Une conséquence immédiate de cette relation est que l’ensemble des vecteurs {|αm⟩⊗|βn⟩}

constitue une base de l’espace produit tensoriel, que l’on appellera une base tensorielle car elle
n’est constituée que d’états factorisés. Dans le cas d’espaces de dimensions finies, on peut en
déduire que la dimension de l’espace produit tensoriel est égale au produit des dimensions des
deux espaces, soit dim Ea⊗Eb = dim Ea×dim Eb. Cette dimension correspond au nombre de
valeurs possibles pour les couples (m, n), ou en d’autres termes au nombre de coefficients
indépendants cm,n nécessaires pour définir un état de EH de manière unique. Un état dit
factorisable correspond au cas où les coefficients cm,n peuvent se mettre sous la forme d’un
produit, soit cm,n = ambn, ce qui permettra d’écrire |ψ⟩ = |α⟩ ⊗ |β⟩, avec |α⟩ = P m am|αm⟩ et |β⟩ = P
n bn|βn⟩. A l’inverse, un état non factorisable est appelé état intriqué. On peut utiliser
indifféremment l’une des notations ci-dessous |αm⟩ ⊗ |βn⟩ = |αm⟩|βn⟩ = |αm, βn⟩ = |m, n⟩. (1.36) Le
bra correspondant s’écrivant ⟨αm| ⊗ ⟨βn| = ⟨αm|⟨βn| = ⟨αm, βn| = ⟨m, n|. (1.37) Le produit scalaire
entre deux états factorisés est simplement égal au produit des produits scalaires, soit (⟨α| ⊗ ⟨β|) |α
′ ⟩ ⊗ |β ′ ⟩ = ⟨α|α ′ ⟩ ⟨β|β ′ ⟩. (1.38 18 CHAPITRE 1. PRINCIPES FONDAMENTAUX Par bilinéarité du
produit scalaire hermitien, on peut en déduire le produit scalaire entre deux états quelconques |ψ⟩
= P m,n cm,n |αm⟩ ⊗ |βn⟩ et |ψ⟩ ′ = P m,n c ′ m,n |αm⟩ ⊗ |βn⟩, soit ⟨ψ|ψ ′ ⟩ = X m,n c ∗ m,nc ′ m,n
(1.39) ce qui nous redonne bien entendu l’expression attendue du produit scalaire dans la base
tensorielle. Etant donnés deux opérateurs Aˆ et Bˆ agissant respectivement dans Ea et Eb, on peut
définir l’opérateur Aˆ ⊗ Bˆ agissant dans EH par la relation  Aˆ ⊗ Bˆ  (|α⟩ ⊗ |β⟩) =  Aˆ |α⟩  ⊗ 
Bˆ |β⟩  . (1.40) Remarquons que l’on pourra étendre de manière évidente tout opérateur Aˆ (resp.
Bˆ) agissant dans Ea (resp. Eb) à l’ensemble de l’espace EH à l’aide d’un produit tensoriel avec
l’identité agissant dans l’autre espace, soit Aˆ⊗ ˆIb (resp. ˆIa ⊗Bˆ). Cet opérateur étendu à
l’ensemble de l’espace sera souvent noté simplement Aˆ (resp. Bˆ), de sorte que l’on pourra écrire
un produit tensoriel d’opérateur comme un simple produit, Aˆ ⊗ Bˆ = (Aˆ ⊗ ˆIb)(ˆIa ⊗ Bˆ) = AˆB.
ˆ (1.41) L’élément de matrice d’un produit d’opérateur se déduit aisément des règles rappelées ci-
dessus, soit (⟨α| ⊗ ⟨β|) Aˆ ⊗ Bˆ |α ′ ⟩ ⊗ |β ′ ⟩ = ⟨α|Aˆ|α ′ ⟩⟨β|Bˆ|β ′ ⟩. (1.42) On pourra trouver dans la
suite de ce cours de nombreux exemples d’application du produit tensoriel. Ce dernier s’applique
de manière évidente au cas d’un système constitué de plusieurs particules. Par exemple, l’espace
de Hilbert approprié pour décrire l’atome d’hydrogène (chapitre 5) s’écrit comme le produit
tensoriel de l’espace décrivant le mouvement d’un proton par celui décrivant le mouvement d’un
électron. Mais on utilise également le produit tensoriel pour séparer les degrés de liberté externes
(mouvement du centre de masse) et internes (par exemple le spin) d’un atome ou d’une particule.
Ainsi, l’espace de Hilbert approprié pour décrire le mouvement d’une particule ponctuelle de spin
1/2 s’écrit L 2 (R 3 ) ⊗ Espin, où Espin est un espace de dimension 2. Enfin, on pourra utiliser le
produit tensoriel à l’intérieur même de L 2 (R 3 ) pour distinguer les degrés de liberté correspondant
aux trois coordonnées cartésiennes. En effet, si on se donne une base hilbertienne {|φm⟩} de L 2
(R), on peut à y et z fixés décomposer sur cette base la fonction x 7→ ψ(x, y, z), ce qui nous donne
ψ(x, y, z) = X m fm(y, z)φm(x) (1.43) où le coefficient fm(y, z) = Z +∞ −∞ φ ∗ m(x)ψ(x, y, z)dx (1.44)
dépend bien entendu des valeurs choisies pour y et z. A z fixée, la fonction y 7→ fm(y, z) peut à son
tour être décomposée sur notre base hilbertienne, ce qui nous donn