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GEORGE CHASTELAIN
LE MIROIR DE MORT
Edition critique
par
LOUVAIN-LA-NEUVE
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Université Catholique de Louvain
PUBLICATIONS DE L'INSTITUT D'ÉTUDES MÉDIÉVALES
— Textes, Études, Congrès, vol. 17 —
George CHASTELAIN
LE MIROIR DE MORT
Edition critique
par
LOUVAIN-LA-NEUVE
1995
Conformément à la règle établie par l'Institut d'Études Médiévales, le manuscrit du
présent volume a été soumis à un comité de lecture composé de Mme C. Storms, de
M. CI. Thiry, professeurs à l'Université Catholique de Louvain, et de Mlle M.
Tyssens, professeur ordinaire à l'Université de Liège.
Joseph Bédier
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AVANT-PROPOS
CHAPITRE I : l'auteur
10
«Biographie»
IComme le signale V. L. SAULNIER, «il serait bon d'écrire ce nom : «George Chastelain»,
comme l'homme signait. (Voir un acte de 1470 cité par K. Urwin, (...), p. 169).» dans «Sur
George Chastelain poète et les rondeaux qu'on lui attribua», dans Mélanges de langue et de
littérature du Moyen Âge et de la Renaissance offerts à Jean Frappier, t. I, Genève, Droz,
1970 (Publications romanes et françaises, CXID), p. 987, n. I.
Certains allèguent 1405 en vertu de son épitaphe où on lit : «Et au comble de LXX ans dé-
céda de ce siècle, le XX mars MCCCC LXXII» [citée par S. LE BOUCQ, Histoire ecclé-
siastique de la ville et du comté de Valentienne [sic]. Ed. par A. Dinaux, Valenciennes, A.
Prignet, 1844, p. 47.]. Mais cette date véhicule certains non-sens. En effet, Chastelain serait
trop âgé lors de faits où il se déclara «jeusne enfant» [Voir L. HOMMEL, op. cit., p. 25 et K.
URWIN, op. cit., p. 7]. Son âge, lors du décès, doit être une faute de copiste qui a peut-être lu
LXX pour LX.
Luc Hommel affirme que «son nom [Chastelain] ne figure pas sur les matricules de l'Alma
Mater» [p. 27]. Dans un compte rendu de l'ouvrage de Luc Hommel [dans Revue d'histoire
ecclésiastique, t.XLI, 1946, pp. 141-142.], Omer Jodogne déclare avoir trouvé «dans la table
conservée de la première matricule : "Gregorius Casteleyn de Gandavo"» et «dans le registre
de la Faculté des Arts : "Determinavit 14 novembris 1430 Georgius Casteleyn; Bac. art. 16
martii 1432 Georgius C."'»[p. 142]. Cette découverte pourrait prouver que Chastelain fut
«escolier» à Louvain et pourrait même faire penser que Chastelain serait né en 1405, même si
17 ans était un âge normal pour un bachelier.
l2de REIFFENBERG, Chronique métrique de Chastellain et de Molinet avec des notices sur
ces auteurs et des remarques sur le texte corrigé, Bruxelles, J. M. Lacrosse, 1836, p. 1.
13Voir L. HOMMEL, op. cit., pp. 29-30.
Sur le séjour de Chastelain à Valenciennes voir G. SMALL, «Georges Chastelain à Valen-
ciennes», dans Valentiana, n° 4, décembre 1989, pp. 26-31.
Nous ne citons que cette oeuvre magistrale. Pour la chronologie des oeuvres de G. Chaste-
lain il est bon de se référer à K. URWIN, op. cit., pp. 18-22.
Notons que dans l'ouvrage de Luc Hommel, une coquille ou le mélange des dates nouveau
et ancien style fait mourir Chastelain le 13 février 1473 [p. 36]. Or, le 2 mai 1473 il est pré-
sent au douzième chapitre de la Toison d'Or tenu à Valenciennes [p. 35].
17Voir K.d.L. [éd. sc.], op. cit. t. I, XXXVII.
11
CHAPITRE II : introduction thématique
1 Nous reprenons le terme de Philippe Ariès qui sut dégager avec brio les différents senti-
ments que l'homme développa à l'égard de la mort à travers les siècles; cf. Ph. ARIES,
L'homme devant la mort, 2 vol., Paris, Seuil, 1985 (Points. Histoire 82-83) [19771].
2A ce sujet 1l convient de consulter le superbe ouvrage d'Emile Mâle sur L'art religieux de la
fin du Moyen Âge en France : étude sur l'iconographie du Moyen Âge et sur ses sources
d'inspiration, 2e éd. rev., Paris, Colin, 1922.
Songeons au livre, se limitant aux XVe et XVIe siècles, de Christine Martin -Génieys.
Cet ouvrage est le seul, avec celui de Claude Blum, qui se soit penché sur l'épineuse question
fe-| du thème de la mort dans la littérature française. Malheureusement, ce genre d'étude est tou-
jours limitative; dès lors, nous pouvons espérer que la critique trouvera quelques pistes de
12
Ce chapitre ne veut pas pallier ce manque documentaire, mais
il désire souligner les différents motifs qui accompagnent cette thématique
générale de la mort dans le Miroir de Mort. Selon nous, le Miroir de Mort
développe trois thèmes centraux qui accompagnent naturellement la thématique
de la mort. Il s'agit tout d'abord‘ de l'ars moriendi, du contemptus mundi, et
enfin de l'Ubi sunt. Nous ne tenterons donc pas une approche globale du thème !
de la mort dans le Miroir, mais nous nous attarderons sur ces trois motifs qui
sont la parfaite illustration du sentiment éprouvé à l'égard de la mort au XVe
siècle dans la littérature édifiante de langue vulgaire. Ces trois points seront
abordés successivement; chacun fera l'objet d'un bref aperçu historique et d'un
développement de son rôle dans le Miroir de Mort.
