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Domaine : THEORIE GENERALE DE L’ETAT
Nombre d’heures : 60H (cours et TD)
Semestre 1
Nombre de crédits ou ECTS Programme International
Responsable du cours : Pr Alexis ESSONO OVONO
Niveau : Licence 1
Filière :
Année : 2020/2021
Ce cours est une introduction générale au droit constitutionnel et à la Théorie de l’Etat. Il permet aux
étudiants d’une part de comprendre ce qu’est le droit constitutionnel, son contexte d’apparition ainsi que les
évolutions qu’il a subies au cours du XXème siècle, d’autre part de mieux comprendre la notion d’Etat (ses
éléments constitutifs, ses caractères juridiques, son origine et ses différentes formes etc.). Il s’attache
particulièrement à définir cette forme d’Etat apparue au lendemain de la seconde guerre mondiale, qu’on
appelle l’Etat de droit en examinant ses conditions (encadrement juridique du pouvoir politique, contrôle
juridique du pouvoir, etc.).
Ce cours vise ainsi à permettre à l’étudiant d’avoir une vue d’ensemble du phénomène étatique, sa
définition et d’en percevoir la raison d’être, d’expliciter les principales réalités juridiques. Il doit aussi
favoriser l’acquisition par l’étudiant de la méthodologie des exercices juridiques en même temps que les
exigences de rigueur et de précision nécessaires à l’acquisition des connaissances en droit.
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Prérequis à satisfaire avant de suivre ce cours :
Aucun
CONTENU DU COURS
V. Méthodes Pédagogiques
Ce cours est dispensé sous forme d’enseignements magistraux. Mais des échanges entre l’enseignant et
les étudiants sont possibles.
Le cours polycopié
Annexée au cours
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COURS DE THEORIE GENERALE DE L’ETAT
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Introduction générale
Le droit constitutionnel n’a pas toujours existé. Il n’existait pas à une époque où
les humains s’en remettaient à la volonté des dieux pour régler la question politique.
Le terme droit constitutionnel, comme le terme droit lui-même, est ambigu car il
a été employé dans trois sens différents.
D’abord, il a désigné une prérogative, une faculté qui appartient à une personne,
à une collectivité, en vertu de la Constitution. Ainsi la liberté de religion, le droit de
propriété sont des « droits constitutionnels ».
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Ensuite, le terme « droit constitutionnel » a désigné l’ensemble des règles de
droit se rattachant à la Constitution d’un pays. On parle du droit constitutionnel de la
Provence », c’est-à-dire les règles qui forment, avant la Révolution, la Constitution de la
Provence.
Il ressort de ces indications que le XVIIIe siècle, le siècle des lumières, est
l’époque d’émergence du droit constitutionnel. Celui-ci a eu principalement pour objet
l’étude des premières constitutions écrites de l(ère moderne : celles qui ont été rédigées
aux Etats-Unis en 1787 et en France après la Révolution.
Cette discipline connaîtra par la suite une histoire mouvementée. En s’en tenant
à l’histoire du XXè siècle, c’est cette évolution de la discipline qu’il convient maintenant
de décrire.
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Etudier le droit avant la seconde guerre mondiale dans les pays européens, ne
faisait à aucun moment appel à la jurisprudence, c’est-à-dire aux décisions des
tribunaux et des cours.
Pendant longtemps, l’histoire des pays européens comme la France a été dominé
par le principe de la souveraineté parlementaire. Ce principe, qui découle de l’article 6
de la DDHC de 1789 selon lequel la loi est l’expression de la volonté générale,
impliquait que la loi votée par le Parlement était la norme la plus élevée dans l’ordre
juridique : son domaine est illimité et son contenu est incontestable devant un juge.
C’est ce qu’on a appelé l’Etat légal ou le légicentrisme.
D’un point de vue doctrinal, les auteurs durant cette époque semblent
s’accommoder de ce dogme rousseauiste de la loi expression de la volonté générale.
C’est le cas de CARRE de MALBERG, à travers son ouvrage au titre évocateur, « La loi,
expression de la volonté générale ». La doctrine constitutionnelle classique attribue une
place limitée au juge. Ce refus du juge constitue un des aspects du droit
constitutionnel classique.
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ce que L. FAVOREU a appelé le politico- centrisme, c’est-à-dire la croyance selon
laquelle les phénomènes constitutionnels ne sauraient être appréhendés que d’un
point de vue politiste.
L’objectif sera d’orienter l’étude du droit constitutionnel vers une approche plus
sociologique et de l’éloigner d’une approche strictement juridique. Comme l’écrit M.
DUVERGER, dans la cinquième édition de son manuel de Droit constitutionnel et de
science politique publié aux Presses universitaires de France en 1948, « la première
différence qui se manifeste dans cette nouvelle édition consiste dans une tendance à
insister sur l’aspect politique des problèmes constitutionnels (sans négliger
aucunement leur aspect juridique) et surtout l’envisager sous l’angle scientifique ».
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D’abord, la fin du mythe rousseauiste de la loi expression de la volonté générale.
Les atrocités commises par le nazisme et le fascisme ont montré que la loi pouvait
porter atteinte aux droits fondamentaux. Il convient dès lors de protéger les citoyens
contre les abus possibles du pouvoir législatif. A l’Etat légal a succédé l’Etat de droit.
