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https://www.youtube.com/watch?v=nN8FSjUxQ_g
https://www.youtube.com/watch?v=ZWQA2yT7lPM&t=30s
La volonté de conserver l'héritage du passé aussi intact que possible des atteintes du
temps, des hommes ou des éléments est forte dans les sociétés actuelles. En 1972,
l'UNESCO crée une Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et
naturel, qui permet l'inscription de sites pour faciliter leur protection et leur
restauration. Ce patrimoine peut être matériel, mais aussi naturel et immatériel,
comme le «repas gastronomique français», inscrit en 2010, ou la dentelle au point
d'Alençon. De nombreux pays candidatent pour préserver leur patrimoine mais aussi
pour plus facilement le mettre en valeur.
L'attachement des habitants d'une ville au patrimoine – qui est aussi leur cadre de vie
– peut entraîner des tensions entre acteurs lors d'un grand projet d'aménagement et de
modernisation. Les projets brutaux de transformation urbaine par la destruction
comme le Paris d'Haussmann sont aujourd'hui difficilement envisageables au nom de
la préservation du patrimoine, particulièrement dans les centres historiques. Les
architectes et urbanistes sont passés de la rénovation de quartiers historiques
insalubres ou de quartiers au fort passé industriel, à la réhabilitation en préservant le
paysage urbain. Ainsi, à Paris, la loi Malraux de 1962 a permis une «sauvegarde et
mise en valeur» du quartier du Marais.
Les tensions dans les grands espaces touristiques concernent aussi l'usage de l'espace
et des bâtiments par les riverains et les touristes. Les habitants sont gênés par l'afflux
de visiteurs, qui sature les transports. Des mouvements de protestation se structurent
contre une marchandisation de la ville trop orientée vers l'activité touristique. Dans
ces métropoles, la concentration d'hommes et de richesses liée au processus de
mondialisation entraîne une forte pression foncière, avec des prix en forte hausse et
un phénomène de gentrification. Les plateformes permettant la location de logements
de particuliers comme Airbnb accentuent cette pression dans les grandes métropoles
touristiques comme Paris, Berlin ou Barcelone.
Les incivilités dans l'espace public provoquées par ces visiteurs (nuisances sonores,
détritus sur la voie publique, etc.) renforcent les mouvements de rejet des touristes,
obligeant les municipalités à légiférer pour encadrer les actions des touristes, comme
en Italie. Mais la volonté politique reste faible car les municipalités sont dépendantes
des revenus générés par le tourisme.
Le patrimoine n'est pas seulement l'enjeu de conflits dans son usage quotidien ou
touristique. Des menaces pèsent aussi sur la survie même de ce patrimoine comme
héritage du passé. Elles peuvent être anciennes, liées à l'arrivée d'une puissance
étrangère qui veut imposer sa propre culture pour mieux dominer, et effacer l'héritage
identitaire passé. Au Mali, le colonisateur a fragilisé le maintien d'un patrimoine
immatériel local. De nombreuses œuvres composant le patrimoine matériel malien
ont été transférées dans les musées français, suscitant des polémiques sur leur lieu
d'exposition aujourd'hui.
Les conflits militaires mettent aussi en danger des éléments inscrits au patrimoine
mondial de l'UNESCO. L'héritage mésopotamien a souffert du conflit en Irak depuis
2003. Les conflits asymétriques au Sahel ou au Moyen-Orient amènent de nombreux
ravages comme à Tombouctou ou Palmyre, dont les ruines archéologiques ont été
endommagées par le groupe islamiste Daech.
Enfin, les menaces amenées à se multiplier dans le futur sont celles liées au
dérèglement climatique. De nombreux sites recensés par l'UNESCO sont menacés
par la montée des eaux, les activités industrielles, l'urbanisation ou le prélèvement
illégal. Les pollutions liées au tourisme de masse pèsent aussi sur de nombreux sites
patrimoniaux fragiles. Mais la législation reste laxiste et les aménagements peu
nombreux car les arguments économiques pèsent sur certaines décisions. En
Amazonie, la déforestation incontrôlée a suscité de nombreuses réactions
internationales. La forêt amazonienne devient un «bien commun universel» et un
élément du patrimoine mondial. Mais cette mobilisation peut être perçue comme de
l'ingérence, ce qu'a dénoncé le président Bolsonaro. Quant aux peuples indigènes, ils
sont écartés de cette réflexion sur la propriété d'un patrimoine universel à protéger ou
le maintien d'une propriété locale ou nationale du patrimoine.
