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Centre Régional des Métiers de l’Education Filière : Secondaire qualifiant

et de la Formation, Derb Ghalef, Spécialité : Mathématiques


Casablanca, Maroc

Cours de géométrie pour


les professeurs stagiaires

Pr. Khalid HATTAF

Année de formation : 2014-2015


Table des matières

1 Espaces affines 2
1.1 Espaces et sous-espaces affines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.1.1 Espaces affines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.1.2 Sous-espaces affines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Parallélisme et intersection de sous-espaces affines . . . . . . . . . . . . 4
1.3 Barycentres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.4 Convexité dans un espace affine réel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.5 Repères - Coordonnées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

1
Chapitre 1

Espaces affines

1.1 Espaces et sous-espaces affines

1.1.1 Espaces affines

Définition 1.1.1 Soient E un espace vectoriel sur un corps commutatif K et E un


ensemble non vide. On dit que E est un espace affine de direction E (ou associé
à E) s’il existe une application ϕ : E × E → E vérifiant les deux axiomes suivants :
(A1) pour tous A, B, C ∈ E, ϕ(A, C) = ϕ(A, B) + ϕ(B, C) (relation de Chasles) ;
(A2) pour tout A ∈ E et ~u ∈ E, il existe un unique B ∈ E tel que ~u = ϕ(A, B). Au-
trement dit, pour tout A ∈ E, l’application ϕA : M 7→ ϕ(A, M) est une bijection
de E sur E.
−→ −→ −→ −−→
On note AB = ϕ(A, B) et la relation de Chasles s’écrit AC = AB + BC.
On appelle points les éléments de E, vecteurs ceux de E, scalaires ceux du corps de
base K et bipoints les couples (A, B). Lorsque E est de dimension finie, la dimension
de l’espace affine E est par définition celle de E et on note dim(E)=dim(E).

Exemple. Tout espace vectoriel V (en particulier V = Kn ) est un espace affine associé
à lui-même par l’application ϕ : (x, y) 7→ y − x. Cette structure d’espace affine sur
l’espace vectoriel V est dite canonique.
Remarque et notation. Soient A ∈ E et ~u ∈ V . D’après l’axiome (A2), il existe un
unique B ∈ E tel que ~u = ϕ(A, B). L’application A 7→ B de E dans E est appelée
translation de vecteur ~u et notée tu~ . On étend aux espaces affines les notations cor-
−→
respondant au cas des espaces vectoriels ; on pourra ainsi écrire B − A au lieu de AB.
−→
Donc B = A + AB (notation de Grassmann). Par conséquent,
−→
t~u (A) = B ⇔ B = A + ~u ⇔ AB = ~u.

2
Chapitre 1 Espaces affines 3

Propriétés. Soient E un espace affine associé à V et A, B, C, D ∈ E. On a :


−→ −→ −→
1. AA = ~0 et BA = −AB ;
−→ −→ −→
2. AB = ~0 ⇔ A = B et AB = AC ⇔ B = C ;
3. Les propriétés suivantes sont équivalentes :
−→ −−→
(i) AB = DC ;
−−→ −−→
(ii) AD = BC ;
−→ −−→ −→
(ii) AB + AD = AC.
Si l’une de ces conditions est réalisée, on dit que A, B, C, D forment (dans cet
ordre) le parallélogramme ABCD.

1.1.2 Sous-espaces affines

Définition 1.1.2 Soient E un espace affine associé à un espace vectoriel E et V une


partie non vide de E. On dit que V est un sous-espace affine (variété affine) de
E s’il existe un sous-espace vectoriel V de E tel que :
−−→
(i) Pour tous M, N ∈ V, MN ∈ V ;
−−→
(ii) V est un espace affine associé à V par l’application (M, N) ∈ V × V 7→ MN ∈ V .
V s’appelle alors la direction de V. De plus, V est dite droite affine, plan affine,
hyperplan affine lorsque sa direction est respectivement une droite vectorielle, un
plan vectoriel, un hyperplan vectoriel de E.

Exemple. Le singleton {M}, avec M ∈ E, est un sous-espace affine de E de direction


{0E }.

Proposition 1.1.3 Soient E un espace affine associé à un espace vectoriel E et V une


partie non vide de E.
V est un sous-espace affine de E si et seulement s’il existe un point A de E et un
sous-espace vectoriel V de E tel que V = A + V.

Dans ce cas, on dit que V est un sous-espace affine de direction V et passant par A.
Donc, un espace est caractérisé par un point et sa direction.
Remarque. Soit V un sous-espace affine de direction V .
−−→
Pour tout point A de V, on a V = A + V et V = {AM /M ∈ V}.

