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NOUAMANE
Situation :
Antigone a enterré le cadavre de son frère Polynice. Elle a par conséquent bravé la loi de
Créon, le roi, qui interdisait, sous peine de mort, de donner une sépulture à Polynice considéré
traître. Elle est condamnée à mort. Dans l’attente de son exécution, Antigone passe ses
derniers instants en compagnie d’un garde insensible à qui elle a dicté une lettre dans
laquelle Antigone demande pardon à Hémon. Le messager vient nous annoncer la mort
Analyse :
déroule hors-scène et il revient alors souvent à un confident de la rapporter. Jean Anouilh use de
ce procédé au seuil de son dénouement : c’est un messager qui surgit pour annoncer les décès
d’Antigone et d’Hémon. Le Chœur comme étant un second messager annonce la mort d’Eurydice.
Le thème de la mort domine d’ailleurs sa tirade. Les termes comme « jeter… dans son trou »/ «
Contrairement à Créon qui recourt à des euphémismes comme « reposés » ou « ils ont fini », le
messager s’appuie sur des images crues pour signifier la mort : « pendue »/ « se plonge l’épée
dans le ventre » ou encore l’hyperbole « immense flaque rouge ». Il s’agit pour lui de signifier la
B – Le Chœur, second messager : Le Chœur annonce la mort de la reine Eurydice. Par son
récit, il permet l’accomplissement du dénouement : il signifie la mort du couple héroïque mais il
provoque aussi le suicide de la reine. Il assure donc la résolution tragique de la pièce : Créon va
rester enfermé dans une solitude totale. Le choix d’un jeune page comme ultime confident montre
la solitude absolue de Créon. Celui-ci ne cherche pas à discuter avec l’enfant mais à continuer son
travail de roi : « Eh bien, si nous avons conseil, petit, nous allons y aller. »
Même si la mort de ces personnages est une vraie tragédie, elle est adoucie par la beauté de ses
images : Antigone est pendue aux fils de sa ceinture, des fils bleus, verts, rouges qui lui font
comme un collier d’enfant. Hémon s’étend contre celle qu’il aime, l’embrassant. Eurydice, est
morte avec le même sourire qu’elle avait quand elle était jeune fille.
Face à cette situation, Créon n’ose pas prononcer le mot « mort », alors il utilise les euphémismes
suivants : couché, reposés, lavés, calmes, ils dorment tous… Ces mots ont une signification
profonde. S’ils sont calmes et reposés c’est que lui, il est accablé de responsabilité ; s’ils sont lavés,
c’est que lui, il a les mains souillées ; s’ils dorment, c’est que lui il doit rester vigilant parce qu’il ne
doit faire confiance à personne. Sa vie sera donc une longue attente pénible et douloureuse de la
mort. Ils ont fini eux ; pas toi Créon (lui dit le cœur) ; comme cela doit être bon de dormir.
Conclusion :
Cette œuvre s’ouvre et se ferme sur l’image des gardes jouant aux cartes, totalement
indifférents à la triple tragédie qui vient de se passer. Mais ce n’est qu’une apparence car
Antigone marquera le peuple de Thèbes et restera, comme a dit le chœur, « une plaie »
pendant des siècles.
On peut dire aussi, que son geste n’a pas été gratuit, au contraire, il a participé à ébranler les
croyances de certains et à faire écrouler celles d’autres. De plus, les points de suspension
semblent indiquer que tout peut commencer, et cela sous- entend qu’il y aura d’autres
guerres, d’autres injustices, d’autres révoltes, donc d’autres Antigone.