1. L'ars moriendi
recherche dans cette riche thématique qu'il faudrait encore exploiter. Voir Chr. MARTI-
NEAU-GÉNIEYS, Le thème de la mort dans la poésie française de 1450 à 1550, Paris,
Champion, 1978 (Nouvelle bibliothèque du Moyen Âge, 6) et CI. BLUM, La représentation de
la mort dans la littérature française de la Renaissance, 2 vol., Paris, Champion, 1989
(Bibliothèque littéraire de la Renaissance. 2e série 23). Signalons la récente parution d'un re-
cueil d'articles sur la mort : D. ALEXANDRE-BIDON et C. TREFFORT {s. dir.], À réveiller
les morts. La mort au quotidien dans l'Occident médiéval, Lyon, Presses Universitaires de
Lyon, 1993.
Nous énumérons les différents motifs suivant leur importance et non suivant leur ordre d'ap-
pusen tout au long du poème.
L'importance des Dominicains et des Franciscains fut considérable dans le prêche sur les fins
dernières, comme en témoignent les influences indéniables qu'ils eurent sur l'élaboration de la
Danse Macabre et de l'ars moriendi.
Alors qu'Emile Mâle focalisait toute son attention sur l'origine française de l'ars (imputable à
l'influence de Gerson), aujourd'hui celle-ci n'est plus d'actualité. Notons que, selon lui, les
gravures devaient aussi être françaises : «Toutefois, comme le texte laisse deviner une in-
fluence de la France, il sera peut-être sage de se demander si les gravures ne seraient pas
françaises», op. cit., p. 381.
13
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l
|
en majeure partie, aux différentes gravures qui présentaient en onze
scènes l'agonie de l'homme : cinq tentations diaboliques, cinq inspirations an-
| géliques et enfin la bonne mort’. L'ars moriendi fut l'objet d'une large diffusion
à travers toute l'Europe, en partant de la Flandre et de l'Allemagne vers la
France et l'Italie, puis vers l'Espagne et l'Angleterre.
Dans l'histoire du sentiment vis-à-vis de la mort, l'ars moriendi
cette attention obsédante sur les ultimes minutes de la vie de l'homme une
passion débordante pour la vie, car il s'agit bien des derniers instants de la vie
de l'être. L'ars témoigne de ce changement fondamental de l'eschatologie qui ne
place plus le Jugement dernier à la fin des temps. Maintenant, au XVe siècle,
chaque homme voit son destin se décider au terme de sa vie, au pied de son lit
où apparaissent les deux royaumes qui se partagent l'au-delà : l'Enfer et le
Paradis. La mort devient le pivot sur lequel se joue toute l'éternité; une dernière
fois l'agonisant est tenté par l'Adversaire qui essaie de s'approprier son âme par
un dernier péché, par son abandon à la désespérance, car il se sait voué à
l'Enfer; tandis qu'en regard du Diable, l'ange apparaît accompagné de toute la
cour céleste. Les cinq inspirations angéliques précèdent toujours la bonne mort.
En somme, l'ars moriendi peut se résumer facilement en trois phases :
«l'attitude du mourant, l'assaut des Diables, la revanche de la foi»$.
Le Miroir de Mort se base en grande partie sur l'ars moriendi.
En effet, les trois moments constitutifs de l'ars apparaissent du vers 345 au
vers 648, soit durant trois cent trois vers, ce qui représente près d'un tiers de
l'oeuvre. Chastelain suit la même progression, c'est-à-dire l'agonie, l'assaut du
Diable et la bonne mort. Alors que selon A. Tenenti dans l'ars moriendi «la
douleur ne trouve pas de place (...), elle ne joue aucun rôle»”, dansleMiroir de
Mort la douleur est omniprésente : Chastelain insiste tant sur la douleur du
tiellement par souci de contraste, pour montrer au mourant que sa peine égoïste
est minime face aux douleurs affreuses que le Christ endura pour nous. Et
tandis que dans l'ars le Christ en croix apparaissait avec toute la cour céleste
pour sensibiliser l'agonisant, dans le Miroir de Mort il montre au mourant sa
| douleur et son agonie, maïs ici celles-ci n'ont rien de salvateur, elles ne sont que
l'expression d'un dolorisme pessimiste.
TPour les gravures nous renvoyons le lecteur à l'ouvrage d'Alberto Tenenti [La vie et la mort à
travers l'art du XVe siècle, Paris, A. Colin, 1952 (Cahiers des Annales, 8)] et aux pages 380-
389 de l'ouvrage d'Emile Mâle.
8A. TENENTI, «Ars Moriendi. Quelques notes sur le problème de la mort à la fin du XVe
siècle», dans Annales E.S.C., 6, 1951, p. 436.
Tbidem, p. 437.
14
Ainsi,leMiroir de Mort est foncièrement sombre. Certes, l'ars
moriendi montre l'agonie du chrétien comme celle d'un pécheur, mais en der-
nière instance celui-ci est sauvé par la miséricorde divine grâce à son repentir,
alors que dans le Miroir, la bonne mort est véritablement éludée, expédiée en
un vers. Chastelain s'appesantit beaucoup plus sur le péché inhérent à l'homme
que sur la rédemption finale. De même il insiste plus sur la souffrance du
Christ lors de sa Passion que sur la valeur salvatrice de cet acte. /
2. Le contemptus mundil1
10Celle-ci est imputable aux différentes gravures qui ornaient l'ars et dont le Miroir de Mort
se fait l'expression verbale.
