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Antigone: Lecture méthodique Scène 1 et 3

Lecture méthodique Antigone


Scène 1 et 3/ Après le prologue
I- Situation :
a- La situation d’énonciation : Qui ? A qui ? Quoi ? Pourquoi ? Comment ?
Le prologue entre en scène pour présenter les personnages de la pièce au public. Ces derniers sont cités selon leurs relations de proximité avec l’héroïne de l’histoire
Antigone. Chacun d’eux est décrit physiquement et moralement. Sa position sur scène, son rôle dans l’histoire dont il est conscient, son passé, ses motivations et même
son destin inéluctable sont dits à l’avance.
b- La mise en place du tragique :
Le prologue déclenche la machine tragique en rappelant le passé de la famille : la mort d’Œdipe et la guerre entre ses deux fils ; l’élection de Créon et son édit dont la
conséquence sera la mort des trois personnages : Antigone, Hémon et Eurydice.
II- Analyse :
1) La relation entre Antigone et sa nourrice :
- Nounou - Ma colombe
- Ma pomme rouge - Mon pigeon/ Ma tourterelle/ Ma mésange
La nourrice et Antigone sont aussi proche l’une de l’autre qu’une mère et sa fille. Elles se tutoient sans aucun égard pour la différence sociale qui les sépare. Antigone
l’appelle Nounou, ma pomme rouge, a besoin d’elle pour la protéger de ses cauchemars et de ses peurs, de ses faiblesses et pour lui donner le courage et la force
d’affronter son destin : « Ta main sur ma joue voilà je n’ai plus peur. »
La nourrice utilise de petits noms d’oiseaux en s’adressant à Antigone : « Ma colombe ; mon pigeon, ma tourterelle, ma mésange. » Elle la câline, la borde dans son lit,
s’inquiète pour elle, elle lui tourne autour avec des câlinages, mais elle la gronde aussi : « menteuse, mauvaise, hypocrite fanfaronne ; se permet de la punir comme sa
fille, te frapper comme tu étais petite. »
2) Le portrait de deux sœurs :
Le portrait physique Le portrait moral
Antigone : Renfermée- rêveuse- consciente de son destin- solitaire- courageuse- folle-
Jeune- maigre- noiraude- mal peignée- toujours avec la même robe- pas rebelle- sale caractère- la tête dure.
coquette- ne se maquille pas.
Ismène : Douce- heureuse- ayant goût pour la dance, le jeu, la réussite, le bonheur-
Belle- blonde- sensuelle- coquette- bien coiffée- élégante- éblouissante- ouverte sur les autres.
séduisante.
Le contraste entre les deux sœurs est flagrant à tous les niveaux : leurs physiques, leurs caractères, leurs relations avec les autres, tout cela les oppose. Pourtant malgré
l’éclat et la beauté d’Ismène la nourrice préfère Antigone et Hémon la choisit comme fiancée.
3) Antigone et la nourrice :
C’est un véritable dialogue de sourdes, un quiproquo entre une Antigone rêveuse au langage poétique évoluant dans un monde merveilleux plein de beauté : « Tout est
déjà rose, jaune, vert. C’est devenu une carte postale… C’est beau un jardin qui ne pense pas encore aux hommes. »
Alors que la nourrice reste les pieds sur terre, se préoccupant des petites choses de la vie quotidienne : Se laver les pieds, se recoucher, rencontrer un amoureux voyou.
Elle est réaliste et son langage en est témoin.
Les deux personnages évoluent donc dans deux mondes différents d’où le calme d’Antigone et la fureur de la nourrice.
III- Conclusion
Les deux scènes soulignent l’enfance d’Antigone, sa fragilité qu’elle avoue elle face à un destin trop lourd pour ses épaules : « Je suis encore petite pour tout cela, il ne
faut pas que je sois petite ce matin » soulignant ainsi sa détermination.
Dans la 2ème scène ainsi qu’à la première Antigone semble préparer sa nourrice ; elle lui fait ses adieux implicitement et lui dicte ses dernières volontés.

