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Électre

Genre : théâtre (tragédie)

• 1re édition : 1935


• Thématiques :
haine, vengeance, meurtre, famille, exil, culpabilité

UN PÈRE ASSASSINÉ
Dans le palais d’Argos, ville grecque, vit la famille royale: la reine Clytemnestre, la
princesse Électre, sa fille, et Égisthe, cousin du roi Agamemnon. Celui-ci a été
désigné pour être le régent du royaume depuis la disparition du roi, qui serait mort
en glissant sur son épée à son retour de la guerre. En fait, il a été assassiné par
Clytemnestre, rongée par la haine, et Égisthe, qui n’est autre que son amant. Ce
meurtre est inconnu d’Électre au début de la pièce. Celle-ci, profondément marquée
par le décès de son père et vivant depuis des années dans le deuil, ressent de la
haine pour Clytemnestre et Égisthe, sans toutefois en connaitre la raison, comme si
elle pressentait la vérité sur la mort d’Agamemnon vérité qu’elle verra plus tard en
songe. La haine d’Électre envers sa mère entraine entre les deux femmes des
disputes continuelles. La jeune fille cherche par- dessus tout à faire la lumière sur la
mystérieuse mort de son père, faisant dire au mendiant qu’elle est « la vérité sans
résidu, la lampe sans mazout, la lumière sans mèche»
(Acte l,p. 57-60)

DES RÉVÉLATIONS LOURDES DE CONSÉQUENCES

Lors de leurs retrouvailles, Électre fait part à son frère de la haine qu’elle éprouve
envers Égisthe et leur mère, mais Oreste, ne comprenant pas son ressentiment,
cherche à la calmer et lui parle de paix et d’amour. Clytemnestre revient vers Électre
et insiste pour voir le visage de l’étranger, ce qui provoque une nouvelle fois une
dispute entre elle et sa fille. Pendant ce temps, une rumeur se répand : Oreste serait
en route pour récupérer le trône de son père. Égisthe, prenant peur, envoie des
soldats aux portes d’Argos. Il ignore qu’Oreste se tient en fait devant lui. Électre
quitte alors son frère et Clytemnestre, s’approchant de lui, reconnait
son fils et l’en informe. Elle tente de nouer des liens avec lui, mais il prend ses
distances. Le président du tribunal et son épouse ont une violente dispute :
Agathe aurait un amant et son mari aimerait connaitre son nom. Parallèlement,
Électre et Oreste interrogent Clytemnestre sur l’identité de son amant. En effet,
à la suite d’un songe, Électre a appris la vérité, qu’elle a annoncée à
son frère : leur père, Agamemnon, a été assassiné et leur mère a un amant.
Lorsqu’Agathe finit par avouer qu’elle a deux amants
et que l’un d’eux est Égisthe, Clytemnestre la couvre d’injures. Électre comprend
alors qu’Égisthe est également l’amant de sa mère.Celui-ci parait au moment où l’on
crie son nom et, de manière inattendue, se déclare à Électre: « J’avais ton nom sur
ma bouche comme un tampon d’or » (Acte l, p. 60).,Mais la jeune fille, défendant
son amour pour son père et pour la justice, accuse Clytemnestre et Égisthe d’avoir
tué Agamemnon. Accablée, Clytemnestre avoue sa haine pour son ancien époux.
Égisthe, quant à lui, ordonne qu’on laisse Électre et Oreste libres.

UN DEUXIÈME MEURTRE POUR VENGER LE


PREMIER
Au même moment, les Corinthiens envahissent Argos. Égisthe envisage de devenir
roi en épousant Clytemnestre, afin d’arrêter les ennemis et de sauver la ville.
Le mendiant profite de la situation pour raconter le meurtre d’Agamemnon, ce qui
confirme le rêve d’Électre et donne à Oreste l’envie de punir les coupables. Alors
que le fils part tuer sa mère et son oncle, le mendiant reprend la parole pour
raconter le meurtre d’Égisthe et de Clytemnestre, de manière presque prophétique.
Les Corinthiens détruisent finalement la ville et les Euménides (déesses grecques de
la vengeance et du châtiment), qui tourmentent Oreste depuis son arrivée
à Argos, annoncent qu’elles le poursuivront et le persécuteront pour son crime
jusqu’à ce qu’il se donne la mort. Électre reste seule avec la femme Narsès et le
mendiant, qui prédit l’arrivée d’une aube nouvelle.