Nous nous basons essentiellement sur l'article de Robert Bultot «Mépris du monde, misère
et dignité de l'homme dans la pensée d'Innocent IP», dans Cahiers de Civilisation médiévale.
Xe - XIIe siècle, 4, 1961, pp. 441-456.
Les manuscrits eux-mêmes ne s'accordent pas sur le titre, mais à partir de 1246 la dénomi-
nation De contemptu mundi d'Albert de Brescia se fera fréquente. [cf. R. BULTOT, loc. cit.].
Notons l'adaptation française d'Eustache Deschamps, le Double lai de fragilité humaine [cf.
Lai 309 bis, dans E. DESCHAMPS, Oeuvres complètes. Publiées d'après le manuscrit de la
Bibliothèque Nationale par le Marquis de Queux de Saint Hilaire, vol. 2, Paris, Firmin Didot,
1878].
15
morale et enfin la misère de son état cadavérique et du sort réservé aux pé-
|cheurs. Selon Lothaire, l'homme ne peut être humble que s'il prend conscience
de sa condition. De ce fait, pour démontrer à l'homme sa misère et surtout la
voie de l'humilité, il articule son oeuvre selon trois principes fondamentaux : la
misère, le mépris du monde et l'humilité.
Certes, la doctrine du contemptus mundi d'Innocent II
[Lothaire] est peut-être vue ici d'une manière quelque peu réductrice, mais
notre propos n'est pas de développer celle-ci par plaisir d'érudition. Cette brève
explicitation trouve sa place dans une exposition thématique du Miroir de
Mort.
Dans le Miroir de Mort, la doctrine du contemptus mundi oc-
|cupe une place de choix. En effet, tout le poème développe cette pensée, con-
formément à la visée morale de l'oeuvre. La pensée du mépris du monde appa-
raît toujours en toile de fond dans le poème. Il y a une véritable mise en accu-
sation de toute la vie humaine. A ce thème du mépris du monde, et donc de la
— vanité des biens terrestres, s'ajoutent celui de l'Ubi sunt et celui de la Danse
( Macabre. Car l'impossibilité de réponse à la question Ubi sunt ? est la preuve
de la vanité de notre vie terrestre, étant donné que tous nous mourrons. Quantà
la Danse Macabre, elle est la transposition iconographique et scénique de ce
thème, qui apparaît comme topos de la littérature édifiante.
3. L'Ubi sunt\4
l4Cf£. E. GILSON, «De la Bible à François. Villon», dans Les Idées et les Lettres, Paris, Vrin,
Fe1032, Essais d'art et de philosophie), pp. 9-30. Pour les différentes références à ce thème
“voir ID., «Appendice. Tables pour l'histoire du thème littéraire Ubi sunt ?», dans Ibidem, pp.
31-38. Notons que le Miroir de Mort n'y est pas mentionné.
Nous ne développerons pas ce thème, car celui-ci fait l'objet d'une longue note explicative aux
pages 115-118.
16
* La Danse Macabre
1Spour plus de précisions à ce sujet, nous renvoyons, entre autres, à l'ouvrage de Joël SAU-
GNIEUX : Les danses macabres de France et d'Espagne et leurs prolongements littéraires,
pre E. Vitte, 1972 (Bibliothèque de la faculté de lettres de Lyon, fasc. XXX).
16Nous pensons à l'article de Tilde SANKOVITCH, «Death and the Mole : two Fifteenth
Century Dances of Death», dans Fifteenth Century Studies, vol. 2, 1979, pp. 211-217.
17A. de LABORDE, Les ducs de Bourgogne : étude sur les lettres, les arts et l'industrie pen-
dant le XVe siècle et plus particulièrement dans les Pays-Bas et le duché de Bourgogne, t. I,
Ile partie, n° 7399.
8 O. CARTELLIERI, «Theaterspiele am Hofe Herzog Karls des Kühnen von Burgund», dans
Germanisch-Romanische Monatschrift, 9, 1921, pp. 168-179.
17
série de pièces qui furent représentées à la cour de Bourgogne. Il cite notam-
ment les pièces sur le thème de la Danse Macabre, jouées à Bruges en 1449.
Immédiatement après, il mentionne La Paix de Péronne, pièce écrite par
George Chastelain. Textuellement : «Georges Chastelain schriebf das Stück /
"La Paix de Péronne" (...)!%». Nous sommes d'avis que la promiscuité des deux
phrases a induit certains lecteurs en erreur. Ceux-ci auront donc attribué la
pièce à George Chastelain à cause d'une faute de lecture. Reconnaissons qu'une
lecture rapide peut facilement prêter à confusion. C'est elle qui est, selon nous,
responsable de ce rapprochement qui s'est effectué entre le Miroir de Mort et la
Danse Macabre.
bide, p. 170.
18
CHAPITRE II : l'oeuvre
1. Le titre
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n'y a aucun rapport entre le Pas (ou, plus correctement, le Miroir) de la Mort
de Georges Chastellain [sic] et le poème d'Amé de Montgesoie.»*.
De ce fait, appeler le Miroir de Mort de George Chastelain
Pas de la Mort ne pouvait et ne peut que prêter à confusiont. Dès lors, nous
adopterons le titre de Miroir de Mort pour désigner le poème de Chastelain.
2. La date
STh. WALTON, «Les poèmes d'Amé de Montgesoie (fl. 1457-1478) Le Pas de la Mort et La
complainte sur la mort d'Isabelle de Bourbon», dans Medium Aevum, t. IL, n°1, mars 1933,
#1.
