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Chapitre V.Materiaux magnetiques pour l’electrotechnique

I.Rôle et place de matériaux magnétiques en électrotechnique


• Les matériaux magnétiques interviennent dans la production de l’énergie électrique (alternateurs ),
dans sa consommation ( moteurs) et aussi dans la chaîne du transport par l’intermédiaire des
transformateurs.
• Les matériaux magnétiques sont la seule solution économiquement viable, pour produire et
consommer l’énergie électrique.

Question :peut - on envisager de construire de générateurs, des transformateurs et des moteurs sans utiliser
des matériaux magnétiques , pourquoi?
Réponse : oui
Interprétation : Imaginons 2 systèmes électromagnétiques devant remplir une même fonction. Le premier
constitué de bobinages sans fer parcourus par des courants et le second avec fer.
A cause de l’effet joule, avec les meilleurs conducteurs (cuivre) et dans des conditions usuelles de
refroidissement, dans le cas de bobinages sans fer les champs crées sont de l’ordre de 0.01 à 0.1 T. Par
contre des champs magnétiques 10 fois plus intenses sont
Ces champs sont facilement obtenus avec les matériaux ferromagnétiques usuels ( la machine sans fer devra
être 10 fois plus grosse que la machine avec fer pour un résultat donné).

II.Notions de magnéto0statique :
II.1 Champ magnétique créé dans le vide, par une distribution de courants électriques

 En magnétisme, la plupart des milieux usuels sont assimilé au vide, en particulier les conducteurs
comme le cuivre, à l’exclusion de quelques matériaux exceptionnels (ferromagnétiques) .  
Dans un repère (O, x, y, z), on imagine une distribution de courants supposée connue quelconque, J  r ' ,
satisfaisant aux lois de l’électrocinétique ;
 
Avec J la densité volumique de courant dans l’élément de volume dv’ situé en r ' (figure1).

Figure 1 – Notations utilisées pour le calcul du champ magnétique des courants dans le vide

L’existence de cette distribution de courants entraîne la présence d’un champ d’induction magnétique B r 

en chaque point M  r  de l’espace environnant, donné par la loi de Biot et Savart

(1)
L’intégrale est étendue à tout le volume où circulent les courants.
2
(B est en teslas et J en ampères par mètre carré)
et µ 0 (= 4 π · 10 –7 H · m–1 ) : la perméabilité du vide.
 
 En électromagnétisme le champ d’induction B r  possède deux propriétés remarquables :
 
1) En tout point M, B r  dérive d’un potentiel vecteur, on peut toujours trouver un vecteur A r  tel
que :


(2)
 B est un vecteur à flux conservatif. Toutes ses lignesde forces sont des courbes fermées.
 
2) S’il n’y a pas de courant au point M  r  , c-a-d pour J  r  0
  
 B  r  dérive aussi d’un potentiel scalaire, c-a-d on peut toujours trouver un scalaire U  r 

tel que (3)

U désigne le potentiel scalaire magnétique d’où dérive le vecteur champ magnétique (champ magnétique
d’excitation ):
 
H B
0
II.2 Application à un circuit électrique simple. Introduction du moment magnétique
dipolaire

Une petite spire circulaire de centre O , d’axe Oz , de rayon r ’, parcourue par un courant d’intensité I, créé
le champ magnétique en un point M supposé assez éloigné (r >> r’ ) (figure2).
   
On peut calculer facilement l’un ou l’autre des deux potentiels A r   0U  r  d’où dérive B r  .

Par exemple, pour le potentiel scalaire  0U  r 

(4)


S
désigne le moment magnétique de la spire, étant le vecteur axial de module πr’2
perpendiculaire au plan de la spire, et orienté en tenant compte du sens de circulation du courant I

Figure 2 – Étude du champ magnétique créé par un courant circulaire



Par analogie avec la notation donnant le potentiel électrostatique V  r  d’un dipôle électrique de moment

dipolaire P , situé en O

(5)
3
Pour un observateur éloigné, le champ magnétique (figure 3) créé par un petit courant circulaire ressemble,
en tout point, au champ électrique créé par un dipôle électrique.