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de M. PRELOT. En quelque sorte, il s’agissait de vérifier que les institutions avaient été
démocratiquement mises en place et que la désignation des représentants du peuple
s’était faite dans des conditions démocratiques. D’où l’importance que le droit
constitutionnel classique accorde aux partis politiques, aux systèmes électoraux et aux
rapports entre les pouvoirs publics (parlement, gouvernement).
Dans la plupart des Etats aujourd’hui, l’étude des droits fondamentaux et leur
interprétation par le juge constitutionnel fait partie du droit constitutionnel. C’est la
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traduction d’une nouvelle conception de la démocratie qui n’est plus seulement un
mode de transmission du pouvoir mais qui est surtout un mode d’exercice du pouvoir
respectueux des droits des individus. C’est l’idée d’Etat de droit qui domine le droit
constitutionnel contemporain. Toutes les institutions, y compris le parlement, sont
soumises au respect des règles de droit et notamment à celles qui protègent les droits
fondamentaux. C’est ce modèle que la plupart des pays dans le monde ont adopté et
que les pays africains, comme le Gabon, se réclamant de l’Etat de droit, essaient
difficilement d’imiter.
Cette sanction est appliquée par le juge constitutionnel. Il faut entendre par juge
constitutionnel un juge dont l’existence, la composition, les attributions et les
garanties sont définies par la constitution.
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Le Doyen G. VEDEL écrivait en 1990 que les constitutionnalistes n’ont aucune
réticence aujourd’hui à considérer le droit constitutionnel comme un droit et à se
comporter en juristes. Ces propos qui apparaissaient, il y quelques années encore,
comme une incongruité, sont aujourd’hui un truisme, une évidence : le droit
constitutionnel est un système de normes. Le droit constitutionnel n’est plus, de nos
jours, le champ clos des forces politiques mais une authentique discipline juridique.
Autrement dit, les phénomènes politiques peuvent être abordés en termes juridiques.
Cela ne signifie évidemment pas que les phénomènes politiques ne sont pas redevables
d’autres mises en perspectives ; cela souligne la spécificité de l’approche juridique.
En effet, le droit constitutionnel est une science normative qui a pour objet les
normes juridiques.
Les normes et les propositions ont des propriétés différentes. Les propositions
sont susceptibles d’être vraies ou fausses, les normes non ; elles sont valides ou non.
Dire qu’une norme est valide signifie qu’elle est en vigueur et qu’on doit se comporter
conformément à ce qu’elle prescrit.
Selon H. KELSEN, les normes du système juridique ne sont pas toutes situées
au même niveau ; elles sont stratifiées ; elles sont hiérarchisées selon une structure
pyramidale, chaque norme trouve le fondement de sa validité dans la norme supérieure
et en dernière instance dans la constitution qui est la norme supérieure. Cette dernière
trouve elle-même son fondement dans une norme hypothétique, une norme
fondamentale (grundnorm) qui clôture le système juridique.
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PLAN DU COURS
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CHAPITRE PRELIMINAIRE : L’INSTITUTIONNALISATION DU POUVOIR POLITIQUE :
L’ETAT
Le terme pouvoir vient du latin potestas qui signifie capacité d’agir. Le pouvoir
est une relation qui se caractérise par la mobilisation des ressources pour obtenir d’un
tiers qu’il adopte un comportement auquel il ne se serait pas résolu en dehors de cette
relation.
Le pouvoir politique est celui qui s’exerce dans une société politique. Ce pouvoir
politique a pris historiquement plusieurs formes. Dans les sociétés archaïques, ce
pouvoir est diffus dans la masse des individus soumis au conformisme qu’imposent les
coutumes. Puis, à un stade plus évolué le pouvoir politique s’est incarné dans la
personne physique de celui qui l’exerçait. Enfin, au terme d’un long processus
historique, le pouvoir politique a été institutionnalisé c’est-à-dire qu’il a été détaché de
la personne physique de celui qui l’exerce pour être attaché à une entité abstraite,
l’Etat. L’Etat est donc le pouvoir institutionnalisé. C’est aujourd’hui la forme normale
d’organisation des sociétés politiques. Il fournit le cadre à l’intérieur duquel naissent
les phénomènes étudiés par le droit constitutionnel. Il convient de s’interroger sur la
notion avant de situer l’origine et décrire les formes juridiques de l’Etat.
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des différents groupes sociaux sont appelés les « Etats » : Etats provinciaux si tous les
membres viennent de la même province ; Etats généraux, si le Roi réunit des clercs,
des nobles et des roturiers du royaume.
I - La population ou la nation
A – La définition de la nation
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Deux conceptions ont été développées au XIX ème siècle concernant
l’importance respective des facteurs à l’origine de la nation, une conception objective et
une conception subjective.
La conception subjective qui est présentée en France par des auteurs comme
MICHELET (historien français 1798-1874), RENAN (écrivain et historien français,
1823-1892), FUSTEL de COULANGES (historien français 1830-1889) considère que la
nation se forme sous l’influence de facteurs divers. Sans doute, il convient de prendre
en considération des éléments objectifs, mais pour intéressants qu’ils soient on doit
comprendre que la nation relève plus de l’esprit que de la chair. Le facteur le plus
important d’où procède la communauté nationale est la représentation que les
individus qui la composent ses font du but social à atteindre. La nation trouve son
origine dans un sentiment de solidarité qui unit les individus par leur volonté de vivre
ensemble (RENAN qui fut l’un des chantres de l’idée nationale disait que la nation,
c’est le vouloir- vivre collectif). Ce sentiment de solidarité donne aux nationaux le
sentiment qu’ils sont différents des autres individus composant d’autres nations. Mais
dans la plupart des pays occidentaux on constate cependant une montée du
communautarisme c’est-à-dire un repli identitaire sur des groupes d’appartenance
plus étroits, à l’égard du vouloir- vivre collectif.
