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Traité des rentes foncières,

suivant l'ordre de Pothier et


d'après les principes de la
législation nouvelle ... par
MM. [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Foelix, Jean Jacques Gaspard (1791-1853). Auteur du texte. Traité
des rentes foncières, suivant l'ordre de Pothier et d'après les
principes de la législation nouvelle ... par MM. Foelix et
Henrion,.... 1828.

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TRAITÉ

T)H<

RENTES FONCIÈRES.
OUTRAGES DES MEMES AUTEURS :
CODE FORESTIER ANNOTÉ. contenant les arrêts des cours, les opinions

;:
des auteurs, et les divers documens qui ont paru utiles pour l'in-
telligence de la législation actuelle parCHARLES DE VAULX
FŒLIX, avocats. 2 vol. in-Ba. Prix 10 fr.
'et JACQUES

ExposÉ DU DROIT DE CHANGE de l'Angleterre et de l'Ecosse, comparé


;
avec celui de la France et des Pays-Bas, etc. par JACQUES FcELix et
MATHIEU-RICHARD-AUGUSTE HENRION, avocats. 1 vol. in-Bo. Prix s
4fr.
CODE ECCLÉSIASTIQUE FRANÇAIS, d'après les lois ecclésiastiques d'Héri-
court, avec les modifications commandées par la législation nou-
velle, et accompagné de notes; par MATHIEU-RICHARD-AUGUSTE

:
HENRION, avocat à la cour royale de Paris. 1 vol. in-So. Prix
Par la poste 6 fr. 5o c.
:
5 fr,

RÉDEMPTION DU GENRE HUMAIN, annoncée par les traditions et les


croyances religieuses, figurée par les sacrifices de tous les peuples;

: ;
ouvrage qui sert d'appendice aux Soirées de Saint-Pétersbourg,
traduit de l'allemand de H.-J. Schmitt par M.-R.-A. HENRlON,
avocat à la cour royale de Paris. Prix 5 fr.
HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE, contenant les six périodes anté-

; t
rieures à Louis XI, avec un coup-d'œil sur la septième, et précédée
d'une Introduction par M.-R.-A. HENRION avocat à la cour royale
î
de Paris. vol. in-8°. Prix: 5 fr.
TRAITÉ -
DES

RENTES FONCIÈRES,
SUIVANT L'ORDRE DE POTHIER ET
D'APRES LES PRINCIPES

DE LA LÉGISLATION NOUVELLE;

OUVRAGE

ou SONT DISCUTÉES LES PRINCIPALES QUESTIONS RELATIVES AUX PRIVILÈGES


ET HYPOTHÈQUES.

PAR MM. FŒLIX ET HENRION,


AVOCATS.

PARIS,
J.-J. BLAISE
AÎNÉ, RUE FÉROU ST-SULPICE, N° 24;
CHEZ DESCHAMPS, RUE ST-JACQUES, N° 160;
LES AUTEURS, RUE DE VAUGIRARD, N°64.

1828.
&&OO3>WKI&C>SU

LORSQU'UN de nos savans confrères publia


une édition de Pothier, un jurisconsulte (i)
regretta que, « tout en respectant l'intégrité
du texte, M. Dupin n'eût point, par des
notes sagement critiques, fait apprécier l'in-
fluence que les opinions, les erreurs même
de Pothier ont exercée sur les rédacteurs
du Code civil. Ce sont les jurisconsultes qui
font, pour l'avenir, les lois de leur pays;
vérité qui ne sera jamais mieux ni plus uti-
lement démontrée que sur les écrits de cet
auteur célèbre. Mais il ne suffit pas de pro-
mettre un meilleur ordre, ce qui ne signifie
guère plus que le portrait et le fac-similé
il ne suffit pas de promettre une disserta-
;
tion dans l'intérêt de l'éditeur et de la jeu-
nesse appelée à étudier Pothier» : il faut un
travail d'une tout autre importance.

(1) Voyez Thémis, t. v, p. 271 et 272.


Ce travail consiste à perpétuer l'utilité
des ouvrages de ce grand jurisconsulte en
:
les adaptant à l'état actuel de la législation
ce n'est donc point une réimpression pure
et simple; ce n'est pas non plus la repro-
duction du texte avec l'indication sommaire
des changemens qu'ont subis les principes.
Plusieurs traités, celui des Obligations, dé
la Vente etc., sont à l'abri d'une refonte
générale, parce que la législation nouvelle
n'a point apporté de nombreuses modifica-
tions aux anciennes lois sur la matière; mais
il en est qui, tels que le Contrat. de bail à
rente, ne doivent conserver, pour ainsi dire,
que leur forme extérieure et le cadre tracé
par Pothier, parce que les lois rendues de-
puis 1789 ont entièrement changé les prin-
cipes.
Pour nous, frappés depuis long-temps de
l'immense avantage qui devait résulter dece
travail, de l'heureuse révolution qu'il devait
opérer dans l'étude des lois, en plaçant in-
cessamment en regard l'une de l'autre l'an-
cienne et la moderne législation, nous avons
préparé divers traités de Pothier. Deux
motifs nous déterminent à publier d'abord
celui qui concerne les Rentes foncières. Tout
était neuf en quelque sorte dans cette ma-
tière : il y avait donc pour nous double
difficulté; d'ailleurs, depuis la régénération
de nos lois, ces rentes n'ont été, à notre
connaissance, l'objet d'aucun traité spécial,
rarementles auteursmodernes présentent-i ls
quelques observations qui s'y réfèrent; enfin,
à l'exemple de M. Proudhon, doyen de la
Faculté de droit de Dijon (i), il nous était

supplémentaires ,
facile d'intercaler, au moyen de numéros
la discussion approfondie
des questions qui, d'une manière quelconque,
ont trait à cette importante matière. D'un
autre côté, M. FŒLIX, l'un de nous, avait
déjà publié, en 1812, une esquisserapide
des principes qui régissent les rentes fon-
cières actuelles, et cette pierre d'attente ré-
clamait la continuation et l'achèvement de
l'édifice. Voilà la double raison de notre
préférence.
L'importance de ce Traité est aussi réelle
pour les rentes d'une création postérieure
au Code civil, que pour celles qui, en qua-

(]) Dans son Traité des Droits d'usufruit, d'usage et


d'habitation.
lité de purement foncières,survécurent à la
destruction du régime féodal. De la diffé-
rence des législations qu'il nous a fallu ca-
ractériser, naîtra une comparaison instruc-
tive, surtout si l'on médite avec soin le
nouveau Chapitre préliminaire, où sont
brièvement exposés les anciens principes sur
les rentes, les modifications législatives suc-
cessivement intervenues, et la nature actuelle
des rentes foncières. Ce n'est qu'après avoir
émis ces idées indispensables que nous abor-
dons le travail proprement dit, en nous
conformant à l'ordre de Pothier.
Partout où le sentiment du savant auteur
n'est plus susceptible d'application, nous en
faisons la remarque; et des numérossupplé-
mentaires (que la variété des questions aux-
quelles la législation nouvelle a donné nais-
sance nous a forcés de multiplier) embrassent
les divers points qui ne rentraient pas dans
le cadre de Pothier.C'estainsi que nous
avons discuté toutes les questions impor-
tantesrelativesauxprivilègesethypothèques,
et que, au sujet du délaissement par hypo-
-,
thèque nous en avons surtout examiné un

;
grand nombre qui ne sont traitées dans aucun
autre ouvrage c'est ainsi encore, et l'on
pourra s'en convaincre en jetant un coup-
d'œil sur les tables jointes à ce Traité, que
nousavons approfondi beaucoup d'autres
matières de notre législation ci vile. Cette
observation mérite d'autant plus d'être ap-
préciée qu'elle répond au reproche d'une

,
trop grande spécialité qu'on pourrait, sans
cela, adresser à notre travail bien que,
dans notre opinion, ce soit par des traités
spéciaux que l'on serve utilement la science.
Il semblait que la comparaison du droit
nouveau avec le droit ancien devait nous
suffire, et qu'il était inutile de franchir les
limites de la France pour établir des com-
paraisons nouvelles entre des législations au-
jourd'hui également en vigueur. Nous en
avons jugé autrement; et, dans des notes,
sans interrompre le texte, nous avons con-
signé des observations relatives au droit de
l'Allemagne et aux anciens départemens de
la rive gauche du Rhin. Au désir de multi-
plier des comparaisons fructueuses pour les
lecteurs français, se joignait dans notre es-
prit celui d'être utiles aux habitans des pro-
vinces qui, heureusement, ont conservéjus-
qu'ici la législation dont la France les a dotés
autrefois.
:
Nous avons indiqué le triple objet de
notre travail expliquons-nous sur son exé-
cution.
Nous ne partageons pas l'avis de certains
théoriciens, qui, se créant un système arbi-
traire, prononçant à priori,critiquent et
les lois et la jurisprudence quand elles ne se
concilient pas avec leur manière de voir.
Notre méthode est le contre-pied de la leur;
c'est des lois et de la jurisprudence que dé-
coule notre théorie. Un auteur, pour que
ouvrage soit consulté avec fruit, doit,
son

,
non pas s'élever au-dessus des grands corps
de la magistrature mais concerter ses

;
idées d'après l'ensemble des décisions judi-
ciaires sauf, toutefois, les aberrations de
principes que certaines décisions pourraient
consacrer, et dont il lui faut signaler le dan-
ger (i).

:
En nous conformant à l'adage des glossa-

; ,
teurs Erubescendum est sine textu laqui,
nous avons prodigué les citations c'est un
travail utileauxpraticiens. Cependant
comme nous avions à cœur de ne point

(1) Quandoque bonus dormitat Ilomcrus.


décider sur la parole d'autrui, nous ne nous
sommes pas bornés à citer les monumens
de la jurisprudence et les opinions des au-
;

(
teurs fj;) nous nous sommes appliqués en
même temps à approfondir la question.
Le Traitédes Rentes foncières est terminé
par une table des articles des différens codes,
lois, décrets, etc., qui se trouvent cités ou
expliqués dans le cours de l'ouvrage, ainsi
que par une table alphabétique et raisonnée
des matières. Celle des chapitres suit l'In-
troduction.
F. H.

(1} Nous n'avons indiqué que par S. le recueil de


M. Sirey.
— Quant à M. Merlin, nous devons prévenir
que nous nous sommes servis de la quatrième édition de
son Répertoire de jurisprudence, et de la troisième de ses
Questions de droit, l'impression des cinquième et quatrième
éditions de ces ouvrages n'étant pas encore terminée. 1
TRAITÉ
DES

RENTES FONCIÈRES.

CHAPITRE PRÉLIMINAIRE.
r
Des rentes foncières sous l'ancien droit,etde la nature
actuelle de ces rentes.

St.
LA rente foncière, dans la signification étendue de
ce mot, est une redevance fixe en argent, on au-
tres olJjets, laquelle a été créée et réservée sur un
immeuble lors de son aliénation.

:
Dans l'anciendroitfrançais,ondistinguaitplusieurs
espèces de rentes foncières le bail à rente seigneu-
riale ou à cenS,l'emphytéose dudroit romain, et le
bail à rente foncière. Lè caractère commun de ces
rentes .c'est quion les créait et réservait lors de
l'aliénation de l'héritage7 que le bailleur n'avait
transféré au preneur la propriété que sous la déduc-
tion du droit de rente qu'ilyretenait, et que la rente
représentait par çoHséqutmt une portion de la pro-
priété du fonds. Les rentesdes deux premières
classes avaient cela de particulier, que le haillettr;
maître de tous les droits inhérens à la propriété,
s'était réservé, soit des droits de supériorité ou de
puissance, soit des droits honorinques, soit enfin

:
des droits simplement récognitifs de la propriété
qu'il venait d'aliéner cette espèce de droits réservés
portait le nom dé domaine direct9 ou de la directe :
le preneuret l'eniphytéotc n'avaient que la propriété
utile, ainsi appelée, parce qu'en droit romain l'em-
phytéote n'avait qu'une actio utilis in rem" et parce
que les possesseurs retenaient la chose dans un in-
térêt purementpécuniaire (i). Dans le véritable bail
?
à rente le droit réservé par l'ancien propriétaire du
fonds n'était pas un domaine direct, mais un droit
ordinaire de propriété; on l'appelait un simple droit
foncier, parce qu'il n'emportait aucune supériorité,
et que le bailleur et le preneur possédaient l'un et
l'autre la chose dans un simple intérêt pécuniaire (2).
Ces rentes seules font l'objet du présent Traité.

(1) Les rentes seigneuriales ou-féodaies-n'entrent pas dans le


cadre du présent traité. D'ailleurs, un travail surces rentes
peut aujourd'hui paraître inutile, parce que les procès sur la
question de féodalité semblent éppisés.
(2)La même distinction existe en Allemagne, ainsi que nous
leverrons par la suite.
Le principe de l'ancien droit, que la propriété de l'héri-
tage se trouve partagée entre le bailleur et le preneur à rente,
a été prrrfessé partous les auteurs anciens et modernes, et
reconnu par une jurisprudence uniforme. On peut voir les
nombreux documens recueillis à cet égard dans le plaidoyer
Le droit de rente foncière, dit Pothier au n° 107,
est une espèce de démembrement de l'héritage que le
bailleur ne transfère- par le bail au preneur que sous
la déduction du droit de rente qu'il y retient la
propriété de l'héritage se trouve en quelque sorte
:
partagée entre le preneur ou ses successeurs, qui ne
l'ont que sous la déduction de la rente, et le bailleur
pu ses successeurs, créanciers de la rente, à qui elle
appartient pour le surplus. Et au n° 111 : le droit
que la tradition de l'héritage donné à rente foncière
transfère au preneur, et qui passe à ses successeurs,
soit à titre universel, soit à titre particulier, est le
droit de dominiuni et de propriété de cet héritage.
Le droit de rente foncière, que le bailleur s'y retient,
n'est point proprement le dominium de l'héritage,
mais un simple droit foncier. C'est pourquoi le pro-
priétaire ou possesseur d'un héritage noble> chargé
d'une simple rente foncière, a non-seulement l'utile,

de

-
B1.
Y,Lettres de ratification, § 5.
M. Tronchet disait, dans la
--
Merlin, des 11 et îa pluviôse an xi. Questions de droit,

séance du conseil d'état du 15


ventôse anxii (Procès-verbaux de la discussion, t. 5, p. 240),
qu'on ne peut pas mettre en question, si les rentes foncières
seront irrachetables : car elles perdraient leur caractère, qui est
de représenter le fonds, s'il était permis de les racheter.
M. Maleville, Analyse raisonnée du Code civil, t. n, p. 162,
dit : Ces rentes (foncières) furent une modification dela pro-
priété, puisqu'elles avaient pour effet de partager la propriété
entre deux personnes..chose.
M. Toullier, t. 5, na ai; dit la même -
maistout ce qu'il y a d'honorifique attaché à cet hé-
ritage; le créancier de la rente foncière, dont l'hé-
ritage est chargé, n'y participe en rien, et ne peut
prétendre autre chose que le paiement de la rente
qui lui est due. En cela, le simple bail à rente fon-
cière difiere des baux à rente seigneuriale, par les-
quels le bailleur retient le domaine, tels que sont
les baux à cens.
§2.
Les rentes foncières étaient irrachetables dans
l'ancien droit. C'était la conséquence nécessaire du

:
principe qu'elles formaient ou représentaient une
portion de la propriété de l'héritage car la faculté
de rachat aurait entraîné celle d'éteindre les droits

;
de propriété du créancier de la rente,malgré sa vo-

:
lonté ce qui est inconciliable avec l'idée du droit
de propriété. Pothier dit à cet égard, au n° 25 Le
bailleur s'étant réservé le droit de cette rente dans
son héritage, lors de l'aliénation qu'il en a faite, et
n'ayant consenti de l'aliéner qu'à cette charge, il ne
peut pas être obligé malgré lui à souffrir le rachat

:
de cette rente, suivant le principe général, que per-
sonne ne peut être obligé à vendre son bien Nemo
res suas vendere cogitur.
Par exception, cependant, et pour cause d'utilité
publique, des lois spéciales avaient permis le rachat
des rentes foncières dont les maisons de ville étaient
chargées. Nous en parlerons au n° 24. De même,
une rente foncière pouvait être stipulée rachetable,
ainsi que Pothier le fait voir au n° 78. Cependant,
comme le rachatn'était pas de la nature des rentes
foncières, mais plutôt contraire à cette nature, la
stipulation du rachat ne formait qu'une convention
purement accidentelle au contrat de bail à rente,

, ;
laquelle devait être renfermée dans ses termes et il
a été généralement reconnu que nonobstant la fa-
culté exceptionnelle du rachat, ces rentes représen-
taient le fonds (1).
§ 3.

Une autre conséquence du principe que les rentes


foncières formaient une portion de la propriété du
y
fonds c'était que ces rentes ne se trouvaient pro-
prement dues que par le fonds, que le fonds en était
le débiteur principal et la personne du redevable

,
débitrice accessoire et accidentelle, qu'elles n'étaient
dues par le possesseur qu'à cause du fonds et que

;
cette obligation ne durait que pendant le temps qu'on
possédait l'héritage de sorte que le preneur ou son
sucesseur pouvait s'en décharger pour Pavenir, en,
aliénant ou en déguerpissant le fonds. Ces rentes se
distinguaient des simples hypothèques, qui ne for-
maient qu'une obligàtion accessoire de l'héritage. Il
s'ensuivait ultérieurement que les lettres de rati-
fication, qui purgeaientles hypothèques, ne pouvaient
atteindre les rentes (2).

(1) Questions de droit, Vo Lettres de ratification, S5;


p.164dela3°édit. -

(2) Ibid. etRépertoire, VO Hypothèque, sect. i, S 13.


4.
Une dernière conséquence du même principe c'était
que les rentes foncières appartenaient à la classe des
biens immeubles, et qu'elles étaient susceptibles
d'être hypothéquées à l'égal des autres propriétés
foncières (1). De même, elles ne pouvaient être
éteintes que par les voies d'extinction du droit de
propriété ou d'autres droits fonciers (2).

§ 5.

Laloides4,6,7,8,9, 11août, 21 septembre


et 5 novembre 1789, qui a proclamé le principe
de la liberté du sol français, et la loi du 18,
29 décembre1790, qui a développé ce principe,
ont entièrement changé l'ancien état des choses en
matière de rentes foncières
L'article 6 de la première loi porte que «toutes
les rentes foncières perpétuelles, soit en nature, soit
en argent, de quelque espèce qu'elles soient, quelle
que soit leur origine, à quelles personnes qu'elles
soient dues, gens de main-morte, domaine, apana-
gistes, ordre de Malte, seront rachetables 5
les

(1) Pothier, Introduction générale aux coutumes, qui pré-


cède son ouvrage sur la coutume d'Orléans, n° 54, M. Grenier,
Traité des hypothèques, n" 160.
(a) Répertoire, VO Rente foncière, § 1, n° 8.
nations,
cliarnparts de toute espèce, et sous toutes dénomi-
le seront pareillement au taux qui sera
fixé. Défenses sont faites de plus, à l'avenir, créer
aucune redevance non remboursable.
Cette disposition est expliquée, en ces termes,
par les articles 1 et 2 du titre 1 de la loi du 18,
29 décembre1790 :

«ART. 1. Toutes les rentes foncières perpétuelles,


soit en nature, soit en argent, de quelque espèce
qu'elles soient, quelle que soit leur origine, à quel-

,
ques personnes qu'elles soient dues, gens de main-
morte,domaine, apanagistes ordre de Malte,
de fondation , ;
même les rentes de dons et legs pour cause pie ou
seront rachetables les champarts
de toute espèce, et sous toute dénomination, le
seront pareillement, au taux qui sera ci-après fixé.
Il est défendu de plus, à l'avenir, créer aucune
redevance foncière non remboursable, sans préju-

pétuels,
dice des baux à rente ou cmphytéoses, et non per-
qui seront exécutés pour toute leur durée,
et pourront être faits à l'avenir pour 99 ans et
au - dessous, ainsi que les baux à vie,même sur
plusieurs têtes, à la charge qu'elles n'excéderont pas
le nombre de trois.
« ART. 2. Les rentes ou redevances foncières éta-
blies par les contrats connus, en certains pays,
sous le titre de locaterieperpétuelle, sont comprises

cédent ,
dans les dispositions et prohibitions de l'article pré-
sauf les modifications ci - après sur le taux
de leur rachat.»
Ces dispositions ont changé l'essence des rentes
foncières. Autrefois elles étaient essentiellement
irrachetables : depuis la publication de ces lois, les
rentes sont essentiellement rachetables. A la vérité,
le mot essentiellement, employé dans l'art. 550 du
Çode civil, dont nous parlerons à l'instant, ne se
trouve point dansles lois de 17,89 et 1790;mais
la rédaction de ces lois prouve évidemment que do-
rénavant le rachat doit tenir à l'essence de ces rentes.
Le législateur ne se borne pas à la défense formelle
de créer, à l'avenir, aucune rente non remboursable ;
mais il dispose que même celtes qui existent au
moment de la promulgation de. la loi, seront sou-
mises au rachat. Cette mesure rétroactive ne laisse
pas de doute su? la question de savoir s'il était dans
l'intention du législateur de rendre rachetables toutes
les rentes foncières sans distinction.
-
Au reste, 1er législateur était obligé, par la nature
djes. choses, 4e donner à la loi cet eflèt, rétroactif. Il
s'agissait de libérer la propriétéfoncière d'unecharge
qui pesait sur elle, et cette mesure n'aurait pu avoir
aucun effet salutaire, si les rentes qui existaient
alors n'y avaient pas été soumises également.
Par une conséquence du droit de rachat, les rentes
foncières ne représentent plus une portion; de la pro-
priété dll fonds; c'est une chose inconciliable avec le
droit de propriété, qu'il puisse dépendre de larvo-
lontéd'un tiers de faire cesser ce droit malgré le
propriétaire : donc un droit susceptible d'être éteint
de cette manière n'est pas un droit de propriété.
Ajoutons que le principe de la liberté du sol s'oppose
à toute division ou restriction de la propriété, et
Qu'une exception à ce principe ne peut exister qu'en
Vertu d'une disposition expresse de la loi. Donc, dès

,
que la loi ne dit pas que la rente foncière forme une
portion de la propriété cette Tente ne saurait plus
offrir ce caractère. On peut encore ajouter que cet

cier de la rente :
état des choses est conforme aux intentions du èréan.
car., en cédant son immeuble à
charge de rente, il n'a pas voulu réserver une por-
tion de la propriété du fonds., mais seulement un
équivalent des revènus, et le prix de la chose.
On voit que lès nouvelles lois ont dépouille com-
plètement le créancier de la rente foncière de tout
3
droit de propriété sur le fonds débiteur la portion
de cettè propriété qui,antérieurement, appartenait
au créancier, a passé entièrement, par la seule force
de la loi, au possesseur du fonds, chargé de fournir
la rente.
Depuis la publication des lois de 1789 et 1790,
la rente foncière n'est plus un droitsurles biens, ni
unemodification ou limitation de la propriété (ar-
ticle 545 du Code civil); elle n'affecte plus le fonds
que comme une charge
:
dont ce fonds est grevé a
Finâtar de celle du prixdelavente il y a ideptité
des deux cas_, parce que la rente et le capital du
rachat forment le prixjde laichose (1). Aussioçtte
identité a-t-elle été recohnuti tout de suite par la ju-
risprudence deS arrêts 3etl'onaJjii"gé"qtte pourla

,
(1) Le bàilA rente est aujourd'hui unevente de laptapriété,
dit le tribun Moaricault!dahs'son rapport autribunat*, du'i4
ventôse an xii. Voyez ci-après n~2.' «1 1
l ;1. - - ., -J
-9 a
conservation des rentes, l'inscription était nécessaire
sur le fonds débiteur, de même que la loi exige l'ins-
cription du prix de vente (1).
Une charge dont on peut se libérer par le paie-
ment, prend la nature d'une dette; en conséquence,
depuis 1789 et 1790, la rente foncière, relative-
ment à celui à qui elle profite, appartient à la caté-
gorie des créances. Cette créance est un meuble,
parce qu'elle ne donne pas le droit de revendiquer
un immeuble (2).
Le changement dans la nature des rentes devait
emporter qu'elles ne fussent plus susceptibles d'hy-
pothèques, comme ne formant ni un droit de pro-
priété, ni un droit immobilier. Aussi la loi du 11
brumaire anvu (1ernovembre 1798), concernant le
régime hypothécaire, porte, article 6 que u les ,
)
(1 Arrêt dela cour de Poitiers, du a pluviôse anxm(Journ.
du Palais, an xm, t. 11, p. 55o); de la cour de Nîmes du 20
frimaire an xiv (Recueil de M. Sirey, 1806, l. 11, p. 82.).
(2) Omnis actio ad conseguendum mobile est mobilis. — Une
conséquence nécessaire de la mobilisation des rentes foncières,
c'est qu'aujourd'hui, sans distinction entre les rentes anciennes
et les rentes nouvelles, elles tombent dans la communauté
conjugale, non-seulement quant aux perceptions annuelles,
mais quant au fonds du droit. Art. 1401, n° i, du Code civil.
C'est aussi l'opinion de M. Toullier,tom. iL2, n6 108. Il s'en
suit ultérieurement que le mari peut disposer librement des
rentes foncières que îà~femrae possédait au jour du mariage,
ou qui lui sont échues pendant le mariage; qu'il peut les
aliéner,en consentir le rachat, et toucher valablement le prix
de cession ou le capital du juchât.
seuls biens territoriaux sont susceptibles d'hypo-
thèque»; et l'art. 7 ajoute que « les rentes consti-

que la loi a déclarées rachetables ,


tuées, les rentes foncières et les autres prestations
ne pourront
plus, à l'avenir, être frappées d'hypothèque» (1).
Ces rentes ont néanmoins conservé la dénomina-
tion de rentes foncières, parce qu'elles sont la condi-
tion de l'aliénation d'un fonds.

S. 6.

L'art. 1 de la loi du 18, 29 décembre 1790, en


défendant de plus à l'avenir créer aucune redevance
foncière non remboursable, prouve qu'il n'était pas
dans l'intention du législateur de prohiber, pour
l'avenir, le bail à rente foncière, pourvu, que le
rachat de la redevance foncière ainsi établie demeurât

(i) La faculté de rachat, établie comme principe général par


les lois de 1789 et 1 790, devait emporter, suivant ce que nous
avons dit au présent paragraphe, qu'à dater de leur publication,
les rentes ne pouvaient plus être susceptibles d'hypothèque.

:
Cependant, le législateur a admis lui-même une exception à ce
principe Part. 1 du titré 6 de la loi de 1790 « conserve les
droits des créanciers hypothécaires du bailleur a, et l'art. 7
de la loi de l'an vu dispose clairement, par les mots à l'avenir,
que la loi respecte les hypothèques précédemment acquises
sur les rentes foncières : ce qui résulte aussi des art. 42 et 45
de la même loi, qui prescrivent les formalités à remplir pour
la conservation de ces hypothèques. Mais il est évident qu'à
dater de cette loi, on ne pouvait plus acquérir une hypothèque
y
sur desrentes même anciennes.
perpétuellement libre au preneur. Aussi voyons-nous
-que, par plusieurs lois spéciales des 7, 8, 9 et 14
nivose an x, des communes ont été autorisées à
concéder a rente foncière des terrains qui leur ap-
partenaient (i). -

8 7.


,
Le projet du Code civil ne contenait aucune dis-
position relative aux rentes, foncières et les diffé-
rentes lois qui composent ce Code, furent discutées,
et publiées sans qu'on abordât cette matière. Enfin,
lors de l'examen au conseil d'état du projet de la loi
du 50 ventose an XII (21 mars 1804),relative à
la réunion de tous les titres du Code civil en un seul
corps, le consul Cambacérès fit observer qu'il fallait
examiner la matière des rentes foncières. Une con-
troverse très-vive s'éleva sur la question de savoir
s'il serait utile de déclarer les rentes foncières irra-
chetables, telles qu'elles existaient avant les lois de
1789 et 1790.Plusieurs membres de la commission
de législation pensèrent qu'il suffisait d'avoir permis
l'usage des. baux à longs termes, et que le système
des rentes foncières entraînaitplusd'inconvéniens
qu'il ne présentait d'avantages. Le premier consul
partageait aussi cette opinion.
Le conseil d'état rejeta la proposition relative au
rétablissement des rentes foncières. Cependant, il a

(i) Répertoire, VO Rente foncière, S 2, art. i >n" 7.


juge nécessaire d'insérerdans le Code une disposition
.qui renouvelât celles des lois alors existantes sur la

la liberté des contrats consacrée par le Gode qu'il,


matière des rentes, parce qu'on aurait pu induire de

serait permis de créer des rentes irrachetables (1).


On y a ajouté deux nouvelles dispositions simplement
9 dont il sera parlé dansla suite.
accessoires
C'est ainsi qu'a été adopté l'art. 550 du Code civil,
conçu en ces termes :
« Toute rente établie à perpétuité pour le prix
de la vente d'un immeuble y ou comme condition
de la cession à titre onéreux ou gratuit d'un fonds
immobilier, est essentiellement rachetable.
»Il est néanmoins permis au créancier de régler
les clauses etconditions du rachat.
» Il lui est aussi permis de stipuler que la rente
ne pourra lui être rembourséequ'après un certain
terme, lequel ne peut jamais excéder trente ans ;
toute stipulation contraire est nulle.»
Cet article a été placé au chapitre intitulé Des
y
:
et à la suite de l'art. 529, décrété anté-

l
meubles
:
rieurement, lequel porte « Sont meubles. les rentes
perpétuelles ou viagères, soit sur l'Etat,soit sur des
particuliers.»
Aux termes de l'art. 2118, les seuls biens Sus-
ceptibles d'hypothèque sont « 1° les biens immobi-

i J
,

(i) Procès-verbal du 15 ventose an xn (tome 5, pag. 240 ).


Répertoire, V° Rente foncière, 5 a, art. 5, n° 1. Locre,Ls-
gislatîon civile, etc., sur l'art. 53o.
;
liers qui sont dans le commerce, et leurs accessoires
réputés immeubles 28 l'usufruit des mêmes biens et
accessoires, pendant le temps de sa durée.» Cette
disposition maintient l'exclusion des rentes foncières,
établie par la loi du 11 brumaire an vu.
Il résulte de ces articles que le bail à renteest

,
maintenu par le Code civil, mais que la redevance,

; ,
qui est le produit de ce contrat, ne forme plus à
proprement parler, une rente foncière que cette
redevance n'existe plus dans l'immeuble vendu
ou cédé sous cette condition; qu'elle n'est plus une
partie de cet immeuble, et qu'elle n'est plus due
principalement par cet immeubleyennn qu'elle n'est
plus qu'une rente sur le particulier dans la propriété
duquel cet immeuble a passé par le contrat à rente,
et que, par conséquent, elle est comprise dans l'ar-
ticle 529. Ajoutons que, par l'art. 530, la rente
créée comme condition de la cession à titre onéreux ou
gratuit d'unfondsimmobilier, est entièrement assi-
milée à la rente créée pour le prix de la vente d'un
iptmeuble. Or celle - ci est certainement due par la
personne de l'acquéreur, et conséquemment elle est
piobilièrc (i).
D'un autre côté, il résulte de cette assimilation,

séquence importante ;
prononcée sans aucune exception, une seconde con-
c'est que la rente foncière
forme une créance aussi privilégiée que la créance
du prix de vente, que la rente affecte le fonds par

(1) Répertoire, V. Rente foncière, S 2, art. 5, n° 2.


l'effet de ce privilège, en vertu de l'article 2105 qui
l'accorde au vendeur, et que la créance et le privilège
du créancier de la rente se conservent et s'éteignent
de la même manière que les droits du vendeur (i).
S8.
Depuis les traités de Campo-Formio et de Luné-
ville,jusqu'en 1814, la rive gauche du Rhin fit
tion du Code ,
partie intégrante de la France. Avant la promulga-
le gouvernement y avait déjà fait
publier différentes lois, notamment celle du 4, 6,
7,8,0,11 août, 21 septembre, 5 novembre 1789.
Depuis, et par arrêté du 17 thermidor an xii, la loi
du 18, 29 décembre1790 y fut publiée également,
de même que plusieurs autres lois concernant le rachat
des rentes ducs à l'Etat.
Plus tard, il a paru, le 12 décembre1808, un
décret relatif aux rentes foncières dans le grand-
duché de Berg, qui se trouvait au pouvoir du chef
du gouvernement français. Après la réunion des dé-
partemens anséatiques, il fut rendu, le 9 décem-
bre 1811, un semblable décret concernant ces dé-
partemens; enfin, un décret du 1" mars 1813 est
relatif aux rentes dans les deux départemens de Rome
et du Trasimène.
Ces décrets contiennent plusieurs dispositions sur
des points que les lois n'avaient pas littéralement

, t.
(i) Ibid. n°3.Toullier, 5?n"102.
prévues; et comme ils sont l'ouvrage du conseil
d'état d'alors, ils présentent l'opinion de juriscon-
sultes estimables. Nous avons donc cru devoir les
considérer comme une autorité utile dans l'interpré*
tàtion des lois.
La rive gauche du Rhin a été partagée entre dif-
férens Etats, qui tous, à l'exception du grand-duc
de Hesse, ont laissé subsister la législation en vigueur
en 1815. Nous aurons occasion de parler des ordon-
nances spéciales rendues pour la ville de Mayence et
les environs, faisant aujourd'hui partie du grand-
duché de Hesse.

S9.
Dans le chapitre préliminaire, nous avons présenté
une esquisse rapide sur lanature des rentes foncières
avant 1789 (§ 1, 2, 5.), sur les changemens sur-

,
venus en 1789 et 1790, et sur la nature de ces
rentes dans l'intervalle de 1790 à lapublication
du Code (§ 5i)5 enfiçt sur ce qui concerne les rentes
créées depuis cette publication (§ 7.).
Pothier a traité du bail à rente suivant la législa-
tion de son temps, laquelle a conservé sa vigueur jus-
qu'en 1789. Les changemens considérables apportés
à la nature des rentes foncières par la loi du mois
d'août 1789, et qui ont été développés par les lois
postérieures, ont rendu cet ouvrage presque inutile
pour la décision de la plupart des questions qui se
présentent auj ourd'hui. Dans notre travail, nous
avons suivi l'ordre adopté par POlhier; mais nous
envisageons les rentes foncières suivant les principes
qui y sont applicables sous l'empire du Code civil.
Ainsi notre travail s'applique principalement aux
rentes établies depuis la publication de ce Code. Ce-
., 9
pendant il s'étend également aux rentes d'une créa*
tion antérieure parce que, comme nous levons vu
aux paragraphes précédens, la législation intermé-
diaire en a changé la nature, au point qu'elles ne
diffèrent des rentes d'une création postérieure que
sous quelques rapports dont l'appréciation est accès*
soire, mais que nous aurons soin de signaler toutes
les fois que l'occasion s'en présentera.
CHAPITRE PREMIER.

Ce que c'est que le contrat a rente; en


quoi il res-
semble aux contrats de vente et de louage, et en
quoi il en diffère.

- :
1. POTHIER définit le bail à rente simple un contrat
par lequel l'une des parties baille et cède à l'autre un
,
héritage, ou quelque droit immobilier, et s'oblige de
le lui faire avoir à titre de propriétaire sous la ré-
serve qu'il fait d'un droit de rente annuelle d'une
certaine somme d'argent, ou d'une certaine quantité
de fruits qu'il retient sur ledit héritage, et que
l'autre partie s'obligeréciproquement envers elle de
lui payer, tant qu'elle possédera ledit héritage. —
Celle des parties qui baille l'héritage à l'autre, à la
charge de la rente, s'appelle le bailleur; l'autre partie,
qui prend l'héritage à la charge de cette rente, s'ap-
pelle le preneur.

foncière peut être définie aujourd'hui :


Conformément à l'art. 550 du Code civil, la rente
un revenu
périodique et fixe en fruits ou en argent, stipulé à
perpétuité pour le prix de la vente d'un immeuble,
ou comme condition de la cession à titre onéreux ou
gratuit d'un fonds immobilier (i).

(1) Quoique cette définition ne semble applicable qu'aux


la
rentes créées depuis publication du Code civil,elle concerne
Dans cette définition, on emploie le terme rente
y
foncière 5
pour désigner le droit à la rente souvent
aussi on désigne par le même terme les arrérages de
la rente (1).
On peut conserver la dénomination de rente fon-
cière , parce que la rente reste de droit affectée au
fonds.
Le contrat parlequel cette rente se trouve établie
ne peut plus être appelé bail à rente. Le terme bail
indique que le détenteur tient la chose aux droits
de celui qui l'a baillée entre ses mains ': et aujourd'hui
la propriété pleine et entière de l'immeuble passe à
l'acquéreur. Il nous semble plus convenable de se
servir du terme arrentement qui n'est pas entière-
ment inusité (2), ou de celui de contrat à rente (5).
Les parties peuvent prendre les noms de créancier
de la rentey et d'acquéreur à rente od débiteur de la
rente.
1. a. L'art. 530 ne parle pas nominativement
à
de l'emphytéose, ni du bail locaterieperpétuelle.
Avant même la rédaction du Code, les caractères qui

,
aussi les rentes anciennes parce que le changement de leur
nature les fait rentrer dans les termes de la définition.
(1) Nous verrons plus tard les explications des autres termes
qui composent cette définition, et les exceptions dont elle peut
être susceptible.
(2) Répertoire, V° Arrentement, V° Rente foncière
Clain de rétablissement.
, Va

(3) Pour marquer la distinction d'avec la rente constituée,


qu'on dit s'établir par le contrat de rente.
distinguaient, dans l'ancien droit, le bail à emphy-
téose et celui à locaterie perpétuelle, du bail à rente,
avaient été effacés par les lois nouvelles(1). Il était
en
de même des champarts (campi pars) (2), stipulés à
perpétuité (3), sous quelque dénomination que ce
fut. En effet, l'art. 6 de la loi de 1789, et les art.
1 et 2 de la loi de 1790, ont placé ces quatre es-
pèces de tenures absolument sur la même ligne le
système général de la législation ne reconnaissait
:
plus que des biens allodiaux, seule espèce de biens
qui pouvait autrefois, en France, faire la matière
d'un bail emphytéotique (4)5 et toutes les fois que

(1) Questions de droit, Y0 Emphytéose, S 3, n° 2.


(a) On les appelait aussi terrage.Yoy. ce mot au Répertoire.
(3) Les baux à coraplant ou baux de vigne à portion de
fruits, sont, dans la règle, temporaires, et ne forment que de
simples baux à ferme ordinaires, sauf la durée de la jouissance.
Avis du conseil d'état du 4 thermidor an vin (23 juillet 1800).
M. Duranton, Cours de droit civil, tome 4, n° 84 et suivans.
(4) Répertoire, Vo Emphytéose, S i,
,
nOI,et5. Questions
de droit, même mot, 5 5, n° 2, et Vo Moulin § 1. L'arrêt de

, ,
la cour de cassation du 12 nivose an XII, rapporté audit endroit,
et par Sirey, tom. 4, p. 115 décide en outre que l'emphy-
téose est perpétuelle
:
quoiqu'elle soit résoluble en cas d'ex-
tinction de la postérité- du concessionnaire car, alors, aucun

;
terme n'est fixé, et un temps illimité doit être considéré comme
perpétuel en effet, il est possible que la.descendance du pre-
neur ne s'éteigne jamais. -
Au reste, le droit de retour, qui compétait autrefois au bail-
leur dans les emphytéoses consenties pour le preneur et ses
hoirs, doit cesser aujourd'hui par la seule force du changement
s'estprésentée la question sur l'état actuel des emphy-
téoses perpétuelles non équipollentes à des baux à
cens seigneurial et par conséquent abolies, qui
i
avaient existé avant 789, il a été reconnu que ces
emphytéoses sont de la même nature que les véritables
9
baux à rente foncière et que la propriété des fonds

,
de la nature des rentes foncières parce qu'il se fondait ou-
vertement sur la propriété directe, retenue in traditione fundi.
Aussi, si ce droit devait subsister, il aurait été nécessaire d'or-
donner qu'en cas de rachat le capital éprouverait une augmen-
tation à cause du profit éventuel que ce droit pourrait produire:
car il serait contradictoire qu'un droit valable en soi pût être
éteintparun acte du débiteur, sans équivalent. Mais, ni en
France, ni dans les quatre départemens de la rive gauche du
Rhin, il n'a été établi un équivalent pour la jouissance de ce
droit, ou une augmentation du capital du rachat. Le décret du
9 décembre 1811, rendu pour les départemens anséatiques
(art. 36 et 89), et celui du 1er mars 1815, concernant les dé-
partemens de Rome et du Trasimène (art. 4 et 45)> contien-
nent seuls des dispositions exceptionnelles. Tout en déclarant
ce droit éteint (suite nécessaire du changement de la nature
des rentes), ces décrets l'ont remplacé par une indemnité.
L'avis du conseil d'état du 8-i5 avril 1809 (S. 1809, 1.
p. 38g.), relatif aux rentes existantes dans les pays de Bâle et
dePorentruy, forme encore un argument en faveur de notre
opinion, que les rentes sujettes au droit de retour sont aujour-
d'hui perpétuelles et libérées de ce droit. Les titres de conces-
sion portaient expressément qu'il s'agit d'une concession pour

:
les mâles seulement, et cependant ces rentes ont été déclarées
féodales or c'est un principe constant (Répertoire, V° Em-
phytéose, S 5, n° 1.) que les emphytéoses temporaires n'ont
pas reçu d'atteinte par les lois abolitives des rentes seigneu-
riales.
concédés à titre de baux héréditaires et de baux em-
phytéotiques perpétuelsouhéritables,appartient aux
débiteurs des rentes (1). De même, c'est un principe
consacré par la jurisprudence, que le bail à locaterie
perpétuelle,antérieur à 1789, non entaché de féo-
dalité, ne forme plus qu'une rente foncière, et qu'il
a été de tout temps translatif de propriété (2).
On sent que ces principes sont également applica-
bles aux contrats passés dans l'intervalle de 1789
à la publication du Code civil, sous les dénomina-
tions d'emphytéose ou de bail à locaterie perpétuelle.
Les lois de 1789 et 1790avaient changé la nature
de ces tenures, et elles avaient défendu, pour l'avenir,.
d'en établir d'irrachetables (3).
Ainsi, tout ce que nous dirons des anciennes rentes
foncières trouvera son application aux emphytéoses
perpétuelles et aux baux à locaterie perpétuelle, éta-
blis avant 1789 et avant le Code civil (4). Les

(1) Avis du conseil d'état du 6 fructidor an XIII. Répertoire,


V° Emphytéose, S 5, n° 4. Idem du 1 -7 mars 1808. Sirey,
1808.11.i34.
(2) Questions de droit, V° Locaterie perpétuelle, § 1,

;
surtout p. 178 de la 3e édition. Arrêt de cassation, du 5 oc-
tobre 1808 ibid. § 2, et S. 1809, 1. 118.
,
(3) La cour de cassation a décidé en ce sens par arrêt du

,
15 décembre 1824, qui reconnaît que la stipulation d'un bail
emphytéotique à perpétuité, faite en 1792 n'est pas nulle
mais que, nonobstant cette clause de perpétuité, la rente est
;
rachetable. S. 1825, 1. 290.
(4) Lorsqu'en Allemagne et dans les anciens departemcns
de la rive gauche du Rhin on parle d'emphytéose simplemeut,
contrats passésdepuis le Code civil, sous la déno-

,
mination de baux emphytéotiques perpétuels ou à
locaterie perpétuelle seront compris dans la dispo-
sition de l'art. 550 ; car en réalité ces contrats for-
ment la stipulation d'une rente., comme condition de
la cession d'un immeuble.

il s'agit toujours d'emphytéose perpétuelle, ainsi que la définit


le droit romain (Thibaut, Système des Pandectes, S631.Ré-
pertoire,Y0 Quart, tiers ou demi raisin, surtout p. 442.). Les
lois et les auteurs français, en employant le terme emphytéose,
désignent ordinairement l'emphytéose temporaire. Avis du
conseil d'état du 6 fructidor an XIII (Répertoire, Vo Emphy-
téose, S 5,u° 4.) et du 1-7 mai 1808. (Ibid. Y0 Rente sei-
gneuriale, S 2,
quatre départemens ,n° Yi, 2°.). — En Allemagne et dans les
il y a aussi des rentes foncières sous la
dénomination de cens (Census; Zins, Grundzins). Ce terme cens
n'indique pas, comme en France, une origine féodale mais il
est synonyme de rente foncière, parce que les cens avaient été,
dans la règle, établis comme condition de la cession d'un im-
meuble (Mittermaier, Principes du droit privé de l'Allemagne,
S 155 et435. Rép.V" Cens, S 5, n°2. Y0 Quart, tiers et demi
raisin, p. 442, col. 2.). Aussi la réserve de la propriété directe

;
(dominium directum) n'est pas en Allemagne un signe de féo-
dalité mais on emploie ce terme pour désigner les droits du
concédant à titre d'emphytéose (Mittermaier, SS 140 et 435.).
De là vient que le décret spécial du 9 vendémiaire an XIII (Ques-
tions de droit, Vo Rente foncière, S21, note S. tonfc 5,11. 15.),
qui détermine quelles rentes sont réputées foncières ou féo-
dales dans les quatre départemens, qualifie de rentes foncières
les Erbleihen, -Erblehn,Erbzins, Grundzins, Bodenzins, Zins et
G'ûlt, tandis que, dans l'ancien territoire français, une rente
qui portait l'une oul'autre de ces dénominations, était féodale.
, t
1. b. Ni Fart. 1 de la loi de 790, ni l'art. 550
du Code civil ne règlent la nature des baux à lon-
guesannées, des baux à rente ou emphytéose non
perpétuels (i), ainsi que des 4aux à vie, sur une ou
plusieurs têtes.
L'art. 1 de la loi de 1790déclare expressément,
qu'il ne préjudicie pas à ces contrats, et que ceux
passés antérieurement seront exécutés pour toute leur
durée. L'article
ne parle pas de la nature de ces
contrats, mais seulement de leur durée. Cependant
il ne faut pas croire que cette nature soit restée la
même; et dans les pays où, avant cette loi, l'emphy.
théote à temps avait, conformément au droit romain,
acquis la copropriété du fonds pour le temps de la
durée du contrat, cette propriété a retourné au pro-
priétaire originaire, dès, la publication de la loi
de 1789, parce que le principe de la liberté du sol
ne permet plus cette division ou limitation du droit
de propriété (2). L'emphytéote ne conserva dès lors

,
(1) Parmi les emphytéoses non perpétuelles,il -t'
faut compter
celles à générations comme n'étant concédées que pour un
terme limité.
(2) Cependant la cour de cassation a reconnu le contraire
dans les considérans d'un arrêt du 26 juin 1822 (M. Favard,
Vo Complainte, sect. 1, S 3, n° 4. et S. 1822, 1. 362.).
Il s'agissait d'un contrat emphytéotique passé le août 1750,
2
pour 99 ans; et la cour a décidé que l'emphytéote avait le droit
d'intenter l'action en complainte contre un tiers qui Tarait

)
troublé dans sa possession. On lit dans les considérans
de l'emphytéose (à temps sont de diviser la
:
« Que les effets
que les droits d'un simple fermier, et il ne pouvait
pluscréer une hypothèque sur l'héritage emphytéo-
tique, ainsi qu'il y avait été autorisé par les lois
16. § dernier, ff. de pignor. act., et 1. 31. de ff.
pignoribi
Quant a l'avenir, l'article 1 de la loi de 1790
,
contient
:
une restriction qui se réfère aussi unique-
ment à la durée de ces contrats les baux à longues
années, baux à rente ou emphytéose, non perpétuels,
ne pourront être faits que pour 99 ans et au-dessous
les baux à vie n'auront lieu que sur trois têtesèu
:
plus. Cette disposition régit les contrats passés dans

propriété du domaine donné à emphytéose'en deux parties


l'une formée dudomaine direct, dont Ja rente que se retient
:
le bailleur est représentative; l'autre , appelée domaine utile,
qui se compose de la jouissance des fruits qu'il produit.
Que le preneur possède le domaine utile - qui lui est
3
transmis par l'effet de ce partage comme propriétaire pou-

,;
vant, pendant la durée du bail, en disposer par tentedona-
tion, échange ou autrement, avec la charge toutefois des
droits du bailleur- pouvant, pendant le même temps, exercer
l'action in rem pour se faire maintenir contre tous ceux qui l'y
et
troublent, contre le bailleur lui-même.L. 1 et 5. ff. Si ager
vectignlis. Que ces dispositions des lois romaines ont été ad-
mises en France, tant en pays de droit écrit qu'en pays de
droit coutumier, et que le Code civil, qui n'a pas traité du
a
bail emphytéotique, ne les a changées ni modifiées, M. Fa-
vardj dans ses notes, déclare adhérer à ces argumens en ,
ajoutant toutefois qu'ils ne se rapportent qu'aux baux emphy-
téotiques antérieurs à la publication du Code; à l'égard des
baux passés sous son empire, il adopte la même opinion que
-
nous soutiendrons ci-après.
l'intervalle de la loi de 1790 à la publicationduCode
civil; et il est évident qu'à cette époque il n'y avait
plus dé division de la propriété entre le bailleur et
le preneur.

ques,
La première des nouvelles lois sur les hypothè-
celle du 9 messidor an iii (27 juin 1795),

thèque;
rangeait parmi les seuls biens susceptibles d'hypo-
l'usufruit des biens territoriaux,résultant
seulement des baux emphytéotiques, lorsqu'il reste
encore 25 années de jouissance. La loi du 11 bru-
maire an vu (1 novembre1798) porte, article 6 :
Sont seuls susceptibles d'hypothéqués. *2?¥usuftuit,
ainsi que la jouissance a titre d'emphytéose des biens

:
territoriaux, pour le temps de leur durée. On voitqu'il
est question de l'emphytéose temporaire car Fem-

:
phytéose est mise en parallèle avec l'usufruit, et les
lois parlent de la durée de ces deux - droits d'ail-
y
leurs le législateur emploie le tegme jouissance à
titre' d'emphytéose9lequel, surtout depuis la publia
cation des lois de 4789 et 1790 1 ne peut convenir
qu'aux emphytéoses à temps, l'èmphytéote perpétuel
jouissant dès lors de l'héritage à titre de propriétaire -
Ces dispositions des lois de l'an III et de l'an vu for-

9
ment une exception aux principes généraux motivée
sur ce qu'il convenait de maiatenirlesdroits acquis, à
l'instar de la disposition de la même loi de brumaire,
qui a maintenu les hypothèques existantes antérieu-
rement sur les rentes foncières. (Voyez la dernière
note au § 5 du chapitre préliminaire). — Les dispo-
sitions que nous venons de citer dérogent aux lois
romaines, suivant lesquelles ce n'était pas la jouis-
sauce à litre d'emphytéose, maisYhéritageempkytéo-
tique9'que l'emphytéote était autorisé à grever d'hy-
(
potkèque etiam veetigale prædium pignori dari
potest ).
Le Code civile ou plutôt l'art. 7 de la loi du 50
ventôse an XII (21 mars 1804), abrogé, poura
l'avenir, la disposition de la loi de 1790, relative à la
durée des contrats temporaires qui nous occupent(1).
En défendant au propriétaire de disposer de la jouis-
sance de son bien pour un terme plus long que le
terme indiqué, la loi de 1790 établissait une restric-
tiondu droit de propriété; et cette restriction n'a été
maintenue ni par l'article 544, ni par aucun autre
article du Code civil. Vainement on opposerait que
le Code ne s'occupe pas de ces contrats particuliers,
et que, en conséquence, l'art. 7de la loi de ventôse,
qui n'abroge les lois antérieures que relativement
aux matières qui sont l'objet du Code, ne saurait
comprendre cette disposition de la loi de 1790. Le
Code, en renouvelant le principe do la liberté du sol
et de la liberté des conventions, et en ne maintenant
que* quelques restrictions à cette double liberté,
abroge nécessairement toutes les autres restric-
tions qui existaient antérieurement 3
et il suffit à
cet égard, pour appliquer la loi de ventôse, que la
matière de la propriété soit traitée dans le Code.
Ajoutons que si, comme nous l'avons vu au § 7 du

(1) C'est aussi l'opinion de ML. Delvlncaurt, i'9édition,


t.111., p.l52.
chapitre préliminaire, le conseil d'état a reconnu
lorsde la discussion de l'articlè 550, la nécessité
,
,
d'insérer cet article au Code, afin qu'onne puisse
croire que la liberté des contrats consacrée par la
législation nouvelle, autorise la création de rentes
9
irrache-tables
j
la même observation était applicable
à la disposition que nous avons signalée et si on
avait voulu la maintenir, on en aurait fait l'objet
d'un article exprès.
Ainsi, depuis la publication du Code, la restriction
contenue à l'art, 1 de la loi de 1790 n'existe plus,
et les contrats temporaires indiqués ci-dessus peuvent
être passés pour telle durée qu'il conviendra aux par-
ties.
Il est presque inutile d'observer qu'aujourd'hui les
contrats qui seraient passés sous la dénomination de
bail à longues années, bail à rente, emphytéose tem-
poraire, bail à vie, n'emportent pas une division de la
propriété, et qu'une clause qui établirait cette divi-
sion serait nulle. La stipulation d'emphytéose à
temps, par exemple, n'aura d'autres effets que ceux
résultant des conventions des parties, combinées avec
5
les principes généraux sur les contrats elle sera un
bail ordinaire et n'admettra pas la faculté de rachat,
la propriété du fonds restant dans les mains du cons-
tituant. De même, les nouveaux droits d'emphytéose

,
temporaire n'auront pas le caractère de droits im-
mobiliers
)
et ne seront pas susceptibles d'hypothè-
que (i : le Code civil n'a pas renouvelé la disposition

(1) M. Dufanton, t. IV, n" 80 et suivant soutientl'opinion


transitoire que les lois de l'an III et de l'an vu con-
tenaient à cet égard, et l'article 2118 prononce
l'exclusion formelle de tous les biens qui ne s'y trou-
vent pas indiqués.
.1.

contraire. Il trouve l'emphytéose temporaire comprise dans


le mot jouissance de l'art. 523, et dans le mot usufruit de
l'art. 526, lequel, suivant l'auteur, doit se prendre pour droit
dejouissance;donc l'emphytéose est un bien immobilier, elle est
comprise, parconséquent, dans l'art. 2118. Dumoins,continue
l'auteur, les parties pourraient établir, par stipulation expresse,
que le droit créé sous la dénomination d'emphytéose serait
immobilier: dans l'un ou l'autre cas, ce droit se trouverait
compris dans l'art. 2118 verbo usufruit, ou verbisbÙns immo-
-
biliers. Trois observations générales suffiront pour réfuterce
système. Les choses qui ne sont pas immeubles par leur nature
ne peuvent obtenir la qualité d'immeubles que par la dispo-
sition expresse de la loi, parce que c'estde la loi que sort la
nouvelle attribution. Les droits réels qu'un tiers peut avoir
sur l'héritage du propriétaire, sont des restrictions au droit
de propriété, autorisées par le droit positif, et qui ne peuvent

,
exister qu'autant qu'elles sont nominativement établies par
cette loi. Enfin l'hypothèque étant une institution du droit
positif, elle ne peut avoir lieu que sur des choses dont cette
loi parle expressément.
On trouve une autre erreur sur ce point dans le Nouveau
Répertoire de M. Favard de Langlade, Vo Emphytéose, n° 5.
On y lit : « La loi du Il brumaire an vu mettait la jouissance

thèque:
à titre d'emphytéose au rang des biens susceptibles d'hypo-
le Code civil l'en a retranchée. Mais il ne faut pas
conclure qu'elle ne puisse plus être hypothéquée; car, dès qu'il
est certain que ce contrat confère une véritable propriété à
l'emrhytèote ou preneur, il s'ensuit nécessairement que l'em-
Il est nécessaire aujourd'hui que ces baux particu-
tiers soient passés par écrit; à défant de quoi, l'arti-
cle1775 du Code civil deviendrait applicable.
1. c. Nous terminerons la nomenclature des con-
trats, que l'art. 1 de la loi de 1790 et l'art. a50
comprennent ou ne comprennent pas, en faisant
observer que celui par lequel un fonds est aliéné,
moyennant une rente viagère, n'est point régi par
dispositions. Cette rente n'est ni établie à perpétuité,
ni rachetable.
Loyseau, Traité du déguerpissement, et M. Mer-
lin, au Répertoire, va Rente viagère, n8 18, ont
soutenu lia même opinion. La rente viagère, disent
ces auteurs, n'est pas ou du moins elle est censée ne
pas être en proportion avec le revenu de l'héritage5

,
et celui qui s'engage à payer une rente de cette na-
ture est censé s'y engager non pas seulement ra-
tionereiymais personnellement, La cour de cassation
a rejeté, le 2 février 1807 (1), le pourvoi contre un
arrêt qui avaitjugé conformément à l'opinion de ces
deux auteurs, dans un procès relatif à une ancienne
rente.
Aujourd'hui un texte formel, Farticle 1979 du

phytéose est susceptible d'hypothèque.»—On voit que M. Fa-


yardconfondl'emphytéosetemporaire avec l'emphytéose per-
pétuelle : la loi de brumaire s'applique à la première espèce;
et l'auteur, dans la dernière phrase, parle de la seconde.
(1) Répertoire, VORcDteviagère, n° 18. S. 1807, 11,1180
Voyez encore l'arrêt de la cour de cassation du -24 pluviôse
;
an xi Questions de droit, Vo Bail à rente, S 1.
Code civil, déclare irrachetable toute rente viagère.
Il s'ensuit que celle que l'on a constituée pour un

,
immeuble (art. 1968) ne saurait être réputée fon-
cière la faculté du rachat tenant à l'essence de ces
dernières rentes.
2. L'arrentement ressemble encore aujourd'hui

:
aux contrats de vente et de louage. Trois choses
constituent l'essence des uns et des autres 10 une
;
chose vendue, cédée ou louée 2° un prix de vente,

, 5
,
un loyer ou une rente 3°le consentement des par-
ties sur la chose et le prix de vente le loyer ou la
rente.
L'arrentementestsynallagmatique, de mêmeque
les contrats de vente et de louage; il appartient,
comme eux, à tavelasse*des contrats commutatifs
(articles1102 et 1104 du Code civil ).
3. Le contrat à rente ressemble au bail à ferme
ou à loyer, en ce que, dans l'un et l'autre, le débi-
à
teur s'oblige payer une rétribution annudlé.
Mais ces deux contrats diffèrent aujourd'hui es-
sentiellement en ce que la cession à titre onéreux ou
gratuit d'un fonds immobilier transmet de plein
droit la propriété de ce fonds (art.1158 du Code
civil), sans aucune réserve, exception ni limitatign;
au contraire, le fermier ou le locataire n'acquièrent
aucun droit sur l'héritage.

,
Une autre différence accessoire de ces deux con-
trats c'est que le propriétaire de la rente n'a pas,
pour se faire payer de sa rente, les mêmes droits que
ceux conférés au bailleur à loyer ou à ferme, pour se
faire payer les loyers ou fermes. Le premier a une
action personnelle contre celui qui a contracté avec
lui, et contre les hériticrs; il a, de plus,l'action
:
hypothécaire sur l'immeuble, par l'effet du privilège
attaché à la rente le bailleur, au contraire, jouit,
outre l'action personnelle, d'un privilége mobilier

(art.2102, du Code civil). °,
4. L'ancienne différence entre le contrat de vente
et l'arrentement, qui consistait en ce que, par ce der-

dans l'héritage, a disparu:


nier, le propriétaire se retenait un droit de propriété
la propriété passe de
droit et sans réserve, ainsi qu'il a été indiqué au
numéro précédent. Le texte de l'art. a50 du Code
a mis absolument sur la même ligne la rente établie
pour le prix de vente d'un immeuble, et celle créée
comme condition de la cession à titre onéreux ou
gratuit d'un fonds immobilier. En d'autres termes,
la rente établie comme condition de la cession de
l'immeuble n'a pas d'autres effets que celle créée
pour le prix d'une vente pure et simple, lequel ne
reçoit que postérieurement la destination de former
une rente,ou, pour employer une locution encore
plus précise, la cession de l'immeuble, à charge
d'une rente, a identiquement les mêmes effets en
droit que la vente pure et simple.„—
Le seul contraste entre la cession et la vente résulte
des différences qu'il y a entre le prix qui est de la
substance du contrat de vente, et la rente qui est de
la substance de l'arrentement : ces différences feront
l'objetdun°12.
5. Potliier pensait que le contrat de bail à rente
était un contrat réel, qui ne recevait sa perfection
que lorsque le preneur était mis en possession de
l'héritage par une tradition, ou réelle ou au moins
fictive. Aujourd'hui cette opinion serait en contra-
diction avec le système général de la législation sur
la transmission de la propriété. Le contrat à rente
est parfait, et la propriété passe de droit à l'acqué-
reur, dès que les parties sont d'accord sur l'immeuble
à céder et sur le montant de la rente.
Cette règle a lieu, non-seulement lorsque la rente
est la condition d'une cession à titre onéreux (art.
1138 et 1583), mais encore lorsqu'elle est la con-
dition d'une donation (art. 958). Seulement, dans
,
ce dernier cas comme la donation est le contrat
principal, on doit observer les formalités prescrites
par les articles 951 et 959 du Code civil l'acte
est passé devant notaire, en minute, et transcrit au
;
bureau des hypothèques. Les arrêts de la cour de
cassation, du 12 décembre 1810 et du 10 avril

:
1815 (r), ont reconnu en principe que la transcrip-
tion de la donation a deux objets l'un particulier à
la donation, c'est-à-dire, la nécessité de la transcrip
tion, afin d'empêcher le donateur de vendre et d'hy-
pothéquer à tout autre l'objet donné; l'autre, commun
à la donation et à la vente, qui consiste en ce que la
transcription est le premier moyen de parvenir à la
purgation des hypothèques antérieures à l'aliénation.

(t) S. i8n, 1,33.181-5,1,161.bl. Grenier, Traité des


hypothèques,t. ,
2, n° 35g. Cependant M. Toullier, Droit civil
français, liv. 3, tit. 2, p. 259 et suive persiste à soutenir l'o-
pinion contraire.
CHAPITRE II.

Des trois choses qui constituent la substance du contrat


a rente.

Nous venons d'indiquer au n" 2, que trois choses


constituent lai substance du contrat à rente une
chose qui est vendue ou cédée, une rente qui est
:
stipulée, et le consentement des parties qui fait le
contrat. L'aliénation par laquelle s'établit la rente
foncière peut avoir lieu de plusieurs manières, qui
sont toutes indiquées dans l'art. 550.
1° Les parties peuvent commencer par la vente
d'un immeuble, et convenir plus tard que la rente
sera servie pour tenir lieu du paiement du prix de
vente (i). Cette stipulation peut être expresse ou

(i) Autrefois une rente établie pour le prix de la vente d'un


immeuble n'était pas foncière, mais conqji.tuée: La cour de
cassation l'a ainsi décidé le i5 germinal an IX et le 12 vendé-
;
miaire an xx Questions de droit, Vo Rente foncière, 5 1.^ car
il était impossible que le vendeur se réservât, par la stipulation
de la rente, une portion de la propriété du fopds, lorsgue, par
la vente, cette propriété avait déjà passé intégralement à l'ac-
quéréur.Aujourd'hui,comme la rente foncière n'estqu'uudroit
réel sur le fonds, droit qui résulte de ce que le prix de l'im-
tacite. Ce dernier cas s'est présenté devant la cour
y
royale de Paris, qui a décidé par arrêt du 14
prairial an XIll, que la clause d'un contrat de vente,
portant que l'acquéreur ne serait obligé de payer son
prix principal qu'à savolonté seulement, équivaut à
une constitutionde rente, et rend la créance non exi-
gible (1 ). Il s'agissait d'un contrat passé le 8 octobre
1790; mais il n'y a aucun motif pour interpréter, en
sens contraire, un contrat passé depuis le Code. La
COUT ne s'est pas prononcée sur la question de savoir
si la rente était foncière ou simplement constituée5
mais il est certain qu'aujourd'hui, d'après l'art. 550,
elle devrait être réputée foncière.
2° Le propriétaire de l'immeuble peut le vendre
ou échanger en partie, et enpartie le céder à charge
de rente. Dans ce cas, le capital du rachat de la rente
foncière est le complément duprix de vente.
3° Vous cédez à un tiers, sans intention de faire
une donation, un immeuble, sous la condition de

meuble n'a pas été payé, il y a parfaiteanalogie entre le cas de


la rente établie pour le prix de la vente d'un immeuble et entre
le véritable arrentement.
M. Duranton, tom^.iv, nos 148 et 152, prétend que la

:
rente n'est pas foncière si elle a été créée par la stipulation
suivante «Je vous vends ou cède tel fonds moyennant 20,000
francs, pour. lesquels vous me servirez une rente annuelle et
perpétuelle de 1000 fr.» C'est évidemment une erreur, d'après
le texte et l'esprit de l'art. 53o.
(1) Sirey, tome 5. 11. 285.
vous servir une rente. C'est le véritable arrente-
ment.
4° Par la donation, c'est-à-dire la cession à titre
gratuit d'un fonds immobilier, sous la condition du
service d'une rente. Par cette condition, la donation
devient onéreuse.
Il devient presque inutile de répéter, qu'en droit
les rentes stipulées dans ces quatre cas sont de même
nature (1). La cause de l'obligation de servir la
rente, c'est qu'une chose a été vendue ou cédée, sans
que le précédent propriétaire en ait obtenu le prix
ou l'équivalent.

yUmCLE PREMIER.

De la chose qui peut être aliénée à rente.

§ î. Quelles choses peuvent être aliénées à renie.

6. Les choses qui peuvent être arrentées, ou alié-


nées à charge de rente, sont les héritages,c'est-à-

(i) Nous n'avons pas fait une classe à part des rente? ré-
servées par le partage (art. 833 du Code civil). Elles sont fon-
cières aujourd'hui, soit qu'elles forment directement le prix
de la vente, de la licitation, ou la soulte du partage, soit que
l'on commence par convenir d'une somme d'argent pour le
prix ou pour la soulte, et qu'ensuite, pour cette somme, on
dire, les fonds de terre et les maisons. L'article 550
l'indique par les mots fondsimmobilier et immeuble.
Les objets qui sont immeubles par destination,
peuvent être compris dans l'arrentement, comme ac-
cessoires de l'immeuble auquel ils sont attachés;
mais ils ne peuvent l'être séparément, et la rente

;
n'y reste àfiectée par privilége que durant le temps
de leur union avec l'immeuble principal par la sé-
paration, ils rentrent dans la classe des meubles, dont
nous parlerons au numéro suivant.
Ici s'élève la question de savoir si on peut aliéner
à rente des droits immobiliers incorporels. Pothier
a soutenu l'affirmative pour les anciens droits de
champart, les dîmes, les droits de fief, les cen-
sives, les justices, les droits de pêche, depéage
etc. : une rente stipulée comme condition de la ces-
sion de l'un ou de l'autre de ces droits était foncière.
Il en est autrement aujourd'hui. Les droits énu-
;a
mérés par Pothier n'existent plus et, aux termes
de l'art. 526 du Code civil9 il n'y d'immeubles,
incorporels que l'usufruit des choses immobilières
à
les servitudes, et les actions qui tendent revendi-
,
quer un immeuble. La question se réduit donc à
celle de savoir si la rente établie pour le prix de vente
d'un de ces droits, ou comme condition de la cession

établisse une rente. L'opinion contraire, émise au Répertoire,


Vo Rente foncière, §1, n° l, selon l'ancien droit, ne saurait
plus être suivie depuis la publication de l'art. 53o.
qui en serait faite, aurait la nature d'une rente fon-
cière?
Le texte de l'art. 550 ne décide pas cette ques-
tion. On pourrait croire, au premier abord, que cet

,;
article distingue entre la rente établie pour le prix
de vente et celle stipulée comme condition de la
cession attendu que, dans le premier cas, le légis-
lateur se sert du mot général d'immeuble, et que,
dans le second, il emploie le terme fonds immobilier,
lequel, selon le sens grammatical, est restreint aux
immeubles réels. Il nous semble cependant que l'ar-
ticle a50, ayant mis absolument sur la même ligne
deux espèces de rentes qui diffèrent par le mode de
leur création, on a employé les deux expressions
d'immeuble et de fonds immobilier dans un sens éga-
lement synonyme, et qu'on ne s'est servi, la seconde
fois, du terme fonds immobilier9 que pour éviter la
répétition du mot immeuble; aussi, dans la discussion
qui a précédé cet article (i), on ne trouve rien qui
autorise la distinction indiquée, et on ne saurait
alléguer aucun motif raisonnable pour la soutenir :
nous la rej etterons donc entièrement.

,
Nous croyons, au contraire, que la question se
résout par une autre distinction et que, parmi les

d'être arrenté; en d'autres termes ,


immeubles incorporels, l'usufruit seul est susceptible
qu'une rente
établie pour le prix de vente d'une servitude ou d'une

(1) Voyez le Chapitre préliminaire, 5 7-


,
action en revendication, ou comme condition de la
cession de ces droits ne serait pas foncière.
La rente n'a aujourd'hui de foncier que le privilège
sur l'immeuble (1). La question se réduit à savoir si
la rente établie pour le prix de vente, ou comme condi-
tion dela cession d'une certaine espèce d'immeuble,.
r
est susceptible d'un privilége; car s'il n'en est pas

:
ainsi, la convention peut, à la vérité, être obligatoire,
et la rente être perpétuelle mais elle n'aura rien
de foncier, -et elle appartiendra à la classe des rentes
constituées. Or, les servitudes et l'action en re-
vendication ne sont pas susceptibles d'hypothèque
(art. 2118), ou d'une inscription telle qu'elle est
requise pour l'exercice du privilège de la rente fon-
cière (2).
* Il en est autrement de l'usufruit des immeubles
susceptibles d'hypothèque, lequel en est susceptible
lui-même, aux termes de l'art. 2118.Aussi la cour
de cassation art-elle décidé, le26 pluviose an xi, qu'un
5
usufruit avait pu être baillé à rente et, quoiqu'il
s'agît d'un contrat passé le 22 décembre1788,
les considérans de cet arrêt de rejet sont également
applicables sous l'empire du Code civil. Les voici
uAttendu que l'usufruit est un. droitréel, immo-
:
hilier, susceptible d'être baillé à rente, qu'un des
caractères distinctifs du bail à rente est l'aliénation

(1) Voyez le Chapitre préliminaire, S 7, à la fin, et ci-après


n° qi et suivans.
(2) Voyez ci-après n° gi et suivans.
d'un droit réel pour le prix d'une rente, avec obli-

;
gation de la chose aliénée par privilège, au paiement
de la rente et que cela se rencontre dans le contrat
du 22 décembre1788 (1).»
Vainement on objecterait que l'art. 550 suppose
que la rente foncière est établie à perpétuité, tandis
que celle qui serait la condition de l'aliénation d'un
usufruit ne pourrait être que temporaire. L'art. a50

,
ne subordonne pas la nature de la rente, en tant que
foncière au fait qu'elle a été établie à perpétuité
ces mots s'y trouvent employés pour désigner que
:
,
malgré cette stipulation, elle est néanmoins rache-
table. C'est le rachat qui tient à l'essence de la rente,
:
et non la perpétuité (a) l'établissement de la faculté
de rachat prouve plutôt que l'intention du législa-
teur a été de rendre la rente non perpétuelle.
En définitive, le propriétaire d'un immeuble peut
constituer un usufruit à charge de rente foncière ;
et de même l'usufruitier peut céder son droit d'usu-
fruit sous la condition du service, à son profit, d'une
rente qui sera foncière.

:
7. Pothier expose que les meubles ne sont pas
susceptibles du contrat à rente La raison est, dit-il,

réserve et retienne ,
qu'il est de l'essence de ce contrat que le bailleur se
dans la chose qu'il donne à
rente, un droit de rente qui soit un droit réel, c'est-

(1) Questions de droit, VO Bail à rente, S 1.


(2) Voyez le Chapitre préliminaire, SS 5 et 7.
chargée ,:
à-dire un droit dans la chose dont elle demeure
en quelques mains que la propriété de la
chose passe or il n'y a que les immeubles qui soient
susceptibles de ces charges réelles. Les principes ex-
posés au numéroprécédent commandent aujourd'hui
la même décision, les meubles n'ayant pas de suite
par hypothèque (article 2119). La rente établie

sera donc pas foncière :


comme condition de l'aliénation d'un meuble ne
elle ne formera qu'une
simple obligation personnelle, sans donner un droit
réel sur l'objet aliéné.
8. Il est évident, ainsi que l'observe Pothier,
que les immeubles des mineurs, interdits, et ceux
des communes et établissemens publics, ne peuvent
être arrentés qu'en observant les formes prescrites
pour l'aliénation des biens de ces personnes ou êtres
incapables (i).

§ n. Si on peut donner a rente Vhéritage dyautrui,


ou celui qui appartient à Vacquéreur.

9. L'arrentement étant une aliénation comme


la vente, l'art, 1599 en gouverne la validité. Ainsi
le contrat sera nul s'il appert par la suite que l'im-

(i)Art. 45?, 5og, 513, i554, 1S76 du Code civil. Lois du


6 août 1791 et du 2 prairial an v. Art. 15 de la loi du 28 plu-
viose an VIII (17 février 1800). Arrêté du 29 nivose an x
(19 janvier1802). Répertoire, VoAliénation, n° 6 etsuivans.
meuble n'appartenait pas à celui qui l'a aliéné,
et l'acquéreur ne sera plus tenu de servir la rente.
Le cédant ne sera pas obligé à la restitution du
prix (art. 1626 et suivans), à l'exception du cas
où l'immeuble a été vendu ou échangé en partie,
;
et en partie seulement cédé à charge de rente car,
dans les autres cas, la rente représente le prix entier.

:
Quant à la restitution des fruits de l'immeuble, il
faut distinguer si l'acquéreur à rente qui les a
perçus a été de bonne foi, il n'est pas tenu de les
5
restituer au véritable propriétaire cette obligation
n'existe qu'autant qu'il a été de mauvaise foi (art. 549
et 550). La même distinction concerne le vendeur
ou cédant de l'immeuble qui a touché la rente les :
articles cités s'appliquent, d'après la place qu'ils oc-
cupent dans le chapitre général de l'accession et des
à
fruits, non-seulement la possession d'immeubles,
mais aussi à celle de meubles, tels que les rentes (1).
Aux termes de l'art. 1599, des dommages-intérêts
ne peuvent être adjugés à l'acquéreur contre le ven-
deur, qu'autant que ce dernier a su que la chose ap-
partenait à autrui, et cette preuve demeure à la charge
de l'acquéreur (art. 1515).
10. Le contrat par lequel quelqu'un aurait acquis,
à charge de rente, son propre immeuble, ne peut pas
plus êtrevalable que celui par lequel quelqu'un aurait
ainsi acquis une chose appartenant à un tiers. Il ya

7 mai 1819. S.
(1) Arrêt de la cour de Douai, du 1820.
11.127.
donc lieu d'appliquer tout ce qui a été dit au numéro
précédent. Nous ne croyons pas que dans ce cas l'on
puisse encore suivre le sentiment de Pothier, suivant

: ,
lequel le véritable propriétaire pourrait, après la dé-
couverte de ses droits répéter tous les arrérages
payés ,
la loi n'a pas modifié, pour ce cas spécial la
distinction générale entre le vendeur ou possesseur
de bonne foi et celui de mauvaise foi.
11. Pothier explique ensuite que, si j'étais proprié-
taire d'un héritage qui vous fût réversible au bout
d'un certain temps, l'arrentement que vous m'en fe-
riez avant l'expiration de ce temps serait valable,
si de part et d'autre nous avions connaissance de nos
droits respectifs. Nul doute que cette opinion ne
doive être suivie aujourd'hui.

ARTICLE Il.

De la rente.

Une des choses, dit Pothier, qui constituent la


substance du contrat de bail à rente, c'est que le

annuelle et perpétuelle ,
bailleur se retient dans l'héritage un droit de rente
si le bail est fait à perpé-
tuité; ou pour le temps que le bail doit durer, s'il
n'est fait que pour un certain temps.
Aujourd'hui il faut dire que, lorsqu'il crée une
rente foncière, l'ancien propriétaire de l'immeuble se
réserve, par le contrat d'aliénation, une rente an-
nuelle affectée à l'immeuble par droit de privilège.
Nous verrons, au sujet de cette rente, en quoi elle
convient avec le prix qui, dans le contrat derente, est
une des choses qui en constituent la substance, et en
quoi elle en diffère. Nous verrons pareillement en
quoi elle différé des fermes et loyers; en quoi elle
diffère des autres espèces de charges réelles; en quoi
elle convient avec les rentes constituées à prix d'ar-
gent, et en quoi elle en diffère. Toutes ces similitudes
et différences ne sont que le développement des prin-
cipes que nous avons déjà indiqués.

§. 1.En quoi la rente stipulée par l'arrentemcul


convient avec le prix de vente, et en quoi elle en
différé.

12. Nous avons déjà vu qu'aujourd'hui il n'existe


d'autre différence entre le contrat de vente et
l'arrentement, que la stipulation d'un prix dans le
premier, et celle d'une rente dans le second. Pour
se fixer sur la nature actuelle du revenu périodique
qu'on appelle rente, il faut se pénétrer du sens de
l'art. 550. La rente affecte le bien par privilège,
à l'instar du prix de vente, et l'acquéreur ne peut
se libérer de la rente qu'en payant le capital du ra*
chat. Ce capital forme, à proprement parler, l'équi-
valent ou le prix de l'immeuble; et, jusqu'au rachat,
le créancier de la rente peut être regardé comme
créancier de ce prix. La rente annuelle est analogue
aux intérêts de ce capital, parce que, dans la règle,
le capital du rachat en est le denier vingt; elle ne
représente pas la valeur de la chose (1)5 mais elle
forme le prix ou l'équivalent du revenu annuel ou
de la jouissance de l'immeuble (2). Le contrat à
,
rente consiste dans l'aliénation d'un immeuble ou
du prix de vente d'un immeuble, faite par le pro-

revenus ;
priétaire, à charge 1° d'un équivalent annuel des

,
2° d'un capital en argent, qui forme le
prix de la chose même mais qui n'est pas exigible.
Les parties peuvent, suivant l'art. 530, se borner à
déterminer et à désigner l'équivalent annuel des re-
venus (la rente) ; elles peuvent aussi régler d'avance
le prix de l'immeuble (le capital du rachat). Dans
ce dernier cas, le contrat présente absolument tous
les caractères d'une vente. Au premier cas (3), la
quotité de la rente sert plus tard de base pour déter-
miner la quotité du capital du rachat ou du prix de
y
la chose même de cette manière, la rente fixe indi-
rectement le prix de la chose, elle est à l'instar de
ce prix. Dans les deux cas, il faut, pour la validité

(i) Si l'on regardait la rente comme le prix de l'immeuble,


l'acquéreur en paierait deux fois la valeur, une fois par la rente
annuelle et une fois par le rachat.
(2) La rente annuelle appartient à la classe des fruits civils
(art. 584) : les fruits civils sont dus ex obligatione (L. 121. ff.
de V. S. Brisson, de verb. signif. voce (ructus) ; et on dit fruits
civils, parce que le droit, qui existe par la société civile,
donne le moyen de les avoir (jurepercipiuntur), L. 62. ff. de
R. V. - Voet adff. tit. de A. R. D. 5 28.).
(3) Qui est aussi celui de toutes les rentes créées avantl'éta-
blissement de la faculté de rachat.
du contrat, que la rente soit déterminée et désignée
par les parties, autant parce que la rente forme l'é-
quivalent des revenus, que parce que, dans la suite,
elle détermine le prix de la chose même; et que,
aux
termes de l'art. 1S91, une aliénation que le proprié-
à
taire a entendu faire titre onéreux est nulle, si les
parties n'ont pas fixé un équivalent de la chose (i).
Il s'ensuit que, s'il était dit qu'on a arrenté un tel
héritage, sans dire de combien est la rente; ou s'il
était dit que l'immeuble estarrenté pour le même
prix qu'ill'était avant le dernier rachat, et qu'il ne
se trouvait aucun arrentement antérieur : dans ces
deux cas, le contrat serait nul, et ne produirait ni
l'aliénation de l'immeuble, ni aucune obligation de
la part des parties.
13. La rente différé du prix de vente, 1° en ce
que, dans le contrat de vente, le prix ne peut con-
sister que dans une certaine somme d'argent; autre-
ment ce ne serait pas un contrat de vente, mais une
autre espèce de contrat (2). Au contraire, il n'im-
porte que la rente consiste en une somme d'argent,

par exemple :
ou en une certaine quantité de fruits ou de denrées;
on peut donner un héritage pour
tant de muids de blé de rente, tant de litres de vin,
tant de kilogrammes de beurre, tant de chapons, etc.
On peut aussi faire consister la rente en une quantité

(1) Pothier, De lavente, 11° 16.


(2j Pothier, De la vente, n° 3o.
de fruits, comme à la charge de donner au créancier
de la rente la sixième gerbe de blé qui sera recueillie
dans l'héritage, ou la moitié, le tiers ou le quart des
raisins qui forment le produit de la vigne (1).

,
Uneseconde différence est que, dans le contrat
de vente Punique somme d'argent, qui forme le
prix, est due en entier dès l'instant du contrat, quand
même, par la convention des parties, le paiement
en aurait été différé et partagé en plusieurs termes.
Au contraire, dans le contrat à rente, la rente ne
naît et n'est due que par parties, ainsi qu'on le verra
plus amplement au n° 20.
Pothier, après avoir exposé ces deux différences,
ajoute que la troisième et principale résulte de ce
que, dans le contrat de vente, le prix est une dette de
la personne, et non de l'héritage, tandis que la rente
est due principalement par l'héritage, et que l'ac-
quéreur et ses successeurs ne sont débiteurs per-
sonnels des arrérages qu'à cause de la possession de
l'héritage, et à mesure du temps seulement qu'ils le
possèdent. Cette différence n'existe plus aujourd'hui.

, ,
L'acquéreur à rente et ses héritiers sont débiteurs
personnels de la rente l'immeuble n'est affecté
qu'accessoirement, par privilège à la sûreté de la
rente, et l'obligation de la servir ne passe point de
droit aux possesseurs de cet immeuble. Nous revien-
drons par la suite sur ces diverses propositions.

(1) Cette espèce de rente s'appelle champart. Voy. ci-dessus


i
n* a.
SIl. Différences de la rente foncière, et des fermes
et loyers.

14. Le bail à loyer ou à ferme ne fait passer au

:
locataire ou au fermier aucun droit de propriété ou
droit réel dans l'héritage le contrat à rente est en-
tièrement translatif de propriété.
Autrefois il existait encore une autre différence,
consistant en ce que les fermes et loyers n'étaient
qu'une pure dette personnelle du locataire ou fermier,
tandis que la rente était due principalement par l'hé-
ritage. Nous avons vu, au numéro précédent, qu'au-
jourd'hui le contrat à rente ne produit principalement
qu'une obligation personnelle.
15. De la différence indiquée au commencement
du précédentnuméro, il en naît encore d'autres.
Si l'héritage sujet à la rente foncière a été, depuis
le contrat, considérablement diminué par une force
majeure, comme lorsque la rivière en a emporté une
partie, l'obligation personnelle de servir la rente
n'en continue pas moins en entier, et le privilège sub-
siste en entier sur la portion qui reste de l'héritage
(art. 2114) : la perte ne peut plus tomber sur celui
qui aaliéné sa propriété. Au contraire, la diminution

,
de l'héritage donné à ferme ou à loyer, survenue
depuis le bail ou mêmelesdégradations causées
par force majeure, emportent la résiliation du con-
trat ou la diminution du prix de location (art. 1722).
16. Lorsque, par force majeure, le fermier n'a
pu, pendant une année du bail, recueillir aucuns
fruits sur l'héritage qui lui a été donné à ferme, ou
qu'il n'en a pu recueillir la moitié, il est fondé à de-
mander la remise de la ferme de cette année, ou une
diminution sur cette ferme (art. 1769 et 1770).
;
Il en est autrement du débiteur de la rente l'im-
meuble et ses accessoires, les fruits, sont à ses ris-
ques (art. 1138), et il ne peut obtenir de remise.
17. Pothier fait observer que si l'acquéreur ou son
ayant cause a été, en temps de guerre, réellement
dépossédé pendant quelques années, il ne devra pas
les arrérages desdites années, parce qu'il n'est obligé
de payer la rente que tant qu'il est possesseur. Il en
est autrement aujourd'hui. La possession de l'héri-
tage n'emporte pas l'obligation de servir la rente,
ainsi qu'on le verra plus tard5 et l'acquéreur dé-
possédé reste néanmoins personnellement obligé à ce
service.

§ 111.
Différence de la rente foncièreetdes unires
espèces de charges réelles.

18. La rente foncière diffère des servitudes.


Celui qui a un droit de servitude sur un héritage jouit
par lui-même de son droit, sans que le possesseur de
l'héritage soit obligé à rien qu'à le souffrir. L. 15.
§ 1.jf. deservit. Celui qui a un droit de rente fon-
cière sur un héritage, ne peut jouir de son droit que

de celui qui lui succède ;


par le fait et par les mains de l'acquéreur à rente ou
il jouit des arrérages par
l'effet de l'obligation personnelle de ces individus;
il n'a d'autre droit réel sur l'héritage que son privi-
lége.
19. La rente foncière diffère aussi beaucoup de
l'hypothèque dont on charge un héritage, sur lequel
on assigne une rente constituée à prix d'argent, ou

:
par don ou legs. A la vérité, la rente n'est plus au-
jourd'hui une obligation principale de l'héritage elle
n'affecte le fonds que par privilége; mais ce privilége
diffère d'une simple hypothèque, ainsi que nous le
verrons par la suite (n° 91 et suivans).

§ iv. En quoi convient la rente foncière avec les rentes


a
constituées prix d'argent, et en quoi elle en dif/ère.

20. La rente foncière, dit Pothier, convient avec


les rentes constituées à prix d'argent, en ce que,
comme eelles-ci, elle produit des arrérages annuels,
qui se divisent en autant de parties qu'il ya de jours
dans l'année; c'est-à-dire, en trois cent soixante-cinq
parties. Lorsque l'année est bissextile, le jour inter-
calaire n'est point compté.
Le débiteur d'une rente foncière, continue l'au-
teur, de même que celui d'une rente constituée, de-

; :
vient chaquejour débiteur de la trois cent soixante-
cinquième partie de la rente par exemple si la rente
est de 365 francs par année, il devient chaque jour
débiteur d'un franc; mais ces dettes ne peuvent être
exigées ni offertes que lorsque, l'année entière étant
révolue, elles ont composé la somme entière qui est
due annuellement; à moins qu'il n'y eût clause par le
contrat, que la rente serait payable tous les six mois,
ou tous les trois mois; auquel cas il suffirait que,
par la révolution des six mois ou des trois mois , la
moitié ou le quart de la rente fût dû. C'est ce qu'on a
coutume de dire, que les rentes se comptent dejour
à jour, que les arrérages naissent etsont dûschaque
jour. te principe est commun àtoutes les rentes.
La détention du fonds immobilier, ou du capital
,
aliéné. (1) donne à l'acquéreur le moyen de s'en ap-
proprier chaque jour les fruits naturels ou civils, et
la rente est, comme nous l'avons vuau n° 12, l'équi-
valent de ces fruits. Il s'ensuit que, lorsque leterme
du paiement arrive, le débiteur se trouve nanti
d'avance de ce qui revient au créancier de la rente.
C'est pourquoi on appelle arrérages ce que le débi-
teur paie au terme échu. La partie des revenus qui
est due civilement(par l'effet du contrat) au créancier
de la rente, s'est arriérée, dans les mains du débiteur,
au profit du créancier.
21. Mais, d'ailleurs, la rente foncière est encore-
aujourd'hui très-différente des rentes- constituées à
-

prix d'argent (2). Cette dernière's'établit par l'alié-


nation d'un capital (art.1909") 5 là première, par
l'aliénation d'un immeuble (3). Pothlerallègue
c y ,'-

(1) Voyez le numéro suivant.


(2) M. Toullier, t. ni, n° ai, et M. Duranton, t. iv, n°* lq4
et 147, soutiennent qu'aujourd'hui les rentes foncières ne sont
autre chose que des rentes constituées.
(3)Rcpertofre,Y"Rentefôhciëcë, §1, n" 1.
eomme principale différence, que la rente foncière
est due par l'héritage, tandis que la rente constituée,
quoique assignée spécialement sur un immeuble, est,
pour le capital et les arrérages, une dette personnelle
de celui qui l'aconstituée; que, par suite, la dette
de la rentefoncière ne passe pas aux héritiers en cette
qualité, maisseulement à celui qui succède à l'héritage
chargé de la rente (sauf les arrérages qui ont couru

;
jusqu'à la mort du détenteur, et qui forment une dette
personnelle) qu'au contraire la rente constituée est,
pour le capital et les arrérages, due par tous les héri-
;
tiers, chacun pour sa part et portion. Ces deux diffé-
rences n'existent plus il n'en reste aucune trace,
sinon que la rente foncière affecte, de droit et par pri-
vilége, l'immeuble dont l'aliénation l'a fait établir,
tandis que la rente constituée n'affecte le fonds que
par convention hypothécaire spéciale.
22* Pothier. parle d'une différence consistant en
ce que les arrérages des rentes, constituées étaient
seuls assujettis à la prescription quinquennale. Au-
jourd'hui, suivant l'art.2277,lamême prescription
lieupour les arrérages des rentes foncières, ainsi
d.-
a
que nous le verrons au n° 210 Pothier fait obser-
ver qu'autrefoislesarrérages des rentes foncières se
prescrivaient
par trente ans, parce qu'ils n'étaientpas
regardés comme défavorables, ainsi que l'étaient les
arrérages des rentes constituées (i). Aujourd'hui on

(i) Pothier., Traité du contrat de constitution, chap.5>


,
art.2 n°2.
,
peut dire que ceux des rentes foncières ont quelque
chose de défavorable parce que notre législation re-
jette généralement tout ce qui forme une charge de
la propriété.
, ,
Une autre différence selon Pothier c'était que
les arrérages des rentes foncières produisaient seuls
des intérêts du jour de la demeure. Aujourd'hui les
arrérages de toutes les rentes perpétuellesouviagères
produisent intérêts du jour de la demande ou de la
convention(art.1155). Les uns et les autres sont
considérés comme une dette principale.

§v. Différence des rentes foncières et des rentes cons-


tituées, à l'égard de la faculté de rachat.

23. C'était encore, suivant Pothier, une des prin-


cipales différences entre les rentes foncières et les
rentes constituées à prix d'argent, que celles-ci étaient
rachetables à perpétuité, tandis que les rentes fon-
cières ne l'étaient pas. INous avons déjà vuy au cha-
pitre préliminaire, que cette différence n'existe plus
aujourd'hui (art. a50 et 1911). Cependant les deux
rentes diffèrent encore par rapport au délai, pendant
lequel elles pourront être stipulées irrachetables
;
(art. 530, § 5, et 1911, § 2.) elles diffèrent aussi
en ce qui concerne la résolution du contrat pour cause
d'inexécution des obligations du débiteur, l'art.1912
n'étant pas applicable aux rentes foncières (i).

(i) Voyez ci-après n° 4o et suivans.


24. L'objet de ce numéro et des suivans, jusqu'au
ne 50 inclusivement, n'a plus qu'un intérêt histo-
rique; nous nous bornerons à présenter une esquisse
rapide.
Le principe que les rentes foncières n'étaient pas
rachetables, avait cependant reçu une atteinte pour
cause d'utilité publique, à l'égard des rentes dont les
maisons de ville étaient chargées. L'ordonnance de
Charles vu, de 1441, art.18, en avait ainsi disposé
pour les rentes dues sur les maisons de la ville et des
faubourgs de Paris. Suivant le préambule de cette
ordonnance, on voulait éviter que les propriétaires de
ces maisons, chargées de plusieurs rentes qui en ab-
sorbaient le revenu, les laissassent tomber en ruine.
Henri 11, par son ordonnance du mois de mai1555,
art. 1, et par une déclaration du dernier février sui-
vant, a étendu ce privilège, et l'a accordé à toutes
les villes du royaume.
25. La coutume réformée de Paris, art. 12, en
:
permettant le rachat des rentes créées par le bail des
maisons de Paris, ajoute la restriction Si elles ne
sont les premièresaprès le cens et fonds de terre. La
coutume d'Orléans, art. 270, contenait la même
clause. Ces dispositions avaient été formées sur la
jurisprudence qui avait apporté une exception à l'édit
de Henri n, en faveur des rentes créées les pre-
mières après le cens, que l'on jugeait n'être pas ra-
chetables.
26. Les autres coutumes étaient muettes sur cette
matière, et on ajugé que, dans leur ressort, il fallait
absolument s'en tenir aux ordonnances.
**27. Dans le ressort des coutumes de Paris et d'Or-
léans, le rachat de la première rente, reçu volontai-
rement par le créancier, ne rendait pas la seconde
irrachetable, quoique par la elle devînt la première.
Il fallait considérer le temps de la création de cette

rente. j«rVI fer' ai
28. La permission du rachat ayant été fondée sur
1

une raison d'intérêt public, elle était imprescriptible,


et il n'y pouvait être dérogé par la convention des
particuliers.
29. Sur quel pied ces rentes étaient-elles racheta-
?
bles Henri n avait ordonné que ce serait sur le pied
du denier vingt. Les coutumes de Paris et d'Orléans
Í
avaient disposé dans les mêmes termes, quant au ra-
chat des rentes créées par legs sur les maisons de ces
villes, et on tenait en principe qu'il en était de même
: pour les rentes créées par le bail. La jurisprudence a
continué jusqu'à présent, dit Pothier, de permettre
le rachat de ces rentes sur le pied du denier vingt ,
t
: -*
quoique le prix des rentes, comme detous les autres
biens, soit considérablement augmenté le bailleur,
en les créant, a dû compter là-dessus.
Cependant on pourrait valablement convenir, par
le bail, que la rente serait rachetable d'une plus
f grosse somme, par exemple, du denier vingt-cinq ou
- trente, l'esprit de la loi n'ayant été que d'empêcher
que ces rentes ne pussent absolument être rachetées.
50. Les rentes foncières dues à l'église, quoique
sur des maisons de ville,n'étaient pas sujettes au
rachat, suivant une déclaration de Charles îx, du
dernier août 1566, etsuivant l'édit de1606,art.20.
Mais il a été jugé que ce privilège ne s'étendait pas
aux ressorts des coutumes de Paris et d'Orléans,
parce queles gens d'église avaient comparu à la ré-
formation de ces coutumes, et ne s'étaient pas opposés
à la disposition qui permettait le rachat.
La matière du rachat fera l'objet d'une partie
spéciale du présent Traité.

ARTICLE III.

Du consentement.

31. Il est de l'essence du contrat à rente, de même


que de tous les autres contrats, que le consentement des
parties intervienne sur les choses qui en font l'objet,
c'est-à-dire sur l'immeuble à céder à charge de rente,
et sur la rente stipulée par le cédant et à la prestation
de laquelle l'acquéreur consent de s'obliger.
Il doit aussi intervenir sur le contrat même que les
;
parties entendent faire c'est-à-dire qu'il faut que le
cédant et l'acquéreur entendent l'un et l'autre faire
un contrat à rente. Si le cédant n'entendait faire
qu'un bail à loyer ou à ferme, et que l'autre partie
entendît prendre l'héritage à titre d'arrentement,
aut vice versiÎ, le contrat serait nul, faute de con-
sentement (1).

(1) Pothier, de la Vente, part. 1, sect. a, art. 3.


CHAPITRE III.

J)es obligationsquinaissent du contrat à rente.

ARTICLE PREMIER.

Des obligations du cédant.

32. L'ALIÉNATION qui se à


fait par le contrat rente,

,
étant de la même nature que celle qui est l'effet du
contrat de vente le cédant est tenu de toutes les
obligations dont le vendeur se trouve chargé. Ainsi,
par identité de motifs, l'art. 1602 est applicable
contre le cédant. L'obligation de ce dernier ren-
ferme celle de la délivrance (art. 1604 et suivans);
s'il y a indication de la contenance, l'acquéreur est
réputé y avoir proportionné la rente, et on peut ap-
pliquer les articles 1616 et suivans, dans les cas qui
le
s'y trouvent prévus. De même cédant est tenu à la
garantie des évictions et à celle des charges réelles
non déclarées par le contrat (art. 1626 à 1640). En
cas d'éviction, il ne peut être question de la restitution
du prix, parce qu'il n'a pas été payé,mais la garantie
comprend tala restitution des fruits, si l'acquéreur
à fente a été obligé d'en rendre au propriétaire qui
révince (1)5 2° tous les frais (art. 1650. 3° et 4°)y
5° les dommages intérêts (2).
Quant à Particle 1655 9 -
il a été jugé que cette
disposition., ainsi que l'indiquent ses termes, ne
concerne pas les intérêts du prix de vente échus
avant que Inaction en éviction n'ait été intentée (5).
En effet, s"il est juste d'accorder à l'acheteur de
bonne foi une garantie pour le capital qui tient lieu
de l'immeuble d'où il court le risque d'être évincé?
ce motif ne peut s'appliquer aux intérêts qui tiennent
lieu des fruits par lui perçus de bonne foi, et qu'il ne
sera jamais obligé de restituer. Le même motif s'ap-
plique à la renté, àcause de l'analogie qui existe entre
elle et les intérêts du prix de vente. Elle représente
également les fruits (4)5 et comme en cas de rente il

(1) Voyez ce que nous avons dit à cet égard au n° 9. Si l'ac-


quéreur n'avait pas payé la rente, les arrérages viendraient en
déduction des fruits qqe le cédant serait obligé de restituer,
puisquec'ieet par cedernier que l'acquéreuravait la jouissance
du fonds.
(2) Le droit de propriété que l'acquéreur obtient par l'ar-
rentemèrit, lui donne le droit de profiler de la chose, et l'oc-
casion d'y faire des améliorations. L'éviction le prive de ce
droit et même des améliorations. C'est le cédant qui est la
^jausede ce dommage.
(5) Arrêts de la cour de Turin du 5 juillet 1808 et 18 jan-
vier 1811. S. 1812, 11, 281 et377; arrêt de la cour de Rouen
du 11 mai 1842; Journal du Palais, t, 34, p. 425.
(4) Voyez le n° 12.
n'est pas question d'un prix exigible, nous conclu.
rons que l'art.1653 ne s'applique pas à ce contrat
55. Pothier parle en cet endroit de différentes
obligations du vendeur dans le for de la conscience,

,
et qu'il entend rendre communes au cédant à rente.
Nous nous bornons à faire observer que selon nos
lois, le contrat à rente doit, comme tous les autres
t.
contrats, être exécuté de bonne foi (art. t.54).,.
L'action en rescision pour cause de lésion de plus
des sept douzièmes, à laquelle Pothier fait aussi allu-
sion dans ce numéro, ne saurait avoir lieu en matière
d'arrentemenl. On pourrait dire qu'il y a un prix sur
lequel on peut établir le calcul de la lésion. En effet,

cas, 4
;
dans le premier des quatre cas qu'énonce l'art. 530,
il,y a un prix expressément stipulé dans les autres
parties peuvent avoir fixé le capital du rachat
qui forme le prix de l'immeuble, et, à défaut de cette
fixation, le denier vingt de la rente représente ce
prix. Mais nous ferons observer que l'action en res-
cision pour cause de lésion n'a été accordée que par
le motif quesouvent un acquéreur avide abuse de la
misère et de la triste situation de son vendeur (i),
et
que ce motif ne saurait s'appliquer qu'au cas d'une
véritable vente suivie du paiement du prix5 tandis
que celui qui cède un immeuble à charge de rente,
ou qui convertit en rente le prix de vente d'un im-

(i) Pothier,DelàVente, n°' 331 et suiv. W-pvrtoire, Y° Lé-


sion, § i. Exposé des motifs du titre de la rente, paritt.
Vortalis (S.1807,11,545). -i
)«J ,-li-
meuble,indique par là qu'il n'est pas dans un besoin
momentané. D'ailleurs, il s'agit d'une action extraor-
dinaire, introduite par des motifs d'équité, et con-
trairement aux principes originaires des contrats (1)z
on ne saurait donc l'étendre ultra litteram. -
34. H y a aussi des obligations du cédant à rente
qui naissent des différentes clauses qui s'insèrent
quelquefois dans les contrats d'arrentement, et dont
nous parlerons au chapitre suivant.

ARTICLE ir. -

Des obligations de l'acquéreur.

55. Les obligations de l'acquéreurqui naissent de-


la-nature du contrat sont celles de payer les arrérages
delarente, deconsërrer«td'entretenir en bon état
;
l'héritage pour la sûreté de la rente et, lorsque la
rente n'est pas à perpétuité, de rendre l'héritage en
bon état à la fin du contr-ati
.-
fi y a encore d'autres obligations de l'acquéreur
qui naissent de la bonne foi, et des clauses particir-
lières de l'arremrtement, -

S i. De Vobligation de payer la rente.

-
-

36. La principale obligation ijue l'acquéreur con,


1., v
(1) Motifs, ibidem. Pothier, De la Vente, n" 535.
tracte par l'arrenteraeut, est celle de payer la rente
au cédant de l'immeuble ou-à celui qui sera à ses
droits.
Ce paiement se fait ordinairementau domicile du
y
débiteur s'il n'en a pas été autrement convenu par le
contrat. Dans le premier cas, on appelle la rente
quérable; dans le second, elle prend le nom de
rente portable (1).
Anciennement déjà, dans la majeure partie de la
France, les rentes foncières étaientquérables (2).
Aujourd'hui c'est la règlegénérale, aux termes de
l'art. 1247 du Code civil, à moins d'une stipulation
contraire.
La rente commence à courir du jour du contrat,
parce que -dès lors l'acquéreur a la faculté de disposer
des fruits et revenus, dont la rente forme l'équiva-
lent. Cependant les parties peuvent convenir d'un
autre point de départ (art. 4652).
Le débiteur de la rente doit aussi les intérêts des

l'avons déjà remarqué au n"


sommes dues pour les arrérages de larente, dujour
de la demande ou de la convention y comme nous

36. a. Le débiteur de la rente peut retenir au


créancier Ip cinquième des arrérages, comme équi-
1

valent de la contribution foncière, à moins que le

(1) Loi du 18, 29 décembre 1790, tit. 3, art. 12. Voyez


ci-après n* 194. o.

droit, mêmemot, S i,
(2) Répertoire, V° Rente foncière,S n" 6; Questions de
2.
contrat ne porte la clause de non retenue. Art. 6
et 9 du titre 2 de la loi du 25 novembre, 1 dé-
cembre 1790; loi du 7, iOjuin 1791, art. 1 et35

;
loi du 30 juillet, 2 août 1792, art. 2 et 35 loi du
3 août 1793 loi du 23 nivose an III (12 jan-
t
vier 79a); loi du 15 pluviôse anv(3 fév.r 1797),
art.45loi du 5 frimaire anVil(25 novembre 1798),.
art. 98 et suivans (1).
Il suit des principes que nous avons exposés au
n° 1, que les emphytéoses perpétuelles et les baux à
locaterié perpétuelle sont compris dans les mêmes
dispositions. Quant aux emphytéoses, un avis du
conseil d'état du 21 janvier, 2 février 1809 (a), le
porte expressément; et un arrêtde la cour de cas-
sation du 2 ventose an xi (3) avait déjàantérieure-
ment décidé en ce sens» Pour ce qui concerne le bail
à locaterie perpétuelle, on trouve dans le Recueil
de M. Sirey un arrêt de cassation du 14 ventôse
an v (4), qui, selon la rubrique, aurait décidé que

(1) La loi du7, 10 juin 1791, avait fixé cette retenue au


cinquième; celle du 3o juillet 1792 l'avait élevée au quart ;
au cinquième,
les lois des 25 nivose an III et 15 pluviôse an v, l'ont réduite
et cette disposition a-conservé sa vigueur. La
même disposition se trouve dans l'art. 55 du décret du 9 dé-
cembre 1811, relatif aux départemensanséatiques, et dans
l'art. 18 de celui tlu 1 mars 1-813, relatif aux départemens de
Rome et du Trasimène.

