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EXPORTATIONS ET TRANSFERTS

D'ARMES:
DE L'AFRIQUE SUB-SAHARIENNE
VERS L'AFRIQUE SUB-SAHARIENNE

Etude réalisée par le Réseau Afrique Europe Foi et Justice - AEFJN


Décembre 2010

AEFJN exportations et transferts d'armes de l'Afrique Sub-saharienne vers l'Afrique Sub-Saharienne 1/13
EXPORTS ET TRANSFERTS D'ARMES: De l'AFRIQUE Sub-Saharienne vers l'AFRIQUE
Sub-Saharienne

EXPORTATIONS ET TRANSFERTS D'ARMES A


L'INTERIEUR DE L'AFRIQUE

Bien que nous ne soyons pas bien documentés sur les transferts d'armes
intracontinentaux, certaines tendances générales se sont développées au cours des
années.
Tout d'abord, les armes légères et de petit calibre (ALPC) sont les armes les plus
couramment utilisées dans les conflits violents dans toutes les régions africaines:
l'Afrique orientale et méridionale, aussi bien que dans les régions de l'ouest et du
centre. D'après Wezeman, des groupes tels que l'Armée de Résistance du Seigneur
(LRA) en Ouganda, diverses factions de Somaliens dans toute la Corne de l'Afrique, et
la violence post-électorale au Kenya sont exacerbées par l'omniprésence d'armes
légères et de petit calibre (ALPC) objets d'un trafic illégal.
En second lieu, la plupart de ces armes sont de seconde main et/ou sont un
équipement remis à neuf.
Troisièmement, ces transactions à l'intérieur du continent, comprenant des ALPC,
sont la façon principale dont des régions soumises à un embargo international, telles
que la Somalie, la République démocratique du Congo et le Darfour, sont capables
d'obtenir des armes.
Et finalement, certaines régions à l'intérieur du continent sont en train de
développer leurs propres capacités de manufacture d'armes et de munitions.
Une nouvelle caractéristique est que certains gouvernements africains font des
paiements en nature pour des armes ou des services militaires, par ex. par des
concessions minières (en Angola, RD Congo, Sierra Leone, etc.) ou par l'obtention de
l'accès à des ressources naturelles importantes (au Soudan, la Chine obtient l'accès
au pétrole en échange d'armes) ou d'autres transactions, telles que celle qui a eu lieu
en 1997 entre l'Afrique du Sud et l'Ouganda, où des armes ont été échangées contre
des barres d'or.
Il y a eu de nombreux cas où certains pays fournissaient des armes aux deux partis
de la même guerre. Par exemple, des véhicules APC Sud-Africains, détecteurs de
mines et protégés contre les mines, sont vus au Soudan à la fois avec les forces du
gouvernement de Khartoum et avec SPLA, l'Armée de libération des peuples du
Soudan. La même chose s'est passée au Burundi, où Pretoria fournissait à la fois le
gouvernement et les rebelles.
Un certain nombre de courtiers et de sociétés en Afrique jouent un rôle décisif dans
le transfert illégal d'armes, en transportant des armes entre différents pays.
Un certain nombre d'états d'Afrique occidentale font une "triangulation", ils
achètent des armes pour leur propre usage, puis ils les envoient à un troisième état
sous embargo. Actuellement il y a très peu d'informations sur les transferts d'armes

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d'états africains à d'autres états africains. Bien que les transferts vers ces états et à
partir d'eux ne soient pas très importants en termes économiques, ces transferts
peuvent jouer un rôle important dans la rupture de la sécurité régionale et du
développement socio-économique.