Proposition 1.1.4 Soient V et V ′ deux sous-espaces affines de E de directions respec-


tives V et V ′ .
1. Si V ⊂ V ′ , alors V ⊂ V ′ .
Chapitre 1 Espaces affines 4

2. Si V ⊂ V ′ et dim V = dim V ′ , alors V = V ′ .


3. Si V ⊂ V ′ et V ∩ V ′ 6= ∅, alors V ⊂ V ′ .
4. Si V et V ′ sont supplémentaires dans E, alors V ∩ V ′ est un singleton.
\
Proposition 1.1.5 Soit (V i )i∈I une famille de sous-espaces affines de E. Alors Vi
\ i∈I
est soit vide, soit un sous-espace affine de V, de direction Vi .
i∈I

Proposition 1.1.6 (Sous-espace engendré par une partie)


Soit E un espace affine associé à un espace vectoriel E. Si A une partie non vide de E,
alors l’intersection de tous les sous-espaces affines de E contenant A est un sous-espace
affine de E, et c’est le plus petit sous-espace de E contenant A. On l’appelle sous-espace
affine de E engendré par A et on le note Aff(A).

Remarques.
1. A est un sous-espace affine de E si et seulement si Af f (A) = A.
2. Si A ⊂ A′ , alors Af f (A) ⊂ Af f (A′ ).
−−−−−→
Théorème 1.1.7 Soient A une partie non vide de E et Af f (A) la direction de
Af f (A).
−−−−−→ −−→
(i) Pour tout A ∈ A, Af f (A) = V ect{AM , M ∈ A}.
−−−−−→ −−→
(ii) Af f (A)=V ect{MN , M, N ∈ A}.
Corollaire 1.1.8 Si A={A0 , A1 , ..., An } est une famille finie de points de E, alors
−−−→ −−−→
Af f (A) = A0 + V ect(A0 A1 , ..., A0 An ).

Exemples.
−→
1. Si A et B deux points distincts de E, alors Af f (A, B) = A + k AB est une droite
et c’est l’unique droite passant par A et B, on la note (AB).
2. Si A, B et C trois points non alignés de E (i.e., ils n’appartiennent pas à
−→ −→
une même droite), alors Af f (A, B, C) = A + V ect(AB, AC) est un plan et c’est
l’unique plan passant par A, B et C, on le note (ABC).

1.2 Parallélisme et intersection de sous-espaces af-


fines

Définition 1.2.1 Soient V et V ′ deux sous-espaces affines de E de directions respec-


tives V et V ′ . On dit que
Chapitre 1 Espaces affines 5

(i) V est parallèle à V ′ si V = V ′ et on note VkV ′ .


(ii) V est faiblement parallèle à V ′ si V ⊂ V ′ et on note V < |V ′ .

Exemples.
1. Un singleton est faiblement parallèle à n’importe quel sous-espace affine.
2. On dit que le quadrilatère ABCD est un trapèze si (AB)k(CD).
Exercice. Soient A, B, C et D quatre points non alignés de E.
Montrer que ABCD est un parallélogramme si et seulement si (AB)k(CD) et
(AD)k(BC).
Remarques.
1. Le parallélisme est une relation d’équivalence sur l’ensemble des sous-espaces
affines de E.
2. Le parallélisme faible est une relation réflexive et transitive sur l’ensemble des
sous-espaces affines de E. Cette relation ne peut pas être symétrique car une
droite peut être faiblement parallèle à un plan, mais l’inverse est impossible.
3. Si V et V ′ ont même dimension, les deux notions précédentes sont équivalentes.

Proposition 1.2.2 (Postulat d’Euclide) Soient V un sous-espace affine de E et A


un point de E. Par le point A, il passe un et un seul sous-espace affine V ′ de E parallèle
à V, i.e, A ∈ V ′ et V ′ kV.

Proposition 1.2.3 Soient V et V ′ deux sous-espaces affines de E de directions respec-


tives V et V ′ .
(i) Si V est faiblement parallèle à V ′ , alors V ∩ V ′ = ∅ ou V ⊂ V ′
(ii) Si V et V ′ sont parallèles, alors ils sont confondus ou disjoints.
(iii) Pour que V soit faiblement parallèle à V ′ , il faut et il suffit que V soit parallèle à
un sous-espace affine de V ′ .

Proposition 1.2.4 Soient V et V ′ deux sous-espaces affines de E de directions respec-


tives V et V ′ .
(i) Si E = V + V ′ , alors V ∩ V ′ 6= ∅.
(ii) Si E = V ⊕ V ′ , alors V ∩ V ′ est un singleton.