,
(2) S. 1809, 11, 69, et Répertoire, VaContributions pu-
bliques S5.
(3) S. t.--3, 1, 2411 Répert. ibid. -

t.
(4)S. 1,1,100.
cette redevance n'était pas susceptible de la retenue5
mais cette rubrique est erronée, ainsi que l'on peut
s'en convaincre par la lecture de l'arrêt qui porte
seulement que l'arrêt cassé avait fait une fausse ap-
plication des lois sur la retenue, en considérant le
contrat comme un titre féodal.
Aux termes des lois citées, il n'y a aucune dis-
tinction à faire à cet égard entre les rentes dues en
arçeMt, et celles dues en nature de grains, denrées,
fruits om bestiaux.
La contribution foncière ne peut être regardée
comme ayant son principe dans un droit de copro-
priété du souverain sur les biens fonds ou sur le
produit des biens des citoyens (1). L'impôt foncier
5
est un effet du droit de souveraineté l'assiette en
cstréglée chaque année par le pouvoir législatif, en
proportion des revenus ou du produit net (2). On
peut dire qu'une portion des fruits du fonds est af-
fectée 'à l'impôt foncier, ou que cet impôt est une
délibation à prendre sur les revenus (3), parce
que tous les priviléges du trésor public pour le re-
couvrement de cette contribution ne portent que sur
les fruits (4). Ainsi ceux qui, soit directement, soit
indirectement, ont droit aux fruits d'un immeuble,

(1) M. Portalis, Exposé des motifs du titre de la propriété


-du Code civil. S. 1807, 119 448 et suiv.
3
(2) Loi du frimaire an vu (23 novembre 1798), art. 1 2,
3,4>5,-6et;7.
(3) M. Proudhon, De l'usufruit, etc., t. 4, n° 1836, p. 260.
(4) Loi du 12 novembre 1808.
de cet émolument :
se trouvent privés, au profit de l'état, d'une partie
d'où il suit que le créancier de
la rente doit souffrir la retenue dont il s'agit. Le
propriétaire du fonds est seul cotisé par l'adminis-
tration (art. 97 de la loi du 5 frimaire an vu), pour
tout le revenu imposable (1)5 de cette manière, il

:
paie aussi la part qui est à la charge du créancier de
la rente ce paiement, il le fait, pour nous servir des
expressions de M. Merlin (2), comme negotiorum
gestor, et par conséquent il est autorisé à s'indem-
niser par la retenue sur la rente. La loi a fixé cette
retenue in globo à un cinquième de la rente, pour
prévenir des comptes et contestations.
Autrefois le principe de l'impôt foncier était le
même (3); mais la retenue, déjà autorisée par l'édit
du mois de mai1749, dont nous parlerons à l'ins-
tant, avait son motif dans la copropriété du fonds
5
que le bailleur s'était réservée il en résultait pour
lui l'obligation de payer l'impôt de sa portion du
fonds.

(1) Autrefois, dans plusieurs pays, le détenteur de l'im-


meuble arrenté était cotisé pour une partie de la contribution
foncière, et le créancier de la rente pour le reste. Cette consé-
par l'effet du changement dans la nature des rentes ;
quence du démembrement de la propriété du fonds a dû cesser

charges de la propriété doivent peser entièrement sur celui


les

qui la possède pleine et entière. C'est aussi la disposition de


l'art. 97 de la loi du 5 frimaire an VII.
(2) Questions de droit, Y° Contribution foncière, à2y
p. 74 (3e édition).
(3) M. Portalis, ibidem.
Les dispositions des lois ci-dessus sont, dans l'an-
cienne France, le renouvellement de celles de l'édit
de 1749, qui établissait la même retenue de l'impo-
sition du vingtième (i). Lart. 98 de la loi de l'an yn,

créées avant la loi des 20, 22 ,


porte que « les. débiteurs de rentes. foncières
25 novembre,
1 décembre 1790, et qui étaient autorisés à faire la
retenue des impositions alors existantes, feront la
retenue »
L'art. 99 s'applique plus particulièrement aux
pays alors réunis. « Ils feront, dit-il, aussi la re-
tenue. sur les rentes foncières non supprimées.
dont la création est antérieure à la loi de. 1790,
qaoique non autorisés IL la fairepar les ancienneslois
ou usages.-» Cet. effet rétroactif se trouve, cependarçt,

:
en quelque sorte tempéré par la disposition finale du
même article « Sans préjudice néanmoins à l'exé-
y
cution des baux à rentes fails sous la condition ex-
presse de la non-retenue des impositions publiques,
ou avec toute autre clause de laquelle résulte la vo-
lonté conventionnelle des parties, que les contribu-
tions publiques soient à la charge du preneur, en sus
de la rente ou prestation. »
Cette clause de non-retenue fera l'olyet-du n° 66.
56. b.. Suivant Pothier, le détenteur de l'héritage
était tenu dejustifier d'avoir payé pour ses contribu-
tions une somme égale à la retenue;mais il n'était
pas nécessaire qu'il eût payé cette somme précisément

(2) Répertoire, VO Vingtième.


pour l'héritage chargé de la rente5 car, dit l'auteul.,
tant qu'il possède cet héritage, il est débiteur, sur
tous ses biens, de la rente.
Aujourd'hui le texte de la loi ne requiertpas cette
justification. Cependant, il ne résulte aussi du texte
aucune dérogation expresse à cet ancien principe
fondésur la nature des choses. En effet, retenir la
contribution, c'est se rembourser par ses propres
mains de ce qu'on a payé à titre de contribution il
faut donc que l'on soit soumis à la contribution pour
:
pouvoir la retenir. Suivant l'article 1 de la loi des 7,
10juin1791, de même que d'après les termes exprès
des lois postérieures, c'est à raison de la contribution

:
foncière que les débiteurs des rentes sont autorisés à

:
la retenue et de quelle contribution foncière? Sans
,doute de celle qu'ils supportent eux-mêmes autre-
ment la phrase n'aurait point de sens. Tenons donc
pour constant que le débiteur de la rente doit rap-
porter la preuve qu'il est lui-même soumis à la con-
tribution (1). Si le débiteur de la rente ne possède
pas l'immeuble, qui se trouve entre les mains d'un

,
tiers détenteur, il doit cependant, par identité de
motifs faire la mêmejustification à l'égard de ce
dernier. — On ne requiert pas précisément la preuve
que l'immeuble chargé de la rente est imposé au rôle

(1) La cour de cassation a décidé en ce sens, quant à la re-


tenue pour rentes constituées. Arrêts du 2 frimaire an ix et du
-29 germinal an x; Questions de droit, Vo Contribution fon-
cière, S 2.
:
des contributions il y a présomption pour la ré-
gularité de la répartition administrative.

:
Au reste, le créancier de la rente a intérêt à ce
que cette justification soit faite la loi du 12 no-
vembre1808 établit un privilège pour la contribua
tion foncière de l'année échue et del'annéecourante
sur les récoltes, fruits, loyers et revenus des biens-
immeublessujets à la contribution. Donc,si le
débi-

, ,
teur ou détenteur n'a pas payé la contribution pour
la présente année le trésorpeut encore pendant
l'année suivante, exercer son privilège pour l'année
alors échue, sur tous les fruits pendants par racines,
et le créancier de larente a juste sujet de craindre
d'être privé de toutou partie de la rente de l'année,
parce qu'elle doit être servie au moyen des fruits de
l'immeuble.
36. c. Lorsque le débiteur d'une rente foncière
sujette à la retenue a négligé d'exercer ce droit pen-
dant plusieursannées, il peut répéter ce qu'il a payé.
M. Merlin, dans un réquisitoire du 25 brumaire
an ix (i), a soutenu l'opinion contraire, mais dans
une espèce régie par le droit romain, et en consé-

:
quence par la loi 10, C. dejuris et facti ignorantia,
qui porte Si quis jus ignorans debitam. pecuniam
solverit, cessat repetitio. Aujourd'huila-disposition
et
générale des articles 1235 1377 embrasse l'erreur
de droitcomme l'erreur de fait (2).

(1) Questions de droit, Vo Contribution foncière, S 1.


(2) M. Favard, Répertoire, Y0 Retenue, n° 8. M. TouIlær,-
t. Xl, sur l'art. J37.7..
56. d. A l'occasion de laretenue pour contribu-
tion, nous traiterons encore une question en quelque
sorte analogue. Dans les pays d'origine allemande,
il est quelquefois d'usage que les débiteurs des rentes
de part-raisins soient dispensés de les livrer dans l'an-
née où ils mettent le fumier dans les vignes, ce qui
arrive régulièrement tous les sept ans. Cet usage ne
pouvait, même sous l'ancienne législation, être re-
gardé comme un droit appartenant au détenteur du
fonds, en vertu du contrat d'arrentement ou d'em-
phytéose. Il ne formait qu'une concession bénévole
de la part du créancier de la rente, qui, comme co-
propriétaire du fonds, pouvait trouver convenable
de contribuer aux frais de l'amélioration de ce fonds;
et sans le consentement du créancier,cettedéduction
:
ne pouvait avoir lieu car, suivant les principes du
droit romain (1), de même que suivant ceux du droit
général de l'Allemagne(2), le débiteur de la rente
était obligé, par la nature du contrat, d'entretenir
le fonds en bon père de famille. - Aujourd'hui cet
usage ne peut plus de même avoir lieu sans le con-
sentement du créancier. Le possesseur du fonds en a
acquis la propriété pleine et entière, et le créancier
n'a conservé qu'une créance qui affecte le fonds par
privilège. Or la règle, c'est que le propriétaire pour-
voit seul à tout ce qui est nécessaire ou utile à la
production des récoltes et fruits. De même qu'onne
-

(1) M. Thibaut, Système des Pandectes, S 632.


(2) M. Mittermaier, SS. 158et suivans, et g436.
à
saurait obliger le créancier hypothécaire renoncer
aux intérêts durant les années où le débiteur met du
fumier dans le terrain hypothéqué, de même cette
renonciation ne peut être exigée auj ourd'hui du créan-
cier de la rente.
37. Pothier établit dans ce numéro l'application,
en matière d'arrentement, du principe consacré au-
jourd'hui par l'art. 1653 du Code civil. Nous avons
déjàeu l'occasion d'en parler au n° 32.
38. Anciennement, l'obligation de payer la rente
ne durait ordinairement, s'il n'y avait clause con-
traire, que tant que le preneur possédait l'héritage
sujet à la rente. L'héritage était regardé comme
débiteur principal, et l'obligation accessoire du pos-
sesseur ne dérivait que de la jouissance des fruitsy
dont la rente formait l'équivalent. Ces fruits étant
entrés dans le patrimoine du redevable, il était tenu
personnellement du service de la rente pendant le
temps qu'il possédait l'héritage. Comme cette obli-
gation personnelle n'était qu'une suite de la déten-
tiony le possesseur pouvait s'en décharger, pour
l'avenir, par l'aliénation ou par le déguerpissement
de l'héritage. Mais, dans ces deux cas, le débiteur
était tenu de satisfaire, pour le passé, à tout ce à
quoi il était obligé personnellement, soit par rapport
au paiement des arrérages, soit par rapport à l'obli-
gation d'entretenir ou d'améliorerl'héritage. Enfin,
l'obligation de servir la rente passait de droit sur la
tête du nouvel acquéreur de l'héritage, parce qu'elle
était une charge de la propriété.
Aujourd'hui il en est autrement ; le fonds n'est
plus le débiteur principal de la rente, etcelle-ci n'est
plus une charge de la propriété. La rente établie par
acte passé depuis 1789 et 1790, est duepersonnel-
lement par l'acquéreur et ses héritiers, parce qu'elle
est l'équivalent ou le prix de l'aliénation pleine et
entière d'un immeuble; elle n'affecte le fonds. que
par hypothèque privilégiée et pour la sûreté de L'o-
bligation personnelle. Cette obligation existe sans
égard à la détention de l'héritage, et le débiteur
ne peut, ni par l'aliénation du fonds, ni par le
déguerpissement (1), se décharger pour l'avenir -
de cette obligation. Le nouvel acquéreur n'y est
pas tenu de droit, mais seulement par l'effet d'une
;
stipulation (2) et visa-vis du créancier, l'ancien débi-
teur reste obligé jusqu'à la novation. Il s'ensuit, ainsi
que l'a décidé la cour de cassation, le 8 novem-

,
bre 1824 (3), que les héritiers du donateur d'un
fonds grevé d'une rente dont le donatairen'avait
pas été expressément chargé, poursuivis au paiement
des arrérages, ne peuvent exercer de garantie contre
le donataire, 'et qu'ils sont au contraire obligés de
garantir ce dernier des suites de toute action hypor
thécaire (4).

(1) Voyez ci-après n° 122 a.


(2) Voyez n° 84.
(3)S.1825, i,1. -
(4) Dans la partie du grand-duché de Hesse, située sur la
rive gauche du Rhin, et régie encore par les lois françaises,

,
une ordonnance Spéciale, relative aux rentes dues au fisc ou à
ses cessionnaires dispose que la détention du fonds emporte
Il s'ensuit encore que l'obligation personnelle du
débiteur primitif reste intacte, que le nouvel acqué-
reur ait ou non purgé l'immeuble acquis.
Quant aux rentes antérieures à 1789 et 1790,
il faut se rappeler qu'autrefois la rente représentait
une portion de la propriété du fonds, le bailleur
s'étant réservé cette portion dans le contrat d'arren-
tement; et il est certain que si, avant 1789, le
bailleur avait, après l'arrentement, aliéné au preneur
eette portion primitivement réservée, le bailleur
n'aurait plus conservé son droit d'exiger la rente,
puisque, par cette seconde aliénation, il se serait
dessaisi de ce qui constituait la rente. Nous avons
vu, au § 5 du Chapitre préliminaire, et l'arrêt du
8 novembre 1824 en fait encore foi, que les lois
de 1789 et 1790 ont changé les droits des deux
la
parties^ que le créancier a perdu, par seule force
de la loi, la portion de propriété qu'il s'était réservée
dansl'arrentement, et que cette portion a été acquise
par le débiteur qui, par là, est devenu propriétaire
de tout l'immeuble. En privant le bailleur ou créan-

;
cier de cette portion de propriété, la loi lui ôtait tous
ses droits antérieurs et cette privation, purement
et simplement pDononcée, aurait entraîné l'extinc-
tion pleine et entière de toutes les rentes foncières

,
l'obligation personnelle de servir la rente lorsque le créan-
cier a pris inscription en temps utile. Nous relèverons, dans
une note apposée au n° 92 ci-après,les différens points dans
lesquels cette ordonnance s'écarte du droit commun.
alors existantes. Maïs la loi, en même temps qu'elle
prononçoit cette privation, imposait au débiteur
l'obligation de faire le rachatpour éteindre la rente :
par là le législateur a indiqué que l'acquisition
faite par le débiteur n'était pas gratuite (ainsi que
l'était l'abolition des rentes féodales),' mais que le
débiteur devait donnerun équivalent de cette ac-
quisition. Cet équivalent ne pouvait consister que
dans la continuation du service de la rente, puisque
par là le créancier obtenaitd'un côté ce qu'il avait
perdu de l'autre, c'est-à-dire un véritable équivalent.
Par conséquent, l'ancienne rente continue d'être
servie in eadernquantitate, mais elle n'est plus due,
i ;
à dater des lois de 1789 et 790, £xantiipia causa,
par l'effet du contrat d'arrentement primitif elle
9
est due ex nova causa comme équivalent de la
portion que le créancier s'était réservée dans la pro-
priété du fonds, ou, si l'on veut, comme équivalent
de l'ancienne reste. La nouvelle obligation 'que les
lois de 1789 et 1790 imposent au débiteur, est

:
personnelle, comme formant le prix d'une acquisi-
tion de .propriété par lui faite là loi ne disposant
pasque cette acquisition entraînera uniquement une
obligation du fonds autrefois sujet à la rente, il
faut s'en tenir à la règle, suivant laquelle les obli-
gations sont personnelles.
Nous avons jugé indispensable d'entrer dans ces
détails, parce que la seule idée de la transformation
du droit à la rente en une créancemobilière ne nous

,
semble pas suffire pour expliquer les deux effetsprin-
cipaux et généralement reconnus9 du changement
:
de la nature des rentes, savoir l'obligation person-
nelle du débiteur de la rente en 1789 (arrêt du 8
novembre1824) 7 et l'existence du privilège dont
e.
nous parlerons au n° 91. Unecréance mobilière
peut aussi ne frapper que le détenteur du fonds, et
3
seulement à cause de cette détention cette créance
ne jouit pas nécessairement d'un privilège (1). Il

(i) M. Merlin, dont l'autorité est ordinairement d'un grand -


poids-à nos yeux, dit en passant, dans son réquisitoire du 15
i,
février 1815 (Répert. VoDomicile élu, S dans les additions,
t. i5, p. 208), que «c'est une étrange idée que celle de sou-
tenir que la mobilisation des rentes foncières a changé la nature
de l'obligation du possesseur du fonds, en ce sens que ce pos-
sesseur, qui jusqu'alors n'avait été obligé àla rente que réelle-
ment, yeût été devenu obligé personnellement. Par l'effet de
la mobilisation, dit M. Merlin, les rentes foncières ont cessé
d'être des droits DANS les héritages qui en étaient grevés, et
elles ont pris le caractère de simples dettes personnelles hypo-
théquées sua ces héritages; mais le tiers-possesseur d'un héri-
tage hypothéqué à une dette personnelle, est-il, par sa seule
qualité de tiers-possesseur, obligé personnellement à cette
dette? Il est évident que non, et la preuve en est qu'il peut se
libérer de cette dette parle délaissement de l'héritage même.»
- Sans contester ce que dit M. Merlin., nous ferons observer
qu'il ne détruit pas notre argument, et que son exemple est
mal choisi. Dans l'espèce qui faisait la matière du réquisitoire,
le possesseur du fonds n'était pas un véritable tiers-détenteur
(article 2172), mais il était le possesseur de 1790, lequel,
par conséquent, avait acquis, par la force de la loi, la partie

;
de la, propriété du fonds, qui jusqu'alors appartenait au créan-
cier d'où il suivait qu'il en devait un équivalent, et cela par
obligation personnelle; au contraire9 le simple tiers détenteur
reste donc démontré qu'au moment de la publi-
cation des lois de 1789 et 1790, le détenteur du
fonds grevé d'une rente en est devenu le débiteur
personnel, sans pouvoir.se décharger de cette obliga-

;
tion par la vente du fonds. Cependant, nous avons vu
juger le contraire une cour (î) a débouté le créancier
de l'action personnelle intentée contre celui qui avait
été le propriétaire du fonds au moment de la publica-
tion des lois de 1789 et 1790, et qui depuis l'avait
-
vendu franc et quitte. Toutefois ce n'est que du dé-
tenteur, au moment de la publication des nouvelles
lois, que nous avons entendu parler; et nous ne sou-
tiendrons pas qu'aujourd'hui tout détenteur d'un
fondsarrenté est, par l'effet seul de cette détention,
tenu personnellement au service de la rente. Le
détenteur qui n'est pas celui de 1789, ni un acqué-
reur à rente postérieur, ni l'héritier de l'un ou de
l'autre, n'est tenu de la rente qu'hypothécairement,
ainsi que nous le ferons voir par la suite (2).

d'un héritage hypothéqué à une dette , n'a rien acquis, et il


est admis au délaissement. Voyez n° 122. c.
(1) L'ancienne cour de Trêves.
(2)Laloidu 18 juin, 6juillet 1792, a aboli, quant aux rentes
anciennes, les droits de lods et ventes dus par le nouvel acqué-
reur d'un héritage arrenté, à moins de preuve d'une origine
purement foncière.
Dans les quatre départemens de la rive gauche du Rhin
l'art. 1 du décret du 9 vendémiaire an xm a maintenu l'obli-
,
gation de l'acquéreur de payer au créancier les droits de lods
aux mutations, appelés en Allemagne Laudemium, Handlohn,
58. a. Après le décès du débiteur principal de la
rente, la dette des arrérages échus, ainsi que le ser-
vice de la rente même (à moins qu'elle ne consiste
dans la livraison d'un objet indivisible, art. 122 y i)
se divise pro rata entre les héritiers 5
mais celui au lot
duquel échoit le bien grevé de la rente, est obligé

Ehrschatz. Cependant, cet article dispose en même temps que


ces droits.casuels ne sont dus queconformément aux usages et
statuts des pays composant les quatre départemens. Il faut
distinguer, à cet égard, les emphytéoses stipulées dans les
termes du droit romain, des cens.du droit allemand. Aux termes
de la loi 5. Cod. de jure emphyt. l'acquéreur d'un bien de la.
première classe est obligé, à moins de clauses contraires, à
payer le Laudemium. dans tous les cas d'aliénation entre vifs ou
testamentaire, ou en cas de succession hors de la ligne des-
cendante; elle montantduLaudemium est le 5oedenier du prix
d'aliénation, ou de la valeur du bien, s'il n'y a pas de prix
stipulé (M. Thibaut, Système des Pandectes, S 632. Runde
Droit privé de l'Allemagne, S 531 et suiv. M. Miltermaier,
t
,
S443.). A l'égard des biens censitaires allemands, au con-
traire le créancier ne peut exiger le Laudemium qu'en vertu
;
d'une clause expresse du contrat ou d'une loi et on tient pour
règle générale qu'il est 50/odela valeur du bien. Déjà Groene-

,
yegen,de Legibus abrogatis, sur la loi citée du Code Justinien,
et Leyser,MeditationesadPandectas, t. a, p. 401 avaient
soutenu que cette loi ne s'observe--pas en Allemagne (Réper-
,
toire, Vo Rente seigneuriale, § a, n" 6 bis, t. i5 p. G22); et
c'est aujourd'hui l'opinion commune (M. Miltermaier,, 5S 160
-
et 444. ). Dans l'un el l'autre cas, le défaut de paiement du
Laudemiumn'emporte pas la caducité (V. Rundc et M. Milter-
maier aux endroits cités).
Onvoit que leLaudemium romain ou allemand n'estdû qu'à
hypothécairement pour le tout (i)9 sauf son recours
(art. 1221 et 875). De même, l'art. 872 trouve

la mutation du censitaire, tandis que le droit de relief, aboli


par la loi de 1792, était dû aussi à la mutation du propriétaire
de la directe. Cette différence annonce que le Laudemium alle-
mand a pu être regardé comme un droit foncier; il n'emporte
aucun assujétissement personnel.
Autrefois l'obligation de payer ces droits casuels avait son
motif dans la copropriété du créancier de la rente. Le nouveau
détenteur avait acquis une chose qui appartenait en partie à
un autre que celui dont il.la tenait, et ce tiers devaiLaussi

;
profiter de l'aliénation. Cette raison ne peut plus subsister
aujourd'hui et si ces redevances casuelles sont encore des
droits fonciers, ce n'est que parce qu'elles peuvent aussi être
regardées comme un supplément de la rente, payable en forme
d'avance, et qui, comme la rente, forme un droit inhérent au
fonds. Il ne faut pas perdre de vue que ce droit est soumis à
l'inscription comme la rente même (Voyez ci-après n° 91 q.).
A l'égard des rentes foncières établies sous l'empire des lois
nouvelles, dans les pays où autrefois le Laudemittm pouvait
être exigé, il ne peut plus l'être sans stipulation expresse. Il
n'a été coneervé comme accessoire des anciennes rentes qu'à
canse de l'ancien usage du pays, et pour ne pas donner sans
nécessité un effet rétroactif à la loi. Ces raisons cessent quant
aux rentes nouvelles, parce que les anciens usages sont abolis
par la loi du 3o'ventose an XII. Mais la stipulation expresse de
ces droits de mutation, par forme de supplément de la rente,
ne nous semble pas être défendue. Dans cette forme, ils ne
sont pas contraires à la nature de la rente foncière d'aujour-
dlhui. Aussi l'art. 32 du décret du 9 décembre 181.1 et les
,
art. 2 et 9 du décret du 1 mars 1813, les ont simplement dé-
clarés rachetables, sans les abolir à l'égal d'aulres droits
tels que celui de retour.
(1) M. Grenier, n° j^o.
:
son application en cette matière il ne parle pas
seulement des rentes constituées-.
- 58. b. Sig hors le cas de succession, plusieurs
personnes ont acquis conjointementun fonds à charge
de rente, ou si un fonds déjà grevé d'une rente se
trouve être possédé par plusieurs indivisément, il
faut, pour régler les obligations de ces débiteurs,
établir plusieurs distinctions. L'immeuble a-t-il été
aliéné pour une seule rente et per aversionem
n'y a pas solidarité quant à l'obligation personnelle
il ?
des débiteurs (art. 1202), mais bien quant à l'action

thèque ,
hypothécaire, en ce que l'indivisibilité de l'hypo-
qui subsiste en entier sur chaque portion de
l'immeuble (art.1221,1°, et2114) (thaïesmêmes
effets que la solidarité d'uneobligation personnelle. Si
la rente a été distribuée et répartiesurchaque hectare
de l'héritage arrenté, à tant par hectare, la possession
de chaque détenteur indique la proportion de l'obli-
3
gation personnelle mais l'engagement hypothécaire
reste indivisible ou solidaire. Dans ce second cas,
l'obligation personnelle peut être indivisible, s'il ré-
sulte des intentions des parties exprimées au contrat
d'arrentement qu'on a voulu que le paiement ne fût
pas divisé (art. 1218).L'indivisibilité, dans ce cas,

subséquens, parce que la réserve ,


s'attache à l'obligation de tous les autres détenteurs
faite lors de
l'aliénation, imprime à la rente le caractère d'un droit
réel inhérent à la propriété aliénée (2).

(1) Voyez n° 91 et suivans, et M. Grenier, n08 177 et 178..


(2) Ce principe sera développé au n" gi. k.
Au reste, rien n'empêche de stipuler la solidarité
dé l'obligation personnelle,nonseulement dans les
cas que nous venons d'indiquer, mais encore lorsque
le contrat à rente comprend plusieurs fonds sépares,
et que la rente est établie à tant la mesure. Ces con-
ventions obligent les détenteurs subséquens, par la
raison indiquée ci-dessus (1).
59. De l'obligation de payer la rente,. contractée
par l'acquéreur, naît une action qu'a le créancier
contre celui-ci, nonseulement pour en exiger le paie-
ment, mais même pour rentrer dans l'héritage, à dé-
faut de paiement.
Pothier dit qu'il y a cette différence entre les deux,
actions, que, quant à la première, il suffit qu'il y ait
un terme de paiement de la rente échu, pour que le
créancier puisse, dès le lendemain de l'échéance, en
exiger le paiement, sans que le débiteur puisse ob-
tenir pour cela aucun- délai. La première proposition
doit être également suivie aujourdhui, mais il en

,
(i) Les observations contenues au présent paragraphe s'ap-
pliquent comme on le voit, aux rentes foncières créées sous
l'empire du Code. Nous parlerons ci-après, auxnOS 194. d. et
suivans, de la solidarité des débiteurs sous l'ancienne législa-
tion, et nous expliquerons les dispositions que les lois inter-
médiaires renferment à ce sujet. Les unes et les autres sont
sans application aux rentes nouvelles.
La circonstance que le propriétaire actuel de plusieurs rentes
les aurait acquises du domaine par un seul et unique transfert,,

,
et que même les agens du domaine auraient considéré ces
rentes comme solidaires ne saurait en changer la nature pri-
mitive. (Voyez l'avis du conseil d'état du 14 mars 1808).
fest autrement de la seconde. L'art. 1244permet
aux juges d'accorder des délais de paiement, pour
toutes créances, sans en excepter les arrérages des
sentes foncières. Les cours de Pau et de Bruxelles
avaient établi une autre distinction, savoir que cet
article ne s'appliquerait pas au cas où la créance ré-
sulterait d'un acte public et authentique (1)5 mais les
cours de Bordeaux, d'Aix et d'Agen ont jugé en
sens contraire, et la cour de Pau est également re-
venue sur sa jurisprudence (2).
40. Pothier traite ici de l'autre objet de l'action,
qui est de rentrer dans l'héritage à défaut de paie-
ment de la remte. Le bailleur y était reçu lorsqu'illui
était dû plusieurs termes; mais le juge accordait des
délais au preneur.
Aujourd'hui l'action en résolution du contrat à
rente a également lieu à défaut de paiement. L'ar-
ticle 1184,placé au titre des obligations en général,
devait déjà entraîner cette décision quant aux rentes
foncières créées sous l'empire du Code. Le créancier
n'a aliéné l'immeuble que sous la condition d'une
y
rente l'acquéreur qui néglige de la servir ne remplit
pas la condition du contrat; il ne remplit pas l'obli-
t

(1) Arrêt de Pau du 26 novembre 1807. S. 1812, 11,58o;


de Bruxelles du 18 juin 1812. S. 1815, JI. 232.; c'est aussi
l'opinion de M. Toullier, t. 6, n08659 et 660).
h,
(2) Arrêt de Bordeaux du 28 février 1814. S. 1814, 373;
d'Aix du 17 décembre i8i3. S. 1814, Il7 257;d'Agendu 6 -
décembre 1824. S. 1825, u, 3o6; de Pau du 12 juin 1822.
S. 1822, 11, 3i3.
gation à raison de laquelle il a obtenu la propriété
et, en conséquence, le contrat à rente peut-être re-
gardé comme non avenu. En d'autres termes, le
contrat renferme de sa nature un pacte eommissoire,
même sans stipulation.
Plus spécialement encore, les dispositions du Code
civil, relatives aux clauses résolutoires des contrats

,
de vente (art. 1654 et suiv.) sont applicables aux
,
contrats à rente à cause de l'identité qui existe au-
jourd'hui entre l'aliénation par forme de vente et
celle qui est la,suite du contrat à rente (1).
La mêmedécision est commune aux baux rente, a
baux à champart, bauxemphytéotiques et baux à lo-
caterie perpétuelle qui ont été passés avant le Code
civil. D'abord l'action résolutoire était reçue ancien-
nement, même sans stipulation, suivant Pothier au
y
présent numéro puis, quant aux emphytéoscs, la
loi 2. Cod. dejureemphyt. était expresse à cet égard ;
on ne trouve rien dans les nouvelles lois qui puisse
autoriser à les interpréter en ce sens que l'action en

;
résolution n'aura plus lieu à l'égard des anciennes
rentes au contraire, nous avons vu que ces lois ont
transformé de telle manière la nature des anciens
actes, qu'ils ne diffèrent plus sous aucun rapport des
y
contrats passés sous l'empire du Code et que notam-
ment le débiteur de la rente, possesseur de l'immeuble
au moment de la publication des lois de1789 et
1790,
en est devenu le débiteur personnel (2).

(1) C'est aussi le sentiment de M. Grenier, n° 38o.


(2) M. Merlin, Questions de droit, VDEmphytéose, 53,
La jurisprudence des arrêts est d'accord avec ces

i
principes. Deux arrêts de la cour de cassation, du
16 juin 181 et 11 octobre1814, ont consacré la
résolution d'anciens baux à locaterie perpétuelle (i),
et un autre arrêt de rejet du13décembre 1820,
celle d'une ancienne empliytéose (y). La même dé-

n° 2, et au Répertoire, VO Rente constituée, § 12, art. 5 ,


n° 2, note p. 406, et Vo Effet rétroactif, sect. 3, S 5, art. 5 ,

autre argument, savoir :


00 ii, art. 4 et art. 6, n" 2 (t. 16, p. 260 et suiv.), ajoute un
qu'à l'égard des suites d'un contrat

s'attacher. Cet argument a été sanctionné ,


parfait, c'est à la loi du temps où ces suites ont lieu qu'il faut
quant aux rentes
constituées, par les arrêts de la cour de cassation des 6 juillet

;
et 4 novembre 1812, rapportés ibidem M0 Rente constituée
(S.1812,1,281 i8i3,1,397.), du 12 juillet 1815. Répert.
,
V° Rente de dons et legs, n°2 (S.1813 1,354-) » et du 10
novembre 1818 ibid.VaEffet rétroactif (S.1819, 1, 273.),
par le motif qu'il appartient à la loi de régir les faits qui se
passent sous son empire,, et qu'ainsi il n'y a pas d'effet ré-
troactif dans l'application des dispositions du Code aux rentes
anciennes, quand la demeure du débiteur de remplirses obli-
gations est postérieure à la promulgation du Code. Aussi Cette
cour a formellement décidé la même chose, et par les mêmc:")
motifs, à l'égard d'une rente foncière, dans l'arrêt de rejet du
16 juin 1818 (Questions de droit, à l'endroit cité). Cependant

sidiaire pour la décision de la question présente ,


cet argument nous paraît inutile ou dumoins seulement sub-
parce qu'il
suppose que la nature du contrat originaire n'a pas été changée

solution,
,(t.
parles lois nouvelles.

n°4« j,
(1) Répertoire lO Commise emphytéotique, n° 2. V° lié-
i,
i5,p.649.).S. 181
3^7.J>:147.
Journ.duPalais,1812,1,i85.
(2) M. Favard, Va Emphytéo}e. n° 2.
-cision rendue dans le cas d'une ancienne rente fon-
cière ordinaire se trouve dans l'arrêt de la cour su-
prême du 16 juin 1818 (1), et dans celui de la cour
de Paris du 11 mars 1816 (a).
La cour royale d'Angers a déclaré, le 12juinl816,
résolu faute de paiement un contrat à rente, passé
en 1812, sans que le pacte commissoire y fût sti-
pulé (3).
40. a. Il ne faut pas confondre avec l'action réso-
lutoire deux choses analogues, mais fort différentes.
La première c'est le droit de commise, ou la dé-
chéance de plein droit au préjudice de Femphytéote
-du droit romain, encourue par le défaut de paiement
pendant trois ans, et que l'on prétendait dériverde
la loi 2. C. de jure emphyt; ainsi que de la Novelle 7,
chap. 2, § 5. Ces dispositions n'étaient pas observées
en France en ce sens avant 1789 (4), et ce droit de

(i) Cité ci-dessus.


te)S.1817,ii,1.
(3) S. 1818, 11, 212.
(4) Répert. Vo Commise emphytéotique, n° 1. lien est de
même en Allemagne (Thibaut, §63Z|.). D'ailleurs les cens,
en Allemagne, ne sont pas soumis de droit et sans stipulation
à une action résolutoire (Mittermaier, S 160.), et les principes
énoncés aux articles 1184 et 1654 du Code n'y sont pas reçus.
Les seules emphytéoses du droit romain sont soumises à l'ac-
tion résolutoire pour défaut de paiement. Il s'agit donc de
savoir si, dans les quatre anciens départemens du Rhin, cette
action peut être intentée à l'égard d'un ancien cens, quoique le
contrat ne contienne pas une clause qui s'yréfèrePNous tenons
pourl'affirmative. La publication des lois de 178901 1790,
commise a été expressément aboli par Fart. 7 du
y
titre 1 de la loi du 15 28 mars 1790, ainsi que
5
par l'article du titre 5 de la loi du 18, 25) dé-
cembïe 1790.
La clause portant qu'à défaut de paiement de la.
pedevance, pendant un certain nombre d'années le ?
bailleur pouvait rentrer, de plein droit et sans forme
de procès, dans le bien qu'il abandonnait au preneur
(droit de commise ou de caducité stipulé), n'avait pas
d'effet en France avant le Code civil, les voies de fait
étant prohibées, et le concours de la justice étant né-
cessaire pour donner leur èffet à ces clauses (i). Nous,
verrons par la suite qu'il en est de mêmeaujourd'hui,
suivant Fart. 1656,
y -
40. b. La clause résolutoire sous entendue ou
stipulée dans. les contrats à rente, affecte l'im-
meuble comme un droit réel5 le premier acquéreur
-

n'aobtenu qu'un droit de propriété résoluble (arti-

dans les quatre départemens, a entièrement changé la ça-


ture des anciennes rentes foncières, qui ne forment plus
qu'une créance mobilière due personnellement par celui qui
étaitle.détenteur du bien au moment de cette publication,
j.
une créance affectée au fonds par-privilège une créancé-enfin,
dont la nature est tout-à-fait identique à celle du prix d'une
vente qui a été passée sous l'empire du Code civij. On peut
d'ailleurs invoquer subsidiairement le principe exposé dans la
notesurlen* 4o. -
(1) Plaidoyer de M. Merlin, du 1 thermidof an xi. Ques-
tions dedroit, Vo Emphytéose, §3',i°, page 570. Arrêtde la
cour de cassation, du 14juin i8i4jibidem3 2% p. 5y3." Il en
est dc'mêroedesemphytéoses'enAllemagne (Thibaut, § 6347:
cle1654), et toute aliénationpostérieure se borne
a substituerl'acquéreur aux droits du vendeur
(art. 2182). Il en résulte que la clause résolutoire
suit Pimmeuble en quelque main qu'il parvienne, et
que le créancier de la rente peut poursuivre Inexé-

,
cution de cette clause, non-seulement contre l'ac-
quéreur primitif à charge de rente mais encore
contre tout acquéreur subséquent ou tiers détenteur
de l'immeuble. Arrêt dela cour de cassation, du 16
et
juin1811,citéaun°405 du3décembre1817 1 ( ).
Arrêt de la cour de Paris, du 11 mars 1816, cité
au n° 40. Arrêt de la cour de Limoges, du 19 jan-
vier1824 (2). C'est aussi l'opinion de M. Toullier,
t. 6, n° 429, et de M. Grenier, n° 580.
40 c. Il n'y a pas de distinction à faire, relative-
ment àl'exécution de cette clause, entre le cas ou le
nouvel acquéreur a acquis l'immeuble à charge de la
rente, reconnaissant par là qu'il subissait les con-
ditions de la première aliénation, et entre celui où
il l'a acquis franc et quitte de la rente. Le droit du
créancier n'a pu être anéanti par la convention inter
venue entre des tiers.
40. d. De même, il n'y a pas lieu à distinguer le
cas où le créancier a pris inscription hypothécaire en

(1)S. 1818,1,124*
(2) S. 1826, 11, 183. La même chose a encore été décidée,
pourla vente sim ple, par les arrêts de la cour de cassation,du
2 décembre 1811 (Répcrt. Vo Résolution, n" 411.
15, p. 651),

,
et du 5o avril 1827 (S. 1827,1,273), ainsi par ceux de la cour
de Paris, du 15 novembre 1816 (S. 1817, 11, 209) et du ao jan-
-
';Cl' 1826 (S. 1827,11, 5).
vertu de son privilége (1), et celui où il ne l'a pas
fait, et où, par suite, le nouvel acquéreur par clause
de franc et quitte, aurait purgé l'immeuble. Cette
purge n'empêchera pas l'exécution de la clause réso-
lutoire. Le droit résultant de cette clause se fonde
sur la propriété dont l'aliénation a été subordonnée à
la condition sine quânon, que la rente serait payée.
Ce droit est indépendant du privilège et étranger
aux lois sur le régime hypothécaire 5
il se conserve
indépendamment des formalités établies par ces lois.
La cour de cassation a cassé, le 11octobre 1814,
un arrêt qui avait rejeté l'action en résolution, sous
le prétexte que le créancier n'avait pas pris d'inscrip-
tion hypothécaire (2). Le même principe a été re-
connu par l'arrêt de cette cour, du 5 décembre 1817,

j
cité au n° 40. b.; par celui de la cour de Paris, du
11 mars 1816 et celui de la cour de Limoges, du
19Jjanvier 1824, cités aux n" 40 et 40. b. C'est
aussi l'opinion de M. Toullier, t. 5, n° 112.
40. e. La demande en paiement des arrérages de
la rente, formée soit par action personnelle, soit
par action hypothécaire (3), n'emporte pasrenon-

; (1) Voy. n° go et suivans.


(2) S. 1815,1, 147. M. Favard, Vo Rente, sect. 1, n° 12.

, ,
La même chose a été décidée plusieurs fois en matière de vente.
Arrêt de cassation du 25 novembre1807 (Répert. V. Réso-
lution n° 5), du 2 décembre 1811 (ibid. n° 4, t- 15) ; consi-
dérans d'un arrêtderejet,du15décembre1815(ihid. V°Trans-
cription, S3, t. i5, p. 693). Arrêt de la cour de Paris, du 15
novembre 1816. S. 1817, 11, 209. -
(3) Voyez n° f)o et suivans.
5
ciation à l'action résolutoire car le créancier a droit
d'intenter ces trois actions, et celles qui tendent au
paiement sont véritablement un préliminaire de la
troisième, parce qu'elles constatent d'autant mieux
la nécessité d'en venir à l'action résolutoire. Arrêt
de la cour de Paris, du 11 mars 1816, cité au
n° 40 (1). C'est aussi ce que soutient M. Merlin,
Questions de droit, Vo Option, § 1, nos 1, 2, 5
9 et 10 (2).
,
La cour royale de Caen a même décidé, le 28
juin 1813 (3), que le créancier d'une rente foncière,
bien qu'il se soit présenté à l'ordre pour être colloqué
sur le prix de l'aliénation de l'immeuble, peut de-

(1) L'arrêt de la même cour, du i5novembre 1816(S.1817,


11, 209), et l'arrêt de rejet du 3o avril 1827 (S. 1827, 1, 273),
contiennent la même décision à l'égard d'une vente simple.
(a) Cependant la cour de cassation a rejeté, le 18 juillet 1818
(S. 1819,1, 27), le pourvoi contre un arrêt qui avait reconnu
que le vendeur qui était intervenu dans l'instance de saisie
immobilière sans demander la distraction, et qui s'était pourvu
dans l'ordre pour être colloqué sur le prix de l'adjudication,
avait ainsi approuvé la seconde vente, et s'était rendu non re-
cevable dans sa demande en résolution de la vente par lui
faite. On voit que des circonstances particulières ont motivé
cette décision. Voyez les Questions de droit,ibidn°6.
Un autre arrêt de rejet, du 2 juin 1824 (S. 1825, 1,283),
confirme un arrêt qui avait déclaré levendeur primitif déchu
del'actignen résolution, lorsque, après une seconde vente, il
avait provoqué l'ouverture de l'ordre, s'y était fait colloquer,
avait demandé la résiliation de l'adjudication, et avait enfin
poursuivi la vente sur folle enchère. Voyez M. Grenier, n° 179.
(5) S. 1814,il, 377. Questions de droit, V° Option, 1. S
mander incidemment contre l'adjudicataire la réso-
lution du contrat à rente. Cette décision nous paraît
contraire aux règles de procédure, en ce que lade-
mande en résolution n'est pas un incident de l'ordre,
mais une action tout-à-fait nouvelle.
40. f. Le législateur n'a pas déterminé, quant
aux rentes foncières, le nombre d'années pendant
la clause résolutoire puisse être invoquée ce point
est abandonné à l'arbitrage des juges. L'art, 1912
:
lesquelles le redevable doit être en retard, pour que

contient une disposition expresse à l'égard des rentes


constituées. Il n'est pas inutile d'observer que, mal-
gré l'analogie qui semble exister aujourd'hui entre
les rentes constituées et les rentes foncières on ne
saurait appliquer Part, 1912 littéralement à ces der-
,
,
nières, à cause de la nature toute différente de ces
deux espèces de rentes et notamment parce que le
créancier de la rente foncière peut invoquer l'arti-
cle 1654 (i).

,
(i) M. Jourdan, dans la dissertation dont nous parlerons au
ne 194. b. ci-après soutient que l'art. 1912 est applicable,
dans toutes ses parties, aux rentes foncières; mais cette asser-
tion tombe avec le système de l'identité de ces deux espèces
de rentes, que l'auteur a voulu établir. — M. Duranton, t. 4,
n° 155, tire, des différences qui existent entre elles, une consé-
quence erronée. Il refuse l'action résolutoire dans le cas où la
rente n'a été établie qu'en paiement d'un prix de vente, parce
que,dit-il, l'actiovenditi est éteinte, et qu'il n'y a lieu que
d'appliquer les règles sur les rentes constituées. On trouve la
réfutation complète de ce système dans l'arrêt de la cour de
Paris, du 11 mars 1816 (S. 1817, 11, 1.).
C'estladécision de deux arrêts de rejet des 5
mars 1817 (i), et d'un arrêtde cassation, du 28
juillet 1824 (2)5 d'un arrêt de la cour d'Orléans,
du 10 décembre 1818 (3)5 de la cour de Bourges,
du i2 avril 1824 (4)5 enfin de la cour de Paris,
du 8 janvier1825 (5). -

40.y. Nous avons vu jusqu'ici que, quant à l'exé-


cution de la clause résolutoire en général, il n'y a
pas de différence entre le cas où elle est simplement
sous-entendue, et celui où elle a étéexpressément
stipulée (6). Ces deux cas se distinguent cependant
quant à la procédure. Dans le premier, la concession
d'un délai dépend entièrement de l'arbitrage dujuge
(articles 1184 et 1655), tandis que, dans le second
cas, ce droit du juge peut être restreint d'avance
(art. 1656) : ainsi la clause stipulée peut être exé-
cutée plus strictement que la clause simplement sous-
entendue. -

S'il a été stipulé que, faute de paiement de la


rente pendant un nombre convenu d'années le con- ?
trat sera résolu de plein droit, l'acquéreur ou pos-

,
(1) S. 1818, i, 71. M.Favard, Va Rente, sect. 1 n* 14.
(2) S. 1824,1,35i.
(3) Jurisprudence de la cour royale d'Orléans, parll. Colas
de la Noue, tome 2, n° 855.
(4) S. i$25, il, 254.
(5) S. 1825, n,341*
(6) Voyez M. Grenier, n08379 et 58o. Questions de droit,
i -
V° Option, S i,n- o. M.Persil,Quest.surlespriv., 1. 1,
ch. 5, § 5, l'arrêt du 12 juin 18t6, eité au h* 4o, et l'arrêt de
rejet du 3o avril 1827, cité an n° 490 f.
sesseur de l'héritage peut, tant qu'il n'a pas été sommé
de payer les arrérages échus, échapper, en les payant,
a la résolution de son titre; mais, après une sommation
à laquelle il n'a pas satisfait sur-le-champ, lejuge ne
peut plus lui accorder de délai (art. 1656). D'après
les principes déjà exposés, cette décision doit être
commune aux rentes créées avant et après le Code.
Aussi la cour de cassation s'est prononcée, en ce sens,
le 14juin 1814 (1), dans une espèce où l'ancien
acte de locaterie perpétuelle portait que, dans le cas
oùl'acquéreur discontinuerait le paiement de la rente
pendant deux années consécutives, le propriétaire
rentrerait dans les biens sans aucune forme ni figure
de procès et de plein droit. Néanmoins l'offre faite
la veille du jour de la comparution au bureau de
conciliation sur la demande en résolution, fut dé-
clarée valable, attendu qu'il n'y avait pas eu de
sommation. La même cour a décidé, le 16
jmin 1818 (2), que, par suite d'une clause semblable
employée dans un ancien contrat à rente, la mise en
demeure, faite aujourd'hui, autorise les tribunaux
à rejeter les offres postérieures (3).
1

(1) Questions de droit, V" Emphytéose, § 5, no 2.


(2) Ibidem, et M. FaTard, Vo Rente, sect. t,
n° i3. La
même choee a été décidée pour la vente à rente viagère. Cour
de cassation, 26mars 1817 (S. 1817,1,2i5.), et 19août 1824
(S. 1825, i, 49.).
(3) M. Merlin cite au même endroit un arrêt de rejet, du 19
mai 1819 (S.1820^1,28.), qui aurait jugé en sens contraire
aux deux arrêts préccdens. Il faut voir ses observations.
L'acquéreur, sommé de payer dans le cas de l'ar-
ticle tGaG, ne pouvant se libérer que par le paie-
ment effectif, il est réputé avoir été mis en demeure
par la sommation, s'il oppose des compensations ou
offre des valeurs contestées, et s'il est reconnu que
sa résistance était mal fondée.' Ainsi décidé, rela-
tivement à une vente, par arrêt de rejet, du 19
août 1824 (î).
Lorsque, sur la demande formée en vertu du pacte
commissoire, il intervient jugement qui déclare le

,
contrat résolu, faute par le redevable de payer dans
un délai fixé; si, à déchéance du délai le débiteur
n'a point payé, le contrat est résolu de plein droit,
,
sans qu'il soit besoin d'un nouveau jugement qui le
déclare et aucunes offres postérieures du paiement
des arrérages ne sont recevables. C'est la décision
d'un arrêt de rejet, du 18 mai 1818 (2).
Dans tous les cas où le juge de première instance
peut accorder un délai audébiteur, la cour royale le
peut également. Donc la circonstance que le contrat
a étérésolu en première instance n'empêche pas que
le débiteur ne puisse, en appel, moyennant paiement
de tous les arrérages qu'il doit, et en offrant de solder
tous les dépens, obtenir un délai. C'était aussi l'o-
pinion de Pothier, au n° 40.
40. h. Lorsque l'héritage a été donné à rente à
plusieurs individus, la résolution du contrat ne peut

(1)S. 1825,1,49.
(a) S. 1819,1,97.
pas toujours être poursuivie contre un seul d'entre
eux, même pour sa part. Dans le premier des cas
énonces au n° 58. b.7 la résolution dû contratentier
ne saurait être provoquée contre un seul des débi-
y
teurs, parce qu'il n'y a pas solidarité elle ne saurait
l'être contre l'un d'eux pour sa part, parce que le
créancier peut renoncer au. droit qu'il a sur l'im-
-
meuble entier. Dans le second cas, il peut y avoir
résolution partielle, parce que chacun des débiteurs

,
n'est tenu que pour la part qu'il possède (1). En cas
de solidarité stipulée lecréancier peut provoquer
la résolution contre un seul des débiteurs pour sa
3
part car il peut renoncer à la solidarité pour cette
partie, et les autres débiteurs sont solidaires pour
le reste (art. 1210).
40, i. Lorsque, postérieurement à la vente de
l'immeuble arrenté, faite par le débiteur personnel
de la rente, lte créancier poursuit la résolution du
y
contrat cette action peut-elle être intentée contre le
débiteur personnel seul, ou contre l'acquéreur seul,
ou bien doit-elle l'être contre l'un et Pautre conjoin-
tement?
L'action enrésolution est une action en revendi-
cation ou en délaissement; car elle tend à ce que le
créancierpuisse rentrer dans l'héritage. Cette per-
mission ne peut lui être accordée que contradictoi"-
rement avec celui qui est devenu seul maître et
propriétaire de l'immeuble. Le vendeur s'est irré-
vocablement dessaisi de ses. droits immobiliers il ne5
(1) Voyez l'arrêt du 3o avril 1827, cité au n° 49- f.
peut plus ni eu traiter, ni en disposer, ni les com-
promettre (l'aucune manière, au préjudice du nouvel
acquéreur, auquel la propriété en est acquise. En
d'autres termes, le vendeur ne représente pas l'ac-
quéreur dans un procès sur l'objet vendu, et le ju-
gement rendu contre le vendeur seul n'a aucun effet
contre l'acquéreur et contre l'immeuble. L'action
doit être intentée contre l'acquéreur seul, la mise
en cause du vendeur ne peut avoir aucun effet.
La cour de cassation a décidé, le 8 mai1810 1), (
et le 19 août 1818 (a), que l'acquéreur est rece-
vable à former tierce-opposition au jugement qui
postérieurement à la vente, aurait prononcé, contre
le vendeur, la validité d'une hypothèque qu'on pré-
tendait affectée sur l'immeuble, ou la résolution du
titre primitif d'acquisition; car le vendeur ne re-
présente pas l'acquéreur (art. 474 du Code de pro-
cédure civile). Mais il faut observer, en outre, que,
pour écarter les effets d'un jugement dans lequel
nous n'avons pas été parties, qui n'a pas été rendu
contre une partie qui nous. représentait, et que l'on
veut mettre à exécution contre nous, il suffit d'op-
poser que ce jugement est, à notre égard, res inter
alios acla, et qu'il n'a pas contre nous l'autorité de
la chose jugée (art. 1551 du Code civil). La cour
de cassation a reconnu ce principe par ses arrêts du

(1) S. 1810, 1, a65. Répertoire, V° Transcription, S 5-,


n°1.
(a) S. 1819,1, 24.
2 germinal an x et du 14 juin 1815 (1), et on le
trouve amplement exposé dans l'ouvrage de M.
Toullier, sur l'art. 1351.
Il s'ensuit que le nouvel acquéreur du bien ar-
renté peut, lorsque, en vertu d'un jugement rendu
contre son vendeur postérieurement à la vente, on
prétend l'expulser de l'immeuble, se borner à oppo-
ser aux poursuites l'exception que nous venons d'in-
diquer.
Pour que la vente faite par le débiteur personnel
puisse être opposée au créancier, il n'est pas néces-
saire qu'elle ait été transcrite; car la transcription
n'est plus nécessaire pour consolider la propriété
dans les mains de l'acquéreur. Les arrêts du 8 mai
1810 et du 19 août 1818, cités ci-dessus, l'ont ainsi
décidé.
Dans l'espèce du dernier arrêt, la seconde vente
n'avait eu lieu qu'après que le second vendeur avait
été cité en conciliation sur la demande en résolution
du premier vendeur. Dans l'espèce du premier, la
vente avait été passée durant le procès. Ces circons-
tances n'affaiblissaient pas la validité de ces ventes.
Il en est de même,suivant l'arrêtde1818, de la
circonstance que le second acquéreur a eu connais-
;
sance de la demande en résolution car aucune loi
ne l'obligeait d'intervenir sur les demandes en re-
vendication qui pouvaient être formées contre son
vendeur.

(1) Questions de droit, V° Chose jugée. S 11, nos 1


et 2.
40. k. Lorsque le débiteur, actionné.en résolution,
sans attendre le jugement, a acquiescé à cette de-
mande d'une manière quelconque, il ne peut plus,
par la suite, réclamer l'immeuble. Arrêt de la cour
de cassation, du 1 thermidor an xi (1).
40. 1. La résolution du contrat à rente, pro-
noncée par jugement inattaquable ou acquiescée, fait
revivre le titre primitif de propriétéy le
premier
contrat d'aliénationestrésolu pour inexécution des
conditions. Comme chaque détenteur postérieur ne
possède qu'en vertu du premier contrat (n° 40. c.),
la résolution prononcée même contre un second ou
subséquent acquéreur, a pour effet que l'arrentement
primitif est censén'avoir jamais existé (Deficit con-
dÍtioprimæalienationis).
Voici le détail des effets de cette résolution (2) :
I. Le débiteur ne peut plus purger sa demeure,
quoique le créancier de la rente ne soit pas encore
rentré dans la possession du fonds. Le jugement
fait revivre le premier titre que le créancier avait
à la propriété du bien, et ce titre ne peut plus être
détruit par le fait unilatéral de l'ancien détenteur
qui offre le paiement de tout ce qu'il doit. — Pothier
avait soutenu, au n° 40, que, lorsque le détenteur
avait été condamné à quitter ^héritage, faute de

(1) Questions de droit, V° Emphytéose, 5 3, n° l. S. t. 3,


H,34Q.
(2) Voyez en général, sur cette matière, les questions de
droit, Va Résolution, n° 1. — Pothier a fait une énumération
pareille au chapitre du Déguerpissement, n° 168 et suivans.
,,l'ex'ecution de cette condamnation condi-
paientent
tionnelle pourrait être prévenue par le paiement in-
tégral de la dette. Cette opinion ne saurait plus être
suivie aujourd'hui. Le droit du créancier résulte du
jugement, et ne s'acquiert pas seulement par l'exé-
cutionou la rentrée en possession.

,
II. Les hypothèques existant sur l'immeuble du
chef de l'acquéreur, ou détenteur sont éteintes

, la
(art.2125).Arrêtde cour de cassation, du16
juin 1811 cité au n° 40 (1). La cour de Paris a
décidé, le 7 avril 1824 (2), que la généralité des
termes de l'art. 2125 ne permet pas d'établir une
distinction pour le cas où la cause de la résolution a
été occulte, ni pour celui où le créancier hypothécaire
a été de bonne foi, et, par le fait du vendeur, auto-
risé à croire que celui-ci avait été payé.
III. La résolution éteint les servitudes imposées
par le détenteur; même motif.
IV. Dans le cas où le contrat a rente est mêlé de
y
vente le créancier doit, après la résolution, tenir
compte de ce qu'il a reçu à titre de prix. Nous trai-
terons au n° 41, des dommages-intérêts du créan-
cier.
V. Si le fonds grevé d'une rente a été aliéné a
chargede cette rente et encore d'une rente nouvelle,
le créancier de la première rente, qui a demandé la

(1) Il n'en est pas ainsi du privilége de l'architecte qui a fait


des travaux pour le possesseur expulsé; ce privilège s'exerce
sur un objet distinct de l'immeuble arrenté. Voyez n° i32. c.
(2)S.1825,Il,188.
résolution, reprend le fonds libre de la sous-rente ;
car il l'avait aliéné ainsi (i).

,
Cependant le créancier de la seconde rente pour-
,
rait en ce cas en intervenant au procès avant le
jugement, rendre l'action du premier créancier non
recevable par l'offre de payer tous les arrérages échus,
et par celle d'une indemnité entière; car l'intervenant
a intérêt à cause de sa sous-rente, et, par cette offre,
l'intérêt du premier créancier est entièrement à cou-
vert (2).
Mais si le détenteur, sommé par le premier créan-
cier de payer les arrérages échus depuis quelque
temps, ou de quitter l'héritage, consent la résiliation
du contrat et abandonne le fonds à ce créancier, quels
sont les droits qui restent au créancier de la sous-
?
rente Le premier créancier ayant pu exercer l'action
résolutoireimmédiatement et directement contre tout
détenteur, créancier a aussi pu valablement rece-
ce
voir l'abandon volontaire de la part de ce détenteury
et iLest rentré à bon droit dans sa propriété primitive.
Par cette rentrée, les droits que le second créancier
avait sur l'immeuble ont été anéantis, et ce dernier
ne conserve plus ni l'action hypothécaire, ni l'action
résolutoire, il ne lui reste qu-une action personnelle
contre le dernier détenteur, en paiement de la sous-

(1) Répertoire, Vo Clain de rétablissement, n° 3, L. 5i


depign.ethyp.
(a) Répertoire, ibid.
-
rente. C'est la décision d'un arrêt de rejet, du 50
août 1827 (i).
Un créancier hypothécaire du détenteur actuel
aurait aussi la faculté d'intervenir, à cause de son
intérêt à la conservation du contrat à rente (2). La
cour de Rouen a décidé, en ce sens, le 13 juil-
let ISla, à l'égard de l'action en résolution d'un
contrat de vente (3).
Lorsque l'héritage est chargé de plusieurs rentes
foncières, et que la résolution est prononcée sur
la poursuite du créancier dont la rente n'est pas la
plus ancieime, les autres créanciers antérieurs ne
peuvent l'empêcher de rentrer dans l'héritage,s'il
se charge de leurs rentes ; car, de cette manière,
leurs droits n'éprouvent pas de diminution. Mais si

,
la résolution avait été prononcée sur la poursuite de
différens créanciers celui iles poursuivans dont la
rente serait la plus ancienne, devrait être préféré s'il
voulait se charger des autres rentes, il a le plus fort
droit au fonds (4).
VI. La résolution fait revivre les servitudes -ou
autres droits réels que le détenteur expulséavaitdans
l'héritage lors de l'arrentement (5). La résolution
ne fait perdre au détenteur que les droits qu'il avait

(1) Gazette des Tribunaux, n° 634, du 6 septembre 18x7.


(2) Répertoire, Vo Clain de rétablissement, n° 4*
(3) S. 1816, u, 45.
acquis par le contrat résolu; elle est sans influence
sur ceux qui lui appartenaient antérieurement. On
peut d'ajlléprs invoquer la disposition analogue de
lVt. 2177. ,

Ces anciens droits du détenteur ne sauraient être


prescrits pendant la durée de sa possession 3 car il ne
pouvait, dans ce temps, agir contre lui-même, et
il jouissait de ces droits, quoique sous une autre
forme (1). 1

Cette proposition souffre exception au cas ou ces


droits sont éteints par une autre canse; par exemple,
si l'usufruit a fini par le décès, ou si le détenteur
expulsé n'a pas toujours été possesseur du fonds do-
minant.
Les hypothèques que l'acquéreur à rente avait sur
le fonds- avant l'arrentement primitif, renaissent
par l'effet de la résolution., car elles n'ont été éteintes
que par l'aequisition de la propriété, laquelle cesse
d'exister (2). Il en est autrement des hypothèques
que le détenteur expulsé avait du chef d'un second
vendeur, parce que la résolution du premier contrat
emporte aussi celle du second.
YII. Lesdroits de mutation de la propriété sont
dus sur le jugement qui prononce la résolution car 3
la loi du 22 frimaire an vu (12 décembre1798),
art. 68, § 3, n9 7, n'établit une exception au prin-
cipe général énoncé à l'art. 69, § 7, n° 1, qu'autant

(1) Pothier, n° 169.


(a) Répertoire, V-,Claiii de rétablissement, n° 2.
que la .-ohitlon Si lien pour cause fit; nullité radi-
cale. Arrêt de cassation, du 15avril 1823, rendu
en matière de résolution de vente f1 ).
41. Le détenteur expulsé doit au créancier des
dommages-intérêts (art. 1184), non-seulement pour
à
les dégradations évidentes causées l'héritage, mais
encore pour la moins-value de cet immeuble, compa-
;
rativementaujour de l'arrentement car la différence
forme le dommage du créancier.
La promesse de servir la rente, faite par l'acqué-
reut dans le contrat d'arrefttement, est présumée
avoir une cause, in motif suffisant (art.1132) ; en
d'autires termes, il y a présomptioh légale qu'à l'é-
poque du contrat le fonds avait une valeursuffisante
pour faire face à la rente. Si, après la résolution, il
est prouvé,par une expertise, par une adjudication
publique, ou par tout autre moyen, que le créancier
ne pèut plus retirer du fonds une rente êqnivàlente,
le détenteur expulsé doit payer la ditrérenèe.
Pothier dit que le créancier qui rentre dans l'hé-
ritage est tenu de faire raison au détenteur dit prix
des améliorations, s'il y en a, suivant la règle d'é-
quité qui ne permet pas de s'enrichir aux dépens
d'autrui. Cecas ne peutexister que lorsque le fonds
présente une plus-value réelle et non pas seulement
une plus-valtie apparente.
Pothier observe, àu même numéro,que le créan-
j
cier peut exiger les arrérages de la teinté courus us-

(1) 6. r,55g,
1823,
qu'au jour où le détenteur a quitté l'héritage : ce qui
est conforme au contrat.
Au reste, ces arrérages se compensent jusqu'à con-
currence avec le prix des améliorations, s'il y a lieu
d'en adjuger au détenteur.

§ u. De Vobligation d'entretenir l'héritage en bon


état,

42. Suivant Pothier, l'acquéreur à rente con-


tracte l'obligation d'entretenir en bon état l'héritage
a
arrenté. Cetteobligation, continue l'auteur, coutume
d'être exprimée par le contrat;mais, quand même
elle n'y serait pas exprimée, elle s'y trouverait sous-
entendue, parce qu'elle est de la nature du contrat.

; :
Il n'y a que celui,qui a la propriété parfaite d'une
chose 'qui ait le droit d'en mésuser or le preneur ne

,
l'a pas entière il doit, pour sûreté de la rente ré-
servée entretenir l'héritage en bon état, afin qu'il
puisse produire de quoi la payer. De cette obligation
naît une action qu'a le créancier de la rente contre
le débiteur, faute par lui de remplir cette obligation,
pour faire ordonner la résolution du contrat, et faire
condamner le débiteur à rendre l'héritage avec dom-
mages et intérêts.

,
L'argument employé par Pothier a perdu aujour-
d'hui sa force parce que l'acquéreur à rente est
propriétaire plein et entier de l'immeuble, non-
seulement lorsqu'il s'agit d'une rente nouvelle, mais
aussi à l'égard des rentes anciennes. Le créancier ne
peut avoir intérêt au bon état de l'immeuble, que
parce que cet immeuble forme la sûreté hypothécaire
de la rente par l'effet du privilège 5
et il s'agit de
savoir si cet intérêt suffit pour donner lieu à une
action. -
Il faut observer, au préalable, qu'il ne s'agit pas
, 5
du cas où le débiteur a cessé de servir la rente alors
il y a lieu à l'action en résolution dont nous avons
parlé au n° 40. Supposons le cas où se trouve le
débiteur personnel de la rente, qui possède encore
l'immeuble obéré, et commet des dégradations qui
en diminuent sensiblement la valeur : supposons
-

même que ce débiteur vende l'immeuble à un tiers,


qui ne se charge pas personnellement de la rente,
mais qui mésuse également de l'immeuble. Dans

,
ces cas et autres semblables, le créancier a juste
sujet de craindre que tôt ou tard lorsque l'action
personnelle demeurera sans effet par l'insolvabilité
ou la mort du débiteur, suivie d'une renonciation
des héritiers, l'action hypothécaire ne présente
également aucune ressource. Cependant il ne doit
pas être permis que la garantie de votre privilège
soit détruite ou altérée, de même qu'il n'est pas
loisible au débiteur hypothécaire de détériorer l'im-
meuble hypothéqué (1). Les contrats doivent, aux
termes de l'art. 1134, être exécutés de bonne foi :
or c'est évidemment un acte de mauvaise foi de la
part du détenteur d'un bien grevé de rente, fût-il

(1) Arrêt de lacour de Paris, du 26 août 1809. (S. 18107


l

11,189).M.Persil,liv.2,chap. g, 5 a.
débiteur personnel ou seulement débiteur comme

privilége conventionnel ;
tiers détenteur, que de détériorer la garantie du
et, par une conséquence
naturelle de l'art. 1134, les juges doivent accorder
toutes les actions propres à réprimer cette mauvaise
foi. Donc le tribunal, aprèsavoir acquis la preuve
de détériorations assez graves pour compromettre
ultérieurement la sûreté de la rente, devra ordonner
au détenteur de remettre l'immeuble dans son ancien
état sous un bref délai. Il n'y a pas lieu de prononcer
immédiatement la résolution du contrat, ni d'adjuger
des dommages-intérêts, parce que le créancier n'a pas
encore éprouvé une perte réelle, et que son intérêt
se trouve à couvert par le rétablissement de l'ancien
état deschoses.Mais nous croyons nécessaire d'ajou-
ter au dispositif cette clause pénale, que, faute par
le détenteur d'exécuter le jugement dans le délai
fixé, le contrat sera résolu avec dommages ét inté-
;
rêts car de pareilles clauses sont le seul moyen de
forcer l'homme à un fait; et on ne peut révoquer en
doute le pouvoir des tribunaux de prononcer la réso-
lution en cas de négligence, attendu que la déso-
béissance au jugement constitue l'inexécution for-

:
melle de la condition inhérente à tous les contrats,
savoir qu'ils doivent être exécutés de bonne foi ( ). 1

(1) La cour royale d'appel, établie à Cologne pourles pro-


vinces prussiennes de la rive gauche du Rhin, a décidé, par
arrêt du 4 décembre 1826, qu'on peut encore invoquer au-
jourd'hui la clause dtin ancien contrat Il rente, suivant la-
quelle le possesseur quilaisserait tomber en ruine les bâtimens
45. Il nous reste, dit Pothier, à observer deux
différencesentre le preneur et un usufruitier, par
rapport à l'obligation d'entretenir l'héritage en bon
état.
,
La vpremière c'est que l'usufruitier n'est tenu
que des réparations d'entretien (article 605), tandis
que le détenteur du bien chargé d'une rente est,

, 7
comme propriétaire tenu à faire toutes les répara-
tions quelconques même celles occasionées par vé-
tusté : l'usage perpétuel d'une chose est toujours
l'une des causes qui entraînent même la perte par

et vignes, serait privé de l'héritage, et suivant laquelle encore


ce contrat serait, dan& ce cas,regardé comme résolu. En
voici les considérans :
Attendu que laréunion, sur la tête du preneur, de la pro-
priété anciennement divisée entre lui et le bailleur, n'empêche
pas que les vignes données à bail héréditaire (Erbverleilmng)
restent soumises à la redevance du part -raisin, et que la
jouissance de cette rente dépend dp l'accomplissement de la

,
condition du contrat qui oblige le redevable, à peine de dé-
chéance de tenir les bâtimens et vignes en bon état.; qu'en
conséquence cette condition ne se trouve pas en opposition
avec la réunion des parties de la propriété du fonds grevé de

;
choses ,
rente, mais qu'elle est en parfaite harmonie avec cet état de
qu'au surplus la transformation du bail héréditaire
en propriété pleine et entière a pour effet qu'on peut envisager
les obligations du redevable (consistant dans le service de la
rente et dans l'entretien en bon état des bâtimens et vignes) ,
comme formant le prix de l'acquisition de cette propriété;
d'où il suit que cette propriété est soumise à la résolution pour
inexécution de ces conditions. (Journal des arrêts de cette
cour, tome 10, partie i, pages 5i).
vétusté, et l'entretien régulier et continuel des bâti.
mens et autres objets empêche nécessairementqu'ils
tombent en cet état.

:
On ne saurait donc plus suivre la distinctionéta-
blie par Pothier, suivant Loyseau (1), savoir que le
preneur ne serait pas obligé à reconstruire la maison
devenue caduque par vétusté, et non par défaut
d'entretien. L'article 607 ne pourrait être invoqué,
parce qu'il ne règle que les relations entre l'usufruj-
tier et le propriétaire, et qu'il laisse même beaucoup
à désirer à cet égard (2).
44. Une seconde différence est, suivant Pothier,
que le détenteur du bien chargé d'une rente peut en

,
changer la forme, pourvu qu'il lui substitue une
forme aussi utile et qui assure la rente autant que
s'il était resté dans celle où il se trouvait lors du con-
trat. La mêmedécision doit être suivie aujourd'hui
a fortiori, en ce sens que tout changement est permis,
quand il n'entraîne pas une détérioration manifeste
de la valeur du fonds, ce que les tribunaux arbitre-
ront. Voyez ne 42.
Enfin, dit l'auteur, le preneur ni pourrait être
empêché de supprimer une partie des hâtimens, sans
rien suppléer à la place, en offrant au créancier de
fournir à toujours larente sous de bonnes hypothè-
ques; Aujourd'hui cette suppression pourrait avoir
lieu sans permission du créancier, à moins qu'elle
ne dégénérât en détérioration du fonds.

(1) Traité.du Déguerpissement, Iiv. 5, chap. 8, n" 9


(2) M. Duranton, t. 4, n*620.
§ Ill. De l'obligationde rendre, a Vexpirationdu
temps, l'itéritage en bon état, lorsque le contrat
n'estpas fait à perpétuité.

45. Ici se présente la question de savoir, si aujour-


d'hui une rente foncièrepeutêtre établie à temps.
Autrefois la réponse affirmative ne souffrait aucune
difficulté. La législation admettait en général les
tlémembremens de la propriété; et le démembrement
de ce droit que présentait le bail à rente pouvait aussi
bienêtre établi à temps qu'à perpétuité. Aujourd'hui
il faut d'abordobserver que le texte de l'article a30
n'exclut pas l'établissement de rentes foncières à
temps; nous avons déjà fait voir, au ne 6, que le
mot perpétuité, employé dans cet article, indique
seulement que laTente, quoique stipulée perpétuèlle,
est cependant rachetable. Il faut donc examiner la
question d'après les principes généraux. Etablir au-
jourd'hui une rente foncière temporaire, c'estaliéner
un immeuble à-charge d'une rente, sous la condition
que l'acquéreur sera tenu de le restituer au précé-
dent propriétaire à l'expiration d'un terme fixé, où
la rente cessera également d'être servie. On voit que
cet arrentement à temps présente tous les caractères
-d'une vente avec faculté de rachat, comme la rente
à perpétuité présente ceux d'une vente ordinaire. La
seule différence consiste en ce qu'il n'y a pas un prix

quence ,
déterminé par une somme d'argent, et qu'en consé-
à l'expiration du terme, le propriétaire qui
reprend lachose ne rembourse que les frais et loyaux-
coûts de la vente, les réparations nécessaires et celles
qui ont augmenté la valeur du fonds jusqu'àconcur-
rence de cette augmentation 5 l'analogie des deux
contrats doit entraîner l'application pleine et entière
de l'art. 1675 du Code. Il suit du même article
qu'à l'expiration du terme l'acquéreur doit rendre
l'héritage en aussi bon état qu'il l'a reçu, et que
le propriétaire primitif doit obtenir des dommages-
intérêts, à cause des dégradations survenues par la
faute de l'acquéreur (1) : c'est ce que Pothier ex-
plique au présent numéro.
Au reste, comme la faculté de rachat d'une vente
ne peutêtre stipulée aujourd'hui pour un terme ex-
cédant cinq années(art.1660), et comme la législa-
tion ne favorise pas les restrictions de la propriétéy
on ne saurait admettre qu'elle permet de passer un

temporaire, pour un terme plus long :


contrat tout-à-fait analogue, tel que l'arrentement
ce terme
doit donc se réduire à cinq ans. On ne pourrait plus
stipuler que le bien arrenté retournerait au créancier
de la rente à l'extinction de la descendance légitime
ou naturelle de l'acquéreur.
Si le propriétaire primitif n'a pas fait son offre ou
exercé son action de réméré dans le terme prescrit,
l'acquéreur demeure propriétaireirrévocable, et la
rente reste perpétuelle jusqu'au rachat, auquel elle
est soumise (art. 1661 et 1662).

{I) Pothier, De la vente, nos 401 et 402.


§ IV. Des obligations de l'acquéreur à rente qai nais-
sent de la bonne foi ou des clauses du contrat.

46. Pothier parle de différentes obligations de


l'acquéreur dans le for intérieur. Nous nous bornons
à renvoyer aux observations contenues dans notre
n° 52, en ajoutant, suivant Fanalogie des disposi-
tions du Code sur la rescision de la vente pour cause
de lésion, que cette action exceptionnelle ne saurait,
en aucun cas, être admise en faveur de l'acquéreur,
à rente.
47. Enfin, il y a des engagjemens de l'acquéreur
à :
qui naissent des clauses particulières qui sont appo-
sées au contrat rente nous en traiterons en parlant
de ces différentes clauses..
CHAPITRE IV.
Des différentes clauses qui sont apposées quelquefois
danslescontratsarente 7
et des obligations qui en
naissent.

48. LE contrat à rente est susceptiblede la plupart


des clauses qui se trouvent dans les contrats de ventey
telles que celles qui concernent la contenance ou la
qualité de l'héritage qui fait l'objet du contrat
(art. 1617 et suivans) (1). Elles produisentles
mêmes obligations et les mêmes actions que dans le
contrat de vente, a cause de l'assimilation de ces
deux contrats, prononcée par l'art. 530.

:
Outre ces clauses, il y en a qui sont particulières
au contrat à rente nous allons rapporter les plus
ordinaires. Nous commencerons par celles qui sont
en faveur du cédant de l'immeuble 5
nous verrons
ensuite les clauses stipulées au profit de l'acquéreur.

SECTION PREMIÈRE.

Des clauses qui sont en faveur du cédant.

§ 1. De la clause par laquelle on stipule des deniers,


d'entrée.

49. Lorsque l'acquéreur s'oblige à donner ait

(i) Pothier, De la vente, part. 2,chal). 3-, art. l' et 2,


créancier de la rente une somme d'argent (qui prend
le nom de deniers d'entrée), et que cette somme est
considérable, le contrat à rente est mêlé de vente (1)5
il a, relativement à cette somme, tous les effets d'une
vente ordinaire. Dans le cas contraire, ces deniers
sont regardés comme arrhes.
Pour décider lequel des deux cas existe, il faut se
régler d'après lescirconstances. Pothier, sur Fart.589
a
de la coutume d'Orléans, dit qu'il y vente, si les
deniers d'entrée excèdent la moitié de la valeur de
l'héritage, parce qu'alors la nature de la vente pré-
domine. Cette décision nous semble devoir être suivie
encore aujourd'hui.

§ u. De la clause de fournir et faire valoir la rente.

50. Par cette clause, dit Pothier, l'acquéreur


meuble ,
s'oblige personnellement envers le cédant de l'im-
à lui payer à perpétuité la rente créée par
le contrat, dans le cas où il ne pourrait en être payé
sur l'héritage arrenté. Aujourd'hui, la stipulation
de cette obligation subsidiaire serait sans objet
de droit,l'acquéreur est soumis personnellement et
:
par obligation principale au service de la rente.
51. L'obligation résultant de l'ancienne clause
n'était que subsidiaire; le créancier qui demandait a
l'acquéreur primitif le paiement des arrérages cou-
rus, depuis qu'il avait aliéné l'héritage, était obligéy

(1 de droit, Vo Bail à rente, S1.


Questions
si l'acquéreurl'exigeait, de discuter le possesseur de
l'héritage, débiteur principal.
Mais comme, par l'effet de cette clause, l'acquéreur
qui aliénait l'immeuble ne cessait pas d'être débiteur
de la rente, il ne pouvait déguerpir. Voyez ci-après
n° 185.
52. Un second effet de l'ancienne clause, c'était
que l'héritier de l'acquéreur devait passer reconnais-
sance de la rente, quoiqu'il ne fût pas possesseur de
l'héritage.Aujourd'hui cette reconnaissance est de
droit.
53.Enfin,l'obligation de l'acquéreur et de ses héri-
tiers ne cessait que par la perte entière de l'héritage7
arrivée par force majeure. Aujourd'hui, l'obligation
de l'acquéreur, qui est personnelle et principale,
survit même à cet événement. Voyez n° 190.

§ m. Des clauses de payer la rente à toujours et à


perpétuité.

54. Ces clauses, dit Pothier, sont équivalentes à


celles de fournir et faire valoir la rente; l'acquéreur
contracte pareillement une obligation personnelle de
payer la rente (1). Cette obligation n'est que subsi-

(îJOn trouve, dans les Questions de droit, Vo Rente sei-


gneuriale, S 6, un autre exemple d'une clause qui renferme
l'obligation personnelle du preneur. Dans un ancien bail à
locaterie perpétuelle, le preneur avait obligé tous ses biens
présens et à venir au paiement de la rente. Il fut jugé que,
diaireÀ l'obligation réelle, qui est toujours, continue
l'auteur, la principale dans les baux à rente.
Aujourd'hui il en est autrement. Voyez n° 50.

§ iv. De la clause d'améliorerl'héritage de maniéré


qu'il vaille toujours la rente etplus.
55. Suivant Pothier, cette clause renfermait une
obligation personnelle subsidiaire de payer à toujours
la rente, parce que l'acquéreur s'engageait à suppléer
ce que l'héritage produirait de moins que la rentey
et le déguerpissement ne pouvait le libérer.
Aujourd'hui, l'obligation personnelle existe de
droit, et, en général, il n'y a pas lieu au déguer-
pissement.
56. L'obligation qui résultait de cette clause
s'éteignait par la destruction totale de l'héritage il :
en est autrement aujourd'hui. Voyez n° 55.

.De laclause par laquelle l'acquéreurs'oblige de


a
faire certaines améliorations l'héritage.

57. Cette clause est encore admissible aujourd'hui.


Quoique la propriété de l'héritage passe intégrale-

par ces mots, le preneur avait exprimé clairement qu'il n'en-


tendait pas s'obliger uniquement à raison de la possession du
fonds; que ce n'était pas uniquement sur ce fonds qu'il enten-
dait donner action au bailleur pour le paiement de sa rente,
mais qu'il voulait lui affecter la généralité de sa fortune, qu'il
voulait lui demeurer personnellement obligé.
ment sur la tête de l'acquéreur, le créancier de la
rente a intérêt de voir améliorerl'héritage, parce
que cette amélioration lui donne une plus forte -ga-
rantie du service de la rente.
58. Il est évident que cette clause produit une
action personnelle contre celui qui l'a souscrite, et
qu'en cas de refus ou de demeure de l'exécuter, le
créancier peut obtenir la résolution du contrat avec
dommages et intérêts. Voyez n° 40.
59. Lorsque le temps dans lequel l'amélioration
doit être faite a été fixé par laclause du contrat,
l'acquéreur doitjouir de tout ce temps, et il ne peut

,
être poursuivi qu'après qu'il est expiré. Si la clause
n'a pas fixé le temps le créancier peut en poursuivre
aussitôtl'exécution, pourvu que ce soit tempore
eongmoy et ainsi on ne pourrait pas exiger en hiver
la construction d'un bâtiment. Aussi, sur cette pour-
;
suite, le juge peut fixer un délai et ce n'est qu'après
l'expiration de ce terme que le créancier peutprendre
les conclusions rapportées au numéroprécédent.
Même lorsque le temps a été fixé par le contrat, le
juge peut encore accorder au débiteur un délai pour
faire Famélioration.
Lorsque, après l'expiration du terme accordé en

,
première instance, le contrat a été déclarérésolu,
l'acquéreur peut encore sur l'appel, en faisant
y
l'amélioration qu'il s'est obligé de faire obtenir
l'infirmation de la sentence, sauf qu'il doit être con-
damné en tous les dépens.
Ces principes, établis par Pothier, doivent être
suivis aujourd'hui comme conformes à l'art. 1184.
«0.Vacquéreur ne pourrait pas se dispenser de

:
faire l'amélioration, en offrant, au bailleur d'autres
raretés pour sa rente AlilldpTO alio solvi invito cre-
ditore non polest.
61. Cette clause oblige même les tiers détenteurs
del'héritage qui ne sont pas tenus personnellement
au service de la rente. C'est une condition de l'alié-
j
nation inhérente à l'héritage, de la même manière
que la rente même; et le tiers ne peut retenir l'héri-
tage qu'à la charge d'exécuter cette obligation, Voy.
w 4t). b.
62. L'obligation qui résultait de cette clause ex-
cluait autrefois le déguerpissement.
63. Elle s'éteint solutione, lorsque l'acquéreur

,
a fait l'amélioration qu'il s'est obligé de faire. Po-
thier ajoute que quand même cette amélioration
serait depuis détruite par quelque force majeure,
l'acquéreur ne pourrait pas être obligé à la faire une
seconde fois. Voyez le numéro suivant.
y
:
64. Cette obligation continue Pothier, s'éteint
encore par la destruction entière de l'héritage car
on ne peut améliorer un héritage qui n'existe plus.
Cette proposition et celle énoncée au numéro pré-
cédent doivent également être suivies aujourd'hui.
L'obligation de servir la rente ne s'éteint pas par la
destruction de l'héritage, qui n'est plus le débiteur
principal; mais l'acquéreur ou ses héritiers ne sont

:
pas tenus de rétablir, par exemple, lçs bâtimens in-
cendiés sans leur faute la perte.de l'immeuble frappé
toutes les personnes qui y ont intérêt, et en pfbjpcfr-
:
tion de cet intérêt un événement de force majeure
ne peut faire naître des obligations nouvelles.
La rente qui continue d'être servie reste néan-
moins foncière, suivant son origine(i).
Pothier observe que l'obligation ne s'éteint pas
par la circonstance que l'amélioration ne peut plus
,
se faire dans la forme portée par la clause, et que
l'obligation doit en ce cas, s'acquitter par équiva-
lent. Par exemple, si l'acquéreur d'une maison avec

,
dépendances s'est obligé d'exhausser d'un étage un
certain corps de logis et si, avant de l'avoir fait,
';cette partie de la maison a été incendiée par le feu
du ciel, l'acquéreur doit construire un autre bâti-
ment de pareille valeur que l'exhaussement qu'il
s'était obligé de faire. Cette observation, fondée sur
l'obligation contractée par Pacquércur, nous semble
également applicable aujourd'hui.
65. Il est évident que Pohligation de faire une
certaine amélioration s'éteint aussi par le rachat de
la rente, le créancier qui a reçu le rachat n'ayant
plus d'intérêt à cette amélioration qui n'avait été
stipulée que pour assurer sa rente.

§ vi. De la clause de payer les arrérages de la rente


sans aucune diminution.
66. Nous avons vu, au na 56 a., que le créancier

,
(i) On trouve, dans les Questions "de droit, VORente
fon-
cière rente seigneuriale, S 6, l'exemple d'une rente foncière
tontinuée après la perte du fonds.
de la rente doit contribuer aux impositions qui se lè-
vent sur l'héritage, et qu'en conséquence le débiteur
est autorisé à retenir à cet effet au créancier le cin-
quième de la rente annuelle. L'effet de la clause

,
indiquée, stipulée comme condition de l'aliénation,
c'est que l'acquéreur et ses héritiers et même les
tiers détenteurs, sont tenus d'acquitter la rente en
entier, sans pouvoir faire la retenue.
Autrefois cette clause avait encore l'effet de dé-
charger le bailleur et ses successeurs de la contribu-
tion aux autres charges énoncées aux nos 107 et suiv.
Nous verrons qu'aujourd'hui le créancier n'y con-
tribue point; en conséquence, nous ne parlerons de
cette clause que par rapport a la retenue pour contri-
butions foncières.

vembre et 1 décembre1790 ,
L'art. 6 du titre 2 de la loi des 20, 22, 25 no-
avait confirmé les
anciennes stipulations de non retenue.
L'art. 98 de la loi du 5 frimaire an vu (25 no-
vembre1798) a également maintenu les anciennes
:
conventions à cet égard, il porte « Les débiteurs.
de rentes. foncières, créées avant la publication du
décret des 20, 22 et 25 novembre 1790., et qui
étaient autorisés à faire la retenue des impositions
alors existantes, feront la retenue à leurs créanciers

:
dans la proportion de la contribution foncière. »
L'art. 99 ajoute «Ils feront aussi la retenue,
dans la même proportion, sur les rentes. foncières.,
dont leurs fonds. se trouvent grevés, et dont la
création est antérieure à la publication du décret des
20, 22 et 23 novembre 1790, quoique non auto-
risés à la faire par les anciennes lois ou -usages, sans
préjudice de l'exécution des baux à rentes, faits
sous la condition expresse de non retenue des im-
positions publiques, ou avec toute autre clause d&

,
laquelle résulte la volonté conventionnelle des par-
ties que les contributions publiques soient à la
charge du preneur, en sus de la rente ou prestation. »
Voilà donc les conventions antérieures à la loi de
novemh. et déeemb.1790 formellement maintenues.
L'art. 101 parle de l'avenir, ainsi que des con-
:
ventions passésdepuis1790. Il porte aA l'avenir,
les stipulations entre les contractans sur la retenue
de la contribution foncière, seront entièrement li-
bres; mais elle aura toujours lieu, à moins que le
contrat ne porte la condition expresse de la non re-
tenue.»
(cIl n'est rien innové aux contrats passés depuis
la publication du décret des 20, 22 et 25 novem-
bre 1790. » (I/art. 9 du titre 2 de cette dernière loi
contient littéralementlamême disposition que celle
du premier paragraphe du présent antrcle). « Les
différens qui pourraient survenir à leur égard seront
réglés d:après ce décret.»

-
Ainsi, règle générale, les conventions par les-
quelles le preneur 0Il l'acquéreuràrentes'estchargé
du paiement des contributions publiques, en sus de la
rente, seront exécutées, avec la différence néanmoins
que pour
,
le temps postérieur à 1790 (1), faut il
——-———.——-——.————————-—— r i !———"*——————

(i) Voyez, ci-après, chap. 6 sect. 3, S 2, l'art. 2-, tit. 3


,
de la lai du 18, 29 décembre 1790.
5
une stipulation expresse tandis que, pour le temps
antérieur, il suffit que la volonté des parties résulte
de la clause. Dans tous les cas où les parties ont
stipulé la non retenue, la rente est censée être la
condition de la cession d'un immeuble qui donne un
revenu plus considérable que la quotité de la rente :
et c'est ainsi que la clause a une cause valable.
Par application des lois précitées, la cour de cas-
sation a décidé, le 17 pluviose an VIII, que l'ancienne
clause de non retenue, pour impositions territoriales,
doit aujourd'hui avoir effet comme clause de non
retenue pour contributions directes (1).
La même cour a décidé, le 8 vendémiaire an xiv,
que la clause d'un bail à rente, par laquelle le pre-
neur s'était chargé de l'acquittement des vingtièmes
qui pourraient être imposés à l'avenir sur les biens
arrentés, l'empêche aujourd'hui de faire la retenue
pour contribution foncière (2).
La cour de Colmar a jugé, le 27 mars 1806 ,
:
que la clause insérée dans un contrat d'emphytéose,
passé en 174o, savoir que le preneur ne pourra, dans

la guerre ,,
aucun cas, hors celui où il prouverait les ravages de

phytéotique
demander la diminution du canon em-
n'ayant aucun trait aux contributions,
cette clause n'équivaut pas à celle de non retenue (5).
Un arrêt de la cour d'Agen, du 6 décembre 1824,

(1)Sirey,I.1,1,282.
(•j) [Md. 1806, 11, 713. Répert. VO Contributions publi-
ques, S 6.
-
(5)Ibid.1806,11,984.
a reconnu que la clause d'un bail à rente antérieur
à 1749, qui imposait au preneur l'obligation de
payer, outre la rente, la taille au roi, ne saurait être
qualifiée de clause de non retenue des nouvelles im-
positions (1). Pothier professe la même doctrine au
présent numéro.
Il a été décidé par la cour d'Orléans le 15 ,
avril 1812, que la clause, suivant laquelle la rente

d'avance et plus onéreuses ,


ne pourra être rachetée qu'à des conditions prescrites

chissement de la retenue (2).


n'emporte pas l'affran-

Nousfinirons par observer qu'un arrêt de la cour


de cassation, du 8 décembre 1812, a reconnu que
les débiteurs d'une rente créée avec la condition de
non retenue doivent la payer sans retenue, encore
bien que le créancier actuel l'ait acquise du domaine
sous l'empire d'une retenue de fait, et que son prix
ait été calculé en conséquence (3).
66. a. Il n'est pas nécessaire, pour la validité de
la clause de non retenue, qu'elle ait été stipulée au
moment de l'aliénation du fonds ou de l'établisse-

,
ment de la rente. On ne saurait soutenir que toute
rente foncière à laquelle on n'a pas ajouté cette
clause, soit éteinte pour le cinquième dans les
mains de l'acquéreur, et qu'ainsi la stipulation pos-
térieure de non retenue emporte la création d'une

(1)Sirey,1825,11,3o6.
(2) Jurisprudence de la cour d'Orléans, par M. Colas de la
Noue, t. 2, p. 149*
(3)Sirey, '813, 1,94.
nouvelle rente, quant à ce cinquième que le créan-

:
cier reçoit dès lors en sus de la rente antérieure. La
rente est toujours due pour le tout le mot retenue

autre;
indique qu'il s'agit d'une chose qui appartient à un
et la loi positive en a disposé en faveur du
débiteur. Or ce débiteur peut toujours renoncer à
une disposition introduite en sa faveur.

celui qui y a consenti ,


Toutefois cette convention postérieure ne lie que
parce qu'ellen'est pas la
condition de la cession du fonds. Si cependant le
détenteur, duquel émane cette convention, vend par
la suite l'héritage sous la condition de non retenue,
cette stipulation profite au créancier de la rente, et
elle affecte le fonds à l'égard de tous possesseurs sub-
séquens.
66. b. La clause, suivant laquelle l'acquéreur ou
autre détenteur ne fera pas la retenue, et le créan-
cier de la rente paiera la contribution foncière, ne
peut avoir aucun effet, en ce sens qu'elle ne libère
point le détenteur vis-à-vis de l'administration.
Art. 97 de la loi du 3 frimaire an vu.

SECTION II.

Des clauses apposées dans les baux à rente en faveur de l'ac-


quéreur.

67. Pothier dit que c'est une clause assez com-


mune dans les baux à rente, que la rente sera rache-
table. Aujourd'hui cette clause serait inutile, puisque
la faculté du rachat tient à l'essence des rentes. C'est
pourquoinous ne ferons que parcourir sommaire-

:
ment les questions que Pothier a examinées à ce
sujet dans une section supplémentaire, nous trai-
terons des clauses qui peuvent être stipulées aujour-
d'hui relativement à la faculté de rachat.

§ 1. Si l'expressionde la somme,dont la rente sera


ruchetable, est nécessaire pour la validité de la
Ir
clause qui accorde la facultéderachat,

68- Pothier répond que non, parce qu'à défaut


de cette expression on doit présumer que les parties
ont voulu que la rente soit rachetable sur le pied du
denier vingt, qui est le prix le plus ordinaire pour
lequel se fait le rachat des rentes.

§ il. Si l'obligation de souffrir le rachat de la rente,


résultant d'une clause du bail9 passe au tiers ac-
quéreur de la rente.

69. Cette obligation, dit Pothier, étant contractée


lors delacréation de la rente, et la rente n'étant
créée que sous la condition de cette obligation, le
tiers acquéreur, quoiqu'il n'en soit pas chargé par
son contrat, ne laissepasd'être obligé de la souffrir.

§ m. Si le droit de racheter larentepasse a tous les


héritiersdu preneur a qui il a été accordé par le
bail.

70. Ce droit, répond Pothier, passe sans difti-


,
culte aux héritiers du preneur qui succèdent à l'hé-
ritage et qui en sont possesseurs en tout ou en
partie; mais ceux d'entre eux au lot desquels aucune
partie (le l'héritage ne serait échue, n'auraient pas le
droit de racheter la rente, parce qu'ils n'y ont aucun
intérêt. Cette dernière décision souffre deux excep-
tions.
,
71. La première c'est lorsque le bail a été fait
avec une clause qui produit une obligation person-
nelle de la part du preneur. Chacun des héritiers en
étant tenu, il a intérêt de racheter la rente pour être
déchargé de son obligation.
72. La seconde exception concerne le cas où le titre
de l'héritage ne s'étant pas trouvé, l'héritage aurait
été donné en partage à l'un des héritiers sans la
charge de la rente. Les autres héritiers étant en ce cas
tenus de garantir ce cohéritier, ils ont intérêt au ra-

,
chat pour faire cesser leur obligation de garantie.
Tous ceux même dit Pothier, qui, n'ayant au-
cun intérêt au rachat de la rente, offrent ce rachat,
non en leur nom et pour faire revivre la rente, mais
au nom du débiteur et pour l'en décharger, doivent
y être reçus. L'auteur cite Molineus tract, de usuris.
qu. 45., et son Traité dit contrat de constitution,
n° 180. Nous reviendrons, dans la suite, sur cette
dernière observation.
§ îv. Si le droit de racheter la rente, qui résulte de
la clause du bail, peut passer ait tiers acquéreur de
Vhéritage.
75. Cette clause, dit Pothier, est une convention
:
que le preneur a faite avec le bailleur relativement
àl'héritage aliéné or toute stipulation pareille est
censée faite, quoique cela ne soit pas exprimé, non-
seulement pour les héritiers, mais encore pour tous
les ayants cause ou successeurs singuliers.Voy.1.179
5. jf. de pactis. Pothier, Des obligations, nos 67,
68 et suivans (art. 1122 du Code civil).
§v. De ta prescription de la faculté de rachat.
74. Aux termes de la coutume de Paris et de celle
,
d'Orléans, la faculté de racheter la rente qui nais-
sait de la clause portée au bail, se prescrivait par
trente ans à dater du jour du contrat.

,
75.Lorsqu'avant le temps de la prescription ac-
compli un héritier du preneur a passé reconnais-
sance de la rente au créancier qui l'a acceptée, et
que dans cette reconnaissance on a exprimé que la
rente était rachetable, Pothier soutient que néan-
moins le temps de la prescription n'est pas inter-
rompu. Cet acte n'est pas un usage ou exercice du
droit de rachat.
76. Les coutumes n'accordent la prescription
qu'entre âgés et privilégiés.
Aujourd'hui que la loi déclare les rentes foncières
.essentiellement rachetahles, la faculté de rachat est
imprescriptible; car, en admettant une prescription
de cette faculté, la rente perdrait son essence.

vi. En quoi conviennent, sur le rachat, les rentes


foncières rachetablesy avec les rentes constituées.
77. Pothier renvoie ici au chapitre 7 du Traité
deconstitution de rente , pour ce qui concerne ceux
à qui le rachat peut se faire, la question de savoir s'il
peut avoir lieu par parties, les effets du rachat partiel,
l'obligation de payer les arrérages avant que d'être
reçu au rachat, les différentes manières de faire le
:
rachat par un paiement réel nous traiterons de ces
différensobjets aux n08 194 et suivans.

§ vu. Différence des rentes foncières et des constituées


sur le rachat.
78. Pothièr observe que la faculté de rachat étant
de l'essence du contrat de constitution de rente elle
est imprescriptible5tandisque la faculté de racheter
,
,
une rente foncière étant un droit qui résulte d'une
convention accidentelle elle est sujette à la pres-
cription. Ou sent que cettedifférence n'existe plus
aujourd'hui»
CJne autre différence,conséquence de la première,
c'était qjie les pactes et conditions du rachat devaient
être interprétés selon des principesdifférens. Ceux
qui tendaient à diminuer ou à gêner la faculté de
rachat des rentes constituées étaient nuls, tandis que
le créancier de là rente foncière pouvait, en accor-
dant cette faculté, y.apposer telles conditions que bon
lui semblait. Cétte différence a également.disparu.

m.
,
SECTION

De la clause par laquelle dansle bail à rente d'un héritage


féodal, le bailleur se charge de la foi.

79. Il est inutile d'observer que, depuis l'aboli--


tion de la foi et des devoirs seigneuriaux, il ne peut
plus être question de cette clause.

SECTION SUPPLÉMENTAIRE.
Des efeuses- qui peuvent être stipulées aujourd'hui relative-
ment au rachat des rentes foncières.
79. a. La loi du 18, 29 décembre1790 9
contient qu'une seule disposition relative aux clauses
ne

:
stipulées dans les contrats à rente antérieurs, et qui
concernaient le rachat c'est celle de l'art. 3 du tit. 3,
suivant laquelle le rachat doit se faire sur le capital
porté au contrat. Il suit de l'ensemble de cette loi,
que les clauses convenues lors de la; création des an-
ciennes rentes ne peuvent avoir aucune influence sur
l'époque et sur les conditions du rachat, lequel pou-
vait avoir lieu à tout moment.
79. b. Cette loi ne dispose rien quant aux condi-
tions du rachat qui pourraient être, à l'avenir, sti-
pulées d'avance dans les contrats à rente. Elle ne
défend donc pas de régler ces conditions d'avance ,
et nous trouvonsun exemple de ces stipulations dans
la loi du 7 nivose an x, déjà citée au § 6 du Cha-
pitre préliminaire. D'un autre côté, il suit de la gé-
néralité du principe du rachat, que toute condition
qui tendrait à gêner cette faculté ou à la suspendre
y
pendant un certain temps et qui serait contenue
dans un contrat à rente passé dans l'intervalle de
1790 au Code civil, n'aurait aucun effet.
79. c. L'art. 550 du Code contient deux nou-
velles dispositions à cet égard, qui dérogent au si-
lence des lois antérieures.
1* Il permet au créancier de régler, par l'acte
même de constitution de la rente, les clauses et con-
ditions du rachat.
20 Il lui permet de stipuler que la rente ne pourra
lui être remboursée qu'après un certain terme, lequel
:
ne peut jamais excéder trente ans toute stipulation
contraire est nulle.
Examinons ces deux dispositions.
79. d. Nous ferons d'abord observer que les deux

,
stipulations dont il s'agit, comme faisant partie des
conditions de l'aliénation affectent l'immeuble lui-
même, ou obligent tout détenteur subséquent. Il en
serait autrement si la convention avait lieu postérieu-
rement; elle ne lierait alors que le contractant.
79. e. Conformément au § 2 de l'art. 550, le
créancier peut stipuler que le capital du rachat ex-
cédera le taux établi par la loi de 1790 (î), ou bien
le taux déterminé suivant la règle qui veut que ce ca-
pital soit le denier vingt de la rente (2)3 ainsi il est
permis de convenir qu'une rente de 100 fr. devra être
rachetée moyennant 4000 fr. Le capital du rachat
représente en définitive le prix de la chose, et chacun
est le maître de fixer à quel prix il veut aliéner son
la
bien. Par même raison, il peut être valablement
stipulé qu'une rente de 100 francs pourra être ra-

(1) Nous verrons ci-après, n° 194* a., que ce taux légal ne


s'applique pas comme tel aux rentes créées postérieurement à
cette loi.
(2) Voyez n°194.mm.
chetée à raison de 1000 francs, quoiqu'en ce cas le
créancier paraisse avoir un intérêt de 10 pour cent:
D'ailleurs, les lois sur le taux.del'intérêt de l'argent
ne s3applîquent qu'au prêt et à la rente constituée,
sauf le cas de fraude, c'est-à-dire, celui où l'on n'aurait
passé que pour la forme un contrat de rente foncière.
On peut aussi stipuler que le remboursement se
fera en un seul paiement, ou en plusieurs, aux épo-
ques qui seront déterminées par lé créancier lorsqu'il
lui sera offert; que le débiteur l'avertira tant de mois
ou d'années à l'avance, etc., etc. (î).
A l'égard de toutes les clauses onéreuses pour
le débiteur, on peut appliquer aujourd'hui ce que
disait Pothier au n° 29, sur la question de savoir si
l'on pouvait1valablement convenir, par le bail, que
la rente serait racbetable d'une plus forte somme que
le denier 20, par exemple sur le pied du denier25
ou 30. — Voici sa réponse (2) : Pour la négative,
on dira que la faculté de racheter ces rentes étant
accordée par la loi pour une raison d'intérêt pu-
blic, de même que, pour cette raison, on n'y peut
déroger directement, on ne doit pas, par là même
raison, y pouvoir donner indirectement atteinte par
une clause qui rend le rachat plus difficile et plus
onéreux. Néanmoins j'inclinerais à penser que la

une somme exorbitante,


clause est valable, pourvu que la somme ne fût pas
qui surpassât la valeur de

(1) Voy. M. Duranton, t. 4, n° 156.


