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FACULTÉ DE DROIT
TRAVAUX ET CONFÉRENCES
II
ÉTUDES
SUR LE
Remembrement Rural
GÉNÉRALITÉS - FRANCE - SUISSE
p AYS-BAS - BELGIQUE
P. MAHILLON M. VINCHENT
Juge ET Avocat
•• Tribunal de premi~e instance J uge suppléant au Tribunal
de Bruxelles de première instance de Mons
·Pllbli6 sous les auspices du Centre d'étu.des avec Ie concours du FONDS RENt MARCO
BRUXELLES
MAISON FERDINAND LARCIER, s. A.
26-28, Rue des Minlme■
1955
PRÉFACE
Voici plus de sept ans déjà que la mort de René Marcq a dou•
loureusement frappé l'Université Libre de Bruxelles et plus spéciale-
ment la Faculté de Droit ou il avait formé aux disciplines scientifi•
ques des générations de juristes auxquels il s' était attaché à donner
le goût du travail, le souci de la per/ection et l' exemple de la
méthode.
Ceux qui furent ses amis et ses admirateurs se sont efforcés par
la création du « Centre d' Etudes » ei du « Fonds » auxquels ils ont
donné son nom, de perpétuer son act ion et de f avoriser les progrès
du droit en groupant les juristes -désireux de participer, sous la
direction de membres de la Faèulié, à des travaux de recherche
scientifique sur des sujets d'ordre· jl,f,ridique.
Rien ne pouvait m'être plus ágr"éable que de répondre au désit
que M• Marguerite Vinchent et M. le juge Mahillon ont eu l'ama•
bilité d' exprimer en me de mandant de rédiger la préface du volume
qui réunit /'ensemble des études qu'ils ont consacrées au cours de
· ces dernières années, au sein de la section de droit privé du Centre
d'Etudes, sous la direction de Mme Madeleine Gevers et la mienne,
à la question du remembrement rural.
Qu'il me soit permis d'en profiter pour féliciter les auteurs d'avoir
eu, en dé pit d' activités professionnelles absorbantes, l' énergie et· la
persévérance nécessaires à l'édification d'une reuvre remarquable
qui constitue le meilleur hommage qu'ils pouvaient rendre à ·ia
mémoire de celui qui fut notre maître commun. Pareil travail •fait
honneur à ses auteurs et à l'Université qui les a formés. · ·
Le « Fonds René Marcq» en accordant le concours nécessaire à
la publication de ce premier volume des travaux du Centre d' Etudes
,,, déjà reconnu le mérite d'une reuvre qui marquera tant par l'in-
térêt qu' elle présente pour les civilistes que par celui qu' elle a sur
le plan de l' actualité et de l'intérêt général.
'3
C est que le problème du remembrement rural appelle en Bel-
gique une solution urgente.
Pays de petite propriété, ou r étendue moyenne des exploitations
agricoles n' est que de cinq à six hectares, le plus souvent constiiués
de parcelles dispersées de superficie parfois inférieure à 20 ares, la
Belgique voit, sous finfluence de la règle du partage en nature
consacrée par les articles 826 et 832 du Code civil, se précipiter un
émiettement des propriétés rurales de plus 'en plus préjudiciable
à une exploitation normale,
Il en résulte pour l' économie agricole du pays des pertes de tous
genres qui rendent la culture onéreuse au point que le cultivateur
en arrive par/ois à laisser ses terres en friche et que, spécialement
en Wallonie, on peut y voir l'une des causes de l'exode qui conduit
à la dépopulation de certaines régions de notre Luxembourg.
Alors que les pays voisins, spécialement la France et les Pays-
Bas, comme d' ailleurs la plupart des pays se trouvant placés en
présence de problèmes analogues, ont institué depuis longtemps
déjà des régimes organisant le remembrement légal en favorisant
le regroupement parcellaire des propriétés suivant un plan déter-
miné, notre pays en est, aujourd'hui encore, au régime du remem•
brement volontaire ou conventionnel institué par la loi du 4 mai
1949, régime que la loi du 26 juillet 1952, modifiant le Code des
droits d' enregistrement, s~est efforcée de faciliter par une réduction
de droits destinée à encourager les échanges d'immenbles ruraux
non btîtis.
L'expérience avait pourtant depuis longtemps démontré à r étran•
ger que pareil régime ne peut donner de résultats appréciables.
Elle s'est une fois de plus vérifiée en Belgique ou le remembre-
ment volontaire des propriétés est pr~tiquement resté lettre
morte, ce qui était inévitable en raison de l' esprit individualiste
de nos populations rurales.
Heureusement le gouvernement a déposé au Sénat, le 24 no-
vembre dernier, un projet dont sont actuellement saisies les com•
missions de la Justice et de r Agriculture.
Le Parlement sera donc vraisemblablement appelé à se prononcer,
à bref délai, sur ce pro jet.
Nos législateurs trouveront dans l'ouvrage que nous préfaçons
aujourd'hui les éléments d'appréciation les plus précieux.
Les auteurs ont tenu, en effet, non seulement à analyser d'une
manière appro/ondie les législations en vigueur dans les pays voi•
sins, tels que la France, la Suisse et les Pays-Bas - dont les institu-
- - - - - - - - - - - -.....,,,...""1"......,7"."."'"""."",""""-:-----,---,-~---' ~,·
Henri SIMONT.
Professeur à l'Université Libre de Bruxelles
Ancien hatonnier du Barreau de Cassation.
•
BIBLIOGRAPHIE
INTRODUCTION GENERALE
Remembrement rural .
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'7
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PA YS-BAS
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Proposition de loi n" 173 ( session 194 7-1948) allouant une rémunération
différée à certains collaborateurs des entreprises familiales (dossier 871),
Travaux du Comité tI'études et de législation de la Fédération des Notiii•
res de Belgique, 1er sem. 1949, pp. 98 et suiv.
* Paul PIERRET, étude précitée.
'10
PREMIÈRE PARTIE
Introduction générale
CHAPITRE PREMIER
Définition et caractéristiques
1. Le rememhrement est une notion récente, du moins dans les
pays d'Europe dont Ie droit civil s'apparente au Code Napoléon.
L'on trouve en France des précédents remontant au déhut du
X:VIII' siècle, mais l'idée d'opérations systématiques ne s'y est fait
jour qu'à la veille de la première guerre mondiale.
Le terme même de rememhrement ne figure pas dans Ie Larousse de
1900 (1). Si on parlait - sans desseins hien définis - de « redistri-
hution des parcelles », de « réunions territoriales » ou plus simple-
~ent d' « ahornements généraux », Ie droit positif ne connaissait
pratiquement que !'échange de hiens ruraux, encouragé par un
tarif de faveur à l'enregistrement.
C'est au demeurant à partir de ce concept que s'est développée la
~~organisation foncière. L'expression néerlandaise « ruilverkave-
liqg >> (relotissement par échange) exprime fort hien en quoi consiste
essentiellement l'<>pération. Que les échanges soient devenus multi-
latéraux, d'intérêt public et en quelque sorte ohligatoires, n'y fait
rien. Le principe directeur reste Ie même. Le rememhrement tend,
de façon indéniahle, à se rapprocher de l'expropriation d'utilité pu-
blique; il s'en distingue cependant par Ie role essentiellement inter-
. médiaire joué par les autorités. Celles-ei ne font pas entrer dans
leur. patrimoine les biens rememhrés, lesquels sont réattrihués, sui-
vant une répartition nouvelle, à leurs propriétaires; comme en ma-
tière d'échange, il y a souvent lieu au payement d'une soulte.
11
Il convient cepéndant de souligner une différence essentielle avec
Ie contrat d'échange. Le nouveau propriétaire tient ses droits en
vertu de l'acte de rèmembrement et non d'une transmission tie
l'ancien propriétaire; il n'a pas à se préoccuper de vices autérieurs
à l'attribution du bien.
L'éventuelle extension du réseau des chemins puhlics à la faveur
de l'opération resterait à notre avis sans influence sur sa nature; -il
ne s'agit là que d'un aspect accessoire.
12
Le remembrement ~elève du droit administratif; aucune incapa-
cité, aucune lésion ne sauraient Ie remettre en question. Mais il est
généralement admis que les litiges portant sur des droits civils
restent de la compétence exclusive des tribunaux judiciaires
(exemples : la contestation du droit d'un propriétaire sur une par-
celle déterminée; Ie partage d'une succession) .
13
. 6. Les propriétaires retrouvent autant que possihle la majeure
partie des hiens qu'ils ont apportés à l'intérieur d'un périmètre dé.
terminé. Il reçoivent pour Ie surplus une compensation en natur~
calculée d'après la valeur de rendement des terres perdues; il est
permis de faire l'appoint par une petite soulte en espèces. On favo-
rise la formation d'unités familiales d'exploitation dont les parcelles,
convenahlement groupées, soient situées dans un rayon de moins
de trois kilomètres des hätiments de la ferme.
Il est à remarqutr que seuls les propriétaires et assimilés sont: ad~
mis à participer aux opérations ( 3). Les fermiers, qui sont d'ailleur&
entendus à différentes phases de la procédure, peuvent demaridèr
le report des haux sur les nouvelles parcelles attrihuées à leurs hail-
leurs. On souhaite, en France, que les intérêts des preneurs soient
plus largement pris en consi.dération et Ie récent projet de. loi hpl-
landais multiplie les garanties quant au report des haux. Ces ques-
tions revêtent une particulière importance en Belgique ou la pro-
portion des terres exploitées par leurs propriétaires est plus faihle
qu'ailleurs (4). · ·
Les intérêts des titulaires de sûretéii réelles sont spécialement p~o:
tégés.
14
l'assiette du droit de propriété est modifiée, hormis quelques em-
prises minimes. Il arrive toutefois, dans les régions surpeuplées, que
l'on profite de !'occasion pour procédér à une redistrîbution des
terres; les exploitations ne disposant pas d'une superficie minimum
sont supprimées et les paysans éliminés vont coloniser des terres
nouvelles. Les Pays-Bas appliquent cette méthode dans les régions
ravagées par la roer (7) . Un moyen extrême - qui ressortit non plus·
marginaiement mais essentiellement à l'expropriation - consiste ·à
permettre aux pouvoirs publics d'acheter les terres d'une région
déterminée (congested districts d'lrlande) ou d'une commune (en.
Suède notamment), en vue de les répartir en domaines rationnelle-
ment formés (8).
9. Le regroupement cultural, qui a pour objet Ie remembrement
des exploitations, est demèuré étranger jusqu'ici au droit positif, en-.
core que l'on s'efforce de Ie réaliser _concurremment chaque fois que·
Ie remaniement des propriétés Ie permet. -
La question a soulevé d'àpres controverses en France. Elle paraît
définitivement tranchée en faveur du remembrement foncier pour
ce pays ou Ie faire-valoir direct prévaut. La solution est plus dou•
teuse lorsque les fermiers et métayers forment la majorité des
exploitants, d'autant plus que depuis la seconde guerre mondiale
les locataires jouissent généralement d'une stabilité assurée par Ie
bail à durée indéfinie (9).
10. Le 'remembrement urbain, pratiqué surtout dans les villes
sinistrées (10) est étranger à notre matière, bien que l'on puisse
en tirer des enseignements utiles, notamment pour Ie réaménage-
ment des villages.
De plus, il y a un intérêt évident à harmoniser l'application du
rememhrement rural et du plan d'urbanisation autour des agglo-
mérations et même des simples bourgades, qui peuvent être appelées
à des développements inattendus. Il faut éviter que de futures han-
lieues doivent un jour souffrir de tracés défectueux (11).
15
Quant aux lois foncières, destinées à faciliter les expropriatiom
d'utilité publique sensu lato dans de vastes zones, ellee ne pré-
sentent guère de points communs avec Ie remembrement rural;
elles tendent particulièrement à lutter contre les spéculations sur
les terrains à bätir (12).
En revanche, Ie groupement f orestier, libre, à la majorité des
indivisaires ou forcé, que vient d'instaurer Ie décret-Ioi français du
30 décembre 1954 est comparabie à divers égards à notre matière.
Signaions enfin pour mémoire Ie remembrement minier, qui
s'opère par des échanges entre sièges d'exploitation, favorisés par
des tarifs fiscaux réduits (13) .
J6
CHAPITRE II
Nécessité et avantages
ll. Il a fallu la guerre pour que de nomhreux citadins se rendent
compte de l'importance de l'agriculture en Europe occidentale (1).
On a tendance à perdre de vue les difficultés que rencontrent les
exploitants : pénurie de main-d'reuvre, instahilité des prix, moder•
nisation insuflïsante de !'outillage et de l'hahitat.
Le rememhrement contrihue grandement à amélio1·er les condi-
tions d'exploitation et, par· voie de conséquence, à freiner l'exode
rura}. On peut même en attendre la remise en valeur de terroirs
désertés.
17
temps que dans Ie Code civil, hostile à l'indivision, à l'inégalité entre
les héritiers copartageants et même aux soultes en espèces (art. 815"
826, 832, al. 2, sous les faihles correctifs des art. 827 èt 832, al. l "•
ainsi que des règles relatives au partage d'ascendants ( 5).
(9) Id., p. 47. Il ne faut paii"-blier que 1789 fut une révolution de pro--
priétaires et surtout de néo-propriétaires; dans quelques régions des Flandres,
cm sait encore quelles families ont acheté, à cette époque, des < biens noirs ~
c'est-à-dire confisqués au clei·gé. Marat, presque seul, ne reculait pas devan~
un remaniement par la contrainte (Marc Bloch, op. cit., p. 246).
· . (10) La Convention avait décrété à l'unanimité la peine de mort cof!lre
quiconque proposerait une loi agraire ou un texte destructeur du droit de:
propriété (Baudin, l,es lncas du Pérou, Paris 1947, p. 27) •
. (11) Festy, op. cit., p. 4ï, note 1.
Sur les obstacles au 1·emembrement par réunion de domaines, comme-
en Angleterre, voy. G. Lefebvre, Etudes sur la Révolutiori Jrançaise,. 'PP•
266 et 2fi7 et, d'une manière générale, Ie chap. IV : Histoire agraire.
Il fallut attendre l'aube du xx• siècle pour que l'on prît èn Bel-
:gique, puis en France, les premières mesures de protection en.faveur
,des petits héritages, lesquelles - remarquons-le - n'étaient pas par-
ticulières aux biens ruraux.
19
vénale (25 p. c.) et de la valeur locative. Dès lors la part des frais
Ïllcombant aux propriétaires est rapidement amortie. Les chiffres
précités sont de source française mais d'autres estimations ont donné
des résultats à peine inférieurs, sauf quant à la valeur vénale.
On -sait d'autre part qu'en Hollande l'exécution de divers travaux
annexes ( et notamment de routes, dont on estime la durée à 600
ans) ne laisse pas de valoriser la région.
Un commentaire allemand souligne que les remaniements par-
cellaires permettent de résoudre les problèmes d'adduction d'eau
créés par l'abaissement de la nappe aquifère et d'empêcher plus
aisément la pollution des eaux. Les pays souffrant d'un manque de
pluie, comme l'Espagne et Ie Maroc, apprécient Jes possibilités
accrues d'irrigation qui en résultent.
Comme Ie constate Schmerber (op. cit., pp. 21, 72 et 86), c'est
surtout la petite culture qui retire profit du regroupement de lopins
souvent très exigus.
20
Le remembrement légal - qu'il serail inexact de qualifier de
forcé (14) - ne constitue nullement un pas vers la collectivisation;
Ie projet de loi déposé par Ie gouvernement hollandais pour amé-
liorer la loi de 1938 ne diminue pas les garanties prévues. L'exploi-
tation familiale sort particulièrement renforcée du regroupement de
ses parcelles. On chercherait vainement de nos jours d'autres attein-
tes aux droits du propriétaire qui lui soient aussi directement
profitables (15).
21
CHAPJTRE III
Droit comparé
22
''±e'nîen~brement s'est accompagnê de la dispersion des villages, qui
'1(~~ póursuit encore à l'heure actuelle dans le Jutland méridional (3') .
23
et en Rhénanie-Palatinat. La loi fédérale du 13 juillet 1953, entrée
en vigueur Ie 1er janvier 1954, tient compte de !'autonomie des
Laender (5). On estime que la moitié de la superficie arable de
l'Allemagne occidentale reste à remembrer.
La nouvelle loi comprend 159 articles, répartis dans les titres
suivants:
1) Les bases du remembrement rural;
2) Les intéressés et leurs droits;
3) La réorganisation du périmètre de remembrement;
4) Dispositions spéciales (tendant à la protection des hois en-
clavés et des forêts);
5) La fixation des modalités de remembrement;
6) Les frais;
7) Prescriptions générales sur la méthode à suivre;
8) Les voies de droit (devant des juridictions qui varient suivant
les Laender) ;
9) La cloture des opérations de remembrement;
10) La communauté des participants après la cloture des opéra-
tions;
Il) Dispositions finales et transitoires.
Sont amenés à coopérer : les autorités (les Laender, les com-
munes, les unions intercommunales), les organismes qui représentent
l'agriculture et les propriétaires. Ces demiers, qui élisent un comité
de direction, forment une communauté de droit public, représentée
par Ie président du comité.
Il semble que la loi concilie Ie respect des intérêts de chacun en
permettant aux doléances de s'exprimer et aux recours de s'exercer
utilement, tout en prévoyant des mesures d'accélération comme !'en-
voi en possession par provision. Il est veillé spécialement à l'impar•
tialité de. l'estimation des lots.
Les frais exposés par les services compétents tombent à la charge
du Land intéressé, tandis que les frais résultant de l'exécution du
remembrement incombent à la communauté des propriétaires.
Les remaniements font l'objet d'études préalables, générales et
spéciales. L'Union agricole allemande a établi un schéma qui sert
de base à des cours donnés sur la question. La géographie humaine
y prend autant de place que les problèmes agraires proprement dits.
(5) La loi a été publiée en extraits dans le Rec. lég. F.A.O., 1953, •• 3.
Une analyse en a paru dans le Bulletin de l'Oflice de presse et d"lnJor•
mation du gouvernement fédéral (édité à Bonn, n°" des 5 et 26 novemltre et
3 décembre 1954). Elle est applicable au Land de Berlin-Ouest (art. 158).
24
_ _ _ _ _ _ _""!"_ _ _ _ _-::,_,.....,......,---~-,-,.~~·•·-,·-••(.
25
,u1ent. Une loi de l'Etat de Bombay, promulguée en 1947, interdit
la création de « fragments >), c'est-à-dire de parcelles trop petites
pour être rentables.
: Le remembrement a généralement suhi l'évolution suivante : <\e
facultatif, il est devenu obligatoire sans condition, après avoir.,été
.décidé par la moitié des propriétaires permanents possédant les
.deux-tiers des terres. Dans Ie Madhya Pradesh, 1.008.000 hectares
out été remembrés de 1928 à 1950 dans 2. 700 villages; dans ie
Pendjab, 5 p. c. des terres avaient été remaniés à la fin de 1945.
Résultats jugés insuffisants (8).
Le Maroc fournit un exemple intéressant de remaniement limité
-en principe aux parcelles irrigables d'une région déterminée (Dahir
du 8 mars 1952 relatif au remembrement rural dans la vallée de
l'oued Farerh - Rec. lég. F.A.O., 1952, n° 1) .
26
· En ltalie, Ie Códe civil de 1942 sè horne à prévoir, sous Ie titre
de << reordinamento della propriétà rurale», l'élimination des par-
èêlles inférieures à l'unité cultivahle minima ou leur regroupement
en «consortium» lorsqu'elles sont contiguës (art. 846 à 896). Le
grand problème est la division des latifundia.
Au Chili, les grands propriétaires sont autorisés à parceler leurs
biens-fonds à condition par exemple de les planter d'arbres au
préalable et 'de cónstituer les acquéreurs en coopérative forestière
(voy. Rec. 'lég. F.A.O., 1952, n° 1).
En Argentine, Ie régime péroniste favorise et impose Ie cas
·échéant Ie démembrement des grands domaines.
En Egypte Ie décret royal du 9 septembre 1952 a fixé à 80 hectares
l'étendue maximum des grandes propriétés.
En Australie, différents Etats possèdent une législation sur · ie
« closer settlement », permettant au Gouvernement d'acquérir ou
de reprendre des terres non exploitées pour les redistrihuer ensuite,
en vue d'une colonisation p1us intensive.
Au Viet-Nam, quatre ordonnances du 4 juin 1953 établissent une
réforme agraire; la seconde fixe à 36, 45 ou 100 hectares, selon
les régions, la superficie maximum qu'un propriétaire foncier peut
posséder.
d) Systèmes collectivistes.
27. Le communisme s'est impianté dans des pays ou prévalait
généralement la grande propriété. Le nouveau régime commença
par procéder au partage des terres; il toléra un certain temps, en
Hongrie par exemple, un gouvernement formé par les pètits pro-
ptiétaires. Au cours d'une seconde phase, ceux-ci sont acculés à
~~tr~r dans des coopératives kolkhoziennes, tandis que se déve-
loppent parallèlement les fermes d'Etat (Il) .
. La .constitutîon plus ou moins brutale- de vastes expioitations
agric~Ies placées sous Ie controle de l'Etat contraste avec la pro-
c~1uré winutieuse des rememhrements d'Europe occidentale.
(11) Sur l'évolution des démocraties populaires, cf. François Honti, Face au
problème de .la terre (Le Monde, 4-5 janv. 1953 et Le Soir, 6 janvier 1953) et
Les ré/ormes foncières en Tchécoslovaquie (Bull. de droit tchécoslovaque, 1949,
p. 29). Evolution sujette à des ralentissements, et même susceptible de retours
en arrière comme l'attèstent les récents événements d'Allemagne orientale et
de Hongrie.
27
tait, à la veille de la Révolution, des prés dont Ie partage était
changé tous les ans (12) . Sous les Incas du Pérou, la propriété
était collective et la jouïssance familiale; !'Indien rècevait, en vertu
d'une répartition annuelle, un nomhre d'unités de culture propor•
tionné à l'importance de sa famille (13). En Israël enfin, la terre
a été déclarée propriété nationale (14) ; elle ne peut être amodiée
que pour un terme maximum de nonante-neuf ans. Le « kwoutza »
et Ie « kihhoutz » constituent des entreprises socialistes ou le travaH
est distribué selon les capacités, et les produits suivant les hesoirn,
de chacun; dans Ie « mochav collectif », les activités secondaire;;
restent familiales (15) .
CONCLUSION
28
APPENDICE
Ohstacles légaux au démemhrement
Liminaire
30. Tandis que se poursuit un peu partout Ie remaniement par-
cellaire, on se préoccupe dans •différents pays, ,d'une part de sta-
biliser les résultats acquis et d'autre part de. réduire les cau&es
d'émiettement (1).
En outre, les états qui pratiquent la colonisation intérieure
(Espagne, Italie, Pays-Bas, Portugal... ) ont établi des règles spé-
ciales pour les régions ainlli mises en culture.
b) Droit successoral.
32. La constitution de biens de familles et les dérogations aux
luis successorales de droit commun semblent plus efficaces encore
1,our prévenir ou arrêter Ie démembrement des exploitations agri-
29
coles. On note une évolhtion des idées qui tend, selon l'expression
du professeur Charles-L. Stewart, à « de-emphasize equal sharing >>
(découronner Ie partage égal) .
En Norvège, pays cependant très démocratique, !'ancien droit
d'aînesse s'est perpétué jusqu'à nos jours. Dans les hasses terre;; de
Ia Suède, ou ce droit a disparu de la. législation, les paysans ont
continué à l'appliquer, de même que les suhstitutions, par imita-
tion de la noblesse.
Une loi danoise de 1934 permet au propriétairc d'une exploita-
tion rememhrée de la léguer à celui de ses enfants qui lui paraît
Ie plus capahle de la reprendre.
Le Code civil suisse de 1907 favorise la reprise de l'exploitation
1·urale par un seul héritier, permettant notamment à celui-ci de
dédommager ses cohéritiers sur base de la valeur de rendement et
non suivant la valeur vénale (3bis).
Le Code civil italien de 1942 attrihue en principe à l'héritier
ayant la plus grande part l'immeuhle non commodément part~-
geahle (art. 720).
A partir de 1874, diverses lois rétahlirent en Prusse notamment
l'indivisihilité de la ferme et Ie droit de l'héritier privilégié. Les.
autorités occidentales d'occupation ont ahrogé en 1947 la Reich-
serbhofgesetz (ordonnance d'Empire sur les hiens ruraux hérédi-
taires) du 29 septemhre 1933 et les ordonnances suhséquentes. La
législation nationale-socialiste rendait incessihles, sans autorisation,
les trois-quarts des exploitations agricoles allemandes et en assurait
la transmission à un seul héritier; les autres héritiers se voyaient
attrihuer uniquement des droits alimentaires.
Outre son esprit autoritaire, ce système avait pour inconvénient
que les agriculteurs ne trouvaient plus facilement des crédits.
L'Espagne crée des hiens de famille à la faveur de la colonisation
intérieure (loi du 25 juillet 1952, Rec. lég. F.A.O., 1952, 11° 3 et
arrêté du 27 mai 1953, id., 1953, n° 2).
30
(art. 349 et suiv.} et au hien de famille prévu par la loi française:
du 13 juillet 1909 (4). Le homestead est insaisissahle.
c) Conclusions .
.'·35~ On ne saurait tirer une conclusion unique d'expériences faites·
dans des ·conditions et des circonstances très dissemhlahles. ·
Comment comparer en effet !'immense Brésil, aux po~sihHités ~
peu près illimitées, et un pays de culture intensive comme la Hol-
lande? Quelle commune mesure trouver entre l'lnde qui s'efforce
d'occuper Ie plus de main-d'reuvre possible aux champs et la Bel.,.
giq11e · ou la pénurie d'ouvriers agriooles s'accentue d'année en
année? Il faut tenir compte, souvent même à l'intérieur d'un même
pays, des différences de mentalité et de traditions (5).
Au surplus on constate dans tous les pays on la population pay-
sanne est acquise à l'idée du remembrement des terres, une ten~
dance spontanée à éviter de nouveaux ,démemhrements.
·• Il sèmhle préférable que la loi consacre plutot qu'elle ne pré-:
cède pareille orientation. On Ie conçoit sans peine pour ·les restric-
tio:Ó~ aux aliénations. La remarque vaut également pour la trans--
mission à un seul enfant de l'entreprise agricole familiale, mesurê
indispensable si l'on veut préserver la petite et la moyenne entre-
prise. Le partage inégal - l'expérience française Ie prouve - n'est
pratiqué que dans les milieux quine l'avaient pas ahandonné; il ne
se généralisera que Ie jour ou on découvrira derrière son apparente
injustice, une acceptahle nécessité. Encore faut-il trouver des
débouchés (6) pour les enfants écartés de l'exploitation,' de manière
que leurs revendications ne pèsent pas trop lourdement sur celui
qui la reprend. Conformément aux conceptions travaillistes-
actuelles, il convient de prévoir l'indemnisation des memhres de la
31
famille dont Ie labeur n'a pas été rémunéré; la France a suivi la
Suisse dans cette voie.
32
DEUXIÈME PARTIE
Du remembrement rural en France
LEGISLATION EN VIGUEUR
Lol DU 3 NOVEMBRE 1884 concernant les droits :fiscaux à percevoir
sur les échanges d'immeubles ruraux (D.P., 1885, 4, 17).
Lo1 DU 9 MARS 1941, sur la réorganisation de la propriété foncière
et Ie remembrement (Journal 0/ficiel du 18 avril, p. 1658;
Dalloz anal., 1944, lég., 206; Sirey, lois ann., 1941, 389).
D.ÉCRET DU 7 JANVIER 1942, portant règlement d'administration
publique pour l'application de la loi du 9 mars 1941 sur la
réorganisation de la propriété foncière et Ie remembrement
(J. 0., 29 janvier, p. 408; Dalloz anal., 19'42, lég., 57; Sirey, lois
ann., 1942, 918).
LOI DU 29 AVRIL 1944, relative à la mise en reuvre de la loi du 9 mars
1941 sur la réorganisation de la propriété foncière et Ie remem-
brement (J. 0., 3 mai 1944, p. 1214; Dalloz anal., 1944, lég., 61)
ÛRDONNANCE DU 4 OCTOBRE 1944, sur Ie rememhrement des pro-
priétés dont les limites ont été confondues du fait de la guerre
(J. 0., 14 octohre 1944, p. 936; Dalloz anal., 1944, lég., 120).
ÜRDONNANCE N° 45 - 1488 DU 7 JUILLET 1945, relative à la valida-
tion des actes dits loi du 9 mars 1941 sur la réorganisation fon-
cière et Ie rememhrement et décret du 7 janvier 1942 pour son
applieation (J. 0., 8 juillet 1945, p. 4162; Dalloz, 1945,
lég., 164).
LOI DU 10 MARS 1948, introduisant (sous quelques réserves) dans les
départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle, la
loi du 9 mars 1941, validée par l'ocdonnance du 7 juillet 1945,
sur la réorganisation de la propriété foncière et Ie rememhre-
ment (]. 0., 11 mars, p. 2436; Dalloz, 1948, lég. 119), et décret
d'application du 17 mars 1949 (J. 0., 18 mars, rectificatif J. 0.,
l"' avril: Dalloz, 1949, lég., 190).
DtcRET DU 20 DÉCEMBRE 1954, tendant à accélérer l'aménagement
foncier agricole et Ie rememhrement (J. 0., 22 décemhre 1954,
Dalloz, 1955, lég., 9, précédé de !'exposé des motifs).
33
CHAPITRE PREMIER
Origines
(1) J.D., D. crit., 1942, lég., p. "15. Toutefois Bloch (op. cit., p. 19) signale
qu'au XVII• siècle, les terres de villages dévastés par la guerre furent remem•
hrées. Dans les textes du XVIII~ siècle déjà, on trouve l'expression c: redistri-
hution des parcelles » (A.J. : c: Le rememhrement », L'Actualité juridique,
1946, p. 170). Le mouvement physiocratique suscita des rememhrements en
Lorraine et en Bourgogne aux environs de 1775 (Maspétiol, op. cit., p. 229) •.
On a dit également « réunion territoriale ». ,.
(2) Massot, Rev. lég. agr. 1951, p. 108.
(2bis) Poirée, Réorganisation foncière et remembrement de la propriété--
rurale, pp. 42 et suiv. ·
34
h) 1916 - 1939
2. Dès 1916, Ie Parlement français, dans Ie hut de pallier Ie défi-
cit de la production ~gricole dû aux destructions et au manque de
main-d'reuvre, prépara deux mesures de ·portée générale, l'une
applicahle à l'ensemhle du territoire, l'autre aux zones dévastée~-
Ce furent les lois du 27 novemhre 1918 et du 4 mars 1919.
L'attention avait été attirée sur la « pulvérisation » du sol fran•
çais; elle entraînait cette coïncidence que de riches régions co~me
la Limagne n'étaient plus exploitées complètement, les paysans
laissant en friche les parcelles difficiles d'accès ou trop exignës.
Dans Ie département des Ardennes, 8.619 propriétaires possédaient
179.819 parcelles dont 53.348 enclavées (superficie moyenne : 27
ares). On a pu citer récemment Ie cas d'un métayer de la Loire
Inférieure qui doit parcourir 72 kilomètres avec ses breufs pour
ramasser une récolte de 15 tonnes de hetteraves.
Ces deux exemples, qu'on pourrait multiplier, dénotent une {H.-
vision et une dispersion qui atteignent parfois les limites de l'ahsurde.
35
droit, avec les mêmes modalités, sur les immeubles attribués; toute-
fois les tiers peuvent présenter leurs dires et observations devant
Ja commission (art. 6).
36
II faut y ajouter les échanges qui ont été opérés en vertu de la
loi de 1884 (7).
(7) De 1919 à 1929, ces échanges, au nomhre de 916.829, ont porté sur
447.855 hectares (Massot, loc. cit.).
(8) Sine, loc. cit., - Schmerher indique un total de 700.000 hectares (p. 56).
(9) J. D., loc. cit. Dans la Somme, l'application de la loi de 1919 permit de
ramener Ie nomhre de parcelles de 220.000 à 40.000 (A. J., loc. cit.). - Maspé-
tiol cite d'autres exemples aussi concluants (op. cit., p. 417).
37
Le Conseil d'Etat tira du fait que la Commission départementale
constituait une juridiction, la conséquence qu'elle était tenue de
respecter les règles générales de procédure compatibles avec son
objet comme les règles spéciales qui la régissaient (secret des déli-
hérations - obligation de motiver - obligation de statuer sur les
moyens de droit - respect des droits de la défense).
Enfin, Ie Conseil d'Etat précisa l'interprétation que devaient
recevoir différentes prescriptions légales. Il décida par exemple
que la commission départementale ne pouvait, à l'occasion des
opérations de rememhrement, procéder au partage judiciaire des
hiens indivis; elle devait attrihuer des parcelles indivises en rem-
placement de celles qui sont apportées sous ce régime (deux arrêts,
cités dans l'étude susmentionnée). D'autre part, la loi n'accordant
pas à celui qui avait acquis des parcelles postérieurement à la loi
plus de droits que n'en tenait son auteur, l'acquéreur ne pouvait
prétendre qu'on doive tenir compte en vue du regroupement de
ses terres, à la fois de ce qu'il a acquis par succession postérieure-
ment à la loi et de ce qu'il possédait en propre avant 1914.
