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Izdebski Hubert. La tradition et le changement en droit : l'exemple des pays socialistes. In: Revue internationale de droit
comparé. Vol. 39 N°4, Octobre-décembre 1987. pp. 839-888;
doi : https://doi.org/10.3406/ridc.1987.2784
https://www.persee.fr/doc/ridc_0035-3337_1987_num_39_4_2784
Abstract
Tradition, whether it be national or supra national, can constitute an obstacle in the way of legal
development. But it can also be a force for change, requiring or permitting the adoption of solutions
which are more effective at a given time and in a given place than solutions which do not take tradition
into account. This dual role played by tradition is evident above all in States which have undergone a
social revolution, for example the Socialist States. This study aims first, to analyse this role from an
historical perspective and then from the point of view of the positive law of Socialist States. Secondly,
to draw more general conclusions about the different types of tradition, the modalities of their operation
and about the essential characteristics of socialist legal Systems.
R.I.D.C. 4-1987
LA TRADITION
ET LE CHANGEMENT EN DROIT
par
Hubert IZDEBSKI
Professeur à l'Université de Varsovie
(13) Sur l'histoire du droit soviétique V. Istorija gosudarstva i prava SSSR, 2e partie,
éd. O.I.'CISTJAKOV et Ju.S. KUKUSKIN, Moscou, Juridiceskaja Literatura, 1971 ;
Razvitie kodifikacii sovetskogo zakonodatel'stva, éd. S.N. BRATUS', Moscou,
Juridiceskaja Literatura, 1968 ; S. KUCHEROV, The Organs of Soviet Administration of Justice :
Their History and Operation, Leyde, E.J. Brill, 1970 ; W. MEDER, Das Sowjetrecht.
Grundzüge der Entwicklung. 1917-1970, Francfort/ Main et Berlin, A. Metzner, 1971. Sur
l'histoire de la pensée juridique soviétique : A.A. PLOTNIEKS, Stanovlenie i razvitie
marksistsko-leninskoj obscej teorii prava v SSSR. 1917-1936, Riga, Zinatnie, 1978 ;
R. SCHLESINGER, Soviet Legal Theory. Its Social Background and Developement,
Londres, Kegan Paul, Trench, Trubner & Co, 1945 ; K. STOYANOVITCH. La
philosophie du droit en U.R. S. S. (1917-1953), Paris, L.G.D.J., 1965.
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sociale »). Une radicalisation eut lieu même dans le droit de la famille
— depuis 1926 le mariage se faisait per facta concludentia, sans aucun
enregistrement de la part de l'État.
Pendant la troisième période — stalinienne — le droit soviétique
se stabilisa sur la base des codes de l'époque antérieure, mais aussi se
restructura avec l'accent mis sur la normativité du droit imposé par
l'appareil étatique (thème favori du juriste Andreï Januar'evîc Vysyn-
skiï), sur la centralisation et la concentration des décisions politiques,
administratives et économiques, ces dernières n'étant qu'une catégorie
de décisions administratives. Ce n'est qu'à cette époque que l'on
introduisit la distinction, actuellement classique dans le droit socialiste,
entre les types et les formes de la propriété à régimes particuliers : d'un
côté la propriété socialiste (étatique, coopérative) et, éventuellement,
privée, des moyens de production, de l'autre la propriété des biens de
consommation, dont la propriété personnelle. Il est bien évident que
cette distinction n'a rien de commun avec l'idée traditionnelle de la
propriété romaniste unique, admise sur le continent européen, la Russie
y compris. Très typiques du régime stalinien furent les révisions du
Code de procédure pénale faites en 1934 et 1937, privant les accusés
de crimes terroristes et contre-révolutionnaires des garanties
fondamentales et traditionnelles. « Le rôle que Staline demandait au droit de jouer
était /.../ un rôle bien précis, qui découlait directement de sa vision
étroite du monde. Les juristes et le droit étaient destinés presque
exclusivement à permettre une lutte efficace contre les ennemis de la
Révolution ; dans le domaine de la gestion économique, le droit jouait
un rôle beaucoup moins grand » (25). Cependant, le mot d'ordre de
l'affermissement du droit signifiait une approche du droit à la fois
nouvelle par rapport aux deux périodes antérieures du droit soviétique
— le droit devint quelque chose de normal, voire indispensable — et
relativement traditionnel. La traditionalité en question était très
hétérogène. On renouait avec certaines traditions nationales russes (le culte
rendu à Ivan IV le Terrible était très significatif) ; on renouait avec
l'idée positiviste, voire normativiste du droit, assurant à l'État le rôle
de créateur unique du droit, sans égard à son contenu ; dans une mesure
on « réarticulait les idéaux romanistes dormant de stabilité, formalité
et professionalisme », adaptés à la « culture juridique socialiste en
formation » (26). On revenait aussi à certaines solutions plus
traditionnel es (dont l'enregistrement formel du mariage depuis 1944) et la
restauration, par la Constitution de 1936, de la séparation des
compétences des autorités centrales sans rétablir toutefois la séparation des
pouvoirs et à certaines applications d'autrefois (dont le Conseil des
ministres et les ministres depuis 1946).
