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1986

CONSEIL NATIONAL DE LA REVOLUTION

LA MTRE NOUS WNCRONS


OU LA MORT

LA JUSTICE POPULAIRE
AU BURKINA FASO

MINISTERE DE LA JUSTICE

OUAGADOUGOU BURKINA FASO


2ème Edition 1986
UNIVEPSITY OF
ILLINOIS LIBRARY
AT URBANA-CHAMPAIGN
BOOKSTACKS
LE CAMARADE CAPITAINE THOMAS SANKARA, PRESIDENT DU CONSEIL
NATIONAL DE LA REVOLUTION , PRESIDENT DU FASO, CHEF DU GOUVER
NEMENT REVOLUTIONNAIRE DU BURKINA FASO .
BURKINA FASO

CONSEIL NATIONAL DE LA REVOLUTION

Ver
n

LA MTR NOUS WOO


OU LA MORT

LA JUSTICE POPULAIRE
AU BURKINA FASO

MINISTERE DE LA JUSTICE

OUAGADOUGOU BURKINA FASO


2ème Edition 1986
348.662502
B9193
19816
TABLE DES MATIERES

PREFACE ..7

INTRODUCTION . 15

Ordonnance portant nouvelle Organisation Judiciaire


au Burkina Faso .
21

Ordonnance portant fonctionnement des juridictions


au Burkina Faso 22

Les Tribunaux Populaires de la Révolution ... 23

Les Tribunaux Populaires de Secteurs, Villages,


Départements et Provinces (TPC, TPD, et TPA) 51

Annexes .87
fols
DISCOURS
DU CAMARADE PRESIDENT THOMAS SANKARA
A L'OUVERTURE DES 1ères ASSISES
DES TRIBUNAUX POPULAIRES DE LA REVOLUTION

Camarades présidents des institutions,


Camarades membres du Conseil national de la révolution ,
Camarades membres du gouvernement révolutionnaire,
Camarades membres des Tribunaux populaires de la révo
tion ,
Camarades militants de la Révolution démocratique et
populaire ,
Excellences, Mesdames, Messieurs.
Cela fait exactement 17 ans, jour pour jour que le peuple
voltaïque dans un élan révolutionnaire est sorti dans les rues
pour crier à la face de ceux qui l'ont toujours baillonné,
exploité et opprimé des mots d'ordre tels : " A bas les détour
neurs des deniers publics ". " A bas les affameurs du peuple ".
17 ans aujourd'hui, que le peuple voltaïque est sorti dans
les rues pour réclamer : " Du pain , de l'eau et de la démo
cratie " .

Le 3 janvier 1966 , le peuple voltaïque dans un sursaut


collectif a mis au banc des accusés, la bourgeoisie réaction
naire et corrompue de notre pays, qui, après s'être servie de
lui comme d'un tremplin pour accéder au pouvoir, lui avait
tourné le dos, dans une course effrenée à l'accumulation de
richesses mal acquises.
Aujourd'hui encore le peuple voltaïque accuse .

Le peuple voltaïque accuse et exige la mise en application


du verdict populaire . Aujourd'hui pour la réalisation de ses
aspirations profondes exprimées depuis toujours le peuple
voltaïque s'est forgé un instrument adéquat : les Tribunaux
populaires révolutionnaires. Nous avons fait un choix et
désormais rien ne pourra empêcher le peuple de rendre son
verdict.

7
Rien désormais ne pourra empêcher le peuple de donner
un châtiment exemplaire à toute cette racaille politique qui
s'est nourrie de la famine , à toutes ces crapules qui l'ont
toujours bafoué, humilié par mille et une vexations.
Le peuple voltaïque accuse , et le monde tremble .
Le monde des exploiteurs, des spoliateurs, de tous ceux
qui tirent avantage du système néo-colonial tremble parce
que le peuple voltaïque devenu désormais maître de sa
destinée veut rendre sa justice .
Camarades membres des Tribunaux populaires de la révo
lution , en choisissant la date du 3 janvier 1984 pour l'ouver
ture solennelle de vos assises, vous ne faites donc que renouer
avec un passé récent qui a constitué un moment décisif dans
la prise de conscience de notre peuple contre la domination
et l'exploitation des couches et classes sociales réactionnaires,
véritables appuis locaux de l'impérialisme.
La création des Tribunaux populaires révolutionnaires se
justifie par le fait, qu'en lieu et place des tribunaux tradi
tionnels, le peuple voltaïque entend désormais matérialiser
dans tous les domaines, dans tous les secteurs de la société , le
principe de la participation effective des classes laborieuses et
exploitées à l'administration et à la gestion des affaires de
l'Etat .
Les juges des Tribunaux populaires révolutionnaires ont
été choisis au sein des travailleurs et par les seuls travailleurs
avec la mission d'accomplir la volonté du peuple . Pour ce
faire, nul besoin pour eux , de connaître les vieilles lois .
Etant issus du peuple , il suffit qu'ils se laissent guider par le
sentiment de la justice populaire.
En l'absence de textes codifiés, il leur suffit de s'appuyer
sur le droit révolutionnaire , en rejetant les lois de la société
néo-coloniale . Notre révolution , la Révolution d'août en se
fixant comme objectif la destruction de l'appareil d'Etat
bureaucratique et en donnant une représentation beaucoup
plus accessible au peuple , fait la preuve si besoin en était
encore que le régime mis en place est plus démocratique que
la plus démocratique des républiques bourgeoises.
Toutefois, il faut s'attendre à ce que l'instauration des
TPR fasse l'objet d'attaques de la part de nos ennemis à
l'extérieur comme à l'intérieur du pays.

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On y verra à ne point en douter, un instrument de répres
sion sinon d'inquisition politique .
On criera certainement au bafouement des droits de
l'homme . Mais qu'à cela ne tienne ! Notre justice populaire
se distingue de la justice dans une société où les exploiteurs
et les oppresseurs détiennent l'appareil d'Etat en ce qu'elle
s'attachera à mettre à jour, à dévoiler publiquement tous les
dessous politiques et sociaux des crimes perpétrés contre le
peuple , à amener celui-ci à saisir leur portée afin d'en tirer les
leçons de morale sociale et de politique pratique.
Les jugements des T.P.R. permettront de révéler aux yeux
du monde les plaies du régime néo - colonial en livrant les
matériaux de la critique et en dégageant les éléments d'édifi
cation d'une société nouvelle.
Aussi à travers la condamnation des forfaits socio -écono
miques et moraux, il s'agit là d'un procès politique , d'une
remise en cause du système politique de la société néo
coloniale.
A travers l'homme , c'est la société qui est ici en cause .
C'est pourquoi les débats au cours de ces procès devront
revêtir un caractère éducatif par les explications qui seront
données aux masses populaires à l'audience et dans la presse.
Les verdicts qui en sortiront devront donner suffisamment à
réfléchir. L'hypocrisie de la morale bourgeoise et réactionnai
re réside dans de tels sursauts d'indignation vis- à - vis de la
condamnation de quelques individus et dans un silence
complice face au génocide collectif d'un peuple qui se meurt
dans la misère , la famine et l'obscurantisme.
Nous jugeons un homme pour établir des millions
d'hommes dans leurs droits. Nous sommes par conséquent de
fervents défenseurs des droits de l'homme et non des droits
d'un homme . A la "morale " immorale de la minorité exploi
teuse et corrompue, nous opposons la morale révolutionnaire
de tout un peuple pour la justice sociale .
Fort de cette légitimité révolutionnaire, le Conseil national
de la révolution vous invite , camarades juges des T.P.R. à
faire preuve de sang froid et de conscience révolutionnaire ,
sans excès mais avec fermeté, sans passion mais avec lucidité,
avec discernement , mais sans complaisance, pour que les
acquis de notre révolution soient sauvegardés. Nous avons
fait le choix entre deux formes de droit : d'un côté, le droit

9
révolutionnaire du peuple , de l'autre l'ancien droit réaction
naire de la minorité bourgeoise . La Justice que vous êtes
appelés à rendre, s'inspire des principes démocratiques de
notre révolution . Une démocratie pour le peuple et contre les
exploiteurs et les oppresseurs, tel est le fondement de l'acti
vité des TPR .
Vous devez êtres fiers. Fiers d'avoir été choisis et d'avoir
été appelés à être les artisans d'une cuvre inovatrice à tous
points de vue.
Laissez les tenants de la démocratie dite pure à leurs
pleurnicheries et à leurs atermoiements.
Laissez s'indigner et se scandaliser les juristes et autres
érudits, tous formalistes obnibulés par des procédures et des
protocoles dont ils n'ont pas encore saisi. les intentions mysti
ficatrices pour le peuple et faisant du magistrat drapé dans sa
toge et affublé de son épitoge , parfois même en perruque ,
un guignol qui suscite chez nous révolutionnaires, de la
compassion, surtout lorsque nous le sentons proche du
peuple au point de vouloir déserter sa corporation .
En effet, à régime réactionnaire, justice réactionnaire . Et
nous comprenons la douleur d'un magistrat progressiste , voire
révolutionnaire , lorsqu'il est contraint d'appliquer les textes
d'un droit qui bafoue ses convictions politiques intimes.
D'autres corporations comme l'Armée pour ne citer qu'elle
nous ont donné à observer de tels dilemmes. Mais heureuse
ment, la Révolution du 4 août , la Révolution démocratique
et populaire est venue libérer et mobiliser les consciences de
tous ceux qui ont consciemment choisi le camp du peuple .
Les masses populaires de Haute-Volta ont cessé d'être les
dupes des politiciens réactionnaires le jour où elles ont
compris que dans une société où il existe des exploiteurs
exerçant leur domination sur la majorité du peuple , que dans
une telle société la justice est incontestablement une justice
pour les exploiteurs. Un des objectifs de notre Révolution
populaire étant d'instituer un Etat démocratique , cet Etat
devra être foncièrement distinct de l'Etat des exploiteurs.
La justice de l'Etat démocratique est par conséquent
distincte de la justice des exploiteurs. Si les régimes politiques
réactionnaires enterrés chez nous et leurs semblables en voie
de fossilisation ailleurs, n'ont jamais osé et n'osent pas organi
ser les procès de cette pègre politique, c'est justement parce

10
qu'ils ont compris qu'ils ne peuvent pas dans leur système
réactionnaire , instituer des T.P.R. où le peuple s'exprimera
sans qu'ils ne soient eux -mêmes balayés. Tout comme ils ne
peuvent pas s'en remettre aux tribunaux classiques dont le
verdict ne pourra que provoquer le courroux légitime des
sans-voix , de la voix du peuple . D'où les côtes mal taillées
consistant par exemple à des internements administratifs , ce
qu'appliquaient les philistins du CMRPN sous la docte
houlette de l'inventeur-historien inquisiteur réactionnaire
Joseph Ki Zerbo.
Ailleurs, ce sont les emprisonnements à vie, les résidences
surveillées à perpétuité, comptant sur l'action du temps pour
faire oublier que des problèmes politiques étaient posés aux
dirigeants et que les dirigeants devaient les résoudre : à savoir
le peuple et son droit à la justice.
En instituant les TPR , le CNR , le gouvernement révolu
tionnaire et le peuple militant de la Révolution démocratique
et populaire, savent que jusque dans leurs propres rangs, s'il
se trouvait des éléments dégénérés , la justice populaire devra
sévir dans toute sa rigueur. En inême temps, chaque militant
sait que son action politique , sa conduite de tous les jours et
sa pratique sociale seront d'une transparence qui lui impose
ront 'de n'accepter de faire la nuit ou dans l'ombre ce qu'il
pourra étaler le jour, la conscience tranquille .
En vérité , en vérité , il n'existe point d'autre vertu que celle
qu'imposent et contrôlent réellement la société et le peuple .

Dans une société comme la nôtre , où la population est à


95% analphabète , maintenue dans l'obscurantisme et l'igno
rance par les classes dominantes, le droit bourgeois en dépit
de tout bon sens ose affirmer que : ” Nul n'est censé ignorer
la loi” . C'est à l'aide de tels artifices que les classes possé
dantes et oisives oppressent les larges masses populaires,
paysans de nos campagnes et ouvriers de nos villes.

Il en est de même lorsque, au nom de ce même droit , on


affirme que : " Force doit rester à la loi” . La loi étant édictée
pour défendre et sauvegarder les intérêts des classes dominan
tes, c'est dire que l'argument de la force est exhumée chaque
fois que les intérêts de la minorité étaient menacés . ” Force
doit rester à la loi" est une expression consacrée par les
expropriateurs pour rejeter toute idée de justice populaire .

11
Ainsi, tout est permis sauf de manquer d'argent pour
s'acheter un avocat et des magistrats qui sont seuls chargés
d'interpréter dans un langage ésotérique reservé, des textes
volontairement confus.
Au bout du compte effectivement force reste à la loi, c'est
à-dire que la loi du plus riche, les textes du plus offrant, les
talents oratoires vendus au plus offrant, l'emportent à tous
les coups sur le " bon droit ” populaire de ceux qui restent
toujours coupables d'être pauvres, incapables d'acheter les
services d'avocats célèbres ou se montrent simplement
ignorants et analphabètes.
Tous les jours, sous nos yeux , nous voyons des voleurs
poursuivis par la foule, chercher refuge au commissariat de
police,.convaincus que la "force restera à la loi” et que leur
protection sera assurée. Par contre , le paysan de passage à
Ouagadougou, poursuivi pour la moindre pécadille devra
éviter à la fois ses poursuivants et le commissariat, car pour
lui, nulle part dans l'univers de la grande ville , il n'y a d'espoir
de voir une justice en sa faveur. Il croit que le commissariat
est un lieu où effectivement, il sera sanctionné au nom de la
loi . Et il croit naïvement à l'égalité de tous les citoyens
devant la loi, une loi implacable et incontournable .
La Révolution démocratique et populaire se doit de briser
cette Justice anti-démocratique et anti-populaire. Exactement
comme notre peuple a brisé le verdict des élections truquées
de décembre 1965 à travers lesquelles le réactionnaire méga
lomane Maurice Yaméogo prétendait avoir obtenu "démocra
tiquement" 99'99% des suffrages.
Quelques jours plus tard , le 3 janvier 1966 , notre peuple en
dehors des urnes et contre les bulletins de vote imposait son
implacable verdict révolutionnaire, en destituant l'imposteur.
Aucun exégète des textes du droit romain, aucun magistrat,
aucun avocat, aucun tribunal n'a osé se mettre au travers de
cette puissante et implacable démocratie véritablement
populaire. Et pour cause !
Plus récemment , après le coup d'Etat contre révolution
naire du 17 mai 1983 , lorsque le camarade Compaoré Blaise a
rejoint ses troupes et le peuple révolutionnaire de la ville de
Po pour préparer la réplique révolutionnaire aux usurpateurs,
personne n'a osé remettre en cause , la légitimité d'une telle
attitude. A l'évidence la légalité, les textes et les lois militaires
de l'Armée néo-coloniale étaient là totalement remis en

12
cause . Le camarade Compaoré savait que les commandos et le
peuple de Pô incarnaient effectivement les plus profonds
sentiments de justice , d'honneur et de dignité de l'ensemble
de notre peuple . De ce point de vue son acte était mille fois
démocratique et légal . Aucun texte militaire , aucune loi de la
justice néo-coloniale voltaïque ne pouvait être en faveur
d'une telle attitude . Et pourtant, cette attitude était juste et
légitime aux yeux de la grande majorité de notre peuple
révolutionnaire, humilié et bafoué à travers la trahison
réactionnaire du 17 mai 1983. L'expression de notre peuple à
travers ces deux exemples nous enseigne qu'il ne sert à rien
d'être en conformité avec la légalité bourgeoise de la
minorité, si on n'est pas en accord total avec la morale non
codifié et de son peuple .

Le peuple voltaïque offre son expérience en partage aux


autres peuples du monde. Aucun arsenal de combinaisons
juridico-politiques , aucune prestidigitation corruptrice de
féodalité financière, aucun viol des consciences, aucun
carnaval électoraliste, ne pourront empêcher le triomphe de
ia justice des peuples .

Camarades, tant qu'il y aura l'oppression et l'exploitation ,


il y aura toujours deux justices et deux démocraties : celle des
oppresseurs et celle des opprimés, celle des exploiteurs et
celle des exploités .

La justice, sous la Révolution démocratique et populaire


sera toujours celle des opprimés et des exploités, contre la
justice néo-coloniale d'hier qui était celle des oppresseurs et
des exploiteurs .
Camarades, le peuple doit exercer lui-même la justice , sa
justice.
Les jérémiades et les larmes de crocodiles ne devront point
vous influencer lorsqu'il s'agira d'asséner de pesants coups à
ceux là qui auront montré leur incapacité à éprouver d'autre
sentiment que le mépris le plus féodal pour le peuple et ses
intérêts .

Par contre , s'il s'en trouvait , pour vous convaincre de leur


gratitude à l'égard du peuple , qui en les châtiant sévèrement
leur offre l'occasion de mesurer leurs forfaits, tendez leur une
main secourable .

13
Faites les nous connaître. Après leur avoir fait payer
jusqu'au dernier centime ce que le peuple leur réclame légiti
mement, nous leur créérons les conditions pour qu'ils
comprennent que, dépouillés des immenses richesses mal
acquises, ils pourront trouver le vrai bonheur. Ce bonheur ne
sera rien d'autre dans notre société révolutionnaire que le
travail honnête qui procure un gain honnête . Ce gain honnête
procure une dignité et une liberté qui ne se calculent ni en
termes de comptes bancaires apatrides en Suisse ou ailleurs,
ni en valeurs spéculatives des places boursières au dessus de
tout soupçon, ni en étalage d'un luxe agressif et traumatique
face à un peuple qui se meurt de faim , de maladie et
d'ignorance. Ce bonheur auquel nous convions les éventuels
répentis, sera dans la satisfaction d'avoir prouvé son utilité
sociale et de jouir du droit de participer à la définition et à la
réalisation effective des aspirations du peuple qui vous
accepte et vous intègre .

Camarades, les T.P.R. sonnent le glas pour le vieux droit


romain , c'est le chant du cygne pour le droit social étranger
napoléonien , qui a produit chez nous tant et tant de déclas
sés et qui avait consacré les privilèges illégitimes et iniques
d'une classe minoritaire.

