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École nationale polytechniques Année : 2022/ 2023

1ère Année classe préparatoire Module : Analyse 1


Groupes 2, 3 et 10 12 octobre 2022

S̀éˇr˚i`e `dffl’`e›x´eˇr`cˇi`c´e˙s 1
D˚r`o˘i˚t´e ˚r`é´e¨l¨l´e

1 L’ensemble des nombres réelles


Exercice 1
1. Démontrer que si r ∈ Q et x ̸∈ Q alors r + x ̸∈ Q et si r ̸= 0 alors rx ̸∈ Q.

2. Montrer que entre deux nombre rationnels il y a toujours un nombre irrationnel.

Solution
On rappelle que
np o
Q= , p ∈ Z et q ∈ N∗ .
q
Soient r ∈ Q et x ̸∈ Q

1. Montrons que r + x ̸∈ Q :

Raisonnons par l’absurde et supposons que r + x ∈ Q. Ils existent alors p ∈ Z et q ∈ N∗ tels que

p
r+x= . (1)
q

Puisque, par hypothèse, r est un rationnel, alors ils existent p′ ∈ Z et q ′ ∈ N∗ tels que

p′
r= . (2)
q′

En remplaçant (2) en (1) on obtient


p′ p
x+ ′
= ,
q q
ou encore
p p′ pq ′ − p′ q
x= − ′ = ,
q q qq ′

1
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

Comme p, p′ ∈ Z et q, q ′ ∈ Z∗ , alors (pq ′ − p′ q) ∈ Z et qq ′ ∈ N∗ , et par conséquent

x ∈ Q,

ce qui est contraire à l’hypothèse x ̸∈ Q. D’où r + x ̸∈ Q.


Supposons que r ̸= 0 et montrons que rx ̸∈ Q :
Raisonnons par l’absurde et supposons que rx ∈ Q. Ils existent alors a ∈ Z et b ∈ N∗ tels que
a
rx = ,
b
donc
a
x= , r ̸= 0.
rb
Comme r est un rationnel, alors on a
a
x= , où p′ ∈ Z et q ′ ∈ N∗ ,
p′
b
q′
q′a
= ′ .
pb
Or, q ′ a ∈ Z et p′ b ∈ Z∗ , donc
x ∈ Q,

qui est absurde. D’où rx ̸∈ Q.

2. Montrons que entre deux nombres rationnels il existe toujours un nombre irration-
nel :
Soient r1 , r2 ∈ Q tels que r2 > r1 .
D’abord, en utilisant la première question de cet exercice, on remarque que

1 2
√ = ̸∈ Q,
2 2
1 √
car ∈ Q et 2 ̸∈ Q, et que
2 √
2
0< < 1. (3)
2
En multipliant (3) par r2 − r1 > 0, on obtient

2
0< (r2 − r1 ) < r2 − r1 ,
2
et en additionnant r1 à cette inégalité, on obtient

2
r1 < (r2 − r1 ) + r1 < r2 .
2
2
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak


2
Donc, il nous reste à montrer que (r2 − r1 ) + r1 ̸∈ Q.
√ 2
2
Comme ̸∈ Q et (r2 − r1 ), r1 ∈ Q alors d’après la première question on a bien que
2

2
(r2 − r1 ) + r1 ̸∈ Q.
2

D’où le résultat.

Exercice 2
ln(3)
Montrer que est irrationnel.
ln(2)

Solution
ln(3)
Montrons que est un nombre irrationnel :
ln(2)
1ère méthode :
Remarquons que
ln(3)
> 0.
ln(2)
ln(3)
Raisonnons par l’absurde et supposons que ∈ Q. Ils existent alors p ∈ N∗ et q ∈ N∗ tels que
ln(2)

ln(3) p
= =⇒ q ln(3) = p ln(2),
ln(2) q
=⇒ ln(3q ) = ln(2p ),

=⇒ 3q = 2p .

Or, 2p est un entier paire alors que 3q est un entier impaire. Donc, c’est une contradiction.
Il s’ensuit que
ln(3)
̸∈ Q.
ln(2)
2ème méthode :
ln(3)
Raisonnons par l’absurde et supposons que ∈ Q. Ils existent alors p ∈ N et q ∈ N∗ tels que
ln(2)

ln(3) p
= =⇒ q ln(3) = p ln(2),
ln(2) q
=⇒ ln(3q ) = ln(2p ),

=⇒ 3q = 2p . (4)

3
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

Si on suppose que p ≥ 1, alors 2 divise 3q et par suite 2 divise 3 ce qui contradictoire. D’où p = 0.
Donc l’équation (4) sera 3q = 1, ce qui implique que p = 0.
Par conséquent, la seule solution possible de l’équation (4) est p = q = 0. Or q ̸= 0, donc on obtient une
contradiction.

Exercice 3
Soit M = 0.2021202120212021 · · · . Donner le rationnel dont l’écriture décimale est M .

Solution

Théorème 1
Si l’écriture décimale illimitée d’un réel est périodique, à partir d’un certain rang, alors ce réel est
rationnel.

Le Théorème 1 nous affirme que M est un nombre rationnel, c’est-à-dire qu’on peut écrire M sous
p
la forme avec p ∈ Z et q ∈ N∗ .
q
On a

M = 0.2021202120212021 · · · =⇒ 104 M = 2021.2021202120212021 · · · ,

=⇒ 104 M = 2021 + 0.2021202120212021 · · · ,

=⇒ 104 M = 2021 + M,
 
4
=⇒ 10 − 1 M = 2021,
2021 2021
=⇒ M = 4
= ∈ Q.
10 − 1 9999

Exercice 4
1. Montrer que 2n−1 ≤ n! ≤ nn−1 .

2. Montrer que pour tout n ≥ 1 et x1 , . . . , xn des réels positifs, on a


n
Y n
X
(1 + xk ) ≥ 1 + xk .
k=1 k=1

Solution

1. On a pour tout k ∈ {1, . . . , n}

4
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

1 ≤ k ≤ n,

donc

2 ≤ k + 1,

c’est-à-dire 
2 ≤ 2







2 ≤ 3

(n − 1) fois
 ..



 .



2 ≤ (n − 1) + 1 = n,

En multipliant ces inégalités terme à terme nous obtenons

2| × ·{z
· · × 2} ≤ 2 × 3 × · · · × n.
(n−1) fois

Ainsi, on aura bien que

2n−1 ≤ n!.

Il nous reste à montrer


P (n) : n! ≤ nn−1 , ∀n ∈ N∗ .

On va raisonner par récurrence sur n.


☞ Initialisation : Pour n = 1 on a bien que

1! = 1 = 10

donc P (1) est vérifiée.


☞ Hérédité : Supposons que P (n) est vérifiée jusqu’à l’ordre n. On a

(n + 1)! = (n + 1)n! ≤ (n + 1)nn−1

Or, on sait que


n≤n+1

donc
nn−1 ≤ (n + 1)n−1

5
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

et par conséquent
(n + 1)! ≤ (n + 1)(n + 1)n−1 = (n + 1)n .

