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Chapitre 5

INTRODUCTION AUX MILIEUX MAGNETIQUES

Un milieu est dit magnétique si la présence d’un champ magnétique excitateur


entraîne l’apparition d’un moment magnétique macroscopique.
Une charge électrique immobile crée un champ électrique seulement alors
qu’une charge en mouvement (un courant) crée un champ électrique et un champ
magnétique . L’induction magnétique est notée et est relié au champ magnétique
par la relation = où est la perméabilité magnétique du milieu.

5.1.) Champ et Potentiel magnétiques créés par un courant I.

Le champ magnétique est créé par des particules chargées q en mouvement


(courants électriques). La force résultante agissant sur la particule chargée est
appelée force de Lorentz. Son expression peut être considérée comme la définition du
champ électrique et du champ magnétique . Le champ magnétique ,
contrairement au champ électrique , n’exerce aucune force sur une charge
immobile.

= + ∧ = +

5.1.1.) Loi de Biot et Savart (pour un conducteur rectiligne)

Le champ magnétique et le potentiel vecteur Courant


créés en un point M par un élément de courant rectiligne I M
situé en un point P d’un conducteur sont:
∧ ( − ′) ⊗
= ! =
| − ′| 4 | − ′|
θ
4
"=
(# $# %)
est le vecteur unitaire suivant &'. "
|# $# %|
Où P


Ces deux vecteurs sont liés par la relation
= (! =∇∧
On peut réécrire ces expressions en fonction de la O
densité volumique de courant * localisée au point P à
- 01
l’intérieur du volume +. , = ⟹ * =
Analogue à la loi de
. 02
* ∧ ( − ′) *
Coulomb en
= + ! = +
électrostatique
4 | − ′| 4 | − ′|

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La loi de Biot et Savart est l’analogie de celle de Coulomb en électrostatique. La
force d’interaction entre deux fils parcourus par le courants I et I’ est:

∧ 6 ′ ∧ ( − ′)7
= 4 ∧ = 5
4 | − ′|
Entre deux boucles de courants C et C’, cette expression devient :

′ ⋅ ′( − ′)
=− 8 8
4 : :% | − ′|

Dans le cas d’une distribution volumique de courant, la force magnétostatique


produite par un champ magnétique ( ) sur un objet véhiculant une densité
volumique de courant *( ) vaut :
= 4 *( ) ∧ ( ) +
5.1.2.) Flux et circulation du champ magnétique : Théorème d’Ampère
• Le flux représente la quantité de lignes de champs qui passe à travers une surface
S.

Φ=4 ∙ =
.
Le flux du champ magnétique à travers une surface fermée S quelconque est nul.
On dit que le champ magnétostatique est à flux conservatif. Cette propriété est
traduite par l’intégrale suivante :

> ∙ ==0
.
En tenant compte du théorème de Gauss-Ostrogradski, on obtient l’équation
différentielle du théorème d’Ampère:
∇∙ =0
• La circulation du champ magnétique le long d’un contour fermé est égale au
produit de la perméabilité du vide et de la somme totale des courants enlacés:

4 ∙ =
@
est l’ensemble des courants circulants à l’intérieur du contour fermé.
Cette expression est la forme intégrale du théorème d’Ampère.
En tenant compte du théorème de Stokes, on obtient l’équation différentielle du
théorème d’Ampère:
∇∧ = *

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Cette équation implique que est rotationnel, c’est-à-dire que les lignes de champ
sont fermées, contrairement aux lignes de champ électrique.

5.1.3.) Equation de Poisson et de Laplace


En remplaçant par ∇ ∧ dans l’équation différentielle du théorème d’Ampère, on
obtient l’équation de Poisson pour le potentiel vecteur :
∇A = − *
En l’absence de courants, on obtient l’équation de Laplace :
∇A = 0
5.2.) Energie magnétique

Par analogie avec l’électrostatique, l’énergie magnétique est:

1 A
B = E +
2

5.3.) Interaction entre le champ magnétique et la matière


Si une substance est placée dans un champ magnétique externe FG , les
moments magnétiques des molécules acquièrent, sous l’action de ce champ, une
direction prédominante: on dit que la substance est aimantée, et le moment
magnétique résultant n’est plus nul. Dans ce cas, les moments magnétiques
individuels des molécules ne se compensent plus et il en résulte l’apparition d’un
champ magnétique H. Ce phénomène est appelé aimantation. Il règne alors dans le
matériau un champ moyen résultant tel que:
= FG + H
Dans cette expression et H représentent en fait les valeurs moyennes des
champs magnétiques sur un élément de volume infiniment petit.

