efficacité du mulch sur le contrôle des adventices suite à une
dégradation rapide des résidus. Ceci suggère que le type de résidus joue un rôle dans l’efficacité du mulch
sur l’enherbement. Par ailleurs, l’étude sur 2 types de résidus a également permis de montrer que l’effet
du mulch sur l’émergence des adventices est plus lié à la quantité de couverture que le taux de couverture
du sol (Figure 2). En ce qui concerne le rendement en riz, les résultats ont montrés une diminution du
rendement avec l'augmentation de la biomasse des adventices ; avec des pertes de rendement d'environ
16% pour une augmentation de l'infestation par les adventices d'une t ha -1.

15
RECHERCHES

JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Figure 2 : Relation entre l’émergence des adventices et le type et la quantité de mulch maintenues sur la parcelle avec la cor-
respondance en taux de couverture du sol sur 4 saisons culturales
S : stylosanthes ; MD : maïs + dolique

N os résultats indiquent alors que le paillage n’est pas une option potentielle de lutte contre les adven-
tices pour les petits producteurs de la région, étant donné les faibles quantités de résidus générale-
ment retenues sur leurs parcelles. Naudin et al (2012) ont quantifiés 4 t ha-1 dans le cas d’une culture
de Stylosanthes et d’environ 5 t ha-1 dans le cas d’une dolique intercalés avec du maïs. En revanche, il
est probable que l’émergence des adventices soit favorisée sur ces parcelles durant la phase végétative
du riz. Dans ce cas, la couverture du sol doit être combinée avec l’utilisation d’herbicide afin de réduire
la richesse des graines d’adventices (Muoni et al. 2013) ou d’un sarclage régulier en début de la saison
culturale afin d’assurer le contrôle de l’émergence des adventices en début de cycle du riz (Mashingaidze
et al. 2012). D’après les résultats d’expérimentation, le contrôle de l’émergence ainsi que le développe-
ment des adventices lorsque le stade du riz est plus avancé (fin tallage) sont assurés. Autrement, il est
nécessaire d’augmenter la production de biomasse par la fertilisation ou de choisir une culture à forte
production biomasse.

Trimestrielle - Edition N° 05 - Avril à Juin 2018

Riz pluvial sur mulch de Stylosanthes Riz pluvial sur mulch de Stylosanthes

16
DOSSIER

L'Adaptation des normes sémencières à un contexte régional:


cas du système de semences de qualité déclarée (SDQ)
développé en Androy et Anosy
Auteurs : Fabrice Lheriteau (Gret), Tolotra Ranaivoharimanana (CTAS), Ketamalala Ramarakoto (ANCOS), Siméon Rakotoma-
monjy (FOFIFA)

L e Grand Sud Malagasy est réputé pour ses conditions particulièrement difficiles pour la production agri-
cole et a fortiori des semences, soumises à des exigences juridiques particulières. Le climat sec, les
sols pauvres, la faible disponibilité des parcelles et les difficultés de transports sont autant d’éléments qui
s’ajoutant aux contraintes des normes ont lourdement pesé sur la production de semences. Leur manque
de disponibilité a affecté l’agriculture dans son ensemble.

JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
e 2011 à 2017, le Gret (Professionnel du développement solidaire), le CTAS (Centre Technique Agroé-
cologique du Sud), le FOFIFA (Centre National de Recherche pour le Développement Rural), l’ANCOS
(Agence Nationale de Contrôle Officiel des Semences et Plants) et la FAO (Organisation pour l’Agriculture
et l’Alimentation) ont collaboré à la mise en place d’un système de production locale de semences de va-
riétés adaptées au contexte régional, préservant des exigences de qualité minimum. Ce système repose
sur l’adaptation de normes officielles aux contraintes du milieu.