(a) Au n°29, nous ne l'avons rapportée que par extrait.
la rente, l'esprit de la loi n'ayant été que d'empêcher
que ces rentes ne pussent absolument être rache-
tées (1).Yoyez ci-après n° 79. g.
79. f. Le propriétaire qui aliène son fonds, à con-
dition d'une rente, ne peut point, par une convention,
suspendre le rachat à perpétuité; il peut seulement
stipuler que, pendant un certain délai, il ne sera pas
obligé de recevoir le prix de la chose; mais ce délai
ne peut excéder trente ans (2).

mots:
Le dernier paragraphe de l'art. a50 finit par les
toute stipulationcontraire est nulle, c'est-à-dire
sans effet, parce qu'elle tend à intervertir ce qui est
de l'essence de la rente, et que tout ce qui tient à
l'essence d'une chose doit être rigoureusement main-
tenu. Donc si le créancier a stipulé un délai plus long:
que trente ans, le rachat peut s'effectuer à tout mo-
ment. L'art. a50 ne dit pas, comme l'art. 1660,
que dans ce cas l'interdiction de la faculté du rachat
est réduite à ce terme; mais elle est entièrement nulle
ou sans effet. On ne saurait appliquer la maxime
utile per inutilenonvitiatur, suivant laquelle l'excé-
:
dant des trente années devrait seul être rejeté (3).

t.
(1)M.Duranton, 4»n°i5?.
(2) Ce terme de trente ans est en harmonie avec lesdélais de
la prescription dans notre législation, où le laps de trente ans

,
fait expirer toute action. Mais ce terme n'est point une pres-
cription parce qu'il ne s'agit pas de l'extinction d'une action,
mais d'une exception du créancier qui cesse par le laps du
temps.
(3) C'est l'opinion de M. Duranton, t. 4, n° t58.
Ce qui tient à l'essence d'une chose doit être main-
tenue rigoureusement, à moins d'une disposition
expresse d'indulgence, telle que celle de l'article
1660. Si l'intentiondulégislateur avait été de
à
donner l'art. 550 le même sens qu'à l'art. 1660,
il n'aurait pas manqué de l'exprimer, l'art. a30 ayant
3
été discuté long-temps après l'article1660 mais la
rédaction de l'art. 550 est tellement impérative en
ce point, qu'il nous sembleimpossible de l'interpréter
par l'art. 1660.
79. y. Les termes de l'art. 550, toute stipulation,
comprennent les stipulations directes et celles qui
tendent indirectement à prolonger l'interdiction du
rachat au delà de trente ans. Ainsi, dans le cas où
la rente a été stipulée irrachetable pendant trente
ans, on ne pourrait convenir valablement à la vingt-
:
huitième année, que la rente ne serait pas rachetée
dans les vingt-huit années suivantes cette convention
formerait un moyen indirect de suspendre le rachat
pendant plus de trente ans.
Quoique la disposition qui prononce la nullité se
trouve seulement dans le troisième paragraphe de
l'art. 550, elle peut cependant aussi s'appliquer à
des stipulations qui paraissent rentrer uniquement
dans le second. Tel serait le cas où les clauses et
conditions du rachat auraient été réglées d'une ma-
nière aussi onéreuse pour l'acquéreur, celui où le
capital du rachat aurait été fixé à une somme telle-

:
ment excessive, qu'en réalité la stipulation tendrait
a rendre le rachat impossible car alors le cas rentre
dans la disposition du troisième paragraphe. Voyez
ci-dessus n° 79. e. Cependant, lorsqu'un acte est at-
taqué sur ce chef, les tribunaux doivent procéder avec
la plus grande précaution, afin de ne pas restreindre
la latitude que la loi a laissée aux parties à cet égard.
h.
79. Nous avons parlé, aux nos 79. a. et 79. h.,
des clauses et conditions contenues aux contrats à
rente, passés avant 1790 ou avant le Code civil. On

,
demande si, depuis le Code, les parties peuvent va-
lablement faire relativement aux anciennes rentes
les stipulations permises par les deux derniers para-
,
graphes de l'article a50. Nous soutenons l'affirma-
tive. Ces stipulations ne sont pas contraires à l'es-
sence de la rente, ainsi que le prouve la permission
accordée dans le même article, qui détermine ce qui
tient à cette essence. Seulement elles ne lieront que
les contractans, et n'affectcnt pas le fonds, à moins

,
que le détenteur actuel, en le revendant, ne sou-
mette
nouvelles
par l'acte d'aliénation, son acquéreur à ces
conditions..
79. t. En terminant ce Chapitre, nous ferons ob-
server que, dans le cours de l'ouvrage, il sera encore
question de quelques autres clauses qui peuvent
être stipulées aujourd'hui dans les contrats à rente.
(Voyez n"' 121 et 194. Id".).
CIIAPITRE V.
Des droits tant des créanciers de rentes foncières que
des possesseurs d'héritagcs chargés de rentes fon-
cières; ct des charges auxquelles les uns et les
autres sont sujets.
80. LES créanciers de rentes foncières, dit Po-

;
thicr, ont différentes actions contre les possesseurs
des héritages sujets à leurs rentes ils ont des droits
sur les fruits desdits héritages et sur les meubles qui
s'y trouvent, semblables à ceux qu'ont les locateurs
de maisons et de métairies pour les loyers et les
fermcs; enfin ils sont sujets à certaines charges
c'est ce que nous allons expliquer en trois articles.
:
Nous traiterons dans un quatrième du droit des pro-
priétaires ou possesseurs des héritages chargés de
rentes foncières.
ARTICLE PREMIER.

Des différentes actions qu'ont les créanciers de rentes fon-


cières contre les possesseurs des héritages sujets à leurs
rentes (et aujourd'hui, en outre, contre les débiteurs per-
sonnels)
81. Autrefois les créanciers de rentes foncières

hypothécaire , : ,
avaient trois espèces d'actions contre les possesseurs
des héritages, savoir l'action personnelle l'action
et une troisième espèce d'action que
l'on appelait action mixte.
Aujourd'hui le créancier a une action personnelle
contre l'acquéreur à rente et ses héritiers, de même
que contre fe tiers détenteur qui s'est chargé de la
rente (1)5 il a une action hypothécaire contre tout
détenteur de l'héritage, et une action résolutoire
contre l'acquéreur, ses héritiers et tout tiers déten-

n05 40 et suivans ;
teur. Cette dernière action a déjà fait l'objet des
nous traiterons ici des deux au-
tres, ainsi que de la nature actuelle de l'action que
Pothier appelle mixte.

§ 1. De l'action personnelle.
82. Autrefois le créancier avait l'action person-
nelle contre le preneur et ses héritiers, contre les
détenteurs qui avaient acquis à charge de rente, ou
qui du moins en avaient connaissance, ainsi que
contre leurs héritiers, pour le paiement des arrérages
courus pendant le temps de leur possession, ou de
celle de ceux dont ils sont héritiers. Aujourd'hui la
possession et la jouissance de l'immeuble n'ont au-
cune influence sur l'obligation personnelle de servir
5
la rente cette obligation ne peut résulter que d'un
contrat passé par le débiteur ou ses auteurs ne sont
tenus personnellement que le détenteur de 1789
: ,
(1) Cette action personnelle ne comprend pas seuletixot,
comme sous l'ancienne législation, le paiement des arrérages
qui fait l'objet du §1 ci-après. Elle s'étend aussi quelquefois à
l'obligation de payer le capital du rachat (Voyez les nos 38,
190, 191 et 198); etl'action anciennement appelée mixten'est
,
aujourd'hui, dans la règle qu'une action personnelle.
l'acquéreur à rente par acte postérieur, et l'héritier
de l'un ou, de l'autre(voyez n° 58), enfin l'acquéreur
de l'immeuble grevé de la rente qui s'en est expressé-
ment chargé (n° 84) (i).
83. Pothier dit que l'action contre le preneur et
ses héritiers naît de la clause portée dans le bail à
rente, par laquelle le preneur s'est obligé à payer la
-rente tant qu'il posséderait l'héritage. Mais sans
cette stipulation il fallait décider de même, à cause
du principe général, suivant lequel l'héritage était
le débiteur principal, et le possesseur n'était tenu
personnellement des arrérages que par suite de sa
jouissance.
84. C'est ce principe qui emportait l'obligation
personnelle du tiers détenteur.Pothier dit que cette
obligation vient d'un quasi-contrat par lequel ce tiers
détenteur, en possédant l'héritage qu'il savait être
sujet à la rente, est censé s'être obligé, envers celui
à qui la rente était due, à la lui payer pendant qu'il
posséderait l'héritage. Ce quasi-contrat, continue
l'auteur, est censé intervenir, non-seulement lorsque
la charge de la rente a été expressément déclarée
dans le contrat d'acquisition de ce tiers détenteur,
mais même lorsque, après avoir acquis l'héritage sans

:
que la charge de la rente lui ait été déclarée, il ap-
prend par la suite cette charge car, dès qu'ill'ap-
prend, l'équité ne permet pas qu'il continue de le

(1) Voyez ci-après, note au n° 92, la législation spéciale


qui existe dans le grand duché de Hesse. Elle n'a cependant
pas eu d'influence sur l'arrêt du 7 février 1828, dont nous
parlerons à rinstaat. 1
posséder sans se soumettre à la charge et à la presta-
tion de la rente, et elle forme en conséquence le
quasi-contrat qui l'oblige à la payer tant qu'il possé-

;
dera l'héritage.Aujourdhui il ne peut être question
de ce quasi-contrat de même la simple connaissance
de la rente n'emporte pas l'obligation personnelle du
tiers détenteur à la servir. Il faut, à cet effet, qu'il
s'en soit chargé formellement; les principes généraux
sur les obligations ne souffrent aucune exception en
matière de rentes (1).
84. a. En résultat, le particulier qui possède l'im-
meublegrevé d'une rente n'est pas, par le seul effet
de cette possession, soumis à l'action personnelle pour
5
le paiement de la rente cette action ne sera recevable
qu'autant que le créancierauraarticulé et prouvé que
le défendeur se trouve dans l'un des cas,énoncés au
n° 82, ou qu'il s'est chargé de la rente (2). A défaut
de cette preuve, le créancier ne peut agir que par
voie d'exécution hypothécaire, ainsi que nous le ver-
rons aux nos 91. vv. et 92.

(l) Voyez ci-après nO! 91. s. et 152. a. M. Toullier, t. 5,


n°817,note
(2) C'est la décision d'un arrêt de la cour de cassation établie
pour les possessions du grand duc de Hesse-Darmstadt situées
sur la rive gauche du Rliin, rendue le 7février 1828. Cet arrêt
reconnaît, en même temps, qu'au moment de la publication
des lois françaises, le possesseur de l'immeuble est devenu
débiteur personnel de la rente (no38). -le Il semble résulter

soit le père du débiteur, soit ce dernier lui-même ,


d'un Mémoire publié dans cette cause par créancier, que

vait possesseur de l'immeuble au moment de la publication


,
se trou-
85. Lacoutume de Paris, art. 93, contenait un
texte formel à l'égard de l'obligation des détenteurs.
86. Lorsque, ditPothicr, le tiersdétenteur, qui
est déjà, ex quasi contractu, débiteur personnel de
la rente, en passe titre-nouvel, ilajoute à l'obligation
qui naît ex quasi contractu, celle qui naît du contrat
que le titre-nouvel renferme;mais celle-ci n'ajoute
rien à la première. Aujourd'hui ce titre-nouvel seul
emportel'obligation personnelle.
87. L'obligation du preneur on du tiers détenteur
de payer les arrérages de la rente pendant le temps

,
de la possession de l'héritage, ditPothier, étant per-
sonnelle elle passe à tous les héritiers, pro parle
virili, même à ceux d'entre eux qui ne succèdent pas
5
à l'héritage et si, continue l'auteur, le défunt était
obligé à la rente par un acte par-devant notaire ou
avait été condamné, et qu'ils possédassent des im-
y
meubles dépendans de la succession, ils en seraient
en outre tenus hypothécairement pour le total,
comme biens-tenants. Ces décisions trouvent encore
aujourd'hui leur application aux héritiers du débiteur
personnel de la rente, à l'exception de celle relative
aux actes notariés, qui n'emportent plus d'hypothèque
générale. Nous avons déjà parlé, aun*58. a., des
obligations des héritiers.
88. A l'égard des arrérages courus depuis la mort

de.Jaloiqu 18, 29décembre1790 dans les quatre départemejas;


créancier c'a
mais le pas appuyé sur cette circonstance qui
aurait motivé l'obligationpersonnelle du débiteur.
du défunt, dit Pothier, il n'y a que ceux de ses hé-

;
ritiers qui succèdent à l'héritage sujet à la rente qui
en soient tenus car le défunt n'en était tenu lui-
mêmequ'à cause de la possession. Mais ceux des
héritiers, continue l'auteur, qui ont succédé à l'hé-
ritage, en sont tenus, et même pour le total, quelque
petite que soit la partie pour laquelle ils ont succédé;
car ce n'est pas seulement ex personâ de/uneti, et en
qualité d'héritiers qu'ils en sont tenus, mais ex pro-
pria personiÍ, et comme possesseurs d'une partie de
l'héritagesujet à la rente; et cet héritage est, non-
seulement dans sa totalité, mais dans chacune de ses
parties, sujet à la totalité de la rente, comme nous
l'avons Vu supra nos 14 et 15.
Toutes ces propositions sont les conséquences na:
turelles des anciens principes. Aujourd'hui les héri-
tiers d'un débiteur personnel de la rente sont tenus
des arrérages échus depuis la mort jusqu'au partage,
et encore de ceux échus après le partage, personnel-
lement pour leur part et portion, et hypothécairement
pour le tout, parce que l'obligation personnelle se
divise entre eux, sans que la confection des lots et
l'application de l'art. 875 du Code civil puissent y
apporter une différence vis-à-vis du créancier de la
rente. Les héritiers d'un véritable tiers détenteur ne
sont tenus, ainsi que lui, que comme hiens-tenans,
et les observations de Pothier trouvent encore une
application pleine et entière à leur égard.
89. Chacun de ceux, dit Pothier, qui sont tenus
de cette action personnelle, en est tellement tenu
pour le total des arrérages courus pendant sa déten-
tion, quelque petite que soit la part qu'il ait dans
l'héritage arrenté, qu'étant poursuivi pour le total,
il ne peut pas même opposer l'exception de division.
Il peut seulement exiger qu'en payant le total, le
créancier le subroge en tous ses droits et actions
contre tous les autres détenteurs.
Cette observation ne saurait s'appliquer aujour-
d'hui à l'obligation personnelle des héritiers du dé-
bileur; mais elle subsiste lorsque plusieurs per-
sonnes possèdent ensemble l'immeuble arrenté,.sous.
la seule obligation hypothécaire. Cette solidarité
ex re emporte entre autres l'application des consé-
quences énoncées aux articles 1203 et 1214 du
Code civil. Pothier,.dans le présent numéro, lea
avait déduites des principes généraux.

§ n. De l'actionhypothécaire.

90. Autrefoi-s le créancier de la rente ne pouvait


demander, par l'action personnelle, que lesarrérages
couruspendant le temps de la possession du détenteur
actuel, ou pendant le temps de la possession deceux
dont il était l'héritier.-Mais le créancier avait contre
le détenteur, pour raison "des arrérages qui ont pré-'
cédé sa possession5 unt'autre action -qui était une
espèce d'action hypothécaire. Cette, action, suivant

:
Potl^er., naissait de l'affectation de l'héritage au
paiement de ces arrérages l'héritage étant propre-
ment le débiteur de la rente, il était nécessairement
affecté au paiement de tous les arrérages qui en
étaient dus.
91. Cette action s'appelait hypothécaire, parce
qu'elle était semblable à l'action qui naissait de
l'hypothèque, et qu'elle était donnée aux fins que le
possesseur fût tenu de solder les arrérages de la rente,
au paiement desquels l'héritage était affecté, si mieux
il n'aimait le délaisser. Cette action avait quelque
chose de plus que la simple action hypothécaire, en
ce que le possesseur ne pouvait pas opposer l'excep-
tion de discussion des précédens possesseurs ou de
leurs héritiers, qui étaient personnellement tenus
de la dette de ces arrérages. La raison de diffé-

cière était proprement le débiteur des arrérages ,


rence c'était que l'héritage chargé de la rente fon-

qu'en attaquant le possesseur on s'en tenait au débi-


et

teur luineipal; tandis que, dans le cas de l'hypo-


thèque, le débiteur personnel était aussi le débiteur
principal. -

91. a. Aujourd'hui les principes exposés dans les


deux numéros précédens ont'perdu leur application :
les lois nouvelles renferment un autre système relatif
à l'obligation hypothécaire en matière de rentes fon-
cières.
Au chapitre préliminaire, nous avons donné une
esquisse de ce système, et nous allons maintenant
l'exposer avec plus d'étendue. A cet effet, nous di-

:
viserons cette partie de notre travail en cinq subdi-
visions
;
la première contiendra l'historique de la
législation relative au privilège de la rente la seconde
traitera de la nature de ce privilège et de son rang5
la troisième de la nécessité de l'inscription et de la
purge de ce privilége; la quatrième aura pour objet
5
le mode de l'inscription dn privilège la eiilquièftie
enfin, la poursui te à exercer sur l'immeuble arrênté,
afin d'obtenir le paiement de la rente.

pkemiîîriî stfcmviSrotf.

Historique de là législation relative ad privilège de ta rente.

91. b. Avant la loi de 1789 qui


a déclaré le&
rentes foncières rachetablcs, il ne pouvait être ques-
5
tion d'un privilège attaché à ces rentes elles for-
maient une portion de la propriété de l'immeublef,
de sorte que l'idée d'un privilége était tout-à-fait
étrangère à cette matière. Aussi c'était un principe
incontestable que le droit à la rente était essentielle-
ment différent decelui d'un créancier ayant privilége
ou hypothèque sur l'immeuble (voy. n" 19 ci-dessus);
et On né parlait que par analogie d'une action hypo-
thécaire en matière de rente (voy. nos 90 et 91). Aux
termes de l'art. 7 de l'édit du mois de juin 1771 ?
les letttes de ratification, obtenues au greffe sur les
actes translatifs de propriété, purgeaient les hypo-
thèques et privilèges à l'égard de tous les créanciers
des vehdeurs qui n'avaient pas formé opposition an
sceau de ces lettres ; mais le même article portait ex-
pressément que ces lettres ne donneraient pas aux aé*
qiléreurs, relativement à la propriété* aux droits réelsy
fonciers..,., plus de droit que n'en ataient les ven-
deurs. Il s'ensuivait que les rentes foncières, fw-
rnant alors une portion de la propriété, ne se trou-
vment pas ptttgées par les lettrM de ratification; et
la cour de cassation l'a ainsi décidé par ses arrêts des
12pluviôse an xi et 19 avril 1820 (j).
91. c. Depuis 1789 jusqu'à la loi de l'an vu, les
Tîntes foncières ont continué, par une exception aux
principes généraux établis par la loi du moisd'août
1789 et parcelle des18, 29 décembre 790 (a), i
d'affitctcr le fonds d'après le droit originaire de pro-
priété qui appartenait au créancier de larente. Cette
exception, qui avait pour motif d'éviter un effet ré-
troactif trop étendu, se trouve écrite dans l'art. 9 du

:
titre 1 de la loi du 15, 28 mars 1790, dans l'art. 7
ibidem, verbis droit commun;dans l'art. 1 du titre S
de la loi du 18, 29 décembre 1790, verbis:ne dé-
rogera; et dans l'art. 5 ibid., verbis : nature immo-
bilière. En conséquence, les anciennes hypothèques
dont ces rentes étaient frappées en faveur de créan-
ciers du créancier de la rente, ont également continué
d'exister la loi du 18,29 décembre 1790, titre 6,
en contient la disposition expresse. Les créanciers
des rentes, de leur côté, n'étaient astreints, pour
conserver ces mêmes rentes, à prendre aucune me-
sure à l'égard deceux qui les devaient.
91. d. La première des nouvelles lois sur les hy-
pothèques, celle du 9 messidor an 111 (27 juillet
1795), ne parie pas des rentes, ni sous l'un ni sous
l'autre des deux rapports indiqués ci-dessus.

(i) Questions de droit, Vo Lettres de FatificatioD, § 5.


Al. Favard, V9 Jlente, sect. i, nQ 15. S. 1.820, 1, 1257:
(a) Voyez te Chapitre préliwinaire, § 5.
94. e. Les rédacteurs de la loi du 11brumaire
an vil, occupés à établir un nouveau système hypo.
tbécaire, ont jugé nécessaire d'y considérer la rente
selon la véritable nature qu'elle avait à cette époque
et depuis la permission du rachat. En conséquencey
l'art. 7 de cette loi porte que cc les rentes foncières
ne pourront plus, à l'avenir, être frappées d'hypo-
thèque» (i). C'est que, en d'autres termes, à dater
de cette loi, les rentes foncières ne sont plus regar-
dées, même par rapport au régime hypothécaire,
comme une propriété foncière. Cette propriété s'était
évanouie dès 1789, et il n'était resté dès lors au
créancier de la rente qu'une créance due personnel-

;
lement par le détenteur du bien, et qui affectait le
bien par forme de privilège cependant les lois anté-
à
rieures l'an vu avaient suspendu à cet égard l'effet
de celle de 1789, et la disposition précitée de l'ar-
7
ticle a rendu a cette loi son effet, ea. prononçant
formellement la règle qui en était la conséquence
nécessaire (a).
Cette règle amenait l'autre, l'affectation de la
à
créance l'immeuble' par forme de privilège. Nous
avons expliqué, au § 5 du Chapitre préliminaire et
au n° 58 ci-dessus, que la transmission de cette
portion de la propriété du fonds, qui représentait

(i) M. Grenier, n° 160.


(a) On voit que cette suspension existait également et par
les mêmes motifs, quant à l'exercice de l'obligation personnelle
du débiteur, dont nous avons parlé au n° 38.
autrefois la rente, formait une vente opérée par la
force de la loi, et qui devait avoir les mêmes effets
qu'une vente ordinaire; le prix de cette vente c'était
l'obligation nouvelle et personnelle de servir la rente,
,et ce prix devait par conséquent jouir du même pri-

,
vilége que celui de toute autre vente ordinaire.
Quoique le débiteur n'eût acquis en 1789, qu'une
.portion de la propriété du fonds, et que les autres
parties lui appartinssent déjà par l'effet de l'arrente-
5
,
ment primitif cependant le privilége s'étend sur la
totalité de l'immeuble arrenté parce que de l'en-
semble de l'ancienne et de la nouvelle acquisition
faites par le débiteur dérive l'obligation de ce der-
nier, telle qu'elle existe depuis 1789, ou, en d'au-
tres termes, parce que ces deux acquisitions forment
la cause (causa obligalionis) de la rente actuelle (1).
Il s'ensuivait ultérieurement que ce privilége, comme
tous les autres priviléges, devait être conservé par
une inscription prise dans les registres hypothécaires

!,
contre le débiteur de la rente et sur l'immeuble grevé.
Aussi, quoique la loi du 11 brumaire an vu ne parle
littéralement ni d'un privilégie attaché à la rente,
la
ni de la nécessité de l'inscription, jurisprudence a
aussitôtconsacré ces deux points (2).
¡:
91. L'idée du privilége s'est développée davan-

————————————————————"

(1) Laloi du 25juillet1793, relative aux biens des émigrés,


sect. 4? art. 18, admet déjà un privilège du capital des rentes
-
foncières.
(a) Arrêt de la cour de Poitiers, du 2 pluviôse an 11U
tage après la publication de l'art. 530 du Codecivil,
à cause de l'assimilation expresse, prononcée
par cet
article, entre la véritable rente foncière et celle créée
pour le prix de la vente d'un immeuble (1). Nous
renvoyons à cet égard au § 7 du Chapitre prélimi-
naire. Il s'ensuit que, quant aux rentes créées sous
l'empire du Code, le privilége est la suite immédiate
du texte de l'art. 550. En identifiant les deux es-
pèces de rentes dont il fait mention, il attribue à
l'une les mêmes effets que l'autre avait déjà, et par
conséquent le privilégie, dont la rente établie pour le
prix de vente d'un immeuble jouissait aux termes de
l'article 2 105, est devenu commun à la rente créée
simplement comme condition de la cession d'un fonds

(S. t. 5, II, 535). Arrêt la cour de Nîmes,


de du ?3 friinairp
an xiv (S. 1806, ii, 82.). M. Grenier, Traité des Hypothér
ques, t. 2, n° 331.
(1) M. Duranton, t. 4; n° 152, refuse le privilège dans le
cas où la rente n'a été établie qu'indirectement à la place du
prixde veaie. Mais cechangement n'a pudétruire le privilège
eu vendeur;Jemode du paiement seql a subi une mutation,
t
£ iJ n'y a pas eu novation dans Je se05 de Jl'art. j27ip 0° 1 du
Code civil. M. Grenier, t. 2, n° 38o.

la dissertation citée au n° 194* >


,
Nous ajouterons ici une observation qui fait suite à la pre-
mière note au préambule du Chapitre II. M. Jourdan dans
trouve la preuve d'une
assimilation entière des rentes foncières etdes rentes constituées
dans les termes mêmes de l'art. 53o. « La rente créée pour le
prixde la vente d'un immcf,-lble», dit-il,« c'est une rente consti-
:
tuée; tous les auteurs anciens le disent la rente créée pour la
ression d'un immeuble, c'est l'ancienne rente foncière; etla loi
les met entièrement sur la mCme ligne. »
immobilier. Cè que les lois antérieures n'avaient ex-
primé que virtuellement, l'article 550 est venu le
prononcer ouvertement.
,
Différens décrets postérieurs rendus pour deg
pays conquis; ont établi,en termes encore plus exprès
et littéralement, l'existence de ce priviléffe; et ces
décretsy exécutés alors comme lois, doivent même
servir d'interprétation législative aux lois antérieures
sur la matière, suivant la règle énoncée dans 1. 28.
B: déLegib. (1). Décret du 12 décembre 1808, re-
latif au grand duché de Berg, art. 11 (2). Décret
du 9 décembre 1811, concernant les département
anséafiques, art. 37 (3). Décret du 1 mars 1813;

(i)Séd et posteriores leges adpriores pertinent.


4
t
(a) « Peur sûreté du paiement des redevances de? colons et
jusqu'à ce que celles-ci aient été rachetées les seigneurs con-
serveront, sur le colonat et sur les parties séparéés, les droite
et privilèges qui sont établis par l'art. aio3, n° 1 du Code
civil, au profit du vendeur d'une propriété foncière, sûr leprit
provenant de la fente. Ils seront tenus, à ceteffctt dé prendre
inscription au registre des hypothèques, dans les délais qui
seront déterminés par là loi sur les hypothèques. »
(3) «Poursûreté de l'acquittement des redevances maintenue»
jusqu'au rachat et du capital du rachat, les propriétaires au-
ront, sur les fonds grevés, un privilége qui s'exercera irnmé-
*
diatement après celui dû fisc pour le9 eôntributiofis pourvu
que, dans deux ans., à partir de la publication du présent
décret, H ait été par eux pris inscription au bureau des hypo-
thèques. Cette inscription conservera ledit pritilége pour les
arrérages échos à partir de ladite époque, jusqu'à éoneurrence
de deux années. »
(
aLa même inscription « continue l'art. 5&) D consertera
relatif aux départemens de Rome et du Trasimène,
art. 5 (i). Ces dispositions prescrivent en même

pothèques.
temps l'inscription de ce privilége au bureau des hy-

Aussi une jurisprudence constante a consacré


l'existence de ce privilége, en même temps qu'elle
l'a reconnu subordonné aux mêmes conditions pres-
crites pour la conservation du privilège du vendeur.
C'est ce qu'attestcnt les arrêts de la cour de cassation
des 7 mai 1811 (2), 29 juin 1815 (3), et 15
décembre suivant (4), le plaidoyer de M. Merlin,
du 15 février 1815 (5), et M. Favard, dans son
Répertoire de la nouvelle législation, V° Privilége,
sect. 2,§ 3,
a-5(6).

pour la suite le privilége à l'égard de deux années d'arrérages


pourvuqu'elle soit renouvelée aux époques fixées par l'art.
,
2i54duCodecivil. » l'ttl'ie;
(1) Cet article est littéralement conforme aux dispositions
des articles 57 et 58 du décret du 9 décembre 811. 1

(2) Répertoire, V° Hypothèque, sect. 2, S 2, art. 6 (t. 16,


p. 391).
(3) Ibid. V° Rente seigneuriale, 52, n 8 bis. S. 1813,
1,382.
(4) Ibid. V° Transcription, S 3, 5 (add. t. i5, p. 691).
n"
S.1814,1,46. ,..,.S 3,
(5)Ibid. VO Domicile élu, n°3bis (t. 15, p. 208 et 209).
(6) Nous avons vu méconnaître ces principes par des juris-
consultes allemands d'ailleurs très-estimables. Ils soutenaient
que l'unique changement apporté par les lois de 1789 et 1790
à la nature des rentes foncières, consistait dans la permission
du rachat; que cette modification, destructive de droits acquis,
devait être restreinte dans ses termes; qu'à tout autre égard
-91.g.Nous terminerons cette subdivision par
quelques observations rdatives aux rentes fonciers
à
créées antérieurement la loi du 11bramaire an vu.
Il est d'abord évident que les articles 6 et 7 de

la nature de ces rentes demeurait la même, de sorte qu'elles


à
continuaient former une portion de la propriété-du fonds, et
qu'elles n'étaient pas soumises à. la nécessité de l'inscription
pour conserver le droit dans l'immeuble. La cour d'appel,
établie à Cologne pour lesprovinces rhénanes de la Prusse, a

i5 mai îSao, 6 novembre 1821,


,,2
décidé plusieurs fois ence sens notamment par les arrêts du
août 1822, 21 novembre
1825 et 8 mai,1824, apportés dans.le journal des arrêts de
celte cour. On prétendait même queles dispositions des décrets
rapportés ci-tkssus, qqi établissent formellement la nécessité
de L'inscription, nç formaient que des exceptions spéciales aux
pays pour lesquels ces décrets avaient été rendus, tandis
qu'il est évident que ces dispositions ne doivent
-
leur existence

forinb dans tout 1'empke. Par arrêt du 7 décembre 1825 la ,


qu'à l'intention duconseild'Etat de rendre la législation uni-

cour. de Cologne eaj enfin. revenue aux véritables principes ,


en reformantsa jurisprudence antérieure (Journal, t, 8, 1, ni).

,
Presque eq mêpie temps-, la cour de cassation établie à Berlin
a consacré le principe de la nécessité de l'inscription en cas-
santl'arrêt du 8 mai 1824, cité ci-dessus (ibid., t. 8, 11, 25).
Ajijoitfd'hiii la cour de Cologne persiste dans les principes
sanctionnés par son arrêt du 7. décembre 1824. On peut en
voir d'autres rendus dans le même sens, au même journal,
j
t. 10 1, ny. Cependant les sectateurs de l'opinion contraire

,
ne se* tiennent pas encore pour battus, et on trouve au même
recueil, t., 8, 11, 59etsuiv. une Dissertation de M. Rive,
oreiller àcette cour, qui s'efforce de la défendre.
-Ainsi se réfute,l'une <les erreurs qu'on entend encore pro-
fesser dans cette matière; mais en voici l'autre extrême:nous
cette loi sont applicables non-seulement aux rentes
qui seraient établies après la publication de cette loi,
mais encore à celles qui existaient antérieurement.
Nous avons vu, an n° 91. e., que ces dispositions
ne faisaient que confirmer l'effet, momentanément

le trouvons à regret dans la Dissertation que feu M. Jourdan


a publiée dans laThémis (t. 5, p. 32i), en soutenant qu'il n'y
a plus de rentes foncières, et que le Gode n'admet désormais
que des rentes constituées (Voyez ci-après n° 194. a.); il dit
en toutes lettres:«Les immeubles étant affranchis de toutes
rentes par le Code, l'action réelle et l'action mixte ont cessé
d'exister; il ne reste plus au propriétaire de la rente, devenu
simple créancier,qu'une action personnelle née de son contrat,
qu'il peut exercer non pas contre des tiers détenteurs, à moins
qu'ils ne se soient personnellement obligés, mais seulement
contre l'autre partie contractante. »

,
« On prétendra peut-être, continue l'auteur, que tous ces
principes applicables aux rentes établies -depuis le Code, ne
peuvent s'étendre aux rentes antérieurement établies. Je ré-
ponds que les décisionsprécédentesn'étant qu'une conséquence
rigoureuse de la nouvelle règle, les rentes sont mobilières, doi-
vent recevoir leur application sans distinction de l'époque où
le contrat a été passé. Celui qui n'était qu'un détenteur tenu
réellement, est devenu personnellement débiteur envertude
la loi, et de nouveaux acquéreurs n'auront plus à redouter
l'action du créancier de la rente ci-devant foncière. Ou il
,
faudrait soutenir, quoique le Code ne distingue pas que les

;
anciennes rentes foncières sont encore immobilières, qu'elles
grèvent tout détenteur de l'héritage ou, si l'on admet qu'elles
sont mobilières, il faut subir toutes 'les conséquences de cette
mobilisation. Ainsi toutes rentes anciennes et nouvelles sont
soumises aux mêmes règles et à la même législation. » (Voy.
la seconde note au n° 106. a.)
:
suspendu, deslois antérieures qui avaient transformé
larente en simple créance ces dispositions ont res-
-

titué aux lois de 1789 et 1790 leur effet primitif; et


il a été expliqué, au S,a du Chapitre préliminaire, que
ces lois embrassaient également les rentes antérieures

;
et postérieures. Le texte de la loi de l'an vu confirme
cette interprétation il parle in rem, il dispose des

antérieure :
rentes,,sans distinguercelles qui'avaient une existence
à dater de cette loi, aucune rente ne
peut plus être frappée d'hypothèque.
Ainsi, depuis le 11 brumaire an vu, on n'a pu
acquérir une hypothèque sur des rentes, même an-
térieures.
91. h. Mais les hypothèques acquises; antérieure-
ment à cette loi, sur des rentes foncières, ont conservé
leur vigueur; c'est ce qu'indiquent les termes de
l'art. 7 : « Les rentes fi)ncières. ne pourront plus,
a l'avenir, être frappées d'hypothèques. » Il n'ajoute
pas que les rentes frappées antérieurement de cette
charge en sont libérées.
Le maintien des hypothèques précédemment ac-
quises résulte encore des articles 42 et 45 de la
,,
même loi qui prescriventlesformalités à remplir
pour la conservation de ces hypothèques (î)*
Le délai fixé par Fart. 57 de cette loi est égale-

;
mentapplicable à l'inscription des hypothèques assises
sur les rentes foncières mais ce délai regarde seu-
il
lement les créanciers entre eux; n'est pas établi au

(t) M. Grenier, n°161.


profit des nouveaux acquéreurs des rentes, qui ne
peuvent les purger que par la transcription de leurs
titres (art. 45). Donc l'inscription faite après l'ex-
piration du délai de l'art. 37, mais avant la trans-
cription du titre d'un nouvel acquéreur de la rente
,
est valable. Arrêt de la cour de cassation, du 5
août 1807 (i).
Les dispositions de la loi du 11brumaire an VII,

,
relatives aux hypothèques existant sur les anciennes
rentes foncières subsistent encore aujourd'hui le
Code civil ne les a pas abolies; l'art. 2 de ce Code
:
en emporte plutôt la confirmation. L'art. 655 du
Code de procédure dissipe le doute qui aurait pu
5
exister à cet égard il parle de la distribution du

actuellement, et il ajoute expressément :


prix des rentes par contribution, qui doit avoir lieu
« Sans
préjudice néanmoins des hypothèques établies anté-
rieurement à la loi du 11brumaire an VII » (2). La

(1) Répertoire, Vo Hypothèque, sect. 2, § a, art. 18, n° 3.


(2) Il résulte de ces termes de l'art. G55, ainsi que de la
circonstance que le Code de procédure n'a pas tracé une forme
particulière de saisie pour les rentes foncières, que le titre 10
dulivre 5 de la première partie de ce Code concerne les rentes
foncières aussi bien que les rentes constituées: on a pu établir

,
les mêmes règles quant à la saisie des deux espèces de rentes,
a
parce que vis-à-vis le créancier du crédi-l'enlier, il y ana-

:
logie parfaite entre elles; ce sont des meubles, et des créances
non exigibles le privilége attaché à la rente foncière ne forme
qu'un accessoire. Mais l'admission de cette forme unique pour
la saisie des deux espèces de rentes ne saurait servir d'argu-
ment pour soutenir qu'elles sont absolument identiques, ainsi
cour de cassation a reconnu ce principe dans les con-
sidérans d'un arrêt du 12 mai 1824.; en ajoutant
qu'aujourd'hui l'inscription peut être prise utilement
dans la quinzaine de la transcription de l'acte d'alié-
nation de la rente (1.). Cet arrêt décide que les ventes
pu cessions de rentes foncières, créées avant la loi du
11 brumaire an vu, sont encore aujourd'hui sou-
mises aux mêmes droits de mutation que lesimmeu-
bles. r

91. i. Comme ce n'est que par l'art. 7 de cette loi


que les anciennes rentes ont commencé à affecter
l'immeuble par forme de privilège, ce privilégien'est

:
pas soumis aux dispositions des art. 37 et 38, les-
quels sont ainsi conçus « Les droits d'hypothèque

présente,
ou privilége existans lors de la publication de la
qui n'auraient pas encore été inscrits eii
exécution et dans les formes de la loi du 9 messidor
y
an Ill., le seront pour tout délai, dans les trois mois
qui suivront ladite publication. Les privilèges qui
n'auraient pas été inscrits avant l'expiration des trois
mois, dégénéreront en simple hypothèque, et n'auront
rang que du jour de leur inscription.» On voit qu'il
est question de priviléges qui existaient non-seule-
ment avant cette loi, mais encore avant celle du 9
messidor an m, et de privilèges dont cette dernière

que l'a prétendu M. Jourdan, dans la Dissertation citée au


n° 194. a. Les différences signalées au n" 21 doivent faire re-
jeter cette opinion.
(1) S. 1824, 1, 516.
loi avait déjà ordonné l'inscription. Or la loi de
messidor ne parle pas des rentes foncières, et le pri-
vilége attaché à ces rentes n'existait pas légalement
avant la loi de brumaire. Donc ceprivilège conserve
son rang primitif, quoique l'inscription n'en ait été
faite qu'après l'expiration du délai fixé par l'art. 37.
Lacour de cassation l'a ainsi décidé le 20 frimaire
an XIV (i) et le 16 mars 1820 (2). Voy.le n"suiv.

SECONDE SUBDIVISION.

De la nature du privilège de la rente, et de son rang.

91.
,
A. Pour que la rente foncière soit inhérente
au fonds il faut que la réserve en ait été faite dans
l'acte d'acquisition de la propriété de l'immeuble5
car alors cette propriété n'a passé à l'acquéreur
qu'avec cette charge, et l'immeuble en reste affecté
dans les mains de tout détenteur. Autrefois la réserve
devait être faite lors de la tradition dans les pays
où? conformémentau droit romain, elle seule faisait

passer la propriété, ou lors de l'aliénation, lorsque


celle-ci suffisait à la transmission de la propriété.
Par la réserve, l'ancien propriétaire déclarait ne
faire passer à l'acquéreurqu'une partie de la propriété
de l'immeuble.Aujourd'hui la réserve doit avoir lieu

;
dans le contrat d'aliénation qui, par lui seul, em-
porte la transmission de la propriété l'ancien pro-

(1) Répertoire, V° Hypothèque, sect. 2, S 2, art. 14, n°3.


(2) lbid.,sect. 2, S 2; art. 15, n° 2 (t. 16, p. 399).
jjriêtaire de l'immeuble n'yretient qu'un droit in-
corporel, et ce droit, comme tous autres droits de
même nature, se conserve par l'inscription au bu-
reau des hypothèques.
Comme l'acquéreur n'a acquis l'immeuble qu'avec
la charge de la rente, et qu'il le possède ainsi à
compter du premier moment, de son acquisition,
l'immeuble est de droit, et par la nature du contrat,
affecté à cette charge du moment de l'arrentement
et c'est de ce moment que date la charge. Cette date
j
forme ce qu'on appelle le rang du privilège, lorsqu'il
se trouve en concurrence avec -d'autres droits de
même nature qui frappent le même immeuble. Le

dans le cas de simples hypothèques ,


rang du privilège de la rente n'est donc pas la suite
ou le résultat de l'inscription hypothécaire, comme
où le contrat
ne soumet pas de droit l'immeuble à la charge, mais
ouvre seulement le droit à cette affectation, laquelle
5
ne se réalise que par l'inscription et par consé-
quent - c'est à dater de celle-ci que compte le rang de
l'hypothèque (art. 2154). L'inscription du privilége
de la rente, au contraire, n'est requise, ainsi que le
porte littéralement l'art. 2106, qu'afin que le pri-
vilége puisse produire son effet3 le privilège existe,
et le rang. en est fixé avant l'inscription. Le sys-
tème de la publicité des hypothèques entraîne la
nécessité de l'inscription pour compléter le droit de
l'hypothèque ou celui du privilège, et, sans elle, ces
droits restent dans un état d'imperfection qui ne
permet pas que le créancier jouisse d'aucune pré-
férence sur d'autres créanciers3 sans l'inscription,
ces droits sont considérés comme s'ils- n'existaient
pas (i).
-
,
Dans la subdivision suivante nous exposerons les
conséquences de la nécessité de l'inscription que
nous venons d'expliquer; l'obj et de la présente sub-
division, c'est le rang du privilège de la rente.
91.Z. Ce privilègejouittoujours du premier rang,
en quelques mains que l'immeuble ait passé (2). Le
détenteur, qui suit l'acquéreur à rente primitif,

j :
ne possède pas l'immeuble uniquement en vertu de
son contrat d'acquisition mais il le possède encore
par les effets du contrat primitif or ce contrat ayant
imprimé à l'immeuble cette charge, il s'en trouve
grevé dans les mains de tout détenteur,. Il n'y a pas
de différence à faire, à cet égard, entre le détenteur
qui a acquis l'immeuble franc et qûitte, et celui qui
l'a acquis à charge de rente, cette charge étant,
comme nous l'avons fait voir au numéroprécédent ?

(1) Répertoire,V° Inscription hypothécaire, 5 2. M. Grenier,


1.1, n°59.— Le privilége n'étant, à proprement parler, qu'une
hypothèque privilégiée (itépertoire, Yo Privilége de créance,
sect. 1, n° i), on peut se servir à son égard des termes d'ins-
cription hypothécaire et de droits hypothécaires.
En outre, il nue faut pas perdre de vue, en cette matière, que
les priviléges et hypothèques sont des institutions du droit
positif; et qu'en conséquence les lois ont pu les modifierouy
imposer des conditions.Voy. M. Grenier, t. 2, n° 383.
(a) Il est entendu que le privilége a été inscrit, et que

ment:
l'immeuble n'est pas grevé de charges antérieures à l'arrente-
ces charges précèdent léprivilège de la rente.
.-
inhérente au fonds, et par conséquentindépendante
des stipulations des acquéreurs subséquens.
91. m. Ce privilége n'est primé, dans l'ordre,
par aucun y
autre à la seule exception de ceux dé-
signés dans l'article2101 du Code civil, et cela
uniquement en cas d'insuffisance des meubles (ar,
ticle2105)(1).
n.
91. Ce que nous venons de dire du rang du 1

privilège ne regarde pas seulement le fond du droit


ou le capital de la rente, mais encore tous les arré-
rages qui, formant l'accessoire, jouissent des mêmes
avantages, ainsi que nous verrons au n° 91. ss.. ci-
après.
91. o. A la différence des privilèges soumis à
l'inscription pour leur conserver cette nature (arti-
cles 2JX)9,21,10 et2111), le privilège de la rente,
à l'instar de celui du vendeur (2), ne dégénèrejamais
en simple hypothèque (article 2115) : ou il existe

(1) M. Grenier, n° 3yi.


- Le privilége accordé parl'art.32
de la loi du 22 frimaire an vu (12 décembre 1798), à la régie
de l'enregistrement pour les droits de mutation par décès
U
(Répert., Vo Enregistrement, 59 et 40), ne s'exerce pas
contre le tiers acquéreur des biens de la sucession (Avis du
conseil d'Etat,dcs 4 et 21 septembre 1810), ni au préjudice des
créanciers du défunt, dont les priviléges ou hypothèques ont
été inscrits avant le décès de ce débiteur (Arrêt de rejet, du 6
mai 1816. S. 1816, 1,423). Voyez M. Grenier, n° 418, et
M. Persil, liVA 1, chap. 1, S 4- Ces auteurs ne font aucune
mention de l'avis du conseil d'Etat que nous venons de citer.
(2) Répertoire, Va Privilége de créance, sect. 5, n° 5. Va
1,
Transcription, § n° 3.
pleinement , ou il n'existe point du tout (1). L'ins-
cription de ce privilège n'est requise que pour consta-
ter le rang déjà déterminé par la nature du contrat la
loi ne prescrit aucun délai dans lequel cetteinscription
;
dela
;
devra être faite le créancier est donc toujours à temps
faire faire; et, dès l'instant où cette formalité
est remplie, quelle qu'en soit l'époque, les conditions
prescrites sont accomplies, et il est satisfait à l'ar-
ticle 2113. Si l'intention du législateur eût été de
prescrire un délai au vendeur ou au créancier de la
rente, il l'aurait exprimé, ainsi qu'il l'a fait pour le
copartageant, pour l'architecte, et pour les créanciers
et légataires demandant la séparation du patrimoine.
Ce privilège peut donc toujours être utilement ins-
,
crit tant que l'immeuble n'est pas purgé de l'une
des manières qui seront expliquées dans la subdivi-
sion suivante. Aussi les décrets de 1808, 1811

,
et 1815, cités au n° 91. t:, tout en prescrivant
l'inscription du privilège de la rente ne disposent
pas qu'elle est nécessaire pour en déterminer le rang,
ou que l'art. 2115 y est applicable (2).
91. p. L'inscription conserve le privilège avec

(1) Ibid., V° Hypothèque, sect. 2,52, art. 14, n° 3.


(2) La cour d'Orléans a jugé en sens contraire, le 3o dé-
cembre 1818 (M. Colas de la Noue, t. 2, p. 94). Elle a re-
connu que le créancier d'une ancienne rente foncière n'était

,
pas assimilé au vendeur , et que si , après une première ins-
cription il n'avait pas fait le renouvellement dans les dix ans,
son privilège dégénérait en simple hypothèque, qui ne prenait
rang que du jour de l'inscription, conformément à l'art. 2113.
effet rétroactif, de manière que, quoique prise après
loag intervalle de temps, elle fait remontçr les
un
j
effetsd*privilège jusqu'au our du contrat à re*te ?
nécessaire de
e'est une conséquence ce qui a été dit
au n° 91. k. La même conséquence résulte, du texte
de la loi. A la vente y l'art. 2406" dispose que les
privilèges ne produisent d'efet, entre lqsCréanciers.,

i
qu'au moyen de l'inscription, età compter de la date
de cette inscription mais l'article ajoute ; «Sgu^les
»
seules exceptionsqui suivent. Il est ^vident q«çla

;
règle s'applique aux privilèges,mentionnées aux axe
cles2-109, 2110 et 2(11 que la première excepr
tion est écrite dans l'art. 210-7, et.que la seconde
existe en faveur du vendeur et du créancier de. la
rente. En effet leur. privilége, quoique non totale-
ment exempt de la formalité4el'inscription, peut

;
cependant, à ladifférence des autres priviléges, être
utilement inscrit à: tout moment le texte même
prouve que ce privilège ne reçoit pas son rang par
l'inscription y car, il faut le répéter, si telle avait
été l'intention du législateur-, il l'aurait exprimé,
il
ainsi qu Ta fait pour les autres priviléges qui ne
tiennent leur rang que de l'inscription prise dans un
délai déterminé. A l'égard du privilège du vendeur
et du créancier, de la rente, Fart. 2106 ne dispose
donc autre chose que la nécessité de l'inscription pour
que le privilége produise un effet. Il ne produit aucun
effet tant qu'il n'a pas été inscrit; mais, cette formalité
remplie, le créancier a satisfait à l'art. 2106, etle
privilège produira son effet. Reste la question du rang,
ou de savoir de quel jour datera l'effet du privilège.
Cette question ne saurait être décidée par l'art. 2 06"
maisbienau moyen desprincipesexposésaun°91. k*
t
Le privilège prend rang du jour de l'arreiïtement j
et c'est à ce jour que doit remonter son effet. Il est
toujours sous-entendu que le privilége n'a pas été,
-
avant son inscription, purgé de l'une des manières
que nous indiquerons dans la subdivision suivante.
Ilsuit des principes que nous venons d'exposer,
que le privilège de la rente, une fois inscrit prime9
toutes les créances postérieures à l'arrentement,
quoique l'inscription en soit antérieure àla sienne.,
et sans distinguer si elles existent du chef de l'ac,
quéreur primitif à rente, ou du chef d'un possesseur
subséquent (i).

TROISIÈME SUBDIVISION-

De la nécessité de l'inscription, et de la purge du privilége de


la rente.

91. q. Aux nos 91. f. o. et/iT, nous avons exposé


en général ce qui regarde la nécessité de l'inscription
de ce privilège. Nous ajouterons cette observation
commune
savoir :à tous autres privilèges et hypothèques
que l'inscription est seulement nécessaire re-
lativement aux tiers, et qu'elle ne l'est pas relative-

(i) La cour de cassation l'a ainsi décidé pour le privilége


du vendeur, le 26 janvier 1813 (S. 1813,1,335), de mêsne
que la cour d'Orléans"le 5 juillet 1815 (Recueil de M. Cola?
dela Noue, t.2, p.91). -
ment au débiteur(1). D'un autre côté, cette néces-
sité ne se manifeste pas uniquement pour le capital de
la rente, mais enGOre-pour les arrérages échus et les
frais3 accessoires du fonds, ils en suivent le sort (2).
L'effet du privilège, que l'art. 2106 déclare su-
bordonné à la condition de l'inscription, se présente
:
sous deux points de vue d'abord, lorsque le créancier

;
de la rente se trouve en concurrence avec d'autres
créanciers du débiteur et puis, lorsqu'il s'agit de
conserver le privilège vis-à-vis les tiers acquéreurs de
l'immeuble arrenté (3).
Le Code civilne parle, à l'article 530, que des
rentes foncières établies après sa publication. Cepen-
dant, lorsqu'il s'agit aujourd'hui d'exercer le privilège
d'une rente créée antérieurement, les dispositions
du Code sont seules applicables pour ce qui concerne

(1) M. Grenier, t. 1, n° 66.


(2) Voyez ci-après n° 91. ss. Il en est de même des droits
casuels maintenus dans les quatre départemens du Rhin. Voy.
ci-dessus la dernière note au n° 38.
(3) Dans l'espèce jugée par l'arrêt de rejet du i3 déc. 1815,
on avait opposé que le vendeur d'un immeuble pouvant ob-
tenir la résolution de la rente sans le secours d'une inscription,
il en devait être de même lorsqu'il se borne à demander le

:
prix qui lui est dû. Mais la cour a écarté cet argument par le

;
considérant suivant «Que l'action en rescision et celle en
paiement sont essentiellement distinctes qu'elles produisent
et
des effets sont soumises à des principes différens; qu'ainsi,
si l'une de ces actions n'est pas assujettie à tejle ou telle for-
malité, il n'y a aucune raison d'en conclure que l'autre en soit
exempte. »
jr-q conditions, tt le mode de - cet exercice. Le Coile
parle de l'effet dQs, privilèges, et les anciennes rentes
ne sont égalementaffectées au fonds qu'en cette
forme. WllillclIIJs, le Code régit nécessairement les
faits, qui se passent sous son empire (i). Il s'ensuit
que tout ce que nous dirons de la purge et de l'ordre
est applicable autajit aux rentes anciennes qu'aux
rentes nouvelles, dès que le fait d'où doit résulter
la purge, ou dès que l'ordre des créanciers a lieu
sous L'empire,du Code.
Nous allons parcourir lesdifférens cas où la né-
cessité de l'inscripton se fait sentir.
•91. r. Lorsque l'immeuble chargé de la rente a
été aliéné volontairement (2), avec la condition de
servir la rente, cette reconnaissance de la charge
empêche l'acquéreur de purger la rente 5
quand
même le créancier n'aurait pas pris inscription pour

(1) Voyez n° 40, note 2, pag. 80 et 81.


(a) Les termes génériques d'aliénation on d'aliénation vo-
lontaire, titre translatif de propriété, nouveau propriétaire,
employés dans le Code, comprennent également l'aliénation
à titre onéreux et celle à titre gratuit. Si la vérité de cette
observation avaitbesoin d'être prouvée, la preuve se trouverait
dans la combinaison des articles 2184 et 2189, avec les autres
dispositions du même chapitre. - Les aliénations faites en
justice des biens des mineurs, des interdits, des successions
vacantes ou acceptées seulement sous bénéficed'inventaire,
des faillis et des débiteurs qui ont fait cession de biens, et les
aliénations par licitation, sont cependant volontaires. M. Gre-
nier, t. n, n° 566. Répertoire, Vif Transcription, S3, n° 7.
à
M. Persil, liv. 2, chap. 7, sect. 1,S6 lafin, et chapitre II,
sect. 1, S 4.
la conserver. L'acquéreur a reconnu qu'il ne possède
4e fonds qu'avec la charge qui y a été imposée lors
de la première aliénation.
91. s. Lorsque l'acte de mutation porte que la
vente a été faite franc et quitte de toute rente, de
même lorsque l'acte ne fait pas mention d'un en-
gagement de servir la rente pris par l'acquéreur
(n° 82) (1), mais que le privilége a été inscrit, le
nouvel acquéreur est tenu de la rente comme tiers
détenteur, c'est-à-dire hypothécairement et sans au-
cune obligation personnelle. Nous reviendrons plus
-tard (n° 122. c.) sur cette qualité de tiers détenteur.

dent,
91. t. Si, dans le cas prévu au numéro précé-
il n'y a pas d'inscription prise avant l'expira-
tion du délai de quinzaine, fixé par l'article 854 du

(i) La courde Cologne a décidé, conformément à l'art. i3i5


du Code civil, que l'obligation de l'acquéreur qui se charge
de la rente, doit être clairement exprimée dans l'acte de mu-
tation, et qu'il ne suffit pas d'inductions tirées d'expressions
équivoques de l'acte (Journal des arrêts de cette cour, t. 10 ,
i, 117).
Mais il suffit que le nouvel acquéreur ait contracté envers
son vendeur, et hors la présence du créancier de la rente,
l'obligation de la servir, pour qu'il en soit personnellement
tenu envers le créancier (art. liai). Arrêt de la cour de cas-
sation, du 21 mai 1807 (Répertoire, V° Délaissement par
,
;
hypothèque, n° 1. S. 1807,1 278). Arrêt de la cour de
Bruxelles, du 12mai 1810 (S. 1813, 11,365) deuxarrêtsdela
courdeParis,des 12mars 1812
11, 124; et
,
17 janvier1816 (S. 1815,
1816, 11, 83). Arrêt de la cour de Rouen du 12
juillet 1823 (S. 1825, 11,324). Voyez les Questions de droit,
Y" Stipulation pour autrui, et ci-après n° 152. a.
,
Code de procédure civile, l'immeuble se trouve purgé
de la rente et elle ne peut plus être exigée contre
l'acquéreur.
Pour établir cette proposition, il faut distinguer
les trois législations qui sesont succédé (i).
Les articles 26 et 28 de la loi du 11 brumaire
an VII., laissaient, jusqu'à la transcription, le fonds
vendu sujet aux inscriptions des créanciers du
ven-
deur, sans distinguer même les créances antérieures

,
ou postérieures à l'acte de vente. En général, sui-
vant ces articles et en cas d'aliénation volontaire ,
la propriété de l'immeuble n'étaittransférée au nou-
veau possesseur que par la transcription jusqu'à
y
l'accomplissementdecette formalité le vendeur était
;
censé, du moins dans l'intérêt des tiers, avoir con-
servé la propriété de l'immeuble aliéné (2).

,
(1) Voyez M. Grenier,Traité des hypothèques t. 2, n°375
et suiv. M.Persil, Questions sur les privilèges, liv. 2, chap. 7,
sect. 1, S 5.M. Tàrrible, au Rép. VOTranscription, S 3, n°6.
(2) On- a beaucoup discuté la question de savoir, si la
transcription des contrats de vente, passés, soit avant la loi du
11 brumaire an vu, soit sous l'empire de cette loi, a continué,
sous le Code civil, d'être nécessaire pour purger les hypothè-
ques qui avaient été acquises antérieurement à cette loi ou sous
son empire, mais qui n'étaient pas encore inscrites à l'époque
de la promulgation, soit de l'art. i583, soit de l'art. 2182 du

ces
- ,
Code; ou sila seule promulgation de ce Code a eu, quant à
hypothèques tout l'effet d'une véritable transcription
La cour de cassation avait d'abord adopté cette dernière opi-
?

?
nion par ses arrêts des r8 mai 1810 (S. 1810,1 265), 16 oc-
tobre 1810 (S.1811, 1,25), et 28 juillet 1815 (Répertoire,
Aux termes de Fart. 2182 du Code civil, ce n'est

même ,
plus la transcription,mais bien l'acte de vente lui-
qui transmet la propriété de l'immeuble
aliéné; il la transmet avec les mêmesprivilèges
hypothèques dont l'immeuble était chargé, au moment
et
de lavente, entre les mains du vendeur. Ces mots,
que nousajoutons au texte de l'article, en complètent
5
le sens naturel la loi n'a pu avoir en vue des charges
futures9 sans les imposer en termes formels.D'après
cela il est certain que, sousl'empire du Code civil

Vo 1

;
Transcription, S 3, w )., et M. Persil, liv. 2, chap. 7,
sect. 1, § 7, la soutientencore mais la cour suprême est re-
venue sur cette jurisprudence, et ses arrêts du 19nov. 1817,
9 février 1818, 4janvieret11 juillet 1820 (Questions de droit,
r,
Transcription, S5. S. 1818, 89; 1821,1,12), ontjugé
dans le sens du premier membre de la question. Cette opinion
est aussi celle de M. Merlin (aux endroits cités), et de M. Gre-
nier, n° 35o : nous l'adoptons également. Le Code civil règle
les faitsqui se passent depuis sa publication (voyez la note av
n° 4o); mais il n'a pas d'effet rétroactif. Sous l'empire de la loi

;
du 11 brumaire an vu,la vente était bien parfaite entre les par-
ties par leur simple consentement mais l'acte ne pouvait, avant

"avec le vendeur;
la transcription, être opposé à des tiers qui avaient contracté
et les hypothèques acquises contre ce der-
nier antérieurement à cette loi, de même que celles établies
sur ses biens sous l'empire de ladite loi, pouvaient être vala-
blement inscrites, tant que la transcription de l'acte de vente
:
n'avait pas eu lieu cette formalité avait seule l'effet de purger
les hypothèques non inscrites. Le Code civil n'a rien changé
à cette législation relativement aux hypothèques existantes et
aux acquisitions faites avant sa promulgation; les actes d'alié-
nation antérieurs et non transcrits n'ont pas été purgés par la
et avant la publication du Code de procédure, l'alié-
nation volontaire d'un immeuble, seule et sans le
secours de la transcription, purgeait les hypothèques
et priviléges existans antérieurement sur l'immeuble
et non inscrits, de même qu'elle empêchait qu'il n'eu
fût établi de nouveaux. Unavis du conseil d'Etat,
du 11fructidor an XIII (29 août 1805), a sanc-
;
tionné ce principe (î) les cours d'Angers, de Paris,
de Turin, de Bruxelles et de Nimes, ont jugé dans
ce sens (2), de même que la cour de cassation dans
survenance du Code, et cet événement n'a pas arrêté le cours
des inscriptions à prendre contre le vendeur. Si le Code avait
-eu ces effets, il aurait ouvertement rétroagi sur des faits passés
avant sa promulgation. Cet état des choses n'implique pas
.contradiotion avec le système du Code; il est une conséquence
rnécessaire de la différence qui existeentreles deux législations
qui se sont succédé. - Au reste, les hypothèques créées?
dans le cas supposé, contre le vendeur, depuis la publication
du Code, ne-peuvent plus avoir effet sur le bien vendu anté-
:
rieurement car elles ont pris origine sous l'empire d'une loi
qui s'oppose à ce qu'après la vente le vendeur puisse encore
établir des hypothèques sur le même bien.
(1) M. Locré, Esprit du Code de procédure civile, sur les
articles 834 et 835. Répert. Vo Inscrrption hypothécaire, S 8
bis, n° 2 (t. 16, p. J54).
(a) On trouve la discussion complète de cette question au
Répertoire, Vo Inscription hypothécaire, S 4> n° 8, et S8
bis, n° 2 (t. 16 p. 451 etsuiv.) où l'auteur a cité les arrêts
, ,
énoncés ci - dessus. Celui de la cour de Paris est également
rapporté par Sirey, 1810, 11, 19a; celuide Turin, ibid. 1811,
11,284,et1814,11,a5; celui de Bruxelles, ibid.1812, ir,
25a; celui deNîmes a été confirmé par l'arrêt du i3 décembre
1815 (S. 1814, 1, 46). L'arrêt du 22 février 1825 se trouve
Jbicl. 1825, l, 178.
les arrêts de rejet des 15 décembre 1813 et 22 fé-
vrier 1825. Voici le passage concernant des consi-
dérans de l'arrêt de 1815 :
« Que, suivant le
Code civil, l'inscription, pour
être valable, devait être prise pour le créancier dans
le temps que l'immeuble était encore entre les mains
de son débiteur5-que, faite postérieurement à l'alié-
nation de l'immeuble, elle était nulle, soit que l'acte
de mutation eût été ou non transcrit.»
Lors de la discussion du Code de procédure, on a
pris en considération que, dans le système du Code
civil, le créancier privilégié ou hypothécaire qui,
èOmptant sur la bonne foi du débiteur, aurait différé
pour quelque temps de prendre l'inscription contre
lui, pourrait être privé de tous ses droits par une
aliénation clandestine, et que même le créancier le
plussoigneux pourrait être surpris par une aliénation
dont la précipitation frauduleuse ne lui aurait pas
mêmelaissé le temps de faire son inscription. En
conséquence, le législateur a innové, par l'art. 854
du Code de procédure, aux dispositions du Code
civil. Cet article n'attache la déchéance des privi-
léges et hypothèques antérieurs à la vente et non
inscrits, qu'à l'expiration d'un délai de quinzaine,
qui commence à partir d'un fait public, celui de la
transcription. C'est un tempérament à la rigueur des
principes du Code civil, on peut dire que l'art. 834
établit une fiction ou présomption légale, suivant
laquelle, à l'égard des créanciers du vendeur anté-
rieurs à la vente, ce dernier est réputé conserver la
propriété de l'immeuble jusque l'expiration de la
quinzaine. La loi ne parle pas littéralement d'une
déchéance encourue par l'expiration de la quinzaine3
mais on ne saurait en douter. L'article porte que
« lescréanciers. ne seront plus reçus à requérir la
mise aux enchères conformément aux dispositions du
,
chap. 8 titre 18 du livre 5 du, Code civil. Ce
9
»
;
droit de requérir la mise aux enchères c'est préci-

:
sément le nerf l'effet essentiel du privilège et de
l'hypothèque une hypothèque qui ne peut fournir
au créancier les moyens d'élever le prix de l'im-
meuble à sa vraie valeur, et qui ne peut mettre aucun
obstacle au paiement du prix del'immeuble aliéné
entre les mains du vendeur, ne peut être une hypo-
thèque, puisqu'elle est dénuée de tous les droits qui
constituent la vraie hypothèque (1).
Il ne faut pas perdre de vue que l'article 854 ne
parle que des hypothèques antérieures a la vente, et
non de cellesantérieures à la transcription; de sorte
que cet article ne déroge pas à cette conséquence des
dispositions du Code civily que le vendeur ne peut
plus établir, après la vente, de nouvelles hypothèques
sur le bien vendu.
La dernière disposition de l'art. 854 déclare for-

à la même déchéance ;
mellement que les créanciers privilégiés sont soumis
et les autres droits, que le
législateur a entendu réserver au vendeur, consistent

et
S 8 bis, n° 2 (t. 16, p. 451 suiv.).- ,
(1) Répertoire, V° Inscription hypothécaire, S 4, n° 8, et
V° Transcription
5 3, n° 6. Arrêt de lacour de Cologne, du 10 novembre 1823
(Journal des arrêts, t. 5,1,237).
uniquement en ce que le privilège est conservé par
la transcription du titre, sans qu'il soit besoin d'une
à
inscription la requête du vendeur (i). -

Tous ces principes sont également applicables au


privilége du vendeur, et.à celui du créancier de la
rente. La cour de cassation l'a reconnu par l'arrêt
du 29 juin 1815, déjà cité,' dont les considérans
portent
« Que les créanciers des rentes foncières n'ont pu
en conserver les hypothèques contre les tiers acqué-
reurs, qu'en prenant inscription sur les immeubles
qui en sont grevés, avant la transcription des con"
trats translatifs de la propriété de ces immeubles;
ou, au moins, si la transcription a été faite depuis
la mise en activité du Code de procédure civile, dans
la quinzaine suivante (2) ; que cela est ainsi expliqué,
comme conséquence des articles 529, 550 et 2182
du Code civil, ainsi que de l'art. 854 du Code de
procédure civile, par l'article 107 du décret du 9
décembre 1811, et par l'article 6 du décret du 1
mars 1815 (5).»

(1) Répertoire, VO Transcription, S 3, n° 6, et dernier ar-


rêtcité.
(a) Ce n'est que l'expiration de la quinzaine qui emporte la
déchéance; aucune autre circonstance ne saurait avoir cet effet.

-
;
Ainsi l'inscription prise pendant l'instance engagée entre le
créancier et le débiteur, ne laisserait pas d'être valable .de
même que le serait la transcription de l'acte d'acquisition, faite
à la même époque. M. Merlin, Répertoire, Y" Domicile élu,
§1, n° 3 bis (t. i5 p. 209).
,
(3) Le créancier de la reute
conserve néanmoins l'action en
Enfin y nous ferons observer que la- discussion
qui précède contient en même temps l'exposition
d'un autre principe de notre droit; c'est qu'aujour-
d'hui la transcription des actes d'aliénation volon-
taire n'est aucunement nécessaire pour transmettre,
y
acquérir ou consolider la propriété que son objet
est de préparer, dans l'intérêt de l'acquéreur, la pur-
gation des hypothèques antérieuresàlaliénsflton
,
et qu'elle n'est plus que la première formalité pour
pannettir »cette purgation (1). Par rapport aux do-
ndtions, elle a encore un autre obj et particulier, dont
nous avons parlé au n° 5 ci-dessus (2).
91. u. La purge des privilèges et hypothèques par
l'effet de la transcription des actes d'aliénation vo-
Iontaire" amène la discussion d'une autre question
sur laquelle les auteurs et la jurisprudence ne sont

résolution du contrat. Demême, ledétenteur, à charge derente,


qui a vendu l'immeuble franc et quitte, est tenu de payer le
capital du rachat, ainsi que nous l'avons vu ci-dessus.
(1) Répertoire, Y0 Transcri ption, S 3f, n° 1. M. Grenier,
nog 348 et 35o.
(2) A la différence de la vente, la donation est un acte qui
ne tire sa force que de la loi positive, et dont les fondes
constituent l'essence. On n'est pas d'accord sur la question
de savoir, si-la formalitéde la transcription est ou non néces-
saire pour empêcher le donateur de vendre on hypothé-
quer à un autre indi-vidu-l'immeuble qui fait l'objet de là do-

,
nation. CÎettecfontrovferèe- se réduit uniquement à déterminer
srle- texte de l'article 939 du Code sainement interprétê, se
prononce pour l'une ou pour l'autre de ces deux opinions.
Nous ferons observer que M. Persil, liv. 2, chap. u, sect. 1,
i,
s partagel'opinion soutenue par M. Toullier.
pasraccord. Ç'est celle de savoir Bi, dans le cas de
plusieurs ventes successives du même immeuble, le
dernier acquéreur, qui veut purger sa propriété, n'est
obligé qu'à faire transcrire son propre contrat, ou
s'il doit aussi remplir la même formalité à l'égard des
contrats de vente précédens? En d'autres termes, si
le privilège de la rente est purgé par la transcription
d'une deuxième ou troisième vente, ou s'il ne l'est
vue par la transcription de la première vente qui suit
le contrat d'arrentement?
Les arrêts de la cour de cassation, du 13 dé-
cembre t815 (déjà cité), et du 14 janv. t818 (î),
ainsi que l'arrêt de la cour de Turin, du 16 mars
1811 (2), décident qu'il suffit de la transcription
du dernier contrat, pour opérer la purge de tous les
privilèges et hypothèques existans sur l'immeuble
-du chef des propriétaires antérieurs. Un arrêt de la
cour de cassation, du 17octobre1810 (3) avait
la
décidé même chose à l'égard des lettres deratifi-

;
cation que l'acquéreur était obligé de prendre aux
termes de l'édit de 1771 enfin un arrêt de la même
-cou.r, du 28 mai 1807 (4), avait jugé dans le même
sens relativement à la transcription faite sous l'em-
-
pire de la loi du 11 brumaire an vu. M. Tarrible,
au Répertoire, Vo Transcription, § 5, n° 2; M. Gre-

(l) Répertoire, Va Transcription, S 5, n° 2, à la note (t. 17,


p. 820), S. 1818,1,3oo.
(2) S. 1811, 11, 4^3.
i,
(3)S.1811, i55.
(4) S. 1807, 1, 295.
nier, Traité des hypothèques, t. 2, UO 365 ; et M.
Persil, Questions sur les privilégies, liv. 2, ch.11,
sect. l, § 2, soutiennent l'opinion contraire. Nous
partageons l'avis de ces auteurs par les motifs que
nous allons exposer.
Les dispositions combinées du Code civil et du
Code de procédure établissent le système suivant
La vente étant parfaite entre les parties, et la pro-
:
priété étant acquise de droit à l'acheteur par le seul
consentement (art. 1583), il est évident qu'après la
vente le vendeur ne peut plus créer un privilège ou
une hypothèque qui frapperait l'immeuble. Cepen-
dant la simple transmission de la propriété n'ar-
rête pas le cours des inscriptions, et ne rend pas
invalides celles prises postérieurement, dès qu'elles
sont fondées sur des actes antérieurs à l'aliénation ;
la loi n'attribue. l'effet d'arrêter le cours des inscrip-
tions qu'à la double circonstance, 1° de la publication

;
légale de la vente, faite aux parties intéressées par
la voie de la transcription 2° de l'expiration du délai
de quinzaine, qui commence à dater de l'accomplis-
sement de la première formalité (art, 2182 du Code
civil et 834 du Code de procédure). Cette publica-
tionlégale n'a d'autre but que d'avertir les créanciers
du vendeur de veiller à leurs droits; et c'est une
suite nécessaire de cet avertissement, que ceux qui
ne s'y conforment pas,c'est-à-dire qui ne prennent
pas inscription dans la quinzaine, se trouvent for-
clos. Mais l'avertissement, par la nature des choses,
doit être restreint à son contenu ; il ne saurait être
étendu à d'autres objets, à défaut d'une disposition
:
spéciale de laJoi quiétablisse cette exception aux rè-
gles d'interprétation aussi voyons-nous que toutes les
fois qu'un acte doit valoir quelque chose de plus que
ce qu'il exprime littéralement, le législateur a pris
soin.de l'indiquer: témoins, l'art. 2108 du Code civil,
et l'art. 31S du Code de procédure. Il est donc im-
possible que la transcription du dernier contrat

;
donne un avertissement suffisant aux créanciers de
tous les anciens propriétaires successifs ce dernier
acte n'annonce pas que le débiteur de ces créanciers
a fait une aliénationymême ceux qui auront une
hypothèque spéciale ne pourrontêtreréputés avertis,
parce que les registres hypothécaires ne rappellent
que le nom du débiteur, et qu'ils ne sont pas tenus
par ordre d'immeubles. Et comment le créancier qui
aura une hypothèque légale ou judiciaire sur les au.
9
eiens propriétaires pourra-t-il trouver des rensei-
gnemens dans le dernier contrat ? Vainement il
viendra tous les quinze jours demander au bureau
des hypothèques s'il n'y a pas de transcription contre
y
un tel, son débiteur on lui répondra et certifiera
:
que non et dans l'intervalle, un acte passé entre
d'autres personnes, dont il ignore légalement les
droits, lui fait encourir la déchéance!
Il s'ensuit que la transcription de chaque acte de
mutation, suivie de l'expiration du délai de quin-
zaine, n'emporte que la purge des créances non
inscrites qui existent du chef du vendeur actuel5
mais la transcription du dernier acte de vente ne
peut avoir le même effet à l'égarddescréanciers des
propriétaires précédens; car, nous le répétons, les
acquéreurs antérieurs n'ont pas été annoncés léga-
lement comme tels. L'opinion contraire attribue à la
seule transmission de la propriété l'effet de purger

au dernier vendeur ;
les créances nées contre les propriétaires antérieurs
conséquence qui se trouve en
opposition formelle avec le texte et avec l'esprit de
la loi.
,,
Il faut donc pour opérer la purge pleine et en-
tière de l'immeuble faire transcrire tous les actes
de vente successifs, à partir du dernier qui a été
revêtu de cette formalité.
On lit, dans les considérans de l'arrêt du 13 dé-
à
cembre 1815, « que l'art. 2181 n'impose celui qui
veut purger un immeuble que l'obligation de trans-
crire lecontrat qui l'a rendu propriétaire; que tel est
le sens manifeste de cet article, expliqué clairement
par les n" 1 et 2 de l'art.2185, qui ne parlent que
de la transcription d'un seul acte de mutation. » Ce-
pendant, nous ferons observer que l'art. 2181 ne

de l'obligation d'en transcrire plusieurs :


parle ni précisément d"un seul acte à transcrire, ni
la dispo-
sition générale de cet article se prête aussibien à
l'une qu'à l'autre des deux opinions. Les nos 1 et 2
de l'art. 2185 ne parlent, à la vérité, que d'un acte;
cependant, ils n'en parlent pas limitativement ou pour
indiquer qu'il n'en fallait transcrire qu'un seul5
mais ils en parlent comme du cas qui se présente
ordinairement. Le législateur suppose, comme de
droit, que ses dispositions seront observées,c'està.
dire que chaque nouveau propriétaire fera transcrire
son acte d'acquisition, et qu'il fera les notifications
nécessaires à la purge hypothécaire; et,
par une con-
séquence de cette première hypothèse, le législateur
suppose que régulièrement il ne s'agira, dans cette
:
matière, que d'un seul acte c'est ce cas, qui arrive
ordinairement, que l'art. 2183 a prévu (i).
On ne

cas extraordinaire ,
saurait conclure de cette disposition que, dans un
celui où les précédens proprié-
taires ne se sont pas conformés à la loi, il suffirait
également d'un seul acte5 au contraire, il est évident
que celui qui a intérêt à la purge doit alors, l'égarda
de tous les actes antérieurs, observer l'art. 2183.
On lit encore dans l'arrêt que «exiger du dernier
acquéreur la transcription des actes antérieurs, ce
serait lui imposer une formalitétrès-onéreuse, et
dans plusieurs cas, impossible à exécuter. Mais »
cette difficulté et cette impossibilité n'existent-elles
pas aussi du côté du créancier, si l'on admet l'opinion
des adversaires ?
On y lit enfin que, « d'aprèsl'art.2182, ce n'est
pas la transcription qui purge un immeuble, que
cette formalité n'a principalement pour objet que
d'arrêter le cours des inscriptions, sauf le délai de
quinzaine; que l'opération de purger consiste essen-
tiellement, suivant l'art. 2183, dans les notifica-
tions aux créanciers aux domiciles élus dans leurs
inscriptions; cette notification doit être faite à tous
les créanciers inscrits, non-seulement sur le vendeur

;
(4) Neque leges, dit L. 10. ff. de Legibus, ita scribi possunt,
ut omnes casus, qui quandoque inciderint,comprehendantur sed
suflicit ea quœplerumque accidunt, contincri.
immédiat, mais sur tous les précédonspropriétaires i
que pour rechercher ces derniers, l'acquéreur peut,
s'il le jugea propos, transcrire les contrats antérieurs
ausien,mais que rien ne luienimposel'obligation.»
Il nous semble qu'il y a ici confusion d'idées. L'ac-
-
quéreur doit purger l'immeuble de deux espèces de
créances, de celles inscrites et de celles non inscrites.

:
La purge de ces dernières se fait par la transcription
du contrat, suivie du délai de quinzaine la purge
des créances inscrites a lieu par la voie indiquée à
l'art.2183. Dans la question que nous discutons5
et sur laquelle l'arrêt a prononcé, il s'agit de la purge
5
des créances non inscrites il est donc évident qu'à
cet égard il n'y a lieu que d'appliquer l'art. 2182
et l'art. 854 du Code de procédure, qu'il n'est pas
question de signification, et que l'art.2183 ne peut
trouver aucune application.
L'arrêt du 14janvier 1818 ne faitquereproduire
sommairement les argumens de l'arrêt de 1813.
MM. Grenier etPersil, aux endroits cités, pro-
posent un terme moyen, qui formerait une modifi-
cation de l'opinion de M. Tarrible. C'est que la
transcription des ventes antérieures serait suffisam-
ment remplacée par l'indication détaillée et généa-
logique, faite dans le dernier acte, des transmissions
de propriété successives, comme cela se pratique a
Paris et dans les grandes villes. « La transcription
d'un acte ainsi conçu, dit M. Grenier, emporte en
elle-même la transcription substantielle et collective
du dernier contrat de vente et des précédens actes
de mutation.» Aussi cette opinion a-t-elle été adoptée
à l'égard des anciennes lettres de ratification, par
l'arrêt de la cour de cassation du 17octobre 1810
cité ci-dessus. - Cependant une simple énonciation
,
de l'acte ne peut suffire, quand l'art. 2181 prescrit
expressément la transcription de l'acte même. Pour
écarter cette observation, M. Grenier dit que l'ar-
ticle cité ne prévoitque le cas d'une vente simple ,
;
qui serait transcrite pour la purgation des seules
hypothèques existantes sur le vendeur que l'article
est purement réglementaire, et ne prononce pas> la

doit être observé strictement, parce que combiné


avec l'art. 834 du Code de procédure, il emporte
,
nullité. Il nous semble, au contraire, que l'art. 2181

une déchéance ; et que, pour entraîner une déchéance,


il faut que toutes les conditions prescrites à cet effet
aient été remplies (i). -
Il existe d'ailleurs, dans l'organisation actuelle des
registreshypothécaires,un argument contre l'opinion
de M. Grenier; c'est que la transcription d'un acte
conçu selon sa proposition n'aurait, en fait, aucun
caractère de publicité pour les créanciers des ven-
deurs antérieurs. Le conservateur transcrit littéra-
lement le dernier acte; mais, dans le répertoire qui
contient les noms des individus qui figurent dans les
registres, de même que dans la table alphabétique,
il ne porte que les noms des parties de l'acte, savoir :
du dernier vendeur et du dernier acquéreur., Si le

(1) In re dubiâ benigniorem interpretationem sequi non minus


justiuç est quàm tutius. L.192, S 1. ff. de Regulisjuris.
créancier d'un vendeur précédent demande s'il y a
transcription contre celuici, on lui répondra que
non, conformément àces deux registres. Pour donner
un appui à l'opinion de M. Grenier, il faudrait donc
qu'il fût ordonné aux conservateurs d'énoncer, dans
ce cas, au répertoire et à la table alphabétique, les
noms de tous les propriétaires successifs énoncés
dans l'autre, à moins qu'on ne voulût obliger le
créancier à se faire délivrer indistinctement copie de

ment,
tous les actes transcrits au bureau de l'arrondisse-
afin de ne pas manquer celui qui peut con-
cerner son débiteur, ou à moins que l'on ne voulût
remplacer l'art. 2196 par une disposition qui per-
mettrait à tout individu de feuilleter lui-même les

de toutes ces copies. D'ailleurs ,


registres des transcriptions pour épargner les frais
en obligeant les
conservateurs à faire les énonciations dont nous ve-
nons de parler, on aggraverait leur position et leur
responsabilité. Tous ces inconvéniens disparaissent
si l'on s'en tient au sentiment de M. Tarrible, que
nous avons cru devoir adopter.
Après cette digression, nous continuons l'énumé-
ration des cas où la nécessité de l'inscription de la
rente se fait sentir.
91. v. Lorsque l'immeuble arrenté a été exproprié
contre l'acquéreur à rente ou autre détenteur, et
que le privilége de la rente n'a pas été inscrit avant
l'adjudication définitive, il est purgé par le seul effet
de cette adjudication(i).

(i) Répertoire, V° Inscription hypothécaire, S ?n


4 7*
Sous l'empire de la loi du 11 brumaire an VII, le
jugement d'adjudication devait être transcrit, pour
opérer le transport de la propriété sur la tête de
l'acquéreur;et par conséquent les inscriptions prises
ayant cette transcription, contre le débiteur expro-
prié, pouvaient être valables.

y ,
Dans le système du Code civil, ce n'est plus la
transcription mais le contrat de vente qui transfère
la propriété à l'acquéreur, et qui arrête le cours des
inscriptions^ Voyez ce que nous avons dit au n"9"i. t.

,
lontaires mais encore les ventes forcées ;
Ce principe comprend non-seulement les ventes vo-
car le
Code pese les principes généraux du droit civil5 et
quoiqu'il traite séparément dans le titre 19 du liv. 5
de la vente forcée, il n'y apporte aucune exception
aux principes énoncés au titre des obligations en gé-
néra] et à celui de la vente. L'art. 854 du Code de
procédure a modifié le système du Code civil, ainsi
que nous l'avons vu au n° 91. t.; mais cette modifi-
cation est restreinte au cas de l'aliénation volontaire,
et il n'y a aucune raison de l'étendre, par analogie,
à l'aliénationforcée. Tous les créanciers ont été
avertis par les actes et publications qui précèdent
5
l'adjudication la chaleur des enchères, excitée par
les annonces, a tendu à élever le prixyaprès l'adju-
dication définitive; une surenchère est encore per-
mise, qui amène de nouvelles enchères entre l'adju-
dicataire et le surenchérisseur. Ainsi la loi a tout

V° Saisie immohilière, 5 7, n' 5. M. Grenier, t. 2, n° 490.


i
lU.Fersil,liv.2,chap.7,sect. 1, S 6,etchap. i,sect. i, S 5.
fait pour donner l'éveil aux créanciers non inscrits
et pour élever le prix, et il n'y a pas de motif d'ac-
corder un nouveau délai semblable à celui de l'ar-
ticle 854.
Aussi l'art. 2181 du Code civil n'a eu en vue que
le contrat d'aliénation volontaire de la part du débi-
;
teur en faveur d'un tiers et ni cet article, ni aucun
article du Code de procédure civile, ne prescrivent
la transcription du jugement d'adjudication défini-
tive, et ne font dépendre quelque droit de l'accom-
5
plissement de cette formalité laquelle, comme l'on
voit, est regardée comme inutile.
L'esprit général de la législation concourt donc
avec le texte pour soutenir la proposition énoncée en
tête du présent numéro. La cour de cassation l'a
consacrée dans un cas analogue, en décidant par
arrêt de rejet du 21 novembre 1821 (r), que l'hy-
,
pothèque légale de la femme, non inscrite, se trouve
purgée par l'adjudication définitive sur expropriation
forcée.
91 x. Finalement, nous ferons observer que les
règles sur la purge du privilège de la rente souffrent

clause expresse ,
exception dans le cas où l'acte d'aliénation porte la
que l'acquéreur fera transcrire
contrat avant toute aliénation, et pour valoir ins-
le

(1) S. 1822,1,214. La cour deCologne a décidé en ce sens


relativement au privilège du vendeur, pararrêt du 17 jan-
vier 1824.(Journal des arrêts, t. 7, 1, 126.) Le rédacteur de ce
Recueil, ouvrage très-estimé en Allemagne, est M. de Sandt,
avocat général ù cette cour.
,
tîriplion au privilége dm vendeur ou du créancier de
la rente. Ceux-ci peuvent alors tant que cette trans-
cription nfa pas eu lieu, et même après la revente de
l'immeuble à un tiers, prendre utilement des ins-
criptions sur«et immeuble, et conserver par là leur
privilégie, même contre le nouvel acquéreur. Laclause

;
indiquée forme une condition suspensive apposée à
l'aete de transmission de la propriété avan,t l'accom-
y
plissement de cette condition la propriété n'est pas
acquise au premier acquéreur : elle ne passe sur sa
tête qu'au moment de la transcription du titre, faite
à sa requête, , ou au moment où le vendeur ou le
créancier de la rente, en requérant eux-mêmes l'ins-
cription de leurs créances sur l'immeuble aliéné,
reconnaissent l'acquéreurcomme-tel. Par la revente,
le nouvel acquéreur n'a acquis que la propriété con-
ditionnelle, telle que l'avait le premier acquéreur :
il n'a donc pu purger le privilége du premier ven-
deur, parce que, avant la purge, il faut être proprié-
taire de l'immeuble. Le nouvel acquéreur ne devient
propriétaire pur et simple qu'au moment où son ven-
deur l'est devenu de l'une des manières indiquées
ci-dessus.
La cour de Nîmes a jugé en ce sens, le 14 mai
1817 (a), et le 10 février 1819 (2), dans des es-
pècesoù la clause sus-énoncée avaitété apposée à un
premier contrat de vente volontaire, et où la seconde
vente était également volontaire: là cour de cassation

(1) S. 1818,11,335.
(2) S. 1820,11, 273.
a rejeté, le 22 novembre 1820 (1), le pourvoi forme
contre le second arrêt.
Il est évident que cette jurisprudence doit s'appli-
quer aux rentes, et au cas où la seconde aliénation
est volontaire. Mais il en doit aussi être de même
lorsque la secondealiénation a eu lieu sur expropria-
tion forcée; car la question s'agite sur la propriété,
et non sur le privilège.
Au reste, il en est bien autrement lorsque la
clause porte simplement que l'acquéreur fera trans-
crire dans un délai déterminé, sans ajouter, expres-
sément ni implicitement, que jusqu'alors la vente
sera suspendue. Si, dansce cas, l'acquéreur primitif
a Revendu l'immeuble, et si le nouvel acquéreur a

:
fait transcrire, le privilège du premier vendeur se
trouve purgé celui-ci, par la clause indiquée, n'a
fait autre chose que charger l'acquéreur de la con-
servation de son privilége, et ce mandataire n'a pas
accompli le mandat (2).
91. y. Lorsque le nouvel acquéreur, par aliénation
volontaire, de l'immeuble grevé d'une rente foncière
inscrite, procède à la purge hypothécaire, conformé-
ment aux articles 2185 et 2184 du Code civil, il
est tenu d'offrir le capital du rachat. C'est une dette
non exigible, et par conséquent comprise dans les
termes généraux de l'art. 2184. La cour de Nîmes

1,
(1) S. 1821, 128.
(2) M.Persil, Questions sur les privilèges, liv. 1, chap. 6,
S3.
e sanctionné ce principe par l'arrêt due5 frimaire:
an xiv, déjà cité au n° 91. e. L'offre doit comprendre
tous les arrérages échus et non payés, ainsi que nous-
le verrons ci-après.
Il est entendu toutefois que, si la rente aété sti-
pulée irrachetable pendant un certaintemps qui n'est
pas encore expiré, le créancier ne peut être forcé à
recevoir le rachat, parce que cette convention lie tous
les acquéreurs subséquens. Voyez n° 99. d. ci-dessus.
91.z. Lorsque la vente a été faite pour un prix

,
déterminé, et en outre à la charge par l'acquéreur
d'acquitter une rente foncière la sur-enchère sur
l'immeuble (art. 2185) doit comprendre non-seule-
ment le prix de vente,,mais encore le capital dela
rente; car l'obligation de laservir fait partie du prix
du contrat. Arrêt de cassation.,. du 25 novembre
1811 (i).
91. aa. Lorsque, après la vente volontaire ou forcée
de l'immeublearrenté, le créancier, dont le privilège
a été inscrit, ne s'est pas présenté à l'ordre, ce pri..
vilége se trouve purgé par la clôture de l'ordre (2).
Aux termes des articles 759 et 7,67 du. Code de
procédure,lescréanciers qui ne produisent pas sont

(1) Répert., Y0 Surenchère, n° 5 bis, 20. V° Transcription,


S 5, n° 7. S. 1812, 1, 85. M. Persil, liv. 2, chap. 12, S 7.
(2) Répertoire, V° Saisie immobilière, S 7, n° 3 et 5 8,

,
cour de cassation
,
n° 4 , sur l'art. 759 du Code de procédure. Deux arrêts de la
du 27 novembre et 5 décembre 18 1r
(Journal de Denevers, 1812, 1, 193), contiennent des dôci-?
sions analogues.
; :
déclarés déchus ainsi tout leur droit hypothécaire
s'éteint aussi ils n'en conservent pas sur le prix de
vente, parce qu'il a été régulièrement distribué.
91. bb. Cette déchéance n'a cependant pas lieu
lorsque le service de la rente a été imposé à l'acqué-
reur dans les conditions de la vente ou de l'adiudi-
à
cation. Dans ce cas, la rente continue d'affecter le

;
fonds de la même manière qu'il en avait été grevé
jusqu'alors car le nouvel acquéreur n'a acquis l'im-
meuble que sous cette charge, et il se trouve dans
la mêmeposition que l'acquéreuroriginaire. Cepen-
dant une nouvelle inscription est nécessaire, afin
d'éviter la purge lors d'une aliénation ultérieure.
91. ce. Lorsque, dans le cas que nous avons sup-
posé au numéroprécédent, le créancier se présente à
l'ordre, il n'est pas nécessaire que le juge commis-
r
saire ordonne, dans le procès-verbal d'ordre de con-
tinuer le service de la rente. Les sommes'à payer aux
créanciers forment seules le prix exigible à distri-
buer, et l'acquéreur ne saurait prétexter une dé-
chéance.
Toutefois le créancier de la rente participe à la
distribution du prix réel, pour tous les arrérages
échus, qui forment une créanceexigible.
91. dd. Lorsque l'acquéreur ne s'est pas chargé
de la rente par son titre, le créancier qui se présente
à l'ordre ne peut exiger le capital du rachat, à moins
que l'acquéreur volontaire ne l'ait offert, conformé-
ment à l'art. 21$4 du Code civil, dont nous avons
parlé au n° 9JI.y. Le défaut de mention de la rente
dans l'acte d'aliénation ne rend pas ce capital exi-
gible. Le créancier ne pewt exiger que le service de la

créance.
rente, et le jwge commissaire doit noter seulement
pour mémoire le capital du rachat comme première
gt. ee. S'il arrive que Pacquérenr, nonobstant la
déchéance encourue par le créancier de la rente, lui
en pusse postérieurement une reconnaissance, il faut
juger selon les termes de cet acte, s'il forme une
simpledéclaration de l'acquéreur qu'il ne vent pas
faire usage de la purge existant en sa faveur, ou si
l'acte forme la reconnaissance d'une nouvelle rente.
Au premier cas, le privilège de l'ancienne rente
subsiste comme s'il n'avait jamais été purgé, saûflés
droits acquis par des tiers sur le fonds après la purgey
au second cas, ce ne sera pas une rente foncière,
parce qu'elle n'est pas la condition de la cession d'un
immeuble5 elle ne formera qu'une obligation per-
sonnelle de l'acquéreur et de ses héritiers.

QUATRIEME SUBDIVISION.

Du mode de l'inscription du privilége de la rente.


91.ff. Par suite de l'assimilation entière du con-
trat d'arrentement avec celui de vente, la transcrip-
tion de ce contrat vaut inscription pour le créancier,
et le conservateur des hypothèques est tenu de faire
d'office, lors de la transcription, l'inscription de la
créance privilégiée de la rente (art. 2108) (1).

(1) M. Grenier, t. 2, n° 387.


De même, comme la loi permet la transcription
des actes de vente sous signature privée, ainsi
que le
reconnaît formellement l'avis du conseil d'Etat, du
12fIoréal an xm(2 mai 1805), un acte d'arrentement
passé sousseing privé pourra également être transcrit.
Il résulte des termes de l'article2108, que les
droits du créancier sont suffisamment conservés par
la transcription, sans qu'il ait besoin de s'enquérir
si l'inscription d'office a été faite ou non. Cette ins-
cription n'est prescrite que dans l'intérêt des tiers;
l'omission de cette formalité, les erreurs ou irrégu-
larités qui peuvent y avoir été commises ne peuvent
jamais nuire au créancier de la rente (î).
On a essayé de soutenir que, dans le cas de vente
d'un immeuble arrenté, la transcription du nouveau
contrat suffit pour conserver le privilège du créancier
de la rente; mais il est évident, d'après le texte de
l'art. 29 de la loi du 11 brumaire an vuy sous l'em-
pire de laquelle la question s'est présentée pour la
première fois, ainsi que d'après lestermes de l'article
2108 du Code, que cette transcription ne se fait

5.-
point dans l'intérêt de tous les anciens propriétaires

:
de l'immeuble vendu, et qu'elle ne conserve que le
privilége du dernier vendeur c'est ce qu'a décidé la
cour de Poitiers, par arrêt du 2 pluviôse an xm (2).
VoyezM. Tarrible, au Répertoire, Vo Transcription,
§ 3,n°
91. gg. Le privilège de la rente peut, comme celui

(1) M. Persil, liv. i, chap, 6, §§ 5 et 6.


(2) S. t. 5, 11,335.
du vendeur, être conservé par une-simple inscription,
sans transcription préalable, et même quoique le
contrat ne soit que sous-seing privé; car, dit la cour
de cassation, dans les considérans de l'arrêt du 6 juil-
let 1807 (1), qui reconnait ce principe à l'égard de

;
la vente simple, « la loi permet de transcrire un acte
de vente sous signature privée le conservateur est
tenu, sur la représentation d'un tel acte, de faire
inscription de la créance non inscrite du précédent
propriétaire 1 a plus forte raison, le précédent pro-
priétaire peut directement ce que peut le conserva-
teur, qui, en ce cas, n'est que le mandataire légal et
»
forcé du précédent propriétaire. Le premier membre
de la proposition a été également consacré, pour le
privilége de la rente, par arrêt de rejet du 7 mai
4814(a).
fluid, silecréancier dit, dans le bordereau, qu'il
prend inscription pour conserver son hypothèque;
?
eonserve-t-il par là son privilège Nous n'en doutons

,
pas, parce que le privilége est une hypothèque pri-
vilégiée et que le privilège de la rente ne dégénère
jamais en simple hypothèque (3).
91.hh. Le chapitre 4, au titre des hypothèques
du Code civil, contient les dispositions générales

{l) Répertoire, Hypothèque, sect. a, § 2, art. 6. C'est


Vo
aussi l'opinion de M. Grenier, nO 386.
-(2) Répertoire, Vo Hypothèque,sect. 2, S 2, art. 6 (t. 16,
p.3q0.
-{3) M.Persil, livy1,
chap. 6, S.4, adopte la même opinio,n,
mais par d'autres motifs.
sur le mode de l'inscription des privilèges et hypo-
thèques. Quoique ces dispositions aient été décrétées
avant la discussion de l'article 550 du Code civil,
elles s'appliquent cependant à la rente foncière, as-
similéeentièrement ala vente par l'article cité. Nous
allons parcourir les différens articles du chapitre
indiqué, pour apprécier leur application au privilégie
de la rente,
91. ii. La disposition généralede Fart. 2146 est
également applicable à ce privilège, et il ne peut plus
être utilement inscrit dans les dixjours qui précèdent
la faillite de l'acquéreur ou détenteur (1), ni sur une

,
succession bénéficiaire (2). M. Tarrible, au Réper-
toire V° Inscription hypothécaire, § 4, n° 5, ex-
pose ainsi les motifs de cette disposition. « Le législa-
teur a dû considérer que la faillite, ainsi que l'accepta-
tion d'une succession sousbénéfice d'inventaire, estun
signe qui annonce que tous les biens du débiteur vont
être mis en vente, et que leur prix va être distribué
aux créanciers. Dès l'instant où la faillite et le bénéfice
d'inventaire sont constatés, la possession et l'admi-

1,
(1) Un arrêt de rejet, du 16 juillet 1818 (S.1819, 27),
a reconnu ce principe à l'égard du vendeur et en cas de faillite
i
de l'acquéreur. La cour de Paris avait, le 20 mai 8og (S, 1807,

,
11, 956) , décidé en sens contraire; et M. Grenier, n° 125, a
également adopté cette dernière opinion que nous croyons
avoir réfutée dans le texte. -

(2) Un arrêt de la cour de Toulouse, du 2 mars 1826 (S.


1826, 11,^16), a déclaré l'art. 2146 applicable au vendeur,
lorsque la succession de l'acquéreur a été a-cceptée sous béné-
fice d'inventaire.
nistration des biens sont ôtées au débiteur, et confiées
à des syndics ou à des héritiers bénéficiaires. Il a
paru sans doute équitable de fixer, dans le même
moment, le sort et la nature de toutes les créances,
et de ne pas souffrir qu'un créancier, à l'aide de quel,
ques formalités que le hasard le mettait à même de
remplir plus promptement, pût améliorer sa condi-
»
tion aux dépens des autres créanciers. Ces observa-
tions embrassent également la créance de la rente.
L'article 2146 emploie des expressions analogues à
celles de l'article 2154, dont nous parlerons ci-après
au n° 91. tt., en prouvant qu'àmoinsd'une trans-
cription intervenue, le défaut de renouvellement ne
porte pas préjudice à la rente. L'article2146 dit :
,
Les inscriptions ne produisentaucuneffet; et l'on peut
bien en combinant ces termes avec ce que nous
dirons sur l'article 2154, conclure que l'art. 2146
ne préjudicie ni à l'existence, ni au rang du privilège.
Mais nous avons vu, au n° 91. p., que le privilège
ne produit aucun effet sans inscription préalable, et
comme dans les cas prévus par l'article 2146 l'ins-
cription n'a aucun effet, c'est comme si elle n'existait
pas, et ainsi l'effet ou l'exercice du privilége non
inscrit avant les époques indiquées dans cet article,
est suspendu durant les opérations de la faillite ou de
la succession bénéficiaire. Ces cas sont analogues à
une purge temporaire. Si, durant les époques indi-
quées, l'immeuble est aliéné légalement, le créancier
ne saurait invoquer aucun des effets ordinaires du

vement, ,
et si avant la vente de l'immeuble ,
privilége; mais le privilége n'est pas éteint définiti-
le
,
débiteur failli parvient à faire consentir un concor-
dat ou si la Succession est acceptée purement et
simplement, le créancier peut, après le changement
intervenu, prendre inscription et exercer ses droits
comme dans toute autre circonstance.
L'art. 2146est-ilégalement applicable au cas où
le propriétaire de l'immeuble arrenté l'a vendu avant
sa faillite, et où l'acquéreur a fait transcrire l'acte
aprèsla faillite ou dans les dix jours qui en précèdent
?
,
l'ouverture M. Grenier, qui a examiné cette ques-
tion au n° 562 relativement aux inscriptions en

,
général, fait d'abord observer que la transcription
est sans doute valable, parce qu'il n'en est question

;
ni dans Particle 2146 ni dans l'article 445 du
Code de commerce mais que les créanciers hypo-
thécaires ou privilégiés peuvent s'inscrire utilement
dans la quinzaine, par le motif que ces articles ne
parlent que des inscriptions qui seraient prises sur -

les biensdu failli. L'auteur ajoute qu'il résulte de


l'ensemble de l'article 2146 que toute la disposition
se réfère seulement aux créanciers et non aux tiers

,
acquéreurs du débiteur, de sorte que ces derniers,
du moins ne pourraient invoquer la nullité des
inscriptions. Nous sommes d'accord sur la validité
de la transcription, mais non sur celle des inscrip-
tions. A la vérité, il n'est question que d'inscriptions
prises sur les biensdu failli;mais il faut se rappeler
que l'article 854 du Code de procédure n'est qu'un
tempérament à la rigueur des principes du Code
civil1 et que l'inscription prise dans la quinzaine ne
tire sa validité que d'une fictionouprésomption lé-
gale, suivant laquelle le débiteur est encore proprié-
taire de l'immeuble à l'égard des"créanciers;"c'est
pourquoi aussi les inscriptions doivent être prises
contre le vendeur et non contre l'acquéreur. (Voyez

;
n° 91. t. et 91. Il.) D'ailleurs, l'article 2146 n'éta-
blit d'exception à raison d'aucunes circonstances;
et les motifs du législateur, exposés ci-dessus,s'ap-
pliquent également au présent cas. Nous ne dissimu-
lons point les inconvéniens qu'entraîne cette décision;
mais ils sont la conséquence d'une loi écrite. Enfin,
nous pensons avec M. Grenier que les créanciers
;
seuls peuvent se prévaloir de cette nullité car le
texte et les motifs sont d'accord à cet égard.
91. kk. L'article 2147 n'a d'application, suivant
son texte, qu'entre les créanciers simplement hypo-
thécaires.
91. IL L'article 2148 a pour objet les formalités
de l'inscription. Il nous semble qu'en matièrede
rentes les objets que l'inscription doit indispensa-
blement faire connaître au public, ou, en d'autres
termes, les énonciations substantielles de l'inscrip-
tion, ce sont l'indication du débiteur, celle de la date
et de la nature du titre, celle du montant dela rente
et des arrérages-échus, enfin la désignation des im-
meubles arrentés. Les autres énonciations prescrites
par l'article sQnt utiles, mais moins essentielles,et
la circonstance qu'elles ne se trouvent pas complètes
ou qu'une erreur s'y est glissée, ne saurait entraîner
la nullité de l'inscription. M. Grenier, t. 1, n° 69
et suivans, a exposé les progrès de la jurisprudence
en matière d'inscriptionshypothécaires, d'une ma-
uière si lumineuse, que nous nous bornons à y ren-»

cer sur les difficultés de cette nature ,


voyer. a Lorsqu'i l s'agit, dit l'auteur, de pronon-
on doit se
demander : Fomission ou l'erreur par laquelle on at-

, ?
taque l'inscription a-t-elle nui à quelqu'un A-t-elle
privé des connaissances nécessaires relativement à
;?
l'intérêt*les tiers en un mot, le but de la loi a-t-il
été rempli ou non S'il ne l'a pas été littéralement ,
))
l'a-t-il été au moins virtuellement?
— Or, au moyen
des quatre émonciatiens ci-dessus indiquées, le tiers
qui veut acquérirl'immeuble arrenté, ou envers le-
quel le propriétaire entend subir une obligation ga-
rantie par l'hypothèque sur cet immeuble, aura une
connaissancesuffisante de la charge privilégiée qui
pèse sur cet immeuble. L'indication du débiteur lui
fait connaître l'identité de la personne débitrice de
y
;
la rente pu de ses auteurs, et de celle avec laquelle
il veut contracter la date et la nature du titre lui
indiquent que la créance prend rang avant toutes les
à
autres qui afljecteiît le même immeuble, et compter
de quel jour; il connaîtra l'étendue de la charge, et
il sera sûr de l'identité de l'immeuble. Le nom du

:
créancier et son élection de domicile peuvent être
indifférens au tiers c'est au créancier à se présenter
pour exercer ses droits. L'époque de l'exigibilité
s'indique pour ainsi dire elle-mêmeparrenonciation
de la nature de la créance. (Voyez n° 91. pp.)
Après ces observations préliminaires, nous exami-
nerons le texte de l'article2148.
Le bordereau d'inscription d'une rente doit con.
tenir la désignation du créancier et celle du débiteur.
Mais quel est le débiteur à indiquer? Est-ce ledébi-
teur originaire qui a passé le contrat à rente, et ses
Itéritieri, ou bien est-ce le propriétaire actuel de l'im-
Il
meuble ? faut d'abord supposer que le privilège
n'a pas été purgé pour défaut d'inscription car, 5
dans ce cas, toute inscription postérieure est sans
effet. IXous avons vu que le créancier peut prendre
inscription, soit avant l'aliénation de l'immeuble,
soit encore dans les quinze jours de la transcription
d'un acte de mutation. Dans ces deux cas, l'inscrip-
tion ne peut être prise que contre le débiteur origi-
naire3 car, dans le dernier cas, ce n'est que parce
que la loi regarde ce débiteur comme étant encore
propriétaire à l'égarddescréanciers, qu'elle permet
que l'inscription puisse encore être prise utilement"
Si, après la transcription, le nouvel acquéreur ne
procèdepas à la purge des créances inscrites, le
créancier doit renouveler l'inscription contre son
débiteur originaire; car il s'agit de conserver les
droits qu'il a acquis contre ce dernier. La même
5
chose résulte du texte de l'article 2148 le mot dé-
biteur, par opposition au mot créancier, désigne celui
qui a traité avec le créancier, celui qui a créé la dette
et l'hypothèque, en un mot, le débiteur direct et
originaire. — Le créancier n'acquiert des droits di-
rects contre le nouvel acquéreur que lorsque ce der-

:
nier remplit les formalités prescrites par les articles
2183 et 2184 par-làseulement l'acquéreur devient
5
son débiteur et dès-lors, s'il y a lieu de prendre de
nouvelles inscriptions, elles doivent être prises contre
l'acquéreur.
A fortiori,
,
si le nouvel acquéreur n'a pas fait
transcrire son titre et sans distinguer si le créan-
cier connaît ou ignore l'aliénation, l'inscription et
le renouvellement ne peuvent avoir lieu que contre
le débiteur originaire. La loi n'attache, à l'égard des
créanciers, aucun effet à l'aliénation non transcrite,
ni à la connaissance que ceux-ci peuvent en avoir.
Ces principes ont été reconnus par M. Merlin, au
Répertoire, V" Hypothèque, secte 2, § 2, art. 16,
n* 25 par M. Grenier, n° 873 et ils ont été consacrés
par les arrêts de la cour de Bruxelles, du 7 mars
1807 et 2 janvier 1812 (1)5 par celui de la cour
de Paris, du 10février 1808 (2) ; celui de la cour
;
de Caen, du 6 mai 1812 (3) par celui de la cour
de Metz, du 9 août 1819 (4)5 et enfin par celui de
la cour de cassation, du 27 mai 1816 (5).
9t. mm. L'indication dela date et de la nature du
titre est nécessaire, comme dans toutes les autres
inscriptions. Nous ferons observer à cet égard que
ces termes de la loi ne prescrivent pas seulement

:
d'exprimer la date et la nature de l'acteconstitutifde
la créance, savoir si c'est un acte notarié, ousous-
seing privé, ou un jugement, le mot titre est pris
de créance. L'intention du légis-
comme synonyme
lateur à cet égardrésulte de l'article 2153 3 où il
s'exprime d'une manière plus précise en exigeant
(1) S. 1807,11, 721, et 1812, ii,3o5.
(2) S. 1808, n, 289.
Il,
(3) S. 1812, 45J.
(4)S.1821,11,7.
(5)S.1816,1,265.
l'indication de la nature des droits a conserver. Aussi
les auteurs et la jurisprudence ont admis que les
termes de l'art. 2148, n° 5, établissent la nécessité
d'indiquer la date et la nature de la créance ce-
pendant ils ne parlent pas expressément de cette sy-
;
nonymie. VoyezM. Grenier, t. 1, n° 77. Comme le
texte se borne au mot titre, il a été jugé plusieurs fois,
et notamment par arrêt de rejet, du 2 mai 1816 (i),
que l'indication de la nature du titre résulte suffisam-
ment de la seule mention de l'acte, parce que les
tiers peuvent, en le consultant, se procurer une
parfaite conmaissance de sa nature.
Dans tous les cas, le créancier de la rente a indiqué
suffisamment la nature du titre et de la créance, en
énonçant dans le bordereau que la créance résulte
d'un contrat de rente foncière, en date du .$
car de là il suit que la créance est privilégiée. C'est
la décisiond'unarrêt de rejet, du 7 mai 1811 (2).
91. nn. L'évaluation du capital du rachat est éga-
lement nécessaire. A la vérité, le texte de l'art. 2148
ne prescrit pas d'une manière générale l'évaluation
du capital des rentes et prestations, mais illa prescrit
seulement « dans les cas où elle est ordonnée.» Ce-
pendant l'article 2152 établit que «si la créance
conventionnelle est indéterminée dans sa valeur, le

(1) Répertoire, Vo Inscription hypothécaire, S 5, n° 10


(t. 16, p.431)* Voy. ibid. la critique que M. Merlin a faite
decetarrêt.
(t. 16, p. 591).
(2) Ibid. Vo Hypothèque, sect. 2, S 1, art. 6
S. 1811, 1, 225.
créancier ne pourra requérir l'inscription que jusqu'à
concurrence de la valeur estimative par lui déclarée
n,
expressément et l'article 2153, n° 3, ne dispense
de cette évaluation que « les droits éventuels ou in-
déterminés qui sont accompagnés d'une hypothèque
purement légale, appartenant soit à l'Etat, aux com-
munes et aux établissemens publics sur les biens des
comptables, soit aux mineurs ou interdits sur les
biens des tuteurs, soit enfin aux femmes mariées sur
»
les biens de leurs époux. Il résulte de cette combi-
naison, dit M. Tarrible, au Répertoire,Vu Inscription

,
hypothécaire., § S, n° 11, que les droits condition-
nels éventuels ou indéterminés,dérivant de la loi,
d'un jugement ou de toute autre cause que celle ex-
primée dans l'article 2153, n° 5, doivent être né-
cessairement évalués.
Cette évaluation du capital doit avoir lieu sans
distinguer si la rente est due en argent ou en na-
ture de grains, fruits ou autres objets. Toutefois,
l'évaluation du capital se trouve remplacée valable-
ment par l'indication du montant annuel de la rente,

;
si elleest en argent, ou par l'évaluation de ce mon-
tant annuel, si elle est due en nature car, d'après
ces données, et au moyen des dispositions législatives
Sur le taux du rachat, il est facile de trouver le
montant du capital. Dans tous les cas,l'évaluation
doit également porter sur les arrérages échus, con-
j
formément à l'article 2148, n° 4 car elles forment
une dette séparée.
91. oo. L'évaluation, pour être juste et non sus-
ceptible de critique pour cause d'exagération, doit
être faite d'après les mercuriales du temps de l'ins-
cription (1).
Mais lorsque, à cause de la variation du prix des
grains d'une année à une autre, le taux des mercu-
riales est plus bas ou plus élevé au moment où s'ouvre
l'ordre du prix des biens arrentés, qu'il ne l'était à
l'époque de l'inscription, on demande sur quel pied
?
la collocation doit avoir lieu L'ancienne cour d'appel
de Liège a décidé,pararrêt du 24 août 1809 (2),
que c'est sur le pied de l'évaluationbasée sur le taux
des mercuriales au moment de l'inscription. La cour
s'est fondée sur leprinciped'aprèslequell'hypothèque

,
n'a d'effet que par l'inscription; décidant que, en con-
c'est par l'inscription elle-même que doit

,
séquence
se déterminer le taux de la collocation à laquelle l'hy-
pothèque donne droit. « Lorsque porte l'arrêt, la
créanceestindéterminée dans sa valeur, le créancier
ne peut requérir l'inscription que jusque concurrence
d'une valeur estimative par lui déclarée expressément;
et il est évident que le créancier ne peut prétendre
d'hypothèque pour une somme plus forte que celle
qu'il a declarée dans le bordereau.»
Cette décision nous semble erronée. L'évaluation
que la loi prescrit au créancier de la rente ne peut
être envisagée comme une déclaration, par laquelle il

(1) Répertoire, Vo Inscription hypothécaire, §5,


,
(t.16 p.435).