Ainsi, P (n + 1) est vérifiée.


Par conséquent, le principe de raisonnement par récurrence nous permet de conclure que la proposition
P (n) est vérifiée pour tout n ∈ N∗ .

2. Soit x1 , x2 , . . . , xn des réels strictement positifs.

Montrons par récurrence que pour tout n ≥ 1 on a


n
Y n
X
(1 + xk ) ≥ 1 + xk .
k=1 k=1

☞ Initialisation : Pour n = 1 on a
1
Y 1
X
(1 + xk ) = 1 + x1 et 1+ xk = 1 + x1 .
k=1 k=1

Donc
1
Y 1
X
(1 + xk ) = 1 + xk ,
k=1 k=1

et par suite l’inégalité est vraie pour n = 1.


☞ Hérédité : Supposons que l’inégalité est vérifiée jusqu’à l’ordre n. On a
n+1
Y n
Y
(1 + xk ) = (1 + xn+1 ) (1 + xk )
k=1 k=1
 n
X 
≥ (1 + xn+1 ) 1 + xk
k=1
 n
X  n
X
= 1 + xn+1 + xk + xn+1 xk
k=1 k=1
 Xn  n+1
X
= 1 + xn+1 + xk + xk
| {zk=1 } k=1
>0
n+1
X
≥1+ xk
k=1

Par conséquent, le principe du raisonnement par récurrence nous permet de déduire le résultat.

Exercice 5
Démontrer les inégalités suivantes :
√ √ √
1. ∀x, y ∈ R+ : x + y ≤ x + y.

6
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

√ x+y
2. ∀x, y ∈ R+ : xy ≤ .
2
√ √ p
3. ∀x, y ∈ R+ : x − y ≤ |x − y|.

Solution

1. Soient x, y ∈ R+ .
On sait que
√ √ 2 √
x + y = x + 2 xy + y ≥ x + y

Et par croissance de la fonction racine carrée, il s’ensuit que


√ √ √
| x + y| ≥ x + y
√ √
Puisque x + y ≥ 0 alors on obtient
√ √ √
x+y ≤ x+ y.

2. Soient x, y ∈ R+ .
On sait que
√ √ 2 √
x − y ≥ 0 =⇒ x − 2 xy + y ≥ 0
√ x+y
=⇒ xy ≤ .
2

3. Soit x, y ∈ R+ .
On distingue les deux cas suivants :
1er cas : Si x ≤ y alors il s’agit de montrer que
√ √ √
x − y ≤ x − y.

En utilisant l’inégalité vue à la première question ci-dessus, on peut écrire


√ p √ √
x = (x − y) + y ≤ x − y + y.

D’où
√ √ √
x − y ≤ x − y.

2ème cas :Si x > y alors il s’agit de montrer que

√ √ √
y − x ≤ y − x.

7
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

En procédant de même en échangeant les rôles de x et y

√ p √ √
y= (y − x) + x ≤ y − x + x.

D’où
√ √ √
y − x ≤ y − x.

Exercice 6
Soit E l’ensemble des fonctions affines tel que pour tout x ∈ R on a f (x) = ax + b, a, b ∈ R.
Soit f , g ∈ E tel que f (x) = ax + b, a, b ∈ R et g(x) = a′ x + b′ , a′ , b′ ∈ R.
On définit la relation ⪯ sur l’ensemble E comme suit

f ⪯ g ⇐⇒ (a < a′ ) ou (a = a′ et b ≤ b′ ).

1. Montrer que ⪯ est une relation d’ordre sur E.

2. Est ce que la relation binaire ⪯ est totale ?

Solution

1. Montrons que la relation ⪯ est une relation d’ordre sur E :

Rappel
Soient E un ensemble et R une relation binaire sur E. On dit que R est une relation d’ordre
sur E si elle vérifie les trois propriétés suivantes :

➀ R est réflexive : ∀x ∈ E, xRx ;

➁ R est antisymétrique : ∀x, y ∈ E, (xRy et yRx) =⇒ x = y ;

➂ R est transitive : ∀x, y, z ∈ E, (xRy et yRz) =⇒ xRz.

Soient f, g, h ∈ E telles que pour tout x ∈ R

f (x) = ax + b, g(x) = a′ x + b′ et h(x) = a′′ x + b′′

avec a, a′ , a′′ , b, b′ , b′′ ∈ R.


➀ Réflexivité : On peut toujours écrire a = a et b ≤ b donc f ⪯ f .
➁ Antisymétrie : Supposons que f ⪯ g et g ⪯ f .

8
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

D’une part, comme f ⪯ g alors on a



a < a′ ,






 ou



a = a′ et

b ≤ b′ ,

et d’autre part, comme g ⪯ f alors on a



a′ < a,






 ou



a′ = a et

b′ ≤ b.

On ne peut pas avoir a < a′ et a′ < a simultanément, donc on est dans le cas a = a′ .
Mais dans ce cas, la condition f ⪯ g nous donne b ≤ b′ tandis que la condition g ⪯ f nous donne
b′ ≤ b et, au final, via l’antisymétrie de la relation d’ordre usuelle ≤, nous obtenons b = b′ . D’où
f = g.
➂ Transitivité : Supposons que f ⪯ g et g ⪯ h. Alors
 

a<a, a′ < a′′ ,

 


 


 

ou et ou

 


 

a = a′ et b ≤ b′ ,
 a′ = a′′ et

b′ ≤ b′′ .

☞ Distinguons quatre cas :

(a) Si a < a′ et a′ < a′′ , alors a < a′′ d’où f ⪯ h.

(b) Si a < a′ , a′ = a′′ et b′ ≤ b′′ , alors a < a′′ d’où f ⪯ h.

(c) Si a = a′ , b ≤ b′ et a′ < a′′ , alors a < a′′ d’où f ⪯ h.

(d) Si a = a′ , b ≤ b′ , a′ = a′′ et b′ ≤ b′′ , alors a = a′′ et b ≤ b′′ d’où f ⪯ h.

Par conséquent, dans tous les cas, on obtient f ⪯ h, d’où la transitivité de ⪯.


Enfin, la relation ⪯ est une relation d’ordre sur E.

2. La relation ⪯ est une relation binaire totale. En effet, donnons deux fonctions affines f : x 7−→
f (x) = ax + b et g : x 7−→ g(x) = a′ x + b′ avec a, a′ , b, b′ ∈ R.
Distinguons les cas suivants, et en utilisant le fait que la relation d’ordre usuelle ≤ sur R est
totale.

9
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

(a) Si a < a′ alors f ⪯ g.

(b) Si a′ < a alors g ⪯ f .

(c) Si a = a′ alors
— si b ≤ b′ on a f ⪯ g.
— si b′ ≤ b on a g ⪯ f.

