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PREPARATION A L’EPREUVE DU REGIONAL DE SEPTEMBRE 2020

ETUDE DE TEXTE

Antigone de Jean Anouilh

NB. LES EXTRAITS PROPOSES CI-DESSOUS SONT ANNOTES A LA LUMIERE DU

PROGRAMME DE LANGUE ET DE LECTURE.

LES TEXTES SONT CLASSES CHRONOLOGIQUEMENT.

REALISE PAR AHMED KHELIFI, ENSEIGNANT

AU LYCEE ABI BAKR ARRAZI DE TANGER

Grandes lignes du programme :


Genre dramatique, énonciation, visée énonciative, subjectivité de l’énonciateur.

Registres de langue, registres littéraires.

Grammaire de texte.

Style.
Un décor neutre. Trois portes semblables. Au lever du rideau, tous les personnages sont en scène. Ils bavardent,
Décor atemporel, donc l’histoire concerne plus la condition humaine qu’une société particulière. Champ lexicale du théâtre
tricotent, jouent aux cartes.
Donc embarras du choix/ situation de dilemme Ismène+Hémon
Eurydice Les gardes
« Bavardent tricotent jouent aux cartes » : énumération
Le Prologue se détache et s’avance. Anachronisme. But= ancrage dans
de trois actions = trois choix. NB : omission des attitudes
la vie contemporaine
Didascalie ou indication engagées des autres personnages, notamment celles de
scénique LE PROLOGUE Créon et d’Antigone qui « pensent »

Voilà. Ces personnages vont vous jouer l'histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et

qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l'heure, qu'elle va
Antigone n’est pas belle mais sa force réside dans ses convictions et sa détermination à aller jusqu’au bout de son projet
surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et
Energie et courage d’Antigone ≠Les valeurs communes ≠Le pouvoir familial ≠Le pouvoir politique

se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir,
Solitude face à son rôle /défi Conditionnel= désir /souhait ≠ la soumission à fatalité, au destin.
qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va
Donc c’est plus une obligation qu’un choix

falloir qu’elle joue son rôle jusqu'au bout... Et, depuis que ce rideau s'est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse
Une hyperbole : souligner l’écart immense entre les deux caractères /rôles
vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien
Ancrage de l’histoire dans la situation d’énonciation
présente : Adverbes de temps « nous »première
tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.
personne de pluriel pour impliquer les spectateurs, lieu.
Le spectateur est tranquille car il n’assume pas les conséquences d’un choix.
Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l'heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé
Le rôle d’Ismène s’oppose à celui d’Antigone. Elle consomme paisiblement les plaisirs de la vie sans courir le risque d’un engagement.
d’Antigone. Tout le portait vers Ismène: son goût de la danse et des jeux , son goût du bonheur et de la réussite,
Répétition // énumération// Symétrie. Effet : abondance des attraits et harmonie.

sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé
Une gradation. Effet : souligner son pouvoir de fascination. Registre de langue familier. But= ancrage dans la vie contemporaine
qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait
Hémon et Antigone Allusion au bonheur idéal et parfait dont rêve Antigone
dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne na
Hémon a été mystérieusement plus fasciné par Antigone « la noiraude » que par Ismène « l’éblouissante »

jamais compris pourquoi. […]


L’intention du prologue : présenter les personnages, leurs caractères et leurs rôles :
Personnages : avec lien de parenté.
le présentatif+ le démonstratif + les appositions+ les relatives (soulignés en mauve.)
Antigone sœur d’Ismène d’Etéocle et de
Polynice tous fils et filles d’Œdipe nièces La tonalité : lyrique renforcée par les répétitions et la tonalité tragique marquée par le
et neveux de Créon le oncle maternel le champ lexical de la mort et de la fatalité.
père d’Hémon. Hémon est le cousin et le
fiancé d’Antigone. EXTRAIT 1
1
Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il
Créon ≠Antigone : lui est robuste + vieux ; elle est maigre + jeune. // Tous les deux « pensent » mais, lui, il médite, donc plus profondément.
est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d'Œdipe, quand il n’était que le premier
Le père incestueux d’Antigone+ ancien roi de Thèbes
personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de
Etéocle l’ainé et Polynice le cadet. Enumération. Portrait d’un dilettante/amateur d’art
Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur
Registre de langue familier Renvoie à « conduire les hommes »
place. Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande sil n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas

Cet adjectif signifie que Créon n’est pas fruste c.à.d. sans finesse
un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes... ni culture. Au contraire, lui, est un passionné d’art et de culture
Comparaison. Exprimer l’humilité /modestie devant le devoir

Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au
Portrait dévalorisant des gardes. Autrement dit « ce sont des
seuil de sa journée. imbéciles qui sentent mauvais. » ≠ Antigone et Créon qui « pensent »
Visage congestionné sous l’effet du vin

Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont
Litote : ils sont bons types malgré leur imbécilité
pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous
Indice temporel d’énonciation
empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l'heure. Ils sentent l'ail, le cuir et le vin rouge et ils

sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d'eux-mêmes, de la
Remplace « un nouveau roi »= Périphrase. Registre familier.
justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son
Sur quoi les deux frères se sont-ils mis d’accord après la mort de leur père Oedipe ?
tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon. Lequel des deux frères a enfreint cet accord ? Etéocle a enfreint leur accord de régner à
tour de rôle un an chacun.

Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où
Les spectateurs / les lecteurs

les deux fils d’Oedipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus
Pourquoi les deux frères se sont-ils battus. (Utilisez parce que)Ils se sont battus parce que l’ainé a refusé de céder la place à son frère.
et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder
Registre familier= céder le trône.
la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les
Indice temporel d’énonciation Oxymore ; effet : ironie
sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné
Discours indirect narrativisé
qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait
Discours indirect libre
laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals. Quiconque osera lui rendre les devoirs
L’enterrer selon les rites.
funèbres sera impitoyablement puni de mort. EXTRAIT 1 FIN
2
Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est
Extrait 2 Couleurs qui évoquent la mort « Maison » remplace les habitants : une métonymie

modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entrouvre la porte et
Elle était auprès du cadavre de son frère pour tenter de l’enterrer.

rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter.
Antigone ne veut pas faire de bruit ; peut-être parce qu’elle n’est pas totalement confiante.

La nourrice surgit. Antigone exprime son regret que ce ne soit plus sans couleurs.

Le gris est associé au beau. D’emblée, Antigone se distingue par son écart
LA NOURRICE D’où viens-tu?
par rapport aux idées communes.
Ellipse du verbe. Langue poétique.

ANTIGONE De me promener, nourrice. C’était beau. Tout était gris. Maintenant, tu ne peux pas savoir, tout est déjà
Enumération des couleurs Métaphore pour dire que ce n’est plus à l’état naturel.
rose, jaune, vert. C’est devenu une carte postale. Il faut te lever plus tôt, nourrice, si tu veux voir un monde sans
Enumération : regret.
couleurs. Elle va passer Les deux personnages se parlent sans s’écouter. Dialogue de sourds. Rupture des champs lexicaux.
Antigone : « la nature. » La nourrice « les objets et gestes terre à terre de la vie quotidienne. »

LA NOURRICE Je me lève quand il fait encore noir, je vais à ta chambre pour voir si tu ne t’es pas découverte en
Longue phrase exclamative qui traduit l’étonnement et la colère.
dormant et je ne te trouve plus dans ton lit !

