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Nessendyl
Bonne lecture !
On aime s’enfoncer dans des songes étranges.
Penser à nos rêves et à ces murmures que l’on perçoit la nuit en dormant.
Eux aussi doivent contempler leurs rêves et entendre des murmures,
paroles des dieux les ayant menés ici.
Elle se prit à cligner des yeux devant ce qui se produisit alors. Un voile ou
plutôt une vague, vint prendre place entre les arbres, bien visible malgré un
certain effet de transparence. Sa surface bougeait inlassablement dans de
longs mouvements, faisant onduler sa forme translucide aux reflets
verdâtres. Kemy lança un regard à Ley, celui-ci rayonnait de plus en plus,
les yeux sur la surface vivante. Et la magie céda, offrant une pluie de
fragments brillants et lumineux. En face d’eux, on pouvait voir une colline
verte couverte de fleurs et un ciel bleu turquoise.
– C’est impossible… Commença la jeune femme éberluée.
– Viens !
Ley la tira par le bras, la conduisant vers l’herbe si verte. A peine avait-elle
passé les deux arbres et leur étrange passage que les narines de la jeune
femme furent accueillies par un fabuleux parfum de fleurs. Les yeux de
Kemy ne pouvaient pas tout voir, tout mesurer tant ils étaient sollicités. Le
ciel était d’un bleu parfait alors que le temps hors de la barrière était
affreux. L’herbe d’un vert pur ondulait sous une très légère brise. Des fleurs
sauvages de toutes tailles et toutes couleurs offraient leurs bouquets
parfumés et chatoyants en chaque endroit. Sur sa droite, des buissons pleins
de fruits secouaient leurs bras lourds de provisions. Plus loin encore,
quelques arbres au feuillage parfait offraient de l’ombre aux plantes courant
à leurs pieds. Devant elle, sans la voir, elle devinait une rivière ou autre
cours d’eau à en juger par le son cristallin qui parvenait à ses oreilles aussi
émerveillées que le reste de son corps. L’air sentait la paix, la béatitude,
tout en ce lieu donnait envie de se reposer et de se prélasser sans penser à
rien. Ils se trouvaient dans une sorte de paradis. Un paradis féerique.
– Ley… Où sommes-nous ? Où m’as-tu emmenée ?
Elle s’était d’elle-même accrochée à son bras tout le temps de sa longue
contemplation. Le jeune homme lui offrit un tendre sourire et lui répondit
tout en caressant sa joue :
– Au pays des faeries, lieu magique des fées. En ces lieux, rien ne peut
nous inquiéter.
* * *
* * *
2
Magie des fées
3
Préparatifs pour un nouveau voyage
4
Révélation
5
Nouveau départ
* * *
6
Première grosse colère
7
La force
8
Refuge
9
La cachette
10
Long voyage
11
Les montagnes Oro
12
Les rois
13
Message d’un petit frère
14
Le douloureux réveil de la terre
15
Guerriers obscurs
* * *
16
Alliance elfique
17
Le seigneur noir
* * *
18
Larmes de fer
– Kemy ?
Ley sortit en trombe du bureau de Kerzé qu’il était venu voir pour lui
demander quelques herbes médicinales. Il voulait faire baisser la fièvre de
son aimée. Le mage sortit à sa suite, il avait entendu lui aussi ce hurlement
déchirant.
– Elle n’est pas dans sa chambre…
– Je l’y ai laissé, elle dormait !
Mel fit irruption dans le couloir, elle semblait à la fois sereine et affolée, un
drôle de mélange qui donna des frissons au jeune elfe.
– Tu as entendu ? Demanda-t-il à son amie.
– C’était Kemy, c’est comme si j’avais entendu son appel dans ma tête.
– Atamanthe !
Les jeunes gens se tournèrent vers le mage qui venait de crier ce nom. Ce
dernier se frottait les tempes et secouant la tête de gauche à droite. Il
semblait éberlué.
– Quoi Atamanthe ? Questionna Mel cette fois très mal à l’aise,
s’attendant à toutes les réponses possibles.
– Elles se sont retrouvées…
Ley se jeta sur lui, plus rapide qu’un félin, le mage ne put l’éviter et l’elfe
s’accrocha au col de ses robes noires.
– Ne me dites pas qu’Atamanthe est ici ! Qu’avez-vous fait ?
Kerzé ne répondit pas et ne chercha pas à se dégager. Il se sentait mal,
moralement très mal. Il ne pouvait pas leur expliquer, ils ne l’auraient pas
cru.
– Kerzé ?
– En bas, dans les sous-sols.
Ley le lâcha. Si la déraison avait eu le droit de le prendre, il serait allé
chercher son épée et s’en serait servi contre ce mage se voulant leur ami.
– Ley viens, laisse-le.
Mel le tirait par le bras et il mit un moment à réagir. Se retournant enfin
vers elle, il accepta de la suivre. C’est finalement en courant qu’ils se
rendirent sur les lieux. L’elfe était perdu dans ce dédale de portes,
d’escaliers et de grisaille, mais Mel savait parfaitement où se rendre. Elle
n’entendait pas de voix, l’épée était silencieuse pour elle. Elle savait, c’était
tout.
Ils arrivèrent vites dans la petite salle aux torches et au socle de pierre.
Kemy était allongée par terre, sur le ventre, elle respirait fort, ses mains
crispées sur sa tête. Ley se jeta sur elle pour la prendre dans ses bras, mais
elle se débattit violemment en poussant des cris telle une bête sauvage. Elle
mit longtemps à se calmer, refusant toutefois que le jeune elfe ne l’approche
de trop près. Désolé, abattu, il se porta deux mètres devant elle et lui offrit
de sa voix la plus douce et la plus tendre :
– Kemy, ma douce, écoute-moi, je ne t’abandonnerai pas, je te l’ai
promis. Je suis là d’accord ? Je suis là et j’y reste.