(2) Ibid. S. 1810, 11, 372. Décisions notables des cours


Il

d'appel de Bruxelles, de Liège et de Trêves, t. 19, p. 312.


fixerait définitivement l'équivalent ou le prix de son
droit, à l'instar de la somme énoncée dans une de-
mande judiciaire qui tendrait à obtenir l'équivalent
d'un objet d'une valeur indéterminée. L'évaluation
ordonnée en matière d'inscriptions hypothécaires est
une formalité extrinsèque qui n'a pourobjet que

; z
d'indiquer une valeur approximative cette évalua-
tion n'est que provisoire il n'est question d'une
évaluation définitive que lorsqu'il s'agit du paiement
effectif du capital du rachat. Les droits du créancier-
se réfèrent de toute nécessité, quant au rembourse-
ment du capital, à l'époque de ce remboursement, tou-
jours facultatif de la part du débiteur qui paie exac-
tement les arrérages. Alors il faut appliquer, quant
aux anciennes rentes, le taux d'évaluation prescrit par
,
la loi du 18,.29décembre1790 (i), et quant aux
rentes nouvelles le calcul du denier vingt (2). Le
système contraire a nui aux intérêts du créancier
dans l'espècejugée par l'arrêt de Liége; mais, dès
qu'on admet ce système au préjudice du créancier,
il faut aussi l'admettre en sa faveur, et alors on
obligerait ledébiteur à se faire défalquer sur le prix
de vente de son bien une somme supérieure à celle
que la loi l'oblige à payer, car le créancier pourrait
mettre dans le bordereau une somme exorbitante,
attendu qu'aucune loi ne lui prescrit de suivre à cet
égard les mercuriales i ou du moins il pourrait ar-
river qu'au moment de l'ordre le prix moyen des

(1)Voyezci-après n° 194. 0.
(a) Voyez ci-après n° 194. mm.
grains fût de beaucoup inférieur à celui desmercu-
riales du jour de l'inscription.
Quant à l'évaluation des arrérages, il est certain
également que, lors du paiement, le prix en doitêtre
fixéd'après les mercuriales des années de l'échéance;
car c'est là l'évaluation la plus équitable dans l'intérêt
des deux parties. On peut d'ailleurs invoquer l'ana-
logie de l'article 129 du Code de procédure.
91. pp. L'indication expresse et formelle de
¥époque de l'exigibilité n'est nécessaire ni quant au
capital du rachat, ni quant aux arrérages échus, ni

:
même quant à la rente annuelle pour l'avenir. Le
capital n'est pas exigible ce principerésulte de la
loi ; il résulte des premières notions sur les rentesy
par conséquent personne n'osel'ignorer. Il suffit

une Trente foncière ,


donc de dire dans le bordereau que la créance est
pour indiquer que le capital
n'est pas exigible (1). La cour de Bruxelles a décidé
en ce sens, à l'égard d'une rente constituée ,
arrêt du 17 février 1807 ('2), et il y a, a cet égard,
par
parfaite analogie entre les deux rentes. La cour dé
Turin a décidé dans le mêmesens,également pour
une rente constituée, le 5 février 1810 (5), et le
pourvoi contre cet arrêt a été rej eté le 2 avril
1811 (4).

(Il) M. Merlin, au Répert. V° Inscription hypothécaire, S 5,


n° 11, note 20 (t. 16, p. 437). -

(a) Ibid. S. 1810,11, 260.


(3) Répert. ibid.
(4) Ibid. et S. i8n, 1, 195.
Pour ce qui concerne Jes arrérages, nous ferons
observer que, suivant -une jurisprudence constantey
il n'y a pas, en matière d'inscriptions hypothécaires,.
de termes sacramentels 7 et qu'ilsuffit que chaque
formalité soit remplie en termes équipollens (i). Il
enest donc de même de l'époque de l'exigibilité (2)5
et c'est ainsi que la cour de Turin, dans l'arrêt dm
f
11 mars 807, a déclaré valable une inscription
prise en vertu d'une jcréauceénoncéecomme échue9
expression qui, dit l'arrêt. présente manifestement
le même sens quele mot exigible employé par la loi.
9
Or le mot arrérages d'après la définition que nous
en avons donnéeaujq° 20, désigne par lui-même une
créanceéchue y et ce mot seul présente une équipol.,
lence parfaite avec l'expression du législateur,
Enfin, il n'est pas même nécessaire d'indiquer,
pour l'avenir, l'exigibilité annuelle de la rente dès ?
que le bordereaucontient les autres formalités re-
quises5«car, dit M. Merlin (3),l'inscriptioiv in-
diqua la date du titre constitutif de la rente, et par
conséquent le jour à partir duquel la rente a com-
mencé à courir) or, indiquer le point de départ
du cours d'une rente annuelle, c'est indiquer vir-

(1) Arrêt de la cour de cassation, du i5 mai 1809. Répert.


VO Inscription hypothécaire, S 5, n° 8, note. S. 1810, 1, 22.
(2) Arrêt de la cour de Turin, du Il mars 1807. Rép. ibid.
n° il (t. 16, p. 436). S. 1807, 11,674* Arrêtde rejet, du 23
juillet1812. Rép.ihid., et S. 1813, 1, 267. Arrêt de la cour de
Lyon, du 28août1821. S. 1823, 11,248.
(3) Ibid., p. 438, col. 2. Voyez >1. Persil, liv. 2, chap. 7,
sect. 2, S 9.
tucllcment le point de son échéance, puisqu'elle
échoit nécessairement à la fin du trois cent soixante-
cinquième jour après le commencement de son cours
c'est donc remplir, par uneéquipollence adéquate et
;
identique, la formalité de la mention de l'époque
de l'exigibilité. » La cour de Turin et la cour de
cassation ont décidé en ce sens, par les mêmes arrêts
que nous venons de citer quant au capital (1).
91* qq. L'indication de l'espèce et de la situation
des biens grevés de la rente est sans doute de ri-
gueur, parce que le privilége n'affecte que ces biens
seuls.
91. rr. Il nous reste à présenter quelques observa-
tions relatives au titre nécessaire pour opérer l'ins-
cription d'une rente, et qui, aux termes de l'article
2148, doit être représenté au conservateur des hy-
pothèques (2).

(1) Il n'y a donc pas lieu à suivre la décision contraire du


grand-juge, en date du 21 juin 1808. Répert. ibid. et S. 1808,
II, 230.
(2) Voici les dispositions spéciales que contient, à cet égard,
le décret du 9 décembre 1811. Elles peuvent servir à indiquer
l'intention du législateur, quant aux pays d'origine allemande.
Art. 39. Le titre exigé par l'article 2148 du Code civil pour
opérer l'inscription, pourra consister, pour les redevances de
toute nature,àdéfaul du titre primitif, dans les reconnaissances

,
ou déclarations des redevables, passés aux terriers.
Art. 40. A défaut de titres les possesseurs des redevances
pourront faire assigner, à leurs frais, les redevables parderant
le juge de paix, pour obtenir leur déclaration sur la prestation
desdites redevances.
Tout acte quelconque est suffisant à cet égards
parce que la loi n'en exclut aucun. On peut d'ail-
y quant aux actes sous signature privée, invo-
leurs
quer l'analogie de l'avis du conseil d'Etat, du i2
floréal an XIII, qui reconnaît expressément que la loi
permet de les transcrire;d'où il suit que le conser-
vateur est tenu, sur la représentation d'un tel acte,
de faire l'inscription d'office de la créance du ven-
deur ou du créancier de la rente, et, ce que peut le
mandataire légal du créancier, ce dernier le peut
sans doute aussi directement. Voyez n° 91. gg. (1).

Art. 41. Tous les habitans d'une commune pourront être


assignés en la personne du maire,, par exploit dont l'original
sera visé sans frais par le maire ou l'adjoint.
Art. 42. Si les redevables se déclarent débiteurs,ou ne com-
paraissent pas, le procès-verbal, que le juge de paix sera tenu
d'en dresser, vaudra titre pour opérer l'inscription, sauf le

,
droit des défaillans de contester la redevance inscrite.
Art. 43. S'il y a contestation
parties aux tribunaux compétens.
le juge de paix renverra les

Art. 44. Les inscriptions conservent le droit du propriétaire;


mais n'y ajoutent rien, et ne font aucun obstacle à ce qu'il
soit contesté.
:
L'art. 7 du décret du ier mars 1813 porte ce qui suit « A
défaut de titre constitutif des droits et redevances à inscrire
pour la conservation du privilège, le propriétaire sera reçu à

;
prendre inscription en vertu d'actes énonciatifs ou d'une pos-
session immémoriale ou centenaire à la charge, en cas de

,
contestation, d'en faire preuve tant par actes que par témoins.
sans que l'inscription ajoute rien à son titre et fasse aucun
obstacle à ce qu'il soit contesté.
(i) Dans les quatre départcmens du Rhin, l'art. 4 du decret
Au reste, la représentation du titre n'est prescrite
que dans l'intérêt du conservateur des hypothèques,
ainsi que l'observent M. Tarrible,auRépertoire,
Vo Inscription hypothécaire, § 5, n° 6, etM. Merlin,
ibid., § 8 bis, n° 15 ,etle défaut de régularité du
titre pourrait être, pour le conservateur, un motif
de refus d'inscrife le privilège. Dans ce cas il fau-
drait, après une sommation infructueuse, assigner
cet officier devant le tribunal, qui déciderait s'il
peut, sans encourir une responsabilité vis-à-vis le
propriétaire del'immeuble ou les créanciers' de ce
dernier, faire l'inscription requise.
Mais si le conservateur n'a pas fait de difficulté à
cet égard, l'inscription ne saurait être annulée sur

:
le seul motif que le titre de la Créance n'a pas été
représenté avec les bordereaux l'annulation ne peut
être prononcée que lorsqu'au fond le titre se trouve
irrégulier. Voyez les auteurs cités.
91. ss. L'art. 2151 n'est pas applicable en cette
matière; tous les arrérages jouissent du même rang
que le capital ou la rente elle-même, dès qu'ils sont
j
compris dans l'inscription (1) et, dans l'ordre ouvert
sur le prix de l'immeuble arrenté, le créancier doit
être colloqué pour tous les arrérages échus, et non
payés ni prescrits, pour lesquels il a pris inscription.
-
du 9vendémiaire an nu, permet de prouver l'existence de la
rente par des actes recognitifs ou déclaratoires. Par conséquent,
ces actes doivent également servir de titre pour l'inscription
du privilège.
(1) Voyez ci-dessus n° gi. n. et q.
D'après le droit commun,, les arrérages d'une rente
en forment un accessoire, eomme les intérêts le sont
d'une créance5. ils sont de même nature, ils partici-
pent aux mêmes avantages, et sont régis par les mê-
mes règles que le droit principal ou la créance. Si
l'art. 2151 s'est écarté de ce principe, la disposition
par laquelle il l'a modifié est restreinte aux intérêts
des créances simplement hypothécaires,puisqu'elle
porte, en termes exprès, que les intérêts sur lesquels

capitaux:
eHe statue auraient mêmerang-d'hypothèque que les
en conséquence y il ne peut être permis
d'étendre et d'appliquer cette disposition exception-
nelle aux arrérages des rentes foncières, puisque le
droit de rente n'a pas un rang par hypothèque, mais
un rang par privilége, dès qu'il a été inscrit. Le
Code civil a toujours distingué les créancesprivilé-
giées des créances hypothécaires, et il a expressément

;
dénommé les privilèges dans les dispositions qu'il a
voulu leur appliquer et comme les termes restrictifs

,
de l'article 2151 ne font mention que des hypo-
thèques il s'ensuit que le législateur a voulu que la
collocation des privilèges restât dans les règles du
droitcommun (1), Vainement opposerait-on que le

(1) La cour suprême l'a décidé ainsi, relativement aux inté-


rêts du prix de vente, par arrêt du 5 mars 1816 (M. Favard,
Ve Inscription hypothécaire, sect. 7, n° 12. S. 1816, 1, 171),
portant cassation d'un arrêt de la cour royale de Rennes. La
cause ayant été renvoyée à la cour d'Angers, celle-ci professa
les mêmes principes que la cour de Rennes (S. 1817, 11,g3).
Sur le nouveau pourvoi, la cour de cassation a persisté dans
son système, suivant arrêt des sections réunies du 1 mai 1817
mot arrérages, employé dans la dernière partie de
9
l'article indiquel'intention du législateur de com-
prendre les rentes foncières dans cette disposition9
attendu que ce motarrérages désigne généralement
ce qui est dû pour une rente quelconque. Il reste
toujours Certain que l'art. 21&1 forme une exception
?
au droit commun et qu'il ne parle que dés créances
.ayant rang par hypothèque; par conséquent, le mot
arrérages ne comprend ici que ceux des rentes cons-
titaées, des rentes viagères, et des rentes de dons
et legs.
91. tt. Art. 2154. Si le privilège de la rente a
été inscrit, le défaut de renouvellement avant l'expi-
à
ration de dix ans ne porte aucun préjudice son rang
et si l'immeuble est resté dans la même main, ou s'il
a y
n'y pas eu detranscription rien n'empêche que le
créancier fasse inscrire de nouveau le privilège avec
:
plein effet (i). L'article 2154 dit Leureffetcesse;

(M. Favard, tbid. Questions de droit, Va Intérêts, S 5. S. 1817,


1, 199). La cause fut renvoyée devant la cour de Paris, qui, le
3i janvier 181 8 * prononça dans le système de la cour su-
prême (S. 1818, 11, 233). C'est aussi l'avis de M. Merlin,
}
Questions de droit, ibid., de M. Grenier, n°384 et de M.
Persil, liv. 1, chap. 5, S-l. M.Tarrible, au Répertoire, V"
Inscription hypothécaire, S 5, ne, 14, avait manifesté l'opinion
contraire.
(1) La cour de Paris a décidé en ce sens, quant au vendeur,

,
le 24 mars 1817 (S. 1818, n, 19). C'est aussi l'opinion de
M. Merlin (Répertoire Vo Inscription hypothécaire, S8 bis,
n°2, 2°, t. 16, p.45i); celle de M.Favard, Vo Privilége,
sect. 4, 0°--6, et de M. Persil, liv..1, chap. '6, S 7.
:
c'est-à-dire feffet des inscriptions or l'effet de l'his-
le
cription de ce privilége n'en concerne pas rang,
mais seulement l'exercice, afin d'empêcher la purge.
Donc, tant que l'inscription peut empêcher la purge,

l'inscription peut
,
-c'est - à - dire, tant que la purge n'a pas eu lieu
être prise utilement. Le défaut
de renouvellement ne fait que replacer le privilège
au même état que s'il n'avait jamais été inscrit. —
L'avis du conseil d'Etat, du 15décembre1807,
22 janvier1808, ne décide point le contraire. Cet

nécessaire pour opérerl'hypothèque ,;


acte interprétatif, en répétant la règle posée en l'ar-
ticle 2154, porte que, lorsque l'inscription a été
le renouvelle-
ment est nécessaire pour sa conservation enfin, que
les conservateurs des hypothèques ne sont pas obligés

,
à faire le renouvellement des inscriptions qu'ils ont
prises d'office et que ce renouvellement doit avoir
lieu à la diligence de ceux qui y ont intérêt : déci-
sion qui est tout-à-fait dans la nature des choses.
Mais cet avis ne porte nullement que le défaut de
renouvellement d'une inscription prise pour le pri'
vilége, qui tient son rang de la loi et non de cette
inscription, aura l'effet de transformer ce privilége
en simple hypothèque, ou de le soumettre à l'appli-

,
cation de l'article 2115; une pareille décision serait
contraire à ce même article qui n'attache la dé-
chéance du rang primitif qu'à l'inobservationdes
conditions prescrites ci-dessus pour conserver le pri-
vilége; et, parmi ces conditions, on ne trouve pas la
fixation d'un délai au vendeur, durant lequel il de-
vrait faire l'inscription de son privilège ou la trans-
eription 4U contrat. Ou ne trouve non plus dans
l'avis cité,aucune disposition portantque le vendeur
,
qui aurait pris une première inscription se serait,
contre la règle générale (i-), forclos lunneme
inscription ? en.,-
ce que, à dater de cette son privilêge
aurait perdu la prérogative antérieure,suivant la-
quelle il pouvait être utilementinscrit à toutmoment.
Ce que nous venons de faire observer relativement
au vendeur, s'applique de même au créancier de la
rente (2).
91. uu, Les autres dispositions du Chapitre 4
du titre Des hypotlllèques" savoir r Içs articles 2ISO,

(1) Répertoire, V° Délai, sect. 1, § a.


(2) Nous avons vu juger le contraire, par arrêt de la cour
?
t.
,
de Cologne, du 20 juillet 1824 et arrêtde rejet de la cour de
cassation de Berlin du 8 février 1826 (Journal des arrêtsy
6,'t, 178,^11. 10,-n,12% Ces cours se sont fondées sur,
l'avis-duconcçiJL d'Etat, que noua»venons d'analyser.
On trouve^ dans ie Uecueil deM. Sirey (1826, 1,374)5 un

donné la rubrique suivante :


arrêt de rejet du 27 avril 1826, auquel l'auteur du Recueil a
-
« Le privilége du vendeur sur l'immeuble vendu ne peut
être exercé au préjudice des créanciers inscrits, qu'autant qu'il
y a eu d'abord, inscription du privilège r et, après Mix ans
renouvellement d'inscription. »
,
,
Cette ruJuJque, qui auraitpu faire supposer ulle décision
contraire à notre opinion est erronée. L'arrêt a refusé tout
effet au privilége du vendeur dans les circonstances suivantes:
Le privilége avait été inscrit en 1808, mais l'inscription n'a-
vàit pas été renouvelée. En'iSig, une seconde vente fut trans-
j
crite et la quinzaine se passa sans npuvclle inscription du
vendeur primitif. Son privilége était donc purgé, ainsi que
nous l'avons vu au n° 91. t.
2152, 2155 et 215b7 ne donnent lieu qu'à très-pen
d'observations en matière de rentes. Les frais d'ins-

,:
cription et de transcription, que l'article 2155 met
à la charge de l'acquéreur à rente jouissent du
même privilége que la rente elle-même ils en sont
les accessoires. La même chose doit être décidée, et
pour le même motif, à l'égard des frais faits sur des
contestations auxquelles le débiteur a donné lieu (1).
Nous reviendrons ci-après, n° 102. b., à l'objet de
l'article 2156.

CINQUIFEMB SUBDIVISION.

De lu poursuite à exercer sur l'immeuble arrenté, afin d'ob-


tenir le paiement de la rente.

91. vu. Après avoir discuté les principes relatifs


au privilége attachéaujourd'hui à la rente, nous re-
prenons l'ordredes alinéas de Pothier sous le n° 91.
Anciennement lecréancier pouvait exercer l'action
hypothécaire sur l'immeuble arrenté pour tous les
arrérages en retard; c'est ce qui résulte de la com-
binaison des nos 90, 91 et 92 de notre auteur. Ce-
pendant, suivant le n° 91, le créancier ne faisait
ordinairement usage de cette action, contre le posses-
seur actuel de l'immeuble arrenté, que pour le forcer
au paiement des arrérages échus avant sa détention;
le possesseur ayant été personnellement tenu des ar-
rérages courus pendant le temps de sa détention, le

(1) M. Grenier,1»" 3f.


créancier se bornait à cet égard à l'action personnelle,
sauf ce qui sera dit au n° 92.
Dans l'exercice de cette action hypothécaire, le
créancier ne pouvait être renvoyé par le détenteur à
discuter les précédens possesseurs ou leurs béritlers,
qui étaient personnellement tenus des arréragesy.
;
objet de cette action car l'héritage était le débiteur
prmdpal.
Aujourd'hui iln'y a également, quant à la pour.
suite hypothécaire, aucune distinction a faire entre
les arrérages échus avant ou après la détention du
possesseur actuel. Dans l'uir et l'autre cas, le créan-
cier de IJ. rente a deux actions poureu obtenir le paie-
ment:
1° L'action personnelle contre le débiteur per-
sonnel de la rente;
2° L'action ou plutôt la poursuite en expropriation
forcée de l'immeuble arrenté (art. 2166 et2169 du
Code civil). - -
n

91. xx. L'action hypothécaire ou l'action en dé-


claration d'hypothèque, qui avait lieu avant les nou--
de
velleslois, différait beaucoup l'action hypothécaire
d'aujourd'hui. Si, sous l'empire de nos Codes, on
parle d'une action hypothécaire, ce n'est autre chose-
que la poursuite par voie d'expropriation forcée.
Anciennement le but principal de cette action était
de forcer le tiers-détenteur à payer la créance pour
laquelle il était recherché;l'assignation tendait à
obtenir un jugement qui déclarât l'héritage affecté et
hypothéqué au paiement de la créance, avec condgm-
nation contre le tiers-détenteur à ce qu'il eût ft dé*
laisserl'immeuble ou à acquitter la dette. Le tiers-
détenteur était obligé de dénoncer la demande à son
vendeury débiteur originaire; celui-ci la dénonçait
encore aux précédens vendeurs, s'il y avait eu des
ventes successives de l'immeuble. *— Un autre but
de cette action était d'empêcher le cours de la pres-
cription. Lorsque le créancier ne voulait atteindre
que ce but, il faisait assigner le détenteur, à l'effet
seulement de voir déclarer les immeubles affectés
à la créance (i). Cette action, quoiqu'elle n'ait

pas été expressément abrogée par le 'Code civil, ne

:
peut plus être intentée que dans le second but, sa-
voir pour interrompre la prescription à l'égard des
tiers-détenteurs; sous tous les autres rapports elle
serait frustratoire, notamment pour faire déclarer
l'immeuble hypothéqué à la créance, et pour con-
traindre le tiers-détenteur au paiement de la dette
hypothécaire. Aux termes des articles 2166,2167,
2168 et 2169 du Code civil, l'affectation de l'héri.
tage pu paiement de la créance résulte de l'inscrip
tion, et pour contraindre le détenteur au paiement,
il ne s'agit plus d'affaire de plaidoirie, mais bien
d'exécution. L'article 2169 , qui fixe la marche de
cette exécution, est virtuellement exclusifd'un autre
mode de procéder, et aucun autre article, soit du
Codecivil, soit du Code de procédure civile,n'au-
r torise
un mode différent.Au reste, c'est une des
bases du régime hypothécaire, notamment établie par

(1) Répert. V° Déclaration d'hypothèque, un 1. Ibid. V0


Hypothèque) sect. 1, S JO, n° 2.
îes articles 2167 à 2175 du. Code civil, que le
tiers- détenteur, qui n'est pas personnellement obligé
à la dette, ne peut être contraint au paiement qu'en
qualité de détenteur, et uniquement sur le bien
même qui est hypothéqué, et non par voie de con-
damnation personnelle, lors même qu'il ne délais-
serait pas. le bien. C'est ainsi que la cour de cas-
sation a décidé, le 27 avril 1812 (1)5. un arrêt
antérieur, du 6 mai 1811 (2), avait déjà reconnu
les mêmes principes. On les trouve encore procla-
mées par deux arrêts de la cour de Colmar, du
15 janvier 1808 (3), et du 1 décembre 1820.
,
Ce dernier est cité par M. Grenier, t. 2 n° 559,
où l'auteur a traité cette matière. Voyez' aussi M.
Persil, liv. 2, chap. 10, sect. 1, § 4. — Il est
évident que ce principe s'applique non-seulement au
cas où les droits de privilège et d'hypothèque ont été
aequis sous l'empire du Code, mais aussi à celui où
ces droits ont existé antérieurement, d'après le prin-
cipe exposé dans une note au n° 40.
Nous avons dit que la demande en déclaration
d'hypothèque peut encore être admise pour inter-
il
rompre la prescription. En effet, peut y avoir des
circonstances où le créancier n'a pas le droit d'agir
par voie de poursuite sur l'immeuble, et où cepen-
daat il a un juste motif de craindre l'accomplissement
d'uneprescription commencée. Tel est le cas durant

(1) Répert. Vo Tiers-détenteur n° 7, nole, S. 1812,1, 3oo.


(2)s. 1812,1,43.
(3) S. 1810, 11,537.
la discussion du débiteur (art. 2170 du Code civil),
dont la fin est difficile à prévoir, et laquelle, suivant
le même article, oblige le créancier à surseoir à la
vente de l'héritage hypothéqué, A cet exemple, al-
légué dans les motifs de l'arrêt de Colmar, du 1 dé-
cembre 1820, M. Grenier ajoute le cas où la créance
et
serait inexigible éventuelle. Nous. verrons un autre
exemple au n° 93*.
Un arrêt de la cour de Metz, du 5 août 1823(1),
a apporté un sage tempérament au principe de l'ad-
missibilité de cette action à l'effet d'interrompre la
prescription. Rien n'autorisant une interruption
par anticipation et avant que la prescription n'ait
commencé, l'action ne saurait être recevable, quant

j
à la prescription de dix ou vingt ans, avant la trans-
cription du nouveau contrat d'aliénation et, quant à
la prescription de trente ans, l'action est prématurée,
lorsque la prescription ne fait que commencer, et
que conséquemment le créancier n'a encore aucun
intérêt à former une demande en interruption.
Nous finirons par faire observer qu'aujourd'hui
une action analogue, mais entièrement différente de
l'ancienne action en déclaration d'hypothèque, peut
avoir lieu contre le tiers-détenteur dans un autre cas,
qui fera l'obj et du n° 92. a.
91. yy. La poursuite hypothécaire ne peut,aiîx
termes de l'article 2169, être dirigée quecontre le
propriétaire actuel de l'immeuble, sans distinction

(OS.18^,11,345.
-entre le cas où il a fait transcrire son titre et entre
celui où la transcription n'a pas eu lieu, cette forma-
lité n'étant pas nécessaire pour la transmission de la
propriété (voyez n° 91. ;t.). Le créancier est obligé
de chercher son adversaire. Il ne saurait se borner
à poursuivre le débiteur originaire, vendeur de l'im-
meuble, celui-ci ne pouvant plus en disposer depuis
la vente, ainsi que nous l'avons vu au n° 40. i.
-

Aussi la saisie des immeubles, faite sur la tête du


débiteur, qui les avait revendus par acte non trans-
erit, a été annulée par arrêt de la cour de Rouen,
du 28 juillet 1807, et par celui de la cour de
Poitiers, du 18 janvier 1810 (i), et c'est au-
jourd'hui une jurisprudence constante (2).
91. zz. Aux termes de l'article 2171, l'exception
de discussion ne peut être opposée au créancier de la
rente.
92.Pothier fait observer que le créancier de la rente
est quelquefois obligé d'avoir recours à l'action hy-
pothécaire1même pour les arrérages courus pendant
le temps dela possession du détenteur actuel, savoir
lorsque ce détenteur a acquis l'immeuble sans con-
:
naître la charge de la rente foncière, cette connais-
sance seule formant le quasi-contrat d'où naît l'obli-
gation de payer la rente. Aujourd'hui la bonne foi
du détenteur n'établitpas de différence; ilrie s'agit
que de savoir s'il est héritier soit de l'acquéreur à
;ente, soit du possesseur de 1789, ou s'ila
reconnu

(1) S. 1807,11, 33i, et 1810, na 374.


fa) Voyez M. Grenier, t. 2, n° 546.
expressément la charge de la rente. Dans ces deux

ment ;
cas, il est tenu personnellement et hypothécaire-
dans le cas contraire, il ne l'est que par cette
dernière voie (1).

(1) Voyez ci-dessus nos 82 et 84. a. — Dans la-partie du

,
grand-duché de Hesse-Darmstadt, qui est située sur la rive
gauche du Rhin et où, au reste, les lois françaises ont con-

à cet égard,
servé leur vigueur, il existe une disposition législative spéciale

:
qui s'écarte du droit commun. Voici de quelle
manière elle a pris naissance Une commission provisoire,
chargée par les souverains alliés d'administrer les provinces
situées sur la rive gauche du Rhin, entre la rive droite de la
Moselle et la France, avait ordonné, par arrêté du 6 avril 1816,
qu'il serait procédé administrativemenl à la confection de
nouveaux titres des rentes dues au fisc, qui se trouveraient
comprises dans les catégories de celles que le décret du 9

:
vendémiaire an xiii avait réputées foncières; l'article 12 de
cet arrêté était ainsi conçu « Sont considérés comme débi-

,
teurs des rentes, et seront inscrits comme tels-dans les regis-
tres de rénovation les individus qui, au moment de cette

;
rénovation, possèdent à titre de propriété les fonds grévés de

,
rentes eux seuls sont tenus d'en payer les arrérages échus
et courans sauf leur recours contre les possesseurs anté-
rieurs. » Cette disposition, à laquelle on ne saurait refuser la
qualification d'arbitraire, ne pouvait manquer de faire naître
des difficultés; et, pour les aplanir, le conseil des ministres du
grand-duc a donné, le 14 mai 1819, la résolution suivante
«Attendu qu'on ne saurait présumer que l'article 12 de l'ar-
:
rêté du 6 avril 1816 ait voulu établir, en faveur du fisc et de

commun, nous ordonnons, _par voie ,


ses cessionnaires, un privilége particulier, dérogatoire au droit
d'interprétation
possesseur de l'immeuble grévé d'une rente n'est tenu de la
que le

servir que dans les trois cas suivans :


95. a. Dans le cas où le créancier se trouve obligé
d'agir parvoie d'exécution hypothécaire, il se pré-
sente une question de forme. L'acte d'arrentement
a été passé seulement sous-seing privé, et cet acte

?i0131 sa la
possession a commencéavant publication de la
loidu 11 brumaire anTU (15 pluviôse an vii, 5 février 1799).
29 ,
Si, dans l'intervalle de cette loi à la promulgation du
cription au bureau des hypothèques ,
Code de procédure civile le créancier de la rente a pris ins-
pour la conservation de
ses droits, avant la transcription d'un acte d'aliénation de
l'immeuble, ou si, depuis la promulgation du Code de procé-
dure civile, le créancier a pris cette inscription dans la quin-

,
zaine à dater de la transcription de l'acte d'acquisition.
»3° Si, dans cet acte l'acquéreur s'est chargé de la rente.
•Les difficultés qui se présenteront dans l'application de la
présente - résolution seront jugées par les tribunaux ordi-
-
nuires. a
Par ordonnance du grand-duc, en date du 3o décembre
1-822, la résolution du conseil a été convertie en loi.
On voit que cette disposition n'est relative qu'aux rentes
dues au fisc ou à ses cessionnaires; les rentes quin'ont pas été
la propriété du fisc restent soumises au droit commun. On
voit encore que l'interprétation n'est point, ainsi que l'annonce
le préambule, conforme au droit commun, et qu'elle pèche en
plusieurs points contre les premiers principes en matière de
rentes et d'hypothèques. On commence par ordonner que le
:
détenteur sera tenu du servir la rente dans Les trois cas ces

,
car la disposition est conçue in personam
obligation
,
termes emportent que le détenteur est obligé personnellement
et on parle d'une
sans ajouter qu'elle ne concerne que le fonds.
Cette obligation personnelle peut, dans le premier des-trois
cas, être conforme au droit commun des pays allemands, où
il n'était pas d'usage, avant la publication de no-uvelleî lois.,
a suffi pour la conservation du privilége (voyez ci-
dessus n° 91. ff. et 91. rr.)5 mais la poursuite hy-
pothécaire exige un titre authentique et exécutoire
(art. 2213 du Code civil). n ne sera pas difficileau

d'aliéner l'immeuble franc et quitte de la rente. Dans la se-


conde disposition, on a d'abord oublié dedistinguer l'aliéna-
tion volontaire de-celle par adjudication forcée, de sorte que,
contrairement au droit commun (voyez n° gi.«.), l'inscription'
postérieure à cette adjudication conservera l'ancienne charge
de la rente sur un immeuble adjugé franc et quitte. A l'égard
même des aliénations volontaires, on a oublié l'intervalle de
la publication du Code civil à celle du Code de procédure ci-
vile (n° 91. t.), et il en résulte que le détenteur qui a acquis
l'immeuble dans cet intervalle, sans que la rente ait été ins-
crite avant l'acquisition, est cependant contraint de la servir.
De plus, la seconde disposition combinée avec les termes
,
généraux du préambule de la résolution, emporte que le
détenteur qui a acquis franc et quitte sera obligé personnelle-
ment à la rente par le seuleffet de l'inscription,non-seulement

droit commun , : ,
pour les arrérages courans, mais encore pour ceux échus
avant sa possession et non prescrits tandis que suivant le
tous ces arrérages ne peuvent lefrapper
qu'hypothécairement (no 84. a.). En général, suivant la réso-
lution ministérielle, tout détenteur est personnellement obligé
au service de la rente, dès que le bien en est valablement af-
fecté; et cette obligation naît par le seul effet de l'acquisition
et de l'inscription utile. Cependant le détenteur antérieur n'est
pas déchargé, sans stipulation, vis-à-vis l'acquéreur, quia

,
son recourecontre lui comme de droit. -.Enfin, pour ce qui
concerne la troisième disposition la rédaction restrictive re-
jette tout acte postérieur à l'acquisition, par lequel le détenteur
se serait soumis à la rente, tandis que selon le droit commun
cet acte serait parfaitement obligatoire pour la personne du
détenteur (n°Qi.ee. et n° 162. a.):
créancier d'obtenir contre le débiteur personnel un
jugement de condamnation, qui suffira également
pour la vente forcée de l'immeuble, dans le cas où
il se trouve dans la possession du débiteur personnel.
Mais il en est autrement lorsque l'immeuble est
dans les mains d'un simple tiers-détenteur (voyez
n° 122. c.), d'après les principes exposés au n° 91-yy-m7
il faut alors un jugement contre le détenteur lui-
même. A cet effet, le créancier ne conclura point à
la condamnation personnelle du détenteur, ni àce
que l'immeuble soit déclaré affecté à la rente (voyez

L'arrêt rendu, le février 1828 , par la Cour de cassation


établie pour ce pays, s'est efforcé d'interpréter le n° 2 de la

au droit commun. On lit dans les considérant :


décision ministérielle d'une manière qui la rendrait conforme
« Les termes

,
du n° 2 indiquent, qu'il n'y est question que de l'engage-
ment hypothécaire et , par conséquent, les expressions du
»
préambule « que le possesseur est tenu doivent, dans leur
rapport avec le n° 2, désigner également la seule obligation
hypothécaire. » En conséquence, l'arrêt a jugé que, dans le
cas du n° 2, le créancier n'a que la voie d'une poursuite hy-
pothécaire, sans pouvoir intenter l'action personnelle contre
le possesseur. Nous ne pouvons qu'applaudir non-seulement
à la décision de cette cour (voyez n° 84. a.), mais encore à son
noble effort pour mettre en harmonie avec le droit commun une

pays;
disposition spéciale qui s'est glissée dans la législation de ce
mais l'interprétation a dû forcer le sens des mots em-
ployés dans cette disposition, et d'ailleurs il reste les autres
vices que nous venons de signaler. Mieux vaudrait abroger
entièrement l'ordonnance du 5o décembre 1822, le droit
commun étant suffisant pour la décision des questions qui
s'élèvent dans cette matière.
n° 91 xx.);ses conclusions tendront uniquement à
ce que le détenteur soit condamné, en cette qualité7
au paiement de la rente; l'article 2173 du Code
civil, dont nous parlerons au n° 123, fait voir que
cette action est admissible.

§ m. De l'action mixte.

95. Autrefois le créancier de la rente avait une


troisième action contre le possesseur de l'héritage
arrenté, aux fins qu'il fût condamné à passer titre

:
nouvel de la rente, et à la continuer à l'avenir. On
appelait cette action action mixte; elle avait pour
objet un droit réel, savoir le droit de rente foncière,
et elle s'intentait contre le possesseur de l'héritage.
Néanmoins elle tenait quelque chose de l'action per-
sonnelle, en ce que les conclusions étaient dirigées
contre la personne.
Aujourd'hui l'article 2265 autorise la même
action contre le débiteur de la rente. Le placement
de l'article 2265 au titre de la prescription indique
que cette action tend à interrompre la prescription.
La généralité des termes de cette disposition em-
brasse également le débiteur personnel de la rente et
celui qui ne l'est qu'hypothécairement, ou comme

dessus ,
biens tenant. Nous avons déjà vu, au n° 91. xx. ci-
que cette action a également lieu contre le
simple tiers-détenteur. En-effe-L, ce principe a dû
nécessairement être admis pour sauver les droits du
créancier. Supposons que l'acquéreur primitif a
vendu l'immeuble franc et quitte,, que le nouvel ne-
quéreur a fait transcrire son contrat, et que J'acqué.
reur primitif continue de servir la rente. Dans ce
cas, et malgré le soin du créancier à prendre ins*
cription, son droit sur le bien serait prescrit par
,
le laps de dix ans à dater de la transcription
du second contrat (art. 2180), s'il n'a pas un
moyen d'interrompre cette prescription contre le
nouvel acquéreur. La reconnaissance continuelle
du droit de rente, que fait l'acquéreur primitif, n'a
aucun effet contre le tiers-détenteur (1), et comme
le paiement des arrérages n'est pas suspendu, le
créancier n'a aucun droit de faire des poursuites
contre le nouvel acquéreur.L'action dont nous par-
lons ici est le seul moyen d'interrompre la prescription
qui court au profit de ce dernier.
Une conséquence nécessaire de l'admission de
cette action contre le tiers-détenteur, et de la com-
binaison des articles 2263 et 2180, c'est qu'elle
peut être intentée tous les huit ou neuf ans, dès qu'il
y a eu transcription d'une nouvelle aliénation de
l'immeuble. Autrement l'action serait sans effet.
95. a. Lorsque l'action fondée sur l'article 2263
,
est intentée contre le débiteur personnel de la rente,
elle est purement personnelle et mobilière parce que
telle est la nature de la créance. Par conséquent,
l'action doit être portée devant le tribunal du"domi-
cile du défendeur., et elle ne pourrait l'être devant
celui de la situation du bien arrenté. Arrêt de la
cour de Paris, du 18 janvier 1825 (i). Lorsque le

(i) Voyez ci-après n° aoo.


défendeur dénie l'obligation de servir la rente, le
demandeur doit justifier que le défendeur est l'ac-
quéreur primitif à rente, ou l'héritier de celui-ci,
s'il s'agit d'une rente nouvelle; dans lé cas d'une
rente ancienne, il doit prouver que le défendeur a
été le possesseur de l'immeuble, au moment de la pu-
blication des lois de 1789 et 1790, ou bien son
héritier-3 enfin, dans l'un et l'autre cas, il suffit
également de prouver que le défendeur est un tiers-
détenteur à charge de rente. Il n'est pas nécessaire
que la citation contienne la désignation de l'immeuble
arrenté, ni qu'on justifie que le défendeur le possède
actuellement, ainsi que cela est requis lorsquel'action
est dirigée contre le tiers-détenteur, comme nous le
verrons à l'instant. Cependant, par une conséquence
nécessaire de la nature d'une rente foncière, il faut
que le demandeurjustifietoujours, par l'acte d'arren-
tementou par un acte récognitif (2), que la rente a
été réservée -lors de l'aliénation de l'immeuble.
L'action intentée contre un tiers-détenteur est
réelle, car elle se fonde uniquement sur la posses-
sion dufonds, Il s'ensuitqu'elle doit être portée
-
devant le tribunal de la situation de l'immeuble
5
(article 59 du Code de procédure) que l'exploit

;
d'ajournement doit désigner l'immeuble arrenté (ar-
ticle 64 ibid.) enfin, que, en cas de dénégation, le
demandeur est tenu de prouver que le défendeur se

(1) S.1825,11,115.
(2) Ou déclaratoire, dans les quatre départemens du Rhin.
Décret du 9 vendémiaire an XIII, art. 4.
trouve en possession de l'immeul)le (T) à titre de
propriétaire. Voyez ci-après re 96.
94. Cette action, dit Pothier, se cumule avec les
précédentes actions par un même exploit de demande.
Aujourd'hui ce cumul peut également avoir lieu avec
l'action personnelle en paiement de la rente; mais
l'action fondée sur l'article 2265 ne saurait se cu-
muler avec la poursuite réelle , qui ne s'exerce pas
par voie d'action, ainsi que nous l'avons vu au
n* 91.xx*
95. Autrefois l'action mixte se donnait contre
tous les nouveaux propriétaires ou possesseurs de
l'héritage sujet à la rente foncière, quiavaient suc-
cédé au preneur, soit à titre universel, soit à titre
singulier,tmédiatement ou immédiatement, et.qui
n avaient pas encore passé au créancier un nouveau
titrede reconnaissance de la rente. Aujourd'hui elle
a 4îeu contre le débiteur personnel de la rente, de
même que contre le tiers détenteur del'immeuble,
suivant ceijuenousavons dit au n° 95. La circons-
tance qu'il existe déjà un nouveau titre pourra
rendre l'action non recevable, lorsque ce titre a
moinsxlcvirrgt-hnrt ou de huit ans de date, suivant
les différons cas énoncés à l'article 2180 (2).

(1) Ces principes ont été reconnus par un arrêt de hrcour


de Cplogne,du,j>février 1,825 (Journal dc3 arrêts, t. 8, -%, i52).
On peut voir un arrêt analogue de la cour du cassation, du 10
décembre 1806 (S. 1806,1,516).
(2) Voyez l'arrêt de la cour de Metz, lÏu 5 août ida3, cité au
cgi-zx.
96. Pothier remarque qu'aux termes de la coutume

;
de Paris, il ne suffit pas d'être propriétaire de l'hé-
ritage pour être tenu de cette action qu'il faut en

;
même temps le posséder. Aujourd'hui on ne fera
plus attention à cette différence l'action peut être
intentée soit contre le débiteur personnel, soit contre
le tiers-détenteur, sans égard à la possession réelle
de l'immeuble; il est indifférent que ce dernier tienne
la chose par lui-même ou par un autre.
97. Autrefois l'action ne se donnait pas contre le
simple détenteur, tel que le fermier ou le locataire.
Il en est de même aujourd'hui, ces individus ne
pouvant disposer de la chose.
98. La question de savoir si l'action peut être in-
tenfée contre le mari, quoique l'héritage appartienne
à la femme, avait été décidée affirmativement par
Pothier. Aujourd'hui elle se résout au moyen d'une
distinction. Durant le mariage, la communauté est
tenue du service de la rente (article 1409 du Code
civil)y par conséquentc'est au mari, comme maître
de la communauté (article 1421), que le créancier
doit s'adresser pour avoir un nouveau titre. Mais
cette reconnaissance du mari seul perd son effet par
la dissolution du mariage. Pour avoir un titre com-
plet, le créancier doit diriger l'action conjointement
contre les deux époux.
Pothier fait observer que, quand même une femme,
avant le mariage, aurait reconnu la rente, le mari
n'en serait pas moins tenu de passer un nouveau titre
de reconnaissance. Aujourd'hui cette opinion ne doit
plus être suivie, l'obligation de la femme passant de
droit sur la tête de la Communauté.
99. Autrefois l'action pouvait être intentée contre
l'usufruilrer; car, dit Pothier, l'usufruitier, à la
différence du fermier, ayant véritablement le droit
de jouir de l'héritage pour lui, et proprio nomine, il
est aussi véritablement le débiteur de la rente dont
l'héritage est chargé.
Cette dernière proposition doit être suivie au-
jourd'hui. La rente foncière étant l'équivalent des
fruits (i), et l'usufruitier jouissant seul de ces fruits
(art. 582), il est tenu de servir la rente (art. 608).
— Lors de la discussion de l'art. 611 du Code civil,

,
M. Jollivet demanda si cet article dispense l'usufrui-

,:
tier d'acquitter la rente constituée sur le fonds il fut
répondu par MM. Tronchet et Treilhard qu'une
telle rente est à la charge de l'usufruitier sur quoi
l'article fut adopté (2). A cette époque les rentes
foncières avaient déjà pris la même nature que celle

:
que leur confère l'art. 550, dont la discussion n'a eu
lieu que postérieurement d'où il résulte que notre
opinion a été formellement adoptée par les auteurs
du Code.— Nous invoquerons en outre l'avis de
M. Proudhon (3), qui a également été professé
avant nous.
Cette obligation de l'usufruitier est personnelley
:
car l'art. 608 dit L'usufruitier est tenu. Il en faut

(1) Voyez ci-dessus n° 12.


(2) M. ,
Locré, Législation civile de la France, t. 8 p. 242.
(3) Traité des droits d'usufruit, etc., t. 4, n" 1834 à 1843.
tirer la conséquence, dit M. Proudhon (1),quele
créancier n'est point obligé de s'en prendre seulement
au fonds ou au revenu du fonds grevé d'usufruit,
maisqu'il peut aussi faire saisir et discuter les biens
personnels de l'usufruitier pour obtenir son paiement.
Cette digression terminée, nous reprenons notre
question. La jouissance de l'usufruitier ne lui don-
nant aucun droit de disposer de l'héritage, il ne
pourra ni y imposer une hypothèque, ni reconnaître
valablement la préexistence d'une rente sur cet héri-
;
tage le titre que le créancier aurait obtenu de l'usu-
fruitier ne lui assurerait son droit que pour durée la
de l'usufruit. Pour avoir un titre complet, le créan-
cier doit diriger son action conjointement contre
l'usufruitier et contre le nu-propriétaire. Au reste,
le titre nouveau donné par ce dernier seul, pendant la
durée de l'usufruit, ne pourrait être opposé à l'usu-
fruitier (art. 599).
100.Pothierremarqueque l'action peut également
être intentée contre le nu-propriétaire. Cette obser-
-

vation doit être entendue aujourd'hui avec le tem-


péramentexpliqué à la fin du numéro précédent.
101. Il n'est pas douteux, dit Pothier, que celui
qui possède un héritage comme s'en portant pour le
propriétaire (tel qu'un possesseur qui prescrit), quoi-
qu'il ne lui appartienne pas, est tenu de cette actiony
car il a la jouissance de l'héritage, et il en est même
réputé le propriétaire jusqu'à la revendication. Cette

t. 4,
(i) Traité des droits d'usufruit, n° 1783.
opinion est également conforme aux principes du
Code.
102. Pothier parle ici du seigneur du nef, qui
tient en sa main, par la saisie féodale, le fief de son
vassal.

§ IV ET SUPPLÉMENTAIRE. De la compétence des tribu-


naux relativementauxactions qu'ont les créanciers
des rentes foncières, et du dernier ressort en cette
matière.

102. a. Suivant les principes généraux du droit,


l'action personnelle dont nous avons parlé au § du i
présent article, tout comme l'action qui fait l'objet
du n0 95, doivent être intentées devant le tribunal du
domicile du défendeur. L'arrêt de la cour de Paris,
cite au dernier endroit, le décide ainsi pour l'un et
:
l'autre cas car la rente n'est aujourd'hui qu'une
créancemobilière.

cière,
M. Merlin, Questions de droit, Va Rente fon-
:
§ 2, examine là question de savoir « En
quel lieu doit être fourni le titre nouveau d'une rente
foncière ? ?
Est-ce au domicile du créancier Est-ce à
?
:
celui du débiteur? — Voici comment l'auteur ré-
sout cette question «L'obligation de payer la rente
et celle de fournir le titre nouveau, dérivent du

même manière ,
même contrat elles doivent donc s'acquitter de la
et conséquemment dans le même
lieu. Toute convention, dans le doute, doit s'inter-
préter en faveur du débiteur. Les rentes foncières,
?
ne sont pas portables de leur nature la portabilité-
doit être stipulée. Donc le titre nouveau ne peutêtre
exigé devant le tribunal du domicile du créançier, à
moins que la rente ne soit expressément stipulée por-
table.» — Il nous semble qu'aujourd'hui, même dans
ce dernier cas, ni l'action en paiement des arrérages,
ni celle en délivrance de nouveau titre ne pourront
être portées devant le tribunal du lieu indiqué pou.
le paiement. Ce sont des actions personnelles qui
suivent la règlegénérale écrite dans l'article 59 du
Code de procédure.
102. b. L'action hypothécaire qui peut avoir lieu
aujourd'hui contre le tiers-détenteur, afin d'inter-

j,
rompre la prescription, doit être intentée devant le
tribunal de la situation de l'immeuble arrenté car le
défendeur n'y est-soumis qu'à cause du bien et elle
y
n'a d'effet que sur le bien c'est par conséquent une
action réelle(i). Il en est de même de la poursuite
sur saisie immobilière, aux termes de l'article 2210
du Code civil.

,
Est encore matière réelle l'ordre pour la distribu-
tion du prix d'un immeuble vendu soit volontaire-
ment, soit par expropriation forcée. La cour de cas-
sation l'a ainsi décidé, le 15 juin 1809 (2).
102. c. L'action en résolution du contrat à rente,
à ,défaut de paiement des arrérages, est personnelle '7
elle dérive du contrat, et ce n'est qu'accessoirement,.

(1) M.Persil,
n° 479.
liv.2,cliap.7, ,
sect.a 5 12. M. Grenier*.

1, 282.
(2) S.1809,
et par suite de la résolution du contrat, qu'elle a une
influence sur l'immeuble.
102. d. L'article 5 du titre 4 de la loi des 16,
24 août 1790, porte que « les tribunaux d'arron-
dissement connaîtront en premier et dernier ressort

,
de toutes affaires personnelles et mobilières jusqu'à
la valeur de mille livres (i) de principal et des af-
faires réelles dont l'objet principal sera de cinquante
livres de revenu déterminé, soit en rente, soit par
prix de bail. »
Il résulte de cette disposition qu'en matière per-
sonnelle les tribunaux de première instance ne peu-
vent statuer en dernier ressort sur une demande dont
la valeur est indéterminée. C'est le cas d'une rente
foncière stipulée payable d'une autre manière qu'en
argent.
De même les tribunaux ne pourront juger en der-
nier ressort d'une demande personnelle dont la va-
leur excède mille francs de principal, telle qu'une
rente en argent dont le capital de rachatexcédera
mille francs, ou lorsque une rente en denrées, éva-
luée dans l'exploit, emporte un capital au-dessus de
cette somme.

(i) Depuis la loi du 28 thermidor an III (i5 août 1795), qui


déclare que l'unité monétaire portera désormais le nom de
franc, cette limite du dernier ressort s'étend jusqu'à mille
fr. Arrêt de la cour de Toulouse, du 24 juillet 1827 (S. 1828,
11, 8). La cour de Nancy a cependant jugé en sens contraire,
le 9 janvier 1826. (S. 1826, 11,151). C'est aussi l'opinion de
M. Carré, Lois de la compétence, t. 2, p. 7, art. 281.
Les mots principal, objetprincipal, employés dans
l'article 5 ci-dessus, ne désignent pas seulement le

avant la demande ;
capital de la rente, mais encore les arrérages échus
car ces arrérages ont été, dans
tous les temps, regardés comme formant de vérita-
bles capitaux (1), et la cour de cassasion l'a ainsi
décidé, le 2 germinal an IX (2).
Les arrérages échus depuis la demande ne sont
que lesaccessoires du principal, et ils n'entrent donc
pas en ligne de compte pour déterminer si la somme
demandée excède ou non les termes du dernier res-
sort. La cour de cassation a jugéen ce sens, le 2
avril 1807 (3).
102.<?. Après avoir établi, au numéro précédent,
les principes généraux sur le dernier ressort en ma-
tière de rentes, nous entrerons dans les différentes
distinctions établies par les auteurs et la jurispru-
dence.

,
Pour les rentes en urgent, lorsque le droit à la
rente n'est pas contesté on ne doit calculer que la
somme des arrérages compris dans la -demande (4).
Lorsque le fonds du droit est contesté, il faut
examiner quel doit être le résultat de la contestation.
Si la demande est forméejrar une partie qui ne

.(i)ilo5i,§4., ff. depetit, hetwd. Questions de droit, Vu


Peroierressort, S-10.
^'Que9tiof>9 de droit, 1hU. Répert., même note, 5 y, n'
i
(5) Qiiesiions de droit, VI Dernier ressort. S o.
1

(4)Rjêpert..Berpierressort,§ah.o°j.
prétend qu'aux arrérages échus, et ne réclame au-
cun droit sur le fond 4e la rente5 comme la contes-
tation élevée par le défendeur sur le fond de la rente
n'est pour lui qu'un moyen de se soustraire à cette
demande, et qu'il ne peut pas résulter du jugement
à rendre une exception de chose jugée en faveur du
tiers à qui le fond de la rente peut être dû nul ,
doute qu'il n'y ait lieu au dernier ressort, en cas
que la somme des arrérages demandés ne s'élève pas
au-dessus de 1000 francs (1).
Mais, si le demandeur en paiement des arrérages
échus se prétend propriétaire du fond de la rente
,
et si, en conséquence, il doit résulter du jugement
à rendre une exception de chose jugée pour ou contre
lui, sur le fond même : dans ce cas il faut d'abord
s'arrêter au taux annuel de la rente. Il n'y a point
de dernierressort, si la rente est de plus de 50 fr.
par an. Arrêts de la cour de cassation du 21 messi-
dor an xiii (-2) et du 8 pluviose même année (3).
Par suite-de principe, la cour de Paris a décidé, le
10 avril 1813 (4)5 qùe la demande en validité des
offres réelles\Ta#*érages échus ne peut être jugée en
dernier ressorty encore que la somme offerte soit

> ;
moindre de 14)00 fr. : lorsqu'il s'agit d'une rente

(1) Ibid. etltplaidoyer


VO Arrière cens.
de
: :

M. Merlin, du 17 nivôsean Xill,

(2) Répert.Vo Dernier ressort, § 2, rf 1.


(3)lbid.,ii° j.
(4) S. 1815, Ir, 3i.
dont le capital excède cette somme, et lorsque d'ail-
leurs la question de la validité des offres a présenté
y
celle de savoir où devait être servie là rente et a
ainsi embrassé l'universalité de la reiite*,
Lorsque la rente ne s'élève annuellement qu'à

arrérages échus ,
50 fr. et au-dessous, et si son capital,réuni aux
forme une somme de plus de
1000 francs, il n'y a pas encore lieu au dernier
ressort (r). C'est une conséquence des principes
énoncés au n° précédent.
Lorsque le titre d'une rente due par plusieurs
est contesté, les tribunaux de première instance ne
peuvent statuer en dernier ressort sur une demande
d'arrérages au-dessous de 1000 fr.,formée contre
un desicensitaires. Arrêt de la cour de cassation du
8 ventose an vm (2).
Mais la demande, ayant pour objet le paiement
des arrérages d'une rente foncière de 5 francs et le
renouvellement du titre constitutif de la rente, peut
être jugée en dernier ressort. Arrêt de la cour de
Paris du 20 janvier 1810 (3).
Toutes ces décisions sont, par la nature des cho-
ses, communes au cas où, au lieu de demander sim-
plement des arrérages, le demandeur conclut à ce
que le droit de rente lui soit adjugé.
La question de savoir si la retenue doit être exer-

(1) Rép. ibid., n° 1.


(2) S. t. 2, II, 53i.
(3) S. 1814, 11,576.
eée sur une rente peut être jugée en dernier res-
sort, lorsque la somme à déduire chaque année, par
l'effet de la retenue, n'excède pas 50 fr., quel que
s
soitbailleur le capital de la rente. Arrêt de cassa-
19 août 1818 (1). Il
uail uu ne s'agit, dans ce
cas, que de la valeur de la retenue.
102. f. Pour ce qui regarde lesrentes en denrées,
les diverses règles que nous venons d'indiquer au
i-t- précédent leursont communes, lorsque le de-
mandeur en paiement des arrérages qu'elles ont
produites, a évaluécesarrérages par sa demande.
Arrêt de la cour de cassation du 23 juin1817 (2).
C'est sur la demande que se règle le dernier ressort.
Donc la demande à fin de paiement d'arrérages
d'une Tente en denrées doit être jugée en dernier
ressort, lorsque ce revenu annuel est évalué moins à
de 50 fr. Même arrêt.
Mais lorsque la demande ne contient pas l'évalua-
tion des arrérages, il n'y peut être statué qu'à la
charge de l'appel, et quoiqu'il paraisse au tribunal
que le revenu annuel est évidemment d'une valeur
moindre de 50 fr. Arrêts de la cour de cassation du
6 messidor anxu (3), du 8 pluviôse an xiu (4), du
14 prairial ailXIII (5), du 6 mai 1807 (6), du

(1)S.1819,1,3.
(2) Rép. ibid., n° à. S. 1817, 1, 3o3.
(3) Questions de droit, Vo Rente foncière, S 5, n° 2.
(4) Répert. V° Dernier ressort, 3 2, u02.
(5)Ibid.
(6) S. 1807, j 343.
11
--
25 juillet 1808 (i) et du 12 juillet 1810 (2).
,
De même le tribunal ne peut statuer en dernier
ressort, sur la question de savoir si une rente en
grains est soumise ou non à la retenue, lorsque le
montant de la retenue n'est pas évalué en argent.
Arrêt de cassation du 1 messidor an 11. (3).
Enfin le dernier ressort n'a pas lieu sur la ques-

,
tion de savoir si les co-détenteurs d'un immeuble,
grève d'une rente foneière en grains non évaluée
dans les conclusions, peuvent être contraints soli-
dairement au paiement des arrérages échus. Arrêt
de cassation du 6 messidor an xn (4).
102. g. Par une conséquence nécessaire des prin-
cipes établis aux trois numéros précédens, il peut
être jugé, en premier et même en dernier ressort,
par le juge de paix, sur une rente foncière lorsque r
le capital, ensemble les arrérages échus, n'excèdent
pas 100 fr., ou respectivement 50 fr.(5).

(1) Questions de droit, VD Dernier ressort, S 21.


(2) Questions de droit, Vo Rente foncière, 5 5, n° i, —
Dans plusieurs de ces arrêts la cour s'est référée à la partie de
l'article 5 du titre 4 de la loi du 16, 24 août 1790, qui parle
des affaires réelles. Cette erreur paraît provenir de ce que,
lors de la rédaction de cette loi, les idées sur la nature de&
rentes foncières n'étaient pas encore bien fixées, de sorte qu'on
avait encore rangé ces rentes dans les matières réelles.
(3) Questions de droit, Vo Rente foncière, S 5, a" 2.
(4)lbid.

les provinces rhénanes de la Prusse ,


(5) Cette observation trouve surtout son application dans
où la compétence des
juges de paix a été étendue, en matière personnelle et mobi-
»
SV ET sbpplementaire De la preuve de l'existence
des'rentes foncières.

102. h. Les anciens auteurs (1) parlent de l'ac-


quisition des rentes par la prestation continuelle des
arrérages pendant trente ans. Aujourd'hui la rente

:
foncière ne peut plus être acquise par la voie de la
prescription il faut, pour l'établir, une aliénation
de la catégorie de celles indiquées dans l'art. 550
5
,
du code autrement il n'existe aucune charge sur le
fonds même. Aussi aucun texte du code ne pour-
rait être invoqué à l'appui de cette prescription ni ;
9
meuble;
l'article 2265 parce que la rente n'est pas un im-
ni l'article 2262, parce que le propriétaire
d'un fonds libre n'a pas besoin d'une action pour
refuser la rente, et qu'ainsi il ne s'agit pas de l'ex-
tinction d'une action.
La prestation continuelle d'une somme uniforme,
pendant trente années et plus, ne pourrait, à défaut
d'autres preuves, former aujourd'hui qu'une pré-
somption d'une dette purement personnelle, ou
d'une rente constituée.

lière, jusqu'à la somme de 3oo écus de Prusse (n/jo fr.) en


premier ressort, et à 5o écus (190fr.) en dernier ressort.
(1) Pothier,Traité du contrat de constitution, nOS15, et171.
Dunod, p. 378 et 385. Répert. Y0 Prescription, sect. 5, S 2 ,
art.1. Covarruvias cul cap. possessor3 part. 2, S 4, qucst, 3»
Voyez M. Mittermaier, g176.
102. t. Celui qui réclame le paiement d'une
rente foncière doit donc, en cas de contestation ,
:
prouver que la rente a été créée et réservée lors de
l'aliénation d'un héritage il ne suffirait pas de la
preuve que la rente est assise sur un fonds indiqué
puisque des rentes, qui ne sont pas foncières, peu-
r
vent aussi avoir été établies sur des immeubles, en
vertu de concessions faites par les propriétaires, soit
par des contrats ordinaires entre-vifs, soit par des
actes de dernière volonté. Conformément à ces prin-
9
cipes et à l'art. 1313 du code la cour suprême a
cassé, le 19avril 1820 (1), un arrêt de la cour de
Poitiers, qui avait déclaré qu'une rente, dont on
ne rapportait d'autre preuve que la reconnaissance
contenue dans un acte récent d'acquisition, et por-
tant qu'elle est due sur le fonds, doit être considé-
rée comme foncière jusqu'à ce que le débiteur prouve
qu'elle n'a pas ce caractère.
102. k. La preuve testimoniale n'est pas admis-
sible pour établir l'existence d'une rente foncière,
dès que l'ensemble des arrérages demandés et du
capital du rachat excède la somme ou valeur de
150 fr.,suivant les distinctions établies au § pré-
cédent (art. 1341 du code). L'arrêt de cassation

,
du 19 avril 1820, cité au n° précédent, a égale-
ment sanctionné ce principe lequel se trouve ré-
pété dans l'arrêt de la même cour, du 14 mars
1827 (2).

(1) S. 1820, 1,2^7. M. Fayard, Va Rente, scct- 1, n° i5-


(2) S. 1827, I,t83.
Il s'ensuit ultérieurement, ainsi que l'ont encore
reconnu les mêmes arrêts que régulièrement on ne
peut, en cette matière, admettre des présomptions
qui ne sont pas établies par la loi (art. 1355).
Nous parlerons ci-après, n° 102. o., du cas où il
existe un commencement de preuve par écrit, et
au n° 102. p., de celui où des présomptions peuvent
être admises.
102. 1. Le titre, qui forme la preuve de la rente,
est ou primordial ou recognitif; c'est-à-dire, ou le
premier titre qui a été passé entre le cédant et l'ac-
quéreur à rente, ou un titre passé depuis par les
débiteors, leurs héritiers ou successeurs (1)- Les

l
titres recogDÏtifs, qu'on appelle aussi reconnais-
sances, sont de-deux espèces celles que Dumou-
lin (2) appelle ex certâ scieniiar ou aussi in forma
speciali et dispositivd; et celles qu'il appelle in forma
communi. Dans les premiëres, la teneur du titre
5
primordial est relatée dans les secondes, cette te-

:
neur n'esttpas relatée. Le code civil a maintenu cette
distinction suivant l'art. 1357, les actes récogni-
tifs de la première espèce dispensent de la représen-
tation du titrerprimordial; ilrren est pas de même
des actes de la seconde «espèce, àl'exception du cas
où il y a plusieurs reconnaissapces conformes, sou-

(1) ,
Pothier, Trailéldcs obligationsn° 777 et suiv. Traité
du contrat de constitution, n° 148. Répert. Vo Prenve, sect. 2,
ga, art. 4.
(2) Inconsuet. Paris., S 8, n° 88 et suivans.
tenues de la possession, et dont l'une a trente ans
dedate (i). Si les reconnaissances ne sont pas con-

(1) Dans les quatre départemens de la rive gauché du Rhin,


l'article 4 du décret du 9 vendémiaire an xiii a établi à cet
égard une législation exceptionnelle, laquelle subsiste à côté
du Code civil, dont la publication précède le décret. « Les
propriétaires (porte cet article) des redevances mentionnées
en l'article 1, et qui en étaient en possession lors de l'entrée

cette époque,
des troupes françaises dans les quatre départemens, ou depuis
ne pourront être assujettis à aucune autre
preuve qu'à celle prescrite par l'article 1 du règlement du

,
18 messidor an x, et qui consiste à produire un titre récognitif
ou déclaratoire tel que livre terrier, livre de collecte, Schef-
fenweisthum3 contrat de vente, bail, contrat de mariage, in-
ventaire ou partage de succession, compte. » Ce décret avait
été précédé de différens arrêtés ou règlemens du commissaire
général du gouvernement, préposé à l'administration de ces
provinces, en date du 16 fructidor an ix, du 17 pluviose et du

,
18 messidor an x, relatifs au même objet. Ces arrêtés, en or-
donnant que toutes les rentes dont la nature féodale ne serait
pas prouvée, fussent payées provisoirement, et jusqu'à ce
que les titres qui, pour la plupart, avaient été transportés
à la rive droite du Ràin, pussent être repns, ont maintenu
les créanciers des rentes contestées dans la possession de ces
1

:
mêmes rentes. L'art. du règlement du 18 messidor an x, cité
dans le décret, est ainsi conçu «Les propriétaires de rentes
purement foncières (c'est-à-dire assises sur des biens-fonds),

çaises dans les quatre départemens, ou depuis cette époque


et qui, par suite des dispositions de l'arrêté du commissaire
,
qui en étaient en possession lors de l'entrée des troupes fran-

général dulJouvernement du 17 pluviôse dernier, voudront


répéter les arrérages desdites rentes, échus antérieurement à
l'an ix, ne pourront, en cas de contestation, être tenus à la
production du titre primitif ou constitutif desdites rentes,
formes (par exemple, si les unes qualifient foncière
la rente, et que les autres se taisent sur sa qualité),
elles ne forment aujourd'hui aucune preuve. Po-

mais seulement à celle d'un titre récognitif ou déclaratoire,


tel que jugement, quittance, livre terrier, contrat de vente,
bail, contrat de mariage, testament, inventaire ou partage
de succession, compte ou registre de collecte, etc. » On voit
que les dispositions du règlement et du décret ont sanctionné,
pour les quatre déparfemens, les principes que le projet du
,
gouvernement, proposé au tribunal en l'an viii avait voulu
introduire en France (voyezn° 102. n.); ot l'exposé des motifs
du projet peut servir de commentaire au décret. On peut en-
core voir le rapport de M. Bigot-Préameneu, alors conseiller
d'Etat, qui a précédé le décret, et qui se trouve imprimé au
Moniteur du 19 vendémiaire an XIII. Les principes professés
par le décret sont conformes à la législation et à la jurispru-
dence de l'Allemagne, ainsi qu'il appert d'un acte de notoriété
délivré par des jurisconsultes du pays, qui avaient été convo-
qués à cet effet; cet acte se trouve imprimé à la suite du rap-
port. (Voyez M. Thibaut, S 1175. M. Mittermaier. S 45..
M. Martin, Manuel de la procédure civile allemande, édition
de 1826, S 206). Comme il s'agissait de la preuve de faits
,
»»:
qui s'étaient passés avant la publication des nouvelles lois il
?
fallait s'en tenir aux anciens principes afin de ne pas tomber
dans le vice de la rétroactivité, r
Aux termes de ces dispositions, il suffit, pour établir l'exis-
tence d'une rente foncière, de prouver deux choses il, qu'au

,
moment de la première entrée des troupes françaises ce qui,
dans une partie du pays a eu lieu en 1792, dans les autres
parties en 1794). ou depuis, le créancier s'est trouvé en
possession de la rente; a° de produire une seule reconnais-
sance in forma ccmmuni, ou une seule énonciation ou décla-
ration contenue dans un acte émané du débiteur ou même
;
oon émané de lui car les termes du décret titre récognitif ou
aéclaratoirs tel que., indiquent que les actes dont suit l'énu-
mération peuvent servir de preuve, sans distinction qu'ils
soient récognitifs ou même seulement déclaratoires (conte-
nant une déclaration du créancier ou de ses auteurs). Il faut
bien observer que les deux parties de la preuve doivent être
réunies, et que les titres récognitifs ou déclaratoires ne font
aucune foi s'ils sont produits isolément, sans être soutenus de
la possession.
Quant à la première partie de la preuve, le terme possession
doit s'entendre d'une possession civile, telle- qu'elle peut avoir

,
lieu pour les choses incorporelles que injure consistant. Po-
:
thier, De la possession n° 58, dit « Je possède une rente
la
par perception que je fais des arrérages, par les aveux qui
m'en sont portés, par les reconnaissances qui m'en sont pas-
»
sées. Le décret n'exige que cette possession de la rente, il

;
n'exige pas qu'un fait possessoire ait eu lieu depuis l'entrée des
troupes françaises ainsi il n'est pas nécessaire de prouver
que la rente a-été réellement servie ou perçue depuis cette

,
époque. Il suffirait, d'après les principes généraux sur la
conservation et la perte de 4a possession de justifier que la

;
rente a été servie anciennement, à uneépoque depuis laquelle
la prescription n'a pu être acquise la possession aurait alors
-continué animo, à moins que le débiteur ne prouve un acte
formel de contradiction, c'est-à-dire qu'il ait, dans l'intervalle,
refusé de servir la-repte..(£ 4 Cod..de acquir. et retin. poss.
L.i53. ff. dereg.juris, M. Thibaut, S508). Cependant l'arrêt
de la cour de Darmstadt, du 7 février 1828, dont nous avons
déjà parlé aux nos 84.e.et 92, a, dans son dernier considérant,
admit l'opinion contraire.
Les expressions ou depuis cette époque s'entendent de l'in-
tervalle entre la première occupation française et la demande,
et non pas de l'intervalle entre cette occupation et le décret;
car le terme
;
depuis cette époque n'est nullement restreint
quelque addition et, pour exprimer le sens opposé, le décret
aurait sans doute ajouté les motsjusqdàoejour, oujusqu la à
par

publication du présent décret.


La preuve d'une possession ou perception réelledesrentes
en 179a ou 1794 peut être faite par témoins, parce que, dans
ees provinces, il n'existait auoune prohibition de ce genre de
preuve avant la publication qui y a été faite en 1798, dè l'or-
donnance de 1667, et que la question sur l'admission de la
à
preuve vocale doitêtre jugéeselon les lois existantes l'époque

,
où s'est formé le droit des parties (arrêts de la cour de cassa-
tion du 28 novembre 1806, 22 mars 1810, 9 mars et 8 mai
1811. S. 1810, 1, 36a; 1811-, 1, 184 et 269; 1815', 1, 411.)

de l'ordonnance et du Code ,
Par suite du même principe, et conformément auxdispositions
la preuve de la possession ou
jouissance, depuis 1798, ne saurait être faite par témoins
(VOyez-BQ 102. k. et-ci-après-a,, 21,3). Dans le cas où la preuve
testimoniale est admissible, lesreproches proposés contre les
témoins doiventégalement être jugés selon la loi du temps où
s'est passé le fait à prouver, les parties n'ayant pu prévoir un
changement dans la législation. (Arrêt de la cour de Cologne,
du 15 juillet 1822; journal, t. 7.1, 198).
Pour ce qui concerne les titres, il faut ajouter que les an-
ciens souverains du pays avaient ordonné de temps en temps
la rénovation des livres terriers, et que ces actes sont, en
conséquence, presque tous faits auctoritate publicâ, soit- par la
ministère d'un notaire, soit par celui d'autres commissaires
(M. Thibaut, S 1175). Autrefois, en Allemagne, les actes au-
thentiques n'avaientpas besoin delà signature des parties. Les

mention,
livres de colleete ou registres dè recette, dont le décret fait
peuvent être de deux espèces, ceux tenus par des
fonctionnaires- publics (receveurs des souverains oudes sei-
gneurs territoriaux immédiats), et- ceux tenus par les créan-
ciers eux-mêmes ou par leurs mandataires. Dans le premier
cas, ces registres sont réputés- actes autbèntiques.(L. 9, S 2,
et L. jo.pr. SS 1 et 2. D. de edendo..).. Dans le second cas, ce
ne sont que des actes privés. Mais, dansTun et l'autre cas, ils
font preuve, parce que le décret n'établit point de distinction.
Il en est de même, par exemple, des contrats de mariage qui-,
autrefois, pouvaient être passés sous-seing privé. Au reste la
décret ue concerne que la foi due aux titres; il suppose néces-
sairement qu'ils sont valables dans la forme, et que le con-
tenu des titres est décisif dans la cause (ne vitiam visibile

;
oslendant, aut forma à lege proescripta,vel requisitis ex indole
negdtii-,de
quo concepia sunt, eareant) par exemple, qu'ils
renferment les caractères essentiels d'une rente foncière, telfr
que l'indication de l'immeuble sur lequel elle est assise. La
cour de Cologne a sanctionné ce principe par son arrêt du 7
février 1825 (Journal des arrêts, t. 8, t, I32).
Il est évident que les titres, dont parle le décret, doivent
être d'une date antérieure à la publication des nouvelles lois;
car, comme nous Favotis fait observer ci-desaus, ledécret ne
s'est conformé à l'ancienne législation et jurisprudence du

;
ppys que pour éviter l'effet rétroactif, et les anciennes lois et
usages ont été abolis successivement par les lois françaises on
ne saurait interpréter le décret dans le sens qu'il déroge à ces
lois pour le temps postérieur à leur publication. Anciennement

assurée par l'acte lui-même, sauf la preuve de fraude


commissaire général du gouvernement a rendu, le 7 fructidor
;
la date des titres, même de ceux sous-seing privé, se trouvait
le

an vir, le 3 nivose et le 19 ventôse an VIII, des arrêtés qui dé-

,
clarent que les actes authentiques antérieurs font foi de leur
date et qur prescrivent des mesures pour assurer celle des

:
actes privés. Ces mesures ne sont cependant pas exclusives
d'autres moyens de prouver la date de ces actes c'est ainsi
qu'un arrêt de cassation, du 29 brumaire an XII (Répertoire ,
V° Enregistrement, § iS), a xeconnu qu'un acte sous-seing
privé avait acquis une date certaine, dans les quatre départe-
mens, par le décès d'un des signataires, arrivé en 1789.
Lorsque le créancier ne produit point les originaux des an-
ciens titres, les copies doivent être certifiées par acte notarié.
Il ne suffirait que d'un extrait certifié par le préposé des do-
-
inaines (art.,v335 du Code civil) Arrêt de la cour de cassation,
du 16juin 1807. (Répertoire, Vo Preuve, sect. a, 5 2, art. 3,
n° 2)
On a élevé la question de savoir si L'énoncialion portée au
,
thier (i) remarque que, dans ce cas il faut établir
une distinction. Si les reconnaissances dans lesquelles

,
la rente est qualifiée foncière, sont les plus anciennes,
on doit s'en tenir à elles puisqu'elles sont passées
dans un temps plus voisin de la création de la rente,
où les parties en avaient encore la mémoire plus
fraîche, où elles étaient plus instruites de la qua-
y
lité de la rente si, au contraire, les dernières re-
connaissances seules donnent à la rente la qualité de
foncière, le silence que gardent les anciennes sur
cette qualité doit la rendre suspecte. La généralité
des dispositions de l'article 1557 enlève aujourd'hui
tout son poids à cette observation. Il en est de

sommier du receveur des domaines , que le redevable a payé


renie, peut servir de preuve d'une possession depuis l'en-
trée des troupes françaises? Nous tenons pour la négative.
Le receveur est un fonctionnaire public, chargé de recevoir
les arrérages des rentes appartenant à t'Etat, et de porter la
recette sur des registres tenus à cet effet. (Répert. V° Receveur
de l'enregistrement.) Mais cette constatation des recettes ne
regarde que les relations du receveur avec le gouvernement
il
dont est le comptable; il n'est aucunement un fonctionnaire
public chargé de constater, par son écrit, les déclarations que
les particuliers feraient en sa présence (article ISIJ du Code
civil). Ceux-ci ne comparaissent point devant lui dans l'in-
tention de s'obliger ou de faire une reconnaissance (animo se

:
se obligandi).Enfin on ne saurait invoquer l'analogie de l'ar-
ticle 4 du décret cette disposition ne parle que d'actes dressés
sous l'ancienne législation. (Voyez M. Toutlier, t. 8, n° 54).
(1) Traité du contrat de constitution, n08 170 et 171, où il
parle de la preuve de l'existence des rentes foncières.
même de celle faite par le même auteur (1), aucune
énonciation contenue dans un acte authentique non
émané du débiteur, pourrait servir de preuve contre
ce dernier. Les articles 1165 et 1520 du Code re-
et
jettentaujourd'hui cette opiniony la cour suprême
a cassé, le 14 mars 1827 (2),unarrêt de la cour
de Pau, qui l'avait admise. (VoyezM»Toullier,
t. vin, n° 161 et suiv.)
Relativement à la première disposition de l'art.
1557 , il faut observer avec M. Toullier ( ibid. ,
n° 484) que référer la teneur d'un titre ce n'est pas
le copier, et qu'ainsi une reconnaissance de la pre-
mière espèce n'a pas besoin de contenir la copie du
titre primordial.
Par application de l'art. 1337, la cour d'Orléans
a décidé, le 10 mars 1814 (3), qu'un acte réco-
gnitif, qui ne relate pas d'une manière spéciale le
titre primordial, ne suffit point pour valider une
rente foncière dont le paiement est réclamé le
créancier ne peut, dans ce cas, être dispensé de
:
rapporter le titre originaire, à moins qu'il ne se
trouve placé dans l'exception prévue par la dernière
3
partie de l'art. 1337 et c'est aux magistrats qu'il
appartient d'apprécier si l'acte, dont le créancier
peut faire usage, a été suivi, dans ses mains, d'une
possession trentenaire. La cour de cassation a rejeté,

(1) Traité du contrat de constitution, n° 172. 1

(2)S.1827,1,i85.
(3) Recueil de M. Colas delà Noue-, t.a, n° 829, p. 101,
le 19 décembre i820 (1), le recours contre un
arrêt qui avait dispensé le créancier de la représen-
tation«du titre primordial, parce que la rente avait
été jugée légitime par un arrêt de 1596, et que
depuis elle avait été reconnue par plusieurs actes
émanés des défendeurs, et acquittée jusqu'en1815.
102.. m. La loi du 28 floréal an III porte, art. 1 :

,
((A défaut de titres originaux des créances dues à la

,
république comme représentant les corps ecclésias-
tiques ou laïques supprimés les émigrés et autres
individus frappés de la confiscation, les directoires

,
de district exigeront de tous les citoyens dont les
noms sont inscrits sur des registres sommiers ou
iID"nets indicatifs des créances, la déclaration des
sommes dont ils sont débiteurs. » Cette disposition
fondée sur la notoriété que la plupart des titres des
,
créances qui ont appartenu aux corps supprimés,
avaient été soustraits et cachés, a motivéunarrêt
de lacour de cassation du 6 mai1807 (2), qui a
déclaré que l'existence de plusieurs rentes foncières

,
était suffisamment prouvée, quoique les reconnais-
sances contenues dans des baux faits par les pro-
i
priétaires des immeubles en 766, 1775 et 1784,
qui chargeaient les fermiers de payer ces rentes, ne
relataient point la teneur des titres primordiaux.
102, n. En Fan vm le gouvernement consulaire
soumit au tribunat un projet de loi qui avait été
discuté et adopté par le conseil d'Etat, et dont l'ar-

(i) S.1821, i* 245.


i, n° 10. S. 1807,11,745.
(2) Répert. yo Rente foncière, S
:
ticle 5 était ainsi conçu « Le propriétaire de la
rente foncière est autorisé à en prouver l'existence,
soit par le titre constitutif, soit par deux reconnais-
sances coijformés et non contredites par des actes
contraires., soit enfin par des actes possessoires, éta-
blissant à son profit la prescription, au moment où
le débiteur en a refusé le paiement. Si les titres et
actes possessoires ont péri par l'effet de la violence
ou de toute autre force majeure, il pourra y être sup-
pléé par les preuves et documens -tirés des registres

,
et actes publics, et les preuves pourront être com-
plétées s'il en est besoin,par la preuve vocale.»
Mais, ce projet ayant été rejeté dans la séance du
tribunat du 27 ventose an vin, la matière est restée
dans les termes du droit commun (i).
102. o. Les reconnaissances, quand même il y
en aurait plusieurs, ne font foi, de ce qui y est con-
3
tenu qu'à défaut du titre primordial car, celui-ci en
est la base. S'il était rapporté et s'il paraissait que les
reconnaissances renferment quelque chose de plus
que ce qui est porté par le contrat primitif, soitpour
la quantité de-la rente, soit pour les conditions, ou
qu'elles contiennent quelque chose de différent, cet
excédant ou cette différence n'aurait aucun effet; il
est réputé non écrit (art. 1557). Le reconnaissant,
,
dit Pothier (2) est censé n'avoir d'autre intention
que de confirmer les obligations portées par le titre

t.
(1)S. 1,11,226.
(2) Traité du contrat de constitution, n° 149; -- -..
Traité des
«VIigâtions, Il,,779.
primordial, et non d'en contracter de nouvelles. L'an..
teur ajoute qu'il y a lieu à répétition de ce qui, dans
les derniers trente ans, aurait été payé de plus que
ce qui est porté par le contrat primitif. Cette opinion
doit être suivie aujourd'hui, conformément aux ar*
tlcles 123S et 1577 du Code.
Par application du principe ci-dessus, la cour de
cassation a décidé, le 25 octobre 1808 (1), que si
le-débiteur d'une rente féodale en a passé, postérieu-
rement à l'abolition de la féodalité, un acte de re-
9
connaissance dans lequel ne se trouve aucune énon-
ciation ayant trait à la féodalité, cette reconnais-

:
sance ne donne pas le droit d'exiger la rente comme
purement foncière ilaurait fallu une novation ex-
presse.
102. p. Si les reconnaissances portent moins que
le titre primordial, et que l'une d'elles remonte à
plus de trente ans, le débiteur a prescrit la libération

:
du surplus (voyez n° 211), malgré la représen-
tation du titre primordial c'est l'opinion de Po-
thier (2)5 elle est conforme aux principes du droit.
Le créancier qui., depuis trente ans, n'a pas joui de
son droit dans l'étendue primitive, a perdu le sur-
plus du droit, aussi bien qu'il perd le droit entier,
:
lorsqu'il n'en jouit point pendant trente ans la fa-
veur de la libération doit l'emporter sur le doute
que le silence$lu texte de l'art. 1537 peut faire
naître. D'ailleurs le texte n'est pas contraire à cette

(1)S.1807,11>1!99-
(2) Des obligations, n°78o.
il dedit seulement que
assertion;
tif contient
ce que l'acte recogni-
plus, ou ce qui se trouve différent,
n'a aucun effet; mais il n'ajoute pas que ce qu'il con-
tient de moins est également regardé comme non
avenu. Aussi les rédacteurs du code qui ont, dans
cet article comme dans bien d'autres, suivi pas à
pas la doctrine de Pothier, ne sont pas censés s'en
êjtre écartés, si la loi ne le porte expressément.

Cependant M. Toullier, t. via, n° 488, soutient
l'opinion contraire.
102. q. Lorsque les reconnaissances ne contien-
nent pas tout ce qui est nécessaire pour la preuve de
l'existence d'une rente foncière, peut-on y suppléer
par la preuve testimoniale, en regardant les recon-
naissances comme un commencement de preuve par
écrit? Oui, si parmi les reconnaissances produites
il y en a au moins une qui contient tous les carac-
,
tères nécessaires à la preuve d'une rente foncière.
9
Dans ce cas cette reconnaissance peut aux termes
de l'art. 1547, être regardée comme commence-
ment de preuve par écrit, parce qu'elle émane d'un
auteur du défendeur, et qu'elle rend vraisemblables
les faits allégués par le demandeur; on pourra alors
prouver par témoins que le droit à la rente a été re-
connu avec toutes les circonstances requises, soit
antérieurement, soit postérieurement à la reconnais-
sance écrite. Mais, si les reconnaissances produites
se bornent à de simples allégations, telles que celles
qu'une rente est due, sans désigner le fonds et sans
énoncer la qualité de foncière, elles ne rendent pas
vraisemblables les faits que le demandeur est tenu
de prouver, dont nous avons parlé au n° 102. i.,
et elles ne pourront servir de commencement de

moins:
preuve par écrit, afin d'établir cette qualité par té-
le simple fait qu'une rente a été payée peut
s'appliquer également à une rente constituée ou à
une rente suppriméecommeféodale- C'est ainsi
4wun arrêt de lacour de Nîmes, du 6 août'l806 (i),
a rej eté la demande en paiement d'une rente qui
y
avait été serviejusqualors parce qu'il fut reconnu,
dans le procès, qu'elle était féodale, et parce que le
paiementcontinué ne pouvait faire preuve de la fon-
cialité. La même décision se trouve dans l'arrêt de la
cour de cassation du 27 juillet 1818 (2).
102, r. M. Toullier, t.îx, ne- 97 et suiv., fait
observer,d'après Danty et Duparc-Poullain, que
les quittances produites par le débiteur dans un
procès, par exemple dans une demande en répétition
d'arrérages indûment payés (3), peuvent être prises
par le créancier pour un commencement de preuve

moins,
par écrit,non-seulement afin de prouver, par té-
que la rente a continué d'être payée dans
d'autres années que celles portées par les quittances,
et que par conséquent la prescription a été inter-
rompue (n° 98 à la fin), mais encore pour le dis
5
penser dp la représentation du titreprimordial s'il y
avait plusieurs quittances, et que l'une d'elles remonte
à plus de trente ans, elles formeraient, suivant l'au-

(1)S. 1806,ih9456.
(2) S. i8it), 1,126.
(3) Voyez ci-après n° 214..h. -
teur (n° 101 et 102), uncommencement de preuve1,
qui pourrait faire autoriser à prouver la continuité
de la prestation de la rente. Il nous semble qu'à la
vérité le débiteur, en produisant les quittances, se
les rend, propres, et qu'eues deviennent un titre
commun aux deux parties, de sorte que le créancier
défendeur peut s'en prévaloir également. Mais elles
n'émanent point du débiteur : qu'un acte profite à
quelqu'un et que l'acte émane de quelqu'uny ce sont
des choses fort différentes; et
comme l'art. 1547
porte textuellement qu'il forme. une exception à la
règle générale posée en l'art. 1341, cette exception
ne saurait être étendue ultra litteram (1)-, Ces quit-
tances ne formeront, en conséquence, d'autre preuve
que celle du fait qu'elles constatent, et que le débi-
teur avoue en les produisant : c'est le fait du service
dela renteaux époques désignées dans les quittances.
Si le créancier.produit un titre primordial ou un titre
récognitif ex certd scientiâ9 qui n'avait pas trente ans
d,e date aux époques indiquées, les quittances qui
se réfèrent à la même dette peuvent former la
preuve de l'inlerruptipn de la prescription; et de
même, si elles réunissent les conditions requises
par lé dernier §de l'art. 1337, elles peuvent em-
porter,pourlecréancier, ladispense de représenter
letitre primordial. Mais l'effet de çes quittances ne
saurait être étendu plus loin.

(1) Il en pouvait être autrement sous l'empire dePordon-


nance de 1667, qui ne définissait pas aussi précisément le corn-,
mencement de preuve par écrit que l'a fait le Code.
102. g. Lorsque la preuve par témoins est admis-
sible, soit à cause d'un commencement de preuve par
écrit, soit dans les cas énoncés en l'article 1348 du
Code, les juges peuvent, conformément à l'article
1353, trouver la preuve de l'existence de la rente
dans des présomptions graves,précises et concor-
dantes. Arrêt de la cour de Poitiers, du 17février
1825 (i).
102. t. Qllid, si le créancier de la rente prétend
que le détenteur ne possède l'immeuble que par em-

,
phytéose temporaire, et si aucune des parties ne peut
produire un titre mais allègue seulement la pos-
?
session Il faut dire en ce cas que la rente est per-
pétuelle, parce qu'autrement un titre aurait été né-
cessaire pour indiquer l'époqueoùfinira la possession
du détenteur et de ses ayant-cause (2). Cette règle
générale peut cependant souffrir des exceptions selon
les circonstances. C'est ainsi que l'avis du conseil
d'Etat, du 4 thermidoran vin (25 juillet 1800) (3),
a admis comme preuve d'une tenure temporaire la

;
circonstance que le bailleur avait toujours possédé
des bâtimens dans le fonds car de cette manière le
redevable n'en avait pas la possession exclusive. Le
même avis regarde comme preuve la circonstance
que la contribution foncière est due et payée par le

(1) S. 182.5,11,389.
(2) Covarruvias, t. a, lib. 3, cap. 7, n° 1. Répert. V° Em-
i,
phytéose, S n° r, à la fin.
(3) Répert. V° Vigne. S. t. 1, u, 155.
bailleur5 cependant, nous ne croyons pas que cette
.assertion puisse être généralement admise : car dans
plusieurs.pays (i) il était d'usage, avant les nouvelles
lois, d'imposer le créancier de la rente à Ja contri-
bution foncièredes biens arrentés ou emphytéoti-
ques, quoique les contrats eussent été faits à perpé-
luité5 ce n'est. donc que dans les pays où cet usage
n'existait pas que le paiement des contributions
par le bailleur peut former une preuve de tenure
temporaire. Enfin la circonstance que le créancier a
'eu Ici, jouissance des arbres de haute-futaie excrûs
sur le fonds arrenté, ne peut faire présumer une
çmphytéoseiemporaire (art. 4 du tit. 5 dela loi du
|8-, 29-décembre 1790) (2).

ARTICLE II. - - -

Des autres droits des créanciers des rentes foncières.


--
, 105. Potjiier "fIe des droits dont jouissait an
à
(fifennement le bailleur rente sur les fruits de l'hé-
:Lita.ge, sur les meubles du preneur, et sur les fermes
et loyersdus par les faripiprs ou locataires du pre-
i
neuiv,I\ou§ avons déjà vu, au £°*>«, que ces droits
n'existent plus. aujourd'hui. Cette observation esl
commune aux rentes créées sous l'empire du Code,

a. J-
T a
y
(1) ..Notamincnl (lfiné les déçartçrpens de ta rive gauche du
Rhin. Voyez la note au n° 36.
(2) Voyei-ci-après u° 194*/*
et celles dune création antérieure, parce que la
à.
nature des unes est la même que celle des autres.
104. Ainsi est abrogé le privilége accordé autre-
fois au bailleur sur lesdits fruits et meubles.
105. Et le droit de saisie en cas de déplacement
de ces objets.
106. Enfin le droit de faire saisir-gager les
fruits
et meubles étant dans l'héritage (art. 819 du Code
de procédure).
106. d- Le changement intervenu dans la nature
des rentes foncières en a amené encore plusieurs au-
tres relativement aux droits du créancier. La loi a
classé les rentes parmi les meubles (1)5 déjà par lay
et abstraction faite, pour le moment, de la faculté de
rachat, elles ont cessé d'être une partie de l'immeuble,
puisque cette partie ne pourrait être d'une autre na-
ture que le tout (2). Donc elles tombent non-seule-
ment dans la communauté conjugale, comme nous
l'avons déjà fait observer dans une note au § 5 du

(1) Voyez le Chapitre préliminaire, S5; M. Grenier, n° 160


et suiv., et le Répert. Vo Meubles, n° 6.
(2) M. Jourdan, dans le passage de la dissertation, qui se
trouve transcrit dans une note au n° 91. semble soutenir
que les rentes anciennes n'ont été mobilisées que par l'art. 529
du Code, et qu'ainsi cet article exerce aussi son effet sur les
rentes créées avant sa promulgation. Ce serait d'abord une
erreur historique (Voyez le Chapitre préliminaire, S5, p. 10);
et en second lieu ce serait attribuer un effet rétroactif à l'ar- -
ticle 529, contrairement au principe sanctionné, pour toutes
les dispositions du Code, par son article 2.
;
Chapitre préliminaire mais encore, conformément
aux articles 533, 554 et 555 du Code civil, ces
rentes sont comprises dans le legs de biens-meubles
ou du mobilier ou des effets mobiliers du testateur ( i );
de même que dans toute autre disposition de la loi
ou de l'homme qui emploierait l'une de ces trois ex-

sans autre ,
pressions. Toutefois le mot meubles, employé seul,
addition ni désignation ne s'étend pas
aux rentes, suivant l'article a55, verbis ; Dettes
actives.-Une jurisprudence constante et l'opinion de
tous les auteurs rejettent l'assertion que nous avons
vu soutenir, que l'article 529 ne répute meubles les
rentes foncières qu'à l'égarddescréanciers, et qu'à
tous autres égards elles conservent la nature immo-
bilière. Quant aux rentes nouvelles, l'article 529 est
gpnéral et positifyquant aux rentes créées avant le
Code, nous avons prouvé, au Chapitre préliminaire
et au n° 91. e., qu'elles ne peuvent plus avoir d'autre
caractèrequecelui de meubles.
106. b. On a élevé la question de savoir si le
créancier de la rente qui a vendu ou cédé son droit
à un tiers, et qui n'a pas encore reçu le prix de ces-
sion, jouit du privilège accordé, par l'art. 2102, 4°,
5
au vendeur d'effets mobiliers c'est-à- dire s'il doit
être payé de préférence sur le prix de la revente de
cette créance, lorsqu'elle est encore dans la possession
de l'acquéreur, et si, en cas de vente sans terme, il
peut même revendiquer sa créance restée entré les

(1) Répert. Vo Meubles (Legs de), n° 8.


?
tnains de l'acheteur — Pour l'affirmative on
pourrait invoquer ce que nous avons dit au numéro
,
précédent, parce que l'article 2102 s'est servi du
terme effets Jlwbiliers. Cependant, cette.expression
doit sjhterprpter par les dispositions générales de
il
l'article,et est manifeste, notamment par ce qui
est dit relativement à la concurrence du privilége
du vendeur avec celui dù propriétaire d'une maison
ou ferme, que le législateur n'a entendu parler que
des meubles corporels. La cour royale de Paris l'a
ainsi décidé à l'égard de la cession d'une créance 01"
;
^inaire, par arrêt du 18mai 1825 (i) et c'est aussi
l'opinion de M. Persil, Questions sur les privilèges
et hypothèques, liv. 1, chap. 3, §5.
p.
106, Le créancier de la rente qui aurait cédé
son droit et qui n'aurait pas encore touché le prix
pourrait cependant invoquer les articles1184 et
,
1654 du Code civil., et demander la résolution de la
vente. Les dispositions de ces articles sont générales,
et il n'existe aucune raison de les restreindre à la
vente-des immeubles. Les motifs du législateur s'ap-
pliquent également à l'un et à l'autre des deux cas.
Dans les contrats synallagmatiques, chaque partie
n'est présumées'être engagéeque sous une condition
résolutoire, dans le cas où l'autre partie ne satisfera
point à cet engagement (2). M. Persil, à l'endroit

*(1)S.1825,11,3gi.
M.
(2) Expgsé des motifs-dûtitre-des obligations,par Bigot
-lkéameneu. (S. 1807, IL, 5O2.M.. Locré, t. 12', p. 54a).
cité, soutient la même opinion. Cependant la cour
de Paris a décidé en sens contraire, par l'arrêt du
5
18 mars 182S elle a considéré.« que la résolution
n'aurait d'autre effet que d'opérer une revendication
de meubles incorporels, exercée au préjudice du tiers,
et qui n'est autorisée par aucune loi.» Mais cet argu-

:
ment tombe devant le texte et l'esprit des articles
cités des que la loi autorise en général l'action en
résolution, il importe peu qu'elle ait pour effet d'at-

:
teindre indirectement un but que la loi refuse par
voie directe nous eh avons vu l'exemple au n° 40. d.;
le vendeur d'immeubles v qui a perdu son privilège
peut cependant demander la résolution. Le tiers-
acquéreur, au préjudice duquel la résolution de la

j
cession serait demandée, ne pourrait même opposer
des motifs d'équité car, à la différence des immeu-
bles, dont le vendeur n'a souvent d'autre titre que
sa possession, la propriété et le transport des créances
se trouvent toujours constatés par écrit, et les acqué-
reurs subséquens ne peuvent donc pas ignorer que la
première cession ne porte pas quittance du prix.
d.
106. Autrefois le créancier de la rente avait le
droit d'intenter la complainte contre le débiteur qui
prétendait que son héritage n'était pas sujet à la
-
rente, et qui refusait en conséquence de la payer de
même que contre un tiers qui lui disputait la rente.
Voyez Pothier, De la possession, nos 88 et 89, et
le Répertoire, Y0Complainte, § 5, n° 1. Aujour-
d'hui l'action possessoire n'est plus recevable en cette
matière, parce que, pour les meubles, il n'yen a pas
dans notre droit, ainsi que l'observe M. Merlin à l'en-
droit cité du Répertoire. L'art. 45 du décret du 9 dé-
cembre 1811 suppose le même principe. M. le pre:
mier présidentHenrion dePansay continue d'émettre
l'opinion contraire dans les dernières éditions de son
Traité de la compétence des juges de paix, ch. 435
mais cette observation y a passé, sans correction, de
la première édition, et l'auteur dit lui-même dans un
autre endroit que la complainte n'a pas lieu pour
trouble dans la possession d'un meuble. Aussi c'est
dans ce sens qu'a jugé l'arrêt de la cour de cassation,
du 26 janvier 1826, en rejetant le recours contre
un jugement qui avait refusé l'action possessoire pour
un droit de complant (i),
Si le détenteur d'unfonds dénie l'existence de la
rente, ou s'il soutient qu'elle est féodale, le juge
peut accorder un provisoire au créancier de la rente,
nanti d'un titre, et à qui elle a été servie jusqu'ici..
Mais ce provisoire ne peut être accordé que par le
5
juge de l'action au pétitoire car il ne se fonde pas
sur une véritable possession de la chose qu'onré-
clapie, mais sur la probabilité qu'elle est due.

ARTICLE III.

Des charges de l'héritage auxquelles est tenu de contribuer le


créancier de rente foncière.

107.Autrefois, par une conséquence nécessaire


du partage de la propriété ? le créancier de la rente
(1) S. 1827,1, 228.
devait contribuer avec le débiteur aux charges et
impositions extraordinaires qui étaient faites sur
l'héritage, et il en devait supporter une partie pro-
portionnée à sa rente, à moins qu'il n'y eût, par le
bail, une clause particulière qui portait que la rente
serait payée franche de toutes charges et impositions.
Loyseau, Traité du déguerpissement, liv. 1, ch. 10,
n° 115 avait fait à cet égard une distinction entre les
impositions qui tournent en pure charge et perte, et
celles qui tournent au profit et à l'augmentation de
l'héritage (telle qu'une taxe imposée sur les héritages
voisins d'un grand chemin, pour les réparations du
chemin). Al'égard des premières, il convenait que lé
créancier y devait contribuer; mais il en était autre-
ment des secondes.
Aujourd'hui cette distinction ne peut être d'aucun
usage. Nous avons vu, au n° 56. a., que toutes lés
impositions foncières ordinaires sont à la charge du
détenteur du fonds. Les impositions extraordinaires
suivent la nature des impositions ordinaires, dont elles
sont l'accessoire. La loi autorise le débiteur de la
rente à en retenir le cinquième à cause des imposi-
tions; cette retenue est fixée in globoy et,
à moins
d'une nouvelle disposition législative, l'augmentation
des impositions ordinaires ou l'établissement de nou-
velles taxes extraordinaires ne pourrait servir d'au-
torisation au débiteur de faire une retenue plu& forte
que le cinquième de la rente annuelle (i).