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Dans le passé, la nation précédait l’Etat qui était le résultat d’un processus
historique de son développement. En effet, l’Etat apparaissait en dernier lieu pour
centraliser politiquement et juridiquement la nation. Ce fut le cas de la France mais
aussi de beaucoup d’Etats européens. Dans cette perspective où la nation est
antérieure à l’Etat, la question qui se pose est celle de savoir si toute nation a-t-elle
droit à un Etat ? Le droit international public a répondu positivement à cette question
d’abord à travers le principe des nationalités, puis au lendemain de la seconde guerre
mondiale, à travers le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
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b) – La nation écartelée
Pour des raisons qui tiennent à l’histoire, une nation peut être partagée entre
plusieurs Etats. Ce fut le cas pendant longtemps de la nation allemande jusqu’en 1989
qui se trouvait ; c’est encore le cas aujourd’hui de la nation kurde que l’on retrouve
dans plusieurs Etats (Irak, Iran, Turquie, ex-Urss).
Un Etat peut être constitué par plusieurs nations. On parle alors d’Etats
multinationaux. C’est le cas par exemple des USA ou de la Suisse. Le problème est
alors de savoir si un alliage se formera entre des nations que l’histoire a placé sous un
même pouvoir donnant naissance à une nouvelle nation.
II- Le territoire
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Le territoire est ensuite une condition de l’indépendance de l’Etat. En effet, le
territoire constitue le cadre de compétence des organes de l’Etat. Tous les individus se
trouvant sur le territoire national sont soumis à la règlementation qu’il édicte.
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Les frontières terrestres sont conçues sous forme linéaire et présenter des
particularités : être fractionné (comme les E-U avec l’Alaska, la France avec les DOM
TOM), enclavé entièrement (Lesotho, Saint-siège) ou partiellement (cas de Berlin ouest
avant réunification de l’Allemagne), étriqué (Monaco a 2,5 m2).
Les frontières terrestres sont naturelles ou artificielles fixées par des techniciens
en application d’accords internationaux.
Les frontières maritimes s’étendent à partir des eaux intérieures non seulement
sur la mer territoriale (douze milles marins ou nautiques à partir des eaux intérieures ;
un mille marin =1852 m) mais aussi sur la zone économiques exclusive (188 milles
marins au-delà de la mer territoriale ; soit 200 milles marins). Au-delà, c’est la haute
mer ouverte à tous les Etats.
En effet, s’il n y a pas dans les relations entre gouvernants et gouvernés une confiance,
l’autorité court le risque d’être contestée.
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Max WEBER a distingué trois formes de légitimité du pouvoir : la légitimité
traditionnelle fondée sur les coutumes immémoriales ; la légitimité charismatique qui
s’appuie sur les charismes, les qualités personnelles de celui qui exerce le pouvoir et
enfin la légitimité légale- rationnelle, caractéristique de l’Etat moderne dont les organes
sont investis par la loi.
I - La personnalité juridique
L’Etat est une personne juridique. Il n’a pas d’existence concrète ou physique. Il
a en revanche une existence juridique, c’est-à-dire qu’il est un être juridique auquel il
est possible d’imputer les effets de droit découlant de l’activité de ceux qui ont pour
fonction de le représenter. La personnalité juridique est le résultat de
l’institutionnalisation du pouvoir. Celle-ci peut être définie comme l’acte par lequel le
pouvoir est détaché de la personne physique des gouvernants pour être rattaché à
l’Etat.
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En tant que personne juridique ou morale, l’Etat n’est que le résultat de cette
évolution historique ; l’Etat est le pouvoir institutionnalisé.
II - La souveraineté
C’est Jean BODIN qui est le grand théoricien de la souveraineté, qui dans les Six
livres de la République (1576) a mis en avant ce caractère essentiel de l’Etat : « La
première marque du principe souverain, c’est la puissance de donner loi à tous en
général, et à chacun en particulier (…) sans le consentement du plus grand, ni de
pareil, ni de moindre que soi » (Chapitre X). Donner loi mais aussi le cas échéant, la
reprendre et l’annuler. Sous cette puissance de donner et de casser la loi sont compris
les autres attributs de la souveraineté : faire la paix ou la guerre, rendre justice,
octroyer grâce aux condamnés etc.
-elle est perpétuelle, elle n’est pas limitée dans le temps. On dira aujourd’hui qu’elle est
imprescriptible.
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Si la souveraineté a le grand mérite de bien faire comprendre ce qu’il y a, dans
l’Etat, d’irréductible aux autres groupements et collectivités, elle a cependant le tort
d’adopter une formulation trop systématique et trop tranchée, inacceptable
aujourd’hui parce qu’elle ne rend pas compte de toute la réalité. Notamment, elle n’est
guère compatible avec les limitations dont les compétences de l’Etat peuvent faire
l’objet et qui tendent à devenir de plus en plus nombreuses. C’est ainsi qu’elle ne
permet pas d’expliquer la subordination de l’Etat aux règles du droit international
public ou aux normes garantissant les droits de l’Homme.