Acte 1 :Scène 1
L'étranger (Oreste), les petites Euménides, le jardinier

L'étranger arrive au palais d'Agamemnon accompagné des Euménides ; son


identité est dissimulée. Ils vont à la rencontre du jardinier dont les Euménides
annoncent le mariage le jour même. Oreste redécouvre le palais par le biais de
ses propres souvenirs et par les informations de ses guides. Les épisodes tragiques
de la famille des Atrides sont brièvement évoqués : Atrée, Cassandre, Thyeste,
Agamemnon.

Electre est présentée d'emblée comme attachée aux souvenirs de son père et de
son frère. Les Euménides récitent l'histoire de Clytemnestre qu'elles dépeignent
comme criminelle, puis celle d'Electre : le spectateur est informé de la rivalité
entre la mère et la fille au sujet d'Oreste, et de la distance de la fille envers
Egisthe, le régent.

Dans cette première scène d'exposition sont donc présentés les personnages
principaux, les lieux, le climat tragique et les relations entre les personnages.
Scène 2
L'étranger, le jardinier, Agathe, le Président

La transition entre les deux scènes se fait avec l'annonce du nom de la future
femme du jardinier : Electre.

Le Président et Agathe s'opposent à ce mariage en tant que membres de la


famille du jardinier, celle des Théocathoclès. L'étonnement que suscite cette union
chez l'étranger appelle un portrait d'Electre : elle est belle, intelligente, mais c'est une
« femme à histoires » selon le Président. Elle est celle qui s'acharne et qui rend le
bonheur impossible.

Le couple craint qu'Electre, en épousant le jardinier, ne transmette dans leur famille


la tragédie des Atrides. C'est, selon le Président, le souhait d'Egisthe que d'éloigner
du pouvoir Electre et son malheur. A l'approche du régent, on demande à Agathe et
à l'étranger de s'éloigner.
Scène 3
Le jardinier, le Président, Egisthe, le mendiant

Entrée sur scène du mendiant qui est présenté comme un personnage


mystérieux, apparu depuis peu à Argos : nul ne sait s'il s'agit d'un dieu
ou d'un simple mendiant. Le doute joue en sa faveur et il est traité avec
égard.
Le mystère qui l'entoure est accentué par son ivresse.

Egisthe se montre catégorique en ce qui concerne le mariage d'Electre


avec le jardinier, malgré les protestations du Président. Le régent lui
présente sa vision des choses : il estime que les dieux agissent de façon
aveugle et ne répondent qu'aux signes. S'ils ne touchent pas Argos pour
le moment, c'est parce que lui-même a fait en sorte de supprimer les
signes ; or Electre peut en constituer un, c'est pourquoi il veut l'éloigner.
Au milieu du développement d'Egisthe intervient subitement le mendiant
qui fait un récit sur les hérissons ; le sens en reste obscur pour tous.
Par la suite, il prétend qu'Egisthe a pour intention de tuer Electre, ce que
ce dernier récuse. C'est alors que le mendiant fait un deuxième récit,
celui de la femme Narsès et de sa louve.

Il explique ici ce qu'il entend par « se déclarer »*. Pour le mendiant,


donner Electre en mariage au jardinier est la façon qu'a Egisthe de la
tuer.