38-
CHAPITRE II
Depuis 1939
a) Situation en 1939
9. A la veille du dernier conflit, les services compétents consiclé-
raient que 22 p.c. du territoire cultivable, soit 10 millions d'hectares,
:SOuffraient encore d'un morcellement excessif (la superficie totale
de la France est de 55 millions d'hectares) (1).
Les causes de eet état de choses se trouvent dans les tendances
·individualistes et égalitaires consacrées par la Révolution, reprises
par le Code civil et d'ailleurs suivies jusqu'à nos jours par les
idées et les mreun (2). Comme la règle du partage égal s'applique
très souvent à de petites propriétés, il était fatal que les exploita-
.tions se composent toujours davantage de terres éparpillées et
exiguës (3). On a qualifié Ie Code Napoléon de « machine à
hacher Ie sol ».
La dépopulation et spécialement la politique de !'enfant unique
-avaient réduit Ie nombre des partages. Un regroupement systéma-
tique ne s'en avérait pas moins nécessaire et urgent. L'agriculture
moderne, mécanisée, s'accommode mal en effet de l'émiettement
des exploitations (4) .
Le vote à la majorité simple .des propriétaires visés avait sou-
vent fait obstacle au remembrement. Si depuis 1935 il ne pouvait
39
remettre en question les opérations dont Ie principe avait été
admis, il n'en constituait pas moins une entrave sérieuse. Les résu:l-
tats pratiques demeuraient dérisoires en regard de l'immensité de
la täche. Il fallut envisager un régime moins lihéral, sans toutefois
négliger l'assentiment et les desiderata des intéressés.
ll. Il faut souligner que la loi du 9 mars 1941 tend non seule-
ment à réduire Ie nomhre de parcelles mais aussi leur dispersion.
« Il est tout à fait impossihle, déclare Ie rapport au chef de l'Etat,
de concevoir la disparition du morcellement dans une commune ou
les hîitiments de tous les cultivateurs resteront rassemhlés en un
seul point. » La réunion des parcelles exige par conséquent la dis-
persion des hätiments agricoles (d. art. 10, 11, 17, 20, 21 de la loi
et 22, 38, 39 du décret du 7 janvier 1942).
(5) Les trois premiers cbapitres de cette loi sont insérés au livre f"• du
Code rural, sous Ie titre < De l'aménagement foncier » et y forment l'actuel
titre VI (art. 39).
(6) Voy. < Le remembrement de la propriété et Ie livre foncier », Rev. lég.,
doctr. et jur. du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la MoseUe, 1947, 57 -
Cf. in/ra, n" 20, note 6).
40
qualifierons de décret~loi; Ie règlement d'administration puhlique
édicté par décret du 7 janvier 1942 sera adapté en conséquence.
13 .. La loi du 3 novemhre 1884 est demeurée en vigueur. Elle
n'est pas sans effet. Les échanges qu'elle favorise, auxquels il faut
ajouter les incorporations de terres, voire de petits domaines par
les exploitations grandes et moyennes, ont amené une nette dimi-
nution du nomhre des parcelles au cours de ces dernières années (7) .
Il va sans dire que cette concentration relative - que va activer
l'application du décret-loi - ne saurait justifier un ralentissement
du programme de rememhrement (8) .
14. Le décret-loi contient un titre II consacré aux « encourage-
ments exceptionneis aux échanges amiabies » effectués dans les con-
ditions de la loi de 1884 et approuvés par la commission départe-
mentale de réorganisation foncière et de rememhrement. Il est prévu.
selon les termes de l'exposé des motifs :
a) Des avantages généraux accordés aux échanges, consistant en
l'exemption de droits, Ie remboursement de cinq ans d'impots
fonciers et une participation de l'Etat aux frais d'échange (art. 3
et 4);
h) La création de « comités d'échanges amiables », pouvant être
créés jusqu'au 31 décemhre 1958 à la diligence du préfet, sur propo-
sition d'éiéments représentatifs de la profession ou des services
compétents (art. 5, 7, 8 et 9) ;
c) La limitation des avantages dans le temps. Ceux-ci ne s'appli-
quent qu'aux échanges réalisés soit dans les deux ans de l'institution
du comité d'échanges amiables, soit, à défaut, avant Ie 31 décemhre
1958 (art. 6, 7 et 9) .
En outre, dans Ie cadre d'opérations de rememhrement, les échan-
ges amiahles pourront avoir hien dans les périmètres ou les com-
missions de rememhrement les auront jugés suffisants (art. 7) (9).
15. Il y a lieu de signaler en passant une ordonnance du 4 octo-
hre 1944, sur Ie rememhrement des propriétés .dont les limites ont
été confondues du fait de la guerre (Dall., Rec. an., 1944, lég., 120) .
Elle prescrivait une redistrihution provisoire, préliminaire au
rememhrement, de parcelles dont les limites ont été houleversées
ou confondues, à la suite des hostilités, sans mutation de pro-
priété.
(7) D. Faucher, op. cit., pp. 224 et suiv.
(8) Le décret-loi prescrit d'ailleurs d'envisager Ie remembrement chaque
.fois que les résultats obtenus par un comité d'échange auront été insuffi-
sants ( art. 6, al. 3 ) .
(9) Sur l'importance que peuvent prendre les échanges, voy. supra, n° 5,
note 7.
41
CHAPITRE III
a) Introduction
16. La loi de 1941-1945 comporte trois chapitres principaux res-
pectivement intitulés : Des commissions communales et départe-
mentales de réorganisation foncière et ,de rememhrement (art. r•
.à 6). - De la réorganisation de la propriété foncière agricole
(art. 7 à 16). - Du rememhrement des exploitations rurales
(art. 17 à 32). Un dernier chapitre contient des « Dispositions
.diverses » et notamment les mesures ahrogatoires et transitoires
(art. 34 à 40).
Le décret du 20 décembre 1'954 n'a pas modifié ce plan.
Comme la seconde partie était restée lettre morte et Ie restera
jusqu'à la mise en application effective de ce décret, nous étudie-
rons tout d'abord les chapitres I et 111 de la loi, nous attachant à
mettre en relief les idées neuves introduites tant en 1941 qu'en 1954.
42
les opérations, sous la haute main du préfet. En revanche, plusieurs
voies de recours verticales sont instituées : commission départemen:.
t~le, ministre de l'Agriculture, Conseil d'Etat.
. Les « associations foncières » n'ont qu'un role limité, postérieur
à l'achèvement des opérations (L., art. 25).
,La loi tend non seulement à mieux grouper les exploitations
existantes, mais à en créer de nouvelles et à favoriser Ie rehoise-
111ent (L., art. 21, al. 2 - cf. aussi art. 10, 11 et 12).
Il faut signaler encore qu'un role est désormais attrihué aux
fermiers et métayers (L., art. l"', notamment).
Enfin des mesures sont prises pour éviter Ie morcellement ulté-
rieur des exploitations remembrées ou créées (L., art. 31).
43
b) Organismes
l ") Commissions communales.
19. A la base se trouve la Commission comm,male de réorganisa-
tion foncière et de remembrement (L., art. rr, mod. par D.-L.,
art. Il) (3).
Elle peut être instituée par arrêté du préfet dans toute commune
ou l'utilité en a été signalée (4).
Sont qualifiés ·pour adresser une demande à eet effet : les set·-
vices intéressés - les propriétaires - les exploitants, sans compte1·
l'intervention du ministre de l'Agriculture (supra, n° 18).
Depuis Ie décret-loi, la commission est tenue de veiller à l'amé-
nagement de l'ensemhle des propriétés rurales non ha.ties d'une
commune; les échanges doivent être opérés dans la zone non remem-
hrée; l'aménagement peut être étendu à des parties de communes
limitrophes, si la commission estime que les propriétaires ou les
exploitants de ces territoires y trouvent avantage.
Il suffit semhle-t-il qu'un seul propriétaire ou fermier inter-
vienne pour que se déclenche, si les autorités (5) Ie jugent utile,
une opération dès lors inéluctahle. Certes les intéressés dispose-
ront de divers moyens de se faire entendre et de plusieurs voies de
recours, mais seulement en ce qui concerne les modalités et la pro-
cédure - et non sur Ie principe même du rememhrement. Régime
qui rappelle heaucoup plus celui de la loi de 1919 sur Ie remem-
hrement des régions dévastées que celui, encore démocratique, de
la loi de 1918-1935. On est loin de l'association de propriétaires,
maîtresse de l'entreprise, qu'avait prévue la loi de 1918.
44
Le délégué du directeur départemental des contrihutions directes
et du cadastre;
Le délégué du conservateur des eaux et forêts;
Le maire ou l'un des adjoints désigné par lui ;
Trois propriétaires exploitants de la commune (pouvant être rem-
placés, à leur défaut, par des exploitants non propriétaires) choisis
par Ie préfet, après avis de l'ingénieur en chef, directeur des ser-
vices agricoles, sur UDe liste d'au moins huit noms présentée par la
ehamhre d'agriculture. Peut-être vaudrait-il mieux désigner des
propriétaires non intéressés personnellement dans l'évaluation des
terres (7).
45
parents ou alliés jusqu'au 6• degré, soit par un avocat ou par un
àvoué, dispensé de procuration (D., art. 14) (Il).
( 11) Il semhle hien que seuls les avocats ou avoués soient dispensés de
justifier de leur mandat par écrit.
(12) En outre cinq suppléants, choisis par Ie préfet sur cette liste sont
appelés à siéger dans les mêmes circonatances que les suppléants des com•
missions communales, (supra, note 7).
46
. 25. Il incomhe à la comm1ss1on départementale tout d'abord,
sur Ie plan administratif, d'émettre un second avis sur l'opportunité
du rememhrement, ensuite, de garantir les droits des intéressés e-0:
connaissant de l'appel des décisions des commissions communales.
Il lui appartient également de statuer sur les demandes de muta-
tions de propriété entre vifs (D.-L., art. 2·5) •
c) Fonctionnement
1°) Mise en oouvre.
27. La commission communale n'a plus à exercer d'option entre
la réorganisation foncière et Ie remembrement, mais à combiner·
ces opérations et à les compléter par des échanges amiables (L., art.
3 nouveau, D.-L., art. 13).
Elle détermine Ie ou les périmètres à l'intérieur desquels elle est
d'avis d'employer chacun de ces procédés.
47
à la mairie de la commune intéressée et aux mairies des communes
limitrophes, et publié dans un journal du département (D., art. 19,
al. 2).
2°) Décisions et recours.
29. Au cours des opérations de remembrement, les propriétaires,
préalablement à toute décision, intéressant leurs propriétés, doi•
vent être avertis et mis en demeure de présenter leurs observations,
à peine d'annulation pour procédure irrégulière (14).
Les décisions prises par la commission communale (15) peuvent
être portées par l'ingénieur en chef du génie rural devant une
commission départementale (16), dans les quinze jours de la noti-
fication ou Ie mois de la publication (L., art. 4, al. r• et 2).
La commission départementale statue dans Ie délai de deux mois.
Elle a qualité pour
modifier Ie remembrement
ou en provoquer la modification
fixer l'ordre des travaux de remembrement.
30. Le préfot (et non plus l'ingénieur en chef précité, qui fait
partie de la commission) peut porter devant Ie ministre de l'Agri-
culture les décisions de la commission départementale. Le ministre
se prononce dans un délai de trois mois, après avis du Comité
consultatif.
Passé ce délai, la décision sur laquelle il n'a pas été statué est
exécutoire (L., art. 4, mod. par D.-L., art. 14).
48
Le recours n'est pas suspensif (Dalloz, Nouv. Rép., v° Conseil
d'Etat, n° 50) .
49
fier la consistance des droits d'un usufruitier (arrêt Siméon et:
Beauchet, 20 octobre 1950), et il lui serait interdit de procéder àu
partage judiciaire de hiens indivis (arrêt Féquant, 26 décembre-
1925, Rec. Cons. d'Etat, p. 1072 - cf. supra, n° 7 et in/ra, note 39) ..
d) Opérations
l°) Définition et buts.
33. Sous sa forme- actuelle, Ie remembrement rural stricto sensu
est une opération collective, applicable aux propriétés non baties-
dans un périmètre déterminé, réalisant au moyen d'une redistribu-
tion obligatoire, dans Ie hut exclusif d'améliorer l'exploitation-
agricole des biens qui y sont soumis, Ie regroupement des parcelles
morcelées et dispersées (cf. L., art. 17) (18).
« Il doit tendre à constituer des exploitations rurales d'un seul
tenant ou à grandes parcelles bien groupées. Le nouveau lotisse-
ment doit rapprocher des batiments d'exploitation les terres qui
constituent l'exploitation rurale» (id., in fine).
Il convient de souligner que la loi vise non seulement à réduire-
le nombre des parcelles isolées, mais à favoriser la reconstitution
de domaines d'une exploitation plus commode.
L'artide 21 précise qu'en principe il n'est créé qu'une seule · par-
celle par propriétaire et que, pour les terres arahles, aucun lot ne-
doit être attribué s'il est, en moyenne, situé à plus de 3 kilomètres
du centre de l'exploitation.
2°) Exemptions.
34. Déjà dans Ie décret-loi du 30 octobre 1935, Ie législateur
avait déterminé les hiens qui n'étaient « pas obligatoirement incor-
porés dans Ie périmètre à remembrer » (art. r•, in fine).
La loi actuelle, plus précise, exige l'assentiment des propriétaires-
pour l'incorporation des immeubles suivants :
a) terrains à bàtir (19) ;
b) terres entourant les.batimente;
c) mines, minières, carrières, etc.;
50
d) sources d'eaux minérales;
e) propriétés doses de murs;
/) « Et d'une façon générale, tous immeubles qui ne peuvent,
en raison de leur utilisation spéciale, bénéficier de l'opération de
remembrement » (L., art 18, mod. par D.-L., art. 17) (20).
3°) Déroulement.
35. Il est d'ordinaire créé une sous-commission dont Ie rûle est
de procéder au classement et à l'estimation des parcelles, et à
l'étude de la nouvelle répartition, avec Ie concours d'un géomètre
proposé par Ie Génie rural et accepté par la Commission commu-
nale (21). Elle se compose généralement du maire, président, d'un
délégué de l'ingénieur en chef du Génie rural, des propriétaires
membres de la commission communale, et de quatre ou cinq exploi-
tants ou anciens exploitant qualifiés, propriétaires ou non (Schmer-
ber, op. cit., p. 102 - Sine, op. cit., p. 172).
C'est à cette sous-commission qu'est confié Ie soin de déterminer
Ie périmètre des terres à remembrer et d'en exclure certains biens
(cf. supra, n° 27). Elle n'a cependant aucun pouvoir propre et ses
décisions doivent être confirmées par la commission communale
(Schmerber, loc. cit.).
51
30. Ensuite vient Ie classement et Vestimation des terres à remem-
hr~r (D., art. 29, al. 2) .
La nouvelle distrihution doit se faire par nature de culture
(L., art. 19). La loi de 1918 se hornait à exiger l'attrihution d'une
« surface de terre proportionnellement équivalente, soit en éten-
due, soit en qualité » (art. 2).
Sous Ie régîme de la loi de 1941, la « valeur culturale » est Ie
facteur décisif. Il convient donc de répartir les terres en un cer-
tain nomhre de classes, cinq ou six généralement, et d'étahlir une
valeur conventionnelle à !'hectare pour chaque catégorie (23) , au
moyen de parcelles-étalons.
De la sorte, il sera aisé d'attribuer à chaque propriétaire, selon
Ie vreu de la loi, une superficie de terre équivalente en valeur de
productivité réelle à celle des terres qu'il possédait, en tenant
compte des conditions locales (art. 19) (24) (25).
Il est toutefois opéré un prélèvement, sans indemnité, pour les
ouvrages collectifs, chemins, fossés et caetera (art. 23) et pour la
constitution d'une « masse commune » permettant de faire face
aux réclamations justifiées de la dernière heure (1 à 2 p. c. en sur-
face) (26). Le sort des chemins supprimés, maintenus, modifiés ou
créés est réglé par l'article 24 de la loi. Les modifications apportées
aux articles 23 et 24 de la loi de 1941 par Ie décret-loi de 1954 ont
eu pour hut, entre autres, de préciser Ie röle respectif de la com-
mission communale et du conseil municipa] quant aux chemins et
52
aux cours d'eau non navigables ni 6.ottables, ainsi que les obliga-
tions financières de l'Etat et de la commune.
53
notifié aux proprietaires intéressés (D., art. 32 et 33). Les limites
des nouveaux lots sont reportées provisoirement sur Ie terrain.
La protection des signaux et repères est assortie de sanctions
civiles et pénales (D.,-L., art. 28).
Après enquête officielle, la Commission, aidée de la sous-com-
mission, statue sur les doléances. Les intéressés sont avertis par
avis affiché à la mairie, qu'ils peuvent prendre connaissance des
décisions prises et disposent ,d'un mois pour interjeter appel,
auprès de la Commission départementale (D., art. 34) (30). Remar-
quons que celle-ci a Ie devoir, avant de ,statuer, de consulter un
propriétaire non réclamant qu'une modification demandée affec-
terait en ses hiens (Conseil d'Etat 27 janvier .1950 et 23 juin 1950,
cités par Sine, op. cit.).
40. Quand les opérations ont pris fin, par absence de recours
<levant la Commission départementale ou décision de celle-ci, un
arrêté préfectoral ordonne Ie dépöt à la mairie du plan de
rememhrement devenu définitif; avis du dépöt est donné par affi-
chage. L'arrêté est inséré au Recueil des actes administratifs de la
préf ecture (L., art. 22; et D., art. 35).
e) Conséquences
1°) Transfert.
41. Le transfert de la propriété se réalise au jour ou se clöturent
les opérations de remembrement. Le juge de paix, président de la
commission communale, requiert Ie conservateur des hypothèques
de procéder à la transcription en lui adressant Ie plan des opéra-
tions (31). ·
Li;t date de clöture des opérations est celle du dépöt en mairie
du plan définitif (L., art. 27, mod. par D.-L., art. 23).
Les règles de forme et de publicité seront modifiées par décret
après la réforme du régime hypothécaire (D.-L., art. 29), réforme
que vient d'opérer Ie décret-loi du 4 janvier 1955 sur la publicité
foncière.
2°) Ca.dastre.
42. Les résultats du remembrement sont incorporés dans les
documents cadastraux (L., art. 26 et D., art. 44 à 47), les mesures
de détail étant réglées par arrêtés des ministres de l'Agriculture..,
et des Finances (D., art. 47).
54
.:3°) Droits et actions.
43. Les immeubles échangés ne sont plus soumis qu'à l'exercièe
·des droits et actions nés du chef du nouveau propriétai~e
,(L., art. 27).
· -Dans l'hypothèse oii des droits civils ont été méconnus parce
qu'ils n'ont pas été invoqués en temps utile, il n'y a pas lieu à révi-
.sion du remembrement, mais Ie cas échéant à une indemnité en
.argent sur base d'enrichissement sans cause (Dalloz, Rép. dr. civ.,
· v 0 Remembrement, par Sava tier, n ° 38) .
.5°) Servitudes.
45. Les servitudes existant au profit ou à l'encontre des fonds
•compris ,dans Ie rememhrement suhsistent sans modification si elles
n'ont été éteintes par application de l'article 703 du Code
--0ivil (34) (L., art. 29).
·6°) Baux.
46. Désormais Ie fermier ou métayer a Ie choix entre deux solu-
·tions : ou d'ohtenir Ie report, jadis automatique, des effets du hail
•sur les parcelles acquises en échange, ou d'obtenir la résiliation
(32) ·Cons. Foiret. loc. cit., p. 687. Cet auteur estime que nonobstant l'ab-
sence, dans la loi nouvelle, d'une disposition à ce sujet, les créanciers hypo•
·tbécaires et privilégiés tirent du droit commun Ie droit de se faire entendre
de la commission si l'échange projeté lèse leurs intérêts.
Les mesures d'exécution sont reportées sans frais (L" art, 28, mod. par
D.-L" art 24).
(33) Quant aux soultes, voy. supra, n° 37, in fine,
(33bis) Dalloz, Rép. dr. civ., v" cit" n" 33
(34) c Les servitudes cessent lorsque les choses se trouvent en un tel état
-qu'on ne peut plus en user >. Idem en droit beige.
55
totale ou partielle du hall, sans indemnité, dans la mesure ou
l'étendue de sa jouïssance est diminuée par l'effet du remembre-
ment (L., art. 30). Il n'y a plus· report d'office comme sous !'empire
de la loi de 1935 (art. 6).
La même option est offerte au métayer ou colon partiaire
(L., art. 30, al. 2) .
7°) Principe
47. Il semble qu'il faille appliquer Ie principe de la subrogtJtion
réelle toutes les fois qu'il est possible, en dehors même des consé-
quences expressément prévues par la loi. « Ainsi, estime M. René
Savatier, Ie droit de retour de l'ascendant donateur s'exercera sur
les biens remembrés au lieu d'avoir pour assiette les biens aban-
donnés en échange ».
f) Coût
48. L'Etat assure Ie règlement des dépenses, dont l'ingénieur en
chef du génie rural est Jiordonnateur (L., art. 17, complété par
D.-L., art. 16).
Les documents nécessaires (plans et états divers) sont établi!' aux
frais de l'Etat (L., art. 16) . A cette exception près, les opérations,
soit de réorganisation foncière, soit de remembrement, sont è'trèc-
tuées aux frais des propriétaires, et sont réparties d'après la su-
perficie des terres apportées par chacun. L'Etat intervient dans des
conditions qui seront fixées par un arrêté concerté du ministre de
l'Agriculture et du ministre des Finances (L., art. 17, complété) (35).
La part de chacun est recouvrée en une fois en cas de réorga-
nisation foncière et en deux fois en cas de rememhrement
(D., art. 43) (36).
56
g) Associations foncières
49. Une association foncière est constituée dans les quinze jours
de l'arrêté préfectoral qui met Ie point final aux opérations. Elle
comprend tous les propriétaires des parcelles remembrées et pos-
eède Ie statut d'établissement public (L., art. 25, mod. par D.-L.,
art. 21).
Elle a pour objet la prise en charge (et non plus l'exécution), la
gestion et l'entretien des chemins et autres travaux d'amélioration
foncières connexes au remembrement (37).
Il peut se former des unions d'associations foncières.
Il est désormais loisible aux associations foncières, pour éviter
un vain parallélisme, d'exécuter des travaux du ressort des asso-
ciations syndicales prévues par les lois de 1865-1898 (L., art. 25 bis.
D.-L., art. 22) .
Des facultés d'expropriation leur sont reconnues (id., in fine) (38).
h) Remorcellement
50. En vue d'éviter Ie morcellement ultérieur des exploitatÎ!)ns
rurales remenibrées ou créées, toute division de parcelles comprises
dans Ie périmètre ou a eu lieu Ie remembrement devra être auto-
risée par la commission départementale (L., art. 31 (39).
Il n'appartient plus à celle-ci de rejeter la demande, mais
elle doit procéder elle-même au lotissement de manière telle que
les nouvelles parcelles créées se trouvent dans des conditions d'ex-
ploitation comparables à celles de l'immeuhle divisé, notamment
quant aux accès (D.-L., art. 26).
Tous actes contraires au présent article sont déclarés nuls (40).
(37) Sur les limites de la compétence des associations foncières, voy. supra,
note 26.
(38) Dans la mesure ou l'association exécute exclusivement les travaux
pour Ie compte des propriétaires des parcelles remembrées et non pour son
propre compte, il ne s'agit pas de travaux publics, ouvrant un droit à répa-
ration en cas de dommages aux biens sans que la victime ait à démontrer
aucune faute (Trib. adm. Grenoble, 13 janv. 1954, Dall., 1954, jur., 464 et note).
(39) Cette disposition s'applique au partage en cours, a décidé la Cour
d'appel d'Orléans (30 juin 1953, Rev. lég. agr., 1954, p. 115 et note), réformant
sur ce point civ. Pithiviers, 27 oct. 1949, ]uriscl. pér., 1949, II, 7345 et note
Becqué), après avoir confirmé que Ie nouveau partage qu'avait entraîné un
remembrement, après tirage au sort des lots, devait être l'reuvre du juge et
non des services de réorganisation foncière.
(40) Nullité d'ordre public puisqu'elle est édictée non en faveur de telles
personnes déterminées, mais par suite de eonsidérations d'intérêt général et
public, fait observer Foiret, loc. cit., p. 688, n° 8.
57
CHAPITRE IV
De la réorganisation foncière
a) Objet
51. La réorganisation foncière tend à des fins plus modestes. Il
-s'agit de réadaptations limitées et non ,d'un bouleversement. Le
,chapitre Il: de la loi du 9 mars 1941 permet d'imposer :
1• l'incorporation à des exploitations limitrophes - par voie
-d'échange ou de concession - des parcelles abandonnées ou
incultes (L., art. 9) et si eet état remonte à plus de deux ans,
leur expropriation en vue -de constituer ,des. lots suffisants
pour former des exploitations paysannes familiales (L., art. 10
et 11);
.2° l'expropriation des parcelles abandonnées ou incultes en vue
du reboisement, ou du moins l'obligation pour les proprié-
taires de rehoiser dans un certain délai (L., art. 12, modifié
en 1945);
:3° l'incorporation des enclaves - par voie d'échange ou de dé-
possession avec indemnité (L., art. 13) ;
4° des échanges, généralement bilatéraux, étant entendu que des
échanges ou remembrements amiables sont ,d'autre part pro-
voqués. Ces opérations, imposées ou amiables, se font suivant
les modalités de la loi du 3 novemhre 1884; elles sont ohli-
gatoires notamment lorsque la création de chemins ou fosséa
devait entraîner fa division des parcelles, ou lorsque des
échanges de cultures sont pratiqués (L., art. 14) (1);
5° la création, la modification ou la suppression des chemins
ruraux (L., art. 15).
Nous avons signalé que les dispositions de la loi du 9 mars 1941
-n'avaient pas subi de modifications jusqu'ici. L'exposé des motifs
.du décret du 20 décemhre 1954 en annonce la refonte, différée dans
(1) Sur une difficulté relative au transfert des droits réels, cf. ]ourn. not"
1951, p. 547.
La loi de 1884 ne prévoyait pas Ie report des droits réels.
l'attente des mesures à intervenir concernant la mise en valeur dea
terres abandonnées et la constitution d'exploitations familiales.
h) Organismes
52. Les organes de décision et de controle sont les mêmes que
pour les opérations de rememhrement.
D'ailleurs réorganisation foncière, rememhrement et échanges
amiahles vont de pair désormais, !'accent restant mis sur la seconde
formule toutefois (cf. supra, n° 27) (2).
c) Portée
53. En fait Ie chapitre II, qu'il nous a paru inutile d' analyser
de façon détaillée, était resté à peu près inappliqué (3).
Il est certain que l'on peut beaucoup attendre de la réforme
de 1954 (4).
S9
CHAPITRE V
Considérations générales
a) Phases successives
55. Les lois de 1865 et de 1889 datent de la période indivi-
dualiste.
Celles de 1888, 1898, 1918 et 1935 sont fondées .sur Ie principe de
la majorité.
Le régime actuel, développement de celui qu'avait instauré la
loi de 1919, se situe dans la phase collective, justifiée par l'intérêt
public autant que par l'intérêt privé.
b) Définition
56. Dans son remarquahle ouvrage (p. 124), SchmerheF propose
la définition suivante :
« Le rememhrement s'analyse comme une opération d'expropria-
tion d'utilité puhlique a·ppliquée à !'ensemble des propriétés rurales
non häties d'un territoire déterminé; elle a pour hut de donner en
compensation, à chaque propriétaire dépossédé, une propriété per•
mettant à l'exploitation agricole de s'exercer avec Ie maximum de
facilité sur des parcelles répondant aux conditions suivantes :
a) être suffisamment étendues et continues;
b) présenter une configuration avantageuse pour la culture;
c) être placées dans les conditions les ·plus favorahles pour cette
culture au point de vue des accès et de l'écoulement des eaux super-
ficielles. »
Cette définition nous paraît exacte et complète sous cette réserve
que nous dirions simplement qu'il s'agit d'une opération d'utilité
puhlique. Nous nous sommes ralliés, au cours de !'examen du droit
60
hollandais en la matière, à !'opinion-de Schepel, excluant Ie concept
,J'expropriation (1).
c) Maîtres-traits
57. L'opération porte sur la PROPRIÉTÉ (voy. in/ra, n° 60).
Elle a un caractère DÉFINITIF, qu'il serait souhaitahle de consacrer
par l'introduction du livre f oncier qui existe déjà en Alsace-Lor-
raine (voyez cependant Ie décret-loi du 4 janvier 1955).
Elle est QUASI OBLIGATOIRE', A eet égard, il semhle que l'adminis-
tration française, s'inspirant de Lyautey, n'a demandé de grands
pouvoirs que pour n'avoir pas à s'en servir. Elle agit par la persua-
sion, un peu comme les meilleurs fonctionnaires du despotisme
éclairé qui, eux, luttaient pour Ie partage des hiens communaux (2) .
C'est ainsi que dans Ie département de l'Aisne, deux rememhre-
ments seulement ont dû être mis en branie par les pouvoirs puhlics,
et que Ie nomhre actuel des demandes ne permet •pas d'y donner
suite sans déiai (3). La loi est donc autoritaire de conception et
lihéraie d'appiication.
ll convient d'insister sur la grande souplesse de la législation
française et sur !'empirisme de la pratique. On a vu que la sous-
commission communale a pu naître des nécessités sans qu'aucun
texte Ja prévît : il a suffi que la loi ne Ie défendît point.
d) Procédés accessoires
58. A cöté du rememhrement stricto sensu, Ie droit français con-
nait d'autres procédés de « regroupement foncier » :
- l'échange amiahle, largement pratiqué en attendant Ie remem-
hrement ou pour compléter une opération achevée (4) ;
- la réorganisation foncière, demeurée sans application jusqu'à
prèsent, mais renflouée par Ie décret-loi de 1954.
(1) Cf. cette étude, n° 10. Il nous faut reconnaître ·qu'on se trouve à la
limite de l'expropriation. D'autre part, les propriétaires de trop petites parcelles,
selon Ie nouveau projet de loi néerlandais, ne recevront qu'une indemnité en
espèces; ceux-là seront purement et simplement expropriés.
Schmerber, devançant peut-être l'évolution de l'institution, en est venu ii
eonsidérer qu'elle trouve sa raison d'être dans l'intérêt public (cf. p. 137 à 141);
le Plan Monnet en fait mention. Est-ce ,ii dire que l'intérêt privé soit devenu un
élément secondaire ? La pratique prouve Ie contraire. ( cf. supra, n° 49, note 38).
(2) Cf. Pierre Recht : « Les biens communaux des Namurois et leur par-
tage à la fin du XVIII• siècle» (Bruxelles, Bruylant, éd. 1950).
(3) Cf. Ann. not. et enr., 1952, p. 333.
(4) Ces échanges sont exempts depuis 1918 de tous droits au profit de l'Etat,
~auf toutefois de ceux qui sont afférents aux soultes et plus•values.
L'exemption est complète lorsque !'échange tombe sous l'application du
décret,loi de 1954, sans compter d'autres avantages (supra, n"' 14).
61
- la concession, l'expropriation ou la confiscation des parcelle&
abandonnées ou incultes, qui doivent faire l'objet de nouvelles
dispositions législatives.
62
L'opinion puhlique commence à se rendre compte de la nécessité-
d'un vaste remaniement parcellaire. Stimulée par les spécialistes et
par la presse, elle en réclame l'accélération (8). •
« Il est indispensahle que la réalisation du rememhrement soit
poursuivie avec persévérance et énergie », écrivait Maspétiol en.
1946 (op. cit., p. 495).
« Il est donc indispensahle de procéder au rememhrement des
petites parcelles dans les régions parcellées », enseignait aux Semai-
nes sociales de 1950 Ie professeur Coutin, à propos de l'utilisation
des machines modernes dans l'agriculture.
Les intéressés oot de leur cöté cessé de se montrer réticents. Lè-
nomhre de géomètres spécialisés est insuffisant pour répondre aux
appels qui leur sont adressés. On a calculé que seulement trois
propriétaires sur mille ont eu recours au Conseil d'Etat, qui ne leur
a donné raison qu'une fois sur six.
g) Résultats
62. Au 1., octohre 1953, on comptait 1.390.000 hectares remem~
hrés, 4.626 communes en cours d'opération, 1.476 demandes satis-
faites. La cadence des travaux tend à fléchir (9).
Il faut se rappeler que les premiers résultats de la nouvelle lor
ne remontent pratiquement qu'à 1945.
La réalisation du programme total - 14 millions d'hectares -
demandera prohablement près d'un demi-siècle, délai que l'on
pourra· abréger en accroissant Ie nombre des échanges préalahles
et en augmentant les crédits budgétaires.