Puissent les toutes prochaines assises de Ouagadougou


tracer la voie lumineuse au bout de laquelle , dans le firma
ment de la révolution universelle, brillera le grand soleil de
la justice qui dardera de ses puissants rayons les cours de tous
ceux qui espèrent mais n'osent pas, de tous ceux qui osent
mais ne comprennent pas, et de tous ceux qui comprennent
mais n'osent pas .

La Patrie ou la Mort , nous Vaincrons !

14
INTRODUCTION

Le dernier état de l'Organisation Judiciaire au Burkina Faso


rompt avec les principes généraux d'organisation judiciaire
français.
Le trait dominant de notre orgunisation judiciaire est son
caractère populaire .
En effet depuis la Révolution du 4 août 1983, le Peuple
a pris progressivement mais sûrement en main l'appareil
judiciaire qu'il transforme chaque jour conformément à ses
intérêts.
La nouvelle organisation judiciaire obéit au souci constant
d'associer le plus étroitement possible le peuple entier au
travail des Tribunaux . C'est dans ce but que tous les Juges
sont élus sauf les Présidents des Tribunaux Populaires de la
Révolution et leurs suppléants de même que les Présidents
des Tribunaux Populaires d'Appel et leurs suppléants. Le
Peuple attend de l'esprit de ferveur révolutionnaire qui
inspire le recrutement populaire des Juges une certaine
homogénéité de jurisprudence qui sera non -seulement source
de sagesse pour les militants de la Révolution Démocratique
et Populaire, mais et surtout une base pour l'écriture du droit
Burkinabè.
Le rôle éducatif du droit qui participe aussi du caractère
populaire de nos institutions se situe à plusieurs niveaux.
Le principe des élections renouvelées permet d'élever sans
cesse l'effectif de ceux qui auront ainsi l'occasion de se fami
liariser avec les problèmes judiciaires.
Il s'agit d'éviter la création d'une " caste " de juristes qui
risquerait de demeurer trop éloignés des préoccupations
profondes du pays, mais d'autre part aussi, de satisfaire au
caractère éducatif de l'activité judiciaire en assurant la parti
cipation d'un nombre toujours plus grand de citoyens à
l'exercice de la Justice, comme à celui de toutes les formes
de l'Administration des Affaires Publiques.

15
Les Tribunaux Populaires de la Révolution , les Tribunaux
Populaires des secteurs, villages, départements et provinces
poursuivent un double but : le maintien de l'ordre public, la
prévention de la délinquance.

Pour les Tribunaux Populaires de la Révolution, il s'agit de


combattre les délinquants à col blanc, de détruire la base
économique et politique de la bourgeoisie d'Etat et de la
bourgeoisie compradore. Ils répriment les gros délinquants.
Pour les Tribunaux Populaires de secteur, de village, de
département et de province, il s'agit de lutter contre les
perturbateurs des règles de la vie en commun et des lois
révolutionnaires. Ces Tribunaux font en quelque sorte écran
entre le justiciable peu dangereux et les tribunaux repressifs
ordinaires ou les Tribunaux Populaires de la Révolution . Ils
ont le pouvoir de prononcer des mesures de pression sociale
telles que des excuses publiques, des avertissements, des
blâmes. Ils peuvent proposer à n'importe quelle administra
tion à laquelle appartient le délinquant, toute mesure salutai
re soit pour le délinquant lui-même soit pour l'administra
tion ; ils peuvent faire des recommandations, infliger de petits
travaux correctifs ou de petites amendes.

Mais qu'il s'agisse du stade du jugement où de celui du


maintien de l'ordre public, la population est invitée à s'orga
niser pour éviter au citoyen dont le comportement laisse
présumer qu'il se trouve sur la voie de la délinquařce de
faire l'objet d'une poursuite et d'une condamnation pénale.
C'est donc un travail d'explication et d'éducation que l'on
attend des tribunaux populaires. Dans les deux cas, le but
recherché est l'élération du degré de conscience civique non
seulement du perturbateur, mais (en raison même des condi
tions dans lesquelles s'effectue l'intervention populaire ) de
son entourage et, de tous ceux qui participent à cette action ,
car, pour pouvoir être à même d'éduquer les autres et de leur
expliquer les fondements de la légalité, il faut tout d'abord
acquérir soi-même des connaissances et un sens social qui
exigent un sérieux effort personnel.
Autre trait caractéristique qui participe du caractère popu
laire de nos juridictions est le refus du formalisme et le carac
tère actif de la participation de chaque tribunal populaire à
l'expédition des affaires de Justice.

16
Chaque tribunal est tenu sans se limiter aux pièces et aux
explications fournies, de prendre toutes les mesures prévues
par la loi pour faire la lumière dans le détail, complètement
et objectivement, sur les circonstances réelles de l'affaire, sur
les droits et les obligations des plaideurs.
Il doit expliquer aux personnes qui sont parties au procès,
leurs droits et obligations, les prévenir des conséquences de
l'acccomplissement ou du non accomplissement des actes de
procédure et leur venir en aide dans l'exercice de leurs droits.
Les nouvelles règles régissant les rapports sociaux, en
même temps..qu'elles renforcent la légalité révolutionnaire ,
permettent d'inculquer aux citoyens une notion plus claire
des limites de leurs droits et de l'étendue de leurs devoirs. Du
travail d'explication et d'éducation ainsi fourni, on est en
droit d'attendre une élévation de la conscience politique du
peuple grâce à laquelle l'appareil de contrainte que consti
tue le droit perdra de son utilité .
Le dépérissement de la procédure par substitution
d'institutions nouvelles aux institutions judiciaires de type
classique est de nature à permettre l'exercice des fonctions
judiciaires ou para-judiciaires par une portion toujours plus
large de la population.
Le jour où, les conditions économiques le permettront, le
réseau des contraintes juridiques pourra sans danger dispa
raître à tous les niveaux de la vie sociale comme disparais
sent les échaffaudages des édifices achevés.

La Patrie ou la Mort, nous Vaincrons !

Capitaine Blaise COMPAORE

17
UNE JUSTICE DEMOCRATIQUE

ET

POPULAIRE

POUR LE

BURKINA FASO
ORDONNANCE no 85 /43 /CNR /PRES portant nouvelle
organisation judiciaire au Burkina Faso.
LE PRESIDENT DU FASO,

Vu la proclamation du 4 août 1983';


Vu l'ordonnance no 83/ 1 /CNR/PRES du 4 août 1983 , portant
création du Conseil National de la Révolution ;
Vu l'ordonnance n° 84/43/CNR/PRES du 2 août 1984 , portant
changement d'appellation et symboles de la Nation ;
Vu le décret no 85 / 415/ CNR/PRES du 12 août 1985 , portant
dissolution du Gouvernement du Burkina Faso ;
Vu le décret no 85/416/CNR/PRES du 12 août 1985 , portant
nomination de Coordonnateurs Généraux auprès du Président du
Conseil National de la Révolution et du Faso ;
Vu la loi no 9/63/AN du 10 mai 1963, portant organisation
judiciaire ;
Vu l'ordonnance no 84/ 2/CNR/PRES du 30 janvier 1984, portant
création des Tribunaux Populaires de la Révolution et déterminant la
procédure applicable devant ces juridictions;
Vu l'ordonnance no 85/ 37 /CNR/ PRES du 4 août 1985 , portant
création des Tribunaux Populaires de secteurs, villages, départements et
provinces au Burkina Faso ;
ORDONNE

Article premier . Les juridictions de droit commun sont :


– les Tribunaux Populaires de conciliation des secteurs et
des villages.
- les Tribunaux Populaires départementaux.
– les Tribunaux Populaires d'Appel .
– les Tribunaux Populaires de la Révolution .
Art. 2. - A titre transitoire, les juridictions existantes
non citées à l'article ci-dessus visé conservent leurs attribu
tions jusqu'à l'institution et à la mise en place de structures
révolutionnaires adéquates.

Art. 3. – La présente ordonnance qui abroge toutes dispo


sitions antérieures contraires sera exécutée comme loi de
l'Etat .

Ouagadougou, le 29 août 1985 .


Capitaine Thomas SANKARA

21
ORDONNANCE no 85 /45 /CNR /PRES portant fonctionne
ment des juridictions au Burkina Faso.
LE PRESIDENT DU FASO ,
Vu la proclamation du 4 août 1983 ;
Vu l'ordonnance n° 83 / 1 /CNR/ du 4 août 1983 , portant création du
Conseil National de la Révolution ;
Vu l'ordonnance no 84/43/CNR/PRES du 2 août portant change
ment d'appellation et symboles de la Nation ;
Vu le décret NO 85/415/CNR/PRES du 12 août 1985 , portant
dissolution du Gouvernement du Burkina Faso ;
Vu le décret no 85/416/CNR/PRES du 12 août 1985 , portant
nomination de Coordonnateurs Généraux auprès du Président du
Conseil National de la Révolution et du Faso ;
Vu l'ordonnance n° 68/7 / PRES/J du 21 février 1968, portant
institution d'un code de procédure pénale, ensemble son modificatif
no 85 / 29/CNR/PRES du 19 juin 1985 ;
Vu l'ordonnance no 85/43/CNR/PRES du 29 août 1985 , portant
nouvelle organisation judiciaire du Burkina Faso ;
Vu le décret no 85/ 339/CNR/PRES/MED-MIJ du 19 juin 1985 ,
portant réorganisation de l'administration centrale du Ministre de la
Justice .

ORDONNE :
Article premier . - Toutes les juridictions de jugement du
Burkina Faso traitent les affaires au nom du peuple et ne sont
guidées dans leurs décisions et jugements par les dispositions
législatives que dans la mesure où elles n'ont pas été abolies
par la Révolution et ne sont pas contraires à la conscience et
au sentiment du droit révolutionnaire.
Art. 2. – Dans les limites de leurs compétences, les juridic
tions sont tenues d'examiner au fond toutes demandes qui
leur sont présentées.
Elles ne peuvent les écarter pour des raisons de pure forme.
Art . 3. – Sans se laisser restreindre par une règle de forme
mais en se guidant par les considérations d'équité, le juge
civil, pénal ou administratif peut rejeter toute référence à
l'écoulement d'un délai de prescription ou de tout autre
délai et , en dépit de ces considérations ou d'autres de carac
tère formel, faire droit à toute demande manifestement juste .
Art. 4. La présente ordonnance qui abroge toutes disposi
tions antérieures contraires sera exécutée comme loi de
l'Etat .
Ouagadougou, le 29 août 1985 .

Capitaine Thomas SANKARA .

22
LES TRIBUNAUX POPULAIRES
DE LA REVOLUTION ( TPR )
ORDONNANCE no 84 / 2 /CNR /PRES portant création de
Tribunaux Populaires de la Révolution et déterminant la
procédure applicable devant ces juridictions.
LE PRESIDENT DU CONSEIL NATIONAL DE LA REVOLUTION
CHEF DE L'ETAT
Vu la proclamation du 4 août 1983 ;
Vu l'ordonnance n° 83/ 1 /CNR du 4 août 1983 portant création du
Conseil National de la Révolution ;
Vu le décret n° 83/21 /CNR/PRES du 24 août , portant composition
du Gouvernement de la République de Haute-Volta ;
Vu l'ordonnance no 83/ 18/CNR/PRES du 19 octobre 1983 , portant
création de Tribunaux Populaires de la Révolution ;
Vu l'ordonnance no 83 / CNR /PRES du 21 décembre 19
fixant la procédure applicable devant les Tribunaux Populaires de la
Révolution .

ORDONNE

TITREI .

INSTITUTION ET COMPETENCE

Article premier : Il est créé un Tribunal Populaire de la


Révolution au siège et dans le ressort de chaque Tribunal de
Première Instance .

Art. 2. – Le Tribunal Populaire de la Révolution a compé


tence pour connaître :

- des crimes et délits politiques


- des crimes et délits contre la sûreté intérieure et exté
rieure de l'Etat ;
des cas de détournement de deniers publics, et d'une
manière générale de tous les crimes et délits commis par les
fonctionnaires, agents ou préposés de l'Etat dans l'exercice de
leurs fonctions ou à l'occasion de leurs fonctions dont il
jugera utile de se saisir;
- des cas d'enrichissement illicite au détriment de l'Etat .

25
TITRE II

ORGANISATION ET COMPOSITION

Art . 3 . Le Tribunal Populaire de la Révolution est


t composé de 11 Membres :
10 ) 7 membres titulaires dont :
Х - un Magistrat de l'ordre judiciaire qui le préside ;
- un Militaire ou un gendarme
- cinq membres des CDR

20 ) 4 membres suppléants dont :


- un magistrat
X un Militaire ou un gendarme
deux délégués des CDR
Art. 4. – Les membres du T.P.R. sont nommés par décret
pris en Conseil des Ministres.
Art . 5. – Le Tribunal Populaire de la Révolution tiendra
autant de sessions que de besoin. La date d'ouverture de
chaque session est fixée par Ordonnance du Président du
Tribunal Populaire de la Révolution .
Les audiences sont publiques.
Art. 6 - Le Greffier du Tribunal Populaire de la Révolu
tion est nommé par arrêté du Garde des Sceaux , Ministre de
la Justice, parmi le personnel du Greffe des Cours et des
Tribunaux .
Art. 7. - A la requête du Président du Tribunal Populaire
de la Révolution les personnes poursuivies, les témoins et les
parties civiles seront directement citées à comparaître devant
le Tribunal Populaire de la Révolution par les forces de
l'ordre .

Le délai entre le jour où la citation est délivrée et le jour


fixé pour la" comparution est de cinq jours francs au moins.
Art. 8. – Le Tribunal Populaire de la Révolution siège sans
Mịnistère Public de même que la personne poursuivie compa
raît sans l'assistance d'un Conseil et assure elle-même sa
propre défense .

26
Art. 9. – La procédure d'examen et du jugement est réglée
par le titre III ci-dessous et par les dispositions du code de
procédure pénale en ce qu'elles n'ont pas de contraire à la
présente ordonnance.
Art. 10. - Les décisions du Tribunal Populaire de la Révo
tion sont rendues en premier et dernier ressort. Elles peuvent
cependant faire l'objet d'un recours en grâce.
Art. 11. - La décision énonce :

- l'identité de la personne poursuivie


- l'infraction pour laqueile elle a été traduite devant le
Tribunal Populaire de la Révolution
- la peine prononcée
- la publicité de la lecture de la décision .
La décision est signée par le Président et le Greffier.
Art. 12. – Tout individu reconnu coupable des faits énon
cés à l'article 2 ci-dessus sera passible de l'une ou plusieurs
des peines suivantes, telles qu'elles sont prévues par les
articles 36 nouveau , 37 nouveau, 38 nouveau et 39 nouveau
de la loi no 15/AL du 31 août 1959 .
10) d'une expropriation partielle ou totale portant sur les
biens mobiliers et immboliers jusqu'à concurrence du
montant des sommes auxquelles il auraété condamné.
20 ) d'une peine d'amende ;

30 ) d'une peine d'emprisonnement ferme ou avec sursis .


La peine assortie du sursis est destinée à fournir à la
personne condamnée l'occasion de s'amender politiquement
et socialement et d'être réinsérée dans la société . Le sursis
peut s'appliquer à tout ou partie de la peine d'emprisonne
ment .

Art . 13 . -
Les condamnations sont immédiatement
exécutoires.

Art. 14. - Les constitutions de partie civile de la part des


entreprises publiques ou para-publiques sont recevables
devant les Tribunaux Populaires de la Révolution .

27
Art. 15. - Les dispositions de la présente Ordonnance
seront applicables à tous les faits soumis à la compétence du
Tribunal Populaire de la Révolution , même commis antérieu
rement à sa promulgation et la contrainte par corps devra
toujours être prononcée quelque soit la condamnation
retenue .

TITRE III

LA PROCEDURE

CHAPITRE I

De la Tenue des Sessions.

Art. 16. – Il est tenu au siège de chaque tribunal de pre


mière instance des sessions pour le jugement des affaires
relevant de la compétence des Tribunaux Populaires de la
Révolution .

Art. 17. - La date d'ouverture de chaque session du Tribu


nal Populaire de la Révolution ainsi que le rôle de la session
sont fixés par une ordonnance du Président du Tribunal
Populaire de la Révolution, conformément aux instructions
du Garde des Sceaux , Ministre de la Justice.
CHAPITRE II

Du serment
Art . 18. – Les Juges, prêtent serment à l'ouverture des
sessions.

Le Président adresse aux juges debout et découverts le


discours suivant :

” Vous jurez et promettez devant le peuple voltaïque


d'examiner avec l'attention la plus scrupuleuse les affaires qui
vous seront soumises pendant le cours de la présente session ,
de ne trahir ni les intérêts du prévenu, ni ceux du peuple qui
l'accuse ; et ne communiquer avec personne jusqu'après votre
délibération ; de n'écouter ni la haine ou la méchanceté, ni la
crainte ou l'affection ; de vous décider d'après les charges et
les moyens de défense suivant votre conscience et votre

28
intime conviction, avec l'impartialité et la fermeté qui
conviennent à un homme probe et libre , et de conserver le
secret des délibérations, même après la cessation de vos
fonctions " .

Chacun des membres du Tribunal Populaire de la


Révolution appelé individuellement par le Président, répond
en levant le poing : ' je le jure ”. Le Président déclare la session
ouverte .

Art. 19 . - En cas d'empêchement survenu avant l'ouver


ture ou au cours de la session, le Président du Tribunal
Populaire de la Révolution est remplacé par son suppléant, les
autres juges par leurs suppléants respectifs.

CHAPITRE III

De la comparution des prévenus


Art. 20. – A la requête du Président du Tribunal Populaire
de la Révolution les personnes poursuivies seront directement
citées à comparaître devant les Tribunaux Populaires de la
Révolution par les forces de l'ordre , dans les delais prévus par
l'article 7 ci-dessus.

Art. 21. - La citation à comparaître contient l'exposé et


la qualification légale des faits, objet de la prévention. Elle
décerne en outre ordonnance de prise de corps contre le
prévenu dont elle précise l'identité. L'exécution de la prise
de corps est laissée à la diligence du Président du Tribunal
Populaire de la Révolution .