(25) J.-G. COLLIGNON, Les juristes en Union soviétique, Paris, Éd. du C.N.R.S.,
1977, pp. 14-15.
(26) V. P. BEIRNE et R. SHARLET, « Pashukanis and Socialist Legality », in
Marxism and Law, éd. P. BEIRNE et R. QUINNEY, New York, John Wiley & Sons,
1982, p. 325.
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(29) V. M. LEWIN, « Customary Law and Rural Society in the Postreform Era »,
The Making of the Soviet System. Essays in the Social History of Interwar Russia,
New York, Pantheon Books, 1985, p. 86.
(30) V. K. MALY, « The Russian Land Community — Its Specific Features and
Development (1861-1917) », Recueils de la Société Jean Bodin, t. 45, 1986, pp. 693-701.
(31) V. G. YANEY, The Urge to Mobilize. Agrarian Reform in Russia. 1861-1930,
Urbana-Chicago— Londres, Univ. of Illinois Press, 1982. pp. 526-527.
(32) V. L. NÉVAI, « Entwicklung der Zivilprocesslehre in Ungarn », Jahrbuch für
Ostrecht, t. 22, 1981, pp. 129-130 ; T. HAJDU, The Hungarian Soviet Republic, Budapest,
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(38) R. DAVID, Les grands systèmes de droit contemporains, 5e éd., Paris, Dalloz,
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(39) V. DJ. WALLER, The Government and Politics of the People's Republic of
China, 3e éd., Londres, 1981, et C. OSAKWE in M.A. GLENDON, M.W. GORDON
et C. OSAKWE, Comparative Legal Traditions. Text, Materials and Cases of the Civil
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p. 702.
(40) V. H. SLAPNICKA, « Kontinuität und Diskontinuität der Rechtsordnung in
den volskdemokratischen und sozialistischen Staaten Osteuropas. Rechtsreformen als
Ausdruck und als Instrument gesellschaftlicher Umwälzungen », in Reformen des Rechts.
Festschrift zur 200-Jahr-Feier der Rechtswissenschaftlichen Fakultät der Universität Graz,
éd. B. SUTTER, Graz, Leykam, 1979, pp. 819-833.
H. IZDEBSKI : TRADITION ET CHANGEMENT EN DROIT 855
(44) Sur l'histoire des régimes politiques des pays en question, v. F. FEJTÖ, Histoire
des démocraties populaires , t. 1-2, Paris, Ed. du Seuil, 1972 ; J. TOMASZEWSKI, Rozwôj
krajôw socjalistycznych w Europie Srodkowo-Wschodniej (do polowy lat szedziesiatych)
(Le développement des pays socialistes en Europe centrale et orientale jusqu'au milieu
des années 60), Varsovie, Éd. de l'Université, 1985.
(45) K. DZIALOCHA-J. TRZCINSKI, Zagadnienie obowiazywania konstytucji mar-
cowej w Polsce Ludowej. 1977-1952 (Le problème de la vigueur de la Constitution de
mars 1921 en Pologne populaire. 1944-1952), Wroclaw, Ossolineum, 1977, pp. 16-17.