L’Etat est le fruit de l’histoire. Il n’a pas toujours existé. Il n’existait pas, par
exemple, dans l’antiquité grecque ou romaine. Comment est-il donc né ? Deux grandes
théories ont tenté d’expliquer cette origine de l’Etat : il s’agit de la théorie de l’origine
contractuelle et celle de l’origine naturelle.
Cette théorie a été développée au moyen âge avec des auteurs comme
ALTHUSSIUS mais surtout au XVII ème et au XVIII ème siècle avec HOBBES
(Léviathan,1651), LOCKE (Essai sur le gouvernement civil,1690) et ROUSSEAU (Du
contrat social, 1762). Pour ces auteurs et particulièrement pour ROUSSEAU, les
hommes se trouvent à l’origine dans un état de nature où ils sont indépendants de
tout lien social. La vie en société procède d’un contrat conclu entre les individus à un
moment donné.
En effet, les hommes ont compris l’utilité qu’il pouvait y avoir à mettre en
commun certains intérêts ; ils ont renoncé à leur liberté originelle en concluant un
contrat social.
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L’Etat est donc l’association politique formée par les cocontractants. La
souveraineté est la volonté générale des participants au contrat social et les libertés
individuelles sont les libertés naturelles qui n’ont pas été aliénées par le contrat.
Cette théorie qui a eu un grand succès est cependant critiquable sur plusieurs
points.
Pour d’autres auteurs, l’Etat n’est pas le résultat d’un contrat entre les
individus ; il est l’aboutissement d’un processus naturel. Il procède d’une nécessité
inhérente à la nature humaine. L’Etat est le produit de forces qui dépassent la volonté
humaine.
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Celui-ci ne procède donc pas d’un contrat social.
En laissant de côté les formes surannées telles les unions d’Etats (association de
deux ou plusieurs Etats gouvernés par un même souverain et qui comprennent les
unions personnelles et les unions réelles), il existe aujourd’hui trois formes
d’organisation étatique : l’Etat unitaire, l’Etat fédéral et l’Etat régional.
L’Etat unitaire est celui dans lequel il n’existe qu’un seul centre d’impulsion
politique et gouvernemental. Le pouvoir politique, dans la totalité de ses attributs et de
ses fonctions, y relève d’un titulaire unique qui est la personne juridique Etat. Tous les
individus placés sous la souveraineté de celui-ci obéissent à une seule et même
autorité, vivent sous le même régime constitutionnel et sont régis par les mêmes lois.
Le Gabon, la France sont des Etats unitaires.
Il existe cependant des différences importantes entre les Etats unitaires : les uns
sont dits centralisés, les autres décentralisés. Dans les Etats unitaires centralisés,
toutes les normes sont prises par des autorités nationales, dites aussi centrales. Dans
les Etats unitaires décentralisés, les normes locales sont prises par des autorités élues.
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La décentralisation quant à elle est liée à l’idéal démocratique. Elle permet aux
collectivités de gérer elles-mêmes leurs affaires. C’est pourquoi on parle dans ce cas
d’autonomie administrative.
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L’Etat fédéral ou fédération se définit comme une union d’Etats au sens du droit
interne dans laquelle un super Etat (l’Etat fédéral) vient s’ajouter et se superposer à
d’autres Etats (les Etats fédérés). Ces derniers peuvent d’ailleurs revêtir des
appellations diverses (landers, cantons, provinces ou simplement Etats fédérés). La
fédération doit être distinguée de la confédération qui est une association d’Etats au
sens du droit international public dans laquelle plusieurs Etats souverains décident,
par le biais d’un traité international, d’exercer en commun certaines compétences.
On observe cependant que, dans la plupart des cas, les institutions des
collectivités fédérées sont calquées sur celles de l’Etat fédéral. C’est ainsi qu’aux Etats-
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Unis, les Etats fédérés ont adopté le régime présidentiel pratiqué au niveau fédéral
avec un exécutif représenté par un gouverneur élu et parlement bicaméral (sauf au
Nebraska). C’est aussi le cas en Allemagne où les lander connaissent le régime
parlementaire avec un chef de gouvernement, le Ministre- président et un parlement
monocaméral. Enfin, au Canada aussi, c’est le régime parlementaire fonctionnant au
niveau fédéral qui a été repris par les provinces avec un Premier ministre disposant
d’une majorité au Parlement (monocaméral).
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Au Canada, en revanche, la compétence de droit commun appartient à la
fédération et les provinces ne disposent que d’une compétence d’attribution.
II - Le principe de participation
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Les collectivités fédérées participent au pouvoir constituant au niveau fédéral.
En effet, la révision de la constitution fédérale exige l’assentiment des Etats fédérés.
Ainsi aux Etats-Unis, les deux procédures de révision prévues par l’article 5 de
la constitution fédérale requièrent à chaque fois l’accord des Etats fédérés (soit les 2/3
des membres des deux chambres du Congrès proposent des amendements qui doivent
être ratifiés par les corps législatifs ou les conventions dans 3/4 des Etats ; soit les
corps législatifs des 2/3 des Etats demandent la tenue d’une convention pour
proposer des amendements qui doivent être ratifiés par les conventions formées par les
¾ d’entre eux.)
La participation des Etats fédérés au pouvoir législatif fédéral est directe. Elle se
réalise grâce à une seconde chambre parlementaire où siègent les représentants des
Etats fédérés (Sénat, Bundesrat). C’est donc dire que le bicaméralisme est inhérent à
l’Etat fédéral.