On dit que la spire parcourue par le courant I constitue un dipôle magnétique.


Un dipôle électrique est constitué de deux charges électriques ponctuelles opposées (+ q et – q) localisées en
deux

points très rapprochés.
Si l désigne le vecteur infinitésimal qui va de la charge – q à la charge + q , par définition le moment
dipolaire électrique vaut: 

p ql
(6)
Par analogie, tout se passe comme s’il existait des pôles magnétiques capables de créer dans l’espace
environnant un champ magnétique coulombien.

Physiquement,ces pôles (grandeurs fictives), donnent une représentation très utile.

Par analogie avec la formule (6), on pose :

(7)
– m * et + m * : deux masses magnétiques fictives distantes de l
 Obtention de la représentation polaire du moment magnétique.

Le tableau 1 rappelle quelques formules de correspondance entre l’électrostatique et la magnétostatique du


vide qui en découlent.
Tableau 1 – Analogies entre formules de l’électrostatique et de la magnétostatique en représentation
polaire
Caractéristique Électrostatique Magnétostatique

Champ-potentiel

Potentiel créé par une charge ponctuelle

Force appliquée à une charge ponctuelle

Densité volumique d’énergie



Si on s’intéresse au potentiel vecteur A , au lieu du potentiel scalaire  0U
dans l’approximation r>>r’ :

(8)

(4) et (8) mènent au même résultat pour le champ d’induction magnétique :

(9)
 4
La figure 3 représente l’allure des équipotentielles et des lignes de forces du champ d’induction B créé par
le dipôle magnétique.
(4), (8) et (9) ne doivent pas être utilisées au voisinage immédiat de l’origine.

Figure 3 – Allure des équipotentielles et lignes de forces d’un champ dipolaire magnétique

Pour l’observateur éloigné, le moment magnétique est une source bien définie avec deux représentations
possibles, une représentation polaire et une représentation ampérienne (figure4).

Pour ces représentations, seuls le produit m*l d’une part et le produit IS d’autre part ont une signification
physique.

Figure 4 – Les deux modèles de moment magnétique

II.3 Introduction de la matière aimantée.


II.3.1.L’aimantation
La densité de particules est tellement élevée que la matière se présente à notre échelle comme un milieu
continu. On appelle densité d’aimantation, ou plus simplement aimantation , la densité volumique de
moment magnétique dipolaire en chaque point.
Pour la définir, on imagine un volume élémentaire de matière dv, à l’intérieur duquel on additionne
(vectoriellement) tous les moments magnétiques des particules composantes.

Soit le moment résultant. 


On appelle aimantation le vecteur J :

(10)
5
Avec ces notations , ayant les mêmes dimensions qu’un champ d’excitation (A · m ), J s’exprime
–1

dans la même unité que B en teslas (T).

L’aimantation est une grandeur physique qui représente la polarisation magnétique du milieu, qui constitue
donc la densité volumique de moment dipolaire
Le symbole normalisé de l’aimantation M (exprimé en A/m).
En réalité, J est la polarisation magnétique ou induction
 intrinsèque
J  0 M
II.3.2. Polarisation magnétique :

Certains matériaux (aimantés) sont constitués par une population de moments magnétiques élémentaires.
Quand on les plonge dans un champ externe que des champs d’induction qu’ils génèrent dans leur
environnement. Il est donc naturel de leur associer une distribution de moments magnétiques que l’on
caractérise par la polarisation magnétique définie en tout point P du matériau par la relation :


(11)

B et J sont deux grandeurs homogènes. La polarisation magnétique s’exprime donc en teslas.

II.4 Calcul du champ magnétique dû à un volume aimanté en un point extérieur à


l’aimant  
Dans le référentiel ( O x,y,z), un volume aimanté (v’),dont l’aimantation J  r ' est supposée connue en

chaque point et un observateur M  r  :
On s’intéresse aux seules les grandeurs magnétiques liées à la présence du volume aimanté ( notées avec
l’accent prime).

L’observateur est supposé situé à l’extérieur de la matière aimantée ( dans le vide).