On estime que l'accroissement des bénéfices dus au rememhre-
ment s'élève en moyenne à 25 p.c. (10). Il est vrai que dans trente-
neuf communes de Seine-et-Marne, pour ne citer qu'un exemple, le-
nombre des parcelles a été réduit de 115. 781 à 1.604.
(8) Outre les sources déjà citées, toutes favorables au remembrement cf. :
René Courtin, « De mon jardin à l'Europe », Ré/orme, 7 octobre 1950; Pierre
Coutin, < Les transformations techniques du monde rural », in Le Monde rural
dans l'économie moderne, p. 120; Y. Lorelle, « Lavancia,Opération pilote de re-
groupement rural dans Ie Jura », Réforme, 15 décembre 1951; « L'Agriculture
dans !'Economie française », Bulletin mensuel du bureau politique du Comte
de Paris, n° 41, 27 mars 1952.
Dans son livre sur « Le protestant français >, Ie professeur Léonard note-
que parmi ses coreligionnaires la situation du petit et du moyen propriétaire-
cultivant son sol est menacée, « du fait que s'imposeraient à lui, comme à tous-
aes semblables de la terre française, et l'achat d'un matériel coûteux et Ie re-·
membrement de ses multiples parcelles. » (Paris, 1953, p. 99).
(9) Le Monde, 24 août et 21 septembre 1954. Il n'a été achevé que 172.00&
llectares en 1953 contre 434.000 en 1949.
(10) Idem pour la valeur vénale suivant une enquête faite en Lorraine-
(Schmerher, op. cit., p. 73).
Quant à l'économie de temps, elle peut atteindre 30 p.c. sur les lahours,
la fenaison et les moissons.
63-
Conclusions
Liminaire
65. On a vu que Jes terres rememhrées ne peuvent plus être divi-
sées que par la commission départementale (L., art. 31, supra, n° 50).
En vertu d'autre part de la loi d'urhanisme du 15 juin 1943 (art.
82 et 92), les notaires doivent demander l'autorisation de lotisse-
ment, en cas de morcellement de propriétés rurales dans les zones
ou l'urhanisation est prévue ou prohahle (voy. Dall., 1953, suppl.,
p. 4, réponses des ministres).
a) Bien de familie
67. La première remonte à la loi du 12 juillet 1909, modifiée et
amplifiée en 1928 et 1931 notammènt (1). Elle a instauré Ie « hien
de famille » indivisihle et attrihuahle dans des conditions proches
de celles que prescrit la loi beige du 16 mai 1900 sur les petits héri-
tages (voir Dalloz, Nouv. Rép. et Rép. dr. civ., v 0 Bien de familie).
Il convient de noter ici deux différences : d'une part Ie hien de fa-
mille doit avoir fait l'ohjet d'une constitution (par déclaration de-
vant notaire, testament ou donation); d'autre part Ie maintien de
l'indivision peut être demandé dans des cas ou il ne se trouve pas
de mineurs parmi les descendants. Ces dispositions ont été rendues
récemment applicahles aux hiens dont la valeur n'excède par 5 mil-
lions (L., 7 juill. 1948 et 12 mars 1953).
Elles ont été étendues mutatis mutandis à divers territoires de
J'Union française (aux Etahlissements de l'Océanie par Ie décret du
24 octohre 1952 notamment).
(I) Le décret du pr mars 1808 sur les majorats tendait uniquement à per•
mettre à des families nohles de tenir leur rang ( cf. Maspétiol, op. cit., p. 300
et De Page, op. cit., t. VIII, n° 1738).
65
b) Exploitation agricole familiale
1) Généralités.
68. Le décret-loi du 17 juin 1938 et les lois subséquentes, « mo-
difiant les articles 815, 822, 827, 832, 859, 866, 1075, du Code civil »
ont réformé plus profondément Ie régime successoral (2) .
Certaines de ces modifications avaient déjà fait l'objet d'un
projet de loi du gouvernement impérial, en 1870, et de propositions
de loi au cours des premières années de la TIi" République.
66
71. La loi de 1938 exige que l'attrihutaire soit copropriétaire de
l'exploitation; qu'il y habite lors de !'ouverture de la succession;
qu'il la cultive ou participe effectivement à sa culture.
Les lois de 1909 et 1900, qui ne sont pas particulières aux hiens
ruraux, ne requièrent intégralement que la première condition.
L'héritier qui se propose d'occuper Ie hien ne jouit d'aucun droit
de préférence (Cass. h., 6 déc. 1945, Pas., 1945, I, 284; J. T., 1946,
124 et note Pirson).
Selon la loi de 1938, il appartient au juge de désigner J'attrihu-
taire (5) si plusieurs héritiers remplissent les conditions voulues
(Cass. fr., 7 juin 1950, Dall., 1950, 143 et note Lenoan), tandis que
les lois de 1909 et de 1900 étahlissent un ordre légal de préférence
oà. figure l'expédient du tirage au sort, peu rationnel lorsque des in-
térêts économiques importants sont en jeu.
D'après les lois de 1938 et de 1900 l'indivision doit avoir son ori~
gine dans un décès et non dans une donation (Besançon, 19 avril
1951, J. C. P., 1951, 2, 6306 et note Savatier). Les règles instaurées
en 1938 permettent à l'époux séparé de corps - ou divorcé - de
demander l'attrihution de l'exploitation agricole commune hien que
Ie texte de l'article 832 nouveau du Code civil ne semhle envisager
que l'indivision créée par la mort du propriétaire (Cass. fr., 9 et
non 2 nov. 1954, Dall., 1954, jur., 749, et note contra de Savatier -
pro : Esmein, Divorce et agriculture, Gaz. Pal. r• févr. 1955).
67
que Ie conJomt survivant ou l'héritier ait hahité Ie bien lors du
décès et en soit copropriétaire (6).
3) Portée.
74. Les mesures prévues par la loi de 1938 ont fait l'oh_jet de
nombreuses décisions judiciaires (7).
Néanmoins la réforme n'a rencontré qu'un accueil réservé selon
Ie professeur Robino (loc. cit., pp. 129 ets.), sauf dans les régions oû
les anciennes coutumes avaient survécu au Code civil en cette ma-
tière (Basses-Pyrénées, Auvergne, Alpes, Basse-Bretagne) (8). Les
mreurs, l'histoire, la dépréciation rapide des parts fixées en valeur,
ont nui à la popularité des modifications nécessafres au régime suc-
cessoral du Code civil.
A l'heure actuelle, les dispositions ajoutées aux articles 815 et
832 sont applicables aux exploitations ne dépassant pas 12 millions
en valeur (arr., 7 févr. 1952) et un maximum de superficie de 15 à
30 hectares suivant les départements (arr., 22 juill. et 12 déc. 1944).
c) Mesures diverses
76. Le statut du fermage instauré par l'ordonnance du 17 octobre
1945, modifiée par la loi du 13 avril 1946, reconnaît au bailleur UD
droit de reprise sur UD domaine ou des parcelles qu'il destine à se
confondre avec une exploitation qu'il a déjà (Dalloz, Rép. dr. civ.,
v 0 Louage, haux ruraux, n°• 475 et suiv.). Il n'est pas exigé que les
terres reprises soient d'UD seul tenant avec celles à grouper dans la
même exploitation (Cass. fr., 22 déc. 1948, Rev. fermages, 1949,
188). Ce droit peut s'exercer successivement sur plusieurs exploi-
tations ou plusieurs lots de terre (Cass. fr., 8 mai 1951, id., 1951,
392).
Par un mécanisme inverse, mais tendant également à la pro-
tection de l'unité d'exploitation, Ie statut du fermage (art. 45bis,
68
modifié par la loi du 15 juin 1949) avait temporairement prescrit Ie
redémembrement · et l'amodiation de certains domaines réunis
depuis 1939 (9).
Maspétiol (op. cit., p. 508) souhaite que la concentration exces-
sive de la terre soit prohibée, comme d'ailleurs Ie morcellement
d'une unité culturale en lots insuffisants à la vie d'nne famille pay-
depuis 1939 (9).
78. Le contrat de travail à salaire dif féré, institné par les articles
63 à 74 du décret-loi du 29 juillet 1939, confère au fils àl):é de plus
de dix-huit ans qui (CUVre dans l'exploitation familiale nne créance
opposable au fisc et aux cohéritiers (Il).
Cette innovation est de nature à alléger les charges snccessorales
de l'héritier attributaire sans préjudice à l'exonération fiscale men-
tionnée ei-avant (n° 77).
79. Il sied de rappeler enfin les ressources que le Code civil a ton-
jours offertes aux paysans soucieux d'éviter Ie morcellement incon-
sidéré de leur héritage (12). Il pourrait être recouru davantage à
l'institution contractuelle, an régime dotal, aux suhstitutions, au
(9) ,Cf. Dalloz, Nouv. Rép., mise a Jour 1954, v 0 Louage, n° 807.
(10) La notion d'unité familiale d'exploitation se retrouve notamment dans
les lois des 30 avril et 20 juin 1941 sur l'assainissement de la Crau et de la
Sologne (Maspétiol, op. cit., p. 515, en note).
Le Code civil suisse de 1907 porte en son article 616 que les cantons ont le
droit de prescrire que les biens,fonds ne pourront être morcelés au delà d'un
minimum de contenance fixé pour les différentes espèces de culture ( voy. aussi
Ie Code civil italien de 1942, art. 846 et 856).
(11) .Dalloz, Nouv. Rép., v 0 Succession, n°" 762 et suiv. La transmission suc•
cessorale de cette créance est exempte de tous droits (id. n° 1013; Code général
d96 impots, art. 81, 3° et 157, 4°).
L'article 63 du Code de la famille vient d'être légèrement modifié pat· Ie
décret-loi du 8 décemhre 1954 (D., 1955, lég., p. 2).
(12) Il faut dire que, jusqu'à ces dernières années tout au moins, Ie droit
successoral français était encore plus égalitaire dans la pratique que dans les
textes (cf. G. Ripert, Le régime démocratique et le droit civil moderne, Paris,
2' éd., 1948, n°' 52 et 53).
69
legs de residuo, au partage d'ascendant... (13), voire à la constitution
de sociétés de familie (14).
70
TROISIÈME PARTIE
Du rememhrement rural en Suisse
LEGISLATION FEDERALE.
Code civil suisse de 1907, entré en vigueur en 1912 (C. c. s.)
Code des Ohligations de 1881, révisé en 1911 et 1936 (C.O.).
Loi fédérale du 12 décemhre 1940 sur Ie désendettement agricole,
entrée en vigueur Ie rr janvier 1947.
Loi fédérale du 12 juin 1951 sur Ie maintien de la propriété
foncière rurale, entrée en vigueur Ie r• janvier 1953 (Rec. lég.
F. A. 0., 1952, n° 1).
Loi fédérale du 3 octohre 1951 sur l'amélioration de l'agriculture
et Ie maintien de la population paysanne (en ahrégé : Loi sur
l'agriculture) entrée en vigueur Ie 1•r janvier 1954, (ibid.).
N. B. - Pour la législation vaudoise, voy. n°' 30 et 71.
CHAPITRE PREMIER
Générali tés
l. Avant d'ahorder l'étude de la législation suisse en cette ma•
tière, il nous paraît souhaitahle de rappeler brièvement les aspects
de la structure politique de la confédération helvétique ainsi que
les caractères de son agriculture (1).
71
Structure politique
2. Les vingt-cinq cantons et demi-cantons composant la confédé-
ration sont souverains en ce sens que leur souveraineté n'est pas
limitée par la Constitution fédérale, et qu'ils exercent tous les droits
qui ne sont pas délégués au pouvoir fédéral (art. 3 de la Constitution
fédérale du 29 mai 1874).
Les cantons sont tenus de demander à la Confédération la garan-
tie de leurs constitutions (art. 6) .
Ils jouissent en matière politique d'une large autonomie. Chacun
d'eux possède une chamhre des députés ou Grand conseil et un or-
gane de gouvernement proprement dit : Ie Conseil d'Etat.
L'initiative laissée aux cantons pour organiser les conditions d'ap-
plication et notamment la procédure du rememhrement a, pensons-
nous, facilité et simplifié l'exécution de ces mesures. Les lois
cantonales ont souvent précédé et préparé l'élaboration des disposi-
tions fédérales en matière d'améliorations foncières.
72
nomène présente pour elle une importance particulière étant donné
Ie relief du pays qui impose déjà un compartimentage des exploita-
tions et la diversité extrême de la nature du sol et du sous-sol qui
accentuent ce caractère.
Un exemple impressionnant est celui du Val Blenio ou, pour deux
communes on a dénombré 88.000 parcelles sur une superficie de
2.200 ha appartenant à 656 propriétaires; ce qui représente en
moyenne 134 parcelles d'une grandeur de 250 m 2 par propriétaire.
De telles situations se rencontrent aussi dans les cantons des Grisons
et du Valais (2).
L'étendue des terres cultivables qui se révèle depuis longtemps
insuffisante, ne peut pratiquement plus être accrue. Cette surface
est de plus, réduite constamment par l'industrialisation, l'extension
des agglomérations urbaines et Ie développement des voies de com-
munications. Ces prohlèmes sont communs à la généralité des pays.
!Depuis 1905, 33.000 exploitations ont disparu; l'agriculture suisse
perd chaque année deux ou trois mille hectares de ses meilleures
terres.
Les améliorations foncières parmi lesquelles en ordre principal
vient Ie remaniement parcellaire, sont donc pour la Suisse un pro-
blème vital. On estime que 46 p. c. au moins des exploitations agn-
coles doivent encore être remembrées.
73
CHAPITRE II
74
8. La première intervention de la Confédération fut un arrêté de
1884 remplacé Ie 22 décemhre 1893 par la loi fédérale relative à
l'amélioration de l'agriculture.
Cette loi autorise pour la première fois la Confédération à accor-
der des suhsides pour faciliter l'application des mesures tendant à
stimuler l'agriculture, en précisant que les suhventions ne seront
accordées qu'à des entreprises ayant pour hut d'améliorer Ie sol ou
d'en faciliter l'exploitation. Ces suhventions peuvent atteindre 40 à
50 p. c. de la dépense totale et sont toujours proportionnelles aux
prestations cantonales. Aux autorités cantonales était laissée la régle-
mentation des questions d'ordre technique légal et administratif.
75
CHAPITRE 111
Le Code civil suisse
AMELIORATIONS FONCIERES
10. Le Code civil du 10 décemhre 1907 entré en vigueur en 1912
traduit les préoccupations qui se manifestèrent d'ahord sur Ie plan
cantonal.
Dans Ie livre des Droits réels, au titre de la Propriété foncière,
l'article 702 réserve expressément à la Confédération, aux cantons
et aux communes, le droit d'apporter, dans l'intérêt public, certaines
restrictions à la propriété foncière, notamment en ce qui concerne
les améliorations du sol, Ie morcellement des fonds, les réunions
parcellaires.
L'article 703 précise la portée de cette restriction en décrétant Ie
principe suivant : « Lorsque des améliorations du sol (corrections
de cours d'eau, desséchements, rehoisements, chemins, réunions
parcellaires de forêts et de fonds ruraux, etc.), ne peuvcnt être réa1i-
sées que par une communauté de propriétaires et que les ouvrages
nécessaires à eet effet sont décidés par la majorité des intéressés
possédant plus de la moitié du terrain, les autres sont tenus
d'adhérer à cette décision. Les propriétaires intéressés qui ne pren-
nent pas part à la décision seront réputés y adhérer. L'adhésion
sera mentionnée au registre foncier.
» Les cantons règlent la procédure. Tls doivent, en particulier pnur
les réunions parcellaires, édicter des règles détaillées.
» La législation cantonale peut alléger les conditions auxquelles
Ie présent code soumet l'exécution de ces travaux et implique pa1·
analogie les mêmes règles aux terrains à hätir » (1) .
Qu'advient-il du hail à ferme ? L'article 296 du Code des ohliga-
tions dispose : « Si des hie~s-fonds affermés sont compris dans
une réunion parcellaire, et que leur exploitation suhit de ce fait
une modification notahle, chacune des parties a Ie droit de résilier
Ie contrat pour la fin de l'année de hail courante.
» La résiliation a lieu sans indemnité » (2).
( 1) Les passages en italique ont été introduits par l'article 121 de la Loi
sur l'agriculture du 3 octobre 1951, entrée en vigueur Ie 1 er janvier 1954.
(2) Voy. Fiches jur. suisses, v0 Bail à ferme VI.
76
ll. ·La loi du 3 octobre 1951, précitée, exige une autorisation ,de
l'autorité cantonale compétente pour morceler à. nouveau des
terres comprises dans une rév.nion parcellaire, volontaire ou non
(art. 86).
Le Code civil contient d'autre part divèrses dispositions tendant
à éviter Ie morcellement des héritages (2bis).
Attribution préférentielle
(2bis) Ce sont les articles 616 à 625 et 633, complétés et partiellement modifiés
par l'article 94 de la loi fédérale sur Ie désendettement des domaines agricoles,
du 12 décemhre 1940, entrée en vigueur Ie 1er janvier 1947 et par la loi fédérale
du 12 juin 1951 sur le maintien de la propriété foncière rurale, entrée en
vigueur Ie 1~r janvier 1953.
On en déplore Ie caractère « dispositif » à l'égard des héritiers, ceux-ci étant
lihres de convenir d'un autre mode de partage (Fiches jur. suisses, v 0 Succes.
sions agricoles, I). Il faut y ajouter les articles 218bis et 218ter du Code des
ohligations (infra, n~ 22).
(3) D'autre part, il est loisihle aux rnntons de restreindre Ie droit légal à
l'attrihution intégrale dans les régions montagneuses on de propriété morcelée
(art. 62lquater modifié par l'article 49 de la lQi fédérale du 12 juin 1951,
précitée); les héritiers pourront ainsi, lorsque l'occasion s'en présente, arrondir
leurs propres biens.
(4) La notion d'héritier est plus large en droit suisse qu'en droit français;
elle comprend l'enfant naturel reconnu, de même que Ie conjoint survivant
s'il n'a pas simple qualité d'usufruitier, et l'héritier institué.
(5) Fiches jur. suisses, v 0 Successions agricoles, II.
(6) La loi hernoise reconnaît Ie privilège du cadet ou minorat (pour l'an-
cienne partie du canton seulement).
77
En cas d'injustice évidente résultant de la stricte application de
ces règles, Ie Tribunal fédéral admet qu'il y soit dérogé (7).
(7) Arrêt puhlié par Ie ]ournal des Tribunaux (suisse) de 1917, p. 146.
(8) L'article 621quater, al. 2, édictait que les cantons peuvent déterminer
certaines régions à caractère urbain on l'attrihution est autorisée à un prix dé;
passant la valeur du rendement. Une autre formule a été adoptée récemment
(cf. in/ra, note 12).
(9) A défaut d'accord snr la valeur de rendement et si elle n'est pas suf•
fisamment connue, elle est réputée égale aux trois-qnarts de la valeur vénale
(art. 618).
(10) Ces raisons peuvent être invoquées par l'autorité compétente pour refu-
ser la ratification de toute aliénation ou acquisition de terres ( voy. Fiches jur.
suisses, "-o Vente d'immeuhle, V).
(11) L'application de cette dispositiou est normalement exclue lors de
réunions parcellaires sur pied de l'article 703 du Code civil, ou à l'occasion
d'échanges spontanés de terrains avec des voisins pour arrondir l'exploitation
(Fiches jur. suisses, v<> Successions agricoles, IV).
78
ou constitué en apport en société dans les quinze années (dix autre-
fois) à compter du partage, les cohéritiers ont Ie droit de réclamer
leur quote-part du gain; il faut que ce droit ait été annoté au re-
gistre foncier lors du partage (art. 619, al. r•, modifié) (12).
Les cohéritiers ne peuvent toutefois rien recevoir au delà de ce
qu'ils auraient obtenu dans Ie partage si l'immeuble avait été attri-
bué pour un prix égal à sa valeur vénale (al. 2) .
Si aucun des héritiers ne demande l'attribution de toute l'exploi-
tation agricole ou qu'une requête tendant à sou attribution totale
est rejetée, chacun des membres de la « communauté héréditaire »
peut exiger qu'elle soit vendue comme un tout (art. 625bis, modifié
par la loi du 12 juin 1951).
Sursis au partage
18. Les articles 622 à 624 organisent Ie sursis au partage. En pareil
cas, les cohéritiers de l'attrihutaire sont contraints d~ former avec
lui une indivision en participation, dont ils pourront demander la
dissolution lorsque ce dernier aura acquis les moyens de liquider
sa situation sans grever ses hiens à l'excès (art. 623, al. Ier); sauf
convention contraire, l'attrihutaire est autorisé à demander en tout
temps la dissolution de l'indivision (al. 2).
Ces articles sont restés pratiquement lettre morte, les agriculteuri!I
préférant une solution nette et définitive (13).
Minimum de contenance
19. En vertu de l'article 616, les cantons out Ie droit de prescrire
que les hiens-fonds ne pourront être morcelés au delà d'un mini-
mum de contenance fixé pour les différentes espèces de culture. La
plnpart des cantons ont fait usage de cette disposition (14). Les ter-
mes généraux dans lesquels elle est conçue permettent de l'appli-
quer en toutes circonstances, bien qu'elle figure au titre « Du par-
tage » (15) .
(12) Depuis 1953 les cantons peuvent prolonger jusqu'à vingt-cinq ans
dans les régions à caractère urhain Ie délai pendant lequel les cohéritiers ont
Ie droit de réclamer leur quote-part (art. 62Iquater, al. 2, modifié par la loi du
12 juin 1951, et al. 3).
(13) Il faut dire que Ie Code ne prévoyait Ie sursis au partage qu'en cas
de danger de surendettement. La Loi fédérale précitée en a étendu l'applica-
tion contre des réalisations forcées nuisibles à l'économie > (concordat, sursis
rement à reprendre l'exploitation en entier (art. 62Ibis du C. civ. s.).
D'autre part la loi du 12 juin 1951 a instauré diverses « mesures de protec-
tion contre des réalisations forcées nuisibles à l'économie » { Concordat, sursis
- art. 28 à 43).
{14) Le minimum fixé oscille entre 18 et 40 ares.
(15) Voy aussi supra, n"' 16, in fine et note 10.
Sur l'application de l'article 616 dans Ie canton de Vaud, voy. in/ra, n"' 68.
79
Salaire diff éré
20. L'article 633 dispose : « Les enfants majeurs qui, faisant mé-
nage commun avec leurs parents, ont consacré leur travail ou leurs
revenus à la famille, peuvent réclamer lors du partage une indem-
nité équitable, à moins qu'ils n'y aient expressément renoncé ».
Cet article termine Ie chapitre « Des rapports » et institue, en
quelque sorte, selon l'expression de Borel, un rapport en sens in-
verse. Le droit qu'il confère a exclusivement Ie caractère d'un droit
successoral et n'est pas sujet à prescription jusqu'au partage. Les
parents ne peuvent en priver !'enfant. Le pécule ainsi constitué
facilitera l'acquisition par celui-ci de l'exploitation familiale.
lnaliénabilité temporaire
22. En vertu de l'article 218 du Code des obligations, les immeu-
hles agricoles ne peuvent être aliénés, ni en entier, ni par parcelles,
pendant dix ans à compter de leur acquisition. Cette disposition
ne s'applique pas aux terrains à bätir, ni aux immeuhles administrés
par un tuteur ou réalisés par voie de poursuite ou de faillite.
En outre, de justes motifs permettent d'obtenir dérogation à
cette règle, ainsi Ie dessein d'arrondir un domaine, de liquider une
succession ou d'empêcher une réalisation forcée (art. 218bis et
218ter, intercalés en 1942 (16) et modifiés en 1947).
Droit de préemption
22bis. L'article 682 du Code civil attrihue un droit de préemp•
tion au copropriétaire contre tout tiers acquéreur d'une quote-part
de l'immeuble indivis.
(16) Ces articles ont été modifiés en dernier lieu par l'article 50 de la loi
du 12 juin 1951.
Ajoutons que ladite loi autorise les cantons à instituer une procédure d'op-
position à la vente de biens-fonds lorsque l'acheteur est suspect de desseins
de spéculation, d'accaparement ou de simple cumul (art. 18 à 21).
80
Sans préjudice de cette disposition, la loi du 12 juin 1951 con-
fère pareil droit en cas de vente d'une exploitation agricole ou de
parties importantes de celles-ci aux proches parents du vendeur,
ainsi que, si Ie droit cantonal Ie prévoit et sous certaines conditions,
au fermier et aux personnes liées au vendeur par un contrat de
travail (art. 6 à 17) .
Diverses exceptions sont prévues et l'acquisition de la propriété
au cours d'enchères forcées est réservée (art. 6 et 10).
S'il se présente plusieurs candidats, un ordre légal semblable à
celui de la hiérarchie existant en matière d'attrihution préféren-
tielle doit être observé (comp. supra, n° 13).
Biens de familie
23. Pour éviter Ie morcellement des hiens de familie, il est per-
mis aux parents de créer une indivision, prévue pour un terme dé-
terminé ou sans terme. Dans ce dernier cas, la convention d'indivi-
sion peut être dénoncée par chaque indivisaire moyennant un aver•
tissement préalable de six mois. S'il s'agit d'une exploitation agri-
cole, la dénonciation n'est admissible que pour Ie terme usuel du
printemps ou de l'automne (art. 336 et s. du C. civ. s.).
(17) Il n'est pas sans intérêt de noter que Ie Code civil suisse est favora-
ble à la substitution fidéicommissaire (art. 488 à 490), ainsi qu'anx pactes suc-
cessoranx ayant pour objet l'institution d'un héritier, on la renonciation - à
titre gratuit on onéreux - d'un héritier (art. 494 et suiv.).
81
CHAPITRE IV
82
27. La mise à !'enquête publique e;t commune à toutes les législa-
tions; les délais prévus pour l'introduction des réclamations sont
assez brefs.
Les recours introduits par les propriétaires, ne sont pas déférée
aux trihunaux ordinaires. Les Suisses estiment que l'examen de ces
réclamations doit. être rapide et qu'une connaissance approfondie
des questions agricoles est indispensahle. Ce sont des organes dési-
gnés par les syndicats qui tranchent les litiges en premier ressort.
L'appel de ces décisions èst porté devant un service administratif
(autorité communale de district ou cantonale) ou hien devant un
trihunal arbitral composé de spécialistes désignés pour chaque en•
treprise, ou nommés par Ie gouvernement pour tout Ie canton.
L'institution de commissions centrales dont les memhres sont
nommés par Ie Conseil d'Etat s'est révélée particulièrement heu•
reuse.
La procédure des cantons suisses est plus simple, plus rapide que
celles qui ont été adoptées par la France et par la Hollande. Le
fait d'écarter l'intervention des trihunaux ordinaires ne peut cepen-
dant se concevoir que dans un pays ou, à l'échelle cantonale, les
ressortissants ont l'hahitude d'être consultés sur la gestion de leurs
intérêts communs.
83
CHAPITRE V
La législation vaudoise
en matière de remaniement parcellaire
SECTION I. - Législation
29. Elle comporte : une loi du 21 mai 1907 sur les améliorations
foncières, modifiée Ie 13 mai 1931; un règlement du 4 janvier 1916
pris par Ie Conseil d'Etat pour l'exécution des remaniements parcel-
laires <lans Ie canton de Vaud; un arrêté du 27 décembre 1944
complétant Ie précédent, et la loi du 31 mai 1949 modifiant et com-
plétant celles des 21 mai 1907 et 13 mai 1931 sur les améliorations
foncières.
84
La construction de chemins n'est prévue qu'en terrains agricoles
non morcelés (art. 1 er, litt. A, 2") . Les divers travaux d' améliora-
tions en terrains agricoles ou viticoles, en plaine et dans les régions
de montagne, ne hénéficieront de suhventions, s'ils s'appliquent à
des terrains morcelés, que lorsque Ie remaniement parcellaire sera
réalisé (art. l°', litt. A, IOQ).
En principe, les entreprises d'améliorations foncières ne peuvent
être subventionnées par l'Etat que lorsque les terrains intéressés
appartiennent à des communes, hameaux, collectivités ou syndicats
de propriétaires constitués selon Ie vreu de la loi.
85
Ie Conseil d'Etat pour tout ou partie du territoire d'une commune,
dans les cas suivants : lorsque Ie morcellement justifie cette opéra-
tion; lorsque la rénovation du plan cadastral s'impose; lorsque des
projets de construction ou de correction de voies publiques, chemins
de fer ou canaux, sont présentés (art. 4 bis de la loi du 31 mai 1949,
modifiant celles des 21 mai 1907 et 13 mai 1931).
Dans ce der11.ier cas, il appartient à l'Etat et aux communes de
faire étudier, en même temps que ces projets, les remaniements
parcellaires et dévestitures qui seraient rendus nécessaires par ces
entreprises. Dans cette hypothèse, l'Etat ou les communes, selon
l'appartenance des voies de communication, disposent d'une voix
dans les assemblées de propriétaires (art. 22 de la loi de 1949).
37. Dès que les majorités légales sont constatées, Ie syndicat est
constitué et l'assemblée procède à l'élaboration des statuts, nomme
son bureau et sa commission de classification.
Avant la convocation de l'assemblée générale, des conférences ex-
plicatives sont données par un représentant des améliorations fon-
cières sur les avantages et les charges d'une opération de remembre-
ment. Cette pratique qui est née de l'expérience, sans être prévue
par les lois ou règ1ements, nous parait excellente car elle est de
nature à faciliter considérablement les premiers contacts des pro-
priétaires au sein de l'assemblée et à rendre plus aisées et plus ra-
pides les décisions qu'ils sont appelés à prendre.
86
« Au cours de ces conférences », écrivent MM. Regamay et Sine
(op. cit., p. 153) « les idées générales se précisent et on prévoit or-
dinairement la constitution d'un comité provisoire ainsi que les
limites approximatives du périmètre à rememhrer. On fait alors
circuler une formule par laquelle les propriétaires signa!aires s'en•
gagent à adhérer à l'entreprise. L'assemhlée constitutive peut être
convoquée dès que les majorités légales sont atteintes. Le fait que
les propriétaires ont signé ne signifie pas !'engagement d'exécution
des travaux. Ceci est du ressort de l'assemhlée générale. Cette assem-
blée constitutive, à laquelle sont convoqués par lettre recommandée
tous les propriétaires, fixe alors de façon définitive les divers points
nécessaires à la mise en route de l'opération de rememhrement ».
3. Le syndicat.
4. Les statuts.
39. Dès que Ie syndicat est formé, il procède ·à la discussion des
statuts.
Un projet type est généralement communiqué à tous les proprié-
taires par les soins du service des Améliorations foncières.
Les statuts, qui constituent la charte de l'entreprise, déterminent
Ie périmètre provisoire des terres soumises au projet de rememhre•
ment,. les organes du syndicat et leurs attrihutions, les moyens finan-
ciers de l'entreprise, et toutes autres dispositions qui poµrraient être
ptoposées par les memhres de l'assemhlée, pour autant qu'elles
soient dans Ie cadre de la loi.
87
5. Bureau ou direction du syndicat.
40. La direction du syndicat comprend 3 à 9 memhres, propr1e-
taires, représentant les intérêts de la région. Ils sont élus par l'as-
semhlée pour une durée déterminée et sont rééligihles.
Ils ont fa gestion administrative et :6.nancière de l'entreprise. MM.
Regamey et Sine (op. cit., p. 154), estiment qu'il y a souvent intérêt
à introduire dans cette direction des propriétaires hostiles à l'idée
d'un rememhrement, a:6.n que l'avis de l'opposition soit envisagé.
Bien souvent, remarquent ces auteurs, au fur et à mesure de l'avan-
cement des travaux, ces opposants deviennent des partisans.
6. La Commission de dassification.
41. Son röle est très important; il lui incomhe notamment d'esti-
mer les parcelles (d'ou parfois son nom de commission d'estimation);
c'est elle qui statue en premier ressort sur les réclamations intro-
duites par les propriétaires. C'est d'elle que dépend en majeure
partie Ie succès de l'entreprise.
Elle est nommée par l'assemhlée des propriétaires, qui choisit ha-
hituellement des personnalités complètement étrangères à l'opé-
ration, mais ayant la con:6.ance de l'assemhlée; ce sont de préférence
des agriculteurs des villages voisins qui connaissent les t:raditions
du milieu rural (5bis).
Le secrétaire a uniquement un röle de technicien, il tient les
procès-verhaux, conseille et renseigne les memhres, de la com-
mission. C'est celle-ci qui prend les décisions; Ie secrétaire n'a pas
voie délihérative.
7. La Commission de gestion.
42. Cet organisme véri:6.e la comptahilité et la gestion de la direc-
tion du syndicat et dresse Ie rapport à présenter à l'assemhlée gé-
nérale.
8. Aspect financier.
43. Dès la constitution du syndicat, l'ensemhle des terres com-
prises dans Ie projet de remaniement, sont grevées d'une
hypothèque. La direction du syndicat s'adresse alors à un étahlisse-
ment bancaire pour ohtenir l'argent nécessaire à la mise en route
de l'entreprise. L'ensemhle des terres constitue la garantie de ce
prêt.
