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THÈME 4 | IDENTIFIER, PROTÉGER ET VALORISER LE PATRIMOINE : ENJEUX GÉOPOLITIQUES

AXE 3 | LA FRANCE ET LE PATRIMOINE, DES ACTIONS MAJEURES DE VALORISATION ET DE PROTECTION

Depuis fin XIXe s., plusieurs procédures ont été mises en place pour inventorier, protéger, valoriser patrimoine
architectural, urbain et paysager.
Depuis, champs temporel et spatial du patrimoine se sont considérablement développés :
- Protection de monuments isolés à sauvegarde de centres anciens entiers.
- Reconnaissance accrue de patrimoines très variés.

Quelles sont mesures adoptées pour classer, protéger et mettre en valeur patrimoine fr. ?
Quels sont enjeux de valorisation et de protection du patrimoine fr. ?
Dans quelle mesure peut-on dire que patrimoine est passion fr. ?

Le centre culturel Jean-Marie Tjibaou à Nouméa [Nouvelle-Calédonie, page 283]

I/ L’État, un acteur clé de la gestion du patrimoine


A/ Des lois pour gérer et protéger
1. Aux origines de la politique patrimoniale
Pour protéger patrimoine, Fr. a agi très tôt :
- 1790, en réaction aux pillages et vandalisme, instruction est donnée aux départements et Paris de dresser liste
et de veiller à conservation des monuments, églises et maisons devenus bien communaux.
- Début XIXe s., musées nationaux créés sous Consulat.
- 1816, 1er inventaire des monuments.
- 1830, création d’Inspection générale des monuments historiques de Fr.
- 1840, 1er « classement » des monuments par Prospère Mérimée [1803-1870]
- 1887, loi fixe modalités d’intervention d’État dans protection des édifices publics remarquables.
- 1913, loi sur monuments historiques pour protection et sauvegarde des biens patrimoniaux fr.
- 1941, notion de patrimoine culturel s’élargit aux vestiges archéologiques.
- 1957, notion de patrimoine naturel avec création des réserves naturelles.
- 1960, création des parcs nationaux.

2. Une gestion toujours plus complexe, assurée par l’État et ses partenaires
- 1959, création ministère de la Culture pour gestion des divers domaines du patrimoine. Il intervient en tant
que conseiller, inspecteur et expert. Il s’appuie sur Directions régionales des affaires culturelles [DRAC].
- 1962, loi Malraux permet classement et protection de secteurs urbains sauvegardés.

Sarlat Briançon La Rochelle Avignon

- 1972, État adopte Convention pour protection du patrimoine mondial, culturel et naturel [UNESCO].
- 1993, loi protège paysages en créant zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager
[ZPPAUP].

Cascades de Gimel Gorges d’Ardèche Baie du Mont-Saint-Michel Calanques de Marseille.

- 2004, État transfère aux collectivités territoriales propriété de nombreux monuments.


- 2006, État approuve Convention pour sauvegarde du patrimoine culturel immatériel [UNESCO].
- 2007, État applique Convention « culture-tourisme » qui concilie conservation du patrimoine et création
d’activités touristiques.

B/ Les 3 actions de l’État envers le patrimoine


Polit. du patrimoine répond à enjeux d’ordre culturel, éco., pédagogique et social et relève 3 objectifs :
- Valoriser
- Gérer
- Protéger

1. Mieux valoriser le patrimoine


Par :
- Améliorer dispositifs d’information au public et d’évaluation des monuments et musées.
- Sensibiliser au patrimoine de proximité.
- Dév. éducation artistique et culturelle [classes patrimoine ou séjour découverte].

Outils pour valorisation et attractivité du patrimoine :


- Renforcer liens avec activités touristiques.
- Orienter aménagement du territoire au profit du tourisme culturel.
- Dév. animations et manifs pour susciter intérêt du public :

Journées du patrimoine Printemps des musées Rendez-vous aux jardins


- Promouvoir diversité du patrimoine.
- Lutter contre sur-fréquentation et viser meilleure
répartition des visites. 74% de fréquentation muséale
est concentrée sur 10 monuments, entraînant des
congestions [Mont-Saint-Michel]. À l’inverse, autres
sites et monuments souffrent de déficit de notoriété.

