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Electre de Giraudoux : Guide de lecture

Acte I
Scène 1
Un étranger est accueilli par trois petites filles, médisantes et méchantes, et par le jardinier, un
homme gentil et courtois. Ce dernier est vêtu en costume de fêtes, car c’est, dit-on, le jour de ses
noces. L’étranger évoque des souvenirs d’enfance, en particulier des souvenirs concernant Electre. La
mort d’Agamemnon, roi d’Argos et père d’Electre, est évoquée. Le jardinier en donne la version
officielle : il a glissé dans la piscine et s’est tué en tombant sur son épée. Après avoir entendu le nom
d’Electre, les « petites filles » ressuscitent un passé de meurtres et d’horreurs. Elles rappellent
qu’Atrée, le premier roi d’Argos et ancêtre d’Agamemnon, a tué les fils de son frère Thyeste. Elles
révèlent surtout que, contrairement à la version officielle, la mort d’Agamemnon est en fait un meurtre
et que, depuis ce crime, on n’a plus jamais revu Oreste, exilé par sa mère Clytemnestre à l’âge de deux
ans. . Le jardinier tente en vain de les faire taire. L’étranger, loin d’être effrayé, les écoute avec
attention raconter comment, autrefois, Oreste tout enfant est tombé des bras de sa mère et de quelle
façon Electre nourrit, depuis lors, une haine secrète et incompréhensible envers Clytemnestre. Le
jardinier, agacé, parvient à les chasser.

Scène 2
L’étranger s’étonne qu’un jardinier puisse épouser Electre, qui est une princesse. Ce mariage
est également désapprouvé par le président, cousin éloigné du jardinier, et de sa femme Agathe. Ils
affirment que ce mariage n’aura pas lieu - même si c’est Egisthe (qui règne alors sur la ville), qui l’a
décidé. Selon le couple, Electre n’est qu’une « femme à histoires » qui ne peut apporter que du
malheur à la famille. Comme l’étranger ne comprend pas ce qu’il veut dire, le président se lance dans
une longue explication. Electre a certes toutes les vertus, mais car elle incarne la justice absolue, la
générosité sans bornes et le sens du devoir : elle devient donc dangereuse. Avec son intransigeance et
son désir de vérité, elle risque de réveiller de vieilles haines et de provoquer des catastrophes. Selon
lui, c’est d’ailleurs pour cette raison qu’Egisthe a décidé du mariage d’Electre avec le jardinier. En
effet, les malheurs que pourraient connaître une famille ordinaire seraient de moindres conséquences
que s’ils s’abattaient sur une famille royale.

Scène 3
Un escabeau a été installé sur scène. Egisthe en demande la raison. On lui explique qu’il est
destiné à un mystérieux mendiant, qui serait un dieu selon la rumeur. Puis, Egisthe s’adresse au
Président auquel il reproche son hostilité au mariage d’Electre. Arrive le mendiant, ivre. Egisthe
explique alors sa « croyance » aux dieux : indifférents au sort des hommes, les dieux sont injustes.
Selon lui, ils sont capables de punir l’innocent comme le coupable. C’est pourquoi, il convient de ne
rien faire afin de limiter leurs interventions. Le mendiant approuve son propos et compare l’humanité
à des hérissons « qui se font écraser sur les routes ». Négligeant cette interruption, Egisthe reprend sa
démonstration. Il affirme que si Argos connaît une grande prospérité, c’est parce qu’il évite de
déranger les dieux. Aussi, punit-il lourdement les petits délits et faiblement les crimes. Seule Electre
est capable de faire « des signes aux dieux », il faut donc la « distraire de la famille royale ».
Le mendiant reprend le fil de son histoire : parmi les hérissons se trouve parfois un jeune
« frappé à la place d’un autre ». Il ajoute qu’il en sera de même pour Electre, car Egisthe veut la tuer.
Tous protestent, Egisthe le premier. Le mendiant insiste et raconte l’histoire de la femme Narsès, qui
s’était prise d’affection pour une jeune louve. Un jour la louve est devenue une louve sanguinaire et
s’est jetée sur la femme Narsès. Si le mendiant n’avait pas été là, l’animal l’aurait dévorée. Il précise
que c’est la même chose pour Electre : elle « se déclarera » comme la louve. La question est de savoir
quand, afin de la tuer avant qu’il ne soit trop tard.