Dans tous les cas, on a pu comparer f et g.

2 Les bornes supérieures et inférieures, Maximum et mini-

mum
Rappel
Soit A une partie non vide de R.

1. Parties majorées, minorées :


Définition 1
➀ On dit que M ∈ R est un majorant de A si : ∀x ∈ A : x ≤ M.

➁ On dit que m ∈ R est un minorant de A si : ∀x ∈ A : x ≥ m.

➂ On dit que A est une partie majorée de R si et seulement si elle admet un majorant.

➃ On dit que A est une partie minorée de R si et seulement si elle admet un minorant.

➄ On dit que A est une partie bornée de R si et seulement si elle est majorée et minorée.

Notation : On note
✍ M (A) l’ensemble des majorants de A.
✍ m(A) l’ensemble des minorants de A.

10
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

2. Plus petit élément, plus grand élément :


Définition 2
➀ On dit que α ∈ R est le plus grand élément de A si et seulement si

α∈A et α est un majorant de A.

➁ On dit que β ∈ R est le plus petit élément de A si et seulement si

β∈A et β est un minorant de A.

➂ Le plus grand élément de A s’appelle le maximum de A, on le note max(A).

➃ Le plus petit élément de A s’appelle le minimum de A, on le note min(A).

3. Borne supérieure, borne inférieure :


Définition 3
➀ Si A est majorée, alors la borne supérieure de A est le plus petit des majorants de A.
On le note sup(A).

➁ Si A est minorée, alors la borne inférieure de A est le plus grand des minorants de A.
On le note inf(A).

Remarques :

☞ Toute partie non vide et majorée de R admet une borne supérieure (Axiome de la borne
supérieure).

☞ Toute partie non vide et minorée de R admet une borne inférieure (Axiome de la borne
inférieure).
   
☞ Si sup(A) ̸∈ A respectivement inf(A) ̸∈ A alors max(A) respectivement min(A)
n’existe pas.
  
☞ Si sup(A) ∈ A respectivement inf(A) ∈ A alors max(A) = sup(A) respectivement

min(A) = inf(A) .

11
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

Proposition 1
Soient x, a, b ∈ R.

➀ x≤a et x≤b =⇒ x ≤ min(a, b).

➁ x≥a et x≥b =⇒ x ≥ max(a, b).

➂ x≤a ou x≤b =⇒ x ≤ max(a, b).

➃ x≥a ou x≥b =⇒ x ≥ min(a, b).

Théorème 2
☞ Soit A une partie de R non vide et majorée par un réel a. Alors :

a = sup(A) ⇐⇒ ∀ε > 0, ∃x ∈ A : a − ε < x ≤ a.

☞ Soit B une partie de R non vide et minorée par un réel b. Alors :

b = inf(B) ⇐⇒ ∀ε > 0, ∃x ∈ B : b ≤ x < b + ε.

Exercice 7
x2 + 2x + 1
Soit f (x) = , x ∈ R. Déterminer sup f et inf f sur R.
x2 + 2x + 4

Solution
On étudie les variations de la fonction f :
On a pour tout x ∈ R

(2x + 2)(x2 + 2x + 4) − (2x − 2)(x2 + 2x + 1)


f ′ (x) =
(x2 + 2x + 4)2
6x + 6
= 2
(x + 2x + 4)2

Donc

f ′ (x) = 0 ⇐⇒ 6x + 6 = 0,

⇐⇒ x = −1.

Ainsi, le tableau de variation de la fonction f est le suivant :


et la représentation graphique de la fonction f est la suivante :

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Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

x −∞ −1 +∞

f′ − 0 +

1 1

Figure 1 – Tableau de variation de la fonction f

2
Cf 1

−6 −5 −4 −3 −2 −1 1 2 3 4 5 6
−1

−2

Figure 2 – Représentation graphique de la fonction f

À partir du graphe de la fonction f on en déduit que pour tout x ∈ R

0 ≤ f (x) ≤ 1,

et donc
sup(f ) = 1 et inf(f ) = 0.
Exercice 8
Déterminer (s’ils existent) : les majorants, les minorants, la borne supérieure, la borne inférieure,
le plus petit élément (le minimum) et le plus grand élément (le maximum) des ensembles suivants :
 
n 1 ∗
A = [2, 3[, B = [0, 1] ∩ Q, C =]0, 1[∩Q, N, D = (−1) + 2 , n ∈ N ,
  n
1
E= − , 1<x<2 .
x

Solution

13
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

1. A = [2, 3[

☞ L’ensemble des majorants de A est : M (A) = [3, +∞[.


☞ L’ensemble des minorants de A est : m(A) =] − ∞, 2].
☞ sup(A) = 3 car sup(A) est le plus petit des majorants.
☞ inf(A) = 2 car inf(A) est le plus grand des minorants.
☞ max(A) n’existe pas car 3 ̸∈ A, mais min(A) = 2 car 2 ∈ A.

2. B = [0, 1] ∩ Q

☞ M (B) = [1, +∞[ et m(B) =] − ∞, 0].


☞ sup(B) = 1 et inf(B) = 0 .
☞ max(B) = 1 et min(B) = 0.

3. C =]0, 1[∩Q

☞ M (C) = [1, +∞[ et m(C) =] − ∞, 0].


☞ sup(C) = 1 et inf(C) = 0 .
☞ max(C) et min(C) n’existent pas car 0, 1 ̸∈ C.

4. N

☞ m(N) =] − ∞, 0] mais M (N) = ∅ car N n’est pas majoré.


☞ sup(N) n’existe pas et inf(N) = 0 .
☞ max(N) n’existe pas et min(N) = 0.
 
n 1 ∗
5. D = (−1) + 2 , n ∈ N
n
On note
1
un = (−1)n + .
n2
On sait que pour tout n ∈ N∗ :
−1 ≤ (−1)n ≤ 1. (5)

Et également pour tout n ∈ N∗ \{1} :


1 1
0< ≤ . (6)
n2 4
En additionnant (5) et (6) on obtient

5
−1 < un ≤ , ∀n ∈ N∗ \{1}. (7)
4

14
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

Mais, pour n = 1 on a
i 5i
u1 = 0 ∈ − 1, .
4
Donc, l’encadrement (7) reste vrai pour tout n ∈ N∗ . Autrement dit, on a montré que
i 5i
D ⊂ − 1, .
4

Et par suite
h5 h
☞ M (D) = , +∞ et m(D) =] − ∞, −1].
4
5
☞ sup(D) = max(D) = et inf(D) = −1 .
4
☞ min(D) n’existe pas car il n’existe aucun entier n0 tel que un0 = −1.