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Pays africains qui ont une capacité de production

Il y a très peu d'informations sur les principaux producteurs et exportateurs d'armes


légères en Afrique. Seuls quelques pays africains ont la capacité de manufacturer des
armes et des munitions; l'Afrique du Sud est en tête de liste, suivie par le Nigéria,
mais d'autres états, comme le Kenya, l'Ouganda, la Tanzanie et le Zimbabwe sont
aussi des producteurs. En Afrique occidentale, la capacité de production est plus
faible et basée sur une technologie importée. Quelques usines de munitions existent
au Burkina-Faso, au Cameroun, en Guinée et en RD du Congo. Une petite production
artisanale a lieu dans quelques autres états, comme le Ghana. Même les capacités de
production de ces pays sont limitées et se basent sur l'importation de technologie,
de machinerie et de composants de base. Il y a peu d'informations sur l'usage final
des armes légères importées par ces états. La difficulté d'obtenir ces informations
est due au fait que la plupart de ces états n'ont jamais rapporté leurs transferts et
leur production au Registre des Nations unies, en marquant toujours AUCUNE. En
2009, seuls le Burundi et les Seychelles ont envoyé leur rapport au registre des
Nations unies.
Même si l'Afrique du Sud a une industrie d'armes qui produit une gamme de
produits militaires modernes, elle reste dépendante des importations pour la
majeure partie de son équipement militaire. L'Afrique du Sud est le seul pays de la
région à exporter des volumes substantiels d'armes – c'est le 17 e exportateur
mondial d'armes dans la période de 2004 à 2008.
Deux transactions au cours de cette période incluent la fourniture d'un grand
nombre de véhicules blindés à l'usage des opérations de paix en Afrique, et une
variété d'armes à des forces armées africaines.

EXPORTATIONS D'ARMES D'AFRIQUE DU SUD


Tandis que l'Afrique du Sud dépend des importations pour la majeure partie de son
équipement militaire, elle s'enorgueillit aussi d'une industrie domestique d'armes
qui produit une gamme de produits militaires modernes. La composante "armes
légères" de l'industrie sud-africaine comprend moins de dix fabricants et leur
production est insignifiante en termes de commerce mondial d'armes légères.
L'Afrique du Sud est le seul pays d'Afrique sub-saharienne qui exporte des volumes
substantiels d'armes, et c'est le plus grand exportateur d'armes conventionnelles à
l'intérieur du continent africain. L'Afrique du Sud était le 17 e exportateur mondial
d'armes au cours de la période de 2004 à 2008, particulièrement à cause de ses
contrats de vente avec des forces armées africaines. Par exemple, en 2006 l'Afrique
du Sud a exporté 4 voitures blindées au Burkina-Faso, 8 véhicules protégés contre les
mines et 47 véhicules blindés au Sénégal, et 4 véhicules protégés contre les mines au
Ghana. En 2007, l'Afrique du Sud a vendu des missiles anti-tank à l'Algérie.
Le tableau 1.1. montre la valeur des armes conventionnelles vendues par l'Afrique
du Sud à d'autres pays du continent au cours de 2008 et 2009. Certaines transactions
importantes à noter sont les ventes d'armes, isolées quoique relativement massives,

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au Soudan en 2008 et à l'Ouganda, au Kenya et au Sénégal en 2009. L'Afrique du Sud
est aussi un fournisseur important de la course nord-africaine aux armements,
comme le montrent les grands contrats accordés à l'Algérie (520.5 millions de Rands
sur deux ans), à l'Egypte (110.8 millions de Rands), and à la Tunisie (300 millions de
Rands rien qu'en 2008).

Tableau 1.1: Exportations sud-africaines d'armes conventionnelles


1 Rand ~ 0.15 USD (Octobre 2010)
Pays destinataire 2008 en 2008 en 2009 en 2009 en
millions millions millions de millions USD
de Rand USD Rand
Algérie 138.3 20.12 382.2 55.59
Angola 4.9 0.71 0.5 0.07
Bénin - - 0.75 0.11
Botswana 12.5 1.82 30 4.36
Burkina Faso 34.6 5.03
Burundi 15.1 2.20 22.4 3.26
Egypte 58.5 8.51 52.3 7.61
Gabon 5.2 0.76 0.7 0.10
Ghana 45 6.55 25 3.64
Kenya 55.7 8.10
Lesotho 4.2 0.61 4.5 0.65
Madagascar 2.3 0.33
Malawi 14.5 2.11 - -
Mauritanie 0.6 0.09
Mozambique 0.2 0.03
Namibie - - 5.3 0.77
Niger 7.6 1.11 - -
Nigéria 51 7.42 12.9 1.88
Ouganda 2.1 0.31 169 24.58
R.D.Congo - - 3.4 0.49
Rwanda 4.6 0.67 2.4 0.35
Sénégal - - 85 12.36
Somalie 4.7 0.68
Soudan 64 9.31