Figure 5 – Notations utilisées pour le calcul du champ magnétique dû à un volume aimanté

Chaque élément de volume d v’ se comporte comme un moment élémentaire :

(12)
  
le champ d’induction B r  vu par l’observateur dérive à la fois d’un potentiel scalaire  0U '  r  et d’un
 
potentiel vecteur A '  r  , avec :

(13)

(14)
Les intégrales (13) et (14) peuvent être remplacées par les expressions mathématiques suivantes qui
représentent des potentiels scalaire et vectoriel :
6

(15)

(16)
S ’ : la surface du volume aimanté (v’)
n ' : le vecteur normal unitaire orienté vers l’extérieur.

Ces deux expressions montrent que :


 
— pour calculer le potentiel scalaire U '  r  d’où dérive le champ d’excitation H , on peut utiliser la loi de
 
Coulomb en remplaçant la distribution d’aimantation J  r ' par une distribution de pôles magnétiques
fictifs comprenant :
• une répartition volumique de pôles avec une densité :

(17)

• une répartition surfacique de pôles avec une densité :

(18)
— pour calculer le potentiel vecteur d’où dérive le champ d’induction , on peut utiliser la formule de Biot
et Savart en remplaçant la distribution d’aimantation par une distribution de courants fictifs, appelés
courants ampériens, qui comprennent :
• une répartition volumique avec une densité :

(19)
• une répartition surfacique avec une densité :
(20)
II.5 Cas d’un observateur situé à l’intérieur du volume aimanté
Si on considère le milieu aimanté comme continu, alors les intégrales (13), (14), (15) et (16) restent définies
partout, ce qui permet de calculer en tout point de la matière les deux vecteurs :

(21)
  
H 'r  (issu du modèle dipolaire) : le champ d’excitation au point M  r 
 
B' r  (issu du modèle ampérien) :champ d’induction
 
Les deux vecteurs sont issus de la répartition J  r ' .
  
Le théorème d’ Helmholtz permet de montrer qu’il existe entre B ' , H ' et J une relation extrêmement
simple valable en tout point de l’espace :

(22)

En général, les effets magnétiques conjugués dus à des courants et à la matière aimantée sont juxtaposés en
un même point. Les champs totaux sont alors les résultantes des différentes contributions.
7

 Ils satisfont respectivement aux lois de conservation du flux pour B et au théorème

d’Ampère pour H . 
À la surface de séparation
 entre deux milieux, la composante de B normale à la surface se conserve. Pour
le champ d’excitation H , c’est la composante tangentielle à la surface qui est conservée en l’absence de
tout courant superficiel.

II. 6 Considérations énergétiques


A l’intérieur de la matière aimantée , la variation d’énergie volumique

associée à une variation d’induction
dans une région de l’espace où règne un champ d’excitation H s’écrit :

(23)
Cas particulier : soit une rondelle de section S constituée d’un matériau isotrope sur lequel on bobine n
spires supposées non résistives, réparties de manière homogène et parcourues par un courant électrique i
obtenu sous l’application d’une tension u.

Figure 6 – Calcul de l’énergie d’aimantation sur le cas particulier d’un tore magnétique isotrope

Par application du théorème d’Ampère sur le contour moyen de longueur l :


H nI (24)
l

la loi de Faraday donne :


dB
u  nS (25)
dt

L’énergie pour faire varier le flux par spire de la quantité SdB est apportée par le générateur électrique qui
fournit la puissance électrique P = ui, combinaison de (24) et (25) mène à (23).

Si le tore est constitué par un matériau magnétique,

(26)
le premier terme d’énergie : est indépendant de la nature du tore et qui correspond donc à l’énergie
nécessaire pour établir le champ dans l’air,

Le second terme : l’énergie spécifiquement attachée à l’aimantation du matériau magnétique

III. Physique des matériaux magnétiques :


III.1. Magnétisme à l’échelle atomique :
III.1.1 Origine du moment magnétique atomique
8
Mouvement des électrons autour de l’atome------ moment magnétique atomique.
le mouvement de l’électron est assimilé à une spire de courant----- Moment cinétique et moment
magnétique orbitaux proportionnels
Les propriétés quantiques de l’atome ----- le moment magnétique orbital est obligatoirement multiple
d’une quantité élémentaire, le magnéton de Bohr :

avec

Constante de planck divisée par 2 π

valeur absolue de la charge de l’électron

masse de l’électron
À cette première contribution s’ajoutent les moments cinétique et magnétique de spin ( mouvement de
rotation de l’électron sur lui-même).