ANTIGONE Le jardin dormait encore. Je lai surpris, nourrice. Je lai vu sans qu’il sen doute. C’est beau, un jardin qui ne
Personnifications
pense pas encore aux hommes. Hyperbole. Effet traduire
l’émotion d’Antigone de se
sentir seule comme une
LA NOURRICE Tu es sortie. J’ai été à la porte du fond, tu l’avais laissée entrebâillée. étrangère

ANTIGONE Dans les champs, c’était tout mouillé, et cela attendait. Tout attendait. Je faisais un bruit énorme toute

seule sur la route et j'étais gênée, parce que je savais bien que ce n'était pas moi qu'on attendait. Alors, j'ai enlevé mes

sandales et je me suis glissée dans la campagne sans quelle sen aperçoive.

Le matin comme symbole d’une nouvelle


LA NOURRICE Il va falloir te laver les pieds avant de te remettre au lit.
vie. ..
« Elle » et « son » renvoient à Antigone. La nourrice se parle à
ANTIGONE Je ne me recoucherai pas ce matin. elle-même (un bref monologue), car elle s’aperçoit que le dialogue
ne lui apporte rien.

LA NOURRICE A quatre heures ! Il n’était pas quatre heures ! Je me lève pour voir si elle n’était pas découverte. Je
Phrases exclamatives : exprimant la colère et le reproche.
trouve son lit froid et personne dedans.
3
Extrait 2 suite
Apostrophe, terme affectif

ANTIGONE Tu crois que si on se levait comme ça tous les matins, ce serait tous les matins aussi beau, nourrice,

Phrases exclamatives : colère et reproche.


d'être la première fille dehors? Registre de langue familier.

LA NOURRICE La nuit! C'était la nuit ! Et tu veux me faire croire que tu as été te promener, menteuse! D'où viens-tu?
Etrange sourire et étranges paroles : Antigone parle et réagit de manière ambigüe/énigmatique.

ANTIGONE, a un étrange sourire. C'est vrai, c'était encore la nuit. Et il n'y avait que moi dans toute la campagne à

Enthousiasme bonheur
penser que c’était le matin. C’est merveilleux, nourrice. J’ai cru au jour la première, aujourd'hui.
Jubilation

LA NOURRICE Fais la folle! Fais la folle ! Je la connais, la chanson. Jai été fille avant toi. Et pas commode non plus,

Portrait d’Antigone à travers cet extrait.


mais tête dure comme toi, non. D’où viens-tu, mauvaise? Romantique  et étrange : elle aime la nature
mais une nature grise.
Antigone est orgueilleuse ; elle rejette fermement le jugement de la nourrice. - Elle parle en termes ambigus.
ANTIGONE, soudain grave Non. Pas mauvaise. - Heureuse d’être une fille courageuse. Mais gênée
qu’on n’attende pas ce courage de la part d’une
fille.
- Orgueilleuse.
LA NOURRICE Tu avais un rendez-vous, hein? Dis non, peut-être.
Antigone selon la nourrice : Fille pas commode,
dure tête, menteuse, mauvaise, hypocrite et
folle.
ANTIGONE, doucement Oui. J'avais un rendez-vous.

« Le pauvre » : - Hémon son fiancé qui ne pourra jamais l’épouser.


LA NOURRICE Tu as un amoureux?
- Polynice qui est privé d’enterrement.

ANTIGONE, étrangement, après un silence. Oui, nourrice, oui, le pauvre. Jai un amoureux.

D’où le quiproquo. Antigone évoque son amour envers son frère


Polynice, alors que la nourrice croit qu’il s’agit d’un autre amoureux.

Des champs lexicaux diamétralement opposés.

Le vert la beauté de la nature. L’enthousiasme d’Antigone envers cette nature.

Le gris c’est les objets et les gestes de la vie banale quotidienne.

EXTRAIT 2 FIN 4
EXTRAIT 3

LA NOURRICE Tu n’as pas d'amoureux?


Terme affectif, + affection d’Antigone à l’égard de la nourrice.
Son entêtement/son obstination/ ses espiègleries
ANTIGONE Non, nounou. à l’égard de sa sœur Ismène page22

LA NOURRICE Tu te moques de moi, alors? Tu vois, je suis trop vieille. Tu étais ma préférée, malgré ton sale

caractère. Ta sœur était plus douce, mais je croyais que c’était toi qui m'aimais. Si tu m’aimais, tu m'aurais dit
Irréel dans le passé.au présent on dira :
la vérité. Pourquoi ton lit était-il froid quand je suis venu te border? «  Si tu m’aimes tu m’auras dit la vérité. »

ANTIGONE Ne pleure plus, s'il te plaît, nounou. (Elle l'embrasse) Allons, ma vieille bonne pomme rouge. Tu
Métaphore. Souligner la beauté et la bonté de la nourrice.
sais quand je te frottais pour que tu brilles? Ma vieille pomme toute ridée. Ne laisse pas couler tes larmes dans
Les petites rides. Familier : Le fait d’avoir un rendez-vous.
toutes les petites rigoles, pour des bêtises comme cela pour rien. Je suis pure, je n’ai pas d’autre amoureux

qu’Hémon, mon fiancé, je te le jure. Je peux même te jurer, si tu veux, que je n’aurai jamais d’autre
Antigone parle de façon ambigüe à la nourrice. Que lui dit-elle indirectement ? Qu’elle va mourir.

amoureux... Garde tes larmes, garde tes larmes; tu en auras peut-être besoin encore, nounou. Quand tu
Répétition pour supplier.
pleures comme cela, je redeviens petite... Et il ne faut pas que je sois petite ce matin.

Pourquoi Antigone ne veut-elle pas que sa nourrice pleure ?

Elle ne veut pas se sentir encore petite. / Les pleurs de la nourrice la rapetissent alors qu’elle veut se sentir grande.

Que compte-t-elle faire ce matin pour ne pas rester petite, elle que « personne ne prenait au sérieux dans la famille » page 9

Elle compte faire preuve de courage et de défi en bravant la loi de Créon.

EXTRAIT 3 FIN

5
ISMENE Tu sais, j’ai bien pensé, Antigone. EXTRAIT 4

ANTIGONE Oui. A quoi pensait-elle toute la nuit  ? Elle pensait au projet de sa sœur d’enterrer leur frère Polynice.

ISMENE Jai bien pensé toute la nuit. Tu es folle. Pourquoi serait-elle folle ? Elle risque sa vie en bravant la loi de Créon.

Nous ne pouvons pas braver la loi de Créon qui interdit d’enterrer notre frère Polynice.
ANTIGONE Oui.

ISMENE Nous ne pouvons pas. Une didascalie

ANTIGONE, après un silence, de sa petite voix Pourquoi?

Créon
ISMENE Il nous ferait mourir.
Elle considère son acte comme « un devoir »

ANTIGONE Bien sûr. A chacun son rôle. Lui, il doit nous faire mourir, et nous, nous devons aller enterrer notre frère.
R.familier. Succession de phrases courtes. Cela montre qu’Antigone est déterminée.
C’est comme ça que ça été distribué. Qu’est-ce que tu veux que nous y fassions?

Distribué par le destin : Antigone se soumet à son destin.


ISMENE Je ne veux pas mourir.
Dans les pages…..il est aussi fait allusion au désir
ANTIGONE, doucement Moi aussi j’aurais bien voulu ne pas mourir. de vivre d’Antigone.