2. Mieux gérer et protéger en diversifiant les


acteurs
Depuis 1980s, État tend à :
Demander ≠ ministères à participer au financement du
patrimoine :

La Défense L’Équipement La Justice L’Éducation nationale

- Ériger collectivités territoriales [communes, départements, régions] en partenaires actifs de polit. du


patrimoine.
- Décentraliser patrimoine :

Centre Pompidou à Metz, 2010 Musée du Louvre à Lens, 2012

- Encourager entreprises et particuliers à soutenir projets culturels. Loi Aillagon sur mécénat [2003] permet
réduction d’impôt équivalant à 60% du montant du don.

II/ Le patrimoine au cœur des politiques de reconversion

Reconversion industrielle :
- Remplacer activé industrielle disparue par autre activité [industrielle ou non].
- Recréer emplois.
- Redynamiser un territoire dont éco. repose, jusqu’aux 1970-1980s, sur activité majeure [sidérurgie, mine de
charbon…].

A/ Territoires en crise et nouvelles orientations


Patrimoine industriel constitue identité forte pour ville-usine ou ville minière, sans industrie la ville n’aurait
pas existé. Choix entre :
- Intégration réfléchie d’héritages dans dév.
- Négation du passé.

1. Pour les uns, une volonté de patrimonialisation


Patrimoine matériel s’étend à patrimoine industriel, scientifique et technique [simple outil, bâtiment, quartier,
ville, voire paysage]. UNESCO a classé au patrimoine mondial des paysages industriels entiers :

Paysage industriel de Blaenavon, R-U, 2006 Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, Fr., 2012

Lorsque reconversion s’oriente vers patrimonialisation, cela permet à pop. locale de prendre conscience de
spécificité industrielle, créer événements informatifs et culturels.

2. Pour les autres, une stratégie souvent de reconversion


Certaines communes se détournent d’héritage minier ou
industriel.
Ex : Amnéville, ancienne ville-usine sidérurgique du Nord
lorrain, a basé reconversion sur exploitation thermale, associée à
zone de loisirs.

Beaucoup d’anciennes villes minières ou villes-


usines ne peuvent pas complètement tourner page de
leur histoire minière ou industrielle car fondement de
leur identité. Elles optent pour reconversion conciliant
ces 2 axes [mise en valeur du patrimoine / nouvelles
activités].
Ex : Nœux-les-Mines, terril transformé en piste
de ski.

B/ Des acteurs multiples


1. Acteurs internationaux
- UNESCO liste et reconnaît à internat. patrimoine fr. et joue rôle de mécène.
- UE aide État et régions fr. dans protection et valorisation du patrimoine.
- Conseil de l’Europe institue « Journées euro. du patrimoine » [1991].

2. Compétences des collectivités territoriales [acteurs publics]


- Commune : inventaire des biens et mise en place de zones qui
délimitent étendue des sites patrimoniaux. En contact avec :
o Bâtiments de France qui représentent État.
o Habitants et associations intéressés.
o Préfet de région et Commission régionale du patri-
moine et des sites [CRPS].
- Région : financement et protection car détient Direction
régionale des affaires culturelles [DRAC].
- Département : influence directe par offres de subventions ;
influence indirecte mais forte via Service départemental
d’architecture et du patrimoine [SDAP].

 État reste cepdt principal acteur de gestion du patrimoine en Fr.


 État est principale dynamique :

1984, « Journées portes ouvertes 2002, « Nuit blanche » 2005, « Nuit des musées »
dans monuments historiques »

3. Acteurs privés
- Fondations :
o Fondation de France [1969], pour favoriser et dév. mécénat d’entreprise. A récupéré €25 M. pour
restauration de N-D de Paris.
o Fondation du patrimoine [1996], pour sauvegarder et valoriser patrimoine fr. de proximité. Organise
opérations de financement participatif et mécénat d’entreprise. Bénéficie des recettes de Fr. des jeux
[FDJ].
o Mission Stéphane Bern [2017], pour sauvegarder patrimoine confiée à Stéphane Bern [1963- ] par
Emmanuel Macron [1977- ]. Apporte soutien dans identification des monuments en péril et dans
recherche de solutions de financement.
- Associations : À mesure que processus de patrimonialisation s’est accéléré, associations n’ont cessé de se
multiplier pour :
o Défendre intérêts des habitants d’un quartier et les représenter auprès de mairie.
o Sauvegarder un unique bâtiment.
- Particuliers participent à patrimonialisation : propriétaires de nombreux objets patrimoniaux, ils contribuent
à leur légitimation, leur mise en valeur et leur conservation.