Scène 4
Arrivent sur scène Electre et Clytemnestre. Une dispute s’engage entre elles. Electre considère
son mariage comme un complot. Clytemnestre lui répond qu’à son âge, elle portait déjà dans ses bras
Electre et Oreste. A partir de là éclate une interminable dispute: qui a fait tomber Oreste des bras de sa
mère ? Electre l’a-t-elle poussé ou Clytemnestre l’avait-elle lâché ? Electre accuse sa mère
d’indifférence et d’insensibilité. Clytemnestre se défend en accusant Electre. Egisthe et le Président
essayent de les calmer, en vain. Cependant, Electre accepte le mariage avec le jardinier. Clytemnestre,
elle, s’insurge contre une telle union. Electre se dit prête à renoncer au mariage si sa mère avoue avoir
laissé tomber Oreste de ses bras, c’est-à-dire si elle reconnait n’avoir jamais été une mère attentionnée.
Clytemnestre quitte alors la scène en compagnie d’Egisthe. Pendant toute la scène, le mendiant a
révélé à mi-voix les vrais mobiles des personnages : la peur d’Egisthe et la peur de Clytemnestre.

Scène 5
Agathe profite de l’absence d’Egisthe pour convaincre le jardinier de ne pas épouser Electre et
de la laisser à l’étranger.

Scène 6
Electre s’indigne jusqu’à ce que l’étranger lui révèle sa véritable identité : il est Oreste, son
frère, qu’elle attend depuis si longtemps.

Scène 7
Clytemnestre vient pour empêcher le mariage d’Electre et du jardinier. Voyant Electre tenir la
main de l’étranger, elle s’offusque de voir sa fille dans les bras d’un inconnu. Electre prétend vouloir
l’épouser et empêche Oreste de répondre aux questions de sa mère. Celle-ci constate leur
ressemblance entre eux et préfère s’en aller, tout en accusant sa fille de se donner au premier venu.

Scène 8
Electre dit sa joie de retrouver son frère et clame sa haine pour Clytemnestre. Oreste s’étonne
de tant de haine. Electre confesse en ignorer les raisons. Sa haine est instinctive et incontrôlable.
Oreste la supplie d’oublier au moins un instant ses ressentiments, il voudrait profiter de leurs
retrouvailles. Celui-ci réclame une heure de calme, dans les bras de sa sœur. Clytemnestre revient.

Scène 9
La reine est curieuse de connaitre l’étranger, elle s’efforce en vain de percer son identité.
Apparait Egisthe qui annonce que, selon une rumeur, Oreste serait bientôt de retour à Argos.
Clytemnestre rentre précipitamment au palais.

Scène 10
Oreste interroge de nouveau sa sœur sur les raisons de sa haine envers leur mère. Electre
avoue qu’elle ne les connait toujours pas, mais qu’elle les découvrira bientôt.

Scène 11
Clytemnestre revient, elle a compris que l’étranger est Oreste. Elle l’accueille en mère
aimante. Electre interrompt durement cette scène de reconnaissance.

Scène 12
Electre et Oreste se sont endormis. Les Euménides ont grandi, elles ont maintenant « douze ou
treize ans ». Elles parodient la scène précédente, en interprétant les rôles d’Electre, Oreste et
Clytemnestre. Ce jeu parodique dévoile les arrière-pensées des personnages. Clytemnestre essaye
d’amener Oreste à l’idée de tuer sa sœur. Oreste proteste. Clytemnestre imagine une épée qui agirait
seule et frapperait Electre. Craignant que les Euménides ne réveillent Oreste et Electre, le mendiant
chasse les « petites filles ».