ISMENE Ecoute, j’ai bien réfléchi toute la nuit. Je suis l’aînée. Je réfléchis plus que toi. Toi, c’est ce qui te passe par la

tête tout de suite, et tant pis si c’est une bêtise. Moi, je suis plus pondérée. Je réfléchis.
Ismène veut convaincre sa sœur de renoncer à son projet. Elle utilise
ANTIGONE Il y a des fois où il ne faut pas trop réfléchir. des arguments visant la raison. Comparaison + répétition du verbe
réfléchir+ oppostion ≠raison betise
ISMENE Si, Antigone. D’abord c’est horrible, bien sûr, et j’ai pitié moi aussi de mon frère, mais je comprends un peu
La concession + réfutation.Autrement : « J’ai évidemment moi aussi pitié de mon frère, mais je comprends notre oncle. »
notre oncle.
Antigone utilise des phrases négatives : elle s’obstine. Lui donnez-vous
ANTIGONE Moi je ne veux pas comprendre un peu. raison ? Non je ne lui donne pas totalement raison. Certes parfois trop
réfléchir, quand c’est évident, peut être une perte de temps et
ISMENE Il est le roi, il faut qu’il donne l’exemple. d’opportunité. Mais je pense qu’ avant d’entreprendre des projets sérieux il
faut bien réfléchir afin de mieux comprendre, bien planifier et mieux agir.
ANTIGONE Moi, je ne suis pas le roi. Il ne faut pas que je donne l’exemple, moi… Ce qui lui passe par la tête, la petite
Une énumération ironique , car Antigone se moque de ce qu’on pense d’elle.
Antigone, la sale bête, l’entêtée, la mauvaise, et puis on la met dans un coin ou dans un trou. Et c’est bien fait pour elle.
Désobéir à la loi Allusion à la condamnation d’Antigone qui sera enterrée vivante dans
Elle n’avait qu’à ne pas désobéir. de Créon « un trou », une grotte, une caverne.

ISMENE Allez! Allez!… Tes sourcils joints, ton regard droit devant toi et te voilà lancée sans écouter personne. Ecoute-
« Je suis l’aînée. Je réfléchis plus que toi. », dit Ismène à sa petite sœur. Lui donnez-
moi. Jai raison plus souvent que toi. vous raison ? Non je ne lui donne pas totalement raison. En fait, il est vrai que l’âge
rend plus mur et plus sage, mais cela ne signifie pas que lorsqu’on est moins âgé, on
ANTIGONE Je ne veux pas avoir raison. manque forcément de raison et de bon sens. Un enfant peut souvent étonner par ses
idées brillantes et pertinentes.
EXTRAIT 4 FIN 6
EXTRAIT 5
SMENE Essaie de comprendre au moins! Comprendre.

Cette répétition traduit la colère d’Antigone contre les contraintes omniprésentes et oppressantes.
ANTIGONE Comprendre… Vous n’avez que ce mot-là dans la bouche, tous, depuis que je suis toute petite. Il fallait
La contrainte. « Falloir » à l’imparfait car durant l’enfance. «  Pouvoir et Devoir » au présent car présentés comme des vérités générales.
comprendre qu’on ne peut pas toucher à l’eau, à la belle et fuyante eau froide parce que cela mouille les dalles , à la

terre parce que cela tache les robes. Il fallait comprendre qu’on ne doit pas manger tout à la fois, donner tout ce
Expressions de cause et de temps par lesquelles les adultes justifient leurs interdits insensés.
qu’on a dans ses poches au mendiant Actions censées être libres

qu’on rencontre, courir, courir dans le vent jusqu’à ce qu’on tombe par terre et boire quand on a chaud et se baigner

quand il est trop tôt ou trop tard, mais pas juste quand on en a envie! Comprendre. Toujours comprendre. Moi, je
Antigone défend sa liberté. Elle se révolte contre les contraintes insensées qui touchent à sa liberté. Elle pense à sa mort.
ne veux pas comprendre. Je comprendrai quand je serai vieille. (Elle achève doucement.) Si je deviens vieille.

Les interdits énumérés par Antigone et contre lesquels Antigone se


Pas maintenant. révolte ne sont que des gestes simples de la vie quotidienne qui
Renvoie aux Thébains font partie de la liberté de chacun.

ISMENE Il est plus fort que nous, Antigone. Il est le roi. Et ils pensent tous comme lui dans la ville. Ils sont des milliers
Répétition et hyperbole. Effet, faire peur à Antigone Réplique argumentative : Enumération de trois arguments :
puissance (fort), statut (roi) et nombre (milliers).
et des milliers autour de nous, grouillant dans toutes les rues de Thèbes.

Phrase déclarative à la forme négative. Elle traduit l’obstination d’Antigone.


ANTIGONE Je ne t’écoute pas.

ISMENE Ils nous hueront. Ils nous prendront avec leurs mille bars, leurs mille visages et leur unique regard. Ils nous
Répétition et hyperbole. Ismène veut dissuader sa sœur en la mettant devant une scène monstrueuse et terrifiante.

cracheront à la figure. Et il faudra avancer dans leur haine sur la charrette avec leur odeur et leurs rires jusqu’au
Ismène mobilise les sens de sa sœur : auditif : huer, rires ; tactile : cracher, prendre ; olfactif : leur odeur ; visuel : leur regard

supplice. Et là, il y aura les gardes avec leurs têtes d’imbéciles, congestionnés sur leurs cols raides, leurs grosses
Sur la charrette de la torture Métaphore. Regard d’imbécile. Portrait dévalorisant des gardes ; souligner la solitude des suppliciés.
mains lavées, leur regard de bœuf qu’on sent qu’on pourra toujours crier, essayer de leur faire comprendre, qu’ils vont
Comparaison. Ils obéissent aux ordres.
comme des nègres et qu’ils feront tout ce qu’on leur a dit scrupuleusement, sans savoir si c’est bien ou mal…
Une gradation

Et souffrir? Il faudra souffrir, sentir que la douleur monte, qu’elle est arrivée au point où l’on ne peut plus la supporter;
Tonalité pathétique : champ lexical de la souffrance.

qu’il faudrait qu’elle s’arrête, mais qu’elle continue pourtant et monte encore, comme une voix aiguë… Oh! je ne peux
Répétition. Qu’est-ce qu’elle ne peut pas ? Braver la loi et courir le risque d’une telle torture.
pas, je ne peux pas…
Une chute. La réaction d’Antigone est froide voire moqueuse /ironique après
la tirade fortement dissuasive.
ANTIGONE Comme tu as bien tout pensé! EXTRAIT 5 FIN 7
EXTRAIT 6
Il y a un silence, Ismène demande soudain: A propos de quoi Ismène interroge-t-elle sa sœur ? Elle l’interroge à propos de son
envie de vivre. Envie de vivre exprimée aussi Pages 9,28,39

ISMENE Tu n’as donc pas envie de vivre, toi?


Les trois points de suspension, après la phrase négative, montrent qu’Antigone répond par l’affirmative de manière sous entendue.