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Pays destinataire 2008 en 2008 en 2009 en 2009 en
millions millions millions de millions USD
de Rand USD Rand
Swaziland 12.5 1.82
Tanzanie 11.2 1.63 9.4 1.37
Tchad 15.2 2.21 2 0.29
Tunisie 300 43.64
Zambie 18.9 2.75 32.1 4.67

En 2009, le principal destinataire d'équipement militaire sud-africain était l'Ouganda,


à un moment où l'Armée de Résistance du Seigneur renouvelait ses attaques.
En 2006 une filiale sud-africaine de la société britannique BAE Systems a vendu des
transporteurs de troupes blindés Mamba au gouvernement ougandais avant les
élections. Au moins 32 véhicules de ce type, appelés Land Systems OMC, avaient été
vendus par la filiale depuis 2002.
Le manque de contrôles internationaux signifie qu'une filiale d'outremer peut
assurer des ventes d'équipement militaire, ce qui ne serait pas permis à une société
basée au Royaume-Uni.
D'après certaines allégations, des véhicules vendus à l'Ouganda par l'Afrique du Sud
ont été utilisés pour écraser des manifestations à Kampala en soutien au candidat de
l'opposition, et plus tard en vue des élections.

Autres pays africains qui ont la capacité de manufacturer des armes


Un nouveau développement est l'émergence de producteurs d'armes africains.

Tableau 1.5: Capacité de manufacture d'armes en Afrique Sub-Saharienne


Pays à capacité connue de manufacture d'armes
Afrique Fabricant inconnu de cartouches NATO de 7.62mm
centrale
Ethiopie Actuellement, l'Ethiopie a de petites industries militaires.
Kenya Avec l'assistance de FN Herstal de Belgique (1996), le Kenya a une
capacité domestique de production d'armes légères et de
munitions. La capacité de la fabrique de balles est de 20.000 à
60.000 balles par jour, tandis que la consommation locale est
d'environ deux millions de balles par an. Le Kenya refuse d'ouvrir
ses usines pour une vérification indépendante de ses installations,
bien qu'il ait ratifié le Traité de commerce des armes de l'ONU.
L'usine produit trois types de balles, notamment, des munitions de
9mm pour le pistolet FN35 Browning et les mitraillettes Sterling,
Uzi ou H&K MP5 utilisées par les forces armées; 7.62x51mm pour

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le FN-FAL et le G3, les principaux fusils utilisés par les forces
armées; et des munitions de 5.56mm, utilisées par la police du
Kenya. L'usine n'a pas la capacité de manufacturer des minutions
pour le AK-47, le fusil d'assaut le plus populaire dans la région.
Nigéria Le Nigéria a la capacité domestique de manufacture de petites
armes qui sont semblables au AK-47, et des munitions requises.
Ouganda L'Ouganda a aussi des usines de fabrication de munitions pour des
armes légères. Il justifie cela par la guerre de longue durée avec les
rebelles dans le nord, et l'hostilité avec le Soudan. L'Ouganda
refuse d'ouvrir ses usines pour une vérification indépendante de
ses installations, bien qu'il ait ratifié le Traité de commerce des
armes de l'ONU. Il y a trois usines d'armes en Ouganda; la plus
grande, Nakasongola Arms Factory, est la propriété d'intérêts
chinois (gouvernement and secteur privé).
Soudan Le Soudan a au moins trois usines d'armes construites avec
l'assistance des Chinois en dehors de Khartoum. Il y a des nouvelles
selon lesquelles le Corps des gardiens de la Révolution Islamique
(IRGC), signalé comme organisation terroriste, fait fonctionner une
usine secrète d'armes au Soudan pour envoyer des armes à des
organisations terroristes en Afrique et au Moyen Orient.
Tanzanie La Tanzanie a des usines de munitions pour armes légères.
Zimbabwe Le Zimbabwe a des usines de munitions pour armes légères depuis
le temps du Conseil de production de munitions de la seconde
guerre mondiale.
En 1985 le gouvernement ZANU (PF) a établi l'industrie de défense
du Zimbabwe (ZDI) qui a érigé deux usines de production d'armes
avec un statut double, à la fois de société privée et d'entreprise
d'état. En 1986, NORINCO de Chine a obtenu le contrat de
construction d'une usine de munitions pour armes légères au
Zimbabwe pour le ZDI. Pour 1990, seul le "Explosives Filling Plant",
le projet de munitions pour armes légères, a été bâti. En 1987, le
gouvernement français a offert une enveloppe financière au ZDI.