Scène 13
Dans un long monologue, le mendiant médite sur la chute d’Oreste enfant. Il ne parvient pas à
croire en la culpabilité d’Electre. Le mendiant imagine le scénario suivant : Clytemnestre devait tenir
les deux enfants dans ses bras. Un chat est passé, Oreste s’est penché pour le caresser. Clytemnestre a
instinctivement choisi la solidarité entre femmes en retenant Electre et en laissant tomber Oreste.
Electre, au contraire, obéit à la fraternité car elle est heureuse dans les bras de son frère. Le sens est
alors clair : Electre s’opposera jusqu’au bout à sa mère, car elle a moins la passion du bonheur que de
la vérité. En attendant, Electre et Oreste se reposent, pour la première et dernière fois, en paix.

Entracte : Le Lamento du jardinier

Le jardinier revient sur scène entre les deux actes pour un long monologue où il s’adresse au
public et se lamente. Désormais « hors-jeu », il peut parler librement. Il se livre à une série de
paradoxes, car il dit toujours le contraire de ce qu’il veut dire. Il médite sur la crauté de la Tragédie et
de la vie, mais sa devise reste « Joie et Amour »

Acte II

Scène 1
Electre et le mendiant guettent le réveil d’Oreste : il est plongé dans un sommeil bienheureux,
celui de l’ignorance.

Scène 2
Agathe, la femme du Président, explique à un de ses amants comment détourner les soupçons
de son mari.

Scène 3
A Oreste qui s’éveille, Electre raconte ce qu’elle a vu en rêve (l’assassinat de leur père et la
liaison de leur mère). Il ne reste alors qu’à découvrir l’identité de l’assassin et de l’amant avant d’agir.

Scène 4
Harcelée par ses deux enfants, Clytemnestre nie avoir un amant

Scène 5
Après le départ d’Oreste, le reine cherche à atteindre sa fille en invoquant la solidarité
féminine. Mais Electre poursuit son enquête avec cruauté.
Scène 6
Agathe surgit, poursuivie de son mari. Il a compris qu’elle le trompe et lui demande des
comptes. Brusquement délivrée de ses peurs, Agathe lui crie sa haine et assume fièrement ses
multiples adultères. Electre suit la scène avec intérêt. Au moment où Agathe évoque sa liaison avec
Egisthe, Clytemnestre, jalouse, se trahit. Electre tient alors l’identité de son amant. Egisthe paraît
alors, fier et serein.

Scène 7
On apprend que les Corinthiens attaquent Argos et que, pour agir, la garde d’Argos veut un
roi : Egisthe doit donc épouser Clytemnestre, quoi qu’en pense le Président. Le matin même, le roi
« s’est déclaré » en Egisthe et a remplacé le tyran. Cela ne suffit pas à Electre, qui le menace, en vain.
Reste est, quant à lui, prisonnier des Euménides.

Scène 8
Electre reconnait que sa tâche est plus difficile maintenant qu’Egisthe est un autre homme.
Mais elle persiste à demander justice immédiate pour la mort de son père. Egisthe propose d’inverser
les priorités : sauver la ville d’abord, rendre la justice ensuite. Mais Electre est inflexible et obtient, à
force de ténacité, que Clytemnestre avoue sa haine pour Agamemnon.

Scène 9
Le mendiant fait une reconstitution détaillée du meurtre d’Agamemnon. Puis, il raconte le
meurtre de Clytemnestre et d’Egisthe, pendant le temps même où Oreste les tue.

Scène 10
Les Euménides annoncent à Electre qu’elles vont prendre sa forme et poursuivre Oreste
jusqu’à ce qu’il se tue en la maudissant. L’aurore se lève sur le tableau apocalyptique de la cité à feu et
à sang.

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