L’Etat régional encore appelé Etat autonomique ou Etat des autonomies, est
selon l’heureuse expression de C. BIDEGARAY, à la fois un Etat intermédiaire entre
l’Etat unitaire décentralisé et l’Etat fédéral, et un Etat transitoire, dans la mesure où il
est parfois une étape dans l’évolution vers l’Etat fédéral.
I – Un Etat intermédiaire
L’Etat régional correspond à la prise en compte par l’Etat central des identités
territorialisées, qu’elles soient ethniques, linguistiques ou religieuses. Cette forme
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d’Etat a été dégagée par la doctrine en observant certains Etats comme l’Espagne,
l’Italie, le Portugal et la Grande-Bretagne depuis les lois de dévolution adoptée par le
gouvernement travaillistes de BLAIR en 1997 et en 1998 (avec la création d’un
parlement écossais notamment). Il se caractérise par une reconnaissance dune
autonomie politique au profit des collectivités infra- étatiques ou régions, c’est-à-dire
d’un pouvoir législatif consacré par la constitution et protégé par le juge
constitutionnel (Espagne, Italie). En cela, l’Etat régional se rapproche de l’Etat fédéral.
L’article 149-3 contient une clause résiduelle selon laquelle les matières non
expressément dévolues à l’Etat, peuvent être exercées par les communautés, si elles les
revendiquent.
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Toutefois, à la différence de l’Etat fédéral, l’Etat régional reste unitaire. C’est ce
qu’affirment l’article 2 de la constitution espagnole ou l’article 5 de la constitution
italienne qui posent le principe de l’indivisibilité de l’Etat. Cette unicité se traduit par
l’absence d’un double pouvoir constituant (les collectivités régionales n’ont pas de
constitution) et un pouvoir d’auto -organisation encadré par l’Etat.
II – Un Etat transitoire
L’Etat régional est discuté aujourd’hui dans la doctrine en tant que modèle
théorique ou forme nouvelle d’Etat, à côté de l’Etat unitaire et de l’Etat fédéral. Pour
certains auteurs, il apparaît plutôt comme une forme transitoire, une étape dans
l’évolution vers le fédéralisme. C’est ce montre l’exemple de la Belgique qui après avoir
été un Etat régional, a évolué vers la forme fédérale à l’occasion de la révision
constitutionnelle de 1993.
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CHAPITRE 1 : L’ENCADREMENT JURIDIQUE DU POUVOIR : LA CONSTITUTION
Dès lors qu’un Etat existe, il se trouve doté, comme toute personne morale, d’un
statut juridique, c’est-à-dire d’une constitution destinée à encadrer le pouvoir. La
constitution de l’Etat a, dès sa création, un double sens : d’une part, elle caractérise le
statut des gouvernants, en déterminant leurs compétences, d’autre part, elle fixe le
statut des gouvernés, dans la mesure où elle marque les limites à l’action des
gouvernants afin de protéger les droits fondamentaux des citoyens. M. HAURIOU
distinguait ainsi une constitution politique et une constitution sociale.
Une définition matérielle prend le contenu comme objet. Elle s’attache à l’objet,
à la matière, au fond.
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Mais ces définitions présentent un triple inconvénient : elles sont subjectives,
circulaires et juridiquement insaisissables. Elles demeurent subjectives parce que
chaque lecteur peut interpréter à sa convenance ce qu’il juge important. Elles sont
circulaires parce qu’elles renvoient à des concepts qui sont à leur tour définis grâce à
la notion de constitution (les pouvoirs publics sont les organes institués par la
constitution). Elles sont juridiquement insaisissables parce que « pouvoirs publics »,
« institutions », et même « libertés des citoyens » n’ont pas fait l’objet d’une définition
juridique précise ; ce sont des notions qui renvoient à des intuitions vagues et
subjectives.
Cet ensemble de normes existe nécessairement dans tout ordre juridique. Sans lui,
par hypothèse, aucune norme générale et abstraite ne saurait exister.
La définition ici proposée est objective et précise. Pour toute norme d’un ordre
juridique donné, on peut en effet se demander s’il concerne la production de normes
générales et abstraites.
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Une telle définition formelle de la constitution doit s’attacher exclusivement à la
forme, c’est-à-dire au processus d’élaboration et exclure toute considération relative au
contenu des normes en question.
Les constitutions ne sont pas des tentes dressées pour le sommeil. Elles sont
matière vivante : elles naissent, vivent, disparaissent, subissent les déformations de la
vie politique, sont l’objet de révisions plus ou moins importantes, et peuvent
disparaître. On étudiera successivement l’élaboration (paragraphe 1) et la révision de
la constitution (paragraphe 2).
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Celui-ci peut se produire en diverses circonstances. Il se produit d’abord après
une révolution, celle-ci détruisant l’ordre constitutionnel existant et lui substituant un
gouvernement de fait qui ne tient son autorité que de lui-même. Le vide juridique peut
aussi se produire lors de l’apparition d’un nouvel Etat. Dans cette hypothèse encore, la
liberté des titulaires du pouvoir constituant est totale. C’est dans cette situation que se
sont trouvés, au cours des années 60, les territoires sous dépendance coloniale,
française ou anglaise notamment, lorsqu’ils ont accédé à l’indépendance. Le vide
juridique peut enfin se produire à l’occasion d’une guerre, en cas de résurrection d’un
Etat que l’on a pu croire un moment disparu. Tel est le cas de l’Allemagne de l’ouest,
après la défaite de 1945, lorsqu’elle a adopté la loi fondamentale du 23 mai 1949.