Art. 22 . Le prévenu comparaît libre et seulement


accompagné des agents des forces de l'ordre pour l'empê
cher de prendre la fuite.

CHAPITRE IV

De la publicité et de la police de l'audience


Art. 23. - Les audiences des Tribunaux Populaires de la
Révolution sont publiques .

29
Néanmoins, le Tribunal Populaire de la Révolution peut,
en constatant dans son jugement que la publicité est dangeu
reuse pour l'ordre ou les meurs, ordonner, par jugement
rendu en audience publique , que les débats auront lieu à
huis - clos.

Lorsque le huis-clos a été ordonné, celui- ci s'applique au


prononcé des jugements séparés qui peuvent intervenir sur
des incidents ou exceptions.
Le jugement sur le fond doit toujours être prononcé en
audience publique.

Art. 24. - Le Président peut interdire l'accès de la salle


aux mineurs ou certains d'entre eux.

Art. 25. - Le Président du Tribunal Populaire de la


Révolution a la police de l'audience et la direction des débats.

Art. 26. – Lorsqu'en audience, l'un des assistants trouble


l'ordre de quelque manière que ce soit, le Président ordonne
son expulsion de la salle d'audience.

Si au cours de l'exécution de cette mesure il résiste à cet


ordre ou cause du tumulte, il est sur le champ placé sous
mandat de dépôt , jugé et puni d'un emprisonnement de deux
mois à deux ans, sans préjudice des peines prévues contre les
auteurs d'outrages et de violence envers les Magistrats.

Sur l'ordre du Président , il est alors contraint par la force


publique de quitter l'audience.

Art. 27. - Si l'ordre est troublé à l'audience par le prévenu


lui-même, il lui est fait application des dispositions de l'article
précédent .
Le prévenu même libre, lorsqu'il est expulsé de la salle
d'audience, est gardé par la force publique, jusqu'à la fin
des débats, à la disposition du Tribunal ; il est alors reconduit
à l'audience où le jugement est rendu en sa présence .

30
CHAPITRE V

X De la constitution de partie civile


Art. 28. – Les entreprises publiques ou para-publiques qui
prétendent avoir été lésées par un crime ou délit peuvent se
constituer partie civile devant les Tribunaux Populaires de la
Révolution .
La partie civile peut à l'appui de sa constitution demander
des domages et intérêts correspondants au préjudice qui lui a
été causé .

CHAPITRE VI

Des débats

Art. 29. - Le Président du Tribunal Populaire de la Révo


lution constate l'identité du prévenu et donne connaissance
de la citation qui a saisi le Tribunal. Il constate aussi, s'il y a
lieu , la présence ou l'absence de la personne civilement
responsable, de la partie civile, des témoins, des experts et des
interprètes.
Art. 30. – Dans le cas où le prévenu ne parle pas suffisa
mment la lanque officielle ou s'il est nécessaire de traduire un
document, le Président désigne d'office un interprète, âgé de
18 ans au moins, et lui fait prêter serment de remplir fidè
lement sa mission .

Art. 31. - Le prévenu directement cité par les forces de


l'ordre doit comparaître à moins qu'il ne soit dans une situa
tion d'impossibilité absolue et dont la preuve de la non
comparution aura été fournie au Président du Tribunal de la
Révolution .

Selon les cas d'empêchement à comparaître, le Tribunal peut


décider de renvoyer l'affaire à la prochaine session.
Art. 32. - Les débats ne peuvent être interrompus et
doivent continuer jusqu'à ce que la cause soit terminée par
le jugement du Tribunal Populaire de la Révolution .
Ils peuvent être suspendus pendant le temps nécessaire au
repos des Juges et du prévenu ou pour complément
d'enquête .

31
Art. 33. - Le Président est investi d'un pouvoir discré
tionnaire en vertu duquel il peut, en son honneur et
conscience , prendre toutes mesures qu'il croit utiles pour
découvrir la vérité .

Il peut au cours des débats appeler, au besoin par mandat


d'amener, et entendre toutes personnes ou se faire apporter
toutes nouvelles pièces qui lui paraissent, d'après les dévelop
pements donnés à l'audience , utiles à la manifestation de la
vérité .

Les témoins ainsi appelés ne prêtent pas serment et leurs


déclarations ne sont considérées que comme renseignement.
Art . 34. – Le prévenu peut poser des questions par l'inter
médiaire du Président aux co-prévenus, aux témoins et à la
partie civile .
La partie civile peut , dans les mêmes conditions poser des
questions aux prévenus et aux témoins.

Art. 35. - Le prévenu et la partie civile peuvent déposer


des conclusions sur lesquelles le Tribunal est tenu de
statuer .

CHAPITRE VII

De la production et de la discussion des preuves


Art. 36. - Lorsqu'un témoin cité ne comparaît pas, le
Tribunal Populaire de la Révolution peut ordonner qu'il soit
immédiatement amené par la force publique devant lui pour
y être entendu , ou renvoyer l'affaire à la prochaine session.
En ce dernier cas, tous les frais de citation, d'actes, de
voyages de témoins et d'autres ayant pour objet de faire juger
l'affaire sont , hors le cas légitime, à la charge de ce témoin , et
il y est contraint, même par corps par le jugement qui renvoie
les débats à la session suivante.

Dans tous les cas, le témoin qui ne comparait pas ou qui


refuse scit de prêter serment, soit de faire sa déposition peut
être condamné à une amende de 5 000 francs à
100 000 francs CFA .

32
Art. 37. – Toute personne qui déclare publiquement con
naître les auteurs d'un crime ou délit pendant devant le
Tribunal Populaire de la Révolution et qui refuse de répondre
aux questions qui lui sont posées à cet égard par les membres
du Tribunal sera puni d'un emprisonnement de 2 mois à 1 an
et d'une amende de 5 000 à 100 000 francs CFA ou de l'une
de ces deux peines seulement.
Art. 38. – Si d'après les débats la déposition d'un témoin
parait fausse, le Président du Tribunal Populaire de la Révolu
tion fait consigner aux notes d'audience les dires précis du
témoin . Il peut enjoindre spécialement à ce témoin de
demeurer à la disposition du Tribunal, qui l'entendra à
nouveau , s'il y a lieu .

Après la lecture du jugement sur le fond, il est dressé


séance tenante par le Tribunal, un procès-verbal des faits ou
des dires d'où peut résulter le faux témoignage.
Ce procès-verbal et une expédition des notes d'audience
sont transmis sans délai soit au Procureur de la République
qui requiert l'ouverture d'une information pour faux témoi
gnage, soit aux Equipes Mobiles d'Investigation.
CHAPITRE VIII

La clôture des débats

Art. 39. - Le Président déclare les débats terminés. Il


donne lecture des questions auxquelles le tribunal a à répon
dre .

Chaque question principale est posée ainsi qu'il suit : " le


prévenu est-il coupable d'avoir commis tel fait? " .

Une question est posée sur chaque fait spécifié dans la


citation . Chaque circonstance aggravante fait l'objet d'une
question distincte .
Il en est de même pour chaque excuse invoquée .
Art . 40. – Avant que le Tribunal Populaire de la Révolu
tion ne se retire , le Président donne lecture de l'instruction
suivante, qui est en outre affichée en gros caractère dans le
lieu le plus apparent de la chambre des délibérations.

33
" La loi ne demande pas aux Juges compte des moyens par
lequels il se sont convaincus, elle ne leur prescrit pas de
règles desquelles ils doivent faire particulièrement dépendre la
plénitude et la suffisance d'une preuve : elle leur prescrit de
s'interroger eux-mêmes dans le silence et le recueillement et
de chercher dans la sincérité de leur conscience quelle impres
sion ont fait, sur leur raison , les preuves rapportées contre le
prévenu et les moyens de sa défense. La loi ne leur fait que
cette seule question, qui renferme toute la mesure de leurs
devoirs " :

" Avez-vous une intime conviction ? " .

Art . 41. – Le Président fait retirer le prévenu de la salle


d'audience. Il invite le Chef du service d'ordre à faire garder
les issues de la chambre des délibérations dans laquelle nul ne
pourra pénétrer, pour quelque cause que ce soit, sans autori
sation du Président.

Le Président'déclare l'audience suspendue.

CHAPITRE IX

De la délibération

Art. 42. – Les membres du Tribunal Populaire de la Révo


lution dans leur ensemble se retirent dans la salle des délibéra
tions.

Ils n'en peuvent sortir qu'après avoir pris leurs décisions.


Art. 43. – Les membres du Tribunal Populaire de la Révo
lution délibérent puis votent, sur le fait principal d'abord s'il
y a lieu, sur chacune des circonstances aggravantes, sur les
questions subsidiaires, sur chacun des faits d'excuse légale ,
sur la question de discernement en application des textes
relatifs à l'enfance délinquante, et enfin sur la question des
circonstances atténuantes, que le Président est tenu de poser
toutes les fois que la culpabilité du prévenu est reconnue.
Art . 44. - Le Président constate sur le champ le résultat
du vote en marge ou à la suite des questions résolues.
La déclaration en ce qui concerne les circonstances atté
nuantes est exprimée qu'elle soit affirmative ou négative.

34
Art. 45. – La décision du Tribunal Populaire de la Révolu
tion relative à la culpabilité se forme à la majorité absolue .

Toutes les autres se forment à la majorité simple.


Art. 46. – En cas de contradiction entre deux ou plusieurs
réponses le Président peut faire procéder à un nouveau vote.
Art. 47. – En cas de réponse affirmative sur la culpabilité,
le Tribunal Populaire de la Révolution délibère sans désempa
rer sur l'application de la peine. Le vote a lieu séparément
pour chaque prévenu.
Art. 48. – Le Tribunal Populaire de la Révolution délibère
également sur les peines accessoires ou complémentaires.
Art . 49 . Si le fait retenu contre le prévenu ne tombe pas
ou ne tombe plus sous l'application de la loi pénale ou si le
prévenu est déclaré non coupable, le Tribunal Populaire de la
Révolution prononce la relaxe de celui-ci.
Si le prévenu bénéficie d'une excuse absolutoire, le
Tribunal Populaire de la Révolution prononce son absolution.

Art . 50. – Mention des décisions est faite sur la feuille de


questions, qui est signée séance tenante par le Président et par
un Juge désigné à la majorité simple des membres du
Tribunal Populaire de la Révolution.
Art. 51. – Les réponses du Tribunal Populaire de la Révo
lution aux questions posées sont irrévocables.
CHAPITRE X

De la décision sur l'action publique et civile


Art. 52. - Le Tribunal Populaire de la Révolution rentre
ensuite dans la salle d'audience . Le Président fait compa
raître le prévenu, donne lecture des réponses faites aux
questions et du jugement portant condamnation, absolution
x ou relaxe.

Art. 53. – Après s'être prononcé sur l'action publique , le


Tribunal Populaire de la Révolution statue sur les demandes
en dommages- intérêts s'il y lieu .

35
Art . 54. – Lorsque le Tribunal Populaire de la Révolution
prononce une peine d'emprisonnement ferme, il doit par la
même décision décerner à l'audience mandats de dépôt ou
d'arrêt suivant les cas.

Art. 55. - Le Président du Tribunal Populaire de la Révo


lution et le Greffier signent les extraits du jugement pour la
prison et pour le Trésor sans délai.

Art. 56. – Le Président du Tribunal Populaire de la Révo


lution est chargé de l'exécution des décisions du Tribunal
Populaire de la Révolution .

CHAPITRE XI

Dispositions finales
Art . 57. – Les Procureurs de la République sont tenus de
faire connaître au Procureur Général les infractions à la loi
pénale prévues par l'article 2 de la présente Ordonnance qui
seront portées à leur connaissance par les plaintes, dénon
ciations et procès-verbaux, après avoir fait compléter l'enquê
te préliminaire s'ils le jugent utile .
Le Procureur Général près la Cour d'Appel du siège du
Tribunal Populaire de la Révolution compétent est tenu de
donner connaissance des infractions de la compétence du
Tribunal Populaire de la Révolution au Ministre de la Justice,
Garde des Sceaux.

Art. 58. – La présente ordonnance qui abroge toutes


dispositions antérieures contraires notamment les ordonnan
ces no 83 /018/CNR/PRES du 19 octobre 1983 et 83/026 /
CNR/PRES du 21 décembre 1983 , sera exécutée comme loi
de l'Etat .

Ouagadougou , le 30 janvier 1984.


Capitaine Thomas SANKARA

36
ORDONNANCE no 85 /17 /CNR /PRES : portant extension
des compétences des Tribunaux Populaires de la Révolu
tion .

LE PRESIDENT DU CONSEIL NATIONAL DE LA REVOLUTION ,


PRESIDENT DU FASO CHEF DU GOUVERNEMENT

Vu la proclamation du 4 août 1983 ;


Vu l'ordonnance n ° 83/ 1 /CNR du 4 août 1983 portant création du
Conseil National de la Révolution ;
Vu l'ordonnance no 84/43/CNR/PRES du 2 août 1984, portant
changement d'appellation et symboles de la Nation ;
Vu le décret no 84 /329/CNR /PRES du 31 août 1984, portant
composition du Gouvernement du Burkina Faso ;
Vu l'ordonnance no 84/ 2/CNR/PRES du 30 janvier 1984 portant
création des Tribunaux Populaires de la Révolution et déterminant la
procédure applicable devant ces juridictions.

ORDONNE :

Article premier. Outre les compétences qui leurs sont


dévolues à l'article 2 de l'ordonnance 84 / 2 /CNR /PRES du
30 janvier 1984, les Tribunaux Populaires de la Révolution
ont compétence générale pour connaître de tous les crimes et
délits contre la chose publique et les particuliers dont ils
jugeront utile de saisir .

Art. 2. - La présente ordonnance sera exécutée comme loi


du Faso .

Ouagadougou, le 15 mars 1985 .


Capitaine Thomas SANKARA

37
ORDONNANCE no 84 / 1 /CNR /PRES complétant l’Ordon
nance no 83 / 26 /CNR /PRES fixant la procédure applicable
devant les Tribunaux Populaires de la Révolution ( T.P.R.)
LE PRESIDENT DU CONSEIL NATIONAL DE LA REVOLUTION
CHEF DE L'ETAT

Vu la proclamation du 4 août 1983 ;


Vu l'ordonnance n° 83/ 1 /CNR du 4 août 1983 , portant création
du Conseil National de la Révolution ;
Vu le décret, no 83/21 /CNR du 24 août 1983 , portant composition
du Gouvernement de la République de Haute-Volta ;
Vu l'ordonnance no 83 / 15 /CNR/PRES du 19 octobre 1983 , portant
création des Tribunaux Populaires de la Révolution;
Vu l'ordonnance n° 83/26/CNR/PRES/MJ du 21 décembre 1983 ,
fixant la procédure applicable devant les Tribunaux Populaires de la
Révolution (T.P.R. ) ,
Le Conseil des Ministres entendu en sa séance du 4 janvier 1984 .
ORDONNE
Article premier. - L'ordonnance no 83/ 26/CNR/PRES du
21 décembre 1983 , fixant la procédure applicable devant les
Tribunaux Populaires de la Révolution est complétée comme
suit :
" Tout prévenu comparaissant devant les Tribunaux Popu
laires de la Révolution est tenu de verser au Greffe dudit
Tribunal une caution de TRENTE MILLE ( 30 000 ) francs
destinée à la couverture d'une partie des Frais de Justice ;
La somme versée sera déduite des frais de Justice auxquels
sera éventuellement condamné le prévenu .
En aucun cas, elle ne donnera lieu à remboursement ,
quelque soit l'issue du procès ”.
Art. 2. – La présente Ordonnance qui abroge toutes dispo
sitions antérieures contraires sera exécutée comme loi de
l'Etat .

Ouagadougou , le 5 janvier 1984.


Capitaine Thomas SANKARA

38
+
ZATU no 85-008 /CNR /PRES portant modifications des
articles 4 et 28 et complètant l'article 33 de l'ordonnan
ce no 84-02 /CNR /PRES du 30 janvier 1984 portant
création des Tribunaux Populaires de la Révolution et
déterminant la procédure applicablé devant ces Juridic
tions.

LE PRESIDENT DU FASO

Vu la proclamation du 4 août 1983 ;


Vu l'ordonnance no 85-001 / CNR du 4 août 1983 , portant création
du Conseil National de la Révolution ;
Vu la déclaration no 85-001 /CNR/PRES du 31 août 1985 ,
supprimant les appellations, lois, décrets, arrêtés et consacrant en leurs
lieu et place celle de Zatu, Kiti, et Raabo ;
Vu le Kiti no 85-002/CNR/PRES du 31 août 1985 , portant création
des structures dirigeantes de l'exécutif révolutionnaire au Burkina Faso ;
Vu le Kiti no 85-003/CNR/PRES du 31 août 1985 , portant
composition du Gouvernement Révolutionnaire du Burkina Faso ;
Vu l'Ordonnance n° 84-002/CNR /PRES du 30 janvier 1984, portant
création des Tribunaux Populaires de la Révolution et déterminant la
procédure applicable devant ces Juridictions;
Vu l'ordonnance no 85-043/CNR/PRES du 29 août 1985 , portant
nouvelle organisation judiciaire au Burkina Faso ;
Vu les décrets 84-004 /CNR /PRES du 11 janvier 1984 et
n° 84-185 /CNR /PRES du 6 avril 1984 portant nomination des Juges
aux Tribunaux Populaires de la Révolution ;
Vu le décret no 85-329/CNR/PRES/MED/MIJ du 19 juillet 1985 ,
portant réorganisation de l'Administration Centrale du Ministère de la
Justice.

PROCLAME

Article premier . L'article 4 de l'ordonnance ci-dessus


citée est modifié ainsi qu'il suit :

Au lieu de : " Les membres du Tribunal Populaire de la


Révolution sont nommés par décret pris en Conseil des
Ministres " .
Lire " Les membres du Tribunal Populaire de la Révolu
tion sont nommés par Raabo du Ministre de la Justice " .

39
Art. 2. - L'article 28 de l'ordonnance ci-dessus citée est
modifiée ainsi qu'il suit :
Au lieu de : " Les entreprises publiques ou para -publiques
qui prétendent avoir été lésées par un crime ou un délit
peuvent se constituer partie civile devant les Tribunaux
Populaires de la Révolution ” .