Notons que ce serait un énorme non-sens. En effet, on s'obstinerait à appeler un poème Pas
de la Mort, alors que textuellement on lit : «(...)ay fait et escript de mes mains,/ainsy come je
l'ay trouvé,/ce traitié que j'ay compilé/et nommé [nous soulignons] le Miroir de Mort.»(vv. 84-
87).
IC EL HOMMEL, op. cit., p. 41. [«Ce poème est certainement postérieur à L'Oultré
d'Amour]. ‘
Nous ne développerons pas ici les différents éléments qui nous ont permis d'avancer cette
hypothèse, et nous renvoyons le lecteur à notre article, «Villon lecteur de Chastelain ?», dans
Les Lettres romanes, 48, 1994, n° 1-2, pp. 1-13.
Même avant 1455, car alors il devient historiographe officiel et abandonne ses péchés et son
inspiration de jeunesse.
20
Penser pouvoir proposer une date plus précise serait un leurre.
Seuls des éléments extra-textuels, tels que l'influence de l'oeuvre ou encore sa
diffusion, permettent d'avancer prudemment une date, ou plutôt une hypothéti-
que tranche chronologique comprise entre 1436 et 1450.
3. Résumé
21
orgueilleux (vv. 281-288). De toute façon, la vie de ce dernier sera aussi courte
que ses vêtements (vv. 289-296). Enfin, il constate que ni l'abbé perverti (vv.
297-308) ni le riche bourgeois (vv. 305-309) ne trouveront de parade à l'atta-
que de la Mort (vv. 310-312). De ce fait, l'homme doit vivre conformément aux
Ecritures, de sorte que la mort lui soit plus douce (vv. 313-320). Pour sensibi-
liser les pécheurs (vv. 321-336), Chastelain use de l'exemple du bon Lazare qui
craignit la mort malgré sa bonté et sa grandeur d'âme.
Après, en vue de persuader son auditoire, le poète relate l'as-
sautde Satan au chevet de l'homme agonisant. Cette scène et celles qui suivront
lui ont été inspirées par l'iconographie de l'ars moriendi. D'abord, nous som-
mes les spectateurs de la dernière heure d'un homme assailli par le Diable (vv.
345-352). L'homme souffre péniblement : son corps se tord de douleur (vv.
353-360) et lui, exsangue, muet (vv. 361-368), est harcelé par la Mort et le
Diable (vv. 369-376). Alors, l'Adversaire s'approche de lui et déclare senten-
cieusement que désormais son âme lui est échue (vv. 377-384). Satan passe en
revue tous ses acquis, toutes ses activités mondaines qui nuisent à sa place au
Paradis (vv. 385-456). Tout ce qu'il a possédé s'envolera comme la poussière
méprisable qu'il est intrinsèquement : ses conquêtes amoureuses (v. 385), ses
bijoux (v. 387), ses bâtiments (v. 388), ses oiseaux, ses chiens, ses chevaux,
tout cela fondra comme neige au soleil lorsqu'il pourrira en terre et que son âme
brûlera en Enfer (vv. 390-392). L'homme subira éternellement les affres de
l'infernale loge puisqu'il n'a pas vécu chrétiennement (vv. 401-408). De plus,
rien ne pourra apaiser le feu du Léviathan, car son devenir importe peu à ses
descendants (vv. 409-416). Aucun de ses proches ne fera de prière d'interces-
sion pour le salut de son âme. De toute façon, il n'aura désormais qu'un tom-
beau, un suaire et des vers comme seules possessions (vv. 422-424). Satan, au
nom de la souffrance future du mourant, remet en cause sa naissance (vv. 425-
432) : pourquoi être né si ce n'est que pour souffrir éternellement ? (vv. 433-
440). Ensuite, le Diable parle des indicibles et inimaginables peines infernales
(vv. 441-448) pour, dans un dernier élan, forcer le mourant à le suivre (vv.
449-453).
Le pécheur est alors plein de désarroi (vv. 454-456) jusqu'à ce
que vienne le bon ange, conformément au déroulement de l'ars moriendi (vv.
457-460). L'émissaire divin tient un discours sentencieux au mourant (vv. 460-
642). Si ce dernier se repent de bonne foi, le Seigneur lui accordera sa miséri-
corde (vv. 461-464). Tout le discours de l'ange est un hymne à la gloire du
Christ qui pour nous endura la mort; de ce fait, nous ne pouvons que l'implorer
de nous pardonner nos péchés (vv. 465-472). L'ange devise largement de la
Passion du Christ (vv. 473-496). II s'attarde sur les douleurs physiques que le
Christ a endurées : le coup de lance dans son côté (v. 476), les clous dans ses
mains et pieds (vv. 477-480), les coups de fouet (vv. 481-488) et la couronne
d'épines (vv. 489-490). II rend la scène encore plus pathétique lorsqu'il décrit la
douleur de la Vierge Marie, témoin de la souffrance de son Fils (vv. 497-536).
Il donne même la parole à celle-ci durant quelques vers (vv. 499-536) pour que
22
la détresse de la mère du Seigneur sensibilise le pécheur. La très sainte Vierge
retrace toute sa vie de manière elliptique depuis l'Annonciation (vv. 502-504)
jusqu'à la Passion de son Fils en passant par la fuite en Egypte (vv. 508-509).
Elle souhaite vivement prendre part à la souffrance de son Fils (vv. 513-514)
ou même mourir avec Lui (vv. 515-520). Puis, la Vierge se lamente sur le
destin de Jésus et sur l'horreur de la croix, engin qui Le tourmente pour le
rachat de l'humanité (vv. 529-536). Enfin, l'ange reprend la parole et cette fois,
il décrit l'angoisse de la Mère face à l'agonie de son Fils (vv. 537-552). La
Vierge Marie souffrit autant que le Christ, dès lors la peine du pécheur est peu
de chose en face de celle-ci (vv. 553-560). Au moment de mourir le pécheur
doit reconnaître tous ses péchés et implorer grâce à Dieu (vv. 569-576).