5.3.1.) Moment magnétique - Mécanisme d’aimantation


Une petite spire de surface S, parcourue par un courant I constitue un dipôle
magnétique de moment magnétique dipolaire:

J =I∙=

En l’absence de champ magnétique extérieur, les moments magnétiques des


molécules sont orientés aléatoirement; le champ magnétique résultant est donc nul,
ainsi que le moment magnétique total de la substance.

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L’aimantation joue le même rôle que la polarisation dans les diélectriques.

C’est une grandeur vectorielle macroscopique notée ' qui caractérise à l'échelle
macroscopique le comportement magnétique d'un échantillon de matière. Elle a pour
origine les moments magnétiques orbital et de spin des électrons.
On définit donc le vecteur aimantation ou magnétisation comme le moment
dipolaire magnétique par unité de volume du matériau ou densité volumique de
moment dipolaire magnétique.
J
'= %
(ù J=' +
+
Où J est le petit moment magnétique apparaissant dans l’élément de volume + par
l’action du champ perturbateur.

Les matériaux ont des propriétés magnétiques très variables et sont classés selon
les catégories suivantes :

– Un matériau est ferromagnétique quand il porte une aimantation permanente


ou de longue durée plus importante que le champ inducteur.

– Un matériau est paramagnétique quand il présente une aimantation seulement


en présence d’un champ extérieur.

– Un matériau est diamagnétique quand il présente une aimantation opposée au


champ inducteur (exemples : bismuth, graphite, antimoine). L’aimantation est en
général faible. Les matériaux diamagnétiques ne sont influencés que par des champs
magnétiques extrêmement puissants.
NB: Un matériau qui ne possède pas de propriétés magnétiques est dit amagnétique

5.3.2.) Potentiel et champ créés à grande distance par un dipôle magnétique

( )= 8
4 @ | − ′|

En considérant une spire de surface S, parcourue par un courant constant , on montre


que le potentiel vecteur créé à grande distance, s’écrit:

J∧
( )=
4
Il s’en déduit le champ magnétique créé par le dipôle:

J∧ J∧ 3 ( ∙ J) − A
J
= (! =∇∧L M= ∇∧L M= L M
4 4 4 O

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On aperçoit une analogie avec le champ électrique créé par un dipôle en substituant P
à J.

Les composantes radiale et tangentielle de ce champ magnétique créé par un tel


dipôle sont respectivement:
2J J
= cos T ! = sin T
#
4 U
4
5.3.3.) Action d’un champ magnétique sur un dipôle magnétique

a) La force produite par un gradient de champ magnétique sur un dipôle magnétique


de surface S et de moment magnétique J s’écrit:

= (J ∙ ∇)BYZ[

Vue de dessus

Cela montre que le dipôle ressent une force que lorsque le champ magnétique est non
uniforme.
b) Le champ magnétique engendre aussi un couple de forces:

Γ = J ∧ BYZ[
Le dipôle dans un champ BYZ[ uniforme bouge mais ne ressent pas une force nette.

c) Et l’énergie potentielle d’interaction vaut:

]^G = −J ∙ B = −I_` ∙ B

5.4.) Potentiel vecteur et champ macroscopiques créés à grande distance par une
distribution de dipôles magnétiques
J ∧ ( − ′) En posant a = − ′, on a :
( )=
4 | − ′|
− ′ 1 1
=b c #% d e = f#% d e
| − ′ |3 a a
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'( % ) ∧ ( − ′) 1
( )= 4 +′ ( )= 4 '( % ) ∧ f ′ L M +′
4 | − ′| 4 a
Nous admettrons que cette expression En utilisant la relation:
du potentiel vecteur ( ) est utilisable f ∧ gh = f g ∧ h + gf ∧ h
pour tout point M, que celui-ci soit
extérieur ou intérieur au matériau
magnétique.
1 1
Où h = ' et g =
a
= |#$#%| , on obtient:

(! ' '∧`
( )= i4 +% + 4 _′j
4 2% | − ′| .% | − ′|

Où *kH = (!' est le vecteur densité volumique de courant d’aimantation.