Les limites du cadre légal en vigueur

L a région Androy et une partie de la région Anosy, régulièrement confrontées à des épisodes de séche-
resse, doivent faire face de manière chronique à un problème de pénurie de semences. Les paysans,
habitués à ressemer les grains issus de la récolte précédente sont, en effet, dépourvus de semences de
qualité lorsque les récoltes n’ont pas été suffisantes pour leurs besoins alimentaires, ou dans les situa-
tions où il a fallu ressemer au-delà de leurs capacités en cas de début de saison défavorable. Sans ré-
serve suffisante, ils doivent se tourner vers les seules graines à leur disposition, au niveau des marchés,
des graines souvent de mauvaise qualité et ne correspondant pas nécessairement aux variétés adaptées
au contexte local, lorsqu’elles proviennent d’autres régions.

P our faire face à ces situations, les actions d’urgence et de développement ont travaillé sur la mise à
disposition de semences améliorées, de variétés supposées performantes et adaptées au contexte,
soit à travers des distributions ou par l’appui à des producteurs de semences, et la mise en place d’un
système de production. Ces expériences ont cependant rapidement montré leurs limites pour deux rai-
sons principales :

• La première fut la difficulté à faire produire les semences localement. Le fonctionnement du secteur
Trimestrielle - Edition N° 05 - Avril à Juin 2018

semencier conventionnel nécessite un dispositif pérenne d’approvisionnement. Cependant, cette acti-


vité n’est pas considérée comme rentable par les opérateurs privés, et apparaît inapplicable pour des
groupes de producteurs locaux, en raison de normes de production trop contraignantes (telles que
celles sur le nombre de contrôles, les distances d’isolement, les exigences sur les semences mères
et les précédents culturaux).
• La seconde contrainte fut l’inadaptation des variétés diffusées par rapport aux conditions de produc-
tions locales. Leur besoin en intrants (pesticides, irrigation, engrais) étant impossible à satisfaire par
les producteurs locaux, les potentialités de ces variétés ne pouvaient généralement pas s’exprimer.
Les variétés locales, pour leur part, n’étant pas inscrites sur le catalogue national, ne pouvaient pas
faire l’objet de production de semences.

17
DOSSIER
Pour pallier cette seconde contrainte, deux pistes de solutions ont été identifiées :

• La valorisation des variétés dites « locales », les plus performantes, adaptées aux contextes et lar-
gement utilisées par les paysans. Cependant, ces ressources locales ne pouvaient pas être commer-
cialisées sans un travail préalable d’amélioration et de caractérisation, en vue d’une reconnaissance
légale.
• L’introduction des variétés en provenance d’autres pays aux conditions pédoclimatique similaires, mais
ce qui nécessitait aussi un travail d’adaptation et d’homologation.

L e défi à relever fut donc de concevoir et légaliser de nouvelles normes permettant d’enregistrer des va-
riétés rapidement - locales ou introduites - et permettant aux paysans locaux de produire les semences
avec des normes de production et de contrôle répondant à leurs contraintes.

JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
our cela, le Gret et la FAO ont d’abord initié une démarche basée sur le système « Semences de Quali-
té Déclarée » de la FAO à partir de 2011, formalisant un cadre conceptuel pour l’application de normes
locales, et basé sur la concertation.

En quoi consiste la mise en place de nouvelles normes semencières adaptées au


contexte ?

Les lois semencières nationales sont établies suivant le modèle OCDE (zone du COMESA et de la SADC).
Comme leur nom l’indique, elles sont d’application générale sur l’ensemble du pays, sans tenir compte de
spécificités régionales parfois contraignantes, notamment dans les zones d’insécurité alimentaire chro-
nique. Une solution fut de concevoir une couche réglementaire complémentaire, permettant une adapta-
tion des normes générales aux contraintes spécifiques de zones délimitées.