(i) Dans les pays d'origine allemande, il est quelquefois


108. Ce numéro est relatif aux droits seigneu-
riaux.
109.Des droits de vente dont l'héritage est chargé
envers le seigneur de la censive.

d'usage que le créancier d'une rente de part-raisin paie tout


ou partie des, frais de réparation des murs de soutien dans les
vignes situées sur les pentes des montagnes. Cetusage, fondé
sur l'ancienne copropriété du fonds, ne peut plus être obli-
gatoire : le créancier n'est pas tenu de contribuer aux charges
d'une propriété gui ne lui appartient plus.
à
Dans les mêmes pays, d'anciens baux rente ou emphy-
téoses renferment souvent la clause que le bailleur, pro-
priétaire d'une forêt située dans le voisinage du bien arrenté,
s'oblige de fournir au preneur le bois de chauffage et le bois
nécessaire à larépar^tion ou à la reconstruction des bâtimens
compris dans le bail. La dernière partie de cette clause ne
saurait plus être obligatoire, par le motif indiqué ci-dessus;
le droit au bois de chauffage, au contraire, ne peut être
regardé pomme étant la suite de l'ancien partage de la pro-
priété; c'est plutôt une jouissance concédée à part, afin d'en-
gager le preneur à se charger de la culture du bien. La con-
cession de cette servitude n'étant annulée ou révoquée par
aucune loi, et sa continuation n'ayant rien de contraire aux
lois concernant les rentes, elle doit être maintenue. Un arrêt
de la cour de Cologne, du 9 avril 1827 (Journal des arrêts,
t. 10, 1, 274), a consacré cette distinction.
Nous ferons encore observer, à cette occasion, que la vente
franc et quitte, faite par l'Etat, d'unetente foncière lui appar-
tenant, ne décharge pas le nouveau créancier de ces presta-
tions réciproque;l'article 94'de la constitution de l'an VIlI(ne
s'applique "qu'aux ventes d'immeubles. Arrêt de là cour de
Cologne, du 9 avril 1827. (Même Jo-urnal,'îbïd., p. :172)..
110. Principes particuliers sur les censives à droit
de relevoison à plaisir dans la ville d'Orléans.

ARTICLE IV.

Du droit des propriétaires ou possesseurs d'un héritage chargé


de rentefoncière.

111. Dans le §1 du Chapitre préliminaire, qui


contient la transcription littérale du présent numéro
de Pothier, nous avons vu que le droit réservé an-

,
ciennement par le créancier de la rente, lors de l'alié-
nation du fonds n'était pas le dominium directum
mais un simple droit foncier. Pothier en tire la con-
?
séquence, que le propriétaire du fonds arrenté non- a
a
seulement l'utile,.mais tout ce qu'ily d'honorifique
attaché à ce fonds. - Aujourd'hui l'acquéreur à

:
rente est le propriétaire plein et entier de l'immeuble
arrenté le créancier n'y conserve aucun droit fon-
cier. Il n'y a plus rien d'honorifique attaché aux
héritages; mais s'il pouvait y en avoir, il devrait ap-
partenir au propriétaire du fonds (i).
112. Le droit de l'acquéreur, dit Pothier, étant
un droit de propriété, c'est une conséquence qu'il
peut disposer de cethéritage comme bon lui semble.

(1) Dans les provinces rhénanes delà Prusse, la possession


do certains biens emporte le droit d'éligibilité aux Etats. (Or-
donnance royale du 27 mars 1824, art. 8). Si l'un de ces biens
se trouvait aliéné à rente, le droit en question ne pourrait
appartenir au créancier de la rente.
Il en est de même aujourd'hui à plus forte raison ;
, ;
l'acquéreur pourra aliéner l'héritage par vente9
échange donation, testament ou de toute autre

;
manière. Il peut même l'aliéner franc et quitte de
rente en ce sens qu'un tel contrat est valable entre
lui et le nouvel acquéreur (1). — Le consentement
ou l'agrément du créancier n'est aucunement requis
pour la validité de ces aliénations; car la vente ne
porte pas sur un objet qui appartient au créancier de
la rente,, Autrefois la nécessité de ce consentement
avait son motif dans la copropriétéducréancier, qui
était fondé à se refuser à ce que sa portion passât entre
les mains de tel ou tel individu. Les clauses des an-
ciens titres qui requièrent ce consentement, même sous
une peine conventionnelle ou celle de la commise,
sont aujourd'hui réputées non écrites, tout comme
celles qui interdisent le rachat pour un terme excé-
;
dant trente ans car ces clauses sont incompatibles
avec l'idée de la propriété pleine et entière du fonds
qui résideaujourd'hui sur la tête de l'acquéreur à
renté, même quant aux rentes créées avant la publi-
cation des nouvelles lois. — Enfin, le vendeur de
l'immeuble arrenté n'est pas tenu d'indiquer au
créancier le nom du nouvel acquéreur. Autrefois
cette obligation trouvait également son motif dans

(i) Ce dernier pourra alors purger l'immeuble de la charge


de rente, si le créancier n'a pas conservé son droit par l'ins-
cription; mais le vendeur reste tenu personnellement du ser-
vice de la rente, s'il l'a été avant la nouvelle aliénation.
le partage de la propriété du fonds; aujourd'hui elle
gémitcontraire au droit exclusif de propriété qui
appartient à l'acquéreur à rente. C'est au créancier
a rechercher son nouveau débiteur hypothécaire.
Voyez n° 91. yy. (1).
L'acquéreur à rente peut de même changer la
forme de l'héritage. Par exemple, il peut d'une terre
labourable faire un pré; il peut convertir des cham-
brcs en magasinsDu en greniers.
113. IXéarjmoiift, ditPothier, un propriétaire
dhéritagechargé de rente foncière ne peut le dété-
riorer. Nous renvoyons, à cet égard, au n° 42.
-
JJ4. :
Pothier dit « Le preneur ou ses succes-
seurs ayant le droit de propriété de l'héritage chargé
-

à leurs risques, selon la maxime :


de l'a rente foncière9 c'est une conséquence qu'il est
Res peril doraino.
C'est pourquoi si l'héritage, par une force majeure,
a souffert une diminution, comme si la rivière, dont
il est voisin, _C!l a emporté une grande partie, ils
demeurent chargés de la rente sans aucune diminu-
tion.» C'est aujourd'hui la conséquence des articles

:
1158, 1624 et 2114 du Code civil.
Pothier continue «Mais si l'héritage était péri
en entier, le droit de rente foncière périrait avec
-

?
l'héritage à moins qu'il n'y eût clause par le bail,

a même aucun motif de faire une exception à ce


(1) Il n'y
principe quant aux pays où la détention du fonds emporte
l'obligation de servir la rente. Voyez une note apposée au
n° 38; pa-ge 70, et Celle apposée au n° 92.
de la fournir et faire valoir, ou quelque autre clause
semblable. Nous avons déjà fait observer qu'aujour-
d'hui l'obligation de fournir et faire valoir existe de
droit, et que l'acquéreur ou ses héritiers sont obligés
de continuer le service de la rente,même après la
perte de l'héritage. Voyez le n° 190 et suivans.
115. Par la même raison, dit l'auteur, lorsque
l'héritage reçoit quelque accrue ou augmentation,
quoique sans le fait du preneur ou de ses successeurs
possesseurs de l'héritage, comme par une alluvion,

,
cette augmentation est au profit du possesseur de
l'héritage sans que le créancier puisse prétendre
aucune augmentation de la rente. C'est aujourd'hui
la conséquence des articles 551 et 556 du Code
civil.
CHAPITRE VI.

De la rescision et de la résolution dit contrat a rente,


et de Vextinction des rentes foncières.

Nous traiterons, dans une première section, en


général, de la rescision et de la résolution du contrat
à rente. Le déguerpissement qui formait ancienne-
ment une des manières de résoudre ce
contrat, a été

:
traité par Pothier avec étendue dans une seconde
section nous y parlerons de l'abolition de ce mode
de libération et du délaissement par hypothèque
suivant les lois actuelles. Nous parcourrons, dans une
troisième section, les différentes manières dont s'étei-

;
gnent les rentes foncières, et surtout la matière du
rachat dans la quatrième section, nous traiterons en
particulier de la prescription.

SECTION PREMIÈRE.

De la rescision et de la résolution du contrat à rente.

§ 1. De la rescisiondu contrat a rente.


116.Le contrat à rente, de même que les autres
contrats, peut être rescindé par jugement rendu sur
quelque action rescisoire, lorsqu'il s'y trouve quelque
vice qui peut dopner lieu à la rescision. Potliierren-
voie au Traité des obligations, part. 1", chap. 1%
donnent
sect. lie, art. 3, sur les différens vices qui
lieu à la rescision des contrats* Aujourd'hui cette
matière se trouve réglée par les articles1108 et
suivans, et 1304 etsuivans du Code civil.
Quant à là-lésion outre sept douzièmes, dont Po.
thier fait également mention, nous renvoyons à ce
que nous avons dit au n°33.
117.Pothierobserve que la disposition qui forme
aujourd 'hui l'article1681 du Code civil doittrouver
à
son application à l'égard du contrat ifcnte. Canime
nous croyons que l'action enrescision pour cause de
lésion n'a pas lieu à l'égarddececontraâ, il est inutile
d'entrer dans l'examen de cette question.
118.11 en est de même de la question traitée dans
ce numéro, qui consiste à savoir si, en cas de rescision
d'un contrat à rente pour cause de lésion, les droits
des parties se règlent à compter du jour de la de-
mande (art. 1682 du Code),
119. Pothier parle de l'application que peuvent
avoir en matière de rentes la plupart des choses qu'il

:
a dites au Traité de la vente, relativement à la resci-
sion de ce dernier contrat pour cause de lésion nous
ne faisons que répéter l'observation ci-dessus.
120. L'auteur traite des effets de l'action resci-
soire pour cause de lésion, et des prestations aux-
quelles elle donne lieu.

§ ii. De lA résolution du contrai à rente

121. Il y a, dit Pothier, une grande différence


entre la simple résolution et la rescision du contrat
de bail à rente. Lorsque, sur une action rescisoire,
les juges prononcent la rescision du contrat, le
con-
trat est anéanti et réputé n'être jamais intervefiu.
Au contraire, le jugement qui, sur quelque action
résolutoire, prononce la résolution du contrat, ne
résout et ne détruit le contrat que pour l'avenir.
La même observation s'applique sans doute aujour-
d'hui.
On peut, continue l'auteur, apposer dans un con-
à
trat rente les mêmes clauses résolutoires qu'on ap-
pose dans les contrats à vente; et tout ce que nous
avons dit en notre Traité du contrat de vente,
part. 5, chap. 2, sect. 5 et 4, sur ces clauses et
sur les: actions qui en naissent, peut s'appliquer au
contrat à rente. A l'endroit indiqué, l'auteur énonce
la clause de réméré, et celle par laquelle le vendeur
se réservela facultéderésoudre la vente, si dans un
certain temps il trouve une condition plus avanta-
geuse.
Aujourd'hui il ne nous semble pas douteux que la
faculté de réméré puisse être stipulée lors de l'aliéna-
tion d'un fonds à charge de rente, car l'article 550
a entièrement assimilé ce contrat à celui de vente.
Il y a donc lieu d'appliquer, dans ce cas, les disposi-
tions des articles 1659 à 1675 du Code civil, sauf
qu'il ne peut être question d'une restitution du prix.
La seconde clause énoncée ci - dessus continue
d'être valable aujourd'hui dans le contrat de vente,
et par conséquent elle doit aussi trouver son appli-
cation au contrat à rente. — Dans la réalité, cette
;
clause est la même que celle de réméré le créancier
rachète l'immeuble pour l'aliéner à un tiers : en
conséquence, la clause ne saurait être stipulée pour

,
un terme excédant cinq années. Voyez ce que nous
Mirons, au n° 194. hh. de la clause de retrait con-
ventionnel.
Il se fait aussi une résolution du contrat à rente
par l'effetdu pacte commissoire stipulée ou sous-en-
tendu de droit, comme nous l'avons vu suprà aux
n°* 40 et suivans.
Autrefois la résolution du bail à rente se faisait
aussi par le déguerpissement, qui forme l'objet de la
section suivante.

SECTION Il.

Du déguerpissement.

122. Pothier définit le déguerpissement, un acte


par lequel le possesseur d'un héritage chargé d'une
rente foncière, pour se décharger de cette rente,
abandonne en justice l'héritage au créancier de la
rente (i).

(i) En Allemagne , ce mode de libération n'a jamais été


établi ni par la loi ni par l'usage. On ne saurait soutenir que la
publication des lois françaises l'eût introduit dans les dépar-
temens de la rive gauche du Rhin; car ces Ibis n'en parlent
pas; et, au moment de cette publication, le déguerpissement
se trouvait déjà aboli en France, ainsi que nous le verrons au
numéro suivant.
On voit que le déguerpissement ne doit pas être
confondu avec le délaissement par hypothèque, ad-
mis déjà anciennement, et confirmé. par les articles
2172 et suivans du Code civil. Ils diffèrent l'un de
l'autre
1° En ce que le délaissement a lieu pour libérer
le détenteur des dettes hypothécaires qui affectent
l'immeuble, tandis que le déguerpissement n'avait
lieu que pour des charges foncières ;
2° En ce que le déguerpissement se faisait uni-
quement au profit du créancier de la rente, tandis
que le délaissement a lieu au profit de la masse des
créanciers hypothécaires.
5° En ce que le déguerpissement mettait le bien
entièrement à la disposition du bailleur, qui pouvait

:
de pleinadroit en prendre possession, et en rede-
venir le propriétaire incommutable au lieu que le
délaissement ne transmet aux créanciers ni la pro-
priété du bien, ni le droit d'y entrer sans forme de
procès; ils peuvent seulement, comme ils en avaient
déjàantérieurement le droit, se faire payer sur le
prix selon le rang de leurs créances; il a fallu, et il
faut encore aujourd'hui, faire créer un curateur à la
chose abandonnée, sur lequel la vente en est pour-
suivie (article 2174 du Code);
4° En ce que le déguerpissement, une fois accepté
par le bailleur, ne pouvait plus être rétracté par le
déguerpissant; au lieu que le tiers-détenteur, qui a
délaissé un immeuble pour se soustraire aux pour-
suites des créanciers hypothécaires, peut toujours,
tant que l'immeuble n'est pas vendu, lereprendre,
(i).
à la charge de satisfairelescréanciers (article 2175
du Code)

,
Ces deux modes de libération ne conviennent
qu'en ce que, pour y être admis il faut avoir laca-
pacité d'aliéner, et ne pas être obligé personnelle-
ment à la dette. (Voyez l'article 2172, et ci-après
n°124) (2). arii—^ \J.
àt 122. a. Nous avons vu
qu'autrefois l'héritage
arrenté était le débiteur principal de la rente, et
qu'en conséquence de ce principe la possession du
fonds emportait l'obligation de servir la rente. Il
devait suivre du même principe, que l'abandon de
cette possession emportât la décharge du service de
la rente, lorsque le possesseur n'avait subi aucune
obligation personnelle à cet égard. Cet abandon pou-
vait se faire par l'aliénation du fonds à un tiers et
nous avons vu, aun° 58, que cette aliénation libé-
,
rait, pour l'avenir, le vendeur du service de la rente.
L'abandon pouvait se faire aucréancier de la rente,
lorsque ce dernier y consentait, ou lorsque, à son
refus, le déguerpissement avait été déclaré valable
en justice; la portion de la propriété du fonds, que
le preneur avait acquise par la tradition, retournait
comme par accroissement à celle réservée par le
créancier de la rente, et il s'opérait une transmission

M. Grenier, n° 328..
(1) Répertoire, V" Délaissement par hypothèque, n° 2.
-
(2) Il nous semble que l'auteur du Répertoire ne s'est pas
clairement expliqué sur cette seconde ressemblance. Voyez
ibid.fn°a,20.
de la propriété. C'est ainsi que le déguerpissement
trouvait son motif dans l'ancienne nature de la rente
foncière.
On a cru que le droit romain avait déjà établi ce
mode de libération dans 1. 9. Cod. deomni agrode-
sertoi mais il est certain que l'ordonnance de Char-
? 5
les vu, de 1441 art. 20 la coutume de Paris,
5
art. 109 la coutume d'Orléans, art. 142, et plu-
sieurs autres coutumes citées par les auteurs du Ré-
pertoire (1), et par Pothier, avaient formellement
établi le droit de déguerpir. Le propriétaire de l'hé-
ritage, qui le déguerpissait pour se décharger de la
rente, était, par le déguerpissement, dessaisi de la
propriété et de la possession de l'héritage (2)3 et
quoique le créancier n'acceptât pas le déguerpisse-
ment, l'abdication du débiteur le déchargeait cepen-
dant à l'instant de la rente (5). D'un autre côté, les
juges pouvaient, au refus du créancier d'accepter le
déguerpissement, le déclarer valable, le bien demeu-
rait alors vacant, et il devait être nommé un curateur
sur lequel il était vendu (4). Dans l'un et l'autre cas,
le déguerpissement opérait la résolution de l'arren-
tement pour l'avenir (ex nunc) (5).

(1)VoDéguerpissement, Si,no2.
,
(2) Pothier, Traité du droit de propriété
Va Déguerpissement, S 9,n* 1.
n" 272. Répert.

(5) Voyez ci-après n° 177. Répert. ibid.


(4) Repert. ibid., n° 2.
(5)Ibid.,n° 3, et ci-après, n,181.
Aujourd'hui ce mode de résoudre la rente ne peut
plus avoir lieu. Les anciennes lois et coutumes qui
l'avaient établi ont été abrogées par la loi du 50
ventôse an xii (21 mars 1804), et aucune des nou-
velles lois n'a parlé du déguerpissement. Aussi l'ad-
mission du déguerpissement serait contraire à la
nature actuelle des rentes foncières. Comme elles
ne forment que des créancesprivilégiées, affectées
hypothécairement au fonds, il ne peut plus être
question d'un accroissemept de la propriété du pre-
neur à celle que le bailleur s'était réservée; il n'y a
plus aucune différence entre le cas où le fonds est
grevé d'une renie foncière et celui où il l'est d'autres
créancesprivilégiées ou hypothécaires 5
par consé-
quent, lesdispositions législatives applicables à ce
dernier cas peuvent seules aussi régir le cas de la
5
rente foncière les anciennes dispositions., unique-,
ment relatives à cette rente, et fondées sur la diffé-
rence qui pxistait entre elle et une hypothèque
peuvent plus être invoquées; le seul moyen que la
,
ne

loi ouvre au propriétaire de l'immeublechargé de


créances privilégiées ou hypothécaires, qui veut s'en
libérer (sanseffectuer le pfriement), c'est le délaisse-
ment, objet des articles 2172 et suivans duCode
civil (1).
D'autres motifs accessoires se présentent pour l'ex-
clusion du déguerpissement. A la vérité, dans.le cas
de rente, les parties pourront, en vertu du principe

(1) C'est aussi l'opinion de M. Grenier, t. 2, n° 55i.


de la liberté des contrats, passer un acte analogue à
l'ancien déguerpissement accepté; l'acquéreur peut
rétrocéder au créancier la propriété de l'immeuble,
et celui-ci peut l'accepter. Cette convention sera va-
lable (1), sauf les droits qu'un tiers pourrait avoir
acquis sur l'immeuble dans l'intervalle de l'arrente-
ment à la rétrocession, ainsi que cela avait lieu dans
l'ancien droit (2). Cependant, là ne gît point la diffi-
culté de la question. Il faut se reporter au cas où le
créancier refuse d'accepter le déguerpissement et il 5
faut se rappeler qu'aujourd'hui, à la différence de
l'ancien droit, l'acquéreur à rente, le possesseur dt
1789, et leurs héritiers, sont obligés personnelle-
ment au service de la rente, de sorte qu'ils ne sau-
raient être admis au délaissement. Nos lois ne per-
mettent pas que les droits acquis par convention
puissent être révoqués par l'effet de la volonté de
l'une des parties seulement (article 1134) et ainsi 5
la rente ne peut s'éteindre par la déclaration unila-
térale du débiteur. Aussi ce dernier ne pourrait pas
parler d'une action en résolution du contrat, à moins
que le créancier ne manque aux conditions de l'alié-
nation (et alors ce ne serait plus le déguerpissement
qu'il demanderait). Si le débiteur trouve les condi-

(1) C'est ainsi qa3titié loi du i3 floréal an xi (3 mai i8o3),


a autorisé le maire de Stembert, département de l'Ourthe, à
déguerpir un moulin et des pièces de terre que la commune
avait pris à rente.
(a) Pothier, n° 183. Répert. V* Déguerpissement, S 9,
n° 3.
lions trop dures à son égard,même par l'effet d'évé-
nemens imprévus, cette circonstance ne saurait en-
traîner la résolution du contrat. — Enfin, on ne
saurait maintenir le déguerpissement sous le prétexte
que ce ne serait qu'une dation en paiement, et que
les nouvelles lois n'ont certainement pas voulu res-
treindre, pour le débiteur de la rente, la faculté de
libérer (1)5 c'est principe général fe
se car, un que
créancier ne peut être contraint de recevoir une autre
chose que celle qui lui est due (article 1245).
Tout ce que nous venons de dire sur l'inadmissi-
bilfté du déguerpissement s'applique non-seulemept

aux rentes anciennes ;


aux rentes créées sous l'empire du Code, mais aussi
les unes et les autres ne re-
présentent plus une portion de la propriété, et on
peut d'ailleurs invoquer, quant aux rentes anciennes,
le principe développé dans la note au n° 40 (2).

(1) C'est ropinion de MM. Proudhon et Duranton


moins quant aux rentes anciennes. Voyez la note suivante.
, du

(a) Nous partageons, à cet égard, entièrement l'avis de


M. prenier, à l'endroit cité.
- M. Proudhon, De l'usufruit,
etc., n° 1840, énonce l'opinion contraire, quant aux rentes
anciennes. « Les lois, dit-il, qui ont déclaré la rente foncière
rachetable,.n'ont, quant au surplus, rien changé dans les
droits pt actions des parties; l'article 1, titre 5 de celle du 18
décembre 179Q,contient une disposition formelle à cet égard.
La faculté de rachat, qui a été décrétée en faveur du preneur
à rente et de ses successeurs, ne les prive donc pas du droit
qu'ils avaient déjà de déguerpir, pour se voir entièrement af-
franchis de la redevance par l'abandon du fonds; car, outre
que la loi ne peut pas priver l'homme d'un droit quilui est ac.
122. b. D'après les observations qui précèdent, il
serait inutile d'entrer dans l'examen de toutes les
questions que Pothier a traitées dans la matière du

,
quis c'est qu'il serait absurde de rétorquer contre quelqu'un
une faveur qui lui est accordée. — M. Toullier (t. ni, n° 352,
et t. VII, no478) soutient également que le droit de déguerpir
n'a pas été enlevé aux débiteurs d'anciennes rentes foncières;
c'était, dit-il, une condition résolutoire sous-entendue dans
le contrat. — M. Duranton (t.4, nos 143 et151), tout en
excluant le déguerpissement quant aux rentes créées depuis le
Code, l'admet pour les rentes antérieures, parle motif que les
nouvelles l'ois n'ont pas un effet rétroactif sur ce point, et
qu'en établissant, en faveur du débiteur. la faculté de se libérer,
elles n'ont point entendu lui ravir l'avantage que le droit
commun et la nature du contrat lui attribuaient. — Mais nous
avons déjà vu, aux nos 91. c. ete., que l'art. 1 du tit. 5 de la
loi de 1790 ne forme qu'une exception transitoire, abrogée par
les lois subséquentes. De même il a été expliqué, au S 5 du
Chapitre préliminaire, que la faculté de rachat tient aujour-
d'hui à l'essence même des anciennes rentes foncières, et que
les lois de 1789 et 1790 ont un effet rétroactif à cet égard; il
faut donc admettre, à l'égard de ces rentes, toutes les consé-
quences de la faculté du rachat, sans distinguer si ces consé-
quences sont ou non à l'avantage du débiteur.
Il nous reste à faire observer queM. Merlin, au Répertoire,
V° Déguerpissement, §1, n° 2 à la fin, incline également
vers l'opinion professée par MM. Proudhon et Duranton , ir
l'égard des rentes anciennes; mais M. Merlin n'a pas, à l'en-
droit cité,examiné la question au fond; et nous sommes con-
vaincus que cet examen aurait produit un résultat contraire;
car, nous n'hésitons pas à le dire, cette opinion n'est pas en
harmonie avec la théorie sur la nature actuelle des rentes
établie par l'auteur au mot Rente foncière.
déguerpissement, qui fait l'objet des n" 122 à 189
de son Traité. Nous nous bornerons à indiquer som-
mairement le contenu de chaque numéro, et à traiter
les questions qui peuvent aujourd'hui être applica-

,
bles en matière de délaissement par hypothèque
qui comme nous l'avons fait observer, a également
,
lieu lorsque l'immeuble se trouve grevé d'une rente
foncière. Nous commencerons par quelques notions
préliminaires sur le délaissement.
122. c. Le délaissement est un mode de libération
accordé à certains possesseurs d'immeubles, de se
décharger des privilèges et hypothèques dont les im-
meubles sont grevés.
L'acquéreur d'un immenble , par aliénation vo-
lontaire, a deux espèces d'obligations,celles envers
son vendeur ou autre propriétaireantérieur, et celles
envers les créanciers ayant privilège ou hypothèque
inscrite sur l'immeuble. Les obligations de la pre-
mière espèce sont toujours personnelles, parce
qu'elles résultent d'un contrat passépersonnellement
par l'acquéreur. Les obligations de la seconde espèce
ne sont, dans la règle, que réelles; les créances pri-
vilégiées et hypothécaires affectent l'immeuble et le
suivent en quelques mains qu'il passe; le détenteur
de l'immeuble en est tenu comme tel, et non person-
nellement, à moins que, par exception, il n'ait con-
tracté une obligation personnelle au profit des créan-
ciers. Nous ne parlerons ici que de la seconde espèce
d'obligations.
Tout acquéreur d'un immeuble est un tiers-déten-
teur, relativement aux personnes qui ont des privi-
léges et hypothèques à exercer sur cet immeuble. Il
,
de tiers-détenteurs :
y a comme nous venons de l'indiquer, deux classes
ceux qui sont personnellement
obligés au paiement de la dette, et ceux qui ne le
sont pas. Quant aux premiers-, aubune purge, aucune

,
dette parce que leurs personnes ,
formalité ne peut les décharger du paiement de la
et conséquemment
tous leurs biens, y sont engagés. Les tiers-détenteurs
de la seconde classe sont seuls reçus à purger l'im-
meuble des privilèges et hypothèques qui y sont af-
fectés, ou à le délaisser. Comme ils ne sont tenus
du paiement de la dette qu'à raison d'une détention
d'immeubles hypothéqués,la cessation de la détention
fait disparaître toute action (i). Les détenteurs con-
serveront le choix des deux moyens de libération
que nous venons d'indiquer, tant qu'ils n'auront pas
encouru la perte du premier de la manière qui sera
expliquée à l'instant.
Quant à la faculté de purger, le tiers-détenteur de la
seconde classe (qu'on appelle aussi simpletiers-déten-
teur), peut en user, ou il peut y renoncer. Dans le
premier cas, il doit observer les formalités prescrites
par les chapitres 8 et 9 du titre 18 du livre m du
Code civil (art. 2181 et suivans, et art. 2195 et
suivans). A cette fin, il se trouve toujours en délai
utile, tant qu'il ne s'est pas passé un mois, à compter
de la première sommation de payer, qui lui est faite
à la requête de l'un des créanciers ayant privilège ou

(i) M. Grenier, t. u, n, 324'


hypothèque sur l'immeuble. Passé ce délai, le dé-

:
tenteur est déchu du droit de purge (art. 2183) (i)-
Dans ce second cas, savoir lorsque le détenteur
a perdu le droit de purger l'immeuble, il peut ce-
pendant en continuer la jouissance en qualité de
tiers-détenteur, sous les obligations attachées à cette
qualité et avec les avantages quelleprésente. Ces
obligations consistent en ce que, par l'effet seul des
inscriptions, il demeure obligé, comme détenteur, à
toutes les dettes hypothécaires, et qu'il est tenu, ou
de payer tous les intérêts et capitaux exigibles, à
quelque somme qu'ils puissent monter, ou de dé-
laisser l'immeuble hypothéqué sans aucune réserve.
(Art. 2167 et 2168 du Codecivil.)
Les avantages de la position du tiers-détenteur
qui ne fait pas la purge; sont qu'il jouit des termes
et délais accordés au débiteur originaire (article
2167) (2), et qu'il ne peut être contraint au paie-
ment qu'en qualité de détenteur (mêmearticle),
c'est-à-dire sur le bien même qui est hypothéqué, et
non par voie de condamnation personnelle, lors même
qu'il ne délaisse pas le bien (3)*
La loi ne prescrit aucun délai péremptoire pour

,
(1) M. Grenier, t. 11, nOS 34o 341 342 et 438.
,
(2) Lorsque le tiers-détenteur use de la faculté de purger, il
- -

ne jouit pas de ces termes et délais; il doit payer les dettes


exigibles et non exigibles, mais jusqu'à concurrence seule-
ment du prix (art. 2184).
(3) Arrêt de cassation, du 27 avril 1812, dont les considé-
rans sont rapportés en partie au n° 91.MD. ci-dessus.
;
faire le délaissement cependant elle a déterminé les
moyens par lesquels les créanciers peuvent forcer le
détenteur au paiement ou au délaissement. Ces
moyens sont indiqués dans l'art. 2169, ainsi conçu
« Faute par le tiers-détenteur de satisfaire pleine-
:
ment à l'une de ces obligations (de payer ou de dé-
laisser), chaque créancier hypothécaire a droit de
faire vendre sur lui l'immeuble hypothéqué, trente
jours après commandement fait au débiteur origi-
naire, et sommation faite au tiers-détenteur de payer
la dette exigible ou de délaisser l'héritage. »
— Il est
évident que,jusqu'au moment où la vente définitive
aura eu lieu (article 706 du Code de procédure), le
détenteur est reçu à faire le délaissement (i). Cette
vente opérée, tout est terminé à l'égard de ce déten-
teur5 il ne peut être poursuivi personnellement, ni
pour le résidu des dettes hypothécaires qui n'ont pas
pu être payées du prix de la vente, ni pour les frais
de cette vente forcée qu'il a occasionnés par son
inaction. Aucune loi ne lui impose cette peine, et
l'arrêt de cassation, du 27 avril 1812, s'est formel-
lement prononcée en sens contraire. On lit, dans les

la note précédente :
considérans de cet arrêt, après les termes cités dans
« Quel'arrêt dénoncé a violé les
articles2167, 2168,2169, 2170,2172et2173

(1) Cependant M. Persil, liv. 2, chap. 9, S 3, soutient que


l'acquéreur qui n'a ni purgé ni payé les dettes auxquelles l'im-
meuble est hypothéqué, ne peut plus faire le délaissement
après la s-aisie faite sur lui.
;
du Code civil,. en validant une procédure autre que
celle autorisée par ce Code et en ordonnant que?
faute par les tiers-acquéreursdedélaisser dans la
huitaine l'immeuble hypothéqué; ils seraient con-
?
traints purement et simplement, au paiement de la
dette.»
On voit que le législateurn'aobligé le simple
tiers-détenteur à aucun fait vis-à-vis les créanciers
ayant privilège ou hypothèque sur l'immeuble il 5
pourra ou procéder à la purge, ou délaisser l'im-
meuble, ou enfin rester tranquille et souffrir qu'on
vende sur sa tête l'immeuble hypothéqué.
On voit, de même, que la faculté de purger ou

détenteur:
de délaisser est inhérente à la qualité de simple tiers-
toute personne a droit d'en jouir, qui a
acquis un immeuble sans s'être obligée personnelle-
ment à payer les créances inscrites; cette faculté ne
dépend ni d'une certaine qualité de biens, ni des faits
du possesseur antérieur de l'immeuble (i).

(1) M. G.renier a examiné, au n° 344, la question de savoir


si celui qui acquiert un immeuble d'un tiers-détenteur déchu
de la faculté de purger, a lui-même la faculté de purger l'im-
meuble, ou bien s'il se trouve, comme son vendeur, obligé de
payer intégralement les créances inscrites, si mieux il n'aime
délaisserP- Après avoir discuté les moyens pour et contre,
l'auteur transcrit un arrêt de la cour royale de Toulouse, qui a
décidé que la faculté de purger ne pourrait être refusée au
second acquéreur. Ce sentiment nous paraît le plus conforme
à la loi. Les articles 2167, 2179, 2181 et 2183 permettent à
chaque acquéreur de purger sa propriété, sans distinguer si
122. d. En appliquant ces observations spéciale-
ment aux obligations du tiersdétenteur d'un im-
meuble chargé de rente foncière, il est évident que,
s'il choisit la voie de la purge, il doit, aux termes
de l'article 2184, payer le capital du rachat et les
arrérages échus (î), à moins que le prix ne suffise
au paiement intégral de ces deux créances. S'il con-
serve la qualité de simple tiers-détenteur, il n'est
pas tenu de payer le capital du rachat; il reste obligé
à la rente comme détenteur, c'est-à-dire, la rente
continue d'affecter le fonds, et le créancier peut le
faire vendre sur le détenteur pour obtenir le paie-

son auteur a été ou non déchu de cette faculté. Vainement


on oppose le principe énoncé dans la seconde partie de l'ar-
ticle 2182; il ne concerne, suivant les propres termes de
l'article, que les droits sur la chose, tandis que le droit de
purger l'immeuble est attaché à la qualité de nouvel acqué-
reur. En adoptant l'opinion contraire à l'arrêt de Toulouse, il
faudra aussi soutenir, suivant l'axiome, nemo plusjuris in
alterum transferre potest, quam ipse habet3 que, toutes les fois
que le vendeur d'un immeuble se trouve personnellement
obligé à la dette hypothécaire dont l'immeuble est grevé, il
ne pourra le transmettre qu'avec la même restriction imposée
;
à sa possession actuelle, c'est-à-dire sans droit d'opérer la purge
thèse absurde qui excluerait la purge dans presque tous les cas,
parce que ordinairement le premier débiteur hypothécaire est
personnellement obligé à la dette. Enfin, on ne saurait dire
que notre opinion prive les créanciers d'un droit acquis; ils

,
ont bien acquis un droit contre la personne du précédent dé-
tenteur; mais ce droit a disparu avec cette personne et celle
du nouvel acquéreur n'en est pas affectée.
(1) Voyez ci-dessus n° 91.y.
ment des arrérages, qui forment une dette exigible
(articles 2168 et2169). v •
122. e. Nous reprendrons maintenant l'ordre,de
Pothier surla matière du déguerpissement, en sui"
vant la marche indiquée au n° 122. b.
Pothier a divisé cette matière en huit articles, qui

;
traitent des objets suivans : 1° qui sont ceux qui
peuvent déguerpir
5e comment et
2° ce qui doit être déguerpi
à qui se fait le déguerpissement,
;
4° des conditions sous lesquelles le preneur ou ses
héritiers sait admis au déguerpissement y 5° de
celles sous lesquelles y est admis le tiers qui a acquis
à la charge de la rente, ou qui enja eu connaissance;

;
6° de celles sous lesquelles y est admis l'acquéreur
qui n'a pas eu connaissance de la rente 7° de l'effet
du déguerpissement; 8° des clauses qui empêchent
le déguerpissement.

ARTICLE PREMIER.

Qui sont ceux qui peuvent délaisser (déguerpir).

123.Autrefois le preneur et ses héritiers pou-


vaient user de la voie du déguerpissement. Aujour-
d'hui, aux termes de l'article 2172, le délaissement
n'est permis qu'aux tiers-détenteurs qui ne sontpas
personnellement obligés à la dette3 ainsi l'acquéreur
à rente et ses héritiers ne peuvent se décharger,
pour l'avenir, de la rente en délaissant l'héritage.
Il en est de même d'un nouvel acquéreur de l'im-
meuble, qui, dans le contrat d'acquisition, s'est
charge du service de la rente (i). Mais, suivant
l'article 2173, il en est autrement d'un nouvel ac*
quéreur qui, seulement en sa qualité de tiers-déten-
teur, a reconnu que la rente affecte le fonds, ou qui,
en cette qualité, a subi une condamnation qui dé-
clare l'immeuble chargé de la rente. Le premier cas
se présente lorsque le tiers-détenteur passe un titre
nouveau de la rente, dans lequel il ne figure qu'en
sa qualité même de tiers-détenteur, sans obliger
ni ses autres biens, ni sa personne (2)5 exemple du
second cas, lorsque lecréancier de la rftite forme,

,
contre le détenteur,l'actionhypothécaire à fin
d'interruption de la prescription dont nous avons
parlé aux nos 91-xr., 92. a. et 95 (3).
123. a. Nousvenons de dire que les héritiers de
l'acquéreur àrente ne sont pas reçusaudélaissement.
Cette règle souffre exception dans le cas où il existe
?
plusieurs héritiers et où celui à qui est échu l'im-
meuble arrenté a racheté sa part virile de la rente.
Il n'est plus tenu alors qu'hypothécairement (article
873), et ne peutêtre regardé'que comme un simple
détenteur (4).
124.Autrefois le déguerpissement étant une ab-
dication de la propriété, il ne pouvait être valable-

(1) Voyez M. Grenier, n° 324. Répert. Vo Tiers-détenteur,


,
n° 8 et ci-après nos 147 et suiv.
(a) Répert. V° Délaissement par hypothèque, n° 4.
(5) M. Grenier, ibid. Répert. VO Tiers-détenteur, n° 10,et
yo Délaissement, ibid.
(4) ÛLGrenier, nos 17» et 173.
ment fait que par le propriétaire de l'héritage. Un
y
usufruitier ne pouvait déguerpir il pouvait bien se

r
décharger de la rente par,une renonciation a son
droit d'usufruit mais alors la charge de la rente
tombait sur le propriétaire.
:
Aujourd'hui l'article 2172 porte que « le délais-
sement peut être fait par celui qui a la capacité d'a-
»
liéner. Donc l'usufruitier est exclu de ce droit, et
il y a lieu d'appliquerl'observation ci-dessus.
M. Grenier, n" 324, soutient l'opinion contraire,
qu'il fonde sur un arrêt de la cour de Paris, - du 25
-
décembre 1808 (i) Cet arrêt a jugé que l'usufrui-
tier était un tiers- détenteur en ce sens que, pendant
la durée de l'usufruit, les créanciers ayant hypothèque
sur l'immeuble n'ont d'autre action que de poursuivre
la vente de l'immeuble, trente jours après comman- *
dement au débiteur originaire, et sommation à l'usu-
fr-flitier; et qu'ils ne peuvent exercer aucune action
personnelle contre ce dernier, telle qu'une saisie arrêt
sur les revenus du bien. Cette décision, parfaitement
conforme à l'article 2169 du Code,n'entraîne ce-
pendant pas la conséquence que M. Grenier veut en
tirer. L'arrêt décide que l'usufruitier est un tiers-
détenteur (2)5 mais il ne décide pas que ce tiers-dé-
tenteur ait la capacité d'aliéner l'immeuble.
,
124. a. Dans ce cas comme dans tous les autres

(1) S. 1809,11? 5o. Le pourvoi contre cet arrêta été rëjeté-


le 6 mai1811. Voyez le n° ai. xx.
(2) Répert. Vo Tiers-détenteur, n° 2.
cas d'incapacité du tiers-détenteur, cette incapacité
n'arrêtera ni ne suspendra les poursuites du créan-

;
cier,qui provoquera la vente contre les représentans
des incapables après avoir fait commandement au
débiteur originaire (i).
124* b. Les biens des mineurs, des interdits et
des absens, ne pourront être délaissés par les tuteurs
ou les personnes envoyées en possession. — « Selon
l'économie du système hypothécaire, ditM. Grenier,

;
n° 527, l'incapacité d'aliéner rend impossible, par
elle seule, le délaissement par hypothèque ce n'est
pas le cas de recourir à des formalités à l'effet de le
légitimer, ou d'en déclarer l'impossibilité;par l'effet
seul de l'incapacité d'aliéner, s'il n'y a ni paiement
de la dette, ni mesures pour purger, le créancier peut

;
poursuivre l'expropriation. » M. Tarrible (2) paraît
professer la même opinion mais M. Persil (5) fait
entendre que le délaissement pourraitêtre consenti
par le tuteur, à ce autorisé par un conseil de famille,
dont la délibération serait homologuée par le tribu-
,
nal aux termes des articles457 et 458 du Code.
JNous croyons que cette dernière opinion est erronée.
En effet, celle de MM. Grenier et Tarrible n'est
qu'une conséquence des droits du créancier, et des
dispositions des articles 2166 et suivans du Code,
qui n'admettent pas d'exception pour le cas où le
tiers-détenteur serait une personne incapable. Les

(1) Répertoire, YoTiers-détenteur, n° g.


(2) Répert.,ibid.
(3) Régime hypothécaire, art. 217a, n° 4.
formalités prescrites pour l'aliénation des biens des
mineurs, des interdits et d'autres personnes qui peu-
vent lemr être comparées, ne sont relatives qu'aux -
pouvoirs des tuteurs on amtres administrateurs
créancier hypothécaire m'est pas obligé d'en attendre
le ;
l'accomplissement, et elles ne peuvent jamaisarrêter

;
ses poursuites. D'ailleurs ces formalités ne s'appli-
queat qu'à la vente la loi n'en établit point à remplir
,
préalablement au délaissement des biens des incapa-
bles et me permet pas aux tuteurs ou autres admi-
mistratemrs de les délaisser de leur propre autorité.
M. Grenier ajoute, au n° 328, que le tiers-déten-
teur, mis sous la direction d'un conseil judiciaire,
peut faire le délaissememt avec l'assistance de ce con-
seil (articles 499 et 515). « Les syndics définitifs

délaissement par hypothèque :


d'une faillite, continue l'auteur, pourront faire le
c'est une conséquence
de l'article 528 du Code de commerce. »
Nous sommes d'accord avec l'auteur sur sa pre-
mière assertiony mais non sur la seconde. L'article
528 doit être combiné avec l'article 564 du même
Code, qui place, quant à l'aliénation des immeuhles,
les syndics sur la même ligne que les tuteurs des
mimeurs (1).
125. Un mari, dit Pothier, n'étant pas le vrai
propriétaire de L'héritage propre de sa femme il ne ?
peut le déguerpir que conjointement avec elle.
M. Grenier, n° 328, soutient qu'il faut distinguer
le cas ou la femme est mariée sous le régime dela

(1) Voyez l'avis du conseil d'Etat, du 4 décembre 1810.


communauté, de celui où elle se trouve sous le régime
dotal. « Au premier cas, dit-il, si l'immeuble est du

,
nombre de ceux dont la femme s'est réservé l'admi-
nistration le délaissement pourra être fait par elle
5
avec le concours ou le consentement du mari hors de
cette circonstance particulière, le délaissementpourra
être fait par le mari seul (art. 1421). Au second cas,
la femme est dans la même catégorie que les mineurs
(art.1558).»—Il nous semble que l'auteur est tombé
dans deux erreurs. L'immeuble propre de la femme,
mariée sous le régime de la communauté, ne peut être
délaissé sans son consentement. Quoique le délais-
sement n'emporte pas immédiatement la perte de la
propriété, il est cependant un grand pas vers cette
perte, et il constitue un acte qui excède les bornes de la
simple administration du mari, l'art. 2172 exige,
pour le délaisssment, la capacité d'aliéner; et cette
capacité n'appartient pas au mari seul. Quant au ré-
gime dotal, l'observation de M. Grenier ne s'applique
:
qu'à l'immeuble constitué en dot les biens parapher-
naux peuvent être aliénés, et par conséquent délaissés
par la femme avec le consentement du mari ou la
permission de la justice (article 1576).
Quiet) si la femme, dans le cas où son consente-
ment est nécessaire, refuse de le donner? Loyseau et
Pothier pensent que le mari ne peut se défendre de
continuer la rente, quelque onéreuse qu'elle soit, -

pendant tout le temps que durera le mariage. Il en


doit être de même aujourd'hui, la loi ne donnant
aucun moyen de suppléer le consentement de la
femme.
Au reste, il est certain que le mari n'a pas besoin
du concours de la femme pour délaisser un immeuble
acquis durant le mariage (article 1421). La cour de
Bruxelles a reconnu ce principe par arrêt du 9 flo-
réal an xiii (1).
126. Pothierdit: Le propriétaire, quoique grevé
de substitution, étant le vraipropriétaire de l'héritage
y
compris en la substitution, peut le déguerpir mais
l'héritage déguerpi demeure chargé de la substitu-
tion, et, lors de son ouverture, les substitués pourront
revendiquer l'héritage déguerpi, en se chargeant de
la rente. Voyez infra, article vu. — Par identité de
motifs, il en doit être demême aujourd'hui quant
au délaissement des biens substitués aux termes des
articles 1048 et 1049 du Code civil et de la loi du
17 mai 1826. Le créancier hypothécaire a connu
la situation des immeubles par l'effet de la transcrip-
tion prescrite parl'article 1069 du Code, à défaut de
cette transcription, les substitués ne pourront exer-
cer,la revendication (article 1070).
Pareillement, continue l'auteur, l'héritier béné-
ficiairepeutdéguerpir les héritages de la succession.
Cette opinion ne peut plus être suivie aujourd'hui.
L'héritier bénéficiaire n'est qu'un administrateur (ar-
ticle 805), et le délaissement excède les bornes d'une

mesure analogue :
simpleadministration. Cependant, la loi établit une
l'héritier peut abandonner tous

(i)S.1807,a,834.
les biens de la succession aux créanciers et aux léga-
taires (article 802).
127. La saisie réelle de l'immeuble, dit Pothier,
n'empêche pas le déguerpissement. Nous avons déjà
fait observer, au n° 122. c., qu'aujourd'hui le dé-
laissement peut être fait jusqu'au moment de l'ad-
judication définitive.
128. L'objet de ce numéro est l'incapacité des
mineurs et des communautés. Pothier remarque que
le tuteur et les administrateurs ne peuvent déguerpir
qu'en vertu d'un décret du juge, et en observant les
formalités requises pour l'aliénation de ces biens.
Nous avons déjà parlé de ce point au n° 124. b.

ARTICLE II.

Qu'est-ce qui doit être délaissé (déguerpi).

129. Pour que le délaissement soit valable, il


faut que tout l'héritage chargé de la rente soit dé-
laissé; car le privilége frappe l'immeuble dans toutes
ses parties. Les créanciers conservent la totalité de
leurs droits dans la partie non délaissée (art. 2114).
Pothier avait établi le même principe quant au dé*
guerpissement.
130 et 131. Pothier examine les effets du dé-
guerpissement fait par un seul de. plusieurs posses*-
seurs du même immeuble. Aujourd'hui, et sans
distinction entre le cas où l'héritage a été donné à
plusieurs personnes per aversionem pour une seule
rente, et entre celui où la rente a été répartie sur
chaque hectare de l'immeuble (voyez n° 58. 6.), le
délaissement de la portion de l'un des possesseurs
éteint rengagement hypothécaire de ce dernier, parce
que cet engagement n'existe qu'à raison de la déten-
tion. Dans le second cas, le détenteur doit cependant,
pour se libérer, délaisser toutes les parties qu'il pos-
sède; faute de quoi l'engagement hypothécaire con-
tinuerait de subsister pour la créance entière sur les
autres parties qui resteraient en sa possession (ar-
ticle 2114). D'ailleurs, suivant Pothier, il n'est pas
juste de faire supporter au créancier de la rente la
perte survenue dans la partie délaissée, pendant que

:
le détenteur profite de l'augmentation qui peut être
survenue dans la partie qu'il retient encore ne se-
rait-il pas juste qu'il fût au pouvoir du possesseur de

moindre valeur.
retenir les meilleurs arpens et de délaisser ceux de
ifry
Dans tous les cas, la créance hypothécaire subsiste
en entier contre les possesseurs des autres parties,
qui ne les ont pas pareillement délaissées.
152. Conformément aux anciens principes, on
doit délaisser tout ce qui a été uni à l'héritage par
accession; donc, non-seulement l'alluvion, mais en-
core les bâtimens qui y ont été construits, et les
arbres qu'on y a plantés ou semés ( ,. A l'égard de

:
1

ces derniers objets (union industrielle), l'art. 2175


ajoute une disposition nouvelle c'est que le tiers-
détenteur a droit de réclamer le prix des impenses

1. 1,n"11§7>ct"H)-
(1) VoyezM.Grenier, J1
et améliorations qu'il a faites dans le fonds, mais
seulement jusqu'à concurrence de la plus-value du
y
fonds telle qu'elle résulte des impenses et améliora-
tions (05 car cette augmentation de la valeur des
immeubles tourne au profit de la masse des créan-
ciers. L'article 2175 ne distingue pas entre le pos-
sesseur de bonne foi et celui de mauvaise foi; mais on

:
ne saurait douter qu'il ne se réfère à cette distinction
générale établie dans l'article 555 la rédaction de
l'article 2175 prouve qu'il ne forme pas seulle droit
sur ce point, maisqu'il suppose une autre loi préexis-
tante. — On ne trouve non plus dans cet article au-
cune distinction entre les impenses et améliorations
nécessaires et celles qui sont simplement utiles; et il
n'y avait pas lieu d'établir cette distinction, parce que
la plus-value de l'immeuble doit seule être prise en
considération. — D'un autre côté, toutes impenses

:
quelconques, telles que celles de simple entretien (2),
ne sont pas comprises dans l'article elles ne causent
pas une plus-value de l'immeuble.
C'est contre les créanciers auxquels le délaisse-
ment est fait que le tiers-détenteur peut réclamer le
paiement de cette plus-value; car elle tourne à leur
profit (3) : le détenteur n'a pas besoin de recourir
contre son vendeur-
132.a. De quelle manière cette plus-value doit

(1) M. Grenier, n° 336. Répert. V° Tiers-détenteur, n° 12.


(2) Pothier, Introduction à la coutume d'Orléans, titre 20,
Sn°39-
(3) Rép.VoPrivilége de créance, sect.4, § 5,n°2, p. 02, col. 2.
elle être déterminée? Dans les espèces sur lesquelles
sontintervenus l'arrêt de lacour de Turin, du 30
mai 1810,l'arrêt de la cour d'Orléans, et celuide la
cour de cassation, du Ilnovembre i824, dont
nous allons parler au numéro suivant, on a employé le
moyen d'une expertise; un arrêt de la cour de Pau,
a
du 24 février1817, décidé que la différence entre
le prix de la première vente et le prix de la revente
servira à déterminer la plus-value. La cour de cas-
sation a rejeté, le 29 juillet 1819, le pourvoi
contre cet arrêty par le motif «qu'il n'a fait qu'in-
diquer un mode pour vérifier les réparations faites
par l'acquéreur, qu'ainsi la loi n'a point été violée,
puisqu'elle n'indique pas un mode plutôt qu'un au-
tre» (i). Les tribunaux peuvent donc admettre tel
mode d'établir la plus-value qu'ils jugent convenable.
Nous croyons cependant que celui par voie d'exper-
tise est le plus sûr pour déterminer la véritable
plus-value, tandis que la revente ne présente qu'un
résultat accidentel dépendant de mille circonstances
étrangères.
132. b. Il s'élève une autre question plus difficile,
celle de savoir si le tiers-détenteur peut se retenir
l'immeuble même jusqu'au paiement de l'indemnité
à lui due pour ses impenses et améliorations, ou si
cette indemnité doit être colloquée par préférence
dans l'ordre du prix de la nouvelle adjudication, ou
enfin quelle autre voie est ouverte au tiers-détenteur

(i)S.1820,1,95.
pour obtenir son paiement ?— M. Tarrible, au Réper-
toire, Y"Privilège de créance, sect. 4, § 5, n° 2, est
d'avis que le détenteur jouit du droit de rétention.
uS'il en était autrement, dit-il, et si l'on considérait
le droit de répétition qu'a le possesseur, comme une
simple créance, elle deviendrait illusoire, toutes les
fois que les créances hypothécaires sur le propriétaire
absorberaient le prix de l'immeuble évincé, par cela
même que la créance du détenteur, n'étant ni privi-
légiée, ni hypothécaire, se trouverait nécessairement
primée par toutes les créances étrangères qui auraient
l'un et l'autre caractère.» — M. Grenier, n° 556,
conteste le droit de rétention, parce que l'art. 2175
ne parle que du droit de répétition, et que le légis-
lateur, lorsqu'il a voulu conférer le droit de réten-
tion, l'a dit expressément, par exemple, dans les ar-
ticles 1675 et 1749 du Code, qui présentent des
cas favorables; or tel ne serait pas celui du tiers.
détenteur qui a connu les charges hypothécaires, et
qui n'en a pas purgé sa propriété. L'auteur ajoute
cependant que, par la force des analogies, le déten-
teur jouit, pour le remboursement de ses impenses et
améliorations, du même privilége que l'article 2105,
n° 4, accorde aux architectes, entrepreneurs, ma-
çons ou autres ouvriers. — Un arrêt de la cour de
Turin, du 50 mai 1810 (î), a formellement refusé
le droit de rétention, parce que la loi parle d'un dé-
laissement sans aucune réserve, et qu'elle n'accorde

(1) S.1810, il, 338.


au détenteur qu'un droit de répétition.Lemême
arrêtdéclare que le tiers-détenteur n'est pas, à l'égard
des impenses et améliorations, créancierduproprié-
taire antérieur; que les augmentations et améliora-
tions qu'il a faites sont une propriétéparluicréée;
qu"il ne doit donc point intervenir dans l'ordre du
prix de la nouvelle adjudication, mais que c'est par

en remboursement des améliorations ;


voie de distraction qu'il doit proposer sa demande
que, quoique
cette distraction ne puisse avoir lieu sur l'immeuble
même, à cause des inconvéniens d'un partage, il est
certain qu'elle doit s'opérer sur le prix de l'immeuble,
tel qu'ilrésultera del'adjudication définitive.-Dans
l'espèce de l'arrêt de rejet du 29 juillet 1819, cité
au numéroprécédent, le détenteur ne réclamait pas
le droit de rétention; il demandait à prélever d'a-
bord le montant des impenses sur le produit de la
nouvelle vente. Mais l'arrêtd'appel ne lui a accordé
d'autre droit que celui de percevoir la plus-value de
la nouvelle vente sur le prix de celle qui avait été
passée à son profit, parce que l'ancien créancier de-
vait trouver son remboursement sur le gage de sa

;
créance, suivant la valeur du bien, déterminée par le
contrat de vente et que, dans la concurrence des
intérêts respectifs, le détenteur devait plutôt faire
une perte, puisqu'il avait négligé de se procurer les
renseignemens sur l'état de la fortune du vendeur.—
L'arrêt de rejet, du 11novembre 1824 (I), a dé-

(1)S.1825,1,140.
cidé, dans un cas seulement analogue, celui d'une
revente après surenehère; la cour d'Orléans, en re-
connaissant que les impenses faites pas l'acquéreur
primitif avaient été nécessaires pour la conservation
des bâtimens, l'avait colloqué par privilége, en ap-
pliquant l'article 2103 du Code, non-seulement pour
le montant de la plus-value de l'immeuble, mais en-
core pour les frais dejustice et d'expertise. Le pourvoi
en cassation n'attaquait que cette dernière colloca-
;
tion et il fut rejeté, parce que l'arrêt n'avait violé ni
l'article 2105, ni l'article2175.
Nous croyons devoir refuser au tiers-détenteur
non-seulement le droit de rétention, mais encore le
privilège.Demême, nous ne le croyons pas fondé à
former une demande en distraction.
La loi n'accorde au tiers-détenteur, pour le rem-
boursement de la plus-value, qu'une action person-
5
nelle contre les créanciers de son vendeur et cette
action il la peut exercer soit directement contre les
créanciers, soit sur le prix de la revente, s'il présente
un excédant après le paiement des créanciers. Un
droit exceptionnel,tel que serait celui de rétention, ne
peut être admis enjifrisprudence, à moins d'une dis-
position expresse dela loi. Suivant le même principe,
et suivant le texte des articles 2095 et 2094, il
n'existe de privilége qu'autant qu'il a été formelle-
ment établi par la loi, faute de quoi, on doit s'en
tenir à la règle exprimée dans la première partie de
l'article 2095. D'ailleurs, ainsi que l'observe M.
Tarrible, il n'y a point d'analogie entre le tiers-dé-
tenteur qui construit pour son propre compte un
bâtiment, ou qui fait confectionner un autre ouvrage,
et entre l'architecte qui l'entreprend pour le compte
d'autrui. Aux termes des art. 555et2175, le proprié-

la valeur des constructions ;


taire du fonds ou les créanciers sont tenus de payer
et ouvrages le détenteur
qui les a faits n'en conserve pas la propriété, la-
quelle s'est réunie au fonds même par droit d'acces-
sion (articles 552 et suivans) : donc il ne peut les
réclamer en nature par voie de revendication ou de
distraction. Les articles 727 et suivans du Code de
procédure parlent ouvertement d'une demande en
restitution d'immeubles en nature, et non d'une de..
mandeenindemnité.
à
Les créanciers qui le délaissement est fait, et à

penses et améliorations;
qui il profite, sont tenus au remboursement des im-
cette obligation des créan-
ciers n'est autre que personnelle, parce que, de leur

:
côté, il ne peut exister aucune idée d'une obligation
par l'effet de la détention d'un immeuble le tiers.
détenteur peut donc les attaquer dans tous leurs
biens5 ils ne sauraient lui opposer aucune compen-
sation, parce que personnellement il ne leur doit
rien. —Mais, précisément à cause de la nature per-
sonnelle de cetteaction, le détenteur ne peut' pré-
tendre au prélèvement de sa créance sur le prix de la
seconde vente, La propriété des constructions1 et' au-
tres ouvrages par lui faits s'est unie à l'immeuble,
sur lequel les créanciers ont le premier-droit : donc
à
le prix de cet immeuble, joint celui des accessions,
doit servir en premier lieu au remboursement des
s'il
créances5 reste un excédant, cette somme doit
revenir au tiers-détenteur, parce que l'immeuble ne
doit que le paiement de toutes les créances (art.2168);
si dans cette somme il trouve la plus-value qui lui est
due, tout est consommé, parce qu'il n'y a droit qu'une
fois5 s'il n'y a pas d'excédant, ou s'il est insuffisant,
c'est toujours par action personnelle contre les créan-
ciers que le tiers-détenteur doit se pourvoir.
Au reste, cette action personnelle ne pèse pas sur
tous les créanciers indistinctement et au prorata de
leurs créances, mais seulement sur ceux d'entre eux

;
qui occupent le dernier rang dans l'ordre hypothé-
caire car ce sont eux seuls qui profitent des cons-
tructions faites par le tiers-détenteur, les créanciers
antérieurs en rang ayant pu être payés sans qu'on
recourût à la valeur de ces constructions. Ainsi, en
réalité, la position des parties est la même que celle
que si l'on avait accordé au détenteur, pour le mon-
tant de la plus-value, un privilége sur le prix de la
revente.
132. c. Quid, si le tiersdétenteur, pour faire les
améliorations, a employéunarchitecte ou une autre
des personnes désignées au nI) 4 de l'art. 2103, et si le
prix de la revente de l'immeuble délaissé ne suffit pas
pour payer à la fois la créance de la rente et celle de
l'architecte, qui a dûment conservé son privilège?—
Supposons que la créance de la rente, en capital,
arrérages et frais, monte à la somme de 15000 fr.,
et. que l'architecte réclame une somme de 5000 fr.
pouf prix ou coût des constructions qu'il a faites,
tandis que la revente n'a produit que 12000 fr.—
Pourrésoudre cette question, il faut remarquer pré-
liminairement que la réclamation de l'architecte ne
saurait être écartée sous le prétexte qu'il a été em-

j
ployé par un maitre dont la propriété a été résolue
plus tard car celui-ci aurait lui-même droit à la plus-
value de l'immeuble résultant des améliorations (ar-
ticle 2175); et l'architecte exerce, à cet égard les y
droits de celui qui l'a employé (art. 1166). D'ail-
leurs, ainsi que nous le vèrrons à l'instant, le privilége
de l'architecte ,'exerce sur un objet distinot dp l'im-
ipeublq arrenté, tel qu'il est grevé du privilège du
créancier : sur un objet auquel le créancierne pou-

créance:
vait pas soflg-er originairement pour sûreté de sa
sur un objet qui-n'a passé. au pouvoir du
créancierque par l'effet de l'union industrielle avec
l'immeuble principalemais qui p'a pu y passer qu'avec
les charges qwlpi avait imposées celui qui en est
ilauteur4 i). Pfûs, il nejautpajs perdre de vue que
l'architecte nç peut point, .par voie de privilége,
réclamer le véritableprixoA,Ifeicoûjt réel de ses tra-
vaux i aux fermes de l'art. 2105,0 son privilége ne
peut êtjfe exercé que sur la plus-value que ses travaux
ont donypéàl'immeuble, et en tant que cette plus-value
existeencore à l'époque tle l'aliénation. De cette dis-
position découlent plusieurs conséquences. D'abord

(1) Lorsque l'architecte se trouve en concurrence avec deî


créanciers simplementhypothécaires des précédens proprié-
tairers, ceux-ci ne peuvent invoquer contre lui le seconll pa-
ragraphe de l*arlicle 2]77; car il-exercc son privilège sur un
objet distinctde l'immeuble primitif.
,
la loi distingue dans l'immeuble, à l'époque de son
aliénation deux parties : la valeur qu'il avait dans
son ancien état, sans compter les travaux de l'ar-

;
chiteete, et la plus-value postérieure résultant de
ces travaux la première partie est uniquement son-
mise au privilège du créancier, et l'architecte n'a
aucun droit à exercer sur elle; la seconde seule est
affectée au privilège de ce dernier; en un mot, ces
deux privilège& ont chacun un objet distinct. Donc
ni l'un ni l'autre des deux créanciers privilégiés
ne jouit d'une préférence sur l'autre; les deux privi.
léges s'exercent à la fois et sur les obj ets qui leur
sont soumis, sans se nuire réciproquement. La cir-
constance que la revente n'a pas atteint le montant

pas de plus-value résultantdesconstructions ;


de la créance de la rente ne prouve point qu'il n'y a

circonstance prouve-$eulem-ent que les deux objets,


cette

qui ont été compris dans une même vente, n'ont pas
atteint leur valeur réeU-e,-e,t que cette diminution de
prix doit être supportée -par le créancier et le cons-
tructeur dans la proportion des valeurs qui leur sont
affeetées. Il ne s'agit donc que de déterminer cette
proportion. Le texte de l'article 2105 fait voir que
le législateur n'a considéré que la valeur de l'im-
le
que sur
:
meuble h l'époque où il a été aliéné;
très-simple
le prix (art. La loi n'a
motif en est
c'est que le privilége ne peut se réaliser
2095). aucun égard
a ce que l'immeuble a pu valoir à l'époque où les
nouveaux ouvrages n'y avaient pas encore été faits ;
s'il avait été dans l'intention du législateur que l'état
originaire de l'immeuble lut mis en compte,suivant 5a
valeur à l'époque du commencement des travaux,
et que la plus-value seule fût estimée au moment de

: ,
l'aliénation, il s'en serait expliqué; mais il a parlé
sans distinction et cela devait être ainsi non-seu-
lement par la raison de droit indiquée, mais encore
parce que le système contraire aurait été inique, en
ce que la valeur de l'état originaire de l'immeuble
serait restée stationnaire, et que la plus-value aurait
seule couru la chance d'une augmentation ou dimi-
nùtion de la valeur des immeubles. Il s'ensuit que le
premier procès-verbal d'expertise, dont il est question
dans l'article 2103, n'influe en rien sur le montant
du privilége de l'architecte (1), et qu'on ne pourrait

:
point, dans l'exemple proposé, établir la collocation
de la manière suivante le premier procès-verbal,
dressé en conformité de l'article2103, constate
qu'avant les ouvrages faits par l'architecte l'im-
5
meuble valait 8000 francs donc cette somme re-
présente l'immeuble arrenté, comme si les construc-
tions n'avaient pas çté faites, et le créancier y exercera
son privilège : sur l'excédant du prix (4000 francs),
on colloquera exclusivement l'architecte, cette somme
étant la plus-value qu'il est censé avoir donnée à
l'immeuble par ses constructions (2). Mais il faut,

(t) Ce procès-verbal n'est prescrit que pour établir et con-


server le privilège.
(2) C'est cependant l'opinion de M. Persil, liv. 1, chap. 6,
§ 11, p. i43- Il l'appuie sur l'arrêt du i3 mai 1815, que
:
nous citerons à l'instant; mais cet arrêt dit «Que la valeur
au moment de l'ordre, faire estimer de nouveau ina- l
meuble a la date de l'aliénation, distinguer ce qu'il
valait alors sans lestravaux de l'architecte, et déter-
miner de combien ces mêmes travaux ont augmenté
sa valeur (i). Cette évaluation particulière (que l'on

:
appelle ventilation) (2), formera deux valeurs sépa-

,
rées, savoir les valeurs des deux obj ets distincts
qui sont affectés aux deux privilèges et les deux
créanciers seront colloqués sur le prix de la revente,
comparativement à la valeur estimative de l'objet
affecté au privilége de chacun d'eux. Ainsi, dans

,
l'espèce supposée, admettons que la valeur de l'im-
meuble au moment de la revente et tel qu'il était
avant les nouveaux ouvrages, ait été estimée à 9000

fr., et celle de la plus-value 5000 fr.; le prix réel
de 12000 fr. sera partagé dans la même proportion.
L'objet soumis au privilège du créancier de la rente
n'ayant produit dans la revente que 7714 fr. 29 c.,
le créancier exercera son privilége sur cette somme,
il n'aura pas davantage, parce que le prix de l'objet
de son privilège se trouve épuisé. De memel'arcti-

l'immeuble aurait encore (c'est-à-dire aujourd'hui on à


que
l'époque de la revente), si les ouvrages n'eussent pas été faits,
demeure réservée au privilége du vendeur, e
(1) Dans cette opération, le premier proces-verbal prescrit 8.

indiquer-l'état de l'im-
par l'article aio3
meuble au moment
que pour désigner)
de ces travaux.
peut

servir
les
d'tme
pour
travaux
manière
allaient
approximative,
commencer, ainsi
l'étendue

(a) Répert. VO Ventilation.


tecte n'aura que 4285 fr. 71 c., parce que c'est
le prix de l'objet de son privilège. La cour royale
de Paris a jugé suivant ces principes, le 13 mai
1815 (i)9 et celle de Bordeaux, le 2 mai 1826 (2);
l'une et l'autre dans le cas de concours du vendeur
avec l'architecte.
Il n'y a aucun motif pour ordonner une distribu-
y
tion du prix réel, au marc le franc des créances car
elles ne s'exercent pas sur le même objet. Cependant
c'est là l'opinion de M. Grenier, n° 411 (3). Il se
réfère à un arrêt du parlement de Rouen, du 16
juin 1682, rapporfé par Basnage, qui aurait décidé
que les deux parties supporteraient leur part de la
perte; mais ce n'est pas une concurrence au marc le
franc des créances. L'auteur ajoute que l'arrêt de
Paris, du 15 mai1815; a jugé dans le même sens.
C'est une erreur; car on lit dans les considrêrans :
«Si dans l'adjudication d'un immeuble, le prix.
se trouve inférieur au prix primitif d'achat, augmenté
dela valeur des
ouvrages, il est juste que cette dimi-
nution soit également appliquée à la plus-value résul-

;
tant des nouveaux ouvrages, comme à la valeur pri-
mitive du fonds vendu et que le constructeur., ainsi
que le vendeur, doivent supporter cette diminution
du prix dans la proportion des valeurs qui leur sont
affectées. » -

(1) S. 1816,11,338.
(a) S. 1826, H,392.
(3) Pages 259 çt 26.0.
ARTICLE III.

Commept et à qui doit se faire le délaissement (déguerpisse-


ment).

135. Nous avons déjà fait observer, au n° 122. a.,


que le déguerpissement pouvait se faire de gré à gré,

:
ou en justice. Le délaissement a touj ours lieu en
justice, savoir par une déclaration faite au greffe
du tribunal de la situation des biens, et dont le tri-
bunal donne acte sur la présentation qui lui en est
faite par le tiers-détenteur (article 2174). Il est né-
cessaire que le délaissement parvienne à la connais-
sance du créancier poursuivant, pour qu'il puisse

mêmeêtrenotifié à tous les créanciers , 5


faire cesser les poursuites en expropriation il doit
parce qu'il
est fait dans leur intérêt commun, et afin qu'ils
puissent ou le contester (1), ou faire procéder à la
nomination d'un curateur, dont il sera parlé à l'ins-
tant (2). M. Grenier (n° 529), ajoute qu'il est à
propos que le tiers-détenteur dénonce d'avance au
débiteur originaire l'intention où il est de faire le
délaissement, parce qu'il peut arriver que le débiteur
l'arrête par le paiement de la dette ou par d'autres
moyens. Cette notification nous paraît absolument
nécessaire, afin que, dans l'action récursoire que
l'article 2178 accorde au détenteur, le débiteur

(1) Voyez ci-après n08 133. a. et 135. a.


(2) Répertoire, Vu Tiers-détenteur, no 11.
originaire ne puisse lui opposer les exceptions indi-
quées à l'article 2051 du Code (i).
135. a. Après la notificationauxcréanciers,
ceux-ci pourront ou agréer ou contester le délaisse-
ment. Dans le premier cas, ils présenteront requête
au tribunal, afin de nommer un curateur à l'immeuble
délaissé, sur lequel la vente en est poursuivie dans
les formes prescrites pour les expropriations (article
2174). — La validité du délaissement peut être con-
testée pour les causes désignées en l'article2172
(obligation personnelle ou 'incapacité d'aliéner).
M. Grenier (n° 545) pense que les créanciers pour
raient encore s'opposer au délaissement lorsque ce
moyen de décharge présenterait un véritable avantage
pourledétenteur. Il posel'exemple suivant : Guil-
laume a acquis, en 1806, un bien pour 80000 fr.;
il n'a riea payé, et il n'a«rempli aucune formalité
pour purger cet immeuble. En 182-1, sur les pour-
;
suites des créanciers, Guillaume offre le délaissement
mais alors le bien ne vaut plus qiie50000 fr., à cause
de la diminution générale du prix des immeubles, et
Guillaume-est débiteur de60000 fr. d'intérêt,les
créanciern'auraient donc,parle délaissement,.qu'une
valeur de 50000- fr. par l'immeuble, et puis quel-
5
ques mille francs de fruits (article 2176) et le dé-
tenteur gagnerait 50000 fr. sur le Capital, ainsi
qne 55000 fr. sur les intérêts. L'auteur soutient
que, dans ce cas, les créanciers peuvent s'opposer au

à la fin.
(l)-Voyez.f!i-'IIH'ès n° 167,
délaissement., en déclarant au détenteur qu'ils n'en-

,
tendent pas invoquer contre lui l'article 2168, mais
qu'ils se contentent du prix stipulé comme si le
détenteur avait rempli les formalités prescrites par
l'article2185; car, continue l'auteur, la faculté de
délaisser est un adoucissement que la loi apporte à
la peine qu'elle prononce contre l'acquéreur, en l'as-
sujettissant à payer toutes les créances inscrites, lors-
qu'il a négligé de remplir les formalités qui lui sont
prescrites; mais la loi n'a pas voulu l'affranchir de
l'obligation qui résulte de son contrat de vente ety
si les créanciers se contentent de cette obligation, il
ne peut y avoir lieu à un délaissement : les créanciers
inscrits, en se contentant de cette obligation, exercent
les droits du vendeur; et l'acquéreur ne pourrait, à
l'égard de ce dernier, se refuser à payer le prix et se
décharger par le délaissement. Ce raisonnement nous
semble erroné. Aux termes de l'art. 2168, c'est au
détenteur qu'appartient le choix de payer ou de délais-
ser; et, comme nous l'avons vu au n° 122. c., aucune
circonstance, aucun laps de temps, à l'exception de
l'obligation personnelle et de l'incapacité, ainsi que

;
de l'adjudication définitive, n'emportent la déchéance
de la faculté do délaisser si, dans l'exemple posé,
le détenteur a négligé de remplir ses obligations,
c'est que la loi lui permettait cette négligenee; les
créanciers, de leur côté, n'ont pas moins à se repro-
cher de la négligence dans l'exercice de leurs droits.
Les créanciers qui poursuivent le tiers-détenteur ne
procèdent pas en qualité d'ayant-causedu vendeur,
mais proprio nomine : c'est ce qu'indiquent claire-
ment les articles 2166 et suivans, qui établissent la
marche à suivre de leur part, et qui, ainsi que l'a
dit la cour de cassation, sont virtuellement exclusifs
d'un autre mode de procéder (i). A la vérité, les
créanciers pourront se faire céder les droits du ven-
deur, ou se prévaloir de l'article1166 du Code,
puis faire rayer leurs inscriptions pour éviter l'ap-
plication de l'article1655, et agir comme cession-
naires ou ayant-droits du vendeur; cette voie dé-
tournée pourra les amener au résultat désiré; mais
aussi elle présente nombre d'inconvéniens, parce
qu'il faut l'union entre tous les créanciers et le ven-
deur, et que les premiers s'exposent à toutes les
exceptions que le détenteur pourraitopposer au se-
cond. Hors ce cas, nous devons le répéter, appar- il

leurs ..,
tient au détenteur seul de peser les avantages ou
les désavantages du délaissement, et les créanciers
ne peuvent le forcer à se diriger à cet égard selon
intérêts. '0'
Un arrêt de la cour de Rouen, du 12 juillet
1825 (2), semble établir une proposition analogue
à celle de M. Grenier. On lit dans les considérans :
«Attendu que le montant des créances inscrites ne
s'élève pas au-delà du prix stipulé dans le contrat de
vente,qu'ainsi le tiers-détenteur qui n'a rien payé
ne peut être admis au délaissement, puisqu'il aurait
seul la faculté de faire résilier un contrat synallag-

(1) Dans les considérans de l'arrêt du 27 avril IS.:¡, cilé


aun,91.xx.
(1)S. i8a5, 11, 3Î4.
matique.» De même on avait prétendu, dans l'espèce
jugée par l'arrêt de rejet, du 8 août 1816 (T), que
l'acquéreur d'un immeuble ne pouvait user de la fa-
culté du délaissement que dans le cas où il avait déjà
payé son prix sans remplir les formalités requises
5
pour purger les hypothèques et où, par suite de
cette négligence, il se trouvait exposé à une nouvelle
action hypothécaire. On soutenait ensuite que du
moins l'acquéreur devait offrirsonprix, autrement
ce serait lui permettre de rompre le contrat à son
gré et suivant son caprice.
Ce sont évidemment des erreurs. Aussi la cour
suprême, en rej etant le pourvoi, a déclaré, dans les
considérans, que l'article2172 ne subordonne pas
la faculté de délaisser au cas où l'acquéreur aurait
déjà payé le prix de son acquisition. Le délaissement
ne forme pas précisément la résiliation unilatérale
5
d'un contrat l'acquéreur n'avait point contracté avec
les créanciers, et ceux-ci n'ont jamais eu d'autres
droits, relativement à lui, que de s'en tenir à l'im-
meuble : leurs droits contre le débiteur originaire et
personnel restent intacts; ce n'est que d'une manière
indirecte, et relativement au vendeur, que le délais-
sement peut être regardé comme une résolution du
5
contrat mais nous répondrons alors qu'il y a lex
scripta en faveur du détenteur, et que cette faculté
de se dégager a pu l'avoir déterminé à faire l'acqui-
sition. Quant à l'arrêt de Rouen, il faut observer

(1)S.1816,1,353.
que la loi ne fait aucune distinction entre le cas où
le montant des iOEéa-nres est inférieur ou supérieur

missibilité du délaissement, que, dans l'espèce le


5
,
au prix de vente. Larrêf ajoute, pour motiver l'inad-

tiers-détenteur est personnellement obligé et c'est


là ce qui doit être regardé comme le motif principal
de la décision.
133. b. Aux termes de l'art. 2174, la vente de
l2immeuble délaissé est poursuivie contre le curateur,
dans les formes prescrites pour les expropriations. De
là la question de savoir si l'expropriation commencée,
avant le délaissement, contre le débiteur principal
et le tiers-détenteur, peut être continuée contre le
curateur suivant les derniers erremens ; ou bien si elle
?
doit être recommencée de nouveau M. Tarrible,

;
au Répertoire, V" Tiers-détenteur, n° 11, embrasse
la première opinion il ne pense pas que la somma-
tion faite au tiers-détenteur, en exécution de l'article
2169,doive être répétée contre le curateur, et que la
poursuite commencée contre le débiteur originaire,
par le commandement qui a dûlui être fait selon le
même article, doive être discontinuée par la nomi-

:
nation du curateur. Cependant, l'opinion contraire
doit être suivie il faut, après la nomination du cu-
rateur, recommencer la poursuite par un comman-
dement fait au débiteur originaire et au curateur.
Par le délaissement, la personne du débiteur réel a
changé, sans que le nouveau débiteur (le curateur)
soit le successeur des droits de celui qui l'a précédé
;la
(du détenteur qui a délaissé) procédure nouvelle
commence,quoique dans les mêmes formes, mais
contre un autre individu. Or aucune poursuite en
expropriation ne peut avoir lieu sans commandement
préalable, signifié au débiteur, qui est maintenant
le curateur (art. 2217 du Code civil, et art. 675
Au Code de procédure). En outre, il est certain,
autant d'après le texte des articles 2169 et suivans,
que parce que l'intérêt du débiteur originaire sur le
sort de l'immeuble reste touj ours le même, que la
nouvelle procédure ne peut être commencée sans
commandement préalable au débiteur originaire. Ce
dernier point a été reconnu formellement par la cour
de Riom qui, dans son arrêt du 20 août 1821, a
annulé la procédure dirigée contre le curateur sur le
fondement du défaut de commandement fait au dé-
biteur originaire. L'arrêt est citépar M. Grenier,
n° 529, qui a professé la même opinion.
154. Lorsque, dit Pothier, la rente foncière est
due à plusieurs, il ne suffit pas d'assigner l'un d'eux.
Nous avons déjà fait observer, au n° 133, que la
notification du délaissement doit être faite à tous les
créanciers,
135. Lorsque, continue l'auteur, l'héritage est
chargé de plusieurs rentes, le déguerpissant doit
pareillement faire son déguerpissement aux créan-
ciersdesdifférentes rentes. Il n'est pas douteux que
la mêmerègle ne doive être observée aujourd'hui
quant aux notifications.
155. a. Lorsque le détenteur n'est engagé per-
sonnellement qu'au service de l'une des rentes, ou
au paiement de l'une des dettes hypothécaires dont
l'immeuble se trouve grevé, il ne peut être admis au
délaissement, même quant aux autres créanciers. Le
délaissement ne se fait pas à l'un ou l'autre des créan-
ciers seul et à son profit unique, mais au profit de
la masse des créanciers privilégiés et hypothécaires;
et cette masse forme, par la nature des choses, un
corps indivisible; donc, dès que le délaissement est
inadmissible à l'égard de l'un des créanciers, il l'est
il l'égard de tous-,,- de même que l'héritier encourt la
déchéance du bénéfice d'inventaire, et devient héri-
tier pur et simple?al'égard de tous les créanciers de
la succession, dès qu'il a fait un acte de propriétaire
envers un seul individu, (1).

ARTICLE IV.

Des conditions sous lesquelles le preneur ou ses héritiers sont


-
admis au délaissement (déguerpissement).

Aujourd'hui l'acquéreur à rente et ses héritiers,


quant aux rentes nouvelles,et le
débiteur d'une rente
ancienne qui a possédé l'immeuble, en 1789, ainsi
que ses héritiers, sopt obligés personnellement au
service de la rente. Aux termes de l'article 2172
les tiers-détenteurs, personnellement obligés à la
,
dette, ne sont pas reçus à délaisser. Par conséquent,
le présent article du Traité de Pothier n'a aucune
application en matière, de délaissement, aussi indi-
querons-nous seulement le sommaire des numéros.

(1) Répert. Vo Bénéfice d'inventaire, n° 26 (t. t5, p. 58.)


156, Le preneur ou ses héritiers doivent satisfaire
:
préalablement pour le passé à toutes leurs obligations
donc payer les arrérages échus.
157. Même encore le terme courant.
pissement
rages.
,
138. Si le créancier refuse d'accepter le déguer-
il faut consigner le montant des arré-
159. Si les deniers d'entrée sont encore dus, il
faut-les payer avec intérêts.
140. Le preneur et ses héritiersdoi vent remettre
l'héritage en aussi bon état qu'il était lors du bail.
141. Quoique pas précisément dans la même
forme.
142. Mais dans une forme aussi fructueuse.
145. II ne suffit pas d'offrir la somme à laquelle
seraientestimées les dégradations ;il faut précisé-
ment rèmettre l'héritage en bon état
144. Lorsque le déguerpissant ou ses auteurs ont,
depuis lebaily imposé des servitudes à l'héritage, ils
doivent les racheter avant de pouvoir être reçus au
déguerpissement.
145. Le déguerpissantn'est pas tenu de purger
les Tiypothèques imposées par lui ou ses auteurs,
parce qu'elles ne frappent que sur la plus-value de
l'immeuble au-delà de la rente.
-
146. Les frais du déguerpissement sont à la
charge de celui qui déguerpit.
ARTICLE V.

repu au délaissement
,
Des conditions sous lesquelles le tiers-détenteur qui a acquis
à la change de la rente, ou qui en a eu connaissance
(tlé'guerpissement). est

Noos avons vu, au n° 84, qu'aujourd'hui la seule


connaissance que le tiersdétenteur aurait de la rente

;
n'emporte pas pour lui l'obligation personnelle de la
servir et que cetteconnaissance est, quant aux obli-

;
gations de ce détenteur, tout-à-fait indifférente. Au-
trefois il n'en était pas ainsi le détenteur, dans ce

, ;
,cas, se trouvait sur la même ligne que celui qui s'était
chargé de la rente et Pothier, dans le présent ar-
ticle ne fait aucune distinction de ces deux espèces
de détenteurs. L'auteur suppose, dansl'un et l'autre
,
cas une obligation personnelle quant au paiement
des arrérages courus pendant la détention du fondsy
et comme aujourd'hui le détenteur personnellement
obligé à la détienne peut être admis à délaisser, le
présent article n'a point d'application en matière de
délaissement.
147. Obligation de payer les arrérages courus
depuis l'acquisition, et le terme en suivant, ainsi
que du réparer les dégradations.
148. Qbligation de payer même tous les arrérages
oourus avant l'acquisition.
149. Disposition contraire de la coutume d'Or-
-
léans.
150. Si le détenteur a été obligé de réparer les
dégradations faites par ses auteurs, il n'a point de
5
recours contre ceux-ci il en est autrement quant aux
arrérages courus avant son acquisition, et qu'il a
payés.
151. La circonstance que le créancier a accepté
le déguerpissement, sans se faire payer les arrérages,
n'exclut pas une demande postérieure en paiement.
152. Il est indifférent, quant aux obligations du
détenteur, qu'il ait acquis à charge de la rente, ou
qu'il s'y soit depuis soumis par un titre nouvel.
152. a. C'est ici le lieu de parler des différens cas
où aujourd'hui le tiers-détenteur est personnellement
obligé au service de la rente, et où, en conséquence,
il ne peut être admis au délaissement.
« Le
tiers-détenteur»ditM. Grenier, n° 524 « peut
être personnellement obligé de plusieurs manières;
il peut l'être par le titre même par lequel l'immeuble
lui a été transmis, ou par un acte postérieur; il peut
l'être par la nature du titre en vertu duquel il pos-
sède. Cela arriverait, par exemple, s'il possédait
comme acquéreur de droits successifs, comme dona-
taire ou légataire, et que l'obligation de payer la
dette résultât, en droit, de la nature du contrat, ou
de clauses particulières. » Les mêmes principes ont
été exposés par M. Tarrible, au Répertoire, Va
Tiers-tlétenteur, n° 8, 5°. M. Toullier professe la
mêmedoctrine, en faisant observer (t. v, n° 817,
note) que le donataire ou légataire de l'héritage
grevé d'une rente n'est plus tenu de plein droit
au paiement des arrérages. Nous ajouterons, ainsi
que nous l'avons déjà fait observer dans une note
au n° 91. s., que l'obligation que contracte l'acqué-
,
reur. à cet égard, doit être clairement exprimée
dans l'acte et qu'il ne suffit pas de simples induc-
tions. La cour de Bruxelles a reconnu le même prin-
cipe dans son arrêt du 9 floréal an xiii (t). L'acte
portait que si, à l'avenir, on réclamait des charges
qui affectassent l'immeuble, le vendeur s'obligeait
d'en faire raison à l'acquéreur. La coqr a déclaré que
cette clause ne présentait pas une obligation person-
nelle de l'acquéreur au paiement des créances. La
mêmedécision se trouve aussi dans l'arrêt de la cour
de DijolJ, dul8^out 1815, confirmé par celui de
la cour de cassation, du 8 août 1816 (2).
Le contrat
portait que les acquéreurs seyaienten droit de remplir
toutes les formalités requises pour purger les hypo-
thèques. On trouve encore ce principe datas un arrêt
de la cour de Poitiers, du 18 juillet 1817, qui a dé-
claré le délaissement admissible dans une espèce où
l'acquéreur s'était obligé, par une clause du contrat,
à purger les hypothèques existantes sur l'immeuble.
L'arrêt de la cour de cassation, du 8 juin 1819 (3),
qui a rejeté le pourvoi contre celui de Poitiers re- 7
connaît qu'il appartient auxjuges du fonds de décider
jusqu'à quel point il y a obligation personnelle de

(1) S. 1807, 11, 76a. La potice qui, dans oerecueil, se


trouva en têtede l'arrêt, est erronée; elle semblerait établir
que la cour avait décidé que l'acquéreur, pour être
directementavec exchl du dé-

:(a)S.
laissement, devait avoir contracté
ciers ce qui n'était pas la question du procès.
1816,1,353.
- -
tes créan-

(3) S. 1820, 1, 14.


l'acquéreur envers les créanciers du vendeur. Nous

,
ferons observer finalement que même le service de la
rente fait pendant quelque temps par l'acquéreur,
n'emporte pas contre lui l'obligation personnelle. Il
peut avoir servi la rente à la décharge du débiteur
y
principal et, dès que son fait admet d'autres motif?
que l'obligation personnelle, ce fait ne peut valoir
comme preuve de cette obligation.
D'un autre côté, ainsi que nous l'avons vu à la
note au n° 91. s., il suffit que l'acquéreur ait con-
tracté envers son vendeur, et hors la présence des
créanciers,l'obligation personnelle de les payer,
pour qu'il soit tenu de la même manière envers les
créanciers eux-mêmes, et qu'il soit exclu du délais-
sement. C'est une conséquence de l'article 1121 du
Code.

L
ARTICLE VI.

A quoi est obligé le tiers-détenteur qui délaisse (déguerpit),


lorsqu'il ne s'est pas obligé personnellement au service de
la rente (lorsqu'il, n'a pas eu connaissance de la renIe).

153. Autrefois tous les tiers-détenteurs quelcon-


ques étaient admis à déguerpir 5
seulement leurs
obligations à cet égard étaientdifférentes, suivant
qu'ils avaient ou non connaissance de la rente. Po-
thier traite ici de ceux qui se trouvaient dans ce
dernier cas, et l'on sent d'avance que les obligations
de ces détenteurs étaient uniquement relatives à la
détention de l'immeuble. Aujourd'hui les seuls tiers-
détenteurs non obligés personnellement à la rente,
sont reçus à délaisser, parce que leurs obligations
résultent aussi uniquement de la détention de l'im-
meuble, et qu'elles s'éteignent eonséquemment par
la cessation de cette détention (voyez n° 122. c.)
Om voit qu'il y a analogie entre la position d'un
ancien détenteur qui n'avait pas connaissance de la
-
rente, et celle d'un tiers détenteur d'aujourd'hui
qui ne s'est pas personnellement obligé au service de
la rente, et en conséquence nous traiterons dans le
présent article ce qui concerne cette dernière classe
de tiers-détenteurs.
:
Pothier distingue deux cas le premier où le dé-
tenteur n'a pas eu connaissance de la rente jusqu'au
;
temps de la demande donnée contre lui le second
où la connaissance de la rente lui est survenue de-
puis son acquisition, et avant la demande. Le pre-
mier cas ressemble plus complètement à celui d'au-
jourd'hui.

§ 1.Premier cas.
Le tiers-détenteur, dit Pothier, auquel on ne peut
justifier qu'il ait eu connaissance de la rente, soit
lors du contrat, soit depuis, est réputé avoir cu,
jusqu'au temps de la demande, un juste sujet de

;
croire que l'héritage lui appartenait sans aucune
charge de rente et en conséquence avoir eu, en sa
qualité de possesseur de bonne foi, le droit de per-
cevoir les fruits sans aucune déduction de la rente.
C'est, oontinue l'auteur, par cette raison que les cou
tumes l'admettent à déguerpirl'héritage sans payer
les arrérages de la rente,même ceux de son temps.
Aujourd'hui l'article 2176 du Code applique
également au tiers-détenteur les principes énoncés
aux articles 549 et 550, à l'égard des possesseurs
de bonne foi(î). L'article 2171 ne fait pas résulter
la mauvaise foi du détenteur de la connaissance ex-
trajudiciaire qu'il aurait de l'existence de la rente,
ainsi que l'article 550 le semblerait indiquer; mais
la mauvaise foi ne résulte que de la sommation de
payer, qui, seule, lui donne une connaissance positive
de l'existence des charges. Voyez ci-après n° 157.
154. Par la même raison,dit Pothier, il peut dé-
guerpir l'héritage dans l'état où il se trouve, sans
qu'il soit tenu des dégradations, quand même elles
;
procéderaient de son fait car il a pu ifidsuser d'un
héritage dont il croyait de bonne foi avoir la pleine
propriété, 1.51,S5, ff.depetit, hered, Néanmoins,
continue l'auteur, si le détenteur avait profité des
dégradations, comme s'il avait abattu des futaies
pour les vendre, ou s'il avait démoli des bâtimens
dont il eût vendu les matériaux, il serait tenu de
rendre les sommes ainsi perçues.
L'art. 2175 du Code a établi une règle différente5
:
il porte uLes détériorations qui procèdent du fait ou
de la négligence du tiers-détenteur, au préjudice des
créanciers hypothécaires ou privilégiés, donnent lieu

(1) Répertoire, VoTierg-détenteur, n° i3; etvaDélaissement


par hypothèque, n° 4. M. Grenier, n*338.
contre lui à une action en indemnité. » C'est, dit
M. Tarrible (1),uneconséquence de l'article 1382.
L'article 2175, dit M. Merlin (2), «a pour motifla
facilité qu'a aujourd'hui tout acquéreur deconnaître,
par les registres de la conservation des hypothèques
qui sont ouverts au public, les hypothèques et les
priviléges dont peut être grevé le bien qu'il acquiert.»
On verra ci-après, n° 181, que, parmi les dégra.
dations, on peut aussi compter l'établissement de ser-

:
vitudes sur l'immeuble.
De ces mots au préjudice descréanciers hypothé-
cairesouprivilégiés, M. Grenier, n° 558, tire la
conséquence que le détenteur doit l'indemnité de
toutes lesdégradations commises postérieurement à
l'inscripl on des hypothèques ordinaires et des pri-
vilèges f mmis à l'inscription pour en conserver le
rang, 01 enfin postérieurement à l'existence des hy-
pothèqi is et des priviléges dont le rang est indépen-
dant de l'inseription; car le détenteur a pu s'assurer
de l'existence des inscriptions, et même de l'existence
des autres eharges, en remplissant les formalités pres-
crites pour la purge; et par là il aurait appris qu'il ne
pouvait altérer ou affaiblir la propriété au préjudice
des tiers dont les droits affectaient cette propriété.
Nous sommes parfaitement d'accord sur cette consé-
quence. Nous ajouterons seulement que les tiers pou-
vant,jusqu'aujour de la vente, acquérir des droits sur

(1)Répert. V° Tiers-détenteur. n° m.
(a) Ibid. Vo Délaissement par hypothèque, n° 5, à la fin.
l'immeuble du chef du vendeur, c'est à dater du jour
de la,vente que le nouvel acquéreur est responsable
vis-à-vis des créanciers par hypothèque ou privilége
dispensés de l'inscription. Les créanciers hypothé-
caires ordinaires peuvent, quant aux détériorations
commises par l'acquéreur avant l'inscription, former
une demande en dommages-intérêts contre le ven-
deur, leur débiteur, ainsi que nous avonseu occasion
de l'exposer au n° 42.
155. Quelques coutumes avaient exigé que le
tiers-détenteur qui déguerpissait payât les arrérages,
et remît l'héritage en bon état.
156. Lorsqu'après la déclaration de délaissement
(article 2174) les créanciersprétendent que le dé-
tenteur est personnellement obligé à la dette, et
qu'en conséquence le délaissementestinadmissible,
il s'élève la question de savoir laquelle des deux par-
ties est tenue de justifier ses prétentions à cet égard?
-Pothier répond, quant au déguerpissement, que le
détenteur qui produit son contrat d'acquisition, par
lequel il n'a pas été chargé de la rente, est réputé
n'en avoir pas eu connaissance, si on ne le lui justifie.
Mais, s'il n'a pas de titre, ou s'il ne le représente
pas, on doit soupçonner sa mauvaise foi, la coutume
ayant accordé cette faculté de déguerpir au débiteur
-qui a acquis sans charge de rente7 c'est a ce débiteur
qui veut user de cette faculté, à prouver, parle rap-
port de son titre d'acquisition, qu'il est dans le cas
de la coutume. — Cette observation s'applique éga-
lement au délaissement. La faculté de se décharger
d'une obligation plus onéreuse est sans doute une fa-
veur" concédée par la loi positive 5 l'article 5^172
;
n'accorde cette faveur qu'au tiers-détenteur qui n'est
pas personnellement obligé à la dette le détenteur
qui veut user de cette faculté doit donc prouverqu'il
est dans le cas de l'article2172. Cette preuve, il
la fait suffisamment par la production de son contrat
dAcquisition, dans lequel il ne s'est pas chargé de
la rente ou autre dette, cette production établit la
manière dont il est devenu acquéreur de l'immeuble,
et le créancier qui prétend que, plus tard, la position
du détenteur a éprouvéunchangement, doit en jus-
tifier (1).
:
157. Pothier dit Pour que le tiers-détenteur de
bonne foi soit dispensé,en déguerpissant, du paie-
ment des arrérages, il faut qu'il déguerpisse avant
contestation en cause (2).Démême aujourd'hui les
fruits de l'immeuble ne sont dus par le tiers-détenteur
qu'à compter du jour de la sommation de payer ou
de délaisser (article 2176). A compter de ce jour,
la bonne foi dans laquelle pouvait être le détenteur
est interrompue (3). Donc, tant qu'il n'y a point de
sommation, les créanciers ne peuvent exercer aucun
droit sur les fruits, et la saisie-arrêt qu'ils mettraient
entre les mains des fermiers ne pourrait être déclarée
valable. C'est ce que la cour de Paris a décidé, le

(1) Mutatiq non præ.sunÛtur; c'e^t l'une des grandes règles


établies par Alciilt, dans son Traité De Pr(Csumptionibus.
2) Sur la demande hypothécaire.
(3) Répertoire,V° Ticrs-délenleur, 11u i5. M. Grenier,
a" 558.
15 novembre ou le 25 décembre 1808, et le
pourvoi contre cet arrêt a été rej eté, le 6 mai
1811 (i).

remption ,
Le même article 2176 prévoit le cas de la pé-
qui est commune à toutes les instances.
Aux termes des articles 597 et 401 du Code de
procédure, la discontinuation d'une instance pen-
dant trois ans éteint la procédure, sans qu'on puisse
se prévaloir d'un acte de cette procédureéteinte il en 5
est de même de la procédure en expropriation; si les
poursuites commencées ont été abandonnées pendant
trois ans, l'ancienne sommation n'a plus aucun effet,

;
(1) S. 1809, 11, 5o 1812,1, 44-— a invoqué l'appli-
cation de l'article 2176 dans l'espèce suivante. L'adjudicataire
d'un immeuble exproprié avait, durant la procédure d'ordre,
retardée par des incidens, vendu l'immeuble à un tiers, qui
fit notifier son contrat aux créanciers. Les incidens jugés, un
nouvel ordre fut ouvert sur le prix de la seconde vente, et le
juge-commissaire comprit dans son procès-verbal de collo-
cation provisoire, outre le prix principal de la seconde vente, les
intérêts de ce prix, courus depuis ce dernier acte. Le nouvel
acquéreur s'éleva contre cette collocation, prétendant ne de-
voir les fruits aux créanciers, qui ne lui avaient fait aucune
sommation, que du jour de la notification qu'il leur avait faite
de son titre. Cette défense a été écartée, et la collocation a
été maintenue par arrêt de la cour de Riom, du 27 août 1825.
(S. 1826,11,i4ï.) En effet, c'était le cas d'appliquer l'art. 689
du Code de procédure; le nouvel acquéreur doit connaître la

parle que du cas de délaissement


générale.
:
position de son vendeur qu'il représente; l'article 2176 ne
il n'établit point une règle
et la restitution des fruits ne commence à courir que
du jour d'une nouvelle sommation (1).
,
A la fin de ce numéro, Pothier remarque qu'il n'est
pas oicessaire, pour la validité du délaissement vis-
à-vis des créanciers., que le détenteur ait auparavant
stmmé en garantie son vendeur qui ne lui avait pas
5
déclaré la rente ou la dette mais que le détenteur
a grand intérêt d'appeler son garant avant le délais-
sement, afin que ce dernier ne puisse, plus tard, dans
la demande en garantie (article 2178), lui oppeser
qu'il a délaissé mal à propos l'héritage. Nous avons
déjà parlé de ce point au n° 55.
1S8. Lorsque, dit Potliier
i9
le détenteur ne dé-
guerpit qu'après la eoptestatiçn en cawe., il est
obligé à payer tous Les arrérages courus depuis le
temps de sa détention, jusqu'à concurrence des fruits
qu'il a perçus. Cette peine dela mauvaise contestation
5
ne peut plus être infligée aujourd'hui quand même
le détenteur ne délaisse que la veille du jour désigné
pourl'adjudication définitive, il ne doit les fruits
qu'à compter dp jour de la sommation, puisque l'ar-
ticle 21-7qpe distingue pas le cas où le délaissement
il lieu immédiatement après cette sommation, de
celui où le détenteur ne sort de son inaction qu'après
unloçg intervalle.
159. Dejpême,ditPothier,le détenteur est alors
l' *

1-(i) Répht. V° Tiers-détenteur, n° i3. ir°


M. Grenier, 338.
Cette disposition c'est pas nouvelle,
auteur. Voytzci-après 110 160.
commeie soutient cet
tenu des dégradations jusqu'à concurrence des fruits
qu'il a perçus. Il en est autrement aujourd'hui. Voy.
n°154.
100. Il y a contestation en cause par le premier

,
appointement au règlement qui intervient après les
défenses fournies. — Lorsque l'instance depuis la
contestation, est tombéeenpéremption, c'est comme
s'il n'y avait pas eu de contestation en cause.
161.L'acquéreur qui ne déguerpit qu'après la
sentence qui l'a condamné à reconnaître la rente est
tenu, à fortiori, des arrérages de son temps jusqu'à
concurrence des fruits. Voyez n08158 et 159.
162. Loyseau soutient même qu'il en est tenu
absolument : mais ce sentiment n'a pas été suivi.
163 De la sentence 1-cndue par défaut.
§ ii. Second cas.

164. Lorsque, ditPothier 9 le tiers-détenteur a


acquis sans charge de rente et sans en avoir eu corl-
naissance lors de son acquisition, si cette connais-
sance lui est survenue depuis, avant la demande
donnée contre lui, il est incontestable que, depuis le
temps que cette connaissance lui est survenue, il n'a
pu posséder l'héritage qu'à la charge de la ;
rente
qu'il en doit les arrérages depuis ce temps, et qu'il
ne peut être reçu à déguerpir l'héritage sans les payer.
Nous avons déjà fait observer qu'aujourd'hui cette
connaissance survenue n'a aucun effet, et que notam-
ment elle n'exclut pas le délaissement.
165. La connaissance de la rente, continue l'au-
teur, pour obliger le détenteur à la payer, doit être

son acquisition ,
bien plus formelle lorsqu'elle ne survient que depuis
que lorsqu'il l'avait auparavant;
car, en ce cas, il devait s'en éclaircir avant .que
d'acquérir; mais, ayant une fois acquis de bonne foi

,
uns aucune connaissance de la J'ente, il n'est pas
obligé de s'y soumettre à, moins qu'on ne la lui fasse
connaître bien clairement. De la même manière,,on
pemt dire aujourd'hui que la reconnaissance d'une
rente de la part du détenteur doit être plus formelle,
lorsqu£lle est contenue dans un acte, postér-ieur à «
:
l'aequisition, que si elle se trouve dans le premier
contrat on peut présumer. que le yendeur a déclaré
à l'acquéreur l'existence de la rente, et que les par-
tiesn'ont, en conséquence, pas cru nécessaire d'entrer
à cet égard dans des détails, tandis qu'il faut ad-
mettre que le détenteur, que son vendeur n'a point
chargé de la rente, ne s'y sera soumis qu'après nne
explication bien claire.

ARTICLE VII.

De l'effet du délaissement (déguerpissement).

§ 1. De l'effetdu délaissement a l'égard de celui qui


délaisse.
-

166. Le déguerpissement, dit Pothier, opère la


;
résolution du bail à rente par l'abandon que le dé-
guerpissant fait de l'héritage, le droit de propriété
s'éteint, et de même la rente à la charge de laquelle
l'héritage avait été baillé. Aujourd'hui le délaisse-
ment, devenu irrévocable par l'adjudication faite sur
la tête du curateur ( i), opère également la résolution
de l'aliénation faite au profit du tiers-détenteur (2)5
il dècharg-eiMl même temps celui-ci de toutes les obli-
gations qui pèsent sur lui en cette qualité.
167. La résolution n'a lieu que pour l'avenir (ex
nuJ'lJe); a la différence de l'exercice du pacte commis-
ore, le délaissement n'opère pas la rescision et
l'anéantissement de l'acquisition du détenteur, tels
que s'il n'avait jamais eu la propriété de l'immeuble;
le délaissement n'empêche pas que le titre du déten-
teur ne paraisse avoir subsisté pour le passé. C'est
pourquoi autrefois les profits seigneuriaux, auxquels

;
le bail à rente avait donné ouverture, étaient dus,
quoique le preneur eût déguerpi et aujourd'hui les
droits de mutation payés lors de l'arrentement ne
sont pas restitués en cas de délaissement (3). Nous
Terrons,tWIX11°8 168 et 181, d'autres conséquences
du même principe.
168. L'effet du délaissement n'est pas seulement
de libérer le détenteur des privilèges et hypothèques
dont l'immeuble peut être grevé; il fait revivre les
droits de servitude, de privilège ou d'hypothèque
que le détenteur avait sur l'immeuble avant sa pos-
session (article 2177) (4). Pothier avait dit la même -
chose du déguerpissement.

(1) Voyez ci-après n° 170.