Remarque
Cette méthode n’est pas une démonstration rigoureuse. Dans ce cas, il faut utiliser la caractérisation
de la borne inférieure pour montrer que inf(D) = −1. Et pour la borne supérieure, on utilise le
5
fait que est un majorant de D qui appartient à D et donc par définition du maximum on aura
4
5
max(D) = sup(D) = .
4
 
1
6. E = − , 1<x<2
x
On a

1 1
1<x<2 ⇐⇒ < < 1,
2 x
1 1
⇐⇒ −1 < − < − .
x 2

Donc, on a bien que


i 1h
E = − 1, − .
2
et par suite
h 1 h
☞ M (E) = − , +∞ et m(E) =] − ∞, −1].
2
1
☞ sup(E) = − et inf(E) = −1 .
2
1
☞ max(E) et min(E) n’existent pas car −1, − ̸∈ E.
2

15
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

Exercice 9
Soient a et b deux nombres réels quelconques. Montrer que :
1 
1. sup(a, b) = max(a, b) = a + b + |a − b| .
2
1 
2. inf(a, b) = min(a, b) = a + b − |a − b| .
2

Solution

1. On distingue deux cas :

1er cas : Si a ≥ b, c’est-à-dire, a − b ≥ 0


D’une part, on a
sup(a, b) = max(a, b) = a,

et d’autre part
1  1  1
a + b + |a − b| = a + b + a − b = (2a) = a.
2 2 2
2ème cas : Si a < b, c’est-à-dire, a − b < 0
D’une part, on a
sup(a, b) = max(a, b) = b,

et d’autre part
1  1  1
a + b + |a − b| = a + b + b − a = (2b) = b.
2 2 2
Finalement, dans tous les cas on a montré l’égalité 1.

2. Le même raisonnement que dans 1.

Remarque :
☞ En additionnant 1. et 2. on trouve

sup(a, b) + inf(a, b) = a + b et max(a, b) + min(a, b) = a + b,

et en soustrayant 2. de 1. on obtient

sup(a, b) − inf(a, b) = |a − b| et max(a, b) − min(a, b) = |a − b|,

Exercice 10
1. Soit A une partie non vide et majoré de R. On suppose que la borne supérieure de A est
strictement positive (sup A > 0). Montrer qu’il existe un élément de A strictement positif.

16
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

2. Soit a un réel positif (a ≥ 0). Montrer que


 
∀ε > 0 : a < ε =⇒ a = 0 .

Solution

1. On a d’après la propriété caractéristique de la borne supérieure

∀ε > 0, ∃x0 ∈ A tel que : sup A − ε < x0 ≤ sup A.


  sup A
On choisit ε de tel sorte que sup A − ε soit strictement positif, on prend par exemple ε = , et
2
donc il va exister x0 ∈ A tel que

sup A sup A
0< = sup(A) − < x0 ≤ sup A.
2 2

D’où x0 > 0.

2. Montrons que
 
∀ε > 0 : a < ε =⇒ a = 0 . (8)

☞ Si a = 0 alors l’implication (8) est évidente.


☞ Sinon, supposons par l’absurde que

∀ε > 0 : a < ε et a ̸= 0.

a
Pour ε = on obtient
2
a
a<
2
ce qui est une contradiction.
D’où a = 0.

Remarque
Si on passe à la limite lorsque ε tend vers 0 alors on obtient

0 ≤ a < ε =⇒ 0 ≤ a ≤ lim ε = 0
ε−→0

=⇒ a = 0.

17
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

Exercice 11
Soit A et B deux parties bornées non vide de R. Vrai ou faux ?

1. Si A ⊂ B alors sup A ≤ sup B.

2. Si A ⊂ B alors inf A ≤ inf B.

3. sup(A ∪ B) = max(sup A, sup B).

4. inf(A ∪ B) = min(inf A, inf B).

5. Si A ∩ B ̸= ∅ alors max(inf A, inf B) ≤ inf(A ∩ B).

6. Si A ∩ B ̸= ∅ alors sup(A ∩ B) ≤ min(sup A, sup B).


n o
7. On désigne par A + B = a + b tel que a ∈ A, b ∈ B , alors

sup(A + B) = sup(A) + sup(B).


n o
8. On désigne par (−A) = − x, x ∈ A , montrer que :

sup(−A) = − inf A et inf(−A) = − sup A.

Solution
D’abord, comme A et B sont bornées, alors elles sont majorées et minorées, et par suite sup(A), inf(A), sup(B)
et inf(B) existent.

1. Vrai. Supposons que A ⊂ B.

Soit x ∈ A. Puisque A ⊂ B par hypothèse, alors x ∈ B et par suite

x ≤ sup(B).

Donc sup(B) est un majorant de A.


Étant donné que sup(A) est le plus petit des majorants de A, alors on a nécessairement que

sup(A) ≤ sup(B).

2. Faux. Il suffit de prendre un contre exemple.

On prend par exemple A = [0, 1] et B = [−1, 2[. On voit bien que A ⊂ B mais inf(A) = 0 > −1 = inf(B).
On a plutôt
A⊂B =⇒ inf(B) ≤ inf(A).

18
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

Supposons que A ⊂ B.
Soit x ∈ A. Puisque A ⊂ B par hypothèse, alors x ∈ B et par suite

x ≥ inf(B).

Donc inf(B) est un minorant de A.


Sachant que inf(A) est le plus grand des minorants de A, alors on a nécessairement que

inf(A) ≥ inf(B).

3. Vrai. Pour montrer cette égalité, on doit montrer que :



sup(A ∪ B) ≤ max(sup(A), sup(B)),






 et



sup(A ∪ B) ≥ max(sup(A), sup(B)).

☞ Montrons que
sup(A ∪ B) ≤ max(sup(A), sup(B)).

Soit x ∈ A ∪ B. Donc
x∈A ou x ∈ B,

et par suite
x ≤ sup(A) ou x ≤ sup(B).

Ainsi, par la Proposition 1 on obtient


n o
x ≤ max sup(A), sup(B) ,
n o
et donc, max sup(A), sup(B) est un majorant de A ∪ B ce qui veut dire que A ∪ B est majorée et
par suite sup(A ∪ B) existe.
Comme sup(A ∪ B) est le plus petit des majorants de A ∪ B, alors on en déduit que
n o
sup(A ∪ B) ≤ max sup(A), sup(B) ,

☞ Montrons que
sup(A ∪ B) ≥ max(sup(A), sup(B)).

On sait que
A⊂A∪B et B ⊂A∪B

19
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

et par suite, d’après le point 1. de cet exercice on en déduit que

sup(A) ≤ sup(A ∪ B) et sup(B) ≤ sup(A ∪ B).

Il s’ensuit que
n o
max sup(A), sup(B) ≤ sup(A ∪ B).

D’où l’égalité.

4. Vrai. Le faire !

5. Vrai. Supposons que A ∩ B ̸= ∅ et soit x ∈ A ∩ B.

Donc
x∈A et x ∈ B,

et par suite
x ≥ inf(A) et x ≥ inf(B).