Dans le référentiel de l’électron, le mouvement du noyau crée un champ magnétique qui va donc interagir
avec le moment magnétique de spin de l’électron : il s’agit du couplage spin-orbite.
Pour les atomes présentant des orbites électroniques « pleines »,les moments se compensent globalement.
Dans certains cas liés à l’existence de sous-couches incomplètes, la compensation des moments n’est pas
totale et l’atome est magnétique.

III.1.2 Moment magnétique d’un atome isolé ( une vapeur, ou certains ions par exemple)

Le moment magnétique résultant pour l’ensemble de l’édifice ne dépend pratiquement que de la


structure électronique.

le moment dû au noyau est négligeable (de l’ordre de 1000 fois plus petit que celui dû aux électrons) .

Les électrons tendent toujours à s’apparier 2 à 2 avec des moments de spin opposés -- moment
magnétique résultant nul.

Les seuls atomes qui possèdent un moment magnétique non nul sont ceux qui possèdent des électrons non
appariés.

C’est le cas, en particulier, des atomes appartenant aux éléments de transition et les terres rares.
Quelques magnétons de Bohr (5 μB pour l’ion Fe3+,3 μB pour l’ion Cu2+, etc )

III.1.3 Moment magnétique dans un solide

Dans un solide les électrons se répartissent en bandes d’énergie et le bilan des moments qui en résulte
est beaucoup plus difficile à établir .Les couches profondes complètes ne contribuent pas au moment
magnétique.

Moment magnétique provient entièrement de la structure électronique de la matière. Il est donc très
sensible à l’environnement chimique. C’est une donnée de la nature au même titre que d’autres
grandeurs de même origine( la conductibilité électrique, par exemple).
9

Les couches périphériques= gaz d’électron  =0

Moment provient des couches incomplètes : métaux de transition :

Fer : =2.2 μB ( le moment magnétique de chaque atome de fer dans le cristal de fer :pour 26
électrons c’est peu !C’est pourtant un de moments parmi les plus grands qu’on connaisse pour
l’ensemble des métaux)

Ni =0.6 μB

Co =1.7 μB

III.2 Phénoménologie du magnétisme des matériaux à l’échelle microscopique :


III.2.1 Diamagnétisme

Le diamagnétisme : la modification des orbites électroniques par application d’un champ magnétique.

Plongé dans un champ d’excitation H , le matériau diamagnétique acquiert une polarisation (aimantation)

(27)

avec  d susceptibilité diamagnétique.


 d : est négatif, indépendant de la température (pratiquement constante pour la variation en 1/T). et de
l’ordre de 10–5.
Les électrons en mouvement autour des noyaux atomiques se comportent comme des spires de courant qui,
plongées dans un champ magnétique, vont sous l’action de la loi de Lenz générer un flux opposé à la
variation de flux occasionnée
 par l’application du champ H .
Les vecteurs H et J sont de sens contraires et l’aimantation disparaît avec le champ d’excitation.

La susceptibilité diamagnétique est un effet de très faible amplitude que l’on ne peut discerner que dans
les substances ne présentant aucun moment magnétique intrinsèque.

Donc Les diamagnétiques sont des substances pour lesquelles ce caractère est discernable, celles-ci
présentant obligatoirement des couches électroniques pleines.

III.2.2 Matériaux paramagnétiques :


les substances dont certains atomes, caractérisés par des couches électroniques incomplètes, sont porteurs
d’un moment magnétique permanent .
Le paramagnétisme concerne la situation où les atomes magnétiques sont dilués au sein de la substance
étudiée et donc sans interactions(les gaz d’atomes ou molécules magnétiques, certains sels d’éléments de
transition et de Terres rares et certains oxydes de Terres rares).
La loi de comportement est :
10

(28)
la susceptibilité paramagnétique est positive, généralement inversement
proportionnelle à la température (sauf dans le cas notable des métaux où les électrons de conduction peuvent
donner lieu à un paramagnétisme dit « de Pauli » indépendant de la température).
 p est généralement comprise entre 10–3 et 10–5 à température ambiante (tableau 9), bien supérieure à  d .
La plupart des gaz, certains métaux et quelques sels font partie de la catégorie des paramagnétiques.