Lire : " Toute personne physique ou morale qui prétend


avoir été lésée par un crime ou délit dont le Tribunal Popu
laire de la Révolution est saisi, peut se constituer partie civile
devant cette Juridiction” .

La suite de l'article sans changement .


Art . 3 . L'article 33 de l'ordonnance ci-dessus citée est
complèté comme suit :

Alinéa 4 : " Toute personne qui a connaissance de manière


directe ou indirecte des faits de la cause et qui estime que son
témoignage peut concourir à la manifestation de la vérité,
peut au cours des débats, intervenir à charge ou à décharge ” .
Art. 4. – La présente Zatu sera publiée au Journal Officiel
du Faso .

Ouagadougou, le 12 décembre 1985 .

P. le Président du Faso

Le Ministre d'Etat Délégué


auprès de la Présidence du Faso,
Ministre de la Justice
Capitaine Blaise COMPAORE

40
ORDONNANCE no 83 /27 /CNR /PRES modifiant la loi no
15 /59 /AL du 31 août 1959, relative aux crimes et délits
contre la Constitution et contre la Paix Publique.
LE PRESIDENT DU CONSEIL NATIONAL DE LA REVOLUTION
CHEF DE L'ETAT
Vu la proclamation du 4 août 1983 ;
Vu l'ordonnance n° 83 / 1 / CNR du 4 août 1983 , portant création du
Conseil National de la Révolution ;
Vu le décret no 83/ 21 /CNR/PRES du 24 août 1983 , portant
composition du Gouvernement de la République de Haute -Volta;
Vu la loi 15/ 59/AL du 31 août 1959 , relative aux crimes et délits
contre la Constitution et contre la Paix Publique ;

ORDONNE

Article premier , -- Le paragraphe IX de la loi no 15 /59 /


AL du 31 août 1959 , relative aux crimes et délits contre la
Constitution et contre la Paix Publique, est modifié ainsi qu'il
suit :

Au lieu de :

” Des soustractions commises par les dépositaires Publics.


Art. 36. – Tout percepteur, tout commis à une perception,
dépositaire ou comptable public , qui aura détourné ou
soustrait des deniers publics ou privés, ou effets actifs en
tenant lieu ou des pièces, titres, actes, effets mobiliers qui
étaient entre ses mains en vertu de ses fonctions, sera puni
des travaux forcés à temps, si les choses détournées ou
soustraites sont d'une valeur au-dessus de 500 000 F CFA .

Art. 37. – Si les valeurs détournées ou soustraites sont au


dessous de 500 000F CFA, la peine sera un emprisonnement
de deux ans au moins et de cinq ans au plus, et le condamné
sera de plus déclaré à jamais incapable d'exercer aucune
fonction publique.

41
Dans les cas exprimés à l'article précédent et au présent
article, les peines prévues aux articles 36 et 37 seront applica
bles à tout militaire ou assimilé qui aura détourné ou dissipé
des deniers ou effets actifs en tenant lieu , ou des pièces,
titres, actes, effets mobiliers ou des armes, munitions, matiè
res, denrées ou des objets quelconques appartenant à l'Etat ,
à l'ordinaire, à des militaires ou des particuliers s'il en était
comptable aux termes des règlements.
Art . 38. Dans les cas exprimés aux trois articles précédents,
il sera toujours prononcé contre le condamné une amende
dont le maximum sera le quart des restitutions et indemnités,
et le minimum le douzième .

Art. 39. – Tout Juge, administrateur, fonctionnaire ou


officier qui aura détruit, supprimé, soustrait ou détourné
les actes et titres dont il était dépositaire en cette qualité ou
qui lui auront été remis ou communiqués à raison de ses
fonctions, sera puni des travaux forcés à temps.
Tous agents, préposés ou commis soit du Gouvernement,
soit des dépositaires publics, qui se seront rendus coupables
des mêmes soustractions, seront punis de la même peine".
Lire :

” Des soustractions commises par les dépositaires Publics.


Art. 36. - Toute personne qui aura détourné, dissipé,
soustrait ou récelé les deniers publics, effets actifs en tenant
lieu , titres de paiements, valeurs mobilières, actes contenant
ou opérant obligation ou décharge, matériels ou objets
mobiliers appartenant, destinés ou confiés à l'Etat , aux
collectivités ou établissements publics, aux organismes,
services, coopératives ou sociétés bénéficiant d'une
participation ou d'une aide financière de l'Etat , sera punie
d'une peine d'emprisonnement égale ou supérieure à 7 ans et
d'une amende d'au moins 1 000 000 de francs ou de l'une de
ces deux peines seulement .
Si ce montant n'excède pas 1 000 000 de francs, c'est un
délit et la peine sera un emprisonnement de 3 mois à 7 ans et
une amende de 50 000 francs à 1 000 000 de francs ou de
l'une de ces deux peines seulement .

42
Dans tous les cas, la confiscation des biens du coupable
sera obligatoirement prononcée jusqu'à concurrence du
montant réévalué en hausse des sommes au remboursement
desquelles il aura été condamné.

Art. 37. – Toute personne qui se trouvera dans l'impossi


bilité de représenter les deniers, pièces, titres, actes, effets,
et objets mobiliers qui étaient entre ses mains, en raison de
ses fonctions, ou de justifier qu'il en a fait un usage conforme
à leur destination, sera coupable de détournement et de dissi
pation, sauf à l'intéressé de prouver que cette impossibilité
n'a pas une origine frauduleuse, ou ne lui est pas imputable .

Art. 38. Toute personne qui se sera enrichie en se


servant de deniers , matériels , titres, actes, objets, et effets ou
tout autre moyen appartenant à l'Etat, sera punie des peines
ci-dessus mentionnées à l'article 36 selon que le montant de
l'enrichissement illicite est inférieur ou supérieur à
1 000 000 de francs.

Art. 39. – Il en sera de même de toute personne en


rapport quelconque avec l'administration ou les biens de
l'Etat , qui se sera enrichie et se trouvera dans l'impossibilité
de prouver la cause licite de son enrichissement ” .

Art. 40. - La présente ordonnance visant les infractions


ci-dessus énumérées porte effet rétroactif et abroge toutes
dispositions antérieures contraires, notamment celles portant
sur la prescription de l'action publique .

Art. 41. – La présente ordonnance sera exécutée comme


loi de l'Etat .

Ouagadougou , le 21 décembre 1983 .

Capitaine Thomas SANKARA

43
ORDONNANCE no 85 / 3 /CNR /PRES fixant les modalités
d'exécution de la contrainte par corps à l'encontre des
personnes condamnées par les Tribunaux Populaires de
la Révolution.

LE PRESIDENT DU CONSEIL NATIONAL DE LA REVOLUTION


CHEF DE L'ETAT

Vu la proclamation du 4 août 1983 ;


Vu l'ordonnance n° 83/ 1 /CNR du 4 août 1983 portant création du
Conseil National de la Révolution ;
Vu le décret no 84/329/CNR/PRES du 31 août 1984 portant
Composition du Gouvernement du Burkina Faso;
Vu l'ordonnance no 84/ 2/CNR/PRES du 30 janvier 1984 portant
création de Tribunaux Populaires de la Révolution et déterminant la
procédure applicable devant ces Juridictions;
Vu l'ordonnance. no 68/7 /PRES/J du 21 février 1968 portant
institution d'un Code de Procédure Pénale;
Vu l'ordonnance no 84/42/CNR/PRES du 2 août 1984 fixant les
modalités d'exécution de la contrainte par corps à l'encontre des
personnes condamnés par les Tribunaux Populaires de la Révolution ;

ORDONNE

Article premier . - Par dérogation aux dispositions du titre


VI du Code de Procédure Pénale, la contrainte par corps
prévue à l'article 15 de l'Ordonnance no 84/2/CNR/PRES du
30 janvier 1984 s'exécute comme ci-dessous.

Art. 2. - A l'égard des personnes condamnées par les


Tribunaux Populaires de la Révolution mais non détenues, la
contrainte par corps pour le recouvrement de toutes les
sommes dûes à l'Etat est exécutoire à l'expiration d'un délai
de deux mois à compter du prononcé du jugement . Elle est
exercée jusqu'à entier paiement des condamnations pécuniai
res sans que sa durée ne puisse excéder 7 ans.

45
Art. 3. - Néanmoins , sur demande appuyée d'un engage
ment ferme et crédible du condamné, le délai de deux mois
indiqué à l'article 2 ci-dessus peut-être renouvellé par le
Garde des Sceaux , Ministre de la Justice .

Art. 4. - Les condamnés détenus, ne pourront être mis en


liberté à l'expiration de leur peine d'emprisonnenent qu'après
avoir fait la preuve du paiement des sommes dont ils étaient
redevables vis- à -vis de l'Etat ..

Toutefois l'exercice de la contrainte par corps peut être


suspendu à l'égard de condamnés détenus qui se seraient
acquittés d'une partie des condamnations pécuniaires mises à
leur charge et auraient offert des garanties suffisantes pour le
paiement des sommes restant dûes.

La décision est prise par le Garde des Sceaux , Ministre de


la Justice sur demande de l'intéressé .

Dans ce cas les dispositions de l'article 2 leur sont applica


bles et le délai court à compter de la date de libération.

Art. 5. - Les dispositions du Code de procédure pénale,


contraires à la présente Ordonnance , sont inapplicables aux
condamnés des Tribunaux Populaires de la Révolution.

Art. 6. - L'ordonnance no 84/42/CNR/PRES du 2/8/84


est abrogée.

Art. 7. – La présente Ordonnance sera exécutée comme loi


de l'Etat .

Ouagadougou, le 31 janvier 1985 .

Capitaine Thomas SANKARA

46
KITI no 85 /26 /CNR /PRES/MĘD /MIJ portant création
d'Equipes Mobiles d'Investigation.
LE PRESIDENT DU FASO
Vu la proclamation du 4 août 1983 ;
Vu l'ordonnance n° 83/ 1 / CNR du 4 août 1983 ;
Vu l'ordonnance no 84/ 43/CNR/PRES du 2 août 1984 , portant
changement d'appellation et symboles de la Nation ;
Vu le Kiti no 85/ 2 /CNR/PRES portant création des structures
dirigeantes de l'exécutif révolutionnaire au Burkina Faso ;
Vu le Kiti n° 85/3/CNR/PRES portant composition du Gouverne
ment Révolutionnaire du Burkina Faso .

PRONONCE :
Article premier. – Il est créé des équipes mobiles d'inves
tigation (E.M.I. ) sur le Territoire National du Burkina Faso .
Art. 2. – Chaque Equipe est composée de trois membres :
- 1 Militaire
- 1 Gendarme
- 1 Délégué des Comités de Défense de la Révolution ;
Art. 3. - Le contrôle et la coordination de l'activité des
Equipes Mobiles d'Investigation sont assurés par le Ministre
de la Justice, Garde des Sceaux .
Art. 4. - Les Equipes Mobiles d'Investigation ont pour
mission :
de faire l'état des biens mobiliers et immobiliers des
personnes poursuivies devant les Tribunaux Populaires de la
Révolution ;
- de procéder à toutes investigations et enquêtes sur les
affaires dont elles seront saisies ;
de recueillir toutes informations et de rassembler tous
éléments susceptibles de faciliter le travail des Tribunaux
Populaires de la Révolution.
Ils pourront le cas échéant être requis pour l'exécution des
jugements des Tribunaux Populaires de la Révolution.

Les responsables des services administratifs, les Directeurs


des Organismes étatiques et para- étatiques, les Chefs des
Entreprises privées sont tenus de déférer à toute réquisition
même verbale des E.M.I.

47
Il en est de même de toutes autres personnes se trouvant
sur le Territoire National et de tous Nationaux se trouvant
à l'étranger dont une E.M.I. jugera utile de réquérir les
services.
Art. 6. Chaque Equipe a compétence sur toute
l'étendue du Territoire National y compris les Représenta
tions diplomatiques du Burkina Faso à l'étranger.
Art . 7. – Les membres des Equipes Mobiles d'Investigation
sont nommés par Raabo du Garde des Sceaux Ministre de la
Justice sur proposition du Secrétaire Général National des
C.D.R.

Il est mis fin à leur fonction par Raabo du Garde des


Sceaux Ministre de la Justice .

Art. 8. – Toute personne ayant la responsabilité de l'utili


sation d'un moyen quelconque de l'Etat est tenue de le
mettre à la disposition des E.M.I. aussitôt qu'elle en sera
requise . En son absence tout autre de ses collaborateurs,
présent, devra faire diligence .
Art. 9. -- Dans le cadre de leur mission, les E.M.I. ont le
droit de réquérir directement la force Publique.
Art . 10. - Le décret n° 84 / 8 /CNR /PRES /MJ du 27 janvier
1984 est abrogé.
Art. 11. – Le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, le
Ministre de la Défense, le Secrétaire Général National des
Comités de Défense de la Révolution sont chargés chacun en
ce qui le concerne de l'exécution du présent Kiti qui sera
publié au Journal Officiel du Faso.
Ouagadougou, le 30 septembre 1985 .
Capitaine Thomas SANKARA
Par le Président du Faso :

Le Ministre d'Etat Délégué auprès Le Secrétaire Général National


de la Présidence du Faso , Ministre des Comités de Défense de la
de la Justice Révolution
Capitaine Blaise COMPAORE Capitaine Pierre Ouédraogo

Le Ministre de la Défense Populaire


Commandant B. Jean - Baptiste LENGANI

48
Zatu no 85-002 / CNR /PRES portant dispositions transitoires
pour le jugement des Affaires Criminelles.

LE PRESIDENT DU FASO,

Vu la proclamation du 4 août 1983 ;


Vu l'ordonnance n° 83-001 /CNR/PRES du 4 août 1983 , portant
création du Conseil National de la Révolution ;
Vu la déclaration no 001 /CNR/PRES du 31 août 1985 , supprimant
les appellations : Lois, Décrets, Arrêtés et consacrant en leur lieu et
place, celles de Zatu, Kiti, Raabo ;
Vu le Kiti no 85-002/CNR/PRES du 31 août 1985 , portant création
des structures dirigeantes de l'exécutif révolutionnaire au Burkina
Faso ;
Vu le Kiti no 85-003/CNR/PRES du 31 août 1985 , portant
composition du Gouvernement ;
Vu l'ordonnance no 68-7 / PRES/J du 21 février 1968 , portant
institution d'un Code de Procédure Pénale, ensemble ses modificatifs;
Vu l'ordonnance no 85-043/CNR/PRES, portant nouvelle organi
sation judiciaire au Burkina Faso ;
Vu le décret no 85-329/CNR/PRES/MED/MIJ du 19 juillet 1985 ,
portant réorganisation de l'administration centrale du Ministère de la
Justice;

PROCLAME

Article premier. - A titre transitoire les affaires criminelles


en instance dans les Cabinets d'Instruction, Chambres
d'Accusation et Parquets des Tribunaux de Première Instan
ce, à la date de la présente Zatu seront jugées, suivant la
procédure correctionnelle.

Art. 2. - Les Tribunaux de jugement seront composés :


a) d'un Président, Magistrat Professionnel
b) de six jurés choisis par le Ministre de la Justice sur une
liste de Militants des Comités de Défense de la Révolu
tion (CDR) dressée par les Hauts Commissaires.

49
Art. 3. - Le Tribunal siège sans la présence du Ministère
Public et d'Avocat.

Art. 4. - Les affaires soumises au Tribunal ne pourront


faire l'objet de renvoi, sauf cas spécialement motivé.

En particulier, ne peuvent constituer des causes de renvoi


les faits suivants :

- la non comparution de l'accusé ou des témoins;


- le défaut de casier judiciaire, de certificat médical,
d'expertise mentale, d'enquête de moralité.
De même , ne peut constituer une cause de renvoi, le défaut
d'interrogatoire de l'inculpé ou de témoins.

Art. 5. – Lorsque les faits soumis au Tribunal constituent


un délit, une contravention ou une faute purement civile, le
Tribunal restera compétent pour statuer dans le sens des
faits.

Recours

Art . 6 . Le recours contre les décisions des tribunaux


ainsi constitués seront le pourvoi en cassation et la grâce
présidentielle, selon les délais et la procédure qui leur sont
propres.

Art. 7 . La présente Zatu sera publiée au journal Officiel


du Faso .

Ouagadougou, le 10 octobre 1985 .


Capitaine Thomas SANKARA

50
LES TRIBUNAUX POPULAIRES

Secteur ou village (Tribunal Populaire de conciliation : TPC )

Département ( Tribunal Populaire Départemental : TPD )

- Province ( Tribunal Populaire d'Appel : TPA)


ORDONNANCE no 85 / 37 /CNR /PRES portant création de
Tribunaux Populaires de Secteurs, Villages, Départements
et Provinces au Burkina Faso.
LE PRESIDENT DU FASO

Vu la proclamation du 4 août 1983 ;


Vu l'ordonnance n° 83/ 1 /CNR du 4 août 1983 , portant création du
Conseil National de la Révolution ;
Vu l'ordonnance no 84/ 43/ CNR/ PRES du 2 août 1984 , portant
changement d'appellation et symboles de la Nation ;
Vu le décret no 84/ 329 /CNR/PRES du 31 août 1984 portant
composition du Gouvernement du Burkina Faso ;
Vu la loi no 9 / 63 / AN du 10 mai 1963 , portant organisation
Judiciaire en matière coutumière et les modificatifs subséquents;
Vu l'ordonnance no 84/ 55/CNR/ PRES du 15 août 1984 , portant
découpage du territoire National en trente ( 30 ) provinces et deux cent
cinquante ( 250 ) départements ;
Vu le décret no 84/ 300/CNR /PRES/ IJ du 18 octobre 1984, portant
organisation du Ministère de l'Administration Territoriale et de la
Sécurité ;
Vu le décret no 85/ 339/CNR/ PRES/MED/MIJ du 19 juin 1985 ,
portant réorganisation de l'Administration Centrale du Ministère de la
Justice;
Vu la loi du 3 mai 1854 , portant création de Justice indigène dans
les Colonies Françaises et les décrets du 3 Décembre 1931 , 27 décem
bre 1954 portant création et organisation de Tribunaux Coutumiers en
Afrique Occidentale Française ;
Vu la loi no 9/ 63/ AN du 10 mai 1963 , portant organisation
judiciaire en matière coutumière et les modificatifs subséquents ;
Vu le Statut général des Comités de Défense de la Révolution du 17
mai 1984 .