88
Les propriétaires peuvent effectuer anticipativement des verse•
ments afin de réduire au minimum les frais d'intérêts; l'Etat, dans
un hut d'encouragement, effectue de son cöté des versements pro-
portionnés aux sommes versées par les intéressés.
B. - Opérations de remembrement
45. Dans leur ordre successif elles se présentent de la manière
suivante :
1 ° Etablissement d'un plan général à l'éche1le 1/1000" du terri-
toire compris à l'intérieur du périmètre déterminé dans Ie~
statuts du syndicat, avec l'état de propriété de toutes les par•
celles;
2° Estimation des tertes suivant leur nature et leur valeur;
3° Mise à l'enquête du tableau d'estimation des terres;
4° Report des travaux collectifs (canaux et chemins), détermina•
tion de Ia valeur de l'entreprise et de celle des terres à répartir
à chaque propriétaire;
5° Etablissement du plan de nouvelle répartition des parcelles,
avec l'application des nouvelles taxes cadastrales, c'est-à-dire
projet de remaniement parcellaire avec tableau des mutations
d'hypothèques et autres droits, y compris les modifications de
servitudes;
6° Examen des plans et tableaux d'estimation et de répartition
par Ie département de l'agriculture;
7° Mise à l'enquête de ces plans et tableaux;
8° Requête du Conseil d'Etat, sollicitant l'inscription d'office au
bureau du registre foncier compétent (art. 3 du Règlement du
4 janv. 1916).
89
sion de classification. Si Ie périmètre provisoire devait subir des
modifi.cations, il y aurait lieu de s'assurer du maintien des majorités
légales à l'intérieur du nouveau périmètre.
Lorsque Ie périmètre est défi.nitivement établi, Ie géomètre, secré-
taire de la commission, dresse à l'échelle 1/1000", Ie plan général
du territoire compris à l'intérieur du périmètre, avec l'état de pro-
priété des parcelles.
Cet état de propriété est donné par Ie tableau des propriétaires
qui doit correspondre aux données du cadastre, mis à jour à l'épo-
que de l'établissement du plan général (art. 11 du Règlement). Les
parcelles doivent être numérotées (id.).
Dans l'accomplissement de sa täche, Ie géomètre doit se confor-
mer aux dispositions législatives en vigueur, au règlement d'exécu•
tion, au cahier des charges ainsi qu'aux directions du département
de l'agriculture (art. 4 du Règlement).
Le périmètre, Ie tableau des propriétaires et Ie plan des parcelles
sont alors soumis à !'enquête publique.
Après l'accomplissement de cette formalité, Ie syndicat des pro-
priétaires se voit accorder la personnalité juridique par Ie Consei]
d'Etat.
90
a) La méthode généralement adoptée consiste à répartir les ter-
rains compris dans Ie périmètre, en différentes classes de valeurs
diverses, dont Ie nomhre oscille entre 20 et 100.
Dans l'estimation de leur valeur, on tient compte des éléments
ayant un caractère permanent, intrinsèque, tels : l'origine du sol,
sa composition et sa formation géologique, sa teneur en eau, les pos-
sihilités d'exploitation, la topographie.
MM. Regamey et Sine affirment que les commissions de classifi-
cation composées d'agriculteurs, parviennent généralement à ré-
partir avec heaucoup d'exactitude les terrains dans ces diverses clas-
ses. On estime alors la valeur de la classe la plus élevée, par rap•
port à laquelle sont alors estimées les autres classes (1) .
Les limites sont d'ahord déterminées sur Ie terrain et reportées
ensuite sur Ie plan par Ie géomètre, au fur et à mesure des décisions
de la commission de classification.
Les classes et les parcelles ne coïncident pas nécessairement; il
arrive souvent en Suisse ou les terrains varient sur des distances
très courtes, qu'une seule parcelle comporte des parties situées dans
des classes différentes.
L'essentiel, disent MM. Regamey et Sine, est d'arriver à des « esti-
mations proportionnelles exactes les unes par rapport aux autres,
puisque Ie rememhrement n'envisage que !'échange de parcelles» (2).
La pratique a démontré qu'il est de heaucoup préférahle d'estimer
plutöt bas que trop haut; la répartition des parcelles se fait alors
plus aisément.
b) L'autre méthode consiste à déterminer directement la valeur
de chaque terrain sans recourir à la division en classes. Cette mé-
thode qui, à première vue, paraît heaucoup plus simple, présente
dans son exécution des difficultés heaucoup plus grandes.
L'on comprend aisément que lorsque, pour un périmètre donné,
une classification des terrains a été faite, hasée uniquement sur leur
nature et leur valeur intrinsèque, indépendamment de tout lien de
droit, il soit plus facile par après de se servir de ces classes pour
évaluer les terrains appartenant à tel ou tel propriétaire.
(1) Op. cit., p. 156. En Autriche également ce sont des agriculteurs qui
~ont chargés de ces taches (cf. supra, lntrod. gén., n° 21, in fine).
(2) Op. cit., p. 157.
91
50. L'estimation terminée, Ie plan général avec la désignation de;i
limites des classes, Ie tableau des variations passagères de valeur,
Ie tableau d'estimation des arbres, sont soumis au département de
l' agriculture.
Le géomètre-secrétaire doit également joindre à ces pièces Ie pro-
cès-verbal des opérations de la commission, notamment l'indication
des principes qui ont servi de base à l'estimation (art. 12 du Règle-
ment).
92
Si l'opération ne permet pas de donner à un propriétaire l'équi-
valent des parcelles qu'il doit céder, il a droit à une compensation
équitable soit en terrain, soit exceptionnellement en argent (art. 12,
litt. D).
Les terrains gagnés par suite de la suppression d'anciens chemins,
ruisseaux ou fossés, sont attribués aux propriétaires bordiers, sous
réserve des compensations et indemnités auxquelles ils peuvent être
tenus (art. 13 de la loi de 1907).
BASES DE LA RÉPARTITION.
93
propriétaires et en attribuam d'autre part une valeur de conseil,
de « guide », à d'autres règles qui ne peuvent être appliquées ri-
goureusement da.ns tous les cas. Elle laisse de plus aux responsa-
bles des opérations une certaine liberté dans Ie choix et la htérar-
chie des règies de répartition.
Echanges.
56. Il est toujours permis à deux ou plusieurs propriétaires d'opé-
rer des échanges avec des parcelles situées à l'extérieur du péri-
mètre lorsque ces échanges ont pour résultat un groupement plus
intense des fonds soumis au remaniement parcellaire. Ces échanges
sont soumis à la commission de classification qui constate les trans-
ferts immohiliers.
L'ensemble de ces dispositions s'insère logiquement dans Ie ca-
dre de la définition du remaniement parcellaire donné par Ie règle-
ment d'exécution de 1916, définition que nous avons reproduite
précédemment (n° 32) et dont nous rappelons ici encore les élé-
ments : répartition judicieuse de la propriété foncière en lots régu-
liers, disposés favorahlement en vue d'une exploitation rationnelle;
groupement des parcelles dans la mesure compatible avec les con-
ditions d'exploitation; Ie hut finaI étant une exploitation agricole
intensive.
94
Elles constituent d'une part une garantie des droits des parties, et
permettent d'autre part d'atteindre Ie hut économique projeté en
assurant l'équilihre entre l'intérêt du groupement et l'intérêt des
particuliers, sans que ce dernier soit sacrifié au premier.
Exécution.
58. La commission de classification apprécie la plus-value de cha-
que parcelle; elle étahlit la plus-value totale pour l'ensemble des
exploitations et répartit alors les frais proportionnellement aux plus.
values particulières.
Ce calcul se fait en considération des deux éléments suivants :
a) la plus-value acquise par la parcelle elle-même;
b) la plus-value acqui~e par Ie groupement et Ie rapprochement
du centre d'exploitation.
Le tableau des frais est rendu public par l'enquête, ce qui permet
à chaque propriétaire de connaître à la fois sa part de frais et celle
de ses voisins.
Cette évaluation directe a été adoptée après d'autres méthodes et
est Ie résultat d'une évolution imposée par l'expérience. Elle a
donné toute satisfaction, étant donné les procédés employés pré-
cédemment, consistant à répartir les frais d'après la surface des
parcelles.
95
mément au Code de procédure civile (art. 6, al 3 et 4 de la loi de
1907, modifié par la loi du 13 mai 1931).
La commission de classification n'est compétente que pour con-
naître des recours introduits par les propriétaires de terrains faisant
partie de l'entreprise de remaniement.
En règle générale, les travaux et ouvrages occasionnés par un re-
membrement passent dans Ie domaine public des communes et sont
entretenus par celles-ci (art. 43 de la loi de 1907 modifié par la loi
du 13 mai 1931).
6. Subsides.
Remarque.
96
63. 2) Le payement des frais d'exécution des travaux est garant!
par une hypothèque légale qui est dispensée d'inscription. Ceue hy-
pothèque prend naissance à la constitution du syndicat et s'éteint
avec Ie payement de la contribution du propriétaire.
Elle a Ie même rang que les autres hypothèques légales de droit
public et prime toutes les autres charges (art. 48 de la loi de 1907
modifié par la loi du 13 mai 1931).
Lorsque Ie tableau de répartition des frais a été soumis à enquête
et lorsqu'il a été statué définitivement sur les réclamations intro•
duites par les intéressés, Ie tableau vaut titre exécutoire pour Ie
payement des frais, sous réserve de l'accomplissement de certaine11
formalités. (Il doit être certifié exact par Ie président et Ie secré-
taire de la commission de classification, approuvé par Ie président
et secrétaire du syndicat et visé par Ie D.épartement de l'agricul-
ture).
Un délai de 10 ans au maximum peut être donné aux propriétaires
pour Ie payement qui s'effectue par annuités.
La rentrée des contributions se fait de la même façon que la per-
ception de l'impot.
97
Il suffit de déposer Ie tableau définitif portant les différentes opé-
rations du remaniement au bureau des droits réels. C'est la direc-
tion du syndicat, qui a - dans les opérations de remaniement -
UD role de gestion, qui se charge de ce dépot.
L'inscription des mutations est faite sans frais sur les titres qui
doivent être présentés au conservateur des droits réels dans · un
délai de rigueur (20 jours).
Les mutations et inscriptions de servitudes se font aussi d'office
et sans frais.
9. Enquêtes.
65. Les décisions de la commission de classification relatives aux
principales phases de l'entreprise, sont soumises à des enquêtes pu-
bliques. Ce sont : l'estimation des parcelles, Ie projet des travaux
collectifs, la répartition des nouvelles parcelles, la répartition des
charges, les mutations d'hypothèque et autres charges. -
Durée : Ces enquêtes ont en général une durée minimum de 10
jours, à l'exception des enquêtes relatives à la répartition des nou-
velles parcelles, dont la durée minimum est fixée à 20 jours (art. 14
de la loi de 1907 modifiée par la loi de 1949).
Procédure : Les propriétaires intéressés sont avertis individµelle-
ment par lettre recommandée et invités à formuler leurs réclama-
tions par écrit, dans un délai déterminé.
Lors de la mise à !'enquête du tableau portant les mutations de
droits d'hypothèques et autres charges, les créanciers hypothécaires
et les ayants droit de servitudes, sont avisés de la même manière.
De plus, dans Ie hut de donner Ie plus de garantie possible à l'en-
treprise, la direction du syndicat invite par publication et par affi.
chage dans les communes intéressées, tous ceux qui s'estimeraient
lésés par l'exécution des projets à présenter leurs réclamations dans
Ie délai prescrit.
98
cision. Le département transmet ces recours, à bref délai, à la Com-
mission centrale. Celle-ci après avoir examiné la recevabilité de
l'appel, procède aux mesures d'instruction : inspectión locale, audi-
tion du « recourant », audition de témoins. La décision de la Com-
mission centrale est définitive (art. 26 du Règlement; art. 15 de la
loi de 1907).
Beaucoup de réclamations tombent devant les explications du
géomètre et des membres de la Commission de classification; les
recours à la Commission centrale sont exceptionnels. La persistance
des recours dépend de la manière dont Ie remembrement a été
exécuté.
Quant aux propriétaires qui ne font pas partie de l'entreprise
mais qui sont invités à faire connaître leurs oppositions, ils doivent
introduire leurs réclamations directement devant Ie Conseil d'Etat.
99
Dans Ie même ordre d'esprit, ces auteurs affirment que les deman-
des de remembrement « affluent au service des améliorations fon-
cières, qui doit freiner les réalisations par suite des crédits insuffi.
sants dont il dispose ».
Ces tendances des intéressés eux-mêmes, démontre à suffisance les
qualités de la législation suisse et les résultats favorables apportés
par des remaniements exécutés d'une façon rationnelle.
SECTiON IV - Résultats
70. La loi de 1907 a permis la réalisation de plus du tiers du
programme de remembrement pour Ie pays de Vaud (30.000 hecta-
res sur 90.000 en 1951).
En y incluant les travaux d'assainissement inséparables d'un re-
maniement parcellaire bien compris, la dépense est de 1500-1800
francs suisses par hectare.
Les moyens financiers du canton et de la Confédération n'autori-
sent pas l'espoir d'en terminer avant Ie début du siècle prochain.
Aussi Ie législateur vaudois a-t-il été amené à prendre l'initiative
d'une nouvelle méthode de remaniement que nous allons examiner
succinctement.
100
CHAPITRE VI
La législation vaudoise
en matière de "réunion parcellaire"
(1) Voy. Les réunions parcellaires, par Ie Service cantonaI vaudois des
améliorations foncières ( texte IégaI et commentaire, suivis des statuts type
d'un syndicat de réunion parcellaire et d'indications diverses).
(2) Cf. supra, n° 1, note 1.
(3) Sur Ie sens de ce mot, cf. supra, n° 35, note 5.
101
Chaque parcelle est évaluée sur base des indications cadastra-
les (4). Il est attribué à chaque propriétaire un ou plusieurs
« mas » (5) constitués par des parcelles cadastrales anciennes,
d'une valeur totale équivalente à celles qu'il possédait.
Si la valeur globale des hiens attribués est supérieure ou infé-
rieure à !'ensemble des anciennes, la commission peut décider Ie
fractionnement d'une parcelle cadastrale.
Les arbres font l'objet d'une estimation spéciale et d'une com-
pensation en argent.
Les soultes sont exigibles dans un délai d'une année à daler de
la prise de possession des parcelles (art. 6).
102
CHAPITRE VII
Procédés complémentaires
(Législation fédérale)
103
79. Le Conseil fédéral subventionne les améliorations foncières
qu'il a approuvées dans une proportion qui peut atteindre quarante
pour cent, voire cinquante pour cent, dans les régions de montagne
notamment (art. 91).
Des subsides sont accordés aux colons qui s'établissent à l'occa-
sion de réunions parcellaires (art. 92).
En général, semble-t-il, les cantons sont tenus d'accorder des
subventions au moins égales à celles de la Confédération (art. 102) .
104
QUATRIÈME PARTJE
Du rememhrement rural aux Pays-Bas
Législation
Lo1 DU 31 OCTOBRE 1924 (Staatsblad, n° 481), portant des disposi-
tions en matière de rememhrement.
Lo1 DU 20 MAi 1938 (Staatsblad, n° 618), portant de nouvelles dispo-
sitions en matière de remembrement (Ruilverkavelingswet,
1938) (Annuaire intern. de Législ. agric., 1938, pp. 763 et suiv.).
ARRÊTÉ DU 2 JUILLET 1938 (Staatsblad, n° 669), en vue de l'exécu-
tion de l'article 8 de la loi de remembrement 1938.
ARRÊTÉS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL du département de l'Agricul-
ture et de la Pêche du 19 juillet 1941 (Stafftscourant, n° 139)
et du 19 septemhre 1941 (id., n° 183), modifiant la loi du 20
mai 1938 (1).
Lm DU27 NOVEMBRE 1947 (Staatsblad, n° H.400) relative au relotÎS•
sement de Walcheren (Herverkavelingswet Walcheren) (1).
Lo1 DU 7 AOUT 1953 (Staatsblad, texte n° 444), portant dispositions
concernant la reconstruction agraire et Ie relotissement (Her-
verkaveling) de territoires de la province de Zélande en relation
avec les inondations de février 1953.
Lo1 DU 7 AOUT 1953 (Staatsblad, texte n° 446) réglementant certains
actes juridiques concernant l'aliénation des terrains agricoles
(Rec. lég. F.A.O., 1953, n° 3 - Errata : 1953, n° 4).
ARRÊTÉ DU 18 DÉCEMBRE 1953 (Staatsblad, texte n° 446) portant
règlement d'administration générale visé à l'article 6 de la loi
concernant 'l'aliénation des terrains agricoles (Rec. lég. F.A.O.,
1953, n° 4).
Lo1 DU 3 NOVEMBRE 1954, portant de nouvelles dispositions en ma-
tière de rememhrement (Staatsblad, 1954, texte n° 510).
105
Liminaire
a) Généralitée
l. La Hollande est un pays d'environ 35.000 km 2, peuplé de 10 1/2
millions d'hahitants (Belgique : 30.500 km 2 et 8 3/4 millions d'ha-
hitants) (1).
Ses agriculteurs, qui doivent lutter sur les marchés étrangers, ne
négligent aucun moyen d'améliorer ou de faciliter la production.
Cependant, du fait d'un individualisme traditionnel, Ie rememhre-
ment rural (2) n'a pas hénéficié au départ d'un préjugé favorahle.
Le mouvement n'a de plus pas été stimulé, à !'origine, par les néces-
sités de la restauration après une guerre dévastatrice, comme en
France. En revanche des organisations agricoles se sont très töt in-
téressées à la réorganisation foncière et ont considérahlement aidé
les pouvoirs puhlics par une active propagande (3).
Il ne semhle pas que les Pays-Bas aient suivi au XIX" siècle
l'exemple de l'Allemagne, on de nomhreux rememhrements furent
réalisés avec succès.
106
Il convient · d'ohserver que certaines reg1ons sont parcellées do
manière satisfaisante. Ainsi, les îles et Ie littoral frisons, Ie oord de
la Gueldre et une grande partie des provinces de Hollande septen-
trionale, de Hollande méridionale et d'Utrecht (4). C'est surtout
dans Ie sud, dans l'est et aux confins des provinces de Frise et de
Groningue que des mesures s'imposent (5).
On considère que 1.500.000 hectares, soit 3/7 du territotre et 3/5
de 1a surface cultivahle, doivent être remembrés.
b) Evolution législative
3. Les premiers essais - volontaires - de remembrement ne re·
montent guère qu'au déhut de ce siècle. Il fallait ohtenir Ie con-
sentement de tous les propriétaires.
En 1910, une commission désignée par Ie Nederlandsch Land-
bouw-Comité (Ligue agricole néerlandaise) rédigea un projet de
loi. Un projet déposé par Ie Gouvernement en 1923 ahoutit à la loi
du 31 octohre 1924.
La pratique fit apparaître la nécessité d'amender cette première
loi, d'application trop lente. Vers 1936 moins de 10.000 hectares
(sur 500.000 seion l'estimation de I'époque), avaient été remaniés.
( 4) Situation due en partie au fait que dans diverses régions, la Frise mari-
time et le Harlemmermeer par exemple, le domaine familial est attribué en
principe au fils aîné.
(5) Le ministère de l'Agriculture a fait dresser en 1951 une carte des régions
ou Ie rememhrement est estimé urgent, assez urgent ou moins urgent (repro-
duite par Bouwman, Ruilverkaveling, fig. 5).
En 1953, 480,000 hectares ont été classés dans la catégorie « très urgent » et
525.000 dans la catégorie « urgent ».
(6) La loi comporte 107 articles, plus du double de la loi française de 1941-
1945; en revanche l'unique arrêté d'application est d'ohjet très limité.
( 7) Modifié en ses dispositions transitoires par l'arrêté du 19 septembre
1941, annulé par arrêté-loi de Londres, puis maintenu temporairement en vigueut
par arrêté-loi du 5 septembre 1945.
(8) Les arrêtés de 1941 ont été maintenus en application jusqu'à l'entrée
en vigueur de la loi du 3 novemhre 1954.
Il sera fait mention, au passage, des changements qu'a apportés l'arrêté du
19 juillet 1941 (voy. aussi in/ra, n" 30, en note).
107
5. Une loi spéciale du 27 novemhre 1947 s'applique à la redistri-
hution des terres, appelée herverkaveling, dans l'île de Walcheren
qui fut presque entièrement immergée à l'automne 1944. Nous de-
vons nous horner à faire mention de ce procédé plus radical, justifié
par des circonstances exceptionnelles (9) , étendu par la loi du 7 août
1953 aux parties de la Zélande inondées à la suite du raz de marée
du 1e• février de la même année.
.
La loi du 3 novemhre 1954 tend notamment à accélérer la procé-
dure et à offrir des garanties aux fermiers (10). Nous en donnons
un aperçu (in/ra, n° 76) et signalons au passage les principales in-
novations qu'elle apporte (11).
(9) Cette loi contient 108 articles. La superficie minima de toute exploitation
a été fixée à 10 ha. Les paysans sacrifiés se sont vu attribuer des terres dans Ie
polder Nord-Est du Zuyderzee. C'est avec l'Irlande (supra, Introducûon géné-
rale, n° 22) Ie seul cas dont nous ayons connaissance ou une législation s'écarte
du principe de l'attribution intégrale de la masse constituée aux propriétaires
intéressés.
Herverkaveling signifie littéralement : « nouveau relotissement ».
(10) Voy. et comp. in/ra, n"" 51 et 76.
Sous Ie régime de la loi de 1938, il n'était pas permh d'imposer un fermier
à un propriétaire qni n'était pas son bailleur avant les opérations de remem-
brement; mais la naissance d'une convention de bail se déduisait de !'absence
de griefs formulés- sur ce point par Ie bailleur contre Ie plan de remembrement
(Cass. 17 septembre 1953, N.J., n° 739; civ. Arnhem, 1•• novembre 1951, NJ.,
n~ 344).
(11) La nouvelle loi entrera en vigueur à une date qui sera fixée par
arrêté royal (art. 134).
108
CHAPITRE PREMIER
Du rememhrement légal
lntroduction.
7. La loi du 31 octohre 1924 reposait sur Ie consensus des intéres-
~és. Il fallait acclimater une idée nouvelle et il ne servait de rien
de vouloir l'imposer avant que les esprits n'en puissent ~omprendre
les bienfaits.
Une double majorité était exigée pour l'acceptation du plan :
d'après Ie nomhre des propriétaires et d'après les superficies en jeu.
Une seule suffit actuellement; de plus les pouvoirs puhlics ont été
armés pour faire prévaloir Ie cas échéant l'intérêt général, même
contre la majorité des intéressés.
En 1938, Ie dernier rejet remontait à 1936 (1).
109
pagnée ou non de l' établissement ou du déplacement de chemins et
voies d' écoulement.
L'expression néerlandaise « ruilverkaveling » (relotissement par
échange) marque hien la nature de l'opération. Elle ne semhle s'ap·
pliquer qu'au rememhrement rural (3).
IIO
SECTION II.
Caractéristiques de la loi de 1938
ll. Nous avons vu que la loi du 20 mai 1938, qui n'est qu'une ver-
1'ion améliorée et complétée de celle de 1924, a pour hut de rendre
plus facile - voire même plus inéluctable - les remembrements
reconnus nécessaires et, par Ie fait même, d'accélérer la procédure.
lll
nonobstant la résistance des propriétaires. Ceux-ci sont indemnisés
par Ie Trésor des dommages éventuellement subis, suivant décision
du juge cantonal siégeant en dernier ressort (art. 20 - devenu l'ar-
ticle 29 de la nouvelle loi, moyennant de légères modifications).
La Commission centrale ne cessera d'avoir la haute surveillance
des opérations. Elle conseille Ie ministre (cf. in/ra, n° 76, note 4).
(11) Ce chapitre a été à peine modifié par la loi de 1954 (art. 29 et sq,Ïv.).
(12) Il faut dire que Ie commentateur de la loi, revenant sur cette opinion
dans son supplément (p. 4) estime que l'initiative d'une personne de droit
public prête moins à frictions que celle d'un cinquième des propriétaires. De
toutes manières, la demande est précédée d'une campagne de propagande et de
réunions de notahles; un film au moins a été édité par la Nederlandse Heide-
maatschappij.
(13) En fait déjà au courant. Le dossier comprend souvent des photographies
aériennes, une carte des niveaux (pour Ie système hydraulique) et un relevé de
la nature des sols et sous-sols (De Boer, 21 juin 1952).
112
Sont compris dans les « intéressés », les propriétaires de terres
jouxtant Ie «bloc», c'est-à-dire l'ensemble des biens compris dans
Ie remembrement.
18. Les terrains servant à des fins militaires ne peuvent être in-
clus qu'avec l'autorisation du ministre de la Défense (art. 9).
SECTION IV.
Deuxième phase : détermination provisoire du bloc
et des chemins et voies d'écoulement
(14) Les exceptions absolues ont été réduites aux sépultures par la loi
de 1954 (art. 9).
113
Le même arrêté indique les chemins et voies d'écoulemeni à pren·
dre en considération pour une exécution par provision, dès que Ie
remembrement sera décidé (art. 25, al. 2 - alinéa supprimé par l'ar-
rêté de 1941).
SECTION V.
Troisième phase : la décision du remembrement
22. La loi prévoit trois manières de décider un remembrement :
a) par une décision de l'assemblée des propriétaires; c'est Ie
mode normal, maintenu par la loi de 1954;
b) par un arrêté ministériel, en cas d'urgence (idem);
c) par une loi, en cas d'extrême urgence (supprimé en 1954).
(15) L'exécution par provision a été supprimée par l'arrêté de 1941; elle
est devenue inutile du fait que, sous ce régime, il peut être passé à l'ex~cution
définitive dès après l'arrêté décidant Ie remembrement. (Idem loi 1954).
(16) Lesquels ne doivent pas être des quotidiens, la loi usant du_ terme
c nieuwsbladen >.
114
a) Déctsion de l'assemblée des propriétaires.
23. Après l'expiration du délai d'un mois prévu pour l'introduc-
tion des griefs, la Députation permanente réunit au plus töt l'assem-
blée des propriétaires révélés par Ie cadastre (art. 28, al. 1" et 2) ;
la convocation se fait par lettre recommandée avec mention des con-
séquences que la loi attache à l'abstention au vote (al. 3); en outre
la réunion est annoncée par avis dans deux journaux au moins et
par affiche (al. 4). Nul n'est censé l'ignorer (al. 5).
115
lités à voter. On ne tient pas compte des parcelles dont par exemple
Ie nu-propriétaire est d'un autre avis que l'usufruitier (19).
Chaque copropriétaire dispose d'une voix au vote par tête (20),
et, pour Ie vote par snperficies, est censé propriétaire d'une fraction
de J'.ensemble correspondant à sa part virile (Schepel, op. cit., pp.
59 et 60) (Loi de 1954, art. 42, al. 1 à 3, ancien art. 34).
Les absents sont présumés d'accord. D'autre part, les voix des
propriétaires de fonds voisins qui, huit jours à !'avance ont de-
mandé à participer à la réunion, s'ajoutent aux votes positifs. Il
est à noter que ces derniers ne sont pas admis à présenter des
objections; ils ne peuvent que plaider leur cause et émettre un vote
affirmatif (Loi de 1954, art. 40, ancien art. 32).
h) Arrêté ministériel.
29. En cas devote négatif, Ie ministre de l'Agriculture peut néan-
moins, sur proposition de la Commission centrale, ordonner l'exécu.
tion du remeinbrement comme s'il avait été décidé par les pro-
priétaires. Il faut que la moitié au moins de l'une des majorités né-
cessaires ait été acquise et que l'intérêt général requière d'urgence
l'opération (art. 36) (21).
c) Loi.
30. Si l'intérêt général l'exige de manière « très urgente », Ie mi-
nistre prend l'initiative de communiquer à la Députation perma-
nente une carte comportant Ie bloc à remembrer; la procédure suit
son cours comme à partir d'une demande ordinaire approuvée par
la Députation (art. 37, référant aux art. 25 à 32 et 35). Le ministre
dépose un projet de loi.
Le Parlement décide du remembrement et en fixe Ie périmètre
par une loi.
Ce moyen est superflu et mal approprié aux cas « très urgents » à
résoudre, estime Ie commentateur (p. 51). C'est au cours des travaux
préparatoires de la loi de 1938 que « la Couronne » avait été rem-
placée par « la loi » (22) (supprimé par la loi de 1954).
116
SECTION VI.
Quatrième phase : publication de la décision;
désignation de la commission locale et du juge commissaire;
exécution par provision
117
11itué Ie bloc, ou sa majeure partie. Le tribunal désigne en son sein,
dans les trente jours, un juge-commissaire (art. 43).
La Députation transmet les pièces du dossier à celui-ci qui lea
transmet à son tour après examen à la Commission locale (art. 45).
Le role du juge-commissaire est moins important qu'on ne Ie
supposait; presque tous les différends sont résolus avant qu'il en
puisse être saisi (Schepel, op. cit., p. 65) . Il incombe à ce magistrat
d'aplanir les différends en conciliation (26), à défaut de quoi Ie
litige est tranché par Ie tribunal, statuant en dernier ressort.
SECTION VII.
Cinquième phase: détermination des droits de chacun
et estimation des parcelles
( 26) Sous Ie régime de l'arrêté de 1941, seuls les intéressés ayant introduit
une réclamation sont convoqués devant Ie juge-commissaire. D'ou gain de tempi.
Idem sous la loi de 1954 (art. 66).
(27) On a vu (supra, n° 21, note) que les routes, etc. peuvent dès lors être
exécutés à titre définitif sous l'arrêté de 1941; il en va de même de divers amé-
nagements (bornage, drainage, défrichement et même érection ou démolition de
batiments). Les experts doivent estimer séparément les modificationa de valeur
qui en résultent ( art. 69bis). Cf loi de 1954, art 54.
38. C'est la Commission centrale qui établit un projet de classi-
fication de la terre et fixe pour chaque classe la valeur par hectare
(art. 48 devenu l'article 57 de la nouvelle loi) (28).
Les experts divisent la terre suivant ce tableau et marquent lei
limites des classes sur Ie terrain.
lis calculent Ie coefficient de majoration ou de réduction dont
doit être affectée la valeur à !'hectare fixée, et ce en fonction de
l'état de la culture du fonds (id., al. 3) (29)
Les bätiments, travaux et plantations font l'objet d'une estimation
distincte Ie cas échéant (id., al. 4).
ll9
lement tardif prenant rang au jour de la réinscription (32). lei au
eontraire la disparition de tous droits est radicale et générale, y com-
pris les droits du locataire et du fermier (33). Il va de soi que Ie
droit de créance même n'est pas affecté par la péremption de l'hy-
pothèque.
SECTION VIII.
Sixième phase : Ie remembrement proprement dit
43. Après fixation immédiate ou par justice des droits de chacun
et de la valeur de chaque parcelle, on peut passer à la phase la plus
importante : établir et exécuter la nouvelle répartition. Ce travail
repose en pratique presque entièrement sur la Commission locale
et Ie géomètre.
120
46. Première règle : Chaque propriétaire est en droit de recevoir
en propriété, superficie, emphytéose, hail perpétuel, usufruit, usage
ou hahitation, une valeur en parcelles qui, par rapport à l'ensemble
de la valeur des hiens rememhrés, est identique (35) à celle de ses
hiens inclus dans Ie rememhrement proportionnellement à la valeur
de l'ensemhle des immeuhles y compris (art. 12, al. ler) (36).
Il ne peut être dérogé à ce principe que si son application fait
ohstacle à un rememhrement rationnel. La soulte ou Ie supplément
ne peut toutefois excéder 5 p. c. de ce que Ie propriétaire eût dû
recevoir, sauf consentement de celui-ci et des éventuels titulaires
des droits ci-dessus énumérés (37). L'intervention du créancier hy-
pothécaire et du titulaire d'une rente foncière est également requise
pour l'acceptation de parcelles d'une valeur proportionnelle infé-
rieure à 95 p. c. (art. 12, al. 2 et 3).
La soulte est compensée avec la part de frais, Ie surplus étant
payé comptant (38) . Le prix du supplément est ajouté aux frais et
avancé par l'Etat, que Ie propriétaire remboursera en 30 ans, en.
versant un faible intérêt.
(35) Autant que possible (zo dicht mogelijk), a ajouté l'arrêté de 1941 (non
retenu par la nouvelle loi).
(36) Environ 5 p.c. du bloc sont consacrés aux chemins et voies d'écoulement.
Il eonvient d'observer que l'échange entraîne une perte de superficie, mais en
général un gain de surface utile.
(37) L'arrêté de 1941 a rendu possible, lorsque l'intérêt général l'exige, de
dépasser la marge de 5 p.c. et même d'attribuer une indemnité entièrement en
espèces, à condition de ne pas mettre en péril la viabilité d'aucune entreprise,
ni d'en changer la structure. Schepel (Suppl., p. 13) émet des réserves au sujet
de l'arrondissement de petites entreprises par ce moyen, qui dès lors se rap-
procherait de l'expropriation (comp. la loi de 1954, infra, n° 76, 6).
(38) Lorsque Ie bénéficiaire de la soulte n'est pas connu, la somme est
Tersée en consignation dans les caisses de l'Etat.
