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DROIT ROMAIN
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QUATRIEME EDITION
REVUE ET AUGMENTÉE
PARIS
1906
MANUEL ÉLÉMENTAIRE
DE
QUATRIÈME ÉDITION
REVUE ET AUGMENTÉE
PARIS
1906
PRÉFACE DE LA QUATRIÈME EDITION
Nous indiquerons sur chaque question les travaux particuliers qui s'y
rapportent et nous faisons connaître, dans notre premier livre, les princi-
paux monuments du droit romain qui nous ont été transmis. Il ne sera ce-
pendant pas hors de propos de donner dès maintenant une orientation géné-
rale sur les recueils et les ouvrages d'ensemble auxquels se rapportent nos
principaux renvois, en indiquant les abréviations employées dans ces
renvois et en distinguant, dans notre énumération, les monuments, les
commentaires et les livres de consultation auxiliaires relatifs soit à d'autres
branches des antiquités romaines, soit à l'histoire d'autres législations
utiles à rapprocher du droit romain.
1. — MONUMENTS.
par Mommsen et des Novelles qui le complètent par M. Paul M. Meyer, Theo-
dosiani libri XVI cum constitutionibus Sirmondianis et leges novellae ad Theo-
dasianum pertinentes, vol. I. II, 1905, in-4° ; v. pour les Codes Grégo-
rien et Hermogénien, l'observation p. 74, note 4).Nous citons ces codes de la
même façon que le Code Justinien : C. Th., 1, 4, De resp. prud., 3 := Code
Théodosien, livre 1, titre 4, De responsis prudentium, constitution ou loi 3.
5. Les inscriptions nous ont conservé une grande quantité de documents
juridiques. Le recueil général des inscriptions latines est le Corpus ins-
criptionum Latinarum, publié depuis l'année 1863 en volumes in-folio par
l'Académie de Berlin (C. I. L.), à côté duquel nous avons eu parfois à citer
YEphemeris epigraphica (gr. in-8°, 1873 et ss. = Eph. ep.) qui en est le sup-
plément périodique, et les choix d'Orelli-Henzen (Inscriplionum Latinarum
amplissima collectio, éd. J. C. Orellius, 1828 ; vol. tertium, éd. Henzen, 1856,
3 vol. in-8°), et de Dessau (Inscripliones Latinae selectae, I. II, 1, in -8°, 1892-
1901). — Il y a aussi beaucoup de documents se rapportant au droit romain
non seulement parmi les inscriptions grecques (Corpus inscriplionum Grae-
carum, 4 vol. in-folio, Berlin, 1828-1877 =z C. I. Gr.), mais dans les papyrus
grecs d'Egypte dont l'étude est devenue une véritable discipline propre ayant
son organe spécial dans VArchiv fur Papyrusforschung (= Arch.f.Pap.) fondé
en 1900 et pour lesquels nous avons eu surtout à citer les recueils du Musée
de Berlin (Aegyplische Urkunde aus den koeniglichen Museen zu Berlin, Grie-
chische Urkunden, I, 1895 ; II, 1898 ; III, 1903 ; IV, 1904 et ss. in-folio = B.
G. V.), de la collection de l'archiduc Reniera Vienne (Corpus papyrorum
Raineri, vol. I. Griechische Texte herausgegeben von C. Wessely, I Band,
Rechtsurkunden, unter Mitwirkung von L. Mitteis, 1895, in-folio = C. P. R.),
du Musée Britannique (Greek Papyri in the British Muséum, catalogue with
texts, edited by F G. Kenyon, I, 1893. II, 1898, in-folio = P. Lond.), des pa-
pyrus d'Oxyrhynchos publié par MM. Grenfell et Hunt (The Oxijrhynchus Pa-
pyri edited with translations and notes by Bernard P. Grenfell and Arthur S.
Hunt, I, 1898 ; II, 1899 ; III, 1903 ; IV, 1904, in-4° == P. Oxy.), et celui tout
récent des papyrus de Florence (Papyri Greco-Egizii pubblicali dalla R. Acca-
demiadei Lincei, vol. I. Papiri Inorenliniper cura di Girolamo Vitelli, fasc. 1,
1903, in-4° = P. Fior.).
Enfin, il existe un recueil spécial des inscriptions relative au droit romain,
celui de Bruns tenu au courant par Mommsen et Gradenwitz (Bruns, Fontes
=: Fontes juris Romani anliqui éd. G. G. Bruns, éd. 6, cura Th. Mommsen et
O. Gradenwitz, 1, Leges et negolia, 1893 ; la 2° partie, II, Scriptores. 1893,
donne un certain nombre de textes littéraires intéressants pour le droit).
6. Le texte des Institutes de Justinien, les fragments de jurisconsultes qui
nous sont parvenus en dehors des compilations de Justinien et les principa-
les inscriptions juridiques se trouvent rassemblés, avec des notices et des
notes explicatives, dans nos Textes de droit romain, 3e éd., 1903, in-18
>= Textes).
II. — COMMENTAIRES.
nérales du droit romain et des traités de droit privé, qui, dans certains pays,
se subdivisent eux-mêmes en traités de Pandectes et d'Institutes.
1. Quant aux traités de droit privé, d'autant plus indispensables à signa-
ler ici que, sauf sur les points spéciaux, nous nous sommes en général abs-
tenu d'y faire des renvois perpétuels à propos de chacune des matières qui
nous sont communes, nous citerons, en France, à côté de l'ouvrage d'Orto-
lan déjà ancien, mais toujours remarquable par sa vivacité d'exposition
•et complété par quelques appendices dus à M. Labbé (Ortolan, Législation ro-
maine. I, Histoire et généralisation, 12e éd., 1884; //. ///, Explication histo-
rique des Instituts, 12e éd., 1883, 3 vol. in-8°, 1883-1884), le traité développé
de M. Accarias (Accarias, Précis de droit romain, 4e éd., 2 vol. in-8°, Paris,
1886-1891), et les deux manuels plus récents de M. Gaston May (Eléments de
droit romain, 7e éd., 1901) et de M. Petit (Traité élémentaire de droit romain,
4e éd., 1903).
En Allemagne surtout, mais non pas exclusivement, il faut distinguer les
traités d'Institutes, où le droit romain est exposé sous une forme sommaire
•et surtout historique, et les traités de Pandectes, où il est étudié sous une
forme plus dogmatique et plus détaillée.
a) Parmi les manuels d'Institutes, nous recommanderonsparticulièrement,
l'ouvrage déjà ancien de Puchta accompagné de notes abondantes de Rudorff
et depuis tenu au courant par M. Paul Krueger (Puchta, Kursus des lnstitu-
tionen, 10 Auflage besorgt von P. Krueger, 2 vol. in- 8°, 1893), le livre fort
remarquable par l'heureux choix de textes justificatifs de M. Salkowski
(Salkowski, Lehrbuch der lnstitutionen, Aufl. 7, 1898), celui très clair et très
précis de M. Baron (Baron,Geschichte des rbmischen Rechts, I, lnstitutionen und
Civilprozess, 1884), celui, vite rendu populaire par sa chaleur et son style
•entraînant, de M. Sohm (R. Solï'm, lnstitutionen des rbmischen Rechts, S/9
Aufl., 1899) et enfin celui de M. Leonhaià (lnstitutionen des romischen Rechts,
1894), qui est, à notre connaissance, le dernier paru en Allemagne. Malgré
ta restriction à une période déterminée qu'exprime son titre, on peut ratta-
cher au môme type l'ouvrage anglais de M. Roby, Roman private Law in
the limes of Cicero and of the Antonines, 2 vol. in-8°, 1902.
b) Le traité de Pandectes le plus complet, celui dans lequel on peut le
plus sûrement trouver la discussion et la bibliographie d'une question est, à
notre sens, celui de B. Windscheid, Lehrbuch des Pandektenrechts, 8e éd.,
mise au courant et en corrélation avec les articles du nouveau code allemand
par M. Th. Kipp, 3 vol. 1900-1901 (trad italienne par Bensa et Fadda).
L'ouvrage justement en vogue de M. Dernburg (Pandekten, I, 6e éd., 1902 ;
II, 6° éd., 1903 ; III, 5e éd., 1894), donne un exposé alerte des points princi-
paux accompagné d'indications historiques assez abondantes. Celui de Brinz
(Lehrbuch der Pandekten, 2 Aufl., 1873-1892, revu pour les dernières parties
par M. Lotmar), se distingne par une grande originalité et une rare acuité
d'esprit. Les Pandectes de M. Baron (Pandekten, 9 Aufl., 1896) présentent,
dans leur forme concise, la même précision et la même clarté que les Institu-
tes du même auteur. Les Pandectes de Vangerow (Lehrbuch der Pandekten,
7" édition non modifiée, 3 vol., 1867), qui ne sont pas un traité précis, mais
un programme accompagné de dissertations sur des questions arbitrairement
BIBLIOGRAPHIE GENERALE XIU
éludes d'histoire du droit, 1902 ; ceux d'Albert Herman Post, dont une der-
nière expression commode est fournie par son Grundriss der ethnologi-
schen Jurisprudenz, 2 vol. in-18, 1894-1895, et les nombreux articles don-
nés en particulier par A1M. Kohler, Bernhoeft et Dargun à l'excellente
Zeitschrift fur vergleichende Rechtswissenchaft (Z. f. vergl. R. W.) fondée
en 1878 par MM. Bernhoeft et Cohn et dirigée depuis le tome 3 par
MM. Bernhoeft, Cohn et Kohler. Nous avons aussi plus d'une fois ren-
voyé aux travaux de M. Sumner Alaine (L'ancien droit, 1873 ; Eludes
sur les institutions primitives, 1880 ; Etudes sur l'ancien droit et la coutume
primitive, 1884), qui, malgré leur caractère un peu flottant et superficiel,
ont beaucoup contribué à attirer chez nous l'attention sur la science nou-
velle. Enfin il y aurait eu, de notre part, affectation à ne pas citer aux lieux
convenables, le livre de M. Fustel de Coulange sur la Cité antique, in-18,
14e éd., 1895, et ceux de M. Leist sur le droit aryen (Graeco-Italische Rechts-
geschichte, 1884 ; Altarisches jus gentium, 1889 ; Altarisches jus civile, 1892).
Mais nous devons remarquer qu'ils ont l'un et l'autre pour fondement, deux
idées maîtresses contre lesquelles le progrès de la science accumule toujours,
à notre avis, de plus fortes objections : l'idée selon laquelle on pourrait res-
tituer les institutions originaires des Indo-Européens en prenant certains
groupes arbitrairement choisis et en en négligeant plus ou moins ouvertement
certains autres, tels que les Germains et les Slaves, d'une part, et, d'autre
part, l'idée d'après laquelle les monuments religieux de l'Inde et en particu-
lier le Rig-Veda représenteraient l'état primitif de la civilisation hindoue.
On consultera avec profit contre la première, Schrader, Sprachvergleichung
und \Jrgeschichte, 2e éd., 1890, et l'ouvrage posthume récemment traduit de
de Ihering, Les Indo-Européens avant l'histoire, 1895 ; contre la seconde, les
observations de l'éditeur allemand de l'ouvrage de de Ihering, p. VII et ss.
Quant aux diverses législations concrètes, nous avons surtout renvoyé, pour
l'histoire du droit grec, àAIM. Dareste, Haussoullier, Reinach,Recueildes ins-
criptions juridiques grecques, I, 1891-1894. II, 1898 et ss. (= Dareste, Haus-
soullier, Reinach, Inscr. juridiques grecques), et à AI. Beauchet, Histoire du
droit privé de la République athénienne, 4 vol., 1897; pour l'histoire du droit
égyptien, aux travaux de M. Revillout (Les obligations en droit égyptien, 1886 ;
La propriété, ses démembrements, et la possession en droit égyptien, 1897, etc.) ;
pour l'histoire du droit celtique, à ceux de Al. d'Arbois de Jubainville et en
particulier à son Cours de droit celtique, 2 vol. in-8", Paris, 1875 ; pour l'his-
toire du droit germanique, à H. Brunner, Deutsche Rechtsgeschichte, 2 vol.
in- 8°, 1887-1892 (= Brunner, Deutsche Rechtsgesch.) et pour l'histoire du
droit français, aux ouvrages de MM. Esmein (Cours élémentaire d'histoire
du droit français, in-8°, 4e éd., 1901 = Esmein, Cours élémentaire), Viollet
(Histoire du droit civil français, 3" éd., 1905 = Viollet, Hist. du droit
français) et Brissaud (Manuel d'histoire du droit français, 2 vol. in. 8°, 1898-
1904 = Brissaud, Manuel).
MANUEL ÉLÉMENTAIRE
DE
DROIT ROMAIN
CHAPITRE PRELIMINAIRE
LE DROIT ROMAIN. — DÉFINITIONS. — DIVISIONS. — INTÉRÊT
DE SON ÉTUDE. — PLAN.
Le droit (jus) est, en prenant le mot dans son sens le plus positif et
le plus technique, l'ensemble des règles, imposées par une contrainte
extérieure, qui régissent les rapports des hommes entre eux '. Les Ro-
mains Font distingué plus rapidement que beaucoup d'autres peuples
de la loi religieuse relative aux rapports des hommes avec leurs dieux
(fas) 2 et ils ont aussi parfaitement aperçu la démarcation qui le sépare
de la morale, dont les règles, considérées comme n'intéressant pas l'uti-
lité publique, sont obligatoires seulement devant la conscience et peu-
vent être enfreintes sans répression 3. Cependant la distinction du droit
et de la morale, qui est délicate à faire, en théorie, de tous les temps,
a dû, clans la pratique, se dessiner d'autant moins nettement, à l'époque
ancienne de Rome, que la législation y était plus exclusivement cou-
tumière, et, même chez les Romains; il y a forcément eu un mélange
entre le droit et la religion, tant que les pouvoirs politiques et religieux
sont restés réunis dans les mômes mains.
C'est sans doute en grande partie par l'influence traditionnelle de
1. Ce serait même le sens étymologique du mot jus, si on y reconnaissait
l'expression d'une idée de lien, avec une étymologie proposée par Pott et admise
par de Ihering, Espr. du Dr. rom , 1. p. 119. Mais voir en sens contraire Bréal,
N. R. H , 1883. p 605 et Schmidt, chez Mommsen, Dr. publ., 0, 1, p. 352, n. 4.
Cf. sur la signification du mot voisin lex, le dernier auteur, 6, 1, p. 351, n. 2, et
en sens opposé, Bréal, p. 610.
2. Non seulement le fas est opposé au jus, au point de vue doctrinal, mais, au
point de vue matériel, les infractions au fas ne sont pas en général réprimées par
l'autorité publique V. sur les délits religieux, Mommsen. Dr. publ., 3, p. oôetss.;
Rômiches Strafrechl, 1899, p. 36 et ss.
3. Paul, D., 50, 17, De R. ./., 144 : Non omne quod licel honesiumesl.
1
2 CHAPITRE PRELIMINAIRE
gens à tous les hommes et le droit civil à tous les citoyens '. Dans sa
forme la plus scientifique et la plus pure, la division restreinte à ses
deux premiers termes correspond à la distinction des règles les plus an-
ciennes, faites pour les seuls citoyens et des règles, à notre avis plus
récentes, faites ensuite pour les rapports des citoyens et des étrangers
admis à bénéficier de la protection des lois romaines 2.
Le droit écrit (jus scriptum) et le droit non écrit (jus non scriptum) 3
diffèrent par le mode de formation et non pas, comme on pourrait pen-
ser, par le fait matériel de l'écriture. Le jus scriptum est celui qui est
produit par un des pouvoirs publics investis d'un rôle législatif et qui
normalement sera rédigé par écrit ; le jus non scriptum est celui que
l'usage produit insensiblement et qui par suite se forme sans écriture,
mais qui naturellement ne changerait pas de caractère parce qu'il ferait
l'objet d'une rédaction privée. La distinction a d'ailleurs peu d'intérêt
pratique.
1. Ulpien, D., h. t., 1, 2 = Inst., 1, 2, De j. nat., pr. : Jus 'nalurale est quod
natura omnia animalia docuit : nam jus istud non humani generis proprium, sed
omnium animalium... commune est. Hinc descendit maris alque feminae conjunc-
tio quam nos malrimonium appellamus, hinc. liberorum procrealio, hinc educalio.
Cette idée d'Ulpien, qui a été fort malmenée sur le terrain du droit rationnel, est,
selon la remarque de M. Schulin, Lehrbuch, p. 80, déjà chez le vieil Homère et
chez les philosophes grecs, et elle n'est pas déraisonnable sur le terrain de l'his-
toire du droit. C'est exactement par le même raisonnement qu'on a défendu de nos
jours l'existence du mariage au début de l'humanité en invoquant les moeurs des
animaux supérieurs (v. par exemple Westermack, Origine du mariage dans l'espèce
humaine, 1895, pp. 10 et s., 40 et s.).
2. V. sur cette distinction, Krueger, Sources, §§ 6. 17. Bruns-Lenel, Gesch. und
Quell-, § 19. Pernice, Z. S. St., 20, 1899, pp. 138-142. Des énumérations des insti-
tutions du droit des gens sont données par Krueger, p. 56 et ss., par Pernice, Gesch.
und Quell., p. 102, et par Mommsen, Dr. publ., 6, 2, p. 222, n. 1. Dans plus d'un
cas, la difficulté est de savoir si les textes qui attribuent une institution au jus
genlium le font au sens technique, pour dire qu'elle est accessible aux non-citoyens,
ou au sens vague, pour dire qu'elle existe partout. Les Inst. disent, par ex., 1,
3, De j. pers., 2. que l'esclavage est du droit des gens, tandis qu'il ne parait guère
douteux que la dominica potestas soit propre aux citoyens. — Il y a, croyons-nous,
à tout le moins beaucoup d'exagération dans l'idée selon laquelle le droit des gens
serait une sorte d'importation faite à Rome, après la seconde guerre punique no-
tamment, du droit des peuples non latins les plus importants avec lesquels les Ro-
mains se seraient trouvés alors en relations, c'est-à-dire des populations helléniques
de la Grande-Grèce, de la Sicile ou de plus loin encore (Gide, Condition privée de
la femme, 2° éd , 1885, p. 127 et ss.). Selon la juste observation de Pernice, les
institutions réellement grecques du droit commercial ne se sont greffées que péni-
blement sur les institutions du droit des gens, qui avaient donc été établies avant
elles, en dehors d'elles : le naulicum faenus sur le muluum, la lex Rhodia de jactu
sur le louage, l'hypothèque, si elle vient de la Grèce, sur le gage. Les institutions
du droit des gens se sont plutôt développées d'une manière indépendante dans le
sein de l'État romain, par suite de la juxtaposition des citoyens romains et des
sujets étrangers, surtout à notre sens, depuis la loi Aebutia, et à peu près exclusi-
vement en matière de droit du patrimoine.
3. Ulpien, fl.,1, 1, De j. elj., 6, 1 = j.
Inst., 1, 2, De nat., 3. Cf. A. Pernice,
Z. S. St., 20, 1899, pp. 162-171.
4 CHAPITRE PRELIMINAIRE
amènerait à étudier, ce ne serait pas le droit romain vrai, tel que la cri-
tique moderne peut chercher à le dégager de l'ensemble des documents
qui nous sont parvenus, ce serait, le droit romain tel qu'il était entendu
par nos anciens auteurs ; car il est certain par exemple que, quand
Pothier a mal compris une théorie romaine, ce n'est pas la théorie
véritable de Rome, mais le contre-sens de Pothier qui a passé dans le
Code. Une étude ainsi conduite pourrait être féconde en résultats pour
l'intelligence des origines de nos lois positives. Elle n'aurait presque
rien de commun avec l'étude scientifique de la législation romaine.
2. On a soutenu plus justement que l'étude du droit romain pré-
sente pour les jurisconsultes modernes une utilité pratique moins di-
recte, mais cependant toujours rigoureusement pratique, non pas en ce
qu'elle ferait immédiatement connaître les lois actuelles, mais en ce
qu'on perfectionnant l'intelligence juridique, elle permettrait de mieux
entendre ces lois et des lois quelconques. L'analyse des discussions des
jurisconsultes romains est, dit-on, une excellente école de raisonnement
juridique non pas seulement à cause de la vigueur d'esprit des contro-
versistes, mais par cette raison même que les controverses portent sur
des points de droit pour la plupart étrangers à notre milieu ordinaire.
L'esprit qui s'est rompu au maniement de ces argumentations arides
dominera avec une aisance singulière les difficultés concrètes relative-
ment simples des droits modernes. Les études de droit romain ont, dit-
on,par làdans l'instructionjuridique les vertus mêmes qu'a l'étude des
langues anciennes dans toute instruction un peu élevée. Et certainement,
ces considérations ont une grande valeur. Il n'y a pas d'exercice dialec-
tique, si stérile qu'il soit, qui n'aiguise et n'affine l'intelligence. Or au-
cun droit n'est plus propre à un pareil travail d'entraînement intellectuel
que le droit romain, qui, non pas du tout par suite du génie miraculeux
des jurisconsultes, mais à raison de circonstances diverses tenant à son
histoire générale, au système de procédure de la République et des pre-
miers siècles de l'Empire, à certaines qualités et à certains défauts de
l'esprit romain,se trouve être, au point de vue delà pure technique, le mo-
nument le plus parfait de dialectique juridique qu'on puisse rencontrer.
3. Ce n'est pourtant pas encore là que réside pour nous le mérite pri-
mordial et décisif des études de droit romain. Elles sont avant tout un
incomparable instrument d'éducation historique. Les lois diffèrent selon
les temps et les lieux. En matière de droit comme en matière d'art, de
littérature, de religion, chaque nation, chaque époque a son caractère ;
mais le niveau juridique atteint par un peuple à un moment de sa vie
n'est pas plus que son niveau religieux, littéraire ou artistique l'effet d'un
pur hasard. C'est le produit d'un développement historique. Les recher-
ches relatives aux éléments de ce développement, aux conditions dans
lesquelles se constituent et se transforment les institutions juridiques
6. CHAPITRE PRELIMINAIRE
Code de procédure au droit des actions, a été de nos jours très forte-
ment critiquée non seulement dans le détail de ses-subdivisions qui est
injustifiable, mais dans son principe même et elle a été abandonnée
pour des plans bien autrement savants par plusieurs interprètes moder-
nes. Il y a pourtant, croyons-nous, de sérieux avantages didactiques à
la conserver dans sa vieille forme romaine.
Nous la prendrons donc comme base, mais seulement comme base,
en écartant toutes les incorrections accessoires qui se greffent sur elle.
Ainsi le plan de Justinien étudie les successions entre les droits réels et
les obligations, au lieu d'analyser tous les éléments du patrimoine avant
de passer à sa transmission. Ainsi il place dans le droit des actions non
seulement les règles de procédure proprement dites, mais les règles de
fond relatives à la sanction des divers droits, qui seraient mieux à leur
place à la fin de la théorie de chaque droit. Ainsi encore il présente,
par exemple, la théorie de la mort civile produite par la perte de la liberté,
de la cité ou de la famille, comme un incident de la tutelle, au lieu d'en
faire le complément des théories de la cité, de la liberté et de la famille.
Nous ferons abstraction de toutes ces gaucheries d'exposition pour suivre
partout la méthode d'explication qui nous semblera la plus rationnelle ;
mais nous respecterons le principe de la division classique, en affec-
tant un livre au droit des personnes, un autre au droit du patrimoine
et un autre à la procédure. Nous ferons en outre précéder ces trois livres
d'un livre préliminaire consacré à une esquisse générale de l'histoire des
institutions romaines dans leurs rapports avec la formation du droit privé.
A la vérité, une partie des notions qui seront présentées dans cette in-
troduction, les notions relatives à ce qu'on appelait autrefois du nom un
peu démodé d'Histoire externe du droit romain, c'est-à-dire aux diffé-
rentes sources légales dont le droit romain est sorti aux diverses époques
et aux monuments produits par chacune, rentrent, au sens rigoureux,
dans des disciplines distinctes : l'étude des organes générateurs du droit
dans le Droit public, celle des monuments dans ce qu'on désigne aujour-
d'hui, en prenant le mot sources dans un sens différent, du nom d'Histoire
des sources. Mais nous ne croyons pas avoir besoin de nous excuser:
par l'exemple des Institutes, d'en donner ici un aperçu d'ensemble. Il
serait naturellement impossible d'étudier le droit privé sans savoir dans
quels documents il nous est rapporté ; il serait presque aussi singulier
de l'étudier sans savoir par quels organes constitutionnels il a été créé.
Déplus, nous entendrons cette introduction assez largement pour y
comprendre quelques indications sur le fonctionnement des pouvoirs pu-
blics, sur les systèmes de procédure et sur l'évolution générale du droit
qui serviront ensuite à faire mieux pénétrer chaque institution isolée,
à permettre de mieux rattacher les détails à l'ensemble.
LIVRE PREMIER
INTRODUCTION HISTORIQUE
CHAPITRE I. — LA ROYAUTE.
durent être plus effacées, n'exister qu'en fait tant que vivait le-pater-
familias dont, selon la forme la plus achevée du régime patriarcal, le
pouvoir est à Rome viager.
La différence surgissait au contraire à la mort du paterfamilias, où
ses enfants et sa femme devenaient sui juris, où ses descendants mâles
devenaient des patresfamilias, tandis que les esclaves ne faisaient que
changer de maîtres. Mais, comme dans les autres sociétés patriarcales,
cette dissolution de la puissance ne rompait pas toute espèce de liens
entre ceux qui y avaient été soumis. Ils restaient parents (agnati),
après la disparition du chef, ce qui créait des droits de succession entre
tous, ce qui créait des droits de tutelle au profit des mâles arrivés à
l'âge d'hommes sur leurs jeunes frères, sur leurs soeurs et leurs mères.
C'est la parenté agnatique qui, à chaque génération, s'élargissait sans
se rompre de manière à comprendre tous ceux qui auraient été sous la
puissance d'un même ancêtre encore vivant, c'est-à-dire en somme les
parents par les mâles.
Enfin la société romaine primitive, comme la société latine dont elle
est fille, comme les autres sociétés indo-européennes, comme d'autres
sociétés patriarcales d'origine différente, nous présente une dernière
sorte de liens privés:les liens de gentilité, qui sont des liens de parenté,
véritable ou imaginaire, plus lointaine. Les agnats étaient ceux qui pou-
vaient prouver de génération en génération leur descendance d'un au-
teur commun, les gentils ceux qui, sans pouvoir la prouver,admettaient
cette descendance attestée par leur communauté de nom et de culte do-
mestique. La gens, produit naturel du régime patriarcal, est un groupe
de personnes qui prétendent descendre d'un auteur commun. A l'époque
historique, son intérêt se réduit à des charges religieuses et à des droits
de tutelle et de succession. A l'origine, il fut sans doute plus considé-
rable, probablement par exemple au point de vue de la jouissance des
terres labourables qui peuvent avoir été la propriété collective de cha-
que gens avant d'avoir été soumises à la propriété individuelle 1.
La constitution politique de l'époque royale présente avec cette orga-
nisation de la famille une symétrie depuis longtemps remarquée. Elle
se ramène à trois termes, dont les deux premiers ont leurs équivalents
faciles à discerner dans la famille : le roi, le sénat et les comices 2.
est plus douteux que la gens ait jamais été reconnue dans l'intérieur de
1. Il
l'Etat romain comme une unité politique ayant son pouvoir exécutif organisé et
prenant des délibérations en forme. V. Mommsen, Dr publ ,6 1. p. 17 et ss.
2. Il semblerait même naturel de voir là un emprunt pur et simple au régime
patriarcal Mais il faut remarquer que l'autorité royale et encore plus le conseil
des anciens *e rencontrent dans des milieux qui ne connaissent pas encore le
régime patriarcal, basé sur la puissance du père, et où d'ailleurs les institutions
privées ont pu déjà leur fournir des modèles.
LA ROYAUTE 13
1. Les trente curies paraissent bien, comme d'ailleurs les trois tribuni mililum,
les trois tribuni celerum, les trois pontifes, etc., un chiffre total produit parla
réunion de trois cités, divisées, selon l'ancien système décimal latin, en dix par-
ties. Un doublement postérieur des chiffres des fonctions militaires et religieuses
fut probablement le résultat d'une nouvelle fusion, ordinairement rattachée à
Tarquin, de la cité du Palatin avec la cité voisine du Quirinal. V. Girard, Org.
jud., 1, pp. 2-5, et les renvois.
2. L'évolution qui a conduit du droit d'adhésion des comices à leur droit de
commander se reflète dans l'évolution parallèle du sens du mot jubere de la for-
mule velitis jubeatis quiriles, également arrivé du sens d'accepter à celui d'ordon-
ner. Cf Mommsen, Dr. publ., 6, 1, p. 355, n. 3; p. 353, note 1.
3. Pomponius, D., 1, 2, De 0. J., 2, 2. 36. V. pour les sources et les renvois,
Textes, p. 3 et ss. '
LA ROYAUTE 15
régulière et abondante les lois curiates, votées par le peuple sur la roga-
lio régis et ratifiées par l'auctoritas patrum, dont des débris importants
nous ont été transmis sous le nom de leges regiae et dont un recueil fut
fait, à la fin de la Royauté ou au début de la République, par un person*-
nage nommé Papirius. Mais les trois points sont également faux : 1° le
recueil attribué à Papirius est probablement une publication apocryphe
de la fin de la République ou du temps d'Auguste ; 2° les leges, qu'on
suppose nous avoir été transmises par lui et dans lesquelles le contem-
porain d'Hadrien Pomponius est d'ailleurs seul à voir des lois curiates,
sont pour partie et même principalement des règles religieuses qui, dans
les idées romaines, n'ont pu faire l'objet d'un vote populaire ; ce qui
supprime pour toutes l'interprétation, du reste aventureuse, suggérée
par le sens moderne du mot leges ; 3° enfin la meilleure preuve que les
comices curiates n'ont pas voté ces lois relatives à la religion, au droit
pénal, que les comices par curies n'ont jamais voté de lois abstraites
générales, mais seulement les dérogations concrètes à l'état de choses-
établi citées plus haut (p. 14), est dans les témoignages parfaitement
concordants selon lesquels il n'y avait pas de droit écrit avant les
XII Tables.
Juque-là et par conséquent durant toute notre période, le droit a
été exclusivement non écrit, exclusivement coutumier (jus non scrip-
tum, mos majorum). Comme font encore aujourd'hui certaines popula-
tions peu avancées en évolution, comme ont commencé par faire toutes
celles qui ont depuis dépassé cette phase, les Romains de l'époque royale
vivent sous l'empire de la coutume, d'usages formés par un travail ano-
nyme inconscient et qu'ils ne pensent pas plus à modifier que des lois-
naturelles. Sur ce point encore il y a une tradition parfaitement établie,
si bien établie que Pomponius lui-même qui admet des lois curiates de
l'époque royale est obligé, pour les mettre d'accord avec la tradition
sur le caractère coutumier du droit antérieur aux XII Tables, de sup-
poser qu'elles auraient été abrogées après la chute de la royauté.
1. Bruns-Lenel, Gesch. und Quell., §§ 11. 12. Mommsen, Dr. publ ,6, 1,
16 LIVRE PREMIER. — CHAPITRE I
•des génies, à côté desquels il n'y avait d'autres hommes libres que leurs
clients, vivant sous leur protection, mais sans appartenir comme eux au
peuple des curies. Il s'introduisit bientôt dans la cité un nouvel élément,
•des gens qui, tout en ne faisant pas partie du corps des anciens citoyens,
n'étaient pas non plus Sous la clientèle de ses membres, et qu'on appelle
les plébéiens (plebeii) par opposition aux anciens citoyens, appelés les
patriciens (patres, patricii). Les anciens supposaient qu'ils auraient
existé dès la fondation de Rome. On admet le plus souvent aujourd'hui
que la plèbe s'est constituée progressivement, sous l'empire de causes
discutées et peut-être multiples, d'après une opinion, de vaincus non
réduits en esclavage qui, n'ayant pas de patron, n'avaient crue le roi
pour protecteur, d'après d'autres, d'anciens clients qui n'avaient plus
de patron par suite de la rupture du lien de clientèle, par exemple par
suite de la mort du patron sans postérité. Et, de même que cela se
produit aujourd'hui dans les villes industrielles où la population immi-
grante croît très rapidement en face des anciennes familles, les plé-
béiens et les clients en arrivèrent probablement assez vite à constituer,
en face des patres, seuls associés à la vie publique et devenus une mi-
norité aristocratique,une énorme majorité sans droits ni devoirs civiques.
La réforme attribuée à Servius et qui nous est décrite par les écri-
vains de la République d'après un tableau de la constitution servienne,
dont la rédaction n'est probablement pas antérieure à la fin du Y° siè-
cle ', incorpora ces nouveaux éléments dans la cité, en leur accordant
le droit de vote, mais probablement surtout dans le but de les soumettre
à l'impôt et au service militaire. C'est en première ligne un remanie-
ment de l'assiette commune de l'impôt et du service militaire, qui n'en-
traîna le remaniement du système électoral qu'en vertu du lien toujours
admis à Rome entre le service militaire et le droit de vote.
La constitution servienne a pour bases les tribus (tribus) qui sont les
divisions territoriales dans lesquelles chaque individu est propriétaire
et dont le nombre a augmenté avec le développement de la propriété
privée immobilière, et le census, recensement qui détermine les obliga-
tions de chacun comme contribuable et comme soldat, selon sa fortune,
sans doute à l'origine uniquement selon sa fortune immobilière, conver-
tie seulement beaucoup plus tard en fortune quelconque.
A s'en tenir au système mili aire duquel résulte le système de vote,
les citoyens, patriciens ou plébéiens, sont répartis, d'après l'armement
exigé d'eux suivant leur fortune, en cinq classes, dont chacune ren-
pp. 271. 305. 335. 435. 444. 446. 180 et ss. 4, p. 81 et ss. Cf. Huschke, Die Ver-
fassung des Servius Tullius, 1838. K. J Neumann Grundherrschaft der rômischen
Republik. Rauernbe/reiung und Enlstehung der servianischen Verfassung, 1900.
1. Cela résulte du système monétaire introduit seulement vers l'an 486, dans
lequel nous sont donnés les chiffres, en particulier par Tile-Live, 1, 43, et Denys,
4, 16.17. V. Mommsen, Dr. publ., 6, 1, p. 279 et ss.
LA ROYAUTE 17
1. Bruns-Lenel, Gesch. und Quell., §§ 13-16. Mommsen, Hist. rom., livre 2, ch. 1
et 2.
2. = 390 av. J.-C. Plus exactement en 387-386 av. J.-C. V. JV. R. H., 1902,
p. 406, n. 1. Les annales maximi des pontifes, qui étaient à peu près la seule
source historique un peu sûre pour l'époque ansienne, n'ont sans doute été con-
servés qu'à partir d'alors. V. Cichorius, art. Annales, dans Pauly-Wissowa, 1, 2,
4894, p. 2252. Cf. Girard, Org. jud., 1,
p. 46, n. 1 et N. R. H., 1902, pp. 398-408.
20 LIVRE PREMIER. — CHAPITRE II
d'une délégation forcée, que les consuls sont obligés de faire et qui
par conséquent leur enlève une portion de leur autorité. 3° Il en est de
même en matière de justice civile. Tandis que, d'après la tradition,
le roi statuait seul sur les procès des particuliers, on rapporte soit aux
fondateurs de la République, soit, ce qui n'est, avons-nous vu, qu'une
variante de la même idée, à Servius Tullius, la distinction du jus et du
judicium, l'obligation imposée au magistrat de ne pas statuer lui-même
sur le procès lié par le cérémonial accompli devant lui, d'en renvoyer
la solution à un juré choisi par les parties '.
Ces conséquences immédiates de la fondation de la République sont,
la réfutation de la doctrine selon laquelle la chute de la royauté aurait
été une défaite pour la. plèbe, dépouillée de la protection royale, mise à
la merci de ses oppresseurs patriciens. Il est vrai que l'établissement
de la République n'a ouvert à la plèbe ni les sacerdoces, ni les magistratu-
res, ni, croyons-nous, le sénat. Mais ce n'est pas une aggravation de son
sort ; car il en était déjà ainsi sous la royauté. Et en revanche, puisqu'elle
constituait la masse du peuple, elle a profité de toutes les restrictions
apportées à l'omnipotence des chefs de l'Etat, notamment des réformes
faites en matière de justice civile et criminelle. En outre, la plèbe a con-
quis dans notre période, un avantage direct considérable et. même peu
rationnel : sa reconnaissance comme une espèce d'État dans l'Etat, ayant
des magistrats et des assemblées propres dont les décisions s'appliquaient
jusqu'à un certain point à tous les citoyens 2.
Les plébéien 5 obtinrent, à la suite d'une sécession, d'une menace de
séparation, la création de tribuni plebis, ayant à leurs côtés des aediles
plebis et investis du droit d'arrêter par leur intercessio tous les actes
de magistrats faits dans l'intérieur de Rome et dans sa banlieue. Sur ce
territoire, qui constitue le territoire civil par opposition au territoire
militaire, les tribuns avaient, au point de vue négatif, une situation
équivalente à celle des consuls sur lesquels ils paraissent copiés, soit
en ce qu'ils sont c omme eux annaux, soit, admet la doctrine domi-
nante, en ce qu'ils sont d'abord comme eux au nombre de deux dont
l'un peut arrêter l'acte de l'autre, soit en ce qu'ils ont à côté d'eux les
édiles comme les consuls ont les cpiesteurs.
Mais les tribuns ne s'ensontpas tenus à ce rôle nôgatif.Depuis l'an283,
ils étaient élus dans des assemblées de la plèbe distribuée par tribus, et
ils prirent l'habitude de la convoquer de temps en temps de cette façon
dans des espèces de meetings, qu'on appelait non pas comitia, mais con-
cilium plebis et où ils lui faisaient voter des résolutions d'un caractère;
nat finit, en l'an 300, par consentir à une transaction. Il devait être élu
dans les centuries, pour rédiger ces lois, une commission de dix membres,
les decemviri legibus scribendis, qui, même, d'après l'opinion dominante,
auraient pu être pris parmi les plébéiens dont ce serait le premier accès
aux magistratures. En compensation, tous les pouvoirs devaient être
concentrés entre les mains des décemvirs, la plèbe consentait à la sup-
pression du tribunat et à la suspension de la provocation : à la suspen-
sion de la provocation jusqu'à la fin du décemvirat, à la suppression du
tribunat peut-être définitivement.
Mais les élections ne nous sont pas représentées comme ayant eu lieu
immédiatement. Elles auraient été précédées par l'envoi en Grèce ou
peut-être simplement dans la Grande-Grèce, en Italie méridionale, d'une
commission de cinq membres chargée d'étudier les lois helléniques, et
ce serait seulement au retour des commissaires, dix ans après la propo-
sition de Terentilius Arsa, en l'an 302, que l'on aurait nommé les dé-
cemvirs pour l'an 303. Ces décemvirs, tous pris parmi les patriciens,
dont le plus connu est Appius Claudius, rédigèrent la première année
un certain nombre de lois qui furent votées par les centuries et exposées
auprès du comitium, où se rendait la justice,sur dix tables de bois ou de
métal. Le code paraissant encore incomplet, on nomma, à la fin de 303,
de nouveaux décemvirs parmi lesquels on prétend que la plèbe aurait
eu pour la première fois des représentants et qui firent quelques lois
nouvelles, mais qui voulurent s'éterniser au pouvoir où ils seraient
restés même après la fin de 304, jusque durant l'an 305. Ce sont ces
seconds décemvirs que la légende raconte avoir été renversés par le
peuple, à la suite de circonstances bien connues : la tentative faite par
Appius Claudius pour mettre illégalement la plébéienne Virginie en la
possession provisoire d'un de ses affidés, sous prétexte de contestation
de liberté, puis le meurtre de Virginie par son père. Après leur chute,
on fit sanctionner par les comices par centuries leurs dernières lois,
gravées sur deux autres tables, qui constituèrent, avec les dix premiè-
res, les XII Tables (duodecim tabulae, lex duodecim tabularum, lex de-
cemviralis, parfois lex tout court).
§ 2. — Sources du droit.
La période qui s'étend de l'établissement de la République aux XII
Tables est la première dans laquelle on trouve une source du droit au-
tre que la coutume, que ledits non scriptum. On y rencontre aussi la
première source du jus scriptum : la lex. On peut citer, comme
exemples, des lois centuriates, la loi Valeria Horatia deprovocatione, la
loi des XII Tables, et, en prenant le mot lex dans son sens large récent
où il englobe même les plébiscites, des plébiscites, ainsi la loi Icilia de
Avenlino publicando.
24 LIVRE PREMIER. — CHAPITRE II
La loi des XII Tables ', la seule de ces lois sur laquelle il soit néces-
saire d'insister dans un traité de droit privé, est, pour le droit romain,
un monument fondamental, un monument dans lequel s'exprime toute
l'activité juridique antérieure et qui a commandé tout le développe-
ment postérieur. La rédaction des XII Tables marque, a-t-on dit, pour
l'histoire du droit romain un moment comparable à celui de la rédac-
tion des poèmes homériques pour l'histoire de la littérature grecque.
Les XII Tables ne sont pas restées longtemps sous les yeux des
Romains dans leur forme première : les tables primitives n'ont pas dû
survivre au sac de Rome par les Gaulois (p. 19, n. 2), où elles durent
être brûlées, si elles étaient de bois, être emportées avec le reste du
butin, si elles étaient de bronze. Elles furent ensuite reconstituées,
comme les autres actes publics, sans doute fidèlement quant au fond,
mais dans une forme déjà modernisée qui paraît avoir encore été plu-
sieurs fois rajeunie par la suite. Dans ce texte dépourvu de date bien
précise, elles ont fait l'objet de commentaires juridiques nombreux, dont
le plus récent est le commentaire en six livres écrit sous les Antonins
par Gaius, et elles paraissent être restées affichées publiquement au
moins jusqu'au IIIe siècle de notre ère.
Cependant aucun exemplaire, ni aucun commentaire ne nous en est
parvenu en entier et nous sommes par conséquent réduits, pour leur
connaissance, aux citations incidentes, du reste extrêmement nombreu-
ses, qui s'en trouvent éparpillées dans toute la littérature romaine. Ces
citations ne permettent d'en restituer la forme matérielle que très impar-
faitement ; mais en revanche elles sont assez explicites et assez abondan-
tes pour en faire connaître clairement le fond. Elles nous révèlent très
nettement une législation rude et barbare, encore fortement empreinte
des caractères des législations primitives et probablement très peu diffé-
rente du droit qui fonctionnait depuis des siècles avant elle.
En effet, il ne faudrait pas croire, à cause du récit de l'envoi d'une
commission en Grèce, ni d'une autre version relative au concours donné
aux décemvirs par l'émigré grec Hermodore, que les XII Tables aient
été une copie, même partielle, des lois grecques. Les Anciens n'indiquent
que deux à trois emprunts tout à fait secondaires et ceux qu'ont voulu
ajouter certains interprètes modernes sont plus que douteux. II ne fau-
drait pas croire davantage que les décemvirs, qui avaient reçu le pouvoir
de remanier le droit existant, en aient usé pour faire une oeuvre ratiou-
1. Textes, p. 9 et ss., où l'on trouvera une notice et les fragments conservés.
L'ouvrage essentiel au point de vue philologique est toujours celui de Schoell,
Legis XII labularum reliquiae, 1866, dont quelques leçons ont été modifiées par ex.
par .Vloiumsen, dans Bruns Fontes* L ouvrage publié par Dirksen en 1824 peut être
encore utile à consulter pour le commentaire. Celui de M Voigt, Die XII Tafeln,
2 vol., 1883. contient une reslitulion tout à fait inacceptable et un commentaire
fort aventureux.
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-
LA RÉPUBLIQUE 25
qui, si elle n'est pas régulièrement contestée, suffit sans procès pour
rendre sa créance susceptible de manus injectio. C'est seulement sur la
réponse négative du défendeur qu'on arrive à lier le procès par un expé-
dient déjà signalé (p. 13) : un double serment, plus tard remplacé par
un pari, qui donne lieu à une instruction que le magistrat faisait autre-
fois lui-même, que depuis la République il doit renvoyer à un juge et
après laquelle le demandeur triomphant aura, s'il s'agit d'une action
personnelle, le droit de faire manus injectio. Mais on voit par quel
moyen détourné le procès se greffe là sur la procédure où l'on se fait
justice sans procès.
L'idée moderne du procès, de la justice qu'on demande à une autorité
compétente au lieu de se la faire, se manifeste au contraire ouvertement
dans le nom même de la judicis postulatio, demande d'un juge au
magistrat, admise pour certaines prétentions et déjà connue des XII Ta-
bles, qui présentent donc, en matière de procédure comme en matière de
délits, à la fois la preuve du régime ancien et celle du régime nouveau.
leur liberté quand ils étaient choisis par eux, mais en est devenue une
bien plus saillante, depuis qu'ils sont nommés par le peuple, comme
cela a lieu probablement depuis la chute des décemvirs ; pour le cens
et l'administration financière les censeurs créés comme magistrats inter-
mittents au début du IVe siècle, en 311 ou 319 de Rome ; pour la police
de la ville et des marchés les deux édiles curules créés en 387 ; pour la
justice civile, le préteur créé aussi en 387 et à partir de 512 les deux
préteurs urbain et pérégrin qui se partageaient par le sort les départe-
ments judiciaires ; ensuite encore, depuis la création des provinces,
d'autres préteurs auxquels étaient par exemple attribués par le sort les
départements de Sicile, de Sardaigne, des deux Espagnes ; enfin depuis
le VIIe siècle, le nombre des compétences limitées fut encore augmenté
par la création des quaestiones perpetuae, grands jurys chargés de la
répression exclusive de certains crimes et en partie présidés par des
préteurs.
Uimperium primitif n'eût pu se retrouver que dans la dictature,
•magistrature extraordinaire qui, dans le principe, n'avait d'autre limi-
tation que sa durée : six mois au plus, et qui était, a-t-on dit, un moyen
.prévu par la constitution pour restaurer temporairement la monarchie
en cas de pressant péril intérieur ou extérieur. Mais précisément,lorsque
les magistratures se sont multipliées, l'idée de spécialité a été appliquée
à la dictature : on a créé des dictateurs pour des fonctions déterminées
et il n'y a plus eu de dictateurs généraux depuis l'an S38. Les dictatures
•de Sulla et de César sont des pouvoirs révolutionnaires qui n'ont que
le nom de Commun avec l'ancienne dictature. Au contraire, la consti-
tution de Sulla a donné la dernière main au système des compétences
limitées en enlevant le commandement militaire aux consuls : désormais
ils doivent rester à Rome pendant leur année de pouvoir ainsi que les
huit préteurs qui existent alors et qui sont chargés de la justice civile et
de six départements criminels, de six présidences de quaestiones perpe-
tuae ; puis les deux consuls et les huit préteurs sortants se partagent,
l'année suivante, dix gouvernements de provinces, qu'ils occupent en
vertu d'une prorogation de leurs pouvoirs.
II Comices. — Les comices, qui gardent naturellement le pouvoir
législatif et le pouvoir électoral, mais qui perdent presque entièrement
le pouvoir judiciaire dans le cours du VIIe siècle par suite de la création
des quaestionesperpetuae,sont,comrae dans la période précédente : 1° les
comices par curies qui paraissent être alors ouverts aux plébéiens, mais
qui n'ont plus qu'un rôle de forme (adrogation, promesse d'obéissance
aux magistrats nouveaux qu'on appelle lex curiata de imperio), en sorte
que les citoyens ne se donnent plus la peine de s'y rendre et y sont
représentés par les trente licteurs chargés de la police de l'assemblée ;
2° les comices par centuries ; 3° les comices par tribus ; 4° enfin, à côté
LA REPUBLIQUE 31
Rome pour le vote, formaient une majorité écrasante malgré leur petit
nombre d'électeurs. Cette méthode a été temporairement employée
après la guerre sociale pour assurer la majorité aux anciens citoyens
contre les Italiens naturalisés. Elle était alors déjà pratiquée depuis
longtemps et d'une manière bien plus énergique à rencontre des citoyens
non propriétaires, qui étaient, depuis l'an 450, tous mis dans les qua-
tre tribus urbaines, en face desquelles il y avait 27 tribus rustiques lors
de leur admission au vote et il y en eut plus tard 31.
Unsystème symétrique fonctionnait en réalité pour les centuries. Nous
avons vu qu'à l'origine le nombre des centuries de riches, c'est-à-dire
alors de personnes possédant une certaine quantité de terres, correspon-
dait probablement à leur proportion dans la population totale. C'est à
peu près forcé si on rappelle que les centuries étaient à cette époque des
unités militaires encore plus qu'électorales et devaient par conséquent
compter chacune sensiblement le même chiffre de soldats. Plus tard au
contraire, quand elles n'eurent plus de rôle militaire, quand aussi on
eut substitué la fortune quelconque à la fortune foncière dans la déter-
mination du cens, quand enfin le développement de la puissance ro-
maine eut eu pour conséquence fâcheuse de concentrer la richesse dans
un petit nombre de mains, rien n'a empêché que le système devînt par
contre-coup un système aristocratique donnant la plupart des voix
aux riches peu nombreux et ayant beaucoup de centuries, en donnant
un très petit nombre aux pauvres très nombreux, mais entassés dans
quelques centuries. Et il y a des traces que cela est arrivé. Mais cela ne
créait pas une différence de principe entre les centuries et les tribus. En
outre, les centuries furent réorganisées entre 516 et 536, par une réforme
sur laquelle les renseignements sont si restreints que presque tous les
détails sont discutés, mais qui augmenta encore le rapprochement. Il est
certain qu'elle a supprimé le droit des cavaliers de voter les premiers,
qui était devenu pour l'aristocratie un moyen d'influer sur les votes
suivants ; il est certain aussi que, tout en laissant subsister les cinq
classes et la distinction des seniores et juniores et même sans modifier
le chiffre total des centuries, elle diminua un peu le chiffre des centuries
de la première classe et établit entre les centuries et les tribus un lien
quelconque qui rapprocha forcément beaucoup les deux modes de vota-
tion. Ils sont sensiblement corrélatifs comme résultat avec une diversité
de procédure qui rendait le vote des centuries plus solennel, celui des
tribus plus expéditif.
III. Sénat. — Le sénat garde théoriquement le rôle de corps consul-
tatif. Mais, en réalité, dans la période récente de la République, c'est
lui qui gouverne l'État. C'est le résultat de changements encore plus pra-
tiques que légaux, apportés à ses attributions et même à son recrutement.
1. Recrutement. Depuis la loi Ovinia de 442 environ, ce sont les
LA REPUBLIQUE 33
censeurs qui y nomment au lieu des consuls et ils ont même le droit de
le renouveler à chaque censure. Cela pourrait faire croire que son indé-
pendance en face de la magistrature a été diminuée. Mais pratiquement
c'est au contraire plutôt la liberté de la magistrature qui a été restreinte.
Les censeurs sont, à moins d'indignité, obligés de mettre dans le sénat.
ceux qui y sont appelés par l'occupation de magistratures devenues
toujours plus nombreuses. Ils ne choisissent librement que les titulai-
res des places de plus en plus rares qui ne sont pas occupées par d'an-
ciens magistrats. Le sénat se trouve ainsi être, au moins indirectement,
un corps électif, composé de magistrats antérieurement élus par le peu-
ple sans distinction de patriciens et de plébéiens, sauf probablement la
réserve aux seuls sénateurs patriciens de deux fonctions de l'ancien
sénat patricien : l'auclorilas patrum, qui est devenue une simple for-
malité, et l'occupation intérimaire du pouvoir par voie de roulement
au cas de vacance, Vinlerregnum.
2. Attributions. A peu près depuis la seconde guerre punique, le
sénat est le vrai centre du gouvernement. Au point de vue de l'admi-
nistration intérieure, il est consulté par les magistrats sur toutes les me-
sures importantes, actes de haute police, propositions de lois, etc. —Au
point de vue financier, il détermine l'emploi des recettes, il autorise, les
travaux publics faits par les censeurs et, dans l'intervalle des censures,
par les consuls et les préteurs, il autorise les paiements des questeurs.
Au point de vue militaire, il fixe les sphères d'opérations des généraux,
l'argent et les troupes qui leur sont accordés ; il s'arroge par une usur-
pation le droit de les maintenir en fonctions après l'expiration de leurs
pouvoirs, dont est sorti le système de Sulla sur la double année d'exer-
cice des consuls et des préteurs envoyés la seconde année, par proro-
gation en province. — Dans les rapports avec l'étranger, c'est lui qui
dirige les négociations et les traités, qui envoie après la paix sur le
théâtre de la guerre, des commissions prises dans son sein pour surveil-
ler l'exécution des traités et organiser les territoires conquis.
— Enfin
au point de vue législatif, il ^mpiète déjà sur les pouvoirs des comices
en s'arrogeaiit le droit, qui lui est déplus en plus ouvertement reconnu
depuis Sulla, de dispenser de l'observation des lois en cas d'urgence ou
par voie de mesure individuelle i.
2. — La législation et la science du droit.
§
ayant établi la manus injectio avec des variantes, plusieurs des lois pré-
citées, les lois Furiae sur le cautionnement et les legs, la loi Publilia ;
ensuite une loi très importante sur la manus injectio, la loi Vallia, qui
se place probablement vers la fin du VIe siècle et qui décida que,presque
dans tous les cas, le défendeur à la manus injectio pourrait être son
propre vindex, y répondre lui-même en courant les mêmes risques que le
vindex. Enfin le système des Actions de la loi fut complété,à une époque
très indécise, par la création d'une, cinquième Action de la loi, la condic-
tio, établie en matière de somme d'argent (certa pecunia) par une loi
Silia et en matière d'autre chose déterminée (de alla certa re) par une
loi Calpurnia.
La dernière loi sur la procédure qui se place dans notre période est
une loi de portée capitale non seulement pour la procédure, mais pour
le droit privé, où, par les nouveaux pouvoirs qu'en tira le magistrat,
elle rendit l'intervention du législateur à peu près inutile : la loi Aebutia.
Elle a introduit un nouveau système de procédure, la procédure formu-
laire, — à notre avis, en laissant aux parties le droit de choisir sous le
contrôle du préteur entre la procédure ancienne et la procédure nouvelle
— et elle se place, croyons-nous, sûrement dans le premier tiers du
VIIe siècle, entre l'an 603, auquel et même un peu après lequel la pro-
cédure ancienne existe encore seule, et l'an 628, à partir duquel surgis-
sent les preuves de la procédure nouvelle. Le trait caractéristique dont
elle tire son nom est la formula, petit programme du procès rédigé par
le magistrat sur la demande des parties, qui dit au juge ce qu'il devra
faire selon qu'il vérifiera ou non l'existence de la prétention du deman-
deur, qui, dans la rédaction la plus simple, lui dit de condamner au
premier cas, et d'absoudre au second : si parel... condemna, si nonpa-
rel absolve l.
1. Celle formule contient, outre la nomination du juge : Titius judex esto, une
inlemio : Si parel Numerium Negidium Auto Agerio seslertium cenlurn milia dure
oportere et une condemnalio : condemna, si non paret absolve. Des formules encore
plus simples, celles des praejudicia ne contiennent que la nomination du juge et
une inlenlio : Titius judex esto an Numerius Negidius Auli Agerii libertus sit. D'au-
tres, par exemple celle des actions de bonne foi. contiennent outre la nomination
du juge, avant Vintenlio et la condemnalio, une demonslratio précisant la cause du
droit : Titius judex esto. Quod Aulus Agerius Numerio Negidio hominem vendidit ;
quidquid paret Vumerium Negidium Auto Agerio ex bonafi.de dare facere oportere;
judex Numerium Negidium Auto Agerio condemna, si non parel absolve Le< formu-
les des actions en partage et en bornage contiennent seules en outre une adjndicatio
donnant au juge le pouvoir de transférer la propriété entre les parties: Quantum
adjudicari oporlel, judex adjudicalo. Ce sont là les quatre parties principales de la
formule : demonslratio inlenlio. adjudicalio. condemnalio. A côlé d elles, une même
formule peut, selon les circonstances, contenir ou non certaines parties accessoi-
res, par exemple des praescripliones. mises en tête soit dans l'intérêt du deman-
deur, soit dans l'intérêt du défendeur, par exemple des exceptiones soumettant au
juge une seconde question dans l'inlérèt du défendeur, des replicaliones lui en sou-
mettant une troisième dans l'intérêt du demandeur, etc. Cf. Gaius, 4, 39-44. 115.
137 et les explications données dans notre livre IV.
38 LIVRE PREMIER. — CHAPITRE II
II. Edits des magistrats1.— Les édits sont des communications adres-
sées au public, qui, d'après I'étymologie(ea; dicere),ont d'abord été orales
et qui, dans le sens postérieur du mot, sont en outre publiées par voie
d'affiches. Dans cette acception large, les édits pourraient venir de n'im-
porte qui, même de particuliers, et il n'est pas impossible de relever des
textes dans ce sens. Mais, sans avoir peut-être un caractère absolument
différent, ils prennent naturellement une toute autre portée quand ils
émanent d'autorités publiques qui y recourent pour obtenir soit à l'égard
de tous, soit à l'égard de quelques-uns, l'effet qui résulterait de notifica-
tions individuelles. Et c'est à ce point de vue qu'on se place pour par-
ler des autorités qui ont le jus edicendi ou pour énumérer les édits qui
nous ont été transmis 2.
Seulement les édits ainsi entendus ne sont pas une source du droit.
C'est par le développement d'une de leurs variétés, des édits d'entrée en
charge, que les édits de certains magistrats, des magistrats chargés de
la justice civile, sont devenus, à partir d'un événement législatif déter-
miné, à partir du vote de la loi Aebutia, une source du droit très abon-
dante, celle qui a mis le droit prétorien à côté du droit civil.
Les magistrats romains d'un certain rang, les consuls, les censeurs,
les préteurs, les gouverneurs de province par exemple, avaient coutume
de publier à leur entrée en charge une espèce de manifeste où ils se
présentaient à leurs administrés en leur faisant part de leurs titres et de
leurs projets. Ce n'étaient là d'abord que des espèces de proclamations
assez vagues, de professions de foi publiées après coup, dans lesquelles
il était souvent plus question des liens de famille ou des actes passés du
nouveau magistrat que de ses actes futurs, qui en tout cas ne le liaient
pas plus que les professions de foi modernes. Mais, tandis que ces édits
d'entrée en charge ont toujours gardé le même caractère pour les con-
suls et les censeurs, ceux des magistrats judiciaires, préteurs urbain et
pérégrin et édiles curules à Rome, gouverneurs et questeurs faisant à
côté d'eux fonctions d'édiles curules dans les provinces, ont pris depuis
la loi Aebutia un rôle tout différent correspondant à l'accroissement des
pouvoirs des magistrats 3.
Jusqu'alors les magistrats judiciaires, n'ayant guère qu'adonner à l'ac-
complissement de la legis actio une assistance prescrite par la loi, n'a-'
1. Krueger, Sources, p. 40 et ss. Bruns-Lenel, Gesch. und Quell, §§ 27-29. V.
plus loin, dans le livre IV, le chapitre de la procédure formulaire.
2. V. sur le jus edicendi, Mommsen, Dr. publ., 1, p. 230 et ss. Exemples des
principaux édils qui nous ont été transmis. Textes p. 159 et ss.
3. Gains, 1 6 (cf. Justinien, Inst. 1. 2, De
edictts duorum praetorum urbani et peregrini,
j. nat, 7) : Amplissimum jus est i»
quorum in provinciis juris diclionet»
praesides earum habent ; item in edictis aedilium curutium, quorum juris diclionet»
in provinciis populi Romani quaestores habent. 4, H : Tune (au temps des Actions
de la loi) edicta praetorum quibus conplures actiones introductae sunt in usu non.
erant.
LA REPUBLIQUE 39
vaient pu promettre dans leurs édits des réformes judiciaires qui étaient
en dehors de leurs pouvoirs. Tout au plus les préteurs ont-ils pu déjà
promettre, comme on admet communément surtout en vertu de considé-
rations théoriques, de suppléer aux lacunes dp droit, à l'aide de leurs
pouvoirs de police générale, en recourant à deux ou trois procédés que
nous retrouverons souvent : les missiones in possessionem, où, pour pe-
ser sur la volonté d'une personne, par exemple pour la faire sortir d'un
endroit où elle se cache, on permet à une autre de s'installer sur un de
ses biens ; les stipulations prétoriennes, où le magistrat la contraint à
prendre par contrat verbal un engagement nécessaire à la sécurité d'un
tiers ; les interdits, ordres qu'il adresse à une personne sur la demande
d'un intéressé en défendant d'y contrevenir. Mais ils ne peuvent ni pro-
mettre de donner des actions que la loi ne donne pas, ni promettre de
refuser celles qu'elle donne. Et c'est vrai, croyons-nous, non seulement
pour le préteur urbain, mais pour les gouverneurs, les édiles et le pré-
teur pérégrin, au moins par rapport aux citoyens romains qui ne peu-
vent ni être dépouillés des actions que la loi leur donne, ni être pour-
suivis par des actions qu'elle ne donne pas contre eux.
Au contraire, depuis la loi Aebutia, les magistrats ont acquis des pou-
voirs nouveaux. Cette loi mettait à côté de la legis actio la formule, en
permettant aux parties de choisir entre les deux, sous le contrôle du ma-
gistrat. Elle chargeait, par conséquent, le magistrat de transposer, le
cas échéant, en formules les paroles sacramentelles antérieurement pro-
noncées par les plaideurs pour lier chacun des procès connus, et par là
même elle lui donnait une autorité toute nouvelle sur les procès, sur
l'ancienne legis actio, qui ne pouvait plus être intentée sans son assenti-
ment, comme sur la formule, qui tirait de lui son existence. Elle lui ou-
vrait, probablement d'une façon plus inconsciente que calculée, la voie
des réformes législatives, en lui permettant d'étouffer les prétentions
fondées sur la loi lorsqu'il refuserait la legis actio sans délivrer de for-
mule corrélative ', en lui permettant à l'inverse de sanctionner des pré-
tentions sans base légale lorscju'il délivrerait des formules ne corres-
pondant qu'imparfaitement ou ne correspondant pas du tout aux lois
existantes. Et c'est précisément l'exercice de ce pouvoir fait par le ma-
gistrat, en particulier par le préteur, qui a donné une importance nou-
velle à son édit d'entrée en charge, manifeste technique et précis dans
lequel il expose le programme de son administration judiciaire.
En moins d'un siècle ce programme appelé edictum perpetuum,
—
c'est-à-dire édit permanent,rendu pour toute l'année d'exercice, par oppo-
1. C est la denegalio legis aclionis qu'on fait souvent remonter au temps des Ac-
tions de la loi, mais dont les exemples connus sont tous postérieurs à la loi Aebu-
tia et qui, à notre sens, aurait auparavant constitué une forfaiture de la part du
magistrat (N. R. H., 1897, pp. 258, n. 1. 271, n. 3 ; Org. jud., 1, pp. 195-198).
40 LIVRE PREMIER. — CHAPITRE II
but que la loi par ses dispositions directes et, au cas de conflit, c'est lui
qui prévaut. Si l'édit ne s'appliquait en droit qu'au cercle de la compé-
tence de son auteur, en fait les dispositions des édits de la capitale
étaient reproduites dans chaque province par les magistrats placés à la
tête de la justice, en sorte qu'il n'y avait d'autres différences que celles
rendues avantageuses par les conditions locales '. Enfin, si en droit l'é-
dit ne durait qu'un an, ce qui avait encore l'avantage de laisser tomber
d'elles-mêmes les dispositions malheureuses, l'édit du magistrat sortant
était immédiatementremplacé par celui du magistrat entrant où reparais-
saient les dispositions consacrées par l'expérience, des édits des magis-
trats antérieurs. Gettepars translalicia, transmise de magistrat à magis-
trat, a nécessairement toujours formé une portion plus considérable de
l'édit total en face de la pars nova constituée par les créations du magis-
trat actuel 2. En réalité, l'édit contenait déjà probablement à la fin delà
République la grande majorité des règles qui devaient figurer dans sa
rédaction définitive 3.
III. La science du droit sous la République 4. — A Rome comme
ailleurs, le droit, une fois exprimé dans sa forme abstraite par la loi,
a eu besoin d'être interprété par des hommes compétents (juris pru-
dentes) qui en fissent l'application aux espèces concrètes. L'interpré-
tation du droit, la science du droit (juris prudentia, jus civile au sens
-strict 6) a, dans la période qui s'étend de la rédaction des XII Tables à
1. Cicéron rapporte, Ad Alt., 6, 1, 15, que, dans son édit de Cilicie, après avoir
précisé certains points relatifs au droit local ou demandant une réglementation
spéciale, il a renvoyé pour le surplus aux édits urbains. Cf. Ad fam., 3, 8. 4.
2. Ciceron, In Verr., 2, 1, 44, 114: Hoc ediclum velus translaliciumque est. la,
115 : In re vetere ediclum novum, 48 117 : Hoc ediclum translaticium esse. Ad Alt.,
5, 21, H : Cum ego in edicto translaticio... haberem. La prédominance de la pars
rlranslalicia sur la pars nova résulte aussi de l'apparition des commentaires ; le pre-
mier est celui en deux livres de Ser. Sulpicius, consul en 703, mort en 711.
3. On pourrait seulement chercher : 1° dans quel ordre chronologique les diver-
ses dispositions de l'édit ont été introduites. C'est une question sur laquelle il y a
beaucoup de documents épars, mais il n'y a pas encore d'autre travail d'ensemble,
.qu'une très courte étude, d'ailleurs intéressante, de M. Dernburg, Feslgabe fur
Heffter, IS',Z, p. 93 et ss. ; 2" quelle était alors la disposition matérielle de l'édit
et si par exemple les édits au sens strict et les formules d'actions n'y étaient pas
séparés en deux tableaux distincts au lieu d'être réunis, comme plus tard, dans
un tableau unique donnant pour chaque moyen les formules et, quand il y en
avait, les édits s'y rapportant. V Wlassak, Edict und Klageform, 1882. Cf. sur
les deux points, Girard, TV. R. H., 1904, pp. 158-164.
4. Krueger. Sources, §§ 4. 7 9. Bruns-Lenel, Gesch. und Quell., §§17. 18. 30-32.
•
Cf. P. Joers Romische Rechtswissenschaftzur Zeil der Republik, 1 (jusqu'aux Gâtons),
1888 Bremer, Jurisprudenlia anlehadriana, 1 temps de la République), 1896.
5. M. Rhrlich, Beitrfige zur Théorie der Rechlsquelten, 1, 1902, a fait ressor-
tir ce sens le plus étroit et probablement le plus ancien du mol jus civile, signalé
notamment par Pomponius, D., 1, 2, De 0. J., 2, 12 : Est propriumjus civile quoi
sine scripto in sola prudenlium interpretatione consistit et dans lequel des textes an-
ciens paraissent opposer directement le droit civil ainsi conçu au droit positif résul-
tant par exemple du vote des comices (v. par ex. Cicéron, Oralor, 34, 120 : Quid
LA REPUBLIQUE 43
1. On doit sans doute aussi à l'activité des auteurs de cette période, fréquem-
ment désignés par les jurisconsultes du temps de l'Empire du nom de veteres, une
forte part des règles générales formulées en maximes que nous rapportent ces der-
niers et dont quelques-unes ont même gardé le nom de leur inventeur [regulaCa-
toniana, praesumplio Muciana, par ex.). V. sur ces regulae, Bruns-Lenel, Gesch.
und Quell., p. 116.
2. V. sur le plan de cet ouvrage, Lenel, Das Sabinussystem, 1892, p. 10 et ss.
3. Les citations directes ou indirectes, que nous possédons des écrits juridiques
des divers jurisconsultes et qui particulièrement depuis Q. Mucius Scaevola sont
assez abondantes pour permettre des recherches sérieuses, sont réunies sous le
nom de chacun dans Lenel, Palingenesia juris civilis. Huschke, pp. 1-18, pp. 84-
109, et Bremer, 1, donnent en outre un certain nombre de fragments relatifs au
droit public et religieux écartés par le plan de Lenel. Nous renvoyons pour une
histoire plus détaillée de leur vie et de leurs oeuvres aux ouvrages précités de
Krueger, de Bruns-Lenel et de Bremer, Pour une énuméralion complète des
—
instruments d'étude juridique laissés par le temps de la République, il nous resterait
à signaler, à côté des débris des lois, des sénatus-consultes, des édits de magistrats et
des écrits de jurisconsultes,qui ont été conservés, sinon les litres pratiques concrets
qui font pour celte période à peu près entièrement défaut (v. seulement le marché
de construction de Pouzzoles de 649, Textes, p. 815), au moins les matériaux four-
nis par la littérature générale. Parmi eux, l'histoire dé Polybe, mort en 627, qui
va de la première guerre punique à la chute de Carthage et de Corinthe, est une-
source historique excellente, mais plus riche pour le droit public que pour le droit
CHAPITRE III. — L'EMPIRE.
SECTION I. — Le Principat.
En le faisant commencer en l'an 727 de Rome = 27 avant Jésus-Chri&t
et finir à l'avènement de Dioclétien en l'an 284, le principat fondé par
Auguste occupe dans l'histoire romaine une période de plus de trois
cents ans. C'est celle sur le droit de laquelle nous avons le plus de do-
cuments, celle aussi où ont vécu les jurisconsultes les plus célèbres,,
celle par suite où l'histoire du droit et de ses interprètes requiert le
plus de développements. Quelques mots suffiront au contraire pour don-
ner une notion d'ensemble de la constitution politique.
§ 1. — Organisation des pouvoirs publics *.
rite sous celle du sénat et du peuple '. Et, sans aller jusqu'à cette exa-
gération, en invoquant un certain partage d'attributions fait entre le
prince et le sénat, on désigne souvent le régime établi par Auguste du
nom de dyarchie, de gouvernement de l'empereur et du sénat, par op-
position au gouvernement d'un seul, à la monarchie de Dioclétien et de
Constantin. L'opposition faite entre les deux régimes n'est pas fausse.
Le principat n'est pas encore le despotisme avoué du droit byzantin. H
a le caractère hybride des institutions écpiivoques destinées à ménager
en la forme des transitions déjà arrêtées dans le fond. Mais néanmoins
en fait, et même en droit, l'empereur a déjà dans cette période une pré-
pondérance qui sans doute s'est accentuée d'abord avec Hadrien, puis
avec les Sévères, mais qui existe en puissance dès Auguste, par la con-
formation même qu'il donna aux trois termes de la constitution anté-
rieure.
1. Comices. Le pouvoir judiciaire des comices qui, par suite du déve-
loppement de la procédure des quaestiones, ne subsistait guère dans les
derniers temps de la République, s'évanouit complètement dès Au-
guste. Quant à leur pouvoir électoral, il survécut bien sous Auguste,
mais il leur fut enlevé et fût transféré au sénat dès la première année
de Tibère, en l'an 14 après Jésus-Christ 2. Leur pouvoir législatif lui-
même ne résista pas très longtemps. Ils l'avaient encore exercé assez
activement sous Auguste et dans la première moitié du règne de Tibère :
1. Gaius, 1,
6.
2. V. par ex. Cuq, Conseil des Empereurs, p. 352, n. 4.
54 LIVRE PREMIER. — CHAPITRE III
teurs à venir, a fort bien pu faire la môme chose pour l'édit du préteur
pérégrin et pour les préteurs pérégrins futurs '.
Une multiplicité de questions analogue et même plus grande encore
se présente pour les gouverneurs de provinces. On se demande à la fois
et souvent en mélangeant les questions, si les magistrats provinciaux
ont perdu le jus edicendi depuis Julien, si la réforme de Julien s'appli-
que aux édits provinciaux et si les édits provinciaux ont été remplacés
par un édit provincial unique 2. Là encore il faut distinguer plusieurs
points.
Les gouverneurs en province ont dû, après comme avant, continuer
à rendre un édit à leur entrée en charge ; par conséquent, ils ont tou-
jours le jus edicendi et chaque province a toujours en théorie son édit
distinct.
Mais il n'y a pas d'obstacle à ce que le sénatus-consulte se soit oc-
cupé des gouverneurs en môme temps que des préteurs et qu'il leur
ait donné l'ordre soit de se conformer à un type arrêté pour chaque pro-
vince, soit plutôt de se conformer pour toutes en principe à un type
uniforme, ce qui ferait que, tout en étant différents en droit selon les
lieux, ces édits reproduiraient en fait partout le môme modèle, comme
cela existait d'ailleurs en grande partie dès le temps de la République.
Ce qu'on pourrait seulement se demander c'est : 1° jusqu'à quel point
le type provincial différait du type urbain ; 2° s'il ne laissait absolument
aucune place à la variété locale.
Nous terminerons sur l'édit de Julien en remarquant que sa disposi-
tion générale, au moins en ce qui concerne l'édit du préteur urbain et
celui des édiles curules, est aujourd'hui parfaitement rétablie, grâce à
l'ordre sensiblement concordant suivi par les principaux commentaires,
et est à son tour très utile à connaître pour l'intelligence des textes
Le pouvoir législatif du sénat une fois reconnu sans conteste n'a pas
été très longtemps exercé par lui. Le sénatus-consulte s'est peu à peu
effacé comme source du droit par une évolution qui a fait de l'adhésion
du sénat à ce qu'on lui proposait quelque chose de certain et de forcé,
qui en conséquence a mis progressivement à la place du sénatus-con-
sulte, de la résolution du sénat, seule importante anciennement, l'exposé
des motifs, originairement dénué de toute importance, mais plus tard
toujours approuvé et par suite devenu la chose essentielle. Cette trans-
formation s'est rattachée aux sénatus-consultesproposés par l'empereur,
aux oraliones principis in senatu habitae. Les propositions impériales
qui devinrent les plus importantes, qui ont peut-être été les seules
depuis Hadrien 1, étaient en fait toujours admises. Il est donc naturel
qu'à partir d'un certain moment, à partir des environs de la fin du
IIe siècle, les jurisconsultes eux-mêmes aient franchement, adopté l'ha-
bitude significative, depuis longtemps entrée dans la langue populaire,
de, citer au lieu des sénatus-consultes les orationes dont ils n'étaient
que les corollaires inévitables (oratio Severi de l'an 195 ; oratio Anlo-
nini de l'an 206). Et on s'explique aussi que les auteurs de ces orationes
y soient de plus en plus arrivés à parler la langue ouverte du comman-
dement au lieu d'un langage parlementaire de convention 2. Mais, à partir
du jour où cet état d'esprit existe chez les gouvernants et les gouvernés,
il est aussi simple de ne plus recourir à un déguisement qui ne trompe
ni ne veut tromper personne. Nous ne rencontrons plus de sénatus-con-
sulte ayant un caractère législatif après le commencement du IIIe siècle.
Les sénatus-consultes sont désignés par les textes non pas officiel-
lement à la façon des lois par le nom propre de leur auteur ou de leurs
auteurs mis au féminin (lex Aelia Sentia), mais d'une manière simple-
ment usuelle par un adjectif tiré d'ordinaire du nom de l'un des con-
suls sous le consulat desquels ils ont été rendus 3 (senatus consulturn Tre-
bellianum, rendu Trebellio Maximo et Annaeo Seneca consulibus). Les
les rescripta, que, dans une langue plus rigoureuse, on subdivise parfois
en epistulae et en subscriptiones, — et les décréta 1. On en ajoute habi-
tuellement une quatrième ; les mandata. Les edicta sont des édits symé-
triques à ceux des magistrats et affichés comme eux in albo. Les man-
data sont des instructions individuelles adressées à des fonctionnaires,
déterminés, que Gaius et Ulpien omettent peut-être intentionnellement
à cause de leur caractère administratif, mais qui cependant ont intro-
duit des règles de droit. Les décréta sont des jugements rendus par
l'empereur soit en appel, soit en premier ressort en vertu de son droit
d'évocation. Enfin les rescrits sont des réponses faites par l'empereur
sur des points de droit à des magistrats ou à des particuliers ; ils sont,
habituellement transcrits au bas de la demande du particulier (subscrip-
tiones), afin que la réponse ne puisse être isolée de la question, et en-
voyés sous forme de lettres distinctes (epistulae) aux magistrats, con-
tre lesquels il n'y a pas à prendre la même précaution. On n'en rencon-
tre qu'assez peu jusqu'à Hadrien ; mais ils se multiplient beaucoup à
partir de son règne, probablement par suite de la codification de l'édit
et de l'invitation faite alors aux magistrats et aux plaideurs de consul-
ter l'empereur sur les points douteux qui ont dû en faire rendre davan-
tage, peut-être aussi par suite d'un système de publication introduit à
cette époque qui a dû mieux en assurer la conservation.
Leur autorité devait être rationnellement différente pour les diver-
ses catégories et c'est en effet le régime qui paraît avoir fonctionné dan&
le principe.
Les mandats sont des instructions individuelles données à un gou-
verneur. Ces instructions n'existent que pour lui, ne s'appliquent à son
successeur, aux gouverneurs des provinces voisines, qu'autant qu'elles,
leur auraient été données individuellement à eux-mêmes, tout comme,
avons-nous vu,la disposition de l'édit du magistrat,qui peut être la même
pendant plusieurs années et dans plusieurs provinces, n'existe chaque
année et dans chaque province qu'à condition d'avoir été promulguée
par le magistrat du temps et du lieu.
Les édits du prince sont des règles obligatoires pour tout l'empire,.
puisque son autorité directe ou indirecte s'étend sur tout le territoire
au lieu d'être limitée à une circonscription comme celle des magistrats
de la République, et ils sont obligatoires pour toute la durée de sa vie
au lieu de l'être pour un an, puisque ses pouvoirs sont viagers au lieu
dètre annaux. Mais ils doivent logiquement avoir disparu, à l'origine,
à la mort de leur auteur 2.
Les décrets sont des jugements qui s'imposent aux parties, mais seu-
lement aux parties, en vertu des règles sur l'autorité de la chose jugée.
Enfin les reserits sont des consultations fort voisines des réponses
des prudents. Ils s'imposent, comme nous verrons que font ces réponses
(p. 69), au juge de l'affaire pour laquelle ils ont été obtenus. Ils ont
môme été l'origine d'une procédure spéciale, la procédure par rescrit, où
le rescrit conditionnel délivré par la chancellerie impériale tient lieu de
formule et qui a été dès le II" siècle une atteinte de plus à la procédure
formulaire 1. Mais pas plus que les réponses des prudents,, les reserits
rendus pour une espèce concrète n'ont force de loi pour les hypothèses
semblables ou voisines.
Il y a une raison décisive pour laquelle ni les reserits ni les autres
constitutions impériales n'ont pu avoir force de loi définitive et géné-
rale au début de l'Empire. C'est que cela supposerait chez l'empereur
lui-même un pouvoir législatif qu'il ne possède aucunement alors. Le
pouvoir législatif, en dehors des cas de leges datae (p. 51), ne résulte
d'aucune des attributions qui lui sont conférées. S'il l'avait, on ne s'ex-
pliquerait pas en quel sens la cura legum et morum destinée à le lui
donner aurait pu être à trois reprises offerte à Auguste et refusée par
lui -. Enfin, s'il l'avait, on ne comprendrait pas comment il pourrait être
lui-même soumis en principe aux lois ordinaires, avoir besoin d'en
obtenir des exemptions spéciales, par exemple celles des lois caducaires
(p. 51), le jus patrum qui a été accordé à plusieurs des premiers empe-
reurs parle sénat 3.
Seulement, avec la prolongation, de l'Empire, les idées se sont modi-
fiées. Dès le temps de Vespasien, l'empereur concède le jus patrum
au lieu de le recevoir 4. Il a été bientôt considéré comme étant en règle
générale au-dessus de la loi. Et non seulement Gaius, mais, dès le temps
d'Hadrien, Pomponius lui reconnaissent le pouvoir législatif, en vertu
d'une disposition de la loi d'investiture, qui n'avait certainement pas ce
sens, mais à laquelle il est désormais attribué. Et cela, croyons-nous,
en dépit des essais nombreux de limitation faits par les interprètes mo-
dernes, à tout point de vue, aussi bien à titre nouveau qu'à titre inter-
prétatif, aussi bien par une catégorie de constitutions que par l'autre.
La seule restriction, qui concerne surtout les reserits et les décrets,
résulte de la volonté du prince et par conséquent n'en est pas une véri-
Velléien, défendu aux femmes de s'engager pour leur mari, D., 16, 1, Ad se. Vell.,
2, l>r.
1. V. notamment sur cette procédure, Puchta, Inst., 1, § 178. Baron, Inst.;
p. 451. Pernice, Festgabe fur Beseler, 1885, p. 51 et ss. = Archivio, 36, 1886, p. M
et ss.
2. Mon. Ancyr., 3, 14 et ss. V. Mommsen, Dr. publ., 4, p. 430, n. 1.
3. Mommsen, Dr. publ., 5, p. 166, n. 1.
4. Mommsen, Dr. publ., 5, p. 166, n. 2.
L'EMPIRE 6t
table. Ses décisions n'ont naturellement que la portée qu'il a voulu leur
donner. Il peut dans un rescrit, dans un décret, poser une règle nou-
velle en entendant qu'elle s'étende à l'avenir. Il peut au contraire n'en-
tendre viser que le cas particulier dont il a été saisi. C'est ce qui a lieu
quand, suivant l'expression des textes, il rend une constitutio persona-
lis. C'est ce qui a lieu pareillement dans les cas très nombreux où il ne,
l'ait qu'appliquer le droit existant sans avoir l'intention d'innover, alors
môme qu'il touche incidemment quelque point controversable. A la vé-
rité la distinction semble être peu claire et avoir dû être bien difficile à
faire en pratique. Un document connu seulement depuis 1890 paraît
établir qu'elle résultait très nettement d'un fait matériel ; la publication
officielle par voie d'affiches, faite à Rome, de certains décrets et reserits,
tandis que les autres étaient remis directement à celui qui les deman-
dait. La volonté de l'empereur a sans doute été considérée comme se
manifestant par l'emploi de l'un ou de l'autre procédé. Les reserits spé-
ciaux à l'affaire étaient ceux remis au destinataire, comme ils l'étaient
tous à l'origine ; ceux qui avaient force législative étaient ceux qui étaient
affichés comme les édits, suivant un usage qui remonte probablement
à Hadrien et que le texte nouveau — une constitution de Gordien, décou-
verte à Scaptoparène enThrace — atteste exister sous Gordien en 238 1„
11 nous a été transmis directement quelques constitutions impériales de
p. 443 et ss. Cf. Krueger, pp. 297 288 n. 3. 443, n. 2, et Joers dans Pauly-Wis-
sowa, 5, 1, 1903, pp. 1435-1509, v. Domitius Ulpianus.
1. V. Krueger, Sources, p. 172 et ss.
2. Lenel, Das Sabinussyslem, 1892. Cf. Krueger, p. 200. V. aussi la restitution
—
du plan des libri ad Sabinum des divers jurisconsultes donnée par Lenel dans
Palingenesia et plus sommairement, mais avec quelques divergences,
sa
par P. Krue-
ger, Corpus juris, I, 1905, pp. 879-896.
3. C'est l'un des deux ouvrages que Pomponius a publiés
liber singularis enchiridii, écrit sous ce litre, son
sous Hadrien, qui contenait comme introduction
la petite histoire des
sources, des magistratures et des jurisconsultes conservée
dans le long fragment D., 1, 2, De O. J., 2, et restée notre la plus abon-
source
dante sur l'histoire du droit de la République. Sur la doctrine de Sanio, Varroniana
ndenSchriftender rbmischen Jurislen, 1857, suivie par Krueger, qui lui attribue là
Varron pour
source principale, v. N. R. II., 1890. p. 334.
5
66 LIVRE PREMIER. — CHAPITRE III
titres récognitifs émanant do celui à qui ils doivent être opposés et, a-t-il été ré-
vèle récemment, scellés par lui d'un sceau destiné, comme notre signature mo-
derne, à les lui rendre opposables. V. sur le premier point, Textes, p. 802, et sur
le second, Textes,
pp. 820-822.
1. Pomponius, D., 1, 2. De O. J., 2, 48. 49. Gaius, 1, 7. Justinien, Inst., 1, 2,
De j. nat., 8,
ne fait que reproduire et paraphraser le texte de Gains et n'a par
conséquent pas la valeur d'une troisième source indépendante.
2. On entend très ordinairement le
sceau mis sur les réponses des prudents
comme ayant pour but d'empêcher d'ouvrir la lettre avant qu'elle ne soit remise
au destinataire. Mais, depuis que l'on a découvert dans les quittances de Pompôi
des cachets placés non pas sur les liens qui ferment le titre, pour assurer la
clôture, mais au bas do l'acte,
en
pour en certifier la provenance (p. 67, n. 2 in fine),
on peut se demander, avec M. Erman, Z. S. St., 20, 1899, p. 186, si le sceau des
jurisconsultes n'aurait pas plutôt rempli la seconde fonction.
70 LIVRE PREMIER. — CHAPITRE III
1. Celle hiérarchie nous est surtout connue par une liste des fondions de l'ein-
pirn avec une indication de leurs insignes, des troupes et des employés qui en dé-
pendaient, la nolilia dignitatum, évidemment extraite de l'almanach officiel de l'em-
pire tenu à jour au siège du pouvoir central et rédigée entre l'an 411 et l'an 413.
L'édition la plus récente
est celle de Sceclc. 1876 ; celle plus ancienne de Boc-
l'king, 1839-1856, reste utile à
cause de son commentaire.
2. Krueger, Sources, §§ 32-33. Bruns-Lenel, Gesch. und Quell.,
§ 66.
72 LIVRE PREMIER. — CHAPITRE III
pour justifier toutes les iniquités, même le meurtre d'une mère par
son fils '.
L'autorité impériale intervint à deux reprises par des constitutions,
destinées à dépouiller cette pratique de ses inconvénients en môme temps
qu'elles la légalisaient. Une constitution de Constantin de l'an 321 dé-
clara abolies les notes de Paul et d'Ulpien sur Papinien, de façon à
faire prévaloir l'autorité de ce dernier, et confirma en même temps l'au-
torité des Sentences de Paul 2. Puis, un siècle plus tard, une réforme
infiniment plus profonde fut tentée en l'an 426 par la loi des citations.
de Théodose II et Valentinien III *. Cette disposition législative, qui est
très connue, mais dont certains détails sont obscurs, établit entre les-
écrits des jurisconsultes le système de la majorité des voix, en donnant
en cas de partage la prépondérance à Papinien et en excluant de nou-
veau les notes écrites sur ses ouvrages par Ulpien et Paul. Mais quels
jurisconsultes pouvaient figurer dans le calcul ? On dit souvent que seuls
pouvaient ôtre cités Papinien, Paul, Ulpien, Modestin et Gaius (qui fi-
gure là pour la première fois parmi les juris auctores). Ce n'est cepen-
dant pas tout à fait le langage de la constitution. Elle indique comme
pouvant ôtre invoqués les cinq jurisconsultes et les auteurs cités par eux,
ce qui comprendrait à peu près tous les auteurs, notamment Q. Mucius
Scaevola, Sabinus, Julien, Marcellus, mais seulement sous cette ré-
serve que ceux-ci ne pourront ôtre cités qu'à charge de production jus-
tificative de l'ouvrage original. Le résultat était sans doute qu'en fait on
devait citer uniquement les cinq. Mais cela n'empêche pas qu'en droit
les ouvrages des autres avaient toujours la môme autorité.
L'ensemble de ces ouvrages et des monuments législatifs anciens
constitue,à cette époque,ce qu'on appelle ledits,par opposition aux cons-
titutions, qu'on appelle les leges 4, et c'est
en partant de cette division
que Justinien a, fait les compilations qui nous ont transmis les docu-
ments les plus nombreux de deux ordres. Mais le travail de compila-
tion n'a ni commencé par lui, ni fini avec lui. Nous énumérons donc
ici rapidement les différentes compilations du droit récent
en prenant
•l'abord celles du jus et des leges faites soit distributivement, soit
cumulativement avant lui, puis ses compilations, et enfin les principaux
recueils postérieurs.
I. Recueils antérieurs à Justinien-
— Il y a eu, avant Justinien,
pour les leges, trois recueils spéciaux, deux privés et un officiel, portant
tous trois le nom nouveau de codex, qui vient probablement de
ce qu'au
lieu d'être écrits sur des rouleaux.de papyrus, les premiers ont été faits
de feuillets indépendants liés ensemble, comme les tablettes des codices
(p. 67, note 2) et comme les cahiers de parchemin des manuscrits 4.
Les deux recueils privés sont les Codes Grégorien et Hermogénim,
dont le second est un complément du premier et qui ont été composés
le premier vers l'an 294 par un nommé Gregorius, probablement profes-
seur à l'école de Beryte 5, et le second entre 314 et 324 par un nommé
Hermogenianus, duquel on ne sait si c'est le jurisconsulte du Digeste
(p. 65). Les noms longtemps controversés des deux auteurs ont été dé-
terminés sûrement à l'aide d'arguments tirés'du système des noms pro-
pres 3. Les deux codes contenaient des constitutions impériales allant,
pour le premier, qui était divisé en livres et en titres, d'Hadrien à l'an
294, pour le second, composé d'un seul livre divisé en titres de l'an 2!)4
à l'an 324, et même, par suite d'additions successives, à l'an 365. C'est
du premier que viennent toutes les constitutions antérieures à Constan-
tin du Code Justinien (p. 78) qui en contient probablement aussi un
certain nombre venant du second. En revanche, il ne nous en est arrivé
directement qu'assez peu de débris 4.
Nous avons beaucoup plus de débris du recueil officiel, le Code
Théodosien, recueil des constitutions impériales rendues depuis Cons-
tantin, promulgué en 438 par Théodose II en Orient et par Valenti-
nien III en Occident. Il se composait de 16 livres divisés en titres, où
les constitutions étaient placées dans leur ordre chronologique. Quant
au plan, il suivait dans l'ensemble l'ordre des digesta (p. 65). Après les
sources, la pars edicialis, livres 2 à 4 ; puis la seconde partie avec les
matières nouvelles complémentaires, livres 5 à 15, et un 16e livre con-
sacré au droit de l'Eglise. Il fut supplanté en Orient par la législation
de Justinien, de sorte que tous les restes cari nous en ont été transmis
viennent d'Occident. Ce sont des manuscrits contenant des parties de
l'ouvrage original et les manuscrits de la loi romaine des Wisigoths(p. 73)
epii en contenait un abrégé. Leur combinaison laisse subsister quel-
ques lacunes qui par malheur se présentent surtout dans la partie rela-
tive au droit privé 8. — On en rapproche toujours les novelles posl-
Cette compilation, qui ne porte pas de titre officiel dans les manuscrits
et que nos auteurs du XVIe siècle désignent du nom de breviarium Ala-
rici, qu'on appelle plutôt aujourd'hui la lex Romana Visigothorum,
donne, comme leges, des extraits du Code Théodosien et des novelles
post-théodosiennes, comme jus, l'abrégé en deux livres des Institutes de
Gaius, l'extrait précité des sentences de Paul, des extraits des Codes
Grégorien et Hermogénien (donc classés dans le jus) et un fragment de
Papinien mis là pour finir, à titre honorifique. Les divers textes, sauf
l'Epitome de Gaius, sont accompagnés d'une interpretatio qu'on croyait
autrefois comme lui l'oeuvre des commissaires d'Alaric, qu'on estime
plutôt aujourd'hui avoir été comme Vepitome lui-même composée aupa-
ravant dans le cours du Ve siècle et qui constitue un document précieux
pour la connaissance du droit romain d'alors. Malgré lachute rapide de
la domination des Wisigoths dans les Gaules, le recueil resta très ré-
pandu dans la France méridionale pendant le moyen âge et il nous en a
été transmis un grand nombre de manuscrits, partie abrégés, partie
complets et môme augmentés d'additions et de corrections venant de
sources romaines pures *.
II faut citer en outre la loi romaine des Bourguignons rédigée en vertu
d'un engagement pris par Gondebaud quand il avait fait rédiger la loi
barbare des Bourguignons. II avait promis de faire la môme chose pour
le droit de ses sujets romains et la promesse fut tenue, probablement
avant sa mort en 516, certainement avant la chute du royaume des Bur-
gondes en 534. Les titres de la loi, relatifs au droit pénal, au droit
privé et à la procédure, suivent l'ordre de la loi barbare. Les sources,
indiquées seulement par exception, sont les trois codes, les sentences
de Paul, un ouvrage de Gaius, ses institutes ou ses regulae, et les in-
terprelationes. Après la conquête franque, on l'utilisa pour le complé-
ment du bréviaire, à la suite duquel elle se trouvait souvent dans les
manuscrits ; d'où l'erreur commise déjà dans des manuscrits du IXe siè-
cle qui a fait prendre pour son titre le nom de l'auteur du dernier frag-
ment du bréviaire : Papinianus, en abrégé Papianus 2.
L'édit de Théodoric, rendu par Théodoric, roi des Ostrogoths, proba-
blement au début du VIe siècle, certainement après l'an 493 et qui ré-
sume en 155 articles un droit applicable à la fois aux Goths et aux Ro-
mains, ne contient pas d'indication de sources ni môme de citations
textuelles. C'est seulement par comparaison que l'on voit que ses auteurs
t.
Ed. Haenel, 1849. Texte d'un autre ms. palimpseste dans Legis Romance Vi-
sigothorum fragmenta ex cod. palimps. S. Légion, eccl., Madrid, 1896. Exposé dog-
matique du droit qui y est contenu dans Max Conrat, Breviarium Alaricianmn,
Rômisches Redit im Frankischen Reich, 1903.
2. Ed. dans les Monumenla Germaniac, par Bluhme, Leges, III, 1863, p. 579 et
ss. et par de Salis, Legum seclio 1, in 4», 2, 1892, pp. 3 188. L'ancienne éd. de
Barkow, Lex Romana Burgundionum, 1829, contient un commentaire encore utile.
L'EMPIRE 77
ont puisé dans les trois codes, les sentences de Paul et les interpréta-
lianes tout au moins. En conséquence, il est moins intéressant pour le
droit romain que le droit romain n'est intéressant pour lui '. Il en est
de môme à un encore plus haut degré d'autres lois barbares, telles que
la lex Romana Raetica Curiensis 2, sur lesquelles nous n'avons pour cette
raison rien à dire.
II. Compilations de Justinien. — L'empereur Justinien, appelé au
trône en 527 par son oncle Justin et mort en 565, doit, dans l'histoire
du droit romain 3, une célébrité unique aux compilations juridiques fai-
tes sous son règne et par son ordre, probablement, à l'instigation de son
favori Tribonien 4.
Le travail fut commencé dès 528, par les leges. Une commission fut
chargée, le 15 février de cette année, de réunir en un recueil unique les
constitutions en vigueur en refondant les trois Codes antérieurs, en ajou-
tant les constitutions postérieures non abrogées et en supprimant les
répétitions et les contradictions. L'oeuvre fut terminée en 529 et le Code
publié le 7 avril pour avoir force de loi à partir du 16.
Pour le jus, la tâche était un peu plus difficile. On ne voulut proba-
blement l'entreprendre qu'après le vote d'un certain nombre de déci-
sions faisant table rase des institutions vieillies, qui furent rendues en
529, S30, 531, et dont
on paraît avoir fait un recueil sous le nom de
quinquaginla decisiones. C'est seulement le 15 décembre 538 que Jus-
tinien rendit une constitution prescrivant au quaestor sacri palalii Tri-
boni en de
composer une commission chargée de faire un recueil d'extraits
de jurisconsultes qui fut
pour le jus ce que le Code était pour les leges.
Et la commission, formée de professeurs et de praticiens,
mena très
rapidement son travail qui
se trouva terminé à la fin de l'an 532 par
l'établissement d'un recueil désigné des
noms latin et grec de digesta
ou îTKvfeT«i et promulgué le 16 décembre 533 pour entrer en vigueur le
30.
— Justinien avait en outre fait rédiger dans l'intervalle un manuel
inspiré de Gaius et portant
comme le sien le nom d'institutiones qui fut
promulgué quelques jours auparavant, le 21 novembre 533, pour avoir
également force de loi à partir du 30 décembre. D'autre part, ne ju-
—
1- Ed. Bluhme, 1870, Monumenla Germaniae, Leges, V, p. 146 et ss. Cf. Gaudenzi,
w« editti di Theodorico, 1884, et Z. S. St., Germ.'Ablh., 7, 1886, pp. 29-52.
2- Ed. Zeumer, Monumenla Germaniae, Leges, V, 1889, 289-542. Cf. le même,
* S- St., Germ. Abth., 9, 1888, pp 8-52. pp.
3. Nous n'avons ici à nous occuper de l'histoire politique ni de la biogra-
phie de Justinien.
pas
pour lesquelles la principale source, d'une valeur très discutée,
comme on sait est l'Histoire secrète de Procope. M. J. Bryce a démontré, English
nmorical Review, 1888, 657-686, le caractère apocryphe d'une prétendue vie de
pp.
Justinien par 1 abbé Théophile, d'où viennent beaucoup de détails de la biographie
courante de Justinien.
*• V. sur l'histoire et les divers éléments de la codification de Justinien, Bruns-
Une]> Gesch- und Quell., § 70; Krueger, Sources, §§ 42-48. 52-53.
78 LIVRE PREMIER. — CHAPITRE III
1. Bruns-Lenel, Gesch. und Quell., §75; cf. Esmein, Hist. du droit français,
p. 758 et ss. Brissaud, Manuel, p. 170. L'admirable ouvrage de Savipny,Gescliichle
des rbmischen Rechts im Millelaller, 2e éd., 1834-1851, reste toujours fondamental
pour toute la période qui s'étend jusqu'à Alciat. Mais les solutions qu'il avait dé-
gagées ont pu être précisées et rectifiées, notamment pour ces temps intermédiaires,
par la critique plus récente. Les arguments en faveur de la continuité ont été
particulièrement développés dans les études pénétrantes de M. Fitting. Cf., en
sens contraire, Flach, Eludes critiques sur l'histoire du droit romain au moyen âge.
Paris, 1890. L'ouvrage très riche informations de M. Max Conrat, Geschichte
en
der Quellen und Litleralur des rbmischen Rechts im frûheren Millelaller, 1, 1889-
'891, garde aussi
une attitude un peu réservée en face des doctrines de M. Fitting.
2- V. outre les tomes 3 à 5 de Savigny, Esmein,p. 761 et
ss., et Brissaud, p. 102
et ss., chez lesquels on trouvera indiquée la littérature plus récente.
84 LIVRE PREMIER. — CHAPITRE IV
1. V. en général sur cette période, Esmein, p. 769 et ss. ; Brissaud, p. 347 etss. ;
Stintzing, Geschichte der Rechtswissenschaft in Deutschland, 1, 1880, pp. 307-385;
A. Tardif, Histoire des
sources du droit français, origines romaines, 1890, p. 464 et
ss. On trouvera aussi des listes très complètes des jurisconsultes de cette période
et des suivantes dans Rivier, Introduction historique, p. 583 et ss.
2. Sur les trois, Zasius seul
a fait l'objet d'une véritable monographie savante
(Stintzing, Ulrich Zasius, 1857. V. en outre le même, Gesch. d. Rechtswiss., I,
PP. 155-172. Bremer, Z. S. St. 18, 1897, Germ. Abth., p. 170 et ss.)
3. Le meilleur
ouvrage sur Cujas reste encore, malgré sa forme vieillie, celui
(te Berriat Saint-Prix, Histoire du droit romain suivie de l'histoire de Cujas, 1821,
quon n'a guère fait depuis que démarquer. La traduction allemande de Spangen-
berg, J. Cujas und seine Zeilgenossen, 1822, contient, en plus, outre quelques notes,
une bibliographie commode des oeuvres de Cujas, pp. 231-307. La lettre de Savi-
^ny, Themis, 4, 1822, p. 194-207, contient aussi des additions importantes. Opéra
omnia éditées par A. Fabrot
en 10 vol., Paris, 1658. On recherche davantage les
réimpressions de Naples, 1722-1727, et de Venise, 1758-1783, en 11 vol., non pas
a cause de quelques additions médiocres, mais parce que c'est à elles que se réfère
te plus aisément une table générale
en deux volumes intitulée Prompluarium ope-
nim Jac. Cujacii auctore Dom.Albanensi', 2 vol., 1763 ; 2" édit., 1795.
86 LIVRE PREM1EK. — CHAPITRE IV
1. Eyssel, Doneau, sa vie et ses ouvrages, 1890. Ajoutez Stintzing, Doneau in Alt-
dorf, 1869 ; H. Buhl, Doneau in Heidelberg, Neue Heidelberger Jahrbûcher, 2, 1892,
pp. 280-313. Opéra omnia, Lucques, 1762-1770, par ex.
2. Stintzing, Gesch. d. Rechswiss., 1, pp. 405-414.
3. Stintzing, pp. 180-203. V. le même, p. 209 et s. sur les éditeurs de Baie.
4. Stintzing, pp. 220-228.
LE DROIT ROMAIN EN OCCIDENT 87
1. Biographie la plus récente dans Maassen, Geschichte der Quellen und der Lit-
leralur des canonischen Redite, 1, 1870, pp. XIX-XXX1V. Sur sa valeur parfois un
peu surfaite de philologue, cf. Ch. Gra ix, Eiixi sur les origines du. fonds grec de
l'Escurial, 1880 pp. 13-17. Opéra omnia, Lucques, 1763-1774.
2. Stintzing, pp. 386-388,—et sur son éd. du Corpus, le même, pp. 208-209.
3. Il existe des traductions françaises des premiers ouvrages (Traité de droit
romain, tr. Guenoux, 8 vol., 1851-1855. Traité de la possession, tr. sur la 7" éd.
allemande par H. Staedler, 1866) et des premiers vol. du troisième (tr. Guenoux,
v°l-, 1839). Un autre ouvrage de Savigny, Le droit des obligations, a été traduit
Par MM. Gérardin et Jozon, 2 vol., 2" édition, 1873.
88 LIVRE PREMIER. — CHAPITRE IV
seul ici, à côté de l'auteur du Système de droit romain, parmi tous les
romanistes modernes dont on rencontrera les noms dans ce livre '.
LES PERSONNES
d'être en état incontesté de liberté. S'il est blessé, violenté, il n'a pas le f
droit de faire respecter sa personnalité, c'est le maître qui se plaindra, J
s'il veut, du tort qu'on lui a fait, comme pour un animal blessé, comme I
pour un objet brisé, comme pour une autre chose quelconque. Comme 1
les autres choses, il peut faire l'objet soit d'une propriété exclusive, 1
et par les mêmes moyens que de ses autres biens, soit d'une propriété g
divisée, existant au profit de plusieurs copropriétaires, soit d'une %
l
1. De Ihering, Espr. du Dr. r., 2, pp. 161-177. Pernice, Labeo, 1, pp. 111-138. |
Karlowa, R. R. G.,2, \, pp. 100-114. Cf. Marquardt, Vie privée des Romains, I, fi
pp. 205-226. Wallon, Hist. de l'esclavage dans l'antiquité, 2e éd., 3 vol., 1879. Ed.
Meyer, Die Sklaverei im Altertum, 1898.
2. Inst., 1, 16, De cap min., 4 : Servus... nullum caput habet, Paul, D., 4, '•>< j
De cap. min 3, 1 : Servile caput nullum jus habet. Ulpien, D., 50, 17, De R. J->
,
32 : Quod attinet ad jus civile, servi pro nullis habenlur. :
3. Ulpien, Reg., 19, 1 : Mancipi res sunt... servi. Gaius, 2, 13 : Corporales (res) ,\
hae sunt quae tangipossunt velul... homo. !
STATUS L1BERTATIS- — L ESCLAVAGE 93-
1. Gaius, 1, 48 Quaedam personae sui juris sunt, quaedam aliéna juris subjeclae
:
sunt. 1, 52: In potestate ilaque sunt servi dominorum. Cf. 1, 9 = Inst. 1, 3, De j.
pers., pr. ; Summa... divisio de jure personarum haec est, quod omnes homines aul
tiberi sunt
aul servi.
2- Le plus ancien
témoignage direct sur le caractère de res religiosa de la sé-
pulture de l'esclave est la citation du contemporain de Trajan, Aristo, chez Ulpienr
*~> {,i 7, De religiosis, 2, pr. Mais Varron, De t. L., 6, 24, parle déjà des dii
Mânes servîtes
et le principe est sans doute bien plus ancien. Cf. A. Pernice, Zum
romischen Sacralrecht, Sitzungsberichte de Berlin, 51, 1886, 1179 et ss. et sur
autres reconnaissances de la personnalité de l'esclave
p.
en droit religieux (volum,
serment, etc.), pp. 1173-1179.
La garantie la plus efficace est l'intervention disciplinaire du attestée
notamment par Denys, 20, 13. censeur
94 LIVRE II. — CHAPITRE I
t.
Macrobe, Sal.., 1, 11 : Tarn tu illum liberum videre pôles quam Me le serviun.
Tite-Live, 2, 22, 6. 7, représente d'anciens esclaves venant faire des visites amicales
à leurs anciens maîtres et nouant avec eux dès rapports d'hospitalité.
2. Pline, //. n., 33, 1, 26 et les exemples dans Marquardt, Vie privée, 1, pp. 23-
24. Cf. Mommsen, Dr. publ., 6, 1, p. 227, n. 1.
3. 11 ne serait par exemple peut-être pas impossible de montrer la protection de
la religion et même du droit pénal s'étendant à l'époque ancienne aux animaux.
V. pour le premier point, Caton, De r. r., 138. Ovide, Fast., 1, 663 et ss. ; pour le
second, Pline, H. n., 8, 45, 180. Varron, De r. r., 2, 5, 4, et Voigt, XII Tafeln, 2,
p. 810.
4. Gaius, 1, 52 : Quodcumt/ue per servum adquiritur id domino adquirilur.
5. Javolenus, D., 45, 3, De stip. serv., 36.
6. Gaius, D., 50, 17, De R. J., 133 : Melior condicio noslra per servos fieri polesh
deterior fieri non polest.
STATUS LIFERTATJS- — L'ESCLAVAGE 95
1. Sur ces idées, dont il ne faudrait pas d'ailleurs tirer des conclusions juridi-
ques exagérées, il suffira de renvoyer aux textes bien connus de Sénèque, Ep., 47.
95. De benef, 3, 18, Philon, Dion Chrysostome, Marc-Aurèle, etc. voir avant
; eux
Plaute, Asin., 2, 4, 83.
2. Ulpien, D., 44, 7, De O. et A., 14 Serai
: ex deliclis quidem obligantur et sirna-
nunuttanlurobligati rémanent : ex conlraclibus aulem civiliter non obligantur, sed na-
luraliier el obligantur et obligant. Sur la date de la reconnaissance de cette obliga-
tion naturelle,
v. Pernice, Labeo, 1, pp. 150. 153, et Karlowa, R. R. G., 2, 1, p. 111.
C'est à ce propos qu'UIpien, D., 50, 17, De R. J., 32, après avoir dit
que les escla-
ves sont pro nullis au point de vue du droit, civil, ajoute : Non lamen et jure na-
lurali, quia quod ad jus naturale allinet omnes homines aequales sunt. Cf. les rubriques
des deux textes.
3. Exemples de la première combinaison l'esclave mis à Arles à la tète d'une
:
maison de banque et d'un commerce d'huile dont parle Ulpien, D., 14, 3, De inst.
uct-, 13, pr., l'esclave banquier en Bétique dans le bureau duquel
se trouvait pendu
un modèle des aliénations fiduciaires qu'il se ferait consentir par ses clients (Tex-
tes, p. 787), l'esclave auquel prie de s'adresser l'affiche de location de Pompéi
(Textes, p. 813). Exemple de la seconde le fait sans succès, au temps
de Commode, par le futur : commerce
pape Calixte avec le pécule que lui avait concédé son
maître Carpophore (Hippolytus, Refulatio
omn. haeres., 9, 11. 12).
96 LIVRE II. — CHAPITRE I
vertu de son adhésion (a. quod jussu), soit en vertu de sa qualité d'ar-
mateur (a. exercitoria), soit enfin en vertu de la commission donnée par
lui à l'esclave industriel ou marchand (a. institoria). — b) Le maître
peut ensuite user d'un second procédé qui limite ses risques de perte et
qui est la mise en oeuvre d'une institution préexistante, du pécule. Le
pécule, peculium, était une masse de biens qui pouvait comprendre des
valeurs de toute sorte, non seulement comme l'indique l'étymologie, de
l'argent ou du bétail (pecus, pecunia), mais des champs, des maisons,
d'autres esclaves (vicarii par opposition à Vordinarius) i, que le maître
laissait à l'administration de l'esclave 2- et qui, tout en faisant partie en
droit de la fortune du maître, acquérait en fait une existence distincte ;
tout en pouvant la reprendre à chaque moment, le maître ne la retirait
pas en fait à l'esclave à moins de mauvaise gestion ou de faute grave ;
par conséquent, il l'autorisait moralement à faire sur elle des conven-
tions avec des tiers et il en faisait même avec lui, par exemple celle de-
l'affranchir moyennant une certaine somme, si l'esclave arrivait à gros-
sir son pécule de manière à pouvoir la lui offrir 3. Le préteur a donné
à cette institution de fait une valeur de droit en admettant que, par la
concession du pécule, le maître avait entendu donner pouvoir à l'es-
clave de l'engager envers les tiers jusqu'à concurrence de ce pécule, que
par conséquent il pourrait, à raison des contrats de l'esclave, être pour-
suivi par l'action du contrat donnée de peculio.
Ces deux combinaisons ont été inventées dans l'intérêt du maître au-
quel elles permettaient de tirer un meilleur profit de l'activité de l'esclave,
de faire des affaires par son intermédiaire, avec une responsabilité illi-
mitée dans le premier cas, avec une responsabilité limitée dans le second.
Mais naturellement elles donnaient un singulier surcroît d'indépendance
aux esclaves préposés par leurs maîtres à des commandements de navi-
res, à la direction d'importantes industries, de comptoirs lointains dans
la première combinaison, encore plus à ceux mis dans la seconde à la
1. Cf. Erman, Servus vicarius (Recueil publié par la Faculté de Droit de Lau-
sanne, 1896, pp. 391-532).
2. Par suite, ces biens ne figuraient pas dans la comptabilité du maître, ce qui
fait Tubero définir justement le pécule quod servus domini permissu separatum o
ralionibus dominicis habet (Ulpien, D., 15, 1, De pec, 5, 4). Comme exemple de
l'importance que pouvaient atteindre certains pécules, voir l'inscription citée n. 3,
de l'esclave qui paya 60,000 sesterces pour sa liberté et celle du monument élevé
à un esclave de Tibère par seize esclaves faisant partie de son pécule et attachés
au service de sa personne (Henzen, 6651 C. I. L., VI, 5197).
=
3. Sénèque, Ep., 80, 4 : Peculium
suum quod comparaverunt ventre fraudalo pro-
capite numerant. Pline, Hist. nat., 7, 39. Pétrone, 57. Inscription d'un esclave indi-
quant la somme qu'il a ainsi payée, Orelli, 2983 C. I. L., XI, 5400.— C'est aussi
=
parce que le pécule était considéré comme étant en fait le bien de l'esclave, que,
sauf clause contraire, on était réputé le lui laisser en l'affranchissant entre vifs (F. V-
261), que Pline le Jeune permettait à ses esclaves de
se laisser les uns aux autres
leurs pécules à cause de mort par des simulacres de testament (Pline, Ep., 80, 4)-
STATUS LIBERTATIS. — L'ESCLAVAGE 97
qui saute aux yeux. Mais derrière l'amélioration que l'on voit, il y a une
aggravation autrement profonde qu'on ne voit pas. Les conditions de fa il,
qui atténuaient la dureté légale de l'esclavage ancien ont disparu. II n'est
plus question pour la grande majorité ni de communauté d'existence,
ni de communauté de travail avec le maître. Les esclaves devenus très
nombreux, — et qui par suite au lieu de la dénomination tirée du seul
nom du maître, suffisante pour les rares esclaves d'autrefois, portent
désormais chacun un nom individuel avant la mention du maître : Her-
modorus. Tullii Marci servus ou M. Tullii Ciceronis servus ou simple-
ment!/. Tullii Ciceronis l, —sont, pour partie, à peine connus person-
nellement de leurs propriétaires. L'espèce d'égalité première, qui existait
entre les Romains et leurs captifs a été remplacée par des relations ana-
logues àcelles qui résultaient de l'esclavage moderne. C'est sous l'Empire
i;t dans les derniers siècles de la République que se placent les traits de
cruauté restés célèbres de maîtres romains. Les lois nouvelles sont des
symptômes de cet état plutôt que des remèdes efficaces.
3. Le christianisme qui reproduisait contre l'esclavage les critiques
de l'époque précédente, a remanié jusqu'à un certain point, verrons-
nous, la théorie des causes de l'esclavage et surtout celle de l'affran-
chissement ; mais il n'a pas sérieusement modifié la condition légale de
l'esclave. Il a simplement continué le mouvement commencé dans le
sens de la protection physique de la personne de l'esclave et de la re-
connaissance de la parenté servile, principalement par une constitution
de Justinien faisant de cette parenté le fondement d'un droit de succes-
sion après l'affranchissement 2 et par une décision de Constantin punis-
sant de la déchéance de leur droit de propriété les maîtres qui abandon-
neraient des esclaves nouveau-nés 3.
moitié de leur pécule (Ulpien, 20, 16) et que les inscriptions représentent comme
unis par une sorte de mariage à des femmes libres et comme portant deux noms.
V. Mommsen, Dr. publ., 1, pp. 369-371 ; Halkin, Les esclaves publics chez les Ro-
mains, 1897. Sur les esclaves impériaux, v. Mommsen, op. cit., 5, p. 107.
1. V. Marquardt, Vie privée, 1, pp. 24-25. Cagnat, Cours d'épigraphie, pp. 78-79.
2. Inst., 3, 6, De qrad. cogn., 10.
3. C. Th., 5, 7, De exp., 1. V. aussi C. Th., 9, 12, De entend, serv., 1, 2.
4. V., outre les divers traités d'Institutes, Mommsen, Dr. publ., 6, 1, pp. 47-51.
5. Inst.., 1, 3, De jur. pers., 4 : Servi aut nascunlur aul fiunt : nascuntur ex an-
cillis noslris.
STATUS LIBERTATIS- — L'ESCLAVAGE 99
droit romain postérieur, en vertu de l'idée que celui qui a été libre ;'i
§ 3. —
Procès relatifs à la liberté s.
La contestation sur le point de savoir si un individu est libre ou esclave
(causa liberalis, vindicalio in libertatem, vindicalio in servitulem) est
déjà réglée par les XII Tables : on sait comment la légende rattache M
chute des décemvirs à la violation par Appius Claudius de la règle selon (i
1. Tite-Live, 3, 44-48. 56. 57. Pomponius, D., 1, 2, De O. J., 2, 24. Cf. Maschke,
pp. 6-70.
2. Insl., 4, 10, De lus
per quos, pr. Dispositions analogues en droit athénien et
dans la loi de Gortyne. V. Dareste, Haussoullier, Reinach, Inscr. juridiques grec-
ques, I, p. 443 et ss.
3. Gaius, 4, 14.
*• Cicéron, Pro Caec, 33, 97.
5- Justinien, C, 7, 17, De
ass. ioll., 1, pr. : trois fois. Martial, 1, 25 : Ter qualer-
que. Cicéron, De domo, 29, 78 Quotiens cumque vellel quis.
:
6- Insu, 4, 6, De
acU, 13. Paraphrase, ad h. I. Dioclétien, C, 7, 16, De lib.
caus., 21.
'• Lenel, Ed., 2, p. 111 et ss. Non seulement il y a des textes formels qui suppo-
sent la vindicalio in servitutem intentée dans les formes ordinaires des actions
réelles (par ex. Julien, D., 40, 12, De lib.
caus., 30) et il n'est pas question de
faejudicium an servus sit. Mais contre le praejudicium an liber sit, duquel seul il
est parlé, il y a des objections considérables dans le silence de Gaius, 4, 44, et
ans le caractère, tout différent des autres praejudicia, qu'il aurait, soit quant aux
102 LIVRE II. — CHAPITRE I
effets, attendu que ce serait le seul ayant un effet réel, soit quant à l'origine, at-
tendu que ce serait le seul venant du droit civil. En revanche, il faut peut-èliT
admettre, avec la constitution de Dioclétien, un autrepraejudicium destiné à savoir
utrum ex servilute in libertatem petalur an ex Uberlale in servilulem, ce qui n'avait
pas d'influence sur la possession provisoire, mais ce qui, à l'époque formulaire,
déterminait a qui incombait la preuve, Vadsertor devant faire celle delà liberté an
cas de vindicalio in libertatem, et le prétendu maître celle de la servitude au ens
de vindicalio in servilulem, Cf. Ulpien, D., h. t., 7, 5. A l'époque des Actions de la
Loi, où les praedes ne promettaient la restitution que pour le cas où l'adversaire
triompherait, cela devait, croyons-nous, avoir pour résultat de lui imposer la preuve
de la servitude, quel que fût l'état de fait antérieur.
1. C. Th., 4, 8, De lib. causa., 5, et Schlossmann, loc. cil.
2. Les consuls dont l'intervention a peut-être eu pour origine le contrôle que tour
donnait la loi Aelia Sentia sur les justes causes d'affranchissement (p. 120) statuent
extra ordinem sur les procès de liberté probablement dès le temps de Marc-Aurèle
et môme d'Antonin le Pieux (Ulpien, De officio consulis : D., h. t., 27, 1-2 ; D., h. '••
27 pr., rescrit de Marc-Aurèle et de Verus, relatif à une question d'état; D., 35, i.
De cond., 50, rescrit d'Antonin le Pieux relatif non pas à un lidéicommis Je li-
berté, mais à un affranchissement testamentaire conditionnel où l'homme était
libre ou non selon que la- condition était ou non accomplie). Cf. A. Pernice, Arelii-
vio, 1886, p. 133 ; P. Joers, Untersuchungen zur Gerichlsverfassung d. rbmisch. Km-
serzeil, 1882, pp. 11-15 et Bethmann-Hoilweg, 2, p. 766. Le préteur de liberalibus
causis, qui nous parait avoir été mis à cûté d'eux par un développementpostérieur
analogue à ceux que nous verrons en matière de lidéicommis et de nomination île
tuteurs, apparaît au début du IIIi siècle (inscription d'un consul de 214 qui avait
occupé cette .fonction plusieurs années auparavant, C. I. L., X, 3598 ; const.
d'Alexandre Sévère de 223, C., 4, 56, Si mancip., 1) ; on ne sait depuis combien*
temps il existe alors. Cf. Mommsen, Dr. publ., 3, p. 260, n. 1 ; Pernice, pp. M1
134 ; Joers, pp. 43-50 ; Wlassak, pp. 5-11 ; mais il est probable que la juridiction
de droit commun des préteurs judiciaires a d'abord subsisté à côté de celles du
préteur spécial et des consuls. Celle du préteur de liberalibus causis subsiste seule
après Dioclétien. Cf. Mommsen, Dr. publ., 3, p. 260, n. 5 ; Joers, p. 49, n. 1.
3. Justinien, C, 7, 17, De ass. toit.
4. D., h. t., 25, 2.
CHAPITRE II. — STATUS CIVITATIS. — CITOYENS, LATINS,
PÉRÉGRINS. INGÉNUS, AFFRANCHIS.
—
Les ingénus (ingenui) sont, par opposition aux affranchis, ceux qui
sont nés libres et n'ont jamais légalement cessé de l'être *. On est donc
ingénu, môme quand on est né de deux affranchis ; car, dans la notion
qui a prévalu 2, la cpialité d'affranchi ne se transmet pas aux descen-
dants. Mais on ne l'est pas, quand, depuis la naissance, on est devenu
esclave, alors môme que l'esclavage aurait cessé. Seulement il faut
apporter à cette règle une restriction fort importante, en vertu de la
théorie du poslliminium 3, aspect très remarquable de l'idée que le droit
s'applique seulement dans l'intérieur de la cité, en partant duquel on ne
considérera pas d'ordinaire comme ayant été légalement en servitude
(in justa servitute) les Romains sortis d'un esclavage de droit des gens.
Le mode de droit des gens, qui fait les étrangers pris par les Romains
devenir esclaves à Rome, fait aussi les Romains pris par les étrangers-
devenir esclaves à l'étranger. Mais celui qui, après avoir été fait prison-
nier, revient sur son territoire national, dans les lignes de son pays \
rentre en jouissance de ses droits, sans doute tout simplement à l'ori-
gine en vertu de l'idée que les lois étrangères et leurs conséquence»
sont non avenues pour la cité, peut-être plus tard en vertu d'une fic-
tion juridique qui fait rétroactivement considérer l'individu rentré dans
la cité comme n'ayant jamais été dépouillé de ses droits 5. On ne peut,
1. Gaius, 1, 10. 11 : Ingenui sunt, qui liberi nati sunt ; libertini, qui ex justa ser*
vitute manumissi sunt.
2. Anciennement on excluait en outre du cercle des ingénus les descendants au
premier degré des affranchis (Suétone, Claud., 24), et probablement les enfants-
nés hors mariage et leurs descendants au premier degré. V. Mommsen, Dr. publ,
6, 1, pp. 79-81. 6, 2, pp. 3-5. 21, n. 2. 136.
3. D., 49, 15, De captivis et. de poslliminio. InsU, 1, 12, Quib. mod., 5. — V.
Bechmann, Jus postliminii, 1870, et le compte-rendu de Brinz, K. V. L, 16, 1874,
p. 117 etss. Pernice, Labeo, 1, pp. 375-380. H. Buhl, Salvius Julianus, pp. 252-270.
Karlowa, 2, 1, pp. 114-128. Mommsen, Dr. publ., 6, 1, pp. 45. 48. 6, 2, pp. 484-485-
4. On rencontre aussi anciennement un autre poslliminium, qui fonctionne
pour les citoyens devenus membres d'un Etat étranger et revenus volontairement
dans leur pays. Sur la manière dont l'application de ce poslliminium in paa
aux cités alliées et libres a été modifiée par contre-coup du changement de con-
dition de ces cités (Festus, v. Poslliminium; Proculus, D., h. t., l,pr.), v.Momm-
sen, Dr. publ., 6, 2, p. 282, n. 1.
5. Le texte qui parle le plus nettement de Action est aux/?««., 1-, 12, Quib. mod:,
_ : Quia poslliminium fingil
5 eum qui caplus est semper in civilate fuisse. V. eu outre
D., h. t., Pomponius, 5, 1 : Perinde omnia restiluunlur ei jura, ac si caplus ab
hostibus non essel; Ulpien, 16 : Rétro creditur in civilate fuisse, qui ab hoslibus advend-
STATUS CIVITATIS- — LES CITOYENS 105
1. Le nom de la loi est donné par Gaius, 1, 48. On la place souvent après
assez
l'an 710, à cause de Cicéron, Top., 4, 20 mais elle est en réalité antérieure à la
;
guerre sociale et à la naturalisation subséquente des habitants du Lutium, d'a-
près Gaius, 1, 79, qui dit qu'elle s'appliquait même aux Latini qui proprios popu-
los propriasque civilates habebant;
v. en ce sens Karlowa, R. R. G., 2, pp. 182-
183. La soustraction des enfants des Latins à
son application a été, d'après Gaius,
1, 80, prononcée par un sénatus-consulte du temps d'Hadrien.
STATUS CIVITATIS- — LES CITOYENS, LES LATINS 107
§ 2. — Latins 8.
I. Acquisition de la qualité de Latin. — Nous avons vu comment
on naît Latin.Quant aux circonstances qui feront les auteurs avoir cette
qualité, les Latins par excellence sont les habitants du Latium. Mais
ils n'ont été ni les seuls Latins, ni, semble-t-il, les seuls désignés du
nom de Latini veleres.
1. Sur les noms des citoyens, v. Mommsen, Dr. publ., 6, 1, pp. 226-242 ; Henry
Michel, Du droit de cité romaine, 1885,
p. 41-361 ; Cagnat, Cours d'ëpigraphie, pp. 37-
64, et suppl., pp. 474-476.
2. Exemple : Cicéron, Pro Caec, 33, 97.
3. C'est, selon le système des quaestiones perpetuae, jury (Cicéron, Pro Balbo,
23. 52, etc.) présidé
un
par un préteur (Cicéron, Pro Archia, 2, 3).
4- Cicéron, De off., 3, 11, 47. Dion, 37, 9. C'est
sous l'empire de cette loi que fu-
rent prononcés les plaidoyers de Cicéron, Pro Archia, en 692, et Pro Balbo, en 698.
5- M. Mommsen, Slrafrecht,
pp. 858. 859, considère une quaeslio de ce genre
comme ayant été déjà organisée certainement en 659 par la loi Licinia Mucia de
«59 (Pro Balbo, 21, 48) et probablement des lois antérieures (v. Droit public,
6, 1, p. 225, par
n. 1).
6. V. aujourd'hui dans Mommsen, Slrafrecht, pp. 204. 859 ; cf. Droit pu-
*&', 6, 1, p. 225, ce sens
n. 1. Les mentions faites par Cicéron de poena ou de péril couru
par le caput se comprennent facilement sans qu'il y ait de peine capitale ni de
Peine eu forme, au sujet d'une décision dont dépend le status civitatis.
7. Suétone, Claud., 25. Arrien, Diss. Epici., 3, 24, 42.
»• Mommsen, Dr. publ., 6, 2,
pp. 226-268.
108 LIVRE II. — CHAPITRE II
citoyen romain. Leurs rapports de famille sont régis par leur droit natio-
nal, qui peut varier suivant les statuts locaux, mais qui par suite delà
communauté d'origine, présente, sauf un caractère d'archaïsme plus
prononcé, une similitude à peu près complète avec les institutions ro-
maines '.
Au contraire ils ont le commercium 2. Ils peuvent, pour leurs relations
entre eux et pour leurs relations avec les Romains, recourir à tous les
procédés mis par la loi civile à la disposition des citoyens : mancipation,
in jure cessio, nexum, testament romain où ils peuvent jouer les trois
rôles de disposant, de bénéficiaire et de témoin.
Enfin ils peuvent ester en justice pour les mêmes intérêts devant les
magistrats romains selon la procédure romaine : devant le préteur ur-
bain, comme les citoyens, depuis qu'il y a un préteur urbain et un pré-
teur pérégrin 3 ; et cela non seulement par la procédure formulaire de-
puis la loi Aebutia, mais dès auparavant par la procédure des Actions
de la Loi 4.
III. Acquisition de la cité. —Les Latins peuvent comme les citoyens
et à peu près de la même façon perdre leur qualité en devenant esclaves
ou pérégrins. Ils la perdent en outre et surtout par l'élévation au rang
de citoyens, de laquelle seule il est nécessaire de parler ici.
Les Latins deviennent citoyens ou par le bienfait de la loi, en usant
d'un droit conféré par une loi positive, ou par naturalisation, en vertu
d'une concession gracieuse du peuple ou de ses délégués.
1. Bienfait de la loi. Les Latini veteres pouvaient devenir citoyens en
transportant leur domicile à Rome, d'après une règle remarquable qui
était un débris des anciennes institutions de la ligue latine, une applica-
tion du droit qu'elles donnaient à tout membre de la ligue de devenir
citoyen dans l'une quelconque de
ses villes en s'y établissant. Ce mode
d'acquisition de la cité fut ensuite restreint, dans l'intérêt des villes la-
tines qu'il dépeuplait,
au cas où on les quitterait en y laissant une
postérité (stirpem a se)s, puis il fut supprimé par une loi LiciniaMucia
1. La table de Salpensa, ce. 21. 22. 23, prouve par exemple un régime très
analogue à celui de Rome, pour la palria polestas, la manus, le mancipium, les
•affranchissements. Quant à l'archaïsme, les fiançailles, qui ne faisaient pas naître
d'action en exécution en droit romain historique, en faisaient naître
une, comme
un contrat verbal quelconque, en vieux droit latin jusqu'à la concession du droit
de cité au Latium, d'après Autu-Gelle, 4, 4, qui cite Ser. Sulpicius et Neratius.
'Cf.p. 148, note 4. •
2. Ulpien, 19, 4. Leur droit général en matière de testament résulte des règles
spéciales relatives aux Latins Juniens qu'on verra plus loin.
3. V. Mommsen, Dr. publ., 6, 2,
pp. 220. 221.
4. La preuve en est leur admission à Vin jure cessio qui est
intentée dans les formes des Actions de la Loi. une revendication
5. Avant l'an 577 : Tite-Live, 41, 8. Cf. 39, 3. Sur les expédients employés
tourner cette exigence, cf. Mommsen, Dr. publ, 6, 2, pour
p. 252, n. 1.
110 LIVRE II. — CHAPITRE II
de l'an 659 qui fut elle-même une des causes de la guerre sociale après
laquelle tous les Latins d'Italie acquirent la cité i. En dehors de là, les
Latins quelconques pouvaient devenir citoyens : en occupant dans leur
cité des magistratures, ou même simplement en y faisant partie du sé-
nat municipal, selon que la cité avait le majus ou le minus Latium - : en
vertu des lois sur les concussions, et notamment de la loi Servilia de
l'an 643, en faisant condamner un Romain concussionnaire 3 ; enfin sans
doute par la plupart des modes signalés sous l'Empire comme faisant
acquérir la cité aux affranchis Latins Juniens (p. 125).
2. Naturalisation. Les Latins pouvaient, comme les pérégrins, être
naturalisés soit individuellement, soit collectivement. La naturalisation
fut ainsi accordée collectivement, après la guerre sociale, aux Latins
d'Italie par la loi Julia de 664*. La constitution de Caracalla accordant
la cité à tous les habitants de l'empire dut s'appliquer aux Latins dans
la même mesure qu'aux pérégrins (p. 115).
§ 3. — Pérégrins.
I. Acquisition de la qualité de pérégrin. — Les pérégrins,
peregrini, anciennement hostes 5, ne sont pas, dans le droit romain dé-
veloppé, de véritables étrangers. Les plus anciens d'entre eux ont bien
été des étrangers liés à Rome par des traités. Mais le développement de
la puissance romaine a fait de ceux-là, comme des autres, des membres
de l'État romain. Ce sont des sujets de Rome, les habitants libres de
l'empire qui ne sont ni citoyens, ni Latins.
La qualité de pérégrin se transmet par la naissance suivant les rè-
gles indiquées à propos des citoyens. Quant à ses sources initiales, la
grande source est l'annexion qui, soit à la suite d'une conquête ouverte,
soit en vertu de traités de soumission plus ou moins déguisée, a fait
rentrer dans le cercle de l'autorité romaine, sans en faire des citoyens
ni les réduire en esclavage, les populations de régions toujours plus
étendues. Une source initiale moins importante est la perte du droit de
cité, produite principalement °, sous la République, par l'interdiction de
1. Asconius, In Cornel., éd. Kiessling, p. 59.
2. Gaius, 1.95. 96 (toute la fin due à Studemund, dont la lecture est aujourd'hui
confirmée par le fragment d'Autun). Le minus Latium est déjà connu de la loi Aci-
lia de 631, ligne 78, et a peut-être été créé en 486 pour la colonie d'Ariminum, la
première privée de l'ancien droit des Latini veteres. Le majus Latium apparaît seu-
lement chez Gaius.V. 0. Hirschfeld, R. qéu., 1880, p. 210 et'ss. Beaudouin, .V. R. H-,
1879, p. 111 et ss. Mommsen, Z. S. St., 23, 1902, pp. 46-54.
3/Cicéron, Pro Balbo, 24, 54.
4. Cicéron, Pro Balbo, 8, 21. Aulu-Gelle, 4, 4.
5. Gaius, D., 50, 16, De V. S., 234, pr. Cicéron, De off., 1, 12, 37.
6. Elle pouvait aussi résulter d'une décision directe dépouillant de la qualité de
citoyens soit les habitants d'une ville, soit des personnes individuellement dési-
gnées. Mais les deux choses ont été rares en pratique. V. Mommsen, Dr. publ-,
0, 1, p. 156.
STATUS CIVITATIS. — LES PEREGRINS 111
1. Gains, 1, 128. Ulpicn, 10, 3. V. Mommsen, Dr. publ., 6, 1, pp. 55-57. 157-158.
Slrafrecht, pp. 68-73. Hartmann, De exilio apud Romanos, 1887.
2. /»*/., 1, 16, De cap. min., 2. Hartmann, Z. S. St., 9, 1888, pp. 42-59 ; Momm-
sen, Slrafrecht, pp. 967-968. 975. 976. — C'est probablement aux personnes privées
de la cité à titre de peine que se rapporte le fragment de Berlin, Textes, p. 469,
selon lequel une loi obligeait le préteur à donner action contre certaines person-
nes comme si elles n'avaient pas été mises dediliciorum numéro ; car cette fiction
suppose des individus, qui, avant d'être pérégrins, étaient membres de l'Etat
romain, à la différence des étrangers conquis, et capables, à la différence des
affranchis déditices. V. en sens divers les auteurs cités sur ce fragment, Textes,
p.469.
3. 11 était même défendu aux pérégrins de prendre des noms de forme romaine
(Suétone, Claud., 25. Edit de Claude de l'an 46, in fine, Textes, p. 174). Cf.
Mommsen. Dr. publ., 6, 1,
p. 260, n. 1 ; Henry Michel, Droit de cité, pp. 61-63.
4. Un des rares exemples qui nous paraissent sûrs est le sénatus-consulte cité
par Gaius, 1, 47. Sur l'inapplicabilité générale des lois romaines aux pérégrins,
voir Wlassak, Processgesetze, 2.
pp. 141-182. Cf. Mommsen, Dr. publ., 6, 2, p. 325
'"t ss. ; p. 385 et
ss.
a. On pourrait songer à une différence entre les membres des cités fédérées ou
libres et ceux des cités provinciales ordinaires. Mais, si elle existe
en droit, elle
"ese manifeste guère en fait. V. Mommsen, Dr. publ., 6, 2, pp. 323-324, pour
les Premiers et
pp. 383-387, pour les seconds.
l>. Il existe, à
ce sujet, de nombreux renseignements soit dans les textes juridi-
ques, notamment dans Gaius, soit dans les sources indépendantes. Ainsi,
pour
«2 LIVRE II. — CHAPITRE II
fois les droits civils et les droits politiques : éligibilité, électorat, droit de
servir dans les légions, etc. Le naturalisé est inscrit dans une tribu et il
prend les trois noms romains, en mettant à la place ordinaire l'indica-
tion de sa tribu, en empruntant d'habitude le nom et le prénom du
principal promoteur de sa naturalisation, un peu comme fait, verrons-
nous, l'affranchi pour le patron, et en gardant son ancien nom comme
surnom '.
L'auteur de la naturalisation est indiqué par le caractère de celle-ci 2.
Etant un acte législatif, elle émana d'abord des comices. C'est ainsi que
la cité fut conférée à toute l'Italie après la guerre sociale par la loi Julia
de 664, à la Transpadane par la loi Roscia de l'an 705. Mais elle pouvait
aussi émaner d'un délégué du peuple. Le droit de cité a été ainsi con-
cédé, dès l'époque de la République, soit par les commissaires chargés
de fonder les colonies des citoyens qui pouvaient naturaliser un nombre
fixe de personnes en les y inscrivant 3, soit par les généraux victorieux
auxquels on permettait législativement de naturaliser un certain nombre
de soldats, comme fit pour la première fois Marius en 653 après la
guerre des Cimbres '.
La môme chose fut continuée sous l'Empire par les empereurs, dont
les naturalisations abondantes sont attestées par les nombreux Claudii,
Flavii, Aelii des inscriptions provinciales, et qui devinrent de plus en
plus généreux de la qualité de citoyen, non seulement parce qu'elle avait
moins de prix, mais aussi parce qu'il était avantageux administrative-
ment de la donner. Ils la donnaient, parce qu'elle n'avait pas grand prix,
aux soldats qui ne l'avaient pas, c'est-à-dire aux soldats de troupes
auxiliaires, au moment de leur congé s. Us la donnaient surtout, en
vertu d'une nécessité administrative, dans un autre cas, non pas à la
sortie du service, mais à l'entrée au service, aux soldats enrôlés pour
les légions.La qualité de citoyens était requise chez les légionnaires.Cette
exigence eût dû empêcher d'enrôler les provinciaux, mais, dès l'époque
des guerres civiles, on l'éluda en naturalisant des provinciaux pour en
faire des légionnaires (legiones vernaculae) 6 et on a fait régulièrement
de même sous l'Empire où cela devint plus indispensable encore depuis
1. Cagnat, Cours d'épigraphie, pp. 75-78. Mommsen, Dr. publ., 6, 2, pp. 29.30.
431.432.438.
2. Mommsen, Dr. publ., 6, 1, pp. 148-152.
3. Ainsi Q. Fulvius Nobilior, fondateur des colonies de Pisaurum et de Potcn-
tia, inscrivit dans l'une d'elles, en l'an 570, pour le rendre citoyen, le poète En-
nius qui était originaire de la Calabre (Cicéron, Brut., 20, 79).
4. Plutarque, Mar., 28. Cicéron, Pro Balbo, 20, 21.
5. La concession était faite aux soldats dont les noms suivaient par une cons-
titution qui était affichée à Rome sur des tables de bronze et dont chaque soldat
faisait copier en la forme ordinaire sur un petit carnet de bronze (diptyque) la
partie le concernant. V. Textes, pp. 117-118 et C. I. L., III, suppl., p. 2006 et ss.
6. César, B. c, 2, 20. Cf. Mommsen, Hermès, 19, p. 13.
STATUS CIVITAT1S. — LES PEREGRINS 115
l. —Affranchis citoyens.
§
vingt ans d'affranchir leurs esclaves sans justification d'un motifsérieux '.
Tandis que le maître arrivé à la puberté, c'est-à-dire, dans la doctrine qui
a prévalu, âgé de plus de quatorze ans, peut, en droit civil, librement dis-
poser de tous ses autres biens,la loi Aelia Sentia ne lui permet de disposer
de ses esclaves par un affranchissement qu'enjustifiantd'un motif légiti-
me : parenté en ligne directe avec l'esclave, intention de l'épouser, etc.
La preuve est administrée devant le magistrat assisté d'un conseil com-
posé à Rome de cinq sénateurs et de cinq chevaliers, en province de vingt
personnes inscrites sur les listes des jurys, de vingt récupérateurs.Si la
légitimité du motif est reconnue,l'affranchissementa lieu par la vindicte ;
s'il est fait autrement ou sans justification de motif,il est nul. — 2° La loi
interdit l'affranchissement fait en fraude des créanciers.L'ancien droit ne
s'occupait pas de faire tomber les actes par lesquels le débiteur nuisait à
ses créanciers en se rendant sciemment insolvable ou plus insolvable
(consilium fraudis, eventus damnï) et il n'avait guère besoin de s'en
préoccuper à cause de l'ancienne rigueur de l'exécution contre les insol-
vables, tués ou vendus à l'étranger. Au contraire, des dispositions de
l'édit du préteur, dont l'existence est déjà attestée par Cicéron 2, s'occu-
pèrent de faire tomber ces actes. Mais ces dispositions n'atteignaient pas
les affranchissements.La loi Aelia Sentia leur étendit le système en déci-
dant qu'en pareil cas l'affranchissement serait non pas révoqué,mais nul
dès le principe, que qui in fraudem creditorum manumittit nihil agit 1.
— 3° Elle défend en outre d'affranchir l'esclave avant l'âge de trente ans
sans justification d'un motif sérieux devant le conseil précité *. Au cas
contraire, l'esclave ne devient pas affranchi citoyen, mais seulement
Latin Junien. — 4° Enfin elle défend de rendre citoyens les esclaves qui
avaient subi en captivité un châtiment grave (vincti torlive). Leur af-
franchissement les fit désormais devenir seulement pérégrins.
Nous retrouverons les deux dernières clauses, évidemment destinées
à relever le niveau de la classe des citoyens, en nous occupant des
affranchis Latins et pérégrins ; nous verrons aussi là qu'elles furent
abolies par Justinien. Le même Justinien supprima encore la loi Fufia
Caninia dirigée contre les affranchissements testamentaires en masse,
souvent inspirés par une pure ostentation 3. Il supprima aussi, d'abord
partiellement, puis totalement 6, la clause relative à l'âge du maître en
matière d'affranchissement testamentaire. Il a au contraire maintenu
loi' '*• De jur. pair. Cf. Leist, dans Gluck, série des livres 37-38, tomes 4,
'fl"' ^ 7'
«". pp. 301-627 ; 5, 1879, pp. 1-566.
^-0., 37, 15, De obseq.
Suétone, Caes., 48. Cf. l'époque impériale, Ulpien,/)., 37, Dejur.patr., 1.
• pour
*• Gaius, 4, 46 Inst., 4, 6, De
;
°- D-, 38, 1, De op. lib.
ad., 38.
122 LIVRE II. — CHAH1TRE II
non seulement ces services domestiques, mais des services ayant un ca-
ractère industriel et pécuniaire (operae fabrites,artifïciales)et même des
présents de circonstances (donum,munus)' par une convention expresse
qui faisait alors naître une action en exécution (judicium operarum) '.
L'édit du préteur eut même, dès les premiers temps de la procédure
formulaire, à déclarer inexécutoires certaines conventions trop rigou-
reuses incompatibles avec une véritable liberté3.— 3° Bona ''. Enfin, le
patron et ses descendants tenant lieu de famille à l'affranchi, non seu-
lement il existe entre eux et lui à l'époque récente une obligation ali-
mentaire réciproque B, mais ils ont en face de lui, quand il meurt sans
postérité, un droit de succession ab intestat qui, suivant une corrélation
constante dans l'ancien droit romain, est accompagné d'un droit de
tutelle sur l'affranchi impubère ou du sexe féminin et qui a été renforce
par l'édit du préteur à l'aide d'actions dirigées contre les actes destines
à l'éluder (a. Fabiana, a. Calvisiana).
Ces divers droits de patronat peuvent d'ailleurs disparaître pour le
bénéficiaire à titre de peine, par exemple, quand il intente une accusation
capitale contre l'affranchi °, quand il lui refuse des aliments 7, et d'après
une nouvelle disposition de la loi Aelia Sentia 8, quand il essaie de faire
argent du droit aux operae. Ils disparaissent aussi, dans le droit impé-
rial, par une décision de l'empereur, la restitutio natalium, qui assi-
mile en tout l'affranchi à un ingénu, mais qu'à cause de cela l'empereur
prononce d'ordinaire seulement du consentement du patron °.
2. En droit public, l'affranchi n'a pas le droit d'occuper des magis-
tratures ni celui de siéger dans le sénat qui fait également défaut à se»
descendants au premier degré. Il n'a pas non plus le droit de servir
dans les légions, au moins depuis que les citoyens non propriétaires y
1. Au total, operae, donum, munus, selon la formule de Paul, Sent., 2, 32, l,et
de Valerius Probus, Textes, p. 200, n" 55. — Cf. sur la portée, d'ordinaire exagé-
rée, de la distinction des operae officiâtes et fabriles, Mitteis, Z. S. St., 23, 1902,
pp. 143-148.
2. Nous reviendrons, dans la théorie des contrats, sur les modes de formation
de celte obligation (stipulation, jnsjurandum liberti).
3. Edit de Rutilius.sans doute le consul de 649, préteur en 636 au plus tard (p.h]
fixant le maximum au partage des biens de l'affranchi et suivi d'édits postérieurs
réduisant l'effet de cette clause de partage à une bonorum possessio cerlae parla'-
D., 38, 2, De bon lib., 1, pr. 1. 2.
- Exceplio onerandae libertalis : Ulpien, D.,»- ;
5, Quar. rer. acl. non dat., 1, 5. Paul, D., h. t., 2, 2. —^ Exemption par les lois i
Julia et Papia de celui qui a deux enfants en puissance des operae dona muneri-
D., 38, 1, De op. lib., 37, pr.
4. «.,38, 2, De bonis lib. ,
i:
fe
sont admis. Enfin, quant au droit de vote, depuis que la tribu a été éten-
due aux non-propriétaires, les affranchis sont parqués dans les quatre
tribus urbaines (p. 32). Et l'Empire n'a fait qu'accentuer ces infériori-
tés déjà établies sous la République: les affranchis semblent avoir été
dépouillés du droit de vote à l'époque d'Auguste, ce qui se produisit en
un temps où les comices ne votaient plus guère, mais ce qui se traduit
dans leur nom où la mention de la tribu disparaît alors ; une loi Visellia
de. l'an 24 ap.J.-C.leur défendit d'occuper les magistratures municipales 1. *
Mais, à la différence de ce qui existait sous la République, ils peuvent,
sous l'Empire, être relevés de leurs déchéances politiques par une déci-
sion impériale, non seulement par la restitutio natalium, mais, dès une
époque plus ancienne, par la concession de l'anneau d'or (jus aureorum
amdnrum) ; cette distinction, d'abord réservée aux sénateurs, puis éten-
due aux chevaliers et ensuite aux ingénus, a été accordée par les empe-
reurs, jusqu'à Commode, aux affranchis ayant le cens équestre, depuis
lui aux affranchis quelconques, et elle les assimilait politiquement aux
ingénus sans atteindre les droits de patronat 2. Justinien a déclaré,
dans la novelle 78, accorder à tous les affranchis le jus aureorum anu-
lorum et la restitutio natalium, mais sauf les droits de patronat qui dis-
paraîtront donc désormais par une renonciation du maître et seulement
par elle.
Il y a, pour faire décider si
un individu est l'affranchi d'un autre, une
action propre qui, depuis l'introduction de la procédure formulaire, s'in-
tente entre eux sous la forme d'une action préjudicielle prétorienne
.
De plus la loi Visellia prescrivit des poursuites criminelles contre
1 aflranchi qui usurpait
la qualité d'ingénu 4.
§ 2. — Affranchis Latins.
•
Sont d'abord Latins les affranchis des Latins, car leurs maîtres ne peu-
vent leur donner une condition supérieure à la leur propre '. Mais il
existe une autre catégorie d'affranchis Latins beaucoup plus remarqua-
ble : les affranchis Latins Juniens, Latini Juniani, ainsi nommés d'une
loi que tous les textes sauf lès Institutes de Justinien appellent Juuw,
que les Institutes appellent Junia Norbana. Si elle s'appelait Junia Nor-
bana, elle serait à peu près forcément des deux consuls de l'an 772 ;
mais ce témoignage isolé ne suffit pas à prouver qu'elle porte les deux
*
noms, il est au contraire à peu près impossible qu'elle soit postérieure à
la loi Aelia Sentia de l'an 757 2 et des arguments de fond permettent de,
localiser cette loi favorable aux affranchissements, admettant la validité
de nouveaux modes, entre l'an 710, où Cicéron écrit que l'on ne peut
devenir libre que par le cens, par la vindicte ou par testament, et l'an 727,
date de l'avènement définitif d'Auguste dont le gouvernement a été dé-
favorable aux affranchissements 3. Nous allons indiquer sommairement :
1° quels sont les Latins Juniens ; 2° quelle est leur condition ; 3° com-
ment ils peuvent en sortir pour devenir citoyens.
I. Sources de la latinité Junienne. — Sont Latins Juniens : 1° En
vertu de la loi Junia, les esclaves affranchis sans formes. Les maîtres
avaient pris, dès le temps de la République, l'habitude d'exprimer leur
désir d'affranchir leurs esclaves, en dehors des formes légales, par des
manifestations de volonté orales ou écrites quelconques (inter amkos,
per epislulam). Cela ne rendait pas l'esclave libre en droit; il le de-
venait seulement en fait par une tolérance du maître qui pouvait tou-
jours cesser. Mais le préteur, sans doute ému de revirements scanda-
leux, intervint assez tôt en déclarant dans son édit cju'en pareil cas il
refuserait la vindicalio in servitutem au maître oublieux de sa parole
(comme il refusait la vindicalio in libertalem à l'homme qui s'était
laissé vendre pour partager le prix,p,100). Le résultat était de faire l'in-
dividu rester en liberté de fait, tout en étant esclave de droit, tout en
acquérant toujours pour son maître, tout en procréant des esclaves, si
c'était une femme.La loi Junia créa un droit modelé sur cette situation,
mais plus avantageux pour l'esclave en décidant que les gens ainsi
affranchis sans formes auraient la liberté, mais une liberté spéciale
(propriam libertalem), dont on a exprimé les règles en appelant les
\
un privilège impérial qui d'ailleurs ne supprime pas le droit du patron
sur les biens, s'il est rendu sans son adhésion. La qualité d'affranchis
citoyens fut conférée sans cette restriction à tous les affranchis Latins
par une constitution de Justinien, qui déclara en même temps que les
modes d'acquisition de la latinité Junienne et notamment tous les af-
franchissements sans forme feraient acquérir la cité et qui supprima
donc les affranchis Latins Juniens 2.
§ 3. — Affranchis pérégrins.
Les affranchis sont naturellement pérégrins, quand ceux qui les affran-
chissent le sont eux-mêmes. Les maîtres procèdent alors à l'affranchis-
sement selon les formes établies par leur loi nationale et il produit les
effets déterminés par cette loi 3.
Mais, depuis la loi Aelia Sentia, il y a une autre catégorie, d'affran-
chis pérégrins : ceux dont le maître était citoyen, mais qu'à raison de
châtiments encourus durant la servitude on tient pour indignes de la cité,
tes étaient assimilés aux pérégrins déditices (p.112). Ils ne pouvaient pas
plus qu'eux ni donner ni recevoir par testament, puisqu'ils n'apparte-
naient à aucune cité ; en outre ils ne pouvaient, à la différence des La-
lins Juniens, parvenir en aucun cas à la cité romaine, et ils ne pouvaient
résider à Rome ou dans le rayon de cent milles autour de Rome sans
retomber en servitude 4. Leur condition a également été abolie par Jus-
tinien ".
11y a, soit dans le droit ancien, soit dans le droit nouveau, un certain
nombre de cas où une personne, sans perdre la liberté, ni môme ordi-
nairement la cité, se trouve placée dans une condition voisine de la ser-
vitude. Nous les rassemblerons tous ici, quoiqu'il y en ait plusieurs où
la restriction à la liberté soit plutôt de pur fait que de droitG.
I. Liber homo bona fide serviens. L'homme libre qui se croit
—
l'esclave d'un autre et que cet autre possède lui-môme de bonne foi,
1. Beneficio principali : Gaius, 3,72.
2.C, 7, 6, De Lai. lib. loll., 1. Inst., 1, 5, De liberlinis, 3. ,:
3. Exemple probable dans une inscription de Pamphylie citée Z. S. St., il, 1891,
pp. 303-304, qui, pour des libéralités faites par une femme riche à la population
de la ville, distingue les oivuSixrixpioi, les affranchis par la vindicte de maîtres ci-
toyens, et les ànùeùQspoi, affranchis ordinaires ; mention expresse dans le frag-
ment de Dosithée, 12 : Praelor non permillet manumissum servire nisi aliter legi
peregrina cavealur.
i. Gaius, 1 13. 26. 27.
5. C, 7, 5, De ded. lib. toll., 1. Inst., 1, 5, De liberlinis, 3.
6. Mommsen, Feslgabe fur Beseler, 1885, pp. 251-278.
STATUS CIV1TATIS. — APPENDICE 127
garde bien en droit sa capacité ; mais pourtant il acquiert pour son pré-
tendu maître et non pas pour lui-môme ce qui est acquis par son travail
(ex operis ejus) ou avec les biens de son prétendu maître (ex re ejus cui
servit) l.
II. Addicti, judicati, nexi 2. — Les judicati et les nexi, qui diffè-
rent seulement, croyons-nous, en ce qu'ils sont soumis à la manus in-
je.elio du créancier, les premiers en vertu d'un jugement et les seconds
en vertu d'un contrat, sont, à la suite de cette manus injectio, s'ils ne
paient pas ou ne fournissent pas de vindex, attribués (addicti) par le
magistrat au créancier qui peut, au bout de soixante jours, les rendre
esclaves en les vendant trans Tiberim. Mais auparavant le créancier
emmène le débiteur adictus dans sa prison domestique où il peut le char-
ger de chaînes, où il le garde au moins soixante jours, où en pratique il
le garde souvent bien plus longtemps. Pendant que le débiteur est ainsi
détenu, il est évidemment dans un état de fait de servitude, qui s'exprime
juridiquement par la règle qu'il peut comme l'esclave faire l'objet d'un
vol au préjudice du créancier3.Mais celane l'empêche pas de garder la cité
et la liberté 4. La preuve qu'il garde son patrimoine, sa capacité de con-
tracter, c'est qu'il peut se nourrir de suo " et qu'il peut traiter avec son
créancier, par exemple pour prendre envers lui l'engagement fréquent
en vertu duquel la détention se prolongeait, l'engagement de rester en
servitude jusqu'à ce qu'il l'ait remboursé par son travail r'.
— Une loi
Poetelia Papiria a enlevé cette efficacité au nexum dès l'an 428 de Rome ;
mais la détention du débiteur chez le créancier en vertu du jugement
na pas été abolie par cette loi, et elle a subsisté légalement pendant
toute l'époque classique. Elle n'a disparu qu'avec une constitution de
388 ap. J.-C. qui
a supprimé, au moins en droit, les prisons privées ''.
III. Redempti*.
— Les individus rachetés de captivité par un tiers
sont dans une situation très analogue envers celui qui a avancé les frais
.
de leur
: rançon. Ils sont redevenus libres et citoyens en vertu du postli-
' minium ; niais leur créancier a sur eux jusqu'à ce qu'ils se soient libé-
rés une sorte de droit de gage (vinculum pignoris) '. Cette institution,
qui apparaît dans les textes à l'époque des Sévères, mais qui est cer-
tainement bien plus ancienne, existe encore sous Justinien. Seulement
une constitution d'Honorius et d'Arcadius de l'an 409 alimité à cinq ans
la durée des services par lesquels les redempli sans fortune se libére-
ront envers leurs créanciers 2.
IV. Auotorati 3. — Les individus qui avaient été engagés par un entre-
preneur (lanista) pour figurer dans les jeux du cirque restaient libres
et môme citoyens ; la meilleure preuve en est qu'ils étaient frappés de
certaines déchéances secondaires 4. Mais leur condition était reconnue
comme portant atteinte à leur liberté normale ; elle faisait l'objet d'une
déclaration devant les tribuns 5 ; ils juraient, probablement devant eux
uri, vinciri necarique 6, et ils pouvaient comme les judicati, faire l'objet
d'un voln. Leur existence légale a dû cesser depuis la constitution de
Constantin interdisant les jeux de gladiateurs 8.
V. Personnes in mancipio °. — La mancipii causa est une consé-
quence du pouvoir du père d'aliéner ses enfants. II peut les aliéner
trans Tiberim, et alors ils deviendront esclaves à l'étranger (p. 100). Il
peut aussi les aliéner à Rome et dans le sein de la ligue latine, comme
les autres objets précieux de son patrimoine, comme les esclaves, par
maneipation ; par exemple, dans un but de lucre, pour faire argent de
leurs services ; par exemple, pour faire un abandon noxal, afin de se
soustraire à la responsabilité de leurs délits ; par exemple aussi, à par-
tir d'une certaine époque, à titre d'expédient inventé par les praticiens,
pour atteindre certains résultats artificiels (adoption, émancipation),
grâce auxquels nous avons beaucoup de renseignements incidents sur
l'institution.Et alors la personne ne deviendra pas un esclave,un ««'««s,
i. D., 28, 1, Qui lest, facere, 20, 1 : Quamvis placeal hune servum non esst,
sed vinculo quodam retineri donec prelium solvat.
2. 6*., 8, 50 (51), De postlim., 20.
3. Cf. Mommsen, Eph. ep., VII, p. 410. Feslgabe fur Beseler, p. 262. Dr. p\M-<
3, p. 3S0, n. 5. B. Kuebler, Dizionario epigrafico di Anlichità, 2, 1893, p. 709.
4. L'édit du préteur les déclarait incapables de postuler pour autrui (D.,3.1,
De poslul., 1, 6), la loi Julia municipalis, ligne 112, les exclut du décurionat mu-
nicipal ; ils étaient en outre privés des droits de chevalier (Pseudo-Quintilien.
éd. Ritter, Declam. 302).
5. Sénatus-consulte sur les jeux de 176-177, ligne 62 : Is qui apuil tribimi*
plebei c. v. sponle ad dimicandum profitebilur. Il est probable que le tribun véri-
fiait aussi le prix convenu, qui d'après le sénatus-consulte ne pouvait dépasser
2.000 sesterces, sans doute aûn d'empêcher cette ressource d'être trop attrayant'
pour des jeunes gens de grande famille ruinés. Cf. Eph. ep., loc. cit.
6. Porphyrio, in llor. sat., 2, 7, 58. 59.
7. Gaius,' 3, 199.
8. C, 11, 44, De glad. pen. toll., 1.,
9. De Ihering, .%»•!( du dr. R., 1,'p. 179 et ss. Pernice, Labeo, 1, PP- ie8"lî''
.
1. Gaius, 1. 141. Si. comme l'admettent plusieurs, cette action est donnée à la
personne in mancipio elle-même, c'est là une dérogation évidente au principe que
la personne in mancipio rend le maître créancier (p. 129, n. 6).
2. Gaius, 4, 80.
3. Gaius. 1, 135.
4. Gaius, 1, 139.
5. Cela se présente certainement au temps de Papinien pour celui qui, après
avoir été l'objet d'un abandon noxal, a indemnisé sa victime par son travail (Coll.,
2, 3, 1). 11 est beaucoup plus difficile de savoir jusqu'à quel point les autres per-
sonnes in mancipio pouvaient auparavant obtenir leur libération malgré le maître
au moment du cens, comme paraît le dire Gaius, 1, 140. En tous cas, il paraît bien
certain que l'affranchissement n'avait pas alors lieu de plein droit à l'arrivée du
cens, comme l'a d'abord soutenu de Ihering, Esprit du Dr. r., 2°, p, 179, mais de-
vait être demandé par l'intéressé, comme le même auteur l'a admis dans ses der-
nières éditions, en tenant compte des observations de Schmidt.
6. Bibliographie jusqu'à 1876 dans Heisterbergk, Enlslehung des Kolonats, 1876.
Nous citerons surtout dans la littérature postérieure : Mommsen, Hernies. 15, 1880,
pp. 385-411 ; Fustel de Coulanges, Recherches sur quelques problèmes d'histoire,
1885, pp. 3-145 ; Karlowa, R. R. G., 1, pp. 918-929 ; Esmein, Mélanges, pp. 293-321 :
et Cours élémentaire, pp. 22-25. 0. Seek, dans Pauly-Wissowa, IV, 1, 1900, v. j
Colonalus.
7. C. Th., 5, 9 et ss. C, 11, 48 (49) et ss.
8. C, 11. 52 (51), De col. Thrac, 1,1: Licet condicione videanlur ingenui, servi
tamen terrae ipsius cui nali sunt aeslimantur.
STATUS CIVITATIS. — APPENDICE 131
principe plaider contre lui, il peut être revendiqué, s'il déserte le fonds.
Mais, à la différence de l'esclave, il n'est lié qu'à la terre. Par suite, il
ne peut pas en ôtre séparé, le maître ne peut aliéner ni la terre sans lui,
ni lui sans la terre ; le maître ne peut modifier la condition de leur
rapport, augmenter la redevance : c'est un des cas où il est permis par
exception au colon de plaider contre lui ; le colon peut se marier, ôtre
propriétaire, créancier ; mais il n'a pas en règle le droit d'aliéner : son
patrimoine est garant de l'impôt et de la redevance.
Cette condition résulte : 1° de la naissance ; dans le droit des novelles,
il suffit que l'un ou l'autre des parents soit colon ; 2° d'une convention,
quand un homme libre se fait par misère le colon d'un autre qui lui
donne des terres ; 3° de dénonciation : on attribue à un maître comme
colons les mendiants valides qu'il a dénoncés ; 4° de la prescription tren-
tenaire. Les causes du colonat sont donc beaucoup plus larges que celles
de l'esclavage. A l'inverse,les modes d'en sortir sont beaucoup plus rares.
Il ne peut disparaître, ni par affranchissement, ni par prescription ex-
tinctive depuis Justinien ; il peut seulement s'éteindre par l'acquisition
du fonds ou par l'arrivée à l'épiscopat.
La principale difficulté soulevée par le colonat se rapporte aux deux
questions connexes et très obscures de sa date et de son origine histori-
que. Le premier texte qui en parle tout à fait explicitement est une cons-
titution de Constantin de l'an 322 ^et son existence s'explique parfaite-
ment à cette époque où l'État, pour assurer les divers services publics,
tend à rendre héréditaires et forcées un certain nombre de fonctions,
à l'exercice desquelles il a un intérêt direct ou indirect : ainsi celles des
soldats qui gardent les frontières, dans un intérêt militaire ; celles des
curiales, pour assurer la rentrée des impôts ; celles des boulangers de
la capitale,
par exemple, pour assurer les subsistances ; de même celles
des colons, dans l'intérêt
commun de l'impôt et des subsistances. Il est
beaucoup plus délicat de dire quand et comment le colonat s'est intro-
duit. Cependant des documents récemment découverts portent à ad-
mettre pour lui un développement sensiblement plus ancien, accompli
d'abord,
croyons-nous, dans les domaines impériaux 2.
Dargun, p. 100.
STATUS FAMILIAE. — PATRIA POTESTAS 135-
§ 1. —
Pouvoirs du paterfamilias sur les personnes in patria potestate 1.
tria potestate, jusqu'à ce que la puissance ait été épuisée par les inan-
cipations successives des XII Tables, peut-être sans cette réserve avant
les XII Tables. — Il peut frapper les personnes en puissance paternelle
de tous les châtiments corporels, même delà mort (jus viiac iiecisqur),
en étant à la vérité, plus nettement obligé que pour les esclaves de con-
sulter un conseil de parents, mais sans ôtre forcé de suivre ses avis '.
— Enfin elles ne peuvent se
marier sans son consentement, qui était
sans doute môme le seul pris en considération à l'origine, et quand c'est
une personne du sexe masculin qui se marie, c'est, en vertu des règles
générales qui régissent les acquisitions d'une personne en puissance,
lui et non pas elle qui acquiert la puissance sur les enfants du mariage,
(nepoles, neples), et, au cas de mariage avec manus, sur la femme elle-
même qui,étant loco fîliae marili,est en face du père du mari loco neptis.
Quant aux biens, le fils de famille est peut-être théoriquement ca-
pable, à la différence de l'esclave, comme l'opinion dominante l'admet
en reportant dans le passé les principes admis à l'époque classique.
Mais, en pratique, les résultats de ses actes par rapport au père sont
sensiblement les mêmes que ceux des actes de l'esclave. — Au point de
vue actif, il a peut-être, à la différence de l'esclave, un pouvoir propre
d'acquérir en son nom la propriété, les créances, les hérédités ; mais
en tout cas, ses acquisitions vont comme celles de l'esclave nu paterfa-
milias 2. En conséquence : l°ilest peut-être théoriquement capable d'es-
ter en justice ; mais il ne peut pratiquement figurer comme demandeur
dans les Actions de la loi où l'on ne peut plaider qu'en son nom propre ;
car il lui est impossible de dire qu'il est propriétaire, créancier, puisque
par son acte c'est le père qui l'est devenu 3 ; 2° si le père lui laisse un
bien entre les mains, la propriété ne reste pas moins au père, absolu-
ment comme celle des biens laissés entre les mains de l'esclave. Ces
Mens constituent, comme ceux remis à l'esclave, un pécule (pecidium
profeclicium, c'est-à-dire apalreprofeclum,A\sei\ï les commentateurs);
le père ne peut lui en faire passer la propriété, puisque les acquisitions
du fils lui reviennent mécaniquement. — Au point de vue passif, on
dit d'abord qu'il est comme l'esclave capable de s'obliger par ses délits,
en ce sens qu'ils fonderont durant la puissance une action noxale contre
le paterfamilias et au moins après la fin de la puissance une action
directe contre lui : nous savons déjà (p. 93) que cette solution,expliquer
par l'idée de capacité à l'époque moderne, ne l'implique pas dans lu
principe. On dit en outre très généralement qu'il peut s'obliger par ses
1. Coll.. 4, 8, 1 : Cum palri lex regia dederit in filium vilae necisque polestalem-
Denys. 2, 26. 27 (Textes, p 6). Cf. Mommsen, Slrafrecht, p. 617 et ss.
2 Gaius, 2, 86. 87.
3. Gaius, 2, 90, en lire la conséquence en matière de revendication simulée,
d'in jure cessio.
STATUS FAMILIAE. PATRIA PROTESTAS 13Ï'
—
contrats : nous verrons que c'est fort douteux. — Mais, en tout cas,
par rapport au père, le fils joue un rôle symétrique à celui de l'esclave :
au point de vue actif, il acquiert pour lui ; au point de vue passif, il ne
peut l'obliger, sauf la possibilité de l'action noxale, au moins jusqu'à
l'époque où le préteur a admis pour tous deux les actions adjeciiciae
qualitatis (p. 139).
Enfin, par un dernier terme de ressemblance avec la puissance domi-
nicale, cette puissance dure toute la vie du père. A la différence de la
plus ancienne puissance familiale qui, fondée sur la force physique, dis-
paraissait sans doute avec elle, quand le chef de famille vieillissait ', à la,
différence de la puissance moderne qui, fondée sur l'intérêt de l'enfant,
finit avec cet intérêt, à la majorité de l'enfant, la puissance paternelle
romaine ne finit qu'à la mort du père. Non pas seulement quel que soit
l'âge du père, mais quel que soit l'âge du fils, quels que soient sa condi-
tion sociale, son rang politique. 2, il reste avec tous les siens in potestate.
11 reste soumis au droit de vie et de mort, dont on a vu des pères user
1- Cf. Schrader. p. 547 : de Ihering, Indo Européens avant l'histoire, pp. 49 et ss.
sJ78
el ss.
—
Le lils de famille peut,
sans sortir de puissance, être magistrat: Pomponius,
"• i, 6, De lus qui sui juris, 9.
3. Ainsi cou ire le complice de Calilina A. Fulvius, Salluste, Cat., 39, 6. Val.
Max., 5, 8, 5. Cf. Dion Cassius, 37, 36.
4. lrajan force
un père qui avait maltraité son dis à l'émancipor : D., 37, 12, Si
138 LIVRE II. — CHAPITRE III
a par. quis man., 5. Hadrien punit de la déportation un père qui avait tué son fils
après avoir été offensé par lui : /)., 48, 9, Ile leg. Pomp., 5. Si, dit Ulpien, sous les
.Sévères, le fils mérite la mort, le père ne doit pas le tuer, mais le déférer au ma-
gistrat qui statuera: l>., 48, 8, Ad leg. Corn, de sic, 2 Constantin décide que le
père qui tue son enfant est coupable de parricidium : C, 9, 17, De his qui par., I.
1. Chez nous, le magistrat ne peut prononcer qo mi bref emprisonnement, à
Rome, il peut infliger toutes les peines ; chez nous le droit de correction existe
seulement jusqu'à ce que l'enfant ait un certain âge, à Rome, quel que soit son
âge, soit pour la modica casligalio. soit pour les peines prononcées par le magistral.
2. Paul, Sent. 5, 1, 1. Constantin. C, 4, 43, De patribus qui fil dislrax., 2. F.
V., 34. Paul spécifie que la mise en gage est défendue sous la peine de la dépor-
tation, Constantin que l'enfant pourra être racheté par la restitution du prix nu
d'un esclave équivalent.
3 Un texte de Paul, Sent.. 2. 24, 10, affirme positivement la prohibition ; mais
il n'est pas 1res probant parce qu'il nous a été transmis seulement par le Digeste,
25, 3 De agnosc. lib., 4. La loi inobservée dont parle Tertullien. Ad nal 1 15,
.
est probablement la loi royale de Denys (p. 135. n. 4). Cf. Mommsen, Slrafrecht,
pp. 019-620, où l'on trouvera aussi les textes relatifs au droit do tuer les nou-
veau-nés, dont le droit d'exposition est une conséquence. Le premier lexle sûr,
en sens contraire, est une constitution de Vafenlinien lor de l'an 374, C, 9, 10, ^rf
leg. Corn, de sic, 7 (8).
4. Ulpien, D., 6, 1, De R. V., 1. 2: Peluniur igilur aut praejudiciis auitinter-
diclis aut cognitione praeloria. Le préteur qui intervient là par voie rie cognilio,
est, d'après M. Pernice, non pas le préteur urbain, qui interviendrait là comme
ailleurs par voie de délivrance d'action, mais le préteur extraordinaire de libera-
libus causis signalé p. 102, n. 2, et p. 123, n. 3. Et il faut, croyons-nous, interpréter
STATUS FAMILIAE. -PATRIA POTESTAS 139
'
^ Paul, D.. 22, \Deprob., 8.
Gains, D 44, 7, De 0. et A., 39 Filius familias ex omnibus causis tamquam
.
Paterfamilias obligalur
:
et ob id agi cum eo tamquam cum pâtre familias potesl.
* D.. 49, 17 f)e castr_ pec ci\ Fitting, Das caslrense Peculium, 1871.
*• Macer, D., h t.. 11.
„' ;,'!si'' ^ 12. Quibus non est perm., pr.
»• Ulpien, D h. t., 2.
'• V. par ex. ,C., 12, 30 (31), De castr. omn. palal. peculio.
140 LIVRE II- — CHAPITRE III
g 2. — La parenté civile :
heredes sui, agnaii, gentiles. — La cognation.
chef de famille. Ces personnes sont les heredes sui. Les fils prennent
leur part du patrimoine commun et acquièrent à leur tour la puissance
sur leurs descendants et sur leurs femmes in manu. Les filles et les
femmes, qui ne peuvent avoir personne en leur puissance *, reçoivent
au moins leur part des biens.
2. Ce morcellement ne rompt pas toute espèce de liens entre ceux qui
ont été sous la même puissance. Le lien subsiste pour maintenir une
parenté entre ceux qui ont été soumis à la puissance et môme ceux qui
n'y ont pas été soumis, mais qui y auraient été soumis sans la mort 2.
Tous ceux qui auraient été sous la puissance du paterfamilias s'il avait
vécu indéfiniment restent unis par une parenté civile, Yagnalion (ad-
gnalio, agnalio), qui produit des effets religieux, qui surtout a pour
effet civil de créer des droits de succession et de tutelle. La succession
ab intestat des agnats qui meurent sans héritier sien, comme font tou-
jours les impubères et les femmes, ira à l'agnat le plus proche. L'agnat
le plus proche aura la tutelle des agnats tenus pour incapables de gérer
leurs propres affaires, comme sont les enfants mâles jusqu'à la puberté,
comme sont pendant toute leur vie les personnes du sexe féminin, qui
ne deviennent donc sui juris que pour tomber sous la tutelle de leurs
agnats les plus proches, de leurs frères pour les filles, de leurs fils pour
les femmes in manu, réputées les filles de leurs maris et par conséquent
les soeurs de leur fils.
Dans cette parenté qui, étant basée sur la puissance, ne peut s'appli-
quer ni aux descendants par les filles 3, ni aux descendantes sorties de
la famille par un mariage avec manus, ni plus largement aux descen-
dants qui en sont sortis par une cause quelconque (capitis deminutio),
dans laquelle sont seulement compris les descendants par les mâles qui
n'ont pas subi de capitis deminutio, la proximité de la parenté se cal-
cule par le nombre des degrés (gradus), en supposant un escalier re-
montant à l'auteur commun où chaque marche est occupée par une
génération. Le nombre des degrés est celui des marches qu'il y a à
monter d'une personne à une autre, pour la parenté en ligne directe,
pour les personnes qui descendent l'une de l'autre ; pour l'agnation,
parenté en ligne collatérale entre gens qui descendent d'un auteur
commun, on l'obtient en totalisant les degrés qu'il faut monter de cha-
cun à fauteur commun, en comptant à la fois les marches qui vont de
!• Ulpien, D., 50, 16, De V S., 195, 2 : Mulier autem familiae suae et caput et
finis est.
« Ulpien, D., 50, 10, De V. S., 195, 2 : Communi jure familiam dicimus omnium
M9natorum. :
nam etsi paire familias mortuo singuli singulas familias habenl. lamen
nnes qui sub unius potestate fuerunt, recte ejusdem familiae appellabuntur qui
Memdomo et génie prodili ex
sunt.
d- On est l'agnat du frère
de son père, mais non du frère de sa mère.V. p. 145,
144 LIVRE II. — CHAPITRE III
sance paternelle ne furent écartés que par Justinien, qui mit à la place,
comme base de la parenté et des droits qu'elle peut fonder,le lien du sang.
Mais il y avait alors déjà bien des siècles que le système de la parenté
civile, de Yadgnalio, était battu en brèche par celui de la parenté du
sang, de la cognatio dont la réforme de Justinien achève seulement le
triomphe. Les cognats sont les parents par le sang, sans distinction de
ligne ni considération de puissance. On regarde comme y étant compris
tous les agnats 3, mais on y comprend aussi tous les parents par le sang
qui ne sont pas des agnats, c'est-à-dire les descendants par les mâles
qui ont fait l'objet d'une capitis deminutio, et les descendants par les
femmes 4.0r cette parenté naturelle 5, dont les degrés se comptent exac-
tement comme ceux de la parenté civile, a, tout au moins quand elle se
maintient à un chiffre de degrés suffisamment proche, été progressive-
d'nne manière un peu irrégulière que laissent apercevoir les textes. V. Mommsen,
Dr. publ., 6 1, pp. 72. 82-83.
t autres systèmes principaux sont: 1° celui de Niebuhr selon lequel la
Les
gens serait une subdivision politique de la curie, formée de 10 familles, comme
la curie de 10 génies et la tribu de 10 curies. Mais ce système est basé sur un
texte mal compris de Denys, 2, 7 (cf Mommsen, 6, 1, p. 216, n. 1) ; en outre et
siirldut il suppose une symétrie inconciliable avec le jeu des naissances et. des
décès qui fera perpétuellement varier le nombre des familles de chaque gens et
même le nombre des gentes; 2° un autre, d'après lequel les genliles seraient les
aftnals à partir d'un certain degré ; mais alors Gaius, 3, 17 (n. 2), ne pourrait
pas dire les droits de gentilité en désuétude ; 3° un autre système longtemps en
vogue parmi les romanistes français (Ortolan, 3, pp. 30-43, encore admis pur Petit,
PP 90-93) selon lequel les gentils seraient les membres de la famille du manu-
missor par rapport à ceux de la famille du manumissus. Il y a là en effet un lien
de gentilité ; mais
ce n'est qu'un côté de la gentilité. Elle existe passivement à
la charge de la famille de l'affranchi au profit de la famille de l'auteur de l'affran-
chissement, et cela a même provoqué des conflits, quand les plébéiens ont plus
ou moins légalement essayé de se constituer en gentes. Un exemple concernant
les Claudii et leur droit de succession genlilice
en face de la slirps plébéienne des
Marcelli, est cité
par Cicéron, De oral.. 1, 39, 176, comme ayant donné lieu à pro-
cès dans le dernier siècle de la République. Mais la gentilité existe, avant tout,
activement et passivement, entre les membres complets des génies patriciennes
e', en tant que l'usurpation a été admise, des génies plébéiennes réciproquement
appelés à la succession et a la tutelle les uns des autres.
- Gaius, 3, 17 : Cum illic admonuerimus lolum gentilicium jus in desueludi-
nem abiisse.
Ulpien, D., 38, 10, De grad., 10, 4 : Inler adgnatos iqilur et cognatos Iioc
•'•
,
miercst. qnod inter genus et speciem ; nam qui est adgnalus, et. cognalus est.
*• Modestin, D., 38, 7, Und leg., 5,
pr. : Verbi gratia palris frater, id est pa-
ruus, et adgnalus est et cognalus ; matris aillent frater, id est avunculus, cogna-
'"» e«. adqnatus
non est.
o. La cognatio elle-même présente à vrai dire un caractère artificiel à deux
l'oints de vue opposés
: on la considère comme existant avec tous les agnats,
,meme non parents le sang ; on ne la considère comme existant avec les pa-
lenls par le sang
par
en ligne masculine qu'autant que la paternité est une paternité
™ mariage légitime.
10
146 LIVRE II. — CHAPITRE III
qu'il pouvait y avoir mariage, sans que la femme fût passée sous l'auto-
rité du mari, et depuis, le mariage nouveau n'a cessé de gagner en fré-
quence jusqu'à la disparition totale de la manus. C'est un nouvel aspect
de la transformation de la famille. Le pouvoir du chef de famille a été
restreint sur la femme comme sur les esclaves, comme sur les enfants,
comme sur les personnes in mancipio. Mais la restriction des pou-
voirs du mari résultant de l'admission du mariage simple a été la plus
ancienne. Elle a été la première brèche au vieil édifice patriarcal.
Nous allons simultanément étudier les deux formes de mariage, en
prenant leurs conditions de forme, leurs conditions de fond, leurs modes
de. dissolution et leurs effets.
il'une incapacité partielle de postuler pour autrui, disait l'édit (Textes, p. 133).
Mais c'est précisément la reconnaissance du droit de
rompre les fiançailles Au
contraire, en droit nouveau, celui qui a fait, des présents de fiançailles et qui
rompt les liançailtes san* motif est frappé d'une véritable peine, la perte des pré-
sents qu'il a fajts (arr/;ae sponsaliciae, donatio aille nuptias : Constantin, C. 5, 3,
De d. mil.
nupl., 15). Le même Constantin décida, en parlant de l'usage chrétien
du baiser de fiançailles,
qu en cas de décès survenu après ce baiser (osculo inler-
vemenie) la fiancée ou ses héritiers conserveraient fa moitié de ces présents (C,
°, 3, De d. aut nupl 16 ; livre syro-romain, texte de Londres, S 91, et Esmein,
Mélanges, ,
p. 416).
C'est pour oe|a qu'elles peuvent être faites avant que l'âge des fiancés no
'onde le mariage possible, à partir du moment où ils ont, l'âge de sept ans, dit un
'il
'«le probablement interpolé, D., h t., 14 (p. 199, n. 1).
-• hamS, } iiO: Usu, farreo, coemplioue.
Connus plus complètement par la dernière lecture de Gaius, 1, 112. Sur
'.. autresformalités, v. Karlowa, p. 154 et ss. Analogies présentées par les cou-
"mes finnoises, Smirnov, Populations finnoises de la Volqa et de la Kama, 1898,
PP. 121-122. -i >
4. (iaius, I. M:j,
150 LIVRE IL — CHAPITRE 111
cipation. Il y avait, dit Gaius, une différence dans les paroles, mais les
formes étaient les mêmes *.
Enfin Vusus est à la coemplio ce que l'usucapion est à la mancipation.
C'est l'acquisition par la possession prolongée. Quand il n'y a pas eu de
coemptio ou encore quand il n'y a pas eu de coemptio régulière, la femme
tombe néanmoins sous la manus au bout d'un an. Seulement la loi des
XII Tables règle déjà un procédé par lequel la femme pourra interrom-
pre cette prescription. Elle n'aura pour cela qu'à découcher trois nuits
avant l'expiration de l'année (usurpalio trinoctiï) '2.
Des trois procédés, celui qui disparut le plus tôt fut Vusus. 11 existait
encore au temps de Cicéron. Gaius le représente comme disparu, partie
en vertu des lois, partie par désuétude.Laconfarréation paraît aussi être,
devenue de bonne heure peu fréquente, car, au temps de Tibère, on
eut peine à trouver trois patriciens nés de pareils mariages entre qui
prendre un flamine de Jupiter. Afin d'enrayer cette désuétude, une loi
rendue en l'an 23 ap. J.-C. décida, certainement pour les femmes des
flamines de Jupiter, beaucoup moins sûrement pour les autres femmes
mariées farreo, que cette cérémonie les ferait passer sous l&manus seu-
lement au point de vue religieux et non au point de vue civil 3. Mais,
tout au moins avec cette portée restreinte et dans le cercle du clergé, la
confarreatio a subsisté encore longtemps, sans doute jusqu'à la chute du
paganisme *. Quant à la coemptio, elle survit encore, comme institution
sérieuse associée à un véritable mariage, au début de l'Empire et même
au temps de Gaius 3. Mais elle est en outre utilisée alors, à titre d'expé-
dient, pour atteindre des résultats étrangers au but de la loi, dans trois
hypothèses indiquées, la première par Cicéron, les deux autres par
1. Gaius, 1, 123. Les mots dits parla femme, Ubilu Gaius, ibi ego Gaia (p. 104,
n. 1) paraissent mis par Cicéron, Pro Mur., 12, 27, dans une relation avec I*
coemplio. Boèce, in Topic, 3, 4 (Textes, p. 467) parle aussi, en invoquant 1rs
Institutes d'Ulpicn, d'interrogations que s'y seraient faites les époux, proba-
blement avant la coemplio proprement dite et c'est probablement ce qui avec le
nom même de l'acte, a conduit des auteurs de basse époque à l'idée niaise d'a-
chat réciproque des deux époux l'un par l'autre.
2. Gaius, 1, 111. Aulu-Gelle, 3, 2, 12.
3. La logique du but poursuivi demanderait la suppression des elfets civils de
la manus non seulement chez les femmes des flamines, mais chez toutes les fem-
mes mariées farreo ; mais Tacite, Ann., 4, 16, ne parle que du mariage du flamine
et ce n'est que par une restitution arbitraire qu'on fait donner à Gaius, 1, 13»,
une solution plus large.
4. Inscription postérieure à l'avènement de Commode d'un sacerdos confarrett-
tionum- et diffarrealionum : C. I. L., X, 6662. Ulpien, 9, 1, en parle encore au
présent sous Caracalla.
5 La laudatio dite de Turia, Textes, p. 777 et ss., en donne au moins deux
exemples concrets, au début de l'Empire, la coemptio faite entre le père de la
morte et sa femme d'après la ligne 14, et celle faite entre la soeur de la morte c
son mariCluvius, d'après la ligne 16. Gaius, I, 113. 114, parle encore au présent
de la coemplio rnalrimonii causa. Papinien et Paul parlent aussi de convenu» »'
manum, Coll., 4, 2, 3.4, 7, 1, mais sans en préciser la source.
STATUS FAMILIAE. — MANUS ET MARIAGE 151
nilé du mari dont jouissent les enfants conçus dans le mariage (p. 107!; par
exemple pour savoir si une donation est valable comme faite entre fiances ou
nulle comme faite entre époux.
1 Paul, Seul., 2, 19, 8: Vir absens uxorem ducere polest ; femina absens nu-
bere non polest. C'eslle texte fondamental dont la solution est très clairement
expliquée par Pomponius, D 23, 2, De R. N., 5. Parmi les textes qu'on invoque
,
en sens contraire, le principal, Seaevola, "., 24, 1, De d. int. vir. et ux , G(i, se
rapporte au cas où les deux époux sunt dans le mémo lieu et l'ont partir le com-
mencement de la vie commune du moment qu'ils veulent, d'autres comme D., &><
I, Decond., 15 (p. 151, n 5), soulignent le consentement pour exclure la nécessité
d'autres éléments ; un autre, D., 23, 2, Ue R. N., 33, est relatif à la malière des
peines du célibat. Cf. Aeeurius, 1, n» 80
2 La rédaction d'un instrumenlum dotale a été requise par Justinien pour le
mariage des personae illustres (nov. 22, c. 3: nov. 117, c. 4) et pour celui du
concubin avec la concubine (C 5, 27, ne nal. lib., 10).
3. D ,23, 2, De R. ,V., 24. C, 5, 4, De Vupl., 22; 23, 7.
4. Ulpien, 5, 2 : Juslum matrimonium
,
est si inter eos, qui nuptias contrahunt,
STATUS FAMILIAE. - MANUS ET MARIAGE 153
père, s'il est encore vivant (par exemple après l'avoir émancipée), et à
défaut du père, par la mère et les autres proches '.
2. Il faut, pour le mariage, que le mari soit pubère et la femme nu-
bile. A l'origine, cette aptitude aux oeuvres du mariage se constatait en
fait. Mais l'examen individuel fut de bonne heure écarté pour les filles
et remplacé par un âge fixe, l'âge de 12 ans. Pour les garçons, la règle
ancienne s'est maintenue plus longtemps : elle paraît avoir encore été
soutenue pendant toute la durée de l'époque classique, en face de l'âge
fixe de 14 ans qui avait déjà été proposé par les Proculiens et qui fut
définitivement adopté par Justinien 2.
3. A la différence des deux premières conditions qui sont absolues,,
dont le défaut empêche le mariage avec toute personne, le conubium est
en grande partie une condition relative, nécessaire pour que deux per-
sonnes aptes d'une manière générale à se marier, puissent se marier
entre elles. On y rattache bien, en le considérant, au sens large, comme
l'aptitude à contracter mariage 3, certaines conditions absolues : celle
tenant à la liberté, qui exclut les esclaves du mariage '", celle tenant à la
cité, quien exclut également les pérégrins, à moins qu'ils n'aient reçu la
concession spéciale du conubium 3. On pourrait encore y rattacher l'in-
capacité de se marier qui frapjpe les soldats sous les drapeaux jusqu'au
1. Gaius, 1, 59
2
= Inst., 1, 10, De nupt , 1.
Fragment reproduit Hermès, 3, 372: Livius libro vicesimo (de 513 à 525).
p.
fi. Celhis (lisez Cloelius) patricius primus adversus velerem morem intra septi-
mum cognalionis gradum duxit uxorem. CT. Tacite, Ann., 12, 6.
3 Tile-Live, 42, 34, 3. Cicéron, Pro Clueni., 5, 11.
4- Gaius, 1, 60
= Inst., 1 10, De nupl., 2, 2
o. Gaius, 1, 62. Abrogé dénnitivement en 342, C. Th., 3, 12, De inc. nupl., 1.
e- C. Th., 3, 10, Si nupl
ex. rescr., 1. 3, 12, De inc. nupt., S, et pour l'abro-
gation, C, 6, 4. De nupl 19. Inst., 1, 10. De nupt., 4.
1- Cf Modestin, D., 38,. 10, De grad., 4. 3-5.
8. Sans cela la mère de Cluenlius n'aurait
Pro Clueni., 5, 14.
pas pu épouser son gendre. Cicéron,
"• Gaius, 1, 63. Inst., 1, 10, De
nupl., 6-8.
10. C. Th. 3, 12, lie inc.
nupl., 2. C, 5, 5, De inc. nupl., 5.
J1- U-, 48, 5, Ad leg. Jul. de ad., 41 (40),
\2- O., 23,2, De fi. lY., 59; 60.
pr.
3- "-, 23, 2, De R. TV., 65.
u- C., 1, 9, De Jud., 6.
158 LIVRE II. — CHAPITRE III
1- D., 24, 2,. De divorl., 6. où cette solution est attribuée à Julien. Interpola-
tion voisine, D, 49, 15, De capl., 8, in fine. V. pourtant contre l'interpolation,
Karlowa, H. H G., 2, p. 121, qui rattache, avec Bruns, ce délai aux lois Julia et
rapia Puppaea.
2. L'argument porte encore pour le droit de Juslinien (Inst., 1, 10, De nupt.,
Pr- Juslas nuplias inler se cives Romani conlrahunt). On rencontre pourtant sous
lui et bien auparavant, des textes qui disent que le mariage pourra subsis-
ter si l'autre conjoint y consent (Ulpien, D., 48, 20, De bon. damn., 5, 1. Alexan-
dre Sévère, C. 5, 17, De repud., 1. Constantin, C, 5, 16, De don inl. vir. elux.,
24). On les entend d'ordinaire d'un mariage de droit des gens se substituant au
mariage romain antérieur et c'est certainement le cas où l'existence de ce ma-
riage formé par un pérégrin sine civitale, non pas d'après un droit local pérégrin,
mais d après le jus genlium, serait le plus soutenable. Mais cependant les plus
récents de ces textes surtout s'entendent peul-être plus aisément d'un mariage
Mcieu maintenu par faveur que de la formation d'un mariage nouveau ; v. Hart-
mann, Z S. St.. 9, 1888, pp. 46-50.
3- ïryphoninus, D., 23, 2, De R. N., 07, 3. Il en est sans doute de même avant
Justinien lorsque le mari d'une affranchie devient sénateur : C., 5, 4, De nupt,,
28, pr.
4- Festus,
v. Diffarrealio. Inscription citée p. 150, n. 4.
160 LIVRE H. — CHAPITRE III
1. Gaius, 1, 115. 118. 127. Festus, v Remancipalam. C'est sans doute par un
simple hasard que ce procédé de dissolution se Irouvo indiqué seulement pour
le cas de coempl'o et, non pour celui â\isus. On pourrait plutôt se demander s'il
ne devrait pas logiquement être applicable à la femme mariée farreo elle-même.
2. La logique, la tradition (Plut., Rom., 22) elles formes de la remancipalio
sont d'accord dans ce sens.
3. Gaius. 1, 137.
4. C'est par erreur que les anciens ont cité comme le plus ancien exemple
celui de Sp Carvilius Ruga, placé par Denys sous les consuls de 523, par d'autres
sources en 519, 520, ou 527. Exemple de l'an 447, chez Valère Maxime, 2, 9, 2.
5. V. pour les preuves, Marqiiardt, Vie privée des l'omains 1, p. 85 et ss.
(i. V sur ces doctrines, Esmein, Mariage
en droit canonique, 1891, 1, p. G* et
ss., 2, p. 48 et s.
7. Justinien, nov 117, c. 10, le défend à moins qu'il n'intervienne en vertu
d'un vreu de chasteté des deux époux. Justin 11 le permit de nouveau dans la
novelle 140.
8. Cf. Zeumer, Neues Archiv, 24, 1899, pp. 020-622.
STATUS FAMILIAE.— MANUS ET MARIAGE 161
une notification adressée par l'un des époux à l'autre devant sept témoins,
qui, à l'époque impériale, se faisait ordinairement au moyen d'un mes-
sage écrit porté par un affranchi (libellus repudii) '. De plus, le droit du
père de rompre le mariage de la fille malgré elle a été supprimé plus ou
moins intégralement vers le temps des Antonins 2. Enfin on voit de bonne
heure une tendance à frapper de certaines déchéances politiques ou
pécuniaires 3 ceux qui ont exercé le droit de répudiation sans motif,
comme d'ailleurs ceux qui ont donné à leurs conjoints de justes motifs
de répudiation. Mais le droit de répudiation reste intact pour les deux
conjoints, sans môme qu'ils puissent le supprimer ou l'entraver par con-
vention contraire 4 : il appartient à tous les maris, et il appartient à toutes
les femmes, sauf une exception faite pour l'affranchie mariée avec son
patron ". Le droit chrétien lui-môme, qui a déterminé plus étroitement
les cas de répudiation légitime, qui a surtout frappé de peines parfois
très graves les répudiations injustifiées, n'a pas, même dans son dernier
état, supprimé le droit de répudiation G. Si la répudiation est ce que
Justinien appelle un divortium bona gratia, c'est-à-dire une répudiation
motivée par une cause non imputable à l'autre conjoint (impuissance,
absence, voeu de chasteté), il n'y a de peine ni pour l'un ni pour l'autre ;
si c'est un repudium ex jusla causa, une répudiation motivée par une
faute de l'autre conjoint (crime, adultère, inconduite), il y a des peines
contre celui qui y a donné lieu ; si c'est une répudiation injustifiée, un
repudium sine ulla causa, il y a des peines semblables contre son
auteur. Mais, dans tous les cas,le mariage est rompu : formé par l'établis-
sement de la vie commune, il cesse quand l'un des conjoints abandonne
cette vie commune.
1. Paul, D., 24, 2, De divort., 9. Les formules : Tuas res libi habelo. tuas res
libi agilo citées
par Gains, D., h. t., 2, 1, étaient déjà celles du temps de la
République: Cicéron, Phil., 2, 28; De or., 1, 40-40. Mais elles n'étaient pas
obligatoires et la répudiation tacite pouvait d'après certains résulter par exemple
due second mariage (Cicéron, De or., 1, 40), sorte qu'il ne pouvait pour eux
jamais y avoir de bigamie.
en
2. La règle est attribuée à Antonin le Pieux Paul, 5, 0 15 (cf. 2, 19, 2> et à
par
Marc-Aurèle
par Dioclélien, C, 5, 17, De repud., 5 ; mais Ulpien en parle encore
en termes hésitants, D., 43, 30, De lib. exhib., 1, 5, et elle n'apparaît comme bien
nette que chez llermogénien, D., h. t., 2.
— V. sur un progrès parallèle réalisé
Pour les mariages égyptiens
par les gouverneurs dès le temps d'Hadrien, P. Oxy.,
". 237, analysé Textes, 162-163.
3. Nota du
pp.
censeur: Val. Max., 2, 9, 2 Nous retrouverons en étudiant la dot
es déchéances d'ordre pécuniaire. La tradition en fait remonter le germe jusqu'aux
'ois royales 'Plutarque, Rom., 22, Textes, 6).
p.
4. Alexandre Sévère, C, 8, 38 (39). De inul. slip., 2, où il invoque,
pour la nul-
1e des pactes excluant le divorce et des stipulations le frappant d'une peine, le
Lme Principe de liberté vertu duquel les clauses correspondantes étaient
en
annulées au cas de fiançailles.
»• Ulpien, D., 24,2, Dediv., 11,
Nov.
pr.
»• 22; nov. 117. Exemple concret du Vl= siècle, P. Oxq., I, 129. Cf. Mit-
' *• fl«es> 34 1899, pp. 105-106.
;
îi
162 LIVRE II. — CHAPITRE III
mère est restée dans la sienne, tandis que les enfants sont nés dans
celle du mari. Par suite, il n'y a entre eux, dans la logique des institu-
tions primitives, ni droits ni devoirs. Les enfants notamment ne sont
pas les héritiers ab intestat de leur mère et elle ne peut pas en faire ses
héritiers testamentaires ; car le droit de tester est alors refusé en prin-
cipe aux femmes, et, quand elles l'ont par exception, elles ne peuvent
l'exercer qu'avec le concours de leurs tuteurs qui, étant normalement
leurs héritiers présomptifs, ne se laisseront pas dépouiller. Sauf sa dot,
qui passe au mari et peut arriver par lui aux enfants, les biens de la
femme resteront à sa famille.
Mais ici encore les choses furent progressivement modifiées, quand
on reconnut la parenté du sang comme source de droits et de devoirs.
Un droit de succession réciproque basé sur le lien du sang fut admis
entre la mère et ses enfants dans un rang toujours plus favorable, d'a-
bord par le préteur, puis par des sénatus-consultes (Tertullien de 117-
138, Orfitien de 178), puis par les constitutions impériales. Le simple
lien du sang fut reconnu,
sous l'Empire, comme suffisant pour donner à
la mère toute une série de droits ' : celui de réclamer des aliments à
1 enfant
- ; celui de se faire attribuer la garde des enfants impubères
placés sous la tutelle d'un tiers 3,
ou même, par exemple au cas de di-
vorce, sous la puissance du mari * ; enfin, à l'époque très récente, celui
d'en obtenir la tutelle elle-même 5. On la considère à l'inverse
comme
obligée par ce lien, d'abord, dans certaines conditions, à doter l'enfant
et à lui donner des aliments °, ensuite, quand elle n'occupe
pas la tu-
telle et avant le temps où elle
a pu l'obtenir, à veiller sur son adminis-
tration et notamment à provoquer
son attribution, à peine d'exclusion
de la succession de l'enfant 7.
3. Rapports du père et de l'enfant. Ici les deux mariages
se confon-
dent. L'effet qui été détaché du faisceau des conséquences du mariage
a
avec manus pour créer l'institution, en somme très originale et très
hardie, du mariage
sans manus, c'est précisément la liaison de l'enfant
au père. Dans une union comme dans l'autre, l'enfant prend la condi-
tlnn du père, naît
sous sa puissance, l'agnat de ses agnats, le gentil de
1. Ulpien, D., 27,10, De curai, furioso, 4, lui attribue même une potestas.
*• Ulpien, D., 25,3, De
aqn. lib., 5, 2. Il est aussi défendu aux enfants d'in-
er c°ntre elle des actions infamantes et de l'appeler en justice sans autorisa-
.
on du magistrat, et, fois condamnée, elle jouit en face d'eux du bénéfice de
c°mpétonce. une
3- Alexandre Sévère, C, 5, 49, Ubi pupill. educ, 1.
*• Ulpien, D
43, 30, De lib. exh 3, 5. Justinien, Nov. 117, c. 7.
.
:)- V. Sur le développement ,
de ce droit. Neratius. D., 26, 1, De tut., 18. Théo-
dose et Valentinien, C,
5, 35, Quando mulier, 2, et Justinien, C, h. i., 3. Nov. 94.
». Dioctétien, C, 5, 12, De jur. dot., 14 Ulpien, D 25, 3, Deagn. lib., 5, 14.
1. Inst., 3, 3, Qe Terlut., 0. Constitution de ,
Sévère, chez Modestin, D.,
s c_
i[>> 6, Qui
pet. tut., 2, 2.
168 LIVRE II. — CHAPITRE III
ses gentils. Tous ces effets se produisent dès lors que l'enfant a été pro
créé en mariage. Seulement cette procréation en mariage suppose deux
choses : d'abord qu'une femme mariée soit accouchée et ensuite que
l'enfant dont elle est accouchée soit issu des oeuvres du mari. Il nous
reste à voir comment s'établissent les deux points. Le premier est un
fait matériel dont la preuve ne soulève pas de difficultés et a dû être
rendue encore plus aisée depuis Marc-Aurôle par l'existence d'un sys-
tème d'enregistrement des naissances i. Quant au second, qui n'est pas
au sens propre susceptible de preuve positive, il était, à l'époque très
ancienne, normalement tranché par l'arbitraire du mari, qui, ayant un
droit égal sur tous les enfants de la femme et n'ayant de devoirs envers
aucun d'eux, pouvait accepter (lollere, suscipere) ou repousser l'enfant
qu'on lui présentait 2. Et tout était sans doute fini par là, au moins
pour le cas d'enfant né du vivant du mari. Plus tard, la preuve directe
impossible est remplacée par deux présomptions juxtaposées : 1° une
présomption scientifique, en vertu de laquelle, les durées extrêmes des
grossesses variant entre 180 jours et 300 jours, tout enfant né six mois
au moins après le commencement du mariage et dix mois au plus après
sa dissolution, est réputé conçu dans le mariage, tandis qu'on considère
comme conçu hors du mariage l'enfant né moins de six mois après su
formation ou plus de dix mois après sa dissolution 3 ; 2° une présomp-
tion morale en vertu de laquelle l'enfant conçu dans le mariage est
réputé l'être des oeuvres du mari ''. Mais on remarquera que le droit
romain ne paraît ni écarter ni restreindre la preuve contraire, ni contre
la seconde présomption s, ni môme contre la première G.
§ L'adoption 7.
2. —
L'adoption est une institution destinée à créer artificiellement la pa-
tria potestas. Son utilité principale, qui fait la retrouver sous des for-
mes très variées dans les milieux les plus divers 8, est de permettre à
1. Vita Marci, 9. Appulée, Apol., 89. Cf. Marquardt, Vie privée, 1, pp. 103-103;
Mommsen, Dr. publ 4, p. 248, n. 1. Cf. sur la naissance après la dissolution
,
du mariage, les explications données, p. 102.
2. Sur l'acte de lollere, suscipere (Cicéron, Ad Alt., 11, 9, 3. Térence, Andr,,
464. Augustin, De civ. dei, 4. Il) par opposition à l'exposition des enfants renies
par le père, v. Marquardt, Vie privée 1, pp. 3 et 99 et les rapprochements tirés du
droit hindou, du droit germanique et du droit grec, chez Schrader, p. 563 et ss.
3. Ulpien, D., 38, 16, De suis el leg., 3, 11. 12. Paul, D., 1, 5, Destat. hom., 13-
4. Paul. D., 2, 4, De in jus voc 5 : Pater... is est quem nupliae demonslranl.
6. Cf. Papinien, D., 48, 5 Ad leq. Jul.,\%$-
,
5. Ulpien, D. 1, 6, De his qui sui,
6. Ulpien paraît dire le contraire pour l'enfant né plus de dix mois après la
dissolution du mariage ; mais nous connaissons, au moins jusqu'au temps dlla-
drien, des décisions concrètes qui ont admis des grossesses plus longues (Pline,
H. n.. 7, 5, 40. Aulu Gelle, 3. 16, 12).
7. Inst., 1, 11, De adoptionibus. D., 1, 7, De adopl. et emancip. C, 8, 47 (48),
De adopt.
8. Post, Grundriss, 1, pp. 99-111. V. en particulier sur le droit grec, Gide el
STATUS FAMILIAE. — ADOPTION 169
l'homme qui n'a pas de postérité légitime de s'en ménager une factice,
de se procurer ainsi des descendants qui perpétueront son nom et qui
surtout lui assureront ce culte domestique considéré dans les concep-
tions romaines comme constituant une sorte de besoin matériel poul-
ies défunts i : or le testament par lequel on institue héritier un étranger
qui sera continuateur de la personne, astreint au culte privé, tend bien
jusqu'à un certain point au même but ; mais l'héritier testamentaire
ne prend pas normalement le nom du défunt, et surtout il est libre de
répudier l'hérédité ; la fin poursuivie est bien mieux atteinte par l'adop-
tion, qui fait de l'adopté un enfant in potestate, comme l'enfant né en
mariage, appelé comme lui du nom de son père, tenu comme lui de son
culte domestique et astreint comme lui à recueillir sa succession.
