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Chapitre 2 Matériaux Magnétiques

Chapitre 2

Matériaux Magnétiques

2.1 Introduction

De nos jours, l’importance du magnétisme dans notre vie a poussé les physiciens vers la
compréhension avancée et approfondie des propriétés magnétiques des solides ainsi qu’à
l’origine des moments magnétiques et leur arrangement naturel.
Les matériaux magnétiques sont actuellement au cœur du développement scientifique et
technologique moderne. Leur utilisation est étendue à travers les champs d'applications à savoir,
l'énergie électrique, l'informatique, dans les machines électriques….
Cela revient aux propriétés magnétiques très variées que possèdent ces matériaux,
propriétés qui se manifestent à différentes échelles telles que l'échelle atomique, microscopique
et macroscopique, ce qui les rend un vaste domaine de recherche que se soit pour les physiciens
ou pour les technologues.
Pour la maîtrise des matériaux magnétiques, les recherches s'orientent ces dernières
années vers le développement de :
• Modèles caractérisant le cycle d'hystérésis qui est la propriété la plus remarquée dans ces
matériaux.
• Modèles pour la quantification des pertes d'énergie dans ces matériaux pendant leur
fonctionnement.
• Nouveaux matériaux plus performants.

2.2 Définition

Soumises à une induction magnétique, certaines substances se mettent à produire elles


mêmes, dans le volume qu’elles occupent et à l’extérieur, une induction magnétique. On dit
qu’elles s’aimantent ou se polarisent magnétiquement. Cette propriété se manifeste très
visiblement dans certains matériaux appelés matériaux magnétiques

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2.3 Origine microscopique du magnétisme

Un matériau magnétique est composé d’un ensemble de cristaux. Chaque cristal est une
structure spatiale périodique d’ions d’éléments simples. Chacun de ces ions étant formé d’un
noyau et d’un nuage d’électrons. En physique l’électron décrit une orbite dont le déplacement de
charge est équivalent à un courant. D’après la loi d’Ampère, ce courant crée un moment
magnétique appelé «moment orbital ». En parallèle, on décrit improprement le spin de l’électron;
comme la rotation de l’électron sur lui-même qui donne un moment magnétique dit « moment de
spin ».
Les propriétés magnétiques d’un matériau sont attribuables au spin des électrons et, à leur
mouvement orbital autour du noyau.
Le moment magnétique total de l’atome est la somme des moments orbitaux et des
moments de spin.

2.3.1 Moment magnétique orbital

Ce moment est lié au moment cinétique (Gl) résultant du mouvement orbital par la
relation:
Ml = - (e/2m)Gl
La direction opposée des deux moments est due à la charge négative de l’électron.

2.3.2 Moment magnétique de spin

En tournant sur lui-même l’électron crée un moment cinétique de spin Gs qui peut
prendre deux valeurs distinctes. Gs = 1/2(h/2π) et Gs = -1/2(h/2π).
Proposée initialement par S.A.Goudsmit et G.Uhlenbeck pour rendre compte des spectres
atomiques (1925), la notion de spin a été justifiée ensuite par Dirac en application de la
mécanique quantique. A ce moment cinétique de spin est associé un moment magnétique de spin
tel que:
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Ms = - (e/m)Gs
Il apparaît que le spin est deux fois plus efficace qu’un moment orbital dans la production
du moment magnétique.
Le moment magnétique atomique total est la somme des moments magnétiques orbitaux
et de ceux produits par le spin. Dans une situation fréquemment rencontrée appelée « couplage
de Russel-Saunders » ou couplage L.S.

2.4 Magnétismes du point de vue macroscopique

Au voisinage des aimants permanents et des conducteurs de courant électrique, c'est-àdire


à proximité des charges électriques en mouvement. Une induction de 1 tesla correspond à un flux
magnétique de 1 weber pour une surface de 1 [m2]

Dans le vide, L’induction B est créée par un circuit électrique parcouru par un courant I.
En un point donné M de l’espace, on a toujours une relation du type :

B  BM  0  kI

Le produit « kI » caractérise l’action en M du circuit électrique parcouru par le courant I.


On dit que le milieu magnétique caractérisé par µ0, est excité par le circuit électrique

« kI » et on définit ainsi le vecteur excitation magnétique H qui vérifie la relation :
 
B  0  H ---> B en tesla et H en A/m

Dans le vide les vecteurs champs d’induction magnétique B et champ d’excitation
  
magnétique H sont colinéaires puisque liés par la relation : B  0 .H , où  0 est la perméabilité
magnétique du vide en T.m/A.
Dans un milieu magnétique quelconque mais isotrope, ces vecteurs restent colinéaires.

On définit le vecteur aimantation M qui indique l’influence du milieu. Champ d’excitation et
aimantation se superposent pour exprimer le champ d’induction :
  
B  0 .H  0 .M

Or l’aimantation est proportionnelle au champ d’excitation, si bien que :


 
M   .H
 est la susceptibilité magnétique du matériau.
 
Il en résulte une nouvelle expression liant B et H :
   
B  0 (1   ).H  0 .r H  .H
Où  est la perméabilité absolue.
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r la perméabilité relative du matériau. Les matériaux peuvent être classés suivant leur
comportement, c’est-à-dire suivant leur susceptibilité magnétique  .