L'exemple du bon larron suffit pour motiver le fait que Dieu pardonne toujours
à celui qui se repent. Le pécheur doit louer et adorer le Seigneur (vv. 585-592),
de sorte que le Diable soit vaincu (vv. 593-600). Les conduites des saints qui
louent le Seigneur en chantant «Te Deum laudamus» (vv. 601-608) sont la
preuve de la nécessité de prier et d'adorer Dieu. Puis le récit de l'ange laisse la
place à la prière des saints à la Vierge (vv. 617-636). L'ange conclut qu'au
moment de son trépas l'homme doit prier Dieu afin qu'il lui octroie son pardon
(vv. 637-658). Ici, prend fin le discours de l'ange suivi par le combat de ce
dernier et du Diable au chevet de l'agonisant. Cette lutte se solde par la victoire
de l'ange (v. 664).
23
CHAPITRE IV : les manuscrits du Miroir de Mort
ln s'agit des manuscrits suivants : B.R. 21530, B.N. 15216 et Ars. 3521. Notons que dans son
ouvrage, paru en 1937, Kenneth Urwin [op. cit., p. 24] ne mentionne que le B.R. 21530 dans
la liste des manuscrits qu'il a retrouvés [pp. 23-29]. Pourtant, il cite à plusieurs reprises l'édi-
tion des Oeuvres par Kervyn de Lettenhove. Un recensement des différentes bibliothèques et
une prospection rigoureuse de l'édition de K.d.L. auraient permis d'établir une liste des ma-
nuscrits existants plus exacte.
2E. DROZ et C. DALBANNE, «Le Miroir de Mort de Georges Chastellain» in Gütenberg
Jahrbuch, 1928, pp. 89-92. Seule Susanna Bliggenstorfer mentionna cet article dans son édi-
tion du Temple de Bocace de George Chastelain [p.*144]
3A. LOUANT , Le «Livre de Ballades» de Jehan et Charles Bocquet bourgeois de Mons au
XVIe siècle, Bruxelles, Palais des Académies, 1954 (Académie royale de Belgique. Classe des
lettres et des sciences morales et politiques. Collection des anciens auteurs belges. Textes et
études. Nouvelle série n°4).
Lors de la parution de l'article en 1928, le nombre des manuscrits se portait à douze (en te-
nant compte du manuscrit de Mons étudié par A. Louant). Or, un des manuscrits mentionnés
[ms. cod. XXI.L.v.9] provenait de la Bibliothèque de Turin (incendiée en 1904) et actuelle-
ment celui-ci ne figure plus dans le catalogue [Dott. Albano SORBELLI, /nventari dei manos-
critti delle biblioteche d'Italia, vol. XXVIII, Firenze, Léo S. Olschki, 1923]. Cependant, il dut
bien exister un manuscrit du Miroir de Mort à Turin, car nous avons retrouvé sa description
dans un catalogue de 1749. [cf. Codices manuscripti Bibliothecae Regii Taurinensis Athenaei
(...) recensuerunt et animadversionibus illustrarunt Josephus Pasinus, Antonius Rivautella et
Franciscus Berta, pars I, Taurini, 1749, p. 459]. Il y porte la cote cod. II e. III 44 et est attri-
bué à Olivier de la Marche.
Lorsque Henri Stein [dans Olivier de la Marche : historien, poète et diplomate bourguignon,
Bruxelles, Hayez, 1888, p. 107] récuse l'hypothèse selon laquelle Olivier de la Marche aurait
composé le Miroir de Mort, il cite deux incunables. Le premier est celui analysé par E. Droz
et C. Dalbanne (ancien n° 2861 de la Bibliothèque de la Vallière, actuellement B.N. Ye 171).
Le second aurait été conservé dans la bibliothèque de M. de Kerdonet. Henri Stein renvoie
«les curieux» à une «description très complète et très exacte» de M. de la Villemarqué qui fut
publiée par M. Arthur de la Borderie dans le Bulletin du bibliophile breton, pp. 5-7, Rennes,
Plihon, 1884. Nous n'avons pas pu consulter cet article.
24
1. Les manuscrits
25
Crucifixion / f° 18 v° : percement du flanc du Christ sur la croix / f° 20 v° :
combat de l'ange et du diable au chevet du mourant / f° 22 r° : représentation
de l'auteur./ Il manque vraisemblablement quatre feuillets au manuscrit, dont
un devait être historié (voir plus loin). Bibliographie : MALRAUX (A.) fe. a.],
Les manuscrits à peintures en France du XIIIe au XVIe siècle. Exposition à la
B.N., Paris, Bibliothèque Nationale, 1955, p. 144. - DUHAMEL (M.), Cata-
logue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France.
Départements : Carpentras, t. XXXIV, Paris, Plon, 1901. - LAMBERT (C.-
G.-A.), Catalogue descriptif et raisonné des manuscrits de la Bibliothèque de
Carpentras, t. 1, Carpentras, E. Rolland, 1862 - PORCHER (]J.), «Les peintres
de Jean de Wavrin», dans La Revue Française, avril 1956, pp. 17-22.
J : Paris, Musée Jacquemart-André, ms. 11 (686) ancien Lyon 653, pp. 286-
310 / Parchemin / XVe siècle / 310 pages / 285 x 150 / Reliure veau fauve à
compartiments de mosaïque / Bibliographie : Catalogue général des manus-
crits des bibliothèques publiques de France. Paris. Bibliothèque de l'Institut.