Ainsi, par la Proposition 1 on obtient


n o
x ≥ max inf(A), inf(B) ,
n o
et donc, max inf(A), inf(B) est un minorant de A ∩ B, cela veut dire que A ∩ B est minorée et par
suite inf(A ∩ B) existe.
Comme inf(A ∩ B) est le plus grand des minorants de A ∩ B, alors on en déduit que
n o
inf(A ∩ B) ≥ max inf(A), inf(B) ,

6. Vrai. Le faire !

7. Vrai.

Soit x ∈ A + B. Alors, ils existent a ∈ A et b ∈ B tels que

x = a + b.

Comme A et B sont bornés alors sup(A) et sup(B) existent.


Donc on a
a ≤ sup(A), (9)

et
b ≤ sup(B). (10)

20
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

En additionnant (9) et (10) nous obtenons

a + b ≤ sup(A) + sup(B), (11)

ou encore
x ≤ sup(A) + sup(B).

Ainsi, l’ensemble A + B est majoré et par suite sup(A + B) existe.


D’une part, on a
x = a + b ≤ sup(A) + sup(B),

donc sup(A) + sup(B) est un majorant de A + B.


Puisque sup(A + B) est le plus petit des majorants de A + B alors on a nécessairement

sup(A + B) ≤ sup(A) + sup(B). (12)

D’autre part,
a + b ≤ sup(A + B),

donc
a ≤ sup(A + B) − b,

et donc sup(A + B) − b est un majorant de A. Comme sup(A) est le plus petit des majorants de A alors
on a
sup(A) ≤ sup(A + B) − b,

et par suite
b ≤ sup(A + B) − sup(A),

donc sup(A+B)−sup(A) est un majorant de B et étant donné que sup(B) est le plus petit des majorants
de B on en déduit que
sup(B) ≤ sup(A + B) − sup(A),

ou encore
sup(A) + sup(B) ≤ sup(A + B). (13)

De (12) et (13) on en déduit l’égalité.


☞ De la même manière on peut montrer que

inf(A + B) = inf(A) + inf(B).

21
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

8. Montrons que

sup(−A) = − inf(A).

Soit x ∈ A. D’une part, On a


x ≥ inf(A) =⇒ −x ≤ − inf(A).

Donc − inf(A) est un majorant de (−A), cela veut dire que (−A) est minoré et par suite sup(−A) existe.
Étant donné que sup(−A) est le plus petit des majorants de (−A), alors on a

sup(−A) ≤ − inf(A).

D’autre part, on a pour tout x ∈ A

−x ≤ sup(−A) =⇒ x ≥ − sup(−A).

Donc − sup(−A) est un minorant de A.


Étant donné que inf A est le plus grand des minorants de A, alors on a

inf(A) ≥ − sup(−A).

ou encore
− inf(A) ≤ sup(−A).

D’où l’égalité.
☞ Montrons l’autre égalité de la même manière. (le faire !) .

Exercice 12
Soient A, E et F trois ensembles tels que A ⊂ E ⊂ F . On suppose que A admet une borne
supérieure dans E et dans F . Alors sup(A) ≥ sup(A) est vrai ou faux.
E F

Solution
Vrai. Supposons que sup(A) et sup(A) existent et notons ME (A) et MF (A) l’ensemble des majorants de
E F
A dans E et dans F respectivement.
Comme E ⊂ F , tout majorant de A dans E est un majorant de A dans F donc

ME (A) ⊂ MF (A).

En effet, pour α ∈ ME (A), on a

α∈E et ∀x ∈ A : x ≤ α.

22
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

Puisque E ⊂ F, alors α ∈ F et par suite

α∈F et ∀x ∈ A : x ≤ α

ce qui signifie que α ∈ MF (A). Par hypothèse, ME (A) admet un plus petit élément sup(A) et MF (A)
E
admet un plus petit élément sup(A). Vu l’inclusion ci-dessus, on a donc
F

sup(A) ∈ MF (A)
E

et comme sup(A) est le plus petit élément de MF (A) alors on a nécessairement


F

sup(A) ≥ sup(A).
E F

3 Partie entière
Rappel
Partie entière d’un réel
Théorème 3
Soit x ∈ R. Il existe un unique entier relatif n tel que :

n≤x<n+1

Cet entier relatif n s’appelle la partie entière de x. On note souvent n = E(x).

Remarques :

☞ E(x) est le plus grand entier n qui vérifie n ≤ x.

☞ E(x) + 1 est le plus petit entier m qui vérifie x < m.

☞ Si x est un entier, on a donc E(x) = x et réciproquement, l’égalité E(x) = x implique que


x est un entier.

☞ ∀x ∈ R, ∀n ∈ Z : E(x + n) = E(x) + n (à démontrer).

☞ On appelle la fonction qui associe pour tout x ∈ R sa partie entière E(x) la fonction partie
entière et on la note E.

☞ La fonction partie entière est une fonction croissante. Autrement dit :

∀x, y ∈ R : x ≤ y =⇒ E(x) ≤ E(y).

☞ On représente graphiquement la fonction partie entière comme suit

23
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

Représentation graphique de la fonction partie entière

Exercice 13
Montrer les résultats suivants

1. Pour tout x ∈ R, on a E(x + 1) = E(x) + 1.


 
2. Pour tout x, y ∈ R, on a x ≤ y =⇒ E(x) ≤ E(y) .

Solution

1. Soit x ∈ R. On a
 
E(x) ≤ x < E(x) + 1 =⇒ E(x) + 1 ≤ x + 1 < E(x) + 1 + 1,

donc d’après la caractérisation de la partie entière de x + 1, il s’ensuit que

E(x + 1) = E(x) + 1.

2. Soient x et y deux réels tels que x ≤ y.


On sait que
E(x) ≤ x,

et donc
E(x) ≤ y.

Or E(y) est le plus grand entier n qui vérifie

n≤y

24
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

et puisque E(x) est un entier relatif, alors on a nécessairement

E(x) ≤ E(y).

Ce qui prouve la croissance de la fonction partie entière.

Remarque
On peut montrer par récurrence que

E(x + n) = E(x) + n, ∀n ∈ N.

Exercice 14
Soit x ∈ R. Notons par E(x) la partie entière de x.

1. Montrer que E(a) + E(b) ≤ E(a + b), a, b ∈ R.

2. Montrer que E(a + b) + 1 ≤ E(a) + E(b) + 2, a, b ∈ R.


n + m n − m + 1
3. Calculer, pour tout (m, n) ∈ Z2 la somme E +E .
2 2

Solution
Soit x ∈ R.

1. + 2. Montrons que pour tout a, b ∈ R

E(a) + E(b) ≤ E(a + b) et E(a + b) + 1 ≤ E(a) + E(b) + 2.

