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unité de grandeur
Le décibel, de symbole dB, est une unité définie comme dix fois le logarithme décimal du rapport entre deux puissances[1], utilisée dans
les télécommunications, l'électronique et l'acoustique.
Dans le domaine de l'acoustique environnementale, on exprime couramment le niveau sonore en décibels. Cette valeur indique
implicitement le rapport des puissances entre la grandeur mesurée et la valeur de référence qui correspond à un son trop faible pour
être entendu.
Le décibel est un sous-multiple du bel, jamais employé. Ni le bel, ni le décibel n'appartiennent au Système international d'unités, mais
leur usage est accepté avec ses unités[2].
Tous les champs de l'ingénierie peuvent utiliser le décibel. Il est particulièrement courant dans le domaine des télécommunications
(dont il est originaire), dans l'électronique du traitement du signal, dans les technologies du son et dans l'acoustique.
Historique
Vers 1920, les entreprises de téléphonie mesuraient l'atténuation du signal en mile de câble standard, msc. Un dispositif équivalent à
un msc atténue le signal comme un mile (1,6 km) de câble standard à la fréquence de 800 Hz. Ajouter un circuit en série, équivaut, du
point de vue de l'atténuation, à ajouter une longueur de câble. Les msc s'ajoutent, alors que les atténuations exprimées en pourcentage
se multiplient. De ce fait, le msc était une unité logarithmique.
Avant la diffusion des calculatrices électroniques, on se servait pour les calculs d'une table de logarithmes décimaux. Pour calculer
l'atténuation dans une ligne de longueur L et de coefficient d'atténuation α, il faut élever (1-α) à la puissance L. Sans calculatrice, on
cherche log(1-α) dans la table, on le multiplie par L avant de reconvertir, en recourant de nouveau à la table, le logarithme en rapport. En
exprimant l'atténuation par la longueur de câble équivalente, même si le circuit en question n'est pas un câble, on simplifie largement
les opérations. À la même époque, on commençait à utiliser des amplificateurs pour améliorer la communication à longue distance en
compensant les pertes dans le câble. On indiqua la longueur équivalente que ces répéteurs retranchaient au câble.
Des ingénieurs des Laboratoires Bell définirent une unité de transmission indépendante du câble et de la fréquence, basée sur dix fois
le logarithme décimal. Cette unité s'appela d'abord TU pour (en)Transmission unit (unité de transmission). Elle présentait l'avantage
d'être presque équivalente au msc (1 TU = 1,083 msc). Elle fut renommée décibel en 1923 ou 1924 en l'honneur du fondateur du
laboratoire et pionnier des télécoms, Alexander Graham Bell[3].
Les Laboratoires Bell consultèrent les opérateurs téléphoniques et administrations responsables. Certaines utilisaient des logarithmes
népériens, qui présentent certains avantages pour le calcul, avec une unité appelée le néper (symbole Np). Les deux unités ont
coexisté, mais le néper n'a pas connu le succès du décibel[4]. « L'utilisation du néper est le plus souvent limitée à des calculs théoriques
sur des grandeurs de champ, où cette unité est la plus commode, alors que, dans d'autres cas, en particulier pour des grandeurs de
puissance, le bel, ou en pratique son sous-multiple, le décibel, symbole dB, est largement utilisé. Il convient de souligner que le fait que
le néper soit choisi comme l'unité cohérente n'implique pas qu'il convienne d'éviter d'utiliser le bel. Le bel est accepté par le CIPM et
l'OIML pour être utilisé avec le SI. À certains égards, cette situation est similaire au fait que l'unité degré (°) est utilisée couramment à la
place de l'unité SI cohérente radian (rad) pour les angles plans[5]. »
Les acousticiens ont généralement adopté le décibel. Par une coïncidence fortuite, un décibel, en puissance sonore, correspond à peu
près à la plus petite variation perceptible[6]. Selon le philosophe et psychologue Gustav Fechner, la sensation ressentie varie comme le
logarithme de l'excitation. Une unité à progression logarithmique semblait particulièrement pertinente dans un domaine où la
perception humaine était en jeu. La loi de Weber-Fechner, datant du milieu du xixe siècle, ne peut être démontrée rigoureusement et
n'est pas valable pour les faibles niveaux de stimulus ; mais l'usage du décibel s'était établi, même dans des cas où il complique la
compréhension[7].