Concrètement, les variétés locales avec leurs particularités complexes sont reconnues et valorisées. Elles
résultent généralement de brassages et présentent souvent une importante variabilité dont découle une
forte capacité de résilience. Cette variabilité est un atout, mais s’oppose aussi malheureusement à une exi-
gence d’homogénéité et stabilité nécessaires à la reconnaissance des variétés. Diversité et homogénéité
forment ainsi une équation peu évidente à résoudre. Un travail de réflexion fut donc engagé pour réviser
les normes standards sur les critères de distinction, de stabilité et d’homogénéité (DHS) des variétés, re-
vues pour être applicables aux variétés locales.

Ensuite, il a été nécessaire d’adapter les normes de production et de contrôle des semences, pour chaque
espèce :
• Les taux de germination minimum requis (60 à 80 % selon les espèces), ainsi que les taux d’humidité
maximum des semences (12 à 14 % selon les espèces).
Trimestrielle - Edition N° 05 - Avril à Juin 2018

• Les distances d’isolement requises entre les champs des producteurs de semences et celles de champs
voisins pouvant les contaminer (20 à 100 m selon les espèces)
• Le nombre de générations possibles à partir de semences de base, sans que les semences ne perdent
leur qualité (2 à 4 selon les espèces)
• Le nombre de contrôles au minimum acceptable pour limiter les coûts de cette opération (1 à 2 selon
les espèces)
Enfin, il a fallu former les techniciens, paysans et contrôleurs à ces nouvelles règles.

Les principales étapes du processus

Les étapes clés du processus mis en place furent, d’abord, de recueillir les attentes des acteurs de la fi-
lière. Le Gret a, dans un premier temps, réuni les producteurs de semences avec qui il avait travaillé pour
leur demander les évolutions souhaitées sur les normes. Leur témoignage filmé fut présenté à un comité
de pilotage de projet pour les sensibiliser à ces attentes.

18
DOSSIER
Quelques idées clés s’en dégageaient: la volonté de produire de semences des variétés « locales » et de
pouvoir cultiver sur le même champ des semences et des cultures alimentaires (associations culturales),
et la volonté d’une réduction des distances d’isolation.

D ans un deuxième temps, un groupe de travail constitué des autorités nationales (ANCOS), de représen-
tants de la recherche (FOFIFA) et de techniciens du CTAS et du Gret ont travaillé sur la formalisation
de normes techniques prenant en compte les demandes paysannes, tout en respectant les exigences de
qualité attendues par les autorités. Ce travail en bureau fut enrichi par des rencontres sur le terrain et des
échanges avec les paysans. Après un atelier d’une semaine, les résultats furent présentés aux partenaires
locaux pour approbation. Un programme scientifique de recherche sur certains éléments techniques a dû
être mis en œuvre pour trancher sur certaines questions (liées aux associations culturales). Les échanges
au sujet de ces normes ont duré environ trois ans.

JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
n même temps, la FAO appuya la formalisation d’un comité consultatif pour l’inscription des variétés,
dont le rôle principal était de valider l’existence des variétés qui seraient cultivées suivant les nouvelles
normes. Composé de représentants du ministère de l’agriculture, des directeurs régionaux de l’agriculture
de l’élevage et de la pêche, de représentants des producteurs de semences, de l’ANCOS, du FOFIFA, de
la FAO et du Gret, ce comité a défini les procédures d’inscription des variétés.

C

oncrètement, plusieurs voies ont été définies en fonction du type de plante concerné.
Les variétés issues de la recherche nationale et inscrites au catalogue peuvent faire l’objet d’une
simple « transcription » dans le registre régional.
• Pour les variétés locales, le modèle standard consiste à homogénéiser les ressources phytogéné-
tiques par « sélection conservatrice », identifier leurs caractères distinctifs puis vérifier la stabilité de
ces caractères. Le FOFIFA et l’ANCOS sont fortement mobilisés dans cette procédure et travaillent
en parallèle. La procédure prend au minimum 2 années. Cependant, au cours de cette phase, la pro-
duction de semences peut être appliquée avec l’allègement de certaines règles. Cette souplesse évite
de priver les populations locales de semences des variétés qu’ils affectionnent pour simples raisons
procédurales.