ANTIGONE, murmure Pas envie de vivre… (Et plus doucement encore, si c’est possible.) Qui se levait la première,
Justification : les phrases interrogatives rhétoriques. + Le champ lexical de la nature + Gestes passionnés d’Antigone envers la nature.
Antigone la nature.
le matin, rien que pour sentir l’air froid sur sa peau nue? Qui se couchait la dernière, seulement quand elle n’en pouvait

plus de fatigue, pour vivre encore un peu plus la nuit? Qui pleurait déjà toute petite, en pensant qu’il y avait tant de

petites bêtes, tant de brins d’herbe dans le près et qu’on ne pouvait pas tous les prendre?
Elan d’affection Interjection+phrase exclamative qui traduisent la colère d’Antigone qui
ISMENE, a un élan soudain vers elle Ma petite sœur…n’aime pas être traitée comme une petite enfant. « Pleurnicher »
comme des enfants

ANTIGONE, se redresse et crie. Ah, non! Laisse-moi! Ne me caresse pas! Ne nous mettons pas à pleurnicher

ensemble, maintenant. Tu as bien réfléchi, tu dis? Tu penses que toute la ville hurlante contre toi, tu penses que la

Une métonymie. « La ville » remplace « les habitants »


douleur et la peur de mourir c’est assez?

Argument qui s’adresse aux sentiments d’Antigone. Partagez vous le point


ISMENE, baisse la tête .Oui de vue d’Ismène ? Non car je le trouve discriminatoire. En vérité les filles et
les garçons sont égaux en intelligence et en compétences. Donc ils doivent
Quelles prétextes ? « Tu as bien réfléchi et tu as peur »
jouir des mêmes droits que tous les autres citoyens. Ainsi ils peuvent
ANTIGONE Sers-toi de ces prétextes. défendre leur cause et même sacrifier leur vie pour les idées et les valeurs
Elans d’affection qu’Antigone refuse suprêmes auxquelles ils croient.

ISMENE, se jette contre elle. Antigone! Je t’en supplie! C’est bon pour les hommes de croire aux idées et de mourir

pour elles. Toi, tu es une fille. Antigone est en colère contre ceux qui ne la prennent pas au sérieux et la discriminent.

Enumération. Ismène met en valeur ce


ANTIGONE, les dents serrées Une fille, oui. Ai-je assez pleuré d’être une fille!
qu’elle considère comme atouts d’Antigone.
Négation restrictive pour dire que c’est une décision simple.

ISMENE Ton bonheur est là devant toi et tu n’as qu’à le prendre. Tu es fiancée, tu es jeune, tu es belle…
Car elle est noiraude, maigre triste et renfermée.
Comment Ismène conçoit-elle le bonheur ? C’est jouir de sa jeunesse, et
ANTIGONE, sourdement Non, je ne suis pas belle. se marier sans trop se soucier d’un quelconque autre engagement. C’est
exactement la conception du bonheur qui lui sera proposée par Créon
dans la page 91.
ISMENE Pas belle comme nous, mais autrement.

Selon vous qu’est-ce qui rend Antigone « belle autrement » ? Ce qui la rend belle selon moi c’est son défi et sa détermination.
En effet, elle va jusqu’au bout de ses convictions. En plus, elle veut être libre, donc elle se révolte contre les contraintes
absurdes et ne se soumet qu’à son destin. Bref, sa beauté réside dans le fait qu’« elle va surgir de la maigre petite fille
noiraude et renfermée pour se dresser seule face au monde et seule face à Créon. »

EXTRAIT 6 FIN 8
Extrait 7
Lien de parenté : Hémon = cousin + fiancé d’Antigone. Indices d’énonciation du discours ancré dan la situation d’énonciation « Je ;
tout à l’heure ; maintenant ; d’ici ; demain ; le futur simple ;le passé composé ;
le présent ; l’impératif ; phrases interrogatives directes , ph. Exclamatives.
ISMENE, après un temps. Et Hémon, Antigone?

ANTIGONE, fermée Je parlerai tout à l’heure à Hémon: Hémon sera tout à l’heure une affaire réglée.
Registre familier. Pour dire que ce ne serait pas une tache difficile. En fait elle
ISMENE Tu es folle. va rompre sa relation avec son fiancé Hémon.

ANTIGONE, sourit Tu m’as toujours dit que j'étais folle, pour tout, depuis toujours. Va te recoucher, Ismène… Il fait jour

maintenant, tu vois, et, de toute façon, je ne pourrai rien faire. Mon frère mort est maintenant entouré d’une garde
Car elle n’a pas dormi la nuit
exactement comme s’il avait réussi à se faire roi. Va te recoucher. Tu es toute pâle de fatigue.

Une comparaison. Effet : ironie. Le comparé : Polynice ; le comparant : un roi. L’élément commun :
ISMENE Et toi? entouré de garde car il aurait réussi à se faire justice et devenir roi.

ANTIGONE Je n’ai pas envie de dormir… Mais je te promets que je ne bougerai pas d’ici avant ton réveil. Nourrice va

m’apporter à manger. Va dormir encore. Le soleil se lève seulement. Tu as les yeux tout petits de sommeil. Va…
Répétition pour supplier.

ISMENE Je te convaincrai, n’est-ce pas? Je te convaincrai? Tu me laisseras te parler encore?


Réussira-t-elle à la convaincre ? En fait Ismène ne sait pas encore que sa sœur a déjà bravé la loi du roi, leur oncle.
ANTIGONE, un peu lasse. Je te laisserai me parler, oui. Je vous laisserai tous me parler. Va dormir maintenant, je t’en
C’est un oxymore. A la fois joyeuse d’avoir accompli son acte et triste pour sa sœur qui essaie vainement de la sauver.

prie. Tu serais moins belle demain. (Elle la regarde sortir avec un petit sourire triste, puis elle tombe soudain lasse sur

Car l’espoir d’Ismène est vain. Antigone à déjà accompli sa première tentative d’enterrer le
une chaise.) Pauvre Ismène! cadavre de leur frère Polynice.

La nourrice, entre.

Attitude et sentiments d’Antigone décrits dans les didascalies. « Fermée » « sourit » « un peu lasse »

EXTRAIT 7 FIN

9
Extrait 8
LA NOURRICE Où as-tu mal? Langage des enfants pour dire « nourrice ». Emploi affectif « nounou ». Effet : Antigone est une
enfant qui a encore besoin de protection et de réconfort.

ANTIGONE Nulle part, nounou. Mais fais-moi tout de même bien chaud comme lorsque j’étais malade… Nounou plus
« Plus forte » = répétition qui traduit la faiblesse et la peur.

forte que la fièvre, nounou plus forte que le cauchemar, plus forte que l’ombre de l’armoire qui ricane et se transforme
C’est ce qui fait habituellement peur aux enfants. La maladie, le cauchemar et les hallucinations

d’heure en heure sur le mur, plus forte que les mille insectes du silence qui rongent quelque chose, quelque part dans

la nuit, plus forte que la nuit elle-même avec son hululement de folle qu’on n’entend pas; nounou plus forte que la mort.

Métaphores. Plusieurs fois la nourrice compare Antigone à un


Donne-moi ta main comme lorsque tu restais à côté de mon lit. oiseau. En effet, Antigone aspire à la liberté. En plus elle parait
aussi bien forte et fragile.

LA NOURRICE Qu’est-ce que tu as, ma petite colombe? De temps en temps Antigone est envahie par un sentiment de doute
sur le grand défi qu’elle entreprend V. scène de la lettre.
ANTIGONE Rien, nounou. Je suis seulement encore un peu petite pour tout cela. Mais il n’y a que toi qui dois le

Une subordonnée relative. « qui » renvoie à « la


Métaphores
savoir. main », symbole de la force et de la protection
adulte dont a besoin Antigone malgré son
courage.
LA NOURRICE Trop petite pourquoi, ma mésange?