Lecture méthodique Antigone Scène : Créon / Le garde

Lecture méthodique Antigone


Scène : Créon / Le garde
I- Situation du passage :
Antigone s ‘excuse auprès de son fiancé Hémon pour la dispute de la veille, se rassure de son amour pour elle, lui avoue ses sentiments, son rêve de maternité, puis lui
annonce la fin de leur relation , sans lui donner d’explication. En quittant la salle, Hémon laisse la place à Ismène qui revient pour essayer de nouveau de dissuader sa
sœur, mais cette dernière lui apprend que c’était trop tard.
II- Analyse :
1) Le rapport entre Créon et ses gardes :
Créon est un roi tyrannique qui inspire l’effroi et la terreur à ses gardes : « un précieux sang frais sur mes mains, double aubaine. » Il leur parle sur un ton sec et froid.
Ses ordres sont loi. Il a même le droit de vie et de mort sur ces pauvres gardes qui n’arrêtent pas de multiplier les excuses et les justifications : « On n’a pas parlé chef,
je vous le jure. » Alors qu’avec Antigone ils se montrent sévères et brutes : « garce…, putains…, elle montrait son cul aux gens…»
2) L’exécution du devoir d’Antigone :
Pour la première fois, nous découvrons dans cette scène, comment Antigone a procédé pour enterrer son frère : Elle a essayé de le faire à deux reprises ; la première fois
à l’aide d’une petite pelle et selon les rites. Et la seconde fois, elle l’a fait avec ses ongles, ce qui montre sa détermination, sa passion et son courage. Les gardes la
traitent même de « hyène, garce, diablesse… »
Une fois que Créon sut qu’il s’agissait bel et bien d’une tentation de braver son édit il ordonna le silence à ses gardes, les menaça de mort s’ils parleraient et soupçonna
une trahison : « L’opposition brisée qui sourd et mine déjà partout. Les amis de Polynice…Les chefs de la plèbe… et les prêtres essayant de pêcher un petit quelques
chose au milieu de tout cela. »
III- Conclusion
Cette scène met en évidence un roi tyran et dictateur ; un roi qui veut régner en semant la terreur au sein de son peuple et en menaçant de sacrifier toutes les vies
nécessaires pour donner l’exemple. Et une Antigone rebelle, courageuse et prête à sacrifier sa jeunesse pour défendre les lois divines face aux lois terrestres.