Trimestrielle - Edition N° 05 - Avril à Juin 2018

Cycle d’enregistrement des variétés (liste A : variétés issues des processus de sélection conventionnels,
liste B : variétés locales)

19
DOSSIER
La dernière étape fut de former les producteurs et contrôleurs, et d’appliquer le système sur un réseau d’au
moins 300 producteurs des districts d’Ambovombe et Amboasary Atsimo, en vue de fournir des semences
pour au moins 20 000 ménages par an. La formation des paysans producteurs de semences et des agents
de contrôle a été conduite par l’ANCOS durant des sessions d’environ une semaine et répétées deux fois
par an. Trois à quatre techniciens de chaque direction régionale de l’agriculture et de l’élevage ont ainsi été
formés en salle et sur le terrain. Ils sont mandatés par l’ANCOS pour effectuer les contrôles de production
de semences sur les champs des producteurs (en général, un seul contrôle par variété par cycle de pro-
duction, sur 1/5 des parcelles). Ils effectuent également des prélèvements dans les stocks des semences
et envoient les échantillons au laboratoire de l’ANCOS à Antananarivo pour analyse. Les producteurs, pour
leur part, sont organisés en associations et le président doit veiller à la bonne connaissance des règles de
production par les membres. Plus les membres ont de mauvais résultats, plus leur association est contrô-
lée.

JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
En outre, la plupart des producteurs de semences sont liés à un organisme assurant la collecte et la com-
mercialisation des semences (essentiellement le CTAS avec son réseau d’environ 300 producteurs et de
140 boutiques).

L’aboutissement à un système réglementaire plus performant

En l’espace de quelques années, une cinquantaine de variétés jusque-là exclues des circuits de commer-
cialisation formels (faute d’existence juridique) sont entrées dans le système des semences de qualité
déclarée des régions Androy et Anosy.

En août 2017, trente-sept (37) variétés locales étaient caractérisées, et inscrites au registre. Ces variétés
ont été proposées par le CTAS, qui doit en assurer la maintenance. Elles sont désormais protégées des
risques d’extinction, tant que cette structure disposera de moyens de fonctionnement

Toutes ces variétés figurent dans un registre régional. Les fiches variétales, qui décrivent les plantes enre-
gistrées sont également accessibles sur internet (www.semencesdusud.com/ASARA/SDQ).

Trimestrielle - Edition N° 05 - Avril à Juin 2018

En haut : Registre régional des


espèces concernées par
le système SQD des régions Androy-Anosy. A droite : fiche variétale.

20
DOSSIER

C e système qui permet donc à la fois la préservation de


la biodiversité des plantes à usage agricole et l’appui au
développement est également cité en référence dans une publication
internationale sur le « Droit aux semences ». Il offre un modèle
transposable à d’autres régions du monde où les législations
semencières sont dans la même impasse qu’avaient connue les
populations du Sud Malagasy.

L e CTAS, ONG Malagasy créée en 2013, a pu grâce aux normes


établies propulser sa production de semences certifiées à des
niveaux relativement ambitieux, permettant de subvenir aux besoins
d’environ 20.000 ménages annuellement. Il met à leur disposition
des semences de qualité, issues majoritairement des variétés

JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
locales, dont ils ont besoin à des tarifs accessibles. Les volumes de
semences produites sont passés de 137t en 2015 à 238t en 2017.