Le transfert illégal d'armes de l'Afrique vers l'Afrique


En Afrique comme ailleurs, le commerce illicite d'armes légères et de petit calibre est
opaque, amorphe et dynamique. C'est aussi une entreprise mondiale avec des armes
illicites à travers toute l'Afrique, venant de virtuellement chaque grand pays
producteur d'armes dans le monde.
Il y a des quantités d'exemple de transferts "irresponsables" venant des états
d'Afrique occidentale ou y arrivant. Le Front uni révolutionnaire de Charles Taylor
obtenait ses armes via le Burkina Faso, le Niger et le Liberia. Bien que la Côte d'Ivoire

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était été sous embargo de l'ONU depuis 2004, cependant le conflit était alimenté par
des armes livrées du Liberia aux groupes rebelles. La RD du Congo était sous
embargo depuis 2003, mais le Rwanda a souvent violé cet embargo en fournissant
des armes aux groupes rebelles. De plus, de nombreux réseaux de trafic d'armes
opérant à partir de la Tanzanie, du Burundi et de la RD du Congo ont envoyé des
armes aux différents groupes rebelles. La Somalie a été sous embargo de l'ONU
depuis 2000, cependant le gouvernement de Djibouti a fourni des armes et des
médicaments à l'Union des Cours islamiques, un groupe d'opposition.
Le Darfour a été sous embargo de l'ONU pendant des années, mais des armes ont
été fournies par le gouvernement du Tchad.
Beaucoup de pays achètent des armes en mentionnant qu'elles sont destinées à leur
propre usage, mais plus tard elles sont dirigées vers un pays tiers sous embargo. Le
Burkina Faso, la Guinée et le Tchad ont fait cela à plusieurs reprises.
Au 1er octobre 2010, trois Etats francophones d'Afrique sub-saharienne sont sous le
coupe de sanctions partielles ou totales de transferts d'armes, imposées par des
organisations régionales ou internationales: la Côte d'Ivoire, la Guinée (Communauté
économique africaine et Union de l'Europe occidentale), la RD du Congo (Nations
unies).
Des trafiquants d'armes sur d'autres continents envoient illicitement des armes en
Afrique, par avion ou par bateau. La plupart des armes légères illicites utilisées en
Afrique proviennent de Chine, d'Israël et de plus de 20 membres de l'OSCE
(Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe). La nature clandestine de
ce commerce rend impossible de connaître sa valeur réelle, mais il est évident qu'en
Afrique le commerce illicite des armes légères est contraire au développement à
beaucoup de niveaux.
Des gouvernements et des groupes armés dans des pays voisins ou plus éloignés
sont aussi des sources importantes d'armes légères illicites. C'est par exemple le cas
du Maroc, de l'Algérie et de la Libye qui ont acheté des armes qui ont des chances
d'être destinées à fournir un soutien matériel à l'une ou à plusieurs des parties en
conflit, dans des pays voisins, en transférant de manière illicite de grandes quantités
d'armes légères. Depuis 2000, les investigateurs de l'ONU ont identifié des transferts
d'armes par des gouvernements voisins à des groupes armés en Somalie, République
démocratique du Congo, Liberia, Sierra Leone et Soudan; tous ces pays étaient sous
embargo d'armes de l'ONU au moment du transfert.
Des rebelles et d'autres groupes armés sont une autre source importante d'armes
légères illicites. Le trafic d'armes à travers les frontières par des membres de groupes
armés est aussi courant. Des rebelles traversent souvent les frontières mal
sécurisées pour passer des armes en fraude et les vendre pour de la nourriture, des
véhicules et d'autres biens de consommation. Selon des investigateurs de l'ONU, des
milices somaliennes achètent et revendent régulièrement des armes entre elles au
marché noir local.
Il y a d'autres manières pour les armes illégales d'entrer sur le marché. Des armes
légères sont saisies ou volées à des forces gouvernementales, pillées dans les
armureries d'état, obtenues de soldats corrompus et volées à des propriétaires