Scène Antigone /Ismène


Lecture méthodique
Scène Antigone /Ismène
I – Situation
A son retour des champs, à quatre heure du matin, Antigone est surprise par sa nourrice qui ne cessa de la questionner pour savoir d’où elle venait et les raisons de
sa sortie, croyant même qu’elle avait un rendez-vous amoureux indigne de son rang royal. Rêveuse et évasive, elle ne répond pas aux questions de sa nourrice, et
Ismène surgit interrompant la discussion des deux personnages.
II – Analyse :
1) Le rapport entre les deux sœurs :
Cette scène montre que les deux sœurs sont complices et leur relation est solide malgré la différence de leur caractère. Ismène, l’aînée, essaye de protéger sa sœur, en
s’appuyant sur sa maturité et son raisonnement : « Je réfléchis plus que toi, je suis plus pondérée. Je réfléchis ».
Antigone aussi aime sa sœur et s’inquiète pour elle : « va dormir… Tu serais moins belle demain » ; mais elle refuse de l’écouter et de faiblir comme elle : « ne me
caresse pas, ne nous mettons pas à pleurnicher ensemble ». Ce qui montre le caractère fort d’Antigone et ses qualités morales : elle est déterminée, et ne recule devant
aucun obstacle : « Tes sourcils joints, ton regard droit devant toi et te voilà lancée sans écouter personne ».
Antigone est une rebelle qui refuse de se soumettre aux lois injustes et aux règles sociales : « je ne veux pas comprendre » ; elle agit selon sa guise et ne suit que son
instinct et ce que lui dicte son cœur : « Je ne suis pas le roi, il ne faut pas que je donne l’exemple ».
Malgré son grand attachement à la vie, elle est prête à se sacrifier pour une cause noble, tout à fait consciente du sort qui l’attend et qu’elle accepte avec courage. Elle
est aussi réaliste parce qu’elle sait qu’elle est jeune, qu’elle n’est pas belle et qu’elle a l’amour d’Hémon. Et face à tout cela Ismène apparaît comme une fille lâche et
égoïste qui ne pense qu’à son bien être même si l’envie de vivre est quelque chose de très légitime.
2) La confrontation des deux sœurs :
Le matin, les deux sœurs devraient parler de leurs décisions ; mais Antigone semble connaitre à l’avance celle de sa sœur car elle a déjà essayé de couvrir le cadavre de
son frère Polynice. Dès le début nous savons que les positions des deux sœurs s’opposent. Ismène manifeste sa faiblesse, sa crainte et son incapacité : « Nous ne
pouvons pas ». Puis essaye par la suite de dissuader sa sœur en évoquant sa capacité de réfléchir, la force illimitée de Créon : « Il nous ferait mourir, il est plus fort que
nous », son devoir de roi : « Il faut qu’il donne l’exemple », son attachement à la vie et sa crainte de la souffrance et de la mort : « Je ne veux pas mourir, je ne veux pas
souffrir », et enfin elle parvient à l’avenir d’Antigone pleine de promesses d’amour et de bonheur : « Ton bonheur est là devant toi … Tu es fiancée, tu es jeune, tu es
belle… ».
Tous ces arguments n’ont aucun poids pour Antigone : Sers-toi de ces prétextes, lui dit-elle en essayant de lui rappeler qu’elle ne cherche qu’à fuir son devoir et son ironie
est claire : « Comme tu as bien tout pensé ! »
III – Conclusion :
Malgré le triomphe d’Ismène sur le plan physique, le lecteur ne peut que s’identifier au personnage d’Antigone car c’est elle qui l’emporte sur sa sœur avec ses qualités
morales ; son dévouement, son courage et sa lucidité.

La scène du messager et la solitude de Créon

Antigone
Lecture méthodique : La scène du messager et la solitude de Créon
I- Situation du passage :
Dans l’attente d’une mort certaine, Antigone passe ses derniers instants en compagnie d’un garde insensible et corrompu car il accepte de transmettre une lettre à son
fiancé en échange de son anneau en or. Une lettre dans laquelle Antigone demande pardon à Hémon ainsi qu’à tous ses proches.
II- Le rôle du messager :
A travers une longue tirade, le messager nous renseigne sur les circonstances de la mort d’Antigone et celle d’Hémon. Il nous présente cette scène comme un drame qui
progresse petit à petit et dans lequel se croisent le champ lexical de la mort, de la souffrance avec celui de la peur et du regard : plaintes, tombeau, hurle, suant, les mains
saignent, au fond de la tombe pendue au fils, gémit, on voit, les yeux, regarde,, a bondi, ses yeux d’enfant, ce regard, tremblant, se plonge l’épée dans le ventre, s’étend
contre Antigone, une immense flaque rouge…
Une triple tragédie :
Personnage Façon de mourir Motivation
Antigone Elle s’est pendue avec les fils de sa ceinture. -Par devoir familial
-Par devoir religieux
-A la recherche de sa liberté, de la pureté et d’un
bonheur absolu.

Il s’est plongé l’épée dans le ventre. -Par amour pour Antigone


Hémon -Par refus de vivre sans Antigone.
Elle s’est coupé la gorge -Par amour maternel
-Par désespoir
Eurydice -Par vengeance de Créon.