Ces deux classes ( diamagnétique et paramagnétique) n’ont pas de propriétés magnétiques avantageuses en
technologie

. Figure 7

III.2.3 Matériaux ferromagnétiques :

Le matériau ferromagnétique présente une polarisation (aimantation) magnétique même en champ nul,
polarisation qualifiée pour cela de spontanée.
Les moments atomiques ont tendance à s’aligner parallèlement les uns aux autres, réalisant une mise en
ordre que l’on peut comparer à la mise en ordre géométrique (cristallisation).
L’aimantation est très importante et peut persister en l’absence du champ magnétique extérieur .Ce sont en
général des substances qui comportent des électrons non appariés dans des couches profondes écrantées par
des couches externes saturées

Exemple : le fer : la couche 4s complète fait écran à la couche 3d.

Dans ces matériaux , les moments magnétiques atomiques sont orientés dans le même sens sur de petits
domaines de cristallisation (interaction de proche en proche entre les atomes)

Sous l’action d’un champ magnétique assez fort , ces domaines tendent à s’orienter dans le même sens

 le champ magnétique résultant est renforcé ( aimantation ) .


 le matériau canalise les lignes de champ magnétique
11
 si on augmente le champ extérieur Bo , on atteint une limite de l’aimantation : le matériau est saturé

Figure 8
Une augmentation de température conduit à la destruction de l’ordre directionnel des moments magnétiques
(obtenue à la température de Curie notée Tc) pour laquelle la polarisation spontanée disparaît.
Au-delà de la température de Curie, on observe un comportement de type paramagnétique, avec une
susceptibilité inversement proportionnelle à
T – Tc. On parle alors de paramagnétisme de Curie-Weiss.

Matériau Tc en °C

Nickel 358

Fer 770

Cobalt 1115

L’existence d’une polarisation spontanée confère aux ferromagnétiques (et aux matériaux de comportements
macroscopiquement apparentés comme les ferrimagnétiques) des qualités irremplaçables pour les
applications.

On trouve deux grandes familles :


1) les Terres rares (Sm, Pr, Nd…) où les électrons responsables du magnétisme appartiennent à la couche 4f
2) Les métaux de transition (Fe, Ni, Co) où les électrons responsables du magnétisme appartiennent à la
couche 3d.
Les composés et alliages réalisés à partir de ces deux familles constituent donc la base des matériaux utilisés
en électrotechnique.

IV. Polarisation et classification des matériaux ferromagnétiques


IV.1 . Processus de polarisation
IV.1.1. Courbe de première aimantation
Le matériau est initialement démagnétisé (pas d’aimantation). On fait progressivement croître le champ
d’excitation dans lequel est plongé le matériau.
12

Figure 10:décomposition de la courbe de première aimantation

Figure 11 : Courbes de première aimantation de matériaux courants

IV.1.2 Cycle d’hystérésis

A partir d’un point (H, B) de la courbe de première aimantation, on diminue le champ H, l’induction B
ne repasse pas sur la même courbe. En conséquence, B nulle ne correspond plus à une valeur nulle de H. Il
subsiste une induction rémanente Br (l’induction qui demeure après la disparition du champ). Le champ
d’excitation doit s’inverser pour annuler B, c’est le champ coercitif Hc (le champ à appliquer pour annuler
l’induction). L’induction maximale est l’induction de saturation B sat. Figure 12.On assiste à un
phénomène irréversible car les domaines de Weiss sont bouleversés.

Figure 12 : cycle d’hystérésis


IV.2. Classification des matériaux ferromagnétiques

Figure13:
13

Figure14
L’observation des cycles d’hystérésis permet de regrouper les matériaux ferromagnétiques en deux
catégories :
 Matériaux ferromagnétiques doux :
Br plutôt élevée, Hc plutôt faible, Surface du cycle d’hystérésis faible.
 Matériaux ferromagnétiques durs :
Br plutôt faible, Hc plutôt. élevé Surface du cycle d’hystérésis élevée.