U
Cette variété de mil à barbes
particulièrement résistante aux conditions
n des résultats ultimes de cette réglementation est, enfin,
de sécheresse et aux attaques d’oiseaux fait d’avoir permis une large diffusion de variétés performantes et
partie des variétés dont les semences sont adaptées au contexte du Sud de Madagascar, même si elles étaient
désormais accessibles en Androy. peu connues sur l’ensemble de la zone d’insécurité alimentaire.
Pour Honorine, paysanne relais du district d’Ambovombe, cette
avancée se résume ainsi : « Avec le pois d’Angole, le pois de Lima et le mil, nous avons de quoi manger
même quand la famine sévit autour de nous et pouvons même aider d’autres personnes de notre village
». La culture du pois d’Angole, s’est, en effet, diffusée très rapidement grâce à une production massive de
semences. En quelques années, le nombre de parcelles cultivées en pois d’Angole a atteint le seuil des
15.000. Le même processus est engagé avec des variétés de pois de Lima extrêmement résistantes à
la sécheresse et dont la saveur est localement appréciée, ainsi qu’avec une variété de mil résistante aux
attaques d’oiseaux grâce à des « barbes » piquantes. Le mil, céréale la plus résistante aux contraintes de
manque d’eau et qui tient lieu de culture de référence dans les zones les plus arides du globe, a pu ainsi
commencer à diffuser largement et réduire considérablement l’exposition des exploitants agricoles aux
aléas climatiques.

L’importance de la concertation et la co-construction des norms

L e système SQD avec les normes semencières appliquées aujourd’hui dans deux régions du Grand Sud
Malagasy semble relativement satisfaisant en termes d’adaptation et de prise en compte des attentes
et contraintes paysannes. Il apporte des solutions à l’épineuse question de l’homologation de ressources
phytogénétiques locales en des délais de temps relativement courts, et a permis la mise en place d’une
Trimestrielle - Edition N° 05 - Avril à Juin 2018

filière semences performante. Des structures permettant le maintien et le développement de ce système


sont en place pour lui permettre d’évoluer encore. Un grand nombre de ressources phytogénétiques
fournies par des centres de recherche internationaux sont actuellement en cours d’intégration dans le
système (une cinquantaine d’accessions).

N éanmoins, le processus s’est heurté à de nombreuses reprises à des blocages liés à des perceptions
différentes sur les questions réglementaires entre différents acteurs. Les stratégies de négociations se
sont avérées être un élément déterminant pour avancer dans la construction du système. La formalisation
méthodique de collaborations étroites entre autorités, centres de recherche nationaux-internationaux, ONG
a été essentielle pour faire aboutir une démarche de longue haleine. Près de six années d’engagement
ont été nécessaires.

21
DOSSIER

Fiche Niébé, 2012). Sur la base de nos expériences


à Madagascar, on peut dire que le niébé peut
s’adapter à tous les milieux sauf dans les zones trop
humides comme la Côte Est où on a des problèmes
de production de semences. Comme toutes les
légumineuses, les niébés sont attaqués par les
chenilles à la formation de la gousse obligeant le
paysan à faire des traitements chimiques notamment
en production de semences.
Globalement, il y a deux types de niébés : le niébé à
port érigé type David et le niébé rampant.

Pourquoi les niébés rampants ?

JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Ci-dessus: Des femmes récoltant une variété de pois
d’Angole enregistrée dans le système des semences de
qualité déclarée de l’Androy Anosy. La diffusion de cette
variété a eu un fort impact sur la sécurité alimentaire des
ménages vulnérables.

Les Niébés rampants


en Agro-écologie
Rakotondramanana

L e niébé ou Vigna unguiculata est une espèce


de plante du genre Vigna de la famille des
Fabaceae d’origine tropicale, dont plusieurs sous-
espèces sont cultivées comme plantes alimentaires
pour leurs graines, proches des haricots, ou pour
Les niébés étant des légumineuses bien adaptées
leur gousses .
sur la plupart de nos sols et dont les graines sont
consommables par la population, ils sont très utilisés
dans les associations culturales en agriculture
de conservation. Dans des zones très sèches de
l’Androy dans la commune d’Ambondro sur un sol
très sableux, le niébé rampant BABOKE donne des
stolons de plus de 1 m. Mais la biomasse de niébé
se minéralise très vite laissant un sol presque nu
Trimestrielle - Edition N° 05 - Avril à Juin 2018

deux mois après la récolte.