2.5 Caractéristiques des matériaux magnétiques

2.5.1 Perméabilité du vide µo (mu zéro)

Les matériaux magnétiques laissent passer les lignes de force avec une certaine facilité.
Ils sont caractérisés par une perméabilité relative. La perméabilité relative est symbolisée par la
lettre grecque µ(mu). Elle représente la facilité avec laquelle les lignes de force magnétiques
peuvent s'établir dans le matériau.
Tous les matériaux ont une perméabilité, même s'il ne s'agit pas de matériaux
magnétiques, comme le vide par exemple. L'air se comporte de façon identique au vide. Sa
perméabilité est symbolisée par µo et elle est donnée par la relation suivante :

µo =4 π 10-7 T.m/A. ou (Wb/A.m)

2.5.2 Perméabilité relative µr

La perméabilité relative est la valeur dont il faut tenir compte lorsque nous introduisons
un noyau dans une bobine. Pour les matériaux non magnétiques elle a été admise comme 1,
puisque ces matériaux ne facilitent pas le passage des lignes de force. Par contre, il n'est pas
possible de faire pareil avec les matériaux magnétiques. Ils ont tous un comportement différent
en fonction de leur composition.
C'est pourquoi leur perméabilité a été appelée perméabilité relative. Elle est symbolisée
par µr .Elle qualifie la facilité avec laquelle les charges magnétiques peuvent se déplacer dans le
matériau.

2.5.3 Flux magnétique Ф (phi)

Le flux magnétique Ф quantifie le nombre de ligne de force d'un champ d'induction B,


traversant l'aire A d'une matière. Le flux d'induction magnétique Ф représente le produit de
l'induction magnétique B pour une aire A bien délimitée: Ф = B A cos α (Wb).
B : induction magnétique [T], A : aire de l'aimant [m2], α : angle d'inclinaison [°]

2.5.4 Perméance Λ : (lambda)

La perméance Λ n'exprime avec quelle facilité les charges peuvent passer à travers la
matière, en fonction du flux magnétique Ф par rapport à la différence de potentiel magnétique:

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Λ =Ф/(θA - θB) [H] [henry].

2.5.5 Réluctance R

La réluctance R exprime l'opposition faite au passage des charges électriques dans un


circuit magnétique constitué par la matière. Nous parlons parfois de résistance magnétique.
Elle est l'inverse de la perméance. Relation : R =1/ Λ Symbole de l'unité : [H-1]

2.5.6 Saturation du circuit magnétique B


µR BMAX

3
2
1 H=kI
H=kI

Les machines électriques fonctionnent dans la zone utile « 2 » (légèrement saturée). En


zone saturée « 3 », le courant I créant B est trop élevé (échauffement de la machine). En zone
linéaire « 1 », le champ B est trop faible.
Tableau 5.1 Analogie entre circuits électriques et magnétiques
Induction magnétique B Densité de courant J
Flux de l’induction  (Wb) Courant I (A)
Réluctance R Résistance R
Champ magnétique H Champ électrique E
d.d.p magnétique (circulation de H) Vm d.d.p électrique (circulation de E) V
Force magnétomotrice NI (A/m) Force électromotrice E(V)

On peut donc appliquer les lois de Kirchhoff et les formules d’association de réluctances
sont les mêmes que pour les résistances.

2.6 Critères de classification des matériaux magnétiques


Les matériaux magnétiques sont classés selon des critères désirés par le génie électrique
et qui sont donnés comme suit :

2.6.1 Aimantation

C’est un critère qui représente une grandeur physique privilégiée, lors du choix des
matériaux magnétiques pour la construction électrique, qui est basé sur l’importance de la
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polarisation magnétique. Mais il existe des matériaux magnétiques exceptionnels, comme le fer
et un certain nombre d’aciers et alliages pouvant atteindre une aimantation importante dans un
environnement favorable.
A la place de l'aimantation, les spécialistes des matériaux qui travaillent en construction
électrique préfèrent utiliser généralement la polarisation magnétique : J 0 M
J s'exprime en Teslas, unité commode pour évaluer les performances de nombreux
matériaux magnétiques industriels.

2.6.2 Hystérésis -Cycle d’hystérésis

C’est un critère très important de caractérisation des matériaux magnétiques et à partir de


ce critère on peut les classer en deux catégories, la première contient les matériaux magnétiques
durs et la deuxième contient les matériaux magnétiques doux.

Le cycle d’hystérésis est une représentation magnétique du phénomène d’hystérésis qui


permet une lecture énergétique du matériau et aussi des grandeurs magnétiques désirées
caractérisant le matériau.
Si on applique à un matériau magnétique une excitation H alternative, on obtient dans le
plan « B, H » un cycle d’hystérésis. Cela se traduit par des pertes proportionnelles à la fréquence
f de l’excitation H :
Pertes par hystérésis: Ph = k1* f * B2max

Remarques :

 k1 dépend du matériau et est proportionnel à la surface du cycle : pour diminuer les


pertes, il faut diminuer la surface du cycle: utilisation de matériaux doux ex : acier au
silicium.
 Dans les aimants permanents, on recherche des valeurs importantes de BR et HC : il faut
donc augmenter la surface du cycle : utilisation de matériaux durs.