IV.2. 1 .Matériaux ferromagnétiques doux

 L’aimantation (jusqu’à saturation) se fait très facilement ( avec un champ Bo extérieur faible ), on
peut avoir une aimantation très forte ( B résultant fort).Cette aimantation pourra subsister quand on cessera
d’appliquer le champ extérieur : on a alors une aimantation rémanente forte .

Mais un faible champ extérieur contraire à l’aimantation ou une faible élévation de température ou même
des chocs seront suffisants pour que les domaines se réorientent aléatoirement avec perte de l’aimantation :
la désaimantation est alors facile .

Exemple : le fer , certains aciers de fer et nickel , des ferrites (ex : NiFe2O4 ) : ils sont utilisés dans les
bobines des moteurs , alternateurs transformateurs , etc …où ils sont soumis à des champs magnétiques
variables ).

IV.2.2.Matériaux ferromagnétiques durs:

Si l’aimantation jusqu’à saturation a nécessité un champ extérieur B o très fort alors l’aimantation sera
rémanente et permanente car les domaines resteront bloqués et nécessiteront beaucoup d’énergie pour
rebasculer ( nécessité d’un champ extérieur opposé très fort ou une haute température pour désaimanter le
matériau). Ils sont utilisés pour fabriquer des aimants permanents.

Exemple : magnétite , alliage AlNiCo , aciers spéciaux

V. Différentes pertes dans les matériaux magnétiques

 Hystérésis: déplacement des parois de Bloch, ce sont des pertes par « frottements ».
14
 Courants de Foucault : courants dans les circuits magnétiques conducteurs, ils dépendent
de la résistivité. Ces pertes sont minimisées par l’emploi de ferrites (matériaux de bonnes propriétés
magnétiques pour une résistivité élevée) .
 Traînage : dues au retard de B sur H.

V.1.Pertes par Hystérésis

Nous pouvons caractériser en termes électriques l’énergie fournie à un circuit magnétique, un tore par
exemple :

( 29)

Comme

(30)

Alors,

(31)

Puisque
15

(32)

Nous pouvons finalement écrire que,

(33)

L’énergie fournie au circuit magnétique par unité de volume s’écrit alors :

(34)

A partir de l’équation (34), nous pouvons représenter l’énergie magnétique fournie au tore directement sur
une caractéristique B-H . la surface hachurée représente la quantité d’énergie totale emmagasinée sous
forme de champ magnétique :

Les matériaux magnétiques sont capables de retenir l’aimantation et présentent un cycle d’hystérésis.

Par conséquent, en présence d’un champ magnétique alternatif, un matériau emmagasine de l’énergie
magnétique provenant du champ mais ne restitue pas toute cette énergie lorsque l’on retire le champ
( schéma ci-dessous)
16
Du point de vue de la physique, on explique ces pertes par la présence d’impuretés dans le matériau ou de
dislocations dans sa structure cristalline, empêchant la mobilité normale des parois de domaines.
Les pertes par hystérésis sont fonction de la fréquence.
L’équation de Steinmetz permet de les estimer :

(35)
Avec KH , une constante en [W/kg] , m la masse du matériau et n, l’exposant de Steinmetz, propre au
matériau, fourni le plus souvent dans la documentation des manufacturiers de matériau magnétiques(1.5<
n<2)

V.2.Pertes par courants de Foucault

Une variation de flux magnétique induit une tension.

Par conséquent, lorsqu’on utilise un matériau magnétique conducteur dans une application, la variation de
flux produit des courants de circulation au sein du matériau, proportionnels à la tension induite. La
circulation de ces courants induits non désirés provoque un échauffement et donc des pertes qu’on appelle
alors pertes par courants de Foucault.