— De
plus, dans une fonction qui dut devenir plus pratique à mesure que le
système de la parenté civile se trouva plus en discordance avec les af-
fections, l'adoption peut servir aux ascendants à faire tomber sous
leur puissance des descendants que le système artificiel de la famille
civile empêche d'y être : certains descendants par les mâles, tels que le
petit-fils né d'un fils émancipé après l'émancipation, tels à l'inverse que
les enfants d'un fils restés sous la puissance de son père au moment où
il a été émancipé par ce dernier ; tous les descendants par les femmes ;
tous les descendants nés hors mariage.
— Enfin l'adoption a aussi été
utilisée à Rome pour atteindre certains résultats d'ordre politique, ainsi
pour faire acquérir le droit de cité à des Latins 2; pour transformer des
plébéiens en patriciens 3 ou des patriciens en plébéiens '", puis, sous
qu elle a lieu per populum ; mais son maintien théorique est conslalé par Dioclé-
lenqui, en élnblissanl un procédé nouveau. C, 8, 47 (48). De adopt. 2, dit que
Mrogalion ainsi faite aura la même efficacité ac si per populum anliquo facla essel.
'•£, 8, 47 (48), /Je adopt., 2 ; 6.
l- Gaius, 1, 98. 99.
XII Tables, 4, 2 Si paler filium 1er
• : venum duuit, filius a pâtre liber esto.
172 LIVRE II. — CHAPITRE III
1. C'est suivant Suétone, Aug., 54, le procédé par lequel Auguste adopta Gaius
et Lucius, per assem et libram emptos a paire Agrippa, et par conséquent ensuilr
remuncipés à Agrippa avant la revendication simulée de l'adoptanl el Vin l"re
cessio d'Agrippa.
2. Gaius. 1, 134 (lu plus complètement par Studemund).Interprétationdiiïércnle
dans Karlowa, l{. R. G., 2, 1, p. 244.
3. L'exemple le plus ancien qui soit connu est celui de l'adoption par L Crassus
mort en 663 du (ils de sa fille (Cicéron, Brut., 58, 212) ; le plus connu est celui
de l'adoption d'Octave par César.
STATUS FAMILIAE. — ADOPTION 173
1. C'est l'opinionsoutenue par Mommsen, dans son Elude sur Pline le Jeune, 1873,
pp. ,'16 42, et Dr. publ.,6. 1, pp. 42. 43. Cf. A. Lefas, N. R. IL, 1897, pp. 721-763.
2 Cette doctrine a été défendue d'une manière 1res complète par M. Henry Mi-
chel, Droit de cité romaine, 1885, pp. 240-297. Voir l'énumération d'autres sys-
tèmes dans Karlowa, R. R. G., 2, 1, pp. 246-249 et Leonhard, Realencyclopâdie
de Pauly-Wissowa, 1, v. Adrogatio.
3. En réalité, il y a des témoignages sur des adoptés testamentaires qui ont
(iris le nom sans changer de famille, sans notamment, se désigner dans leur nom
comme le lils de l'adoptant (Livie, qui, après avoir été adoptée par Auguste, s'ap-
pelle toujours llrusi f. : C. /. L., IX. 4514, par ex. ; Pline le Jeune, qui, après
avoir élé uduplé par son oncle C. Plinius Secundus, s'appelle toujours L. F. : C.
I. L., V, 5202, par ex. ; son contemporain Lucanus qui après avoir été adopté
parCn. Doiuitius Afer s'appelle toujours Sex. /'. : Orelli, 773) et. en sens inverse,
il y en a qui montrent l'adopté se disant le fils de l'adoptant (Augusle, Divi f. :
fastes triomphaux sur l'an 714 ; Atticus appelé par Cicéron, Ad Alt., 3, 20, Q.
Caecilius. Q. /'., après avoir élé adopté par son oncle maternel Q. Caecilius; le
consul de 702, fils d'un P. Cornélius Scipio, appelé après son adoption Q. Caeci-
lius, Q. f., Melellus inscription de Pergame reproduite N. R. H., 1897,
: p. 733,
confirmant Cicéron, Ad fam., 8, 8, 5 6), et il y a au moins un exemple qui
montre adoption testamentaire faite par une loi curiate : c'est celui de l'adop-
I
tion testamentaire d'Octave par son oncle maternel Jules. César (Appien, B. c, 3,
14; Dion, 45, 5). La question est de savoir s'il faut considérer,
avec M. Momm-
sen, la simple attribution testamentaire du nom à héritier institué comme une
1
dégénérescence récente de l'institution ou si l'on doit au contraire considérer la
loi attestée
pour Octave comme quelque chose de tout à fait exceptionnel, ainsi
lue fait M. Henry Michel qui essaie en même temps d'écarter les autres témoi-
gnages sur le changement de filiation ; de savoir en somme si la loi curiate et
le changement de
filiation, que nous regardons comme les poinls juridiquement
I
essentiels, rentrent ou non parmi les éléments normaux de l'adoption testamen-
taire. Or rien n'indique
que le cas d'Octave, qui est même l'exemple le mieux
connu que nous ayons d'adoption testamentaire, soit quelque chose d'exception-
ne'; d'autre pari et surtout, le changement de filiation nous est expressément
«testé, non seulement
pour lui, mais pour une notable portion des adoplés tes-
amentaires les plus anciens. L'adoption testamentaire nous apparaît donc comme
a!ant été, avant la ^décadence marquée par l'Empire, une variété d'adrogation.
174 LIVRE II. — CHAPITRE III
1. C, h. t., il.
2. Celso, D., h. t., 5 : In adoplionibus eorum dumtaxat qui suae poleslalis sunt
voluntas exploratur et la suite directementcontradictoire sans doute, ajoutée par les
compilateurs. V. cependant C, h. t., 10, pr., in fine.
3. Inst.,h.t.,l.
4. Dioclélien, C, 6, 24, De lier, inst., 1 : Nec apud peregrinos frairem sibi quis-
quam per adoptionem facere paierai. V. sur la fraternité d'adoption assez étrange-
ment exclue là même chez les pérégrins par Dioclélien, Post, Grundriss, 1, p. 93-99 i
Viollet, Hist. du Droit, p. 525, et leurs nombreux renvois.
5. Cicéron, Adfam., 13, 19, 2: Palrcnsium legibus adoplavil.
6. L'adoption testamentaire paraît déjà avoir été ouverte aux femmes: il y en a
peut-être un exemple dans Cicéron, Ad Alt., 7, 8, pour son gendre Dolabella et il y
en a certainement un dans Suétone, Galb , 4, pour le futur empereur Galba i[ui
fui adopté par la femme de son père. Cela se concilie avec le système où cette
adoption n'est qu'une institution d'héritier, sous condition de prendre le nom ;
mais cela se concilie aussi avec celui où c'est une variété d'adrogalion, qui alors
ferait entrer l'adoplé dans la famille de la femme à un rang fixé par la loi conflr-
mative C'est l'effet qu'ont les adoptions permises par rescrit du prince, depuis
Dioclétien, aux femmes ayant perdu leurs enfants : C, h. t., 5. Cf. pourtant,
Lefas, N. R. H., 1897, p. 750 et ss.
STATUS FAMILIAE. — ADOPTION 175-
1. Inst., h. t., 4; 9. Cicéron, Pro domo, 14, critique déjà l'adoption de Clodius
par Fonteius qui était plus jeune que lui ; mais Gaius indique encore, 1,106, la
règle comme controversée. V. aussi D., h. t., 37, 1, la prohibition d'adoptions
réitérées de la même personne.
2. D.,h. t., 30; 37, pr. Inst., h. t., 5. 9.
3. C.,5, fl.Denat. lib., 7.
4. Selon la paraphrase attribuée à Théophile, il n'est pas permis d'adopter les-
esclaves el il en était sans doute alors ainsi depuis longtemps ; mais, suivant Ma-
surius Sabinus, qui critiquait, d'ailleurs, déjà celle doctrine, la plupart des an-
ciens auteurs admettaient qu'ils pouvaient élre donnés en adoption par leurs
maîtres (Aulu-Gelle, 5, 19, 11) et Caton admettait qu'ils pouvaient être adoptés
par eux (Inst., h. t., 12). Le procédé n'est même pas, croyons-nous, difficile à
apercevoir : ce devait être une in jure cessio faite par le maître sur la vindicalio-
fil'i intentée
par l'adoptant dans le premier cas ; une mancipation faite à un com-
père, puis une vindicatio de l'esclave
comme fils faite par l'ancien maître et une
injure cessio. dans le second. — Quant aux pérégrins, ils ont dû rationnellement
pouvoir être adoptés par les Romains aussi longtemps et seulement aussi long-
temps que i'adoption des esclaves
a élé permise : il suffisait que le pérégrin pas-
sât sous la puissance dominicale d'un Romain complice qui
en faisait ensuite in
— La situation des Latins est tout autre. Jusqu'à
jure cessio à l'adoptant Romain.
cerlaines lois politiques destinées à combattre le dépeuplement du Latium (p. 109,
"• 5i. ils ont certainement pu donner leurs enfants en adoption aux Romains
™ns les formes romaines, la mancipation étant possible entre eux et faisant alors-
passer l'enfant in mancipio, et ils ont probablement pu se donner en adrogalion
JiK Romains dans les formes romaines,
en vertu de leur accès aux comices.
> Tite-Live, 41, 8. et le commentaire de Mommsen, Dr. publ., 6, 2, p. 252, note 1.
5. Gaius, 1, 100-102. Aulu-Gelle, 5,
19, 10. Les plébéiens ont dû aussi en être
exclus, tant qu'ils l'ont été des comices
par curies.
176 LIVRE II. — CHAPITRE III
gation se fit par un rescrit du prince et ils n'eurent plus de raison d'être,
depuis que le concours des curies fut devenu purement nominal. L'adro-
gation provinciale et celle des femmes sont permises sous Dioclétien ',
celle des impubères l'avait été par Antonin le Pieux -.
Les restrictions qui se rattachaient au contrôle de l'autorité furent
beaucoup plus durables et durent même se préciser avec le temps. L'au-
torité, qui a sur l'adrogation un pouvoir discrétionnaire cju'elle n'a pas
sur l'adoption, et qui est d'ailleurs incitée à en user par les conséquen-
ces particulièrement graves crue peut avoir l'adrogation, ne l'autorise
que dans certaines conditions exigées par elle soit dans l'intérêt public,
soit dans l'intérêt des tiers, soit dans celui des parties. — Ainsi dans
l'intérêt public, pour empêcher que l'adrogation n'écarte du mariage,
elle ne l'autorise pas en principe si l'individu qui veut adroger n'a pas
soixante ans 3. Ainsi pour protéger les héritiers présomptifs de l'adro-
geant, elle ne la permet que s'il n'a pas d'enfants, ni de son mariage,
ni d'adoptions antérieures 4. Pour protéger les héritiers présomptifs de
l'adrogé, elle ne permet pas à l'affranchi de se donner en adoption à un
autre qu'à son patron 5, tout au moins sans le consentement de celui-ci.
Pour protéger à la fois l'adrogé et ses héritiers présomptifs, on ne per-
met pas au mineur de 25 ans de se donner en adrogation à son ex-tuteur
ou curateur, ni, prétend un texte, depuis Claude, à un autre sans le con-
cours d'un curateur °. Enfin et surtout, si l'adrogé est un impubère,
l'adrogation est, depuis cju'elle est permise, soumise dans l'intérêt de
lui et de ses héritiers, à des règles spéciales posées notamment dans un
rescrit. d'Antonin le Pieux aux pontifes. En dehors de l'adhésion des
tuteurs et de l'enquête ordinaire, qui devra porter spécialement sur des
motifs de l'adrogation et ses avantages pour l'enfant, le trait original du
système réside dans des mesures destinées à écarter chez l'adrogeant
toute velléité de calcul intéressé, toute espérance de garder ou de trans-
mettre les biens de l'adrogé si l'adrogation finit avant sa puberté 7. Leur
retour à l'adrogé ou à sa famille d'origine est assuré pour tous les cas,
soit pour le cas du décès de l'adrogé où ils retourneront à sa famille, soit
pour le cas d'émancipation ou de décès de l'adrogeant, où ils revien-
dront à l'adrogé lui-même. Quant au procédé par lequel est atteint ce
résultat, c'est certainement, pour le premier cas, une promesse garantie
1. Dioclétien, C, h. t., G ; 8.
2. Gaius, I, 102.
3. Ulpien, D., h. t., 15, 2.
4. D., h. t., 17, 3.
5. D., h. t., 15, 3.
6. Ulpien, D., h. t., 17, pr. Modestin, D., h. t., 8 (v. les observations de Per-
nice, Labeo, 1, p. 230). Le mineur lésé par l'adrogation aurait en outre contre
elle la restitution in inlegrum qui sera étudiée plus loin.
7. Gaius, 1, 102. Inst., h. t., 3. V. pour les détails, Accarias, 1,
n» 112.
STATUS FAMILIAE. — ADOPTION 177
par des cautions, que l'adrogeant fait, d'une façon techniquement peu
régulière, à un tiers, de rendre tout le patrimoine aux héritiers pré-
somptifs, si l'adrogé meurt ante pubertalem, et c'est peut-être aussi, pour
le second et le troisième, une promesse semblable faite par lui de les
rendre à l'adrogé, si lui-même meurt ou l'émancipé avant l'expiration
de ce délai '.
III. Effets de l'adoption. — Il faut encore ici distinguer les effets
généraux communs à l'adoption et à l'adrogation et les effets propres à
l'adrogation. Mais il faut en outre distinguer le droit de Justinien et le
droit antérieur.
A. Epoque antérieure à Justinien. — 1. Effets communs à l'adroga-
tion et à l'adoption. L'effet général de toute adoption, quelle qu'elle
soit, est de faire l'adopté changer de famille, passer de sa famille origi-
naire clans celle de l'adoptant.
a) Il entre dans le famille de l'adoptant, comme descendant au degré
fixé par l'adoption, par exemple comme fils de l'adoptant, non seulement
en face de lui, mais en face de tous ses parents civils. — En face de lui,
il tombe in patria potestate, comme s'il avait été procréé par lui en ma-
riage 2. Il prend son nom plus ou moins complet, notamment son genti-
lice, comme l'enfant né en mariage, et, comme lui, il s'appelle son fils
dans la portion du nom total où est indiquée la filiation. Le consul
patricien de 575, qui était comme son collègue plébéien, fils d'un plé-
béien nommé Q(uintus) Fulvius et qui avait été adopté par un patricien
nommé L(ucius) Manlius Acidinus est appelé par les Fastes du Capitule
L(ucius) Manlius, L(ucii) f(ilius), Acidinus 3. Il prend son culte privé ; il
prend ausssi sa condition, au moins dans l'ancien droit. D'une manière
1. Le contrat verbal est le procédé ordinaire employé par les Romains quand
ils veulent faire naître à la charge de quelqu'un une obligation éventuelle. Mais
l'usage en présentait ici des difficultés propres aussi bien en vue de la restitution
aux héritiers que de celle à l'enfant. 11 était pour les deux cas impossible de
trouver quelqu'un à qui faire faire une promesse régulière ; car, si elle était faite
à l'enfant, la créance devait passer, au moment de l'adrogation, sur la tête du
promettant, par conséquent, s'éteindre par confusion, et il était également impos-
sible de la faire recevoir
par les héritiers, puisque c'était seulement au moment
de la mort de l'enfant qu'on pouvait savoir qui ils auraient élé
sans l'adrogation.
Le droit romain
ne s'est pas arrêté à la difficulté pour les héritiers, qu'il a con-
sidérés comme rendus créanciers par une promesse faite d'abord à un servus
publiais et plus tard au labularius local (D., h. t., 18; Inst., h. t., 3). Quant à
enfant, les textes sont moins clairs ; mais nous sommes portés à croire que la
promesse visait à la fois les trois cas de prédécès de l'enfant, d'émancipation et
dexhérédation ; car, sans cela, la créance accordée à l'enfant dans les deux der-
niers cas n'aurait pas la garantie de cautions ; le laconisme des textes peut s'ex-
pliquer par le fait que l'émancipation ante puberlatem était rare et qu'au cas de
décès de l'adrogeant l'impubère avait droit à tous
ses biens, comme héritier uni-
'iue, à moins d'exhérédation. En contraire, Accarias, loc. cil.
2- Inst., h. t., 8.
sens
3. V. sur les
noms de l'adopté, H. Michel, Droit de cité, pp. 227-240.
12
178 LIVRE II.- — CHAPITRE III
1. Inst., h. t., 3.
2. Quoi qu'en paraisse dire Justinien, Inst., 3, 10., De adq. adr.,2.
3. Inst., h. t., 2. C, A. t., 10. V. Accarias, l, per
n" 108.
STATUS FAMILIAE. — LÉGITIMATION 181
i- Inst., i, 10, De nupt., 13. C, 5, 27, De nat. lib. D., 25, 7, De concub. Cf. P.
bide, Condition de l'enfant naturel et de ta concubine droit romain, 1880 (repro-
duit Cond. de la femme, 2e éd., 1885,
en
pp. 543-585). Paul M Meyer, Der rômische
Concubinat nach den Rechtsquellen und den Inschriften, 1895.
-• Plus complètement même, peut-on dire, puisque le lien de parenté naturelle
avec la mère sort seul ses effets, sans être contrarié par le lien de parenté civile
avec le père. Le système des
noms en donne un bon exemple. L'enfant lié à la
mère seule prend naturellement le
nom de celle-ci. Il ne peut ni prendre le nom
u père, ni indiquer la paternité dans son nom, quand bien même elle serait cer-
ne en fait. Il porte bien en général, pour masquer son origine, l'indication
CI!' ((''IUS), Sp(urii) f(ilius) exemple, entre la gentilice et le surnom, à la
I "ce où la mettrait
I
par
un flls légilime. Mais c'est une simple supercherie, ce n'est
s même la constatation d'un fait
; car des inscriptions où le père est connu le
dista"16111 ,)ar..exemplei Gnaeus, Publius, et appellent le (ils à quelques lignes de
i|Ce ^uc"' A''»«s), Sp(urii) f(ilius). Cette dernière formule assez fréquente
par même
une sorte de jeu de mois désignant l'enfant comme sp(urius) f(ilius),
182 LIVRE II. — CHAPITRE III
n'est pas mariée que quand elle l'est. Tous les droits et les devoirs recon-
nus entre la mère et l'enfant par la doctrine, par le préteur, par les
sénatus-consultes et par les constitutions des empereurs païens se pro-
duisent au regard de tous les enfants, non seulement des enfants nés
en mariage, mais des enfants issus d'une union libre, d'un concubinat
(liberi naturales), mais de ceux nés d'une rencontre isolée (spurii, vulgn
concepti) 1, mais, croyons-nous, des enfants adultérins et incestueux. La
base est toujours la môme : la parenté naturelle attestée par le fait ma-
tériel de l'accouchement qui est toujours également certain, que la mère
soit une femme mariée, une concubine ou une prostituée 2. Quant à la
paternité, c'est le contraire, elle est impuissante, à elle seule, à créer
un lien entre le père et l'enfant ; ce lien ne peut ôtre créé que par le
mariage. Tandis qu'il n'y a à Rome que des mères naturelles, il n'y a
que des pères légitimes. La paternité naturelle n'existe pas.
La seule exception à ce principe, qu'on puisse découvrir à l'époque
païenne, est contenue clans une constitution d'Hadrien de l'an 119 con-
férant plus ou moins largement aux militaires, auxquels ont été accor-
dés beaucoup d'autres avantages contraires au droit commun, le droit
d'avoir pour héritiers ab intestat, au rang modeste auquel le préteur
appelle les cognats, les enfants naturels qu'ils ont eus pendant leur ser-
vice 3. La cognation est reconnue là hors mariage entre le père et l'en-
fant. Mais c'est le seul cas. Nous ne croyons pas notamment qu'il en
soit de même dans un autre cas beaucoup plus fréquemment cité : celui
du concubinat, souvent considéré comme un mariage d'un ordre infé-
rieur qui, sans faire naître l'enfant en puissance, rendrait sa filiation
paternelle certaine aux yeux de la loi. Le concubinat n'est pas, ni sous
l'Empire, ni auparavant, un pseudo-mariage ; c'est une union de fait 4.
Ce qui a produit la confusion, c'est qu'il a été visé par la loi Julia de
qu'il soit légitimé d'une façon ou d'une autre, devient juslus, tombe in
patria potestate et a en face du père les droits de succession résultant
de la qualité d'enfant légitime. Mais, s'il est légitimé par oblation à la
curie, les effets de la légitimation s'arrêtent là i. 2° Au contraire la légi-
timation par mariage subséquent ou par rescrit du prince fait en outre
entrer l'enfant dans la famille du père : il devient le parent civil non
seulement du père, mais de tous les parents du père, comme s'il avait
été conçu en mariage au moment de la légitimation 2.
cipium d'un tiers * et sans cela, dans le droit très récent, de son adop-
tion et de son émancipation. Alors l'enfant ne sort de la patria potestas
qu'en sortant de la famille. Mais il peut rentrer dans la famille en ren-
trant sous la patria potestas, soit, au cas de capitis deminutio maxima et
média, par le postliminium et la réhabilitation 2, soit, au cas de passage
sons lemancipium, par l'affranchissement du mancipium, qui le fait
retomber in patria potestate, à moins qu'il n'y ait déjà eu trois man-
cipations ou que ce soit un descendant du second degré ou du sexe fé-
minin.
3° Dans la personne de l'enfant, sans que ses liens de famille soient
rompus, par son élévation à certaines dignités : aux fonctions de vestale
et de flamine de Jupiter, à l'époque païenne 3 : sous Justinien, aux di-
gnités de patrice, de consul, de préfet du prétoire, de préfet de la ville
de magisler militum ou d'évèque '".
4" Enfin, également sans rupture des droits de famille de l'enfant,
d'après le droit byzantin, à raison de certaines fautes du père : exposition
des enfants ; livraison de la fille à la prostitution ; mariage incestueux 5.
IL L'émancipation. — Parmi tous ces modes, le seul qui requière
des explications particulières est la sortie de la patria potestas produite
par le placement in mancipio ou plutôt l'usage qui en a été fait pour
rendre l'enfant sui juris du vivant de son père, l'émancipation.
L'ancien droit romain connaît des événements assez nombreux qui
l'ont disparaître la patria potestas mais il n'offre pas au père de pro-
;
cédé direct pour exclure par sa volonté l'enfant de sa puissance. L'ex-
position des enfants ne porte atteinte, au moins dans les temps histori-
ques, ni au droit du père ni à celui de l'enfant. L'abdication directe de
la puissance paternelle telle
que la connaît le droit grec est étrangère
au droit romain 6. Il a donc fallu chercher un expédient pour permettre
aux pères qui le voudraient d'arriver à ce résultat. Et on sait où les
praticiens l'ont trouvé : dans la règle des XII Tables qui a aussi été
mise à profit pour permettre le transfert de la patria potestas, dans la
règle si paler filium 1er
venum duuil, /îlius a pâtre liber esto. On n'a
1. On considère souvent plutôt là patria potestas comme éteinte seulement par
la 3e mancipation
ou même par l'affraneliissement qui suit la 3e mancipation, et
cest peut-èlre conforme au point de vue moderne déjà exprimé par Gains. 1, 132,
'!UI considère l'émancipation
comme un tout. Mais, surtout depuis qu'on sait que
lenfanl mis in mancipio subit
une capitis deminutio Gaius, 1, 162). on peut trou-
er plus conforme à la vérité primitive du droit de considérer la patria potestas
comme éteinte par chaque mancipation. sauf à pouvoir ressuscitera chaque affran-
chissement.
•
Inst, h. t.,g, pour le postliminium.
* ^ius, 1, 139 Aulu-Gslle, 1, 12, 9 13.
* Inst., h. t., 4. c., 12, 3, De consul., 5.
•> C, 8, 51 (52), De inf. 2. C. Il, 41 (40), De specl., 6. Nov. 12, c. 2.
'•• C-, 8, 46 (47,, De
exp.,
p.p., 6. Cf. Quinlilien, Inst., or., 7, 4, 27. Val Max., 5, 8,3.
1S8 LIVRE H. — CHAPITRE III
1. C'est, a-t-on dit, une pénalité nouvelle mise parles praticiens à la disposition
du père. Dans l'échelle des peines domestiques, elle est moins grave que la mort,
•que la vente à l'étranger, mais elle l'est plus par exemple que l'exbérédation qui
me fait qu'exclure de l'hérédité du paterfamilias sans faire sortir de la famille ni
anodiller la condition.
2. Cf. à ce sujet les observations de Pernice, Z. S.St., 3, 1882. p. 82 et ss. L'é-
mancipation qu'aurait faite Licinius Stolo de son fils pour éluder sa propre Jni
agraire (Tite-Live, 7, 16, sur l'an 397) est le premier exemple d'émancipalion si-
gnalé par les textes.v L'auteur dramatique du VIIe siècle L Afranius a écrit, re-
marquerons-nous, une pièce intitulée émancipâtes (fragments chez Kibbeck, Seoe-
nicae Rom. poesis fragm.., 2, 3e édit., 1898, pp. 205-209) ; mais ni les fragments
conservés ni le nom de la pièce (v. sur le sens à'emancipare. Mommsen, Dr. publ,
6, 1. p. 06, n. 1) ne prouvent absolument qu'il s'y agisse d'un émancipé plutôt
par exemple que d'un enfant donné inmancipio.
3. liaius, 1, 132.
4. Gaius, Epit., 1, 6, 3. L'assimilation patronat n'était d'ailleurs pas complète-
V. Tryphoninus, D., 37, 15, De obseq., 10,
au
au sujet des operae.
STATUS FAMILIAE. — EMANCIPATION 18»
1- C.,h. t., s.
2- Inst., h. t., 6.
3- Bruns-Sachau, Syrisch. rbmisches Rechtsbuch, p. 183.
4. Paul, Sent., 2, 25, 5. Cf. Anastase, C, h. t., 5. Le paterfamilias n'a en re-
vanche pas besoin du consentement du fils pour émanciper les petits-fils (Gaius,
D-Ji. t, 28).
a. En principe, le père ne peut être forcé d'émanciper l'enfant (Marcien, D.,
" '-,le 31). Mais il y a des exceptions: au cas de mauvais traitement de l'enfant
par père (Papinien, D., 37, 12, Si a par. quis manum., 5), au cas où l'adrogé
impubère prouve à la puberté
que l'adrogation est nuisible à ses intérêts (Papi-
nien, D., h. t., 32, pr.), où le père a accepté une libéralité sous cette con-
dition (Paul, Sent., 4, 13,au cas
1).
o. Autant que de mancipations et d'affranchissements, donc six pour le fils et
«eux pour les autres descendants (Gaius, 1, 162).
7- F. V., 260.
S- Inst., 2,9, Perquaspers., 2.
190 LIVRE II. — CHAPITRE IV
pour toutes trois, par le texte absolument général de Gaius, 3, 153, selon lequel
cwili ralione capitis deminulo morli
coaequalur.
1. Nous ne
pouvons insister ici sur la formation historique du système de la
capitis deminutio, qui naturellement ne s'est constitué d'un coup 11 est possi-
ble que, comme l'admettent Pernice, Labeo.
pas
1, p. 173, et Mommsen, Dr. publ., 6,
'. p. 7, n. 3, les capitis deminuliones média et maxima aient commencé par se
confondre et que, comme cela parait opinion dominante, le système
1 se soit d'a-
uord arrêté en
vue de la capilis deminutio minima. On a même voulu, plus aven-
tureusement à notre
sens, y voir une simple généralisation des effets soit de l'a-
urogalion iDesserteaux), soit de la mancipii (H. Krueger).
* Gaius, i, 160. Inst., n. t., I. causa
3 Paul, Sent., 3.
4, 8. Ulpien, D., 49, 15, De capt., 18. Une conjecture, qui est
répandue, mais qui n'est qu'une conjecture, assimile celte loi Cornelia de captivis
^lo'Cornelia de falsis, qui aurait puni la falsification du testament du captif
ns distinguer s'il revenait
ou non, et dont on aurait conclu, pour le cas où il
192 LIVRE II. — CHAPITRE IV
1- Gains, 1, 163. 3, 51. 83. Cicéron, Top., 6. C'est à propos de la tutelle légitime
fondée sur l'agnation que Gaius et Justinien font la théorie de la capitis deminutio.
2. Gaius, 1, 158: Agnationis jus capitis deminulione perimitur, cognalionis
vero
jus eo modo non commutatur, quia civilis ratio civilia quidem jura corrumpere polest
naturatia vero non polest.
3. Justinien a confondu les deux choses en disant. Inst., h. t., 6,
que la cogna-
tion, qui n'est pas anéantie
par la capitis deminutio minima, l'est par les deux
autres.
13
194 LIVRE II. — CHAPITRE IV
Dans le système du pur droit civil, le capite minutus est à la fois dé-
pouillé de son actif et libéré de son passif. Mais, tandis que son actif
est recueilli par quelqu'un, ses dettes ne passent à personne. — Quand
le capite minutus avait un actif, il le perd, peut-on dire, normalement
au profit de celui de qui provient la capitis deminutio l. Il n'y a d'excep-
tion que pour quelques droits qui s'éteignent par la capitis deminutio,
comme les droits d'usufruit, d'usage, etc., et pour quelques autres qui
restent attachés à la tête du capite minutus 2.
Pour le passif, le capite minulus en est libéré, toujours quelle que
soit la capitis deminutio, et personne n'en est tenu à sa place, mènie
quand il laisse un actif. A la différence de l'héritier du mort naturel.
qui est tenu de ses dettes, celui qui prend les biens du mort civil n'est
pas obligé envers ses créanciers, les dettes sont éteintes 3. Seulement en-
core ici, il y a des restrictions à indiquer. Celui qui prend l'actif est tenu
de certaines dettes : des dettes des successions acquises avant la capitis
deminutio par le capite minutus, que,tout au moins aux cas d'adroga-
tionetde conventio in manum, l'adrogeant et le mari seront astreints à
payer comme si l'adition d'hérédité avait été faite de leur consentement
par la personne en puissance 4. Ensuite et surtout le capite minulus
reste personnellement tenu de certaines dettes en vertu du principe
que la mort civile, institution civile, ne peut rien contre la nature :
depuis que la doctrine a reconnu l'existence d'obligations naturelles,
le capite minutus, libéré de ses dettes jure civili, en restera tenu
jure naturali, avec les effets restreints, mais réels que peut produire
une obligation naturelleB ; à toute époque, la dette née d'un délit étant
la rançon du droit de vengeance qui existe contre la personne physique
de l'auteur du délit, l'action qui en résulte continuera à exister, jure ci-
vili, contre le capite minutus dont la personne physique est toujours
la même, quoique sa personne civile ait changé °.
1. Ainsi : 1° des créanciers pour le débiteur insolvable vendu trans Tiberim; (lu
volé pour le fur manifestas, du maître de l'esclave mâle au cas du sénatus-con-
sulte Claudien (Inst., 3, 12, De suce, subi., 1), de l'État au cas de perte de la li-
berté encourue à titre de peine publique (v. par exemple pour Yincensus. Val.
Max., 6, 3, 4, et en droit récent D., 48, 20, De bon. damn., 1) ; 2° de l'État, pour lit
perte de la cité encourue à titre de peine publique (D., loc. cit.) et du capite mi-
nulus lui-même, quand un citoyen perd volontairement la cilé par l'acquisition
d'un droit de cilé étranger, par exemple en se faisant inscrire dans une colonie
latine ; 3» de l'adrogeant et du mari, au cas d'udrogation et de conventio in ma- :
num d'une femme sui juris. Peut-être pourrait-on même, en partant de l'idée de
peine publique, ramener au même principe l'attribution des biens du prisonnier
de guerre à l'État qui paraît avoir élé le régime primitif en l'absence de postlimi-
nium, avant la loi Cornelia (cf. p. 191, n. 3).
2. V. pour le premier point, D., 7, 4, Quibus mod. ususfr., 1, pr., et pour le
second, D.. h. t., 8 ; 9.
3. D.,h. t, 2, 2.
4. Gaius, 3, 84.
5. D., h. t., 2, 2.
C. D., h. t., 2, 3.
CAPITIS DEMINUTIO 195
1. Ulpien, D., 15, 1, Depec., 42. Pomponius, D., 33, 8, De pec. leg., 7. Cf.
Oesserteaux, p. 46 et ss.
2. Gaius, 3, 84. 4, 38.
Paul, D., h. t., 2 ; 7, 2. 3. Cette procédure
•L
peut naturellement se suivre
contre 1 Etat ; mais il
ne
a aussi fini par payer les dettes du patrimoine recueilli par
«u, au moins jusqu'à
concurrence de l'actif: D., 48, 20, De bon. damn., 4; D.,
«> 2, Quando de pec, 1, 4 C, 9, 49, De bon.
; proscr., 5.
196 LIVRE II. — CHAPITRE IV
§ 3. —
Appendice. — L'honorabilité civique. — Intestabllité.
Infamie. — Turpitudo.
mais qui ont été presque jusqu'à la fin du droit romain parfaitement in-
dépendantes : l'infamie censorienne résultant de la notation du censeur 0, j
une infamie qu'on peut appeler consulaire résultant de ce que le prési- |
dent d'une élection, donc le plus souvent le consul, refuse d'admettre I
Une personne peut, quand bien même elle serait capable de droit,
être considérée comme n'ayant pas en fait l'aptitude à exercer elle-même
les droits que la loi loi reconnaît, comme étant mise par la nature in«'fne
dans l'impossibilité de se conduire et d'administrer son patrimoine. La
capacité de fait suppose une personne ayant une volonté, susceptible de
comprendre les conséquences et. Ja portée «le ses actes. Elle fait défait
totalement, à ceux qui n'ont pas de volonté, à qui l'intelligence mua que
entièrement, partiellement, à ceux qni, tout en ayant une intelligence et
une volonté, ne sont pas susceptibles de se rendre compte des consé-
quences et de la portée de leurs actes. Seulement la. déterminationde
ces incapacités naturelles peut, elle-même être, selon les conceptions
courantes., faite, d'une manière différente dams des milieux juridiques
divers.
A Rome l'incapacité de fait résulte. : i* par la force même des choses,
de Fallêralion des facultés mentales, de la folie : incapacités du /BXWSIM,
du -mente raplus ; — 2l° avec une nécessité.égale, de l'âge.qui, depuis la
naissance jusqu'à on certain moment du développement, entraîne une
inaptitude à l'activité juridique dont les termes et les degrés peuvent
d'ailleurs varier ; incapacité des impubères graduée, selon qu ils »*n'
wfantes, infanti/ti? pnaiimï. on puèerlaSîpro-xîmi^ plus tard incapacité
des inineurs de 55 mis ; 3° en vertu d'une notion déjà plus artificielle,
—
mais qui se retrouve en droit moderne, de la prodigalité reconnue : m~
capacité du prodigue interdit ; 4e enfin, dans une notion plus artuV
—
ttàelle encore, mais qui m'est pas du. tont propre à rancienne Rome, «lI
sexe : incapacité des femmes.
L'incapacité est totale, absolue, relative à tons les actes : 1* pou1" "e3
alênes, pendant que dure leur folie 3 : 2" pour les i«fautes*. c*est-à-diKi
à notre, sens, non seulement dans l'ancien droit, mais en droit classup"-
pour les enfants qui ne peuvent pas encore parler ; dans le droit de
Justinien, pour les enfants âgés de moins de sept ans 1 ; 3° ancienne-
ment pour les infantiae proximi, c'est-à-dire pour les impubères sortis
de Vinfantia, mais qui en sont encore voisins, sans que cette période
finisse à une date fixe 2.
L'incapacité est partielle, restreinte aux actes par lesquels on rend
sa condition pire, c'est-à-dire, qu'ils soient ou non avantageux, à tous
ceux par lesquels on diminue son patrimoine, on aliène, on s'oblige, on
renonce à un droit réel ou à un droit de créance : 1° pour les impubères
jmberlati proximi, c'est-à-dire, sans que la période commence à un âge
fixe, pour ceux que l'on considère comme arrivés déjà à une certaine
intelligence, comme ayant la volonté, sinon le jugement 3 ; 2° en vertu
d'une modification du droit, qui s'est d'ailleurs opérée moins tôt qu'on
ne dit souvent, pour les impubères infantiae proximi originairement
assimilés aux infantes * ; 3° pour les prodigues interdits " ; 4° ancienne-
I. Vinfans est littéralement celui qui fari non potest et le mot a dû signifier
légalement à l'origine ce qu'il veut dire littéralement. En revanche, à l'époque de
Justinien, Vinfantia finit à l'Age fixe de 7 ans, comme l'impuberté à l'âge fixe de
li ans: fari signifie donc alors non pas parler, mais prononcer des paroles dont
on entend le sens et on estime que cela se produit seulement à l'âge de 7 ans. La
question est de savoir s'il en était déjà ainsi à l'époque classique. On le soutient
encore assez souvent chez nous en invoquant un grand nombre de textes du Di-
geste : v. par exemple Accarias. Précis, 1, p. 397 et ss. Il est cependant peu croya-
ble qu'on eût déjà admis
un âge fixe artificiel, pour la tin de Vinfantia, à l'époque
<1 Ulpien et de Gaius par exemple, où cet expédient nJétait
pas encore admis par tout
le monde
pour dispenser de la preuve autrement délicate de la puberté. Quant aux
textes, en dehors de textes qu'on invoque
par confusion et qui se rapportent à l'an-
cienne incapacité des infantiae proximi (note 2), il n'y en a que deux de l'épo-
que classique qui fixent la fin de Vinfantia à 7 ans : un d'Ulpien, D., 26,7, De adm.
"<(., t, 2, qui oppose hi qui fari
non possunl à hi qui supra seplimum annum aeta-
lis sunt et qui est suspect à
cause de son isolement, parce qu'il y a des quantités
de textes du même auteur, où il aurait occasion d'indiquer ce critérium précis
e'où il parle seulement de fari non
eu
posse ; un de Modestin, D., 23, 1, Despons.,
'•*, 1<ii commence
par dire que, pour les fiançailles, l'âge des parties n est pas fixe
comme en matière de mariage et qui continue disant qu'elles ne peuvent être
en
innclues que quand les parties ont. 1 intelligence de leurs actes, c'est-à-dire quand
e s ont ' àre de 7
ans, dont la fin est donc en contradiction avec le commence-
ment et aussi avec le principe selon lequel l'intelligence n'existe plus chez
les-mjanliae proximi
pas
que chez les infantes. L'idée d'après laquelle l'enfance finit
a 7 ans est une idée d'origine
grecque, qui apparaît déjà à Rome chez les lilté-
a eurs du début de l'Empire, mais qui est inconnue jurisconsultes classiques,
aux
Jiu une constitution de 407 (C. Th. S, 18, De bon. mai, 8) semble accueillir à
i red innovation dans ,
isolé (infantis filii aetalem nostra aucloritale prae-
un cas
ri imus) et qui n'a peut-être élé admise principe général que par Justi-
nien. V. Pernice, Labeo, 1,
comme
p. 214 et ss. Buhl, Salvius Julianus, 1, p. 150 et ss.
2-Gaius, 3. 109 (p. 498,
n. 3).
nsl., i, 21, De auct. tut.,
• pr. : Placuitmeliorem condicionem licere eis facere
sine tuloris auctorilale, deleriorem vero non aliter quam tulore auclore.
^
,„,-' lus< "> lu9 Sedin his pupillis propter ulilitatem beniqnior juris inlerpre-
, est. Insl., 3, 19, De inut. slip., 10.
facta
'•
i. On a dit par exemple que la tutelle suppose seule une personnalité in-
complète que Vauctoritas sert à compléter ; on a dit encore qu'elle s'applique aux
seuls mi juris exclus régulièrement de l'armée par leur âge ou leur sexe, et en
conséquence regardés comme dépourvus de la force nécessaire à défendre leurs
droits, tandis que la curatelle s'applique à des individus qui en font régulière-
ment partie, qui en sont seulement exclus à titre accidentel.
2. C'est parce qu'elles ont fini par être des charges qu'on les classe parmi les
munerapersonalia (D., 50, 4, lie mun., 1, 4. Inst., 1, 25, De excus., pr.) et qu'il
faut une excuse
pour s'y soustraire; que Justinien [Inst., 1, 17, De leg pair, lui.,
t: 1, 25, De exe, 2) parle de Vonus tulelae ; que la tutelle est déjà représentée
à la (In de la République
comme établi dans l'intérêt du pupille ad luendum
eumquise defendere nequil, dans la définition de Servius Sulpicius (p. 202, n. 2).
Mais elles ont commencé
par être considérées légalement comme des puissances
familiales unilatérales, comme des droits purs et simples. La preuve en est déjà
dans le nom de potestas
encore donné à la lulelle dans la même définition (v.
[le plus Cicéron, Pro Mur., 12, 27), donné à la curatelle
par la loi des XII Tables,
a. î, dans celui de manus donné à la tutelle des femmes par Tite-Live 34, 2 11.
Elle est aussi dans les faits concrets, dans le pouvoir des tuteurs légitimes d'en
'aire in jure cessio, qui est attesté
pour la tutelle de la femme et qui primitive-
ment a dû exister partout (p. 220, n 2) ; dans le droit de la revendiquer qui en
résulte pour eux, Vin jure cessio étant une revendication simulée ; dans ce qu'an-
ciennement la loi ne s'occupait pas de donner de tuteurs ni de curateurs aux in-
capables qui n'avaient pas d'héritiers légitimes (p. 205) ; dans ce que plus long-
temps encore les tuteurs n'étaient
pas obligés de gérer, élaient responsables,
sils géraient mal, mais
non lorsqu'ils ne géraient pas (p. 217, n. 1). Les devoirs
purement moraux dont le tuteur est tenu envers le pupille (Aulu-Gelle, 5, 13; ne
sont pas la contradiction, mais la confirmation de cette idée.
202 LIVRE II. — CHAPITRE V
SECTION I. —Tutelle'.
La tutelle est le pouvoir régulier mis à côté des impubères et des fem-
mes sui juris 2. Nous l'étudierons simultanément pour les deux classes
d'incapables en passant rapidement sur son établissement et son ex-
tinction pour insister seulement un peu sur son fonctionnement.
1. Cf. RudortI, Redit der Vormundschaft, 3 vol., 1833 et ss. A Pernice, Labeo,i,
p. 184 196. Karlowa, R. R. G., 2, 1, pp. 269 301.
2. Paul, D., 20, 1, De tut., \,pr. Inst., I, 13, De lut., 1 Tulela est, ut Servais
:
définit, vis (ou jus ?) ac potestas in capite libero ad luendum aeta-
eum, qui propler
tem (Servius devait dire : eum eamve qui propler aelalem vel sexum) sua sponte se
defendere nequit. jure civili data permissa.
ac
3. On distingue en conséquence les tutelles teslamentaria, légitima ou dativa'<
en
mais il convient de remarquer que les textes désignent aussi la tutelle testamen-
taire du nom de dativa (v. par ex. Ulpien, 11, 14).
CAPACITE DE FAIT. — TUTELLE 203
Nnv ,™'
°" 26' *' De tut-, 17 ; Inst., 1, 25, De excus., 13. 14 ; Nov. 72, c. 1-14.
""• >-A, c. 4.
204 LIVRE II. — CHAPITRE V
de la loi.
CAPACITE DE FAIT. — TUTELLE 205
sia-nt" nom «te ftster pnselkairuR. que M. Kailowa «.TÏIÎI IBWDIW, a UM 1JI-
«8M
tloux particularités, avoir èt«> DUMHHHI I s pur le pretteui de* avilit la !» » VI I J 'u
xoriii iTun Jwiît f'«iii"ifal lie-pwiU'iii:! Ht- im ajiabtas iCïeemn,/i Ytr* , ~ 1, V
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2, fcs*»., iL *.., pr, SBëftiMie. ftorf, 2!l. Villa Ilmirâ. lé, C. i. £ V -1"-1 1|
Jtainnis*n lii ^«M ""' jij» VS II"ii.i"* CJ! pmmurlfaiiL JÏMLNIEI- -fc fiik 'i~
fftî-fli i v*? l'Inné jfi M-"i2 1P1H1 imm puanimll'iillKall 4K sïxiwui linmsum'lr mif-ui-i*
teno^ltil «Si lu HUMUIIUÛ stiuia «Jr» taltemms awx <e IIEÏBDS vt aw jurwlitwii lliinJoi'» B »J-
I«\t TOUt'mmn KB delh lit-. Si la -jm~.ttun avulj»-, *a «niiirapi-lliHffliOf leim îmasTliiitnf 1 Itull'fll* au
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CAPACITE DE FAIT. — TUTELLE 207
§ 2. — Extinction de la tutelle 3.
i. Inst., i, 23, De excus. Cf. Accarias, d, pp. 351-352. A. Pernice, Z. S. Si., 5,.
1884,
pp. 25-28.
2- Ulpien, Reg., H,
17.
3. Inst. 1, 22, Quib. mod.
lut. fin.
•208 LIVRE II. — CHAPITRE V
éteindre, acquiert ceux qu'on lui prête et ne devient pas débiteur de leur
restitution,devient, dans la vente consensuelle,créancierde la chose ven-
due sans devenir débiteur du prix ' : ce qui naturellement en pratique
revient à lui fermer toutes ces opérations. A la vérité, la rigueur du sys-
tème fut, dès l'époque classique, atténuée par d'autres principes : ainsi,
au premier cas, à
raison de la règle selon laquelle nul ne doit s'enrichir
injustement aux dépens d'autrui, on a tenu le pupille pour dépouillé de
sa créance dans la mesure de son enrichissement ; au second, on l'a tenu
pour obligé à restitution
dans la même mesure, à raison de la même
règle 2; au troisième, en matière de contratsynallagmatique, on ne lui
a permis d'obtenir
l'exécution qu'en l'offrant lui-même ; mais néanmoins
les tiers devaient évidemment refuser de procéder avec lui à des actes
dont ils ne devaient avoir le bénéfice que s'il ne gaspillait pas les som-
mes fournies par eux, de conclure avec lui des contrats qu'il dépendait
de lui de tenir pour valables ou nuls selon son avantage. En somme,
son incapacité s'étendait, en fait, à toutes les opérations qui n'étaient
pas de purs actes d'enrichissement, c'est-à-dire à tous les actes courants
de la vie juridique, et même, en droit, à l'acceptation ou à la répudiation
des successions.
Cependant, avons-nous déjà vu, le droit ne s'occupe pas en principe
de suppléer à cette incapacité chez l'impubère alieni juris. Il y a une
exception pour les successions que l'impubère alieni juris peut accepter
ou répudier avec l'adhésion du père ou du maître consentant à en assu-
mer les charges (jussu patris aut dominï). Mais c'est tout. Uinfans ne
peut rien ; mais il n'a besoin de rien faire. L'impubère sorti de Yinfan-
tia ne peut procéder qu'aux actes de
pur enrichissement ; mais, sauf de
rares exceptions propres au droit nouveau (p. 141, n. 1), il n'a pas
besoin de faire autre chose il n'a
: pas de biens à aliéner, il n'a pas
besoin de faire des dettes.
Au contraire l'impubère sui juris
a un patrimoine dont la bonne ges-
tion nécessitera la plupart des actes
que le pupille ne peut faire. Cela
regarde le tuteur qui, pour
en assurer la réalisation, a deux procédés
distincts la negotiorum gestio, où il agit à la place du pupille,
: en tant
que le permet le droit romain, dans une mesure qui varie avec les actes
e' les temps ; Yauctoritalis interpositio, où il complète la personnalité du
pupille en lui permettant
par là de faire des actes que ce pupille ne
pourrait faire seul 3.
On peut dire au contraire que le droit impérial est arrivé dans son
dernier état à permettre véritablement au tuteur de représenter le pu-
pille. Mais cela s'est réalisé progressivement sans unité de moyen, par
des mesures disparates. Ainsi, l'acte le plus rigoureusement personnel,
l'acceptation d'une succession, que le droit prétorien permit déjà au tu-
teur de faire pour le pupille avec les effets prétoriens, a fini, dans le
droit byzantin, par pouvoir rendre le pupille héritier civil en étant faite
par le tuteur '. —Ainsi, bien auparavant, en matière de propriété et
de droits réels, tandis que le tuteur, qui pouvait peut-être aliéner les
choses du pupille, ne pouvait le rendre propriétaire en acquérant lui-
même une doctrine admise dans le cours du IIe siècle, selon laquelle
la possession peut s'acquérir ou se transmettre per extraneam perso-
nam, par un mandataire, par un tuteur, a ouvert au tuteur le droit
d'aliéner ou d'acquérir pour le compte du pupille par la tradition qui
n'est qu'une remise de la possession faite en vertu d'un juste titre, par
exemple d'une vente, et qui transfère la propriété, tantôt jure civili,
tantôt jure praetorio : le tuteur pourra, par tradition, aliéner les choses
du pupille, et il pourra, en acquérant par tradition, rendre le pupille
propriétaire -. — Enfin, sans parler d'autres contre-coups de cette doc-
trine, par exemple en matière de prêt, une réforme encore plus large
qui est déjà accomplie vers le temps des Sévères, a pratiquement l'ait
passer chez le pupille à la fin de la tutelle les conséquences de tous les
actes faits par le tuteur, notamment des contrats qui ont été conclus par
lui et qui l'ont rendu créancier et débiteur pour le compte du pupille :
par un jeu de procédure, les actions existant au profit du tuteur et con-
tre lui sont paralysées dans ses mains et dans les mains des tiers en
même temps qu'elles sont transférées sur la tête de F ex-pupille qui a
désormais seul le droit de les intenter et le devoir d'y défendre 3. — Le
second procédé n'a plus désormais d'inconvénients : il est arrivé à pro-
duire, les effets pratiques de Yaucloritatis interpositio, tout en étant
plus simple, en n'exigeant ni la présence du pupille, ni sa sortie de
Yinfanlia. Il devait donc nécessairement la supplanter et c'est ainsi
qu'on est parvenu au système moderne où le tuteur représente le pu-
pille, n'agit plus que par negoliorum gestio.
Nous terminons sur ces deux procédés par une observation. H n'y a
pas d'acte qui ne puisse être accompli par leur combinaison sur le
patrimoine du pupille. Mais cela ne veut pas dire que le tuteur ait le
droit d'en user absolument à sa guise, qu'il puisse impunément dissiper
ou piller le
patrimoine du pupille. Il y a contre le paterfamilias qui
dilapide son propre patrimoine une mesure de précaution : l'interdic-
tion pour prodigalité que nous verrons bientôt. Il y en a aussi et en-
core plus contre le tuteur
qui dilapide le patrimoine du pupille. L'inter-
diction du paterfamilias prodigue est déjà organisée par les XII Tables.
Les XII Tables présentent également, dès l'époque où la tutelle est en-
core regardée comme une puissance établie au profit du tuteur, deux
voies de droit auxquelles on peut rattacher tout le développement qui,
depuis qu'on a considéré la tutelle comme établie dans l'intérêt du pu-
pille, a eu pour but, d'une part, d'empêcher le tuteur de faire des actes
nuisibles, et, d'autre part, de lui imposer la responsabilité de sa gestion :
le nimen suspecti, qui permet d'empêcher le mauvais tuteur de nuire
en le faisant destituer ; Yaclio rationibus distrahendis, qui permet de
lui demander une amende du double pour ses actes d'infidélité. Nous
allons exposer le développement des deux idées en étudiant les pouvoirs
du tuteur et sa responsabilité.
mes ; le
par des
magistrat peut procéder d'office, par exemple sur la dénonciation d'un
1er
1u'e"e parait anciennement n'avoir pu servir qu'à faire écar-
'>0Ur CC'a
ètrp 6 i U!UUl' ''U'
1
a dé-'à a8' et non le tuteur simplement appelé qui n'agira peut
un'iPa?-f<IUe 'e cnme"<iéjà intenté s'arrête dés lurs la tutelle est éteinte pour
"•ont quelconque. V. Inst., h.
que
t., o. 8, par exemple.
214 LIVRE II. — CHAPITRE V
tions progressives ont été apportées, depuis les XII Tables, par l'ancien
droit civil, par l'édit du préteur et par le droit impérial.
•i. Le droit civil a admis que certains actes faits par le tuteur seul ou
par le pupille assisté du tuteur seraient nuls, pourraient être méconnus
par le pupille au regard des tiers, au lieu de devoir être respectés par
lui sauf recours contre le tuteur. Ces actes qui excèdent donc désormais
les pouvoirs du tuteur sont : a) les actes dans lesquels les intérêts du
pupille et ceux du tuteur sont en antagonisme * ; b) les donations 2, et
enfin c) les autres actes eux-mêmes quand le tuteur y procède de mau-
vaise foi 3.
2. L'édit du préteur a apporté une autre restriction considérable aux
pouvoirs du tuteur, au principe que les actes faits par lui ou avec son
concours sont aussi valables que ceux d'une personne capable, en accor-
dant au pupille contre ces actes la restitutio in integrum ob aelalem ;i
l'aide de laquelle le mineur de 25 ans peut faire tomber un acte par le-
quel il a été lésé (p. 228 et s.), en subordonnant donc leur validité à
l'absence de lésion.
3. Enfin le droit impérial a directement défendu certains autres actes
qui seront nuls, s'ils ont été faits à l'encontrede ses prohibitions paru»
procédé ou par l'autre.
La première mesure a été prise par un sénatus-consulte rendu sur la
proposition de Septime Sévère en l'an 195 (oratio Severi) et plus tard
complété par une constitution de Constantin.Le sénatus-consulte* déten-
dait l'aliénation totale ou partielle de certains biens appartenant aux per-
sonnes en tutelle ou en curatelle, de leurspraedia ruslica tel suburbain,
sauf dans trois cas exceptionnels, celui d'aliénation autorisée dans le tes-
1. Le tuteur ne peut, avons-nous vu, ôlre auclor in rem suam (Gaius, 1, 18*.'.
Mais la règle est également vraie en matière de negoliorum gestio. L'npplM-
tion la plus saillante est le procès entre le luteur et le pupille, pour lequel on
nomme anciennement au pupille un lulor praelorius qui lui donnera son au*
n'tosfp. 205, n. 6) et on a Uni par se contenter de lui donner un curateur qui,
depuis que la représentation judiciaire est admise, peut plaider pour lui par von
de negoliorum gestio. V. Inst., 1. 21, De auct. lut., 3, et sur la transition IJUI n
conduit du 1er système au 2», les textes de Gaius et d'UIpien cités p. 205, n. G f"10;
cours du tuteur exigé pour les procès intentes par legis aclio el pour ceux il» 1
constituaient sous la procédure formulaire des judicia légitima, mais non po»r
les judicia imperio continentia).
2. V. par ex. Paul, D., 40, 2, De manum. vind., 24. Le pupille qui pourrait, pou'
une juste cause, affranchir son esclave tutore auctore, parce que rnfTrancln*^
ment n'est pas une donation, ne pourrait pas, môme tutore auctore, lai-s-CT '
pécule à l'affranchi, car ce serait une donation.
3. Julien, D., 41. 4, Pro emplore, 7, 3: Tutor in re pupilli lune domiiuW_ . . , ,
habelur, cum tutelam administrai, non cum pupillum spoliât. Paul, 0 , -\'_
Deadm tut 12. 1. Tout ce qu'on pourrait se demander, c'est si le Prinal
,
s'applique aussi bien aux actes faits par le pupille auctore tutore qu'à ceux la -
par le tuleur lui même.
4. D., 27, 9, De rébus eorum. V. le texte de Voratio, D., h. t., 1, 2.
CAPACITE DE FAIT. — TUTELLE 215
Responsabilité du tuteur
III- La théorie de la responsabilité
. —
u tuteur envers le pupille à raison de sa gestion a encore son point de
départ dans la loi
des XII Tables, dans l'action rationïbus distrattendis \
1. Dioclétien et Maximien,
C, 5, 71, De praediis vel aliis reb., 11.
3' f,''.' 7i> Si major factus. 3, 1.
les' ° adm. tut., 22. Le tuteur ne garde plus le droit de vendre que
Jrm-Iîiaux suPerflus, les vieux vêtements (const. 22, 6. 7) et aussi naturellement
les
Mais elle n y a que son point de départ. L'action des XII Tables ne oen-
tient que le germe de cette responsabilité mieux: assurée dès avant h
fin de la Républiquepar la création de faction tutelae, qui fut elle-niê»*
rendue plus efficace par les réformes de Pépoque impériale.
1. L'action rationibus dislrahendis est désignée par son nom Miaa-:
se rattachant au règlement de compte qui a lieu entre le tuteur et 1*
pupille ; mais c'est par un simple euphémisme ; car c'est une vèritiiMt
action délictuelle qui n'existe qu'à raison d'actes de véritable ssu^tut-
iion, qui précisément pour cela, est au double et ne passe pas emm
les héritiers 1. La peine du double était une répression suffisante di* dé-
tournement. Maïs Faction avait Pinconvénient de ne pas passer <x»!iïiî
les héritiers, elle avait surtout celui de ne s'appliquer qu'aux délourae-
meuts, de ne pas sanctionner les droits que le pupille pouvait avons
raison d'autres enrichissements du tuteur, d'autres actes d'imprcttë
de lui, des dommages causés par sa maladresse, pas plus du reste fî?
le tuteur ne pouvait demander la restitution des avances faites par Sui
au pupille dont il se serait trouvé à. découvert à la. .fin de la tutelle.
2. Tout cela fut changé par la création de l'actio iulelae, qui B'S,
croyons-nous, été établie qu'après l'introduction de la procédure f?i-
mulaire, mais qui figure déjà dans Pénumération des actions de kniie
foi de Q. Mucius Scaevola, consul en 639, rapportée par Cicéron *. Cette
action, sert, comme «.clic» ccmlraria, au tuteur pour demander indem- 1
nité des dépenses faites par lui pour le pupille, des engagement? pre
par lui pour le compte du pupille avant les réformes du droit moderne
relatives au transfert des actions (p. 212). Elle sert surtout aupupilfc,
—
comme actio- direcia, infamante *. à demander au tuteur ou à ses hérities
compte de la gestion de la. tutelle, à lui demander non seulement, le trans-
fert des valeurs acquises par lui pour le compte du pupille, mais la «i*
ration du préjudice causé au pupille par ses opérations désavantageuses.
relativement auxquelles il est responsable de toutes les fautes qu il •'
commet pas dans l'administration de ses propres affaires (culpa Ucit®
concreto, diligentia quam suis) v.
3. L'actio tulelae contraria survécut ensuite telle quelle. Mais Pfl''*
tutelae direcia avait encore à recevoir du droit impérial de nombre»
1. V. D., 27, 3, De tut. et rai dûtr., 1, 20, pour scia montant, 1, 23» pour s*
intransmissibilité, et 2. pour sa restriction au cas de soustraction, qui la cooduiit»
1 époque classique, à faire à
peu près entièrement double emploi avec l'action/«f*:
à l'époque où elle a élé créée, on ne considérait doute pas le détournes*'
du luteur comme un furlum, probablement ?ans
en partant de l'idée de polttlss-
2. De off., 3, 17, 70 Son inexistence à l'époque des Actions de la loi resulfo»
noire sens, précisément de son caractère d'action de bonne foi (-V- & S-
1S97, p. 255i.
3. Loi Julia de 709, 1. 111. Gaius. i, 182.
i. Ulpien, D., 27, 3, De lut. act., 1, pr. 11 y a d'autres textes divergeai-
CAPACITE DE FAIT. — TUTELLE 217
1
•
Ulpien, 0 ,
46,6, Rem pupilli, 4, 3 : Sed enim qui non gessit omnino non tene
m
Ulpien, D., 46, 6, Rempup., i,
periculo suo cessavit.
3:...
Sed ulili aclione conveniendus est,
.'' ''''• "•> 26j 7, De adm. tut., 1. pr. : Gerere alque administrare tulelam
ordinem tutor cogi solel. 1. Ex quo scil se tulorem dalum si cessel lulor, suo
eu o cessai : id enim
V
a divo Marco conslitulum est, ut qui scil se tulorem dalum
cxcusalionem quam habet allegat inlra tempora praestiluta, suo periculo ces-
M. Gradenwitz
a supposé, Hermès, 1893, p. 323, que ce serait là chronologi-
218 LIVRE II. - CHAPITRE V
d'hui très fortement appuyée pour elle par P. Lond., I. 470, de l'an 168 (meilleure
lecture dans Wilcken, Arch. f. Pap., 3, 2, 1904, p. 244) relatif à la fin d'une pa-
reille tutelle après l'accomplissement de l'acte et par /'. Oxy-, IV, 720 Icf. Arch.
f. Pap., 3, 2. p.313) qui contient la demande faite en 247 par une femme au préfet
d'Egypte d'un pareil auctor en vertu des lois Julia et Titia et la réponse conforme-
du préfet. Cf. sur les deux titres, Milteis, Z. S. St., 25, 1904, pp. 374-376.
i. Gaius, 1, 144. 1, 190.
2. Gaius, 1, 192.
3. Gaius. 1, 173. Ulpien, 11, 22.
i. Gaius, 157. Ulpien, 11, 8.
1,
5. Gaius, 1, 145. 1, 194. Exemples dans la donation d'Irène, Textes, p. 789, dans
le papyrus de Vienne de 271, cité Textes,
p. 806, et dans celui du milieu du IVe siècle
c'lé n. 8. L'incapacité
ne s'appliquait pas non plus aux vestales d'après les
XII Tables, dit Gaius,
1, 145.
»• C 8. 58 (59), De jure liberorum, 1, de l'an 410.
,
7- Elle parait bien
ne plus exister en 390, où une constitution de Valentinien,Théo-
dose et Arcadius, C, 5, 35, Quando mulier, 2, admet la mère à la tutelle de
ses
enfants.
8. La dernière trace certaine en a été longtemps la constitution de Dioclétien de
™ ou 294, F F.,325 mais
; l'existence en est aujourd'hui attestée postérieurement
parle procès alexandrin de l'an 330 plus tôt, publié et commenté par MM. Com-
net et Jouguet, Arch. f. Pap., 1,
au
pp. 293-312.
422 LIVRE IL — CHAPITRE V
§ 1. — Curatelle du fou 2.
La curatelle du fou est le corollaire de l'incapacité naturelle produite
par la folie. La nature même frappe le fou d'une incapacité qui, par
la force des choses, s'étend à tous les actes, mais qui d'ailleurs, ve-
nant directement et exclusivement de la nature, se règle exclusivement
sur la folie, commence avec elle sans décision judiciaire, finit avec elle
sans plus de décision judiciaire et, si la folie est intermittente, s'inter-
rompt avec elle à chaque intervalle lucide. C'est afin de remédier à cette
incapacité de fait qu'intervient la curatelle qui était déjà établie par les
XII Tables pour les furiosi 3, qui plus tard a été étendue à tous les
\
aliénés mais qui a toujours si bien gardé son caractère de corollaire
de l'incapacité purement naturelle résultant de la folie, qu'elle est at-
teinte par chaque retour même temporaire de la raison, que la surve-
nance d'un intervalle lucide éteignait les pouvoirs du curateur avant
Justinien et suspend tout au moins ses fonctions depuis Justinien ".
1. Inst., 1,23, De curatoribus. Cf. Karlowa, R. R. G., 2, pp. 301-310. Bruns,
Kleinere Schriflen, 2. 1882, pp. 464-473.
2. D., 27, 10, De curatoribus furioso et aliis extra minorem dandis. Cf. Audi-
ttert, La folie el la prodigalité en droit romain, 1892, et les comptes rendus détaillés
d'Appleton, R. gén., 1893, pp. 136 et ss., 232etss. et de H. Krueger, Z.S.St.,^,
1893, pp. 260-274 ; Ubbelohde. Zeitschr. de Griinhut, 4, 1877, pp. 521-587; A.
Pernice, Labeo, 1, pp. 234-240.
3. XII Tables, 5, 7 a : Si furiosus escil, asl ei custos nec escit, agnatum genti-
liumque in eo pecuniaque ejus potestas esto. Quelle est la différence entre le furio-
sus et les autres aliénés (ameutes, démentes, mente capti) ? Suivant une doctrine
répandue chez nous (v. par ex. Accarias, Précis, 1, n° 167), les furiosi seraient les
aliénés ayant des intervalles lucides, par opposition aux mente capti atteints d'une
folie continue. Suivant une autre doctrine tAudibert, 11-61), ce seraient les
pp.
fous atteints de folie ordinaire, à l'exclusion seulement des individus atteints de
monomanie. Cf. H. Krueger, pp. 262-264.
4. Inst., h. t.. 4.
5. C, 5, 70, De curai, fur., 6. Même Justinien, ni l'incapacité ni la curatelle
sous
du fou ne présentent le caractère de continuité absolue
que présentent chez nous
.
l'incapacité et la tutelle de l'aliéné interdit, à Rome l'incapacité et la curatelle
•du prodigue interdit. Notre loi moderne précisément appliqué à l'aliéné, dans
l'institution de l'interdiction judiciaire, leasystème de l'incapacité artificielle, ayant
CAPACITE DE FAIT. — CURATELLE DU FOU 223
son point de départ dans le jugement d'interdiction et son terme dans le juge-
ment de mainlevée, qui fonctionnait à Rome pour le prodigue. L'ancienne inca-
pacité naturelle, modelée sur la nature, commençant avec la folie et finissant
avec elle, définitivement au cas de guérison, temporairement au cas d'inlervalle
lucide, ne subsiste,
avec sa supériorité logique et aussi avec les complications
corrélatives qu'elle présente au point de vue de la preuve, que pour les aliénés
qui n'ont pas été interdits.
i. Inst., h. t., 1. 3. V. sur la suppression progressive de la curatelle légitime,
Audibert. A'. R H., 1891, 310 et ss. C'est même là la cause de l'interpola-
'ion du texte d'Ulpien, D., h.
p.
t., 1, qui ne prouve pas l'existence de deux cura-
telles distinctes des prodigues (p. 225,
n. 1 et 2), mais qui énonce seule-
Dent en termes médiocres le système nouveau de nomination des curateurs.
2. Ainsi par exemple, s'il échoit succession au fou, il faudra attendre le re-
tour à la raison
une
pour qu'il puisse l'accepter et on a même beaucoup plus malai-
sément admis pour lui le pupille que quelqu'un pût l'accepter à sa
que
Place. V. Justinien, C, 5, 70, De
pour
cur. fur., 7, 3.
224 LIVRE II. — CHAPITRE V
§ 2. — Curatelle du prodigue s.
La curatelle du prodigue remonte également aux XII Tables. Selon les
XII Tables 4, celui qui dissipait les biens familiaux dont il avait hérité al)
intestat (bona palerna avitaque) était frappé d'interdiction par une dé-
cision du magistratb et tombait sous la curatelle légitime de ses parents
civils °, mais du reste l'interdiction n'intervenait qu'alors et ne portait
peut-être que sur les biens familiaux hérités ab intestat 7, tandis qu'à
l'époque classique la curatelle fondée sur la prodigalité s'applique indif-
féremment à tous les prodigues et à tous leurs biens s.
Le système de l'incapacité et de la curatelle du prodigue diffère du
système corrélatif organisé pour le fou, en ce que l'incapacité, ayant un
1. Cette solution est contestée pour eux par M. Audibert, qui, reprenant et
remaniant une doctrine présentée par M. Ubbelohde, admet, en se fondant sur
divers textes et notamment
sur D., h. t., 1, que leur incapacité viendrait non pas
d'une interdiction, mais d'un rapprochement
avec la folie fait par la doctrine ;
lu il y aurait donc eu deux catégories de prodigues incapables : l'incapable in-
terdit en vertu des XII Tables et appelé is cui bonis lege inlerdictum est et celui
'lui sans interdiction était incapable
par assimilation au fou et était appelé is
eut bonis inlerdictum est. Mais précisément ce système est, ainsi que l'a remar-
qué M. Appletou, directement contredit
par l'expression is cui bonis inlerdictum
est qui montre que, malgré le rapprochement avec la folie, le point de départ de
incapacité est pour tous les prodigues dans une interdiction.
2- La nécessité d'un jugement
de mainlevée, certaine pour les prodigues inter-
dits des XII Tables,
est niée pour les autres prodigues incapables par M. Audi-
awt et môme par M. Appleton qui
se laisse convaincre par quelques textes (D.,
" '-, 1, et Paul, Sent., 3, 4
a, 12). Mais le plus embarrassant des deux textes,
"' h- t., l, est, de l'avis de M. Appleton lui-même, interpolé, et l'idée
prodigue revienne de plein droit à la capacité
que le
par son retour à la sagesse est
Précisément ce qu'il aurait de plus inconcevable pratiquement dans le système
y
« assimilation à la folie.
1
15
226 LIVRE IL — CHAPITRE V
1. Ici encore nous devons écarter le système de M. Audihert sur les doux sortes
de prodigues incapables. Selon cette doctrine, le prodigue interdit- des Xll Tables
serait seulement incapable d'aliéner ses biens patrimoniaux et serait capable pour
le reste, tandis que l'autre, réputé atteint'de monomanie, serait incapable de faire
les actes qui rentrent dans sa monomanie, c'est-à-dire de rendre sa condition pire.
Mais, en admettant que certaines solutions soient rattachées par les textes à la
comparaison avec la folie, par exemple l'exclusion de l'obligation naturelle (cf.
D., 45,1, De V. 0., 6), rien ne prouve que la comparaison soit faite pour un pro-
digue plutôt que pour l'autre : la dualité n'apparaît par exemple pas du tout dans
les textes qui nous sont parvenus en dehors des compilations de Justinien, comme
les Sentences de Paul et les Règles d'Ulpien, et qui devraient la révéler le plus
nettement si elle existait encore à l'époque classique.
2. Car le testament est un acte per aes et libram compris dans l'interdiction du
commercium et, même à l'époque où il se faisait devant les comices, le prodigue,
ne pouvant disposer des bona palerna avitaque, se trouvait par là même dépouillé
du droit de tester relativement aux autres en vertu- de la règle nemo parlim testatm
parlim inteslalus decedere potest.
3. Ulpien, D., 29, 2, De acq. vel om. lier., 3,t.
4. En sens contraire, Accarias, Précis, 1, p. 442. Le silence est particulièrement
probant dans les textes qui opposent le prodigue pupille parlant de Vauclor
au en
CAPACITE DE FAIT- — CURATELLE DU MINEUR ÎÏT.
' Hne pouvait créer de restitutio in integrum avant la loi Aebutia (p. 38 et ss.).
a restitutio in integrum ob
aelalem était déjà parfaitement connue de Labéon,
après D., h. t., 13 1 16,1. Elle était aussi
texte. ; connue d'Ofllius, d'après le dernier
2-Panl.D.,A. f., 24, 1.
»• Ulpien, D., h. Î.,11,4.
•
c est ce qu'exprime la formule des interprètes : Minor restituilur non tanquam
™™r sed tanquam laesus.
•
k., 2, 52 (53), De temp. in int. rest., 7.
Î30 LIVRE II. — CHAPITRE V
suppose des femmes ayant des curateurs en même temps que des tute
Justînien donne les règles de la curatelle pour les deux sexe- '.
2. La curatelle, de volontaire et spéciale, est devenue penn*ii'W-
forcée. D'abord il y a, dès l'époque classique, des cas où elle >*-t t " ''
'Elle ne donne aux tiers qu'une garantie de fait. Mais cette 2-a ntfb
fait. a. pa.ru assez importante pour «qu'on permit aux tiers dr I r^y '
paiement, et, ce qui n'est pas très différent, pour lui rendre un cêiBfK .
"tutelle *. 11 semble bien aussi que le curateur nommé par le prseû* ;
son testament, à son fils mineur loi était imposé, par là *. — Eus»* '8 '
.curateurs ont changé, de rôle : de personnages appelés à. ctincwinir tu i.
cite un texte, D., 46,. 2, De nov., 3, selon lequel le prodigue peut s'engager par
contrat verbal, au cas de novation, s'il rend par là sa condition meilleure.
t- D-,h. (., 3, pr. c., 2, 44 (45). De his qui veniam aetatis impelranerunt. '-^
formule de la venia aetatis, employée par la chancellerie des rois Gotlis, est dan
Cassiodore, Variae, 7,41.
2. P. 213, note 1. Imt., h. t., 5. 6.
3. Nov 117. Cf. p. 214, note'1.
4. D., 37, 9, De neutre inposs. mitt. et curât, ejus. V. sur ses fonctions, WPieD
.
*
1. La légende représente déjà le peuple comme institué héritier par Acca La-
rentia sous le roi Ancus (Macrobe, Sat., 1. 10, 14. Plutarque, Q. R-, 35).
2. C'est la doctrine qui nous paraît certaine et qui prévaut de plus en plus. V.
Mommsen, Dr. publ., 1, p. 194 et ss.. Heyrowski, Rechtliche Grundlage lier le§®
conlractus, 1881.
3. V. à ce sujet Liebenam, et notre compte rendu, N. R. H., 1891, pp. 375-316.
4. Les institutions païennes auxquelles on donne parfois ce nom ne sont pas
comme il le faudrait pour qu'elles constituent de véritables fondations, des pa-
trimoines organisés en personnes morales afin de satisfaire à certaines Ans, mais
des biens remis à une personne morale déjà existante sous une certaine charSc;
par exemple les fondations alimentaires faites par des particuliers, Textes, pp-»
801. Les fondations alimentaires impériales elles-mêmes constituent pas.à noire
ne
avis, de véritables universitates rerum organisées en personnes morales. On pour-
rait plutôt se poser la question pour certains temples, non pas pour ceux d«
temps de la République, dont les biens appartenaient à l'État (Mommsen, Or.
publ 3, pp. 67-82) ou tout au plus collèges placés près d'eux, mais pour le»
aux
temples auxquels la capacité de recueillir des lee-s été reconnue sous l'Empire
tUlpien, 22, 6). ° a
PERSONNES JURIDIQUES 235
§ 2. —
Régime des personnes morales.
ques, ne laissa subsister qu'une partie des anciennes associations, les cor-
porations ouvrières, les collèges de prêtres, les sociétés de publicains, et
subordonna la création des associations nouvelles à une autorisation
préalable 4; mais cette autorisation peut elle-même encore être soit spé-
ciale, soit générale ; tandis
que les associations ordinaires ne peuvent se
constituer qu'en vertu d'une autorisation préalable dont nous avons un
certain nombre d'exemples 8, il y a des catégories d'associations privilé-
giées qui sont autorisées par avance à condition de s'e constituer suivant
au certain type 6. — b) Quand une association était autorisée, il ne
semble pas qu'il fallût,
pour lui donner la personnalité morale, une con-
cession distincte de l'autorisation 7.
2. Les personnes morales peuvent avoir
une sorte de droit de famille,
le patronat,
sur leurs esclaves affranchis, desquels les inscriptions nous
>•
Gaius, T)., 3. 4, Quod cujuscumque universilatis nomine vel contra eam aga-
2. XII Tables, 8,27.
3. Suétone, Caes., 42.
Ocl., 34.
• "a,us,
D., 3, 4, Quod cujuscumque, 1, pr.
». Exemple, Textes,
p. 828. Enuméralion dans Liebenam, pp. 229-230.
»• V. par exemple, Textes,
p. 829, l'inscription de Lanuvium de l'an 136 repro-
isant un chapitre du sénatus-consulte qui paraît, avoir autorisé préalablement
es collèges funéraires celui signalé
-2< De coll.,
et qui
i est probablement
e 6 par Marcien, D., 47,
liJ5r.
7- C'est
ce qui paraît résulter du texte fondamental de Gaius, D., 3, 4, Quod
Wtcumgue, 1, 1. V. aussi Paul, D., 34, 5, Dereb. dubiis, 20. 21.
236 LIVRE II. — CHAPITRE VI
1. Affranchis de cités appelés Publicii, ou, du nom concret delà cité, Venafra-
nii ; Velatii, affranchis du collège des accensi velati ; Monetarii, affranchis de la
société de publicains fermiers de la frappe des monnaies, etc. V. Cagnat, Cours
d'épigraphie latine, pp. 84-85.
2. Ulpien, D., 48,18, De quaeslionibus, 1,7: Nec plurium servus videtur sed cor-
poris.
3. Ulpien, D., 3, 4, Quod cujusq. univ., 7, 1 : Si quid universilati debetur, «»
gulis non debetur, nec quod débet universitas singuli debent,
i. Ulpien, D., 3, 4, Quod cujusq. univ., 7, 2 : Nihil refert utrum omnes iidem
maneant, an pars maneai, vel omnes immutali sint.
5. Nous en avons un exemple dans une constitution d'Honorius et Théodose de
413 dissolvant le collège des dendrophores comme un foyer de paganisme, C. Th-,
16, 10, Depag., 20. Les empereurs règlent en même temps la répartition des
biens en en prenant une part, en en donnant une autre à l'église et en en don-
nant une autre à des particuliers orthodoxes. En l'absence de pareille disposition
expresse, c'est une question de savoir ce que deviennent les biens de la personne
morale disparue. Le texte de Marcien, D., 47, 22, De coll. pr., supposant un col-
lège illicite, dénué de la personnalité morale, est étranger au débat.
LIVRE III
LE PATRIMOINE
I. - LES CHOSES
Les choses (res) sont tout ce qui existe dans la nature. Mais le droit
ne les étudie pas en elles-mêmes, pas plus que les personnes. Il étudie
les personnes comme sujets de droits. Il étudie les choses comme objets
de droits. Ainsi considérées, les choses sont divisées à de nombreux
points de vue, soit d'après leurs caractères intrinsèques, soit d'après
leur condition juridique. Nous indiquerons seulement les divisions les
plus romaines et les plus importantes.
1.
=
Gaius, 2, 1 Inst., 2, 1,De R. D.,pr. : Vel in noslro palrimonio sunl, vel
exlra nostrum patrimonium habenlur. On a dit que Gaius et Justinien font seule-
ment la division en fait, selon qu'une chose se trouve présentement appartenir ou
non à une personne. Mais, cela fût-il, rien ne nous empêche de la poser en droit.
11 n'y
a, en tout cas, aucun avantagea lui substituer la division des choses en
choses dans le
commerce ou hors de commerce, qui, littéralement et dans certains
textes (v. par
ex. D., 20, 3, Quae res pign., 1, 2), distingue les choses non pas se-
lon qu'elles sont
ou non susceptibles de propriété privée, mais selon qu'elles sont
ou non susceptibles d'être aliénées.
2. Les Romains parlent seulement de res humani juris et de
res divini juris. Mais
'addition est suggérée les res divini juris et pour une catégorie de res humani
pour
(«ris, pour les respublicae,
par Gaius, D., 1, 8, De D. R., 1, pr.
338 LIVRE III. — I
1. Res nullius humani juris. Les res nullius humani juris sont les m
communes, les res publicae et les res universitatis.
a) Les res communes sont celles qui sont à l'usage commun de tous
les hommes parce qu'elles échappent à toute appropriation privée ;
1. Inst., 2, 1, De R. D., 1. 3. 5.
2. Par ex. Celse, D., 43, 8, Ne quid in loco publ., 3. Cf. Neratius, .û.,41,1, Dt
A. li. D., 14.
3. Le pécheur est propriétaire de sa pèche ; le constructeur l'est de sa cabane
et même du sol sur lequel elle s'élève, tant qu'elle subsiste (Marcien, D., 1, 8, De
D. R., 0). Mais ce droit n'existe qu'en tant qu'il n'est pas écarté par des règle-
ments publics, soit pour le rivage de la mer, où les autorités peuvent défendre de
bâtir (D., 43, 8, Ne quid in loco publ., 4), soit pour la mer elle-même, où la pèche
peut être interdite, dans des régions où elle a été affermée par l'Etat, ainsi que
semblait déjà l'impliquer le langage d'Ulpien, D., 47, 10, De inj., 13, 7, et que le
révèle aujourd'hui une inscription de fermiers de la pèche (conductorespiscatus)
découverte sur les côtes de la mer du Nord (Dessau, 1, 1461 ; cf. Bull, di D. B.,
1889, p. 129 etss.).
4. D., 47, 10, De inj., 13, 7.
5. Fleuves publics, usage de leur rives, ports : Inst., h. t., 2. 4. Contre la doc-
trine d'Ossig, Rbmisches Wasserrecht, 1898, selon laquelle le nom de ftumen s'ap-
pliquerait aux seuls fleuves par opposition aux ruisseaux et par conséquent les
ruisseaux à écoulement constant ne seraient pas des flumina publica, v. Erman,
K. V. /., 1900, pp. 1-24. Voies publiques : D., 43, 8, Ne quid in loco publ., 2,
—
21. — Théâtres, stade : Inst., 3, 19, De inut. stip., 2.
LES CHOSES 239-
quelqu'un est empêché d'en jouir, c'est également par l'action d'injures-
qu'il doit se plaindre '. L'utilité en est même si complètement absorbée
la jouissance publique qu'on a prétendu que l'État n'en était pas
par
propriétaire et qu'il avait seulement sur eux un droit de souveraineté :
c'est, à notre sens, une erreur 2.
c) Les choses des
universitates, c'est-à-dire ici surtout des cités, pour
lesquelles on peut encore distinguer les choses qui sont dans le domaine
privé de la personne morale et celles qui sont dans son domaine public,,
comprennent, comme choses rentrant dans le dernier domaine, affectées-
à l'usage commun de tous les membres de la cité, le théâtre, le stade, les-
bains publics, etc. 3. L'individu empêché d'en jùuir aura encore l'actioni
\
d'injures et nous croyons encore qu'en dépit de l'absorption faite de
leur utilité par la jouissance collective, la personne morale en a la pro-
priété, simplement paralysée par cette jouissance collective b.
i. Iles nullius divini juris. Les res nullius divini juris sont des choses,
qui ne peuvent appartenir à aucun particulier par suite des droits que les
dieux ont sur elles. Il y en a également trois catégories : les res sacrae,
consacrées aux dieux supérieurs ; les res religiosae, consacrées aux dieux
inférieurs, aux dieux mânes, et les res sanctae, qui sont tout au moins
placées, h cause de leur importance, sous la protection spéciale des dieux..
a) Les res sanctae, qu'on nous dit n'être divini juris qu'en un certain
sens, sont, à l'époque païenne, les portes et les murs des villes, les bor-
nes des champs c.
.
b) religiosae, c'est-à-dire pratiquement les sépultures, sont
Les res
classées parmi les res divini juris en vertu de conceptions de l'époque
païenne dont le droit chrétien n'a pas écarté les conséquences '. Un ter-
rain acquiert la qualité des res religiosa, quand le cadavre ou les cendres
d'une personne y sont déposées par les ayants droit de l'assentiment du
propriétaire 2. Il le perd, quand le cadavre ou les cendres en sont retirées,
Jusque-là, ce terrain, étant considéré comme la demeure du mort, est
soustrait à la propriété des vivants, bien qu'il puisse parfois être dans
une certaine relation plus étroite avec certains d'entre eux 3. Le droit
de faire respecter la sépulture est reconnu par préférence aux mêmes
personnes, tout enpouvant à leur défaut être exercé par toutlemonde*
c) Les res sacrae, dont la notion s'est également dessinée à l'époque
païenne et a été empruntée par le droit chrétien, sont les temples elle
matériel du culte qu'il ne faudrait pas plus confondre avec les biens
productifs de revenus appartenant aux temples ou affectés à leurs be-
soins que le domaine public de l'État avec son domaine privé 5. Leur
protection regarde l'État, qui préside d'ailleurs à leur administration et
à leur entretien comme à ceux des choses publiques 6. Quant à leur af-
fectation aux dieux (consecratio, dedicatio), elle ne peut résulter, comme
celle des res religiosae, de la simple volonté d'un particulier. Elle im-
plique une intervention du pouvoir civil qui, tout au moins pour les
immeubles, doit être autorisée par une loi 7, et qui se manifestait, sons
1. Gaius, 2, 4 : Religiosae {res sunt) quae dits Manibus relictae sunt. Cf. A. Per-
nice, Silzungsberichle de Berlin, 1885, pp. 1155. 1156 et Th. Mommsen, Z.S.Sl.,
16, 1895, pp. 203-220. Sur une acception plus large du mot religiosus, v. Mar- <
1. Les praedia urbana et rustica se distinguent non pas d'après leur emplace-
ment, mais selon qu'ils sont ou non bâtis (D., 50, 16, De V. S., 198) : )espraeiia
suburbana sont au contraire ceux voisins d'une ville. Intérêt de la distinction des
premiers et des deux autres, p. 214. Intérêts de la distinction des premiers cite
seconds, notamment au point de vue de la division des servitudes réelles, de l'hy-
pothèque tacite du bailleur. Sur la distinction des fonds italiques et provinciaux et
sur son intérêt, v. p. 261.
2. L'intérêt de la première division se présente par exemple au point de vue de
la possibilité d'un mutuum (Gaius, 3, 90), celui delà seconde au point de vue de la
libération du débiteur par la perte de la chose (gênera non. pereunt). Sur la dis-
tinction des deux points de vue souvent confondus, v. de Ihering, OEuvres choisies,
1, 1893, p. 156 et ss. Regelsberger, Pandekleri, 1, p. 379. Les expressions non ro-
maines choses fongibles, choses non fongibles ne font qu'augmenter la confusion.
3. Naturellement une chose quae pondère numéro mensurave constat peut être
envisagée in specie, ainsi le vin qui se trouve dans un cellier (Ulpien, D-, 30, De
leg., I, 30, 6), et d'autres choses que celles-là être considérées in génère, ainsi une
certaine quantité d'esclaves vendus à un entrepreneur de jeux (cf. D-, 23, 3, Di
jure dot., 18).
4. Inst., 2, 4, De usuf., 2.
Intérêt de la distinction, par ex., en matière d'usn-
fruit. Sur le classement par le texte dans la première catégorie des vêtements que
d'autres textes mettent dans la seconde {D., 7, 1, De usufr., 15, 4, par ex.), ef- d«
Ihering, OEuvres choisies, 1, 1893, p. 281 et ss. Naturellement il y a des choses
qui se pèsent, qui se mesurent ou se comptent et qui ne se consomment pas par
le premier usage, ainsi les poteries communes qui se vendent à la douzaine, le
petit bétail, etc.
LES CHOSES 243
t. Th. Mommsen,
Cf. Hist. de la monnaie romaine, 4 vol., 1865-1875. Marquardt,
Organisation financière,
pp. 1-46. 87-90. Hultsch, Griechische und romische Mé-
trologie, 2° éd., 1882. Kubitschek, dans Pauly-Wissowa,
v. As.
2. Anciens Perses l'Avesta, Vendidad, 7, 41-44, évalue
en bétail le salaire des
médecins.
- :
Anciens Grecs : Homère, Ilyas, Z, 236. H, 474 ; Odyss., a, 421 ; v.
aussi le proverbe sur le témoin acheté, auquel
« un boeuf a passé sur la langue »
(Theognis, 815 .Eschyle, Agamemn., 35).; les lois de Dracon fixaient
; encore,
comme les vieilles lois romaines, leurs amendes en bétail (Pollux, 9, 61 ; cf. Plu-
tarque, Sol., 23). Cf. Buechsenschuetz, Besilz und Erwerb imgriech. Allerthume,
1869, p. 463 et
ss. — Celtes d'Irlande : d'Arbois de .lubainville, Eludes sur le droit
mtique, 1, 1895, p. 335 (bétail, à côté des femmes esclaves et des d'orge). —
-Anciens Germains Brunner, Deutsche Rechtsgesch., l,
sacs
: p. 57. — Islande : von
Amira, Nordgermanisches Obligalionenrecht 2, 2, 1895, 510-529) concurrem-
ment avec une monnaie d'étoffe grossière).
pp.
— Afrique contemporaine : les Ca-
mpaient les compositions de leurs délits et les prix d'achat de leurs femmes,
t'e ^teil, comme les héros d'Homère Post, Africanische Jurisprudenz,
l«o :
8J.l, p. 69 ; 2, p. 32 exemples analogues chez les Bogos, op. cit., 1, p. 69 ;
;
ez les Somalis, 1,
"««s, étoffes,.2, pp. 69. 334. Autres monnaies africaines: coquillages, es-
pp. 175-179.
St dU m°inS 1'0Pin'(m'de
M- Mommsen, Hisl. rom., 1, p. 263, n. 1. Cf.
.von Aî""^' '?Ui siSnale
naic de bétail,
seulement le rapport légal comme existant entre la mon-
et la. monnaie nationale d'étoffe grossière.
244 LIVRE III. — I
valeur entre le boeuf et le mouton ; le boeuf valait dix moutons, comme
en Islande il en valait douze '.
Mais dès avant la disparition de cette monnaie, dès avant les XII Ta-
bles et peut-être dès avant la fondation de Rome, les populations itali-
ques connaissaient, à côté du bétail, un autre instrument d'échange, le
cuivre (aes), employé à l'état brut (aes rude) 2 en lingots que l'on pesait
pour chaque paiement, en les rognant au besoin de manière à obtenir
le poids requis 3.
Enfin les Romains sont parvenus de bonne heure à la possession
d'une monnaie métallique semblable à notre monnaie moderne dont les
exemplaires frappés ou fondus d'avance par l'État, ayant toujours une
valeur uniforme, n'ont plus besoin d'être pesés, peuvent être comptés.
Cette réforme qu'on fait parfois remonter au temps légendaire de
Servius Tullius, qu'une doctrine plus moderne fait descendre jusqu'au
"Ve siècle de Rome, fut, à notre sens, certainement accomplie vers l'épo-
que des XII Tables, probablement par les XII Tables elles-mêmes *. La
1. Le premier point est prouvé d'abord par le nom de la monnaie, pecunia, qui
vient 'de pecus, comme en anglais"/ee,salaire, vient du mot germanique qui signi-
fie bétail, comme le nom de la roupie indienne vient de rupd, bétail ; il est prouvé
surtout par le fait que, dans les vieilles lois romaines, les amendes sont fixées en
bétail : elles allaient, dit Festus, v. Ovibus, de 2 moutons à 30 boeufs. Quant au
second, le rapport établi entre les moutons et les boeufs résulte de ce que, lorsque
les amendes en bétail furent converties en amendes en argent, le boeuf fut évalué
à 100 as et le mouton à 10 : Festus, v. Ovibus et Peculalus.
2. Le souvenir de cette monnaie a encore laissé sa trace non seulement dans la
langue du droit, dans les termes nombreux dérivés de pendère (expensilalio, com-
pensalio, etc.) mais dans les institutions juridiques elles-mêmes, dans les modes
d'acquérir et de s'obliger per aes et libram (mancipation, nexurn).
3. V. un exemple de lingot ainsi coupé dans Daremberg et Saglio, v. As, flg.iiiï.
4. L'opinion selon laquelle la monnaie aurait été introduite seulement une cen-
taine d'années après les XII Tables, a été soutenue par M. Samwers, Oesclu d.
alteren rômischen Mùnzwesens, 1883, à l'aide d'arguments d'ordre artistique qui ne
nous paraissent pas décisifs. Celle qui la fait remonter à Ser. Tullius a été beau-
coup plus répandue, notamment parmi les jurisconsultes. Mais elle repose sur une
confusion, d'ailleurs déjà faite par des écrivains anciens (Cassiodore, Var., 7, --j
Plutarque, Poblic, 11). L'innovation attribuée à Ser. Tullius ne consista pas a
supprimer la nécessité de la pesée, mais à remédier à un autre inconvénient de
l'usage des lingots. Il fallait, dans l'ancien système, non seulement les peser.mais
vérifier la pureté du métal ; ce qui est attribué par ex. par Pline, H. n., 18, 11-
33, 43, à Ser. Tullius, c'est l'établissement d'une vérification officielle du mêlai
qui était ensuite poinçonné d'un signe de contrôle, mais qui était néanmoins
toujours en blocs inégaux qu'il fallait peser et morceler pour les paiements (v. des
exemples de pareils lingots marqués de l'image d'un mouton, d'un boeuf ou due
porc dans Daremberg et Saglio, v. As, fig. 546. 547. 548). Quant à la création par
les Xll Tables de la monnaie qui se compte, elle est rendue très vraisemblable
par le rapprochement de deux textes de Festus, d'après lesquels elle a dû avoir
lieu entre l'an 300 et l'an 324 de la chronologie traditionnelle ; en Tan 300, Ion
trouve encore une loi Alernia Tarpeia qui fixe le maximum des amendes en tête»
de bétail, qui ne connaît donc pas d'autre monnaie officielle ; en l'an 324, ce»
amendes sont converties en monnaie métallique (Festus, v. Ovibus ; v. Pecublush
La réforme se place donc entre les deux dates et il est assez naturel de croir
LES CHOSES 245
monnaie créée par les décemvirs était au reste uniquement une monnaie
de cuivre. L'unité était l'as, pesant légalement une livre romaine de
327 "ranimes, plus souvent, semble-t-il, en pratique les 10/12, dix onces,
et appelé à raison de sa valeur légale, Yas libralis. Le cuivre resta pen-
dant environ 180 ans la seule espèce monnayée, naturellement fort vo-
lumineuse et fort incommode dans les paiements un peu importants.
Ce fut seulement en l'an 485 de Rome qu'on établit une monnaie lé-
gale d'argent, que l'argent, depuis longtemps employé en lingots dans
les transactions, fut frappé en pièces d'un denarius (10 as), d'un quina-
rius (5 as) et d'un sesterce (2 as 1/2) au temple de Juno moneta in arce,
d'où le nom de la monnaie.
Ce n'est que depuis l'Empire que la monnaie d'or commença à être
frappée comme monnaie officielle.
Nous n'avons pas à énumérer ici toutes les monnaies ni à suivre les
variations de leur cours. Il suffira pratiquement, pour l'intelligence de
la plupart des monuments juridiques, de savoir : 1° quant au cuivre,
que l'as, qui pesait primitivement une livre ou tout au moins 10 onces,
était déjà descendu au tiers de son poids nominal, 4 onces, en 48S, ce
qui fait qu'on appelle les as d'alors des as trientaux, ce qui fait aussi
que le sesterce introduit alors, valant deux as et demi de quatre onces,
soit dix onces, a approximativement la valeur des anciens
as libraux et
est regardé comme leur équivalent dans des textes assez nombreux * ; il
tomba encore beaucoup plus bas
; au début de l'Empire, c'est une mon-
naie de billon valant 6 à 7 centimes
; — 2° quant à l'argent, que le denier
valait, sous la République,
un peu moins de 7 fr. 90 et par conséquent
; — 3° enfin que, sous l'Empire, où l'or est
le sesterce environ 0 fr. 22
pris pour type, l'unité a d'abord été Yaureus, valant sous Auguste
M francs et dont le sesterce, devenu
une monnaie de cuivre, était le
1/100 valant donc 0,27, mais
que, sans parler d'une quantité d'autres
variations, Yaureus du Principat été, à partir de Constantin, remplacé
a
Pai' le sou d'or byzantin, solidus
aureus, qui ne vaut pas tout à fait
1" francs.
KUai ^ 6X' PauI' CollaL' 2> s> s- rapproché de Gaius, 3, 223 ; Dion Cassius, 56,
' J,'lro<™ tle Gaius, 2, 274 autres exemples dans Mommsen, Monnaie romaine,
2 ;
iiisch fl ;
Einheilliche, zusammengeselze, und Gesammtsachen nach rô-
PPert>
PriJi 1871 Organische Erzeuqnisse, 1869. Sokolowski, Die Philosophie im
Brecht,
i 1902, pp.
•
46-68. 331-498.
246 LIVRE III. — I
1. Le texte fondamental est celui de Pompo'iiius, D., 41, 3, De usurp-, 30, ;»••
Tria autem sunl gênera corporum, unum quod conlinetur uno spirilu et uni
Yp-àfiivov vocalur, ut homo lignum lapis elsimilia ; allerum, quod ex contingent) »,
hoc est pluribus inter se cohaerentibus constat, quod ow/jfivs'vov vocalur, ut amf
cium navis armarium ; terlium, quod ex distantibus constat, ut corpora ptiira «
[supprimez 7ion] solula, sed uni nomini subjecta, veluli populus legio grex-
2. Grex: note 1. De même un essaim (examen apium). Observations intèreSï,u
tes sur la détermination pratique de la consistance du troupeau par la marque
bétail (signare) chez de Ihering, Indo-Européens, p. 28 et ss.
3. Paul, D., 50, 16, De V. S., 25, 1. Ulpien, D., 8, 4, Comm. praed., 6, '•
4. Pomponius, D., 30, De %., /, 26, 2.
LES CHOSES 247
muli equi asini), qu'elles soient ou non déjà employées à cet usage,
a-t-on fini par admettre *. Les autres animaux, moutons, porcs, chèvres,
par exemple, et les autres choses inanimées sont nec mancipi. Quant
au sens, la distinction procède évidemment du rapport des choses man-
cipi avec la mancipation (mancipium) : elle signifie soit que l'aliénation
par mancipation est exigée pour elles seules, soit plutôt que l'aliénation
par mancipation n'est exigée et possible que pour elles seules (p.289).
Le point douteux est de savoir pourquoi certaines choses ont éternises
plutôt que d'autres dans cette catégorie. La doctrine la moins aventu-
reuse, à notre sens, y voit les éléments essentiels de la fortune du paysan
romain primitif, seuls régis par conséquent par le mode d'aliéner de
l'ancien droit romain. Il est même possible : 1° que ces biens aient été
à l'origine les seuls susceptibles de propriété romaine et de revendica-
tion ; 2° que l'opposition des choses mancipi et nec mancipi ait ancien-
nement correspondu à celle de la familia, comprenant, à côté de la
femme et des enfants et des personnes in mancipio, les esclaves et les
principaux animaux agricoles, c'est-à-dire toutes les choses qui peuvent
se manciper avant l'introduction de la propriété foncière, et de la pcm-
nia, menu bétail, monnaie, constituée par les autres choses. Mais ces
conjectures 2, vraisemblables en elles-mêmes, ne le restent qu'à condi-
tion qu'on ne veuille pas les appliquer à des temps trop récents : les
choses nec mancipi étaient déjà susceptibles de propriété romaine et de
revendication avant la disparition des Actions de la loi 3 ; la distinction
de la familia et de la pecunia, qui dut être obscurcie du jour où l'on lit
rentrer parmi les choses mancipi les fonds de terre et les servitudes
rustiques, n'a déjà plus de sens dans les XII Tables où les deux mots
sont employés indifféremment l'un pour l'autre *.
1 C'est la doctrine sabinienne, qui parait avoir fini par prévaloir. Les Proculiens
soutenaient qu'elles n'étaient mancipi qu'une fois dressées ou du moins en âge de
l'être (Gaius, 2, 15). Caton, De r. r., 38, met aussi à part les muli equi asini i|ui
sont de la familia. On a toujours exclu les animaux exotiques d'importation ré-
cente tels que les éléphants et les chameaux (Gaius, 2, 16).
2. Les deux idées ont été exprimées par M. de Ihering, Actio injuriarnm, tr.fr.,
1888, p 45, n. 28. Elles ont depuis été admises notamment par M. Cuq, InsliHr
lions, 1, p. 77 et ss.
3. La preuve topique en est dans Gaius, 4, 17, qui dit à propos de l'action en
revendication intentée par sacramentum : Ex grege vel una avis aul capra in ;as
adducebatur. V. aussi Gaius, 2, 194.
4. Familia pecuniaque ne se trouve sûrement dans la formule prononcée
que
par le. familiae emplor (Gaius, 2, 104). Familia tout seul dans les dispositions
des XII Tables sur le droit de succession ab intestat des agnats, 4, des c11"'
tils, 3, 5 ; dans les noms techniques du familiae a,
emptor et de l'action famiho.eer-
ctscundae. Pecunia tout seul, XII Tables, 5, 3, les successions testamentaires
pour
(Auct. ad Her., 1, 13, et Cicéron, De inv., 2, 50 familia pecuniaque) 5. ^, Pour
:
les pouvoirs du curateur. Les essais, :
divergents dans les résultats, fans
assez
par M. de Ihering, Entwickelungsgeschichte d. rSmisch. Redits, 1894, p. 81 et ss'
et par M. Cuq, pour suivre la portée distincte des deux expressions, montrent,
LES CHOSES 249
1. A côté de ces deux différences fondamentales, il existe, entre les droits réels
et personnels, de nombreuses autres différences qui sont
en partie les conséquen-
ces de celles-là. Nous en citerons seulement trois. Les droits réels et les droits
personnels diffèrent : lo quant à leur sanction, en ce que les droits réels sont
Protégés par des actions réelles données adversus quemcumque possessorem, tandis
ffueles droits personnels le sont par des actions personnelles ouvertes seulement.
contre le débiteur ;
— 2o au point de vue de leurs sources, en ce qu'à Rome sur-
tout les procédés qui servent à opérer des mutations de propriété, à constituer des
droits réels sont,
verrons-nous, radicalement différents de ceux qui servent à
donner naissance à des créances (comme d'ailleurs de
ceux qui servent à céder
; — 3° au point de vue de leur extinction, en ce que le
Ues créances déjà nées)
Mit réel est, sauf exception,
un droit perpétuel destiné à durer autant que son
Jet tandis que le droit personnel est
par essence un droit temporaire destiné à
éteindre par un événement prévu, le paiement, qui d'ailleurs, dans nombre-
par
e cas, n'éteindra le droit personnel de créance qu'en faisant naître
un droit de
Propriété,
253 —I
LWBE 1U.
1. On taouTC parfois plus logique uTétuiier» aptes les élâaieimfe «So çmiioeraiiif,
ses dïTOrs nnods's et tramsiaissKMni à titie mniroBredL. ©ûi T<3& psmît ftitre weaimv mit
semllieïEejal la suC'jressMffli à caase <êe muMt. OEBMS la impsMs éfSMt.imw&& ©1 El,a wmëm
botwntm. Nous axons déjà tc&î le néeessaïre soir la tmpiiîî afesunsuft© et mwas kim
irons es la itgaiiiiîo kwmomm en éinéi&mt la pnowëiitaire.
II. — LA PROPRIÉTÉ
1. iml.,2, 4, De usufr., 4.
2. Usus : droit de monter le cheval, d'habiter la maison. Fructus droit de
: per-
cevoir les fruits de la chose, les produits de la jument, la récolte du fonds de
•erre. Abusus : droit, de disposer de la chose, soit d'une manière absolue, en fai-
sant abattre le cheval, soit d'une manière relative, faisant aliénation totale
en en
transfert à autrui de la propriété du cheval, du fonds de terre)
ou partielle (consti-
tution au profit d'un tiers d'un usufruit le cheval, d'une servitude de passage
sur le fonds de terre).
sur
3. Cf. Puchta, Institutionen,
§ 22.
*• On peut cependant,
quant aux meubles, citer tout au moins les restrictions
apportées au droit du maître de maltraiter
son esclave (p. 97).
354 LIVRE 111. — II. — CHAPITRE I
par une voie de droit qui est, à l'époque récente, la stipulation préto-
rienne damni infecti, mais qui fut auparavant une legis actio i.
2. Intérêt public. Les limitations établies dans l'intérêt public ne sont
pas moins nombreuses. Nous citerons seulement les suivantes.
a) Le propriétaire riverain d'un cours d'eau doit subir Yusus p.ublicus
de sa rive 2.
h) Les propriétaires dont les immeubles bordent les routes et les rues
sont dans une certaine mesure astreints à leur entretien 3.
c) Des dispositions multiples, dont les plus connues sont des sénatus-
consultes du temps de l'Empire défendant de démolir les maisons pour
en vendre les matériaux précieux *, ont soumis le droit de démolition
des propriétaires à une autorisation administrative % et il semble bien
qu'il y avait dans les villes des règlements obligeant les propriétaires à
construire et entretenir leurs maisons suivant un certain type 6.
d) Une constitution de Gtratien et de Valentinien permet, dans le der-
nier état du droit, à celui qui découvre un filon d'exploiter la mine mal-
gré le propriétaire, moyennant une indemnité d'un 10e au propriétaire
et d'un 10e au fisc 7.
e) Enfin l'on rencontre sinon un système général d'expropriation pour
cause d'utilité publique, au moins certains cas où un particulier peut être
exproprié de son bien dans un intérêt supérieur, soit contre indemnité,
soit même sans indemnité. L'expropriation est imposée sans indemnité
au propriétaire riverain de la voie publique détruite par les eaux ou au-
trement, pour la réfection de cette voie ". Elle l'est, moyennant indem-
nité, aux riverains des aqueducs pour le service de ces aqueducs, d'après
les sénatus-consultes qui ont réglé la matière au début de l'Empire 9.
Elle est aussi imposée, moyennant indemnité,
au profit du particulier qui
1. Gaius, 4, 31. D., 39, 2, De damno infecto. Cf. les renvois dans Windscheid, 2,
§458.
2. Inst., 2, i, De R. D., à,. Cf.
p. 238.
3. V. déjà pour les routes la loi des XII Tables, 7, 7 et surtout pour les rues la loi
Iuliade 709, 1. 32 et ss.
4. Sénatus-consulte Hosidien du temps de Claude et sénatus-consulte Volusien
de l'an 36 sur les ventes
aux démolisseurs (Textes, pp. 124-125). Autre sénatus-
tonsulte symétrique relatif aux legs de l'an 122, D., 30, De leg., I., 41, 1, 8, 9.
5. V. par exemple outre les textes cités
n. 4. la loi municipale de Tarente, I. 32
et ss., ta loi de Genetiva,
c. 75 et la loi de Malaca, c. 62. Cf. pour l'ensemble,
Mommsen, Slrafrecht,
pp. 848-849.
•>• C., 8, 10, De
aedif. privât., notamment Zenon, 12. Le fragment de Papinien,
fete, p. 35a, se rapporterait au même ordre d'idées, si on y maintenait
M. Motmier, N. R. avec
H., 1895, p. 685, la négation effacée par tous les éditeurs.
Dans une lettre de l'an
127, Bull. corr. Hell., 11, 1887, p. 111, Hadrien ordonne de
'
'orcer un habitant d'une ville à réparer
c- H, 7 (6), De metallariis, 3.
*• D-, 8, 6, Quemadmod.
serv., 14, 1.
sa maison ou à la vendre.
9. Sénatus-consulte
de 743, chez Frontin, De aq. urb. Rom., 125 (Textes, p. 123).
256 LIVRE III. — II. — CHAPITRE I
n'a pas accès à une sépulture '. Enfin l'État a le droit de faire démolir
des édifices dans l'intérêt public 2. Mais il n'y a pas de preuves positives
d'un droit général d'expropriation existant à son profit sur les propriétés
privées 3.
III. Histoire delà propriété romaine. — Les caractères et les li-
mites du droit de propriété romain étant ainsi indiqués, il nous faut
chercher pour lui, un peu comme nous avons fait pour le droit de fa-
mille, pour la puissance paternelle, pour le mariage, quelle en a été •
1. D., 11, 7, De relig., 12, pr., d'où les anciens interprètes ont déduit le droit
général d'acheter le passage en cas d'enclave.
2. V. pour l'ancien droit, Cicéron, De off., 3, 16, pour le nouveau C, 8, H> ('-"(
De op. publ., 9.
3. 11 ne faudrait pas, en tout cas, les chercher dans les textes relatifs aux fond»
provinciaux, car le droit de l'Etat résulte là de sa propriété sur ces fonds (p. 26')-
4. V. Cependant sur l'appropriation collective des meubles, Kovalewski, Tabtew
des origines de la famille et de ta propriété, 1890, p. 52 et ss.
LA PROPRIÉTÉ. — HISTOIRE 257
tionnels au nombre des habitants, qui sont tirés au sort entre les divers
chefs de famille i. Il paraît aussi, en dépit des controverses, avoir fonc-
tionné chez les Germains, dans la marche germanique du moyen âge,
oui existait déjà au temps de César et de Tacite et où la terre salique
(Salzgut) était seule en propriété privée, tandis que l'usage de la pâture
et de la forêt était commun et que la terre labourable était périodique-
ment divisée en lots mesurés avec une corde, puis tirés au sort 2. Il y a
encore de ce système d'autres exemples plus ou moins discutés 3. Et,
d'une manière plus large, on discute encore vivement s'il faut voir là
les traces d'une phase régulière de l'histoire de la propriété ou simple-
ment des faits accidentels plus ou moins nombreux 4. — L'autre mode
d'appropriation est la copropriété familiale, dont le rapport avec la pre-
mière forme est également contesté, qui, d'après les uns, est une déri-
vation du premier, qui, d'après d'autres, en serait au contraire l'origine
et qui, en tous cas, doit en être soigneusement distinguée. Il suffira d'en
citer comme exemple la Zadrouga serbe où une famille très nombreuse
vivait et travaillait en commun sur le bien familial sans qu'il fût ques-
tion ni d'un droit exclusif d'un des membres sur le fonds commun, ni
de partage avant ou après la disparition du chef, et qui tend précisément
1. V.sur le mir russe, les nombreux auteurs cités par de Laveleye, La propriété et
ses formes primitives, 4e édit., 1891, p. 10, n.l. Ajoutez Kovalewsky, Tableau, p. 163
et ss. ; p. 182 et ss. ; cf. le même, N. R. H., 1891, p. 480 et ss. '
2. V. sur la marche germanique, Brunner, Deutsche Rechtsgesch., 1, p.56 et ss.
«t les auteurs cités. '
3. V. par ex. pour la communauté hindoue, Sumner Maine, Etudes
sur Vhisloire
du droit, 1889, pp. 137-171 ; Kohler, Zeitschr. fur vergl. R. W., 1887,
p. 161 et ss.;
pour le droit celtique, d'Arbois de Jubainville, Recherches sur l'origine de la pro-
priété foncière, 1890, p. 100 et ss. ; Eludes sur le droit celtique, 1, 1895,
p. 118 et
ss. ; pour le droit homérique, Esmein, N. R. IL, 1890, pp. 821-845, qui n a pas
été réfuté, à notre sens, par M. Guiraud, La propriété foncière
en Grèce, 1893, p.36
et ss., et des conclusions duquel on peut au contraire rapprocher les
vues symé-
triques de M. Ed. Meyer, Gesch. des Alterlhums, 2, 1893,
pp. 296-302.
4- La première idée
se trouve particulièrement développée dans l'ouvrage clas-
sique de M. de Laveleye, La propriété et
ses formes primitives, dont la 4e éd., pré-
férable aux précédentes à cause des nombreuses additions tirées de la trad. alle-
mande, a été publiée en 1891. V. aussi P. Viollet, Bibl. de l'école des Chartes, 33,
1872, pp. 453-504 Kovalewsky, Annales de l'Institut international de
; sociologie, 2,
1896, pp. 175-233. Elle été particulièrement combattue par M. Fustel de Cou-
a
langes, qui en est arrivé à nier à
peu près tous les exemples allégués de pro-
priété collective, Questions historiques, 1893,
pp. 17-117. V. auparavant Recherches
sur quelques problèmes d'histoire, 1885, pp. 189-358 ; Nouvelles recherches,
327-360; L'alleu pp.
et le domaine rural, 1889, auxquels il faut joindre la réplique
probante de M. Glasson, Les et le domaine rural à l'époque franque,
1890. C'est, à notre
communaux
sens, une très forte présomption en faveur de la première idée
que les exemples concrets, contestés vertu d'une idée préconçue par Fustel
de Coulanges, aient été,
en
pour la plupart, admis d'après l'examen direct des sour-
ces par les personnes les plus compétentes dans l'histoire des peuples
auxquels
us se rapportent, ainsi pour le droit germanique M. Brunner (n. 2), pour
le droit celtique par
par M. d'Arbois de Jubainville (n. 3), pour le droit romain par
M. Mommsen (p. 259,
n. 2).
17
258 LIVRE III. — II. — CHAPITRE I
suffire à nourrir lui et les siens, qui ne pouvait être qu'un petit clos
analogue à celui du paysan russe ou du Franc Salien, à côté duquel il
devait donc y avoir non seulement des bois et des pâturages publics,
mais des terres arables communes '.
Donc à côté des deux arpents de chaque paterfamilias, de chaque
domus, il devait y avoir des terres arables communes à un groupe plus
lar^e, soit à tout le peuple, soit peut-être plutôt à la gens 2, qui consti-
tuait àTorigine, dans l'ensemble du peuple, un groupe attaché à un
certain lieu, assez analogue au village russe ou germanique, et nous
trouvons ainsi à Rome une organisation primitive très analogue à celle
du village russe ou de la marche germaine. Quant au moment où cette
forme de propriété fut supplantée par la propriété individuelle, il ne
peut être déterminé avec certitude. Cependant, si l'on admet la doctrine,
incontestable à notre sens, selon laquelle les tribus foncières ne com-
prennent que des terres susceptibles de propriété privée 3, et si l'on voit
1. Varron, De r. r., 1, 10, 2. Pline, II. n., 13, 2, 7, et les autres textes cités
par Mommsen, Dr. publ., 6, 1, p. 24, n. 3. C'est l'argument le plus décisif: on a
tenté de l'écarter en essayant soit d'augmenter le rendement des deux arpents,
soit de restreindre les besoins de la famille ; mais il est à peu près impossible
d'admettre que les deux jugera, aient pu nourrir une famille. Les agronomes
nous apprennent qu'on semait à Rome cinq boisseaux de froment par arpent, soit
dix pour deux arpents, en négligeant même l'emplacement de la maison, et qu'ils
produisaient le quintuple, soit 40 boisseaux, dont il faut déduire la réserve né-
cessaire aux semailles ; cela donne pour produit net 50 boisseaux, qu'on n'obtient
que tous les deux ans, parce qu'on laissait reposer la terre un an : en résumé
donc, pour la consommation annuelle d'une famille, composée en moyenne de
quatre personues, 20 boisseaux, 5 boisseaux par tête ; or la consommation annuelle
d'un esclave est, d'après Caton, De r. r., 56, de 51 boisseaux, donc du décuple,
Cf. Mommsen, Hist. rom., 1, p. 252, n. 1.
2. M. Mommsen qui avait d'abord penché pour la première idée, Hist. rom., 1,
p. 250 et s., se prononce pour la seconde, Dr. publ., 6, 1, p. 26 'et ss. (Quoi-
que publiée après la publication de la partie correspondante du Dr. publ., la
polémique de M. Fustel de Coulanges, Questions historiques, p. 83, se réfère exclu-
sivement à l'exposition de VHistoire romaine). M. Max Weber, Handwôrterbuch
der Slaatswissenschaften, 2° supplément, 1897, p.S, qui admet également la limitation
primitive de la propriété foncière individuelle à Vheredium, semble pencher pour la
même idée, tout en ne voulant pas trancher la question de la nature du droit de
la gens sur ses terres labourables. V.
encore en un sens un peu distinct P. Gui-
raud. Revue des Etudes anciennes, 6, 1904, pp. 221-255. Il revient au même, nous
—
semble-t.il, de déclarer avec nous, que la propriété privée n'existe pas à 1 origine
de Rome, sauf
pour les deux arpents qui constituent Vheredium, ou de déclarer,
avec M. Beaudouin, La limitation des fonds de terre, 1894,
p. 259 et ss., qu'elle
existe dès l'origine de Rome, mais seulement
pour Vheredium, à côté duquel,,
reconnaît M. Beaudouin, p. 292 et ss., il existe d'autres terres soustraites à l'appro-
priation privée. 11 n'y a là qu'une différence de terminologie. Nous préférons celle
suivie au texte parce qu'elle
nous parait faire mieux ressortir la symétrie des ins-
titutions primitives de Rome et de celles des peuples chez lesquels, à raison des
mêmes faits, on reconnaît
terres.
ou on conteste l'absence de propriété individuelle des
3- V. en
ce sens Mommsen, Dr. publ., 6, 1, p. 184 etss. Nous ne pouvons insis-
w ici sur la théorie, très délicate et intimement liée à l'histoire de la
Puvee, de la diffusion des tribus réelles. V. outre Mommsen, loc. cit.,
propriété
Kubitschek,
260 LIVRE III. — II. — CHAPITRE I
par conséquent dans les quatre tribus urbaines le territoire occupé par
les heredia de deux arpents assignés aux premiers citoyens i, la trans-
formation des terres arables des gentes en terres privées doit, nous
semble-t-il, évidemment être rattachée à la création des seize premières
tribus rustiques, portant des noms de gentes 2, qu'une tradition, d'ailleurs
très faiblement appuyée, place en l'an 257, qui peut avoir eu lieu à une
autre date ou même en plusieurs fois 3. Elle est accomplie à l'époque
des XII Tables qui appliquent l'usucapion non seulement à Yheredhtm,
mais au fundus 4.
2. Evolution de la propriété romaine. Dès les XII Tables, la pro-
priété romaine est, aussi bien pour les immeubles que pour les meu-
bles, une propriété privée individuelle. Mais ce n'est pas encore la pro-
priété moderne, accessible à toute personne, applicable à toute chose,
transmissible par un simple accord de volonté. Comme la puissance
paternelle, comme le mariage, comme la tutelle, la propriété est à Rome
une institution du droit civil. La propriété quiritaire (dominium exjun
quirilium) ne peut appartenir qu'à un propriétaire romain ; elle ne peut
porter que sur une chose romaine ; elle ne peut être transmise que par
un mode romain : trois règles qui ont à peu près disparu sous Juslinien
et qui sont déjà bien atteintes à l'époque classique, mais dont nous de-
vons exposer la portée première et l'effacement progressif.
a) La propriété romaine supposait, à l'origine, un propriétaire romain.
L'étranger qui n'a pas de personnalité ne peut avoir de droit de pro-
priété. A la vérité, de très bonne heure, dès la fondation de Rome, peut-
on dire, il y a eu des traités concédant par exception à certains non-
citoyens, aux Latins, le droit d'être propriétaires à Rome (jus commeré.
p. 109). Mais cette faveur n'a pas été étendue aux autres peuples avec
qui on fit des traités, aux autres populations conquises. Les pérégrins
qu'on ne réduisit pas en esclavage et auxquels on laissa tout ou partie
de leurs biens n'obtinrent pas pour cela sur ces biens la propriété ro-
.
maine, et ils n'avaient par conséquent pas non plus pour les réclamer
l'action civile en revendication qui est la sanction du droit de propriété
dvile. Leur propriété désignée, par opposition au dominium ex jure tjin-
ri'tium, du nom de dominium tout court (dominium ex jure gentil
des commentateurs), a eu besoin d'être protégée après coup par des
moyens différents assez mal connus. Seulement ces moyens avaient
sans doute, dès le temps delà procédure formulaire, à peu près la même
efficacité que les moyens civils, et ils se sont sans doute confondus avec
De origine-ac propagatione Iribuum Romanarum, 1882. Imperium Romanum lributit>
descriplum, 18S9.
1. Mommsen, Dr. publ., 6, 1, p. 183.
2. Mommsen, Dr. publ., 6, 1, pp. 188-191.
3. V. Tite-Lîve, 2, 21, 7. Cf. Mommsen, Dr. publ., 6, 1, p. 186, n. 3.
4. XII Tables, 6, 3.
LA PROPRIETE. — HISTOIRE 261
droit /St
il
propriéta're prétorien qui acquiert les fruits de la chose et qui a le
escl™ r Poser utilement ; en particulier, quand la double propriété porte sur
un '!VeifiRliSt 'U-'' e' non "e ProPriétaire quiritaire, qui acquiert
(Gaius par l'esclave
i'„'„ / ^"P'en> Reg., 19, 20) et qui est considéré comme ayant la potestas
'
s«fl esclave iGaius, 1, U).
sur
"Unda'et d~^' /?* ""^° eX 1Ure 'luiritium tollendo ; 7, 51, De usucapione transfor-
3. Il
6 S,U differenlia rerum mancipi et nec mancipi.
n>e serait pas nécessaire d'étudier la possession
avant la propriété, en tant
CHAPITRE II. — LA POSSESSION ».
qu'elle est la source d'un droit, du droit aux interdits. Mais ce qui rend indispen-
sable de l'étudier ici, c'est qu'elle peut aussi figurer comme condition de l'acqui-
sition d'un droit, dans des actes juridiques que nous aurons à étudier dans la théo-
rie de l'acquisition de la propriété : occupation, tradition, usucapion, et comme àjn
d'un droit, dans des actions que nous aurons à étudier comme sanction du droit
de propriété, ainsi dans l'action en revendication, dans l'action publicienne, etc.
I.O., 41, 2, De adq. vel amilt. poss. La théorie de la possession a été dominée,
pendant la plus grande partie du siècle, par les idées émises par Savigny, dans son
Traité de la possession (lre édit., 1803; tr. fr., 1806). Mais cela n'a pas empêché
les problèmes soulevés par la possession, de provoquer une littérature d'une éton-
nante abondance et certaines doctrines de Savigny de finir par soulever de vigou-
reuses contestations, en tôte desquelles il faut signaler celles de de Ihering (Fon-
dement de la protection possessoire, 1865 ; Rôle de la volonté dans la possession, 1891;
OEuvres choisies, 2, 1893, pp. 213-263). V. une bibliographie plus étendue, dans
Saleilles, Eléments constitutifs de la possession, 1894, et une exposition brève cl pré-
cise des principales doctrines dans Esmein, N. R. H., 1877, pp. 489-500. Ajoute'
la notice posthume de Windscheid, Lehrbuch,\, 8e édit., 1900, p. 645 et ss.
2. C'est ainsi qu'on parle aujourd'hui de possession d'une créance, de posses-
sion d'un usufruit, de possession d'état. Comme exemples de la pénétratioa de»
même idée à Rome, on peut citer, en dehors de la théorie de la quasi-possession,
que nous retrouverons, l'édit de Claude de l'an 41 (Textes, p. 174) qui parle de»
possession de la qualité de citoyen (cum longa usurpalione in possessionem• ejus /»IS>-
dicatur) et la possessio libertatis qui, prolongée de bonne foi pendant vingt ans.
rend l'esclave libre en droit récent (C., 7. 22 ; p. 118, n. 3).
3. L'idée de Vanimus domini est une des assises du système de Savigny; elle
surtout été attaquée résolument dans le livre de de Ihering sur le Rôle de l« "'
lonté, dont les conclusions adoptées plus ou moins complètement en A"em'1|L
par M. Baron, Iahrbùcher de Ihering, 29, pp. 192-247, et M. Salkowski, [nsl-, P--w
et au dehors par M. Saleilles, Eléments constitutifs, M. Vermond, Théorie de h f*,
session, 1895, et M. Cornil, Traité de la possession, 1905, se concilient certaineme
mieux, sous certains rapports, avec les textesfv. par ex. pp. 269, n. 2; 273,n. >
274, n. 1), mais se heurtent aussi à quelques difficultés (v. par ex. p. 270, n. j-
Il ne sera peut-être pas inutile de remarquer que le terme animus domini ne =
LA POSSESSION 265
1. Créancier gagiste: D., 41, 3, De usurp., 16; séquestre; D., 17, 3, Depos..,
17, 1 ; précariste : D., 43, 26, De prec, 4, 1. Il n'en est pas autrement, en dépit*
quelques contestations, du locataire de l'ager vectigalis, plus tard remplacé pat
l'emphytéote (D., 2, 8, Qui salisd., 15, 1).
2. Gaius, 4, 153. Cf. Celse, fl.,41, 2, De A. v. A. P., i8,pr.
3. Cette idée a déjà été indiquée par M. Bekker, Redit des Besitze bei denM-
mern. 1880. Elle a depuis été suivie dans le détail par M. Klein, Sachbesitzud
Ersitzung, 1891, qui a même tenté, sans succès à notre sens, de ramener les diver-
gences des textes à un dissentiment fondamental des Proculiens et des Sabiniens.
M. de Ihering lui-même est obligé, pour asseoir son système, d'admettre une con-
ception divergente chez Paul. Il est bien à croire aussi que les jurisconsultes ro-
mains ne sont pas arrivés à une distinction arrêtée et réfléchie de la possession
et de la détention. V. par exemple D., 41, 2, De A. v. A. P., 3. 23, la confusion
faite entre les deux par Q. Mucius Scaevola. Cf. les vestiges de confusions ana-
logues relevés par Cuq, N. R. II., 1,894, 39 et et A. Pernice, Zeilsè4
p. ss. par
fur Handelsrechl, 22, 1877, p. 426 et ss. C'est un point qui ne peut, croyons-nous,
être contesté par aucun système et qui se concilie à peu près également avec tous,
mais en particulier avec ceux qui considèrent la théorie comme s'étant développe6
•empiriquement sous le coup de besoins pratiques.
LA POSSESSION 267
obtenu par la. simplification de preuve. Maïs la. sîmaplilicaSiiMi a -et hit
dans rkïtétèt des propriétaires qui statisûmemieraïf ssoeft les j»os«sdOE
les plus liafeittiiels,, am lieu d'cita; faîte, ©SMMmmiB le wirt, ramifcre system.
ann profit des M^prapriétaiTC* a. Et c'est psOTiir «fa. «jw. la. pmriMia
pesst'sswifrw, «imvrajgie a.v«uaoè et. la pmofiriété, ifesitiaièe à ifep.t'as-Hv k'-plit
saimwrt le p»pri<ètoii]re. de rtefisiuuir à ï'sarmmte mcàims ©BnMiiïïi'oâe êe J ucik
en meviendicsififflitt, est wioarfee. ssaalkaniwift. dams tes cas *ii la pi'i^i'ira s
passilte, ïiiîm ejrvùert m am profit utes persomaies «jmiï nie-scsmit pas nisrf
fifeles de propriété, «aamumae les ffls de ifannillfc, mi peJaiËwaiMaiiit .MMUS
«pu me. sénat pas smsfiepiiiilifes de fiMipiiiété, iMamniiiw. les dbcist* iiiwiri»'-
îrellcs. C'est, aioessii «xpfoalfcte em partant, die HilSe (dlieïjjjfflïratteuîtiJii'ii ât in:l',|V
ptïélie quae iï« te serait pam *esm. juartaimit de l'idàe die Hépj'fîssiMi de in F'
fifif pirivôf.
11 oei'ûiias mestie à xmr ifimeïs sul les uaDJenfits pair JteqjuMils !la ipuass*
«est suimsii pi©tiK;i&f', HMs nMims ife'GiB affime aiiDfiMfiiTijnjjit. 'Oùnniiffli'' ff
s'»fii]piiiii«rt ij'ï, ir>isiimiiïï)i£3ii!.tlteufe se perd..
i, Cfes". ainsi, 'iïil M, >ile Bciii'inc, (joe te ditlits .ma junttenr, -Atari!» ta^ -} '"'*
lûesiiiMiiuDriiers, aoutcr tant- a'-Bnitne in aoB^rtûiittiMi .fie ïkans -ra-éttEws -plus ittifiit'i.î"-
««Bll jiaT'.lii iruèroe *ai n'tniih't iitussi !1È mépiHiartian rfilius ifuiiile :mi«'wilmns.1^
!«! '.('lé 'tïtoiiif.i* 'ttiuiB ÎI'.im:tfîiiHt,'ttfs.CTtiB:iuiiHiB iflt auni iflttDS «ëlui i^- '''"*
BiBiiottiiHitt
.4 ilï w'iralR m'îaïm JÏES .ôtr Itrïs înmlitisé .a'.avdtaoe !tes ^libuiïs tli' tu J'**.'
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jiair «sunqite mu me jtMJtojg«niuit >qsm lia ipiaseasiiinJuSto, -nu ïsn ;ue .annnmis l*--"1";
iiflate vçu'ï «!hïi ,çjîi me jusaoete
ju» iirtfurim :(!P«ii!riiBt>., Mitseln-ïfl fur .7ta*ff* '
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,rnîiirw ite llitnteriiît, Jlurimuéifoiwi11811''
*iHi(uici:i(-..
LA POSSESSION 269
En revanche, à la fin du IIe siècle, la règle est posée en termes très jré-
néraux, comme s'appliquant à toutes les extraneae personne, non seu-
lement aux tuteurs et aux curateurs, mais aux mandataires généraux,
aux mandataires spéciaux, même aux gérants d'affaires 4. Seulementli
représentation n'est pas également admise pour les deux termes île la
possession : elle s'applique en règle au corpus, uniquement par excep-
tion à Yanimus.
Quant, au corpus, je peux acquérir la possession animo meo, CWJHM
alieno. C'est ce qui se produit quand j'acquiers une chose et qu'au lieu
de m'ètre remise à moi-même, elle est remise à mon esclave, à mon lo-
cataire, à mon mandataire. Je deviens possesseur corpore servi vel cwi-
ductoris vel procuratorîs et, comme Yanimus peut précéder ou suivre le
corpus, il faut appliquer cette, règle, quand un mandataire, même géné-
ral, acquiert pour moi une chose, car son, corpus se joint h mon a»i-
mua '% et en sens inverse, quand un individu sans mandat, DU gérant
d'affaires a reçu la possession pour moi et que je ratifie ensuite a
gestion, car alors mon animus vient se joindre à son corpus *. te;i
ce qui se
produit ensuite, quand un individu qui possède pour lui-même
consent à posséder désormais pour moi à titre de dépositaire, de loca-
taire. Il pourrait me remettre la chose que je lui remettrai ensuite en
dépôt,en location. Au lieu de cela,il suffira entre nous d'un arrangement,,
d'une convention dans laquelle cet individu déclarera me faire tradition
et tenir de moi.Ce jeu de volontés,sans aucun déplacement matériel, fera
passer la possession sur ma tête. J'acquiers alors la possession animo
meo corpore alieno, par le corpus de ce personnage qui va désormais
posséder pour moi au lieu de posséder pour lui, qui constituit se posses-
sorem pro me (constitut possessoire)*.
Pour Yanimus il n'y a pas, en principe, de représentation possible.
On indique plusieurs exceptions. Mais la seule bien nette 2 et très remar-
quable est relative aux tuteurs et curateurs, qui peuvent, après la réfor-
me, acquérir la possession aux personnes en tutelle et en curatelle à
l'insu de ces dernières. D'après les anciens principes, il n'y avait pas
d'acquisition de la possession pour le compte de l'incapable de possible
par son tuteur. Par exemple, la possession n'aurait pu être acquise qu'en
faisant agir l'impubère quand il était sorti de Yinfantia et qu'il était
capable de rendre sa condition meilleure. Elle n'aurait
pu être acquise
d'aucune façon pour un infans, pour un furiosus, pour une personne
morale. On paraît avoir d'abord pensé, pour Yinfans, à un remède très,
bizarre et très illogique, consistant à le faire agir
avec Yauctorilas luto-
ns3.Mais ce remède critiquable, inapplicable
aux fous et aux personnes.
en être de même dans tous les cas dans le système de de Ihering ; mais, sur ce
point, les textes ne lui sont
pas absolument favorables. Il invoque bien un texte
d'Ulpien, D., 39, 5, De donat., 13, qui admet l'acquisition de la possession
pour un
tas, celui où quelqu'un voulant remettre
me chose, j'ai chargé
une tiers de la
un
recevoir. J'acquerrai la possession tiers, quelles que soient ses intentions,
par ce
d'après Ulpien. Mais Julien,
D., il, 1, De A. R. D., 37, 6, dit que, si ce tiers n'a
pas eu l'intention d'acquérir moi, il n'y aura rien de fait, et il y avait pro-
pour
bablement une controverse entre les jurisconsultes,
car le texte d'Ulpien se réfère
visiblement à celui de Julien. Il faudrait d'ailleurs pas confondre ces cas avec
ne
n
/
celui où mon mandataire,
MA.R.
ayant traité en son nom, reçoit la chose en son nom
™e 'a transmettre ensuite et où c'est lui qui devient possesseur (D., 41, 1,.
D., b9, pr. C, 7, 4, De lus, 5). Cf. des distinctions différentes dans le
"avait de Lenel cité
p. 270, n. 1.
Ce nouveau
• progrès, conséquence du premier, parait avoir été réalisé par
se, D., il, 2, De A.
v. A. P., 18, pr. : Quod meo nomine possideo, possum alieno
me possidere nec enim
mulo mihi causam possessionis, sed desino possidere et
'umpossessorem ministerio facio. Cf. Ulpien, D., 6, i, De R.V.,Ti. V.cependant
te Ihering, Rôle de la meo
volonté, p. 183 et ss.
Un signale
encore comme exceptions : 1" la règle, citée par Papinien, D., h.t.,
dcV ':°mme.une disposition de faveur, en vertu de laquelle l'esclave ou le fils
1 1U acc[uiert pour son pécule rend le paterfamilias possesseur, môme
àso 'nSU' ^°
Ce"e d'après laquelle le mandataire acquiert pour le mailre, même,
à son
%n
"^ ^' n° "^" Mais il n'y a Pas là, nous semble-t-il, véritable acquisi-
consis?îm<? a'1CT!
•
0 : la disposition de faveur, admise dans un but d'utilité pratique,
Pa6 simPlement a admettre Vanimus peut être préventif.
3. \ n que
' "•> ». (., 32, 2, qui prouve que ce fut là le premier procédé employé
272 LIVBE III — II. —. CHAPITRE II
corpus et à Yanimus, paraît avoir été admise pour eux aussitôt que celle,
applicable seulement au corpus, des procurateurs '.
§ 3. — Perte de la possession.
La possession exigeant, dans son existence et dans son acquisition,
deux éléments, un élément matériel et un élément intellectuel, sa péris
peut aussi naturellement se rattacher à l'un ou à l'autre. Mais nous re-
en donnant la raison, devenue fausse de son temps, que sans cela il n'y aurai'
aucun procédé pour faire acquérir la possession à Vinfans. L'expédient est illaf-
que, en ce que Vaucloritas : 1° ne peut en règle être donnée aux infantes; 2's'ap-
plique aux actes qui rendent la condition pire et non à ceux qui la rendent
meilleure.
1. Neratius, D., 41, i, De A. R. D., 13.
2. D., h. t., 8 D., 50, 17, DeR. J., 153: Ul igilur nulla possessio adquinm
animo et corpore —polest, ita nulla amitlitur, nisi in qua utrumque in contri'"""
actum est.
3. D., h. t., 13 et les observations de M. de Ihering, Fondement de la proie*0
possessoire, p. 197 et ss.
P? LA POSSESSION 273
f d'un fonds de terre n'est pas perdue, parce que le propriétaire s'écarte du
fonds ni même parce qu'il reste assez longtemps sans y venir, si cela
s'explique par fil nature des lieux, si par exemple il s'agit de fonds qu'on
n'utilise que dans une saison (saltus aestivi hybernique)l. Il y a même
plus: le possesseur ne sera pas dépouillé de la possession de soii im-
meuble parce qu'un tiers se sera pendant son absence installé sur ce bien
à son insu (clam), s'il l'expulse dès qu'il apprend la chose 2 ; car, dans
tous ces cas, il se comporte en face de la chose comme ferait un maître.
Mais la possession se perd quand, soit volontairement, soit involon-
tairement il ne se comporte plus sur la chose comme ferait un maître :
1° corpore, quand, par sa faute ou non, il ne fait pas acte de maître.
Ainsi pour la chose tombée dans le fleuve, quand il ne la retire pas
aussitôt ; pour l'animal échappé, quand il ne le reprend pas ; pour
les animaux domestiques, s'ils perdent l'esprit de retour (mais non pour
les esclaves fugitifs, d'après une disposition d'ordre empirique du droit
classique)s. Ainsi encore pour les fonds de terre que le maître a laissés
vacants par négligence, dont il a été longtemps absent *. Ainsi enfin
pour le fonds de terre dont il a été dépouillé violemment, ce qui com-
prend le cas où le fonds a été occupé pendant son absence et ou à son
retour il essaie vainement de le reprendre ; iL est, malgré sa volonté,
dépouillé alors de l'élément matériel delà possession ; il la perd alors et
alors seulement 5. Il perd aussi la possession
au même moment, si, par
crainte ou autrement, il omet de la reprendre 6 ; mais alors il la perd
plutôt, à notre sens, animo et corpore ;
— 2° animo, par la volonté de
ne plus posséder, qui, la volonté de posséder se continuant jusqu'à nou-
vel ordre, implique
une manifestation contraire de volonté et ne peut
par exemple en conséquence se produire chez les incapables 7 ;
—
3° animo et
corpore quand le possesseur remet la chose à un tiers et aussi,
à notre sens, quand il l'abandonne (n. 6), enfin et surtout quand il
meurt 8.
Telles sont les règles conservation et la perte de la possession,
sur la
quand le possesseur possédait
par lui-même, réunissait en lui Yanimus
?'' *' ','.' ^''*" ^ins* par exemPle i1 restera possesseur des pâturages alpes-
tres, bien qu'il
passe tout l'hiver sans y pénétrer, et que même les neiges et les
glaces rendent impossible de le
faire ; ce qui devrait cependant être un contrarius
«t'as, d'après la formule de Paul suivie Savigny.
l- D.,h. t., 6, 1. par
i" na'US' D'' hJ" 15' Pau1, SenL> 2' 31- 37'
•
0., 41, 3, De usurp., 37, 1, solution très contraire à la doctrine de Savigny.
5- D; h. t., il in nne
6- D.,h. t., 7.
ulP^n> R; h. t., Ht l Possessio recedit
'
, OU,!\élant.Pas ; ut quisque conslilmt nolle possidere.
susceptible de volonté et le pupille n'étant pas capable de rendre
sa ;10n P're, ils ne pourront pas cesser de posséder animo, mais seulement
c7°rç
™, (D.,h.t., 27; 29).
«• Javolenus, D.,h.t„
23, pr
18
XH LIVRE III. — II. — CHAPIÏRg II
S *. — Interdits possessoires.
L'effet delà possession est de donner an possesseur les interdits ptfi-
1. Africain, D.,,fc. t., 40, 1, solution très contraria à la doctrine de Sw%a|..sc
Ion laquelle le possesseur, n'ayant pas peni» la possession par la mort. «In détattn,
devrait la conserver indéfiniment, jusqu'à, on semltwrims aefas qudconqoe.
2. B., h. L, 44, 2; «. />., 43, 16. De ri, I, 22.
3. D., à. f.„ 19, 1. Cf. de Ihering;, p. 361 etss. et en (lermîer lien, Seiitiesoeail,
Z. S. Si., 24.1903, pp. tâ-19.
4. Pour le cas où le possesseur pro elîo veut transférer la pesssessîeiJi à na (tai
la possession est, en droit classique, transférée au Hess, comme an ras d'ioteupaStn
par ce tiers, sauf, peut-être,, cette réserve qu'en malïèie d'immeubles, dis ss*il
perdue seulement au moment où le possesseur aurait, connn rusnipatia» sanitt
taire cesser. 'Quant à l'antre cas, la question de savoir si FabancSii'n ds I» ''I*' 1
utrubi, auquel l'interdit uti possidetis ne doit pas être postérieur, parait
connue de Plaute au milieu du VIe siècle *.
1. L'interdi uti possidetis a pour formule dans l'édit de Julien : JJli en
aedes, quibus de agitur nec vi nec clam nec precario alter ab allen
possidetis, quo minus ita piossideatis, vim fieri veto 2. Dans une formule
plus archaïque, il portait, en deux propositions distinctes : Uti nunc pos-
sidetis eum fundum, quo de agitur quod nec vi nec clam nec precum
alter ab alteropossidetis, ita possideatis. Adversus ea vim fieri veto*.
Et il a sans doute eu auparavant une formule plus brève où il contenai!
seulement les deux dispositions : Utinunc possidetis eum fundum, ik
possideatis. Adversus ea vim fieri veto, sans la clause intercalaire de la
prenjière phrase 4.
Il résulte de la formule de l'interdit que c'est un interdit double,c'est-à-
dire un interdit où chacun des deux plaideurs est demandeur, se prétend
possesseur. Et c'est précisément pour cela qu'il sert, notamment entre
gens sur le point d'entamer un procès pétitoire, à faire reconnaître à
qui doit être maintenue la possession. Il aura alors pour effet de
faire maintenir la possession à celui qui l'avait au moment où il aété
prononcé5.— Mais, depuis que la formule de l'interdit contient la
clause nec vi nec clam nec precario (exceptio vitiosae possessionis), qui
paraît y avoir été insérée de très bonne heure 6, il n'en sera ainsi que si
le possesseur n'avait pas acquis la possession à titre de précaire ou par
violence ou à l'insu de l'autre partie 7 ; au cas contraire, le possesseurne
1. C'est la conséquence nécessaire du système que nous avons admis sur ori- 1
gine de cette clause (p.276, n. 4). V., en dehors de là, sur la question, Kartowa,
R- R. G., 2, p. 320 et ss. et les auteurs cités.
2. D., 43, 16. Unde vi. Cicéron, Pro Tull., 19. Pro Caecina, 19. 30-32. „,U.
Relier, Semestriel ad Ciceronem, 1, 1842, p. 275 et ss. Lenel, Ed., 2, p. 207 et a»
3. Cicéron, Pro Caec. 31, 90. cherche à le soutenir; mais c'est précisément pou
combattre cette conclusion qu'Ulpien spécifie qu'on ne considère comme <fe;« »
que celui qui possidet, D-, A. t., 1, 23.
4. Inst., 4, 15, De interdict., 6.
5. D., 43, 26, De precario, 2, pr.
LA POSSESSION. — INTERDITS POSSESSOIRES 279
Elles ne doivent naturellement pas être confondues avec les terres pu-
bliques qui étaient laissées à l'occupation des particuliers (agri occupa-
toriï) et qui, précisément parce qu'elles étaient soustraites à la propriété
privée, n'étaient pas officiellement délimitées (agri arcifinales) 1. Mais
la législation de la fin de la République et du début de l'Empire a
donné la propriété de ces dernières terres à ceux qui les occupaient, en
supprimant donc la corrélation originaire entre la limitation et la pro-
priété privée 2.Cela fait, peut-on remarquer, que dans les unes et les au-
tres la propriété privée vient d'une concession de l'État. Il n'en est pas
autrement pour les terres gentilices transformées en propriétés privées,
si l'on se rappelle que la création des tribus foncières, à laquelle se rat-
tache cette transformation (p. 260), vient de l'autorité publique et non
pas de l'initiative des gentes.
cités par Beaudouin, Limitation des fonds de terre, 1894, p. 109, n. 1, et les dis-
tinctions faites par le même, pp. 107-193. On trouvera de nombreux détails sur
les divers modes de limitation officielle ou privée dans le même ouvrage. V. ea
outre Max Weber, Die Romische Agrargeschichte, 1891 ; Th. Mommsen, Herma,
27, 1892, p. 79 et ss. ; Kubitschek, dans Pauly-Wissowa, 1, 1, v. Ager.
1. Siculus Flaccus, p. 138 : Occupalorii autem dicuntur agri quos quidam amp-
les vacant. Cf. sur la corrélation première des deux idées. Mommsen, Dr. pw.,
6, 2, p, 480; Beaudouin, Limitation des fonds de terre, p. 31 et ss.
2. V. en particulier sur le rôle joué à ce point de vue par la loi agraire de 6«,
Beaudouin, pp. 146-192.
3. Gaius, 2, 64 (p. 224,
n. 1). Les deux autres exemples donnés par lui
du
t. Inst., 2, 6, De usuc, 14, où Justinien rappelle qu'il a étendu cette règle aux
aliénations faites par l'empereur et l'impératrice.
2. Cf. Bachofen, Ausgewdhlte Lehren, 1848, n°s 2-7.
3. Gaius, 2, 63. Inst., 2, 8, Quib. alienare,pr.
4. La vente des fonds italiques religieux, avant que l'action en revendication
fûtjugée, avait déjà été défendue par un édit d'Auguste, à ceux qui revendiquaient
ces fonds et, quoique la mancipation ou Vin jure cessio faite en vertu de cette
vente ne fut pas nulle, le défendeur pouvait invoquer l'édit contre l'acquéreur de
son adversaire à l'aide d'une exception {fr. de jure fisci, 8 ; Gaius, 4, 117 a). Mais
ce fut seulement Justinien, C, 8, 36 (37), De litig., 5. Nov. 112, c. 1, qui défendit
aux possesseurs l'aliénation des choses revendiquées contre eux.
5. Les lois agraires de Ti. Gracchus, de Sulla, de César, déclaraient leurs lots
déterres inaliénables. Mais l'aliénation fut autorisée les premiers lots après
la chute des Gracques, la prohibition
pour
ne fut pas observée par les colons de Sulla
et elle n'était portée
que pour vingt ans par la loi de César. V. Beaudouin, Limi-
tation des fonds de terre,
p. 141 et ss., p. 179, n. 1, p. 183. — U pourrait sem-
bler naturel qu'une inaliénabilité semblable eût existé à l'origine
pour Vheredium
et il en a peut-être été ainsi momentanément mais
; nous n'en avons pas une
preuve: la mancipation, qui est antérieure à l'aliénation des immeubles, est peut-
Mre aussi antérieure à la fondation
de Rome. En tout cas, si ce régime a existé,
'1 a, selon la juste
observation de Beaudouin, p 290, n. 2, disparu très tôt, dès
avant la loi des XII Tables, avant laquelle la légende place des exemples d'alié-
nation (Val. Max., 4, 4, 7), temps de laquelle surtout existe déjà l'interdiction
au
des prodigues destinée
6- Principalement
i les empêcher d'aliéner les bonapaterna avitaque (p. 224).
en vertu d'une décision du préteur interdisant jusqu'à nouvel
ordre l'aliénation des biens d'une hérédité D., 41, 4, Pro empt., 7, 5 D., 42, 5,
: ;
De rébus
auct., 31, 4. d. D., 50. 12, De poil., 8. La nullité de l'aliénation, venant
'
du^préteur, était
sans doute sanctionnée par des moyens prétoriens.
D., 30, De leg., I, 114, 14. Cf.
données D.,32, De leg.,
III,
sur les solutions d'apparence plus absolue
38. pr. et C, 7, 26, De us. pro empt., 2, Pernice,
ia°eo. 3, p. 60. 5.
n.
8. Pomponius, D., 2,
14, De pactis, 61 : Nemo paciscendo efficere potest ne sibi
oeum suum dedicare liceat
aut ne sibi in suo sepelire mortuum liceat aut ne vicino
mmto praedium alienet. C'est point controversé de savoir si l'on doit admettre
«ne exception à
un
ce principe à cause d'un texte de Marcien, D., 29, 5, De dist. pign.,
' ">selon lequel, d'après la leçon de la Florentine confirmée par les Basiliques, le
284 LIVRE 111. — II. — CHAPITRE III
§ 1. — Mancipation t.
La mancipation est le mode d'aliéner par excellence du droit romain.
Elle n'existe plus sous Justinien ; mais elle occupe le premier rang eu
droit classique, elle est déjà visée par les XII Tables, et elle remonte à
un passé bien plus reculé, peut-être antérieur à la fondation de Rome !.
Nous possédons sur elle de nombreux documents qui permettent de
déterminer avec netteté ses formes, ses effets et sa sphère d'applica-
tion 3.
1. Formes de la mancipation. La mancipation du droit classique est
un acte assez compliqué 4. Il ne suffit pas de faire intervenir les deux
parties. Il faut des témoins citoyens au nombre de cinq au moins. Il
faut un porte-balance (libripens) 5. Il faut que la chose soit présente, au
moins si c'est un meuble °. Enfin il faut une balance et un lingot de
cuivre. L'acquéreur, tenant en main la chose à acquérir, si c'est un
meuble 7, par exemple un esclave, dit : hune ego hominem ex jure quiri-
lium meum esse aio isque mihiemptus esta hoc aère aeneaque libra, pro-
bablement avec mention du prix : pretio *.., puis il frappe du lingot de
métal labalance tenue par le libripens, et il remet le lingot à l'aliénateur.
Ces formes peuvent paraître étranges. Mais elles s'expliquent par l'his-
toire de la mancipation. Pas plus que les autres actes formels, la manci-
pation n'a été dans le principe un amas de fictions arbitrairement
choisies. Elle a commencé par être un acte sincère. En laissant de côté
les cinq témoins qui sont une garantie de publicité, de liberté des par-
ties 2, les éléments essentiels du cérémonial, le libripens, le métal et la
balance ont commencé par être indispensables à l'aliénation à une épo-
que.où il n'y avait pas encore de monnaie frappée ou fondue par
l'État et où la mancipation était tout simplemeut une vente au comptant,
l'échange d'une chose contre un certain poids de métal 3.
Bientôt on a eu besoin d'aliéner sans recevoir de prix, par exemple
au cas de constitution de dot,de vente à crédit, et dès lors on a dû pen-
ser à utiliser pour cela l'acte existant, en faisant semblant de peser le
prix au lieu de le peser en réalité. Plus tard, à l'époque des XII Tables,
est venue la monnaie métallique fondue par l'Etat et on n'a plus eu besoin
pratiquement de pesée véritable, môme pour les ventes au comptant.
La pesée étant alors devenue partout une gène, il est naturel qu'on s'en
soit débarrassé par une simulation rapide, tout en respectant, pour le
surplus l'opération à laquelle le droit reconnaissait la vertu de transférer
la propriété, et la loi des XII Tables elle-même a sans doute sanctionné
cette pratique en décidant que, du moment que les paroles auraient été
1. XII Tables, 6, 1. Les XII Tables, qui étaient une codification du droil exis-
tant, devaient naturellement contenir une disposition sur la mancipation, mode
d'aliéner entre vifs, comme elles en contenaient par exemple une sur les disposi-
tions testamentaires, la disposition uti paterfamilias legassit super pecunia Iule-
lave rei suae ita jus esto. Mais, si la disposition avait eu simplement pour but de
ratifier la mancipation et le nexum qui est l'emploi des mêmes formes en matière
d'obligation, on aurait dit directement comme pour les dispositions testamentaires !
Uti nexum mancipiumve facial ita jus esto. Si on a pris une formule différenie, c'est
pour exprimer que, du moment que les paroles ont été prononcées, l'opération est
valable.
2. L'existence de cette action est établie notamment par Paul, Sent., 2, 17,1-».
qui oppose sous ce rapport la simple tradition et la mancipation, et par les titres
de mancipation nummo uno qui montrent que, quand on voulait faire une manci-
pation sans garantie, on déclarait faussement dans la mancipation un prix d un
sesterce de manière à ne devoir que le double en cas d'éviction. V. en particulier
le formulaire de mancipation, Textes, 786 et ss. Nous reviendrons sur celte
p.
action en étudiant la garantie d'éviction dans la vente.
3. Nous reviendrons également sur cette aetion dans la théorie de la vente,
L'existence en est attestée par Paul, Sent., 2. 17, 4.
ACQUISITION DE LA PROPRIETE. — MANCIPATION 287
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tûtnites.. Illl (Sitt, iil'flioes ItajasJHiiiïiKe i|>'haaisB, 'Çmc Ita. [pMçniif'rtë me. xfusut; ipaisiiliiclffii*
iinujiugi IÇJIIJr imitiui-ira mlesitt jnjj'rlli' siifeitaiitt ite wanûBin-:; guiis II ilit, liii*''
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tttwiisJiïaniï, i((ue 11» gwiçniitJte 'juisse iinjniSÉtbiltonHnitt ;ù llinetettara' si Ut; .wonilHur« «li'i
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fftiîii iftes %>otfttcs aiiffiBunttfs :; tdt llaui'MUnUin iitais lits Himffttutes aie ;pflut *'siP"'
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Itoïti|«ts «DamenpmuE iptiiumaifl ipffltrfflaoe araq^tanÈ ipar :.taitm irihusoe '(fnejrai .i»1*'
ttite!te«tii«i jBiiaijfUB, (fliirit te ssBcinfl aiflnïBttdiit itlCfà lte anïnne nskûltot rîinuvuil
ifue
i3lt» «UtBistt sans ostita, flan- Ile simple iBnnsBittanteifl dhi wanitauc.
-'4., tOïttfwifi;, ILittifUB («u ipMi«ninB»initlteaï»nmoe7oe:tam..(iaigiiHii, 1H), -S')-
ACQUISITION DE LA PROPRIETE!. — MANCIPATION 289
ployée soit entre sujets non romains, soit quant aux fonds provinciaux,
elle s&ra nulle au moins comme mancipation, sauf à la propriété péré-
grine, à la propriété provinciale à pouvoir être tranférée si l'acte con-
tient en lui les conditions de la tradition '. Le point le plus délicat est de
savoir si elle n'exige pas également dans la chose la qualité de res man-
cipi, si, sous la même réserve, la mancipation des choses nec mancipi
n'est pas nulle. C'est l'opinion que nous croyons la plus vraie non
seulement à raison du sens naturel des textes, mais notamment parce
que Xaclio auctoritatis est toujours supposée appliquée seulement aux
choses mancipi, tandis qu'on devrait la rencontrer aussi pour fes cho-
ses nec
mancipi, si ces dernières pouvaient être valablement manci-
pées!.
La mancipation est donc le mode propre d'aliénation des choses
mancipi en ce double sens qu'elle n'est exigée que pour elles et qu'elle
ne peut porter que sur elles. Encore faut-il dire que les choses mancipi
elles-mêmes, qui pouvaient en droit civil être valablement transférées
par \in jure cessio, dont l'usage resta toujours un peu restreint, pou-
vaient, depuis la rédaction de l'édit du préteur, être transférées beau-
coup plus facilement, avec une efficacité à peu près égale, par une
simple tradition. Cependant la mancipation reste leur procédé normal
[ l'aliénation, non seulement à l'époque de Paul et d'Ulpien, mais encore à
ï celle de Dioclétien et de Constantin 3. Cela s'explique sans doute enpre-
[: mière ligne par la puissance de l'habitude, par le désir naturel des acqué-
1. Cette observation rend compte des actes dans lesquels on voit des mancipa-
tions faites par des pérégrins ou même sur des immeubles provinciaux (Textes,
pp. 805 809). L'usurpation est sans péril,pourvu que derrière la mancipation nulle
il y ail une tradition valable.
2. C'est l'argument décisif à notre sens. La même solution parait d'ailleurs indi-
quée par la qualification de propria alienatio rerum mancipi, donnée à la manci-
pation chez Ulpien, 19, 3, et surtout par Cicéron, Top., 10, 45 : Finge mancipio
aliguem dédisse quod mancipio dari
non potest. On l'a pourtant contesté, surtout au
tond en partant de l'idée
que la propriélé quiritaire ne devait anciennement pou-
voir s'acquérir
que par les modes civils. La difficulté disparaît si l'on admet que
très anciennement les
res nec mancipi n'étaient pas susceptibles de propriété qui-
ritaire. Quant aux textes qui parlent de mancipation
pour des res nec mancipi (ainsi
pour des perles, Pline, H. n., 69, 9, 35, pour des urnes funéraires placées clans des
mkmbaria. C. I. X..VI, 2211. 102411, ils s'expliquent en remarquant que l'acte nul
comme mancipation peut être valable comme tradition.
3. V. en
ce sens, Gradenwitz, Z.S. St., 6, 1885, p. 64 etss. Naber, Mnemosgne,ïl,
1889,
pp. 349-390. La preuve est fournie par les textes nombreux qui emploient en
matière de choses mancipi l'expression non romaine per traditionem accipere et
ou il y avait d'abord mancipio accipere, ainsi
que le rapprochement des sources
pures l'établit directement pour quelques uns (Inst., 3, 28, Per quas pers., 3, rap-
proché de Gaius, 3, 167 D., 7, 1, De usuf, 12, 3, rapproché de F. V., 89) et qu'il
;
résulte pour tous de la logique de la langue
: on reçoit en vertu d'une tradition
m on remet par une tradition ; mais on ne reçoit pas plus per traditionem qu'on
«e remet ex traditiane (cf. Gaius, 4, 36. 2,87. Ulpien,.1, 16).
19
290 LIVRE III. — II. — CHAPITRE 111
§2. — /n
Jure cessio °.
1. Formes de. l'in jure cessio. L'iw jure cessio, dont nous avons déjà
rencontré, des applications dans le droit des personnes, est aussi un
mode de transférer la propriété. C'est un procès imaginaire, une fis
imaginaria, comme la mancipation est une imaginaria vendilio. Mais,
tandis que la mancipation a d'abord été une vente réelle, Yin jure caê.
qu'on croit parfois plus ancienne, qui, à notre avis, est plutôt plus ré-
cente 7, qui n'existait même peut-être pas encore à l'époque de la confec-
tion des XII Tables s, a toujours été une simulation, l'emploi à un bit
1. (îaïus, 4, 117 a. 131 a. Paul, D., 44,1, De dol exe, 5, 2 (Lencl, 788).
2. On soutient parfois que cet avantage existerait même pour la mancipalioi
des meubles (Puchta, Inst., 2, § 238, n. o; Acearias, Précis, 1, p. 566, n. 3,':fe
contraire parait à M. Naber résulter de F. T., 283.
:i. C. Th.. 8, 12. De donat., 7.
4. Textes relatifs à l'aliénation fiduciaire de la fin du IVe siècle et du milieu*
Ve, qui sont, verra-t-on plus loin, les derniers vestiges certains de la fiducie tl
qui impliquent une aliénation par injure cessio ou plus vraisemblablement p»
mancipation.
5. C'est ce qui nous parait, comme à M. Naber, pp. 408-409, résulter delaMv
=
titution de 394, C, 4, 3, Desuffragio, 1, 2 C. Th., 2, 29, Si" cerl. pet. de sulfr.,1
qui exipe la tradition corporelle dans un cas concret en ajoutant : Aliter emm si
uovum dominant transira non possunl.
6. Ulpien, 19, 9-11. Gaius, 2, 24. Cf. Karlowa, R. R. G., 2. pp. 381-386.
7. On l'a parfois protendue plus ancienne, en y voyant, à cause de sa fwoet
détournée, un mode qui aurait été inventé pour permettre de transférer la pro-
priété, dans un temps où il n'y aurait encore eu pour cela aucun pratédé. V. (*'
i'X. Eisele, Retirage zur rômisch. Rechisgesckicke, 1896, pp. 236-200. Mais elfe P***
nussi bien avoir été inventée plus tard, quand on chercha un procède ptwirosB-
lituer entre vifs les servitudes qui n'étaient pas mancipi, et avoir seulemeol pis*
«le ce rdle au râle translatif de propriété. M. Schlossmaan a en outre invoqué *
("étiraient, en faveur de son antériorité, la jure cessio und ifaneipaJio, 1901.1' *"
semblante delà formule de lïn jure cessio et de la première partie de celle *"
mancipation qui montrerait que la seconde est une dérivation de la première-*
en dehors d'autres objections (v. SHctzing. Mmuipatio, pp. 1-3 14 !, celle idée M',!
paraît, en contradiction directe avec la physionomie de la mancipation.
S. Paul, F. F., 50, la dit sanctionnée par les XII Tables: mais ce peut**
implicitement, en ce sens que les XII Tables autorisaient la m" rindicatio donle»
est l'utilisation.
ACQUISITION DE LA PROPRIETE. — TRADITION 291
: un mode de droit des gens qui n'a que des conditions de fond.
caractère, de fait.
Tandis que. l'a mancipation et Tin j"»» cessio sont des actes jerifeos
avant des formes fixées par la loi, la tradition est. un simple fait, naïf
ïiel, un déplacement, de la possession, la cession de la. pûssessiùi) laii?
par une personne à une antre. Seulement, de même que !a posscsm
n'est, pas îa. propriété, la. tradition translative de propriété n'est xief n*
remise de possession quelconque, c'est la remise de. possession, fùlta
vertu d'une jmim <«««., faîte en vertu d'un acte qui implique Imteoia
réciproque d'aliéner et d'acquérir, «u plus exactement, faite aw fit-
teution réciproque d'aliéner et. d acquérir. 11 ifaut, pour 3a.tra:iiti«rjtrfflr
lauve de propriété, deux condïHàiatts ; la remmise de la. chose et. la jiht
cause, ou, eu tes prenant dans leur 'ardre îiaîoetaiel de. succession, .lu JET 1
cipation ; mais, à la fin, c'est pour la tradition qu'il déclare le transfert de pro-
priété constant.
1. Ulpien, D., 12, 1, De R. C, 18, pr. : Etpulo... nummos accipientis IIONJ&'<<
eum atia opinione aeeeperit. Oa a défendu la solution d'Ulpien en disant qmt
cas de malentendu les tiers sont moins intéressants qu'au cas d erreur para
qu'ils auraient pu avoir connaissance de l'absence du negotium ea se renseign"'
près des deux parties. Peul-êlre Ulpien suit-il plutôt là une tendance «ju'il «unnt
eue à faire la tradition dépendre de l'exislence réelle de sa cause. En loul «s, B
comparaison de son langage iputo) et de celui de Julien (constat) montre <b ip
cùté était l'opinion dominante.
2. D., 12, 5, lie eond. ob turp. cous., 2.
3. Inst., 2. 1, De «. D., 4t. Cf. p. 281, n. 4.
t. I»., 24, i, De don. ûtf. v. et u.. 3, 10; 5, 18. Au reste, ces solutions*'
également vraies en matière de mancipation.
S. Dioctétien. C, 2, 3, Be pact., 20
: Tméilimîkus et usufcapiontèm
*««»"*
mm, non partis ironsfenmtur.
8. V. contre le langage répandu qui présente la tradition .connue un ver»^.. .,
contrat (Savigny, Windscheid, Uernbiug), A. Pernice, Zeitsckrifl fur flani*»
de Goldschmidt, 25, 1880, p. «19,
ï. D., a. 1,
41, 2, De A. B. A. P., 18, 1 ; 34, pr.
ACQUISITION DE LA PROPRIETE. — TRADITION 295
h. t., s, pr.
*• fi->
2. Inst., 2, 1, De R. D., 45. Tradition symbolique des interprètes. Cf. Papi-
nien, D-, 18, 1, De C. E., 74 et l'art. 1606 du Code civil, qui l'oppose à la tradi-
tion réelle.
3- ", 41, 2, De A. v. A. P., 1, 21 ; D., 46,3, De solul., 79. Tradition longamanu.
'""
2, 1, De R. D., 44. où Justinien dit faussement, après Gaius, que le
• i
ranstert de propriété a lieu sine traditione
par la nuda volunlas. Tradition brevi
manu.
i! i.i' 2' De ^-
o' ' »• A. P., 18, pr. Constitutum possessorium. Cf. p. 271, n. 1.
o-Ct Biermann, Tradilio ficta. 1891, où l'on trouvera reproduits et mis ordre,
PP. 11-17, les divers textes
en
sur lesquels se fondait cette classification. V. aussi Po-
mier. l»rot/ de propriété,
n°* 199-213.
„y.' B'ermann,
pp. 51.5g 103-130. 190 213. Viollet, Hist. du droit français,
W-05D-658. L'art. 1138 du Code civil
ne fait que sous-entendre cette clause.
296 LIVRE III. — II. — CHAPITRE III
i
SECTION III.— Modes dérivés non volontaires.
Les principaux modes dérivés par lesquels une chose est aliénée en
dehors de la volonté de son propriétaire, sont : l'usucapion, de laquelle
il faut rapprocher la longi temporis praescriplio et la longissimi tem-
poris praescriplio ; l'attribution faite de la chose par une décision de
l'autorité judiciaire, notamment par le juge des actions en partage et en
bornage (adjudicalio) ; enfin son attribution faite directement par le
législateur, la loi (lex).
\
L'usucapion qui est déjà réglée par les XII Tables 2, est l'acquisition
de la propriété par la possession prolongée, par une possession d'un an
pour les meubles et de deux ans pour les immeubles 3. Elle a pour ré-
sultat de parfaire une acquisition restée défectueuse soit à raison de la
forme, parce que le mode employé n'a pas été le mode requis par le
droit civil, soit à raison du fond,
parce que l'aliénateur n'était pas le
propriétaire ou plus largement n'avait pas qualité pour aliéner valable-
ment. Quand le mode employé n'a pas été le mode civil, quand par exem-
ple il a été fait simple tradition d'une
res mancipi, celui qui a reçu la
tradition va, si la chose ne lui est
pas enlevée avant l'expiration du
délai, acquérir
par la possession prolongée la propriété quiritaire qui lui
faisait défaut, transformer
sa propriété prétorienne en propriété quiri-
taire, dira-t-on depuis la reconnaissance de la propriété prétorienne 4.
De môme, quand l'aliénateur n'était
pas le propriétaire, celui qui a reçu
J. Inst., 2, 6, De usucapionibus et longi temporis possessionibus D., 41. 3. De
vsurpalionibus et usucapionibus. Cf. Esmein, Sur l'histoire de l'usucapion, Mélan-
Ses,im, pp. 171-217. Karlowa, R. R. G., 1, 2, 387-410.
pp.
*• XII Tables. 6, 3. Il y a de nombreux systèmes sur le sens des mots usus
tmcloritas employés là
par la loi, notamment d'après Cicéron, Top., 4, 23. Pro
""M., 19, 34. A notre sens, le mot rapporte seul à l'usucapion et le mot
usus se
Mctoniasse réfère à l'acft'o auctoritalis éventuelle de l'acquéreur contre l'aliéna-
M, qui s'évanouit naturellement moment où le premier devient propriétaire,
w. A. Pernice, Labeo, 2, 1,
au
p. 328 et ss. En sens contraire, Cuq, Institutions, 1,
P- &>, n. 4.
Moclestin, D., h.
• t., 3 : Usucapio est adjectio dominii per conlinuationem posses-
itmis temporis lege definiti.
Ulpien, Reg., 19, 8 : Usucapio est dominii adeplio per
wntinuationem possessionis anni vel biennii.
A partir de laquelle
• aussi il a, pour arriver au terme de l'usucapion. dans les
5eM qui protègent cette propriété sûreté qu'il n'a du tout auparavant
une pas
Si?pare beaucoup plus profondément les deux
l'ét cas d'usucapion qu'ils ne
,'us(îu'a'ors-
Dar 'il emeDt — Ce que nous disons là de la tradition des res mancipi est
3 801 vra' des autres cas de propriété prétorienne (v. par exemple, Gaius,
-298 LIVRE III. — II. — CHAPITRE III
1. Gaius, 2, 44. Cicéron, Pro Caecina, 26, appelle l'usucapion finis sollidliiii'»
ac periculi litium, en pensant surtout à une troisième utilité qu'on cite souvent M
sans raison et qui n'est en somme qu'une conséquence des deux premières»
l'utilité dont l'usucapion pourra être pour l'acquéreur, tenant par un mode à™
du véritable propriétaire, qui, sans elle, devrait pour prouver sa propriété, claUir,
d'une part, que toutes les transmissions successives de la chose ont été faites par
les modes légaux et, d'autre part, que l'auteur de la première était propriétaire-
2. Usufruit: Ulpien, 7, 1, De usufructu, 17, 2: Noxae dedttio jure nonpavot
usum fructum. non tnagis guam usucapio proprietalis, quae post comiilutum «»>•
fructum comingit. Hypolhèque : Papiuien, D., 41, 3, ne usurp. et usuc.,&*
C'est pourquoi l'usucapion nous parait, bonne langue juridique, devoir êW
en
classée parmi les modes dérivés. Certains interprèles,
par exemple Derabur?-
Pand.. 1, § SI, n. 1, refusent de lui donner ce nom en ne considéraul coi*
telle que l'acquisition où l'acquéreur est, propriété, obligé «
pour justifier de sa
prouver celle de son auteur. Ce n'est qu'une question de terminologie.
3. V. Gaius, 2, 65, pour les pérégrins, 2, 46,
pour les tonds provinciaux.
ACQUISITION DE LA PROPRIETE. — USUCAPION, PRAESCRIPTIO 299
1.La mention la plus ancienne s'en trouve dans le papyrus de Berlin, Textes,
PP-187-188, contenant rescrit de Sévère et Caracalla du 29 décembre 199.
un
2- Les fr. de Strasbourg des dispulationes d'Ulpien
(Z. S. St., 25, 1904, p. 370)
en mollirent encore l'application restreinte,
en matière de prescription de l'hypothè-
que (mobilière), aux hypothèques constituées province (mieux, dit Ulpien, aux
hypothèques des dettes payables
en
en province).
». Cumine l'appellent le papyrus'de Berlin et divers textes et comme ce futpeut-
«re son nom le plus ancien.
*• Les textes des compilations de Justinien le disent (v.
par ex. C, 7, 33, De
praescr. I j.; \) et
on a(jmet d'ordinaire qu'il en a été ainsi dès le principe. M. Per-
nice Labeo, 2, 1,
, p. 337, n. 1, remarque pourtant que Paul, 5, 2, 4, parle seule-
ment de juslum initium possessionis.
»• Paul, D ,18, 1, De C. £.,76, 1
: Tempora constitutionibus constitula.
j. Prescription courait entre présents ou entre absents, selon que les deux
uneT ,1".lélessêes
.
avaient ou non leur domicile dans la même province, d'après
u(;lriI1e qui fut celle adoplée plus lard
Drè Uae par Justinien, dans la même cité, d'a-
autre doctrine que signale Justinien. C, 7, 33, De praescr. longi temp.,
12
itiL i-' 1u' est ce"e suivie par le rescrit de Sévère de 199. Sur d'autres points
"'^les, v. Justinien,
même const.
300 • LIVRE III. — II. — CHAPITRE III
effet de l'usucapion lui a été étendu par la suite dans des circonstances
mal connues '. Et on dit même souvent, non sans raison, qu'elle aune
efficacité plus complète que l'usucapion en ce qu'elle peut servir non
seulement à faire acquérir la chose, mais, à titre distinct, à éteindre les
charges réelles, par exemple les hypothèques qui pèsent sur elle'2.
Cette dernière fonction, jointe à quelques autres avantages 3, fait que,
malgré son délai plus long, malgré le caractère purement défensif qu'elle.
avait d'abord eu, la praescriptio longi temporis a probablement fini par
être invoquée môme entre citoyens romains, même relativement aui
choses romaines 4. Mais, l'usucapion et la praescriptio étant soumises
aux mêmes conditions d'exercice, si l'une de ces conditions manquait,
l'acquéreur a non domino n'avait, quelque longue qu'eût été sa posses-
sion, ni action pour recouvrer la chose, ni défense pour la conserver.
En face de lui, le propriétaire gardait indéfiniment ses droits intacts.
Ce régime a paru avoir quelque chose de critiquable. Le droit byzan-
tin a considéré que le propriétaire dont la négligence s'était trop prolon-
gée ne méritait plus la môme protection et il a décidé que ce propriétaire
perdrait au bout d'un certain temps sinon sa propriété, au moins l'action
dont il ne se serait pas servi. La réforme a été, semble-t-il, entamée par
Constantin et définitivement opérée par une constitution de 424 de Théo-
dose II. Le propriétaire négligent ne perd pas son droit de propriété;
mais au bout d'un certain temps d'inaction, 40 ans d'après Constantin,
30 ans, dans le système définitif de Théodose II, il perd son action en
revendication contre le possesseur. Celui-ci n'est pas devenu proprié-
taire ; seulement il peut repousser l'action en revendication du proprié-
présents.
3. L'accessi'o temporis a été admise plus tôt en matière de praescriptio longi '*'
poris quen matière d'usucapion (p. 310. n. 7-8; p. 311, n. 1): la bona filles tw
peut-être exigée pendant toute la durée de l'usucapion et seulement au début a"
délai de la prescription, quand le juste titre était une donation (p.304, n. 4) ; P«j"
être même la bonne foi et le juste litre ont-ils commencé par ne pas y èlre e»P>
pourvu que l'on eût acquis la chose nec vi nec clam nec precario (p. 299, m •'>
1. V. C
sur le régime définitif, 1, 39, De praescr. XXX vel XXXX ann., 3, la
constitution de Théodose II, où la prescription de la revendication n'est
plication du droit que l'ap-
commun, et sur le régime antérieur, où c'est une règle spéciale
alaction réelle revendication intentée à titre particulier, C. Th., 4, 13, De
long. iemp.
en
praescr., 2. Cf. Esmein, Mélanges, pp. 215-217 ; Demelius, Untersu-
eliungen ans dem rômischen
Civilrechl, 1856, p. 82 et ss.
- £-, 7, 39, De
*• c-< 7, 31, De
pr. XXX v. XXXX ann., 8, 1.
mue. Iransf., 1.
302 LIVRE III. — II. — CHAPITRE III
i. Paul, D., 41, 3, De usurp. et usuc, 4, pr. : Et hoc ordine eundum est, «l
videamus, quis potesl usucapere et quos res et quanto tempore.
2. Ainsi, au cas de mancipation, d'in jure cessio et de legs per vindicaliomii
delà chose d'aulrui, l'usucapion ne commencera pas à courir au moment™
l'accomplissement des solennités de la mancipation ou de Vin jure cessio, si elles
ont lieu sans remise effective de la possession, ni à celui de l'acceptation du legs,
mais seulement a. celui de la prise de possession de la chose.
3.. Cf. Cuq, N. R. H., 1894, p. 23 et ss.
4. Gaius, 2, 52-61.
5. F. V., i. Il s'agit des res
mancipi de la femme en tutelle dont elle a foi'
tradition sans Vauctoritas tutoris et que, d'après Julien, l'acheteur qui a payele
prix peut usucaper, en vertu d'une constitulio Rutiliana ignorée. V. sur celle
constitulio Rutiliana la conjecture de Karlowa, R. R. G., 2, pp. 404. 405 et ses
renvois, p. 404, n. 1. Gaius, 2, 47, rappelle que les XII Tables portaient la règle
contraire.
G. V. en ce dernier sens Brinz, Zum Redite der bonae fidei possessio, 1875.
ACQUISITION DE LA PROPRIÉTÉ.
— USUCAPION, PRAESCRIPTIO 303
1. Cette idée a pour la première fois été indiquée par Stintzing, Das Wesen von
kna fides und titulus in d. rômisch. Usukapionslehre, 1852. Elle a depuis toujours
gagné de nouveaux partisans. V. surtout aujourd'hui, Esmein Mélanges, pp. 177-
188et Pernice, Labeo, 2, 1, pp. 328-340. Non seulement l'idée purement subjec-
tive de bonne foi paraît, ici comme partout, impliquer de la part du juge une
analyse psychologique étrangère aux façons de procéder de l'ancien droit qui atta-
che ses résultats juridiques à des faits positifs et concrets, d'un caractère ostensi-
ble. Non seulement la plupart des faits pris comme juste cause n'ont pas de valeur
légale dans [ancien droit. Mais les règles sur les res furlivae ne peuvent avoir été
introduites qu'en un temps où l'usucapion procédait encore sans juste litre ni
bonne foi et où l'on cherchait donc dans une règle générale la protection du pro-
priétaire plus tard cherchée dans des règles relatives, tirées de la personne qui usu-
cape. Les deux systèmes se sont plus tard trouvés juxtaposés et on les a appliqués
simultanément, non d'ailleurs sans quelques difficultés ; mais on n'eût sans doute
jamais inventé le premier, si le second avait toujours existé. L'usucapion pro here-
de, ïusureceptio et d'autres institutions encore telles que l'acquisition de la manus
par l'usage (p. 150), que Vusucapio libertatis que nous retrouverons en matière de
servitude, sont des variétés un peu anormales de l'usucapion primitive, qui, préci-
sément à cause de leur caractère anormal, ont, comme il arrive souvent, conservé,
par un arrêt de développement, les traits originaux progressivement modifiés dans
l'institution vivante. On pourrait plutôt se demander comment et à quel moment la
transformation s'est faite. 11 ne nous parait pas douteux que le point de départ en
a été dans l'idée que la possession qui conduit à l'usucapion doit être légitime,
doitêtre une possessio jusla, ex justa causa(A.. Pernice, Labeo, 2, 1, pp. 405-433).
Mais des deux conditions de l'usucapion moderne, celle qui aurait été la première
dégagée de là serait selon M. Esmein, p. 193, la bonne foi et, selon M. Pernice,
p. 42a, le juste titre, qu'il arrive même à trouver en un certain sens dans les
anciennes instilutions de l'usucapion pro herede et de Vusureceptio, p. 430 et ss.
En lout cas, l'exigence de la. jusla
causa supposant, comme le remarque M. Per-
nice. p. 338, l'existence des actes sans forme et notamment du contrat consensuel
de vente, est,
croyons-nous, forcément postérieure à la loi Aebutia. D'autre part,
la condilion tirée de la bonne foi qui était peut-être
encore méconnue de Manilius
et de Brutus
au début du VII» siècle (D., 41, 2, De A. v. A. P., 3, 3. si l'on admet
lue le mot thésaurus est encore pris là dans son sens ancien: p. 315, n. 4), est
connue au début de l'Empire, de Sabinus et Cassius, d'après D., 41, 3. De usurp.,
10, D., 18, 1, De
C. E., 27, pr. et F. V., 1, et même, d'après le dernier texte, des
tolères. Tout cela conduit à
peu près, pour les deux conditions, au dernier siècle
déjà République.
— M. Appleton, Propriété prétorienne, i, 1899. p.
176 et ss., p.
-°' et ss., admet que la lettre des XII Tables parlait seulement de l'usucapion des
' ™oses volées ; mais il soutient que l'exigence de la bonne foi et du juste titre en
'lirait élé déduite immédiatement, parce qu'il fallait prouver sa bonne foi pour
démontrer qu'on n'était
pas un voleur et que, dans la plupart des cas (dans ceux
011 il faut plus
tard bonne foi et juste titre 1, on ne pouvait la prouver qu'en prou-
vant son utre. Mais,
en dehors d'autres objections tirées des idées que celte con-
ception implique
en matière de preuve et de la confusion, inexacte à notre sens,
(|uelle entraine entre la bonne foi
et le justetitre, elle nous paraît chronologique-
mÇnt inadmissible. Si
par ex. les conditions de bonne foi et de juste litre avaient
dragées à l'époque de la loi Alinia, la fin du VIe siècle, cette loi n'aurait
Pas renouvelé l'ancienne prohibition fondée
vers
sur la furtivité en y apportant seule-
ment un correctif.
304 LIVRE III. — II. — CHAPITRE III
1. Cf. Bernhceft, Der Resilzlitel im rom. Rechi, 1875. Fitting, Archiv, 51, 188),
p. 1 et ss., 52, 1860, pp. 1 et ss. 239 et ss. 381 et ss.
2. Modestin, D., 50, 16, De V. S., 108 : Bonae fidei emplor esse videtur, quiip't
ravit eam rem alienam esse, aut putavit eum qui vendidit jus vendendi habere, jrt
procuralorem aut lutorem esse.
3. L'individu qui traite avec un pupille, le croyant pubère, commet une errent
de fait et peut usucaper ; celui qui traite avec un pupille, croyant qu'il n'a pis
besoin de Vaucloritas du tuteur pour aliéner, commet une erreur de droit cl ne
peut usucaper (Paul, D., 41, 4, Pro emptore, 2, 15). Cf. A. Pernice, Labeo,ï,\,
p. 493 et ss.
4. En principe la bonne foi n'est exigée qu'à Vinitium possessionis ; elle us
l'est ni avant, ni après, au moins quand on prend possession en personne Mais
il y a cependant quelques réserves à faire. 1° La bonne foi, qui en principe n'est
exigée qu'au moment de la prise de possession et non pas auparavant, est. pont
des raisons très discutées, probablement pour des raisons historiques, exigée àl>
fois au moment de la justa causa et à celui de la tradition dans un cas très im-
portant, dans celui de la vente (D., 41, 4, Pro empt., 2", pr.). V. les systèmes dans
Appleton, Propriété prétorienne, 1, n°s 95 et ss. — 2° En règle, la bonne toi
pourvu qu'elle existe au moment de la prise de possession, n'a pas besoin de per-
sister pendant tout le délai (mata fides superveniens nonnocet) ; mais le langage*
Justinien, C 7, 31. De usuc. transf., 1, 3, a fait se demander, si, avant lui. laPer"
,
sistance de la bonne foi pendant tout le délai n'était pas exigée des acquéreurs'
titre gratuit en matière d'usucapiou et non de longis temporis possessio. V. en ce
sens Karlowa, R R. G., 2, p. 402 ; en sens contraire A. Pernice, Labeo, 2, t
p. 57. — 3° Enfin, quand la prise de possession a lieu par l'intermédiaire soit d une
personne en puissance, soit d'un tiers, il faut la bonne foi non pas de celui qui
prend la possession matériellement, mais de celui pour le compte duquel elles-
prise. Par conséquent, si le mandataire prend possession à l'insu du mandant,
mandant deviendra bien immédiatement possesseur, mais il ne commencera
acquérir par usucapion que du jour où il aura eu connaissance de la prise de V>*
•session, car ce n'est qu'alors qu'il peut posséder de bonne ou mauvaise foi (<••. ''
32, De acq. poss., 1). Il n'y a qu'un cas où Vanimus de la personne en puissant
ACQUISITION DE LA PROPRIETE. — USUCAPION, PRAESCRIPTIO 305
opinion diffère d'un fait, et par suite même les règles de preuve sont
différentes pour la bonne foi qui se présume jusqu'à preuve contraire
et pour le juste titre qui doit se prouver.
Ils paraissent cependant se
rapprocher dans un cas, dans celui de juste titre putatif, de croyance
fausse à l'existence d'un titre, où en réalité il n'y a pas de titre, mais
où cependant certains jurisconsultes soutenaient à l'époque classique
que l'usucapion serait possible et où une doctrine intermédiaire, adoptée
probablement par Justinien, l'admettait comme possible, quand l'erreur
était une erreur excusable, portant par exemple sur le fait d'un tiers '.
Mais même alors la différence subsiste et elle se manifestera toujours
étant seul pris en considération, suffit : c'est celui des acquisitions faites par elle
«jure peculiari (D., 41, 4, Pro. empt., 2, 11). V. cependant la restriction du même
texte, 2, 13,
par laquelle il faut sans doute aussi expliquer la solution de D., 41, 3,
ïleusurp,, 43, 1.
1. Celse affirmait très nettement la nécessité d'un juste titre indépendant
< de la
:
Mine foi, nous apprend Ulpien, D., 41, 3, De usurp., 27. Neratius au contraire
admettait, un peu avant lui,
comme suffisante, la croyance au juste titre, D.,
«> 10, Pro suo, 5. Julien, dont l'opinion est rapportée par Africain, D 41, 4,
Cro empt., H, admit qu'on pourrait s'en contenter, mais à condition d'avoir ,
Justificatif, tel que l'allégation d'un esclave
un
.aun achat
ou d'un mandataire faisant croire
auquel il n'a pas procédé en réalité. C'est la doctrine qui paraît avoir
prévalu et qui semble devoir être considérée, d'après l'ensemble des textes du
^cste' comme celle du droit de Justinien, quoiqu'il reproduise
; aux Inslitutes, h.
• ', la règle error falsae causae usucapionem non paril. Cf. cependant A. Pernice,
W». 2.1,
: pp. 302 et ss. 396 et ss.
\ ""*' '"' ^e ^' ^'' ^"
^e seu^ Pomt douteux est de savoir si l'imprescrip-
;
,'
tih"i"t- *
* est absolue ou seulement relative soit
: rentionnellement aux prescriptions qu'on a laissées
; courir dans le but d'éluder la loi, soit à celles fondées sur une
s" ?rohibée- Dans le premier sens, Windscheid, 1, § 182, n. 14 ; dans le
«ecnrt
°na>oavigny, Traité, 4,
„ p. 175 etss. ; dans le troisième, Dernburg, 1, § 217,
sa
306 LIVRE III. — II. — CHAPITRE III
qui, tout en étant dans le patrimoine, en étant aliénables par les modes
réguliers, ne peuvent être acquises par la possession prolongée. Il y a
deux catégories d'exceptions de cette espèce, les unes fondées sur des
raisons tirées de la chose, tenant par exemple à ce qu'elle est sortie des
mains de son maître par un fait délictueux ; les autres tirées du proprié-
taire, que la loi voit d'un oeil particulièrement favorable, qu'elle prélere.
au possesseur.
Les cas de la seconde catégorie, les moins importants pour l'histoire
du droit et presque tous du droit nouveau, concernent les biens du
trésor public, ceux du prince, les immeubles des églises et des fonda-
tions pieuses, qui sont soustraits à l'usucapion et à la longi temporis
praescriplio, mais non à la prescription extraordinaire portée seulement
pour certains d'entre eux à quarante ans i. On se demande en outre s'il
ne faut pas appliquer la même règle aux biens des mineurs, qui étaient
anciennement soumis à l'usucapion et non à la, praescriptio longi tem-
poris, mais pour lesquels au reste la question ne se pose, dans notre
doctrine, qu'en tant qu'ils ne sont pas déjà imprescriptibles ou inalié-
nables en vertu de Yoralio Severi et des dispositions additionnelles!.
Les exceptions de la première catégorie ont une plus grande impor-
tance juridique et remontent à une époque plus ancienne : elles ontélé
portées pour l'ancienne usùcapion du droit civil. Les principales3sont
la prohibition de l'usucapion des choses volées, portée par la loi des
XII Tables et répétée par Une loi Àtinia des environs de la fin du
VIe siècle, et la prohibition de l'usucapion des choses enlevées par vio-
lence portée postérieurement par la loi Plautia de vi qui paraît se placer
entre la dictature de Sulla et la conjuration de Gatilina *.
placer vers la fin du VIe siècle. Quant à la loi Plautia, dont les dispositions furent
reproduites par une loi Julia, ce qui les fait désigner par la formule collective fré-
quente lex Plautia et Julia, c'est sans aucun doute la loi Plautia de vi, rendue pos-
térieurement aux lois criminelles de Sulla. qu'elle vient compléter, mais avant l'an
*M, dans lequel elle fut
invoquée contre Catilina (Salluste, Cal., 31, 4), peut être
en 667 après la répression de l'insurrection de Lepidus.comme pense M. Mommsen,
Strafrecht,
p. 654, n. 2, en partant de Cicéron, Pro Caelio, 29,70; la loi Julia
Qu'on lui accole est la loi
Julia de vi de César ou d'Auguste.
1. L'introduction de cette règle probablement été, avec une autre innovation
relative à Vactio auctorilatis a
(v. Esmein, Mélanges, p. 183, n. 2), le principal motif
delà loi Atinia qui confirme la prohibition de l'usucapion de la
res furliva. nisi in
Potestalem ejus cui subrepta
est reverlalur : Paul, D., h. t., i, 6. Disposition sy-
mêlnquede la loi Plautia Julien, D h. 33, 2.
:
D-, 30, 16, De V. S., 215 ,
t.,
; : In lege Atinia in potestalem domini rem furtivam
^"sse videri, et si ejus vindicandae
potestalem habuerit, Sabinus et Cassius aiunl.
308 LIVRE III. — II. — CHAPITRE III
d'une femme esclave vend le petit esclave qui en est né,le croyant faosa-
ment un fruit (p. 247, n. 5).
Les règles ainsi posées pour l'ancienne usùcapion passèrent à la/onji
temporis praescriptio et s'appliquent aux deux sous Justinien. Sois
avons déjà vu que la prescription trentenaire s'applique même aux meu-
bles volés, mais non aux choses enlevées par violence. Nous ajouterons
qu'aux termes de la novelle 119 celui qui aequiert un immeuble d'un
possesseur de mauvaise foi ne peut l'acquérir que par trente ans, abso-
lument par conséquent comme le meuble aliéné par un possesseur de
mauvaise foi qui en l'aliénant l'aurait rendu furtif.
3. Le délai durant lequel devait se prolonger la possession était, d'a-
près lés XII Tables, d'un an pour les meubles,de deux ans pour les im-
meubles, probablement en considération des usages agricoles d'alnrs 1; .
;
main a admis, à côté de l'interruption naturelle, des causes d'interruption
civile. Un texte de Cicéron porte à croire que l'ancienne usùcapion pou-
vait,en matière immobilière, être interrompue par un acte formel con-
sistant à briser une branche d'arbre sur le fonds (surculo defringendo)2.
D'autre part, la demande en justice, la litis contestatio, qui n'interrom-
pait pas le cours de l'ancienne usùcapion 3, est généralement considérée
pnélè de la chose
au
au demandeur: Gaius, D., 6, 1, DeR. V., 18.
.''°Pin'on dominante appuyée nolammentsur C., 7, 33, De praescr. I. t.,
i,,i i Mais la doctrine selon laquelle les règles étaient les mêmes
que celles
"usùcapion a aussi été fortement soutenue. V. les renvois dans Windscheid,
*Ȥ ISO,
:
n. 7.
e d'une interruption civile résultant de la demande en justice pa-
mi vbien prouvée,
;
pour toutes les prescriptions de son temps, par la constitution
i',40, De ann. exe, 2, où il dit
que le même résultat peut être atteint contre
•SOn.neS 1u'on
l'uni ne Peut poursuivre par une simple déclaration adressée à
onte judiciaire. La demande réelle
peut malaisément avoir eu moins d'effet
^«déclaration qui en lient lieu.
Iti V '
^ be diversis temporalibus praescr. et de accessionibus possessionum.
;M-Vwgerow, 1, § 322.
;jj' ^ntinuation par l'héritier de la possession de son auteur n'est désignée
-
a
iaccessiopossessionis
;JJ que par un texte, D., 44, 3, De div. temp. praescr.,
*Y 1T' ('ans sa faction première, se rapportait à l'interdit utrubi (cf. le § 3
"fel ce"e accession de possession profit du créancier gagiste) et non
j,, i
r™ a notre sujet.
au
:
310 LIVRE III. — II. — CHAPITRE III
;
5-'w.,4, n,l)eoff. jud.,6.
312 LIVRE III. — II. — CHAPITRE III
«d'un immeuble qui menace ruine ayant refusé de donner caution de ré-
parer le
préjudice éventuel et ayant persisté dans son refus malgré un
premier décret par lequel, pour peser sur sa volonté, le préteur avait
envoyé le plaignant en possession de l'immeuble, le préteur rend un
second décret qui met le plaignant in causa usucapiendi et lui donne la
propriété prétorienne ' ; —-en matière d'action noxale, quand, l'esclave
ou l'animal
du chef duquel existe une action noxale n'étant défendu par
personne, le demandeur l'emmène avec une autorisation du magistrat
(duclio jussupraetoris) qui le met in causa usucapiendi et lui donne la
.propriété prétorienne 2.
§ 1. — Occupation.
L'occupation est l'acquisition d'une chose qui n'appartient à personne
§ 2. —
Spécification 7.
La théorie delà spécification suppose qu'une personne a pris une chose,
notamment une chose appartenant à autrui, et a donné par son travail
à cette substance une forme nouvelle, a créé une nova species (speoen
novam fecil), a fait du vin avec des raisins, un vase avec du métal, une
barque avec des planches, etc. 8. La question qui se pose est de savoir
semble-t.-il, concorde mieux avec l'idée d'une tradition qu'avec celle d'une occu-
-
pation. En ce sens, Czyhlarz, dans Gluck, livres 41-42, 1, 1887, p. 113. H en est
de même, à plus forte raison, des missilia, c'est-à-dire des présents jetés à la
foule par les magistrats (Inst., h. t.. 46), dans lesquels on a encore voulu voir des
choses abandonnées par leur propriétaire et acquises ensuite par occupation (Per-
nice, Z. S. St., 5, 1884, p. 108 et ss.), mais qui présentent, croyons-nous, un
cas de tradition personis incertis, duquel précisément pour cela les Proculiens
rapprochaient la derelictio. Cf. Czyhlarz, op. cil., p. 106 et ss.
1. Cf. Czyhlarz, op. cit., p. 207 et ss.
2. Brutus et Manilius, D., 41, 2, De A. v. A. P., 3, 3. Plaute, Trinumnus, 1,2,
104 et ss.
3. Faite par Hadrien : Inst., 2, 1, De R. D., 39.
4. Ainsi il acquiert son droit par sa découverte même, quand bien même dan-
•très le devanceraient dans la prise de possession ; car ce n'est pas à l'occupait
mais à l'inventeur \Inst., hi t., 39 : Inventons esse ; D., 41, 1, De A. Il D.,&,
1 : Fit ejus qui inveneril D., h. t., 63, 1
: Inventori cedit) qu'est
; accordée l'ac-
quisition.
5. Inst., h. t., 39. C, 10, 15, De ihesauris, 1.
6. D'après Justinien, Inst., h. t., 39, l'inventeur deviendrait propriétaire du
y
tout aux termes de la décision d'Hadrien, sans doute parce que ces biens n'ont
pas de propriétaire auquel puisse revenir la propriété de l'autre moitié. D'après
Callistrate, D., 49, 14, De jure fisci, 3, 10, qui invoque décision de Marc*
rèle et L. Verus, l'inventeur du trésor trouvé dans
une
un de ces fonds ne devien
propriétaire que de la moitié et l'autre moitié appartient au fisc, comme cet!
a lieu pour le trésor trouvé dans un fonds appartenant au peuple ou à l'empereur-
7. Cf. C. Ferrini, Bull, di D R., 2, 1889, 142-247. Czyhlarz, dans Gluçt,
des pp.
série livres 41 et 42, 1, 1887, pp.249-286. A. Pernice, Labeo, 2, 1, pp.32IMJ-
Sokolowski, Philosophie im Privalrecht, 1902.
8. Mais cette théorie est hors de pp. 69-111.
cause quand il a simplement teint une
étoile,
ou, quoi qu'en dise maladroitement Justinien, Inst., 2, 1, De R. D., 25, quon" "
ACQUISITION HE LA PROPRIETE. — SPECIFICATION 317
si
toujours l'objet ancien, qui appartien-
l'objet ainsi confectionné est
drait alors forcément toujours à l'ancien propriétaire, ou si c'est un
objet nouveau pour lequel on pourrait concevoir qu'il eût aussi un maître
nouveau.
croire que les anciens jurisconsultes considéraient, sans raffi-
Il est à
nements doctrinaux, l'objet comme étant toujours le même. Plus tard *,
les Proculiens ont, en vertu d'une analyse plus délicate, soutenu que
c'était un objet nouveau et qu'il devait appartenir à l'ouvrier, soit en
disant que celui-ci l'avait acquis par occupation, soit peut-être simple-
ment en partant de l'idée qu'une chose doit être à celui qui l'a faite 2. En
face de cette doctrine nouvelle, les Sabiniens, probablement sans nier
qu'il y eût un objet nouveau 3, ont refusé d'admettre l'acquisition de
l'oeuvre par l'ouvrier et ont soutenu que la chose nouvelle devait ap-
partenir au propriétaire de la chose ancienne. Mais on est arrivé, dès
I l'époque classique, à une doctrine intermédiaire qui est un triomphe
i partiel de la doctrine proculienne et qui attribue la chose nouvelle à l'ou-
vrier qui l'a faite, mais seulement à condition qu'elle ne puisse revenir
à son ancienne forme (que ce soit par exemple du vin fait avec le raisin
d'autrui et non pas un vase fait avec le métal d'autrui *), peut-être en
outre à cette seconde condition que le spécificateur soit de bonne foi 3.
a simplement tiré du blé des épis qui le contenaient ; cf. D., 41, 1, De A. R. D.,
infini.
1,7,
i. V. sur les diverses doctrines, Gaius, 2, 79 et D., 41, 1, De A. R. D., 7, 7 (Le-
nel,491). Inst., 2, 1, De R. D., 25.
2. On invoque dans le premier sens, D., h. t, 7, 7, où la doctrine proculienne
est exposée comme attribuant la propriété à l'ouvrier, quia quod faclum est anlea
«ti'/ius fuerat. Mais les textes attribuent la chose à is qui fecit et
non pas au pre-
mier occupant qui pourrait à la rigueur être un autre
que l'ouvrier.
3. La négation de la prémisse de l'opinion opposée parattrait d'une dialectique
assez vraisemblable ; mais les textes où Gaius expose l'opinion sabinienne semblent
bien admettre l'existence d'une chose nouvelle.
<• Cette opinion mixte est exposée dans le Digeste
sous le nom de Gaius qu'on
ait même l'approuver (recte)
par une interpolation évidente ; mais il n'est pas
sur qu'elle eût déjà été exprimée à son époque (sur les textes de Pomponius,
v.
Ferrini,
p. 231 etss.). Elle est formulée par Paul, D., h. t., 24.
5. L'existence'de cette seconde condition
,
paraît établie : 1° par un texte de Paul,
'•,
"-i 10, 4, Adexhib., 12, 3 (Lenel, 404), qui, donnant l'action ad exhibendum à
t raison de la spécification faite par un ouvrier de certaines choses eum scirel haec
ma esse, l'explique par les mots : quia quod ex re nostra fit noslrum esse verius
™ ; M. Lenel croit interpolés les mots eum sciret haec aliéna esse où il y a cer-
tainement
un solécisme (il s'agit à'uvae, d'olivae et de lana) : mais d'abord cela
Prouverait le système
pour le droit de Justinien ; ensuite, cela ferait adoptera
«ul la doctrine sabinienne qu'il rejette, D.,h.
s t., 24, précisément pour les choses
P, comme celles dont il s'agit là, ne peuvent être ramenées à leur forme pre-
ce ; 2° par des textes qui donnent, au cas de vol, au propriétaire de la
. ma-
e' P°U réclamer non
I
i 1]
pas seulement la chose ancienne, mais la chose nouvelle,
icfto fwtiva qui n'appartient cependant qu'au propriétaire
m : v. notamment
J"?". °-.*7, 2, De furtis, 52, 14, rapproché de D., 13, 1, De cond. furl., 1 Soli
1 :
;
m° wmPe<« ; cf. cependant A. Pernice, p, 324 et ss.
318 LIVRE III. — II. -L CHAPITRE III
§ 3. —
Acquisition des produits organiques des choses *.
En principe, tout ce qui est produit par une chose appartient à son
propriétaire. Il est propriétaire des produits par là même qu'il est pro-
priétaire de la chose, tant qu'ils n'ont pas d'existence distincte ; mais il
l-Inst., h. t., 19.Julien, D., 22, 1, De usur., 25, pr. : Omnis fructus non jure
««Mis, sed jure soli percipitur.
2-0., 47, 2. De furt., 62, 8, D., 39, 5, De donat., 6. Par conséquent, ainsi
dit le dernier texte,
que
si le bailleur changeait d'avis avant la perception, le fer-
'"", n'étant plus dans les conditions de la tradition, n'acquerrait pas les fruits ;
c bailleur serait
seulement responsable envers lui en vertu du contrat de louage.
|- t>., 22, 1, De usuris.
25, 1, in fine.
' Ct- Gérardin, N. R. IL, 8, 1884, pp. 609-634. Czyhlarz, pp. 422-459.
:
^,ien, chez Ulpien. D., 7, 1, De usuf., 12, 5 : Fructus non fiunt frucluarii,
.
? eo Percipianlur, licel ab alio terra separenlur. Cf. D., 22, 1, De usur.,
n l'< n-, 7, 4,
' Q. m. ususfr., 13. Gaius soutenait au contraire que l'usufruitier
320 LIVRE III. — II. — CHAPITRE III
pas
prévalu. Pour éviter toute difficulté pratique, peut-être aussi en
vertu d'une autre idée, de l'idée que le possesseur de bonne foi a dû
ré»ler son train de vie sur le revenu qu'il croyait avoir, on a admis qu'il
acquerrait les uns et les autres. Cette opinion est déjà celle de Julien ;
elle est incontestée au temps de Paul et d'Ulpien J.
Le possesseur qui comme tel a droit aux interdits, qui, quand il a
bonne foi et juste titre, arrive à l'usucapion par la possession prolongée,
qui dès auparavant a l'action Publicienne dans des conditions que nous
verrons, a aussi dès auparavant l'avantage d'acquérir les fruits s'il est de
bonne foi. Il fait les fruits siens (fructus suos facit) sans avoir, à la >.
: par un tiers.
La seulecondition, en supposant bien entendu qu'il s'agisse de fruits
et non de produits, est qu'au moment de la séparation, il soit de bonne
toi. La survenance de la mauvaise foi qui n'empêche pas le possesseur
de continuer à usucaper, à avoir la Publicienne, le dépouillera du droit
d'acquérir les fruits. Julien, qui paraît avoir été très large dans l'ad-
mission de notre mode d'acquérir, avait bien soutenu qu'il devait aussi
continuer à acquérir les fruits 2. Mais la jurisprudence s'est formée en
sens contraire, sans doute toujours en partant de l'idée qui justifie le
mieux l'acquisition des fruits
par le possesseur de bonne foi, parce qu'à
partir du moment où il
a cessé d'être de bonne foi, il a cessé de se croire
plus riche qu'il n'était 3.
Seulement le système de l'acquisition des fruits
par le possesseur de
wne foi est, dans le droit de Justinien, compliqué, depuis une date
discutée,
par une restriction. Le possesseur de bonne foi, qui devient
propriétaire des fruits
par la séparation, est débiteur, en face du pro-
priétaire de la chose, de
ceux qu'il n'a pas encore consommés au jour
0, le propriétaire revendique la chose contre lui. Le propriétaire
1
ne
peut lui réclamer les fruits déjà consommés (fructus consumpli)
; mais
» peut lui réclamer
en même temps que la chose les fruits existants
hctus exstanles) +.
!
{'£"'• ?"«.». DeA.R.D.,i», 1.
'
•irnfie
j
fJruci'bus
^
*' ®e ^' ^>''
:
Et ideo si postea dominus superveneril et fundum
: On an'
<
ab eo (bonae fidei possessore) consumplis agere non potest.