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2.6.3 Courants induits -- pertes par courants de Foucault

Le circuit magnétique de la plupart des machines électriques « voit » une induction B


variable (alternative). Les matériaux utilisés, très souvent métalliques (essentiellement du fer),
sont aussi conducteurs de l’électricité. Ainsi, d’après la loi de Faraday, des courants induits iF,
appelés courants de Foucault, prennent naissance et génèrent dans le matériau des pertes par effet
joule Ri2F
Pertes par courants de Foucault: Pc = K2 * (e * f * Bmax)/ρ (W/m3)
Les pertes par courant de Foucault dans des tôles de résistivité ρ, d'épaisseur e (isolées entre elles) et
soumises à un champ d'induction variable de façon sinusoïdale dans le plan de ces tôles à une
fréquence f peut être approchée par la formule suivante:

2 2 2
P
6

e Bmax f 2 W / m3 
Cette formule est donnée à titre indicatif. Nous retiendrons simplement que les pertes par
courants de Foucault augmentent avec e, Bmax et f, et qu'elles diminuent quand la résistivité du
matériau augmente

Remarques :

Pour réduire les pertes par courants de Foucault, on peut :


 Diminuer l’épaisseur e en utilisant un assemblage de tôles de faible épaisseur (35/100 ou
50/100) isolées entre elles : circuit magnétique feuilleté
 Utiliser des matériaux magnétiques à résistivité plus élevée :
- tôles d’acier au silicium ;
- ferrites (à fréquence élevée).

2.6.4 Pertes magnétiques ou pertes fer

Les pertes par hystérésis et par courants de Foucault prennent naissance à l’intérieur du
matériau. Elles sont très souvent cumulées et prénommées « pertes magnétiques ou pertes fer » :
Pertes fer = CFER * (f/fo)k * (B/Bo)2 * M
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CFER : coefficient de pertes fer en W/kg (donnée constructeur);


M: masse du circuit, fo = 50 Hz et B0 = 1 T, 1,5 < k < 2

2.7 Classification des matériaux magnétiques


L’utilisation d’un matériau magnétique dans une machine électrique vise à canaliser le
flux magnétique pour maximiser la conversion d’énergie. Les matériaux sont classés selon quatre
types sur la base de leur comportement en présence d’un champ magnétique d’excitation. Cette
réaction est mesurée par l’induction qui est la quantité de flux magnétique par unité de surface.
L’équation permettant de relier l’induction au champ magnétique est :
B = μ0 (1+ χ) H
B : induction magnétique (T).
μ0: perméabilité du vide (H/m)
χ : susceptibilité magnétique (sans unités).
H : champ magnétique (A/m).
La relation permet de remarquer que l’induction pour un champ magnétique donné est
d’autant plus grande que la susceptibilité est élevée. Cette propriété est recherchée et exploitée
lors de la réalisation du circuit magnétique d’une machine électrique.
Selon la susceptibilité magnétique, les matériaux magnétiques sont classés en trois
grandes catégories :
 Paramagnétiques les vecteurs champs et aimantation sont de même sens et l’aimantation
disparaît avec l’excitation.
 Diamagnétiques, champ et aimantation sont de sens contraires. Ces deux classes n’ont
pas de propriétés magnétiques avantageuses en technologie.
 Ferromagnétiques : sont les matériaux les plus intéressants où le coefficient de
proportionnalité entre induction et excitation est important, mais non constant, ce qui
donne à ces matériaux des comportements non linéaires.
Dans cette catégorie on rencontre d’autres formes de matériaux, sont :
 Les matériaux antiferromagnétiques.
 Les matériaux ferrimagnétiques.

2.7.1 Matériaux paramagnétiques

Ces Matériaux sont caractérisés par une susceptibilité relative positive, de faible
amplitude (10-6 à 10-2) et pratiquement constante par rapport à la variation de la température.
 
Les vecteurs M et H sont de même sens et l’aimantation disparaît avec le champ d’excitation.

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Dans ces matériaux, les moments magnétiques permanents s’alignent sous l’effet d’un champ
magnétique. Le moment magnétique est non nul.
Dans la matière paramagnétique, les moments magnétiques sont en général orientés
aléatoirement. Ces matériaux sont rares (exemples : aluminium et platine). Le tableau suivent
donne quelques valeurs de susceptibilité à température ambiante.
Tableau 2.2 Susceptibilité relative de quelques éléments paramagnétiques.
Matière χr Matière χr
Na 8,6.10-6 Pt 1,2.10-5
Al 7,7.10-6 U 3,3.10-5
Mn 1,2.10-4 CoO 0,75.10-3
Ta 1,1.10-6 Fe3C* 3,7.10-5
W 3,5.10-6 Feγ* 2,5.10-5

2.7.2 Matériaux diamagnétiques

Ce type de matériaux est caractérisé par une susceptibilité χ négative, de faible amplitude
et indépendante de la température et de l’intensité du champ magnétique excitateur. Les vecteurs
 
M et H sont de sens contraires et l’aimantation disparaît avec le champ d’excitation. Le
moment magnétique résultant est nul.
Lorsqu’on le soumet à un champ magnétique extérieur, il réagit faiblement en créant un
champ magnétique contraire. Sur le plan technologique les matériaux diamagnétiques ne
présentent aucun intérêt, à l’exception toutefois des matériaux supraconducteurs qui peuvent être
utilisés pour réaliser des écrans magnétiques. Ils sont très abondants et forment la masse des
matériaux qu’on appellera « non magnétique » tel que le bois, le plastique
Tableau 2.3 Groupes et éléments des matériaux diamagnétiques.