*C'est l'expression que le mendiant utilise en référence à l'histoire de la


louve qu'il a racontée précédemment : un jour l'animal s'est retourné
contre ses maîtres pour tenter de les tuer. Par ce terme, le mendiant
désigne le moment où se produit la transformation. Ainsi Electre, comme
la louve, est susceptible d'un moment à l'autre de perturber la paix
d'Argos et de « faire signe aux dieux » comme le dit Egisthe.
Scène 4
Le jardinier, le Président, Egisthe, le mendiant, Clytemnestre,
Electre

Entrent en scène les deux principaux protagonistes qui ne tardent pas à


se disputer. Electre exprime tout d'abord la peine que lui a causé la
disparition de son père et reproche à ce propos à sa mère son
indifférence. Puis, la dispute s'oriente vers un événement passé : la
question est de savoir laquelle d'entre elles est responsable de la chute
d'Oreste, alors que Clytemnestre tenait ses deux enfants dans ses bras.

La reine se rétracte ensuite sur le mariage de sa fille avec le


jardinier, en invoquant le discrédit que cette union apporterait sur la
famille des Atrides. La reine s'en prend ainsi au jardinier, lequel se
défend de façon poétique : il évoque le sourire d'Electre dans son jardin,
lieu qui constitue une promesse de bonheur.

Alors qu'Egisthe tente de réconcilier la mère et la fille, Electre reste


inflexible, même lorsque sa mère, changeant de stratégie, tente de
l'adoucir.
Scène 5
Le jardinier, le mendiant, Electre, Agathe, l'étranger

Agathe introduit l'étranger auprès d'Electre et veut le lui faire prendre


comme époux. L'étranger, quant à lui, convainc le jardinier de partir.
Ainsi, chacun des deux personnages parvient à ses fins : Agathe
réussit à empêcher le mariage qui aurait compromis sa famille, et
l'étranger obtient l'annulation de cette union qu'il
désapprouvait (cf. scène 2).

Sont évoquées en filigrane les mœurs légères d'Agathe.


Scène 6
Le mendiant, Electre, l'étranger
Face à Electre qui refuse de lui accorder sa confiance, Oreste se
dévoile enfin, et ce n'est qu'à son nom que celle-ci le reconnaît.
Scène 7
Le mendiant, Electre, Oreste, Clytemnestre
Clytemnestre revient chercher sa fille qui lui fait croire que le jardinier l'a
cédée à celui qui reste encore un étranger aux yeux des autres. La reine
les questionne alors sur l'identité de cet homme. Les réponses qu'elle
obtient ne viennent que de sa fille car celle-ci garde Oreste muet.
Finalement, Clytemnestre repousse l'examen de cette union au
lendemain et s'éloigne en condamnant la légèreté d'Electre.
Scène 8
Le mendiant, Electre, Oreste

C'est la scène des retrouvailles entre les jeunes gens. Pourtant le


dialogue ne parvient pas à s'établir puisqu'à l'amour qu'exprime Electre
pour son frère - dont elle a tant espéré le retour - Oreste ne répond pas,
il se sent étouffé par elle. Il tente de la questionner sur la haine qu'elle
nourrit contre leur mère dont il ignore tout.
Durant leur échange, ils se rendent compte que Clytemnestre les
observe.

Electre en vient à évoquer ses sentiments inégaux envers ses parents :


elle hait d'autant plus sa mère qu'elle vénère son père. Elle reconnaît
ne pas savoir encore quelle est la source de cette haine, mais elle la
sent décupler par l'arrivée de son frère.

Oreste, lui, cherche à l'apaiser et à savourer son retour parmi les


siens, avant que ne se déclenche tout à fait l'engrenage tragique. Il croit
pouvoir encore changer le cours du destin. Electre lui accorde un sursis.
Scène 9
Le mendiant, Electre, Oreste, Clytemnestre puis Egisthe

Clytemnestre revient en scène pour signifier à sa fille qu'elle


accepte finalement son mariage avec l'étranger, elle désire la
réconciliation. Méfiante, Electre doute des véritables motivations de sa
mère : pour elle, Clytemnestre veut la rallier à sa cause, celle des
femmes, par le biais d'un hymen (= un mariage).