Hois voulu déduire de là soit
que le possesseur de bonne foi de la chose
21
322 LIVRE III. — H- — CHAPITRE III
n'aurait aussi que la possession de bonne foi des fruits (c'est la doctrine de Sa-
vigny, Possession, § 220), soit au moins qu'il en obtiendrait seulement une pro-
priété intérimaire. Mais ces deux conceptions sont en désaccord avec les textes
(v. seulement Inst., h. t., 35: Placuit fructus... ejus esse et Gaius, Z), 22, i,
De usur., 28: Pleno jure fiunl). Il en devient propriétaire définitif et complet,
capable de les aliéner, de les hypothéquer. Seulement, comme il arrive à beau-
coup d'autres acquéreurs de la propriété, à l'emprunteur de deniers auxquels on ea
transfère la propriété, au mari à qui on transfère la propriété de la dot, il devient
débiteur de la chose dont il a acquis la propriété, il ne sera libéré de cette dette,
il ne bénéficiera de la valeur de la chose, qu'au jour où il l'aura consommée,
comme, a-l-on dit, en droit classique, le mari, devenu propriétaire de la dot par
la constitution de dot, ne la gagne définitivement que si le mariage est dissous
par un événement qui le dispense de la restituer.
1. Ce système a cependant été défendu récemment par M. Petrazycki, Fruit-
verleilung, 1892, p. 416 et ss. ; mais voir en sens contraire A. Pernice, Lée><
2, 1, p. 363, n. 3.
2. V. en ce sens Pellat, De la propriété, 1853, p. 306 et ss. Alibrandi, îeorii
del possesso, 1871, p. 126 et ss A. Pernice, p. 357 et ss. Czyhlarz, p. 3"' c'®'
Nous relèverons seulement le texte d'Africain (citant Julien), D., 41, 1, D« <'/
D., 40, où la règle fructus suos facit bona fide possessor a été modifiée par l'in"
tercalation de consumptos pour faire dire au jurisconsulte que le possesseur
fructus consumptos suos facit. C'est un langage qui peut avoir été tenu p"
le jurisconsulte, d'abord parce que c'est ne
par la séparation et non par la consom-
mation que le possesseur devient propriétaire, ensuite
parce qu'il y a une con-
tradiction de langage à dire que quelqu'un devient propriétaire d'une chose qw»»
elle a été consommée, après qu'elle été détruite, le jurisconsulte eu
a
dit tout au plus que co?isumeutfo fructus parce que
suos facit.
ACQUISITION DE LA PROPRIETE. — RAPPROCHEMENT DES CHOSES 323
non pas d'un mode spécial, mais d'une occupation qui présenterait cette
seule particularité d'être faite par la chose principale au lieu de l'être par
son propriétaire.
— A notre sens, il n'y a pas alors, dans les idées ro-
maines, de véritable acquisition de propriété nouvelle, mais
un simple
'C.,3, 32, De R. V., 22: Certum est mala fide possessores omnes fructus so-
in eum ipsa re praeslare, bona fide vero exstanles, posl litis aulem conteslalionem
unii'ersos.
2. C'est à M. de Czyhlarz que revient le mérite d'avoir appelé l'att.ention sur
la constitution
de Valentinien et de Valens, C. Th., 4, 18, De fructibus. 1, qui,
'n l'an 369, expose encore purement et simplement le système du droit classique,
"après lequel le possesseur de mauvaise foi, le praedo doit les fruits ex die in-
ww loci et celui qui simpliciter lenel, c'est-à-dire, opposition, le possesseur
: par
™ bonne foi, les doit seulement depuis le commencement du procès
: Et praedoni
'™em rsft'o a die invasi loci
\ usque ad exilum litis habealur ; ei vero qui simplici-
;
'r lenel' ex eo, quo, re in judicium deducta, scientiam malae possessionis accepil.
e langage est incompatible avec le système d'après lequel le possesseur de
,°nn.c '°' doit les fruits
non seulement depuis le commencement du procès, mais
T!!S cna1ue séparation à moins de les avoir consommés, et l'incompatibilité
1 doutant plus manifeste précisément par suite la constitution n'a passé
?°e ttml à_ fait mutilée
que
dans le Code de Justinien, C, 7, 51, De fructibus, 2 ; quant
a constitution de 294, elle pouvait, dans
: sa destination première, se rapporter
[. exemple à la pétition d'hérédité où les possesseurs de bonne et de mauvaise
;
sont régis par des règles de depuis le sénatus-consulte Juventien de
'an 129 b ce. genre
b
j.-C.
ap. .
3Î4 LIVRE III. — II. — CHAPITRE III
limitait,R.
Ces accroissements des agri ar cifinales ont trois causes principale;:
1" Yallumon, c'est-à-dire l'action lente et insensible des eaux qui SHÏ-
t.
Cf. Beetimarin, Jjehtv rom ES^enshiaas^iDerbe éank Accession. SOT. vM- S
tentas Vwrus, »., h. ï„. 381, ne Ta pas -été sans «mlroTerses.. Cf. Karlnwa.iï. «
**» 3^P- *32 et Fi-ùaân àaas Lac-imam, Schripen der Fcldmesser. 1. IMS, }• *
3, FiiMeatimas, ©.,, k- ï,, îê.
ACQUISITION DE LA PROPRIÉTÉ. .— RAPPROCHEMENT DES CHOSES 325
1. Alluvion, Inst.,
2,1, De R D., 21
2, 1, De R. D., 20 = Gaius, D., h. t., 7, 1. — Avulsion,/nsZ.,
= Gaius, D. h., t., 7, 2.
11 y a seulementune différence entre
les deux textes
au point de vue de l'effet qui se produira quand les arbres (arbo-
res), apportés
avec la fraction du terrain (pars praedii), auront poussé leurs raci-
nes dans le sol : les Inst. disent seulement
que le propriétaire du sol aura acquis
les arbres Videntur adquisilae.
: Gaius dit au contraire au D., qu'il aura acquis
la traction du terrain Videtur adquisita. On corrige parfois la solution du Digeste
:
par celle des Institutes, qui d'ailleurs n'est pas rigoureusement en contradiction
avec elle. Elle
nous paraît au contraire une application évidente du principe gé-
néral que la propriété disparait
sur les choses qui ont perdu leur individualité.
u- Landucci et Pampaloni, Archivio, 31, 1883, 157 et ss., 424 etss., 498 et
pp.
ss- ; 32, 1884,
p. 167 et ss., et l'appréciation de Schneider, K. V. /., 8, 1885,
P-80 etss.
.-• Inst., h. t., 22 = Gaius, D., h. t., 7, 3. On tire une ligne médiane entre les
™es du fleuve, puis de chaque côté des lignes perpendiculaires
aux limites de
aque héritage, et tes quadrilatères ainsi obtenus déterminent les portions des
es (ou du lit devenu libre)
apparlenant à chaque riverain. Cette méthode, qui
accorde parfaitement
avec la doctrine de la propriété préexistante des riverains
?enéralement admise. Cependant
la on rencontre toujours des systèmes faisant
abso?"1? 011 dUne mani6re différente, exemple en partant de la proximité
iT
par
c'm(tue propriété par rapport à chaque point de l'île. V. en dernier
lien
et^Henr'ci, lahrbùcher de Ihering, 13, 1873,
p. 57 et ss. ; 15, 1887, p. 313
dectiTt' h' (' 23 = Gaius> -0-, h. t., 7. 5. Le C. civ., art. 563, attribue.au cas
^ement ^e "t> 'e lit abandonné,
1898' ou du moins aujourd'hui (loi du 8 avril
1
",nX ^u "' a')andonné, propriétaires sur les terrains desquels est pris
le lit' aux
n
PWposén^V„au- " est curieux de remarquer que cette idée parait déjà avoir été
a Rome d'après les renseignements indiqués p. 324, n. 4.
326 LIVRE III. — II. — CHAPITRE III
t.
D., h. t., 12, 1.
2. Inst., h. t., 27, pour le mélange de deux corps liquides ou liquéfiés, où ilf'
véritable indissolubilité et où il doit donc y avoir action commuai diriàni',
Inst., h. t., 28, II., 6, 1, De R. V., 5, pr., pour le mélange des deux tas de bU,«
la propriété divise subsiste théoriquement et où la seule action sera la revendica-
tion pro modo frumenti cujusquë. On emploie d'ordinaire pour la première situ
tion le nom de confusio et pour la seconde celui de commixiio, quoique5™
employés indifféremment pour les deux par les textes (v. par ex. D., 6. i, D"- •
3,2). — U est à remarquer que, lorsque les choses d'autrui qu'un individu o
ainsi aux siennes, sont des pièces de monnaie, il acquiert non pas une P1"!"!!
proportionnelle sur la masse, mais la propriété du tout (D.. 46. 3. Desolut-,'^
sauf la question de sa responsabilité. 11 y a du reste sur cette solution qu*»^
plique par des besoins commerciaux des opinions assez divergentes : v.J>ur
divers systèmes, Niemeyer, Zeitschrift fur Handelsrecht, 42, 1894, pp. 20-fc-
ACQUISITION DE LA PROPRIETE. — RAPPROCHEMENT DES CHOSES 327
chose qui donne au tout son essence et son nom (la statue par rapport
au bras, le char par rapport à la roue, la bague par rapport au dia-
mant) ', dans un cas même la chose regardée comme ayant le plus de
prix (la peinture par rapport à la tablette qui la supporte2), est consi-
dérée comme un tout dans lequel s'absorbe la chose accessoire qui,.
n'ayant plus d'existence distincte, ne peut plus faire l'objet d'une re-
vendication distincte 3.
Mais, lorsque l'union n'est pas indissoluble, ainsi pour la pierre en-
châssée dans la bague, pour la roue attachée au char, pour le bras sim-
plement soudé à la statue, la propriété portant sur la chose accessoire
n'est que paralysée ou, si on aime mieux, n'est morte que sauf possibi-
lité de résurrection *. A moins d'une abdication du propriétaire, qui
résulte d'ailleurs en droit classique de ce qu'il lie sciemment sa chose à
celle d'autrui 6, sa propriété reprendra son activité, elle renaîtra par la
séparation, quand la chose accessoire reprendra son existence distincte
•qui permettra de nouveau de la revendiquer ; et on peut même provo-
chose accessoire est définitivement éteinte faute d'objet '. Tout le droit
de l'ancien propriétaire est d'obtenir une indemnité pour laquelle sa si-
tuation ne sera pas la même suivant que la réunion des deux choses
aura été faite par lui ou en dehors de lui. — Si elle a été faite en dehors
de lui, c'est-à-dire normalementpar le propriétaire de la chose principale.
il a contre ce dernier des actions dont le caractère et le nombre varient
avec les circonstances et aussi avec les époques historiques : dès une épo-
que ancienne, les actions naissant du vol (actio furti et condictio fur-
liva),quand il a été dépouillé par un vol 2 ; depuis l'époque, voisine du dé-
but de l'Empire,où l'action ad exhibendum et la revendication se donnent
à titre pénal contre celui qui s'est mis par un dol dans l'impossibilité de
rendre ou d'exhiber, ces deux actions, lorsque la jonction a été opérée
de mauvaise foi, non pas pour obtenir une exhibition ou une restitution
impossible,mais pour obtenir des dommages et intérêts égaux au préju-
dice ; enfin, même sans cela, mais encore seulement depuis une date
postérieure à l'introduction de la procédure formulaire, il a, dans un cas,
dans celui où le propriétaire de la tablette en est dépouillé au profit du
peintre, une action en revendication utile tendant à faire avoir non pas
la tablette qui n'existe plus, mais sa valeur et, dans tous les autres cas,
une action prétorienne infaclum 3. —Quand la réunion a été faite par le
propriétaire de la chose accessoire, il n'a pas d'action pour réclamer la
valeur de sa chose * mais, si, comme il arrive le plus souvent, il a entre
les mains la chose totale, il a, toujours seulement depuis l'époque for-,
mulaire, une exception de dol pour ne la rendre sur la revendication du
propriétaire qu'après avoir été indemnisé de la plus-value qu'il lui a
donnée de bonne foi 5.
exhibendum neque in rem locum habet, in factum actio necessaria est.— M'
réelle utile, relative à la planche sur laquelle a été faite la peinture : Gaius, 2, «>
D., 41, 1, De A. R. D., 9, 2 ; Inst., h. t., 34 ; cf. p. 345, n. 3.
4. Le texte décisif est le texte de Julien, relatif aux constructions, D., 12,b- ft
cond.ind., 33.
5. Paul, D., 6,1, De R. V., 23, 4 : In omnibus igitur islis in quibus mea resf
praevalenliam alienam rem trahit meamque efficit, si eam rem vindicem, per el t
tionem doli mali cogar pretium ejus quod accesserit dare. Sur la restriction au
de bonne foi, v. p. 327, note 5, et p. 329, note 6.
ACQUISITION DE LA PROPRIETE. — RAPPROCHEMENT DES CHOSES 329"
1. Gaius, 2, 73-75. Superficies solo cedit, dit Gaius, 2, 73. Planiae quae terra
coalescunl solo cedunt, dit Justinien, Inst., h.
t., 32, où il applique le même prin-
cipe aux
semences.
2. Inst., h t 31 32. Quand, raison quelconque, les racines d'un
, ; pour une
arbre passent du terrain d'un propriétaire dans celui de l'autre, la propriété de
arbre appartient
au second. La solution est, quoi qu'on ait dit en partant de
textes mal établis,
exactement la même dans les Inst., h. t., 31, et dans le D., h...
'•.', 13.
Paul, D., h. t., 26, 1 Arbor ubi coaluit agro cedit et si rursus erula sil,
:
"jon ad priorem dominum revertitur : nam credibile est alio terrae alimento aliam
Ifelam.
j- D-, 6, 1, De R.
V., 5, 3 ; cf. p. 345, n. 3.
»• »-, 41, 1, De A. R. D.,
7, 10. 12. D., 43, 18, De superfic, 2.
?.s' °-' f 1' '> De A- R. D., 7, 13 : Ex diverso si quis in alieno solo sua ma-
ter''<• aedificaverit. illius
fit aedificium, cujus
et solum
est et, si scil alienum solum
®-'uaV0-tuntate amis'sseproprietalem materiae inlellegilur. Inst., 2, 1, De R. D.,
-nae dominus proprietalem ejus amitlil, quia volunlale ejus alienata intelle-
Qitur
U i'" 6 S! n0n ^9noraDat in alieno solo
de dnnation se aedificare. V. la même présomption,
des impenses faites sciemment
*>*,Aileg. Aquil.,21, 25. sur la chose d'autrui chez Ulpien, D.,
330 LIVRE III. — II. — CHAPITRE III
La propriété a, comme nous avons vu, pour première sanction les in-
terdits possessoires qui protègent la possession comme telle, mais qui
par là môme protègent dans l'immense majorité des cas la propriété. Si
le propriétaire de la chose la possède ou si le possesseur possède vi
clam aut precario par rapport à lui, il aura les interdits possessoires
pour retenir ou recouvrer cette chose. Il a encore, s'il est possesseur, le
droit de repousser par la force ceux qui voudraient l'en dépouiller.
S'il ne possède pas, il ne peut, dans les temps historiques, se faire
justice à lui-même en reprenant violemment la chose au tiers entre les
1. La valeur des fruits est doublée, sans doute quand au lieu d'être rendus en
nature ils sont restitués valeur, d'après une disposition mutilée des XII Tables
en
(Festus, v. vindiciae XII Tables,
: 12, 3), dont lesens est mis hors de doute par les
règles de la stipulation
pro praede litis et vindiciarum calquée sur l'ancien enga-
gement des praedes (p.336,n. 2). Cf. Esmein, Mélanges, p.191. Cuënot, N. R. IL,
>™3, p. 338 et
ss.
Cest l'opinion que nous la meilleure. V. en ce sens Mommsen, Sladt-
-• croyons
mievon Salpensa, 1855, 471, n.4i \Gesammelte Schriften,\, 1905 p.361,n.41J ;
p.
wadenwitz, Zuiangsvollstreckung und Urtheilsicherung. 1888, p.8 de Ihering,Geisl
;
«•ft. R., 3, H, 1888,
p. XI et s.; Cuënot, .V. R. H., 1893, p. 345 et ss. Il y a
aucoup d'autres doctrines ainsi
: un système d'après lequel la restitution de la
se, une fois le bon droit
reconnu, était suffisamment assurée par les moeurs ;
si un autre d'après lequel le magistrat la faisait rendre, alors, la force pu-
lue ; enfin un dernier selon lequel, après
par
que le juge avait statué sur le sacra-
'"' " J7 avait, afin de permettre la manus injeclio contre le perdant, une
eeaure
, accessoire d'estimation (arbitrium litis aeslimandaei, attestée notamment
matière d'action personnelle la loi Acilia de 631-632 et à laquelle on rap-
e aussi le texte de Festus, cité
par
n. 1. V. les renvois dans Cuënot. Mais en de-
336 " LIVRE 111. — I . — CHAPITRE V
Sous son apparence tronquée, ce système était si efficace qu'il a été
plus tard calqué dans une autre procédure qui fut probablement intro-
duite sous les Actions de la loi, mais qui survécut de beaucoup à leur
chute, dans la procédure per sponsionem '. Ici, pour faire trancher la
•question de propriété, une partie promet à l'autre de lui payer une
somme insignifiante et qu'on ne réclamera même pas (sponsio praeju-
dicialis), si cette dernière est reconnue propriétaire ; mais en morne
temps, elle promet, pour ce cas, avec la garantie de cautions, la restitu-
tion de la chose et de ses fruits intérimaires 2, par un autre contrat ver-
bal calqué dans son objet sur l'engagement des praedes et qu'on appelle
à cause de cela la satisdalio pro praede litis et vindiciarum. Ici encore
le juge ne statuera que sur la petite somme qui a été promise, ; mais,
une fois qu'il aura donné tort au promettant, celui-ci rendra la chose et
les accessoires, pour que lui et les cautions ne soient pas tenus de la
stipulation pro praede litis et vindiciarum.
Seulement la procédure per sponsionem appartient déjà à un système
nouveau par un trait qui la sépare profondément de l'ancienne procé-
dure du sacramentum in rem. Au lieu d'être une procédure double,
où les deux parties jouent à la fois le rôle de demanderesse et de défen-
deresse, où elles doivent pareillement prouver leur droit, où elles sont
égales au point de vue de la preuve, c'est une procédure simple où il y
a un demandeur et un défendeur, un demandeur qui doit prouver son
droit pour triompher, un défendeur qui n'a rien à prouver, qui n'a rien
hors des objections qu'on peut faire à chacune de ces conjectures, elles sont toutes
rendues superflues par l'engagement des praedes.
1. Gaius, 4, 91.93.95. Cf. Stintzing. Verhâltniss der legis actio sacramenti ;u i.
Verfahren durch sponsio praejudicialis, 1853. 0. Lenel, Edit., 2. pp 206 etss. Une
doctrine due à de Keller, Procédure des Romains, ti§ 25-27, considère, à la vérité,
cette procédure comme née seulement, depuis l'introduction de la procédure formu-
laire. Mais c'est, à notre sens, une invention des praticiens, que rien ne force à
faire dater seulement de l'époque où le contrat verbal a fondé la condictio certu
pecuniae du système formulaire. Elle a pu fonctionner rationnellement depuis
qu'il a fait naître la legis actio per condiclionem de la loi Silia, — que les parties
avaient avantage à employer à la place de Vactio sacramenti in rem, parce qu'elle
avait des formes plus simples, parce qu'il n'y avait pas de peine imposée au per-
dant au profit de l'État et que le perdant pouvait même n'y pas encourir de peine
au protlt du gagnant, la sponsio étant praejudicialis (Gaius, 4, 94) et les parties
pouvant probablement s'entendre pour écarter la sponsio et la restipulatio terM
partis (Gaius, 4, 171) qui d'ailleurs serait ici minime, — et même depuis qu'il a
fait naître la legis actio sacramenti in personam, — à laquelle les parties avaient
avantage à recourir de préférence au sacramentum in rem, d'abord parce que le
cérémonial du sacramentum in personam était plus simple que celui du sacramen-
tum in rem, ensuite parce qu'elles pouvaient ainsi risquer seulement le sacrâmes
lum de 50 as pour la petite créance, objet de la sponsio, au lieu de celui de 500 as
Auquel elles auraient été astreintes pour une action réelle relative à une chose
valant plus de 1000 as (Gaius, 4, 16).
2. Dont la stipulation prescrit que la valeur sera doublée faute de restitution
«n nature : Paul, Sent., 1, 13 6, 8. 5, 9, 1 et les observations de Lenel,
SANCTION DU DROIT DE PROPRIÉTÉ. — REVENDICATION 337
1.In Verr., 2. 13, 31. Cf. Wlassak, ProcessgeseUe, i, p. 115 et ss. La ment»
la plus ancienne qu'on en rencontre postérieurement est du contemporainde Céar
Alfenus Varus, D., 6, 1, De R. V., 57. Cf. Paul, D., h. t., 58.
2. Celle-ci fonctionne encore à l'époque formulaire sous deux formes indiquées
par Gaius, 4, 91. 93. 95: 1° par voie de sacramentum in personam, quand on veut
agir par Action de la loi devant le tribunal des centumvirs {Gaius, 4, 3li et quoi
le fait en vertu d'une loi Crepereia inconnue, en réclamant le montant d'une s/ww'
praejudicialis de 123 sesterces, qu'à la vérité beaucoup d'interprètes prennent»
tort à notre sens, pour le montant d'un sacramentum in rem : v. N. R. R- l«3,
pp. 422-423 ; — 2" par une formule, délivrée à la suite d'une stipulation préjudi-
cielle de 23 sesterces et dont certains interprètes nous paraissent seulement tteli-
guror le caractère en y voyant une formule prescrivant au juge de condamner àti
valeur de la chose si les 25 sesterces sont reconnus être dus. La stipulation*
25 sesterces ne peut, sous le système formulaire comme auparavant, faire naitn
d'action que pour 25 sesterces ; la formule délivrée en vertu de cette stipula' 1011
In Verr., 2. 13 31.
SANCTION nU HROIT DE PROPRIETE. — REVENHICATION 339
objet une chose romaine, — ce qui exclut les fonds provinciaux et peut-
être anciennement les res nec mancipi, — et une chose corporelle indi-
viduellement déterminée, — ce qui exclut non seulement la revendica-
tion des choses incorporelles, mais celle faite en bloc de plusieurs choses
distinctes et celle des choses qui ont perdu leur existence par incorpo-
ration à une autre chose '. — (3) Chez le demandeur, elle requiert, d'une
part, qu'il soit propriétaire, — ce qui exclut à la fois les personnes qui
ne sont pas susceptibles de propriété quiritaire, les pérégrins, et les per-
sonnes qui ont seulement acquis par des modes prétoriens, les proprié-
taires prétoriens, — et, d'autre part, dans le droit développé, cpu'il ne
possède pas ; car, dit-on alors, s'il possède, sa possession lui suffits. —
7) Quant au défendeur, il n'est plus nécessaire, comme autrefois, qu'il
I.V. sur le dernier point les pp. 327 et ss.,sur le précédent les distinctions indi-
quées, p. 246.
2. Inst., 4, G, Deacl., 2 : Ei vero qui possidel non est actio prodila, per quam
neael rem acloris esse. Cependant il faut s'entendre : celui qui a un interdit reti-
nendae possessionis pour faire maintenir sa possession et qui par conséquent pos-
sède peut, d'après les textes formels (D., 41, 2, De A. v. A. P., 12, 1) revendiquer
s'il le préfère. C'est un point discuté de savoir si celui qui possède par l'intermé-
diaire d'autrui, d'un dépositaire, d'un fermier, peut revendiquer contre celui par
qui il possède, ainsi que le pensait déjà la Glose qui voyait même là. Vunus casus
toujours cherché dans lequel, d après Justinien, Inst., h. t., 2, qui possidel partes
celons obtinet. Cf. Landsberg, Glosse des Accursius und ihre Lehre des Eigenlhums,
1883, p. 274. V.
sur tes divers systèmes Accarias, 2, p. 836, n. 1. Vangerow, 1, §332.
3. Le contemporain de Vespasien Peg-asus n'admettait encore la revendication
Hue contre le possesseur; mais Ulpien, D., h. t., 9, l'admet au contraire contre
tous ceux qui tenent
et habent resliluendi facullatem, dépositaires, fermiers, etc.,
sans qu'on ait besoin de se mettre en quête du vrai possesseur dont ils sont les
ageiUs,
*. Le système admis à l'époque classique n'empêchait pas le propriétaire, dont
le fermier avait défendu
à la revendication et y avait été battu, de pouvoir reven-
diquer à son tour contre le
gagnant du premier procès auquel il n'avait pas
figuré, mais il lui fallait
prendre le rôle de demandeur, tandis que, si le premier
procès avait été intenté contre lui, il eût l'avantage du rôle de défendeur.
Pour éviter cela, la constitution
eu
de Constantin oblige le détenteur poursuivi à in-
diquer immédiatement celui qui il possède (laudare auctorem suum). Sur
pour
«ette déclaration, le demandeur devra s'arrêter jusqu'à l'expiration d'un délai
340 LIVRE III. — II. — CHAPITRE V
pour les autres impenses. La créance d'indemnité des impenses, qui d'après des
textes formels ne fait pas naître d'action (/>., 12, 6, De cond. ind., 33), est d'ordi-
naire représentée comme invoquée à l'aide d'une exception de dol (Gains, 2, 76.
Paul, D., h. /., 27, 5, etc.). Mais on peut se demander, au sujet de celte excep-
tion : 1° si le juge ne pourrait pas même en son absence s'occuper des impenses
dans son arbilrium, en vertu du pouvoir d'appréciation qui lui y est reconnu;
2» si, au cas où le juge saisi par l'exception en reconnaît te bien fonde, il devra,
comme dans les cas des deux exceptions précédentes et comme c est à notre sens
la règle générale, absoudre le défendeur ou s'il pourra le condamner au reliquat.
On pourrait soutenir, sur le premier point, que l'office du juge de la revendication
comprend déjà le pouvoir d'apprécier les impenses et que, par conséquent, si on
insère I exception, c'est pour donner au juge le pouvoir de repousser la demande
au cas de refus de paiement du demandeur iBrinz, Pandeklen, 1, p. 659 ; Pernice,
Labeo, 2. 1, pp. 289. 295, n. 2). Quant au second, nous croyons que là «rame
ailleurs la preuve de l'exception entraîne en principe, l'absolution du défendeur.
On invoque en sens contraire le texle très connu de Celse, D., h. t., 38, dont U
finale parle de deductio des impenses et de condamnation au reliquat. Mais il o»
être mis hors de cause, parce qu'en admettant que cette finale suit de Celse II in-
terpolation soutenue par Eise\e,Compensation, 1876, pp. 84-85,et par Pernice,M*
2,1, p. 294, n. 1, a été solidement contestée par Erman, Z S St.. 25, »
pp. 352-365), il ne dit pas que les impenses soient invoquées à l'aide d une «MF
tion Au contraire deux autres textes certainement purs disent ici très clairemçn
que la revendication est écartée pour le tout (D., 44, 4, De d. m. exe, 4, devraitD
S). 10"
considère comme mis en demeure par la litis contestatio, qui par cunseijueoi
responsable des pertes totales ou partielles de la chose, môme survenues p ^
fortuit, à moins qu'il ne prouve que le propriétaire en eût également sou
cas de restilulion {D., h. t.. 15, 3 qui par conséquent aussi doit, dans la a«
dominante, la valeur de tous les , fruits que le propriétaire aurait pu Pe
SANCTION OU DROIT DE PltOl'RIETE. — REVENDICATION 343
(D., h. t., 02, 1). Et il y a des textes qui porteraient à croire que ce principe
s'applique a tous tes possesseurs; car ils disent que tous les possesseurs devien-
nent de mauvaise foi par la litis contestatio (Ulpien, D., 5, 3, l>e H. P., 25, 7).
Maison admet généralement aujourd'hui que ces textes reproduisent seulement
un système vieilli ou peut-être des règles relatives à une matière spéciale (usùca-
pion pro heredel) et qu'en droit classique, le possesseur de bonne foi n est pas, à
la différencedu possesseur de mauvaise foi, mis en demeure par la litis contestatio,
quand il refuse de rendre la chose sans procès par suite de sa croyance en son
bon droit (Julien, D., 50, 17, De R. /.. 63 : Qui sine dolo mato ad judicium provo-
cat non nidelur moram facere). Seulement il sait désormais qu'il peut avoir à ren-
dre la chose, il doit agir en conséquence et par conséquent il sera comptable non
pas des destructions totales ou partielles produites par cas fortuit, mais de celles
qui viennent de sa faute (D., h. /., 21 ; 36, 1), non pas des fruits que le proprié-
taire aurait perçus, mais de ceux que lui-môme a perçus ou qu'il aurait pu per-
cevoir.
1. Lepossesseur de bonne foi n'encourt aucune responsabilité pour la perte ou
la détérioration de la chose
survenue avant la litis contestatio. Quant au possesseur
de mauvaise foi, le principe qu'il reste tenu quand il cesse par dol de posséder,
doil s'appliquer, depuis qu'il est admis, à. la perte partielle comme à la perte
totale Mais, à notre sens, c'est tout. Il ne doit pas plus être tenu des pertes
totales que des détériorations
survenues auparavant, soit par cas fortuit, soit par
sa faute, à moins d'être un voleur, qui est en demeure par le fait même du vol.
t'opinion autrefois répandue (Savigny, Vangerow) selon laquelle il serait tenu de
la perle totale
survenue par sa faute, méconnaît le principe d'après lequel la re-
vendication n'est possible
que contre celui qui possède ou qui a cessé par dol de
posséder iWindscheid, 1, §194,
n. 13). L'opinion encore dominante selon laquelle
u serait tenu non pas de la perte, mais des détériorations survenues par sa faute
(Windscheid, toc. cil ), est
un illogisme qui pour l'époque classique ne s'appuie
sur aucun texte ; car tous
ceux qu'on invoque peuvent être entendus de la période
postérieure à la litis contestatio, sauf deux qui dans leur forme première ne se
rapportaient pas à la revendication, mais l'un, C, h. L. 5, probablement à l'in-
terdit unde vi et l'autre, Ulpien,'
I)., h. t., 45 (Lenel, 1470), à l'interdit quam here-
dilalem. V.
en ce sens Brinz, Pandeklen, 1, p. 62 ; Pfersche, p. 52 et ss., p. 209
et ss.
V. sur le premier point, p. 323, n. 1 et 2, sur le second, Esmein, Mélanges,
-•
P-194 et ss. ; Pernice, Labeo, 2, 354. Le propriétaire de la chose, étant pro-
p.
priétaire des fruits, peut les revendiquer, tant qu'ils exislent, et, après leur
nson]lnation injuste, réclamer la valeur par une condictio, disent non seu-
en
lement Ulpien, D.. 13, 9, De
P. A., 22, 2. mais Dioclétien, C. 4, 9, De cond. ex
t' ~ ^6l'e aet'on distincte ne s'applique qu'aux fructus percepti ; mais le
fa
même que ces fruits perçus
ne peuvent, à l'époque classique, être réclamés
c a chose, rend à notre avis invraisemblable qu'on puisse alors réclamer
avec
es fru'ls que le possesseur a omis de percevoir. Un texte de Labéon que Paul
"mente sans en contester la solution (D., h. t., 78) dit positivement
que le
nien^r" DeSt paS coraPtaDle des fruits qu'il n'a pas perçus et le texte de Papi-
eitant Julien qu'on souvent invoqué
a en sens contraire, D., h. t., 62, 1, est
3ii LIVRE III. — II. — CHAPITRE V
nnnistration de cette
promesse avec la garantie de cautions (satisdalio), la posses-
n était transférée du demandeur défendeur par l'interdit quem fundum quand
au
di.Sa°'s,sait d'immeubles (Fr. de Vienne, 4: Textes,
p. 467) et par l'intervention
' Me du magistrat matière mobilière (duci vel ferri jubere: D.,'2, 3, Si quis
"I*'-. L M cf. 0. enLenel, Ed., 1, p. 153).
j ?ur 'es fructus percepli. mais non les fructus percipiendi, qu'il doit,
pour au
Vale™'16' A n0tre Sens'
au doume depuis la constitution de Valentinien et de
S'II aU s'mP'c
avec
sous Justinien. aussi bien avant la litis contestatio qu'après,
SeU'e différence qu'il doit les premiers, quand il aurait
(D wq pu les percevoir
-n', et 'es seconds, même
Perce
' sans cela, quand le propriétaire aurait pu les
S' £at'on relative aux détériorations survenues par la faute du posses-
*eurde
dication"îauV£Use
. fo' lui nous parait lui être imposée par l'attribution à la
reven-
exles originairement relatifs à d autres matières cités p. 342, 2.
3 Co n.
k rèvend™V°UteS 'eS formati°ns juridiques importantes, la formule pétitoire de
i on a servi, à son tour, d'assise à une série de nouvelles formations
346 LIVRE III. — II. — CHAPITRE V
secondaires. Nous citerons, pour grouper ici les principales: la formule Publi-
cienne (p. 348), qui est une formule pétitoire avec la fiction que le délai de l'usu-
capion est accompli ; les formules de revendication données a In suilo d'une m
integrum restitutio, qui sont des formules pétitoires données avec la fiction quclefail
contre lequel la restitutio in integrum est prononcée n'a pas eu lieu ; d'autres ac-
tions données sans in integrum restitutio préalable avec la fiction que la propriété
n'a pas été aliénée (par exemple celle du fr. de dediticiis, 2 ; v. p. 111, n 2); les
actions données au propriétaire d'un fonds provincial (p. 352), au fermier de ['ager
vectigalis (p. 384> et au superliciaire (p. 383), qui sont plutôt in faclum ; lu singu-
lière revendication repelita die signalée D., 10, 4, Ad exh., 9, 6 ; enfin une di-
zaine de vindicaliones utiles éparses dans les textes, que certains auteurs essaient
de confondre en tout ou partie avec I action Publicienne, que d'autres en distin-
guent en voyantdans toutes des actions (îctices différentes, qui seraient plutôt tes
unes fictices et les autres in faclum mais qui paraissent, pour la plus forte part,
des créations de Justinien, et pour lesquelles on discute vivement si elles sont
seulement données contre te propriétaire, en face duquel elles créeraient par con-
séquent une sorte d'action personnelle renforcée, ou si elles sont, comme les ac-
tions réelles ordinaires, données adversus omnes ; v. de Ihering, Gesammetle Au/sHa,
1, 1881, pp. 47-121. Brezzo, L'ulilis aclio del dirillo romano, rei uindicatio ulik
1889. et le compte rendu de Hugo Krueger. Z. S. St., 12, 1892, pp. 103-171 :Ap-
pleton, Propriété prétorienne, n°s 245. 284. 331 ; Ermau, Z. S. St., 13, 1892. pp.
207-224, et Mancaleoni, Conlribulo alla storia e alla leoria délia rei vindicalio ri»,
1900, qui a particulièrement souligné les interpolations de Justinien.
1. Inst., 4, 6, De act., 2 ; D., 7, 6, Si usus fructus petalur vel ad alium perlinm
negelur 8, 5, Si servilus vindicelur vel ad alium perlinere negelur.
2. Cette seconde formule a été signalée pour la première fois en 1844, Z. (! «
12, p. 259 et ss., par Zachariae qui en avait découvert l'attestation dans une se*
des Basiliques due au contemporain de Justinien Stéphane, Suppl. Ras., éd. fl-
chariae, p. 118. Elle est en outre visée dans quelques textes byzantins et dans au
moins deux textes du Digeste (Ulpien, D., 7, 6, Si us. pet., 5, pr. Miircellus, B.,
8, 5, Si serv.. 11). Son existence, souvent ignorée, a aussi été contestée," notam-
ment par Lenel, Z. S. Si.,2, 1881, p. 72 et ss. Ediclum, p. 149, dont les allait*'
ébranlèrent même un moment Zachariae. Mais, ainsi que l'a depuis reconnu Lenel,
Z. S S*„ 12, 1892, p. 1 et ss. Edit. 1. pp. 216-217, elle est mise au-dessusf
-,
tout doute par le témoignage explicite de Stéphane. Il est plus difficile do délermi-
nerson rùle exact. Nous ne citerons que deux systèmes: suivant une doclnni
proposée par Karlowa, R. R. G., 2, p. 470 et admise par Monnier. N. R. H, l!l™
p. 684, elle serait donnée dans le cas où le demandeur veut faire cesser tout
suite des actes impliquant une lésion imminente et où ce demandeur obtiendra^
en donnant caution l'interruption des travaux durant le procès (cf. D., 8. n,
seru.,6. 1. D.. 8, 2, De S. P. U., 15), tandis que, dans l'action négaloire.
travaux continueraient sur la caution donnée par le défendeur ; suivant Lei;
l'act on prohibitoire serait donnée quand le défendeur invoque une servilude q ,
n'existe que tuitwne praeloris et qui ne peut, comme cela arriverait dans la
négatoire, être désignée du nom de jus réservé aux véritables droits existant ;
SANCTION UO DROIT DE
PROPRIÉTÉ.— ACTIONSNÈGATOIRE.PROHIBITOIRE347
à notre avis en contradiction avec les termes de. la formate : ils disent de A»»'1
raison au demandeur, si, en supposant, le délai de l'usucapion accompli, il eût*"
propriétaire au moment du procès et ils prescrivent donc de le repousser si, u*
gré l'expiration du délai, il n'eut pas été propriétaire à ee moment, ainsi ÇIK t*.'1'
arrive quand la chose a été aliénée. Sur l'interprétation de M. Appleton situ
laquelle ja formule prescrirait au juge de statuer comme si, au moment ".» !••*
coniestaiio, le demandeur possédait depuis le délai requis et par consens"'*
méconnaître ces aliénations, v. les objections de M. Audibert. p. 273 e! df K-p
man, 2. 5. <£#., 13, p. 191 etss. Cette interprétation a, croyons-nous, pw,l<
capital d'être en contradiction avec le but 1res simple poursuivi par 1* f,ia*
inventeur «le la formule, but qui était d'escompter une usùcapion en raie :'f ir
compliren prolongeant une possession passé*». Elle conduirait en outre à is-tf
séquences inadmissibles (essence de la bonne foi an moment de la IIÏB s-"*''"*"
pares.},
i.
Neratius, B",, A. t,
17 : PuèSeiamm- actio «su. «fa» comparai® efH..'»»'iflft" ''
«M/ero/wr ; ejusqttt rei mrgwmeiiimm est primo eequïims, êeiaée esvepliti a u
FOSSESSAHMS- NlW SI?.
-. /).. Ï7, t, Mw&@$£, al; K.rttp$i<Q /Msâ'few'flit eaww &§»sM- idkitar... V--yï1
btieieune dans la revendication des fonds provinciaux (p. 352, n. 3), dsas les re-
vendications utiles (p. 34S, n. 3), et ailleurs encore, admet en outre, La" 28,
qu'à l'époque du Justinien et même depuis le temps des Sévères, l'acliofi « w-
vendication serait pratiquement supplantée par la Publicienne, que celle dernière
serait dès lors l'action réelle de droit commun. M. Erman a justement foil re-
marquer, Z. S. St., 13, p. 113, t^ue celte supposition s'accorde en particulier n*
laisément avec l'absence de la Publicienne dans un certain nombre «te retueHs
pratiques de la période impériale récente, tels que l'édition des sentences if f™
de la loi des Wisigoliis et le Gode de Justinien lui-même, qui imite saus dents i f*
point de vue l'exemple des Codes antérieurs.
1. Fronlin, D* eonti-op., éd. Laehmann, p. 36 : Findicanl... inter te »» >«*'
fines ex aequo ac si pritatorum agroratn.
2. V. en ee sens Lenel, Ed., 1, p. 215, et Erman, Z. Z. St., Il, p. 277. Fr*s-
tin, n, i, elles deux constitutions F. V., 314-315, signalent celte mndiaai fe
fonds stipeudiaires et tributaires sans en indiquer la formule, liais on teweill1
la propriété qu'elle sanctionne désignée dans la loi agraire de 613 par te <**
habrre possidere frui lirere dont l'expression des textes plus rêcenls fssw» '"
usws fnitsttts n'est qu'une abréviation {p. 261. n. i). Elle semble donc .JTMI *
une formule la désignant par ces mots, disant, par exemple, comme sif}*
Lenel ; S' pareJ A. Aaerio fundum habere patstufere frai licere siuftf s*' P*
«fus arbitrait! Iï«» restiluelitr. V. pourtant les objections de Partsch, .Sf;S.r!.]'ï!'w*
MM rômisrA. Proiinxialprezes&t, 1905, p. 106-108.
3. L'extension de l'action Publicienne aux fonds provinciaux est aiteste 3*
l'époque des. Sévères par Paul, .D., à. t., 12, 2 j.Lenel, 295): fa reci%.olj%B* «'H s,;s
praedif quae mtitmpi »an passant, PubUdona t»apetit, -si (mie ketm fide ra.ï& *<*"*
«si. A la vérité, sans parler de la finale que son incorrection rend te* so*}*^
SANCTION DU DROIT DE PROPRIETE.— PROPRIETE DES PEREGRINS 353
M. Lenel conjecture quePaul aurait écrit : Publiciana non competit. Mais cette sup-
position n'est pas prouvée et se concilie mal avec certains faits ; v. Erman. Z. S.
St., 11, p. 275 et ss. En revanche, il ne faut, croyons-nous, reconnaître à cette
Publicienue que le rôle supplétoire indiqué; M. Appleton, 1, n° 47, la considère
«u contraire comme la seule action réelle existant en matière de fonds provinciaux
aussi bien au profit du propriétaire
que du non-propriétaire. Mais cette opinion
méconnaît, croyons-nous avec M. Erman, le développement de la propriété pro-
vinciale parfaitement avéré et certainement plus ancien
que celle extension de
l'actionPublicienne.
l.V. en ce sens Lenel, p. 141 ; Appleton, n° 47 ; Erman, p. 277, n. 6 ; en sens
contraire, Audibert, p. 277.
2. Gaius, 4,37. Cf.
p. 113, n. 3.
23
III. — JURA IN RE ALIENA
Les jura in. re aliéna, appelés aussi jura in re, les droits réels portant
sur la chose d'autrui sont, comme le droit de propriété, des droits réels
portant directement sur une chose ; mais, à la différence du droit de
propriété, ce sont des droits réels portant sur une chose dont on n'est
pas propriétaire, donnant à un tiers une portion des pouvoirs qui ap-
partiennent normalement au propriétaire.
Les divers droits réels portant sur la chose d'autrui sont : 1° les ser-
vitudes ; 2° le droit d'emphytéose, dérivé du droit réel du conduclor
agri vectigalis, et le droit de superficie ; 3° les droits de gage et d'hy-
pothèque. Nous renvoyons, dans un but de commodité pratique, l'é-
tude du gage et de l'hypothèque à la partie des obligations, et traiterons
seulement ici des servitudes et des droits d'emphytéose et de superficie.
CHAPITRE I. — SERVITUDES..
Les servitudes (servitutes) » sont des droits réels établis sur la chose
d'autrui soit au profit d'un fonds, soit au profit d'une personne. Elles se
distinguent par là même en deux grandes catégories de nature et d'ancien-
neté diverses : les servitudes personnelles (servitutespersonarum)etlts
servitudes réelles ou prédiales(servitutes praediorum,jurapraediorutiif.
Les servitudes prédiales, qui sont les plus anciennes et qu'on dési-
gne parfois par excellence du nom de servitutes 3, ont leur origine
dans les entraves que la division du sol en propriétés distinctes apporte
1. D., lib. 7. S. Cf. Ehvers, Die Romische Seroitulenlehre, 1856, et Destrais, /'w-
priètê et servitudes en droit romain, 1883, pp. 251-491.
2. C, S, i, De serv., 1 : Servitutes aut personarum sunt, ut usus et vsusjrucl^<
aut renim, ut servitutesrusticorum praediorum et urbonorum. Cette formule est mise
au Digeste, sous l'autorité de Marcien ; mais M. Longo, Bull, di D. R:.ii, I*
pp. 281-340, a indiqué des raisons de croire que cette distinction systématipe date
seulement des compilateurs qui paraissent avoir interpolé un certain nombre w
textes relatifs à l'usufruit pour créer la catégorie des servitudes personnelles.
3. D.,k,2, Q. m. c, 9, 7 : S» ususfructus vel servitutesamissae sunl. Cf. Inst.,"-
Dereb. incorp., 3, et les rubriques des Inst„2r 3'5ret du Dig.,.livres 1 et 8.
SERVITUDES 355
quid facial quis. veluti viridia tollat, aut amoeniorem prospeclum praeslet, ml in
hoc ut in suo pingat, sed ut aliquid patiaiur aut non facial. Il y a cependant une
servitude qui fait exception, c'est la servilus oneris ferendi, la servitude d'appui,
dans laquelle le propriétaire du mur grevé de cette servitude est, d'après des
textes positifs, obligé de le tenir en état, s'il ne préfère délaisser, prohablemeiit
parce que ces règles étaient déjà couturaièrement arrêtées pour elle, quand on
posa les principes théoriques de la matière des servitudes : 0., 8, 2, DeS.Î. (',,
23, pr. ; D., 8, 5, Si serv. vind., 6, 2. 3. Cf. A. Pernice, Z. S. St., 3, 1884.p.91
19, 1898, p. 85, n. 2. Karlowa, li. H. G., 2, 2, p. 253 et ss.
1. Nous retrouverons plus loin les conséquences en matière de possession et
par conséquent de tradition, d'usucapion, d'interdits, etc.
2. D., S, 2, De S. P. U., 26. X»., S, 3, De S. P. /?., 33, 1. En conséquente, lu
servitude s'éteint, quand les deux qualités de propriétaire de la chose et detila
laire de la servitude se trouvent réunies sur la même tète (p. 375 ,n. 3i. En «sé-
quence aussi, c'est par un abus de langage que les anciens auteurs désignai»!
du nom ù'ususfructus causalis, c'est-à-dire attaché à la causa, par opposition i
l'usufruit ordinaire, à l'ususfructus formalis, le droit du propriétaire d'user cl de
jouir de sa chose.
3. V. sur le second point, p. 375, n. 1 ; sur le premier, Paul. D., 8, 1, Désert.-
8, pr. : Vl pomum decerpere liceat et ut spatiari et ut coenare in aliéna /JOSSMI»
servilus imponi non potesl. On remarquera la mesure considérable dans laquelle
la combinaison des deux règles limitait la possibilité de morceler arbitrairement
et indéfiniment la propriété par des constitutions de servitudes. Une servitude nf
pourra être constituée sur un fonds qu'à titre de servitude prédiale limitée Pr
l'utilité du fonds ou de servitude personnelle limitée par la durée de la vie hu-
maine (Pomponius, D h. L, 15, pr.).
,
4. Servitude personnelle: D., 10, 2, F. E., 15. Servitude prédiale: D„ U
Com. praed ,12.
5. D., 33, 2, De usu et usufr., 1. D'autres rattachent cette règle au caractère *
chose incorporelle delà servitude (n. 1).
SERVITUDES l'REDIALES 357
§ 1. — Servitudes prédiales.
Les servitudes prédiales ou réelles (servitutes vraediorum, jura prae-
diorum) ' sont les servitudes établies sur un fonds au profit d'un autre
fonds. Il en existe de très nombreuses dont l'invention successive a été
commandée par le développement des besoins économiques 2.
Les plus anciennes sont sans doute les servitudes de passage et la
servitude d'aqueduc, dont le besoin a dû se faire sentir dès que les pro-
priétés foncières individuelles ont remplacé les grands domaines collec-
tifs; les servitudes de via, iter, actus, aquaeductus, que leur antiquité
fait citer comme les servitudes rustiques par excellence 3 et parmi les-
quelles Viler, itus, droit de passer soi-même à pied ou à cheval, doit être
plus ancien que Yactus, jus agendi, droit de faire passer des troupeaux
ou des bêtes de somme ou de trait (armenta, jumenta), lui-même pro-
bablement antérieur à la. via, droit de se servir d'une façon ou de l'au-
tre d'un chemin dont la largeur est fixée d'avance, probablement par les
XII Tables 4. Ensuite viennent la servitude de prise d'eau (aquae haustus)
qui ne figure pas encore dans cette petite énumération, mais que Gicé-
t'on connaît déjà comme ancienne °, puis la servitude encore plus récente
d'abreuvage (pecoris ad
aquam adpulsus), puis enfin les droits de pâture.
de tirer du sable du fonds d'autrui
ou d'y faire de la chaux, (juspascendi,
cakis coquendae, harenae fodiendae) 6.
Quant aux servitudes dont la création fut provoquée par les besoins
de la propriété bâtie, la plus ancienne, plus récente que les vieilles ser -
études de passage et d'aqueduc, mais probablement fort antérieure aux
dernières de celles
que nous venons de citer, est la servitude d'ôgout
[servilus cloacae immittendae), droit de faire
passer les canaux d'écoule-
ment de ses eaux ménagères par le fonds d'autrui, dont l'origine est assez
vraisemblablement rattachée aux reconstructions faites sans méthode
après l'incendie de Rome
par les Gaulois 7. Puis on rencontre d'autres
•
U; 8. 2. De
servitutibus praediorum rusticorum.
«• v sur le développement historique des servitudes, Karlowa, R. /?. G., 2,
PP 494-33); M. Voigt.
Bestand und hislorische EntwicMung der Serviluten wfih-
rtnd der Itepublik, Berichle
de 1 académie de Saxe, 36, 1874, p. 189 et ss. ; Cuq,
'muutums, 1, pp. 92-93. 199-191.
»• '"*' 2, 3, De serv.,
*• Tables, 7, 6.
XII
pr.
5. Cicéroo, Pro
Caec, 26, 74.
J-'nw., A. t 2.
7 T't i*
ue-Live, ,
5, 53, 3 : Antiquata lege urbs promiscue aedificari coepta.,. 5 : Ea
358 LIVRE III. — III. — CHAPITRE I
servitudes, qui ne se conçoivent que depuis l'époque où les anciennes
maisons isolées, faites d'un rez-de-chaussée ouvrant sur une cour inté-
rieure, ont été remplacées par des maisons contiguës, élevées à plusieurs
étages pour servir de maisons de rapport, mais qui sont déjà connues,
dans leurs grands types, de Gicéron et dont les conditions premières de
création ont pu se présenter en partie dès le temps de la seconde guerre
punique i ; ce sont les servitudes d'appui, de jour et d'écoulement des
eaux pluviales, jura stillicidiorum, parietum, luminum 2, parmi les-
quelles on a sous-distingué la servitude d'appui en servitudes onerissm-
tinendi et tigni immittendi, selon que l'on a le droit de faire reposer une
construction sur le mur du voisin ou de faire pénétrer l'extrémité de
ses poutres dans ce mur 3, la servitude de jour en servitude de ne pas
bâtir (servitus altius non tollendi) et servitude de jour ou de vue (m
luminibus, ne prospectui officiatur) 4, la servitude d'écoulement des
eaux pluviales en servitus stillicidii ou fluminis, selon le mode d'écou-
lement 5 et sur lesquelles on a encore greffé d'autres servitudes d'ordre
voisin ou complémentaire 6.
est causa ut veteres cloacae primo per publicum ductae nunc privata passim submi
iecla, où il s'agit d'ailleurs des anciens égouls publics entrecroisés avec les cons-
tructions privées.
1. Les constructions contiguës remontent peut-être jusqu'aux reconstructionsqui
suivirent l'incendie de Rome (p. 357, n. 7). Quant aux maisons à plusieurs étages,
Tite-Live. 21, 62, 3, parle d'un boeuf monté en l'an 536 au troisième étage d'une
maison et Diodore, 31, 18, d'un roi détrôné d'Egypte obligé par la cherté des loyers
de Rome d'habiter un logement misérable à un étage élevé. Pour les fenêtres
ouvrant sur le dehors, v. le contemporain d'Auguste, Vitruve, 6, 9. 6 7. La fenê-
tre d'où Tanaquil parle au peuple dans Tive Live, 1, 41, 4, est aussi une pie»™
pour le temps de Tite-Live et de la source qu'il copie.
2. Cicéron, De or., 1, 38, 73.
3. Nous avons déjà signalé (p. 355, n. 1) un caractère archaïque conservé par
la servitude oneris ferendi. On peut joindre à ces servitudes la servilus projitieé
prolegendive. c'est-à-dire le droit d avancer des balcons ou des toits au dessus M
fonds voisin, déjà connue de Labéon, D., 50, 16, De V. S., 242, 1 ; cf. P.Mucins,
chez Cicéron, Top., 4, 24, 1 [4].
4. Les trois servitudes, dont la première empêche de bâtir, la seconde de bou-
cher la vue du ciel, la troisième de boucher la vue en général, se sont probable-
ment introduites dans cet ordre. Allusions à la première ou plus probablement 8
la seconde dans Cicéron, Pro Rab. Post., 16, 43. Brut., 17, 66.
5. Caton, éd. Jordan, 1860, p. 63, parait connaître la première. Varron, De i 1»
5, 27, connaît les deux.
6. V. des énumérations dogmatiques plus complètes dans Accarias, 1, n" 2oM
Baron, Pandeklen. §§ 165. 166. Nous signalerons seulement, à cause de_ la dim-
culté connue qu'elles soulèvent, les trois servitudes altius tollendi, luminibus #
ciendi, stillicidii non avertendi qui supposent existant au profit d'un fonds, à t"
de servitude active, ies droits que les trois servitudes non altius tollendi, M "'
minibus officiatur et stillicidii supposent lui être enlevés à titre de servitude pas-
sive et par conséquent lui appartenir d'après le droit commun. Parmi les no
breux systèmes, celui qui nous paraît le plus vraisemblable sans être entiéretne
satisfaisant est celui qui explique ces servitudes par des règlements locaux e
p êchant de bâtir, de boucher la vue ou de recevoir les eaux du voisin, à m»' '
d'être titulaire actif d'une des trois servitudes. Cf. C. 3, 34, De serv., 1, et '
SERVITUDES PREDIALES 3S9
La liste des servitudes ainsi constituée dans ses grands traits d'une
manière empirique, la doctrine s'est occupée de faire une théorie géné-
rale en dégageant les caractères communs des servitudes et en en dis-
tinguant les principales classes.
1, Pour leurs caractères communs, non seulement on déduit de leur
caractère de rapports entre deux fonds, qu'elles ne peuvent, ainsi que
nous avons déjà dit,être établies que sur un fonds etau profit d'un fonds 1;
mais, en partie par une extension de la même idée, en partie en les con-
sidérant comme des qualités juridiques et économiques des fonds 2, on
leur attribue : 1° un caractère de perpétuité (causa perpétua) ; car le
fonds qui par exemple jouit d'une servitude de passage, de prise d'eau,
ayant ainsi la qualité d'être ouvert au lieu d'être fermé, d'être arrosablc
au lieu d'être privé d'eau, ne peut avoir cette qualité qu'à titre définitif
et d'une manière stable 3 ; 2° un caractère d'indivisibilité ; car le fonds
considéré comme ouvert au lieu d'être fermé, comme arrosé au lieu
d'être privé d'eau ne peut avoir cette qualité que pour le tout, ne peut
l'avoir pour un tiers, pour un quart * ; d'où on conclut par exemple que,
si la propriété du fonds dominant ou du fonds servant vient à tomber
dans l'indivision, puis à être partagée entre plusieurs copropriétaires,
la servitude subsiste pour le tout au profit de chaque propriétaire et à
la charge de chacun s ; ensuite que, tandis que les copropriétaire d'une
chose peuvent aliéner, hypothéquer leur part indivise de la chose, ils
ne peuvent ni la grever de servitude ni acquérir une servitude à son pro-
fit 6 ; enfin qu'à l'inverse
une servitude ne peut être éteinte pour partie
et par suite subsiste pour le tout, dès lors qu'elle n'a pas été éteinte au
1. Paul, D 8, 1, Deserv., 8, 1.
,
2. Au point de vue de la constitution, les servitudes rustiques sont des resmm-
cipi et peuvent donc être constituées par mancipation et les autres non (p.370;;au
point de vue de [extinction, les servitudes rustiques s'éteignent par le non-usage
et les servitudes urbaines seulement par l'usucapion de la liberté ip. 375) ; entln
au point de vue de la sanction, l'interdit de ilinere acluqueprivalo ne protège que
les servitudes rustiques ip. 381, n. 2).
3. Cf. Machelard. Distinction des servitudes prédiales, 1868. Il y a d'autres systè-
mes, par exemple celui qui s'attache à la nature concrète du fonds servant et qui
paraît impliqué par un texte, D., 6, 2, De Publ.. 11, 1, mais qui est contredit
par beaucoup d autres et qui s'accorde mal avec la désignation habituelle des
servitudes du côté actif comme servitutes personarum, quand elles existent au prou
de personnes, el par conséquent comme servitutes praedioruni [urbanorum ou nisli-
corum), quand elles existent au profit de fonds (urbains ou rustiques); par exem-
ple ceux qui, s attachant à la nature abstraite de la servitude, la désignent comme
urbaine ou rustique, soit selon qu elle implique ou non l'existence d'une construc-
tion, soit selon qu'elle consiste in habendo vel prohibendo ou in faciendo (Vangeroff)
SERVITUDES PERSONNELLES. — USUFRUIT 361
§ 2. — Servitudes personnelles.
Les servitudes personnelles (servitutes personarum) sont des droits
réels établis au profit d'une personne sur la chose d'autrui. II en existe
deux variétés régulières, normales, l'usufruit et l'usage, et deux variétés.
irrégulières, anormales, l'habitation et les operae servorum.
I.—Usufruit i. — L'usufruit (usus fructus), qui est la plus impor-
tante des servitudes personnelles, est loin de remonter aussi haut dans le
passé que les premières servitudes prédiales. Il n'a probablement été
inventé, principalement pour satisfaire aux intentions des testateurs,
qu'à une époque assez avancée de la République. Mais il apparaît comme
p'jinement développé au temps de Cicéron 2 et c'est déjà à son sujet
que les jurisconsultes du début du VIIe siècle discutaient si le part de la
femme esclave constituait ou non un fruit (p. 247, n. 5).
Une définition célèbre, empruntée par Justinien à Paul, et dont le
principal défaut est de ne pas faire ressortir son caractère viager, le qua-
lifie le droit d'user et de jouir de la chose d'autrui sans en atteindre la
substance 3. Nous allons déterminer les choses sur lesquelles il peut por-
ter, les droits qui en résultent et les obligations imposées à l'usufruitier.
1. Choses susceptibles d'usufruit. Quasi-usufruit. L'usufruit peut
et qui d'ailleurs aboutissent à peu près aux mêmes résultats concrets que celui
qui s'attache à sa destination économique. Le système qui s'attache à la nature
concrète du fonds dominant était celui de nos anciens auteurs id'où le texte su-
perflu du G. civ
,
art. 687) et est le plus répandu. Il trouve son principal appui
dans les textes qui supposent
que des servitudes ordinairement rustiques comme
la servitude de
passage peuvent être urbaines (/).. 43, 19, De il-, 1, pr. 1) et que
des servitudes ordinairement urbaines
comme le jus allius tollendi peuvent être
rustiques (D 8, 3, De S. P. R 2 pr.). En revanche, il faut reconnaître que les
, ,
'ns<-, h. t., pr 2, paraissent bien diviser les servitudes en rustiques et urbaines
suivant leur caractère abstrait et
que la division des servitudes en servitudes qui
s'éteignent par le
non-usage et servitudes qui s éteignent seulement par une usu-
capion de liberté jette dans des complications inextricables, si l'on met dans la
première catégorie d'autres servitudes que celles qui consistent in faciendo et dans
la seconde d'autres servitudes celles qui consistent in habendo ou in prohibendo
que
(p 376) Nous indiquons,
sans prétendre qu on puisse arriver à une certitude abso-
lue, le système qui s'accommode le moins mal
avec I ensemble des textes. En ce
sens, Windscheid, Dernburg, Brinz. Accarias. Machelard, etc.
1. Inst., 2, 4 De usufructu. D., 7, 1, De usufruclu, etc.
2. Cicéron, Top., 3, 17. 4, 21.
3./ns/ n i^ pr.— Paxù, U., h. t., i Usus fructus est jus alienis rébus ulendi
] :
tmendi salva rerum subslantia. Une discussion aussi
connue que dépourvue d in-
térêt porte
sur le sens des mots salva rerum subslantia. Ils signifieraient, d'après
Me doctrine que l'usufruit
ne peut porter que sur les choses susceptibles d'usage
répété : c est peut-être la pensée de Paul; d après
une autre, que l'usufruit s'éteint
par la perte de la chose c'est la pensée de Justinien enfin d'après une autre que
: ;
usufruitier est obligé de
conserver la chose : c'est la pensée de Pothier et du
Clv
,
art. 578 ; mais ce peut difficilement avoir été celle des Romains chez
esquels cette obligation résultait pas de l'usufruit, mais d'un contrat spé-
cial (p. 367). ne
362 LIVRE III. — III. — CHAPITRE I
usage, il a été étendu aux choses qui se détériorent par l'usage, par
-exemple aux vêtements,qui peuvent faire l'objet d'un véritable usufruit,
niais sur lesquelles on peut aussi constituer et on sera, croyons-nous,
réputé, en l'absence d'indications contraires, avoir voulu constituer un
quasi-usufruit '.
Quant aux créances, on a pu sans trop de difficulté, depuis l'intro-
duction de la procédure formulaire, en léguer la jouissance au débi-
teur auquel cela conférait l'avantage d'être dispensé de payer les inté-
rêts et aussi d'être dispensé de rembourser le capital avant le moment
où un usufruit véritable se fût éteint ; il avait l'exception de dol pour re-
pousser soit l'action par laquelle on lui eût réclamé les intérêts,soit celle
par laquelle on lui eût réclamé le capital avant l'échéance 2. Il y avait
plus de difficultés pour le cas où l'usufruit de la créance avait été légué
à un tiers, où, par exemple, un capitaliste qui avait sa fortune placée en
créances avait voulu léguer la jouissance de ses nomina.Le sénatus-con-
sulte sur le quasi-usufruit décidait bien que l'on pouvait valablement lé-
guer l'usufruit de toutes choses. Mais pourtant le Proculien Nerva con-
testait encore la validité du legs fait à un tiers de l'usufruit d'une créance.
Cette validité était au contraire admise dès avant lui par Proculus et par
leSabinien Cassius et c'est l'opinion qui a prévalu 3. Absolument comme
en matière d'usufruit de choses qui se consomment par le premier usage,
on transférera la créance au légataire qui s'engagera avec la garantie de
«autions à retransférer la créance ou sa valeur à la fin de l'usufruit et
qui aura jusqu'à ce moment sur elle les mêmes droits qu'un créancier 4,
absolument comme le quasi-usufruitier de choses qui se consomment
par l'usage a jusqu'à ce moment sur elles les droits d'un propriétaire B.
sur le jus in agro vectigali (emphytéose sous Justinien) et sur la superficie [B.,1,
4, Quibus mod. uxusfr., 1, pr.).
1. L usufruitier qui ne peut céder son droit peut, dit-on. en céder l'exercice
(cf. D.. 23 3, De jur. dot., 68: Ut ipsum jus remaneai pênes mariium. peraplio
vero fructuum ad mutierem pertimai,. Ayant le droit d user et de jouir do la chose
à sa guise, rien ne l'empêche den accorder temporairement ou dèfinîlivemcal la
jouissance à quelqu'un à litre gratuit ou onéreux {D., h. t., 12, 2). ainsi de
donner son usufruit à quelqu'un qui en jouira gratuitement à sa place, de le
louer à quelqu'un qui en jouira à sa place moyennant une redevance périodique
ou de le vendre à quelqu'un qui en jouira à sa place moyennant un prix uninjue.
Aux trois cas, le droit reste sur sa tète, s'éteindra avec la fin de son usufruit.
notamment à sa mort ; mais, au cas de vente et de donation, on admet assez vo-
lontiers, par analogie de ce qui existe en matière de gage (D., 20, 1, De pign.,
1, 2), que le cessiommire a, jure praetorio. un droit réel.
2. Il est caractéristique que l'usufruitier devienne propriétaire, par la perception,
même des fruits qu'il perçoit prématurément D., h. t., 4S, I), Ce n'est pas agir
en bon administrateur et cela pourra engager sa responsabilité contractuelle : mais
c'esl /rat". — Nous avons déjà dit qu'à notre sens, il n'y a pas d exception lui
faisant acquérir les petits des animaux sans perception (p. 319, n. 5) A t'inverse,
il y a. dans une doctrine de. Julien admise par ITIpien el probablement par Justi-
nien, un cas où il ne deviendra pas propriétaire des petits d'un troupeau par »
perception : c'est celui où le troupeau présente des vides et où. dans cette doc-
trine, la propriété des petits est en suspens' jusquà ce qu'il ait pris sur eux«8
quoi combler ces vides Ulpten. />., h. i 70,1 : Pendere eonan dominimn ut si«"""
,
miltantur sint proprietarii, si non mmmîtlantur fructuariî ; cf. Inst , 2, I *>* _"
D., 38 ; maïs Pompontos soutient, au contraire que 1 usufruitier devient propn*"
taire sauf une obligation de combler les vides qui a été créée par la stipulation et
dont l'exécution transférera la propriété des animaux choisis de lui au nu pro-
priétaire D., A *.. 69 : Quod aaseitur frttetuarii est el cum substituât définit e/us
i
faite par ses donataires, ses acheteurs ou ses locataires, qui deviennent
propriétaires par la prise de possession accomplie de son consentement,
conformément aux principes de la tradition '.
Il n'y a Pas notamment, croyons-nous, quoiqu'on dise souvent le
contraire en transportant dans le droit romain les catégories du droit
moderne, à distinguer, des fruits naturels et industriels acquis par la
perception, les fruits civils, c'est-à-dire les fermages et loyers, qui se-
raient acquis jour par jour, au moins au cas de location de biens ur-
bains. Les textes qu'on invoque à ce sujet se rapportent non pas au droit
réel de l'usufruitier qui est toujours le môme, mais aux rapports con-
tractuels existant entre lui et ses locataires ou fermiers, desquels il
pourra, comme un locateur quelconque, exiger une rémunération plus
ou moins étendue proportionnellement à la jouissance qu'il leur aura pro-
curée -. Ils ne se sont incorporés dans la théorie de l'usufruit que par un
développement postérieur au droit romain, qui a rendu les baux faits par
le propriétaire avant l'usufruit opposables à l'usufruitier et les baux faits
par l'usufruitier pendant l'usufruit opposables après sa fin au proprié-
taire et qui, en conséquence, a fait rentrer dans le système de l'usufruit
la répartition entre le propriétaire et l'usufruitier du produit des baux
en cours au début de l'usufruit et à sa fin 3.
de la stipulation. Cf., sur les deux doctrines, Czyhlarz, dans Gluck, livres 41-42,
1,1887, pp. 440-450.
). Dans les trois cas, c'est par l'intermédiaire de l'usufruitier que le cession-
naire de l'exercice de son droit acquiert les fruits ; mais si l'on admet, à ceux de
vente et de donation, que le cessionnaire a un droit réel prétorien, il faut ration-
nellement en conclure que l'usufruitier ne pourrait, par un changement de vo-
lonté, lui enlever le droit d'en devenir propriétaire par la perception, tandis qu'il le
peut, sauf sa responsabilité contractuelle, au cas de simple lien personnel Ip. 319).
2. Ulpien, citant Marcellus, D., 19, 2, Locat.,9, 1. Scaevola, D., 7, 1, De usufr.,
58, pr, C'est
sur ces textes qu'on a fondé, en matière de fruits civils, la distinc-
tion des loyers de biens urbains acquis à l'usufruitier jour par jour et des ferma-
ges de biens ruraux acquis par lui dans la proportion des récolles faites par le
fermier avant la fin de l'usufruit. Le Code civil, art. 586, l'a rejetée pour décider
que tous les fruits civils s'acquerraient jour par jour.
3. Selon les principes du louage, le conduclor doit la
merces à l'usufruitier,
comme à tout autre locateur, dans la proportion de la jouissance procurée. Cela
fuit que
par exemple le locataire d'une maison devra une fraction du loyer pro-
portionnelle au temps durant lequel il aura joui jusqu'à la fin de l'usufruit, comme
dans le premier texte cela fait également
; que, pour un bien rural productif d'une
récolte annuelle, le fermier devra l'année de fermage, quand il
a fait la récolte,
alors même
que l'extinction de l'usufruit ferait finir son bail avant la lin de l'an-
nee, ainsi que dit le second texte, qui n'est pas en contradiction avec le premier,
mais qui s'explique
par la diversité du mode de jouissance des choses louées. Ce
qu'il faut bien comprendre, c'est qu'en droit romain
ces solutions sont relatives au
contrat de louage et
non pas à l'usufruit, qu'il s'y agit de savoir quelle partie des
loyers ou fermages le locateur
pourra réclamer à son locataire et non pas com-
fflent les loyers
ou fermages se répartiraient entre l'usufruitier, auquel les fruits
la chose auraient
appartenu une partie de l'année, et le propriétaire, auquel ils
auraient appartenu autre partie de l'année, soit avant le commencement de
usufruit, soit après
une
son extinction. 11 ne peut y avoir en principe, en droit ro-
366 LIVRE III. — III. — CHAPITRE I
fait obstacle à son droit, revendication ou action négatoire, dans les li-
mites et les conditions où il l'aurait contre un tiers quelconque, à con-
dition qu'il ait la chose ou, depuis une certaine époque, qu'il ait cessé-
de l'avoir par dol.
L'éditdu préteur a astreint l'usufruitier à promettre avec la garantie
de cautions : 1° de jouir en bon père de famille (usurum boni viri arbi-
Iratu) ; 2° de restituer à la fin de l'usufruit (restiturum quod exstabit) i..
Et il a par là mis artificiellement à la charge de l'usufruitier une obli-
gation contractuelle, au moyen de laquelle le nu propriétaire obtiendra
la réparation non seulement des actes délictueux positifs déjà punis
par le droit commun, mais de toutes les fautes d'omission que n'aurait
pas commises un bon administrateur (obligation de garder la chose, de
réparer la maison, de combler les vides du troupeau) 2 ; qui, aussi bien
pour les premiers actes que pour les seconds, sera perpétuelle et trans-
missible contre les héritiers au lieu d'être temporaire comme sont cer-
taines actions nées de délits et d'être intransmissiblepassivement comme
elles sont toutes ; par laquelle il pourra demander la restitution à l'usu-
fruitier ou à ses héritiers, non seulement quand ils détiendront la chose
ou auront cessé par dol de la détenir, mais, qu'ils détiennent ou nonr.
comme à tous les débiteurs de corps certains, à moins qu'elle n'ait péri
par cas forfuit ; qui enfin, puisqu'elle existe à la fois contre le débiteur
et ses cautions, ne courra pas risque d'être rendue stérile par l'insolva-
bilité de l'usufruitier.
Pour se ménager ce recours, le nu propriétaire a le droit de ne délivrer
la chose qu'après avoir reçu la promesse : il peut jusque-là repousser
par une exception l'action confessoire que l'usufruitier tient de son droit
réel 3 ; il aura même le droit, s'il a délivré la chose par inadvertance,
d'agir après coup pour réparer sonoubli en réclamant sa chose par une
action réelle et en répondant à l'exception tirée de l'usufruit par
une
réplique tirée de son droit d'exiger la caution ; il est plus douteux qu'il
puisse, en droit classique, réclamer directement la promesse
par une
action personnelle (condictio cautionis)
4. Le développement postérieur
1. D.,7,9, Ususfr., quemadm., 1, pr. : Si cujus rei ususfruclus legalus sit, ae-
quissimum praelori visum est de utroque legatarium cavere : el usurum se boni viri
urbitralu el, cum
usus fructus ad eum pertinere desinet, restiturum quod inde exsta-
Wl- Cf Paul, Sent.,
3, 6, 27. Restitution de la stipulation dans Lenel, Ed., 2, p.283.
I*s legs étant la grande
source de l'usufruit, c'est dans le titre De legalis de l'al-
bum du préteur
que se trouvait l'édit prescrivant à l'usufruitier de fournir cette
promesse (Lenel, Ed., 2, 98).
p.
2, Obligation de faire les réparations D., 7, 1, De usufr., 1,2; de
: payer les
impôts (naturellement
sans préjudice du droit de l'Etat de les réclamer directe-
ment à l'usufruitier D., h. 7, 2, cf. Pernice, Z. S. St., 5, 1884, p. 69 et ss.) :
même texte; de bien
: t.,
cultiver: J)., h. t., 9, pr. ; de compléter le troupeau:
P- 364, n. 2.
3- a, h. t., 13,
pr.
*• Wpien, D., 7, 9, Ususfr. quemadm.
cav., 1,pr. : Si ususfruclus nomine re tradita
368 LIVRE III. — 1H. — CHAPITRE I
au droit romain est allé encore plus loin et a mélangé à l'effet réel prn.
duit par l'usufruit, l'effet personnel, que l'édit du préteur y avait artifi-
ciellement juxtaposé, en déclarant l'usufruitier obligé par la loi à rendre
la chose et à jouir en bon père de famille et en l'astreignant seulemciil
à renforcer cette obligation préexistante par des cautions.
II. Usage 1. — Rigoureusement l'usage (usus) est le droit d'user
d'une chose sans en jouir 2, et par suite il devrait suffire pour le définir
d'écarter des règles de l'usufruit tout ce qui concerne les fruits.C'estpour
cela qu'à la différence de l'usufruitier, l'usager ne peut ni donner, ni
vendre, ni louer son droits ; c'est à l'inverse pour cela qu'il est astreint
comme l'usufruitier, par la nature de son droit,à respecter la substance
de la chose et, par Tédit du préteur, à donner caution *.
Mais,contrairement aux principes,par une interprétation bienveillante
des legs, on a admis que l'usager pourrait, quand l'usage porte sur une
maison, au lieu de se restreindre à son usage personnel, y faire parti-
ciper les membres de sa famille, ses serviteurs, même ses hôtes el
même des locataires payants,à condition qu'ils y logent à côté de lui el
non en son lieu et place 5 ; qu'il aurait droit à une portion des fruits
des choses qui sans cela n'auraient pas d'utilité sérieuse, par exemple
des fonds non bâtis, des troupeaux,qu'il pourrait alors prendre une por-
tion des fruits pour la consommation de lui et des siens,mais non pour
en tirer profit 6.
III. Habitatio, operae. — I? habitatio, les operae se résument dans
le droit réel d'habiter une maison, de profiter des services d'unesttae
et, dit un seul texte "•, de ceux d'un animal. Rationnellement ce sont des
variétés de l'usage ou tout au plus de l'usufruit. Et on leur applique,
comme à l'usage et à l'usufruit, l'obligation de donner caution s.
Mais la même idée d'interprétation des legs qui a fait modifier la por-
tée de l'usage au delà de ses limites rigoureuses a déterminé à les cous-
satisdatum non fueril, Proculus ail posse heredem rem vindicare et si objiatW
exceplio de re usufruclus nomine tradita replicandum erit. Quae senlenlia /i»!l
rationem. Sed et ipsa stipulatio condici poterit. Sur l'interpolation vraisemblable
delà phrase finale et du passage corrélatif, D., 7, o, De usufr. ear. rer.,5, M1
Gradenwilz, lnlerpolalionen, p. 28 ; A. Pernice, Labeo, 3, 1, p. 203, n. 5.
1. lnst., 2, 5; D., 7, 8 : De usu et habilatione. Cf. Riccobono, Studi in onm
di V. Scialoja, 1904, p. 581-603.
2. D.,h. t., 2, pr. : Oui usus reliclus estuti potest, frui non potest.
3. D., h. t., 11.
4. D., 7, 9, Ususfr. quem., 5, 1.
5. D., h. t., 2-8.
G. Inst., h. t., Ï.D., h. t., 12, 1. Sur l'usaspecoris, D., h. t., 12,2, qui indique»
principe de toutes ces solutions : Neque enim tam stricte interpretandae suvt M'""'
taies defunctorum. M.iRiccobono, article cité, lés considère dans l'ensemble coum»e
venant de Justinien seulement.
''. D , 7, 9, Ususfr. quemadm., 5, 3 : Si habitatio vel operae hominis vel cujus m*
rius animalis relictae fuerint.
8. D.,1, 9, f7sus/>. quemadm., b, 3. D., 7, 7, Deop.serv., 5.
SERVITUDES. — CONSTITUTION 369
1. Pour les operae, Terentius Clemens citant Julien affirme, D., h. t.,
3, qu'operis
servi legalis usum dalum intellegi mais
; un autre texte, à la vérité corrigé par cer-
tains éditeurs, par exemple par Mommsen, Paul, D., 35, 2, Ad l. Falc. 1, 9, dit
au contraire qu'il n'y a dans ce legs neque usus neque usus fructus. Pour l'habita-
tion, Justinien dit dans la constitution résumée
aux Inst., h. t., 5 (G., 3, 33, De
"*"/"'• «< hab., 13)
que l'on se demandait si c'était un droit d'usage, un droit d'usu-
fail ou si même elle ne donnait
pas, comme la propriété, la revendication, et il
a dû y avoir à l'inverse une doctrine plus ancienne qui y voyait moins qu'un usage,
une simple remise d'une année de loyer faite
au locataire; car Ulpien, D., h. t.,
'0,3, dit que son caractère de droit viager prévalu
a sous l'influence de Rutilius,
Ms.649,contre d'autres jurisconsultes qui prétendaient qu'elle
ne durait qu'un a»v
- Hodestin, D., 4, 5, De
cap. dem., 10 : Quia laie legalumin factopolius quam in.
l"re consistit.
93-fl-,7,8, De us. et hab., 10,
pr., pour Vhabitatio ; D., 33, 2, De usu et usufr.,,
-.pour les operae servorum.
*• Admis
pour l'habitation par Justinien citant Marcellus, Inst., h. t., S ; pour les
opeme par Papinien, D., 33,
2, De usu et usufr., 2.
Plmen' D., 33, 2, De usu el usufr., 2 : Quia legalarius fructuarius non est,
aàl retfem
suum operarum legatum transmittil.
„ -lancipation
.' des servitudes prédiales rustiques italiques ; usucapion des servi-
I s avant la loi Scribonia interdits protégeant les plus anciennes servitudes.
;
U
370 LIVRE III. — III. — CHAPITRE I
2° pour le droit de Justinien, dans les Institutes, qui indiquent les pactes et stipula-
tions, 2, 3, De serv., 4, comme seul mode de constitution entre vifs des servitu-
des prédiales (si quis velit vicino aliquod
jus consliluere, pactionibus alque slipula-
tiombus id efficere débet), et 2, 4, De usuf., 1,
comme seul mode de constitution
entre vils de l'usufruit (sine leslamenlo si quis velit alii usum fructum consliluere,
paclionibus el slipulalionibus id efficere débet),
ce qu il est hardi de traduire en di-
sant que les servitudes prédiales et l'usufruit ne se constituent pas par les pactes
et stipulations que signale Justinien et
se constituent par la quasi-tradition dont
il ne parle
pas ; 3' enfin, pour le droit prétorien, dans de nombreux textes du
Digeste, par exemple
en matière d usufruit dans Gaius, D., 7, 1, De usufr., 3. pr.,
et dans Ulpien, D., 7,1, De usufr., 25, 7. qui invoque Pegasus et Julien pour dire
que l'usufruitier acquiert par l'esclave grevé d'usufruit, que l'usufruit ait été cons-
titué par legs
ou per tradilionem vel slipulalionem vel alium quemcumque modum,
par exemple en matière de servitude prédiale dans D., 7, 3, De S. P. H 33, pr. et
,
au. lout ce qu'on pourrait objecter c est la stipulation a peut-être été dans
certains de ces textes interpolée
que
pour Vin jure cessio. Mais il est impossible que
celaait été fait dans tous (ainsi dans le fr. 33, qui dit
que la tradition est valable
surtout si elle a été renforcée stipulation ; v. aussi le fr. 36) — Les
par une
pactes el stipulations, générateurs de servitudes,
sont donc une institution pro-
vinciale devenue prétorienne, peut-être l'hypothèque, puis passée sous
Jushnien dans le droit civil,
comme
comme l'hypothèque, l'emphytéose et la superficie,
MIS autres droits réels prétoriens
créés solo consensu.
'• Labéon, D 8, 1, De 20. Pomponius, D., 19, 1, De act. empli, 3, 2,
, serv.,
Pour les servitudes réelles. Gaius,
2, 28, pour toutes les choses incorporelles.
fi
- Javolenus, D., 8, 1, De
Oe Publ., H, l. On
serv., 20. Cf Ulpien, D., 8 3. De S. P. R., 1. 2 ; D.,
• remarquera seulement que, bien loin d'avoir été le mode
,ma ,e constitution des servitudes du droit
, nouveau, la tradition des servi-
s. n.a élé admise
s,| par tous qu'à une époque plus récente que les pactes et
'0ns' aam's par exemple par Gaius qui la nie, et ne peut pas, comme eux,
ser r* consllluer
lion
toutes les servitudes ; car il est bien impossible de faire tradi-
une servitude négative, d'une servitude de ne pas bâtir, par exemple.
e, mP'ement prouvé pour le droit de Justinien; mais il faut
<iue 1
textes qui l'établissent rapportaient,
remarquer
se pour la plupart, sûrement dans leur
374 LIVRE III. — III. — CHAPITRE I
peuvent Tune et l'autre être opérées par tradition dans le droit civil du
temps de Justinien.
3. La môme idée semblerait impliquer l'extension à l'acquisition des
servitudes de la possession prolongée, de Tusucapion ou tout au inoins
delupraescriptio longi temporis. Mais ici encore on doit relever des
diversités qui montrent l'indépendance du développement de la théorie
des servitudes. On a bien admis que les servitudes pourront s'acquérir
par une possession prolongée ', et on donne à cette prescription acqui-
sitive les noms de longa possessio, de diuturnus usus, mais on paraît au
contraire éviter de lui donner celui de longi temporis praescriplio. lit
en effet il n'y a pas identité de principe. Après avoir d'abord eu un
délai indéterminé, cette longi temporis possessio a bien fini par s'accom-
plir par le délai légal de 10 à 20 ans 2 ; mais elle ne paraît pas exiger
chez son bénéficiaire les conditions ordinaires de bonne foi et de juste
titre ; elle semble exiger uniquement que la possession fût exempte des
vices de précarité, de violence ou de clandestinité en face du proprié-
taire que grève la servitude acquise 3.
4. Enfin, l'adjudication, qui, dans le droit civil pur, ne constituait la
servitude que si le judicium était legitimum, la constitue jure nraelone,
à l'époque classique, quand le judicium estimperio continens, et la cons-
titue civilement, sans distinction de judicium, à l'époque de Justinien'.
nien, où Yin jure cessio a disparu aussi bien comme mode d'extinction
(lue comme mode de constitution des servitudes.
3. Défaut d'exercice. A la différence de la propriété qui
ne s'éteint
pas par l'inaction du propriétaire, qui s'éteint seulement par l'action
contraire d'un tiers, les servitudes, dérogations au droit commun de la
propriété, s'éteignent parfois
par le défaut d'exercice. Il faut, à ce sujet,
distinguer. Les servitudes personnelles et les servitudes rustiques s'étei-
gnent par le non-usage, à partir du dernier acte d'exercice,par un délai
qui est d'un ou deux ans selon que la chose grevée est un meuble ou un
immeuble en droit classique, de trois ans si la chose grevée est un meu-
ble et, si c'est un immeuble, de dix à vingt ans, selon que le délai court
entre présents ou entre absents, dans le droit de Justinien. Les servi-
tudes prédiales urbaines s'éteignent par les mêmes délais de deux ans
avant Justinien et de dix à vingt ans sous Justinien, mais seulement à
partir du jour où le propriétaire grevé a fait un acte contraire; à l'exer-
cice de la servitude, a, par exemple, construit un édifice pour une ser-
vitude de ne pas bâtir. Les premières s'éteignent par le non-usage (non
usus), les secondes par Tusucapion de la liberté (usucapio liberlalis) ',
Ces solutions ne présentent aucune difficulté, quand les servitudes
rustiques sont, comme il arrive d'ordinaire, des servitudes positives, exi-
geant un acte du propriétaire du fonds dominant pour s'exercer, et les
servitudes urbaines des servitudes négatives, s'exerçant sans le fait du
titulaire, astreignant celui qui en est grevé à ne pas faire quelque chose,
Mais il en est autrement pour le cas où une servitude positive par
exemple une servitude de passage, est établie au profit d'un fonds urbain
et par conséquent est urbaine, pour celui où une servitude négative, par
exemple une servitude de ne pas bâtir, est établie au profit d'un fonds
rural et par conséquent est rustique. C'est un point controversé desavoir
si le droit romain admettait que la servitude urbaine, môme positive,
exigeait un acte contraire (usucapio libertatis) et que la servitude rusti-
que, même négative, s'éteignait par le non-usage ou s'il distinguait
simplement selon le caractère positif ou négatif de la servitude. Ma-
nier système est évidemment le plus raisonnable ; mais il s'accordent
avec la façon dont les textes formulent le critérium de la distinction.
•4. Terme et condition extinctifs. Les droits- de servitude pouvaient
être constitues, comme la propriété pouvait être transférée, sous des
termes ou des conditions suspensifs, sauf la restriction résultant de ce
que certains modes ne comportent ni terme ni condition 2. Mais le terme
et la condition figurent en outre dans la théorie des servitudes comme
modes d'extinction,et à deux points de vue.La servitude peut être éteinte:
1° par 1 arrivée du terme ou de la condition résolutoire sous laquelle le
constituant était propriétaire, comme cela peut se produire, en droit ré-
cent, quand il a acquis la propriété à titre particulier sous un terme ou.
une condition résolutoire, mais comme cela peut en outre se produire,
dès une époque bien plus ancienne, quand c'est un héritier grevé dun
aux servitudes acquises par des citoyens romains, sur des choses romai-
nes, à l'aide de modes civils, puis complétée, pour les trois domaines
qu'elle n'embrassait pas, par des moyens équivalents à ceux que nous
avons étudiés en matière de propriété. On pourrait donc reprendre ici
les quatre catégories
que nous avons distinguées là. Nous nous conten-
terons de distinguer l'action confessoire civile et ses extensions. En
revanche ce sera le lieu de signaler rapidement, à côté des moyens
pétitoires donnés
aux bénéficiaires des servitudes, les interdits qui pro-
tègent plus
ou moins complètement leur possession.
I. Action confessoire 4. — De même que la rei vindicatio appar-
tient au propriétaire civil, la vindicalio servitutis, l'action confessoire
appartient au titulaire civil de la servitude. Comme la rei vindicatio,
«Ile s'intentait, à T époque des Actions de la loi,
par sacramentuminrem
«elle s'intente, comme elle, normalement
par formule pétitoire àl'épo-
•pie de la procédure formulaire. Mais elle
en diffère à certains points de
'uequi la rapprochent de l'action négatoire avec laquelle elle est en op-
position symétrique. 1° A la différence de la revendication du droit clas-
S1que età la re ssemblance de l'action négatoire, la seconde donnée et
ia
première refusée au possesseur, l'action confessoire appartient aussi
'en au titulaire de la servitude qui l'exerce qu'à celui qui ne l'exerce
Pas ' ; elle existe contre quiconque trouble,
en fait, l'exercice de la servi-
•
iiarcellus,
/)., 8,6. Quemadm. serv., H, 1. Au contraire le jurisconsulte
c avec quelque hésitation si l'héritier a acquis une servitude au proflt
wmême que,
fonds, elle restera
au fonds.
V ""*' où " Indique seulement
h ileHuctio temporaire
' un dissentiment de Pomponius pour
jointe aune mancipation ou à une in jure cessio.
•Papimen, D 8. I,
$£"•.*. , De serv., i.
^Deact.,2.
•> b, Si usufr. pet., 5, 6 : Nam elpossessori compelunl.
>
378 LIVRE III. — 111. — CHAPITRE I
tude ' ; 2° à la ressemblance de ce qui se produit dans l'action néga-
toire, Yarbitratus judicis prescrira ordinairement, à côté, s'il y a lieu, de
la restitution matérielle de la chose ou de la destruction des travaux faits
sans droit, essentiellement et principalement une promesse (caulio de
non amplius turbando) 2. On remarquera que, pas plus qu'ailleurs, cet
arbitralus ne sera exécuté manu militari, mais que comme d'ailleurs, le
montant de la condamnation sera, faute d'exécution, déterminé parle
serment du demandeur et que le paiement de cette condamnation sera
assuré, ici comme ailleurs encore, par la caution judicatum sohi, faute
d'administration de laquelle la possession sera transférée du défendeur
au demandeur, si le défendeur avait la chose entre les mains, ainsi au
cas d'usufruit, par l'interdit quem usumfructum et, en matière de ser-
vitudes prédiales, par l'interdit quant servitutem symétriques à l'interdit
quem fundum 3.
II. Action confessoire utile. —Quand la servitude n'est pas cons-
tituée jure civili, elle ne peut faire naître d'action confessoire. Mais,
tout au moins, quand il s'agit d'une servitude existant tuilione praeto-
ris, constituée par un mode prétorien, elle est protégée par une action
réelle, d'une efficacité égale, que les textes appellent tantôt action con-
fessoire utile, tantôt action Publicienne 4, comme l'action donnée au pro-
priétaire prétorien avec la fiction que Tusucapion est accomplie, ef on
admet d'ordinaire, quoiqu'il n'y ait pas de texte, que cette action réelle
est donnée, comme l'action Publicienne ordinaire, non seulement à celui
qui a acquis la servitude par un mode prétorien, mais à celui qui l'a
acquise a non domino. Des textes positifs disent en outre que celte
action réelle utile est donnée au créancier gagiste, au conduiïor agn
vecligalis, plus tard remplacé par Temphytéote, et au superficiairea.
Enfin, sans parler des servitudes établies au profit de pérégrins, il M
paraît pas douteux que les servitudes qu'on permet de constituer sur les
fonds provinciaux devaient, comme la pseudo-propriété de ces fonds,
être protégées par une action réelle. Quant à la rédaction de la formule
de ces actions utiles, on ne peut môme pas faire de conjectures pour te>
actions relatives aux servitudes portant sur les fonds provinciaux ; pour'
celles relatives aux servitudes, personnelles ou réelles, constitués a non
domino ou par des modes prétoriens, on ne sait en réalité rien de cer-
tain 1.
1. Le seul ouvrage français dans lequel les interdits relatifs aux servitudes
fassent l'objet d'une exposition d'ensemble est, à notre connaissance, celui de
Destrais, De la propriété el des servitudes en droit romain, 1895, pp. 465-495,
2. Ils apparaissent comme pleinement développés à l'époque de Cicéron qui dit
vers 085, dans le Pro Caecina, 13, 39 : Qui dies tolos aut vim fieri velat aut résilia
faclam jubel : qui de fossis, de cloacis, de minimis aquarum itinerumque controverse
inierdicit.
3. D., 43, 19. De itinere actuque privalo, 1, pr. 2.
4. D., II. t., 3. 11. 13. L'interdit est soumis à des conditions plus rigoureuses
que l'action confessoire où Ion obtiendrait le même résultat en prouvant son
droit sans avoir besoin de prouver qu'on l'exerce (D., 8, 5, Si serv., 4. 5).il0n
existence s'explique peut-être par 1 idée qu'à l'époque où il a été créé, l'action cou-
fessoire ne pouvait pas encore servir à réclamer le droit de réparer le chemin (
Ihering, Esp. du Dr. R., 4, p. 27, n. 13).
5. D., 43, 20, De aqua collidiana el aestiva.
6. Au moins une fois : D., h. t., 1, 22. Nec vi nec clam nec precario abaiwl-
sario : D., h. t., 1, pr. Dans l'année, pour 1 aqua collidiana, dans l'hiver actuelo»
le précédent, pour laqua hqberna, dans l'été actuel ou le précédent, pour lof
aestiva: D., h. t., 1, 3. 29 36. Bonne foi : D., h. t., 1, 10. 19. 39. On netiew
même pas compte ici de l'erreur de droit : D., h. t., I, 10.
7. D., 43, 21, De rivis.
8. D., 43, 22, De fonte.
SERVITUDES. — SANCTION, INTERDITS 381
1. /).,/(. t., t,pr.Outre l'interdit spécial de superficiel] parait bien avoir les in-
terdits unde vi et de precario (D., 43, 16, De vi, 1, 5. D., 43, 26, De prec, 2. 3).
En revanche, le propriétaire a contre lui l'interdit uti possidelis (D., 43, 17, U.
P., 3, 7).
2. I).,h. t.,l,pr. D., 6,1, De R. V., 73, 1 ; 75. Le fr. 1, 3,
nous indique la causae
cognilio comme portant sur le point de savoir si la superficies a bien été louée à
perpétuité. Mais elle portait probablement dans le principe sur le point de savoir
si la concession d'une action était
ou non indispensable. Action confessoire utile,
D., h. t., i, 6. On donne aussi I'aclion Publicienne à celui qui
a acquis la superfi-
cies a non domino (D., 6, 2, De Pub t., 12, 3). Le propriétaire a toujours la re-
—
vendication ; mais le superficiaire a pour la paralyser une exception symétrique à
son aetion, D., h t., 1, 4.
3. Droit de disposer à titre de vente (D., 6, 2, De Publ., 12, 3), de donation
de legs lUlpien, D., h. t., 1, 7 Lenel, 1551),de
ou
: grever la chose de servitudes per-
sonnelles (D., h. t., 1, 6) ou d'hypothèques (D., 13, 7, De pign. acl., 16, 2), d'ac-
quérir pour elle des servitudes (D., h. t., 1, 9).
4. V. sur le maintien général des règles du louage, Schmidt, 155.
5. On invoque
p.
en sens contraire les témoignages qui parlent de tradition de
son droit faite par le superficiaire (D.. h. t., 1, 7) et qui prouveraient lui-même
que
a diï recevoir tradition. On peut invoquer en notre sens l'analogie de 1' vecti-
Sahs (p. 384,
ager
n. 4) et le fait que Gaius, qui connaît parfaitement la superficie
n admet pas la tradition des choses incorporelles. La superficie peut aussi être
établie par legs et peut-être prescription.
par
6. Cela résulte de la définition
même du superficiarius, qui in aliéna solo ita
superficiemhabel ut cerlam pensionempraestet, Paul, D., 6, 1, De R V., 74. Dans
'inscription de Pouzzoles, la superficies est d'ordinaire constituée contre
comme
M solarium ; seulement fait remise au superficiaire de sa dette en retour de
•abandon qu'il consent de
on
son droit pour la date de son décès. La définition des
superficiariae aedes,
comme celles quae in conducto solo posilae sunt, D., h. t., 2,
Parait bien impliquer
que notre système est exclusivement relatif à celui qui
instruit sur le sol d'autrui, à l'exclusion du locataire de fonds déjà bâtis.
384 LIVRE III. — III. — CHAPITRE II
comme le louage, par la perte de la chose ' et, croyons-nous, par le dé-
faut de paiement du loyer pendant deux ans.
2. Conductio agri vectigalis ; ernphytéose 2. Le droit du conductor
agri vectigalis résulte de baux perpétuels ou à long terme (cent ans ou
davantage), faits notamment par les cités, mais aussi par l'Etat et des
corporations religieuses 3. Comme les baux ordinaires, ces baux se for-
maient par le seul consentement 4, impliquaient le paiement d'une re-
devance et étaient en général soumis aux règles habituelles du louage,
Mais, à cause de leur longue durée, on a fait encore ici à leur bénéfi-
ciaire une condition différente de celle du fermier ordinaire. Il acquiert
les fruits par la séparation 3, il a les interdits possessoires 6 et le pré-
teur lui a accordé une action réelle modelée sur la revendication ', de
l'existence de laquelle on a conclu pour lui comme pour le superficiaire
à celle d'un droit réel prétorien transmissible à cause de mort et entre
vifs, susceptible d'être grevé d'hypothèques et de servitudes 8. Quant
aux baux à long terme faits par des particuliers, le droit classique les
laissait soumis au droit commun.
Seulement, en face de ce système, on voit apparaître, à partir d'une
date plus récente, un autre type de conventions de louage à long ternie:
ce sont les conventions d'emphytéose (emphyleusis). Ces conventions ont
d'abord été faites par les empereurs à l'imitation de modèles helléniques,
non pas pour des terres déjà en culture, comme les agri vectigales,néi
pour des terres incultes louées à long terme moyennant une faiblerede-
vance (canon) à
des cultivateurs qui
se chargeaient de les
mettre en
valeur ' et l'usage a fini par en être adopté par les particuliers, ainsi
qu'on voit un peu avant Justinien dans une constitution de Zenon qui,
tranchant pour Temphytéose une controverse autrefois agitée pour le
louage de Yager vectigalis, décide que ce n'est ni un louage ni une
vente mais un contrat spécial où le canon reste dû entièrement malgré
la perte partielle de la chose et cesse de l'être par sa perte totale 2.
Or Justinien a fondu les deux institutions 3 en portant pour l'institu-
tion nouvelle ainsi formée certaines règles nouvelles : ainsi celle déci-
dant que le droit de Temphytéote serait éteint faute de paiement du ca-
non pendant trois ans '" ; ainsi celle astreignant Temphytéote qui aliène
son droit à notifier la chose au propriétaire qui aura le choix entre un
droit de préemption et l'exigence d'une taxe de 2 0/0 sur le prix 8. C'est
là le droit réel aliénable et transmissible d'ernphytéose, qui, loin de
venir de Tédit du préteur, ou même d'un simple transfert au louage
perpétuel des particuliers des règles établies par lui pour le louage per-
pétuel des agri vectigales, est donc le résultat d'une combinaison entre
l'empliytéose grecque et ce louage public romain, opérée seulement par
Justinien.
1. Cf. Beaudouin, Les grands domaines dans l'empire romain, 1899, pp. 259-297 et
les nombreux renvois. Ajouter Cuq, Institutions, 2, pp. 828-831, et Mitteis, pp. 28-
56, qui a beaucoup éclairé l'histoire de la distinction première et de la fusion pos-
térieure du jus emphyteuticum (d'abord temporaire) et du jus perpeluum (ancien
jus in agro vectigali) des recueils de constitutions impériales. L'inscription d'Hen-
ehir Mettich de l'an 116 ou 117, rapportant les dispositions d'une lex Manciana
mal connue et l'inscription d'Àïn-Ouassel qui est du temps de Sévère et Caracalla,
mais qui reproduit une lex Hadriana \Textes, pp. 183-187 ; v. les auteurs cités,
pp. 180 et 181), montrent des pratiques analogues fonctionnant en Afrique dès le
11" siècle, mais à la vérité
sans contrat emphytéotique quant à la source, ni droits
aliénables entre vifs, quant aux effets. Cf. Karlowa, 2, pp. 1274-1275.
2. C, 4, 66, De emphyleutico jure, 1. En revanche, le Code Théodosien ne paraît
connaître encore ce genre de convention que pour les biens impériaux. Cf. Per-
nice, p. 85.
3. Justinien a mis cette fusion en oeuvre assez grossièrement en ajoutant à la
mention de l'oser vectigalis les mots vel emphyleuticarius dans la rubrique de no-
tre titre et dans le texte de Macer, D., 2, 8, Qui satisd., 15, 1, qui ne prouvent
donc aucunement la présence dans l'édit d'une action réelle donnée à l'em-
phytéote.
i-C.,h.t.,2.
3, C., h. t., 3. Cf. le commentaire ingénieux de de Ihering, Espr. du Dr. R., 4,
PP. 251.252.
25
ÎY. - OBLIGATItffiS
lue droit rèd porte sar mue chose. ]Le APA persoiMiell porte eu;- mu
personne. C'est »e ferâtafiom à la Ebertië Je cette parafaise J, astreiini
par là à ma .acte posiitàf *m DègaiËif aMpieil die HUE serait pas terme -si si
n'était dams les Eems ée rraMsaifi», le épmt jpeirsHfflMil, -ohki.galv. -
appelé 'cwaiife dm 'Coâè aicitùf, nfettle -ta ©ifé passif., ï'AïïigaitJoxi «si, dit-m,.
ea pèsnimaM dans: èefiiMifioias 'feumaèes par .îmsfaaiieaa «t par -Pou!: »
se toMree. êirns 'd'araires textes *., «aïs Atmî al aae iiàrculfccrîi pa* m°<<>£
te 'Oaracïère àn&|»eaisalbte, le 'irraitt a tram acte M ;R mute atetenti an pr-w
itaml Ma imtèrM pëOToeaiitpe *ft suan'cfiianianÈ jiair naïa-e iicfim.
Kcffls .avons <(3f;j?i a-eJïwe(ji..:2'9fl'els«„)lfe
sèj)BiraQt,i»0tîiffiE£raeaï «Q mwctiière de 'fli<«itt nfe soïte >gt lâ&âmuit .3 ejirfifureii *.
te -arrêts persHmads ^^aiiii-iHa.jpfft!^1:4'njaiEpBrsHEa£ir'enccOEitri'iIi»
maître, àes '{Étroite ».db CTistiffii aaa jfsraiii 'l'ami jpersGOEHtte sur mie cluft.
Ce sfflat ilà des 'C.airacfc&nes 'OEOTHHIHDS a toutes les éHligiïikam. 'Mae fc
'OMigatàren-s prÊsenteEt nônOEimiiâm-B -entre -eïtes âe ^ramflfs lârvursités. Ut
les ifetia^ite :: il* srapaoet'iileTiieiàer.uTÉtarfà^
en obligations naturelles,
dénuées d'action en exécution, mais produisant
cependant certains effets juridiques, même forcés, ainsi d'ordinaire l'ex-
clusion de l'action en répétition de Tindû. Il suffit de signaler ici ces di-
visions que nous retrouverons et nous pouvons aborder immédiatement
l'élude du droit des obligations. Nous chercherons, dans cette étude,
quelles sont les sources des obligations ; quels en sont les effets ; com-
ment elles s'éteignent ; comment elles peuvent se transférer ; puis nous
terminerons en indiquant comment les règles ordinaires se trouvent mo-
difiées par les complications résultant de la pluralité de créanciers ou
de débiteurs et par l'adjonction de sûretés réelles.
TITRE I
Les deux principales sources des obligations sont les contrats (cm-
tractus) et les délits (delicta, maleficia)l.
Les délits sont des faits illicites commis par une personne à T encontre
d'une autre. Ils font naître à la charge de leur auteur et au profit de
leur victime l'obligation de payer une amende. Les obligations en ré-
sultant, qui ne sont qu'une dégradation du droit de vengeance privée,
font à peine partie du patrimoine. Elles ne se transmettent pas passive-
ment avec lui aux héritiers de l'auteur du délit, et en revanche elles ne
disparaissent pas avec la. mort civile, la capitis deminuiîo, qui fait dis-
paraître les autres dettes, attributs de la personnalité, civile. Les vraies
obligations patrimoniales, qui se transmettent activement et passive-
ment avec le patrimoine aux héritière du créancier "et. du débiteuretqui
s'éteignent d'après le droit civil par la capitis àeminutio du déliter,
sont les obligations nées de contrats,, c'est-à-dire d'accords à folontés
légalement conclus entre les parties .Peut-être sont-elles moins anciennes
que. les obligations délietuelles et y a-t-il eu une période de l'histoire du
droit où la conscience juridique, arrivée à la distinction des droits réels
et. des droits personnels, ne reconnaissait d'autres obligations que celles
nées de. délits. Maïs, sans entrer dans les raffinements de doctrine, on
peut dire que le droit romain le plus ancien connaissait déjà les deux
catégories d'obligations. En revanche,, les plus vieux juriscoasuH&s pa-
raissent s'en être tenus à cette classification en obligations résultant de
faits licites qui étaient, les contrats et en obligations nées de faits illi-
cites qui étaient les délits.
Pourtant ces jurisconsultes devaient .rencontrer déjà, et on reneonlw
de pins en plus, à mesure que le droit se compliqua, des oMigataKK
qui, sans naître de faits licites, ne .naissaient pas die délits et sortoo'
des obligations qui, sans naître de faits illicites, naissaient pas de
ne
contrats, naissaient sans accord de Tolontës. Les jurisconsultes de 1*
bonne époque se. contentaient
en général de mettre pèie-niêle, dans îine
même: catégorie un peu obligations qui naissaient ni de
vague, ces ne
L GMBIS, 3, SS : Ohtègutismet,
guano» SIDKBIS iiiiàw îm êam *ptta& **«*T '
•9»sê«ais:î eM%B.So vêles aMErwci» matcùmr tel
« êetiefo.
DELITS 389
parce qu'elle a passé dans les Institutes de Justinien : celle qui met à
côté des obligations contractuelles les obligations quasi-contractuelles
(obligationes quae quasi ex contractu nascuntur, où le débiteur quasi ex
tontraclu tenetur) et à côté des obligations délictuelles les obligations
quasi-délictuelles (obligationes quae quasi ex delicto nascuntur, où le
débiteur quasi ex delicto tenetur) 2. Cette division, plus compliquée, est
théoriquement critiquable et n'a même pas le mérite d'englober aisé-
ment l'ensemble des obligations s. Nous nous en tiendrons donc à la
division du droit classique, en étudiant d'abord les obligations qui
naissent des délits, puis celles qui naissent des contrats, ou plus large-
CHAPITRE I. — DÉLITS.
.' •'
*7> privatis delictis. V. sur la terminologie et sur la notion ro-
1, De
m msdes délits
publics et privés, A. Pernice, Labeo, 2, 1, pp. 11-18. Cf. Momm-
*n, Urafrechl, pp. 7_n.
390 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE I
la peine, qui était anciennement parfois une peine corporelle, qui plus
tard consiste toujours en une somme d'argent, en une amende, est exclu-
sivement due à la victime, et c'est par une action privée que la victime
poursuivra le recouvrement de cette amende, comme de toute autre
créance, devant les tribunaux civils de droit commun.
Les obligations nées de délits privés présentent, en droit, classique,
certains caractères communs qu'il serait facile de grouper dans une vue
générale. Ainsi, quant à leur objet, depuis la disparition des peines
privées corporelles, toutes les créances nées de délits ont pour objet
une somme d'argent. Quant au fait qui y donne naissance, au fait cons-
titutif du délit, c'est toujours, d'une part, un fait positif et non pas une
simple abstention, une faute de commission et non une faute d'omis-
sion et, d'autre part, c'est toujours un fait défendu par une disposition
expresse du droit positif (nulla poena sine lege) 2. Quant à leurs modes
d'extinction, elles s'éteignent toujours par la mort naturelle du coupa-
ble et jamais par sa capitis deminutio, par sa mort civile. Enfin, quant à
la personne obligée par le délit, elle doit, même dans le droit le plus ré-
1. D., 48, 1, De publicis judiciis, 48, 2 et ss. L'ouvrage le meilleur el le plus
complet sur le droit criminel et la procédure criminelle de Rome est aujourd'hui
le beau livre de Mommsen, Romisches Slrafrechl, 1899 (Manuel de liinding, 1, %
qui, comme le droit pénal romain lui-même, embrasse à la fois le système des
délits publics et celui des délits privés. V. les comptes rendus de Ferrini, iccfu-
vio, 1900, pp. 377-379 ; Hilzig, Schweizerische Zeitschrift f. 'Strafredit, 13, l*
pp. 182-229; Strachan-Davidson, English historical Review, 1901, pp. 219-291; Es-
mein, N.R.H., 1901, pp 345-353. Les livres de Rein, Criminalrecht der Rômer non
Romulusbis auf Juslinian, 1844, et de Geib, Geschichte des rômischen Criminépro-
zess, 1842, auxquels on était auparavant à peu près réduit, sont anciens et vieillis.
Les ouvrages diffus et peu sûrs de Zumpt, Criminalrecht der rômisch. itepubl'h
2 tomes en 4 vol., 1865 1S69 ; Criminalrecht der rômisch. Republik, 1871, ne se
rapportent qu'à la République. Des indications précieuses et abondantes se trou-
vent éparses déjà dans le Droit public de Mommsen. On pourra encore con-
sulter, outre Schulin, Lehrbuch, pp. 130 et ss., 5J3 et ss., 560 et ss., 5S3 et ss. et
les articles très sommaires de Maynz. N.R.H., 1881, pp. 557 591 ; 1882, pp- J-»>
pour les origines. Hilzig dans le recueil Zum âlteslen Slrafrechl der Kulturwwr,
1905, pp. 31-51 ; pour les six premiers siècles Girard, Organisation judiciaire, ,
pp. 26-38. 104-126. 252 264 ; pour la procédure criminelle de la République, Grec-
nidge, Légal Procédure of Cicero's time, 1901, pp. 297-526, et pour le droit peu»1'
C. Ferrini, Diritto pénale
romano, teorie generali, 1899, et Diritlo pénale romans,
esposizione storica e dottrinale, 1902.
2. Cette règle, qui n'est pas dans les textes, nous parait vraie pour les delis
privés, à condition bien entendu de prendre le droit positif au sens large ou i
comprend Tédit des magistrats. Elle l'est beaucoup moins pour les délits punn®'
où, à côté des peines fixées la loi, il y a toujours eu des peines arbitraire»
par
prononcées par les magistrats par voie de police, soit dans les mute des nwg"--
Irats de la République, soit dans les peines prononcées l'Empire en matie
de erwwuiextraordinaria.Cf. A. Pernice, labeo, 2, 1, sons
pp. 14-18.
DÉLITS 391
1. On trouvera des détails et des renvois sur cette histoire parallèle des autres
législations dans
nos deux études relatives au Shakespeare de M. Kohler et au
fondement des actions
uoxales, N. R. H., 1886, pp. 230-235. 1888, pp. 36-58.
J'en général le livre de Kohler, Shakespeare vor dem Forum der Jurisprudenz,
1884, avec les
compléments Nachwort zu Shakespeare, 1884 ; Zur Lehre von der
«tooc/ie, 1885 puis Post, Grundriss, 2, 210-263 ; Dareste, Etudes et Nouvelles
;
Mes d'histoire du droit,
pp.
et les réponses à un questionnaire établi par M. Momm-
SM, données
pour les droits: grec par MM. Freudenthal et de Willamowitz-
«oellendorir, germanique MM. Brunner et Roethe, hindou par M. Oldenberg,
par
rabe par jr, Noeldecke, arabo-israélile
par M. Welhausen et islamique par
(ioldzih.er et publiées 1905 sous le titre collectif, Zum altesten Slrafrechl der
•
«llunôlker. Ajouter
en
pour le droit celtique, d'Arbois de Jubainville. Eludes sur le
««/ rf
'' 1895' P' 79 et ss'; pour Ie droit grec'G' Glotz' La solidarité de la fa-
s 'e ^oit criminel en Grèce, 1904 ; pour celui des populations iraniennes
j.. p
|Case' Kovalewski, Coutume contemporaine et loi ancienne, 1893, p. 237etss.;
dr"'t &ei,tnaniciue> Brunner, Deutsche Rechtsgesch., 1, §§ 21 22
droit ; pour le
»,-SeCanil'nave' ^'
'S von Amira, Nordgermanisches Obligationenrecht, 1, 1882,
93; 2' 1893' §§ 43-47, 86-87 ; pour le droit babylonien. Dareste, IV. R.
'
Il tqmm-i, pp. 25-27. Kohler et Peiser, HammurabïstGeselze, 1, 1904,
pp. 126-131.
392 LIVRE III. — IV. — TITRE 1. — CHAPITRE I
à l'époque romaine, chez les barbares et qui existe encore de nos jours
non seulement chez les populations sauvages, mais chez des populations
étroitement parentes des peuples civilisés parmi lesquelles des circons-
tances quelconques ont produit un arrêt de développement ou un reeul,
Elle procède de la conception, essentiellement primitive, selon laquelle
la victime d'un tort a le droit d'en tirer vengeance en causant à l'au-
teur de ce tort un autre tort, a le droit de se venger. C'est la vengeance
privée, la forme la plus imparfaite et la plus ancienne de répression de
l'injustice, devenue en réalité une institution juridique du jour où la
conscience publique eut commencé à déterminer les circonstances dans
lesquelles elle pouvait légitimement intervenir sans justifier à son tour
une vengeance.
Mais la victime du tort, qui a le droit de s'en venger, peut renoncer à
sa vengeance. Elle peut pardonner. Elle peut en particulier pardonner
moyennant une rançon librement débattue. Et alors on est à la deuxième
phase, postérieure à la première encore plus rationnellement que chro-
nologiquement, à la phase des compositions volontaires, pratiquées
encore aujourd'hui par les populations chez lesquelles le droit de ven-
geance n'a pas disparu, pratiquées longtemps chez les Germains 1, men-
tionnées aussi dans les monuments du vieux droit romain où celle
transaction s'appelle en matière de vol damnum pro fure décider/;, où
la loi des XII Tables règle, pour l'injure par rupture d'un membre, le
châtiment du coupable, la vengeance de la victime à moins qu'il n'y ait
arrangement amiable (ni cum eo pacit). La composition remplace la
vengeance, quand les parties le veulent, si les parties le veulent, sans
que l'offenseur confiant dans sa force en soit légalement débiteur, sans
que l'offensé qui préfère se venger soit contraint de s'en contenter.
Les compositions sont alors purement volontaires, laissées au libre
accord de l'offenseur et de l'offensé, mais elles ne le sont pas toujours
restées. A mesure que les groupes politiques, États, cités, tribus, se sont
consolidés, ils se sont occupés d'assurer la tranquillité publique ca
rendant les compositions légales, en les fixant pour chaque délit à une
certaine somme dont la victime est forcée de se contenter et que le cou-
pable est obligé de lui payer. C'est une troisième phase, que nous mon-
trent par exemple, chez les barbares, les tarifs de compositions contenus
dans la loi salique, dans la loi des Ripuaires s, que nous présente chez
les Romains le système des délits privés, laquelle ont régulièrement
par
passé les législations qui l'ont aujourd'hui dépassée, mais à laquelleon
n'est pas arrivé partout en même temps, à laquelle dans chaque pa}'s on
n'est pas arrivé du même coup les délits. Ainsi par exemple
pour tous
chez les Romains, la loi des XII Tables nous fait voir la transition en
train de s'opérer pour le vol et l'injure (p. 399 ; p. 404) : la composition
est encore volontaire pour le vol flagrant (furtum manifestum) et déjà
légale pour le vol non flagrant (furtum nec manifestum) ; elle est déjà
légale pour l'injure par coups et blessures ordinaires et encore volon-
taire pour celle par rupture d'un membre.
Enfin le dernier pas consiste à considérer l'État comme intéressé non
seulement à la répression des infractions dirigées contre lui, trahison,.
complot, etc.,mais à celle des infractions dirigées contre les particuliers,.
meurtre, vol, injure, etc. Où il est assez fort, l'État supprime la com-
position comme il a supprimé la vengeance ; il procède lui-même à la
répression, il érige les délits privés en délits publics. C'est ce que font
les Élats modernes. L'État romain le faisait dès son époque la plus
ancienne pour certains crimes contre les personnes. Ainsi pour le meur-
clamer une dans des cas où le ressentiment existait, quoiqu'il n'y eût pas
eu
d'intention mauvaise chez l'auteur de l'acte, où, a-t-on dit, il y avait
injustice objective, quoiqu'il n'y eût pas d'injustice subjective, où, peut-
IMOU et paeiB Paîbjat .ôTnine action dont 3B mentant -est, -égal a. celui du jtrejM's
{D-, i-. i,, a, pr ), <çae 'Sains, 4, 112, copj-é pur Jnstinîen, Inst... i. 12. Ht F1"/1'.
tonp. lia.. ï, cite pSe-mèle comme ex maleflcm pâmâtes amemes lis nctinffi/»"
w hinmrum ragjïoram, ïnjuriarwm, donna injuriât, les unes mure pamvla et
autNs mèr-tap ôaits ta iclasâfiEBjian indignée phïs bas,
4. 6ùi£s £, M, Jinstoeeii, înst..., 4, €, Se «i..., IMS.
5. H suffirai âe T«nw«r à Texpasifion dasskp» de Siwigiij-, Traité, 3, _ PP- *'^
DELITS 397
1.Jinsi l'action bonorum vi raplorum est pénale dans l'opinion indiquée par
Gains et mixte sous Justinien (p. 414, n. 7 et 8). Ainsi encore le caractère mixte
de l'action quod melus causa n'a peut-être pas non plus été admis en droit classi-
queetl'est sous Justinien (p. 418, n. 3). Ainsi celui de l'action de la loi Aquilia
n'est pas entendu de la même façon par Gaius et Justinien (p. 41), n. 3).
2. V. encore, pour le régime-du temps de Justinien, Savigny, Traité, 5, pp. 220-
283. Cf. sur les interpolations nombreuses des textes notamment
; en ce qui con-
cerne le droit d'agir pour l'excédent, le travail d'Eisele, Archiv, 79, 1892, pp. 327-
405. V. aussi le même travail
sur les divergences des solutions relatives au cumul
des actions délictuelles distinctes liées
au même fait et notamment sur la loi
célèbre de Paul, D., 44, 7, DeO. el A., 34,
R-l>. G., 2.
pr. Cf. encore sur le tout Karlowa,
pp. 985-994.
3. Pomponius, D., 50, 17, De R. /., 38. Celte règle parait avoir été insérée
expressément dans l'édit prétorien par Cassius le grand jurisconsulte sabinien,
qui a été consul
en l'an 30 ap. J.-C. et dont la préture se place donc au plus tard
enl'an 27 (cf. Girard, N. R. H., 1897, 266, n. 2, in fine) : Venuleius, D., 42,
p.
8, Quae
m fraud. cred., 11 : Cassius actionem introduxit in id quod ad heredem
penenil ; cf. Paul, D., 44, 7, De O. et A., 35,pr. et Lenel, Ed., 2,
p. 246, n. 4.
M. Pernice qui considère d'ailleurs
l'introduction de dispositions nouvelles dans
ledit par Cassius
comme peu vraisemblable, Labeo, 2.1,' p. 199, n. 7, rattache
P. 201, n. 3, ce développement à Sabinus, D., 4, 3, De d. 29. La notion de
m.,
'action est elle-même controversée. Selon M. Pernice, Sachbeschâdigungen,
p. 127
.s., Labeo, 2, i, p. 201, n. 2, ce serait une simple condictio ob injustam causam ;
survantM. Bekker, Aktionen, 1, 17o, n. 2, p. 176, c'est tantôt un remaniement
Ml action primitive, tantôt
p.
une action in factum. C'est la doctrine qui nous paraît
la meilleure. V.
par exemple D., 3, 6, De calumn., 5, pr., rapproché de S, 1 ; D.,
*>
'<
Q-m. c, 16, 2.
4. si Ion admettait
avec M. Pernice que l'action soit une condictio indépendante,
question ne se poserait même
pas ; mais, en admettant même que Faction don-
,.e conlre l'héritier soit l'action pénale ou mixte qui existait contre son auteur,
e est donnée de la même
façon dans les deux cas et de plus elle ne le sera pas,
me le voudrait l'idée de l'élément réipersécutoire, l'appauvrissement de
victime ni même
pour
pour l'enrichissement du coupable, mais simplement pour
'enrichissement de l'héritier,
imi'n °Q 'nv0(lue l'idée que l'action habet (continet) rei perseculionem pour
a/ien jud.
7
lransmissibililé active (Ulpien, D.,4, 2, Q. m. c, 16, 2; D., 4, 7, De
. mut., 4, 6 ; D., 42, 5, De reb. auct., 11). Mais, sans parler de l'action
398 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE I
tion considérée comme pénale toutes les fois qu'elle tend à l'amende d'un
délit, qu'il faut partir pour concevoir les règles maîtresses des délits
privés.
SECTION II. — Principaux délits privés.
Les délits privés frappés d'une amende au profit de leur victime par
le droit civil ou par l'édit sont innombrables. Nous étudierons seulement
ici ceux qui nous paraissent les plus importants : d'abord le délit d'in-
jure, qui est, dans la notion romaine, un délit contre la personne, ci-
el usivement générateur d'une action pénale au sens strict ; puis, parmi
les délits contre les biens, le vol (furtum), le dommage injustement
causé (damnum injuria datum), le vol et le dommage avec violence, la
metus, le dol et la fraus crediiorum.
I. Injure (injuria) '. — Le délit d'injure 2, qui est déjà réprimé par
les XII Tables, a toujours gardé ce caractère d'être un délit contre la per-
sonne, considéré comme ne causant pas de préjudice pécuniaire, ne fai-
sant donc naître qu'une action pénale chez laquelle les caractèresprimi-
tifs de l'action pénale se sont même peut-être conservés avec une pureté
particulière : non seulement elle est noxale au cas où l'auteur du délit
est alieni juris, elle s'exerce cumulativement contre les auteurs du délit
en cas de pluralité et elle ne passe pas contre les héritiers, mais c'est
une des rares actions qui s'éteignent par la mort de la victime du délit 5.
quod metus causa, qui est pénale ou mixte (p. 418), le même résultat se produit
intégralement pour de nombreuses actions mixtes (action de la loi Aquilia! ou pu-
rement pénales (action furli). Ainsi encore on paraît utiliser 1 idée que l'action rei
persecutionem conlinet pour admettre, en cas de pluralité d'auteurs du délit, que >e
paiement par l'un libérera les autres (D., 4, 2, Q. m. e., 14, 15 ; 4, 3. De i. »»•,
17, pr.) ; mais on admet le cumul intégral dans d'autres actions dont le produit
comprend également la réparation du préjudice, comme l'action de la loi Aquilia.
Le caractère empirique de ces solutions se révèle à ce qu'il arrive au même juris-
consulte de traiter presque au même moment la même action de pénale ou de
réipersécutoire selon la solution qu'il veut donner (v. par exemple Ulpien, #.,«,
5, Dereb. auel., 9, 8; 11).
1. Inst., 4, 4. D., 47, 10, De injuriis, Cf. Huschke, Gaius, Beilrâge »r#"»
semer /nstitutionen. 18oo, pp. 116-164; de Ihering, Actio injuriarum, tr. fr., 18»i
Landsberg, Injuria und Bekidigung, 1886 ; A. Pernice, Labeo, 2, 1, PP- "7' >
que une phase de transition déjà relevée : pour la rupture d'un mem-
bre, la victime a encore le droit de se venger, à moins qu'on ne s'ac-
corde pour une composition volontaire 4, mais dans les autres cas, la
composition est légale : elle est, pour la fracture d'un os, de 300 as ou
par une année utile (p."394, n. 4). Mais cette règle n'existe sans doute que depuis
la substitution de l'action prétorienne à l'action civile.
1, XII Tables, S, 1-4 (Textes, pp. 17-18). Il faut, pensons-nous aujourd'hui, écar-
ter de la liste des injures des XII Tables les écrits diffamatoires qu'on a cru géné-
ralement jusqu'aux derniers temps,en partant de confusions déjà faites par les An-
ciens,y être visés par les mots occenlare et peut-être carmen famosum, carmen malum
fanfare, et y être punis de la mort par le bâton (v. les renvois sur les XII Tables,
8,1 et25, dans nos Textes et dans les Fontes de Bruns). On peut se demander
si les citations
se rapportent à deux dispositions ou à une seule et nous ne som-
mes même pas tout à fait sûr que la peine ne soit pas, contrairement à l'opinion
l« plus répandue,
une peine privée. Mais il nous paraît établi qu'il ne s'agit pas
là d'écrits diffamatoires,
que l'on entende tous les témoignages de sortilèges,
comme il faut certainement faire, à notre avis, de ceux sur le carmen malum, et
comme l'ont soutenu dune manière indépendante pour Voccentalio, MM. Huvelin,
pp.386-436 (v. déjà Tablettes magiques, 1901, pp. 24-25) et Maschke, pp. 11-28,
ou
quel'on voie dans Voccentalio avec M. Usener, Rheinische Muséum, 1901, pp. 1-28,
une sorte de charivari populaire qui pourrait à la rigueur rentrer dans la nature
te l'injuria et duquel
aux convicia postérieurs s'expliqueraient mieux la confusion
et peut-être la transition. Nous
ne croyons pas, en revanche qu on puisse avec
M. Huvelin,
p. 466-468, ramener à la notion de l'injure l'action de arboribus suc-
«si'sdes XII Tables (p. 428).
2, V. sur Voccentalio, la
3. Suivant
n. 1
.
une idée émise dès 1820 par le criminaliste Rosshirt, Gesch. u. Syst.
ideulsch. Slrafrechls, 1820, p.232, reprise incidemment
par Huschke, Gaius, p.119,
soutenue depuis
par M. Guenther, Verbrechen der Korperverlelzung, 1884, p 26 et
Ideeder Wiedervergellung, 1, 1889, 123-124, et présentée sous une forme nou-
velle par M. Huvelin
pp.
pp. 375-386, cette injure, plus grave que la fracture d'un os,
serait la destruction d membre (en y comprenant les yeux, le nez, les oreilles)
résultant de
un
son amputation ou de son invalidité totale, d'après les premiers,
J?SOtt amputation d'après M. Huvelin. Suivant M. Appleton, Testament romain,
•™. p. 23,
n. 3. Z. S. St 24, 1905, p. 44, n. 1, ce serait toute blessure, moins
pave ou plus grave ,
que la fracture d'un os, n'entraînant pas fracture d'un os.
™s, outre que M. Appleton nous semble exagérer beaucoup la défectuosité prati-
que du premier
système, il nous parait impossible que la vengeance, exclue pour
°s fracturé, ait été maintenue
pour des blessures moins graves.
,,.' Fes'us, v. Talionis (XII Tables, 8, 2) : Si membrum rupsil, ni cum eo pacil,
nesio. Sur la substitution pratique de la condamnation pécuniaire talion,
Uulu-Gelle, 20,1, 37-38. au
-400 LIVRE 111. — IV. — TITRE I. — CHAl'ITRE I
\
de 150, selon que la victime est libre ou esclave et de 25 as pour les
autres injures 2.
2. Edit du préteur. Le préteur remania à la fois la peine du délit et
sa définition. II conserva les anciens cas, mais il en visa d'autres dans
des dispositions multiples 3 dont est sorti le développement doctrinal
qui a ramené à la notion d'injure toutes les atteintes physiques ou
mo-
rales à la personnalité. Quant à la répression, il généralisa la compo-
sition légale, mais, en outre, il la modifia : le taux invariable de la loi
des XII Tables avait l'inconvénient de n'être pas proportionnel à la for-
tune des coupables, de pouvoir être illusoire en face des coupables
riches, surtout depuis l'accroissement des fortunes et les réductions suc-
cessives de la valeur de l'as 4 ; l'ancienne action civile d'injures fut rem-
placée par une action prétorienne in bonum et aequum conccpta, dans
laquelle le montant de la condamnation est évalué suivant le cas concret
d'après des règles qui ne sont d'ailleurs pas toujours les mômes et où la
condamnation entraîne l'infamie (actio injuriarum aestimaloria) ». Cette
1. Coll., 2,5, 5.
2. Aulu-Gelle, 20, 1, 12 (XII Tables, 8, 4) : Si injuriam faxsil, viginti gmin/ia
poenae sunlo.
3. Il paraît y avoir eu, dans ce titre de l'Album, comme édits principaux à ce
sujet: un premier édit remplaçant les XII Tables et promettant de donner, au Jieu
•de l'ancienne action, l'action nouvelle estimatoire (ediclum générale); m mite
visant les propos ou écrits diffamatoires (convicium) ; un troisième sur l'a/fenlal à
la pudeur des femmes ou des jeunes gens (allemplata pudicitia) résultant de pour-
suites, de paroles ou de manoeuvres inconvenantes (appellare, asseclari, eomilem
abducere) ; un autre sur les actes destinés à nuire à la considération (infamandi
causa factum); enfin un autre sur l'injure faite à un maître en maltraitant son
esclave.Ensuite venait l'édil sur l'action noxale, que nous retrouverons et celui sur
le droit du fils de famille d'exercer l'action déjà signalé, p. 141, n. 3.-C'est sur ces
dispositions que s'est greffé tout le développement doctrinal, notamment celui qui
admet qu'une personne injuriée dans une autre personne en sa puissance peut
avoir de ce chef plusieurs actions (Gaius. 3, 221.222). Mais il est à croire qu'elles
,n'ont pas elles-mêmes été toutes introduites en même, temps. Cf. sur leur rapport
chronologique, Hitzig, Injuria, pp. 70. 62. Huvelin, pp. 469-479.
4. Labéon, chez Aulu-Gelle, 20, 1, 13: L. Veratius... pro deleclamenlo liaheki
os hominis liberi manus suae palma verberare. Eum servus sequebatur ferens en-
menam plenam assium ; ut quemque depalmaverat, numerari stalim secundum duode-
ctra tabulas quinqueei viginti asses jubebat. Cf. Gaius, 3, 222.
5. Labéon, loc. cil. : Proplerea praelores poslea hanc abolescere et reliapti
censuerunt injuriisque aeslimandis recuperatores se daturos edixerunt. Cf. Gaius,
'3, 223. Le môme édit obligea le demandeur à spécifier, en agissant, l'injure dont
il avait été victime et à fixer l'amende qu'il réclamait. Et le juge statuait ensuite
en ayant la faculté de réduire l'évaluation du demandeur indiquée dans la for-
mule, mais non pas naturellement de la dépasser (condemnalio cum lamtione por-
tant dumtaxal HS... condemna). Seulement, quand l'injure était considérée
comme une injure grave (injuria alrox), ce qui arrivait pour des motifs multiples
(ex facto, ex loco, ex persona), l'évaluation,
au lieu d'émaner du demandeur, éma-
nait du magistrat lui-même, qui la fixait alors, semble-til, en fixant le montant
de la somme que le défendeur devrait fournir à défaut de nouvelle comparution,
de son vadimonium (Gaius, 4, 184), et le juge s'abstenait de la réduire par défé-
rence pour le magistrat. — Caractère infamant de la condamnation : Gaius, i, 182,
: DELITS. — FURTUM 401
réforme fondamentale n'a pu être opérée, sauf peut-être pour les procès
où finiraient des pérégrins 1, qu'après la loi
Aebutia 2 ; mais en revanche
elle l'a été avant la loi Gornelia de Sulla qui la suppose réalisée.
3. Lex Cornelia de injuriis. La loi Cornelia de injuriis, du dictateur
L, Cornélius Sulla, sépara des autres injures les libelles diffamatoires
(libellus famosus), les coups et la violation de domicile (pulsare, verbe-
rsre, vi domum
introire) pour en faire des délits publics probablement
déférés à une quaestio perpétua 3, mais en laissant à la victime le droit
de choisir entre cette poursuite publique et l'actio injuriarum aestima-
loria *.
4, impérial. Le droit impérial continua le mouvement com-
Droit
mencé pur la loi Cornelia et donna, finalement dans tous les cas, à la
Victime de l'injure le droit de choisir entre l'action d'injures et une pu-
1. M.
pp. 60-72, suppose qu'elle aurait été d'abord introduite par le
Hitzig,
préteur pérégrin à l'imitation de la 8nt»i atV.taç avec laquelle elle présente certai-
nement des ressemblances frappantes.
2. V. sur les arguments invoqués à tort en sens contraire, TV. R.H., 1807,
pp. 263 et 264.
3. Inst., h. t., 8, D., h. t., S. Cf. A. Pernice, Labeo, 2, 1, p. 14, n. 3. Momm-
sen, Slrafrechl, pp. 803-804.
iMartien, D., h. t., 37, 1.
5. Hermogénien, D., h. t., 45. Inst., h. t., 10.
6. Inst., 4, 1, De obi.
quae ex delicto. D., 47, 2, De furlis. Cf. A. Desjardins,
Mité du vol dans l'antiquité et spécialement en droit romain, 1881. C. Ferrini,
Wira'o, 47, 1891, 423-471. Mommsen, Slrafrechl, pp. 733-780. Hitzig, Z. S.
pp.
pp. 315-336 et dans Pauly-Wissovva, v. Furtum.
Si., 23, 1902,
'•Paul, D.,h. t., I, 3: Furtum est contrectatio rei fraudulosa lucri faciendi
jrofw, vel ipsius rei vel etiam
usus ejus possessionisve. Cf. Inst., h. t., 1. Gaius, 3,
>™: Furtum fit non solum
cum quis intercipiendi causa rem alienam amovet. sed
Smeraliier cum quis
rem alienam invita domino contreclat. Paul, Sent., 2, 31, 1 :
w est qui dolo malo rem alienam contreclat.
«•L'intention de lucre est entendue largement; v. par exemple D., h. t., 55
jj™)> 1 : Species enim
lucri est ex alieno largiri el beneficii debitorem sibi adquirere.
«s elle est nécessaire. Ainsi il n'y
la détruire.
aura pas vol à enlever la chose d'autrui pour
26
402 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE I
sans droit (animus furandi) *. Il faut de plus qu'elle ait lieu invita do-
mino, par conséquent que la chose ait un propriétaire 2 et qu'on agisse
\
contre sa volonté Il faut enfin, dans la doctrine qui a prévalu, que la
chose soit un meuble *. Mais la contrectatio est un acte de maniement
de disposition, dans lequel rentrent, a-t-on dit depuis longtemps, non
seulement les faits de soustraction qui correspondent à la notion du vol
moderne, l'acte de celui qui enlève clandestinement la chose d'autrui,
qui s'approprie un objet perdu, à Rome l'acte de l'esclave qui s'enfuit
et se vole ainsi à son maître s, mais des faits qui constitueraient au-
jourd'hui un abus de confiance, le fait du dépositaire, du locataire, de
l'emprunteur qui fait acte de maître sur la chose, ainsi, avons-nous vu,
qui en dispose à titre de vente ", mais des faits qui constitueraient
aujourd'hui une escroquerie, ainsi l'acte de celui qui, pour se faire
1. Gaius, 3, 197: Furtum sine dolo malo (Inst., h. t., 7: sine afj'ectu furaié)
non commitlilur. Il n'y a donc pas vol à s'emparer d'une chose qu'on mil de-
relicla quand elle est perdue (D., h. t., 43, 6), à vendre une chose appnrlennnl à
autrui dont on se croit propriétaire par une erreur de fait (hôrilier du déposi-
taire) ou môme de droit (part de la femme esclave vendue par l'usufruitier):!-,
p. 308.
2. Cette règle résulte déjà de ce que le furtum suppose une conlreclatio faite
invito domino. Mais elle reçoit des applications intéressantes et en partie régies
par des principes propres. Elle n'exclut pas le vol des personnes liljres inpalria
poleslale, in manu, in mancipio, ni même de certaines personnes libres en servi-
tude de fait [judicati, auclorali], sans doute par une survivance de la confus/on
faite très anciennement entre les diverses puissances et la propriété (Gains,-3,
199). Mais elle s'applique aux choses qui ne sont pas susceptibles de propriété
privée, res nullius divini, humani juris, pour lesquelles il ne peut y avoir de vol,
s'il peut y avoir d'autres délits publics et privés. Elle s'applique surtout aux
choses susceptibles de propriété privée qui en fait n'appartiennent il personne.
notamment aux res heredilariae, aux choses d'une hérédité qui n'a pas encore
été acceptée: sans cela Vusucapio pro herede n'eût jamais pu fonctionner, puisque
l'usucapion ne fonctionne pas pour les choses furtives (p. 307).Seulement il faut
relativement au vol des res heredilariae faire deux remarques très importantes:
1° l'absence de furtum et la possibilité de l'usucapion, ne tenant qu'au défaut de
propriétaire, ne s'appliquent pas, quand l'héritier est un héritier qui devient pro-
priétaire de plein droit [suus hères, hères necessarius) : Gaius, 3, 201. 2° Quanl '
l'héritier externe, en face duquel seul la règle s'applique, le droit de I époque
classique s'attache plutôt, pour dire si le vol est possible, à la possession qu à
propriété. La chose peut être occupée sans vol, d'après Gaius, 3, 201, mèmcaprfc
l'adition d'hérédité, jusqu'à ce qu'il ait pris possession ; d après le Digeste, je ™
est possible même auparavant, si la chose est possédée pour le compte de héré- 1
payer une somme due à autrui, se présente comme étant le créancier '.
Dans tous ces cas, il y a également contrectatio et il y aura, si les
autres conditions sont réunies, également furtum. -'''
Déplus, depuis une certaine époque, on a admis qu'au lieu d'être un
furtum rei, le furtum pourrait être soit un furtum usus, consistant à ti-
rer de la chose d'autrui un usage auquel on n'a pas droit, par exemple,
de la part du dépositaire qui commettrait un furtum rei en s'appropriant
la chose, à s'en servir contrairement à son contrat qui ne lui donne pas
ce droit, de la part
de l'emprunteur à usage, du commodataire, à s'en
servir autrement que son contrat ne le lui permet, soit un furtum pos-
sessionis, consistant de la part du propriétaire lui-môme à enlever la
chose à quelqu'un qui la possède et a intérêt à la conserver, au créancier
que judiciairement, même, a-t-on fini par dire, aux simples détenteurs
qui ont un droit de rétention pour leurs impenses 2.
Le vol, quel qu'il soit, en particulier le furtum rei, a, comme tout dé-
lit, pour résultat de faire naître au profit de sa victime contre son auteur
une action pénale au sens large : l'action furti. Mais c'est précisémentle
délit, pour lequel on distingue le plus nettement de l'action pénale au
sens étroit, procurant à la victime une amende qui est pour elle tout
profit, les actions réipersécutoires servant à réparer le tort causé par le
vol. Nous étudierons donc successivement les deux catégories d'actions.
1. Actions pénales. Pour le vol comme pour l'injure, les XII Ta-
bles, auxquelles commence notre tradition, marquent une transition.
Le système des compositions légales, admis pour le vol non flagrant et
des cas voisins, ne l'est pas encore pour le vol flagrant et les cas assi-
milés.
Au cas de vol non flagrant (furtum nec manifestum), l'auteur du vol
doit à la victime une amende égale au double du préjudice causé 1.
Au cas de vol flagrant (furtum manifestum), il n'y a pas encore de
composition légale, la peine est une peine corporelle qui, en dépit des
contestations de quelques interprètes, doit, d'après les principes, être
infligée au coupable par la victime ou tout au moins par ses soins, Cette
peine peut, dans certains cas, être la mort immédiate 2 : au cas de vol à
main armée ou de vol de nuit où on peut tuer le voleur sur le coup J,
au cas de vol commis par un esclave où on peut le précipiter de la rock
tarpéienne. Si on n'est dans aucun de ces cas, on peut faire infliger au
voleur flagrant un châtiment accessoire : la peine des verges. Mais, même
alors, le grand effet du vol flagrant demeure de mettre la vie etla liberté
de l'auteur du vol à la discrétion de la victime, car il est attribué à celle-
ci par le magistrat, et alors, d'après une doctrine que nous croyons la
plus récente, il devient immédiatement son esclave, d'après une autre
doctrine, que nous croyons la plus ancienne, il est en face de lui dans
la condition du judicatus, du débiteur attribué par le magistrat à son
créancier, qui a le droit, au bout du délai de soixante jours, de le tuer
ou de le vendre au delà du Tibre *.
Naturellement le voleur pouvait traiter avec le volé d'une rançon qui
le soustrayait à cette réduction en servitude et, croyons-nous, aussi aux
diverses peines corporelles autorisées par la loi pour les différents cas.
Cette transaction paraît même, ici comme en matière d'injure par rup-
être tenu pour manifeste, il pourra être puni d'une amende plus forte
que le vol ne fût pas commis, plus exactement, par opposition au simple
créancier, à tout propriétaire, possesseur ou détenteur qui avait intérêt
légitime à ce que le vol ne fût pas commis 5. C'est une action perpé-
tuelle et elle passe en droit classique aux héritiers de la victime ; mais,
selon les règles des actions pénales, elle s'éteint par la mort du voleur
et non par sa capitis deminutio, elle est donnée comme noxale contre
celui qui a en sa puissance l'auteur du délit, elle est, en cas de pluralité
de coupables, donnée cumulativement contre eux tous, enfin, comme
elle est une action pénale au sens étroit, elle se donne sans difficulté
1. Surla formule de l'action, dont un fragment est donné par Gaius, 4, 37, cf.
Lenel, Edit, 2, pp. 45-53.
2. Gaius, 4, 182.
3. ta seule difficulté, en laissant de côté le critérium du vol manifeste ou non,
est de savoir quel est le simple qu'on multipliera par deux ou quatre ; il se déter-
mine, en somme, à l'époque récente, par les mêmes principes que le montant de la
eondiclio furliva. C'est l'intérêt qu'on avait à ce que le vol ne fût pas commis, qui,
dans le furlnm rei, est
au moins égal à la valeur de la chose, mais qui comprend
en outre l'intérêt supérieur à sa valeur qu'on avait à la garder [D., h. t., 27, pr. 1)
et qui s'augmente de
ses plus-values, parce qu'elles augmentent la dette, et ne se
diminue pas
par ses détériorations, parce que le voleur est en demeure (D., h. t.,
50, pr.).
—
H y avait, dans ce cas, une forme spéciale de condemnalio cum taxa-
lione, d'après Lenel, Edit, 2,
p. 51.
i Receleurs: Inst. h. t., 4. Complices : Inst. h. t., 11. Sur le sens distinct des
mots ope consilio et les discussions qu'ils ont provoquées entre les anciens juris-
consultes, v. Paul, D., 50, 16, De V. S., 53, 2. Cf. Ulpien, D., h. t., 50, 3. —En
revanche elle est écartée non seulement contre les personnes en puissance de la
victime du délit,
pour lesquelles c'est une application du droit commun (p. 393,
|M, mais contre les personnes au service du volé, affranchis, clients, serviteurs
"gages: fl.. h. t., 90 (891, et entre époux, D., 23, 2, Rer. amot., 1. Cela n'em-
PMhe d'ailleurs
pas qu'il y ait un furtum, qui, par ex., rendra la res furliva.
5- L'action appartient, disent Gaius, 3, 203, et Justinien, Inst., h. t., 13, eicujus
nteresl rem salvam
esse. Mais il faut en outre que cet intérêt soit légitime, Pom-
ponius, D h. t 77 (76), 1 elle n'est pas donnée au voleur volé ni même au
, , :
possesseur de mauvaise foi (Ulpien, D., h. t.. 12, 1) ; il faut que la personne soit
avec la chose dans
un certain rapport matériel sinon de propriélé, au moins de
possession ou de détention elle est donnée au créancier gagiste qui est posses-
:
seur, au commodataire, à l'usufruitier, qui
ne sont que détenteurs, mais non pas
au simple créancier, qui
pourra seulement avoir le droit de se la faire céder par
son débiteur: D., h. t., 14, l'action qui appar-
pr. ; 86 (85). Il résulte de là que
at normalement au propriétaire pourra appartenir : 1° à un autre à côté de lui :
cas de vol de la chose grevée d'usufruit, à lui pour la nue propriété et à l usu-
fruitier pour l'usufruit (/)., h.
t., 46, 1) ; 2" à un autre et pas à lui. si c'est à
et non à lui que le volv cause préjudice : ainsi au commodataire, au loca-
,.lre et non pas à lui, quand détenteur est responsable du vol et est solvable :
ce
•
de nombreux détails et quelques restrictions, Inst.. h. t., 13-17.
•
Mtiuction par la.mort: D., 47, 1, De del. priv., 1, pr. Survivance à la ca-
408 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE I
sila chose a péri par cas fortuit ; car, lesi débiteur d'un corps certain
est libéré par la perte de la chose, ce n'est vrai que quand il n'est pas en
demeure et le voleur est, dit-on, considéré comme en
demeure parle
tait même du vol (fur semper moram facere
videtur 1).
Cette action est avec les principes généraux dans une discordance
difficile à nier, puisque le volé y apparaît comme créancier de sa propre
chose, puisqu'il demande qu'on lui transfère la propriété d'une chose
dont le vol ne l'a pas empêché de rester propriétaire. Elle a, dit Gaius,
été admise en haine des voleurs
(odio furum), pour que les voleurs puis-
sent être poursuivis par plus de moyens,
afin de compléter les actions
ordinaires 2. Elle n'empêche donc pas le volé de pouvoir toujours reven-
diquer contre les tiers détenteurs, s'il y voit avantage quant au droit de
suite, contre le voleur et seshéritiers eux-mêmes, s'il y voit avantage
sauf une petite extension, aux propriétaires volés 3. Mais pour eux elle
remplace parfaitement l'action réelle qui ferait défaut en tout ou partie
'' -0,, 13, 1, De cond. furt., 1 : In furliva re soli domino condictio competil.
w texte dUlpien, D., 13, 7, De pign. acl., 22, pr. (Lenel, 902i, quon invoque
souvent comme
preuve de l'extension au créancier gagiste, était dans sa forme
Première relatif à la fiducie et fait donc qu'appliquer le droit commun à l'ac-
ne
quéreur avec fiducie qui est propriétaire. En revanche l'extension semble établie
ar le créancier gagiste à l'exclusion de tous les autres titulaires de droits réels
PWNerntius citant Aristo, D., h.
t., 12, 2.
t.Elle paraît être refusée contre les complices: D., h. t., 6. Cf. pourtant la
«mctionD.,30, 16, .De r. S., 53, 2.
410 LIVRE III. — IV. — TITRE 1. — CHAPITRE l
délit, sinon par la poursuite contre l'un, ou moins par la satisfaction
émanée de l'un d'eux et enfin ne se cumule pas avec les actions réiper-
sécutoires ».
III- Damnum injuria datum — A côté de l'injure et du furtim
2.
les XII Tables punissaient encore certains délits qui ne rentraient pus
dans la notion de l'injure, parce que c'étaient des délits contre les biens, et
qui ne rentraient pas dans celle du furtum, parce qu'ils n'impliquaient
pas chez leur auteur d'intention de lucre, certains genres de dommages
causés à autrui dans ses biens, et nous savons même que des lois posté-
rieures en punirent encore d'autres 3. Mais c'étaient là des dispositions
isolées, portant sans vue d'ensemble des amendes pour les actes nuisi-
bles en face desquels il paraissait le plus urgent d'établir une créance
de composition légale *.
Un essai de systématisation fut fait par la loi Aquilia, plébiscite pro-
posé par un tribun nommé Aquilius 5, dont les termes nous ont été
conservés en partie et qu'on croit souvent pouvoir rattacher à une date
précise, à celle de la sécession de la plèbe qui provoqua la loi Hortensia
entre les années 465 et 468, qui, à notre avis, peut seulement se locali-
ser entre la loi des XII Tables et le début du VIIe siècle, probablement
plus près de la seconde époque que de la première '.
La loi Aquilia instituait contre l'auteur de certains dommages une ac-
tion unique, qui est, à l'époque formulaire, au double au cas de négation
kmcit in duplum adversus infitiantem), qui par suite devait, à notre
sens, s'exercer par manus injectio à l'époque des Actions de la
loi et
qui tirait probablement ce caractère des termes mêmes de la loi dans la-
quelle son auteur déclarait damnas celui qui l'enfreindraita. Cette action
avait pour objet le montant du préjudice calculé sur la plus haute valeur
que la chose détruite ou détériorée avait eue, soit dans l'année, soit dans
le mois qui avait précédé le délit. Et en se plaçant au point de vue de
la classification récente en actions pénales, réipersécutoires et mixtesr
Gaius et Justinien disent qu'elle est à la fois pénale et réipersécutoire,
le premier parce qu'elle fait obtenir outre la réparation du préjudice le
double en cas d'infitiatio, Justinien non seulement pour cela, mais parce
qu'elle fait obtenir la différence entre la valeur au moment du délit
(quantiinterest) et la plus haute valeur dans une certaine période (quanti
plurimi) 3. Mais, sauf en ce qui concerne le concours avec les actions
réipersécutoires, elle est régie, à tous les points de vue, par les règles ty-
: au cas de pluralité d'auteurs, elle se donne
piques des actions pénales
cumulativement contre tous ; au cas où l'auteur est alieni juris, elle
se donne comme noxale ; elle ne s'éteint pas par la capitis deminutio ;
enfin elle s'éteint
par la mort du débiteur, sauf l'atténuation du droit
impérial qui admet la poursuite contre les héritiers dans la mesure de
br enrichissement *.
I. Gaius, D.,h. t., 2, 1. Ulpien, D., h. t., 27, 5. Cf. la restitution dans Bruns,
ji Pp. 15-45. On admet
assez ordinairement, en partant de la paraphrase des Inst.,
«i
3, 15, et d'une scolie des Basiliques, 60, 3, 1, qui la rattachent à la sécession de
la plèbe,
que la loi daterait de la seule sécession de la plèbe que connaisse l'au-
teur de la paraphrase, de celle
après laquelle fut votée la loi Hortensia, c'est-à-dire
«une année se plaçant entre les années 465 et 468 (p 31 Mais le rallachement
.
'ait par ces lextes de la loi Aquilia
à la sécession de la plèbe avec laquelle elle n'a
aucun rapport de fond peut fort bien venir tout simplement d'une combinaison
0P«ée entre les solutions du j.
D., 1, 2, De 0. /., 2, 8, et des 7ns/., 1,2, De nat., 4,
P déclarent les plébiscites obligatoires depuis la loi Hortensia, et celle de
'• "'> 1, 1 (p. 410, n. 5) selon laquelle notre loi est un plébiscite.Tout ce qu'il y
°onc de sûr, à notre c'est que la loi se place entre le début du VII* siècle,
01| elle est déjà
sens,
connue de Brutus, D., h. t., 27, 22, et la loi des XII Tables dont
Test venue remplacer les règles, probablement plus près de Brutus
que des
vn labiés,
notamment parce que dans l'intervalle, d'autres lois étaient déjà ve-
Mes compléter la loi décemvirale.
Nous montrerons plus loin
• comment la peine du double contre celui qui nie
emP'acé, sous la procédure formulaire, la peine semblable
. «delà encourue par le
manus injectio. Les termes de la loi sont rapportés par Gaius, D.,
"' '- 2;pr et par Ulpien, D., h. t., 27, 5.
Ui' 4' 9" Justinien. Inst., 4, 6, De act., 19 ; h. t., 9.
1 N «««alité: Gaius, 4, 76. Cumul
au cas de pluralité d'auteurs : D. h. t., 11, 2.
41B LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE I
Quant aux faits qu'elle punit, elle constitue évidemment une tentative
de généralisation en face du droit antérieur qu'elle abroge ; mais elle
est encore très loin d'être une règle d'ensemble telle que celle qui obli-
gerait par exemple à réparer tout préjudice injustement causé k mini
Elte procède, encore par solutions d'espèces, en visant, dans trois cha-
pitres principaux ', les dommages qui lui ont paru requérir le plus ins-
tamment sa répression : en premier lieu, la mort des esclaves ou îles
animalia quae pecudum numéro sunt, qu'on évaluera selon la plushauie
valeur qu'ils ont eue dans l'année avant le délit 2 ; ensuite un domina^
d'ordre tout différent, le tort causé à un créancier principal parle
créancier accessoire (adstipulator) qui a fait remise, de la dette au pré-
judice du premier 3 ; enfin la blessure des esclaves et des aniuiauï visés
par le premier chapitre et la destruction ou la détérioration de toutes
les autres choses corporelles, à peine d'une amende calculée sur la plus
haute valeur dans le mois qui a précédé le délit *. En outre, à nous en
tenir au premier et au troisième chapitres, il ne suffit pas, pour qu'ils
s'appliquent, des conditions générales des délits 5. Il ne suffit même
pas que le préjudice ait été causé d'une façon quelconque. Il faut qu'il ait
été causé, dit-on, cor-pore et corpori, c'est-à-dire : i° que le dommage
ait résulté d'un acte matériel de l'agent, que ce dernier ait tué et non pas
occasionné la mort, qo.ll ait frappé l'animal et non pas seulement fut
Transmission contre les héritiers seulement dans la mesure de retiwfeeiMt.'
D., h. t., 23, S ; cf. Inst , h. t.. 9.
1. Cf., sur une autre disposition infligeant une amende à celui qui aurait en-
dommagé un bien de l'Etat. Cicéron, Brut., 31, 131, el Mommsen, Ht. (»6I., 1,
p, 210. n. 2; en sens différent, Pernice, 103.
2. Gains, D., h. t.. 2, t. Intl., k. t., '3.
3. Gains, 3, 215 ; il dit, 3, 216, que la seule utilité de cette action *s fes te
l'action de mandat dont est déjà, tenu Vadstipulator est dans la. peine es àwite
dont il sera frappé au cas (Finfitiatio : mais, si cela esl vrai du temps de fiws,
ce ne rétait sans doute pas à celui «le la. rédaction de la loi, dont rinlerveoSM
est précisément une preuve que Vaéslipmlator n'était, pas encore leau àsaoèpsp'
par l'action du mandai, que, comme en bien d'autres cas, on a organis* lî *,s
terrain dèlicluel, une protection qui n'existait pas encore sur le terrain coDliadw.
•On pourrait plutôt trouver singulier que la loi ne se soit occupée <pf <tatJÎ
ià"ateeptilatio et non par exemple de celui de paiement- Maïs cela peut s"«fli"l*
de plusieurs façons, par exemple en disant que VadstipmJaior qui s'aip'pn't1*»
les deniers reçus pour le compte du créancier principal commettrait pfliM™ m
furUun, par exemple surtout en remarquant qu'à l'époque, de la loi A«F*> *
paiement ne suffisait peut-être pas sans aceeptUatin pour éteindre t'oblisa'*'*-
4- Ulpien, 0„ h. t., 27, 5. Inst., h. t., 13-15.
S. 11 faut, comme dans tout délit, que l'acte soit un acte positif el n*o P,:î "
négligence, une faute ée çonuiiiss'ictn et non «ne. faute d'absteatoi*.. 1^- M'MÏ
lions apparentes se rapportent, croyons-nous, à des cas. où la nêgl«£*H,e * ,tr
tache à mu acte positif antérieur ((ïûdivMn qnâ, après av«>ir aMnroé eu fe'-ï ^î-
-champ, la laissé gagner le champ du voisin, D., h. t, 21, 9). De pi». i!6,li,,t
faute, quiesl iei envisagée rigoureusement (D., k, t., 41: /n %e Jfi»ï*'^ ,!B*
simm eulpa nnaft, maïs
Impmmtms «i qui sime. eml/m et éoio mmls
Ulpien, i)., k, t., 5, 2).
m.tm ^moéam émmmam
psiBioetSî^'
sans laquelle il n'y aurait pas de défit îGaïes. *- -" '
DELITS. — LOI AQUILIA 413-
,,,
du bruit pour le faire sauter dans un précipice ; 2° que le dommage ait
atteint la chose et non pas seulement préjudicié au maître, comme il
arrive quand on délie un esclave ou que l'on ouvre la cage d'un oiseau
pour lui permettre
de s'échapper i. Enfin l'action ne naît que quand le
dommage a été causé au propriétaire : la loi ne protège contre les dom-
mages qu'elle vise que le
propriétaire de la chose 2.
Le droit postérieur est intervenu pour élargir ce système étroit, soit
quant à la qualification du fait, soit quant à la détermination du bénéfi-
ciaire de l'action. — Au point de vue de la qualification du fait, l'édit
du préteur adonné l'action, hors de son domaine propre, comme ac-
tion utile, même quand le dommage n'a pas été causé corpore, et il a
également donné, quand le dommage n'a pas été causé corpori, une
action pour laquelle on se demande seulement si c'est encore une action
utile de la loi Aquilia (au quantiplurimi, au double adversus infitian-
lem) ou une action indépendante en réparation du préjudice 3. Au
—
point de vue du bénéficiaire, la doctrine et le préteur sont aussi parvenus-
à élargir l'ancienne action donnée exclusivement au propriétaire, par-
conséquent refusée aux titulaires de droits réels, qui ont la condictio-
furliva et l'action furti, aux possesseurs et détenteurs qui ont cette der-
nière, aux simples créanciers, aux pérégrins, qui n'ont ni l'une ni l'autre.
Pour les pérégrins, nous avons déjà vu comment l'action furti et celle
de la loi Aquilia leur ont été étendues
par le préteur à l'aide de la fiction
du droit de cité (p. 353,
n. 2). Les titulaires de droits réels, les posses-
seurs, certains détenteurs ont aussi été protégés soit à l'aide d'une for-
mule, soit à l'aide d'une autre 4. Enfin, pour les simples créanciers eux-
mêmes, on est arrivé à les protéger en paralysant l'action de la loi.
Aquilia entre les mains du propriétaire et
en leur donnant une action de
dol qui leur fera obtenir la réparation du préjudice 8. Le résultat définitif
une et directe, il ne l'a été que par des moyens divers et détournés parce
qu'il n'a pas été obtenu d'un coup par une loi d'ensemble, mais pro-
gressivement à l'aide d'expédients multiples.
IV. Dommage et vol avec violence l. —Nous avons déjà vu Ici
du préteur intervenir pour compléter ou renforcer les dispositions por-
tées par le droit civil en matière d'injure, de vol ou de délit de la Ici
V. Metus i. — La. metus est un délit prétorien réprimé par une ac-
tion in factum, Vactio quod metus causa, donnée également au quadru-
ple pendant une année utile et ensuite au simple.
Anciennement les menaces par lesquelles on avait déterminé une
personne à faire un acte étaient absolument impunies. Pour les actes
déterminés par la crainte qui sont les plus pratiques, pour les actes
juridiques, aliénations, formation d'obligations, extinction d'obligations,
elles étaient, peut-on-dire, rendues plus difficiles par les anciens modes
d'accomplissement de ces actes, qui exigeaient souvent en droit la pré-
sence de magistrats
(in jure cessio) ou de témoins (mancipation, nexum,
remise fer aes et libram), qui supposaient toujours pratiquement, au
point de vue probatoire, la présence de témoins. En outre et surtout,
l'ancien droit, soit pour les actes juridiques, soit pour les actes maté-
riels, voyait une garantie suffisante dans la répression qu'aurait en-
traînée l'accomplissement de menaces ; il ne voyait pas la nécessité de
créer des règles spéciales pour venir au secours de celui qui aurait cédé
à cesmenaces.
Mais plus tard les idées ont changé, on a estimé que c'était un délit
de déterminer une personne à un acte matériel ou juridique qu'elle
ne
voulait pas faire, par la menace d'un mal concernant sa vie, son corps,
sa liberté ou ceux de ses enfants 2, et alors, peut-être sous l'influence
des extorsions des créatures de Sulla 3, on
a fait des menaces un délit :
de même que Lucullus avait créé le délit de rapina en créant l'action vi
knorum raptorum, un préteur, antérieur à la fin du VIIe siècle, peut-
être antérieur à Lucullus, le préteur Octavius,
|
a créé le délit de metus
: en créant l'action quod metus causa !' à côté de laquelle nous trouvons
1. !).,4, 2, Quod melus causa gestum eril. Cf. Schliemann, Die Lehre vom
Zicange, 1861. Schlossmann, Zur Lehre
vom Zwange, 1874. Gradenwitz, Ungullig-
keil obligatorischer Rechtsgeschdfle, 1887, pp. 9-04. Knrlowa, R. R. G., 2, pp. 1064-
1068.
2. Mal concernant la personne ou ses proches : D., h. t., 3, 1 ; 4 ; 5. Mal pré-
sent: D., h. t., 9, pr. Mal sérieux D., h. t., 6.
:
3. Cf.. Cicéron, Ad Q, fr., 1, 1, 7, 21
: Cogebanlur Sullani homines quae per vim
et melum abstuleranl reddere.
4. L'action est citée, le nom de formula Oclaviana, par Cicéron, In Verr.,
2, 3, 65, 152,
sous
comme demandée en Sicile en 684 au successeur de Verres, qui l'a-
vait insérée l'année précédente à Rome dans
son édit urbain (judicium... quod
per mm aut melum abslulisset,
quam formulant Oclavianam et Romae Melellus habue-
nlethabebal in provincia). L'action donc été créée avant683 par un préteur nommé
Octavius. U est
a
assez possible, sans être sûr (cf. p. 348, n. 2), qu'elle vienne de
lun des deux Octavii
qui ont été consuls l'un en 678 et l'autre en 079 et qui ont
en conséquence été préteurs plus tard le premier, Cn. Octavius, en 675 et le
second, L. Octavius,
au
en 676. Elle viendrait sûrement du premier, si Ion admet-
»it comme font incidemment plusieurs auteurs,
que Cicéron, Ad Q. fr., \, 1, 7,
'i se rapporte à son créateur. Par malheur, les éditeurs modernes (Orelli, Wes-
semberg, Antoine,
par ex.) le font en général parler non pas de Cn. Octavius,
mais de C. Octavius, qui
serait r.lors le père d'Auguste, préteur en 693, à une
416 LIVRE III. — IV. — T1TKE I. — CHAP1TIIK I
époque où l'action existait depuis longtemps (cf. C. /. L., ls, p. 199). Cependant
le ms. fondamental (Mediceus) porte Cn. et la question mériterait d'être reprise.
1. Une doctrine défendue par Savigny, Traité, 7, p. 117, n. d, et qui s étend j
tous les cas où le même fait fonde à la fois une action prétorienne et une ink-
legrum restitutio, soutient ici, comme partout, que la restitutio in integrum. en sa
qualité de moyen moins parfait, dépendant de l'arbitraire du magistrat, inappli-
cable aux actes matériels, aurait été le moyen le plus ancien, et on dit aussi par-
fois que l'exception doit au plus tard être contemporaine de l'action, en vertu d»
principe général selon lequel l'existence d'une action pour réclamer implique
a fortiori celle d'une exception pour ne pas exécuter. Mais 1° cette dernière idi>o
n'est qu'une conception abstraite du droit développé. Elle n'a aucune valeur his-
torique, parce que nous connaissons des rapports où l'action a précédé l'excep-
tion, où par exemple l'action date du temps des Actions de la loi et l'exception
de celui delà procédure formulaire (p. 228, n. 3). Ici l'action et l'exception datent
toutes deux de l'époque de la procédure formulaire. Mais M. Gradenwilz nous
parait avoir démontré, p. 37 et ss., que l'action a existé avant l'exception. On peut
relever dans les textes des vestiges de conceptions qui n'ont pu se former que parte
que 1 action a commencé à exister seule : ainsi,au cas où le défendeur refuse de faire
remise de la dette obtenue par ses menaces, la fixation du préjudice, qu'on multi-
plie par quatre dans la condamnation, au montant nominal de la créance, évaluation
qui était exacte tant qu'on n'avait pas de moyen pour ne pas exécuter.qui a cessé de
l'être depuis qu'on a l'exception pour repousser la demande en exécution et qui n'a
donc pu entrer en usage qu'en un temps où, l'exception n'existant pas encore, le
promettant était réellement appauvri du montant de sa promesse ; ainsi, au point
de vue du cumul des deux moyens, la controverse agitée, non pas sur le point de
savoir si on peut encore demander le triple après avoir opposé l'exception, comme
on l'aurait fait logiquement si l'exception avait toujours dispensé d'exécuter, mais
sur celui de savoir si, une fois l'action au quadruple intentée, le moyen qui s'y
est juxtaposé, l'exception peut être paralysée par une réplique (Ulpien, D.. 11. I.,
14, 9 = Lenel, 378). — 2» Quant a Vin integrum restitutio, la doctrine selon laquelle
elle serait partout plus ancienne que l'action est encore une idée préconçuequi ne
tient pas devant les faits, dans lesquels Vin integrum restitutio apparaît au con-
traire plutôt comme un renforcement de l'action. Au point de vue propre de la
metus, l'antériorité de l'action à la restitutio est jusqu'à un certain point déjà dé-
montrée par les arguments que nous avons donnés pour son antériorité à l'excep-
tion. Elle est affirmée par les textes juridiques qui représentent l'action tn rm
donnée à la suite de Vin integrum restitutio comme une addition au système:
Gordien, 6'., 2, 19 (20), De his quae vi, 3 : Postquam placuit in rem quoquedari <rc-
lionem ; par les textes de Cicéron qui parlent de la formula Oclaviana (qui est cer-
tainement l'action, v. le motjudicium, p. 415, n. 4) comme du premier moyen créé
contre la metus. Enfin, autant on s'explique aisément la juxtaposition de la mil-
tulio in integrum à l'action, soit, dans un système (p. 418, n. 3), pour la rendre
purement pénale, un peu comme la création de la condictio fit de l'action furli,
soit, dans un autre, pour donner à son bénéficiaire une protection plus complète,
par ex en lui permettant, au cas d'aliénation déterminée par la crainte, d'intenter
contre un détenteur insolvable, au lieu d'une action personnelle, soumise à la loi
du concours, une action réelle rescissa alienatione munie du droit de préférence
(v. sur ces avantages, Brinz, 1, p. 482), autant on comprendrait mal un dévelop-
pement qui aurait conduit de Vin integrum restitutio à une action au quadruple,
surtout à une action au quadruple qui est arbitraire et qui met par conséquen
cette peine à la discrétion du débiteur. Ce à quoi Vin integrum restitutio aurait
conduit logiquement, c'eût été à méconnaître l'acte entaché de violence, a donner,
DELITS. — METUS 417
L'action quod metus causa a été créée contre les auteurs de la metus
contre lesquels elle était donnée au quadruple du préjudice causé, puis
elle a été étendue aux tiers qui, sans avoir coopéré à la metus, en ont
\
profité contre lesquels elle est donnée au quadruple de leur enrichisse-
ment. Mais la rigueur apparente de cette peine du quadruple est fort
atténuée par le caractère arbitraire de l'action quod metus causa ; on ne
passera à la condamnation au quadruple que si le défendeur n'a pas
fourni au demandeur la satisfaction arbitrée par le juge, et, par suite,
cette peine n'est exagérée ni en face des auteurs des menaces, ni même
en face des tiers qui en ont profité et qui, s'ils n'avaient pas d'abord
participé au délit, s'en sont rendus complices après coup en refusant de
restituer l'enrichissement qu'il leur avait procuré 2.
Le caractère arbitraire de la formule de l'action quod metus causa, par
suite duquel l'exercice de l'action aboutira à la résolution pratique de
l'acte juridique entaché de metus, à la retranslation de la propriété alié-
née par crainte, à la remise de la dette contractée par crainte, à la re-
constitution de l'obligation éteinte sous l'empire de la crainte ; le rôle
de l'exceplio metus par laquelle on pourra, sans intenter l'action, repous-
ser l'action personnelle ou réelle résultant du contrat ou de l'aliénation
entachés du vice ; enfin celui de la restitutio in integrum au moven de
laquelle on pourra faire réputer non avenu cet acte, de manière à inten-
ter son action personnelle comme si on n'avait pas fait remise de sa
créance, son action réelle comme si on n'avait pas aliéné sa propriété 3,
second texte et le contraire est à peu prés certain pour le premier; cf. Erman, t
S. St., 13, 1S92, pp. 198-201. Quant au premier point, on a bien voulu soutenir soit
que Vin integrum restitutio aurait été rendue inutile par l'action quod metus MUM,
soit qu'elle n'était admise que dans certains cas, ainsi, d après ScliIossmann,dans
ceux d'acceptation et de répudiation d'une hérédité déterminées par la crainte.En
réalité les textes en parlent en matière d'aliénation, d extinction d'obligation \D.,
h. t., 9, 4), d'acceptation ou de répudiation d'hérédité (D., h. t., 21,5 6), peut-
être de jugement (Pro Flacco, 21, 49), sans aucune limitation à ces hypothèses.
1. Ulpien, D.,h. t., 14, 13.
2. Noxalité : D., h. t., 16, 1. — Annalité : C, 2, 19 (20), De kis quae ni, i. ~
Transmissibililé restreinte à l'enrichissement: D.,h. t., 16, 2; 20.
3. Labéon admettait certainement le cumul de l'exception el de l'action (D-,
h. t., 14, 9) et il devait donc aussi logiquement admettre le cumul de [action et
de Vin integrum restitutio. Au contraire celte solution était combattue par Julien
[D., loc. cil.). Le Digeste la représente aussi comme rejetée par Ulpien. D., «•'_••
loc. cit., pour le cumul avec l'exception et D., h. t., 9, 6, pour le cumul avec l" 1
L'action de dol promise par l'édit ' est, comme l'action quod metus
causa, une action annale 2 et elle est, comme elle, une action arbitraire
où le juge ne passera à la condamnation que si le défendeur refuse de
fournir au demandeur la satisfaction déterminée par Yarbilratus 3. Mais
elle diffère de l'action née de la crainte par trois caractères très impor-
tants : 1° Elle est au simple au lieu d'être au quadruple : le moulant de
la condamnation, à défaut d'exécution de Yarbitralus, se limite au pré-
judice causé, ce qui ne veut d'ailleurs pas dire que le défendeur puisse
impunément refuser d'exécuter Yarbitratus ; car, d'une part, la condam-
nation est alors ici comme ailleurs déterminée par le demandeur sous la
foi du serment et,d'autre part,cette condamnation entraîne pour le défen-
deur les déchéances groupées sous le nom d'infamie 4. — 2° A la diffé-
rence de l'action quod metus causa, qui, comme les autres moyens résul-
tant de la metus, est rédigée in rem, qui peut être intentée, dès lors qu'il y
a eu metus, non seulement contre ceux qui en ont été les auteurs, mais
contre les tiers qui en ontprolîté,ractionrfe dolo,commelcs autres moyens
nés du dol, est rédigée in personam ; elle ne peut être intentée, pas plus
que ces moyens ne peuvent être invoqués, contre d'autres personnes que
l'auteur du dol c. — 3° Enfin elle est subsidiaire. Le magistrat, qui ne la
avoir fait, soit un acte de vente, soit une novation de sa dette du prix, décou-
vrit le dol. Et il dit qu'il lui fallut néanmoins s'exécuter, parce qu'ityuiljus
nondum protulerat de dolo formulas. — L'exception de dol est en plein exercice
au temps de Labéon (v. par ex D., 44, 4, De d. m. exe, 4) et a probablement
été introduite peu après l'action, comme il est arrivé en matière de nielus(p. 410,
n. 1). Mais nous avons montré ailleurs que les vestiges de son existence quon a
cru découvrir avant Aquilius (Plaute, Rud., 4, 3, 24 ; Cicéron, Ad Alt.,t>, 1,^;
D.. 44, 4, De exe. doli, 4, 33) ne sont que des apparences (N. R. H-, 1S91« P-
266, n. 2. V. aujourd'hui dans le même sens, Pernice, Labeo, 2, 1, p. 191 ^t ss.). ,
rencontre se rapportent à des dois commis dans des procès (D., i-, I, De '" '"''
resl., 7, 1 ; D., 42, 1, De rejud., 33 ; cf. Windscheid, 1, § 118, n. 6) et ne remon-
tent qu'au IIe siècle de l'Empire où elles sont appuyées sur des rescrits dmito-
nin le Pieux et d'Hadrien ; cependant sa présence dans l'édit à l'époque»Ha-
drien est, à notre sens, établie par l'insertion de l'action de dol dans lelife
de in integrum restilutionibus de l'édit (Textes, p. 135 ; Lenel, Ed., i, PP- 130-13-)ou
elle ne peut avoir été appelée que par la restitutio ob dolum, comme par csemp
l'action quod metus causa y a été appelée par la restitutio ob melum.
1. D., h. t., 1, 1 : Verba edicli talia sunt : Quae dolo malo facla 'esse dicenta,
si de his rébus alia actio non erit et justa causa esse videbilur, [insérez : vm
annum] judicium dabo.
2. Les mots inlra annum ont été effacés dans l'édit au D., parce que le"" 1
classique d'une année utile a été remplacé par Constantin, C, 2, 20 (21), *™ '
8, par un délai de deux années continues dans lequel l'action devra être inten
et jugée.
3. D., h. t., 18, pr. : Arbilrio judicis in hac quoque actione restitutio cornp
hendilur et. nisi fiai restitutio, sequitur condemnatio quanti res sit.
ea ,(
4. Lex Julia, ligne 111 (Textes, 8ô ; cf. A. Pernice, Labeo, 2, 1, P- -ol
p. >
ring, Faute en droit privé, 1880, p. 41) ; D., h. t., 1, 4 (n. 5).
3. Cf. par exemple pour la différence de rédaction de l'exception de (loi t()(
1 exception
metus, Ulpien, D., 44, 4, De d. m. etm. exe, 4, 33.
DELITS. — DOL ' 421
aura été ou un acte matériel, ou une remise civile de dette faite à cette
personne, ou un contrat avec un tiers qu'on doit néanmoins exé-
cuter à raison de l'effet seulement relatif, ou enfin quand le dol, aura été
commis par le débiteur d'un contrat de droit strict envers son créan-
cier.
La restriction du champ d'application de l'action et la limitation de son
montant masquent encore plus pour elle que pour l'action quod metus
causa, le caractère d'action née d'un délit, en lui donnant la physionomie
d'une action en indemnité, d'une pièce d'un système organisé pour la ré-
siliation d'actes considérés comme défectueux. Et il y a encore ici des
solutions qui procèdent de cette idée. Non seulement, au cas de plura-
lité d'auteurs du dol, l'action est éteinte contre tous, quand le préjudice
est réparé par l'un 2 ; mais sa subsidiarité même implique que le profit
ne peut jamais s'en cumuler avec celui d'autres actions réipersécutoires.
Cependant l'action de dol elle-même commencé
a par être une action
pénale au sens large, tendant à obtenir l'amende d'un délit et elle
a
toujours gardé certains traits qui
ne peuvent s'expliquer que par là :
ainsi elle est noxale 3 ; ainsi elle n'est donnée que pendant une année
utile au bout de laquelle elle est remplacée
par une action in factum 4 ;
ainsi elle ne passe pas contre les héritiers, si ce n'est depuis la réforme
criptions des fragments, en particulier pour ceux des commentaires de l'édit qui
montrent les jurisconsultes parlant du moyen unique du droit de Justinien à
deux endroits différents, d'abord à celui où ils trouvaient l'édit, p. 425, n. 1, à notre
avis relatif à l'action (Ulpien, livre 66, Lenel, 1430-1454) puis à celui où ils ren-
contraient l'interdit (Ulpien, livre 73 ; Lenel, 1640-1649), par ex. aussi pour les
textes extraits du traité des interdits de Venuleius qui naturellement se rappor-
taient en général à l'interdit. Cette provenance des textes dont l'observation est
évidemment de première importance pour l'étude du système romain n'est prise
en considération qu accidentellement dans les monographies un peu anciennes
parmi lesquelles, il suffira de citer l'article de von Schey, Z. R. G., 13, 1878, pp. 120-
195. Au contraire elle est,
avec des nuances et des diversités d'interprétation, prise
pour base dans tous les travaux récents parmi lesquels nous citerons surtout ceux
de MM. .Lenel, Ed., §§ 225 et 268 (très différents dans l'éd. allemande et la trad.
française). Slrassburger Feslgabe f.Schuhe, 1903,
pp. 1-23 ; Ubbelohde dans Gluck,
série de livres 43-44, 1, 1889,
p. 167 et ss., 2, 1890, p. 364 et ss.; Karlowa, fi. R. G.,
2, pp. 1400-1410, et S Solazzi, La
revoca degli alti fraudolenti, 1902 et Rull. di
ftfl.,15, 1903, pp. 127-168. On remarquera que les renseignements relatifs aux
divers moyens tirés de la fraude, et
en premier lieu à l'action Paulienne peu-
vent parfois être utilement complétés
par ceux relatifs à deux actions parallèles,
hclio Fabiana et Vactio Calvisiana, données à raison d'actes commis
en fraude,
non pas du droit des créanciers sur le patrimoine du débiteur, mais de celui du
patron sur la succession de l'affranchi (D., 38, 5, Si quid in fraudent patroni fac-
lmsit;Fragm. de formula Fabiana, Textes, pp. 432-434).
'• D-, h. t., 6, pr : Perlinet enim edictum ad deminuentes patrimonium suum,
wn ad eos, quid id agunt, ne locuplelenlur.
- En conséquence i'édit
dité [D. h., t., 6, 2|,
ne s'applique, ni quand le débiteur répudie une héré-
car, à Rome, il n'en serait devenu propriétaire que par l'ac-
ceptation, ni quand il répudie legs (D., h t., 6, 4), dont pourtant le bénéfice
U1 est acquis depuis
un
l'adition d'hérédité, mais dont probablement on considère
que acquisition
1
n est définitive qu'après son acceptation. Notre droit moderne,
ou les principes sont différents,
admet une solution inverse, C. civ„ art. 788.
Ainsilatlion n'est pas admise contre les affranchissements, qui en rêvan-
te donnent Heu à l'application de la loi Aelia Sentia (p. 120, n. 3i ; contre les
dhérédilé (°-> 42> 6i De sep., 1. 5) ; contre les paiements de dettes échues
fait
is par le débiteur à un de
ses créanciers (D., h., t., 6, 7) : on donne au contraire
^créanciers le droit d'agir, mais seulement pour l'escompte (inlerusurium), au
ins par l'interdit fraudatoire, quand le débiteur pavé avant l'échéance (Ul-
*».*>• h. t., 10, 12 a
4"°" h. t., 3, 1
=
Lenel, 1644).
4.
;
4Î4 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE I
ment matériel, Yeventus damni, qui n'existera que quand il est devenu
en fait insolvable, quand il se trouvera en état de cessation de paiement
attesté par la missio in possessionem i, et un élément intentionnel, le
consilium fraudis, qui n'est d'ailleurs pas l'intention décidée de hm
tort aux créanciers, mais simplement la conscience de créer ou d au;-
monter son insolvabilité par l'acte ! : — 3° enfin, dans l'hypothèse l.j
plus pratique, où on agit contre le tiers qui a bénéficié de l'acte, « H
tiers, qui doit aussi être eonscivs fraudis 3. L'édit sur l'action Paulienne
exigeait cette complicité de sa part sans distinction * ; mais la doctrise
a fait à ce sujet une distinction entre le cas où l'acte auquel il a procédé
était un acte à titre gratuit et celui où c'était un acte à titre onéreus ';
elle exige bien toujours, pour le soumettre aux poursuites, sa complice
au moment de- l'acte, quand cet acte est un acte à titre onéreux, m't
tiers est aussi intéressant que les créanciers, lutte comme eux pouréii-
ter une perte (certat de damno vîtando), mais au contraire elle ie CSE-
sidère comme complice même sans cela, quand l'acte est un acte t m
gratuit, qu'il lutte pour faire un gain (eertat de l-ucro capiewhjf-ift
par suite il se rend coupable après coup en voulant garder ce gain gra-
tuit en face de créanciers qui essaient, d'éviter une perte. Et. UIM1!*!
raisonnement fait, on Ta. étendu, croyons-nous, avec la même distin-ctia,
aux sous-acquéreurs dont les auteurs étaient passibles de la poursuit 1.
1. Ulpien. 0-. h. 10, t (Lenel, 1610) : lia demum rtttocalur, ÇB«? ^ss'h-
t.,
«feriwti iTWifttO'»"».»» «BISB faction esi, *t etemfitm ftatis Itaëuït, alicet « h "iL
teirs. $î«w«a fr&Méwïiêrum tca&-m |rew. ÈOTOT iïpsims i-eméiéeritmiï. ht Kilf *'
reSalïf à I inïerdïïï. f'iraiMlattoiïiPe. irais l'edïï sur l'aH-lion Paulienne qiû ^«ii'i1-
tioil au eunmr implique aussi que la missio in fmmm. sinon la ternie, si*
2. Julien, />., A. t 17. I : Quamrù mon pnfmmaJtar cmmKum froséiaé *"
,
èws'Sn", f«:t»«»«. f«..i epedilitnst Anèrw se srit et murerai- immm. sua «!«»}'.''- »""»!"
y»!#.»? tM ^fiiW.rf#Mftïp.r«TO <crt>iiï3&rwni vmifsimm Ârtw&ft?-
-.S, L exiï^race se ÏTOWTO êgiâl^imienl duras Tedûlt. *®r inaction PfflMMeiii'a 'i p, K, 1;-
-
Ctum «m ^W/WÏWA-'W M©» $§!tsiwwM'>iïiï- et. daos cieliuà smr linterfil. CraiîB'datoiM i.]i-*-^
n- 3) ; Sri-mle fc
j. Tout, au moins te développement a élë un slèTeloppenMHiil >du»tftrii»ui )«'*
!"«<ritwoi peramnelte jTJlpîen, D., A. L. fi, 11 =
l/amel, 1132$. — Ami ««*««'*
nous est KfjPèsiMtlii'' pour rïn4ai«ISlt. framiJailiBâine eMnnne ayant ëlè iréafef |tes_* 1
phrase finale t(p. -îàs, m. 31- qui snSsoiiilwnine ïefileasirai à on lesaimiea «fa ™n?* '
{siï&k'-trêwvM tùim-Piv <t'!%j«iteîi et upit s. dâ èt,ie ajiwmfee atpi'ès ©oinp a ©et îiûi^-- n'il3!--
fe TOûS'^tè^ axïiz^ a'ous ©Mans© aautférwiiiir à D'adfen up»., 43S, m. I'S
5. &I;t .a lîuis^Qïiisif tteatniè anus saaiui^dlle iiraip^irt'fflmufe à Ba dùsIlBcttk™ âes itlîllta'
tttw gratuit »t «HMÏIMKE, par esempfe pwniir Ha eonsBlmBâSB de «l'Sfl. 'I'»»''* J'
aofl[uis«lii>*o â itiites oiurâneux pouiT k mari, maïs atant !e icaiat-.lèïie «sï ès'M '
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ft.. Cest «• qui nionsseimlbite mèsmiter île ©.. A- i- 9, ©è laeiliiea oe"ïSt-;K,*,t|l-1.;
WBIM «SÏlue par raUé«*liiana qme qia,Mni le sMts-aeqmiêirissar ©sï. unna ai"-l'-*'™
benne foï. Bis près ee texte menait.. I"airnj«éiiif.iiiiir iaioaiin»Fne iite maaionsi'*5 *_l, .
esï. am «wiraial «3e la Iframàe «Diia sll IBSÎ mm aurajiDMBMiir à Uftbne aralmit. B mim '
^quNocalt J"aitSiiffliri ôaiit, aurx msiSiiiDnes tnwiiiJâllîiaioes,, «imtlàiiiiiBar à s"31iffl>&* * ' "
Kiaawx sainte pissais à ichaïqne oeiamweàlle alàémitlii'iiiim..
HELITS. — FRAUS CREDITORUM 425-
1. Leseul texte, classique, qui donne son nom, D., 22, 1, De usur., 38, : In i
Fabiana quoque aclione el Pauliana per quam quae in fraudent creditorum alienata
sunl mocantur, fructus quoque resliluuntur, atteste son caractère d'action person-
nelle: car c'est pour les actions personnelles qu'il étudie la restitution des fruits:
Videamus générait quando in actione quae est in personam etiam fructus veniani
(0., 22, 1, De usur., 38, pr.). Elle est arbitraire, comme les actions quod metus
causa et de dolo et elle est aussi, comme elles, in factum, d'après l'analogie de
helio Fabiana de laquelle Paul la rapproche là (fr. de form. Fab., 1 : El est in
fa[ctum et ar]bilraria). C est aussi elle que vise, à notre avis et d'après l'opinion
dominante, l'édit rapporté par Ulpien (D., 42, 8, Quae in fraud., 1, pr. = Lenel,
1450) : Quae fraudalionis causa gesta erunl, cum eo qui fraudem non ignoraverit,
de his curalori bonorum vel ei cui de ea re actionem dare oporlebit intra
annum,
ijim experiundi potestas fueril, actionem dabo. Idque etiam adversus ipsum, qui
fraudem fecil servabo. A la vérité, l'existence même de cette action est niée par
M. Lenel qui, après avoir dans
son édition allemande, contesté I existence de la
mlitulio in integrum pour n'admettre que l'aclion personnelle et l'interdit, n'admet
plus aujourd nui que Vin integrum restitutio et l'interdit, en rapportant l'édit pré-
cité à 1 m integrum restitutio et le
nom d'aclio Pauliana du fr. 38,4, D., De usuris, à
l'action arbitraire donnée
en vertu de l'interdit fraudatoire. Mais M. Solazzi nous
parait avoir réfuté ce système en démontrant, d'une part, que l'édit du fr. 1 ne peut
être relatif à Vin integrum restitutio
parce qu'il donne son moyen contre le frau-
dator lui-même (p. 427,
n 1) contre qui une restitutio in integrum serait un non-
sens (v. aussi chez Paul, D., h- t., 7 : Lenel, 741, des règles différentes de celles
suivies en matière de restitutio in integrum), et d'autre part,
que Vaclio Pauliana
du fr, 38, 4 ne peut être l'action consécutive à l'interdit,
parce que ce fr. prescrit
d'y rendre tous les fruits, tandis qu'on
ne les rend pas tous sur l'interdit (p. 427,
n. 3).
2. D., 42. 5, De rébus auct., 25: Ait praelor Quod postea conlraclum eril,
:
f/iraro is cujus bona venierint consilium fraudandorum creditorum ceperil (Momm-
sen ; le ms. : receperil) fraudare, sciente eo qui contraxerit, ne actio eo nomine
delur.
3. L'édit
tait : Quae Lucim Tilius fraudandi
=
sur l'interdit fraudatoire, Ulpien, D., h. t., 10, pr. Lenel, 1640, por-
causa sciente le, in bonis quibus de (su ppri-
mez ea re) agilur, fecil
: ea Mis, quos eo nomine, quo de agilur ex ediclo meo in
possessionem ire
esse oportel (D. : Mis, si eo nomine quo de agilur actio ei ex
ediclo
meo competere esseve oportel; mais cf. D., 46, 3, De solul., 96, pr., et C.
lu., 10, De integ. resl., 1, qui paraissent impliquer un droit individuel des
.,
créanciers), et si non plus
quam annus est, cum de ea re qua de agilur expe-
riundi potestas est, restituas. Interdum
causa cognila el si scienlia non sit inter-
icam et sponsionem restipulationemque facere permiltam. Ainsi
«•Gradenvvitz. Z. S. St., 8, 1887, que l'a vu
p. 25a et ss., les mots in factum actionem per-
mittam. par lesquels finit le texte actuel, ont été mis interpolation des
par une
compilateurs à la place de la clause relative à la procédure de l'interdit: inter-
ernn etc., ce qui supprime les systèmes fondés la prétendue actio in facturn
oonnee contre les tiers de bonne
sur
foi.
-426 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE I
dans la masse des valeurs qui en sont injustement sorties, les créanciers
se trouveront en profiter tous, même quand ils seront postérieurs à l'acte
attaqué et n'en auront donc pas souffert.
Quant au sujet passif, l'action Paulienne peut, avons-nous vu, être
intentée non seulement contre le débiteur, contre lequel elle n'a pas
grand intérêt pratique', mais surtout contre les tiers, par exemple, à
condition que les éléments du délit se soient trouvés chez les intermé-
diaires, contre tous les détenteurs successifs de la chose aliénée (p. 424,
n. 6), sans d'ailleurs que cela empêche plus l'action d'être une action
personnelle qu'en matière de metus.
Enfin, quant à son objet, c'est une action arbitraire, dans laquelle on
passera à la condamnation pécuniaire seulement si le défendeur n'exé-
cute pas Yarbitratus du juge 2, mais où l'objet de Yarbitratus et le mon-
tant corrélatif de la condamnation se détermineront différemment selon
que le défendeur sera de bonne foi ou complice de la fraude, utile par
conséquent à prouver à ce point de vue, même en face d'un acquéreur
à titre gratuit : au cas de complicité, il devra réparer tout le préjudice,
«t, au cas de bonne foi, il devra seulement rendre son enrichissement 3.
par la loi Aquilia (p. 410, n. 3). Il en présente aussi qui sanctionnent
le terrain délictuel, ordinairement par la peine uniforme du double,
sur
des rapports plus tard sanctionnés en dehors de toute idée de peine,
comme rapports contractuels ou quasi-contractuels ; il suffira de rappe-
ler les actions au double données d'après la loi des XII Tables en ma-
tière de garantie d'éviction, de défaut de contenance de la chose vendue,
de tutelle et de dépôt '.
2. Le même phénomène se répète pour l'édit du préteur, plus large-
ment pour les édits des magistrats. L'édit du préteur a érigé en délits
de nombreux faits qu'il a réprimés à l'aide d'actions in factum, ainsi
d'innombrables infractions de procédure, ainsi aussi d'autres faits illi-
cites laissés impunis par le droit civil et qu'il a jugé appeler une répres-
sion, par exemple la corruption de l'esclave d'autrui réprimée par
Yactio servi corrupti au double 2, les fraudes commises par un affranchi
à l'encontre des droits successoraux de son patron réprimées par les
actions Fabiana et Calvisiana symétriques à l'action Pauliana, d'autres
Faits qu'il a jugé mal punis par le droit civil et pour lesquels il a établi
une répression différente, ainsi le fait de couper les arbres d'autrui pour
lequel il a mis l'action arborum furtim caesarum à la place de l'action
civile de arboribus succisis 3, comme il a mis l'action d'injures estima-
toire à la place de l'ancienne action d'injures. Les édiles curules ont fait
de même, par exemple dans la disposition de leur édit qui punit celui
qui a des bêtes féroces dans le voisinage de la voie publique 4. Mais parmi
les faits que le magistrat a ainsi envisagés d'abord sous le rapport pénal,
il y en a encore beaucoup que le développement du droit a fait ensuite
considérer sur un autre terrain comme générateurs de droits étrangers
à l'idée de délit. C'est l'idée de peine qui a été le fondement des actions
édiliciennes relatives à la garantie que nous retrouverons en matière de
rente. C'est encore en partant de l'idée de peine d'un acte malhonnête
que le préteur a sanctionné ce qu'on a plus tard appelé les pactes pré-
toriens, le constitut, par exemple ; qu'il a aussi dans son édit promis
des actions in factum à raison des rapports juridiques qui ont plus tard
été considérés comme la source d'actions civiles in jus, directes et con-
traires, ainsi du dépôt, du commodat, comme tout le monde le sait, mais
1. Nous avons déjà rencontré les actions rationibus dislrahendis (p. 216, n. 1),
auctoritalis (p. 286, n. 2), de modo agri (p. 286, n. 3). Nous trouverons plus loin
l'action de dépôt
au double des XII
fables (Coll., 10, 7, 11).
*" D-, H, 3, De
servo corruplo.
3. V. sur celte action prétorienne, qui, à la différence de l'action civile des
*1I Tables,
se rapporte non seulement aux arbores succisae, mais aux trois faits
l'arbores furtim cinxisse, subsecuisse, cecidisse (D., h. t., 7, 4), et qui
a pour objet,
au lieu de la peine fixe de 25 as, une indemnité égale au double du préjudice
(°-> h. t., 7, 7),
Lenel, Ed., 2, pp. 60-61.
*• tnst., i, g; si quadrupes, 1.
430 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
1. C'est donc seulement afin de simplifier notre exposition que nous prenons
w le formalisme comme point de départ. Nous indiquerons,
en étudiant chaque
contrat formel, les conditions historiques dans lesquelles il s'est constitué. A notre
sens, le nexum est,
comme la mancipation, un acte concret devenu progressivement
M acte formel, tandis le contrat verbal et le contrat littéral ont, comme
I m jure cessio,
que
toujours été des actes artificiels. Cf. en général, sur les origines
te actes formels, Pernice, Zeitschr. de Grunhut, 7, 1880,
pp. 492-493.
- L exposition classique du formalisme romain, notamment
trats, est celle présentée
en matière de con-
par de Ihering, Espr. du Dr. R., 3, pp. 156-255; v. en-
Particulier les
pp. 156-201 et cf. les
pp. 136-142.
432 LIVRE III. — IV. — TITRE 1. _ CHAPITRE II
mation du contrat '. — Enfin et surtout, au point de vue de l'exécution
judiciaire, le système où l'obligation naît non pas d'une expression dj
volonté plus ou moins transparente, mais de l'accomplissementd'une so-
lennité, simplifie et précise singulièrement la tâche du juge en faisan!
dépendre non pas d'interprétations divinatoires ou dépréciations va-
riables d'équité, mais de faits matériels patents le point de savoir,
d'abord s'il y a contrat, puis quel est l'objet de ce contrat.Quant.aupre-
mier point, la question, si délicate dans le système des conventions obli-
gatoires, de savoir si on est sorti de la phase des pourparlers et arrivé à
celle de l'accord des volontés, ne se pose même pas : il y a en contrat,
si la solennité a été accomplie, si dans le contrat verbal les paroles ont
été prononcées ; sinon, il n'y en a pas eu. Quant au second, c'esl le con-
trat même qui indique à quoi le débiteur est tenu envers le créancier sans
que le juge puisse y rien ajouter ni en rien retrancher : ce sont les par-
ties qui ont fait leur contrat. Le juge n'a pas à le refaire. Jl n'a im'à
chercher s'il existe et ce qu'il dit. Le contrat formel est un contrai de
droit strict (stricti juris), d'interprétation rigoureuse. Et c'est précisé-
ment pour cela que le créancier est sûr d'y obtenir tout ce qu'il s'est fait
(promettre, le débiteur de n'y être tenu qu'à ce à quoi il s'est engagé.
A la vérité ces avantages impliquent des inconvénients corrélatifs.
Toute forme implique une gêne, un retard, le temps petit ou grand exigé
par son accomplissement, le dérangement nécessaire, sauf dans 1e con-
trat littéral, pour rassembler les deux parties au même lieu. D'autre pari,
la rigueur d'interprétation, qui est une garantie contre l'ariitraire du
juge, permet des surprises au préjudice du créancier qui pourra seule-
ment exiger ce qu'il aura eu soin de se faire promettre expressément,
sans indemnité du retard ou de la mauvaise foi apportée par le débiteur
à l'exécution de son engagement 2 ; elle en permet d'autres au préjudice
du débiteur, qui ne pourra se soustraire à l'exécution d'un engagement
inconsidéré, en prouvant qu'il l'a pris par erreur, qu'il l'a pris même
sous l'empire de la tromperie ou de la crainte, obtenir un délai en prou-
1. C'est ainsi, a-t-on dit, que, dans le mariage moderne, les futurs époux ont,
pour réfléchir, tout le temps qui s'écoule entre le projet de mariage arrêtévolon-
et 11
célébration du mariage ; que, pour un acte important, les parties, faisant
tairement ce qui résulte à Rome de la loi, pourraient, une fois les clauses delà
convention arrêtées, convenir d'en dresser un acte notarié en se réservant la fa-
culté de se raviser jusque-là.
2. V. par exemple Paul, D., 45, 1, De V. 0., 91, pr., pour l'esclave promis,mort
faute de soin : Qui dari promisil, ad dandum, non faciendum tenetur. C'était au
créancier d'être prévoyant, de se faire promettre non seulement que le débiteur
lui livrerait l'esclave, mais qu'il en aurait soin jusque-là. De même, si le débiW
ne s'exécute qu'après de longs retards, le créancier ne pourra pas en vertu o»
contrat lui demander d'intérêts moratoires : c'eût été à lui d'être plus prévoyant,
de se faire promettre non seulement la chose, mais une poena pour le cas ««
retard.
CONTRATS 433
vant qu'il aurait besoin de quelques jours de répit pour l'accomplir. Mais
ces
inconvénients ont commencé par n'être guère sensibles. La gène ré-
sultant des formes n'était pas aperçue à l'époque où, chaque chef de
famille suffisant normalement aux besoins de sa maison, les contrats
étaient des actes rares, auxquels on avait le temps de se préparer à loisir.
La même raison permettait aux deux parties d'y réfléchir mûrement, au
créancier d'y tout spécifier, au débiteur de ne s'y engager qu'à bon
escient. On peut aussi dire que les surprises qui nous semblent immo-
rales, les duretés qui nous paraissent révoltantes blessaient infiniment
moins la conscience peu délicate des premiers âges. Et c'est ainsi que ce
système a pu subsister durant des siècles, sans qu'on y aperçût d'imper-
fections saillantes.
Mais un jour est venu où les choses ont changé, où par suite de
l'agrandissement de l'État, des progrès de la civilisation romaine, les
inconvénients du régime sont devenus plus graves et plus sensibles. Le
développement du commerce qui multiplia les transactions, qui imposa
la nécessité de les faire vite, a rendu plus gênante la dépense de temps
petite ou grande qu'entraînait le. formalisme. L'extension du territoire,
les guerres plus longues, les voyages plus lointains ont surtout rendu
plus pénible l'exigence de la présence des parties, en particulier dans
le contrat verbal. Et alors les inconvénients de fond frappèrent davan-
tage une conscience publique plus raffinée. On ouvrit les yeux sur le
caractère choquant d'un système qui ne tient compte que de la lettre, du
contrat, où le créancier dupé n'a pas de recours contre la fraude du dé-
biteur, où le débiteur est livré à la fois à la fraude et à l'inhumanité du
créancier.
Ces considérations amenèrent dans les derniers siècles de la Répu-
blique et sous l'Empire, à atténuer soit les rigueurs des formes, soit
sur-
tout les rigueurs d'interprétation des anciens contrats '. Mais elles con-
duisirent dès auparavant à créer soit de
nouveaux contrats qui n'étaient
pas formels, tout en restant d'interprétation rigoureuse, tout en restant
de droit strict, soit de
nouveaux contrats qui n'étaient ni formels ni de.
droit strict. Ce sont les contrats consensuels et les contrats réels, mis à
coté des anciens contrats formels, du
nexum, du contrat verbal et du
contrat littéral, par un développement historique absolument parallèle
1. Pour
nous en tenir à ces dernières, elles ont été en partie corrigées par
1 introduction
des moyens destinés à réprimer les délits prétoriens de dol et de
metus (p.415
; p. 419). Le débiteur qui s'est engagé sous l'empire du dol et de la
violence aura,
pour ne pas exécuter l'engagement, les exceptions doli mali et
metus. Le créancier lui-même
sera protégé dans certains cas, ainsi, par exemple,
quand le débiteur lui livré un esclave empoisonné, ce qui ne l'empêche
pas d'avoir accompli
aura
son obligation de dare et par conséquent d'être libéré de
laction du contrat, mais qui donnera au créancier, pour se plaindre du dol
ce
font il a été victime, l'action pénale prétorienne de dolo (D., 4, 3,
De dolo, 7, 3),
28
434 LIVRE 111. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
à celui qui a placé, dans le droit des personnes, le mariage sans manus
à côté du mariage avec manus et, dans le droit du patrimoine, les modes
d'acquérir du droit des gens à côté de ceux du droit civil.
Parmi les contrats réels, le plus ancien est le mutuum, le prêt de
consommation. Une personne emprunte à une autre des denrées, de
l'argent à charge de lui en remettre pareille quantité et qualité. A l'ori-
gine, la translation de propriété se faisait et l'obligation de rendre nais-
sait, au moins pour l'argent, le métal, par le nexum, où, comme dam
la mancipation, la pesée a été réelle avant d'être fictive ; môme depuis
que la pesée y est devenue fictive, on pouvait, soit pour de l'argent
soit pour d'autres choses considérées in génère, s'engager à la restitu-
tion, selon les cas, par nexum, par contrat littéral ou par contrat verbal.
Mais, à défaut de contrat formel, il ne devait pas naître d'action en
restitution à l'époque la plus ancienne. Un droit encore ancien, mais
cependant plus récent admit, dès avant l'introduction de la procédure
formulaire à notre sens, que la simple remise des deniers rendrait sans
contrat formel Vaccipiens débiteur, le prêteur créancier, reconnut,
par conséquent, quoique probablement en partant d'une idée indépen-
dante de l'idée de contrat, que le mutuum faisait, en dehors de l'ac-
complissement d'aucune solennité, naître une action en restitution au
profit du prêteur.
Le mutuum est le premier contrat réel. Ce n'est pas le scul.Aciilc,
on en cite toujours trois autres, le gage, le dépôt et le commodat, aux-
quels il faut même joindre, comme procédé plus archaïque d'atteindre
les mêmes résultats, la fiducie. Pour commencer par cette dernière,
l'aliénation fiduciaire que nous avons déjà rencontrée plus d'une fois
dans le droit des personnes, servait, dans le droit du patrimoine, à des
fonctions multiples, ainsi à réaliser un nantissement et un dépôt, af-
firment les textes et, peut-on supposer logiquement, un prêt à usage.
Le propriétaire, pour réaliser l'opération, transférait la propriété de sa
chose à l'autre partie qui convenait de la lui rendre en temps et lieu :
après l'extinction de la dette garantie, au cas de nantissement ; à l'ex-
piration du délai pour lequel elle était prêtée, au cas de prêt ; au mo-
ment où le déposant la réclamerait, au cas de dépôt. Dans les trois cas,
la convention de rendre était ce qu'on appelait la convention de fiducie
(pactum fiduciae), qui fut sans doute pendant longtemps dans la situa-
tion de tous les arrangements privés, qui pendant longtemps ne put,
comme eux, être rendue obligatoire que par son incorporation dans un
contrat formel, dans une stipulation, et dont, sans cela, toute l'efficacité
reposait, comme l'indique son nom, sur la fides du débiteur. Mais, plus
tard, à une époque qu'on croit souvent très ancienne, qui, croyons-
nous, est postérieure à la loi Aebutia, on donna à l'aliénateur avec
fiducie une action pour réclamer la chose moment convenu et, paf
au
.CONTRATS 43S
suite, on peut dire, quoique ce ne soit guère le langage des textes, que
la convention de fiducie fut par là transformée en contrat.