Matériaux diamagnétiques Matériaux diamagnétiques Supraconducteurs


classiques anormales
Cu ( χr=-1,08.10-6 ) Bi Groupes de certains
Zn ( χr=-1,9.10-6 ) Ga éléments et composés
Si ( χr=-1,2.10-6 ) Sb qui présentent une
Ge ( χr=-1,5.10-6 ) I anomalie dans leurs
Se ( χr=-4,0.10-6 ) χr=10-100 fois plus grande propriétés électriques
Ag ( χr=-2,4.10-6 ) que les matériaux et magnétiques à très
Pb ( χr=-1,4.10-6 ) diamagnétiques classiques basse température.
Al 2O3 ( χr=-3,5.10-6 )

2.7.3 Matériaux ferromagnétiques

Dans cette catégorie, la susceptibilité  est très élevées  r >>1(jusqu’à +106), positive et
variable avec l’excitation magnétique. D’autre part la température influence particulièrement  :
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au-delà de la température de Curie. Exemples de matériaux ferromagnétiques : fer, cobalt et leurs


alliages. Ces matériaux ferromagnétiques particuliers, les ferrites ne sont pas conductrices du
courant électrique, ils sont intéressants car ils ne favorisent pas la création de courants de
Foucault.
La perméabilité des matériaux ferromagnétiques varie de façon importante avec
l’induction et dépend du passé magnétique de l’échantillon étudié, avec des valeurs différentes
selon que le champ est obtenu par valeurs croissantes ou décroissantes (Phénomène
d’hystérésis).
Dans ces matériaux, les moments magnétiques atomiques sont orientés dans le même
sens sur de petits domaines de cristallisation, sous l’action d’un champ magnétique assez fort,
ces domaines tendent à s’orienter dans le même sens :
 le champ magnétique résultant est renforcé (aimantation) ;
 le matériau canalise les lignes de champ magnétique ;
 si on augmente le champ extérieur Bo, on atteint une limite de l’aimantation : le
matériau est saturé.
Les matériaux utilisés pour l’électrotechnique aux fréquences industrielles sont de type
ferromagnétique, à cause de leur susceptibilité et aimantation à saturation élevées. Pour les
fréquences au delà de 10 kHz. Bien que ces derniers possèdent une aimantation à saturation plus
faible, ils présentent des pertes magnétiques significativement plus basses, ce qui est important
lorsque la fréquence d’opération augmente. Une classe de matériaux ferromagnétiques peut être
utilisée aux fréquences élevées, il s’agit des matériaux amorphes qui sont généralement retrouvés
sous forme de tôles très minces.

2.7.4 Matériaux antiferromagnétiques

Comme les matériaux paramagnétiques, ces matériaux présentent une susceptibilité


positive faible et leurs atomes portent des moments magnétiques permanents, toutefois ces
moments magnétiques ne sont plus indépendants les uns des autres mais au contraire fortement
liés.
De l'interaction, qui porte le nom de couplage antiferromagnétique résulte un
arrangement antiparallèle des moments.
Lorsque la température augmente, cet arrangement se dégrade. La diminution de l’effet
de force d’alignement rend plus sensible l’action d’un champ extérieur. Cela explique la
décroissance de 1/χ en fonction de la température, jusqu'à une température T N appelée
température de Néel, a laquelle le couplage antiferromagnétique disparaît. Au delà de T N, le

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comportement des matériaux antiferromagnétiques devient comparable à celui des matériaux


paramagnétiques.

2.7.5 Matériaux ferrimagnétiques

Ces matériaux sont d’une classe d’oxydes appelés ferrites. Dans la structure cristalline de
ces matériaux, on peut distinguer deux familles de sites A et B (deux réseaux) occupés par des
ions possédant des moments magnétiques mA et mB respectivement. Le nombre de site A diffère
du nombre de sites B et le plus souvent mA ≠ mB. Le fort couplage antiferromagnétique existant
entre les sites A et B provoque une aimantation spontanée M même en l’absence d’un champ
magnétique appliqué. Le tableau suivant résume les principales caractéristiques des différents
matériaux magnétiques.
Tableau 2.4 Principales caractéristiques des différents matériaux magnétiques

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2.8 Importance économique des matériaux magnétiques

D’après le marché mondial des matériaux magnétiques pour le génie électrique illustré
sur le Tableau 5, nous montrons l’évolution économique des matériaux magnétiques, ce qui
traduit son importance et son impact économique. Ceci nous donne rapidement une idée sur
l’application très étendue de ces matériaux magnétiques essentiellement les domaines du génie
électrique, de l’informatique, de l’électronique,…

2.9 Matériaux magnétiques doux et durs

Les matériaux magnétiques sont généralement séparés en deux type : les matériaux doux
et les matériaux durs (aimants permanents). Les matériaux magnétiques doux peuvent être
aimantés à l’aide de champs magnétiques faibles. Ils sont utilisés dans les machines électriques
pour canaliser et concentrer le flux magnétique. Les matériaux magnétiques durs conservent leur
état d’aimantation initial même lors de l’application d’un champ magnétique relativement élevé.
Ils sont utilisés comme source de champ magnétique dans les machines électriques.