Définition
Soient deux puissances P0 et P1, leur valeur relative en décibels vaut :
Exemples numériques :
si P1 = 100 × P0, le rapport entre les deux
puissances est de 100 = 102 ; ce qui
correspond à 20 dB ;
si P1 = 2 × P0, leur rapport est de 2 ≈ 100,3,
ce qui correspond à 3 dB. Ainsi, multiplier
par 2 une puissance correspond à ajouter
3 dB.
Rapports des puissances et décibels
1 1,26 1,6 2 2,5 ≈3,2 4 5 10 40 100 1 000
Rapport
≈ 5/4 5/2 √10 22
dB 0 1 2 3 4 5 6 7 10 16 20 30
Grandeurs de puissance et grandeurs de champ
On a souvent besoin d'exprimer le rapport entre deux grandeurs de champ. On peut utiliser les décibels, mais ceux-ci doivent comparer
les puissances qu'exerceraient les grandeurs de champ dans des circonstances équivalentes. La puissance est proportionnelle au
carré de la grandeur de champ ; par conséquent, les décibels expriment non pas le rapport des grandeurs de champ, mais le rapport de
leurs carrés. Dans le cas de grandeurs de champ périodiques comme le courant alternatif, la valeur pertinente est la valeur efficace
exclusivement.
Supposons qu'elles soient appliquées à une résistance de 100 ohm (Ω). La première produira une
puissance de U²/R=10²/100=1 watt (W), la seconde de U²/R=100²/100=100 W. Le rapport entre les
puissances est de 100, et logarithme décimal de 100 étant 2, l'expression du rapport en décibels est
20 dB.
dB 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 14 18 20 30 40 50 60
On est souvent amené à calculer le niveau résultant du mélange de deux sources indépendantes. L'addition est légitime, dans la
mesure où les systèmes sont linéaires, mais on doit ajouter les grandeurs, et non leur logarithme.
Quand les sources sont corrélées, c'est-à-dire que la valeur instantanée de l'une dépend de celle de l'autre, il faut partir de cette
corrélation pour effectuer les calculs.
Quand les sources sont indépendantes, on doit faire la somme de leurs puissances. Soient deux signaux de niveaux L1 et L2, et Vref la
valeur de référence. Le niveau L résultant du mélange des deux signaux s'exprime :
ou encore
Admettons que le niveau L1 soit supérieur au niveau L2 ; on peut construire un tableau indiquant l'augmentation du niveau résultant de
l'ajout de la seconde source[9] :
Somme de deux signaux indépendants (avec L1 >L2)
L1 - L2 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 12 14 16 > 19
Ajouter à L1 3 dB 2,5 dB 2,1 dB 1,8 dB 1,5 dB 1,2 dB 1 dB 0,8 dB 0,6 dB 0,5 dB 0,4 dB 0,3 dB 0,2 dB 0,1 dB 0 dB
On peut construire un tableau indiquant la réduction du niveau résultant de la suppression de la seconde source[9] :
Retrancher de L 6,9 dB 4,3 dB 3 dB 2,2 dB 1,7 dB 1,3 dB 1 dB 0,8 dB 0,6 dB 0,5 dB 0,3 dB 0,2 dB 0,1 dB 0 dB
Usage du décibel
Les décibels facilitent ainsi le travail quand :
Dans les calculs pratiques, l'usage des décibels permet de se concentrer sur les problèmes du moment en évitant de mobiliser des
capacités de calcul mental. Ajouter ou soustraire des valeurs en décibels équivaut à multiplier ou diviser la valeur d'une grandeur
mesurable. On se contente de nombres entiers ou avec au plus un chiffre après la virgule.
Calcul d'atténuation
14 dB re 1 mW.
Un technicien qui valorise plus la concision pourra se contenter de 14 dBm, les lecteurs étant supposés savoir que dBm signifie
« décibels relatifs à une puissance d'un milliwatt ».
Les normes ISO et CEI n'autorisent que la notation complète dans les publications techniques et scientifiques[10].