Egisthe vient annoncer à la reine qu'Oreste se dirige vers Argos pour


reprendre le trône et envoie des hommes à sa rencontre. Clytemnestre
est troublée par cette nouvelle et regagne sa chambre, renonçant à
l'échange avec Electre. Egisthe voit dans le retour d'Oreste une
confirmation de ses craintes à l'égard d'Electre qui aurait bien fait signe
aux dieux. Cela le conforte dans la nécessité de l'écarter du palais.
Scène 10
Le mendiant, Electre, Oreste
Oreste implore sa sœur de lui dire la raison de sa haine. Celle-ci lui
répond qu'elle commence seulement à comprendre, et que tout va
s'éclairer progressivement.
Scène 11
Le mendiant, Electre, Oreste, Clytemnestre, les petites Euménides
Clytemnestre reparaît car elle a compris que l'étranger n'est autre
qu'Oreste. Celui-ci maintient malgré tout une distance envers sa mère
puisqu'il garde en mémoire avoir été chassé d'Argos. C'est une scène
d'amour maternel que nous donne à voir Clytemnestre, mais dont la
sincérité est feinte aux yeux d'Electre.

Oreste, quant à lui, est partagé entre le désir de retrouver une mère
et la haine que sa sœur lui a déjà transmise. Electre parvient ainsi à
interférer dans leur relation naissante en s'immisçant entre eux.

Cette scène met l'accent sur l'ambiguïté des échanges, entre mensonge
et vérité.
Scène 12
Le mendiant, Electre, Oreste, les petites Euménides

Le jeu auquel s'adonnent les Euménides au début de la scène révèle


qu'Oreste serait revenu pour tuer sa mère, et ce d'après le souhait
d'Electre. Elles évoquent également le mariage entre Egisthe et
Clytemnestre ; la reine aurait l'intention d'éliminer sa fille pour permettre
à Oreste de devenir roi en succédant au régent.

Dans leur récit, les petites filles considèrent que la mère et la fille sont
jalouses l'une de l'autre et que l'enjeu de leur conflit est
Oreste qu'elles se disputent. Les Euménides suggèrent enfin que c'est
le destin qui tranchera.
Scène 13
Le mendiant, Electre, Oreste

Le mendiant se lance dans une longue tirade qu'il commence en


s'intéressant à la question du «poussé ou pas poussé ». Il cherche à
savoir qui est responsable de la chute d'Oreste, déjà évoquée dans la
scène 4 de l'acte I : est-ce Electre qui aurait poussé son frère, alors que
tous les deux se trouvaient dans les bras de Clytemnestre ?
Il s'interroge sur les intentions de chacune des femmes, en penchant
toutefois en faveur d'Electre. Selon lui, Clytemnestre a laissé tomber
son fils en voulant protéger Electre, sa descendante féminine.

Il estime que la jeune fille s'est « déclarée » dans les bras de son frère et
fait l'éloge de la fraternité. Le mendiant en vient à définir Electre comme
«la vérité sans résidu » et l'approuve dans sa quête d'absolu. Son
discours se clôt sur la menace d'un cataclysme qui ne sera que le
résultat de cette lutte.
Entracte
Le lamento du jardinier

Le jardinier se trouve seul en scène et s'adresse au public, il se présente


comme hors du jeu. L'objet de son discours est l'éloge de l'amour, lui
qui a été délaissé le jour de ses noces. Le jardinier affirme cependant
que cela lui a permis de comprendre « la vérité ». Il a compris qu'Electre
est en quête d'amour, de l'amour d'une mère.

Pour lui, tout l'enjeu réside dans la pureté, notion propre aux rois, propre
au genre de la tragédie et qui apparaît aussi dans la pièce sous son
aspect moral : l'innocence.
Le jardinier évoque finalement la réversibilité des choses.

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