2.9.1 Matériaux magnétiques doux

Matériaux à cycle d’hystérésis étroit pour minimiser les pertes par hystérésis, Hc : faible
(<1000 A/m), Br : élevée, ils s’aimantent et se désaimantent très facilement. Ils sont en général
feuilletés et à base de fer (le fer pur a une résistivité trop importante). On distingue
essentiellement :
 Les aciers électriques (au silicium): basses fréquences : f = 50 Hz;
 Les alliages fer nickel ou cobalt: moyennes fréquences : f < 100 kHz;
 Les ferrites (oxydes de fer): hautes fréquences : f < 1000 kHz
Ce sont en général des matériaux doux mécaniquement. La propriété fondamentale de ces
matériaux magnétiques doux est la capacité à réagir à un champ magnétique extérieur de faible
intensité. Le champ coercitif, moHc, doit être le plus faible possible (de l'ordre de 1 mT dans les
matériaux les plus performants) et la perméabilité initiale M/H doit être maximale au contraire
(elle peut être supérieure à 105). Matériaux (ex : fer et ses alliages) qui possèdent une
aimantation rémanente facile à annuler (Hc est petit). Super Malloy( fer, nickel, molybdene…):
Hc = 0.16 Am-1; Br = 1.2T ( l'un des plus doux)
On les utilise pour réaliser des électroaimants ou des circuits magnétiques fonctionnant en
régime alternatif (machines électriques, transformateurs, …).
En d’autres termes ces matériaux présentent peu de défauts dans leur structure cristalline et
un très haute perméabilité.
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Chapitre 2 Matériaux Magnétiques

On utilise un matériau magnétique doux lorsque celui-ci doit canaliser un flux magnétique
variable à de hautes fréquences. Le matériau magnétique doit réagir rapidement et franchement à
de faibles variations du champ inducteur sans subir d’échauffement ou sans que sa réaction soit
trop sensible à la fréquence du champ. Pour cela les matériaux magnétiques doux sont utilisés
dans les noyaux (ou circuits magnétiques) des transformateurs, des moteurs et des générateurs,
dans les inductances de précision des circuits électroniques, les écrans magnétiques,…etc
Tableau 2.5 Propriétés des matériaux magnétiques doux les plus usuels

Permittivité Induction Champ


Matériau Composition ( ٪ ) Maximale (μr) rémanente coercitif
Br (T) Hc (A/m)
Fer pur Fe 5000 2 80
Fe-Si 4 Si (non orienté) 8000 1.4 56
4 Si (orienté) 50000 1.2 7.2
Fermalloy Fe-45 Ni 30000 0.8 16
Thermenal Fe-16 Al-3,5 Mo 60000 0.2 1.5
Mumétal Ni-18 Fe-5 Cu-2Cr 105 0.3 0.4
Supermalloy Ni-15 Fe-5 Mo-0,5 Mn 106 0.7 0.4
Ferrox cube A 48 MnFe2O4-52ZnFe2O4 4000 0.4 8
Ferrox cube B 36 NiFe2O4 -64 ZnFe2 O4 2000 0.3 8

 Aciers électriques

Ils sont essentiellement utilisés, dans les machines électriques travaillant aux fréquences
industrielles (transformateurs et machines tournantes).
Ils sont constitués de tôles en acier allié à du silicium (1 à 5 %), ce qui a l’avantage
d’augmenter la résistivité mais l’inconvénient de rendre les tôles cassantes. On distingue :
- les tôles classiques à grains non orientés. CFER  5 W / kg
Elles sont obtenues par un laminage à chaud suivi d’un décapage chimique, d’un
dernier laminage à froid et d’un traitement thermique.
Elles sont essentiellement utilisées dans les machines tournantes et les
transformateurs de faible puissance (< 100 kW).
- les tôles à grains orientés. CFER  1 W / kg
Le procédé de fabrication est plus complexe et comporte un laminage à chaud suivi
de plusieurs laminages à froid et traitements thermiques intermédiaires.
Des propriétés magnétiques optimales sont obtenues, mais uniquement dans le sens
du laminage : forte perméabilité, induction à saturation importante, très faibles
pertes fer.

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Chapitre 2 Matériaux Magnétiques

Elles sont essentiellement utilisées dans les transformateurs de forte puissance (> 1
MW).

 Alliages Fe/Ni ou Fe/Co

Le nickel et surtout le cobalt sont des métaux onéreux et sont alliés au fer dans des
proportions importantes (30 à 80 %) ce qui rend ces alliages beaucoup plus chers que les aciers
électriques.
Ils sont essentiellement utilisés en moyenne fréquence (< 100 kHz) et généralement dans des
domaines où la puissance mise en jeu est plutôt faible :
- électrotechnique miniaturisée (appareils de mesure, tachymètres, certains relais...)
- téléphonie
- dispositifs de sécurité (disjoncteurs différentiels, blindage magnétique)

 Ferrites douces

Elles sont très utilisées en Electronique de Puissance et plus particulièrement dans les
alimentations à découpage où la fréquence de fonctionnement est élevée (f > 100 kHz)
Ce sont des céramiques ferromagnétiques à base d’oxydes de fer (X.Fe 12O19 -- X = Mn
ou Ni, Zn). Elles sont fabriquées sous atmosphère inerte : Après mélange et broyage des
composants, les poudres sont assemblées par frittage à haute température (1200 °C). On obtient
ainsi un matériau de grande résistivité, massif, mais malheureusement très cassant.