ANTIGONE Pour rien, nounou. Et puis, tu es là. Je tiens ta bonne main rugueuse qui sauve de tout, toujours, je le sais
Antigone est un personnage contradictoire : elle a envie d’être sauvée mais elle refuse que le roi son oncle la sauve.

bien. Peut-être quelle va me sauver encore. Tu es si puissante, nounou.

LA NOURRICE Qu’est-ce tu veux que je fasse, ma tourterelle?

ANTIGONE Rien, nounou. Seulement ta main comme cela sur ma joue. (Elle reste un moment les yeux fermés.) Voilà,
Champ lexical de la peur ressentie par les enfants  à l’égard des personnages fabuleux.

je n’ai plus peur. Ni du méchant ogre, ni du marchand de sable, ni de Taoutaou qui passe et emmène les enfants…
Nom de la chienne d’Antigone.
(Un silence encore, elle continue d’un autre ton.) Nounou, tu sais, Douce, ma chienne…
Futur simple  pour On gronde un enfant = on le réprimande sévèrement. Antigone utilise ce
exprimer un ordre verbe en parlant de sa chienne. C’est comme si elle se projetait dans cet
LA NOURRICE Oui. atténué animal qu’elle ne veut pas qu’on traite comme on l’aurait traitée elle
même
ANTIGONE Tu vas me promettre que tu ne la gronderas plus jamais.

Que recommandera ensuite Antigone à sa nourrice au sujet de Douce ? Elle lui recommandera de la faire tuer pour lui éviter
la souffrance.

EXTRAIT 8 FIN
10
EXTRAIT 9
Exclamations + points de suspension exprimant le soulagement
ISMENE est entrée, appelant. Antigone!… Ah!, tu es là! et l’espoir d’Ismène.

ANTIGONE, sans bouger. Oui, je suis là. Car elle a peur que sa sœur exécute son projet ; elle ne sait pas encore qu’elle a
déjà tenté, à l’aube, d’enterrer Polynice. Le cadavre de Polynice

ISMENE. Je ne peux pas dormir. J’avais peur que tu sortes, et que tu tentes de l’enterrer malgré le jour.
Stratégie argumentative d’Ismène : persuader sa sœur en visant ses sentiments : « nous t’aimons, nous avons besoin de toi. Je t’en supplie »

Antigone, ma petite sœur, nous sommes tous là, autour de toi, Hémon, nounou et moi, et Douce, ta chienne.
Apostrophe + apposition + terme affectif Répétition de « nous » Énumération affective
Nous t’aimons et nous sommes vivants, nous, nous avons besoin de toi. Polynice est mort et il ne t’aimait pas. Il
Antithèses.

a toujours été un étranger pour nous, un mauvais frère. Oublie-le, Antigone, comme il nous avait oubliées.
Apostrophe
affective
Laisse son ombre dure errer éternellement sans sépulture, puisque c’est la loi de Créon. Ne tente pas ce qui est
Impératifs pour supplier Apostrophe
au-dessus de tes forces. Tu braves tout toujours, mais tu es toute petite, Antigone. Reste avec nous, ne va pas

là-bas cette nuit, je t’en supplie.


Là où gît le cadavre de Polynice

ANTIGONE, s’est levée, un étrange petit sourire sur les lèvres, elle va vers la porte et du seuil, doucement, elle
C’est l’étrange petit sourire triste récurrent dans l’histoire.

dit. C’est trop tard. Ce matin, quand tu m’as rencontrée, j’en venais. Coup de théâtre : une péripétie : un fait déterminant
dans l’histoire. Juste après le garde entre pour
informer le roi.
Elle est sortie. Ismène la suit avec un cri:

Réplique 1  « appelant ». = espoir ≠ Réplique finale «  avec un cri » = déception


ISMÈNE Antigone!
Exclamation exprimant la déception et le désespoir d’Ismène

EXTRAIT 9 FIN

11
EXTRAIT 10 A quelle nuit Créon fait-il allusion ?

CRÉON Et cette nuit, la première fois, c’était toi aussi? Allusion à la 1ère tentative d’Antigone.
Réplique courte et sure d’elle-même Antigone est courageuse.
ANTIGONE Oui. C’était moi. Avec une petite pelle de fer qui nous servait à faire des châteaux de sable sur la
Anachronisme
plage, pendant les vacances. C’était justement la pelle de Polynice. Il avait gravé son nom au couteau sur le
Polynice Les gardes
manche. C’est pour cela que je l’ai laissée près de lui. Mais ils l’ont prise. Alors la seconde fois, j’ai dû
La seconde tentative d’enterrer Polynice à midi, en plein
recommencer avec mes mains. jour. Preuve qu’elle était plus courageuse.
Une comparaison. Outil = «  on aurait

LE GARDE On aurait dit une petite bête qui grattait. Même qu’au premier coup d’œil, avec l’air chaud qui
Une métaphore Registre de langue ? Familier. Reflète la catégorie sociale des gardes.

tremblait, le camarade dit: «Mais non, c’est une bête.» «Penses-tu, je lui dis, c’est trop fin pour une bête. C’est

une fille.» Anachronisme Indice d’énonciation


Modalisation (possibilité)

CRÉON C’est bien. On vous demandera peut-être un rapport tout à l’heure. Pour le moment, laissez-moi seul
Renvoie au page Euphémisme= « emprisonne-les » pour qu’ils ne puissent pas divulguer l’information.

avec elle. Conduis ces hommes à côté, petit. Et qu’ils restent au secret jusqu’à ce que je revienne les voir.
Renvoie à Antigone Anachronisme
LE GARDE Faut-il lui remettre les menottes, chef ?
Le page (jeune noble au service d’un seigneur) . Dans Antigone Ce
personnage accompagne Créon de façon permanente. Il parle peu. Il
CRÉON Non.
a hâte de grandir. On se pose alors la question de savoir si en
grandissant il serait réaliste et pragmatique comme Créon ou révolté
Les gardes sont sortis, précédés par le petit page. et idéaliste comme à Antigone. Page 122.

Créon et Antigone sont seuls l’un en face de l’autre.

Début de l’affrontement, du face à face entre Antigone et Créon

EXTRAIT 10 FIN

12
Créon et Antigone sont seuls l’un en face de l’autre. Le projet d’enterrer Polynice. EXTRAIT 11

CRÉON Avais-tu parlé de ton projet à quelqu’un?


- Succession de répliques courtes. Créon s’adresse à Antigone en tant
ANTIGONE Non. La stichomythie : rythme rapide qui
que membre de la famille. Son
reflète une certaine tension.
registre est plutôt familier.
CRÉON As-tu rencontré quelqu’un sur ta route?

ANTIGONE Non, personne. -Les courtes répliques d’Antigone


traduisent son courage et son Créon lui demande de mentir ; c’est
CRÉON Tu es bien sûre? assurance. contre les valeurs auxquelles croit
Antigone.
ANTIGONE Oui. Futur proche qui atténue l’ordre.

CRÉON Alors, écoute: tu vas rentrer chez toi, te coucher, dire que tu es malade, que tu n’es pas sortie depuis hier. Ta nourrice

dira comme toi. Je ferai disparaître ces trois hommes. Euphémisme qui signifie « je vais tuer les trois gardes. Effet : ménager la
sensibilité de sa nièce en banalisant la mort des gardes.
ANTIGONE Pourquoi? Puisque vous savez bien que je recommencerai.
Phrase incisive /tranchante : reflète le défi +détermination d’Antigone.
Un silence. Ils se regardent.