Les modes d’élaboration non démocratiques sont ceux qui confient l’exercice du
pouvoir constituant au chef, au monarque, au dictateur ou encore à un groupe.
L’élaboration de la constitution exclut toute participation populaire. C’est le système de
la charte octroyée. Le monarque décide unilatéralement de donner une constitution à
ses sujets. Tel est le cas de la charte octroyée de 1814 en France. Ce système existe
encore de nos jours. Ainsi après un coup d’Etat, il arrive souvent que les vainqueurs
élaborent une constitution, de leur propre initiative, sans l’assentiment populaire (Acte
constitutionnel n°1 du 15 mars 2003, de la République centrafricaine rédigée par le
Général BOZIZE après son coup d’Etat). On peut aussi ranger dans ce système ceux
qui font un appel hypocrite au peuple pour autoriser ou ratifier, souvent sous la
pression du pouvoir, une constitution élaborée en dehors de lui.
C- L’élaboration démocratique
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Les modes d’élaboration démocratiques sont ceux qui confient à une assemblée
élue par l’ensemble des citoyens le soin d’élaborer la constitution. En effet, en
désignant les membres de l’assemblée constituante, il est à même d’orienter
l’élaboration de la constitution.
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Paragraphe 2 : La révision de la constitution
Les constitutions ne sont pas immuables. Elles doivent évoluer avec la société.
Les constituants doivent avoir la sagesse de prévoir des procédures permettant de
modifier la constitution. L’étude de la révision de la constitution conduit à examiner la
notion de pouvoir constituant dérivé (I) avant d’étudier sa mise en œuvre (II).
Il faut définir cette notion (A) avant d’étudier la distinction entre les
constitutions souples et les constitutions rigides (B).
Dans le même sens, il peut arriver qu’une constitution ayant fait l’objet de
multiples modifications portant sur des points souvent relativement dispersés, il
devienne souhaitable d’y remettre un peu d’ordre et de cohérence.
La constitution souple est celle qui peut être révisée par les organes et selon la
procédure servant à l’adoption des lois ordinaires. La suprématie de la constitution
n’est alors qu’un mot car il n y a pas de différence entre les lois constitutionnelles et
les lois ordinaires. Elles s’identifient et se situent à la même place dans la hiérarchie
des normes. Les constitutions coutumières sont presque toujours souples (exemple
Grande-Bretagne), les constitutions écrites ne le sont que très exceptionnellement
(exemple la charte de 1830 en France).
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La constitution rigide est celle qui ne peut être révisée que par un organe
distinct et selon une procédure spécifique, différente de la procédure législative
ordinaire. La différenciation existant alors, sur le plan organique ou procédural, entre
les lois constitutionnelles et les lois ordinaires marque clairement la primauté des
premières sur les secondes.
Il est tout à fait exceptionnel qu’une constitution coutumière soit rigide. On peut
citer cependant les lois fondamentales du royaume sous l’ancien régime en France. Le
Roi qui exerçait le pouvoir législatif ne pouvait modifier ces lois sans le consentement
des Etats généraux.
Les constitutions sont plus ou moins rigides. Tout dépend des modalités de
révision. Elles sont moins rigides lorsqu’il y a peu de différences procédurales entre
l’adoption des lois constitutionnelles et l’adoption des lois ordinaires. Elles sont plus
rigides lorsque les procédures de révision sont spécifiques et complexes.
A - Les organes
Dans la première catégorie, ce sont les représentants élus qui sont investis,
seuls et de manière exclusive, du pouvoir constituant dérivé. Selon une première
modalité, ces représentants peuvent avoir été élus spécialement pour procéder à la
révision. Ils composent alors une convention selon une terminologie américaine. Selon
une autre modalité, il s’agit de représentants composant les assemblées
parlementaires qui, selon le cas, peuvent siéger dans une formation différente.
Dans une seconde catégorie, sont investis du pouvoir constituant dérivé, d’une
part, les représentants élus, d’autre part, soit le peuple, qui se prononce par voie
référendaire, soit dans les Etats fédéraux, les Etats fédérés qui se prononcent par le
biais de leurs chambres.
B- Les procédures
D’abord, l’initiative appartient le plus souvent soit aux organes exécutifs, soit
aux organes parlementaires. Le plus souvent, elle est reconnue aux deux (article 109
constitution gabonaise). Plus rarement, elle peut être reconnue à une fraction du
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peuple : en suisse, une pétition revêtue de 100 000 signatures au moins suffit à
déclencher le processus de révision sur le plan fédéral.
Ensuite, la révision est adoptée soit par une convention spécialement élue, soit
par les assemblées parlementaires siégeant en commun, souvent selon une procédure
plus solennelle, et se prononçant à une majorité qualifiée. Il peut parfois exister une
troisième phase qui est celle de la ratification par le peuple ou par les Etats membres
(article 5 de la constitution américaine).