2.9.2 Matériaux magnétiques durs

Ces matériaux sont utilisés pour la réalisation d’aimants permanents, les aimants de
levage, les noyaux des haut-parleurs, les moteurs électriques de faible puissance, les lentilles
magnétiques pour tube cathodiques,…etc. Ils possèdent une surface du cycle d’hystérésis élevée
(Pertes par hystérésis importantes), une induction rémanente importante et un champ coercitif
élevé (généralement supérieur à 10 KA/m),. Ils s’aimantent et se désaimantent très difficilement
Ils sont en général massifs et à base de fer ou de terres rares ( Sm : samarium - Nd :
Néodyme). Ils sont souvent associés à du fer doux qui canalisent les lignes d’induction et sont
aimantés lors du procédé de fabrication. On distingue essentiellement, aujourd’hui :
 Les ferrites dures: moins chères et le plus utilisé;
 Les alliages à base de terres rares: très performants et en expansion;
 Les « alnico » (alliages fer + Al Ni Co).

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On utilise les matériaux magnétiques durs lorsque le champ magnétique engendré par le
matériau doit rester stable dans le temps et être si possible élevé, et ce même en présence de champs
magnétiques extérieurs parasites.
Dans les matériaux magnétiques durs, l'aimantation rémanente et le champ coercitif sont
les paramètres physiques essentiels. Il existe deux grandes catégories d'aimants, les ferrites et les
aimantes hautes performances de type Nd-Fe-B. A chaque catégorie correspond un type
d'applications bien spécifiques. Les aimants ferrites, de rémanence et coercitivité modestes,
trouvent l'essentiel de leurs applications dans les moteurs de faible puissance, utilisés dans
l'industrie automobile. Les aimants de haute performance sont principalement utilisés dans la
micro-informatique et les télécommunications.
Tableau 5.6 Propriétés des matériaux magnétiques durs les plus usuels
Champ Induction Facteur de
Matériau Composition ( ٪ ) coercitif rémanente mérite,
Hc (103 A/m) Br (T) (BH)max
(KJ/m3)
Acier au chrome 0,9 C-3,5 Cr-0,3 Mn 5.2 0.97 2.3
Acier au cobalt 0,7 C-17 Co-8 W-2,5 Cr 11 0.95 5.2
Alni-a 59,5 Fe-24 Ni-13Al-3,5 Cu 43 0.62 10
Alnico-I 63 Fe-20 Ni-12 Al-5 Co 35 0.72 11
Cunife 60 Cu-20 Ni-20 Fe 44 0.54 11.2
Co-Pt 77 Pt-23 Co 250 0.52 74
NdFeB (fritté) Nd2Fe14B 848 1.16 255

2.10 Caractéristique d’un aimant permanent

 La polarité de l’aimant permanent: Tous les aimants possèdent deux pôles


magnétiques qui sont reliés par un axe dipolaire, les deux pôles nommés « nord » et « sud
» en fonction des pôles géographiques terrestre vers lesquels ils sont attirés.
 L'induction rémanente ou le champ rémanent (Br) : est le champ magnétique existant
dans le matériau en l’absence de courant électrique : B= Br = μ0M
 L’excitation coercitive de démagnétisation Hc : est l’excitation magnétique ou le
 champ magnétique créé par des courants électriques circulant autour du matériau qu’il
faut produire pour démagnétiser ce matériau.
 La température de Curie : (T curie) en (cᵒ) : est la température pour laquelle le
matériau perd son aimantation, donc à la température de Curie le champ magnétique
s’annule, le matériau ne retrouvera pas son aimantation d’origine après refroidissement,
mais néanmoins de façon réversible une fois refroidie, il retrouve ses propriétés
ferromagnétiques et pourra à nouveau être magnétisé.

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 BHmax : Ce produit représente l'énergie maximum qui peut être emmagasinée dans un
aimant.
 T max : Température maximale en (ᵒc) à laquelle l’aimant fonctionnera sans détérioration
(réversible).

2.11 Types d'aimants permanents

Pour fabriquer des aimants permanents puissants, on a recours à divers alliages de


substances de toutes sortes: fer, aluminium, cobalt, cuivre, platine, oxygène, carbone, …etc .
Parmi les aimants à base de métaux, on connaît depuis longtemps l'acier trempé (1 % carbone,
0,5 % manganèse, 98,5 % fer).
 Aimants ferrites durs (céramique)
Les aimants magnétiques céramiques (aimants ferrites durs) ont un domaine d’application
très étendu, et un rapport qualité-prix excellent. Le matériau est très résistant à la corrosion. Les
propriétés magnétiques peuvent être garanties à vie lors d’un usage correct. Les aimants à
céramiques sont plus légers et possèdent une résistivité électrique équivalente à celle des bons
isolants. Sont des ferrites composés d'un alliage d'oxyde de fer (Fe203), d'oxyde de baryum
(BaO)6, d'oxyde de zinc, de cobalt, etc .
 Les ALNICO (Aluminium-Nickel-Cobalt)
Aimants fabriqués à base d’un alliage d’aluminium, de nickel et de cobalt (abréviation :
alnico) (8 % aluminium, 14 % nickel, 24 % cobalt, 3 % cuivre, 51 % fer), particulièrement
destinés à être utilisés dans un environnement de températures très élevées (jusqu’à 500°C). Le
matériau possède une résistance mécanique extraordinaire.
Enfin, depuis quelques années, les aimants les plus puissants sont ceux fabriqués avec du
cobalt allié avec l'yttrium ou une des terres rares, comme le néodyme et le samarium. Notez, par
exemple, les propriétés Br et Hc du Recoma® pour un même volume, ils sont 3 fois plus
puissants que les meilleurs aimants en alnico . Le seul inconvénient est leur coût relativement
élevé.
 Les terres rares
Les alliages à base d’éléments de terres rares, très stables, très puissants, mais chers, sont
difficiles à usiner et sensibles à la corrosion. Il existe deux types de base des terres rares :
 Aimants néodyme-fer-bore : Les aimants néodyme-fer-bore sont élaborés à base de terres
rares. Les aimants fabriqués à base de néodyme sont les aimants les plus puissants que
l’on puisse obtenir. Leur application principale est d’être utilisée lorsque l’espace est
réduit ou lorsque l’on souhaite une grande dynamique.
28
Chapitre 2 Matériaux Magnétiques