ORDONNE

Article premier . - Il est créé dans chaque Secteur et


Village , un Tribunal Populaire de Conciliation (TPC) Son
ressort territorial est le Secteur ou le Village .
Art. 2. – Il est créé au chef lieu de chaque département un
Tribunal Populaire Départemental (TPD) . Son ressort territo
rial est le Département.

53
Art. 3. - Il est créé au chef lieu de chaque Province un
Tribunal Populaire d'Appel (TPA), Son ressort territorial est
la Province .

Art. 4. - Sur le territoire du Burkina Faso , les tribunaux


de droit coutumier sont dissouts .

Art . 5. – Les modalités d'application de la présente ordon


nance seront précisées par décrets.

Art. 6. – Les Tribunaux Populaires de Conciliation de


Secteur,Village, les Tribunaux Populaires de Département, les
Tribunaux Populaires d'Appel sont administrativement
rattachés au Ministère de la Justice ..

Art. 7. - La présente ordonnance qui abroge toutes


dispositions antérieures contraires notamment la loi du 3 mai
1854, le Décret du 3 décembre 1931 , le décret du 27
décembre 1954 et les textes subsequents, sera exécutée
comme loi de l'Etat .

Ouagadougou , le 4 août 1985 .


Capitaine Thomas SANKARA

54
DECRET no 85 /405 /CNR /PRES /MED /MIJ portant organisa
tion et fonctionnement des Tribunaux Populaires de
Secteurs, Villages Départements et Provinces au Burkina
Faso .

LE PRESIDENT DU FASO

Vu la proclamation du 4 août 1983 ;


Vu l'ordonnance no 83/ 1 / CNR du 4 août 1983 , portant création du
Conseil National de la Révolution ;
Vu l'ordonnance no 84/43/CNR/PRES du 2 août 1984 , portant
changement d'appellation et symboles de la Nation ;
Vu le décret n° 84/ 329/CNR/PRES du 31 août 1984 , portant
composition du Gouvernement du Burkina Faso ;
Vu l'ordonnance n° 84/ 55/CNR/PRES du 15 août 1984, portant
découpage du territoire National en trente ( 30) provinces et deux cent
cinquante (250 ) départements;
Vu l'ordonnance no 85/ 37/CNR/PRES du 4-8-85 portant création
de Tribunaux Populaires de secteurs, villages, départements, et
provinces;
Vu le Statut Général des Comités de Défense de la Révolution du 17
inai 1984 , créant notamment des Comités de secteurs, villages,
départements, provinces.
Le Conseil des Ministres, entendu en sa séance du 31 juillet 1985 ;

DECRETE

Conformément à l'ordonnance no 85/37 portant création


de Tribunaux Populaires dans les secteurs, villages, départe
ments et provinces, l'organisation et le fonctionnement
desdits Tribunaux obéissent aux dispositions ci-après.
TITRE I

DU TRIBUNAL POPULAIRE DE CONCILIATION :

CHAPITRE I

Composition
Article premier - Le Tribunal Populaire de Conciliation
est composé :

- d'un président;
- d'un vice -président;
- de deux juges ;

55
- de deux juges suppléants;
d'un secrétaire ;
- d'un secrétaire suppléant.
Art. 2. - Les membres du Tribunal Populaire de Concilia
tion sont élus par l'assemblée générale du Comité de village
ou de secteur. Cette assemblée est convoquée par le Bureau
du Comité .
En outre , le président et le vice-Président sont nommés par
arrêté du Haut Commissaire, sur la liste des membres élus.

Art . 3. - Pour être éligible comme membre du Tribunal


Populaire de Conciliation , il faut :
être de la nationalité burkinabè , âgé d'au moins 25 ans
et résider dans le secteur ou le village ;
n'avoir jamais été condamné à une peine touchant à
l'honneur ou à la probité;
parler couramment le Français ou la langue majoritaire
du secteur ou du village;
le secrétaire et le secrétaire suppléant doivent en outre
savoir lire et écrire le Français ou la langue majoritaire du
secteur ou du village.
Art . 4. - l'exercice du mandat de membre du Tribunal
Populaire de Conciliation est gratuit. Sa durée est de un an
renouvelable .

Art. 5. - En cas d'empêchement momentané :


- le Président est remplacé par le Vice -Président et à
défaut, par l'un des Juges :
- Les juges, respectivement par leurs suppléants
- Le Secrétaire par le Secrétaire suppléant .
En cas d'empêchement pendant une longue durée, les
membres du Tribunal Populaire de Conciliation sont rempla
cés par élections partielles. Le mandat du membre ainsi élu
se termine à la fin du mandat du membre empêché .
Art. 6. - Un mois avant la fin du mandat des membres, le
délégué C.D.R. du village ou du secteur convoque l'Assem
blée Générale du Comité en vue de procéder aux élections des
nouveaux membres. Ceux-ci prennent fonction le jour de la
fin du mandat des membres précédents.

56
Art. 7. - Lorsqu'il est salarié l'absence d'un membre du
T.P.C. de son lieu de travail pour les activités du tribunal ne
peut porter atteinte à ses rémunérations et autres avantages
qui lui sont reconnus à temps plein .

CHAPITRE II
Attributions et compétence
Section 1. - Attributions.

Art. 8. – Le Tribunal Populaire de Conciliation contribue


par ses activités, à conscientiser le Peuple par rapport à ses
droits et devoirs, à créer un climat de paix , de concorde et de
camaraderie révolutionnaire, à éliminer les tares culturelles,
les manifestations coloniales, néocoloniales, féodales, et les
coutumes rétrogrades.

Pour atteindre cet objectif il procède au règlement des


conflits sociaux dans le secteur ou le village par la voie de la
conciliation . Pour ce faire, le Tribunal Populaire de Concilia
tion use de la pression morale par la critique faite dans un
esprit de camaraderie, en vue d'amener les parties à l'auto
critique.
Section 2. - Compétence
A - Compétence d'attribution :

Art. 9. – Le Tribunal Populaire de Conciliation est compé


tent pour connaître :

10 ) En matière civile et commerciale , des litiges dont


l'intérêt au principal, n'excède pas 50 000 francs;
20) Des situations rendant la vie communautaire intoléra
ble :

actes de nuisance , et tout bruit nocture ou diurne ,


excédant les inconvénients normaux du voisinage ;
querelles entre parents, époux , enfants, tribus, clans,
voisins etc...;
* abandon de domicile conjugal;

57
30 ) De certaines infractions limitativement énuriérées :

divagation d'animaux, dévastation de champ, de récoltes


sur pied ou engrangées, bris de clôtures, feux de brousse,
toute destruction de la nature , alcoolisme ;

40 ) Des infractions relatives à la pratique illicite de prix


et à la spéculation sur les denrées de lère nécessité ;

50 ) De tout comportement assimilable à une entorse à la


morale révolutionnaire, et d'une façon générale , de tout
comportement anti-social jugé comme tel par la population,
alors même que ces comportements ne sont pas définis par la
loi, comme étant des infractions pénales.

Art. 10. – L'intérêt au principal s'entend du total des


réclamations contenues dans une requête ou une constitu
tion de partie civile, formulées par une ou plusieurs personnes
dans un litige.

B - Compétence territoriale

Art. 11. - La compétence territoriale du Tribunal Populai


re de Conciliation s'apprécie en fonction de l'un des critères
suivants :

- lieu de résidence du défendeur;


- le lieu de la conclusion du contrat ;
le lieu de l'exécution du contrat quand il a été prévu par
les parties;
- le lieu de la situation actuelle du bien litigieux ;
- le lieu de résidence de l'auteur de l'acte répréhensible .

En cas de conflit de juridictions le ler tribunal saisi ,


conformément à l'un des critères ci-dessus, est compétent .
Toutefois, lorsque les cirsconstances ne permettent pas à un
Tribunal Populaire de Conciliation saisi de rendre sainement
justice , il peut se déssaisir au profit d'un autre Tribunal
Populaire de Conciliation du territoire du Burkina.

58
CHAPITRE III

Fonctionnement

Section 1. – Des audiences.

Art . 12. - Le Tribunal Populaire de Conciliation tient des


audiences ordinaires ou extraordinaires.

Art . 13 . Le calendrier et le rôle des audiences sont fixés


par le président en accord avec les autres juges. Ils seront
affichés en un lieu public accessible à la population, et il est
remis une copie à chaque juge .
La publicité est à la charge du responsable C.D.R. à l'in
formation .

Art. 14. - Les audiences se tiennent à la permanence du


Secteur ou du Village.

Section 2. - Saisine du Tribunal.

Art. 15. - Le Tribunal est saisi, soit d'office soit par


requête verbale ou écrite sans timbre, formulée par les parties.
Quelle que soit sa forme, la requête est transcrite par le
secrétaire dans un registre de plaintes ouvert à cet effet; la
transcription est gratuite.
Elle consiste à porter sur le registre et par ordre d'arrivée
des requêtes :

a) l'identité et l'adresse des parties et , éventuellement des


témoins.
b ) les prétentions et les montants des réclamations.
Section 3. – Des débats.

Art. 16. – Les débats sont publics. Nul ne peut être inter
dit d'y assister. Toutefois, lorsque la publicité est dangereuse
pour l'ordre public et les moeurs, le tribunal peut ordonner
que l'affaire sera débattue à huis clos. Il peut en faire de
même lorsque le litige porte sur des faits dont l'exposé en
public porte atteinte à l'intimité des parties au point de res
treindre leur libre expression .

59
Le huis clos peut être demandé par les parties et le tribu
nal apprécie .
En tout état de cause, les débats commencés en public
peuvent se poursuivre à huis clos et inversement .
Art . 17. - Le Tribunal peut se transporter en tout lieu en
vue de recueillir des témoignages ou de constater des faits
susceptibles d'aider à la manifestation de la vérité .

Art. 18. – Le Président a la police de l'audience et la direc


tion des débats .
Il rejette tout ce qui tendrait à compromettre la dignité
des membres ou à prolonger les débats sans donner lieu
d'espérer plus de résultats.

Art. 19. – Si l'ordre public est troublé par l'un quelcon


que des assistants, le Président ordonne son expulsion des
lieux des débats .
Lorsqu'il s'agit d'une partie intéressée au litige, son expul
sion peut être ordonnée et un procès- verbal de carence est
établi .

Art. 20. – Les juges participent activement aux débats. Il


peuvent poser directement des questions aux parties ou aux
témoins .

Art. 21. – Le secrétaire prend note des déclarations des


parties et témoins, dans un registre ouvert à cet effet.
Art. 22. - Les témoins et les parties sont convoqués par
tous moyens .
Ils comparaissent en personne ; ils s'expriment dans la
langue qui leur est familière. Lorsqu'une partie ou un témoin
ne parle pas suffisamment la langue communément employée,
le président désigne un interprète.
Art. 23. – Les parties peuvent se faire représenter à l'au
dience par un parent, allié ou ami, et ce en cas d'empêche
ment dûment constaté .

Le Tribunal vérifie le lien de parenté ou d'alliance et


s'assure que les intérêts de la personne représentée ne seront
compromis par cette représentation.

60
Art. 24 . Lorsqu'une partie civile ne comparaît pas, soit
en personne , soit par représentation , alors que la preuve est
faite qu'elle a été régulièrement informée du jour de l'audien
ce , elle est considérée comme ayant désisté de sa demande , et
l'affaire peut être rayée du rôle.
Lorsque le défendeur ou le témoin refuse de comparaîttre
ou de répondre aux questions , il peut être jugé sur le champ
et condamné à une peine d'amende qui ne peut excéder
1 000 francs.

Art. 25. - Au cours de l'audience , toute personne qui


estime qu'elle a un intérêt lié au litige présent peut se joindre
aux débats, à tout moment, avant le prononcé du jugement.

Section 4. vu procès- verbal de conciliation ou de non


conciliation.

Art . 26. - Lorsque le Tribunal parvient à un accord entre


les parties, il dresse un procès-verbal de conciliation.
Il y a conciliation lorsque les parties au litige ou leur
représentants adhérent à tous les points d'accord proposés
soit par le Tribunal, soit par les parties elles-mêmes.
La conciliation s'interprète comme une convention qui
oblige les parties.
Lorsque le procès-verbal de conciliation contient une obli
gation de faire ou de ne pas faire, de paiement ou toute autre
obligation s'éxécutant dans des termes de délais, le Tribunal
peut, en accord avec les parties, fixer des délais d'exécution .

Art. 27 . Lorsque le Tribunal Populaire de Conciliation


ne parvient pas à accorder les parties, ou lorsque l'une
des parties ne comparaît pas, il dresse un procès-verbal de
non conciliation ou de carence .

Il n'y a pas de conciliation lorsqu'une partie refuse


d'adhérer à un ou plusieurs points d'accord proposés par le
Tribunal ou par les autres parties. Il n'y a pas non plus
conciliation lorsqu'une partie adhère à un ou plusieurs points
d'accord avec réserve.

61
Il y a carence , lorsqu’une ou plusieurs parties intéressées
au litige ne comparaissent pas quoique régulièrement convo
quées.
En cas de non - conciliation ou de carence, le procès-verbal
est remis à la partie la plus diligente qui peut saisir le tribunal
départemental au contentieux .
Art. 28. - La conciliation est exclusive de toute condam
nation privative de liberté . L'exécution forcée sur les biens
est applicable aux obligations contenues dans le procès-verbal
de conciliation .

Toutefois, le Tribunal Populaire peut , pour l'exécution des


mêmes obligations, fixer une contrainte par corps de 5 à
10 jours consistant en travaux d'intérêt commun, exécutés
sous l'autorité du bureau C.D.R. du secteur ou du village.
Cette contrainte ne peut s'appliquer à la fois au mari et à
la femme.

62
TITRE II

DU TRIBUNAL POPULAIRE DEPARTEMENTAL (TPD)

CHAPITRE I

Composition
Art. 29. – Le Tribunal Populaire Départemental
comprend :

un président et un vice -président;


- deux Juges et deux juges suppléants ;
un Secrétaire et un secrétaire suppléant .
Art. 30. – Les membres du Tribunal Populaire Départe
mental sont élus par l'assemblée générale du Comité départe
mental, parmi les membres de ce Comité.
Toutefois le Président et le Vice - Président sont nommés
par arrêté du Garde des . Sceaux , Ministre de la Justice .

Les conditions d'éligibilité sont celles prévues à l'article 3 .


Art. 31. - L'exercice du mandat de membre du Tribunal
Populaire Départemental est gratuit. Sa durée est de deux (2)
ans renouvelables.

Lorsqu'il est salarié, l'absence d'un membre du Tribunal


Populaire Départemental de son lieu de travail ne peut porter
grief à ses rémunérations et salaires ou à tous autres avanta
ges qui lui sont reconnus à temps plein.
Art. 32. – Dans l'exercice de leurs fonctions, les membres
du Tribunal Populaire Départemental sont suppléés comme
suit, en cas d'empêchement temporaire :
* Le président par le Vice-Président
* Lesjuges par leurs suppléants
* Le secrétaire par le Secrétaire suppléant.
En cas d'empêchement pour une période de longue durée,
il est procédé au remplacement des membres défaillants par
élections partielles dans les conditions prescrites par le
présent décret.

63
Dans ce dernier cas, la durée du mandat du membre
entrant est égale au reliquat du mandat du membre défail
lant.

Art. 33. – Les mandats sont renouvellés tous les deux ans
par élections de nouveaux membres, un mois avant la fin des
mandats des anciens membres.
L'Assemblée Générale du Comité Départemental est con
voquée par le bureau du Comité sur invitation du président
du Tribunal en exercice. Les nouveaux membres prennent
fonction le jour de la fin du mandat des membres précédents.

CHAPITRE II

Attributions et compétence du T.P.D.

Art . 34. – Le Tribunal Populaire Départemental contribue


par ses activités, à la conscientisation du Peuple dans le
département par rapport à ses droits et devoirs, à créer un
climat de paix, de concorde et de camaraderie, à éliminer les
tares culturelles, les manifestations coloniales, néocoloniales
et féodales, les coutumes rétrogrades.

Pour atteindre cet objectif, il procède par la voie de la


conciliation et du jugement contentieux des conflits qui
naissent entre les citoyens dans le département.
Section 1. - Compétence d'attribution .
Art . 35 . Le Tribunal Populaire Départemental est
compétent pour connaître :
A) De toutes les situations non contentieuses relevant de
l'état des personnes :

actes de naissance, actes de mariage, de décès, des juge


ments supplėtifs et la rectification de ces actes, certificats de
résidence, d'hérédité , d'individualité, de tous papiers
afférents à l'état des personnes dont la délivrance n'engage
pas une procédure contentieuse .

64
B ) Des actions contentieuses :

a) Des actions civiles et commerciales dont le taux évalué


en argent est supérieur à 50 000 Frs sans dépasser
100 000 francs.

b ) En matière de conflits de travail , des actions dont le


taux évalué en argent est supérieur à 10 000 francs sans
dépasser 50 000 francs.

c) Des infractions énumérées par le présent décret au


chapitre II, Section 2 , article 9 du titre I et ayant fait l'objet
d'une vaine tentative de conciliation au Tribunal Populaire de
Conciliation .

Art. 36 . Exceptionnellement , dans les provinces sans


départements la compétence d'attribution des Tribunaux
Populaires Départementaux est dévolu aux Tribunaux
Populaires de secteurs, de villages (TPC).
Section 2. - Compétence territoriale .

Art . 37 . La compétence territoriale s'apprécie en


fonction de l'un des critères suivants :

1 ) le lieu de la résidence du défendeur;


2 ) le lieu de la conclusion du contrat ;
3 ) le lieu prévu pour l'exécution du contrat ;
4) le lieu de la situation actuelle du bien litigieux;
5 ) le lieu de la commission de la contravention ou de l'acte
anti- social;
6) le lieu du domicile de l'auteur de l'acte répréhensible.