Musée Condé à Chantilly. Bibliothèque Thiers. Musée Jacquemart-André à
Paris et à Chaalis, Paris, Plon, 1928. - Note sur la publication du Catalogue
du Musée Jacquemart-André, dans Romania, t. XLIII, 1914, pp. 471-472. -
DELANDINE (A.-F.), Manuscrits de la Bibliothèque de Lyon (...), t. I, Paris,
Renouard, 1812 - The Poetical Works of Alain Chartier. Edited by J.C.
LAIDLAW, Cambridge, Cambridge University Press, 1974, pp. 118-119.
26
L : Bruxelles, Bibliothèque Royale, ms. 21530 (4632), f° 220 v° - f° 225 r° /
Papier / XVe siècle / 229 feuillets / Ecriture gothique bâtarde / Décoration
initiale / Deux colonnes f° 220-229; réglures; lettres d'attente; signatures; fili-
granes (Briquet, 1895, att. 1469-1473; Briquet var. 3819, att. 1461-1486; Bri-
quet 8599, att. 1462-1468; Briquet var. 9184, att. 1483) / Propriétaires : Phi-
lippe de Lannoy; provient de la Bibliothèque des Bollandistes; Gand; Serrure
(C.-P.) / Acquis par la BR. en 1857 / Bibliographie : VAN DEN GHEYN
(J.), Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque Royale de Belgique, t.VII
Histoire des pays : Allemagne, Angleterre, Autriche, Belgique (Histoire
générale), Bruxelles, Henri Lamertin, 1907 (Ministère des sciences et des
arts). - Fichier codicologique de la Bibliothèque Royale - The Poetical Works
of Alain Chartier. Edited by J.C. LAIDLAW, p. 98.
27
manuscrits) - RIS-PAQUOT (O. E.), Dictionnaire encyclopédique des
marques et monogrammes, chiffres, lettres, initiales, signes figuratifs, (...)
contenant 12.156 marques etc., 2 t., Paris, Henri Laurens, s.d.
2. L'incunable
28
L; et enfin, nous mentionnerons les leçons que nous qualifierons d'erreurs par
rapport au texte de notre manuscrit de base. Nous tenterons de juger les leçons
des autres manuscrits le plus objectivement possible, c'est-à-dire que pour
évaluer les leçons divergentes des autres manuscrits nous nous baserons essen-
tiellement sur des critères syntaxiques et morphologiques, plutôt que sur des
critères stylistiques.
29
Nous ne considérons pas la lacune des trois strophes (vv. 641-648, vv. 649-
656 et vv. 681-688) comme une erreur, car seul Ch les possèdef. Quant à ce
manuscrit, il comporte vingt-trois vers hypométriques et dix-neuf vers hy-
permétriques; de plus, nous dénombrons trois inversions de vers qui nuisent au
sens (135-136-143-144-254-256), trois erreurs contre le schéma des rimes
(297-460-462). Le nombre total des fautes relevées est de soixante-sept; trente-
six d'entre elles sont des fautes grossières : 20-35-58-74-80-82-140-141-164-
233-236-245-262-279-288-298-395-412-422-425-436-438-448-457-474-485-
519-528-624-627-662-665-716-734-744-765. Les trente et une fautes moins
importantes sont les suivantes : 42-61-90-94-97-99-104-113-132-183-187-
201-219-239-296-302-327-350-373-385-390-399-423-451-485-538-552-601-
629-674-763.
Si nous considérons les autres manuscrits, le constat est
parfois plus accablant. Ainsi, bien que À n'ait que dix vers métriquement faux,
il est le plus mauvais des onze manuscrits. Effectivement, il manque trente-six
strophes, soit deux cent quatre-vingt-huit vers, ce qui représente plus d'un tiers
du texte. Les groupes de vers manquants sont les suivants : 241-256 / 321-384
/ 401-408 / 425-440 / 449-472 / 497-504 / 521-536 / 545-600 / 641-648 / 649-
656 / 673-680 / 737-760. Ces nombreuses lacunes nuisent considérablement au
poème qui se voit dès lors mutilé dans son unité sémantique primordiale. No-
tons que ce manque n'est pas dû à une malveillance ou à la détérioration du
manuscrit, comme cela a pu arriver pour d'autres copies. De plus, cette copie
ne renferme pas moins de septante-quatre leçons insatisfaisantes sur les quatre
cent quatre-vingts vers subsistants. Trente-huit d'entre elles peuvent être jugées
comme des erreurs : 14-20-28-35-59-74-80-112-115-140-141-145-164-175-
232-233-259-264-268-278-279-287-288-309-412-422-444-476-492-543-544-
581-666-696-716-722-728-734; tandis que les trente-six dernières ne nuisent
pas fortement au sens. Il s'agit des leçons suivantes : 34-40-42-46-61-94-97-
122-132-184-187-190-201-225-226-239-262-271-272-289-296-302-385-398-
399-423-485-495-514-537-538-542-579-655-729-763.
Le manuscrit Pi présente également dix vers métriquement
incorrects; de plus, il possède trois inversions qui altèrent le sens de certains
groupes de vers, comme : 135-136-143-144-254-255; cinq fois il entrave le
schéma des rimes (284-285-286-287-288). Enfin, ce dernier renferme vingt-
neuf erreurs grossières, dont vingt introduisent des contresens ou ne satisfont
pas assez le sens : 14-35-118-160-164-175-194-199-233-287-378-414-421-
422-492-516-528-540-624-734. Les neuf moins graves sont les suivantes : 42-
76-94-132-201-239-399-629-674.