Soient a, b ∈ R. On a
E(a) ≤ a < E(a) + 1, (14)

et
E(b) ≤ b < E(b) + 1. (15)

En additionnant (21) et (20) membre à membre nous obtenons

E(a) + E(b) ≤ a + b < E(a) + E(b) + 2. (16)

D’une part on a
E(a) + E(b) ≤ a + b.

Sachant que E(a + b) est le plus grand entier n vérifiant

n≤a+b

25
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

et puisque E(a) + E(b) est un entier, alors on a nécessairement

E(a) + E(b) ≤ E(a + b).

D’autre part
a + b < E(a) + E(b) + 2. (17)

Sachant que E(a + b) + 1 est le plus petit entier m vérifiant

a + b < m,

et puisque E(a) + E(b) + 2 est un entier, alors on a nécessairement

E(a + b) + 1 ≤ E(a) + E(b) + 2.

3. Soit (n, m) ∈ Z2 . Calculons la somme


n + m n − m + 1
E +E .
2 2

On distingue deux cas selon la parité de n + m :


1er cas : Si n + m est pair. Alors il existe k ∈ Z tel que

n + m = 2k

et donc
n = 2k − m.
n+m
Puisque ∈ Z alors on a bien que
2
n + m n+m
E = = k.
2 2

De plus
n−m+1 2k − m − m + 1 2k − 2m + 1 1
= = =k−m+ .
2 2 2 2
et par suite
n − m + 1  1 1
E =E k−m+ =k−m+E .
2 2 2
1
car (k − m) ∈ Z et ∈ R.
1 2
Mais E = 0 et donc on a bien que
2
n − m + 1
E = k − m.
2
26
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

Par conséquent
n + m n − m + 1
E +E = k + k − m = 2k − m = n.
2 2
2ème cas : Si n + m est impair. Alors il existe k ′ ∈ Z tel que

n + m = 2k ′ + 1

et donc
n = 2k ′ + 1 − m.

On a
n − m + 1 = 2k ′ + 1 − m − m + 1 = 2(k ′ − m + 1),

et par suite
n − m + 1  
E = E k ′ − m + 1 = k ′ − m + 1.
2
De plus
n + m  1
E = E k′ + = k′.
2 2
Par conséquent
n + m n − m + 1
E +E = k ′ + k ′ − m + 1 = 2k ′ − m + 1 = n.
2 2

En conclusion, dans les deux cas on a


n + m n − m + 1
E +E = n.
2 2

Exercice 15
Soit x ∈ R. Notons par E(x) la partie entière de x. Montrer que
 E(nx) 
E(x) = E .
n

Solution
On considère la fonction f définie par
 E(nx) 
f (x) = E − E(x).
n

Montrons que
f (x) = 0, ∀x ∈ R.

27
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

On a
 E(nx + n) 
f (x + 1) = E − E(x + 1)
n
 E(nx) + n 
=E − E(x) − 1
n
 E(nx) 
=E + 1 − E(x) − 1
n
 E(nx) 
=E + 1 − E(x) − 1
n
 E(nx) 
=E − E(x)
n
= f (x)

La fonction f est donc 1− périodique, il suffit de prouver qu’elle est nulle sur l’intervalle [0, 1[.
Si x ∈ [0, 1[ alors on a

0 ≤ nx < n =⇒ 0 ≤ E(nx) ≤ nx < n

d’où

E(nx)
0≤ <1
n

et par suite
 E(nx) 
E =0 et E(x) = .0
n
La fonction f est donc nulle sur [0, 1[ et 1− périodique donc identiquement nulle.
Par conséquent
 E(nx) 
E = E(x).
n
Exercice 16
Soit la fonction f définie par f (x) = E(2x) − 2E(x).
1 1
1. Calculer f (x) pour x ∈ [0, [ et pour x ∈ [ , 1[. En déduire que pour tout x ∈ R
2 2

0 ≤ E(2x) − 2E(x) ≤ 1.

2. Montrer, en utilisant la caractérisation de la partie entière que

0 ≤ E(2x) − 2E(x) ≤ 1.

Solution

28
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

1. Calculons f (x) pour x ∈ [0, 1[


h 1h
• Si x ∈ 0, alors 2x ∈ [0, 1[ et par suite E(x) = E(2x) = 0. Par conséquent f (x) = 0.
h1 2h
• Si x ∈ , 1 alors 2x ∈ [1, 2[ et par suite E(x) = 0 et E(2x) = 1. Par conséquent f (x) = 1 − 0 = 1.
2
Finalement
f (x) ∈ [0, 1[.

☞ Soit x ∈ R. Notons
n = E(x) et y = x − n ∈ [0, 1[.

Alors on a
 
E(2x) − 2E(x) = E 2(y + n) − 2E(y + n),

= E(2y + 2n) − 2E(y + n),

= E(2y) + 2n − 2E(y) − 2n,

= E(2y) − 2E(y).

Comme y ∈ [0, 1[ alors d’après ce qui précède, on en déduit que

E(2y) − 2E(y) ∈ [0, 1[.

Par conséquent
E(2x) − 2E(x) ∈ [0, 1[.

2. On a

2x − 1 ≤ E(2x) < 2x, (18)

et
x − 1 ≤ E(x) < x,

ou encore
−2x < −2E(x) ≤ −2x + 2, (19)

En additionnant (18) et (19) on obtient

−1 < E(2x) − 2E(x) < 2

Comme E(2x) − E(x) est un entier alors on peut écrire

0 ≤ E(2x) − E(x) ≤ 1.

29
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

Exercice 17
Résoudre l’équation
E(2x + 3) = E(x + 2).

Étudier la fonction g(x) = E(2x) + 1, x ∈ R.

Solution
Soit x ∈ R et on considère l’équation

E(2x + 3) = E(x + 2).

En appliquant la remarque dans l’exercice 13, l’équation au dessus est équivalente à

E(2x) = E(x) − 1. (20)

On décompose x comme suit :


x = E(x) + {x}, (21)

où {x} est la partie fractionnaire de x.


On rappelle que
{x} = x − E(x) ∈ [0, 1[

et on note S l’ensemble des solutions de l’équation (20).


En remplaçant (21) dans le premier membre de (20) nous obtenons
 
E 2E(x) + 2{x} = E(x) − 1,

et en utilisant encore une fois la remarque dans l’exercice 13 nous obtenons

2E(x) + E(2{x}) = E(x) − 1,

ou encore

E(x) = −E(2{x}) − 1.