En cas de conflit de juridictions, le premier Tribunal


Populaire Départemental saisi est le tribunal compétent .
Toutefois, lorsque les circonstances ne permettent pas de
rendre une justice sereine, le Tribunal Populaire Départe
mental peut renvoyer les parties et la cause devant un autre
Tribunal Populaire Départemental, en accord avec ce dernier.

65
CHAPITRE III

Fonctionnement du T.P.D.

Section 1. - Des audiences.

Art. 38. - Le Tribunal Populaire Départemental tient


des audiences ordinaires et extraordinaires.

Le calendrier et le rôle des audiences sont établis par le


président en accord avec les autres juges. Ils seront affichés en
un lieu public accessible à la population, et il en est remis
copie à chaque membre du tribunal.
La publicité est à la charge du responsable C.D.R. à l'infor
mation .

Art. 39. – Les audiences se tiennent au chef lieu du dépar


tement . Elles sont publiques.

Lorsque les circonstances l'exigent, le Tribunal peut tenir


des audiences dans un village ou dans un secteur.
Section 2. – Saisine du Tribunal.

Art . 40. - Les parties portent leurs litiges devant le


Tribunal Populaire Départemental par requête verbale ou
écrite, sans timbre. Le Tribunal peut se saisir d'office de tout
litige intéressant l'ordre public. Quelle que soit la forme de la
requête, elle est transcrite par le secrétaire dans un registre.
des plaintes ouvert à cet effet. La transcription est gratuite.
Elle consiste à porter par ordre d'arrivée des requêtes :
a) l'identité et l'adresse des parties, celles des témoins.
b ) les allégations des plaignants et les montants des récla
mations.
La convocation des parties et des témoins se fait par tous
moyens.

Section 3. Des débats

Art. 41 . Le président à la direction des débats et la


police de l'audience . Il veille à la liberté d'expresion des
parties et des témoins.

66
Il rejette tout ce qui tendrait à compromettre la dignité
des membres du Tribunal et des personnes présentes, ou tout
ce qui tendrait à prolonger inutilement les débats.
Les juges participent avec voix délibératives aux débats.
Ils adressent directement leurs questions aux parties et aux
témoins.

Le secrétaire prend note des déclarations des parties et


témoins et dresse pour chaque affaire un procès-verbal des
dites déclarations, ainsi que les incidents d'audience : il n'a
pas voix au délibéré et ne prend pas part aux débats .
Art . 42 . Les débats sont publics, nul ne peut être
interdit d'y assister . Toutefois, lorsque la publicité est dan
geureuse pour l'ordre public et les bonnes meurs, le Tribunal
peut ordonner que l'affaire sera débattue à huis clos. Il peut
en faire de même lorsque l'affaire porte des faits dont
l'exposé en public restreindrait la spontanéité des parties et
compromettrait les résultats .
Le huis clos peut être demandé par les parties et le Tribu
nal apprécie . Des débats commencés à huis clos peuvent se
poursuivre en public et inversement .
Au cours des débats, le Tribunal peut se transporter en
tout lieu , séance tenante , en vue de recueillir des témoignages
ou de constater des faits susceptibles d'aider à la manifesta
tion de la vérité.

De même , lorsque les circonstances l'exigent, les audiences


des Tribunaux Populaires Départementaux peuvent se tenir
ou se continuer dans un village ou dans un secteur.
Art. 43. – Dès l'ouverture de l'audience, le secrétaire fait
l'appel des affaires inscrites au rôle du jour, ainsi que des
parties et des témoins.

Les parties comparaissent en personne, assistées de tous


témoins qu'elles pourront librement citer, même au cours des
débats.

Le Tribunal peut à tout moment, faire venir à la barre


toute personne susceptible d'apporter un éclairage aux débats
ou mettre en cause toute personne non citée .

67
Le témoin ou le défendeur qui refuse de comparaître ou
de répondre aux questions peut être condamné à une amende
qui n'excède pas 1 500 francs.

Toute personne qui estime qu'elle a un intérêt lié à


l'affaire présente peut se joindre aux débats à tout moment,
jusqu'au prononcé du jugement .

Art. 44 . Nonobstant les dispositions de l'article ci-


dessus, les parties peuvent, en cas d'empêchement dûment
constaté, être représentée s à l'audience par un parent , ami ou
allié. Le Tribunal s'assure que la représentation n'est pas de
nature à compromettre les intérêts du représenté .

CHAPITRE IV

De la conciliation et du défaut de conciliation devant le


T.P.D.

Art. 45. - Le Tribunal Populaire Départemental saisi d'un


litige, à l'exception de ceux touchant l'ordre public, est tenu
de tenter auparavant, la conciliation des parties. Toutefois,
les litiges ayant fait l'objet de tentative vaine de concilia
tion au Tribunal Populaire de Conciliation ne peuvent
recevoir une nouvelle tentative de conciliation .

Art. 46. - Lorsque le Tribunal Populaire Départemental


parvient à un accord librement proposé par les parties ou par
lui-même , il dresse un procès-verbal de conciliation .
La conciliation est une convention qui lie les parties au
litige.

CHAPITRE V

Du jugement
Art. 47. - En cas d'échec dans la procédure de concilia
tion , et dans les litiges ayant déjà fait l'objet de non concilia
tion, le Tribunal Populaire Départemental instruit et juge
selon la procédure contentieuse .

68
Art. 48. – Les jugements des Tribunaux Populaires Dépar
tementaux sont exécutoires à l'expiration des délais de
recours prescrits aux articles suivants du présent décret .
Ils peuvent être exécutés par le moyen de la contrainte par
corps, fixée par le Tribunal pour une durée de 5 à 10 jours.
La contrainte par corps consistera en de travaux d'intérêt
commun exécutés sous l'autorité du bureau du Comité
départemental.
Il leur est applicable l'exécution forcée sur les biens. Cette
contrainte ne peut s'appliquer à la fois au mari et à la femme.
Art. 49. - Les décisions du Tribunal Départemental sont
exclusives de toute condamnation privative de liberté. Le
Tribunal peut cependant assortir sa décision d'une amende
qui ne peut excéder 20 000 francs.
Les amendes peuvent être recouvrées par exécution forcée
sur les biens ou par la contrainte par corps selon les condi
tions de l'article 48 .

CHAPITRE VI
Voies de recours

Art. 50. - Toute décision du T.P.D. rendue au conten


tieux, est susceptible de recours en fait et en droit devant le
Tribunal Populaire d'Appel .
Art. 51. Le délai d'exercice du recours est de 15 jours.
Le délai se compte à partir du jour où la décision est
rendue lorsqu'elle l'a été en présence du requérant , et à
compter du jour de la connaissance de la décision, si celle-ci
a été rendue en l'absence du réquérant .
Art . 52 . Le recours est fait par déclaration devant le
secrétaire du T.P.D. Celui-ci consigne les prétentions des
parties requérantes dans un registre spécialement tenu à cet
effet .
Le recours peut également être reçu au Secrétariat du
Tribunal Populaire d'Appel .
La consignation comporte : la date, le jour l'heure
auxquels les parties se présentent au Secrétariat , ainsi que la
désignation du jugement attaqué comprenant sa date et son
numéro .

69
TITRE III

LE TRIBUNAL POPULAIRE D'APPEL

CHAPITRE I.

Composition - Nomination

Art. 53. - Le Tribunal Populaire d’Appel comprend :


deux juges professionnels dont un Président et un sup
pléant ;
- quatre juges non professionnels dont deux titulaires et
deux suppléants;
un secrétaire et un secrétaire suppléant .

Art. 54. – Les juges professionnels son nommés par décret


parmi les Magistrats des Tribunaux de Première Instance les
plus proches, cumulativement avec leurs fonctions.

Les juges non professionnels sont nommés par décret sur


une liste de (6 ) personnes choisies par le Conseil Provincial
en son sein .

Le secrétaire et le secrétaire suppléant sont nommés par


arrêté du Ministre de la Justice, Garde des Sceaux parmi le
personnel Judiciaire des Tribunaux de Première Instance les
plus proches de la Province .

Art. 55 . La durée du mandat des membres du T.P.A.


est de deux ( 2 ) ans renouvelables.

Les membres non professionnels exercent bénévolement


leurs fonctions. Lorsqu'ils sont travailleurs salariés, l'absence
de leur lieu de travail pour les activités du TPA ne peut porter
grief à leurs rémunérations et salaires ou tous autres avanta
ges qui leur sont reconnus à temps plein.
Art . 56. -- En cas d'empêchement temporaire, les membres
du TPA sont suppléés comme suit :
a) le Président par le juge professionnel suppléant ;
b) les juges non professionnels par leurs suppléants ;
c) le secrétaire par le secrétaire suppléant .

70
En cas de vacance prolongée, ils sont remplacés selon les
modalités de désignation et de nomination de l'article 54.
Les conditions de désignation des Juges non professionnels
par le Conseil Provincial obéissent à celles prescrites pour
l'élection des membres des TPD et TPC .

CHAPITRE II .

Attribution et compétence

Art. 57 . Le TPA est une juridiction de recours contre


toute décision rendue au contentieux par le TPD .
Il juge en fait et en droit . Il rend des décisions qui ne sont
susceptibles d'aucun recours.
Art. 58. – Le TPA est territorialement compétent pour
connaître des affaires jugées par les TPD administrative
ment rattachés à la province.

En cas de détachement d'un département pour une autre


province la compétence territoriale du TPA s'apprécie au
moment où le jugement a été rendu par le TPD .
Art. 59. – Conformément à l'article 36, Section I, Chapi
tre II du Titre II du présent décret , relatif aux provinces sans
département, le TPA sera ' compétent pour connaître des
affaires jugées par les TPC de secteurs ou de villages de ces
provinces.

CHAPITRE III

Fonctionnement des TPA


Section 1. - Des audiences.

Art . 60. – Les audiences du TPA sont ordinaires ou extra


ordinaires .

Le calendrier et le rôle des audiences sont établis par le


Président en accord avec les autres juges.

71
Le calendrier et le rôle sont affichés en un lieu accessible
au public et une copie en est remise à chaque membre du
Tribunal .

Art. 61 . Les audiences sont publiques.


Elles se tiennent au chef-lieu de la province ; quand les
circonstances l'exigent, elles peuvent se tenir en tout lieu de
la province.
La publicité des audiences est à la charge du délégué à la
Justice Populaire du Pouvoir Révolutionnaire Provincial.
Section 2 . Saisine du TPA.

Art. 62 . - Le TPA peut être saisi, soit par déclaration au


secrétariat du TPD , soit par déclaration au secrétariat du
TPA ; la déclaration est formulée verbalement ou par écrit ,
sans timbre.

Le secrétaire procède à la transcription de la déclaration


dans un registre ouvert à cet effet.
Lorsque la déclaration a été faite directement au secréta
riat du TPA, le Secrétaire demande par écrit ou tout autre
moyen , le transfert des pièces du dossier du TPD au TPA. Le
transfert peut s'effectuer à la diligence du requérant .
En tout état de cause , le secrétaire met l'affaire en état ,
convoque les parties et les témoins à la plus prochaine
audience .

Les convocations sont faites par la voie administrative ou


tous autres moyens .

Section 3. – Des débats

Art . 63 . - Le Président a la direction des débats et la


police de l'audience .

Il dispose des pouvoirs reconnus au Président du TPD .

Les juges non professionnels participent aux débats ; ils


peuvent poser des questions, directement aux parties et aux
témoins.

72
Le secrétaire prend note des déclarations des parties et
témoins. Il ne prend pas part aux débats, ni aux délibérés.
Art. 64 . Les parties et les témoins comparaissent en
personne .
Les parties peuvent se faire représenter à l'audience par un
parent, ami ou allié. Après avoir vérifié le lien de parenté ou
d'alliance, le Tribunal s'assure que la représentation n'est pas
de nature à compromettre les intérêts des parties représen
tées .
Toute personne qui estime qu'elle a un intérêt lié à la
présente affaire peut se joindre aux débats jusqu'au prononcé
du jugement .
Le TPA peut , de même, faire venir à la barre toute
personne susceptible d'apporter un éclairage aux débats, ou
d'office, mettre en cause toute personne, même non citée .
Art. 65 . Le témoin qui refuse de comparaître ou de
répondre aux questions peut être jugé sur le champ et
condamné à une peine d'amende qui ne peut excéder
2 000 francs. Si le défaut de comparution est le fait de la
partie défenderesse, celle-ci est condamnée à la même peine,
outre le défaut qui peut être prononcé contre elle.
Si le défaut de comparution est le fait du demandeur au
recours , le Tribunal peut décider de la radiation de l'affaire
et la confirmation pure et simple du jugement du TPD .

Avant de procéder comme il est dit ci-dessus, le Tribunal


est tenu de s'assurer que les parties et les témoins défaillants
ont été régulièrement informés des jour, date, heure et lieu
de l'audience et qu'ils n'ont pas été victimes d'empêchement
majeur.
Ces preuves sont expressement consignées dans la décision .

CHAPITRE IV

Des décisions du TPA

Art . 66. - Les décisions du TPA sont rendues soit sur le


champ , soit après délibéré . Dans tous les cas, la décision est
prononcée avant que l'audience ne soit définitivement levée.

73
Art. 67. – le TPA rend des décisions d'annulation ou de
confirmation .

Art. 68. – Lorsque le TPA confirme un jugement , il peut


condamner le requérant à payer tous frais que le recours peut
avoir entraîné. Lorsque le jugement est annulé, pour des
raisons de fait ou de droit ne mettant pas en cause la compé
tence du TPD auteur du jugement , le TPA rend une décision
qui est exécutée dans les conditions d'exécution des
jugements du TPD.
Art. 69 . Lorsque l'annulation est prononcée pour des
raisons d'incompétences les règles suivantes s'appliquent :
10 ) L'incompétence du TPD est due au non respect des
limites prescrites pour le taux des intérêts civils: le TPA
évoque et rend une décision ;

20 ) L'incompétence du TPD est due à une fausse qualifica


tion des faits qui constituent en réalité un délit : le TPA
évoque et rend une décision ;

30) L'incompétence du TPD est due à une fausse qualifica


tion des faits qui constituent en réalité un crime : le TPA
transmet la procédure au parquet du tribunal de Première
instance qui procède comme en matière de crime ;
40 ) Le TPD auteur du jugement frappé du recours n'était
pas territorialement compétent :

a) Si le TPD normalement compétent est du ressort de la


province abritant le siège du TPA, il évoque et rend une
décision ;

b ) Si le TPD normalement compétent est hors du ressort


de la province abritant le TPA, celui-ci renvoie les parties et
la cause devant le Tribunal normalement compétent .
CHAPITRE V.

Des condamnations

Art. 70 . -
Lorsque le recours est le fait du défendeur, le
TPA ne peut aggraver les condamnations prononcées par le
TPD .

74
Art. 71. – Lorsque le recours est le fait du demandeur, le
TPA peut aggraver les condamnations, seulement en ce qui
concerne les intérêts civils. Il peut également assortir ces
condamnations de la contrainte par corps de 5 à 10 jours
exécutoires en travaux d'intérêt commun effectués sous
l'autorité du bureau du Conseil provincial.

Les décisions du TPA sont immédiatement exécutoires; le


TPA peut cependant fixer des délais de grâce au débiteur des
obligations de la décision , au delà desquels s'exercent l'exécu
tion forcée ou la contrainte par corps .

Dispositions générales

Art. 72. - En matière d'état des personnes, les TPD et les


TPC sont tenus de renvoyer devant les Tribunaux de Première
Instance les litiges relatifs :

au changement de noms et prénoms ;


au divorce :
- à la filiation légitime, naturelle, adoptive .

En matière de contravention, ils en feront de même


lorsque la personnalité du délinquant et les circonstances
dans lesquelles l'infraction a été commise présentent un degré
de danger social qui ne peut cesser que par l'application d'une
sanction prévue par le code pénal .

Art. 73. - Toute décision du TPA, du TPD et du TPC


comportera :

10 ) Les noms des juges qui l'ont rendue, et du secrétaire ;


20 ) L'identité complète des parties et témoins, leur adresse
et leur profession ;
30) Les motifs ou exposé sommaire , qui ont conduit à la
décision finale ;
40 ) La décision finale ou dispositif.

Art. 74. – Les parties ne sont tenues que par les obliga
tions et contraintes prescrites dans le dispositif d'un
jugement .

75
Art. 75. - Le Ministre d'Etat Délégué à la Présidence
chargé de la Justice, le Secrétaire Général National des
Comités de Défense de la Révolution sont chargés chacun en
ce qui le concerne de l'exécution du présent décret qui sera
enregistré et publié au Journal Officiel du Faso .

Ouagadougou, le 4 août 1985 .

Capitaine Thomas SANKARA

Par le Président du Faso


Le Ministre d'Etat Délégué Le Secrétaire Général National
à la Présidence Chargé Des Comités de Défense de la
de la Justice Révolution
Capitaine Blaise COMPAORE Captitaine Pierre QUEDRAOGO

76
DECRET no 85/406 CNR / PRES /MED /MIJ portant création
d'une Délégation Générale à la Justice Populaire.
LE PRESIDENT DU FASO

Vu la proclamation du 4 août 1983 ;


Vu l'ordonnance n° 83/ 1 /CNR du 4 août 1983 , portant création du
Conseil National de la Révolution ;
Vu l'ordonnance no 84/43/ CNR/PRES du 2 août 1984, portant
changement d'appellation et symboles de la Nation ;
Vu le décret no 84/ 329/CNR/PRES du 31 août 1984, portant com
position du Gouvernement du Burkina Faso ;
Vu l'ordonnance no 84/ 55 / CNR/ PRES du 15 août 1984 , portant
découpage du territoire national en trente ( 30 ) provinces et deux cent
cinquante (250 ) départements;
Vu l'ordonnance no 85 / 37/CNR /PRES du 4 août 1985 , portant
création des Tribunaux Populaires de secteurs, villages, départements
et provinces;
Vu le décret n° 85/ 329/CNR/PRES/MED/MIJ du 19 juillet 1985 ,
portant réorganisation de l'Administration centrale du Ministère de la
Justice ;
Vu le statut général des Comités de Défense de la Révolution du
17 mai 1984, créant notamment des Comités de secteurs, villages,
départements, provinces;
Le Conseil des Ministres entendu en sa séance du 31 juillet 1985 ,

DECRETE :
Conformément à l'article 5 de l'ordonnance no 85/37
portant création des Tribunaux Populaires de secteurs,
villages, départements et provinces, il est créé une Délégation
Générale à la Justice Populaire au Burkina Faso (DGJP ).
Objet : La Délégation Générale à la Justice Populaire est
un organe de contrôle des activités des Tribunaux Populaires
de secteurs, de villages, de départements et de provinces et un
Conseil de Discipline.