Conséquence. L’intersection d’un hyperplan et d’une droite non parallèle à cet hy-
perplan est un singleton. En particulier, si dim(E) = 2, deux droites non parallèles ont
un unique point en commun. Si dim(E) = 3, une droite D non parallèle à un plan P
rencontre ce plan en un point unique.
Chapitre 1 Espaces affines 6

1.3 Barycentres

La notion de barycentre est essentielle en géométrie affine. Elle joue un rôle identique
à celui que tient la notion de combinaison linéaire en algèbre linéaire.
Dans ce qui suit, E est un espace affine associé à un espace vectoriel E sur le corps
K.

Définition 1.3.1 On appelle point pondéré le couple (A, λ) formé d’un point A de
E et d’un scalaire λ de K. λ est appelé poids (masse ou coefficient) du point A.
Soient I un ensemble, (λi )i∈I une famille de scalaires presque tous nuls et X S =
(Ai , λi )i∈I une famille (ou un système) de points pondérés de E × K. Le scalaire λi
i∈I
est appelé poids total du système S.

A tout système de points pondérés de E, on associe une fonction f de E dans E (appelée


fonction vectorielle de Leibniz du système) définie par :
X −−→
f (M) = λi MAi .
i∈I

Il est facile de voir que :


X
(i) Si λi = 0, alors f est constante.
i∈I
X
(ii) Si λi 6= 0, alors f est bijective. Il existe donc un unique point G ∈ E tel que
i∈I
−−→
f (G) = ~0, c’est-à-dire, λi GAi = ~0.
P
i∈I

Définition 1.3.2
X Soit (Ai , λi )i∈I un système de points pondérés
X d’un espace affine E
−−→ ~
de poids total λi non nul. L’unique point G de E vérifiant λi GAi = 0 est appelé
i∈I i∈I
barycentre du système (Ai , λi )i∈I . On le note Bar(Ai , λi )i∈I .
Si tous les poids λi sont égaux, on dit que G est l’isobarycentre (équibarycentre
ou centre de gravité) de la famille des points (Ai )i∈I . En particulier, l’isobarycentre
de deux points A et B est appelé le milieu du bipoint (A, B).

Remarque. Le barycentre d’un système de points pondérés n’est défini que si le poids
total du système n’est pas nul. De plus, l’isobarycentre n’existe que si la caractéristique
de K n’est pas un diviseur de card(I).
X
Proposition 1.3.3 Soit (Ai , λi )i∈I un système de points pondérés de E avec λi 6= 0.
i∈I
Alors les assertions suivantes sont équivalentes :
Chapitre 1 Espaces affines 7

(i) G = Bar(Ai , λi )i∈I ;


X −−→ X −−→
(ii) ∀M ∈ E, ( λi )MG = λi MAi ;
i∈I i∈I
X −−→ X −−→
(iii) ∃M ∈ E, ( λi )MG = λi MAi .
i∈I i∈I

Propriétés.
1. Commutativité : Bar(Ai , λi )i∈I = Bar(Aσ(i) , λσ(i) )i∈I pour toute permutation
σ de l’ensemble I. Autrement dit, le barycentre d’un système de points pondérés
est indépendant de l’ordre de ces points.
2. Homogénéité : Bar(Ai , λλi )i∈I = Bar(Ai , λi )i∈I pour tout λ ∈ K∗ . Autrement
dit, le barycentre d’un système de points pondérés ne change pas lorsque l’on
multiplie tous les poids par un même scalaire non nul.
Associativité : Soit (Ij )j∈J une partition de I telle que pour tout j ∈ J, µj =
3. X
λi 6= 0. Posons Gj = Bar(Ai , λi )i∈Ij . Alors Bar(Ai , λi )i∈I = Bar(Gj , µj )j∈J .
i∈Ij
Autrement dit, le barycentre d’un système de points pondérés ne change pas
lorsqu’on remplace un certain nombre de points pondérés dont le poids total est
non nul par leur barycentre affecté de ce poids total.
Remarque. D’après la propriété de l’homogénéité, on peut toujours se ramener au cas
où le poids total est égal à 1. Dans ce cas, on note
X
Bar(Ai , λi )i∈I = λi Ai .
i∈I

Théorème 1.3.4 (Caractérisation barycentrique d’un sous-espace affine)


Une partie non vide V de E est un sous-espace affine si et seulement si tout barycentre
de points de V appartient à V.

Remarque. Si tout barycentre de points de V appartient à V, on dit alors que V est


stable par barycentre.