Assoc. de défense du
patrimoine naturel à Saint-
Leu, la Réunion

Une diversité d’acteurs


III/ La mise en valeur du patrimoine au service du rayonnement culturel
A/ Être reconnu sur la scène internationale
Pour affirmer identité nationale et spécificités, patrimoine est vecteur idéal. Fr. dispose de soft power.
Attractivité qu’exerce patrimoine fr. est démontrée par tourisme de masse, surtt Paris. État encourage, dès
2009, avec accessibilité gratuite du patrimoine culturel [musées et monuments nationaux] à tous jeunes résidents
d’UE [jusqu’à 25 ans].
Patrimoine culturel fr. renforce rayonnement par variété de collections [biens archéologiques d’Égypte, arts
premiers asiatiques…]. Fr. met en valeur polit. publique de protection de patrimoine national et mondial [Musées du
Louvre, d’Orsay, du Quai Branly-Jacques Chirac].

Rayonner passe aussi par exporter biens culturels et faire exister ailleurs son patrimoine.
2007, Fr. et Émirats arabes unis signent accord pour création d’un musée universel, avec œuvres du monde
entier. Agence Fr.-Muséums [AFM] a été créée pour mener ce projet.
2017, ouverture de Louvre d’Abu Dhabi, placé sous contrôle éco. et financier d’État fr.

B/ Faire valoir son patrimoine immatériel


1. Le patrimoine immatériel participe au rayonnement de la France
Sur liste d’UNESCO, Fr. possède 45 biens matériels et 17 biens immatériels. Patrimoine immatériel est atout
supplémentaire qui renforce rayonnement culturel fr. [métiers, savoir-faire, traditions festives, musiques, chants,
costumes, rituels = pratiques et expressions vivantes].
Des territoires se rendent attractifs en mettant en avant spécialités et en élevant culture populaire au rang de
patrimoine, digne d’intérêt, de préservation et de transmission.

Fest-noz, Bretagne Touloulou, Guyane Gwoka, Guadeloupe Maloya, Réunion

2. Le repas gastronomique français


2010, inscrit sur liste du patrimoine culturel immatériel d’humanité. Pratique sociale transmise, tradition qui
permet de célébrer moments les + importants de vie des individus et des groupes [naissances, mariages, anniversaires,
succès et retrouvailles]. Il s’agit :
- Repas festif caractérisé par art du « bien
manger » et du « bien boire » et plaisir d’être
ensemble.
- Choix attentif, parmi large variété, de mets et
de vins.
- Soin de décoration de table.
- Dégustation avec gestuelle spécifique [hu-
mer, goûter].
- Repas avec apéritif et digestif, avec entre au
moins 4 plats [entrée, poisson et/ou viande
avec légumes, fromage et dessert].
- Pratique vivante qu’on veille à transmettre,
srtt aux jeunes générations. Albert Fourié, Repas de noces à Yport, 1886
 Repas gastronomique reconnu pour son rôle de renforcement des liens familiaux, amicaux et plus
généralement sociaux.

C/ Participer activement aux politiques internationales


Rayonner suppose aussi se démarquer par initiatives et leadership en matière de protection du patrimoine
culturel. Fr. met son expertise et savoir-faire au service d’org. euro. et internat.

Fr. et projets euro. :

Réseau euro. du patrimoine Programme communautaire Label « Patrimoine euro. »


[European-Heritage.network] « Culture 2000 » pour biens culturels témoins
d’histoire et d’héritage euro.
Fr. et projets internat. :

organise Rencontres sur patrimoine, Fr. membre d’ICOMOS, expert Fr. membre d’ICOM
et mène actions de formation d’UNESCO
[Conservateurs, Restaurateurs]

Fr. contribue au Fonds du patrimoine mondial et Fr. propose formation continue à distance pour pays
offre assistance juridique et technique francophones, sur patrimoines matériels et immatériels en
partenariat avec AUF et UNFM

État fr. reste acteur majeur de préservation du patrimoine, mais ses actions sont de + en + partagées avec
diversité d’acteurs. Valorisation du patrimoine culturel fr. inclut des pratiques récentes de patrimonialisation, à
destination de biens et de traditions dont nécessaire préservation à des fins de transmission résulte de prise de
conscience, et du renforcement du rayonnement culturel.
Rayonnement culturel est élément important de dév. des territoires. Dans contexte de forte concurrence
internat., polit. et stratégies culturelles répondent principalement à objectifs de :
- Image positive,
- Notoriété et
- Attractivité.

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