Les interdictions relatives à la forme peuvent tenir aux délais dans lesquels la
procédure peut être entamée, aux circonstances dans lesquelles elle peut avoir lieu ou
à la procédure. C’est ainsi qu’une constitution peut interdire toute révision pendant un
certain délai suivant son entrée en vigueur. Elle ne pourra intervenir que lorsque
quelques années d’expérience en auront montré les défauts. Ainsi la constitution
française de 1791 interdisait toute révision pendant les dix premières années de son
application. Une constitution peut également interdire toute révision dans certaines
circonstances. Ainsi l’article 109 alinéa 9 de la constitution gabonaise dispose la
révision ne peut être entamée ou achevée en cas d’intérim de la présidence de la
République, de recours aux pouvoirs de crise de l’article 26, d’atteinte à l’intégrité du
territoire
Il existe une autre théorie qui prétend limiter le pouvoir constituant dérivé. C’est
celle de la supra-constitutionnalité. Cette théorie affirme l’existence de deux niveaux de
règles constitutionnelles : les lois constitutionnelles et la constitution proprement dite.
Les lois constitutionnelles contiennent des règles techniques relatives à l’organisation
des pouvoirs. Elles peuvent être modifiées conformément à la procédure prévue par la
constitution. En revanche, la constitution proprement dite comprend des principes
fondamentaux de l’Etat. Le pouvoir constituant dérivé ne peut modifier ces principes.
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Section 3 : L’effectivité de la suprématie de la constitution : le principe de
constitutionnalité
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Ce principe de constitutionnalité sera consacré dans plusieurs pays africains
(Bénin, Gabon et Sénégal etc) avec les constitutions issues des transitions
démocratiques.
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CHAPITRE 2 : LE CONTROLE JURIDIQUE DU POUVOIR : LA JUSTICE
CONSTITUTIONNELLE
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juge de paix dans le district de Columbia par l’administration fédéraliste du président
sortant JOHN ADAMS. Cependant, dans la précipitation, l’administration ADAMS n’a
pas pu notifier à celui-ci son acte de nomination et d’affectation. Suite au refus de
l’administration du nouveau président JEFFERSON de lui notifier la décision de
nomination, MALBURY saisit la Cour suprême pour qu’elle oblige le nouveau secrétaire
d’Etat MADISON à donner effet à sa nomination, comme le prévoit une loi de 1789.
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Paragraphe 2 : Le modèle européen de justice constitutionnelle
45
Section 2 : La justice constitutionnelle au Gabon
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Les membres de la cour constitutionnelle ne sont donc pas tous des
juges professionnels ayant la qualité de magistrats. En fait, la Cour
constitutionnelle compte parmi ses membres de magistrats, des hommes
politiques et des fonctionnaires. H. KELSEN recommandait déjà qu’une place
adéquate soit faite à des juristes- et donc à des magistrats. Mais sa formule
même indiquait que la place adéquate n’est pas la place exclusive et
il admettait qu’il pût avoir de non juristes aux côtés de juristes.
II -Le statut
A - Le statut de l’institution
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Il faut ajouter que la loi organique relative à la Cour constitutionnelle
assure une protection pénale des membres en disposant à l’article 13 alinéa b
que « toute personne physique ou morale ou tout organe ou agent de presse
auteur de menaces, d’outrage, de violences et d’attaques de quelque nature que
ce soit contre la Cour ou l’un de ses membres peut être traduit devant le
tribunal correctionnel suivant la procédure de flagrant délit »
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mondiale. On remarquera cependant qu’au départ, H. KELSEN n’avait pas
envisagé cette fonction de la justice constitutionnelle.
Nous étudierons tour à tour la saisine (I), l’instance (II) et le jugement (III).
I -La saisine
Le juge constitutionnel peut être saisi selon trois voies possibles. D’abord,
il peut être saisi à l’initiative des autorités publiques à l’occasion d’un contrôle
abstrait. Il s’agit du Président de la République, du Premier ministre, les
présidents des assemblées et les parlementaires, 1/10 des parlementaires, par
les présidents de la Cour de cassation, du Conseil d’Etat et la Cour des comptes
(article 85).
Ensuite, elle peut être saisie sur renvoi des tribunaux, par voie de
question préjudicielle (article 86 de la constitution).
Enfin, la Cour constitutionnelle peut être saisie par les individus par voie
d’action (article 85 de la constitution gabonaise).
II -L’instance
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visas, des motifs et un dispositif. Les décisions ont un effet absolu de chose
jugée (article 92).
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CHAPITRE 3 : LA SEPARATION DES POUVOIRS
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organe distinct et indépendant des autres. Ainsi, la puissance législative est
exercée par des représentants, la puissance exécutive par le monarque et la
puissance de juger par des gens ordinaires.
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Le principe de l’équilibre organique suppose la possibilité pour chaque
pouvoir de remettre en cause l’existence de l’autre grâce aux moyens d’action
réciproques. L’exécutif dispose du droit de dissolution et le pouvoir législatif
peut mettre fin, par le biais de la responsabilité ministérielle, au mandat des
parlementaires avant son terme.
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L’exécutif est monocéphale puisqu’il n’est pas nécessaire d’en détacher
un organe responsable devant le parlement.
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Dans la pratique, une collaboration s’établit toujours entre les différents
pouvoirs, que ce soit dans le régime présidentiel dit de séparation rigide ou
dans le régime parlementaire dit de séparation souple.
La séparation stricte des pouvoirs telle que conçue par les fathers
founders présentait dès l’origine une tendance à l’inertie. La pratique consacra
cependant une collaboration des pouvoirs avec des moyens d’action du
président sur le congrès et inversement des moyens d’action du congrès sur le
président.
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président multiplie souvent des initiatives personnelles en direction des
membres du congrès. Les invitations à la maison blanche et les contacts
privilégiés caractérisent ainsi l’activité présidentielle.