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privés. De même, des gardiens de la paix sont occasionnellement soulagés de leurs
armes légères (ou s'en séparent volontairement); ces armes aboutissent souvent
dans des arsenaux rebelles.
Comme les gouvernements nationaux contrôlent et règlent étroitement leurs
fabricants africains, des nombres très limités d'armes et de munitions fabriquées en
Afrique entrent sur le marché illégal.
La production artisanale non autorisée d'armes à feu par des armuriers locaux est
une source importante d'armes légères illicites dans certaines régions. Leur
profusion constitue un problème majeur dans certains pays. Une étude récente de la
production artisanale au Ghana par Emmanuel Kwesi Aning a trouvé que les
armuriers non autorisés du pays (plus de 400, chacun capable de fabriquer jusqu'à
80 fusils par an) ont la capacité collective de produire jusqu'à 200.000 armes à feu
par an; certaines de ces armes sont rapportées comme "d'une qualité comparable à
celles des fusils produits industriellement."
Sur une petite échelle, des armes sont apportées dans différents pays par des soldats
qui ont servi dans des missions de maintien de la paix, par exemple au Libéria ou en
Sierra Leone, qui retournent souvent chez eux avec leurs armes pour les vendre à
des combattants et des courtiers en armes.

Transferts de pays africains vers d'autres pays africains

Tableau 1.2: Exportations et transferts d'armes: de l'Afrique vers l'Afrique


Exportations et transferts d'armes intracontinentaux
Afrique du En 2008 le cas bien connu du navire accosté à Durban, Afrique du Sud,
Sud prêt à décharger des armes envoyées de Chine au Zimbabwe à un
moment où la violence politique dans le pays avait atteint des niveaux
sans précédent. Des activistes des droits humains, craignant que les
armes soient utilisées contre des civils vus comme ennemis de l'Etat,
ont lutté inlassablement pour assurer que les armes n'arriveraient pas
au Zimbabwe. Un juge sud-africain a jugé que la charge de grenades
propulsées par des fusées, de séries de mortiers et de munitions ne
pouvait pas être transportée par voie terrestre.
Libye La Libye est connue pour envoyer des armes au Soudan, à la fois au
gouvernement par des ventes officielles et à divers groupes rebelles
dans des régions sous embargo.
En 2008, la Libye a vendu un avion de transport, des munitions pour
des tanks, et une quantité non spécifiée de fusées pour des combats
par hélicoptère au Tchad. Bien que ces ventes soient légitimes, le
Tchad et la Libye sont connus tous deux pour détourner des armes
importées officiellement vers des zones sous embargo et des zones de
conflit telles que le Darfour et le Tchad oriental, respectivement (voyez
le tableau 1.3 ci-dessous)

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Soudan Bien qu'il n'y ait pas beaucoup d'informations, il y a des rapports selon
lesquels le Soudan a exporté des armes vers l'Algérie.
Tanzanie D'après des rapports, le Burundi reçoit des envois d'armes légères de
Tanzanie.
Zimbabwe Depuis 1995, le ZDI a commencé à jouer le rôle de courtier en armes
pour des acheteurs régionaux et des marchands d'armes
internationaux. Le ZDI a vendu des fusils G3 et des munitions en
surplus des Forces de défense du Zimbabwe à certains collectionneurs
des Etats-Unis. Le Botswana a acheté de grandes quantités de
munitions et a commandé quelques véhicules militaires via le ZDI. Il y a
eu des rapports d'armes variées chinoises, israéliennes et françaises
vendues à l'Angola, l'Ouganda et la République démocratique du
Congo, les transactions étant effectuées par le ZDI. Celui-ci espère que
le rôle de courtier en armes pourrait bien être la réponse à ses espoirs
d'entrer dans le marché international des armes. Un rapport récent
suggère que le ZDI a fourni des armes, des munitions, des uniformes et
d'autres articles militaires aux forces de Kabila pendant et après leur
guerre pour renverser Mobutu. On allègue aussi que le ZDI a agi
comme courtier pour des armes fournies par des pays tels que les
Etats-Unis d'Amérique et l'Afrique du Sud.