Comme 2{x} ∈ [0, 2[ alors on distingue deux cas :


h 1h
er
1 cas : Si 2{x} ∈ [0, 1[ c’est-à-dire {x} ∈ 0, alors E(2{x}) = 0 et par suite
2
h 1h
x ∈ S et {x} ∈ 0, ⇐⇒ E(x) = −1,
2
h 1h
⇐⇒ x ∈ − 1, − .
2

30
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

Donc
h 1h
S1 = − 1, − .
2
h h h1 h
2ème cas : Si 2{x} ∈ 1, 2 c’est-à-dire {x} ∈ , 1 alors E(2{x}) = 1 et par suite
2
h1 h
x ∈ S et {x} ∈ , 1 ⇐⇒ E(x) = −2,
2
h 3 h
⇐⇒ x ∈ − , −1 .
2

Donc
h3 h
S2 = − , −1 .
2
Finalement
h 1h h 3 h h 3 1h
S = S1 ∪ S2 = − 1, − ∪ − , −1 = − , − .
2 2 2 2
Autre méthode :
On a d’après l’exercice 15
 E(nx) 
E(x) = E , ∀x ∈ R, ∀n ∈ N∗
n

en particulier, pour n = 2 on trouve


 E(2x) 
E(x) = E . (22)
2
En remplaçant (22) dans (20) on obtient
 E(2x) 
E(2x) = E − 1.
2

On pose z = E(2x) ∈ Z. L’équation (20) sera équivalente à


z 
z=E − 1. (23)
2

On distingue les deux cas suivants :


1er cas : Si z = 2k avec k ∈ Z alors on a
z 
E − 1 = E(k) − 1 = k − 1
2

d’où

(23) ⇐⇒ 2k = k − 1

⇐⇒ k = −1

31
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

et par suite
z = −2.

Ainsi

z = −2 ⇐⇒ E(2x) = −2

⇐⇒ 2x ∈ [−2, −1[
h 1h
⇐⇒ x ∈ − 1, −
2

2ème cas : Si z = 2k + 1 avec k ∈ Z alors on a


=0
z   2k + 1  z }| {
 1 1
E −1=E −1=E k+ − 1 = E(k) + E −1 = k − 1
2 2 2 2

d’où

(23) ⇐⇒ 2k + 1 = k − 1

⇐⇒ k = −2

et par suite
z = −3.

Ainsi

z = −3 ⇐⇒ E(2x) = −3

⇐⇒ 2x ∈ [−3, −2[
h 3 1h
⇐⇒ x ∈ − , −
2 2

Par conséquent, les solutions de l’équation (20) sont données par


h 1h h 3 h h 3 1h
− 1, − ∪ − , −1 = − , − .
2 2 2 2

32
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

4 Valeur absolue
Rappel
Valeur absolu d’un réel
Théorème 4
Soit x ∈ R. La valeur absolue de x, notée |x| est définie par :


 x si x ≥ 0,

|x| = max{x, −x} =

−x
 sinon .

Remarques :

☞ On appelle la fonction qui associe pour tout x ∈ R sa valeur absolue |x| la fonction valeur
absolue.

☞ On représente graphiquement la fonction valeur absolue comme suit

Représentation graphique de la fonction valeur absolue

Théorème 5
La valeur absolue admet les propriétés suivantes :

➀ Positivité : ∀x ∈ R, |x| ≥ 0.
 
➁ Séparation : ∀x ∈ R, |x| = 0 ⇐⇒ x = 0 .

➂ Comptabilité avec × : ∀x, y ∈ R, |xy| = |x||y|.

➃ Inégalité triangulaire : ∀x, y ∈ R, |x + y| ≤ |x| + |y|.

33
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

Exercice 18
Montrer que pour tout x, y ∈ R, on a :

1. |x| + |y| ≤ |x + y| + |x − y|.


  
2. 1 + |xy − 1| ≤ 1 + |x − 1| 1 + |y − 1| .
|x + y| |x| |y|
3. ≤ + .
1 + |x + y| 1 + |x| 1 + |y|

Solution
Soient x, y ∈ R.

1. On écrit

2x = (x + y) + (x − y) et 2y = (x + y) − (x − y).

Par l’inégalité triangulaire on obtient

|2x| = 2|x| ≤ |x + y| + |x − y| (24)

et
|2y| = 2|y| ≤ |x + y| + |x − y| (25)

En additionnant (24) et (25) on trouve


 
2|x| + 2|y| ≤ 2 |x + y| + |x − y| .

Par conséquent
|x| + |y| ≤ |x + y| + |x − y|.

2. On pose

u = x − 1 et v = y − 1.

Alors

1 + |xy − 1| = 1 + (u + 1)(v + 1) − 1

= 1 + |uv + u + v|

Par l’inégalité triangulaire on obtient

1 + |xy − 1| ≤ 1 + |u||v| + |u| + |v|


  
= 1 + |u| 1 + |v|

34
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

Finalement, on a bien que


  
1 + |xy − 1| ≤ 1 + |x − 1| 1 + |y − 1| .

3. On considère la fonction
f : [0, +∞[ −→ R
x
x 7−→ f (x) =
1+x
Par une étude simple, on montre que la fonction f est croissante sur [0, +∞[.
On sait que
|x + y| ≤ |x| + |y|,

et grâce à la croissance de la fonction f on en déduit que


   
f |x + y| ≤ f |x| + |y| ,

ou encore
|x + y| |x| + |y|
≤ ,
1 + |x + y| 1 + |x| + |y|
De plus, comme |x| ≥ 0 et |y| ≥ 0 alors on a

1 + |x| + |y| ≥ 1 + |x| et 1 + |x| + |y| ≥ 1 + |y|,

et par suite
1 1 1 1
≤ et ≤ ,
1 + |x| + |y| 1 + |x| 1 + |x| + |y| 1 + |y|
ou encore
|x| |x| |y| |y|
≤ et ≤ ,
1 + |x| + |y| 1 + |x| 1 + |x| + |y| 1 + |y|
Il s’ensuit que
|x + y| |x| |y|
≤ + .
1 + |x + y| 1 + |x| 1 + |y|

Exercice 19
Soient xi et yi avec i = 1, 2, . . . , n et n ∈ N∗ ; 2n réels. Montrer que
n
X n
X n
X n
 21  X  12
xi y i ≤ |xi ||yi | ≤ x2i yi2 .
i=1 i=1 i=1 i=1

Cette inégalité s’appelle l’inégalité de Cauchy-Schwartz.

35
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

Solution
☞ D’abord, on montre par récurrence que
n
X n
X
xi yi ≤ |xi ||yi |. (26)
i=1 i=1

✔ Initialisation : Pour n = 1 on a :
1
X 1
X
xi yi = |x1 y1 | et |xi ||yi | = |x1 ||y1 |
i=1 i=1

Or on sait que
|x1 y1 | = |x1 ||y1 | ≤ |x1 ||y1 |,

donc l’inégalité (26) est vérifiée pour n = 1.