121
49. Quatrième règle : Enfin, toute parcelle doit avoir accès à un
chemin (ou à une voie d'eau - particularité hien hollandaise) (art.
16, al. Je' devenu l'article 15 de la nouvelle loi).
En outre les parcelles doivent être pourvues, s'il est « nécessaire
et possihle >, de voies d'écoulement appropriées (id., al. 2).
51. 4° Ie règlement (39) relatif à tous les droits réels, tous Ie!!
droits de hail à ferme ou à loyer et toutes les charges qui peuvent
reposer sur les hiens immohiliers du hloc, ainsi que Ie rachat des
dîmes, droits de chasse et frais de rememhrement (40) (art. 19 et
71, 4°). L'Etat avance les deniers nécessaires pour que puissent être
rachetés certains droits et charges.
Les hypothèques sont transférées, avec leur rang, sur les lots ou
parties de lot qui remplacent ceux qu'elles grèvent.
Contrairement au droit commun (art. 1209 du Code civ. néerlan-
dais - art. 41 de la loi hypothécaire beige), l'hypothèque peut grever
des parties des nouveaux lots. Disposition logique qui a pour hut,
d'une part, de ne pas agrandir Ie gage du créancier et, d'autre part,
d'éviter qu'un rang inférieur ne doive lui être conféré sur l'ensemhle
de la nouvelle parcelle. En cas de difficulté sur Ie choix du lot de
transfert, recours est ouvert devant Ie juge. Une matrice cadastrale
distincte est généralement prévue pour la partie du lot grevée d'hy-
pothèque (41).
Les saisies conservatoires et les saisies-exécutions sont également
transportées sur les nouvelles parcelles; elle s'étendent aux soultes.
Les baux sont généralement maintenus tels quels, avec simple-
ment un changement d'ohjet (42). Il est conseillé - mais non exigé
par la loi - de prescrire dans Ie plan de rememhrement Ie trans-
122
fort des baux; Ie propriétaire est alors en droit de faire connaître
ses objections et en cas de litige Ie juge tranchera. C'est également
au juge qu'il appartient de mettre fin aux différends relatifs aux
fermages (43).
Le fermier a d'autre part Ie droit de porter devant Ie juge, qui
statue en dernière instance, ses griefs contre l'acceptation par Ie
bailleur de lots moindres.
123
peut plus qu'attribuer une indemniié en espèces au propriétaire
lésé (44).
SECTION IX.
Septième phase : l'acte; les transferts de propriété
124
Seules, les signatures du juge-commissaire et des memhres de la
Commission locale sont requises. Une carte portant les nouveaux
numéros cadastraux est annexée à l'acte.
125
Si la parcelle grevée est divisée, la rente est également scindée,
proportionnellement à la superficie ou à la qualité des sous-parcel-
les. En cas de réunion de parcelles, la sûreté porte sur l'ensemhle.
64. Les frais sont répartis sur tous les lots d'après leur valem·
avant Ie remembrement, calculée suivant la classification (51).
La Commission centrale est compétente pour prescrire un autre
mode de répartition en faveur des parcelles qui n'ont pratiquement
pas retiré d'avantage du remembrement (art. 89, al. 2).
Il n'est pas tenu compte de l'état de culture des terres, ni de la
valeur des bätiments et plantations, afin que l'agriculteur laborieux
et diligent ne soit pas en quelque sorte pénalisé (52) .
126
objecta très justement qu'il n'est pas possihle d'accorder la garantie
du Trésor pour des travaux décidés non par l'administration, mais
par les commissions locales, émanations des propriétaires eux-mê-
mes. Il y aurait danger d'ahus, auxquels il ne pourrait être mis fin
qu'en portant atteinte au caractère de ces organismes (53).
(53) Quelques chiffres antérieurs à 1938, avant que l'Etat ne prît en charge
la majeure partie des frais administratifs Oes prix ont subi depuis une hausse
d'environ 200 p.c.) : Remembrement à Beek et Donk 80 p.c. de subsides pour
les salaires de la main-d'reuvre, 109,40 florins de frais à !'hectare pour les pro•
priétaires - Helden : 100 p.c. et 85,70 florins - Nuland : 90 p.c. et 58,30
fiorins - Ex-île d'Urk : 100 p.c. et 20 florins.
A l'heure actuelle, on estime Ie coût moyen d'un remembrement (avec travaux
annexes) à 1.250 florins, soit 16.000 francs belges par ha, non compris les frais
éventuels de défrichement, de nivellement ou de drainage. L'Etat prend à sa
charge Ie supplément résultant de l'emploi de main•d'reuvre en surcroît ou bien
de machines, pour lutter contre Ie chomage (De Boer, loc. cit.).
Les subsides doivent intervenir à concurrence de 70 à 75 p.c. pour rendre
Ie rememhrement suffisamment attrayant aux yeux des intéressés (ibid.).
127
CHAPITRE II
Du rememhrement conventionnel
a) Généralités
66. Le rememhrement volontaire n'était pas ahordé par la loi de
1924 (1). Les articles 3 à 7 de la loi de 1938 qui en traitent n'ont
pas fait l'ohjet de modification en 1941 et sont devenus les articles
4 à 8 de la loi de 1954 moyennant de légères modificat.ions.
Les conventions de rememhrement jouent, ou du moins pour-
raient jouer, un röle adjuvant nullement négligeahle (2).
h) Définition et forme
67. Par convention de rememhrement, dit l'article 3, il faut en-
tendre un contrat en vertu duquel trois ou plusieurs personnes
s'ohligent par écrit à rassemhler des hiens spécialement désignés,
dont elles sont propriétaires suivant Ie cadastre, à relotir la masse
et à les répartir entre elles par un acte de rememhrement, de la ma-
nière indiquée dans la convention.
Celle-ci doit déterminer en outre qui est hahilité à étahlir et
signer l'acte.
On voit que la convention elle-même, comparahle à l'arrêté de la
Députation permanente, ne contient qu'un accord de principe.
La convention peut être faite sous seing privé, mais suivant Sche-
pel (1938, p. 106), l'acte doit être passé par devant notaire (3).
Les droits réels attrihués par l'acte ne sont acquis que par la tran-
script.ion dans les registres puhlics (4).
128
c) Véritables propriétaires
68. La convention et son exécution restent valables à l'égard des
véritables titulaires des droits de propriété, s'il apparaît que certains
contractants étaient erronément indiqués comme propriétaires au
cadastre (art. 4) (5).
d) Adhésions
69. Il est permis d'adhérer à une convention de remembrement
pour y apporter des lots contre espèces ou de l'argent contre des
biens immeubles (art. 5).
129
Il est loisible à l'Etat ou à toute autre personne de droit public
d'adhérer à un remembrement volontaire dans Ie hut de s'appro-
prier Ie terrain nécessaire pour tracer une route par exemple.
Schepel rappelle utilement, au terme de son excellent manuel,
que Ie remembrement rural - fût-il conventionnel - ne trouve sa
justification que dans l'intérêt de l'agriculture. L'établissement d'un
chemin qui n'est pas commandé par les nécessités agricoles doit
donc rester à l'arrière-plan, encore qu'il puisse donner Ie branie à
un remembrement souhaitable (7) .
130
CHAPITRE IIl
Considérations générales et conclusions
a) Législations successives
74. La loi de 1924 était fondée sur Ie principe de la majorité. La
loi de 1938 et surtout l'arrêté de 1941 relèvent plus nettement du
dirigisme, malgré l'introduction du remembrement conventionnel à
titre complémentaire.
131
y apparaît moins accusé qu'en France (2). C'est toujours la majo-
rité ou du moins une certaine majorité des propriétaires qui doit
appuyer la demande, puis _accepter ou rejeter Ie rememhrement
envisagé. Diverses dispositions facilitent la f ormation des majorités
nécessaires et de plus les autorités peuvent agir motu proprio en
cas d'urgence. Il n'en reste pas moins qu'une importance considé-
rahle est attachée en droit aussi hien qu'en fait au consentement
des propriétaires visés.
En ce qui concerne les GARANTIES ET VOIES DE RECOURS, les
täches assumées en France par la Commission locale et la Com-
mission départementale, sous Ie controle du Conseil d'Etat, se
répartissent principalement aux Pays-Bas entre les Commissions lo-
cale et centrale, la Députation permanente des états provinciaux et
Ie trihunal d'arrondissement. Les commissions ne constituent pas ici
des juridictions administratives ad hoc. Le législateur a préféré lais-
ser à un trihunal administratif existant et à l'instance judiciaire de
droit common Ie soin de trancher les litiges. L'intervention conci-
liatrice et Ie controle du juge·commissaire ne sauraient être ouhliés.
Il semhle que Ie système hollandais, plutot compliqué à première
vue, ait heureusement réparti les röles entre les propriétaires et les
pouvoirs puhlics, entre les autorités centrales ayant acquis une
grande expérience et les organismes locaux plus aptes à compren-
dre les hesoins de la région remaniée, et enfin entre les juridictiom;
administratives et les trihunaux judiciaires.
c) Loi de 1954.
76. La loi du 3 novemhre 1954 ne reprend pas toutes les innova-
tions introduites par l'arrêté de 1941 (3).
Elle a fait l'objet de longs travaux à la Deuxième Chamhre et,
après de nomhreuses modifications, a été adoptée par celle-ci qui
seule possède Ie droit d'amendement (4).
Voici les innovations principales que comportent ses 134 articles :
1) Accélération de la procédure.
Il s'agit de réduire Ie plus possihle Ie délai entre Ie vote de l'as-
semhlée des propriétaires et la prise de possession; en effet l'exploi-
(2) Sauf pour Walcheren ou les ravages causés par la mer en 1944 avaient
créé une situation particulière (voy. supra, n° 5 et in/ra, n° 76 in fine) qui s'est
reproduite en 1953.
(3) Voy. supra, n°" 12, note 10 bis, 46 en notes et 75, note l, ainsi que infra,
n" 77 in fine.
(4) Un arrêté du 4 février 1955 à réglé, en application de nouvelle loi, la
composition, les táches et l'action de la ,Commission centrale de techniculture.
L'arrêté entrera en vigueur à la même date que la loi.
132
tant a tendance à négliger les terres qu'il devra quitter. Dans ce hut,
Ie plan de rememhrement est scindé en un plan de distrihution et un
relevé des règlements pécuniaires, de telle sorte que les opérations
ne soient plus entravées par des différends relatifs au calcul des in-
demnités. Une mise en possession provisoire pourra même interve-
nir avant la répartition. Toutefois certains recours nouveaux sont
ouverts, qui augmentent les garanties offertes aux intéressés.
2) Baux à ferme.
Une procédure minutieuse garantit les droits des fermiers à un
hail portant sur des terres autant que possihle équivalentes. Au he-
soin il pourra être imposé à un hailleur de contracter avec un autre
fermier que Ie preneur d'avant Ie rememhrement. L'exposé des mo-
tifs précise que Ie propriétaire qui ne donnait pas ses hiens à hail
ne sera pas contraint de Ie faire (Voy. art. 18 et suiv.).
3) Urbanisme.
L'augmentation de la population a amené de nomhreuses commu-
nes à étahlir des plans d'urhanisation. La loi prévoit une coopé~
ration qui permettra, notamment, de donner l'assurance à l'agricul-
teur qu'après un rememhrement il ne sera plus porté atteinte à son
exploitation avant de longues années.
4) Travaux accessoires.
L'exécution simultanée de travaux tels que Ie placement de con-
duites électriques est favorisée.
5) Paysage.
Diverses dispositions ont trait à la beauté du paysage qui jusqu'ici
n'a toutefois pas été négligée en fait (5). L'administration des forêts
dresse un plan à l'occasion de chaque rememhrement (art. 9 et 79).
133
d) Accueil
77. Le paysan hollandais en est venu à seconder, et même à sol-
Iiciter l'action des autorités; il s'-est laissé convaincre par une habile
propagande, fondée sur des succès incontestables.
L'exécution de travaux connexes par l'Etat, et notamment l'amé-
lioration du réseau des chemins, a grandement favorisé cette évo-
lution.
Les auteurs de la nouvelle loi oot veillé à ne pas ruiner la confian-
ce accordée par les milieux ruraux.
e) Résultats
78. A la fin de l'année 1950, près de 43.000 hectares avaient été
remembrés (7). Les travaux en cours portaient sur 80.000 hectares
et les demandes à l'étude sur 300.000 hectares. On espère porter de
15.000 à 20.000 hectares Ie programme de réalisations annuel.
La loi de 1954 permettra sans aucun doute d'activer Ie
rythme des opérations; plutöt lent jusqu'ici; la durée moyenne est
présentement de 5 ans (8). D'après Ie ministère de l'Agriculture,
la productivité s'accroît de 20 à 25 p. c.
Conclusions ·
79. Le droit beige est largement trihutaire du système juridique
français. Sur Ie plan administratif cependant, il a conservé, comme
la Hollande, mainte tradition de !'ancien droit. L'autonomie locale
est demeurée une réalité.
Griice au röle dévolu à la Députation permanente, il se forme au
sein de celle-ci des spécialistes dont l'expérience peut se manifester
dans les rememhrements de toute une province.
La compétence techmque et les vues générales sont apportées par
la Commission centrale, qui conseille et surveille les commissions
locales. lnstitution extrêmement précieuse, et sans doute plus effi-
cace que Ie Comité supérieur, simplement consultatif, qui vient
d'être crée en France (9).
(6) D'autre part, la marge 4;1.e 5 p.c. attribuable en espèces, peut être dépassée
avec l'accord du propriétaire ou du titulaire soit d'une hypothèque, soit d'une
rente foncière ( art. 12, al. 3). _
(7) Au 31 décembre 1953 on estimait le total à 76.000 hectares (en c~urs :
155,000 ha., y compris Walcheren; en préparation : 422.000 ha.).
(8) Il ressort d'un tableau officiel que certains remembrements, ralentis il est
vrai par la guerre, ont duré plus de dix ans ( non 8ompris la période prépara•
toire antérieure au vote). En France, on procède plus rapidement, mais il
s'avère que des remembrements insuffisants devront être repris.
(9) Supra, France n° 18.
134
Enfin, le législateur hollandais n'a prévu qu'une intervention ac-
cessoire du juge cantonal. Avec raison, semble-t-il, il a con:fié au
tribunal d'arrondissement et plus particulièrement à un juge-com-
missaire appartenant à cette juridiction, la tache de résoudre et de
prévenir la plupart des conflits. Le ressort des juges de paix est trop
peu étendu pour que les enseignements tirés des premières opéra-
tions puissent servir ultérieurement ( 10).
(10) Comp. in/ra, Belgique, n° 181; dans ce dernier pays l'extension cons•
tante de la compétence du juge de paix, spécialement en matière de bail à
ferme et de petits héritages, militent cependant en faveur de l'attribution à ce
magistrat du controle des opérations.
Voy. d'autre part la planche, infra, p. 204 : Un village néerlandais avant et
après Ie remembrement.
135
APPENDICE
Obstacles légaux au démembrement
(1) La chambre foncière est composée d'un juge de paix et de deux asses-
seurs laïcs. Une chambre foncière d'appel siège à Arnhem; ses décisions ne
sont pas susceptibles de pourvoi en cassation.
136
tions d'un rendement peu économiques ne s'accroisse; et de faciliter
Ie développement des exploitations trop petites (2).
c) Droit suc~ssoral.
86. La susdite loi n'apporte aucun frein aux partages successo-
raux (4). D'une manière générale, on constate dans les régions re-
membrées, que les propriétaires évitent de remorceler les terres; ils
sont même enclins à poursuivre les regroupements.
(2) Dans les régions sahlonneuses, ou domine la petite propriété, fait ohserver
!'Exposé des motifs, les mesures proposées ne suffiront. pas à agrandir ces
exploitations, faute de domaines plus vastes susceptihles d'ahandonner une
partie de leurs terres.
(3) L'arrêté sur l'aliénation des hiens immeuhles (Verordeningsblad, n°
49 de 1942) avait été maintenu en vigueur provisoirement, sous une forme plu-
sieurs fois modifiée.
(4) Le Code civil néerlandais de 1838 n'a pas repris l'article 832 du Code
Napoléon, lequel favorise l'égalité à tous égards dans les partages.
Dans son rapport provisoire sur Ie projet de loi amendant la législation eu
matière de rememhrement, la Commission de l'agriculture de la Deuxième
Chamhre a attiré l'attention du Gouvernement sur l'utilité d'une réforme du
droit successoral (N. ]. B., 2 mai 1953, suppl., p. 41).
137
CINQUitME PARTIE
Du rememhrement rural en Belgique
LEGISLATION
LOI DU 4 MAi 1949, tendant à encourager Ie rememhrement volon-
taire des hiens ruraux (Moniteur belge, 2 juin; Rec. gén., 1949,
n° 18.809; Rev. pr. notariat, 1949, p. 168; Tijdschr. voor not.,
1949, p. 109).
Lm DU 26 JUII..LET 1952, modifiant le Code des droits d'enregistre-
ment, d'hypothèque et de greffe, en vue d'encourager les
échanges d'immeubles ruraux non bàtis. (Moniteur, 30 août
1952; Rec. gén., 1953, n° 19.201; Rev. pr. not., 1952, p. 247;
Tijdschr. voor not., 1952, p. 175).
PROJET DE LOi sur Ie remembrement légal des hiens ruraux (Doe.
parlem., Sénat, n° 27, session 1954-1955, reproduisant en annexe
l'avis du Conseil d'Etat), déposé Ie 24 novembre 1954 (1).
PROJET DE LOi modifiant la loi du 16 mai 1900 apportant des mo•
difications au régime successoral des petits héritages (dernier
Doe. parlem. publié : Sénat, n° 74, session 1954-1955).
(I) On trouvera Ie texte du pro jet de loi in/ra, pp. 191 et suiv.
139
Liminaire
a) Généralités.
l. En Belgique Ie rememhrement des hiens ruraux (en néerlan-
dais ruilverkaveling) n'éveille d'intérêt que depuis quelques années.
Les prohlèmes créés par la multiplication des parcelles et leur
forme défectueuse existent cependant de longue date. Au milieu
du siècle dernier, il était devenu apparent que Ie morcellement
illimité, après avoir favorisé l'accession à la propriété de la main-
d'ireuvre mercenaire, finissait par nuire à la petite propriété
paysanne. En effet Ie morcellement entraîne Ie parcellement.
« C'est un inconvénient, constatait un peu plus tard Beernaert,
que de voir les terres ou les pätures dépendant d'une même exploi-
tation trop éparses. Il en résulte une augmentation des frais; une
perte de temps pour Ie personnel, d'inutiles fatigues pour Jes
animaux ». On peut ajouter à cette énumération la réduction de
la surface cultivahle par les chemins, fossés, clötures en surnom-
bre (1), les litiges amenés par l'enchevêtrement, voire l'enclave-
ment des terres et enfin les ohstacles, de plus en plus dommageahles,
à la mécanisation et Ja motorisation (2).
2. Des conceptions à la fois individualistes et conservatrices, si
souvent conjuguées dans l'histoire de nos provinces, détournaient
Ie législateur beige de s'inspirer d'expériences étrangères concluan-
tes et de s'engager dans la voie du remaniement parcellaire.
On répondait, avec Benjamin Constant, que Ie morcellement
s'arrête toujours au point au delà duquel il deviendrait funeste (3).
(1) Sans compter les pertes de temps causées par les multiples « dérayures »
(sillons de hordure).
(2) Devenues de plus en plus nécessaires, ne serait•ce que du fait de la
pénurie de main-d'reuvre. Il y avait 217.000 ouvriers agricoles en 1880; on
comptait 28.000 cotisants de cette catégorie à la Sécurité sociale en 19á0.
(3) Travaux préparatoires de la loi du 17 juin 1887 (infra, n"' 5) Doe.
parlem., 1886-1887, pp. 121 et 122.
« Si l'influence, disait plus prudemment l'exposé des moiifs de la loi du
1 er juillet 1869 ( infra, n"' 5), qne nos lois civiles peuvent exercer sur Ie mor-
cellement des héritages ruraux a fait naître quelque préoccupation, les docu•
ments que Ie Gouvernement a sous les yeux se prononcent, au moins pour Ie
présent, contre Ie remède consistant à rendre ohligatoires dans des conditions
déterminées, comme cela s'est pratiqué en d'autres pays, des échanges ou des
partages dont Ie résultat serait de recomposer des masses ou de faciliter. l'ex-
ploitation des parcelles » (Pasin., 1869, p. 311).
140
Il semhla suffisant et particulièrement adéquat de favoriser 1es
échanges par des allègements :fiscaux (~) .
3. Les faits ont démenti ces vues optimistes. En moyenne, l'ex-
ploitation agricole s'étend de nos jours sur moins de 7 hectares et
se compose de dix-neuf parcelles réparties en six ou sept « pièces
de terres » d'un seul tenant (5).
La Société nationale de la petite propriété terrienne vient d'en•
treprendre une enquête portant notamment sur les points suivants :
a) nomhre de lots dépendant de chaque exploitation;
b) distance entre les diverses pièces de terre et les hätiments
de ferme;
c)nomhre d'enclaves;
d) de comhien de propriétaires différents chaque cultivateur
tient-il en location des parties de son exploitation ?
A en juger d'après les premiers résultats, Jes conditions d'exploi-
tation sont généralement difficiles et exigent que des mesures radi-
cales soient prises. Il s'avère par exemple que, parmi les pièces de
terres occupées par les agriculteurs ayant rempli Ie questionnaire,
15 p.c. sont enclavées.
4. Le Code civil, hostile à l'indivision et à l'inégalité dans les
partages, a incontestahlement contrihué à la division excessive des
hiens ruraux. Comme pour la France, il faut dire que les mreurs
s'accordaient et s'accordent encore avec les règles fixées sous Ie
Consulat. Les clauses en faveur d'un enfant de prédilection (lief
kind) étaient contrariées par les coutumes (6). On signale déjà au
XVIII• siècle un morcellement poussé de la propriété (7) , source
de progrès à l'époque, et l'exploitation des grands domaines par
petites fermes (8). Il est d'autre part de l'intérêt du propriétaire
foncier de répartir sa fortune sur plusieurs lots dont Ie loyer et la
(4) Il s'était effacé des mémoires que panni les commissions départemen-
tales instituées en 1808 pour donner leur avis sur la codification des lois rurales,
celle de Bruxelles s'était prononcée avec cinq autres en faveur des réunions
forcées, décidées à la majorité (cité par Ie D' Chauveau, Le remembremimt et
la propriété rurale, Paris, 1918, p. 37).
(5) D'après Ie recensement de 1950, la majorité des exploitations comptant
de 2 à 9 « pièces de terre» (c'est-à,dire lot~ d'un seul tenant, appelés en France
« îlots de culture»), et seulement 3t,.OOO ( sur 252.000) n'en comportent
qu'une seule.
(6) Britz, Code de l'ancien droit belgique, t. II, p. 766.
( 7) « ,Cette soif de la propriété foncière qui saisit Ie petit cultivateur beige
à la fin de l'ancien régime, dit Mme Tassier, explique Ie remarquable moreel•
Jement de la propriété qui se constate surtout en Flandre, mais aussi en Cam•
pine et ailleurs à partir de 1750. Les bourgeois, propriétaires de terres, se
laissent tenter par les hauts prix, vendent des parcelles et placent l'argent obtenu
en hypotbèques (Suzanne Tassier, ldées et profils du XVIIr siècle, Bruxelles,
1944, pp. 13 et 14).
(8) Henri Pirenne, Histoire de Belgique, éd. ill" t. 111, p. 144.
141
valeur marchande seront relativement plus élevés. L'actuel déve-
loppement des voies de communication, s'ajoutant à ces facteurs,
ne laisse pas de porter atteinte à l'unité des exploitations (9).
L'attitude indifférente des autorités, et surtout de la population,
à l'égard de la réorganisation foncière n'a pour ainsi dire pas varié
jusqu'à ces dernières années (10).
b) Evolution de la législation ; iscale en matière d' échanges
5. La première mesure prise en faveur du regroupement par
échanges fut la loi du rr juillet 1869, qui ramena Ie droit d'enre-
gistrement à 0,60 p. c. sur Ie moindre lot; Ie taux ordinaire sur les
ventes était applicable sur Ie retour ou sur la plus-value. Le 'droit
de transcription était fixé à 0,30 p. c. (1,25 p. c. sur Ie retour ou la
plus-value) (11).
La loi du 17 juin 1887 réduisit à 0,10 p.c. Ie droit d'enregistre•
ment sur les échanges de biens ruraux non bätis situés dans une
même commune ou dans une commune limitrophe, pour autant
que la valeur vénale n'excédät point cent cinquante fois Ie revenu
cadastral; en cas d'inégalité des lots, Ie droit de soulte était i:éduit
à 1 p. c.; il fallait toutefois que la soulte ne dépassät pas Ie quart
de la valeur du moindre lot, si la moitié ni la contenance de tous
les biens compris dans ce lot n'excédait pas 20 ares. Des majora-
tions furent édictées à plusieurs reprises après la première guerre
mondiale. L'exposé des motifs du Code des droits d'enregistre~ent
qualifia de dérisoire les taux de 25 centimes et 2 francs qui étaient
en vigueur en 1939 (12); la législation nouvelle fixa Ie droit d'é-
change réduit à 2 p.c. sur Ie moindre lot, la soulte étant passible
du droit ordinaire de 11 p. c. qui, depuis 1919, pesait sur les échan-
ges aussi bien que sur les ventes (art. 72 et 73 du Code) (13).
Le hut visé en 1887 avait été oublié, semble-t-il. Non seulement Ie
(9) Cf. Forget, Le parceUement des terres, in Les exploitations agricoles
devant Ie problème du remembrement, pp. 6 et suiv.
(10) C'est ainsi que la loi du 15 novembre 1919 qui autorisait Ie gouverne-
ment à procéder au regroupement des terres comprises dans Ie périmètre des
régions dévastées ne reçut guère d'application (Pierret, Les limitations légal!ls
au fractionnement de la propriété foncière, Rev. de dr. intern. et de dr. comp.,
1950, pp. 2 et suiv.)., n° 10). L'occasion était bonne pourtant de tenter ,une
expérience.
(11) Jusqu'à 1939, un droit de transcription (de 1,25 puis de 2 p.c.) était
perçu en outre lorsque la convention était constituée par acte authentique. Le
Code des droits d'enregistrement unifia les deux impots.
(12) Auxquels il fallait ajouter, Ie cas échéant, un droit de transcription qui
était sauf erreur de 0,35 et 1,25 p. c. Les échanges ne portaient que sur 300 à
400 ha. par an à cette époque (La propr. terr" 1951, p. 253), alors que la
moyenne, vers 1860, était de l.500 ha. (Pasin, 1869, p. 315).
(13) La loi de 1887 avait ramené les honoraires notariaux à l p. c. de la
valeur du moindre lot avec un minimum de 5 francs. En vertu de l'arrêté
royal du 16 décembre 1950, Ie tarif, actuellement dégressif, est de 3 p.c., avec
un minimum de 200 francs (cf. infra, n° 7, note).
142
législateur ne s'orientait pas vers la recherche de remèdes radi-
caux, à l'instar de l'étranger, mais il achevait soudain d'énerver une
mesure déjà insuflisante.
(14) Voy. aussi les circulaires interprétatives du 2 sept. 1952 (Rec. gén.,
1953, p. 8), et du 9 août 1954 (Rec. gén., 1955, p.57) - et la décision du 20 oc-
tobre 1953 (id., p. 56).
( 15) Limite qui sera ramenée à deux cent cinquante fois, après la péréqua•
tion cadastrale annoncée.
(16) Cf. les commentaires signés Robert Regibeau et Paul Gourdet (J. T.,
1952, pp. 637 et 638) et M. D. (Rec. gén., 1953, n° 19.201).
(l't) Cf. supra; France, n• 14.
143
CHAPITRE PREMIER
Du rememhrement volontaire
a) Généralités.
9. La loi du 4 mai 1949, tendant à encourager Ie rememhrement
volontaire des biens ruraux, constituait la première partie d'un
projet présenté au nom du Gouvernement Ie 10 mars 1948 par Ie
ministre Orban.
La deuxième partie avait trait au remembrement obligatoire
ou rememhrement légal. Cette demière ayant soulevé des objec-
tions d'ordre juridique et technique de la part des commissions de
la justice et de l'agriculture du Sénat, celles-ci décidèrent à l'una-
nimité de scinder Ie projet et de ne retenir que la première partie.
En agissant ainsi, les commissions donnaient immédiatement au
problème une solution partielle, mais qui ne heurtait pas les tra-
ditions du monde rural puisqu'il s'agissait d'un simple échange de
biens librement consenti. Elles estimaient qu'une pratique généra-
lisée des remembrements volontaires, pourrait créer un climat plus
favorable à l'application du remembrement légal (1).
L'auteur de la proposition, les commissions du Sénat et de la
Chamhre, les memhres des chambres législatives, reconnurent la
nécessité de poursuivre sans désemparer l'étude du rememhrement
légal.
Le projet voté par Ie Sénat ne fut pas amendé par la commission
de l' agriculture de la Chambre ; il fut voté Ie 27 avril 1949 llt
obtint une majorité de 173 voix sur 174 volants.
(1) Doe. parl., Sénat, 48-49, n° 171, p. 10; Ann. parl., Sénat, 48-49, n° 936.
(2 bis) Voy. supra, Pays-Bas, n° 66, note 2.
144
Au cours des deux années qui suivirent l'entrée en vigueur de la
foi,. il y eut 48 demandes introduites auprès du ministre de
I'.i\griculture.
Le département des Finances en a rejeté 38 parce qu'elles ne réu-
nissaient pas les conditions exigées par la loi.
Actuellement sur 60 demandes introduites, 3 ont été acceptées,
2 sont encore à l'examen, dont 1 portant sur une étendue de
75 hectares.
b) But de la loi.
ll. Le hut de la loi est d'encourager les remembrements ruraux
en accordant aux intéressés des avantages fiscaux et Ie concours
gratuit des services publics (bornage, mesurage, etc ... ) lorsque les
conditions impératives fixées par la loi se trouvent réunies et que
le caractère d'intérêt général de l'opération est reconnu par l'Etat.
12. Une opération de remembrement est introduite à la requête
d'au moins deux propriétaires. Elle est réalisée sous l'autorité et
Je controle de l'Etat, en la personne du ministre de l'Agriculture
et de celle du ministre des Finances. Celui-ci assure, sous certaines
conditions, Ie financement de l'opération, accorde des allègements
fiscaux et Ie conco.urs de l'administration du cadastre.
Un regroupement parcellaire ne se conçoit évidemment pas sans
unè rectification cadastrale. Dans !'exposé des motifs, Ie ministre
Orban insista sur Ie role qu'étaient appelés à jouer, dans cette
réforme agraire, les géomètres du cadastre, aux cotés des services
techniques de l'agriculture.
Dans beaucoup de pays, Ie géomètre du cadastre est Ie réalisateur
par excellence des rememhrements (2).
c) Avantages légaux.
13. Ces avantages légaux sont de deux ordres :
1. Le concours gratuit des services publics est accordé pour les opé-
rations de mesurage et de bornage, la confection des plans, les
. études relatives à la création de chemins, des voies d'écoulement
· d'eau et de tous autres · ouvrages nécessités par Ie regroupement
parcellaire et l'amélioration des exploitations (art. 5).
Restent valables, les règles régissant la voirie publique et les
.cours d'eau non navigables.
2. Les avantages fiscaux :
Les actes portant remembrement de biens ruraux sont exemptés
du droit proportionnel et soumis au droit fixe général, s'il n'est pas
stipulé de soulte ou indemnité.
145
Pour celles-ci, un droit de 6 % est perçu sur leur montant total.
Les actes portant cession de bail de biens ruraux faisant l'objet
d'une convention de remembrement sont soumis au droit fixe 'gé-
néral, à condition :
1 ° que la cession soit concomitante au remembrement ou ait
lieu dans l'année de celui-ci;
2° que Ie nom du propriétaire des biens et la date de l'arrêté
d'approbation soient mentionnés dans l'acte (art. 7).
(3) Exposé des motifs, Doe. parl., Sénat, 47-48, n• 263, p. 12,
(3) Doe, parl., Sénat, 48-49, n" 171, p. 3.
146
Un abri pour hétail, par exemple, peut être englohé dans Ie
projet de rememhrement s'il constitue une grange dépendant d'une
ferme. L'article 4, 5°, exclut les propriétés closes de murs.
L'exposé des motifs précise qu'il faut entendre par là des do-
maines d'une certaine étendue. Un enclos de peu d'importance
pourrait suivant les circonstances être compris dans Ie périmètre
d'un rememhrement. Pour ces cas exceptionnels, Ie propriétaire
sera indemnisé selon Ie système prévu à l'article 4, 4°, pour les
plus-values · transitoires.
La nouvelle institution s'applique par excellence non seulement
aux terrains affectés à l'agriculture mais aussi aux terrains d'une
productivité insuffisante ou nuJle qui sont susceptihles d'être
améliorés par des travaux rendus impossihles par la dispersion
des parcelles.
e) Demande.
15. L'arrêté ministériel est pris à la requête collective des pro-
priétaires intéressés au projet de rememhrement (art. 2, al. 1).