(46) V. notre étude « Polska rewolucja » — « pokojowa rewolucja ». Ze studîow
nad terminologia polityczna pierwszych lat Polski Ludowej. (1944-1948) » (« Révolution
polonaise » — « révolution pacifique ». De la terminologie politique des premières années
de la Pologne populaire. 1944-1948), Czasopismo Prawno-Historyczne, t. 37. 1985, n° 2,
p. 304 et s.
H. IZDEBSKI : TRADITION ET CHANGEMENT EN DROIT 857
(53) V. K.H. ARNOLD, « Verständlichkeit des Rechts ohne Versieht auf Exaktheit »,
Neue Justiz, 1975, n° 1, p. 14 et s.
(54) V. W. WOLODKIEWICZ, « The Continuity of Roman Law in the Systems of
the Civil Law in Socialist Countries », in Estudios in onore Juan Iglesias, Madrid (sous
presse). Une traditionnalité substantielle du Code est-allemand est relevée par G. CRESPI
REGHIZZI, G. de NOVA et R. SACCO, « II Zivilgesetzubch délia RDT », Rivista
Italiana di Diritto Civile, 1976, n° 1, p. 74 et s. v. également K. WESTEN —
J. SCHLEIDER, Zivilrecht im Systemvergleich. Das Zivilrecht der Deutschen
Demokratischen Republik und der Bundesrepublik Deutschland, Berlin, Kommission bei Nomos
Verlagsges, 1984 (Osteuropa-Inst. Freien-Univ., Berlin, Rechtswissensch.,, t. 13).
(55) J. DEPREZ, compte rendu du livre L'obligation alimentaire. Etude de droit
interne comparé, Paris, Éd. du C.N.R.S. 1984, cette Revue, 1985, n° 4, p. 1102.
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C'est aussi un retour à la tradition qui avait continué pendant les deux
premières années d'existence de la Diète constituante (1947-1952). Dans
les années 1956-1980 les sessions de la Diète polonaise étaient également
celles qui duraient le plus longtemps parmi les parlements socialistes (74).
En Pologne, comme en R.D.A., la loi est adoptée après plusieurs
lectures ce qui découle aussi de la tradition, mais en Pologne depuis
1980 on met l'accent sur la primauté pratique, et pas seulement formelle,
de la loi au sein du système des actes normatifs.
Pour compléter le panorama des différences régionales et nationales,
issues de la tradition, dans le domaine du droit constitutionnel, il
conviendrait de relever une attitude très différenciée à l'égard des
symboles de l'État : les armoiries et les drapeaux nationaux. Très peu
nombreux sont les pays qui n'adoptèrent pas, à l'instar de l'U.R.S.S.,
des armoiries nouvelles, exprimant l'idée du travail productif et gardèrent
leurs armoiries traditionnelles. Il est normal que l'on y ajoute certains
éléments socialistes, et notamment l'étoile rouge (Albanie, Bulgarie,
Tchécoslovaquie). La Pologne reste ainsi le seul pays où l'on a rien
ajouté rien aux armoiries traditionnelles bien qu'il y ait eu un changement
par rapport aux armoiries d'avant la guerre — on a enlevé la couronne
de la tête de l'aigle blanc traditionnel. Les drapeaux nationaux n'ont
été gardés qu'en Pologne, Tchécoslovaquie et Hongrie — trois pays
situés en Europe centrale, le quatrième pays de la région, à savoir la
R.D.A., ayant dû ajouter au drapeau traditionnel allemand des armoiries
nouvelles afin de faire la différence avec le drapeau de la R.F.A.
L'impact des traditions — tant continues que retrouvées — n'est
pas propre uniquement au droit constitutionnel. Il se fait sentir aussi
dans le domaine du droit administratif. Les réformes de la division
administrative firent généralement disparaître les circonscriptions plus
ou moins traditionnelles, mais en Hongrie on conserve toujours une
très ancienne circonscription et collectivité locale, datant d'il y a mille
ans, à savoir le comitate (comté).
Ce qui distingue le droit administratif du droit constitutionnel c'est
la difficulté insurmontable à opérer une classification entre les pays
d'Europe centrale et des Balkans. La Tchécoslovaquie et la R.D.A.
d'un côté et l'Albanie de l'autre rejettent toujours l'idée, traditionnelle
dans le cadre des institutions européennes, des droits subjectifs de
l'individu à l'égard de l'administration d'État, et elles ne connaissent
pas depuis longtemps le contrôle juridictionnel des actes administratifs.