Seulement il était bien compliqué, bien périlleux aussi, d'aliéner une
.chose pour en confier la garde à un ami, pour lui permettre de s'en ser-
vir pendant quelque temps. On dut de bonne heure trouver plus simple
de la lui remettre matériellement, tout en en restant propriétaire et pos-
sesseur, de se borner à lui en remettre la détention. Et il devint même
possible de se contenter à la rigueur de cette remise matérielle pour
le nantissement à partir de l'époque où la possession fut protégée par
les interdits, la sûreté consistant dans le droit de conserver la posses-
sion de la chose jusqu'au paiement de la dette garantie. Le prêta usage,
le dépôt, le gage (commodatum, depositum, pignus) sont ainsi réalisés
par la remise de la détention dans les deux premiers cas, par celle de
la possession dans le troisième, comme ils l'étaient par le transfert de la
propriété dans la fiducie. La convention de rendre porte sur la posses-
sion ou la détention au lieu de porter sur la propriété. Elle n'est natu-
rellement pas pour cela plus obligatoire. L'ancien droit, qui ne-donnait
pas d'action à l'aliénateur avec fiducie pour demander la retranslation
de propriété, n'en donnait pas davantage ici pour demander la restitu-
tion matérielle. Le droit nouveau continua même à ne pas en donner
une ici, môme après l'avoir accordée en matière d'aliénation fiduciaire.
lais il finit pourtant par la donner, par élever ainsi nos conventions au
rang de contrats, par en faire les contrats de gage, de dépôt et de com-
modat sanctionnés par les actions commodati, depositi, pigneraticia qui
furent créées dans les derniers temps de la République. Et désormais
on ne recourut plus guère à l'aliénation fiduciaire, sinon en matière de
nantissement où elle assure des avantages propres, au moins en ma-
tière de dépôt et de commodat. En sorte qu'en négligeant la fiducie,
on
présente le mutuum, le dépôt, le gage et le commodat comme les quatre
contrats qui se forment re, c'est-à-dire par une prestation du créancier *.
Aune époque, dont on discute si elle est plus ancienne ou plus ré-
cente, qui est certainement plus ancienne que pour le dépôt, le gage et
le commodat, probablement plus récente
que pour le mutuum, à peu
près la même que pour la fiducie, vers les premiers temps du système
Je la procédure formulaire, apparurent quatre autres contrats qu'on
appelle les contrats consensuels la vente, le louage, le mandat et la
:
société .La vente, emptio venditio, est le contrat
par lequel une partie
s engage à fournir à l'autre la possession utile et durable d'une chose
(merx, res), tandis
que l'autre s'engage à lui transférer en retour la pro-
priété d'une certaine
somme d'argent (pretium). Dans le système ancien,
°n aurait pu atteindre ce résultat par une stipulation de l'acheteur
1. Nous avons dû présenter ici cet aperçu du développement historique des con-
trats romains et des conventions assimilées
en le séparant des preuves justitica-
tives qui seront données, notamment
pour la date d'introduction des contrats
consensuels et réels nommés, dans les sections qui leur seront relatives. Pour ne
pas parler des doctrines qui méconnaissent tout développement historique en ad-
mettant plus ou moins explicitement la concomitance originaire des contrats for-
mels et non formels et même des contrats de droit strict et de bonne foi, l'histoire
te contrats romains a souvent été décrite chez nous d'une manière différente, en
considérant tous les contrats
ou à peu près comme des dérivés du nexum, dont on
aurait pris un élément, les paroles, Taire le contrat verbal, un autre élément,
la remise de la chose,
pour
pour faire le contrat réel, un autre élément, le consentement,
dit-on même parfois,
pour faire le contrat consensuel, qu'on aurait enfin trans-
talé pour faire de l'écriture qui le représente
un contrat littéral (Ortolan,Instituts,
Y" 1101-1197, et en partie Labbé, Appendice, p. 88o. Petit 1™ édit.,1892,n°270;
ci- Sumner Maine, L'ancien droit,
tr. fr., p. 309 et ss.). Et on a même parfois
combiné cette doctrine
avec celle de la causa civilis, selon laquelle il faut, pour
• formation de tout contrat, élément artificiel, la causa civilis, qui serait dans
un
enexum l'accomplissement des solennités de Vaes et de la libra, dans le contrat
al les paroles, dans le
jws les contrats contrat littéral l'écriture, dans le contrat réel la res, et
consensuels, soit leur caractère synallagmatique, soit leurs élé-
*concrels. Mais, sous une forme l'autre, le système doit être repoussé. On
admettre, sauf explications, ou
que le nexum ait élé le seul contrat civil à une
440 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
Ce n'est donc plus que sous ces réserves, sous la réserve non seule-
ment des règles des contrats consensuels et des contrats réels nommés
mais des règles des contrats innommés, des pactes prétoriens et des
pactes légitimes, que reste vraie l'ancienne règle ex pacto actio non nos-
citur, la règle selon laquelle il faut, pour rendre une convention obli-
gatoire, l'enfermer dans les formes d'un contrat formel, par exemple
d'une stipulation. Mais la règle n'est pas abrogée ; elle reste toujours
vraie sous ces réserves. Même sous Justinien, il faudra toujours recou-
rir au seul contrat formel qui existe encore, au contrat verbal, pour
rendre obligatoires les conventions qui ne rentrent dans le cadre d'aucun
des contrats ou des pactes munis d'action par le droit civil ou par le
droit prétorien : ainsi toutes les conventions synallagmatiques qui ne
rentrent pas parmi les contrats consensuels et qu'on veut rendre obliga-
toires sans exécution actuelle par aucune des parties, conventions d'é-
change, de partage arrêtées sans exécution actuelle 1 ; ainsi toutes les
conventions unilatérales qui ne sont ni des contrats réels ni des pactes
légitimes ou prétoriens: la convention d'ouverture de crédit (padumk
mutuo dando), la promesse unilatérale de vendre, la promesse unilaté-
rale d'acheter.
Nous allons successivement étudier les contrats formels, puis les con-
trats réels, les contrats consensuels, les contrats innommés etlespactes
munis d'action. Mais, avant d'entrer ainsi dans l'examen des différentes
conventions obligatoires, nous jugeons utile d'exposer dans une pre-
mière section les règles d'ensemble qui les régissent toutes du plus au
moins, notamment au point de vue de leurs éléments essentiels et acci-
dentels.
époque très reculée. C'est un point que nous retrouverons. Mais ce système a
d'abord le tort de supposer entre les contrats une filiation tout à fait arbitraire et
certainement fausse en partie : il est possible que le contrat lilleris vienne du
rien n'indique les contrats réels viennent il est impossible nue
nexum ; que en ;
la stipulation en soit dérivée; car dans la stipulation il y a une interrogation et
dans le il n'y le créancier à parler. ensuite le
une réponse et nexum a que 11 a
les
tort, surtout dans la furme de la causa civilis, de mettre sur le même rang
écritures et les paroles du contrat littéral et du contrat verbal, qui sont de vents-
tables conditions de forme, extrinsèques, imposées par le législateur, et la remise
de la chose des contrats réels, qui y est imposée par la nature même, qui s y re-
trouve dans notre droit où les pactes sont obligatoires, mais où on ne peut pas
plus qu'à Rome être obligé de rendre une chose sans l'avoir reçue.
1. Hermogénien, D., 2, 14, De pactis, 45: Divisionis placitum nisi iradilunu
(contrat innommé) vel stipulatione (contrat verbal) sumat effectum, ad actionem, m
nudumpactum. nemini prodessepoteril Dioclétien, C, 4,64, De rer. permut.,. o
Exptacilo permutalionisre nulla secuta constat nemini actionem compelere, nisi slip"-
lalio subjecta ex verborum obligatione quaesierit partibus actionem.
CONTRATS. — ELEMENTS ESSENTIELS, OBJET 441
solution soit pour les autres cas d'impossibilité légale 1, soit peut-être-
même pour ceux d'impossibilité physique 2. En somme, on paraît être
arrivé, à l'aide d'une de ces entorses aux principes abstraits que pré-
sente souvent le droit nouveau, à donner à l'acheteur de bonne foi pour
demander indemnité du préjudice que lui cause la nullité de la vente
une action contre le vendeur, que celui-ci fût conscient de l'impossibilité-
ou se fût trompé
3.
Les principes ont été respectés beaucoup plus rigoureusement en ma-
tière de contrats de droit strict. Là le droit du créancier ne serajamais
sanctionné par l'action du contrat. Il ne pourra être fondé que sur le
dol du débiteur, soit en vertu d'une stipulation de dolo, si le créancier
lion avait, dans ce cas, Vactio auctoritatis après avoir été évincé par la vindicalio
liberlalis (Julien, D., 21, 2, De evict., 38, 3 = Lenel, 533), parait avoir déjà été-
donnée par Sabinus, dans les commentaires sur lequel elle se trouve au même en-
droit chez Pomponius (D., 18, 1, De C. E., i ; 6, pr. = Lenel, 533) et chez Paul
(D., 18, t, De C. E., 5 = Lenel, 1705). II est à remarquer qu'ici on ne dit pas
seulement qu'il y a action empli, mais qu'il y a vente.
1. Les Inst., 3, 23, De empt., 5, le disent positivement et Modestin, D., 18, 1,
BeC. E., 02, 1, admet, dès la fin de l'époque classique, que, bien qu'il n'y ait
pas de vente, on donnera l'action empli. Il est plus difficile de savoir si Pompo-
nius admettait déjà non seulement l'action empli, mais la validité même de la
vente, ou si ce ne sont pas les compilateurs qui ont étendu aux res sacrae et reli-
jiosae une décision donnée par lui seulement pour la vente de l'homme libre
(p. 442, n. 4). V. dans ce dernier sens Scialoja, Rull. di D. R., 2, 1889, p. 178 et
s. A. Pernice, Labeo, 2, 1, p. 379, n. 2.
2. C'est un point controversé et qu'à notre avis les textes ne tranchent pas net-
tement.V. dans le sens de l'extension (Savigny, Dr. des obligations, 2, § 81), D., 19,
I, De A. E. V., 21,
pr. ; D., 18, 4, De lier, vend., 8 ; 9 ; dans le sens contraire
(Windscheid, 2, § 315, n. 5), D., 18, 1, De C. E.. 15, pr. ; 57, pr. 1, par exemple.
3. 11 y a, en droit romain pratique, de nombreux dissentiments, tant sur la
portée de cette action que sur ses conditions d'ouverture. Cf. Saleilles, L'obligation
d'après le projet de Code civil allemand, 1890,
p. 158 et ss. — Quant à ses condi-
tions d'ouverture,
une doctrine, qui a longtemps été dominante, ne l'admettait
qu'au cas de dol ou de faute lourde du vendeur mais
; on tend aujourd'hui à le
considérer comme existant dès lors qu'il
y a impossibilité, que le vendeur en ait.
eu ou non conscience, soit en disant, comme fait M. de Ihering, Gesamm. Aufsiilze,
'. P- 382, qu'en vendant pareille chose sans la connaître il a commis une-
une
'aute (culpa in conlrahendo), soit
en recourant à d'autres constructions juridiques-
(et Windscheid, 2, § 315, 7). — En revanche quant à la portée de l'action, on
tend à la restreindre
n.
au montant de l'intérêt négatif que l'acheteur aurait eu a ne
pas conclure le contrat, frais faits
en vue de la conclusion du contrat, préjudice
resullant de ce qu'en conséquence n'a pas conclu un autre contrat valable, par
on
opposition à Vinlérél positif, à l'avantage qu'il aurait tiré de l'exécution du contrat
(de Ihering, Windscheid,
loc. cit.). — A notre sens, les textes prouvent posilive-
fent, soit pour l'acft'o in factum, soit pour l'action empti, qu elles existent dès lors
quel acheteur a été de bonne foi, le vendeur ait ou non connu l'impossibilité.
autre part, tout
que
au moins pour l'action empli et dans le cas le plus net, celui
e vente d'un homme libre, il semble certain qu'elle faisait obtenir là comme
nous
1 eurs la réparation de tout le préjudice causé par l'inexécution du contrat, donc
le montant de l'intérêt
positif.
444 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
«t qu'elles n'en font pas naître pour le tiers. Mais il faut étudier sépa-
rément les deux applications de la nullité et il y a eu pour toutes deux
ues exceptions
distinctes.
a) Effet à l'égard du tiers. En principe la stipulation faite au profit
d'un tiers ne crée pas d'action pour lui '. Je ne peux en contractant moi-
même rendre un tiers créancier, stipuler par contrat verbal que mon
«contractant paiera cent sesterces à un tiers, verser à une personne
une certaine somme et convenir qu'elle fera une rente viagère à un
tiers, payer un prix de vente à une personne et convenir qu'elle livrera
la chose à un tiers, transférer une chose à titre de dot à une personne
et convenir qu'elle restituera à un tiers 2. Dans aucun de ces cas, le
tiers n'aura d'action et la raison toute simple est que, dans le système
logique, qui a été le système primitif, le contrat, acte accompli entre
deux personnes, doit produire effet entre ces deux personnes, donner
un droit, une action à celui qui y figure et non pas à un tiers.
Maintenant ce principe, qui fut certainement absolu à l'origine, a reçu
avec le temps des atténuations et même des dérogations.
On pourrait citer à la rigueur, au moins comme atténuations, certaines
Hypothèses où dans le droit classique on admet sans difficulté qu'un
tiers peut bénéficier de la convention d'une personne, mais dont le trait
•commun est que le tiers obtient l'avantage sans avoir besoin d'intenter
d'action 3 et qu'à cause de cela les jurisconsultes romains ne considèrent
jamais comme des dérogations à la règle qu'on ne peut rendre autrui
«réancier en stipulant pour lui. Au contraire il y a, dans le droit de Jus-
tinien, deux ordres de véritables exceptions où le stipulant pour autrui
fait naître une action chez le tiers la stipulation
: pour l'héritier, dont la
validité ne date certainement que de lui, et un certain nombre de stipu-
lations
pour d'autres tiers, dont la validité est plus ou moins exactement
représentée par ses compilations comme déjà admise avant lui.
«. En stipulant pour moi-même, je stipule pour mon héritier et la sti-
1. La règle est posée, non seulement pour le contrat verbal, mais pour tous les
;
contrats, en termes très généraux, si généraux qu'ils impliquent en même temps
la prohibition de la représentation,
par Paul, D., 44, 7, De 0. el A., 11.
2. V. par exemple
pour la stipulation, Inst., 3, 19, De inut. slip-, 4 ; 19 ; pour
l'achat fait
par le mari pour sa femme, C, 4, 50, Si quis alteri, 6, 3 ; pour la res-
:
tilution de dot
convenue au profit d'un tiers, C, 5, 12, De jur. dot., 26.
3. Ainsi 1° le paiement fait autrui qui le libérera, même à son insu,
: pour
même malgré lui (Gaius, D., 46, 3, De solul., 53) 2° la stipulation mihi aut Titio
;
en vertu de laquelle j'acquiers à Titius, adjeclus solulionis gralia, le droit
?e Poursuivre le débiteur, mais celui de recevoir valablement
non pas
\ un paiement, dont
u me rendra compte, s'il est
[
mon mandataire, dont il gardera pour lui le bénéfice
81Jai fait cette stipulation à titre de libéralité éventuelle à
|
son profit, donandi
\ °"lmo (Scaevola, D., 45. 1, De V. 0., 131, 1) 3" en matière de louage, la
; conven-
-Mm par laquelle le propriétaire,
|
en vendant sa chose, a convenu que l'acheteur
I exPu'serait pas le fermier, respecterait le bail et qui pourra être invoquée contre
i, cquereur
s par le fermier (C., 4, 65, Locali, 9 : Emptori necesse non est slare colo-
*um, nisi ealege émit).
448 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
pulation ne cessera pas d'être valable, parce qu'au lieu de faire pour moi
seul un contrat dont le bénéfice passerait à mon héritier, je le ferai expli-
citement pour moi et pour lui (mihi et heredi meo); mais, disent les
Romains 1, je stipule pour autrui, en stipulant pour mon héritier sans
moi (heredi meo). Et, en partant de la même idée, les jurisconsultes ont
également proscrit les contrats aboutissant au même résultat, ne donnant
action qu'après la mort du stipulant : lastipuIation£>osr?nortonmea»iet
aussi la stipulation pridie quam moriar, qui ne pourra être recouvrée
qu'après la mort du stipulant.
Ces dernières solutions, qui, comme toute notre théorie, s'appliquaient
à tous les contrats, constituaient, a-t-on dit, une erreur juridique, at-
tendu qu'il n'y avait là qu'un terme et que le terme n'empêche pas la
créance, dont il retarde l'exigibilité, de naître immédiatement, donc iti
de naître chez le stipulant. En tous cas, les deux prohibitions étaient
fort gênantes et par conséquent la pratique inventa, comme il arrive
toujours, pour les éluder, des expédients, d'ailleurs très critiquables en
logique : la stipulation cum moriar, à laquelle aurait dû s'appliquer ra-
tionnellement le même raisonnement qu'à la stipulation pridie quam
moriar, et une combinaison consistant à faire stipuler à côté de soi un
ami auquel on donnait mandat de rendre compte à ses héritiers, mais
dont le mandat aurait dû lui-même être nul comme stipulation au profit
des héritiers 2.
Les expédients furent rendus inutiles par Justinien qui valida toutes
ces stipulations et qui fit même la réforme en deux fois d'une manière
assez favorable à la doctrine selon laquelle il faudrait distinguer les
deux catégories de stipulations : en S28, pour les stipulations posl raov-
lem et pridie quam moriar 3, en 531, pour la stipulation heredi meo .
/3. A côté de l'exception établie par Justinien relativement à la stipu-
lation pour l'héritier, ses compilations indiquent, sous les noms d'empe-
reurs antérieurs et de jurisconsultes classiques, un assez grand nombre
d'autres cas, où par exception un tiers pourrait agir en vertu d'une sti-
pulation pour autrui faite à son profit 6. Tels sont, par exemple, le cas
où un donateur a convenu d'une charge au profit d'un tiers, certains
cas où celui qui constitue une dot a convenu qu'elle serait restituée a un
tiers, le cas où un déposant, un commodant a convenu que la cnose
serait rendue à un tiers, celui où un créancier gagiste, vendant le pff
faute de paiement, convient que le débiteur pourra réclamer la chose en
offrant le prix. Mais la seule de ces exceptions dont il soit absolumen
1. Gaius, 3,100.
2. V. encore Gaius, 3, 100, pour le premier expédient, 3, 117 pour le second.
3. C, 8, 37 i.38). De contr. slip., 11, résumé 7ns/., 3, 19, De inut. slip-, M-
4. C, 4, 11, Ut acliones et ab herede et contraheredem incipiant, 1.
5. Cf. Eisele, Reitrâge zur romischen Rechlsgeschichte, 1896, pp. 76-90.
CONTRATS. — ELEMENTS ESSENTIELS, OBJET 449
1.C, 8, 54 (55), De don. sub modo, 3, dont l'authenticité est attestée parla ver-
sion concordante des F. V., 286. Cf. pourtant sur la portée précise de la constitu-
tion, Eisele, pp. 82-84.
2. Nous citerons d'abord ceux relatifs à la restitution de dot. Elle est soumise
en principe au droit commun d'après lequel le constituant ne peut stipuler la
restitution au profit d'autrui ; il faut faire stipuler le tiers lui-même pour qu'il
acquière faction: Dioclétien et Maximien, C, 5, 12. De jure dotium, 26 (p. 450,
n. 1). Mais les compilations de Justinien attribuent soit aux mêmes empereurs,
soit aux jurisconsultes, des exceptions pour au moins deux cas où il était impos-
sible d'atteindre le résultat désiré en faisant stipuler la restitution au tiers qu'on
voulait gratifier : pour le cas où un ascendant maternel voudrait faire avoir la
dot, s'il prédécède, à la petite-fille en puissance paternelle qu'il dote, et pour ce-
lui où il voudrait donner le droit de la réclamer aux enfants à naître du mariage,
l'impossibilité est physique, dans le second cas, juridique, dans le premier, où,
en stipulant, la fille en puissance acquerrait la créance à son paterfamilias. La
validité de la stipulation pour autrui est admise, dans les deux cas, par des textes
qui en attribuent la reconnaissance à Dioclétien et à Paul. Mais on peut prouver
pour tous deux l'interpolation : celui relatif à la fille en puissance dotée par son
grand-père maternel, Paul, D., 24, 3, Sol: malr.. 45, disait seulement qu'elle était
udjecta solulionis gralia,
comme si le grand-père avait stipulé sibi et Titiae, et
ou l'a remanié pour lui donner une action, ainsi que cela se révèle à de nom-
Dreux détails (le texte fait le jurisconsulte se contredire en disant d'abord qu'il n'y
;
s pas d'action, puis qu'il y en a une ; il finit deux fois : sed dicendum est... sed
permitlendum ; la phrase finale: sed permiltendum... actionem ulilem, sans verbe
auquel se rapporte l'accusatif actionem ulilem, n'est pas latine, etc.) ; quant à
«lui relatif aux enfants à naître, Dioclétien et Maximien, C, 5, 14, De pact.
,
j: cowi., 7, qui donne
à ces enfants une action utile en termes assez peu suspects,
[ une scolie des Basiliques de Thalelaeus nous avertit qu'il contient une innovation
'aite par voie d'interpolation. 11 est d'autant plus permis d'avoir des
ï
soupçons du
même ordre contre le texte relatif tiers au profit duquel a été stipulée la resti-
Won de la chose prêtée au
•
ou déposée (C, 3, 42, Ad exhib., 8) et contre celui relatif
W droit du constituant de prévaloir de la convention du créancier gagiste
lo'pien, D., 13, 7, De pign.
se
acl., 13, pr.), que dans chacun des deux, le droit
"agir du tiers
i se trouve exprimé dans une phrase finale après l'ablation de la-
^ le le texte garderait
I
un sens logique et complet.
450 LIVRE III. IV. — TITRE 1. — CHAPITRE tl
il a voulu faire ce qu'il ne pouvait pas, stipuler pour le tiers r. C'est le
principe. Mais pourtant le stipulant peut avoir à l'exécution du contrat
en face du tiers un intérêt personnel très légitime. Il a, dès une époque
très ancienne, un moyen indirect pour en assurer la sauvegarde et le droit
classique vient en outre directement à son secours en lui donnant une
action dans certains cas.'
Le moyen indirect, c'est de faire, à côté de la convention au profit du
tiers, un contrat par lequel on se fait promettre à soi-même une certaine
somme, pour le cas où cette convention ne serait pas exécutée (stipuk-
tio poenae). Gela ne rend pas valable la stipulation au profit du tiers: il
n'a pas le droit d'en demander l'exécution et le stipulant ne l'a pas lui-
même. Mais cela poussera le promettant à l'exécuter ; car, s'il ne, le l'ail
pas, le stipulant pourra lui réclamer la poena qu'il s'était fait promettre
sous condition, pour le cas de défaut d'exécution, et qu'il aura eu soin
de porter à un montant plus élevé que celui de la prestation convenue
au profit du tiers 2.
Mais le stipulant peut avoir omis de recourir à ce procédé et avoir à
l'accomplissement de l'opération un intérêt personnel. Le droit ancien
devait lui refuser une action en exécution en partant de la rigueur d'in-
terprétation des contrats. Le droit classique admet au contraire que,
quand, sous l'apparence d'un contrat fait dans l'intérêt d'autrui, il y aun
contrat fait dans l'intérêt du stipulant, on donnera à ce dernier une
action en réparation du préjudice que lui cause l'inexécution 3. La seule
question est de savoir de quelle nature devra être cet intérêt, s'il devra
être un intérêt pécuniaire ou s'il ne pourra pas être un simple intérêt
d'affection. Ici comme ailleurs, l'intérêt devra, croyons-nous, être en.
principe un intérêt pécuniaire, non seulement dans les contrats de droit
strict, mais, sauf deux ou trois exceptions,dans les contrats de bonne foi •
1. Contrat verbal : Inst., 3, 19, De inut. slip., 4 : Nihil agit. Vente : C-, 4,50, Si
quis, 6, 3 (qui, à la vérité, suppose plutôt une idée de représentation); Empti M-
tionem nec Mi nec tibi adquisisli, dum libi non vis nec Mi potes. Constitution de dot:
C. 5, 12, De jure dot., 26 : (Le stipulant) nec sibi cessante volunlale nec libi pro»i-
bénie jure quaerere poluit actionem.
2. Inst., 3, 19, De inut. slip., 19.
3. Exemples, Inst., 3, 19, lie inut. slip., 20 : les tuteurs, responsables de la ges-
tion de l'un d'eux, stipulent de lui rem pupilli salvam fore; un individu stipule
qu'on paiera une de ses dettes, qu'on remettra de l'argent à son mandataire.
4. On a soutenu ici, en particulier, que l'intérêt d'affection suffisait dans les
contrats de bonne foi en invoquant, la finale d'une phrase d'un texte de I'apin'en
D., 17, 1, Mandait, 34, pr. : l'tacuil prudenlioribus affectus ralionem in borne /i«fl
judiciis habendam. Mais, en admettant que cette finale soit de Papinien (en sens
contraire, A. Pernice, Labeo, 3, 1, p. 185 et s.), elle ne constitue qu'une considé-
ration générale donnée en faveur d'une solution d'espèce et dont il serait danse-
gercux de tirer une règle d'ensemble. Comme exemples concrets d'action donnée
au stipulant, en vertu d'un intérêt d'affection à l'exécution d'une stipulation po»
autrui, on peut seulement citer : un texte de Paul, D:, 21,2, De evici., 71,1UI
CONTRATS. — ÉLÉMENTS ESSENTIELS, OBJET 451
pour autrui, qui n'oblige pas le tiers, n'oblige pas non plus le promet-
tant. Il n'a pas promis son fait, comme il aurait pu le faire. Il a promis
le fait du tiers, comme il ne le pouvait pas. La promesse est nulle,
par
une conséquence du caractère rigoureux qu'avaient tous les contrats pri-
mitifs et qu'ont toujours gardé tous les contrats formels, et tel certai-
a
nement été le régime le plus ancien, non seulement à Rome, mais dans
tous les milieux juridiques, même dans ceux où ce régime
a disparu le
plus tôt 2. Ce qu'a promis le promettant c'est
son fait, ce n'est pas celui
plus les parties pourraient encore ici recourir à l'expédient d'une prtt-
missio poenae, qui n'empêcherait pas la promesse principale de rester
nulle, mais qui pousserait le promettant à prendre ses mesures pour lu
faire exécuter, afin de ne pas encourir le montant de la poena 3.
Mais les textes qui parlent de la nullité et des expédients destinés à j
parer se rapportent tous au contrat verbal. Si le contrat est de lionne
foi, le caractère même du contrat écarte la nullité qui résulte unique-
ment de la rigueur d'interprétation des contrats verbaux, de ce que les
clauses doivent y être explicites. Dans les contrats de bonne foi, lojinre
peut chercher l'intention des parties derrière les mots quelroni/ues
quelles ont employés et par conséquent,quand un des contractante aura
promis le fait d'un tiers, on ne supposera pas qu'il a voulu faire un acte
nul, on supposera qu'il a voulu faire un acte valable, promettreson pro-
pre fait, se porter fort. S'il n'y a pas de textes qui le disent expressé-
ment, c'est parce qu'il n'y en a pas qui visent le cas spécial, etlasolu-
tion est commandée par les principes généraux posés par eux *.
plus pour autrui, mais pour lui-même, promet que, si Harès s'enfuit, il paiera lui-
même le monlanl de la composition. Et alors Héphaistos consent.
i. Inst., 3, 19. De inut. stip.,3: Si quis alium. daturum facturunwe quii spo-
ponderil, non obligabilur.
2. Inst., 3. 19, De inut. slip., 3 (v. n. 1) : Quod si effecturum se ut ïïlini
darel spoponderil, obligabilur. On peut d'ailleurs remarquer que, sous le coup de
besoins pratiques, les Romains n'ont même pas absolument exigé celle formule
explicite pour la validité de certaines promesses imposées par le magistrat. Ct.
Girard, N. R. IL. 1883, p. 565.
3. Inst.. 3, 19, De inut. slip., 21 ; Ulpien, D., 45, 1, De V. 0., 38, 2.
4. Il est donc très singulier que dans notre droit où il n'y a que des contrai'
de bonne foi, les art 1119 et 1120, C. civ. aient reproduit la règle qui, à R™''
n'était vraie que pour les contrats de droit strict et aient exigé à peine de nul-
lité que le créancier fasse le débiteur se porter fort. La nullité des promesses
pour autrui est forcément lettre morte dans un système où tous les contrats son!
de bonne foi. La nullité des stipulations pour autrui se conçoit un peu nue*
Cependant elle ne se concilie pas elle-même très facilement *
avec l'admission
la représentation, surtout si l'intention de représenter n'a
pas besoin d'être es-
CONTRATS. — ELEMENTS ESSENTIELS, CAUSE 453
j p.
w., sur un développement du droit anglais analogue, mais limité aux con-
•
reposant sur une cause immorale ou illicite, à l'exclusion des contrats sans
«use Esmein, /V. R. H 1893,
p. 565.
Sed
a'US-' *' '^ ,
a' aPrès 'es mots rapportés p. 454, n. 1, continue en disant:
delen<î'1i"h"*UUm 6St le eo
nomîne condemnari, placet per exceplionem doli mali te
tibèrentlea, °'' ^' 7' ^e con^- s*ne ca«sa> 3: Condictione consequi possunt ut
456 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
cas à quel moment les deux volontés seraient réputées s'être rencon-
trées irrévocablement *.
3° Quand le consentement n'est pas sérieux, a été donné seulement
en apparence (jocandi causa). Cette cause d'inexistence du contrat n'é-
tait peut-être pas reconnue anciennement pour les contrats formels ;
mais elle est déjà signalée à la fin de la République, par Varron, qui
cite en termes d'ailleurs assez impropres l'acteur qui s'est engagé par con-
trat verbal dans un rôle de théâtre 5. Seulement il ne faudrait pas con-
reçoit des deniers en prêt d'une personne, croyant les recevoir d'une
autre, le contrat de mutuum ne se forme pas '.
En revanche l'erreur sur les qualitésde cette personne est indifférente2.
c) Error in corpore. L'erreur sur la chose qui fait l'objet du contrat
cmpècbe également l'accord des volontés et par conséquent la forma-
tion du contrat, quand elle porte sur l'identité de cette chose, quand on
a vendu un fonds pour un autre, promis par contrat verbal un esclave
croyant en promettre un autre 3. En revanche,ici encore l'erreur sur la
qualité est indifférente. Seulement il y a deux situations intermédiaires
pour lesquelles, au moins dans certains contrats, les textes font une ré-
serve, dans lesquelles on admet la nullité produite par le défaut de con-
sentement sans qu'il y ait erreur véritable sur l'identité de la chose. Ce
sont les cas d'erreur sur la substance (error in substantia) et d'erreur
sur la quantité (error in quantitate).
L'erreur sur la substance, c'est-à-dire, dans la notion romaine,exclu-
sivement l'erreur sur la matière de la chose ou sur le sexe d'un esclave,
est, au fond, une erreur sur une qualité et par suite elle n'a aucune
influence sur la validité des contrats de droit strict 4. Mais on a fini par
admettre, après controverse, qu'elle empêcherait le contrat de se for-
mer en matière de contrats de bonne foi, particulièrement en matière
de vente 3.
Quant à l'erreur sur la quantité, en laissant de côté le contrat verbal
où la question de consentement se complique d'une question de for-
mes, il peut arriver, en matière de vente, de louage, d'autres contrats
de bonne .oi encore', qu'il
y ait une erreur sur la somme qu'une des
parties s'engage à verser à l'autre, ainsi sur le prix de vente, sur le taux
du loyer. Les jurisconsultes sont arrivés à admettre,
par une interpré-
tation des volontés facile à comprendre, que cette erreur serait exclusive
du consentement quand le créancier voulait une somme plus élevée que
1. Celse, D., 12, 1, De R. C, 32, donne en pareil cas une condictio (sine causa,
appelée de l'auteur du texte condictio Juvenliana),
non quia pecuniam tibi credidi,
«oc enim nisi inter consenlientes fieri
non potest : sed quia pecunia mea ad te pervenil,
nm mihi a te reddi bonum el aequum est.
2. Paul, D., 18, 2, De in diem add., i, 3, déclare valable,
en conséquence, même
le contrat fait
avec un esclave qu'on croyait libre.
3. Vente: Ulpien, D., 18, 1, De C. E., 9,
pr. Contrat verbal: Inst., 3, 19, De
nul. slip 23.
,
* V., pour le contrat verbal, Paul, D., 45, 1, De V. 0., 22.
5. On remarquera donc 1°
: que l'erreur sur la subslance n'est pas du tout à
ooee, comme dans la doctrine de
nos anciens auteurs suivie par les interprètes
etart. 1H0 du C. civ., l'erreur sur la qualité qui détermine la partie à acheter.
y a pour les Romains erreur la subslance quand on achète du cuivre pour
sur
Jp0T'iu P'onib pour de l'argent, du vinaigre pour du vin (Ulpien, D., 18, 1, De
> »i
2),
une table recouverte d'argent pour une table d'argent massif iJulien,
' ' '•'
**> 1).
une esclave pour un esclave (Ulpien, D., h. t., 11, 1), mais non
J™ on achète de l'or de basse qualité au lieu d'or fin (Ulpien, D., h. t., 14), du
n a'g" au lieu de bon vin (Ulpien, D., h. t., 9, 2 cf. Ehrlich, Sludi in
; onore di
460 LIVRE III. — IV. — TITRE I- — CHAPITRE II
les contrats, bien que les effets de cette capacité théorique soient, jus-
qu'aux restrictions résultant de la théorie des pécules et des biens
adventices, stérilisés par le principe qui fait passer le bénéfice de ses
acquisitions au père (p. 136 et ss.) et il est manifestement capable de
ancienne, si on admet avec nous que le fils de famille lui-même était incapable à
cette époque (p. 463. n. 2). Mais elle est, en dehors de cette idée, généralement
admise aujourd'hui en vertu de considérations de raison très puissantes. II parait
impossible qu'à une époque où les femmes sui juris étaient sous une tutelle sé-
rieuse semblable à celle des impubères, les femmes alieni juris n'aient pas aussi
été frappées de la même incapacité que les impubères ; qu'une fille, qui n'a pas
de patrimoine à gérer, de dettes à faire pour l'entretien de ses biens, puisse vala-
blement s'engager par contrat, alors que la femme sui juris, qui a des biens, ne
le peut pas ; que, tandis que la femme en tutelle ne peut par ses contrats engager
les biens qu'elle a déjà, la femme en puissance puisse engager par eux les biens
qu'elle n'a pas encore. L'incapacité de la femme en puissance est un préliminaire
obligé de l'incapacité de la femme sui juris. 11 y a de la seconde à la première
un argument a fortiori. Dans le vieux droit romain, on est pareillement en tutelle,
propter aetatem vel sexum. quand on est sui juris, et on est pareillement incapable
propler aetatem vel sexum, qu'on soit alieni juris ou suijuris : c'est une idée qu'on
ne discute plus guère aujourd'hui. Seulement on discute à partir de quel moment
elle a cessé de s'appliquer. On dit encore parfois que, la tutelle des femmes n'ayant
plus existé que de nom à partir du début de l'Empire, l'incapacité de la femme
alieni juris, corollaire de l'incapacité pratiquement effacée de la femme sui juris,
aurait disparu soit dès le début de l'Empire, soit avant le temps de Gaius, soit
entre le temps de Gaius el celui de Paul et d'Ulpien, soit tout au moins à l'époque
de ces derniers jurisconsultes, à l'époque des Sévères. A notre sens, elle a subsisté,
comme subsislait théoriquement, en dépit de toutes les atténuations pratiques,
l'incapacité de la femme en tutelle, tant que cette dernière a survécu, jusqu après
Dioclétien. Quoique Justinien,
sous lequel elle avait disparu, ait remanié les textes
pour les mettre d'accord avec le droit de son temps, nous avons la preuve de sa
subsistance, soit pour l'époque de Gaius, soit pour celle de Paul et d Ulpien, soit
pour celle de Dioclétien. 1» Pour le temps de Gaius, l'incapacité de la filiafamilias
était depuis longtemps attestée indirectement par un texte du Digeste visiblement
remanié (Gaius, D., 45, 1, De V. 0., 141, 2
= Lenel, 513), qui distingue les deux
sexes pour donner la même solution pour les deux et qui devait primitivement
les distinguer
pour les opposer. Elle est aujourd'hui attestée directement par le
texte de Gaius, 3, 104, tel
que l'a lu Studemund, qui tranche la question pnur le
temps de Gaius (v.
en ce sens Labbé, N. R. H., 1881, p. 125). — 2° Pour le temps
d Ulpien et de Paul,
on a cru trouver la preuve de la disparition de l'incapacité
de la fille de famille, sinon
dans un texte de Paul, F. V., 99, selon lequel la fille
oe famille ne peut s'obliger dolis diclio et qui, en bonne interprétation, s'en-
tend aussi bien
par
comme l'application d'une règle générale que comme une solution
«exception, au moins dans texte d'Ulpien, D., 14, 6, Ad se. Maced., 9, 2, qui
un
applique le sénatus-consulte Macédonien
aux emprunts contractés par la fille. S'il
'"t, dit-on, le sénatus-consulte Macédonien
pour empêcher la fille d être obligée
Par mutuum, c'est qu'elle est désormais capable de s'obliger
par ses contrats. Mais
y a là une confusion. Un contrat fait puissance ne fait pas
par une personne en
M Ire seulement action du
1 contrat contre cette personne, si elle est capable ; il
1 naître en outre l'action de peculio contre son palerfamilias. Et c'est de I action
peculio donnée contre le père traite visiblement le texte (nec inlerest con-
/M suit nummi
que
an exslent in peculio) : le père serait, d'après le droit commun,
oç 1 action de peculio dans la
mesure de l'enrichissement du pécule (p. 404,
'.."' ne 'e sera pas, grâce au sénatus-consulte, dit notre texte, quoiqu'on
e 1ue cela ait enrichi le pécule (nec ad rem perlinet, si ajfirmalur ornementa
J^pecunia comparasse). Loin de nier l'influence du sexe, il la suppose par
'î"Va con|tition spéciale d'enrichissement du pécule à laquelle était subor-
-e.e '^tion de peculio
don
lj mn. Lt in pour les pécules des impubères et des personnes du sexe
preuve positive que la fille est toujours incapable de s'obliger par
30
466 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE H
gager pour autrui (intercessio) dont elles ont été frappées par le séna-
tus-consulte Velléien et qui subsiste encore sous Justinien.
il peut en reconnaître l'existence, même quand les parties n'ont rien dit,
s'il résulte des circonstances, par exemple quand l'accomplissement de
la prestation convenue exige un certain délai, quand la promesse est
on aurait employé pour le désigner la conjonction cum (D., 45, 1, De V. 0., 38,
16) ; la promesse de dot est, quoiqu'on n'en ail rien dit, faite sous la condition
tacite si nuptiae sequunlur (D., 23, 3, De jur. dot., 21).
1. Impossibilité physique : Gaius, 3, 98; Inst., 3, 19, De inul. slip., li. Impos-
sibilité juridique : D., 45, 1, De V. 0., 137, 6. La nullité de l'obligation subordon-
née à une condition impossible s'applique à Rome à tous les contrats (D., 44, 7,
De 0. et A., 31) An contraire dans les dispositions testamentaires, on efface la
condition et on regarde la disposition comme pure et simple (Gaius, 3, 98 ; Ul-
pien, D., 35, 1, De C. el D., 3). Le C. civ., art. 900, a étendu ce dernier principe
à tous les actes à titre gratuit, même entre vifs. A Rome, on peut tout au plus
citer comme exception
au principe de la nullité des obligations entre vifs formées
sous une condition impossible, la stipulation préposiere : si navis ex Asia venerit,
hdie dare spondes, qui, n'étant pas exécutoire dans sa lettre, était nulle dans
le droit classique et
a élé validée par Justinien ilnsl., 3, 19, De inul. slip., 14).
Mais ce qu'on efface alors
ce n'est pas la condition, c'est le mot hodie qui consti-
tuait seul l'impossibilité en plaçant l'exigibilité de la dette avant l'événement de
la condition.
2. C, 8, 38 (39), De inul. slip., 2 ; D., 45, 1, De V. 0., 61. Ici encore la condi-
tion serait réputée
non écrite en matière de dispositions à cause de mort d'après
le droit romain, et l'est même matière de donations entre vifs d'après l'art. 900
en
<lu C. civ.
>• D. 45, 1, De V. 0., 46, 3 : Illam autem slipulationem 'si volueris dari' inulilem
<sse constat; D., 18, 1, De C. E., 7,
pr. ; C, 4, 38, De
C. E., 13. Encore peut-on
se demander si même alors le principe de la nullité est absolument vrai. La
question a été particulièrement agitée
au sujet de la vente à l'essai, qui est cer-
«ainement valable quoique dépendant exclusivement de la volonté du vendeur
(inst., 3. 23, DeE. V., 4), mais
pour laquelle on pourrait peut-être dire qu'il y a
472 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
Enfin, comme le terme et encore plus que lui, l'événement pris pour
condition doit être un événement futur : un fait passé ou présent (si rei:
Parthorum vivit) peut contenir un terme, s'il faut un délai pour en vé-
rifier l'existence ; il ne constitue jamais une condition *.
Seulement la condition, qui présente avec le terme tous ces éléments
de rapprochement, en est séparée par une différence fondamentale. Le
terme est un événement futur et certain : il arrivera nécessairement. La
condition est un événement futur et incertain, duquel on ne peut savoir
d'avance s'il arrivera ou non. Si l'événement auquel on a subordonné
l'obligation est un événement qui arrivera certainement, il y a terme,
(promesse, si Titius morietur) ou même contrat pur et simple (promesse,
si Titius caelum digito non tetigerit : condition impossible négative des
interprètes). Si c'est un événement qui n'arrivera certainement pas (si
Titius caelum digito tetigerit), on retombe dans la condition impossible:
il n'y a pas d'obligation. Il y a condition seulement quand l'obligation
est subordonnée à un événement futur dont l'arrivée est incertaine. C'est
cette incertitude qui est la raison d'être des règles originales qui régis-
sent les obligations conditionnelles. Ces règles doivent être étudiées tanl
avant qu'après l'événement de la condition.
1. Effets de l'obligation conditionnelle avant l'événement de la con-
dition. La condition met en suspens non seulement l'exigibilité, mais
l'existence du droit. La question est de savoir quelles conséquences on
doit tirer de là pour la période où l'on ne sait pas si la condition s'ac-
complira ou fera défaut (pendente condicione). Le contrat n'existe-t-il
pas encore ? Où au contraire se forme-t-il de suite, sauf à être consolide
par l'événement de la condition ? Cela revient à se demander si l'arrivée
de la condition aura un effet confirmatif ou créateur.
Une réponse absolue n'est, à notre sens, possible ni dans un sens ni
dans l'autre. Ce n'est qu'en forçant les textes qu'on peut tenter de les
ramener à une vue commune. Certains textes, qui sont les plus connus,
s'expriment bien dans le sens de l'effet créateur, comme si l'obligation
n'existait pas avant l'événement de la condition ; mais d'autres s'expri-
ment au contraire dans le sens de l'effet confirmatif, supposent que l'o-
bligation a déjà une certaine existence avant l'événement de la condi-
l'idée que l'obligation a déjà une certaine existence, qu'il existe déjà un
lien indépendant de la volonté unilatérale de l'une ou de l'autre des
parties, destiné seulement à être consolidé par l'événement de la condi-
tion. Ainsi : 1° c'est au moment du contrat qu'on considère les person-
nes qui y figurent pour en déterminer les conséquences et la validité :
non seulement la capacité doit être aussi complète pour faire un contrat
conditionnel que pour faire un contrat pur et simple, et un esclave ne
.pourra pas faire valablement un contrat conditionnel, s'il n'a pas de
maître au moment du contrat, en eût-il un au moment de l'arrivée de
la condition ' ; mais c'est au paterfamilias du moment du contrat que
la personne en puissance en acquerra le bénéfice, quand bien même
elle aurait changé de situation avant l'événement de la condition - ;
—
2° Toujours parce que la dette a une certaine existence, le débiteur con-
ditionnel est tenu de respecter Je contrat ; s'il empêche frauduleusement
l'accomplissement de la condition, elle sera réputée accomplie 3 ;
—
3° Le créancier peut prendre des mesures conservatoires dans l'intérêt
de sa créance conditionnelle, s'en prévaloir pour demander la separatio
bonorum à l'encontre des créanciers de l'héritier du débiteur 4, se faire
colloquer pour elle à la vente des biens du débiteur 8 ; — 4" Plus large-
ment la créance conditionnelle est dans son patrimoine une valeur
active qui passe à ses héritiers c, qu'il peut vendre, qu'il peut léguer,
qui figure dans l'évaluation de sa fortune, par exemple pour l'applica-
tion de la loi Falcidia sur la portion de l'hérédité réservée à l'héritier
à l'encontre des légataires.
2. Effets de l'obligation conditionnelle après l'événement de la con-
1. Le plus net est de Gaius, D., 20, 4, Qui pot., 11. 1 : Cum semel condicio
exslilil, perinde habelur, ac si Mo lempore, quo slipulalio inlerposila est, sine condi-
cione facta esset. V. en outre Paul, D., 18, 6, De per. r. vend.. 8 pr. : Heredes
obligalos esse quasi jam contracta emptione in praeterilum. Pomponius, D., 46, 3,
Desolut., 16.
2. C. civ., art. 1179. V. dans le même sens, Pothier, Obligations, n°* 220. 221,
et, outre tous les interprètes anciens, Bufnoir, pp. 294-308, Dernburg, 1, § 111,
4-5, Accarias, 2,
p. 118, etc.
3. La doctrine d'après laquelle, sauf intention contraire des parties, la condition
accomplie n'a pas d'effet rétroactif, a été soutenue pour la première fois par
Windscheid, Die Wirkung der erfûllten Redingung, 1851. Voir sur l'histoire posté-
rieure de la controverse, le même, Pandekten, 1, § 91,
n. 1.
4- La rétroactivité conduirait à déclarer nulle la stipulation conditionnelle
aune chose appartenant au stipulant, tandis que cette stipulation est valable
pourvu que la chose n'appartienne plus au stipulant au jour de l'événement de la
condition (p. 444, n. 2), à déclarer valable la vente conditionnelle dont l'objet
«xistait encore au jour de la vente, tandis que cette vente est nulle si l'objet n'existe
plus au jour de l'événement de la condition (p. 473,
n. 3;, à considérer l'usuca-
pion comme ayant couru du jour de la délivrance de la chose vendue sous condition,
alors qu'elle court du jour de l'événement de la condition (p. 473,
n. 5), à décla-
rer que l'acheteur a droit aux fruits du jour de la vente, alors qu'il n'y a droit
476 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
§ 1. — Nexum.
Le nexum a, le contrat per aes et libram 4 qui est probablement le plus
ancien contrat reconnu par le droit privé romain et qui remonte peut-
être comme la mancipation à une époque antérieure à la fondation de
Rome, est celui des contrats formels qui est tombé le premier en désué-
tude. Les renseignements donnés sur lui par les textes juridiques sont
1. Tout cela pourrait déjà être déduit de ce que le nexum se forme per aes el
libram. Mais c'est en outre établi par le témoignage de Gaius ; en effet, s'il ne
nous parle pas du nexum, il nous parle, 3, 173-175, de son extinclion, de la re-
mise per aes et libram qui sort, dit-il, en particulier pour le cas où quid eo nomine
debealur quod per aes et libram gestion sit. Or c'est un principe du droit romain
que les liens de droit se délient et qu'en particulier les obligations nées de contrats
formels s'éteignent avec des solennités inverses symétriques à celles de leur forma-
lion (D., 50, t7. De R. J., 35). Nous sommes donc renseignés indirectement,
mais sûrement sur la formation du nexum. par le texte de Gaius, 3, 174, selon
lequel son extinction a lieu dans les formes suivantes : Faque res ila agilur :
adhibentur non minus quam quinque testes el libripens. Deinde is qui liberaliir, ila
oportel loqualur : 'Quod ego libi lot milibus condemn(alus sum). me eo nomine a te
solw liberoque hoc aère aeneaque libra. Hanc libi libram primam poslremamque
expendo secundum legem publicam'. Deinde asse perculit libram eumque dat ei a quo
liberatur, veluli solvendi causa.
2. P. 286. Le texte de Gaius, n. i, montre encore que la pesée était fictive à son
époque, que l'on faisait semblant de peser le métal remis au créancier pour étein-
dre la dette et qu'on faisait donc aussi semblant de peser le métal remis au dé-
biteur pour la faire naître. Mais, comme dans la mancipation, la pesée a été, dans
le nexum, réelle avant d'être fictive : elle n'y est pas un symbole pris au hasard,
mais un vestige de ce qui fut d'abord une réalité. A l'époque où la monnaie frap-
pée par l'Etat n'existait pas encore, la pesée du métal était une nécessité pour le
prêt comme pour la vente. Mais,de même que dans la mancipation où l'on voulait
aliéner une chose sans recevoir d'équivalent, par exemple à titre de dol, la pesée
devait forcément être simulée, dans l'hypothèse, peut-être moins pratique, où l'on
voulait devenir débiteur sans avoir rien reçu, par exemple encore à titre de cons-
titution de dol, et cette pesée devint, dans les actes, une gêne superflue, quand
il y eut une monnaie fondue
par l'Etat qu'on put compter au lieu de la peser.
C'est pour cela
que les XII Tables ont déclaré par une disposition commune main-
tenir à la mancipation et au nexum leurs anciens effets, quoique la pesée n'y eût
pas élé faite en vérité, pourvu que les paroles eussent été prononcées.
3. Cela nous parait commandé,
au moins pour l'origine, parla nature première
du nexum, et c'est aussi la conclusion qui s'accorde
avec la procédure de manus
injectio par laquelle il est sanctionné. En tout cas, il n'a évidemment jamais
pu
avoir un champ plus large que la remise per aes el libram, qui, à l'époque de Gaius,
3, 175, ne s'applique qu'aux dettes certaines de choses qui
se pèsent et se comp-
tent et, suivant certains jurisconsultes seulement,
nous apprend-il, de choses qui
se mesurent.
m LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
porter sur autre chose que de l'argent, mais peut désormais naître d'une
convention quelconque transformée en contrat par l'emploi de ce procédé.
Ces similitudes tiennnent à ce que le nexum et la mancipation sont
l'un et l'autre des actes faits per aes et libram. Mais, à côté d'elles, il
doit y avoir des dissemblances venant des fonctions distinctes des deux
actes : la mancipation a commencé par être une vente et le nexum par
être'un prêt ; la mancipation est un mode d'acquérir la propriété et le
nexum un procédé pour faire naître des obligations. Il ne peut y avoir
identité entre les deux.
L'élément différent est, croyons-nous, dans les paroles prononcées.
Dans les deux opérations, elles sont dites par celui qui remet ou l'ait
semblant de remettre le métal. Mais elles ne sont pas les mêmes. Dans
la mancipation, qui est le simulacre d'un achat, il affirme son acquisi-
tion moyennant un prix, il dit : Hune hominem meum esse aio ex jure
quiritiumisque mihi emptus esta hoc aère aeneaque libra.Da.iis le nexum,
qui est le simulacre d'un prêt, il prononce, pour obliger le débiteur en-
vers lui, une formule analogue à la damnatio prononcée dans certaines
actions par le juge contre le défendeur convaincu, à celle prononcée par
le testateur contre l'héritier grevé du legs per damnationem, à celle
prononcée par le législateur lui-même contre, le violateur de la loi dans
la loi Aquilia. Il prononce contre le débiteur une damnatio dont les
termes ne nous ont pas été transmis ', mais dont l'existence est attestée
à la fois par les effets du nexum et par la formule d'extinction de l'o-
bligation qu'il fait naître 2.
2. Effets du nexum. L'effet du nexum est précisément, à notre sens,
celui qui résultait dans l'ancien droit d'une damnatio régulière.La dam-
natio prononcée par le créancier contre le débiteur dans le cérémonial
de l'opération per aes et libram a pour effet de faire naître contre le
damnatus à l'échéance le même droit qui résulte contre le damnatus as
la damnatio prononcée par le testateur dans le legs per damnationem,
de celle prononcée par le législateur dans la loi Aquilia, de celle pro-
noncée par le juge dans la sentence de condamnation : le droit de pro-
céder au bout du délai légal de trente jours à la legis actio per manus
probablement plus récents, qui ont besoin pour arrivera cette exécution
d'obtenir un jugement en vertu de leur contrat, il peut exécuter sans
jugement. Le nexum est, peut-on dire, le titre exécutoire du temps où
l'exécution porte sur la personne *.
pas l'importance qu'on lui prête, pour beaucoup de raisons relatives soit à l'in-
terprétation, soit à la transmission du texte, où par ex. la place singulière de man-
cipiumque a depuis longtemps porté à voir dans ces mots une addition faite après
coup, peut-être à la suite de la restriction du sens de nexum aux actes géné-
rateurs d obligation. En outre, le système est condamné par une considération
de fond décisive : si le nexum était ce qu'il dit, les nexi dont on nous peint
la condition misérable ne seraient pas des prolétaires endettés par les em-
prunts ou même par les achats à crédit, mais des spéculateurs qui se seraient
ruinés en vendant ce qui ne leur appartenait pas, par un genre d'escroquerie
particulièrement fermé aux pauvres. Le tableau qui nous est fait des nexi ne
peut se rapporter qu'à des gens ruinés par l'emprunt et le crédit. Et les deux
autres systèmes l'admettent. Seulement ils prétendent que cela n'implique ni
damnalio ni manus injeclio. Suivant l'un qui s'appuie sur un texte de Varron
(Varron. Ile l. L ,7, 105 : Liber, qui suas opéras in servitutem pro pecunia,
ijuam debebat, dal. dum solverel, nexus vocalur, ut ab aère obaeralus) le nexum
serait l'acte par lequel on engagerait dans des formes ignorées ses services et ceux
de ses personnes en puissance (Savigny, Bachofen, Giraud ; cf. même Cuq. Insti-
tutions, 1, pp. 116-118, où il admet pourtant la probabilité de la manus injeclio et,
semble-t-il, de la damnalio .Mais le texte ne dit pas que le nexum est cet arrange-
ment; il dit tout au plus que cet arrangement se rencontre pour le nexus ; or on
sait comment ; c est au moment où, après la manus injeclio, le débiteur, nexus ou
judiealus détenu chez le créancier, qui devrait au bout de soixante jours être mis
à mort ou vendu trans Tiberim, s'entend avec le créancier pour éviter ce danger, en
lui engageant ses services. Prendre cela pour le nexum, c'est prendre le remède
pour le mal. Quant au dernier système, il prend la mancipation pour le nexum.
Selon cette doctrine, qui était déjà celle de Niebuhr, le grand historien, et qui a
été reprise dans de nouveaux termes par M. Mitteis (v. auparavant Ilorten. Die
personale Execution, 2, 1895, pp. 18-26, et depuis Mommsen. et avec des divergen-
ces assez grandes, Schlossmann : mancipation fiduciaire,et Huvelin : mancipation
fiduciaire avec damnalio et manus injeclio), le nexum serait une mancipation faite
parle débiteur de lui-même, peut-être de sa famille, peut-être de ses biens. Il a
été soutenu autrefois en partant de l'idée que le nexum.se faisant per aes et libram,
(levait se confondre avec le seul acte per aes et libram, connu : la mancipation.
M. Mitteis l'a repris, surtout, croyons-nous, sous l'influence de la comparaison
avec les autres législations où l'on peut se vendre soi-même comme on vend ses
enfants. II soutient qu'à Rome on peut se manciper soi-même comme on peut
manciper ses enfants, que c'est là le nexum. Mais précisément il existe en droit
romain un régime différent qui résulte de la terminologie même : les enfants
aliénés par le père sont appelés in mancipio parce qu'ils sont mancipés ; si celui
qui se lie envers le créancier par nexum est appelé nexus et non pas in mancipio,
c'est parce qu'il n'a
pas aliéné sa personne par une mancipation ayant son sujet
pour objet qui serait sans exemple dans la technique romaine (v. Lenel, p. 84),
nais qu'il a pris une obligation qui d'ailleurs, par suite de l'exécution sur la
personne, n'aboutit pas à des résultats très différents. Cela a même conduit un
moment M. Milleis à admettre deux sortes de nexum : l'un personnel, qui ferait
naître l'action sacramenli in personam, l'autre réel, plus dur, qui ferait naître l'ac-
tion sacramenti in
rem, pour s'emparer du débiteur. En réalité il n'y en a qu'un,
qui permet de s'emparer du débiteur
non pas par le sacramenlum in rem, mais par
'a manus injeclio résultant de la damnalio prononcée par le créancier contre le
débiteur au moment de la pesée réelle
ou Active du montant de la dette. V. en ce
sens, les articles de Bekker, Kuebler et Senn.
1- La comparaison la plus exacte dans notre droit, où l'exécution porte
sur les
31
482 LIVRE III. — IV- — TITRE l. — CHAPITRE II
3. Désuétude du nexum. Le système est empreint à l'égard du débi-
teur d'une rigueur qui le rend avantageux pour le créancier et qui le
fait adopter volontiers par les législations primitives, mais qui le rend
bientôt impopulaire et qui le fait abandonner par des civilisations moins
rudes. On a remarqué des traces de ce mouvement dans le droit ger-
manique, qui a connu anciennement un régime symétrique, mais où
certaines législations, par exemple celle des Wisigoths, l'ont ensuite
écarté par des dispositions expresses '. La même chose a été faite à
Rome par une loi de la première moitié du Ve siècle, que des témoi-
gnages divergents attribuent les uns aux consuls de 428 Poetelius el
Papirius, les autres à un Poetelius dictateur en 441, et qui est, à notre
sens, des consuls de 428 2. Cette loi 3, qui adoucit en même temps le
système général de l'exécution, n'abolit pas le nexum ; mais elle lui en-
leva la force exécutoire, elle décida qu'il ne dispenserait plus de pren-
dre jugement contre le débiteur. Cela ne l'empêche pas de continuera
exister, ainsi que le suppose encore Gaius ; mais cela amena sa désué-
tude pratique en détournant de recourir à ses formes compliquées pour
obtenir un but qu'on pouvait atteindre plus simplement par d'autres
contrats formels, déjà existants ou reconnus civilement peu après, ainsi
parle contrat verbal.
§ a. — Contrat verbal.
Le contrat verbal 4 présente trois variétés d'importance très inégale :
la stipulation, la dictio dolis et le jusjurandum liberti.
biens, serait celle des actes notariés en vertu desquels on peut procéder à l'exé-
cution forcée, en particulier à la saisie immobilière comme.en vertu dun juge-
ment : C. civ., 2213 ; C. pr., 545. On pourrait aussi penser à la clause de voie
parée en usage avant la loi du 2 juin 1841, par laquelle le débiteur déclarait con-
sentir, s'il ne remboursait pas le créancier, à la vente de ses immeubles en dehors
des formes de la saisie immobilière ; mais cette clause se rapprocherait, en partie,
plutôt de celle par laquelle un débiteur romain aurait renoncé à la protection des
formes et des délais de la procédure régulière d'exécution allant de la manus
injeclio devant le magistrat à la vente trans Tiberim ou à la mort.
1. Lex Visigolh., 2, 58. Toutes les dispositions législatives fréquentes dans l'his-
toire du droit déclarant non avenues les clauses par lesquelles le débiteur se
soumettrait à une rigueur particulière ou renoncerait aux protections légales
(cf. Koliler, Shakespeare, p. 88 et ss.) rentrent dans le même ordre. On peut
rapprocher de là, sous les réserves indiquées p. 481, n. 2, le nouvel art. 742, C.
pr., introduit par la loi du 2 juin 1841, et prohibant la clause de voie parée.
2. La loi est attribuée par Varron, 7, 105, au dictateur C. Poetelius, C. f., C. n.,
Libo Visolus placé par les fastes, en l'an 441, et par Tite Live, 8, 28, au consul C.
Poetelius. C. f., Q. n., cos. 428, pour la troisième fois avec L. Papirius Mugilanus
ou Gursor. M. Mommsen, Bômische Forschungen, 2, 1879, p. 244 et ss., a démon-
tré, à notre sens, que la dictature de Poetelius est une interpolation des fastes
et que par conséquent la loi se place en 428. En tout cas, il ne faudrait pas,
comme on a fait quelquefois, l'appeler Poetelia Papiria et la placer en 441.
3. Tite-Live, 8, 28 : Nexi soluli cautumque -in poslerum
: ne necterenlur. Cicé-
ron, De rep., 2, 34 : Omnia nexa civium liberala nectierqueposlea desilum.
4. D., 45, 1, De verborum obtigationibus. Insl., 3, 15, De verborum obligations
Cf. Karlowa, R. R. G., 2,
pp. 699-745.
CONTRATS. — CONTRATS FORMELS, CONTRAT VERBAL 483
droit romain, à la sponsio, qui avait lieu en droit national entre citoyens, corres-
pondait, en droit international, une sponsio qui avait lieu dans les traités faits
avec les généraux étrangers. Or celte sponsio du droit international parait avoir
été d'abord un serment ; cf. Th. Mommsen, Dr. publ, 1, p. 283.
3. Cela paraît bien être impliqué par la légende rapportée par Tite-Live, Denys,
etc., selon laquelle Numa fit de la fides une divinité ayant son siège dans la
main droite des citoyens (Tite-Live, 1, 21 : Et soli fidei solemne instiluit [NuM
... signifiantes pdem lutandam, sedemque ejus eliam in dexlris sacratam esse.
Denys, 2, 75. Plutarque, Numa. 16. Cf. Servius, Ad Aen., 3, 607 : Physici dicunt
CONTRATS. —' CONTRATS FORMELS, CONTRAT VERBAL 485
opposition à 1 action par laquelle, un demande une txrta. rss, un o&rsam. ïfcsJ-
est probable que ces deux singularités déraisonnables 'Tiennent des eomiMWMk
L'expression actifs sf certum pttitar Tient probablement de ce que- le 1'°*' '"
Ulpien dit fm tetimm peemtitam. mmmtfrai'mim petit Ulet. muMmite wlilmr. <&«•*'
..
ensuite la formule, et qu'on l'a remplacée par la rubrique de redit. emltaa-s»»'
deux ftmti«tiomt& nrtee pammiae et triiùsaria, : si oerfieat peMimr. Quant «w *D
CONTRATS. — CONTRATS FORMELS, CONTRAT VERRAL 491
tants ', elle présente pour grands traits 2 d'avoir une intentio cerla : si
parel Numerium Negidium Aulo Agerio sestertium decem milia dare
oportere, ce qui fait que le demandeur qui y formera une demande exa-
gérée perdra son procès; d'avoir une condemnatio certa, dont le juge ne
pourra modifier le montant ; enfin de comporter une sponsio et une resli-
pulatio tertiae partis, promesse réciproque du tiers du montant du litige
pour le cas de perte du procès dont chaque plaideur pourra provoquer
l'administration au moment de l'organisation de l'instance, précisément
pour être ainsi indemnisé des ennuis du procès qu'on lui fait à tort ou-
qu'on le force à tort à faire 3.
La seconde, la condictio triticaria ou certae rei 4, donnée à celui qui
est créancier d'une chose déterminée ou d'une quantité de choses dé-
terminées : cent boisseaux du meilleur blé de Sicile, l'esclave Stichus,.
le fonds Cornélien, a encore une intentio certa : Si paret Numerium Ne-
(jidium Aulo Agerio trilici Africi optimi modios centum dare oportere,.
ce qui fait qu'elle comporte encore une plus petilio ; mais la condemnatio
y est ineerta : Quanti ea res est, judex condemna, ce qui donne au juge-
uneplus grande latitude d'appréciation,et elle ne comporte pas de sponsio*
çl reslipidatio tertiae partis.
Enfin, quand la stipulation a pour objet un incertum, une valeur
indéterminée, un fait ou une abstention, l'action est Vactio ex stipulatu
qui est également de droit strict et qu'à cause de cela une doctrine vieil-
lie qui confond les actions de droit strict et les condictiones, appelle con-
dictio incertiri, mais que les textes n'appellent pas de ce nom et qui se
distingue de la condictio incerti en ce qu'elle indique sa cause, tandis
que la condictio ne le fait pas, est une action abstraite °. Dans cette ac-
lextes qui désignent la condictio certae pecuniae du nom de condictio cerli, ils sont
tous deux suspects d'interpolation. Cf. Lenel, Ed., 1,
pp. 268-270 ; Pernice, Labeo,.
3, p. 211,
n. 2 ; Jobbé-Duval, Études sur l'histoire de la procédure civile, 1, 1896,.
pp. 73-82.
1. Ainsi en matière de confessiô in jure, de serment nécessaire. Nous revien-
drons sur ce point dans notre livre IV.
2. La formule est, d après Gaius, 4, 41.50
: Si paret N. Negidium A. Aqerio ses-
tertium decem milia dare oportere judex N. Negidium A. Agerio sestertium decem.
milia condemna, si
non parel absolve.
3. Gaius, 4, 13.171, où l'on qu'en parlant de crédita pecunia, il ne-,
fan que désigner notre action
remarquera
par son nom technique. Cela ne prouve donc aucu-
nement que son intervention se limite, comme on l'a dit parfois (Baron, Condic-
tonen, 1881, p. 187). au cas où elle serait intentée en vertu de certaines causes.
*• V. sur la restitution de la formule des formules, Lenel, Ed., t,pp.276-277 •
5. Savigny, Traité, 5,
ou
p. 610.
o. Nous reviendrons plus loin sur le caractère d'action abstraite de la condictio :
•
JV. H. H 1895, p. 410, n 2. L'action ex stipulatu indiquait dans sa formule
,
quon agissait en vertu de la stipulation d'un incertum, selon Gaius.4,136.137 (p.492,
el.c'?st P°ur cela que Justinien (lnsl., 3, 15, De V. O., pr.) oppose nellement
)a 00
.'j' 10! naissant de la stipulation certae pecuniae ou aliae certae rei. à l'action,
ipulatu, naissant de la stipulation d'un incertum : Ex qua duae proficiscuntur
492 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
pro herede est devenue une institution originale en conservant les règles
qui avaient d'abord été le droit commun de l'usucapion '.
§ 3. — Contrat littéral.
Le contrat littéral 2 est un contrat formel dont la solennité consiste
dans l'usage de l'écriture, dans une inscription faite sur un registre, k
peu près indubitablement 3, sur le registre que les Romains désignent
du nom de codex accepti et expensi, de tabulae accepti et expensi et nui
contenait des pages distinctes pour les accepta et pour les cxpemai.ù
.registre était, à notre sens, un livre de caisse 5, sur lequel les citoyens
inscrivaient leurs recettes et leurs dépenses, leurs entrées et leurs sor-
ties de numéraire, à intervalles périodiques, habituellement tous les
mois 6 en les copiant d'un livre-journal appelé les adversaria ". Le chef
de famille 8 y inscrivait, ordinairement en spécifiant le nom de la per-
sonne et la cause de l'opération 9,à l'une des pages,les expensa,hs sorties
de numéraire faites à un titre quelconque que ce fût par exemple pour
payer une dette à l'un de ses créanciers, pour faire un prêt à quelqu'un
1. L'opinion rapportée par Venuleius, p.493,n. 5, selon laquelle l'obligation naî-
trait du premier serment est singulièrement favorable à celte idée.
2. Gaius, 3, 128-134. Cicéron, Pro Roscio com. Pseudo-Asconius, In Verr., 2, ),
60. On trouvera l'analyse de la littérature antérieure à 1873 dans Danz, Uirkch
d. Gesch. d. rbmisch. Rechls, 2, § 151. V. en outre Gide, Novation et transport des
créances, 1879, pp. 185-228 ; M. Voigt, Ueber die Bankiers die Buchfiànmg und
die Literalobligalionen der Rbmer, Abhandlungen de Leipzig, 1887, et la réfutation
de Niemeyer, Z. S. St., 13, pp. 312-320 ; Cuq, Institutions, 1, pp, 211-220;
Karlowa, R. R. G., 2, pp. 846-757.
3. La doctrine de M. Voigt, selon laquelle il aurait été inscrit sur un cote
ralionum domesticarum dislinct du codex accepti et expensi, n'est commandée par
aucun texte et elle rend incompréhensible le passage des mentions probatoires
-aux mentions génératrices d'obligations.
4. Pline, H. n., 2, 7, 22 : Iluic (Fortunae) omnia jérunlur accepta : et m loi»
ratione morlalium sola utramque paginant facit. Cf. sur l'antiquité du codex, Kar-
lowa, p. 747.
5. Une autre doctrine le considère comme un livre de compte-courant dans
lequel les deux pages se rapporteraient non pas aux fonds entrés dans la caisse
et sortis de la caisse, mais aux créances et aux dettes envers les tiers. V. en sens
contraire Cicéron, In Verr.. 2. 2, 70 et D., 2, 14, De éd., 6, 6 ; 10, 2, avec le com-
mentaire de Mitteis, Z S. St., 19, 1898, pp. 258-259.
6. C'est le délai indiqué par de nombreux passages de Cicéron, Pro Roscio,
notamment 3, 8 : Cum omnes qui tabulas conficianl menstruas poene rationes m
tabulas transférant ; v aussi Cornélius Nepos, Alticus, 13. Cf. cependant sur d'au-
tres délais, Pétrone, 53, et Karlowa, p. 747.
7. Le caractère des adversaria, attesté notamment par le Pro Roscio, est incon-
testé. Il faut encore distinguer des adversaria et du codex accepti el expensi le
kalendarium, carnet de comptes sur lequel on écrivait ses échéances d'intérêts
mensuels à percevoir. Cf. p. 514, n. 6.
8. Cicéron, Pro Caelio,!, 17 : Tabulas qui in patris polestate est nullas confiât.
9- Cf. Velius Longus, éd. Keil,
p. 60 : Quotiens acceplum referebant non tfi'ceW
a Longo, sed af Longo. Peut-être In Verr., 2, 4, 6, 12. Les pecuniae exlraordinariae,
mentionnées par exemple par Cicéron, In Verr., 2, 1, 39, 102, étaient,croyons-nous
avec Karlowa, p. 749, les recettes ou les dépenses pour lesquelles manquait l'une
ou l'autre de ces mentions.
CONTRATS- — CONTRATS FORMELS, CONTRAT LITTÉRAL 495
pour constituer une dot à l'une de ses filles,à l'autre page, les accepta,
ou
les rentrées de numéraire venues à un titre quelconque, de personnes
quelconques, que ce fût par exemple à raison d'un prêt qui lui était fait,
d'une créance qui lui était remboursée, ou d'une constitution de dot pro-
voquée par son mariage ou par celui d'un de ses fils. Et en conséquence
le codex, quand il était bien tenu, donnait un tableau clair et exact de
l'état de la caisse de celui à qui il appartenait. Mais, les inscriptions qu'il
contenait ne constituaient pas plus des contrats que celles faites aujour-
d'hui par nos commerçants sur leurs livres de caisse. Elles donnaient les
noms de ceux qui avaient reçu de l'argent de la caisse ou qui en avaient
versé à la caisse. Elles constataient des obligations, quand les mouve-
mentsde fonds se rapportaient à des contrats, par exemple à des contrats
de prêt qui donnaient lieu à une mention, à la colonne des dépenses,
sur le registre du créancier (expensum ferre,expensi latio) et à une men-
tion inverse, à la colonne des recettes, sur le registre du débiteur (accep-
tum ferre, accepti latio). Elles ne les créaient pas.
Seulement, à la différence de nos livres de caisse qui ne peuvent
servir à autre chose, les registres romains ont fini par servir à créer
des obligations ; ils peuvent, depuis une certaine époque, contenir à
côté des nomina arcaria qui ne sont que la constatation d'obli-
gations préexistantes i, des nomina transscripticia, sans doute in-
ventés à l'imitation des nomina arcaria, qui sont la source d'obli-
gations nouvelles. Ce sont ces nomina transscripticia, qui constituent
le contrat littéral, introduit à Rome longtemps a\ant la fin de la Répu-
blique 2, peut-être à la suite de la loi Poetelia Papiria sur le nexum 3,
1. Gaius, 3, 131 : Alia causa est eorum nominum quae arcaria vocantur. In his
enim rei, non litterarum obligatio consistil. quippe non aliter valent, quam si numé-
rale, sil pecunia ; numeratio aulem pecuniae re facit obligationem Qua de causa
recle dicemus arcaria nomina nullam facere obligationem, sed obligalionis factae
testimonium praebere.
2. On considère assez habituellement son existence comme établie en 561, par
la relation faite
par Tite-Live, 35, 7, d'une fraude qui consistait à éluder les lois
sur l'usure en transportant par un jeu d'écritures les créances sur la tète des pé-
régrins. Mais il faudrait alors admettre (comme le fait
au reste M. Cuq, p. 218,
D' 8), que ces pérégrlns auraient pu devenir créanciers par contrat littéral. Nous
croyons plus prudent de voir là, avec M. Karlowa, une simple comptabilité lictive.
Au contraire le
contrat littéral apparaît, à l'époque de Cicéron, comme une insti-
tution ancienne et depuis longtemps développée.
3. Cette idée s'appuie,
encore plus que sur la terminologie du contrat littéral
(qui est assurément parallèle à celle du mais qui n'est que celle du co-
nexum,
dex), sur la manière remarquable dont le contrat littéral
se trouve, surtout de-
puis que le nexum ne fait plus naître la manus injeclio, remplacer le vieux con-
trat également inaccessible
aux pérégrins, également restreint aux dettes d'argent,
«gaiement impropre à l'apposition d'une condition. De même
que la pesée avait
paru une gène depuis la création de la monnaie fondue l'Etat et avait été
déclarée superflue
par
par les XII Tables (p. 477, n. 2), le cérémonial du nexum lui-
Mme a dû sembler bientôt un embarras et
on aura trouvé, pour s'en passer,
expédient consistant à attester des écritures mensongères cette même pesée
par
«ont il était la simulation matérielle.
496 LIVRE III- — IV- — TITRE I. — CHAPITRE II
et disparu avec le codex dans le cours de la période impériale ',
1. Formation du contrat. Les nomina transscripticia qui peuvent
selon Gaius 2, intervenir soit pour mettre un nouveau débiteur à k
place d'un ancien (transscriptio a persona in personam) 3, soit pour
remplacer une obligation née d'une autre source par une obligation lit-
térale (transscriptio a re in personam) '- et qui peuvent aussi le faire
croyons-nous, en vertu d'arguments de textes et de raison, pour créer
directement une obligation nouvelle en transformant un simple pacte
en contrat 5, se constituent à l'aide du codex, dans des formes qui ne
nous sont point parfaitement connues. Gaius parle à plusieurs reprises
de la formation du contrat par une expensilatio du créancier 6. Mais on
s'est demandé si c'était la seule formalité employée et si par exem-
ple il ne fallait pas en outre soit une mention corrélative sur le registre
du débiteur, soit quelqu'autre mention sur le registre du créancier,
Suivant la conjecture qui est la plus répandue et qui nous parait, dans
l'ensemble, la moins invraisemblable, le contrat littéral se forme par
une double mention faite par le créancier, sur son registre, du conseu-
tement du débiteur. Pour faire naître la créance à son profit, comme
s'il y avait eu une sortie de fonds réelle, il inscrit, à la colonne des
dépenses, un déboursé qu'il n'a pas fait (expensum centum) ; mais, pour
que son livre de caisse reste exact, il inscrit, à la colonne des recel-
tes, une rentrée de fonds symétrique qui n'a pas eu lieu davantage
(acceptum centum). Et par la vertu de ces deux mentions, ainsi Irans-
portées d'une colonne à l'autre (transscriptio, nomen transscriplicium),
il se trouve avoir éteint la créance ancienne, quand il en existait déjà
une, et avoir,
qu'il existât ou non une créance ancienne, créé une obli-
gation nouvelle '.
Quant au débiteur, il est assez naturel que, de même qu'il inscrit sur
son livre les recettes réelles, les nomina arcaria, il y ait aussi inscrit la
recette fictive qui est la base du contrat littéral, en ayant au reste tou-
jours soin de neutraliser cette mention d'une recette qui n'a pas eu lieu
par la mention respective à l'autre colonne d'une dépense mensongère
égale. Mais on admet aujourd'hui généralement que cela n'est pas né-
cessaire à la formation du contrata.
1. Cf. Cicéron, Pro Roscio, 5, 14 : Pecunia pelila est certa, cum lertia parte sponsio
jacta est. IIaec pecunia necesse est aul data aut expensa lala aut stipulala sit.
2. Cf. R. Gneist, Die formellen Vertraqe des neueren rbmisch. Obligalionenrechts,
1845, pp. 321-514 Dareste, Bulletin de correspondance hellénique, 8, 1884.
; p. 362
etss. Le même, Haussoullier,Reinach,/nscn'/^tons juridiques grecques, I, pp. 297.300.
Mitteis. Reichsrechl und Volksrecht, 1891,
pp. 459 498.
3. Gaius. 3, 134 : Praelerea litterarum obligatio fieri videtur chirographis el
syn-
graphis, id est si quis debere se aul dalurum se scribat ; ita scilicel si eo nomine
slipulalio non fiât. Quod genus obligalionis proprium peregrinorum est. On joint
toujours à ce texte celui du faux Asconius, In Verr., 2, 1, 37 : Inler syngraphas
el cèlera chirographa hoc inleresl, quod in céleris lanlum quae gesla sunl scribi so-
ient, in syngraphis eliam
contra fidem verilalis pactio venit et non numerala quo-
l\ue pecunia aul non intègre numerala pro lemporaria volunlale hominum scribi soient,
more insliluloque Graecorum ; et coeterae tabulae ab una parle servari soient,
syngraphae signatae utriusque manu utrique parti servandae tradunlur.
4 Le texte du faux Asconius,in fine (n.3) l'affirme, el c'est confirmé par d'autres
sources. Il donnerait aussi l'idée d'une rédaction en double original ; mais les au-
tres informations portent plutôt à admettre,
avec MM. Dareste el Mitteis, le dépôt
entre les mains d'un tiers. En tout
cas, c'est ici comme ailleurs une erreur cer-
taine de parler de signature
au sens moderne.
a- Le faux Asconius le dit
pour les syngraphae, dans lesquelles, en partant de
'«» une doctrine qui remonte à Saumaise voyait un vérilable contrat formel obli-
geant sans cause. Mais cette doctrine pouvait sembler réfutée par le livre de Gneist
flui avait entrepris de démontrer désignaient seulement des titres
que ces noms
probatoires et dont les conclusions ont notamment été admises
par Savigny, Ver-
wschle Schriften, 1, 1850, 236 et ss. Voigt, Jus Naturale, 2, 1858. p. 419. Gide,
p.
«ovation.y. 219. Cependant il paraît bien résulter
en particulier des recherches
'. e M. Mitteis que le droit hellénique
a connu des actes écrits obligeant des per-
onnes par l'allégation d'une numération d'espèces qu'elles n'avaient
pas reçues,
500 LIVRE III- — IV- — TITRE I. — CHAPITRE II
cas, remarquer que, s'il y avait eu là un contrat formel propre aux pé-
régrins de race hellénique, il aurait disparu avec la constitution de Cara-
ralla conférant la cité à ces pérégrins 1.
5. Droit de Justinien 2. Justinien affirme, dans ses Instilûtes, qu'il
existe, à son époque, une obligation littérale : celle produite par un titre
qui constate mensongèrement un prêt et dont la sincérité ne peut plus
être contestée parce que le délai de la querela non numeralue pecunke
est expiré (p. 503). On admet aujourd'hui assez habituellement, avec
raison à notre sens, qu'il fait là une confusion entre la formation de l'o-
bligation et sa preuve et que même il la fait probablement d'une façon
consciente afin de pouvoir conserver, malgré la disparition du coder, la
division des obligations contractuelles en obligations nées re, verbis,
litteris et consensu 3.
à la façon donc du nexum et du contrat littéral (v. par ex. l'engagement des cau-
tions de l'emprunt d'Orchomène. lignes 78 et ss., Inscr. juridiques grecques, 1,
p. 280, el le commentaire de Mitteis, p. 470 et ss. ; cf. aussi Revillout, Les obli-
gations en droit égyptien 1886, p. 81) et désignés au moins d'ordinaire des noms
de ovyypt/.fri, aw/yoayh Saveiou (sur d'autres caractères plus douteux, caraclêre
public, caractère exécutoire, etc., voir, en sens opposés, Dareste, Bull, corr.hdl,
p. 362, et Mitteis, p. 366 et ss.). Cela prouverait sinon que les syngraphae étaient
toujours des contrats formels, au moins qu'elles pouvaient en contenir. el ,Oil-
teis admet la même solution pour les chirographa, en vertu du texte, à noire avis
plutôt conlraire, de Gaius.
1. M. Mitteis le spécifie lui-même, pp 485. 492.
2. Inst., 3, 21, De litterarum obligalione. Cf. Gneist, Die formellenYerlr'égc,
pp. 319 410.
3. L'existence d'une obligation littérale produite sous Justinien par le billet où
le débiteur reconnaît faussement avoir reçu un prêt (caulio, chirographum) a parti-
culièrement été défendue par les auteurs anciens qui voyaient dans les chirogra-
pha el tes syngraphae helléniques des contrats littéraux pérégrins. L'institution
du chirographum n'a fait, disent-ils, que passer du droit provincial dans le droit
commun de l'empire (v. encore, en ce sens, Petit, p. 350, n. 3). Mais sur ce point,
la réfutation de Gneist reste toujours intacte. Ainsi qu'a pris soin de le remar-
quer M. Mitteis, il est certain, quelle qu'ait été la nature première du chirographum
hellénique, que le chirographum romain est, au temps de Justinien comme avant,
un titre probatoire et non pas une source d'obligation littérale, et il est certain
qu'il n'y a pas d'obligation naissant litteris sous Justinien. La preuve du premier
point est dans les textes qui disent que les pactes constatés dans un chirographum
restent des pactes dénués d'action au lieu de se transformer en contrats obliga-
toires (v. par ex. pour la convention de rendre des deniers prêtés à autrui,
Dioclétien, C 4, 2, Si cerl. pet., 14 ; pour la convention d'intérêts, C, h. t., 6>
,
et les autres textes cités par Gneist, p. 322 et ss). La preuve du second est dans
le soin méthodique avec lequel les compilateurs du Digeste y ont effacé toutes
les mentions des obligations nées litteris (v. par ex. Gaius, D., 44, 7, De O.el
A., 1, 1, rapproché de Gaius, 3, 89 et les nombreux textes cités par Gneist, p. 372,
n. 12).
C., 4, 30, De non numerala pecunia. Cf. R. Gneist, Die formellen VertrUp,
4-
pp. 7-210. 233. 318. Huschke. Rbmische Lehre vom Darlehn, 1882, pp. 91-U8. A.
CONTRATS. — QUERELA NON NUMERATAE PECUNIAE 501
§ i. — Mutuum.
Le mutuum i ou prêt de consommation, est le contrat dans lequel une
personne transfère à une autre la propriété d'une certaine quantité de
choses, pièces de monnaie, denrées, en convenant que cette autre lui
rendra, au bout d'un certain délai, une même quantité de choses de
même qualité i. C'est un contrat unilatéral et de droit strict, qui donne
au créancier pour obtenir la restitution, une action de droit strict, une
condictio, la condictio certae pecuniae, s'il s'agit d'argent, la condictio
tntkaria, s'il s'agit d'autres choses, de denrées, de boisseaux de blé,
par exemple.
11 n'était sans doute pas plus connu que les autres contrats non for-
mels à l'origine du droit romain. La convention qui le constituait pouvait
être rendue obligatoire, quand il s'agissait d'un prêt d'argent, par les
formes du nexum, qui, au temps où la pesée était réelle, en différait
d'ailleurs très peu, seulement par les termes sacramentels et par les
témoins ; elle put aussi, de bonne heure, être rendue obligatoire par
celles du contrat verbal, que le prêt portât sur de l'argent ou sur d'au-,
très denrées. En dehors de là, c'était un simple pacte dénué d'action.
Mais pourtant l'action en restitution des deniers prêtés fut, croyons-
nous, admise assez facilement, plus facilement que celles de tous les
autres contrats non formels, non pas en vertu de l'idée de contrat, mais
en vertu d'une idée indépendante, en vertu d'une idée d'enrichissement
injuste, en vertu de l'idée que celui qui a acquis sans cause la chose
d'autrui est obligé re à la restituer, à en rendre la valeur, idée aussi
vraie quand l'acquisition a été faite en vertu d'une convention que quand
elle a été faite
sans convention 3 et qui paraît avoir été admise non seu-
lement avant l'introduction de la procédure formulaire par la loi Aebutia,
mats avant l'introduction de la legis actio per condictionem par les lois
; car nous avons la preuve qu'elle a été sanctionnée
Silia et Calpurnia
par la legis actio sacramenti avant de l'être par la condictio qui en fut
plus tard la sanction régulière *.
605 permettait d'agir par la legis actio sacramenti en répétition des choses reçues
illégalement par les. magistrats. L'action intentée là n'est pas autre chose qu'une
condictio sine causa du droit plus récent Puisqu'elle y est intentée par smmmen-
tum, c'est qu'elle a existé avant la loi Aebutia et même avant la loi Silia, depuis
laquelle elle a pu donner lieu à une condictio certae pecuniae. Cf. .'V. i. H-,
1895, p. 421. 1897, p. 282 et s.
1. Rien n'empêche, dans notre système, de faire remonter celte date antérieure
à la loi Aebutia et à la loi Silia fort haut dans le passé. Quant aux témoignages
concrets, on considère généralement l'existence du prêt de consommation, soit en
qualité de prêt gratuit auquel est plutôt réservé le nom de mutuum, soit en qua-
lité de prêt à intérêt désigné de préférence du nom de faenus, comme attestée à
Rome par le théâtre de Plaute et c'est un des points sur lesquels son langage
semble mieux s entendre d'une institution romaine que d'une institution helléni-
que ; mais les textes, qu'on trouvera reproduits dans Costa, Diritto romano nellt
comed di Plauto, 1890, pp. 307-313, renseignent plus sur l'existence économique
de l'opéralion que sur la façon de la rendre alors obligatoire. Le texte de Tite-
Live, 32, 2, sur l'an 555, cité par M. Cuq, Institutions, 1, p. 220, n. 7, est relatif à
un emprunt fait par les Carthaginois a Rome et ne nous paraît pas prouver
grand'chose pour les règles des contrats privés.
2. Cest par exemple seulement là qu est l'explication parfaite de la rigueur avec
laquelle on a toujours conservé la règle que l'emprunteur ne peut être tenu»
rendre plus qu'il n'a reçu. C'est aussi par là qu'on comprend le mieux les solu-
tions relatives aux cas de prêts faits par un impubère, par un non propriétaire,
peut-èire pour le compte d'un tiers à son nom (p. 509, n. 2 et 5 ; p. 510. n.5).Il
y s. condictio et il n'est pas sûr qu'il y ait mutuum. Mais la manière dont les textes
donnent la condictio, le plus souvent sans se poser la question du mulnum, en dé-
pit de ses intérêts pratiques, est à remarquer. Elle est fort explicable si la notion
de la condictio née re esl le tronc originaire duquel s'est ensuile détachée l'idée
secondaire de mutuum ; elle ne le serait pas du tout, si c'était l'idée de mutuum
qui était l'idée primitive et l'idée d'enrichissement sans cause qui en était une
extension postérieure.
CONTRATS. — CONTRATS REELS, MUTUUM 507=
'. Paul, D., 44, 7, De O. et A., 3, 1 : Non salis est dantis esse nummos et fieri
iwipientis, ut obligatio nascatur, sed etiam hoc animo dari el accipi, ut obligalio-
oomtuuatur. Ulpien, D., 12, 1, De fi. C, 18.
2- Ulpien, fr. de Vienne, 2, 1 (Textes,
p. 467). Gaius, 3, 90. Paul, D., 12, 1, De-
•
e-.2, 1. Cf. C. civ., art. 1892. 1894.
Aulre exemple, D., 12, 1, De R. C, 18. Je dépose chez une personne une
'
se réalise, elle deviendra propriétaire à titre de prêt..
omiae dont, si la condition
y a dépèt pur et simple et mutuum conditionnel.
508 LIVRE III. — IV- — TITRE I- — CHAPITRE II
1. l>.. 22, 2, De naulico faenore. Cf. Mathias, Das foenus nauticum uni dit y-
schichtliche Eiitim'c/ielung der Bodmerei, 1881. Karlowa, R. R. G., 2, pp. t-308-
1310; Cuq, dans Daremherg el Saglio, 7, 1, 1904, pp. 13-17. Autres règles propje
au nauticum faenus, p. 513, n. 4, p. 514, n. 8. Extension à des hypothèses jun-
diquenienl analogues, D., h. t., 5.
2. Pluspetitio loco : lnsl., 4, 6, De act., 33.
3. La simple convention, qui opère le déplacement delà possession et par sorte
de la propriété (p. 295, 2°), transformera aussi le dépôt en mutuum, ce qui ftrali
dette de corps certain, sanctionnée par une action de bonne foi, du dêposîtiïn
être remplacée par une dette de genre, sanctionnée par une action de droit slricl:
Ulpien, O., 12, 1, De R. C, 9, 9. Africain (citant Julien), D.,n,i,Mandati,to.pr.
4. Paul. D., h. t., 2. 2 : Si non fiai tuum, non nasciiur obligalio.
5. On conclut en outre souvent de là que le prêteur, réclamant la resliloli*
en vertu du mutuum, devrait prouver son droit de propriété. Mais celte doctrine»
«té très fortement contestée. Les textes exigent de lui la preuve de la mimifsti»^
des deniers et rien de plus. Quand les règles de preuve ont été modifiées, ce 1»'
par la querela non numeratae et non par la querela non datae pecuniae. A la vfu
rite, cette translation de propriété est un élément du conlrat; mais il y a *5
éléments du conlrat qui se présument, ainsi la capacité des parties.
CONTRATS- — CONTRATS REELS, MUTUUM 509'
tio, quand il les aura consommés de honne foi i, mais ce sera, dit-on,la
condictio sine causa qu'on pourra intenter de suite, ce ne sera jamais la
condictio qui naîtrait du mutuum au terme 2 ; car il n'y a pas de trans-
lation de propriété ni par conséquent de mutuum, quand le tradens
n'est pas capable d'aliéner.
Il n'y a pas non plus de translation de propriété, ni par conséquent
es, mutuum, quand le tradens n'est pas propriétaire. ISaccipiensne de-
vient pas débiteur 3 et il serait injuste qu'il le devînt ; car il n'est pas
devenu propriétaire : il est exposé à la revendication du véritable pro-
priétaire. Seulement on se demande si le mutuum ne se forme pas après
coup (reconciliatio
mutui), au cas où Vaccipiens, qui n'est pas devenu
propriétaire dans le principe, le devient par la suite, cesse par la suite
d'être exposé à la revendication du vrai propriétaire, par exemple, parce-
que le tradens a hérité du vrai propriétaire, par exemple parce que lui-
même a usucapé les deniers, plus simplement et plus pratiquement parce
qu'il les a consommés de bonne foi. Il n'est pas douteux que le tradens-
a alors contre lui une
condictio '*. Mais les interprètes discutent si c'est
une condictio née du mutuum, qui pourrait seulement être intentée après
l'échéance, à côté de laquelle existerait sans difficulté l'action née d'une
tipulation d'intérêts, ou si c'est une condictio sine causa indépendante,
qui pourrait être intentée de suite, qui n'empêcherait pas la stipulation
d'intérêts d'avoir été faite sans cause, faute de mutuum valable, et de
pouvoir être attaquée de ce chef 3.
Ces règles procèdent de l'idée que le mutuum exige comme élément
matériel un transfert de propriété : c'est le principe et'il a sans doute
été absolu à l'origine. Mais il faut, à notre sens, reconnaître qu'on est,.
du textele plus connu, Ulpien, D., 12, 1, De R. C., 9. 8. Ce texte présente bien
en Unissant la même idée comme une justification donnée par Julien de sa solu-
tion [née dubilari quin, si
meam pecuniam tuo nomine voluntale tua dedero, tibi
uiauirilur obligalio, cum cottidie crediluri pecuniam mutuam ab alio poscamus, ut
mslro nomine credilor numerel fuluro debilori noslro) ; mais il dit positivement, à
son début, que la condictio est acquise à celui pour le compte duquel on remet les
deniers, même quand
on le fait à son insu (si nummos meos tuo nomine dedero
wkl tuos absente te et ignorante Aristo scribit adquiri tibi condiclionem). Il
y a donc
antinomie entre la solution et
sa justification. Seulement l'antinomie disparaît si
Ion supprime les mots absente vel ignorante si on lit avec Brinz au lieu de
velul tuos. voluntale
ou
tua sed. M. Pernice pense à l'inverse que c'est la finale : nec
dubilari debilori nostro qui est interpolée
et que par conséquent Aristo donnait
lien la condictio à celui
pour le compte duquel des deniers avaient été remis sans
son aveu, mais comme une condictio née
re en dehors de toute idée de contrat et
non pas comme une condictio née du mutuum. Cf. Pernice, Labeo, 3, 1,
p. 222
et ss. et en sens divers les auteurs cités lui, p. 222, n. 2 et 3.
t. Ulpien, D., h. t., 11, par
pr. En sens contraire, Africain (citant Julien), D., 17,1,
Mand., M,
pr.
2. Ici encore Ulpien. D., h.
t., 15, admet que le mutuum se formera en disant
jiue c est la même chose lorsque le créancier charge son emprunteur d'aller
toucher sa créance, qu'on fait
que
simplement avec le débiteur lui-même ce qu'on
erait là avec un tiers et q-u-»jj
y a par conséqUGnt encore deux traditions sous-
entendues, une du mandataire
au mandant en exécution du mandat et une du
mandant au mandataire à titre de
prêt. Mais cette solution, qui présenterait de
nombreux intérêls pratiques (droit
pourledébiteur.au terme de restitution du
d" ' su"Stilution à l'action de bonne foi du mandat de l'action de droit strict
mutuum ; nécessité d'une stipulation rendre obligatoire dans le muluum
convention d'intérêts obligatoire pour
par simple pacte dans le mandat), est vigou-
usement combattue Julien chez Africain, D., 17, 1, Mand, 34, pr., et elle
par
rma encore rejelée par Dioclétien, C, 4, 2, Si cerl. pet., 6.
512 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
1. Cela nous parait établi pour le second cas par Papinien, D., 14, 3, Dents'.
act., 19, 3 (cf. Huschke, p. 53) el pour le premier par Celse. D., h. '-, 32, où la
validité du mutuum n'est exclue que parce qu'il y a eu une erreur des parties.
Cf. aussi Julien, D., 46, 1, De fidejussoribus, 18 : Qui debitorem suum delegal
pecuniam dare inlellegilur, quanta ei debelur et les autres lexles cilés dans le
même sens par Pernice, Z. S. St., 19, 1898, p. 117, n. 6. Là encore la règle tin'
sa jusiilleation ot sa portée du développement des affaires de banque (p. â'">
n. 3).
2. Cf. Huschke, p. 51 et ss. et en sens contraire Brinz, K. V. /., p. 183 el Ss•
3. Gaius, !>.. 44. 7, De O. el A., 1, 4 : Qui mutuum accepit, si quolibet casu quod
accepit amiserit, nihilominus obligatus permanet.
4. Paul, D., 2, 14, De paclis, 17, pr. : Re enim non potest obligatio contrahi, nm
quatenus datum sit.
5. Ulpien, D., h t., H, 1 : Si tibi dedero decem sic ut novem debeas, Proadm
ail et recte, non amplius te ipso jure debere quant novem (il y a donation pour
l'excédent) : serf si dedero ut undecim debeas, putat Proculus amplius guam decem
condici non passe.
CONTRATS. — CONTRATS REELS, MUTUUM 513
prend alors plus spécialement-le nom de faenus ; mais elle est régie
certain nombre de règles propres.
par un
1, D'abord elle ne peut être rendue obligatoire que par un contrat for-
mel, pratiquement, à l'époque historique, par un contrat verbal i. Et
c'est même la raison pour laquelle, ainsi que nous avons déjà remarqué
(p. 501), le mutuum lui-même est presque toujours incorporé dans un
contrat verbal. Pour devenir créancier des intérêts, il faut faire une sti-
pulation i slipulalio usurarum). Il est aussi simple de la faire du même
coup pour le capital et les intérêts istipulatio sortis et usurarum) 2.
Le simple pacte d'intérêts joint au mutuum produit, en droit classique,
une obligation naturelle dont l'existence exclut la répétition de l'indu,
quand les intérêts ont été payés, même par erreur 3. Et on a admis, dans
le cours des temps, qu'il pourrait par exception faire naître une action
dans certains cas particulièrement favorables : au cas de nauticum
faenus 4, probablement depuis qu'il existe ; ensuite, depuis le temps
d'Alexandre Sévère, au cas de prêt de denrées autres que de l'argent 5 ;
enfin, depuis une novelle de Justinien, au cas de prêts faits par des ban-
quiers 6. Mais, pour les prêts d'argent terrestres faits par d'autres parti-
culiers, la simple convention reste impuissante à faire naître une créance
civile d'intérêts. C'est, en présence du développement reçu depuis des
siècles par le système des pactes adjoints aux contrats, une disposition
de faveur pour les emprunteurs d'argent. L'emprunteur d'argent reste
toujours protégé par le principe qu'il ne peut devoir d'intérêts qu'en
vertu d'un contrat verbal, comme il l'est, peut-on dire, depuis le IIIe siè-
cle par la théorie de la querela.
1 Une autre protection résulte pour lui, dans la pensée du législateur,
de la réglementation de l'intérêt 7. Le législateur intervient pour limiter,
à fencontre des conventions privées, tant le taux de l'intérêt que son
pouvoir d'accumulation.
a) Taux de l'intérêt. A la différence du locateur d'une chose, le loca
1. Africain, D., 19,5, De pr. verb. acl., 24 : Respondit (Julianus) pecuniae qui-
dem creditae
usuras nisi in stipulalionem deductas non deberi. Paul, Sent., 2, 14, 1.
'« ulpien. D.. 45, 1, De V.O., 75, 9.
2. V., outre les nombreux exemples donnés par les compilations juridiques,
deux exemples concrets venant des triptyques de Transylvanie, Textes, pp 803-804
3- C., 4, 32. De usuris, 3.
4. D., 22, 2, De naut. faen., 7. Le droit classique admet la même solution pour
•es prêts faits
par des cités, D., 22. 1, De usur., 30.
•>• C.,i. 32, De usuris, 11 (12) : Frumenti vel hordei mutuo dati accessio etiam ex
wdo paclo praeslanda est. Cf. C, h. t., 23.
jj- Nov. 136,
c. 4.
'• Ct. Savigny, Vermischte Schriften, i, 1850, pp. 386-406. Puchta, Instilutionen,
2, g 261 Marquardt, Organisation financière,
; pp. 71-78. G. Billeter, Geschichle des
Zinsjusses im griechisch-romischen Altertum bis auf Justinian, 1898. Klingmueller,
^ S. Si., 23, 1902,
pp. 68-83.
33
514 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
tour d'argent, n'est pas libre d'en fixer le loyer à sa guise.Le droit romain
considère- les emprunteurs d'argent comme atteints dans leur liberté par
le besoiu sous le coup duquel ils accepteraient des conditions trop
onéreuses et il essaie de les protéger en fixant un maximum. Ce maxi-
mum est d'ailleurs loin d'avoir toujours été le même. A l'époque des
XII Tables, qui nous sont présentées comme la première loi limitative,
c'était Vitnciarum faenus, c'est-à-dire probablement, le .1/12 du capital,
8,;W °/„ par an '. Il fut abaissé en l'an 407 à la moitié (scmuw.iamm
faenus) -1,17 °/„ -. puis enfin il fut totalement interdit, en l'an 412, par
la lot Gennoia 3, comme- il l'a été par le moyen âge chrétien. Mais cette
prohibition parait, avoir été bientôt frappée de désuétude sans avoir en
le temps de produire les expédients inventés par notre ancien droit
pour la tourner. À l'époque de Cicéron, le taux légal est. de -i-2 ";?par
an. 1 ".o par mois *. Ce sont les eenlesimae ustirae seu 'nlvudam.
ainsi nommées de. leur échéance aux calendes de chaque, mois % qui fai-
sait aussi appeler kalendarium. le livre de recouvrement des particulier
el. même-.,dans la langue usuelle, actio fcalenrfarit, l'action en rccouvrc-
ineol des intérêts *. Ce maximum légal, qui devin) sons l'Empire,
«?n fiait, très supérieur an taux ordinaire des intérêts couv-nfionoels 7
!.. 'f>«lj\ i»»., "8, l'S, 'On discale quelquefois si oe waxuxram m se rapporte-
rvaàd pas à fsîin'tta de dàx mois àe. Xisnia, ce qui damnerait, alors "fli'3 pour lan-
n<V. ajc» «terra'- mais. Mais t-elfe ptèl^Bdiae année 4e M mois m'a jamais esisl*. U.
M'iiranison, Siimm.he C'hmtiùhgif. 2f éd., 1856, p.. 48 et ss. ; Tustr, SBBÏ te Ma-
wui'l nfi'wa.n MulW, I, p. 6115 et s.
2.. TiUe-Livr, 7, 27, 3, ttoe Liî .antérï«n-e de l'an 3S7, la loi Tiuilis Mrraia avait,
â.i»s T'ralK-v.<i.ili|.\ '.COÏI1ÏT«I:P les '.ifejwtsilîacns îles XII TaWes (ïïle Lhe... ".. S*. •!-
vt, TiJe-Uvr-, --. Ï2, I ;Ts«tf, <i,K : Apprai. B. r... i.Si.
4- CWTOÎI.. ,dr/i«'J., S, 32, 5, 2i, Psel. Sera., 2, 34,2..
K, Ci. Aiïi'riwisi», Be TrMo.. S2 ; ï7-eiiÏ3im;i Mienàas. parti.tort cf.nir.dmm: «««<
m."masi ia'»gv.ti.. genemxtrj.r itsvrae, Y. SUT Des antres déBDmiBBiiBiis Mrta &la
divteiifrft '4*. T'as.. M.aTqiuîii'fll, p. 74..
6, Knlcn/lnj-aan -. cf. HcehL jKp rômïachm KulfiniarigrâmEkcr. 3*SS- S'OH1"*- '•
S. -S'.'.., 52, ï:Sâ2, jp, 156 rt ss, Acziû ï'M.tenriarS:: B.... 36. 7, De .aâm. tut., 38- '*-
7, CùIïimriJp.. 2'V re 7"MS/,„ 3, 3, încHrrnt, au V" siècle, crunnis ]e lacs iis-'1"3*
:f> <7« (*ewn*ws mn.rti.e) CrcèTOn parte, rai T'en 7(11').. '(TtiB-e -eJératiffli flu f,[|,D,s ''"
U S */„ ;Cwftr,ïn, .ni .ta.,
;;
i, 113,7:; Faevm m inertie ïctibm rJnwrAtr'te !'«-
tum-en/il bnmbm.: AdQ /.'f., 2, 14, i). Dion €assms, 51, 2±. parle ousa: it l "
pet» I? temps .iï'Aupns'Le, Au 'temps de 'ÎTraj-îm, tes capitaux offertes tas. loiri*»
almipPUiïTOs .Te.im.rn, p, 797 ri, ss, ) étaîenl plaoos, à. TTJII diTf.. âens un liai B«'-^
Pc'Br_^
>*fit. wiTi^til*..^ ïi «/„ Hshra les Il;iJKo:w!s Bâriens
.à 2 3/2., iBjtisittïïtiaMf'WM'1
wt.rs!.. iinas ime «itr* Iroedsïitm înitei .Athènts;, CI, An... j j, fil.ilsi'W&i-iKî!'
ifvtfh me pLtWïés â S. €T, 3":h.. M'fftti'msen.. iffermeg., 5, ISîil, p.. J2fl *t ss-
71
1. Elle était encore permise à l'époque de Cicéron, où les édils des magistrats
suivis par lui dans son édit de Cilicie de 704 prescrivaient seulement de la foire
pour les intérêts de chaque année (anatocismus anniversarius) et non pas pour
ceux de cliaque mois (anatocismus menstruus). Cf. Cicéron, Ad Ail, % 21, ":
Cum ego in ediclo tralalicio centesimas me observalurum haberem cum tmlootsnw
anniversario. 6, I, 5. 6, 3, 5. Mais elle parait avoir été défendue parmi sénaliis-
consultc qu'il cite dans la même lettre, Ad Alt.. 5, 21, 13 : Praesertim cm»semlus
consultiim modo faclum sil ut cenlesimae perpeluo faenore, — c'est-à-dire sans nue
le cours en frit interrompu par la capitalisation annuelle — duarenlur. Cepen-
dant le point est controversé et l'on soutient même parfois que te testes du
Digeste prohibant les usurae usurarum signifient eux-n ; mes seulement que les
prohibitions générales et notamment celle sur la limitatLn des intérêts amures
au double s'appliquent aux intérêts capilalisés (Ulpien, D., 12, 6, De cond. M-,
26, 1 ; Modeslin, D., 42, 1, De re jud... 27). En tout cas l'inscription. Orelli, Ht»
(Textes, p. 8451. encore citée par M. Leonhardt, Pauly-Wissowa. Realenajclopom,
1, v. Anatocismus, comme exemple d'intérêts des intérêts imposés à titre de peine,
ne contient cette disposition que dans une finale apocryphe et aujourdlwi
écarlée justement du texte. Cf. C. I. L., X, 3334.
2. C'est, croyons-nous, le sens des mois de Justinien, C, h. t., 28 : Usant»
sortent redigere fueral concessum el totius summae usuras stipulari.
3. C, h. t., 28.
4. Modeslin, D., 12, 1, De R. C, 33.
5. D., 14, 6, De senalt/s consulta- Macedoniano. Cf. Mandry, Gemcines Fm»
giiterrecht. i, 1871, pp. 431-524. Huschke, pp. 149-193-
6. Tacite, Ann., 11, 13, sur l'an 47 : Et lege lata saeviliam creditorum coereu^,
ne in mortem parcnlum pecmiias filiis familiarum faenori durent. Celte loi, n '
sairemenl plus restreinte que le sénatus-consulte, peut, par exemple, ni»
Trappe que les prêts remboursables à la mort du père, peut aussi ne les ai
frappés que d'une amende.
7. Suétone, tes/)., Il : Auclor senalui fuit decernendi.... ne filiorwn /a»"-^
faencratoribus exigendi crediti jus post patrum ?« -
umquam essel, hoc est, ne D.,h.i.,Utr-il
mortem. _ Texte :D.,h. t., 1, pr. Motif et dénomination :
raphrase des Inst., 4, 7, 7. —
CONTRATS. — CONTRATS REELS, FIDUCIE 517
I. Ulpien. D., 12, 1, De R. C, 14. Marcien, D., 12, 6, De cond. indeb., 40, pr.
2- Paul, D.,h
t., 10.
3- Le texte du
sénatus-consulte D.. h. t., 1, dit : Placere ne cui, qui filio fami-
pr.,
aos, pecuniam dedisset mutuam. eliam, post mortem parenlis ejus. cujus in polestale
tf®et,aclio pelitioque darelur. On refusera 1 actio injure, il est incontesté que
s
Ion est dans le
cas du sénatus-consulte id où l expression deneganda est actio, D.,
J; '• U) ; on délivrera contraire l'action de peculio contre le père ou l'action
au
en y insérant l'exception, quand l'application du sénatus-
directe contre le dis,
consulte sera contestée.
H-A «..3, 3; 7, 3.
» Erreur inévitable: D., h. t., 19. Consentement du père: O., h. t., 12. In rem
*nopa'ris:D., h. r., 7, 12-14.
$• °-> h-1., 1,
3.
'•c-> 4, 28, Ad
se. Maced., 2. Les conditions de validité de cette renonciation
««M controversées. Cf.
Windscheid. 2, S 374. n. 17.
• U.
Ubbeloh.de, Zur Geschichle der benannlen Realconlracte auf Rûckgabe dersel-
"en species, 1870.
•
Un rencontre des renseignements relatifs à la fiducie non seulement chez des
51S LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
auteurs extrajuridiques tels que Cicéron, Boèce, Isidore de Séville, etc... maistlass
les ouvrages juridiques qui nous sont parvenus en dehors de Justinien, ainsi dus
les Instilutes de Gaiusjes Sentences de Paul, la Collalio et les fragments du Vaticaj.
De plus, sans parler d'autres inscriptions assez nombreuses qui se bornent en g»
rai à prohiber l'aliénation fiduciaire de biens délerminés, nous possédons dm
inscriptions directement relatives à des aliénations fiduciaires : une inscrijilioB,
d'ailleurs très mutilée, découverte en 1887 à Pompéi. qui rapporte un acte ('«ncre!
d'aliénation fiduciaire fait pour sûreté d'une obligation en Tau 61 ap. J.-C. \Teito,
p. 783) et une inscription découverte quelques années auparavant dans l'anciean»
Bélique, qui donne probablement un modèle abstrait de mancipation fiduciairei
faire dans le même but (Textes, p. 786). Enfin toute une collection de nuimaii .
textes relatifs à la fiducie a été retrouvée dans le Digeste par M. Lenel, à la suite
de ses recherches sur l'édit du préteur dont c'est un des résultats de délai! le
plus brillants et les mieux établis. Cf. O. Lenel Z. S. St., 3, 1882, pp. Iflt-BI:
177-180 ; Edit, 2, pp. 5-10. M. Lenel a constaté, par le dépouillement iiiéllioiipi
des textes tirés des commentaires de l'édit et des ouvrages suivant le même ordre,
que, dans leur lorme actuelle, ces textes nous représenlent ces ouvrages ruant
traitant du gage à deux reprises, à deux endroits différents : que par exemple lu
extraits du commentaire d'Ulpien en parlent au livre 28 (Pal., 802-812j. à cite du
commodat, puis, après avoir traité de tout autre chose au livre 29, de nouveau ai
livre 30, à cùté du dépôt (Pal., 901-906] ; que ceux du commentaire de Paulen
parlent pareillement d'abord, à cèté du commodat. au livre 29 (l'ai, HMs't
puis, après avoir traité d'autre chose au livre 30, de nouveau à côté du ii}H m
livre 31 (Pal., 431-483) ; que la même répétition se présente dans tous te barra-
ges qui suivent Tordre de l'édit, notamment dans le commentaire de Sans sur
l'édit provincial et dans les Digestes de Julien (Pal., 173-179 : 2H-2221. H ii"«PE
de peine à conclure d'abord, l'édit n'ayant donner lebtoate
eu en : que, pas pu
du gage à deux endroits différents où elles auraient été commentées à JBB •*
prises par tous les interprètes, il devait contenir, à l'un des deux enJ»fe "
formule d'un moyen encore en vigueur à son époque et à celle «les commeatti'^i
disparu à celle de Justinien et dont les règles fussent assez voisines Je «te™
gage pour que la transposition des textes de l'un à l'autre ne fût pas trop i'16'
cile ; ensuite que ce moyen était précisément l'action née de la fiducie qui W'
une de ses fonctions servait comme le gage à donner une sùrelè réelle no
créancier. El l'examen individuel des fragments qui, malgré les retouchai *
gardé des vestiges de leur ancienne destination et donl plusieurs se rapî'"*
aux autres fonctions de la fiducie, montre nettement que c'est au second cMW
que l'édit s'occupait de la fiducie à cùté du dépôt : en sorie que. sauf M'"
exceptions venant de digressions des auteurs, tous les fragments du second f1*'!
qui parlent aujourd'hui du gage (ou encore de certaines matières voisine* ^
fiducie) se rapportaient, dans leur première forme à la fiducie. Les tel)*'?'
ments nouveaux fournis à la fois par les inscriptions et par la décoinei ('
Lenel ont un peu vieilli la littérature antérieure ; en même temps ils .on'e efe
point de départ d'un certain nombre de travaux qu'on trouvera relevés 'toB','.
deux monographies de M. Oertman. Die Fiducia im romischen Privatrecht, 1--
de M. Jacquelin, De la Fiducie, Thèse Paris, 1891, mais auxquels il faut e»<
ajouter aujourd'hui les observations de M. Gradenwitz, Zeitschriflde GrûnMi "
1895, p. 349-353, l'étude de M. Pernice, Labeo, 3, 1, pp. 129-146, et l'article F*'
de M. Manigk, dans Pauly-Wissowa.
CONTRATS. — CONTRATS REELS, FIDUCIE 519
par la Ionique, elle rentre- dans la délirnîtion de Bioè-oe, el cl<- \ di il ' * *"'
par le léunuigna^e indirect de «tenus tirades visiblement ïnteif *~- 1 « J r n 1
placé la mention de la fiducie par celle des Irais contrats de itk i » "'
11
eontmodat : Paanfconius, I*., 45, 3, De slip, serr., = Lenel î_F t 1' " ''
C»
7- Mareellus, i/.„ 24, 1, De é. iat. tir. el nr., 49= Lenel Ht îfir c ï "*
S. La fiémeia matuimisaoïns qu'on ne connaissaïl. anléoeurfia at T- J*"
J
droit de famille
— où
elle foneliioinne 'par exemple dan» Il u "/ r '
p. Iat, dams l'adoption, p. 171, et dans rémaneipation opitunaji*3 { Is* s -
p. ISS. m. i, - est. peut-être I institution sur laquelle les texte-, d-» l""* lfl,*tt
nient restitués à la tldaeie ont apporté le pins de lumières. \uiu> (itrf a "• a f,
ici ua teste qui montre que, comme la fiduem cum. arnica (r. le teste <fc »!l
CONTRATS. — CONTRATS REELS, FIDUCIE 521
lus, cité n. 7), cette fiducia était révocable au gré de Paliénaleur et pouvait se
rapporter à une époque postérieure à sa mort: Gains, D., 17, 1, Mand.. 27, 1,
dont l'interpolation se trouve prouvée directement en dehors de l'ordre des com-
mentaires ; car Gaius, lnsl 3, 158, n'admet pas que le mandat duquel le font
,
parler les compilateurs put être donné posl mortem. Cf. A. Pernice, p. 129. Sur
les diverses règles de la fiducia manumissionis,
v. le même, pp. 128 13a.
1. Cela résultait de la formule, quand l'acquéreur disail, comme paraît supposer
la table de Bélique, acquérir fidei fiduciae
causa. D'autre part, môme sans cela, le
prix d un sesterce indiquait tout
au moins qu'il y avait donation aliénation lidu-
c-iairc
ou aliénation sans garantie (p. 285, n. 1 ; p. 286, n. 2). Enfin le titre de
Pompéi parait
prouver qu en matière de fiducia cum creditore on déclarait ac-
quérir ob seslerlios 1450 c'est-à dire
pour la dette garantie, tandis que, dans un
mancipation faite en vertu d
une vente, on aurait déclaré par exemple acquérir
mlerliis 1450. c'est-à-dire
pour le prix de vente.
2. Gaius, 2, 59. 60. C est aussi à cela
que se rapporte l'un des textes très mal
transportés au
gage, qui montrent directement la porlée originaire du second
groupe de fragments des commentaires Julien, D., 44, 7, De O. el A., 16 =. Le-
:
Ml, 217. Ce texle
est incompréhensible dans sa forme actuelle, où il déclare que
la concession à précaire
empêchera le constituant du gage d'usucaper ; car, d'une
Pari, le constituant, étant resté propriétaire, n'a
pas a reconquérir sa propriété sur
e créancier gagiste qui l'a pas acquise, et d'autre part, il ne peut reconquérir
ne
a liberté de la chose grevée usucapion qui ne s'applique pas à l'hypo-
par une
tonie et pour laquelle d'ailleurs il serait de mauvaise foi. La solution du texte
ne peut se rapporter qu'à
une opération où celui qui a constitué la sûreté a aliéné
a propriété de la chose, de
sorte qu'il a besoin de l'usucaper, et où I usucapion
Peut procéder malgré
sa mauvaise foi, de sorte que, pour empêcher celle usuca-
pion, il faut concéder la chose précaire. C'est précisément le cas de l'aliénation
«foe.aire el de 1
à
usureceptio.
Jj- Les mols cités par Cicéron, De off., 3, 17, 70: Uti ne propter le fidemve-
dal"S Siem soat probablement,
«i 188" comme l'a supposé M. Mommsen, Z. S. St.,
Di pp. 273-274,
• un fragment de la formule de ce contrat verbal.
522 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
clusive des Actions delà loi. C'est à tort, à notre sens i ; les actions qui
la sanctionnent n'ont pu naître qu'après l'introduction de la procédure
formulaire 2.
En revanche, elle a été sanctionnée très peu de temps après la loi
Aebutia, d'abord par l'édit du préteur qui donne à l'aliériiiteur une
action infamante in factura 3, puis par le droit civil lui-mômc qui, dès le
sine fraudatione (Cicéron, Top., 17, 66. De off., 3, 15, 61. 17. 701 et, nous sera-
ble-t-il, assez voisine de la formule des actions prétoriennes in bonum et M?1"" 1'
conceptae, a été démontrée par Lenel, dont les arguments ne nous paraissent p*
avoir été réfutés par A. Pernice, Labeo, 3, 1, p. 124 et Karlowa, R. «• "\-.-j
p. 561. — C'est sans doute à elle que se rapportent certains textes qui Parabse,e
faire allusion à des difficultés relatives droits résultant, pour les héritiers
aux
l'aliénateur, d'une clause particulière (Paul 5 7 IK Pnmnonius. D., 13, '
CONTRATS. — CONTRATS RÉELS, FIDUCIE 523
P.A.,%, 2 =
Lenel, 799 ; transmissibilité générale : Paul, 2, 13, 6 ; Gaius, 2,220).
Une clause spéciale parait y avoir visé la fraude du palerfamilias dans le cas de
—
fiducie contractée avec une personne en puissance par les mots : El si quid dolo
malo domini captus fraudatusque actor est: Ulpien, D., 15, 1, Depec, 36 = Lenel,
48 (et. fi., 13, 6, Comrnod., 3, 5, qui prouve que cette addition n'existait pas dans
l'action de gage commentée par Julien, Dig., lib. 9). Ce texte est le principal ar-
gument invoqué pour soutenir que Vactio fiduciae se serait déjà intentée par une
liais actio contenant la formule analogue de Cicéron, p. 521, n. 3 (Lenel, Ed., 2,
p. 3; Pernice, p. 122, n. 2). Mais ce passage d'une legis actio à une formule ne
serait admissible qu'à condition que la formule fût une formule civile in jus ; il
esl impossible d'une legis aclio à une formule in faclum, comme celle dont
; au contraire on comprend sans peine que la formule
M, Lenel a établi l'existence
prétorienne présente des réminiscences de la terminologie pratique.
1. Cicéron, De off., 3, 17, 70: Q. quidem Scaevola ponlifex maximus summum
en esse dicebat in omnibus his arbitriis in quibus adderetur ex fide bona fideique
kme nomen exislimabal
manare lalissime idque versari in lulelis socielalibus fidu-
cus mtmdatis rébus emplis vendilis conduclis localis quibus vilae socielas conlinerelur.
2. L'existence de cette seconde formule in jus parait impliquée
par le caractère
de bonne foi de Vactio fiduciae: Q. Mucius Scaevola,
laclion fût intentée
n. 1 ; Gaius, 4,62.
-
par une formule ou l'autre, les droits qu'elle sanctionnait
Que
étaient tout d'abord déterminés
par les clauses de la convention. Nous aurons l'oc-
casion de revenir sur celles de la fiducia
cum credilore, en étudiant l'aliénation
fiduciaire
comme procédé de sûreté réelle. Nous avons déjà vu que l'action résul-
tai]! de la fiducia manumissionis
causa ou de la fiducia cum amico peut être intentée
mime à raison de clauses insérées dans l'intérêt des tiers et aussi au moins en
principe (même dans le commodat?)
au moment que veut l'aliénateur, puisqu'ils
le droit de révoquer. Dans
les deux, l'acquéreur est tenu de son dol et de sa faute,
Mis on discute si la faute s'apprécie partout selon le même type
ou selon des
ïpes différents d'après le caractère concret de l'opération réalisée
par aliénation
MMiairefv. dans le premier
sens, Pernice,£aoeo, 3, 1, pr.139, n. 2 ; dans le second,
A a
^' ^L' ^' '^' p' ^-^)- On discute aussi si Vactio fiduciae donnée au cas
Paucia cum amico et de fiducia manumissionis
causa ne peut être étendue aux
PPlications symétriques du droit
des personnes. Elle y est écartée par deux tex-
^, lapinien, Coll., 2, 3, 1 ; Labéon, chez Paul, D., 1, 7, De adopl., 34, que les
considèrent comme l'expression de la règle et les autres des déroga-
™ns spéciales.
comme
taeMn't' Se?"!r. 13' "• Ulpien, D., 13, 7, De pign. ad., 22, 3. 4; 24,
pr.
^'utilité de cette action est la même ici qu'en matière de gage, de dépôt
:
et
de'
i»m!'C°mmodat <P- S 27'
n- 2)' On pourrait comme là se demander si elle n'a
e«/e.formule » f™*»™ (p. 525, 2).
4L n.
des'ava ° °Um ?re<lilorei qui fut celle qui subsista le plus longtemps à cause
t es .suP"rieurs à
Pour le ceux du gage et de l'hypothèque qu'elle présentait
constiturreanp'er' es'' adme,-"on généralement, encore visée, en l'an 395, dans la
•
9 : Piqnoris alque fiduciae obligalio perseveret. En revanche les textes qui, jusqua
une époque avancée du moyen âge, continuent à parler de fiducie (cf. Kohlei,
Pfandrechtliche Forschungen, 1882, pp. 80-89) n'entendent certainement par M
partir d un certain moment, qu'une sûreté quelconque. Cf. Savigny, Ilisl. du «
rom., 2, p. 142, n. d Le point douteux est de savoir à parlir de quand il eoes
ainsi Parmi les documents postérieurs à 395, où I on a cru relrouver l'alién»» 11
plus ancienne est une formule in factum qui n'a pu être créée par le préteur qu'a-
près la loi Aebutia.
4. En effet, elles doivent être toutes trois à peu près contemporaines ell'J*
depositi direcla qui est infamante (p. 528, n. 11), ne figure pas dans l'énumén-
tion des actions infamantes de la loi Julia de 709, ligne 111. Les actions de tan»
foi de dépôt, de gage et de commodat ne figurent pas non plus dans les éau*
rations d'actions de bonne foi de Q. Mucius Scaevola (p. 523, n. 1), nimW
de Cicéron, De nat. deor., 3, 30, 74. Pro Caec, 3, 7. Top., 17, 66. V. easeis
contraire, Karlowa, R. R. G., 2, 2, pp. 601-611.
5. V. les textes d'Alfenus Varus, cos. 715, d'Ofllius, contemporain de César*
de Cicéron, de Cascellius, préteur probablement pendant le triumvirat, et dur»
temporain de César et d'Auguste Trebatius, chez Ubbelohde, pp. 78-70. te se:
texte antérieur qui puisse faire hésiter est une citation faite par Ulpien de Q. •*'
cius Scaevola sur la responsabilité des fautes dans le commodat (D., 13,6, C»
mod., 5, 3). Mais il est possible qu'Ulpien ait rapporté au contrat nouveau»
commodat ce que Q. Mucius disait du prêt réalisé par une aliénation flduciaitf
et déjà sanctionné de soti temps par une action.
CONTRATS. — CONTRATS REELS, COMMODAT, DEPOT, GAGE 327
V accipiens, le dépôt est fait dans celui du tradens 8.La chose est remis
,-par le déposant au dépositaire pour que celui-ci la garde gratuitement
En conséquence, le dépositaire n'a aucun droit de se servir de lactose
et engagera sa responsabilité contractuelle en même temps qu'il com-
mettra un furtum usus, dès lors qu'il s'en servira d'une m an/ère quel-
conque °, il ne peut pas invoquer le terme convenu pour refuser de la
rendre avant l'échéance lC, et même il encourt les déchéances groupées
sous le nom d'infamie, s'il se laisse poursuivre et condamnersur l'action
depositi directa au lieu de rendre spontanément 11. En revanche, il
1. D., h. t., 3, 6.
2. Inst., h. t., 2. Ulpien, D.,h. t., 5, 2.
3. D., h t., 5, 8.
4. D., h. t., 17, 3. C'est la différence la plus saillante avec le précaire revotais
~ad nutum que nous avons vu donner au concédant l'interdit de precario (p-!l
et qui a même fini par constituer un contrat innommé.
5. Gaius, D., h. t., 18. 2.
6. Gaius, D., h. t., 18, 3.
7. D., 16, 3, Deposilivel contra. Inst., h. t., 3.
8. D., h. t., \,pr. : Deposilum est, quod cusiodiendum alicui datum esl.w
tuité : D., 4, 9, Nautae, 3, 1.
9. D., h. t.. 29, pr.
10. D., h. t., 1, 22.
U. Gaius, 4, 182. D., 3, 2, De his qui nol., I.
12. Mais, qu'elle soit positive ou négative, tandis action délie»'
il ne serait tenu que de ses actes positifs. que, sur une
CONTRATS. — CONTRATS REELS, DEPOT 529
modant, parce qu'il rend comme lui un service gratuit. Il sera donc li-
béré par la perte de la chose dans tous les autres cas 1.
Pour la même raison, il peut, soit par Vactio deposili contraria, soit
sur l'flc/io
deposili directa du déposant, réclamer la totalité de ses
dépenses - et le préjudice qui lui a été causé par les vices de la chose,
non seulement quand il y a dol ou faute lourde du déposant, mais du
moment que celui-ci a commis une faute qui n'eût pas été commise par
un administrateur diligent 3.
Enfin il faut remarquer sur le dépôt que les règles ordinaires en sont
modifiées dans les trois cas : a) de dépôt nécessaire : c'est le dépôt fait
en cas de force majeure, où
l'édit du préteur donne contre le déposi-
taire, qu'on n'a pas été à même de choisir, une action au double au lieu
de l'action ordinaire au simple '" ; — b) de dépôt séquestre : c'est le dépôt
fait par plusieurs personnes d'une chose, en général d'une chose liti-
gieuse, pour qu'elle soit restituée non pas aux déposants, mais à l'un
d'entre eux, ainsi, au cas d'un procès, à celui qui le gagnera 5 : le dépôt sé-
questre diffère du dépôt ordinaire non seulement en cela, mais en ce qu'il
porte aussi bien sur des immeubles que sur des meubles et en ce qu'il
donne la possession au séquestre 6 ;
— enfin et surtout de dépôt irré-
jjidier : le dépôt irrégulier est un dépôt volontaire fait par celui à qui
"'
on doit rendre ; mais il porte sur un genre au lieu de porter sur une
species, par exemple, au lieu déporter sur un sac d'argent cacheté, il
porte sur une somme versée ou comptée dont le dépositaire devient pro-
priétaire à charge de restituer une somme égale 8 ; il se rapproche par là
très étroitement du mutuum ; mais il s'en distingue par la fonction éco-
1. M Lenel, Ed., 2, pp. 10. 12, pense que Vintenlio de la formule perlait on outre
praeslare dans les actions mandait ei pro-socio. Cette inleiilio incertaine élail
précédée d'une demonslralio indiquant le conlrat: Quod A Agcrius de ,V. ,\'etjiê
hominem de quo agilur émit (Gains, 4, 59) et suivie d'une condemnatio analogue i
celle de la formule in jus de dépôt (p 526, n. 1), mais peut-être ancuniuajjnée •
d'une taxalio ; cf. Lenel, Ed., 1, p. 174, n. 3, et Dioclétien, C, 4, 49, IleA.E.
V., 4.
2. Ulpien, D., 21, 1, De aed. éd., 31. 20 : Ea quae sunt moris et coiwwlmlié
in bonne fidei judiciis debent venire ; D., 19, 1, De A. E f., 11, 1 : .Si niliilm-
veuit lune ea praeslabunlur quae naturaliler insunt hujus judicii polestate. Ce
dernier texte est l'origine de la distinction faite par les interprètes entre les m»
tialia sans lesquels l'acte juridique ne peut exister (la chose et le prix, dans une
vente), les naturalia, qui y sont compris sauf clause contraire (garantie d'éric-
lion) et les accidenlatia qui n'y sont compris qu'en vertu d une clause expresse
(garantie de la solvabilité du débiteur cédé, dans une vente de créance), le «•
lurate aurait eu besoin d'être rendu obligatoire par une stipulation dans un central
de droit strict ; mais, dans un contrat de bonne foi, lanlum polest ofliciwjuiiài
quantum slipulalio.
3. Action du contrat au lieu de l'action de dol : p. 461, n. 3 ; exceptio (Mi sous-
entendue : p. 461, n. 2.
4. Ce nom, suggéré aux commentateurs par quelques textes, ferait lit» à
une exception véritable, qui, par suite du caractère de bonne foi du contrat,serait
sous-entendue dans la formule, mais qui aurait besoin d'être invoquée par If
défendeur et qui devrait être prouvée par lui. Cependant on est unanime à admet-
tre que ce sera au demandeur de prouver qu'il a fait sa prestation. SeulementI»
'uns (Windscheid. Dernburg, Vangerow, Saleilles, Obligation, p. 117 et ss.)sou-
tiennent néanmoins qu'il y a là d'après les textes une véritable exception qui]*-
ralyse une demande valablement formée, tandis que d'autres (Kcller. lalirbuthde
Bekker et Muther. 4, 1860, p. 38' soutiennent que l'offre par le demandeur deli
prestation qu'il doit est un des éléments nécessaires de sa demande et quête
textes qui parlent d'exception se rapportent au cas où l'on a fait un contrit
verbal. Ce second système s'appuie fortement sur un texte d'Ulpien. D-, 19,11*
A. E. V 13, 8 : O/ferri prelium ab emplore débet cum ex empto agilur. 0uaD
,
aux textes qui parlent d'exception, l'existence d'une action née d'un conlrat verw
est certaine pour le plus net, Gaius, 4, 126 a ; car Lenel, Ed., 2, p. 251 et &<}
démontré qu'il s'y agit d'une exception spéciale donnée contre les banquiers agis-
sant en recouvrement du prix des ventes aux enchères faites par eux (cf. P- "'
n. 3) et ils se faisaient promettre ce prix par conlrat verbal par leurs ncliclenrs-
p. 33a, n. 1. Elle est à peu près cerlaine pour une autre de Julien. D.. 19, 'i*-'
E. V., 23 (Lenel, 713 : De slipulalionibus). Un troisième, Paul, D.,-U. i, ^cl":
doli, 5, 4, ne fait qu'argumenter des règles de l'exception et ne tranche donc, m
dans un sens ni dans l'autre, la question de savoir si elle est donnée contre l'a*
du conlrat consensuel ou contre celte du contrat verbal. Le seul embarras»
CONTRATS. — CONTRATS CONSENSUELS, VENTE 333
§ l. - Vente.
La vente (emptio venditio)* peut se définir le contrat par lequel une
des parties, appelée le vendeur (venditor), s'oblige à fournir à l'autre la
possession utile et durable 'une chose (merx) et l'autre, l'acheteur
(emptor), s'oblige en retour à lui transférer la propriété d'une certaine
quantité d'espèces monnayées, d'un prix (pretium). C'est un contrat
consensuel, synallagmatique et de bonne foi, où le simple accord des
volontés fait naître des obligations de part et d'autre, mais où, faut-il
remarquer, il ne fait naître que cela, il ne transfère pas la propriété.
Nous avons à déterminerpour lui, comme pour tous les contrats, ses
conditions d'existence et ses effets ; mais c'est en outre un de ceux dont
il est le plus intéressant et le plus possible de déterminer les origines
historiques.
rait été fait avant la fin du VIe siècle, donc à une époque où les Actions
de la loi existent encore seules à notre sens (p. 37). C'est à tort, croyons-
nous. L'existence de la vente de bonne foi ne serait pas seulement in-
c oncevable au temps des Actions de la loi 3. Il n'y a pas un indice sérieux
d'une vente obligatoire solo consensu avant la loi Aebutia *. En revanche
l'existence des actions de bonne foi nées de la vente consensuelle est at-
testée, à partir du milieu du VII6 siècle, non seulement par le témoignage
de Q. Mucius Scaevola 6, mais par des exemples concrets tirés de la pra-
tique judiciaire 6. Seulement ces actions n'arrivèrent que peu à peuaus
défère à l arbitrage d'un Caton appelé par Cicéron hujus nostri Catonis Palere
qui était intenté par un acheteur à un vendeur nommé Ti. Claudius Centum»11
pour lui demander, à raison de dissimulations frauduleuses, quidquid sibi m
CONTRATS. — CONTRATS CONSENSUELS, VENTE 537
jteere oporteret
:
ex fide bona. Le témoignage atteste l'existence de l'action empli
i de Bonne foi,
non pas comme on le dit parfois, au temps de Caton l'Ancien, mais
à celui du père de Caton d'Utique, contemporain
: et ami de Sulla, petit (ils de
Caton 1 Ancien, fils
de Caton de Salone qui naquit en l'an 600, par conséquent né
lui-même
vers l'an 620 au plus tôt et probablement mort vers le temps des pros-
criptions de Sulla. V.
sa biographie dans Drumann, Geschichle lioms (Porcii,
; n° 21), o, 1844, p. 152.
•• En ce
sens on peut dire, comme nous l'avonsfait nous-même, TV. R. H.,
.
'> 1883, p. 540 (Garantie, n'ont pris que progressive-
-. p. 461, n. 1, que les actions
ment le caractère de bonne foi. mais il faut
. remarquer que les premiers tomoi-
P"iges qui en parlent
< p. 536. n. 5 et 6) supposent déjà qu'elles contiennent la
™use ex fide bona. L appréciation large des conventions dans les procès
[i
en usage
| «e l'Etat peut, comme le suppose Mommsen, Z. S. St., 5, 1886, p. 267 et ss.,
|= 'voir indue sur la largeur d'interprétation de cette clause
; nous ne croyons pas
| Welle ait pu inspirer la reconnaissance du conlrat lui même.
î '-varron, De r. r., 2, 2, 6 : TVec non emptor pote ex emlo vendito illum dam-
re> si non tradet, quamvis
\.
non solverit nummos, ut Me emplorem simili judicio, si
f nonreddiipretium
" 'Ulpien, D., 4, 3, De d. m., 7, 2, où Labéon cite, comme cas où l'on délivrera
'on de dol, parce qu'il est douteux qu'il
.Meur y ait une autre action, celui où le
: a donné du poison à 1 esclave vendu.
pourle second point, la p. 444, n. 1, pour le premier, la p. 442, n. 2.
Nou
avons aussi vu,
ï pp. 442-443, les atténuations apportées au premier cas,
538 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
faire aux conditions de droit commun. Mais ce qu'il faut relever ici
c'est qu'à ces conditions l'objet de la vente peut être très varié, être in-
différemment une chose future ou une chose présente ', une chose ap-
partenant au vendeur ou une chose appartenant à un tiers 2, une chose
corporelle, l'esclave Stichus, le fonds Cornélien, ou une chose incor-
porelle, une servitude à constituer, un usufruit déjà constitué, une
créance, une hérédité 3. C'est en revanche un point controversé de savoir
si la vente peut indifféremment avoir pour objet un genre ou un corps
certain 4.
B. Prix (pretium). — Le prix, objet de l'obligation de l'acheteur,
doit aussi, d'après les règles générales sur l'objet des obligations, être
déterminé ou tout au moins déterminable, être certum, et il doit aussi,
d'après les règles que nous avons vues sur le consentement (p. 4"i8j, être
réel et non simulé, être verum ; mais en outre il doit consister en argent
(pecunia numerata) ; en revanche, il n'était aucunement exigé en droit
classique qu'il correspondît à la valeur de la chose vendue, qu'il fût/tts-
tum, mais le droit byzantin a décidé que le vendeur pourrait revenir
sur la vente pour cause de lésion, si le prix était inférieur à la moitié de
la valeur de la chose.
1. Le prix doit être certain (certum)R. Il l'est naturellement, quand il
est fixé d'avance en argent ou d'une autre manière, par exemple quand
une personne vend une chose au cours du marché du jour ou pour le
prix pour lequel elle l'a achetée 6 ; il l'est aussi, dans une doctrine qu'a
dans l'intérêt de l'acheteur, à l'idée que la vente, étant nulle, ne devrait pas taire
naître à son profit d'action empli en dommages-intérêts.
1. Po'mponius, D., 18, 1, De C. E., 8,pr. On distingue, quant aux choses futu-
res, la vendilio spei, où l'objet de la vente est l'espérance même que la chose
naîtra (ipsum incertum rei venu, D., 18, 4, De H. v. A. vend., 11), la vente d un
coup de filet, et la vendilio rei speratae, où l'objet de la vente est une chose déter-
minée vendue sous la condition qu'elle naîtra (D., 18, 1, De C. E.,S, pr.), la vente
à un certain prix d'un poisson déterminé, s'il y en a un de celle espèce dans le
filet.
2. Ulpien. D., 1S, 1, De C. E., 28 : Rem aliénant disirahere quem passe mille
dubilalio est : nain emptio est el vendilio sed res emplori auferri potes!.
.
Quaestiones (Lenel, 1322) a été trop remanié par les compilateurs pour que ses
termes puissent fournir un argument bien rigoureux.
1. Paul, D., 18, 1, De C. E., 1, 1, (suite) : Sed verior est Vervae el Proeuli seu-
tentia : nam ut aliud est vendere, aliud emere, alius emp or. alius vendilor, sic aH
est pretium aliud merx : quod in permutatione discerni non polesl, uler emplor um
vendilor sit. Cf. le môme. II., 19, 4, De rer. permut., I, pr.
2. 11 y a pourtant un cas pour lequel, d'après Gaius. 3, 141, Caelius Sabinus
remarquait déjà que l'objection des Proculiens ne portait pas: c'est celui où, M
individu ayant mis une chose en vente, un autre vient lui offrir de l'acheter
moyennant une valeur autre que de l'argent. La distinction des rôles est alors
possible, quoique le prix ne consiste pas en argent, et Gordien, C, 4, C4, Derer.
perni., 1, décida qu'il y aurait vente.
3. Paul, D.,-\%, 2, Locali, 22, 3.
4. C, 4, 44, De rescindenda vendilione, 2 ; 8.
5. M. Gradenwitz, Bull, di D. R., 2, 1889, p. 14, fortement en
l'a soutenu très
invoquant des particularités de rédaction suspectes des deux textes et surtout
l'existence de constitutions postérieures à Dioclétien insérées dans le C. n.,'*
1, De contr. empl., 1 ; 4 ; 7, dont aucune n'a connaissance de la réforme et don
une. la const. 4, a dû précisément pour cela être remaniée avant'd'être insérée
dans le Code de Justinien [C., 4, 44, De resc. vend., 15).
6. C 4, 44. De resc. vend., 2: Ul vel pretium te restituent emploribus fundw»
,
vendilum recipias.
7. <;., 4. U, De resc. vend., 2 (suite) :... vel, si emptor elegeril, quod deesi!/i*
prelio recipies.
8. V. en sa faveur les textes byzantins rassemblés parZachariae, Z. S. St., i
CONTRATS. — CONTltATS CONSENSUELS, VENTE S41J
1883, pp. 49-00. Elle a été admise sur les deux points par le C. civ., art. 1674-
1685, où le taux de la lésion est sans motif rationnel porté de la moitié aux sept
douzièmes. On justifie, bien ou mal, la première restriction en disant que, si l'on
est parfois forcé de vendre, on ne l'est jamais d'acheter et la seconde par l'instabi-
lité de la valeur des meubles.
i.lnst., h. t., pr. : Donec enim aliquid ex his (des formalités prescrites pour la
confection de l'écrit) deest. et poenitentiae tocus est et potesl emploi' vel vendilor sine
poena recedere ab emplione. Cf. sur les formes indiquées au début du texte et C,
*. 21, De (ide inslr., 17, Brunner, Zur Rechtsgeschichle der Urkunde, 1, 1880.
pp. 59-
W. 72-75 Karlowa, R. R. G., 1,
; pp. 996-1002; Slouff, .'V. R. H., 1887, pp. 253-
254. Ces formes, dont l'introduction
se rattache à l'abandon des types anciens
d'actes (p. 07,
n. 2) et qui sont requises non seulement pour la vente, mais
pour tous les contrats, étant souvent mal comprises, il ne sera pas inutile de dire
e|i quoi elles consistent à notre sens. Les actes que les parties ont convenu de
rédiger par écrit
ne les lient que s'ils ont été mis au net et, quand ils sont écrits
ljwun tiers, munis de leur subscriplio, pour laquelle on discute s'il suffit de celte
dune partie, du vendeur,
ou s'il faut celle des deux, mais qui n'est certai-
nement pas, comme
on dit souvent, une signature faite du nom de la personne,
analogue à notre signature moderne que le droit romain n'a jamais connue, qui
81 «ne phrase complète de confirmation (Bruns, Kleinere Schriften. 2, 1882,
P' 110). En outre,
s ils sont rédigés par .un tabellio, c'est-à-dire non pas par un.
oiiicier public,
comme est le labularius, secrétaire de la curie, mais par un parti-
cuIer faisant métier de rédiger des actes,
par un écrivain publie (v. sur la diffé-
«MeBethinann-Hollweg, Civilprozess., 3, 1866,
pp. 173-175), il faut qu'ils soient
e,am ab ipso compléta
et poslremo parlibus absoluta, c'est-à-dire d'une part, d'a-
Pres la démonstration de Brunner, certifiés conformes
par le tabellio et, d'autre
;. 'remis par l'une des parties à l'autre, selon Brunner, approuvés par les par-
te, selon Karlowa.
•S42 LIVRE 111. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE U
peut-être faite par Justinien en matière d'ar-
J
seul consentement a été
i-hes.
Les arrhes (arrhae, arrabo) ' sont une petite somme d'argent ou un
objet, par exemple une bague, qu'une des parties, ordinairement l'a-
cheteur, remet à l'autre partie. Cette petite opération réelle ajoutée au
contrat consensuel principal, qui figure déjà dans le théâtre de Plaute et
qui se rencontre aussi en Grèce 2, a, dans le droit classique, un but pro-
batoire : la remise des arrhes sert à indiquer que le contrat est parfait,
•que l'on est sorti de la phase des pourparlers et arrivé à l'accord
•définitif, surtout utile à bien constater en matière de contrat consen-
suel 3.
Mais, à côté de cette première fonction, les arrhes pourraient en avoir
une autre qu'elles avaient eiï Grèce, qui est inconnue aux textes des
jurisconsultes, mais qu'on voit apparaître dans le livre syro-romain ',
et bien avant lui dans les actes égyptiens de l'époque romaine s : celle
de moyen de dédit. Le contrat pour lequel on a remis des arrhes n'est
pas définitif; il est seulement en projet; mais, si l'un se dédit, l'autre
aura pour indemnité la valeur des arrhes, qu'il gardera, si c'est lui
qui les a reçues, qu'on lui restituera au double, si c'est lui qui les i
remises.
A la différence du droit classique, le droit de Justinien admet celle
seconde fonction des arrhes, mais dans une mesure dont la largeur est
incertaine. C'est pour elles désormais la seule fonction concevable ito
les ventes cumscriptura, qui ne doivent se former qu'à la rédactiontle
l'écritG, où elles ne peuvent donc servir à prouver une vente qui n'existe
pas encore, où elles ne peuvent être qu'une peine de dédit. Mais, dans
t. Justinien, lnsl., h. t., pr., dit d'abord qu'il n'a pas innové en ce qui con-
:
cerne les ventes sine scripluris (nam nihil a nobis in hujusmodi vendilionibus
innomluni est) mais il
; dit ensuite positivement que, s'il y a eu des arrhes, elles
jouent le rôle de peine du dédit, même dans les ventes sine scripluris {hoc ete-
mm subsecuto, sive in scriplis sive sine scriplis vendilio celebrala est, is qui ré-
cusai adimplere conlraclum. si quidem emptor est, perdit quod dédit, si vero vendi-
'"r, duplum resliluere compellitur, licel nihil super arris expressum est. Si l'on
prend le commencement du texte, les arrhes restent
une preuve ; si on prend la
In, elles sont
une peine du dédit. Les deux opinions ont des partisans et il y a
déplus des systèmes intermédiaires.
2. Les obligations résultant de la
\ vente pour les deux parties sont énumérées
™ns un texte connu de Paul, D., 19, 4, De rer. permut., 1, pr. : Emptor enim
rosi nummos accipientis fecerit, lenetur
.
1. Paul, D-, 18, 0, De per. el comm. rei venditae, 3. Cf. les solutions divergents
de Labéon et de Paul, D., 19, 1, De A. E. V., 54.
2. Voir pour la responsabilité des cas fortuits résultant d'une convention*
parties, Inst., h. t., 3 a; pour celle résultant de la mise en demeure, la tiré*'
de la demeure dans le titre des Elfels des obligations.
3. lnsl., h. t., 3: Quidquid enim sine dolo aul culpa venditoris acciiil,i"t!
vendilor tecurus est.
4. V. pour la perte venant d'un accident naturel, Inst., h. t., 3; pourcew
venant d'un délit, lnsl., h. t., Z a; pour celle résultant d'une expropriation, Pu*
D., 21, 2. De evict., 11, où l'hypothèse est d'ailleurs envisagée au point <le ™
un peu différent de l'éviction ; on a pu se demander en partant d'Africain."
19, 2, Locati, 33 (p. 545, n. 3) si celte solution était déjà admise pour ce cas(Ur
Africain et par Julien, qui est sans doute là comme ailleurs l'auteur cité par Al
cain dans ses quaestiones.
5. Débris juridiques : lnsl., h. t., 3 a.
CONTRATS. — CONTRATS CONSENSUELS, VENTE 545
sa dette
du prix, ou si au contraire il ne sera pas libéré par voie de con-
séquence. C'est la question de savoir qui supportera la perte, à la charge
de qui sont les risques i.
La réponse, aujourd'hui à peu près incontestée 2, est que le droit ro-
main considère alors l'acheteur comme étant toujours obligé à payer le
prix, à plus forte raison comme n'ayant pas le droit de le répéter quand
il l'a payé. La chose vendue est aux risques de l'acheteur à partir de la
ïente et dès avant la tradition. Si une perte arrive, le vendeur, bien que
libéré de sa dette de la chose, garde sa créance du prix, l'acheteur, bien
que n'ayant plus sa créance
de la chose, reste toujours débiteur du
prix 3.
Cette solution s'explique très bien dans le système que nous croyons
avoir été le système primitif, où les deux créances indépendantes nais-
saient de deux stipulations et où chaque contrat, se suffisant à lui-même,
i n'avait pas lieu d'être influencé par le sort de l'autre. Elle est beau-
i coup plus difficile à justifier pour l'époque où la vente fait naître deux
f-
actions de bonne foi. Les deux créances sont liées l'une à l'autre. Elles
1. Labéon, D., 19, 1, De A. E. V., 50: Bona fides non patitur ut, cum einptor
alicujus legis bénéficia pecuniam rei venditalc debere desisset antequam res eitradalm;
vendilor traderecompellelur être sua carerel.
2. Les deux cas qui paraissent les plus choquants sont : 1° celui où le vendeur
a vendu la chose à deux personnes et où, par suite de sa perte, il va pouvoir re-
clamer le prix aux deiix, tandis que, si elle n'avait pas péri, il n'aurait pu le re-
clamer qu'à l'une et aurait même dû à l'autre des dommages-intérêts; 2° celui
où il a vendu la chose d'autrui et où il touchera le prix sans aucun déboursé, tan-
dis que, si elle avait subsisté, il aurait fallu se la procurer pour la délivrer avant
d'exiger le prix et il eût été même passible dédommages-intérêts s'il n'avait pus8
la procurer.
3. Cf. Saleilles, Essai d'une théorie de l'Obligation, 1890, n" 183. D'autres fois «n
dit tout simplement que l'acheteur, ayant les risques de plus-value, doit a* 0'
ceux de moins-value. Mais si cela explique que les améliorations et les détériora-
tions se balancent, cela n'explique pas que l'acheteur subisse en outre les per --
que la règle qui met les risques à la charge de l'acheteur n'est qu'une
rfeo-Ie d'interprétation 4, qu'elle peut donc être écartée par une manifesta-
tion de volonté, et qu'elle l'est en effet dans deux cas principaux : dans
celui de la vente conditionnelle, où non pas la perte partielle, mais la
perte totale de la chose avant l'événement de la condition empêche la
vente de se former faute d'objet : en sorte que les risques dé perte par-
tielle y restent bien à l'acheteur, mais que ceux de perte totale y sont
pour le vendeur 2 ; dans celui, qui n'est pas au fond très différent, de
vente à tant la mesure ou à tant l'unité de choses individuellement dé-
terminées, par exemple du blé d'un grenier, du bétail d'un troupeau^
où l'acheteur ne devra naturellement le prix que des têtes de bétail, des
mesures de blé qui existeront encore au moment de la délivrance 3.
Nous n'en croyons pas moins que la grande raison de l'existence du
système est dans la tradition, dans les habitudes d'esprit contractées
avant la naissance de la vente consensuelle et de bonne foi qui y ont
fait conserver les règles produites auparavant par l'indépendance natu-
relle des deux stipulations ; la théorie des risques est même, à notre
sens, un vestige singulièrement frappant du temps où les deux obliga-
tions du vendeur et de l'acheteur naissaient de deux contrats distincts.
2. Obligation de délivrance. Le vendeur est obligé à livrer la chose
(rem praeslare, possessionem tradere, vacua.m possessionem tradere),
l'acheteur a le droit de demander la délivrance par l'action empli.
Si l'acheteur
a conclu la vente, s'il s'est engagé à payer le prix, c'est
pour recevoir la chose, pour en obtenir la disposition, pour en devenir
pas céder s'il n'est pas propriétaire ; même dans les autres cas, il ne le peut
peut-être pas, s'il a su qu'il n'était pas propriétaire, car celui qui a vendu sciem-
ment la chose d'autrui est obligé à indemniser l'acheteur avant loule éviction de
cequ'il ne l'a pas rendu propriétaire (p. 549, n. 3) et on a môme dit qu'il pour-
rait peut-être invoquer cette idée pour ne pas payer : il ne resterait alors que le
cas du vendeur de bonne foi d'une chose d'autrui qui a péri par cas fortuit sans
délit. Cf. Windscheid, 2, § 390,
n. 16. Quant à la vente faite successivement à
deux personnes, M. de Ihering
a soutenu qu'elle ne fait jamais naître deux créan-
ces du prix. OEuvres choisies, 1, 1893, pp. 89-124. A notre sens, elle doit en faire
naître deux quand les deux ventes ont été faites de bonne foi, par exemple, la
première par une personne et la seconde
par son héritier ; mais, quand on a fait
«seconde sciemment, on a commis par là un délit de falsum, D., 48, 10, De leg.
wrn. de falsis, 21, et le vendeur ne peut donc invoquer aucun droit en vertu de
«e venle. Cf. Dernburg, Pandekien, 2, § 96, n. 5.
1. Cela ne justifie
pas la règle, si elle est mauvaise ; car alors il aurait mieux
™u poser la présomption inverse ; mais cela permet de dire qu'elle ne s'impose
u personne.
2- n-. h. t., 8,
pr.
'• "•, 18, 1, De C. E., 35, 5, qui dit positivement qu'il y a vente conditionnelle :
en conséquence, l'acheteur qui subit pas les risques de perte totale pour cha-
cune des choses, subira
ne
pour elles les risques de détérioration. 11 en est autre-
ment dans le
cas voisin où l'acheteur a acheté un certain nombre de choses à
prendre dans la
masse et où il ne subit ni les risques de perte ni ceux de détério-
ration (C., 4, 48, De periculo,
2, pr.).
548 LIVRE III. — IV. — TITRE 1. — CHAPITRE II
1. La preuve en est que la vente est un juste titre d'usucapion, donc un évenî-
ment qui implique l'intention d'acquérir ; que celui qui croit faussement acheter
a non domino devient propriétaire (D., 22, 6, Dejur. et facti ignor., 9, 4); <lu 0'
ne peut pas convenir dans une vente que la propriété ne passera pas à l'actieW
(Labéon, D., 18, 1, De C. E., 80, 3 : Nemo potest videri eam rem vendidisst, «
cujus dominio id agilur ne ad emptorem transeat).
2. Cela résulte déjà de l'opposition faite par Paul, D., 19, 4, De rer. per»*
1, pr., entre les obligations du vendeur et celle de l'acheteur. Cf. en outre, Afr>;
cain (ou plutôt Julien), D., 19, 1, De A. E. V., 30, 1 : Vendilorem hactenus le»
ut rem emptori habere liceat, non etiam ut ejus faciat ; Ulpien, D-, 18, 1, De & '"
25, 2 : Qui vendidit necesse non habet fundum emploris facere, ut cogilur (pu F
dum stipulanti spopondit.
CONTRATS. — CONTRATS CONSENSUELS, VENTE 549
férer la propriété ; mais, qu'il soit propriétaire ou non, il est obligé non pas»
faire mancipation ou in jure cessio, mais à faire mancipation de la res miKV
pour remplir son obligation de vacuam possessionem tradere (p. 550, n. 34; p.'3''
n. 1-2).
1. Ulpien citant Neratius et Julien, D., 19, 1, De A. E. V., 11, 3 : Idem iïeriM
ait vendilorem in re Iradenda debere praestare emplori, ut in lile de possessionepotin
sit : sed Julianus libro quinlo decimo digeslorum probal nec videri tradilum, si s»f<-
rior in possessione emploi- fulurus non sil : eril igilur ex empto actio, nisi hoc p"1'
stetur. Application, D., h. t., 2, 1.
2. Alluvion quia accru le fonds : Inst., h. t., 3. Libéralités acquises par les*»
dans l'intervalle : D., 19, 1, De A. E. V., 13, 18. Fruits : F. V., la. Titres: les con-
trats de vente d'esclaves faisant partie de la collection des triptypes de Transyi*
nie portent tous que l'esclave a été livré apochatus, c'est-à-dire avec la quittai»
du prix payé par le vendeur actuel à son propre auteur, sauf un qui dit pourquoi-
celui relatif à une petite esclave de six ans environ empta sporlellaria. c'est-»-»11
reçue par-dessus le marché par le vendeur actuel dans un achat antérieur, peu
être dans l'achat de la mère : Textes, p. 807.
3. Cf. Girard, N. R. H., 1884, pp. 386-401 (Garantie,-pp. 102-107).
4. Le vendeur commet un dol en voulant retenir sans motif le nudum /wî" .
CONTRATS. — CONTRATS CONSENSUELS, VENTE 551
' nétant pas tenu à dare, ne sera pas responsable par cela seul
* TC1
qu'il naura
pas valablement constitué la servitude par suite de son défaut de pro-
552 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
\
servitude personnelle déjà constituée une créance 2 ou une hérédité 8.
3. Obligation de garantie d'éviction''. L'obligation de garantie d'évic-
tion est, dit-on, en droit moderne, un prolongement de l'obligation de
délivrance. Le vendeur est obligé de maintenir l'acheteur en possession
de la chose qu'il a remise, il est tenu à l'indemniser, au cas de dépouil-
lement venant de'ce qu'il ne lui a pas donné un droit supérieur à celui
du tiers auteur de l'éviction.
Cette idée est déjà jusqu'à un certain point celle du droit de Justinien
où l'acheteur évincé peut avoir contre le vendeur deux actions princi-
pales : l'action empti fondée sur le contrat et l'action ex stipulatu h-
plae résultant d'un contrat verbal. Mais cette notion n'a pas toujours
existé et les deux actions qui la sanctionnent sont même le résidu dudé-
veloppement historique par lequel on y est parvenu : tandis que l'action
empti en garantie ne nous permet pas de remonter au delà de l'époque
où l'on a considéré l'obligation de garantie comme résultant de l'accord
de volontés qui constitue le contrat consensuel de vente, l'action a
stipulatu duplae nous ramène à un temps où il fallait un contrat verbal
pour rendre la convention de garantie obligatoire, et elle n'est elle-même
que la copie d'une autre action qui peut seulement s'expliquer en re-
montant à l'époque où la vente au comptant se faisait par mancipation.
priété. Mais on peut se demander, pour lui comme pour le vendeur de chose cor-
porelle, s'il n'est pas obligé à l'acte qui transférerait le droit, s'il était propriétaire:
à la mancipation qui constituera le droit, s'il est propriétaire, et qui fera naître
Vactio auclorilalis, s'il ne l'est pas, au cas de vente de servitude rustique ; i Vin
jure cessio, au cas de vente d'autre servitude.
I. L'usufruit déjà constitué présente celte particularité qu'à moins qu'il ne soi'
vendu au nu propriétaire, à qui on ferait délivrance par in jure cessio (p. &
n. 5), il n'y a pas de procédé civil qui permette de le faire passer à l'acquéreur.
Mais nous avons vu qu'on admet souvent que la délivrance faite par l'usufruit» 1
à son acheteur fera acquérir à celui-ci un droit réel prétorien, à condition natu-
rellement que ce vendeur fût véritablement usufruitier (p. 364, n. 1).
2. En matière de créance, la délivrance se réalisera par les procédés ordinaires
de cession de créance, qui font avoir au cessionnaire les avantages pratiques «
la créance, mais qui, anciennement tout au moins, ne font pas passer la crcaacj
d'une tête sur une autre.
3. La qualité, d'héritier une fois acquise ne peut se déplacer. Le vendeur pw
seulement en faire passer les résultats sur la tête de l'acheteur, en lui i-emeltaol
individuellement les choses corporelles, en lui faisant passer les créances par»
procédés habituels de cession de créances ou en convenant avec lui de luit'
faire avoir le bénéfice, et, pour le passif, en convenant avec lui que cet acueW
le remboursera des dettes, à moins que le créancier ne consente à accepter 1'»*
teur comme débiteur à sa place. Seulement, soit pour faciliter les recours résul-
tant de l'obligation du vendeur de donner à l'acheteur le produit des créai*
héréditaires recouvrées par lui et de l'obligation de l'acheteur de rembourser"
vendeur des dettes héréditaires payées par lui, soit par une réminiscence du W
où la vente se faisait par stipulations, il intervenait entre eux des stipulai*
emplae el venditae hereditalis par lesquelles le vendeur promettait à Vaeliel11
tout ce qu'il toucherait de l'actif et l'acheteur au vendeur-tout ce que cède*'
paierait du passif (Gaius, 2, 252).
4. D., 21, 2, De evictionibus el slipulalione duplae.
CONTRATS. — CONTRATS CONSENSUELS, VENTE 55&
1. Nous avons étudié les trois systèmes dans trois articles consacrés à Vactio-
amtorilatis, N. R. II., 1882, pp. 280-318, aux stipulations de garantie, N. R. H.,
1883, pp. 537-592, et à la garantie d'éviction dans la vente consensuelle, A'. R.II.
1884, pp. 396-439, qui ont été rassemblés sous le titre A'Études historiques ,
sur la
formation du système de la garantie d'éviction en droit romain, 1884. L'étude en a
été reprise récemment avec soin par M. Rabel, Die Haflung d. Verkaùfers
wegen
Mangels im Redite, 1. Geschichtliche Sludien ûber den Haflungserfolg, 1902,
pp. 1-163. V., dans la littérature antérieure, outre l'ouvrage de Bechmann cité,
P- 533, n. 1, Eck, Die Verpflichlung d. Verkaùfers z. Gewàhrung d. Eigenlhums,
2. Tant que l'acquéreur n'a pas temps d'usucaper, son aliénateur doit
eu le
venir l'assister en justice contre les tiers qui prétendent le dépouiller de la chose
(tmcloriialem praeslare) d'où l'interpellation rapportée Valerius Probus dans
;
les formulaires d'Actions de la loi Quando in jure
par
: le conspicio poslulo anne far
«Mor (cf. H. Pfliïger, Die legis actio sacramenli. 1898, pp. 35-46 et les renvois).
Silne peut ou ne veut le faire, s'il laisse dépouiller acquéreur, il est tenu de
lui remettre le double du prix tel qu'il
son
résultait de la pesée au temps où la pesée
était réelle, tel qu'il résulta plus tard de la déclaration de l'acquéreur comprise
dans la formule de la
mancipation (p. 285, n. 1). Et l'acheteur a, pour le lui
réclamer, une action qui paraît
porter le nom d'actio auctoritatis (v. Paul. Sent.,
2. 17, 3, '
n. 3).
3. Comme texte juridique,
nous citerons seulement Paul, Sent.., 2, 17, 3. Après
avoir dit, 2, 17, 1,
que le vendeur n'est tenu à garantie que quand il a été payé,
après avoir dit, 2, 17, 2, qu'au de simple tradition, l'acheteur a droit au mon-
•ant de la slipulalio duplae
cas
expresse ou sous-entendue, il continue, 2, 17, 3, en
isant : Res empta, mancipatione et traditione perfecla, si evincatur, auctoritatis
"mtorduplo tenus obligatur. Il donc le cas de simple tradition, où
oppose
obligation au double résulte de la stipulation, accomplie
'e cas de mancipation, où elle résulte du fait même de la ou réputée accomplie,
mancipation. — La
me opposition est faite
par un auteur littéraire plus ancien, Varron, mort en
qui n'admet pas encore que la stipulation puisse être suppléée. Il parle, De
Aut
<
' ^
'"•' **' s''Pula''ons qu'on fera quant aux vices ; puis il ajoute :
mancipio non dalur, dupla promitli aul si ila pacti simpla. Lorsqu'il n'y
chanif118- manc'Pat;'on' Par exemple parce que la vente est faite par un mar-
peregnn, on stipulera le double
ou le simple au gré des parties ; mais on
554 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
ne le fera pas, s'il y a mancipation, car la mancipation suffit pour faire naître l'ac-
tion au double. — Enfin l'existence de l'action est aussi établie par les textes épi-
graphiques. Nous y trouvons des exemples nombreux de mancipation nummo mio,
soit dans les mancipations faites à titre de donation, Textes, p. 788 et ss., où le
donateur mancipe nummo uno la chose au donataire, soit dans les testaments
per aes el libram, par exemple dans le testament de U. Longinus Castor, Textes,
p. 771, où le testateur mancipe son patrimoine nummo uno à Vemptur famikt,
soit dans les mancipations fiduciaires, par exemple dans la table de Bétique, Texas,
p. 786, où le client du banquier est représenté comme mancipant nummo «in
les choses affectées à la sûreté de son compte et où il est convenu que, faute de
paiement de la detle garantie, le créancier aura, à son tour, à l'échéance, le droit
de manciper nummo uno. On peut expliquer cela, pour les mancipations faites à
titre de donation, de testament, d'aliénation fiduciaire, en disant que In mancipa-
tion qui est l'image d'une vente doit, quand il n'y a pas de prix réel, contenir
l'image d'un prix fictif. Mais ce raisonnement ne convient pas à la mancipation
que pourra faire le créancier qui a reçu la chose à titre d'aliénation fiduciaire,
sJil n'est pas remboursé de la dette garantie. Elle aura lieu pour un prix très
réel; cependant le créancier se ménage le droit de ne pas faire figurer ce pris
dans la mancipation, d'en déclarer seulement un fictif. C'est à cause de \'ecé
auctoritatis. Il veut vendre sans garantie ; or, s'il mancipait et que le vérilaWe
prix fût indiqué dans la mancipation, il devrait par là même le double de ce prix
au cas d'éviction. Il éludera la règle en déclarant un prix insignifiant dont il devra
le double insignifiant. C'est la preuve que la mancipation fait naître Vactio «»*
ritatis et même qu'elle la fait naître de plein droit.
1. M. Bechmann, pp. 102-123, a déjà relevé de nombreux textes des compila-
tions de Justinien qui, dans leur forme première, se rapportaient à Vactio amltn-
latis. M. Lenel, Ed.. 2, pp. 288-293, en a découvert tout un nouveau groupea
déterminant la place occupée dans l'édit prétorien par Vactio auctoritatis. Julie»,
Ulpien et Paul sont représentés, dans la compilation de Justinien, comme traitant
tous trois d'une stipulation de garantie dans deux livres consécutifs de leurs com-
mentaires sur le titre de l'édit consacré aux stipulations prétoriennes. En étudiant
le plan des ouvrages, on voit qu'ils traitaient plutôt, dans ces deux livres, »<
deux moyens différents et que, si celui du second est bien une stipulation de?1'
rantie, celui du premier est la vieille action en garantie née de la mancipation dont
la formule devait être quelque part dans l'édit et qui n'existe plus dans le d™ 1'
de Justinien. On peut lui rapporter sans peine tous les textes des livres 80 d Ul-
pien, 76 de Paul, 57 de Julien et on ne peut rapporter qu'à elle certains d'entre
eux, par exemple Julien. D., h. t., 39 (Lenel, 735), où le jurisconsulte nepeutr*
avoir écrit ulilem de evictxone stipulationem in Titium dari... eticlionem rcslili"-
où il a nécessairement écrit aclionem in Titium dari... auctoritalem reslitui.
2. La preuve que l'action existe de plein droit, en dehors de toute convention
expresse, en dépit de toute convention contraire, du fait môme de la mancip'-
tion est fournie à notre sens, sans parler de textes de Plaute qui représentent «
particuliers évitant de faire mancipation pour ne pas être tenus à garant'
{Persa, 4, 3, 54 et ss. 63. 4, 4, 40. Cure, 4, 2, 8 etss.), par l'emploi fait de la
mancipation nummo uno, quand les vendeurs veulent aliéner sans garantie (p.* 1
n. 3). Mais une action au double existant de plein droit ne peut être quun
action pénale. C'est l'idée que nous avons soutenue, N. R. H., 18S2, pp. 207—1'
CONTRATS. — CONTRATS CONSENSUELS, VENTE 555
(Garantie, pp. 28-39). Cf. dans le même sens, A. Pernice, Labeo, 3, I, pp. 115-120.
Rabel, p. 8 et
ss.
^Absence de mancipation des choses mancipi: Varron, De r. r., 2, 10, 5
'
??' n- ')• Vente de choses précieuses nec mancipi : Ulpien, D., h. t., 37, 1
(p. 557,
n. 4). Un bon exemple de stipulation du double faite à côté d'une manci-
pation de validité problématique est fourni
par les titres de Transylvanie où des
mancipations sont faites avec sérénité par des pérégrins et, dans un des cas, pour
MI fonds provincial, mais
sont soigneusement accompagnées d'une stipulation,
dans un des
cas de la stipulation du double. — Il faut distinguer la stipulation
u double, d'une
promesse voisine et plus archaïque, de la repromissio ou, quand,
comme d'ordinaire, elle est accompagnée de cautions, de la salisdatio secundum
Manctpmm, qui, d'après
son nom, doit être une copie bien plus fidèle de l'obliga-
on produite par la mancipation, et qui, dans la forme de la salisdatio, servait
.!°.rantj.r Par "tes cautions l'obligation de l'aliénateur par mancipation : Cicéron,
3' '' 2 formulaire de mancipation fiduciaire, Textes, p. 787 ; cf. Girard,
'
«H., 1883, pp.
JV » »
547-555 (Garantie, pp. 53-61) et les renvois,
stf ron> De >'• r., 2, 2, 6 (moulons). 3, 5 (chèvres). 4, 4 (porcs). Cf. sur cette
Pulation,
, Rabel, pp. 30-72, qui en comprend le rôle historique et pratique d'une
Çon SMsiblement différente
de la nôtre.
556 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
disparu dès que la vente consensuelle a existé. Il est fort possible que
l'on ait d'abord considéré comme la seule obligation du vendeur celle de
livrer, ce qui comprenait la mancipation pour les res mancipi, mais non
la stipulation, encore moins la garantie directe.
Seulement plus tard on a admis en partant de l'idée de bonne foi :
Verum est vendilorem hactenus leneri ut. rem emplori habere liceal.
CONTRATS. — CONTRATS CONSENSUELS, VENTE 557
i- Les parties pourraient d'ailleurs, dit Paul, D., h. t., 56, pr., en réduire le
montant au simple ou l'élever au triple et au quadruple. Il n'y a pas d'exemple
concret de stipulation du triple ou du quadruple. Stipulation du simple : Textes,
PP. 807-809, actes de ventes, n°s 3, 4 et 5.
2.Paul, D., 19, 1, De A. E. V., 43, in fine. Une constitution de Justinien, C, 7,
*", De sent,
quae pro, 1, a fixé, en particulier pour notre matière, le maximum
nés dommages-intérêts au double du prix et la même solution est placée sous
l'autorité d'Africain, D., 19, 1, De A. E. V., 44
ment l'elTet
=constitution même.
d'une interpolation motivée par cette
Lenel, 96, mais c'est probable-
3. Paul, D., h. t., 70 Evicta
: re ex empto actio non ad pretium dumtaxat reci-
piendum, sed ad id quod interest competit
: ergo et si minor esse coepit, damnum
empioris erit. C, 8, 44 (45), De evicl., 23. Celte solution n'est plus contestée. Le
«• civ., art. 1631-1633, a, pour le cas d'éviction totale (pour le cas d'éviction par-
îetle, et. l'art. 1637), admis la théorie contraire de Pothier selon laquelle le
deur devrait toujours restituer l'intégralité du prix. ven-
Pour les pays où la stipulation du double n'est
pas en usage, v. Gaius, D.,
558 LIVRE 111. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
La différence relative aux conditions d'ouverture existe au contraire
partout. Les événements qui rendent les deux actions recevables ne sont
pas les mêmes. L'action ex stipulatu, produite par une stipulation ex-
presse ou sous-entendue, naît d'une promesse conditionnelle dont les
termes sont parfaitement connus par les textes des commentaires et par-
les actes concrets qui nous ont été transmis '. Le vendeur promet en
somme le double du prix, si res vel pars ejus evicta fueril quo minus
habere liceat, ou, dit une formule plus prolixe, quo minus uti frui, habere,
possidere liceat. Il faudra donc, pour que l'action naisse, qu'il y ait d'a-
bord une éviction, c'est-à-dire un procès où l'acheteur soit battu -, en-
suite que ce procès porte sur la chose ou sur une de ses parties 3, enfin
rende la chose sur Varbitratus judicis: Pomponius, D., h. t., 16, 1 ; mais il W
un procès : s'il n'y a pas de procès, il n'y a pas d'éviction; cf. Africain, D., i.'-
24; Paul, D., 3, 5. De N. G., 18 (19), 3.
3. Il faut que l'éviction porte sur la chose ou une de ses parties et non passai
un de ses accessoires, de ses produits (Julien, D., h. t., 43). On dit même *
vent que l'action née de la stipulation du double n'existe pas au cas d'éviction
partielle, à cause d'un texte de Paul, D., h. t., 56, 2, qui dit que l'éviction de II
partie n'est pas l'éviction de la chose. Mais on fait là une confusion. Paul""
seulement que la mention relative à la partie est nécessaire, qu'il faut une p" 11
adjeclio, et, précisément par suite, on la faisait toujours ; elle était dans le *
mulaire, voit-on par les actes de Transylvanie, par exemple dans le titre a -
où la copie d'un formulaire relatif à un esclave du sexe masculin s'aperçoit u*
bien : Si" quis EAM PVELLAM partemve quam ex EO evicerit. En conséquence, I''
CONTRATS. — CONTRATS CONSENSUELS, VENTE 559-
44 (45), De ev., 8 : Emptor fundi nisi auelori aul heredi ejus denunliaverit, enfin
praedio, neque ex stipulatu neque ex dupla neque ex empto actionem contra aé-
torem vel fidejussores ejus habet. M. Lenel soutient aujourd'hui, Edil., 2, p. 320,n.2,
que la slipulalio duplae aurait contenu une clause expresse relative à cette tfe««-
tialio ; cependant les formulaires de stipulation qui nous ont été transrais n'en
disent rien et un texte de Paul (D., h. t., 53, 1), qu'à la vérité M. Lenel rapport
à la saiisdatio secundum mancipium, explique le défaut de droit du stipulant quia
perdu son procès faute de dénonciation, quoniam parum instructus essel, par une
idée de dol qui serait fort inutile en face d'une déchéance résultant d'une règle
positive. En tout cas, l'acheteur pourrait, nous semble t-il, évidemment recourt
par l'action empti, quand il n'a pas dénoncé le procès et qu'il peut prouver que
ce n'est pas pour cela, mais par suite de son défaut de droit qu'il a élé balte-
D'autre part, la nécessité de la dénonciation pourrait être écartée par une clause
expresse, dont l'acte de vente, Textes, p. 810, fournit un exemple.
2. D., h. t., 37, pr. : Nisi aliud convenu D.,h. t., 56, pr.
•
1.D., 21, 2, De evict., 17 : Eligere emptor polesl, ulrum rem velit relinere inlen-
tione per exceptionem elisa, an potius re ablala ex causa slipulalionis duplum
con-
seaui.
2. Nous ne nous sommes occupé ici que de la garantie d'éviclion dans les ven-
tes de choses corporelles : des principes analogues s'appliquent en matière de
venle de ejhoses incorporelles. Nous remarquerons seulement que, sauf conven-
tion contraire ou dol, le vendeur est garant de l'existence de la créance et
non de
la solvabilité du débiteur, de vente de créance de
au cas ; qualité d'héritier et
sa
non de la consistance de l'hérédité, au cas de vente d'hérédité : D., 18, 4, De lier.
:
net. ml. vend., 4 ; 13.
3. D., 21, 1, De aedilicio ediclo et rédhibitions el quanti minoris. Cf. outre Bech-
:
:
mann. Der Kauf, 1, pp.394 414. 652-655, Hanausek, Die Ilaflung des Verkaùfers fur
dieBesehaffenlmt der Waare nach romisch. undqem. Redite, 1, 1883. 2, 1, 1884. 2,
:
: 2,1887.
y. Paul, Sent., 2, 17, 4 : Dislraclo fundo si quis de modo menliatur, in duplo
,
eivs, quod menlilus est, officia judicis aestimalione facta convenilur. M. Lenel, Z. S.
I &-, 3, 1882,
pp. 190-197. Ed.', I, pp. 221-222, a encore découvert dans les com-
mentaires de ledit ilôt constitué par les textes relatifs à la formule de cette
un
action. Cf. A. Pernice, Labeo, 3,
;. 1, p. 115 et ss.
5. On a souvent
j
supposé le contraire en invoquant Cicéron, De off., 3, 16, 65 :
; p A/1 tabulis salis eral
"s esset dupli
ea praeslari quae erant lingua nuncupata, quae qui infilia-
poenam subirel et en entendant ce texte d'une peine du double qui
punirait les déclarations mensongères relatives à l'absence de vices de la chose
neipee. Mais les seules actions pénales qu'on voie résulter de la mancipation
'es aclions auctoritatis et de modo agri et c'est elles
que vise Cicéron en par-
36
562 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
sans doute dès une époque assez ancienne, pour les vices, ce qu'on fai-
sait pour l'éviction dans les ventes sans mancipation 4. On promettait
leur absence par un contrat verbal, qu'on adjoignait à la mancipation,au
cas de mancipation ; qu'en l'absence de mancipation ou au cas de manci-
pation de validité douteuse, on adjoignait à la promesse du double rela-
tive à l'éviction, — de sorte qu'on désignait le tout ainsi constitué du
nom de stipulatio duplae s— ; qu'on adjoignait aussi à la stipulation ha-
bere licere, — de telle sorte qu'on devrait aussi désigner alors le tout
d'un nom collectif, probablement du nom de stipulatio simplae 3.
La garantie des vices était ainsi assurée, comme le fut d'abord celle
de l'éviction, par un contrat distinct. Le progrès devait consiste]',
comme pour elle, à faire rentrer dans le contrat de vente la garantie qui
lui était encore extérieure. Et il semble que le même procédé étail
encore tout indicmé : d'abord rendre la stipulation obligatoire, puis la
sous-entendre. Mais le développement a été compliqué ici par l'interven-
tion de l'édit des édiles.
b) Edit des édiles. —Les édiles curules, chargés de la police des mar-
chés, s'occupèrent probablement les premiers d'organiser la garantie des
vices pour les ventes de leur compétence, c'est-à-dire pour les ventes
d'esclaves et d'animaux faites au marché. Partant de l'idée que le ven-
deur doit connaître la chose qu'il vend, ils rédigèrent, en vertu de leurs
pouvoirs de police, des règlements prescrivant de faire connaître au pu-
blic les vices des choses mises en vente 4 et, afin de faire respecter ces
lant de la peine du double due par l'auteur du mensonge (v. pour cette accep-
tion de mentiri en matière d'action de modo agri, Paul, Sent., 2, 17, 4 p. 561, :
138). Cf. Girard, N. R. H., 1882, p. 203 (Garantie, p. 24), n. 3; Pernice, Labeo,
3, 1, p. 119.
1. Varron, qui, dans ses formulaires, ne recommande la stipulation relative à
l'éviction que pour les ventes de res mancipi où il n'y aura pas de mancipation
(p. 553, n. 3), recommande au contraire celle relative aux vices indifféremment dans
les cas de choses nec mancipi (p. 555, n. 2) et de choses mancipi (boeufs, 2,2,5:
ânes, 2, 5, 2 ; esclaves, 2, 10, o).
2. C'est un point que nous avons démontré, TV. R. H., 1883, p. 577 (Gartmlis,
p. 83), d'une part, à l'aide des ventes de Transylvanie et de textes du Digeste,
qui montrent, groupées en un seul tout, la promesse incertaine relative aux vices
et la promesse conditionnelle du double relative à l'éviction, d'autre part, à l'aide
de textes du D., 21, 2, De evict., 3; 11, 1, qui montrent qu'on désignait ce tout
du nom de stipulatio duplae. V. aujourd'hui dans le même sens, Accarias, 2,
p. 299, n. 3.
3. Le groupement en une seule formule de la promesse habere licere, relative a
l'éviction, et de la promesse relative aux vices est attesté par les formulaires de
Varron. Cf. N. R. H., 1883, p. 558 (Garantie, p. 64), et la désignation du tout
d'un nom commun résulte de là. Sur les probabilités qui portent à penser que ce
nom commun était celui de stipulatio simplae, cf. N. R. H., 1883, p. oSS f*
ranlie, p. 62), n. 4 ; v. en sens contraire Rabel, pp. 132-136.
4. Ancien édit sur les ventes d'esclaves (Aulu-Gelle, 4, 2, 1) : Titulus singulori»
scriptus sit curalo ila ut inlellegi recle possit, quid morbi vitiique sil, quis fugitif
errove sit noxave solulus non sil. Edit définitif (D., h. t., 1, 1): Qui manàp
CONTRATS. — CONTRATS CONSENSUELS, VENTE 563
vendunt, cerliores facianl emptores quid morbi vitiique cuique sit, quis fugitivus
errove sit noxave solutus non sit, eademque omnia, cum ea mancipio venibunt, palam
recle pronuntianlo. Edit sur les ventes de bétail (D., h. t., 38, pr.) : Qui jumenta
vendunt palam recle dicunto, quid in quoque eorum morbi vitiique sil. Ainsi qu'ex-
plique Ulpien, D., h, t., 1, 2, l'édit impose cette déclaration des vices aux ven-
deurs, sans se préoccuper de savoir s'ils les connaissent, en partant de l'idée que
le vendeur est en faute de ne pas connaître sa chose. Cicéron part de la même idée
en disant, De off., 3, 17, 71 : Qui enim scire debuil de sanilale de fuga de /unis
praeslal edicto aedilium.
1. Le caractère pénal primitif des actions résulte du fondement qui leur est donné
par Ulpien (D., h. t., 4, 2 : Ut occurratur fallaciis vendentium), des termes mêmes
dans lesquels il les qualifie (D., h. t., 23, 4 : Poenales videntur) et de diverses de
leurs particularités, par exemple de la peine du double infligée faute d'exécution
au vendeur condamné (D., h. t., 45: n. 4). Il se concilie parfaitement avec le
rôle des édiles. Il a été particulièrement mis en lumière par M. Wlassak, Zur
•Geschichle der negoliorum geslio, 1879, p. 175 et ss. V. dans le même sens, A.
Pernice, Labeo, 2, 2, pp. 51-53, Girard, N. R. H., 1884, pp. 410-415 (Garantie,
pp. 116-121).
2. Le premier témoignage certain est celui de Cicéron (De off., 3, 17, 71, p. 562,
u. 4). Cependant une doctrine depuis longtemps soutenue (v. par exemple, Acca-
ràs, 2, p. 295, n. 1 ; Cuq, Institutions, 1, pp. 231-232 ; M. Voigt, Rom. Rechlsgesch.,
1, p. 220) prétend trouver dans le théâtre de Piaule des vestiges soit de l'édit sur
les vices (Cap*., 4, 2, 43-44). soit des actions qui en naissent (Merc, 2, 3, 86. Rud.,
2, 3, 42-43. Mil. Glor., 3, 1, 132-134. Mosl., 3, 2, 112-113) ; Mais il n'y a pas un
de ces textes qui prouve nettement l'un ou l'autre des deux points : ceux du Merc.
et de la Mosl. parlent simplement de résiliation (redhibere) sans dire qu'on l'ob-
tienne des édiles ; celui du Rudens et peut-être celui du Miles parlent du droit
de saisie et de destruction des édiles contre les marchands malhonnêtes ; celui des
Capt. rapporte des edictiones aediliciae de fantaisie pleinement étrangères à la
vente et aux vices. De plus ils n'attestent même pas le peu qu'ils rapportent comme
existant à Rome ; car ils peuvent se référer aux institutions grecques, en parti-
culier, en tant qu'ils parlent des pouvoirs et des édits des édiles, aux agoronomoi
helléniques, qui sont expressément visés dans le Mil. Glor: et les Capt. et qui,
quoi qu'on ait dit n'étaient aucunement étrangers à la police et à la juridiction des
marchés (v. pour les preuves Oehler, Pauly-Wissowa, 1, 1, 1893, p. 884). Cf. sur
les divers points, Mommsen, Dr. publ., 4, p. 195, n. 1, p. 204, n. 3 ; Krueger,
Sources, p. 42, n. 3 Bechmann, Kauf, 1, p. 396 ; Girard, N. R. H., 1884, p. 415
;
(Garantie, p. 131). N. R.H., 1897, p. 269, n. 4. Org. jud., 1, p. 220-222.
3- D., h. t., 23, 7; 60.
4. Gaius, D., h. t., 45 Redhibiloria actio duplicem habel condemnationem : modo
:
enim in duplum modo in simplum condemnalur vendilor. Nam si neque pretium
negue accessionem solvat neque eum qui eo nomine obligatus erit liberel, dupli pretii
el accessionis condemnari jubetur. Si vero reddal pretium et accessionem vel eum qui
eo nomine obligatus est liberel, simpli videtur condemnari. Ce texte démontre, à no-
tre avis, en dépit de toutes les résistances,
que le juge de l'action rédhibitoire
•qui reconnaît qu'on est dans
un cas de rédhibition et qui par conséquent rend
un arbitratus prescrivant au vendeur de rendre le prix et les accessoires contre la
561 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
ait quaestio dominii mola, au offrant caution, C, 8, 44 (45), De evict., 24, etleteslî
de Papinien a été remanié en ce sens au O., 18, 6, De per. el. comm., 19, I.
3. Inst.,
3, 24, De localione et conduclione ; D., 19, 2, Locati conducti.
4. Cf. Karlowa, R. R. G., 2, pp. 632-651. Burckhardt, Zur Geschichte der Imé
conductio, 1889. Mommsen, Z. S. St., 6, 1885, p. 260-275. A. Pernice, Z. S. Sl.J
1888, pp. 238-248.
5. Cela résulte pour lui comme pour tous les contrats de bonne foi de la cou»
naison de Gaius, 4, 11, et de Cicéron, De off., 3,15, 61 (p. 522, n. 2). Ici encore,!
arguments qu'on a voulu tirer en sens contraire de Caton, De r.r., et du théâtre»
Plaute ne nous paraissent pas probants.V. p. 536, n.4 et TV.#.#.,1897,pp. 259*
6. V. en ce sens Degenkolb, Platzrecht und Mielhe, 1867, p. 188 et ss. A. f"
nice, Labeo, 1, p. 466 et ss.
CONTRATS. — CONTRATS CONSENSUELS, LOUAGE 567
bonne foi qui ont ici, comme en matière de vente, acquis progressive-
ment une portée de plus en plus large ».
Mais il faut à son sujet faire une observation spéciale : c'est que ses
effets, les obligations qui en naissent, comme sans doute aussi la rédac-
tion des stipulations qui produisaient auparavant des obligations ana-
logues, ont été très visiblement influencés par l'exemple de contrats de
louage plus anciens, des louages faits au nom de l'État, dès une époque
reculée, par les magistrats, notamment par les censeurs, d'abord pour
les revenus publics, terres, douanes, mines, pêcheries, affermés en
général pour un lustre, au plus offrant, ensuite pour les travaux et
fournitures publiques également attribués aux enchères à celui qui s'en
chargeait moyennant la moindre indemnité et enfin pour les fonctions
' des appariteurs de magistrats (lictores, viatores, praecones, etc.), qu'on
ne voulait pas confier à des esclaves et pour lesquelles les magistrats
j engageaient des hommes libres 2.
des biens urbainsavant de le faire pour le bail à ferme des fonds ruraux. Cette
condition modeste de premiers locataires est, en dehors de motifs juridiques, la
raison probable pour laquelle
on ne leur a donné ni interdit, ni droit réel. Cf.
A. Pernice, Z. S. St., 19, 1898,
pp. 89-97.
1. Paul, D., 50, 16, De V. S., o, 1.
2. Exemples relatifs au travail dans les mines de Transylvanie, Textes,
p. 814-
815. Cf. A. Pernice, Z. S. Si., 8, 1888,
pp. 242-244, où est justement relevée, p.242,
o. t, la rareté des témoignages relatifs à cette variété de louage.
3- Un exemple fort ancien
en est fourni dans l'inscription, Textes, p. 815, rap-
portant un marché de ce genre conclu en l'an 649 entre la ville de Pouzzoles et
un entrepreneur. V. un relevé de ses applications très variées fournies par les
textes : nettoyage de vêtements éducation d'un enfant
; ; garde d'un troupeau ;
fabrication d'objets mobiliers construction d'un édifice réparation d'un bien
; ; ;
transport par terre
ou par eau, etc. dans Pernice, Z. S. St., 9, p. 245, n. 1. —
Certains actes mixtes, où l'ouvrier fournissait la matière
en même temps que son
travail, constituaient logiquement à la fois
une vente et une locatio operarum ou
Qpens. Cassius proposait de donner conséquence distributivemenl les actions
des deux contrats mais Justinien
en
; a adopté une solution simpliste déjà proposée
P»r Sabinus qui considère le tout
comme une vente (Gaius, 3, 147 : Inst., h. t.,
v saut au cas où il s'agit d'une construction et où l'entrepreneur continue à faire
M contrat de louage, quoiqu'il fournisse les matériaux (Pomponius, D., 18, 1, De
<••£-, 20 Paul, D., 19, 2, Loc,
22, 2). Cf. Karlowa, R. R. G., p. 647, n. 1.
*•V. par exemple D., 4, 9, Naut., 3, 1 Si tola navis locala sit, qui conduxil
dacto... agere potest (locatio rei), si
: ex
vero res perferendas naula conduxil, ex
«oto convenielur (locatio operis). Cf. D., 19, 5, De P. V. A., 1, 1 Paul, D.,
; 19,
,,' oca'1' 22,2, dit qu'en réalité l'entrepreneur loue ses services et cependant il
PPelle conduclor, et il appelle
le propriétaire locator.
' ^ Première catégorie de travaux est plus restreinte et plus méprisée que la
°-n mais Peul_être avec des nuances, la limitation existe pour les deux. Cf.
fl'*™-13>
io Decogn. exlr., 1.
°n voit dans les deux dernières
• hypothèses un mandat (p. 582). Quant à la
570 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
première, Vagrimensor, coupable d'avoir mal rempli ses fonctions, est tenu envers
l'intéressé d'une action prétorienne in factum sur laquelle il répond seulement de
son dol et de sa faute lourde (D., 11, 6, Si mensor falsum modunt dixerit, l,pr-,
1 ; cf. Lenel, Ed., 1, pp. 249-250).
1. L'édit contenait, pour les trois variétés de louage, une formule modèle uni-
que où la demonstralio seule devait varier suivant la nature de la locatio : £?»»
A. Agerius N. Negidio fundum (locatio rei), ou opéras (locatio operarum), ou «*
menta sarcienda locavit (locatio operis faciendi). Cf. Lenel, Ed., 2, p. 15; Pernice,
Z. S.St., 9, p. 239. Ensuite venaient Vinlenlio et la condemnatio ordinaires des ac-
tions de bonne foi (p. 532, n. 1).
2. Inst.. h. t., 5.
3. D., 45, 3, De slip, serv., 18, 3 : Unicuique tantum adquiritur quantum re»
juris permittil.
4. Alfenus, D., h. t., 30, 1. En conséquence le fermier d'un bien rural a droi
à une remise de fermage (remissio mercedis), au cas où la récolte n'a pu être per
çue par suite d'un cas de force majeure, inondation, grêle, invasion, etc. Oaur*
CONTRATS. — CONTRATS CONSENSUELS, LOUAGE 571
un terme qui paraît avoir été habituellement de cinq ans pour le louage
des biens ruraux 3; seulement si, à l'expiration du délai, le locataire
demeure en jouissance au vu et au su du bailleur, comme le contrat est
un contrat consensuel, il y aura, au moins en matière de biens ruraux,
un renouvellement tacite (tacita reconductio) aux mêmes conditions,sauf
la réduction du délai à un an et l'extinction des sûretés réelles données
fl., h. t., 25, 6 ; mais, si le bail est fait pour plusieurs années, les bonnes devront
entrer en balance des mauvaises (Ulpien citant Papinien, D., h. t., 15, 4).
I. Paul, D., h. t., 38, pr. : Qui opéras suas locavit lotius temporis mercedem
uipere débet, si per eum non stelit, quo minus opéras praestet. Il n'y a d'exception
que pour le cas où il se serait placé ailleurs : D., h. t., 19, 9. V. une solution
et une réserve analogues, D.,h. t., 19, 10. C'est
pour écarter cette règle humaine
et équitable
que les industriels qui exploitaient les mines de Transylvanie écri-
vaient, dans les marchés faits
avec leurs ouvriers, pour le cas d'inondation de la
mine: Quod si fluor impedierit
pro rata conputare debebit (Textes, p. 815).
Le travail est aux risques de l'entrepreneur jusqu'au moment où il
- a été reçu
iopens probatio)
par celui pour qui il a été fait (Labéon, D., It. t., 62 : Si rivum
etem faciendum conduxeras el feceras, antequam eum probares, tabès corrumpil,
"nonpericulum est). Seulement une doctrine qui parait venir de Sabinus excepte
le cas où l'ouvrage
est détruit par un cas de force majeure impossible à éviter, par
exemple par un tremblement de terre (D., h. t., 59. Cf. D., h. t., 36 37).
;
3- D.Jt.
t., 9, 1 ; 13, 11 ; 24, 2. 4 et les autres textes cités par Esmein, Mélan-
P< p. 220, n. 1. Nous avons terme résultait pour les baux de l'Etat de
la durée
vu que ce
normale du lustre (p. 567, n. 2). Sur une autre cause qui a pu contribuer
"son maintien dans les baux privés,
v. le même auteur, p. 225 et ss.
*• Ulpien, D., h. t., 13, 11 (Lenel, 948). Le texte, après avoir posé
ce principe
W termes très clairs
pour les baux à ferme de biens ruraux, passe aux baux à
°)'er des biens urbains, lesquels il dit en termes beaucoup plus obscurs :
pour
"lurbanis aulem praediis alio jure utimur, ut, prout quisque habilaveril, ita et
" "jjetur, nisi in scriplis
certum tempus conduclioni comprehensum est. La finale
ni m scriptis... est vraisemblablement addition des compilateurs (cf. Eisele,
~s; St., 7, I, 1886, une
p. 28 ; Dernburg, Pand., 2, § 111, n. 39 ; Pernice, Z. S. St.,
.1898, p, 92,
n 3); avant lesquels Ulpien disait par conséquent, semble-t-il,
nplement que, les biens urbains, le locataire qui avait continué à jouir
ait le loyer
pour
au prorata du temps de jouissance. Quant au sens de la finale
572 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
§ 3. —
Société.
La société 2, qui, pas plus que la vente et le louage, n'a dû être recon-
nue comme contrat consensuel et de bonne foi avant l'introduction de
la procédure formulaire, est le contrat par lequel deux ou plusieurs per-
t. D., h. t., 2, pr. : Si laboranle nave jaclus factus est, omissarum mercium do-
mini, si merces vehendas locaverunl, ex localo cum magistro navis agere debenl : is
ieinde cum reliquis, quorum merces saloae sunt, ex conducto ut delrimenlum pro por-
lionecommunicetur, agere polest.
2. lnsl., 3, 25, De societale. D., 17, 2, Pro socio. Cf. B. W. Leist, Zur Gesch. d.
:
riimisch. Socielas, 1881. A. Pernice, Z. S. St.,3, 1882, pp. 48 103. 9, 1888, p. 232-
237. C. Ferrini, Archivio, 38, 1887,
pp. 1-32. Karlowa, R. R. G., 2, pp. 651-662.
3. Aulu-Gelle, I, 9, 12 : Quod quisque familiae pecuniaeque habebal in médium
iabal et coibatur socielas inseparabilis, tamquam fuit illud antiquum consortium,
«mil jure atque verbo Romano appellabalur erclo non cilo. Festus, v. Sors. Paul
Diacre, v. Disertiones. Varron, De l: L., 0, 65. Exemples : Tive-Live, 41, 27, 2 :
—
le censeur de 580 Q. Fulvius Flaccus et
son frère Cn. Fulvius ; Val. Max., 4, 4, 8
: les seize Aelii vivant sous le même toit parmi lesquels le
et Plutarque, Aemil., 5
gendre de Paul Emile ; Q. Mucius Scaevola, D., 29, 2, De adq. lier., 78 : Duo fra-
Ces; Cicéron, In Verr., 2, 3, 23, 57 : Très fratres consorles ; Cervidius Scaevola,
h Ht, 2, F. E., 39. 3 ; Ulpien, D., 17, 2, Pro socio, 52, S ; Paul, D., 27, 1, De
Jwus., 31, 4.
— Ce consortium qu'on a depuis longtemps comparé aux commu-
nautés taisibles de notre ancien droit (Viollet, Hisl. dudr. français, pp. 801-804) et
lui a du reste,
croyons-nous, comme elles, toujours résulté de la volonté des
parties et non
pas d'une obligation légale de rester dans l'indivision (en ce sens,
Pernice, Z. S. St., 3,
p. 71 et ss. ; en sens contraire, Karlowa, Legisactionen, 1872,
P-143), présente
avec la société de tous biens certaines différences (cf. Pernice,
PP- 86-89). Mais il parait bien
en avoir été le modèle. Cette idée n'a été contestée
1"e par M. Karlowa, R. R. G., 2, 653, n. 1.
p.
*• V.
en ce sens Salkowski, De societale publicanorum, 1859, p. 20 ; Dernburg,
Pandekten, 2, § 125.
• M. Pernice considère au contraire les diverses variétés de
sociétés comme ayant
eu des origines indépendantes et distingue, sous ce rapport,
1 socielas omnium bonorum, née du consortium, la socielas quaestus (p. 574, 3),
laP°'Wo (p. 574,
n.
n. 5), qui n'auraient suivant lui été pleinement fondues que
P" Justinien. C'est,
en revanche, à tort, croyons-nous avec le mêm e auteur, 3,
574 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE H
en tout cas celle qui est prise comme type dans les commentaires et
dans l'éditi et celle pour laquelle s'expliquent le mieux certaines des
règles propres de la société 2 ; la société d'acquêts, portant seulement
sur les acquisitions à venir faites à titre onéreux parles associés (socic-
tas quaestus, lucri, compendii), qui est peut-être plus récente, ruais qui
-est à l'époque classique celle qu'on présume à défaut de volonté explicite
des associés 3 ; la société portant sur un seul bien, un fonds de terre, un
esclave (societas unius rei 4) ; la société formée en vue d'une série d'opé-
rations communes, par exemple d'un commerce ou d'une industrie
,(societas alicujus negotiationis) 8.
pp. 101-103, qu'on mêle à l'histoire de la société la communauté reconnue par l'é-
dit de Rutilius entre le patron et l'affranchi comme maximum des droits du pre-
mier à rencontre du second, D., 38, 2, De bon. lib., 1, I (cf. p. 122, n. 3).
1. Lenel, Ed., 2, p. 12.
2. Extinction par la mort, p. 578, n, 2, par la capitis deminutio, p. 578, n. 4,
Culpa levis in concrelo, p. 576, n. 4. Infamie au cas de condamnation, p. 379,n.b.
Bénéfice de compétence, p. 579, n. 6. Jus fraternilalis, p. 579, n. 4.
3. D., h. Z., 7-13, où la présomption indiquée par Ulpien, D.,h. t.,\était
probablement déjà admise par Sabinus qu'il, commente. Exemple de pareille so-
ciété entre coaffranchis, D., h. t., 71, 1.
4. D., h. t., 5, pr. Exemple, D., h. t., 58, pr.
5. Les exemples abondent. On peut citer les sociétés de travailleurs libres, qui
figurent déjà comme traitant avec les propriétaires des récoltes, à une époque où
le contrat consensuel de société n'existait pas, dans les formulaires de Galon, Bi
r. r., 144, et qu'on voit encore, sous l'empire, aller chaque année (inscriptionde
pour les récol-
tes d'une région à l'autre en Italie (Suétone. Vil., 2) et en Afrique
Maktaris, Eph. ep., 5, p. 276) ; les sociétés contractées entre un propriétaire et un
ouvrier soit pour l'élève du bétail, soit pour la mise en culture d'un champ ID..»'
t., 52,2; v. sur la politio, Pernice, Z. S. St., 7,1, 1886, pp. 97-102, et sur la lec-
ture du texte, Karlowa, 2, p. 658, n. 1) ; les sociétés de banquiers (argeniarii) dont
nous avons, dans les triptyques de Transylvanie, un exemple qui les montre encore
formées par des stipulations réciproques (Textes, p. 817) ; les sociétés de marchands
d'esclaves (venaliciarii) ; enfin celles des soumissionnaires des travaux publics »
de la perception des impôts (societates publicanorum, vecligalium, p. 575, n. s),P
ne sont elles-mêmes au fond que des societates unius negotiationis, quoique UlpieHi
D., h. t., 5, les oppose aux autres sociétés à cause de leurs règles spéciale-
(p. 578, n. 3, par ex.). Les sociétés de banquiers et de marchands d'esclaves,q» 1
sont des sociétés purement privées, sont aussi soumises à des règles spéciales, nos
pas au point de vue de leur fonctionnement intérieur, mais à celui de la respon-
sabilité individuelle des associés envers les tiers (Rhet. ad lier., 2. 13, 19;fl.>-'
1, De aed. éd., 44. 1).
6. C, 4, 37, Pro Socio, I.
1- D., h. t., 5, 1.
CONTRATS. — CONTRATS CONSENSUELS, SOCIETE 575
i-D.,h. t., 5, i.
2. solution déjà donnée par Cassius, D.,h. t., 29, 2. Le nom vient de la
C'est la
table d'Esope où le lion va à la chasse avec l'âne et garde tout le gibier pour lui
(Phèdre, 1, 45).
Exemple: D., h. t., 31 ; 32 ; 33. Deux personnes ont mis de l'argent en com-
3-
mun pour acheter une chose ensemble. Il y aura, selon leur intention, société ou
indivision. Ce
sera souvent difficile à savoir à raison du langage qui emploie éga-
lement les mots socii, socielas dans les deux cas, et à cause du caractère consen-
suel du contrat de société. Et
ce sera cependant fort important, par exemple pour
savoir si l'action est l'actio pro socio ou l'action communi dividundo,
par exemple
parce que le lien social qui tient
aux personnes s'éteint par la mort et ne passe
pas aux acquéreurs de la part de propriété de la chose, tandis
que celui de com-
munauté qui tient à la chose passe aux héritiers et aux sous-acquéreurs.
J- Ulpien, D., h.
t., 57 : Rerum inhonestarum nullam esse socielatem.
•>. Gaius, D., 3, 4, Quod cujuscumque, 1,
pr. ; v. sur ces sociétés, outre l'ouvrage
576 L1VHE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
pas d'existence distincte de celle de leurs membres '. Le contrat qui les
forme fait donc exclusivement naître des obligations entre les asso-
ciés 2 : l'obligation de réaliser l'apport convenu ; celle d'apporter aux
affaires sociales les mêmes soins qu'aux siennes propres ; celle de com-
muniquer aux autres associés les bénéfices qu'on a faits pour le compte
commun et de participer aux pertes faites par eux pour lui.