4. Une maquette du Plan Voisin pour le centre de Paris réalisée par Le Corbusier,
1925
https://www.youtube.com/watch?v=wRQ7-A_mhyk
*Le patrimoine, atout économique. Paris est une ville particulière car, à la différence
de Londres ou Berlin, elle n'a pas subi de destruction massive par incendie ou
bombardement. Les transformations haussmanniennes lui conférent un paysage
caractéristique et homogène prisé dans le monde entier. Les rives de la Seine sont
ainsi inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1991.
*Des tensions entre valorisation économique et sanctuarisation. Ce patrimoine est un
atout économique indéniable faisant de Paris la ville la plus visitée au monde. De
nombreux projets architecturaux tentent de s'appuyer sur cette histoire en repensant
l'utilisation de ce paysage patrimonialisé. Mais certains projets à forte portée
symbolique peuvent entraîner des crispations (Centre Pompidou, Pyramide du
Louvre...). D'autres projets cherchent à atténuer la brutalité de choix urbanistiques
passés comme dans le quartier Montparnasse. Ces choix cherchent toujours à stimuler
le potentiel économique et surtout commercial de Paris. Mais des riverains et
associations rejettent cette marchandisation de la ville et l'urbanisme trop moderne.
La tension est forte entre intérêts publics et intérêts privés dans un contexte où la
pression foncière n'a fait que se renforcer depuis la fin du XXe siècle.
https://www.youtube.com/watch?v=EefDYmAth3c
[...] Une initiative justifiée par l'extension du périmètre des rives de Seine classé au
Patrimoine mondial par l'UNESCO depuis 1991, et par la définition d'une "zone
tampon" autour de cette zone. [...] Ironiquement, l'argument de l'UNESCO, qui a
permis à la maire de Paris, Anne Hidalgo (PS), d'imposer la piétonnisation des berges
sur la rive droite, validée par le tribunal administratif de Paris le 25 octobre, se
retourne contre d'autres projets de la municipalité.
Mais l'UNESCO n'était pas seule à s'inquiéter. Depuis quelques mois, l'opposition
montait contre les opérations d'urbanisme lancées par la municipalité autour du
fleuve. Une association baptisée La Seine n'est pas à vendre! [...] a été créée en juin
pour tenter d'empêcher la "densification" et la "marchandisation" du fleuve et de ses
quais. [...] "La Seine est un bien commun, on n'a pas à la rentabiliser, tranche David
Belliard, président du groupe écologiste au Conseil de Paris. Elle doit être accessible
à tous et pas uniquement à des consommateurs." [...] Les opposants, eux, plaident
pour financer des ponts plutôt là où ils manquent, en dehors de Paris, et pour
aménager un parc sur l'austère place Mazas.»
Grégoire Allix, «Face à la fronde, Paris va revoir ses opérations d'aménagement sur la
Seine», Le Monde, 20 novembre 2018.
4. La polémique autour de la restauration de Notre-Dame
*L'empire du Mali. Dès 750 est fondé un puissant empire autour de la région aurifère
du fleuve Sénégal. L'empereur, «maître de l'or», jouit du monopole des pépites d'or.
Mais, au XIIe siècle, des attaques berbères venues du nord du Sahara et une grave
sécheresse due à la déforestation déstabilisent la région, qui se morcelle en plusieurs
petits royaumes. En 1235, Soundjaka Keïta devient mansa («roi des rois»). Il fonde
l'empire du Mali et une nouvelle capitale: Niani. La richesse de cet empire vient du
commerce avec les Arabes, qui amènent l'islam, et de l'or. Au XIVe siècle, l'empereur
Kankou Moussa développe de nombreuses villes au bord du Niger, telle Tombouctou,
renommée pour ses monuments.