*lH = ' ∧ ` est le vecteur densité surfacique de courant d’aimantation.
En appliquant le rotationnel, on déduit l'expression du champ magnétique créé par un
matériau aimanté au moyen des courants équivalents:

En tenant compte de la contribution des courants de conduction volumique *km et


surfacique *lm , le potentiel vecteur total devient :
, c+, o ,=c + ,=o
( )= n4 %
+ +4 _′p
4 2% | − ′| .% | − ′|

*lm ! *km sont les contributions des courant libres et peuvent être notées *l1 ! *k1 .
Par analogie aux milieux diélectriques, il s’en déduit le champ magnétique créé
par une distribution de dipôles magnétiques

3 ( ∙ Jr ) − A
Jr
= qL M
H
4 O
r

Sur la base de cette analogie, on est donc tenté d’interpréter ' comme une
densité de polarisation, d’utiliser les méthodes de l’électrostatique puis d’obtenir le
s yw
= x par = x′ dans l’expression du champ
tuvw tu
champ magnétique en remplaçant
électrique ainsi obtenue. On utilisera donc une distribution de charges fictives,
appelées masses magnétiques.

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5.5.) Vecteur excitation magnétique z
Le vecteur excitation magnétique est déterminé à partir de la forme locale du
théorème d’Ampère:

f∧ = * (ù * = *kH + *k1 =! c `=I!é ( "JI " !(!c o(" c`!

f∧ = (*kH + *k1 ) = *kH + *k1 = f∧'+ *k1

f∧ − ' = *k1

f∧L − 'M = *k1


{
= − ' est appelée vecteur excitation magnétique. C’est une
yw
La quantité
grandeur macroscopique qui ne dépend que des courants libres de conduction. La
forme locale du théorème d’Ampère devient :

f∧ = *k1

Avec le théorème de Stokes, on obtient la forme intégrale du théorème d’Ampère :

4 ∙ = 1
@
5.6.) Discontinuité du vecteur excitation magnétique z au travers d’une surface
chargée

- continuité de la composante normale de :


A `2 = s `1

- discontinuité de la composante tangentielle de en présence de courants libres


superficiels: GA − Gs = *l1 ∧ `s→A

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5.7.)
.) Milieux magnétiques linéaires homogènes et isotrope (milieux
(milieux LHI )

5.7.1.) Susceptibilité magnétique ~•


Pour un milieu magnétique,
magnétique l’aimantation s’écrit sous la forme :
1
'= } }

} : est la susceptibilité magnétique du matériau,, sans dimension.

5.7.2.) Perméabilité magnétique relative €•


On sait par ailleurs que : = '

Dans tout milieu magnétique LHI, en remplaçant ', on a :

= +' = + χƒ H 1 }

Ainsi, on introduit deux nouvelles


nouvelle grandeurs données par :

# 1 }
# 1 }

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(2017 Chapitre V : Introduction aux milieux magnétiques
magnét Page 8/8
Cette grandeur macroscopique # est appelée perméabilité magnétique relative du
milieu. C’est un nombre sans dimension. Ce paramètre quantifie l’importance des
mécanismes d’aimantation du matériau. Ainsi on a:

^ # =
avec la perméabilité magnétique absolue du matériau.

Dans le vide, = ^ et # =1

5.8.) Propriétés des milieux magnétiques


5.8.1.) Milieux diamagnétiques
Dans un matériau ne contenant pas d’ions ayant un moment magnétique permanent,
on observe systématiquement une faible aimantation en sens inverse du champ
magnétique B ; c’est le diamagnétisme. On l’interprète comme un phénomène
d’induction, au niveau microscopique, sous l’action du champ magnétique appliqué.
Le sens de l’aimantation est bien conforme à la loi de Lenz. La théorie du
diamagnétisme s’appuie donc sur le calcul du moment magnétique induit par un
champ magnétique.
Toutefois, ces dipôles magnétiques induits sont antiparallèle à BYZ[ , conduisant à
une aimantation moyenne ' et à un champ B… anti-parallèle à BYZ[ , et donc une
réduction total du champ magnétique.
De manière générale à la température ambiante, dans les milieux diamagnétiques la
susceptibilité magnétique est négative et très faible.