La copie C est insatisfaisante, car elle comporte une faute
contre le schéma des rimes aux vers 42-43. De plus, en raison d'une mal-
veillance, un feuillet vraisemblablement historié a été arraché, ce qui explique
la mutilation de trois strophes au début du manuscrit. Enfin, cette dernière
6Dès lors, nous considérons ces trois strophes comme apocryphes. Elles ne bénéficieront d'au-
cun commentaire textuel, bien qu'elles intègrent le texte édité.
30
renferme cinquante-quatre fautes, dont trente et une sont des erreurs
manifestes: 2-35-92-164-165-187-206-211-233-239-262-271-308-371-422-
456-461-476-492-518-528-540-579-583-590-598-624-628-661-728-734. Les
vingt-trois fautes, moins importantes, sont les suivantes : 34-44-56-61-76-94-
128-175-201-265-307-362-399-439-484-586-599-601-629-674-739-747-763.
Le manuscrit J renferme trente-cinq leçons peu satisfai-
santes. Dix-neuf d'entre elles nuisent fortement à l'intelligibilité du texte : 14-
81-93-126-164-168-171-199-233-278-288-299-308-309-624-564-567-567-
733; quant aux seize autres, ce sont des erreurs somme toute minimes : 42-61-
94-109-150-187-163-164-201-218-239-296-302-358-362-376. De plus, il
manque trois vers à ce manuscrit, (52-205-272), et nous dénombrons cinq
inversions : 556-557-558-559-560.
Quant à M, il possède également trente et une leçons peu
satisfaisantes. Ici, dix-huit d'entre elles nuisent à la compréhension du poème :
14-94-80-164-209-288-349-350-354-422-441-520-528-540-577-624-673-716.
Les treize moins importantes se retrouvent dans les vers suivants : 42-61-94-
187-201-239-296-302-399-423-425-674-692. Il y a trois inversions de vers
(135-136-143-144-476-480) et deux fautes contre la rime (577-630).
Le manuscrit Ca ne présente que vingt-huit erreurs. Seize
introduisent des contresens ou nuisent au sens : 14-35-164-233-288-292-295-
309-323-429-455-528-624-627-722-734; et les douze autres sont peu impor-
tantes : 14-42-61-93-04-187-189-201-239-296-302-629-763. Notons égale-
ment l'inversion des couples de rimes 135-136 et 143-144, ainsi que la double
entrave au schéma des rimes aux vers 526 et 615. L'état actuel de la copie
présente une lacune de quatre feuillets qui ont disparu après une dégradation du
manuscrit. Cependant, le texte devait être complet auparavant, car certains
feuillets subsistants présentent soit des fins de strophes soit des débuts; de plus,
les restes de feuillets (coin de papier, etc.) sont observables dans le pli central
du manuscrit. Voici la liste des vers manquants : vv. 381-423 / vv. 483-506 /
vv. 545-587 / vv. 673-711. D'après nos calculs ces vers devaient donc se ré-
partir sur quatre feuillets dont un devait être historié (groupe vv. 483-506).
La copie Ld possède soixante leçons que nous pouvons
considérer comme des erreurs; trente-cinq sont manifestes et nuisent considé-
rablement au sens : 14-20-28-35-74-95-140-141-164-213-220-233-279-288-
373-387-400-410-412-417-422-512-527-528-568-607-624-627-629-667-671-
699-716-722-734; quant aux vingt-cinq dernières, ce sont celles-ci : 42-54-61-
69-89-94-97-132-187-190-201-239-258-296-302-385-399-423-448-533-538-
629-674-747-763. Nous relevons aussi quelques inversions : 135-136-143-
144-517-518-519-520-667-668-707-708 qui s'accompagnent parfois d'entorse
au schéma des rimes comme dans le groupe 517-518-519-520. Notons que
cette copie a un vers supplémentaire après le vers 205; nous le nommerons
205*.
Comme l'indiquait le relevé susmentionné, le manuscrit G
comporte trente et un vers métriquement faux. Nous ajoutons à cela trente-six
31
leçons insatisfaisantes. Vingt-deux sont des erreurs grossières : 14-91-122-
123-164-169-175-201-233-288-323-374-422-436-482-520-528-548-624-711-
722-734 et quatorze sont moins importantes. Il s'agit des leçons suivantes : 14-
42-61-76-94-201-265-399-485-489-629-674-747-763. Nous dénombrons
également sept inversions (740-741-742-743-744-766-767) et six entorses au
schéma des rimes (460-740-741-742-743-744).
Quant à notre dernier manuscrit, Pa, il est le plus mauvais
selon notre critère de sélection, car il renferme quarante-quatre vers hypométri-
ques et quatorze vers hypermétriques, soit un total de cinquante-huit vers faux.
A tout cela s'ajoutent quarante-huit leçons considérées comme des erreurs.
Vingt-neuf sont des erreurs manifestes qui introduisent des contresens : 14-20-
35-74-86-160-233-263-288-292-297-299-309-323-371-382-408-422-423-
425-505-528-568-572-580-610-624-716-734. Les dix-neuf autres, moins im-
portantes, sont les suivantes : 42-61-94-131-184-187-201-216-232-239-265-
296-298-364-385-399-439-674-763. Ajoutons de nombreuses inversions de
vers (vv. 21-22 / vv. 450-451 / vv. 492-493-494 / vv. 505-516 / vv. 548-551 /
vv. 707-708) qui nuisent parfois au schéma des rimes, comme dans les exem-
ples suivants : 450-451, 492-493-494 et 548-551.
32
CHAPITRE V : étude linguistique de L!
A. PHONETIQUE
1. Vocalisme
a) Graphie -ar- pour la graphie -er- [GOSSEN, p. 50]. Cette hésitation est
caractéristique en MF, et elle est plus répandue en syllabe initiale. Cette gra-
phie témoigne de la tendance à rapprocher l'articulation de [a] et de [e] devant
-r-. MARCH, pp. 73-74] : darrain (21), darrenier (26).