CRÉON Pourquoi as-tu tenté d’enterrer ton frère? Croyance chez les grecs de
l’époque.
ANTIGONE Je le devais. Autrement dit : « c’était mon devoir »

CRÉON Je l’avais interdit. Il a interdit l’enterrement de Polynice jugé comme traitre. Dévouement à son frère

ANTIGONE, doucement. Je le devais tout de même. Ceux qu’on n’enterre pas errent éternellement sans jamais trouver de
repos. Si mon frère vivant était rentré harassé d’une longue chasse, je lui aurais enlevé ses chaussures, je lui aurais fait à
manger, je lui aurais préparé son lit… Polynice aujourd’hui a achevé sa chasse. Il rentre à la maison où mon père et ma mère, et
Etéocle aussi, l’attendent. Il a droit au repos. « Il est mort » : euphémisme. Oedipe+ Jocaste
CRÉON C’était un révolté et un traître, tu le savais.

ANTIGONE C’était mon frère. Si +Plus que parfait + Conditionnel passé= l’irréel dans le passé.

CRÉON Tu avais entendu proclamer l’édit aux carrefours, tu avais lu l’affiche sur tous les murs de la ville?

ANTIGONE Oui. « Si mon frère rentrait…..je lui enlèverais….= irréel dans le présent. »

CRÉON Tu savais le sort qui était promis à celui, quel qu’il soit, qui oserait lui rendre les honneurs funèbres?

ANTIGONE Oui, je le savais. Anachronismes. But : ancrer l’histoire dans l’actualité. … à Polynice : l’enterrer

CRÉON Tu as peut-être cru que d’être la fille d’Oedipe, la fille de l’orgueil d’Oedipe, c’était assez pour être au-dessus de la loi.
Le roi change de statut/d’attitude. Son ton devient ferme : il
ANTIGONE Non. Je n’ai pas cru cela. Répétition ironique
parle de façon autoritaire en tant que roi.
CRÉON La loi est d’abord faite pour toi, Antigone, la loi est d’abord faite pour les filles des rois!

ANTIGONE Si j’avais été une servante en train de faire sa vaisselle, quand j’ai entendu lire l’édit, J’aurais essuyé l’eau grasse de
Si +Plus que parfait + Condit. passé= l’irréel dans le passé.
mes bras et je serais sortie avec mon tablier pour aller enterrer mon frère.

CRÉON Ce n’est pas vrai. Si tu avais été une servante, tu n’aurais pas douté que tu allais mourir et tu serais restée à pleurer ton

frère chez toi. Seulement tu as pensé que tu étais de race royale, ma nièce et la fiancée de mon fils, et que, quoi qu’il arrive, je

n’oserais pas te faire mourir. Liens de parenté : Créon = frère de Jocaste, la mère d’Antigone. Hémon= le cousin+ le fiancé d’Antigone.

ANTIGONE Vous vous trompez. J’étais certaine que vous me feriez mourir au contraire.
Au présent= « Je suis certaine que vous me ferez mourir. » Courage et détermination d’Antigone.
EXTRAIT 11 FIN
13
EXTRAIT 12
L’enterrement selon le rituel (interdit à Polynice) Allusion à une croyance des grecs de
l’époque.

CRÉON Tu y crois donc vraiment, toi, à cet enterrement dans les règles? A cette ombre de ton frère condamnée à
Les prêtres
errer toujours si on ne jette pas sur le cadavre un petit peu de terre avec la formule du prêtre? Tu leur as déjà entendu
La formule = la prière Enumération des participes présents dévalorisants.

la réciter, aux prêtres de Thèbes, la formule? Tu as vu ces pauvres têtes d’employés fatigués écourtant les gestes,
Par la caricature des prêtres, Créon
avalant les mots, bâclant ce mort pour en prendre un autre avant le repas de midi? veut banaliser le rituel funéraire pour
persuader Antigone de l’absurdité de
J’ai vu les prêtres son sacrifice. (Portrait dévalorisant =
ANTIGONE Oui, je les ai vus. péjoratif.)

CRÉON Est-ce que tu n’as jamais pensé alors que si c’était un être que tu aimais vraiment, qui était là, couché dans
Registre familier = le cercueil
Aux prêtres Registre familier= « partir »
cette boîte, tu te mettrais à hurler tout d’un coup? A leur crier de se taire, de s’en aller?
Une métaphore filée= succession de plusieurs métaphore pour mettre en
ANTIGONE Si, je l’ai pensé. évidence la même image : la caricature des rites funéraires.

Le rituel des devoirs funèbres.


CRÉON Et tu risques la mort maintenant parce que j’ai refusé à ton frère ce passeport dérisoire, ce bredouillage en
Spectacle de mime/gestes affectés Ridicule et insignifiant Paroles confuses
série sur sa dépouille, cette pantomime dont tu aurais été la première à avoir honte et mal si on l’avait jouée. C’est

absurde!
Antigone reconnait l’absurdité de son acte. Pourtant elle l’exécute. Que pensez-
vous de son choix ?................................................................................................
ANTIGONE Oui, c’est absurde.

CRÉON Pourquoi fais-tu ce geste, alors? Pour les autres, pour ceux qui y croient? Pour les dresser contre moi?
Geste de défi= défier le roi et braver sa loi en essayant d’enterrer Polynice.
ANTIGONE Non.
Polynice

CRÉON Ni pour les autres, ni pour ton frère? Pour qui alors?

Donc c’est un acte de liberté : Antigone veut se prouver à elle-même et prouver


ANTIGONE Pour personne. Pour moi. aux autres qu’elle est libre de ses actes.

Mais, ayant elle même reconnu qu’elle est soumise à son destin ,page 24, peut-
elle prétendre être vraiment libre ?

EXTRAIT 12 FIN
14
EXTRAIT 13 Concession + opposition : Certes vous êtes le roi,
CRÉON, se rapproche. Je veux te sauver, Antigone.
mais…»Antigone défie au roi.
ANTIGONE Vous êtes le roi, vous pouvez tout, mais cela, vous ne le pouvez pas.
CRÉON Tu crois? Le roi veut sauver Antigone car elle est sa nièce : il veut éviter de lui infliger
ANTIGONE Ni me sauver, ni me contraindre. impitoyablement  la peine promise « à quiconque oserait enterrer Polynice. » il
CRÉON Orgueilleuse! Petite Oedipe! tente alors de résoudre son dilemme. En plus, il considère Antigone comme trop
jeune pour savoir les enjeux de son défi.
ANTIGONE Vous pouvez seulement me faire mourir. Détermination d’Antigone
CRÉON Et si je te fais torturer?
ANTIGONE Pourquoi? Pour que je pleure, que je demande grâce, pour que je jure tout ce qu’on voudra, et que je recommence
Pour dissuader Antigone, le roi la menace de recourir à la violence. C’est un ave de faiblesse.
après, quand je n’aurai plus mal?

CRÉON, lui serre le bras. Ecoute-moi bien. Jai le mauvais rôle, c’est entendu, et tu as le bon. Et tu le sens. Mais N’en profite tout
Petite fille désagréable, capricieuse et prétentieuse (péjoratif)
de même pas trop, petite peste… Si j’étais une bonne brute ordinaire de tyran, il y aurait déjà longtemps qu’on t’aurait arraché la

langue, tiré les membres aux tenailles, ou jeté dans un trou. Mais tu vois dans mes yeux quelque chose qui hésite, tu vois que je te
Fille acharnée et en colère (péjoratif)
laisse parler au lieu d’appeler mes soldats; alors, tu nargues, tu attaques tant que tu peux. Où veux-tu en venir, petite furie?