 Aimants samarium-cobalt : Ce sont des aimants puissants, résistants à des températures


d’environnement élevées (jusqu’à 250°C). Ils sont fabriqués avec un alliage de terres
rares samarium et cobalt. A cause de leur résistance extrême, ils ne peuvent être travaillés
qu’avec des outils en diamant.
 Les alliages
Ce sont des matériaux qui existent, mais leurs applications sont très restreintes par
rapport à les trois familles présidente, on peut citer :
 Les alliages fer-cobalt-vanadium: Ces alliages, qui possèdent les inductions intrinsèques
à saturation les plus élevées (2,45 T pour 35% de cobalt), ne présentent, en raison d’une
constante magnéto-cristalline très faible qu’un champ coercitif réduit.
 Les alliages fer-chrome-cobalt: Depuis longtemps, l’addition de chrome aux alliages fer-
cobalt a été utilisée pour améliorer leur coercivité et permettre en particulier leur emploi
dans les moteurs à hystérésis.
 Les alliages platine-cobalt: Ils possédaient les valeurs de champ coercitif et d’énergie
spécifique les plus élevées, valeurs qui n’ont été dépassées que par les composés des
terres rares. Leur prix très élevé et leur tenue moyenne en température ne leur ont permis
de subsister que dans des applications très particulières.

Figure 5.3 Courbes de désaimantation pour les grandes familles de matériaux magnétiques durs
(Aimants permanents)

2.12 FMM et flux d'un aimant permanent

Le champ magnétique H et, par conséquent, la FMM développée par un aimant


dépendent donc de la densité de flux B. Connaissant les dimensions de l'aimant, on peut calculer
la FMM et le flux qu'il produit. Le flux est donnée par: Φ= B S (section de l'aimant) et la FMM
est : FMM = H x (longueur de l'aimant).
29
Chapitre 2 Matériaux Magnétiques

Exemple FMM
Un aimant permanent en alnico possède les dimensions données à la suivante. Les pièces
polaires ajoutées aux extrémités de l'aimant sont en fer doux, et servent a canaliser le flux vers
l'entre fer. On suppose que la longueur de l'entrefer est variable, ce qui permet de faire varier le
flux Φ. Calculons la FMM développée par l'aimant lorsque le flux vaut : (19,2 mWh, 15kA/m) et
(3.2Wb, 50kA/m).

Solution
La section de l'aimant est: A = 100 mm x 160 mm = 16 000 mm2 = 0,016 m2
a) Pour un flux de 19,2 mWb, la densité de flux dans l'aimant est : B = Φ/A = 1.2 T.
il produit une FMM de : FMM = Hl = 15 000 x 0.200 = 3000 A
L'aimant agit donc comme une bobine qui développe une FMM de 3000 ampères-tours .
b) Lorsqu'on augmente l'entrefer de façon que le flux tombe à 3,2 mWb, la densité de flux
devient :
B= 0,2 T, cette densité, la valeur de H développée par l'aimant est de 50 kA/m. Il s'ensuit que la
FMM créée par l'aimant est : FMM = Hl = 50000X 0.200 = 10 000 A
L’aimant agit maintenant comme une bobine qui développe une FMM de 10 000 A. tours

2.13 Modélisation d’un aimant

Une modélisation linéaire (Br, Hdem, a) est bien adaptée aux aimants modernes dits

durs ou rigides (hors Alnico).


On considère que de 0 à Hdem, l'aimantation J reste constante et égale à Br. Alors :
Ba  Br   a .  o . H a

30
Chapitre 2 Matériaux Magnétiques

courbe de l'aimantation J(Ha) Br

Ba( Ha) = J(H) -  .Ha

Ha
Hcj Hcb

Dans le cas des aimants durs de type ferrite et terres rares, H cb correspond sensiblement à
Ba = 0 (perméabilité relative proche de 1), mais il ne s’agit que de la valeur du champ pour
laquelle l’induction s’annule, généralement la valeur limite, conduisant à une désaimantation
irréversible significative, est bien plus élevée.
C’est la valeur HcJ correspondant à l’annulation de l’aimantation qu’il ne faut absolument
pas atteindre sous peine de désaimantation irréversible.
La caractéristiques B(H) des aimants modernes est alors bien modélisée par une droite et
on peut utiliser aisément un modèle magnétique avec une force magnétomotrice constante et une
réluctance interne qui nous permettra de calculer simplement le flux généré.
Par exemple pour un aimant de section et d’épaisseur constantes S a et ea :
Sa
1 ea
Ba Ra  .
ea Ba Ea  .e a  a . 0 Sa
 a . 0
a

2.14 Aimant dans un circuit magnétique

Les principales hypothèses effectuées sont :


 Pas de fuites : tout le flux qui sort de l’aimant est canalisé vers la zone d’entrefer,
supposée être la zone utile
 Circulation du champ dans le fer est négligée devant celle dans l’entrefer (perméabilité
infinie et matériau non saturable)