(s) Répert. V°'Tiers-détenteur, n° 14.
(5) 'Voyez ci-dessus n" 40. l. et suivons.
(4) Réped., ibid.,mn 14. M. Grenicr, "0 JOO.
Le terme droits réels, employé dans l'article 2177,
comprend les rentes foncières comme tous autres
privilèges et hypothèques. Pothier a entendu ce
terme dans le même sens, ainsi que nous le verrons
à l'instant.
L'auteur donne pour motif du principe consigné
dans l'article 2172 : « Lorsque j'acquiers un héri-
tage dans lequel j'ai quelque droit réel, comme de
servitude ou de rente foncière, ce droit s'éteint, à la
vérité, quant à la forme qu'il avait de droit de servi-
tude ou de droit de rente foncière, ne pouvant avoir
ce droit sous cette forme dans ma propre chose; mais
le fond de ce droit subsiste dans une autre forme,
savoir comme étant devenu une partie du droit de
propriété que j'ai acquis de cet héritage, auquel droit
de propriété s'est réuni le droit que j'y avais. Je ne

,
perds pas le droit, il ne fait que changer de forme.
En déguerpissant l'héritage je ne renonce qu'aux
droits que j'y ai acquis par le bail, et je dois par
conséquent retenir les droits que j'y avais avant le
bail5 ces droits devenant séparés du droit de pro-
priété, que j'abdique par le déguerpissement, repren-
nent leur première forme qu'ils avaient avant le bail.
Les règles nemini res sua servit, nemini res sua pig-
nori esse potest, doivent s'entendre en ce cens, quam-
»
diu est sua. Il est évident que le même motif a
présidé à la rédaction de l'article2177.
L'article ajoute une autre disposition conforme
aux anciens principes (1). Les créanciers personnels

(1)Répert.Vo Délaissement, n'ii


S9,n-3.
- Vo Déguerpissement,
du détenteur, après tous ceux qui sont inscrits sur
les précédenspropriétaires, exercent leur hypothèque
à leur rang, sur le bien délaissé ou adjugé (i).
M. Grenier fait observer, au n° 550, que, « dans
l'article 2177, la loi a marqué deux temps, à chacun

:
desquels les droits du tiers-détenteur et ceux de ses
créanciers peuvent être exercés, savoir après le dé-
laissement, ou aprèsl'adjudication. Cette fixation
disjonctive, dit l'auteur, ne présente ni superfluité
ni contradiction. Les droits dont il y est parlé re-
naissent, aprèsledélaissement comme après l'adju-
dication, avec cette seule différence que cette renais-
sance de droits, après le délaissement seulement, n'a
pas un caractère fixe et définitif, et qu'elle n'est ir-
révocable qu'après l'adjudication. Mais le législateur
a dû prévoir que ces droits pourraient péricliter, s'il
fallait en suspendre l'exercice jusqu'après l'adjudica-
-
tion5 et c'est pourquoi il a permis, au moins impli-
citement, de les exercer entre le délaissement et
l'adjudication. Si le détenteur reprenait l'immeuble
avant l'adjudication, il devrait indemniser les parties
intéressées des frais auxquels sa variation pourrait
donner lieu. » Ces observations nous semblent par-
faitement justes.
169. Il reste à observer, dit Pothier, que les
droits qu'avait le déguerpissant dans l'héritage qu'il
déguerpit, et qui revivent par son déguerpissement,
à
ne sont sujets aucune prescription pendant tout le

(i) Répert. Vo Tiers-détenteur, n° i4-31. Grenier, nu 330.


i
Voyezci-aprein, si.
temps de la possession du déguerpissant, possession
pendant laquelle ils ont été confondus, ou plutôt
suspendus; car il ne pouvait dans ce temps agir contre
lui-même, et contra non valentent agere non currit
pi-tesci-iptio.D'ailleurs il jouissait de ces droits
quoique sous une autre forme.— L'art. 2177 a admis
,
le même principe; car il n'établit pas de distinction
pour le cas où la possession du détenteur aurait duré
pendant tout le temps requis pour la prescription des
droits dont il s'agit. On peut d'ailleurs invoquer le

:
texte de l'article2257, 1° : la créance du détenteur
dépend de la condition suspensive s'il délaissera.
?" 169. a. Un autre effet du délaissement, à l'égard

:
de celui qui délaisse, se trouve indiqué dans l'ar-
ticle2178. Il porte « Le tiers- détenteur qui a
payé la dette hypothécaire, ou délaissé l'immeuble
hypothéqué, ou subi l'expropriation decet immeublej
a le recours eft garantie, tel que de droit, contre le
»
débiteur principal. Cet article, comme on voit, ne
s'applique pas seulement au cas da délaissement,
mais encore à deux autres cas, qui peuvent se pré-
senter même à l'égard d'un détenteur personnelle-
ment obligé à la dette, et par conséquent non rece-
vable à délaisser. En effet, on ne pouvait pas, sans
inj ustice, refuser indéfiniment au détenteur de c,ette
classe un recours contre son vendeur, parce que les
poursuites des créanciers ont pu le mettre dans la
nécessité de payer des sommes plus considérables
que ne comportait l'obligation personnelle qu'il avait
subie, ou que ces poursuites lui ont causé des-torts
et dommages qu'il n 'a pu éviter malgré l'exécution
fidèle de cette obligation personnelle. M. Tarrible ( ) 1
fait observer que l'article 2178 ne parle que du tiers-
détenteur qui ne s'est pas personnellement obligé ;
mais cette observation doit être regardée comme er-
ronée.
La loi n'accorde pas un recours dans tous les cas
de paiement, de délaissement ou d'expropriation5
elle ne l'accorde que tel que de droit. Ces expressions

même ;
ont un double but. Elles concernent le recours en lui-
et elles concernent encore l'effet et les suites
du recours. Suivant le contenu du titre, il peut y
avoir lieu à rejeter toute demande en garantie de la
part du détenteur, et même d'accorder un recours
au vendeur contre le détenteur. Selon la nature de
la transmission, savoir suivant qu'elle est à titre gra-
tuit ou à titre onéreux,l'effet du recours du déten-
teur peut être plus ou moins restreint (2). Comme
,
ces questions rentrent dans les principes généraux
relatifs aux contrats et obligations nous y ren-
à
voyons, l'exemple de M. Grenier, n° 550.

s
§ 11. De l'effetdu délaissement (déguerpis ernent), à
l'égardde celui a qui il est fait.

170. Le déguerpissement, ditPothier, n'est pas

(1) Répert. V" Tiers-détenteur, n° 15.


(2} M. Grenier, n° 345, à la fin, et n° 33o. Répert. Vo Tiers-
détenteur, n° i5. Délaissement, n"9.M.Persil, liv.2,
chap. 9, SS 4et 5.
une cession;c'est un simpleabandon de l'héritage.
Il en est de mêmeaujourd'hui du délaissement; ce
;
n'est pas une abdication actuelle de la propriété,
mais une abdication actuelle de la détention il peut
entrainer la perte de la propriété, mais ce n'est que
y
sous condition et cette condition consiste dans le
défaut du paiement de la dette et des frais avant
l'adjudication (1), ainsi que nous l'expliquerons plus
amplement au numéro suivant. Donc le délaissement
ne transfère pas per se aux créanciers la propriété
de l'héritage (2) ; aussi la loi du 22 frimaire an VII,
l,
art. 68, § 45 n° ne l'assujettit qu'à un droit fixe
de 5 francs, et les droits de mutation ne sont dus
que lors de l'adjudication définitive faite sur la tête
du curateur.
171. Ce n'est que par cette adjudication que se
5
transmet la propriété de l'héritage tout espoir de le
recouvrer est alors perdu pour le détenteur.
Avant cette adjudication,ledélaissement, quoique
effectué, n'est pas irrévocable; le tiers-détenteur peut,
jusqu'à l'adjudication, reprendre l'immeuble en
payant toute la dette et les frais. Ce sont les termes
de l'article 2173. Les expressions toute la dette

doivent être entendues dans le même sens que celles
:
de l'article 2168, où il est dit Tous les intérêts et
capitaux exigibles, à quelque somme qu'ils puissent
;
monter (3) car si le tiers-détenteur révoque le délais-

(1) M. (irenier,n°33o. Répert. V"Tiers-détenteur, tio io.


(a) Ibid. Y0 Délaissement, ji° 10.
(5) M. Grenier, ibid.
sement, il rentre entièrement dans le cas de l'ar-
ticle2168.
La révocation du délaissement est purement facul-

,
tative de la part du détenteur; il ne peut être con-
traint par son vendeur à conserver l'immeuble sous
le prétexte que ce dernier, pour éviter le recours
autorisé par l'article 2178, veut arrêter l'effet des
poursuites en effectuant le paiement de toutes les
dettes, ni même lorsque les créanciers se désistent

,
des poursuites. Ainsi décidé par arrêt de la cour
royale de Riom du 17 avril1820 (1). Ce n'est que
dans la demande en garantie que le vendeur peut
débattre avec le détenteur la question de savoir si
celui-ci a délaissé mal à propos l'héritage. Voyez
n° 157.
172. Pothier dit que T jusqu'à l'acceptation du
déguerpissement de la part du créancier, l'héritage
déguerpi est un bien qui n'a pas encore de maître.
Aujourd'hui, d'après les principes exposés au n° 170,
la propriété de l'immeuble délaissé repose, jusqu'à
l'adjudication, sur la tête du tiers-détenteur.
175. Le délaissement, dit l'auteur, n'est pas un
titre d'acquisition pour les créanciers.Voy. le même
n°170.
174. Lorsque, continue l'auteur, celui qui a dé-
guerpi n'était possesseur que d'une partie de l'héritage
baillé à rente, le créancier qui a accepté le déguerpis-
sement fait extinction de la rente pour une partie

(1) S. 1825, 11,87.


proportionnée à la partie de l'héritage dans laquelle
il est rentré. De même aujourd'hui le délaissement,
fait par l'un des détenteurs d'un immeuble, éteint à
son égard l'obligation hypothécaire, sans distinguer
s'il a possédé une part divisément ou indivisément.
Voyez les n08 150 et 131.
175. Les détenteurs des autres portions de l'im-
meuble restent sans doute tenus du reste de la dette;
et ce solidairement, parce qu'ils l'ont étéainsi avant
le délaissement partiel, à cause de l'indivisibilité de
rhypothèqoe. Voyez n° 58. b. Pothier développe le
même principe, quant au déguerpissement.
176. Le créancier de la rente, dit Pothier, à qui
l'un des possesseurs a déguerpi la portion de l'héri-
tage qu'il possédait, peut, en refusant ce déguerpis-
sement, conserver sarente entière contre les autres
possesseurs qui n'ont pas déguerpi. Aujourd'hui le
délaissement ne peut être arbitrairement refusé; la
portion délaissée doit être vendue, et les autres pos-
sesseurs ne sont tenus hypothécairement que de ce
qui reste de la dette,déduction faite du prix d'adju-
5
dication de la portion délaissée car du droit qu'a
chaque possesseur particulier de se libérer par le dé-
laissement (nos 150 et 151), il découle nécessaire-
ment la conséquence qu'en ce cas le créancier est
;
forcé à recevoir en partie le paiement de sa créance
d'où il suit ultérieurement qu'il ne peut plus exiger
des co débiteurs le paiement de la dette entière.
177. Pothier fait observer que le créancier peut
quelquefois refuser même le déguerpissement de tout
l'héritage, mais que cependant le déguerpissement
fait cesser la rente. Aujourd'hui il ne peut être ques-
tion d'un refus de délaissement.
y
178. Lorsqu'il a plusieurs créanciers de la rente
auxquels le déguerpissement est fait, et qu'ils l'ac-
ceptent tous, chacun d'eux rentre dans l'héritage pour
la même portion qu'il a dans la rente. Si quelqu'un
d'eux refuse, sa portion accroît, pour les mêmes por-
tions, à ceux qui l'acceptent. — Aujourd'hui le bien
délaisse doit être vendu, et plus tard les créanciers
pourront se régler amiablement entre eux sur là dis-
tribution du prix, ou faire procéder en justice à
l'ordre (art. 749 et 750 du Code de procédure).
179.Suivant Pothier, lorsque l'héritage est
chargé de plusieurs rentes, et que le déguerpissement
se fait sur la poursuite du créancier de l'une de ces
rentes, ce créancier est préféré pour rentrer dans
Si c'était sur la poursuite de plusieurs créanciers ,
l'héritage déguerpi, en se chargeant des autres rentes.

celui dont la rente serait la plus ancienne devait être


préféré. — Aujourd'hui le prix est distribué suivant
le rang des privilèges et hypothèques.
180. Si le déguerpissement se fait volontairement
aux créanciers de plusieurs rentes, dont l'héritage
est chargé, le créancier de la plus ancienne rente
doit être préféré, à moins que celui de la dernière
ne veuille entrer dans l'héritage et continuer les au-
tres rentes. — Ceci n'a également-plus d'application
auj ourd'hui.
§ m. Si le délaissement(ledéguerpissement) a l'effet
d'opérer la résolution des droits de servitudes ou
d'hypothéqués que les tiers-détenteurs, le preneur
ou ses successeurs ont, depuis le contrat a rente,ac-.
cordés à des tiers sur l'héritage délaissé (déguerpi).

181.Pothiererpose que le déguerpissement


n'avait point cet effet, par la raison qu'il ne formait
?
pas une résolution ex tune mais ex nunc. Nous avons
vu également, au n° 168, qu'aujourd'hui le délais-
sement n'éteint point les hypothèques que le tiers-
détenteur avait accordées à des tiers sur l'héritage

,
délaissé. Quant aux servitudes imposées par lui au
profit de tiers il semblerait au premier moment
qu'elles ne-ponrraient plus être exercées après le dé-
laissement, parce que la loi ne les maintient pas ex-
pressémènt, et qu'elles causent du préjudice aux
créanciers, en diminuant la valeur de l'immeuble,
inconvénient qui n'existe pas quant aux hypothèques
créées par le détenteur. Cependant, en se tenant au
principe que le délaissement ne résout la propriété
du détenteur que pour l'avenir, à la différence du
pacte commîssoire qui emporte une résolution du
contrat primitif (1), il faut nécessairement décider
que ces servitudes Continuent d'exister après le dé-
laissement. Si elles diminuent la valeur du fonds,
le terme générique de détérioration, employé dans

(1) Voyez n* 167.


l'article 2175,autorise les créanciers à intenter à
cet égard l'action en indemnité contre le détenteur
qui a fait le délaissement. De cette manière, l'intérêt
du tiers à qui la servitude a été concédée, et celui
des créanciers se trouvent à couvert l'un et l'autre.
182. Pothier fait observer que si les personnes à
qui appartiennent les droits de servitude concédés
par le déguerpissant font assigner le bailleur pour
voir souffrir ces servitudes, il pourra offrir de leur
abandonner l'héritage pour leurs droits de servitude,
y
à charge par eux de s'obliger à la rente et que, faute
par eux d'accepter cette offre, ils doivent être dé-
5
boutés car, dit l'auteur, le preneur et ses successeurs
n'ayant de droit que dans ce que l'héritage pourrait
valoir plus que la rente, ils ne peuvent accorder des
droits que dans cette plus-value.—Aujourd'hui
cette exception ne saurait être opposée aux conces-

,
sionnaires. Le détenteur avait la propriété qeJ'im-
meuble et il pouvait par conséquept la charger
valablement de servitudes; les concessionnaires
n'étaient pas obligés de s'informer de la. situation
hypothécaire du détenteur, parce que le d^roi^t 4e
concéder une servitude sur l'immeuble, dépend uni-
quement de celui de propriété, et non de la circons-
tance que l'immeuble soit franc et quitte de privilèges
et hypothèques. Donc on ne pourrait charger les
concessionnaires d'une alternative qui n'a aucune
connexité avec leurs droits, et qu'ils n'ont pas été
obligés de prévoir lors de leur contrat.
183. Pareillemént, dit Pothier, sur la demande
des créanciers hypothécaires postérieurs au bail,
celui à qui l'héritage a été déguerpi peut, en offrant
k
de leur délaisser, exiger d'eux qu'ils se chargent
de le faire vendre, à la charge de la rente; et, faute
d'accepter cette offre, ils doivent être déboutés. —
Aujourd'hui cette question ne saurait se présenter en
matière de délaissement, parce que l'immeuble doit
être vendu au profit de tous les créanciers.
184. Si, continue l'auteur, sur la demande d'un
créancier hypothécaire, celui à qui l'héritage a été
déguerpi jugeait à propos de le retenir, et de payer
pour cela la cause de l'hypothèque, aurait-il recours
en garantie contre celui qui a fait le déguerpisse-
ment? Oui, si ce dernier était personnellement tenu
de la dette5non, dans le cas contraire*-— Aujourd'hui
cette question ne peut également pas se présenter,
par le motif indiqué au numéroprécédent.

ARTICLE VIII.

Des clauses qui empêchent le délaissement (deguerpiasement).

185. Nous avons déjà fait observer qu'autrefois


le preneur et ses héritiersn'étaient pas tenus person-

;
nellement au service de la rente, mais seulement tant
qu'ils possédaient l'héritage de sorte qu'ils étaient
admis au déguerpissement. Il y avait exception
lorsque, par une clause du bail, le preneur avait
renoncé à cette faculté. Nous avons vu, aux nos al,
54 et 55 ci-dessus, que les anciennes clauses de
fournir et faire valoir la rente, de la payer à perpé-
tuité, ou d'améliorer tellement l'héritage qu'il puisse
toujours valoir la rente et plus, renferment cette
renonciation.
186. Lorsque, dit Pothier, un héritage a été
donné à bail à rente d'une certaine somme, avec la
clause que l'acquéreur la paierait à un tiers en acquit
du bailleur, qui devait à ce tiers une rente d'une pa-
reille somme, et s'il est ajouté que le preneur s'oblige
d'en acquitter et indemniser le bailleur, le preneur
est censé avoir contractéune obligation personnelle.
187. Il n'en est pas de même, suivant l'auteur,
des clauses par lesquelles il est simplement dit que
le preneur s'oblige à payer la rente tant qu'elle aura
cours, ou que le preneur y a obligé tous ses biens (i),
ou enfin de la clause d'entretenir l'héritage de ma-
nière que la rente soit facilement payée.
188. La clause par laquelle le preneur s'est obligé
de faire une certaine amélioration à l'héritage, l'em-
pêche de déguerpir jusqu'à ce qu'il se soit acquitté
de cette obligation.
189. Toutes ces clauses ne privent de la faculté
de déguerpir que lepreneur et ses héritiers;elles ne
peuvent être opposées à un tiers-détenteurqui, n'ayant
à
succédé au preneur de l'héritagequ titre singulier,
n'est point tenu de ses obligations personnelles, quand

;
même il aurait expressément acquis à la charge de
la rente il n'y a d'exception que lorsqu'il a promis
d'acquitter le preneur des obligationsportées au bail
a rente

(1) La cour de cassation a décidé en sens contraire. Voyez


n°54-
189. a. Obsemation générale sur cet article. —
Aujourd'hui l'acquéreur à rente et ses héritiers étant
de droit tenus personnellement an service de la rente,
il n'est pas besoin de stipuler cette obligation direc-
tement ou indirectement dans le contrat à rente de
même ils ne peuvent être admis au délaissement.
;
Cette faculté n'appartient qu'au tiers-détenteur qui
ne s'est pas chargé de la rente.

SECTION III.

llcs différentes manières dont Jes rentes foncières s'éteignent.

Dans les sections précédentes, nous avons traité


de l'extinction des rentes foncières par la rescision,
par la simple résolution du contrat et par le délais-
sement; elles s'éteignent aussi, dit Pothicr, par la
destruction de l'héritage qui en est chargé, et de
plusieurs autres manières.

i- De la destruction deVhéritage chargé de la rente.


190. Avant les nouvelles lois, la destruction de
l'héritage, survenue par force majeure, devait em-
porter llextinction de la rente. L'héritage était le
débiteur principal de la rente; le détenteur était
considéré comme ne s'étant obligé à payer la rente
qu'à cause de l'héritage qui en était chargé, et tant
qu'il le posséderait. Aujourd'hui la destructiontic
l'héritage ne peut opérer l'extinction de la rente
l'acquéreur et ses héritiers en sont les débiteurs prin-
;
cipaux : l'héritage n'y est obligé qu'accessoirement..
Par la destruction, le créancier ne perd que ses
droits sur l'immeuble ou la garantie de sa créance;
le débiteur personnel est tenu de continuer le ser-
vice de la rente, laquellereste foncière, selon son
origine (1)3 le simple tiers-détenteur seul se trouve
libéré, parce qu'il n'était obligé que par l'effet de la
détention.
190. a. Si la maison grevée de rente foncière, et
périe par une incendie, était assurée, le privilége de
la rente continuerait-t-il sur la somme à payer par les
assureurs? — Nous croyons que non, et que cette
somme doit être distribuée entre tous les créanciers
au marc le franc de leurs créances
Les causes de préférenceétant des exceptions au

-
(i) Voyez ci-dessus n° 64 et DI).114. M. Toullier (t. vu,
n° 478), tout en admettant qu'aujourd'hui la destruction de
l'héritage ne peut éteindre la rente, parce qu'elle n'affecte

;
plus l'héritage qu'à titre d'hypothèque, soutient qu'il en est
autrement quant aux anciennes rentes «à leur égard, dit-il,
l'extinction de la rente par la destruction totale de l'héritage
est une condition résolutoire sous-entendue dans ce contrat.;
et si, ainsi que le reconnaît l'arrêt"de cassation, du 11 octobre
1'814(S. i8i5, i, ,
Ill?)' les droits résultant de la nature dn
bail à rente, tels que celui d'exercer le pacte commissoire
n'ont point changé pour le bailleur, les droits du preneur
n'ont également pu souffrir de diminution. » Cependant ces
argumens tombent devant le principe que la nature des deux
espèces de rentes est absolument la même, et qu'il n'y a au-
cune analogie entre le pacte commissoire et l'extinct-ion^de la
rente par la destruction de l'héritage.
droit commun (art. 2093 et 2094 du Code civil),

;
elles sont de droit strict, et elles doivent être res-
treintes dans leurs termes le juge ne pourra, par
des motifs d'analogie, et parce que la somme assurée
semble représenter le bâtiment, l'adjuger aux créan-
ciers qui avaient privilége ou hypothèque sur cet
immeuble.Aussi la prétendue analogie n'existe point :
le créancier privilégié ou hypothécaire a un droit de
préférence sur le prix de l'immeuble (article 2093);
mais la sommeassuréen est pas ce prix.Le propriétaire
de l'immeuble n'a pas passé avec l'assureur un con-
trat de vente, contrat commutatif(article 1104), où
:
le prix forme l'équivalent de la chose et la représente
le contrat d'assurance est purement aléatoire (ibid.)$
le propriétaire s'engage à payer annuellement la
prime stipulée; et, suivant la seconde partie de Par-
ticle 1104, l'équivalent de cette prime c'est la chance
du gain qui peut advenir au propriétaire par l'évé
vement incertain de l'incendie. Les parties ne sont

;
pas convenues d'un prix ou d'un équivalent de la
chose or, aux termes de la première partie de l'ar-
y
ticle cité, cette stipulation,. seule pourrait établir
une analogie entre la somme assurée et le prix de
vente, ou autoriser à dire que cette somme représente
le bâtiment. Dans la réalité, elle n'a aucun rapport
avec le bâtiment, si ce n'est le rapport purement
accidentel, que le montant en est calqué sur la valeur
du bâtiment. Enfin, le créancier privilégié ou hypo-
thécaire ne peut même invoquer de prétendus motifs
d'équité; car 'les primes dont la somme assurée est
l'équivalent, ont été payées par cette partie de la-
fortune du débiteur, qui n'était pas hypothéquée,
mais qui formait le gage commun de tous les créan-
ciers : il est donc de toute justice que l'équivalent
soit distribué par contribution (1).
Dans cette distribution, le créancier de la rente
ne peut être colloqué pour le capital du r-achal; ce
capital n'étant pas exigible, le créancier ne saurait

:
exiger que la continuation de la rente et la colloca-
tion des arrérages échus sauf le cas d'exception qui
fait l'objet du numéro suivant.
191. Pothier fait observer que la destruction de
l'héritage n'éteint la rente qu'autant qu'elle arrive
par une force majeure; si elle arrivait par le fait ou
la faute de l'acquéreur, ou de quelqu'un de ses suc-

mages-intérêts ,
cesseurs à l'héritage, celui-ci doit, par forme de dom-
être tenu de continuer la rente. —
Aujourd'hui, dans ce cas, le débiteur personnel est
d'abord tenu de continuer la rente, par suite de son
obligation, d'un autre côté, de même que le sirpplo
tiers-détenteur, il pourra y être condamné suivant

- (1) C'est aussi l'avis de M. Quenault, Traité des assurances


terrestres, nOS 309,3io, 3i1, 312,3i3 et 314; et de MM.
Grün et Joliat, auteurs d'un Traité sur la même matière,
nos 109 et 110.
On trouve l'opinion contraire émise eu passant dans les
considérans d'un arrêt de la cour de Colmar, du 25 août 1826
(S. 1828, 11, 1'7), rendu sur une contestation entre le proprié-
taire et l'usufruitier d'une maison assurée et incendiée. « Le
:
prix de l'assurance, y est-il dit, représente l'immeuble assuré
comme Lui, il est le gage des créanciers hypothécaires. »
les principes énoncés aux articles 1382 et 1383 du
Code. — En outre, l'une et l'autre de ces deux classes
de débiteurs peuvent être condamnées à fournir au
créancier une autre sûreté de la rente, ou à lui payer

,
le capital du rachat. Il ne s'agit pas, dans le cas sup-
posé des droits et actions ordinaires que le créancier
5
de la rente est autorisé àexercer il s'agit d'une action

;
extraordinaire fondée sur les articles ci-dessus cités,
ainsi que sur l'article 1134 du Code et il faut uni-
quement s'attacher à ces dernières dispositions.
L'article 1582 porte que :« Celui qui cause à au-
trui un dommage, doit le réparer.» Or, avant la
destruction de l'héritage,lecréancier possédait une
garantie immobilière de l'obligation personnelle, et
cette garantie a été détruite; donc, pour réparer son
dommage, il faut lui rendre une garantie équiva-
lente. La condamnation de fournir cette garantie
forme une obligation de faire, qui se résout en
dommages-intérêts en cas d'inexécution (art. 1142),
quia perrerum naturam nemo potest cogi ad factum;
ces nouveaux dommages-intérêts ne peuvent consister
que dans la condamnation au paiement du capital du
rachat, puisque c'est pour sûreté de ce capital que
la garantie a dû être fournie, et que l'équivalent de
cette garantie n'est autre que le capital même. Il
faudra donc ajouter à la condamnation principale de
fournir la sûreté, la condamnation éventuelle de
payer le capital, au cas où,dans un délai déterminé,
le débiteur n'aurait pas satisfait à la disposition prin-
cipale de la sentence.
Quant à l'article 1134 , nous avons exposé, an
n° 42, les argumens que le créancier peut invoquer
dans tous les cas où le débiteur ne satisfait pas à
l'obligation d'exécuter le contrat de bonne foi, et
cette obligation comprend évidemment celle de ne
pas détruire l'immeuble arrenté. L'action extraordi-
naire que le juge accorde, pour la répression de cette
mauvaise foi, doit renfermer la réparation pleine et
entière du tort fait au créancier, et cette action doit
donc avoir les mêmes résultats que ceux que nous
venons de déduire des articles 1582 et 1385.
192. Pothierremarque qu'iln'y a lieu à extinction
de la rente qu'autant que la destruction de l'im-
meuble est totale. Dans le cas contraire la rente y
entière continue aujourd'hui de subsister hypothé-
cairement sur les restes de l'héritage (article 2114) -
Voyez n° 114.
195. Enfin, selon notre auteur, lorsque le contrat
porte la clause de fournir et faire valoir la rente ,
ou celle de payer la rente à toujours ou à perpétuité,
ou d'autres clauses semblables, la destruction totale
de l'héritage n'éteindra pas l'obligation de servir la
rente ( i ). Autrefois la rente, dans cette circonstance,

(i) L'arrêt de rejet, du n frimaire an IX (Questions de droit,

;
Va Rente foncière, S 6}, dont nous avons déjà parlé au n° 54,
renferme l'exemple d'une clause semblable c'est celle où le
preneur a obligé tous ses biens présens et à venir au paiement
de la rente. On peut encore voir à ce sujet le Répertoire, Vo
Déguerpissement, S 5, n° 6. — Dans l'espèce de l'arrêt cité,

;
l'acquéreur à rente avait, avant la révolution, vendu l'im-
meuble à un tiers avec la charge le nouvel acquéreur ayant
j
n'était plus foncière, mais personnelle cependant
elle différait beaucoup d'une rente constituée à prix
d'argent, en ce qu'elle n'était pas raclietable.

§ 11. De plusieurs autres manières dont s'éteignent les


rentes foncières.

PBKMlkRE SUBDIVISION.

Du rachat.

194.Aujourd'hui, la principale manière d'éteindre


les rentes foncières, est le rachat. Nous en avons
déjà parlé, en passant, aux n" 25 et suivans, et aux
n" 79. a. et suivans; mais c'est ici le lieu d'entrer
dans les détails que la nouvelle législation rend né-
cessaires.
194. a. La rente annuelle est l'équivalent des re.

été déporté, ses biens furent confisqués et vendus. A l'appui

par la
:
du pourvoi contre l'arrêt qui avait condamné l'acquéreur pri-
mitif à la continuation de la rente, il disait, entre autres a Si,
clause du bail, je me suis engagé personnellement à

;
payer la rente, le créancier s'est aussi, de son côté, engagé
personnellement à me faire jouir du fonds et puisque une force
majeure l'a délié de son engagement, pourquoi cette même
force majeure ne m'aurait-elle pas également délié du mien?»
Mais ort répondait avec succès qu'il ne pourrait y avoir de re-
cours contre le créancier qu'autant que l'acquéreur aurait été
évincé pour une cause préexistante au contrat à rente, tandis
que, dans l'espèce, l'éviction procédait du fait de l'acquéreur
lui-même, n'ayant eu lieu que par suite de la revente de l'im-
meuble faite par lui.
venus de l'immeuble. Le capital du rachat est le prix

;
de l'immeuble même (voyez n° 12). Le paiement de
ce prix est facultatif pour le débiteur moyennant
ce paiement, il peut se libérer de toute obligation
personnelle et hypothécaire relative à la rente.
Nous avons vu, aux §§ 5 et 7 du Chapitre préli-
minaire, que les lois de 1789 et 1790 ont établi,
en France, le principe du rachat à l'égard de toutes
les rentes foncières qui existaient au moment où ces
lois ontété rendues (î) ; et que l'article 550 du Code
civil, en répétant ce principe, n'a fait que renouveler
la législation existante5 enfin, que la faculté du ra-
chat est de l'essence de toutes les rentes foncières qui

(1) Le mêmeeffet a été produit, dans les dépnrtemcns de la


rive gauche du Rhin, par la publication du règlement du com-
missairegénéral du gouvernement, en date du 6 germinal
an vi (26" mars 1798), comprenant l'article 6 de la loi du 4
août, 21 septembre, 3 novembre 1789, l'article 1 du titre 5
de la loi du 15, 28 mars 1790, et l'art. 8 de celle du a5, 28
août 1792. Dans ce règlement, les deux derniers articles doi-
vent être regardés comme ne concernant que les rentes pure-
ment foncières, parce que toutes les autres avaient été sup-
primées par la loi du 17 juillet 1793, publiée par le même
règlement. Cependant, dans ces départemens, l'exercice du
rachat s'est trouvé de fait suspendu jusqu'à la publication de
la loi du 18, 29 décembre J790, qui règle le, mode de cet
exercice. Cette publication, qui a eu lieu seulement par dé-
cretdu 17 thermidor an XII (5 août 1804), ne comprend que
les titres 1, 2 et 3 de la loi; les autres dispositions ont été
omises, probablement par le motif qu'elles semblaient avoir
été abolies ou rendues superflues par la loi du Il brumaire
an VII, et par le Code civil, qui avaient déjà été publiés.
existent aujourd'hui, qu'elles aient été créées avant
1789 ou depuis (1).
Les lois de 1789 et 1790 ont évidemment un
effet rétroactif, en ce qu'elles n'ont pour obj et que
les rentes établies antérieurement à leur publication.
Le texte des articles transcrits au Chapitre prélimi-

j
naire prouve déjà qu'il en est ainsi, et le reste du
texte confirme partout cette assertion les articles2,

exemple , 9
3, 4,5, et 10 du tit. 5 de la loi de 1790, par
ne peuvent se rapporter qu'aux rentes
existantes avant la loi. Le grand but du législateur
d'alors, c'était d'affranchir les fonds des charges dont
ils-étaient grevés; parmi ces charges, on comptait
principalement les rentes foncières telles qu'elles
existaient alors; le législateur devait donc adopter
une mesure tendant à faire disparaître ces rentes.(2)S
comme on ne voulait pa& les abolir entièrement, il
fallait du moins changer ou modifier leur nature,

(1) Le principe du rachat des rentes foncières est si intime-


ment lié à celui de la liberté du sol français, qui forme l'an
des fondemens de notre législation (voyez l'article 1 de la loi
des 28 septembre, 6 octobre 1791, et la note suivante), que
cette législation prendrait un caractère distinct dans un pays
où le principe du rachat n'existerait pas. C'est pourquoi ce
principe a toujours été proclamé dès le premier moment de la

;
réunion d'un pays. Nous avons déjà parlé, dans la note précé-
dente, des départemens de la rive gauche du Rhin quant aux

;
départemens anséatiques, on trouve ce principe dans l'art. 46
du décret du 9 décembre 1811 et quant aux départemens de
Rome et du Trasimène, dans les articles 8, 9 et i3 du décret
du 1er mars 1813.
(2) La preuve officielle de cette observation se trouve,enU?tt
de telle manière qu'elles ne formassent plus une
charge de la propriété 5
et c'est ce qui a été fait
par les lois de 1789 et 1790. Le changement et
la modification devaient atteindre précisément les
rentes créées antérieurement à ces lois : le but du
législateur ne pouvait être rempli, si les lois ne
s'étaient appliquées qu'aux rentes àétablir postérieu-
rement, puisque, dans ce cas, l'ancienne charge aurait
continué de subsister.
Une ancienne règle de convenance législative porte
5
que la loi n'a pas d'effet rétroactif mais la loi ro-
maine, L. 7. Cod. de legibusy qui pose cette règle,
ajoute qu'il est cependant au pouvoir du législateur
d'ordonner que la loi étende son empire même sur le
passé. L'assemblée constituante a appliqué cette ex-
ception dans ses lois de 1789 et 1790 (1).Aujour-
d'hui l'article 2 du Code civil renouvelle ex pressé-

autres, dans le préambuledelà loi du 20 août 179a; il est ainsi


conçu: « L'assemblée nationale, considérant que
l'affranchis-
sement des propriétés, en assurant l'indépendance absolue des
citoyens, peut seule leur procurer la jouissance pleine et en-
tière de la liberté que la constitution de l'empire leur a rendue ;
que cet affranchissement n'est pas moins impérieusement
commandé par l'intérêt précieux de l'agriculture, dont une
multitude de droits onéreux arrêtent depuis Jong-temps les

ruineux pour les habitans des campagnes ;


progrès et font naître une foule de contestations et de procès
considérant qu'il
est deson devoir de hâter le moment de cet affranchissement
général, en facilitant le rachat des.prestations foncières,ctc.>
(1) Répertoire, V° Effet rétroactif, sect. 1 «'ta (t. 16, p.21b),_
etVoLoi, 5 9.
mentl'anciennerègle, mais seulement pour 1avenir.
ai.si que nous l'expliquerons au numéro suivant. -

Il n'entrait pas dams le plan des législateurs4e


1789 et 1790 de régler le sort des rentes foncières
qui seraient créées à l'avenir; ils s'étaient peut-être
persuadés que les particuliers n'accepteraient plus
l'acquisition d'une propriété grevée d'une charge
quelconque, quelque légère qu'elle fût, (et la rente
ne laissait pas d'être une charge,malgré l'établisse-
ment de la faculté du rachat); ils pouvaient croire
qu'il suffisait, à cet égard, dé porter la prohibition
contenue à l'articleIe* de la loi de 1790 : « De
créer, à l'avenir, aucune redevance foncière noa
-

remboursable. » Quoi qu'il en soit, il est certain que


le texte ne parle aucunement des rentes à établir, a

que-des dispositions de l'article 5 du titre4 ;


la seule exception de la prohibition ci-dessus, ainsi

suivant l'adage, exceptîo firmatrégulant in casu non


et

excepto, il en résulte la confirmation de notre asser-


tion, que la loi de 1790 n'a pour objet que les
rentes existantes avant sa publication.
194.b. Depuis la promulgation du Code civil, on
a prétendu faire une distinction entre la nature des
rentes créées antérieurement au Code, et celle des
rentes établies postérieurement. On a dit que l'ar-
ticle 530 du Code ne s'applique pas aux rentes anté-
rieures, à cause du principe consignédans l'article 2
de cette loi; on s'est étayé de ladiscussion qui a pré-
cédé l'article 530 (t), dans laquelle il a été dit que

1
(i) Voyez le Chapitre prélimInaire, 5 7.
la loi de 1790 avait été dictée par l'intention
«
;
d'anéantir les privilégiés et les grands propriétaires
que, par ces moyens, l'assemblée constituante s'était
attachée le tiers-état, et que cette loi était consé-
quemment une loi de circonstance. » D'où l'on a
conclu que la loi devait être interprétée restrictive-
ment, et qu'il n'y avait rien de changé aux anciennes
rentes que ce qui se trouve littéralement exprimé
dans la loi de 1790. Ce système est erroné.

A la vérité, l'art. 550 n'a point d'effet rétroactif
3
aux rentes créées avant le Code mais il n'est pas
nécessaire d'invoquer cet article pour déterminer la
nature actuelle des rentes antérieures. Les lois de
i i789et 790 y ont pourvu, en donnant à ces rentes,
ainsi que nous l'avons vu au Chapitre préliminaire,
la même nature qu'ont celles créées depuis le Code.
Quant à la discussion de l'article 550, il ne faut pas
considérer isolément certaines paroles échappées aux
membres du conseil d'Etat qui soutenaient l'avis,
contraire à celui qui a été adopté; il faut s'attacher
au résultat et au sentiment des orateurs qui l'ont
emporté; ou, si l'on veut, à la contexture entière du.
procès-verbal. Or il est facile de voir qu'il ne s'agisï
sait pas de déterminer la nature des rentes créées
antérieurement à la loi de 1790, ou de fixer le sens
de cette loi3 on n'en a parlé que sous le point de vue
historique. La question était uniquement celle de
?
savoir si les rentes foncières irrachetables telles
qu'elles existaient avant 1789, seraient ou non ré-
tablies pour l'avenir; et cette proposition a été re-
jetée (1). Aussi une jurisprudence constante l'a re-

;
connu, que le texte de la loi de 1790 n'admet point
d'interprétation restrictive que cette loi pose des
principes, et que les anciennes rentes doivent subir
toutes les conséquences de ces principes (2).
La discussion de l'article 550 a encore donné oc-
casion à une autre erreur, qui a été partagée par
Hl. Jourdan, dans une dissertation sur les suites et
conséquences de l'art. a50 (3)5 elle consiste, à sou-
tenir qu'il n'existe plus de différence entre les rentes

:
reconnues par l'article 530y et celles qui font l'objet
de l'article1909. L'auteur s'exprime ainsi « Je ne

:
connais aucune différence entre les deux espèces de
rentes il n'y a plus de rentes foncières 5
le Code
n'admet désormais que des rentes constituées, dont

(1) C'est aussi l'opinion de M. Locré, Législation civile, etc.,


t. 8, p. 78.- Aux expressions positives que contiennent à cet
égard les procès-verbaux du conseil d'Etat (M. Locré, ibid.,
et p. 94), on peut encore ajouter l'autorité de l'orateur du
gouvernement, M. Portalis :« Nous réparons, dit-il, une
omission importante. On avait oublié de régler le sort des
rentes foncières. Cesrentes seront-elles rachetables, ou ne le

:
seront-elles pas? La question avait été vivement controversée
dans ces derniers temps il était nécessaire de la décider _(sui-
ventJesmoyens pour et contre).!. Nous eussions cru choquer
l'espritgénéral de la nation, sansaucun retour d'utilité réelle,
en rétablissant les rentes non rachetables. (M.Locré,ibid,,
p. 97. S. 1807, 11, 60a). Voyez encore le discours du tribun.
Jaubert. (M. Locré, p'. qql.
(3) Voyez, entre autres, l'arrêt de cassation, du 8 tirov. 1834.
(S.1835,1,1).
(3) Thèmis, t. v, p. 3a1 et suiv.
les unes ont pour cause la cession d'un fonds, et les
autres l'aliénationd'un capital mobilier; le Code a

;
rejeté de la législation les rentes foncières. (Note :
:
Voyez la discussion au conseil d'Etat le § 5 porte
en toutes lettres Le conseil rejette la proposition de
rétablir les rentes foncières); il n'avoue et ne recon-
naît que des rentes constituées, soumises aux mêmes
lois, etc.» — Nous nous bornerons à observer que,
dans la discussion, il ne s'agissait nullement de la
question de savoir si les rentes foncières en général
seraient ou non maintenues à l'avenir; mais seule-
ment de celle de savoir s'il convenait de rétablir les
rentes foncières irrachetables; et
quoique la décision
n'ajoute pas le mot irrachetables, la contexture du
procès-verbal ne laisse aucun doute à cet égard(1).
Nous avons indiqué, au n° 21, les différences qui
;
existent entre les deux classes de rentes et c'est un
point également reconnu par la jurisprudence (2).
194. c. En parcourant le texte des lois rendues
successivementsur cette matière, nous commencerons

(1) Voyez la note


J
1 à
t.-, tt n M. 'f '-
la page précédente. Sur la proposition
n..

du tribunat, le conseil d'Etat a même supprimé, à la séance


du 17 mars 1804 * les mots moyennant un capital en argent,

97).,
placés dansla rédaction primitive de l'article55o, première
1
ligne, .apatfes le mot ptrpétaité La présence de la première la..
cution, da»sl'articlequi traite des rentei;:foncières, les aurait
troprapprochées des rentes constituées (M.Locré, ihid.,p.9°
et if i.
à
#1

(2).yoyez, entre autres, l'arrêtderejet, du mars lbl7-


1, 71)9 et celui de la cour de Caen, du i3mars
(S. 1818,
1815. (S. 1816,11,587). > ww. i
par répéter que l'article 6 de la loi de 1781^ ne fait
que poser les principes généraux qui se reti ouvenl
c
dans l'article Ier de la loi de 1790 : c'est don cette
seconde loi que nous allons analyser. Elle e. xpose
d'abord les principes, et de là elle passe au movie et
au taux du rachat.
L'article 1" du titre 1er déclare que toutes les
rentes foncières perpétuelles sont rachetables, qu'ellv®s
soient payables en nature ou en argent, et de quelque *
espèce qu'elles soient, quelle que soit leur origine, à
quelques personnes qu'elles soient dues, et quelle
qu'en soit la dénomination.
Le mêmearticle contient la prohibition de créerà
l'avenir des rentes foncières non remboursables, dont
nous avons parlé au § 6 du Chapitre préliminaire;
il contient enfin la disposition relative aux baux à
rentes ou emphytéoses non perpétuels et aux baux à
vie, qui forme l'objet du n9 1. b. ci-dessus.
L'article 2 rend communes aux rentes établies
sous le titre de locaterie perpétuelle, toutes les dis-
positions de l'article 1er. Il faut ajouter qu'un décret
du 2 prairéal an 11 (21 mai1794), a déclaré les
mêmes dispositions applicables aux rentes de baux a
culture perpétuelle, qui, en d'autres termes, sont la
même chose que la locaterie perpétuelle (1).
Nous ferons observer que, suivant l'ensemble de
la loi, le rachat peut avoir lieu à tout moment où le
débiteur trouvera convenable de l'oflrir.

(1) Répertoire, V° Bail à culture perpétuelle.


1U d. L'article 1er du titre 2 de la loi traite d'a-
bord hA question de savoir à qui appartient le droit

Noufi
d'exercer le rachat, il dit que c'estau propriétaire.
ne croyons pas que ce mot puisse être pris dans
le s#»ns/restrictif, et exclure d'autres individus qui
auraient intérêt au rachat. Autrefois il n'y avait
d'autre débiteur de la rente que le propriétaire du
f 5
onds
pensée , et il est probable qu'on peut attribuer à cette
encore présente à l'un ou l'autre des rédac-
teurs de la loi, l'emploi du mot propriétaire dans

;
l'article cité.. Aussi ce n'est qu'en passaift que ce mot
se trouve employé le législateur n'y appuie pas; il
ne dispose pas formellement que ce n'est qu'au pro-
priétaire seul qu'il confère le droit d'exercer le ra-
chat3 enfin, dans d'autres articles, par exemple dans
l'article1er du titre 5, il se sert du terme débiteur
de la rentes dans un sens synonyme au mot proprié-
taire,emplo-ye" à l'article -1er.. Depuis le changement
que la permission du rachat a opéré dans la nature

; ;
des rentes, le propriétaire du fonds n'est pas toujours
le débiteur de la rente très-souvent ces deux qualités
peuvent se trouver séparées et le débiteur personnel
a sans doute le plus grand intérêt au rachat pour
faire cesser son obligation, tandis que le propriétaire
du fonds (tiers-détenteur) peut très-souvent n'y avoir
aucun intérêt, du moins pour le moment. Ajoutons
que le grand but du législateur d'alors a été d'affran-
chir les fonds des charges dont ils étaient gTévés
il entrait dans
;
système
que, par conséquent, son
d'accorder la plus grande latitude aux moyens qui
tendaient à cet affranchisiemeut, et que, parmi
ces moyens, se trouvait la faculté du rachat (i).
D'après cela, il n'est pas permis d e croire que le lé-
gislateur ait entendu borner à certaines personnes
l'exercice de cette faculté. Aussi les lois qui consa-
crent le principe du rachat, l'art., 6 de celle de 1789,
l'art. 1er de celle de 1790, ef, enfin l'art. 550 du
Code, sont conçues in rem et non in personam : il
faut donc interpréter ces lois de manière à admettre
le rachat dans tous les cas où il tend à affranchir le
fonds5 et ainsi le rachat peuit être exercé par toute
a
personne ayant intérêt à cet Affranchissement, qu'elle
soit le propriétaire de l'imm euble ou simplement un
débiteur personnel de la rente (2).
La faculté de rachat appartientdemême aux hé-

yi) Voyez n°194. a.


(2) Nous avons vu donner au mot redevable, employé plu-
sieurs fois dans la loi de 1791 une signification analogue à
,
celle qui, contre notre sentiment, a dû être attribuée au mot
propriétaire, de l'article 1er. On s'est étayé de la définition du
mot redevable, contenue au Dictionnaire de l'Académie, pour
en conclure que ce mot désignait uniquement le détenteur du
fonds, et qu'ainsi les articles dans lesquels la loi parlait d'un
redevable (tit. 2, art. 2, tit. 5, art. Il et 14), ne concernaient
que le détenteur, sans pouvoir s'appliquer aux autres débiteurs.
C'est une erreur. Les deux mots débiteur et redevable ont au-
jourd'hui, à l'égard des rentes foncières, un sens absolument
synonyme; les rédacteurs de la loi les ont employés indiffé-

« Il
;
remment pour ne pas se servir toujours du même mot, et la
définition de l'Académie autorise cet emploi elle porte que
(le mot redevable) se dit généralement de tout débiteur A
quelque titre que ce puisse être.. Seulement, parmi les exem-
ples, on allègue celui du tenancier d'une terre.
ritiers du débiteu r; car étant tenus pro rata au ser-
vice de la rente, chacun d'eux a intérêt à la rache-
ter, pour être dérhargé de son obligation.Voyez
n08 70, 71 et 72.
Enfin, il faut appliquer aujourd'hui l'observation
que fait Pothier au in0 72 : « Tous ceux même qui,
n'ayant aucun intérêt au rachat de la rente, offrent
ce rachat, non en leur nom et pour faire revivre la
?
rente mais au nom dut débiteur et pour l'en déchar-
ger, doivent y être reçus.
fondée aujourd'hui sur
» Cette observation est
la faveur
que la loi attache
au rachat, comme étant l'un des moyens de l'affran-
chissement des fonds (i).

f i -

(i) Lorsque le créancier d'une rente foncière, en la vendant


ou transférant à un tiers, se déclare garant du service de la
rente à faire par les redevables, peut-il par la suite être ad-
mis à racheter cette rente? D'après les principes exposés ci-
dessus, il faut répondre affirmativement, lorsque le rachat
sera fait au nom du débiteur pour l'affranchissement du fonds;
il faut répondre négativement, si le rachat n'a pour objet que
de libérer le garant de l'obligation contractée vis-à-vis le
cessionnaire : car la faculté du rachat n'a été accordée que
dans le premier des deux buts que nous venons d'indiquer.
a
La cour d'Agen résolu la question par cette même dis-

:
tinction, dans son arrêt du i" nivôse an XIII, et le pourvoi
contre cet arrêt a été rejeté par le motif CI qu'en déclarant
l'exposant non recevable à se soustraire à la demande en titre
nouvel, par des offres de rachat des rentes dont il n'était
point débiteur, l'arrêt n'a point contrevenu à la disposition de
(
l'article i" de la loi du 18, 29 décembre 1 790. Répertoire,
VO Rente foncière, S 2, art. i",n° 6).
Autre espèce analogue. Une rente foncière était la propriété
194. e. L'objet principal de l'art. 1er du titre 2 de
la loi de 1790, c'est la permission du rachat partiel :
« Tout propriétaire, porte-t-il, pourra racheter les
rentes et redevances foncières perpétuelles, à raison
d'un fonds particulier, encore qu'il se trouve posséder
plusieurs fonds grevés de pareilles rentes envers la
même personne. »Ainsi le possesseur de plusieurs
fonds situés dans la même commune et grevés d'une
rente au profit du même individu, comme aussi le
débiteur personnel de cette rente, peuvent faire le

indivise de six personnes. Cinq d'entre elles, prétendant être


autorisées à la vente par la sixième, avaient consenti le rachat
à une partie des redevables, et ils avaient vendu à un tiers le
;
reste de la rente elles avaient aussi touché le prix. Le sixième
copropriétaire obtint jugement contre ses consorts, qui déclara
nulle la prétendue autorisation de vendre; en conséquence,
il fit procéder judiciairement au partage dela rente en six lots,
et il poursuivit les redevables tombés dans son lot, à l'effet de
lui servir la rente. Les cinq consorts intervinrent et offrirent
le rachat de la partie de la rente composant le sixième lot.
Question de savoir si cette offre était recevable ? Consultés sur
cette question par le sixième copropriétaire, nous n'avons pas
hésité de répondre affirmativement, quant à la partie de la rente

;
dont les consorts avaient déjà consenti le rachat entier aux re-
devables mêmes car, à cet égard, le rachat offert tendait ouver-
tement à affranchir les fonds. Quant à la partie de la rente que

,
les consorts avaient vendue à un tiers, nous avons conseillé
d'accepter également l'offre dans les cas où les vendeurs
l'acquéreur et les redevables étaient tellement d'accord qu'on
,
,
pouvait craindre une collusion, les premiers pouvant déter-

,
miner ces derniers à faire en leur propre nom quoique avec
l'argent des vendeurs une nouvelle offre qu'il ne serait cer-
tainement pas possible de refuser.
rachat pour chacun de ces fonds séparément (1).

Ce principe ne souffre qu'une seule exception, con-
tenue dans la phrase finale du même article ter,c'est
lorsque les différens fonds, appartenant au même
«
propriétaire, sont tenus sous une rente ou redevance
foncière solidaire, auquel cas le rachat ne pourra être
divisé.)).
1D4. f. L'article 2 est relatif au cas où un seul
fonds grevé de rente est possédé par plusieursindi-

:
vidus sous Yengagement solidaire de servir la rente.
Il porte « Lorsqu'un fonds grevé de rente ou rede-
vance foncière perpétuelle sera possédé par plusieurs
copropriétaires, soit divisément, soit par indivis,
l'un d'eux ne pourra point racheter divisément ladite
rente au prorata de la portion dont il est tenu, si ce

,
n'est du consentement de celui auquel la redevance
sera due lequel pourta refuser lé remboursement
total, en renonçant à la solidarité vis-à-vis de tous les
çoobligés. »
Ces derniers mots prouvent, ainsi que
nous l'avons indiqué en tête du présent numéro, que,

(1) Il est-loisible aux différées débiteurs d'une rente fon-


cière, affectée sur plusieurs immeubles, de se réunir pour
demander en commun le rachat.Le créancier ne saurait écarter
çette action comme.non rçcevable; la réynion des deman-
deurs ne lui porte aucun préjudice, et elle ne le distrait point
des juges qui seraient compétens, si les demandes avaient été
intentées séparément, attendu que les contestations relatives
aux rentes sont, dans la règle, soumises uux tribunaux de

C'est la décision d'un arrêt de la cour de Cologne


avril1*825. (Journal des arrêts, t. 8,1, ao5).
,
première instance. (Voyez ci-dessus n" 102. d. et suivans).
du ^5
dans cet article, il s'agit du cas de solidarité. L'obli.
gatioa pouvait être solidaire soit par l'effet d'une
stipulation, soit de droit, d'après la loi 7. ff. de
publieanis et vecti!Jalibtts, dans les pays où cette loi
était reçue (r). Dans les autres provinces, les diffé-
rens possesseurs d'un même héritage arrenté n'étaient
pas de droit obligés solidairement, et Pothier ne parle
* nulle part de cette solidarité (2). L'art. 2 dutit. 2 de
la loi de 1790 n'est donc applicable qu'au cas où il y

(1) C'était la cas dans les quatre départemens de la rive


gavche du Rhin. La cour de Trèves avait, par arrêt du i3
août 1810, prononcé la condamnation solidaire contre tous
les héritiers d'un ancien emphytéote, quoique cette obligation
ne fût pas stipulée an contrat, « attendu que la solidarité résulte
de la nature de la rente,, d'après la loi 7. ff. de publieanis et
vectigalibus, et la doctrine deDumoulin, de dividuo et individuo,
part. 5, n° 565. » L'arrêt du 8 décembre 1^12, qui a rejeté le
pourToi, .prime ainsi a Que les demandeurs n'ont point
rempli ni demandé à remplir les conditions exigées par l'art, 4
de la loi du so août 1792; que,d'après la jurisprudence uni-
verselle du pays où se trouve enclavée la rente emphytéotique,

:
telle qu'elle se trouve attestée par la cour d'appel, la prestatioQ.
de ces sortes de rentes était indivisible d'otf il suitque les
débiteurs ont pu être légitimement condamnés au paiement
solid..*&descliteî rentes, quoique non expressément stipulé.
(Répertoire, Vo Rente foncière, S2, art. 2, n° 4. S. 1813,
1, 94). SJ.Mittermaier, S 153.a., soutient que l'opinion con-
traire forme la règle, quant aux rentes foncières d'origine alle-
mande.
(2) Voyez le Traité des obligations, nog 266 et 279, et ci-
dessus n08 »5o et 131. Il en était autrement des rentes consti-
tuées. Voyçz le Traité du contrat de constitution n° 189.
,
a solidarité établie de l'une des deux manières que
nous venons d'indiquer; dans les autres cas, la
question reste dans les termes du droit commun, et
il faut nécessairement admettre que chacun des co-
propriétaires peut racheter divisément la rente au
;
prorata de la portion dont il est tenu car, ainsi que
l'expose Pothier aux n" 150 et 151, le possesseur
partiel était reçu autrefois dans ce cas au déguerpis-
sement, qui, sans doute, ne jouissait pas, dans l'an-
cien droit, de la faveur attachée au rachat dans l'in-
tention des législateurs de 1790.
L'article dit que le créancier « pourra refuser le
remboursement total, en renonçant à la solidarité
»
vis-à-vis de tous les coobligés. Ces termes suppo-
sent le cas où l'un des débiteurs solidaires, pour se
libérer définitivement vis-à-vis d'un créancier qui a
refusé le rachat partiel, offre le remboursement de
la rente entière. Le créancier peut alors refuser éga-
lement le remboursement total; mais il doit, à cet

:
effet, renoncer à la solidarité vis-à-vis de tous les co-
obligés c'est la disposition de l'article. Il s'ensuit
que le créancier, par ce refus d'accepter le rembour-
sement total, fait rentrer les parties dans les termes
du droit commun, où il ne peut même plus refuser
le rachat partiel5c'est une peine dont la loi punit
son refus.
:
L'article finit par la disposition suivante « Mais,
quand le redevable aura fait le remboursement total,
il demeurera subrogé aux droits du créancier, pour

;
les exercer contre les codébiteurs, mais sans aucune
solidarité et chacun des autres codébiteurs pourra
racheter à volonté sa portion divisément. Cette »
disposition est conforme à l'ancien droit (i) et à l'ar-
ticle 1214 du Code civil.
194. g. Les articles 1 et 2 du titre 2 de la loi
de i790 (2), que nous venons d'analyser, ont été

dont nous allons transcrire les dispositions ,


modifiés par le titre 2 de la loi du 20 août 1792 (3),
en les
faisant suivre des obserVations, dont elles semblent
susceptibles (4).
194. h. Art. te1: « Toute solidarité pour le paie-
ment des cens, rentes, prestations et redevances, de
quelque nature qu'ils soient, et sous quelque déno-
mination qu'ils existent, est abolie sans indemnité,
même pour les arrérages échus5 en conséquence,
chacun des redevables sera libre de servir sa portion
de fente, sans qu'il puisse être contraint à payer celle
de ses codébiteurs.»
Le terme générique toute solidarité pour le paie-
mentdes.,, rentes comprend les deux cas prévus par
les articles 1 et 2 du titre 2 de la loi de 1790.

(1) Pothier, des Obligations, n° 281.


(2) L'article 16 du décret du,!" mars 1813 répète la dispo-
sitionde l'art. 1er, tit. a, de la loi de 1790, mais point celle
de l'art,a. Le décret du 9 décembre 1811 n'a répété ni l'une
ni l'autre de ces dispDsitions.
(3) Voyez M. Grenier, nos 177 et 178.
— Cette loi n'a pas
été publiée dans les départemens de la rive gauche du Rhin;

de ijtao.
il faut donc, dans ce pays, observer les articles cités de la loi

(4) Voyez ci-dessus, note au n° 194. a" le préambule de


cette loi.
le
Les mets pour paiement des. renies indiquent
que cet article est relatif au service annuel de la
rente. On trouve dans les Questions de droit, V"
Rente foncière, § S, n° 2, une espèce où il y avait
lieu a l'application de cette disposition.
L'article dit : Sous quelque dénomination qu'ils
existent. On voit par là que cette loi s'applique
aux rentes foncières qui existaient au moment de sa
publication. Cette observation sera développée au
numéro suivant.
194. i. Art. 2. « Les codébiteurs solidaires de
cens ou de redevances annuelles fixes, même de rentes
foncières perpétuelles irrachetablcs, ou devenues
telles par convention ou prescription, pourront ra-
cheter à l'avenir divisément, suivant ce qui est dé-
crété par les art. 1er et suivans du titre précédent(1),
leur portion contributive desdites redevances, rentes
et droits fixes, en se conformant à ce qui sera prescrit
par les articles suivans, sans que, sous prétexte de
la solidarité, ils puissent être contraints à rembourser
au-delà de leur quote part. »
Cet article est spécialement relatif au rachat, il
abroge les réserves contenues aux articles1er et 2
du titre 2 de la loi de 1790.
Nous avons déjà fait observer que les dispositions

(i) Ces dispositions ne dérogent pas à 18, 29 dé-


; la loi des
cembre 1790 elles ne font qu'accorder aux débiteurs des
rentes seigneuriales et des droits casuels, alors non encore
abolis (voyez p. 74, note), des facilités particulières pour le
rachat de ces redevances.
du titre 2 de la loi de 1792 ne sont relatives qu'aux
rentes créées avant cette loi. M. Merlin dit la même
chose au Répertoire, V" Rente foncière, § 2, art. 2,
n* q, de même que M. Grenier, n° 177, et le texte
le prouve à l'évidence (i). — La loi n'est pas appli-
cable aux rentes foncières établies depuis sa publica-
tion. M. Merlin, ibid., n° 2, dit que cela se sent
assez de soi-même. Il faut lire le préambule de cette
loi, transcrit au no 194. a. On voit qu'elle formait
un des moyens d'opérer plus facilement 1affranchis-
sement du sol français; or celui qui, après l'établis-
sement du principe de cet affranchissement, a acquis

,
une propriété nouvellement chargée de droits oné-
reux a lui-même contrarié ce principe, et il n'existe

;
aucune raison de venir à son secours par un moyen
extraordinaire c'est bien là le motif qui a déterminé
le législateur à ne pas étendre cette loi sur l'avenir.
Les rentes foncières créées aprèscette loi sont ré-
ffies, à l'égard de la solidarité, par les principes gé-
3
néraux du droit -celles qui datent d'une époque

;
postérieure à la promulgation du Code y sont sou-
mises sur ce point car le Code traitant la matière
des obligations solidaires, la loi de ventôse emporte,

(1) On avait prétendu que le titre 2 de cette loi ne s'appli-


quait pas aux rentes foncières, mais seulement aux rentes féo-
dales, ainsi que le cas se présente quant au titre il,.La cour
de cassation a cassé, le 6 octobre 1812, un arrêt de la- courdr
Poitiers, qui avait consacré cette prétention (Répcrt.. ibid.,
n° 3). En effet, le texte des articles 1 et a du titre 2 semble
assez positif I)our comprendre les rente? fonoirn.*
pour l'avenir, l'abrogation de la législation antérieure
sur cette matière. *
k.
194. Art. 5. « Ceux qui possèdent divisément
partie d'un fonds grevé solidairement d'un ou plu-
sieurs des droits mentionnés en l'article précédent,
seront obligés de vérifier, par reconnaissance ou
autres actes faits avec les possesseurs desdits droits,
ou leurs receveurs ou agens, la quotité dont ils sont
tenus dans la totalité des droits. Les quittances don-
nées par les possesseurs des droits, leurs receveurs
ou agens, et les collateurs des rôles et rentiers, ser-
viront également à constater la quotité des droits
solidaires qu'on voudra racheter, lorsque cette quotité
y sera déterminée.»
Cet article contient la première des formalités an-
noncées dans l'article 2.
t 94.1.Art. 4. « Les co débiteurs qui possèdent
indivisément unfonds grevé d'un ou plusieurs des
susdits droits, seront- tenus de faire préalablement
constater et vérifier à frais communs, et proportion-
nellement à la portion qui appartient à chacun dans
les fonds grevés, la quotité desdits droits solidaires,
à laquelle ils sont individuellement soumis, contra-
dictoirement avec le propriétaire desdits droits, ou
lui dûment appelé. Il en sera de mêmedescodébi-
teurs qui, quoique possédant divisément, ne pourront
point vérifier, de la manière prescrite par l'article
précédent, la quotité dont ils sont tenus dans la to-
talité des mêmes droits.»
Cet article prescrit les formalités que les codéten-
teurs d'un immeuble arrenté sont tenus de remplir,
aux termes de l'article 2. Ilsuit de la combinaison
des articles 2 et 4, que la rente continue d'être soli-
daire tant que les co détenteurs de l'immeuble arrenté
ne se sont pas conformés à l'article 4. La cour de
cassation l'a ainsi décidé, par arrêt de rejet du 8 dé-
cembre 1812 (i).
194. m. Art. 5. « Un seul pourra contraindreses
autres codébiteurs à concourir à la vérification exigée
par l'article précédent, dans les cas qui y sont prévus.
Cette vérification préalable, faite contradictoirement
ou sur défaut, ou arrêtée de gré à gré, servira à
chacun des autres codébiteurs,lorsqu'ils voudront,
par lasuite,affranchir leurs propriétés, sans qu'ils
soient tenus d'en faire une nouvelle.»
Ici finit la matière de la solidarité.
194. n. Le capital du rachat ou le prix de la chose
est déterminé, soit par convention des parties, soit
par la loi à défaut de convention. La loi des 18, 29
décembre 1790 contient des règles à ce sujet.
Les parties maîtresses de leurs droits sont libres de
traiter de gré à gré pour telle somme et sous telles con-
ditions qu'ils jugeront à propos (art. 5 du titre 2).
Les tuteurs, les grevés de substitutions, et les maris
pour les dots inaliénables des femmes, ne pourront li-
quider le rachat des rentes appartenant aux mineurs,
interdits, aux substitutions et aux femmes,qu'en la
forme et au taux légal prescrits par le titre 3 de la loi

- S-
(1) Répert. V,"Rentefoncière, §2.art.2, n" 4. S- 1813,
1? 95; et ci-dessus la note au n* 194. f.
(articles 4 et il
du titre 2)5 mais ils pourront pro-
cédera l'amiable, sans autorisation préalable et sans
avoir recours aux tribunaux (ibid.).
La capacité des personnes doit être jugée selon la
loi en vigueur au moment où l'acte a été passé(i).
Il faut donc examiner si les deux dispositions ci-
dessus peuvent encore être exécutées aujourd'hui
lors du rachat d'une ancienne rente. Cette question
se réduit à celle de savoir si le Code civil, en traitant
la matière de l'administration du tuteur, du grevé et
du mari, a abrogé ces deux dispositions, parce que,
dans le cas de l'affirmative, il faudra suivre, d'après
le principe que nous venons d'indiquer, les disposi-
tions du Code,même quant aux rentes anciennes.
Les rentes sont meubles (art. 529), le tuteur peut
exercer les actions mobilières des mineurs (art. 464),
et de l'interdit (art. 509) ; c'est seulement quant aux
immeubles que la loi a restreint, pour le tuteur, la
faculté d'en disposer (art. 457 et 464). Il en est de
même du grevé et du tuteur de la substitution (art.
1066, 1068 et 1075), et du mari pour les rentes
comprises dans la dot (article 1551). Il s'ensuit que
la limitation des pouvoirs, prononcée par la première
dès deux dispositions de la loi de 1790, ne subsiste
plus aujourd'hui(2), et que la liquidation sera va-
llable, quoiqu'elle n'ait pas eu lieu dans la forme -l

2
(1) Répertoire,Va Effet rétroactif, sect. 3,§ (t. 16. p .2^5).

; , >
(2) M. Toullier, t. 2 n° 1204 semble uiîbrasser 1opinion
,
contraire car il cite la disposition de la loi de >790 comnw
étant encore en vigueur.
au taux prescrits par la loi de 1790; la seconde dis-
position au contraire se retrouve, pour ainsi dire, dans
le Code (i).
à
:
La même question se présente relativement la
disposition de l'article 4, qui porte «Le redevable
qui ne voudra point .demeul'er garant du remploi,
pourra consigner le prix du rachat, lequel ne sera
délivré aux personnes qui sont assuj etties au remploi
qu'en vertu d'une ordonnance du juge. » Cette dis-
position ne s'accorde plus avec celles du Codecivil.
Le tuteur, le mari etle grevé, ayant le pouvoir de
toucher les créances du mineur, de la femme et de
la substitution, et par conséquent le capital du rachat
(art. 1066), ils libèrent valablement le débiteur (2) :
ce dernier n'est pas tenu de surveiller le remploi
le défaut de remploi ne peut entraînerqu'uneres-
;
ponsabilité de la part des administrateurs vis-à-vis
lesadministrés.
Les administrateurs des bieng des communes, des
établissemens publics, du domaine de l'Etat et de la
couronne, des apanages et des biens engagés, ne
pourront liquiderle rachat qu'en la forme etau taux
;
légal prescrits par letitre 3 la liquidation doit ep
outre être approuvéeparl'autoritésupérieure(arst.
1. , J.
(1)M. Toullier, ibid. Arrêt de la cour de Riom, dui3$yfil
1809. (8.181.2^11,288),

encore.
1-1
(2) M. DwantQnj t, 1I1,.n° 55i, à la note, soutient l'opinion
contraire, qui seiqble également être partagéeparM.TouUier,
ibid., où)l. cite la disposition de l'article 4, comme subsistant
5 à 10, et art. 12 du tit. 2) (i). Ces dispositions
conservent encore leur vigueur.
194. o. Lorsque les parties maîtresses de leurs
droits ne s'accordent pas sur le prix du rachat(2), ou
dans le cas où les parties ne peuvent traiter de gré
à gré, le rachat se fait suivant les règles et le taux
ci-après (art. 1" du lit. 5).
Les rentes en argent seront remboursables au de-
5
nier vingt celles en nature de grains, volailles,
denrées et fruits (3), au denier vingt-cinq de leur
produit annuel (4). Il sera ajouté un dixième auxdits

(1) Quant au rachat des rentes qui ne sont pas dues à des
particuliers, il faut consulter, en outre, laloi du 21 nivose
anVIII (il janvier 1800), et l'arrêté du 18 ventôse (9 mars)
même année, publiés dans les quatre départemens du Rhin
,
par arrêté du 3 thermidor an xi (11 août 1803); l'arrêté du 15
i ;
germinal an xi (5 avril 8o3) les décrets des 18 juin 1808,

,
9 décembre 1809, et 6 mars 1810, le décret du 9 décembre
1811, art. 92 et suivans et celui du 1" mars 1813, art. 48 et
suivans; les avis du conseil d'Etat, des 23 ventôse an xm
(14 mars 1805), et 21 décembre 1808; enfin l'avis du conseil
d'Etat, du 14 juillet, 18 août 1807, et les décrets du 24 juin
1808 et 6 mai 1810, concernant les redevances créées à titre
deLeibgewinn,dans les ci-devant pays de Clèves, de Meurs et
de la Mark.
-
(2) Voyez ci-après au n° 194. u., le développementde cette
observation. !JO" 1% 1 1,11
(3) Nous omettons dans cette énumération les services
d'hommes, de bêtes ou de voitures, mentionnés également
dans l'article; car ils ont été abolis plus tard. ¡ ¡'
(4) Il est presque inutile d'observer que les rentes vendues
par la caisse d'amortissement, à des particuliers et à un prix
capitaux, à l'égard des rentes qui auront été créées
sous la condition deJa non-retenue de dixième,
vingtième et autres impositions royales (art. 2 du
titre 5).
Un décret d'ordre du jour, du ta brumaire an n
(5 novembre 1795), a déclaré que la disposition
finale de cet article 2 est applicable aux baux à loca-
terie perpétuelle.
Le motif de l'additiondu dixième au capital des
rentes créées sous la condition de non-retenue, c'est
que cette condition était comprise dans lel'contrat
d'arrentement, et qu'il en est résulté que les parties
sont convenues d'une rente dont le montant est infé-
rieur à l'équivalent des fruits annuels de l'immeu-
ble (i). Il suit du texte et de ce motif, que l'aug-
mentation du capital ne peut avoir lieu lorsque la
condition de non-retènue a été stipulée dans un acte
postérieur au contrat à rente.
Lorsqu'il n'existé pas de stipulation dé non-re-
tenue, le détenteur peut-il, en rachetant, retenir le
cinquième du capital, comme il l'a fait jusqu'alors
?
pour les arrérages annuels Nous embrassons la né-
gative (a). La loi de 1790 a établi ex arbitrio une

très-modique, ne pourront cependant être rachetées par les


redevables qu'au taux légal.
(1) Voyez ci-dessus n° 66.
(2) Le décret du gdécembre 1811 (article 5i), et celui du
l'^mars 18,13 (art. 18), contiennentdes dispositions en sens
contraire. Cependant Ces dispositions n'tfrit aujourd'hui, pour
nous, d'etatte force - que celtii d'un avis de jurisconsultes cé-
y
règle indiquant le prix de la chose cette règle est
contenue, en termes très-précis, dans l'article 2; elle
porte que le rachat aura lieu au denier vingt ou

;
vingt-cinq, à la seule exception du cas où la condition
de non-retenue a été stipulée ces termes excluent
toute autre exception à cette même règle. Aussi les
autres lois relatives à la retenue, que nous avons
citées au n° 36. a., ne parlent que des arrérages,
sans permettre une conséquence sur la réduction du
capital ou du droit à la rente. Un argument décisif
se tire du motif de la retenue. La rente forme l'équi-
valent des fruits; nous avons vu, au n° 56. a., qu'une
-portion des fruits peut être regardée comme affectée
à l'impôt foncier, et que le Gouvernementjouit, pour
le recouvrement des contributions, d'un privilège sur
les fruits; il est donc de toute justice que chacun de

foncier :
ceux qui tirent avantage des fruits contribue à l'impôt
et comme le détenteur y est imposé exclu-
sivement, il se fait payer du créancier sa part à cette
charge, au moyen de la retenue. Le capital du rachat,
au contraire, forme le prix de la chose; sur ce prix
ou sur l'immeuble qu'il représente, le Gouverne-
ment ne jouit pas d'un privilége; l'impôt foncier ne
peut donc être regardé comme une charge de la pro-
priété : par conséquent le débiteur qui en paie le prix
lors du rachat, n'a aucun droit ni prétexte pour en

:
lèbres, qui sanctionnait les anciens usages d'un pays alors
réuni elles ne peuvent, quant au pays où la loi de 1790 est
le texte précis de cette loi.
en vigueur, l'emporter sur
retenir une partie à cause de la contribution fon-
cière (1).
194./).Nouscontinuons suivant l'ordre desarticles
-
de la loi de 1790. Lorsqu'il s'agit de rentes créées
rachetables sous les anciennes lois (2), le rachat
se fera sur le capital porté au contrat (article 3 du
titre 5).
Dans les pays où il était d'usage que l'acquéreur à
rente n'avait pas droit à la coupe des bois de haute

(1) Voici une question analogue. Nous avonsvu, au n056.d.,


el à la note au n* 107, que, dans les pays d'origine allemande,
il était autrefois d'usage que le créanciericontribuât aux frais
de réparation ou de construction.des murs de soutien des.vi-
gnes situées ur les pentes des montagnes, et qu'il dispensât
le débiteur du servifce de la rente dans l'année où ce dernier

,
mettait du fumier dans le fonds. Ces usages, contraires à la
législation actuelle ont cependant continué en. différens
endroits jusqu'à ce moment. On demande si, lors du rachat
de ces rentes de part-raisin, il y a lieu à déduire du capital
de rachat, 1° un septième, à cause des années oùle redevable
n'a point servi la rente à cause du fumier; 20 un capital
formé, au denier vingt, du montant moyen des frais de ré-
paration etconstruction desmurs. Nous tenons pour la néga-
tive, non-seulement à. cause de l'illégalité de ces usages, mais
encore parce qu'une concession bénévole ne saurait recevoir
une interprétation extensive, de sorte que le créancier doit
être réputé ne l'avoir faite que pour le temps pendant lequel
la rente lui serait servie, sans avoir entendu diminuer la
masse de ses droits; enfin parce que la loi de 1790 n'autorise.
aucune déduction du capital.
(2) Voyez ci-dessus n*567 et suivant
futaie et que ces bois étaient réservés au créancier (i),,
ce dernier conservera, malgré le rachat, le droit de
couper ces bois lorsqu'ils seront parvenus à leur ma-
turité; si mieux il Vaime recevoir, outre le capital
du rachat, la valeur actuelle de ces bois, fixée à dire
d'experts (article 4).
l
194. q. Lorsque les contrats de rentes purement
foncières contiendront l'obligation imposée au pre-
neur et à ses successeurs, de payer au créancier un
droit casuel en cas de mutation, de même que dans
les pays où cette obligation est établie par la loi (2),
le redevable doit payer un second capitalde rachat à
raison dejees droits casuels (article 5). Le taux de ce
second capital est réglé par les articles 24-53, 55,
57-59 du décret du 5 mai1790. A la vérité, ce
décretou plutôt cette loi) ne parle que des droits
seigneuriaux qui, à cette époque, n'avaient pas encore
été entièrement abolis, mais simplement déclarés ra-
chetahles; cependant l'article 5 du titre 5 de la loi

(1) Ce cas se présente'aussi- quelquefois dans les départe-


mens de la rive gauche du Rhin,et il en est fait mention dans
l'ouvrage de Krebs, de ligno et lapide.
(a) Par exemple, dans les départemens de la rive gauche du
Rhin, où les droits casuels continuent d'être dus, aux termes
du décret du gvendémiaire an xiii. Voy. ci-dessus la dernière
note au n°38. La loi du 3 mai 1790 y a été publiée par arrêté
'du commissaire-gélléral, en date dn 6 germinal an vi (26 mars
1798). Les décrets du 9 décembre 1811 (art. 32, 86 et 87), et
du i" mars 1815 (art. 42 et 45), renferment des dispositions
semblables, mais plus étendues, qu'il est bon de consulter dans
l'application du décret du 9 vendémiaire an XIU.
de 1790, en s'y référant, déclare applicables amx
rentes purement foncières les évaluations légales
faites d'origine pour les droits féodaux.
L'article leI de la loi du 17 juillet 1793 a aboli
tous les droits casuels, à moins de preuve d'une ori-
gine foncière. C'est donc seulementdans ee dernier
cas que la disposition de l'article 5 de la loi de 1790
peut encore recevoir son application (i).
194. r. L'évaluation du produit annuel des rentes
payables en nature de grains, denrées ou fruits, se
fera par experts nommés de gré à gré ou par le juge,
et d'après les règles et distinctions ci-après (art. 6).
«Al'égard des redevances en grains, il sera formé
une année commune de leur valeur, d'après le prix
des grains de même nature, relevé sur les registres
du marché (2), du lieu où devait se faire le paie-
ment, ou dû marché plus prochain, s'il n'yen a pas
dans le lieu. Pour former l'année commune
prendra les quatorze années antérieures l'époque à
du rachat, on retranchera les deux plus fortes et les
on,
deux plus faibles, et l'année commune sera formée
»
sur les dix années restantes (article 7).
« Il en sera de même pour les redevances en vo-
lailles, agneaux, cochons, beurre, fromage, cire et
autres denrées, dans les lieux où leur prix est porte
dans les registres des marchés. A l'égard des lieux

(1) Et, en outre, sur la rive gauche du Rhin Voy. la note


précédente.
(2) Répertoire, V° Registre de gros fruits.
où il n'est point d'usage de tenir de registre du prix
des ventes de ces sortes de denrées,l'évaluation des
rentes de cette espèce sera faite d'après le tableau
estimatif qui en aura été formé, en exécution de
l'article 15 du décret du 3 mai, par le directoire
du district du lieu où devait se faire le paiement,
lequel tableau servira, pendant l'espace de dix années,
de taux pour l'estimation du produit annuel desdites:
redevances, le tout sans déroger aux évaluations
portées par les titres, coutumes et règlemens »
(ar-
ticle 8).
On voit que cette seconde disposition de l'article
n'est que transitoire. Aujourd'hui, lorsqu'il sera
question d'appliquer la première partie de cet article
dans un lieu où il n'y a point de registre du prix de
ces sortes de denrées, le redevable qui poursuit le
rachat doit faire preuve de ce prixpar d'autres voies;
et comme la loi n'en désigne aucune (i), le tribunal
arbitrera si, dans les circonstances de la cause, il
convient d'établir ce prix par une enquête, ou de
charger les experts d'en former un relevé, suivant
leurs connaissances locales.
194. s. Lorsqu'il s'agit de rentes qui consistent
en une certaine portion des fruits récoltés annuelle-

; :
ment sur les. fonds, l'article10 de la loi établit une
opération plus compliquée il porte u.Quant aux
rentes et redevances foncières qui consistent en une
certaine portion de fruits récoltée annuellement sur

(i) Voyez ce que uous avons dit ci-dessus an n° i 5a. a.


les fonds, il sera procédé par des experts, que les
parties nommeront ou qui seront nommés d'office
par le juge, à une évaluation de ce que le fonds peut
produire en nature dans une année commune. La
quotité de la redevance annuelle sera ensuite fixée
dans la proportion de l'année commune du fonds, et
ce produit annuel sera évalué en la forme prescrite
par l'article 6 ci-dessus, pourdévaluation des rentes
»
en grains. — Voici le détail de ce qui est prescrit
par cet article. N
L Les experts commenceront par faire l'évalua-
tion de ce que le fonds peut produire dans une année
commune.
La loi ne prescrit point aux experts de former
cette évaluation de l'année commune au moyen d'un
décompte de quatorze années, ainsi que l'article 7
5
l'a ordonné quant aux redevances en grains mais la
loi a abandonné à l'arbitrage et à la conscience des
experts le mode de procéder à cette évaluation. La
preuve de cette assertion est d'abord dans le texte de
l'art. 10, dont la première disposition ne renvoie pas
à l'article 7, et qui ne prononce ce renvoi que dans
la disposition finale, qui traite d'une autre opération.
Un second argument, c'est que l'article ne dit pas
évaluation de ce que le fonds a produit en nature
:
dans les quatorze années antérieures, expressions
qui pourraient indiquer la nécessité d'un examen du
passé et d'un décompte des quatorze années;mais il
:
dit évaluation de ce que le fondsPEUT PRODUIRE en
nature, terme qui fait connaître que les experts doi-
vent plutôt s'attacher à prévoir le futur, c'est-à-dire
à tirerde l'état actuel du fonds une conséquence sur
son produit futur (i).
:
Il suit encore du terme peut produire en na-
titre que, lorsque, par exemple, il s'agit d'une
rente de part-raisin, l'évaluation ne doit pas porter
sur telle quantité de vin, mais sur telle quantité de
5
raisins car le fonds ne produit que des raisins, et
la préparation du vin exige des frais de la part du
créancier.
II. Cette première évaluation faite, onfixera, au
moyen d'un simple compte, la quotité de la rede-
vance annuelle, dans la proportion de l'année com-
mune. Par exemple, s'il s'agit d'une vigne produisant
dans une année commune trois kotfcs de raisins, et
qui est soumise à la rente du tierHaisin; la rede-
vance annuelle sera d'une hotte.
III. Ce produit annuel de la rente sera évalué en
argent au moyen de la formation d'une nouvelle
année commune, laquelle sera établie de la manière
prescrite par l'article 7. A l'égard des objets dont
on ne trouve pas le prix dans les registres de marché,
les raisins, par exemple, nous renvoyons à ce que
nous avons dit sur l'article 7, au numéroprécédent.
Il arrive ordinairement, dans le cas de l'art. 10,
a
que les parties ou les juges se bornent nommer des
experts, sans prévoir d'avance. la difficulté qui peut
s'élever à l'égard du prix que les objets de la rente

(1) La cour de Cologne a reconnu ces principes dans son


Acrêt 4ajuiJJet 1824. (Journal des arrêts, t. 7, 1, 104).
ont eu dans les quatorze années précédentes. Ordi-
nairement alors les experts forment, selon leurs
connaissances locales, un relevé de ce prix,qu'ils
prennent pour base du résultat définitif de leur rap-
port. Question de savoir si l'une des parties peut être
reçue à critiquer le rapport sur ce point, et si elle
peut être admise à prouver par témoins la quotité
?
du prix dont s'agit Il nous semble que non5 l'opé-

,
ration des experts doit, ainsi que nous le verrons an
numéro suivant être faite d'après les formalités
prescrites au Code de procédure. I/article 517 de
ce Code permet aux parties de faire, dans le courant
de l'opération, tels dires et réquisitions qu'elles ju.
geront convenables; et, aux termes du même article,
il en sera fait mention dans le rapport. Si les parties
n'ont pas fait usage de ce droit, elles sont censées
avoir été d'accord sur tous les points avec l'opéra-
tion des experts; et, suivant les principes généraux
du droit, elles ne doivent plus être reçues à critiquer
une opération qu'elles ont déjà approuvée. Ce ne
sera que dans le cas d'une réserve faite et consignée
au rapport, ainsi que dans les cas prévus par les ar-
ticles 522 et 525, que la preuve pourra être admise
postérieurement au rapport.
IV. Lannée commune en argent sera prise vingt-
cinq fois, pour former le capital du rachat, résultat
définitif de l'opération des experts.
194. t. Dans tous les cas où il y a lieu à la no-
mination d'experts, soit de gré à gré, soit par juge-
ment, on doit observer les formalités prescrites au
titre 14 du livre 2 de la première partie du Code
de procédure civile. A l'égard des rapports d'experts
ordonnés par justice, cette assertion ne peut souffrir
aucune difficulté, parce que les dispositions-du Code
embrassent généralement toutes les matières non ex-
pressément exceptées ( ), et qu'il faut suivre les lois
1

actuellement en vigueur, quoique le fond de l'esti-


mation soit régi par des lois antérieures, ainsi
que la cour de cassation l'a reconnu, dans un cas
analogue, par l'arrêt du 25 février 1807 (2). Quant
aux expertises qui ont lieu en vertu de la convention
des parties, il faut suivre la même règle; faute de
quoi on tomberait, dansl'arbitraire, que les disposi-
tions du titre 14tendent à prévenir.

:
194. u. L'article 11 de la loi contient une dispo-
sition spéciale « Si le rachat a lieu entre parties
maîtresses de traiter de gré à gré, le redevable
pourra faire au créancier, par un acte extrajudi-
ciaire, une offre réelle d'une somme déterminée; en
cas de refus d'accepter l'offre, les frais de l'expertise
qui deviendra nécessaire seront supportés par celui
qui aura fait l'offre, ou par le refusant, selon que
l'offre sera jugée suffisante ou insuffisante») (5).
L'opération des experts se fait uniquement dans

(i) Telles que la matière de l'enregistrement


sation du 25 octobre 1808 et 2
; arrêts de cas-
mai 1810. (S. 1810,1, 168;
1811,1,117).
(2) S. 1807, i5 151 Répertoire, V° Effet rétroactif, sect. 3,
8
,SS7et (t.16).
(3) Le décret du 9 décembre 1811 (article 73), et celui du
1" mars 1815 (article 3g), renferment la même disposition.
l'intérêt du redevable,puisqu'elle tend à sa libéra-
tion, et que le créancier de la rente n'en tire aucun
avantage. Ainsi, suivant la nature des relations des
parties, les frais de cette opération doivent être à

;
la charge du redevable. Par- l'article 11, la loi lui
a cependant ouvert une voie pour s'en garantir c'est
en faisant une offreréelle suffisante.
A cette observation vient s'en joindre une autre.
Aux termes de l'article 1er du titre 5, il n'est be-
soin de procédures judiciaires entre parties maî-
tresses de leurs droits, qu'autant qd'elles ne peuvent
s'accorder sur le prix du rachat. Donc, avant de
faire citer le créancier en conciliation ou devant le
tribunal pour procéder au rachat, le redevable doit
faire constater le refus du créancier de s'accorder a

aucune formalité pour cette constatation


résulter de l'acte d'offres réelles.
:
l'amiable surle prix (i). Le législateur n'a prescrit
elle peut

Il suit de ces deux observations que, lorsque,


par exemple dans le cas de l'article10, le redevable,
au lieu de faire l'offre réelle et de constater lerefus
du créancier de traiter à l'amiable, a fait donner
assignation directe devant le tribunal, pour voir
dire qu'il serait procédé au rachat suivant un rap-
port d'experts, et que le créancier. déclare ne pas
s'opposer au rachat ainsi qu'à la nomination d'ex-

(i) Le décret du 9 décembre 1811 (articles55, 54 et 55),


,
et celui du i" mars 1815 (articles ao ai et22), contiennent.
des dispositions formelles à cet égard.
perts, le redevable devra être condamné aux frais du
procès et de l'expertise(1)5 car il a pris la vQie ju-
diciaire sans nécessité, et il ne s'est pas servi du seul
moyen que la loi lui a indiqué pour se soustraire aux
frais de l'expertise. Le terme facultatif pourra, em-
tf,
;
ployé dans l'article
décision
ne fait pas pbstacle à cette
car ce n'est pas du texte de cet article que
résulte la nécessité de faire l'offre, mais cette néces-
sité est la conséquence de la règle fondée sur les re-
lations des parties,suivant laquelle les frais de l'ex-
pertise doiventêtresupportés par le redevable
obligation dont il peut cependant se décharger au
:
moyen de l'offre.
Si le débiteur a omis seulement la constatation du
refus du créancier de traiter à l'amiable, mais s'il
a fait l'offre, les frais du' procès seuls seront à sa
charge,s'il a négligé l'offre seule, il ne supportera
que les frais de l'estimation des experts.
194.v. Les formalités des offres réelles (à l'ex-
ception d'une formalité particulière au rachat, qui
fait l'objet du numéro suivant), sont contenues à
l'article 1258 du Code civil, et aux articles 812
et 815 du Code de procédure. D'après le principe
que la forme se règle suivant la loi du temps où
l'acte est passé, ces dispositions doivent être obser-
vées aujourd'hui dans toutes les offresréelles. Ici
s'élève la question de savoir si le créancier est obligé

(1) Unarrêtdel'ancienae ceur d'appel de Trèves, du 24


décembre 1815, a jugé en ce sens.
,
de donner, au même moment où l'offre lui est pré-
sentée une réponse catégorique portant refus ou
acceptation pure et simple, et si le débiteur est auto-
risé à regarder comme refus une réponse dans laquelle
le créancier demanderait un délai pour s'expliquer
définitivement. Il nous semble que la demande d'un
délai convenable est admissible, et que cette réponse

parties doivent être égaux;


ne saurait préjudicier au créancier. Les droits des
le débiteur a eu assez

,
de temps pour faire son calcul; le créancier n'a pas
pu prévoir à quel moment l'offre serait faite et,
comme le capital du rachat peut varier chaque année,
parce que l'annéeprécédente entre en compte (ar-
ticle 7), on ne peut exiger raisonnablement qu'il ait
toujours devers lui son compte exact, afin de pouvoir
le comparer à l'instant avec l'offre. D'un autre côté,
c'est alors au créancier de faire connaître au débiteur
la réponse définitive : ce dernier a satisfait à la loi
par son offre; et, si le créancier ne répond pas dans
un délai raisonnable, le débiteur poursuivra l'exper-
tise.
194. x. :
L'article l2 est ainsi conçu « L'offre se

portable;
fera au domicile du créancier, lorsque la rente sera
et lorsqu'elle sera quérable, au domicile
que le créancierauraélu ou sera tenu d'élire dans le
délai de trois mois, à compter du jour de la publi-
cation du présent décret, dans le ressort du district

;
(arrondissement) du lieu où la rente devait être
payée et à défaut d'élection, à la personne du com-
missaire (procureur) du roi du district (arrondisse-
ment). »
Un décret d'ordre du jour, du 3 germinal an If
(2.5 mars 1794) (1), a décidé six questions que -
cet article avait fait naître. Nous allons transcrire
les questions avec les considérans du législateur, qui
- ont amené la déclaration qu'il n'y avait pas lieu à
délibérer.
1° Si l'offrequi doit précéder le rachat d'une
rente foncièrequérable peut être faite à la personne
du commissaire (procureur du roi), sans que le rede-
vable ait préalablement sommé le créancier d'élire
un domicile dans l'arrondissement où la rente doit
?
être payée Considérant, porte le décret, que la loi
de. 1790 a elle-même obligé le créancier d'élire,
dans les trois mois de sa publication, un domicile
dans le ressort du district où la rente était quérable,
pour y recevoir les offres du débiteur5 et que, faute
par lui d'avoir fait ce choix, la personne du commis-
saire (procureur) se trouve deplein droit subrogée
à la sienne pour la signification des offres, etc.
2° Si, après l'offre, la permission de consigner
doit être poursuivie, et la consignation effectuée,
par-devant le tribunal du district (arrondissement),
dans l'étendue duquel la rente est quérable, ou par-
devant celui du domicile du créancier? Il est évidem-
ment, continue le décret, dans l'esprit de l'article12,
de dispenser le débiteur de sortir du district dans le
la
ressort duquel rente foncière doit être payée, pour

(1) Ce décret n'a pasété publié dans les départemons du


Rhin.
;
toutes les opérations et poursuites relatives h son
rachat qu'ainsi il n'y a nul doute que le tribunal de
ce district ne soit compétent pour prononcer sur
toutes les demandes et contestations auxquelles les

W Si les assignations,
offres peuvent donner lieu.
qu'il peut y avoir lieu de
donner au créancier, par suite des offres, notamment
celle pour voir faire la consignation, doivent lui être
données en la personne du procureur du roi, s'il
n'a élu, pour le recevoir, un domicile dans l'arron-
dissement où la rente était quérable? Considérant
que l'article12 prouve manifestement que les assi-
gnations. doivent être données au créancier en la
personne du commissaire, s'il n'a élu. un domi-
cile., etc.
4° S'il est nécessaire de poursuivre un jugement
?
qui déclare le débiteur libéré de la rente Considérant
qu'il n'est pas besoin d'une loi expresse pour faire
sentir qu'à défaut d'acceptation volontaire du rachat
de la part du créancier, il faut que la justice inter-
pose son autorité pour déclarer les offres suffisantes,
et la rente valablement rachetée, etc,
5° L'instance doit être formée devant le tribunal
de l'arrondissement, où la rente doit être payée, par
les motifs donnés ad 2.
6° Ces diligencesjfdoiventêtreprécédées d'une
citation au bureau de conciliation, aucune loi n'a

1
excepté les contestations relatives au rachat des rentes
foncières, des règles établies sur la citation préalable
au bureau de conciliation.
La secon1de de ces décisions donne lieu à plusieurs
questions, qui seront traitées an numéro suivant; la
sixième décision a été modifiée par les lois posté-
rieures; c'est ce qui fera l'objet du n" 194. z ---
,
194. y. L'article 1259 du Code civil porte qu'il
n'est pas nécessaire pour la validité de la consiffna.
,
tion qu'elle ait été autorisée par le juge; mais que,
par contre, il faut que le créancier soit sommé d'être
présent au dépôt de la chose offerte; que ce dépôt
ait réellement lieu dans la caisse des consignations;
qu'il en soit dressé procès-verbal, et qu'en cas de
non comparution de la part du créancier, le procès-
verbal du dépôt lui soit signifié avec sommation de
retirer la chose déposée. D'après le principe que la
forme se règle suivant la loi du temps, le débiteur
de la rente qui, aujourd'hui, voudra consigner la
somme offerte, devra observer les formalités pres-
crites par l'art. 1259 du Code civil, et par l'art. 814
du Code de procédure. t,
Cependant nous ne croyons pas que le débiteur soit
obligé à faire la consignation, et l'offre seule est suf-

;
fisante. Ni la loi de 1790, ni le décret de l'an 11, ne
prescrivent la nécessité de la consignation le décret
n'en parle qu'en passant, et pour indiquer la compé-
tence du tribunal, dans le cas où le débiteur jugerait
convenable de consigner. Dans l'ancienne législation,
on connaissait, aussi bien qu'aujourd'hui, des offres
valables en elles-mêmes et sans consignation, bien que
ces dernières seules éteignissent la dette (1)5 donc,

1" n>.s-', r-
(1) Répertoire, VO Offres, et Vo Consignation. Pothier,
Traité du contrat de constitution, n* ao3, 208 et suivaos.
la nécessité de la consignation ,
si les législateurs de 1790 avaient voulu imposer
ils n'auraient pas
manqué de l'énoncer. Mais le texte de l'article11
prouve, à l'évidence, que l'offre n'a d'autre but que
de décharger le redevable des frais de l'expertise ;
dans l'article qui indique qu'en
il n'y a pas un mot
cas de refus du créancier d'accepter l'offre, cet acte
serait le premier pas vers l'extinction de la dette ;
après ce refus, porte l'article, une expertise deviendra
nécessaire; il ne contient rien qui soit relatif à l'ex-
j
tinction de la dette. A la vérité le débiteur peut,
après le refus du créancier, consigner la somme
offerte;par là il arrêtera, du jour de la consigna-
tion (i), le cours des arrérages, lorsque l'offre sera

(i) Pothier, ibid., et Traité des obligations, d° 58o. L'au-

,
teur soutient, au premierendroit,que,suivies de consignation,
les offres arrêtent, du jour où elles ont été faites le cours des
arrérages. Sous l'empire du Codecivil, on ne pourrait plus
juger de même. L'article 1257 porte que « les offres réelles
-suivies d'une consignation, libèrent le débiteur »; il faut donc
la
à la fois offres-réelles et consignation pou ropérer libération.
Par une conséquence decette première disposition, l'art. 1259
ordonne que le créancier doit, en déposant la somme offerte,
a
y ajouter u les intérêtsjusqu'aujoui' du dépôt, La loi veut que
les intérêts courent jusqu'au jour du dépôt ou de la consigna-
tion, parce que jusqu'alors le débiteur retient les espèces vers
a
lui,et qu'il le pouvoir d'eu jouir. M.Toullier, t. 7, n°* 221 et
suivat-is,eouiientqu'il ya contradiction entre les articleé 1257
et 1259, en ce que le premier ferait dépendre la libération des
offres, tandis que le second n'attribuerait cet effet qu'aa dépôt;
mais que l'article 816 du Code de procédure a levé celle con-
lradiclion, en disposant, par dérogation à l'article1259, que
reconnue Suffisante par le tribunal, parce que, dans

;
les intérêts cesseront du jour de la réalisation. Ce terme, sui-
vant l'auteur, serait synonyme de celui offresréelles il appuie

;
cette interprétation sur le sens attribué anciennement au prâ-
lais A ce mot de réalisation quand, dit-il, le débiteur avait
fait des offres labiales (parsimple déclaration verbale ou écrite),
et qu'ensuite il faisait des offres réelles à deniers découverts,
on appelait cela réaliser les offres; le terme réalisation est donc
synonyme de celui d'offres réelles. Nous ne pouvons pas adop-
ter cette opinion. A la vérité, en termes anciens du palais,
celui de réaliser les offres avait la signification indiquée par

,
M. Toullier. Mais cette circonstance ne suffit pas pour soutenir
son opinion. En premier lieu il est certain que le sens des
termes de droit varie d'après les changemens de la législation ;
le terme rente foncière a passé dans la législation actuelle, et
il
cependant y désigne un droit d'une toute autre nature qu'il ne
désignait anciennement; il faut donc interpréter le sens des
termes suivant les dispositions des nouvelles lois, et non vice

termes ont pu avoir anciennement ;


versa les nouvelles lois suivant le sens particulier que certains
le législateur est censé
avoir employé tous les mots dans leur sens naturel et généra-
lement usité, parce qu'il veut être entendu de tous les citoyens
en général. Autrefois on a pu employer le terme réalisation
des offres, pour désigner les véritables offres réelles; car on
connaissait deux espèces d'offres de paiement, celles labiales
et celles réelles (Répertoire, Vo Offres, n° i), et ces dernières
étaient véritablement la réalisation des premières; mais au-
jourd'hui on ne connaît qu'une seule espèce d'offres de paie-
ment, celles qui sont réelles et faites à deniers découverts
(articles 1257 et suivans du Code civil); donc, si on parle de
la réalisation des offres, ce terme ne désigne plus les offres
raêmes;il indique, suivant le sens naturel des mots, que l'on
veut rendre réel et effectif ce qui jusqu'ici était seulement
offert; et ainsi ce terme désigne le dessaisissement de la chose
ce 9 la consignation lient lieu de paiement à son
cas

oferte, c'est-à-dire le dépôt ou la consignation. En" second


lieu, il faut observer que l'article 816 ne ditpas réalisation des
offres, mais qu'il se borne au mot réalisation; donc, en stippo,

son ancienne signification particulière ,


saut que le terme réalisation des offres conserverait aujourd'hui
il ne saurait en être
question dans l'espèce, parce que l'article 816 ne l'emploie
pas. Il faut plutôt reconnaître, -en examinant le texte-de cet
article, que son rédacteur n'a employé le mot réalisation
que pour remplacer celui de consignation, qui aurait choqué.A
côté du mot consignée, employé une ligne plus haut;tandis-qne,
si le législateur avait voulu ordonner la cessation des intérêts
du jour des offres,îl aurait pu employer ce mot même d'offres,
sans commettre une faute derédaction. Entroisième lieu, Une
faut p- perdre 4e Tue-le principe général que, dans-le-doute-,
l'abron"ti d'ane disposition législative ne se présUJne pas,
mais 1ut cette abrogation doit être expresse, (Répert. Vo Loi,
t
S 11). Cependant ni les termes du £#e, ni les discussions du
Code de procédure ne nous indiquent que le législateur ait eu
l'mtention de déroger, dans l'article 816, aux dispositions du
Code civil. Le rapporteur du tribunat,M. Tarrible (édition de
p. ù
Didot,
:
298),«lest mêmeexprjmp dans 1-e sens opposé l'avis
de M. Toullier il parle de la réalisation du dépôt. L'opinion
de M. Tarrible a été suivie par M. Delvincourt (t. 11, p. 760 de
l'édition-de 1819), tandis que M. Pigeau s'est attaché à partager
celle de M. Toullier. Suivant le sentiment des deux premiers
auteu-rs, que nous adpptons,ilfaut donc que ln débiteurajoute
à la somme capitale qu'il fait offrir, le montant es intérêts
ou arrérages jusqu'au jour du dépôt effectif; cette-oMigfrtiofi
l'engagera A ne pas différer lill''Consjgmltion: Toutefois, si,
après les offres, un incident vient là retarder, et si cet incident
est jugé contre le créancier, les intérêts ou arréragea courut
dans l'intervalle doivent être supportés par ce derniff,'OOinme
-
y ayant dotmé lieu. La courde cassation l'aàinsi décidé, le 27
floréalan x. (S-tome 2,1,3oi).
égard, avec effet rétroactif j
de faire cette consignation (i).
mais il n'est pas obligé

194. z. La sixième décision du décret du 3 ger-


minal an ii, ne peut plus être suivie aujourd 'hui dans
toute son étendue. Si' l'action tend simplement à faire
procéder au rachat, elle doit subir le préliminaire
de la conciliation, dès que les parties sont capables
de transiger (article 48 du Code de procédure); mais,
si cette demande a commencé par une offre réelle,
elle est dispensée de ce préliminaire, aux termes de
l'art.49,verjis: «Les demandes surles offres réelles»,
sauf toute autre cause particulière de dispense.
194. aa. L'article 15 est ainsi conçu : <sSi l'offre
mentionnée en l'article ci-dessus est faite,à un tuteur,
à un grevé de substitution, ou à d'autres administra.
teurs qui n'ont point la liberté de traiter de gré à
gré, les administrateurs pourront employer en frais
d'administration ceux de l'expertise, si elle a été or-
donnée par l'avis des parens ou par le directoire,
lorsqu'ils auront été jugés devoir rester à leur
charge.»