# < 1 ⟹ χƒ < 0 c( = − 10$O ≤ χƒ ≤ −10$ˆ


(χƒ ≈ −10$ˆ pour les gaz et χƒ ≈ −10$Š pour les solides et les liquides.
5.8.2.) Milieux paramagnétiques
Le paramagnétisme résulte d’un effet d’orientation des moments magnétiques
microscopiques préexistants dans le matériau, sous l’action d’un champ extérieur. Le
paramagnétisme s’apparente donc au phénomène d’orientation dans les diélectriques
constitués de molécules polaires. Dans les matériaux solides isolants, les moments
magnétiques sont localisés sur des atomes ou des ions. Ces derniers doivent posséder
un moment cinétique total non nul.
Il en résulte qu’un matériau paramagnétique est nécessairement constitué
d’atomes ou d’ions possèdent un moment électronique incomplète.

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Laissés à eux-mêmes, les dipôles magnétiques permanents dans un matériau
paramagnétique ne s’alignent jamais spontanément. En l'absence de toute application
champ magnétique externe, ils sont alignés de façon aléatoire.
Donc ' 0 ⟹ Bƒ‹Œ = 0.

Si on place un matériau paramagnétique dans un champ magnétique extérieur BYZ[ ; le


dipôle magnétique subit un couple Γ = J ∧ BYZ[ produisant ainsi une aimantation M
parallèle à BYZ[ . Le champ magnétique total est alors : B = BYZ[ + B… = BYZ[ + ^ M.

Ici on a un renforcement du champ magnétique. Dans la plupart des substances


paramagnétique, l’aimantation M n'est pas seulement dans le même sens que B, mais
aussi linéairement proportionnelle à B. Cela est plausible car sans l’action du champ
extérieure, il n'y aurait pas d’alignement des dipôles et, par conséquent, aucune
aimantation M.
Dans les milieux paramagnétiques χm est positive et varie en fonction de 1/T.

# > 1 ⟹ χƒ > 0
10$Š ≤ χƒ ≤ 10$

5.8.3.) Milieux ferromagnétiques


Certains corps solides présentent une aimantation en l’absence de champ magnétique
appliqué. Cette aimantation spontanée, connue depuis l’Antiquité, est appelée le
ferromagnétisme et les corps qui le possèdent les ferromagnétismes.
- Dans les matériaux ferromagnétiques, il existe
une forte interaction entre les moments des dipôles
atomiques voisins. Les matériaux ferromagnétiques sont
constitués de petites parcelles appelées domaines (a).
- Un champ BYZ[ externe appliqué aura tendance à (a)
aligner les dipôles magnétiques parallèlement à BYZ[ (b).
- La forte interaction entre les dipôles atomiques
voisins, cause des alignements forts des dipôles
magnétiques contrairement dans les matériaux
paramagnétiques.
(b)

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- Le champ résultant est de 10 à 10t fois le champ
appliqué. χƒ n’est pas constante.
- La relation entre BYZ[ et ' n’est pas unique; il
dépend de l’historique du matériau. Le phénomène est
connu sous le nom de l'hystérésis.

- Elle montre l’allure de la courbe de première aimantation puis le premier


cycle qui passe par l’aimantation rémanente pour la première annulation du champ
puis le champ coercitif négatif qui annule l’aimantation.
- L'interaction forte entre les dipôles atomiques peuvent conserver ces moments
alignés, même lorsque le champ magnétique externe est réduite à zéro. Et ces dipôles
alignés peuvent ainsi produire un champ magnétique fort, par eux-mêmes, sans la
nécessité d'un champ magnétique externe. C'est l'origine des aimants permanents.
# ≫ 1 ⟹ χƒ ≫ 1

5.9.) Les équations de Maxwell dans la matière

a) En régime variable, les équations de Maxwell relatives aux couples de champs


( , ) et (“, ) s’écrivent :

f∙ = (ù ” = ”1 + ”] ∇ ∙ “ = ”1


– ∇∧“ =− •
∇∧ =− –!
–! ∇∙ =0
∇∙ =0
–“
∇∧ = *k1 +
–!

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∇∧ L* M •
–!
(ù * = *k1 + *kH + *]
—˜
*] =
—G
est le courant de polarisation
a) En régime permanent, les équations de Maxwell relatives aux couples de champs
( , ) et (“, ) s’écrivent :

f∙ = (ù ” = ”1 + ”] ∇ ∙ “ = ”1

∇∧“ =0
∇∧ =0
∇∙ =0
∇∙ =0
∇∧ = *k1
∇∧ = * (ù * = *k1 + *kH

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