1. Chacun est tenu d'effectuer sa mise. Cette obligation s'accomplira
d'une manière différente selon que l'apport consistera en propriété, eu
jouissance ou en industrie. Par exemple s'il consiste en propriété, elle
s'exécutera par les modes ordinaires d'aliéner, à l'époque classique,
selon la nature des choses, par mancipation ou tradition, sous Justinien
par tradition ; car, pas plus en matière de société qu'en matière de
vente, on ne doit confondre l'obligation née du contrat avec l'acte trans-
latif de propriété qui l'exécute. Il est même surprenant qu'en matière
de société universelle, la propriété des biens présents soit, par une
règle spéciale, transférée sans tradition 3.
2. Chaque associé est tenu d'apporter aux affaires sociales les mêmes
soins qu'aux siennes propres (culpa levis in concreto) 4. Seulement cela
soulève une question : il sera tenu, quand il n'aura pas apporté aux
affaires sociales dont il devait s'occuper les mêmes soins qu'aux siennes
propres. Mais quand doit-il s'en occuper ? Comment les affaires so-
précité de Salkovvski, Mommsen, Dr. publ., 4, pp. 116. 126. 129 ; Mnrijuardl-,
Organisation financière, pp. 379-383; Kniep, Socielas publicanorum, 1, 1886, A le
travail de Rostowzew, cilé, p. 567, n. 2.
1. C'est dit positivement par Gaius, loc. cit. Cependant une doctrine d'ailleurs
assez abandonnée a soutenu le contraire en invoquant quelques textes dont le plus
important est D., 46, 1, De fidejuss., 22, selon lequel personae vice fungitur socie-
las... Mais ces textes ne disent pas que toutes les sociétés sont des personnes mo-
rales ; ils prouvent seulement qu'il y en a qui le sont ; or on les connaît : ce sont
celles citées par Gaius, loc. cil.
2. On parle parfois, pour la société comme pour le mandat, d'effets à l'égard
des tiers, notamment quant aux obligations, de créances et de dettes produites par
la société entre les associés et les tiers. Mais c'est par un abus de langage. Quand
les associés figurent eux-mêmes tous au contrat, ils deviennent créanciers ou débi-
teurs non pas en vertu de la société, mais en vertu de leur contrat et, sauf des
exceptions résultant de dispositions spéciales les rendant solidaires (v. les texte»
cités, p. 574, n. 5, sur les sociétés d'argentarii et de venaliciarii), seulement pour
leurs parts. Quant au contraire le contrat est fait par un seul, c'est lui seul qui
devient créancier et débiteur d'après le droit civil, et si les autres deviennent,
sinon créanciers, au moins débiteurs jure praetorio, c'est en vertu de principes
généraux que nous étudierons en cherchant entre quelles personnes les obligations
produisent leur effet. Cf. Ulpien, D., 14, 1, De exercit. ad., 4, pr. 1.
3. Paul, D., h. t., 1, 1. Gaius, D., h. t., 2, et la doctrine moderne expliquent
cette décision par l'idée d'un constilut possessoire ; mais alors elle ne devrait pas
s'appliquer aux choses dont l'associé est propriétaire sans les posséder, quoique'f
texte de Paul soit général, et elle devrait également s'appliquer dans toutes »
sociétés où l'un des associés consent un apport en propriété, quoique le texte ne
parle que de la societas omnium bonorum. Les deux choses s'expliquent au contraire
parfaitement, en voyant là une survivance des règles du consortium (p. 573, n- <
4. Inst., h. t., 9. Cf. Gaius, D., h. t., 72.
CONTRATS. — CONTRATS CONSENSUELS, SOCIETE 577
ciales seront-elles gérées ? Les textes sont, en réalité, à peu près muets
sur ce point.
Il est probable que, dans la plupart des cas, le contrat
devait le régler, décider si l'administration serait commune ou exercée
par un seul, et
des arrangements conférant la gérance à l'un pouvaient
aussi être pris après coup. En dehors de là, l'obligation de pourvoir aux
affaires sociales incombe à chacun.
3. Chaque associé doit faire participer les autres aux bénéfices qu'il a
laits pour le compte commun et contribuer aux pertes qu'ils ont faites
pour lui (communicatio lucri el damni
J). Mais ici encore il faut se de-
mander dans quelle proportion aura lieu cette contribution.
Les parts peuvent être déterminées par une convention expresse.
Alors on observe en principe cette convention - : ainsi quand elle établit
des parts inégales dans les bénéfices, qu'on répute alors être les mêmes
dans les pertes 3, et qui sont un moyen de balancer l'inégalité des ap-
ports ; ainsi quand elle établit des parts différentes pour le cas de perte
et pour celui de gain et môme quand elle déclare qu'un associé aura part
t. Communication des acquisitions: Paul, D., h. t.. 74; contribution aux dé-
:
Penses: Paul, U., h. t., 38, 1.
2- Inst., h. t., 1.
3- Gaius, 3, 150.
4- Gaius, 3, 149. Inst., h. t.,2.
5. lnsl., h.
t., 2. Paul, D., h. t., 30. Il est aisé de comprendre que, si l'associé
prenait part aux profils de chaque opération avantageuse et
: non aux pertes des
;
opérations désavantageuses, il pourrait,
au total, faire des gains, tandis que les
autres feraient des pertes,
par exemple, la société fût-elle finalement désastreuse,
W moment qu'il
y aurait eu deux ou trois bonnes opérations sur lesquelles il
"fait prélevé sa part,
sans avoir rien à débourser à raison de toutes les autres
opérations mauvaises. Il
en serait de même, avec un peu plus de complication,
1 prenait une part plus forte dans le produit de chacune des bonnes opérations
contribuait pour une part moins forte pertes de chacune des mauvaises.
aux
» Arbitrage d'un associé : D., h. t., 6 ; d'un tiers : D., h. t., 76-80.
'•Ulpien, D., h. t., 2Q, Si fuerint partes socielali adjeclae,
pr. : non aequas
37
578 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
§ 4. — Mandat.
Le mandat (mandatum) s est le contrat par lequel une personne
charge de faire quelque chose dans son intérêt une autre personne qui
accepte gratuitement cette mission. A la différence de la vente, du louage
et de la société, qui sont des contrats synallagmatiquesparfaits, c'est un
contrat synallagmatique imparfait : il fait naître immédiatement au profit
du mandant (mandans, mandator) une créance sanctionnée
par l'action
nandati directa et il peut par là suite en faire naître au profit du man-
dataire une autre sanctionnée par l'action mandali contraria.
1. Les actions de mandat sont des actions de bonne foi qui, d'après le langage
de Cicéron, Ue off., 3, 15, 61, ne peuvent avoir existé avant la loi Aebutia (p.522,
n. 2). De plus, nous sommes portés à croire que le mandat a été sanctionné par
une action prétorienne in factum, avant de l'être par une action rédigée in jus;
or les actions prétoriennes sont inconnues au temps des Actions de la loi fp. 322,
n. 2). Ici encore on a prétendu trouver la preuve de l'existence des actions du
contrat (v. par ex. Karlowa, p. 665) dans des textes de Plaute et même, de Caton,
De r. r., 145, 2. 8, qui prouvent tout au plus l'existence de cet arrangement, sans
en déterminer ni la portée juridique ni les conditions d'efficacité.
2. La loi Aquilia n'aurait pas créé une peine contre Vadstipulator qui a fait
acceplilation en fraude des droits du créancier principal, s'il avait alors été déjà
tenu de l'action mandait direcla en reddition de compte (p. 412, n. 3|. La 'oi
Publilia citée par Gaius, 3, 127. 4, 22, n'aurait pas créé davantage une action
spéciale en recours au profit du sponsor qui a payé la dette cautionnée par lui sil
avait déjà eu alors l'action mandait contraria en indemnité.
3. Cicéron, De off., 3, 17, 70 (p. 523. n. 1).
4. Rhel. ad lier., 3, 13, 19 : M. Drusus, praetor urbanus, quod cum heredeman-
dait agerelur, judicium reddidit. Sex. Julius non reddidit. La date de la préture de
Sex. Julius est donnée par Cicéron, De domo, 53, 136; colle de la préture de
Drusus résulte de ce qu'ayant été tribun en 632 (Cicéron, Brut., 28, 109) et consul
en 642, il ne peut, d'après les intervalles exigés entre les magistratures, avoir ele
préteur avant 634 ni après 639. Cf. N. R. II., 1897, p. 272, n. 2, pour la première
et p. 276, n. 1 à 4, pour la seconde.
5. M. Lenel, Ed., 2, p. 11, ne relève de vestiges d'une formule in faction 1®
pour l'action mandait contraria. Mais l'existence d'une formule directe in /««"""
antérieure à la formule in jus nous parait suggérée, au moins autant que parla
décision de Sex. Julius, par l'analogie de la fiducie, du dépôt, du gage, du com-
modat et de la gestion d'affaires (pp. 522, n. 3 ; 525, n. 2 ; 023, ri. 1).
CONTRATS. — CONTRATS CONSENSUELS, MANHAT 581
a un préjudice et qu'il a été causé par sa faute qui, dans le système défi-
nitif, s'apprécie in abstracto 4. Il est ensuite tenu de rendre compte : de
remettre au mandant tout ce qu'il a touché pour lui, au cas où il était
chargé de recouvrements ; au cas où il était chargé d'un achat, de lui
faire passer non seulement la créance de la chose vendue née de la vente,
mais l'action née de la stipulation du double 6. Ces droits du créancier
sont garantis par l'action mandati directa qui entraîne l'infamie contre
,
le mandataire
au cas de condamnation c.
1 De son côté, le mandataire aura tant l'action mandati contraria
tni'une défense contre l'action mandati directa
pour demander au man-
iant de l'indemniser des dommages
que lui aura causés l'exécution du
mandat. Le mandataire rend un service gratuit mais il
; ne doit y perdre
que sa peine. S'il a fait des déboursés, il a le droit de demander que le
Borne sur les honoraires des maîtres d'école et auxquels il rapporte les livres 8 et 9
du traité d'Ulpien
: Lenel, 2289-2295.
1- Sévère et Caracalla, C, i, 35,
Mand., 1 : Adversus eum, cujus negotia gesla
>M, de pecunia quam de propriis opibus vel ab aliis muluo acceplum erogasli,
mandait actione
pro sorte et usuris potes experiri, de salaria quod promisil a praeside
pnmnciae cognitio praebebilur. Cf. aussi l'action mandati directa en exécution,
Ulpien, /),, 17> \, Mand.,
sur
6, pr. Nos anciens auteurs n'ont donc pas eu tort de
Wirc que le droit romain avait le mandat salarié ; c'est le Code civil,
art- 1080, qui
connu
a eu tort de le conserver.
-- Nous n'avons pas plus ici qu'en matière de société à nous occuper de la me-
sure dans laquelle le mandant
peut être poursuivi en vertu des contrats du man-
alaire ou même agir contre les tiers
en vertu de ces contrais. C'est une question
que nous étudierons dans
son ensemble en nous occupant des effets des contrats.
i »• 1 aul, D., 13, 6, Comm., 17,3 : Voluntalis est suscipere mandalum, necessilalis
i. «msummare. Gaius, D., 17, 1, Mand., 27, 2.
*• ulpien. D., 50, 17,
: De R. ./., 23. Dioclétien, C, 4, 35, Mand., 11 ; 13. Mais
:
cl:Modeslin, Coll., 10, 2, 3.
»• Mandataire chargé
de recouvrements : Paul, D., h, t., 59, pr. Mandataire
"M&ed'acheler: Ulpien, D., h.t., 8.10; Papinien, O., 41, 2, De A.v. A.P.,iQ,
: 2.
LlcÇr°n, Pro Rose. Am., 38, 111 Si quis mandalam non modo malilio-
'
•
aessissel sui quaeslus aut commodi
: rem
causa, verum eliam negligentius, eum majo-
ammum admisisse dedecus exislimabanl itaque mandati conslilutum
; est judi-
<t'f"! "1" mims
iurPe amm turli- Lex Julia< i- 11J (Textes, p. 85 ; cf. le fr.
"««te, Textes,
;
p. 77). Gaius, 4, 182.
584 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
1.Gaius, 3, 160.
2. On le déduit des solutions données
pour les héritiers du tuteur (D., 27, 7,
Vefidejuss. et nomin., 1, pr.) et de l'associé (D., 17, 2, Pro socio, 40).
3. Gaius, 3,158.Mais cf. Gaius, 3,117 Gaius, D., h.
; t., 13 ; Ulpien,/)., h. «.,12,17.
*• D-, 19, 5, De praescriplis verbis et in faclum aclionibus. La théorie des con-
trats innommés a été complètement renouvelée par les progrès faits au cours des
«ngl-cinq dernières années dans la connaissance de l'édit et des interpolations,
nous citerons seulement dans la littérature antérieure l'ouvrage de M. Accarias,
théorie des
contrats innommés, 1806, et le compte rendu développé qui en a été
"inné par M. Pernice, K. V. L, 10, 1868,
pp. 68-123. It faut aujourd'hui surtout
consulter sur la question les travaux de Lenel, Ed., 2, pp. 16-18; Z. S. St., 9,
•«S», pp. 181-182, Gradenwitz,
Interpolationen in den Pandekten, 1887, pp. 123-169 ;
l- s- St., 1/,., 1893, 121-125, et Pernice, Sitzungsberichte de Berlin, 1883,
pp
PP. 4o0-451 Z. S. St., 9, 1S8S,
; pp. 248-200 ; Labeo, 3, 1, pp. 88-91/207. 261-263.
™sumé sommaire dans Salkowski, Inslilulionen, § 126.
586 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
par Alfenus Varus ', peut-être aussi par Proculus s, et encore dans cer-
tains cas par Papinien 3 et Ulpien 4.
Quant au droit d'agere praescriptis verbis selon le procédé indiqué
par Labéon, il a bien été utilisé dans certains cas par certains juriscon-
sultes pour sanctionner les nouveaux contrats ; mais cela ne s'est fait ni
avec toute l'étendue ni dans l'ordre méthodique auxquels feraient croire
les compilations de Justinien. D'un côté, la première opération sanction-
née par l'action civilis in factum, celle qui figure dans l'édit de Julien
comme type et qui était la seule ou la principale à l'époque de sa confec-
tion, est un contrat innommé qui ne rentre ni dans la combinaison è
ut des ni dans la combinaison do ut facias : le contrat estimatoire, où tu
individu remet une chose à un autre sans l'en rendre propriétaire pour
qu'il lui rende soit cette chose, soit une somme convenue 5. D'autre pari,
on a bien pu admettre, au cours des temps, l'application de cette action
civile, à côté du cas d'aeslimatum, au cas d'échange et dans beaucoup
d'autres °. Mais c'est seulement Justinien qui a posé la règle générale
résulte que l'attribution de l'action civile à Julien dans le même cas, D., h. C,5,
2, est une interpolation ; D., h. t., 13, 1 (p. 589, n. 2) ; cf. Africain eilant.lulicn.
D., h. t., 24 (p. 589, n. 2) ; Gaius, O., h. t., 22 (p. 589, n. 2). Ces actions in fit-
lum, dont la portée est obscurcie dans les compilations, ont probablement tu,
dans la doctrine sabinienne, beaucoup plus d'importance que les tentatives infini-
ment plus connues faites pour étendre dans certains cas les actions nées des con-
trats nommés (échange, p. 539 ; vente sous condition résolutoire, etc.).
t.. Alîenus, D., h. t., 23 (cf. Pernice, Labeo, 2, p. 407, n. 51).
2. Proculus, D., h. t., 12 : In faclum existimo judicium esse reddendum.
3. Papinien, /)., h. t., i, pr. (p. 587, n. 6). Les compilateurs ont nécessairement
remanié la suite du texte ; car il continue en donnant des exemples d'action cm-
Us in factum (p. 5S0, n. 2).
4. Ulpien, I)., h. t., 13, pr. D., 13, 6, Commod., 5, 12. D., 19, 4, De rer. perm-,
1,1: Unde si ea res, quant acceperim vel dederim, poslea euincalur, in factm
dandam aclionem respondelur, reproduit, en matière d'échange, une solution dt
ce genre donnée par un auteur plus ancien (Julien, pense Pernice, Z. S. S-,
p. 255, n. 4), à moins que les compilateurs n'aient eu la singulière élourdene
d'efl'acer te mot civilem dans la désignation de l'action in factum.
5. V. Lenel, Ed., 2, pp. 16-18. Pernice, Z. S. St., p. 259. S'il y avait en par
exemple dans l'édit une formule de l'action donnée au cas d'échange, la contro-
verse sur le point de savoir si l'échange rentrait dans la vente eût élé tranchée
dès alors, au lieu d'êlre encore agitée du temps de Gaius, 3, 141, et même île Paul,
D., 18, 1, De C. E., 1, 1 (p. 539, n. 6). L'action a donc été donnée au cas d'm*
malum avant de l'être au cas d'échange, peut-être d'ailleurs parce que la transi-
tion entre la fonction ancienne et la fonction nouvelle était ménagée la par»
caractère ambigu de l'opération.
6. En laissant de côté les vestiges au reste assez clairsemés d'applications con-
tractuelles antérieures de Faction, les jurisconsultes de l'époque des Sévères ad-
mettent le droit d'agere praescriplis verbis. non seulement au cas d'ôcliange.
mais dans d'autres hypothèses rentrant dans les combinaisons do ut facias (Paf|'
nien, D., h. t., 7), facio ut facias (Papinien, D., h. t., 9 ; Marcien, D., h, !< -h
facio ut des (Ulpien, D., h. t., 15) et souvent en invoquant l'idée de convenir
synallagmatique dégagée par Aristo (Papinien, D., h. t., 8 ; Ulpien, D., h. '•l3'
Marcien, D., h. t., 25). Seulement il est impossible d'admettre que le droit i*
versel A'agere praescriptis verbis en vertu de la convention synallagmatique ese»
tée d'un côté ait été admis par eux comme règle générale, d'abord parce q*
? CONTRATS. — CONTRATS INNOMMES 589
:
«*,/>., h. t., 26, pr. (Lenel, 685; cf. Gradenwitz, p. 143; Pernice, Labeo, 3,
P-'21, n. 3) et cela porterait à demander s'il n'en est pas de même de trois
se
on lui en attribue la concession, D., h. t., 16,pr.; D., 4, 3,0e d. m.,
®utres textes où
s> 3 (Lenel, 46)
et D., 10, 2, F. E., 18, 2.
; * n-.'i. t., îe, i.
390 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
en droit, ainsi, dans la convention d'échange, quand celui qui aura livré
la chose n'aura pas rendu celui qui l'aura reçue propriétaire '.
II. Effets du contrat. — L'effet essentiel du contrat innommé comme
de tous les contrats est de faire naître une action personnelle en exé-
cution. Celui qui a exécuté sa prestation demandera l'exécution de la
contre-prestation par l'action civile que sous Justinien tout uu moins
l'on appelle praescriplis verbis, qu'on appelait auparavant civilis incerti,
civilis in faclum, mais à côté de laquelle il garde, avec quelques modi-
fications, la. condictio ob rem dati pour reprendre sa propre prestation
et il a môme parfois pour la même fin une troisième action, la con-
dictio ex poenilentia des interprètes.
1° Il peut d'abord agere praescriplis verbis par l'action civilis in fac-
tum. A l'époque de la procédure formulaire, cette action commencera,
comme dans sa fonction première, par une clause, indiquant l'opération
accomplie, pour laquelle on discute si c'est une praescriplio ouunetfc-
monslratio - et qui portera par exemple pour le cas de contrat ostima-
toire : quod A. Agerius N. Negidio mensam argenleam acslimatani
vendendam dédit, pour le cas d'échange : quod A. Agerius N. Argidio
bovem dédit ut N. Negidius A. Agerio equum daret ; puis elle continuera
par une intentio, qui est in jus, et qui est en outre à notre avis toujours
de bonne foi 3 : quidquid A. Agerius N. Negidio dare facere oportet ex
fide bona, où par conséquent le juge pourra tenir compte du dol, sous-
entendre les clauses de style, etc. ; enfin elle se terminera par lacon-
demnalio prescrivant au juge de condamner à des dommages et intérêts
égaux à la valeur de la contre-prestation convenue, au cas d'échange,
à la valeur du cheval : quanti ea res erit, condemna. Et, sous la procé-
dure extraordinaire, elle a gardé les mômes caractères de fond.
2° En outre il aura parfois la condictio ob rem dati, qui diffère de la
précédente en ce qu'elle est de droit strict et non de bonne foi et en ce
qu'elle tend à demander la restitution de la prestation faite sans cause,
eût été tanlôt. de bonne foi et tantôt de droit strict, mais nous ne croyons pa»
qu'il y en ait d'indice.
CONTRATS. — CONTRATS INNOMMES 59*
d'autres ' qui prouvent que, soit dès l'époque classique, soit au moins au
temps de Justinien 2, la condictio a été solidarisée avec l'action praescri-
ptis verbis, a été soumise aux mômes conditions, s'est transformée d'ac-
tion en restitution indépendante en une action en résolution qui n'existe
que lorsqu'existe l'action en exécution.
3° Enfin il faut citer une troisième action, la condictio propler pocni-
lentiam qui est représentée par les textes comme existant dans certains
cas pour réclamer la prestation déjà faite en dehors de tout retard dans
l'exécution de la contre-prestation convenue a. D'après une doctrine qui
n'a jamais été très répandue en France, il n'y aurait là que, des appli-
cations du droit commun de la condictio ob rem dali, qui n'aurait \n>
été restreinte dans ses conditions d'exercice par l'influence do, l'action
praescriptis verbis, qui aurait toujours continué à exister en dehors de
toute condition de retard ou de faute de l'autre partie. D'après une autre
doctrine qui semble encore dominer chez nous, ce serait une application
restreinte aux contrats innommés analogues au mandat, du droit de ré-
vocation du mandant. Il paraît aujourd'hui établi que cette institution
est une création de Justinien opérée par voie d'interpolation de textes
antérieurement relatifs à la fiducie pour la plupart ''. Mais cela laisse
Slichum dures... El ideo, si morluus est Slichus, repelerepossunt quod ideo libi idi,
ut mihi Slichum dares. M. Pernice signale comme appliquant les mêmes principes
au cas où on a donné quelque chose pour qu'un esclave fût affranchi dans un
certain délai et où il est mort après ce délai sans avoir été affranchi, Ulpien filant
Proculus, D., 12, 4, De cond. c. d., 3, 3 (Lenel, 772) et Julien, D., 12, 1. Ûelt.
C, 19, pr.
1. Dioclétien, C., 4, 6, De cond. c. d., 10 : Pecuniam a te datant, licet causa, pro
qua data est, non culpa accipiciilis, sed fortuito casu secuta non est, minime repiti
posse certum est. Paul, D., 19, 5, De P. V.A., 5, 1, in fine : Sed si sctjphos libitleë,
ut Slichum mihi dares, periculo meo Slichus eril ac tu dumtaxal ctilpum praeslan
debes. Ulpien, D., 12, 4, De cond. c. d., 5, 4, subordonne également à l'idée de
retard l'obligation de restituer de celui qui a reçu quelque chose pour affranchir
un esclave. V. pour le cas voisin d'un voyage, Ulpien, D., 12, 4, De cond. c. il-,
5, pr.
2. Pour l'époque de Justinien, si les textes sont interpolés, pour celle des juris-
consultes classiques, s'ils sont sincères. M. Pernice, Labeo, 3, 1, pp. 302-307, sou-
tient la première idée en considérant comme interpolés laconst. de Dioclétien, qui
présente en effet des particularités suspectes [Labeo, 3, 1, p. 304, n. 2), le textede
Paul, D., h. t., 5, 1 (cf. Gradenwitz, Interpolalionen, p. 132 etss.) et celui d'Ulpien,
D., 12, 4, De cond. c. d., 5, 4 (cf. encore Gradenwitz, p. 167), et en rapportant le
fr. 5, pr., du même à un ordre d'idées spécial. V. en sens contraire, Hugo Krue-
ger, Zeitschr. de Grùnhut, 22, 1895, pp. 321-325.
3.- Ulpien, D., 12, 4, De cond. c. d., 5, pr. (Lenel, 43) ; 3, 2. 3 (Lenel, 772). V,
par ex. D , h. t., 3, 2 : Sed si libi dedero, ut Slichum manumillas, si non facti<
possunt condicere, aul si me poen.ileat, condicere possum. 3: Quid si ita dedi, tf
intra certum tempus manumillas ? Si nondum tempus praeterieril, iuhibenda er«
repetitio, nisi poenilcat : quod si praeleriil, condici polerit. L'autre texte, beaucoup
plus long, s'occupe d'argent remis à quelqu'un pour qu'il fasse un voyage et d es-
clave remis à un tiers pour qu'il l'affranchisse.
4. L'interpolation, qui avait déjà été soutenue par le président Favre et p"
M. Mann, Das Pocnilenzrechl, 1879, a été démontrée d'une manière plus corn-
CONTRATS. — CONTRATS INNOMMES 593
que l'édit a pris pour type, celui qu'il donne comme exemple du droit
iïagere praescriptis verbis et par conséquent probablement celui qui a
été reconnu le premier. Le propriétaire d'une marchandise, un négo-
ciant en gros, la remet à un individu, petit détaillant, marchand des rues,
sans l'en rendre propriétaire, avec estimation, pour être créancier de
l'estimation, si la chose est vendue, ou, sinon, de la restitution. On hé-
sitait pour savoir si cette convention constituait une vente, un louage ou
un mandat -. On s'est tiré d'affaire en donnant l'action civilis in factum,
qui apparaît donc là dans la fonction primitive
pour laquelle elle fut in-
ventée en môme temps qu'elle sanctionne comme premier contrat in-
pléte par M. Gradenwitz, Interpolalionen, pp. 146-179, dont les conclusions ont
notamment élé adoptées par M. Lenel, Z. S. St., 9, 1888, pp. 181-182, et par M. Per-
nice, Labeo, 3, 1,
p. 261-263. Ainsi que l'a particulièrement relevé M. Lenel. elle
a sans doute été provoquée par la préoccupation de maintenir, au cas d'aliéna-
tions d'esclaves à charge de les affranchir, le droit de révocation qui résultait des
règles de la fiducie (p. 520,
n. 8) et qu'on ne voulait pas laisser disparaître avec
te conlrat. C'est ce qui a fait introduire une condictio pour obtenir les mêmes ré-
c. d., 5, pr. (cf. Gaius, D., 17, 1, Mand, 17, 1 .
sultats dans D., 12, 4, De cond.
Unel, 232 Julien, D., 17, 1, Mand., 37 Lenel, 218 Ulpien, D., 39, 5, DeDon.
; : ;
'«i i Lenel, 1606) puis
'•
; on l'a étendue aux cas voisins, mais de type différent,
ou fon a remis quelque chose qu'un esclave soit acheté et affranchi (D., h.
pour
'• 3, 2) ou simplement soit affranchi [D., h. t., 3, 2. 3) et où les additions : aul. si
" piiemleat condicere possunt, nisi poeniteal se distinguent encore clairement par
'"gaucherie avec laquelle elles interrompent l'exposition, et enfin à celui
Plus éloigné visé D.,
encore
h. t., 5, pr. Cf. en sens contraire, Bekker, Z. S. St., 13,
'"2, pp. 110-119, Karlowa, R R. G., 2, 2, 771-772 et la réplique de Graden-
pp.
'
^yZ.S. Si., 14, 1893, pp. 121-125.
°-. 19, 3, tic aeslimaloria. VA'. Lenel, Ed., 2, pp. 16-18. Thaller, Mélanges
Appleton, 1903,
pp. 639-655.
- Ulpien, D., h.
t., i, pr. (Lenel, 953).
38
594 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
Les pactes qui, sans porter le nom de contrats, ont été progressive-
ment reconnus comme générateurs d'actions personnelles, sont : d'a-
bord, dans une mesure à déterminer, les pactes adjoints aux contrats,
puis les pactes prétoriens et les pactes légitimes.
§ l. — Pactes adjoints.
Les pactes adjoints (pactaadjecta) ont pour caractère de ne pas être
des arrangements principaux, indépendants, d'être au contraire des
Julien qui ne la donnait probablement nulle part, qui donnait au lieu d'elle d»
actions in faclum (p. 5S7, n. 7) ; mais elle ne pouvait être donnée par Ulpien;ta
il dit positivement, D., 47, 2, De furlis, 14, 11, que le précaire ne fait naître ai'
cune action civile. Elle a été intercalée dans les deux textes par les compilai*
et on voit même très bien comment ils ont procédé. Julien, D., h. t., 19^
donnait au concédant à précaire une condictio en restitution de la possession
qu'il retenait sans cause (condictio possessionis, cf. par ex. Windscheid, 1, § 161);'
les compilateurs ont l'ait de cela un cas d'action praescriptis verbis en ajoutant'
la On de la phrase leur éternel id est. praescriplis verbis, puis ils ont transport
la règle ainsi obtenue, à la queue du texte d'UIpien, D., h. t., 2, en y effaçant 11
mention de la condictio et en ajoutant les mots quae ex bona fide oriW- &
Gradenwitz, Interpolalionen, pp. 128-130.
1. Elle parait déjà connue de l'auteur de la Rltel. ad lier., 2, 13, 20, qui et" 1
aux environs de l'an 670 (Teuffel, Gesch. d. rôm. Lit/., 1, § 162, n. 2).
CONTRATS. — PACTES ADJOINTS 597
minué son obligation l. Gela suffisait à sanctionner tous les pactes mi-
nutaires, qu'ils fussent adjoints in continenti ou ex inlervallo, à des
contrats de bonne foi ou de droit strict. Mais on a fait encore plus poul-
ies pactes adjoints in continenti et pour ceux adjoints à des contrats
de bonne foi.
a) Dans les contrats de bonne foi, on admet d'ordinaire que les excep-
tions fondées sur l'équité sont sous-entendues et il en est, en tout cas,
ainsi de l'exception pacli 2. II n'y aura donc môme pas besoin de faire
insérer l'exception.
b) Que le contrat soit de bonne foi ou de droit strict, la doctrine a
admis que le pacte adjoint au contrat in continenti s'y incorpore pour
diminuer l'obligation dès le principe. Gela a d'abord été reconnu pour
les contrats de bonne foi 3, mais cela a fini par l'être pour les contrats
I
de droit strict 4.
S 2. Pactes ad augendam obligationem. Le progrès a été pour eux
moins large. Il faut distinguer s'ils sont adjoints in continenti ou ex
inlervallo.
a) Quand ils sont adjoints
au contrat in continenti, la différence n'est
pas très grande. Ils s'incorporent sans difficulté aux contrats de bonne
foi 5, et
on a peut-ôtre fini par admettre qu'ils s'incorporeraient aux con-
t. Ulpien, D., 2, 14, De paclis, 7, 7: Ailpraelor. 'Pacla convenla quae neque dolo
malo neque advenus leges plebis scila
senatus consulta edicla décréta principum
neque quo fraus cui eorum fiai foc la erunt, servabo'. Formule de l'exception pacli :
Gaius, i, 119; cf. Gaius, 4, 122.
2. Julien chez Paul, D., 18, 5, De
resc. vend., 3 : Bonae fidei judicio cxcepliones
poli insunl. Cf. Ulpien, D., 2, 14, De pact., 7, 5. Mais, quand le pacte est ad-
joint ex inlervallo, il n'y
a qu'une exception sous-entendue, il n'y a pas inexis-
tence de l'obligation,
comme au cas de pacte minutaire adjoint in continenti, mon-
tre Paul, £>., 2, U, De
pact., 27, 2.
8- Ulpien, D.,
2, 14, De pact., 7, 5 (n. 5). La règle est déjà admise au temps de
»er. Sulpicius (n. 5).
*• Cest, eh matière de stipulation, la solution Paul rapporte dans la célè-
™loi Leela, D., 12, 1, De R. C, 40,
que
comme ayant été appliquée, sur sa proposi-
ll<w,
par le préfet du prétoire Papinien, dont il était l'assesseur, à un pacte de
fractionnement de paiement. Il n'est
pas prouvé qu'Ulpien ait élé du même avis.
™son autre texte de Paul, D., 2, 14, De paclis, 4, 3, parait, d'après l'enchaîne-
jowt dus idées, rapporter
que la solution était déjà admise par Julien. En ma-
le'e de mutuum, où les pactes
, ne se distinguent pas, à vrai dire, aussi nettement
«s contrats,
on peut appuyer la môme solution sur Modeslin, D., 22, 1, De tisitr.,
^'''e_lsur Proculus chez Ulpien, D., 12, 1, De R. C, II, 1. Cf. D., 12, J, De
V' ^''
,! "' 3> De pact., 10. Il n'y
-a- ulpien, il., 2, a pas de textes pour le contrat littéral.
14, De pact., 7, o: Quin immo inlerdum (nuda paclio) format
PSOM aclionem
ut in bonae fidei judiciis, Solemus enim dicere pacla convenla
e« bonae fidei judiciis. Sed hoc sic accipienduin est; ni siquidem ex conti-
' pacla subsecula sunt, eliam ex parle acloris insint. ; si ex inlervallo, non
]!."'" nec valebunl, si agat, ne ex pacto actio nascatur. Applications faites à
on ex vendito Ser. Sulpicius pour le pacte qui oblige l'acheteur à res-
. . r" bail {D" par
«»e naene'eui' à 19' *' Ue A- E- V-' iZ' 30) ' par PomP°nius Pour celui 1ui
i9 1 une construction comme accessoire du paiement du prix (D.,
' "c A. E. V„ G, 1 ; cf. Neratius, D., 19, 5, De P. V. A., 0), par Hermogé-
>
398 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
trats de droit strict ', à moins d'être des conventions d'intérêts ou des
conventions analogues se rapportant à des prêts d'argent 2 : sous cette
réserve, ils sont garantis par l'action même du contrat. Ils constituent
donc un nouveau cas de convention munie d'action.
b) Au contraire ils restent sans effet, quand ils sont joints au contrat
ex inlervallo. Il leur faudrait, pour produire effet,faire naître une action
et le pacte adjoint ex inlervallo ne fait naître qu'une exception 3. Seule-
ment il existe, verrons-nous, un moyen très simple de tourner la règle
pour les contrats consensuels non exécutés : c'est de dissoudre le premier
contrat par un simple accord de volontés constituant un contrarius con-
sensus et de faire, également par un simple accord de volontés, un nou-
veau contrat contenant la clause.
§ 2. — Pactes prétoriens.
Les pactes prétoriens générateurs d'actions personnelles * compren-
nent, en un certain sens, toutes les conventions qui ont été sanction-
nées jure praetorio par des actions in factum avant de l'être comme
contrats par des actions civiles in jus (p. 429). Ils comprennent surtout
celles qui, comme le pacte de serment, le pacte de constitut, les diverses
variétés du receptum, ne sont jamais devenues des contrats civils, n'ont
jamais été sanctionnées que par des actions prétoriennes in faclun.
I. Pacte de serment 6. — Le serment dont il s'agit ici ne doit te
confondu ni avec le serment promissoire, qui a probablement, étél'ori-
nien, pour d'autres pactes augmentatifs encore (D., 18, 1, De C. E., 75), par Gor-
dien (C, 4, 5i, De pact. int. empl., 5) pour la convention d'intérêts du prix non
payé à une certaine date.
1. Ici il y a controverse entre les interprètes. Le texte de Paul, D., 12, M<
R. C, 40, non pas à la vérité dans son dispositif, qui se rapporta à une obliga-
tion ad minuendam obligationem, mais dans ses motifs, quia pacta in contint
facta stipulationi inesse videntur, rend l'exlension vraisemblable pour lu contrai
verbal. Quant au mutuum, elle résulte aussi, nous semble-t-il, de ce que la*
vention de solidarité, qui obligera chacun à restituer toute la somme donlilns
reçu qu'une partie, y résulte d'un simple pacte. Cf. encore, D., 12, 1, De li h
7 ; C, 2, 3, De packs, 10.
2. Celte restriction est incontestée pour le mutuum (Proculus chez Ulpien, U-,
12, 1, De R. C. Il, 1 ; D., 10, 5, De P. V. A., 24). Mais il doit en être dénie*
toutes tas fois qu'il s'agit des intérêts dune somme prêtée, eût-on fait pour 11
dette principale un conlrat formel ; car les textes qui exigent la stipulation *
intérêts ne distinguent pas (Paul, Sent.. 2, 14, 1 ; C., 4, 32, De usur., 3).
3. On a cependant soutenu que, dans les contrats de bonne foi, le simple pa(
adjointes inlervallo ad augendam obligationem, par exemple le pacte u'W"
auplae cum fidejussore praestatur, qui ne fait pas naître d'action en exécuw-
pourrait être opposé à titre d'exception à l'action de l'autre partie. C'est l'inler-
prétationde Papinien, D., 18, 1, De C. E., 72, pr., donnée par Keller, teW*'
nen, 1861, p. 121.
4. Nous n'avons naturellement rien à dire ici de ceux qui font naître des dro.,.'
réels (hypothèques, servitudes prétoriennes, etc.).
ri
5. D.. 12, 2, De jurejurando sive volunlario sive necessario sive judiciali-
. •
CONTRATS. — PACTE DE SERMENT 599
Il n'y a là qu'une offre, sans effet juridique, que l'autre partie est par-
faitement libre de repousser ' ; mais, si elle accepte et si elle prononce
le serment, le préteur, probablement beaucoup moins dans la vue bien
nette de rendre une nouvelle convention obligatoire que dans celle, de
punir un manque de foi, a décidé qu'il sanctionnerait cette opération,
sans effet en droit civil, non seulement, comme tous les pactes, par une
exception, mais, quand il le faudrait, par une action.
Quand c'est le prétendu créancier, le non-possesseur de la cbose liti-
gieuse qui a proposé à l'autre de s'en remettre à son serment, si, le
serment une fois prêté par l'autre, il agit au mépris de sa promesse,
l'autre aura, contre son action personnelle ou réelle, V exceptio jurisjit-
randi qui d'ailleurs n'est guère qu'une variante de Vexceptio parti;
il lui suffira, pour être absous, de prouver le serment et la convention 2,
Mais en outre le pacte sera au besoin sanctionné par une, action. C'est
le débiteur, c'est le possesseur de la chose qui a proposé à l'autre, de
s'en remettre à son serment. L'autre a juré. S'il n'est pas payé, si la
chose ne lui est pas rendue, il n'a plus besoin d'intenter son action
primitive où il lui faudrait prouver sa créance, sa propriété : il a, pour
obtenir l'exécution du pacte, une action in faclum, Va.ctionjurisjiira.ndi
où la seule question posée au juge sera de savoir s'il a prêté le serment
en vertu du pacte (an actor ex pacto juraverit). Le défendeur pourra
soutenir par exemple qu'il n'y a pas eu de convention de serment, mais
il ne pourrrapas soutenir que le serment est faux, que le demandeur
n'est pas propriétaire, n'est pas créancier 3.
II. Pacte de constitut 4. — L'action de pecunia consiilula, qui sanc-
tionne le pacte de constitut et dont l'existence paraît attestée dès le
temps de Cicéron s, a probablement encore été créée plutôt dans l'idée
de punir un manque de foi que dans celle de sanctionner une conven-
tion : elle a été établie pour punir l'individu qui, étant déjà débiteur
1. Paul, 18 ad. éd. D., h. t., 17, pr. : Jusjurandum quod ex convenlione (sup-
primez extra judicium, p. 599, n. 2) defertur referri non pot.est.
2. Inst., 4, 13, De except., 4.
3. lnsl., 4, G, De act., 11.
4. Inst., 4, 6, De act., 8. 9. D., 13, 5, De pecunia consiilula. Cf. Bruns, Klcincre
Schriflen, 1, 1882, p. 221-312: Lenel, Ed., 1, pp. 285-291; Kappeyne van de
Coppello, Abhandlungen ziim rom. Staals- und Privatrecht, 2, 1885; Jobbé-Duval,
Eludes sur la procédure, 1, pp. 186-192.
5. Cicéron, Pro Quinclio, 5, 18 : Qitinclius... quasi domi nummos Imbcrct lia
constituit Scapulis se dalurum. On a soutenu (Valéry, R. gén., 1893, p. 100 et ss.)
qu'elle remonterait dans ses origines jusqu'au droit des XII Tables, jusqua [ar-
rangement que le débiteur pouvait conclure avec le créancier pendant les soixante
jours qui séparaient \&manus injeclio de la mise à mort ou de la vente iransTioe-
rim. Mais cette conjecture est absolument écartée par le caractère prétorien de
l'action de pecunia consiilula (Inst., 4, 6, De act., 8). Il y a, si l'on veut, des actions
prétoriennes qui sont devenues civiles (p. 429). Nous ne connaissons pas d'actions
civiles qui soient devenues prétoriennes.
CONTRATS. — PACTE HE CONSTITUT 601
d'une somme d'argent dont il était tenu par la condictio certae pecuniae
et s'éfant, afin d'obtenir un délai, engagé à la payer à un jour dit, ne la
paie pas à ce terme J. Afin de châtier son manque de foi, le préteur dé-
cida de donner contre lui, au lieu de la condictio, une action différente,
l'action de pecunia consiilula où le taux de la sponsio est porté du tiers
à la moitié 2, et dont le caractère pénal originaire se révèle encore à quel-
ques détails, par exemple à ce qu'elle a été, jusqu'à Justinien, annale
dans certains cas 3. Mais il y avait pourtant là une nouvelle dérogation
au principe que le simple pacte ne fait pas naître d'action ; il y avait là
un pacte adjoint ex inlervallo, qui, au lieu de produire seulement une
exception, faisait naître une action, et par suite ce pacte se trouva four-
nir un procédé très commode pour obtenir, au moins cjuant aux créan-
ces un simple accord de volontés, dénué de
ayant un certain objet, par
toutes formes, possible même entre absents, des résultats qui, selon le
droit civil, n'auraient pu être atteints qu'à l'aide d'un contrat formel,
pratiquement d'une stipulation 4.
1. Conditions d'existence. Les conditions de validité du pacte de
constitut dérivent de son caractère. C'est une convention dans laquelle
on s'engage à payer à un jour dit une somme déjà due. Il implique donc :
1° Qu'on s'engage à payer à une certaine date. Normalement la date
est indiquée et elle devait sans doute toujours l'être à l'origine ; plus
tard le constitutest tenu pour valable, même quand elle ne l'est pas :
on doit alors payer immédiatement à l'époque classique, dans un délai
de dix jours
sous Justinien 5.
i. Cetteconception des circonstances premières où est née l'action est la plus
répandue. Elle parait un peu contrariée par une allégation incidente de Labéon,
chez Ulpien, D., h. t., 3, 2, selon laquelle le constitut aurait élé introduit pour les
dettes à terme. Mais elle s'appuie
sur un témoignage circonstancié de la paraphrase
attribuée à Théophile, ad lnsl., 4, 6, De act., 8; sur l'allégation de Juslinien, G-,
*, 18, De
pec. const., 2, 1, selon laquelle on discutait son application aux dettes
conditionnelles ou à terme, donc aux dettes autres que les dettes exigibles ; enfin
et surtout sur le
sens primitif du mol consliluere qui veut dire prendre jour pour
faire un acte (v. les textes dans Bruns, 223-233) et sur ta lien visible qui rat-
pp.
tache l'action de pecunia consiilula à l'action de pecunia certa crédita, à la suite de
laquelle elle
se place dans l'édit (Lenel, Ed., §§ 95-97, Textes, p. 140), dont elle
reproduit, en en renforçant le montant, la sponsio et la reslipulalio (n. 2), et dont
elle admel les règles
sur ta serment (p. 603, n. 1).
- Gaius, 4, 171 : Ex quibusdam causis sponsionem facere permitlilur, veluti de
pecunia cerla crédita et pecunia consiilula sed certae quidem credilae pecuniae ler-
;
oae partis, constilutae
vero pecuniae partis dimidiae.
3- Justinien. C, 4, 18,
Const. pec, 2, 1, dit positivement que jusqu'à lui inspe-
veous certis annali spalio concluderettir il donne aussi à entendre qu'avant lui
;
die ne passait
pas toujours contre les héritiers (cf. Bruns, pp. 255-257) et il pose
encore la question de savoir si elle est pénale réipersécutoire, en la tranchant
•[ailleurs dans le dernier
ou
sens, conformément à l'opinion de Marcellus (Ulpien,
a>''- t-, 18,2).
.* Ulpien, D h. t., 14, 3 Consliluere aulem et praesentes et absentes possumus,
, :
''eut pacisci, et per nunlium et per nosmetipsos el quibuscumque verbis.
a. Iaul, D., h. t., 21, 1 (Lenel, 443) Si sine die constituas potesl quidem dici
:
602 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRÉ II
2° Que cet engagement ait pour objet une somme d'argent ', ou tout
au moins, d'après une extension admise par le droit classique, une
certaine quantité de denrées 2. Par suite de la fusion du constitut avec
le receptum, Justinien a décidé qu'il pourrait porter sur toute espace de
choses, sur tout ce qui peut faire l'objet d'une stipulation, dit-il 3.
3° Qu'il se rapporte à une obligation préexistante. Sans obligation
préexistante, il n'y a pas de constitut 4. Mais d'ailleurs cette obligation
peut indifféremment être née d'une source ou d'une autre, être perpé-
tuelle ou temporaire, civile ou naturelle : en sorte que le constitut fournil
un moyen très simple de rendre perpétuelle et transmissible une dette
temporaire ou intransmissible, de munir d'action une obligation natu-
relle °. Elle n'a pas non plus besoin d'exister entre les mêmes personnes
que la convention de constitut 6, ce qui fait distinguer le conslilulumpro-
prii debiti, où le débiteur peut s'engager envers son ancien créancier
mais où il peut aussi, d'ailleurs, s'engager, sur la délégation de celui-ci,
envers un créancier nouveau ', et le constitutum debiti alieni, où le dé-
biteur s'engage envers le créancier d'autrui, en particulier pour jouer
le rôle de caution s.
2. Effets. Le pacte de constitut a pour effet de faire naître uneactioD
le non teneri, licel verba edicli laie paleanl. : alioquin el confeslim agi tecum poletil
si stalim ut conslituisti non solvas : sed modicum tempus slaluendum est non mkm
decem dierum. ut exaclio celebrelur. Le début du texte atteste la solution première,
à laquelle la dérogation a été faite en parlant de la largeur des termes de ledit;
la suite indique la solution de Paul; la fin, celle contraire de Justinien ajoutée
par une interpolation évidente (Gradenwitz Interpolalionen, 1887, p. 74 : Accarias,
2, p. 017, n. 2). — Au lieu d'un engagement de payer, le constitut pourrait avoir
pour objet un engagement de salisfacere que le débiteur remplirait en donnantite
cautions ou des hypothèques (Paul, D., h. t., 21, 2 ; Ulpien, D., h. t.. 14, I. 2).
i. Le nom même de l'action et son rapport avec la condictio certae pecimim
attestent qu'elle fut d'abord restreinte aux sommes d'argent.
2. Justinien, C, h. t., 2, 1 b : Praefala actio, id est pecuniae conslilulae, in là
tantumniodo a veleribus conclusa est, ut exigerel res quae in pondère numéro m»
sura constant.
3. Justinien. C, h. t., 2, 1.
4. On applique le principe, par exempta, pour exclure ta constitut portants»'
une dette qui existe jure civili et non jure praelorio (D., h. t., 3, 1), pour lestreindre
celui portant à la fois sur le capital et les intérêts d'une dette de capital 10-, /' '•>
11, 1).
5. Obligation temporaire : D., h. t., 18, 1. Obligation naturelle : D., h. t., L'-
6. Ulpien, D., h. t., 5, 2 : Quod exigimus, ut sil debitum. quod conslitiiilur, in r»
exacluni est... nam el quod ego debeo lu consliluendo leneberis el. quod libi debelw,
si mihi constilualur. debelur. La langue même du texte indique qu'il.y a là UIie
extension tirée du langage de l'édit. Il est aussi à remarquer qu'en faisant abstrac-
tion des textes primitivement relatifs au receptum, les mentions soit du con*rM
envers un autre que le créancier (n. 7), soit du constitut pro alio t,n. 8,, sont assa
rares.
7. C. 8, 41 (42), De nov., 7 : Si solvere libi pecuniam delegalus Eucarpus A"
spopondit vel debitum constiluil, suo nomine conveniri polesl.
8. Ulpien, D., h. t., 5, 2, 3; Julien, D., h. t., 2. D'autres textes qu'on citeso»
relatifs au receptum (p. 605, n. I).
CONTRATS. — RECEPTUM 603.
juridique ', trois combinaisons qui constituent en des sens divers des
pactes prétoriens sanctionnés par le préteur : le receptum argenlariorum,
le receptum nautarum cauponum stabulariorum et le receptum arbilrii.
1. Receptum argenlariorum - .Le receptum argenlarii, c'est-à-dire, le
pacte par lequel un banquier s'engage à payer la dette d'autrui, a été
fusionné avec le constitut par Justinien qui dit qu'il en était voisin !.
Cependant il en différait sous certains rapports. Ainsi il ne pouvait
être conclu que par un banquier ; il pouvait porter sur toute espèce de
choses '' ensuite, tandis que le constitut intervenait probablementtou-
;
jours à l'origine et est, à toute époque, surtout intervenu entre un
créancier et son débiteur, le receptum nous est toujours représenté
comme conclu par le banquier relativement à la dette d'autrui ° ; enfin,
tandis que le constitut suppose à peine de nullité une dette préexis-
tante, le receptum était indépendant de l'existence réelle de la dette
que le banquier s'engageait à régler : le banquier qui l'avait conclu de-
vait payer, môme quand il s'était engagé par erreur, un peu comme
celui qui a, accepté une lettre de change 6.
Cet arrangement qui fait naître une action appelée par Justinien l'ac-
tion recepticia et pour lequel on pourrait se demander absolument
comme pour le constitut s'il entraîne novation civile ou prétorienne dt
l'obligation à laquelle il se rapporte "', qui a probablement autant servi
accepté de se charger de payer la dette d'autrui (aliquid pro alio solvi reccpernnl}.
L'édit ne procède pas autrement en rassemblant, par exemple, sous une même
rubrique, au titre de edendo, Vedilio actionis faite par le plaideur, qui indique le
moyen demandé par lui, et Vedilio argenlarii imposée au banquier obligé de pro-
duire ses livres (Lenel, Ed., 1, pp. 67-73).
2. Cf. Lenel, Z. S. St., 2, 1881, p. 62 et ss. Ed., 1, pp. 148-151 ; Bekker, te.
cit. ; Rossello, Archivio. 45, 1890, p. 1 et ss. ; SeraOni, id., p. 553 et ss. ; Valéry,
R. gén., 10, 1892, p. 196 et ss. ; 17, 1893, pp. 52-60. 97-104.
3. C, 4, 18. De const. pec., 2.
4. La restriction aux banquiers et l'application à toutes choses sont attestées p
la paraphrase des Inst., 4, 6, De act., 8.
5. V. Lenel, Z. S. St., p. 66. Ed., t, p. 150 ; il est donc inexact de considérer
le constitut, qui a commencé par être un constilulum debiti proprii, comme une
imitation du receptum. qui est fait^ro alio.
6. Justinien, C, 4, 18, De const. pec, 2, 1 : Secundum antiquam recepim" 1
aclionem exigebatur, cl si quid non fueral debitum. Il semble aussi que le recepl'"'
ne soulevait pas les difficultés relatives à la perpétuité et à la transmissibilit^
l'action, à la possibilité de l'apposition d'un terme ou d'une condition, que ne*
avons relevées en matière de constitut. Peut-être Justinien faisait-il même encon
allusion à d'autres différences, C, h. t., 2, 1 a, par les mots : Et oiiinia quM "
recepticia in diversis libris legislalorum posita sunt aboleantur.
7. C'est au sujet du receptum que Gaius, D., 13, 5, De pec const., 28 (feue..
CONTRATS. — RECEPTUM 605
que le constilutum
debiti alieni de procédé de cautionnement', a long-
temps été considéré par l'opinion dominante comme un contrat formel
remontant à une époque ancienne : c'est, à notre sens, un pacte préto-
rien sanctionné par une action in factura 2.
2. Receplum nauiarum cauponum stabulariorum 3. Les maîtres
d'auberges, d'écuries et de navires sont, aux termes de l'édit '", respon-
sables des effets des voyageurs, qui ont été détruits ou détériorés chez
eux, même sans leur faute, à moins que ce ne soit par un cas de force
majeure. En conséquence le préteur donne contre eux de ce chef une
action in faclum, plus rigoureuse que les actions qui naîtraient des con-
trats de dépôt et de louage 3, pour laquelle on discute du reste si elle
vient, véritablement d'un pacte ou si elle n'existe pas en dehors de toute
convention 6.
3. Receplum arbitrii 1. Le receptum arbitrii est la convention conclue
120), dit : Ubi //uis pro alio conslituil \recepii\ se soluturum, adhuc is,
pro quo
consliluit [recepii], obligalus manel. Cependant ici aussi on pourrait concevoir que
le banquier qui s'est obligé pour autrui ait voulu le libérer.
1. C'est au receplum pro alio et non au constilutum alieni debiti que se rappor-
tent vraisemblablement, d'après l'ordre des commentaires, Ulpien, D., 13, 5, De
p. consl., 27 (Lenel, 472) ; Gaius, D., h. t., 28 (Lenel. 120) ; Paul, D.,h. t., 12
tenel, 258).
2. L'opinion dans laquelle le receptum aurait été un contrat civil et formel, a
surtout été suggérée par le témoignage de Justinien selon lequel on y était obligé
de tenir l'engagement même quand on l'avait pris sans cause (p. 604, n. 6) et au
moins autant par un autre passage du môme texte dans lequel il parle à propos
AeViietio receplicia de termes solennels en désuétude de son temps, C, h. t., 2,
pr. : Receplicia aclione cessante, i/uae sollemnibus verbis composila inusitalo re-
mit resligio. Mais l'obligation de payer d'abord ce à quoi on s'est engagé est un
produit de besoins commerciaux également explicable, que l'arrangement soit
sanctionné par le droit civil comme contrat ou par le droit prétorien comme pacte.
Quant aux verba sollemnia, ce ne sont pas des termes du receplum, mais des
termes delà formule de l'action receplicia, qui étaient des termes arrêtés comme
ceux de toutes les formules et qui n'étaient plus employés de son temps à la
différence de ceux de certaines formules restées en usage dans la terminologie
judiciaire de la procédure extraordinaire (cf. Bekker, Aklionen, 2, pp. 234-236
;
Pp. 338-302). Cela laisse intact le point de savoir si l'action est civile ou préto-
rienne. Nous la
croyons prétorienne, d'abord parce que les règles propres à cer-
tains corps de métiers
— obligation d'edere des argentarii (p. 604, n. 1) ; solidarité
des «rgenlarii et des marchands d'esclaves (p. 374,
n. 5); obligation du mensor
?'»' falsum modum dixeril (p. 869,
n. 6); responsabilité des naulae caupones sla-
faito?ïi(p. 603, 3) — nous apparaissent comme venant toujours de l'édit et
\ n.
jamais du droit civil ensuite
; parce que M. Lenel a rendu vraisemblable la rédac-
tion in faclum de l'action receplicia et l'existence d'un édit la promettant.
5. D., /,,, 9; Nautae
caupones stabularii ul recepla restituant. Cf. E. Ude, Z. S.
S|..12, 1891,
pp. 66-74. A. Pernice, Z. S. St., 19, 1898, pp. 132-138.
*• Ulpien, D., h.
t., 1, pr. : Ait praclor : 'Naulae caupones stabularii quod cu-
l'isfue sulcum fore receperinl nisi restituent, in eos judicium dabo'.
5- Ulpien, D., h.
t., 3, 1.
M. Lenel, Z. S. St., 13, 1892,
p. 403, conjecture ingénieusement que l'enga-
*>•
SemMt, que le
:
voyageur ne songeait pas à demander explicitement en entrant
«ans l'hôtel, se trouvait pris
par l'enseigne même portant quelque chose comme
toniime salvae erunf.
' "•! 4, S, De receplis : Qui arbitrium receperinl. ni senlenliam dicanl.
•606 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE II
d'exiger que le cours des eaux pluviales ne soit pas modifié à leur préju-
dice par des travaux faits sur un autre fonds ; le droit reconnu à celui
qui en a besoin pour un procès d'exiger du possesseur ou du détenteur
d'une chose l'exhibition de cette chose ; l'obligation imposée par le droit
impérial à certaines personnes d'en doter d'autres, de leur fournir des
aliments en cas de besoin ; l'obligation imposée au mari ou à ses héritiers
de restituer la dot dans certains cas.
Nous n'essaierons donc pas de nous attacher à cette division et, en
laissant de côté quelques obligations que nous avons déjà rencontrées,
\
ou que nous retrouverons plus loin nous finirons rénumération dos
sources d'obligations en étudiant ici sans plan bien rigoureux : les obli-
gations résultant d'acquisitions faites sans cause ou en vertu d'une cause
injuste (condicliones sine causa au sens large, dont la condietio iitddâ
est une variété) ; celles résultant de l'immixtion d'une personne dans h
gestion des affaires d'autrui (negotiorum geslio) ; celles résultant de h
propriété ou de la [détention (actions aquae pluviae arcendae, familk>
erciscundae, commuai dividundo, finium regundorum, ad exhibendtmiy.
les obligations de dot et d'aliments résultant des liens de parenté et Je
.
compte, quelle que soit la source des créances, 3, 91, sur l'identité de rédaction
des condicliones données en vertu du muluum et du paiement de l'indu, 4, 4, sur
l'identité de la condietio furliva et des condicliones données en raison d'autres
causes ; v. encore les termes identiques et dénués de toute mention de cause
dans lesquels il rapporte Vintenlio de la formule non seulement là, mais 4, 18.
— On a cependant prétendu (H. Buhl, K. V. /., 24, 1882, p. 224
•33.34. 80. 93.
et ss. ; Bekker, Z. S. St., 4, 1884, p. 93 et ss.), soit que la condietio devait contenir
l'indication de la cause de la créance, soit au moins qu'elle pouvait le faire, et on
a invoqué clans ce sens à la fois des textes qui prouveraient que la formule de la
condietio a parfois contenu la mention de sa cause et des arguments de raison qui
prouveraient qu'elle ne peut avoir fonctionné sans cette mention. Les arguments
de raison sont tirés de ce que le défendeur serait, si la cause n'est pas indiquée,
exposé à des surprises, exposé à ne pas savoir s'il doit s'exécuter sans procès ou
défendre à l'action et de ce qu'après le procès, on aurait des difficultés dans ce sys-
tème pour savoir quelle créance a été déduite en justice. Mais nous avons la preuve
que les difficultés ont en effet préoccupé les jurisconsultes romains (v. par ex.
Ulpien, D., 5, I, De jud., 01
= Lenel, 767) : elles sont donc pour nous un argu-
ment et non une objection. D'autre part, les risques de surprises ne résultent pas
; ils n'existeraient que si le demandeur pou-
du caractère abstrait de la formule
vait obtenir la formule abstraite
. sans dire â quel titre ; or les deux choses ne
sont pas 'liées : on peut admettre à la fois que la condietio ait une formule abs-
traite et que le demandeur puisse être sommé de faire connaître
a quel titre il
agu. Il n'est donc pas nécessaire que la formule contienne la mention de la cause
de l'obligation. Quant point de savoir si elle l'a jamais contenue, le seul des
;
I 'exles invoqués clans
au
ce sens qui se rapporte à une condietio (les autres sont re-
\ Wifs à l'action
ex teslamenlo), Quintilien, Insl.or., 4, 2, 6: Salis est dixisse :
cerlam créditant pecuniam peto ex slipulalione', ne prouve pas que la cause soit
indiquée clans la formule écrite de l'action, mais seulement qu'elle est révélée
dans les discours du demandeur, dans qu'il prononce in judicio, d'après l'or-
dre d'idées du
ceux
texte.
'•La formule de la condietio certae pecuniae a été décrite p. 491, n. 2, et celle
delà condietio'triticaria,
p. 491 ; celle de la condietio incerli le sera p. 614, n. 3.
-
.
Paul, D., 13, 2, De condiclione ex lege, 1 (Lenel, 1083) : Si obligatio lege
Mlroducta
nova
sit nec cautum eadem lege, quo1 génère actionis experiamur, ex lege agen-
' m est Ce court fragment constitue tout le titre.
;.
39
610 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE IU
native de lui allouer tout ce qu'il demande ou de le repousser entièrement
(condietio generalis des interprètes) '.Mais ce sont là, croyons-nous, deux
créations de Justinien2.D'autre part,on dit parfois que la condietio naîtrait
encore tout au moins de la stipulation incertaine (actio ex stipulnlu)
et du testament par lequel un héritier est rendu débiteur d'un legs (arik
ex lestamento). Mais c'est l'effet d'une erreur qui consiste à considérer
I. Ulpien, />., 12, I, De R. C, 9, pr. : Certi condietio compelit ex oinni anm.
ex omni obligatione, ex qua cerlum pelilur, sive ex cerlo conlraclu pelitlur sire e.t
inccrlo : licel enim îwbis ex omni conlraclu cerlum condiccre, dummodo praesens sit
obligalio. Ceterum si in diem sil tel sub condicione obiigalio, ante. iliem. vcl midi-
douent non polero agere. V. aussi les §§ 1. 3. 4.
2. Pour la condietio ex lege, le texte unique du titre du Z). (p. 009, n. 2) n'avait
dans sa portée première, rien à voir avec les condicliones : il figurait probablement
dans le commentaire de Paul sur la loi Aquilia et il parle d'agere et non de
dicere; le titre correspondant du C, 4, 9. De cond. ex lege vel injusta causa et ski
»
causa, ne donne non plus aucun exemple de la condietio ex lege. Les principaui
cas datent de Justinien (Insl., 4,6, De aet., 24; C, 3, 31, De H, P., \i, ,;;('.,
1
6, 30, De jur. delib., 22, 6). On peut seulement relever auparavant deux ou trois
condicliones venant de lois positives qui ont, dans des cas précis, permis d'agir par
condietio (lex Julia de 709, lignes 44. 45 : Textes, p. 82 ; lex Julia de atlulteriir.
Morcien, D.,48, 5, Ad leg. .lui. de adull., 29 (28) : Lenel, 187 ; les -actions résul-
tant sans stipulation en droit récent du pacte de constitution de dot et de celui de
donation sont plutôt des développements des actions nées antérieurement du con-
trat verbal). Ce n'est que Justinien qui, dans sa classification systématique, a fait
de cela une catégorie spéciale. V. Baron, Condictionen, p.76 et ss. ; Pernice, Laki,
3, 1, p. 204, n. 1. — Pour la condietio generalis, son existence, qui a été conteste
même pour le temps de Justinien (Savigny, Traité, 5, pp. 565-571 : Petit, Trait
p. 713, n. 3), nous y parait certaine en face du texte rapporté, n. 1. liais
nous croyons qu'elle y vient d'une interpolation que révèlent de nombreuses in-
corrections du texte (l'expression ex omni obligatione ex qua cerlum pelilur pour
ex omni obligatione ex qua cerlum peli polesl. ; la formule conlraclus certi et iimli,
qui se retrouve uniquement dans un autre texte corrompu, Florentinus. 0.,M,1,
De uccepl.il., 18, pr. ; cf. la note de Mommsen, et les Basiliques, 26, 6, 18 ; au 3.S
les species quae dignuiu habenl traclalum; enfin le nom de condietio certi donné
à la condietio certae pecuniae seulement dans ce texte et un autre texte interpole,
cité p. 490, n. 2). V. en ce sens J. C. Naber, Mnemosyne, 19, 1891, p. -182 et ss. :
A. Pernice, Z. S. St., 13, 1892, pp. 24S-234 : Girard. N. R. fi., 1895, p. 410:510;
teis, lahrbûcher de Ihering, 39, 1897, pp. 153-173, etc. Cependant on a invoque
des textes pour soutenir qu'elle aurait déjà existé soit dès l'époque classique(Keller,
Procédure civile, n. 14071, soit dès l'époque de Cieéron (Accarias, Précis, 2,n08I3;
Baron, Condictionen, pp. 89-112). Mais, pour le temps de Cieéron, le passage d»
De or., 1, 36, oU Accarias, voit le droit do choisir entre l'action talelae et 1s
qui, quand elle a été créée, sous les Actions de la loi, d'abord en ma-
tière de certa pecunia, puis en matière à'aliae certae res, l'aura été pro-
bablement pour toutes les créances déjà reconnues ayant cet objet, e»
tout cas pour toutes les créances d'argent ou d'autres corps certains
déjà reconnues alors comme naissant re, verbis ou lilleris. Le contrat
verbal qui faisait naître auparavant l'action sacramenli, a désormais
fait naître la condiclio, quand il avait pour objet de l'argent ou d'autres
choses certaines. Le contrat littéral, qui faisait probablement naître au-
paravant l'action sacramenli pour les sommes d'argent sur lesquelles
il portait, a désormais fait naître la condiclio. Il n'en a |>as été autre-
ment de la res.
Les Romains ont, à notre sens, admis, dès une époque très uncieune.
que celui qui se trouve retenir sans cause une chose venant d'aulniiesl
débiteur de la restitution, y est obligé re. Et ils l'ont, admis, non pas,
comme dit une doctrine connue 1, en vertu d'une extension des règles du
contrat de mutuum aux cas analogues du paiement de l'indu et d'autres
enrichissements où le débiteur serait tenu cfuasi ex conlraclu, comme
s'il y avait mutuum, mais au contraire en vertu d'un principe supérieur
sification des condictiones que l'on a cru longtemps remonter aux ju-
risconsultes classiques et qui, en écartant la condiclio née du muluum,
divise les diverses condicliones nées d'un enrichissement dépourvu de
;
«mdictio indebiti, la condietio ob causam datorum ou causa data causa
\ «on secuta, la condiclio ob turpem causam, la condietio ob injuslam
[ causerai et la condietio sine
causa au sens strict 3.
§ 1. — Condietio indebiti.
La condiclio indebiti * est l'action en répétition de l'indu. Elle sanc-
tionne la créance de restitution de celui qui a payé par erreur ce qu'il
ne devait pas.
I, Conditions d'existence.
—
Trois des conditions d'existence de la
condiclio indebiti résultent de sa définition. Il faut, pour qu'elle puisse
s ouvrir, qu'il y ait eu paiement, indu et erreur. De plus en vertu de
règles du droit positif, elle n'est admise
que quand le paiement n'a pas
W fait en vue de certaines dettes, notamment de celles où le débiteur
:
sure est celle des dettes qui croissent au double au cas de dénégation
c'est à-dire des obligations où le créancier agissait par inanus injectio
1. II n'est pas douteux qu'au moins en règle générale l'action doit avoir pour
résultat de faire rendre par le défendeur son enrichissement et seulement son en-
richissement ; qu'il est comptable non seulement de la chose, mais de ses accrois-
sements, alluvion, fruits, part de la femme esclave (D., h. t., 15, pr. ; cf.
p. 641, n.
5) et quJà l'inverse, s'il doit supporter la perte venant de son dol (D.,
Ii. t., 26, 12 ; 65, 8 ; cf. p. 654, n. 2), il doit, en dehors de là, seulement la restitu-
tion de ee qui lui reste, par exemple le prix et non la chose au cas de vente de
tonne foi, les droits de patronat et de succession de l'esclave affranchi et non sa
valeur au cas d'affranchissement de bonne foi ; qu'il doit aussi restituer seulement
après avoir été remboursé de ses dépenses au cas où il a fait des frais pour l'édu-
cation de l'esclave (D., h. t., 26, 12; 65, 5-8). Mais on discute si ces règles s'ap-
pliquent absolument partout, et leur conciliation avec le mécanisme de la procé-
cêdiire soulève des difficultés qu'on ne relève pas toujours assez, sinon pour le cas
aii l'action en répétition est intentée par la condietio incerli, au moins pour ceux
«fi elle l'est par la condiclio trilicaria et surtout par la condiclio certae pecuniae.
put plus pelitio en ne faisant pas lui-même les réductions auxquelles aurait droit
ledéfendeur. Mais, suivant la doctrine que nous croyons la meilleure, ce système
est étranger aux paiements de dettes d'argent, parce que Vaccipiens est réputé
débiteur non pas de la chose, mais de sa valeur, non pas des pièces de monnaie
qu'il a reçues, mais de la somme constituée par elles : v. dans le sens de celte
opinion soutenue par Brinz, 2,§ 300, pp. 516-520 et Dernburg, 2, § 141, n. 28, Pom-
ponius, f)., h. t., 19» 2; Antonin Caracalla, C, 4, 5, De cond. ind., 1, qui disent
que la répétition porte alors sur la summa et non sur le corpus, et Pomponius
D,, 46, 3, De sol., 66, qui, dans
une hypothèse voisine, donne précisément à
cause de cela contre le pupille une action utile tendant à l'enrichissement au lieu
4e la condiclio
certae pecuniae ordinaire ; le texte D., 12, 4, De cond. c. d., o, pr.
invoqué en sens contraire par M. Pfersche est. avons-nous vu (p. 592, n. 3), l'oeu-
vre des compilateurs : il ne prouve donc rien quant au droit classique et, quant au
droit de Justinien, il
ne prouve quelque chose que relativement à la condietio ex
poemlentia qui y est créée.
— Quant à la condiclio trilicaria, on a proposé de lui
appliquer les mêmes règles lorsqu'elle porte
sur des denrées en invoquant les
textes selon lesquels la condiclio indebiti objet tantôt Vindebitum ipsum et
a pour
tantôt luntumdem {D., h. t.,1;
tes paiements d'argent suffisent
D., 19,5, De P. V. A., 25). Mais les règles sui-
à rendre compte des deux textes et la solution
contraire parait impliquée
par D., h. t., 05, 6. En tout cas, il n'est pas douteux
lue le système général s'applique, quand le paiement indu a consisté en la dation
aun corps certain. Ce qu'on peut
se demander, c'est comment son fonctionnement
«accommode avec la formule de la condiclio triticaria soit au point de vue des
augmentations, soit à celui des diminutions, s'il faudra, pour les unes ou les au-
lrfs, des modifications
à la formule. Quant aux augmenlations, il ne nous paraît
pas douteux
que le juge pouvait en tenir compte sans changement de formule, en
vertu de la condemnatio incerla (v. D., 13,
1, De cond. furt., 3). Mais la question
<st plus délicate
pour le cas de diminutions. M. Pfersche, p. 15, croit trouver
ansfl.,/i. /., 26, 12, la preuve que le juge peut, sans changement de formule, en
enir comple dans la condemnatio M. Bekker, Aklionen, 1,
; p. 305, pense qu'il fal-
a"< pour lui donner
le pouvoir de s'en occuper, que le défendeur eût soin de
,lre msércr une clause spéciale (exception praescriplio) dans la formule. Peut-
ou
e le demandeur, n'étant créancier de ce que retient le défendeur, aurait-il
contraire commis
que
une plus petilio en demandant toute la chose et l'évilait-il
Vr exemple en intentant condietio incerli. — En tout cas, c'est certainement
une
ondictio incerli qui intervenait quand
on demandait la restitution d'une pro-
620 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE 111
messe faite à tort, d'une créance éteinte à tort, d'une servitude qui aurait dû
grever le fonds qu'on avait livré libre, etc. Cf. p. 614, n. 2.
1. D., h. t., 12, 4, De condiclione causa data non secula.
2. D., h. t., 9.
3. D., 12, 5, De condiclione ob turpem vel injuslam causam. Les deux condictio-
"e
nes font l'objet de titres distincts au C, 4, 7, De cond. ob turpem causam ; 4, 'J.
cond. ex lege et sine causa vel injusta causa.
4. Intérêts usuraires; C., 4, 32, De asur., 18. Fruits perçus par le possesseur
de mauvaise foi ; p. 343, n. 2. Condiclio furtiva : p. 409, n. 1.
5. D.,h.t., 9, pr.
6. Cause déshonorante pour les deux : D., h. t., 4, pr. 1 ; cause déshonorante
seulement pour le tradens : D., h. t., 4, 3 : cause déshonorante seulement pour
Vaccipiens: D., h. t., 2,pr. 1. Cf. p. 456.
VARIAE CAUSARUMFIGURAE. - CONDICTIONESSINE CAUSA 621
comme dans celui de condietio furtiva, le débiteur est, selon les règles
que nous avons vues sur la condietio furtiva (p. 409) et qui sont l'effet
des principes de la demeure (p. 647), tenu non seulement de son
enri-
chissement, mais de tout le préjudice causé, sans être même libéré par
la perte de la chose survenue par cas
fortuit '.
coup, comme quand un titre de créance est resté entre les mains du
créancier après que la dette était éteinte, quand les arrhes sont restées
entre les mains du vendeur après que la vente a été exécutée 2. Mais il
ne faudrait pas croire, en partant de là, que cette condiclio s'ajjplique,
à défaut des autres, toutes les fois qu'il y a un enrichissement injuste,
ni même, comme on l'a cru longtemps, qu'il y ait alors, à défaut de con-
mandat, p. 580. L'opinion contraire a été proposée par M. Wlassak, p. 103 et s-,
et adoptée par M. Esmein, Mélanges, p. 290. Elle est repoussée pour des raison-'
différentes des nôtres, par M. Pernice, Z. S. Si., 19, 1898, p. 168, n. 1.
3. D., h. t., 3, pr. : Ail praetor : 'Si quis negolia allerius, sive quis negoMWf
cujusque eum is moritur fuerint, gesscril, judicium eo nomine dabo\ C'est un pou
discuté de savoir si cet édit promet, au cas de gestion d'affaires une action aui
deux parties ou seulement au gestor. V. dans le premier sens Wlassak, P- '•
VARIAE CAUSARUM FIGURAE. — GESTION U'AFFAIRES 623-
|e,s actions prétoriennes et comme il ne fait pas pour les actions civiles ' •
au moins à une époque antérieure, à côté de ces formules in jus, des formules
prétoriennes in faclum (dont il reste peut-être même des vestiges dans les com-
mentaires de l'édit codifié par Julien; v. Ulpien, D.. h. (.,3, 8-9 et Lenel, pp. 117-
Il9), est dans l'édit rapporté, p. 622, n. 3. Cet édit serait inexplicable si les actions
Je gestion d'affaires avaient été créées par le droit civil ; car le préteur ne promet
par des édils que des actions prétoriennes. Et nous ne croyons même pas avec
!IM. Ferrini et Karlowa, que cet édit ait seulement créé l'action contraire tandis
i|iiel'action directe aurait été antérieurement créée par le droit civil. Nous croyons,
avec M. Wlassak, que le point de départ a été, ici comme dans les autres cas
analogues, dans l'intervention du préteur ; que l'édit, dont les termes peuvent
aussi bien s'entendre de l'action directe que de l'action contraire,
a été fait pour
la première et
non pour la seconde. La suite du mouvement a ensuite consisté ici,
tomme ailleurs, à créer l'action prétorienne contraire à côté de l'action directe,
puis (à les compléter
par une formule civile permettant au juge de tenir compte des
Prétentions réciproques. Nous ajouterons seulement qu'à notre sens,
on complique
beaucoup la conceplion de
ce mouvement en considérant comme certain que Ci-
'éion, Top., 17, 66 (p. 622,
n. 2), connaît déjà l'action directe de bonne foi. Il
Parle, dans
ce lexte, non seulement d'actions civiles, mais d'actions prétoriennes
Wooaum et aequum conceplae, comme est alors l'action rei uxoriae. Rien n'em-
Peçlic donc
que l'action de gestion d'affaires dont il parle soit une action pré-
torienne de
ce genre (comme l'action funeraria, p. 625, n. 1) et cela devient très
;
vraisemblable si l'on remarque qu'il ne mentionne jamais la gestion d'affaires
Jins ses listes d'actions
: de bonne foi (De o/f., 3, 17, 70 ; De nal. deor., 3, 30, 74 ;
"oCaecina, 3, 7). Il connaît déjà l'action prétorienne donnée au géré il ne con-
;
jj'itpas l'action prétorienne donnée gérant, dont parle son contemporain Ser.
"ilpicius, dans
au
un lexte connu, plus facile à entendre d'une action accordée dans
Jocas spécial
par le magistrat que d'une action figurant déjà dans l'édit (D., h.t.
">(-!) '. Seniius respondit
aequum. esse praetorem in eum reddere judicium ; cf. sur
«texte Karlowa, 1,
p. 463. n. 1 ; Pacchioni, Bull., 1892, pp. 55-5S). Les actions
"es sont sans doute nées
«nmodat.
peu après comme en matière de gage, de dépôt et de
"•
v, la justification de l'édit donnée par Ulpien, D.,h.t., I, pr. Cet édit est placé
•624 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE III
pour empêcher de s'écrouler une maison de rapport qui a été incendiée tlepufc.
la feront naitre.
4. C'est la conciliation proposée par ex. par Vangerow, 3, p. 508 et ss. entre ft
textes qui disent que celui qui a ratifié est désormais soumis à l'action de manda
(Ulpien, D., 50, 17, De R. J., 60), que la ratification équivaut au mandat (t'lpi«
D., 46, 3, De solul., 12, 4) et un autre texte de Scaevola, D., h. t., 8 (9), <"«d"
qu'il y a toujours gestion d'affaires.
5. Cf. Zimmermann, Aechte und Unuchle negoliorum geslio, 1872 ; v. Monft.i
VARIAE CAUSARUM FIGURAE. 625
lesquelles le droit romain a créé des actions spéciales : 1" celle où une
nersonnne a procédé à la sépulture d'un défunt,et où on lui donne pour
se faire rembourser de ses dépenses une action prétorienne in bonum
et aequum concepta,
ïaclio funeraria, qui est voisine de l'action de ges-
tion d'affaires, mais qui est plus avantageuse, qui n'est pas soumise à
toutes ses conditions, qui par exemple existe même quand la personne
a
a?i contrairement à la volonté de l'héritier ; 2° celle où un créancier
»
a été
envoyé en possession des biens de son débiteur et où, puisqu'il a
a»i dans son propre intérêt, il ne peut y avoir gestion d'affaires, mais où
l'édit du préteur lui donne une action in factum pour se faire rembour-
contrats que doivent être placées quatre obligations qui naissent, peut-
on dire, propter rem, du fait de la propriété ou de la détention de la
chose : l'obligation du propriétaire relative à la suppression des travaux
qui ont modifié l'écoulement des eaux, sanctionnée par ïaclio
aquae plu-
me arcendae ; l'obligation au partage, sanctionnée par les actions fami-
liae erciscundae et communi dividundo
; l'obligation au bornage, sanc-
tionnée
par ïaclio finium regundorum ; l'obligation de produire une
chose
sur la demande de celui qui veut intenter une action à son sujet,
imposée à quiconque en a le pouvoir par ïactio ad exhibendum.
40
626 LIVRE III. — IV- — TITRE I. — CHAPITRE III
première date des XII Tables 4 et la seconde est sans doute plus récente,
sont toutes deux de bonne foi à l'époque des Sévères sans qu'on puisse
établir sûrement depuis quand il en est ainsi 2. Elles sanctionnent l'une
et l'autre deux obligations distinctes : 1° l'obligation pour chaque commu-
niste de concourir, sur la demande de n'importe lequel des autres, au
partage 3, obligation plus attachée à la chose qu'à la personne et qui,
au cas d'aliénation, passe par exemple, avec la copropriété, de l'aliéna-
tenr à l'acquéreur '" ; 2° l'obligation, plus attachée à la personne, de faire
participer les autres copropriétaires aux profits qu'on a tirés du bien
commun et de contribuer aux dépenses qu'ils ont faites pour le compte
commun (communicatio lucri et damnï) 5, chacun étant envers les autres
:
responsable de la faute qu'il ne commet pas dans l'administration de ses
I
propres affaires (culpa levis in concreio) °.
On sait déjà (pp. 37. n. 1; 311) que, pour sanctionner la première
obligation, le préteur donne au juge, dans une clause spéciale de la for-
mule, qui ne se trouve que dans les formules d'actions en partage et en
bornage, le pouvoir de transférer la propriété. Pour sanctionner la se-
conde, comme aussi pour balancer par une indemnité en argent l'attribu-
tion de propriété plus étendue faite à l'un des copropriétaires, le juge a,
Çomm. div.,
6, 2. 7).— Cf. sur l'étendue et la formation historique de cette obliga-
tion, A. Pernice,
Z. S. St., 19, 1898, pp. 171-176 et Audibert, Mélanges Applelon,
*3, pp. 1-37. N. R. H., 1904,
pp. 273-305. 401-439. 649-697. D'après M. Audibert,
l'on seulement,
comme on l'a souvent conjecturé, les aclions en partage n'auraient
or(l tendu qu'au premier résultat, mais l'extension
au second chef aurait été
'Misée
,
par l'insertion dans leur formule d'une véritable formule distincte ayant
*°a inlentio et
sa condemnatio propres, qui, d'une part, n'aurait pas été double
IP, 6-8, n. 1)
ou du moins ne l'aurait pas été nécessairement, qui, d'autre part,
rail été de bonne foi dès le principe et l'aurait été seule jusqu'à Justinien.
'u- 'es objections de Kuebler, Z.S.St., 25, 1904, 446-449.
b'°M 10, 2, F. E., 25, 16.
pp.
I
628 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE III
mule de nos actions était, comme les formules ordinaires, une formule
unilatérale, prescrivant de condamner ou d'absoudre le défendeur au
profit du demandeur, il ne pourrait prononcer de condamnation ni logi-
quement même d'adjudication qu'au profit du demandeur. Or, il faut,
pour faire cesser l'indivision, qu'il ait le droit de faire des adjudications au
profit de tous, de prononcer des condamnations au profit de tous, de façon
à ne condamner, tout compte fait, qu'à un reliquat un ou pi usieurs d'entre
eux qu'on ne peut connaître d'avance. Pour atteindre ce résultat, la for-
mule simple ordinaire est, dans notre cas comme dans quelques autres,
remplacée par une formule double où chacun est à la fois demandeur et
défendeur, où le juge peut donc prononcer des adjudications et des con-
damnations au profit et à rencontre de chacun *.
§ 3. — Aotio finium regundorum.
L'action finium regundorum 2 est, dans les compilations de Justinien,
l'action par laquelle un propriétaire rural demande à son voisin de
procéder au bornage, à la fixation de limites ignorées ou contestées,
Comme les actions en partage, c'est une action double où chaque par-
tie joue les rôles de demanderesse et de défenderesse et une action dont :
quinque pedum) à raison de deux pieds et demi pris sur chaque cliainn
qui devait, selon la loi des XII Tables et une loi Mamilia postérieure,
être laissée libre entre les héritages ruraux, de façon à ce que chacun
des deux propriétaires pût y passer et y retourner sa charrue (iler ad
culturas et circumvectus aratrï), et qui était soustraite à l'usucapion
par les XII Tables '. C'est spécialement pour le cas où ces fines sont
contestés qu'est organisée l'action finium regundorum. Les controverses
qui leur étaient relatives étaient tranchées, d'après les XII Tables et la
loi Mamilia, par des arbitri, des jurés pris parmi les gens à ce com-
pétents, parmi les mensores 2 qui étaient au nombre de trois pour
chaque procès, selon les XII Tables, dont le chiffre fut réduit de trois à
un par la loi Mamilia 3, et qui se réglaient principalement, sinon exclu-
sivement, sur les bornes, les livres cadastraux et les titres de propriété
pour tracer les limites d'après les règles de leur art 4. En tout cas, ils ne
tenaient pas compte de l'usucapion, exclue par les XII Tables, et si les
limites ne pouvaient être discernées ou leur semblaient défectueuses
pratiquement, ils pouvaient en tracer de nouvelles et adjuger dans ce
but un morceau de terrain à une partie en condamnant l'autre à lui
payer en retour une indemnité 5.
2. Controversia de loco. A la controversia de fine, qui est le domaine
propre de l'action finium regundorum, est opposée la controversia de
loco, qui est celle sur laquelle il y a le plus d'obscurités. Le locus est
tout terrain excédant la lisière de cinq pieds des XII Tables. Les procès
qui y sont relatifs sont certainement tranchés non pas par des hommes
du métier, des agrimensores, mais par des jurés ordinaires qui pourront
seulement consulter les agrimensores comme experts. Certainement
aussi, on y tient compte de l'usucapion. Seulement, d'après certains in-
terprètes, l'action est néanmoins l'action finium regundorum et le juge
a toujours le pouvoir d'adjudication ; d'après une autre doctrine que
par lui 3. H
généralisa les règles de la controversia de fine, mais en les
remaniant. L'adjudication, qui n'existait auparavant que dans la. contro-
versia de fine, est admise dans toutes deux ; l'usucapion, qui n'était au-
paravant exclue que de la controversia de fine, est exclue des deux.Mais
la prescription trentenaire est admise dans toutes deux * et dans toutes
1. La première doctrine a été soutenue par KudorlT, qui, en dehors d'une lecture,
à notre avis corrompue, du texte d'Isidore, Orig., 5, 25, 11, invoquait surtout en ce
sens un lexte de Paul, D., h. t., 4, pr., où le mot locus est pris non pas dans son
sens technique de terrain excédant les cinq pieds, mais dans le sens d'endroit de
la limite à tracer. La doctrine contrairea été victorieusement établie par M. Karlowa,
Beilriigc, pp. 142-151. Elle résulte déj à des textes cités p. 629, n. 2 et 3. Elle est
encore plus clairement exprimée par un témoignage de Frontin disant que, si par
maladresse on a intenté l'action finium regundorum pour un terrain dépassant
cette étendue, la sentence sera nulle. Frontin, 43, 22 : Cum enim modum loci nulla
forma praescribil et controversia oritur, soient quidam per imprudenliam mensores
trbùros conscribere aut sorliri judices finium regundorum causa, quando in re prae-
senti plus quidem quam de fini regundo agatur. Sic fit ut post senteniia inrila sil et
rescindi possil quod aut judex aut arbiter pronuntiaverint ; neque ullum commissum
facial, rjui sententiam non sil seculus quando de alia re judicem aul arbilrum sump-
serint. Frontin, 44, 4-9, dit aussi que, quand on agit de loco, on procède par voie
d'interdit, si on a la possession, et au cas contraire, en changeant de formule, par
voie de réclamation de la propriété quiritaire (mutata formula jure quirilium peli
débet proprietas loci), tandis que, comme on sait, l'action finium regundorum est
une action personnelle.
2. Le C. Th., 2, 26, De fin. reg., 3-5, contient trois constitutions, l'une de 331 de
Constantin, l'autre de 385 de Vnlentinien, Théodose et Arcadius et la dernière de
392 de Théodose, Honorius et Arcadius, dont le
sens est encore discuté. Suivant
la doctrine de Rudorif, Constantin aurait soustrait, dans la première, la controversia
de loco à l'influence des agrimensores, la seconde aurait
eu pour but de supprimer
les différences existant entre la controversia de fine et la controversia de loco, en
les soumettant toutes deux à la compétence des agrimensores et en étendant aux
deux l'exclusion de l'usucapion, puis cette innovation aurait été écartée par la
constitution de 392. Suivant M. Karlowa, la constitution de 331 ne fait qu'appli-
tuer le droit préexistant en décidant que la controversia de fine seule doit être
déférée à un arbitre et
que la controversia de loco doit l'être au gouverneur, la
constitution de 385 a pour but de déclarer que les quinque pedes sont soustraits à
la praescriplio longi temporis
comme à l'usucapion et la constitution de 392 ne
tait que la confirmer.
3. C'est à
peu près le seul point sur lequel nous nous écartons des solutions de
"•Karlowa, qui considère la distinction comme ayant subsisté même après Jus-
tinien. La preuve décisive du contraire paraît fournie par l'absence de toute
définition des fines dans
nous
ses compilations: ce serait inexplicable, si l'action finium
regundorum continuait à
ne s'appliquer qu'aux quinque pedes ; c'est tout naturel,
st elle s'applique désormais à tous les terrains limitrophes. Quant
aux textes by-
zantins (p. 629, n. 3) invoqués
par M. Karlowa, il faut y voir soit une reproduc-
i°n maladroite de règles abrogées, soit le vestige d'une résurrection des ancien-
nes règles postérieure à Justinien. V.'en Bekker, Aklionen, 1, p. 237,
20.
ce sens,
n.
*• C, 7, annali excepl., 1, 1, d. Suivant M. Karlowa, p. 157, cette ré-
40, De
orme aurait déjà été tout
au moins entreprise par Valentinien 111.
632 LIVRE 111. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE III
deux les juges sont les juges ordinaires auprès desquels les arpenteurs
ne sont que des experts.
§ 4. —
Actio ad exhibendum.
Secundum legem ; Pline, H. N., 16, 5, 15 : XII Tables, 7, 10) n'est décisif à notre
sens. Les plus anciennes mentions sûres qu'on en possède remontent seulemen
aux jurisconsultes de la fin de la République et du début de l'Empire (Aquilius
Gallus, D., 19, \,DeA.E. V., 17, 6 ; Alfenus Varus D.,h. (.,19 ; Labéon, #.,'<•
/., 7, 7 ; 11, 1 ; 15). Sans doute elle eût été particulièrement utile comme prélimi-
naire du sacramentum in rem qui exige impérieusement la présence de la clios
Mais celte utilité ne suffit pas à elle seule à déterminer la date du moyen. ,.
Bekker, Aklionen, I, p. 225, n. 42 ; v. aussi Demelius, pp. 255-259, dont le
objections contre la possibilité de l'action avant l'époque formulaire nous parais-
sent d'ailleurs exagérées.
3. Paul, D., h. t., 2 : Exhibere est facere in publico potestalem, ut ci, qui «S«<
experiundi sit copia.
4. Ulpien, D., h. t., 5, pr. : Eos qui facullalem exhibendi habenl ad exhibent^,
1. Cf. A. Pernice, Archivio, 36, 1886, pp. 131-132, qui considère avec vraisem-
blance les consuls comme ayant été à Rome l'aulorité compétente en cette matière,
2. Marcien, D., 23, 2, De R. N., 19.
3. V. en ce sens Windscheid, 2, § 494, n. 4 et les renvois.
4. Dioclétien, C, 5, 12, De jure dot., 14 : Mater pro filia dotem dure non coai-
lur nisi ex magna et probabili vel lege specialiler expressa causa. Les mois «
lege specialiler expressa ont sans doute été ajoutés pour viser la disposition pi»'
térienre à Dioclétien, par laquelle Justinien, C, 1, 5, De haer., 1!), 3 (1), oblige»
les parents non orthodoxes à doter leurs descendants orthodoxes.
5. Cf. A. Pernice, Z. S. St., 5, 1S84, pp. 22-24. Archivio, 36, 1886, p. 131-
6. Ulpien, D., 25, 3, De agnosc. et al. lib., 5, 5. 7. 9. 14 ; C, 5, 25, De alen®
liberis, 1-3.
7. Le texte d'Ulpien, D., h. t.. 5 : Lenel, 2063-2064 (v. aussi Ulpien, »., 3i,'
De alim., 3 : Lenel, 2065) est extrait du livre 2 du traité d'Ulpien, De o/pci
consulis.
VARIAE CAUSARUM FIGURAE. — QUASI-UELITS 635-
par
intervenir à titre exceptionnel en face de faits particulièrement
scandaleux, puis ils auront pris peu à peu l'habitude de le faire réguliè-
rement.
1. Inst., li-, 5, De obligationibus quae quasi ex delicto nascunlur. Gaius, D., 44,
î.De 0. et A., 5, 4-5. Le fr. de f'orm. Fabiana, 1 {Textes, p. 432), dit à propos
de l'action Fabienne, que quasi ex delicto veneril liberti
; mais il n'y a sans doute
la qu'une rencontre fortuite
avec la division indiquée seulement par Gaius et Jus-
tinien.
2. Inst., h. l.,.pr.= Gaius, D., 44, 7, De 0. et A., 5, 4 = D., 50, 13, De
titr. cogn., 6. Cf. Lenel, Ed., 1, pp. 187-190. Pernice, Labeo, 2, 2, pp. 168-172.
Karlowa, 2,
pp. 1349-1351. L'action est in aequum et bonum concepta d'après D.,
;)0, 13, De
exlr. cogn., 6, que M. Pernice a soupçonnée à tort d'interpolation.
3. Discours de C. Tilius,
sans doute sur la loi Fannia de 693, dans Macrohe-,
Satura., 2, 12 Inde ad comilium vadunt,
: ne lilem suam fa.cia.nl.
4- M. Karlowa
a encore soutenu la doctrine ancienne selon laquelle il y aurait
deux actions, l'une visée
par Ulpien, D., 5, 1,0e jud., 15, 1, où le juge, ayant agi
dolosivemenl, serait tenu de la
vera litis aeslimatio, et l'autre visée par les textes
de Gaius et de Justinien,
où n'étant coupable que de négligence, il serait tenu au
ipitinlum judici videbilur. M. Lenel nous paraît avoir montré que le premier texte
«Iles seconds visent
eu termes différents la même action prétorienne in bonum et,
"fiiim concepta. Deux questions plus délicates sont de savoir comment était ré-
pnmée la faute du juge
au temps des Actions de la Loi où l'action prétorienne
•Jexistait pas encore et où il était déjà puni d'après le discours de Titius, puis
doù vient la doctrine
insolite de Julien rapportée par Ulpien, D.. 5, 1, De jud.,
I6et fragment de Strasbourg,
Z. S. St., 24, 1903, p. 418, qui conteste l'extinction
denotre action
par la mort du défendeur. Sur le premier point, M. Voigt, XII Ta-
I™, I, ISS3, pp. 554-555 (cf. Cuq, 1,
p. 148. n.'8| a invoqué, par une erreur
matérielle, Quintilien, Inst.
or., 3, 6, 38, pour soutenir qu'il y aurait une trans-
'l]o judicii faisant continuer le
procès contre le juge qui ne l'a pas tranché;
Rivant la supposition meilleure de M. Karlowa, le juge fait vraiment le procès
l'en en ce sens
que le demandeur a contre lui la manus injectio qu'eut fondée
Jugement qu'il n'a pas rendu. Cette dernière doctrine permet peut-être à son
r ^Percevoir comment Julien soutenir que soit celte ancienne action,
'aclion m aequum et bonum
a pu
que le préteur lui a juxtaposée devait passer
™e les héritiers comme l'action judicati.
'• °-A 3, De lus qui eff., 1,
pr. (Textes, p. 138). Cf. Lenel, Ed., 1, pp.194-195.
636 LIVRE III. — IV. — TITRE I. — CHAPITRE 111
de cette exécution et
aux personnes entre qui elle intervient, à ses
sujets.
sur la personne consistant dans une contrainte par corps réalisée sous
a été le
plus complet : l'esclave n'ayant pas de personnalité juridique, ne
peut devenir civilement ni créancier ni débiteur en traitant avec quel-
qu'un ; mais les contrats qu'il conclut soit avec son maître, soit avec
des tiers ont été reconnus comme faisant naître des créances et des dettes
naturelles 2 ; — 2° pour les contrats formés entre le palerfamilias et
les personnes en sa puissance,ou plus largement entre tous les membres
de la même domus, qui ne peuvent faire naître d'actions entre ces per-
sonnes 3, mais qui font naître entre elles des obligations naturelles, sus-
ceptibles de produire effet, surtout après la dissolution de la puissance * ;
—3° pour les dettes des personnes frappées de capilis deminulio, dont
:
a conservé deux traces de sa forme première : les mots eorum (c'est-à-dire servo-
rlim) nomme du début, dont l'authenticité est garantie par le texte parallèle d'Ul-
pien, D.,U, 7, DeO. et A., 10, et où l'on ne peut donc corriger eorum en earum; la
finale rendue suspecte par des redondances et par l'expression debilores nalurales
dont les jurisconsultes n'offrent pas d'autres exemples (ils disent seulement natura
khre. naluraliler obligari, naturalis obligatio) : tout rentre dans l'ordre si on lit :
fai licel minus proprie debere dicanlur servi (le D.: nalurales debilores) per abusio-
ntm intellegi possunl debilores et qui ab his pecuniam recipiunl debilum sibi récépissé.
i. Ulpien, D., 44, 7, De 0. et A., 14 (p. 95, n. 2). Dette naturelle envers les
tiers: Paul, D., 12, 6, De cond. ind., 13, pr. Créance naturelle contre le maître :
Iryphoninus, D., 12, 6, De cond. ind., 64.
3. C'est du moins le principe ; mais l'impossibilité disparait quand ces person-
nes sont reconnues susceptibles d'avoir des biens propres tels que le pécule cas-
trais. Cf. Gaius, D., 5, 1, De jud., 4.
4. Le texte fondamental est la célèbre loi Fraler a fralre d'Africain, D., 12, 6,
Deconrf. ind., 38. V.
en particulier pour les créances du fils contre le père, le
S 2. On a prétendu
que les personnes en puissance ne seraient tenues d'obliga-
tions naturelles
envers leur chef de famille que quand elles ont un pécule ; cf.
Mandry, Gemeines Familiengûlerrechl, 1,
p. 157; mais v. en sens contraire D., 15,
\bepec., 50, 2, et Brinz, 2, § 220, n. 9.
5. Ulpien, D., 4, 5, Decap. min., 2, 2. Cf.
p. 194, n. 5.— On cite encore comme
obligations naturelles qui n'existent plus
en droit moderne : les obligations étein-
te par voie de déduction en justice sans que le demandeur ait obtenu satisfac-
tion, par exemple
parce que le procès est encore pendant ou qu'il s'est terminé
^ns jugement par suite de péremption d'instance et à raison desquelles le de-
mandeur ne peut agir à nouveau,
parce que bis de eadem re agi non polest, mais
«a toujours une créance naturelle, parce qu'il n'a pas été satisfait (D., 12, 6, De
md- ind., 60,
pr. ; D., 46, 8, Rai. r., 8, 1 ; v. pourtant en sens contraire, Wind-
scheid, Die Actio des rSmischen Civilrechts, 1856,
pp. 56-58) ; l'obligation écartée
'" 'activité du magistrat dont s'occupe l'édit quod quisque juris in allerum sta-
.
*™, Textes, p. 131 (D., 2, 2, Quod quisque, 3, 7).
640 LIVRE III. — IV. — TITRE II
ne donne pas
d'action : on ne peut en poursuivre l'exécution forcée.
Mais, en dehors de là, elle a une existence juridique 5 ; elle peut, selon
|:as, motiver tous les autres actes juridiques qui pourraient avoir pour
tune obligation valable, ainsi être garantie par un cautionnement
Celaparait bien résulter d'un texte d'Ulpien, D., 45, 1, De V. 0,6, qui exclut
ossihilité d'un cautionnement, en ce cas, comme en celui d'engagement du
osi/s:v. sur la conciliation de ce lexte avec la loi Marcellus, d'Ulpien, D.,
1, De fidejus,, 25 (Lenel, 404), qui suppose, par interpolation, croyons-nous, la
ilitc d'un cautionnement pro... prodigo vel furioso, les nombreux systèmes râp-
és par Audibert, Folie et prodigalité,' 1892, pp 266-297.
Pour le débiteur absous à tort par le juge, la seule raison sérieuse de dou-
csl dans une expression incidente de Julien, qui, afin de justifier une autre
ition, dit que, même après l'absolution, il resterait tenu naturellement (D., 12,
h cond ind ,00) ; mais, en dehors du but même de la chose jugée qui ne
met guère d'admettre la validité d'un paiement fait par erreur, l'absence d'o-
;alion naturelle résulte de l'extinction des hypothèques qui garantissaient la
'MO., 20, 0, Quid. mod., 13) : un autre lexte excluant la répétition D., 12, 0,
cond. ind., C0. suppose clairement que le paiement a été l'ait sciemment.
—
n le débiteur libéré parla prescription, l'exclusion de l'obligation nnlurelle
«s parait encore plus sûre. Le seul argument
en faveur de sa subsistance est
siirvi\ance de l'hypothèque (éteinte seulement par la prescription de quarante
sf Mais il ne prouve rien, parce
que l'hypothèque survit encore, dans d'autres
à l'extinction de l'obligation (cf. D., 20, 1 De pign., 13, 4) cl
'•<
on a invoqué en
Cllr de l'absence d'obligation naturelle l'admission de la répétition de l'indu
;'/,(i, 8, fl. R., 25, 1) et l'extinction du cautionnement (D.. 46. 3, De sol., 38,
T
en Iont cas. selon la remarque de W indscheid, qui discute la portée de ces
pwients, 1, § 1)2,
n. 5, il n'y a aucune trace avérée de la subsistance de l'o-
SMion.
- Quant au bénéfice de compétence, il subsiste, pour celui qui en jouit,
.galion civile subordonnée à son retour à une meilleure fortune, qui était
ree, en droit classique à rencontre de 1 effet extinclif de la titis contestalio,
''«n contrat verbal (O., 17, 2, Pro socio, 63, 4).
n conséquence, elle est susceptible de s'éteindre cette extinction
; a lieu par
642 LIVRE III. — IV. — TITRE II
res ou à un fait aurait été de faire un contrat donnant droit à une cer-
taine somme à défaut du fait, à défaut de dation delà certa res.
Mais, quoi qu'il en soit de ces origines, il a dû de bonne heure arriver
qu'on se trouvât en face de créances ayant pour objet autre chose que
j de l'argent et pour arriver à l'exécution desquelles il fallait une éva-
luation. Cela se présente déjà pour des créances nées de délits sous les
XII Tables, et cela s'est aussi présenté, dès une époque antérieure à
l'introduction de la procédure formulaire, pour des créances nées de
contrats. Le juge a. dans les deux cas, soit sous les Actions de la loi,
soit sous les formules, à procéder à
une évaluation qui ne faisait pas
partie du procès principal dans le sacramentum, qui en faisait déjà par-
lie probablement dans la judicis postulatio et certainement dans la
con-
iktio certae rei, qui
en faisait toujours partie sous la procédure for-
mulaire et dont nous devons déterminer les règles à côté de celles de
« slipulalio poenae ; ce sera, peut-on dire, la théorie des dommages
et intérêts judiciaires à côté de celle de dommages et intérêts
conven-
tionnels.
1. Cela se produisait dans les actions arbitraires, quand Yarbilratus judicis étail
exécuté. Mois cela pouvait aussi avoir lieu, par la volonté du défendeur, dans les
actions de bonne foi, et les Sabiniens soutenaient qu'il en était de mémo dans
toutes les actions (omnia judicia esse absolutoria), tandis qu'une doctrine sans
doulo plus ancienne défendue par les Proculiens n'admettait pas qu'en particulier
dans les actions de droit strict le défendeur pût, une fois le procès lié, échapper
à la condamnation en satisfaisant le demandeur. Cf. Gains, 4, 114.
2. D., 12, 3, De in lilem jurando.Il y a plus d'une obscurité et les solutions n'oat
peut-être pos toujours été les mêmes, non seulement quant aux cas dans lesquels
intervient le jusjurandum in lilem, mais quant à la mesure dons laquelle le juge
peut, soit fixer à l'avance un maximum à l'évaluation du demandeur (jitsjiiran-
dum eum taxatione), soit la modérer après coup. Selon le texte le plus général
(Morcien. D.. h. t., 5),le jusjurandum,q\\i n'est appliqué qu'au cas de dot cl non à
celui de simple fini te du défendeur, intervient, à côté des actions réelles, dans
l'action ad exhibendum, à laquelle d'autres sources permettent d ajouter le reste
des actions aibiti aires sauf l'action de eo quod cerlo loco. et dans les actions de
bonne foi, — même en cas de nécessité, dans les actions de droit strict, dit pins
loin Mairien. — Quant au pouvoir de contrôle du juge, le même lexte le présente
comme existant partout ; mais cette allégation générale est en désaccord avet
d'autres solutions concrètes (Ulpien, D., h. t., i, 2;D., 6, I, De II. V., OS) fi
permettent de supposer des dissentiments doctrinaux et un développement histori-
que. V. outre les éditions anciennes de Windscbeid, 1, § 133, n. 14-18, HefkCi
Bedeulung unit Amu-endungen der Taxatio, 1879.
3. Le travail classique sur l'évaluation des dommages et intérêts est celui de
Fr. Mommsen. Reilrage zum Obligalionenrechl, 3, Zur Lehre vont Intéresse, 18a',
V. en outre Deinliurg, 2, §§ 44-45 ; Brinz, 2 pp. 339-368.
4. Ulpien. D., 13, 6, Commod., 3, 2 : Et rei judicandae tempus, quanti res A
obserralur, qtiamvis in slricti (slricli juris ? plutôt slrictis judiciis) lilis conleslaUi
tempus s/ieclolur. Cela s'explique très bien pour les actions où la condenwalioie»
formule porte : quanti ea res est (p. 645, n. 4).
5. Le texte fondamental est celui de Paul, D., 22, 1, De usur., 38 : voir, P"
EFFETS DES OBLIGATIONS. — DOMMAGES ET INTERETS 645
exemple, les g§ 8-10, pour les actions de bonne foi ; 1-3pour les condicliones sine
causa ; 4 6 pour d autres actions en restitution (cf. p. 427, n. 3) et à l'inverse, le
§7, pour la condietio d'une chose dont on n'a pas été encore propriétaire.
1. Nos anciens auteurs distinguaient souvent le préjudice direct circa rem) et
indirect [extra rem) en partant notamment de Paul, D., 19, 1, De A E. V., 21, 3,
où l'obligation du vendeur qui n'a pas livré la chose est restreinte à ulililas quae
1
circa ipsam rem consislit, par opposition par exemple à la valeur des esclaves morts
de faim faute de délivrance du blé vendu ou au bénéfice que l'acheteur du vin
aurait l'ait en te revendant ; v. aussi Herinogénien, D., 18, 6, De peric, 20 (19).
Mais, d'après d'autres textes, il ne paraît pas nécessaire que le préjudice soit di-
rect : v., par ex., D., 19, 1, De A. E. V., 13, pr. 2 ; D., 19, 2, Locali, 19, 1, et
les textes cités,
n. 2.
2. Paul, D., 40, 8, Rat. rem. hab., 13, pr. : Compelil in quanlum mea interfuit,
ul est quantum mihi abest quantumque lucrari potui. Africain, D., 19. 2, Locali, 33 :
Quanti ejus iater/uerit frui, in
quo eliam lucrum ejus conlinebilur.
3. C'est la formule généralement employée, notamment pour se débarrasser de
solutions en apparence contraires citées
n. 1. D'ailleurs la doctrine n'est pas ar-
rivée sur tous ces points à des conclusions parfaitement unanimes.
4. Les mots quanti
ea res est, quanti ea res erit, employés dans la condamnation
le certaines formules [quanti ea res est: condiclio trilicaria; peut- être condietio
: action ad exhibendum et autres actions arbitraires,
iticerli; quanti ea res erit
nombreuses actions in factum) ont, semble-t-il bien, été considérés à l'origine
Comme prescrivant au juge, à la différence de formules plus larges, de condamner
a la liera rei aeslimatio
par opposition au quod inleresl : D., 50, 16, De V. S.,
>'9 ; 103 cf. aussi l'opposition faite, D., 47, S, Vi bon. rapt.. 2, 13, entre le
; ve-
rum rei prelium et, le quod interesl. La
mesure dans laquelle cela s'est modifié par
; Dernburg, 2, § 44, n. 7:
a suite n'est pus très claire. Cf. Brinz, 2, § 281, n" 1
Accarias. 2.
pp. 720-721
> C, 7, 47. De sent, quae pro eo,\, Sancimus in omnibus casibus, qui certam
1 :
nabeiu quantiialem vel
naluram, veluli in venditionibus et locationibus et omnibus
contraciibus, hoc quod interest dupli quantitalem minime excedere. On n'est pas
accord sur la détermination précise des obligations considérées par Justinien
wmme ayant certain quantiialem vel
naluram.
646 LIVRE III. — IV. — TITRE H
1. Paul, D., 45, 1, De V. 0., 91, 3 : Veleres conslituerunt, quotiens culpu »**
nit debitoris, perpeiuari obligalionem. — Cf. Pernice, Labeo, 2, 2, pp. 107-131.
2. D., 22, \,De usuris et fruclibus et causis et omnibus accessionibus et mora. I"
Dernburg, 2, §5 40-41. A. Pernice, Labeo, 2, 2, pp. 132-146.
3. Mareien, D., h. t., 32 : Mora fieri inletlegilur non ex re, sed expersona, ni "
si inierpellalus opporluno loco nonsolveril.
.,
4. Paul, D., 31, De leg., Il, 87, 1 : Quamvis enim conslitutum sil, ut minom
.
XXV annis usurae omnimodo praestentur, tamen non pro mora hoc habendiime >
inséré dans l'intérêt du débiteur et non du créancier (D., 45, 1, De V. 0., 41, 1 :
Biei adjectùmem pro
reo esse, non pro stipulatore), dont ensuite l'événement a
simplement pour effet de transformer l'obligation en obligation pure et simple,
donc en obligation soumise,
sous le rapport de la demeure comme sous tous les
autres, aux règles des obligations pures et simples. Elle est en outre contraire aux
règles de la demeure, qui, d'une part, n'a
pas lieu ex re, mais ex persona, par
une sommation (p. 646, n. 3) ; qui, d'autre part, exige, à côté de cette sommation,
Me faute du débiteur qu'on ne prouve pas résulter de la simple échéance. Cf.
Dernburg, 2, § 40,
n. 14. La célébrité très grande de la question vient en réalité
Beaucoup moins de sa difficulté que de l'ancienneté et de la diffusion persistante
de la doctrine vicieuse, selon laquelle l'échéance du terme entraînerait mise
demeure. V.
en
pour la bibliographie ancienne, Vangerow, 3, §588, n. 2, pp..186-187
«t pour la période récente Windscheid, 2,
S 278, n. 4. Cf. Saleilles, Obligation,
PP. 23-25.
'• D.,h. t., 23, 1 :Aliquando eliam in re moram esse decerni solet, si forte non
«M qui convenialur. Cf. D., 22, 2, De naul. faen., 2 : Si nemo sil qui a, parte
Promissoris interpellari... possit.
2, L'idée de culpa
est celle dont procède toute la théorie de la demeure, d'après
'e texte fondamental de Paul,
D., 45,1, De V. 0., 91, 3 (p. 64fi, n. 1 ; p. 648, n.2).
'• U-, 50, 17, De R. J., 63 : Qui sine dolo malo ad judicium provocat, non vi-
Wurmoram facere cf. D., h. t.,21, et à l'inverse, D., 45, 1, De V. 0.,82, 1.
;
J- <ji. D., 12, i, De R. C, 5
pr.
; 0., h. t., 17, 3.
»• Paul, D„ 45, 1, De V. 0.,
91, 6 : Effeclus hujus constilutionis (p. 646, n. 1)
JjJM ut adhuc homo peti possit. Ulpien, D., 45, 1, De V. 0., 82, 1 : Si post
on promissoris homo decesserit, tenelur nihilominus, proinde ac si homo viveret
,ce'.io6e°. 2. 2. PP- 107-112.
6 Le
, droit de réclamer
• la valeur de la prestation devenue impossible au lieu
648 LIVRE III- — IV- — TITRE II
1. Papinien, D., 16, 3. Dep., 24 ; Paul. D., 19, 2, Locali, 54, pr.
2. Ilermogénien, D 19, 1, De A. E. V'., 49, 1
: Pretii sorte licet posl. moramso-
,
kla, usurae peli non possunt, eum hae non sinl in obligatione, sed officio judicis
praestcnlur. Gordien. C, 4, 34, Dep., 4.
3. La rédaction môme de la condiclio certae pecuniae exclut
pour le juge la pos-
sibilité de condamner à
un accessoire quelconque à côté du principal de la dette
(p. 491) Pour les deux autres condicliones et
pour les autres actions de droit strict
où l'obstacle n'était
pas dans la formule, il était au moins dans les pouvoirs res-
treints du juge.
4. l).,li. t., 38, 7, où Paul adopte à ce sujet la décision de faveur proposée par
Sabinus et Cassius.
a. La formule lile conlestala usurae currunt (D., h. t., 35) qui a souvent trompé
[
les anciens
auleurs (cf. C. civ., art. 1153) ne signifie pas que la lilis conteslatio fait
courir les intérêts, mais qu'elle les laisse courir, quand ils le font déjà.'
»• La mise en demeure donnait droit aux intérêts et aux fruits dos fidéicommis
et Julien lit admettre la
même solution pour une sorte de legs, le legs sinendimodo
Iwuus, 2, 280). Mais elle n'a élé étendue
aux autres legs que par Justinien.
,..!' ^csl un point controversé. Mais on peut invoquer dans notre sens le paral-
lélisme des deux demeures
et le langage des lexles, dont l'un par exemple désigne
» demeure du créancier du de frustralio (Africain, D., 17, 1, Mandati, 37),.
Jont un autre iMarcellus,
nom
• D., 46, 3, De solul., 72, pr.) subordonne le déplacement
des risques
au refus des offres sine jusla causa.
». ulpien, D., 18, 6, De peric., 1, 3 Licet aulem vendilori vel effundere vinumr
:
'cm ad meliendum praestiluit inlra diem admensum est. Mais voir les atte-
nec
ignons de la suite du texte et de Pomponius, D., 33, 0, De trilico, 8.
•650 LIVRE III. — IV. — TITRE II
se faire indemniser des frais de garde '. En tous cas et quelle que fût la
convention antérieure, elle a pour résultat de faire passer les risques an
créancier en face duquel le débiteur ne sera plus tenu que de son do)!
Enfin, de même que la demeure du débiteur se purge par une conven-
tion ou par des offres réelles mettant le créancier en demeure, la de-
meure du créancier se purge par la mise en demeure du débiteur.
II. Théorie des fautes. 3—Le développement a été encore plus
spécial aux obligations de bonne foi et aux legs pour l'impossibilité totale
ou partielle d'exécution résultant de la faute du débiteur que pour celle
résultant de sa demeure. Ici encore le point de départ a été la respon-
sabilité imposée au débiteur dans les obligations anciennes de droit strict,
quand il avait rendu l'exécution impossible par son fait : au cas de perle
de la chose, l'obligation était perpétuée par sa faute comme par sa de-
meure. Mais il n'en était ainsi qu'en présence d'un fait actif du débiteur,
d'une faute positive et non pas d'une faute négative, d'une simple négli-
gence.Au contraire, il s'est constitué progressivement, en matière d'obli-
gations de bonne foi, une théorie plus délicate, en vertu de laquelle le
débiteur est tenu suivant certaines gradations non seulement de ses
fautes de commission, mais de ses fautes d'abstention. C'est surtout i
elle qu'on pense quand on parle de la théorie des fautes.
1. Obligations de bonne foi. Le système d'appréciation des fautes ap-
pliqué aux obligations de bonne foi est arrivé, après quelques oscilla-
tions, à avoir pour fondement la distinctiondu dol (dolus, fraus, par op-
position à la loyauté,à la fides) et de la faute (culpa, à laquelle on oppose
la vigilance, diligentia, cuslodia) et la classification faite en partant de
là des obligations en deux catégories, celles dans lesquelles le débiteur
répond seulement de son dol, où sa simple faute ne lui est pas imputable,
et celles dans lesquelles il répond à la fois de son dol et de sa faute'.
1. Ulpien, D., 19, 1, De A. E. V., 38, 1, cite déjà dans ce sens une décision Je
Sex. Aelius Paetus, cos. 556. V. aussi Pomponius, D., 33, 6, De tritico, 8.
2. Paul, £.,18, 6, De per., 5. De per., 18 (17).
3. L'ouvrage moderne classique sur la théorie des fautes est celui de Hess,
Die culpa des rômischen Rechts, 2e éd., 1838. La meilleure étude historique delà
formation du système est celle de Pernice, Labeo, 2, pp. 231-428 ; 2e édition d»
pp. 231-330 seulement, dans Labeo, 2, 2, p. 1-257. V. aussi Dernburg, 1, §86;-,
§§ 39-39.
4. Ulpien, D., 50, 17, De R. J.. 23 : Contractas quidam dolum malum dumlf
recipiunl, quidam et dolum et. culpam. Dolum tantum : deposilum et precanu»-
Dolum et culpam : mandalum et commodatum, vendilum, pignori accepl'um, te»"*
item dolis dalio, lutelae, negolia gesta : in his quidem et diligenliam. Socielus
rerum communia et dolum et culpam recipil. Sed haec ita, nisi si quid nouiiiio»
convenu. Les mots in his quidem et diligenliam pourraient, s'ils n'étaient si etn
gement placés dans le lexte, s'expliquer comme une allusion au régime ancien^
la culpa, qui perpétuait l'obligation (p. 646, n. 1), ne comprenait qu'une port»
des actes contraires à la diligentia, comme un avertissement que la responsut»
s'étendait à la fois aux fautes positives et aux fautes négatives. A notre avis,
EFFETS DES OHLIGATIONS. — THÉORIE DES FAUTES 651
Seulement cette distinction très simple est compliquée par deux rema-
niements relatifs l'un au dol et l'autre à la faute. — Quant au dol, les
jurisconsultes ont assimilé au dol conscient la faute trop grossière,culpa
lata, culpa magna *, sur la définition de laquelle ils hésitent un peu.
Elle consiste certainement à commettre des maladresses que ne com-
mettrait pas l'administrateur le plus incapable, à ne pas prévoir ce que
tout le monde prévoirait 2. Suivant un texte isolé de Celse, qui représente
plus vraisemblable est d'y voir une glose rédigée dans ce but et maladroitement
intercalée dans le corps du manuscrit copié par les auteurs du Digeste. Il nous
paraîtrait inexact d'y voir un indice qu'à l'époque d'Ulpien on eut distingué des
contrats où on n'était responsable que de sa culpa et d'autres où l'on devait en
outre la diligentia. La distinction est déjà très bien faite, avec la terminologie
moderne à propos d'un contrat particulier par Proculus, D., 18, 1, De C. E., 68,
pr. : lixislimo te in exigendo non solum bonam fidem, sed etiam diligenliam praes-
lare debere, id est non solum ut a te dolus malus absit, sed etiam et. culpa.
1. Cette doctrine qui prévalut après controverse remonte à Nerva d'après Celse,
n.3.
2. Ulpien, D., 50, 16, De V. S., 213, 2 : Lata culpa est nimia negleqenlia, id est
«on intellegere quod omnes inlellegunl. Paul, D., 50, 16, De V. S., 223, pr.
Cela n'empêche pas qu'il y ait toujours deux catégories de negolia ; mais
cela fait que, dans la première, on est tenu de la faute lourde à côté du
dol et que, dans la seconde, où l'on est tenu de la faute ordinaire à coté
du dol et de la faute lourde, il y a désormais des cas où cette faute ordi-
naire s'apprécie in concreto.
Reste à voir comment se répartissent dans ce cadre les divers débiteurs
tenus par des actions de bonne foi '.
Les débiteurs qui sont tenus de leur dol, et par conséquent de la faute
lourde assimilée au dol, mais qui ne sont tenus que décela, pour qui la
culpa ordinaire est un cas fortuit, sont exclusivement des débiteurs qui
rendent un service gratuit, et ce furent peut-être à l'origine tous ceux
qui rendaient un service gratuit. Cette catégorie a toujours compris le
dépositaire et le commodant. Elle a peut-être compris anciennement les
mandataires, les tuteurs et les gérants d'affaires qu'on en a plus lard
extraits pour les faire passer dans la seconde catégorie 2.
La seconde catégorie, celle des débiteurs qui sont tenus non seule-
ment du dol et de la faute lourde, mais de la faute simple, qui doivent
non seulement [idem, mais diligentiam praeslare, comprend tous les
débiteurs de negolia bonae fidei qui ne rentrent pas dans la première
classe privilégiée : par conséquent d'abord ceux qui en sont exclus,
quoiqu'ils rendent un service gratuit : les gérants d'affaires, les tuteurs,
les curateurs, les mandataires ; puis tous ceux qui ont un intérêt au
negolium, qu'il soit exclusif, comme pour le commodatairc, le déposant,
ou réciproque, comme pour les parties de la vente, du louage, de la so-
ciété. Seulement, pour quelques-uns, laculpa, qui s'apprécie en général
in abstracto, s'apprécie par faveur in concreto : pour le mari débiteur
de la restitution de dot, pour l'associé, pour le communiste, et, au moins
d'après certains jurisconsultes pour le tuteur 3. La raison la meilleure est
ont été signalés pour la tutelle par M. Accarias, 1, p. 391, n. 1, et pour la gestion
d'affaires par M. Huvelin (p. 655, n. I).
3. Associé : Gaius, D., 17, 2, Pro socio. 72 ; Inst., 3, 25, De soc , 9. Communiste.
Paul, D., 10, 2, F. E., 25, 16. Mari débiteur de la dot : Paul, D., 23, 3, De J- ",
17, pr. Tuteur : Ulpien, D., 27, 3, De lui. et rat., 1, pr., dont la décision est con-
tredite par d'autres textes parmi lesquels un de lui-même, D., 26, 7, De adm- «"
10, et un de Callistrate, D., 20, 7, Ve adm., 33, pr.
EFFETS DES OBLIGATIONS. — THEORIE DES FAUTES 653
peut-être que ces personnes font toutes, pour partie, leur propre affaire
et qu'on suppose que, si elles n'ont pas fait mieux, c'est qu'elles ne
l'ont pas pu '.
Autres obligations. Quant aux obligations de droit strict et aux au-
1.
tres rapports
obligatoires, il n'y a, en matière d'obligations de droit strict,
«uère à parler que de la stipulation, de l'enrichissement sans cause et des
1rs, le mutuum et le contrat littéral faisant naître des dettes de genres.
En matière de stipulation, le principe est que le débiteur est tenu seu-
lement de ce qu'il a promis. S'il a promis de transférer la propriété de
l'esclave Stichus, il n'est pas tenu de le garder 2. Il est responsable con-
Iractuellcment, s'il se met par son fait dans l'impossibilité de le livrer,
j s'il le tue ou l'affranchit 3. Il ne l'est pas, s'il le laisse mourir faute de
soins, pas même, dit Ulpien, s'il le livre après l'avoir empoisonné : il
sera tenu
délictuellement par l'action de dol, il ne le sera pas contrac-
litellement en vertu de sa promesse de dare 4. Mais il n'y a peut-être
I. Lathéorie dite des trois fautes, qui élait celle de Pothier et dont on discute
siclle a passé clans le Code civil, art. 1137, distinguait méthodiquement trois
(lasses de débiteurs tenus par gradation de trois séries de fautes : 1° les débiteurs
illigcs en vertu d un negotium intervenu dans l'intérêt exclusif de l'autre partie,
tomme le dépositaire, le commodant, le gérant d affaires qui seraient tenus ex-
(liisiveinent de leur culpa lata et de leur dolus ; 2° les débiteurs obligés en vertu
l'un negotium intervenu dans l'intérêt réciproque des deux parties, vente, société,
|«iseraient eu outre tenus de leur culpa levis ; 3° ceux obligés en vertu d'un nego-
iui intervenu dans leur intérêt exclusif commodataire, déposant, mandant, qui
seraient en outre tenus de leur culpa levissima. Ce système, dont la mention n'a
|tai|ii'un intérêt d'archéologie et dont la base principale élait dans des textes
ml compris,
par exemple dans un lexte parlant de culpa levissima en matière de
Ht de la loi Aquilia (D., 9, 2, Adleq. Aq., 44), est avec les solutions concrètes
tenue contradiction facile à constater.
1- l'aiil, I)., 45, 1, De V. 0., 91,
pr. : ... quia qui dari promisit ad dandum non
l'tiaiilum tenelur.
3. Li's
relevés assimilent sous ce rapport à la demeure, comme faute perpétuant
loMijatiou, la faute positive (meurtre de l'esclave, affranchissement). V. outre
H D.. 45, 1, t-e V. 0., 91, 1. 3, Pomponius. D., 45, 1, De V. 0., 23, et D., 22,
t.Beiisur 32, 5 La seule question est de savoir si la responsabilité résulte du
liitnicine , seulement de celui accompli
ou en connaissance de l'obligation. Paul,
M3. 1, Uc V. 0., 91, 2, rapporte dans le premier sens une solution donnée
Mien
par
en matière de (idéicommis. Mais il donne personnellement à deux reprises
'•solution contraire
en matière de condicliones sine causa (p. 654, n. 2) et Julien lui-
"'niesi'inlile avoir appliqué solution qu aux legs et aux (idéicommis. V. Fer-
n
''«i,/lre/ià, 78. 1892,
sa
p. 321 et ss. Pernice, Labeo. 2, 2, p. 116 et ss. et les renvois.
'• Upicii. D., 4, 3, De d. m., 7, 3. Cette solution implique, croyons nous, qu'on
•epourrait non plus réclamer,
au moyen de l'action du contrat, une indemnité
J61 déienoratjons
survenues par le dol ni par conséquent à plus forte raison par
•'«iiti! du débiteur,
malgré la logique apparente qui porterait à donner les mêmes
•liions pnur la perte totale et la perle partielle venant du débiteur. Le dé-
"e»r pourrait
pour
seulement être déclaré responsable de ses actes juridiques, en par-
ntUc 1 iiléc-î
que le paiement n'est pas libératoire et que l'ancienne action sub-
p. quanti le créancier qui la chose est exposé à en être dépouillé
Wii'iiiirenicnt
a reçu
en vertu d'un titre juridique appartenant à autrui. V. #..40,3,
t»Hi'" 27 (UIPien) ; 33- * (Julien) ; 72, 5 (Marcellus). Cf. Pernice, Labeo, 2, 2,
654 LIVRE III- — IV- — TITRE II
guère que la stipulation d'une datio, pour laquelle on s'en tienne si rigou-
reusement aux anciens principes. Si le débiteur a, par contrat verbal
promis un fait, le juge, que la formule saisit du point de savoir quid-
quid dare facere oportet, paraît en droit de ne le tenir pour libéré que
quand il aura fourni les soins d'un bon administrateur '.
En matière de condietio résultant d'un enrichissement sans cause, on
considère également le débiteur comme en faute, quand il a détruit la
chose due, ainsi en tuant ou en affranchissant l'esclave, au moins dans
le cas où il savait être tenu d'une dette éventuelle de restitution 2.
En matière d'obligation de payer les legs et les fidcicomrnis, l'héri-
tier est tenu de sa culpa levis in abstracto, non seulement quand son
obligation est une obligation de faire sanctionnée par une action incer-
taine analogue à l'action née delà stipulation d'un fait, mais quand c'est
une obligation de dare certain rem 3. Pourtant, par un emprunt visible
au système d'appréciation des fautes des actions de bonne loi, sa res-
ponsabilité reste limitée au dol et à la faute lourde, lorsqu'il ne doil
rien conserver de l'hérédité 4.
Quant aux autres obligations, notamment à celles sanctionnées par
des actions prétoriennes in faclum, il est à peu près impossible déposer
des règles d'ensemble. La règle la plus large qu'on puisse relever est celle
d'après laquelle la personne tenue de présenter ou de rendre une chose,
reste tenue quand elle s'est mise hors d'état de le faire par un dol auquel
on assimile souvent sa faute lourde. Cette règle s'applique déjà à ac- 1
tion ad exhibendum qui est une action civile de droit strict ; elle s'appli-
que, en outre, dans de nombreux cas d'actions prétoriennes, notam-
ment dans deux cas qu'on a cités quelquefois par confusion comme des
exceptions au système des fautes des actions de bonne foi : au cas (la
précariste qui n'est tenu que de son dol et de sa faute lourde, mais qiu
n'en est tenu par l'action praescriptis verbis que depuis les interpola-
tions de Justinien, qui auparavant était tenu par l'interdit de precam
(p. 595, n. -4) ; à celui de l'arpenteur qui a mal rempli sa tâche et qm
n'est également tenu que de son dol et de sa faute lourde, mais qui,
1. C'est ce qui semble résulter, au moins pour le droit récent, de Venuleias, D„:
45, 1, De V. 0., 137, 3.
2. Paul, D., 12, 6, De cond. ind., 65, 8 ; D., 36, 6, De m. c.d., 39.Cf. p.653,n.î.
3. On a vu en outre, p. 653, n. 3. qu'il y est, d'après la doctrine de Julien quia
prévalu, tenu de son fait positif, même accompli dans l'ignorance de son obliga-
tion- V. Julien, D., 36, 1, Ad s. c. Trebell., 26, 2 ; Ulpien, D., 30, De leg.JA
16 ; 42 et les auteurs cités, p. 053, n. 3.
4. Africain, D., 30, De leg., f, 108, 12 : Cum qui iibi legaium fideive tuaenim»
sum sit, ut mihi restituas, si quidem nihil praeterea ex teslamento capias.dolum ffl«»
dumlaxal in exigendo eo legato, alioquin etiam culpam lemihi praeslaredeberecx
liniaml (Julien) : sicut in contractibus fidei bonae servatur, ut, si quidem uinnir
conlrahenlis commodum versetur, etiam culpa, sin unius solius, dolus malus W
modo praestelur.
EFFETS DES OBLIGATIONS. — THEORIE DES FAUTES 655
même dans le droit de Justinien, ne l'est pas par les actions du mandat
ou du louage,
mais par une action prétorienne in faclum (p. 569, n. 6)J.
3. Observations générales. Il ne faut pas oublier que, partout où le
rapport est un rapport conventionnel, la théorie des fautes est une sim-
ple interprétation de la volonté des parties et pourrait, selon les règles
du contrat, être modifiée par une convention contraire atténuant ou ag-
gravant la responsabilité du débiteur, sous cette seule réserve qu'il ne
pourrait par avance être dispensé des suites de son dol 2. Mais nous
avons à faire deux observations plus importantes, également relatives
i
surtout aux rapports conventionnels.
a) Responsabilité de la custodia. Le terme custodia est souvent em-
ployé pour désigner la diligentia que doit apporter à la garde d'une
chose l'individu responsable de sa faute. Mais, à côté de ce sens général,
il
en a un plus étroit où il exprime une responsabilité spéciale imposée
au débiteur et entraînant pour lui la garantie de certains cas fortuits,
ainsi du vol et de la détérioration de la chose, par opposition
aux cas
de force majeure proprement dite. Cette responsabilité peut évidemment
être imposée au débiteur par une clause expresse s. Mais, bien qu'il y ait
ment l'exécution des contrats nuls comme constituant des stipulations ou des pro-
messes pour autrui (pp. 450, n. 2 ; 452, n. 3).
1. C'est ià tort qu'on a vu une preuve du caractère de convention accessoire de
la stipulation poenae dans les solutions qui la déclarent nulle si le fait, à défaut
duquel la poena est promise, est un fait immoral, par exemple l'accomplissement
d'un délit, ou impossible, par exemple la délivrance d'un esclave déjà mort (I)-,
45, 1, De V. 0., 69). Cela peut s'expliquer par les principes de la condition. Au
premier cas. il y a une condition immorale qui entraîne la nullité des obligations
entre vifs (p. 471, n. 2) ; au second, il y a une condition impossible négative, qui
devrait faire considérer l'obligation comme pure et simple Ip. 472), mais la solu-
tion peut s'expliquer par l'idée que la condition appartient à la partie variable du
contrat qui, même dans les contrats de droit strict,, s'interprète par la volonté pro-
bable des parties (p. 470, n. 6).
2. Paul, D., 45, 1, De V. 0., 85, 6. Cf. D., 19, 1, De A. E. V., 47. D., 2, 11, Si
quis caul.. 9, 1.
3. Africain. D., 44, 7, De 0. et A., 23. C, 8, 37, De contr. slip., 12. Cf. Ulpien,
D., 4, 8, De receplis, 23. Quand l'obligation principale est pure et simple, il y a
un peu plus de difficulté sur le moment où la poena est encourue. V. sur les
opinions diverses, Papinien, D., 45, 1, De V. 0., 115, 2.
4. C'est un point contesté. Mais la preuve que la poena est encourue résulte, a
notre sens, de Paul, D., 9, 2, Ad leg. Aq., 22, pr. Quand l'esclave dû par contrat
verbal, périt par le fait d'un tiers, nous avons vu qu'on refuse l'action de la loi
Aquilia au débiteur libéré par la perte de la chose et qu'on donne une action de
dol contre l'auteur du délit au créancier dépouillé de sa créance (p. 413, n. a)-
Au contraire, au cas de stipulatio poenae, le débiteur, a, d après notre texte, >e
droit de poursuivre le tiers ; c'est donc qu'il n'a pas été libéré envers le créancier
par la perte de la chose. Cf. aussi, D., 4, 8, De recept., 21, 9, où la poena du
défaut de comparution judiciaire est regardée comme encourue, quoique la coin-
EFFETS DES OBLIGATIONS. — STIPULATIO POENAE 659
parution ait été empêchée par un cas de force majeure, et où les plaideurs en
sont seulement relevés par une doctrine bienveillante.
1. La question du choix ou du cumul ne se pose naturellement pas, quand la
créance de la poena existe seule, soit parce qu'on n'a pas fait d'autre contrat, soit
parce que le contrat principal est nul.
2. Papinien, D., 45. 1, De V. 0., 115, 2. Exemple: Textes, p. 818. Cela arrive
notamment en matière de dette d'argent, où le montant de \a poena est une in-
demnité du retard et où, précisément pour cela, elle ne peut valablement excéder
le taux légal des intérêts moratoires (D., 22, 1, De usuris, 9,
pr. ; la règle paraît
violée dans l'exemple précité).
3. Le cumul est la règle dans le système du droit moderne, C. civ., art. 1229
;
il est au contraire l'exception à Rome, où,
par suite du système des condamnations
pécuniaires, les dommages et intérêts, dont la stipulatio poenae joue le rôle, ne
sont pas une indemnité de l'exécution tardive ou incomplète, mais de l'inexé-
cution totale.
4. Paul, D., 44, 7, De 0.
et A., 44, 6. Papinien, D., 45, 1, De V. 0., 115, 2.
5. Julien, D., 19, 1, De A. E. V., 28. Ulpien, D., 17,2, Pro socio, 41. 42. Paul,
",, 17, 2, Pro socio, 71. Encore peut-on
se demander si ici comme ailleurs (cf.
P- 397, n. 2; p. 656, 2) le droit d'intenter l'action la plus avantageuse après
'autre pour l'excédent,
n.
ne date pas seulement de Justinien. V. en ce sens, en par-
ticulier
pour le premier texte, H. Krueger, Zeitschrift de Grùnhut, 1897, pp. 413-414.
660 LIVRE III. — IV. — TITRE 11
les deux puissances les plus pratiques à l'époque récente, per personas
inpoteslate manu mancipiove, dit-on dans une formule plus complète
et plus technique '. Au contraire anciennement il ne pouvait devenir
débiteur ni par ces personnes, ni par les personnes étrangères qui n'é-
taient pas en sa puissance (per personas exlraneas) et il ne pouvait pas
devenir créancier par ces personnes étrangères (per personas exlraneas).
Ce régime a été modifié, en laissant de côté des atténuations indépen-
dantes et plus restreintes, par exemple les dérogations à la prohibition
des stipulations et promesses pour autrui (p. 446 etss.),par la théorie pré-
torienne des actions adjecliciae qualitatis 2, qui permet de poursuivre le
1. Les deux applications les plus importantes sont les créances acquises per
liberos et per servos, sur la casuistique desquelles nous croyons au reste superflu
d'insister. Cf. fnsl-, 3, 17; D., 45, 3, De stipulalione sercorum ; Inst., 3, 28,
Per (]uas personas nobis obligatio adquirilur. Le maître devient créancier par son
esclave, en vertu de tous les contrats dans lesqu, ls l'esclave joue le rôle de stipu-
lant au sens large. L'acquisition a Heu, quelle que soit la cause du contrat, sans
qu'il y ait à s'occuper de savoir si dans la formule l'esclave a stipulé pour lui-
même ou pour le maître (Inst., 3, 17, De slip, serv., 1 ; restriction, Inst., h. t., 2),
sans qu'il y ait davantage à s'occuper de la volonté du maître, même quand il
est furiosus ou in/ans, même malgré lui (Julien D., 45, 1, De V. 0., 62), mais on
vertu de la propriété, par conséquent à condition que l'esclave ait un maître, et
non pas si c'est un esclave sans maître, sauf une restriction faite pour l'esclave de
l'hérédité jacente (Inst., h. t., pr.) ; par conséquent aussi, s'il y a plusieurs maîlres,
proportionnellement à leurs paris de propriété [Inst., h. t., 3 : v. les fnsl., h t., 3,
pour une exception, et 3. 27, Per quas pers., 2, pour le cas de propriété démem-
brée). Le père devient créancier par ses enfants en puissance de la même façon,
sauf trois différences principales: 1° le caractère nécessaire de l'acquisition de
la créance
nu père s'est restreint avec le temps dans la mesure où a été reconnue
l'aptitude du fils à avoir un patrimoine propre (pp. 139-141) 2" la puissance
;
paternelle n'est pas susceptible de division ni de démembrement ; 3' quand un
01s de famille fait
une stipulation comme adslipulalor, la créance reste sur sa tète,
tandis que Vadslipulalio d'un esclave serait nulle (Gaius, 3, 114).
2. On peut encore, si l'on veut, voir
une exception, alors plus ancienne et beau-
coup plus large, dans la règle selon laquelle tous les contrats qui peuvent se
former entre absents peuvent
se conclure par messager comme ils peuvent se
conclure par lettre (per nunlium vel epislulam) D., 44, 7, De 0. et A., 2,2
: ; D.,
•ï, 1, Mand., 1, 1
; D., 13, 5, De pec. const., 14, 3. Le nuntius est, dit-on parfois,
ea auxiliaire, donnant un simple concours matériel à l'acte par opposition au
«présentant, qui joue un véritable rôle juridique en concluant lui-même l'acte
(deIhering, Gesammelle Aufscit.se, 1, 1881,
p 122 et ss. ; Dernburg, 1, § 117, n 3) ;
«autres le considèrent représentant I intéressé dans la manifestation de sa
volonté
comme
par opposition aux véritables représentants qui le représentent dans sa
wlonté même (Windscheid,
1, § 73, n. 2i. Mais il est incontesté qu'il ne fait que
Porter j pun des contractants la volonté de l'autre, qu'il n'est,
comme on -a dit,
tuune lettre parlante. Pour admettre
son intervention, on n'a donc eu besoin de
«connaître que la possibilité de contracter entre absents, et
:
non celle de contrac-
erpar l'intermédiaire d'autrui. Cf.
sur la définition du nunlius, Mitleis, Slellver-
:
miraj pp J28-137, Il faudrait encoie moins considérer comme une repré-
—
ntation l'activité du courtier (proxeneta) qui fait métier de
provoquer la con-
usion des contrais
;
en transmettant les offres des intéressés des uns aux autres
5lt\e|nnan' une remunération recouvrée voie d'extraordinaria cognilio (D.,
I
5> u, De proxeneticis). par
|
662 LIVRE III. — IV. — TITRE II
1. La doctrine selon laquelle nos différentes actions ont ce qu'on appelle souvent
en partant de Gaius. 4, 35, une formule rutilienne, une formule avec transposition
desujets dont Yintenlio porte le nom de celui qui a fait l'acte (quidquid L. Tilium A.
Agerio dare facere oporlel ex fide bona.en matière de vente par ex.) et la condemnatio
le nom de celui à qui
on l'oppose (ejus judex N. Negidium A. Agerio condemna)
est la plus répandue et est, croyons-nous, la plus vraie. Elle est due à Relier,
Uliseonleslatio und Urtheil, 1827. pp. 420 432, et a élé, en dernier lieu, victorieu-
sement défendue par Lenel, Ed., 1, pp. 301-314. 330-334. Cf. aussi P. Krueger,
l- S. St.. 4 1884, pp. 108-111 et la scolie décisive de Stéphane, Ras., 12, 1, 61.
Les formules de
nos diverses actions auraient au contraire élé rédigées in factum,
d'après une doctrine soutenue notamment
par Mandry, p. 259 et ss., et Brinz,
hndekten, 2, pp. 203 et ss., et elles auraient eu une inlentio in jus au nom du
préposant fondée sur son obligation prétorienne exprimée par les mots quidquid
pttrem (dominum) praestare oporlel (cf. D., 23, 3, De j. d., 57), suivant une autre
doctrine exposée
par Baron, p. 136 et s.
2. Sans cela,
comme ont remarqué les adversaires de la formule avec transpo-
sition, le juge, auquel la formule dirait de condamner le maître si L'esclave est
obligé, absoudrait forcément le défendeur, les esclaves étant incapables de s'obli-
$< par leurs contrats. Mais la difficulté disparaît avec l'insertion dans la formule
d'une (Iction de liberté
(cf. D., 19, 1, De A. E. V., 24, 2 : In dominum actio sic
™w, ut emplor eadem consequatur quae libero vendenle consequi debuissel ; D.,
«i 2, De duob reis, 12 : Si servus spoponderit, in aclione de peculio eadem obser-
nridebent, ac si liber fuisset D., 14, 3, De inst. acl., 12 : Ulilis inslitoria actio).
;
ta formule
portera, par exemple, quand le maître est poursuivi en vertu d'une
'enle faite à l'esclave Quidquid ob
: eam rem Slichum, si liber essel, ex jure quiri-
lium.l. Agerio dare facere oporleret
ex fide bona. Des fictions analogues étaient
|ws doute employées
au cas de décès du fils ou de l'esclave isi Stichus lum
er Idssel, lum si heredem ejus... oporleret, ou encore si ejus nomine dari opor-
ere0 au cas où l'action
est intentée à raison de l'acte d'un impubère (si pubes
luisseï), etc.
\D-, 15, 4, Quodjussu. Gaius, 4, 70. Inst., h. t., 1. Cf. Pernice, Labeo, 1,
P-a07. L'action
est déjà connue par Labéon, D., h. t., 1, 9.
*• v-,
sur cette forme du mot, Gide, Études sur la novation, 1879, p. 388, n. 2.
661 LIVRE III. — IV. — TITRE II
rendre débiteur à sa place, puisque c'est un résultat que le droit romain n'admet
pas. 11 faut même reconnaître qu'en général, il ne dira sans doute pas agir dans
le but de rendre le préposant débiteur à côlé de lui et qu'en tout cas il n'a
pas
besoin de Je dire : car, si ce langage peut s'expliquer depuis la reconnaissance
de nos actions, l'édit qui les
a créées a dit viser des marchés déjà en usage dans
lesquels celte façon de parler eût été inconcevable. Le préposé n'avait donc cer-
tainement pas besoin, pour rendre le préposant débiteur à côlé de lui d exprimer
la volonté d'atteindre
ce résultat. Et des auteurs en ont conclu que nos actions
existent par le fait seul de la préposition, même quand le tiers contractant ne l'a
pas connue. V. dans ce sens en dernier lieu. Schlossmann, bas Kontrahiren mil
ojfener Vollmachl, 1892. Mais les deux choses
ne sont pas liées, et la doctrine do-
minante, défendue contre les objections de M. Schlossmann par M. Lenel, lahrbù-
clier de Ihering, 30, 1896.
pp. 131-144, admet, en parlant du lexle probable des
edils sur nos aclions et des besoins
en vue desquels ils ont élé faits, que le pré-
posant est tenu seulement quand le tiers a su, en contractant, trailer avec un
préposé agissant
pour le compte d'autrui.
t. D., 15. 3, lie in rem.verso.
2. D., 15, it j)e peculio. Inst., h.
t., 4. L'action est connue de Servius, D., h. t.,
•'• Ici le chef de famille est tenu,
en dehors de tout consentement, par le fait
même de la constitution du pécule. Gains /)., h. t., 29, 1 Eliamsi prohibueri
:
conlrahi eum servo dominus, erit in de peculio actio. Exemple. D , h. L, 47, pr.
3. Gaius, 4, 74
eum
a : Eadem formula et de peculio et de in rem verso agilur. Inst.,
"'•,46: licet enim una est actio qua de peculio deque eo quod in rem domini
Mrsumsil agilur, lamen duas habet condemnaliones. Cf. Lenel, Ed., 1, pp. 324-326.
*• D-, h. t., 30, pr.
: Intenditur enim rente, eliamsi nihil sil peculio.
°- V. en ce sens Lenel, Ed., 1,
pp. 326-327 (qui propose en conséquence pour
action deposili de peculio la demonslralio suivante Quod A. Agerius apud
:
ticlium qui in N. Negidii poleslate est, mensam argenteam déposait). En sens
«raire, Baron, p. 148. Karlowa, R. R G., 2, pp. 1143-1144. Le principal ar-
gument pour soutenir
que la formule restreignait 1 action au contenu du pécule
, a notre avis, dans les textes qui paraissent admettre que Ion peut agir de
nouveau si d'autres biens
entrent ensuite dans le pécule (D., h. t., 30, 4. 47, 2;
•' tl, 2, De j. j., 26, 1, par ex.) ; mais ces textes peuvent s'expliquer par une in
egrum restitulio rendant l'action éteinte el ils seraient à la rigueur explicables
sans cela.
666 LIVRE III. — IV. — TITRE II
que pour le fait du pécule qu'il détient, et qu'une nouvelle poursuite ne sera po s-
sible que par une restitution de l'action (cf. p. 665, n. 5). A la vérité on avait beau-
coup soutenu l'interpolation du texte qui donne ces deux solutions (Ulpien, 2 disp. :
D-, h. t., 32, pr.), en disant qu'Ulpien était représenté comme s'y contredisant;
mais le texte original d'Ulpien contenu dans les fragments de Strasbourg, Z. S.
St., 2a, 1904, p. 369, a montré qu'il n'y avait pas de contradiction, en nous appre-
nant que le principe de l'extinction était posé par Julien et l'action restitutoire
donnée par Ulpien.
1. Papinien, D., 14, 1, De exercitoria act., 5, 1 : Hoc ediclo non transfertur
actio, sed adjicitur. Ulpien, D., 15, l, De
pec, 44 : Si quis cum filio familias con-
trôlait, duos habel debilores filium in solidum et patrem dumtaxal de peculio.
2. L'esclave et le Ois diffèrent
encore, au point de vue de nos actions, en ce que,
d'après le sénatus-consulte Macédonien, le fils
ne peut engager le père de peculio
en empruntant de l'argent (p. 517, n. 3), tandis que l'esclave le peut et en ce que
l'esclave à la différence du fils est incapable d'engager
son pécule dans l'intérêt
d'autrui (inlercessio D.. 15, 1, De 3, 5. 6. 9).
; pec,
3. Paul, D.,15 4, Quod jussu, 5,
pr. Mais cf. le même, D.,h. t., 2, 1, qui donne au
contraire l'action quod jussu à raison du prêt fait jussu palris aut domini à une
aile ou une ancilla. On pourrait
essayer de lever l'antinomie en rapportant le se-
cond lexte au
cas, très ordinaire, où le prêt a été accompagné d'un contrat verbal.
M- Gérardin, N. R. H., 1900,
p. 27 et ss., estime au contraire que le second texte
pose In règle et
que, dans le premier, la personne en puissance a simplement
'eçu la numération des deniers vertu d'un emprunt conclu personnellement
en
par le père ; qu'en conséquence le muluum fait,
comme les autres contrats, nai-
"6 1 action directe contre le fils et seulement l'action adjecticiae qualitatis contre le
Père. V. le même article
s»He
sur d'autres textes et un argument tiré du sé,iatus-con-
Macédonien
668 LIVRE III. — IV. — TITKE II
mille se trouvait tenu non seulement par l'action de in rem verso, mais
par l'action quod jussu, par l'action institoire ou l'action exercitoire, le
tiers pouvait, s'il le préférait, le poursuivre civilement en répétition par
une condietio dont on semble rattacher l'origine à l'idée de jussum '.
§ 2. — Bettes contractées par l'intermédiaire des tiers-
L'ancien droit civil n'admettait pas que les citoyens pussent devenir
débiteurs par l'intermédiaire de leurs personnes en puissance. Il admet-.
tait encore bien moins qu'ils pussent le devenir par celui de personnes
étrangères, d'extraneae personae. Le droit récent, en particulier le droit
prétorien, étendit au contraire le système des actions adjecticiae qua-
litatis aux engagements pris par une personne pour le compte d'uni 1
capable dont il gère les biens. Il est beaucoup plus douteux, pour le droit
antérieur à Justinien, qu'au cas de gestion d'affaires non ratifiée ou, ce
t[ui revient au môme, au cas où le mandataire a agi en dehors de
L Papinien, D., 14, 3, De inst. act., 19, pr. : In eum. qui mutais accipiendis.
périmas procuralorem praeposuil. ulilis ad exemplum insliloriae dabilur actio : quod
«/ne jaciendum erit et si procuralor solvendo sit, qui siipulanti pecuniam promisil ;
fl„ 17, I. Mand.. 10, 5; D., 19, 1, De A. E. V., 13, 25. Sur la dénomination d'aclio
tiegotiorum geslorum qui parait donnée à cette action, D., 3,5, De neg. gesl., 30
(31),
/jr., cf. Schlossmann, dans les lahrbùcher de Ihering, 28, 1889, pp. 287-343
et les renvois de Windscheid, 2, § 482,
n. 8.
C. 4, 26. Quod cum eo, 7, 3 : Alioquin si cum libero rem agenle ejus, cujus
-•
frecibus meminisli. con/raclum habuisli et ejus personam elegisli, pervid es contra
iominum nullam le habuisse actionem, nisi vel in
rem ejus pecunia processil vel hune
«mtraelum ralum habuil.
3, C 2, 24 (23), Si tutor vel curator, 4.
,
*• H
a suffi pour cela de renverser le sens du lexte par l'addition de la finale
»isi cet in
rem ejus pecunia processif vel hune contraclum ralum habuil. V. la
démonstration plus détaillée de Lenel, Archiv, 77, 1892,
pp. 354-362 ; cf. Scliloss-
fflann, lahrbiïcher de Ihering, 34, 1896, pp. 316-335, qui voit même dans celte
interpolation
un simple essai maladroit d'explication, insuffisant pour impliquer
ee la part de
ses auteurs, la création de l'action de in rem verso ulilis. — Une finale
s)'mctii(|ue pourrait également avoir été ajoutée par les compilateurs dans un
texte du Digeste invoqué
dans le même sens, D., 17, 2, Pro socio, 82 : Jure socie-
'"« per socium
aère aliéna socius non obligalur, nisi in communem arcam pecuniae
«70 LIVRE III. — IV. — TITRE II
Mais il faut bien remarquer une chose : c'est que, soit dans le cas
d'action de in rem verso utile admise par Justinien, soit dans les cas de
mandat civil ou commercial et de gestion d'affaires ratifiée sanctionnés
auparavant par les actions exercitoire, institoire et quasi-institoire, l'ef-
fet de la réforme n'a pas été de faire passer l'action de la tête d'un su-
jet passif sur celle d'un autre, mais de donner au créancier un second
débiteur à côté du premier *. Il n'y a pas là une véritable représentation
ayant pour résultat de faire considérer l'acte du représentant comme
ayant été accompli par le représenté ; car, si désormais celui pour lequel
a été fait l'acte est soumis aux poursuites, celui qui y a figuré y est tou-
jours soumis : une véritable représentation impliquerait, d'une part, que
le représenté fût soumis aux poursuites, quoique n'ayant pas ligure à
l'acte, et, d'autre part, que le représentant ne fût pas soumis aux pour-
suites, quoique ayant figuré à l'acte.
La représentation passive est plus complète seulement dans deux
cas : 1° dans celui où l'individu qui a agi pour le compte d'autrui esl
non pas un fondé de pouvoir conventionnel, mais un fondé de pou-
voir légal, un tuteur, un curateur, un administrateur des biens d'une
personne morale : ces personnages étaient seuls tenus dans l'ancien droit
•des engagements pris par eux pour le compte des pupilles, des incapa-
bles. Le droit nouveau permit de poursuivre, à raison de leurs engage-
ments, après l'expiration de leurs fonctions, ceux dont ils avaient géré les
affaires, comme on peut poursuivre les mandants à raison des engage-
ments des mandataires ; mais de plus il leur permit alors à eux-mêmes
de se soustraire aux poursuites, de repousser par une exception les ac-
tions intentées contre eux à raison des engagements pris pour le compte
des incapables 2 ; 2° dans celui où l'obligation résulte d'un muluum ou
d'un paiement de l'indu : depuis l'époque et dans la mesure où la pos-
session peut s'acquérir per extraneam personam, ce sera l'intéressé, pu-
pille, mandant et non pas le fondé de pouvoir, mandataire, tuteur, qui
sera obligé re à la restitution 3. On peut dire que la représentation par-
faite est admise là au point de vue passif, jure civili, comme elle les
dans le cas précédent, jure praetorio, par un jeu de procédure ; mats
c'est tout.
versae sunt. Mais on peut aussi rapporter ce texte aux rapports des associes eni
eux. V. en ce sens, Lenel, p. 354.
1. Papinien, D., 14, 1, De exerc. act., 5, 1 (p. 667, n. 1). Ulpien, D.,h. t., 1,
17 : Esl autem nobis eleclio ulrum exercilorem an magislrum convenire volumus.
^
2. D., 26, 9, Quando ex facto tutoris vel curaloris, 5 ; Antonin Caracalla, G-, a,
39, Quando ex facto tutoris, 1 : Nam tutores curatoresque finito officia non esse eo
veniendos ex administralione pupillorum adulescentiumque saepe decrelum est-
3. V. pour le muluum, p. 510, n. 2, pour la condietio indebiti, D-, 12, *>,
«ond. ind., 57, 1. Cf. pourtant Gérardin, N. R. H., 1900, pp. 29-32.
EFFETS HES OBLIGATIONS. — ACTIONS ADJECTICIAE QUALITATIS 671
§ 3. —
Créances acquises par l'intermédiaire de tiers.
Il y a, au principe qu'on ne devient pas créancier per extraneam per-
sonam, deux dérogations correspondant aux deux hypothèses de repré-
sentation parfaite que nous venons de rencontrer au point de vue pas-
sif : 1° On devient débiteur ex mutuo, ex solutione indebiti, parce que
l'on peut acquérir par l'intermédiaire d'autrui la possession, qui, accom-
pagnée du juste titre, entraînera la propriété des choses prêtées ou payées
indûment. On peut également par l'intermédiaire d'autrui se dépouiller
de la possession et par conséquent de la propriété. On deviendra donc
aussi, par l'intermédiaire d'autrui, créancier ex mutuo, créancier de
l'indu et le tiers qui aura remis les deniers ne le deviendra pas '.2° De
même le tuteur, le curateur, l'administrateurd'une personne morale, qui
fait un contrat pour le compte de l'incapable et qui devient seul créancier
d'après le droit civil, voit, en droit nouveau, à la fin de ses pouvoirs, la
créance être paralysée dans ses mains par une exception en même temps
qu'elle est transférée comme action utile sur la tête de l'ex-incapable i.
Ici encore la représentation parfaite est admise jure civili, dans le pre-
mier cas, et jure praetorio, par un jeu de procédure, dans le second.
Mais la question est de savoir ce qu'il faut admettre dans les autres
cas, dans ceux où le fondé de pouvoir est un fondé de pouvoir conven-
tionnel et non pas légal et où c'est à lui que la créance a été acquise
jure civili. Ne faut-il pas admettre qu'on a fait, jure praetorio, au point
de vue actif,
une réforme symétrique à celle qui a été faite au point de
vue passif, que le mandataire qui rend désormais le mandant débiteur
prétorien le rendra aussi créancier prétorien ?
On a soutenu, en vertu de l'analogie et de considérations d'équité ap-
parente plus encore qu'à raison de textes décisifs, que cette réforme
aurait été faite sous l'influence d'Ulpien 3 ; qu'on aurait fait alors pour
1. Paul, D., 45, 1, De V. 0., 126, 2 : Plane si liber homo nostronomine pecuniam
iarel vel suam vel noslram, ut nobis solveretur, obligatio nobis pecuniae creditae
adquireretur (qu'à la vérité M. Gérardin, p. 33 et ss., entend d'une condietio quasi-
eontractuelle produisant sensiblement les mêmes effets). Nous avons vu, p. 510,
les extensions apportées à la règle
pour le cas où les deniers ne viennent pas du
prêteur, mais sont remis en son nom sur son ordre et même, d'après Ulpien, D.,
'2,1, De R. C, 9, 8, à
son insu. La solution donnée par Justinien, C, 5, 27,
fer quas personas, 3 (2),
en vertu de laquelle le mandant aura l'action hypothé-
caire est une extension de la même idée,
par suite de laquelle on a interpolé D.,
20,1, De pign., 2\,pr.
; v. pour le droit classique D., 13, 7, De P. A.,U, 6.
2- Ulpien, D., 26, 9, Quando
ex facto, 2 (tuteur, curateur) ; D., 13, 5, De- pec.
*'•> 5, 9 [actor municipum, tuteur, curateur ; texte qu'à la vérité M. Mitteis,
wlleertretung,
pp. 69-77, entend d'une représentation admise par le droit préto-
'ien à la différence du droit civil) D., 12, 1, De R. C, 26 (tuteur, curateur,
; man-
flataire d'un militaire) Dioclétien, C, 5,
; 39, Quando ex fado. 4. Cela n'empêche
«ailleurs
pas même là Dioclétien de rappeler le principe en disant, C, h. i., 5 :
ortutorem pupillo actio nisi cerlis causis quaeri non polest.
ex
o. L'argument d'analogie saute aux
yeux. Les considérations d'équité sont aussi
672 LIVRE III- — IV- — TITRE II
les créances la môme chose que pour les dettes, et peut-être davantage, ;
§4. —
Responsabilité délictuelle fondée sur la puissance
ou la propriété (aot/ones noxa/es).
Les chefs de famille deviennent sans difficulté créanciers par les dé-
lits dont les personnes ou les choses leur appartenant sont l'objet.
Mais, tandis qu'ils ne sont obligés par les contrats ou plus largement
par les faits licites de leurs personnes en puissance qu'en vertu d'un
développement récent dû à l'édit du préteur, les faits illicites dont te
auteurs se trouvent en leur puissance engagent en un certain sens leur
responsabilité dès l'époque la plus ancienne. C'est en vertu du système
de la noxalité dont l'histoire ramène, avec l'idée de vengeance, aux ori-
gines mêmes de la théorie des délits 3.
acl., 1, 18, spécifie également, pour les contrats du magisler navis, que l'édit ne
donne pas d'action en vertu de ces contrats à Vexercitor, et que c'est en dehors Je
la procédure ordinaire que le préfet de l'aunone à Rome et les gouverneors tû
province viennent à son secours : Soient plane praefecti propler minisleriiim «»-
nonae, item in provinciis praesides provinciarum extra ordinem eos juvare ex con-
tracta magistrorum.
1. C'est supposable en vertu de vraisemblances générales plutôt qu'à raison d'à»
texte d'Ulpien, D-, 45, 1, De V. 0., 79 (Lenel, 1604) qu'on a invoqué dans ce sens,
mais qui est relatif à la matière distincte de la représentation judiciaire.
2. C'est ainsi qu'il faut probablement comprendre le texte d'Ulpien, p. 671,1-3,
dans lequel on a voulu voir la reconnaissance générale du droit du mandant d'a-
gir contre les tiers et qui alors serait en contradiction non seulement avec te
décisions d'autres textes, mais avec celle d'Ulpien lui-même cilée, p. 672, n.'•
Ulpien vient de dire que le tiers peut poursuivre le mandant, et il continue en
disant qu'en conséquence, dans le cas où il y a eu une poursuite de ce genre, le
mandant peut aussi agir contre le tiers. Peut-être même faut-il, avec M. de Ihe-
ring (OEuvres choisies, 1, 1893, pp. 247-257), entendre le texte du droit qu'aura le
mandant poursuivi de faire valoir dans le même procès sa propre créance.
3. D., 9, 4 ; fnsl., 4, 8 : De noxalibus aclionibus. D., 9, 1 ; fnsl., i, 9: Si'?»'
drupes pauperiem fecisse dicitur. On trouvera une bibliographie étendue et de nom-
breux détails dans notre étude sur les Actions noxales (N. H. IL, 1887, pp, ™f
449; 1888, pp, 31-58). V. parmi les travaux postérieurs, Kipp, Z. S. 5/..10,1*
pp. 397-404, et Cuq, Institutions, 1, pp. 112-114.
m EFFETS HES OBLIGATIONS. — ACTIONS NOXALES 675
L'action noxale est l'action par laquelle la victime d'un délit demande
à celui qui a l'auteur de ce délit en sa puissance de lui en payer la com-
position ou de lui en livrer l'auteur. C'est un produit nécessaire de l'é-
volution qui a conduit de la vengeance privée aux compositions légales
en passant par les compositions volontaires. Tant qu'il n'y a pas eu de
compositions légales, le droit de la victime du délit a été le môme, que
l'auteur du délit fût en puissance ou non ; toute la différence produite
par la puissance était que la victime avait le droit d'exiger du titulaire
de la puissance qu'à peine de s'exposer lui-même à la vengeance il n'y
fit pas obstacle, qu'il se dégageât de toute solidarité avec le délit en livrant
le coupable : elle pouvait là comme partout renoncer à sa vengeance,
moyennant une composition volontaire ; mais elle n'était pas plus qu'ail-
leurs obligée de s'en contenter ni en droit de l'exiger. La création des
compositions légales a au contraire fait surgir là une difficulté spéciale.
Quand l'infraction vient d'un animal, d'un esclave, d'un fils de fa-
mille, l'amende qui remplace le droit de vengeance ne peut être de-
mandée au coupable, puisqu'il n'a pas de patrimoine. Elle peut bien, à
la vérité, être payée par le chef de famille qui l'a
en puissance, et alors
la victime n'a rien à dire ; car le droit môme lui ordonne de s'en conten-
ter, de renoncer à sa vengeance à ce prix ; mais on ne peut le contrain-
dre à la payer, puisque c'est la
rançon d'un acte illicite qui n'a pas été
commis par lui. II faut lui donner le choix ou bien d'accepter le régime
nouveau, de payer la composition légale, ou bien de s'en tenir au régime
ancien, de laisser la vengeance suivre son cours. Et c'est ainsi que l'é-
volution logique du système des délits privés fait naître l'action noxale ',
a
par laquelle la victime d'une offense venant d'un être animé, actuelle-
ment sous la puissance d'autrui, demande à celui qui a cet être en
puissance ou bien de livrer l'auteur du délit à sa vengeance ou bien dt
lui payer l'amende (noxiam sarcire aut in noxam dedere) '. La même
conception explique parfaitement les conditions d'existence et les effels
de l'action noxale.
I. Conditions d'existence.— L'action noxale est une action pour la-
quelle on demande à celui qui a entre les mains l'auteur d'un délit de
à Relier et appuyée sur D., 9, 4, De TV. A., 42, 1, a longtemps fait considérer "
formule des actions noxales comme ayant pour intenlio les mots : Si parel *". -
gidium A. Agerio propter servum dare oporlere.
2. Infractions des animaux (actions de pauperie, de pastu), v. p.395, n. >
fractions des hommes, Gaius, 4, 76 : Conslitulae sunt autem noxales action®
legibus aul ediclo praetoris : legibus, velut furti lege XII labularum, dam1"
r EFFETS DES OBLIGATIONS. — ACTIONS NOXALES 67Î
nées de délits, qui seraient données contre l'auteur lui-même s'il était sut
juris, sont données comme noxales, s'il est alieni juris, et le sont aux
mêmes conditions, notamment, dans le droit historique où il n'y a pas
de délit sans intention, à condition que l'individu soit capable de s'obliger
ex delicto,
jouisse de sa raison : idée étrangère à l'ancien droit,qui était
la condamnation des actions noxales nées du chef des animaux et à
laquelle on a maladroitement essayé de les adapter (p. 395, n. 1).
2° Quant à l'auteur de l'acte, qu'il ne soit pas sui juris ; car, sans cela,
le droit de la victime est de lui demander la composition à lui-même.
C'est parce que le coupable n'a pas de patrimoine qu'on demande à
celui qui l'a en sa puissance s'il veut payer ou faire l'abandon noxal. Ce
système s'appliquait aux animaux, aux esclaves et aux personnes in
pallia polestate, d'après des textes formels. Il s'est, à notre sens, aussi
appliqué aux personnes in manu et in mancipio. Mais, tandis que ce
régime subsista toujours pour les animaux et les esclaves, il disparut
avec la manus et la causa mancipii pour les personnes qui étaient autre-
fois soumises à ces puissances ; il fut aussi aboli par Justinien pour les
pp. 180-183. Z. S. St., 20, 1899, pp. 5-7. Naber, Mnemosyne, 30, 1900, pp. 109-
178. Cette question préalable était tranchée à l'aide d*inlerrogalion.es in jure et,
selon la réponse qu'elles recevaient, on donnait à la formule des rédactions diffé-
rentes, notamment à l'aide d'exceptions et de praescriplion.es diverses. Cf. N. S.
H., 1887, p. 447, n. 1 ; Lenel, Z. S. St., 20, 1899, pp. 7-11. Ed., 1, pp. 183-186.
1. Dans les deux cas, auxquels il faut même ajouter celui où l'on a frauduleuse-
ment nié avoir l'auteur in potestate, on est tenu in solidum de la peine du délit.
L'obligation in solidum a été établie par l'édit du préteur contre celui qui a aie
avoir l'auteur in potestate ou a frauduleusement cessé de l'y avoir (édit : D., 9,4, De
N. A., 21, 2; commentaire, D., h. t., 22, 4 où l'on remarquera la possibilité pour
le demandeur de déférer le serment nécessaire). Elle l'a été, pour le cas où le
maître a commandé le délit ou en a eu connaissance, par une disposition de la loi
Aquilia sur la portée de laquelle il y a même eu des controverses (D., 9, 4, "e
N. A., 2, 1). Cf. N. R. IL, 1887, p. 420, n. 3.
2. Gaius, 4, 77. C'est la règle noxa caput sequitur. L'action est donnée comme
directe contre l'individu, s'il est sui juris au moment de la poursuite, quelle que
fût sa condition au moment du délit ; elle est donnée comme noxale contre le maî-
tre du moment de la poursuite, quand bien même il ne l'aurait pas été au mo-
ment du délit, et, à l'inverse, elle n'est pas donnée contre le maître du moment
du délit, s'il n'a plus lapotestas à celui de la poursuite. C'est la réfutation delà
doctrine, autrefois répandue, selon laquelle le maître serait tenu de l'action noxale
en vertu d'une faute présumée.
3. Cf. N. R. H., 1887, pp. 435-438. V. D., 9, 2, Ad leg. Aq., 37, 1, pour la mort
de l'animal et D.,9, i,DeN. A., 16, rapproché de 26, 4, pour celle de l'esclave. Seu-
lement, lorsque la mort avait été causée par un délit, le défendeur pouvait se libé-
rer en cédant ses actions (Z»., 9, 1, Si quadrupes, 1, 16) et on sait aujourd'hui, par
le fragment d'Autun qui est venu éclairer le texte mutilé de Gaius, 4, 81, qu'il pou-
vait, en dehors de là se libérer en abandonnant le cadavre du fils ou de l'esclave,
mais non de l'animal. Le même lexte nous apprend que cet abandon pouvait se
restreindre à une portion du corps du mort, et il semble même discuter ensuite
le point de savoir si l'abandon du cadavre est possible lorsque c'est par le pater-
familias que l'esclave ou le fils a été mis à mort (fragment d'Autun, 82-86,.
4. Gaius, 4, 78.
EFFETS DES OBLIGATIONS. — ACTIONS NOXALES 679
II. Effets des actions noxales. — Les effets des actions noxales sou-
lèvent deux questions principales : celle du caractère de l'obligation
sanctionnée par l'action et celle des formes de l'abandon noxal.
Quant au caractère de l'obligation, on discute, parfois assez peu mé-
thodiquement, si c'est une obligation alternative ou une obligation fa-
cultative. A notre sens, il faut distinguer trois moments. Jusqu'à la litis
conteslatio, celui qui est tenu l'est seulement de l'abandon noxal, avec
simple faculté de se libérer par le paiement de l'amende ; car il cesse de
l'être en .aliénant ou en perdant la chose '. Après la litis conteslatio, il
est tenu d'une obligation alternative et il restera obligé malgré la perte de
la chose 2. Enfin, après la sentence, sa dette a pour objet l'amende ; mais
il garde la faculté de se libérer par l'abandon noxal, qui ne disparaît
qu'au moment où on intente contre lui l'action en exécution du juge-
ment (action judicati) 3.
Pour les formes de l'abandon noxal, il semblerait à première vue qu'il
doit suffire de-se débarrasser de l'auteur de l'infraction. Mais cela ne
suffit pas absolument. Le demandeur peut se contenter d'emmener le
coupable avec l'autorisation du magistrat : c'est, pour les esclaves et les
animaux, un cas de propriété prétorienne (p. 313, n. 2), Mais il peut
«xiger un acte positif du défendeur, la noxae dedilio, qui lui fera avoir
le coupable in mancipio ou in potestate *.
La noxae dedilio se fait : pour les animaux, comme toute aliénation
volontaire, par mancipation pour ceux qui étaient mancipi et par tradi-
tion pour les autres avant Justinien,
par tradition pour tous depuis
Justinien; pour les esclaves, qui étaient des res mancipi, également par
mancipation avant Justinien et par tradition depuis lui ; enfin pour les
personnes libres, par une mancipation qui les mettait in mancipio et qui
a disparu sous Justinien avec l'abandon noxal des personnes libres,
b effet de cette dedilio était, à l'origine, aussi définitif
que celui de toute
autre aliénation : la vengeance même,
en vue de laquelle était fait l'a-
bandon, n'impliquait
pas une autre conception. Mais plus tard le point
de vue a changé
: on a considéré le coupable moins comme un offen-
seur livré à la vengeance de l'offensé que comme un débiteur insolva-
ble livré à
son créancier pour le payer par son travail, et, en partant de
la, on lui
a permis de demander sa libération quand il s'était acquitté,
kette solution était déjà admise
pour les délits des fils de famille par
J- Aliénation
\ :D., 2, 9, Si ex nox., 2, pr. Mort: D., 9, I, Si quadr., 1, 13; D.,
-V' J-' 39' 4> rapproché de D., h. t., 26, 4.
/."'vv P' 6'^' n- 3- C'est une conséquence peut-être plus fortuite que préméditée
y- •'• «• H., 1888, p. 48) de la rédaction de la formule (p. 676, n. i).
"°-, 42, 1, De lie jud., 6, 1.
*-.°- 9, 4, De N. A., 32. Cf. pourlant Eisele, Z. S. St., 13, 1892, p. 124, qui
«msidere le texte
comme interpolé.
680 LIVRE 111. — IV. — TITRE H
Papinien l ; elle a été transportée par Justinien aux délits des escla-
ves 2.
1. Gaius, D., 50, 17, De R. ./., 100: Omnia, quae jure contrahunlur, contraria
jure pereunt. Ulpien, D., 50, 17, De R. J., 35: Nihil tam naturale est quam ta
génère quidque dissolvere quo colligatum est. Cf. sur cette règle, Leist, Uebcr Uc
Wechselbeziehung zwischen dem Rechtsbegrûndungs - und Reclilsaufhebunasait,
1876. Nous en avons vu des applications en matière de droit de famille où la me-
nus créée par confarrealio s'éteint par diffarreatio (p. 159, n. 4), dans le droit des
biens où les servitudes constituées par une in jure cessio, qui esl le simulacre
d'une action confessoire, s'éteignent par une in jure cessio simulant une aclion
négatoirc (p. 375, n. 5). Nous en verrons d'autres dans le droit des successions
où les legs se révoquaient dans des termes inverses de ceux de leur collation. Ira
cite encore, dans un ordre un peu différent, Vexauguratio corrélative à rinfli'î""
ratio, l'emploi fait de la charrue pour la fondation et la destruction légale des
villes. Mais son grand domaine (v. outre les textes cités, Pomponius, 0-, w> '';
De solut., 80; Paul, D., 50, 17, De R. /., 153) est la matière des obligations, ou
le principe selon lequel l'obligation peut se dissoudre par un procédé inverse de
celui de sa formation est toujours resté vrai pour les obligations nées de contra»
formels et où il a même élé plus ou moins heureusement étendu aux obligations
nées sans forme, aux obligations nées re qui s'éteignent, dit-on, re par le paiernen
(Pomponius, D., 46, 3, De solut., 80), aux obligations nées consensu qui s'éleignen
.aussi par un contrarias consensus (Ulpien, D., 50, 17, DeR. J., 35).
f EXTINCTION DES OBLIGATIONS 683
L'obligation née d'un acte formel était éteinte par un acte formel in-
verse. Et ce formalisme des actes de libération présentait encore, d'une
manière peut-être plus accidentelle que voulue, des avantages analo-
gues à ceux du formalisme des contrats : il protégeait les parties contre
les surprises en provoquant leurs réflexions, en leur rappelant les dis-
positions de l'acte primitif au moment de son extinction ; il facilitait la
preuve en précisant les souvenirs des témoins ; il simplifiait la tâche
du juge en délimitant le champ des moyens de défense. Mais lui non
plus n'a eu qu'un temps. L'ancien système a été renversé le jour, à
notre avis antérieur aux commencements de l'Empire, où le droit civil
a admis qu'un mode non formel tel que le paiement pourrait éteindre non
seulement les obligations nées sans formes pour lesquelles l'exigence
d'une extinction formelle eût été peu raisonnable, mais les obligations
nées des contrats formels elles-mêmes '. Le droit prétorien et le droit
droit, peu prodigue d'actes, n'aurait pas créé des procédés d'extinction dont oa
n'aurait eu besoin qu'en l'absence d'exécution, pour faire des remises à titre
gratuit. Il ne se serait pas plus préoccupé de créer des procédés à titre gratuit
pour la remise de dette que pour la translation de propriété ou la formation des
obligations. Enfin la règle première selon laquelle les obligations non seulement
pouvaient, mais devaient s'éteindre par un conlrarius aclus a laissé des traces
dans des textes qui la reproduisent encore maladroitement à une époque où elle
a cessé d'être vraie. Ainsi Pomponius, lib. 5 ad Q. Mucium, D., 46, 3, De solut.,
80, écrit : Proul quidque contractum est ita et solvi débet, et il en conclut que les
obligations nées re doivent être éteintes re, que celles nées verbis doivent être
éteintes re ou verbis. Il y a là, entre le commencement du texte et la fin, une dis-
cordance flagrante qui vient peut-être, a-t-on dit, de ce que le commencement
est de l'auteur commenté, de Q. Mucius, et la fin du commentateur, de Pomponius.
En tout cas, la maxime du début n'a pu être ainsi formulée qu'à une époque où
le parallélisme du mode de s'obliger et du mode de libération n'était pas seule-
ment une faculté, mais une obligation.
1. Le simple paiement suffit à l'époque de Gaius, 3, 168 et ss., à éteindre non
seulement l'obligation née verbis mais l'obligation née^er aes et libram, qu'il met
sur la même ligne et l'obligation née lilleris, d'ailleurs alors en voie de désuétude.
Il est plus malaisé de déterminer jusqu'à quel moment l'ancien régime a subsiste.
En ce qui concerne particulièrement l'acceptilation verbale pour laquelle les
documents sont les plus abondants, M. Mommsen, Hermès, 12, 1877, p. 109, a cru
trouver dans les quittances de Pompéi tp. 688, n. 5), la preuve que l'acceptilation
aurait encore été nécessaire au début de l'Empire, n'aurait pu être remplacée
par le paiement que vers l'époque de Claude à laquelle seule apparaîtraient
dans la collection de simples quittances, constatant des paiements, à la place
d'autres actes d'un type plus ancien, constatant des acceptilations. Mais, à notre
avis, les actes du premier type eux-mêmes constatent, ainsi que l'a montre en
dernier lieu M. Erman, Z. S. St., 20, 1899, pp. 191-211, des paiements et non
des acceptilations : ils sont donc étrangers à la question. Au contraire, il existe
au moins une preuve que le simple paiement éteignait les obligations nées
verbis vers la fin de la République. Un esclave ne peut faire acceptilalion aux
débiteurs de son pécule, D., 46, 4, De accept., 22; par conséquent le paiement
qui lui est fait ne peut être libératoire qu'à titre de paiement et non comme
paiement accompagné d'acceptilation ; or le disciple de Ser. Sulpicius, Alfenus
Varus, cos. 715, dit qu'on peut payer valablement entre ses mains (recle sola)-
D., 46, 3, De solut., 35. Les solutions rapportées par Cieéron, De leg-, 2, 20. - ^
dans lesquelles le grand pontife P. Mucius Scaevola suppose une action en re-
EXTINCTION DES OBLIGATIONS. .— PAIEMENT • 685
impérial récent n'ont probablement ' fait que marcher dans une voie
déjà ouverte en appliquant à toutes les obligations d'autres modes nou-
veaux toujours plus( nombreux, comme ils ont fait par exemple, le pre-
mier pour la simple convention de remise de dette (pactum de non pe-
tendo), le second pour la prescription extinctive et tous deux pour la com-
pensation. Nous passerons en revue les divers modes d'extinction ainsi
reconnus progressivement, en prenant d'abord les modes volontaires,
puis les modes forcés.
§ 1. — Paiement.
Le paiement 2, solutio au sens strict 3, est l'extinction de l'obligation
par l'accomplissement de la prestation qui en faisait l'objet (praestalio
vent rei debitae). C'est un mode volontaire ; car il suppose une inter-
vention de volonté et même, en un certain sens, un accord de volontés
;
mais pourtant c'est un acte nécessaire auquel chacune des parties peut
couvrement du reliquat d'un legs déjà payé en partie, semblent même impliquer,
dès l'époque de ce pontife, des legs payés autrement que
per aes et libram ; car
le paiement per
aes et libram ne peut être partiel (p. 711). Et si les dettes nées de
legs, qui sont des dettes soumises à la solutio
per aes et libram (p. 710, n. 2),
pouvaient dès cette époque être éteintes par un simple paiement, il est à croire
qu'on pouvait, à plus forte raison éteindre de même les dettes nées verbis et lille-
ris. Alors la réforme aurait été opérée dès le temps de P. Mucius,
cos. 621, grand
pontife vers 623 ou 624, et la formule rapportée
par Pomponius, p. 683, n. 3, ne
pourrait exprimer, à l'époque de Q. Mucius Scaevola, cos. 659, mort en 672,
droit déjà dépassé. Cf. Erman, Zur Geschichte der rômischen Quillungen und
un
Solu-
ttonsakte, 1883, pp. 75-79, qui invoque le temps de Plaute des textes,
à notre avis
encore pour
peu probants, de VAsinaria, 2, 4, 26 et ss. ; 3, 2, 33-37.
1. On pourrait cependant encore comprendre que le simple paiement fut de-
venu libératoire exceptionis
ope depuis l'introduction de la procédure formulaire
in temps plus ou moins long avant de l'être ipso jure.
- D., 46, 3, De solutionibus et liberationibus. Inst., h. t., pr.
3- Ulpien, D., 50,
16, De V. S., 176 : Solvere dicimus eum qui fecit quod facere
Promisit. Dans
un sens large, conforme à l'étymologie, solutio désigne toute libé-
ration du débiteur (Paul, D., 46, 3,
De solut., 54).
686 LIVRE III. — IV. — TITRE III
obligatio). Mais d'autres (Ulpien, D., 13, 7, De P. A.. 24, pr. ; Antonin Caracalla,
C.,%, 44, De Evict., 4) lui donnent une action empli utile. La première action
lui permet de réclamer le montant de l'ancienne créance avec ses sûretés ; la se"
EXTINCTION UES OBLIGATIONS. — PAIEMENT 687"
pour lesquels des ventes avaient élé faites entre l'an 27 et l'an 57 par L. Caecilius,
l'une même en l'an 15 par un nommé L. Caecilius Félix, probablement son père
et son prédécesseur, et présentent à la fois la formule selon laquelle le créancier
a déclaré en présence des témoins dénommés avoir reçu son paiement (habere
iixil) et celle où c'est le créancier lui-même ou quelqu'un écrivant sur son ordre
qui donne le reçu (scripsi accepisse ; scripsi rogalu... eum accepisse). Contraire-
ment à ce qu'on avait d'abord cru, aucune des quittances de Jucundus ne con-
tient, semble-t-il, la première formule seule (l'unique exception paraît être l'acte
de Caecilius Félix de l'an 15 : sur d'autres exceptions apparentes, v. Zangemeisler,
p. 420, Erman, Z. S. St., 20, 1S99, p. 176). Elles contiennent tantôt la seconde
I
seule en deux exemplaires, tantôt la première en un exemplaire (l'intérieur) et la
i seconde en un autre, tantôt même la première en deux exemplaires et la seconde
en un troisième. Mais elles n'en montrent pas moins clairement la substitution
progressive de la seconde à la première. Elles font aussi mieux ressortir qu'aucun
autre groupe de titres, comment la différence de fonctions des deux catégories
d'actes a été à son tour la source de diversités non seulement dans les formules
employées, mais dans la personnalité des rédacteurs des actes : tous de la même
écriture, celle de Secundus, pour la première formule ; d'écritures différentes,
pour la seconde — ; dans le nombre des témoins et des cachets : pour la première
formule, sept témoins au moins, plus souvent huit fournis par moitié par les deux
parties (Sénèque, De benef., 3, 15) aux cachets desquels s'ajoute souvent celui du
créancier; pour la seconde, seulement cinq cachets'au plus et au plus trois té-
; — enfin, révèlent seuls les titres de Pompéi, jusque dans
moins, parfois aucun
le rôle des cachets qui, dans les actes du second type,
ne sont pas simplement
apposes sur les fils fermant la partie intérieure du titre pour empêcher de l'ouvrir
en l'absence des auteurs des scellés, mais placés à la suite des actes pour en
manifester la reconnaissance, comme notre signature moderne ou les sceaux du
Moyen âge. Cette particularité relevée
pour la première fois par M. Zangemeisler
explique comment la fonction probatoire était remplie même par les chirographa
écrits par
un tiers : ils portaient deux cachets : celui du scribe et celui de la per-
sonne pour laquelle le scribe écrivait,
t. Justinien, C, 5, 20, De test., 18.
2. Inst., h.
t., 3. D., 46, 2, De novalionibus et delegationibus. Toutes les expo-
rtions modernes du système de la novation romaine ont été écrites sous la préoc-
eupation de l'ouvrage de Salpius, Novation und Délégation nach romischem Rechl,
"M, dont les conclusions, fort différentes de celles répandues jusqu'alors, ont
e'é par
ex. admises presqu'en totalité par P. Gide, Etudes sur la novation et le
transport des créances, 1879,
et ont au contraire été vivement contestées par d'autres
auteurs (v.
par ex. le compte rendu détaillé de Wilte, K. V. /., 8, 1886, pp. 169-
1{Ï 1321-377).
«••D., h. t., 1 Novatio estprioris debiti in aliam obligationem vel civilem vel
:
Qiuralem trans/usio atque translalio, hoc est cum ex praecedenli causa ita nova
44
690 LIVRE III. — IV. — TITRE III
conslilualur ut prior peremalur. Novatio enim a novo nomen accipil et a nom obli-
gatione. Cf. sur les définitions diverses des interprètes, R. Merkel, Der rômisch-
rechtliche Begriff der Novatio, 1892, pp. 6-10.
1. Celte conception, qui a été indiquée par Salpius, et qui a depuis élé acceptée
avec des nuances par MM. Dernburg, Pandeklen, 2, § 00, n. 0, Mitteis, Indiiim-
lisirung der Obligation, 1886, pp. 6-8, Karlowa, R. R. G., 2, p. 740, esl la seule
qui nous paraisse rendre compte de la naissance môme de l'institution de la no-
vation. Elle s'appuie d'abord sur des vraisemblances générales très fortes, sur le
rapprochement fait par les textes avec la lilis conteslatio (p. 700, n. 1), sur la néces-
sité d'empêcher ici aussi qu'on puisse faire deux procès et par conséquent obtenir
deux paiements à raison du même droit, sur la discordance dans laquelle l'insti-
tution savante d'actions multiples tendant au même but serait avec l'esprit sim-
pliste de l'ancien droit. Elle repose ensuite sur un texte formel très remarquable.
Pomponius, D., 45, 1, De V. O., 18 : Qui bis idem promitlil,ipso (le rns. : idco)juri
amplius quam semel non lenelur. Enfin elle nous parait dans une harmonie très
probante et trop peu remarquée avec la façon dont la formation d'une obligation
nouvelle, même par une partie nouvelle, écarte automatiquement l'obligation
ancienne dans certaines opérations archaïques de procédure ou de droit public que
nous retrouverons : intervention du vindex de la manus injectio mise sur le même
pied que l'exécution du jugement par les XII Tables, 3, 3, Textes, p. 13, et parla
loi de la colonie Genetiva, c. 61, Textes p. 88 ; surtout engagement dnpraes libé-
rant le débiteur principal qui doit lui-même se porter praes, s'il veut rester tenu
(p. 747, n. 3). Cf. en sens contraire, Merkel, pp. 2i-27.
2. Entre personnes différentes, il est évident qu'une même chose peut être très
valablement promise à des personnes différentes soit par plusieurs personaes,
soit par la même. Il y a là autant de créances distinctes que de contrats distincts
et chaque créance fera naître un droit distinct d'exécution, aboutissant à un paie-
ment en nature ou en équivalent, sans que l'exécution au profil d'un créancier
fasse perdre sa créance à l'autre. Rien n'empêche non plus que la même personne
ne contracte successivement plusieurs dettes envers le même créancier, soit pour
des objets individuels différents, un boeuf après un cheval, soit aussi pour de;,
choses de même espèce désignées in génère, une première fois pour cent sesterce.
une seconde fois pour cinquante sesterces, ou pour cent cinquante ou pour cen ,
11 y a deux obligations : Duplatur obligatio, dit-on
avec un texte (D., h. t., S,0)-
3. V. en ce sens, D., 45, 1, De V. 0.', 18 ; 58 ; 29, pr., et Gide, pp. S5-97.
EXTINCTION DES OBLIGATIONS. — NOVATION 691
1. On ne peut pas déterminer avec une certitude absolue les formules que la
doctrine romaine est arrivée à considérer comme portant sur l'objet de l'obliga-
tion ancienne et entraînant notre résultat. 11 se produit évidemment quand la
formule de la nouvelle obligation vise expressément le contenu de l'ancienne,
quand le créancier dit au nouveau débiteur : Quod Titium mihi dare oporlel, id
kri spondes (D., h. t., 34, 2). Quod mihiSeius débet, dare spondes (D., 45, 1, De
h 0., 75,6), quand le nouveau créancier dit au débiteur : Quod Tilio debes,mihi
kre spondes (cf., D., h. t., 8, 5), quand le créancier dit au débiteur : Quod ex
lestamento dare mihidebes dare spondes (D., AS, 1, De V. 0., 75, 6). Quidquid le
kre facere oporlet (D., 45,1, De V. 0., 76,1), Quidquid ob eam rem te mihi dare oporlel
(fl., 44,5, Quar.rer., 1, 4), etc. Mais il se produit aussi quand, une chose déter-
minée étant déjà due, cette chose, le fonds Sempronien, l'esclave Stichus, est de
nouveau promise par le même débiteur au même créancier (v. par ex. D., h. t., 3),
pr.) et même, semble-t-il, quand elle l'est par le débiteur à un nouveau créancier
sur le jussum de l'ancien ou par un nouveau débiteur au créancier, sans doute à
notre sens dans ces derniers cas avec une mention quelconque révélant l'identité
de dette (cf. D., h. t., 31, 1 et Salpius,
pp. 171-175). Au contraire, il n'y a pas
novation, il y a cumul, avons-nous vu, quand le même débiteur promet de nou-
veau cent sesterces au même créancier. C'est un point controversé de savoir s'il
pouvait même faire une stipulation novatoire en disant au débiteur centum quae
tebes, comme le
pense M. Gide, p. 255, n. 1, en invoquant D., h. t., 8, 4, et
comme le nie, après Salpius, M. Merkel, p. 25 et ss.
2. L'ancien droit n'admettait pas, croyons-nous, la juxtaposition à l'ancien
contrat d'un contrat accessoire nouveau ni entre les mêmes parties ni entre des
parties nouvelles. Cela
nous conduit à nier pour l'époque la plus ancienne la pos-
sibilité de juxtaposer à
un contrat principal un contrat accessoire instituant à côté
aes parties un nouveau débiteur
ou un nouveau créancier, à décider qu'on con-
naissait alors seulement la pluralité de créanciers et de débiteurs résultant d'une
solidarité produite
par une interrogation commune et des réponses multiples ou
perdes interrogations multiples et
une réponse commune (fnst. ,3,16, De duob. reis,
F,)- Mais cela a certainement changé de bonne heure pour les créances et les dot-
es accessoires de parties distinctes dont le caractère accessoire et
non pas novateur
se manifeste à l'emploi du
mot idem (adslipulatio : Gaius, 3, 112 ; sponsio et fide-
Pnmissw : Gaius, 3, 116), à l'emploi du mot idem
au lieu du mot id, a-t-on dit,
^n considérant
comme la forme primitive de la stipulation novatoire celle de D.,
'•,34, 2 (n. 1). Et cela a même fini par être possible entre les mêmes parties,
suivant un principe diamétralement contraire à celui de D., 45, 1, De V. 0., 18
?• 69°, n. 1), posé Paul, D., 44, 2, De exe. r. jud., 14, 2 ; D., 50,
par ex. par
J,'&«. J., 159, et par Ulpien, D., 19, 1, De A. E. V., 10.
692 LIVRE III. —- IV. _ TITRE III
tre à côté d'elle une nouvelle obligation seulement accessoire excluant
l'idée de cumul, ou mettre à sa place une obligation nouvelle ne naissant
que par sa mort. On peut, à l'aide du contrat verbal qui a certainement
toujours été tout au moins l'instrument par excellence de la novation,
faire, en droit classique, selon la formule employée, soit des stipulations
cumulatives, soit des stipulations accessoires, soit des stipulations no-
vatoires *. On peut également poursuivre les trois buts, dans le droit de
Justinien, où la décadence du formalisme a naturellement un peu mo-
difié les conditions de la novation, mais où elle n'a pas sensiblement
influé sur ses effets.
Nous étudierons ici les conditions et les effets de la novation ; puis nous
dirons quelques mots du phénomène voisin qui se produit au cas de
déduction d'une créance en justice. Nous croyons en revanche inutile de
revenir sur l'espèce de novation prétorienne produite par le pacte de
constitut (p. 603, n. 2) et par le receplum argentarii (p. 004, n. 7).
I. Conditions d'existence de la novation. — Il faut naturellement,
pour la novation, tant une obligation ancienne qu'on éteint qu'une obli-
gation nouvelle qu'on crée et qu'on doit même créer par un contrat for-
mel. Mais cela ne suffit pas. Il faut en outre que l'obligation nouvelle
ait le même objet que l'ancienne (idem debitum) tout en en différant par
un certain élément nouveau (aliquid novï), et les textes exigent enfin,
pour qu'il y ait stipulation novatoire, que l'acte ait été fait dans cette in-
tention (animus novandi). Cela donne en résumé cinq conditions dont
au reste la rigueur ni la portée n'ont pas toujours été les mêmes,
1. Obligation ancienne. Il faut nécessairement une obligation an-
cienne. On ne peut éteindre le néant. Mais on peut éteindre tout ce qui
existe. La novation peut porter sur une obligation née d'une source quel-
conque, sur une obligation prétorienne ou sur une obligation civile,
sur une obligation naturelle comme sur une obligation munie d'ac- :
tion 2.
2. Obligation nouvelle née d'un contrat formel. L'obligation nouvelle
sera toujours une obligation née d'un contrat formel ; car la novationa
nécessairement lieu par contrat formel ; elle peut être faite par un contrat
verbal, on discute si elle peut l'être au sens technique par un contrat lttte-
rai a ; elle ne peut l'être autrement ; mais, à la condition d'être née verbis
ou peut-être lilleris, l'obligation peut être aussi bien naturelle que civile,
1. Les trois possibilités sont par exemple indiquées D., h. t., 8, 5, où Ulpien,
parle non seulement de duplari dotem et de fieri novationem, mais du troisième
cas où uterque tenelur, sed altero solvenle aller liberatur.
2. Ulpien, D., h. t., 1, 1.
3. La doctrine, autrefois à peu près unanime, selon laquelle la novation po
vait indifféremment se réaliser par un contrat verbal ou un contrat littéral, a el
vivement contestée par Salpius, p. 143, et par Gide, pp. 208-216.
î EXTINCTION HES ORLIGATIONS. — NOVATION 693
Ulpien, D., h. t., 1, pr. (p. 689, n. 3) : fn aliam obligalionem vel civitem vel
1.
mluralem.
2. Gaius, 3, 176 : fnlerdum, licet poslerior stipulatio inulilis sil, lamen prima
MMionis jure tollilur. Il donne comme exemples la promesse faite post mortem,
celles faites par une femme sans Vaudorilas de son tuteur, par un pupille sans
huclorilas de son tuteur, auxquelles Ser. Sulpicius ajoutait même, nous apprend-
il, 3, 179, la promesse faite
par un esclave. Au contraire la promesse faite par
un pérégrin dans la forme spondesne ? spondeo et, suivant la doctrine qui a prévalu,
celle faite par
un esclave ne sont pas novatoires ; c'est qu'on ne voit pas là un
«outrât verbal régulier. Cf. Karlowa, R. R. G.,2, p. 741 ; Merkel, pp. 34-41. Mais
il y a novation
sans obligation naturelle au cas de promesse post niorlem (et aussi
à celui d'intercession prohibée de la femme,
prouve par ex., D., 16, 1, Ad S. C.
Vetl., 8, M) et il n'y
a pas novation, malgré l'obligation naturelle, au cas de pro-
messe de l'esclave dans la doctrine dominante du temps de Gaius et encore main-
tenue sous Justinien (fnsl., h. t., 3).
3. Justinien, fnst., h. t., 3
a, résumant sa constitution, C, 8, 41 (42), De nov.,
«• Pour le droit classique, Justinien ayant,
comme il le dit lui-même dans la
constitution, corrigé les textes antérieurs, il est difficile de dire quels sont
ceux
eu la novation était déclarée dès le principe n'exister que si l'on avait agi animo
nocandi, si id specialiler aclum est, si hoc agalur ut novelur obligatio, etc. Il n'est
Pas douteux qu'il plusieurs d'interpolés (cf. par ex. Julien, D., 45,1, De V. 0.,
58: Lenel, 715
y en a
; Ulpien, D., h. t., 8, 5 : Lenel, 2929 ; v. encore Gradenwitz, fn-
Itrpolalionen,
pp. 218-219). On peut également comprendre que dans plusieurs, le
langage des jurisconsultes signifie simplement
que la stipulation doit avoir élé
•aile dans les formes
ayant la vertu novatoire. Mais c'est un point douteux de
savoir si l'on peut,
par l'une ou par l'autre raison, les écarter tous. D'autre part,
si nen ne force à rapporter à des jurisconsultes très anciens le témoignage de
"simien selon lequel inter
veleres conslabat lune fieri novationem, cum novandi
eiimo in secundam obligalionem itum fueral, il parait pourtant impliquer l'existence
ejurisconsultes plus
ou moins récents d'accord pour exiger Vanimus. Ulpien
mole bien se placer à
ce point de vue, qui était une conséquence à peu près
ecessaire de la désuétude des formes, admettant la possibilité théorique de
raines novations qu'il rejette
en
,ns'^0.,h.t.,e,pr.). pour d'autres causes concrètes (D., 45, 2, De duob.
4'%'en,7J., h. t., 2.
694 LIVRE III. — IV. — TITRE III
legs portant sur elle, quand on l'a acquise pour le compte d'un tiers,
ainsi en vertu d'un mandat donné par lui, et qu'on est obligé de la
lui transférer pour remplir son obligation de rendre compte.
p. Novation par changement de débiteur. — La novation par change-
ment de débiteur se produit quand un nouveau débiteur s'engage à la
place d'un autre. Elle requiert, comme les deux précédentes, le consen-
tement du créancier qui ne peut changer de débiteur malgré lui, mais
elle n'exige pas celui du débiteur libéré. On peut se porter débiteur à la
place d'un individu comme on peut payer pour lui, sans son consente-
ment 1. Quant au motif, ce pourra être l'intention de faire une dona-
tion à la personne qu'on libère, de constituer une dot à son profit, de
lui faire un prêt ; ce pourra aussi être celle de se libérer d'une dette,
par exemple dans les cas où nous avons vu tout à l'heure le créancier
inviter le débiteur à s'engager envers une nouvelle personne : ainsi le
tiers qui a contracté envers le mandataire va s'engager envers le man-
dant pour se libérer envers le mandataire, en sorte qu'il y aura à la
fois novation par changement de créancier et novation par changement
de débiteur, le mandant devenant par exemple créancier du tiers ache-
teur à la place du mandataire et le tiers acheteur devenant débiteur du
mandant à la place du mandataire.
7. Observations terminologiques. — C'est le lieu de faire deux obser-
vations relatives à la terminologie de la novation inter novas personas,
au sens des expressions : expromissio et delegalio.
Les commentateurs parlent d''expromissio seulement en matière de
novation par changement de débiteur, et exclusivement quand le nou-
veau débiteur s'engage sans s'être préalablement entendu avec le débi-
teur qu'il remplace. Mais il est très douteux que le mot ait eu ce sens
technique à Rome 2.
La délégation, où une personne, le délégué, traite avec une autre, le
délégataire, sur l'invitation d'une troisième, le délégant, était considérée
par les anciens commentateurs comme n'existant qu'au cas où il y a
novation et même comme n'existant au sens strict que dans le cas où,
ainsi que dans notre exemple de tout à l'heure, il
y a à la fois novation
par changement de créancier (delegalio credili) et novation par chan-
gement de débiteur (delegatio debiti), quand Primus, débiteur de Secun-
dus, qui l'est lui-même de Tertius, s'engage
envers Tertius sur l'ordre de
'• Ulpien, D., h. t., 8, 5 (suite) Libéral autem
: me is qui quod debeo promittit,
e'iamsi nolim.
- Les Romains emploient
toute espèce de novation,
les mots expromillere, expromissio pour désigner
même quand il n'y a pas changement de débiteur,
^is changement de créancier (par ex. D., 23, 3, De J. D., 36), même quand il
nya changement ni de débiteur ni de créancier (par ex. D., 14, 6, De S. C.
Maeed., 20); peut-être
même sans novation (D., 16, 1, Ad S. C. Vell., 8, 8). Cf.
"indscheid, 2, §353,
n. 8.
698 LIVRE 111. — IV. — TITRE III
Secundus i ; comme existant seulement au sens large, quand Primus n'é-
tait pas débiteur de Secundus ou que Secundus n'était pas débiteur de
Tertius. Ils n'admettaient pas qu'il pût y avoir délégation sans novation
ni par d'autres formes que celles de la novation. C'est une doctrine
inexacte.
D'abord la délégation peut sans aucun doute se réaliser non seulement
par le contrat verbal, mais par le contrat littéral, pour lequel on discute
si c'est un mode de novation, et par la litis contestatio, qui n'est certai-
nement pas une véritable novation 2.
Ensuite et plus largement la délégation peut se produire sans extinc-
tion de dette préexistante et même sans création de dette nouvelle. La
délégation est l'acte par lequel un individu, le délégant, en invite w
autre, le délégué, à faire à un troisième, le délégataire, une prestation
qui peut consister, soit dans une promesse, soit dans un transfert de
propriété. Elle peut se produire dansun but novatoire, quand il existait
déjà une obligation, soit du délégué envers le délégant, soit du délégant
envers le délégataire et qu'on la remplace par une obligation du délégué
envers le délégataire. Mais quand le délégué verse une somme d'argent
au délégataire sur l'invitation du délégant, par exemple, parce qu'il
veut se libérer d'une dette envers le délégant ou lui faire une donation,
ou lui faire un prêt, et que le délégant veut lui-même faire soit un paie-
ment, soit un prêt, soit une donation au délégataire, il n'y a évidemment
pas de novation faute d'obligation nouvelle et pourtant il y a délégation1.
A. l'inverse, il y a encore délégation et il n'y a pas novation faute d'o-
bligation ancienne, quand le délégué s'engage bien envers le délégatairc
sur l'invitation du délégant, mais qu'il n'y a pas d'obligation à éteindre,
que le délégué prend l'engagement pour faire une donation au délégant
ou pour devenir son créancier et que le délégant le prescrit pour faire
une donation au délégataire ou pour devenir son créancier 4.
1. Cette doctrine a été principalement suggérée par le texle connu d'Ulpien,
D., h. t., 11, pr. : Delegare esl vice sua alium reum dare credilori vel cm jussenl.
Cf. C. civ., art. 1275.
2. Ulpien, D., h. t., U, 1 : Fit autem delegalio vel per stipulationem vel per lins
conlestalionem.
3. Paiement du délégué au délégant et du délégant au délégataire: Julien chei
Ulpien, D., 44, 4, De d. m. exe, 4, 26. Paiement du délégué au délégant et »i«-
luum du délégant au délégataire : p. 510, n. 1. Paiement du délégué au délégant
et donation du délégant au délégataire : Julien, D., 39, 5, De don., 12,1. MuluM
du délégué au délégant et du délégant au délégalaire : Ulpien. D., 12, 1, De "
C, 9, 8 (p. 510, n. 5). Muluum du délégué au délégant et donation (plus précisé-
ment constitution de dot) du délégant au délégataire : Ulpien, D., 23, 3, De J. •>•<
5, 8. Dans tous ces cas, on analyse l'opération en deux translations de propnet
qui sont réputées accomplies, la première du délégué au délégant en vertu de »
règle: Quodjussu allerius solvitur, pro eo esl,quasi ipsi solutum essel (Paul, l'-< ]
17, De R. J., 180) et la seconde du délégant au délégataire en vertu de la règle.