(i) La cour de Cologne a consacré ce principe par arrêt du


25 ayril1825. (Journal des arrêts, t. 8, i, 2(5). Les premiers

,;
juges avaient déclaré non-recevable la demande intentée par
les débiteurs de la rente afin de voir ordonner le rachat sui-
vant un rapport d'experts ils avaient considéré que le procès-
verbal d'offres réelles, qui constatait en même temps le refus
du créancier de traiter de gré à gré, n'avait pu suffire, et qne
la consignation aurait dû être faite avant de donner l'assigna-
tion. Cette sentence a été réformée.
Cette disposition rend celle de l'article 11 com-
mune au cas où les parties n'ont pas laliberté de
traiter de gré à gré, savoir, lorsque le créancier s'en
trouve prive. Cette circonstance n'empêche pas le
débiteur de faire valoir ses droits. — Suivant les ar-
ticles il et 12 du titre 2, analysés ci-dessus, les
tuteurs et administrateurs pourront liquider à l'a-

;
miable les rachats des rentes foncières appartenant
aux personnes soumises à leur administration mais
sauf l'avis des parens ou des autorités supérieures.
Les tuteurs et administrateurs ne peuvent donc,
sans encourir la responsabilité, accepter à l'instant
les offres faites; ils doivent, dans leur réponse (art.
813 du Code de procédure), se réserver un délai
pour remplir les formalitésnécessaires * et pour
fournir une déclaration définitive de refus ou d'ac-
ceptation de l'offre. Cette faculté de délibérer sur
l'objet de l'offre ne saurait leur être refusée. (Voyez
n° 194. v.). —J1 est juste que, lorsque les parens ou
les autorités requièrent une expertise, les frais de
cette opération ne puissent jamais rester à la charge
personnelle du tuteur ou administrateur. Il en serait
autrement si ces préposés avaient de piano refuséles
offres.
194. bb. L'article 14 renouvelle un principe déjà
reçu dans l'ancien droit (i). « Tout redevable,
porte-t-il, qui voudra racheter la rente ou redevance
foncière dont son fonds est grevé, sera tenu de rem-

(0 Voyez ci-dessus nM 156 et 147.


bourser, avec le capital du rachat, tous les arrérages
qui se trouveront dûs, tant pour les années anté-
rieures que pour l'année courante, au prorata du
temps qui se sera écoulé depuis la dernière échéance
jusqu'au jour du rachat»(i ). Par l'effet du rachat,
le créancier perd tous ses droits sur la personne du
5
redevable et sur le fonds grevé il doit donc aussi
recevoir l'équivalent de tous ces droits, -et cet équi-
valent doit lui être payé avant qu'il ne se dessaisisse
de ses droits.
Les termes de l'article, tous les arréragesdus, in-
diquent que cette obligation existe dans tous les cas
de rachat, quelle que soit la position du débiteur de
La rente. Cette proposition est entièrement conforme
aux principes. En effet, le débiteur peut se trouver
dans trois positions différentes: 1°c'est le possesseur
de l'héritage au moment de la publication des lois
île17$9 et 1790, ou l'acquéreur primitif par con-
trat postérieur à cette époque (2), ou l'héritier de
l'un ou de l'autre; 2° c'est un nouvel acquéreur (de-
5
puis 1789) qui s'est chargé de la rente 5° c'est
un tiers-détenteur qui a acquis sans cette charge.
Au premier cas, le redevable, obligé personnelle-
?
ment, doit payer tous les arrérages échus à la seule
exception de ceux qui sont prescrits aux termes de
l'article 2277 du Code, et qui, par conséquent, ne

(1) La même disposition se trouve dans l'article 5o du dé-


cret du 9 décembre 1811, et dans l'article 17 de celui du 1e1
mars 1815.
(a) Voyez les n" 38, 82 et 84.
,
peuvent plus être exigés fi). Dans le second cas,
l'obligation au paiement des arrérages résulte d'un

de l'affectation hypothécaire du fonds ;


côté, du contrat d'acquisition, et, de l'autre côté,

détenteur est tenu personnellement de payer ceux


donc le

rieurement,
échus depuis son acquisition, et ceux échus anté-
dont il s'est chargé; en outre, il en est
tenu dans toute l'étendue de l'obligation hypothé-
caire, sauf toujours la prescription. Le véritable
tiers-détenteur enfin n'est tenu des arrérages qu'hy-
pothécairement. Cependant, dans les deux derniers
cas, les redevables qui voudront racheter la rente
sont également obligés au paiement de tous les arré-
rages. Hors le cas d'une purge, le détenteur du fonds
estchargé,même sans inscription, non-seulement de
la rente, mais encore des arrérages échus qui en sui-
vent le sort comme formant l'accessoire. Dès que le
détenteur offre le rachat, il reconnaît qu'iln'y a pas
de purge, et il est hypothécairement débiteur de tous
les arrérages non payés et non prescrits.
Par une conséquence nécessaire de l'article i4,
les arrérages dus par celui qui fait le rachat doivent
être compris dans l'offre à faire conformément à Far-
ticle 11. Voyez l'article1258, n° 5, du Code civil.
194. cc. L'article i4 donne lieu à une question
que Pothier a traitée au n° 151, à l'égard du dé-
guerpissement. Elle consiste à savoir si le créancier
de la rente qui a accepté le rachat sans se faire payer

(1) Voyez ci-après n° 214. «•


des arrérages antérieurs, conserve l'action pour les
demander, non-seulement contre le débiteur person-
,
nel mais même contre le tiers-détenteur ? Quant au
débiteur personnel, l'affirmative ne saurait être dou-
teuse, par les raisons que Pothier a alléguées. « La
loi, dit-il, ayant obligé le débiteur à payer lesdits
arrérages lorsqu'il veut déguerpir (racheter), il s'est,
en déguerpissant (rachetant), soumis à cette condi-
tion, et il a contracté l'obligation de les payer. Le
créancier, en acceptant le déguerpissement (le ra-
chat) sans s'en faire payer, ne doit pas être censé
pour cela l'en avoir déchargé, mais plutôt lui avoir
accordé terme pour les payer, personne ne devant
être facilementprésumé vouloir donner et remettre
ce qui lui est dû. Il est vrai que le créancier aurait
fait prudemment, s'il en eût fait réserve; mais un
défaut de réserve n'emporte pas remise de ce qui est
dû. Voyez notre Traité des obligations, n° 613. —»
Il n'y aurait d'exception que lorsque les parties,
avant de procéder au rachat, seraient convenues d'une
somme déterminée pour le capital et les arrérages,
ou pour la libération entière du débiteur, ou dans
d'autres termes analogues; car cette convention pré-
senterait une transaction per aversunt. — Quant au
tiers-détenteur, il faut suivre la même distinction ,
puisque, dans le cas particulier, il n'est pas question
d'une obligation purement réelle. Par l'offre du dé-
tenteur d'opérer le rachat, et par l'acceptation du
créancier, il s'est formé une convention qui oblige
le détenteur personnellement à payer le taux légal
ou conventionnel du rachat.
194. dd. L'article 15 et dernierdu titre5 porte
A l'avenir, les rentes et redevances énoncées aux
:
4(
articles 9 et 10 ci- dessus -ne s'arrérageront point,
même dans les pays où le principe contraire avait
lieuy si ce n'est qu'il y ait eu demande surviede con-
damnation. (i). — « En conséquence, il ne sera
tenu compte, lors du rachat desdites rentes ou rede-
vances, que de l'année courante, laquelle sera alors
évaluée en argent, au prorata du temps qui se sera
écoulé depuis la dernière échéance jusqu'au jour du
rachat » (.-,)-
Cette disposition a été simplement de circonstance-:
etPIe a été implicitement abrogée par la loi du 20
août 4792, tit. 5, art. 1er, qui établit la prescrip-
tionquinquennale des arrérages à échoir des rentes
foncières (3). Cette dernière disposition aurait été
sans application et superflue, si l'on pouvait admettre
i
que celle de l'article 15 de la loi de 790,avait en-
core existé postérieurement au 20 août 1792.

(i) Suit
ici une disposition relative aux rentes qui consis-
tent en services de journées d'hommes, etc., et qui, plus tard,
ont été abolies.

UDe disposition semblable, qui-porte : « Ne i'ave,-


--(2) L'article 8 dudécret du 9 vendémiaire an ^xiu contient

ilirçtre exigés que les arrérages échos depuis Je JerJVeIillê.


çoiaire an vi. çt ceux à échoir. » Ce décret étant ppstérieur-à
la publication de la loi de 1790 dans Jes département du
Rhin, l'article 8 déroge nécessairement, quant à ce pays, à
l'article i5 de la loi. L'art. 8 est toujours en vigueur.
(3) Voyez ci-après n° 214. a. La loi de 1792 n'a pasété.pu-
bliée dans les quatre dépnrtemens du Jlhin.
194. ce. Le titre 4 de la loi de 1790 parle-de
l'effet de la faculté du rachat relativement aux droits
seigneuriaux. Les dispositions qu'il renferme sont
devenues sans -objet par l'abolition pleine et entière
de ces droits.
:
194. ff. Le titre 5 est intitulé De l'effet de la
facultédu rachat vis-a-visdu propriétaire de la rente
et du debiteur. Il ne faut pas perdre de vue qu'il
s'agit uniquement des rentes qui existaient au mo-
ment de la publication de cette loi.
Aux termes de l'article 1er :«
Lafaculté de ra-
chat. nedérogera en rien aux droits, privilèges
et actions qui appartenaient ci-devant aux bailleurs
de fonds, soit contre les preneurs personnellement,
;
soit sur les fonds baillés à rente en conséquence
les créanciers. continueront d'exercer les mêmes
,
actions hypothécaires, personnelles et mixtes, qui
ont eu lieu jusqu'ici, et avec les mêmes privilèges qui
leur étaient accordés par les lois, coutumes, statuts
et la jurisprudence. »
Il a été dérogé depuis à plusieurs dispositions de
cet article. L'ancienne action hypothécaire ne peut
plus être intentée aujourd'hui, même quant aux
rentes anciennes, parce qu'elle est inconciliable avec
le système hypothécaire du Code civil, qui doit ré-
gler tous les cas qui se présentent depuis sa promul-
gation (1). L'action personnelle est plus étendue
aujourd'hui qu'elle ne l'était autrefois (2). L'action

(1) Voyez le n° 91. xx. ci-dessus.


(a) Voyez nOI 82 et suivans.
mixte a également subi des changemens (i) .-Le pri-
vilége du créancier sur les fruits et meubles.ne peut
plus être exercé aujourd'hui(2).
L'article 2 contient une disposition particulière
relative à la coutump de Lille.
:
194.gg. Aux termes de l'article 3 « La faculté
de racheter les rentes foncièresne changera>rien à
leur nature immobtliène, ni quant ,à la loi qui les ré-
gissait; en conséquence-5, elles, continueront'd'être
-
soumises aux mêmes principes lois et usages- que
ci-devant, quant. à l'ordre des successions, et quant
aux dispositions entre-vifs et testamentaires, et aux
aliénations à titre onéreux.»
L'art. 5. établit une exception aux conséquences
qu'emportait la faculté de rachat$cependant 7
tard, ce caractère immobilier des anciennes rentes a
plus

cessé ou perdu son effet sous plusieurs rapports (3).


Les anciens principes sur la différence entre les
meubles et les immeubles, en matière de succession,
ni
ont été abolis par.la loi du 17 vose an-ou (5 février
1794); et cette abolition a été maintenue par le
Code-civil. Les arrêts de la cour de cassation du 12
mai 1824 et du.4 mars 1828 (4)? prouventque le
ffestede l'art. 5 peut encore recevoir aujourd'hui son
application.

(1)NOl95etsuivans.
(2) N"103.
(5) Chapitre, préliminaire, S d~ et n° 91. t.
(4) Le premier est eitQau n° gi. k. Voyez le second dans
S.1828,1,161.
-194.hh. L'article 4 contient une disposition re-
marquable : a Les baus à rente, porte-til, faits sous
la condition expresse de pouvoir, par le bailleur,
ses
héritier ou ayant-cause, retirer le fonds en cas
d'aliénation d'icelui par le preneur, ses héritiers ou
gyant-cause, demeureront dans toute leur force,
qoant à cette faculté' de retrait, qui pourra être
exercée par le bailleur, tant que la rente n'aura point
été remboursée avant la vente du fonds.»
Aux termes des articles 5 et 6, les lois ou usages,
suivant lesquels le bailleur pouvait exercer ce retrait
sans stipulation, sont abolis.
Ce n'est donc que la stipulation du droit de préemp-
tion (jus proiimiseos J, ou retrait conventionnel (î)
au profit du créancier, que la loi a maintenue. En
effet, cette stipulation s'accorde parfaitement avec
la nature actuelle des rentes, et elle ne forme point
une exception aux conséquences de la faculté du ra-
5
chat elle est, au fond, le droit de rachat de la pro-
priété, droit qui a toujours pu être stipulé, et qui

,
peutl'être encore aujourd'hui dans l'aliénation d'un
immeuble à charge de rente parce qu'il n'y a pas
de loi prohibitive, et que cette stipulation ne con-
trarie aucun des grands principes de la législation.
Mais, lorsque le droit de retrait reposait sur la
loi ou sur l'usaGe, c'était une restriction du droit de
propriété qui ne sortait pas du consentement du pro-

(i) Pothier, Introduction au titre 18 de la coutume d'Or-


léans, n°84. Répertoire, Va Retrait conventionnel, etVoPré-
lation adroit de).
priétaire(1), et dont les principes de la législation
nouvelle devaient entraîner l'abolition. Les disposi-
tions des articles 5 et 6 comprennent la loi 5. Cod.
de jure emphyt., qui accordait ce droit de retrait
sans stipulation, car la loi de 1790 regarde les em-
phytéosesperpétuelles comme identiques avec tes
autres rentes foncières, ainsi que nous l'avons vu
au n° 1. a. ,.1 pr?naanoi?
Lorsque la stipulation de retrait a été faite dans
l'acte de cession de l'immeuble à charge de la rente,
elle affecte l'immeuble, et elle peut être exercée
contre le tiers-acquéreur. C'est ce qu'indique le texte
de l'article 4, verbis : Les baux a rente faits sous la
condition,.. de retirer le fonds en cas d'aliénation par
le preneur ou ses ayant-cause. La même consé-
quence résulte des principes que nous avons exposés
aux nos 40. b. et 91. A. — Mais, si la stipulation se
trouve dans un acte séparé, elle ne donne lieu qu'à

,
l'action personnelle contre le propriétaire du bien
ou ses héritiers sans lier le nouvel acquéreur(2).

Pl' (1) L'article i" de la loi du 28 septembre, 6octobre1791


porte : «Le territoire de la France, dans toute son étendue,
,
est libre comme les personnes qui l'habitent; ainsi toute pro-
priété territoriale ne peut être sujette, envers les particuliers,
qu'aux redevances et aux charges dont la convention n'est pas
défendue par la loi. »
,#. .,
(2) Arrêt de la cour de Toulouse, du 6 novembre 1825.
(S. 1826, 11, 277). Arrêt de la cour de Cologne, du 19 juin
1824. (Journal des arrêts, t. 7, 1, 8). La législation romaine
envisageait ce droit, dans tous les cas, comme personnel, à
moins que le vendeur ne se fftt expressément réservé lrt pro-
Aujourd'hui le droit que les parties stipuleront
sous l'ancienne dénomination de droit de retrait con-
ventionnel aura tbus les caractères de la faculté de
rachat ou de réméré (1), sous la seule modification
que le rachat ne pourra être exercé que lors d'une
seconde vente de l'immeuble. Les parties pourront
donc .établir ce droit de retrait, avec les condi-
tions sous lesquelles le Code admet la faculté de ra-
chat. Si la stipulation se trouve dans l'acte d'ar-
rentement, l'action peut être exercée contre les
acquéreurs subséquens (article 1664); mais aussi,
,
dans ce cas ce droit ne peut être stipulé pour un
terme excédant cinq ans, à dater de l'aliénation (ar-
ticle 1660). Lorsque la stipulation a étéfaite par

;
acte séparé de l'arrentement, l'action personnelle qui
en résulte dure trente ans (article 2262) et, comme
elle ne naît qu'au moment de la revente faite par
l'acquéreur, ce n'est qu'à dater de ce jour que com-
mence la prescription.
194. ii. Le titre 6 de la loi de 1790 contient des
dispositions transitoires sur l'effet de la faculté de
rachat vis-à-vis des créanciers du bailleur. Nous avons
vu, aux nos 91. e. et 91.h., que ces dispositions ont
été abrogées, pour l'avenir, par la loi du 11 bru-
maire an VIl, mais qu'elles continuent d'exister à
l'égard des hypothèques acquises sur des rentes fon-
cières antérieurement à cette loi.

- priété, ou n'eût fait constituer à son profit une hypothèque.


(Thibaut, § 956).
-
(1) Voyez n° îai.
194. kk. Le titre 7 ne contient qu'une seule dis-
;
position, qui concerne le droit d'enregistrement des
quittances de rachat ces quittances devaient être
enregistrées au droit fixe de quinze sous. Mais cette
disposition a été abrogée par la loi générale sur
l'enregistrement, en date du 22 frimaire an vu
(12décembre1798), art. 69, §2, n° 11, qui fixe
le droit à cinquante centimes par cent francs.
194. Il. Après avoir examiné le texte de la loi
de 1790,nous reprenons les observations générales.
Nous avons vu, au n° 194. «., que cette loi ne
concerne que les rentes foncières antérieures à sa
publication.
Elle n'a pas été abrogée par le Code civil ou par
;
la loi du 50 ventôse an xii car le Code ne traite
pas la matière des rentes créées avant 1789 et 1790;
il ne s'applique, suivant ce qu'il annonce à l'art.2,
qu'aux rentes qui seront établies après sa promulga-
tion. Ainsi la loi de 1790 continue d'être en vi-
gueur à l'égard du rachat des rentes qui en précé-
daient l'existence. Il faut excepter seulement celles
de ses dispositions qui regardent la capacité des per-
sonnes, et dont nous avons parlé au n" 194. n.
194. mm. On pourrait croire qu'il existe un vide
dans la législation, relativement àce qui concerne le

j
rachat des rentes foncières créées depuis 1789 et
1790 mais il n'en est pas ainsi, et nous ferons voir
que les dispositions du Code civil suffisent pour
parvenir aujourd'hui au rachat des rentes nouvelles.
Dans cet examen, nous allons suivre l'ordre adopté
dans la loi de 1790, en distinguant toujours les
rentes établies avant le Code de celles d'une création
postérieure.
x
Le principe qu'à l'avenir il ne peut plus être créé
de t'ente irrachetable je trouve dans l'article 1er de
la loi de 1790, et dans l'articleS30 du Code. Le
rachat peut être demandé par toute personne ayant
5
intérêt à l'affranchissement du fonds ce grand prin-
cipe (voyez n° 194. d.) reste touj ours le même,
parce qu'il est la suite de l'établissement du rachat.
Quant à la solidarité en matière de rentes, nous
avons exposé ci-dessus, aux n08 58. h., 194. e. et f.,
les principes du droitcommun applicables aux rentes
créées sous l'empire du Code. On trouve, ibid., et aux
n05 150 et 151, les principes de la législation anté-
rieure, applicables au rachat des rentes établies dans
l'intervalle de 1790 à 1804.
S'il s'agit aujourd'hui de racheter une rente créée
depuis 1790,-lepGUvôir des tuteurs, maris et autres
administrateurs, quant à-la liquidation du prix et a
là réception des deniers, se juge d'après la loi ac-
tuelle, dont nous avons déjà fait connaître les dispo-
sition(>n° 194. n.)-
Quant âuxlhode et taux du rachat, nous rappel-
lerons qste la législation antérieure au Code ne dé-
fendait pas, et qîiê lé Codé permet expressément au
créancier detégier d'avance les clauses et conditions

:
du rachat (n08 79. b. fet c.). A défaut de cette stipu-
lationJàiHfotit aiiîvfe lc& règles suivantes
-
e-LapïéiDtoptiôn' gëntërâlè,-c'est que toute prestation
éternelle tornlC cinq pour cent ou un vingtième du
«pitai qu'die représente. En conséquence, on peut
poser la règle que larachat des rentes foncières, créées
f
depuis la loi de 790, doit se faire sur le pied du
denier vingt de leur produit annuel, sans distinguer
entre celles qui sont payables en argent, et celles
qui lesont en grains onautres objets. Laloi de 1790
ne parlant pas de cesrentes, on peut invoquer les
anciens principes que nousavons indiqués aux nos29
et 68 ci-dessus. Aussi notre opinion a été consacrée
non-seulement par l'article17 de la section 4 de la
loi du 25 juillet 1793, suivant lequel a les renies
assises sur les Liens des émigrés seront remboursées
sur le pied de vingt de capital sur un de revenu»,
mais ericojffi par plusieurs lois spécialès rendues pour
autoriser des communes à aliéner des immeubles sous
la condition d'upe rente. La loi du 7 nivose an x
(28 décembre1801), déjà citée au n° 79. h., porte :
-« En cas île remboursement, il se fera sur le pied
de vingt années de la rente»$et l'article 229 de la
loi du 13 floréal an xi (J3 mai 1803), s'exprime
ainsi : « Toutes les fois qu'un des preneurs à rente
voudra l'amortir, il en aura la faculté en payant
vingt années de la rente.) La cour d'Orléans a jugé,
9
le 2février 1825 qu'une rente en grains, créée
depuis la loi de 1790, se rembourse au denier
vingt (i).
Quant à la procédure ou au mode de parvenir au
rachat, la législation actuelle renferme des disposi-
tions suffisantes à cet égard. Le redevable peut, à

(i) Recueil de M. Colas de la Noue, t. 2, p. i55.


son gré, ou intenter une action principale pourvoir
procéder au rachat, ou commencer par une offre réelle,
dont, en cas de refus du créancier, il demandera la
validité devant le tribunal. Lorsque le créancier ne
conteste pas le rachat, tous les frais nécessaires
pour y parvenir sont à la charge du redevable,
-

parce que l'opération a lieu à son avantage unique.


Il nous semble cependant que, par analogie des ar-
ticles 524 et 525 du Code de procédure, il peut,
par une offre suffisanteque le créancier aurait refusée,
faire tomber sur celui-ci les frais postérieurs. — L'ac-
tion principale étant personnelle et mobilière, elle
doit être portée devant le tribunal du domicile du
créancier; quant aux offres, il faut observer les dis-
tinctions établies à l'article 1258, n° 6, du Code
civil(i). — Le mode du rachat des rentes en argent
ne consiste que dans un compte arithmétique à faire,
celui des rentes stipulées payables en nature de grains
ou autres objets, exige toujours une estimation
d'experts, qui pourront, dans leur rapport, ou suivre
l'analogie des dispositions des articles 7, 8 et 10 du
titre 5 de la loi de 1790, ou se faire un système
différent, dont le tribunal appréciera la validité.
Finalement il ne saurait être révoqué en doute,

(1) Lorsque le créancier d'une rente nouvelle a fait signifier


au débiteur un commandement dans le domicile de ce dernier,
qui est dans un autre lieu que celui où, suivant le titreconsti-
tutif, la rente doit être portée, le débiteur ne peut point faire
valablement ses offres dans le domicile élu au commandement.
Arrêt de la cour de Paris, du 10 avril 1815. S. 1815, 11,3i.

1
d'après les principes établis aux art. 1244 et 1254
du Code civil, que le créancier ne peut être contraint
à consentir le rachat et la radiation de son inscrip-
tion, à moins-que le redevable ne rembourse, avec
le capital durachat, tous les arrérages qui se trou-
veront dus,
194.nn. Nous avonsparlé., aux nM79. c. et sui-
vans, des différentes stipulations permises par les
deux derniers paragrahes de l'article a50 du Code.
Nous ajouterons ici qu'irdéfaut de la clause indiquée
au § 3, le débiteur d'une rente créée depuis le Code-
peut, à tout moment,selibérer par le rachat.

SECONDE SUBDIVISION.,

Lesrentes foncièress'éteignenteltespar la novation, la remise,


la confusion, lacompensation, pap la vente que le domaine
a faite de l'immeuble arrenté, et enfin par l'effet d'une erreur
du conservateur des hypothèques ?
194. oo. La rente s'éteint par la novation qui
s'opère entre le créancier et le débiteur, soit per-
sonnel, soit hypothécaire. Elle s'éteint par la remise
que le créancier de la rente fait de son dcoit, soit
par testament, soit par quelque acte entre-vifs.
t 94.pp. Elles'éteint par là confusion, lorsque
le débiteur personnel de la rente succède au créan-
cier, soit à titre universel, soit à titre singulier
vice versa, lorsque le créancier succède, soit à titre
:
universel, soit à titre singulier, au débiteur personnel
de la rente, son çlroit de rente foncière s'éteint par
la confusion des deux qualités de débiteur et de
créancier (article 1500 du Code civil). Dans ces
deux cas, l'engagement hypothécaire de l'immeuble
se trouve également éteint (article 2180, 1°).
Mais, lorsque le simple tiers-détenteur de l'im-
meuble grevé de la rente succède au créancier, ou
vice versa, l'obligation accessoire de l'hypothèque
se trouve seule anéantie par confusion, et elle se
sépare de l'obligation personnelle y
cette dernière
continue de subsister, et le débiteur personnel de la
rente reste obligé à la servir (1). Cependant il ne
sera pas tenu de fournir une autre sûreté, parce que
l'anéantissement de celle qui avait été stipulée dans
le contrat s'est opéré sans sa faute ou négligence.
194. qq. La rente foncière ne s'éteint pas par la
compensation, le capital du rachat n'étant pas exi-
gible. Les arrérages échus peuvent seuls être l'objet
d'une compensation.
194. rr. La rente foncière, dont un immeuble se
trouvait grevé au moment où, par suite des lois de
la révolution, il a passé dans le domaine public, est
purgée par la vente que le Gouvernement a faite de
cet immeuble, et l'acquéreur de l'immeuble le pos-
sède franc et quitte, sauf au créancier de la rente à
s'en faire rembourser le capital par le Gouvernement.
Voyez la loi du 17, 22 avril 1790, art. et 2; la 1
loi du 9,25 juillet 1790, tit. 1er, art. 75 la loi du
25 juillet 1795, tit. 2, sect. 4,art. 16 et 17jenfin,

(l) Répertoire, Vn Radiation deshypollnj<|MCS, n° i-


la constitution du 22. frimaire an nu (15décembre
1799), art. 94. — Aux termes de l'arrêté du Gou-
vernement, du 3 floréal an xi (23 avril 1803), les
émigrés amnistiés sont tenus de payer leurs dettes
qui n'avaient pas étéantérieurement liquidées à charge
,
;
du trésor public, et inscrites sur le grand livre de la
dette publique d'où il suit que le créancier qui n'a
pas obtenu cette inscription peut diriger l'action per-
sonnelle contre l'émigré. La cour de cassation l'a
ainsi décidé par arrêt du 15novembre1808 (1),
et la même chose a été reconnue par décret du
deuxième jour complémentaire an xii (2). La cour
de Paris a mêmedécidé, le 17janvier1823 (3),
que l'émigré qui, avant l'émigration, n'était obligé
à la rente qu'en qualité de détenteur, est aujourd'hui
obligé personnellement à la servir; qu'étant cause
delà confiscation, c'est à lui d'en supporter le dom-
mage. La loi du 5 décembre 1814 n'a pas fait obs-
tacle à ces décisions; seulement l'article14 de cette
loi, de même que les lois du 16 janvier 1816 et du
12 août 1818, ont accordé un sursis à toutes actions
de la part des créanciers des émigrés sur les biens
qui leur ont été restitués en vertu de la première loi.
Par l'article 18 de celle du 27 avril 1825, sur
l'indemnité accordée aux émigrés, condamnés et dé-
portés, les créanciers de rentes foncières dues avant

(1) Répertoire, Vo Rente foncière, § v", n° 8,5°.


(2) Ibid., Vo Émigration, S 8.
(3) S. 1825, 11, i53.
l'émigration, et qui n'ont été ni liquidés, ni payés-
par l'Etat, sont réintégrés dans tous leurs droitsy
mais seulement pour le capital de leurscréances et 3
ils jouissent même, dans l'ordre qui sera ouvert sur
les inscriptions de rente formant l'indemnité
privilèges qui leur appartenaient anciennement sur
,
des
les immeubles.confisqués. S'ils exercent leurs droits
contre d'autres biens de l'émigré, ils peuvent même
demander les arrérages échus et non prescrits (1).
Aucune prescription ne saurait leur être opposée pour
tout le temps de l'émigration du débiteur (2)3 c'est ce
qui a été-reconnu par une jurisprudence constante (3).
194. ss. Le lien d'hypothèque qui attache l'im-
meuble à la rente peut être anéanti. par une cause
toute spéciale,, par l'omission que le conservateur
aurait faite de l'inscription de la rente, en délivrant
au nouvel acquéreur de l'immeuble un certificat des
inscriptionsexistantes. L'article 2198 du Code civil.

(1) M. de Martignac, dans.son Exposé des motifs à la.


chambre des députés, le 5 janvier 1.825, et à la chambre des
pairs, le 16 mars 1825. M. Guichard, Dictionnaire de l'in-
demnité, pagesio5 et 106.
(2) Rapport de M. le-comtePortalis, à la chambre des pairs,
séance du 16 avril 1825. Ibid;, p. 107.
-(5) Voyez, dans le même ouvrage, l'article entier de ta.
prescription. La cour de Paris a d'ailleurs décidé, par l'arrêt
du 17 janvier 1823, que la demande en liquidation formée
contre l'Etat, aux droits de l'émigré, a interrompu la pres-
cription. Même décision de la cour d'Orléans, du 3o mai 1827;
et de celle do Douai, du 24 janvier 1828. S. 1828, h, 151.
et 152.
:
porte « L'immeuble à l'égard duquel le conserva-
teur aurait omis, dans son certificat, une ou plusieurs
des charges inscrites, en demeure, sauf la responsa-
bilité du conservateur, affranchi dans les mains du
nouveau possesseur, pourvu qu'il ait requis le certi-
ficat depuis la transcription de son titre, sans préju-
dice néanmoins du droit des créanciers de se faire
colloquer suivant l'ordre qui leur appartient, tant que
le prix n'a pas été payé par l'acquéreur, ou tant que
l'ordre fait entre les créanciers n'a pas été homolo-
»
gué. En d'autres termes, après la transcription du
contrat d'acquisition (suivant le système du Code
civil), et aujourd'hui, suivant le système du Code de

,
procédure, après l'expiration de la quinzaine, à dater
de cette transcription le nouvel acquéreur deman-

;
dera au conservateur l'état des inscriptions existantes
sur l'immeuble si, dans cet état, le conservateur
omet l'inscription du créancier de la rente, cette
inscription est, à l'égard de l'acquéreur et des autres
créanciers, censée ne pas exister; l'acquéreur peut,
si cette inscription est la seule, payer valablement
y
son prix entre les mains du vendeur et, s'il ya d'au-
tres créanciers inscrits, le prix sera partagé entre
eux seuls. Selon Farticle2198, il ne reste, dans ce
cas, au créancier de la rente ( ), que les deux moyens
1
suivans pour faire valoir ses droits : 1° Le recours en
dommages-intérêts contre leconservateur, respon-

(1) Sans parler, pour le moment, de ses autres droits, tels


que le pacte commissoire, dont l'exercice est indépendant de
l'inscription.
sable de cette omission, à moins que (suivant la
disposition générale de l'article 2197) l'erreur ne
provînt de désignations insuffisantes qui ne pour-

,
raient lui être imputées; 2° les diligences pour faire
commencer la procédure d'ordre ou l'intervention
dans cette procédure, si elle est déjà ouverte, pour
être colloqué suivant le rang du privilège cj>s dili-
gences et cette intervention sont recevables tant que
j
le prix n'a pas été payé par l'acquéreur, ou tant que
l'ordre fait entre J^es créanciers n'a pas été homo-
logué.
On voit que le législateur ayant eu décider à à
gqi, de l'acquéreur ou du créancier, devait jiuirc

:
l'omission du conservateur, a cru l'acquéreur plus
favorable disposition purement positive, susceptible
de graves critiques, et qui cependant ne laisse pas
de conserver sa vigueur (i).

(i) Répert. V° Transcription, S 3, p. io5, et S 7, n° 12,


p. 136. M. Grenier, n09 441, 442 et 533. M. Persil, liv. 2,
chap. 13, S 2. On sait que ce n'est pas le seul vice du titre du
Code qui traite des priviléges et hypothèques. En 1826, la
première livraison de l'Encyclopédie progressive et le Journal
du Commerce publièrent que M. Casimir Périer avait fondé un

:
prix pour l'auteur du meilleur Mémoire qui remplirait les
conditions du programme suivant a Quels sont, en France,
les vices et les lacunes des dispositionslégislatives et administra-
tives concernant leprêt hypothécaire? Quels sont les obstacles qui
s'opposent à la direction des capitaux vers cette nature d'emploi?
Quelles seraient9enfin, les meilleures dispositions à établir pour
former sur cette partie le projet de législation leplus complet et le
plus en harmonie avec les besoins du fisc, ceux des emprunteurs3
:
L'article dit L'immeuble demeure affranchi de là
charge; donc le créancier ne peut plus se prévaloir
d'aucun des effets ordinaires de l'hypothèque
déchéance du droit hypothécaire est pleine et entière
;;
la

il ne peut plus surenchérir, et il attendrait en vain


d'être averti par les notifications que la loi commande
à l'égard des créanciers inscrits. — M. Tarrible, au
Répertoire, V* Transcription, § 7, n° 15, soutient
que le créancier omis dans le certificat conserve le
droit d'enchérir dans les quarante jours à partir de la
transcription; mais, suivant le texte de l'art. 2198,
nous adoptons l'avis contraire de M. Grenier, n"443.
Par les mots pourvu qu'il ait requislecertificat
depuis la transcriptionde son titre, l'articlesubordonne

'M4*ik
et les garanties qu'ont droit d'exigerles prêteurs 2» — L'un des
auteurs du présent ouvrage présenta son Mémoire, et on
s'attendaitgénéralement à voir sortir de ce concours beaucoup
de lumières sur la matière. Mais le concours n'a pas eu lieu;
les véritables motifs de cettecdnduite sont restés inconnus du
public, et même des concurrens, malgré la réclamation pu-
bliée dans le Journal de l'Instruction publique, du 10 janvier
1828. — Cependant la Société d'émulation commerciale de Bor-

:
deaux a mis au concours, pour l'année 1828, cette question si
importante en droit et en économie politique, savoir Quels
sont les obstacles quiempêchent la propriété foncière, malgrél'hy-
pothèque matérielle qu'elleaccorde, d'emprunter les capitaux qui
lui sont nécessaires à un taux modéré et proportionné à l'intérêt
payé par le commerces qui cependant ne fournit aux prêteurs
d'autre gage que la garantie morale, c'est-à-dire la signature de
r emprunteur? Quels sont les moyens de faire disparaître ces obs-
tacles et de donner aux emprunts hypothécaires toute la faveurt
?
toutes les facilités désirables • -•
la déchéance à une condition qui est derîgneïirf
comme le sont toutes celles qu'une loi a apposées
aux déchéances. Il n'est pas vrai que l'omission d'une
inscription, dans un certificat quelconque délivré
par le conservateur, ait l'effet de purger l'immeuble
de cette inscription. Il faut d'abord remarquer que
l'article2198 ne parle que du cas d'aliénation vo-
lontairc; car, en cas d'expropriation, la transcription
n'est-pas nécessaire. (Voyez n° 91. v.). Si, aujour-
-d'hui,l'acquéreur par aliénation volontaire a requis
et obtenu le certificat avant l'expiration de la quin-
zaine, à dater de la transcription de son contrat (1 )1
l'immeuble reste grevé de l'hypothèque, malgré
l'omission du conservateur. L'acquéreur, dans ce
cas, aurait un recours en dommages-intérêts contre
le conservateur, conformément à l'art. 2i97;mais
il n'aurait pas obtenu l'extinction de l'hypothèque.
Le législateur n'a sacrifié les intérêts du créancier à
la sûreté de l'acquéreur que dans le seul cas indiqué,
savoir lorsque ce dernier entend se servir du certificat
pour opérer la purge de sa propriété (2).
194. ti. Quant aux deux exceptions à la règle de
la déchéance, la première, le recours contre le con-
servateur, n'en est pas une à proprement parler5c'est
un moyen extraordinaire de faire valoir ses droits.
la
Les expressions de l'article 2198,sauf responsa*

(1) Car, dans toute cette matière, l'article 834 du Code de


procédure forme le complément du Code civil.
(-2) Répertoire, V" Transcription, S7, n0,3, p. i36.
bililé du conservateur, ne peuvent être prises dans
un sens isolé et absolu, de sorte que le créancier ait
pour obligé ou le conservateur ou l'immeuble (i),
mais ces expressions se réfèrent nécessairement,
d'après l'ancienne règle posée dans la loi 24*D.de
Legibxs, à l'article précédent, qui traite, en général,
la matière de la responsabilité des conservateurs.
Aux termes de l'article 2197, cette responsabilité
est de droit, dès que le certificat ne se- trouve pas
conforme aux registres, et c'est au conservateur a
justifier que l'erreur ne provient pas de sa négligence.
En conformité dece principe, la cour de Paris a dé-
cidé, le 13février1812.(a).,quequelquedifférence
entre les énonciations de l'inscription et cellesdu
contrat de vente ne suffit pas pour justifierl'omission
de l'inscription dans le certificat du conservateur, si
cette différence néanmoins laisse bien apercevoir
l'identité des personnes et des immeubles.
Si leconservateur démontre que l'erreur provient
-

de désignations insuffisantes qui ne peuvent lui être


imputées, l'action récursoire, dirigée contre lui par
le créancier, doit être rejetée. Dans cette supposition,
il faut distinguer trois cas : ou la désignation insuf-
fisante est de fait du créancier, ou elle est le fait du
débiteur, ou elle est le fait de l'acquéreur. Le premier

(i) C'est cependant l'interprétation que M. Persil (tit. 2,


cliap. i3, 5 2, p. 162 de la deuxième édition) a donné à l'ar-
-
ticle 21g8. VoyezleRépert. àl'endroitcité, S 3, n°2,p. io5.
(a) Journaldu Palais, tome45, p. 465.
cas existe lorsque le bordereau ne contient pas la
désignation suffisante du débiteur, ainsi que la pres.
crit l'article2148; la cour suprême a cassé le 25 9
juin 1821 (1), un arrêtqui avait déclaré le conser-
vateur responsable, quoique le bordereau ne con-
tint qu'un seul des prénoms du débiteur,, et qu'il y
la
eut dan& même commune des individus portant
le même nom. On sent que, dans ce cas, il ne peut y
avoir lieu à aucun recours au profit du créancier it
conserve uniquement l'action personnelle contre le
-
débiteur. Le second cas se présente lorsque, dans.
l'acte qui constate la
dette, ou dans l'acte de vente,

,
le débiteur n'a pas déclaré tous
ses.noms et prénoms,
surtoutlorsqu'il a omis dans l'un de ces actes, le
;
pom sous, lequel il était le plus .connu c'est ainsi
y
que la cour de Paris par arrêt du 5 décembre
1814 (2), en rejetant l'action dirigée contre le
conservateur, a condamné le débiteur;, a titre ili
dommages-intérêts, et par conséquent par corps (ar-
ticle 126 du Code de procédure), à payer au créan-
cier le montant de la créance en capital, intéséts et
frais (3). Cette condamnation se justifie pleisement

-
(1) S. i8ai, 1, 344. Ofet arrêt a consacré en même-temps
un autre point remarquable; c'est que la décision d'un tribu-
nal, que la désignation du débiteur dans le bordereau est suf-
fisante, et que par suite le conservateur est responsable, ne
présente pas une déclaration de fait ou un simple mal-jugé.
,
(2) S. 1811 il, 239.
(3) La critique que M. Persil a faite de cet arrêt nous seninio
mal fondée, suivant les principes que nous venons d'exposer.
par les articles 1382 et 1383 du Code civil. Les
mêmes articles doivent trouver leur application, dans
le troisième cas, contre l'acquéreur, qui,soitseul, soit
par collusion avec le débiteur-vendeur, aurait induit
le conservateur en erreur au moyen de désignations
insuffisantes.
194. MM. La seconde exception exige plusieurs
développemens. Le créancier doit, pour la taire va-
loir, se présenter de son propre mouvement; car il
ne reçoit plus d'avertissement. Il doit former sa ré-
clamation avant que le prix ne soit payé par l'acqué-
reur, ou avant que l'ordrtï fait entre les créanciers
ne soit homologué.
Si l'acte d'acquisition constate qu'au moment de
la vente l'acquéreur a payé au vendeur le prix entier,
et si plus tard, quinze jours après la transcription,

,
l'acquéreur obtient le certificat qu'il n'existe aucune
inscription l'immeuble s'en trouve affranchi le :
:
créancier, dont l'inscription a été omise, ne peut
rien exiger de l'acquéreur il ne peut que recourir
contre le conservateur; et si ce dernier prouve que
l'omission provient de la désignation insuffisante
que lui a faite l'acquéreur, cette action récursoire
sera rejetée, sauf toutefois les droits à exercer contre
l'acquéreur, dont nous avons parlé au numéro pré-
cédent. — Il en est de même lorsque le paiement a

,
été fait par l'acquéreur après la délivrance du certi-
ficat mais avant les poursuites du créancier (1) 2

(J) Comme il s'agit toujours d'une aliénation volontaire, le


toutefois le paiement doit être constaté par un'axite
ayant date certaine avant ces poursuites, parce que
le créancier procède en vertu de son propre droit,
et qu'il n'est pas l'ayant-cause du débiteur. La cour
de Paris a reconnu ces principes par son arrêt du 2
pluviose an xm (i), rendu dans une espèce où ie
certificat avait été délivré sous l'empire de la loi du
11 brumaire an vu, loi dont l'article 55 a été le type
de l'article 2198 du Code. Le pourvoi contre cet
arrêt a été rejeté le 9 nivose an xiv (2).
Lorsqu'il n'y a pas encore eu de paiement de la
part de l'acquéreur entre les mains du vendeur, le
créancier omis peut se présenter tant que l'ordre
entre les créanciers n'est pas homologué. Ce mot a
été emprunté par les auteurs du Code civil aux ar-
ticles 51, 54 et 55 de la seconde loi du 11 bru-
maire an vuy en vigueur lors de la rédaction du
Code, articles qui avaient ordonné que l'ordre et la
distribution du prix de toutes aliénations seraient
-
faits enjustice, et que l'ordre serait homologué par
le tribunal. Le Code de procédure a introduit, en
y
cette matière une autre forme de procéder. La dis-
tribution du prix peut s'effectuer de trois manières.

créancier peut, ou poursuivre l'acquéreur aux termes des ar-


ticles 2166 et suivans du Code civil, ou intenter, s'il n'y a pas
plus de trois créanciers inscrits, une action principale a fuj
d'ordre, ou, s'il yen a davantage, provoquer l'ordre des créan-
ciers (article 775 du Code de procédure).
(i) S. tome 5, 11, 3ig.
(a)S. 1806, 11, 765. Répert. V° Conservateur, 5 4, n"à. -
D'abord les parties, savoir les créanciers, et le ven-
deur, ou le saisi, peuvent se régler entre eux à cet
égard; les articles 749 et 750 le permettent ex-
pressément, quant à l'aliénation par expropriation,
et l'article 775 ne le défend pas en cas d'aliénation
volontaire. Si l'ordre est poursuivi en justice, il
faut9 aux termes de cet article 775, distinguer
deux cas : ou il y a plus de trois créanciers inscrits,
y compris le créancier omis, ou il y en a moins.
Dans Le premier cas,l'ordre pourra être provoqué
et suivi dans les termes des articles précédens
il se terminetoujours par des ordonnances du juge-
;
commissaire, ou par une. seule (article 759), ou par
plusieurs (articles 758 et 767) 5ausecond casy
l'ordre doit être provoqué par action principale. Il
s'ensuit qu'aujourd'hui l'ancienne homologation de
tordrese trouve remplacée, selon la différence des
cas, par l'un des trois actes suivans : 1°par le règle-
mentdéfinitif fait à l'amiable entre les créanciers et
l'ancien propriétaire; 2° par l'ordonnance du juge-
commissaire dans les cas des articles 759 (1), 758

(1) D'après les termes de l'article 759 du Code de procédure


civile, on serait porté à croire que les créanciers hypothé-
caires, qui n'ont pas produit à l'ordre, et ont en conséquence
été déclarés déchus, ne conservent plus, sur ce qui reste du
prix après les collocations utiles, un droit de préférence vis-
;i-vis des créanciers chirographaires, mais qu'ils se trouvent
absolument sur la même ligne avec ces derniers. Aussi nous
lavons vu appliquer l'article 759 en ce sens. Cependant la cour
de Douai a jugé en sens contraire, en décidant que, nonobstant
la radiation de leurs inscriptions, ordonnée par le juge-com-
et
et 767; 5° par le jugement définitif en dernierres-
sort, rendu sur l'action principale (i). Donc, après
que l'un ou l'autre de ces actes sera intervenu, la
réclamation ou l'intcrvention du créancier omis ne
saurait plus être reçue. Seulement il faut remarquer
que, dans le cas prévu par es art. 758 et 767, le
créancier de la rente, par exemple, quoiqu'il ne puisse
plus revenir sur la collocation des créanciers à l'égard
desquels l'ordre a été arrêté, peut encore intervenir
avant l'ordonnance du juge-commissaire, prévue par
l'article 767, et qui constitue l'homologation; ce
n'est pas le cas d'appliquer l'article756, mais nous
sommes dans les termes de l'article 2198 du Code
civil. C'est aussi l'opinion de 31. Persil, Régime
hypothécaire, art. 2198, n° 6, et de M. Grenier,
n° 442. Ces deux auteurs, en énumérant les divers
articles du Code de procédure auxquels il faut se rc.
porter pour expliquer les dernières expressions de
l'article 2198, ont omis l'article 775 et le cas d'une
action principale.
U D'accord avec ces deux auteurs, nous estimons

yfv 11
missaire, ces créanciers hypothécaires doivent être payés sur
le reliquat, à l'exclusion des simples créanciers hypothécaires;
et le pourvoi formé contre cet arrêt (du 5o juin i823) a été
rejeté par la cour suprême, le 10 juin 1828. Gazette des Tri-
bunaux, n° 887, du 11 juin 1828.
(1) Il n'est pas nécessaire que le jugementsoit passé en force
de chose jugée; car il n'y a plus d'intervention possible après
l'arrêt définitif; et on verra à l'instant qu'il ne peut être ques-
tion d'une tierce-oppt~tion.
que le créancier omisne saurait être reçu à former
tierce-opposition auxordonnances ou jugemens d'or-
dre', pour ge faire colloquer à son rang; et nous
ajouterons qu'il en est de même dans le cas du juge- -
ment ou de l'arrêt rendus sur l'action principale. Il
ne s'agit pas de l'application de l'article 474 du
Code de procédure, mais de celle de l'article^198
du Code civil, qui prononce la forclusion contre le
créancier qui ne s'est pas présenté avant l'une des
deux époques indiquées; cette forclusion étant ac-
quise, il ne reste rien à juger. La cour de Bruxelles
a rejeté une tierce-opposition formée dans ce cas, par
arrêt du 15 janvier 1812(1).
194. vv. Les discussions qui précèdentamènent
l'examen d'une question analogue que la loi n'a pas
5
prévue c'est la question relative aux droits du créan-
cier dont l'inscription a été radiée injustement. Nous
l'avons vu se présenter en justice dans l'espèce sni-
vante : Avant le décret du 17 mars 1808, relatif
auxcréances des juifs, «T. israélite, obtint un
jugement arbitral contre S.y ,
chrétien, portant
condamnation au paiement d'une somme capitale et
des intérêts : inscription hypothécaire est prise en

J.,
conséquence sur les biens de S. Après le décès de
ses héritiersdéclarent dans l'inventaire que
H.,
ancien associé de
S. J.
cette créance appartient à

J.
autre israélite,
Sous l'empire du décret,
fait assigner les héritiers pour voir or-

(1)S.1814,11,398.
3
donner la radiation de l'insepiption et il fonde cette
demande sur le décret. Les défendeurs n'ayant pas
constitue d'avtmé, jugement par défaut qui adjuge
ces conclusions, ce jugement est signifié aux héri-
tiers J., et, quelque temps après, sur la repré-
, f.
sentation des certificats prescrits par l'article 548
cb*Code de procédure le conservateur raie l'ins-
cription prise à la requête-de contre S.
PÙIS tard, M. forme opposition au jugement par
défai&t, en la qualifiant de tieree-oppositiqn (1)3 les
Jf.»
héritiers interviennent (2} pour adhérer aux
conclusions, de R., tendantes à ce que le jugement
soit rétracté, parce que le décret de 1808 ne s'ap-
plique pas aux jugemens, et que celui en question
\l'est pas entaché d'une autre nullité. Jugement qui
déclare la tierce-opposition et l'intervention non re-
eçvables, par le motif que la première a été dirigée
contreun jugement par défaut, et que la seconde,
n'étant que Vaecessoire d'une instance, doit tomber
awe le principal(5).. Point d'appel'. Dans l'intervatte.,
,$ décède., et sa succession n'est acceptée que sous
iénéfieediiivcntalrtt. Les immeubles sont vendus
3
dans lçs fcrro-eft prescrites. après la transcription ,
pas l'inscription de J.,
l'acqiiéreuB obtient un certificat qui ne comprend
et il poursuit l'ordre.

(i)Procédé irrégulier.
(2) Même observation.
,
(3) Décision juste mais qui, comme on voit, n'a aucune
nfluence sur le fond de la cause.
Il., quoique non
de produit,
somtaé tic produire ses titres^
faitacte et démaiitle être ooIIcéjhb, - -

Il est certain d'abord que la radiation avait été


faite sans droit. Aux termes de article 2157, ellé
ne pouvait-avoir lieu qu'en vertu d'un jugement en
(
,i
dernier ressort, eu passé en force de chosejugée ï)}
or, iaas l'espèce le jugement par défaut était en
premier -rei;sort et7 au moment de la radiation, il
n'existaitaucun acte qlai aurait pu faire.députerexé*
cmté -ce jugement, aux termes de l'article 159 du
Codede procédure ; ainsi il n'était pas non plus passe
euforce àe dtosejllgée. Les certificats désignés aux
articles164 et 548 du même Code ne pouvaient
valider la radiation;car ces articles supposent quelles
délais de l'opposition ou de l'appel sont expirés (a)î
La radiation était donc un acte nul et de nul effet 5
par conséquent l'inscription devait être rétablie. On
ne pouvait opposer; à la demande en rétablissement,
aucune fin de non-reoevoir tirée du jugement par
défaut. Ce jugement était comme non avenu, aux
termes de l'article 15.6 du Code de procédure car,
même abstraction faite de la nullité de la radiation,
;
cet acte n'est pas un de ceux qui emportent l'exé-
, cution d'un jugement (article 159). Le second juge-
a
ment qui déclaré non-reeevable l'opposition de J
R.
ainsi que l'intervention des héritiers tT., n'à en

(1) M. Grenier, n° 526. M. Persil, liv. 1, chap.10, sect. a,


Si.
(2) La cour de Cologne a reconnu ces principes par arrêt.
du )6 décembre 1820. Journal des arrêts, t. 6, 1, 4'2.
d'autre effet que celui de réputer ces deux actes non
avenus; il ne décide rien à l'égard de la validité de
la radiation, et il ne peut donc avoir force de chose
jugéeàcet égard.On ne saurait invoquer l'art.2198
car ce n'est pas par une simple omission que l'ins-
:
cription ne se trouve pas dans le certificat délivré
après la transcription, mais c'est là un effet de la ra-
diation. Reste la question de savoir si l'inscription
reprend sa date primitive, ou si elle vient seulement à
la suite de toutes les autres inscriptions, comme si elle
n'avait d'existence que par le nouveau jugement à
rendre incidemment à l'ordre. En général, et abs-
traction faite pour le moment du système hypothé-
caire, il faudrait soutenir l'affirmative dans tous les
cas3 car la radiation est réputée non avenue, et par
conséquent la situation des choses est la même,
comme si jamais il n'y avait eu de radiation. Mais,
comme les créanciers postérieurs à l'inscription pri..
mitive doivent être présumés avoir contracté sur la
foi des reGistres, il faut établir une distinction. Ont-
ils traité avec le débiteur avant la radiation? Ils
ont connu, au moment du contrat, l'existence de
cette inscription, et ils n'ont aucun motif de se
plaindre de cc qu'elle reprend sa date primitive;
la cour de Douai l'a ainsi décidé, le 10 janvier
1812 (1). Mais le créancier, dont le contrat est
postérieur à la radiation, n'a dû connaîtrede créan-
ciers inscrits que ceux dont les inscriptions existaient

,
(1)S.1812 11?070,
alors sur le registre des hypothèques ; et supposer
que son inscription pût se trouver primée par une
autre qui neparaissait pas alors, mais qui aurait été
rétablie après coup, serait renverser tout le système
du régime hypothécaire. Ce sont les considérans d'un
arrêt de la cour de Paris, du 15avril 1811 (1), qui
a reçu la tierce-opposition formée, par un créancier
postérieur à la radiation, contre l'arrêt quiavait an-
nulé cette radiation; et c'est aussi l'opinion de MM.
Guichard (2) et Merlin (3). Dans ce cas', comme

,
c'est par la faute grave du conservateur, qui a fait
la radiation nulle que le créancier omis perd son
rang primitif, le conservateur est tenu de tous les
dommages-intérêts. Ici s'applique la disposition gé-
nérale de l'article 1582 du Code civil5 l'art. 2197
ne l'a pas restreinte, quant aux conservateurs, aux
deux cas qui y sont exprimés; ce dernier article n'est
pas conçu en termes limitatifs, mais en termes sim-
plement énonciatifs; il présente deux cas qui sont la
conséquence des principes établis aux articles 1582
et 1585, sans exclured'autres cas. C'est ainsi que
l'avis du conseil d'Etat, du 11, 26 décembre 1810,
dispose qu'une transcription inexacte des bordereaux
remis au conservateur par un créancier requérant
?
l'inscription donne à celui-ci, s'il en a souffert

(1)S.1811,11,472.
(2) Jurisprudence hypothécaire, V° Cassation.
(3) Questions de droit, Vo Cassation, § 21, n° 5. (Addit.
t. 7. p. 585.)
quelque préjudice, une action en garantie contre le
conservateur, et cependant l'article 2197 ne parle
point de ce cas.
194,xx. La distinction établie au numéro précé*
dent s'applique, par identité de motifs, au cas ou la
radiation avait été ordonnée par un jugement on ar-
rêt qui depuis a été cassé. Voyez les auteurs cités.
194. yy. Par quel laps de temps se prescrit le
recours contre le conservateur? Aucune loi n'ayant
établi une prescription particulière relativement a
l'action personnelle contre leconservateur ou ses hé..
ritiers, cette action dure trente ans, conformément à
l'article 2262 du Code civil. Aux termes de l'art. 5
de la loi du 21 ventose an vu (11 mars 1799), le
conservateur est tenu de fournir un cautionnement
en immeubles, et l'article 7 ordonne qu'une inscrip-
tion sera prise sur ces immeubles, qui subsistera
pendant toute la durée de la responsabilité, sans
avoir besoin d'être renouvelée. « Ce cautionnement
porte l'article 8, demeure affecté à la responsabilité
du conservateur pour les erreurs et omissions dont
la loi le rend garant envers les citoyens.» «Cette
affectation subsistera, continue l'article, pendant
toute la durée des fonctions, et dix années après ;
passé lequel délai, les biens servant de cautionne-
ment seront affranchis de plein droit de toutes ac-
tions de recours qui n'auraient point été intentées
dans cet intervalle.» On voit que l'expiration de ces
dix ans n'éteint point l'action personnelle.
L'aJ'rêt de rejet, du 2 décembre 1816, n'est
pas contraire à cette opinion. Le conservateur avait
prétendu que, pour les inscriptions, sa responsabilité
cessait au bout de dix ans de leur date, parce qu'elles
n'ont d'effet que pendant dix ans. La cour de Caen
5
condamna le conservateur le pourvoi fut rejeté par
les motifs que, lors de la garantie exercée contre le
conservateur, il ne s'était pas écoulé dix ans depuis
la cessation de ses fonctions, et qu'en décidant que
la durée de la responsabilité était prorogée à dix ans
après la cessation des fonctions, la cour a fait une
juste application de l'article 52 de la loi du 11 bru-
maire an VII, et de l'art. 8 de la loi du 21 ventôse de
la même année ( ). On voit que cette décisionn'est
1

aucunement contraire à l'opinion que nous venons


5
d'émettre la cour a seulement rejeté le système du
conservateur, sans se prononcer sur la question de
savoir si la prescription est de dix ou de trente ans.

SECTION IV.

De la prescription des rentes foncières.

195. Les rentes foncières s'éteignent aussi par la


prescription. Autrefois on avait mis en question si
le droit de rente foncière pouvait se prescrire dans
tous les cas (2). Aujourd'hui cette question n'en est
plus une, aux termes de l'art. 22G2 du Code civil,
verbis : « Toutes les actions »,
et de l'art. 2180,

(0S.181;,1,J17.
(2) Répertoire, Vo Prescription, sect. 3, S 2, art. 2. Dunod,
De la Prescription, édition de Laporte, 1810, p. 386.
4°, qui porte que les privilèges et hypothèques s'étei-
gnent par la prescription (i).
Autrefois il fallait, dans cette matière, distinguer
deuxcas y celui où le détenteur du fonds grevé de la
.rente l'avait acquis et possédé comme franc de rente,
et celui où ill'avait acquis ou du moins possédé avec
;
cette charge (2) c'est pourquoi Pothier dit qu'il y
a deux espèces de prescription des rentes foncières,
celle qui résulte de la possession du détenteur, et
celle qui résulte du non usage du créancier. Aujour-
d'hui il faut suivre à peu près, la même distinction.
Nous avons vu que le créancier de la rente a deux ac-
tions, l'action personnelle contre l'acquéreur primitif,

,
ainsi que contre celui des acquéreurs subséquens
qui s'est chargé de la rente, et contre le détenteur
de 1789 ensemble contre leurs héritiers il a de
plus l'action ou la poursuite hypothécaire contre les
5
détenteurs des immeubles grevés de la rente. Ces

:
deux actions peuvent compéter contre la même per-
sonne, savoir si le détenteur du fonds est obligé
personnellement au service de la l'ente; elles peuvent
exister contre deux personnes séparément, lorsque
l'immeuble se trouve entre les mains d'un simple
tiers-détenteur. Chacune de ces actions est soumise
àune prescription différente; l'article 2262 du
Code règle la prescription de l'action personnelle,
et l'article 2180 contient les dispositions relatives

(1) Répert.,ibid. Question 1, n° 13, et Question 2, n°12.


-
(2) Ypyez ci-dessua nos 82, 83, 84, 91. s. et 152. a.
à la prescription de l'engagement hypothécaire. Po-
thier a commencé par la prescription qui court au
profit du détenteur du fonds, parce que c'était là le
premier point sous l'ancienne législation où l'im-
meuble était regardé comme débiteur principal de
la rente. Aujourd'hui il faudrait commencer par la
prescription de l'action personnelle, qui est la prin-
cipale, et ce n'est que pour nous conformer à notre
plan que nous suivrons l'ordre de l'auteur.

§ i. De la premièreespèce de prescription, qui résulte


de là possession.

196. Ainsi que l'annonce la rubrique, cette près*

;
cription est fondée sur la qualité de la possession du
détenteur d'un héritage sujet à la rente elle court
au profit du détenteur, qui a possédé l'héritage franc
et quitte de la charge, ainsi qu'il sera exposé plus
amplement par la suite. Cette espèce de prescription,
comme nous l'avons déjà fait observer au numéro
précédent, ne peut avoir lieu ni au profit des acqué-
reurs à rente, ni au profit des acquéreurs subséquens
qui se sont chargés de la rente, ni au profit des pos-

,
sesseurs de 1789jcar, étant personnellement obligés
à la rente ils ne peuvent être censés avoir possédé
l'immeuble comme franc de rente. Cette prescription
ne peut non plus courir au profit des héritiers mé-
diats ou immédiats des individus dénommés ci-dessus,
quand même ces héritiers ne se seraient pas chargés
3
de la rente car leur possession n'est que la conti-
- -
- j
nnatiom de ceke du défunt qui était une possession
à cfearge de la rente;
Cette prescription aê peutdonc avoir lieu qu'au
profit des tiers-détenteurs qui ont acquis à titre sin-
gulier l'immeuble grevé de là rente, sansavoir été
chaulés de cette reifte (simples tiers-détenteurs), et
ara proflt:de leurs héritiers. — Pothïer exige en même
tettps que le détenteur n'ait pas en connaissance dé

rente.
197. - -'-''*'-
j j
la rente.IXotts avons vu au nl, 84 que cette con*
naissance est aujourd'hui une circonstance indiffé-

Cette prescription, par laquelle s'eteint l'en-


gagement hypothécaire qui affecte l'immeuble au pri-
vilège de la rente, était établie autrefois par l'art. 114
de la tSoutuwe de Paris (i) : elle l'est injourd'hui
par l'article 2180 du Code civilj-qui porte LeS
privilèges et hypothèques s'éteignent.:. 46 par la
prescription. Quant aiSf feiens qui sont dansla
naind'wntiers-deteateuF,elle lui est acquise par le

j
temps uéglé pour la prescription de la propriété à
:
eoii-yrcifit dans té cas ou la prescription suppose un
-

titpe.,elle ne commence à courir que dujourou il a


été transcrit -sur les registres du conservateur. Les
,

imrcriptiOD9 prises -par le -créancier n'interrompertf


gHrs leCMO's de la prescription établie par la loi en
fisureuï ?1*.tiers-détenteur »- fe).

(i) Elle l'était déjà dans le Droit romain, Répertoire, V°


Prescription, sect. 2,§ 13, n°2, et M. Thibaut, S io38.
{2) M. é-renier, "n° 510. M. Tarrïble, Y"Radiation des hy-
ptflfcèqueé, n- 18.
Lorsque l'immeubleaffecté à l'hypothèque estresté
eu la possession du débiteur, l'hypothèque se pres-
crit, aux termes du même article, par le même laps
de temps que l'obligation principale, parce qu'elle
n'est alors que le simple accessoire de cette obligation}
en d'autres termes,l'action hypothécaire est la dé-
pendance de l'action personnelle.. Mais, lorsque l'im-
meuble passe dansd'autres mains, l'hypothèque le
suit; elle s'isole, peur ainsi dire, de l'obligation, et
se trouve plus particulièrement en cpntact avec le
droit de propriété du nouveau possesseur. Ce n'était
donc plus, dans ce cas, le temps réglé pour prescrire
l'obligation, mais bien celui fixé pour prescrire te
propriété, qui devait servir de base au législateur
pour déterpainer I4. prescription de l'hypothèque.
L'action personnelle et l'action hypothécaire sont

;
alors indépendantes l'une de l'autre,,etelles se règlent
par des principes différens l'hypothèque surles biens
,
aliénés par le débiteur peuts'éteindre par la pres-
cription sans que néanmoins la créance soit pres-
crite; le tiers-détenteur peut prescrire, à l'égard

!
du créancier hypothécaire ou privilégié, alors que
Faction de celui-ci contre le débiteur personnel con-
tinue de subsister.
p
198. L'article?2180 jeu disposant que lapres-
cription est acquise au ti/ers-détenteur par le temps

T?--
régi# pour la prescription de la propriété, renvoie
pàoelà aux articles 2262 et 2265 du Code (1), et il
s'ensuit :
t"
(1) M.Grenier, ibkf*
1. Que le tiers.détenteur qui a acquis l'immeuble
par juste titre, et qui est de bonne foi à l'égard des
privilèges et hypothèques qui frappent cet immeuble,
prescrit la libération de ces priviléges et hypothèques
par une possession de dix ou de vingt ans, selon que
le créancier habite ou non dans le ressort de la cour
royale dans l'étendue de laquelle l'immeuble est situé ;
car, dans le temps que nous venons d'indiquer, il
prescrira la propriété, si son acquisition a eu lieu de
;
bonne foi et par juste titre et il est évident que,,
comme la prescription court contre le créancier, le
délai doit être déterminé, non par le domicile du
véritable propriétaire, ainsi que le porte l'art. 226S,
mais par le domicile du créancier (1). A ces condi-
tions requises par l'article 226l), l'article 2180
ajoute celle que la prescription ne commence à cou-
rir, dans ce cas, que du jour de la transcription du
titre (2). Par cette transcription, l'acquéreur est

(1) M. Persil, liv. 2, chap. 10, sect. 1, 52.


(2) M. Grenier, n° 511. Répert. Vo Prescription, sect. l,
§ 5, art. l, n° 3. VO Radiation des hypothèques, n° 8. M. Persil,
la
liv. 2,chap. 10, sect. 1, S5. Avant loi du 11 brumaire an VII,
cette condition particulière n'existait pas dans la législation,
et la prescription commençait à la date du titre (arrêt de
t,
cassation du loraoût 1810. S. 1810, Stg). La disposition
générale de l'article 26 dela loi de brumaire emportait néces-
sairement la conséquence., que la prescription ne pouvait
commencer, au profit du tiers-détenteur contre le créancier,
qu'à dater de la transcription du titre. (M. Persil, à l'endroit
cité. Arrêt de cassation, du 28 avril 1823. S. 1823, 1, 292).
censé entrer dans une possession de l'immeuble
franche et quitte de toute charge (i).
Il. La prescription des priviléges et hypothèques
exige la possession de trente ans, lorsque le tiers-

pendant,
détenteur ne rapporte pas de titre; dans ce cas, ce-
on ne peut lui opposer l'exception déduite
de la mauvaise foi. L'article 2262 contient la même
disposition quant à l'acquisition de la propriété sans
titre et sans bonne foi.
III. La même possession de trente ans est néces-
saire si le titre du détenteur n'est pas transcrit; car
alors la condition, sous laquelle l'article 2180 admet
la prescription de dix ou vingt ans, ne se trouve pas
accomplie, et le cas rentre dans la disposition géné-
rale de l'article 2262.
Dans les trois cas, le législateur suppose que le
créancier a pris inscription pour conserver le privi-
lége; voyez ci-dessus le n° 91. q. et la dernière dis-
position de l'art. 2180. A défaut d'inscription, le

(I) Lorsqu'un détenteur à charge de rente a vendu l'im-


meuble franc et quitte, et a donné par là occasion à la pres-
cription de dix ans, le créancier de la rente peut-il, par forme
de dommages-intérêts, et en s'étayant de l'article 1134 du
Code, exiger de ce vendeur le paiement du capital du rachat?
Nous embrassons l'affirmative. Aux argumens exposés aux
n0' 42 et 191 sur des questions analogues, on peut ajouter,
dans l'espèce, qu'en aliénant franc et quitte, le vendeur est
censé avoir reçu l'équivalent de la charge, parce qu'en la dé-
clarant à l'acquéreur, et en ne passant la vente que sous la
condition que l'acquéreur se soumît à la rente, celui-ci en au-
rait donné un moindre prix.
détenteur, dans le premier cas, n'a pas besoin de la
prescription pour se libérer de la charge, d'après les
principes exposés au n° 91. t.
198. a. L'article 2180 parle uniquement de
et
l'acquéreur par aliénationvolontaire, nullement
de l'adjudicataire par expropriation forcée. L'ex-
pression tiers-détenteur, qui se trouve dans celte
disposition, n'est employée dans tout le titre des hy-

,
pothèques que pour désigner l'acquéreur par aliéna-
tion volontaire tandis que le législateur s'est tou-
jours servi du mot adjudicataire, quand il a entendu
parler de celui dont le titre d'acquisition est une
vente par expropriation forcée,
M. Tarrible,auRépertoire, V" Saisie immobi-
lière, § 7, n° 5, p. 303, fait observer que « l'adju-
dicataire ne peut plus avoird'hypothèqueà prescrire,
puisque toutes celles dont son immeuble pouvait être
grevé sont puisées par l'adjudication et par la distri-
bution du prix5 les. hypothèques non inscrites sont
purgées par l'adjudication (ainsi que iioiis l'avons vu
au n° 91. v.)5 celles inscrites et utilementcoljoquées
le sont par l'extinction de la créance, et enfin celles
quin'ontJpu obtenir pne collocation utile, sont pur-
autorité
gées par de la loi çt du jugement qui en
ordonne Ja radiation (articles 759, 773 et 7*74 du
--Code de procédure).» Nous sommes d'accord avec
l'auteur sur la vérité de ces observations; mais il
pous semble qu'il existe un autre cas qui n'y est pas
prévu? et dans lequel il peut être question d'une
prescriptionau profit.del'adjudiçaJtHMVi^celui
pii il n'y a pas eu d'ordre des créanciers. Lia loi
n'obligeant pas sous clause "pénalel'adjudicataire de
faire procéder à l'ordre, il peut se borner à payer

,
l'es créanciers qui se présentent; d'autres créancière
peuvent ae pas recourir contre lui soit parce que
leurs créances sont éventuelles, soit parce qu'il existe
encore d'autres immeubles hypothéqués à la même
dette. L'adjudicataire prescrira la libération de ces
hypothèques, no. en vertu de l'article 2180, qui
ne parle pas de lui,mais en vertu de l'article 2262,
dontfa
-
disposition générale embrasse tous les cas
quelconques. On voit encore par la, ainsi quenousf
l'avons fait observer au DO 91. v., que l'adjudica-
taire n'estjamais obligé à transcrire son titre; même
et matière de prescription, cette transcription ne lui
serait d'aucune utilité.
199. Pothier expose que le principe consacré par
»
l'article£23£ au Code s'appliqueégalement à cette
prescription. G€staujourd'hui une conséquence de
Eorticle 2180,«vivant lequel la prescription est ac-
quise par ie temps fixé pour la prescription de la
propriété. :
200. Nou&avons déjà indiqué; au no 198 ci-des§us,
que la prescription a lieu par une "possession de dix,
j
vingt ou trente «ns l'article 22f29 du Code, con-
forme à la doctrine professée parPothierauprésent
numéro, porte que, pour JfôuvÕir prescrire, il faut
l'ne possession continue et non interrompue, paisiMe,
publique, non équivoque, et à titre de propriétaire.

l'on invoque l'article 2180j ;



Cette disposition est applicable dans tous les cas où
car il parle du tièrs-
détenteur, dans la main duquel est le bien en d'aïf
très termes, il parle du possesseur de l'immeuble;
et l'art. 2229 indique les caractères que doit avoir
la possession en matière de prescription.
200. a. Nous ajouterons quelques observations
à
relativement l'interruption de la possession.
L'article 2180 porte textuellement que les ins-
criptions n'ont pas l'effet d'interrompre la posses-
sion, franche et quitte de charge, du détenteur;
car, dit M. Tarrible, Vo Radiation des hypothèques,
n° 8,4°, en générall'interruption ne s'opère que
«
par la privation de la possession, ou par la notifica-
tion du droit étranger donné personnellement au
possesseur: et l'inscription n'opère ni l'un ni l'autre.»
La présente prescription n'est interrompue que de

déclarationd'hypothèque ,
deux manières (i) : par la sommation dont il est
parlé aux articles 2169 et2176, et par l'action en
telle qu'elle est encore
permise aujourd'hui (voyez le n° 91. xx.).
Un commandement signifiéau tiers-détenteur seul
;
n'aurait pas le même effet ce serait un acte frustra-
toire. Il faut un commandement au débiteur princi-
pal, suivid'une sommation faite au détenteur; cette
sommation interrompra la possession de ce dernier.
Cependant les sommations de ce genre périment par
trois ans de cessation des poursuites de la part du
créancier, ainsi qu'il résulte de l'article 2176 (2);
et, ce délai passé, on ne peut plus en tirer aucun

(1) M. Grenier, n° 517.


(2) Voyez ci-dessus n* 157.
avantage. C'est ce qui a été décidé par arrêt de la
cour de Toulouse, du 21 mars 1821 (i),
Une autre espèce d'interruption, c'est la recon-

;
naissance que le tiers-détenteur fait des droits des
créanciers (article 2248) par exemple, si, après la
transcription, il leur a notifié son titre avec offre de
j
payer (a) cette offre emporte l'obligation person-
nelle de sa part (3).
L'interpellation faite au tiers-détenteur n'inter-
rompt pas la prescription à l'égard du débiteur prin-
cipal, et vice versa. La première proposition résulte
de ce que l'hypothèque n'est que l'accessoire de
l'obligation principale 5
qu'il faut donc s'attacher
avant tout à sauver cette dernière par une interruption
de la prescription, et que l'engagement hypothécaire
est nécessairement éteint, lorsque l'obligation princi-
pale n'existe plus. C'est ce qui a été décidé par les
arrêts de la cour de Riom, du 11 messidor an xi et
du 2 avril 1816 (4), ainsi que par l'arrêt de rejet
du 25 avril-1826 (5). Il suit même de ce principe
que l'engagement hypothécaire se trouve éteint dès
que l'obligation personnelle-est prescrite, quoique la
prescription -ne soit pas encore accomplie à l'égard de
l'hypothèque. Le premier et le troisième des arrêts

-
cités l'ont ainsi décidé.

(1) S. 1821, 11, 348.


(2) M. Grenier, n° 516.

droit, M" Rente foncière, q 16.


-
(5) La reconnaissance du fermier ne suffirait pas. Quest. de

(4) S. 1807, 11, in3;1817,11,-373.M.Grenier., n°5iq.


(5) S. 1826, 1, 433. Répert. Y.0 Interruption, n° 12.
Les poursuites exercées par le créancier contre lé
débiteur personnel n'empêchent pas le tiers-détenteur
5
de prescrire le privilège les deux actions du créan-
cier sont indépendantes 1ufte de l'autre, et se régis-
sent par des principes différens; voyez les ri08 197
et 205. b.
De même la reconnaissance du débiteur personnel
n'empêche pas la prescription de la rente à l'égard
du tiers-détenteury et viceversa. Les motifs sont les
mêmes que ceux exposés quant à l'interpellation
c'est aussi l'opinion de M. Merlin (r).
:
201. Nous avons remarqué que la prescription
de dix et de vingt ans suppose la bonne foi (articles
550 et 2268). La connaissance de la rente et des
-
inscriptions n'empêchent point le tiers détenteur
d'être de bonne foi3 car la loi ne défend pas d'acheter
une chose hypothéquée (2). «Ledétenteur sera de
mauvaise foi, dit M. Grenier, n° 515, lorsqu'il
n'aura aucun motif légitime pour croire que le débi-
teur acquittera lui-même les créancesinscrites tel 5
serait, par exemple, le cas où la vente aurait été faite
à la charge des hypothèques. »
202. L'art. 2269, conforme au droit romain (3),
déclare qu'il suffitque la bonne foi ait existé au mo-
ment de l'acquisition.
205. Pothier fait observer qu'il faut, pour cette

, S
(1) Répert. va Prescri ption sect. 3, a, art. 2, quest. a,
n° 12. Ibid. Vo Interruption de prescription, n° 12.
(2) M. Grenier, n° 514.
(3) M. Thibaut, § 1022.
prescription, (me le possesseur produise (i) son titre
4'acquisitiou, duquel il appert qu'il a acquis l'héritage
sans qu'on lui ait déclaré la rente dont il est chargé.
Aujourd'hui il faut dire : sans qu'il se soit chargé
de la rente (2). — Ce titre doit être un juste titre,
1
5
, :
continue l'autcuç c'est-à-dire un titre de nature à

;
transférer la propriété tels que sont les contrats de
vente, d'échange donation ou testament au con-
traireyNjt Pail à ferme ou à loyer n'est pas un juste
titre. Nous retçQuvons les mêmesprincipes dans les
articles 2256 à 2241, et,2267 du Code, auxquels
l'article2480 se réfère virtuellement.Voy. n° 205.
?
204.. A défaut de production du titre et aujour-
d'hui aussi Il défaut de transcription du titre, le
possesseur ne peut acquérir l'affranchissement de la
rente que par la prescription de trente ans. Voyez
n° 198, 11etiu, L

2OS. Il faut, dit Pothier, qu'il n'y ait rien de la


part du créancier de la rente qui empêche la pres-
cription de courircontre lui. lorsqu'il y a eu quelque
juste cause qui a empêchélecréancier de poursuivre
le possesseur, Le temps de la prescription na pas
couru tant qlJg cet empêchement a duré, suivant la
règle : çontrçk rion valcntyrn agere tmlla currit jtrcçs-
criptio. Les auteurs du Code civil n'ont pas adopté
3
cette règle dans toute sa généralité parmi les nom-

(1) Ceci est contraire à la règle générale, suivant J,aquelle-


le possesseur est dispensé deproduire
son titre. La prescription
est une exception contre la demande, et reus. excipient^\o fit
adoy.
(2) Voyez n* 84.
1- «
breuses conséquences qui n'en découlait, ils n'en ont
admis que quelques-unes,qui se trouvent sanctionnées.
par les articles2251 à 2259 (1). Les dispositions
de ces articles sont applicables à la prescription des
privilèges et hypothèques, lorsque la cause qui em-
pêchel'actionducréancier existe du côté du tiers-
détenteur. La raison en est non-seulement que ces
dispositions font partie du titre général de la pres-
cription, mais encore que l'article 2180 se réfère,
quant à la prescription qui court au profit du
tiers-détenteur, au temps réglé pour la prescription
de la propriété, or cette dernière prescription se
trouve traitée dans le titre général, et les art. 2251
à 2259 concernent précisément la durée du temps
requis pour prescrire (2).
205. a. INous ferons observer, sur l'article2252,
que, lorsque la rente appartient à deux individus, la
minorité de l'un n'empêche point la prescription' de
courir contre l'autre; car le service de la rente n'est
pas une obligation indivisible. Art. 1217 et 1224
du Code (3).
205. b. M. Grenier expose, au n° 518, que l'ar-
ticle 2257, conforme à la loi 7, § 4. Cod. de præscr.
50 vel40 ami., fait naître la question de savoir si
le tiers-détenteur peut prescrire l'hypothèque atta-

§
(1) Répert. Y0 Prescription, sect. 1, 7, art. 2.
(2) Voyez ci-après n° 2o5. b.
(3) Répertoire, V° Prescription, sect. i, S7» art. 2,quest.2,
n° 10. Questions de droit, ibid.3 S 14. M. Persil, liv. 2, ch. 10,
sect. 1 , S 3. M. Pailliet, Manuel du droit français, sur l'ar-
ticle a25a.
chée à l'unecescréances ,avant que l'éviction,
l'arrivée du terme, ou l'accomplissement de la con-
dition, aient donné ouverture à l'action du créan-
cier. Les lois romaines, continue l'auteur, décidaient
positivement la négative L. 5. § 5. Cod. communia
de Leg., et on pouvait argumenter de la Novelle4,
chap1 -et 2; mais ces lois n'étaient pas observées
dans notre jurisprudence, et l'on tenait généralement
que le tiers-détenteur prescrivait contre le garanti
pendant le trouble, et contre le créancier condi-
ti<^Tnelpendente conditione (i). Aujourd'hui, sui-
3
vant l'auteur, il en doit être de même l'art. 2257,
dit-il, n'est pas absolu, il ne dispose qu'entre le
créancier et le débiteur, la convention intervenue
entre eux est étrangère à l'acquéreur, et ne saurait
le priver du droit qu'il tient de la loi, de purger par
la prescription toutes les charges qui grèventl'im-
meuble.

,
M. Toullier, t. vi, n08 527 et 528, est
du même avis et nous croyons devoir l'adopter
également. Nous avons expliqué, au nq20a, que
les articles 2251-2259 sont applicables à la pres-
cription qui court au profit du tiers-détenteur, lorsque
la cause quiempêche l'action du créancier existe du
côté du. tiers-détenteur. Mais il ne suffit pas d'un
empêchement concernant la personne du débiteur
principal. Lorsque l'immeuble a passé dans les mains
-
d'un tiers détenteur,l'hypothèque s'est isolée de
l'obligation principale (2), et on ne peut plus dire

(1) Questions de droit, V° Garantie, S 6.


(a) Voyez n° 197.
que, si le créancier ne peut agir contre le débiteur
principal, c'est une conséquence nécessaire qu'il ne
le peut pas de même contre le débiteur accessoire.
Aussi la cour royale de Grenoble a reconnu ces prin-
cipes par son arrêt du 10 mars 1827 (i).
206. Par la même raison, dit Pothier., comme
continuation du n° 2,05, si un mari avait vendu un
héritage à lui appartenant, et chargé d'une rente fon-
cière envers sa femme, sans déclarer la charge de la
rente, le temps de la prescription ne courra pas
contre la femme, tant que durera le mariage. Au-
jourd'hui, dans ce cas,. il ne peut être question d'une

nant à la femme, ,
suspension de la prescription; car la rente, apparte-
tombe, comme meuble dans la
communauté, et lè mari peut disposer de tous les

,
biens qui composent la communauté (articles 1401
et 1421) sans que la femme ait un recours d'in-
;
demnité contre elle ce recours n'a lieu que pour les
immeubles propres (article 1455).
207. La prescription ne court pas contre les mi-
neurs et les interdits (article 2252). Voy. n°205. a,
208. Autrefois l'Eglise et les communautés n'é-
;
taient pas sujettes à la prescription de dix ou vingt
ans pour les rentes qui leur étaient dues on ne
pouvait prescrire contre elles que par le temps de
quarante ans. Aujourd'hui ce privilége n'existe plus
(article 2251).
209. Aujourd'hui comme autrefois, la circon-

i
(1)S. 8a8 ,11, 41.
stance que la rente a été servie par le débiteur per-
sonnel ou par les autres possesseurs de
l'héritagc,
ne suspend pas le cours de la prescription, au profit
du tiers-détenteur de tout ou partie de l'héritage;
ces paiemens n'empêchent pas qu'il ait possédé le bien
sans charge de rente (1). Voyez ci-dessus n° 200.
210. Suivant Pothier, la prescription de dix ou
de vingt ans était de droit commun, et elle avait
lieu dans les coutumes qui ne s'en étaient pas expli-
quées.
210. a. La prescription de la propriété de l'im-
meuble peut concourir avec celle de la rente.
M. Grenier parle de ce point au n° 510; il fait
observer que l'hypothèque (la rente) est un droit

;
essentiellement distinct et indépendant du droit de
propriété de l'immeuble que l'un peut être prescrit
et l'autre conservé, si l'on a formé des actes inter-
ruptifs, ou si le véritable propriétaire demeure dans
le ressort de la cour royale où 1immeuble est situé,
tandis que le créancier habite hors du ressort, ou
vice versa; que la loi n'a pas entendu subordonner la
prescription de l'hypothèque (de la rente) à celle de

sortes de prescriptions fussent soumises


rapport de leur durée, au même laps de temps. —
,
la propriété; qu'elle a voulu seulement que ces deux
sous le

Nous ne pouvons pas adopter cette opinion; et,

(1) Pothier, De la prescription, n° 148. Répert. V° Prescrip-


tion, sect.5, 2,S 2,
art. 2, quest. surtout n° 12. Dunod,
p.-592 à 397.
d'accord avec Pothier,Traité de la prescription,
n° 150, nous maintenons que, si le détenteur a ac-
quis l'immeuble d'un tiers non propriétaire, mais
sans charge de rente, la prescription du privilégie ne
peut s'accomplir avant celle de la propriété. Ilest
vrai, le texte de l'article2180 ne dispose pas que
la prescription du privilége soit subordonnée à celle
y
:
de la propriété mais aussi cet article ne dit pas le
contraire c'est-à-dire, il ne porte pas que la pres-

;
cription du privilège puisse s'accomplir avant celle
de la propriété l'article se borne à disposer que le
temps requis est le même pour l'une et pour l'autre
de ces deux espèces de prescriptions. Mais, ditPo-
thier., « per rerum naturam, il n'y a que celui qui est
le propriétaire d'unhéritage qui puisse acquérir ce
qui manque à la perfection de son droit de propriété,
et l'affranchissement des charges dont son héritage
se trouve grevé.» A la vérité, on pourra commencer la
prescription du privilège pendant qu'on ne sera pas
encore propriétaire de l'immeuble, et qu'on le pos-
5
sède seulement à titre de propriétaire car les condi-
tions requises pour le commencement de cette pres-
cription peuvent également exister au profit d'un
individu non propriétaire, mais l'accomplissement
de la prescription du privilége ne peut avoir lieu
avant que celle de la propriété ne soit acquise5«ne
pouvant, dit Pothier, acquérir l'affranchissement
de la charge d'un héritage, tant que l'héritage
ne m'appartenait pas encore. » Si la prescription
de la propriété se trouve interrompue ou anéantie,
après l'expiration du délai requis pour. celle de la
,
rente ;
celle-ci n'est point prescrite le propriétaire
originaire reprend son bien tel qu'il l'avait aupara-
5
vant, c'est-à-dire avec la charge de la rente per-

:
sonne ne pourra se prévaloir de la prescription de
la rente ni le détenteur expulsé, parce qu'il ne se
trouve plus en possession du bien, et qu'il n'y a plus
aucun intérêt; ni le véritable propriétaire, parce
que, dans l'état des choses supposé, sa possession
primitive à charge de rente a toujours continué.
210. b. Pothier remarque au même endroit,
n° 131, que si le véritable propriétaire demeure
dans le silence, le créancier de la rente, auquel on
oppose la prescription, ne peut répliquer que le dé-
biteur, n'ayant pas encore acquis la propriété de
l'immeuble,n'a pas pu par conséquent acquérir l'af-
franchissement des charges de l'héritage. Cette opi-

:
nion nous semble erronée; ce ne serait pas, de la
part du créancier, exciper du droit d'autrui c'est
une exceplio (le jure suo. En effet, si, comme nous
l'avons vu au numéro précédent, l'acquisition de la
propriété doit toujours précéder l'accomplissement
de la prescription de la rente, cette acquisition forme
l'une des conditions de la prescription, et par consé-
quent celui contre lequel on l'invoque doit être en
droit d'opposer qu'ellen'est pas accomplie.
210. c. Lorsque le fonds arrenté se trouve dans
la possession de plusieurs tiers-détenteurs, chacun
d'eux peut prescrire la liberté de la portion qu'il dé-
tient; car l'obligation solidaire qui existe dans ce cas
(voyez n° 58. b. et n° 174) n'empêche pas la pres-
cription (articles 1206, 1207 et 2249 du Code).
Cependant, aux termes des mêmes articles, l'inter-
pellation faite à l'un de ces détenteurs, ou sa recon-
naissance, interrompt la prescription contre tous les
autres. Voyez au reste ci-après le n° 214.
210. d. Une question qui se rattache à cette ma-
tière, c'est celle de savoir par quel laps de temps se
prescrit l'action en résolution d'une vente d'immeu-
bles, ou d'un contrat d'arrentement, à l'égard des
?
tiers-acquéreurs — Un arrêt de la cour de Limoges,
du 19janvier 1824 (1), et deux arrêts de la cour
de Paris, du 20 janvier et 4 décembre 1826 (2),
ont jugé que la prescription de dix ou de vingt ans
n'est pas applicable, et que les acquéreurs restent
soumis, pendant trente ans, aux effets de l'action ré-
solutoire. On trouve dans le Recueil de M. Sirey,
à la suite des arrêts de 1826, des observations de

la Seine,
M. Rolland de Villargues, juge au tribunal civil de
qui soutient l'opinion contraire. Nous
adoptons le sentiment des arrêtscités, par les motifs
:
sui vans
Le pacte commissoire, ou la facultérésolutoire,
ou l'action résolutoire, qui a lieu en matière de vente
ou d'arrentement, est un droit inhérent au titre5
c'est une suite, un moyen d'exécution de l'action qui
appartient au vendeur ou au créancier, afin d'avoir
le paiement du prix ou de la rente. Ce n'est pas un
droit de propriété, ni un droit réel; le vendeur et le
cédant à rente ne conservent sur l'immeuble d'autre

(1) S. 1826, II, i83.


(a) S. 1827, 11, 73 et 74.
droit réel que le privilége; et nous avons vuy aux
n05 40 et suivans, que la faculté résolutoire est in-
dépendante du privilége, qu'elle subsiste même après
l'extinction de celui-ci. Cette faculté est l'accessoire
du droit personnel appartenant au vendeur ou au
cédant, mais un accessoire d'une nature particulière ,
l'immeuble ,
en ce qu'elle peut s'exercer contre tout possesseur de

;
et c'est pourquoi on peut dire qu'elle
est inhérente à la propriété ce droit accessoire ne
peut donc s'éteindre qu'avec son principal, c'est-à-dire
par la prescription générale desactions personnelles,
établie dans l'article 2262 (1). La prescription de
la propriétéau profit du tiers-détenteur (art. 2265),
ainsi que celle des charges réelles au profit du même
(art. 2180), sont étrangères à ce droit elles ne 5
s'appliquent qu'au possesseur qui acquiert, par laps
de temps, la propriété ou l'affranchissement des
charges réelles" vis-à-visle*véritable propriétaire ou
le créancier; elles n'ont aucune application à celui qui,
ayant acquis du véritable propriétaire, voudrait se
libérer, par laps de temps, du paiement du prix, ou
de la rente, ou d'un droit simplement accessoire de
ceux-ci; la prescription, institution du droit civil,
ne saurait être étendue d'un cas à l'autre (2). Il n'est
pas néeessaire, ainsi que le suppose M. Rolland de
Villargues, d'invoquer l'article 2257 du Code, pour

(1) Réquisitoire de M. Bérard-Desglageux, avocat-générai


à la cour de Paris, qui a précédé le dernier arrêt. Gazette des-
y
Tribunaux n° 364, du 5 décembre db6.
(2) Répert. V° Prescription, scet. 1, § 4», n" 5.

1
soutenir notre opinion; cet article ne parle
que de
conditions suspensives. Aussi la bonne ou mauvaise
foi du détenteur est une circonstance indifférente5
9
c'est-à-dire peu importe qu'il connaisse que le prix
de vente est encore dû au premier vendeur, et que
5
l'immeuble est grevé d'une rente il suffit de l'exis-
tence de la dette du prix et de l'existence de la rente,
pour donner lieu à l'application du pacte commissoire,
et pour que la prescription de trente ans puisse seule
être invoquée.
Les trente ans commencent à courir du jour de
l'aliénation faite par celui qui est encore créancier
du prix de vente ou de la rente, ou d'un jour posté-
rieur, fixé, aux termes du contrat, pour l'exigibilité
du prix ou pour le commencement de la rente car y
il s'agit de prescrire l'action personnelle du vendeur
primitif (1).
Il suffit que les trente ans, une fois comptés, se
5
soient passés depuis le jour indiqué il n'est pas né-
cessaire que chaque nouvel acquéreur possède à lui
seul, pendant trente ans, l'immeuble arrenté. L'action
résolutoire ayant pu successivement être intentée

(1) Quid, si le premier acquéreur, qui doit le prix, a revendit


l'immeuble avant l'époque où le prix est devenu exigible? La
a
troisième chambre du tribunal dela Seine jugé,le 25 mars1828
(Gazette des Tribunaux, n° 8a3, p. 55o), que, dans ce cas, la
prescription trentenaire court du jour de la revente. Nous ne-
partageons pas cet avis; car l'action du vendeur n'a pu être
intentée qu'au moment de l'exigibilité du prix, et actione non-
dum natâ non præscribitur. (M. Thibaut, 5 1034.)
contre tous les acquéreurs, ceux-ci ont été successi-
vement soumis à cette action, de la même manière
qu'ils ont pris la place l'un de l'autre dans la propriété
et possession de l'immeuhle; et le dernier d'entre
eux, qui invoque la prescription, joint à sa pos-
session celle de ses auteurs (art. 2235 du Code).

§ 11. De la seconde espèce de prescription, qui résulte


du non usage ducréancier.

211.Lasecondeespècedeprescription,ditPothier,
qui peut être opposée contre les rentes foncières,
est celle qui résulte du non usage du créancier à qui
elles sont dues. On peut opposer cette prescription
lorsque le créancier ne peut justifier avoir été servi
ou reconnu de sa rente depuis le temps requis pour
la prescription. L'espèce de prescription dont il s'agit
est fondée seulement sur la négligenceducréancier
àse faire servir ou reconnaître de la rente elle peut 3
donc être opposée par le preneur et ses héritiers, et
par ceux qui ont acquis l'immeuble, à la charge ou
avec connaissance de la rente, aussi bien que par
ceux qui l'ont acquis sans avoir été chargés de la
rente, et sans l'avoir connue.
Les mêmes principes trouvent aujourd'hui leur
application, conformément à l'article 2262 du Code
civil (1)5 seulement il faut laisser de côté ce qui re-

(1) Répert.
B" 13.
Vo ,
Prescription, sect. 5, S 2, art. 2, quest. i?
garde la connaissance de la rente, cette circonstance
étant aujourd'hui indifférente.
212. Cette prescription est de trente ans. Autre-
fois elle se prorogeait à quarante ans, lorsque l'ac-
quéreur primitif à rente, ou autre possesseur de
l'héritage, s'était obligé par acte notarié au paiement
de la rente. Cet acte notarié emportait une hypo-
9
thèque conventionnelle tacite sur ses biens et l'ac-
tion qui résultait de cette hypothèque ne se prescri-
vait que par quarante ans, aux termes de la loi 7, § 1
Cod. de presser. 50 vel40 ann. (î). Aujourd'hui
cette prorogation n'a plus lieuy l'article 2262 du
Code porte que «toutes les actions, tant réelles que
personnelles, sont prescrites par trente ans
l'article 2180, spécial pour les priviléges et hypo-
et

, :«
thèques ajoute La prescription est acquise au
débiteur, quant aux biens qui sont dans ses mains,
par le temps fixé pour la prescription des actions qui.
donnent l'hypothèque ou le privilége.» En matière de
rentes, l'action qui donne le privilège, c'est l'action
tendant à se faire payer la rente-
En conséquence, tout redevable obligé personnel-
lement au service de la rente peut invoquer la pres-
cription trentenaire, qu'il soit ou non possesseur de
l'immeuble. Dans le dernier cas, il s'appuiera sur
l'article 2262, dans le premier cas, l'article 2180
dispose en sa faveur.
212. a. Dequeljourcette prescription commence-

(1) M. Grenier, n" 5og.


Iselle à :
courir? — Il faut distinguer S'il n'y a eu
aucun paiement d'arrérages (c'esta-dire, sile pré-

;
tendu créancier ne peut justifier d'en avoir touché),
la prescription se compte du jour du contrat car
c'est à dater de ce jour que l'obligation a commencé
d'exister, et que le créancier était tenu de veiller sur
ses intérêts; l'article 2265 du Code civil confirme
cet argument, en faisant courir le délai de la date
du titre. On ne saurait donc soutenir que la pres-
cription ne commence qu'à partir du premier jour où
la rente était payable. — S'il y a eu des paiemens
d'arrérages, la prescription court du jour du dernier
paiement 5 car jusqu'alors l'obligation avait été re-
connue, et par conséquent la prescription avait été
interrompue. La cour royale de Pau a sanctionné
cette distinction par arrêt du 26 juin 1827 (1),
rendu dans une espèce où la prescription avait com-
menté avant le Code.
215. Pothier renvoie au Traité des obligations
en général, part. 3, chap. 8, art. 2, pour ce qui
concerne les causes qui interrompent ou qui suspen-
dent la prescription. Nous en avons déjà parlé aux
nos200 et 205.
La seule circonstance que le titre a plus de trente
ans de date n'opère pas la prescription, lorsque la
rente a toujours été servie. Mais c'est au créancier,
qui demande le paiement d'une rente en vertu d'un
titre qui a plus de trente années de date, à faire

(1)S.1828,11,111.
1
preuve que sa rente lui a été payée pendant cet espace
de temps (1). A défaut de cette preuve, le titre-d'une
date antérieure à trente ans n'est plus d'aucune va-
leur, et la prescription se trouve acquise au profit
du redevable. La preuve du service de la rente est
très-difficile à faire, parce qu'elle repose dans les
quittances que le redevable tient entre ses mains5 et
c'est pourquoi l'art. 2265 du Code vient au secours
du créancier, en l'autorisant à se faire fournir un
titre-nouvel après vingt-huit ans de la date du pre-
3
mier
, c'est-à-dire à une époqueoù, en cas de contes-
tation la preuve des droits du créancier peut encore
être faite par la seule représentation du titre (2). Si le
créancier néglige de faire usage de cette disposition.,
il se trouvera fort embarrassé. A la vérité, il n'aura
pas besoin de prouver que la rente a été servie dans
chacune des trente années; mais au moins cette
preuve doit être faite pour quelques-unes des der-
nières années, parce que cette livraison forme la re-
connaissance du droit du créancier, et par conséquent

(1) Autrefois on jugeait, contrairement à la loi7. Cod. de


prcbationibus, que les livres de raison et les cueillerets du
«réaucier suffisaient pour prouver, à l'effet d'empêcher la
prescription d'une rente, que les arrérages en avaient été
payés depuis trente ans. Répert. V° Interruption de prescrip-
tion, n° 9. Questions de droit, V° Rente foncière, S 16, n° 2.
Aujourd'hui l'article 1551 du Code ne permet plus dejuger
de même, quant aux faits passés depuis la promulgation de
cette loi.
(a) Voyez ci-dessus nos 93 et suivans.
l'interruption de la prescription trentenaire. — On
soutient, suivant un arrêt du parlement de Paris
du11 mars 1745, rapporté par Denizart, aux mots
,
Rente fQncière, et cité par M. Merlin, Questions de
droit, V* Usage (droit de), § 9, n° 3, que le créan- 4

;
«ïer pourrait faire par témoins la preuve du service
de la rente mais, comme le fait observer M. Merlin,
on ne trouve pas toujours facilement des témoins pour
prouver des paiemens qui, la plupart du temps, se

,
font en secret.
Du reste il nous semble que l'admission de la
preuve testimoniale serait, dans lecassupposé, con-
et
traire à l'esprit aux dispositions de l'ordonnance
de 1667 et du Code civil, qui prohibent la preuve
par témoins de toutes choses, dont il a étépossible au
créancier de se procurer une preuve littérale. Or, non-
seulement lecréancier a pu se procurer cette preuve
écrite, en mettant à profit l'art. 2265, mais encore
il était en son pouvoir d'exiger, chaque année, qu'au
itteme moment ou il délivrait la quittance au rede-
vable,cielui-ci signât une contre-quittance ou recon-
naissance portant qu'il avait payé la rente. Le ser-
vice de la rente n'est pas un simple fait dont on
n'aurait pu se procurer une preuve écrite, ainsi que
c'est le cas lorsqu'il s'agit de prouver que quelqu'un
a eu la jouissance ou possession d'un immeuble le 5
service de la rente est le paiement d'une dette; de et
même que le débiteur ne pourrait être admis à la
preuve testimoniale du paiement (1), de même ce

(1) Répert. Vo Preuve, sect. 2, § 3, ort.1, n" 7.


genre de preuve doit être interdit au créancier qui se
trouve dans la nécessité de prouver ce même fait.
Le système contraire éluderait évidemment la prohi-
bition de la preuve tcstimoniale; le prétendu créan-
cier établirait, contre le prétendu débiteur, par la

;
seule preuve testimoniale, l'obligation de servir la

:
rente car le titre d'une date antérieure à trente ans
n'est plus rien par lui-même aussi il ne forme pas
un commencement de preuve par écrit du fait de
jouissance, parce qu'il ne s'y rapporte nullement,
ainsi que l'a remarqué M. Toullier, t. 9, n° 97. Enfin
nous invoquerons, à l'appui de notre opinion, l'arrêt
rendu par la cour suprême, le 14 mars 1827 (1),
qui décide qu'en l'absence d'un titre constitutif ou
récognitif, ou d'un commencement de preuve par
écrit émané du prétendu débiteur ou de ses auteurs,
la preuve testimoniale ne peut être admise à l'effet
de constater que la rente a été payée pendant quel-
ques années (2).
Nous avons fait voir, aun" 102. r.,
contre l'opinion
de M. Toullier, que les quittances produites par le

(1) S. J827, 1,i85. Voyez ci-dessus n" 102. A.


(2) Dans les quatre départemens de la rive gauche du luvin,
il n'existait aucune prohibition de la preuve testimoniale avant
y
la publication de l'ordonnance de 1667,qui a eu lieu en 1798.
Les faits antérieurs à cette publication peuvent donc être
prouvés par témoins; les faits postérieurs sont soumis à la
prohibition.Nous avons déjà parlé, à la note du n° 102. I., de
la disposition du décret du 9 vendémiaire an XIII, relative à la
preuve de l'existence des rentes foncières.
débiteur ne prouvent, contre ce dernier, que rem
ipmm, et qu'elles ne peuvent servir de commence*
ment de preuve par écrit defaits étrangers à leur
contenu. Nous ajouterons ici que le même auteur L

nous semble être dans l'erreur si, dans son n° 99, il


soutient que le créancier peut, après la mort du pré:

r
tendu débiteur, demander l'apposition des scellés sur
les papiers de la succession et invoquer en sa faveur
les quittances qui s'y trouveraient, afin de prouver
l'interruption de la prescription. Le créancier n'a
aucun droit sur ces quittances, et il ne peut lui être
permis de scruter les papiers du défunt; ce n'est que
lorsqu'on se prévaut. des quittancescontre le créan-
cier, qu'il peut les invoquer également en sa faveur.
Aux termes de l'article 2262, on ne peut, dans
la prescription trentenaire, opposer au redevable
l'exception déduite de la mauvaise foi. Cette dispo-
sition s'applique également au cas prévu par la pre-
t ;
mière partie de l'article 2 80, savoir lorsque les
biens sont dans les mains du débiteur car cet ar"
ticleyen déclarant que la prescription de l'hypothèque
s'accomplit, en cecas, par le temps fixé pour la pres-
cription de l'action principale, se réfère évidemment
à l'article 2262, qui détermine cetemps sans égard
à la bonne foi (i).

ont
(1) En Allemagne, quelques auteurs prétendu que, sui-
vant le droit canon qui y est encore en vigueur (et qui l'était
dans les départemens de la rive gauche du Rhin jusqu'à la pu-
blication du Code), la bpnne foiétait requise, même pour cette
prescription à l'effet d'éteindre, aux termes du Chap. dernier X
214. Si un fonds a été donné à rente indivisé-
ment à plusieurs personnes, chacun de ces codébi-
teurs personnels peut prescrire sa libération par
trente ans. Les articles 1206 et 2249 du Code
font sentir que la prescription partielle peut avoir
lieu nonobstant la solidarité stipulée.Mais, relati-
vement à l'interruption de cette prescription, il faut
distinguer le cas de la solidarité de celui où il n'y
en a pas. Dans le premier cas, l'interpellation faite
à l'un des coobligés a également son effet contre tous
les autres (article 2249), tandis que dans le second
cas l'interruption n'a d'effet qu'à l'égard du débiteur
auquel elle a été faite nominativement. Pothier, en
parlant du premier cas, dit que les détenteurs des
autres parties, qui demeurent chacun chargés du
total de la rente, ne peuvent, pour se dispenser de
cette solidité, opposer au créancier qu'illes a, par
sa négligence, privé du recours qu'ils devraient avoir,
en payant le total, contre celui à qui le créancier a
laissé acquérir la prescription;car ces codétenteurs,
continue l'auteur, pouvaient eux-mêmes l'arrêter en
payant pour lui, et en exerçant le recours contre lui
avant l'expiration du temps requis pour la prescrip-
;
tion ainsi la négligence leur est commune avec le
créancier. — Dans un cas où il n'y avait point de soli-
darité, la cour de cassation a décidé, par arrêt du5

Cependant cette opinion a été généralement


de præscr. (2. 26).
réprouvée dans les derniers temps. Voyez M. Thibaut, 5 1022,
notes x et y.
juillet 1810 (i), que la prescription acquise au profit
de l'un de plusieurs détenteurs ne profite pas aux
autres, lorsqu'il existe déjà contre ces derniers un
jugement passé en force de chose jugée, qui les dé-
boute de la même exception de prescription.
Si, en cas d'arrentcment, soit d'un seul fonds in-
divis, soit de plusieurs fonds, il y a stipulation de
solidarité des débiteurs, on doit appliquer a fortiori
le même principe, aux termes des articles 1206"
1207 et 2249 du Code.

§M ET ADDITIONNEL. Dela prescription des arrérages


de la rente.

214. a. Nous avons vu, au n° 22, qu'autrefois


les arrérages des rentes foncières n'étaient soumis
qu'à la prescription de trente ans. L'article 1er du
5
titre de la loi du 20 août 1792, a introduit en
5 :
cette matière un droit nouveau il porte « Les ar-
rérages à échoir de cens, redevances,même de
rentes foncières ci-devant perpétuelles, se prescriront
à
à l'avenir par cinq ans, compter du jour de la pu-
blication du précédent décret, s'ils n'ont été conservés
par la reconnaissance du redevable ou par des pour-
suites judiciaires» (2). Le Code civil a renouvelé

(1) Journal du Palais, 1811,1, 116.


(2) Cette loi n'a pas été publiée dans les départemens du
Rhin, et par conséquent les arrérages échus avant la promul-
cette disposition; on lit dans l'article 2277 : « Les
arrérages des rentes perpétuelles. se prescrivent
»
par cinq ans. Cette disposition parle de toutes les
rentes perpétuelles en général, et les rentes foncières
sont, dans la règle,perpétuelles aussi bien que les
rentes constituées, parce que la durée des unes et des
autres n'est pas limitée dans le contrat. D'ailleurs les
arrérages d'une rente foncière non perpétuelle, dont
nous avons parlé au n° 45, se trouveraient soumis à

:
la même prescription, aux termes de la disposition
finale du même article, qui porte «Etgénéralement
tout ce qui est payable par année, ou à des termes
périodiques plus courts.» Ces expressions compren-
nent certainement les arrérages de toutes les rentes
foncières (î).
Les ordonnances de 1510 et 1629, qui avaient,
déjà établi la prescription quinquennale des arrérages
des rentes constituées, étaient, dit l'auteur du Réper-
toire (V° Arrérages, n° 2), bien moins fondées sur
la présomption du paiement que sur la faveur due
au débiteur, elles ont voulu empêcher qu'il ne fût
accablé de trop d'arrérages. Aussi on trouve les
mêmes termes dans le préambule de l'ordonnance
de 1510, transcrit audit endroit. Les dispositions
de la loi de 1792, et de l'article 2277 du Code
civil, doivent leur existence au même motif « La :
gation du Code civil n'y sont soumis qu'à la prescription
l
trenteuaire, conformément au droit romain et à l'article 228
du Code.