Comme nous l'avons dit précédemment, il s'agit d'une opération
d'échange par laquelle deux ou plusieurs propriétaires décident
lihrement de réaliser un regroupement de leurs hiens ruraux. Deux
propriétaires suffisent. Les memhres des commissions du Sénat ont
estimé judicieusement que Ie caractère d'intérêt général n'est pas
fonction du nomhre de propriétaires intéressés, mais est plutöt
fonction de la superficie et de la situation des parcelles faisant
J'ohjet du projet de rememhrement (5).
Les rememhrements décidés par deux propriétaires devaient, d'a-
près M. Derhaix, rapporteur au nom de la Commission de la Jus-
tice du Sénat, être les plus usités.
( 5) Doe, parl., 48-49, n° 171, p. 11; Ann. parl., Sénat, séance. du 16 mars
1949, p. 937.
(6) La loi sur Ie remembrement conventionnel ne s'occupe pas du repo1·t
des droits réels et des baux relatifs aux biens remembrés.
147
plus rentahle. Il en résultera d'ailleurs indirectement un avantage
incontestahle pour les propriétaires intéressés par une plus-value
de leurs hiens en capita} et en revenu». Ainsi s'exprimait devant
Ie Sénat, M. Derhaix, rapporteur du projet au nom de la commis-
sion de la justice (7) .
Partant de ces considérations, les commissions réunies estimè-
rent qu'il était indispensahle d'associer Ie fermier locataire à l'o-
pération de rememhrement chaque fois qu'il y aurait des hiens
exploités en faire valoir indirect. Le projet initial fut amendé dans
ce sens, en étendant l'intervention, pour accord, à tous les titulaires
de droits réels et personnels (créanciers hypothécaires, usufruitiers,
etc... )
g) Conditions de forme (art. 3).
17. A la requête, doivent être annexés les documents suivants
1 ° un extrait du plan cadastral indiquant Ie périmètre des pro-
priétés à rememhrer;
2° un plan indiquant le regroupement parcellaire projeté;
3° la liste, par noms et adresses, des propriétaires et des autres
personnes intéressées visées à l' article 2;
4° éventuellement, une note spécifiant les soultes et indemnités
dont Ie· payement est prévu dans l'opération de rememhrement,
ainsi que Ie nom des personnes qui doivent la supporter ou qui
l'ohtiennent.
h) Conditions de fond.
18. Le projet de rememhrement doit avoir pour effet de rempla-
cer les parcelles constituant des lots séparés par un nombre de lots
moins élevés; les nouveaux lots doivent, autant que possihle, être
continus et réguliers, jouir d'accès indépendants et être aussi rap•
prochés que possible du siège d'exploitation (art. 4, 1°).
i) lndemnisation des propriétaires.
19. La nouvelle distribution des parcelles doit assurer, autant
que possihle, à chaque propriétaire intéressé, l'équivalence en na-
ture de culture, en qualité, en superficie et en valeur, des terrains
qu'il a cédés (art. 4, 2° b).
Si cette équivalence ne peut être réalisée, une soulte sera versée.
Toutefois, en aucun cas, celle-ci ne pourra dépasser 10 % de la
valeur des hiens appartenant au propriétaire débiteur de la soulte.
Ainsi que nous l'avons indiqué, Ie projet de rememhrement doit
spécifier et Ie montant des soultes et Ie nom des propriétaires qui la
doivent ou qui l'obtiennent (supra, n° 13).
148
20. Les clötures, plantations, arhres et tous travaux quelconques
se rapportant aux hiens compris dans Ie projet de rememhrement (8)
sont indemnisés séparément. Le montant de ces indemnités ainsi que
Ie nom des indemnitaires et déhiteurs, doivent, selon Ie vireu de la
loi, :figurer dans Ie projet (art. 4, 4°).
149
CHAPITRE II
150
24. En ordre principal, l'exposé des motifs du projet de loi
déposé en 1948 (3) considérait Ie remembrement rural comme une
institution sui generis, apparentée aux limitations légales de la
propriété prévues par l'article 544 du Code civil, aussi hien qu'à
rexpropriation pour cause d'utilité publique.
· A titre subsidiaire, Ie Gouvernement ajoutait que Ie remembre-
ment sè concilie parfaitement avec les prescriptions constitution-
nelles prérappelées (4).
Il convient de sè demander tout d'abord quelle est la nature
juridique du remembrement légal.
151
26. Aux Pays-Bas, il semhle acquis que Ie remembrement légal,
n'étant pas une expropriation, ne se trouve pas visé par l'article
158 de la Constitution, semblable à l'article 11 de notre charte (8).
Le législateur hollandais se home à demander une plus grande
séparation des deux domaines, de telle sorte que les pouvoirs pu-
blics ne puissent s'approprier à bon compte les biens sur lesquels
ils ont jeté leur dévolu (9).
152
positü beige, on peut difficilement justifier l'opération par une in-
terprétation extensive de l'article 544 du Code civil (12).
Le marquis de Vareilles-Sommières a démontré dans une étude
restée célèbre (13), que Ie trait caractéristique du droit de propriété
« c'est d'être un droit général » et non absolu; mais il ajoutait :
« aux services d'une chose». Lorsque cette chose est remplacée
par une autre, n'y a-t-il pas une atteinte essentielle à la propriété
(14) ? Nous pensons que oui.
Il y a lieu de se montrer d'autant plus circonspect que Ie Congrès
national a tenu à faire un texte fondamental d'une disposition qui
figurait en termes équipollents à l'article 545 du Code civil, abrogé
par Ie fait même.
1.53
intérêts; ceux-ci ne constituent cependant pas l'unique forme que
peut revêtir l'indemnité.
Si l'on ad.met que Ie rememhrement, loin de relever d'un quasi-
délit ou d'un fait du prince, est conçu dans l'intérêt •du propriétaire
visé tout autant que pour Ie hien de l'Etat, il faut écarter la notion
de réparation d'un préjudice.
L'immeuhle offert en échange n'est pas exposé à des actions sus~
ceptihles de rompre l'équivalence. Le nouveau propriétaire ne tient
pas ses droits de !'ancien mais de l'acte même de rememhrement.
Par conséquent, l'indemnité en nature nous paraît juste; elle est
même la seule qui soit vraiment adéquate.
33. Nous nous rallions à l'idée émise par M. Van den Daele dans
sa réponse à M. Lindemans (loc. cit.), à savoir que Ie rememhrement
légal se situe entre l'expropriation d'utilité puhlique et une insti-
tution comme les polders· et wateringues, oà. se rencontrent égale-
ment intérêts généraux et particuliers.
Vouloir Ie remplacer par de vastes expropriations conduirait pa-
radoxalement à l'iniquité et à !'arbitraire. Selon quels critères les
biens seraient-ils redistribués ? Les anciens propriétaires auraient
perdu tout droit sur les terres de la zone visée, tandis qu'en matière
de rememhrement rural on s'efforce de réattribuer à chaque. parti-
cipant la plus grande partie possible des hiens qu'il possédait (16) .
*
**
34. Les considérations qui précèdent ont été écrites avant que
ne soit déposé Ie projet de loi du 24 novembre 1954, analysé plus
loin.
Elles peuvent être appliquées à ce dernier projet, qui n'apporte
d'innovation essentielle que sur un point : il concerne aussi bien les
exploitations que les propriétés.
154
35. Le Conseil d'Etat a estimé que toutes les conditions qu'im-
pJique l'article 11 de la Constitution sont respectées, sauf une, à
savoir la possihilité d'ohtenir une indemnité en espèces (17).
Sans nul doute les constituants de 1831 n'ont eu en vue que Ie
versement d'une somme d'argent, mais Ie texte ne Ie dit pas. De
plus on ne saurait être lié par une interprétation qui date d'une
époque ou l'argent était devenu Ie facteur essentie! d'affranchisse-
ment. Il n'y a pas de meilleur moyen d'indemniser Ie propriétaire
rural dépossédé que l'attribution d'une autre terre, équivalente et
prohahlement plus avantageuse pour la culture.
Les législations étrangères ,ne prévoient des soultes importantes
ou Ie désintéressement intégral en espèces (ce qui signifie pour l'ex-
p]oitant l'élimination) dans des circonstances exceptionnelles.
155
CHAPITRE 111
156
Nous avons souligné l'évolution des législations en France et·
dans les Pays-Bas. Plus lihérales à leur naissance, elles ont par après
réduit Ie pouvoir des opposants et renforcé l'intervention des pou-
voirs puhlics. Ainsi, en Hol1ande, la loi du 31 octohre 1924 exigeait
pour l'acceptation du plan de rememhrement une double majorité
d'après Ie nomhre des propriétaires et d'après les superficies des
terres à rememhrer. La loi de 1938 n'exige qu'une seule majorité.
En France, la loi Chauveau du 27 novemhre 1918 avait pour ohjet
de « faciliter Ie rememhrement de la propriété rurale », opération
décidée à la majorité des propriétaires intéressés.
La législation postérieure à 1940, validée par l'ordonnance du 7
juillet 1945, et modifiée par Ie décret-loi du 20 décemhre 1954,
tout en conciliant l'intérêt général et l'intérêt particulier, renforce Ie
pouvoir des autorités puhliques. Loi autoritaire de conception et
lihérale d'application, 011 la demande d'un seul propriétaire ou
fermier suffit pour déclencher l'opération de rememhrement si les
autorités (en l'espèce Ie préfet du département) Ie jugent utile.
Nous ne hénéficions pas en Belgique du mûrissement psycholo-
gique qui existait dans ces deux pays au moment 011 leurs législa-
tions ont été modifiées et rendues plus efficac~s et plus rapides.
Mais il ne peut être question pour nous de ménager cette grada-
tion. Au stade 011 nous sommes, la loi doit d'emhlée avoir sa pleine
efficacité.
157
La nécessité d'une législation sur Ie rememhrement des terres
rurales ne peut être mieux indiquée que par les exemples de dis-
persion des terres agricoles, cités par l'exposé des motifs.
Dès 1910, B. Seehohm Rowntree, qui effectuait une enquête sur
la misère existant en Belgique (4), releva notamment Ie cas d'une
ferme d'environ 11 ha formés de 32 lots séparés, Ie plus grand de
1 ha 20 et Ie plus petit de 4 ares. De plus, certaines parcelles se
trouvaient à 35 minutes du siège d'exploitation.
La Station d'Economie rurale de Gand fit en 1948 une enquête
sur la situation de 266 exploitations de la zone sahlonneuse, sahlo-
limoneuse et poldérienne. Le nombre moyen des parcelles d'une
exploitation est de 13. Outre l'état d'enclavè de plusieurs d'entre
elles, une parcelle sur ·5 est située à plus d'un kilomètre du siège
d'exploitation et parfois même à plus de 5 kilomètres.
Enfin, en 1952, la Société Nationale de la Petite Propriété Ter-
rienne, examinant la situation de 16.800 exploitations dans 950
communes, relève un nomhre moyen de pièces de terre évalué à
7, parmi lesquelles 16 p.c .sont enclavées.
158
économique des biens ruraux par Ie remembrement des terres
morcelées et des terres dispersées (7) .
l..e projet de la loi vise les deux aspects de la division des terres
agricoles (8) .
D'une part, Ie morcellement ou la division de la superficie
agricole en un nombre considérable de petites exploitations dont
la grandeur moyenne en Belgique est d'environ 6 ha. Cette division,
tout en assurant au point de vue social une répartition plus équi-
table de la richesse nationale, peut nuire à l'intérêt privé et à
l'intérêt général si l'émiettement atteint un point tel que les terres
morcelées ne sont plus rentahles.
Dans la mesure, dit l'exposé des motifs, ou cette division des
terres laisse subsister des exploitations économiquement viables,
Ie législateur n'a pas à intervenir (9).
L'autre aspect est Ie parcellement des terres, ou la dispersion des
terres appartenant au même propriétaire.
Les conséquences de cette situation sont particulièrement préju-
diciahles. Ce sont en effet les petits exploitants qui souffrent Ie plus
de cette dispersion des parcelles, souvent éloignées de la ferme, et
souvent enclavées.
C'est à eet état de fait fort grave en Belgique que Ie projet tend
en ordre principal à remédier.
L'opération de rememhrement tend à constituer des parcelles
continues, jouissant d'accès indépendants et aussi rapprochées que
possihle du siège de l'exploitation.
Elle peut être accompagnée de la création et de l'aménagement
de chemins et voies d'écoulement d'eau et de travaux d'amélioration
foncière (irrigation, assèchement, défrichement) (art. rr, al. 2 et 3).
Le projet de loi ne prévoit Ie rememhrement légal que pour des
biens compris dans un bloc recouvrant une superficie de 50 ha
au moins (art. r·, al. 4) .
159
44. Le consentement au projet doit être donné par les propne-
taires, usufruitiers, exploitants et locataires, réunis en assemblée
générale sous la présidence d'un délégué désigné par Ie minis~re
de l'Agriculture.
Le projet actuel tente de réaliser parallèlement au remembrement
des terres rurales Ie remembrement des cultures. Dans ce hut, il as-
socie directement les locataires et exploitants aux opérations de
rememhrement, au même titre que les propriétaires et autres déten-
teurs de droits réels. Le projet leur reconnaît Ie droit de vote.
A ce point de vue, Ie projet actuel diffère du projet déposé au
Sénat en 1948. Cette participation effective accordée aux locataires
est de première importance en Belgique ou Ie faire valoir indirect
représente 68 p.c. de l'étendue des terres cultivées (10).
160
b) La Société Nationale de /,a Propriété Tèrrienne.
47. Un arrêté royal du 27 février 1935, con:firmé par la loi du
4 mai 1936, a institué la « Société Nationale de la Petite Propriété
Terrienne » dont Ie hut était de développer la petite propriété
foncière. Cet étahlissement public qui remplit, dans Ie do:m,aine
rural, une mission pareille à celle de la Société Nationale des Hahi-
tations à Bon Marché, voit actuellement sa mission s'étendre à la
propriété rurale en général. C'est pour cette raison que Ie projet
de loi, en son article 3, al. 7, prévoit la modification de la dénomi-
nation de cette société de droit public qui a joué et continue à
jouer, dans l'économie rurale du pays, un role dont il faut souligner
l' envergure et la qualité.
Cet étahlissement public assume Ie secrétariat des comités de
reniemhrement.
ll ~st comptahle des dépenses et des recettes décidées par les
èomités. C'est lui qui consent les avances de fonds· destinées à cou-
·vrir les dépenses ordonnées par les comités (art. 13).
161
d) Bkns sujets à remembrement.
49. Les biens suivants sont exclus en principe d'une opération
de rememhrement (art. 2) :
1°) les propriétés appartenant au domaine public.
N'entrent pas dans cette exclusion les terres appartenant au do-
maine privé de l'Etat, des Provinces et des Communes et des Eta-
blissements puhlics;
2°) les bätiments et les terrains faisant corps avec ceux-ci, excepté
les bätiments ruraux isolés qui apparaissent comme l'accessoirè
du fonds;
3°) les propriétés doses de murs;
4°) d'une façon générale, tous immeubles que Ie mm1stre de
l'Agriculture décide d'exclure en raison de leur utilisation et de
leur destination spéciale.
Il est laissé au ministre de l'Agriculture un pouvoir d'apprécia-
tion, qui est nécessaire dans les opérations de rememhrement, au
cours desquelles des cas extrêmement divers peuvent se présehter,
et qui, de plus, se présentent sous des aspects très différents,
L'exposé des motifs cite, comme exemple, les bois et forêts (12).
Ceux-ci sont en principe exclus du bloc à rememhrer. Toutefois, un
boqueteau isolé parmi les terres de culture pourrait être englobé
dans Ie projet de rememhrement.
Quül des terrains à bätir ? Leur destination agricole est précaire,
dit l'exposé des motifs, et leur valeur notablement plus élevée que
les terres agricoles proprement dites. Leur incorporation ou leur
exclusion au cours de l'opération de rememhrement fera l'objet
d'une appréciation in specie.
1. ENQUÊTE.
(12) La loi hollandaise énumère avec plus de precmon les biens qui sont
exclus du remembrement (supra, Pays-Bas, n° 17). Voy. aussi France, n• 34.
162
Les documents déposés à la maison communale des communes
dans lesquelles sont situés les hiens à remembrer sont les suivants :
1 °) un plan parcellaire du bloc.
2°) un tableau comportant, au regard de chaque parcelle, l'i-
dentité des propriétaires, usufruitiers, bailleurs et exploitants.
3°) Ie cas échéant, un avant-projet des travaux à effectuer avec
estimation des dépenses et des charges qu'ils comportent (art. 5, 2°).
Le dépöt de ces documents dure 15 jours; il est rendu public par
voie d'affiches et par la voie des publications officielles.
Les propriétaires, usufruitiers et exploitante repris au tableau sont
avertis du dépöt par écrit et individuellement.
52. L'enquête est faite par les soins du collège des bourgmestre
et échevins qui est chargé de consigner dans un procès-verbal les
déclarations des intéressés.
Le procès-verbal est clos à l'expiration du délai de 15 jours. Tou-
tès les pièces sont alors communiquées, par les soins des mêmes
autorités, au ministre de l'Agriculture, qui décide alors s'il y a lieu
de convoquer l'assemblée générale des propriétaires, usufruitiers et
exploitants.
Dans l'affirmative, il désigne un délégué chargé de convoquer
l'assemblée et de la présider en son nom (art. 7, al. 1 et 2).
163
-Remarque : A ce stade préparatoire de la procédure, nous esti-
mons qu'il serait souhaitable de prévoir la délégation d'une per-
sonne compétente en matière de remembrement et qui pourra, tout
en consignant les déclarations des intéressés, les éclairer sur la
portée de l'opération. De cette façon, les délibérations de l'assem-
blée au moment du vote en seront grandement facilitées.
b) Convocation.
54. Les intéressés sont convoqués individuellement 15 jours au
moins avant la date :6.xée pour la réunion de l'assemhiée. Cette con-
vocation se fait par les soins du collège des hourgmestre et échevins
(art. 7, al. 3).
En outre, } 'annonce de l'assemhlée est rendue publique par
affichage et par la voie des puhlications officielles (art. 7, al. 3).
c) Mandataires.
55. Tout propriétaire, usufruitier ou exploitant peut se faire re-
présenter par un mandataire spécial. Le mandat doit être écrit. Un
mandataire ne peut représenter plus de 1./10 des memhres de l'as-
semhiée (art. 7, al. 4).
Nous ne comprenons pas pourquoi Ie gouvernement n'a pas suivi
Ie système adopté par la loi hollandaise, qui ne prévoit pour chaql].e
mandataire que Ie pouvoir de représenter une seule personne (14).
164
Certains propriétaires ou usufruitiers pouvant être en même
temps exploitants (art. 3), les deux groupes pourront comprendre
partiellement les mêmes personnes.
èhaque propriétaire, chaque nu-propriétaire, chaque usufruitier
et chaque exploitant présent ou représenté a une voix (art. 9, al. ler).
Le projet de loi exige pour l'adoption du projet u:ne double ma-
jorité, dans chacun des groupes :
1 °) majorité des voix émises;
2°) majorité des surfaces représentées par les voix émises.
Le 1 ° n'offre pas de difficultés.
Pour Ie calcul de la seconde majorité, il faut tenir compte des
éléments suivants :
Dans Ie premier groupe, on ne tiendra pas compte des voix des
usufruitiers. Si l'usufruitier a la qualité d'exploitant, son vote inter-
viendra pour Ie calcul des surfaces, au sein du second groupe.
165
e) Désignation des représentants de l'assemblée au comité.
59. Si Ie projet est admis, chacun des deux groupes désigne en
son sein un memhre effectif et un membre suppléant au comité
chargé de l'exécution du remembrement.
166
Les deux autres memhres sont .désignés respectivement par Ie
groupe des propriétaires et usufruitiers et par Ie groupe des exploi-
tante. Les memhres suppléants sont désignés de la même manière.
La fonction de président est exercée par Ie membre désigné sur
proposition du ministre de l'Agriculture.
Le secrétaire est désigné par la Société Nationale de la Propriété
Terrienne.
Les noms des membres du comité et du secrétaire sont publiés
au Moniteur belge.
etc ... ).
. .
connexes d'amélioration foncière (chemins, voies d'écoulement d'eau,
(20) Dans Ie projet de 1948, Ie comité, tout en jouissant d'une compiète au-
tonomie, était déclaré agir au nom de l'Etat.
Le statut qui lui est conféré par Ie projet actuel est conforme aux fonctions
qu'il est appeié à rempiir.
Cf. avis du Conseil d'Etat : p. 41 et suiv. « Nature juridique du comité».
( 21) Exposé des motifs, p. 14.
167
dans les actes pnves et dans les instances judiciaires. Les assigna-
tions et notifications au comité sont valablement remises au prési-
dent, au secrétaire ou à la Société Nationale de la Propriété ter,
rienne.
Le comité a qualité pour passer les conventions relatives à des
propriétés situées en dehors du « bloc » en vue de la création ou de
la suppression de servitudes actives ou passives (art. 24).
Lorsque l'exécution de travaux en dehors du «bloc» est néces-
saire, Ie comité peut être autorisé par arrêté royal à faire les em-
prises nécessaires par voie d'expropriation pour cause d'utilité pu-
blique (art. 22 in fine) .
168
de veto, qui existe uniquement au profit de l'Etat, et qui ne peut
être considéré comme un recours contre les décisions du comité.
L'exposé des motifs ne donne, à eet égard, aucune explication.
Trois ministres interviennent dans l'exécution d'un remembre-
ment. Il suffirait d'un veto du ministre des Finances pour paralyser
l'activité du comité. Or, nous venons de voir qu'il importe d'accé-
lérer l'exécution des remembrements, étant donné que, durant cette
phase, les parcelles comprises dans Ie bloc peuvent faire l'objet de
diverses mesures qui auront pour conséquence de paralyser toute
activité agricole.
3. - LA COMMISSION CONSULTATIVE.
169
)
4. - ÛPÉRATIONS DE REMEMBREMENT.
170
Le plan des nouveaux chemins et des nouvelles voies d'écoulement
d'eau, ainsi que celui des ouvrages connexes, doit être approuvé
par arrêté royal sur proposition du ministre de l'Agriculture et du
ministre des Travaux puhlics, après avis du Conseil communal et
de la Députation permanente intéressés.
La suppression des anciens chemins et voies d'écoulement d'eau,
la désaffectation des ouvrages connexes et leur incorporation dans
1'ensemhle des terres à remembrer, doit être ordonnée également par
arrêté royal (art. 21).
L'arrêté royal d'approbation ou un arrêté séparé règle Ie statut
des nouveaux chemins et voies d'écoulement d'eau, ainsi que l'attri-
hution des ouvrages connexes aux administrations puhliques qui
en ont la gestion et l'entretien.
171
b) Plan de relotissement et attribution des nouvelles parcelles aux
propriétaires, usufruitiers, exploitants (art. 23 à 30).
75. Ce plan est établi par Ie comité avec l'aide de la commissiori
consultative (art. 23). Les zones de valeur du plan de lotissement
sont réparties sur ce nouveau plan. Le comité procède à la répar-
tition des nouvelles parcelles.
Le principe qui préside à l'attribution des nouveaux lots est
l' équivalence de valeurs entre les lots anciens et les lots nouveaux
attribués en remplacement.
Des règles différentes sont toutefois établies pour l'attribution
aux propriétaires, nu-propriétaires et usufruitiers d'une part, aux
exploitants et locätaires d'autre part.
172
Les articles 1777 et 1778 du Code civil sont applicahles aux ex-
ploitants entrants et sortants (art. 38') .
(31) Exposé des motifs, p. 16. - Il serait souhaitable que !'exposé des motifs
e'explique plus amplement à ce sujet.
(32) Le gouvernement estime que les hypothèques et autres charges qui
grèvent les immeubles ne doivent pas être divulguées ( exposé des motifs, p. 17).
(33) Il s'établit une compensation entre Ie comité et les propriétaires et
usufruitiers, de sorte que seul Ie solde actif ou passif des soultes, indemnités et
frais, devra être réglé (exposé des motifs, p. 17).
173
1°) les soultes actives ou pa88ivee.
2<>) les indemnités pour plus-values ou moins-values.
3°) leur part contributive pour les frais.
Les comptes des exploitants comprennent les indemnités pour
perte de jouïssance.
L'usufruitier doit Ie solde passif qui Ie conceme et ne peut invo-
quer l'application de l'article 609 du Code civil.
Les soldes actifs dus aux propriétaires et usufruitiers, doivent être
versés avant la passation de l' acte de remembrement. Le Comité
ordonne Ie versement à la Caisse des dépöts et consignations, des
sommes nécessaires à leur paiement. Toutefois ce versement ne peut
être fait qu'après la production par les propriétaires et usufruitiers
d'un certificat délivré par Ie conservateur des hypothèques, consta-
tant, conformément à l'article 127 de la loi du 17 décembre 1851,
qu'il n'existe point d'inscription ou de transcription relative aux
biens attribués à ces propriétaires ou usufruitiers (art. 35, al. 2).
Le comité ordonne Ie règlement des indemnités dues aux exploi-
tants pour perte de jouïssance (art. 27), et du chef de travaux exé-
cutés au cours du bail par Ie fermier (art. 29).
83. Les indemnités dues aux intéressés sont réglées grace aux
avances consenties par la Société Nationale de la Propriété Terrien-
ne. Ces avances s~nt remboursées par l'Etat à charge du budget du
département de l'Agriculture.
Quant aux soldes passifs, leur sort est réglé dans l'acte de remem-
brement qui fixe les conditions et délais de paiement arrêtés par Ie
ministre de l'Agriculture. ·
174
nouvelles parcelles, Ie gouvernement propose la fixation d'une som-
me forfaitaire provisionnelle pour frais à liquider.
La différence entre Ie montant réel des frais et cette somme for-
faitaire sera comptabilisée au profit ou à charge de l'Etat lors de
la cloture des comptes.
Toutefois cette règle proportionnelle pourra être abandonnée
dans Ie cas ou certaines parcelles seraient plus que d'autres avan-
tagées par les opérations de rememhrement et l'exécution des tra-
vaux connexes (art. 26) (35).
L'article 40 prévoit la participation de l'Etat dans les dépenses
occasionnées par les travaux de création et d'aménagement des
chemins et voies d'écoulement d'eau ainsi que par les autres tra-
vaux d'amélioration foncière.
Le projet ne détermine pas Ie pourcentage de cette interven-
tion, qui est fixé par Ie ministre de l'Agriculture.
d) Acte de remembrement.
87. L'acte de rememhrement est passé par Ie comité d'acquisition
d'immeuhles pour compte de l'Etat (art. 35 et 36).
Il forme titre pour la propriété et les droits réels et de créance
dont il règle Ie report (art. 37).
Il sort ses effèts et est opposable aux tiers à dater de sa trans-
~ription au bureau des hypothèques de la situation des biens
(art. 45). Il fixe les dates et conditions d'occupation des nouvelles
parcelles (art. 38).
175
Si les droits réels ne grevaient que certaines parcelles d'un pro-
priétaire ou usufruitier, Je comité détermine .l'assiette de ces droits
dans l'ensemhle des nouvelles parcelles attribuées aux intéressés.
Les privilèges et hypothèques, les commandements et saisies, les
actions immobilières, sont reportés sur !'ensemble des nouvelles
parcelles et sur les soldes actifs qui sont dus aux propriétaires ou
aux usufruitiers.
Les droits d'usufruit sont reportés selon les mêmes principes.
176
· L'application automatique du report des droits de hail risque
d'amener, parallèlement au regroupement des terres, un écartè-
lement des cultures (37) .
Pour remédier à eet inconvénient Ie projet de Ioi a organisé Ie
système suivant :
En principe, les droits qu'un fermier exerce sur l'ensemhle des
anciennes parcelles ou sur une ancienne parcelle d'un bailleur,
sont reportés sur l'ensemhle des nouvelles parcelles ou sur une
nouvelle parcelle de ce bailleur indiquée par Ie comité.
Toutefois, dans l'intérêt d'une bonne exploitation et en vue de
réaliser Ie remembrement cultural, Ie comité, assisté par la com•
mission consultative, peut assigner à un fermier un nouveau bail-
leur, soit qu'il maintienne Ie fermier sur les terres qu'il exploite,
soit qu'il lui attribue de nouvelles terres (art. 28).
Les conditions du nouveau bail sont fixées soit par les parties,
et dans ce• cas leur accord est constaté par Ie comité •et annexé à
l'acte de remembrement, soit par Ie juge (37bis). Dans ce dernier
cas, Ie comité invite les parties à saisir Ie juge du litige.
S1 dans Ie délai d'un mois à partir du jour oû Ie comité a constaté
Ie désaccord des parties, aucune de celles-ci n'a saisi Ie juge, Ie
comité assigne les parties intéressées aux fins de voir fixer les con-
ditions du nouveau bail (art. 29).
· (37) Ce danger avait été souligné par les auteurs du projet de 1948 : « Le
sort du droit de hail sur les hiens rememhrés ne laisse pas de soulever de
sérieuses difficultés ». (Exposé des motifs du projet de 1948).
(37bis) Il est tenu compte, pour la fixation du fermage, d'éventuelles amé-
liorations foncières (Exposé des motifs du projet de 1954, p. 17).
(38) « Il faut que l'exploitation qui formait un bloc avant Ie rememhrement
reste unie après cette opération et il faut aussi que les exploitations morcelées
soient, autant que possihle, rememhrées. Pour atteindre ce hut il sera souvent
inévitahle de résilier les haux en vigueur et d'assigner aux hailleurs de nou-
veaux locataires et vice versa. Il y a Iieu dans ce cas de régler les relations
locatives entre ces nouveaux partenaires .» (id., p. 16).
177
Notons que la nouvelle loi hollandaise prévoit la possihilité d'im-
poser à un hailleur de contracter avec un autre preneur.
Notre projet de loi actuel adopte donc Ie même principe qui
constitue une protection des droits des fermiers et se situe dans la
tradition consacrée par la loi du 7 juillet 1951 sur les haux à ferme
(39).
RECOURS EN JUSTICE.
92. Un recours devant Ie Juge de paix est prévu pour les con-
testations portant sur des droits civils (art. 20).
Le juge de paix compétent est Ie magistrat du canton sur Ie ter-
ritoire duquel est situé Ie bloc ou la majeure partie du bloc à re-
memhrer (art. 3, al. 6).
Sa compétence s'étend aux contestations portant sur les surfaces
et valeurs portées sur Ie plan de Iotissement établi par Ie comité;
aux contestations relatives aux indemnités pour trouhles de jouïs-
sance dues aux exploitants lors de l'exécution des travaux par Ie
comité (art. 20, al. 1 ; art. 22, al. 3) .
C'est Ie juge de paix qui est appelé à fixer Ie montant des indem-
nités pour perte de jouïssance.
Son intervention est prévue, lors de l'établissement des plans et
tableaux relatifs à l'attribution des nouvelles parcelles, pour tran-
cher les litiges relatifs à l'attribution et à l'évaluation des nouvelles
parcelles, au montant des indemnités pour plus-values ou moins-
values, à Ia répartition des frais d'exécution, au report des droits
réels (40).
Enfin, Ie juge de paix peut être appelé à fixer les conditions des
nouveaux haux imposés par Ie comité (art. 29, al. 3) (41).
Une procédure rapide est organisée (art. 20 et 34).
Le juge de paix est saisi par une requête qui doit lui être adres-
sée dans un délai déterminé (art. 20, al. 4 et 34, al. 4).
Le juge rend alors une ordonnance désignant expert.
178
La requête et l'ordonnance ·sont n·otifiées conjointement avec la
citation à comparaître sur les lieux dans un délai déterminé.
Le jugement doit être rendu dans les trois mois de la citation.
Ce jugement n'est susceptihle d'aucun recours, sans préjudice
du droit du Procureur Général près la Cour de cassation d'exercer
Ie pourvoi dans l'intérêt de la loi, prévu à l'article 14 de la loi
du 25 février 1925 (20, al. 9).
179
Dispositions fiscales.
95ter. Les art. 46 à 49 du projet exonèrent de tous droits et taxes,
les actes, jugements et arrêts relatifs à l'exécution de la loi sur Ie
remembrement légal des hiens ruraux.
CHAPITRE IV
a) Evolution législative.
94. La loi de 1949, au lieu de servir de test, n'a apporté qu'une
preu:ve négative : l'inutilité de compter sur un mouvement spontané
de regroupement foncier. Il est possihle cependant que Ie remem-
hrement volontaire et les échanges prennent quelque ampleur, à
titre complémentaire, lorsqu'on aura pu constater les bienfaits de
rememhrements légaux réussis. L'exemple français permet de Ie
présumer.
., ,
propnetes. .
.
caractère DÉFINITIF à l'opération. Mais Ie regroupement prescrit
évite de disloquer les exploitations sous prétexte de réunir les
(1) Le problème est d'autant plus important que depuis la loi du 7 juillet
1951 Ie fermier jouit d'un bail à durée indéfinie ou semi-perpétuel (De Page,
Compl., vol. IV, p. 445).