CHAPITRE I.

Composition
Article premier . - La Délégation Générale à la Justice
Populaire est placée sous l'autorité du Ministre de la Justice,
Garde des Sceaux qui en est le Président. Elle comprend une
délégation Centrale (DCJP) et des Délégations de Zones
(DZJP) .

77
Art. 2. – La Délégation Générale est chargée de la politi
que générale des Tribunaux Populaires sur la base des
rapports, avis et suggestions de la délégation centrale.
Elle est l'organe suprême de discipline des membres
desdits Tribunaux et du règlement des conflits de juridiction
et de tous incidents juridiques, politiques, sociaux pouvant
naître à l'occasion des activités de ces tribunaux.

Section I. De la Délégation Centrale à la Justice Populaire.


Art . 3. - Elle comprend :

Un fonctionnaire de l'Administration Centrale de la


Justice qui en est le Président;
Deux magistrats nommés parmi les magistrats des Cours
d'Appel de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso ;
- Un Magistrat de la Haute - Cour Judiciaire ;
– Un Magistrat de la Haute Cour d'Etat ;
Quatre délégués du Secrétariat Général National des
C.D.R.

Art . 4. - Les membres sont nommés par decret pris en


Conseil des Ministres, sur proposition du Ministre de la
Justice en ce qui concerne les magistrats et le fonctionnaire
du Ministère de la Justice, et du Secrétariat Général National
des C.D.R. en ce qui concerne les délégués C.D.R.

Section II. – De la Délégation de Zone.


Art. 5. – Les délégations de Zones de la Justice Populaire
sont installées au siège des Tribunaux de Première Instance
et regroupent autant de Provinces et de Départements que le
ressort de chaque Tribunal de Première Instance en compte.
Art. 6. - Elle comprend :

Un Président nommé parmi les Magistrats du Tribunal de


Première Instance de la Zone ;

Un Secrétaire nommé parmi le personnel judiciaire du


Tribunal de Première Instance ou de l'Administration de la
Zone ;

78
Des délégués C.D.R. choisis parmi les membres des
Conseils Provinciaux à raison de deux délégués par Province
dont le Délégué à la Justice Populaire du Pouvoir Révolu
tionnaire Provincial.

Art . 7. Les Magistrats sont nommés par arrêté du


Ministre.

Les délégués C.D.R. sont nommés par le même arrêté sur


proposition des Conseils Provinciaux.

CHAPITRE II .

Attributions

Art . 8. – La Délégation Centrale à la Justice Populaire est


chargée :

de veiller à l'application correcte des textes régissant les


Tribunaux Populaires de secteurs , de villages, de départe
ments et de provinces.

Art. 9. – La Délégation de Zone est chargée :


- de veiller à la mise en place effective des Tribunaux
Populaires dans les secteurs, villages, départements et provin
ces ainsi qu'à la régularité des élections de leurs membres;

d'identifier les difficultés susceptibles d'entraver le bon


fonctionnement de ces Tribunaux ;

de suggérer à la Délégation Centrale des mesures suscep


tibles d'aider à l'amélioration du fonctionnement des Tribu
naux Populaires;
de proposer des mesures disciplinaires contre les
membres de ces Tribunaux à l'occasion d'une entorse à la
déontologie judiciaire;
- de pourvoir directement ou indirectement à leur forma
tion politique et technique.

79
CHAPITRE III

Art. 10 . La Délégation Centrale se réunit , en tant que


de besoin , sur convocation de son Président , sur tout ordre
du jour ayant trait à la Politique des Tribunaux Populaires.
Art . 11. - La Délégation de Zone se réunit , en tant que de
besoin , sur convocation de son président ; elle effectue des
missions sur place dans les secteurs, villages, départements,
provinces en vue de s'assurer du bon fonctionnement des
Tribunaux et de prodiguer tous conseils et directives utiles
aux membres desdits Tribunaux.
Elle établit au moins une fois par trimestre, ou circonstan
tiellement des rapports constatant :

- les difficultés de fonctionnement;

tout incident; et propose des solutions en vue de les


enrayer qu'elle adresse au Président de la Délégation Centrale;
- les missions ci-dessus spécifiées sont accomplies soit par
l'ensemble des membres de la délégation, soit par un ou
plusieurs de ses membres, ou par toute personne qu'elle
désigne à cet effet.

Art . 12 . Elle peut provoquer des Assemblées générales


des C.D.R. au niveau du secteur , village, département,
province, en vue de débattre tout problème particulier ou
général concernant l'euvre de la Justice Populaire.
Art . 13. - Le Garde des Sceaux , Ministre de la Justice et
le Secrétaire Général National des C.D.R. sont chargés chacun
en ce qui le concerne, de l'application du présent décret qui
sera enregistré et publié au Journal Officiel du Faso .

Ouagadougou , le 4 août 1985 .


Capitaine Thomas SANKARA

Par le Président du Faso

Le Ministre d'Etat Délégué à la Le Secrétaire Général National


Présidence chargé de la Justice des C.D.R.
Capitaine Blaise COMPAORE Capitaine Pierre QUEDRAOGO

80
DECRET no 85 /407/ CNR /PRES /MED /MIJ portant code de
conduite des membres des Tribunaux Populaires de Conci
liation des secteurs, villages, des Tribunaux Populaires
Départementaux et des Tribunaux Populaires Provinciaux
d'Appel.
LE PRESIDENT DU FASO

Vu la proclamation du 4 août 1983 ;


Vu l'ordonnance n° 83/ 1 /CNR du 4 août 1983 , portant création du
Conseil National de la Révolution ;
Vu l'ordonnance n° 84/43/CNR/PRES du 2 août 1984 , portant
changement d'appellation et symboles de la Nation ;
Vu le décret no 84/ 329/ CNR/PRES du 31 août 1984 , portant
composition du Gouvernement du Burkina Faso ;
Vu l'ordonnance no 84/ 55/CNR/PRES du 15 août 1984, portant
découpage du territoire national en trente ( 30) provinces et deux cent
cinquante (250 ) départements;
Vu l'ordonnance no 85 /37 /CNR /PRES du 4 août 1985 , portant
création des Tribunaux Populaires de secteurs, villages, départements
et provinces ;
Vu le décret no 85/339/CNR/PRES/MED/MIJ du 19 juillet 1985 ,
portant réorganisation de l'Administration centrale du Ministère de la
Justice;
Vu le décret no 85/405/CNR/ PRES/MED/MIJ du 4 août 1985 ,
portant organisation et fonctionnement des Tribunaux Populaires de
Secteurs, villages, départements et provinces du Burkina Faso.
Vu le décret no 85 /406/CNR/PRES/MED/MIJ du 4 août 1985 ,
portant création d'une Délégation Générale à la Justice Populaire
( DGJP ) ;
Vu le statut général des Comités de Défense de la Révolution du
17 mai 1984, créant notamment des Comités de secteurs, villages,
départements, provinces ;
Le Conseil des Ministres entendu en sa séance du 31 juillet 1985 ,

DECRETE :

Article premier : - Dans l'exercice de leurs fonctions, les


membres des Tribunaux Populaires de Conciliation, sont
tenus aux devoirs touchant à l'honneur, à la discrétion, à la
dignité , et d'un façon générale, aux obligations de la Discipli
ne révolutionnaire .

Tout manquement à ces devoirs constitue une faute disci


plinaire .

81
Art. 2. - La faute disciplinaire s'apprécie, à l'égard des
juges professionnels, compte tenu des obligations qui décou
lent de leur subordination hiérarchique dans la magistrature
professionnelle.
A l'égard des juges non professionnels, la Délégation
Générale à la Justice Populaire constitue l'organe de discipli
ne .

Art. 3 . - Constituent des cas de fautes disciplinaires :


_
a) l'absence sans motif aux audiences des Tribunaux
Populaires;

b ) – les propos, attitudes, actes indélicats, de nature à


porter atteinte à l'honneur et à la dignité des juges, d'une
façon générale, tout comportement contraire à la morale
révolutionnaire ;

c) – les actes de violences, morale ou physique, pendant


les séances des Tribunaux Populaires ou en dehors de ces
séances;
d) - la partialité manifeste à l'occasion des faits soumis
aux Tribunaux Populaires;
e) – la violation du secret des délibérations.

En tout état de cause , en dehors des cas énumérés


ci-dessus, le Conseil Supérieur de la Magistrature, la Déléga
tion Générale à la Justice Populaire qualifient et apprécient
souverainnement la faute disciplinaire.
Art. 4. – En tant que Conseil de Discipline, la Délégation
Générale à la Justice Populaire se réunit sous la présidence du
Ministre de la Justice, Garde des Sceaux.
A ce Conseil, les Délégations de Zones sont représentées
par leurs Présidents.

À l'égard des Juges professionnels, le Conseil Supérieur


de la Magistrature siégeant en tant qu'organe de discipline se
réunit conformément à la loi no 34-63 AN du 24 juillet
1963 portant organisation , composition, fonctionnement et
attribution du Conseil Supérieur de la Magistrature, notam
ment en son article 13 .

82
Art. 5. – En dehors de toute action disciplinaire, le Garde
des Sceaux , Ministre de la Justice a pouvoir pour donner un
avertissement qu'il juge opportun , et ce, à l'égard de tout
juge des Tribunaux Populaires quelle que soit sa qualité .

Art. 6. – Les actes délictuels commis par les membres des


Tribunaux Populaires tombent sous le coup de la loi
no 15 AL du 31 août 1959 notamment en ce qui concerne :

10) la forfaiture et les crimes et délits commis par les


fonctionnaires dans l'exercice de leur fonction
(art. 7 à 9 ) ;

20) les attentats à la liberté (art. 10 à 18 ) ;


30 ) la coalition des fonctionnaires contre les lois de
l'Etat (art . 19 à 23) ;

40) l'empiètement des autorités administratives et judi


ciaires ( art. 24 à 27 ) ;

50 ) les abus d'autorité contre les particuliers (art. 28 à


31 ) ;

60) les abus d'autorité contre la chose publique ( art. 32


à 35 ) ;

70 ) les soustractions commises par les dépositaires de la


chose publique (art. 36 à 39) ;
80 ) les concussions commises par les fonctionnaires
publics ( art. 40) ;

90 ) la corruption des fonctionnaires publics et des


employés des entreprises privées ( art. 42 à 48) ;

100) l'exercice illégal des fonctions publiques (art . 49) .

Art. 7. - La prévention et la sanction de ces crimes et


délits s'apprécient au regard des textes modifiant les disposi
tions de la loi no 15 AL du 31 août 1959 et de la procédure
applicable devant les juridicitions compétentes en la matière .

83
Art . 8. - Les dispositions ci-dessus s'appliquent à tous les
juges et à tous les secrétaires, qu'ils soient titulaires ou sup
pléants .

Art. 9. - Le Garde des Sceaux , Ministre de la Justice est


chargé de l'application du présent décret qui sera enregistré et
publié au Journal Officiel du Faso .

Ouagadougou , le 4 août 1985 .


Capitaine Thomas SANKARA

Par le Président du Faso ,

Le Ministre d'Etat Délégué à la Présidence


chargé de la Justice
Capitaine Blaise COMPAORE

84
DECRET no 85 /437 /CNR /PRES portant mesures transi
toires relatives au traitement des affaires dévolues aux
Tribunaux Populaires de secteurs, villages départements
et provinces
LE PRESIDENT DU FASO ,

Vu !a proclamation du 4 août 1983 ;


Vu l'ordonnance no 83/ 1 / CNR du 4 août 1983 , portant création du
Conseil National de la Révolution ;
Vu le Décret n° 85 /415/ CNR/PRES du 12 août 1985 , portant disso
lution du Gouvernement du Burkina Faso ;
Vu le décret n° 85/ 416/CNR/PRES du 12 août 1985 , portant nomi
nation de Coordonnateurs Généraux Délégués auprès du Président du
Conseil National de la Révolution et du Faso ;
Vu l'ordonnance n° 85/ 37/CNR/PRES du 4 août 1985 , portant
création de Tribunaux Populaires de secteurs, villages, départements et
procinces au Burkina Faso ;
Vu le décret no 85 / 339 /CNR /PRES/MED /MIJ du 19 juin 1985 ,
portant réorganisation de l'Administration Centrale du Ministère de la
Justice .
Le Conseil des Coordonnateurs du Faso entendu en sa séance du
25 août 1985 ;

DECRETE :

Article premier : - En attendant la mise en place effective


des Tribunaux Populaires de secteurs, villages, départements
et provinces, les bureaux des Comités de secteurs, villages,
départements sont tenus de recevoir et de traiter les affaires
relevant de la compétence de ces Tribunaux .
Art. 2. - Le Directeur de Cabinet du Ministère d'Etat
Délégué à la Présidence Chargé de la Justice Chargé de
l'expédition des affaires courantes est chargé de l'exécution
du présent décret qui sera publié au Journal Officiel du Faso .

Ouagadougou, le 29 août 1985 .


Capitaine Thomas SANKARA
Par le Président du Faso
Le Directeur de Cabinet du
Ministère d'Etat Délégué à
La Présidence Chargé de la Justice.
Simon COMPAORE
85

MODIFICATIONS
ZATU NO 86-32 CNR.PRES portantmodification de l'ordon
nance 84-2 CNR.PRES du 30 janvier 1984.
LE PRESIDENT DU FASO

Vu la Proclamation du 4 août 1983 ;


Vu l'ordonnance n° 83-1 CNR du 4 août 1983 , portant création du
Conseil National de la Révolution ;
Vu le kiti n° 85-3 CNR.PRES du 31 août 1985 , portant composition
du Gouvernement Révolutionnaire du Burkina Faso ;
Vu l'ordonnance n° 84-2 CNR.PRES du 30 janvier 1984, portant
création des Tribunaux Populaires de la Révolution et déterminant la
procédure applicable devant ces juridictions ;
Vu l'ordonnance n° 68-7 PRES.J du 21 février 1968, portant
institution d'un Code de procédure pénale;
PROCLAME

Article premier. - L'article 10 de l'ordonnance no 84-2


CNR.PRES du 30 janvier 1984 est modifié ainsi qu'il suit :
Article 10 nouveau :

Les décisions du Tribunal Populaire de la Révolution


sont rendues en premier et dernier ressort .
Elles peuvent faire l'objet d'un recours en révision dans les
conditions prévues aux articles 616 à 620 du Code de Procé
dure Pénale , sous réserve des dispositions de la présente
zatu .

Le droit de demander la révision appartient dans tous les


cas au Ministre de la Justice , au condamné ou en cas d'incapa
cité à son représentant , à ses héritiers en cas de décès ou
d'absence déclarée . Dans ces derniers cas, la demande est
adressée au Ministre de la Justice .

Dès réception de la requête , cette autorité, vérifie si


l'une des causes d'ouverture à révision énumérée à l'arti
cle 616 du Code de Procédure Pénale existe .

En cas d'affirmation elle saisit la juridiction qui a statué


ou à défaut un autre Tribunal Populaire de la Révolution
qui examinera l'affaire à nouveau .
Dans tous les cas la révision du procès ne peut donner lieu
à la condamnation de l'Etat des dommages et intérêts au
profit du demandeur en révision .
Les condamnés des Tribunaux Populaires de la Révolution
peuvent adresser au Président du Faso un recours gracieux.
Art . 2. - L'article 10 de l'ordonnance no 84-2 CRN.PRES
du 30 janvier 1984 est abrogé.
Art . 3 . La présente zatu sera exécutée comme zatu
du Faso et publiée au Journal Officiel du Faso .
Ouagadougou, le 31 juillet 1986

Capitaine Thomas SANKARA .


ZATU NO 86-31 CNR.PRES portant composition des Juridic
dictions de Jugement des Tribunaux de Première Instance
et Tribunaux du Travail.

LE PRESIDENT DU FASO

Vu la proclamation du 4 août 1983 ;


Vu l'ordonnance no 83-1 CNR du 4 août 1983 , portant création du
Conseil National de la Révolution ;
Vu le kiti n° 85-3 CNR.PRES du 31 août 1985 , portant composition
du Gouvernement Révolutionnaire du Burkina Faso ;
Vu la loi no 9-63 AN du 10 mai 1965 , portant organisation
Judiciaire,
PROCLAME

Article premier. En attendant la réforme des textes


organisant les procédures en matière civile, pénale, commer
ciale, administrative et sociale, la composition des Juridictions
de jugement sera régie par les dispositions de la présente zatu.
Art. 2. - Les Juridictions de jugement, les tribunaux
de première Instance et les tribunaux du travail, siégeront
désormais collégialement.

A cet effet, la composition initiale de chaque juridiction


sera complétée par trois juges désignés parmi les militants
des Comités de Défense de la Révolution , élus juges des
TPC, TPD, TPA et TPR.

Art. 3. - La présente zatu sera exécutée comme zatu du


Faso et publié au Journal Officiel du Faso .
Ouagadougou, le 31 juillet 1986
Capitaine Thomas SANKARA .
ANNEXES
ORDONNANCE no 85-44 /CNR /PRES portant suppression
du Conseil Supérieur de la Magistrature.