.
Qui mandat solvi, ipse videlur soloere (Paul, D., 46, 3, De solut., 56).
4. Donation du délégué au délégant et du délégant au délégataire : Julien, u-<
EXTINCTION DES OBLIGATIONS. — NOVATION 699-
encore plus par les principes que par les textes. Une distinction analogue semble
devoir être faite, au point de vue du fond, quoiqu'on ne puisse alors parler de
stipulation novatoire, quand la première obligation est nulle. — L'interprétation
des textes en eux-mêmes peu concordants est encore compliquée par deux cau-
ses : 1° Quand l'obligation née du contrat nouveau est valable, malgré l'absence
d'obligation ancienne, par suite du caractère abstrait de la stipulation, clic peut
néanmoins, si l'obligé n'a pas connu le vice (D., h. t., 12), donner ouverture
aux moyens fondés sur le défaut de cause : celui qui s'est obligé aura la condie-
tio sine causa, contre celui qui s'est enrichi sans cause de sa promesse, et, tandis
que cela ne le dispensera pas d'exécuter cette promesse quand il s'est engage
envers un nouveau créancier (D., h. t., 12), la même raison fondera à son profit
une exception au cas où l'enrichi est précisément le créancier, au cas de novation
entre les mêmes parties (D., 14, 6, De se. Maced., 20) ; 2° Il y a entre la novation
et la délégation un lien qui fait souvent confondre avec les effets de la novation
ceux de la délégation, en particulier quant à la question de savoir si le délégué
peut opposer au délégataire les fins de non-recevoir qu'il avait contre le délégant,
Si le délégué promet ce qu'il devait au délégant, nous retombons dans la novation
par changement de créancier causée. Mais il peut faire une promesse indépen-
dante de son propre lien, soit au cas de novation non causée, soit en l'absence de
novation. 11 est alors en principe tenu envers le délégalaire sauf son recours con-
tre le délégant. Il ne peut invoquer l'existence du lien -dont il désirait se libérer
envers le délégant que lorsque le délégataire était un donataire du délégant ou
n'était pas en réalité son créancier, que ce délégataire ferait par conséquent un
profit gratuit en obtenant l'exécution de l'engagement (ZX.44, 4, De d. m. exe, /)•
Cf. en sens divers, Vangerow, 3, § 619 ; Gide, Novation, p. 251 et ss. ; Windscheid,
2, § 355.
F. V., 263 : Si... interpositis delegationibus aut inchoalis litibus acliones nota-
1.
vit. C, 7, 54, De usur. re jud., 3, 2 : Novatur judicali aclione prior conlraclus-
Gaius, 3, 180 : Tollttur adhuc obligatio litis conteslatione, si modo legitimo judicw
fuerit adum; nom lune obligatio quidem principalis dissolvitur, incipil autem teneii
reus lilis conteslatione ; sed si condemnatus sit, sublala litis conteslatione incipd ex
causa judicati leneri ; et hoc esl quod apud veleres scriplum est, aille lilem conles-
tatam dare debilorem oporlere, post lilem conlestalam condemnari oporlere, posl cou-
demnationem judicalum facere oporlere.
EXTINCTION HES OBLIGATIONS. — COMPENSATION 701
Elle suppose un individu qui est créancier d'un autre et qui devient à
son tour débiteur de cet autre pour une somme quelconque. Rationnel-
lement cela ne fait pas obstacle à la survivance des deux créances. Mais
cependant l'exécution des deux créances donnant lieu à deux paiements
distincts est une source de complications inutiles ; elle entraîne aussi
une perte pour celui qui paie le premier, si l'autre est insolvable. Il
serait plus simple, plus sûr de neutraliser les deux créances jusqu'à
concurrence de la plus faible. Les parties sont à même de le faire.
si elles sont d'accord (compensation conventionnelle). Mais on peut
rse demander si la compensation ne doit pas être mise au-dessus des
résistances arbitraires de l'une des parties, si elle ne doit pas pouvoir
être opérée par le juge sur la demande de l'autre (compensation judi-
ciaire), ou si même elle ne doit pas se produire par le simple fait de la
coexistence des deux créances (compensation légale).
Notre droit actuel admet non seulement la compensation convention-
nelle et la compensation judiciaire, mais même et surtout, à certaines
•conditions, la compensation légale. Le droit romain, duquel on a cru
tirer ce système et qui en réalité ne l'a jamais connu, en est pourtant
l'origine par la manière dont il a progressivement admis la compensa-
tion forcée dans des cas de plus en plus larges.
A son début, l'idée de compensation forcée lui était pleinement étran-
gère. Les parties ont pu d'assez bonne heure recourir à la compensation
conventionnelle. Mais, en dehors de là, chaque créance subsistait dis-
tinctement et pouvait être exercée contre le débiteur sans que celui-ci
pût se dispenser de payer en invoquant sa propre créance. C'est un
système qui peut sembler rigoureux pour le débiteur poursuivi, particu-
lièrement au cas d'insolvabilité de l'autre partie. Mais il était commandé
par une particularité de la vieille procédure romaine, par ce qu'on ap-
pelle le principe de l'unité de question '. Pour faciliter la tâche du juge,
pour éviter des lenteurs, la loi romaine défend aux plaideurs de poser
au juge plus d'une question. Cette règle, qui s'impose au demandeur
lui-même, s'impose surtout au défendeur : il peut bien soutenir que la
dette à raison de laquelle il est poursuivi n'a jamais existé ou bien
qu'elle a été éteinte, mais il ne peut formuler pour se défendre une con-
tre-prétention, former une demande reconventionnelle, invoquer sa
propre créance née d'une autre source pour ne pas payer sa dette. Il ne
pourrait soumettre au juge ce second point qu'au moyen d'une excep-
tion et il n'y a pas d'exception sous les Actions de la loi ; en sorte qu'il
n'y peut être question d'autre compensation que de la compensation con-
ventionnelle, volontaire.
Avec l'introduction de la procédure formulaire, le principe de l'unité
de question a cessé d'être absolu, par suite de la reconnaissance des
exceptions, par suite d'autres causes encore, ainsi de l'admission des
actions de bonne foi où le juge se trouve à peu près forcément saisi à
la fois des prétentions des deux parties. Mais le droit d'opposer la com-
pensation n'a pas pour cela été admis tout- de suite. Il y a eu dans sa
reconnaissance trois étapes correspondant à trois périodes que nous
étudierons en prenant successivement le droit classique antérieur à
Marc-Àurèle, la réforme attribuée à Marc-Aurèle et le droit de Justinien.
I. Droit classique antérieur à Marc-Aurèle. — Dans les premiers
siècles de l'Empire, jusqu'à la réforme attribuée à Marc-Aurèle, la com-
pensation est encore en principe seulement conventionnelle, une créance
ne dispense pas de payer une dette, un défendeur ne peut faire traîner
le procès par une demande reconventionnelle. Mais à ce principe, il y a
déjà certaines exceptions, certains tempéraments, les uns généraux, les
autres spéciaux.
1. Le premier, le plus général, se rapporte aux actions de bonne foi
qui ont pris naissance dans une opération synallagmatique 1. Le défen-
deur peut y invoquer la créance née de la même opération que la de-
mande (ex pari causa), opposer au vendeur qui agit en paiement du
prix sa créance née de la négligence apportée par ce vendeur à la garde
(le la chose. La possibilité d'une compensation judiciaire résulte là de
la nature de l'action qui soumet
au juge tout le negotium. Elle y est du
reste facultative, soit pour le juge qui peut ne pas en tenir compte et
laisser subsister la créance du défendeur, soit pour le défendeur qui
peut préférer garder sa créance 2.
2. Le banquier (argentarius), qui a été en compte courant avec un
client et qui agit contre lui
en paiement du reliquat par une condietio
certae pecuniae ou triticaria, est astreint par le droit romain à faire
••Gaius, 4, 61-63. Cf. Inst., 4, 6, Deacl.,30, 1™ phrase ; 39. Cf. Appleton, pp. 60-
°t, Parmi les textes du D., h.
t., c'est à cette compensation que se rapportaient
sansfoute à l'origine les fr. 6 (d'Ulpien, Lenel, 2738); 9 et 11 (de Paul, Lenel,
499-500). V.
aussi sur son application dans l'Egypte romaine, Brasslotl, Z. S. Si.,
21, 1900,
pp. 362-384.
} V. pour le premier point Gaius, 4, 63
:Liberum est lamen judici nullam om-
mo mvicem compensations ralionem habere : nec enim aperle formulae verbis
Vaecipitur, sed quia id bonae fidei judicio conveniens videlur, ideo officio ejus
wntmeri credilur, et
pour le second, Ulpien, D., 27, 4, De contr. lut., 1, 4.
704 LIVRE III. — IV. — TITRE III
1. Gaius, 4, 64 :Alia causa est Mius aclionis qua argenlarius experilur : nam il
cogilur cum compensatione agere et ea compensalio verbis formulae exprimilur ; aiec
quidem ut ab initio compensatione fada minus inlendal sibi dare oporlere. Ecct
enim si seslertium decem milia debeal Tilio alque ei viginti debeanlur, sic inlendit:
si paret Tilium sibi decem milia dare oporlere amplius quam ipse Tilio débet ; C6-6S.
Cf. Applelon, pp. 93-155. Une portion notable des textes placés par Justinien i
notre titre se rapportaient originairement à cette compensalio. Cela résulte avec
vraisemblance pour certains : D., h. t., 5 (de Gaius, Lenel, 213) ; 7 (d'Ulpien,
Lenel, 813) ; 8 (de Gaius, Lenel, 214) ; 22 (de Scaevola, Lenel, 140 ; cf. Applelon,
pp. 152-155), de la place qu'ils occupaient dans les commentaires de l'édit et dans
les ouvrages du même type (cf. sur cette place, Lenel, Z. S. St., 4, 1883, pp. 112-
116 ; Ed., 1, p. 295), pour la plupart de ceux-là et pour d'autres encore : D., h.t,
2 ; 4 ; 15 (Julien. Paul citant Neratius, Javolenus : n. 2) ; 21 (Paul, Lenel, 1273:
v. Pernice, p. 279 et Appleton, p. 122-132), de particularites.de fond. C'est aussi
à elle que se rapportait, au moins en partie, le texte trouble de Paul, Sent., %
5, 3.
2. Gaius, 4,68. C'est probablement à cela que se rapportaient les solutions
données avant le temps de Gaius où il n'y a d'autre compensation entraînant
perte du procès que celle de Vargenlarius, par Neratius cité par Paul, D., II. t-, *
(cf. Pernice, p. 278; Appleton, pp. 140-141) et par Javolenus, D., h. t., 13 (et,
Appleton, pp. 142-145). Vargenlarius poursuivi par son client parait avoir lui-
même une exception pour demander une réduction symétrique (Ulpien, D., 22,3,
De prob., 19, 3; cf. Lenel, Ed., 2, p. 252, et Appleton, pp. 108-122) et c'est pro-
bablement à elle que se rapportait primitivement Julien, D., h. t., 2.
3. Gaius, 4, 66, qui indique même une difficulté accessoire.
4. Gaius, 4,67. Ulpien, D., h. t., 7, pr. (Lenel, 813).
5. Gaius, 4, 65-68. Cf. Applelon, pp. 157-218. La détermination de la place oc-
cupée dans les commentaires de l'édit et les ouvrages de même ordre par ce"e
deduclio (cf. Lenel, Z. S. St., 4, 1883, pp. 118-125 ; Ed., 2, pp. 168-174) donne
encore quelques textes qui s'y rapportaient primitivement, par exemple, D., h- '•>
10 (d'Ulpien, Lenel, 1426), 12 (d'Ulpien, Lenel, 1441). Il en est de même, d'après
le plan de l'ouvrage mis à contribution de D., h. t., 14 (de Javolenus, Lenel, 68)-
M. Appleton y rapporte également, p. 187, les fragments, D., h. t., 13 et D-, '-<
6, De cond. ind., 30.
F EXTINCTION UÉS OBLIGATIONS. — COMPENSATION 705
traînait pas de plus petitio '. En revanche, elle autorisait à tenir compte
des dettes quelconques, même non échues, du failli ou du défunt 2.
i. Enfin il n'est pas impossible de relever certains cas, probablement
aussi anciens, où la doctrine arrive à admettre quelcjue chose d'analogue
à notre compensation légale. Le plus clair est relatif aux impenses do-
tales. Un mari a reçu en dot un fonds de terre et une somme d'argent.
Il est débiteur de la restitution des deux valeurs. Il fait sur le fonds
dotal des dépenses nécessaires ; il est créancier de leur restitution ; or
des textes nous disent que cette créance diminue de plein droit sa dette
(impensae necessariae minuunt ipso jure dotem). Cette solution doc-
trinale et des solutions analogues indiquées en matière de pécule 3 sont
intéressantes parce qu'elles nous font voir que les Romains avaient par-
faitement aperçu l'idée de compensation légale et que, s'ils ont omis de
la généraliser, c'est qu'ils n'en ont pas senti le besoin 4.
1. Gaius, 4, 68.
.2. Gaius, 4, 66. 67.
3. Paul, D., 23, 4, De pact. dot., 5, 2 : Taies impensae dolent ipso jure minuunt.
Ulpien, D.. 25, 1, De imp., 5, 1, dit en conséquence que, si on en rembourse le
montant, la dot ne sera pas considérée comme élant toujours restée intacte, mais
comme ayant été diminuée, puis augmentée. Cf. de Ihering. Esp. du dr. rom.,
4, p. laetss. V. aussi sur la diminution de plein droit du pécule par les dettes
envers le maître (D., 19, 1, De A. E. V., 30, pr. : Ipso jure... minulum esse pecu-
lium), le même, p. 70 et s.
4. On suppose parfois plus ou moins explicitement qu'un autre cas de com-
pensation résulterait dès notre époque de la pratique des muluae pelitiones (D.,
17, 1, Mand., 38,
pr. ; D., 49, 8, Quae sent., 1, 4j, selon laquelle le défendeur qui
a contre le demandeur une action peut, lorsqu'il est poursuivi, se faire délivrer
lui-même la formule de son action et demander que les deux soient renvoyées au
même juge. Mais, dans la procédure ordinaire, ce système n'empêche pas le juge
de rendre deux condamnations le second texte, dans lequel le contemporain
:
d'Alexandre Sévère, Macer, rapporte qu'en pareil cas plusieurs constitutions impé-
riales ont prescrit de différer l'exécution de la sentence rendue la première jusqu'au
prononcé de la seconde, en est la preuve décisive, et on ne voit pas pourquoi le
juge aurait alors un pouvoir spécial de compensation judiciaire en dehors des cas
ordinaires, soit avant, soit après le prononcé des sentences. Cela ne se concevrait
que dans la procédure extraordinaire où le magistrat intervient lui-même par
voie d'autorité et où la possibilité des muluae pelitiones est admise, du reste, en
termes un peu timides,
par Ulpien (D., 50, 13, De exlr. cogn., 1, 15), mais dont
le champ d'application
ne s'est élargi que peu à peu. Dans la procédure de droit
commun, l'effet du système des muluae pelitiones en matière de compensation
devait être seulement de
pousser les parties à la compensation conventionnelle
entre les créances liquidées
par les deux jugements, tout au plus de permettre au
Juge de la leur suggérer plus
ou moins impérativement avant ces jugements.
5. Inst., 4, 6, De
ad., 30 : Sed in strictis judiciis ex rescriplo divi Marri opposila
•"ou mali exceptione inducebalur.
45
706 LIVRE III. — IV. — TITRE III
lée comme ayant été faite pour les actions de droit strict et qu'on consi-
dère généralement comme ayant dû logiquement s'étendre de suite aus
actions de bonne foi où l'exception de dol est sous-entenduei,est rattachée
d'ordinaire à une idée formulée par les textes selon laquellec'est un dol de
réclamer ce qu'on sera obligé de rendre immédiatement 2. Elle n'a certai-
nement pas eu pour effet de rendre la compensation légale, d'en faire
un mode d'extinction opérant ipso jure, ipsa vi legis. La compensation
n'opère que judiciairement, à condition d'être opposée par le défendeur.
La preuve en est que, si le défendeur ne l'invoque pas, même par erreur,
il garde son ancienne créance 3, et que, s'il a plusieurs créances échues
contre le demandeur, il peut choisir celle qu'il veut opposer en com-
pensation t. Et, à notre avis, il résulte de là crue la compensation oppo-
sée par l'exception de dol devait avoir toujours pour résultat, une fois
le bien fondé de l'exception reconnu par le juge, d'entraîner l'absolu-
tion du défendeur. C'est évident, quand la créance opposée en compen-
sation a un montant égal à celui de la créance réclamée. C'est encore
vrai au cas où elle est supérieure à la créance réclamée, car le caractère
unilatéral delà formule ne permet pas au juge de condamner le deman-
deur à la différence 5. C'est également vrai, croyons-nous, quand elleesl
inférieure à la créance réclamée ; car, ici comme ailleurs, l'exception de
dol prescrit au juge de condamner seulement si le droit du demandeur
1. Celte solution, qui n'est pas la plus répandue chez nous, mais qui y a déjà
\ élé très solidement soutenue par Ortolan, 3, nos 2180-2197, n'est qu'un des aspects,
: à la vérité les plus importants, du système que nous croyons vrai sur l'effet des
' exceptions et en particulier de l'exception de dol sous la procédure formulaire.
Nous retrouverons cetle question générale en étudiant la procédure. Les divers sys-
tèmes relatifs à son application en matière de compensation sont rapportés chez
Appleton, pp. 318-418.
2. On ne peut évidemment voir un dol dans l'acte de celui qui réclame le paie-
ment de sa créance, quoiqu'il soit tenu envers son débiteur d'une dette non échue
(cf. C., h. t., 7, pr.), ni encore moins dans celui du créancier qui veut se faire
payer, quoique le défendeur ait contre lui une créance valable jure civili, mais
paralysée par une exception (cf. D., h. t., 14) ; nous avons déjà signalé, p. 642,
n. 3, le caractère exceptionnel du texte qui permet d'opposer l'obligation naturelle
en compensation dans une hypothèse spéciale de contrat de bonne foi. C'est pour-
quoi l'on dit que les obligations opposées en compensation doivent être : 1° exi-
gibles ; 2° valables jure civili et praetorio.
— Mais la question qui a été soulevée
simultanément, d'une manière indépendante, par M. Appleton et par M. Pernice,
est de savoir si l'on n'a pas exagéré la portée du rescrit de Marc-Aurèle en y
voyant une règle générale applicable à ces deux conditions dans tous les procès
intentés par une personne contre une autre dont elle est à la fois créancière et dé-
bitrice. Or la rareté des textes de notre titre relatifs dans leur destination première
à cette compensation invoquée en toute matière
ex dispari causa, à l'aide de l'ex-
ception de dol (il faut enlever, outre ceux déjà cités relatifs àla compensation des
actions de bonne foi, p. 703, n. 1, à celle de Vargentarius, p. 704, n. 1, et à la de-
duclio du bonorum
emplor, p. 704, n. 5, les fr. 12, d'Ulpien, 17, 19,20, de Papinien,
e' 24, de Paul, qui se rapportent à des litiges administratifs ; il ne resle donc
guère que la définition de Modestin, fr. 1, les fr. 16 et 18, de Papinien, et le fr.
28, de Paul)
ne porte assurément pas à attribuer à la règle une importance prati-
que considérable au temps des jurisconsultes mis à contribution. M. Appleton,
P-267 et ss., conclut de l'idée qu'il faut
un dol du demandeur pour fonder l'excep-
lion que le rescrit devait uniquement viser
un cas où le demandeur était lui-
même tenu d'une dette liquide et certaine du même
genre que sa créance, où par
exemple il réclamait une somme d'argent, en en devant une autre, et il admet, en
partant de là, que les constitutions sur le sursis en matière de muluae pelitiones
eitées par Macer,
p. 705, n. 4, ont eu pour but de permettre aux défendeurs ayant
u autres créances de les faire transformer judiciairement en créances dJargent avant
'exercice de l'action judicali exécution du demandeur, de manière à pouvoir
elors les invoquer
en
contre elle par l'exception de dol ; mais si ce sont là des hypo-
thèses de dol du demandeur,
on ne voit pas bien pourquoi ce seraient les seules,
Pourquoi même
en dehors de là le demandeur ne pourrait jamais commettre un
""I en intentant
une action pour le montant d'une créance, quand le défendeur a
contre lui
urie autre créance, même de choses différentes, même non liquide, ainsi
TOnd cette créance est manifestement d'une valeur égale
ou supérieure à celle
708 LIVRE III. — IV. — TITRE III
4. — Remise de dette.
§
tion '. Mais il est remarquable que cette désuétude a très peu influé sur
les conditions de validité qui résultaient dans nos trois actes de leur
caractère de modes formels de libération symétriques aux modes formels
corrélatifs de s'obliger. Les conditions de validité peuvent se ru mener à
quatre principalement attestées pour l'acceptilation, mais probablement
vraies en général pour les trois actes :
1° Chaque mode ne peut en principe éteindre que l'obligation née
dans les formes correspondantes. En dehors de là, il y a, pour la remise
per aes et libram, quelques extensions qui viennent de sa haute anti-
quité, de ce qu'elle a été à l'origine le seul mode de paiement : elle peut
servir à éteindre les dettes nées de certains legs, les dettes nées de juge-
ments -. La remise littérale a peut-être aussi été étendue aux dettes
constituant des nomina arcaria : c'est un point douteux 3. Mais pour le
surplus le principe n'a jamais été effacé, particulièrement quant à l'ac-
ceptilation verbale à laquelle on l'appliquait si rigoureusement qu'on
s'est demandé si elle pouvait éteindre les dettes nées de la diclio dotis
et du jusjurandum liberti, qui étaient bien nées verbis, mais non d'une
stipulation 4. Seulement il y avait pour se mettre en règle avec la loi
un expédient très simple : c'était de nover l'obligation qu'on voulait
éteindre verbis ".
2° Ils ne peuvent, sauf peut-être la remise per aes et libram, interve-
nir qu'entre le débiteur (et ses personnes en puissance) et le créancier.
Le créancier, à condition d'être capable de rendre sa condition pire,
peut figurer dans l'acceptilation. Le débiteur peut y figurer, à moins
d'être fou ou infans. Il peut aussi y être remplacé par ses personnes en
puissance 6; car elles peuvent rendre sa condition meilleure. Mais le
créancier ne peut y être remplacé par ses personnes en puissance; car
elles ne peuvent rendre sa condition pire. Et ni le créancier ni le débt-
1. Ainsi, par exemple, tandis que Gaius n'admet encore qu'une formule, celle où
figure le verbe habere, et ne l'admet que prononcée en latin, Ulpien admet déjà
que l'acceptilation peut se faire en grec (D., h. t., 8, 4), peut se faire dans la for-
mule accepta facis decem? facio (D., h. t., 7).
2. Gaius, 3, 173, pour les dettes nées de jugements, 3, 175, pour les dettes nées
de certains legs per damnationem au sujet desquelles il signale une petite con-
troverse .
3. M. Erman, p. 30, n. 1, croit en trouver la preuve dans les mots du Bell-
Alexandrin., 56 icf. p. 709, n. 2): Quibus pecunias imperassel neque conlulissenl-
4. Ulpien, D., h. t., S, Z: Acceptum fieri non potesl nisi quod verbis colligaiM
est, acceplilalio enim verborum obligalionem lollil, quia et ipsa verbis fit. Quanl
aux obligations verbales qui ne sont pas nées d'une stipulation, Ulpien, /'., «•_'•'
13, pr., l'admet en termes qui révèlent des incertitudes (venus esl) pour le )US)U-
randum liberti, mais les textes où l'on a cru trouver des vestiges de racceplu»'
tion en matière de dotis diclio (D., 23, 3, De J. D., 36 ; 38 ; 41, 4), sont peu pro-
bants. Cf. Erman, p. 51, n. 2.
3. Gaius, 3, 170: Sed id, quod ex alia causa debealur, potesl in stipulations*
deduci et per acceptilalionem dissolvi.
6. D., 46, 2, De solut., 63 ; 71, 2.
EXTINCTION DES OBLIGATIONS. — REMISE DE DETTE 7H
cause, le créancier a la condietio sine causa ; si elle a été faite sous l'em-
pire du dol, il a l'action de dolo ; si les parties regrettent d'avoir éteint
leur ancien contrat et veulent qu'il y ait de nouveau une obligation
entre elles, elles peuvent faire un nouveau contrat. Mais on ne peut,
dans aucun cas, effacer l'acceptilation pour faire renaître l'ancienne
obligation avec ses sûretés.
C. Fonction juridique. Nos trois modes ont commencé, avons-nous
vu, par avoir non pas seulement la même efficacité que le paiement,
mais une efficacité que le paiement n'avait pas, par être indispensables
pour éteindre l'obligation née dans les formes correspondantes, qu'il y
eût eu ou non paiement. Plus tard le paiement est devenu libératoire
et on pourrait croire qu'ils ne servent plus qu'à permettre une remise
gratuite, faite à titre de libéralité. Mais ce serait beaucoup trop rétrécir
leur domaine. Même en droit classique, même sous Justinien, si l'accep-
tilation, qualifiée du nom d'imaginaria solutio, peut intervenir à titre
gratuit, à titre de donation, à titre aussi de constitution de dot, elle peut
en outre intervenir, en dehors de toute idée de ce genre, à titre purement
onéreux, par exemple en vue d'exécuter une obligation résultant d'un
legs de libération, une obligation résultant de ce que la promesse a été
faite sans cause, sous l'empire de la metus, en fraude des créanciers ; au
moins sous Justinien, pour former un contrat innommé ; puis pour mé-
nager de l'extinction de l'obligation une preuve plus simple que celle du
paiement (cf. p. 504, n. 2) ; enfin pour réaliser un règlement de compte :
une personne va remplacer tous les droits qu'elle a contre une autre
par une créance verbale unique dont elle fera immédiatement ac-
ceptilation ; c'est pour cette hypothèse qu'Aquilius Gallus a inventé la
formule de stipulation novatoire désignée du nom de stipulation aqui-
lienne i.
II. Parfum de nonpetendo. —La convention, le simple pacte éteint
sur une portion de la dette, être affecté d'un terme ou d'une condition,.
être consenti par toute personne ayant "capacité ou pouvoir suffisant,
par exemple par un esclave sur les créances de son pécule 4, par exemple
par un mandataire ou à un mandataire dont la convention fera naître
l'exception de dol % et plus évidemment encore porter sur une obligation
née d'une source quelconque.
2. Effets. Le pacte de non petendo n'opère qû'exceptionis ope. En
conséquence, il faudra, pour l'invoquer, faire insérer l'exception dans la
formule des actions autres que les actions de bonne foi. En outre, au
fond, il n'a
pas forcément un effet définitif ni un effet universel. Il n'o-
père pas nécessairement erga omnes : si les parties ont voulu faire ce
G
'tre part, il n'est pas irrévocable ; au cas où il a été consenti sans cause,
sous l'empire du dol, ïexceptio pacti sera paralysée par une réplique de
dol ; au cas de changement d'avis, de pacte de petendo postérieur, elle
le sera par une replicatio pacti '.
III. Contrarius consensus 2. — Le contrarius consensus, appelé aussi
moins heureusement par les interprètes le mutuus dissensus, est un
mode d'extinction civil spécial aux obligations nées consensu que les
Romains rattachent au principe de symétrie (p. 682, n. 1); mais il n'a
pas le même caractère que les modes formels fondés sur ce principe, Il
ne peut intervenir que pour éteindre les obligations sans exécution.
1. Conditions d'existence. "Le contrarius consensus est, comme les
contrats consensuels, un pacte élevé au rôle d'acte juridique, muni d'effet
civil : il exige donc les conditions générales de validité des conventions.
Mais, pour avoir son efficacité propre de contrarius consensus, il doit
avoir des caractères spéciaux : intervenir relativement à un contrat con-
sensuel, dans le but de détruire le contrat tout entier et non pas telle
ou telle des obligations qui en naissent, et par conséquent aussi avant
qu'aucune des obligations ait été éteinte par exécution (rébus adhuc
integris ; re nondum secuta). Les expédients indiqués par les juriscon-
sultes pour permettre d'y recourir après l'exécution de l'obligation d'une
des parties, ne sont que des entorses aux principes provoquées par des
besoins pratiques 3.
2. Effets. Le contrarius consensus intervenu dans les conditions re-
nuises anéantit le contrat. Les parties sont remises dans leur état an-
térieur, les créances et les dettes sont éteintes et par conséquent les
sûretés personnelles et réelles qui les garantissaient disparaissent. Seu-
lement les obligations nées de contrats verbaux accessoires faits par les
parties (stipulatio duplaé) subsistent jure civili et ne sont éteintes
arîexceptionis ope '.
des rentrées d'argent pour une certaine date ou pour le cas dans lequel un certain
événement viendrait à se réaliser, se fait consentir une ouverture de crédit pour
jusqu'à cette date ou pour jusqu'à l'arrivée de cet événement.
1. Sabinus cité par Paul, D., 33, 1, De ann. leg., 4. Cf. Pomponius, n. 2.
2. Pomponius D., 45, 1, De V. 0., 16, 1 : Stipulatio hujusmodi in annos sm-
gulos una esl et incerla et perpétua, non quemadmodum simile legalum morte lego-
tarii finiretur.
3. V. les textes cités, p. 715, n. 4.
' EXTINCTION DES OBLIGATIONS. — CONDITION RESOLCT01RE 717
pro
adore) permettra au créancier d'agir en paiement des arrérages
échus, sans déduire en justice sa créance des arrérages futurs '.
h Gaius, 4, 131.
2. Dans la notion des textes, où il n'y a qu'une véritable condition, la condi-
tion suspensive, la vente
que nous désignons aujourd'hui du nom de vente sous
condition résolutoire n'est pas une vente conditionnelle, c'est une vente pure et
simple dont la résolution a été subordonnée à
une condition suspensive, pour
laquelle il
a été convenu qu'elle se résoudrait si une condition se réalisait. Cf.
°aul, D., 41, 4, Pro emplore, 2, 3 Sed videamus, ulrum condicio sil hoc an con-
:
«Wt'o ; Ulpien, D-, 18, 2, De in diem add., 2 Quoliens fundus in diem addicitur,
:
Mrumpura emptio est, sed sub condicione resolvilur, an vero condicionalis sit magis
trnptio, quaeslionis esl. D., 18, 3, De leg.
comm., 1. Cf. sur les divers systèmes,
Windscheid, 1,§ 86, 6.
n.
3' Cf. Bechmann, Der Kauf, 2, 1, 1884,'
pp. 487-555.
718 LIVRE III. — IV. — TITRE III
1. D., 18, 3, De lege commissoria. Cette clause par laquelle on convient que le
vendeur pourra se dégager de la vente si le prix ne lui est pas payé au temps
convenable, n'est pas, à notre sens, destinée, comme pourraient le faire croire
les habitudes modernes, à empêcher le vendeur de perdre la chose et le prix, à lui
donner une sûreté pour le cas où il ne serait pas payé. Le vendeur est déjà pro-
tégé sous ce rapport par la règle selon laquelle, à moins de renonciation de sa
part, la propriété n'est transférée par la mancipation ou la tradition faite en vertu
d'une vente qu'à partir du paiement du prix (pp. 287-294) ; la lex commissoria,
qui, comme a démontré M. Bechmann, n'implique aucunement de sa part renon-
ciation à ce bénéfice, lui permet de ne pas rester indéfiniment dans les liens du
contrat, de recouvrer faute de paieriient sa liberté d'action.
2. D., 18, 2, De in diem addictione. Cf. De Senarclens, Recueil publié par la
Faculté de Droit de Lausanne, 1896, pp. 243-296. Cette clause, dont le nom même
rappelle Vaddictio de la vente aux enchères (p. 457, n. 3), fournissait au vendeur
un moyen d'espacer les enchères en vendant actuellement à une personne, mais
en se réservant de vendre à une autre s'il trouvait dans un certain délai des con-
ditions meilleures non acceptées par la première.
3. Proculus, D., 19, 5, De P. V. A., 12. Alexandre Sévère, C, 4, 54, Départis
inter empt. et vend., 2. De ce paclum de relrovendcndo et du pacte inverse de
relroemendo, on peut rapprocher la convention de TvpoTt[iricriz, par laquelle le ven-
deur se réserve un droit de préemption pour le cas de vente future par l'acheteur
(Paul, D., 19.1, De A.E. V., 21, 5. Hermogénien, D., 18, 1, De C. E., 75). Mais
on ne confondra naturellement pas ce droit de retrait établi par une convention
avec le droit de retrait légal qui a été reconnu sous le même nom à certaines épo-
ques par le droit impérial aux parents et aux voisins et qui procède d'une idée de
copropriété. Cf. H. Monnier, N. R. H., 1892, pp. 654. 655 ; Viollet, Ilisl. du dr.
français, pp. 605-606.
4. Paul, D., 18, 5, De resc. vend., 0 ; Ulpien, D., 19, 5, De P. V. A., 20, 1. Cf.
sur la vente à l'essai les renvois faits, p. 471, n. 3.
5. V. par exemple, au sujet de la lex commissoria et de Vaddictio in diem, Paul,
D., 41, 4, Pro employé, 2, 3. 4, d'après lequel Sabinus considérait la lex commis-
soria comme entraînant les effets d'une vente conditionnelle et Julien fit préva-
loir, en face d'une doctrine opposée, probablement également soutenue par Sabi-
nus, la conception de Vaddictio in diem comme une condition résolutoire. Endroit
récent, Vaddictio in diem joue, selon l'intention des parties, le rôle de condition
suspensive ou de condition résolutoire (Ulpien, D., 18, 2, De in diemadd., 2,p>'-l
et la lex commissoria est présumée, sauf expression contraire de volonté, jouei
celui de condition résolutoire (Ulpien, D., 18, 3, De leg. comm., 1, pr.). La vente
à l'essai peut aussi, au gré des parties, être faite soit sous une condition suspen-
f EXTINCTION DES OBLIGATIONS. — CONDITION RESOLUTOIRE 719'
sive, soit sous une condition résolutoire qu'on dit parfois être déjà reconnue là
par Sabinus (D., 18, 5, De resc. vend., 6).
1. C'est une conséquence de l'idée que la vente est pure et simple (p. 717, n. 2).
À la différence de l'acheteur
sous condition suspensive, qui ne devient pas pro-
priétaire, qui ne peut usucaper et qui n'a pas les risques, l'acheteur sous condi-
tion résolutoire, étant
un acheteur pur et simple, devient propriétaire, s'il reçoit
la chose a domino, dons les conditions nécessaires pour transférer la propriété,
usucape, s'il la reçoit a non domino, et supporte les risques. V. à ce sujet l'oppo-
sition faite par Ulpien, D., 18, 2, De in diem add., 2, 1 ; 4, pr.
2. Papinien, F. V., 14 : Judicium ab aedilibus, in faclum de reciperando pretio
mancipii redditur, quia displicuisse proponitur. Ulpien, D., 21, 1, De aed. éd., 31,
22.23. Cf. Lenel, Ed., 2, p. 314. Cette action semble bien être une variante de
l'action rédliibitoire donnée par les édiles à l'acheteur pour faire résoudre la vente
soit en vertu de la révélation des vices, soit en dehors de là en vertu du simple
déplaisir de l'acheteur. Cf. cependant Pernice, Labeo, 2, 1,
p. 185, n. 3. C'est une
autre question de savoir dans quelle mesure les règles de cette action édilicienne
ont passé à l'action qui est donnée
en dehors de la compétence des édiles à rai-
son du paclum displicenliae et qui en est distinguée expressément. F. V., 14.
3. La dissidence est
par exemple indiquée par Paul, D., 18, 5, De resc. vend.,
»• L action du contrat parait déjà donnée en matière de paclum displicenliae par
Sabinus (p. 718,
n. 5), elle l'est aussi en matière de lex commissoria par Pompo-
nius, D., 18, 1, De C. E., 6, 1 et en matière d'addiclio in diem par Julien, D., 18,
-, De in diem add., 4, 4, et Ulpien rapporte en matière de lex commissoria,
t°, 3, De t. comm., 4
-, pr., que cette doctrine a été sanctionnée par des res-
wts de Sévère et Caracalla. En revanche la doctrine donnant une action in fac-
"n, une action proxima empti in faclum, signalée par Paul, D., 18, 5, De resc.
'e™., C, est appliquée
en matière de paclum de relrovendendo par Proculus, D.,
,
o, De P. V. A., 12. Les interprèles admettent souvent que les textes qui par-
.
nl 'a d'action in faclum
se rapporteraient à l'action .civilis in faclum des contrats
innommés et qu'il
y aurait eu une controverse entre Sabiniens et Proculiens sur
point de savoir si la convention de résolution pouvait être sanctionnée
par
720 LIVRE III. — IV. — TITRE III
sait une distinction historique, qui admettait bien cette solution pour le
droit de Justinien, mais qui la repoussait pour l'époque classique où
il disait qu'elle avait seulement été soutenue sans succès par Marcellus
textes sur la donation que nous retrouverons, un assez grand nombre de frag-
ments de jurisconsultes relatifs à la vente sous condition résolutoire : en matière
A'addiclio in diem, des textes de Marcellus et d'Ulpien décidant que les hypothè-
ques consenties par l'acquéreur seront éteintes par l'événement de la condition
[D., 18, 2, Dein diem add., 4. 3. D., 20, 6, Quib. mod., 3), un lexie d'Ulpien
donnant l'action réelle à l'acheteur avant l'événement de la condition et au ven-
deur après (D., 6, 1, De R. V., 41, pr.), un lexte de Paul disant que, pour se
faire en pareil cas constituer une servitude d'une manière sûre, il faudra se la
faire consentir à la fois par l'acheteur et le vendeur (D., 39, 3, De Aqua, 9); en
matière de lex commissoria, des textes de Seaevola (D., 18, 3, De t. comm., 8)
et d'Alexandre Sévère (C, 4, 54, De pacl. inl. empt. et vend., 4) parlant de la
mndicatio du vendeur.
1. Ce système, qui a surtout été répandu en France (Pellat, Propriété, 2e éd.,
1850, pp. 274-285 ; Bufnoir, Condition, 1866, pp. 136-177, etc.), écarte naturelle-
ment tous les textes de Marcellus et d'Ulpien en y voyant l'expression de leur
doctrine propre. Il remarque, pour celui de Seaevola, que c'est un consultant et
non le jurisconsulte qui parle. Il neutralise ceux de Paul et d'Alexandre Sévère
en leur opposant d'autres décisions du jurisconsulte et de l'empereur, repoussant
nettement l'effet réel, le premier en matière de donation ù cause de mort (D.,
39, 6, De m.
c. d., 39) et le second dans la matière même de la lex commissoria
(C, 4, 54, De pacl., 3). Enfin, partant de l'idée qu'une règle uniforme doit être
admise pour toutes les aliénations sous condition résolutoire aussi bien en droit
classique que sous Justinien, il appuie surtout sa distinction historique sur l'in-
terpolation avérée faite dans ce sens, pour divers textes relatifs aux donations,
en particulier sur le rapprochement déjà cité p. 333, n. 2, des deux versions
données F. V., 283, et C, 8, 54 (55), De don. quae sub. mod., 2, d'une même
constitution de Dioclétien.
2. Nous citerons seulement dans
ce sens Bechmann, toc. cit., et Dernburg,
l'andeklen, 2, § 95, nos 5 et 6. On est assez facilement conduit, en examinant dis-
tributivement les textes, à écarter l'effet réel pour le paclum displicenliae, où il
est contredit par le témoignage formel d'Ulpien, D., 20, 6, Quib. mod., 3, et pour
le paclum de retrovendendo
où il n'est indiqué par aucun texte (cf. Bechmann,
P, 534, n. 1). Mais M. Dernburg admet le retour de la propriété aux deux cas de
lex commissoria
et d'addiclio in diem. M. Bechmann le fait seulement au cas
iaddictio in diem et écarte les textes relatifs à la lex commissoria
par une obser-
vation simple et décisive. Si le vendeur l'action
a en revendication, faute de paie-
ment du prix fixé, dans les exemples donnés par Seaevola et Alexandre Sévère
(P-720, n. 2),
ce n'est pas que la propriété lui revienne, c'est qu'elle ne l'a ja-
mais quitté, c'est
parce que la propriété n'est pas transférée par la mancipation
j» par la tradition quand le prix n'a
pas été payé et que l'acheteur n'a pas suivi
la foi del'acheteur. La preuve en est dans l'autre constitution d'Alexandre Sévère
e"ee, n. 1, où il dit positivement le vendeur n'a pas la revendication, mais
seulement l'action
que
ex vendilo, s'il a abandonné cette sûreté, s'il a suivi la foi de
acheteur ou, dirons-nous, s'il
a fait in jure cessio.
46
722 LIVRE III. — IV. — TITRE III
A notre sens, l'examen concret des textes relatifs aux diverses clauses
établit qu'aucune d'elles n'entraînait en droit classique le retour de la
propriété dans l'opinion d'aucun jurisconsulte '. Mais, en revanche, la
manière dont ces textes et ceux relatifs à la donation ont été traités dans
les compilations de Justinien paraît impliquer de sa part une volonté
d'ensemble de donner en règle générale à la condition un effet réel et 2
paiement : ainsi quand le créancier ayant deux débiteurs principaux hérite de l'on
d'eux, il garde son action contre l'autre (sauf à en déduire une partie, s'il existait
entre les deux débiteurs un arrangement mettant en commun entre eux la charge
finale de la dette : codébiteurs socii) et quand le créancier, ayant un débiteur prin-
cipal et un débiteur accessoire, hérite du débiteur accessoire, il garde sa créance
contre le débiteur principal : D., 46, 1, De fidejuss., 71, pr. S'il y avait eu paie-
ment par l'un des débiteurs principaux ou par le débiteur accessoire, la créance
serait éteinte et il pourrait seulement être question, selon les cas, d'un recours
par une action distincte. — On s'écarte encore plus du paiement et même des vé-
ritables modes d'extinction, quand la confusion se produit entre plusieurs codébi-
teurs. Si les dettes sont de force inégale, la plus faible est absorbée par la plus
forte (ordinairement, au cas de cautionnement, celle de la caution par celle du
débiteur principal: exceptionnellement aussi celle du débiteur principal parcelle
de la caution, quand celle-ci est la plus forte, quand l'obligation principale est une
obligation naturelle : Papinien, D., 46, 3, De solut., 95, 3) ; sinon elles subsistent
toutes deux (Africain, D., 46, 1, De fidejuss., 21, 1). Cf. pour les détails Accarias,
2, n» 712.
1. XII Tables, 5, 9 (Textes, p. 15).
2. Nous retrouverons la créance de restitution de dot. V. pour les créances née»
de délits, l'action d'injures et les autres aclions vindidam spiranles, p 393, n. 3;
pour l'action de Vadstipulalor, p. 746, n 4 ; pour les dettes nées de délits, p. 3!)*'"
n. 1 ; pour celle des sponsores et des fidepromissores, p. 749, n. 1.
EXTINCTION DES OBLIGATIONS. — PRESCRIPTION 725
lions par le laps de temps. Les obligations de l'ancien droit sont perpé-
tuelles Si l'action auctoritalis s'éteint par un délai d'un ou deux ans,
c'est par un contre-coup forcé de l'expiration du délai de l'usucapion,
après laquelle l'éviction, qui est sa condition d'ouverture, ne pourra
plus se produire. Si certaines cautions, les sponsores et les fidepromis-
sores d'Italie, sont libérées par un délai de deux ans depuis l'échéance
de la dette, probablement calqué sur celui dans lequel s'éteignait l'action
auctorilatis, c'est seulement depuis une loi positive, la loi Furia de
sponsu '. En dehors de l'exception simplement apparente relative à l'ac-
tion auctoritalis, en dehors de l'exception au droit commun introduite
par le texte positif de la loi Furia, toutes les obligations civiles sont per-
pétuelles.
Les obligations créées, à l'aide de concessions d'actions, par les pré-
teurs et les édiles, sont en revanche très souvent temporaires. Toutes
les actions édiliciennes s'éteignent par une année au plus -. Quant aux
obligations créées par le préteur, il y en a qui sont perpétuelles, mais
la plupart s'éteignent par un an 3 sans que les textes indiquent bien
,
clairement la base de la distinction 4 sans aussi que les interprètes
,
soient parfaitement d'accord sur le calcul de cette année. C'est, d'après
beaucoup de textes, une année utile et non pas une année continue
(minus quo experiundi polestas fuerit). Mais, suivant l'opinion domi-
nante, l'année utile serait, dans ce cas, comme dans tous les autres où
il en est question,
une année utile ratione cursus, dans la supputation
de laquelle on compterait seulement les jours où le demandeur
a pu agir,
n'en a été empêché ni par un obstacle venant de lui-même, ni par un
obstacle venant du défendeur, ni par un obstacle venant du magistrats.
Suivant une doctrine plus récente que nous croyons meilleure, c'est
simplement une année utile ratione initii, qui court seulement du jour
où le créancier a pu agir sans être arrêté par l'un ou l'autre de ces obs-
tacles, mais qui continue ensuite à le faire quoi qu'il arrive, comme cela
se présente, par exemple, pour le délai de la loi Furia '.
Le droit byzantin étendit l'extinction par le laps de temps aux obli-
gations civiles ou prétoriennes perpétuelles, en décidant que toutes les
actions qui ne s'éteignaient pas déjà par un délai de moins de trente
ans seraient désormais soumises à une prescription extinctive, qui est
d'ordinaire de trente ans, qui dans quelques cas peu nombreux est un
peu plus longue 2. A partir de là, les obligations temporaires sont celles
qui s'éteignent par moins de trente ans, les obligations perpétuelles
sont celles qui durent trente ans, qui s'éteignent seulement par la pres-
cription trentenaire ou par une prescription plus longue 3. La prescrip-
tion trentenaire ne commence à courir, comme le délai de la loi Furia
et comme l'année utile des actions prétoriennes, que du jour où la dette
1. V. en ce sens Ubbelohde, Ueber die Berechnung des Tempus utile der honora-
rischen Temporalhlagen, 1891, et le compte rendu de Bierman, Z. S. St., 13, 1892,
pp. 384-387. Suivant celte doctrine, le temps utile ratione cursus est étranger aux
actions prétoriennes annales et n'est attesté que pour le délai de la demande de
la bonorum possessio modelé sur celui de la crelio. Le grand argument en faveur
de ce système, la grande objection à la doctrine contraire, est l'admission de la
restitutio in integrum ob absenliam au cas d'action temporaire perdue parce qu'on
n'a pu agir (D., 4, 6, Ex quib. causis, 1, 1). Dans la doctrine du délai utile ra-
tione cursus, le délai aurait cessé de courir, tandis que l'admission de la restitué
in integrum prouve qu'il a couru ; or, rien n'autorise à limiter la solution, comme
on a voulu le faire, à certaines actions; des textes paraissent au contraire établir
directement qu'elle s'applique aux actions pénales prétoriennes (D., 4, tj.Exaiè.
caus., 18 ; cf. D., 4, 4, De min., 37, pr.). De plus ce système explique le témoi-
gnage de Justinien, fnsl., 4, 12, Deperp. acl.pr., selon lequel l'annalité des
actions prétoriennes vient de l'annalité des pouvoirs du préteur. C'est inexplica-
ble, si l'année de l'action est une année où l'on ne compte que les jours utiles,
tandis que l'année des pouvoirs du magistrat est une année continue ; cela s ex-
plique beaucoup mieux, s'il s'agit d'une année qui, une fois commencée, court
comme celle du magistrat. L'action venant du préteur devait d'abord, comme Je
judicium imperio conlinens, finir avec ses pouvoirs. Mais, quand le préteur sui-
vant la promettait dans son édit, il a dû facilement permettre à ceux qui l'avaient
acquise au cours des pouvoirs de son prédécesseur de l'exercer pendant le reste
de leur année sous sa propre magistrature, et il n'a fallu qu'un pas de plus pour
faire partir cette année du jour où ils avaient eu Vexperiundi potestas. — Sur la
loi Furia, v. p. 762, n. 1.
2. C, 7, 39, De praescr. XXX vel XXXX ami., 3. Cf. p. 301, n. 1. Comme pres-
criptions plus longues, on peut citer, en écartant la prescription de quarante ans
de l'hypothèque qui est la prescription d'un droit réel et non d'un droit person-
nel, la prescription de quarante ans appliquée par la novelle 111 aux actions des
églises et des fondations pieuses et la prescription de cinquante ans portée par
Justinien pour l'action en répétition du paiement de dettes de jeux prohibés (O.,
3, 43, De aleae lus., 1. 2). La créance du fisc en remboursement de l'impôt e»
imprescriptible (C, h. t., 6).
3. fnst., 4, 12, De perpet. ad., pr.
EXTINCTION DES OBLIGATIONS. — PRESCRIPTION 727
t. Pour qu'une action s'éteigne par le non-usage, il faut qu'elle soit née et
échue ; mais, si le principe est clair, il y a beaucoup de discussions sur l'applica-
tion. Cf. Dernburg, 1, § 146, 1 a. Une disposition de droit positif portait, pour les
créances d'intérêts, que, bien que leur prescription courût seulement de chaque
échéance (C, h. t., 7, 6), ils ne pourraient plus être réclamés après la prescription
de la créance principale (C, 4, 32, De usur., 26, pr.).
2. Différence de l'interruption et de la suspension, p. 308, n. 2. Le cas de sus-
pension le plus important existe au profit des impubères (C, h. t., 3,1 a ; autres
exemples chez Dernburg, 1, § 147, n. 12) ; les prescriptions de moins de trente ans
sont seules arrêtées au profit des simples mineurs (C, 2, 40, fn quib. caus., 5, 1).
L'interruption résulte soit de la demande en justice (C, h. t., 1, pr. ; Etiam per
sotom conveniionem), soit de la reconnaissance de la dette résultant par exemple de
la confection d'un nouveau titre, du paiement d'un à-compte, du paiement d'in-
térêts, etc. (C, h. t.,1, 5 a ; 8, 4).
3. Ce point est encore très controversé. On a soutenu que le droit subsiste pour
fonder soit une obligation naturelle, soit, le cas échéant, une exception. V. en ce
sens Savigny, Traité, 5, pp. 399-435. 442-466 ; Dernburg, 1, § 156 ; en sens contraire,
Vangerow, 1, § 151 ; Windscheid, 1, § 112. Nous avons déjà écarté l'obligation
naturelle, p. 641, n. 4. La subsistance éventuelle d'une exception antérieurement
concurrente avec l'action et fondée sur le même droit ne nous paraît pas mieux
établie. En tout cas, il ne faut pas invoquer ici le texte de Paul, D., 44, 4, De
exe. doli, 5, 6, selon lequel le dol qui fonde une. action temporaire crée une excep-
tion perpétuelle ; car, par suite de la subsidiarité de l'action de dol (p. 421, n. 1),
celui qui a l'exception n'a jamais eu l'action et, si son exception est perpétuelle,
c'est en vertu d'une idée symétrique à celle qui veut que les actions ne puissent se
prescrire avant d'être exigibles, parce qu'on ne peut lui reprocher son inaction
(euro... non habeal poleslalem, quando conveniatur).
TITRE IV
La théorie des modes d'extinction est plus importante pour les obli-
gations que pour la propriété, parce que les obligations sont, des droits
temporaires destinés à s'éteindre par leur exécution et la propriété un
droit perpétuel susceptible d'exercice répété. Pour la théorie des modes
de transfert 4, c'est l'inverse et en vertu de la même raison. La pro-
priété est un droit perpétuel destiné à passer de main en main. L'obli-
gation est un droit existant entre deux personnes, créé pour permettre
à la première d'exiger une prestation de la seconde. Normalement,quand
on veut faire argent de la propriété, on l'aliène ; quand on veut faire
argent de la créance, on la recouvre. Ici il y a extinction ; là il y a trans-
fert. Il est donc naturel que la créance considérée comme un lien entre
deux personnes ne puisse pas être transférée ; que son sujet actif, le
créancier, ne puisse pas la détacher de lui pour la faire passer sur une
autre tête. En conséquence, le droit romain n'offre certainement pas à l'é-
poque ancienne, il n'a peut-être, au sens strict, jamais offert de procédés
pour faire passer une créance d'une tète sur une autre comme il en offre
pour faire passer la propriété d'une chose corporelle d'une tète sur une
autre 2. La créance est anciennement un droit attaché à la personne
comme l'usufruit. Elle peut,à la différence de l'usufruit, être transmise,à
cause de mort, à l'héritier, continuateur de la personne, et même, entre
vifs, à l'adrogeant 3 ; mais elle ne peut pas plus que lui être transpor-
tée à titre particulier sur la tête d'une personne nouvelle *.
Cependant on dut s'apercevoir au bout d'un certain temps que 1»
créance est un élément actif du patrimoine comme la propriété, qu'elle
devrait logiquement pouvoir faire l'objet des mêmes opérations écono-
cédant, il donne une créance nouvelle qui a bien le même objet, mais qui
n'est pas la même, contre laquelle le débiteur peut, selon la formule
employée, avoir ou n'avoir plus les exceptions qu'il avait contre l'an-
cienne, pour laquelle le créancier n'a plus, en principe, les sûretés acces-
soires de l'ancienne, en face de laquelle il ne peut plus invoquer le
bénéfice de la mise en demeure acquise contre l'ancienne, en vertu de
laquelle ne courent plus les intérêts que faisait courir l'ancienne '.
2- Depuis l'introduction de la procédure formulaire, il existe un
second procédé qui serre l'imitation d'un peu plus près, qui permet au
cessionnaire d'intenter non plus une action semblable à celle du cédant
mais l'action du cédant lui-même. C'est le mandat judiciaire réalisé par
une lilis contestatio faite avec le débiteur cédé 2. Il n'était pas possible
sous les Actions de la loi, où en principe nul ne peut agir en justice au
nom d'autrui. Mais, au contraire, sous la procédure formulaire, le man-
dat judiciaire a été bientôt admis. Le mandataire judiciaire (cognitor,
procurator) se fait délivrer une formule qui prescrit au juge de condam-
ner le débiteur envers le mandataire si le mandant est créancier ; puis,
la condamnation obtenue, il peut en recouvrer le montant sauf son obli-
gation de rendre compte au mandant. Gela fournit un procédé de ces-
sion qui semble bien plus avantageux. On va constituer le cessionnaire
mandataire judiciaire, mais avec dispense de rendre compte (cognitor,
procurator in rem suam) s. Et de la sorte il exercera la créance même du
cédant 4, en étant exposé à toutes ses fins de non-recevoir, mais en en
conservant au moins en partie les accessoires, sans purger la de-
meure 5, sans dépendre surtout de la bonne volonté du cessionnaire, car
il existe des moyens pour le forcer de défendre au procès.
Pourtant ce second procédé a des inconvénients qui font qu'il n'a
pas tout de suite supplanté l'ancien. C'est un mandat judiciaire réalisé
1. Ce sont les effets mêmes de la novatio obligalionis tels qu'ils ont été exposés
p. 609.
2. Gaius, 2, 39 : Sine hac vero novatione non poteris tuo nomine agere, sed debes
ex persona mea quasi cognitor aul procurator meus experiri.
3. Les compilations de Justinien, au temps duquel le cognitor n'existe plus,
parlent toujours de procurator in rem suam et sont suivies dans ce langage par
plusieurs interprètes, par ex. par M. Gide. Mais Gaius, 2, 39, parle de cogmtor
aul procurator et la plupart des textes qui nous sont parvenus directement,
comme par ex. ceux des Fr. Vat., ou desquels on peut rétablir la destination
première (ainsi ceux d'UIpien, p. 731, n. 3), se rapportent môme au cognitor m
rem suam.
4. Cela se manifeste dans la façon dont Gaius oppose au cas de novation, où le
cédé est débiteur du cessionnaire (p. 729, n. 1), celui du cognitor ou du procura-
tor, où le cessionnaire ne peut agir suo nomine, mais ex persona du cédant (n. -)
5. La lilis contestatio libère les cautions verbales jusqu'à Justinien; mais le
mandataire judiciaire a le droit de la faire à son choix avec celui des débiteurs
principaux ou accessoires qu'il préfère. Pour l'hypothèque, les privilèges, la de-
meure et les intérêts, cf. p. 701, n. 5 et 6.
TRANSFERT DES OBLIGATIONS 731
par une litis contestatio. Il ne donne que ce que donnent les règles du
mandat judiciaire et de la litis contestatio. En particulier ',le droit passe
au cessionnaire seulement par
la litis contestatio comme là par la nova-
tion: or cette litis contestatio peut n'avoir lieu que très longtemps après
la convention de cession ; par exemple, elle n'est possible qu'à l'échéance
de la créance 2. Et jusque-là le cessionnaire n'a de droit qu'en vertu de
son mandat, c'est-à-dire non seulement bien entendu à condition qu'il
en ait reçu un, mais à condition que ce mandat n'ait pas été révoqué,
qu'il n'ait pas été éteint par la mort du mandant ou du mandataire, sans
que le cédant cesse de rester titulaire de la créance, de pouvoir recevoir
paiement ou faire acceptilation, de pouvoir faire une nouvelle cession 3.
Le second instrument est plus parfait, mais il est aussi plus délicat 4.
le contraire pour les rapports du mandataire avec le mandant pp. 672-674 ; nous
le verrons également pour certains des créanciers astreints à la cession d'action :
:
terminant,quelquesmots du sénatus-consulte Velléien sur l'intercession,
qui s'applique en particulier dans le cas où la femme a engagé ses biens
ou s'est portée caution pour la dette d'autrui et qu'il serait donc peu
commode d'étudier avant les sûretés personnelles et réelles.
§ 1. —Obligations corréales.
La solidarité parfaite, celle que les interprètes désignent du nom de
corréalité et celle qui mérite le mieux le nom de solidarité au sens tech-
nique moderne, peut exister, soit au profit de plusieurs créanciers (duo
aut plures rei stipulandi, credendi), soit à la charge de plusieurs débi-
teurs (duo aut plures reipromittendi, debendï) 2. Il y a corréalité active,
au premier cas, corréalité passive, au second. Dans les deux, elle a le
même caractère : d'une part, l'obligation existe pour le tout, au profit
de chaque créancier, à la charge de chaque débiteur ; d'autre part,
que le tout et peut donc agir pour le tout ; mais, à moins que la prestation qu'on
lui fait n'entraine la satisfaction des autres créanciers (ainsi la construction d'une
digue destinée à proléger les fonds de deux propriétaires contre l'écoulement des
eaux), le débiteur n'est pas libéré envers les autres en lui faisant sa prestation
et peut donc exiger de lui caution que les autres ne le poursuivront pas (sans que
les textes soient parfaitement d'accord sur la mise en pratique du système ; cf.
D., 16, 3, Dep., 1, 36 ; 14, pr. ; D., 46, 3, Desolut., 81, 1). Au contraire, si on en
vient à une condamnation pécuniaire, la dette indivisible est remplacée par une
dette d'argent divisible et le débiteur n'est condamné envers le créancier que pour
la part de celui-ci. Au cas de pluralité de débiteurs, le créancier peut également
demander le tout à chacun et chacun ne peut être libéré envers lui que par la
prestation totale de l'objet de l'obligation. Mais, pour le cas où l'on arrive à la
condamnation pécuniaire de l'un des débiteurs, il y a de grandes difficultés.
Parmi les textes, les uns parlent de condamnation à la valeur totale (v. par ex.
en matière de dette de servitude prédiale, Paul, D., 10, 2, F. E., 25, 10), d'autres
de condamnation seulement partielle (v.
par ex. en matière d'obligation de faire,
Ulpien citant Celse et Tubero, D., 45, 1, De V. 0., 72, pr.). Cf. sur les divers
systèmes, Dernburg, 2, § 24, n. 6, et Windscheid, 2, § 299, n. 7.
t. D., 45, 2, De duobus reis consliluendis ; Insl., 3, 16, De duobus reis stipulandi
" promittendi. La littérature moderne de la matière commence à l'ouvrage de
Keller sur la litis contestatio (Liliskonlestalion und Urlheil, 1827) et à l'étude
sur
lu corréalité de Ribbentropp (Zur Lehre
; von den Correalobligalionen, 1831). Elle
\ est excessivement abondante. Nous citerons seulement, parmi les travaux les plus
\ 'écents, ceux de MM. Gérardin, N. #. //., 1884, 237-266; 1886, pp. 137-154.
pp.
305-404, Mitteis, Individualisirung der Obligation, 1886,
pp. 49-113 et Eisele, Ar-
*>, 77, 1891, pp. 374-481.
-• Insl., h. t., 1 : Ex hujusmodi obligalionibus et stipulantibus solidum singu-
"S debetur et promittenles singuli in solidum lenenlur. In utraque lamen obligations
"nii ces vertitur et vel aller debilum accipiendo vel aller solvendo omnium peremil
:
""'igationem et libéral. Le texte ne parle pas de la litis contestatio à cause de
la réforme de
omnes
Justinien, p. 741, n. 1.
47
738 LIVRE III. — IV- — TITRE V
avant une réponse unique, quand on voulait établir une corréalité ac-
tive ; par la prononciation de toutes les réponses après une interrogation
unique, quand on voulait établir une corréalité passive 1. Mais elle a
passé de là dans tous les autres contrats 2, même non formels, non seu-
lement dans ceux de droit strict 3, mais dans ceux de bonne foi, dans
lesquels elle pouvait naturellement être établie enfermes quelconques 4.
Elle pouvait en outre être établie dans un testament par celui qui y fai-
sait un legs, soit passivement à la charge des héritiers grevés du legs.,
soit activement au profit des légataires 5.
Quant aux raisons pour lesquelles cette clause était insérée dans les
actes, c'étaient celles mêmes pour lesquelles les parties pouvaient trou-
ver avantageux d'écarter la division, de rendre le créancier maître de
demander le tout à chaque débiteur, de rendre chaque créancier maître
de demander le tout au débiteur. La corréalité passive sera établie pour
permettre à celui qui vend une chose à plusieurs acheteurs, qui prête
une somme à plusieurs emprunteurs de réclamer la dette à celui qu'il
voudra, sans être obligé de faire autant de procès qu'il a de débiteurs,
sans être exposé à ne toucher qu'une partie au cas d'insolvabilité de l'un
des intéressés ; elle pourra aussi servir à réaliser un cautionnement, sî
celui qui prête de l'argent, qui vend une chose à une seule personne, ne
veut pas se contenter de l'engagement de cette personne, déclare par
exemple ne vouloir prêter, ne vouloir vendre que si l'acheteur, l'em-
1. C,
8, 40 (41), Defidejuss., 28, 2. Ce régime soulève la question nouvelle et
controversée de savoir si la chose jugée au profit de l'un des codébiteurs pourra
être invoquée par les autres comme celle jugée au profil du débiteur principal
peut l'être par la caution d'après un texte sans doute interpolé (D., 12, 2, Dejure-
/»)'., 42, 3).
2. Nov. 99. On a essayé de toutes les façons de restreindre la portée de cette
innovation visiblement contraire à l'esprit de la convention de solidarité. Mais
elle paraît absolument générale. La seule restriction apparente qu'elle contienne,
l'exigence que les codébiteurs se soient portés cautions les uns des autres, perd
toute portée si l'on se rappelle que telle est à l'époque récente l'expression dési-
gnant la convention de corréalité dans les actes (p. 739, n. 1).
3. Cf. C-érardin, N. R. IL, 1884,
p. 250-253. La difficulté vient du conflit d'un
texte de Pomponius, D., h. t., 18, selon lequel alterius faclum alleri nocel
en ma-
tière de faute, et d'un texte de Marcien, D., 22, 1, De usuris, 32, 4, selon lequel
alterius mora alleri
non nocet (v. aussi toujours en matière de demeure, Paul, D.,
»û> 17, De R. J., 173,
2). La solution la plus raisonnable serait celle qui considé-
rerait le débiteur comme responsable seulement de sa faute et de sa demeure,
comme libéré lorsque la perle est survenue par la faute ou après la demeure d'un
de ses codébiteurs. Mais il
est difficile d'expliquer la divergence des deux textes,
"va beaucoup de systèmes, ainsi un système qui ajoute une négation au texte
de Pomponius,
un autre qui le croit interpolé à cause de l'innovation de Justinien
relative à la prescription
et un autre qui suppose une controverse entre juriscon-
sultes. L'un des moins bons
est celui de Pothier adopté par le Code civil, art. 1205,
e' basé sur
une distinction entre le prix de la chose et les dommages et intérêts,
(["e n'ont jamais les Romains.
4- D., h.
connue
t., 19.
s- Confusion:
p. 723, n. 3. Pacte de non pelendo: p. 713, n. 9. Quant à la
compensation, le débiteur peut naturellement
opposer en compensation les
créances qu'il lui-même
a contre le créancier, mais il ne peut opposer celles de
son codébiteur
que s'ils sont socii (D., h. t., 10).
b- Justinien, C, 8,
39 (40), De duobus reis, 4 (5).
742 LIVRE III. — IV. — TITRE V
prévenu dans leur exercice par les droits égaux de ses cocréanciers.
Chacun d'eux peut demander le paiement total au débiteur et le débi-
teur doit payer le plus diligent sans avoir le droit de réclamer le con-
cours des autres ni y avoir aucun intérêt ; car le paiement fait à l'un le
libère envers tous. Chacun d'eux peut également le libérer par accepti-
lation, par novation, malgré une difficulté apparente de texte, et par
litis contestatio '. Et il n'est même pas sûr que l'effet extinctif de la
litis contestatio ait été ici aboli par Justinien 2. Au contraire, en matière
de pactum de non petendo, de confusion et de compensation, il n'y a pas
de preuve que le droit acquis contre l'un des créanciers puisse être invo-
qué contre les autres 3. Quant au texte sur l'interruption de la prescrip-
tion extinctive 4, il vise à la fois les deux corréalités.
Reste la question de contribution. Un des créanciers a seul reçu le
paiement, seul bénéficié de la créance. Les autres auront-ils un recours
contre lui ? L'un des débiteurs a payé, a éteint la dette. Aura-t-il un re-
cours contre les autres ?
On répond par une distinction très connue. Etaient-ils socii ou ne
f étaient-ils pas ?
S'ils étaient socii, s'ils étaient liés par un rapport de société ou d'in-
division, l'action née de ce rapport (pro socio, familiae erciscuniae,
communi dividundo) permettra de répartir entre tous le profit ou la
charge 5. En outre, au cas de corréalité passive, le codébiteur à qui le
paiement est réclamé et qui offre de payer le tout a le droit, dans les
mêmes conditions que le fidéjusseur, de demander la cession des actions
du créancier pour mieux assurer son recours G.
S'ils ne sont pas socii, il est encore possible qu'il y ait entre eux un
rapport de mandat, quand le second créancier était en réalité adjointau
premier comme agent de recouvrement ou le second débiteur adjoint au
premier comme caution. Alors l'agent de recouvrement sera soumis à
1. Venuleius, D., 46, 2, De nov., 31, 1. V. aussi pour la libération du débiteur
à l'égard de tous par le serment prêté sur la délation de l'un ou par le pacte de
eonstitut conclu par l'un, Ulpien,/).. 12. 2. De jurejur., 28, pr. et Paul, fl.,13,5,
De pec consl., 10. La difficulté relative à la novation vient d'un texle de Paul, D.,
2, 14, De paclis, 27, pr., où, contrairement au témoignage précis de Venuleius, il
refuse au créancier corréal le droit de faire novation. Mais cela parait dans une
discordance singulière avec la solution admise par le même Paul en malière de
constilut.
2. La constitution ne parle que du cas de pluralité de débiteurs. Cependant la
question est controversée.
3. II n'y a pas de textes en matière de confusion ni de compensation. En ma-
tière de pacte de non pelendo, consenti par l'un, un texte formel maintient san»
distinction le droit d'agir des autres (Paul, D., 2, 14, De paclis, 27, pr.).
4. Justinien, C, 8, 39 (40), De duob. reis, 4 (5).
5. Ulpien citant Julien, D., 35, 2, Ad leg. Falcid., 62, pr.
6. Cela résulte, à tout le moins pour ce cas, des textes qui permettent dexiger
la cession iD., 19, 2, Locati, 47 ; C, 4, 65, Ioc.,13) et qui, à notre avis, le permet-
tent même en l'absence de société (p. 743, n. 1).
PLURALITE DE SUJETS. — OBLIGATIONS IN SOLIDUM 743
§ 2. — Obligations in solidum.
Dans le cas d'obligation in solidum ou, comme on a dit encore, de
solidarité imparfaite, de responsabilité collective, les débiteurs sont
bien libérés par le paiement fait par l'un ; mais la litis contestatio faite
avec l'un ne libère pas l'es autres, et en conséquence tout le monde admet
qu'il y a non seulement pluralité de liens, mais pluralité d'obligations.
I.,Sources des obligations in solidum. — On a dit que la simple
solidarité peut, comme la corréalité, exister activement ou passivement -.
Les textes nous présentent surtout l'obligation in solidum à la charge
de plusieurs débiteurs. Quant aux sources dont elle peut naître, on a
voulu prétendre, en y voyant une simple variété de la solidarité con-
ventionnelle, que ce serait la solidarité des contrats de bonne foi, tandis
que la corréalité serait celle des contrats de droit strict, ou tout au moins
que la convention de solidarité ferait naître, sauf disposition expresse
contraire, une obligation corréale au cas de contrat de droit strict et
une obligation in solidum au cas de contrat de bonne foi. 3. A notre sens,
i. V. en sens contraire Accarias, 2, p. 151- L'absence de lien entre le débiteur
fui paye et ses codébiteurs objectée par M. Accarias n'est pas un obstacle; car
le fidéjusseur qui demande la cession des actions
pour recourir contre ses cofldé-
jusseurs n'a pas plus de droit préexistant contre eux. Au contraire, on doit recon-
naître qu'Ulpien citant Julien, D., 35, 2, Ad leg. Falcid., 62, pr., semble bien ad-
mettre le défaut de tout recours en l'absence de société. Mais le droit de requérir
la cession des actions est accordé
sans distinction par Dioclétien, C, 8, 39 |40), De
imbus reis. 1 (2 et cette solution peut, le remarque M. Dernburg. qui
, comme
rapporte ingénieusement à cela Papinien, D., h. t., 11, pr., avoir été favorisée
PM la formule nouvelle où les débiteurs corréaux se portaient en même temps
cautions les uns des autres (p. 739, 1). Cr. les textes cités p. 742, n. 6.
2. De Ihering, Iahrbûcher, 24, 1886,
n.
pp. 129-186, a écarté deux cas signalés par
"uehta (dépôt fait
par plusieurs solidairement, où il y a corréalité) et par Wind-
scneid(fl., 9) 4% j)e nQX aci
;
j^ pr ou \\ y a plutôt responsabilité limitée),
«rmi ceux qu'il a lui-même proposés, l'un est écarté par Eisele. p. 476 ; l'autre,
I"' paraîtrait le plus soutenable. est celui où le constituant d'une dot l'a à la fois
Promise au mari et léguée à la femme (Ulpien, D., 23, 3, De J. D., 23; Julien,
Df\DeLeg.,I,U %).
« L'idée d'après laquelle la corréalité serait la solidarité des actions de droit
et la responsabilité in solidum celle des actions de bonne foi, a été exposée
74i LIVRE III. — IV. — TITRE V
par M. Démangeât, Obligations solidaires, 1858, et reprise, .V. R. II., 1882, pp. 219-
240, par M. Ilauriou qui seulement exclut de la corréalité les condicliones sim
causa au sens large. Elle se heurte à la fois aux témoignages selon lesquels la
corréalité peut exister dans les contrats de bonne foi (Papinien, D., h. /., 9) et à
celui (p.744, n.5i selon lequel la condiclio furliva s'éteindrait, au cas de pluralité
des voleurs,par le paiement etnon par la lilis contestatio : c'est môme pour éviter ce
second texte, dont il ne considère pas l'interpolation comme possible, que. M. Ilau-
riou fait une exception relative aux condicliones sine causa. L'autre doctrine
(Accarias, 2, n° 454) est un moyen terme inventé pour éluder à la fois les deux
textes, tout en gardant l'idée selon laquelle l'obligation in solidum correspondrait
à une variété de la solidarité conventionnelle. Les textes nombreux cités par
M. Accarias comme exemples d'obligation in solidum ne supposent pas une con-
vention de solidarité, mais une faute commune.
1. V. Gérardin, N. R. II., 1885, p. 444.
2. Action furli : p. 407, n. 6. Action de la loi Aquilia : p. 411, n. 4.
3. Cela nous semble, comme à M. Dernburg, 2, § 72, n. 6, indiqué parle frag-
ment d'Ulpien, D., 43, 24, Quod vi aut clam, 15, 2, où, en négligeant les obscuri-
tés produites par corruption ou interpolation, le jurisconsulte ne parait pas
apercevoir de solution intermédiaire entre le cumul, anciennement appliqué a
toutes les actions nées d'un délit (cf. p.394) et, pour le cas où cette idée paraîtrait
trop rigoureuse, la libération par la litis contestatio résultant de l'identité de res;
on comprendrait même, à notre sens, qu'avant qu'on ne dégageât l'idée des
actions réipersécutoires ou mixtes dont le profit no doit pas se cumuler (p. 39'.
n. 2), certaines incertitudes doctrinales aient fait classer parmi les obligations
corréales, sous prétexte d'identité de res, des obligations qu'une doctrine plus for-
mée eût considérées comme in solidum. On rendrait ainsi compte de ceux des
textes relevés par Eisele où l'exclusion de l'effet extinctif de la litis contestai
parait ne dater que de Justinien (cf. par exemple en matière d'édit de e/fusis e
dejeclis, D., 9, 3, De his qui eff., 3 ; 4, et peut-être en matière de condiclio fartai.
C, 4, 8, De cond. furl., 1 : n. 5).
4. V. les deux citations de Sabinus, D., 27, 6, Quod falso tut., 8 ; D., 43, 1».
De vi, 1, 13. 14, relevées par Dernburg; en sens contraire Eisele, qui consideie
les deux textes comme interpolés.
5. Metus: p. 418, n. 1. Dol : p. 421, n. 2. Action rationibus distrahendis: "T
PLURALITE HE SUJETS. — OBLIGATIONS IN SOLIDUM 745
phoninus, D., 26, 7, De adm. lut., 55, 1. Condiclio furliva : p.410, n. 1. M. Eisele
lui-même admet qu'il y a non pas corréalité, mais obligation in solidum dans
les trois premiers
cas. Au contraire, il considère, ainsi que faisait déjà, en vertu
d'une idée différente, M. Démangeât, la constitution, C, 4, 8, De cond. furt., i,
comme ayant, avant Justinien, admis l'extinction de cette condiclio par la lilis
cmiieslatio.
1.Tuteurs: Julien, D., 26, 7, De adm. lut., 18, 1. Ulpien, D., 27, 3, De lut. et
m. dislr., 15. Locataires, commodataires : Ulpien, D., 13, 6, Commod., 5, 15.
Dépositaires: Ulpien, D., 16, 3, Dep., 1, 43. Mandataires: Ulpien, D., 11, 6, Si
mensor, 3, pr. (textes qu'à la vérité M. Eisele considère tous comme interpolés
cl comme ayant à l'origine admis
une véritable corréalité résultant, sans conven-
tion, de l'identité de la
cause de la dette). Il y a encore une obligation in solidum
(admise cette fois
par M. Eisele lui-même),quand plusieurs personnes ayant donné
indépendamment le mandat de faire le même prêt sont tenues chacune de tout le
Préjudice: Papinien, D., 46, 1, De fidejuss., 52, 3.
2- V. par exemple Ulpien, D., 16, 3, Dep., 1, 43 Non enim eleclione sed solulione
:
Hberanlur.
3- Cf.Gérardin, pp. 402-403, qui invoque notamment en ce sens Ulpien, D.,
-'i 3, De tut., 15, et qui applique le même principe de reflet purement personnel
Ju serment et, à l'inverse, à l'interruption de prescription.
4- Marcellus, D., 16, 3, Dep., 22. Ulpien, D., 27, 2, De
tut., 1, 11. 12. Mais il
en serait autrement
au cas de dol, dit explicitement Marcellus et dit implicitement
L|pien (n. 5).
°- Ulpien, D., 27, 3, De lui., 1, 13. 14, qui
nous apprend en même temps qu'au
cas où le tuteur, simplement coupable de faute, avait droit à la cession et
ne
avait pas obtenue, des constitutions impériales lui accordaient néanmoins comme
etions utiles les actions qu'il n'avait
pas comme actions mandatae.
746 LIVRE III. — IV. — TITRE V
1. Gaius. 3,
117. Cf. p. 448, n. 2.
De fidefussoribus et mandaloribus. Inst., 3, 20, De fidejussoribus.
2. D., 46, 1,
Cf. Karlowa, R. R. G., 2, pp. 730-739. Appleton, R. hist. de droit français et
étranger, 1876, pp. 541 381 et Z.S.St., 26, 1905, pp. 1-48.
3. Cf Mommsen, Stadtrechte von Salpensa und Malaca, 1855, pp. 466-478 (Ge-
sammelle Schri/len, 1, 1905, pp. 357-369). Z. S. St., 23, 1902, pp. 439-441. Kar-
lowa, R. R. G., 2, pp. 47-59. Les praedes, qui n'existent plus sous Justinien,
sont les cautions reçues pour leurs créances par l'Etat et à son imitation, par les
cités de citoyens et par les cités latines de l'empire. Ils s'engageaient, semble-t-il,
habituellement, sur une interrogation du magistrat représentant du créancier dans
la formule: Praes es?
praes snm (Varron, De l. L., 6, 74; Festus. v. Praes\.
Leur intervention avait, croyons-nous, pour effet de libérer le débiteur antérieu-
rement tenu, ainsi que montre, par exemple, l'inscription de Pouzzole Textes,
P-815, dans laquelle un soumissionnaire de travaux publics, voulant rester lui-
même tenu à côté de ses garants, n'a d'autre ressource que de se porter son propre
praes (cf. la loi municipale de Tarente, 1. 9, Textes, p. 62), et sous ce rapport, ils
sont plutôt des débiteurs corréaux que de véritables cautions adjointes à une
dette principale. Ils étaient
sans doute, à l'origine, soumis à l'exécution sur la
personne, qui naturellement fonctionnait aussi bien contre les débiteurs de l'Etat
îue contre ceux des particuliers, qui ne devait se distinguer que par une rigueur
plus grande résultant de l'absence des formes de la procédure civile (cf.Mommsen,
Vr. publ., 1,
p. 203). Mais en vertu d'un mouvement général accompli pour toutes
lescréances de l'Etat (cf. Mommsen, Dr. publ., 4,
p. 251), l'exécution sur la per-
sonne a de bonne heure été remplacée pour eux par l'exécution sur l'ensemble du
patrimoine. La principale difficulté relative à cette exécution est de savoir en quel
sMs la loi de Malaca, c. 63-65, qui déclare expressément reproduire les règles en
,
-
"loueur à Rome, distingue une première vendilio praedum faite legepraediatoria et
une seconde vendilio in vacuum, certainement plus désavantageuse pour le praes (cf.
[ Suétone Claud., 9), faite si la première n'a
pu se conclure faute d'acheteur. Suivant
une doctrine, la première vente serait faite
pour une mise à prix égale au mon-
™t de la dette du
praes et, faute d'acquéreur à ces conditions, on ferait la se-
;
e°nde à un taux quelconque. Suivant
une autre opinion, la vendilio lege praedia-
«a laisserait au praes une faculté de racheter 1 immeuble en soldant sa dette
la laquelle
se rattacherait Yusureceptio ex praedialura signalée par Gaius, 4, 61,
comme ayant lieu,
sans bonne foi, par un an pour les meubles et deux ans pour
j
cs immeubles
au profit de celui dont le peuple a vendu la chose), et la vendilio
i *wmum aurait
un effet irrévocable.
1
i •'Sur 'es va<^es' Organisation judiciaire, 1, p. 73, n. 1. Le travail de
| M• voigt, IJeber das Vadimonium, 1881, est également riche en indications de
[ urces et en conjectures aventureuses. Les vades sont des cautions de
comparu-
n Judiciaire qui s'engagent
1
en droit récent par stipulation ; mais elles étaient
748 LIVRE III. — IV. — T1TKE V
Tant les règles anciennes que celles delà loi Furiane pouvaient naturelle-
ment viser que la sponsio et la fîdepromissio seules connues jusqu'alors,
on en conclut que ces règles ne s'appliquaient pas au fidéjusseur : qu'il
pourrait garantir des obligations nées d'une source quelconque ; que sou
engagement passerait à ses héritiers ; qu'il ne serait pas libéré par les
deux ans de la loi Furia et qu'il pourrait, malgré l'existence de cofidéjus-
seurs, être poursuivi pour le toutl.
Ces trois formes de cautionnement verbal ne satisfaisaient pas encore
à tous les besoins. Etant réalisé verbis, le cautionnement était impossi-
ble, quand le contrat verbal ne pouvait être fait, entre sourds et muets,
ce qui n'est pas très grave, et entre absents, ce qui l'est beaucoup plus,
Afin de combler la lacune, on introduisit deux derniers modes de cau-
tionnement consensuel, possibles entre absents : l'un avant l'obligation
principale, le mandatum pecuniae credendae, où la caution donne man-
dat au créancier de prêter au débiteur et où, par une application un peu
irrégulière des règles du mandat, on décide qu'elle sera comme tout man-
dant tenue envers le mandataire par l'action mandati contraria de l'in-
demniser du dommage causé par l'exécutiondu mandat, ici par le prêt 2;
l'autre après le pacte de constitut ou de receptum par lequel la caution
se porte jure praetorio débitrice envers le créancier de ce que lui doit
déjà le débiteur principal 3.
Nous allons étudier ici, en même temps, pour Vadpromissio, pour les
pactes prétoriens de constitut et de receptum et pour le mandatum pe-
cuniae credendae, les conditions d'existence, les effets et l'extinction du
cautionnement.
I. Conditions d'existence du cautionnement. — Sans parler de la
conclusion du contrat verbal, du mandat et du pacte, parmi lesquels seul
l'obligation du fidéjusseur comme ayant aussi bien que celle des autres atlpn-
missores nécessairement le même objet que celle du débiteur principal, V. p. 751,
n. 6, p. 753, n. 1.
1. Gaius, 3, 119. 120. 121. L'introduction de la fidejussio parait postérieure à la
loi Furia du VIe siècle (p. 755, n. 3) et même à la loi Cicereia, du milieu du VIIe
(p. 756, n. 2). Elle est au contraire antérieure à la loi Cornelia qui est probable-
ment, mais non certainement, du dictateur L. Cornélius Sulla (cf. p.751, n. 9),
Elle se place donc vers le milieu du VIIe. M. Appleton précise beaucoup plus non
seulement en admettant que la loi Cornelia est sûrement de Sulla, mais en at-
tribuant la loi Appuleia au tribunat de 651 du célèbre L. Appuleius Safurninus,
tribun en 651 et 654 et par contre-coup la loi Furia au tribunat de 054 de son
contemporain P. Furius ; mais ces dernières solutions sont à notre avis, incon-
ciliables avec les caractères de fond des deux lois (p. 755, n. 3 ; p. 761, n. Il-
2. Cette opération est, comme on voit, un doublet de la fidejussio (p.740, n.3).
Gaius, 3, 156, nous apprend que sa validité était contestée par Servius Sulpicius
en vertu des principes du mandat (p. 581, 2°) et a été admise sous I'influenceda
Sabinus ; Julien exprime la conclusion en disant, D., 17, 1, Mandati, 32: W
enim mullo referre (pulo) praesens quis interrogalus fidejubeat, an absens vel praes0
mandet.
3. V. p. 602, n. 8, pour le constitut, et p. 605, n. 1, pour le receptum an}®-
tarii.
PLURALITE DE SUJETS. — CAUTIONNEMENT 754
mum assez bas °) ; mais elle ne peut s'engager à plus. Si elle s'est enga-
1.par ex., Ulpien, D., 45, 1, De V. 0., 30 : Sciendum est generaliler, quod
V.
Àauis se scripserit fîdejussisse, videri omnia sollemniter acta. Inst., h. t., 7; 8.
Cf. pp. 486-488.
Aipromissio : Gaius, 3, 119. 119 a. Constitut: p. 602,
2. n. 5. Mandatum pecu-
mae credendae, à plus forte raison: p. 763, n. 1.
3. semblerait que le mandat, intervenant avant l'obligation principale, ne
Il
peul s'appliquer à l'obligation née. d'un délit ; mais ce n'est qu'une apparence :
il peut,
comme la fidéjussion, intervenir pour amener le créancier à concéder un
Mai ; car celui qui donne mandat
au créancier de concéder un délai est tenu
IK 17, 1, Mandati, 12, 14). Le constitut, quoique s'appliquant seulement à Far-
Sent et aux denrées, peut garantir toutes les dettes parce qu'il peut avoir un objet
différent de celui de la dette principale (n. 7).
h. t., 8, 12.
4. Ulpien, D.,
5. Le receptum
ne pourrait aussi être conclu que par un banquier.
8. Javolenus, D., h. t., 42. La raison donnée par le jurisconsulte n'est guère
p'un jeu de mots. Le vrai motif est, croyons-nous, dans le caractère formaliste
originaire de la sponsio et de la fidepromissio où le mot idem employé
par les par-
te distinguait la stipulation accessoire d'une nouvelle stipulation principale
'«dépendante
ou d'une stipulation novatoire et dont la doctrine a transporté les
règles à la fidejussio. Cela n'empêche d'ailleurs
pas que les actions ne puissent-
,™c différentes {fidejussio de l'obligation de payer un prix de vente).
I '• Ulpien, D., 13, 5, De const., 1, 5.
pec
!' 8. Inst., h.
t., 5. Cela n'empêche pas que l'obligation accessoire ne puisse avoir.
Me énergie plus grande
que l'obligation principale (cautionnement d'une obliga-
«»a naturelle, 2).
n.
'Gaius, 3, 124-125. Cette loi,
commune à toutes les cautions verbales, défen-
dit en principe qu'une s'engageât autre le même créan-,
I»pour un montant depersonne pour une envers
plus de 20.000 sesterces (un peu moins de 4.500 fr.). IL
test probable
sans être absolument sûr (cf. par ex. p. 41, n. 3) que cette loi Cor-
i^na, antérieure à la loi Julia de vicesima hereditatium (Gaius, 3, 125) est du dic-
*» L. Cornélius Sulla. Cf., sur sa sanction, Lenel, Ed., 1, pp. 247-248. Senn,,
"Sesperfeclae, thèse Paris, 1902, 117, et sur son application aux stipulations
PMloriennes, Lenel,
p.
Ed., 2, pp. 276-277.
752 LIVRE III. — IV- — TITRE V
I
Seulement comme il arrive souvent pour les principes de droit très
rigoureux, les jurisconsultes inventèrent des expédients pour soustraire
le créancier à l'effet de la litis contestatio et la caution à la nécessité de,
' •• Paul, Sent., 2, 17, 16. Ici comme en matière de conditions de validité (p. 751,
1), la doctrine à, malgré les doutes qu'eut
pu soulever la formule, imposé à
* fidejussio l'identité d'objet avec l'obligation du débiteur principal qui résultait
P'ur les autres cautionnements verbaux des termes mêmes du contrat.
"
'
• Ulpien,
Paul,
D., 45, 2, De duob. reis, 3, 1.
Sent., 2, 17, 16. Ulpien, D., 13, 5, De pec. const., 18, 3.
*• Dioclétien, C, 8, 40 (41), De fidejuss., 19, dit,
en termes généraux, qu'au cas
•* fidejussio, de mandat
tleclio.
ou de tout autre cautionnement, le créancier a la libéra
'• Le système du droit développé est exposé Papinien et Paul, D., 45, 1, De
•°-. 116. Mais cf. par
sur le second point, Celse, D., 12, 1, De R. C, 42, jw. et les
SWrvations de Gide, Novation.
p. 150, n. 2.
48
754 LIVRE III. — IV. — TITRE V
ou d'insolvabilité notoire, quand il n'y a pas d'action contre lui. quand il est tenu
seulement d'une obligation naturelle. On déduit d'autres textes que la caution
perd le droit d'en profiter en niant la dette (D., h. t., 10, 1). Enfin on discutait
siée bénéfice ne pouvait pas être écarté par une renonciation faite au moment du
contrat (exemple dans le papyrus de l'an 583, P. Oxy., i, 130), et la question a
clé résolue affirmativement, pour les cautions données à des banquiers, par la
nov. 136. Le C. civ., art. 2021. admet à la fois le bénéfice de discussion et la
tacullé d'y renoncer d'avance qui le rend à peu près illusoire.
\.D.,h. t., 52, 3.
2. Gaius, 3, 121 : Item sponsor et fidepromissor lege Furia biennio liberantur.
et quolquol erunl numéro eo tempore quo pecunia peti polest, in lot partes diducilur
inter eos obligalio et singuli in viriles parles obliganlur... 121a: Cum lex Furia
tuntuminltalialocum habeat... D'après le fr. d'Ulpien de Strasbourg, Z. S. St.,
25, 1904,
p. 370, les cautions italiques sont celles qui se sont engagées en Italie,
«n quelque lieu que se soit engagé le débiteur principal.
3. La loi Furia est, d'après le témoignage positif de Gaius, postérieure à la loi
Appuleia qui, supposant l'existence de provinces, est nécessairement plus récente
lue la création de la province de Sicile en 513. Elle est donc au plus tôt du
VI1 siècle.
D'autre part, faisant naître une manus injecliopro judicalo au lieu de
dispenser de
payer (p. 756, n. 1), elle apparaît par là même, à notre sens, comme
intérieure à la loi Aebutia (Org. jud.. 1, pp. 196-197), qui date, verrons nous, du
début du VIIe siècle. En outre, elle est d'après la vraisemblance et le langage de
™ius, antérieure à la loi Vallia qui transforma tous les cas de
manus injeclio sauf
Jeux
en cas de manus injectiopura.Cels. ne permet guère de la faire descendre plus
™s que la fin du VIe siècle et cela rend, nous semble-t-il, impossible de l'attri-
buer avec M. Appleton,
Z. S. St., 26, 1905, pp. 36-39 à P. Furius, tribun en 654.
756 LIVRE III. — IV. — TITRE V
division ainsi opérée a lieu à l'échéance, sans avoir besoin d'être de-
mandée, que les cautions soient solvables ou non. En sorte que l'insol-
vabilité de l'une nuit au créancier et non aux autres ; que la mort de
l'une après l'échéance nuit au créancier et non pas aux autres et qu'en
demandant à l'une plus que sa part le créancier commet un manquement
à la loi réprimé par une action spéciale '. Le système de cette loi fut
probablement la cause de la confection d'une autre loi, la loi Cicereia,
obligeant le créancier, à peine de nullité du cautionnement, à déclarer
publiquement dans un certain délai le montant de la créance et le
nombre des cautions 2. Il fut encore plus probablement l'un des grands
motifs de l'introduction de la fidejussio.
Le second tempérament a été introduit par une constitution d'Ha-
drien précisément dans l'intérêt des fidéjusseurs 3 desquels il fut étendu
immédiatement aux mandatons pecuniae credendae 4 et seulement par
1. Selon Gaius, 4, 22, la loi Furia de sponsu établit une manus injeclio pro juili-
calo adversus eum qui a sponsore plus quam virilem parlem exegissel, c.-à-d. sans
doute contre celui qui avait obtenu judiciairemeut de la caution plus que sa part
(v. sur le sens «exigere, Karlowa, Legisaklionen, 1872, p. 193). Il résulte donc
clairement de là que le créancier qui demande le tout à une caution ne commet
pas une plus pelilio et obtient judiciairement le paiement qui précisément fondera
contre lui la manus injeclio en répétition. Et cela montre que le texte de Gaius,
3, 121, où l'on a cru voir le contraire, exprime simplement le régime du temps de
la procédure formulaire où le sponsor a tiré de. son droit de répéter une exception
pour ne pas payer (Lenel, Edit, 1, p. 247, n. 1). Cependant M. Appleton vient de
soutenir que la manus injeclio s'appliquait seulement au cas exceptionnel où le
sponsor a payé par ignorance de l'existence des autres cautions et qu'il pouvait
au contraire repousser la demande en invoquant la plus pelilio dans le cas nor-
mal où il connaissait les autres cautions. Cette façon d'écarter pour l'hypothèse
principale la solution de Gaius, 4, 22, nous semble inadmissible d'abord parce
qu'il n'est pas sûr qu'au temps de la loi Furia les sponsores pussent avoir contracté
à des moments différents et que la loi Cicereia parait bien être venue parer plus
tard à des inconvénients qui n'existaient pas encore de ce temps ; ensuite parce
qu'alors il y aurait eu dans la loi Furia non pas les deux dispositions dont parle
Gaius, 3, 121, mais trois; enfin et surtout parce que, si la manus injeclio n'avait
dû servir qu'à ceux qui auraient paye par erreur, on n'aurait pas créé cette voie de
droit spéciale pour des gens déjà protégés par le droit commun de la répétition de
l'indu soit à l'époque à laquelle nous plaçons la loi, soit encore plus en l'an 654
auquel M. Appleton la fait descendre.
2. Gaius, 3, 123. Si le créancier n'a pas fait la praediclio dans les vingt jours,
on peut intenter contre lui une action préjudicielle pour faire vérifier an ex ea lege
praedictum sit et en cas de négation, les cautions sont libérées, dit Gaius. Cette
loi qui paraît avoir eu pour but de permettre aux cautions d'invoquer la loi Fu-
ria et que Gaius nous dit n'avoir visé que les sponsores et les fidepromissores,
mais avoir été étendue par la pratique aux fidéjusseurs, doit, pour la seconde
raison, être antérieure à la loi Cornelia et, pour la première, être postérieure à la
loi Furia ; mais en outre la façon dont sa sanction est attachée non pas à ab- 1
soit plus anciennement en vertu d'une loi spéciale à l'une des cautions
verbales.
Cette loi spéciale, la loi Publilia, dont la date précise est incertaine,
mais qui est certainement ancienne ', donne au sponsor et à lui seul,
lorsqu'il a payé pour le débiteur principal et qu'il n'a pas été remboursé
dans les six mois, une action en recours appelée l'action depensi 2, qui
s'intentait au temps des Actions de la loi par manus injectio et. qui est
en conséquence au double adversus infitiantem à l'époque formulaire 3.
De plus, depuis la reconnaissance des actions de mandat et, de gestion
d'affaires, la caution pouvait, quand elle était dans les conditions de l'une
de ces opérations 4, réclamer ses déboursés par les actions mandati ou
negotiorum gestorum contraria. Et par l'une ou l'autre elle sera par-
faitement protégée, quand le débiteur est solvable.
Mais c'est précisément en matière de cautionnement qu'il arrivera le
plus souvent que le débiteur soit insolvable, que la caution subisse pour
son recours le péril qu'elle épargne au créancier. Afin de se garantir
contre lui, elle pourrait faire comme le créancier, exiger une contre-
caution assurant son recours et, quoique cela semble bien compliqué,
il paraît que cela se produisait s. Mais les cautions trouvaient une pro-
tection bien plus fréquente dans une institution inventée par les
jurisconsultes, dans le bénéfice de cession d'actions qui leur permettait
1. Elle est antérieure à la loi Vallia, qui a maintenu par exception la »ian«s
injectio pro judicalo au cas d'action depensi (Gaius, 4, 25). Il n'y a pas, à notre
connaissance, de terme extrême opposé. Mais elle paraît bien appartenir au même
courant que les lois Appuleia, Furia et Cicereia.
2. Ce terme archaïque évoque trop nettement l'idée de pesée (Eisele, Beitriige,
1896, p. 27) pour qu'on puisse facilement admettre avec M. Appleton, p. 35, n. 3,
qu'il exprime simplement un remboursement quelconque. Mais nous ne croyons
pas davantage avec M. Karlowa, R. R. G., 2, p. 733, suivi dubitativement par
M. Cuq, 1. p. 253, n. 4, qu'il prouve que la loi ait été rendue au temps antérieur i
l'introduction de la monnaie d'argent faite en 486 où l'on aurait encore pesé l'aes
grave. Il est, croyons-nous. la conséquence de ce que, comme l'admet M. Appleton
lui-même, p. 36, n. 1, il fallait pour autoriser le recours, en matière de loi Pu-
blilia comme de loi Furia, que le solvens eut payé après un jugement, lequel eslun
cas de solutioper aes et libram.
3. Gaius, 3, 127. 4, 22. Cf. sur les règles de l'action depensi sous le système
formulaire, Gaius, 4, 102.171. Le recours de la caution est assuré dans beaucoup
de législations archaïques par des voies rigoureuses analogues. V. pour le droit
barbare et l'ancien droit français, Esmein. Eludes sur les contrats, pp. 88.97. 137
(saisie privée), et Collinet, N. R. II., 1895, p. 653 (action au double. ; pour le droit
hindou, Dareste. Eludes d'histoire du droit, p. 77 (action au double, également
signalée en Irlande par Collinet, loc. cit., et en Afrique par Post, A/rikamsck
Jurisprudenz, 2, 1887, p. 187).
4. La caution n'a pas de recours quand elle s'est portée caution dans son pro-
pre intérêt (in rem suam; cf. D., 2. 14. De pacl., 24), ou quand elle la fait do-
nandianimo (D., 17, 1, Mandati, 6, 2), ou, a-t-on fini par admettre après quelque
discussion, quand elle l'a fait malgré la défense du débiteur {D., 17, 1, Mani.,
40; cf. C, 2, 18 (19), Neg. gest., 24).
5. Ulpien, D., h. t., 4, pr.
PLUI1AL1TE OE SUJETS. — CAUTIONNEMENT 759
de recourir contre le débiteur, non plus de leur chef à elles, par leurs
actions de mandat ou de gestion d'affaires, mais du chef du créancier.,
par les actions plus avantageuses dont il n'avait plus besoin.
L'engagement de la caution pouvait en effet ne pas être laseule garantie
du créancier. Ainsi la créance pouvait être garantie par un privilegium
qui permettait de passer avant tous les créanciers ordinaires, avant les
créanciers chirographaires, comme on les appelle ; elle pouvait l'être sur-
tout par un gage ou une hypothèque. Si le créancier par exemple avait
voulu se payer sur le bien hypothéqué, la caution n'aurait rien eu à dé-
bourser. Au lieu de cela, il s'adresse à la caution. Jusqu'à l'introduction
du bénéfice de cession, elle est obligée de le payer et par son recours
elle n'obtiendra sur ce bien affecté à la dette qu'un dividende comme les
autres créanciers. Pour prévenir ce résultat, il faudrait que la caution
qui a été poursuivie et qui a payé pût prendre la place da créancier
dans ses droits et actions, pût profiter de cette hypothèque devenue
inutile au créancier et qui assurerait son recours. Seulement cela semble
impossible, au moins au cas d''adpromissio 4 ; car, d'une part, les actions
sont au créancier que rien n'oblige à les céder à la caution et, d'autre
part, fût-il disposé à les céder quand le paiement les lui aurait rendues
inutiles, il ne le pourrait pas, puisque le paiement les aurait éteintes.
Les jurisconsultes de l'époque impériale 2 ont surmonté les deux dif-
ficultés. D'un côté, ils ont soustrait la cession
au bon plaisir du créancier
en faisant admettre que le créancier commet un dol, quand il refuse la
cession d'actions dont il n'a plus besoin et qui seraient utiles à la
cau-
tion ; que,
par conséquent, la caution pourra, à l'aide d'une exception de
dol insérée dans la formule
au cas de fidejussio et de constitut, sous-
entendue à celui de mandat, repousser la demande du créancier qui lui
réclame le paiement et lui refuse la.cession 3. Quant à la difficulté résul-
tio faite avec la caution, ainsi au cas de fidejussio pour les créances privilégiées
contre le débiteur principal.
1. Paul, D., h. t., 30, indique l'objection et fait la réponse en termes qui sem-
bleraient indiquer que la cession peut être demandée même après le paiement.
Modestin, D., 46, 3, De solut., 76, déclare plus juridiquement la cession impossi-
ble si elle n'a pas été faite ou convenue avant le paiement.
2. La vente fait naître une obligation de garantie (p. 561, n. 2) ; la caution qui
a payé l'indu n'aura que la condiclio indebili. Jusqu'aux constitutions Per dioersm
et Ab Anastasio (p. 734, n. 5), l'acheteur d'une créance peut demander son mon-
tant intégral ; la caution ne peut demander que ses déboursés par une voie comme
par l'autre.
3. Dioclétien, C, 8. 40 (41), De fidejussoribus, 25.
4. Papinien, D., 46, 3, De solut., 95.11.
PLURALITE HE SUJETS. — CAUTIONNEMENT 7fil
m°rt et, pour ceux d'Italie, par deux ans depuis l'échéance de la dette,
Gaius, 3, 122. Cette loi s'appliquant aux sponsores et aux fidepromissores des
1-
provinces est, croyons-nous, postérieure à la création de la première province, la
province de Sicile,
en 513. Mais elle est, dit positivement Gaius. 3, 122, antérieure
a la loi Furia qui elle-même est antérieure, soit à la loi Aebulia du premier tiers
du VII» siècle, soit
à la loi Vallia de la fin du VI» siècle ou du début du VIIe ; i!
n°us paraît donc impossible de l'attribuer
avec M. Appleton, Z. S. St., 26, 1905,
PP- 30-39,
au tribunat de la plèbe de 651 de L. Appuleius Saturninus.
2- Modestin,
D., h. t.. 39.
3. Julien, D., h.
t., 17.
*• Cf. D., h. t., 10,
tout le
pr. D., 50, 15, De cens., o,pr. Les autres cautions peuvent à
moins invoquer le bénéfice de division contre la créance lorsqu'elle est
bercée par une caution qui payé comme lorsqu'elle est exercée par le créan-
C1« lui-même.
a
762 LIVRE III. — IV. — TITRE V
Celui qui n'inspire pas une confiance suffisante à son créancier peut
lui donner une sûreté personnelle, une caution. Mais le cautionnement
présente des inconvénients pour le créancier : surtout depuis la créa-
tion des bénéfices de discussion et de division, il entraîne des compli-
cations dans la poursuite ; puis la caution peut devenir insolvable ; enfin
le débiteur peut ne pas trouver de caution.
S'il a des biens, il a un autre moyen de rassurer le créancier, c'est de
lui donner une sûreté réelle, d'affecter à
sa garantie une ou plusieurs
elioses sur lesquelles
ce créancier aura plus ou moins parfaitement les
avantages du droit réel, le droit de suite et le droit de préférence.
Le droit romain a successivement atteint ce résultat par trois procé-
: en donnant au créancier, à titre intérimaire, en guise de
dés différents
sûreté, la propriété, la possession et un droit réel prétorien -.
Le droit romain primitif
ne connaissant d'autres droits réels que la
propriété et les servitudes, ne pouvait atteindre le but que par une trans-
lation de propriété. Le débiteur faisait mancipation
ou in jure cessio de
sa chose avec une convention de fiducie dans laquelle l'acquéreur s'en-
fuiraiteu un recours contre le débiteur principal (D., 2, 14, De pact., 32 ; D., 14,
», De S. C. Maced., 9, 3) et l'on peut se demander si ce n'a pas été là la doc-
trine générale primitive (cf.
par exemple pour l'exception du sénatus-consulte Vel-
léien, les solutions
opposées de Cassius et de Julien, D., 16, 1, Ad S. C. Velleia-
n«m, 16, 1, relevées
t.
par Dernburg, 2, § 78, n. 3).
Ondoit seulement remarquer que les exceptions du débiteur principal, par
Hemple celle tirée de la minorité, sont plus difficilement étendues au manda-
>wpecuniae credendae qu'au fidéjusseur, peuvent lui être refusées, même quand
"a ignoré l'existence du l'ait qui donne lieu, parce qu'il a été adfirmalor ac-
y
Hmsor de l'opération (D., 4, 4, De min., 13, pr.).
'• °-, 20, 1-6. Cf. H. Dernburg, Bas Pfandrecht nach den Grundsatzen des
jutigen rbmischen Redits, 2 vol., 1860. 1864. A. Jourdan, Etudes de droit romain,
^hypothèque, 1876. V. N. Herzen, Origine de l'hypothèque romaine, 1899 ;-
^ner, Mnemosyne, 31,
encore
pp. 211-233 ; Manigk.' Pfandrechlliche Forschungen, 1, 1,
jondrechlliche Terminoloqie der Rômer, 1904, et le compte-rendu de-
ik'™,Z.S.St.,25, 1904, u. Lileratur
pp. 449-457.
764 LIVRE III. — IV- — TITRE V
1. Cf. sur l'aliénation fiduciaire, les textes et les commentaires cités p. 517-
523. V. aussi, p. 773, n. 1..
2. Il fallait la création des interdits pour que le créancier gagiste eût une pos-
sibilité de reprendre la chose aux tiers. Mais il a fallu celle de la procédure for-
mulaire et des exceptions pour qu'il eût un moyen de repousser la revendication
de constituant infidèle à sa parole. Auparavant le seul procédé qu'on aurait pu
avoir, au moins en matière de res nec mancipi. pour donner une. sécurité légale
au créancier eût élé de convenir, en partant de l'idée de tradition sous condition
suspensive qui est à la base de la lex commissoria (p. 777), que, si la chose
était enlevée, le créancier en deviendrait propriétaire. C'est, nous semble-t-il, le
sens de la clause des formulaires de Caton. De r. r., 146, 5 : Ne qtiid eorum de
fundo deporlalo. Si quid deporlaveril, domini eslo ; cf. 146, 7. Mais la sûreté nous
parait néanmoins avoir été surtout une sûreté de fait, assise sur le peu de danger
pratique qu'il y avait que le débiteur intentât une revendication à laquelle le
créancier eût répondu en exigeant son paiement immédiat, d'ailleurs donnée
seulement à titre provisoire en attendant l'intervention des sûretés personnelles,
ainsi que nous montrent encore les formulaires de Caton, De r. r., 146, à ' D°m",
cum solulum erit aul ila salis dalum eril, quae in fundo inlata enuil. pign"n
sunlo; cf. 149, 7. 150, 7. Les textes de Plaute réunis chez Costa, Dirilio nelle co-
médie di Plaulo, 1S90, pp. 260-264, attestent, à.notre avis, un peu plus tôt le même
régime. En revanche, le texte du foedus Lalinum rapporté par Festus, v. .w
SURETES REELLES 765
Wor: Item in foedere Latino : Pecuniam quis nancitor, habelo, et : Si quid pignoris
nusciscilur, sibi habelo, est, croyons-nous avec M. Dernburg, 1, p. 51-53, étranger
nu gage privé ; ilsoustrait simplement à la mise en commun du butin, soit la
fiainia, soit les pignora, otages, places de sûreté prises sur l'ennemi par chacun
te alliés. V. des idées un peu différentes dans Voigt, Vas Pignus der Rbmer
feîii seiner Umwandlung
zum Rechlsinslitut, 18S8 (dont la terminologie a été
écartée par les recherches de Manigk), Naber et Manigk.
t. Ulpien, D., 43, 26, Deprec, 6, 4. Florentinus, D., 13, 7, Depign. ad., 35, 1,
ïdniet aussi la possibilité d'un louage.
-•
Cf. sur l'hypothèque
grecque H. F. Hitzig, Das griechische Pfandrecht, 1895,.
«eauchel, Histoire du droit privé de la République athénienne, 3, 1897, pp. 176-
* L'origine hellénique de l'hypothèque romaine a été particulièrement défen-
de par Dernburg, Pfandreclil, 1,
pp. 67-76. Elle est combattue par Jourdan,
PP-142-172.
•^ Les praedia subdita, subsignala, accepta, qu'on trouve signalés comme ga-
.
'MUe donnée
aux cités soit seuls (loi agraire de l'an 643, lignes 46.63,83), soit à
766 LIVRE 111. — IV. — TITRE V
côté des praedes (loi de Malaca, ce. 60. 63. 65) étaient nécessairement distincts à un
point de vue quelconque des biens du praes déjà engagés en bloc à la dette par
son propre engagement (p.747, n. 3). Ils faisaient sans doute l'objet d'une ins-
cription spéciale, en vertu de laquelle ils ne pouvaient, à la différence des autres
biens du praes, être valablement aliénés du jour de l'inscription, et ils étaient au
reste soumis comme eux, à l'échéance, à la vendilio ex lege praedialoria, suivie
faute d'acheteur de la vendilio in vacuum. Cf. Karlowa, R. R. G., 2, pp. 56-5(1, el
Jourdan, pp. 45-64, qui voit précisément dans cette institution politique l'origine
de l'hypothèque privée. V. aujourd'hui dans le même sens Manigk, p. 59.
1. Cf. sur les dates des diverses phases du développement, Kunlze, Zur Gesch.
,d. rbmisch. Pfandrechts, 1, 1893, pp. 26-31 et surtout N. Herzen, N. R. H., M,
pp. 7 91-802.' 1899, pp. 5-26, dont le travail (reproduit, Origine de l'hypothèque ro-
main e, pp. 167-201), a été le premier à aborder la question suivant une méthode
scientifique et à donner les termes de solution essentiels.
2. D., 43, 32, De migrando. Cf. Herzen, Origine de l'hypothèque, pp. 105-109 et
les renvois.
3. D., 43, 32, De migr., 1, 4.
4. Gaius, 4, 147 : Inlerdictum quoque quod appellatur Salvianum, apiscendm
possessionis causa comparatum est, eoque ulilur dominus fundi de rébus co/oni au®
is pro mercedibus fundi pignori fuluras pepigisset. Malgré l'absence de témoi-
gnages directs, cet interdit est très vraisemblablement antérieur à l'action ser-
vienne qui en est un renforcement et qui est placée à sa suite dans redit d«
Julien (Textes, p. 155 ; Lenel, Ed., 2, pp. 238-245).C'est arbitrairement qu'une opi-
nion exprimée par Huschke et suivie par MM. Voigt, p. 261, n. 48 et Cuq, N< •>•
SURETES REELLES 767
l'existence des actions personnelles du gage en dehors de toute remise. Cf. D., 13,
7, De pign. ad., 36, 1 ; D., 20, 5, De dislr. pign., 7, et Dernburg, l,pp. 140-141.
1. Ulpien, D., 13, 7, De pign. act., 9, 2 : Proprie pignus dicimus, quod ad cre-
dilorem transit, hypothecam, cum non transit nec possessio ad credilorem.
2. M. Dernburg, 1, p. 264 ; 2, p. 479-482, suppose en partant de certains textes
(Gaius, D., 20, 1, De pign., 15, 2 ; Africain, D., 20, 4, Qui pot., 9, 3), que la. se-
conde hypothèque a d'abord été regardée comme constituée sur la chose sous la
condition que le premier créancier serait désintéressé. Plus tard elle entraîne un
droit présent immédiatement sanctionné par l'action hypothécaire (Marcien, D.,
20, 4, Qui pot.,
12, 7).
3. Ulpien, D., 13, 7, De pign. act., 1. pr. : Nuda conventione. La conséquence
élait, d'une part, qu'il était impossible à celui qui recevait une hypothèque de sa-
voir si la chose n'avait pas déjà été hypothéquée à une autre personne et, d'autre
pari, qu'il était assez aisé, pour celui qui avait déjà donné une hypothèque sur
sa chose, d'en faire passer frauduleusement une nouvelle avant celle-là en anti-
datant mensongèrement le nouvel acte de constitution. Le droit impérial essaya
de lutter contre le premier mal
en frappant de peines publiques comme coupable
de stellionat celui qui aliénait
ou hypothéquait une chose sans déclarer les hypo-
thèques existant sur elle (D., 47, 20, Stellionatus, 3, 1 ; D., 13, 7, De pign. act.,
3S, 1). L'empereur Léon fut amené
par le second à décider, C, 8, 17 (18), Qui
poliores, 11, que les hypothèques constatées en présence des autorités publiques
ou de trois témoins primeraient celles constatées dans de simples actes privés,
même lorsque ceux-ci porteraient
une date antérieure.
} Oaius, D., 20, 1, De pign., 15, 1, signale la clause hypothéquant à coté do
biens déterminés
tous les biens présents et à venir du débiteur comme une clause
usuelle, quae cotlidie inseri solet caulionibus. Elle paraît avoir été inventée préci-
sèment pour protéger contre la surprise résultant de la clandestinité. Elle est
L en
Principe prohibée dans
notre droit. C. civ., art. 2129.2130.
S- La préférence
des Romains pour les sûretés personnelles résulte, encore plus
lue des exemples concrets où la sûreté réelle est considérée comme une sorte de
Pis aller provisoire (v.
après Caton, p. 764, n. 2, Labéon, D., 20, 0, Quib. mod.,
'*;Scaevola, D., 20, 1, De pign., 34,1). de la règle générale selon laquelle les sû-
tc|és personnelles demandées l'édit du préteur ne peuvent être remplacées
PMles sûretés réelles (Ulpien,
par
./', D., 46, 5, De slip, prael., 7). V. cependant Pompo-
nms. 0., 50, 17, De R. 25.
49
770 LIVRE III. — IV. — TITRE V
§ 1. — Conditions d'existence.
Les conditions d'existence des sûretés réelles se rapportent, à trois
points : aux sources dont elles naissent, aux créances qu'elles garantis-
sent et aux biens sur lesquels elles portent.
I. Sources. — Les sûretés réelles peuvent résulter :
1° De la volonté privée, non seulement d'une convention,, qui motive
une aliénation fiduciaire ou la constitution d'un gage, cpii crée une hy-
pothèque (pignus conventionale), mais, d'un testament où le disposant
affecte par exemple certains biens à la sûreté d'un legs l. En pareil cas,
le constituant doit, en particulier pour la constitution d'hypothèque \
être propriétaire et capable d'aliéner ; mais, l'hypothèque étant un droit
réel prétorien, il lui suffira d'avoir la propriété prétorienne 3 et l'on peut
même hypothéquer valablement les choses dont on n'est pas proprié-
taire, pour le cas où on le deviendrait 4.
1. L'hypothèque appartenant au légataire en vertu d'une simple disposition du
testateur est attestée par Justinien, C, 6, 43, Comm. de leg., 1. La question es!
de savoir depuis quand elle existe. Elle n'a pu le faire dans l'ancien droit faute
de mode de constitution ; car le seul legs qui crée des droits réels, le legs/xr
vindicalionem ne crée que des droits réels civils et le fldéicommis lui-même ne
fonde qu'un droit de créance aboutissant à l'établissement d'une hypothèque
conventionnelle. On a soutenu que cela avait changé à la fin de l'époque classi-
que où Ulpien, D., 13.7, De P. A., 26, écrit que Sévère et Caracalla ont souvent
répondu pignus leslamenlo conslitui posse et où, dit-on, la superlicie et le jus in
agro vectigali qui sont des droits réels prétoriens pouvaient être constitués par
legs p. 383, n. 3 ; p. 384, n. 8). Mais il n'est pas sûr que les legs dont il est
question à propos de la superficie et de Yager vecligalis ne soient pas simplement
des legs per damnationem obligeant à les constituer et les constitutions de Sévère
et Caracalla invoquées par Ulpien peuvent s'entendre du gage résultant de la
missio in possessionem accordée au légataire, que Papinien, D., 33, 1, De ann leg-,
9, considère vers la même époque comme le seul effet d'une pareille disposition,
Paul, D., 34, 1, De alim. leg., 12, n'apprend rien sur la question.
2. Au cas de gage, le cessionnaire pourrait, quoique tenant d'un non-proprié-
taire, avoir les interdits possessoires.
3. La formule de l'action hypothécaire exigeait seulement que la chose fût i»
bonis du constituant (p. 774, n. 2).
4. L'hypothèque est certainement valable, si elle est constituée sous la condition
que le constituant deviendra propriétaire (Marcien, D., 20, 1, De pign., 16, 7), El
on valide en conséquence, comme faites sous cette condition tacite, soit l'hypo-
thèque consentie par un individu sur une chose dont il est créancier, par ex. sur
une chose qu'il a achetée, soit l'hypothèque des biens à venir (Papinien, D., 20,
1, De pign., \.pr.\. Mais il y a plus de difficultés pour l'hypothèque consentie par
une personne sur la chose d'aulrui sans condition expresse ou tacite de ce genre-
Cependant on paraît avoir fini par admettre qu'au moins quand je concessionnaire
croyait le constituant propriétaire au moment de la constitution, l'hypothèque
deviendra valable si le constituant acquiert plus tard la propriélé de la chose on
si le propriétaire hérite du constituant. C'est la solution que paraît admettre Pa-
pinien. au texte cité, et elle est appliquée par Modestin, D 20, 1, De pign.,&
,
au cas où le propriétaire hérite du coristiluant pour lequel elle est à la vérité for-
mellement repoussée par Paul, D., 13, 7, De pign. act., 41. Une décision d'appa-
rence divergente donnée pour l'autre cas par Africain, D., 20, 4, Qui pot-, 9, 3, se
rattache, croyons-nous, au développement historique, p. 769, n. 2.
SURETES REELLES 771
Justinien, de la femme sur les biens du mari pour sa dot, des légataires
sur les biens de la succession pour leurs legs) 7.
II. Créance' garantie. — L'hypothèque est un droit réel accessoire qui
suppose une créance garantie. Mais elle peut, comme le cautionnement,
garantir une dette quelconque, soit avant, soit après sa naissance 8, à la
fois pour le principal et les accessoires 9. Seulement tandis que la
cau-
tion garantit uniquement la dette cautionnée, Gordien décida,
par inter-
1. 6'., 8, 21 (22), De praetorio pignore ; 8, 22 (23), Si in causa judicati pignus
aptumsit. Cf Jourdan, pp. 445-462'; Dernburg, Pandeklen, 1, §§270-271.
2. D., 20, 2, In quibus causis pignus vel hypolheca tacite conlrahilur.
3. Bail à loyer : Neratius, D., h. t., 4, pr., où il note que cette hypothèque tacite
n'appartient pas aux bailleurs de biens ruraux.Cf.C.civ. art., 2103, l°.Bail à ferme :
Pomponius, D., h. t., 7. Cf. C. civ., art. 2102, i». V. sur les deux, A. Oeslergren,
Dos geselzliche P/andrechtd. Vermielers
u. Verpàchlers nach romisch. Recht. 1905.
4. Sénatus-consulle rendu
sous Marc-Aurèle : D., h.t., 1. Cf C. Civ., art. 2103,4°.
3..Celte hypothèque dont l'origine remonte peut-être à la loi Julia sur l'impôt
te successions (Fragm. de jure fisci, 5), garantit certainement au temps des Sé-
vères les créances du fisc nées de
ses contrats ou relatives aux impôls et ne ga-
rantit certainement pas ses créances nées de délits. On discute si elle garantit ou
non toutes ses créances sauf cette exception. V. dans le premier sens, Windscheid,
'• § 232,
n. 1 ; dans le second, Dernburg. Pfandrechl, 1, §§ 41-43.
C. Pour les fous,
cette hypothèque légale date seulement du temps de Justinien
!''•, 5, 70, De
cur. fur., 7, 5 a). Pour les impubères et les mineurs, on discute si
'Ue date de celui
de Sévère et Caracalla (C, 4, 53, Rem alienam, 1) ou de celui
«e Constantin >C. Th., 3, 30, De adm.
etper., 1).
'• l'ot : Inst., 4, 6, De ad., 29. Legs C, 6, 43, Comnt. leg., 1, 2. Enumérations
:
P'iis complètes des
hypothèques légales dans Dernburg et Jourdan.
» L'hyputhèque peut être constituée non seulement pour une dette civile, mais
Wr une dette naturelle, seulement pour une dette existante, ou à terme, ou
conditionnelle, mais
non
pour une véritable dette future, par exemple par un locataire
'n garantie de loyers futurs, exemple à l'occasion d'une ouverture de crédit
par
"•> 20, 1, De pign., 5, pr.), et alors elle prend croyons-nous, si les parties
eveulent, non
rang,
pas seulement du jour de la naissance de la dette, de l'usage fait
sa constitution (P., 20, 4, Qui pot., \,pr. ; 9,pr.).V. en
crédit, mais du jour de
sens, Dernburg, Pand., 1, § 274 et les auteurs cités,
en sens contraire, Wind-
'iV' § 2"3' n' 7 et les auteurs cités-
u'^hypothèque
9
s'étend aux accessoires de la créance, intérêts, impenses, etc.
:( •™-. 7, De
pign. act., 8, 5l.
772 LIVRE III. — IV. — TITRE V
§ 2. — Effets.
Tandis que l'acquéreur avec fiducie devenant propriétaire avait sur la
chose, sauf sa responsabilité contractuelle, tous les droits attachés à la
propriété ', le créancier gagiste ou hypothécaire a seulement deux droits,
d'ancienneté et de généralité inégales : le jus possidendi et le jus dis-
trahendi.
I. Jus possidendi. — Le premier droit du créancier, le plus ancien,
est le jus possidendi, le droit à la possession, conféré au créancier ga-
giste immédiatement, au créancier hypothécaire à l'échéance. De môme,
a-t-on dit, que l'usufruitier a le droit de jouir de la chose d'autrui (jus
ulendi et fruendi) le créancier hypothécaire a un droit de posséder por-
tant sur la chose d'autrui (jus possidendi) et, de môme que pour sanc-
thèque sans la créance, en sorte que le bénéficiaire pourra bien exercer, jusqu'à
concurrence de sa créance, l'action hypothécaire du constituant, mais non pas son
action personnelle. C'est, quanta cette question très discutée (l'ouvrage principal
est celui de R. Sohm, Die Lehre vom Subpignus, 1864 ; v. en outre Windscheid, 1,
§ 239, n. 14), la conception qui nous paraît commandée moins par le texte fonda-
mental (D., 20, 1, De pign., 13, 2) qui est obscur, que par la nécessité logique de
distinguer nettement du pignus nominis, où l'on hypothèque la créance avec tous
ses accessoires, le pignus pignoris, où l'on hypothèque seulement l'hypothèque,
où l'on engage uniquement le droit déjà constitué sur la chose hypothéquée
comme dans les subrogations à l'hypothèque moderne et dans les sous-ordres de
notre ancien droit.
I. Au point de vue de la responsabilité contractuelle, on peut d'ailleurs rencon-
Irer en matière de. fiducie à peu près tous les arrangements relatifs au droit du
créancier de se payer sur la chose donnée en sûreté que nous trouverons plus
loin en matière de gage et d'hypothèque. En face des tiers, le fiduciaire étant
propriétaire a pleine capacité d'aliéner ; mais, en face de l'aliénateur avec fiducie,
il est tenu, à peine de dommages et intérêts, à rendre la chose quand on lui offre
le prix et qu'il n'a donc plus de raison de la garder. En conséquence il a grand
intérêt à convenir d'une lex commissoria en vertu de laquelle la chose lui restera
définitivement en paiement sans pouvoir désormais lui être réclamée, s'il n'est
pas payé au jour dit (cf. D., 18, 3, De leg. comm., les fr. 2 de Pomponius : Lenel,
797, et 3 d'Ulpien : Lenel, 905, traitant de la lex commissoria à propos de la fiducie);
a conclure un paclum de dislrahendo, qui fut sans doute du reste vite sous-en-
tendu et en vertu duquel il ne sera comptable sur l'action fiduciae que du prix reçu
et non de la valeur de la chose (cf. par ex. Pomponius, D., 13, 7, De pign. act.,
; à détailler aussi dans la convention pour éviter des chicanes
S, 4 : Lenel, 799)
postérieures la façon dont il pourra faire la vente (cf. surtout la table de Bétique,
Textes, p. 788). 11 s'est même développé
sur le terrain de l'aliénation fiduciaire
une institution symétrique à celle de Yimpelralio dominii, p. 779, n. 3, selon la-
quelle le fiduciaire, qui ne trouve pas d'acheteur et qui ne veut pas être indéfini-
ment exposé à la réclamation de l'aliénateur, peut se faire attribuer par l'empe-
reur, à dire d'expert, non pas la propriété qu'il a déjà, mais le droit de la garder
définitivement (Ulpien, D., 13, 7, De pign. act., 24, pr. : Lenel, 903). Enfin la
question de la validité de la clause enlevant le droit de vendre s'est posée là,
comme pour l'hypothèque, quoique en termes différents, et elle a été tranchée dès
époque classique
en ce sens que le fiduciaire qui n'est pas payé à l'échéance et
'lui somme vainement le débiteur de racheter la chose peut la vendre sans enga-
ger sa responsabilité nonobstant toute clause contraire (Paul, Sent., 2, 13, 5). Cf.
pemice, Labeo, 3,
pp. 138-140 ; Jacquelin, Fiducie, pp. 257-320.
774 LIVRE III. — IV. — TITRE V
1. C, 8, 13 (14), Depign., 2.
2. Nov. 4, c. 2.. En conséquence donc, du tiers détenteur et de la caution, c'est
la caution qui doit définitivement supporter la dette le bénéfice de cession d'ac-
;
tions ne lui permettra de profiter des hypothèques
que pour les tiens qui seront
encore entre les mains du débiteur.
3. Antonin Caracalla, C, 8, 17 (18), Qui pot., 3 (4) : Si fundumpignori accepisti
anlequam reipublicae obligarelur, sicul prior es lempore, itapotior jure. Les hypo-
thèques conventionnelles, qui sont pratiquement les plus importantes, prennent
rang du jour de leur constitution, même, croyons-nous, quand la créance garantie
ne naît que postérieurement (p.771, n. 8). Les hypothèques légales prennent rang
du jour de la créance.
4- Hypothèque du fisc: C, 4, 46, Si
,
propler publ. pens 1. Hypothèque du con-
servateur de la chose (privilège de versio in rem) : D., 20, 4, Qui pot., 5 ; 6. Hypo-
thèque de la femme
pour sa dot : C, 8, 17 (18), Qui pot., 12. Constitution de Léon :
P- 7C9, n. 3.
776 LIVRE III. — IV. — TITRE V
dication et les actions réelles des ayants cause du constituant, une excep-
tion, l'exception d'hypothèque (rei sibipigneratae, si non convenil ut sibi
res fuerit obligata). Mais, si celui qui intente l'action hypothécaire est
lui-môme préférable en rang, il aura pour paralyser cette exception, une
réplique, la réplique de priorité de rang (si non sibi res ante fuerit obli-
gata) i. En sorte que, par ce jeu d'exception et de réplique, celui dont
le rang sera préférable obtiendra ou conservera la possession 2.
IL Jus distrahendi. — Le premier effet de l'hypothèque, le jus pos-
sidendi n'a qu'une vertu négative, ne peut servir à faire payer le créan-
cier qu'indirectement en poussant le débiteur ou les autres créanciers à
le payer pour rentrer en possession de la chose. Mais il est possible qu'ils
ne le fassent pas, qu'ils n'aient pas d'intérêt à le faire, parce que la chose
ne vaut pas plus que la dette garantie. La question qui se pose c'est la
question de savoir si le créancier peut se payer, sur la chose, par exem-
ple en la vendant à un tiers et en s'en appropriant le prix.
1. Marcien, D., 20, 4, Qui pot., 12, pr.
2. Il faut remarquer, sur le jus possidendi sanctionné par l'action hypothécaire,
que cette action n'est pas la seule voie de droit qu'ait le créancier hypothécaire
pour protéger son droit à la possession. Il a, dans les termes que nous avons in-
diqués, p. 768, n. 6, comme le créancier gagiste, l'action personnelle qui nait du
contrat de gage contre le constituant. Il a aussi, comme lui, les actions qui nais-
sent des délits commis contre la chose, ainsi l'action furli au cas de vol, l'action
utile de la loi Aquilia au cas de damnum injuria dalum (p. 407, n. 5 ; p. 413,
n. 4). 11 a aussi, comme lui, à partir du moment où la possession lui a été remise,
les interdits retinendae et recuperandae possessionis. Enfin il a, au moins dans
certains cas, pour obtenir cette possession, quand il ne l'a pas eue encore, à coté
de l'action hypothécaire, un interdit : c'est l'interdit salvien que nous avons vu,
p. 766, n. 4, avoir été introduit à côté de l'action servienne et probablement avant
elle au profit du bailleur afin de lui permettre d'obtenir la possession des invecta
et Mata affectés à la sûreté de sa créance sans remise matérielle. Mais, sur cet
interdit, à peu près tout est controversé. On discute si, comme l'action hypothé-
caire, il a été étendu du bailleur aux autres créanciers : l'extension nous parait
prouvée par Gordien, C, S, 9, De prec. et Salv. int., 1, qui le donne contrôle
conduclor debitorve ; v. aussi Paul, Sent., 5, 6, 16. On discute aussi s'il peut,
comme l'action hypothécaire, être intenté contre tout possesseur, ainsi que parait
dire Julien, D., 43, 33, De Salv. int., 1, ou seulement contre le constituant,
ainsi que semble dire Gordien, C, h. t., 1. A notre sens, la restriction est prou-
vée pour le temps de Gordien par sa constitution qui dit positivement que lantum-
nxodo adversus conduclorem debitoremve compelit. Quant au texte de Julien, le
rapprochement d'Ulpien, D., 20, 1, De pign., 10, établit que Julien y parlait d'a-
bord de l'action servienne et qu'il a été rapporté à l'interdit salvien par une in-
terpolation. Seulement il résulte de cette interpolation même que, depuis Justi-
nien, l'interdit existe contre les tiers comme l'action servienne. En revanche il
continue alors à différer de l'action servienne, par un avantage, qui est sa raison
d'être, et par un inconvénient corrélatif : le demandeur y triomphe par la sim-
ple preuve de la constitution de la sûreté et ne peut être repoussé même par la
preuve d'un droit supérieur au sien, ainsi, sous Justinien, d'une hypothèque pré-
férable en rang ; il n'entraîne qu'une décision provisoire contre laquelle on pourra
se pourvoir en invoquant le fond du droit, par exemple par l'action servienne:
les deux solutions sont données au moins pour le droit de Justinien, D., h. '•>
2. Cf. Lenel, Z. S. St., 3, 1882, p. 180. Ed., 2, pp. 238-241, et les citations de
Windscheid, 1, § 236, n. 5.
SURETES REELLES 777
1. Cette clause figure déjà, avons-nous vu, p. 764, n. 2, dans les formulaires
de Caton. Sur son rapport avec l'attribution au fisc ou aux publicains des choses
saisies par la douane (p. 313, n. 4), cf. A. Pernice, Z.S. St., 5, 1884, p. 134. Les
deux textes de Cicéron, Ad fam., 13, 56, 2, et Pro F/acco, 21, 51, qui parlent d'un
effet semblable ne se rapportent, croyons-nous, ni à la fiducie, ni à l'hypothèque
romaines, mais aux sûretés grecques régies par des règles analogues (Hitzig,
P- 84, p. 77 : Beauchet, 3, p. 270).
2. Cette convention sans doute moins fréquente est citée par Marcien, D., 20,
1, De pign., 16, 9.
3. Ce pacte est déjà mentionné par Labéon, D., 20, 1, De pign., 35.
'*. Le pacte est signalé distinctement, pour le gage et l'hypothèque, C, 4, 24,
Depign. act., 4.
3. Javolenus, D., 47, 2, De furlis, 74 (73). Gaius, Inst.,2, 04. Un texte de Pom-
ponius, écrit sous Hadrien, que l'on cite souvent (D., 13,7, De pign. act., 8, 4.5 :
778 LIVRE III. — IV. — TITRE V
3. D., 13, 7, De pign. act., 4 (fin) : Nisi ei ter fuerit denunlialum ut. solval et
cessaverit. L'interpolation admise par de nombreux auteurs (v. Windscheid, 1,
§ 237. n. 5) est établie : quant au fond, par le rapprochement de la constitution
de Gordien, n. 2, qui subordonne encore la validité de la vente au défaut de clause
contraire et des textes de Paul et du livre syro-romain, p. 779, n. 1, qui exigent
les trois sommations non pas au cas de clause contraire, mais à celui d'absence
de clause expresse ; quant à la forme, nous semble-t-il, par l'incorrection du texte
actuel qui littéralement exige une dénonciation faite au créancier (créditer...
obligalur nisi ei 1er fuerit denuntialum). Une opinion défendue notamment par
M Kohler, Pfandrechtliche Forschungen, 1882, pp. 65-68, regarde au reste le texte
comme écartant seulement les peines du furtum sans valider la vente.
4. C, S, 34 (35), Depact.pign., 3.
5. D., 20, 5, De dislr. pign., 1 (nullo jure vendidit) ; C, 8, 17 (18), Qui pot., 8.
Exactement la vente est, croyons-nous, nulle seulement au regard du créancier
Antérieur et non du constituant ; mais, en résultat pratique, cela équivaut à une
impossibilité de vendre pour tous les créanciers autres que le premier en rang.
SURETES REELLES 779
1. Cette signification est prescrite par Dioclétien, C, 5, 37, De adm. lut., 18.
V. aussi le livre syro-romain, pp. 28. 39. 145. D'après Paul et le livre syro-ro-
main, pp 28. 145 [mais non p. 39), elle devait être répétée trois fois, quand le
pacte était muet sur le droit de vendre. Les textes montrent aussi qu il était d'u-
sage d'annoncer la vente par voie d'affiches ; cf. C, 8, 27 (28j. De dislr. pign.,
4; D., 47. 10, De injuriis, 15, 32. Mais c'était seulement une forme d'usage dont
l'absence pouvait engager la responsabilité du créancier gagiste envers le cons-
tituant sans influer sur le sort de la vente. Cf. C, 8, 27 (2S|, De distr. pign., 7.
2. Sous ce rapport, on voit, ici, comme en bien d'autres cas l'institution déve-
loppée briser le moule dans lequel elle s'est formée. En partant de l'idée que le
créancier hypothécaire vend et surtout fait tradition sur le mandat du débiteur
(Gaius, 2, 04), on dirait que l'opposilion du débiteur révoque ce mandat. Au con-
traire le créancier peut incontestablement vendre malgré cette opposition, comme
après la mort du débiteur, qui révoquerait le mandat, comme après la perte delà
propriété par le débiteur, qui enlève au débiteur lui-même le droit d'aliéner.
3. C, 8, 33 (34), De jure dominii impetrando. Cf. Dernburg, Pfandrechl, 2, § 118.
L'institution, sur laquelle il y a du reste de nombreuses incertitudes, apparaît
comme pleinement développée en l'an 229. Alexandre Sévère, C., h. t., 1. V. aussi
Uipien, D.. 27, 9, Dereb. cor., 5, 3; Tryphoninus, D., 41, 1, De A. R. D., 63, 4.
Elle se présente sous un aspect un peu divers au VI" siècle dans Cassiodore, Va-
riae, 5, 7. Cf. p. 773, n. 1.
4. C, h. t., 3.
5. Paul, D., 20, 5, De distr. pign., 13.
6. Alexandre Sévère, C.. 8, 45 (46), Credilorem einclionem non debere, 1.
7. Les jurisconsultes romains semblent avoir été ici fort hésitants. Ulpien, D.,
21, 2, De
ev., 38, propose de donner à l'acheteur l'action ex empto contre le
créancier vendeur pour lui demander la cession de son action pigneralicia contra-
ria contre le constituant Tryphoninus, D., 20, 5, De dislr. pign., 12, 1, lui
<lonne contre le débiteur .
une action utile dont le caractère est discuté. Hermo-
génien, D., 21, 2, Deev., 71,1, lui donne franchement contre lui une action empli.
7S0 LIVRE III. — IV. — TITRE V
§ 3. — Extinction.
L'extinction de l'hypothèque peut être principale ou accessoire.
I. Extinction accessoire. — L'hypothèque est éteinte par contre-coup
de l'extinction de la créance garantie, au cas de paiement, de novation,
de remise de dette et d'une manière générale toutes les fois que le créan-
cier a été satisfait 3. Au contraire elle ne l'est pas par la litis contestatio,
et, quand la chose hypothéquée est entre les mains du débiteur, elle ne
l'est pas par la prescription trentenaire.
Mais il importe surtout de remarquer que les effets résultant pour
l'hypothèque de l'extinction de la dette principale, sinon peuvent être mo-
difiés, au moins semblent masqués par la théorie de l'indivisibilité et
par celles de la cession d'action et de la successio in locum.
1. Indivisibilité. L'hypothèque est indivisible en ce double sens
qu'elle porte tout entière sur chaque partie de la chose et qu'elle garantit
tout entière chaque partie delà dette. La seconde idée fait que le créan-
cier qui a reçu un paiement partiel peut vendre le tout pour le reliquat ;
la première que, si la chose se trouve divisée par aliénation entre vifs,
par partage de succession, le créancier pourra demander un paiement
intégral à chaque cohéritier, à l'acquéreur de chaque partie divise ou
indivise 4.
2. Cession d'actions et successio in locum. La cession d'actions et la
successio in locum, empêchent également l'extinction de la créance d'en-
traîner extinction totale de l'hypothèque 3.
La cession d'actions fonctionne au profit du tiers détenteur d'un im-
meuble hypothéqué comme de la caution 0. Le tiers détenteur a l'excep-
tion de dol pour ne payer qu'autant que le créancier lui cédera ses actions
qui lui serviront à se faire rembourser sur les autres immeubles hypo-
1. Il a pour cela l'action pigncralicia directa (D., 13, 7, De pign. ad., 42). 12,
2. Marcien le dit positivement en citant Papinien, D., 20, 4, Quae res pign.,
5. La seule difficulté est de déterminer l'action donnée au créancier second en rang
contre le créancier premier en rang avec lequel il n'a pas traité. C'est sans doute
l'action pigncralicia directa du constituant contre ce premier créancier qu'on con-
sidère comme ayant été hypothéquée au second avec le reste du bien laissé libre
par la première hypothèque et qu'il intentera donc comme action utile.
3. D., 20, 6, Quibus modis pignus vel hypotheca solvilur, 6, pr.
4. Gordien, C, 8, 27 (28), De. distr. pign., 6. Dioctétien, C, 8, 31 (32), Si unis
ex pluribus, 2. Cf. Jourdan, pp. 192-207.
5. La théorie moderne de la subrogation est née de la fusion des bénéfices de
cession d'actions et de successio in locum.
6. D., 20, 4, Qui pot., 19.
SURETES REELLES 781
être au cas où le créancier premier en rang l'exercera pour ne pas perdre un bon
placement en subissant le jus offerendi du créancier second en rang.
1. Papinien, D., 20, 4, Qui pot., 3, pr. Gordien, C., 8, 26 (27), Etiam ob chirogr.,
1, pr., 1, où l'empereur spécifie la nécessité d'une nouvelle constitution d'hypo-
thèque au moment de la novation.
2. L'hypothèque s'éteint encore par la perte de la chose (D., 20, 6, Quib.mod.,
8, pr.) et par la réunion sur la même tête des qualités de créancier hypothécaire
et de propriétaire de la chose (D., 44, 2, De exe. r. jud., 30, i).
3. C, 8, 27 28), De dislr. pign., 15, pour l'hypothèque du vendeur; 8, 17 (18),
Qui pot., 6, pour celles des autres.
4. V. pour le premier cas D., 20, 6, Quib. mod., i, 1, et les nombreux textes
cités par Windscheid, 1, § 248 ; pour le second, analogue aux décrets volontaires
de notre ancien droit, Dioclétien, C, 8, 25 (26), De remiss, pign., 6.
5. C., 7, 39, De praescr. XXX vel XXXX ann., 7, 1.
SENATUS-COJNSULTE VELLE1EN 783'
plus éteinte que les autres droits réels par l'usucapion de la propriété
acquise au tiers détenteur ». Le tiers détenteur n'est plus tenu de la
revendication ; il est toujours tenu de l'action hypothécaire. Mais le pré-
teur a appliqué à l'hypothèque la praescriptio longi temporis qui fonc-
tionne pour elle aux mômes conditions que pour la propriété et qui
pourra, selon les circonstances, coïncider ou non avec celle de la pro-
priété, mais qui exige comme elle juste titre et bonne foi 2. Si le tiers n'a
ni juste titre ni bonne foi, il ne peut pas plus acquérir la liberté de
l'hypothèque que la propriété. Seulement, depuis Théodose II, l'action,
hypothécaire s'éteint, comme toutes les actions réelles, par la prescrip-
tion de trente ans, au profit de celui qui y a été soumis pendant trente
ans, mais de lui seul, sauf au droit d'hypothèque à faire naître une nou-
velle action contre le nouveau tiers détenteur, si la chose passe entre les
mains d'un autre tiers, et, depuis Justinien, celui qui n'a pas de juste
titre, mais qui est de bonne foi, acquiert la liberté comme la propriété
par la prescription acquisitive de trente ans 3.
\
J.-C. est le développement d'une idée contenue dans des édits d'Au-
guste et de Claude qui défendaient aux femmes d'intercéder pour leurs
maris et que la jurisprudence postérieure avait, paraît-il, déjà tenté de
généraliser 2. Il défendit aux femmes d'intercéder pour autrui, en par-
tant peut-être, a-t-on soutenu, d'une idée de défiance contre elles, de
la volonté de restreindre l'influence des femmes en leur fermant un acte
juridique, d'ajouter un nouvel acte à la liste des officia virilia, mais
sans doute aussi en s'inspirant d'une idée de protection qui est celle
dans laquelle la doctrine l'a interprété 3.
I. Caractères de l'intercession prohibée. — Pour qu'il y ait intcr-
ce'ssion, il faut qu'une personne s'engage ou engage ses biens pour la
dette d'autrui. Mais cela ne suffit pas pour que le sénatus-consulte s'ap-
plique. Il faut de plus, suivant la formule que nous croyons la plus
exacte, que la femme se soit engagée avec une idée de recours et il faut
enfin qu'on ne soit pas dans un des cas exceptionnels où l'application
du sénatus-consulte est écartée par faveur pour le créancier ou par dé-
faveur pour la femme.
1. Il faut, pour qu'il y ait intercession, engagement de la personne ou
des biens. Le sénatus-consulte prohibe l'engagement pour le compte
d'autrui. Il ne prohibe pas, par exemple, l'aliénation. La femme conti-
nue à pouvoir payer la dette d'autrui, môme avec l'idée de lui faire une
avance ; elle peut déléguer son débiteur au créancier d'autrui pourlibé-
rer ce dernier ; elle peut vendre ses biens pour payer la dette d'autrui.
Car tout cela c'est aliéner, ce qui ne lui est pas défendu ; ce qui lui est
défendu, c'est d'intercéder, et il n'y a pas d'intercession sans un enga-
gement, qui peut d'ailleurs consister soit en un cautionnementpar lequel
elle se porte débitrice à côté du tiers ou en une constitution de sûreté
réelle faite par elle pour la dette du tiers (intercessio cumulativa), soit
en une novation par laquelle elle se porte débitrice à la place du tiers ou
en un arrangement par lequel elle se porte seule débitrice dès le prin-
cipe à raison d'un prêt fait au tiers (intercessio privativa) i.
2. Il n'y a pas non plus d'intercession, quand la femme engage sa
personne ou ses biens, mais le fait pour sa dette propre, môme évidem-
ment quand l'acte, fait en réalité dans son propre intérêt, est en appa-
rence accompli dans celui d'un tiers -.
3. L'intercession n'est prohibée, ne tombe sous le coup du sénatus-
consulte que lorsque la femme a cru faire^une simple avance, est inter-
venue avec une idée de recours ; car c'est surtout alors qu'elle est expo-
sée à se faire des illusions sur les conséquences de l'acte, qu'elle court
risque d'être victime de son inexpérience. Le sénatus-consulte ne s'ap-
plique donc pas quand la femme qui engage sa personne ou ses biens le
fait sans intention de recours, dans un esprit de libéralité 3.
i. Enfin l'intercession faite avec une intention de recours échappe à
l'application du sénatus-consulte dans certains cas où le créancier paraît
plus digne d'intérêt que la femme. L'application du sénatus-consulte
est exclue par le dol de la femme 4, ou même sans cela par l'erreur excu-
sable du créancier ; elle l'est en outre par la faveur du créancier, quand
B
de s'en prévaloir. Cette solution serait contraire au système d'après lequel le sé-
natus-consulte aurait constitué une disposition d'ordre public dirigée contre les
femmes ; elle l'est également à celui d'après lequel c'est une disposition de pro-
tection : ta femme ne peut pas plus renoncer à cette protection fondée sur son
sexe que l'impubère à celle fondée sur son âge. Le seul texte embarrassant est,
pour l'époque classique un texte de Pomponius, D., h. t., 32, 4, disant que. si
la femme qui a intercédé pour autrui est disposée à défendre au procès intente
contre elle, elle peut être obligée à promettre (cavere) qu'elle n'invoquera pas
plus tard le sénatus-consulte. Mais ce texte, qu'on écarte de beaucoup de ma-
nières, qui, en tout cas, attesterait tout au plus une opinion isolée de Pomponius,
ne peut prévaloir contre la physionomie générale donnée au système par l'ensem-
ble des textes.
1. Ulpien, D., h. t., 2, 1 : Arbitrari senatum recle atque ordine facturas ad quos
de ca re in jure adilum eril, si dederint opérant, ut in ea re senatus volunlas
serrelur.
2. Fidéjusseur : D., 44, 1, De exe, 7, 1. Action judicali : D., 14, 0, De S. C.
Maced., II.
3. Au cas de novation, le préteur restitue l'action qu'à cause de cela Gaius, D-,
h. t., 13, 2, qualifie d'action reslituloria. Au cas où la femme s'est, dès le prin-
cipe, engagée pour le tiers que cela a dispensé de le faire lui-même, Ulpien, D.,
SENATUS-CONSULTE VELLEIEN 787
h. t., 8, 14, dit qu'il insliluil magis quant reslituil obligalionem et on la qualifie
en conséquence du nom d'aclio insliluloria. Cf. sur ces actions, Lenel, Ed., i,
pp. 334335.
1. C, h. t., 22; 23. Nov. 134, c. 8.
2. Nov. 134, c. 8, résumée dans l'authentique Si qua mulier. Cette nullité est en-
courue même quand l'intercession est contenue dans un acte public et qu'on se
trouve dans un des cas exceptés (n. 3), même quand elle est renouvelée au
bout de deux ans (p. 788, n. 1). L'intercession delà femme pour le mari ne serait
valable, dit Justinien, que si l'affaire avait été faite dans son intérêt à elle ; mais
alors il n'y a pas intercession.
3. C. h. t., 23, 2. Ce système, déjà soutenu par le glossateur Marlinus, admet
•en résumé que l'intercession faite en dehors des formes sera nulle au lieu d'être
seulement attaquable par voie d'exception, quand elle eût été auparavant attaqua-
ble, ce qui à l'époque de Justinien n'a pas une grande importance, et surtout sera
nulle au lieu d'être valable, quand elle eût été valable auparavant, tandis que,
si les formes ont été observées, l'intercession antérieurement valable par faveur
le reste et celle antérieurement atteinte par le sénatus-consulte reste attaquable
seulement par voie d'exception. Il y a deux autres systèmes : 1° un système mo-
derne selon lequel en présence de l'observation des formes toute intercession se-
rait valable et en son absence il n'y aurait de valable que l'intercession antérieu-
rement exceptée (v. par ex. Gide, p. 192, n. 4) : il est directement condamné par
la constitution 23 où Juslinien ne dit pas que toute intercession sera valable,
quand on aura observé les formes, mais que toute intercession sera nulle, quand
on ne les aura pas observées ; 2° un système déjà soutenu par le glossateur Bul-
garus. selon lequel la constitution ne s'occuperait pas des intercessions valables,
niais seulement de celles atteintes par le sénatus-consulte pour les déclarer nulles
ipso juro et non plus exceptionis ope : il est encore contraire au caractère général
de la constitution qui parle de toutes les intercessions et qui d'ailleurs eût
eu
sans cela une portée très peu importante au temps de Justinien où la différence
des deux voies de nullité est presque insignifiante (droit du juge de suppléer la
Milité d'office).
788 LIVRE III. — IV. — T1TRIÏ V
R. W., 1, 1887, p. 224) de l'ancien droit grec, où il est absent de la loi de Gor-
lyne (Dareste, Haussoullier, Reinach, Inscr. juridiques grecques, 1, p. 462), de
l'ancien droit germanique (Tacite, Germ., 20 ; cf. sur la persistance de ce régime
en Suède, en Norvège, et surtout en Islande, Dareste, Etudes, pp. 291.331.349) et
chez les Ossètes (Kovalewsky, Coutume contemporaine et loi ancienne, 1893, p 200).
Il n'existe pas davantage chez les Egyptiens (E. lîevillout. La propriété en droit
égyptien, 1897, pp. 152. 201), ni chez les anciens Hébreux (Dareste, Etudes, p. 47),
ni chez les Babyloniens à l'époque d'Ilammourabi, ni en général chez les peuples
où la notion de la communauté familiale est encore bien vivante.
1. C'est, avec de grandes diversités, seulement à litre secondaire et supplétoire
que le testament apparaît, le jour où il est reconnu, dans la plupart des législa-
tions qui viennent d'être citées, ainsi le jour où il l'est sous l'influence du droit
romain et de l'Eglise chez les peuples germaniques. C'est aussi de cette façon que
le Code civil l'admet à l'exemple de noire ancien droit coulumier.
2. C'est la conception de la légende romaine elle-même qui représente la nour-
rice de Romulus, Acca Larentia, comme instituant héritier Romulus, dans une
version, et le peuple, dans une autre (Aulu-Gelle, 7, 7, 1). Mais il y a une preuve
plus décisive : c'est que le testament romain a déjà, verrons-nous (p. 800), un
passé derrière lui lors de la confection des XII Tables.
3. La prépondérance de la succession testamenlaire est impliquée par la for-
mule des XII Tables, 5, 4, qui appelle les héritiers ab intestat seulement à défaut
d'héritiers testamentaires (si inleslalo morilur). En conséquence et contrairementi
notre système moderne : 1° c'est seulement au moment où il sera certain qu'il ny
aura pas d'héritier testamenlaire, où par ex. l'héritier appelé par le testament mourra
(D., 29. 2, De A. v. O. H., 39) que la succession ab intestat s'ouvrira, cest à ce
moment que l'on devra chercher quel est le parent le plus proche appelé par la
loi. 2» Il y a incompatibilité absolue entre l'hérédité ab intestat et l'hérédité testa-
mentaire, on ne peut disposer d'une partie de ses biens par testament en laissant
à la loi le soin de régler le sort du reste. C'est la règle célèbre Nemo parlim te-
stâtes parlim inteslalus decedere polesl [Inst., 2, 14, Délier, inst. ,5), que certains au-
teurs prétendent evoir été inventée seulement par la doctrine à une époque assez
récente, que d'autres rattachent plus vraisemblablement aux modes de tester an-
térieurs aux XII Tables, mais qui, à notre sens, est tout au moins commandéepar
le texte précité des XII Tables.
SUCCESSIONS A CAUSE DE MORT 791
1. Il est certainement possible que celte idée n'ait pas été dès le début cons-
truite théoriquement ; il est possible aussi qu'aux temps les plus reculés on. n'ait
guère vu dans l'hérédité que les objets matériels qui la composent. Mais, dès les
XII Tables, l'héritier succède
non seulement aux biens, mais aux créances d'après
un texte exprès et est aussi tenu des dettes, d'après un autre témoignage exprès
iXII Tables, 5, 9) il réunit
: par conséquent en lui dès alors les deux caractères du
successeur universel dégagés par la doctrine moderne. Et cela est vrai aussi
bien pour les héritiers testamentaires
que pour les héritiers du sang ; car cela ne
peut s expliquer pour eux que par le caractère législatif du plus ancien testament
(P-799).
2. En effet elles ne s'expliquent encore que par le caractère législatif du testa-
ment antérieur aux XII Tables (p. 799).
3. Les ouvrages les plus étendus successions prétoriennes, sur les bono-
sur les
W-m possessiones, sont
ceux de B. V\ Leist, Die Ronorum possessio, 2 vol. 1844.
•848, et Pandectes .
de Gluck, série des livres 37-38, vol. 1-3, 1870 1875. Nous ne
relevons ici
que les points principaux, en renvoyant, pour presque toutes les jus-
tifications, à la suite de
nos développements.
792 LIVRE III. — V
DÉLATION DE LA SUCCESSION
L'hérédité civile peut être déférée à Rome, soit en vertu d'un testa-
ment (hereditas teslamentaria, hères ex testamento, secundum tabulas
testamenti), soit en vertu de la loi (hereditas légitima, hères légitimas).
Et il en est de même de la bonorum possessio prétorienne (B. P. secun-
dum tabulas, B. P. ab intestato). Mais, tant en droit civil qu'en droil
prétorien, il y a des cas où la succession, au lieu d'être déférée en vertu
d'un testament ou en l'absence de testament, l'est à l'encontre d'un tes-
tament. Nous distinguerons donc trois catégories de successions : la suc-
cession testamentaire, la succession ab intestat et la succession déférée
à l'encontre d'un testament.
II-, 1, p. 147 et ss. ; 3, p. 145 et ss., A. Pernice. Feslgabe fur Gneisl, 1888. p. 129,
et la plupart des auteurs français actuels. En sens contraire, Hoelder, Karlowa.
1. On a dit : que le testament est fait d'après Labéon chez Aulu-Gelle (p. 797,
n. 3|, in populi conlione, et qu'on ne vote pas dans les conliones ; que, d'après les
mêmes auleurs, les comilia calata sont tenus pro conlegio ponlificum. tandis que
les comices où l'on vote sont présidés par un magistrat; enfin que le nom même
du testamenlum implique des témoins, des lestes et non pas des votants. Mais ces
objections ont été très bien réfutées par M. Mommsen, Dr. publ., 6, 1, p. 363 ; 3,
P- 41 La contio n'exclut pas les comices, elle en est le préliminaire, le peuple se
réunissant pêle-mêle in conlione avant de se distribuer suivant ses divisions lé-
Ralcs en comilia ; elle ne les exclut certainement pas ici, le texte qui dit que le tes-
lamenl esl l'ail in conlione, disant aussi, comme son nom même, qu'il est fait dans
des comilia, les comilia calata. L'allégation, selon laquelle on ne volerait
pas dans
les comices tenus
pro conlegio ponlificum, est gratuite : l'adrogation où le peuple
vote cerlainement, est aussi faite dans des comilia calata présidés par le grand
pontife (p. 170. n. 3). Enfin, ici comme dans l'adrogation, le rôle de témoin du
peuple se concilie très bien avec son rôle de votant. 11 est même probable
que
cesl du testament comitial que vient la formule plus tard employée dans le tes-
tament per
aes et libram : Ha do ita lego ila lestor i/aque vos quiriles teslimonium
mi/ii perhibelole (p. 805, 3), car elle s'adresse beaucoup mieux aux quirites
<lcs comices qu'aux
n.
cinq témoins et au libripens de la mancipnlion.
800 LIVRE 111. — V. — TITRE 1. — CHAPITRE I
et des pontifes, la grande utilité du testament nouveau eût été d'éluder
ce contrôle, d'établir la liberté. La liberté existait avant lui. Cela ne
prouve pas que le concours du peuple ait toujours été une simple for-
malité. Seulement cela prouve qu'il l'est devenu.
Nous ne croyons même pas qu'il suffise de dire que, comme pour
l'adrogation, le concours du peuple est devenu progressivement de pure
forme. L'adrogation faite devant les trente licteurs reste soumise au
contrôle des pontifes. On ne trouve pas trace de ce contrôle en matière
de testament. C'est donc qu'il y a eu un acte positif qui a supprimé à la
fois le contrôle des pontifes et celui du peuple, qui a établi la liberté de
tester. Et il n'y a pas, à notre sens, le moindre motif de révoquer en
doute le témoignage des Romains selon lequel cette réforme remonte
aux XII Tables *, vient de la règle rapportée en termes médiocre-
ment concordants : Uti palerfamilias legassit de re sua, ou super fa-
milia pecuniaque sua ou super pecunia tulelave rei suae, ita jus eslo 2.
C'est une disposition qui a établi la liberté dans le testament primitive-
ment soumis au contrôle des comices et de leur président, comme par
exemple la règle : Cum nexum mancipiumque faciet, uti lingua nunat-
passit ita jus eslo a reconnu la validité de la mancipation et du nexum
où, au lieu d'être réelle, la pesée serait fictive. Antérieurement c'était le
peuple qui legabat, qui legem dicebat sur la res du testateur, sur son
patrimoine (familia pecuniaque), sur la tutelle des enfants que sa mort
rendait sui juris et sur le sort des biens qu'il laissait (tutela pecuniaque
suae reï). Désormais c'est le testateur qui fait sur tout cela une lexdonl
la soumission au peuple n'est plus que de pure forme 3.
1. Le texte fondamental est celui de Pomponius, dans son commentaire du
vieux jurisconsulte de la République Q. Mucius Scaevola, D., 50, 10, De V.S.,
120: Verbis legis duodecim tabularum his : 'Uti legassit suae rei ita jus eslo',
lalissima polcslas Iribula videtur et heredis instiluendi et legata et liberlales damli.
V. dans le même sens Gaius, 2, 224. Justinien, Inst-, 2, 22, De leg. Falc, pr.
Nov. 22, c. 2, pr.
2. XII Tables, 5, 3. Gaius, 2, 224; Inst., 2, 22, De leg. Falc, pr. ; Pomponius,
(n. 1) : Uti legassit suae rei. — Nov. 22, c. 2, pr. : Uti legassit quisque de sua re.
— Aucl. ad Her., 1, 13;
Cicéron, De inv., 2, 50: Uti super familia pecuniaque sut
legassit. — Ulpien, 11, 14 : Uti legassit super pecunia tulelave suae rei.
3. MM. Lambert, p. 32, et Cuq, 1, p. 125, n. 3, ont contesté qu'on put faire
remonter l'introduction de la liberté testamentaire à une époque aussi reculée.
M. Applelon, pp. 82-84 et ss., pense au contraire que la disposition des XII Ta-
bles aurait simplement ratifié une pratique déjà introduite sous l'influence du
testament in procinctu (p. 801). Mais il entend le texte de la même façon que
nous. C'en est, nous semble-t-il, l'interprélation la plus naturelle. En tout cas,
nous repoussons très résolument deux autres interprétations qu'on en a propo-
sées : ]° une interprétation selon laquelle celte disposition des XII Tables aurait
pour but de ratifier le testament per aes et libram. Alors il aurait été le premier
testament qu'on eût pu faire sans le contrôle du peuple et des ponlifes, et il se-
rait inexplicable que Gaius, 2, 102 (p. 802, n. 1), n'indiquât pas cet avantage. De
plus nous verrons plus loin (p. 805), qu'au moins dans sa forme définitive, il a
été organisé par la pratique en profitant abusivement de la règle des XII Tables
qu'on lui a étendue par une entorse : celle règle n'a donc pas été faite pour lui. -
SUCCESSION TESTAMENTAIRE. — FORMES DU TESTAMENT 801
une figure de rhétorique la tutelle de ses enfants au peuple (Et duos filios suos
parcos tutelae populi commendassel,
ac se.lanquam in procinctu testamenlum facerel,
[ *"f tibra atque labulis, populum Bomanum lutorem instiluere dixisset illorum orbi-
\ ''«'il en ne mentionnant le testament in procinctu comme existant encore à
celé du testament
que
per aes et libram.
!
I --Gaius, 2, 101 (p. 797, 2), et les autres textes cités p. 797, n. 3. Ajouter la
| :seolie de Vérone n.
ad Aen., 10, 241 (reproduite chez Mommsen, Dr. publ., \, p. 96,
802 LIVRE 111- — V. — TITRE I. — CHAPITRE I
disposition la plus ancienne, mais devant le peuple mis en ordre de
bataille selon la distribution plus récente, qu'on fait remonter à Ser-
vius Tullius et qui date peut-être seulement de la République, présente
naturellement un caractère plus récent que le testament calatis comitiis.
De plus, si l'on remarque que le peuple sous les armes n'a guère jamais
pu jouer, dans ce testament fait avant la bataille, un autre rôle que celui
de témoin, on sera porté à penser que. le testament in procinctu s'est
introduit seulement après que le peuple avait été réduit à ce rôle dans
le testament comitial lui-môme. Depuis lors, il a pu fonctionner, avec son
caractère anormal, mais utile, pour les personnes qui faisaient partie
de l'armée, ainsi même pour les plébéiens auxquels le testament calatis
comitiis, fait dans les comices par curies, était peut-être fermé à l'ori-
gine, mais non pour les personnes âgées de plus de quarante-six ans,
qui, en leur qualité de seniores, ne faisaient pas partie de l'armée active.
Il est encore signalé expressément clans le témoignage relatif au début
du VIIe siècle, qui ne parle plus du testament comitial. Mais ensuite il
n'en est plus question et il était lui-môme en désuétude avant la fin de
la République '.
II. Testament per aes et libram.— Ce second mode de tester esl
l'application aux dispositions à cause de mort du procédé que nous avons
vu servir à transférer la propriété des res mancipi, à mettre les enfants
in mancipio.L'individu qui veut disposer, aliène son patrimoine, familia
pecuniaque, dans les formes de la mancipation, avec la balance et le
morceau de métal, devant le libripens et les cinq témoins, au profit d'un
tiers appelé le familiae emptor. Seulement cette utilisation delà manci-
pation a, selon Gaius, passé successivement par deux phases que distin-
gue le rôle du familiae emploi' : clans la première, il joue le rôle d'héri-
tier, i l prend le patrimoine sauf à supporter les charges ; dans la seconde.
il n'est plus qu'un figurant auquel est notifié par écrit ou oralement le
testament contenant l'institution du véritable héritier -.
mortem suam dari vellel : nunc vero alius hères leslamento inslituilur, a quo etiam
tegata relinquunlur, alius dicis gralia
propler veteris juris imilalionem familiae
wiptor adhibelur.
1- Gaius, 2, 102 : Heredis locum oblinebat. 2, 105 Heredis loco eral. V.
: pour la
comparaison avec l'exécution testamentaire du type le plus ancien (Treuhand
I :
liam pecuniamque tuam endo mandatela tua custodelaque mea esse aio
et ea quo tu jure testamenlum facere possis secundum legempublicam
hoc aère aeneaque libraeslo mihi empta l.
L'acte essentiel, à côté de cette mancipation de forme, est celui par
lequel le testateur fait connaître ses dispositions, y compris l'institution
d'héritier, la nuncupatio. Cette nuncupatio a deux formes : une forme
écrite et une forme orale 3. Ou bien le testateur déclare verbalement
ses volontés en présence du libripens et des témoins, ou bien il leur
présente un acte écrit à la manière romaine sur des tablettes enduites
de cire réunies en carnet (labulae testamenli, codex leslamenli), en dé-
clarant que telles sont ses volontés, par la formule : Haec ita ut in his
labulis cerisque scripta sunt ita do ita lego ita lestor itaque vos quirites
teslimonium mihiperhibetoles. Et, qu'on emploie une forme ou l'autre,
cette déclaration produit tous les effets que produisait le testament
comitial quant à l'institution d'héritiers, aux legs, aux nominations de
tuteurs, aux affranchissements, etc.
La question est de savoir comment lui est venue cette efficacité A notre
sens, il y a là non pas une création de la loi, mais une construction des
praticiens faite par eux après les XII Tables en partant de la règle des
XII Tables sur le testament comitial et en l'étendant abusivement au
testament greffé sur une mancipation. Cela résulte du caractère tor-
tueux, inutilement compliqué de l'acte, où l'on greffe la disposition de
dernière volonté sur la mancipation, peut-être pour s'appuyer à la fois
sur les règles des XII Tables relatives à la mancipation et sur celles re-
latives au testament ; de l'affectation maladroite avec laquelle Vemplor
familiae insiste sur la lex publica qui permet au disposant de tester ; de
la gaucherie avec laquelle le testateur lui-môme répète la formule :
Ita do ita lego ita lestor itaque vos quirites testimonium mihi perhibe-
lole, qui se concevait dans la bouche d'un testateur s'adressant aux
comices, mais qui est d'une solennité un peu risible adressée aux cinq
liomnies et libripens du testament
au per aes et libram. Ce n'est pas là le
1. C'est la restitution de la formule que nous croyons la meilleure. Le texte de
Gaius, 2, 104, présente des corruptions qu'on corrige de manières diverses ; mais,
(|u'on admette une restitution ou l'autre, la formule atteste toujours que le familiae
emplor n'est pas destiné à conserver l'hérédité.
2. On néglige souvent cette forme verbale, qui n'est pas indiquée dans les
traités élémentaires de Gaius et d'Ulpien, mais dont l'existence ne nous parait pas
douteuse, si l'on tous les testaments (calatis comitiis et in procinctu) se
remarque que
faisaient à l'origine oralement et
que le nom même de la nuncupatio s'entend
aussi bien d'une déclaration relative aux volontés du testateur, qui a dû être le
Point de départ,
que d'une déclaration relative aux tablettes contenant ces volontés,
1ui a dû être
un développement postérieur. En ce sens, Karlowa, 2, p. 885. C'est,
croyons-uous, à elle et non pas au testament nuncupatif, fait d'une nuncupatio
sans mancipation, de Justinien, Inst., h. t., 14, qu'il faut rapporter les textes
Cltés, p. 806,
n. 2.
3' Gaius, 2, 104.
806 LIVRE III. — V. — TITRE 1. — CHAPITRE I
tudo plus grande, d'une plus grande facilité de preuve. Elle avait aussi
celui de permettre de laisser ignorer à l'héritier sa vocation. Elle n'im-
pliquait pas nécessairement le secret ; car rien n'empochait de montrer
les tablettes avant leur clôture à l'héritier ou aux témoins 1. Mais le
secret était aisé à obtenir dans la forme de confection des tablettes où la
partie du carnet qui restait ouverte contenait seulement le nom du
testateur et où les dispositions se trouvaient dans les tablettes suivantes
closes par un fil sur lequel les témoins apposaient leurs cachets ; et cette
forme, qui devait ôtre la plus usitée, fut rendue obligatoire par un séna-
tus-consulte rendu sous Néron -.
III. Testament prétorien. — On peut, en quittant les deux variétés
du testament per aes et libram des temps historiques, remarquer d'a-
bord que, dans l'une et l'autre, la mancipation n'est plus qu'une rémi-
niscence superflue de l'ancienne mancipalio familiae, ensuite qu'au
moins dans la seconde, la nuncupatio n'existe plus elle-même que de
nom. L'important est exclusivement la présentation de l'écrit aux cinq
témoins, au libripens et à Vemptor familiae, en somme à un certain
nombre de personnes, qui mettent leurs cachets sur lui. Le préteur est
parti de là pour l'établissement des règles du testament prétorien 3.
Négligeant les formes qui n'avaient qu'une raison d'être historiques,
qui s'expliquaient uniquement par le greffage de la nuncupatio sur la
1. La preuve en est dans des passages des lettres de Cicéron, notamment dans
la lettre à Attieus, 7, 2 (p. 823, n. 4), où il lui rapporte les dispositions d'un tes-
tament les instituant, tous deux pour des parts inégales ; elle est aussi dans le
texte d'Horace, Sal., 2, 5, 51 et ss., qui montre que c'était une politesse de pro-
poser aux témoins, au gratifié, de lire les tablettes, mais en même temps que
c'était une chose de convenance de refuser ; car il conseille de lancer, tout en re-
fusant l'offre, un coup d'oeil rapide pour voir le nom (en ce temps, celui do l'hé-
ritier institué) rois en tête.
2. Suétone, Nero, 17 : Caution ut in leslamentis priinae duac cerae, lestatorum
modo nomine inscriplo, vacuae signaluris ostenderenlur. Cette disposition vient
peut-être, avons-nous vu. p. 67, n. 2, 2°, du sénatus-consulte sur la forme des
actes, cité par Paul, Sent., 5, 25, 6 ; mais alors elle constitue une disposition dis-
tincte de celle rapportée par Paul car le sénatus-consulte exige pour les actes
;
entre vifs une rédaction en double original, l'un sur la partie ouverte et l'autre
sur la partie close des tablettes, dont nous avons de nombreux exemptes (p. 07,
n. 2, 2° : Textes, p. 802), tandis qu'ici il est prescrit de rédiger l'acte en un seul
original où la partie ouverte des tablettes contiendra seulement les premiers mois,
le nom du testateur (v. le début du testament de C. Longinus Castor,
Textes,
par ex.
p. 772).
3- Gaius, 2, 119. Ulpien, Reg., 28, G. .\I. Erman, Z. S. St., 20, 1899, 188-
191, considère à la vérité le
pp.
7e témoin comme étant l'anteslatus et non le fami-
liae emplor,
ce qui aurait l'avantage de rattacher à l'acte per aes et libram en gé-
néral et non pas
au seul testament per aes et. libram le large emploi fait par le
droit romain des sept témoins. Mais cette idée
nous parait contredite par le tes-
ament de Longinus Castor où Vanleslalus apparaît comme le premier des cinq
emoins et non
pas comme un personnage distinct à la manière du libripens
tP- -84, n. 5). Cf. aussi
p. 809, n. 2, la réduction des témoins du testament civil à
*mq et non à six.
808 LIVRE 111. — V. — TITRE I. — CHAPITRE I
1. Inst., h. t., 14. C, 6, 23, De test., 21, 4; 26. Nous avons déjà dit (p. 805,-
n. 2) qu'il ne faut pas confondre ce testament fait de la seule nuncupatio avec le
testament per aes et libram où il y avait une mancipation et une nuncupatio, mais
où la nuncupatio était orale et non écrite. Nous ne savons auquel se rapportait,.
dans sa forme première, la constitution de Gordien, C, 0, 11, De B. P. sec. /sô.,
2 (cf. C, 6, 36, De cod.. 8, 1), qui admet que, malgré l'absence de labulae, ce tes-
tament, s'il a été fait devant sept témoins, sera considéré comme valable civile-
ment et donnera la B.P.
2. Justinien indique le chiffre de sept témoins et c'est aussi celui qu'indique la.
constitution de Gordien ; mais c'est particulièrement pour ce testament qu'on pa-
rait avoir considéré la disparition de la mancipation comme ayant pour consé-
quence la disparition du libripens et de Vemplor familiae et par conséquent la ré-
duction du chiffre des témoins à cinq (n. 5).
3. Nov. Theod. II, 16, 1
—
C, 6, 23, De test., 21. Inst., h. t., 3 : Ut hoc jus tri-
pertilum esse videalur ut lestes quidem et eorunt praesentia uno contextu leslamenti
eelebrandi gratia a jure civili descendant, subscriptiones autem teslaloris et testium
ex sacrarum constilutionum observatione adhibeanlur, signacula autem et numerus
testium ex edicto praeloris.
4. Ulpien, D-, 28, 1, Qui test., 21, 3.
5. H y avait eu sur ce point des variations temporaires venant sans doute de
ce qu'après la disparition de la mancipation on jugea le concours du familiae
emploi- et du libripens superflu pour la validité civile du testament ainsi ramené
au chiffre de cinq témoins, notamment quand, par suite de son caractère oral et
de l'absence de cachets, les sept témoins
ne pouvaient servir à assurer la B. P. :.
c- Th-, 4, 4, De test., 1 3, 1 7, 2 Isidore, Orig., 5, 24 (cf. C. Th., 4, 4, De-
; ; ;
'W-, 3, inlerpr.) : Testamenlum juris civilis est quinque testium subscriplione firma-
'"w : testamenlum juris praelorii est seplem testium signis signalum. Mais la cons-
titution de 439 de Théodose et de Valentinien, Nov. Theod. Il, 16, 1, 6
= 6'., 6, 23,.
"e lest., 21, 4, a exigé, pour tous les testaments, même oraux, le chiffre de sept
témoins.
ti. Les cachets (signa)des témoins et leurs noms inscrits en regard (superscrip-
hones) sont
encore mentionnés, à côté de leurs subscriptiones, dans les procès-
verbaux d'ouverture de testaments de Ravenne ;
v. par ex. Textes, p. 776, dans le
procès-verbal de 474 : Agnosco anuli rnei signaculum superscriptionem meam, sed et:
810 LIVRE III. — V. — TITRE I. — CHAPITRE I
qui ont requis que le testament fût souscrit (subscripiio) par les sept
témoins et par le testateur ', ou par les témoins et un huitième sub-
scriptor, quand le testateur ne peut écrire 2 : c'est, en remplaçant la sub-
scripiio par la signature moderne qui en est dérivée et l'un des témoins
par le notaire, sensiblement le testament mystiqne du Code civil 3.
-infra (ailleurs intrinsecus) subscripsi. Cf. Savigny, Histoire du Dr. romain au Moyen
Age, 2, pp. 114-117.
1. V. sur les subscriptiones des témoins et du testateur, Bruns, Kleinere Schril-
ten, 1882, pp. 77-90. L'origine de la subscripiio se rattache probablement à I»
transformation du mode de confection des actes, qu'on n'écrit plus sur des ta-
blettes enduites de cire, mais sur des feuilles de parchemin ou de papyrus, et à
la désuétude du sénatus-consulte du temps de Néron sur leur fermeture, qui en a
été la conséquence. Au lieu de présenter aux témoins les lableltes dont la partie
ouverte portait seulement son nom (p. 807, n. 2), le testaleur leur présente le
testament au bas duquel il met sa souscription en leur présence et ils mettent
ensuite la leur. Et ce n'est qu'après cela qu'on met les cachets et les supersetip-
liones corrélatives. Il est même probable que la subscripiio des lémoins a été en
usage avant celle du testateur à une époque où, précisément par suite de la désué-
tude des anciennes formes, il leur lisait tout le testament pour qu'ils pussent l'at-
tester (Nov. Theod. II, 16. 1, 1, Testes exigunl omnimodo quae leslamento conlinen-
tur agnoscere) et qu'on a ensuite inventé la souscription donnée par le testateur
devant eux afin de lui permettre de leur attester que l'acte conlenait ses volontés
sans les leur faire connaître, comme l'explique la constitution de 439. La sous-
cription des témoins est déjà requise par une constitution de 396 d'Arcadius et
d'IIonorius, C. 77/., 4, 4, De lest., 3, 1, qui se présente comme un développement
de lois antérieures de Constantin et de Théodose. Au contraire celle fournie par
le testateur en présence des témoins apparaît pour la première fois dans la cons-
titution de 439 qui paraît en avoir introduit l'exigence : Dum lamen teslibus prae-
senlibus testalor suum esse testamenlum dixerit quod offertur eique ipse coram tes-
libus sua manu in reliqua parte leslamenti subscripseril. Ce qu'il faut bien remar-
quer, c'est que ni les souscriptions des lémoins, ni celle du testateur ne sont,
comme on le dit souvent par une inadvertance singulière, des signatures sembla-
bles aux signatures modernes faites du seul nom de la personne : ce sont des
phrases plus ou moins longues où le nom de la personne est le sujet et subscripsi
le verbe. V. par exemple le testament conjonctif d'Aredius et de sa mère Pelapa
de l'an 572, chez Pardessus, Diplomala, 1, pp. 136-141, et celui de Mannanes de
l'an 572, conservé sur un papyrus de Ravenne publié par Marini, Papiri diplo-
matici, 1805, n° 75 et reproduit dans Spangenberg, Tabulae negoliorum solem-
nium, 1822, pp. 121-130 (cf. aujourd'hui II. Marucchi, Monumenla papyracea La-
tina bibl. Valicanae, 1895, p. 13).
2. C, 0, 23, De test., 21. 1. 11 n'est pas nécessaire que le testament soit écrit
de la main du testateur. Seulement une disposition de Justinien, C, h. t., 29;
List., h. t., 4, abrogée par la novelle 119, c. 9, exigea temporairementque le nom
de l'héritier institué fût loul au moins écrit de la main du testateur, soit dans sa
subscripiio, soit dans une autre partie du testament. A l'inverse, la nécessité de
la subscripiio distincte du testateur a été supprimée par Justinien pour le cas où
il déclare dans le corps de l'acte l'avoir écrit de sa main, C, h. t., 28, 6.
3. C. civ., art. 976 et ss. Cf. sur la survivance des souscriptions testamentaires
dans les pays de droit écrit au XII 0 et au XIIIe siècles, Giry, Manuel de diploma-
tique, 1894, p. 601. On trouve aussi en droit romain un leslament olographe
valable sans témoins à condition d'avoir été tout entier écrit de la main du testa-
teur, qui a été reconnu par Valentinien III, Nov Valent. III, 20, 2, 1 : Si liolo-
grapha manu leslamenla condanlur, lestes necessarios non pulamus. Mais ce lesla-
ment n'a pas passé dans le droit de Justinien et le testament olographe du C. civ.,
flrt. 970, se rattache plutôt au testament inler libéras (p. 811, n. 6). Enfin on
SUCCESSION TESTAMENTAIRE. — FORMES DU TESTAMENT 811
i
2. Les testaments publics sont le leslamenlum apud acta condilum,
l'ait par une déclaration verbale du testateur devant les autorités judi-
ciaires ou municipales, qui en font dresser acte, et le testamenlum
principi oblatum, remis par écrit à la garde du prince *.
rapproche parfois le testament par acte, public du C. civ.. art. 971 et ss., soit
du testament de l'aveugle (p. 811, n. 2), soit plus simplement du testament apud
<reto(p. 811, n. I).
1. Le leslamenlum apud acta condilum est non pas introduit, mais reconnu par
une constitution de Théodose et Honorius de 413, C, h. t., 19. CL C, //. /.,
18, de l'an 397. Il consiste dans
une déclaration qui esl faite soit devant un ma-
gistrat judiciaire (C, //. t., 19, 1: .lcft's cujuscumque judicis), soit devant les
autorités municipales [C.,h. t., 19, 1 : Actis municipumi et dont il est dressé
acte. Cf. Savigny, Hisl. du Droit romain, 1, nos 27-28. La doctrine selon laquelle
il serait d'origine hellénique déjà émise
par M.Mitteis, Reichsrechl und Vollisrechl,
1S9I, p. 95, n. 4, paraît aujourd'hui établie
par les P. Oxy., 106 de l'an 135 et 107
de l'an 123 où l'on voit les testateurs réclamer des testaments de ce genre fails
par eux devant les agoranomes et déposés entre les mains de ceux-ci. Cf. Mit-
teis, Hermès, 34, 1899,
p. 103. —V. sur le leslamenlum principi oblatum, Théo-
dose et Honorius, C.,h. t., 19.
2. Justin, C, 6, 22, Qui test., 8. V.
sur le caractère du labularius, la p. 541,
n. 1.
3- C, h. t., 10.
i- Testamenlum lemporepeslis C, 6, 23, De test., 8, où il faut lire oppresso et
:
non nppressos. V. sur les divers systèmes, Windscheid, 3, § 544, n. 7.
3- Testamenlum ruri condilum C, h.
: t., 31.
6- leslamenlum
parenlum inler liberos : C, h. t., 21, 3. Nov. 107, ce. 1. 2.
'• Inst., 2, 11, De militari leslamenlo. D., 29, 1, De leslamento militis. Cf.
Kuntze, Cursus der Inslitulionen, éd. 2, 1879, §§ 932-936. Accarias, 1,
n°s 415-416.
812 LIVRE III. — V. — TITRE I. — CHAPITRE I
procinctu (p. 801), qui, en somme, était déjà un mode privilégié de tester
ouvert aux seuls soldats,.en campagne. Mais, dans sa forme moderne, ce
privilège date de l'Empire. Le droit de tester sans formes a alors été ac-
cordé aux soldats, d'abord à plusieurs reprises à partir de César, par des
dispositions plus ou moins transitoires, ensuite à partir de Trajan', par
une disposition insérée à titre permanent dans les instructions (man-
data) des gouverneurs J.
En vertu de ces dispositions, le soldat est dégagé de toutes les règles
civiles qui régissent la forme des testaments. Il peut manifester vala-
blement ses dernières volontés d'une manière quelconque 2 et on est
arrivé à le soustraire en outre à une série de règles des hérédités testa-
mentaires qui ne sont aucunement des règles de forme s.
On doit seulement remarquer que le testament privilégié fait ainsi par
le soldat ne reste pas indéfiniment valable après qu'il a quitté le service :
il ne l'est qu'à condition que le soldat meure sous les drapeaux, ou dans
l'année qui a suivi son congé, s'il a été congédié honorablement et non
pas exclu comme indigne *. En revanche, ce privilège appartenait jus-
qu'à Justinien à tous les soldats sans distinction de résidence, qu'il fus-
sent en garnison ou en campagne. Justinien l'a restreint aux soldats en
campagne s.
pas accessible à ceux que la loi romaine regarde comme incapables d'avoir
un patrimoine : aux esclaves, aux pérégrins qui n'ont pas le commercium
et aux personnes in palria polestate. On remarquera seulement : pour
les esclaves, que les esclaves du peuple ont le droit de tester sur la moitié
de leur pécule i ; pour les pérégrins, que l'incapacité ne s'applique pas
à ceux qui ont le commercium, en particulier aux Latins, et que ceux
mêmes qui ne l'ont pas, s'ils sont incapables de faire un testament comme
d'avoir une hérédité d'après la loi romaine, peuvent tester d'après leur
loi nationale, si celle-ci connaît le testament 3 ; pour les personnes in
palria poteslate, que la création des pécules castrens, quasi-castrens et
des biens adventices a restreint leur incapacité d'avoir un patrimoine,
mais que la leslamenti factio active ne leur a néanmoins été concédée
que tardivement et dans une mesure restreinte : sur le pécule castrens,
s'ils mouraient sous les drapeaux, par Nerva etTrajan, même sans cela
par Hadrien ; sur le pécule quasi-castrens seulement par Justinien ; sur
les biens adventices jamais 3.
2. Supposant une expression de volonté, il est fermé à ceux qui ne
sont pas susceptibles d'une volonté éclairée et réfléchie, c'est-à-dire aux
fous sauf pendant leurs intervalles lucides '', aux impubères 'i, à ceux qui,
tout en étant capables, n'ont pas conscience de leur capacité c et même,
dans le système romain, aux prodigues 7.
3. Au point de vue de la forme, il s'est trouvé interdit à ceux qui ne
1. Ulpien, Reg., 20, 16 Servus publicus populi Romani pro peculii parle dimidia
:
leslamenti faciendi habel jus. Cf. p. 97, n. 6.
2. Cr. Ulpien, Reg., 20, 14.
3. Inst., h. t., pr. Cf. pp. 139.140.
4. Ulpien, 20, 13.
a. Ulpien, 20, 12. Il y a des raisons de croire, avec M. Collinet, N. R. H., 1900,
pp. 371-379, qu'en cette matière la fixation de la puberté du sexe masculin à
l'âge de 14 ans était déjà admise au II 8 siècle (Gaius, 1, 40. 2, 113) et que les
textes qui paraissent impliquer le maintien de la controverse (p. 155, n. 2) à une
date postérieure (Ulpien, D., 28, 1, Qui test., 5; Dioclétien, C, 0, 22, Qui fac
'M/., 4) sont interpolés.
0. D., h. t., 14; 15.
1- Ulpien, 20, S, rattache expressément à la formule per aes et libram l'incapacité
du prodigue. V. pour sa justification sous le système du testament comitial, la
P' 226, n. 2. A l'époque de Justinien, on maintient l'incapacité sans en essayer
aucune justification (D., h. t., 18, pr. ; Inst., h. t., 2).
814 LIVRE III. — V. — TITRE I. — CHAPITRE I
1. Nous ne rattachons à la forme que les incapacités qui ont fini par dispa-
raître avec elle. L'esclave, l'étranger, l'impubère étaient exclus par les formes du
testament comitial ; l'esclave, l'étranger, le fils de famille l'étaient par celles du
testament per aes et libram ; mais ils ont continué en dehors de là à l'être par
des raisons de fond. Si l'incapacité du prodigue est justifiée par les formes du
testament per aes et libram, il est pourtant resté incapable après leur disparition
(p. 813, n. 7).
2. Cicéron, Top., 4, 18. Gaius, 1, 115 a. Cf. p. 151, n. 2.
3. Gaius, 2, 118-122.
4. Aulu-Gelle, 1, 12, 9 : Virgo autem Veslalis simul est capta atque in atrium
Veslae deducla et ponliftcibus tradita esl, eo slatim tempore sine emancipatione
ac sine capitis minulione e patris poleslale exil et jus testamenii faciundi adipis-
cilur.
SUCCESSION TESTAMENTAIRE. — CAPACITE DE L'INSTITL'Iï 815-
l'ctnmes ont depuis longtemps une capacité de tester aussi complète que
les hommes.
Les incapacités qui peuvent ôtre rattachées aux formes du testament
per aes et libram sont celles des sourds et des muets : ils étaient inca-
pables en droit classique, les sourds parce qu'ils ne pouvaient entendre
le familiae emplor, les muets parce qu'ils ne pouvaient nuncupare ; mais
les uns et les autres peuvent tester à l'époque de Justinien ' sauf pour
les sourds-muets l'emploi de formes spéciales (p. 811, n. 2).
•I. Le droit de tester est, en dehors de là, fermé, par des dispositions
de. la loi positive, à certaines personnes : à l'époque ancienne, aux pmo-
1. Il faut encore ici faire exception pour les testaments militaires dont les auteurs
peuvent instituer, à moins de prohibition spéciale, même les personnes avec qui
ils n'ont pas la factio leslamenti, ainsi les pérégrins : Gaius, 2, 110. 111. 6\,6,21,
De test, mil., 5.
2. Ulpien, Reg., 22, 2 (pérégrins). 3 (Latins Juniens).
3. II y a sur la loi Voconia une littérature abondante. Nous citerons, en dehors
des monographies anciennes de Savigny, Vermischle Schriften, 1, 1850, p. 408 et
ss., Giraud, La loi Voconia. 1841, et Vangerow, Ueber die lex Voconia, 1863. les
études récentes de Hoelder, Beitràge zur Geschichte des romischen Redits, 1881,
p. 108-117 et de Kahn, Zur Geschichte des romischen Frauenerbrechls, 1884, pp. 25-
26. 73-80.
4. Cicéron, De senectule, 5, 14 : Caepione et Philippo ilerum consulibus (an 585de
Rome)... cum ego quinque et sexaginla annos nalus (Caton l'Ancien né en 520)
legem Voconiam magna voce et bonis lateribus suasissem.
5. Gaius, 2,274. Cicéron, In Verr., 2, 1, 41-43.
6. Augustin, De civ. dei, 3, 21, le dit positivement. Cicéron le suppose, In Verr-,
1, 1, 41, 104. 2, 1, 43, 111 (n. 7).
7. Gaius, 2, 274: Qui cenlum milia aeris census est. Cicéron, In Verr., 2. 1, *-
107 : (Voconius) sanxil in poslerum, qui posl eos censores census esset, ne quis here'
dem virginem neve mulierem facerel ; 43,111: Annaea... pecuniosa mulier, que
-censa non eral, testamento fecil heredem filiam ; 41, 104.
SUCCESSION TESTAMENTAIRE. — CAPACITE UE L'INSTITUE 817
fortune, n'avaient pas été inscrits dans cette classe '. Cela eut, pensons-
nous, pour résultat de faire la loi tomber en désuétude à mesure qu'on
ne procéda plus au cens. L'exclusion est encore indiquée par Gaius
parce qu'elle est toujours théoriquement en vigueur, comme par exem-
ple l'affranchissement censu (p. 118, n. 2) ; mais elle était alors déjà,
comme lui et pour la même raison, en désuétude pratique.
4° Les personae incertae. Les personnes incertaines, c'est-à-dire celles
dont on considère que le testateur n'a pu se faire une idée concrète pré-
cise a, comprennent, dans l'ancien droit,non seulement celles que l'ave-
nir seul déterminera, mais les personnes morales et les postumes,
c'est-à-dire les individus qui ne sont pas encore conçus au moment du
testament 3. Seulement des atténuations ont été admises pour les uns et
les autres au cours du développement du droit. — Quant aux postumes,
le droit civil arriva à permettre d'instituer valablement tous les postu-
mes siens, c'est-à-dire tous les héritiers siens nés après le testament,
dont il était d'autant plus dur d'empêcherl'institution que la survenance
d'un héritier sien qui n'avait été ni institué ni exhérédé avait pour effet
d'anéantir le testament (p. 852) et le droit prétorien accorda la B. P.
' secundum tabulas à tous les postumes, même aux autres postumes (pos-
tumi alieni) ''. — Pour les personnes morales, la leslamenti factio était
refusée aux temples, aux cités et aux associations, et le droit païen
n'a pas effacé la règle en principe. Il a seulement admis quelques excep-
:
tions résultant de faveurs faites par des sénatus-consultes ou des consti-
tutions impériales à des personnes morales déterminées, ainsi à une cer-
tain nombre de divinités % qu'on remarque être à peu près toutes des
divinités pérégrines,probablementparce que les anciens dieux du peuple
étaient déjà pourvus de ressources suffisantes 6. La plus générale est un
sénatus-consulte autorisant les cités à être instituées parleurs affranchis 7.
Mais le droit chrétien alla beaucoup plus loin. Il permit d'instituer
1. C'est pour cela que, tout comme les auteurs des testaments cités par Cicéron,
In Verr., 2, 1, 43, 111 (p.816, n. 7).41, 104,Dasumius,qui a beaucoup plus du cens
de la première classe, paraît instituer néanmoins dans son testament plusieurs
personnes du sexe féminin et notamment sa fille (Textes, p. 768).
2. Gaius, 2, 238 : Incerla autem videtur persona quant per incertain opiniouem
tmimo suo testalor subjicit.
3. Personnes dont la détermination est laissée au hasard (Quisquis primus ad
lunus meiim venerit, hères eslo)
: Ulpien, Reg., 22. 4 (au contraire l'institution
Portant ex cognalis meis qui nunc sunt qui primus ad funus meum venerit serait
niable: Gaius, 2, 238). Postumes: Gaius, 2, 242. Cités: Ulpien, 22, 6. Pline,
EP-, 5, 7. Temples: Ulpien, 22, 5. Collèges Dioclétien, C, 0, 24, De lier,
:
inst., 8.
* Paul, D.. 37, 11, De B. P. sec. lab., 3.
3- Ulpien, /%., 22, 6.
6- Mommsen, Dr. publ., 3,
p. 70, n. 1.
'< Ulpien, Reg., 22, 5.
:
818 LIVRE III. — V. — TITRE I. — CHAPITRE I
§ 2. — Institution d'héritier.
L'institution d'héritier peut se présenter sous des aspects très variés.
Le testateur peut la faire purement et simplement ou sous une modalité.
Il peut instituer un héritier unique ou en instituer plusieurs. Il peut en
instituer plusieurs ou simultanément, ou successivement, à défaut les
uns des autres (substitution vulgaire). Il peut de toutes ces façons insti-
tuer un ou plusieurs héritiers soit pour lui-même, soit pour ses enfants
hors d'état de tester (substitution pupillaire, quasi-pupillaire). Nous ver-
rons les règles les plus importantes en prenant les cas d'institution d'un
héritier unique, de pluralité d'héritiers, de substitution vulgaire et de
substitution pupillaire ou quasi-pupillaire.
I. Institution d'un héritier unique. — L'institution d'un héritier
unique-, minimum que le testament puisse contenir, est d'abord, quant
à la forme, soumise à des règles qui n'ont d'ailleurs duré qu'un certain
temps, qui ont à peu près disparu sous Justinien. Elle exigeait, comme
toutes les manifestations de volonté, dans l'ancien droit, des termes sa-
cramentels et l'emploi de la langue nationale latine. Gains dit qu'elle ne
peut être faite que dans la formule : Tilius hères eslo ou, en vertu d'une
extension, dans la formule : Titium heredem esse jubeo, tandis que les
formules : Titium heredem esse volo, insliluo, fado ne seraient, pas
valables. Et Ulpien répète encore à peu près la môme chose ''". Mais
cette exigence des termes sacramentels fut supprimée en 3,'li) par les fils
a
I. L'esclave en retire un avantage de droit, s'il est affranchi avant que le mo-
ment ne vienne pour lui d'accepter la succession : c'est pour lui alors qu'il
acquerra. Même en dehors de là, il en retire un avantage de fait : le sort de l'ins-
titution étant attaché à sa vie, tous ses mattres successifs auront intérêt à son
existence. Quant au maître, les avantages qu'il peut tirer de ce que l'institution
a été adressée à son esclave plutôt qu'à lui sont multiples : institué personnellement,
il ne pourrait pas en principe vendre son droit éventuel, au contraire, il esl pos-
sible de vendre l'esclave et par conséquent le droit successoral éventuel qui lui
est attaché ; institué personnellement, le maître, s'il vient à mourir avant d'avoir
accepté, et à plus forte raison, s'il vient à mourir avant le testateur, ne transmet
rien à ses héritiers ; au contraire, quand c'est l'esclave plus jeune que lui qui a
été institué, il transmet avec ses autres biens à ses héritiers cet esclave et l'espé-
rance successorale qui en dépend; institué personnellement, le maître, infans, fu-
riosus, ne peut, dans l'ancien droit surtout, accepter qu'à la fin de Vinfanlia, qu'à
son retour a la raison, tandis que l'hérédité déférée à son esclave peut être ac-
ceptée immédiatement par celui-ci jussu luloris, jussu curaloris.
— Nous nous bor-
nons à l'hypothèse simple d'institution adressée à un esclave appartenant à un
maître unique, vivant et capable. V. sur les difficultés soulevées par les hypothè-
ses plus complexes où la propriété est divisée, où l'esclave appartient à un cap-
tif, à une hérédité jacente, Accarias, 1, n» 335.
2- Inst., 2, 14; D., 28, 5, De heredibus inslituendis.
3- Gaius, 2, 116.117. Ulpien, Reg., 21, 1.
820 LIVRE 111. — V. — TITRE I. — CHAPITRE I
de Constantin, et celle de la langue latine le fut en 439 par Théodose 11!.
Au point de vue du fond, le testateur n'était pas non plus libre d'af-
fecter ses dispositions des modalités qu'il voulait. Il pouvait apposera
l'institution une modalité, la condition suspensive, à laquelle on assi-
milait ici le terme incertain. Mais l'institution ne pouvait être faite ni
sous un terme suspensif certain, ni sous un terme ou une condition réso-
lutoire,ni pour un bien déterminé (ea; certa re) 2 : pour le terme suspensif
certain, en vertu de raisons obscures ; pour l'institution ex certa re,parce
qu'elle violerait ordinairement la règle nemo partim leslalus parlimin-
teslalus decedere potest, parce que plus largement l'institution doit im-
pliquer vocation à toute l'hérédité ; pour le terme et la condition résolu-
toires, parce que l'institution doit impliquer une vocation perpétuelle,que
semel hères semper hères 3. Seulement, quand une institution affectée
d'une des modalités prohibées a été faite, on ne la considère pas pour
cela comme nulle ; en partant de la faveur du testament, de l'idée que le
testateur n'est plus là pour refaire la disposition, on la tient pour vala-
ble en effaçant la modalité.
A nous en tenir à la seule modalité licite, à la condition suspensive,
elle soulève trois questions principales : celle de son effet, celle des cas
où l'institution en est affectée et celle des circonstances dans lesquelles
elle est considérée comme accomplie.
1. L'effet de la condition apposée à l'institution d'héritier est de retarder
d'abord l'ouverture de la succession testamentaire, puis par contrecoup
celle de la succession ab intestat, a) Si la condition est encore en sus-
pens à la mort du testateur, l'institution d'héritier reste elle-même ea
suspens : l'héritier ne peut recueillir l'hérédité qu'après qu'elle se sera
réalisée. Seulement le préteur a fini par venir à son aide en lui donnant
à titre provisoire la B. P. secundum tabulas 4, en vertu de laquelle il
pourra se mettre en possession des biens, les administrer, mais en don-
nant caution aux personnes appelées à son défaut b de restituer si la
condition ne s'accomplit pas avant que son décès à lui-môme le dépouille
de la faculté d'accepter, par conséquent soit si elle fait défaut, soit si elle
reste en suspens jusqu'à sa mort, b) Du môme coup, la condition recule
l'ouverture de la succession ab intestat ; car celle-ci ne s'ouvre que quand
1. C, 6, 23, De test., 15 (de 339) ; 21, 0 (de 439).
2. Inst., h. t., 9 ; Ulpien, D., h. t., 1, 4. Aucune de ces restrictions ne s'appli-
que au militaire; car il peut mourir partie testât partie intestat (D., 29, l,Df'
tesl. mil., 6 ; 15, 4).
3. Cf. pour l'origine de cette formule, Gaius, D., h. t., 89 (88).
4. D., 37, 11, De B. P. S. T., 6 : IH demum sub condicione heredes institua bo-
norum possessionem secundum tabulas etiam pendenle condicione needum impleta pe-
1ère possunt, qui utiliter sunl insliluli.
5. D., 2, 8, Qui salisdare cog., 12. D., 46, 5, De slip, prael., 8. Les textes ne
nomment expressément que les substitués. L'extension aux héritiers ab intestat'
est controversée comme en matière de cautio Muciana (p. S22, n. 3).
SUCCESSION TESTAMENTAIRE. — INSTITUTION D'HÉRITIER 821
il est certain qu'il n'y a pas d'héritier testamentaire (p. 838, n. 5). Elle
ne s'ouvrira qu'au moment où il sera sûr que l'institution condition-
nelle ne produira pas effet, soit par suite de la défaillance de la condi-
tion, soit par suite de la mort de l'institué et c'est à ce moment qu'on
se placera pour déterminer quels seront les plus proches héritiers al)
intestat (p. 839, n. 1).
2. Mais, pour que ces deux effets se produisent, il faut, qu'il y ait
vraiment condition, c'est-à-dire un événement à la fois futur et certain.
Il faut que l'événement soit futur. S'il n'est pas futur (Titius hères eslo
si Seius consul fuit, si rex Parthorum vivit), il n'y a pas condition : on
respecte bien la volonté du testateur, on exclut bien l'héritier testamen-
taire, quand le fait auquel est subordonnée sa vocation n'a pas eu lieu,
mais il n'y a pas institution conditionnelle, il y a absence d'institution ;
la succession ab intestat s'ouvre au décès, quel que soit le délai néces-
saire pour la vérification du fait. Il faut que l'événement soit incertain.
S'il doit nécessairement se réaliser (Titius hères esto si caelum digilo non
ietigerit), l'institution est pure et simple J. S'il doit nécessairement ne
pas se réaliser (Titius hères esto si caelum digito tetigerit), on tient la
condition pour non écrite, comme les modalités signalées plus haut,
d'après une doctrine sabinienne qui a prévalu, et oii applique même
aussi cette solution à la condition immorale pour laquelle cela a plus
d'inconvénient, parce qu'on peut craindre que cela ne porte le gratifié à
l'exécuter 2.
En revanche ces deux éléments suffisent pour qu'il y ait condition.
La modalité peut valoir condition tout en se présentant sous l'aspect
d'un terme ; car il n'y
a pas d'expressions sacramentelles. C'est l'idée
dont les Romains sont probablement partis
pour décider en matière de
terme incertain (Titius hères esto cum Seius morietur), que le terme
incertain vaudrait condition dans les testaments (dies incerlus in iesla-
itonto condicionem facil). Cette disposition contient à leur avis impli-
citement condition
que l'institué vivra à l'arrivée du terme. La modalité
j lest pas effacée comme terme. Elle est respectée comme condition 3.
3- Reste à voir quand
on considérera la condition comme accomplie.
C est
une question qu'on doit trancher, disent les Romains, en s'occu-
pant plus de la volonté, du testateur que des termes qu'il a employés '.
En partant, de là on admet, quant au moment où elle doit se réaliser,
qu'elle doit bien être accomplie après la mort du testateur, en vue d'ac-
complir sa volonté, si c'est un acte facile dépendant de la volonté de
l'institué (Titius hères esto, si in Capilolium ascenderil), mais qu'il suf-
fira, si c'est un fait accidentel, indépendant, plus rare (si navisex Asia
venerit), qu'elle ait été accomplie une fois du vivant ou après la mort
du testateur -. On admet surtout, quant à la manière dont elle doit s'ac-
complir, qu'on pourra dans certains cas, bien qu'elle n'ait pas été ac-
complie en réalité, escompter son effet, admettre un équivalent. On »
décidé, sous l'influence du jurisconsulte du VIP siècle Mucius Scaevnla,
que l'héritier institué sous une condition potestative négative dont l'évé-
nement ne sera connu qu'à sa mort (Titius hères esto si in Capilolium
non ascenderil) pourra accepter immédiatement la succession en s'enga-
geant à la rendre si la condition fait défaut (cautio Muciania)3.011 a aussi
admis ici, plus tôt qu'en matière d'actes entre vifs, que la condition sera
réputée réalisée quand l'accomplissement en aura été empêché fraudu-
apparaît comme contraire à l'intention du testateur (/)., //. t., 72, pr- 1) °us,,.
morale (en le poussant à tuer l'esclave : D., h. t., 7, pr.). Cf. .Vangerow, -, s* >
Das mourir intestat ; cela se comprend aussi quand il n'a pas d'enfants
ît que, comme c'était encore plus l'usage à Rome que chez nous, il veut
ippeler à recueillir sa fortune plusieurs amis qui, en cas de concours,
se partageront la succession tout en ayant chacun vocation au tout. Il
peut les instituer soit pour des parts égales, soit pour des parts iné-
gales : pour des parts égales, quand il institue plusieurs étrangers pour
chacun desquels il a une égale affection 3, ou plus simplement quand,
appelant à sa succession testamentaire les enfants qui étaient déjà appe-
lés à sa succession ab intestat, il les y appelle pour les mômes fractions ;
pour parts inégales, encore parfois par désir de ne pas modifier les pro-
portions légales, quand il appelle à sa succession des descendants à des
degrés différents qui n'y auraient pas pris ab intestat les mêmes parts,
ou bien encore dans l'intention de balancer par une allocation plus
forte la contribution plus considérable fournie à son patrimoine par un
fils âgé resté longtemps
en puissance, mais bien plus souvent dans les
institutions faites au profit d'étrangers en vertu d'habitudes nées de la
fréquence des testaments, qui avaient familiarisé avec la pratique, de
doser les institutions d'héritiers selon l'affection
pour les personnes '-.