Les courants de Foucault ne sont limités que par la résistivité du matériau dans lequel ils circulent,

Les pertes par courants de Foucault sont proportionnelles au carré de la fréquence. On peut les estimer à
partir de la formule suivante :

(36)
avec Kf une constante en [ W/kg], laquelle peut être approximée par la formule :

(36.1)

où le rapport m/V représente la masse volumique du matériau. Dans le cas du fer, le rapport (m/V) est de
7870 Kg/m3
Le paramètre b représente la moitié de l’épaisseur du barreau soumis à l’induction magnétique sinusoïdale
d’amplitude B. Pour diminuer les pertes par courants de Foucaults, on aura intérêt à réduire l’épaisseur du
matériau.
17
Dans les applications, on favorisera donc l’utilisation de tôles minces au lieu de blocs épais, tel que l’illustre
la figure suivante :

Le paramètre ρ représente la résistivité électrique du matériau soumis à l’induction magnétique.


Pour diminuer les pertes par courants de Foucault, on aura intérêt à utiliser un matériau possédant une
résistivité la plus haute possible.
Il est à noter que les expressions (36) et (36.1) ne sont valides que lorsque l’épaisseur du bloc de matériau
magnétique est inférieure à la profondeur de peau δ, i.e :

2b<δ (36.2)
Où δ représente la profondeur de peau du matériau.
Lorsque cette condition est rencontrée, on dit que les courants de Foucault sont limités par la résistance
électrique.
Lorsque cette condition n’est pas rencontrée (i.e. pour des blocs épais), les courants de Foucault sont plutôt
limités par la loi de Lenz, qui tend à empêcher une variation instantanée des courants dans le matériau.

A noter que, dans leurs spécifications techniques, les manufacturiers de matériaux magnétiques décrivent
habituellement les pertes totales à une fréquence et une induction donnée, lesquelles incluent les pertes par
hystérésis et les pertes par courants de Foucault.

VI. Principales familles de matériaux magnétiques doux

1) Fe, feSi, FeCo, FeNi


2) Matériaux magnétiques amorphes
3) Ferrites

VI.1. Fe,FeSi
18

Caractéristiques du Fe et FeSi :
Fe=2.2μB, Tc=770°C ; ρ #10.10-8Ω.m
Addition de silicium :--
 avantage mécanique : (Si augmente la dureté)
 Avantage métallurgique
 Résistivité augmente avec le silicium ; ρ =45.10-8Ω.m pour 3% Si
TC diminue quand % Si augmente
 Js diminue quand % Si augmente ::: Js=2.16 pour Fe ;Js=2.0T Pour FeSi 3%

VI.2. Alliages FeNi


a) Caractéristiques
 Composition intéressante entre 30% et 80%Ni
 Fe :2.2 μB ;Ni=0.6 μB mais Js ne peut pas être relié directement au % de Fe et Ni
Js=0.4 à 1.6T
 ; ρ diminue quand Ni augmente ; ρmax=80.10-8 Ω.m pour 30% Ni
 Tc très variable : Tc= Tamb pour 30%Ni ;Tc=max=610°C pour 70%Ni

b) Principales familles de FeNi :


 FeNi30% alliage pour compensation thermique
 FeNi36% application en régime impulsionnel et f<100Khz
 FeNi50% amplificateurs magnétiques, disjoncteurs différentiels
 FeNi70à80% (permalloys) blindage,disjoncteurs différentiels, transformateurs têtes de
lecture

VI.3. Alliages FeCo

a) Caractéristiques
 Fe :2.2 μB ;Co=1.7 μB
FeCo --Jsmax=2.4T
 ; ρ faible ; 5 à 25.10-8 Ω.m
 Tc élevée #1000°C
b) 2 principales familles de FeCo
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 FeCo25%
 :Js#2.4T,Tc#1950°C, faible vieillissement -700°C
 Forte anisotropie et faible résistivité
 Circuit massif : pièces polaires d’électroaimant
 FeCo50% forte utilisation dans les applications à hautes inductions :téléphonie

VI.4. Matériaux magnétiques amorphes


a) Caractéristiques
 Tc faible #400°C
 Température de cristallisation 400 à 600°C
 Aimantation à saturation : fortement liée à la composition Js 0.6 à 1.6 T
 Résistivité ; ρ# 3 à 4 fois celle du FeSi 3%
 Bonnes propriétés mécaniques
b) 2 grandes familles
 Amorphes riches en Fe
 Js augmente
 Transformateurs à 50-60Hz
 Capteurs
 Amorphes riches en Co,Ni
 Js faible
 Même application que FeNi
 Composants électroniques, systèmes de surveillance, capteurs, blindage