( 2) Relevons que, lorsque deux fermiers échangent des terres dont ils ont
respectivement la jouïssance, il y a contrat innomé (De Page, ibid., p. 436).
181
projet de loi beige du système hollandais, dans lequel la colla-
horation pes intéressés est plus sollicitée que sous Ie régime français,
du moins en droit.
c) Nécessité.
96. Nous avons déjà exposé les raisons pour lesquelles la réforme
s'impose en Belgique comme ailleurs.
Les rendements agricoles de ce pays sont excellents (3). Et
pourtant les prix restent trop élevés, à cause notamment de frais
de production excessifs. Le rememhremeni rural permettra de les
réduire.
De pair avec la bonification foncière (4), il palliera d'autre part
la diminution constante de la surface cultivable qui n'était plus
que de 1.826.000 hectares en 1950, au lieu de 1.997.000 en 1929.
d) Accueil.
97. Le succès des diverses journées d'études sur Ie remembre-
ment organisées par la Sociêté Nationale de la Petite Propriété Ter-
rienne, avec Ie concom.-s des autorités provinciales, suffirait à dé-
montrer que des mesures législatives sont attendues par Ie monde
agricole (5). Des réserves sont émises çà et là, qui ne seront levées
que par des réalisations convaincantes (6).
Il n'y a pas lieu de craindre que Ie remembrement soit défavora-
ble à la petite exploitation; l'expérience des pays voisins est con-
cluante à eet égard. Mieux groupé, Ie petit· domaine pourra lutter
d'autant plus efficacement et utiliser les machines clont seule la
grande propriété avait jusqu'ici Ie plein emploi.
182
Conclusions.
98. Le projet de loi actuel reprend dans ses grandes lignes Ie
projet de 1948 (7).
La décision de remembrement appartient au Roi sur proposition
du ministre de l'Agriculture après consultation et avis favorable des
intéressés. Ceux-ci gardent, au cours du déroulement des opéra-
tions, un droit d'observation et de réclamation qui leur est garanti
par les enquêteR administratives.
Le principe éonstitutionnel de l'indemnité juste et préalable est
respecté. Un recours judiciaire en assure l'application. Toutes les
indemnités doivent être liquidées avant la passation de l'acte de
remembrement.
Les opérations de remembrement sont l'omvre de comités mixtes
compMés de fonctionnaires désignés par les ministres intéressés et
de propriétaires et exploitants désignés par les assemblées des pro-
priétaires et exploitants.
Ces comités, institués par l'arrêté royal qui décide l'exécution
du rememhrement, ont sur Jes biens compris dans Ie bloc à remem-
brer un droit de possession qu'ils exercent jusqu'à la fin des opéra-
tions, décidée également par arrêté royal. 11 importe de souligner
que pendant cette période, les biens sujets. à remembre~ent ne
sont pas frappés d'indisponibilité et que toutes transactions im-
mobilières sont possibles.
Les comités de remembrement, dotés de la personnalité juridique,
apparaissent comme des établissements publics doués d'un pouvoir
de décision souverain quant à l'exécution des opérations de remem-
brement proprement dites, sauf veto des trois ministres intéressés.
Comme nous l'avons dit précédemment nous souhaiterions
qu'au cours des débats parlementaires Ie gouvernement soit ap-
pe]é à s'expliquer au sujet de l'exercice de ce droit de veto.
183
specialement à un juge commîssaire qui exerce Ie röle de conci-
liateur. Ces causes hénéficient d'un droit de priorité.
Le seul recours contre les décisions des juges de paix e~t Ie
pourvoi en cassation dans l'intérêt de la loi et au profit exclusif
du Procureur Général près la Cour Suprême. Ni Ie projet de· loi
ni !'exposé des motifs ne disent comment ces décisions des juges de
paix seront portées à la connaissance du Procureur Général.
184
APPENDJCE
Ohstacles légaux au démemhrement
185
en effet l'héritier qui se propose de la reprendre n'aura souvent
pas les liquidités nécessaires pour acquérir Ie bien.
Quant à la disposition finale de l'article 832, elle est rédigée en
termes si hésitants (les termes « autant que possihle » énervant
l'injonction formulée) que les tribunaux n'en ont guère tenu
compte (4).
186
c) Suggestions.
l 07. Il est de fait que, dans les pays voisins, les agriculteurs ont
accoutumé de· ne plus diviser les terres rememhrées, ou plus exac-
tement de laisser intacts les lots, formés au cours d'un remanie-
ment. D'aucuns en ont déduit que la m:odification des lois succes-
sorales était inutile (9). A quoi on peut répondre que la tendance
signalée évite Ie reparcellement, mais non point Ie morcellement des
exploitations. Au surplus, elle ne concerne que les régions ou. des
rememhrements réussis ont été· opérés.
Le remaniement parcellaire, dans notre pays, n'a pas encore dé-
passé, pratiquement, Ie stade primitif de l'échange bilatéral. Il
serait dès lors prématuré de songer à des réformes radicales en
matière de successions et de partage; elles heurteraient des habitu-
des séculaires et risqueraient de rester sans application.
Il n'en demeure pas moins que diverses améliorations pourraient
être apportées immédiatement au régime actuel, ainsi que quelques
prudentes innovations.
187
En cas de non-occupation du bien dans les trois mois de la re-
prise ou de la cessation de l'occupation dans les trois ans, Ie repre-
nant sera tenu de verser une indemnité forfaitaire aux anciens cÓpro-
priétaires ou à leurs ayants droit. Si la revente s'effectue par a~lju-
dication publique, l'indemnité se limite à la répartition propor-
tionnelle du hénéfice éventuel.
Aucune indemnité n'est due lorsque, Ie droit de reprise ayant
été exercé par plusieurs personnes, l'une de celles-ci occupe le bien
dans les délais indiqués ci-dessus.
3) Conjoint survivant.
111. Il est presque unanimement souhaité que les droits du
conjoint survivant soient élargis (14).
Ce n'est pas ici Ie lieu de rechercher la meilleure formule. Disons
seulement qu'en cas de concours avec d'autres successeurs que les
ascendants et les descendants légitimes, Ie conjoint devrait au moins
disposer d'un droit d'usufruit sur la totalité de la succession (15).
188
}1>) La clause de reprise sur pnsee, contenue dans un testament,
est licite, à moins qu'elle n'aboutisse à contraindre un héritier ré-
servataire à se défaire de sa réserve en nature;
2) Contenue dans un contrat de mariage, la clause de reprise
sur prisée est illicite en tout cas, comme pacte de succession future.
Et ils font observer que ces règles semhlent bien rigoureuses, eu
égard à l'utilité pratique de la clause de reprise : Ie législateur
devrait les abolir. On ne saurait mieux dire.
5) Valeur de rendement.
113. On pourrait s'inspirer utilement, semble-t-il, des dispositions
d11 Code civil suisse, prévoyant l'estimation des immeubles ruraux à
leur valeur de rendement, qui est réputée être des trois-quarts de la
valeur vénale (art. 617 à 620) (16).
Conclusions.
115. Les correctifs suggérés prépareraient les esprits à accepter,
et peut-être même à désirer, une véritable refonte du régime des
suocessions rurales.
Toutefois, à la suite de M. Piret (18), nous ne croyons pas sou-
189
haitahle que l'on s'achemine vers Ie bien de famille insaisissahle et·
inaliénable, source d'asservissement et de difficultés de crédit (19).
Il est heureusement des moyens plus souples de favoriser l'ex:-
ploitation paysa:nne héréditaire, aux parcelles convenablement re-
groupées.
190
Projet de loi sur Ie remembrement légal
de biens ruraux
BAUDOUIN,
Roi des Belges,
A tous présents, et à venir, SALUT.
Sur la proposition de Notre Ministre de l'Agriculture, de Notre Ministre des
Finances et de Notre Ministre des Travaux publics et de la Reconstruction,
Nous avons arr~té et arr&ons :
Notre Ministre de l'Agriculture, Notre Ministre des Finances et Notre Ministre
des Travaux publics et de la Reconstruction sont chargés de présenter, en Notre
nom, aux Chambres législatives, Ie projet de loi dont la teneur suit :
CHAPITRE PREMIER
Notions générales.
191
- « ancienne parcelle ", toute parcelle comprise dans Ie bloc avant Ie remembre-
ment;
- • nouvelle parcelle "• toute parcelle du nouveau lotissement, constituant ou non
une modification de l'ancien lotissement, changeant ou non de propriétaire ou
d'exploitant;
« juge "• Ie juge de paix du canton sur Ie territoire duquel est situé Ie bloc ou la
majeure partie du bloc.
En raison de l'extension de son objet aux missions qui lui sont confiées par la
présente loi, la dénomination de la Société Nationale de la Petite Propriété Terrienne,
instituée par l'arrêté royal n° 120 du 27 février 1935, est modifiée et remplacée
par celle de : << Société Nationale de la Propriété Terrienne n.
CHAPITRE IJ
Des formalités préalables.
ART. 4. - Le Ministre de l'Agriculture, après consultation du Ministre ayant
l'urbanisme dans ses attributions, peut décider qu'il sera procédé à une enquête
sur l'utilité du rememhrement d'un bloc de terrains qu'il délimite.
ART. 5. - L'enquête s'ouvre sur un projet comprenant:
1° Un plan parcellarre du bloc.
A ce plan est annexé un tableau indiquant, en regard de chaque parcelle, selon
les indications cadastrales : Ie nom et l'adresse du propriétaire, de l'usufruitier, la
surface de la parcelle et, Ie cas échéant selon les renseignements fournis par Ie pro-
priétaire, l'usufruitier ou Ie bailleur, Ie nom et l'adresse des exploitants avec indica-
tion des surfaces exploitées.
En vue de l'établissement de ce tableau, les propriétaires, usufruitiers ou bail-
leurs sont tenus, à la demande du Ministre de l' Agriculture ou de son délégué,
de communiquer les nom et adresse des exploitants et les surfaces occupées par
chacun d'eux;
2° Le cas échéant, un avant-projet des travaux à effectuer, avec une estimation
des dépenses et des charges annuelles pour frais d'exploitation, d'entretien et de
surveillance des ouvrages permanents.
ART, 6. - Ces documents sont déposés pendant quinze jours à la maison com-
munale des communes sur Ie territoire desquelles s'étendent les terres comprises
dans Ie plan.
Le dépöt est annoncé par voie d'a:ffiches et dans les autres formes usitées pour
les publications o:fficielles dans les communes intéressées.
Les propriétaires, usufruitiers et exploitants mentionnés au tableau, sont
avertis de ce dépöt par écrit, individuellement et à domicile.
L'enquête est faite dans chaque commune par les soins du collège des bourg-
mestre et échevins. Ce collège ouvre à eet effet un procès-verbal destiné à recueillir
les déclarations des intéressés ; celles-ci sont signées par les déclarants. Le collège
annexe au procès-verbal les observations écrites reçues au cours de l'enquête.
A l'expiration du délai de quinze jours, Ie procès-verbal est clos par Ie bourgmestre
on l'échevin délégué.
Les pièces relatives à }'enquête, accompagnées d'un certificat du collège consta-
tant l'accomplissement des formalités prescrites, sont commu~iquées au Ministre
de I' Agriculture.
ART. 7. - Après la cloture de !'enquête, Je Ministre décide s'il y a lieu de réunir
une assemblée générale des propriétaires, usufruitiers et exploitants.
Dans ce cas, il désigne un délégué chargé de la convoquer et de la présider en
son nom.
Quinze jours au moins avant la date fixée, les propriétaires, usufruitiers et
exploitants mentionnés au tableau sont convoqués par écrit, individuellement et
192
à domicile, par les soins des collèges des bourgmestre et échevins. L'annonce de
cette assemblée est, en outre, affichée et puhliée dans les .formes usitées pour les
publications officielles.
Tout propriétaire, usufruitier ou exploitant, peut Re faire représenter à rassem-
hlée générale par un mandataire spécial. Le mandat est écrit. Toutefois, un manda-
taire ne peut représenter plus deun dixième des membres de l'a~semblée générale.
ÁRT. 8. - Aux jour, heure et lieu fixés, Ie président, après avoir constaté que
l'assemblée générale est régulièrement réunie, expose Ie projet, communique les
observations présentées au cours de !'enquête et entend les observations iles pro-
priétaires, des usufruitiers et des exploitants présents ou représentés.
ART. 9. - Le projet est soumis successivement au vote des propriétaires et
u6ufruitiers et au vote des exploitants. Chaque propriétaire, chaque usufruitier
tit chaque exploitant présent ou représenté a une voix.
Le projet est rejeté si, dans l'un ou dans l'autre groupe, la majorité s'y oppose.
Le projet est encore rejeté si les propriétaires et usufruitiers ou les exploitants
qui s'y opposent possèdent ou occupent ensemble, chacun dans son groupe, plus
de la moitié de la surface cadastrale du bloc.
Pour Ie calcul de la surface dans Ie premier groupe, il n'est pas tenu compte
des voix des usufruitiers. Lorsqu'une parcelle est possédée en indivision ou exploitée
en commun, les indivisaires ou les personnes qui exploitent la parcelle en commun,
présents ou représentés, sont censés posséder ou occuper ensemble toute la surface
de la parcelle. Ils sont également censés posséder ou occuper chacun une part égale
de cette surface.
ÁRT. 10. - Si Ie projet est admis, Ie groupe des propriétaires et des usufrni-
tiers et celni des exploitants désignent chacun en son sein un membre effectif et
un membre suppléant du comité prévu à l'article ll.
Le président rédige Ie procès-verbal de l'assemblée ii;énérale.
CHAPITRE III
Des opérations de remembrement,
ART. ll. - Le Roi décide, sur proposition du Ministre de l'Agriculture et du
Ministre ayant l'urbamsme dans ses attributions, s'il y a lieu de donner suite au
projet admis par l'assembli\e génfrale. Dans l'affirmative, il charge un comité de
son exécution.
Ce comité est composé de cinq membres dont trois sont désignés par Ie Roi,
respectivement sur proposition du Ministre de l' Agriculture, du Ministre des Fi-
nances et du Ministre des Travaux publics, et dont deux sont désignés respective-
ment par Je groupe des propriétaires et usufruitiers et par Ie groupe des exploitants
intéressés. Des membres suppléants sont désignés de la même manière.
Le membre du comité désigné sur proposition du Ministre de l'Agriculture
exerce les fonctions de président.
Le secrétaire de chaque comité est Msigné par la Société nationale de la pro•
priété terrienne. ·
Les noms des memhres du comité et du secrétaire sont publiés au Moniteur
Belge.
ÁRT, 12. - Le comité jouit de la personnalité juridique.
Il délibère et statue sur tout ce qui concerne l'exécution du projet de rememhre•
ment.
Il ne statue valablernent que si la majorité des membres, éventuellement rem-
placés par leurs suppléants, sont présents. En cas de partage des voix, celle du préoi•
dent est prépondérante.
Les Mmistres, visés à l'article 11, peuvent, chacun en ce qui le concerne, s'op-
poser à toute décision du comité. A eet effet, chaque membre, nommé par Ie Roi,
193
peut prendre son reC'ours auprès du Ministre dont il dépend. Ce recours doit être
pris dans les quinze jours de la décision et Ie veto du Ministre doit intervenir dans
les quinze jours du recohrs. Passé ce délai, la décision devient définitive.
Le président et Ie secrétairc exécutent les décisions du comité ; ils représentent
Ie comité dans tous les actes publics et sous seing privé, ainsi que dans les actions
judiciaires, sans devoir justifier de la décision du comité. Les assignations et noti-
fications au comité sont valablement remises au président, au secrétaire ou à la
Société nationale de la propriété terrienne.
ART. 13. - La Société nationale de la propriété terrienne ouvre un compte pour
l'activité de chaque comité. Ceux-ci peuvent ordonner des dépenses qui seront
exécutées par les soins de cette société sur des avances de fonds consenties par elle.
La société est comptable des dépenses et des recettes décidées par les comités.
La Cour des Comptes· arrête les comptes ouverts pour chaque comité et est
chargée de recueillir à eet effet tous renseignements et toutes pièces comptables
nécessai res,
ART. 14. - Le comité est assisté d'une commission consultative composée de
trois membres au moins et de dix membres au plus, choisis sur la proposition du
comité, par Ie Ministre de l'Agriculture, parmi les pnsonnes de l'endroit, spéciale-
ment compétentes en matière rurale.
La commission consultative se réunit à la demande et sous la présidence dn
président du comité ou de son délégué.
ART. 15. - Le mandat de memhre du comité et de la commission consultative
est gratuit ; des jetons de présence et des indemnités pour frais de déplacement
peuvent, toutefois être accordés aux membres de la commission consultative ainsi
qu'aux membres du comité, désignés respectivement par les propriétaires et usu-
fruitiers et par les exploitants.
ART. 16. - Le comité, après avoir pris l'avis de la commission consultative,
établit :
1° Ie classement des terres d'après leur valeur culturale et d'exploitation au
moyen d'un plan figurant le lotissement existant. Sur ce plan sont dessinées les
" zones de valeur " formées par Ie groupement des terres de même classe. Ces zones
sont piquetées sur Ie terrain ;
2° un tableau indiquant, en regard de chaque parcelle du plan de lotissement,
Ie nom du propriétaire, de l'usufruitier et de !'exploitant, les surfaees dans chaque
zone de valeur, la surface globale et les valeurs correspondantes;
3° un tableau indiquant, en regard de chaque propriétaire et usufruitier, les
parcelles qu'il possède avec les totaux des surfaces dans chaque zone de valeur, des
surfaces globales et des valeurs correspondantes ;
4° un tableau indiquant, en regard de chaque exploitant, les parcelles qu'il
occupe avec les totanx des surfaces dans chaque zone de valeur, des surfaces glo-
bales et des valeurs correspondantes.
ART. 17. - Pour I' établissement du classement des terres, Ie comité ne doit
tenir compte ni d'éléments étrangers à la valeur culturale et d'exploitation de la
terre, tels la présence de clötures, d'arbres ou de baies, l'existence d'm• bail, d'une
servitude de passage, d'un droit d'usage oude superficie, Ie mauvais état d'exploita-
tion du sol, ni d'éléments sans rapport avec la destination agricole du bien, tels la
nature du sous-sol, la destination du bien comme terrain à bitir ou la possibilité
d'une affectation industrielle.
Ces éléments, considérés comme plus-values ou moins-values des parcelles,
sont estimés séparément après l'attribution des nouvelles parcelles.
ART. 18. - Le plan de lotissement et les tableaux font l'objet d'une enquête
conformément à l'article 6.
ART. 19. - Après la clöture de !'enquête, Ie comité examine les observations
qu' elle a suscitées.
194
Il arrête Ie plan de lotissement et les tableaux et les dépose à la maison commu-
nale, ou tout intéressé est admis à en prendre connaissance pendant toute la durée
des opérations.
Chaque propriétaire, chaque usufruit.ier et chaque exploitant est averti par
écrit, individuellement et à domicile de ce dépót.
ART. 20. - Tout intéressé peut contester la détermination des surfaces ou des
valeurs en citant Ie comité devant Ie juge.
La citation est donnée à comparaître sur les lieux dans un délai de huit jours
au moins et de quinze jours au plus.
Le jour et l'heure de la comparution sout fixés par ordonnance du juge sur la
requête du demandeur. Cette requête et l'ordonuance du juge sout conjointement
notifiées en tête de la citation.
La requête doit être adressée au juge, sous peiue de forclusiou, dans les treute
jours de l'avertissement prévu à l'article 19 et au plus tard dans les deux mois du
dépót des documents à la maison communale.
L'ordounance du juge comporte la désignation d'un expert, lequel est couvoqué
sur les lieux par lettre recommandée du greffier.
L'expert dépose sou rapport dans les trente jours de la visite sur les lieux.
Dès que Ie rapport de l'expert est déposé, Ie juge convoque sans délai les parties
et l'expert par lettre recommandée à l'audience dont il fixe la date; une copie du
rapport est jointe à la convocation.
Le juge rend sou jugement dans les trois mois de la citatiou.
Son jugement n'est susceptible d'aucun recours, saus préjudice du droit du
Procureur général près la Cour de Cassation d'exercer Ie pourvoi dam l'iutérêt de
la loi prévu à l'article 14 de la loi du 25 février 1925.
Le comité apporte aux plan et tableaux les corrections qui découleut des juge-
ments.
ART. 21. - Le comité établit Ie plan des nouveaux chemins et des nouvelles
voies d'écoulement d'eau ainsi que des ouvrages connexes.
Ce plan indique également, Ie cas échéant, les chemins, voies d'écoulement
d'eau et ouvrages connexes existants à supprimer.
Le plan des nouveaux chemins et des nouvelles voies d'écoulement d'eau ainsi
que des ouvrages connexes est approuvé par arrêté royal sur proposition des Mi-
nistres de l'Agriculture et de& Travaux publics, après avis du conseil communal et
de la députation permanente intéressés.
L'arrêté d'approhation ou un arrêté royal séparé détermine la voirie à laquelle
les nouveaux chemins appartiendront et classe, s'il y a lieu, les nouvelles voies
d'écoulement d'eau dans une des catégories prévues à l'article 2 de la loi du 15 mars
1950 modifiant la législation relative aux cours d'eau non navigahles.
L'arrêté royal indique les administrations puhliques au domaine desquelles
les nouveaux ouvrages connexes sont attribués. Ces administrations out l'obligation
de gérer ces ouvrages conformément à leur destination et aux lois et règlements
sur la matière.
L'arrêté royal d'approhation on un arrêté royal séparé décrète également la
suppression des chemins et voies d'écoulement d'eau et des ouvrages connexes
désaffectés et leur incorporation dans l'ensemble des terres à remembrer.
L'arrêté royal ordonne, Ie cas échéant, des modifications à apport.er aux plans
généraux ou particuliers dressés conformément à l'arrêté-loi du 2 décemhre 1946
concernant l'urbanisation, à l'atlas des chemins vicinaux et aux tableaux descrip-
tifs dressés en exécution de la loi du 7 mai 1877 sur la police des cours d'eau non
navigables et non flottables et de la loi du 15 mars 1950 modifiant la législation
relative aux cours d'eau non navigables.
ART. 22. - Le comité fait procéder aux travaux de création et d'aménagement
rlP chemins et voies d'écoulement d'eau et aux travaux d'amélioration foncière.
Nu! ne peut s'opposer à l'exécut,on des travaux.
195
Une indemnité est due éventuellement aux exploitants pour dégAts aux cu1tu-
res ou lorsque les travaux nuisent à la jouis5ance des terres. Le comité fixe immé-
diatement cette indemnité de commun accord avec l'intéressé ; en cas de contesta~
tion, elle est fixée par Ie juge. L'indemnit est aussitot l:quidée.
Lorsque l'exécution du projet de rememhrement requiert l'exécution de tra-
vaux en dehors du b1oc, le "om1té peut, à défaut d'accord amiable, être autorisé
par arrêté royal à faire les emprises nécessaires par voie d'expropriat..on pour cause
d'utilité publique.
ÁRT. 23. - Le comité, assisté de la commission consultative, procède à l'éta-
blissement du plan de relotissement. Les 2'0nes de valeur du plan de lotissem1mt
prévu. à l'article 18 sont reportées sur ce plan.
Le comité, assisté de la comm1Rsion consultative, attribue les nouvelles par-
celles aux propriétaires, aux usufrmtiers et aux exploitants.
Le nouveau lotissement est piqueté sur Ie terrain.
ART. 24. -- La comité a quali<:é pour passer des conventions relatives à des
propriétés s;tuées en dehors du bloc en voe de la création ou de la suppression de
servitudes actives ou passives.
ÁRT. ?5. - L attribution aux propriétaires, et aux usufruitiers se fait de ma-
nière à leur attribuer des parcelleR d'une va1eur globale proportionnellement ée:ale
à celle des parcelles qu'ils possédaieut avant Ie remembrement, compte tenu de la
valeur des terres prélevées sur ]'ensemble pour nouveaux chemins, voies d'écoule-
ment d'eau et ouvrages connexes, et de cel]e des tnres incorporées dans l'ensemble,
provenant des chemins, voies d'écoulement d'eau et ouvrages connexes désaffectés.
Le plan peut prévoir une soulte lorsqu'il n'est pas possible d'étabHr cette équi-
valence sans un appoint ou une ristourne en espèces. Cettf' soulte ne peut toute-
fois, pour aucun propriétaire ou usufruitier. dépasser 5 p. c. de la valeur en parcelles
qui aurait dû lui être attribuée.
ART. 26. - Le comité, assisté de 1a commfasion consultative, répartit Ie~ frais
d'exécution du projet sur les nouvelles parce.les sur la ba&e de leur surface.
Lorsque certaines parcelles profitent plus que d'autres de, travaux réalisés à
l'occasion du remembrement tels les travaux d'améhoration foncif're, la création de
nouveaux chemin@ ou voies d'écoulement d'eau, Ie comité peut en tenir compte
dans la répartitlon de~ frais.
S'il est à prévoir que l'état des travaux ou Ie règlement de certains comptes
litigieux risquent de retarder la réalisation du remembrement et l'occupation des
nouvelles parcelles, Ie comité peut, sous l'approbation du M'n:stre de l'Agriculture,
comprendre dans les frais à répartir une provision pour fra'.s à liquider.
ART. 27. - La répartition des parcelles entre les explo.itants se fait de manif're
à attribuer autant que possible à chaque exploitant des t!"rreo de même qualité,
de même superficie, propre~ aux mêmes cultures, et. pour les parcelles exploitées
en location, appartenant aux mêmes bailleurs.
Une indemnité pour perte de jouïssance est due à !'exploitant lorsque la valeur
globale des parcelles qui lui sont attribuées est proportionnellement inférieure à la
valeur globale de 8es anciennes parcelles.
ART. 28. - Les droits qu'un fermier exerce sur !'ensemble des anciennes par•
celles ou sur une ancienne parcelle déterminée d'un bailleur, sont reporté• sur !'en-
semble des nouvelles parcelles ou sur une nouvelle parcelle <le ce bailleur indiquée
par Ie comité. Dans l'intérêt cependant d'une bonne <-Xploitation et en vue de réali-
ber Ie remembrement cultural, Ie comité. assisté de la commission consultative,
peut as•igner à un ferm1er un nouveau bailleur, ooit qu'il maintienne Ie fermier sur
Ie~ terres qu'il exploitait précédemment, soit qu'il lui attribue de nouvelles terres.
ART. 29. - Lorsqu'il y a lieu de fixer de nouvelles conditions de bail, notam-
ment Ie fermage et la durée du bail, et, Ie cas échéant, les indemnités dues aux fer-
miers conformément à l'article 1778, § Jer, du Code civil, Ie comité convoque les
in, éressés et leur fait des proposit;ons propres à rallier leur accord.
196
· En cas d'accord entre les parties, Ie comité constate eet accord dans un.docu•
ment signé par les parties, qui sera annexé à l'acte de rememhrement comme il ést
dit à l'article 36, 1°.
En cas de désaccord, Ie comité invite Ie~ partie~ à saisir Ie juge du litige. Si
dans Ie délai d'un mois à partir du jour ou Ie comité a l'onstaté Ie désaccord des
parties, aucune de celles-ci n'a saisi Ie juge, Ie comité saisit lui-même ce dernier en
assignant les parties :.Utéressées.
Les dispositions des alinéas 8 et 9 de l'article 20 sont applicahles à cette action
en justice.
ART. 30. - Les dispositions de la présente loi relatives au bail s'appliquent à
l'emphytéose.
ART. 31. - Le comité dresse :
1° un tableau indiquant, en regard de chaqne nouvelle parcelle, Ie nom du
propriétaire, le nom de l'usufruitier, le nom de !'exploitant, les surfaces dans «-haque
zone de valeur, la surface globale, les valeurs correspondantes et la part contributive
du propriétaire et de l'usufruitier dans les frais prévus à l'article 26;
2° un tableau indiquant les indemnités pour plus-values ou moins-values et
les propriétaires et usufruitiers qui y auront droit ou qui les devront ;
3° un tableau indiquant, en tegard de chaque propriétaire et de chaque usu-
frnitier, les parcelles qui lui sont attribuées, les surfaces dans chaque zone de va-
leur, les surfaces globales et les valeurs correspondantes, la soulte, les indemnités
pour plus-values ou moins-values et les frais, ainsi que Ie solde actif ou passif des
souhe, indemnités et frais.
4° un tableau indiquant, en regard de chaque exploitant, les parcelles qui lui
s,ont attribuées, les surfaces dans chaque zone de valeur, les surfaces globales, les
valeurs correspondantes et l'indemnité pour perte de jouïssance;
5° un plan de lotissement sur lequel figurent les anciennes parcelles affectées
à des privilèges ou hypothèques ou fa1sant l'objet de commandement.s, sa;_.;es ou
actions immobilières et un plan de lotissement sur lequel figurent les no.ivelles
parcelles ou parties de nouvelles parcelles qui seront affectées à ces privilèges et
hypothèques ou qui feront l'objet de commandements, saisies ou actions immobi-
lières;
6° un tableau mentionnant, en regard de chaque propriétaire et de chaque
usufruitier, les privilèges. hypothèques, commandements, saisies et actions immo•
bilières, avec indication des parcelles anciennes et des nouvelles parcelles ou parties
de nouvelles parcelles qui s'y substituent.
ART. 32. - Les plans et les tableaux prévus aux articles 23 et 31, 1°, 2°, 3° et
4°, font l'objet d'une enquête; les prescriptions de l'article 6 sont applicahles à cette
enquête.
Après clöture de l'enquête, Ie comité examine les observations présentées et
arrête les plans et tahleaux prévus aux 1°, 2°, 3° et 4°. Il les dépose à la maison
communale ou tout intéressé peut en prendre connaissance.
Chaque propriétaire, usufruitier et exploitant est averti par écrit, individuelle-
ment et à domicile, de ce dépöt.
ART. 33. - Le comité invite par lettre recommandée à la poste les proprié-
taires et les titulaires de droits réels intéressés à prendre connaissance des plans et
tahleaux prévus à l'article 31, 5° et 6°.
Ces documents sont déposés pendant quinze jours au siège du comité.
Le comité ouvre un procès-verbal destiné à recueillir les obsei:vations des
intéressés. Celles-ei sont signées par les déclarants. Les observations écrites sont
annexées au procès-verbal. A l'expiration du délai de quinze jours !'enquête est
clöturée.
Le comité examine les observations présentées et arrête les plans et tahleaux
qu'il conser've à son siège.
Les propriétaires de biens grevés et les titulaires de droits réels sont avertis
197
par écrit, in.dividuellement et à domicile, de cette décision. lis sont admis à prendre
connais8ance des documents.
ART. 34. -Tout intéressé peut contester les décisions du comité non conformes
aux prescriptions de l'article 25. Il peut également contes!er Ie montant des in-
clemnités pour plus-values ou moins-values, la répartition des frais, Ie montant de
findemnité pour perte de jouissance et Ie report des droits réels, en citant l'Etat
représenté par le comité <levant lil juge.
La c1tation est donnée à comparaître sur les lieux dans un délai de huit jours
au moins et de quinze jours au plus.
Le jour et l'heure de la comparution sont fixés par ordonnance du _iuge sur la
requête du demandeur. Cette requête et l'ordonnance du juge sont conjointement
notifiées en tête de la citation.
La requête doit être adressée au juge, sous peine de forclusion, dans les trente
jours de l'avertissement prévu à l'article 32 et, au plus tard, dans les deux mois
du dépöt des documents à la maison communale. Lorsque la contestation est rela-
tive au report des droits réels, la requête doit être adressée dans les trente jours
de l'avertissement prévu à l'article 33.
Les dispositiom des alinéas 5, 6, 7, 8 et 9 de l'article 20 sont applicahles à ces
actions en justice.
Le comité apporte aux plans et. tahleaux les corrections qui découlent des juge-
ments.
ART. 35. - Lorsque les plans de relotissement et les tahleaux sont devenus dé-
:tinitifs, Ie comité procède au hornage des nouvelles parcelles, ordonne Ie versement
à la Caisse des dépöts et consignatioris des sommes nécessaires au paiement des
soldes actifs mentionnés à l'article 31, 3°, ordonne Ie règlement des indemnités dues
aux exploitants conformément aux articles 27 et 29, et charge de la passation de-
l"acte de rememhrement Ie comité d'acquisition d'immeuhles pour compte de l'Etat.
La Caisse des dépöt~ et consignations ne peut délivrer les fonds aux proprié-
taires. ou usufruitiers intéressés que sur la production d'un certificat délivré par
1e conservateur des hypothèques, constatant, conformément à l'article 127 de la
1loi du 16 décemhre 1851, qu'il n'existe point d'inscription on de transcription rela-
-tive aux biens attrihués à ces propriétaires on usufruitiers.
ART. 36. - L'acte de rememhrement contient:
1° la constatation des droits et ohligations tels qu'ils découlent des plans de
:relotissement, des tahleaux et des nouvelles conditions de hail mentionnés aux arti-
cles 16, 23, 29 et 31. Ces plans, tahleaux et conditions de hail sont annexés à l'acte;
2° la mention du certificat du dépöt effectué en conformité de l'article 35;
3° les conditions et délais de paiement à la Société Nationale de la propriété
terrienne des soldes passifs mentionnés à l'article 31, 3°. Ces conditions et délais
sont arrêtés par Ie Ministre de l'Agriculture.