I. Marcellus, D., 28, 7, De cond. inst., 23. Cf. Vangerow, 2, § 435, n. 2.
2- Inst., 2, 14, De lier, inst., 4.
3. Testament de C. Longinus Castor, où il institue pour parts égales deux (Je
ses femmes esclaves après les avoir affranchies (Textes, p. 772).
4. Nous pourrions citer,
comme exemple de l'habitude romaine de fractionner
ainsi l'hérédité entre les institués
en des quantités de fractions inégales telles
'lu'on en trouverait seulement aujourd'hui dans la liquidation de successions
déférées à des collatéraux éloignés, le testament déjà signalé,
p. 807, n. 1, où
Cicéron avait été témoin
et dont il rapporte à Atticus les dispositions les concer-
nant tous deux. Il semble, d'après le texte (Ep. ad AU., 7, 2), qu'Atticus a été
institué pour une unité, une libra et Cicéron seulement pour le quart d'une pa-
l'eille unité,
pour un teruncius. Nous citerons comme autre exemple clair et
concret, également pris dans la réalité, le testament de Virgile (Donatus, Vita
VirgilU, 37). Il institue,
pour moitié, Valerius Proculus, son frère de mère né
oun autre père, par conséquent son cognât ; pour un quart, Auguste; pour un
douzième, Mécène
et pour deux autres douzièmes, deux amis qu'il chargea de
surveiller les nouvelles éditions de ouvrages, L. Varius et Plotius Tucca :
'leredes fecil ses
ex dimidia parle Valerium Proculum fralrem alio paire, ex quarto
824 LIVRE III. — V. — TITRE I. — CHAPITRE I
puiseraient pas, soit parce qu'il n'aurait fait que des institutions excerhs
rébus. Dans les deux cas, on corrigera le testament en tenant le plus de
compte possible de la volonté du testateur, mais en maintenant avant
tout le principe. Quand il n'y aura que des institutions ex certis rébus,
on respectera la volonté du testateur en attribuant à chaque héritier le
bien qui lui a été assigné; mais on assurera l'épuisement de l'hérédité
10 onces, avait appelé seul L. Varius sans assignation de part, il eût été nen
pour les 2 onces vacantes ; si, par ex., le testament rapporté par Cicéron a Attic
instituait à côté d'eux une troisième personne sans assignation de part, elle av
droit au reste de la secunda libra, à 9 onces.
SUCCESSION TESTAMENTAIRE. — SUBSTITUTION VULGAIRE 825
par les institués en partageant entre eux le reste pour parts égales '.
Quand le système de la division de l'hérédité en un ou plusieurs as de
douze onces amènera à reconnaître que le testateur n'a pas disposé de
toute sa succession, on remettra les choses en ordre en disant que la
succession, qui est en principe de 12, ou de 24, ou de 36 onces, peut
être d'autant d'onces que l'a voulu le testateur, est d'autant d'onces qu'il
a donné de parts, par exemple de 15 onces quand il a attribué 15 parts,
de 10 onces, s'il en a attribué 10 2.
substitution faite invicem des divers héritiers les uns aux autres. V. p. 880.
1. Julien, D., h. t., 27; cf. D., h. t., 41, pr. Inst., h. t., 3.
2. Inst., h. t., 4. C'est là un cas où, contrairement au principe général, le sub-
stitué concourt avec l'institué. Ce n'est pas le seul. Il en est de même, par ex.,
quand l'esclave commun étant institué, l'un des deux maîtres l'autorise a accep-
ter et l'autre non; là encore, le substitué prendra la moitié ainsi laissée vacante.
D., h. t., i8,pr. V. aussi Gaius, 2, 177. 178 (cf. p. 808, n.4). 11 peut même arri-
ver que le substitué prime l'institué : c'est ce qui arrive au cas où. le lestateui
insolvable ayant institué avec affranchissement un de ses esclaves et lui avan
substitué un tiers, l'institution est déclarée valable par exception à la règle de
loi Aelia Sentia. seulement lorsque c'est nécessaire pour empêcher le de cu/us
mourir intestat, par conséquent si le tiers substitué n'est pas disposé a accep e
D., 28, 5, De lier, inst., 58 (57).
3. Inst., 2, 16, De pupillarisubslitutione. D., 28, 6, De vulgari et pupillan.
,
slilulione.
SUCCESSION TESTAMENTAIRE- — SUBSTITUTION PUPILLAIRE 827
t. M. Karlowa, p. 876, repousse cette conséquence: mais elle nous semble for-
cée, comme à M. Pietak, Archiv, 68, 1875, p. 383.
2. Cicéron, De inv., 2, 21, 62-64.
3. Gaius, 2, 182.
*• Gaius, 2, 180 (n. 5). Ulpien, D., 18, 4, De H. v. A. vend., 2, 2 Alla aique alia
:
wreditas est.
5. Gaius, 2, 180: Quamobrem
duo quodammodo sunt teslamenta: aliud palris,.
"«ad fdii, lamquam si ipse filius
sibi heredem inslituissel ; aul cerle unum est le-
sl"menluin duarum hereditatum. Ulpien nettement pour l'unité de
testament, D., h. se prononce
t., 2, 4; D., 18, 4, De H. v. A. vend., 2, 2. Mais le langage
de Gaius
est d'autant plus remarquable que l'idée d'unité de testament paraît
«oir été particulièrement idée sabinienne. V. Javolenus, D., 42, 5, De reb.
une
"a- l".d., 28 Me illud maxime
:
mm esse testamenlum. movet, quod praeceptoribus luis (Javoleni) placel
530 LIVRE III. — V. — TITRE I. — CHAPITRE I
pour celle du fils *, que l'esclave héritier nécessaire du père l'est aussi
du fils 2. En partant de l'idée de dualité des testaments, on eût dû dire
que le père peut faire l'un sans l'autre, sans que le sort de l'un ait d'in-
fluence sur le sort de l'autre. Au lieu de cela, le père ne peut faire le
testament du fils qu'à condition de faire le sien 3, et, si le testament du
père reste sans effet, celui du fils n'en produira pas non plus 4. Le déve-
loppement n'a été plus étendu qu'au cas où le père était un militaire, \
2. Substitution quasi-pupillaire ou exemplaire. Il n'y a pas que l'âge
qui empêche de faire un testament. Il en est de même de la folie, sur-
tout quand elle est continue. Avant Justinien, des décisions isolées des
empereurs ont permis à des ascendants de nommer des héritiers testa-
mentaires à leurs descendants atteints d'aliénation mentale. Justinien
décida que l'ascendant d'un mente caplus pourrait faire le testament de
ce dernier pour le cas où il mourrait avant de revenir à la raison. C'est
la substitution quasi-pupillaire ou exemplaire, faite alors pour l'aliéné
comme s'il était pupille, admise pour lui à l'exemple de celle faite pour
le pupille. Elle en diffère cependant sous plusieurs rapports : le droit
1. Neratius, D., 29, 2, De A. v. 0. II., 59. Ulpien, D., 28, 6, De subsl., 10,3.
Justinien, C, 6, 36, De jure delib., 20; sur des indices de tendances divergentes
d'Ulpien et Modestin, cf. Accarias, I, p. 998.
2. Ulpien, D., h. t., 2, 4.
3. Modestin, D., h. t., î, 3 : Subsliluere liberis paler non polesl nisi si heredem
sibi instituent. On lui permet seulement de le faire dans des secundae labulae i\vi
resteront fermées quand les primae seront ouvertes (Gaius, 2, 181, où il indique
aussi des précautions pour que l'ouverture prématurée de tablettes contenant la
substitution vulgaire ne donne pas à soupçonner le contenu de celles contenant
la substitution pupillaire) ou même dans un acte distinct qui devra alors satisfaire
à toutes les conditions de forme des testaments (Pomponius, D., h. t., 10, 1) ; mois
il faut toujours qu'il institue d'abord un héritier pour lui-même (Ulpien, D., h. '•,
2, 4).
4. Ulpien, D,, h. t., 10, 4: Nec enim valet filii testamenlum, nisi palris fnenl
adita hereditas. Il serait facile de citer encore d'autres vestiges de l'idée ancienne
selon laquelle c'est le père qui teste sur son hérédité. Ainsi la solution selon la-
quelle il n'est pas obligé de gratifier les personnes auxquelles, comme à la mère,
le fils doit une légitime, d'après la théorie de la querela inofficiosi testamenii (D-.
5, 2, De inoff., 8, 5). Ainsi les règles sur la diei cessio en matière de legs mis à la
charge du substitué (D., 36, 2, Quando dies, i, etc.).
5. Le militaire seul peut faire un testament pour son fils sans en faire pour
lui-même et par conséquent aussi, quand il en a fait un pour lui, la répudiation
de son hérédité n'a pas d'influence sur l'hérédité du fils, D., 29, 1, De test, mil-,
41, 5. Il y a donc là vraiment deux testaments et deux hérédités. En outre, on lin
permet de donner un substitué même à son fils émancipé (D , 29, 1, De test. /«»>
41, 4) et même pour le cas où il mourrait après la puberté, avant l'âge de vingt-
cinq ans par exemple [D., 28, 6, De subst., 15). Mais cela ne lui est permis que
pour les biens qu'il aura lui-même laissés au fils, en sorte que c'est une simple
application de la décision déjà connue (p. 820, n. 2) selon laquelle la règle sema
hères semper hères ne s'applique pas aux militaires. Celte règle empêcherait un
particulier d'instituer un enfant purement et une autre personne pour le eas ou
cet enfant mourrait ante puberlalem (Gaius, 2, 184). Mais on pourrait atteindre c
but, soit, comme l'indique Julien, chez Africain, D., h. t., 33, en instituant.1 en-
fant seulement pour le cas où il arriverait à la puberté, soit, comme indiqu
Gaius, 2, 184, en le grevant d'un fidéicommis.
SUCCESSION TESTAMENTAIRE. — REVOCATION DU TESTAMENT 831
Pour qu'un testament produise effet, il ne suffit pas qu'il ait été vala-
blement fait dans le principe. Il faut qu'entre ce moment et la mort du
disposant, il n'ait pas été invalidé, infirmé par quelque événement 2. Un
testament est nul dès le principe (injuslum, non jure faclum), lorsqu'il
manque, dès sa confection, d'un élément essentiel, ainsi, comme nous
avons vu, quand il n'a pas été fait dans les formes légales, quand il n'a
pas été fait par un testateur capable, quand il ne contient pas l'institu-
tion régulière d'un héritier capable, môme, comme nous verrons, quand
le testateur y a omis un suus hères, ne l'a pas régulièrement institué ou
exhérédé. Quand ces conditions sont réunies, il est valable (jusium,
jure factum). Mais il peut être invalidé (infirmari) par un fait postérieur.
Suivant une terminologie, technique au moins pour certains juriscon-
sultes, il peut être rompu (ruptum) par la survenance d'un héritier sien
ou par révocation ; il peut devenir inutile (irrilum) par la capilis demi-
nutio du testateur 3. La rupture résultant de la survenance d'un héritier
sien sera étudiée avec l'exigence de l'institution ou de l'exhôrédation de
ces héritiers. Il n'y a donc à examiner ici que la révocation du testament
et son annulation résultant de la capitis deminutio du testateur.
§ l. — Révocation du testament.
Le testament, à la différence des actes entre vifs, n'est guère qu'un
Projet qui deviendra définitif seulement par la mort de son auteur. Il ne
1. Gaius le disait probablement dans la suite du texte, 1, 151 a, qui est seule-
ment déchiffrée en partie et où il parlait même peut-être de moyens pris par le
droit impérial pour enlever la succession à l'héritier testamentaire au profit (lu
trésor à défaut d'héritier ab intestat (cf. Papinien, D., 34, 9, De his quae ut indign-,
12). C'est également dit par Ulpien, D., 38, 6, Si lab. test, nullae extabunt, 1,8:
Si hères instilulus non habeat volunlatem, vel quia incisae sunt tabulae vel quia eu-
cellatae vel quia alla ratione volunlatem leslalor mutavit voluilque inteslato decedere,
dicendum est ab inteslato rem habituros eos, qui bonorum possessionem acceperu.nl, et
D., 44, 4, De d. m. exe, 4, 10 : Hères qui non habel volunlatem per exceplionem
doli repellitur. Sur la doctrine plus aventureuse de M. Krueger, selon laquelle la
même efficacité appartiendrait à une révocation sans forme, cf. Dernburg, o,
§ 94, n. 2.
2. Papinien, D., 37, 11, De B. P. sec. lab., 11, 2 : Voluntas... redisse inlellege-
tur, non secus ac si quis aliud testamenlum fecisset ac supremas tabulas incidtssel,
ut priores supremas relinquerel.
3. Gaius, 2, 148. 149, dit en effet qu'elle est cum re, si l'héritier institué du pre-
mier testament est l'héritier ab intestat. Elle ne l'est donc pas, quand il est uff
étranger.
4. C. Th., 4, 4, De test., 6.
SUCCESSION TESTAMENTAIRE. — CAPITIS DEMINUTIO OU TESTATEUR 835
voqué par une déclaration faite devant trois témoins ou devant l'auto-
rité publique (apud acta) i ; une autre constitution de Théodose II et de
Valentinien décida en 439 que le testament inachevé (imperfectum)
pourrait révoquer un testament antérieur, pourvu qu'il appelât à la suc-
cession les héritiers ab intestat et que l'existence en fût attestée par cinq
témoins 2.
D'autre part, l'institution des codicilles avait depuis longtemps per-
mis, dans des conditions que nous verrons, de changer un legs, d'en
ajouter un, ou d'en révoquer un sans faire un nouveau testament. De
plus, en partant de la théorie des fidéicommis, un rescrit de Sévère et
Caracalla décida que, si l'héritier du second testament était seulement
institué ex certa re, ou, a-t-on dit plus largement, pour une partie, le
premier testament serait bien rompu, mais l'héritier du second serait
considéré comme grevé d'un fidéicommis du surplus au profit de l'héri-
tier de ce premier testament 3. Gela revient à dire qu'on peut désormais
,
pratiquement, en vertu des théories des codicilles et des fidéicommis,
faire de nouvelles dispositions testamentaires sans révoquer les pre-
mières, produire l'effet positif sans l'effet négatif, de même que les modes
de révocation du droit prétorien et du droit impérial récent permettaient
de produire l'effet négatif sans l'effet positif, de révoquer le testament
sans en faire un nouveau *.
1. Dion Cassius, 55, 25. Cf. Cagnat, Impôts indirects chez les Romains, 1882,
pp. 175-226. Vigie, R. gén. de droit, 1881, pp. 101-130.
2. Le rapport de ces formalités avec le mode de perception de l'impôt nouveau
est attesté par la manière dont Paul les expose dans le titre de ses Sentences
consacré à cet impôt (Sent., 4, 0, De vicesima) et par le testament de C. Longi-
nus Castor qui les montre accomplies au bureau même du percepteur de l'im-
pôt (n. 4).
3. Paul, Sent., 4, 6, 2.
4. C'est du moins ce qu'indique le testament de C. Longinus Castor, 2, 10 (Tex-
tes, a. 774).
3. Paul, Sent., 4, 6, 1.
C. Paul, Sent., 4, 6, 3. Cependant l'ouverture en était reculée à une époque bien
postérieure par le préteur, lorsque le testateur était mort de mort violente et que
ses esclaves devaient en conséquence être mis à la torture suivant une règle in-
troduite ou confirmée par un sénatus-consulte Silanien (D., 29, 5, De S. G. Sila-
niano, 1), qui est antérieur à l'an 11, d'après D., h. L, 13, pr. et qui fut proba-
blement rendu sous le consul de l'an 10, C. Junius Silanus. Afin que la règle ne
'lit pas mise
en échec pour les esclaves affranchis dans le testament, l'édit du
préteur défendit, en pareil cas, tant l'ouverture du testament que l'acceptation
de la succession avant
que tout fût terminé (Paul, Sent., 3, 5, 1. D., 29, 5, De S.
V- Silaniaiio, 3, 18).
Un papyrus de Berlin. B. G. U„ n- 361 (cf. Dareste, N. R.
"•1 1894,
pp. 583-588) semble même montrer des plaideurs demandant l'ajour-
nement de l'ouverture du testament en vertu de la même idée à raison d'autres
déUls imputés à des esclaves du défunt.
'• Paul, Sent., 4, 6, 1 : Tabulae leslamenti aperiunlur hoc modo, ut lestes vel ma-
nma pars eorum adhibeatur, qui signaverinl leslamenlum, ita ut agnitis signis, ruplo
>iao,aperiatur etrecilelur. alquc ita describendi exempli fiai poleslas ac deinde signo
PiiMico obsignatum in archivum redigalur,
ul si quando exemplum ejus inlcrcideril,
*"> unde peti possil.
Les mêmes formalités sont décrites dans les procès-verbaux
de Ravenne (n.
8). Le testament de C. Longinus Castor porte également, à coté
noms de certains témoins et du libripens, la mention qu'ils ont reconnu leurs
sceaux.
s- Cinq exemples de procès-verbaux de ce genre du Ve et du VI" siècles nous
838 LIVRE III. — V. — TITRE I. — CHAPITRE II
ont été conservés par un papyrus de Ravenne. V. l'un d'eux, Textes, p. 775
et ss.
1. Ulpien, Reg., 17, 1 ; 24, 30.
2. D., 29, 3, Test. quom. ap. ; C, 6, 32, Quemadm. ap. test.
3. Esclaves: C, 6, 59, Communia suce, 4. Pérégrins: Z)., 48, 20, De bon.
damn., 7, 5. Personnes in patria potestate : D., 46, 1, De fidejussoribus, 11. Les
vestales, qui pouvaient tester (p. 814, n. 4), ne laissaient pas en revanche d'héri-
tiers ab intestat (Labéon chez Aulu-Gelle, 1, 12, 18).
4. Bona advenlicia : C, 6, 61, De bon. quae lib., 3, pr. (p. 140, n. 6). Peculium
castrense : Inst., 2, 12, Quibus non esl permiss., pr. : Si vero inteslali decesserinl,
nullis liberis vel fralribus superslitibus, ad parentes eorum jure communi perti-
nent (où l'on discute seulement si les ascendants appelés à défaut des descen-
dants et des frères et soeurs, jure communi, le sont, comme anciennement, )«'e
peculii ou, comme les descendants et frères et soeurs, jure hereditario : intérêt
notamment pour l'étendue et la durée de l'obligation aux dettes).
5. Inst., 3, 1, De lier. q. ab int., pr. : Inteslalus decedil, qui aul omnino testa-
menlum non fecit, aut non jure fecit, aut id quod fecerat ruptum irritumve facto"1
est, aut nemo ex eo hères extitit.
SUCCESSION AB INTESTAT 839
cession est déférée, du de cujus et qui sont devenues sui juris par son
décès, d'où il résulte que cet ordre d'héritiers manquera toujours aux
femmes qui ne sont pas susceptibles d'avoir d'autres personnes libres
sous leur puissance *. Il comprendra à la fois les fils nés en mariage ou
adoptifs, les filles, et par conséquent la femme in manu qui est loru fi-
liae, les petits-enfants dont le père est prédécédé ou sorti de puissance
et que par conséquent la mort du grand-père rendra sui juris, mais non
les petits-enfants dont le père est resté en puissance, qui à la disparition
du grand-père passent sous la puissance de leur père, ni les femmes in
manu des fils en puissance, qui à la disparition du père de leur mari pas-
sent sous la manus de celui-ci 2. Les membres de cet ordre viennent tous
à la succession, quel que soit leur degré ; mais, dès lors qu'ils ne sont pas
tous au premier degré, la succession est partagée par souches (in slirpes),
les descendants de chaque auteur pirédécédé ou sorti de la famille ne
prenant que la part qu'il eût prise lui-même 3.
Le trait le plus remarquable de la succession des heredes sui est la fa-
çon môme dont ils succèdent. Ils sont considérés comme succédant moins
à des biens nouveaux qu'ils ne continuent une propriété préexistante,
comme étant plutôt les héritiers d'eux-mêmes (heredes sui) que d'un tiers
(heredes ejus *). Leur succession est probablement la plus ancienne %
parce qu'elle n'a pas eu besoin d'être inventée, parce qu'elle n'est que
la consécration des faits. Elle se produit par là môme que des gens qui
vivaient en commun au milieu d'une masse de biens, continuent d'y
vivre après la disparition de l'un d'entre eux. Ils continuent d'y vivre
après la disparition de l'un d'entre eux qui d'après le régime patriarcal
était leur chef : ce qui fait que leurs droits sont accrus, qu'ils ont un
pouvoir de partager la maison commune qu'ils n'auraient pas eu aupara-
vant. Mais c'est la prolongation d'un état, préexistant plutôt que la créa-
tion d'un état nouveau. Le changement n'est pas qu'ils gardent les
biens ; il consisterait à ce qu'ils leur fussent enlevés. Il n'y a pas de
solution de continuité dans la propriété des choses qu'un tiers ne pour-
rait en conséquence appréhender sans vol.
1. Gaius, 3, 51 : Numquam... feminae suum heredem habere posstml.
2. Gaius, 3, 1-14 (Collalio, 16, 2).
3. Ulpien. /iei7., 26, 2: Aequum est enim nepotes in palris sui locum succedere
et eam partent habere, quant pater eorum, si viverel, habiturus essel.
4. Gaius, 2, 157: Sed sui quidem heredes ideo appellantur, quia domestici here-
des sunt et vivo quoque pâtre quodammodo domini existimanlur. Paul, D , 28, 2, Ui
lib. et posl., 11 : In suis heredibus ecidentius apparet continualionem dominiieorem
perducere, ut nulla videalur hereditas fuisse, quasi olim hi domini essent, qui etiam
vivo paire quodammodo domini existimanlur... Itaque post mortem patris non
hereditalem percipcre videnlur, sed inagis liberam bonorum adininislralionem con-
sequuntur. liac ex causa, licet non sint heredes instiluli, domini sunt : nec obsta ,
quod licet eos exkeredare, quos et occidere liceat. Cf. D., 48, 20, De bon. dama., rt-Pr-
5. Cf. sur l'analogie du droit, germanique, Brunner, Deutsche Reehlsgcscn., >
p. 195.
SUCCESSION AB INTESTAT 841
postérieure à la loi Voconia de 5S5. Cf. Karlowa, R. R. G., 2, p. 8S3. Kahn, Zur
Geschichte des romischen Frauenerbrechls, 1S84,
pp. 13-24.
2. Ulpien, heg., 27. 1-4. Inst., 3, 2,De leg. adgn.
'- Cf. Mommsen, Dr. publ., 0, 2,
|). SS4.
suce, S.
p. 16. n. 1 : p. 29 et ss. Karlowa. R. R. G.,
/i. Il esl encore en vigueur à l'époque de la préture de Verres (Cicéron, lu
'''"'•, I, 45, 115),
au temps de César (Suétone, Caes.. 1) et de Catulle (OS, 119-124),
''la laudalio dite de Ttiriae suppose encore, a-t-on vu, p. 205, n. 1, l'existence
* la tutelle des gentils qui va avec lui. Mais dernier témoignage (début du
ce
'" siècle après J.-C., est le plus récent. Gaius, 3, 17, dit déjà le droit des gentils
en
'feuétucie.
•J- Karlowa rapproche, p. S81, de la disposition des XII Tables faisant passer
41.
>e agnats avant les gentiles, ledit de Cliilpéric donnant à défaul de fils un droit
'" préférence sur les membres du village du défunt aux filles et aux frères et.
«uiirs (Ed. Chilperici, 3; cf. Glasson, .V. R. H., 1SS5,
p. 604: Brunner, Deutsche
"Vhtsgesch., 1,
p. 195).
842 LIVRE III. — V. — TITRE I. — CHAPITRE II
1. Suétone, Caes., I, ne pourrait pas sans cela représenter César comme ayant
•
été gentiliciis heredilalibus mullalus.
2. Ulpien, 28, 8. Gaius, 2, 137. Ulpien, D., 38, 6, Si tab. test, nullae, 1, 6.
3. D., 37, 8, De conj. cum émane, 3. Il y a un cas où, jure praetorio, les sui
eux-mêmes n'auront droit qu'à la moitié. C'est le cas où ce sont des parents pure-
ment civils, enfant adoptif, femme in manu d'un affranchi excluant le patron. Us
.prendront seulement la moitié, quoique étant de la première classe, et le patron
-aura l'autre moitié (B.P. dimidiae partis), quoique étant de la seconde: Gaius,
-3, 41.
4. D., 38, 7, Unde leg., 2, 4.
SUCCESSION AB INTESTAT 843
'
Coll., 16, 9, 2.
-
D., 38, 8, Unde cognati, 1, 3.
>• D-, 38, 11, Unde vir et uxor.
». Avant en 4° lieu, tum quem ex familia palroni et en 5e, unde palronus, pa-
>nna iiem liberi et parentes palroni palronaeve après, en 7e lieu, unde cognati
;
manumissoris.
o.;n Verr., 2, 1, 44, 114: Posteaquam jus praelorium conslitulum esl, semper
jure usi sumus : si tabulae testamenii non proferrenlur, tum uti quemque polis-
oc
mum heredem
esse oporteret, si is intestalus morluus esset, ita secundum eum pos-
ess,° doretur..., hoc
velus ediclum translaticiumque esse. Cf. Leist dans Gluck,
««"e des livres 37-38,
p. 55 et ss.
844 LIVRE III- — V. — TITRE I. — CHAPITRE II
sans testament ni loi aux parents naturels, dont il signale une application
concrète en 688 ', mais qui ne, parait pas encore avoir figuré alors dans
une clause bien nette de l'édit 2. Enfin nous jugeons certain qu'il ne
connaît pas la B. P. unde liberi 3, pour ne rien dire de lai?. P. unde vir
et uxor. Au contraire, les trois édits sur la B. P. unde liberi, sur la
B. P. unde legitimi et sur la B. P. unde cognati, et même celui sur la
B. P. unde vir et uxor existent, selon toute apparence, dès le temps de
Labéon *.
2. Quant à l'effet de la B. P., lesB.P. ab intestat ne sont sans doute
devenues elles-mêmes opposables aux héritiers civils en cas de conllit
que progressivement. Ici encore la B. P. a dû d'abord ne produire que
la protection de l'interdit quorum bonorum, qui est déjà connu de Ci-
céron, accompagnée plus ou moins tôt, assez probablement aussi dès le
temps de Cicéron, d'actions fictices permettant de poursuivre les débi-
teurs héréditaires. Mais d'abord elle n'a pas dû plus empêcher le bono-
rum possessor ab intestat que ie bonorum possessor testamentaire de
pouvoir être dépouillé par la pétition d'hérédité de l'héritier civil. Le
conflit ne se présentait pas pour la B. P. unde legitimi, donnée aux
héritiers civils eux-mêmes (conflrmandi juris civilis gralia), ni pour les
B. P. unde cognati et unde vir et uxor données à défaut d'héritiers civils
(supplendi juris civilis gratia) ; mais il pouvait, se présenter, sans parler
des successions des affranchis, pour lai?. P. unde liberi, quand elle ap-
pelait les émancipés en concours avec des sui ou à l'exclusion des
agnats. Et ici encore le conflit a d'abord dû ôtre tranché contre eux ; ils
1. Pro Cluenl., 60, 165 : Inleslalum dico esse morluum possessionemque ejus bono-
rum praetoris ediclo huic illius sororis filio... dalam. La B. P. est donnée au (ils
d'une soeur, donc à un cognât ; mais le texte cité n. 2 montre que l'édit en vertu
duquel elle est donnée n'est pas encore celui promettant nettement la B. P. nus
cognats et à eux seuls.
2. Partit, oral., 28, 98: Atque ejus quidem generis finis esl aequilas, quae non
simplicité/' spcclalur, sed ex comparatione nonnumquam ut cum...aul cum heredilalis
sine lege aul sine leslamento pelitur possessio : in quibus causis quid aequius aequis-
simumve sit quaeritur. La conciliation la plus naturelle entre ce texte elle précè-
dent est d'admettre dans l'édit, après la clause sur la B. P. ex leslamento (p. SOS,
n. I) et celle sur la B. P. ex lege (p. 820, n. 5), une troisième clause plus vague
dans laquelle le préteur se réservait de donner le cas échéant la R. P à celui
qui en paraîtrait le plus digne, et en vertu de laquelle il pouvait la donner au
cognât Cluentius. V. en ce sens, Leist, 1, 1873, p. 63 et ss.
3. Cela nous parait résulter très nettement du langage de Cicéron, In Verr-, -,
1, 44. 114, selon lequel il n'y a aucune B. P. intermédiaire entre la B. P.see»-
dum tabulas et la B. P. unde legitimi. V. en ce sens, Leist, 1, p. H, n- '^; ell
sens contraire, Ad. Schmidt, Dus Formelle Recht der Nolherben, p. 68 et ss., i|U'
invoque pour l'existence à une époque antérieure du droit de l'émancipé, la »
P. contra tabulas donnée au patron et à ses enfants émancipés (p. 863, n. -)
4. C'est rendu vraisemblable pour tous par la considération que l'activité légi-
férante du préteur s'arrête avec l'établissement de la monarchie. En outre Labéon
connaît déjà la B.P. contra tabulas accordée aux liberi^. 835, n. 2), dontI exis-
tence implique à notre sens, à plus forte raison, celle de la B. P. unde liberi.
SUCCESSION AB INTESTAT 845
SECTION I. — Exbérédation.
Le droit romain n'admet pas que celui qui a des enfants en puissance
puisse les exclure de sa succession par une simple omission : s'il ne te
institue pas , il doit les exclure par une disposition expresse ; il doit les
instituer ou les exhéréder 2. C'est une règle qui a d'abord été posée pat
le droit civil pour les heredes sui ; mais elle a été étendue par le droit
prétorien aux liberi, et le droit de Justinien, tout en en remaniant te
conséquences, l'a maintenue pour les uns et les autres jusqu'aux novel-
les. Elle doit donc être examinée successivement dans les trois systè-
mes législatifs.
I. Ancien droit civil. — Le principe d'après lequel le palerfamil» 1
est astreint à instituer ou à exhéréder tous les héritiers siens 3 qu'il aun
dans le cours de sa vie est très nettement rattaché par les jurisconsulte
1. Cf. Francke, Das Becht der Notherben und Pflichltheilsberechtigten, 1S3I •
1. lin vertu de la môme idée qui fait considérer l'extinction de la patria polestm
comme plus facile (p.188, n. 3), l'exhérédation comme pouvant être faite en ter-
mes moins précis (p.850, n.2).
2. Gaius, 2, 124. V. pour les détails et la bibliographie, Karlowa, R. R. 0., 2,
p. SiXI.
3. Ulpien, 22, 18 : Postumi quoque liberi cujuscumque sexus omissi quod valuil
testamenlum agnalione rumpunl. La nullité produite après coup par la rupture es 1
encore ici une nullité absolue régie par les mêmes règles que la nullité qui eût
existé dès le principe si le testament avait été injuslum pour cause d'omission
d'un fils déjà né. La nullité pourra en principe être invoquée en tout temps, par
tout intéressé, sans ratification possible. Mais ici il est certain qu'au cas où le
postume au testament venait à mourir avant le testateur, le préteur donnait»
l'héritier institué dans le testament rompu jure civili une B. P. secundum tabu-
las, qui était cum re, en vertu d'une décision d'Hadrien, D., h. t., 12, pr., elqul
était protégée par une exception de dol contre la pétition d'hérédité des héritier--
ab intestat, à moins que ces héritiers ab intestat ne fussent des liberi exlieréde-
dans le testament (D., 44, 4, De exc.doli, 13).
4. Gaius, 2, 140. 141.
SUCCESSION A L'ENCONTRE OU TESTAMENT. — EXHEREOATION 853
seulement pour les fils, mais pour tous les descendants mâles, qu'elle
ne pourra être valablement collective qu'en face de postumes du sexe
féminin '. Mais ce développement n'a pas eu pour résultat de permettre
d'éviter absolument toutes les ruptures de testaments qui pouvaient être
produites par la survenance d'héritiers siens ; car il est exclusivement
relatif aux descendants qui deviennent héritiers par la naissance ou par
le prédécès de la personne qui les séparait de l'auteur commun. Il est
étranger aux adoptés, aux adrogés, aux femmes tombées in manum, aux
enfants légitimés, en somme, peut-on dire, à tous ceux qui tombent en
puissance par une cause d'ordre artificiel. La doctrine a fini, semble-t-il,
par admettre qu'on pouvait éviter la rupture du testament en les insti-
tuant d'avance 2, mais non point en les exhérédant 3.
II. Edit du préteur. — Le préteur a élargi ce système par la créa-
tion de la B. P. contra tabulas donnée à l'encontre du testament qui ne
contient pas institution ou exhérédation de certains descendants ''. Le
régime ainsi établi diffère de celui du droit civil : quant aux descen-
dants à exhéréder, quant aux formes de l'exhérédation et quant à la
sanction du défaut d'exhérédation régulière.
1. Quant aux descendants qu'il faut instituer ou exhéréder, le pré-
teur appelle à la succession ab intestat du paterfamilias non seulement
les heredes sui, mais les ascendants du sang qui le seraient sans une
capitis deminutio minima et qui n'appartiennent pas à une autre fa-
mille : il les assimile aux sui pour les appeler tous à défaut de testa-
ment : il les assimile également aux sui pour exiger l'institution et l'ex-
hérédation des uns et des autres, pour donner, à l'encontre du testament
où l'un d'eux n'est pas institué ou exhérédé, la B. P. contra tabulas.
Mais là s'arrête l'oeuvre d'extension du préteur. Il a appelé les descen-
dants comme cognats à la succession de leur mère, de leurs ascendants
maternels : il leur a donné, en face de la succession de ces ascendants,
la B. P. unde cognati ; il ne leur a pas donné, en face d'elle, la B. P-
\
contra tabulas La B. P. contra tabulas n'appartient, en face du tes-
tament qui les omet, qu'à ceux qui, en l'absence de testament, ont la
B. P. unde liberi.
1. Ulpien, 22, 21-23, paraît dire que l'exhérédation nominative n'est exigée que
pour les fils et semble la recommander seulement comme plus prudente pour les
petits-fils; ce qui porterait à voir là une influence du système prétorien. En ce
sens Accarias, 1, n° 340. Mais le texte, aujourd'hui certain de Gaius, 2, 134, dil
positivement que l'exigence vient de la loi Junia Vellaea.
2. Papinien, D., h. t., 23, 1.
3. Ulpien, D., 37, 4, De B. P. C. T., 8, 8. Gaius, 2, 143, indique seulement une
exception résultant d'un sénatus-consultedu temps d'Hadrien pour Verrons causse
probalio.
4. D., 37, 4, De bonorum possessione contra tabulas.
5. Inst., 2, 13, De exhered., 7.
SUCCESSION A L'ENCONTRE DU TESTAMENT. — EXHEREDATION 855
i. Gaius, 2, 135 =
Inst., h. t., 3.
2. La B. P. contra tabulas donnée aux liberi ne peut figurer dans l'édit du
temps de Cicéron, si, comme nous avons déjà vu (p. 844, n. 3), cet édit ne con-
naît pas la B. 1'. unde liberi. En revanche elle est connue de Labéon, d'après
D-.h. t., 8, 11.
3. Son caractère de B. P. cum re résulte, croyons-nous, rationnellement de
l'existence de la collatio (n. 4), qu'ici
comme en matière de B. P. unde liberi
(p. 84a, n. 1), on ne pourrait imposer à l'émancipé en face des sui, s'il était ensuite
exposé à être dépouillé par eux des choses héréditaires, et de celle de Vediclum de
ieS"tis praestandis (p. 856.
n. 5), qui suppose aussi un acquéreur définitif. 11 est,
en outre, attesté pour elle, à la différence de la B. P. unde liberi sur laquelle il y
a moins de renseignements,
par des témoignages directs des sources : Julien, 0.,
h- '-i 13,
pr. Ulpien,' D., 37, 11, De B. P. sec. lab., 5, 11 : Quasi contra ta-
bulas bonorum possessione
accepta rem habere ; cf. Leist, dans Gluck, 2, p. 21 et ss.
* Cassius, cos. en l'an 30, connaît déjà la collatio (p. 845, n. 1).
8- Leist, 2, 21 et ss., suivi par Danz, 2, p. 156, considère pourtant comme
p.
| Plus exact de dire qu'elle fait pas tomber le testament, et qu'elle n'empêche
ne
[ Pas l'héritier institué d'accepter, mais qu'elle le met alors avec le bonorum pos-
sessor dans
[ une situation analogue à celle où se trouve l'héritier grevé d'un fidéi-
| c°mmis universel en face du fldéicommissaire, qu'elle permet au bonorum pos-
l >mor de lui enlever la succession, mais sans l'empêcher de rester hères.
856 LIVRE III. — V. — TITRE I. — CHAPITRE III
contraire le liber est vivant, elle s'ouvre par là même qu'il y a un testa-
ment valable en la forme, contenant l'institution d'un héritier capable,
sans qu'il y ait à savoir le parti que prendra cet institué. Du moment que
le testament existe, la B. P. est donnée contra tabulas, contra ligmim
teslamenli, dit-on ', avant même que \a.B. P. secundum tabulas soit of-
ferte à l'institué pour savoir s'il acceptera ou non. Et alors elle est
ouverte non seulement au profit du liber omis, mais, commisse) pur
eum ediclo, au profit d'autres liberi encore. Seulement le caractère re-
latif de la nullité se manifeste de nouveau, peut-on dire, dans la dé-
termination du cercle des personnes qui ont le droit de l'invoquer, à
qui appartient la B. P. contra tabulas.
b) Ouverte par l'existence d'un liber omis, elle l'est en môme temps
qu'à son profit, à celui de tous les liberi institués dans le testament-,
mais elle ne l'est pas, comme serait la succession civile ab intestat ou-
verte par la nullité du testament omettant un fils en puissance, au pro-
fit d'autres liberi régulièrement exhérédés 3.
c) Elle ne fait pas non plus forcément disparaître tout le testament.
Tandis que l'omission d'un fils en puissance fait jure civili tomber le
testament tout entier, lai?. P. contra tabulas laisse subsister : 1° les
dispositions qui ne préjudicient pas au liber omis, non seulement les
exhérédations, mais les substitutions pupillaires 4 et sans doute les no-
minations de tuteurs ; 2° celles que le testateur eût vraisemblablement
faites en l'instituant : il devra exécuter, pour un total qui ne peut excé-
der la part de chaque liber, les legs et les fldéicommis adressés à la
femme et à certains parents 5.
d) Enfin, comme les voies de rescision, la B. P. contra tabulas ne
peut être demandée que durant un délai fort court, celui pendantlequel
peut être demandée toute B. P. (p. 875, n. i). Sinon, la B. P. senm-
dum tabulas s'ouvrira au bout du délai, au profit des héritiers institues
dans le testamentG. .
1. Tryphoninus, D., h. t., 19: Volgo dicitur liberis datam bonorum possession»
contra lignum esse.
2. D h. t., 3, 11. On applique même cela aux fils donnés en adoption nui se
trouvent, encore sous la puissance de l'adoptant : D., h. t., 8, 11.
3. D., h. t., 10, 5. En supposant un testateur qui, ayant quatre liberi, w*
institué deux avec un étranger, en a exhérédé un et en a omis un autre, la »•
contra tabulas, ouverte par l'omission du dernier, sera ouverte, en même temp?
qu'à lui, aux deux institués, mais non à l'exhérédé, ni naturellement a lrfra
°*>er4. D., 28,
6, De subsl., 34, 2.
5. D., 37, 5, De legalis praeslandis contra tabulas bonorum possessionc peu j
Dans l'exemple précédent, si le testateur a fait des legs à sa femme, à un Pa
et à deux étrangers, les deux liberi institués et le liber omis, ayant tous
demandé la B. P., devront exécuter les legs faits à la femme et au parent po
un montant qui ne pourra excéder celui qu'ils garderont chacun, soit le quar,
ils ne devront rien aux légataires étrangers.
6. D., 37, 11, De B. P. S. T., 2, pr. Si la B. P. contra tabulas n'a été dem „
SUCCESSION A L'ENCONTRE DU TESTAMENT. — UIIEBELA INOFE. TEST. 837
dée dans le délai précité, ni par l'un ou l'autre des liberi institués ni par le liber
omis de l'exemple fait p. 856,
n. 3, la B. P. secundum tabulas s'ouvrira et alors
s ouvrira au profit des deux liberi institués et de l'étranger institué, à l'exclusion
•lu liber omis et du liber exhérédé, mais à charge de
payer tous les legs. Enfin,
pour continuer l'hypothèse, si les héritiers institués laissent passer le délai, la
"•omis
P. unde liberi s'ouvrira au profit des quatre liberi, des deux institués, de
et de l'exhérédé, mais non de l'institué étranger et serait sans charge des
legs, si cet effet n'était écarté clause spéciale de l'édit dirigée contre la
fraude (fl., 29, 4, Si nuis
par une
om., 1, pr. ; cf. Lenel, Ed., 2, pp. 92-03).
1- C, 6, 28, De liberis
praet. velexhered., 4. Inst., h. t., 6. Justinien renvoie
«n même temps, Inst., h. t., 5, à la constitution selon laquelle l'adopté reste en
regle dans sa famille d'origine (p. 180) et c'est donc dans cette famille qu'il doit
,sfre exhérédé.
2- La théorie de l'exhérédation
elle-même a été, à notre avis, abolie par la
novelle 115. Cf. Windscheid, Pand., 3, § 592.
}• la réforme de Justinien laisse subsister la restriction de l'institution
aux
Clv'ls, les militaires
étant, d'après les règles générales sur les formes (p. 812,
" v< dispensés d'exhéréder expressément leurs descendants durant tout leur
service avant Justinien
et pendant qu'ils étaient en expédition depuis lui.
*• Inst., 2, 18; D..
5. 2: De inofficioso teslamento. Cf. G. Hartmann, Ueber
le querela inofficiosi
leslamenli nach classischem liecht, 1864. Bekker, Aklioneti,
'" 187,i PP. 272-283. Eisele,
Z. S. St., 15, 1S94, pp. 256-306.
838 LIVRE III. — V. — TITRE I. — CHAPITRE III
1. Le préteur aurait eu, pour combler cette lacune, un moyen : c'eut été de pro-
léger l'héritier prétorien injustement exhérédé comme on a fini par protéger
contre l'héritier civil l'héritier institué dans un testament prétorien, l'héritier ab
intestat prétorien : en lui donnant une B. P. et en le défendant contre l'action
(le l'héritier civil
ou par une exception, si la poursuite était intentée selon la pro-
cédure formulaire, ou par le refus de la legis actio, si l'héritier civil voulait lege
tgere. Un exemple rapporté par Valère Maxime, 7, 7. 5, montre que le préteur
est entré dans cette idée. Mais le développement définitif a pris d'autres voies.
2. Cette idée émise
par M. Eisele rend parfaitement compte des discordances
avec la pétition d'hérédité qu'on rencontre en droit récent dans la querela (p. 862,
n. 1-4, n. 6) et qui ont porté d'autres auteurs à croire, soit que la querela se se-
rait à un moment dégagée de la pétition d'hérédité
pour en devenir une instance
préalable, soit qu'elle n'aurait jamais
eu le caractère de pétition d'hérédité ; elle
'end compte aussi de la dualité, explicable au besoin par d'autres raisons, des
tates de la matière supposant juges tantôt les centumvirs [D., h. t., 8,
comme
!*'. 10,
pr. ; 13 ; 15, 2 ; 17, pr. ; D., 31, De leg., II, 76, pr.) et tantôt un seul
juge (0., h.
t., 5; 6, pr. ; 8, 16 ; 17, 1). Elle s'accorde bien avec les noms de
luerela et même A'accusatio (D., h. t., 7,
pr. ; 27, pr.) donnés à la poursuite et
avec beaucoup de particularités, telles
que le mode de citation rapporté par Paul
"•''• t., 7, pr.), qui conviennent infiniment mieux à un procès tranché selon.
'• procédure extraordinaire qu'à action intentée selon les règles de Vordo
une
lidiciorum. Enfin elle expliquerait aussi l'existence de la loi Glitia dans le
com-
raentaire de laquelle Gaius (D., h.
t., 4) parle de la querela et qui serait non
Pas, comme pensaient
nos anciens auteurs, la loi qui introduisit la querela, mais
Me loi qUi l'aurait étendue
au cas où ne pouvaient statuer les centumvirs, loi
onl 1 existence parait impliquée
par l'effet ipso jure des sentences rendues par les
"•niveaux juges (D., h.
t., 8, 16). M. Eisele veut même reconnaître les juges
"^ordinaires constitués cette loi dans les septemviri dont parlent les rubri-
ques des fr. de Paul,
par
D., h. t., 7 ; 22 ; 31, de septemviralibus judiciis. Il y a plus
t "uablement là corruption de centumviralibus et il y a dans le système beau-
une
nPdautres points douteux mais l'idée d'ensemble
; nous paraît acceptable.
860 LIVRE III. — V. — TITRE I. — CHAPITRE III
2° le testament fait par un fils sur son pécule cas'trens ne peut, avant Jusliniei,
être attaqué comme inofficieux (p. 838, n. 4) ; 3" les descendants par les fe™mes|
n'étant héritiers que comme cognats à défaut de sui (p. 843, n. 2), ne peuv
intenter la querela qu'en l'absence de sui. Seulement cette dernière solution -
trouve un peu masquée par une règle selon laquelle on admit en partant de
dée prétorienne de dévolution (p. 882), qu'en cas d'inaction de l'héritier le P -
proche, la querela peut être intentée [par celui appelé à son défaut (successif
querelam: D., h. t., 31, pr. 14).
SUCCESSION A L'ENCONTRE UU TESTAMENT. — QUERELA IXOFF. TEST. 861
et elles ont continué à être laissées à l'appréciation des juges jusqu'à Jus-
tinien. Avec son goût de réglementation, Justinien a fixé, dans la no-
vello lia, quatorze causes pour les descendants et huit pour les ascen-
dants à raison desquelles le testateur pourra, en les indiquant dans son
testament, justement exclure les légitimaires de sa succession.
Quant au montant de la part de la succession que doit avoir le .légiti-
maire qui n'a pas démérité, au montant de la légitime, de la débita por-
lio, il a changé plusieurs fois. A l'origine, il a été, comme les justes causes
d'exhérédation, comme la détermination des légitimaires, laissé à l'appré-
ciation des juges. Les juges décidaient, dans chaque cas, si, en fait, le lé-
gitimaire avait reçu une part suffisante de la succession. Plus tard,on em-
prunta, ici comme en beaucoup d'autres matières, le chiffre fixe de la loi
Falcidia de 714-, en décidant que l'héritier légitimaire n'ayant pas donné
de cause d'exhérédation ou d'omission devrait recevoir le quart de ce
qu'il aurait eu comme héritier ab intestat. C'est la quarte légitime (quarto,
legilimae partis) \
dans le calcul de laquelle on fait figurer tout ce qu'il
a reçu du défunt à cause de mort, aussi bien par exemple, par fidéi-
eommis, par legs, par donation à cause de mort que par institution d'héri-
tier"-, mais non, sauf quelques réserves récentes ;i, ce qu'il en a reçu par
donation entre vifs *. Justinien modifia le chiffre de la légitime en dé-
cidant assez bizarrement, dans la novelle 18, qu'elle serait, pour les
descendants, du tiers de la part ab intestat, si le défunt laissait quatre
enfants ou moins, et de moitié, s'il en laissait plus de quatre 5, et il dé-
cida encore plus bizarrement, dans la novelle 115, que les légitimaires
devraient, non pas être institués pour cette part, mais être institués pour
une fraction quelconque d'elle, si c'étaient des ascendants ou des des-
cendants.
3. Les deux premières conditions s'expliquent très bien par les règles
entraîner une nullité absolue, comme celle du testament où a été omis un lien i
testament pourra être maintenu pour moitié et tomber pour moitié, sera consi-
déré pour partie
comme celui d'un homme raisonnable et pour partie comme
celui d'un fou. Cela
se présente par ex. : 1° au cas de pluralité d'institués, quand
l'un de ceux institués
au préjudice d'un frère est une lurpis persona et l'autre
"on [D., h. t., 24, pr.), même sans cela quand pour une raison quelconque le
procès réussit contre l'un et échoue contre l'autre (D., h. t., 15, 2, où cela ré-
sulte de son jugement
par deux chambres différentes des centumvirs ; cf. D., h. t.,
2o, 1); 2»
au cas de pluralité de légitimaires, d'abord, semble-t-il logiquement
«ans l'hypothèse symétrique où la querela serait admise au profit de l'un et non
a celui de l'autre, mais aussi dans celle où l'un est exhérédé injustement et l'au-
to justement (cf. les controverses relatives à ce second cas, Windscheid, 3,
§584, n. 24). Toutes
sur
les fois que cela se présente, cela a pour conséquence de
tore par exception le de
cujus mourir partie testât, parlie.intestat, ainsi que le
«marquent les textes précités.
'Constance et Julien, C. Th., 2, 19, Deinoff. test., 4.
A,yJ'.lsL' ''• '-i 3. D'après h. t., 25, le régime aurait existé dès le temps
L''Pien ; niais la
D.,
constitution citée n. 1, selon laquelle il fallait pour cela au
en)ps de l'empereur Julien
une clause expresse, prouve que le texte a été inter-
pour être mis d'accord avec un droit établi seulement par Justinien.
864 ' LIVRE III. — V. — TITRE I. — CHAPITRE III
C, h. t., i ;S. F. V., 270, et dans laquelle certains interprètes voient une con-
dition spéciale exigée pour la querela dirigée contre les donations ou les constitu-
tions de dot; mais aucun des textes qui mentionnent la fraude n'en parle comme
d'une condition de l'action que d'autres textes accordent sans supposer rien de
pareil. Cf. C, h. t., 2-7. F. V., 271. 280. 282.
1. Alexandre Sévère, p. 864, n. 3, paraît bien avoir admis l'idée contraire ; mais
elle a ensuite été abandonnée d'après C, 3, 29, De inoff. don., 8, pr. et C, 3,
30, De inoff. dot., 1.
2. On remarquera que les parents protégés par les deux théories de l'exhéré-
dation et de la querela ne sont pas les seules personnes appelées à la succession
à rencontre d'un testament. Sans parler de la quarte accordée à la veuve pauvre
qui lui revient nonobstant toute clause contraire (Nov. 53, c. 6), il faudrait encore
citer le droit reconnu au patron à rencontre des dispositions de l'affranchi. Nous
laisserons de côté ici comme ailleurs la succession de l'affranchi. Mais il est né-
cessaire de noter que la bonorum possessio dimidiae partis donnée au patron et à
ses descendants, même émancipés, à rencontre du testament de l'affranchi four-
nit peut-être le plus ancien cas de B. P. impugna.ndi jw-is civilis gralia donnée
cum re ; car Cicéron, In Verr.,2, 1,48, semble bien supposer que, d'après l'édit
de Verres, dont l'innovation ne consiste pas en l'admission de cette B. P., mais
en sa concession à une descendante du patron, elle permettra d'enlever les biens
à titre définitif à l'héritier testamentaire. Cf., sur le droit du patron et sur les
actions Fabiana et Calvisiana qui sont données en conséquence à ce patron par le
préteur contre les actes entre vifs, faits par l'affranchi en fraude de. ses droits
successoraux, la première au cas où l'affranchi meurt testât et la seconde au cas
où il meurt intestat, Ad. Schmidt, Das Pflichllheilsrechl des Patronus und des Pa-
reils Manumissor, 1858 ; Leist, dans Gluck, série des livres 37 et 38, 5, 1879,
pp. 425-366.
TITRE FI
plein droit, même à leur insu, même s'ils sont incapables de vouloir,
même s'ils ne survivent qu'un instant de raison à la délation, à la mort
du de cujus. Le motif est probablement, pour les heredes sui, qu'ils
succèdent à des biens au milieu desquels ils étaient déjà et qui leur
appartenaient en quelque sorte (p. 839) ; pour les héritiers nécessaires,
qu'ils ont été mis par la volonté du défunt dans la même situation rela-
tivement à des biens au milieu desquels ils se trouvaient déjà.
Mais ce sont là les seuls héritiers forcés ; les autres successibles ap-
pelés par le droit civil (heredes extranei, voluntarii '), tous les succes-
sibles appelés par le droit prétorien à la B. P. par exemple les éman-
,
cipés appelés à la B. P. unde liberi 2, n'acquièrent la succession que par
l'époque classique, il est accessible aux uns et aux autres mais il n'est \
imposé qu'à ceux qui ont été institués héritiers par une disposition leur
prescrivant de faire adition de cette manière dans un certain délai, ordi-
nairement cent jours 2, soit cent jours continus (crelio continua), soit
plus souvent cent jours utiles tant ratione cursus que raiione initii (cre-
tio vulgaris) 3. Encore finit-on par admettre que cette nécessité s'impo-
serait seulement au cas de cretio perfecla, c'est-à-dire à celui où l'ins-
titué cum crelione était déclaré exhérédé s'il ne procédait pas à la cretio
dans le délai prescrit 4. La cretio elle-même n'existe plus sous Justinien 5.
b) Pro herede gestio. On accepte l'hérédité pro herede gerendo, en
faisant des actes par lesquels on manifeste sa volonté de se comporter
aussi important que l'adition d'hérédité, au système formaliste qui domine tout
l'ancien droit. D'autre part, la multiplicité de procédés du droit nouveau doit ici
comme partout être plutôt le produit d'une juxtaposition que celui d'une géné-
ration simultanée contraire à la pauvreté de formes habituelles du vieux droit.
Nous ne croyons donc pas que la cretio ait tiré son origine des habitudes des
testateurs, mais au contraire qu'ils n'ont fait dans les testaments que régler d'un»
manière spéciale la crelio à laquelle était anciennement astreint, pour faire adi-
tion d'hérédité, tout héritier testamentaire ou ab intestat. Ce qu'on pourrait se de-
mander, c'est si la crelio faite en dehors de toute institution cum crelione ne de-
vait pas elle-même être accomplie dans un certain délai et si le délai de cent jours
des crétions testamentaires ne serait pas une reproduction du délai de droit
commun.
1. Après avoir parlé des héritiers institués cum crelione, Gaius, 2, 107, conti-
nue en disant : Al is qui sine crelione hères instilutus sit aut qui ab intestato le-
gitimo jure ad hereditatem vocalur potesl aut cernendo aut. pro herede gereiido
vel etiam nuda voluntate suscipiendae heredilalis hères fieri.
2. Formule donnée par Gaius, 2, 165, et Ulpien, Reg., 22, 27 : Titius hères aie
cerniloque in diebus cenlum proximis, quibus scies polerisque : n.isi ila crecens
exhereseslo. Gaius, 2, 170, dit qu'en droit civil le testateur peut fixer un délai
plus long ou plus court, mais que, s'il est plus long, le préteur peut intervenir
pour le réduire.
3. La formule citée n. 2, est une formule de crelio vulgaris, ainsi nommée
parce qu'elle est la plus habituelle, où on ne compte que les jours où l'institue a
connu sa vocation et a pu faire la crelio (cf. p. 726, n. 1). Dans la formule de la
crelio continua, on supprime les mots quibus scies polerisque et en conséquence
le délai court de l'ouverture de la succession, même à l'insu de l'héritier, même
quand il est dans l'impossibilité de cernere. Cf. Gaius, 2, 171-173, Ulpien, Heg.i
22, 31-32.
4. La crelio de la formule citée n. 2 est une crelio perfecla. La crelio eslwiper'
fecla, si elle porte simplement : Si non creveris, Meoius hères esto. On a admis
au second cas qu'en acceptant dans le délai par negoliorum gestio, l'institue
acquerrait l'hérédité en concours avec le substitué, puis même en vertu dune
constitution de Marc-Aurèle, qu'il l'exclurait (Ulpien, Reg., 22,34; cf. Gaius,-/
177. 178).
a. La crelio est encore souvent représentée comme ayant été abolie en 407 pa
i''
une constitution de Théodose, Honorius et Arcadius, C, 0, 30, De jure delib.,
Crctionum scrupulosam soltemnilatem hac lege penilus ampulari decernimm.
Mais, en se reportant à la version plus fidèle donnée C. Th., 8, 18, De bonis mater
nis, 8, 1, on peut reconnaître que la cretio y est exclusivement abolie pour -
hérédités déférées aux enfants en puissance suivant un mouvement parallèle
l'organisation des biens adventices dont on trouve d'autres traces, soit aupara*a
[C. Th., h. t.,i; 2; 4 ; 5), soit après (C. Th., h, 1, De crelione, 1). Cf. pp. 870, n.».
MODES D'ACQUISITION DE LA SUCCESSION.— FORMES DE L'ACCEPTATION 869
-4° cette manifestation de volonté doit, dans l'ancien droit civil, émaner
de lui-même sans qu'il puisse y être remplacé par personne ; 5° enfin,
à un point de vue tout différent, si c'est un héritier testamentaire, il
doit avoir, depuis une certaine époque, la capacité spéciale de recueillir
(jus capiendi, capacitas) distincte de la factio teslamenti. Les dem
dernières conditions demandent seules quelques explications.
1. D'après l'ancien droit civil, l'adition d'hérédité doit émaner du
successible lui-même 5. C'est un acte personnel entre tous pour lequel
il ne peut être remplacé par personne. Si la succession est déférée à un
infans ou à un fou, elle ne peut être acquise par lui, avant qu'il soit
sorti de Yinfantia, qu'il soit revenu à la raison °. S'il meurt auparavant
elle sera perdue. Cette solution commandée par les principes de l'ancien
droit, notamment par ceux de la cretio, l'était moins par ceux du droit
prétorien, où la demande de la B. P. est en somme un acte de procé-
dure auquel on peut, semble-t-il, appliquer la règle selon laquelle la re-
présentation judiciaire est admise dans le système formulaire. On l'a
en effet admise pour le mandataire de la personne capable 7, pour le
père de Vinfans, pour le tuteur de l'impubère 8, mais moins facilement
1. D., 29, 2, De A. vel 0. IL, 51, 2. D., 50, 17, De R. /., 77.
2. Enfant, fou: D.,h. /.,9 (cf. sur la définition de Vinfans, la p. 199,n.l);&
Volonté éclairée : Papinien, D., 50, 17, De R. /., 76 (Lenel, 314) ; nombreuses
applications dans les textes, par exemple D., h. t., 17, pr. ; 19 ; 32, 2.
3. L'impubère ne pouvait accepter sans i'auclorilas lutoris (D., h. t., 8, ft.\
ni, dans le dernier état du droit, le mineur en curatelle sans le consensus cura-
toris (C, 5, 37, De adm. lut., 26). Au contraire le prodigue interdit peut accep-
ter sans aucun concours (D., h. t., 5, 1).
4. Gaius, 2, 87. D., h. t., 6, pr. Cf. p. 8IS.
5. Même de l'esclave, D., 36, 1, Ad S. C. Trebell., 67 (65), pr.
6. Justinien, C., 5, 70, De cur. fur., 7, 3, parle cependant de controverses qui
auraient existé entre les jurisconsultes sur le point de savoir si le fou pouvai
faire adition d'hérédité ou demander la B. P. Mais tout montre que la négative
avait été admise.
7. D., 37, 1, De B. P., 3, 9. '
8. Le tuteur le peut jusqu'à la fin de l'impuberté, le père seulement jusqu,.
celle de Vinfanlia: D., 37, 1, De B. P., 7. 2 ; 8. C'est pourquoi une constitu-
tion relative a ce point, de l'an 405, C. Th., 8, 18, De bon. mal., 8, pr. pms un
autre const.de 426, C., 6, 30, De jure delib., 18, pr. ont remplacé en celte ma-
tière le moment où l'enfant pourrait parler par l'âge Axe de sept ans (p. 1M> n'
MODES D'ACQUISITION DE LA SUCCESSION.— FORMES DE L'ACCEPTATION 871
enfant légitime, les femmes,au moins trois enfants, si elles sont ingénues
et quatre, si elles sont affranchies 4. En conséquence, à moins d'excep-
tions résultant d'une dispense légale (solidi capacitas, accordée notam-
ment aux cognats jusqu'au 6° degré et aux proches alliés 2) ou d'une
faveur individuelle de l'autorité 3, ces lois frappent : les personnes en
âge d'être mariées qui ne le sont pas (caelibes), d'une incapacité totale
de recueillir ; les hommes mariés n'ayant pas d'enfants (orbï) ou les
femmes mariées n'ayant pas le nombre d'enfants requis, d'une incapa-
cité de moitié ; peut-être aussi d'une incapacité de moitié, les hommes
veufs ou divorcés ayant des enfants (patres solitarii) 4. En outre, elles
frappent les époux qui' n'ont pas d'enfants vivants de leur mariage,
d'une incapacité partielle de recevoir l'un de l'autre, graduée selon le
nombre de leurs enfants décédés ou nés d'une autre union5.Mais, con-
formément au but de la loi, il suffit, pour avoir la capacité (jus capienë)
totale ou partielle, de s'être mis en règle avec ses prescriptions dans
les cent jours qui suivent la délation de la succession 6. Les premières
incapacités ont été effacées par Constantin et celle entre époux par Ho-
norius et Théodose II 7.
b) L'incapacité un peu plus ancienne établie par la loi Junia (p. 155)
pour les Latins Juniens, qui avaient la factio testamenli passive, mais
qui ne pouvaient capere hereditatem à moins d'être devenus citoyens
dans les cent jours de la délation de l'hérédité, a duré jusqu'à Justinia
(p. 125, n. 6) ; il l'a abolie en transformant ces affranchis en affranchis
citoyens (p. 126, n. 2).
III. Epoque de l'acceptation. — A partir de quand la succession
peut-elle être acceptée ? Jusqu'à quand peut-elle l'être ?
efficace: Ulpien, 16, 3. 4. Délai de viduité accordé aux femmes divorcées ou veu-
ves : Ulpien, 14, 1.
1. Hommes : D., 50, 16, De V. S., 148. Un sénatus-consulte rendu sous Xéro»
décida qu'on ne tiendrait pas compte des enfants adoptifs (Tacite, Ami., 15, "I;
Femmes: Paul, Sent., 4, 9, 1. 7. Dans une autre opinion (Accarias, 1, p. 1000).3
suffirait aux femmes elles-mêmes d'avoir un seul enfant légitime.
2. Cognats jusqu'au 6° degré et enfants de cousins germains (sobrino no/0sul';
F. V., 216. 217 : alliés : F. V., 218. 219. H y a d'autres exceptions, ainsi les ins-
titués des militaires: Gaius, 2, 111.
3. V. sur ces dispenses totales ou partielles, d'abord accordées par le Sénat
(ainsi à Livie, p. 871, n. 4), puis par le prince (ainsi à Suétone, Pline, Ep. «
Traj., 2, 94), Mommsen, Dr. publ., 5, pp. 166-167.
4. Caelibes: Gaius, 2, 286. Orbi, orbae : Gaius, 2, 286 a. Pater solilarius: Ulp*
Reg., 13 (rubrique).
5. A moins d'avoir la solidi capacitas comme cognats au 6° degré, ou d'31*
perdu un enfant depuis moins de six mois, ou d'en avoir perdu un impubère."
d'en avoir perdu deux âgés de plus de neuf jours, ils ne pouvaient recevoir'*
de l'autre plus de 1/10 en capital, auquel s'ajoutait 1/10 par enfant défunt ou »
d'un autre mariage (d'où le nom de lex decimaria), et d'un tiers en usuW
Ulpien, Reg., 15; 16.
6. Ulpien, Reg., 17, 1. 22, 3, D., 31, De leg., II, 52.
7. C, 8, 57 (58), De infirm. poen., 1 ; 2.
MODES D'ACQUISITION DE LA SUCCESSION. — EPOQUE DE L'ACCEPTATION 87S
Justinien, C., 6, 51, De cad. toll., 1,5: Hereditalem enim, nisi fueril aditar
ransmith nec veleres concedebant
nec nos palimur.
674 LIVRE III. — V. — TITRE II
l- Inst.,3, 9, De B. P., 9.
2. Gaius, 2, 167; D., 28, 8; C, 6, 30: De jure deliberandi. Cf. Dedelund, Das
Miberalionsreclil des Erben, 1870.
3- Gaius, 2, 167. D., h.
t., 1,1.2; 2. C, h. t., 9. L'héritier lui-même pourrait
spontanément demander un spalium deliberandi (D., h. t., 5, pr.) pour se met-
tre à même d'inventorier les papiers héréditaires, etc.
4. Vente des biens à défaut d'autre appelé Gaius, 2, 167. Délation de la
: suc-
cession à d'autres appelés qui devront à leur tour être interrogés et pourront
demander
un délai: D., h. t., 10. D., 29, 2, DeA. vel. 0. H., 69.
.; Gaius, 2, 54. L'époque de ce changement est discutée. 11 était, à notre avis,
déjà lait
au temps de P. Mucius Scaevola, cos. 621, où l'édit des pontifes astreint
cause de cela, par des dispositions distinctes, aux sacra l'héritier et celui qui
"Pris la plus forte part des biens (Cicéron, De teg., 2, 48. 49).
876 LIVRE III. — V. — TITRE II
1. Gaius, 2, 57.
2. Marcien, V., 47, 19, Expil. lier., 1.
3. Transmissio Theodosiana: C., 6, 52, De his qui ante aperlas tabulas, 1.
Transmissio Justinianea : C, 6, 30, De jure delib., 19. Cf. sur ces deux cas e^
d'autres moins imporlants (transmissio ex capite restitulionis in integrum, ex c
pite infanliae) Dernburg, 3, § 166 et les renvois.
i. C, 6, 9, Quiadmilti ad B. P., S.
5. C, 6, 30, De jure del., 22, 14 a. La môme const. 22, 13, décide que le W... ,
pourra être de neuf mois, quand il sera accordé par le magistral, et a un .
quand il le sera par l'empereur.
6. Gaius, 2, 169. Au cas où il est institué cum crelione, il peut, nono, . ]ait
toute manifestation de volonté contraire, accepter jusqu'à l'expiration du ^e
(Gaius, 2, 168).
EFFETS DE LA REPUDIATION DE LA SUCCESSION. — ACCROISSEMENT 877
déférée ;mais il doit, quant au fond, réunir dans sa personne, pour re-
noncer, les mêmes conditions que pour accepter *. La seule différence
est que les dérogations admises pour permettre au père ou au tuteur
d'accepter, jure praetorio ou jure civili, à la place de l'incapable n'ont
jamais été étendues à la renonciation.
On peut, d'autre part, ajouter qu'il existait, avant Justinien, un acte
qui, tout en ne rentrant pas dans la notion de la répudiation et en n'en
produisant pas les effets, rendait l'héritier appelé par le droit civil étran-
ger à l'hérédité. C'était Vin jure cessio hereditalis faite au profit d'un
tiers quelconque par l'héritier ab intestat qui n'avait pas encore fait
adition 2. Cette in jure cessio faite par l'héritier sur le simulacre de
pétition d'hérédité du tiers dans les formes ordinaires de Vin jure cessio
(p. 291, n. 1) avait pour effet, quand elle avait lieu après l'adition, de
faire passer les choses corporelles au tiers, mais en éteignant les créan-
ces héréditaires et en n'empêchant pas l'héritier de rester tenu des
dettes héréditaires 3. Quand elle était faite avant l'adition par un héritier
testamentaire, elle était nulle. Mais, si elle était faite avant l'adition par
un héritier ab intestat au profit d'un tiers, elle lui enlevait sa qualité
d'héritier ab intestat et la faisait passer au tiers 4.
SECTION II.
— Effets de l'acquisition ou de la répudiation.
§ 1. — Effets de la répudiation.
Le principal effet de la répudiation ou plus largement de la disparition
de l'appelé est de donner ouverture aux droits qui étaient restreints ou
exclus par sa présence, c'est-à-dire : 1° au droit d'accroissement ; 2° aux
substitutions ; 3° à la sucession ab intestat ; 4° à la dévolution de degré
à degré ou de classe à classe
; 5° à défaut de tout successible, à la dévo-
lution à l'État
ou au fisc.
1. Accroissement.
— Deux ou plusieurs personnes étaient appelées
concurremment, au même rang, à la môme succession, pour la même
part. L'une fait défaut. La part de l'autre ou des autres se trouve accrue
d'autant. C'est là l'accroissement (jus adcrescendi). La base rationnelle
en est, dans la succession ab intestat, la vocation éventuelle de chaque
héritier
au tout : l'hérédité étant un tout indivisible, il faut que le de
' D., 29, 2, De A. vel 0. H., 18 : Is potest repudiare qui et adquirere potesl.
2. Gaius, 2, 34-37. 3, 85-87. Ulpien, Reg., 19, 11-15. Cf.
sur la forme dégénérée
dans laquelle l'institution
se retrouve dans le livre syro-romain, Esmein, Mélan-
S«i P- 415.
3- Cf. Antonin Caracalla, C, 7, 75, De rev. his, 1. Les Proculiens appliquaient
ra™es règles à Vin jure cessio faite par un héritier forcé, les Sabiniens la dé-
fraient
,
nulle.
*• Ct. Ulpien,
D., 44, 4, De doliexc, 4, 28.
878 LIVRE III. *— V. — TITRE II
cujus soit représenté pour le tout par ses héritiers : s'il y en a plusieurs
appelés en même temps, chacun ne peut prendre qu'une partie (r.oncunu
parles fiunt), mais la défaillance de l'un d'entre eux permet à la vocation
de l'autre de s'exercer dans toute la plénitude qu'elle comportait ; il y a
non-décroissement plutôt qu'accroissement. En matière de succession
testamentaire, l'accroissement repose sur la volonté du testateur qui, en
appelant plusieurs héritiers, est supposé avoir voulu appeler chacun
éventuellement au tout, mais il repose en outre sur la règle d'après la-
quelle ce de cujus ne peut mourir partie testât et partie intestat : il doit
être représenté pour le tout par un héritier testamentaire dès lors qu'il
l'est pour partie ; ce qui fait que le fonctionnement du jus adc.rescendi
ne pourrait être écarté par lui, même explicitement, par une assignation
de parts (p. 790, n. 3).
En somme, le principe de l'accroissement ou plutôt du non-décroisse-
ment est, dans les deux successions, la vocation éventuelle de chacun au
tout et il produit, dans les deux, les mêmes conséquences, tenant à ce
que l'accroissement a lieu de plein droit, sans acquisition nouvelle, par
le développement implicite d'une acquisition préexistante. En consé-
quence : 1° il a lieu portioni et non personae. La part devenue vacante
va rejoindre la part déjà acquise, quand bien même celui qui l'a acquise
ne serait plus actuellement à même d'acquérir l'hérédité par une acqui-
sition nouvelle * ; 2° il est forcé : il se produit non seulement à l'insu
du bénéficiaire, mais même malgré lui 2 ; 3° enfin, logiquement, il est
sine on ère : le bénéficiaire n'est pas tenu des affranchissemenls, des
legs mis à la charge du défaillant, car il ne prend pas en réalité la part
du grevé, il garde sa part propre que le concours du grevé aurait dimi-
nuée 3. Mais cela a été changé par un développement juridique criti-
quable, dès avant la fin de l'époque classique v.
L'ancienne théorie très simple fut compliquée par les lois cadueaires.
Ces lois ne frappaient pas seulement les caelibes, les orbi, les patres
solitarii. Elles récompensaient les hommes mariés ayant des enfants.
Pour cela,elles distinguaient trois catégories de dispositions non valables:
1. Ainsi, par ex., s'il y a trois héritiers appelés au même degré et que deux
ont accepté, la part du troisième qui vient ensuite à faire défaut accroîtra les
deux premières parts, quand bien même l'un de ceux qui ont accepté serait mort
dans l'intervalle (D., 38, Î6, De suis, 9). Un esclave institué avec une autre per-
sonne a fait adition jussu domini, puis il est aliéné ou affranchi : l'autre héritier
vient à disparaître : la part ira à l'ancien maître et non à l'affranchi ou au nou-
veau mailre (D.. 29. 2, De A. v. 0. H., 80, 2).
2. D., 29, 2, De A. v. 0. H., 53, l. Seulement on a admis une atténuation pour
où l'on pouvait prévoir l'accroissement, pour celui où il résulte dune
un cas ne
in integrum restitutio obtenue par le cohéritier contre son acceptation : on tiendra
alors l'accroissement pour non avenu (£>., h. t., 61).
3. V. en ce sens, C.eîse, D., 31, De leg., II, 29, 2, et Julien cité par Opïen, D..
31, De leg., II, 61, 1.
4. V. en ce sens Ulpien, D., 31, De leg., II, 6i, 1. Cf. p. 880, o. 5.
EFFETS DE LA
RÉPUDIATION DE LA SUCCESSION. — ACCROISSEMENT 879
1° les pro non scriptis, c'est-à-dire les dispositions nulles dès le prin-
cipe, ainsi l'institution d'un héritier déjà mort au moment de la confec-
tion du testament ; 2° les in causa caduci, c'est-à-dire les dispositions
valables dans le principe, mais devenues nulles du vivant du testateur,
ainsi l'institution d'un héritier mort du vivant du testateur ; 3° les caduca,
c'est-à-dire les dispositions restées valables jusqu'à la mort du testateur,
qui tombent soi parce que le gratifié n'a pas le jus capiendi, soit parce
qu'il fait défaut pour une cause quelconque, décès, renonciation, etc.4..
Or, le droit d'accroissement subsiste bien pour les dispositions pro non
scriptis - et il subsiste môme bien pour les caduca et les in causa caduci,
au profit des personnes ayant
le jus antiquum, c'est-à-dire des ascen-
dants et des descendants jusqu'au 3e degré 3. Mais, en dehors de là, les
caduca et les in causa caduci ne vont pas aux cohéritiers d'après les rè-
gles de l'accroissement ; le droit de les réclamer, le jus caduca vindicandi,
appartient, en premier lieu, aux heredes patres, c'est-à-dire aux hommes
mariés ayant des liberi, institués héritiers dans le testament, puis, à
défaut Alieredes patres, aux lëgatarii patres i et, à défaut d'héritiers ou de
légataires patres, au trésor public, à Vaerarium plus tard remplacé par
'6
1. Les trois termes sont fixés expressément de cette manière par Justinien, C,
6, âl, De cad. toll., 1, 2. On dit cependant assez fréquemment chez nous que les
mduca comprendraient seulement les dispositions devenues nulles entre la mort
ilu de cujus et l'ouverture du testament, parce que ce sont les lois caducaires
i|ui les font tomber en reculant l'adition (p. 838, n. 1) mais non celles qui dé-
taillent après et qui seraient seulement in causa caduci.
2. C, 6, 51, De cad. toll., 1, 3.
3. Ulpien, Reg., 18, 1. Suivant la doctrine précitée, les personnes ayant le jus
mtiquum ne recueillent
que les in causa caduci.
4. Gaius, 2, 207.
5. Gaius,2, 286 a.
I- Ulpien, 17, 2, représente le fisc
comme ayant été mis par une constitution
de Caracalla
\ à la place, non seulement de Vaerarium qu'il avait peut-être déjà rem-
placé alors (cf.
Hirschfeld, Die kaiserlichen Verwaltungsbeamten, 1905, pp. 115-117),
|"ais semble-t-il, des patres eux-mêmes, servato jure anliquo liberis et parentibus.
I
faudrait alors admettre
que le jus palrum supprimé temporairement leur eût été
restitué peu après, probablement
par Macrin (Dion Cassius, 78, 12), puisqu'il sub-
s'lte ensuite jusqu'à
Justinien.
'• Tacite, Ann., 3, 25. 28. Le montant de cette prime fut fixé par Néron au
WW (Suétone, Ner., 10). Il était de moitié, d'après
une constitution de Trajan,.
P"M l'incapable
qui se dénonçait lui-même (D., 49, 14, De jure psei, 13).
b- Ulpien, Reg.,
17, 3 : Caduca cum suo onere fiunt.
880 LIVRE III. — V. — TITRE II
abolies au début du Ve siècle (p. 872, n. 7). Mais le jus caduca vindkuridi
subsista néanmoins pour les caduca qui subsistaient et pour les inconnu
caduci. 11 ne fut aboli et l'ancien accroissement entre cohéritiers ne l'ut
complètement rétabli qu'en 534 par Justinien '.
II. Ouverture de la substitution vulgaire. — En matière de succes-
sion testamentaire, le refus ou le défaut de l'institué en première ligue
ouvre le droit du substitué appelé à son défaut, pourvu que ce substitué
soit capable, et en particulier vivant, à ce moment. La substitution peut
être faite soit dans la forme simple de la substitution d'un seul à un seul,
:soit dans beaucoup de formesplus compliquées surlesquelles s'est exercée
l'ingéniosité des jurisconsultes romains 2.
Ce qu'il y a de plus intéressant juridiquement dans ces diverses hy-
pothèses, c'est qu'au cas de pluralité d'institués la substitution faite à
chacun, soit au profit de tiers, soit au profit des autres institués (héritiers
substitués invicem), a pour effet défaire acquérir les biens non pas jure
adereseendi, mais jure heredilario. Il en résulte, avant les lois cadu-
caires, qu'il faudra, pour recueillir, être vivant et capable an moment
où la part deviendra vacante. Il en résulte surtout, sous les lois ca-
ducaires, que, pour recueillir la part d'un incapable, il suffira d'être
capable d'être héritier, d'avoir le jus capiendi, qui appartient, en de-
hors des personnes mariées ayant des enfants, aux personnes ayant la
sotMi capacitas, qui appartient pour moitié aux orbi, aux orltac et
aux patres solitarii, tandis que, s'il n'y avait pas de substitution, il
faudrait, pour avoir droit aux biens vacants, avoir le jus cmhca vin-
dicandi ou tout au moins le jus antiquum 3.
La même idée aurait dû conduire à décider qu'à la différence de ac- 1
1. €.,
6, 51, De cad. toll., 1. Auparavant, on avait essayé d'éluder ces lois par
divers moyens dont les uns furent reconnus comme licites : substitution imitet»,
n. 3; institution d'une personne sous la condition qu'elle obtiendra le jusl'éjislahve-
capienm,
D., 28, 5, De her. inst.. 63 (62), pp., dont les autres furent, ciuidamnës
ment : l'adoption exclue par un sénatus-consulte rendu sous Xéron (p. Si'-, *>• >h
le fldéieoinmis soumis aux IÛÙS caducaires par le sénatus-consulte Pëgasien toau*'
2, 2S6). etc. Cf. Àrearàs, 1, n ÎM§
2. Inst., 2, 13, De rulg. subsl., Cf. p. S23, n. 3.
.
.
3. V. par ex. pour l'effet de la substitution des héritiers Ses uns aux autres M , ,
inneem, en dehors des lois caducaires. D., 3S, 16, De sais el leg. hereé., U. et. *°a!^
ces lois, C, 6, 51. De cad. toll., i, pr.
t. D., 29, 2, De A. p. G. B.. 33, pi: Intérêt, au cas de succession reneniiru
mau,i'1".j
quand le substitué l'est pour une fraction plus forte que celte qui lui
..par accroissement. ,,t
3. Ulpien, D,, 'M, De leg.. II. 61, i, invcupie un reserît «le Swre el Carafa-"
^ _ _
EFFETS DE LA REPUDIATION DE LA SUCCESSION. — DEVOLUTION 881
tus non est) ». Elle ne pouvait s'appliquer quand la succession était dé-
férée à des héritiers siens, puisqu'ils sont héritiers de plein droit et
qu'ils ne peuvent répudier. Mais elle ne s'appliquait pas davantage,quand
le défunt laissait seulement des héritiers volontaires, agnats ou gentils,
ni de degré à degré,
pour faire admettre l'agnat plus éloigne à défaut de
l'agnat le plus rapproché, ni de classe à classe, pour faire admettre les
gentils à défaut d'agnats. La preuve en est, croyons-nous, à la fois dans
le texte des XII Tables et dans les commentaires qu'en donnent les ju-
risconsultes 2. À défaut du plus proche héritier ab intestat, personne
n'est appelé à sa place et c'est môme précisément
pour cela que Vin jure
cessio heredilatis transfère l'hérédité quand elle est faite
par lui, à dé-
faut duquel
personne n'est appelé, et non quand elle est faite parl'héri-
iiffldudans ce sens pour appliquer la même règle à l'accroissement(p. 878, n. 4).
t. Paul, Sent., 4, 8, 21 (23).
2. En laissant de côté la dévolution de degré à degré dans l'ordre des gentils,
qui n'a pu être
connue tant que la succession a été attribuée collectivement à la
S«s (p. 841, n. 5), les XII Tables n'appellent à défaut d'héritier sien que le proxi-
"M agnatus.w qui exclut la dévolution de degré à degré dans la classe des agnats,
''elles n'appellent les gentils s'il n'existe pas d'agnats, ce qui exclut la dévo-
lution de la classe
que
des agnats à celle des gentils. Telle est aussi l'interprétation
te jurisconsultes non seulement de Gaius, 3, 12. 22, mais de Paul, 4, 8, 21 (23),
mais de Justinien, Iml., 3, 2,
De leg. adgn. suce, 7. Quant aux textes qu'on a
invoqués pour soutenir
* que, si la dévolution était ainsi exclue en droit classique,
ne l'aurait pas toujours été (Accarias, 1, n° 423), s'ils prouvaient quelque
'""se, ce serait que la doctrine ancienne excluant la dévolution aurait plus
""jeté contestée
sous l'influence du régime prétorien l'admettant (p. 882, n. 1).
Ms Us n'ont
aucune force probante. Celui qu'on invoque principalement, un pré-
™u passage des Sentences de Paul, 4, 8, 22, n'est pas un texte de Paul, mais
J^glose de la lex Romana Wisig. (Textes, 402, n. 3) qui dit que jure Gallico
«édite est déférée
p.
aux proximi, si les legilimi n'acceptent pas dans les cent
s> pi
se réfère par conséquent en mauvais langage ù Vediclum successorium.
50
882 LIVRE III. — V. — TITRE II
1. Cf., sur ce culte, Marquardt, Culte chez les Romains, 1. pp. 372-3o; . .— P- -'','
H. Steu'ding. chez Roscher, ÀusfûhrlichesLexikon der griech. undrôm. Mtjlliolo^r
2, 1893, pp. 2310-2323. Aust, Religion der Borner, 181». pp. 223-232- Wissowa,*"
ligion tué Ktiltus der ftômer (l. de Muller, Haadbuch, V. 4}, 1002, pp. 191-1-''-
*2. C'est pourquoi l'on dit heredilas sine sacris dans le
sens de bonheur sans m
lange (Feslus. v. Si/ie sacris heredilas. Bruns, Fontes, 2. p. 40". .
3. Cicèrou. De kg., 2. ce. 19-21. Cf. en dernier lien sur ce texte Burck ^
Z. S. St., 0,'lSS8, pp. 286 et ss. et Kuebler, Z. S. St., ft, 1S90, p-3" etss-V.au-
Karlowa. R. IL G.. 2, pp. 901-904. dis
4. Cf. dans ce sens, Esraein, iV. fi. H., 1887, pp. 4S-61 ; Cinq, Instmaota.
plus pleinement que les dettes, sans distinction entre les créances nées
de contrats et celles nées de délitsi ; dans lequel figurent aussi les droits
réels appartenant au défunt, sauf les servitudes personnelles ; dans le-
quel figurent aussi et surtout les diverses choses corporelles apparte-
nant au défunt.
A partir de l'acquisition, que la doctrine fait pour l'héritier externe
rétroagir au jour du décès 2, le patrimoine du défunt se confond dans
celui de l'héritier, il n'y a plus qu'un patrimoine unique ayant un seul
actif et un seul passif. En conséquence, les liens de droit existant anté-
rieurement au profit de l'un des patrimoines à rencontre de l'autre se
trouvent éteints par confusion (p. 723). En conséquence surtout, les
créanciers de l'un ne peuvent plus se payer sur lui par préférence aux
créanciers de l'autre, et le débiteur unique est tenu des dettes de l'un
comme de celles de l'autre. La première idée, la confusion de l'actif des
deux patrimoines, fait que les créanciers du défunt sont obligés de subir,
sur les biens qui étaient leur gage, le concours des créanciers de l'héri-
tier et que réciproquement les créanciers de l'héritier sont obligés de
subir, sur ceux qui étaient le leur, le concours des créanciers du défunt ;
la seconde que l'héritier est tenu des dettes du défunt comme des siennes
propres, sur sa personne et sur tous ses biens et non pas seulement
sur les biens héréditaires, que l'héritier est tenu aux dettes in infinilum,
ultra vires hereditatis 3. Cette règle célèbre du droit romain, qui a été
recueillie par notre droit moderne et qui a peut-être un fondement his-
torique 4, est logiquement
une conséquence de la confusion des deux pa-
trimoines quant au passif,
comme le concours des créanciers héréditai-
res et de ceux de l'héritier est une conséquence de la confusion des
deux patrimoines
quant à l'actif. Mais on a fini par prendre des me-
sures pour remédier aux inconvénients les plus saillants des deux 5.
1. Les XII Tables décidaient encore que les créances se divisaient de plein droit
entre les héritiers, affirme la const. de Gordien, C, 3, 36, Fam. 6 (XII Tab.,
a-0). Sur les
erc,
rares créances intransmissibles, v. p. 724, n. 2.
f- Cf. p. 873, n. 3. En vertu de cette idée, l'esclave pourra valablement acquérir,
stipuler pour le maître futur.
3; Ulpien, D.,
29, 2, De A. v. 0. H., 8, pr. : Heredilas aulem quin oblige!, nos
ae" aaeno, etiam si sit solvendo, plus quam manifeslum est.
non
J-Cf. Esmein, N. R. n., 1889,
p. 61.
'• Ce ne sont pas les seules dérogations à la confusion des deux patrimoines.
n pourrait encore citer exemple la concession à l'héritier d'actions propres,
par
M lesquelles il demande les choses héréditaires
comme fractions d'une masse
Mincie de
ses biens et même les dispositions relatives à. l'indignité qui, dans
notion romaine, n'empêchent l'indigne d'acquérir la succession, mais per-
pas
a"'de 'a 'u' en'ever après coup (ereploria, ereplicia bona) pour la faire pas-
4ailleurs avec ses charges, soit à Vaerarium
i ou plus tard au fisc, soit plus
uient à certains particuliers. Nous étudierons plus loin (p. 896 et ss.) les voies
,P.rocédure qui sont la sanction des droits de succcession. Quant à la théorie
j !n,
?mlé instituée par les lois caducaires et développée par de nombreuses
con 'unions
impériales, nous nous contenterons de renvoyer au titre du D., 34,
888 LIVRE III. — V. — TITRE II
immiscé, au profit du pubère tant qu'il ne s'est pas immiscé ' : jusque-
là, l'héritier même pubère peut, en vertu de ce bénéfice, refuser de plai-
der contre les créanciers comme l'héritier volontaire et en conséquence le
préteur lui a étendu le spalium deliberandi, a permis aux créanciers de
l'amener devant son tribunal comme l'héritier volontaire et de lui faire
la même interrogation en face de laquelle il devra ou défendre à l'action
ou demander un délai pour délibérer s'il ne veut laisser vendre les biens 2.
Cette institution rapproche beaucoup l'héritier sien de l'héritier vo-
lontaire. Elle ne les confond pas. L'héritier sien garde l'avantage d'être
héritier de plein droit. De plus, à la différence de la répudiation, l'abs-
tention est révocable : l'héritier qui a usé du bénéfice peut se raviser
pendant un certain délai, trois ans sous Justinien 3. Enfin, tandis que
la répudiation de l'héritier institué fait tomber le testament, l'abstention
laisse le testament subsister en nom, n'empêche pas la substitution pu-
pillaire, les affranchissements de rester valables *.
c) Le préteur s'en était tenu là. Il ne protégeait pas l'héritier volon-
taire contre son acceptation, l'héritier forcé contre son immixtion. Lïic-
ritier était après cela tenu des dettes à l'infini, à moins d'être dans un
des cas de la restitutio in integrum qui n'est donnée pour simple lésion
qu'aux mineurs de 25 ans. Cependant on rapporte qu'Hadrien accorda
cette faveur à un majeur et Gordienl'étendit à tous les militaires3.liais
ce n'est point là une exception à l'obligation de l'héritier au tout ; c'est
une rescision de l'acceptation.
Justinien décida, en 531, que désormais tout successible acceptant
serait tenu seulement inlra vires hereditalis, dans la mesure de l'actif,
sous la condition : 1° de faire, dans les deux mois où il connaîtrait la dé-
volution à son profit, un inventaire dressé par lui en présence du labu-
larius et de témoins et juré sincère par lui, qui assure aux créanciers
l'attribution de tout l'actif ; 2° de ne pas demander le spatium delik-
randi, epai paraît à Justinien faire double emploi avec sa création .
' Cf. pp. 626-628. Il a pu arriver, surtout anciennement que les cohéritiers,,
en particulier les descendants d'un même auteur aient continué à vivre dans l'in-
division sur le bien (consortium : p. 573, n. 3). Mais l'antiquité du par-
commun
tage est attestée
-par la présence de l'action familiae erciscundae dans le droit
des Xll Tables
(p. 627, n. 1) ; elle l'est aussi par le système successoral lui-
mtae, qui suppose
sous chaque toit une seule personne sui juris entourée de
ses personnes
en puissance, qui suppose par conséquent qu'à la mort du père
*cun de ses fils a fondé foyer séparé pour l'entretien duquel il a eu besoin
»e sa part du patrimoine
un
de la domus.
-> 37. 6, De collatione bonorum
; 37, 7, De dotis collatione. C, 6, 20, De
,,
W'ationibus. Cf. Fein, Das Redit der Collation, 1842. Leist, dans Gluck, série
"«livres 37 et 38, 3, 1873,
pp. 201494.
892 LIVRE III. — V. — TITRE II
restés en puissance, n'ont pas de biens propres, n'ont acquis que pour
le paterfamilias, ces descendants sortis de puissance ont pu, depuis
qu'ils sont sui juris, acquérir pour eux-mêmes. Il serait injuste qu'ils
eussent le droit de participer aux acquisitions des descendants restés en
puissance sans les faire participer aux leurs. Afin d'empêcher cela, le
préteur, en même temps qu'il leur accorde lo,B. P. comme s'ils n'avaient
pas été capite minuti, les oblige aussi, comme s'ils n'avaient pas été
capile minuti, à faire profiter teurs cohéritiers restés en puissance de
leurs acquisitions, à remettre dans la masse ce qu'ils ont acquis '. S'il
leur accorde la B. P., il les oblige à la collatio bonorum, déjà connue du
jurisconsulte Cassius, consul en l'an 30 après Jésus-Christ 2.
Conformément à un système, qui vient sans doute surtout des habi-
tudes du préteur, mais qui a exercé une réelle influence sur les règles
de l'institution, la collatio bonorum s'opère, selon les prescriptions de
l'édit 3, non pas en nature ou en moins prenant, par remise matérielle
des biens dans la masse ou par imputation de celui qui la doit sur sa
part, mais par un contrat verbal (cautione, saiisdatione), par une pro-
messe garantie par des cautions '* qu'il fait aux ayants droit de partager
avec eux son patrimoine. — Etant exclusivement fondée sur le préju-
dice que subiraient les sui si on écartait la capitis deminutio pour faire
concourir l'émancipé sur le patrimoine grossi par eux sans l'écarter
également pour les faire profiter des acquisitions de l'émancipé, la colh-
tio bonorum n'est due que dans la succession d'un paterfamilias, doue
d'un ascendant paternel, pas dans celle d'une femme ni d'un ascendant
maternel ; car il n'y a que celle-là que grossissent les acquisitions des
sui, que la capitis deminutio empêche d'être grossie des accpiisitionsde
l'émancipé. — Elle n'est jamais due crue par les descendants sortis à'
puissance qui demandent lai?. P. unde liberi ou la B. P. contra tabu-
las ; elle ne l'est ni par ceux qui renoncent, ni par ceux qui demandent
la B. P. ex testamento ; car les premiers ne causent pas de préjudice
B
aux sui, et les seconds ne leur en causent pas parce qu'ils sont sortis de
puissance tandis que les sui y sont restés, mais parce que le testateur les
a institués comme il aurait pu instituer un étranger, comme il auraitpo
instituer un suus à l'exclusion des autres. Ensuite elle n'est pas due
—
à tous les successibles : elle est due seulement à ceux à qui le concoui.-
de l'émancipé causerait sans cela un préjudice % non pas aux autre-
titre d'équivalent qu'on a par la suite admis plus ou moins facilement les « -
autres procédés.
ô. Renonciation : Paul, p. 893, n. 1. Testament C, h. t., ! ; 9.
:
0. C'est ce. qu'exprime la maxime : Ei confertur oui auferlur.
EFFETS DE L ACQUISITION DE LA SUCCESSION. — COLLATIO 893
émancipés ', mais uniquement aux sui et, parmi les sui, uniquement à
ceux dont la part successorale est restreinte par son concours 2. Enfin, le
préjudice étant dans ce crue l'émancipé a acquis pour lui au lieu d'acqué-
rir pour la domus, elle porte sur tout ce qui constitue ce préjudice, c'est-
à-dire sur tout le patrimoine de l'émancipé, apprécié au jour où le pré-
judice a cessé avec la différence de capacité d'acquérir pour les enfants
restés en puissance, c'est-à-dire au jour de la mort du de cujus 3.
b) La collatio dotis est une expression plus raffinée, presque subtile
de la môme idée. La fille mariée sans manus reste in palria poleslale,
acquiert pour le compte au paterfamilias. Mais il y a pourtant un droit
qu'elle acquiert pour elle au lieu de l'acquérir pour lui : c'est le droit
qu'elle a sur sa dot durant le mariage et qui peut, à la dissolution du
mariage, se transformer en créance de restitution. Que la dot soit une
dot profectice, constituée par le père, ou une dot adventice, constituée
par toute autre personne, ce droit ne passe pas au père : il est à elle.
Elle est donc, quant à lui, en face des sui et des suae qui n'ont pas de
droit semblable, dans la même situation où l'émancipé est en face d'eux
1. On ne répute donc pas la capitis deminutio non avenue d'une manière abso-
lue pour faire fictivement rentrer les biens dans la masse héréditaire partagea-
ble entre tous, comme le feraient penser les expressions in médium conferre, in
commune conferre. Au contraire, l'émancipé n'ayant pas droit à la collatio, il ne
profite pas de la collatio faite par les autres émancipés, ni pour en prendre sa
part, ni même pour voir ta fraction de ses biens qu'il donne aux sui réduite par
la présence de ces émancipés. En conséquence, non seulement, comme il résulte
(lu principe même de la collatio, l'émancipé qui est riche et qui vient à
une suc-
cession pauvre, peut, rapportant plus qu'il ne reçoit, être plus pauvre après qu'a-
vant; mais la façon dont se fait la collatio a pour résultat que, toutes les fois que
la collatio est faite
par plusieurs émancipés, chaque émancipé aura une part to-
tale inférieure à celle du
ou des héritiers siens (un héritier sien, deux émancipés
ayant chacun une fortuné de 300 : chaque émancipé a, outre sa part de la suc-
cession, la moitié de ses biens, 150 ; le suus a, outre sa part de la succession, la
moitié du patrimoine de chaque émancipé, 150 + 150 ; deux héritiers siens, deux
émancipés ayant chacun 300 chaque émancipé aura, outre sa part de la
: succes-
sion, le tiers de
ses biens dont il donnera les deux autres tiers aux sui, soit 100 ;
chaque suus aura, outre part de l'hérédité, le tiers des biens de chacun des
sa
deux émancipés, 100 + 100: Ulpien, D., h. t., 1, 24, Paul, D., h. L, 2, 5). Paul
dit que les émancipés
n'ont pas à se plaindre, parce qu'ils sont libres de ne pas
accepter. Mais c'est déplacer la question qui serait de savoir s'il est juste que,
quand ils acceptent, le calcul soit fait de la sorte. Ce mode de supputation dis-
Iributif, qui remonte à Cassius d'après le texte de Paul,
a, croyons-nous, été sug-
Séré à la doctrine
par le procédé même de la collatio faite individuellement à
Aaque héritier cautione.
En conséquence, s'il
-• ne restreint par son concours la part successorale d'au-
cun suus (il vient
par laB. P. contra tabulas et le suus n'était institué que pour
moitié), il
ne doit pas ^e collatio : Ulpien, D., h. t., 1, 5 ; s'il ne restreint la part
lue de certains sui (le père émancipé vient en concours avec
ses enfants restés
en puissance
en vertu de l'édit de conjungendis cum emancipato liberis ejus,
P' 842, n. 3), il
ne la doit qu'à ceux-là : Ulpien, D., 37, 8, De conj. cum em. lib.,
Ulpien, Beg., 28, 4 habuerunt. On
• : Bona quae morienle pâtre tient aussi
^Ple des biens qu'il cessé de posséder par dol : Ulpien, D., h. t., i, 23.
,
a
894 LIVRE III. — V. — TITRE II
quant à ses biens. Elle doit comme l'émancipé réparer le préjudice qu'elle
leur causerait en venant concourir sur leurs acquisitions sans les fairepar-
ticiper à ce qui lui appartient en propre. Le préteur impose donc à la fille
en puissance qui lui demande la B. P. unde liberiou la. B. P. contra tabu-
las, la collatio dotis i, qui, étant fondée sur le même principe que la colla-
tio bonorum, est régie par les mêmes règles, tant quant aux personnes
auxquelles elle est due que quant au procédé par lequel elle s'opère.
2. Droit impérial. Le droit impérial récent a transformé la théorie de
la collatio. L'évolution du droit de famille a eu pour résultat de réduire
presque à rien l'ancienne collatio emancipati. Mais au contraire, en
partant d'une idée dont le germe inconscient se trouvait dans la collalin
dotis, on a véritablement créé une collatio nouvelle, fondée sur un prin-
cipe différent, que les interprètes ont appelé la collatio descendenthm
et qui est l'origine directe du rapport moderne.
a) La collatio emancipati ayant pour base l'inégalité d'aptitude à ac-
quérir pour eux-mêmes des sui heredes et des émancipés, a vu son do-
inaine se rétrécir avec l'effacement de cette différence, avec la recon-
naissance progressive du droit des enfants en puissance à avoir des biens
propres. Quand on a reconnu le pécule castrens, l'émancipé n'a plus dû
la collatio des biens qui en eussent fait partie, s'il eût été en puissance.
Quand on a reconnu plus tard le pécule quasi-castrens, il n'a plus dû
non plus la collatio des biens qui en eussent fait partie 2. Quand on a
décidé vers la même époque que les enfants en puissance garderaient^
succession maternelle au lieu de l'acquérir pour le père, ils ont perdu
du même coup le droit d'en demander la collatio aux émancipés. Et par
la suite chaque nouvel accroissement du patrimoine adventice a fait une
nouvelle suppression dans la liste des biens soumis à collatio. On pour-
rait même croire qu'il n'en reste plus rien sous Justinien, que l'ancienne
collatio y a disparu avec la différence d'aptitude à être propriétaire des
enfants en puissance et des émancipés. Ce serait, croyons-nous, une
erreur, au moins pour la période antérieure aux novelles. Il reste encore
•deux rapports sous lesquels les enfants en puissance ne sont pas, quant
•au pouvoir d'acquérir pour eux-mêmes, dans la même condition que les
enfants sui juris : les économies faites sur la jouissance des biens ad-
ventices appartiennent au paterfamilias et non à eux ; ils ne peuven
valablement recevoir de donations entre vifs du paterfamilias. L éman-
cipé doit donc la collatio des économies faites par lui sur la jouissance
1. Cette collatio a été établie par l'édit du préteur, d'après Ulpien, D., h. <•><
jir. : Quamqtiam ùa demutn ad collationem dotis praelor cogat filiam si pelat
norum possessionem (cf. p. 896, n. 3) et elle s'applique aussi bien à la dot au» 6
tice qu'à la dot profectice, d'après Gordien, C, A. (., 4.
2. Ulpien, D., h. t., i, 15, où le jurisconsulte parlait seulement du pécule »
trens seul existant à son époque et qu'on a accommodé au droit nouveau P
l'additiondu pécule quasi-castrens.
EFFETS DE L'ACQUISITION DE LA SUCCESSION. — COLLATIO 895
des biens qui, s'il eût été en puissance, eussent été des biens adventices
et des donations reçues par lui du paterfamilias i. Mais c'est tout ce qui
reste de l'ancienne collatio emancipati dans le droit du Code. Il n'en
reste probablement rien dans le droit des riovelles 2.
b) En revanche, il existe alors une autre collatio, qui a été progressi-
vement organisée par le droit impérial en partant d'un tout autre prin-
cipe : c'est la collatio descendentium due par les descendants à leurs
cohéritiers quelconques, dans la succession de leurs ascendants quelcon-
ques, à raison des libéralités entre vifs qu'ils ont reçues de ces ascen-
dants et que l'on regarde comme leur ayant été faites, non pas par pré-
ciput, pour augmenter leur part des biens héréditaires, mais à titre
d'avancement d'hoirie, d'avance sur la succession future.
Pour établir cette collatio fondée non pas sur la différence d'aptitude
à être propriétaire des divers successibles, mais sur la présomption
que l'ascendant, ayant pour ses descendants une affection égale, a voulu
leur transmettre ses biens pour des parts égales, on n'a eu besoin que
de généraliser ce qui se produisait déjà fortuitement dans un cas de
collatio dotis, dans celui de collatio dotis profecticiae où la fille restée en
puissance rapportait en la succession du père la dot qu'elle tenait de lui.
Mais il n'y avait là d'abord qu'une rencontre accidentelle. Cette collatio
de la dot profectice n'était qu'une application du principe de la collatio
bonorum et elle était soumise aux mêmes règles qu'elle. Elle n'était due
que dans ta succession du paterfamilias : elle ne l'était pas par exemple
dans celle d'un ascendant maternel ayant constitué une dot adventice.
Elle n'était due à l'origine que par la fille venant à la B. P. ab intestat.
Elle n'était due qu'aux sui auxquels le concours de la fille eût sans cela
causé un préjudice. Elle ne portait que sur la dot et non sur les autres
libéralités. Enfin elle se faisait comme la collatio bonorum par une pro-
messe (cautione).
Le droit impérial a créé sa collatio nouvelle précisément en effaçant
à peu près tout cela. Quant
aux personnes ayant droit à la collatio, Gor-
dien la déclare déjà due
non seulement aux sui, en face desquels seuls
•1 peut être question d'inégalité de capacité, mais aux émancipés
qui ne peuvent l'obtenir qu'en vertu de l'idée de maintien de l'égalité 3.
'•,L'exception relative aux donations est faite expressément par Léon, C, h. t.,
Ï
", m fine. Celle relative aux économies réalisées sur la jouissance des biens ad-
ventices n'est signalée
par aucun texte formel des compilations de Justinien.
Mais elle résulte du principe
et elle est confirmée par les Basiliques, 41, 7, 36.
'• C'est l'opinion de beaucoup la plus répandue. Son fondement le plus solide
j18', à notre avis,
dans l'observation que la collatio emancipati n'était due que par
«successible venant à la B. P. unde liberi, qui a certainement été supprimée
par la novelle 118,
ou à la B. P. contra tabulas, qui l'a été probablement par la
novelle 115.
"'• c-i h. t., 4. La
constitution révèle un développement doctrinal en signalant
mme ayant été adoptée après controverse, la règle selon laquelle on doit aux
896 LIVRE III. — V. — TITRE II
Quant aux successions où elle serait due, l'empereur Léon a décidé en
472 qu'elle serait due dans la succession de tout ascendant '. Quant aux
biens, elle fut étendue par le même empereur de la dot, constituée à la
descendante, à la donation en vue du mariage, faite au descendant, et par
Justinien aux donations faites en vue d'établissement (ad emendam mili-
tiam), mais elle ne l'est pas en principe aux autres donations (donationes
simplices) 2. Quant au titre auquel on doit venir à la succession pour v
être astreint, le successible y a été indifféremment soumis, qu'il vînt en
vertu du droit prétorien ou du droit civil, depuis une réforme déjà faite
pour l'ancienne collatio dotis par Antonin le Pieux 3, mais elle n'était
due jusqu'à Justinien que par l'héritier ab intestat : Justinien l'a eu outre
imposée fort peu heureusement, dans la novelle 18, à l'héritier tes-
tamentaire 4. Enfin le contrat verbal, qui était l'instrument régulier de
l'ancienne collatio, paraît avoir été remplacé dans les faits par un rap-
port en nature ou en moins prenant opéré au cours du partage :;.
seul supposa
pour l'ancienne collatio (D., 37, 6, De coll. bon., 1, 11. 12) est déjà le
en vigueur par la constitution de Léon de 472 (n. 1).
SANCTION DE L'ACQUISITION DE LA SUCCESSION. — PETITION D'HÉRÉDITÉ 897
cpu'clle porte sur une universalité, sur un patrimoine et non pus sur
une
chose isolée l, a suffi pour lui donner non seulement quant à la preuve
mais quant aux conditions et aux effets, des règles de fond propres qui
constituent l'intérêt que peuvent avoir tant le demandeur que le défen-
deur à ce qu'elle soit intentée plutôt que la revendication ou plus large-
ment que les actions particulières du défunt 2.
Ces règles de fond ont pour base, à l'époque classique, un sénatus-
consulte rendu sous le règne d'Hadrien en l'an 129 après J.-C, que les
interprètes appellent du nom d'un des consuls qui le proposèrent pour
le compte de l'empereur, du nom du jurisconsulte Juventius Celsus, le
sénatus-consulte Juventien et qui fait une distinction très comme entre
le possesseur de bonne foi, tenu seulement de rendre son enrichisse-
ment, et le possesseur de mauvaise foi, tenu de rendre tout ce qui
manque à l'héritier 3. Mais, quoique l'on considère souvent le, sénatus-
consulte comme n'ayant fait que ratifier, avec quelques remaniements de
détail, un droit coutumier, déjà depuis longtemps constitué, le système
qu'il établit ne peut remonter, croyons-nous, au delà du temps d'Ha-
drien 4. La distinction fondamentale dont il procède, la distinction du
possesseur de bonne foi, à qui son erreur ne doit pas préjudiciel', et du
possesseur de mauvaise foi, indigne de toute pitié parce qu'il s'est emparé
sans droit des choses héréditaires, a rencontré jusqu'alors un obstacle
insurmontable dans l'institution de l'usucapion pro herede, en vertu de
laquelle le possesseur quelconque, de bonne ou mauvaise foi, avait
fait un acte licite en s'iustallant au milieu de l'hérédité, et l'on peut
encore apercevoir, à travers les textes, les vestiges d'un régime antérieur
où des règles communes, partant d'un principe unique, régissaient toutes
se produisait par exemple pour la revendication d'un troupeau, où l'on faisait en
conséquence aussi la vindicatio et la conlrainndicatio sur l'un des moutons comme
pour elle sur une des choses héréditaires (Gaius, 4, 17).
1. Il y a déjà au fond une différence entre la vindicatio rei singularis et la vindi-
catio gregis, où le troupeau reste le même, quoique les moutons aient changé. Elle
est bien plus grande quand, au lieu d'une universilas facti, comme le troupeau, il
s'agit d'une universitas juris comme l'hérédité, patrimoine comprenant non seule-
ment des choses corporelles, mais des créances, ayant à la fois un actif et un passif,
sujet à des fluctations et à des transformations plus compliquées.
2. Le défendeur y trouvait l'avantage de faire trancher directement et non pas
incidemment la question d'hérédité, de faire trancher d'un coup toutes les ques-
tions existant entre le demandeur et lui, d'être soumis quant au montant des
restitutions à des règles différentes de celles des actions particulières. Le deman-
deur y trouvait corrélativement les mêmes avantages et en outre celui de pouvoir
reprendre les choses héréditaires à un possesseur pro herede ou pro possessore en
prouvant sa qualité d'héritier et non la propriété du défunt, (p. 900, n. G).
3. Le texte du sénatus-consulte rendu à l'occasion d'une vindicatio caduci intentée
par le fisc est rapporté par Ulpien D., h. i., 20, G.
4. Lammfromm. Zur Geschichle der Erbschaftklagen, 1887 ; cf. Mitteis, K. I- '<
31, 1S89, pp. 68-71. Ce régime, qui date au plus tard des débuts de l'Empire, e»i
attesté par des débris nombreux de la littérature antérieure au sénatus-consulte, par
exemple du livre 6 des Digesla de Julien (Lenel, 73-89),qui ont. été insérés par inad-
vertance au Digeste, principalement dans des citations de jurisconsulte postérieurs.
ANCT10N DE L'ACQUISITION DE LA SUCCESSION. — PETITION D'HEREDITE 899
sujet à la pétition d'hérédité qu'à condition de posséder ', mais qui n'a
besoin d'avoir que ce qu'on appelle la possessio juris, par opposition à
la possessio rei 2, comme par exemple quand il refuse, en niant la qualité
de l'héritier, de payer une créance héréditaire dont il ^est le débiteur,
de rembourser des fonds héréditaires qu'il a touchés 3. Mais la possessio
facli aut juris ne suffit pas pour le soumettre à la pétition d'hérédité. Il
n'y est soumis que quand il possède pro herede ou pro possessore pro :
vaise foi (p. 901, n. 1). Ici il faut que l'aliénation ait été faite de mauvaise foi
el l'obligation subsiste malgré la perte de la chose.
I- La distinction est très nettement appliquée à la vente, par Julien, D., h. t.,
% 2, comme aussi
par Javolenus, D., h. t., 48, et par Labéon chez Ulpien, D.,
''•.18, pr. On In retrouve dans d'autres textes encore. On notera seulement
lc dissentiment
isolé d'Octavenus, qui voulait étendre aux aliénations quelcon-
ques les règles bienveillantes de l'aliénation faite dans l'intérêt de l'hérédité, la
"striction de l'obligation
au prix (D-, h. t.. 18, pr.), et la tentative de Julien rap-
!'»rtée, D., h. t., 33, 1,
pour empêcher celui qui avait aliéné dans son propre
intérêt une chose héréditaire
détruite de s'enrichir du prix.
- Application de la distinction plus aux ventes, mais aux achats faits par
non
^possesseur: Julien, chez Ulpien, /)., h. t., 20, 1. Application du principe gé-
J'ral n_ue le
possesseur doit supporter le tort causé par ses opérations irrégulières
"cas où il n'a pas vendu esclave inutile : Julien, chez Ulpien, D., h. t., 33, 1 ;
fe'ui où il
un
a détérioré un fonds en le cultivant contra consuetudinem veri do-
"!"": Julien, D., h.
t., 54, 2 ; peut-être aux fruits qu'il a omis de percevoir : Ju-
"°>. Aez
Ulpien, D.,h. t., 20, 2.
902 LIVRE III. — V. — TITRE II
Le sénatus-consulte sur la rescision de l'usucapion créa un étal de
choses nouveau dont le sénatus-consulte Juventien est parti
pour dis-
tinguer les possesseurs de bonne et de mauvaise foi : le possesseur de
mauvaise foi, qui n'a plus de raison licite de s'emparer de l'hérédité,
pour lequel par conséquent on maintient toutes les sévérités du régime
antérieur en en supprimant les avantages, auquel on applique partout
les règles des opérations faites par le possesseur dans son intérêt pro-
pre ; le possesseur de bonne foi, pour lequel on atténue la rigueur du
régime ancien, auquel on applique les règles des opérations faites dans
l'intérêt de l'hérédité, qu'on déclare comptable seulement de ce dont il
s'est enrichi, sans doute sous l'empire du tort que lui a causé la sup-
pression de l'usucapion pro herede, en voulant que, s'il ne gagne plus
rien, il ne perde rien s.
Parmi les applications multiples de cette distinction faile par les juris-
consultes nous relèverons seulement celles relatives aux pertes et ans
détériorations, aux fruits, aux aliénations et aux impenses : i" Au cas dé-
porte ou de détérioration des choses héréditaires, le possesseur de bonne
foi n'est comptable de rien, même quand la perte ou la. détérioration
vient de prodigalité, de gaspillage, d'incurie extrême -. Au contraire le
possesseur de mauvaise foi, en vertu de la théorie de la. responsabilité
conservée pour lui, est tenu de la perte totale ou partielle survenue
non seulement par son dol, mais par sa. fautea. En revanche, nous ne
croyons pas qu'il soit tenu des cas fortuits, à moins de demeure résultant
d'un délit par lequel il se serait emparé de la chose ; —• 2° Quant aux
fruits ils sont régis, en partant de l'idée qui considère l'hérédité connue
un tout, par la règle frue tus augenl heredilatem qui les assimile aux au-
tres valeurs héréditaires 3. En conséquence, en laissant de côté les truib
postérieurs à la litis conlesiaiio, le possesseur de mauvaise foi est comp-
table de tous les fruits qu'il a perçus ou qu'il aurait dû percevoir : cai
il possède les fruits perçus ou a cessé de les posséder par dol et il est îev
ponsable de ne pas avoir perçu les autres ; le possesseur de bonne >
est. comptable de ceux* qu'il a perçus, comme de toutes les autres cl»1*'
s'il les a encore, mais il n'est comptable ni de ceux qu'il a consomnits
ni de ceux qu'il a omis de percevoir : — 3° Pour les aliénations, le pot
sesseur de bonne foi, n'étant comptable que de ee dont il s'est enrichi, ne
doit que le prix qu'il a reçu ; le possesseur de mauvaise foi doit nature-
lement tout au moins ce que devrait le possesseur de bonne foi, pat >:
mais en outre la valeur de la chose, si elle est supérieure au prix '. Seu-
lement on s'est demandé s'il ne fallait pas tirer, en cette matière, une
conséquence plus lointaine de l'idée que le possesseur de bonne foi doit
seulement ce dont il s'est enrichi, s'il n'en résulte pas que, lorsqu'il a
aliéné avec garantie une chose héréditaire, le véritable héritier sera
dépouillé du droit de la revendiquer contre le tiers acquéreur. On invo-
que en faveur du droit pour le tiers de repousser l'héritier, et par con-
séquent de la validité pratique des aliénations opérées par l'héritier ap-
parent, un texte qui nous paraît probant pour le droit de Justinien, mais
non pour le droit classique 2 ; — 4° Enfin le possesseur de bonne foi
peut retenir toutes les impenses, même les impenses voluptuaires, puis-
qu'il doit seulement son enrichissement et que toutes l'ont appauvri ;
celui de mauvaise foi peut retenir les impenses nécessaires, comme le
défendeur à la revendication et en outre, probablement à raison de l'o-
bligation de gérer dont il est considéré comme tenu, les impenses utiles 3.
On remarquera qu'à la différence de ce qu'on admet d'ordinaire dans la
revendication, ni l'un ni l'autre n'a besoin do faire insérer l'exception
1. Possesseur de bonne foi: Ulpien, D., h. t., 23, pr. Possesseur de mauvaise
foi: Paul, D., h. t., 36, 3.
2. Ulpien, D., h. t., 25, 17. Ce texte se demande, si, étant donnée une vente
du prix de laquelle le possesseur de bonne foi n'a pas tiré d'enrichissement, pour
laquelle donc il ne pourrait être poursuivi à raison de son enrichissement par la
pétition d'hérédité, le véritable héritier pourra revendiquer sans être repoussé par
l'exception ne praejudicium hereditali fiai invoquée par l'acheteur du chef de son
vendeur. Il répond et puto passe res vindicari, nisi emptores regressum ad bonae
/ùfei possessorem habenl. Et la doctrine qui est la plus répandue chez
nous en con-
clut que l'héritier sera repoussé
par une exception à moins que l'aliénation n'ait
été faite sans garantie. Cependant cette doctrine
a toujours rencontré des résistan-
ces, et non sans motifs. D'abord il y a d'autres textes qui paraissent impliquer la
possibilité de la revendication contre l'acheteur du possesseur de bonne foi (D.,
Il- I-, 13, 4; 16, 7). Ensuite la rédaction du texte, qui
pose le principe de la re-
vendication, ne va pas très bien avec une exception qui serait plus importante, que
la règle, les ventes les plus fréquentes de beaucoup donnant lieu à garantie. En-
fin cette solution
suppose non seulement que sur la pétition d'hérédité le posses-
seur de bonne foi ne doit rien rendre de plus qu'il n'a, mais, ce qui est une tout
autre chose, qu'il ne doit être appauvri
en rien par son erreur ; or le contraire
est dit en plus d'un endroit, ainsi fr. 23 lui-même dans la partie qui précède
(v-, par
au
ex., 25, 12). Ces considérations ont porté à écarter le texte de plusieurs fa-
wns, par ex. en lisant licel au lieu de nisi (Francke, p. loi et ss. ; p. 302 et ss.),
I'1''ex. en soutenant qu'ici comme dans d'autres cas qu'on relève nisi voudrait
«ire non pas à moins
que, mais sauf que (Serafini, Archivio, 20, 1878, pp. 403-423).
«ais la correction est condamnée parle manuscrit de Florence et
par les liasili-
*lues et la traduction parait bien forcée. Nous considérons
en revanche comme
ws vraisemblable la conjecture de M. Mommsen adoptée par M. Gradenwitz, In-
terpolationen,
pp. 79-80, selon laquelle la finale nisi... habenl est une interpola-
10n. Seulement alors elle
atteste le droit de Justinien. — La suite du texte donne
?n ouu'^ une exception
à l'acheteur au cas où le vendeur est disposé à défendre à
Pétition d'hérédité
comme s'il possédait encore la chose et dans celui où l'hé-
'«a réclamé le remboursement du prix au vendeur. Naturellement la revendi-
ion elle-même serait exclue, si l'acheteur avait usucapé.
i>Paul, D., h.
t., 38.
904 LIVRE III. — V. — TITRE II
i. Texte de l'interdit, D., h. t., \,pr. Certains auteurs soutiennent que l'inter-
dit quorum bonorum était donné, dès avant le sénatus-consulte sur l'usucapion
pro herede, contre celui qui avait usucapé de cette manière : ils font notamment
remarquer que, par suite du jeu des détais de Vedictum successorium, la B. P. ne
pourra parfois être obtenue et invoquée par l'interdit que quand un tiers aura
déjà eu le temps d'usucaper pro herede. Sur une extension du droit byzantin, cf.
In note 3.
2. u., 43, 3, Quod legatorum. Cf. Ubbelohde, dans Gluck, série des livres 43-
U, 3, 189), pp. 140-190. Cet interdit est donné à l'héritier par des textes nom-
breux du D., mais par interpolation. Sa restriction
au bonorum possessor résulte
du lexte pur des F. V., 90, et de la citation d'un débris de l'interdit qu'on a
oublié d'interpoler, D., h. t., 2. 1. Cf. Lenel, Ed., 2, pp. 190-197. Dans sa fonction
générale et définitive, il permet à l'héritier de reprendre les choses qu'on prétend
léguées, non seulement
pour attendre l'action en délivrance, mais pour avoir
plus de facilité à n'exécuter les legs
que sur l'actif net et déduction faite de la
quarte Falcidia, et il peut avoir eu cette utilité pour le bonorum possessor. Mais
il lui servait surtout à compléter l'interdit
quorum bonorum pour les choses pos-
sédées pro legato. Cf. le texte interpolé d'UIpien, D., h. t., 1, 4 (Lenel, 1467).
d. Dans le droit byzantin l'interdit est provisoire
non seulement en ce qu'on
considère assez naturellement la décision rendue
sur lui comme n'étant pas sus-
ceptible d'appel (C. Th., 11, 36, Quor. 22) mais en ce que, par une modi-
fication bien plus profonde
app.,
de son système ancien, il est donné contre tous ceux
«lui ont pris possession des choses héréditaires, à
un titre quelconque, sans qu'ils
Puissent le repousser par la
preuve de leur propriété (Honorius et Arcadius, C.
£''•.4, 21, Quor. bon., 1, abrégé, C, 8, 2, Quor. bon., 3). Cf. Symmaque,
sur
«et.. l(i
= Ep., 10, 29 (36), Kipp. Feslgabe fur Windscheid, 1888, pp. 67-74 et
sur le droit byzantin général, Ubbelohde dans Ghick, série des livres 43 et 44,
en
'' 'SOI, pp. 99-122. L'interdit quorum bonorum s'est aussi, croyons-nous, trouvé
M conflit sur certains points
avec un moyen provisoire d'un autre ordre, avec la
«lusio in possessionem scripli heredis, établie Hadrien dans le but d'assurer
e rendement de la vicesima
par
hereditalis et maintenue après la disparition de cet
mPot par Justinien
: la missio dont il s'agit était donnée à l'héritier institué
'Ms un testament valable quant à la forme extérieure,
pour obtenir la posses-
0 des choses corporelles
possédées par le défunt au moment de sa mort, à con-
!°n 1ue cet héritier la demandât dans l'année de l'ouverture du testament et
payât l'impôt, d'après Hadrien
; pourvu qu'il la demandât avant l'expiration
1
906 LIVRE III. — V. — TITRE II
être intentée contre tout le monde, par les bonorum possessores cumre,
et contre tous les tiers autres que l'héritier, paries bonorum possessores
sine re.
en présence de cela, pp. 120-132, que lorsque le défendeur prétendait avoir le droit
de conserver la succession, on a fini par lui permettre de repousser l'interdit quo-
rum bonorum en demandant à être poursuivi par Vhereditalis petitio possessoria.
TITRE [II
LEGS ET FIDÉICOMMIS
Celui qui règle le sort de ses biens pour le temps où il n'existera plus
n'a pas seulement le droit d'instituer un héritier testamentaire, de dési-
gner un continuateur de sa personne qui succédera à son actif et sera
tenu de son passif, qui sera tenu aussi de son culte privé. Tl peut en ou-
tre faire des libéralités à titre particulier i à des individus qui ne seront
pas continuateurs de sa personne, qui ne seront tenus ni de ses dettes,
ni en principe de ses obligations religieuses. Dans l'ancien droit, la seule
libéralité de ce genre était le legs (legatum), qui devait être mis dans le
testament à la charge de l'héritier institué 2. Depuis l'époque d'Auguste,
il y en a une seconde, le fidéicommis à titre particulier, qui n'a
pas be-
soin d'être contenu dans un testament et qui peut être mis à la charge
de quiconque reçoit quelque chose du défunt. Et ces deux sortes de dis-
positions, qui furent d'abord dans une antinomie décidée 3, ont été pro-
gressivement rapprochées pour être finalement confondues par Justi-
nien *. Nous exposerons d'abord leurs conditions d'existence et leurs
effets; puis nous étudierons à part deux dispositions qui, tout en ren-
trant dans le cercle des legs et des fidéicommis, se rapprochent prati-
quement à des degrés inégaux des institutions d'héritiers : le legs par-
tiaire et le fidéicommis d'hérédité.
1. La matière, très pratique à Rome, des legs et des fidéicommis occupe une
grande place aux Inst., 2, 20-24, et
au Dig., livres 30-36. Nous citerons, parmi les
commentaires, celui de la collection de Gluck, commencé par Arndts, 3 vol.,
1868-1878, continué Salkowski, 1 vol., 1889, et encore inachevé, et l'ouvrage
par
de C. Ferrini, Teoria générale dei legati dei fidecommessi, 1889. La matière
îles codicilles, Dut., 2, 25, De codicillis
e connexe
: D., 29, 7, De jure codicillorum a été traitée
dans Gluck,
par Fein, en 2 vol. 1831-1853.
2. Les deux définitions les plus du legs sont celles de Florentinus, D.,
•30, De kg.,
connues
/] H6,pr. : Legatum est delibatio hereditalis, qualestator ex eo, quod
uùversum heredis foret, alicui quid collatum velit, et de Modeslin, D., 31, De leg.,
U> 36 Legatum
: est donatio testamento relicla. V. aussi Ulpien, n. 3.
3- Ulpien, Beg.,
24, 1 : Legatum est, quod legis modo, id est imperative, testamento
'dinquitur. Nam precativo modo relinquuntur, fideicommissa vocantur. Cf.
2a,4.
eo, quae
4-En conséquence il dans la définition de Mo-
remplace, Inst., 2, 20, De leg., 1,
<lcstin, n. 2, le
mot testamento par les mots a defunclo.
910 LIVRE III. — V. — TITRE III
Pour qu'un legs produise effet, il doit avoir été fait valablement et
n'avoir pas été atteint d'une cause de nullité.
I. Éléments requis pour la validité initiale des legs. — Les con-
ditions nécessaires pour qu'un legs soit valable sont elles-mêmes à la
fois des conditions de forme que le temps a atténuées et des conditions
de fond qui lui ont beaucoup mieux résisté.
A. Les formes exigées pour le legs se rapportaient à l'acte dans le-
quel il devait être contenu, à la place qu'il devait y occuper et aux ter-
mes dans lesquels il devait être conçu.
1. Le legs ne peut être contenu que dans un testament ou, depuis
l'Empire, dans des codicilles confirmés par testament.
Etant une disposition testamentaire, il ne peut rationnellement,
comme les autres dispositions testamentaires, institutions d'hérédité,
exhérédations, nominations de tuteur ou affranchissements testamentai-
res, être contenu que dans un testament. C'est une règle rigoureuse au
temps où commencent les textes ' et il n'y a, croyons-nous, aucune rai-
son d'admettre que le droit ancien ait été moins exigeant sous ce rap-
port 2. Le seul changement dont nous ayons connaissance a au contraire
consisté clans une atténuation à la séArérité première du système, pro-
duite au début de l'Empire par la. reconnaissance des codicilles testamen-
taires qui, à condition d'être confirmés par un testameut, antérieur ou
postérieur, peuvent contenir des legs 3.
1. Les définitions de Modestin, p. 909, n. 2, et, d'LUpien, p. 909, n. 3, sont d'ac-
cord avec, toutes les traditions.
2. M. Cuq, Institutions, t, pp. 129-131, a cependant soutenu, en partant d'une
interprétation des XII Tables rejetée plus haut (p. 800, n. 3), que les legs auraient
pu anciennement être faits en dehors d'un testament contenant institution d'hé-
ritier et que cette exigence n'aurait été introduite que postérieurement. C'est,
nous semble-t-il, admettre une recrudescence du formalisme contraire à la mar-
che générale du droit romain. C'est aussi admettre que le testateur ait pu soit
faire un testament qui n'appelait pas à toute l'hérédité, si le legs fait auparavant
restait valable malgré lui, soit déroger à un premier testament par un autre acte
qu'un testament nouveau, si le legs était fait après. Il faudrait, pour le prouver,
des témoignages très précis. Nous ne croyons pas que ces témoignages existes).
V. dans notre sens, Appletou, Testament, p. 58, n. 1.
3. On distingue les codicilles ab intestat adressés à un héritier ab intestat cl
les codicilles testamentaires adressés à un héritier testamentaire, eux-mêmes sub-
divisés en codicilles confirmés ou non confirmés par testament, parmi lesquels
les confirmés seuls peuvent contenir des legs. Les premiers codicilles contenant
des fidéicommis qui furent reconnus comme valables par Auguste, ceux de L. Len-
tulus, étaient des codicilles confirmés par testament [Inst., 2, 23, De cod., /"*) *'
Auguste les valida, croyons-nous, en formulant l'idée souvent exprimée pa' >3
suite que les codicilles confirmés font partie du testament. ; cela ne décidait pas
encore qu'ils pussent contenir des legs ; caries Inst., loc. cit., disent que la)"'*
de Lentulus paya ce qu'elle ne devait pas en exécutant des legs qui y étaient
contenus. Mais cela devait conduire au régime attesté par Gaius, 2, 270 a, m
P* LEGS ET FIDEICOMMIS. 9H
— CONDITIONS D'EXISTENCE DES LEGS
2. Le legs doit, s'il est dans le testament, y être placé après l'insti-
tution d'héritier sans laquelle il ne pourrait exister i. Cette règle d'abord
absolue fut restreinte par l'institution des codicilles aux legs contenus
dans le testament et fut ensuite elfacée par la suppression du formalisme.
3. Le legs doit être fait en termes sacramentels, requis à peine de
nullité. A l'époque des jurisconsultes classiques, il y a quatre formules,
quatre sortes de legs 2 : elles ne sont sans doute pas également ancien-
nes ; mais les deux principales remontent, croyons-nous, l'une et l'au-
tre, au temps où le testament se faisait par une véritable loi dont la force
législative peut seule expliquer leurs effets 3. Le premier legs est le legs
per vindicationem, à la formule duquel le testateur recourt, quand il veut
transférer la propriété d'un de ses biens au légataire ou lui donner sur
ce bien un droit réel, ainsi un usufruit, et qui tire son nom de l'action
réelle (rei vindicatio, vindicatio servilulis) qu'il donne au légataire *.
Le second est le legs per damnalionem, que le testateur emploie quand
il veut faire naître une dette à la charge de l'héritier, une créance au
les legs contenus dans des codicilles confirmés sont valables. On trouve des exem-
ples de codicilles contenant des legs et d'une clause préalable du testament les
conllrmant dans le testament de Dasumius, lignes 120-121 et lignes 125 et ss., puis
plus clairement
encore dans celui de C. Longinus Castor, 2, 2, 9. 10. 15 et ss.
: Ante heredis inslitutionem legari non polest, quoniam
1. Ulpien, Reg., 24, 15
é et polestas leslamenli ab heredis institutione incipit.
2. Gaius, 2, 192. Ulpien, Reg., 24, 2.
3. P. 709. On discute lequel des deux legs est le plus ancien. L'opinion la plus
répandue (Karlowa, R. R. G., 2, 916) considère que c'est le legs per vindica-
p.
;
tfonem, qui est, dit-on,
le plus simple et le plus rigoureux, le seul où il y ait
I «ne delibatio hereditalis. Une autre doctrine (lloelder, p. 72) soutient que c'est le
legs per damnalionem,
en faisant remarquer, d'une part, le caractère archaïque
te actes sanctionnés le manus injeclio et, d'autre part, la dérogation présen-
& par le legs pas
per vindicationem et non par lui au principe que l'héritier est suc-
.
«Boi'in unioersum jus. La question perd
une partie de sa portée, si on admet
weenous que tous deux remontent testament comitial.
*• Gaius, 2,
au
193-194, Ulpien, 24, 3. Formule : Titio hominem Stichum do lego ; on
«met encore par atténuation, les formules do, lego, sumilo, capito, sibi habeto.
J>; Gaius, 2, 201. Ulpien, 24, 4. Formule tleres meus Stichum
: servum meum
"M dare damnas
eslo, à côté de laquelle on admet encore les termes dalo, facito,
totdemtneum dare jubeo.
«•Gaius, 2, 209. Ulpien,
Reg., 24,5. Formule: Hères meus damnas eslo sinere
ntium hominem Stichum
sumere alque sibi habere.
•912 LIVRE III. — V. — TITRE III
chose du défunt n'est valable au regard de chaque héritier qu'en tant qu'il P"'" ]
part héréditaire, est nul la part dont il n'est pas propriétaire, p»' j
sur sa pour
exemple quand, étant mis entre deux institutions, il ne peut être regardé connu 8 j
3. Paul, 3, 6, 11. .
i
.4. P. 911, n. 5. Il ne pouvait non plus s'appliquer, semble-t-il, aux clioses qui
n'étaient pas susceptibles de propriété quiritaire, comme les fonds provincian.
et les possessiones de Vager publicus (Ulpien, Reg., 24, 9 : Res populi) : et- De,n'
burg, 3, § 64, n. 6.
5. Gaius, 2, 202-203. Ulpien, Reg., 24, S. Paul, Sent., 3, 0, 10.17.
LEGS ET FIDEICOMMIS. — CONDITIONS D'EXISTENCE DES LEGS 915
éviter en faisant à côté de son legs per vindicationem un legs per dam-
nalionem ', a été effacé, au temps de Néron, par le sénatus-consulte Né-
ronien qui décida que tout legs nul à raison de la formule employée
serait réputé fait per damnalionem (optimum genus legandi) -.
3. La règle Catonienne 3, formulée soit par Gaton l'Ancien, soit plutôt
par son fils, décida que tout legs qui n'eût pas produit effet, si le testa-
teur était mort au moment du testament, ne pourrait pas en produire
par la suite 4. Gette règle, motivée par une raison assez obscure, suppose
un legs fait au profit d'une personne capable, portant sur un objet licite,
mais qu'un obstacle de fait empêcherait d'exécuter au cas de mort im-
médiate du testateur, par exemple le legs fait à une personne d'une
chose qui lui appartient présentement ", le legs fait à un esclave qui ap-
partient actuellement à l'héritier grevé 6. Elle est, par sa nature même,
étrangère aux legs dont, même en supposant le testateur mort immé-
diatement, l'effet serait reculé à une époque postérieure, par exemple
aux legs conditionnels 7. La règle Catonienne est également étrangère,
malgré quelques menues difficultés, aux institutions d'héritier s.
.
II. Causes de nullité expost facto. — Les causes de nullité qui peu-
vent atteindre après coup un legs valablement fait se rapportent à sa
revocation, à sa caducité et à la réduction qu'il peut subir au cas d'em-
piétement des legs sur la part de l'hérédité réservée à l'institué par la.
loi Falcidia.
1. La révocation du legs peut être une révocation proprement dite
(ademptio) ou un transfert du legs (translatio) l.
La révocation devait anciennement, comme le legs lui-môme, être
faite en termes solennels, symétriques à ceux du legs, et dans un testa-
ment, en sorte que, pour révoquer le moindre legs, il fallait faire un
nouveau testament. Plus tard on admit qu'elle pourrait être faite non
seulement dans un testament, mais dans des codicilles testamentaires'
et qu'elle pourrait même, jure praetorio, résulter, sans testament ni
codicille, des circonstances de fait, non seulement de la radiation maté-
rielle qui pour le préteur anéantit aussi l'institution d'héritier, mais de
la survenance d'une inimitié entre le testateur et le légataire, mais d'une
aliénation de la chose léguée, d'une aliénation quelconque d'après les
uns, d'une aliénation faite dans cette intention d'après l'opinion de Celse
qui a prévalu 3.
Le transfert du legs, analogue à la novation, a lieu quand un nouveau
legs est mis, dans des formes convenables, à la place de l'ancien*.
2. Le legs tombait : 1° d'abord avec le testament, quand il était rompu,
quand il devenait irritum ou quand il était destitutum ; 2° par la mort
!>
pour quoi il était institué, ils étaient tous réduits, de plein droit, au mo-
ment du décès, proportionnellement à leur importance '.
§ 2. — Conditions d'existence des fidéicommis.
Les fidéicommis (fidei commissa )2 n'étaient d'abord que de simples
prières sans valeur juridique, qu'on n'exécutait que si l'on voulait et pour
lesquelles il ne pouvait donc être parlé de conditions de validité. Mais
à partir d'Auguste qui invita les chefs de l'administration, les consuls à
en assurer le respect, au moins dans certaines circonstances, ils gagnè-
rent peu à peu une sorte de reconnaissance administrative en vertu de
laquelle l'exécution a pu en être sollicitée d'abord des consuls, puis, se-
lon l'importance des affaires, d'eux ou de préteurs spéciaux créés par
Claude au nombre de deux et réduits à un seul par Titus 3. Par contre-
coup, ils furent aussi soumis à des conditions légales qui les rapprochè-
rent des legs, tout en leur laissant un caractère plus libre.
Quant au fond, ils impliquaient par la force des choses, aussi bien
que les legs, un objet licite et trois sujets : le disposant, le grevé et le
bénéficiaire. Mais, tandis que le legs ne peut être mis qu'à la charge de
l'héritier testamentaire, le fidéicommis peut être mis à la charge de qui-
conque recueille une portion des biens du défunt, légataire, fîdéicom-
1. La réduction a lieu de plein droit (ipso jure : D., h. t., 73, 5), ce qui fait que
le légataire per vindicationem dont le legs est atteint ne deviendra propriétaire
que pour une part indivise, que le légataire per vindicationem ou per damiiahouin
d'un legs certain soumis à réduction qui demandera le tout commettra une/)fe
petitio. — Elle a lieu au jour du décès, ce qui fait que les accroissements ou le
détériorations postérieures seront sans effet (D., h. t., 73, pr.). — L'Ile a lieu ilii
lors que chaque héritier n'a pas sa quarte jure hereditario, ce qui fait qu'elle n'fct
écartée ni par les legs, ni par les donations dont il peut avoir élé gratifié pari 1'
défunt (D., h. «.,01, pr.). — Enlln, chaque héritier ayant droit à s» quarlo indi-
viduellement, elle se produit, bien que tes legs ne dépassent pas les trois quart'
de la totalité de l'hérédité, dès lors que l'un des héritiers n'a pas sa quarte (Gaius,
D., h. t., 77). Seulement il y a alors une difficulté pour le cas où l'un des ins-
titués ne recueille pas sa part et où l'autre la prend à. charge de payer les le?'
d'après le système du droit nouveau sur l'accroissement avec charge (p. 878, n.v
La question est de savoir si on calculera alors encore la quarte distribulivcincnl,
en réduisant dès lors qu'une des parts est grevée pour plus des trois quarts, M
en bloc, en ne réduisant que si la somme des legs excède les trois quarts de
succession totale recueillie. 11 semble que l'on distinguait selon que le défaillan
était celui dont la part était surchargée ou l'autre ; qu'on calculait dislnbutne-
ment dans le premier cas et collectivement dans le second (Gaius, D., h. '•> ' '
cf. sur ce point et sur d'autres difficultés du même ordre, Vangerow, 2, s «a?
Quant à la vérification du point de savoir si les legs ont été réduits par la loi »
cidia, et dans quelle mesure, on y procède en faisant successivement une eva»
tion de l'actif, une déduction du passif, une évaluation des legs et une com|>.^j|.
son des deux masses sur lesquelles les textes et les interprèles donnent des de
abondants.
2. Inst., 2, 21, De singulis rébus per fideicommissum relictis.
3. Intervention d'Auguste : Inst., 2, 23, De fideicomm. her., 1. Claude et _..u .'
Suétone, Claud.. 23 ; Pomponius, D., 1, 2, De 0. J., 2, 32. Division de comFe
selon le taux: Quintilien, Inst., 3, 6, 70. Cf. Mommsen, Dr. public, 3, PP- " "
LEGS ET F1UE1C0MM1S. — CONDITIONS DES FIDEICOMMIS 919
\
missaire, héritier ab intestat même ce qui est l'origine de la clause
codicillaire, mise dans les testaments pour décider que, s'ils étaient nuls
comme tels, ils vaudraient comme codicilles ab intestat imposant à
l'héritier légal leur contenu à titre de fidéicommis 2. D'autre part, tandis
que le legs supposait la lestamenti factio du disposant et du gratifié, le
fidéicommis pouvait anciennement être fait par un incapable, un péré-
grin, au profit d'un incapable, d'un pérégrin, d'un caelebs, d'une incerla
persona. Mais des actes législatifs ont bientôt porté pour les fidéicommis
des incapacités analogues à celles existant en matière de legs 3.
Quant à la forme, ils n'en avaient pas à proprement parler, ils pou-
vaient être faits d'une manière quelconque, même oralement, même
tacitement, à plus forte raison dans des codicilles non confirmés, rédi-
ges d'une manière quelconcjue '*. Mais, à une époque où l'institution
était solidifiée, le droit chrétien décida que les codicilles ne pourraient
être faits cpi'en présence du nombre de témoins alors exigé pour le
testament, cinq ou sept 5.
Enfin les causes de nullité des fidéicommis sont devenues voisines de
celles des legs. Ils sont aussi révoqués par un changement de volonté 6,
anéantis par la survenance d'une incapacité, par la défaillance du grevé 7
et ils sont soumis à la déduction de la quarte au profit de l'héritier tes-
tamentaire depuis le sénatus-consulte Pégasien, au profit même de
l'héritier ab intestat, depuis une constitution d'Antonin le Pieux 8.
§ 1. — Dies cedens.
linel ad nos legatum antequam dies reniai vel condicio existât. On remarquera :
Quant aux deux autres variétés de legs, le legs sinendi modo fait,
comme le legs per damnalionem, naître une action ea; testamento, qui
seulement n'est jamais au double et où l'on a admis que les intérêts
seraient dus à partir de la mise en demeure i ; le legs-per praece.plionem
était, dans l'opinion sabinienne, encore un legs générateur de créance,
mais sanctionné par l'action familiae erciscundae, qui n'était jamais au
double et où la faute s'appréciaitin concreto ; dans l'opinion proculioiine,
c'était un legs per vindicationem générateur d'action réelle -.
Mais la démarcation dut, non seulement quant aux catégories acces-
soires, mais quant aux deux catégories fondamentales, être atténuée.
avec le temps : d'abord en vertu du sénatus-consulteNérouien, qui per-
mettait d'invoquer par l'action ex testamento, comme legs per damna-
tionem, le legs d'une autre espèce nul à raison de la forme et d'où l'on
déduisit que le bénéficiaire d'un autre legs valable pourrait, s'il y avait
intérêt, se présenter aussi comme légataire per damnalionem 3, ce qui
donnait à tous les legs les effets du legs per damnalionem, si le léga-
taire le voulait, mais ce qui laissait au legs per vindicationem non avan-
tage ; ensuite, avant et après, par l'usage de léguer la môme chose à la
fois per damnalionem et per vindicationem (p. 915, n. 1), rjui devait
ménager tout au moins le choix au légataire ; enfin, après la suppression
des formules par la difficulté de reconnaître ce qu'avait voulu faire le
testateur. Mais sous ces réserves, la diversité subsista jusqu'à Justinien
tout au moins entre le legs per damnationem, qui ne faisait naître qu'une
créance, et le legs per vindicationem valable, qui seul faisait naître une
action réelle.
2. Effets des fidéicommis. La différence, d'effet des legs et des fidéi-
commis subsista pareillement jusqu'à Justinien. Il y avait une différence
de procédure qui disparut avant lui : tandis que les procès sur les legs
se jugeaient selon la procédure civile ordinaire, les fidéicommis, rendoe
obligatoires seulement par voie d'autorité administrative, n'ont jamais
donné lieu qu'à une cognitio extra ordinem des fonctionnaires adminis-
disposition faite à leur profit que pour celui où quelques-uns d'entre eux
font défaut.
1. S'ils viennent tous, il faut distinguer les dispositions translatives
•de propriété, comme étaient à l'époque classique les legs per vindicatin-
nem et per praeceptionem, et celles génératrices d'obligations, comme
étaient alors le legs^jer damnationem, le legs sinendi modo et les fidéi-
commis.
Au cas de legs per vindicationem ou per praeceptionem ', le legs,
fait pour la totalité de la chose à plusieurs, non pas par conséquent
celui où l'on lègue à l'un une partie de la chose et à l'autre une autre
partie de la chose, où il y a legs de deux choses différentes, mais celui
où on lègue toute la chose sans assignation de parts, que ce soit dans une
disposition unique (conjunctim : Tilio el Seio hominem Stichum du leijn.
•ou dans deux dispositions distinctes (disjunctim: Tilio hominem Sliclimu
do lego : Seio hominem Stichum do lego), transfère à chacun une pro-
priété qui serait complète s'il était seul, mais qui est limitée par le con-
cours des autres (concursu ptartes fiunl), en sorte qu'ils se trouvent,
comme tous ceux qui aceprièrent en commun une chose corporelle, copro-
priétaires indivis 2.
Quant aux autres dispositions, elles font naître des droits de créance
pour lesquels pas plus ici qu'ailleurs il n'y a d'indivision. Si la même
chose a fait l'objet d'un legs per damnationem, d'un legs sinendi modu
ou d'un fidéicommis unique adressé à plusieurs personnes (conjunctim),
-chaque personne devient, en vertu du principe de la division des obliga-
tions entre les créanciers, créancière distincte de sa part de la chose
(damnatio partes facil), comme si le défunt la leur avait promise parmi
même contrat. Si au contraire les dispositions ont été faites séparément
(disjunctim),chacune fait naître une créance distincte de la chose, comme
il arriverait si le défunt avait promis la même chose à plusieurs créan-
ciers, et le grevé sera tenu de payer la chose en nature ou en équivalent
à chacun, au cas de legs per damnationem et de fidéicommis ; au cas*
legs sinendi modo, on discutait, à cause de la formule du legs, s'il n était
pas libéré après avoir donné la chose à l'un 3.
Cette diversité de règles, étant un simple résultat de la différence ife
1. Les complications résultant de la pluralité de gratifiés sont encore multi-
pliées au cas de praelegatum, de legs fait comme l'ancien legs per praeceplv>ttm
à un des héritiers qui en sont grevés, sur lequel nous renverrons seulement a ui
gerow, 2, § 523, et à Dernburg,"3, § 113.
2. Legs per vindicationem : Ulpien, Reg., 24. 12 : Si duobus eadem res per »". ,''
calionem legala sil, sive conjunctim velut 'Tilio el Seio hominem Stichum l,IJjT_
sive disjunctim velut "Tilio hominem Stichum do lego. Seio eundem hominem do
go', jure civili concursu partes fiebant. Gaius. 2. 199. Legs per praeceptionem oaw-
:
_
2, 223.
3. Legs per damnalionem : Ulpien, Reg., 24, 13. Gaius, 2,295. Legs sinendi m*
Caius, 2, 215. Fidéicommis: /<". V., 85, in fuie.
LEGS ET FIDEICOMMIS. — EFFETS, PLURALITE DE GRATIFIES 927
même disposition que le défaillant, en appelant les uns après les autres
les légataires conjoints ayant antérieurement droit à l'accroissement
(conjunctire et verbis) et les légataires appelés par la même disposition
à des parts différentes et précédemment exclus de l'accroissement (con-
juncli verbis tantum) ; puis, à leur défaut, les heredes patres ; seule-
ment, à défaut cVheredes patres, les legatarii patres, y compris ceux
appelés disjunctim à la même chose et au profit desquels fonctionnait
auparavant l'accroissement (conjuncli re tantum).
Justinien, qui abolit les dernières traces des lois caducaires et qui
fusionna les legs etles fidéicommis, décida qu'il y aurait accroissement
pour les legs faits sans assignation de part, mais il décida que cet
accroissement serait forcé et avec charges si le legs avait été fait conjunc-
tim, volontaire et sans charges s'il avait été fait disjunctim l. Rien ne
prouve cpu'il ait, contre toute logique, admis l'accroissement au cas de
legs fait avec assignation de part 2.
ment parce qu'on considérait que des dispositions ne pouvaient être ré-
duites par la quarte qu'à rencontre de légataires, on dit que lorsque le
fiduciaire invoquerait la quarte en acceptant, le transfert du Trébellien
n'aurait plus lieu, les droits et actions du défunt resteraient sur la tête du
fiduciaire qui procéderait avec le fidéicommissaire aux stipulations par-
tis et pro parte l et la doctrine qui a prévalu a admis qu'il en serait ainsi
même lorsque l'héritier ayant droit à la quarte ne ferait pas la retenue,
sauf qu'alors les stipulations portant sur le tout seraient les stipulations
emptae el vendilae hereditatis -, Le fidéicommissaire était là de nou-
veau seulement loco legatarii, dit-on au premier cas, loco emptoris,
pourrait-on dire au second. Il ne restait, comme sous le Trébellien, loco
heredis, que quand le testateur avait laissé la quarte au fiduciaire 3 ou
quand celui-ci n'acceptait crue sur l'ordre du magistrat 4.
Justinien rétablit la simplicité en décidant, en termes singuliers, que
le fidéicommissaire serait toujours loco heredis et qu'il n'y aurait donc
plus jamais besoin des stipulations entre lui et le fiduciaire, mais en
maintenant néanmoins pour le fiduciaire le droit à la quarte et en
maintenant aussi la soustraction du fidéicommissaire à l'arbitraire du
fiduciaire 5. Et ces règles se sont, croyons-nous, appliquées à la fois aux
legspartiaires et au fidéicommis d'hérédité, par suite de la fusion des
legs et des fidéicommis. En revanche, il serait inexact de penser qu'elles
aient supprimé toute différence entre l'héritier institué et celui qu'on
appelle l'héritier fidéicommissaire. Justinien qui a fondu les legs et les
fidéicommis particuliers n'a pas fondu les institutions d'héritier et les
fidéicommis d'hérédité. Les différences sont atténuées. Elles n'ont pas
toutes disparu °.
Ulpien, Reg., 25, 10. La restitution a même fini par être réputée accomplie, au
cas où elle ne peut avoir lieu parce que te fiduciaire est mort sans avoir accepté,
ou est mort avant le disposant : Marcianus, D., 29, 1, De test, mil., 14. Justinien,
C, C, 40, Ad S. C. Trebell., 7, 1 b. 1
c.
1. Gaius, 2, 254. 257. Ulpien, 25, 14.
2. Gaius, 2, 237. Cf. en
sens contraire, Paul, Sent., 4, 3, 2.
3. Gaius, 2, 233. Ulpien, 25, 14.
4. Gaius, 2, 238. Ulpien, 25, 16.
3, Inst., h. t., 7.
b. Ainsi, même sous Justinien, l'institution d'héritier ne peut être faite
que
«ans un testament, le fidéicommis peut l'être dans des codicilles; l'institution
d héritier
ne peut être faite que sous certaines modalités, le fidéicommis peut l'être
sous toutes celles
: que comportent les legs ; le droit de l'héritier n'est en règle
Iransmissible qu'à partir de
son acceptation, tandis que le fidéicommis universel
ason dies cedil au jour de l'ouverture de la succession. Ainsi, à l'inverse, l'hé-
"lier institué n'est sujet à réduction
que de la part des légitimaires et a droit à la
luarte en face des gratifiés à titre particulier, tandis
que le fidéicommissaire n'a
Pas droit à la quarte
et est soumis à celle du fiduciaire.
VI. — DONATIONS ET DISPOSITIONS EN VUE DU MARIAGE
CHAPITRE I. — DONATIONS.
au profit d'une autre qui s'en enrichit. Elle a pour éléments essentiels
l'appauvrissement du donateur, l'enrichissement du donataire et l'inten-
tion de libéralité (animas donandi) 3, auxquels certains interprètes ajou-
tent même l'acceptation du donataire *. Mais, à ces conditions, elle cons-
titue une donation, par rquelque procédé qu'elle se réalise. Elle peut
indifféremment être faite par une translation de propriété, paruneeons-
1. La loi Cincia de donis el muneribus ainsi que l'appelle Cicéron, De or., 2,71,
286. De senecl., 4, 10, a été proposée par le tribun M. Cincius Alimentus, d'après
le premier texte, et sous le consulat de Tuditanus et de Cethegus, d'après le se-
cond. Le système qui en résultait est surtout connu depuis la découverte des
F. V., qui ont ajouté toute une série de renseignements précis et circonstanciés
aux quelques informations fournies par d'autres sources el par les textes inter-
polés du Digeste.
2. V. la citation de la loi faite par Paul, F. V., 298.
3. Une liste peut-être incomplète (cf. Paul, Sent., 3, 11, 6) est donnée F. I'.,
298-309. Elle comprend notamment : les cognats jusqu'au 5° degré et au 0e le su-
brinus et la sobrina ; ceux qui les ont en puissance ou sont sous leur puissance;
les fiancés ; les époux ; les pupilles ; le patron ; les cognâtes à un degré quel-
conque à qui on fait une donation à titre de constitution de dot, etc.
4. La loi est étrangère aux donations qui n'excèdent pas son taux d'après Ul-
pien, Reg., 1, qui indique son application comme ayant lieu si plus donatiim est
et d'après les textes sur les personae exceptae qui disent non pas qu'il est permis
de leur donner, mais qu'il est permis de leur donner in infinilum (Paul, Sent.i
5, 11, G. F. V., 304). Les derniers textes prouvent en même temps que la loi es
étrangère aux donations faites aux personae exceptae.
5. Ulpien, Reg., 1, où le texte est mutilé, mais se rapporte nécessairement a la
loi Cincia, d'après les mots conservés. Le même auteur, Reg., 2, cite comme
exemple de lex minus quam perfecla la loi Furia leslamenlaria (p. 917, n. -h
Comme loges perfeclae, on peut citer par exemple la loi Falcidia de 714 (p- •>' <
la loi Cornelia de adpromissoribus (p. 751, n. 9), et la loi Furia de sponsu p°ur
chef relatif à la libération des cautions par deux ans (p. 762, n. 1). Cf. F. Senn,
Leges perfectae, imperfeclae, minus quam per/eclae, Thèse Paris, 1902.
DONATIONS. — LOI CINCIA 935
par une conjecture plus simple de Huschke suivie par Lenel, Ed., 2, p. 202, n. 10,
par l'extension aux pérégrins et aux Latins de cette loi faite pour les citoyens.
1. Papinien, F. V.. 259. M. Karlowa, R. R. G.,2, p. 587, considère celte règle
comme remontant à la loi elle-même. Cependant la façon dont elle est invoquée
par une réplique de dol opposée à l'exception de l'héritier, quand le donateur na
(Dioclétien),
pas changé de sentiment, F. V., 259 .Papinien). 266 (Ulpien). 312
porte plutôt à y voir une atténuation admise après coup.
2. Ulpien, F. V., 266, nous apprend que cette solution soutenue par les Procu-
liens avait été combattue par les Sabiniens ; mais elle est déjà adoptée par le
Saliinien Javolenus, D., h. t., 24.
3. Paul, F. V., 311, rapproché de 310 et, pour l'obligation, Javolenus, D., h. ':.
24. Le donateur de meubles peut les reprendre pendant six mois par l'interui
utrubi où triomphe celui qui a possédé le plus longtemps dans l'année. Ce moy
peut aussi appartenir à celui qui a exécuté par le paiement d'objets mobiliers une
donation faite par formation d'obligation.
4. V. pour Vexcepiio pacti et la réplique de la loi Cincia, Papinien, D., -"< . •
île tradition de res mancipi, le jeu d'exception et de réplique résulte des prin-
cipes.
i. Ici encore le jeu d'exception, de réplique et de duplique résulte des princi-
pes; au cas de décès du donateur, la duplique de la loi Cincia pourrait même être
neutralisée par une triplique de dol.
2. Dioclétien, C, 8, 43 (44), De acceplil., 2. L'exception ne peut non plus
jamais servir à celui qui a fait une donation en payant la dette d'autrui, ou en se
portant débiteur à sa place, ou en lui cédant sa créance par voie de novation ou
île litis conleslalio.
3. Ulpien, F. V., 266, donne une condiclio à celui qui a exécuté une donation
vitra modum faite par voie de promesse, mais, semble-t-il, en qualité de condic-
lio indebili et
par conséquent en supposant un paiement par erreur. En revanche
ileux autres textes donnent positivement,
sans rien supposer de pareil, une con-
iklio au donateur qui ne peut avoir d'exception : au cas où le donateur s'est
porté, par une novation, débiteur à la place du donataire, un texte de Paul, D.,
Wi 4, De
exe. doli. 5, 5, donne au donateur contre le donataire une condiclio-
pour se faire libérer ou rembourser ; au cas où le donateur a, par voie de nova-
lion, cédé
sa créance contre un tiers au donataire, un texte de Celse, D., 38, 5.
De don., 21,1 (Lenel, 237), donne également
au donateur contre le donataire
une condiclio, que, pour meltre le texte d'accord avec le système de l'insinuation,
'es compilateurs
ont simplement compliquée d'une action en paiement de l'ex-
citent contre le débiteur qui n'a payé. On pourrait encore admettre
'existence d'une pareille condiclio,
pas encore
par ex. au cas de paiement pour autrui, où
'a situation est identique
et où l'absence de textes pourrait s'expliquer par la ra-
i
rctc des témoignages, peut-être à l extrême rigueur,
au cas d'acceptilation où la
c»nst. de Dioclétien,
n. 2, pourrait avoir été remaniée. Mais il nous paraît im-
possible que la condiclio ait existé, à l'époque formulaire, une fois l'exception
"ors de cause,
au profit de tous ceux qui étaient auparavant protégés par l'ex-
ception; car alors la donation deviendrait jamais parfaite que par la mort du.
'lonatem-
ne
938 LIVRE III. — VI. — CHAPITRE I
lem valere si actis inserta non essel. On discute si la décision de Constance Chlore
s'appliquait seulement aux donations entre personae non exceptae ou à toutes. En
tout cas, l'insinuation fut exigée pour toutes par son fils Constantin qui prescri-
vit en outre d'autres formalités qui ont été supprimées ensuite plus ou moins vile:
la rédaction d'un écrit circonstancié, la tradition do la chose donnée en présence
de témoins pris dans le voisinage (traditio advocala vicinilale), etc. C. Th.,*,
:
12, De don., 1 ; 3 ; F. V., 249. Cf. sur les variations postérieures. H. Pernice,
pp. 9-10. V. aussi sur l'absence d'insinuation dans l'inscription de Préneslc du
IV" siècle, N. R. IL, 1904, pp. 265-266, les interprétations différentes de MU. Cuip
N. R. IL, pp. 267-268 et Mitteis, Z. S. St., 25, 1904, p. 377.
6. Le but d'assurer la preuve élait déjà celui pour lequel la pratique recourait
à l'insinuation avant qu'elle fût obligatoire ; l'idée d'une publicité requise dans
l'intérêt des tiers résulte nettement d'une prescription de Constantin, £. T'A., N
12, De don., 3, selon laquelle l'insinuation doit avoir lieu non pas devant une
autorité quelconque, mais devant celle du lieu de la chose. Quant à la protection
du donateur contre ses entraînements irréfléchis, l'insinualion aurait fait <l°u',le
emploi, pour les donations soumises à la loi Cincia, avec cette loi encore en li-
gueur (v. par ex. Constantin, C. Th., S, 12, De don., 4) el pour les autres avec les
formalités prescrites par Constantin.
DONATIONS. — PERSONNES 939
certain chiffre, fixé finalement à 500 sous d'or ', elle a, peut-on dire,
remplacé pour elles le système de la loi Cincia tombé en désuétude 2, tout,
en en demeurant séparée par certaines différences, d'abord vraisembla-
blement par le taux, ensuite et surtout par la sanction qui est à la fois
plus énergique et mieux pondérée, qui est la nullité de l'acte, mais seule-
ment pour la portion excédant le taux légal 3.
1. La dispense de l'insinuation avait été portée pour les donations ante nup-
tias, n'excédant pas 200 sous d'or par Théodose II et Valentinien III, C. Th., 3, 5,
Despons., 13 ; Justinien l'étendit à toutes les donations en élevant le taux de la
dispense d'abord à 300 sous d'or : C, 8 53 |54), De don., 34, pr., puis à 500 : C,
li. t., 36, 3 ; il dispensa en outre de l'insinuation certaines donations, quel qu'en
fût letaux (donations en vue du mariage ou de constitution de dot, pour le ra-
chat des captifs, pour la reconstruction d'une maison détruite, etc.).
2. Xov. 162, cl.
3. C, h. t., 34, 1. 2. Au cas de translation de propriété, il y a indivision.
4. Il ne serait pas impossible d'en trouver d'autres, par ex. une loi Publicia
citée par Macrobe, Sat., I, 7, 33, défendant
aux affranchis de donner à leurs pa-
trons autre chose que des flambeaux de cire (cerei), par ex., surtout la loi Calpur-
nia de repelundis de l'an 605, suivie
par tant d'autres lois sur les repelundae, qui
détendit aux magistrats de recevoir des libéralités de leurs administrés (pecunias
npere: Marcien,' Ù., 48, 11, Ad leg. Jul. de repet., 1, pr. Cicéron, De leg., 3.
2C, -16. In Yen:,
2, 3, 30, 71. c. 40, 91. c. 94, 218 et les autres textes cités par
Mommsen, Slra/rechl,
p. 714, n. 1) et permit en conséquence aux donateurs
d'eu demander la restitution (pecunias
repetere : Auct. ad lier., I, 11, 20. Cicé-
">n, Dio. in Caec, 5, 18, et les renvois de Mommsen, Slrafrechl, p. 714, n. 2).
Mais la loi Publicia
n'aurait une importance que si elle était antérieure ù la loi
cincia len ce
sens, Cuq, Inst., 1, p. 191, n. 4): or, le contraire nous paraît ré-
sulter de
ce que les patrons sont encore des personae exceptae (p. 934, n. 3). La
'°i Calpurnia est
au contraire dans un lien très étroit et très justement remar-
que par Mommsen
avec la loi Cincia dont elle étend les principes et elle ap-
P'iuuc la sanction première. Mais, si elle est
par son principe une loi civile, elle
appartient par
sa sphère d'application au droit public et par te développement
°ul elle a été le point de départ
au droit criminel. V. sur le crimen pecuniarum
repelundarum l'exposé magistral de Mommsen. Slrafrechl,
pp. 705-732.
'•Tacite, Ann., 11, 5. 13, 42. 15, 20. Tite-Live, 34, 4. Cf. Mommsen, Slrafrechl,
PP. 103-700. On
pourrait conclure avec M. Karlowa, R. R. G., 2, p. 586, de Tacite,
"•> 13, 42 : Poenaque Cinciae legis adversum
eos qui pretio causas oravissent,
Jeta loi était pour ce chef une lex minus quam perfecta, portant une peine
ne celui qui aurait reçu la rémunération. Mais Tacite peut parler simplement
e'innovation d'Auguste,
p. 940, n. 1, et la sanction primitive avoir été, comme
940 LIVRE III. — VI. — CHAPITRE I
pour l'autre chef de la loi, une action en répétition au simple. Cela fournit même
une ressemblance de plus avec la matière des repelundae où le montant de la
restitution fut élevé au double par la loi Acilia de 631-632, ligne 59 (Textes,
P- 41>-
1. Notamment par Auguste qui, d'après Dion Cassius, 54, 18, fit voter en m
un sénatus-consulte établissant contre l'avocat contrevenant une action en ré-
pétition au quadruple.
2. V. sur ce taux fixé sous Claude (Tacite, Ami., 11, 7) à 10.000 sesterces
(2.700 fr.) et sur d'autres détails, De Ruggiero, Dizionario epigrafico, 1, 1891,
pp. 120-121.
3. D., 24, 1, De donationïbus inter virum et uxorem. Cf. Gradenwitz, Ungm-
tigkeil obligatorischer Rechlsgeschafte, 1887, pp. 191-256. La prohibition a été
introduite après la loi Cincia, qui fait encore figurer les époux parmi les perso-
nae exceptae, par la coutume, moribus, d'après Ulpien, D., h. t., 1, à cause des
entraînements qui résultent d une affection réciproque, dit Ulpien, et aussi olm
d'empêcher un époux menaçant d'un divorce de se faire acheter la paix du nie-
nage à prix d'argent, ajoute Africain chez Paul, D., h. t., 2.
4. Ulpien, D., h. t., 3, 10. Au cas de translation de propriété, par ex., le do-
nateur a la revendication, tant que la chose existe encore et, après sa dispari-
tion, une condiclio : Ulpien, D., h. t., 5, 18.
5. Concubins: Ulpien, D., h. t., 3, 1 ; fiancés: Modestin, D., h. t., 27. Dona-
tion à cause de mort : Gaius, D., h. t., 10 ; divortii causa : Ulpien, D-, h. '. '
UONATIONS. — EFFETS. — RÉVOCATION 9il
Enfin le conjoint qui était resté dans les mêmes .sentiments pouvait
valider la libéralité prohibée en en léguant l'objet à son conjoint '. C'est
même en partant de là 2 qu'un sénatus-consulte rendu en l'an 200 sur la
proposition de Caracalla (oratio Antonini) a, non pas, à la vérité, sup-
primé la nullité des donations entre époux, mais décidé qu'elles de-
viendraient valables (convalescenlia) si le conjoint donateur mourait
dans le mariage sans avoir changé de volonté 3.
11 ; exilii causa : Paul, D., h. t., 43; honoris causa : Gaius, D., h. t., 42. Pré-
sents d'usage : Pomponius, D., h. t., 31, 8. — En revanche le champ d'applica-
tion de la règle est fort élargi par la praesumplio Muciana due à 0. Mucius
Scaevola, en verlu de laquelle toutes les acquisitions faites par la femme sont
réputées sauf preuve contraire lui venir du mari (D., h. t., 51).
1. Cf. D., 32, De leg., III, 33, 1 ; D., 34, 2, De aur. argent., 13, ctEsmein, Mé-
langes, pp. 49 54.
2. Cf. Ulpien, D., h. t., 32, 1 : Quasi testamento sit confirmation quoa'donation est.
3. Ulpien, D., h. t., 32, pr. 1. 2. La donation restera nulle s'il y a prédécès du do-
nataire, repentir du donateur ou divorce; mais elle deviendra valable, si aucun de
ces événements ne se produit. C'est l'inverse du système du C. civ., art. 1090, où
la donation entre époux est valable, mais révocable.
4. C'est ainsi qu'on ne fait, croyons-nous, qu'appliquer le droit commun en ma-
tière de garantie d'éviction et de donation sous un terme résolutoire. 1. Au cas
d'éviction, le donateur qui a fait une donation par voie de tradition, d'ire jure
cessio ou de mancipalion nummo uno n'est pas tenu à garantie parce que ces actes
n'obligent pas à garantie (0.,39, 5, De don., 18, 3), celui qui s'est engagé à ga-
rantie par contrat verbal y est tenu en vertu de son contrat (C, 8,44(45), De
«i1., 2; sur Paul, Sent., 5, 11, 5, cf. Karlowa, R. R. G., 2, p. 590), celui qui a
donné la chose d'autrui en paiement d'une donation de genre faite par contrat ver-
bal est tenu de l'action de son contrat comme n'ayant pas payé iD., 30, De leg.,
',4â, t; 46) et celui qui a commis un dol est tenu de l'action de dol (D., h. t.,
— 2. Au cas de donation sous un terme extinctif, la propriété revient sous
18, 3).
Justinien de plein droit à l'aliénateur à l'arrivée du terme, comme elle fait au cas
de vente
sous condition résolutoire (p. 722, n. 2), et de legs sous terme résolutoire
(p. 912,
n. 4), d'après le témoignage de Justinien, C, 6, 37, De leg., 26 et d'après
la version donnée C, 8, 54 (55), De don.
quae sub mat., 2, de la const. de Dio-
clélien. qui, dans
sa forme première rapportée aux /.'. V., 283, déclarait en pareil
cas l'aliénalion nulle : l'identité des deux constitutions nous paraît, avons-nous
'''I, p. 333,
n. 2, mise hors de doute par l'identité de leur date, de leur destinataire
etjle leur première phase.
•>• Ce bénéfice, qui lui est concédé avec une largeur spéciale, lui permet de ne
942 LIVRE III. — VI. — CHAPITRE I
matière de donations des causes de révocation qui ne pourraient pas en
général intervenir pour les mêmes actes faits à titre onéreux.
Les donations sont révocables en vertu du droit commun et non de
règles spéciales pour cause d'inexécution des charges. Si la donation
est une donation avec charges (donatio sub modo), on a admis, non
sans quelque hésitation i, qu'en dehors de l'action directe en exécution
de la charge accordée au donateur ou même au tiers bénéficiaire 2, le
donateur aurait, faute d'exécution, comme un aliénateur à titre onéreux,
le droit de réclamer ce qu'il avait fourni sans cause, par une condiclio 3,
à laquelle le droit récent a même juxtaposé, tout au moins pour le cas
de donation avec charge d'aliments, une action réelle utile''. Mais, de
plus, les donations faites par les patrons à leurs affranchis sont, en
droit classique, révocables au gré du donateur ". Et ce cas de révocation
n'a disparu par la suite qu'en donnant naissance à deux causes de ré-
vocation nouvelles également propres aux donations ; car le droit
postclassique, en abolissant le droit de révocation général des patrons,
l'a maintenu, comme droit d'ailleurs intransmissible activement et pas-
sivement (in 1er primas personas c), d'un côté pour le cas de survenance
d'enfant au donateur, où il reste restreint aux donations faites par le
patron à l'affranchi ', d'autre part pour celui d'ingratitude du donataire
où il est étendu à toutes les donations 8.
payer la somme promise que sur son actif net et en retenant ce qui est nécessaire
à sa subsistance (Paul, D., 42, 1,'Dere jud., 19, 1).
1. Cf. sur ces hésitations tirées de la conception de la donation comme un acte
indivisible, A. Pernice, Labeo, 3, p. 196 et ss.
2. L'action en exécution ne pouvait d'abord exister qu'en vertu d'une stipula-
tion expresse du bénéficiaire. Plus tard on admit en dehors de là une action prae-
scriplis verbis pour la charge convenue au profit du donateur (p. 594, n. 7)cl
même, pour la charge convenue au profit du tiers, une action ex stipulatu ulileau
profit de ce dernier (p. 449, n. 1).
3. C, 4, 6, De cond. ob caus., 3 (Valérien) ; 8 (Dioclétien).
4. Valérien, C, 8, 54 (55), De don. quae sub mod., 1. Cette constitution, per-
mettant cVimpetrare une vindicationem utilem, qua dominium pristinum restituais
qui est un des exemples les plus nets des vindicaliones utiles signalées p. 34o,
n. 3, est entendue par la plupart des romanistes étrangers seulement du cas de
charge d'alimenls qu'elle vise. On en généralise ordinairement la solution chez
nous en y voyant une application du retour de la propriété par l'événement de la
condilion résolutoire, auquel elle peut être rapportée sous Justinien, mais non pas
certainement dans sa forme première.
5. Philippe, F. V., 272 (cf. Dioclétien, F. V., 313). On peut conjecturer avec assez
de vraisemblance qu'il en était de même anciennement des donations faites aux
émancipés par le parens manumissor.
6. C'est dit pour l'ingratitude, C, 8,55 (56), De rev. don., 10, 2, et c'est sans
doute également vrai de la survenance d'enfant.
7. Constance et Constant, C, h. t., 8 = C. Th., 8, 13, Derev. don-, 3.
8. La révocation ne peut avoir lieu pour l'alfranchi lui-même que si ingratts
sil, dit la version dernière de la constitution de Philippe, n. 5, donnée C, »• '>
1, et il y eut peut-être dès auparavant une disposition du même genre pour le--
donations de l'émancipateur à l'émancipé (C. Th., 8, 13, De rev. don., 2). W°IS'
DONATIONS. — DDNATIONS A CAUSE DE MORT 943-
en dépit d'un texte de Papinien, D., h. t., 31, 1, dont l'interpolation est prou-
vée par F. V., 254, cette cause de révocation ne fut étendue à toutes les dona-
tions que par Justinien qui en détermine les motifs, C, h. t., 10 (où il indique
à lorl l'inexécution des charges, invocable même par l'héritier, p. 942, n. 3).
1. D., 39,6, De mortis causa donaiionibus. Inst., 2, 7, De douai., 1. Cf. Glas-
son, Elude sur les donations à cause de mort, 1870.
2. Elles sont appelées du premier nom, en les considérant du côté du donateur
et du second, en les considérant de celui du donataire, conformément à la termi-
nologie déjà employée par la loi Cincia p. 934, n. 2. Mais elles forment aussi, en
un autre sens, un groupe à part au milieu des mortis causa capiones, qui sont,
dans la langue des jurisconsultes, toutes les acquisitions qui sont faites par suite
de la mort d'une personne, soit des biens du défunt, soit de ceux d'un tiers et
qui ne rentrent ni dans les hérédités, ni dans les fidéicommis. Cf. Gaius, D., h.
I., 31, sur la définition générale et Marcellus, D., h. t., 38, sur l'opposition des
donations à cause de mort et des autres mortis causa capiones.
3. On dit en conséquence que le donateur se préfère au donataire et préfère le
donataire à son héritier: Inst., h. t., 1 ; Paul, D., h. t., 35, 2. Prédécès (et non
'pas simple absence de survie) du donataire : D., h. t., 32 ; 26. Révocabilité : D., h.
16; 30. On dit souvent aujourd'hui que le donateur peut renoncer au droit de
'évocation sans faire de la donation une donation entre vifs (D., h. t., 13, 1 ;
33, 4) mais pourtant la doctrine traditionnelle contraire invoque aussi des textes
;
$., h. t., 42, 1 ; 16, 30) et surtout les règles mêmes de la libéralité (auto-
: p. 940, n. 5; soustraction à l'insinuation : p. 944, n. 1 ;
risation entre époux
subordination à la solvabilité de la succession : n. 4). Cf. Labbé sur Ortolan, 2,
PP- 734-730.
4; Leslois Furia et Voconia traitent les mortis causa capiones comme les legs
(feins, 2, 225.226) et la loi Falcidia, qui, portant
sur Vheredilas, leur était d'abord
étrangère, leur fut étendue
par Sévère, nous dit Gordien, C, 8, 56 (57), De m. c.
"•i -i 2. Un sénatus-consulte a appliqué les lois caducaires au droit de les re-
944 LIVRE III. — VI. — CHAPITRE I
sentiment de son père (D., h. t., 25, 1). Enfin, en vertu de leurs formes même--,
elles peuvent produire effet du vivant du disposant (p. 945, n. 1), tandis que le-
legs ne le font jamais avant sa mort. D'autres différences sont controversées.
4. Ulpien, D., h. t., 2, in fine; 29. Marcellus, D., 40, 1, De manum., 15, >» f""'
5. Insl., h. t., 1. Ulpien citant Julien, D., h. t., 2, in fine.
DONATIONS. — DONATIONS A CAUSE DE MORT 915
elle devra être tenue pour non avenue au cas de prédécôs du donataire
ou de changement
d'avis du donateur '.
2. Caducité de la donation. Quand la donation a été faite sous une
condition suspensive, les conséquences de la révocation ou du prédécès
du donataire sont très facifes à tirer. L'acte n'aurait produit d'effet que
si la condition s'était réalisée. Elle a fait défaut. Il n'en a jamais produit,
ba propriété n'a jamais été transférée, la créance n'est jamais née, la
dette n'a jamais été éteinte 2.
Au contraire, quand la donation a été faite sous une condition résolu-
toire, il y a eu un déplacement de propriété, une formation d'obligation,
une extinction d'obligation dont il s'agit d'anéantir les effets. Le dona-
teur a, pour demander epu'on lui retransfère la propriété, qu'on lui fasse
acceptilation de t'obligation qu'il avait contractée, qu'on reconstitue à son
profit la créance qu'il avait éteinte, en dehors des actions spéciales qu'il
pourrait tenir par exemple d'un contrat verbal exprès ou d'une conven-
tion de fiducie valable 3, une condiclio cpii n'est que l'application du droit
commun et en face de laquelle il est môme surprenant de trouver des
indices d'hésitation *.
Mais il faut se demander en outre, pour le cas de donation réalisée
par voie de translation de propriété, si on n'est pas arrivé à faire obte-
nir au donateur les avantages d'une action réelle, par exemple en disant
que la propriété lui est revenue de plein droit à l'événement de la con-
dition. Ici, comme en matière de vente sous condition résolutoire, la con-
cession d'une action réelle à l'aliénateur ne nous paraît pas douteuse,
pour le temps de Justinien 5 ; mais, en dépit de textes dont la plupart
sont manifestement interpolés et dont le moins suspect ne fait que pro-
poser une solution sans en attester le triomphe, nous ne croyons pas
qu'elle fût admise en droit classicpie c.
retour de la propriété de plein droit était déjà admis en droit classique, au moins
en cas de tradition, par une doctrine assise, d'après l'un (p. 720, n. 2), par une
doctrine isolée de Marcellus et d'Ulpien, d'après l'autre (p. 721, n. 1). Il faut en
outre signaler sur notre point deux autres systèmes plus récents. M. Applelon admet
en partant d'une idée générale déjà indiquée p. 349, n. 4, que l'aliénateur garde
ici, malgré l'aliénation, une action Publicienne qui sera bien repoussée par
une exception jusli dominii, s'il l'intente avant la révocation, ou même s'il l'in-
tente après contre des tiers (qui par conséquent ne donnerait pas de droit de
suite), mais où il paralysera l'exception jusli dominii par une réplique de dol
s'il l'intente contre le donataire ou ses héritiers après l'événement de la con-
dition résolutoire. D'après MM. H. Krueger, Z. S. St., 12, 1891, p. 171 et Jîr-
man, Z. S. St., 13, 1892, pp. 219-221, ce serait une vindicatio ulilis accordée par
le magistrat par décret qu'aurait le donaleur. — Dans les textes, Ulpien, D.,h.l.,
37, 1, cite Julien comme disant que le donateur aura la condiclio pretii si hoc do-
nator elegeril. Alioquin et ipsum servum restiluere compellitur ; le même Ulpien,
D., h. t., 30, dit que le donateur qui se repent condiclionem vel ulilem action»
habel; enfin. D., h. t., 29, après avoir sur la revendication donné les solutions
certaines résultant des principes au cas de donation sous condition suspensive,
il passe au cas de condition résolutoire et dit : Polest defendi in rem compeleri
donatori, si quid horum contigisset (si le donateur survit au danger), intérim au-
tem ci cui donatum est. Sed et si morte praeventus sit is cui donalum est, adhuc
quis dabil in rem donatori. L'interpolation du premier texte est prouvée parle
rapprochement de la solution pure de Julien, D., h. t., 19, in fine. Quant au
second, l'action utile dont il parle doit être une action réelle et il faudrait, à
notre avis, y voir une vindicatio ulilis plutôt qu'une action Publicienne que les
textes ne désignent pas de cette façon ; mais elle nous parait, comme à M. Pw-
nice, Labeo, 3, p. 267, n. 4, le produit d'une interpolation, en particulier en face
du langage beaucoup plus dubitatif du même Ulpien, D., h. t., 29. Reste donc
seulement ce fr. 29 où l'action réelle, que le rapprochement avec le début du
texte nous paraît prouver n'être pas la Publicienne, est indiquée seulement avec
les plus grandes réserves (potesl defendi... adhuc quis dabil). Ce peut être, a I»
rigueur, dans la pensée d'Ulpien, si toutefois le texte n'est pas interpolé (v. MaD;
caleoni, Conlribulo alla sloria délia R. V. ulilis, 1900, p. 23, n. 1) et malg'f
certaines difficultés de langage (cf. Erman, p. 221, n. 1 ; Mancaleoni, p. 26), une
vindicatio ulilis qu'il conseille au préteur d'accorder: c'est probablement, dans la
pensée des compilateurs, une action fondée sur la résolution de l'aliénation.
DISPOSITIONS EN FAVEUR DU MARIAGE. — DOT 947
a lieu dans une fin spéciale qui provoque de la part du législateur des
mesures de faveur et non de défiance.
SECTION I. — Dot.
§ 1. —
Système de l'ancien droit.
La dot existe déjà dans l'ancien droit romain, soit dans le mariage
sans manus, soit même dans le mariage avec manus. Dans le mariage
avec manus, si la femme est sui juins, c'est tout le patrimoine que le
mari acquiert par la conventio in manum, comme l'adrogeant acquiert
celui de l'adrogé par l'adrogation 3. Si elle est alieni juris, dépourvue
de biens propres, ce sont les biens qui peuvent lui être donnés en
vue de son mariage et des charges qu'il entraînera, en particulier par
son paterfamilias dont elle cesse d'être l'héritière par la conventio in
1. D., 23, 3, De jure dotium. Les deux principaux ouvrages d'ensemble sur la
dot sont ceux de Bechmann, Das romische Dolalrechl, 2 vol., 1863-1867, et de
Czyhlarz, Das romische Dotalrecht, 1870. V. en outre Gide, Condition de la femme,
2° éd.,
pp. 499-542. Karlowa, R. R. G., 2, 1, pp. 190-232. Esmein, N. R. IL,
1893, pp. 145-171. S. Solazzi, La restiluzione délia dote, 1899.
2. Cf. D., h. t., 76: Nisi matrimonii oneribus servial, dos nulla est. D., 49,17,
Oe caslr.
per,., 16, pr. : Dos... malrimonio cohaerens oneribus ejus ac liberis com-
Mimibus... conferlur.
3. Cicéron, Top., 4, 23
: Cum mulier viro
in manum convenil, omnia quae mu-
Heris juerunt, viri fiunt dotis nomine. Paul, F. V'., 115.
94S LIVRE III. — VI. — CHAPITRE II
manum et qui peut vouloir l'indemniser par une libéralité actuelle ; car
on ne peut lui en faire parvenir le profit sans qu'ils soient acquis à son
mari. Mais, dans un cas comme dans l'autre, ces biens acquis au
mari se confondent dans le patrimoine de celui-ci, comme les autres
acquisitions qu'il fait par ses personnes en puissance, comme ses autres
acquisitions individuelles, sans être soumis à un régime distinct, ni
pendant le mariage, ni après sa dissolution. Si le mariage se dissout
par la mort de la femme, la dot ne sera pas distraite du patrimoine du
mari pour aller par exemple aux membres de l'ancienne famille de la
femme : elle restera à son propriétaire, au mari, qui d'ailleurs a toujours
les charges du mariage, duquel seul elle peut passer par succession aux
enfants du mariage. Si le mariage se dissout par le prédécès du mari, la,
femme, étant loco filiae, héritera, de ces biens comme de tous les autres
on concours avec les descendants.
Dans le mariage sans manus, ce qu'a la femme, ce dont on veut la
gratifier n'est plus nécessairement acquis au mari. Restant dans une
famille distincte, elle garde ses biens propres, si elle ena 1. Mais en vue
des charges du mariage, en vue des enfants, il arrivera régulièrement
que l'on imitera artificiellement ce qui résultait nécessairement de la
manus 2 ; que, comme dans le mariage avec manus, des biens seront
remis en dot au mari, par exemple par le paterfamilias de la femme,
si elle est alieni juris, par elle-même, si elle est sui juris, par des tiers,
qu'elle soit alieni juris ou sui juris. Cette dot, appelée profeclice, quand
elle vient de l'ascendant paternel (a pâtre profecta), adventice, quand
elle vient de la femme elle-même ou de toute autre personne (aliunde
quam ex re palris) 3, pourra être constituée par tous les procédés par
lesquels pourrait être faite une donation *, par transfert de propriété
1. On peut donc à partir de là opposer les biens propres de la femme sui juris,
les -up&'fepvx (D.,23, 'i,De pacl. dol., 9, 3), les res extra dolem conslilulae (D., 35,
2, Ad l. Falc, 95, pr.) à la Swç, aux res dotales.
2. L'imitation de l'acquisition par le mari qui se produisait inévitablement au
cas de mariage avec manus est, à notre sens, avons-nous déjà dit, p. 163, la clef
du système postérieur de constitution de dot. Nous croyons donc tout à fait con-
traire à la vérité historique en môme temps qu'aux témoignages cités, p. 947, n.3,
la doctrine répandue qui considère la dot comme née seulement avec le mariage
sans manus (Bcchmann, p. 102 et ss.) ou tout au moins comme existant seule-
ment au cas de conventio in manum d'une fille en puissance (Gide, pp. 505-308).
3. Ulpien, Reg. 0, 3. Logiquement, on ne devrait considérer comme profeclice
,
que la dot constituée par un paterfamilias a une personne en puissance. Mais le
droit romain la lient pour telle dès lors qu'elle est constituée par l'ascendant pater-
nel mâle, même par ex. quand la fille est émancipée (Ulpien, D., h. /.,5, !')
4. La formule dos datur dicilur aut promillilur (p. 492, n. 6) vise seulement
les modes les plus habituels, parmi lesquels on peut d'ailleurs remarquer que la
iliclio dotis elle-même est, suivant les cas, en position de réaliser une cession de
créance (Ulpien, Reg., 6, 2) ou une remise- de dette (v. les textes cités, p. $
DISPOSITIONS EN FAVEUR DU MARIAGE. — DOT 949
n. 9). Constitution de dot par acceptilation : D., h. t., 43, pr. 1 ; par extinction
d'usufruit : D., h. t., 78, pr. par cession de créance : C, 4, 10, De 0. et A., 2
;
(P- 732, n. 3).
1. C'est le cas normal mais la dot peut, à Rome, être constituée ou augmen-
;
tée pendant le mariage Paul, F. V., 110 Sent., 2, 21 b, 1.
: ;
2. La condition pourrait ici
comme en matière de donation à cause de mort
intervenir à litre de condition suspensive ou résolutoire. Pour la constitution par
dation, on admet sauf contraire que la propriété a été transférée immédia-
tement et qu'au
preuve
cas d'événement de la condition résolutoire le constituant pourra
demander la restitution condiclio (Callistrate, D., h. t., 8). Au contraire
par une
'a promesse et l'aceeptilation faites dotis
causa sont réputées faites sous la condi-
llon suspensive tacite si nuptiae
sequuntur (Ulpien, D., h. t., 21 ; 43).
3- Elle
a pu aussi avoir depuis des règles propres. Cf. p. 953, n. 3.
*• Cf. sur cet usage, Esmein, Mélanges, p. 43 et ss.
•5. C'est
ce qu'exprime la formule répétée par Paul, D., h. t., 1, à une époque où
950 LIVRE III. — VI. — CHAPITRE II
§ a. —
Système classique.— Promesse de restitution.— Action rei uxoriae.
Le système primitif tiré du jeu même des règles du droit s'est révélé
comme imparfait, seulement par l'intervention de circonstances nou-
velles, en face de l'accroissement d'importance d'un mode de dissolution
du mariage, qu'à cause de sa rareté première nous avons pu négliger
dans l'exposition du régime ancien, à la suite de la multiplication des
divorces. Le divorce a toujours été permis par la loi romaine et il y a
sans doute toujours eu des divorces à Rome ; mais ils étaient ancienne-
ment trop peu nombreux pour exercer une influence sur les règles pécu-
niaires du mariage 2. Au contraire ils devinrent plus fréquents à partir
d'un moment que les Romains font concorder avec celui du divorce célè-
bre de Sp. Carvilius Ruga, à partir du commencement du VIe siècle 3.
Les femmes rendues libres par divorce à l'âge normal du mariage sont
devenues assez nombreuses pour qu'on s'occupât de leur faciliter un
second mariage et on a eu l'idée de leur procurer les ressources néces-
saires pour cela précisément en leur permettant de réclamer la dot qui
les avait mises à même de contracter le premier.
Comme il arrive presque toujours, l'innovation a d'abord été faite par
la pratique, par l'ingéniosité des intéressés 4. Pour astreindre le mari
crui acquiert la dot lors du mariage à la rendre à sa dissolution, on a
greffé sur son acquisition une obligation contractuelle. On lui a fait, au
moment où il recevait la dot, contracter l'obligation de la restituer par un
contrat verbal, par la caulio rei uxoriae. Il existe des dissentiments sur
la rédaction de cette cautio : on suppose souvent qu'elle a eu d'abord
pour objet une portion indéterminée de la dot laissée à l'appréciationdu
juge 5 ; à notre sens, elle devait avoir plutôt un objet certain, la dot
elle n'est plus parfaitement vraie : Dotis causa perpétua est et cum volo ejiis f/i"
dat ila conlrahilur ut semper apud marilum sit. Cf. Gide, p. 502.
1. Aulu-Gelle, 4, 3, 1 : Memoriae tradilum est, quingeniis fere annis posl Romani
condilam nullas rei uxoriae neque acliones neque cauliones in urbe Roma aut m
Latio fuisse.
2. Il pouvait arriver seulement alors que le mari, qui devait, avant de répudier
la femme, consulter un conseil d'amis (Val. Max., 2, 9, 2), décidât aussi, suivant
l'avis de ce conseil, s'il devait garder sa dot ou lui en restituer tout ou partie,
c'est à ce judicium domesticum que se rapportent, croyons-nous, les paroles
Caton, chez Aulu-Gelle, 10, 23, 4.
3. Servius Sulpicius, De dolibus, cité par Aulu-Gelle, 4, 3, 2. Cf. p. 160, n. ».,
4. Servius Sulpicius, loc. cil.
5. Cette opinion répandue s'appuie principalement sur un témoignage de Boec ,
In Top., 6, 17, 65, où il représente la promesse comme faite, dans des termes q
rappellent beaucoup la formule de l'action rei uxoriae, pour une portion équi a-^
ble de la dot si le mariage est dissous par divorce. Mais elle se heurte à des obje
DISPOSITIONS EN FAVEUR DU MARIAGE. — DOT 951
lions sérieuses formulées par M. Esmein, p. 147 et ss. D'abord, elle est peu con-
forme aux habitudes de l'ancien droit, où les contrats ont plutôt pour caractère
de faire naitre une obligation précise ayant un objet certain, de préférence un
objet en argent. Elle force ensuite à admettre qu'après la stipulation la plus an-
cienne produisant une créance à peu près identique à la créance née de l'action
ra' uxoriae, on aurait inventé une seconde stipulation de restitution seule connue
en droit classique qui est très différente. 11 est plutôt à croire que, dans sa des-
cription de l'ancienne caulio rei uxoriae, l'auteur copié par Boèce a simplement
décalqué l'action rei uxoriae par suite d'une conjecture fausse et que le contrat
verbal de restitution a été dès le principe celui plus rigoureux, plus correct, plus
.
nous, avoir été créée qu'après la loi Aebutia 1. Elle a été établie après
cette loi par le préteur pour permettre à la femme divorcée de demander
au mari coupable, à titre de peine, une partie des biens dotaux arbitrée
par le juge 3 ; puis elle a été étendue, dès avant la fin de la République ',
peut-être par l'édit, peut-être par une loi 4, au cas de prédécès du mari,
où l'idée de la peine disparaît. Et elle a subsisté, sous cette forme, à côté
de l'action ex stipulatu, dans tout le développement postérieur.
Dans le nouveau régime introduit par la création de ces deux actions,
le mari reste à Rome, à la différence de ce qui existait ailleurs 3, pro-
priétaire des biens dotaux. Mais, à côté de son droit présent et sûr, il
est né un droit éventuel, plus incertain, de la femme ° : le mari est sujet à
restitution. Le système qui se résumait auparavant dans l'acquisition de
la dot par le mari, dans la constitution de dot, a désormais deux termes:
la constitution et la restitution. En conséquence, on a pu se demander
si, pour mieux assurer la restitution après le mariage, il ne convenait
uxoriae la rédaction rapportée par Boèce, on considère souvent l'action rei uxoriae
comme née de cette caution sous entendue. Une autre doctrine considère l'action
comme ayant été introduite pas l'interprétation doctrinale à l'imitation de ce que
faisait antérieurement le mari lui-même dans le judicium domesticum (p. 950, n.2).
V. les renvois dans Esmein, pp. 146-171.
1. M. Esmein, p. 165 et ss., a été amené à supposer le contraire en face de té-
moignages où la dot est déjà représentée comme due par les héritiers du mari a
!a fin du VIe siècle et au début du VU" : parles héritiers de Paul Emile en 594
(Polybe, 18, 18, 6. 32, 8,4; Diodore, 31, 26; Plutarque, Vila, 4,5, etc.), par ceux
de C. Gracchus en 633 (D., 24, 3, Sol. matr., 66, pr. ; cf. Plutarque, Vila, 17,4).
Hais aucune raison décisive ne force, à notre sens, à admettre que ces textes SE
rapportent à l'action rei uxoriae plutôt qu'à la cuutio rei uxoriae ou, pour le pre-
mier, au legatum dotis. Dans un autre texte, D., 24, 3, Sol. matr., 44, pr., la
mention de Caton après Nerva est, comme le remarque M. Esmein. probablement
une corruption. On pourrait plutôt nous objecter une autre citation de Caton, Aulu-
Gelle, 10, 23, 3 ; mais le judex dont elle parle est, à notre sens, le mari lui-même
judex domesticus de la répudiation (p. 952, n. 2).
2. V., en faveur du caractère pénal originaire de l'action, les arguments ras-
semblés par I\J. Esmein, p. 161 et ss.
3. L'action donnée, au cas de prédécès de la fille, au père pour la dot profec-
tice, qui paraît un développement doctrinal pareillement étranger à l'idée de délit
et postérieur à l'extension de l'action à la femme survivante, est déjà connue ne
Ser. Sulpicius, mort en 711 (D., 23, 3, De J. D., 79).
4. Cette opinion concevable ne doit pas être compromise par la forme para-
doxalement exagérée que lui a donnée M. Voigt, Die lex Moenia de dote, 1866, en
restituant dans son nom, sa date et son contexte, une prétendue loi Moenia de
dote de l'an 568.
5. Par exemple en Grèce ; c'est par ce droit hellénique différent du droit roman
qu-'il faut expliquer l'édit du préfet d'Egypte Tibère Alexandre, 1. 25, déclarant .a
femme propriétaire de la dot. V. les renvois, Textes, p. 160.
6. C'est en considération de ce droit éventuel el de l'avantage tiré par la tomme,
pendant le mariage, des biens dotaux affectés aux charges du ménage, que >'*
jurisconsultes parlent de propriété de la femme sur la dot (Ulpien, D., *>*'}£
min., 3, 5 : Dos ipsius filiae proprium patrimonium est ; Tryphoninus, D., 23,3, ^
/. B.,. 75 : Quamvis in bonismariti dos sit, mulieris tamen est).
DISPOSITIONS EN FAVEUR DU MARIAGE. — DOT 953
1. Paul, D., 23, 3, De J'. D.,2: Rei publicae interest mulieres dotes salvas habere,
propler quas nubere possunt.
2. Paul, Sent., 2, 21 b, 2 : Lege Julia de adulleriis cavelur, ne dotale pracdium
maritus invita uxore alienel. Date de la loi : p. 166, n. 5.
3. V. p. 949
n. 3. On remarquera seulement: 1° que, depuis l'Empire, certains
parents sont légalement astreints à doter la femme : p. 634 ; 2" que, au cas de
constitution par formation d'obligation, certains constituants jouissent du bénéfice
de compétence (D., h.
t., U;D., 24, 3, Solul. matr., 17, pr. i); 3» que l'applica-
tion à la constitution de dot du droit des créanciers d'attaquer les actes du débi-
teur faits
en fraude de leurs droits présente des difficultés tenant à la détermina-
tion de
son caractère à titre gratuit ou onéreux : p. 42i, n. 5 ; 4° qu'elle soulève au
Point de
vue cfe la garantie d'éviction les mêmes questions que la donation (p. 941,
" *), sans que les solutions soient peut-être identiques ; cf. Gérardin, N. R. IL,
«M, pp. 5-17.
[L>., 23, 5, De fundo dolali.
u. Insl., 2, 8, Quib. al. licet, pr. L'extension indiquée dubitativement par Gaius,
2>63. est écarlée
parles fr. du Sinaï, 5 (Textes, p. 581).
°. Cf. Africain, U., h.
t., II.
'• Paul, D., 50, 16, De V. S., 28, Cf. Lenel, Ed., 1, p. 212, n. 2. En rêvan-
pr.
te l'usucapion commencée continue à courir (D., h. t., 16). La prohibition ne
s applique pas
^.18,4). non plus aux aliénations forcées (D., h. t., 1, pr. ; D., 23, 3, De J'.
95* LIVRE III. — VI. — CHAPITRE H
1. Justinien, Inst., 2, 8, Quib., al. licet, pr., rattache la disposi'ion à la loi Ju-
lia, mais son témoignage a peu de valeur pour une distinction de nuance el
Gaius, 2, 63, Paul, Sent., 2, 21 b, 2, ne parlent que de la prohibition générale
d'aliéner.
2. C'est tout ce que dit un texte de Gaius, D., h. t., 4, parfois invoqué ù I«P"
pui du langage de Justinien, selon lequel la loi défendait ne marilo liceat obliger'
aut alienare.
3. P. 783 et ss. La question n'a pas d'intérêt historique considérable, l'inter-
cession de la femme pour le mari ayant déjà été prohibée par Auguste (p- '»*>
n. 2). Elle a un intérêt de fond pour le cas où la prohibition d'intercéder ceae
de s'appliquer, par ex. parce que l'affaire intéresse la femme (p. 785, n. 2) et elle
présente aussi, croyons-nous, un intérêt de procédure.
4. Marcicn. D., h. t., 17. Papinien, D., 41, 3, De usurp., 42.
5. D., 24, 3 : C, 5, 18, Solulo malrimonia dos quemadmodum pelalur.
6. Ulpien, Reg., 6, 5. Au cas de constitution de dot par translation de propre*
le résultat pouvait en outre être atteint anciennement par une aliénation fidu-
ciaire (p. 720, n. 6) et plus tard par un contrat innommé (p. 594, n. 8).
7. L'une et l'autre portent sur un corps certain, si on a constitué en dot u
corps certain, sur une quantité ou une somme d'argent, si la constitution de do
portait sur un genre ou une somme d'argent ou si elle était faite avec estimât""1.
DISPOSITIONS EN FAVEUR DU MARIAGE. — DOT 955
ou un tiers constituant : c'est même par une entorse récente aux règles
du contrat verbal cpi'on a admis dans quelques cas que la stipulation
pourrait assurer la créance à une autre personne que le stipulant, par
exemple à la femme (p. 449, n. 2).
Au contraire la créance sanctionnée par l'action rei uxoriae est à peine
une créance conditionnelle. Elle peut naître ou ne pas naître. Ce qui la
produit, ce n'est pas un contrat fait au moment de la constitution de dot.
C'est le fait de la dissolution du mariage, considéré d'abord comme méri-
tant une répression dans certains cas, plus tard comme nécessitant dans
^
d autres
cas qu'elle soit reprise pour faciliter un nouveau mariage, enfin
dans un dernier
cas comme permettant tout au moins qu'elle soit reprise
parce que sa fonction est terminée. Au cas de dissolution par divorce
ou par prédécès du mari, la femme a, pour reprendre la dot, une action
rei uxoriae 3, qui, étant fondée anciennement
sur un délit du mari et
plus tard
sur son obligation de se remarier, lui appartient également,
(]ue la dot ait été constituée
par elle ou par un autre, et qui, même epuand
die est
sous la puissance d'un ascendant, ne pourra être intentée par lui
'• Ce ne sont pas naturellement les seules différences. Ainsi le mari débiteur
* la dot par l'action rei uxoriae est, quand la dette porte sur un corps certain,
tenu de
sa culpa levis in concreto (p. 652, n. 3); sur l'action ex slipulatu, on
™t appliquer les règles du contrat verbal (p. 653). En revanche et quoiqu'on
ait contesté, il est vrai,
croyons-nous, pour l'une ou l'autre, que la dot ne peut
valablement être restituée
ù la femme pendant le mariage, sauf dans certains cas
™s législativement peut-être la loi Papia Poppaea (C-, 5, 19, Si dos con-
*i!e malrimonio), mais par
que la femme avait le droit d'en exiger la restitution an-
""Pée quand le mari
était devenu insolvable (D., h. t., 24, pr.).
Valérien, C, 5, 18, Sol. matr., 5; Justinien, C, 5, 13, De ad., 1, 4.
-.
''• Ulpien, Reg.,
r. u.
! 6, 6.
356 LIVRE III. — VI. — CHAPITRE II
A l'inverse, elle n'est pas éteinte par la capitis deminutio (Gaius, D., 4, 5, Ile. cap.
min., S).
3. Ulpien, Reg., 6, 4. Pomponius, D., 23, 3, De J. D., 6, dit qu'on n'a pas voulu
•que le. père eût le chagrin de perdre à la fois sa fille et la dot ; on peut dire plus
sérieusement qu'il est obligé de la doter par une règle morale que la loi Julia a
transformée en règle de droit (p. 634).
4. Ulpien, Reg., 6, 4. 5.
5. Il doit restituer ilico, dit Justinien, C, 5, 13, De r. u. a., 1, 7.
6. Ulpien, Reg., 6, 8. Ces délais avaient été d'abord établis pour le paiement
•d'une dot par celui qui l'avait constituée ; ils furent transportés à sa restitution.»
une époque incertaine, au plus tard à celle des lois Julia et Papia Poppaea, aux-
quelles on parait faire allusion en parlant de slalulum legibus tempus. de le*
pus legibus datum (Proculus, D., 23, 4, De pact. dot., 17 ; Paul, P.. 3, 14lie» *
pacl., 27, 2). Le mari n'y avait droit que quand le divorce n avait pas eu
par sa faute. Le délai était réduit à six mois, au cas de faute légère du ms'J
(mores leviores), et au cas de faute grave (mores graviores), il était supprini
(Ulpien, Reg., 6, 13). En outre, quand la dot devait déjà, d'après sa nature, être
rendue immédiatement, le mari était tenu, d'après le même texte, d'une peine
6e ou du 8e de la dol, suivant la faute.
7. C, 5, 13, De r. u. a., 1, 7 : Ilico et in solidum.
,,
8. Cf. D., 25, 2, De a. rer. amot. V. p. 165, n. 2 ; p. 407, n. 4 ; cf. Esmein, if-
langes, pp. 27-30 et Lenel, Ed., 2, pp. 25-28.