Cela faisait partie de l'orthodoxie juridique du stalinisme. Un tel
contrôle, exercé par les tribunaux judiciaires, est cependant prévu par
la nouvelle Constitution soviétique, et la présentation du projet d'une
loi d'application vient d'être annoncée comme élément du programme
de la création des fondements juridiques de la « restructuration » (75).
celui-ci, que sa décision ait été manifestement contraire aux faits connus
ou qu'il y ait eu un vice de procédure au détriment du requérant. Le
Tribunal contrôlait ainsi l'exercice du pouvoir discrétionnaire, et le
faisait largement, mais son contrôle était limité.
Par contre, la loi de 1980 ne fait aucune mention des décisions
discrétionnaires. A l'origine, l'interprétation de ce fait par la Haute
Cour administrative n'était pas uniforme. Parfois, on raisonnait comme
si les textes d'avant guerre étaient toujours en vigueur et on s'exprimait
de la même manière que l'avait fait le Tribunal. Parfois, on mettait en
relief qu'il n'y avait plus d'exclusion du contrôle juridictionnel des
décisions discrétionnaires. C'est la deuxième interprétation, appuyée par
la Cour suprême, qui domine actuellement — en dépit de l'opposition
du Procureur général qui avait voulu convaincre la Cour suprême de
l'inadmissibilité absolue des recours contre les décisions discrétionnaires.
Le Procureur général avançait l'argument que le Tribunal administratif
suprême n'avait jamais contrôlé la légalité des décisions discrétionnaires.
Il arrive ainsi qu'il existe une collision entre deux interprétations de la
même tradition.
La jurisprudence précitée de la Haute Cour administrative montre
que l'impact de la tradition peut n'avoir rien de commun avec la
continuité, même indirecte. Par contraste avec la Cour suprême, la
Haute Cour administrative n'est ni formellement, ni sociologiquement
la continuité du Tribunal administratif suprême. Le droit administratif
ayant tant changé au cours des quarante dernières années, la Cour
devait dès le commencement appliquer un droit complètement différent
de celui du Tribunal. La jurisprudence du Tribunal, pour maintes
raisons, ne fut jamais citée, à l'opposé de la jurisprudence pénale, civile
ou de droit coopératif, dans la pratique juridique polonaise avant 1980 ;
les juges de la Haute Cour étaient trop jeunes pour avoir pu la connaître.
La jurisprudence du Tribunal administratif suprême qui revit dans la
jurisprudence de la Haute Cour administrative ne peut être ainsi qualifiée
ni de tradition continue, ni de tradition revenue ou retenue. Elle paraît
l'exemple d'un autre type de tradition — la tradition retrouvée, à
laquelle on recourt quand des circonstances nouvelles posent des
problèmes juridiques impossibles à résoudre sans recours à la tradition,
et que ni la tradition continue, ni la tradition retenue ne fournissent de
solution satisfaisante.
L'institution de la Haute Cour administrative n'était pas le seul
exemple d'un recours à la tradition nationale lors des réformes de
l'administration polonaise, introduites dans les années 70 et 80. Le
remplacement, résultant des réformes de 1972-1975, des presidiums
collégiaux (homologues des comités exécutifs de soviets) par les autorités
unipersonnelles de l'administration locale rapprocha l'organisation
administrative de celle des années 1944/45-1950 où l'administration «
gouvernementale » de l'ancien type avait coexisté avec les conseils populaires.
En 1982 on restaura les « chambres du Trésor » en tant qu'autorités
spécialisées de l'administration fiscale ; ces chambres avaient existé avant
la guerre et jusqu'en 1950. La loi du 16 septembre 1982 sur les employés
de l'administration d'État s'inspire de certaines solutions de la loi du
H. IZDEBSKI : TRADITION ET CHANGEMENT EN DROIT 875
civil socialiste de 1950 qui traitait aussi, d'une manière très générale,
des « contrats économiques », mais renvoyait la réglementation des
rapports entre les unités de l'économie socialiste à la loi spéciale. La
loi — sur les contrats économiques et l'arbitrage d'État — que l'on
promulgua, devint la source principale du droit économique, le Code
civil ne s'appliquant que comme source supplétive. La codification
distincte du droit économique ayant été prévue par la Constitution de
1960, fut achevée en 1964, avec la nouvelle codification du droit civil.