Somalie
Un rapport d'Amnesty International (AI) de 2010 suggère que des fournitures non
réglées d'armes au Gouvernement fédéral de transition (TFG) en Somalie se sont
retrouvées dans les mains des combattants islamistes militants Al Shabaab. Le
rapport accuse l'Ouganda, l'Ethiopie et le Yemen de fournir le TFG en dehors du
régime régulateur des Nations unies qui a imposé à la Somalie un embargo sur les
armes. Le Groupe de contrôle de l'ONU pour la Somalie a rapporté que, depuis 2006,
des forces du TFG ont reçu des armes et des munitions des trois états voisins qui
avaient demandé des exemptions de l'embargo de l'ONU sur les armes. Le problème
est que ces armes fournies ne sont pas comptabilisées correctement par le TFG qui
facilite des détournements importants d'armes ou d'argent pour des armes. Le TGF
n'a pas la capacité d'empêcher le détournement de quantités importantes de ses
propres armements et équipement militaire vers d'autres groupes armés et vers les
marchés domestiques d'armes de Somalie.

Amnesty International fait appel à tous les pays pour qu'ils suspendent les transferts
d'armes et l'assistance financière jusqu'à ce que des moyens adéquats de
sauvegarde soient en place pour assurer que les armes ne soient pas utilisées par les
forces de TGF pour commettre des violations de droits humains, ou détournées vers
d'autres groupes armés et potentiellement utilisées contre des civils, des gardiens de
la paix de l'Union africaine ou les forces de TFG elles-mêmes.

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Transferts d'armes vers des acteurs non étatiques

Tableau 1.3: Transferts d'armes vers des acteurs non étatiques


Transferts d'armes vers des acteurs non étatiques
Front national de Rebelles de ONLF: reçoivent formation et armes de
libération Ogaden l'Erythrée, la Somalie et le Soudan (obtiennent des flux
[ONLF] (Ethiopie) d'armes à partir des armes qui restent de la guerre civile
soudanaise)
Armée de libération Avec la hausse de la violence ethnique dans le sud et le
des peuples du spectre d'une guerre civile renouvelée avec le nord, SPLA
Soudan [SPLA] est capable de faire venir des armes d'Ethiopie, Erythrée,
Ouganda et Kenya.
(Soudan)
Mouvement Justice et Ces rebelles du Darfour reçoivent des ALPC du Tchad, de
Egalité ; l'Erythrée et du groupe Libyen-Arable Jamahiriya, tous en
Mouvement/Armée infraction de l'embargo de l'ONU sur les armes dans la
de Libération région Darfour du Soudan.
soudanaise (Soudan)
Armée de Résistance LRA n'utilise des ALPC que dans sa campagne prolongée
du Seigneur [LRA] contre le gouvernement ougandais. Ces armes sont
(Ouganda) obtenues du Kenya et du Soudan.
Opposition non- Des armes Illégales sont introduites au Kenya par ses
gouvernementale du frontières poreuses avec ses différents voisins de la Corne
Kenya d'Afrique et des Grands Lacs: Ouganda, Soudan (du sud),
Ethiopie (du Sud) et Somalie.
Factions rivales de Un embargo sur les armes pour la Somalie a été mis en
Somalie place par la communauté internationale en 1992, et bien
que cet embargo soit toujours effectif, les factions rivales
de Somalie obtiennent continûment des armes d'Ethiopie,
Libye, Soudan, Egypte, Djibouti, Ouganda, et Erythrée.
Nigéria, la région du Le Nigéria a des frontières poreuses à la fois sur ses bords
Delta du Niger terrestres et maritimes, ce qui permet la contrebande de
fusils d'une variété de pays. Beaucoup de ces armes
proviennent de pays déchirés par la guerre en Afrique.
Beaucoup de cercles de contrebande d'armes opèrent à
partir du Cameroun, de la Guinée équatoriale et du Nigéria.
Les contrebandiers utilisent des bateaux rapides pour
atteindre la haute mer, puis ils renvoient les armes vers la
côte par ferry.
La plupart des armes - comme le AK-47 russe, le G-3
allemand, le FN-FAL belge, les mitrailleuses tchèques et les