DISPOSITIONS EN FAVEUR DU MARIAGE. — DOT 95T
a une action en restitution, personnelle ou réelle suivant les cas (p. 934,
n. 4) ;
enfin, quand le divorce a été provoqué par la mauvaise conduite
de la femme, il a contre elle une action mal connue, le judicium de mori-
Inis, qui à notre avis, a été à l'origine une action prétorienne pénale sy-
métrique à l'action rei uxoriae, donnée au mari contre la femme, comme
elle à la femme contre le mari et ayant comme elle son taux déterminé
par la dot qu'elle pouvait autrefois absorber entièrement, dont plus
tard elle ne pouvait atteindre qu'une partie '. Il pouvait avoir d'autres
créances encore. Mais, jusqu'à l'introduction de la compensation ex dis-
fan causa, cela ne le dispensait pas de payer. Il pouvait seulement in-
tenter une action distincte.
En vertu du caractère pénal, il a. pu en être de même à l'origine
pour l'action rei uxoriae 2. Mais, en partant de l'équité, on a fini par la
donner contre le mari seulement dans la limite de ses ressources
(in ici quod facere ]3otesl) 3. De plus, en partant delà même idée, on
lui a permis de faire entrer en déduction de sa dette divers droits qu'il
s'il a agi avec l'assentiment de sa femme (Paul, D., h. t., 8 ; mais cf. Javolenus,
D., 23, 5, De fund. dot., 18) ; cependant le montant peut en être retenu, en dehors
de là, par le mari, quand la femme ne le laisse pas enlever ce qu'il peut sépa-
rer sans détériorer la chose ; car cette règle s'applique même aux impenses
voluptuaires (Ulpien, D., h. t., 9, dont la sincérité est attestée par les Fr. tlu Si-
naï, 9).
1. Ici la rétention est d'un cinquième par enfant sans maximum (Ulpien, Eeij.,
6,4).
2. Paul, D., 24, 3, Solut. matr., 15. 1. Cicéron, Top., 5, 19, signale déjà 1»
restriction de la rétention propter liberos au cas de divorce par la faute de la
femme.
3. C, 5, 13, De r. u. acl., 1, 3 a.
4. C. Th., 4, 4, De test., 7, pr. ; C, 5, 13, De r. u. acl., 3. Le legatum dotis lai
anciennement par le mari à la femme survivante (p. 949, n. 4) remplissait en
effet le même rôle que l'action rei uxoriae qui lui est donnée au même cas pw
le droit nouveau. La femme doit choisir entre le système ancien et le nouveau
56-58:
sans pouvoir cumuler les deux bénéfices. Cf. Esmein, Mélanges, pp. l'action «'v.
aussi les pp. 43-48, sur la distinction faite depuis l'introduction de
uxoriae entre le legatum dotis, qu'elle rend à peu près superflu, et le fejo"" 11
1. C,
7, 74, De privilegio dotis, 1.
2. C'est l'explication de la revendication donnée à la femme, par exemple D.,
31, De leg., II, 77, 5. Il est même à croire
que, comme en matière de cession de
créances (p. 732), la femme devait ici recevoir la revendication comme actio uli-
lis quand elle
ne l'avait pas comme actio mandata.
3. Cette constitution rendue
en 449 par Théodose et Valentinien, C, 5, 17, De
repudiis et jud. de moribus sublato, 8, ne touche pas le divorce par consente-
ment mutuel, mais elle décide, pour le cas de dissolution par la volonté de l'un
des conjoints, d'après le texte du Code,
que le conjoint qui divorce sans motif
°u qui a donné à l'autre de justes motifs de divorcer perd, au profit de l'autre, à
la fois la dot
et la donation propter nuplias. Pourtant, d'après la version plus
circonstanciée du livre syro-romain (cf.' par ex. le texte arabe, pp. 89-94), la
réforme relative à la perte de la dot la femme en faute ne viendrait que de
téon.
par
*• Cf. cependant sur certaines tentatives temporaires faites antérieurement,
s°us l'influence du droit enlever au mari survivant le profit de la dot,
; grec, pour
M'tleis, Reichsrechl und Volksrechl,
I
pp. 247-255.
960 LIVRE III. — VI. — CHAPITRE II
ment attaché les principaux avantages tirés par l'action rei uxoriae de
son caractère de bonne foi et qu'il qualifie donc du nom d'action de
bonne foi. En conséquence il a amalgamé dans cette action hybride les
règles de l'action ex stipulatu et celles de l'action rei uxoriae. a) Quant
aux cas de restitution, le mari ne garde plus jamais la dot, quelle que
soit a cause de dissolution du mariage : elle est toujours rendue par lui
ou par ses héritiers ' ; b) quant au moment de la restitution,Justinien a
aboli ladistinction faite en matière d'action rei uxoriae, mais il l'a rem-
placée par une distinctionmoins raisonnable entre les immeubles qu'on
devra rendre de suite et les meubles pour lesquels on a un délai d'un
an ; c) quant à son montant, le mari aura toujours le bénéfice de com-
pétence ; mais les rétentions sont abolies ; d) l'édit de alterutro est sup-
primé 2 ; e) enfin, quant aux sûretés, Justinien avait déjà décidé en 529
que la femme aurait à son gré tant une action en revendication qu'une
action hypothécaire privilégiée 3 pour se payer par préférence à tous les
créanciers, même hypothécaires, sur certains biens dotaux, sur les biens
existants (si tamen extant), c'est-à-dire, d'après une opinion, sur tous
ceux qui existent matérietlement, d'après une autre, sur ceux qui font
partie du patrimoine du mari et non sur ceux qu'il a aliénés valablement*.
était aussi dispensé tant par les arrangements privés que par le jeu du
droit positif d'exécuter à sa dissolution quand il y avait eu prédécès de
la femme ou divorce imputable à celle-ci, mais dont l'exécution pouvait
être poursuivie contre lui et ses héritiers, au cas où la dissolution du ma-
riage lui était imputable ou avait été produite par sa mort '.
Dès avant Justinien, cette donation faite par le mari à la femme avait
été mise dans une certaine symétrie avec la dot apportée par la femme
au mari -. Mais Justinien a beaucoup augmenté l'assimilation. Ainsi,
dans le droit de son temps, la donation peut être augmentée ou consti-
tuée pendant le mariage, d'où le nom nouveau de donation propter nup-
tias ; elle doit nécessairement avoir le même montant que la dot ; les
biens qui la composent sont, pendant le mariage, inaliénables dans la
même mesure que les biens dotaux et leur restitution après le mariage
est également assurée par une hypothèque 3.
1. C'était le résultat auquel aboutissait déjà pour le cas de dissolution par dé-
cès l'usage consistant à retransférer au mari à litre de dot les biens reçus de lui
comme donation à cause de mariage (p. 962, n. 5). Il a été, en dehors do là,
assuré législativement par Théodose II, pour le cas de divorce, selon la cons-
titution du Code d'après laquelle la donation ante nuptias est perdue par l'époux
coupable, et pour les deux, selon le témoignage du livre syro-romain, pp. 90.57.
127, rapportant à ce sujet une constitution de Théodose II ignorée. Cf. sur cette
constitution et sur la modification postérieure de Léon, Mitteis, pp. 308-309.
2. On peut citer, outre les constitutions précitées de Théodose II et de Léon,
une autre constitution de Léon, de 468, portant que, sur la donation aille nup-
tias, la femme survivante prendrait une portion égale à celle que le mari survi-
vant eût gardée sur la dol (C, 5, 14, De pacl. conv., 9) ; des constitutions obli-
geant le père du mari à faire cette donation quand le père de la femme l'est à
la doter (C, 5, U, De dol. prom., 7, 2), une constitution de Justin permettant
de l'augmenter et même de la constituer pendant le mariage (C, h. t., 19).
3. Constitution pendant le mariage : Justinien après Justin, C, h. t., 20. Mon-
tant égal à celui de la dot: Nov. 97, c. 1. Inaliénabilité des immeubles: Nov.
(il. Hypothèque (non privilégiée)
sur les biens du mari : C, 8, 17 (18), Qui pot.,
12, 8 (2). De plus, la femme peut
en réclamer la restitution anticipée comme
celle de la dot
au cas où le mari devient insolvable (C, 5, 12, De J. D., 29) et
telle donation est, comme la constitution de dot, dispensée de l'insinuation (Nov.
; précédents : p. 939, n. IL
119, c. I
LIVRE IV
PROCÉDURE CIVILE
rets '. Et cela pour un motif très simple : parce qu'il n'a besoin de per-
sonne pour se faire rendre justice, d'une part, et que, d'autre part, il
n'y a personne au-dessus de lui pour l'empêcher de se faire justice sans
qu'on la lui ait rendue. Il n'y a pas au-dessus de lui d'autorité devant
laquelle il puisse être intéressé ou obligé à intenter un procès.
Au contraire cette autorité supérieure existe au-dessus des particu-
liers. Et avec le temps elle s'est chargée de leur rendre la justice que
leur faiblesse les empêcherait de se faire eux-mêmes comme d'ailleurs
elle en est venue à leur défendre de se la faire.
Le second but n'a été visé à Rome que longtemps après le moment où
s'ouvre l'histoire du droit romain, par un mouvement qui a commencé
tard et qui ne s'est peut-être jamais entièrement achevé, par des dispo-
sitions législatives rendues à partir de la fin de la République qui ont
non seulement permis, mais commandé de demander justice aux tribu-
naux, qui ont frappé celui qui usait de la force pour réaliser son droit
de peines criminelles et même de peines civiles telles que la perte de la
créance (decretum Marci) ou la perte de la propriété 2.
1. En face des États étrangers, c'est d'évidence et cela n'a même guère changé
depuis. Si l'État se juge offensé et s'il n'obtient pas satisfaction, il fait la guerre
(cf. Gaius, 3, 94). Mais c'est également vrai dans les rapports de l'État romain et
(les particuliers. La question de savoir si les rapports de l'État avec les parti-
culiers étaient régis à Rome par la procédure ordinaire a été plus discutée jadis
qu'elle ne l'est aujourd'hui. A Rome, on ne plaide pas contre l'État. Tout magis-
trat ayant qualité peut procéder, de son autorité, en face des tiers, aux actes qui
donneraient lieu à un procès eDtre particuliers, par exemple le censeur reprendra
lui-même sans procès les choses appartenant à l'Etat ; le questeur recouvrera sans
procès les créances de l'État de ses débiteurs. II est vrai que le magistrat exami-
nera les faits en cas de contestation, mais comme un honnête homme pèserait la
justice d'un acte licite avant de le faire. La preuve qu'il n'y a pas là procédure civile
ordinaire, c'est que le magistrat qui fera cet examen est celui que l'affaire concerne
lu point de vue exécutif et non pas celui qu'elle concernerait au point de vue
judiciaire. Cf. Heyrowski. Rechlliche Grundtage der Leges contraclus, 1881,
pp. 62-
'*; Mommsen, Droit public, 1, pp. 193-212, et en sens contraire Goeppert, Z. R.
C,4, 1804, pp. 254-262.
2. Le droit de
se faire justice était resté intact durant toute la République où
son exercice n'était puni ni de peines publiques, ni de peines privées. Au contraire
"loi Julia de vi publica el privala qui est de César ou d'Auguste, qui, si elle est
«Auguste, avait été précédée d'une autre loi de vi proposée César (Cicéron,
"'"'•, 1,9, 23), punit de peines publiques celui qui
par
use de violence pour réaliser
«adroit (D., 48, 7, Ad leg. Jul. de vipriv., 5 ; 8. Paul, Sent., 5, 26, 4). Puis,
*s l'Empire, une constitution de Marc-Aurèle (decretum Marci) a puni de la
Perte de sa créance le créancier qui, même
sans violence, se paie sur les biens
™son débiteur (versions un peu divergentes, D., 48, 7, Ad leg. Jul. de vi prie.,
eeto., it 2, Q_ m, c., 13) et plus tard encore une constitution de Valentinien,
néodose et Honorius
a puni en l'an 389 de la perte de sa propriété celui qui re-
prend sa chose de force
au possesseur (p. 313, n. 5). Mais ces dispositions se rap-
portent exclusivement
à ce qu'on peut appeler la justice privée agressive, à celle
Par laquelle
on prétend établir un état de fait nouveau conforme à son droit. Elles
,°1 étrangères à la justice privée
défensive, par laquelle on repousse les attaques
'gees contre son droit, ainsi laquelle on défend sa possession contre celui qui
par
rouble (C, 8,4, Unde vi, 1). En
outre, il semble qu'il reste permis de recourir à la
966 LIVRE IV
Le premier résultat a été atteint plus vite ; mais il ne l'a pas été sans
transition. Gomme en matière de délits, il y a eu une évolution. Long-
temps avant de supprimer le droit de se faire justice, le groupe social,
la collectivité,ayant la coutume pour organe,a établi pour lui des formules
réglées lui donnant une sécurité et une efficacité propres. Seulement ces
formes n'ont pas été immédiatement des formes judiciaires ; ces procé-
dures ont commencé, -probablement partout, par être des procédures sans
procès. Elles se résumaient dans des rites par lesquels le particulier dont
le droit était méconnu en poursuivait la réalisation, en s'exposant sou-
vent à un dommagesérieux, quand il les employait sans droit ', ruais en
se ménageant aussi par là des avantages particuliers. On rencontre à
Rome et ailleurs bien des types de pareilles procédures 2. Mais toutes
avaient l'aptitude à devenir des procédures judiciaires au sens large, à
conduire à de véritables procès par la position d'une question qu'elles
soulevaient toutes : la question de savoir si elles étaient faites à tort ou
à bon droit. Elles étaient et elles sont restées, des procédures rigou-
reusement extra-judiciaires, tant que cette question n'a pu y être posée.
Elles sont devenues des modes de plaider, des procédures avec procès,
dès qu'elle a pu l'être, comme c'est arrivé pour celles d'où sont sorties
les plus anciennes Actions de la loi romaine 3.
force pour réaliser son droit, en cas de force majeure, quand la justice régulière
n'arriverait pas à temps ; il semble bien par exemple qu'un créancier peut, mal-
gré le decretum Marci, s'emparer de ce qui lui est dû, quand le débiteur prend la
fuite (D., 42, 8, Quae in fraud., 10, 16). L'accord est, d'ailleurs, loin d'être fait
sur tous les points. V. outre Windscheid, 1, § 123, et Dernburg, 1, § 125, 0. Wendt,
Das Fauslrecht oder Besitzverlheidigung und Besitzverfolgung, 1883, et Von Thur,
Der Nolhstand im Civilrechl, 1888.
t. Celui qui a usé à tort de la procédure privée est par exemple très fréquem-
ment frappé de la même peine qu'elle entraine pour celui contre qui elle est
dirigée à bon droit. Cette rdée a presque entièrement disparu à Rome ; mais elle
apparaît très nettement dans la procédure germanique (Sohm, Procédure de la loi
salique, Ir. fr., 1873, pp. 4.21.210;, et le souvenir en vit aussi dans les supersti-
tions populaires.
2. On pourrait, à la rigueur, citer, en droit romain, comme ailleurs, les formes
de publicité dont doit s'entourer celui qui procède à une vengeance licite, par
exemple contre le voleur pris sur le coup (XII Tables, 8, 13; cf. A. Pernice, £<i-
beo, 2, 1, pp. 78-80). On peut citer plus précisément la procédure de recherche
de la chose volée, à Rome de perquisition lance licioque, qui fait sans juge ni
procès réputer voleur manifeste celui, chez qui on trouve la chose (p. 405, n. a),
puis aussi les procédures de manus injeclio et de pignoris capio, qui ont pu servir
à saisir des gages et des débiteurs avant qu'on ne greffât sur elles aucun dé-
bat judiciaire, aucun concours de l'autorité ; peut-être même les affirmations sur
lesquelles se greffe le sacramentum et qui ont pu commencer par être des alur-
mations exlrajudiciaires destinées à assurer la certitude du droit ; ailleurs pa
exemple cette procédure déjeune du créancier à la porte du débiteur quonien-
contre à la fois en droit celtique, en droit hindou et en droit persan (cf. Sumne
Maine, Etudes sur l'hisl. des insl. primitives, tr. fr., 1S80, pp. 367-378).
3. Ainsi l'évolution s'est faite à Rome pour la pignoris capio sur laquelle pe
se greffer un procès (p. 978, n. 3), pour la manus injeclio et pour le mra~
mentum qui non seulement peuvent donner lieu à procès, mais doivent se pas
TITRE PREMIER
Gaius, dont les Institutes sont la principale source pour l'étude des
Actions de la loi ', nous apprend qu'il y en avait cinq : le sacramentum,
hjudicis postulatio, la condictio,la. manus injeclio et la pignoris capio 2.
Mais il nous apprend en même temps qu'elles présentaient toutes cinq
certains traits communs. C'étaient des procédures établies par une loi
positive, des procédures légales ; car il dit que leur nom venait, d'après
une des explications qu'on en donnait, de ce qu'elles ne pouvaient être
intentées qu'en vertu d'une loi expresse 3. C'étaient des procédures sou-
mises à des formes arrêtées, des procédures formalistes ; car il dit que,
d'après une autre interprétation, leur nom venait de ce qu'on devait à
peine de nullité y employer les termes mêmes de la loi 4. Enfin, à la
nues d'après des textes positifs non seulement des lois latines (inscription dela loi
Lu-
ceria, Textes, p. 25 ; table de Salpensa, c. 2%, Textes, p. 110), mais de
osque de la ville fédérée de Bantia en Lucanie.lignes 24-25 (Texles,p. 29).Un arch-,
sarco-
phage étrusque de Corneto décrit par M. Helbig, Bull, dell' inst. di corr.
1886, pp. 90-91, représenterait, d'après cet auteur suivi par M. Voigt, XII TafeK
1883, 1, p. 617, une manus injeclio et représente plutôt, à notre avis, une vindica-
tio in servilutem. V. Org. jud., 1, p. 283, n. 1.
PROCEDURE DES ACTIONS DE LA LOI 969
D'après les gloses malbergiques, celui qui réclamait un taureau devait, semhle-
1-
t-il, l'appeler
non pas de son nom vulgaire, mais de sa dénomination légale de
diei' du troupeau, et, dans l'ancienne procédure française, les parties devaient pro-
noncer sans interruption ni variante des discours arrêtés ; à Rome, celui qui se
plaignait par l'ancienne action de arboribus succisis (p. 428, n. 6) qu'on eût
tuupé ses vignes devait dire avec la loi arbores et non viles. Gaius, 4, 11, rapporte
'tu'un plaideur qui avait dit viles
au lieu d'arborés perdit son procès, comme au-
rait pu le perdre,
sous la loi salique, celui qui aurait dit taureau au lieu de chef
troupeau ou sous l'ancienne procédure française celui qui aurait par mégarde
1,
11
tion contentieuse (jurisdictio contentiosa ; y. D., 1, 16, De off. procons., 'I /"'•'
qui est le droit de concourir à de vrais procès, «oit en les jugeant soi-même
Ljudicare), soit en chargeant quelqu'un de les juger tjudicare jubere ; v. D; ->
PROCEDURE DES ACTIONS DE LA LOI 971
à l'époque la plus ancienne, au roi entre les mains duquel étaient con-
centrés tous les pouvoirs. A l'établissement de la République, elle a
passé aux consuls investis l'un et l'autre de tous les pouvoirs civils du
roi '. Plus tard, en 388, à la suite d'un démembrement d'attributions,
les consuls n'ont gardé que la juridiction gracieuse (juris dictio volun-
laria) et ont été dépouillés de la juridiction contentieuse, du droit de
concourir aux procès proprement dits, au profit d'un magistrat nouveau,
le préteur, qui est désormais le chef de la justice civile, l'autorité judi-
ciaire par excellence et à peu près unique 2. Il y a bien, à côté de lui,
depuis 388, les édiles curules, qui ont peut-être eu dès les temps des Ac-
tions de la loi une juridiction limitée, et depuis 512, le préteur pérôgrin
créé pour les litiges entre citoyens et pérégrins qui a fini par pouvoir
assister à la legis actio, et il y a aussi, depuis le même temps environ,
les gouverneurs dans les provinces ayant à leurs côtés les questeurs
pour les fonctions des édiles 3. Mais, en dehors de la limitation res-
1, Dejurisd., 13, pr., cf. loi Rubria, c. 19-23) ; puis, par opposition à la juridiction
contentieuse, proprement dite, Vimperium, en vertu duquel le magistrat rend des
ordres sans organiser d'instance (missiones in possessionem, interdicta, reslilu-
liones in integrum) et en conséquence on oppose à la jurisdictio simple, Vimpe-
rium mixlum cui jurisdictio inesl (D., 2, 1, De jurisd., 3), duquel on distingue
même Vimperium merum tout à fait étranger à la juridiction, le jus gladii, le
droit de haute justice criminelle. Mais celles de ces distinctions qui se rappor-
tent à la juridiction civile sont le produit d'une différenciation historique. La ju-
risdictio est, comme le pouvoir de consulter les auspices, de commander aux
armées, d'agir avec le peuple ou le sénat, une conséquence de Vimperium, des
pouvoirs généraux des magistrats supérieurs. En conséquence, elle appartenait
dans son intégralité au roi, tant pour trancher des procès véritables que pour
assister à des procès fictifs, et il pouvait aussi bien statuer lui-même que char-
ger autrui de statuer. Au contraire, à la fondation de la République, on a obligé
le magistrat à faire statuer le juge, et à ne pas statuer lui-même (p. 21, n. 1),
ce qui a séparé le pouvoir de judicare, qu'il n'a plus, de celui de judicare ju-
oere, qui lui reste. Puis, à la création de la préture, on a séparé la jurisdictio
noluntaria de la jurisdictio conlenliosa, en laissant seulement la première aux
consuls, tandis qu'on faisait passer la seconde au préteur. Enfin la distinction de
la jurisdictio' conlenliosa et de Vimperium mixlum, plus tard développée surtout
pour les magistrats municipaux (p. 997, n. 3), remonte aussi à la même épo-
que, où la première a été, croyons-nous, seule concédée aux édiles curules. Cf.
Org.jud., 1, pp. 173, n. 1. 228, n. 1.
1. Cf. sur la juridiction des consuls (et, pendant le décemvirat, des décemvirs),
Mommsen, Dr. publ., 1,
p. 215.
2. Pomponius, D., 1, 2, De 0. J., 2, 27. Tite-Live, 6, 42. 7, 1. La juridiction gra-
cieuse maintenue
aux consuls (Mommsen, Dr. publ., 3, p. 116) appartient de
même à tous les magistrats supérieurs (cf. Mommsen, Dr. publ., 1, p. 217, n. 1).
3- V.
pour les édiles curules, Pomponius, D., 1, 2, De 0. J-, 2, 26 ; Tite-Live, 6,
*2 : leur juridiction civile
au temps des Actions de la loi nous semble rendue
waisemblable non pas par les actions relatives à la vente (p. 563, n. 2), mais en
particulier pas le praes [sacramenli) qu'ils reçoivent dans Plaute, Menaechm., 4, 2,
22-28 cf. N.R.
; H., 1893, p. 796, n. 1, et Org.jud.,i,pp. 218-232 ; — pour le préteur
Perégrin (créé en 512, et non
en 507), Pomponius, D., 1, 2, De 0. J.. 2, 28 ; cf.
Mtnmsen, Dr. publ., 3, pp. 224-226 : Girard, Org.jud., 1, pp. 206-218; — pour
les gouverneurs mis
à la tête des provinces depuis la création des prétures de
blci,e et de Sardaigne
en 527, Mommsen, Dr. publ., 3, p. 308. et pour leurs ques-
teui's, Gaius, 1, 6.
972 LIVRE IV. — TITRE I
1. Cf. la loi Plaetoria dans Censorinus, De die nal., 24, 3 (Bruns, Fontes, 1,
p. 45; Org. jud., 1, p. 182, n. 2).
2. Varron, De t. L., 6, 30. Macrobe,
Sal., 1, 16, 14. Il prononce par ex. proba-
blement le mot dare pour donner un juge, le mot addicere pour attribuer une
chose ou une personne à celui qui la réclame sans rencontrer de contestation, le
mot dicere pour attribuer les vindiciae.
3. Cf. sur cette division des jours Mommsen, Dr. publ., 6, 1, pp. 426-427 et surtout
CI. L. I2, pp. 289-296. Le calendrier exclut d'abord cinquante à soixante jours
marqués de la lettre N (nefas), où il ne peut y avoir ni comices, ni procès, parce
que le roi est retenu par des cérémonies religieuses expiatoires, puis une cinquan-
taine d'autres jours marqués d'une Net d'un P accolés, qui sont, croyons-nous, la
même chose sauf la différence des fêtes, sauf qu'ils sont consacrés à des fêtes joyeu-
ses au lieu de fêtes tristes, qu'ils sont des dies nefasti hilares par opposition aux
dies nefasti tristes (Festus, v. Nefasti dies).Les procès ne sont pas non plus pos-
sibles les dies comitiales marqués par la lettre C, s'il y a des comices, car le
roi, le magistrat, qui interrogeait le peuple au comilium, ne pouvait pas en même
temps y assister à la legis actio. Au contraire, elle pouvait avoir lieu les jours
fastes marqués d'une F (fas), jours judiciaires par excellence, qui étaient une qua-
rantaine et dont la liste fut plusieurs fois accrue. Elle pouvait en outre avoir lieu les
jours comitiaux, quand en fait il n'y avait pas de comices ; les deux jours des co-
mices testamentaires, après la fin de ces comices ; un autre jour, après la fin
d'une cérémonie (quando stercus delatum fas) ; d'autres indiqués par les lettres
F P (fasli principio ?), le matin, avant le commencement d'une cérémonie ;
certains autres (dies inlercisi) désignés par les lettres E N, au milieu de la jour-
née, dans l'intervalle laissé libre entre les deux phases d'un sacrifice.
4. Nous avons déjà signalé cette règle, p. 683, n. 1. Cf. p. 700. On considère
très généralement reflet extinclif qui en résulte comme étant attaché dès notre
époque à la lilis conleslalio qui est représentée par Festus, v. Contestari lilem
(conleslari lilem dicunlur duo aut plures adversarii, quod ordinalo judicio ulra-
qtie pars dicere solet : Testes estote) comme une prise à témoins des assistants et
que l'on pense ordinairement avoir eu lieu alors à la fin de la période du jus,
aPrès la nomination du juge. Mais celte opinion a été solidement attaquée par
i[. Wlassak, Die Litisconleslation in Formularprozess, 1889, pp. 79-82, 09-77 (en
sens contraire, Collinet, N. R. H., pp. 529-553). D'abord,Verrais Flaccus, qui est la
source de Festus et qui vit au temps d'Auguste, parle du droit de son temps, donc
du droit de l'époque formulaire. Ensuite il serait illogique de prendre des témoins,
974 LIVRE IV. — TITRE I
Dans certains cas, que nous croyons les plus anciens, l'affaire est
déférée à un juré. C'est généralement un juré unique (unus judex), ap-
pelé, selon la nature de ses attributions, tantôt judex et tantôt arbiter \.
qui est librement choisi par les parties si elles sont d'accord, qui sans
cela est pris sur une liste dont la composition a changé avec les varia-
tions politiques, à notre époque celle des sénateurs, mais qui alors est
encore désigné par le choix des parties ; car sa nomination est faite à.
l'aide de propositions du demandeur au défendeur qui continuent jus-
qu'à ce que le dernier en accepte une 2. L'affaire est encore déférée à des
jurés, probablement nommés d'une façon analogue, dans quelques cas
où ils sont nommés en chiffre multiple, ordinairement trois (1res arbi-
tri) 3. Enfin peut-être, pouvait-elle, dès le temps des Actions de la loi,,
être déférée à des récupérateurs (recuperatores), qui sont des jurés
multiples tirés au sort en assez grand nombre par le magistrat et rame-
nés à un chiffre inférieur par des récusations des deux parties 4.
Quant aux collèges, ce sont : 1° les centumvirs (cenlumvirï):i, pris
dans les tribus, ou moins probablement élus par elles, qui apparaissent
comme un tribunal composé de cent cinq membres, à raison de trois
par tribu, ce qui porte à les croire établis seulement depuis l'élévation
t. La distinction est déjà faite par les XII Tables, 2, 2. 9, 3 et concorde peut-
être avec celles des procès en lites et en jurgia (cf. Org. jud-, 1, p. 95, n. 1).
Elle lient, à l'époque récente, à l'étendue plus large des pouvoirs donnés à l'arbitre
(Festus, v. Arbiter: Arbiter dicitur judex, quod totius rei habeal arbilrium el facul-
latem et surtout Cicéron, Pro Roscio com., 4, 10 et ss.). Mais le nom de l'arbitre
parait étymologiquement plutôt désigner un juge qui se transporte sur les lieux
du litige, comme le demandait une partie des causes les plus certainement défé-
rées anciennement à des arbitres (v. par ex. n. 3) et le second sens a pu venir
des pouvoirs d'appréciation qu'avaient là ces juges. Cf. Eisele, Beilràge zur rômis-
chen Rechtsgeschichte, 1896, pp. 1-12.
— On ne confondra naturellement pas cet
arbitre, qui est un juge nommé par le magistrat à la suite de la liaison d'un procès,
wwVarbiler ex compromisse, choisi amiablement sans comparution devant le ma-
gistrat (pp. 605-G06).
2. Le demandeur procat judicem, dit Festus, ferl judicem, dit Cicéron, et le
défendeur l'accepte, sumil judicem, ou le rejette, judicem ejeral, en jurant qu'il
n'en attend pas une bonne justice. Cf. Festus, v. Procum ; Cicéron, De oral., 2,
15, 203. 2, 70, 285, etc. Cicéron, Pro Cluenl., 43, 120, dit
en conséquence, que
les anciens Romains n'ont
pas voulu que môme l'affaire pécuniaire la moins
importante fut jugée par un juge que n'auraient pas accepté les deux parties.
3. Les deux cas les plus certains sont ceux des arbitres de l'action finium re-
junâorum (p. 630, n. 3) et des falsae vindiciae (p. 335, n. 1). Contre l'admission
d'autres cas,
v. Wlassak, Processgesetze, 2, pp. 285-298.
4. Les récupérateurs sont signalés par Festus, v. Reciperatio, comme ayant
été introduits
pour les procès entre citoyens et pérégrins ; mais ils peuvent à la
rigueur avoir statué dans certains
cas de legis actio (par ex. en matière de repe-
imdae, p. 993,
n. 2). Leur mode de nomination par sorlilio et rejeclio est at-
testé par
ex. par la loi agraire de 643, 1. 37; v. aussi l'édit sur l'aqueduc de-
venafrum, Textes, 173. Cf. sur eux Wlassak, Processgesetze, 2, pp. 298-328.
Bsele, Beilràge,
p.
pp. 37-75. Girard, Org.jud., 1, pp. 99-104.
a. V. pour le dépouillement critique des textes et des systèmes relatifs aux cen-
tumvirs Wlassak dans Pauly-Wissowa, 3, 2, 1899,
v. Centumviri, et O. Martin, Le
tribunal des centumvirs, Thèse Paris, 1904.
976 LIVRE IV. — TITRE I
du chiffre des tribus à trente-cinq en l'an 513 ', quoiqu'on les fasse
parfois remonter jusqu'aux origines de Rome 2. Ils sont surtout signalés
comme statuant en matière de pétitions d'hérédité ; mais il n'est aucune-
ment prouvé que leur compétence fût restreinte à ces affaires ni qu'elle \
fût exclusive 3 ; 2° les décemvirs stlitibus ou litibus judicandis, certaine-
ment électifs, qui apparaissent aussi comme statuant sur les questions de
liberté à la fin de la République 4; 3° dans certains cas de manus injeclio,
les triumvirs capitaux 3. Nous ne croyons pas au contraire que les pon-
tifes aient jamais statué sur des procès privés liés par voie de legis actio 6.
Ces autorités pouvaient siéger certains jours où les magistrats ne pou-
vaient pas le faire ; mais elles ne le pouvaient cependant pas tous les
jours : elles ne siégeaient pas en général les jours de jeux ni à l'époque
des vendanges et des récoltes, et l'année judiciaire (rerum aclus) était en
conséquence divisée en session d'hiver et session d'été (menses hiberni,
aestivi) par les grands jeux d'automne et de printemps "'. Elles siégeaient
par les magistrats pour se faire obéir chacun dans la sphère de ses at-
tributions, en faisant saisir par leurs appariteurs des objets appartenant
à l'auteur de la résistance,qu'on détruisait si la résistance
se prolongeait0.
Au contraire, au profit des particuliers,-cette procédure archaïque est
eu principe exclue dès le début du droit romain. Elle n'est admise que
dans quelques
cas exceptionnels où elle s'explique, croyons-nous, non
pss comme une survivance de la saisie privée, mais comme une déléga-
tion de la saisie publique.
Elle est ainsi accordée 1°
: en matière militaire, aux soldats pour leur
'• XII Tables, 1,7: In comitio
aut in foro.
2. XII Tables, 1, 8 Posl meridiem praesenli lilem addicilo.
13. XII Tables, 1, 9 :: Solis occasus suprema lempestas esta.
i-Gaius, 4, 26-29. 32. Cf. Paul Collinet, Elude sur la saisie privée, Thèse Pa-
rts, 1893,
pp. 33-78. Sumner Maine, Eludes sur les inst. primitives, 1880,
PP. 309-378.
» Cf. Collinet, pp. 7-29. V., en particulier, pp. 21-29, le résumé des travaux
te M. d'Arbois de Jubainville, le droit irlandais.
sur
6. V. Mommsen,
Droit publ., 1. pp. 183-184.
62
978 LIVRE IV. — TITRE 1
solde (aes militare) et, quand ils sont montés, pour le prix de leur che-
val (aes équestre) et pour leur indemnité de fourrages (aes hordeanum)
contre les personnes redevables envers l'Etat ; 2° en matière financière,
aux publicains fermiers des redevances dues à l'Etat contre les contri-
buables en retard, en vertu d'une délégation symétrique résultant de
leur marché avec les censeurs (lex censoria) ; 3° en vertu des XII Tables,
en matière religieuse, pour sanctionner deux créances résultant de con-
trats de vente et de louage intéressant le culte, qui n'étaient pas encore
civilement obligatoires '.
Celui à qui était déléguée la pignoris capio pouvait la faire, comme le
délégant, même en dehors du jus, en l'absence de l'adversaire, un jour
impropre à la justice ; mais il devait, à la différence du magistrat, la faire
certis verbis, ce qui s'explique aisément, dans l'esprit du temps, par le
désir d'empêcher les suspicions, de distinguer un acte licite d'un fait de
brigandage 2.
Quant à l'effet, un procès étant possible entre deux particuliers tandis
qu'il ne l'était pas entre un particulier et l'Etat, la pignoris capio du
particulier, à la différence de celle du magistrat, peut fonder un procès
sur le bien-fondé de la saisie et le saisissant peut prendre l'initiative
de ce procès pour demander le rachat de la chose 3.
§ 2— Manus injectio.
La manus injectio 4 est, dans sa notion la plus large, une procédure par
1. Gaius, 4, 27-28. Le seul ordre de cas où la délégation ne soit pas évidente par
elle-même est le dernier où l'on procède à la pignoris capio pour obtenir le paie-
ment d'un prix de vente, quand la chose vendue est un animal destiné à un sa-
crifice, ou d'un loyer que l'on compte dépenser en un sacrifice. La délégation peut,
à notre sens, venir, non pas comme on a dit parfois, d'un droit de saisie des pon-
tifes qui n'existe pas contre les particuliers, mais d'un droit de saisie du roi, à
la fois prêtre et magistrat, qui se serait trouvé éteint au moment de la sépara-
tion de ses pouvoirs civils et religieux et qui, précisément pour cela, a été trans-
féré aux particuliers intéressés par une loi positive, par la loi des XII Tables.
Un cas de pignoris capio omis par Gaius est signalé en matière de voirie par le
sénatus-consulte de pago Monlano, Textes, p. 122, dont la pignoris capio, mise
à côté de la manus injeclio, ne peut être qu'une pignoris capio privée, probable-
ment une pignoris capio populaire. La pignoris capio accordée sous l'Empire a
diverses personnes par la lex metalli Vipascensis, C. I. L., II, 5181, est, en un
certain sens, un doublet de la pignoris capio des publicains ; c'est une délégation
de la pignoris capio des magistrats ; mais ce n'est pas une legis actio per piano-
ris capionem. Sur la doctrine qui admet l'existence d'une pignoris capio au cas de
damnum infectum, v. p. 994, n. 2.
2. Gaius, 4, 29 (p. 968, n. 1).
3. Cela résulte de Gaius, 4, 33, selon lequel, sous le système formulaire, on donne
au publicain une action fictice pour demander la somme par laquelle le saisi se-
rait obligé de racheter le gage (pignus luere deberet) s'il y avait eu pignoris capio-
4. La legis actio per manus injeclionem est connue par des documents assez
abondants, non seulement par Gaius, 4, 21-25, mais par le texte des XII Table»»
3, 1-6, dont Aulu-Gelle, 20, 1, 42-52, nous a transmis les termes ou l'analyse, ci
enfin par le c. 61 de la lex coloniae Genelivae, qui en présente encore une app"'
ACTIONS DE LA LOI. — MANUS INJECTIO 979
nation en l'an 710 et dont le texte est très instructif à rapprocher de celui des
XII Tables.
1. C'est déjà le point de vue des XII Tables qui réglaient, notamment d'après
le commentaire
de Gaius et d'après Festus, v. Reus, la procédure du sacramentum
avwt la manus injectio.
-Xll Tables, 3, 1 : Aeris confessi rebusque jure judicalis, XXX dies justi sunto.
3- XII Tables, 3,' 2 injectio eslo. Celte .formule se retrouve
: Post deinde manus
980 LIVRE IV. — TITRE I
es'o. Cf.
sur ce dernier cas, de Ihering, Scherz und Ernsl, 1885, pp. 223-243 et
sw les dispositions parallèles des lois Scandinaves, Kohler, Shakespeare vor dem
r»"im der Jurisprudens,
1884, p. 30.
982 LIVRE IV. — TITRE I
ment rendu sur d'autres legis actiones qui n'existaient pas encore. C'est
donc seulement d'un point de vue moderne qu'on peut regarder comme
fondant la manus injectio à l'imitation du jugement soit le legs per
damnationem et le nexum qui la fondaient avant lui, soit la confessio in
jure qui la fonde depuis au moins aussi longtemps que lui.
L'idée d'imitation du jugement est plus exacte pour les manus injec-
tiones pro judicato que Gaius cite comme ayant été données au sponsor
contre le débiteur principal par la loi Publilia et au sponsor et au fide-
promissor d'Italie qui ont payé plus que leur part de la dette, contre le
créancier par la loi Furia de sponsu i.
Quant à la manus injectio pura, elle a d'abord été accordée à certains
créanciers par des lois isolées,ainsiau débiteur agissant en répétition d'in-
térêts usuraires indûment payés par une loi Marcia de date incertaine, à
l'héritier agissant en répétition de legs supérieurs au taux légal par la
loi Furia testamentaria de 550-585 2. Puis une loi Yallia, qui, étant pos-
térieure à la loi Furia testamentaria et antérieure à la loi Aebutia, se
place entre le milieu du VI" siècle et le premier tiers du VII0, a transfor-
mé en manus injectiones purae toutes les manus injectiones sauf deux,
sauf celles existant au cas de judicatum (et sans doute dans les hypo-
thèses assimilées d'aveu et de défaut de défense régulière) et au cas de
depensum 3. C'est une atténuation considérable à l'efficacité de la manus
injectio, mais cela ne supprime pas l'avantage des créances qui en sont
munies : le créancier y peut toujours recourir à la manus injectio sans
procès préalable, à l'exécution sans jugement, tandis que les créanciers
<iui n'avaient ni
manus injectio, ni pignoris capio devaient, avant de
songer à l'exécution, rendre leur titre exécutoire en exerçant une autre
legis actio.
§ 3. — Sacramentum.
Le sacramenium, qui est la legis actio generalis, celle à laquelle le
demandeur doit recourir toutes les fois que la loi lui donne une action
saus préciser la voie de procédure ', se présente, à l'époque historique,
sous la forme d'un pari au profit de l'État ayant pour objet le droit liti-
gieux et
pour enjeu une somme d'argent fixée selon l'importance du
1. Gaius, 4, 22. Cf. 756, 1 ; p. 758, n. 3. Gaius dit que la manus injectio
p. n.
pro judicato avait été établie par plusieurs autres lois ex multis causis. On peut
citer la manus injectio
pro judicato populaire établie en matière de voirie dans la
Première moitié du VIe siècle à Luceria.sans doute à l'imitation d'une loi romaine
(p, 968,
n. 2). On ne sait si la manus injectio donnée par la loi Aquilia à la vic-
l»ne du damnum injuria dalum
(p. 411, n. 2) et celle établie en matière de voirie
Parle sénatus-consulle de
pago Montano, Textes, p. 22, étaient des manus in-
l'ctxones pro judicato
ou des manus injectiones purae.
-3-Gaius,
Gaius, 4, 23. Cf.
p. 515, n. 3 ; p. 917, n. 2.
4, 24. M. Appleton, Z. S. St.,2G, 1905, p. 6 et ss.,croit qu'elle peut être
Postérieure à la loi Aebutia. On
ne le croit pas généralement et nous le croyons pas.
Gaius, 4, 13 Sacramenli actio generalis eral de c/uibus enim rébus ut aliter
• : ;
"yerelur kge
caulum non eral, de his sacramenlo agebatur.
984 LIVRE IV. — TITRE I
§5. —
Condictio.
La legis actio per condictionem °, certainement moins ancienne que
petundae qui donnaient originairement lieu à une legis actio sacramenli in per-
sonam par la loi Acilia repelundarum, lignes 58 et ss.
1. V. en ce sens Bekker, Aklionen, 1, p. 19 et ss.; Z. S. St., 23, 1902, pp. 12-13.
On peut remarquer, de plus, qu'une institution franche, faite ouvertement pour le
but auquel elle tend, est plus ancienne qu'une institution artificielle introduite
par les praticiens à l'aide de voies détournées.
2. Les seuls renseignements sont : Gaius, 4,12, qui dit que c'est une des legis ac-
liones, Gaius, 4, 20, qui dit qu'on
ne sait pourquoi on a introduit la condictio pour
des cas où l'on pouvait auparavant agir par sacramentum ou par judicis pos-
tulatio et la formule rapportée
par Valerius Probus, parmi celles des legis aclio-
nes: Te praelor judicem arbitrumve postula uti des. Cf. Ad. Schmidt, Z. S. St., 2,
'881, pp. 245-264.
3. Elle y paraît déjà l'action admise dans les matières signalées, note 5.
4. Ces actions établies sine lege n'existent
pas, à notre sens, au temps des Ac-
tions delà loi (p. 522,
n. 2). D'autre part, Gaius, 4, 20, prouve que la judicis
postulatio s'appliquait tout
au moins aussi à des cas d'actions de droit strict.
a. Partage: p. 626 et ss. Bornage: p. 628 et ss. Arbilrium lili aeslimandae
tant dans les
cas de sacramentum (p. 986, n. 3) que dans celui des XII Tables,
''. 3, qui se rapporte, à notre sens, à l'obligation des praedes (p. 335, n. 2). Arbi-
: p. 626. A côté de ces cas où le judex était un
'nurn aquae pluviae arcendae
«rbiter, il doit
y en avoir eu d'autres où il était un judex au sens strict. Conf.
0rS-jud., 1,
p. 91, n. 2.
G- Gaius,
4, 17a-20. Cf. Baron, Die Condiclionen, 1881. Jobbé-Duval, Eludes sur
histoire de la procédure,
pp. 59-206.
988 LIVRE IV. — TITRE I
les précédentes, fut créée par des lois de date ignorée ', parla loi Silia
en matière de sommes d'argent et par la loi Calpurnia en matière d'au-
tres choses certaines, pour des cas où, dit Gaius, on pouvait déjà anté-
rieurement agir par sacramentum ou par judicis postulatio. Sa création
n'a donc pas eu pour utilité de munir d'action des créances nouvelles.
L'avantage que les parties trouvaient à se servir de la nouvelle procé-
dure à la place des anciennes, avec lesquelles les lois Silia et Calpurnia
laissèrent vraisemblablement le choix 2, était probablement : pour la loi
Silia, dans l'admission de la sponsio et de la restipulatio lerliae partis 3 :
pour les deux, dans la possibilité donnée au demandeur de finir le pro-
cès injure en déférant au défendeur un serment par lequel celui-ci
éteindra la demande, mais qu'il sera obligé de prêter ou de référer, à
peine d'être soumis à l'exécution comme en vertu d'une confessio ou
d'un jugement * ; dans la possibilité aussi d'éviter la perte sèche résul-
tant du sacramentum ; enfin dans une simplicité plus grande de formes :
la procédure commence presque où finissait celle du sacramentum, par
une sommation {condictio) de venir prendre un juge dans les trente
jours ", qui devait avoir lieu in jure, puisqu'elle donne son nom à la
legis actio. Il est encore plus vraisemblable ici qu'en matière do judicis
postulatio que le jugement rendu contre le défendeur était une condam-
nation pécuniaire.
meilleure preuve en est qu'il suppose un père demandant cette prétendue restitu-
lio contre les actes faits par son fils. Cf. N. R. H., 1897, p. 268, n. 3.
1. C'est la missio in possessionem donnée contre celui qui fraudalionis causa
latitat, qui est possible dès alors pour déterminer l'absent à venir se défendre,
mais qui ne peut pas d'ailleurs encore aboutir, si la résistance se prolonge, à une
vente des biens (p. 1039, n. 3).
2. Indices du temps de Plaute et de Térence, p. 276, n. 1 et 6. Sur leur sanc-
tion à cette époque, v. p. 1047, n, 2.
3. Il n'y en a pas de preuve directe ; de plus, même à l'époque formulaire où
le magistrat a une action plus libre, il ne se sert presque jamais des procédés de
son imperium pour contraindre à la promesse. V. p. 1045, n. 5.
4. Gaius, 4, 30 : Sed istae omnes legis acliones paulatim in odio venerunl,
namque ex nimia subtililate veterum qui tune jura condiderunl eo res perducta
est, ut, vel qui minimum errasset, litem perderel. Cf. Cicéron, Pro Mur., 12, 20.
TITRE II
,
PROCÉDURE FORMULAIRE
1. Gaius, 4, 30 (suite) : Itaque per legem Aebutiam et duas Julias sublalae sunt
islae legis acliones effectumque est, ut per concepla verba, id est
per formulas
liligemus.
2. Keller, § 18, in fine. C'est une pure conjecture sans vraisemblance interne.
3. Cette conjecture, due comme tant d'autres à Huschke, est de beaucoup la
plus répandue. Cependant elle est moins satisfaisante en réalité qu'à première
vue. Sans doute la legis actio n'appartenait pas anciennement aux pérégrins
exclus du droit national et il en est même resté toujours quelque chose. Cf. Ci-
céron, Pro Caecina, 33, 97 et
ss. Mais pourtant il ne faut rien exagérer. Ou les
pérégrins n'ont pas avec Rome de lien juridique, résultant d'alliance ou de sou-
mission, et alors ils n'ont
pas de droit pas plus par legis actio qu'autrement. Ou
ils ont
avec elle un lien résultant d'un traité ou d'un acte législatif quelconque
lui leur a conféré certains droits, et alors ces actes peuvent avoir conféré la legis
mie, romaine dans
une mesure plus ou moins large, soit à tous les pérégrins
Pour certains droits, soit à certains pérégrins pour tous les droits. La première
choseparait bien avoir été faite pour l'action en répétition contre les magistrats
concussionnaires intentée par sacramentum aux termes de la loi Calpurnia de
Moet de la loi Junia postérieure (p. 993,
n. 2 ; cf. pp. 113, n. 2. 939, n. 4).
•992 LIVRE IV. — TITRE 11
Heaqua, 11, 3). Mais cela prouve qu'elle n'est pas une legis actio prodila de fu-
>uro, tendant à
une promesse. Il est plus malaisé de dire ce qu'elle est. Ce serait
Me legis actio au sens large, résultant d'un acte formel accompli en dehors du
/us d'après
une doctrine ingénieuse de M. Wlassak, suivie par M. Collinet, qui ex-
pliquerait très bien
sa survivance aux lois Juliae, mais qui ne s'accorde guère
avec Gaius, 4, 12 ; car il serait bien étrange qu'il ne nommât que cinq legis aclio-
nes au § 12, s'il en visait une sixième comme seule restée en vigueur au § 31.
I- Le défendeur qui ne fournit pas de vindex peut toujours être mené de force
996 LIVRE IV. — TITRE II. — CHAPITRE I
plus non seulement la saisie, mais la vente des biens de celui qui em-
poche la poursuite en se cachanti. La comparution paraît aussi pouvoir
être assurée par le vadimonium, au moyen duquel un défendeur peut
rationnellement aussi bien promettre de venir devant le magistrat une
première fois que d'y revenir une seconde 2. Il est beaucoup plus dou-
teux qu'on puisse, au moins en Italie et en matière de procès liés par for-
mules, employer comme troisième mode de citation, la litis denunliatio
sommation de comparaître à un jour dit, qui joue un grand rôle dans
devant le magistrat et même le préteur a créé une action pénale in faclum con-
tre celui qui le délivrerait par la force (Gaius, 4, 46). Mais le préteur donne en
outre une action in faclum contre celui qui in jus vocatus neque veneril neifut
vindicem dederit, suivant Gaius, 4, 46, dont le texte pur permet de rectifier à la
fois la rubrique de D., 2, 6, In jus vocali ut eanl aut salis vel caulum dent et les
textes interpolés où la mention du vindex a été remplacée par les mots fulejumr
judicio sislendi causa datus. V. pour la radiation du mot vindex les travaux cités
plus bas et pour sa raison tirée de la terminologie byzantine celui de Urassloiî,
pp. 51-59; v. contre elle Gauckler, TV. R. H., 1889, pp. 621-635. Schlossmann,
Z. S. St., 24, 1903, pp. 279-329. Z. de Griinhut, 1905, pp. 193-244. Le vindex,
dont l'intervention libère toujours Vin jus vocatus de l'obligation de suivre le de-
mandeur devant le magistrat, est en conséquence tenu envers le demandeur qui
peut le citer à son tour in jus pour lui faire fixer par le magistrat un terme auquel
il devra produire le défendeur, faute de quoi il sera tenu d'une action prétorienne
in faclum (Z)., 2, 6, Quisalisd. cog., 4 ; 2, 5 ; D., 2, 11, Si qiiiscaut., 10, pr.)N. en
ce sens Lenel, Z. S. St., 25, 1904, pp. 232-254. Cf. les systèmes plus ou moins
différents proposés antérieurement par Lenel, Z. S. St., 2, 1881, pp. 43 54, Edic-
lum, pp. 54-55 (suivi par P. Maria, Le vindex, 1895, pp. 234-247 et maintenu contre
Lenel lui-môme par Wenger,Rechtshislorische Papyrussludie)i,{902,pp. 5-25): Naber,
Mnemosgne, 21, pp. 371-382; Lenel, Edil, 1, pp. 74-76 ; Brasslofï, Zur Kennlniss d.
Volhsrechles in d. romanisislen Ostprovinzen, 1902, pp. 35-63. — Il est à noter que
Pédit défend de citer certaines personnes auxquelles on doit le respect (ascendants,
patrons) sans autorisation du magistrat (pp. 121, n. 4; 167, n. 2; 183, n. 31.
t. V. p. 990,n. 1. L'édit vient même au secours de celui qui a reçu un «index
en lui donnant, contre celui qui après avoir fourni ce vindex ne se présente pas,
une autre missio in possessionem spéciale. Cf. Ulpien, D., 42, 4, Quib. ex caus.,
2, pr. et Lenel, Ed., 1, pp. 81-82. Z. S. St., 25, 1904, p. 241.
2. Le vadimonium qui se fait, depuis la loi Aebutia (cf. p.747, n. 4), par un
contrat verbal ordinaire dans lequel le défendeur promet de cerlo die sisli avec
des clauses et des garanties accessoires variables (cf. Gaius, 4, 184-180 et Lenel,
Ed., 1, pp. 90-97 ; ajouter l'exemple mutilé du temps de Néron, C. I. L-, IV,
Suppl., 1, XXXIII, p. 324) était prescrit par le magistrat au défendeur quand l'af-
faire ne finissait pas le jour même (Gaius, 4, 184) et aussi quand, après l'avoir
entendu, il le renvoyait devant un tribunal autre que le sien (vadimonium Romain
faciendum: loi Rubria, c. 21 in fine ; v. aussi Lenel, Z. S. St., 2, 1881, pp. 3543;
jus domum revocandi : D., 5, 1, De judiciis, 7 ; 8; et Lenel, Ed., I, p. 94). Il p"u-
vait aussi d'après la logique autant que d'après les textes (v. par ex. Cicéron, Pro
Quinctio, 19, 61), être fourni à l'amiable avant toute comparution par une personne
à une autre. Mais c'est à tort qu'on rapporte encore parfois à un vas, donné p»r
le défendeur pour éviter la nécessité de comparaître immédiatement, les textes re-
latifs au vindex cités p.995, n. 1. L'erreur est prouvée par le rapprochement de
la rubrique du D 2, 6, et des textes eux-mêmes avec te texte pur de Gaius, i,
,
46 ; par la place différente des commentaires de l'édit où se trouvent les textesre-
latifs au vindex et ceux relatifs au vadimonium ; par la différence de l'action pré-
torienne t» faclum, qu'ils accordent faute d'exécution du décret du préteur, et de
l'action ex stipulatu, née de la promesse judicio sisli, que produit le vadimonium.
PROCEDURE FORMULAIRE. — DEBATS IN JURE 997
suite qu'il peut encore, après avoir indiqué l'objet du procès au dé-
fendeur et au lieu d'en demander la formule au magistrat, déférer à
l'adversaire un serment que celui-ci est, à peine d'être réputé jugô; tenu
de prêter ou de référer (jusjurandum necessarium), dans toutes les
actions d'après l'opinion commune, seulement en matière de condictio
certae pecuniae ou certae rei et de quelques actions similaires dans une
doctrine que nous croyons meilleure i.
Quant au défendeur, en laissant de côté le cas de serment nécessaire,
il peut prendre, en face de la demande, à peu près les mêmes partis
qu'au temps des Actions de la loi : ou bien s'exécuter en donnant au
demandeur sans procès ce qu'il demande ; ou bien contester la préten-
tion de manière à provoquer un procès ; ou bien ne faire ni l'un ni
l'autre, ne pas exécuter tout en ne contestant pas, soit qu'il fasse une
confessio in jure expresse, soit qu'il ne se défende pas uti oportet. Mais,
s'il n'y a pas de changement sensible pour le cas où il prend le premier
parti, il y en a beaucoup pour les deux autres.
Il y en a d'abord un considérable au point de vue du fond, quant à la
manière dont il peut contester la demande, par suite de l'introduction
des exceptions. La règle de l'unité de question a disparu. Le défendeur-
peut contester la prétention du demandeur non plus seulement en niant
le droit allégué par lui, mais en lui opposant un droit rival qu'il soutient
devoir le neutraliser : à côté de la première question posée par le de-
mandeur, il peut en poser une seconde par l'exception, en face de la-
quelle le demandeur pourrait en poser une troisième par une réplique
et ainsi de suite.
Il y a aussi eu, croyons-nous, un changement important dans le mé-
canisme de la procédure, au point de vue de l'effet de la confessio injure.
mieux C. Th., 11, 39. De fide lest., 12) étudiée par ex. par les auteurs cités, p. 900,
n. 1.
1. Cette limitation se manifeste clairement, quand l'on sépare les deux massifs de
textes de D., 12, 2, Dejurejurando signalés p. 599, n. 1. Le serment déféré injure
par une partie à l'autre qui doit le prêter ou le référer à peine de perdre le procès,
apparaît exclusivement comme déféré par le demandeur au défendeur (Llpien,
D.,h. t., 34. 6. 7 : Lenel, 762) et uniquement dans la condictio certae pecuniae,
dans la condictio trilicaria (D., h. t., 34, pr.) et dans les actions operarum (D.,
'< t., 3i, pr.) et pecuniae conslilulae (p. 603, n. 1) qui en sont étroitement pa-
rentes [p. 493, n. 2 ; p. 601, n. 1).
— On ne
confondra pas avec ce serment por-
lantsur le droit, qui ne peut être exigé que dans certaines actions, le jusjurandum.
ealunmiae, portant
sur le point de savoir si l'on plaide de bonne foi, qui peut être
déféré par le demandeur
au défendeur dans tous les procès où celui-ci n'est pas
e"posédéjà à des peines de procédure iGaius, 4, 172), et par le défendeur au de-
mandeur qui n'est pas déjà exposé à la peine d'une restipulatio. à moins que le
défendeur
ne préfère se réserver certaines actions en recours (Gaius, 4, 176 ; v.
P- 1033, n. 3), mais qui doit être relevé ici
parce que celui à qui on défère le ser-
ment nécessaire peut
se dispenser de le prêter ou de le référer en déférant l&jus-
lurandum calumniae, D.. 12, 2, De jurejur., 34, 4 ; 37. Cf. Hitzig, dans Pauly-
Wissowa, 3, 1, 1897,
v. Calumnia, Mommsen, Strafrechl, pp. 386, n. 2. 491.
100O LIVRE IV. — TITRE II. — CHAPITRE I
Sous les Actions de la loi, celui qui fait confessio in jure ou qui ne se
défend pas uti oportet est, sans distinction, réputé judicatus et on admel
souvent qu'il en est de même sous la procédure formulaire. Mais cepen-
dant, sous les Actions de la loi, la confessio in jure et les actes équi-
valents donnaient en principe au demandeur la même satisfaction que
lui eût donnée par exemple le jugement rendu sur un sacramentum :
dans un cas comme dans l'autre, son droit était rendu certain, sans
d'ailleurs être plus soustrait dans un cas que dans l'autre à la néces-
sité d'une procédure de liquidation accessoire, s'il ne consistait pas en
argent : or, il n'en est plus de même sous la procédure formulaire où, par
suite de l'universalité des condamnations pécuniaires, le jugement ne
rend pas seulement le droit certain, mais le liquide en argent. La confes-
sio n'équivaut plus au jugement qu'à condition de porter sur une somme
d'argent, sur une créance d'argent, et nous croyons, en effet, que, dans
la pureté du système formulaire tel qu'il a fonctionné au moins jusqu'à
Marc Aurèle, la confessio n'équivaut au jugement que quand c'est une
confessio certae pecuniae, qu'en dehors de là, celui qui avoue ou ne dit
rien n'est pas dispensé de donner son concours au procès et, s'il ne le
fait pas, est soumis aux mêmes voies de contrainte que celui qui em-
pêche la liaison du procès en se cachant '.
1. Cf. Demelius, Confessio, pp. 111-204 ; Giffard, Confessio in jure, pp. 53-155.
La distinction est déjà faite très nettement, dès les premiers temps du système for-
mulaire, par la loi Rubria, ce. 21-22. Le c. 21 permet l'exécution sur la personne
comme s'il y avait jugement contre celui qui est confessus ou qui refuse de défen-
dre ou qui ne répond pas sur une action certae credilae pecuniae de la compétence
des magistrats municipaux. Au contraire le c. 22 prescrit de renvoyer l'affaire de-
vant tes magistrats de Rome, seuls compétents pour la saisie et la vente des biens
de Vindefensus, quand c'est sur une autre action que le défendeur a fait une con-
fessio incerli ou ne s'est pas défendu ou a refusé de répondre (v. pour la distinc-
tion difficile et importante des membres de phrases, Demelius, pp. 126-132 ; Gif-
fard, pp. 62-75). C'est donc que, dans le premier cas, la confessio dispense de dé-
fendre au procès, tandis que, dans le second, it faut contraindre malgré elle le dé-
fendeur à y répondre. La même distinction entre le confessus certae pecuniae qui
est assimilé au judicatus et celui qui a fait une autre confessio, une confessio M-
cerli, qu'on doit forcer à défendre au procès par missio in possessionem, parait se
retrouver au temps des Sévères clans un texte corrompu d'Ulpien, D., 42, 2, De
confessis, 6, pr. : Cerlum confessus pro judicato eril, incerlum non eril ; 1 : SiauM
incertum confitealur... urgueri débet ut cerlum confilealur. Mais d'après le même
texte, cela fut changé par une oralio Marci, probablement relative à la procédure
extraordinaire, qu'on essaya peut-être d'étendre à la procédure formulaire dès avant
sa disparition. Cf. Lenel, 2277; Demelius, Confessio, pp. 159-163; Pernice,Z. -S.$-i
14, 1893. pp. 162-166, Giffard, pp. 168-181.N. R. II. 1905,pp.449-476 et en sens diffé-
rent Collinet, .V. R. IL, 1905, pp. 179-194. — Il faut naturellement séparer du sys-
tème général de la confessio, soit les acliones interrogaloriae données à la suite dw-
terrogaliones in jure (p. 998, n. 3), soit les actions confessoriae en évaluation qui
étaient depuis longtemps signalées comme étant données pour éviter la peine au
double de Vinfiliatio au cas de délit de la loi. Aquilia (p. 411, n. 2 ; D-, 9, 2,-t»
leg. Aq., 23, 10 ; cf. Lenel, Ed., pp. 1, pp. 227-230) et peut-être d'action ex '«'"'
mento (p. 611, n. 1 ; cf. D., h. t., 3 ; Demelius, p. 192, n. 2 ; Giffard, p. I6i el
ss.) et qui paraissent aujourd'hui plus largement se rencontrer dans tous les cas
PROCEDURE FORMULAIRE. — DÉBATS IN JURE 1001
où lis infiliando crescil in duplum, donc aussi dans le cas des actions judicali et
depensi d'après la démonstration de M. Wenger, Actio judicali, 1901, pp. 21-96,
généralisée par M. Thomas, .V. R. II., 1903, pp. 579-596, et fondée particulière-
ment sur la terminologie des sources et sur Ulpien, D., 44, 1, De except., 2,-4.
1. Cf. R. Schott, Das Gewàhren des Rechlsschulzes im rômischen Civilprozess,
1903 ; Riimischer Zivilprozess und moderne Prozesswissenschafl, 1901, et les obser-
vations de Bekker, Z. S. St., 24, 1903, pp. 343-374, sur le premier ouvrage.
2. La loi Rubria, c. 21, assimile au judicatus non seulement le confessus, mais
celui qui ne répond pas ou qui ne se défend pas uti oportet. L'édit du préteur
prescrit pareillement, dans la même rubrique, l'exécution sur la personne du
certae pecuniae confessus et de celui qui ne se défend pas convenablement sur une
action certae pecuniae. Cf. Lenel, Ed., 2, pp. 144-145. Cela s'appliquera par ex. à
celui qui refusera de fournir la sponsio terliae partis, qui refusera de concourir à
la nomination du juge, à la litis contestalio.
3-Nous pensons ici surtout aux cas d'incompétence (p. 997, n. 2) et de ques-
tions^ préjudicielles. Un texte du Digeste (D., 2,8, Qui salisd. cog., 7, pr. ; cf.
°-. 3, 1, De jud., 50, 1-2 52, 3) et des constitutions impériales récentes parlent
;
de praescriplio fort
en matière d'incompétence. On trouve pareillement citées,
comme servant à faire écarter des procès en préjugeant d'autres, les exceptions (ou
prescriptions : Gaius, 4, 133) extra quam in reum capilis praejudicium fiai, pour
'aire exclure le procès civil préjugeant
un procès criminel capital (Cicéron, De
,
"J1'-. 2, 20, 59), quod praejudicium
non fiai hereditali (Gaius, 4, 133. D., 10, 1, F.
Ê;>•> I O.,44, 1,0eexe,
; 13, etc.) pour exclure l'action particulière préjugeant la
.S Pétition
d'hérédité, praedio (D., 44, 1, De exe. 10), fundo parlive ejus (D., 44, 1,
pour exclure l'action relative à une servitude préjugeant celle rela-
De exe., 18),
tive à la propriété
et on les a longtemps considérées commodes applications d'un
principe général, posé notamment, D., 5, 1, De jud., 54, selon lequel le défen-
ur aurait eu une exception
pour repousser la demande toutes les fois qu'elle
Préjugeait un litige d'ordre supérieur,
que ce fut à raison du rang du tribunal ou
e la nalure du procès
ou de son objet. Mais cependant il est sûr que c'est le magis-
1002 LIVRE IV. — TITRE II. — CHAPITRE l
D., 10, 2, F. E., 1, 1, opposé à 51, 1) pour soutenir qu'il y aurait exception ou
décret selon que le procès prépondérant serait seulement en perspective ou déjà
intenté. M. de Velsen, Die Exccpliones praejudiciales, 1896, a soutenu que l'excep-
tion fonctionnerait seulement quand le procès critiqué empiéterait sur la compé-
tence des quaesliones perpeluae pour le premier cas, sur celle des centumvirs pour
le second et le troisième. Mais cette dernière doctrine soulève, en particulier pou'
le second et le troisième cas, des objections graves (v. Oertmann, IC V. /..•"'
1896, pp. 386-392) et la distinction proposée par M. de Buelow, outre qu'elle s'ap-
puie sur une opposition de textes un peu artificielle, ne semble pas rationnelle-
ment tout à fait satisfaisante (v. Bekker, Aktionen, 1, pp. 380-381 ; Wacli sur Rel-
ier, p. 213, n. 491).
1. Cf. D., 15, 1, De pee, 3, 11 (p. 701, n. 4).
2. Gaius, 4, 88-102. Nous retrouverons, p. 1021 et ss., les cautions dues par ce-
lui qui plaide alieno nomine. Quant à celui qui plaide suo nomine, il ne doit J
mais de caution avant Justinien, quand il est demandeur (Gaius, 4, 96.100.: s
est défendeur à une action réelle, il doit toujours unesatisdatio, qui est, selon
forme du procès, soit la satisdatio judicalum. solvi, soit la satisdatio pro prae
PROCEDURE FORMULAIRE. — DEBATS IN JURE 1003
litis et rindiciarum (Gaius, 4, 89. 91 ; cf. p. 344, n. 2) : s'il est défendeur à une
action personnelle, il doit la satisdatio judicatum solri, seulement par exception
(Gaius, 4, 102), soit propler genus aclionis (actions judicali, depensi, de moribus
maliens; Gaius, 4, 169, ajoute le judicium f'ructuarium : p. 1053. n. 5), soit prop-
ler personam, quia suspecta sit, à cause de sa solvabilité douteuse (quand il y a eu
ou qu'il y a contre lui une procédure de saisie, quand c'est un héritier qui paraît
suspect au préteur).
1. Intervention directe du préteur en matière de meubles (p. 344, n. 2 in fine).
Interdits quem fuiidum en matière de revendication immobilière (p. 344, n. 2),
ijuain heredilalem en matière de pétition d'hérédité (fr. de Vienne, 4, Textes,
p. 467 ; cf. Cicéron, In Verr., 2, 1, 45, 116), quem usu.mfructii.ni, en matière d'usu-
fruit et quam servitulem en matière de servitudes prédiales (p. 378, n. 3).
2. V. pour le cas d aclio certae credilae pecuniae, la p. 1001, n. 2. Pour les
autres actions, la loi Rubria, c. 22, met sur la même ligne le confessus, celui qui
ne se détend pas uli oportet et celui qui ne répond pas. V. aussi Ulpien, D., 50,
17, De R. J., 52 : Non defendere ridelur
non lanlum qui Imitai, sed et is qui prae-
sens iwijut se defendere aul non vit.lt suscipere aclionem.
3. V. p. 975. La distinction des judices en judicescl en arbilri gagne un nou-
veau champ d'application par suite de la création d'actions nouvelles, notamment
des judicia bonae fulei, qui sont considérés comme des arbitria (par ex. dans Ci-
céron, De off., 3, 17,- 70: p. 523, n. I), et c'est à notre époque qu'on rencontre le
texte principal, Cicéron, Pro Rose coin., 4, sur lequel on a voulu fonder une
opposition radicale des deux sortes d'actions (cf. par ex. Relier, §§ 7. 17). Mais les
textes mêmes de Cicéron et celui de Gaius, 4, 62, prouvent de nouveau que ces
arbiiria sont en même temps des judicia.
4- Il est alors seulement nécessaire que les juges satisfassent à certaines con-
ditions générales de capacité. Cf.
par ex. Paul, D., 5, 1, De jud., 12, 2.
à- Cf. Mommsen, Dr. publ., 6, 2, pp. 131-144; p. 490, n. 1. Les grandes dates
sont: la loi de C. Gracchus de 032 transportant les fonctions de jurés aux cheva-
ces fonctions au Sénat par L. Cornélius Sulla en 673 ; la
liers ; la restitution de
loi de GS4 du préteur Aurelius Cotta, créant trois décuries de jurés composées
d'abord de sénateurs, de chevaliers et de tribuni aerarii, de chefs de tribus, c'est-
à-dire de notables ayant le
cens équestre (cf. Mommsen, Dr. publ, 6, 1, pp. 212-
-21), puis, après l'exclusion des tribuni
par César, exclusivement de chevaliers et
de sénateurs enfin la
; création par Auguste d'une quatrième décurie, et par Cali-
Na d'une cinquième décurie de gens ayant un cens moindre pour les affaires-
1004 LIVRE IV- — TITRE II. — CHAPITRE I
est désignée par des textes comme le moment où la lis est inchoala, où
le judicium est acceplum et les interprètes l'appellent aussi du nom
suggéré par d'autres textes de novalio necessaria, à cause de sa res-
semblance avec la novation l. Elle se rattache certainement à la délivrance
de la formule, à sa réception. Seulement l'opinion la plus répandue ad-
met qu'elle résulte de cette délivrance faite par le magistrat au deman-
deur, que le judicium est acceptum parle demandeur du magistrat 2.
Suivant une doctrine préférable, dans laquelle elle est l'expression der-
nière du concours de volontés nécessaire pour la liaison du procès,
le judicium est acceplum par le défendeur du demandeur et la litis
contestatio n'a lieu qu'au moment où le défendeur accepte du deman-
deur la formule déjà rédigée par le magistrat 3.
2. Effets. Les effets de la litis contestatio sont très nombreux. Mais
ils s'expliquent tous aisément par son caractère novatoire.
a) Elle fait naître un droit nouveau, un droit d'obtenir un jugement
dont les termes sont déterminés par la formule. Et par conséquent elle
fixe les éléments personnels et réels du procès, elle règle entre qui il
existe et sur quoi il porte.
Quant aux personnes, celles du juge et des parties ne peuvent plus
régulièrement changer : si les circonstances l'exigent, si le juge ou une
partie vient à mourir,si le juge se trouve dans l'impossibilité de siéger,il
y a lieu à une translatio judicii ', opérée par le magistrat cognita causa '-.
Quant à l'objet du procès, la formule une fois délivrée ne pourra plus
être modifiée que par une in integrum restitutio accordée par le magis-
trat dans le but de permettre au demandeur d'éviter les conséquences
d'une plus pelitio, au défendeur de faire insérer une exception oubliée.
Sans cela le juge ne connaît que la formule et c'est aussi au moment de
la formule qu'il doit se placer pour étudier la question à trancher. Il ab-
soudra, si le droit n'était pas fondé alors, quand bien même il le serait
devenu depuis. Il condamnera, si le droit était fondé alors, quand bien
même il aurait cessé de l'être par la suite 3. Et il se reportera pareille-
ment à ce temps pour déterminer le montant de la condamnation*.
b) La litis contestatio, en faisant naître le droit d'obtenir une sentence,
éteint le droit antérieur et, que la sentence soit une sentence de condam-
nation ou d'absolution, on ne pourra plus ensuite agir à nouveau. Le
droit antérieur est éteint, comme il l'était sous les Actions de la loi par
l'accomplissement de la legis actio. Seulement, à l'époque des Actions de
la loi où il n'y avait pas d'exception, le droit était toujours éteint ipso
jure. La litis contestatio l'éteint tantôt ipso jure, tantôt exceptionis ope.
Elle l'éteint ipso jure, quand l'instance constitue ce qu'on appelle un
judicium legitimum (p. 1028), quand l'action est une action personnelle
et quand la formule est une formule in jus. Elle l'éteint exceptionis ope,
dans d'autres cas où l'effet extinctif ne date sans doute en général que
de la procédure formulaire : quand, au lieu d'être un judicium legitimum
mis par la loi à la place de l'ancienne legis actio, l'instance est un judi-
cium imperio continens ; quand l'action est une action m/'actot qui ne
date que de l'époque de la procédure formulaire, et enfin -quand c'est
une action in rem à laquelle cela porte à croire que l'effet extinctif était
étranger sous les Actions de la lois. La seconde poursuite est alors exclue
1. V. Alfenus Varus, D., 5, 1, De jud., 76. Gaius, D., 9, 4, De N. A., l'A. Cf.
P. Koschaker, Translatio judicii, 1905.
2.f. V., 341.
3. Ainsi en matière d'actions temporaires et intransmissibles : p. 701, n. 1 ; M
cas d'usucapion par le défendeur inler moras litis : p. 342, n. 1.
4. En conséquence, le demandeur a droit, d'une part, à la chose telle qu'elle
était lors de la litis contestatio, malgré les pertes et les détériorations postérieures
survenues même par cas fortuit, d'autre part, à tout ce qu'il en eût tiré, s'il l'a-
vait eue dès alors, notamment à tous les fruits qu'il aurait pu percevoir, que le
défendeur les ait ou non perçus. Mais ces solutions qui ont commencé par élre
appliquées rigoureusement à toutes les actions tant personnelles que réelles
(p. 342, n. 2), ont fini par n'être appliquées d'une manière absolue qu'à ceux
qui défendaient à un procès de mauvaise foi (p. 342, n. 2 ; p. 647, n. 3), tandis
que les autres étaient seulement responsables des pertes et détériorations sur-
venues par leur faute, des fruits qu'ils avaient perçus ou qu'ils auraient p™
percevoir. — On sait que la litis contestatio ne fait pas courir les intérêt!
(p. 649, n. 5).
5. M. Erman, Z. S. St., 19, 1898, p. 352, n. 2, suppose, pour écarter l'argument,
•que les règles de la revendication intentée par formule pétitoire lui seraient ve-
nues de la procédure per sponsionem et non du sacramentum.
PROCEDURE FORMULAIRE. — DIVISIONS DES ACTIONS 1007
les divisions des actions signalées par les jurisconsultes romains ou par
les interprètes.
I. Demonstratio. — La demonstratio indique, dit-on parfois, le point
de fait du procès avant le point de droit, plutôt à notre sens, la cause
du droit allégué par le défendeur. Elle se rencontre seulement dans les
actions personnelles incertaines *.
jeclio établie en matière de voirie par l'inscription de Luceria (p. 983, n. 1) ; ma-
nus injectio etpignoris capio établies par le sénatus-consulte depago Montana (p.983,
n. t ; p. 978, n. 1), manus injectio de Plaute (p. 976, n. 5). Mais on a prétendu
qu'elles sont toutes des actions populaires procuratoires. Dans la procédure formu-
laire, où se place le principal développement des actions populaires au sens
étroit, elles se distinguent nettement des actions populaires procuratoires dans
lesquelles la condamnation est prononcée au profit du peuple. Ce sont des actions
intentées par le demandeur suo nomine (Bas., éd. Heimbach, 5, 670), où la con-
damnation est prononcée à son profit, qui font partie de son patrimoine après la
litis conleslalio et seulement alors et qui sont bien en principe au cas de conflit
accordées à l'intéressé le plus direct, mais qui peuvent cependant lui être enlevées
par un autre plaideur plus vigilant (D., 47, 12, De sep. viol., 6). Elles sont engo-
uerai prétoriennes et pénales, par suite annales et intransmissibles passivement
(D-, h. t., 8),
comme par ex. les actions de albo corruplo (D., 2, 1, De Jurisd., 1),
de sepulcro violalo,
p. 240, n. 4, de suspensis, p. 636, n. 1. Comme actions popu-
laires procuratoires
on peut citer alors, outre celles fort nombreuses établies par
les lois municipales (cf. Mommsen, Dr. publ., l,pp. 204-211 et l'exemple particu-
lièrement net fourni depuis
par la loi de Tarente, c. i, Textes, p. 63), l'action de
lermino moto, D., 47, 21, De lerm. mot:, Z,pr. et l'action de leslamenlo aperlo, D.,
29, 5, Quorum
test., 25, 2 (cf. Lenel, Ed., 2, p. 94, n. 1).
L Gaius, 4, 40. Exemple, 4, 47 (p. 520, n. 1). La condictio incerli est à près
'a seule action incertaine
peu
où sa présence soit douteuse (p. 614, n. 3).
2- Gaius, 4, 42. Cf.
p. 628, n. 1 ; p. 628, n. 3.
3- Inst., 4, 6,
Deact., 20. V. sur les systèmes, Accarias, 2, p. 893, n. 2 et Audi-
bert, N. R. H.,
1904, pp. 649-687 (qui présente un système propre).
i Gaius, 4, 41. 44. Exemples, 4. 41 (p. 1010, n. 1), 4, 136 (p. 492, n. 1), 4, 47
(P-S26.II. 1), etc.
?• Cette opposition
entre les noms dactio réservé aux anciennes Actions de la
01 et de judicium
donné aux nouvelles formules a été particulièrement mise en
«mière par M. Wlassak, Processgeselze (v. par ex. Cicéron, De Nul. deor., 3, 74
Processgesetze, 1.
pp. 72-851. Mais bientôt on a donné le nom d'action soit
04
1010 I.1V11K IV. — TITItE II. — CHAPITRE l
cette intentio, à la troisième personne, les discours tenus à la première
personne, par le demandeur à la legis aclio (Aio hune hominem meum
esse ex jure quiritium ; si paret hominem Slichum A. Agerii esse ex jure
quiritium, —• Aio te mihi sestertium decem initia dare oportere ; si pa-
rel N. Negidium A. Agerio sestertium decem milia dare oportere, etc. '),
Mais le préteur n'a pas donné d'actions que dans les cas où la loi don-
nait des actions civiles. Il est arrivé par une pente naturelle à en donner
quand la loi n'en donnait pas. Il a suivi pour cela divers procédés dont
les deux principaux ont encore Yintentio de la formule pour organe. Le
premier lui a peut-être été suggéré par la façon dont il avait dû s'y
prendre pour la transposition de certaines Actions de la loi. Il délivrait
dans certains cas la formule avec la fiction que l'Action de la loi avait
été accomplie, en disant au juge de statuer comme si elle l'avait été 2.
Cela a pu lui donner l'idée, quand il a voulu étendre la protection delà
loi à un cas où une des conditions légales manquait, de dire au juge de
statuer comme si cette condition existait, de donner la formule en fei-
gnant que cette condition existe. Ce sont les actions prétoriennes ficti-
ces, ainsi l'action Publicienne donnée à l'individu qui est in causa usuca-
piendi avec la fiction que le délai de l'usucapion est accompli, l'action
furti donnée au pérégrin avec la fiction de la qualité de citoyen, les
actions héréditaires données au bonorum ptossessor avec la fiction de la
qualité d'héritier 3.
Seulement il y a eu des droits que le préteur a voulu protéger sans
trouver d'actions similaires à appliquer, sans trouver de droits voisins
motivant une action civile. Alors il a fait un nouveau pas. Il les a pro-
tégés non plus par une formule in jus, posant avec ou sans fiction une
aux formules civiles, soit aux formules prétoriennes, même in faclum. Cepen-
dant on trouve encore ensuite l'opposition faite entre les actiones venant de la loi
positive et les judicia honoraria (Julien, D., 9, 4, De N. A., 39, pr.) ou même les
judicia simplement créés sine lege tels que les judicia bonae fidei. V. le résumé de
Wlassak, dans Pauly-Wissowa, 1, pp.304-306, et en sens contraire Kuebler,Z. S.
St.,i6, 1895, pp. 137-181.
1. V. pour les formules de la première période, les textes cités, p. 985, n. I
et 1, et pour celles de la seconde, Gaius, 4, 41.
2. Gaius, qui signale ces fictions, 5, 10, en donne, après une lacune, un exemple
en matière de pignoris capio des publicains, 4, 32, et dit, 4, 33, qu'il n'y avait pas
de fiction pareille dans la condictio ni généralement dans les actions où on
prétend pecuniam aut rem aliquaru dari oportere ; mais il est certain, d'après son
langage, que la pignoris capio n'était pas la seule des anciennes Actions de la loi
dont on feignit ainsi l'accomplissement par une fiction : la fiction est particuliè-
rement vraisemblable pour la manus injectio dans les cas de laquelle elle expli-
que le maintien de la peine du double. Cf. Baron, Condiclionen, p. 315 et s. te- .
nel. Ed., 2, pp. 97, n. 5, 183.
3. Gaius,r4, 34-38. Loi Rubria. c. 20 (p. 1045, n. 5). V. aussi B. G. U., n» W>
d'après Mitteis, Hermès, 30, 1895, pp. 584-585, qui voit là une action rei "»
riae donnée contre un militaire avec fiction de la validité de son mariage, mais
élites
v. en sens contraire, Gradenwitz, Einfûhrung, p. 10. Dareste, Nouvelles
p. 179. Paul M. Meyer, Arch. f. Pap., 3, 1, 1903, p. 73.
PROCEDURE FORMULAIRE. — ACTIONS PERSONNELLES, REELLES 1011
droits réels, étaient désignées sous les Actions de la loi du nom d'ac-
tions in rem par opposition aux actions in personamnées de droits per-
sonnels, parce que la legis actio avait pour objet direct la chose dans
les premières et la personne du débiteur dans les secondes. Mais les
paroles prononcées dans la legis actio présentaient déjà, comme ont fait
ensuite les termes des formules, une dualité correspondant à la diver-
sité de fond des deux sortes de droits. Ordinairement Yintentio ne nomme
pas le défendeur dans les actions réelles et le nomme dans les ac-
tions personnelles. Pourtant il y a des exceptions dans les deux sens '.
2° Actions certaines, incertaines. Parmi les actions dont Yinteniioest
in jus, les actions personnelles exprimant une créance certaine ont une
intenlio certa (si parel... centum, hominem Slichum dare oporlere)Qt'A
en est de même en principe des actions réelles. Au contraire Yinlenlk
est incerla (souvent quidquid parel... oportere) dans les actions per-
sonnelles sanctionnant une créance indéterminée 2. Les textes ne com-
prennent pas expressément dans la division les actions in factum, mais
elles paraissent être, au moins d'ordinaire, des actions certaines 3.
publicienne (p. 348 et ss.) ; l'action confessoire utile (pp. 378-379) ; les actions
données au superficiaire et au conductor agri vecligalis (p. 383.384), et toutes les
autres actions utiles copiées sur la revendication (p. 345, n. 3) ; les actions ser-
vienne et quasi-servienne (p. 767 et ss.) ; la pelilio heredilatis possessoria (p. 907;,
etc. On classe aussi ordinairement les actions préjudicielles parmi les actions
réelles.
1. Cf. p. 985, n. 4. Le nom du défendeur ne se trouve pas dans l'action quoi
melus causa qui est une action personnelle in rem scripla (p. 417), ni, croyons-
nous, dans l'action ad exhibendum (p. 632, n. 4) et il se trouve dans les actions
prohibitoire et négatoire (p. 346) et dans certaines formules d'action confessoire
(Lenel, Ed., 1, p. 220, n. 5 et 7). Les actions réelles ont, comme on sait, pour ca-
ractère de pouvoir être intentées contre tous les tiers détenteurs et d'assurer un
droit de préférence ménagé par les cautions judicalum solvi et pro praede litis et
vindiciarum (p. 1002, n. 2).
2. Nous avons déjà indiqué, p. 445, n. 1, tes difficultés relatives au classemenl
des actions personnelles nées de contrats. Les principes posés par les textes cités
là conduisent à classer parmi les actions incertaines beaucoup d'autres actions
in jus n'ayant pas pour objet la translation de propriété d'une somme d argent ou
d'une res certa, ainsi par ex. l'action furli nec manif'esli où Yintentio porte d'après
Gaius, 4, 37; Quamobrem pro fure damnum decidere oportet, les actions noxales
civiles dont l'inlenlio alternative est rapportée p. 676, n. 1, l'action ad exhibenduit
(cf. D., 16, 3, Dep., 33), etc. Pour les actions réelles, Gaius, 4, 54, dit qu'on ne
peut leur donner une intenlio incertaine (quanlam parlent parel in eo fundo quoi 1
agitur acloris esse), qu'inpaucissimis causis. Ulpien, Z)., 5, 4, Si pars lier., 1, S, dit
en termes qui semblent marquer un élargissement de doctrine, qu'on peut, sans
trop d'audace, accorder une formule ainsi rédigée toutes les fois qu'un individu a
de justes raisons d ignorer pour quelle part il est propriétaire. Le principal inté-
rêt de la différence se rapporte à la plus petitio,p. 1031, n. 4.
3. On pose souvent la règle comme absolue. Mais la formule des actions m
bonum et aequum conceplae, par ex. de l'action d'injures où il y a quantum ptet-
niam bonum aequum videbilur, à plus forte raison de l'action rei uxoriae, ressem-
ble plus à celle de la vindicatio incerlae partis qu'à celle des actions certae et U
controverse rapportée par Gaius, 4, 60 (p. 1031, n. 3), suppose que l'action d'injures
est pour lui une action incertaine.
(PROCÉDURE FORMULAIRE. — ACTIONS HE RONNE FOI, DE DROIT STRICT 1013
1. C'est le nom donné à ces actions par les textes de beaucoup les plus nombreux
et par tous ceux qui sont d'une pureté certaine (v. par ex. Cicéron, De ofj., 3, 15,
61: p. 522, n. 2 et Gaius, 4, 62). Cf. Gradenwitz, 1 nlerpolalionen, pp. 105-110. V.
sur leur formule les pp. 526, n. 1, et 532, n. 1.
2. Le nom des actions de droit strict ne date lui-même que de Justinien sui-
vant une observation juste déjà faite par Windscheid, 1, § 46, n. 4. Auparavant, on
trouve dans le D., une fois aclio stricti judicii (D., 12, 3, De in lit jur., 5, 4), une
fois striclum... probablement judicium (D., 13, 6, Comm., 3, 2 : p. 644, n. 4) ; Jus-
tinien dit encore stricta judicia, Inst., 4, 6, De acl., 30, probablement en copiant
Gaius.
3. Inst., 4, 6, De ad., 28. On admet généralement que celte division s'applique
seulement aux actions personnelles, in jus, nées autrement que de délits ou de
quasi-délits ; mais le champ des stricta judicia est en réalité moins bien délimité
que celui des judicia bonae fidei.
4. C'est, croyons-nous, à tort qu'on admet une variante pour l'action fiduciae et
pour l'action rei uxoriae ; les mots invoqués dans ce sens ne font pas partie de la
formule de bonne foi in jus. V. p. 522, n. 3, et p. 951, n. 2.
5. Intérêt, par ex, au point de vue de l'inutilité d'insérer les exceptions doli
(p. 461, n. 2), metus (p. 460,
n. 3), et pacli (p. 597, n. 2) ; du droit de se plain-
dre par l'action même des faits de dol
ou de violence (p. 461, n. 3 ; p. 460, n. 3) ;
de celui d'invoquer
en matière de contrat les clauses de style (p. 532, n. 2) ; de
la théorie de pactes adjoints
au contrat ad augendam obligalionem (p. 597, n. 5),
-et notamment des pactes d'intérêts (p. 598,
n. 2) ; des effets de la mise en de-
meure (p. 049, n. 3) ; de la théorie des fautes (p. 650 et ss.) ; de la compensation
ex pari causa avant Marc-Aurèle (p. 703, n. 1) ; de la détermination de la con-
damnation par le jusjurandum ad litem (p. 644, 2); du moment où l'on se
placera pour l'évaluation de la chose (p. 644,
n.
n. 4).
6. Nous avons déjà dit
que ces judicia établis sine lege n'ont pu être créés qu'a-
pres la loi Aebutia (p. 522, n. 2). La première énumération due à Q. Mucius
Scaevola et rapportée Cicéron, De off„ 3, 17, 70 (p. 523, n. I) comprend les
actions lulelae,
par
p. 216 et ss., pro socio, p. 579, fiduciae, p. 523, mandait,
h 380, empli venditi, p. 536, et locati conducti, p. 566. Gaius, 4, 62, ajoute seu-
lement les actions negotiorum
gestorum et rei uxoriae, qui sont déjà connues de
uceron, mais non pas, croyons-nous, comme actions de bonne foi (p. 623, n. I ;
H
fP- Ml, n. 3) et l'action deposili que le môme Cicéron ignorait probablement
IP- 526,
(P- Û26, n. 4). Justinien, Inst.., 4, 6, De Acl., 28, ajoute
: les actions commodali
o}pigneralicia.
Ptgneraticia, p. 526. a ne manquent probablement dans l'énumération de
526, qui
ams que par suite d'une incorrection du
ms. ; les actions familiae erciscundae
communi dividundo, que Gaius
ne connaissait peut-être pas encore comme ae-
s ue bonne foi,
p. 627, n. 2 ; l'action pracscriplis verbis, que Gaius omet peut-
avec intention, mais qui existait certainement, et croyons-nous, comme action
1014 LIVRE IV. — TITRE 11. — CHAPITRE I
de bonne foi, de son temps, p. 590, n. 3, puis l'action en pétition d'hérédité jus
tement laissée auparavant en dehors de la liste (p. 904, n. 1), et § 29, l'action «
stipulant en restitution de dot (p. 960 et ss.).
1. Gaius, 4, 44. Justinien, Inst., 4, 6, De acl., 13.
2. Gaius, 3, 123 (p. 756, n. 2). D., 42, 5, De reb. auct. jud., 30. Gaius, 4, «
Paul, Sent., 5, 9, 1. Le rôle des deux derniers est très controversé. Cf. Lenel, fi'..
2, pp. 122. 275-277, et les renvois.
3. Gaius, 4, 44. C, 8, 46 (47), De pal. pot., 9, Cf. sur la causa liberalis, la
p. 101, n. 7.
4. Gaius, 4, 43.
5. Gaius, 4, 48 : Omnium autem fbrmularum, quae condemnalionem habent, a,
1. La première formule est celle de l'action d'injures (v. par ex, D., 47, 10, De
injuriis, 17, 2 ; cf. Lenel, Ed., 2, p. 133, et Thomas, N. R. IL, 1901, p. 550, n. 1) ;
la seconde est colle de l'action rei uxoriae (p. 951, n. 2). Cf. sur les actions inbo-
mtm et aequum conceptae, Gide, Cond. de la femme, 2e éd., pp. 516-521. P. Thomas,
/V. R. H., 1901, pp. 541-584. M. Gide comptait seulement parmi elles les actions
injuriaruniaeslimaloria(p. 400, n. 5), sepulcri violait (p. 240, n, 4), de effusis et de-
jeclis fondée sur la blessure d'un homme libre (p. 636), et rei uxoriae (p. 951).
M. Esmein, N. R. IL, 1893, p. 153, n. 4, ajoute avec vraisemblance le judicium
ilemoribus mulieris parallèle à l'action rei uxoriae (p. 957, n. 1). M. Lenel cite en
outre justement l'action édilicienne donnée pour les blessures causées à un homme
libre par une bête féroce gardée dans le voisinage de la voie publique (p. 635,
n. 5) ; l'action contre le juge qui fait le procès sien (p. 635, n. 4) et l'action fu-
neraria (p. 625, n. 1). Et peut-être faut-il encore comprendre dans la liste la for-
mule prétorienne negotiorum gestorum (p. 623, n. 1).
2, Inst., 4, 6, De acl., 21-27. Les actions au double sont très nombreuses dans
l'ancien droit : v. la liste, p. 429, n. 1 ; comme actions au triple, on peut citer
les actions furli concepli et oblati et sous Justinien une action au triple en répéti-
tion des honoraires payés par suite de l'exagération de la demande (Inst., h. t.,
24), comme actions au quadruple, l'action furli manifesli et les actions parentes
(p. 406, n. 2).
— Il convient de séparer des
actions qui sont au double dès le
principe les actions qui sont au double adversus infitiantem d'au], Sent., 1, 19, 1 ;
Gaius, 4, 9, 171 ; v. p. 1000, n. 1) : actions judicali (p.1037, n. 2), depeasi (p. 758,
n.3), damni injuria dali (p. 411, n. 2), ex teslamento (p.923, n.3),par exemple.Sui-
vant une doctrine a peu près unanime,ce caractère leur vient de ce qu'elles s'inten-
taient sous tes Actions de la loi par une manus injectio où le vindex, que ce fut
un tiers ou,comme dans la manus injectio pura,\e débiteur lui-même encourait la
peine du double en contredisant la demande. Cette doctrine a été contestée par
M. Mitteis, Z. S. St., 22, 1901,
pp. 114-117. Il objecte, d'une part que l'action
de la loi Furia de
sponsu qui s'intente par manus injectio sous les Actions de la
loi et qui existe
encore sous la procédure formulaire d'après Gaius, 3, 121.4, 109,
n'est pas au double au cas dinfilialio d'après le silence de Gaius, 4, 9.171, et,
d'autre part,que dans la
manus injectio pura, par laquelle s'intentaient par ex. les
actions de la loi Aquilia et ex teslamento au moins depuis la loi Vallia, le dé-
tendeur n'encourt
pas la peine du double. Sur ce dernier point nous avons déjà
ai| (p. 982, n. 3)
que, d'après le langage de Gaius, le double est encouru par ce
•ni qui est
son propre vindex comme par le vindex d'un tiers. Quant à la loi Furia
île sponsu, si,
comme certaines autres, son action ne figure pas dans les listes de
que, comme elles, elle avait été pratiquement remplacée
Gaius et de Paul, c'est
sous la procédure formulaire par une exception dispensant de payer (p.756, n. l),à
laquelle
se rapporte Gaius, 3, 121 (l'action de Gaius, 4, 109,qui ne serait d'ailleurs
pas une objection, n'est sans doute pas,puisqu'etle s'intente en province.celle de la
loi Furia de
sponsu qui appartient seulement aux cautions italiques, p. 755, n. 2).
3- Ulpien, D.,
42, 1, De re jud., 6, 1 ; cf. p. 679.
1016 LIVRE IV. — TITRE IL — CHAPITRE I
dont les traits et les lacunes paraissent malaisés à expliquer par une
idée logique commune. Mais c'est précisément parce que nous avons là
une construction empirique faite par les préteurs successifs sous le coup
des besoins journaliers.
b) Effets. L'effet de la clausula arbitraria est d'astreindre le juge qui
reconnaît le bon droit du demandeur à différer encore la condamnation
pécuniaire, à apprécier auparavant ex aequo et bono (arbilrium, arbilra-
tus), une satisfaction moyennant laquelle il fera connaître au défendeur
la possibilité d'éviter la condamnation. C'est une question classique de
savoir si la notification que le juge adresse ainsi au défendeur est un
ordre exécutoire par la force publique ou une simple invitation à laquelle
le défendeur serait libre de ne pas déférer non pas impunément, mais
sans encourir de contrainte directe.
On conteste aujourd'hui de moins en moins qu'anciennement l'ai'ôi-
Irium n'était pas exécutoire par la force publique (manu militari). Le
juge est un simple particulier chargé d'exprimer un sentiment (senten-
iia) : tout le pouvoir que lui donne la clausula arbitraria, c'est de si-
gnaler au défendeur un acte dont l'accomplissement modifierait ce sen-
timent. Si l'acte n'est pas accompli, il prononcera en conséquence la
condamnation, qui sera infamante au cas de dol, au quadruple au cas de
metus, qui de plus sera dans tous les cas déterminée par le serment du
demandeur 1. C'est une contrainte indirecte efficace. Mais il n'y a pas
de motif pour que le judex puisse plus faire exécuter cet arbilralus que
ksenlentia elle-même par une force qu'il n'a pas. Et ce régime est géné-
ralement considéré comme existant toujours au temps de Gaius 2. Seule-
menton rencontre au Digeste un texte d'Ulpien qui a fait croire à certains
auteurs qu'il avait changé au temps des Sévères sinon pour le cas où
l'arbitratus prescrivait au défendeur un acte juridique (translation de
propriété, promesse, acceptilation), au moins pour celui où son exécu-
fr.). Mais cela nous paraît à peu près tout. Nous ne croyons pas notamment le
caractère arbitraire établi ni pour les actions deposili et commodati in jus, p. 526,
D- 1), par les deux lettres N. R. mises dans Gaius, 4, 47, à la fin de la formule
eu elles occuperaient
une place insolite, après la condamnation et non avant, et
où elles doivent venir d'une faute de copiste ni pour les actions noxales par la
;
mention que fait Justinien d'un arbilralus prescrivant l'abandon noxal ; car cela
Prouve non pas que toutes les actions noxales sont arbitraires, mais qu'il y a des
actions arbitraires noxales,
comme le sont certainement les actions, arbitraires
par elles-mêmes, données à la suite du délit d'une personne en puissance ; cf.JV.
fl- H., 1887,
p. 488.
1- On
remarquera d'ailleurs que ce mode de détermination de la condamnation
nest pas exclusivement propre aux actions arbitraires (p. 644, n. 2) et que par
conséquent sa présence ne peut pas plus servir que celle d'un ordre du juge à
prouver le caractère arbitraire d'une action (ainsi de l'action rei uxoriae).
2- En effet, il
ne dit rien de cette exécution par la force qu'il aurait eu sans
ce'a plus d'une occasion d'indiquer,
par ex. 3, 89, où il justifie par un risque
'«ultant surtout de son absence la satisdatio iudicalum solvi due dans les actions
«elles.
1018 LIVRE IV. — TITRE II. — CHAPITRE I
Lenel, Ed., 1, pp. 97-122), avec les personnages qui plaident simplement pour
autrui et dont l'édit règle l'emploi et l'intervention dans une partie différente (ft
postulando: Textes, p. 132 ; Lenel, Ed., 1, pp. 85-90).
1. Il est, selon Gaius, 4, 83, constitué en termes sacramentels (cerlis verbis)ea
présence de l'adversaire, mais sans qu'il soit besoin de sa présence ni, croyons-
nous, de celle du magistrat. Le caractère formel primitif de la formule de consti-
tution résulte de ce qu'elle ne comporte ni terme ni condition (F. V., 325) et de
ce qu'on prend la peine de spécifier par la suite qu'elle n'est pas nulle pour une
variante de mots ou pour l'emploi d'une langue étrangère {F. V., 318-319). Gaius,
•4, 83, donne pour cette constitution deux formules dont la différence de portée
depuis longtemps cherchée tiendrait, selon M. Wlassak, Zur Geschichle der Cogni-
tur, 1893, à ce que le cognitor serait constitué, dans l'une, à l'avance, pour tout
le procès et dans l'autre, in jure, au moment de la litis contestatio, pour conduire
le procès in judicio.
2. Gaius, 4, 84. Le procurator ne parait encore être connu de Cicéron, à côte
du cognilor, qu'en qualité d'administrateur général des biens faisant les procès
comme les autres actes de gestion (Cicéron, Pro Caec, 20, 57. Pro Rose corn., 18.
54). Il a plus tard été admis comme pouvant se présenter pour le demandeur en
vertu d'un mandat spécial et Gaius indique même une doctrine selon laquelle il
pourrait le faire sans mandat ; mais, en tout cas, cette doctrine n'était pas encore
admise à l'époque de la rédaction de l'édit pour le demandeur. Au contraire l'édu
admettait probablement déjà, au temps de Cicéron, le droit du premier venu de
venir défendre au procès d'autrui sans mandat.
3. Le contraire a été soutenu, à tort, à notre sens, par M. "Wlassak, Negotiorum
gestio, p. 150 et ss.
4. Gaius, 4, 86.87.
5. C'est en confondant le droit normal et primitif avec Fses modifications posté-
rieures qu'on a dit souvent le contraire pour le cognilor. V. p. 1021, n. 3.
PROCEDURE.FORMULAIRE. — REPRESENTATION JUDICIAIRE 1021-
i. Gaius, 4, 101.
2. Gaius, 4, 97.98. L'idée
que le cognilor déduit en justice le droit du deman-
deur comme il le ferait lui-même,
et même le déduit ipso jure ou exceptionis ope
comme il le ferait lui-même, paraît aussi exprimée par Julien, D., 46, 8, Ratam
rem, 22, 8 (Lenel, 734), où verus procurator est interpolé pour cognitor. Une
disposition de l'édit, motivée —
par la même pensée qui faisait admettre le defen-
f"" sans justification d'aucun pouvoir (p. 1020, n. 2), obligeait le procurator, qui
wtentait un procès demandeur pour quelqu'un, à s'engager à défendre à
comme
tous les procès qui
seraient intentés contre la même personne (Ulpien, D., 3, 3,
"froc, 33, 3).
} Cette cession de l'action judicati est attestée^. V., 317. Mais elle a seulement
«eu cognita causa, d'après F. V., 331, et d'après la règle même posée F. V., 317,.
se'on laquelle elle
n'est pas opérée si le cognitor est un cognitor in rem suam.
1022 LIVRE IV- — TITRE II. — CHAPITRE I
textes (P. Oxy., II, 161, de l'an 55 et I, 97, de l'an 115 ou 116) qui, d'après
MM. Wenger, Papgrusforschung und Rechlswiss.,1903, pp. 28-29,et Hupka,fl,fl/',",rî
d. Vertreters ohne Veriretrungsmacht, 1903, p. 40, attestent en Egypte la repré-
sentation judiciaire parfaite.
3. Gaius, 4, 130-137.
PROCEDURE FORMULAIRE. — EXCEPTIONS 1023
dans l'intérêt du demandeur (pro adore), pour empêcher que son droit
ne soit tout entier
déduit en justice (prescription ea res agalur cujus rei
aies fuit, prescription de fundo mancipando), soit dans l'intérêt du dé-
fendeur (pro reo), pour le soustraire, dans certains cas,à la condamnation
malgré la régularité juridique de la prétention du demandeur, comme ont
fait ensuite les exceptions qui les ont supplantées dans cette fonction,
(praescriptio praejudicii; praescriptio longi temporis) '.Ce moyen est,
d'après son nom même, lié à la procédure par formules et le magistrat y
exerce, quant au fond, sur le procès un pouvoir qu'il n'a pas avant
la loi Aebutia. Mais il paraît avoir été créé très peu de temps après.
1. Place dans la formule : Gaius, 4, 132. Praescripliones pro reo : Gaius, 4, 133
(cf. p.1001, n. 3). Praescripliones pro adore : Gaius, 4, 131 a. 130 (cf. p. 717, n. 1).
Gaius, 4, 134-137, cite aussi d'autres prescriptions mises dans la formule avant la
demonstratio pour préciser la prétention du demandeur en cas d'actions adjecliciae
qualilatis, de cautionnement par ex. V. aussi les applications indiquées en matière
i'inlerrogalionesin jure, p. 998, n. 3.
2. Gaius, 4, 115-130. Inst., 4, 13, De exceplionibus.
3. Gaius, 4, 108 : Nec oinnino ita, ut nunc, usus eral illis lemporibus exceptio-
num. Tous les procédés qu'on a proposé d'admettre pour en tenir lieu (examen
préalable du magistrat ; stipulations préjudicielles, etc.) supposent comme sanc-
tion un pouvoir d'un magistrat de denegare legis aclionem qu'il n'avait point alors
(p. 974, n. 3). Les lois anciennes plus tard sanctionnées par des exceptions, la loi
Plaetoria (p. 228, n. 2), la loi Cincia (p. 935, n. 2), étaient alors sanctionnées par
des actions
en répétition, absolument par ex. comme la loi Furia de sponsu (p.756,
1. 1) et la loi Furia testamentaria (p. 917, n. 2).
4. Cela résulte d'abord de ce que les praescripliones pro reo ont été plus tard
supplantées par des exceptions, comme le dit Gaius, 4, 133, et comme le montrent
: p. 1001, n. 3 ; exception rei judi-
des exemples concrets (exception praejudicii
eatae: D., 42, 1, De Re jud., 63 ; exception doli : D., 46, 3, De solut., 91 et les
outres textes cités
par Keller, § 43, n. 492) ; ensuite et surtout de la concordance
Plus imparfaite dans laquelle les exceptions sont avec la structure de la formule,
où elles n'ont dû
entrer qu'à une époque où les éléments en étaient solidifiés :
ei> effet, tandis qu'une praescriptio quelconque se juxtapose à la formule sans en
troubler l'harmonie, l'exception insérée après Vinlenlio dérange cette harmonie
en ne portant
que sur le pouvoir de condamner (si paret... neque... condemna)
et non sur le pouvoir d'absoudre (si
non parel, absolve) relativement auquel elle
devrait logiquement
reparaître (Lenel, Ursprung und Wirkung der Exceptionen,
'H p. 44).
3-Gaius, 4, 119 Omnes autem exceptiones in conlrarium concipiuntur, quain
:
wf'rmalis cum
quo agilur. Cf. Ulpien, D., 44, 1, De exe, 2, pr. (p. 1024, n. 2).
1024 LIVRE IV. — TITRE II. — CHAPITRE I
[
création prétorienne ; les prétendues exceptions civiles elles-mêmes n'ont
pas été directement établies par le législateur, mais introduites par le
préteur, soit à la place d'actions civiles, soit sur les instructions du sénat
ou de l'empereur5;— 2° au point de vue du fait qui y donne naissance, en
exceptions fondées sur l'équité, comme sont les plus nombreuses, et
en exceptions fondées sur une idée d'ordre public, comme seraient l'ex-
ception de chose jugée, l'exception de la loi Cincia, et on dit que les
premières seules pourraient, d'une part, être remplacées par l'exception
de dol et, d'autre part être en conséquence sous-entendues comme elle
dans les actions de bonne foi c ; de la durée, en
— 3° au point de vue
1. Sénatus-consulte Velléien : p. 780, n. 2. Reslitutio in integrum : p. 1020, n. 3-
2. Cf. par ex. les effets de Vacceptilatio,p. 711 et ceux du pacte de non pelendo,
p. 713. Les faits concrets qu'on a opposés à cette distinction (v. notamment Lenel,
Vrspning und Wirkung der Exceplionen, 1876, et les auteurs cités) montrent qu'elle
n'est pas d'une rigueur absolue ils n'en suppriment
; pas, croyons-nous, la vérité
d'ensemble.
3. On distingue encore, par ex., les exceptions proposées dans l'édit et celles
que le préteur rédige in faclum comme il fait pour les actions, en vue d'espèces
particulières (cf. p. 998, n. 2) ; les exceptions que le préteur accorde sans examen
te faits et celle qu'il délivre seulement cognita causa (par ex. l'exception justi
iominii: p. 350,
n. 2). Cf. Gaius, 4, 118.
4- Gaius, 4, 118. Inst., h.
t., 7.
5. A la place d'actions civiles: loi Cincia,
p. 935, n. 2 ; loi Plaetoria, p. 228,
J. L Sur l'ordre du sénat, vertu des sénatus-consultes Velléien : p. 786, n. 1,
TrébsUîen
en
: p. 730, n. 2, Macédonien : p. 517, n. 3 ; sur l'ordre de l'empereur en
matière de bénéfice de division
: p. 756, n. 3.
»• Ce système est Tonde
sur la combinaison d'un texte, D., 50, 17, De R. J., 66,
Parlant d'exceptions ab
aequilate naturali abhorentes et d'autres textes qui mon-
rent un concours entre l'exception de doi et les exceptions pacti,
non numera-
w pecuniae, rei venditae
et tradilae. Mais il est très douteux qu'il y ait eu entre
8 exceptions
et l'exception de dol un droit d'option aussi complet au moins
65
1026 LIVRE IV. — TITRE H. — CHAPITRE I
1. L'effet exclusif non pas de certaines exceptions, mais de toutes est affirmé
par Gaius, p. 1023, n. 5, et à deux reprises par Ulpien, p. 1024, n. 2. Et on en
:
trouve la preuve dans des solutions concrètes données précisément pour les cas
[ où la doctrine que nous combattons admet l'effet minuloire, ainsi, pour I'excep-
lion de dol qui est le siège de la controverse. V. par ex. pour l'exception de dol
opposée à l'action réelle les textes cités p. 341, n. 3, pour celle opposée à l'action
personnelle, D., 44,4, De exe doli, 2, 7: Nisi... deduxeril, exceplione summo-
vendus eril. Le mécanisme pratique selon lequel s'invoque l'exception, qui insé-
rée, ferait absoudre, mais dont à cause de cela la menace fera réduire la de-
mande, est même décrit explicitement par plusieurs textes, ainsi par un frag-
ment relatif à l'une des hypothèses où l'on a présenté le système de l'effet abso-
lutoire comme le plus choquant pour l'équité, à celle où un créancier de 20 a
fait un pacte de remise pour 10. Paul, D., 2, 14, De pacl., 27, 5, ne dit pas que
l'exception opposée fera réduire la condamnation, mais que l'exception à opposer
fera réduire la demande (efficerelur per exceplionem mihi opponendam ut tanlum
reliqua decem exigere debeam). Un seul de ces textes, en discordance avec le
droit de Justinien, donc nécessairement pur, devrait, en bonne critique, l'em-
porter sur des textes, même beaucoup plus nombreux, conformes au droit de
Justinien, qui peuvent ayoir été corrigés. Mais ici les deux seuls textes contraires
(p. 1020, n. 5i peuvent être directement mis hors de cause ; ceiui d'Africain, qui dit
que le créancier doit seulement agir pour partie et que, s'il agit pour le tout, il est
repoussé pour partie, ne devient exact que si on enlève le pro parte final, produit
d'une interpolation ou d'une maladresse ; car, si on le laisse, il n'est pas vrai
lue le créancier ne puisse pas agir pour le tout, ni qu'en agissant pour le tout,
il soit écarté celui de Paul pourrait s'entendre du bénéfice de compétence
; que
Paul désigne du nom peu exact d'exception (p. 1028, n. 1), et il est lui-même
suspect à cause de l'illogisme d'une condition qui diminue un droit au lieu d'en
commander la naissance. V. en général, A. Pernice, Labeo, 2, 1, pp. 261-309.
Eisele, Compensalio,
pp. 67-92. Appleton, Compensation, pp. 333-391. L'effet minu-
loire est pourtant admis
au cas d'action incertaine par Appleton, pp. 348-349.
377-378, suivi
par Cuq, Inst., 2, pp. 716-717, et pour les exceptions commençant
Par quod non, qua de re non ou des formules analogues par Karlowa, R. R. G.,
2,pp. 998-1001.
Inst., 4, 6, De acl., 38. 40. Les principaux
- débiteurs gratifiés du bénéfice de
compétence sont : d'abord le donateur actionné en paiement de la donation, qui
jestmême condamné que sur son actif net (p. 941, n. 3) ; puis, sur l'actif brut,
'associé poursuivi l'action pro socio (p. 579, n. 6), certains auteurs de cons-
par
titutions de dot (p.953,
n. 3), le mari actionné en restitution de dot par l'action
ni uxoriae (p. 957. n. 3), et plus largement le conjoint poursuivi par son con-
joint (p. 165, n. 3), le patron actionné
par son affranchi (p. 121, n. 4), l'ascendant
poursuivi par son descendant (p. 167,
n. 2), le fils devenu sui juris poursuivi à
4028 LIVRE IV. — TITRE II. — CHAPITRE II
t. Gaius, 4,103-105. Les judicia légitima s'éteignent aussi par capilis deminu-
lio : Gaius, 3, 83. Autres différences des judicia légitima et imperio conlinenlia :
1° quant à la nécessité de
nommer un lulor praetorius pour un procès entre le
tuteur et le pupille, p. 214, n.l ; 2° quant à celle pour la femme d'avoir Vauc-
loritas tuloris pour plaider, p. 220, n. 2 ; 3° quant à l'effet de Vadjudicatio, p.312,
n. 0; p. 374, n. 4 ; 4° quant à l'effet extinctif de la litis contestatio, p. 1007, n. I.
—
Gaius, 4, 109, remarque qu'il ne faudrait pas confondre cette division des ins-
tances avec celle des actions en actions civiles et prétoriennes.
2. P. 976. Exception probable pour les récupérateurs, p.1004, n. 1.
3. V. p. 977, n. 2. L'opinion dominante admet qu'il se serait introduit avec le
temps une procédure plus douce
pour le cas de défaut du défendeur : le juge
aurait néanmoins apprécié le mérite de la demande et ne l'aurait admise que si
elle lui avait
paru justifiée, en étant seulement empêché de tenir comple des
moyens qu'eût pu prouver le défendeur. Mais l'ancien système n'est pas seule-
ment, comme on le reconnaît d'ordinaire, encore en vigueur, au temps de Cicé-
ron, In Verr., 2, 2, 17, 41. Il apparaît sans changement dans les textes juridiques
postérieurs (v. par ex. D., 4,4, De min., 8 ; D., 42, 8, Quae in fraud.,3, 1). Cf.dans
«e sens, A. Pernice, Z. S. St., 14, 1893, p. 160. Wlassak, dans Pauly-Wissowa, 1,
P. 121.
4- Û-, 5, 1, De jud., 68-75. Paul, 5, 5 a, 6 (7). Cette procédure est considérée
par certains auteurs
comme s'apptiquant au défaut in jure, par d'autres plus nom-
breux
comme s'appliquant au défaut in judicio, où le juge ne condamnerait le dé-
fendeur défaillant qu'après plusieurs sommations et plusieurs délais destinés à lui
permettre de produire
ses preuves. Elle n'a, croyons-nous, jamais fonctionné qu'en
matière extraordinaire. V.
en ce sens A. Pernice, Z. S. St., 14,1893, pp. 160-
3- D-, 22, 3, De prob., 21 : Semper nécessitas probandi incumbil Mi qui agit. D.,
' i. De exe, 1 : Reus in exceplione aclor est.
1030 LIVRE IV. — TITRE II. — CHAPITRE II
qui ne constituent pour lui, comme les témoignages ou les titres, que des
éléments d'appréciation '. Mais, une fois sa conviction librement formée,
il est rigoureusement tenu d'en tirer les conséquences que lui indique
la formule. Il doit en dehors de toute autre considération faire exclusi-
vement ce que la formule lui prescrit -.
En conséquence, si la formule contient une inexactitude, le juge n'a
pas le droit de la rectifier. Si le demandeur a, par erreur, demandé une
,
chose au lieu d'une autre (aliud pro alio), il garde le droit de faire un
nouveau procès pour l'autre chose; mais le juge saisi seulement de la
demande actuelle doit la repousser. Il en est de même s'il s'est fait déli-
vrer une formule dont la demonstratio est inexacte (falsa demonstratio).
S'il a par mégarde demandé moins qu'il ne pouvait réclamer (minus
petilio), il pourra encore faire un procès pour le reliquat, au moins au
bout d'un certain délai ; mais le juge n'a le droit de lui accorder de con-
damnation que pour le montant indiqué dans la formule. Si, par une
erreur plus singulière, il s'est fait délivrer une formule où la condem-
natio prescrit au juge de condamner à une somme inférieure au mon-
tant du droit qu'il sera reconnu avoir, il déduit en justice tout le droit
indiqué dans Yintentio et le juge ne pourra pourtant le condamner qu'à
la somme indiquée dans la condemnatio 3. Enfin, si, dans des circons-
tances parfois difficiles à éviter, il a demandé plus qu'il ne lui est dû
(plus petitio), et que la formule donne au juge le pouvoir de condamner
seulement s'il est reconnu avoir droit à cela, le juge sera obligé de le
repousser pour le tout, et le plaideur ne pourra agir à nouveau, car, en
demandant le plus auquel il n'avait pas droit, il a demandé le moins
auquel il avait droit. Ce double effet résulte de la combinaison des pou-
voies limités du juge et de la règle bis de eadem re ne sil aclio. Mais il
faut remarquer qu'il se produit seulement dans certaines conditions,
d'une part, et d'autre part, qu'on y a apporté certains remèdes.
1. V. pour la confessio in judicio, Africain, D., 42, 2, De con/essis, 7, à la vérité
relatif à un procès extraordinaire, et Demelius, pp. 209-212 et pp. 357-408. Heu
est de même du serment, non seulement de celui déféré par le juge à une des
parties faute de preuves suffisantes, mais de celui déféré par une partie à l'autre.
Les textes du D., qui paraissent établir le contraire, Ulpien, D., 12, 2, De jure-
jur., 34, 8. 9 (Lenel, 762. 763) et Paul, D., 22, 3, De prob., 25, 3 (Lenel, 1302),
sont sûrement interpolés. Cf. Demelius, Schiedseid und Beweiseid, p. 141 et ss.cela
2. 11 doit, dit Cicéron, In Verr., 2, 2, 12, 30, 31, s'y conformer, même quand
le conduit à un résultat absurde, quand elle lui dit de condamner si la chose
appartient à une personne et si elle n'est pas rendue à une autre.
3. Demonstratio inexacte : Gaius, 4, 58-60, où il indique d'ailleurs des con-
Diminution de la condem-
troverses (p.1031, n. 3). Aliud pro alio : Gaius, 4, 55.
natio : Gaius, 4, 57, où il dit «rue le demandeur n'obtiendra pas de reslitutio M
integrum, tandis que le défendeur en obtiendrait une, si on avait mis dans
condemnalio un chiffre exagéré. Minus petitio : Gaius, 4. 56.4, 122, d'après lequ
seulement l'édit du préteur oblige celui qui n'aura intenté qu'une portion de s
action, comme même celui qui n'a intenté qu'une des actions qu'il avait con
le défendeur, à attendre un changement de magistrat pour intenter sa nouve
action (exceptions litis dividuae, rei residuae).
PROCEDURE FORMULAIRE. — PLUS PETITIO 1031
1. D., 13, 4, De eo quod certo loco dari oportet. Cette action était d'autant plus
nécessaire que le créancier, qui ne pouvait poursuivre le débiteur où il était par
son action ordinaire parce qu'il aurait commis une plus petitio, ne pouvait pas
non plus le poursuivre au lieu de paiement où il n'était pas, parce qu'il n'y a pas
à Rome de procédure par défaut in jure. Elle est désignée par les textes avec
une persistance singulière du nom d'action arbitraria. Une grande partie des
difficultés qu'elle soulève disparaîtrait, si on admettait avec M. Lenel, Ed., I,
pp. 277-285, qu'elle est arbitraria dans un sens différent des actions arbitraires
générales, non pas en ce sens qu'avant de passer à la condamnation le juge y
rendrait un arbilralus préalable, mais en ce sens que la condamnation y est ar-
bitrée par le juge (v. par ex. D., h. t., 3 ; 8). Cependant le sens primitif des textes
est altéré par des interpolations (v. Naber, Mnemosyne, 30, pp 319-322. Graden-
vitz, Z. S. St., 24, 1903, pp. 239-240), et la formule ' pourrait avoir contenu une
clausula arbitraria excluant la condamnation au cas de satisfaction du demandeur
et même en outre, comme le conjecture M. Gradenwitz, pp. 228-251, une addition
à la condemnalio permettant au juge d'en élever le montant dans l'intérêt du
même demandeur, qu'il suppose y avoir été insérée seulement par Julien.
2. Inlerrogaliones in jure : p. 998, n. 3. Vindicatio incertae partis : p. 1012,
n. 2. Ulpien, D., 5, 4, Si pars hered. pet., 1, 5, indique également le cas où, par
suite d'une grossesse, un héritier ne peut savoir pour quelle part de l'hérédité il
a la pétition d'hérédité.
3. Gaius, 4, 144 (cf. Justinien, Inst., 5, 17, De off.jud., 2). Le texte mutilé de
Gaius ne fait pas parfaitement savoir si les Proculiens repoussaient la possibilité
d'une satisfaction inler moras litis dans toutes les actions autres que les actions
de bonne foi et les actions arbitraires. Paul, D., 45, 1, De V. O., 84, applique
encore nettement la doctrine proculienne.
PROCEDURE FORMULAIRE. — CHOSE JUGÉE 1033
avec elle *, mais qui, en tout cas, a commencé par être une application
de la même idée, de l'idée que celui qui a été poursuivi et jugé une pre-
mière fois, ne doit pas l'être une seconde, que la première instance ait
fini par un jugement de condamnation ou d'absolution.
Dans le second cas, elle aboutissait déjà à empêcher de contester la
vérité de la chose jugée, à empêcher celui dont le juge avait repoussé
la première demande d'obtenir un second jugement contraire. Mais elle
n'y arrivait que d'une manière accidentelle, non pas en partant de l'idée
que ce qui a été reconnu dans un premier procès ne doit pas être mis
en question, mais en partant de l'idée qu'une action, exercée une pre-
mière fois, ne peut l'être une seconde. Par suite, elle n'entravait pas à
beaucoup près tous les procès où étaient mis en discussion les faits déjà
jugés entre les parties ; ainsi elle n'empêchait pas celui qui avait in-
tenté la revendication et qui avait triomphé de pouvoir ensuite être ac-
tionné par le perdant ; car, à l'époque formulaire, où il n'y a plus de
conIravindicalio correspondant à la vindicatio, le défendeur n'a pas
encore agi et peut donc le faire. Elle pouvait même entraver des procès
qui n'avaient pour but que d'assurer le respect de la chose jugée, comme
par exemple celui où le demandeur, qui avait intenté une première fois
la revendication et qui avait été reconnu propriétaire, mais qui n'avait
pas obtenu la chose, parce que le défendeur avait prouvé en avoir perdu
la possession sans sa faute, voulait revendiquer après le retour de la
chose entre les mains de ce dernier : il avait fait un procès, il ne pou-
vait en faire un second sans se voir opposer l'exception, l'autorité né-
gative de la chose jugée.
Il faut ensuite identité de personnes. Il n'y a que les parties à être obli-
gées de s'incliner devant l'autorité de la chose jugée, comme à pou-
voir s'en prévaloir i. Mais ce qui est exigé, c'est l'identité juridique et
non pas l'identité physique. Ainsi il y aura identité physique, il n'y aura
pas identité juridique, il n'y aura pas chose jugée, quand la partie se
présentera en une autre qualité, quand, après avoir plaidé alieno nomine
comme tuteur, elle plaidera proprio nomine. A l'inverse, il peut y avoir
chose jugée, identité juridique sans identité physique, ainsi pour la
chose jugée avec le représentant judiciaire d'une personne, selon les
distinctions déjà vues ; ainsi pour le successeur universel relativement
aux procès où a figuré son auteur ; même pour le successeur à titre par-
siculier relativement aux procès qu'a soutenus son auteur avant l'acqui-
sition 2. Ce sont là de simples applications du principe que la chose
jugée est opposable à ceux qui ont figuré juridiquement au procès. Au
contraire, il y aune véritable dérogation aux'principes dans certains
cas, principalement relatifs aux matières d'état et d'hérédité 3, où lachose
jugée avec le principal intéressé est réputée jugée avec les intéressés
accessoires. Par exemple la chose jugée entre l'héritier ab intestat et
l'héritier testamentaire est réputée jugée au regard des personnes gra-
tifiées dans le testament ; mais elle ne l'est pas- à l'égard de tous: le
succès de l'héritier ab intestat qui écarte la réclamation des légataires
n'empêche pas la pétition d'hérédité fondée sur un autre testament.
SECTION I. — Exécution.
à titre stable par une loi Julia de César ou plus probablement d'Auguste (Gaius,
3, 78). Outre la suppression de la contrainte par corps, le débiteur y trouve l'a-
vantage d'éviter l'infamie (C, 2, 11 (12), De causis, 11 ; cf. p. 1041, n. 2) et de ne
pouvoir plus désormais être condamné à raison de ses dettes anciennes qu in id
quod facere potest (Inst., 4, 6, De acl., 40).
1. Il pouvait, sans jugement (p. 965, n. 2), comme les particuliers après le
jugement, les mettre à mort ou les vendre à l'étranger comme esclaves. C'est
généralement admis et c'est prouvé par des textes formels, par ex. pour le débi-
teur du tribut, pour celui qui empêche la fixation du tribut à son encontre en ne
se présentant pas au cens (Cicéron, Pro Caee, 34, 99). Cf. Mommsen, Dr. publ.,
1, p. 203.
revenait, avons-nous vu (p. 965, n. 2), aux magistrats que con-
2. L'exécution
cernaient la reconnaissance et le recouvrement des créances de l'État, par consé-
quent de bonne heure principalement aux censeurs et surtout aux questeurs ; or
ils n'avaient pas le droit de priver eux-mêmes une personne de la vie ou de la
liberté. Ils étaient obligés de recourir pour cela à l'intervention complaisante
d'autres magistrats ayant ce pouvoir, des consuls (Zonaras, 7, 19). Au contraire
ils avaient le droit de saisir et de vendre les biens. Par conséquent, ils ne pou-
vaient faire que la seconde chose, quand ils ne pouvaient ou ne voulaient recourir
à l'intermédiaire indispensable pour la première. Cf. Mommsen, Dr. publ., 1,
P. 253; 4, p. 44, n. 1 ; p. 251.
3. Cf. p. 281. Varron, Der. r., 2, 10, 4, cite ce cas comme un de ceux d'acqui-
sition de la propriété quiritaire. L'acquéreur était en outre protégé par un inter-
dit adipiscendae possessionis, Vinlerdictum seclorium (Gaius, 4, 146).
* Quoiqu'on la fasse parfois remonter beaucoup plus haut dans le passé, no-
tamment à cause de Tite-Live, 8, 28, cette procédure qui produit des effets pré-
toriens, qui est sanctionnée seulement par des actions prétoriennes, ne peut dater
lue de la loi Aebutia ; mais elle est connue très peu de temps après. Non seule-
ment elle existe en l'an 673, où Cicéron prononça son plaidoyer pro Quinclio, et
«a l'an 643, où en parle la loi agraire, ligne 56, mais d'après Gaius, 4, 35, elle
1040 LIVRE IV. — TITRE II. — CHAPITRE 111
vente des biens, faite après une missio in bona et certaines autres for-
malités préalables, produit au profit de l'adjudicataire un effet symétri-
que jure praetorio. La procédure a trois phases : la missio in bona, les
préliminaires de la vente et la vente elle-même.
1. Missio in bona. La missio in bona rei servandae causa est pronon-
cée par le préteur pour provoquer le paiement ou la défense à l'action
dans des cas très variés, non seulement quand l'exécution sur la per-
sonne est possible (débiteur jugé,confessus certae pecuniae, etc.), mais
quand elle est impossible (débiteur absent qui n'a pu être condamné,
débiteur mort sans héritier, débiteur frappé d'une condamnation capi-
tale, peut-être débiteur qui a fait cession de biens, etc.)i. Accordée par
le magistrat au créancier qui la demande, elle a pour effet de permettre à
ce créancier, comme à tous les autres, car elle est prononcée in rem,
non pas de posséder les biens, mais de les garder, à côté du débiteur
ou en son absence, pour en empêcher le détournement "-, et par contre
elle oblige les saisissants à des affiches (proscriptiones), qui feront con-
naître la missio et qui par suite pourront provoquer sa fin en amenant
des amis de l'intéressé à intervenir soit pour payer, soit pour plaider.
Ce sera le seul résultat, quand le préteur ne promet que la missio in
possessionem,c\ïï seulement dans son édit : Bona possideri proscribique
jubebo. Et même c'est surtout alors que, la situation pouvant se prolon-
ger, les créanciers feront nommer pour veiller à la conservation et à la
reconstitution de la masse, un administrateur, le curator bonorum, qui
est nommé sur leur requête parle préteur et pris soit parmi eux, soit en
dehors 3. Mais, dans les cas les plus nombreux, peut-être dans tous sauf
dans celui où la personne dont les biens sont saisis sans jugement est
un impubère ou un absent rei publicae causa, le préteur dit : Bona ex
paraît avoir été créée par P. Rutitius Rufus, inventeur de la formule rutilienne, qui
fut consul en 649 et préteur au plus tard en 636. Cf. N. R.H., 1897, pp. 272-275.
1. V. sur ces cas visés, en totalité ou en partie, dans le titre quibus ex cauoe
in possessionem ealur de l'édit, nos Textes, p. 148, et Lenel, Ed., 2, pp. 148-161. Us
comprennent, à la fois, non seulement des cas où l'exécution sur la personne esl
possible et des cas où elle ne l'est pas, mais des cas où il y a un jugement ou nn
acte assimilé et des cas où le jugement est impossible ; ainsi celui où le défendeur
comparaissant refuse son concours à l'organisation de l'instance (p.1002), celui ou
après avoir fourni un vindex, il ne comparait pas (p. 996, n. 1), celui où il se cache
pour empêcher Vin jus vocalio, celui où il est absent, incapable et où personne ne
se présente pour le défendre, celui où il est mort sans héritier, etc. — Au cas de
cession de biens, il est sûr qu'il y aura venditio bonorum ; mais on peut se de-
mander si la cession entraîne le décret de missio ou le remplace.
2. Paul, D., 42, 5, De reb. auct., 12, pr. D., 41, 2, De A. v. A. P., 10, L Cf.
Pro Quinclio, 27, 84. Elle entraîne aussi un pignus praetorium : D., 13, 7, De P.
A., 26.
3. Ulpien, D., 42, 7, De curai, bon. dando. Il est déjà connu de la loi agraire
de 643 (p. 1039, n. 4). Cf. Degenkolb, Magister und Kurator im altrSmischen Coneurs,
1S97.
PROCEDURE FORMULAIRE. — EXECUTION 1041
pourra y avoir contre lui une nouvelle venditio (Gaius, 2, 165). Seulement, pendant
l'année qui suit la vente, les créanciers intéressés ne peuvent le poursuivre i»
ante gesto, que in id quod facere potest : C, 7, 75, De rev. his, 6. Cf. Lenel, El,
2, pp. 170-173.
1. Cela résulte du fait même que les actions sont données contre lui corn*
actions utiles. Cf. Ulpien, D., 43, 4, Ne vis fiât, 1, 5.
2. Celte idée déjà indiquée par Dernburg, pp. 13-32, a été combattue par Ub-
belohde à l'aide d'arguments tirés, croyons-nous, d'une confusion entre la pro*
dure ordinaire et la procédure extraordinaire. Elle seule peut expliquer, dm
côté, qu'on vende tous les biens, même pour une seule dette, d'autre part, qae
la chute de cette procédure soit rattachée par Justinien, Inst., 3, 12, De W-
subi., pr., à la disparition de l'ordo (p. 1071, n. 4).
3. D., 27, 10, De curai, bon., 5 (Gaius) ; 9 (Neratius).
4. Cf. Mommsen, Dr. publ., 1, pp. 304-322. Kipp, chez Pauly-Wissowa, 2, >'
1S95, pp. 194-196.
PROCEDURE FORMULAIRE. — VOIES DE RECOURS 1043
.
jurés. Il ne peut donc pas faire tomber une sentence de juré, mais il
peut arrêter les mesures prescrites par le préteur '.
2. Revocatio in duplum. Le défendeur condamné peut, en risquant le
double et en donnant caution, soutenir, quand il est poursuivi par l'ac-
tion judicati, que le jugement est nul pour vice de forme ou au fond.
On admet généralement qu'il peut aussi attaquer le jugement sans at-
tendre les poursuites, en s'exposant à la peine du double s'il succombe,
par la revocatio in duplum qui paraît être déjà connue de Cicéron. Mais
cependant son admission, soit au temps de Cicéron, soit d'une manière
générale dans la procédure formulaire, a été contestée -.
3. Restitulio in integrum. La partie quelconque qui est mécontente
d'un jugement peut, si elle est dans un cas de l'édit, solliciter du magis-
trat contre la sentence comme contre tout autre acte de procédure une
in integrum restitulio, qui, une fois prononcée, feraréputer la sentence
non avenue et donnera lieu à un nouveau procès (judicium reslilulo-
rium) 3.
k. Appel (appellatio)'. L'appel du droit impérial, qu'on rattache
parfois à l'intercession, qui procéderait plutôt du droit qu'avait les
magistrats provinciaux de réformer les actes des mandataires nommés
par eux 3, est une véritable instance en réformation ouverte, sans cause
spéciale, aux deux parties. L'appel est formé verbalement ou par écrit,
à bref délai (dies fatales), devant l'autorité qui a rendu une décision, pour
que l'exécution de cette décision soit suspendue jusqu'à ce que l'affaire
ait été jugée ànouveau par une autorité supérieure, dont, le cas échéant,
la décision peut également être soumise par voie d'appel à une auto-
rité plus élevée 6. Mais il n'est aucunement certain que cette procédure,
SECTION I. — Stipulationsprétoriennes.
1. Cf. p. 1041, n. 1. Ajoutez D., 36, 4, Ut in poss. leg., 5, pr. : Simul eûmes
possidere jubelur, ut sallem laedio perpeluae custodiae extorqueat heredi cautioiiem.
2. D., 39, 2, De damno infecta, 4, 1, où il ne faut pas confondre ce premier dé-
cret valant seulement missio in possessionem avec le second entraînant propriété-
prétorienne (p. 313. n, 1). Autre exemple, p. 925, n. 2.
3. Missio in possessionem rei servandae causa : p. 1041, n. 1. Il y a d'autres tas,
par ex. la missio Antoniniana (p. 923, n. 5). — Missio in possessionem des biens
héréditaires: p. 923, n. 5.
4. Ulpien, D., 43, 4, Ne vis fiât, 3, pr., permet l'emploi de la force publique
pour assurer le respect de la missio in possessionem, mais en matière de fidéi-
commis, et il est fort possible qu'on doive aussi rapporter aux fidéicommis a
l'exclusion des legs le seul texte qui parle de cela par ailleurs, Ulpien, D., 3G, 4.
Ut in poss. leg., 5, 27: Lenel, 1255.
5. Cf. Ulpien, D., 25, 5, Si ventris nomine, 1, 2 : Cogel autem eum decedere, non
praetoria poteslale vel manu minislrorum, sed melius et. civilius faciel, si eum pr
inlerdictum ad jus ordinarium remiseril.
6. Interdit, au cas de damnum infectum : D., 43, 4, .Ve vis fiai, 4, pr. ; au cas
de missio in poss. legatorum servandorum causa : D., 36, 4, Ut in poss,, 3, -'
par ex. Action in faclum, au cas de missio in poss. rei servandae causa : D-, »*
4, Ne vis fiai, 1, pr.
7. Gaius, 4, 13S-170. Inst., i,
15, De interdictis. Bibliographie chez Ubbelohde
dans Gluck, série des livres 43 et 44, 1889 et ss. Ajoutez Karlowa, 2, pp. ff""'
1064 et par ex. sur leur fondement, Pernice, Z. S. St., 17, 1896, pp. 194-204.
8. L'incompétence des magistrats municipaux en celte matière est générale-
ment admise; cf. la définition de Gaius, 4, 139.
9. Justinien, Inst., h. t., 1, explique par là leur nom.
10 Gaius, 4, 140.
PROCÉDURE FORMULAIRE.
— INTERDITS 1047
Dans le droit où ils nous sont connus, ils sont tous rendus sous la forme
conditionnelle, sous la condition que les allégations du demandeur soient
vérifiées, qu'on soit réellement dans le cas de l'interdit. Et, en consé-
quence, une fois l'interdit demandé au magistrat et prononcé oralement
par lui, il faudra, en cas de contestation, lier un procès pour savoir si
l'interdit a été violé (an adversus praetoris edictum factum sit vel an fac-
tum non sit quod is fieri jusserit) '. C'est évidemment un système plus
compliqué que celui où la personne qui se plaindrait de l'acte intente-
rait directement une action, par exemple une action in. faclum, en de-
manderait directement la délivrance en vertu de l'édit. On a donc été
porté à penser que le préteur a pris cette voie à une époque où il ne
délivrait pas d'actions in faclum, à l'époque des Actions de la loi où
l'existence des interdits est attestée par quelques traces du reste peu
nombreuses ; qu'il a d'abord rendu ces interdits non pas sous la forme
conditionnelle, mais sous la forme pure et simple, après examen préa-
lable des circonstances en les faisant respecter par les moyens de son
autorité (mullis el irignoribus), et qu'il est arrivé seulement ensuite à les
rendre sans examen préalable, sous une forme conditionnelle, en ren-
voyant la vérification des faits à un juge saisi, soit par des sponsiones
auxquelles il a pu contraindre par les mêmes voies dès l'époque des
Actions de la loi, soit par une formule arbitraire nécessairement posté-
rieure à la loi Aebutia 2. Mais, quoi qu'il en soit de ces origines, les in-
terdits apparaissent surtout sous la procédure formulaire, et une portion
d'entre eux a sans doute été créée sous cette procédure où le préteur
eût pu sanctionner les mêmes prétentions plus simplement par la créa-
tion d'actions. Leur survivance s'explique sans doute en partie par
l'influence de l'habitude ; mais elle s'explique aussi peut-être par cer-
tains avantages pratiques 3.
1. Gaius, 4, 141.
2. Tout ce qu'il y a de prouvé, c'est que certains interdits existaient déjà avant
la loi Aebutia (p. 276,
n. 1 et 6) ; mais il semble bien résulter de là que le pré-
teur devait les faire respecter, d'une part, et, d'autre part, examiner ou faire
examiner les faits. L'ordre de succession indiqué parait, dans ces conditions,
assez vraisemblable. Cf. A. Pernice, Z. S. Si., 5, 1884, p. 33. M. Jobbé-Duval,
pp. 234-260, évite ces difficultés en admettant que l'in-
Eludes sur la procédure,
terdit était prononcé et les sponsiones faites par les parties, seulement quand elles
étaient d'accord trancher ainsi leur débat ; mais on ne s'explique pas bien
pour
alors pourquoi le préteur serait intervenu
par un décret sans lequel l'arrange-
ment privé réalisé
par les sponsiones pouvait parfaitement arriver à son but. Une
autre question très agitée est celle de savoir dans quels
cas concrets le préteur
a d'abord rendu des interdits, celle de l'antiquité respective des divers interdits
lcf- les divers
systèmes dans Ubbelohde, 2, 1890, pp. 295-336, et Jobbé-Duval,
PP- 286-303). Les premiers interdits qui apparaissent dans les textes sont les intér-
êts retinendae possessionis
(p. 276, n. 1 et 6). Mais cela ne prouve pas absolu-
ment qU'iis soient ies pius anciens et l'admet pas généralement.
3- Sponsiones
on ne
el restipulaliones ; rapidité plus grande au point de vue de la
Prononciation de l'interdit,
2' PP. 344-353. p. 1049, n. 5, et peut-être à d'autres. Cf. Ubbelohde,
.
1048 LIVRE IV. — TITRE II. — CHAPITRE IV
§ 1. —
Principales catégories.
Les interdits sont très nombreux et on en a fait tant au point de vue
de la forme qu'à celui du fond des divisions très multiples que nous
nous bornons à signaler sommairement i.
Au point de vue du fond, on distingue : 1° d'après une division sans
grande portée concrète, dont les jurisconsultes romains paraissent avoir
été assez frappés, les interdits sacrés et profanes 2 ; 2° plus pratiquement,
les interdits populaires et les interdits privés 3 ; 3° les interdits tempo
raires et perpétuels 4 ; 4° les interdits qui se transmettent ou non aux
héritiers ou contre eux 5 ; 5° les interdits pétitoires, quaeproprietaliscau-
sam continent, et les interdits possessoires, quae j^ossessionis causam
continent, suivant une opposition dont le sens est controversé, qui nous
paraît tenir à ce que certains interdits ne permettent pas la preuve du
droit et par conséquent n'excluent pas une action postérieure à raison
de ce droit, tandis que d'autres supposent ou du moins permettent la
preuve du droit 6 ; 6° enfin, suivant une division qui ne se confond pas
avec la précédente, les interdits se rapportant ou non à la possession,
parmi lesquels les interdits relatifs à la possession se subdivisent en inter-
dits adipiscendae possessionis 7, recuperandae possessionis 8, relinendae
possessionis 9, et tam adipiscendae quam recuperandae possessionisl 0.
1. V. sur le plan encore différent de l'édit (Textes, pp. 150-155), Lenel, Ed., 1,
pp. 50-51.
2. D., 43, 4, De inl., 1, pr. (Ulpien) ; 2, 1 (Paul). Ex. d'interdit sacré : Ne quid
in loco sacro fiât (D., 43, 6).
3. Cf. Ubbelohde, 1,1889, pp. 48-58. Ex. d'interdits populaires: Ne quid in
loco sacro fiai (D., 43, 6), ne quid in loco publico fiai (D., 43, 8), et, croyons-nous,
de homine libero exhibendo (D., 43, 29 ; cf. p. 633).
4. Ulpien, D., 43, 1, De inl., 1, 4: Inlerdiclorum quaedam annalia surit,,, quae-
dam perpétua. — Inlerdicla annalia : de vi cottidiana : p. 278 ; quod vi aut clam :
p. 275, n. 1 (Textes, p. 154, n. 3), fraudatorium: p. 425, n. 3 . Cf. sur l'interpo-
lation qui obscurcit la distinction, la p. 1051, n. 1.
5. Ex. d'interdits qui passent aux héritiers : Unde vi, de precario ; qui ne leur
passent pas : Uti possidelis, ulrubi; d'interdits qui passent contre eux: Quodvi
aut clam ; qui ne passent contre eux que pour leur enrichissement : fraudatoire,
unde vi; qui ne passent pas contre eux : Ùli possidelis.
6. D., 43, 1, De inl., 2, 2. Cf. Ubbelohde, 1, pp. 92-171 et les renvois. Gaius,
4, 143.
7. Interdits quorum bonorum: p. 904 et ss. ; quod legatorum: p. 905, n.-;
possessorium: p. 104, n. 5 ; seclorium : p. 1039. n. 3 ; fraudatorium : p. 425et
ss. ; Salvianum: p. 766 et ss. C'est surtout au sujet de ces interdits que s'agite
la question de l'effet provisoire ou définitif. V. par ex. pour l'interdit quorum bo-
norum, p. 906, n. 1, pour l'interdit Salvien, p. 776, n. 2. On a aussi discute dee
motif de l'existence de ces deux interdits et de l'interdit fraudatoire à côté
Vheredilalis possessoria petitio, de l'action Servienne et de l'action Paulienne. i
est probablement, pour tous trois, dans leur antériorité ; ils ont ensuite, à cote
d'infériorités graves, gardé certains avantages (p. 1047, n. 3).
8. Interdits unde vi : p. 278 ; de precario : p. 278 ; de clandestina possession:
p. 279.
9. Interdits uti possidelis : p. 276 ; utrubi : p. 277.
10. Interdits quem fundum : p. 344, n. 2 ; quam hereditatem : p.1003, n. 1 ; ouem
PROCEDURE FORMULAIRE. — INTERDITS 1049
§ 2. —
Procédure des interdits.
La procédure s'ouvre par la prononciation de l'interdit faite par
le magistrat en présence des deux parties,
— en sorte que, si le dé-
fendeur l'empêche en se cachant, il y aura lieu contre lui aux me-
sures établies contre Yindefensus 4 ; — mais, comme ce n'est pas un acte
de jurisdictio, que l'interdit ne contient aucun des trois mots do, dico,
addico, le magistrat peut le prononcer un jour quelconque, même
un jour où il ne pourrait délivrer de formule 5; c'est une supériorité
de l'interdit sur l'action, à cause de l'effet, analogue à la litis contes-
Inlio que produit sa prononciation sur les interdits temporaires ou in-
transmissibles.
Une fois l'interdit prononcé, la procédure serait finie, s'il était observé
sans contestation. Et on peut concevoir qu'il en ait été ainsi ancienne-
ment, à l'époque des Actions de la loi, si l'interdit a commencé par être
un ordre pur et simple rendu par le magistrat en connaissance de cause.
Mais soit probablement dès le temps des Actions de la loi, soit surtout,
sous la procédure formulaire, ce sera très rare, parce que l'interdit a
cessé d'être rendu en connaissance de cause, est devenu un ordre con-
ditionnel des conditions duquel il reste à vérifier l'existence après qu'il
a été rendu et qu'on fait rendre précisément quand il y a contestation
sur leur existence.
1. Gaius, 4, 141.
2. Cicéron, Pro Tullio, 23, 53, en 682 ou 683.
3. Gaius, 4, 141-162. Le motif de l'exclusion de cette procédure en cas d'inter-
dit prohibitoire est discuté. D'après l'opinion la plus répandue, cela tiendrait à ce
que l'interdit contient une défense dont le procès suppose la violation, en sorte
qu'on y mériterait toujours une peine.
4. Gaius, 4, 163. 164. Valerius Probus (Textes, p. 200) : Restituas anlequam ex
jure exeas.
5. Cf. p. 1018, n. 1. On a soutenu que l'exécution manu militari aurait été
PROCEDURE FORMULAIRE. - INTERDITS 1051
admise, avant de l'être ailleurs, soit dans tous les interdits, soit au moins dans
les interdits populaires, où le taux de la condamnation serait impossible à déter-
miner. Mais c'est réfuté par un texte déjà cité D., 43, 29, De hom. lib. exhib., 3,
13, qui se rapporte précisément à
un interdit populaire et à celui où l'exécution
directe semblerait le plus indispensable. Nous remarquerons en particulier qu'il
ne faut pas mêler à la question les textes qui représentent les préteurs judiciaires
peut-être et surtout d'autres magistrats, ainsi les préfets impériaux, comme inter-
venant par la force dans des cas où des interdits seraient applicables. Préfet de la
ville: D., I, 12, De off. praef. urb.. 1, 6. Préfet des vigiles (d'après D., 20, 2, In
quib., 9 et D., 19, 2, Locali, 56, extraits du traité de officia praefecli vigilum de
Paul) : D., 43, 39, De migr., 1, 2. Consuls et préteur fldéicommissaire : p. 1046, n. 4.
Praetorde liberalibus causis : D., 43, 30, De lib. exhib., 3, 3 (p. 138, n. 4). Curalor
operum publicorum : D., 43, 8, Ne quid in loc. publ., 2, 17. Empereur: D., 25, 4,
Deinsp. ventre, 1, 1. Préteur urbain (?) : D., 29, 3, Tab. quemadm. ap., 2, 8 (cf.
°-. 43, 5, De tab. ejch., 1, 1). Ils n'interviennent pas là à la suite de la délivrance
des interdits quod vi aut clam, unde vi, de migrando, etc., mais à la place de ces
interdits, par voie d'autorité administrative.
1. Paul, Sent., 4, 7, 6, dit
que pour l'interdit de labulis exhibendis, qui est per-
pétuel (D., 43, 5, De lab. exh„ 3, 16),
on doit agir dans l'année de la pronon-
ciation de l'interdit. Les textes du D., qui ont été interpolés par suite de la
confusion opérée sous la procédure extraordinaire entre le droit de demander la
prononciation de l'interdit et celui dagere ex inlerdiclo, permettent cependant de
trouver d'autres applications de la même règle. Ainsi le D., 43, 17, U. P., 1, pr.
M fine, présente
comme édit du préteur un texte restreignant le droit d'obtenir
: c'est impossible pour un interdit qui, comme ce-
interdit uti possidelis à
un an
™-là, suppose la possession
au moment même où il est rendu : l'édit devait dire :
1052 LIVRE IV. — TITRE II. — CHAPITRE IV
débat contradictoire et elle n'est opposable qu'à ceux qui ont été parties
au procès *.
D'autre part, quand elle est prononcée, ce n'est pas normalement2le
préteur qui en met les conséquences à exécution. Il a déclaré non ave-
nus les effets juridiques de l'acte attaqué. C'est désormais à la partie qui
a obtenu cette décision d'en tirer les conclusions en demandant une
exception contre les actions dont elle prétend n'être tenue qu'à raison
de cet acte, en demandant, comme s'il n'avait pas eu lieu, les actions
qu'elle aurait eues, prétend-elle, en son absences. Une fois Yin integrum
restitutio prononcée, la procédure rentre ainsi, comme en matière de
stipulations prétoriennes, de missiones in possessionem ou d'interdits,
dans le système de Y ordo judiciorum privatorum, où le magistrat ne
juge pas les procès, mais en renvoie le jugement à des jurés.
PROCÉDURE EXTRAORDINAIRE
ceplio formularum non observatur et la glose des Inst. de Turin sur Inst., 3, 12,
pr. : Ordinaria judicia sunt quae formulis verborum conlinentur.
1. L'usage de ces instructions écrites, qui sont rédigées comme les rescrits im-
périaux, dans des termes très voisins de ceux des formules et qui montrent même
ainsi que ce qui constitue la procédure de Vordo, c'est essentiellement le juré
choisi par les parties et beaucoup moins la formule, a été surtout révélé clairement
par les papyrus grecs de l'époque romaine découverts en Egypte. V. surtout B. G.
U-, 136, de l'an 135,
pour un procès extraordinaire du temps où Vordo n'a pas en-
core disparu et Grenfell et Hunt, I, 67, de l'an 328, pour un procès du temps où
IWo est depuis longtemps aboli,
avec les observations de Gradenwitz, Hermès, 28,
1893,
p. 333, et de Mitteis, Hermès, 30, 1895, p. 580. 34, 1899, pp. 100-101. V. dès
auparavant dans un sens analogue, Bekker, Aktionen, 2, pp. 225-236. 358-362 ;
Wlassak, Processgeselze, 2, 60-62.
pp.
2. Cf. sur la différence des judices privait de la procédure ordinaire et des judi-
tesdati ou pedanei constitués
sans formule par les magistrats dans la procédure
extraordinaire, Mommsen, Dr. publ.,$, pp. 275, n. 1 ; 271, n. 1 (v. aussi, 7, p. 148,
n-2); A. Pernice, Z. S. St., 7, 1, 1886, p. 105-110; en sens contraire, Ubbelohde
dans Gluck, livres 43-44,
2, 1890, pp. 537-560.
1062 LIVRE IV. — TITRE III
,
i. V. les preuves tirées par A. Pernice du commentaire de Gaius sur l'édit pro-
vincial, notamment en ce qui concerne la translatio judicii [D., 9, 4, De nox. acl.,
1S) et les allusions aux exceptions contenues dans la formule (D., 3, 3, de proe,
48. D., 10, 2, Fam. ère, 1, 1). V. aussi les textes cités note 5.
2. D., 1, 18, De off. praesid., 10 ; 11.
3. M. Pernice admet que les rescrits impériaux qui mettent la procédure extra
ordinem à la place de la procédure ordinaire auraient été exclusivement relatifs à
des provinciaux. Cf. sur la procédure des rescrits qui s'introduisit à cette époque
et s'est maintenue à la suivante, les auteurs cités, p. 60, n. 1.
4. La première idée a été émise par M. Pernice. On pourrait invoquer en fa-
veur de la seconde les nombreux procès égyptiens dont les procès-verbaux nous
ont été fournis par les papyrus de Berlin et de Vienne, en particulier celui de
l'an m (Textes,
p. 838) qui montre, à l'époque d'Hadrien, un procès de la compé-
tence des tribunaux ordinaires tranché extra ordinem par un judex dalus, un offi-
cier de cavalerie,
en vertu d'une délégation du gouverneur qui paraît avoir eu un
caractère permanent.
5. Dès le temps des Sévères, le gouverneur statue d'ordinaire lui-même par voie
de cognilio (v. les exemples dans Pernice, Archivio, p. 146, n. 6) et cela nous a
même conduit précédemment à considérer la transformation comme déjà achevée
alors dans les provinces. Mais la survivance
au moins exceptionnelle de la pro-
cédure ordinaire
nous parait aujourd'hui, comme à M. Mitleis, Reichsrecht und
Volksrechl, 132, n. 4, attestée pour le temps de Caracalla (C, 3, 8, De ord.
p.
N-, 2. C, 7, 53, De exsee rei jud., 2), et d'Alexandre Sévère (C, 3, 42, Ad
exh-, i). V. même
pour celui de Gordien, la const. C, 3, 36, F. E., 7, signalée
par M. Partsch, Schriftformel im Provinzialprozesse, p. 118.
1066 •
LIVRE IV. — TITRE III
III. Jugement. —Le procès a lieu tout entier devant le même fonc-
tionnaire. Ce qui fait que, dans la phase postérieure à la litis con-
testatio, on ne trouve plus les solutions déduites de ce que le juge
tirait ses pouvoirs de la formule, pas plus qu'on ne retrouve nulle part
celles venant des règles de Yordo. Le juge est soumis, quant à l'admis-
sion des preuves par lesquelles il pourra déterminer sa conviction, à
certaines restrictions tenant à la défaveur croissante de la preuve testi-
moniale. Mais ce sont des restrictions à ses pouvoirs généraux. Dans la
mesure de ses pouvoirs, il procédera en toute liberté à l'instruction et
au jugement, sans connaître les entraves imposées à l'ancien juré par
la formule : 1° il peut sans difficulté absoudre le demandeur qui aura
satisfait le défendeur inter moras litis ; 2° il peut modérer la condam-
nation, au cas de plus petitio re ou d'exception minutoire 1 ; 3° il peut,ce
qui implique disparition non seulement des formules, mais de Yordo,
condamner à autre chose que de l'argent, à la chose même, quand on
demande par une action quelconque, personnelle ou réelle, arbitraire ou
non, la propriété, la possession, l'exhibition d'une chose corporelle 2 ; il
condamnera à une somme d'argent seulement quand la condamnation
à la chose est impossible, quand il s'agit d'obligation de faire ou de ne
pas faire ; 4° enfin, à la différence du juré dont la tâche était terminée
par la sententia, il reste compétent pour l'exécution.
IV. Exécution. — L'exécution peut avoir lieu soit en nature, soit
par pignus ex judicati causa captum, soit par dislractio bonorum.
Elle a lieu en nature, quand le jugement prescrit de livrer, de resti-
tuer ou d'exhiber une chose. Les officiers du magistrat procureront par
la force la livraison, la restitution ou l'exhibition, et il semble bien que
la livraison en particulier aura pour effet de faire obtenir au gagnantle
droit qu'il demandait qu'on lui transférât, ainsi la propriété à l'ache-
teur 3.
Quand un jugement ne peut être exécuté en nature, ia voie d'exécn-
tion normale est le pignus ex judicati causa captum, la saisie par les
officiers du magistrat d'objets particuliers qui sont vendus par eux au
profit de la partie gagnante jusqu'à concurrence du montant de la con-
damnation. Cette voie d'exécution introduite par Antonin le Pieux,
probablement pour la procédure extraordinaire, est devenue, sans grands
changements, la procédure d'exécution régulière, quand tous les procès
sont devenus des procès extraordinaires i.
La distractio bonorum 2, vente en détail du patrimoine saisi en bloc,
déjà admise pour quelques cas exceptionnels dans la période antérieure,
intervient seulement au cas d'insolvabilité, ou bien sur la demande de
deux ou plusieurs créanciers munis de titres exécutoires, qui pourront
en outre exercer à titre accessoire la contrainte par corps sur le débiteur,
ou bien sur l'initiative de ce débiteur qui déclare céder ses biens à ses
créanciers et qui échappe par là à l'exécution sur la personne 3. Dans
les deux cas, les créanciers obtiennent l'envoi en possession et le droit
de vendre. Mais, à la différence de l'ancien régime : 1° il faut pour cela
qu'ils soient munis de créances certaines, de jugements ou d'actes assi-
milés, ce qui fait qu'un délai fort long est accordé aux autres créanciers
pour produire leurs titres avant que la vente ait lieu : deux ans entre
présents, quatre ans entre absents ; 2° la vente est faite non plus par le
magister à un adjudicataire unique, mais en détail par un curator dont
le nom a été substitué en conséquence à celui du magisler dans de nom-
breux textes du Digeste. Il n'y a plus besoin,comme sous Yordo, de met-
tre, à la place du failli, un nouveau défendeur à la tète du patrimoine et
c'est pour cela que Justinien rattache la disparition de la venditio bono-
rum à celle de l'orrio 4.
1. Cf. p. 1037, n. 3.
2. V. pour les détails, Justinien, C, 1, 72, De bon. auct. jud., 10.
3. Une constitution de Gratien de l'an 379, C. Th., 4, 20, Qui bonis lege Ju-
Ha,\, parait porter pour la première fois la restriction de ce droit, en première
%ne dans l'intérêt du fisc, mais en même temps dans celui de tous les créanciers,
aux débiteurs devenus insolvables par des accidents indépendants de leur vo-
lonté. Quant à la contrainte
par corps, elle devait avoir lieu dans une prison pu-
blique depuis une constitution de 388 qui supprima les prisons privées, C. Th.,
9> H, De privati carceris cuslodia, 1. Mais des textes postérieurs montrent
que
la pratique illégale de la détention du débiteur chez le créancier subsista dans
les faits, particulièrement
en Egypte, jusqu'à Justinien. Cf. C, 9, 5, Depriv. carc,
1
i 2 et Milteis, Reichsrecht und Volksrecht, 1891, p. 442 et ss.
4. Inst., 3, 12, De
suce subi., pr. : Bonorum emptio... locum habebal, quando
judicia ordinaria in
usu fuerunt : sed eum exlraordinariis judiciis poslerilas usa
e«'i ideo eum ipsis ordinariis judiciis eliam bonorum vendiliones exspiraverunt.
ADDITIONS ET CORRECTIONS
Abandon des esclaves, malades, 97,4. | sel, 164,5. 179,3. 193-196. '252,1.789-
125,3 ; nouveau-nés, 98, 3. Cf. Exposi- 908. 928-931. 1039.1041 ;
— entre
tion, des enfants ; — noxal,93. 128. 129. vifs, 280-333.
676.1. 078,2. *679-6S0. Actes privés probatoires, 07,2.487,4.
Abdicalio liberorum, 187,6 ; — lulelae, 487,7. 501,2.541,1.088-689. 769,3.1072.
207,2. Actes publics, acla publica, 769,3.
Absence, 152,1. 154,1. 185. 188. 210. 810.3. 811,1. 835,1. 938,3. 1022. 1008.
272. 273. 295. 299,6. 457. 486. 487. Action ad exhibendum, 317,5. 318,3.
488. 498,3. 711. 713,1.750.1038.1041,1. 327,6. 328,3. 329-330. 340,1. 408. 508.
.
1056 ;
— rei publicae causa, 1019,3. 008.625.'632-633. 654. 1012,1.1010,3 ;
1041,1. 1056. — aeslimaloria, 564, v. A. quanti mi-
Absolution, absolulio, 37,1. 341,3. noris ; — aquae pluviae arcendae,
707. 1008. 1026. 1032. 1070. 254,5. 626. 1016,3 ; — arborum fur-
Abstention. — v. Jus abstinendi. lim caesarum, 429, 3 ; — aucloritalis,
Abus de confiance, 403. 406. 286,2. 289,2. 291. 297,2. 307,1. 429,1.
Accensi velali, 17. 236,1. 442.4. 533. 550. 551,2-3. '553-554.
Acceptation des donations, 932,4 ; — 555. 559,5. 561,5. 725; — bonorum vi
des legs et fidéicommis, 423,2. 922 ; rapiorum, 396,3.397,1. '414. 676,2;
-des successions, 212,1. 220,3.
423.2. 838. *867-876. 888. 890.
— Calvisiana, 122. 422,2. 429. 865,2.
1016,3 ; — certae creditae pecuniae,
Acceplilalio, 494. 495 ; 490.1. 499,1. 611,2. 1000,1. 1002,2; —
— littérale, 682.
*709,2. 710,3. 711,2
; -
verbale, 220,3.
412.3. 682. *709-712. 740,2. 742,1.745,3.
civilis in factum, 586. 588-590 ; —
civilis incerti, 586. 589. 590 ; — com-
746. 937,2. 948,4. modali, 141,4. 429. 435. "525-528.
Accessio, mode d'acquérir, 323
; — per- 656.2. 745,1. 1013,6 ; — communi divi-
sonae, 466,1 ; — possessionum, 277,4. dundo, 311. 326,2. 579,7. '626-628.
300,3. *309-311.1072. 742. 1009,2.1013,6 ; — conducli, 436.
Aecidenlalia, 532,2. 570,1. 573,1.586,2.1013,6; — con-
Accroissement. v. .lus adcres- fessoria, 355. *377-378. 774 ; ulilis,
—
eendi. 378-379. 383,2.384,7 ; — damni infecti,
Acourse, 84. 255,1. 994,2; — damni injuria dati,
Acheteur. v. A. legis Aquiliae ; — damni vi dati,
— Obligations, 565-566.
Acquisition à cause de mort, 252.280. 414; — de aestimalo, 588. 590,3.
'789. 931. 943-945
; — à titre univer- 593-594 ; — de albo corruplo, 1008,2 ;
,!• Les chifTres sont ceux des pages ou, quand il y en a deux séparés par une
pages et des notes. Au cas de renvois multiples, des astérisques in-
virgule, des
diquent, s'il lieu, les passages principaux. Quant à l'ordre des mots, il sera
bon de
y a
remarquer que les renvois relatifs à des termes composés de plusieurs
mots latins sont d'ordinaire faits
au substantif principal, même quand l'usage
"et avant lui son régime ou un adjectif, ainsi à nunlialio operis novi et non à
"Péris novi nunlialio, à conslitulio Rutiliana et non à Ruliliana constitulio.
68
1074 TABLE ALPHABETIQUE
1016,3 ; — de dote, v. A. rei uxo- 671,1. 759. 760. 765. *773-776. 925,6;
riae ; — de effusis et dejectis, 635,5 ; — injuriarum, 130,1. 141, 3. 238,4,
— de eo quod certo loco, 1016,3. 1032,1 ;
239.1. 315,3. 393,3. 394,3. 396.'398-
— de glande legenda, 254,4 ; — de
in 401. 429. 752,4. 1015,1 ; noxalis,
rem verso, 665, 3 ; — de in rem verso 676.2. 1016,3; — inslitoria, 96. 662.
utilis, 669 ; — de modo agri, 286,3. "664.668 ; utilis, 669,1 ;— instiiutork,
291. 429,1. 533."561,4 ; — de mori 786,3 ; — judicali, 679,3. 1000,1,
bus, "957. 958. 1002,2. 1015,1 ; — de 1002.2. 1020. 1021. 1033. "IO36-1037:
paslu, 395,1. 676,2 ; — de pauperie, — jurisjurandi, 600 ; — kalendarii,
93. 395,1. 676,1-2 ; — de peculio 514,6; — legis Aquiliae, 348. 332.
el de in rem verso, 96.125,5. 139. 353. 353,2. 394,3. 396. 397,5. "411-
195,1. 410,1. 428,4. 464,1. 464,4. 5f^3. 413. 418. 525. 655-656. 676,2. 744,2.
662. *665-666.669 ; annalis, 666,8 ; — 982,3 ; utilis, 413 ; — legis Plaeloriae,
de pecunia conslilula, 600-603. 1033,3 ; 228 ; — locali, 436. 570,1. 573, 1. 586,
— de posilo aut suspenso,
635. 1008, 2. 1013,6 ; — mandati, 430. 436. 450,4.
2 ; — de receplo, 604. 605. 606 ; — 467,1. 532,1. "579-584. 624. 690,3.742-
de rupiliis sarciendis, 410,4 ; — de
servo corrupto. 429,2 ; — de super-
743. 757. 758. 1013,6 ; -metus, 397,1.
"415-418. 420,5. 422. 460. 744. 1016,3;
ficie, 345,3. *383,2. 768 ; — de lesta- — negatoria, 346-348. 352. 353 ;
utilis,
370. 374,4. 628. 630. 734,6 ; — 630,3 ;.— dïvisus el adsignatus, 281,7;
partie de la formule, 37:1. 579,7.028,1. — emphgleulicarius, 385,2 ; — limi-
628,3. 891,1. 1007. 1008. '1009. tants, 281,8. 324,5. 325. 029.2. 6:10,:):
Adoption.,168-181 ; — au sens étroit,44. — occupalorius, 282, I ; — publiais.
128. 171-172. 174-175. 177-179.180-181.
238. 275,4; — quaeslorius, 281,0;-
187. 192.870,5; — des esclaves, des
stipendiarius, 262,1 ; — tribiitarius.
Latins, des pérégrins, 175,4 ; — ex 262,1 ; — vecligalis, 266.1. 384-383;-
tribus maribus, 178,2; — plena, mi- virilanus, 281,7.
Agere, des jurisconsultes, 43 ; — cm»
nus plena, 180-181 ; — regia, 170,1 ;
compensatione, 704,1.
— testamentaire,
172-173.
Adplumbalio, 327,7. Agnats, Agnation, 12. 143-144.163.165.
Adpromissor, adpromissio, 489,2. 691,2. 167. 178. 186.189.190. 193. 204-205.
747-703. — v. Fidejussio. Fidepro- 223. 836. 878,1 ; — d'un héritier sien,
missio. Sponsio. 852-854,
Agrimensores, 67,2.281 ; — v. Mensor,
Adrogation, 14. 30. 170-171. 172. 173.
Album judicum, 1003;— praetoris, 40.
175-177. 177-180. 180. 192. 194-193. Alciat, 85.
728,3 ; — des impubères, 175-177. 179- Alfenus Varus, 46.
180. — v. Adoption. Aliénation de la chose léguée, 916A
Adserlor liberlalis, 101. 102. 117. 1019.
Adslipulalio, adslipulalor, 412,3. 467,1. — fiduciaire, v. Fiducie ; — forcée,
215. 953,7 ; — in fraudem crédite-
489,2. 580,2. 691,2. 711,5. 724,2. '746-
747. rum, patroni, v. A. Pauliana. fa-
biana, Calvisiana ; — judicii muta»-
Adultère, 157,11. 138,4. 161. 100. 937,3.
Adversaria, 494,7.
di causa, 340,1. 1016,3 ; -
par l'Etat,
231-232 ; — par l'héritier apparent,
Aediles curules, 30. 38. 49. 53. 429,4. 557,
903.
4. 562-364.719,2.970,5. 971,3. 997.
1045. 1061 ; — plebis, 21.
Aliéné, 154,1. 198,2. 203."222-224. 271,
391. 463,4. 813. 819,7. 830-831. 851.858.
Aelius (Sex.) Paetus Catus, 22,2.45. 862,6. 869,3. 871,1.
Aelius (Q.) Tuhero, 46. Aliments (créance d'), 138. 167,2.167,6.
Aerarium, 29. 48. 49. 233. 879,3. 883,3. 634. 734,1. 1063,1.
887,5. Alliance, 137.
Aes, 244; — alienum, 193; — équestre, Alluvion, 324-325.
978 ; — hordeariurn, 978 ; — mililare, Ambitus, 254,2.
978 ; — rude, 244,2 ; — signalum, Anastase, 184. 188. 734,3. 846.
244,4. Anatocisme, 315-516.
Aes et libra, 196. 244,2. 439,1. — v. Man- Ancilla, 92. 464,2. 464,4. — v. Partns.
cipation. Nexum. Solutio. Testament. Peculium.
Aestimalum, 388. 593-394. Animaux apprivoisés , 272. 332; -
Affeclus furandi, 402,1 ; — maritalis,
152 ; — societalis, 573.
domestiques, 94,3. 272. 332; aim
collo dorsove domantur, 247-248 ;
- -
Affichage de l'édit du préteur, 38. 40. quae pecudum numéro surit, 412 ; -
31;— des constitutions impériales,61. sauvages, 272.315. 332..— v. A.*
Affranchis, 116-126: — citoyens, 116- pauperie, de pastu.
123. 136. 161,1. 161,3. 183.1. 221.668,2. Animus, possession, 264. 266. 267. 8-'- —
841. 843,4. 863,2. 934,3. 930.4 ; 270-274 ; aliénas, 267. 271. 272. 273-
— des
personnes morales, 235,1 ; — Latins 274. 304,4 ; domini, 264,3. 267. 209.2;
123-126. 1072 ; — pérégrins, 126. donandi, 331,3. 932,3 furantl
— ; —
Affranchissement, 44. 116-126. 129. 402,1 ; — novandi, 693-694.
131. 188. 220,3. 423,3. 799. SIS. Année utile. — v. Tempus utile-
Africanus (Sex. Caecilius), 64. Annuum. — v. Legs, Stipulation.
Ager arcifinalis, 282,1. 324-325. 629,2. Anleslalus, 284,5. 807,3.
TABLE ALPHABETIQUE 1077
836,6. 802,3 ; — tum quem ex fami- 203. 204. 207 ; — d'être vindex, 970,3.
lia, 843,4 ; — unde cognali, "843. 980,3. — v. Aliéné. Esclave. Impu.
844.1. 844,4. 854; — unde cognali bère. Infans. Mineur, etc.
manumissoris, 843,4 ; — unde de- Capiiis deminutio. 91. 143. 145,1.186.187.
cem personae, 843,1 ; — unde legi- 189. "190-196. 207. 37.5. 388. 390. 394,2.
timi, "842-843. 843,5. 844,3 ; — unde 407. 409. 411. 578,4. 724. 762,3. 835-
liberi, '842. 844,3-4. 854-855. 867. 891. 836. 956,2 ; — maxima, 107. 158.186.
892. 894 ; — unde patronus palrona, 187. 191. 193-195. 207. 375. 578,4 : -
843, 4 ; — unde vir et uxor, 843,3. média, 107. 159. 186. 187. 191. 192,
844,4. 847 ; — venlris nomine, 869,5. 193-196. 207. 375. 578, 4 ; — minim,
Bonorum possessiones ab intestato, 793,1. 40. 129,4, 159. 163,6. 186. 189,6. 191,
"842-845 ; — eum re, 793. 794,1. 808,2. 192. 193-196. 207. 842.1056,4.
814.3. 834,1. 834,3. 836,2. 845,1. 852,3. Capito (C. Ateius), 62.
855,3-4. 865, 2. "884,4. 908 ; — décrétâ- Captivité, 99. 104-105. 154,1. 158,
tes,!^. "869,5. 871,3 ; — ediclales,192. 1019,3.
869 ; — juris civilis confirmandi gra- Caput, 90,1. 103. 190.
tia,1^2. 793,1.844 ; —j. c. impugnandi Carcer privalus. — v. Prison privée.
gratta, 792. 793,1.' 844. 865,2. 884,4 ; Carmen famosum, 399,1.
— ;'. c. supplendi gratia, 792. 793,1.
Carvilius Ruga (Sp.), 160,3. 950,3.
844 ; — sine re, 794,1. 834,1. 834, 3. Cascellius, 46. 72. 1053,2.
836.2. 845,1. "884,4. 908. Cassiani, 62.
Bonorum possessionis petitio, agnitio. Cassiodore, 82,4.
793. 867. "869. 870-871. 875,1. 876,4. Cassius (C). Longinus, 62. 63,2. 397,3,
Bréviaire d'Alarie, 75-76. 845.1. 873,3. 892,2.
Brisson (B.), 86. Castrat, 155,2. 173.
Bronzes d'Osuna, 35,2. Casus, 83 ; — unus, revendication,
Brutus (M. Junius), 45. 46. 339.2. 341,1.
Budé (G.), 85. Caton (M. Porcius Cato) l'Ancien, 45.
Bulgarus, 84. 147,4.915 ; dere rustica, 46,3. 336,4;
— Licinianus,
Bustum, 306,3. 45.
Butin, 261. 281. 315.332. 333,1. Cause, causa civilis, 439,1 ; — cognita,
Bynkershoek'(van), 87. 219.5. 350,2. 383,2. 421. 579,6. 424,4.
Cachets, 67,2,2» ; — dans les actes pri- 673,1. 869. 871,3.1006,2.. 1021,3.1025,3.
vés, 67,2,2°. 69,2. 688,5 ; — dans les 1055,3.1056,4; — Curiana, 828,2; -
réponses des prudents, 69,2 ; — dans dans les contrats, 453-458 ; — justa.
les testaments, 807,2-3. 809,6. 810,1. v. Justa causa : — liberalis, "100-102.
833.4. 837,7. 117. 997,3. 1004,1. 1014,3.1019 ; -per-
Caduca, 313. "879. 927.— v. Jus caduca pétua (dot), 949,5 ; (servitudes), 359 ;
— rei,
vindicandi. 342,2.
Caelebs, 872. 878. Cautio, damni infecti, 255,1. 994,2.
Calumnia, 393,3. 920,2. 999,1. 1033,3.
1069,4.
1045,2. 1045,5 ; - de dolo, 443-444;
de non amplius turbando, 347,3.
—
Canon, 385.
Capacité d'aliéner, 283 ; — de con-
378,2 ; — de
503, 3 ; —
rato, -
1021 ;
judicio sisti,
discreli,
995,1. 996,2.
tracter, 461-466;—de droit, 90-91. 1068 ; — legatorum 922,1. 1046,3;
461-463 ; - devait, 91. 198-232. 463-
466 ; — d'ester en justice, 92. 97.109.
—
Muciana, 222,8. 922,1 ; — rein»
riae, "950-951 ; — lutorum vel cura-
112-113. 131. 136. 141 ;— de recevoir torum, usufructuaria. v. Satisdatio,
par testament, de tester, v. Factio Caution, cautionnement, 641. 69o,-
J038.3i
testamenli. Jus capiendi ; — de s'obli- 701.6. 723,3. 739. "747-763.
cautions judiciaires, 1002-1M-
ger es deliclo. v. Délits ; — d'être —
témoin, v. Témoins ; —. d'être tuteur. 1021-1022. — V. Satisdatio.
TABLE ALPHABETIQUE 1079
•
Théodoric, 76 ; — de Tibère Ale- tière d'indu, 616-618 ; — falsae cou-
xandre, 111,6. 932,5 ; — de alterutro, sue usucapionem non paril, 305,1 ; -
958.4. 961,2 ; — de injuriis, 400, 3 ; in corpore, 459-460 ; — in negotio,
— de inspiciendo ventre, 162,6. 1072 ; 458 ; — in persona, 45S-459 ; — in
.
— des édiles curules, 38. 53. 54. quanlilate, 459-460 ; — in substantm
55 ; — du préleur urbain, 38-42. 53- 459 ; — juris, facti, 304. 305. 307-308.
55 ; — du préteur pérégrin, 38.53-54 ; 402.1. 617. 61S.
— perpétuel, perpetuum, 39 ; de Ju- Esclavage, 91-102.
lien, 53-55 ; — provincial, 42. 54 ; Esclaves, 11. 90. 91. "92-102. 104-105,
— Publicien, 348,3 ; — repenlinum, 135. 136. 155,4. 175,4. 263,2-3. 265,3.
40 ; — successorium, 793,1. "882.905,1 ; 273,3. 391. 395,2. 402,5. 404.402. 564,1.
— translalicium, 42,2. 52. 568,3. 639. 661,1. 662-668. 675. 677.
Edits, edicla, des magistrats, 38-42. 679.680,2. 813,1.818. 838,3. 915,6,
52-55 ; — des empereurs, 58-59. 72 ; — 921,0.
des gouverneurs, 38. 42. 53-54 ; — des Escroquerie, 403,1.
préfets du prétoire, 55 ; — opposés Essenlialia, 532,2.
aux formules, 40-41. 55. État romain, personnalité, 233-234.
Editio actionis, 998.1. Étranger, 11. 99. 103. — v. Pérégrins,
Effusa et dejecla, 635-636. Evenlus damni, 120. 424.
Emancipation, émancipé, 44. 169.178, Évêque. 131. 187,4. 203,0.
2. 178-179. "187-190. 841. 842.846.S54. Eviction, 558,2. — v. Garantie.
870.5. 891-893. 894-895 ; — Anas- Exceptions, 37,1. 40. 41. 55.727,3.762,
tasiana, 188-189.190 ; — fiduciaria,
188,4. 190 ; — Justinianea, 189. 190.
4.763,1. "1023-1028. 1033. 1009 ; ex-
ception cogniloria,iQ2tj,2;— de discus-
-
Emblemala Triboniani, 78. — V. Inter- sion, 754,4. 775 ; — de division, 736-
polations. 757 ; — doli mali, 40.203. 328,5. 329.
Emphytéose, emphytéote, 250. 266. 341.2. 341,3. 375,0. 419,3. 420,5. 461.
319. 365,3. 378,5. 382. "384-385. 439. 501. 532,3. 003,2. 705-708. 716,3. 759,
772,3-4. 3. 834,1. 852,3. 904,1. 936,1.1023,1.
Emptio venditio, 435-436. 533,1. 535,1-2. 1024. 1025. 1026,4-5 ; — extra quai»
— v. Vente. in reum capiiis, 1001,3 ; — hi/pothect-
Emptio sub corona, 281,4. ria, 341. 331. "773-770 ; — Italie eo»-
Emplor bonorum, 704. "1041. 1060 ; — tractus, 723,3 ; — jurisjurandi, 600 ;
familiae, 248,4. 534,1. "802-804. jusli dominii, 350. 936-937. 943,6.
—
Endo, 805,2. 1024,1 ; — legis Cinciae, 935-937.1025.
Enfants nés hors mariage, adultérins, 1026 ; — legis Plaeloriae,22S. 1025,3;-
incestueux, 181-184. 185. lilis dividuae, 1020,2. 1030,3 ; -«"
TABLE ALPHABETIQUE 1083
171. 188,3. "464,4. 816,6. 840. 850,2. Fraus creditorum, 120. 422-428. 712.
1056,8. 1058,3 ;
893-894. — palroni, 123.
Fils de famille, filius familias, 11. "135- 423,2.
141.171. 1S3.3. 265,3. 268. 269,2.
291,3. 391. 402,2. 462-463. 494,8. 516-
Frères et soeurs, 156,6. 847. 860;
agnats, 143. 841,1 ; — cognats, 205,2.
-
517. 661,1. 662-668.677.1. 680,1. 813. 843. 846 ; — consanguins.845,4. 847.
826-830.838,3-4. 850-851. 870,4. 860, 2 ; — germains, 847 ; — uté-
Finis quinque pedum, 254,2. 306,3. 629- rins, 846. 847.
630. Fructus, fruits, 215,3. 247. 253,2. 319-
Fisc, fiscus principis, 49. 283,1. 306,1. 323. 364-365. 475,4. 531,3. 550.644,5.
771,5. 775,4. 879,6. 883,3. 887,5. 649,6. 923,4 ; — antérieurs à la litis
898,3. 1071,3. contestatio, 343, 2. 345,1. 427,3 ; — ci-
Flamines, 149. 150,4. 187,3. viles, 2tl. 365 ; — consumpli,32i ; —
Flavius (Cn.), 22,2. 44.
Florentine, 80.
exslanles, 321-323. 345. 902 ;-
dustriales, 247. 320. 365 ; — nalu-
in-
121.144. 164,1. 177. 178. 179,1. — v. 701,6. 720,2. 759. 760,3. "763-783;
Noms. — du légataire, 770,1. 771,7. 925,6;
Gestion d'affaires, 430. "622-625. 627, — générale, 769.4. 775 ; — privilé-
5. 609. giée, 775. 961,3. 962,2 ; tacite, 218,5.
—
(ieslio pro herede, acceptation, 868. 242,1. 771. 961. 962. 963.
869. Ihering (de), 88-89.
Giphanius (H.), 86. Iles de la mer, 315.3; — des fleuves
Glose (grande), 84 ; — des Institutes publics, 325. 1072.
deTurin, 82. Immeubles, "241-242. 253-256. 256-
Glossateurs, 83-84. 260. 261-262. 269. 273-274. 275.276-277.
Godefroy (Jacques; Denis), 87. 278. 281-282. 284,0. 290,2. 297,3. 307.
Gordien, 61,1. 733. 890,5. 308. 334,3. 357. 302.
— v. Fonds.
Gouverneurs de provinces, 30. 38. 41. Praedia.
42. 53. 34.291,3. 299.582,3. 971.972. Impenses, impensae, 331. "341,3. 621,
992,1. 997. 1065. 1066. 3.624. 627. 903-904; — nécessaires,
341,3. 705. 903. 957,0. 961,2 ;
— utiles,
Gradus, 143.
Grèce, Grande-Grèce. 3,2. 23. 24. — 331,1.341.3. 621. 903. 937,6.961,2;
—
v. Droit grec- voluptuaires, 341,3. 903. 937,6.
Grossesse, 162, 163 ; — durée, 168. Imperium général des magistrats, 19.
Habitatio, 368-369. 29.30.39. 312.313.970.5. 989-990. 1044,
Hadrien, 48. 52. 53. 58. 59. 61. 70. 139. 2. 1040,8. 1033. 1004; — merum, 970,
206. 255,6.756. 813.884,4.890,5.1063,1. 3 ; — mixlum, 970,5 ;
— proconsu-
Baloander, 80. laire de l'empereur, 49.
/tara, 994,2. Impelralio dominii, 773,1. 779.
Heineccius, 87. Impossibilité, 441-444, 468,2. 471,1-
Heredium, 258. 259,2.260,1. 260,4.283,5. 646. 722-723.
Heredilatis petitio, 808,2. 834,1. 852,3. Impubère, 155. 176. 179-180. 198.199.
838.862,1. "897-904. 976,3 ; — fideicom- 200. 201. "202-219. 395,1. 464. 040,3,
missoria,930,2 ; — possessoria, 907-908. 870-871. 890,1. 1041,1.
Hérédité jacente, 90,3. 402,2. 790. In bonis, 202-263.
873. In causa caduci, 879. 927.
Itères, héritier, 790-791. 798-799 ; — ex- In integrum reslitutio. — v. Reslitutio.
traneus, volunlarius, 402,2. 790. 867. In jure cessio, 44. 109. 117. 311,2.
874,4. 887,2. 890 ;
- necessarius, 402,2.
790. 818. "866-867. 874,4. 889:
970,5 ; — constitutive des servitudes,
370, 1. 370, 3 ; — de la personne in
—
mus, 143. 258. 402,2. 790. "839-841. mancipio, 129,8.171.188; — extinctive
848-854. "866-867. 874,4. 889-890. 891- des servitudes, 373 ; — heredilatis',877.
893 ;
— suus el necessarius, 700. 860. 881-882; — translative de propriété.
Hérétiques, 815,2. 816. 211,283,4.289. "290-291. 302,2. 486.
Hermodore, 24. 319. 2. 523,4; — lulelae, 201,2. 220,2 ;
Hermogénien, 65. 74. 401.5. — ususfructus, 375.
— v.
Code. In jus vocalio, 20. 970. 980,1. 995-996.
Homo liber bona fide serviens, 126-127. 1060.
Honos, magistrature, 41,1
; — honora- Inaliénabilité conventionnelle, 283,8 ;
rium, 582. 940,2. 1064,2. litigieuses, 283, 4
— des choses ;
—
Horrearii, 635,5. du fonds dotaI,2S3,3. 933 934. 960. 963,
Hospitalité, hospites, 11. 94,1. 103,1. 3 ; — judiciaire, 283,6 ;
— légale, 283 ;
!
Inslilor, 95,3. 664. 668,2. 337. 381. 382. 383,1. 986,1. 1033-1051;
Institutes (instiluliones), 7.65 ; — de utile, 381, 1 ; — utrubi, 276, I. '277.
Gaius, 7.66-67 ; — de Justinien, 7. 310,8. 337. 381.408. 936,3. IO33-I054.
77. 80-81. Interdits, interdicta, 39.55.426,1.989.
Institution d'héritier-, 815. '819-825 ; — 990,2. 1044,2. 1046,6."1046-1054.1064,
ex certa re, 820, 2. 824-825. 835. 1009, 2 ; — adipiscendae possessionis,
lnspeclio trium lemporum, 874. 275,2. 426,1. "1048,7 ; — doubles, 1049,
Instrumentum dotale, 151. 152. 185. 2. 1053-1054 ; — exhibitoires, 1046,
Intenlio de la formule, 37, 1. 663, 1. 1049.1. 1050,3 ; —' perpétuels, tem-
1007. 1008. "1009-1014. 1018. 1023. poraires, 1048,4. 1051, I ; — pétitoires,
1024. 1027. 1030-31 ; — certa, 491. possessoires, 1048,6 ; — populaires,
493.2. 1012 ; — incerta, 492, 1. 493, privés,633. 1048,3 ; — possessoires,263-
2. 532, 1. 586. 628, 1. 1012. 268. "274-279. 765. 1048 ; —prohibi-
Intercessio des magistrats, 20. 21. 41,
3.935,1. "1042-1043 ; — mulieris, 465-
toires. 1046. 1049,1. 1050,3 ; -
possessoires, 379-382 ; — recuperan-
quasi-
466. "783-788. 953-954 ; — servi, 667,2. dae possessionis, 275. "277-279. 381.
783. 1048,8 ; — restitutoires, 1046. 1049,1.
Interdiclio aquae el ignis, 111,1 ; — bo- 1050,3 ; — retinendae possessionis,
norum du prodigue, 224. 225. "275-277. 279. 337,1. 339,2.381. 1048,9;
Interdit, inlerdictum de aqua, 380 ; —
de arboribus caedendis, 254, 3 ; — de
— sacrés, profanes, 1048,2 ; - secon-
daires, 1049, 3. "1054 ; — simples,1049,
clandeslina possessione, 278. 279 ; — 2. 1051-1053 ; — transmissibles, in-
de cloacis, 381 ; — de fonte, 380 ; — transmissibles, 1048, 5 ; — tam adi-
de fonte reficiendo, 380 ; — de glande piscendae quam recuperandae pos-
legenda, 254 ; — de homine libero èxhi- sessionis, 1048, 10.
6endo,633.1018,1. 1048,3. 1050,5; — de Intérêt,obligations,443,3.444-445.430,4.
itinere acluque privato, 380 ; — de ili- Intérêts, 247, 6. 531, 2-3. 565,4.648-
TABLE ALPHABETIQUE 1089
Lex Anastasiana, 734,5 ; — censoria, Aebutia, 35,3.37. 39. 45. 51. 52. 109.
978; — commissoria, gage, 764,2.773,1. 113. 292.303,1. 348,2. 401,2. 406. 434.
777,1.778,4 ; vente, 718-722 ; — curiata 485.2. 505,4. 506,1. 522,2. 526,3.536,4.
de imperio, 30 ; — de imperio Vespa- 566.580,1. 755,3. 756,2.792. 935,1.952,1-
siani, 51 ; — decemviralis, 23 ; — de- 983.3. "991-993. 1023.1039,4. 1047,2 ;
—
eimaria, 872,5 ; — dedicationis, 241,2 ; Aelia Sentia, 51. "119-120, 122,8. 124.
Iladriana, 385,1 ; — horreorum Cae- 125. 126. 130,4. 423,3 ;
— agraire
—
saris, 568,3. 571,4 ; — Manciana, 385, de l'an 643, 34. 282,2 ;
— agraire de
1 ; melalli Vipascensis, 978,1 ; — Nerva, 48 ; — Antonia de Termes-
—
regia, 49 ; — rei suae dicta, 287,1 ; sibus, 22,1 ; — Appuleia, 36.755,3. 758,
Rhodia de jaclu, 32. "572-573 ; — 1. "761,1; — Aquilia, 36. "410-414.478.
—
Romana Rurgundionum,1&; — Romana 479,1.485,2. 525.580,2. 655-656.676,2.
Raelica Curiensis, 77,2 ; — Romana 677,2. 982,3. 983,1. 1015,2 ;
— Aternia
Visigolhorum, 66. 75-76 ; — venditionis,
1041. — v. Leges. Loi.
-
Tarpeia, 244,4 ; Atilia. "205,4. 217,2.
220,1 ; — Atinia, 30. 303,1. "306,4.307,
Libellus convenlionis, 1068 ; — repudii, 1-2 ; — Aurélia, 1003,5 ;
— Calpurnia
101,4. de condictione, 37.489,3. 490. 505.011,2.
Liberi appelés à la B. P.,
"842. 846,1. 613. 935,1. "988. 992,2. 993,1 ;
— Cal-
849. 854. 857. 860. 891-893 ; — nalu- purnia tfere;oeft«!(fe.ll3,2.505,4.611,2.
rales, 175.3. 182,1. 184,3. 013,4.935,1.939,4. 991,3.992,2.993,2;
—
Libertés direcla, fideicommissaria, 118,4. Canuleia, 36. 147,3. 156,2 ; — Cicereia,
36. 750,1. 756,1-2. 758,1 ;
925,7. — Cincia,36.
Liberti. v. Affranchis ; — orcini, 118,4. 349.4. 917,2. "933-938. 943.1023,3; —
Libra, 245. 824. — v. Aes el libra. Claudia de lutela mulierum, 51. 204,
Libri, étendue, 66 ; — ad edictutn, 46. 6. 221,4. 784,3 : — Cornelia de adpro-
65. 80 ; — ad Sabinum, 65. 80 ; — missoribus, 750,1. 751,9; — Cornelia
Feudorum, 84,1. de caplivis, 191,3. 194,1. 806,3.836 ;
—
Libripens, 196,3. 284,5. 477. 802. 805. Cornelia de ediclis perpetuis, 41 ; —
807. 837, 7. Cornelia de falsis,l0l,Z ; — Cornelia de
Licitation, licilatio, 312,2 ; — fruc- injuriis, 399. 401 ; — Crepereia, 338,2 ;
luum, 1053-1054. — de Genetiva, 35. 155,2. 978-981 ; —
Licteurs, 30. 170. 567. 800. de Gortyne, 101,2. 127.8. 789,4; — de
Lit des fleuves, 324-325. l'an 23 sur la manus, 150,3 ; — de Ta-
j
Litis contestatio, 309. 342.1-2. 343,1-2.
345. 349,4. 641,4. 649,4-5. 683. 690,1.
rente, 35,2. 747,3. 1008,2 ;- des cita-
tions, 73 ; — des XII Tables,22. "22-28.
698,2. "700-701. 729. 730-734.740,3. 741. 99,6. 100. 127,5-6. 136.147,3. 150,2.171,
742,1-2. 743. 753-754. 755,1. 973,4. 3. 187. 188.196,3.201. 203,2. 204,6. 205.
'1004-1007.1019,4. 1029. 1034,1. 1034- 213. 213,2. 215,5.220,3. 222,3. 223. 224.
1035. 1069 ; — denuntiatio, 997,1. 224,4. 225. 226.235,2. 244,4. 248,4. 260,
1008,1. 4.282,3. 284,2. 287,3. 288.290,7. 294,3.
Liltera Pisana, vulgaris, 80. 297.2. 299. 303,1. 306,3-4. 308,1. 313,
Ulterae, source d'obligation, v. Con- 3. 330. 335,1. 357,4. 392. 393. 399-400.
trat; — dimissoriae, 1043,6. 404-406. 408. 410. 411.428-429.477,2.
Livre syro-romain, 75. 483-484.514. 525,1. 534.554. 568,3. 626,
Locataire. v. Conduclor. Inquilinus. 3. 627,1. 629,1. 630. 632,2. 676. 724,1.
—
locatio conduclio, 566. 789-791. 792. 800-801. 839-842. 881,2.
— v. Louage.
Localor, "567,2. 568. 569,4. 967-987 ; — des Francs ripuaires,392
,
tocus (modalité), 467. 508,2.*686,1. 1081. 2 ; —Duilia Moenia, 514,2 ; — Pal«i-
Loi, mode d'acquérir, 297. 313 dia, 36. 474. 861.*916-918.943 ; — Fufia
; —
source du droit, 23-28. 33.34-37. 50-51. Caninia, 50. "119. 130,4; — Furia de
LoiAciliade repetundis, 34. 113,4. 505,4. sponsu, 36.725,1.726,1.749,2. 750. "755-
6",2. 613,4. 939,4. 986,3. 993,2; 756. 758,1. 761,1. 982,2. 983,1. 1015,2.
—
1092 TABLE ALPHABETIQUE
Propriété, 253-353 ; — des fonds pro- .2. 141,4. 848. '857-864. 1064,4;-
vinciaux, 201-262. 263. 292. 298,3. non numeratae dolis, 504,3 ; — non
299-300. 352-353 ; — des pérégrins. numeralae pecuniae, 300. "500-504.
260-261. 267. 292. 298. 299. 300. 353 ; 508,5. 513. 1064,4 ; — non numeralae
— gentilice, 259-260. 282 ; — préto- solulionis, 504,2. 689.
rienne bonitaire, "262-263. 292. Questeurs, 20. 21. 29. 30. 49. 71. 281.
,
297,4. 312-313. 314,1. 348-352.1041,4;
— privée, 282 ; — quiritaire, 248.
965.1. 1039,2 ;- provinciaux, 38.971,
3. 997. 1061; — sacri. palalii, 71.
200-263. 281,4. 286. 291. 292. 297. 77.
298. 312. 314,1. 332. 334-348. 413,2. Questions d'Etat, 100-102. 123,3. 138-
914. 1039,3. 139 ; — préjudicielles. 1001,3.
Proscriplio bonorum, 1040-1041. Quinarius, 245.
Protulor, 219,6. Quinquaginta decisiones, 77.
Provinces, 30. 33. 36. 42. 53.54. 111. Quirites, 13.
112. 120. 176. 261-262. 858. 972,2. 992,
1. 997,1. 997. 1003,5. 1064-1065.1066.
Quittances, 501,2. 688-689; - de
Pompéi, 67,2. 69,2. 501,2. 688,4. 688,5.
Provocalio ad populum, 14. 15. 20. 23. Ramnes, 10. 14.
Proxenela, 661,2. Rapina, 414.
Puberté, 155,2. — v. Impubère. Rapport. — v. Collatio.
Puberlali proximus, 198. 199. 208. Ratification, 624. 669.
Publicains, 234. 313,4. 574,5. 573,5. Ratio Voconiana, 841,1.846.6.
676.2. 777,1. 978. Recel, 405. 406.
Puissance dominicale, 91-98 ; — ma- Receplum, 603-606 ; — arbilrii, 605-606;
ritale, 163-166 ; — paternelle, 11. 25. — argentarii, 439. 602,6. 603,2. "604-
"132-190. 605. 750,3. 751,5 ; — naularum, cau-
Pupille, 200-201. 203,6. 207. 208-219. ponum, stabulariorum, 439.605. 636,2.
271. 273,7. 304,3. 463-464. 619,1. 640, 655,5. 664,2.
3. 757,4. 827-830. 870,3. 922,4. — v. Reconciliato mului, 509.
Impubère. Recuperalores, 112-113. 120. 975,4.1004,
Purgalio morae, 648,2. 649. 650. 699. 1. 1028,4. 1033,2. 1052,4.
Quaesliones. 65 ; — d'Africain, 64,3. Redempli, 127-128.
Quaesliones perpeluae, 30. 48. 107,3. Regia, 19.
401.3. 419,3. Règle eatonienne (régula Caloniana),
Quanti ea res est, eril, 644,4. 645,4. 1014, 46,1. 915.
7 ; — inlerest, 411. 645,4 ; — plurimi, Regulae, 46. 65; — d'Ulpien, 67.
411. 413. Relégation, 166,6.
Quarte Afinienne, 178,2. 862,1 ; — Au- Remancipalio, 160,1. 370,3; — palri,
tomne, 180,1. 862,1 ; — de la veuve 172. 188. 190.
pauvre, 865,2 ; — Falcidie, 862,1. 917- Réméré. — v. Paclum de retroven-
918. 935,1 ;— légitime, 861 ; — Péga- dendo.
sienne, 862,1. 919,8. 930-931 ; — Sa- Remise de dette, 709-715 ; — per aes
binienne, 178,2 ; — Trébellienne, 931. et libram. v. Solulio.
Quasi-contrats, obligations quasi- Renonciation aux servitudes, 375. —
contractuelles, 389. 607-608. v. Répudiation.
Quasi délits, obligations quasi-délic-
tuelles, 389. 607. "635-636.
Répétition de l'indu, 615-619.
Condictio indebili.
- v.
diques, 94. 129,6. 136,2. 137. 211-212. 215. "229-230. 464. 503. 640. 762,4.
293-296. 446,1. 576,2. 583,2. 660-674. 890. 1056,1. 1057,4. 1058,2 ;
— ob ca-
-dans la possession, 212.270-272. 273- piiis deminulionem, 40. 195. 1050,4 ; —
274. 295-296. 670. 671 ; — en justice, ob dolum, 419,3. 1056,7 ;
— ob erro-
623,2. "1018-1022 ; — imparfaite, 669- rem,1056,5 ; — ob fraudem, 422,2.425,1.
670; — parfaite, 670.671.
Repromissio nuda, 1045,4 ; — secundum
426, 2-3. 427,1. 1056,8. 1058,3 ;
-
melum, 416,1. 417,1.417,3. 418,3. 460.
ob
.
menti, 805-807. 808. 833,4. 834,1-2.
Tabularius,lT7,l. 218, l.*541,1.811,2.890.
811,4 ; — tripartite, 809-810.
Faclio testamenli.
- v.
Pages
PRÉFACE de la quatrième édition V
PRÉFACES des trois précédentes éditions VI
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE,p. IX. — I. Monuments, p. IX. — II. Commentai-
res, p. XI. — III. Livres auxiliaires de référence, p. XIV.
LIVRE I
INTRODUCTION HISTORIQUE.
CHAPITRE I. —La royauté p. 9
SECTION I. La royauté primitive. La cité patricienne, p. 9. — §
— 1. Institutions
politiques, p. 9. — § 2. Sources du droit. Leges regiae, p. 14.
SECTION II.
— Réforme servienne. Cité patricio-plébéienne, p. lo. — .
Les
centuries serviennes, p. 15. — § 2. Lois centuriates de l'époque royale, p. 18.
CHAPITRE — L'Empire
III. p. 47
LIVRE II
LES PERSONNES p. 90
SBCTION I.
CHAPITRE III. — Acquisition de la propriété
.... p. 280
TITRE I
Sources des obligations P-
3S8
•
CHAPITRE I. — Délits p-
389
privés, p. 389. — II. Origines historiques du système des délits privés, p. 391.
— III. La poena.
Actions pénales, réipersécutoires et mixtes, p. 396.
SECTION II. — Principaux délits privés, p. 398. — I. Injure [iniuria), p. 398 :
1. Loi des XII Tables, p. 399 ; 2. Edit du préteur, p. 400 ; 3. Loi Cornelia de inju-
riis, p. 401 ; 4. Droit impérial, p. 401. — II. Furlum, p. 401 : I. Actions pé-
nales, p. 404; 2. Actions réipersécutoires, p. 408. — III. Damnum injuriam
dalum, p. 410. — IV. Dommage et vol avec violence, p 414. — V. Metus, p. 415.
— VI.
Dol (Dolus malus), p. 419. — VII. Fraus creditorum, p. 422: 1. Con-
ditions, p. 423 ; 2. Effets, p. 425. -r VIII. Autres délits, p. 428.
TITRE II
Effets des obligations p. 637
TITRE III
Extinction des obligations p. 681
.
TITRE IV
Transfert des obligations p. 728
TITRE V
Pluralité de sujets, sûretés réelles p. 735
CHAPITRE
•
IV. — Intercession. Sénatus-consulte Velléien
Caractères de l'intercession prohibée,
p.
...
p. 783
784. — II. Sanction de la prohibi-
tion, p. 786.
— III. Réformes de Justinien, p. 787.
TITRE I
Délation de la succession p. 796
1112 TABLE DES MATIERES
I. Système du droit civil pur, p. 839. —II. Edit du préteur, p. 842. —III. Ilé-
formes du droit impérial, p. 845. — IV. Système des novelles, p. 847.
CHAPITRE III. — Succession déférée à rencontre d'un testament, p. S48
SECTION I.
—
Exhérédalion, p. 848. — I. Ancien droit civil, p. 848. — II. Edil
du préteur, p. 854. — III. Droit de Justinien, p. 857.
SECTION II.
—
Querela inofficiosi leslamenli, p. 857. — I. Conditions d'existence,
p. 859. -
II. Effets de la querela. Action en supplément, p.,862. — III, Querela
inofficiosae donationis, doits, p. 864.
TITRE II
Acquisition et répudiation de la succession. .p. 866
. .
TITRE III
Legs et fidéicommis p. 909
LIVRE IV
PROCÉDURE CIVILE p. 964
TITRE I
Procédure des Actions de la loi p. 967
TITRE II
Procédure formulaire p. 991
Introduction. Loi Aebutia, p. 991. Précédents, p. 991. Portée, p. 992. Date, p. 993.
Lois Juliae, date, portée, p. 994.
SECTION
CHAPITRE III. — Exécution. Voies de recours ....
I. — Exécution, p. 1036. Manus injectio judicati et aclio judicalt,
p. 1036
TITRE III
Procédure extraordinaire
........ p. 1059
ANNOTÉS
1 vol. in-18 (3e édition) 8 fr
r— Cours de droit civil français, publié par son fils ROBEUT RENDANT, JOT-
fesseur à la Faculté de Droit de Grenoble. ,— Introduction. Titre prélimii
naire. Etat des personnes. 1896-97. 3 vol. in-8. . 16fri
— Les sûretés personnelles et réelles. 2 vo,l. in-8 16 fr,
L'ouvrage complet formera 10 volumes. En souscription 80 fr;
. . . . . . . gens):
.BONFILS(HEXRY), Manuel de Droit International public (Droit des
*": destiné aux étudiants des Facultés de. Droit et aux aspiranU au;; fonctions di-
'.: plomati'ques et consulaires, 4° .édition, revue et mise au courant par M. PAI'U
in-8
. . .
LAÎBORDE,
y v ....:...
FAUCHILLB, directeur de la Revue de Droit International publie, 1904, fort, vol.,
. . .........
é\.
professeur de Droit criminel à l'Université de Montpellier. —Cours
12 fr-:
. . . . . . ... .
30 f-
10 "V
Imp, J. Thevenot, Saint-Dizier (Haute-Marne).