Droite de charge ou d’entrefer et point de fonctionnement


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Chapitre 2 Matériaux Magnétiques

Circuit magnétique (canalisation du


champ)
Entrefer
Epaisseur : e
Section : Se
Aimant permanent
Epaisseur : ea
Section : Sa
Ligne de champ moyenne

Soient Ha et Ba le champ et l’induction dans l’aimant compte tenu de la configuration


magnétique globale et He et Be le champ et l’induction dans l’entrefer.
Théorème d’Ampère : Ha.ea + He.e = 0 (car Hfer = 0) Avec : Be = 0.He
Conservation du flux : a = Ba.Sa = e = Be.Se Il en résulte que :
Se H e Se H .e S
Ba  Be .  .  a a. e
Sa  0 Sa  0 .e Sa
Cette fonction Ba (Ha), qui dans ce contexte linéaire (non saturable) est une droite, est
appelée « droite de charge ». Son intersection avec la caractéristique intrinsèque Ba (Ha) de
l’aimant donne le point de fonctionnement.
Ba

Droite de charge
ou d’entrefer
Caractéristique
intrinsèque de l’aimant

Point de
fonctionnement

Ha

La présence d’un entrefer dans le circuit magnétique contribue à réduire la valeur de


l’induction dans l’aimant par rapport à son induction rémanente. Si l’entrefer varie (effets
d’encoches ou réluctance variable avec aimants), la pente de la droite de charge fluctue et fait
varier le point de fonctionnement, ce qui peut avoir, de créer des pertes magnétiques dans
l’aimant.
On parle d’aimant en court-circuit magnétique lorsque l’entrefer est nul : alors Ba est
égale à Br. En revanche, dans un circuit ouvert (entrefer infini), la droite de charge est
horizontale et Ba est nulle.

32
Chapitre 2 Matériaux Magnétiques

Notons que la présence d’un bobinage, entourant le circuit magnétique et alimenté par un
courant, conduirait à un décalage horizontal de la droite de charge et contribuerait à réduire ou
augmenter le champ selon son signe.

2.15 Formulation de l’énergie interne des aimants rigides

 
Wa  BB a H a .dBa .Va
r
Ba

Ba  B r
Ha  avec    a .  o
 Br

B
Ba
 B'a2 Br .B'a  a Br  Ba 2 Droite d’entrefer Wa
B r H a .dB'a      Va
 2.  
Br
2. Caractéristique
Ba
de l’aimant We
L’énergie stockée dans l’aimant est nulle Ve
quand Ba = Br (aimant en court-circuit
magnétique)
Ha
et maximale lorsque Ba = 0.
Br Ha
WaMax B2r 

Va 2.

2.16 Intérêt des aimants

Pour la magnétisation de circuits sans pertes Joule, particulièrement avantageux pour le


rendement et la compacité dans le cas des petits pôles (petits moteurs ou gros moteurs à très
grand nombre de pôles).
Avantage :
 Machines plus compactes (les petits moteurs sont presque tous à aimants);
 Meilleur rendement (recherches actuelles pour les économies d’énergie);
 Meilleures accélérations pour les moteurs synchrones ou pas à pas…
Mais :
 Plus coûteux dans le cas des machines à aimants terres rares;
 Risques de désaimantation (irréversible) : limite de température maxi, courant maxi;
 Défluxage impossible dans les MCC, délicat dans les MS.

2.17 Domaines d’applications des aimants permanents et Critères de choix

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Chapitre 2 Matériaux Magnétiques

 Inducteur de machines tournantes de faible puissance (< 10 kW) (machine à courant


continu, synchrone, à aimants permanents);
 Hhaut-parleur et microphone;
 Détecteur magnétique;
 Compteur EDF, tachymètre;
 Appareil de mesure.
Exemples de moteurs ou générateurs utilisant des aimants permanents

 Actionneur à bobine mobile (ETEL) (type haut parleur);


 Générateur de petite éolienne 400 W;
 Moteur à débattement limité (bobinage monophasé de Gramme : sans encoches pour
éviter un couple de détente);
 Moteur Lavet utilisé dans les montres (aimant bipolaire de moins de 1 mm de diamètre,
terres rares pour minimiser la consommation);
 Moteur pas à pas dit à aimants permanents : stator diphasé à griffes (bobinage global par
phase) et rotor multipolaire (souvent 12 paires de pôles, donc 48 pas par tour avec 2
phases);
 Moteur véhicule électrique :( 12 pôles, NdFeB 1,1 T, Pmax = 45 kW, Cmax = 200 Nm,
Masse totale moteur = 30 kg, Masse parties actives = 14 kg, Masse d'aimants = 900g,
Rendement max système = 90%);
 Génératrice éolienne de 750 kW à 25 tr/mn (vitesse variable de 9 à 25 tr/mn avec
convertisseur à MLI à IGBT).
Critères de choix:
Chaque famille d’aimants présente un défaut :
 AlNiCo : faible champ coercitif (attention à la désaimantation);
 Ferrites : faible induction rémanente;
 Sm-Co : technologie onéreuse;
 Nd-Fe-B : faible température d’utilisation due à l’instabilité thermique des propriétés
thermiques.
On choisira telle ou telle famille selon les impératifs suivants :
 Ferrites : faible coût de revient;
 Terres rares : volume et poids réduits;
 AlNiCo : solidité mécanique et bonne tenue en température.

Bibliographie
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Chapitre 2 Matériaux Magnétiques

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