Dans certains domaines, il existe des valeurs de référence normalisées. Les rapports s'expriment en décibels en ajoutant, comme dans
cet exemple, un symbole après dB.
Électronique
Rappel
Pour les grandeurs de puissance, le décibel est égal à dix fois le logarithme du rapport des grandeurs, pour les grandeurs de champ, à
vingt fois le logarithme du rapport des grandeurs.
Audio
Audionumérique
En audionumérique, on traite des suites de nombres, de l'information qu'on finira par convertir en une valeur de grandeur de champ.
Les décibels se réfèrent à la puissance. La puissance instantanée du signal à l'instant où sa valeur instantanée est la plus
élevée n'est aucunement significative de la puissance totale, comme inversement la valeur efficace, particulièrement si elle
est intégrée avec une constante de temps, n'est aucunement significative de la valeur maximale du signal.
En conséquence, les calculs sur le niveau d'un signal somme de signaux non corrélés dont on connaît le niveau en décibels
(voir plus haut), qui partent de la définition du décibel comme logarithme de la puissance, sont faux pour les valeurs que
donnent les indicateurs en dB FS respectant la définition de l'AES et de l'UER/EBU. Le niveau de crête de la somme de deux
signaux non corrélés est supérieur au plus élevé des deux niveaux de crête et inférieur à leur somme.
Le dB FS est l'unité recommandée pour les indicateurs PPM dits aussi QPPM[16],[14] et s'utilise généralement pour les indicateurs
d'amplitude basés sur la valeur de chaque échantillon numérique.
Unités dérivées
Des unités de mesure de la sonie des programmes audio basées sur des échelles logarithmiques décimales comme le décibel, mais
impliquant de nombreux filtrages et intégrations ont été mises en œuvre, voir Niveau (audio).
Acoustique
l'acoustique physique ;
la psychoacoustique.
L'acoustique physique étudie les sons dans l'espace. Elle utilise le décibel pour comparer les intensités acoustiques, une grandeur de
puissance qui s'exprime en watts par mètre carré (W m−2), ou les pressions acoustiques, une grandeur de champ qui s'exprime en
pascals (Pa). Une norme[19] définit un niveau d'intensité acoustique de référence de 1 pW/m2 et un niveau de pression acoustique de
référence de 20 μPa qui sont, dans certaines conditions en général à peu près remplies, équivalents[20], et sont le 0 dB[21], soit SPL
(Sound Pressure Level (niveau de pression acoustique)), soit SIL (Sound Intensity Level (niveau d'intensité acoustique)).
Psychoacoustique
Radio transmissions
On indique en dB Z l'écart de réflectivité par rapport à celle d'une précipitation contenant 1 mm6 m−3 de gouttes.
Probabilités
où p est sa probabilité. L'usage d'une échelle logarithmique présente le même genre d'avantages de présentation que le décibel pour les
rapports de puissance : meilleure lisibilité lorsque les probabilités sont proches de 1 ou de 0, remplacement de la multiplication par
l'addition pour les calculs.
Dans un ouvrage de 1969, Myron Tribus choisit la base 100,1 pour le logarithme et exprime le résultat en décibels[24]. Des ouvrages
bayésiens de référence[25] le suivent dans cet usage métonymique. Cependant, plusieurs auteurs[26] lui préfèrent les termes ban (en) et
son sous-multiple déciban, inventés par Alan Turing en 1940, et publiés par Good en 1979[27]. En 2011, Stanislas Dehaene choisit cette
option dans son cours au Collège de France[28].
Le décibel reste dans ce cas réservé aux rapports de puissance conformément à sa définition d'origine, le déciban exprimant l'évidence
probabiliste.
Annexes
Articles connexes
Décibel A
Décibel Z
Échelle logarithmique
Diagramme de Bode, Diagramme de Black, Diagramme de
Nyquist
Sonomètre
Pollution sonore
Bibliographie
Notes et références
10.1093/biomet/66.2.393 (https://dx.doi.org/10.1093/biomet/66.2.393)
,
MR
0548210 (https://www.ams.org/mathscinet-getitem?mr=0548210)
).