(1)llépcrtoire, Va Arrérages, 2, vers la fin.
crainte de la ruine des débiteurs» ,
dit M. Bigot-
Préameneu, orateur du Gouvernement (i), «étant

(1) S. 1807, 11,601. — Nous croyons que, pour éclaircir


davantage cette matière, il sera utile d'entrer dans l'examen
d'une question analogue. On a jugé, et, il nous semble, avec
raison, que les intérêts d'un prix de vente ne sont pas soumis
à la prescription établie par l'article 2277. Arrêts de la cour
de Metz, du 15 février 1822 (S. 1825, 11, 136); de Paris, du

;
12 décembre 1823 (S. 1824, 11, 375); d'Agen, du 10 mai
1824 (S. 1824, 11,377) de Caen, du 19 juin 1816 (S. 1825,
11, 21j), et de Poitiers, du 22 juin 1825 (S. 1826, 11, 7.) En
effet, il résulte de l'article 1652, que ces intérêts ne sont que
la représentation des fruits dont l'acquéreur profite; l'art.2177
n'en parle pas nominativement, et, en règle générale, ils ne
sont pas stipulés payables à des termes périodiques. Quoique

,
d'autresarrêts de cours royales (voyez S. 1825,11, 364), et
un arrêt de rejet du 7 février 1826 (S. 1827 1, 368), aient
adopté l'opinion contraire, cependant la cour suprême a con-

;
firmé la première doctrine par son arrêt du 5 décembre 1827
(Gazette desTribunaux, n° 725 du 7 du même mois S. 1828,
1, 97), qui a cassé celui de la cour de Paris que nous venons
de citer. Voici ce qu'on litdans les considérans : «Attendu que
l'arrêt attaqué reconnaît en fait que les intérêts du prix de l'im-
6
meuble dont s'agit ont été stipulés payables de mois en 6 mois
aux créanciers de rentes viagères (à la décharge du vendeur),
et ce jusqu'à l'extinction de ces rentes par le décès des rentiers,
lesquels décès devaient être notifiés à l'acquéreur, à l'effet de
le
;
rendre exigible capital laissé entre ses mains pour leservice
sémestriel de chaque rente viagère qu'aucune notification des
décès des rentiers viagers n'a été faite avant l'introduction de
l'instance; qu'ainsi, et faute de cette notification, les intérêts
dus ont conservé, jusqu'à l'action intentée, le caractère d'in-
térêts conventionnellement périodiques; que les intérêts de
cette nature sont compris dans la généralité de la disposition
admise comme un motif d'abréger le temps ordinaire
de la prescription, on ne doit excepter aucun descas
s
auxquels ce motif applique.»
L'applicabilité de l'article 2277 aux arrérages des
rentes foncières, a été révoquée en doute devant la
cour royale de Paris; mais cette cours'est prononcée
pour la prescription dans ses arrêts des 17 janvier
1823, 10 février et 4 décembre 1826 (1).
214. b. Il est évident, ainsi que le reconnaissent
aussi ces arrêts, que la prescription quinquennale
s'applique aux arrérages dus en vertu d'un contrat
d'arrentement antérieur à la loi de 1792 ou au
Code civil, lorsqu'ils sont échus depuis la publication
;
de ces lois car nous avons vu, aux nos 20 et 22,
que les arrérages dus pour chaque année forment
une dette particulière, et la prescription de cette
dette commence au moment de l'échéance. (Voyez le

finale de l'article 2277, qai les déclare prescriptibles par cinq


ans; et qu'en refusant d'y appliquer cette prescription, la
cour royale de Paris a violé ledit article. » Ainsi, lorsque les
intérêts du prix de vente sont stipulés payables à des termes
périodiques, ils sont réputés conventionnels et compris dans

;
l'article 2277. Hors ce cas d'exception, ils ne sont pas soumis
4 cette prescription autrement la cour suprême n'aurait pas
motivé son arrêt sur la circonstance particulière de la cause.
Un arrêt de la cour d'Orléans, du 29 mai 1822 (Recueil de
M. Colas de la Noue, h° 731), est allé plus loin que celui de
I4 cour de cassation. Il a jugé que si le prix principal n'est
remboursable qu'à la oommodité de l'acquéreur, les intérêts
sont soumis à la prescription de cinq ans, comme les arrérages
d'une rente constituée.
(1) S. 1825, u, 133; 1826,H, 285; z827,11, 74.
numéro suivant). On peut d'ailleurs invoquer le
principe exposé à la note au n° 40 (1).
Par les mêmes raisons, cette prescription ne s'ap-
;
plique point aux arrérages échus avant les lois que
nous venons d'indiquer la prescription doit être
réglée d'après les lois en vigueur au moment où elle
a commencé; c'est la disposition formelle de l'article
2281 du Code. Peu importe qu'un temps suffisant
pour la prescription se soit écoulé depuis le Code.
La cour de cassation l'a ainsi décidé, par rapport aux
fermages, par ses arrêts du 21 décembre 1812,
18 décembre 1813 et 50 janvier 1816 (2).
214. c. La prescription des arrérages commence
à courir du moment où le créancier est en droit de
les exiger; car c'est alors que naît son action tendant
à en réclamer le paiement (3).
214. d. Cette prescription court contre les mi-
neurs et les interdits, sauf leur recours contre leurs
tuteurs (article 2278 du Code). C'est une consé-
quence du motif qui l'a fait établir, et qui s'applique
contre tous créanciers quelconques (4).
214. e. Elle peut être interrompue de la même
manière que les autres prescriptions (articles 2242

(1) M. Merlin se prononce dans le même sens à l'égarddes


3,
intérêts. Répertoire, V° Effet rétroactif, sect. 3,S ,
art. 3
n° 11 (t. 16, p. 25g).
(2) S. x813, 1, 182. Répert. Vo Prescription, sect. 1, § 3,
n-11(t.17.)
(3)Dunod,p.3gi.
(4) Pothier, du Contrat de constitution, n° 144- Répertoire,
Va Arrérages, n° 2. Voyez ci-dessus n° 214* (1.
et sui vans). La place que ces articles occupent dans
l'un des chapitres généraux du titre de la prescrip-
tion indique qu'ils sont applicables à toutes les pres-
criptions quelconques, à moins d'une dérogation
à
expresse portée relativement une prescription par-
ticulière. Cette dérogation existe dans l'art. 2274e
qui cependant ne se réfère qu'aux articles 2271,
2272 et 2273, tandis que l'article 2277 n'est pas
suivi d'une disposition qui concerne l'interruption
de la prescription (1). D'un autre côté, il est évident
que l'inscription hypothécaire, prise pour lesarré-
rages de la rente, ne peut valoir interruption (ar-
ticle 2180).

,
214. f. Il suit encore du motif qui sert de base à
cette prescription qu'elle a lieu même lorsque le
débiteur avoue qu'il n'a pas payé les arrérages; la
courde Paris l'a ainsi décidé implicitement par son
arrêt du 10 février 1826, cité au n° 214. a.
Il ne
s'agit pas ici de la présomptiondepaiement, qui
forme le motif des autres articles de la 01çfnqA sec-
tion (2)5 la seule négligenceducréancier suffit pour
faire admettre la prescription qui fait l'objet de l'ar-
ticle2277,. -

214.g. Par la même raison, le créancier ne peut,


pour écarter cette prescription, déférer le serment
au débiteur sur la question de savoir si les arrérages

I !-»»! 11

(1) Pothier, ibid., n° 141. Dunod, p. 576.


(2) Potbieïj ibid., n° 135, et Traité des obligations,^719.
Exposé des motifs du titre de la prescription. S. 1807, iij 600.
ont été réellement payés, ainsi que l'article 2275
le permet à l'égard des prescriptions établies dans
les articles précédens (1). Aussi le texte de l'article
2275 et sa place indiquent qu'il ne s'applique pas
aux articles qui le suivent.
214. h. Si la rente elle-même est éteinte par pres-
cription, le créancier ne peut plus demander les ar-
rérages qui, au moment où le droit se trouve pres-
crit, datent d'une époque en deçà de cinq ans3 car
il ne peut y avoir d'intérêts ou d'arrérages sans qu'il
existe un principal, et la prescription a anéanti le
droit à la rente (2). Le débiteur pourrait même, en
vertu des articles 1235 et 1577 du Code, répéter
les arrérages payés après l'accomplissement de la
prescription de la rente (3). Cette répétition cepen-
dant ne saurait avoir lieu indistinctement dans tous
les cas. Si le créancier défendeur justifiait, par la
production du titre prescrit, qu'il avait existé, de la
part du débiteur, une obligation naturelle au paie-
ment de la rente, le dernier paragraphe de l'article
1235 ferait obstacle à la demande. Il en serait de
même, suivant 31. Toullier, t. xi, 110* 87 et 88,
si le débiteur avait payé, quoiqu'il n'ignorât pas
que la prescription était acquisej« il
est à présumer,
dit l'auteur, qu'il n'a payé que pour l'acquit de

(1) Pothier, aux endroits cités. Répert. VOArrérages, n° 2.


:
(2) Duuod, p. 591. C'est d'ailleurs la disposition de la loi
Eosqui.Cod.deusuris.
(3) M. Toullier, t. 9, iio£)S.
sa conscience, ou par un principe de délicatesse,
parce qu'il savait que la dette n'était pas acquittée.»
214. i. Lorsque, assigné à fin de payer les arré-
rages d'une rente et de passer un titre-nouvel, le
défendeur oppose la prescription de la rente elle-
même, par le motif qu'il y a plus de trente ans
qu'elle n'a plus été payée, cette exception de la pres-

,
cription du fonds du droit comprend nécessairement
la prescription des arrérages puisqu'ils se trouve-
raient prescrits si le fonds l'était, attendu qu'il ne
peut y avoir d'arrérages qu'autant qu'il existe un
principal. Par conséquent, le juge doit, dans ce cas,

,
même en trouvant l'exception mal fondée quant au
droit à la rente prononcer la prescription des arré-
rages. On ne saurait soutenir que la prescription des
arrérages n'a pas été proposée. Arrêt de la cour de
cassation, du 26 février 1822 (i).

(i) Rép. V° Prescription, sect. i, 5 3, n°3 (t. 17, p.401V


S.1822,1,344.

FIN.
TABLE
Chronologique des dispositions législatives qui se
trouvent citées et expliquées dans le Traité des
Rentes foncières.

(Les chiffres indiquent les pages : r


la lettre n. désigne la note.)

3 décrets, etc.
Lois Pages.
Loidu4, 6, 7, 8,9, u août, 91 sep-
-

tembre et 5 novembre 1789, art.6 6, 20,538. n., 545,


- 547,391.
Loi du 15, 28 mars 1790, titre 1, art. 7. 139.
Art. 9. 139.
Tit. III, art. 1. 338. n.
Loi du 17, 22 avril*1790-, art. 1 et
Loi du 5, g mai 1790, art.
2.
15. 896.
566.
Art. 24-33, 35, 57-59' 564.
Loi du 9, 25 juillet 1790, tit. 1, art. 7. 3g6.

Loi du 25 novembre, 1 décembre 1790,


j
tit. 11 art. 6.
Loi du 16, 24 août 1790, tit. rv, art. 5.

9.
223, 228; n.

62,115.
62, 116.
Loi du 18, 29 décembre 1790, tit. 1,
art. Ï7,n, 20,28 ,5o,

1
538.n.,541,542,
545,347,3g1.
27,20, 345.
Art.
Tit. 11, art.
2.
5.
4.
546, 549, 555.
35o,351,353.
357.
358,35g.
Lois, décrets, etc.
Tit.Il,art. 5
6.
8.
Pages.
36o.
36o.

g.
10
n.
7, 56o.
56o.
360.
36o.

12.i 558.

Tit.ni,art.
2.
5.
4.
56o.
360,37).
53g,56i.

6
5.
7.
8. ,
124j 339, 363.
246,339, 564.
359,364.
565.
365,56" 568, 3?5,
394.

10
366 394.
9' 339.
339,366,367,368,

11. 371,3g4.

112
370,571,572,377,

3
14 ,
381.
373,374,375,381

15.
Til.v,art.1
art.
Tit.iv, 523 58o.
58i 585.
385.
341.
139,346,386.

4.
6
5.
587.
139,387.
588,58g.
588,58g.
588,589
Til.vi,art.1, 11.»..i3g,5go.
Tit.vu,art.unique.. 3g1.
Lois,décrets,etc.
1.
5. Pages.
Loidu7,10juin1791,art.

art.
Loi du 18 juin, 6 juillet 1792
1
Loi du a8 septembre, 6 octobre *79»»

Loi du 3o juillet, 2 août 1792, art. 2..


62,66.
62,66.

33g.
74-n.
62.
n., 58g.n.

1.
5.. 62.
Loi du 2Q août1792, en général. 585. n., 445. n.
Préambule
Tit.
Tit.ii,art.i.
a.
5.
34o. n.
554.n.
555.

4.
5.
art.a
Tit.m,
554.
556.
351.n., 556.
357.

art.8
1.
585,445,446,448.
Loidu25,28 août1792, 558. n.
Loidu17juillet1793, art. 558. n., 565.

16.
Loi du 25 juillet 1793, tit. 11, sect. 4,

Loi du î3 août
17.
1
1793.8
art.

n
Décretdui5brumaire-an (5nov.i793).
396.
595, 596.
141.n.
6a.
36i.
Loidu17nivosean11 (5février1794)- •
387.
Décret du 3 germ. an 11 (25 mars 1794). 574.
Décretdu 2 prairial an 11 (21 mai 1794). 545.
Loi du 23nivosean III (12janvier 1795). 62.
Loi du 28 floréal an m (17 mai 1795)..239.
Loi du 9 messidor an ni (07 juin1795). 26, 139, 149.
Loi du 28 therm. an 111(i5août 1795). 223.n.
Loi du 15 pluviose an v (3 février1797). 62.
Arrêté du commissaire du gouvernement
sur la rive gauche du Rhin, du 6 ger-
minal an vi (26 mars 1798). 338. n., 364. n.
Lois, décrets, etc.

vembre 1798), art.


7
6.
Première loi du Il brumaire an vu (1 no-

26.
28.
57.
Pages.

10,26, 145.
n.n.ji4o,i45,i47<
160,420. n.

38
160.
147, 148, 149.150.

42
4511.
i49-
11.n.,147.
n., 147, l48.

vembre 1798), art. 31.


Seconde loi du 11 brumaire an vii (1 no-

54. 406.

Loi du 5 frimaire an
55.
(23 nov. 1798),
406.
406.
VII
art. 1-7.
9764,119.
63.n.

98.
99. 62, 65, 115.

101 65, ll5-


116.

art. 52.
Loi du 22 frimaire an vu (12 déc. 1798),

n-
68,3, 7.
153.n.
98.
68, § 4,n° 1. 323.
69,2,n-11.391.

78.----
:1-
nl
69,7,
5.
Loi du 21 ventôse an vu (1» mars 1799),
art.
1. 98.

414.
414.
414, 415.
Loi (constitution) du 22 frimaire an vm
(13 décembre 1799), art. 94. 253. n.,
397.
i
Loi du 21 nivose an vin (i janv. 1800). 36o.n.
Arrêté du18ventôse an vm(9marsi8oo). 36o. s.
Avis du conseil d'Etat, du 4 thermidor
an vin (23juillet 1800) 20. n., 245.
Lois, décrets, etc. Pages.
Lois des7,8,9 et 14 nivose an x (28, 29,
3o décemb.1801, et 5 janvier 1802). 12,124,393.
Arrêté du 15 germ. ân xi (5 avrili8o3).36o. n.
Arrêté du 3 floréal an xi (23 avrili8o5).397.
Loi du i3 floréal an xi (3 mai i8o3) 266. n., 393.
Arrêté du 5 therm. an xi (n aoûti8o3) 36o. n.
7.
Loi du 3o ventose an xii (21 mars 1804)1
art. 27, 76. n., 591.
Arrêtédu 17therm. an XII (5août1804). 15, 338. n.
Décret du deuxième jour complémen-
taire an xii (19 septembre 1804). 397.

tobre 1804), 1.
Décret du 9 vendémiaire an XIII (1 oc-

8.
4
art.
n-i n-
*99*
23.H.,74-h.,364-n-

385. n.
d'État du 23 ventose
mars1804)36o.n.
Avis du conseil
anXIII(14
Avis du conseild'Étatdu 12 floréal an XIII
(2 mai 1805) 182.
Zrfemdu6fructidoranxm(24aoûti"8o5).,22.n.,23. n.
n juillet,18
Idemdu fructid.anxm(2gaoûti8o5). 162.
août180736o. n.
14

24
Idemdu

Idem du 14 mars
Décret du 17 mars
1808
Idem du 15 déc. 1S07, 22 janvier 1808. 202.

1808 78. n.
4°9-
h.
Décret du 18 juin
Idem du
1808.
Avisduconseild'État,du1-7mai1808.23.
36o. n.
3go. n.
Avis du conseil d'État, du 21 déc. 1808. 56o. n.
Loi du 12 novembre 1808 63. n., 67.
Décret du 12 décembre 1808, art. 11.. i5, i43, 154-
Avis du conseil d'État du 21 janvier,
2 février 1809 62.
Idem du 8, 15 avril 1809
Décret du 9 décembre 1809
21.
56o.
n.
n.
5S
Décret du 6 mars
6
Idem du mai
1810
Lois, décrets, etc.

1810.
Pages.
36o.n.
36o.n.
Avis du conseil d'Etat du 4, 21 sep-

i1,26
tembre 1810
io. i53,
Idemdu
Décret da 9 déc.1811, art. 32.
décembre18

5
336
3
7
413.
76.n., 364.n.
62. n.

44039
1
5,
ai.n.
1
i43,i54.
197. n-

4432198.n.,25i.
197.n.
198.n.
198. n.

44.
46. 198. n.

5i
5
54
55.
336i.
371.
339. n.
n.
371. n.
n.

73
86. 570. 371. n.
n.

87.364.n.
364. n.

89.
92 21. n.

107 2.
36o. n.

Décret du mars 1813, art.


4.
6
5.
165.
76. n.

7
1

21. n.
15, 144, 154-

8.
i3
g n.,
76.
165.
198.n.
33g. n.
339.n.
18 339.n.
,
62. n. 36i. n.
Lois, décrets, etc.
Décret du 1 mars 1813, art.
ai
20371.n.
571.n.
22371.n.
39370.n.
Pages,

42. 43.364.n.
364. n.

4521.n.
48.
Loi du 5 décembre 1814, art. 14
56o.n.
397.

a
Loi du 16 janvier 1816 597.
Loidut2ao0tt8!8.
18.
Loidu27avril 1825,
Loidu17mai1826 art.
397.
397.
281.
civil, 1.
Code
457.
art.

458.
81.n.,340,341,3g
278.

99279.
45i3 278.
279.

526.
529'
n., 29.
13,14,165,247,248..
37.

S18,13,14,ig,23,28
53o,
3o, 34,37,38
4o, 44,45, 53,
,
5g,io5,142,157,
165, 184, 2ig
,
229, 338, 341,
342,343,347,392.
53o, §2 125, 129, 395.
530, §3..
533.
534.
125,127,128,395.
248.

535. 248.

543.
544.
549 3lO; , 248.
9.
27.
Lois, déerels, etc.
civil,
Code art. 550.
55i
Pages-
4'1,510,42().
552. 257.

5552^4>28g.
289.

582
556
584.
257.
219.

599 45.n.

60
607
6O5io5.
611821
220.

104

802
9.

80 32
853.
87
219.
282.
281,
56.n.

87376,i35,
76.

931
938. 33.
276

89
9^933,166.v
33.

104
9
28 1.
104 281.
106 28 1.
1°7°.
Jt02. 281.
5i.
(1108
104. 31,333.
259.

1,53
1121 3o8.
99.
ii3459,ioi,266,355
1142
1155
,33,
113831
421.n.

335.
53.
256.

T105 238
Codecivil, art.
Lois, décrets, etc.
n66 291,299.
1184.1-9,88,99.
Pages.

1203
1202.
1206
77.
136.
433, 444, 445.
12074^5, 445-
121091.
1214 136.
iai8 77.
1221.75,76,77.
3
1255. 267.
67,45K
124

1257
124
1254.
125
7
1244.79,395.
61.
395.

8372,383.
377. n., 378.11.
125g376,377.
1300. 396.
n.
1304.
1315.
259.
42,23O.
I32O
1331.
238.
44o.n.
1337 231, 237,238,240,
241,244.
341. ,244, 44l-
]1547 23o a44>
242, 442.
1348. 245.
1551. 92,412.
i353231,245.
137767,241>45i-
1382311, 335,336,4o5,
138 3 4i3.
335,336,4o5, 4Ï3.
14o110.n.,43O.
Lois, décrets,
civil,
etc. Pages.
1409218,43o.
Code art.
1421
i433 218, 280, 281.

i558
15,6.
430.
280.

i583
1591
280.
33,160.n.,168.
46.
Ï&9941>4a.
1602.
1604.
57.
57.
1616
1624.
57.
256.
162642>57.
2
1630. 61.58.
165
1654
165358,69,299.
1655.
80,87.
88.
83,88,89,90.
x656
1660106,127,128,390.
1661. 106.
1662.
1664.
106.
3go.

168
168
1
1673
2
106,286.
259.
259.
1749' 286.

1911
1909 343.
53.
1912.
2031.
53, 87.
297.
2093., 288, 292,333.
2094288,333.
uioi. 153.
3102.248,249
Loi,. décrets, etc.
-loi• 142.
Pages.

art.2103, 4°. a86,288,290,291,


67
Code civil,
292, 295.
210 i55, i56, 157.
210
2108. i55.
169,181,182.
2109i53,i55.
2110i53,i55.
3
2111i53,i55.
211
2114.
i53, 154, 202.
77,256,282,283,
556.
211813,29,39.
,
a125..
2132 95.

2134. 191.

7
151.
2146. 184, 185, 186, 187.
214 187.
2148.187, 189,192, 197,

2l5l
2153
404.

2154
199, 200, 5.01.
190,192.
l85,201,202.
2155.
2156 204.
204.
2157.
2166. 4n.
205, 206, 278, 299,
4o6.n.
2167206,207,271,272,
216 8 273.n.
206,271,272,275,
290,298,323.
2169. 2o5,206,208,272,
275,277,501,424.
217°. 208,272.
Lois, décrets, etc.Pages.
Codecivil, 2171
art.
217 2 209.
262,263,265,272,
275,277,280,297,
3oo,5o5,513,519.
2173207,214,263,272,
••••
276, 323.
2174.
1
262,296,297,301,
2 6 2, 2c
3l2.
2175285,284,286,288,
3n ,
289, 291, 310,

2176297,310,313,5i4,
328.

2177
2178.
315, 424.
98, 2 9 1. 11., 3i8,
319, 320, 321.
296,315,321,322,

2180
324.
2179. 275. n.
2i5,217,596,4'r>,
416,418,419,420,
421,422,425,42^1,
452,455,458,445,

2i8i. 45o.
170, 175, 176, 270,

2182.
189.
160. n.,161
168,171.
,
165,

2183. 170,171, 172,178,

-.
2184.
2185.,
189.
178,189,274.

95
2196 -
21 270. 179.

174
2197r^O0'4^>2, I,OJ,'I1:-';
Lois,décrets Pages.
Code civil, art.2198598,399,402,408,
etc.

409,412.
221'
2229
3oa.

2235•427.
2236-2241-
4^3.
437.

,2242. 449.
2248. 425.
2249433,444,445.
2251
2251-2259

2252.
428,429.
43o.
4^8,430.

2262
2257 521,428,429,435
229,390,414,415,
416,419,421,425,
435,437,438,445
22632i4,2i5,43g,44°»
-

441.
2265229,4'9>455.
2267. 4a7-
2268. 426.
2269
227
2272.
13 426.
450.

4
45o.
227
5
450.
227 45°.
227 451.
7
227 52,382,446,447-"-j
448,45o.
,-U,8 449.
2281 449

49.
€o<ledeprocétlurecivile,art.48
126.
58o.
38o.
404.
Loistdécrets,etc. Pages.
de procéd.civile,art.129
Code
156
i59 4ii-
195.
411.

164. 411.
Titre des rapports
3i5
d'experts
317
369.

322
art. 169.
369.

323.
397-
369.
369.
314.
401.314.
47492>4<>9
5a4
525 394.
394
548411.
655.
673. 148.

689.
706. n.
302.
314.

727.
749.326,4o7.
272.
289.

750326,4°7-
756.
758. 408.

759. 4o7, 4o8.


etla
179, 407
422.
?
note

767*79,407,408.
7^3
774 422.

81
81
81
2
7754°7>408.
3
4
422.

372.
372,38i.
576.
816377.n.,379.j).
819247.
Code de procéd. civile, art. 834.159,163,164,165.
168,172,173,175,
176,186, 4o1.n.
Code de commerce, art. 443.
528. 186.

564. -279.
279
TABLE
Alphabétique et raisonnée des matières contenues
dans le Traité des Rentes foncières.

:
(Les chiffres indiquent les pages la lettre n. désigne la note.)

à rente.
Acquéreur Ceque c'est, 19, Ses obligations, 60 et suiv.;il:
est personnellement obligé au service dela rente, 60,70, ) 31,
sans pouvoir se décharger de cette obligation par l'aliénation
ou par le déguerpissement du fonds, 70, 3o3. Il est obligé
d'entretenir l'héritage en bon état, 100, io3, io5, 256.
Action dontrirest passibleencas d'abus, 101. A quoi est-il
tenu, dans le cas où la rente foncière est établie à temps? 1o5.
Obligations qui naissent de la bonne foi, 107. Autres qui
naissent des clauses du contrat, 108. Obligations relatives
aux impositions et aux charges de l'héritage, 25a. Droits
de l'acquéreur à rente, 254. Il n'est pas tenu d'indiquer au
créancier le nom de celui auquel il a vendu l'immeuble ar-
renté, 255.
Acquéreur (nouvel) de l'immeuble arrenté. Il n'est pas de droit
obligé au service de la rente, 69. Cette obligation ne peut
résulter que d'une convention expresse, par laquelle l'acqué-
reurs'estchargé de la rente, 70,159 et la note; 3o6, 316,
317.Droits de cet acquéreur, 254-Au reste, voyezAcquéreur
à rente. Tout nouvel acquéreur est un tiers-détenteur, 269.
Acte d'arrentementsous-seing privé. Il peut être transcrit, 182;
il peut servir de titre pour l'inscription du privilège, 198.
Comment introduire la poursuite hypothécaire s'il n'y a
qu'un titre sous-seing privé? Voyez Action hypothécaire.
Actionen revendication. Elle n'est pas susceptible d'être aliénée
à.rente, 59.
Action hypothécaire en général. D'Ut et conséquences de l'action

:
hypothécaire (ou action en déclaration d'hypothèque) sous
l'ancienne législation elle est abolie par le Code civil, et
elle se trouve remplacée, en règle générale, par-la pour-
suite en expropriation forcée, so5 et suiv., 209. L'ancienne
action hypothécaire peut seulement encore être reçue à l'effet
d'interrompre la prescription, 206, 207, 214,2i5.
Action hypothécaire ducréancier.delarente. Ce que c'est, i36,
137. Ce qu'elle comprenait autrefois, 156,204. Aujourd'hui
elle peut également être exercée pour tous les arrérages
échus, ao5. Cette poursuite doit être dirigée contre le pro-
priétaire actuel de l'immeuble, 208, 20Q.. Quid, si le créan-
cier de la rente ne possède qu'un titre sous-seing privé ?
211etsuiv.
Aelion mixte. Ancienne nature de cette action, 214* Aujour-
d'hui elle tend à interrompre la prescription, 214 et 215.
Elle peut être intentée tous les vingt-huit ou huit ans, selon
qu'il s'agit d'interromprelaprescription trentenaire ou celle
de dix ans, 215. Contre le débiteur personnel, elle est per-
sonnelle et mobilière, 2i5; et elle doit être portée devant
le tribunal du domicile du défendeur, 2i5. Justifications,à-
faire par le demandeur, 216. Cette action est réelle, si elle
se poursuit contre un tiers-détenteur; dans ce cas, elle doit
être portée devant le tribunal de la situation de l'immeuble
arrenté, et l'exploit doit désigner cet immeuble, 216. Jus-
tifications à faire par le demandeur, 216. L'action mixte
peut se cumuler avec l'action personnelle, 217; elle est non
recevable lorsque ce dernier titre a moins de vingt-huit ou
de huit ans,217. Il n'est pas nécessaire que le défendeursoit
le possesseur de l'immeuble, 218. L'action ne peut être suivie-
contre le fermier ou locataire, 218. Peut-elle être intentée,
durant le mariage, contre le mari seul, si l'immeuble grevé
de la rente appartient à la femme? 218. Peut-elle être in-
tentée contre l'usufruitier? 219, 220, ou contre le nu-pro-
priétaire? 220, ou contre celui qui possède l'immeuble
çqmme s'en pôrtant pour le propriétaire? 2»o*
Action personnelle. De celle qui lieu contre le débiteur de la
a
rente, afin d'avoir le paiement de la rente annuelle, 78,
151. Délai que le juge peut accorder, 78. Changemens in-
tervenus dans l'étendue de cette action, 151. n., 586. Action
personnelle en dommages-intérêts contre le débiteur qui
détériore l'immeublearrenté, 101; contre celui qui l'a dé-
truit, 334, 555; contre celui qui y a imposé des servitudes,
327, 328; contre celui qui a donné occasion à la prescrip-
tion,421. ir-
Action possessoire; elle n'est pas recevable, sous prétexte de
trouble dans la possession d'une rente foncière, 250, 251.
Action résolutoire. Voyez Résolution.
Actions qui compétent au créancier de la rente, 78, i3o.
Adjudication. L'adjudication sur expropriation forcée purge
les priviléges non inscrits, 174. En est-il de même des
autres adjudications faites en justice? Voyez Aliénation vo-
lontaire. L'adjudicataire sur saisie immobilière n'est pas tenu
de faire transcrire le jugement d'adjudication, 176, 4a3.
Aliénation. Quid, de celle d'une chose d'autrui? 41*
Aliénation volontaire. Quels actes sont compris sous cette dé-
nomination? 158.n.
Anséatiques (départemens). Décret relatif aux rentes fon-
cières, 15.
Architectes. Du privilège des architectes, entrepreneurs, ma-
çons et autres ouvriers; des formalités auxquelles il est
- soumis,
et du cas où il se trouve en concurrence avec le
privilége du créancier de la rente, 290 et suiv.
Arrentement. Ce que c'est, 19.
Arrérages. Signification de ce mot, 5i, 196. En cas de rachat,
le redevable doit payer tous les arrérages dus, 382. Le
créancier qui a accepté le capital du rachat sans se faire
payer les arrérages antérieurs conserve l'action pour les
demander, 384. Disposition transitoire concernant les arré-
rages des rentes foncières, 385. De quel jour la consignation
du capital du rachat arrête-t-ellc le cours des arrérages?
Voyez Consignation. Prescription des arrérages. Voyez Pres-
cription.
Assurance. Voyez Incendie.
Augmentations de l'héritage arrenté. Elles sont au profit du
détenteur, 257.
Il comptant. Nature de ce contrat, 20. n.
Bail
Bailàcultureperpétuelle. Ce que c'est, 345.
Bailhéréditaire. Sa nature, 22.
Bail à locaterie perpétuelle. Ancienne nature de ce contrat, 13.
Ce n'est plus qu'une rente foncière, ao, 22.
Bail à longues années. Sa nature, 24.
Bailàrentefoncière. Ses caractères, 1. Définition, 18. Il n'est
pas défendu pour l'ayenir, 11, 14; mais le terme de bail ne
peut être conservé, 19.
Bail à rente foncière non perpétuel. Sa nature, 24, 28..Sa
durée, a5, 27.
Bailàrenteseigneurialeouàcens. Ses caractères, 1.
Bail àvie. Sescaractères et sa durée, 24, 27, 28.
Bail de vigne à portion de fruits. Sa nature, 20. n.
Bailleur à rente. Quels étaient ses droits sous l'ancienne légis-
lation? 2. Voyez Créancier.
Berg (grand-duché de). Décret relatif aux rentes foncières, 15.
Bois. Du bois à fournir au redevable par le créancier de la
rente, 255. n.
Caducité ou commise (droitde). Abolition des lois qui l'établis-
saient, 82. Quid, s'ilaété stipulé? 85.
Capitol du rachat. Ce que c'est, 44, 338.
à,
Cédant chargederente.VoyezCréancier.
Cens. Voyez Bail à rente seigneuriale. Nature du cens dans les
provinces d'origine allemande, 23. n.
Cession. Celle d'un immeuble à charge de rente peut avoir
lieu de quatre différentesmanières, 54. Voyez Rente foncière.
Champart. Ce que c'est, 20.
Charges. De l'immeuble arrenté. Voyez Acquéreur et Créan-
cier.
Choses qui peuvent être aliénées à rente, 56.
,
Clauses du contrat d?arrentement, 108. Clause de deniers d'en.
trée 108. Clause de fournir et faire valoir, 109. Clause de
payer la rente à toujours et à perpétuité, 110. Clause d'amé-
liorer l'héritage de manière qu'il vaille toujours la rente, et
plus, 111. Clause par laquelle l'acquéreur s'oblige de faire
certaines améliorations à l'héritage, ni. Clause de payer
les arrérages de la rente sans aucune diminution, ou clause
de non retenue pour contributions, n4- Ancienne clause
que la rente sera rachetable,119 et suiv. Voyez Clauseré-
solutoire et Préemption.
Clause résolutoire. Elle peut être stipulée expressément; mais-
elle est toujours sous-entendue, 80. Différence entre ces deux
cas, 88. Voyez Résolution. On peut apposer dans le contrat
à rente les mêmes clauses résolutoires qui sont permises
dans le contrat de vente, 260. Clause de réméré. Voyez
Reméré. Faculté de résoudre l'aliénation à charge de rente,
si le créancier trouve une condition plus avantageuse, 260.
Clause de retrait conventionnel. Voyez Préemption.
Commencement de preuve par écrit3 en matière de rentes, 242
et 245.
Commise (droit de). Voyez Caducité.
Compensation. Elle n'est pas un mode d'extinction de la rente
foncière, 3g6.
Compétence des tribunaux 3 en matière de rentes foncières.
L'action personnelle doit être portée devant le tribunal du
domicile du débiteur, 221. Il en est de même de l'action en
résolution du contrat à rente, 222. Letribunal delà situation
des biens est le seul compétent pour tout ce qui tient à l'af-
fectation hypothécaire, à l'expropriation, et à l'ordre des
créanciers, 222. Voyez Dernier ressort, Juge de paix, et
Titre-nouvel.

;
Conciliation (bureau de). La simple demande en rachat doit
subir ce préliminaire il n'en est pas ainsi de celle qui com-
mence par une offre réelle,38o.
Confusion. Mode d'extinction des rentes foncières, 395, 596.
Consentement des parties au contrat à rente, 56.
Conservateur des hypothèques. Il est obligé de prendre une
inscription d'office lors de la transcription d'un contrat à
rente, 181. Il n'est pas tenu de renouvelercetteinscription,
eo2. L'omission d'une inscription, dans le certificat délivré
par le conservateur à l'acquéreur qui a transcrit et qui veut
purger, a pour effet d'affranchir l'immeuble, dans les mains
de l'acquéreur, du privilége ou de l'hypothèque; le créancier
omis est réduit à un recours contre le conservateur, 598,
à moins qu'il ne fasse valoir ses droits avant le paiement
fait par l'acquéreur, ou avant que l'ordre des créanciers ne
-
soit terminé, 59B et suiv. Il y a lieu au recours contre le
conservateur, à moins que celui-ci ne prouve que l'erreur
ne provient pas de sa négligence, 402. Distinction entre le
cas où la désignation insuffisante est le fait du créancier, ou
celui du débiteur, ou celui de l'acquéreur, 4°3. L'acquéreur
qui a payé avant les diligences du créancier omis, est vala-
blement libéré, 404. Trois cas dans lesquels l'ordre est ré-
puté homologué, 405. Le créancier omis peut intervenir
avant l'homologation, 4{)8; mais il ne.peut former tierce-
opposition, 4°9- L'omission faite par le conservateur dans
un certificat délivré à toute autre occasion que celle de la
purge, n'a pas pour effet d'affranchir l'immeuble de la
créance omise, 401. Le conservateur est responsable des
suites du défaut de conformité de son registre avec les
bordereaux, 4*3. Le conservateur ne peut procéder. là à
radiation des inscriptions qu'en vertu d'un jugement en
dernier ressort, ou passé en force de chose jugée, 4u.
Principes sur la responsabilité du conservateur en cas de
contravention à cette disposition, 413.
Consignation en matière de rachat. Elle n'est pas obligée" 376.
Formalités à observer par le débiteur qui veut y procéder,
375, 3?6. Tribunal devant lequel doivent être portées les

j
demandes y relatives, 374, 375. Il faut un jugement qui
déclare le débiteur libéré de la rente, 375 mais le prélimi-
naire de la conciliation n'est pas nécessaire, 375, 38o. De
quel jour la consignation arrête-t-elle le cours des arré-
?
rages 377.
Contrat à rente. Ce que c'est, 19. Il est assimilé au contratde

, ,
vente, 31, 32. L1 ressemble au contrat de louage, 31. Ilen
diffère 3i. Il fait passer la propriété 33. Trois choses en
constituent la substance, 51, 34. Aliénation d'un héritage
d'autrui, 41.
Contribution foncière. Voyez Retenue pour contribution.
Créancier de larente, 19. Il n'a plus un droit de propriété sur
le fonds, 9. Quels sont aujourd'hui les droits qui lui appar-
tiennent? i3o et suiv., 246. Quelles sont ses obligations? 57.
Voyez Cédant. Quelles sont les charges de l'immeuble ar-
genté auxquelles il doit contribuer?251. Son consentement

,
n'est pas nécessaire pour la validité de l'aliénation de l'im-
meuble arrenté 255. Quelle action peut-il intenter s'il a
vendu ou cédé son droit sans avoir touché le prix de cession?
Voyez Privilège et Résolution.
Débiteur de la rente. Signification de ce mot, 19 et 547. n. Il
n'est obligé personnellement au service de la rente que par
l'effet d'un contrat passé par lui ou ses auteurs; la posses-
sion de l'immeuble, ou la connaissance que le débiteur peut
avoir de la rente, n'entraînent point l'obligation personnelle,
151, 132. Ne sonttenus personnellement que le détenteur
de 1789, l'acquéreur à rente par acte postérieur, le nouvel
acquéreur de l'immeuble qui s'est chargé de la rente, et
l'héritier de l'un ou de l'autre, 70-745 151-155. Dans les
autres cas, le débiteur n'est obligé qu'hypothécairement,
74, I-ZZ. Cette obligation personnelle se divise entre plu-
sieurs débiteurs d'une même rente, 77, 349 et suiv. Voyez
Acquéreur à rente et Acquéreur (nouvel.)
Déclaration d'hypothèque. Voyez Action hypothécaire.
Déguerpissement. Définition, 261. Différences entre le déguer-
pissement et le délaissement par hypothèque, 262. Nature
du déguerpissement suivant l'ancien droit, 265. Aujourd'hui
il ne peut plus être question du déguerpissement, 265.
Délaissementparhypothèque.Letiers-détenteur peut s'affran-
chir de toutes recherches, en délaissant l'immeuble pour
lequel il est poursuivi, s'il n'est pas personnellement obligé,
26g,2^5,3o8,3og. Pour être exclu de la faculté de délaisser,
il suffit que le tiers-détenteur se trouve débiteur personnel
de l'une des créances seulement, 3oa. Différens cas où le dé-
tenteur est personnellement obligé au service de la rente,
159. n., 3o6, 317. La connaissance de la rente, de la part
du détenteur, ne fait pas obstacle au délaissement, 3og,
5io, 3i6. Le tiers-détenteur peut être reçu à délaisser,
bien qu'il eût reconnu l'obligation ou sabi condamnation,,
mais en cette qualité seulement, 276. Les héritiers de l'ac-
quéreur peuvent-ils être reçus à délaisser l'immeuble, 2^5,.
276. Il faut que le tiers-détenteur, qui veut délaisser, ait la
capacité d'aliéner, 277. Conséquences de ce principe à
l'égardxles usufruitiers, 277. Des mineurs et interdits, des
envoyéeen possession de biens d'un absent, et des admi-
nistrateurs de communes ou d'établissemens publics, 278.
Du délaissement de la part du tiers-détenteur mis sous la
direction d'un conseil; de celui faitpar lemari au nom de la
femme, ou parles syndics définitifs d'une faillite, 279. Quid,
d'un grevé de substitution?281. Du délaissement fait par
l'héritier bénéficiaire, 281. le délaissement doit porter sur
l'immeuble en entier, 282, et sur les augmentations surve-
a
nues, 285. S'il y plusieurs détenteurs, chacun peut dé-
laisser sa portion de l'immeuble, 283. Mode du délaissement ;
déclaration au greffe, 296. Notification aux créanciers, 296,.-
3o2. Sommation préalable au débiteur originaire, 296,3i5.
Nomination d'un curateur, 297. Contestations sur la validité
du délaissement, 297. Lorsque les parties ne sont pas d'ac-
cord sur la question de savoir si le tiers-détenteur est ou
non personnellement obligée laquelle d'entre elles est tenue
de justifier ses prétentions? 312. Les créanciers ne sont pas
recevables à contester le délaissement sur le motif que ce-
moyen de libération présenterait un avantage pour le-dé-
tenteur, 297; ni sur le motif que l'acquéreur n'a pas encore
payé le prix, 3oo. La poursuite en expropriation, com-
mencée contre le détenteur avant le délaissement, ne peut
être continuée contre le curateur créé à l'immeuble dé-
laissé; elle doit être recommencée de nouveau, 3oi. Né-
cessité d'un nouveau commandement préalable au débiteur
originaire, 502. Effets du délaissement, 5iy. Le contrat
d'arrentement est résolu pour l'avenir, 3i8, 327. Le délais-
sement libère celui qui le fait, des priviléges et hypothèques
dont l'immeuble est grevé, 3x8. Il fait revivre les servitudes
et droits réels que te détenteur avait sur l'immeuble avant
son acquisition, 318, 320. Les créanciers personnels du
détenteur exercent leurs hypothèques, à leur rang, sur l'im-
meuble délaissé, 320; ainsi le délaissement n'éteint pas les
hypothèques q.ue le tiers-détenteur a accordées à des tiers,
3
sur l'héritage délaissé, 327. Quid des servitudes par lui
imposées ? 527. Recours en garantie du tiers-détenteur
contre le débiteur principal. VoyezTiers-détenteur. Droits
-
que le tiers détenteur conserve sur l'immeuble jusqu'à
l'adjudication, 323. La propriété de l'immeuble reste sur
sa tête, 324. il a la faculté de reprendre l'immeuble ou de
révoquer le délaissement, 323, 324. Effets du délaissement
fait par un seul de plusieurs détenteurs du même immeuble,
324, 325. Les créanciers ne peuvent refuser le délaisse-
ment, 526. Quid, s'il y a plusieurs créanciers d'une même
rente, ou plusieurs rentes affectées sur le même immeuble?
526. Aujourd'hui il n'est pas question de clauses qui em-
pêchent le délaissement (àl'exception de celle par laquelle
l'acquéreur s'oblige personnellement à la dette),331.
Dépens. Ils jouissent du même rang que la créance, 204; et
ils doivent être énoncés dans l'inscription, 157. VoyezFrais
de justice.
Dernier ressort, en matière de rentes foncières, 223. Pour les
rentes en argent, 224. Pour celles en denrées ou autres
objets en nature, 227.

;
Destruction de l'immeuble arrenté. Elle éteint l'obligation
d'améliorer l'héritage, 113 mais elle n'éteint point l'obli-
gation personnelle de servir la rente, 113, 256, 331. Voyez.
Incendie. Le débiteur n'est pas tenu de rétablir les bâtimens
détruits sans sa faute, n3. Quid, si la destruction arrive
par son fait ou par sa faute? 334.
Détériorations de l'immeublearrenté. Action contre le débiteur
a
qui détérioré cet immeuble, 100, 101. Voyez Action per-
sonnelle. Des détériorations commises par le tiers-détenteur
qui délaisse. Voyez Délaissement.
Diminution de l'immeuble arrenté. Elle est une perte pour le
détenteur, 256,336.
Directe. Ce que c'était en France, 2, 254. Ce que c'est en
Allemagne, a3. n.
Discussion de l'article 53o du Code civil, 12, 341, 343, 344-
Discussion (exception de). Elle ne peut être opposée au créan-
cier de la rente, 20g.
Distraction. Voyez Tiers-détenteur.
Domaine direct. Voyez Directe.
Donation. Différence, quant à l'effet de la transcription, entre
la vente et la donation. Voyez Transcription.
Droit de rente foncière. Voyez Rente foncière.

dans les quatre*départemens de la rive gauche du Rhin ,


Droits casuels. Abolis en France, ils sont en partie conservés

74. n., 364, 365; Peuvent-ils être stipulés aujourd'hui dans


un contrat d'arrentement? 76. n.
Droits du créancier de la rente. Voyez Créancier.
Droits du propriétaire de l'immeuble atrenté. Voyez Acquéreur
et Débiteur.
Effetrétroactif. Les lois de 1789 et 1790, relatives aux rentes,
ont un effet rétroactif, 8,339.
Élection de domicile. C'est
une des formalités que doit contenir
l'inscription hypothécaire, 188. Le créancier de la rente est
tenu d'élire un domicile dans l'arrondissement où la rente
quérable doit être servie, 373, 374.
Émigrés. Leurs biens, vendus
par le gouvernement, ont été,
par cette vente, purgés des rentes foncières, dont ils étaient
grevés, 396; mais les émigrés sont tenus personnellement
1- de ces rentes, 397. Disposition de la loi du 27 avril 1825,
398. Droits des créanciers sur l'indemnité, 597, 398. Au-
cune prescription ne peut être opposée pour le temps de
l'émigration du débiteur, 398.
Emphytéoseperpétuelle. Sa nature, i 9, 20. Ce n'est plus qu'un
-

contrat à rente, ibid. Abolition du droit de retour, 20. Em-


phytéose allemande, 22. n.
Emphytéose temporaire. Sa nature, 25. n., 24. Sa durée, 27. La
jouissance à titre d'emphytéose temporaire n'est pas suscep-
tible d'hypothèque, 26, 28, 29.
Emphytéote ancien. Ses droits, 2..
Enregistrement. Droit d'enregistrement des quittances de ra-
chat,391.
Etat des charges. Effets de l'omission d'une inscription. Voyez
Conservateur des hypothèques.
Exigibilité. L'époque de l'exigibilité doit-elle être exprimée
dans l'inscription du privilége de la rente? ig5.
Experts. Leurs fonctions en matière de rachat, lorsqu'il s'agit
d'une redevance fixe en nature, 565. Quid, lorsqu'elle
consiste en une portion des fruits? 566, 367. Formalités à
observer dans leurs rapports, 36g,370.
Expropriation. Elle ne peut être poursuivie contre le débiteur
principal qui a aliéné l'immeuble, 208. Du cas où le titre
translatif de propriété n'a pas été connu du créancier, 95,
2og. Voyez Action hypothécaire, Adjudication, Délaissement,
Tiers-détenteur.
Extinction des rentes. Différens modes de cette extinction,
258, 261, 337, 395.
Faculté de rachat. Voyez Rente foncière et Réméré.
Faillite. De l'inscription prise dans le cas de faillite du débi-

,,
teur, 184..Lorsque le propriétaire de l'immeuble arrenté ,
après l'avoir vendu, tombe en faillite l'acquéreur peut-il
faire transcrire son acte après la faillite ou dans les dix
jours qui la précèdent? Les créanciers peuvent-ils prendre
des inscriptions dans la quinzaine qui suit cette transcrip-
tion? 186.
Féodalité. Il n'en est pas question dans le présent Traité, 2. u*
Frais d'expertise, en matière de rachat. Ils sont à la charge du
redevable, 5,1. Exception, ibid.
Frais de justice. En matière de rachat, ils sont à la charge du
débiteur, à moins que le créancier, maître de ses droits,
n'ait refusé de procéder à l'amiable, 371.
Fumier. Le débiteur est-il dispensé du service de la rente dans
l'année où il a mis du fumier dans le fonds? 68. Peut-il
obtenir une. réduction du capital de rachat à cause de cette
dispense, 363. n.
Héritier. L'héritier de l'acquéreur à rente depuis 1789, ou du
possesseur d'alors, est tenu personnellement au service de
la rente, 70, 74, 132. Il en est de même de l'héritier d'un
nouvel acquéreur qui s'était chargé de la rente, 134. Plusieurs
héritiers sont tenus, pro parte virili, des arrérages échus,
ainsi que du service de la rente, 75, i34, 135; celui d'entre
eux, au lot duquel éphoit le bien arrenté, peut être poursuivi
hypothécairement pour le tout, 75, i35. Les héritiers du
débiteur peuvent-ils être admis au délaissement? 276, 3o3.
H-esse (grand-duchéde). Ordonnance relative aux rentes,
16, 70. n., 210. n. Arrêt rendu sur la question de l'obli-
gation personnelle du détenteur des fonds arrentés, i33.n.,
2l3.n.
Hypothèquesimple. Elle diffère du droit de rente foncière, ou du
privilège qui y est attaché, 5o,137, i38, i5i. Des hypo-
thèques acquises sur les rentes foncières. Voyez Rente fon-
cière. L'hypothèque est indivisible. Voyez Indivisibilité. Il
y a extinction de l'hypothèque créée par l'acquéreur, si le
créancier de la rente rentre dans le fonds par suite de l'ac-

sement,
tion en résolution, 95. Il en est autrement en cas de délais-
327. Vices et lacunes de la législation en matière
d'hypothèques et de privilèges, 400* n.
Immeubles. Les immeubles corporels peuvent être aliénés à 1

rente, 36. Les immeubles incorporels ne le peuvent pas,


37; à l'exception de l'usufruit, 38.
Impositions foncières, Elles sont à la charge du détenteur du
fonds arrenté, 64, a5a. Voyez Retenue.,
,
Incendie. Si la maison grevée de rente foncière, et périe par
un incendie était assurée, le privilége de la rente ne con-
tinue pas sur la somme à payer par les assureurs, 332.
Indivisibilitédel'hypothèque en général. Applications de ce prin-

,
cipe, 77, a56, 282, 283, 336. De la solidarité qui résulte
de cette indivisibilité 77.
Inscription d'office. Voyez Conservateur des hypothèques et Re-
nouvellement. L'omission de cette inscription, -ou les erreurs
qui y ont été commises, ne font aucun préjudice au créan-
cier dela rente, 182.
Inscription du privilége de la rente. Nécessité de cette inscrip-
tion, 10, 141, 151, 155, 156. Voyez Priritége. L'inscription
est également nécessaire, quant aux arrérages et aux dépens,
157, 199. Dans l'un et l'autre cas, cette nécessité n'existe
que relativement aux tiers, 156, 157. L'inscription conserve

le privilège, avec effet rétroactif au jour du contrat à rente,
155. Lorsque l'immeuble arrenté a été aliéné volontaire-

,
du :
ment, il faut, relativement à la nécessité de l'inscription
privilège, distinguer trois époques I. Intervalle de la
loi du 11 brumaire an vu au Code civil, 160. II. Intervalle
du Code civil à la promulgation du Code de procédure ci-
vile, 161. III. Etat des choses d'après l'article 834 du Code
de procédure civile, i63. Voy. Transcription. Si l'aliénation
de l'immeuble arrenté a eu lieu par adjudication définitive

,
- sur expropriation forcée, le privilége se trouve purgé, s'il
n'a pas été inscrit avant cette adjudication 174. La trans-
cription de l'acte d'arrentement vaut inscription pour la
conservation du privilége, 181. Ce privilége est également
conservé par une inscription prise à la requête du créancier,
même en vertu d'un contrat sous-seing privé, 183. Quid, si,
dans cette inscription, le créancier ne parle que d'une hy-
pothèque?ibid. Des cas où l'on ne peut prendre l'inscription

,
du privilége avec effet, à raison de la position du débiteur,
ou de l'état de sa succession 184. Voyez Faillite et Succes-
sion. Du titre nécessaire pour opérer l'inscription de la
rente, 197, 198. Objets importans que l'inscription doit
faire connaître, 187. De la connaissance à donner du créan-
cier et du débiteur, 188, i8g. Quel est le débiteur à indi-
quer? 18g. Indication de la date et de la nature du titre;
«
énoacîation de la créance, 190, 191. L'inscription doit con-
tenir une évaluation du capital du rachat et des arrérages,
191. Comment cette évaluation doit-elle être faite? 192,
193. Indication de l'époque de l'exigibilité, 195. Désignation
?
de l'espèce.et dela situation des biens 197.
Jugedepaix. Peut-il connaître de l'existence d'une rente fon-
cière? 228.
Laademium. Ce droit est maintenu dans les quatre départe-
mens du Rhin. Voyez Droitscasuels.
-
à
Locaterie perpétuelle. Voyez Bail locaterieperpétuelle.
Lésion de plus de sept douzièmes. Est-elle une cause de resci-
sion du contrat à rente? 59, 25g.
Meubles. Ils ne sont pas susceptibles d'être aliénés à rente, 40.
Murs de soutien. La réparation des murs de soutien des vignes
arrentées est à la chargeda détenteur, 253. n., 363. n.
Mutation (droits de). Les droits de mutation sont dus en cas
de résolution du contrat d'arrentement, 98. Privilége de
l'administration pour les droits de mutation par décès,
i53. n.
Novation. C'est un des modes d'extinction des rentes fon-
cières, 395.
Obligation principale et accessoire. Autrefois l'immeuble était
le débiteur principal de la rente, et la personne du redevable
était la débitrice accessoire, 5,69, i32. Aujourd'hui c'est le
cas inverse" 14, 70,425.
Obligations. Quelles sont les obligations de celui qui cède
l'immeuble à charge de rentePVoyezCréancier. Des obli-
gations de l'acquéreur. Voyez Acquéreur et Débiteur. Quid,
?
s'il y a plusieurs acquéreurs 77. Obligation hypothécaire
de l'immeuble ai-rente, 137. Voyez Privilége, Purgation.
Offreréelle. De celle qui peut avoir lieu en matière de rachat,
370. Effets du refus d'un créancier, maître de ses droits,
d'accepter cette offre, 370, 071. Formalités qui doivent
accompagner les offres, 5712. En quellieu doivent-elles être
faites, 573, 574. Voyez Consignation. Quid, si l'offre est
faite à un tuteur, à un grevé de substitution, ou à un autre
administrateur? 38o. Dans tous les cas, l'offre doit com-
prendre la valeur des arrérages dus, 583.
Omission d'une inscription dans l'état des charges. Voyez Con-
servateur.
Ordre des créanciers. La clôture de l'ordre a l'effet de purger
les privilèges. Voyez Purgation. Hors le cas d'une offre
faite conformément à l'article 2184 du Code civil, le créan-
cier de la rente, qui se présente dans l'ordre, ne peut exiger
le capital du rachat, 180. Tous Ses arrérages de la rente ,
qui ne sont pas prescrits, doivent être colloqués dans l'ordre,
199, 200.
Pacte,coinmissoire. Voyez Clause résolutoire et Résolution.
Paiement de la rente. Où doit-il être fait? 61.
Péremption despoursuites. Voyez Tiers-détenteur.
Plan de l'ouvrage. Introduction et p. 16.
Portable (rente). Ce que c'est, 61.
Portion de la propriété. Anciennement elle avait été réservée
par le bailleur, 2. Conséquences de ce principe, 4, 5, 6.
Abolition, 8.
Possesseur de l'immeuble arrenté. Celui de 1789 est obligé per-
sonnellement au service de la rente, quand même il ne
possède plus cet immeuble, 72.
Possession du fonds arrenté. Anciennement elle emportait
l'obligation de servir la rente; cette obligation finissait en
même temps que la possession, 5, 69. Il en est autrement
aujourd'hui, 69, 70.
Poursuite. Voyez Action hypothécaire.
Préemption(droit de), ou droit de retrait conventionnel au
profitdu créancier de la rente. Celui qui est stipulé dans les
anciens contrats à rente ne laisse pas d'être valable; et cette
stipulation affecte l'immeuble, 588, 38g. Conditions sous
lesquelles ce droit peut être stipulé aujourd'hui, 390.
Preneur à rente (ancien). Ses droits,2.
Prescription. Les rentes foncières ne peuvent être acquises par
la voie de la prescription, 229. Elles s'éteignent parla
prescription, 415. Il y a deux espèces de prescription du
droit de rente foncière, 416 : 1° Celle qui court au profit du
débiteur personnel, qu'il possède ou non l'immeuble ar-
renté; 20celle qui a lieu au profit du tiers-détenteur qui a
acquis et possédé l'immeuble franc et quittede la charge,
416, 417' Pothier a suivi l'ordre inverse, 417' Sur qaoi
est fondée la prescription qui court au profit du débiteurper-
sonnel et de ses héritiers, 437. Elle est de trente ans, tant,
à l'égard de l'action personnelle que relativement à l'enga-
gement hypothécaire, 419, 43-8'. De quel jour ces trente ans
à
commencent-ils courir? 438,439. Causes qui interrom-
pentou qui suspendent cette prescription, 439. Si le titre a
plus de trente ans, le créancier doit faire preuve que la
rente lui a été payée pendant cet espace de temps, 4^9,
440. Cette preuve ne peut être faite par les papiers domes-
tiques du créancier, 440. n. Peut-elle être reçue par té-
moins? 440,441. On ne peut, dans cette prescription
trentenaire, opposer au débiteur l'exception déduite de la
mauvaise foi, 443. Chacun de plusieurs débiteurs person-
nels d'une même rente peut prescrire salibération, même
en cas de solidarité stipulée, 444- Quel estl'effet de l'inter-
ruption faite à l'égard de l'un des coobligés seulement?ibid.
QiÛd, s'il y a stipulation de solidarité entre plusieurs acqué-
reurs à rente d'un seul fonds divisé, ou entre les acquéreurs
? r
de plusieurs fonds 445.-A égard du et
tiers-détenteur de
héritiers, la prescription est fondée sur la qualité de la
- ses

le
possession, 417. Cette prescription est acquise par même
a
laps de temps que celle de lapropriété, 4^' S'ily juste
titre et bonne foi de la part de l'acquéreur- d'un immeuble
arrenté, l'engagement hypothécaire s'éteint par dix ou vingt
ans; mais à partir seulement du jour de la transcription-du
titre, 420. A défaut de titre, de bonne foi ou de la trans-
cription, il faut une possession de trente ans, 421, 4*7-
Le détenteur doit avoir eu la possession de l'immeuble, 423.
Il peut Joindre à sa possession celle de son auteur, ihid.
L'adjudicataire par expropriation forcée n'a pas besoin de
cette prescription, 422. L'existence de l'inscription n'in-
terrompt pas la prescription, 424, ni n'empêche-t-elle le
tiers-détenteur d'être de bonne foi? 426. Deux moyens
d'interrompre cette prescription de la part des créanciers
l'action hypothécaire bornée à cetelfet, et la sommation
:
au tiers-détenteur de payer ou de délaisser, 424* Un com-
mandement signifié au tiers-détenteur seul n'aurait pas cet
effet, 424. Interruption par la reconnaissance que ferait le
tiers-détenteur des droits du créancier, 425. L'interpellation
faite au tiers-détenteur n'interrompt pas la prescription à
l'égard du débiteur principal, et vice versa34^5 ? 426. Il
en est de même de la reconnaissance, 426; ainsi que du
paiement fait parle débiteur principal, 43 1. Quandya-t-il
mauvaise foi? L126. La bonne foi doit exister au moment de
l'acquisition, 426. Du titre du possesseur, 427. De la règle:
Contra non valentem agere nulla currit præscriptio, 427,428.
Si la rente appartient à deux individus, la minorité de l'un
n'empêche pas la prescription de courir contre l'autre, 428.
Les causes suspensives de la prescription, d'après l'art. 22^7
du Code civil, ne sont pas applicables au tiers-détenteur;
il prescrit contre le garanti avant le troublp, et contre le
créancier conditionnel ou in diem, 428,429* Quid, lorsque
la rente appartient à la femme et l'immeuble au mari? 43o.
La prescription del'obligation principale emporte l'extinction
du privilège, 425; par exemple, lorsque l'action personnelle
se prescrit pendant les poursuites contre le tiers-détenteur,
ibid. Lorsque le tiers-détenteur prescrit en même temps
contre le véritable propriétaire de l'immeuble et contre le
créancier de la rente, la prescription du privilége ne peut
s'accomplir avant l'accomplissement de celle de la propriété,
?
431, 432. Quid, s'il y a plusieurs détenteurs 433.
Delaprescription des arrérages de la rente. Autrefois cette
prescription ne s'accomplissait que par trente ans; aujour-
d'hui elle est de cinq ans, 445, 446, 448. Motifs de cette
dispoiition, 446. Depuis quelle époque est,elle en vigueur
dans les anciens déparlemens de la, rive gauche du Rhin?
445. n. Elle s'applique aux arrérages des rentes anciennes et
nouvelles, 448; mais non à ceux échus sous l'empire des
ancie.1uQe3.lois, 449* Cette prescription commence à courir
du moment où les arrérages peuvent être exigés, 449 Elle
court contre toutes personnes, 449' Moyens de l'inter-
rompre, 449, 450. Elle a lieu quoique les arrérages ne
soient pas payés, 45o.Le serment ne peut être déféré sur
le fait du paiement, 45o. Si la rente est éteinte par pres-
cription, les arrérages qui ont moins de cinq ans ne peuvent
être exigés,451. Quid, de la répétition de ceux payés? ibid.
L'exception de la prescription de la rente renferme celle de
la prescription des arrérages, 452.
,-Par quel laps de temps se prescrit l'action résolutoire, à
l'égard des tiers-acquéreurs? 434 et suiv. De la prescription
de l'action récursoire contre le conservateur des hypothèques,
414. Les émigrés ne peuvent opposer de prescription pour
le temps de l'émigration, 398.
Présomptions. Quand sont-elles admissibles pour établir l'exi-
stence d'une rente foncière? 231, 245.
Preuve. Comment doit être faite la preuve de l'existence d'une
rente foncière? 216, 229, 23oetsuiv., a43.Dispositions
spéciales relatives aux anciens départemens de la rive
gauche du Rhin, a32. Quid, si le créancier prétend que le
détenteur ne possède l'immeuble que par emphytéose tem-
poraire, et si aucune des parties ne peut produire un titre,
?
mais allègue seulement la possession 245.
Preuve testimoniale. Quand est-elle admissible pour établir
l'existence d'une rente foncière? 25o, a35. n., 242, 441*
Privilége. Le privilége est une hypothèque privilégiée, 152. n.
Privilége de la rente. Esquisse du système des nouvelles lois
qui lui sont relatives, 9 et suiv., 137. Historique de cette
législation, 138. Origine et cause de ce privilège, 140, 1^1.
Nature etrangduprivilège dela rente, 1 5o, 1 52,153,155,i56,
199. Rang de la créance des arrérages; ce rang est commun
à tous les arrérages, et l'article2.151 du Code civil n'y est

contestations,
pas applicable, 199, 200. Rang des frais des inscriptions et
204. Ce privilège ne dégénère jamais en
simple hypothèque, 153. S'il est inscrit, il prime toutes les
créances postérieures à l'arrentement, quoiqu'elles aient
été inscrites antérieurement au privilège, 155, 156. Voyez
Inscription du privilège de la rente.
Le tiers-détenteur qui a délaissé ne jouit point d'un pri-
vilège pour le montant des impenses et améliorations faites
à l'héritage, 288. Quid, si ces impenses ont été faites par
un architecte, 290. Le créancier de la rente qui a vendu ou
cédé son droit à un tiers, et qui n'a pas encore repu le prix
de cession, ne peut point exercer le privilège accordé au
vendeur d'effets mobiliers,248.
Propriété de l'immeuble arrenté. Voyez Contrat à rente et
Portionde propriété.
Provisoire. Il peut être accordé en matière de rentes, 25 1.
Prusse rhénane. Arrêts rendus, en matière de rentes, par la
cour d'appel et par la cour de cassation de cette province ,
74. n., 102. n., 145. n., 159. n., 176. n., 2o3. n., 217. n.,
235. n., 236.n.,253..n., 351. n., 368.n.,372. n., 38o. n.,
389. n., 411. 72.
Purgation des priviléges et hypothèques. Lareconnaissance de
la charge de la rente empêche le nouvel acquéreur d'en
purger l'immeuble, 158, 180. Quid, d'une reconnaissance
?
postérieure à la purge faite 18 1. On peut encore prévenir
la purge par les clauses d'un acte d'aliénation volontaire,
176, 177. Les priviléges et hypothèques se trouvent purgés,
en cas d'aliénation volontaire, lorsqu'il n'y a point d'ins-
cription prise, pour les conserver, avant l'expiration de la
quinzaine, à partir de la transcription du nouvel acte d'alié-
nation. Voyez Aliénation volontaire, Inscription et Trans-
cription. En cas d'aliénation par expropriation, ils sont
purgés lorsque l'inscription n'a pas été prise avant l'adju-
dication définitive,174. Le privilége de la rente, même
inscrit, peut, en cas d'aliénation volontaire, être purgé par
l'accomplissement des formalités prescrites aux articlesai83
,
et 2184 du Code civil; l'acquéreur, dans ce cas doit offrir

,
le capital du rachat, 178. La clôture de l'ordre purge les
privilèges même inscrits, qui n'ont pas été présentés dans
cette procédure, 179. La vente, franc et quitte, faite par le
Gouvernement, d'un immeuble arrenté, passé entre ses
mains par suite des lois de la révolution, a purgé cet im-
meuble des priviléges et hypothèques antérieures à la
vente, 396. L'omission faite par le conservateur des hypo-
thèques, d'une inscription sur un état des charges délivré
après la transcription d'une aliénation volontaire, emporte
également la purge des priviléges et hypothèques. Voyez
Conseroateur.
Quèrable. Ce que c'est qu'une rente quérable, 61.
Quittances. Celles délivrées par le créancier au débiteur peu-
?
vent-elles former une preuve au profit du créancier 242,
443-
Rachat des rentes foncières anciennes. Voyez Rente foncière
(droit de). La loi du 18, 29 décembre 1790 n'a pas été
abrogée, 391. Clauses et conditions qui peuvent être stipu-
lées aujourd'hui relativement aurachatdes rentes anciennes,
129. En règle générale, le rachat peut être exercé à tout
moment, 345. A qui appartient le droit de l'exercer? 3460
Permission du rachat partiel, 349. Exception en cas de so-
lidarité, 550. Abolition de cette solidarité, quant aux rentes
créées avant le 20 août 1792, 353. Cette abolition n'a pas

,
été étendue aux anciens quatre départemens de la rive
gauche du Rhin 353. n. Comment le capital du rachat
est-il déterminé? 557. Quelles personnes sont libres de
traiter de gré à gré à cet égard, 357. En quels cas une
contestation judiciaire devient-elle nécessaire entre ces per-
sonnes? 371.Quid, des tuteurs, des grevés de substitution,
des maris pour les dots des femmes, 357, 358. La capacité

lieu,,
se juge selon la loi en vigueur au moment où le rachat a

munes ,
358. Quid, des administrateurs des biens des com-
des établissemens publics du domaine de la cou-
ronne, des apanages, des biens engagés? 35g. Taux légal
f du rachat des rentes anciennes, 36o et suiv. Ce capital
s'augmente lorsque la rente a été créée sous la condition de
; ;
non retenue des impositions, 36i mais il ne peut être di-
minué, ni à cause de la retenue annuelle, 561 ni à cause
de la contribution que le créancier peut avoir faite aux frais
de réparation des murs de soutien des vignes arrentées,
363. n. ; ni enfin sous le prétexte d'une dispense accordée
au débiteur dans l'année où il mettait du fumier dans le
fonds, ibid. Dans le cas où le capital du rachat avait été fixé
par le contrat, il faut se conformer à cette stipulation, 363.

363,
Quid, si le créancier avait droit au bois de haute futaie?
564. Second capital du rachat, dû pour les droits ca-
suels maintenus, 564. Evaluation du produit annuel des
rentes payables en nature, 365. Premier cas, si la rede-
,
vance est fixe, 365. Second cas si la rente consiste dans
une portion des fruits récoltés annuellement sur le fonds ,
366et suiv. Voyez Experts3 Frais,Offreréelle3 Consigna-
tion, Conciliation, Arrérages.
Rachat des rentes foncières créées depuis 1789. Il peut être
exercé à tout moment, 395; sauf le cas d'une stipulation
contraire, 137. Etendue que peut avoir cette stipulation,
ibid. Le rachat peut être demandé par toute personne ayant
intérêt à l'affranchissement du fonds, 3g2. Solidarité, 592.
Pourvoi des tuteurs et autres administrateurs, ibid. Mode
et taux du rachat, 39*2, 393, 594. Permission de régler
, d'avance les clauses et conditions du rachat, 125. Faculté
du débiteur de faire une offre réelle, 394. Voyez Offre.
Obligation de payer tous les arrérages, 395.
Radiation des inscriptions. Elle ne peut avoir lieu qu'en vertu
d'un jugement en dernier ressort, ou passé en force de
chose jugée, 411* Elle ne peut être effectuée en vertu d'un
jugement par défaut non exécuté, quoique accompagné des
certificats indiqués par les articles 164 et 548 du Code de
procédure civile, ibid. L'inscription radiée injustement doit
être rétablie, 411,412. Effetsdece rétablissement vis-à-vis
desautrescréanciers, 41!1. Recours contre le conservateur,
4i3. Quid, de la radiationopérée en vertu d'un jugement
ou arrêt qui depuis a été cassé? 414.
Rang. Voyez Privilége et Renouvellement.
Réalisation des offres. Sens de ce terme, 577. n., 578. n.
Récognitif (acte).Voyez Titre récognitif.
Reconnaissance. Voyez Titre récognitif.
Reconnaissance de la charge de rente. Elle empêche la purge.
Voyez Purgation.
R-edevable. Sens de ce mot, 347. n.

,
Réméré. La faculté de réméré peut être stipulée lors de l'alié-
nation d'un immeuble à charge de rente 260.
Remise. C'est un des modes d'extinction des rentes, 3g5.
Renouvellement de l'inscription de la rente. Par qui doit être
renouvelée l'inscription prise d'office? 202. Le défaut de
renouvellement ne porte aucun préjudice au rang ou à
l'effet du privilège, à moins que, dans l'intervalle, une
nouvelle aliénation n'ait été transcrite, 201.
Rente constituée. Voyez Rente foncière (revenu annuel.)
Rente foncière (droitde). Idées générales, 1. Définition de ce
t,
mot, 18,43. Nature des rentes dans l'ancien droit, 3. Elles
étaient irrachetables, 4,8. Exceptions de cette règle,54,11g.
Elles étaient dues principalement par le fonds, 5, 69. Elles
différaient d'une simple hypothèque, 5o, 137, i38. Elles
n'étaient pas purgées par les lettres de ratification, 5, i38.
Elles étaient des immeubles, et susceptibles d'être hypothé-
6,
quées, 139. Depuis 1789, lesrentes antérieures, de même
que celles créées postérieurement, sont essentiellement ra-
chetables,8,338. Voy. Effet rétroactif. Elles ne représentent
plus une portion de la propriété, 8, 9. Elles ne sont plus un
droit sur les biens, une modification ou limitation de la
propriété, 9, i4o. Elles ne sont plus dues principalement
par le fonds, 14,69,70. Elles nel'affectent plus que comme
une charge, 9, 70. L'obligation principale est celle person-
nelle, qui pèse sur l'acquéreur à rente et sur ses héritiers
(quant aux rentes créées depuis 1789), 70; sur le posses-
seur de 1789 et ses héritiers (quantaux rentes antérieures),
71 ; enfin sur le nouvel acquéreur d'un immeuble arrenté
qui s'est chargé de la rente, et sur ses héritiers, 70. Les
rentes forment des créances, 10. Elles sont meubles, 10, -
i5, 347. Elles tombent dans la communauté conjugale,
10. n., 247,43o. Elles sont comprises dans le legs des biens-
meubles, du mobilier et des effets mobiliers, 248. Elles ne
.s;ont plus susceptibles d'être hypothéquées, 10,14,147,3go.
Suspension momentanée de l'effet de ce principe, 11. n.,

du Il brumaire an vu, 11. n.,


139, 387. Maintenue des hypothèques acquises avant la loi
147, 390. Aussi la
nature immobilière des anciennes rentes subsiste encore,
149, 387. Les rentes foncières conservent cette ancienne
dénomination, 11, 19, quoique, en réalité, elles ne soient
plus foncières, 14. Il est permis, depuis 1790, d'en établira
l'avenir, 11. Discussions qui ont précédé l'article .55o du
Code civil, 12, 541 etsuiv. Plusieurs manières d'établir
une rente foncière, 34. Quelles choses sont susceptibles d'être
aliénées à charge de rente, 36, 57. La rente foncière peut
.être établie à temps, io5. Nature de cecontrat, io5, 106.
La preuve de l'existence d'une rente foncière ne peut ré-
sulter que d'un acte qui indique qu'elle a été créée et ré-
servée lors de l'aliénation d'un héritage, 230, 243.
Rente foncière (la rente annuelle). Elle forme l'équivalent du
revenu annuel ou de la jouissance de l'immeuble, 44, 45 ;
c'est un fruit civil, 45. n. Elle diffère du prix de vente, 46;
de même des fermes et loyers, 48, 246, 24" 387; ainsi que
des autres espèces decharges réelles, 49. Similitude entre
la rente foncière et la rente constituée, 5o. Différence,
,
19. n., 5i, 53 87, 4 4.
Rente réservée par te partage. Nature de cette rente, 56. n.
Rente viagère. Nature d'une rente viagère, créée comme con-
9
dition de l'aliénation d'un immeuble 50"
Réparations de l'immeuble arrenté. Elles sont à la charge du
débiteur, iq3. Voyez Murs de soutin..
Rescision du contrat à rente. Cas eu elle peut avoi, lieu, s58,
25g. Différence entre la rescision et la résolution, 260.
Résolution,L'action en résolution peut être exercée à défaut
de paiement d'une rente foncière quelconque, 79; Le créan-
cier peut réclamer la résolution de l'arrentement contre
l'acquéreur et contre le tiers-détenteur, 84; même lorsque
ce
dernier a acquis franc et quitte, 84; et que le créancier
-
n'a pa& fait traascrimson contrat, ou qu'il n'a pas prfrs
inscription pour la conservation du privilège, 85. Il n'est
pas nécessaire que le contrat renferme le pacte commissoire
à défaut de paiement de la rente, 88. Avantages de cette
Stipulation 88, 89. Le juge peut-il accorder un délai'de
t
paiement?£ 8, 90. Quid, des offres de paiement faits par le
débiteur? 89. Une simple demande d'arrérages de la rente
ne suffit pas pour ôter au créancier le droit de demander la
résolution, 85. Quid, lorsque le créancier est intervénu
dans l'instance en expropriation de l'immeuble arrenlé, et
s'est présenté à l'ordre pour être payé sur le prix de l'adju-
dication? 86. Combien d'années doitavoir duré le retard
du débiteur, 87. La résolution peut être demandée contre
unseul de. plusieurs débiteurs, 90, 91. L'action doit être
intentée contre le propriétaire actuel de l'immeuble, 93.
Quid, de l'acquiescement du débiteur? 94. La résolution
peut-elle être prononcée contre le débiteur pour cause de
détériorations par lui commises à l'immeuble, 101. Effets
de la résolution. Le débiteur ne peut plus purger sa de-
meure, 94. Les hypothèques, existant du chef de l'acquéreur
ou détenteur, sont éteintes" 95; il en est de même des ser-
vitudes-imposées par lui, 95. Si le contrat à rente 'e.U mêlé
de vente, le créancier doit tenir compte du prix repu, ihid.
Si, depuis l'arrentement, te forids avait été aliéné à charge
d'une rente nouvelle, le premier créancier reprend le fonds
j
libre de cette sous-rente 95, g6. Là résolution fait revivre
les servitudes ou autres droits réels que le détenteur expulsé
-
j
avait dans l'héritage au moment où il l'a acquis 97. i<<j9
droits de mutation de la propriété sont dufsurle jugement,
-
98. Le détenteur expulsé doit des dommages-intérêts, 99.
Voyez Clause résolutoire. Le créancier de la rente, qui a cédé
son droit sans avoir touché le prix de cession, peut deman-
der la résolution de la vente, 249.
Restitution des fruits. Voyez Délaissement.
Rétablissement d'une inscription injustement rayée. Voyez
Radiation.
Rétention (droit de). Le tiers-détenteur qui veut délaisser
peut-il retenir l'immeuble jusqu'au remboursement des im-
penses et améliorations? a85 et suiv.
Retenue pour conlributions. Le débiteur d'une rente foncière

;
quelconque peut retenir le cinquième des arrérages, 61 et
suiv. à moins que le contrat d'arrentement ou un acte
postérieur ne portent la clause de non retenue, 114, n8.
Justifications à faire par le débiteur, pour pouvoir exercer
cette retenue, 65; 66. Le débiteur peut répéter ce qu'il a
payé, s'il a négligé de faire la retenue, 67.
Retour (droit.de). Voyez Emphytéose.
Retrait conventionnel. Voyez. Préemption (droit de).
Rive gauche du Rhin. Sa réunion temporaire à la France, 15.
Lois qui y ont été publiées, 15. Voyez Droits casueis,
Hesse (g-rand-duchéde), Preuve, Prescription des arrérages,
Prusse rhénane, Rachat, Solidarité, Titres récognitifs.
Rome (département de). Décret relatif aux rentes foncières, 15.
Saisie immobilière. Voyez Adjudication.
Services de journées d'hommes, de bêtes et de voitures. Ils sont
abolis, 36o. n., 585.TU
Servitudes. Elles ne sont pas susceptibles d'être aliénées- à
charge de rente, 39. Des servitudes qui ont été établies par
le tiers-détenteur qui délaisse, ou par le détenteur expulsé
par voie de résolution du contrat. Voyez Délaissement'et
Résolution.
Solidarité. Aujourd'hui deux espèces de solidarité peuvent
exister entre les différens possesseurs d'un immeuble ar-
renté: la solidarité personnelle et la solidarité hypothécaire,.
yy, i363 39a. De la
solidarité des débiteurs des rentes foa-
cières anciennes, 353 et suiv. Exception quant aux anciens
départemens de la rive gauche du Rhin, 353.n.
Succession bénéficiaire du vacante. Une inscription hypothécaire
ne peut être prise avec effet sur ces successions, 184.

,
Surenchère. Si le nouvel acquéreur d'un immeuble arrenté
s'est chargé de la rente la surenchère doit comprendre le
capital du rachat, 179. Effets de la déchéance du droit de
surenchérir établie par l'article 834 du Code de procédure
civile, 164. Le créancier omis dans le certificat du conser-
,
vateur est-il privé du droit de surenchérir? 401.
Terrage. Ce que c'est, 20.
Tiers-détenteur. Définition; différence entre le tiers-détenteur
personnellement obligé à la dette, et celui qui ne l'est pas,
269, 270. Nous parlons ici de ce dernier. Il lui est libre de
prendre ou de ne pas prendre les mesures établies par la loi
pour affranchir des hypothèques la propriété acquise, 27o,
274. Quand le tiers-détenteur a-t-il encouru la déchéance
de la faculté de purger? 270 ,271. Position du tiers-déten-
teur qui se trouve dans ce cas, 271, 274. Même après la
déchéance du droit de purger l'immeuble, le détenteur a
encore la faculté de délaisser l'immeuble, et à quelles con-
ditions? Voyez Délaissement. Il n'existe point de délai pé-
remptoire, avant l'expiration duquel lé tiers-détenteur doive,
à peine de déchéance, faire le délaissement, 271. Le déten-
teuryest admissible jusqu'au moment de l'adjudication défi-
nitive sur l'expropriation forcée, poursuivie contre lui, 272.
Poursuites que le créancier peut exercer pour forcer le tiers-
détenteur à opter entre le paiement et le délaissement, 273.
Le tiers-détenteur qui n'est pas personnellement obligé par
convention, ne ledevient pas par sa négligence à opérer le
délaissement, 272. Il n'est obligé à aucun fait vis-à-vis les
créanciers, 273. Du remboursement à faire au tiers-déten-
teur de bonne foi, des réparations et améliorations, 283.
Comment déterminer la plus-value à laquelle le détenteur
a droit? 285. Le tiers-détenteur qui délaisse peut-il exercer
un droit de rétention jusqu'au remboursement de ses im-
penses et améliorations. Voyez Retention. Peut-il r^claçner
ce remboursement par voie de privilége ou de distraction ?
285. Quidj sile tiers-détenteur, pour faire les améliorations.,
a employé un architecte? Voyez Architecte. Action en in-
demnité-contre le tiers-détenteur qui délaisse, à raisor) des
dégradations, 3io; à compter de quel jour les dégradations
sont-elles dues? 3u.La sommation de payer ou de délais-
ser constitue le tiers-détenteur en mauvaise foi, et le rend
passible de la restitution des fruits, 3io, 3i3, 3i5. Quid,
en cas de péremption des poursuites? 514. Du recours
accordé au tiers-détenteur contre le débiteur principal,32v.
Il peut arriverque le tiers-détenteur n'aurait droit à aucune
garantie, 322. Celui qui acquiert un immeuble d'un tiers-
détenteur déchu de la faculté de purger, a-t-il lui-même
?
cette faculté 2^3. n.
Titre-nouvel. Voyez Action mixte. En quel lien doit être fourni
le titre-nouvel d'une rente foncière,221.
Tiire primordial. Ce que c'est, 231.

:
Titres récognitifs (ou reconnaissances). Ce que c'est, 251. Ils
sont de deux espèces ceux excertascientia, et ceux in forma
communi, 23T. Les premiers réfèrent la teneur du titre pri-
mordial, et dispensent de le rapporter, ibid. Dans le second
cas., cette dispense n'existe qu'autant qu'il y a plusieurs re-
connaissances conformes, soutenues de la possession, et
dont l'une a trente ans de date, 232. Dispositions du décret
du 9 vendémiaire an xiii, spéciales aux anciens départemens
de la rive gauche du Rhin,232. n. Disposition transitoire
,
de la loi du 28 floréal an J;II 239. Rejet d'un projet présenté
par le Gouvernement, en l'an VUI, sur cette matière, 239.
Les reconnaissances ne font foi qu'à défaut de titre primor-
dial: ce qu'elles contiennent de plus que ce titre, ou cequi
s'y trouve de différent, n'a aucun effet, 240. Quid, si elles
portent moins? 24 i. Lorsque les reconnaissances ne con-
tiennent pas tout ce qui est nécessaire pour la preuve de
l'existence de la rente, peut-on y suppléer par la preuve
testimoniale? 242. Les quittances produites parle débiteur
ne forment pas un commencement de preuve par écrit, au
profitdu créancier, relativement à d'autres faits que celui
qu'elles constatent, 2^3, 443. Cas où les juges peuvent ad-
mettre des présomptions pour en faire résulter l'existence
d'une rente, 245.
Transcription. La transcription du contrat à rente vaut inscri-
ption pour le créancier, 181. Quid, si l'acte cet sous-seing
privé? 182. La transcription d'une aliénation postérieure
de l'immeuble arrente ne suffit pas pour conserver le privi-
lége de la rente, 182. Différence, relativement au but de la
transcription, entre la loi du Il brumaire an vu, et le Code
civil, 160,161. Sous l'empiredeeeCode, et avant Code le
de procédure civile, la vente volontaire seule suffisait pour
arrêter le cours des inscriptions, 161. Principes résultant
de l'article 834 du Code de procédure civile, 163. Quels
sont les autres droits réservés au vendeur? 164. L'art. 834
ne s'applique qu'aux hypothèques créées antérieurement à
la vente, 164. Aujourd'hui la transcription n'est pas néces-
saire pour transmettre, acquérir ou consolider la propriété,
95, 166, 209. Différence importante, quant à l'objet de la
transcription, entre la donation et l'aliénation à titre oné-
reux, 33, 166. La vente antérieure aux dix jours qui ont
précédé la faillite peut-elle être valablement transcrite après
la faillite, ou dans le même intervalle de dix jours? 186.
Lorsqu'il y a plusieurs ventes successives du même im-
meuble, qui n'ont pas été transcrites, le dernier acquéreur
?
doit-il les faire transcrire toutes ou la transcription du
dernier contrat serait-elle suffisante à l'égard des créanciers
des anciens propriétaires, comme à l'égard de ceux du der-
et
nier vendeur, 166 suiv. Suffit-il du moins de la transcri-
ption de la dernière vente, dans le cas où elle rappelle les
noms des anciens propriétaires et les actes successifs de
transmission de propriété? 172. L'adjudication forcée n'a
pas besoin d'être transcrite, 175, 423. Les ventes faites
avant ou sous la loi de brumaire doivent-elles être tran-
scrites pour purger les hypothèques créées antérieurement
à la promulgation da Code civil, et non inscrites à l'époque
de cette promulgation? 160. n. Quid, des hypothèques créées
sur les mêmes biens après cette promulgation P 162. n.
Usufruit. L'usufruit est susceptible d'être aliéné à rente, 39.
L'usufruitier est-il un tiers- détenteur dans le sens de la loi?
277. Est-il tenu d'acquitter la rente foncière affectée dont
est grevé l'immeuble soumis à l'usufruit? 219.
Vendeur. Voyez Hypothèque.
Ventejudiciaire. Quelles sont les ventes faites en justice qui
constituent des aliénations volontaires? 158. n.
Vente volontaire. Voyez Aliénation et Transcription.
Ventilation. Cas où elle a lieu, 294.

FIN DE LA TABLE ALPHABÉTIQUE.


ERRATA ET ADDITIONS.

Page 13, ligne 8, au lieu de 35o, lisez 53o,


Pagp 20, ajoutez à la note 3 : Cette obseryatjop ne ap-
plique point aux piovinces d'origine allemande. Répertoire,
Vo Quart, tiers et demi-raisin(Ç.x,p.441-) ^°J*P- sa, note 4*
Page 24, commencez la première note par les mop suivons;
Répertoire, Y°Bail, S4, et V0 Bail & yie.
mots -
Page 28, commencez la note par les suivans : C'est
aussi l'avis de M, Grçnier, n° ià3.
,
Page 33 ligne 1 de la note,apr.ès Ja citaliop du Recueil de
M. Sirey, ajçutez : Le même principe a £té congaçré par l'arrêt
de rejet du 21 février 1828. S. 1828,. r, i3g. Voyez ti-apiès
la dernière note au n° 91. t.
z
à :
Page 62 , ligne 5, au. lieu de 3 aoûl^lis£ 23.
Page 85, la fin de la note 2,ajoutez Arrêt de cassation, du
26 mars 1828. Gazette des Tribunaux, n° 8^3, du 27 mars 1828.
Page 91, ligne l, lisez : Ne peut être ppursuivie contre un
seul d'entre eux que pour sa part.
:
Ibid., ligne 5, au lieu des mots ne saurait, lisiez pourrait.

A lanote, ajoutez :
Page 93, ligne 1, ajoutez dans le texte : et dp.2Ô mars i&î8.
Gazette des Tribunaux, n°8237du 2c7
mars 1828.
, :
Page 95 ? ligne 16 ajoutez en noie Lorsque le débiteur
solidaire d'une rente foncière, après flyoir payé ay créancier
les arrérages dus par le codébiteur en retard, obtient, en sa
qualité de subrogé aux droits du créancier, un jugement contre
le codébiteur, qui prononce la résolution du contrat de cç der-
nier, et l'envoi du poursuivanten possession de sa portion dû
l'immeuble arrenté qui avait été la propriété du défend«ui\,
cette décision n'éteint point les hypothèques existant sur l'im-
meuble du chef de ce dernier; mais les créanciers hypothé-
caires participent au bénéfice de cet envoi en possession. Arrêt
de la cour de Caen, du 3o mai 1827. S. 1828, 11, 171. La su-
brogation consentie par le créancier d'une rente, en faveur

;
d'un créancier inscrit, qui le paie des arrérages dus, profite à
tous les autres créanciers inscrits le créancier subrogé n'a pas

,
acquis à lui seul le droit de demander la résolution, sans tenir
compte des autres hypothèques. Arrêts de la cour de Rouen

Page 101, ligne8, :


des 29 mars 1824 et 5o mai 1827. S. 1828, 11, 172.
transposez les deux mots se trouve,

:
à la ligne 10, avant le mot obéré.
Page 102, à la fin, ajoutez Des principes encore plus rigou-
reux ont été consacrés, par la cour de cassation, dans les con-
sidérans de l'arrêt de rejet, du 3o août 1827, déjà cité àlàpage

:
97, et rapporté également par S. 1828, 1, 200.
Page 106, à la fin, ajoutez en note Il faut se garder de
confondre le contenu de ce paragraphe avec ce que nous avons
dit au n° 1. b. ci-dessus. Dans cet endroit, il est question de
conventions non translatives de propriété. C'est d'après le
contenu du titre et la commune intention des parties que l'on
doit décider si elles ont passé un acte de l'une ou de l'autre
de ces deux espèces.
:
Page 114, ligne 2, ajoutez On ne saurait invoquer la dis-
position de l'art. 2131 du Code civil, spéciale aux hypothè-
ques conventionnelles.
Page 139, ligne 24, au lieu dejuillets lisez juin.

:
Page 184, note 1, ligne 4 , après la citation de M. Grenier,
ajoutez et M. Tarrible (au Répertoire, Y0 Inscription hypo-
thécaire, 54, n° 10), ont également, etc. -

Page 254, ligne 29, au lieu de : admit, lisez admis.


:
Page 25i, ligne i3 La même chosevient d'être jugée par
un second arrêt de rejet, du 3o juillet 1828, dont voici les
considérans : «Attendu que les rentes, sans distinction (il
s'agissait du droit de prendre en nature une portion de la
récolte), étant déclarées meubles par la détermination de la
loi, et ramenées à la condition de simples obligations person-
nelles et mobilières, le jugement attaqué, eu déclarant une
pareille obligation non susceptible de l'action en complainte,
loin d'avoir violé les lois de la matière, s'y est exactement
conformé. » Gazette des Tribunaux, n° 930, du 31 juillet 1828,
et UO936, du 7 août 1828, page ioi5. ;
V

:
Page 260, ligne 12, au lieu de : à vente, lisez de vente.
Page 307, ligne 19, ajoutez Au contraire, la cour de Paris
a rejeté, le 17 janvier 1816 (S. 1816, 11, 83), la demande en
délaissement, intentée par l'acquéreur qui, dans les conditions
de la vente, s'était engagé à payer le prix aux créanciers in-
scrits, et qui s'était soumis à la folle enchère en cas de non
exécution de ces conditions.
Page 3xo, ligne 6, au lieu de 2171, lisez 2176.

:
Page 352 , ligne 10, au lieu de : une incendie, lisez un.
Page 379, à la fin de la note, ajoutez M. Merlin, dans les
additions au Répertoire, VO Intérêt, 57, n° 4 (t. XVI, p. 51.2),

J
a également réfuté l'opinion de M. Toullier. D'autres raisons

:
l'ont amené aux mêmes résultats que nous venons d'établir.
Page ligne 18, ajoutez Nous verrons ci-après, qu'en
règle générale, le conservateur n'est pas tenu d'embrasser dans

taires antérieurs de l'immeuble.


son certificat les inscriptions qui existent contre les proprié-

:
Page 4o5, après la ligne 6, ajoutez Ceci nous amène à une
question qui forme le pendant de celle que nous avons examinée
au n° 91. u. L'acquéreur qui veut purger sa propriété est-il tenu
d'indiquer au conservateur les noms de tous les précédens pro-
priétaires de l'immeuble, et de demander un extrait ou état
des charges qui comprend les inscriptions existantes contre ces
anciens propriétaires; ou suffit-il, pour obtenir du conserva-
teur un certificat qui affranchisse l'immeuble de toutes les
inscriptions omises, que l'acquéreur spécifie le dernier ven-
deur, et qu'il se fasse délivrer un extrait ou certificat contre ce
dernier? D'après la jurisprudence citée au n° 91. u., il faut
soutenir la seconde opinion; car si la transcription du dernier
acte d'aliénation suffit seule pour purger l'immeuble des
créances non inscrites, un certificat délivré sur la position hy-
pothécaire du dernier vendeur, doit,par identité de motifs,
sufifre pour affranchir l'immeu ble de toutes les inscriptions
priétaires antérieurs,
qui frappent cet immeuble même dans la personne des pro-
dès que ces inscriptions se trouvent
omises audit certificat; car il résulte de cette jurisprudence
que la purge, opérée relativement à la personne du dernier
vendeur, emporte de droit la purge à l'égard des précédens
propriétaires. Cette observation trouve encore un appui dans
l'arrêt de rejet du 17 octobre 1810 (S. 1811,1,i55), qui a
confirmé la condamnation prononcée contre le conservateur.
Cet arrêt n'est pas motivé sur ce que, en règle générale, ce
fonctionnaire était obligé de faire des recherches sur le compte
de tous les propriétaires antérieurs de l'immeuble vendu;
aussi on ne saurait soutenir cette assertion, tant que durera
l'organisation actuelle des registres hypothécaires qui, étant
tenus par noms de personnes, ne donnent pas au conserva-
teur le moyen de savoir quels individus ont été les proprié-
taires antérieurs de l'immeuble; il ne peut les connaître que
par une indication que lui feront les parties. L'arrêt est uni-
quement motivé sur ce que, dans l'espèce, les indications con-
tenues dans l'acte avaient mis le conservateur à portée de faire

-
des recherches sur le compte des précédens propriétaires; et
que, par conséquent, il aurait dû s'y livrer. Il nous semble
au contraire qu'il résulte du texte et de l'esprit de la loi, ainsi
que nous l'avons exposé au n° 91. u., que l'acquéreur, de
même qu'il doit faire transcrire tous les actes d'acquisition
antérieurs qui n'ont pas encore reçu cette formalité, est égale-
ment tenu de requérir un certificat contre tous les proprié-
taires antérieurs: faute de quoi, l'immeuble ne sera affranchi
que de celles des inscriptions omises, qui désignent, comme
débiteur, le dernier vendeur, contre la personne duquel le
certificat a été délivré. Les registres n'étant pas tenus par noms
d'immeubles, il ne peut s'agir dans l'art. 2198 que des charges

:
inscrites sur la personne contre laquelle l'acquéreur a requis le
certificat il est de principe que les déchéances ne sauraient
être interprétées ultra lilleram. De même, dans ce cas, le con-
TABLE

DES MATIERE S.

Pages.
INTRODUCTION 1

CHAPITRE PRÉLIMINAIRE. Des rentes foncièressous


l'ancien droit, et de la nature actuelle de ces rentes. 1

CHAPITRE PREMIER. Ce que c'est que le contrat à


rente; en quoi il ressemble aux contrats de vente et
de louage, et en quoi il en diffère 18

contratàrente
CHAPITRE II. Des trois choses qui constituent la

,- ',., ,.
substance du ,. 34
ARTICLE PREMIER. De la chose qui peut être aliénée
à rente 5(3
§ 1. Quelles choses peuvent être aliénées à
rente ibiU
s2. Si on peut donner à rente l'héritage

quéreur
d'autrui, ou celui qui appartient à l'ac-

i. rente
ARTICLE II. De la
En quoi larente, stipulée par l'arren-
41
43

diffère
tement, convient avec le prix de vente,et
en quoi elle

loyers - -
44
§ la
2. Différenoes de rente foncière, et des
fermes et 48
Paget.
§ 3. Différence de la rente foncière, et des
autres espèces de charges réelles. 49
§ 4. En quoi convient la rente foncière avec
les rentes constituées à prix d'argent, et
en quoi elle en (Iffère

rachat
50
§ 5. Différence des rentes foncières et des
rentes constituées, à l'égard de la faculté
de
ARTICLE III. ,,, ,
Du consentement.
CHAPITRE III. Des obligations qui naissent du contrat
53
56

à rente g-
ARTICLE PREMIER. Des obligations du cédant. 57
ARTICLE11. Des obligations de l'acquéreur 60

en bon
3.
état.,
S 1. De l'obligation de payer la rente
§ 2. De l'obligation d'entretenir l'héritage

De l'obligation de rendre, à l'expiration


60

100

du temps, l'héritage en bon état, lorsque


le contrat n'est pas fait à perpétuité. io5
S 4. Des obligations de l'acquéreur à rente,
qui naissent de la bonne foi ou des ,
clauses du contrat 107

tions qui en naissent. ,


CHAPITRE IV. Des différentes clauses qui sont oppo-
sées quelquefois aux contrats à rente, et des obliga-
108

du cédant. ,, ,
SECTION PREMIÈRE, Des clauses qui sont en faveur
108
S 1. De
d'entrée
la clause par laquelle on stipule des
108

rente109
deniers
g 2. De la clause de fournir et de faire va-
loir la

et à perpétuité
§ 3. Des clauses de payer la rente à toujours
110
Pages.
§ 4. De la clause d'améliorer l'héritage, de -
manière qu'il vaille toujours la rente, et

§
plus elause
5. De la par laquelle l'acquéreur

à l'héritage
s'oblige de faire certaines améliorations

§ 6. De la clause de payer les arrérages de


ibid.

la rente sans aucune diminution. 114


SECTION II. Des clauses apposées dans les baux à
rente en faveur de l'acquéreur 119
§ 1. Si l'expression de la somme , dont la
reste sera rachetable, est nécessaire pour
la validité de la clause qui açcorde la fa-
culté de rachat 120
§ 2. Si l'obligation de souffrir le rachat de
la rente, résultant d'une clause du bail,
passe au tiers-acquéreur de la rente. 120
§ 3.

bail120
Si le droit de racheter la rente passe à
tous les héritiers du preneur à qui il a été
accordé par le
§ 4. Si le droit de racheter la rente, qui ré-
sulte de la clause de bail, peut passer au

chat122.
tiers-acquéreur de l'héritage
§ 5. De la prescription de la faculté de ra-

S 6. En quoi conviennent, sur le rachat,


les rentes foncières rachetables, avec les
121

rentes constituées.ibid.
5 7, Différences des rentes foncières et des
rachat.12J
foi125
constituées sur le
SECTION 111. De la clause par laquelle, dans le
bail à rente d'un héritage féodal, le bailleur se
charge dela
- SetitioR stfpplémenta^rï.Desclauses qu-il-peuvent
Pages.

• foncières.
être stipulées âojoufd^llui*relativement au ra-
chat des rentes
CHAPITRE V. Des droits tant des créanciers des rentes
124

;sujets
foncières que des possesseurs d'héritages chargés des
rentes foncières et des charges auxquelles les uns et
les autres sont i3o
ARTICLE PREMIER. Des différentes actions qu'ont
les créanciers de rentes foncières contre les
possesseurs des héritages sujets à leurs rentes

personnels)
-.,
(ef aujourd'hui, en outre, contre les débiteurs

§ 1. De l'action personnelle.
i3o
i5i
5 2. De i'action hypothécaire 130
PREMIÈRE SUBDIVISION. Historiquedelalégislation
relative au privilège de la rente. 138

rangi5o
SECONDE SUBDIVISION. De la nature du privilége
de larente, et dé son

,
TROISIÈME SUBDIVISION. De la nécessité de l'in-

rénte., , , ,
scription et de la purge du privilége de la
156
QUATRIÈME SUBDIVISION.

,
Du mode de l'inscription

rente
du privilège de la rente 181
CINQUIÈME SUBDIVISION. De la poursuite à exercer
sur l'immeuble arrenté, afin d'obtenir le paie-
ment de la
3. mixte214
De Faction
S 4 et« supplémentaire. De la compétence des
204

tribunaux relativement aux actions qu'ont


les créanciers des rentes foncières, et du
dernier ressort en cette matière 22[
§ 5 et supplémentaire. De la preuve de l'exi-
stence des rentes foncières 229
Pages.

rentesfoncières
ARTICLE II.

ge
Des autres droitsdes créanciers des
246
ABTlCLE m.Des charges del'hérite auxquelles

, :
est tenu de contribuer le créancier de rente
foncière.
cière,. t 2fh
ARTICLE IV. Des droits des propriétaires ou pos-
sesseurs d'un héritage chargé de rente fon-
254
CHAPITRE VI. De la rescision et de la résolution du
contrat à rente, et de l'extinction des rentes foncières. 258

lution du contratà,rente
SECTIOIT PREMIÈRE. De la rescision et de la réso-
258
§1. De la rescision du contrat à rente ibid.
§ a. De la résolution du contrat à rente. 259
SECTION 11. Du- déguerpissement 261

(déguerpir).
ARTICLE PREMIER. Qui sont ceux qui peuvent dé-

guerpi)
laisser
ARTICLE 11. Qu'est-ce qui droit être délaissé (dé-

Comment et à qui doit se faire le


ARTICLE IJJli.
délaissement (déguerpissement).
275

282

296
ARTICLE iv. Des conditions sons lesquelles le pre-
neur ou ses héritiers sont admis au délaisse-
ment (déguerpissement) 5o3
ARTICLE v.Des conditions souslesquelles le tiers-
déteuteur qui a acquis à la charge de la rente,
ou qui en a eu connaissance, est reçuf au dé-
laissement (déguerpissement) 3o5
ARTICLE VI. A quoi est obligé le tiers-détenteur
qui délaisse (déguerpit), lorsqu'il ne s'est pas
obligé personnellement au service de la rente
(lorsqu'il n'a pas eu connaissance de la rente). 5o8.
§
cas
cas.
i. Premier
2. Second
pissement).
ARTICLE

§
VII. De l'effet du délaissement (déguer-

1. De l'effet du délaissement à l'égard de


Pages..
3og
316

517

celui qui délaisse ibid.


§ 2. De l'effet du délaissement (déguerpis-
sement), à l'égard de celui à qui il est fait. 322
§ 3. Si le délaissement (le déguerpissement)
a l'effet d'opérer la résolution des droits
de servitudes ou d'hypothèques que les
tiers-détenteurs, le preneur ou ses suc-
cesseurs ont, depuis le contrat à rente,

(déguerpi)
accordés à des tiers sur l'héritage délaissé

ARTICLE VIII.Des clauses qui empêchent le dé-


327

laissement (déguerpissement) 3ag

,
rente
SECTION m. Des différentes manières dont les
rentes foncières s'éteignent. 531
§ 1. De la destruction de l'héritage chargé
de la ibid.
§ 2. De plusieurs autres manières dont
s'éteignent les rentes foncières 337
PREMIÈRE SUBDIVISION. Du rachatibid.
gnent-elles par la novation, la remise la
confusion, la compensation, par la vente que
,
SECONDE SUBDIVISION. Les rentes foncières s'étei-

le domaine a faite de l'immeuble arrenté, et


enfin par l'effet d'une erreur du conservateur
des hypothèques? 5q5
SECTION IV.
cières.. ,,
De la prescription des rentes fon-
115,
Pages.
si. De la première espèce de prescription,
qui résulte de la possession 41«

.,
§ 2. De la seconde espèce de prescription,
qui résulte du non usage du créancier
5 5. ET ADDITIONNEL. De la prescription des
arrérages delarente .,..445
437

FIN DE LA TARI.Po DES HATIÈnnS.

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