Mais les paysans des zones sèches du Sud


malgache ont sélectionné au cours des années
des variétés de niébés rampants à forte production
de biomasse. Une de ces variétés locales a été
la variété SPLF2 sélectionnée par TAFA dans le
Sud-Ouest, actuellement baptisée FARIMASO
C ’est une des herbacées les plus résistantes à
la sécheresse. Son aire d’extension se situe
entre 300 et 1000 mm de pluies. Elle n’a pas de
dans le registre des semences SQD du CTAS. Les
caractéristiques de ces deux variétés peuvent être
consultées sur le site du CTAS suivant :
préférence stricte en matière de sol, mais celui-ci
doit être bien drainé. Elle préfère cependant des
sols légers, légèrement acides (CELCOR/PADYP1 ,
1 CELCOR/PADY: Cellule de coordination autonome/
Programme d’appui aux dynamiques productives (Bénin)

22
DOSSIER

(http://www.semencesdusud.com/ASARA/QDS/registreSQD/farimaso.jpg);
http://www.semencesdusud.com/ASARA/QDS/registreSQD/baboke.jpg

La variété de niébé rampant BABOKE, largement cultivée par les paysans de l’Androy sédimentaire,
donne aussi de forte biomasse mais plantée dans les régions à pluviométrie plus élevée comme le
Betsiboka (800 à 1000 mm de pluie), ses graines ont tendance à pourrir avant la récolte (observations
du PLAE).

Le GSDM a recommandé les niébés rampants dans les zones à longue saison sèche comme le MENABE,
le BOENY et le BETSIBOKA. Il s’est avéré que ces variétés donnent de forte biomasse partout mais c’est
la variété FARIMASO qui est la plus adaptée.

Comment installer les niébés rampant dans un système de culture

JOURNAL
JOURNAL DE
en Agriculture de Conservation ?

Le niébé rampant doit être associé avec une céréale à biomasse ligneuse comme le maïs, le sorgho ou
le mil pour obtenir une couverture du sol plus pérenne. Pour cela, le maïs est planté en double rang suivi
d’un double rang de niébé rampant (50 X 20 cm). Planté dans ces conditions, le niébé rampant couvre
totalement le sol et sa biomasse est complétée par celle du maïs pour assurer une couverture totale du
sol durant la saison sèche. A la campagne suivante, le riz pluvial peut être semé sur cette biomasse après

DE L’AGRO-ECOLOGIE
roulage sans labour du sol. Si le sol est trop pauvre ou infesté d’insectes ou de mauvaises herbes, il est
recommandé d’implanter d’abord une jachère de mucuna avant d’y implanter l’association maïs + niébé

L’AGRO-ECOLOGIE
rampant.

Conclusion

Les Niébés rampants ont le gros avantage d’être consommés par l’homme tout en étant une excellente
plante de couverture. Nous avons cité dans cet article deux variétés de niébé rampants qui figurent sur le
registre de semences SQD du CTAS mais il existe d’autres variétés à sélectionner dans le Sud ou dans
les autres régions sèches du Pays.

Trimestrielle - Edition N° 05 - Avril à Juin 2018

Le Niébé rampant Maïs + Niébé

23
VIE ASSOCIATIVE DU GSDM
Les membres du GSDM, Professionnels de l'Agro-écologie

L ’exclusion de la Coalition Paysanne de Madagascar (CPM) et l’Adhésion du Centre d'Expérimentation


et de Formation en Fruits et Légumes (CEFFEL) ont été approuvée en Assemblée Générale lors de la
réunion des membres du 10 avril 2018. En effet, l’Assemblée Générale (AG) est l’instance suprême de
l’Association GSDM, et son rôle est défini dans les Articles 13, 14, 15 des statuts de l’Association.

JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Trimestrielle - Edition N° 05 - Avril à Juin 2018

24
AGRO-ECOLOGIE EN PHOTO
Visite-échange journées Agro-écologiques du
Vakinankaratra

D es opétateurs privés tels que TOZZI GREEN


et LECOFRUIT ont participé aux journées
Agro-écologiques du Vakinanakaratra. Au travers
les constatations sur le terrain, ils ont pu s'inspirer
des différentes techniques agro-écologiques
présentées par le GSDM.

JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
CEFFEL - Centre d'Expérimentation et de
Formation en Fruits et Légumes

D evenue membre du GSDM, l'Association


CEFFEL offre des conseils techniques
et économiques à plus de 1000 producteurs
dans les régions Itasy et Vakinankaratra. Le
Centre CEFFEL dispense depuis 2007 entre
20 à 30 semaines de formation chaque année.
En trois ans, 35 essais ont été mis en place
dans le cadre de partenariats avec différents
organismes de recherche appliquée. Le SIEL
diffuse des informations économiques sur 21
marchés dans 7 régions de Madagascar.

Appui en Agro-écologie du GSDM


Trimestrielle - Edition N° 05 - Avril à Juin 2018

Il s'agit d'une photo prise (parcelle de


démonstration du CEG de Vinany - CISCO
Mandoto) lors de la visite-échange des
paysans leaders encadrés par le programme
FORMAPROD dans le cadre de l'appui à la
diffusion de l'Agro-écologie au niveau de deux
pôles de développement agricole d'Anjozorobe
et Ambatofinandrahana.

25
CALENDRIER /
DIVERS CONTACTS
Evènements

- Mission de supervision AFD : 02 au 04


juillet à Manakara JUILLET Préparation et mise en oeuvre
JUILLET AOUT
- Formation SIG : 17 au 19 Juillet du projet MANITATRA 2
SEPTEMBRE
- Appui FORMAPROD
(Ambatofinandrahana) : 23 au 26 juillet

- FIER MADA 2018 : 01 au 05 Août


- Formation PSP Vakinankaratra : Emission FIVOHY sur la RNM :
08 au 10 Août Tous les 3ème samedis du mois de
AOUT - Appui FORMAPROD (Anjozorobe) : JUILLET
AOUT
08h15 à 08h30 du matin
08 au 10 Août 2018 SEPTEMBRE
- Formation PSP Manakara : 22 - 24 Bulletin d’information TANTELY

JOURNAL DE L’AGRO-ECOLOGIE
Août 2018

Ont participé à ce numéro :


• Mireille RAZAKA - Responsable Communication du GSDM
• Volololoniraisana RANDRIAMIARANA - Agronome du GSDM
• Martin RANDRIAMITANTSOA - Consultant Agronome du GSDM
• Tahina RAHARISON - Consultant Agronome Socio-économiste du GSDM
• RAKOTONDRAMANANA - Directeur Exécutif du GSDM

Rubrique «Dossier» : GRET/CTAS/ANCOS/FOFIFA - partenaires du GSDM


Rubrique «Recherche» : FOFIFA - membre du GSDM
Rubrique «Agro-écologie au niveau national»: participation de WHH, membre du GSDM - FAO et FTA partenaires du GSDM
Entité de validation : Comité de lecture, les membres du GSDM
GSDM Copyrigth juillet 2018

Pour de plus amples informations et/ou pour toutes améliorations, contacter nous au :
Dirécteur Exécutif :
gsdm.de@moov.mg
Responsable communication :
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Lot VA 26 Y Ambatoroka
BP 6039 Ambanidia Antananarivo 101 Madagascar
Tél: (+261) 20 22 276 27
Trimestrielle - Edition N° 05 - Avril à Juin 2018

Ce journal a été financé par l’AFD dans le cadre de la composante 2 du projet PAPAM

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23, rue Razanakombana
Ambohijatovo BP 557 Tél (261 20) 22 200 46 à 48
Antananarivo Fax (261 20) 22 347 94
MADAGASCAR afdantananarivo@afd.fr
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Les membres du GSDM :

26
Directeur de publication : RAKOTONDRAMANANA DL imprimeur : N° - Edité en 120 exemplaires

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