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selon une convention constitutionnelle, le chef du parti vainqueur des élections
à la chambre des communes. Il bénéficie d’une certaine autorité aussi bien sur
le gouvernement qu’au sein de la chambre des communes. Cette autorité est
d’autant plus forte que sa personnalité et popularité y contribuent.
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CHAPITRE : LA PARTICIPATION DES CITOYENS A L’EXERCICE DU POUVOIR :
LA DEMOCRATIE
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Dans la théologie chrétienne, tout pouvoir vient de Dieu (saint Paul). Ce pouvoir
est confié à son titulaire soit directement par Dieu (droit divin surnaturel) soit
par les gouvernés inspirés par la Providence qui se choisissent un chef (droit
divin providentiel)
Ensuite, la nation étant une entité abstraite, sa volonté doit être exprimée
par des individus qui parleront au nom de la nation. Le représentant ne
représente pas ses électeurs mais la nation toute entière. Il n’existe pas de lien
entre l’électeur et le représentant : le mandat de ce dernier est dit représentatif.
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véritablement au XX e siècle avec la généralisation du suffrage universel. Elle
repose sur la notion de mandat, notion bien connue en droit civil, qui est le
titre par lequel le peuple confie aux représentants le pouvoir de vouloir en son
nom.
Cette théorie a été développée par J-J ROUSSEAU dans le contrat social.
Selon cette théorie, la souveraineté appartient au peuple, c’est-à-dire à tous les
citoyens. La souveraineté est ainsi atomisée. Chaque citoyen détient une
parcelle de la souveraineté. Au Gabon, il y aurait 1,5 co-souverains.
Cette théorie est séduisante en raison de sa simplicité mais aussi par son
caractère égalitaire.
Ensuite, l’électorat est un droit et non une fonction. Tous les citoyens en
sont titulaires. Le suffrage est universel. Les citoyens peuvent exercer librement
leur droit, le vote est rendu facultatif.
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Enfin, le lien entre électeurs et représentants est très étroit, le mandat est
impératif. Les représentants doivent respecter la volonté des électeurs ;
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Le second, c’est—dire le référendum d’initiative populaire est provoqué
par une fraction du peuple. Il est peu usité. On le retrouve cependant en Suisse
et en Italie. Il existe trois types de référendums d’initiative populaire :
-le référendum d’initiative populaire suspensif. Il vise à suspendre une loi
adoptée par le Parlement mais non encore entrée en vigueur.
-le référendum d’initiative populaire abrogatif dont l’objet est l’abrogation
d’une loi en vigueur. Il existe aujourd’hui en Italie.
-le référendum d’initiative populaire propositif. Ici le peuple ou une
fraction du peuple initie le référendum et les auteurs du texte soumis au
référendum. Ce système est appliqué en Suisse ;
62
Toutefois, la mise en œuvre du suffrage universel est soumise à certaines
conditions de fond et de forme. Les conditions de fond sont au nombre de trois.
La première concerne l’âge. Pour être électeur, il faut avoir la majorité
électorale. La deuxième condition est celle de la capacité, pour être électeur, il
faut jouir de ses droits civils et politiques et n’être dans aucun cas d’incapacité
prévue par la loi. Cette condition vise d’abord les incapables majeurs, c’est-à-
dire les majeurs placés sous tutelle. Elle vise ensuite certaines personnes
condamnées pénalement et privées, de ce fait, de la capacité électorale. La
troisième condition est la nationalité. Le droit de vote est lié à la nationalité. Les
étrangers n’ont pas le droit de vote. Cependant, dans les pays de l’Union
européenne, les ressortissants de l’Union ont le droit de vote pour les élections
municipales, dans un autre Etat de l’Union que le leur (mais ils ne peuvent pas
être maire ou adjoint au maire en France).
Le suffrage universel doit présenter trois caractères : il doit être égal, libre
et sincère. L’égalité du suffrage signifie que chaque électeur dispose d’une voix,
le poids de chaque citoyen est égal à celui des autres. One man one vote. Il
interdit le vote multiple qui permet de voter dans plusieurs endroits (domicile,
domicile fiscal, lieu de travail) ; et le vote plural qui attribue à un électeur
plusieurs voix.
Le suffrage doit ensuite être libre, c’est-à-dire que l’électeur doit être
protégé contre toutes formes de prosélytisme et les pressions. Le vote secret est
la garantie de la liberté du suffrage. Ce principe du vote secret est consacré par
la constitution et mis en œuvre par le procédé de l’isoloir. La liberté du vote
implique aussi l’obligation d’utiliser une enveloppe
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Paragraphe 2 : Les modes de scrutins
I - Le scrutin majoritaire
Le scrutin majoritaire à deux tours est celui qui proclame élu au premier
tour le candidat ayant obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés, c’est-
à-dire la moitié plus une voix. Si aucun candidat ou aucune liste n’obtient la
majorité absolue au premier tour, il est procédé à un second tour. On parle
alors de ballottage. Au second tour, est déclaré élu, le candidat ayant obtenu la
majorité simple ou relative des suffrages exprimés. Ce mode de scrutin qui est
plus complexe est appliqué en France pour l’élection présidentielle et celle des
députés.
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II - La représentation proportionnelle
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quotient électoral qui est le rapport entre le nombre de suffrages exprimés et le
nombre de sièges à pourvoir.
On a ainsi :
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Liste D : O siège au quotient. Moyenne : 8000/0+1=8000
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