Même si la mort de ces personnages est une vraie tragédie, elle est adoucie par la beauté de ses images : Antigone est pendue aux fils de sa ceinture, des fils bleus,
verts, rouges qui lui font comme un collier d’enfant. Hémon s’étend contre celle qu’il aime, l’embrassant. Eurydice, est morte avec le même sourire qu’elle avait quand elle
était jeune fille.
Face à cette situation, Créon n’ose pas prononcer le mot « mort », alors il utilise les euphémismes suivants : couché, reposés, lavés, calmes, ils dorment tous… Ces mots
ont une signification profonde. S’ils sont calmes et reposés c’est que lui, il est accablé de responsabilité ; s’ils sont lavés, c’est que lui, il a les mains souillées ; s’ils
dorment, c’est que lui il doit rester vigilant parce qu’il ne doit faire confiance à personne. Sa vie sera donc une longue attente pénible et douloureuse de la mort. Ils ont fini
eux ; pas toi Créon (lui dit le cœur) ; comme cela doit être bon de dormir.
Conclusion :

Cette œuvre s’ouvre et se ferme sur l’image des gardes jouant aux cartes, totalement indifférents à la triple tragédie qui vient de se passer. Mais ce n’est qu’une
apparence car Antigone marquera le peuple de Thèbes et restera, comme a dit le chœur, « une plaie » pendant des siècles.
On peut dire aussi, que son geste n’a pas été gratuit, au contraire, il a participé à ébranler les croyances de certains et à faire écrouler celles d’autres.

Antigone le dénouement

Antigone le dénouement
La scène : Antigone / La garde
Passage : « Alors c’est toi…… Jusqu’au … Allez pas d’histoire. »P106-117
I- Situation du passage :
Après la condamnation à mort d’Antigone, le cœur intervient et propose à Créon d’autres alternatives pour sauver la jeune fille ; expliquant qu’il ne peut la condamner à
vivre. Vint ensuite Hémon bouleversé, suppliant son père pour renoncer à sa décision mais, il fut choqué de découvrir l’autre facette de son père. Un père cruel, sans
cœur et impuissant, tout à fait différent de celui qu’il vénérait pendant son enfance : le « dieu géant »
II- La nudité de l’humanisme :
Cette scène nous met en valeur l’absurdité de la vie qui se manifeste dans l’indifférence et la stupidité d’un garde. Il est égocentrique parce qu’il ne pense qu’à son salaire,
son avancement et ramène tout à son univers personnel : « Je n’ai jamais été blessé moi et ça m’a nuit pour mon avancement ». Son personnage symbolise aussi la
corruption du système judiciaire du moment qu’il a accepté la bague d’Antigone.
On peut remarquer aussi que le coté comique de cette situation montre plus son coté tragique, car ce sont les derniers moments de vie pour Antigone et ce garde est son
« dernier visage d’homme ». Au lieu de la soutenir, de la réconforter et de lui transmettre la chaleur humaine, il la pousse à voir son terrible sort : elle sent déjà le poids de
la solitude et de la peur.
III- Le dernier message d’Antigone :
Ecrire une lettre, telle était la dernière volonté d’Antigone. Le destinataire de cette lettre était Hémon, son fiancé. Elle voulait lui dévoiler ses sentiments et ses doutes.
Mais à la dernière minute, elle renonce à cela et ne veut pas laisser une image qui reflète sa faible et sa crainte ; car c’était comme s’ils devaient la voir nue et la toucher
quand elle sera morte. Alors elle résume le contenu de la lettre en une seule phrase où elle demande pardon et assume la responsabilité des souffrances, des problèmes
qu’elle avait pu causer à ses proches : « Sans la petite Antigone, vous auriez tous été bien tranquilles. »
IV- Conclusion :
La scène dévoile le côté humain d’Antigone. Cette jeune fille qui a bravé les lois terrestres, qui a proclamé son refus de la vie banale des hommes retrouve sa peur et ses
doutes face aux forces supérieures : la mort et le destin.
Elle prend aussi conscience que les hommes pour lesquels elle s’était sacrifiée ne sont pas à la hauteur de son geste et regrette d’avoir fait souffrir tous ceux qu’elle
aimait.

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