Corollaire 1.3.5 Le sous-espace affine engendré par une partie A non vide de E est
l’ensemble de tous les barycentres de points de A, c’est-à-dire
X X 
Af f (A) = λi Ai : λi = 1 et Ai ∈ A .
i∈I i∈I

Remarque. Si A et B deux points distincts de E, alors

(AB) = {λA + (1 − λ)B, λ ∈ K}.


Chapitre 1 Espaces affines 8

1.4 Convexité dans un espace affine réel

Dans tout ce paragraphe, on suppose que E est un espace affine réel (K = IR).

Définition 1.4.1 Soient A et B deux points de E. On appelle segment d’extrémi-


tés A et B la partie de E notée [AB] formée des barycentres de A et B affectés de
coefficients réels positifs.

[AB] = {λA + (1 − λ)B, 0 ≤ λ ≤ 1}.

Remarque. Le milieu du bipoint (A, B) est appelé aussi milieu du segment [AB]
dans le cas d’un espace affine réel.

Définition 1.4.2 Une partie Γ de E est dite convexe si pour tout couple (A, B) de
points de Γ, le segment [AB] est inclus dans Γ.

Exemples.
1. Tout sous-espace affine est convexe.
2. Tout segment est convexe.
3. On appelle demi-droite fermée d’origine A et de vecteur directeur ~u l’ensemble
−−→
{M ∈ E/AM = λ~u, λ ≥ 0}. Alors, toute demi-droite est convexe.
4. Les intervalles sont les seules parties convexes de IR.

Proposition 1.4.3 Une partie Γ de E est convexe si et seulement si tout barycentre


de points de Γ affectés de réels positifs appartient à Γ.

Proposition 1.4.4 Une intersection de convexes est convexe.

Définition 1.4.5 Soit Γ une partie de E.


L’enveloppe convexe de Γ est l’intersection de tous les convexes de E contenant Γ
noté Conv(Γ).

Proposition 1.4.6 Soit Γ une partie vide de E. Alors


X X 
Conv(Γ) = λi Ai / λi = 1, λi ≥ 0, Ai ∈ Γ .
i∈I i∈I

Exemples.
1. Conv(∅) = ∅ et pour tout A ∈ E, on a Conv(A) = {A}.
2. L’enveloppe convexe de deux points {A, B} est le segment [AB].
3. L’enveloppe convexe de 3 points {A, B, C} du plan est le triangle plein ABC.
Chapitre 1 Espaces affines 9

1.5 Repères - Coordonnées

Définition 1.5.1 On appelle repère cartésien de E tout couple R = (O, B), où O est
un point de E, et B est une base de E. Le point O est appelé origine du repère R.
On appelle coordonnées cartésiennes d’un point M dans le repère R les compo-
−−→
santes du vecteur OM dans la base B.

Définition 1.5.2 Soit S = (Ai )0≤i≤p un système de p + 1 points de E.


1. On appelle rang de S et on note rg(S) la dimension de Af f (S).
2. On dit que S est affinement générateur si Af f (S) = E.
3. On dit que S est affinement libre si rg(S) = p. Dans le cas contraire, S est
dit affinement lié.
4. On dit que S est un repère affine ou base affine si S est à la fois affinement
libre et générateur.

Propriétés. Soit S = (Ai )0≤i≤p un système de p + 1 points de E.


−−−→
1. rg(S) = dim(vect{A0 Ai , 1 ≤ i ≤ p}).
−−−→
2. S est affinement générateur si et seulement si {A0 Ai , 1 ≤ i ≤ p} est générateur
dans E.
−−−→
3. S est affinement libre si et seulement si {A0 Ai , 1 ≤ i ≤ p} est libre dans E.
−−−→
4. S est un repère affine si et seulement si {A0 Ai , 1 ≤ i ≤ p} est une base de E.

Proposition 1.5.3 Soit S = (A0 , A1 , ..., An ) un repère affine de E.


−−−→ −−−→
(i) Tout point M ∈ E s’écrit de manière unique M = A0 + x1 A0 A1 + ... + xn A0 A1 ,
avec (x1 , ..., xn ) ∈ Kn . Le n-uplet (x1 , ..., xn ) est appelé coordonnées affines
de M dans le repère S.
Xn n
X
(ii) Tout point M ∈ E s’écrit de manière unique M = λi Ai avec λi = 1. Le
i=0 i=0
(n+1)-uplet (λ0 , λ1 , ..., λn ) est appelé coordonnées barycentriques de M dans
le repère S.

Remarque. Si (x1 , ..., xn ) ∈ Kn sont les coordonnées affines de M dans le repère S =


n
X
xi , x1 , ..., xn ∈ Kn+1 sont les coordonnées barycentriques

(A0 , A1 , ..., An ), alors 1−
i=1
de M dans S.

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