Certains auteurs expliquent la séparation du droit économique en
Tchécoslovaquie par le fait que le Code civil de 1950 — nécessaire pour
éliminer la diversité du droit civil (l'A.B.G.B. sur le territoire tchèque
et le droit d'origine hongroise en Slovaquie) — parut trop tôt pour que
l'on ait pu y réglementer les rapports propres à l'économie socialisée (85).
Il fallut recourir à la législation particulière qui devenait tradition
juridique du pays. Toutefois, la Bulgarie codifia — toujours partiellement
— son droit civil presqu'en même temps, et en Pologne on promulgua
également en 1950 la loi sur les dispositions générales du droit civil (en
gardant le Code des obligations de 1933 et le Code de commerce de
1934). Les deux pays n'abandonnèrent pas l'unité du droit civil, la
Bulgarie dans ses lois civiles, la Pologne dans son Code civil de 1964,
adopté simultanément aux deux Codes tchécoslovaques. Les raisons
de la séparation du droit économique, devenant tradition juridique
tchécoslovaque, paraissent ainsi complexes. Il faut surtout mentionner
une tradition consistant à appliquer durant plusieurs décennies le modèle
administratif de la gestion de l'économie nationale. Le caractère des
cours d'arbitrage en Tchécoslovaquie en est la preuve.
La même explication, à savoir le besoin d'aller au-delà du Code
civil de 1896 pour réglementer les rapports entre les unités de l'économie
socialiste, et sa transformation en tradition, ajoutée aux réminiscences
de la République de Weimar, est donnée quant à la séparation du droit
économique en R.D.A., et il est évident que la R.D.A. est également
attachée à la gestion de type administratif.
L'analyse des modèles nationaux, devenant tradition, de la gestion
de l'économie nationale montre aussi qu'il existe, au moins en Europe,
certains groupes qui se situent entre les deux pôles. D'un côté ce sont
les modèles orientés dans une large mesure sur le marché (Yougoslavie,
Hongrie et, avec bien des réserves, Pologne) où le Plan n'est obligatoire
que pour les autorités d'État dotées des attributions typiques du droit
public afin d'influer sur les sujets économiques autonomes. D'un autre
côté, il existe des modèles administratifs (Tchécoslovaquie, R.D.A. et,
dans différentes conditions, Albanie).
Les nouvelles traditions nationales peuvent continuer, mais elles
peuvent aussi s'interrompre. Dans le dernier cas, on revient parfois à
certaines traditions abandonnées. La perestroïka soviétique est un retour
à certaines traditions de la N.E.P., abandonnées dans les années 30.
(85) G. EÖRSI, Comparative Civil (Private) Law. Law Types, Law Groups, the
Roads of Legal Development, Budapest, Akadémiai Kiadö, 1979, pp. 214-215.
878 REVUE INTERNATIONALE DE DROIT COMPARÉ 4-1987
(87) J. EVANS, Medieval France, Oxford, 1925, p. 130, rappelé par J. BARZUN,
Clio and the Doctors. Psycho-history, Quanto-history and History, Chicago, The Univ.
of. Chicago Press, 1974, p. 125.
(88) I. ANDREJEW, Le droit pénal comparé des pays socialistes, Paris, Pedone,
1981, p. 59.
(89) V. F.H. LAWSON, « Legal Orthodoxy », in Selected Essays, t. 1, Many Laws,
Amsterdam-New York-Oxford, North-Holland Publ. Co, 1977, p. 64 et s.
880 REVUE INTERNATIONALE DE DROIT COMPARÉ 4-1987
(99) V. notre étude « Les sources du droit dans les pays socialistes européens.
(Histoire, théorie, pratique) », cette Revue, 1986, n° 1, p. 34 et s., 45 et s.
H. IZDEBSKI : TRADITION ET CHANGEMENT EN DROIT 885
(100) V. notre étude « L'évolution des droits des citoyens en Pologne populaire.
(1944-1980) », cette Revue, 1981. n° 4. p. 1006.
(101) V. G. EÖRSI. op. cit., p. 82 et s.
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