Une hypothèque est stipulée en faveur de cette société, pour sûreté de ces
sommes et des intérêts, sur les hiens attrihués aux propriétaires ou usufruitlers qui
les doivent. Cette hypothèque prend rang à compter de l'inscription; l'inscription.
est prise au plus tot un mois après la communication de l'extrait de l'acte de re•
memhrement au propriétaire ou à l'usufruitier.
A la demande du propriétaire ou de l'usufruitier, Ie juge peut désigner tel hien
dont la valeur est jugée suffisante pour garantir la créance de la Société nationale
de la propriété terrienne;
4° les dates de l'entrée en jouïssance et de l'occupation des nouvelles parcelles;
ces dates sont déterminées par Ie comité, en égard à l'usage des lieux. .
L'acte de rememhrement et ses annexes sont conservés par Ie comité d'acquisi•
tion d'immeuhles pour compte de l'Etat.
ART. 37. - L'acte de rememhrement forme titre pour la propriété et les droits.
réels •et de créance dont il règle Ie sort.
Après l'accomplissement des formalités hypothécaires, Ie comité d'acquisition
d'inimeuhles pour compte de l'Etat délivre un extrait certifié conforme de l'acte
198
de remembrement à chacun des intéressés. Les extraits délivrés anx intéressés qui
occuperont les nouvelles parcelles sont revêtus de la formule exécutoire.
Ensuite de l'acte d.e remembrement Ie comité est crédité des soldes passife
mentionnés à l'article 31, 3°.
ART. 38. - L'occupation des nouvelles parcelles se fait aux dates et conditions
prévues dans l'acte de remembrement. Les dispositions des articles 1777 et 1778,
§ 2, du Code civil, sont applicables aux exploitants sortants et entrants.
ART. 39. - Sur la proposition du Ministre de l'Agriculture, Ie Roi décrète la
fin des opérations de remembrement. Cet arrêté royal entraîne la dissolution du
comité.
La liquidation des comptes est assurée par la Société Nationale de Ia propriété
terrienne, qui succède à cette fin aux droits et obligations du comité. L'Etat est
débiteur du solde éventuel envers la Société Nationale de la propriété terrienne.
· CHAPITRE IV
Des frais d'exécution du projet.
ART. 40. - Les frais d'administration du comité, y compris les jetons de pré-
sence et les indemnités pour frais de déplacement accordés aux membres du comité
et de la commission consultative, tous frais de procédure quels qu'ils soient, les
frais de l'acte de remembrement, des formalités hypothécaires et du certificat de
liberté hypothécaire pour Ie retrait des sommes déposées à la Caisse des dépöts
et consignations ainsi que les frais de bornage sont à charge de l'Etat.
Le Miuistre de I'Agriculture détermine, en outre, la part d'intervention de
l'Etat dans les dépenses pour les travaux de création et d'aménagement de chemins
et de voies d'écoulement d'eau et pour les travaux d'amélioration foncière.
Les dispositions réglementaires organisant la mise au travail des chömeurs
sont applicables aux travaux que requiert l'exécution d'un projet de remembre-
ment.
ART. 41. - La Société Nationale de la propriété terrienne fait l'avance des
dépenses que nécessite l'exécution des opérations de remembrement.
Le Ministre des 'Finances en fixe les modalités.
CHAPITRE V
Du report des droits réels,
ART. 42. - Par l'effet du remembrement, !'ensemble des parcelles nouvelles
attribuées à un propriétaire est substitué réellement à !'ensemble des anciennes
parcelles de ce propriétaire.
L'usufruit relatif à !'ensemble des anciennes parcelles d'un propriétaire est
reporté sur l'e:nsemble des nouvelles parcelles de ce propriétaire.
Les privilèges et hypothèques, les commandements et saisies, et les actions
immobilières relatifs à !'ensemble des anciennes parcelles d'un propriétaire ou d'un
usufruitier sont reportés sur !'ensemble des nouvelles parcelles et sur les soldes actifs
qui sont dus à ce propriétaire ou usfruitier conformément à l'article 31, 30.
ART. 43. - Lorsqu'un usufruit grève une ou certaines des anciennes parcelles
d'un propriétaire, Ie comité détermine sur les nouvelles parcelles de ce propriétaire
!'emplacement ou ce droit est reporté.
Lorsque; des privilèges et hypothèques, des commandements et saisies, et des
actions immobilières grèvent une ancienne parcelle d'un propriétaire ou usufruitier,
Ie comité fixe la nouvelle parcelle ou partie de nouvelle parcelle et la partie des
soldes actifs mentionnés à l'article 31, 3°, de ce propriétaire ou usufruitier sur la-
quelle ces droits seront reportés.
199
ÁRT. 44. - Lorsque, par suite d'erreurs ou d'omissions dans l'acte de rememhr~
ment, ou à la suite d'annulation, de résiliation oude révocation de droits surveiiiies
depuis la passation de l'acte de rememhrement, des proptiétaires ou autres titulaires
de droits réels font valoir sur des anciennes parcelles des droits dont il n'a pàs été
tenu compte, Ie juge, à la demande des intéressés, détermine les parcelles nouvelles
ou les parties de parcelles nouvelles et la partie du solde actif mentionné à l'article
31, 3°, sur lesquels ces droits seront reportés. :
Dans ce cas, le·juge peut, à la demande des intéressés, fixer à nouveau, s'il y à
lieu, les ohligations envers la Société Nationale de la propriété terrienne.
ART. 45. - L'acte de rememhrement sort ses effets et est opposahle aux- tiers
à dater de sa transcription au bureau des hypothèques de la situation des hiens.
Le conservateur des hypothèques opère d'office l'émargement des privilèges et
hypothèques, des commandements et saisies et des actions immohilières qui son,t
reportés.
Par dérogation à l'article 12 de la loi du 13 octohre 1913 apportant des modi-
fications à la loi hypothécaire, Ie comité d'acquisition d'immeuhles pour compte
de l'Etat, peut certifier Ie nom, les prénoms, Ie lieu et la date de naissance des pro-
priétaires, usufruitiers et hailleurs, d'après les indications reprises aux tahleaux
annexés à l'acte.
CHAPITRE VI
Des dispositions fiscales.
ART. 46. - L'article 61', alinéa 2, introduit dans Ie Code des droits d'enregistre•
ment, d'hypothèque et de greffe par l'article 4 de la loi du 26 juillet 1952, est rem-
placé par la disposition suivante :
« La même suhstitution s'opère en cas de rememhrement volontaire ou légal
de hiens ruraux ».
ART. 47. - 1° L'intitulé du § 6bis, introduit dans Ie Titre Jer, Chapitre 1v;
Section première, du même Code, par l'article 7 de la loi du 4 mai 1949, est rem-
placé par Ie suivant : « Rememhrement volontaire de hiens ruraux ».
2° L'article 73 2, alinéa premier, introduit dans Ie même Code par l'article 7
de la loi précitée, est remplacée par la disposition suivante :
« Les actes portant rememhrement volontaire de hiens ruraux sont exemptés
du droit proportionnel et soumis au droit fixé général s'il n'est pas stipulé de soulte
ou indemuité ».
ART. 48. - Il est ajouté à l'article 161 du même Code un 6° ainsi conçu:
« 6° Les actes, iugements et arrêts relatifs à l'exécution de la loi sur Ie re-
memhrement légal de hiens ruraux ».
ART. 49. - Dans l'article 59 du Code des droits de timbre, il est introduit,
après Ie 5°, un 5°bis ainsi conçu :
« 5°bis Les actes dressés ou délivrés pour l'exécution de la loi sur Ie remembre-
ment légal de hiens ruraux ».
Donné à Bruxelles, Ie 20 novembre 1954.
BAUDOUIN.
Par le Roi :
Le Ministre de l'Agriculture,
R. LEFEBVRE.
Le Ministre des Finances,
H. LIEBAERT
Le Ministre des Travaux publiu
et de la Reconstruction,-
A. VAN GLABBEK.E.
200
ANNEXE
Statistiques comparées
(France - Belgique - Pays-Bas)
201
C) Superficies moyennes
Surface moyenne des parcelles :
F. B. (4) P.-B.
35 a. 36 a.
Surface moyenne des îlots d'exploitation (pièces de terre)
F. B. (5) P.-B. (6)
85 a. 1 ha. 07 a. 2 ha. 43 a.
Etendue moyenne des exploitations de plus de 1 ha.
F. B. (7) P.-B.
14 ha. 6 ha. 83 a. 9 ha. 52 a.
202
ll. - REMEMBREMENT RURAL
A) Superficies à rememhrer.
F. (11) B. (12) P.-B. (13)
14. millions ha. 1 millfon ha. (?) 1,5 htillion ha.
(31 p.c. aire cultivable) (56 p.c. id.) (60 p.c. id.)
B) Superficies remembrées.
F. (11) B. (12) P.-B. (13)
1.390.000 ha. (14) 20 ha. 76.000 ha.
C) Rememhrements en cours,
F. (11) B. (12) P.-B. (13)
857.000 ha. 106.000
(4.626 communes)
Eigendom _
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Nieuwe Toestand
igendom • Propriété
Situation Nouvelle
après le remembrement.
20S.
INDEX
Les chiffres renvoient aux pages.
La ment-ion (n) signijie que le sujet n'a été abordé qu'en note.
.Accès: 4, 36, 57, 85, 101, 122, 148. Batiments : 50, 113, 118 (n), 146, 162•
.Acte de rememhrement : 124, 128, 149, Biens exclus : 50, 51, 113, 146, 162.
175, 179. Bien de famille : 29, 30, 67, 81.
Actions : 55. Bloc : voy. Périmètre.
AJiénation de hiens ruraux : 29, 31,
Bonification foncière : 180.
136, 137, 190 (n).
Allègements fiscaux (ou exonération) : Bornage : 51, 173.
13, 30 (n), 41, 56 (n), 61 (n), 69, 140, Bourgmestre : 111, 115, 117, 163. -
14.2, 145, 146, 180. Voy. aussi : Maire.
Allemagne: 22 (n), 23 à 25, 27 (n), 30, 106. Brésil : 31.
Amélioration des limites : 103,
Améliorations foncières : 13, 35, 76, 84, Cadastre : 34 (n), 45, 46, 51, 54, 80, 145.
118 (n), 159, 167, 177. Canton (suisse) : 71, 72, 74, 76, 77, 79,
Ancien droit : 82, 103, 104.
- belgique : 18 (n), 66, 141, 150. Chamhre :
- français : 18, 39, 68 (n). - d'agriculture : 45, 46.
Angleterre : 22 (n), 26, 30. - foncière : 136.
Arhrcs : 53, 90, 113, 149, 162, 170. - foncière centrale : 136.
- des notaires : 53 .
.Argentine : 27, 31.
Asile de familie : 81. Chemins : 12, 36, 52, 57, 58, 62, 76, 85,
86, 92, 101, 113, 120, 110, 171.
.Assemhlée des propriétaires : 86, 87, 88,
lll, 113, 114, 116. Chili : 27.
Assemhlée des propriétaires et exploi- Cimetière : 113, 133.
tants : 164 à 166. Classes - classement : 52, 91, 119, 169.
Association : Clöture des opérations : 54, 178.
- agricole : 112. Code civil :
- foncière : 49, 52 (n), 57. - originaire : 18, 39, 52 (n), 106,
- syndicale : 35, 36, 37, 46, 49 (n), 57. 141, 185, 186.
Attrihution préférentielle : 77 à 79, - modifié: 65 à 68, 187, 188.
66 (n). Colonisation intérieure : 29.
Avant-projet : 53. Comité :
Australie : 27. - de direction : 24, 82 .
.Autriche : 23, 91 (n). - d'échanges amiables : 41.
Avocat : 46. - de rememhrement : 166 à 168, 177.
Avoué : 46. - supérieur consultatif d'aménage-
ment foncier : 43, 47.
:Bail : Commission :
- à ferme : 14, 29, 36, 55, 56, 66 (n), - arbitrale : 35, 42.
68, 70 (n), 76, 108, 122, 123, 131 (n), - centrale de techniculture : 83, 99,
133, 149, 154 (n), 176, 177, 178 111, 112, 115, 116, 117, 119, 129,
- perpt'-tuel : 112. 132.
207
- de classification : 88. - de l'enregistrement et des domat•
- communale : 37, 4,2, 43, 44, 45, nes : 46.
47, 51, 52, 53. Dispersion des batiments agricoles : 13,
- consultative : 169. 22, 40.
- départementale : 37, 43, 46, 47, 48, Domaine public : 162, 171.
49, 54. Droit :
- de gestion : 88. - agraire : 32.
- intercommunale : 42, 46. - d'aînesse : 25, 28 (n), 30, 39 (n),
- locale: 111, 115, 117, 118, 124, 125. 107 (n).
Communauté des participants : 24, 76. - de chasse : 161.
- civil : 13, 55, 57 (n), 119, 120, 178,
Commune : 53, 86, 102 (n), 114.
183.
- limitrophe : 53 (n). - d'enregistrement : 124, 129, 14~
Confédération suisse : 96, 103. 143, 144, 145 (voy. aussi : Allège-
Confiscation : 62. ments fiscaux).
Conjoint survivant : 68, 186, 188. - de gage : 103,
- d'hahitation : 112, 121.
Conseil d'Etat : - de pr_éemption : 23, 29, 80, 13-7,
Belgique : 155, 166 (n), 167, 168.
190 (n).
France : 37 ~t 38, 47, 48 et 49, 63, 124. - réel : 35, 53, 55, 108, 115, 128,
Pays-Bas : 112, 124. 147, 164, 175, 176.
Suisse : 72, 82, 86, 87, 89. - de reprise sur prisée : 188, 189. · · ·
Conseil fédéral (suisse) : 75, 104. - successoral : 29 à 31.
Conseil de préfecture : 48 (n). - de superficie : 112; 121.
Conservateur : - de timbre : 124, 129, 142, 143~
- des eaux et forêts : 45. 144, 145.
- des hypothèques : 54, 124, 175. - de veto : 168, 169.
Constitution : Echanges : 8, 12, 34, 35, 37, 41, 43, 4_4.
- beige : 110 (n), 150 à 155, 179. 55, 61 (n), 94, 103, 142, 143. ·
,c.;_ fédérale suisse : 72.
· ~ française : 151. Egypte: 27.
- néerlandaise : 110 (n). Emphytéose : 112.
Cour de cassation : Enclave : 13, 19 (n), 52, 141.
~ Belgique : 93, 178, 184. Enclos : 51, 85, 146, 147, 162.
- France : 37, 66 (n), 67, 70 (n). Enquête : 98, 162 .à 164, 173.
- Pays-Bas: 108 (n), 111, 120, 136 (n). Enregistrement. Voy. : Droits d'enre-
Cour des comptes : 168, 179. gistrement.
Couronne : 112, 124. Envoi en possession : 125.
Cours d'eau : 53, 76. Espagne : 24, 30.
Coût (du remembrement) 56, 90, 100, Estimation : voy. Evaluation. .
102. Etat (intervention de l') : 12, 13, 53; 56.
Coutumes : 141. - Voy. aussi : Subventions.
Etats-Unis : _22 (n), 26, 30.
Danemark : 21, 22, 29, 30. Evaluation : 52, 53, 90 à 92, 118, 125~
Décision (de rememhrement) : 115, 166. 169, 170, 178.
Déclaration : Exploitant : 43, 44, 45, 46, 51, 161, 163.
- des droits de l'homme : 150 (n), 151. Exploitation familiale : 13, 14, 19, 66 à
- universellé des droits de l'homme : 68, 69 (n). ·
151. Expropriation : 57, 58, 61 (n), 62, IiO"
Délaissement : 36. 151 à 155, 168.
Demande (de remembrement) : 44, 112, Fermier : 14, 44, 45, 108, 112, 116, 117"
147. 131, 147, 148, 192. .
Députation permanente : 111, 112, 113, Fidéicommis : 30, 31, 81.
114, 115, 116, 117, 118, 120, 124, 128. Fossé : 12, 52, 125.
Dérayure : 139 (n). Frais :
Dévestiture : voy. Accès. - de remembrement : 13, 24, 55.,
Directeur : 88, 89, 95 à 97, 113, 121. 123"
- des contributions directes et du 125 à 127, 168, 173, 174, 175.
cadastre : 45, 46. - d'entretien : 95.
208
,·
.,
Gêomlitre : 47, 53, 90, 93, 117, 145. - France : 44, 47, 48, 54, 55, 56.
- Pays-Bas : ll6, 126, 129.
Herverkaveling : 15 (n), 108. Ministre de la Défense nationale : 113.
Ilomestead : 30. - des Finances : 54, 55, 56, 145, 166,
Hongrie : 27. 168, 175.
Hypothèque : 55, 88, 97, 119, 121, 122, - des Travaux publics : 166, 168.
125, 129, 134 (n), 141 (n), 173 (n). - Minorat : 77 (n).
Voy. aussi Conservateur. Monuments : 113.
Inaliénabilité temporaire : 80. Morcellement :
•1ncas : 28. - avantage : 21, 141.
- dé:6.nition : 17.
Inde : 25, 29, 31. - exemples : 19 (n), 73, 106, 141.
lndemnité : 53 (n), 55, 61 (n), 112, 118, - inconvénients : 19, 20, 39, 140.
123, 148, 172, 17 4, 178. Morcellisme : 17 (n).
Indivisaire - Indivision : 10, 66, 67, 112, Motivation : 38, 48 (n).
116, 137, 165.
Ingénieur en chef Nederlandse Heidemaatschappij 111,
- des services agricoles : 44, 45, 46.
ll2 (n).
- du génie rural: 36, 44, 46, 47, 51, 56.
Noblesse : 18 (n), 30, 39 (n), 65 (n).
Irlande : 20, 108 (n).
Israël : 28. Norvège : 29, 30.
Italie : 27, 29, 30. Notaire : 35, 45, 54, 65, 103, 124, 125,
128, 149, 182 (n).
Jalon : voy. Piquetage. Nu-propriétaire : ll6, 161, 164.
Japon : 25, 29.
Jardins : 36, 51 (n), 85. Ordre public : 57 (n).
Juge : 103, 161.
- cantonal (ou de paix) : 35, 37, Pacte successoral : 81 (n).
. 44, lll, ll7, 135, 161, 176, 177, Parcellement :
178. - dé:finition : 17.
- commissaire : lll, 114, ll5, 117, - exemples : 19 (n), 35, 73.
118, ll9, 122, 123, 125. - inconvénients : 139, 182 (n).
- du livre foncier : 40.
Partage : 30, 57 (n), 137.
Legs : 18 (n), 67, 124, 128 (n), 189. - des communaux : 18, 61.
- d'une exploitation rurale : 30, 66. - égal: 39.
- inégal : 30, 66.
Lief kind : 66 (n), 141. - judiciaire : 13, 38, 50, 57 (n).
Livre foncier : 40. - des terres : 27.
Loi : 114, 116. Partage d'ascendant : 70, 186, 188.
- foncière : 16.
- fondamentale : 150 (n). Pay3age : 133.
Périmètre : 47, 51, 86, 89, 90, 101, 113,
Maire : 37, 45, 51. Voy. aussi Bourg- 114, 115, 119, 162, 171.
mestre. Petits héritages : 65, 186, 187, 188.
Majorat : 65 (n). Piquetage : 54, 102, ll2.
Majorité (vote) 35, 86, 109, 116, 157, 165, Plan:
Mandataire : 45, 109, 115, 164. - de remembrement : 89, 122, 123,
Maroc : 20, 26. 148, 170, 173.
Mas : 102. - de distribution : 133.
Masse : 42, 52, 108. Plus-value : 53, 95, 149.
Métayage : 36, 45, 56, 192 (n). Polder : 154.
Mine : 16, 50. Préfet : 35, 37, 44, 45, 46, 47, 54.
Mineur (d'äge) : 79. Prélèvement : 52, 124, 172.
Minimum de contenance : 79, 99, 108. Président (de l'assemblée des proprié-
taires) : 111, ll4, 115.
Ministre de l' Agriculture :
- Belgique : 145, 162, 166, 167, 168, Principes généraux du droit : 38.
175, 178. Prise de possession : 99, 123.
209
Propriétaires : 36, 37, 44, 112, 113, 115, Statistiques : 32, 63, 72, 73, 107, 182"
161, 173, 175. 134, 145. - Voy. anssi !'annexe.
- ahsents : 109, 116, 165. Suhrogation réelle : 56, 143.
- exploitants : 45, 161, 173. Suhsides. - Snhventions : 13, 56, 75, 85,
. - non exploitants : 25. 96, 104, 124, 125, 127.
Puhlication - puhlicité : 47, 48, 53, 54, Suède : 23, 27.
55, 98, 114, 117, 119, 125, 163, 170.
Suppléants: 45 (n), 117 (n), 166, 167.
Rapport : 66. Surendettement agricole : 79 (n).
Rehoisement : 10, 43, 58, 59, 70, 76. Sursis an partage : 79.
Recours : 24, 35, 37, 38, 43, 48, 49, 54, Syndicat :
63, 98, 99, 114, 117, 122, 132, 178. - agricole : 35, 36, 37, 46.
Redémemhrement : 29, 30, 57, 99, 137. - de propriétaires : 82, 86, 87, 101.
Redistrihution des terres : 15, 27, 28. Tennessee Valley Authority : 21 (n).
Réduction : 66. Terrain :
Réforme agraire : 14, 17 (n), 18 (n), 26 - à hatir : 50, 76, 80, 85, 113, 162.
(n), 27. - militaire : 113.
Régions dévastées : 17, 34 (n), 37, 41, Terres en friches ou incultes : 51 (n),
108, 142. 53, 58, 62.
Registre foncier : 86, 102. Testament : voy. Legs.
Regroupement cultural : 15, 62, 182 (n). Transcription : 124, 128.
Remaniement parcellaire : 14, 72 (n), Trihunal administratif : 48 (n).
82 et s. Trihunaux judiciaires :
Rememhrement minier : 16. - trihunal de première instance (ou
Rememhrement rural : d'arrondissement) : 13, 38, 49, 50,
- aristocratique : 18 (n), 26. 111, 120, 122, 124 (n), 178.
- avantages : 19 et 20. Urbanisme : 113, 133, 166. - Voy. aussi:
- hut : 13, 35, 50, 130, 158. Rememhrement urhain.
- conventionnel : voy. volontaire.
- définition : 11 et 12, 50, 60, 85, 109. Usufruit. - Usufruitier : 50, 53 (n), 112,
- facultatif : voy. volontaire. 116, 121, 161, 170, 172, 173, 175, 176.
- volontaire : 26, 35 et 36, 107, Valeur:
128 à 130, 144 à 149. - culturale : 52.
Rente (de rememhrement) 125. - passagère : 91.
Réorganisation foncière : 47, 56, 58, 59. - permanente : 90, 91.
Répartition (nouvelle) : 92 à 94, 120 à - de productivité (oude rendement):
122, 148, 172, 173. 36, 52, 78, 189.
- vénale : 78, 119 (n).
Responsahilité (de l'Etat) : 57, 96.
Vente : voy. Aliénation.
Réunion parcellaire : 72 (n), 101, 102,
103. Verger : 36.
Révolution française: 18, 39, 150 (n), 151. Viet-Nam : 27.
Voie d'eau : 122.
Saisie : 122. Voies d'écoulement : 110, 113, 120, 122,
Salaire différé : 69, 80, 189. 170, 171.
Sanctions: 54, 57, 99, 117, 118, 143. Vote : 35, 36, 39, 40, 76, 86, 116, lM,
à 166.
Servitude : 55, 97.
Société nationale de la (petite) propriété Walcheren: 15 (n), 108, 132, 133, 134.
terrienne : 19, 141, 144, 158, 161, 167, W ateringue : 154.
168, 174, 179, 182.
Soulte : 35, 37, 53, 67, 97, 102, 121, 124, Zélande : voy. Walcheren ..
129, 134, 142, 143, 145, 148, 173, 174. Zone de valeur : 169, 170.
Sons-commission : 51, 61. Zuyderzee : 28 (n), 108, 136.
210
Table des Matières
Page
Préface • • • . • • . • 3
PREMIERE PARTIE
lntroduction générale.
Numéro:s
CHAPITRE PREMIER. - Définition et caractéristiques 1 à 10
CHAPITRE II. - Nécessité et avantages • 11 à 20
CHAPITRE III. - Droit comparé 21
a) Pays favorables de longue date) 22 à 23
b) Pays favorables depuis peu . 24 et 25
c) Autres pays 26 à 28
Conclusion 29
APPENDICE
Obstacles légaux au démembrement
LIMINAIRE . . . . 30
a) Interdiction de redémemhrer 31
b) Droit successoral • 32 à 34
c) Conclusion 35 et 36
DEUXIEME PARTIE
Du remembremenl rural en France. Page
LÉGISLATION 33
CHAPITRE PREMIER. - Origines : Numéros
a) XVIII e et XIX e siècles • 1
b) 1916-1939 . . . . . . . 2
1° Lois de 1918 et 1935 . 3 à 5
2° Loi de 1919 . . . . . 6 à 8
CHAPITRE II. - Depuis 1939 :
a) Situation en 1939 . . . . . . 9
b) Législation de guerre et d'après-guerre. 10 à 15
CHAPITRE III. - Du remembrement des exploitations rurales :
a) Introduction . . . . 16
1° Loi de 1941-1945. . . . . 17
2° Décret-loi de 1954 . . . . 18
b) Organismes :
1° Commissions communales . 19 à 22
2° Commissions intercommunales 23
3° Commissions départementales 24 et 25
4° Autres interventions . • . . . 26
211
Numéros
-c) Fonctionnement:
1° Mise en ceuvre 27 et 28
2° Décisions et recours 29 à 32
d) Opérations :
1° Définition et buts 33
2° Exemptions 34
3° Déroulement 35 à 40
.e) Conséquences :
1° Transfert . . 41
2° Cadastre . . 42
3° Droits et actions 43
4° Droits réels 44
5° Servitudes 45
6° Baux 46
7° Principe . 47
f) Coût . . . . 48
g) Associations foncières . 49
h) Remorcellement • . • 50
CHAPITRE IV. - De la réorganisatiortfoncièrè:
a) Objet . . . 51
b) Organismes . . . . . . . . • • 52
c) Portée. . . • . . . . . . . . • 53
:CHAPITRE V. - Considérations gén.érales 54
a) Phases sU:ccessives 55
b) Définition 56
c) Maitres-traits 57
d) Procédés accessoires 58
e) Critiques. - ldées nouvelles 59 et 60
f) Accueil •. 61
g) Résultats 62
Conclusions 63 et 64
APPENDICE
Obstacles légaux au démembrement
.LIMINAIRE . . . . 65 et 66
a) Bien de familie • • • • • • • • • • 67
b) Exploitation agricole familiale :
1° Généralités . . • . . . • • • . 68 et 69
2° Caractéristiques et droit comparé 70 à 73
3° Portée . . . 74 et 75
c) Mesures diverses . 76 à 79
TROISIEME PARTIE
Du remembrement rural en Suisse.
Page
<Législation fédérale . . . • • . . . . 71
Numéros
CHAPITRE PREMIER. - Généralités • 1
Structure politique . • . • . • • 2
Situation agricole de la Suisse 3 à 5
CHAPITRE II. - Aperçu historique de la légialation 6 à 9
· CHAPITRE III. - Le Code civü suisse :
Améliorations foncières. . 10
Attribution préférentielle 12 à 17
Sursis au partage 18
:212
Numéros
Minimum de contenauce 19
Salaire différé 20 et 21
Droit de préemption 22bis
Biens de familie - • . 23 et 24
CHAPITRE IV. - Les législations cantonales 25 à 28
CHAPITRE V. - La législation vaudoise:
Section I. - Législation . . . . . . . . 29 et 30
Section II. - Principes et définition 31 et 32
Section III.-' Etude d'un remaniement parcellaire 33
A. -- Opérations préliminaires. - Constitution des différents
organes qui y participent :
i O lnitiative d'un rememhrement 35
2° Assemhlée des propriétaires 36 et 37
3° Le svndicat. . . . . . . . . 38
4° Les ;tatuts . . . . . . . . . 39
5° Bureau ou direction du svndicat. 40
6° La Commission de classification 41
7° La Commission de gestion . . . 42
8° Aspect financier . . . . . . . 43
9° Le service des améliorations foncières 44
B. -- Opérations de rememhrement . . . . . 45
1° Etablissement du périmètre de l'entreprise 46
2° Estimation des terres . . . . . . . . . 47 à 50
3° Travaux collectifs : chemins et canaux 51
4° Projet de remaniement parcellaire proprement dit :
Répartition des nouvelles parcelles . . . . . . . 52 à 56
5° Répartition des charges : frais d'exécution et frais
d'entretien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 à 59
6° Suhsides . . . . . . . . . . . . , . • • • • • • 60
7° Remboursement des suhsides et payement des frais . 62 et 63
8° Mutations d'hypothèques, des servitudes et autres
charges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
9° Enquêtes . . . . . . . . . . . . . . . . . • • 65
10° Contestations. - Recours . . . . . . . . . . . . . 66
11° Prise de possession. Transfert des droits de propriété. 67
12° lnterdiction du morcellement excessif du sol. 68 et 69
Section IV. - Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
CHAPITRE Vl. - La législation vaudoise en matière de« réunion par-
cellaire » • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • 71 à 74
CHAPITRE VII. - Procédés complémentaires (législation (édérale) 72
a) Amélioration des limites 76
b) Réunions parcellaires volccteires . . . . . . . 77 à 79
QUATRIEME PARTIE
Du remembrement rural aux Pays-Bas. Page
Législation . 105
LIMINAIRE: Numéros
a) Généralités . 1 et 2
b) Evolution législative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 à 6
CHAPITRE PREMIER. - Du remembrement légal :
lntroduction. - Loi de 1924 • . . . . . . . . 7 et 8
Section I. - Principes et définition . . . . . 9 et 10
Section II. - Caractéristiques de la loi de 1938 11 à 13
213
Numéros
Section III. - Phase préparatoire . . . . . . . . . . . . • . 13 à 18
Section IV. - Deuxième phase : détermination provisoire du bloc
et des chemins et voies d'écoulement . . . . . . 19 à 21
Section V. -Troisième phase : la décision de rememhrement 22
a) Décision de l'assemhlée des propriétaires 23 à 28
b) Arrêté ministériel . . . . . . . . . . . . . 29
c) Loi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Section VI. - Quatrième phase : puhlication de la décision. Dé-
signation de la commission locale et du juge-commis-
saire. Exécution par provision . . . . . . . . . . 31 à 35
Section VII. - Cinquième phase : détermination des droits de cha-
_cun et estimation des parcelles . . . . . . . . . . 36 à 41
Section VIII. - Sixième phase: Ie rememhrement proprement dit. 42
a) Détermination définitive des chemins et voies d'écoulement. 43
b) Règles de la répartition nouvelle . . 44 à 49
c) Contenu du plan de remembrement . . . . . . . . . . . 50 à 53
d) Fixation du plan de remembrement . . . . . . . . . . 5'1
e) Propriété etc., des nouveaux chemins publics et voies d'écou-
lement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Section IX. - Septième phase : l'acte, les transferts de prnpriété. 56 à 60
Section X. -· Les frais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 à 65
APPENDICE
Moyens d' éviter le remorcellement
a) Polders de !'ancien Zuyderzee . . . . . . . . 80
b) Loi concernant l' aliénation des terrains agricoles 81 à 85
c) Droit successoral . . . . . . . . . . . . . 86
CINQUIEME PARTIE
Du rememhrement rural en Belgique.
Page
Législation . 139
Lll\UNAIRE: Numéros
a) Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 à 4
b) Evolution de la législation fiscale en matière d'échanges . 5 à 8
214
Nnmêro~
CHAPITRE I. --· Du remembrement volontaire ;
a) Généralités . . . . 9
b) But de la loi . . . . . . 10 et 11
c) Avantages lép;aux 12
d) Biens pouvant être inclus 13
e) Demande . . . . . . . H
f) Titulaires de droits réels, locataires et exploitants 15
g) Conditions de forme . . . . . 16
h) Conditions de fond . . . . . . . . . . . 17
i) lndemnisation des propriétaires. . . . . . 18 et 19
j) Arrêté ministériel et acte de rememhrement 20
215
AP~ENDICE
Obstacles lé,aux an remembrement
Numéros
a) Principes du Code civil . . i · . . 102
b) Correctifs insérés dans Ie Code civil 103 à 106
c) Suggestions . . . . . 107
1° Petits héritages . . 108 et 109
2° Partage d'ascendant 110
3° Conjoint survivant 111
4° Droit de reprise sur prisée 112
5° Valeur du rendement 113
60 Salaire différé . 114
Conclusion . . . . . . . . 115 et 116
Page11
Te.ete : Projet de loi beige (1054) 191
4nnexe : Statistiques comparées (France-Belgique-Pay~-Bas) 201
I. Statistiques agricc,les génfrale~.
II. Remembrement rural.
Planrhe : un vi1lage néerlandais avant et après Ie rememhrement . 204
Index 207
Table 211
216