ANTIGONE Lâchez-moi. Vous me faites mal au bras avec votre main. Répétition de l’épithète « petite »
suivie de noms péjoratifs. Le roi tente
de rapetisser Antigone. Puisqu’elle
CRÉON, qui serre plus fort. Non. Moi, je suis le plus fort comme cela, j’en profite aussi.
s’obstine, il l’invective : il est en colère
Par son « petit cri » Antigone nargue la violence du roi. contre elle.
ANTIGONE, pousse un petit cri. Aïe!

CRÉON, dont les yeux rient. C’est peut-être ce que je devrais faire après tout, tout simplement, te tordre le poignet, te tirer les

cheveux comme on fait aux filles dans les jeux. (Il la regarde encore. Il redevient grave. Il lui dit tout près.) Je suis ton oncle, c’est

entendu, mais nous ne sommes pas tendres les uns pour les autres, dans la famille. Cela ne te semble pas drôle, tout de même, ce
Phrase interrogative rhétorique par laquelle le roi avoue sa faiblesse face à l’obstination de sa nièce .
roi bafoué qui t’écoute, ce vieil homme qui peut tout et qui en a vu tuer d’autres, je t’assure, et d’aussi attendrissants que toi, et
Moqué, outragé, humilié dédaigneusement. Champ lexical de la violence. Le roi parait
qui est là, à se donner toute cette peine pour essayer de t’empêcher de mourir ? pitoyable, car il « sourit » en jouissant de
violence face à Antigone qui pourtant le nargue.

ANTIGONE, après un temps. Vous serrez trop, maintenant. Cela ne me fait même plus mal. Je n’ai plus de bras. =plus mal, donc
métonymie
Une hyperbole. Antigone nargue le roi
possible.
CRÉON, la regarde et la lâche avec un petit sourire. Il murmure. Dieu sait pourtant si j’ai autre chose à faire aujourd’hui, mais je

vais tout de même perdre le temps qu’il faudra et te sauver, petite peste. (Il la fait asseoir sur une chaise au milieu de la pièce. Il

enlève sa veste, il s’avance vers elle, lourd, puissant, en bras de chemise.) Au lendemain d’une révolution ratée, il y a du pain
Expression familière = « Avoir beaucoup de choses à faire. »
sur la planche, je te l’assure. Mais les affaires urgentes attendront. Je ne veux pas te laisser mourir dans une histoire de

politique. Histoire de politique : en interdisant l’enterrement de Polynice « le traitre », le roi voulait seulement donner l’exemple aux
Thébains qui oseraient trahir le royaume. CREON : « Pour que les brutes que je gouverne comprennent, il faut que cela
pue le cadavre de Polynice dans toute la ville, pendant un mois. » Page 77
EXTRAIT 13 FIN
15
EXTRAIT 14

CRÉON, sourdement. Eh bien, oui, j’ai peur d’être obligé de te faire tuer si tu t’obstines. Et je ne le voudrais pas.
Autrement dit «  je suis libre »
ANTIGONE Moi, je ne suis pas obligée de faire ce que je ne voudrais pas! Vous n’auriez pas voulu non plus, peut-

être, refuser une tombe à mon frère? Dites-le donc, que vous ne l’auriez pas voulu?
CREON fait allusion à la réplique suivante : « Tu crois que cela ne me dégoûte pas autant que toi,
cette viande qui pourrit au soleil?.....Tu penses bien que je l’aurais fait enterrer, ton frère, ne fût-ce
CRÉON Je te l’ai dit. que pour l’hygiène! » Page 77

ANTIGONE Et vous l’avez fait tout de même. Et maintenant, vous allez me faire tuer sans le vouloir.

Et c’est cela, être roi! Antigone reproche au roi de ne pas être maitre de ses décisions ; de ne pas être libre.

Phrase exclamative ironique.


CRÉON Oui, c’est cela!

ANTIGONE Pauvre Créon! Avec mes ongles cassés et pleins de terre et les bleus que tes gardes m’ont fait aux bras,
Allusion à la deuxième tentative d’enterrer son frère quand elle utilisait
ses mains et se cassait les ongles à gratter la terre. Elle voudrait dire
avec ma peur qui me tord le ventre, moi je suis reine. qu’être libre implique être maitre de ses décisions ; être aussi défiant et
courageux face au danger.

CRÉON Alors, aie pitié de moi, vis. Le cadavre de ton frère qui pourrit sous mes fenêtres, c’est assez payé pour que
Fait contradictoire : un roi qui avoue sa faiblesse.
l’ordre règne dans Thèbes. Mon fils t’aime. Ne m’oblige pas à payer avec toi encore. J’ai assez payé.

ANTIGONE Non. Vous avez dit «oui». Vous ne vous arrêterez jamais de payer maintenant!

Dans cette scène, c’est Antigone qui mène le dialogue, car ses répliques sont plus longues que celles du roi qui parait
dominée par la force des arguments de sa nièce.

Partagez-vous le point de vue d’Antigone exprimé dans sa dernière réplique ? Dire oui c’est exprimer son accord et s’engager à
assumer une responsabilité. Ainsi cet accord n’est pas toujours signe de soumission ; au contraire il est la preuve qu’on est libre.
En revanche si on exprime son accord sans prendre la peine de réfléchir, on risque de payer cher son emportement ou son
imprudence.

EXTRAIT 14 FIN

16
Extrait. 15
Part.1 : Le royaume en La colère du roi contre Rappelons qu’Antigone avait déjà expliqué à Ismène qu’elle
danger l’obstination d’Antigone. ne veut pas comprendre
CRÉON, la secoue soudain, hors de lui. Mais, bon Dieu! Essaie de comprendre une minute, toi aussi, petite
Anaphore : insister en exprimant sa colère.
idiote! Jai bien essayé de te comprendre, moi. Il faut pourtant qu’il y en ait qui disent oui. Il faut pourtant qu’il y
Enumération insistant sur l’anarchie qui règne dans Thèbes.

en ait qui mènent la barque. Cela prend l’eau de toutes parts, c’est plein de crimes, de bêtise, de misère… Et

le gouvernail est là qui ballotte. L’équipage ne veut plus rien faire, il ne pense qu’à piller la cale et les officiers

sont déjà en train de se construire un petit radeau confortable, rien que pour eux, avec toute la provision d’eau

douce, pour tirer au moins leurs os de là. Et le mât craque, et le vent siffle, et les voiles vont se déchirer, et

toutes ces brutes vont crever toutes ensemble, parce qu’elles ne pensent qu’à leur peau, à leur précieuse
Alors + Part.2 : Le choix fatal

peau et à leurs petites affaires. Crois-tu, alors, qu’on a le temps de faire le raffiné, de savoir s’il faut dire «oui»

ou «non», de se demander s’il ne faudra pas payer trop cher un jour, et si on pourra encore être un homme
« On » p. indéfini. C.à.d. quel que soit celui qui est en situation de responsabilité, il doit privilégier l’intérêt général ≠personnel
après? On prend le bout de bois, on redresse devant la montagne d’eau, on gueule un ordre et on tire dans le
Métaphore à valeur hyperbolique. Eau = problèmes=énormes vagues de problèmes.

tas, sur le premier qui s’avance. Dans le tas! Cela n’a pas de nom. C’est comme la vague qui vient de s’abattre

sur le pont devant vous; le vent qui vous gifle, et la chose qui tombe devant le groupe n’a pas de nom. C’était
Toi= moi le roi
peut-être celui qui t’avait donné du feu en souriant la veille. Il n’a plus de nom. Et toi non plus tu n’as plus de
Attaché au gouvernail pour redresser le bateau.

nom, cramponné à la barre. Il n’y a plus que le bateau qui ait un nom et la tempête. Est-ce que tu le comprends,

Champ lexical du bateau : métaphores désignant Champ lexical de la tempête : métaphore des problèmes
cela? l’état/ le gouvernement/ la société. économiques, sociaux et politiques qui menacent la société.