*Un patrimoine toujours vivant. Ces empires africains déclinent au XVIIe siècle suite
à la découverte de nouvelles routes commerciales par les Européens permettant
d'éviter le Sahara. Plusieurs peuples ont prospéré dans cet espace malien comme le
peuple dogon, réputé pour sa mythologie, ses statues et ses masques de cérémonie.
De nombreuses œuvres d'art, le plus souvent conservées en Europe, témoigne encore
aujourd'hui de ce riche patrimoine historique.
https://www.youtube.com/watch?v=aXYIDiZDXuo
https://www.dailymotion.com/video/xisjpx
«[...] Une grande partie est entrée dans les collections françaises entre 1885 et 1960,
or "sur cette période, nous sommes donc indiscutablement dans le fait colonial, ce qui
suppose forcément une asymétrie structurelle dans l'acquisition", selon l'universitaire
Felwine Sarr. [...] Les chercheurs dénoncent d'ailleurs un véritable "système"
d'appropriation de l'art africain par la France: butins de guerre, vols, pillages, ou
œuvres achetées à prix bradés. L'argent qui a été versé, n'aurait jamais correspondu au
prix réel de l’œuvre. [...]
"La jeunesse africaine [doit avoir] accès en Afrique à son propre patrimoine",
dénonçait vendredi dernier l’Élysée, rappelant le souhait émis par le président
Macron, que "d'ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions
temporaires ou définitives".
[...] Stéphane Martin, président du musée du Quai Branly [...] estime que les musées,
français ou africains, "ne doivent pas être otages de l'histoire douloureuse du
colonialisme». [...] Cette crainte de vider les musées français est partagée par l'ex-
ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon. Il assure que "la mise en œuvre des
recommandations aurait pour effet de vider les collections africaines des musées
français", défendant le caractère "universel" des musées parisiens. [...]
2.
2. La destruction d'un mausolée à Tombouctou
Ces mausolées sont des monuments funéraires dédiés à des saints musulmans locaux
et qui ont été classés au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1988. En 2012, les
djihadistes les détruisent au nom d'un islam où seul le prophète Mohammed peut être
invoqué.
*Un site entre terre et mer. Fondée au Ve siècle après J.-C. Venise s'étend sur 118
îlots. Les populations locales s'y réfugièrent pour échapper aux incursions barbares.
Dans cette lagune s'est élevé l'un des plus extraordinaires espaces bâtis du Moyen
Âge. Les îlots ont été consolidés, réunis, pour former un archipel abritant une ville et
des villages de pêcheurs ou d'artisans, comme Murano. Des canaux séparent ces
différentes îles et forment les axes de circulation de cette cité sur l'eau.
Devenue une grande puissance maritime au Xe siècle, surnommée la Sérénissime,
Venise abrite des chefs-d’œuvre architecturaux influencés par différentes
civilisations, comme la basilique Saint-Marc, construite en 828 et d'inspiration
byzantine. Ses palais renferment des œuvres de grands artistes comme le Titien, le
Tintoret ou Véronèse.
*Un patrimoine unique qui attire les visiteurs. En 1987, Venise et sa lagune sont
inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO. Des millions de visiteurs sont attirés
par ces paysages uniques, ce patrimoine artistique, et les nombreux événements qui
rythment la saison touristique (carnaval, Biennale d'art contemporain, Mostra
cinématographique). Mais la ville se dépeuple, son centre historique abritant moins
de 54 000 résidents permanents contre 180 000 en 1945.
3. Des événements artistiques attractifs
(Lorenzo Quinn, Support, installation pour la Biennale, 2017, Venise.)
«Les visiteurs d'un jour exploitent sans vergogne les charmes intemporels de Venise,
se bornant aux quartiers proches de Saint-Marc [...]. Le tourisme mondial – l'Asie,
une déferlante de nouveaux pèlerins, les gondoles plébiscitées – reste le poumon
financier de Venise. Le tourisme fait vivre 30 000 personnes et rapporte à la
municipalité deux milliards d'euros par an: 65% de la population survit grâce aux
millions de touristes dont six de Français, piliers du Carnaval de février,
déguisements et costumes de folie. Il y a 400 hôtels sur la lagune et 250 restaurants
de toutes catégories. Menu de base à 19 euros, poissons surgelés en devanture. [...]