✔ Hérédité : Supposons que l’inégalité (26) est vérifiée pour un certain rang n ∈ N∗ et montrons que
n+1
X n+1
X
xi y i ≤ |xi ||yi |.
i=1 i=1

On a :
n+1
X n
X
xi y i = xi yi + xn+1 yn+1 .
i=1 i=1

Grâce à l’inégalité triangulaire on a


n+1
X n
X
xi y i ≤ xi yi + |xn+1 ||yn+1 |,
i=1 i=1

et en utilisant l’hypothèse de récurrence on trouve


n+1
X n
X n+1
X
xi y i ≤ |xi ||yi | + |xn+1 yn+1 | = |xi ||yi |.
i=1 i=1 i=1

Par conséquent on a pour tout n ∈ N∗


n
X n
X
xi y i ≤ |xi ||yi |.
i=1 i=1

☞ Maintenant, on montre que


n
X n
X n
 12  X  12
|xi ||yi | ≤ x2i yi2 .
i=1 i=1 i=1

On note
ai = |xi | et bi = |yi |

36
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

et on considère la fonction f définie par


n 
X 2
f (x) = ai + b i x .
i=1

On remarque que
f (x) ≥ 0, ∀x ∈ R.

En développant le carré on obtient


n 
X 
f (x) = a2i + 2ai bi x + b2i x2
i=1
n
X  n
X  n
X 
2 2
= bi x + 2 ai b i x + a2i .
i=1 i=1 i=1

Il s’agit bien d’une fonction polynomiale en x. On distingue alors deux cas :


Xn
1er cas : Si b2i = 0, cela signifie que les bi sont tous nuls et par suite tous les yi sont nuls et l’inégalité
i=1
est trivialement vérifiée (elle se résume à 0 ≤ 0).
n
X
2ème cas : Si b2i ̸= 0, alors la fonction f est un polynôme de degré 2. Son discriminant est donné par
i=1

n
X 2 n
X n
 X 
2
∆=4 ai b i −4 ai b2i ,
i=1 i=1 i=1
n
h X n
2  X n
 X i
2 2
=4 ai b i − ai bi .
i=1 i=1 i=1

Comme, par construction, la fonction f est positive ou nulle alors on a nécessairement

∆ ≤ 0.

En remplaçant ∆ par sa valeur, on obtient


n
h X n
2  X n
 X i
2
4 ai b i − ai b2i ≤ 0,
i=1 i=1 i=1

ou encore
n
X 2 n
X n
 X 
ai b i ≤ a2i b2i ,
i=1 i=1 i=1
ou encore
n
X n
X n
 21  X  21
ai b i ≤ a2i b2i ,
i=1 i=1 i=1

Par conséquent, en remplaçant ai par |xi | et bi par |yi | on obtient


n
X n
X n
 12  X  21
2 2
|xi ||yi | ≤ |xi | |yi | .
i=1 i=1 i=1
37
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

Exercice 20
Soient xi et yi avec i = 1, 2, · · · , n et n ∈ N∗ , 2n réels. Montrer que
v v v
u n u n u n
u X u X uX
2
t (xi + yi )2 ≤ t xi + t yi2 .
i=1 i=1 i=1

Cette inégalité s’appelle l’inégalité de Minkowski.

Solution
On a
n
X n
X n
X n
X n
X
2 2 2 2
(xi + yi ) = (xi + 2xi yi + yi ) = xi + 2 xi y i + yi2
i=1 i=1 i=1 i=1 i=1

Par suite
n
X n
X n
X n
X n
X
(xi + yi )2 = (xi + yi )2 = x2i + 2 xi y i + yi2
i=1 i=1 i=1 i=1 i=1
n
X n
X n
X  
≤ x2i + 2 xi y i + yi2 inégalité triangulaire
i=1 i=1 i=1
n
X n
X n
X
≤ x2i + 2 xi yi + yi2
i=1 i=1 i=1
v v
n
X
u n
X uX
u n n
X  
2
u
≤ xi + 2 t 2t
xi 2
yi + yi2 inégalité de Cauchy-Schwartz
i=1 i=1 i=1 i=1
v v !2
u n u n
uX uX
≤ t x2 + t y2
i i
i=1 i=1

Par conséquent

v v v
u n u n u n
uX uX uX
t (xi + yi )2 ≤ t x2i + t yi2 .
i=1 i=1 i=1

38
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

5 Exercices supplémentaires
Exercice 21

1. Montrer que 2 n’est pas un nombre rationnel.

2. Montrer que x = 31.72356356356 · · · est un rationnel.

Exercice 22
Les questions suivantes sont indépendantes.

1. Montrer par un raisonnement direct que si a, b ∈ Q, alors (a + b) ∈ Q.

2. Montrer, en utilisant le raisonnement par contraposée que pour tout n ∈ N :

n2 est pair =⇒ n est pair

3. Montrer par l’absurde que :


 a b 
∀a, b ≥ 0 : = =⇒ a = b .
1+b 1+a

4. Montrer par récurrence que pour tout n ∈ N :


n
X n(n + 1)
(a) k=
k=0
2
n
X n(n + 1)(2n + 1)
(b) k2 =
k=0
6
n
X n2 (n + 1)2
3
(c) k = .
k=0
4

Exercice 23
Démontrer les inégalités suivantes :
√ √ √
1. ∀x, y ∈ R+ : x+y ≤ x+ y.
√ x+y
2. ∀x, y ∈ R+ : xy ≤ .
2
p p p
3. ∀x, y ∈ R+ : |x| − |y| ≤ |x − y|.

Exercice 24
On considère l’ensemble A suivant
n p−q o
A= , où p, q ∈ R avec 0 < q < p .
p+q+1

39
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

Démontrer que l’ensemble A admet une borne supérieure et une borne inférieure que l’on
déterminera.

Exercice 25
Démontrer que la fonction partie entière est une fonction croissante sur R.

Exercice 26
Soit A une partie non vide et bornée de R. On pose
n o
B = |x|, x ∈ A .

1. Montrer que B est bornée.


n o
2. Montrer que sup(B) = max | sup(A)|, | inf(A)| .

Exercice 27
Soit A une partie non vide de l’intervalle [1, +∞[. On définit les ensembles suivants :

1 n1 n o
= , x ∈ A} et An = xn , x ∈ A et n ∈ N∗ .
A x
1
1. Montrer que est borné, et si A est borné alors An est borné.
A
2. Montrer que
1 1
sup ≤ et sup(An ) = sup(A)n .
A inf(A)

Exercice 28
Soit A la partie de R définie par
n m o
A= , m, n ∈ N∗ .
mn + 1

Montrer que A possède une borne supérieure et une borne inférieure et les calculer.

Exercice 29
On définit la relation | sur l’ensemble N∗ comme suit

a|b ⇐⇒ ∃k ∈ N∗ : b = ka.

1. Montrer que la relation | est une relation d’ordre sur N∗ .

40
Série de TD : Droite réelle ENP KETTAF Ishak

2. Est ce que cette relation d’ordre est totale ?

Exercice 30
Soit E un ensemble non vide. On définit la relation ∗ sur l’ensemble P(E) comme suit

A ∗ B ⇐⇒ A ⊂ B.

1. Montrer que la relation ∗ est une relation d’ordre sur P(E).

2. Est ce que cette relation d’ordre est totale ?

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