VI.5. Ferrites
a) Structure : Oxydes de formule générale MO,Fe2O3 ou M :Mn2+,Fe2+,Cu2+,Mg2+,Ni2+
Comportement ferrimagnétique
b) Obtention : Industrie de céramiques
c) Principales propriétés
 Stables thermiquement et chimiquement
 Durs et fragiles
 Js <0.5T. Tc variable
 ρ (: Fe3O4)=10-4 Ω.m = 1000 ρ (fer)
 ferrites usuels 1< ρ<105 Ω.m
Application : télécommunication et radio, filtre, transformateur large bande, antenne de poste portable,
bagues de déflection de tube TV, transformateur de balayage TV,……

VII. Matériaux durs :   


 Dans les aimants : B ,  0 H et J sont du même ordre de grandeur(de l’ordre du
tesla).

VII.1. Cycle d’hystérésis

 Le cycle d’hystérésis des matériaux pour aimants : aussi large que possible l’aimant peut
conserver son aimantation même en présence d’un environnement défavorable.
  
 Le champ H est démagnétisant (s’oppose à B et J ) seule la partie du cycle d’hystérésis
appartenant au second quadrant est représentée sous la dénomination courbe de désaimantation
20
 Deux représentations utilisées : B (H ) et J (H) .
 Deux champs coercitifs : H cJ (le champ d’excitation qui annule l’aimantation) et H cB (i annule
l’induction dans la matière)
Aimantation rémanente(L’aimantation en champ nul) est égale à l’induction rémanente : Jr=Br
 l’aimantation rémanente Jr est supérieure à µ 0 H cB.


Figure 9 – Courbes de désaimantation d’un aimant en ferrite de type
FXD 405 à 25 °C
VII.2. Les circuits magnétiques à aimants
 Un aimant nu ne permet pratiquement jamais de remplir toutes les exigences du constructeur au
meilleur coût. Les aimants sont chers, durs et fragiles ; ils ne sont disponibles qu’en géométrie simple
et difficiles à usiner à des cotes précises  l’ intérêt à leur associer des pièces annexes en matériau
ferromagnétique doux(pièces polaires) pour constituer un circuit magnétique.

 Le rôle d’un circuit magnétique consiste à créer un champ magnétique convenable dans un volume
choisi appelé entrefer. Cette association des trois milieux (l’aimant permanent, le ferromagnétique
doux et le vide) se retrouve dans la majorité des circuits magnétiques à aimants.

VII.3 Alnico, Ticonal :

Les alliages les plus largement utilisés comme matériaux magnétiques durs comportent en particulier du fer,
du cobalt et du nickel, puis dans des proportions plus restreintes, de l’aluminium et du cuivre, parfois
d’autres éléments encore. Ces matériaux (Alnico ou Ticonal).
VII.4 Ferrites:
Les ferrites en Barium et au Strontium sont des matériaux magnétiques durs aux propriétés
intéressantes. Leur caractéristique de désaimantation se différencie nettement de celle des Alnico; par un
champ coercitif plus élevé et une induction rémanente plus basse. Les ferrites ont moins chers que les
Alnico, ils permettent la fabrication d'aimants souples par la dispersion de poudre de ferrites dans des
substances telles que les thermoplastiques et les élastomètres.

B(T)
21

Alnico

Ferrite au
barium

-200 H(KA/m)
Figure 10
VII.5. Autres matériaux:

Les composés de terres rares, répondant à l'une des formules générales RM,RM 2, RM5,R2M17, R désigne
une terre rare, ou l'utrium et M est un métal de transition. Le composant le plus intéressant sur le plan
pratique est actuellement le SMCO5. Son prix demeure relativement élevé en raison du coût de raffinage du
samarium. La technique des poudres comprimés et également utilisée pour fabriquer des aimants. La
technique des poudres est très adaptée à la fabrication des aimants aux formes compliquées et requérant une
grande précision mécanique.

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