Le Costa Luminosa, un paquebot géant de 140 000 tonnes et onze ponts est passée à
très petite vitesse devant le Palais des Doges [...]. C'est le parcours rêvé, souhaité par
des dizaines de milliers de croisiéristes de tous pays qui ont payé cher pour
contempler le panorama ancestral de la cité lacustre. [...] De plus, ces croisiéristes
d'un jour, d'un week-end, d'une semaine ou plus fournissent des ressources sonnantes
et trébuchantes à l'économie de la Cité des Doges: le shopping place Saint-Marc, les
boutiques de luxe, les joailleries, les verreries de Murano, l'espace Louis-Vuitton, les
galeries d'art, les concerts, "Les Quatre Saisons de Vivaldi" plusieurs fois par semaine
jusqu'en octobre, les opéras à la Fenice, [...] les club sandwiches du Caffè Florian en
pleine restauration, et les orchestres place Saint-Marc certains soirs. Oui, il y a tant de
curiosités, d'animation, de choses à faire dans la Venise éternelle," où les pigeons
marchent et les lions volent" (Jean Cocteau).
Nicolas de Rabaudy, «Il faut sauver Venise du tourisme de masse», Slate.fr, 27 août
2017.
https://www.youtube.com/watch?v=rJprMR77u8g
3. La question de l'interdiction des navires de croisière
En juin 2019, le paquebot géant MSC Opera heurte un quai. L'accident relance la
question des dommages infligés par ces énormes navires qui contribuent à l'érosion
des fondations de la ville. Un décret de 2012 a interdit ces navires dans la lagune. En
théorie seulement, car les passages restent autorisés tant qu'aucune solution n'a été
trouvée.
«Sept cents personnes supplémentaires pour assurer le maintien de l'ordre aux abords
de la place Saint-Marc, des militaires sur les toits, des communiqués martiaux dans
les jours précédant l'événement...L'affaire avait été préparée comme une opération
militaire. [...] Le "vol de l'Ange", premier temps fort du carnaval de Venise, s'est
déroulé sans accroc. Mais si les organisateurs ont poussé un soupir de soulagement, à
la mi-journée, c'est pour une tout autre raison.
En effet, comme chaque année, l'ouverture du carnaval a été l'occasion d'un
déferlement de touristes venus du monde entier. Mais cette fois, pour contenir la
foule, les organisateurs ont tenté une expérience inédite: l'instauration d'un numerus
clausus de 20 000 personnes sur la place. Et si la démonstration des forces de l'ordre,
d'une ampleur inédite, était avant tout destinée à prévenir le risque d'attentats, elle
visait aussi à faire respecter cette mesure. Pour rendre plus difficile l'arrivée à temps
des touristes n'ayant pas dormi sur place, le "vol de l'Ange" a été avancé de quelques
heures, tandis qu'à tous les points d'entrée de la place, dès le petit matin, des stewards
munis de tablettes ont été postés pour calculer en temps réel l'affluence, et stopper les
entrées une fois atteint le chiffre fatidique. [...]
Cela n'a pas, du reste, empêché l'afflux de visiteurs. Selon les estimations de la
Commune de Venise, plus de 120 000 personnes sont arrivées en ville pour la seule
journée du 4 février. Un chiffre à ajouter aux dizaines de milliers de touristes déjà sur
place, et à mettre en rapport avec la population de la ville: en 2017, le nombre de
résidents est passée sous la barre des 54 000.»
Jérôme Gautheret, «Venise canalise la foule du carnaval», Le Monde, 9 février 2018.
Exposé: faites un exposé sur la situation de Barcelone: état des flux touristiques et de
leurs impacts positifs et négatifs, réaction des habitants, mesures envisagées par les
autorités.
Grand angle: le mur de Berlin, entre protection et développement
économique