ANTIGONE, secoue la tête. Je ne veux pas comprendre. C’est bon pour vous. Moi, je suis là pour autre chose
Les répétitions du coordonnant « et » des pronoms
que pour comprendre. Je suis là pour vous dire non et pour mourir. « on » de « vous » , de « toi » et de la conjonction
« si » traduisent la colère du roi.
Le registre familier souligné en mauve montre d’un coté que Créon est en
colère, d’un autre coté qu’il adapte le langage à l’âge d’Antigone. Le roi donne un ton véhément, passionné à sa tirade
pour emporter Antigone et la persuader de sa raison
La métaphore filée du bateau et de la tempêté (société menacée) obéit à la politique.
même stratégie : le roi, qui juge peut être Antigone incapable d’abstraction,
veut lui rendre plus concrète la situation anarchique du royaume.
Le roi dit à Antigone que, pour appliquer la loi
contre tous, il est prêt à sacrifier l’intérêt personnel
EXTRAIT 15 FIN au profit de l’intérêt général.
17
EXTRAIT 16 Le roi vient de révéler l’effroyable secret sur la trahison avérée des deux frères. Antigone semble déboussolée, presque
convaincue comme le démontrent ses cortes répliquent « oui »…

Il y a un long silence, ils ne bougent pas, sans se regarder, puis Antigone dit doucement:

Rappelons que, suite à l’obstination d’Antigone, le roi avait « enlevé


ANTIGONE Pourquoi m’avez-vous raconté cela?
sa veste » ; il est resté en « bras de chemise » ; soit il voulait se
montrer décontracté, soit il s’apprêtait à affronter plus durement son
Créon se lève, remet sa veste. adversaire.

Histoire de politique où il est avéré que les deux


CRÉON Valait-il mieux te laisser mourir dans cette pauvre histoire? frères Etéocle et Polynice étaient des traitres.

Répliques courtes en comparaison avec celles de Créon.


ANTIGONE Peut-être. Moi, je croyais.

Il y a un silence encore. Créon s’approche d’elle.


Changement radical dans l’attitude d’Antigone ; car juste avant elle
avait dit au roi : «  Il faut que j’aille enterrer mon frère que ces
CRÉON Qu’est-ce que tu vas faire maintenant? hommes ont découvert. »

ANTIGONE, se lève comme une somnambule. Je vais remonter dans ma chambre.


Le mariage serait selon Créon primordial
CRÉON Ne reste pas trop seule. Va voir Hémon, ce matin. Marie-toi vite. pour atteindre le bonheur. « Vite » car Créon
a peur qu’Antigone change d’avis.

ANTIGONE, dans un souffle. Oui.


Métaphore : « ta jeunesse »
Inutile
CRÉON Tu as toute ta vie devant toi. Notre discussion était bien oiseuse, je t’assure. Tu as ce trésor, toi, encore.

ANTIGONE Oui.
Rapport des forces : c’est le roi qui mène le dialogue ; il semble
dominer par ses répliques plus longues que celles d’Antigone.

EXTRAIT 16 FIN

18
EXTRAIT 17
Qui mène le dialogue dans cette scène ? Du début de la tirade au mot « bonheur » c’est Créon. Pourquoi le
CRÉON mot »bonheur » est-t-il central/crucial dans l’échange ? À partir de ce mot le rapport des forces bascule : c’est Antigone
qui reprend le dessus à cause de sa révolte exprimée à travers ses interrogations sur « le bonheur ».

Rien d’autre ne compte. Et tu allais le gaspiller! Je te comprends, j’aurais fait comme toi à vingt ans. C’est
Gaspiller le trésor que représente ta jeunesse
pour cela que je buvais tes paroles. J’écoutais du fond du temps un petit Créon maigre et pâle comme toi et qui
Hyperbole = je t’écoutais avec énormément d’intérêt.
ne pensait qu’à tout donner lui-aussi… C'est-à-dire sans expérience, ou qui méconnaissent la vie.

Marie-toi vite, Antigone, sois heureuse. La vie n’est pas ce que tu crois. C’est une eau que les jeunes gens

laissent couler sans le savoir, entre leurs doigts ouverts. Ferme tes mains, ferme tes mains, vite. Retiens-la. Tu
Le bonheur serait selon Créon plutôt matériel.
verras, cela deviendra une petite chose dure et simple qu’on grignote, assis au soleil. Ils te diront tout le
« Ils » L’opposition : les comploteurs qui endoctrineraient les jeunes et profiteraient de leur révolte. Jugement méprisant à l’égard d’Antigone.
contraire parce qu’ils ont besoin de ta force et de ton élan. Ne les écoute pas. Ne m’écoute pas quand je ferai
Créon lui inculque de mauvaises valeurs morales telles que le mensonge, et l’hypocrisie. Cela déclenchera la révolte d’Antigone.
mon prochain discours devant le tombeau d’Etéocle. Ce ne sera pas vrai. Rien n’est vrai que ce qu’on ne

dit pas… Tu l’apprendras, toi aussi, trop tard, la vie c’est un livre qu’on aime, c’est un enfant qui joue à vos pieds,
Une métaphore filée: « pour être heureux, il faut aimer la vie, avoir des enfants, bien travailler, jouir de sa retraite : «  bonheur conformiste »

un outil qu’on tient bien dans sa main, un banc pour se reposer le soir devant sa maison. Tu vas me mépriser

encore, mais de découvrir cela, tu verras, c’est la consolation dérisoire de vieillir; la vie, ce n’est peut-être tout de

même que le bonheur.


Le roi est-il convaincu de sa conception de bonheur ? Non car il
devine qu’Antigone va s’apercevoir de sa « pauvreté » :   « un
ANTIGONE, murmure, le regard perdu. Le bonheur… pauvre mot, hein ?

CRÉON, a un peu honte soudain. Un pauvre mot, hein? Révolte d’Antigone : anaphore d’adverbes et pronoms
interrogatifs. Ironie + sarcasme.

ANTIGONE Quel sera-t-il, mon bonheur? Quelle femme heureuse deviendra-t-elle, la petite Antigone? Quelles

pauvretés faudra-t-il quelle fasse elle aussi, jour par jour, pour arracher avec ses dents son petit lambeau de
Métaphore sarcastique. Les candidats à ce bonheur seraient comme des chiens qui courent derrière la satisfaction de leurs instincts.

bonheur? Dites, à qui devra-t-elle mentir, à qui sourire, à qui se vendre? Qui devra-t-elle laisser mourir en
Répétition des pronoms interrogatifs .Révolte d’Antigone : rejet du mensonge, de l’hypocrisie, de la trahison et de la compromission.
détournant le regard?
Antigone est taxée de « folle » à plusieurs reprises par différents
personnages. Serait-ce parce qu’elle refuse de se soumettre aux valeurs
CRÉON, hausse les épaules. Tu es folle, tais-toi. sociales communes ?
EXTRAIT 17 FIN
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