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grenades serbes propulsées par fusées (RPG) – sont
fournies par des marchands et vendeurs illégaux, qui sont
payés grâce aux revenus de pétrole volé. En octobre 2006,
Chris Ndudi Njoku, homme d'affaires nigérian, spécialisé
dans l'importation au Nigéria d'armes à feu prohibées, a été
arrêté en possession de G-3, d'AK-47 et de fusils
automatiques Beretta. Des marchands européens sont aussi
impliqués dans le commerce avec leurs contreparties
nigérianes.

Armes vers des territoires sous embargo

Tableau 1.4: Armes vers des territoires sous embargo


Pays qui envoient des armes vers des territoires sous embargo
Liberia Le Liberia a été connu pour transférer des armes en Sierra Leone
durant sa période d'embargo.
Libye La Libye envoie des armes, non seulement à diverses forces au Darfour
(gouvernement et rebelles), mais aussi en Somalie.
Nigéria En 2007, le Nigéria a envoyé 50 pistolets et revolvers au Libéria. Il y a
aussi des preuves que des armes ont fait l'objet de contrebande au
cours des années, du Nigéria vers le Bénin, le Ghana, le Burkina Faso,
le Cameroun, le Tchad et le Niger.
Ouganda D'après les rapports, l'Ouganda envoie une quantité non révélée de
fusils AK-47, de lance-fusées, de mortiers et de mines terrestres à des
groupes de milice dans la République Démocratique du Congo, en
violation de l'embargo de l'ONU.
Rwanda Le Rwanda a fait passer des armes en République Démocratique du
Congo, en violation flagrante de l'embargo existant
Tanzanie La Tanzanie exporte aussi des armes légères vers la République
démocratique du Congo, sous embargo.
Tchad Le Tchad est bien connu pour soutenir les groupes rebelles du Darfour,
tels que JEM, en envoyant des armes et d'autres équipements vers la
région sous embargo.
Zimbabwe En 2008, l'ONU a rapporté que le Zimbabwe avait envoyé 53 tonnes de
munitions vers la République Démocratique du Congo.

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Références

Johnson-Thomas, Brian & Danssaert, Peter. “Zimbabwe – Arms and Corruption:


Fuelling Human Rights Abuses.” [Zimbabwe –Armes et corruption alimentent les
abus de droits humains] IPIS. juillet 2009.
Ploughshares Fund. http://www.ploughshares.org/
Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI).[Institut international de
recherche de paix de Stockholm] http://www.sipri.org/
Wezeman, Pieter D. “Arms Flows to the Conflict in Chad.” ["Circulation d'armes vers
le conflit au Tchad."] SIPRI. Août 2009.
Wezeman, Pieter D. “Arms Transfers to East and Southern Africa.” ["Transferts
d'armes vers l'Afrique orientale et méridionale"] SIPRI. Décembre 2009.
Wezeman, Pieter D. “Arms Transfers to Central, North, and West Africa.” ["Transfets
d'armes vers l'Afrique centrale, du nord et de l'ouest."] SIPRI. Avril 2009.
Matt Schroeder and Guy Lamb “The Illicit Arms Trade in Africa: A Global Enterprise”
Third Quarter 2006. ["Le commerce illicite d'armes en Afrique: une entreprise
mondiale" – troisième quadrimestre 2006.
Virginie Moreau, Cédric Poitevin et Jihan Seniora. “Contrôle des Transferts d’Armes –
L’exemple des états francophones d’Afrique Subsaharienne”. Les Rapports du GRIP.
Mai 2005.

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