Il avait envie de pleurer, cependant, il devait retenir ses larmes. S’il
s’effondrait devant elle, c’était foutu, il la perdrait. Atamanthe était là, tapie
en elle, dans ce corps si gracile, attendant son heure pour qu’une main la
brandisse, la main de Mel, la seule à pouvoir le faire. C’était ainsi. La
légende d’Atamanthe avait été écrite de cette façon. L’épée maudite avait
besoin des deux femmes pour vivre et trancher. Tel était le devoir des élues.
Telles seraient leurs morts également. Une larme pointa à l’œil de Ley et il
l’essuya rageusement.
– Kemy écoute-moi, ça va aller, je te le promets. Fais-moi confiance, s’il
te plaît. Ma femme…
L’interpellée releva les yeux. Ils étaient comme brûlants, incandescents et si
douloureux. Elle serrait ses jambes contre elle, oublieuse de sa jambe
blessée.
– Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai. Tu te rappelles ? Je ne
t’abandonnerai jamais, tu entends ?
La douleur dans ses yeux diminua et leurs flammes également. Kemy se
détendit légèrement, alors que des larmes coulaient en flots incessants sur
ses joues.
– Donne-moi ta main, demanda-t-il en se rapprochant et en lui tendant la
sienne.
Elle ne bougea pas, les crispant au contraire plus fort encore autour de ses
jambes.
– Kemy, prends la main de Ley.
Elle parvint à lever la tête vers son amie qui était restée longuement figée
devant le socle de pierres, si vide en cet instant. Les poings de Mel étaient
fermés au point d’en faire blanchir ses phalanges. Ses yeux bleus étaient
devenus gris de colère et ses lèvres un seul et unique pli, promesse de
profond courroux. Elle aurait aimé tout casser, tout mettre en miettes dans
cette pièce. C’était agréable à imaginer, mais irréalisable, car elle ne se
serait pas arrêtée à cette salle, elle n’aurait pas la force de se contenir
suffisamment. Elle arrivait difficilement à regarder Kemy, cette dernière
affichait une telle affliction que ça lui déchirait le cœur. Cette triste image
eut au moins le but de lui faire prendre une énorme décision : elle allait
trouver la solution à leurs malheurs ! Elle allait trouver comment détruire
Atamanthe sans tuer son amie. Il le fallait. Aucun doute n’était permis à
cette heure.
Elle fit quelques pas vers elle et se pencha un peu pour lui parler :
– Nous allons détruire Atamanthe, nous allons la réduire à un état de
métal fondu, non de cendres ! Elle disparaîtra et nous resterons vivantes,
nous resterons tous vivants ! Et je tuerai de mes mains s’il le faut tous ceux
qui nous en empêcheront...
– Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour t’aider, ajouta Ley pour
Mel.
Les deux jeunes gens se lancèrent un hochement de tête pour réponse. Leur
amitié était forte et le serait plus encore maintenant. Pour le moment,
l’important était de ramener Kemy dans sa chambre et surtout dans le
monde des vivants, ensuite… Ensuite ils devraient parler tous ensemble de
ce qui les attendait.
– Kemy, prends ma main.
L’interpellée posa son regard sur le membre tendu. Dans les tourments de
son esprit elle vit le bandage sur le bras gauche du jeune elfe. Ley était
blessée. Oui, son bras cassé, elle se souvenait. Dans un pli de sa conscience,
là où elle dérivait, elle revit les images du combat contre les Shénèls. Juste
quelques images, puis la douleur reprit et l’emporta à nouveau dans son
flot.
– Rappelle-toi, le pays des fées. On y retournera, une fois tout ça terminé,
on y retournera et on y restera longtemps cette fois.
Nouveau regard, nouveau signe de conscience. Le jeune elfe attrapa cette
perche et insista, la voix douce, suave :
– On se baignera dans la rivière, on fera l’amour sous la cascade. On
mangera ces fruits bleus et trop sucrés que tu aimes tant. Et tu danseras avec
les fées. Kemy…
Les yeux de la jeune femme reprirent une teinte normale. Ses lèvres et sa
peau quelques couleurs. Mel ne put s’empêcher de soupirer de soulagement,
tellement rassurée et apaisée qu’elle prit place dans l’un des quatre fauteuils
ornant la pièce.
– Ley ?
– Oui c’est moi. Prends ma main !
Elle la prit. Et lui la mena contre lui, la faisant tomber dans ses bras où elle
se pelotonna et s’accrocha, refusant de le lâcher. Il la laissa se presser
contre son torse. Caressant ses cheveux de ses doigts délicats, il se prit à lui
susurrer une comptine en elfique, petite litanie réservée normalement aux
enfants. La berçant doucement, il lui embrassa le front sans perdre son
refrain. La chanson sembla faire son effet et dans ses bras, Kemy arrêta de
trembler.
19
Recommencement
Mots elfiques
– Jiane : Précieux.
– Khano : Guide.
– Ley : Tolérant.
– Dînn : Inconstant.
– Garon : Bienveillant.
– Régord : Grincheux.
– Leula nos klane, salanm moy lo téndi e més jisu : Paroles des ans,
ouvrez-moi le chemin de mes ancêtres.
– Amara : Humain.
Mots Tankaliens
Auteur : Nessendyl
Couverture : Nessendyl - Modèle : kuoma_stock
Maquette : Nessendyl
Correction : Lee (Aurélie Dengis)
Création de Wélhandy : Nessendyl (Pamela Lefranc) et Ophélie Saulnier
http://www.arbredenessa.net
nessa.artiste@gmail.com