LE PRESIDENT DU FASO ,

Vu la proclamation du 4 août 1983;


Vu l'ordonnance n° 83/ 1 /CNR du 4 août 1983 , portant création du
Conseil National de la Révolution ;
Vu l'ordonnance n° 84/43 /CNR/PRES du 2 août 1984 , portant
changement d'appellation et symboles de la Nation ;
Vu le décret n° 85/415/ CNR/PRES du 12 août 1985 , portant disso
lution du Gouvernement du Burkina Faso ;
Vu le décret n° 85/416/CNR/PRES du 12 août 1985 , portant
nomination de Coordonnateurs Généraux auprès du Président du
Conseil National de la Révoluion et du Faso ;
Vu l'ordonnance no 85 / 12/CNR/PRES du 27 février 1985 , fixant
la composition, le fonctionnement et les attributions du Conseil Supé
rieur de la Magistrature;
Vu l'ordonnance no 85/43/CNR/PRES du 29 août 1985 , portant
nouvelle organisation judiciaire au Burkina Faso ;
Vu le décret no 85/ 339/CNR/PRES/MED/MIJ du 19 juin 1985 ,
portant réorganisation de l'administration centrale du Ministère de la
Justice .
Vu les transformations profondes opérées ou à opérer dans tout
l'appareil judiciaire conformément aux exigences de la Révolution
Démocratique et Populaire.

ORDONNE

Article premier. - Le Conseil Supérieur de la Magistrature


est supprimé.

Art. 2. - Sera mis en lieu et place ultérieurement un


organe qui prend en compte les nouvelles réalités politico
juridiques du Burkina .
Art. 3. - La présente ordonnance qui abroge toutes dispo
sitions antérieures contraires, sera exécutée comme loi de
l'Etat .

Ouagadougou, le 29 août 1985 .


Capitaine Thomas SANKARA

89
KITI no 85 /25 /CNR /PRES portant attribution et compé
tence de Mandataires de Justice.

LE PRESIDENT DU CONSEIL NATIONAL DE LA REVOLUTION ,


PRESIDENT DU FASO, CHEF DE L'ETAT
Vu la proclamation du 4 août 1983 ;
Vu l'ordonnance no 83/ 1 /CNR du 4 août 1983 , portant création du
Conseil National de la Révolution ;
Vu le Kiti no 85/ 2/CNR/PRES du 31 août 1985 , portant création
des structures dirigeantes de l'exécutif révolutionnaire au Burkina Faso ;
Vu le Kiti no 85/ 3 /CNR/PRES du 31 août 1985 , portant composi
tion du Gouvernement Révolutionnaire du Burkina Faso ,

PRONONCE :

Article premier . - Il est créé dans chaque Compagnie de


Gendarmerie du Burkina Faso , une équipe de Mandataires
et de Mandataires Adjoints de Justice . Ils exercent leur
fonction sous le contrôle d'un Inspecteur et sous l'autorité
des Procureurs du Faso et Procureurs Généraux.

Art. 2. - Les Mandataires de Justice exercent exclusive


ment les fonctions précédemment dévolues aux Huissiers. A
ce titre ils sont chargés de notifier les actes et de mettre à
exécution les décisions de Justice ainsi que les actes ou titres
en forme exécutoires lorsqu'un autre mode de notification ou
d'exécution n'a pas été précisé par les lois et réglements.
- En outre les Mandataires de Justice peuvent procéder au
recouvrement à l'amiable de toutes créances au profit des
personnes physiques ou morales, ilspeuvent procéder égale
ment à la vente d'immeubles ou d'effets mobiliers.

- Ils peuvent être requis pour constater des faits purement


matériels, exclusifs de tout avis sur les conséquences de fait
ou de droit qui peuvent en résulter. Dans ce cas ces consta
tations n'ont valeur que de simples renseignements.

Ils accomplissent ces fonctions soit personnellement,


soit par l'intermédiaire de leurs adjoints.
Art. 3. - Dans le cadre de leurs missions, les Mandataires
de Justice et leurs Adjoints ont le droit de réguérir la force
publique.

90
- les responsables des services administratifs, les Directeurs
des Organismes étatiques et para-étatiques, les Chefs des
entreprises privées sont tenus de déférer à toute réquisition
des Mandataires de Justice même verbale .

Il en est de même de toutes les autres personnes se


trouvant sur le Territoire National et de tous les Nationaux
se trouvant à l'étranger dont un Mandataire jugera utile de
réquérir les services.
Art . 4. - Toute personne ayant la responsabilité de l'utili
sation d'un moyen quelconque de l'Etat est tenue de le
mettre à la disposition des Mandataires de Justice aussitôt
qu'elle en sera requise ; en son absence, tout autre de ses
collaborateurs devra faire diligence.

Art. 5. – Les Mandataires de Justice et leur Inspecteur


sont nommés par Raabo , annoncé par le Ministre de la
Justice .

Art. 6. – Les Mandataires de Justice sont tenus de porter


au bas des originaux des actes, leur coût total, le nombre de
copies qui en ont été dressées ainsi que le détail de tous les
articles formant le coût total de l'acte .

Art . 7. - Le Mandataire de Justice ne peut instrumenter au


nom d'une personne s'il n'a reçu un pouvoir exprès de cette
personne .
La remise d'un acte à un Mandataire de Justice vaut
mandat d'exécution au profit de la personne réquérante .
Art. 8. - Un mandataire de Justice ne peut exécuter un
acte au profit de deux ou plusieurs personnes dont les
intérêts sont contraires.

Art. 9. – Avant d'instrumenter, le Mandataire peut exiger


de la personne réquérante , en sus des droits et taxes au profit
du Trésor Public , une provision suffisante pour acquitter tous
droits et frais nécessaires à l'accomplissement de l'opération .
Il délivre reçu des sommes ainsi perçues.
Art . 10 . Les Mandataires de Justice sont tenus d’exercer
leurs fonctions dans le seul intérêt du Peuple Burkinabè et
des parties requérantes.

91
Ils accomplissent ce devoir avec probité, diligence, promp
titude et modération .
Tout refus d'instrumenter ou retard injustifié peut donner
lieu à des sanctions et engager la responsabilité civile du
Mandataire de Justice .

Art . 11. - Le Mandataire de Justice ne peut instrumenter


pour lui-même, pour ses parents , alliés ou collatéraux .
Il ne peut se rendre acquéreur directement ou indirecte
ment d'objets mobiliers ou immobiliers qu'il est chargé de
vendre .
Il lui est interdit d'être cessionnaire d'actions et droits
litigieux .
Les fonctions de Mandataire de Justice sont incompatibles
avec toutes activités commerciales ou réputées telles.
Art. 12. - Il est interdit aux Mandataires de Justice
d'exiger des sommes d'argent ou d'en recevoir, en dehors de
celles prévues au profit du Trésor Public et de celles stricte
ment nécessaires à l'accomplissement des opérations. Toute
perception de somme d'argent fixées par les règlements à
son propre profit, constitue une concussion poursuivie et
réprimée comme telle .
Art.13. – les perceptions d'argent et le recouvrement des
créances effectués par les Mandataires de Justice poursui
vent trois buts :
a) payer un créancier réquérant ;
b ) couvrir des dépenses occasionnées par des frais de
déplacement et moyens matériels pour l'accomplissement
des actes ;
c ) versement au Trésor Public .
A cet effet, le Mandataire de Justice tient une comptabili
té .

Aucune perception , aucun recouvrement, aucune dépense


ne peut s'effectuer sans reçu ou titre justificatif.
Art . 14. – Tout manquement aux devoirs et obligations
imposés aux Mandataires de Justice et aux Mandataires
Adjoints est sanctionné par l'une des mesures suivantes :
a ) avertissement ;
b ) destitution .

92
Les mesures ci-dessus sont prises sans préjudice des
sanctions qui peuvent intervenir dans le corps d'origine du
Mandataire de Justice pour les mêmes faits.
Art. 15. - Le Mandataire de Justice destitué cessera immé
diatement ses fontions dès notification de la décision de
destitution . Un inventaire des affaires est établi et signé par
lui avant son départ.

La destitution est sans préjudice des poursuites judiciaires


qui pourront intervenir pour les actes délictuels qui auraient
été commis pendant son mandat .
Art. 16. - La discipline des Mandataires de Justice et de
leurs Adjoints est assurée par la Délégation Centrale à la
Justice Populaire . Lorsque cet organe se réunit en Commis
sion disciplinaire il s'adjoint l'Inspecteur des Mandataires.
Art . 17. - La carrière des fonctionnaires nommés aux
fonctions de Mandataires de Justice est réglée du point de vue
de leur avancement , par leur corps d'origine.
Art. 18. – Dans l'exercice de leurs fonctions, les Mandatai
res de Justice , les Mandataires Adjoints doivent porter sur
eux une carte professionnelle délivrée par le Ministre de la
Justice .
Tout citoyen a le droit d'exiger avant d'obtempérer à une
injonction, la présentation de la carte professionnelle.

Art. 19. – Le Ministre de la Justice , le Ministre de la


Défense Populaire son chargés chacun en ce qui le concerne,
de l'exécution du présent Kiti qui sera enregistré et publié au
Journal Officiel du Faso .
Ouagadougou, le 30 septembre 1985 .
Capitaine Thomas SANKARA

Par le Président du Faso

Le Ministre d'Etat Délégué auprès


de la Présidence du Faso,
Ministre de la Justice Le Ministre de la Défense Populaire

Capitaine Blaise COMPAORE Commandant B. Jean Baptiste LENGANI

93
ORDONNANCE n085-50 /CNR /PRES portant suppression des
charges d'Huissiers de Justice, de Notaires et de Commis
saires Priseurs.

LE PRESIDENT DU FASO,
Vu la proclamation du 4 août 1983 ;
Vu l'ordonnance no 1 /CNR/ du 4 août 1983 , portant création du
Conseil National de la Révolution ;
Vu le Décret n° 85-415 /CNR/PRES du 12 août 1985 , portant disso
lution du Gouvernement du Burkina Faso ;
Vu le Décret n° 85-416/CNR/PRES du 12 août 1985 , portant nomi
nation de Coordonnateurs Généraux Délégués auprès du Président du
CNR Président du Faso ;
Vu la loi 22 / AL du 20 octobre 1959 , portant statut général de la
Fonction Publique ensemble ses textes d'application ;
Vu l'ordonnance no 85-043 /CNR/PRES du 29 août 1985 portant
nouvelle organisation judiciaire au Burkina Faso ;
Vu le décret n ° 83-147 / CNR /PRES/ MJ du 11 octobre 1983 , portant
éorganisation de l'Administration Centrale du Ministère de la Justice ;
Vu le Décret no 60 /PRES / J du 29 janvier 1963 , fixant le tarif des
frais de justice alloués aux huissiers et Commissaires Priseurs;
Vu les nécessités d'une révolutionnarisation de l'appareil judiciaire
au Burkina Faso ;
ORDONNE
Article premier. - Les charges d'Huissiers de Justice , de
Notaires et de Commissaires Priseurs sont supprimées.
Art . 2. Les fonctions précédement dévolues aux
Huissiers de justice seront exercées exclusivement par les
fonctionnaires désignés à cet effet.
Art. 3. - Les fonctions notariales sont exercées de plein
droit par les Greffiers en Chef des Cours et des Tribunaux .
Art. 4. – Les taxes perçues à l'occasion des actes relevant
précédemment des fonctions d'Huissiers et de Notaires sont
intégralement reversées dans les caisses de l'Etat .
Art. 5 . Les Juridictions Civiles sont désormais saisies
directement par le plaignant sur simple requête .
Art. 6. – La présente Ordonnance qui abroge toutes dispo
sitions antérieures contraires sera exécutée comme loi de
l'Etat .
Ouagadougou , le 29 août 1985 .
Capitaine Thomas SANKARA

94

1
1
ZATU NO 86-004 /CNR /PRES portant suppression de juridic
tions à formation spéciale en matière d'infractions commi
Ses par des militaires et abrogation de certains articles du
code de procédure pénale .
LE PRESIDENT DU FASO ,
Vu la proclamation du 4 août 1983 ;
Vu l'ordonnance n° 83-001 /CNR du. 4 août 1983 , portant création
du Conseil National de la Révolution ;
Vu l'ordonnance no 68.07 / PRES du 21 février 1968 , portant institu
tion d'un code de Procédure Pénale ;
Vu l'ordonnance no 70-034/PRES/DN/J du 13 août 1970 , relative
aux infractions d'ordre militaires et aux peines qui leurs sont appli
cables ;
Vu l'ordonnance no 70-069/ PRES/J du 30-12-1970 , relative à la
compétence et à l'organisation judiciaire en matière de justice militai
re ;
Vu l'ordonnance 85-043/CNR/PRES du 29 août 1985 , portant
nouvelle organisation judiciaire au Burkina Faso ;
Vu le décret n ° 85-329 / CNR /PRES/ MED/ MIJ du 19 juillet 1985,
portant réoganisation de l'Administration Centrale du Ministère de la
Justice .
PROCLAME :
Article premier . - Sont supprimées les Juridictions à for
mation spéciale en matière d'infractions de droit commun
commises par des Militaires ou assimilés.
Art. 2. - Sont abrogées les dispositions des articles 663 à
669 du code de procédure pénale en matière de crimes et
délits commis par des Magistrats et certains fonctionnaires de
l'Etat .
Art. 3. - Les Juridictions ordinaires sont compétentes
pour instruire et juger les infractions de droit commun
commises par des militaires ou assimilés, conformément aux
règles de procédure qui leur sont applicables.
Art. 4. – Ces Juridictions sont également compétentes
pour instruire et juger les crimes et délits commis par les
Magistrats de l'ordre judiciaire et administratif, ainsi que
ceux commis par les Hauts Commissaires, les Préfets, et tous
autres Officiers de Police Judiciaire sans distinction des
conditions dans lesquelles ces infractions sont commises.
Art. 5. – La présente Zatu sera publiée au Journal Officiel
du Faso .
Ouagadougou , le 16 janvier 1986 .
Capitaine Thomas SANKARA

95
CIRCULAIRE

LE MINISTRE D'ETAT DELEGUE AUPRES DE LA


PRESIDENCE DU FASO, MINISTRE DE LA JUSTICE

AUX

CAMARADES HAUT-COMMISSAIRES, CHEFS DE COURS


ET DE JURIDICTION , AUX DELEGUES CDR DES
COMITES DE VILLAGES ET DE SECTEURS
DU BURKINA FASO

La présente circulaire a pour but de vous apporter des


éclaircissements sur certains aspects du décret no 5 /405/
CNR/PRES/MED/MIJ portant organisation et fonctionne
ment des Tribunaux Populaires de Secteurs, Villages, Dépar
tements et Provinces du Burkina Faso .

1 ) SUR LA COMPOSITION DES TRIBUNAUX POPULAIRES

Tous les Tribunaux Populaires, qu'il soient de Secteurs, de


Villages, de Départements ou de Provinces, sont composés de
Huit (8 ) Membres, mais dans les faits au moment des
audiences, ce sont les membres titulaires seuls, au nombre de
trois ( 3 ) qui siègent :
- le Président
- deux ( 2 ) juges titulaires
Ils sont assistés du ou de la secrétaire titulaire .

L'article 19 s'interprète comme une situation qui entraine


l'établissement d'un procès verbal de carence lequel équivaut
à un procès verbal de non conciliation qui devra être transmis
au Tribunal Populaire Départemental (TPD) .
Le mot domicile dans le 6ème point de l'article 37 s'inter
prète comme résidence.

Dès que les débats sont clos, le Tribunal délibère et


prononce le verdict sans en avoir à le différer.
S'agissant des peines, l'article 28 stipule que les Tribunaux
Populaires ne peuvent prononcer des peines de prison .

96
L'objectif des Tribunaux Populaires étant la conscientisa
tion et l'éducation des masses, la création d'un climat de
camaraderie et l'élimination des tares féodales et les coutu
mes rétrogrades, le règlement des conflits dans les villages et
les secteurs s'effectue par le biais de la conciliation qui use
de la pression morale par la critique en vue d'amener les
parties à l'autocritique.
La notion de conciliation est donc prise ici au sens large en
ce qu'elle peut concerner même des affaires infractionnelles.
Le dernier alinéa de l'article 43 , qui stipule que toute
personne qui estime qu'elle a un intérêt lié à l'affaire présente
peut se joindre aux débats et à tout moment jusqu'au
prononcé du jugement doit être compris de la façon suivante :
Toute personne peut intervenir si elle a un intérêt quelconque
dans l'affaire et ce pendant les débats et jusqu'à la clôture.
Le grand A de l'article 35 fixe la compétence d'attribu
tion du Tribunal Populaire Départemental ( TPD ) en matière
de situations non contentieuses relevant de l'état des person
nes .

Il faut préciser que pour ce qui est de la ville de Ouagadou


gou les Tribunaux Populaires de Conciliation (TPC) qui
jouent en même temps le rôle de TPD, seront compétents
pour délivrer et rectifier les actes de naissance, les certificats
de résidence, d'hérédité, d'individualité, de tous les papiers
afférents à l'état des personnes dont la délivrance n'engage
pas une procédure contentieuse .

C'est dire donc l'importance de ces nouvelles structures


dans la vie des masses populaires, et il importe qu'une grande
sensibilisation, un vaste travail d'explication soient faits au
peuple des villages, des secteurs, des départements et des
Provinces afin que les tribunaux soient réellement leur chose
et répondent à leurs préoccupations quotidiennes.

La Patrie ou la Mort, nous Vaincrons !

Capitaine Blaise COMPAORE

97
DECLARATION DU C.N.R.

Vu la proclamation du 4 août 1983 .

Le Président du C.N.R. , Président du Faso décide : les


appellations Loi, Décret , Arrêté sont supprimées dans le voca
ulaire législatif et règlementaire du Faso .

En lieu et place les appellations suivantes consacrées :


La ZATU
Le KITI
Le RAABO
dépassent les concepts du droit bourgeois par leur contenu
révolutionnaire .

La ZATU prise par le Président du Faso est l'expression


générale de la volonté du peuple .

Le KITI est pris par le Président du Faso et peut porter le


contre - seing de Ministre .

Le RAABO est un acte pris par les autorités suivantes :


Ministre, Haut Commissaire, Préfet.
La ZATU est proclamée
Le KITI est prononcé
Le RAABO est annoncé .

LA PATRIE OU LA MORT , NOUS VAINCRONS !

Ouagadougou , le 31 août 1985 .


Capitaine Thomas SANKARA

99
IMPRIMERIE NATIONALE Dépôt Légal nº 1847
UNIVERSITY OF ILLINOIS -URBANA

3 0112 070736498

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