33
mains (606). Le picard ignore l'évolution survenue à l'Est et à une échelle
nationale dans certains mots qui aboutit à oin : cf. minus > mains (83).
g) Les o toniques ont été ouverts dans des mots mi-savants ou dans des em-
prunts en -oria, -oriu [GOSSEN, p. 82] : glore (402, 609, 640, 764), memore
(553), hystore (555, 635), nottore (556).
2. Consonantisme
34
tendance à réduire la finale à -s. Cette finale -ch est une graphie picarde des
mi-occlusives [ts] ou [tf] : vich (41), euch (44), logich (126), mech (460),
voelch (536).
e) Conservation du f final issu de -atu, -itu, -utu, -ate, -ute qui aboutit à -ef, -it
ou -ut en picard [GOSSEN, pp. 104-106]. Le fait que dans un même texte des
mots identiques soient écrits alternativement avec ou sans -f prouverait que ce
-t était purement graphique, mais caractéristique de la scripta picarde, entre au-
tres. Le -1 final se rencontre essentiellement dans les participes passés et dans
quelques substantifs : 1. Participes passés : volut (47), tuet (143), eubt (151),
entechiet (195), desembuschiet (196), heubt (242), matet (344), mesadvenut
(419), vescut (420). 2. Substantifs : pitet (141), peciet (193, 202, 550), escut
(572), vanitet (723).
35
phie picarde. [GOSSEN, p.119] Congnissoit (49), congnissant (52, 82), Es-
paignes (122), congnoist (175, 372), dongnon (251), congnoisse (316), sou-
viengne (382), mingnon (385), doingnon (388), recongnoy (461), daingnez
(464), poingnant (490), recongnois (570), recongnoistre (684), ygnorance
(734), congnoistre (736). Signalons que ce phénomèné n'est pas exclusivement
picard.
a) Subsistance -du -/- implosif qui normalement s'est vocalisé depuis le XIIe
siècle. Selon BRUNOT, le -/- implosif réapparaît au XVe siècle, mais il n'est
pas prononcé [cf. MARCH. pp. 84-85]. Ainsi dans le manuscrit L nous avons
les rimes : oyseaux (393) : cevaulx (395) : saulx (396). Il est présent pour
montrer que le groupe voyelle + x qui précède le -/- n'est pas en hiatus
[BRUNOT, I, p. 546] : oultrepasse (3), ceulx (15) mais cheux (109, 233,
412), doulceur (20), faulse (24), yeulx (27), coulchiez (27), beaulté (40), mais
beauté (169, 294), fault (67, 90, 91), hault (75, 77), vault (94), chault (95),
poulrir (112), haulx (134), treshault (153), voelt (285, 313, 358, 360, 377),
etc. Parfois le -/- implosif est présent à défaut de la marque de la vocalisation :
polvoit (10), bealté (186), volsist (268), voldra (272), maldire (431, 445), etc.
Notons que nous ne pouvons expliquer la forme poelt (102, etc.) que par ana-
logie avec la graphie voelt.
b) Résurgence de -b- étymologique qui était tombé devant une consonne autre
que / ou r [BRUNOT, I, p. 545] : doibt (88, 654), doubtée (150), eubt (165),
debvons (184, 671), doubta (215), heubt (242), debvoit (328), soubz (396),
chambgie (401, 504), subtil (408), doibz (430, 587), doibt (431, 670), soubs-
tenir (511), soubstient (664), doibs (694, 713), doubtez (708), doubte (713,
714, 715, 716, 717, 718, 719, 720, 744), redoubtant (747), doubteuse
(explicit), obscure (631 et explicit).
36
(187), decepvant (247), dampt (297), sepmaine (406), dampnez (415), baptu
(480), cops (483), bouptes (574), compte (579, 701), mais comte (373, même
sens), decepvoir (716), temptation (731), dampnement (755). [MARCH., P.
85]
e) Le -s implosif qui s'était amuï réapparaît et est même parfois ajouté après e
«pour annoncer que c'est un e masculin.» [BRUNOT, I, p. 546 et MARCH, p.
84] : maistresse (5), nostre (7), prist (8), estre (12), desespoir (13), peuyst
(14), deffist (17), prist (19), desjoindre (24), trespas (25), desperer (29), fist
(30), dist (31), vostre (36), misne (40), ceste (42), estre (47), tantost (51),
estoit (59), chascun et chascune (60), tost (77), ceste - estoit (78), chascun
(88), choisist (99), tost (104), despuis (109), reconquist (122), soubstinrent
(124), mist (125), etc.
a) Finales arbitraires -s et -z. Dans L, -s et -z sont mis l'un pour l'autre, ce qui
peut entraîner des mélectures. Ainsi, nous rencontrons -s pour -Zz dans : cuidiés
(267), avés (270) et ariés (296). Et -z pour -s : soubz (19), jusquez (21), tout-
tez (23), aprez (51, 134, 189, 319, 616), autrez (111), ilz (120, 126, 605, 609,
611), certez (150), aultrez (170), angelez (199), doncquez (193), sommez
(195), guerez (227), jusquez (235), dittez (266), mesmez (280), aultrez (286),
estez (289), oncquez (326), léz (369), guerez (386), bracquez (394), soubz
(396), moindrez (398), asquelz (399), jamez (405), filz (411), dampnez (415),
jamez (429), doibz (430), povrez (452), daingnez (464), jusquez (490), laissez
(533), pecez (565), prez (567), voellez (568), autrez (586), doibz (587), join-
tez (605), auprez (615), lettrez (626), obscurez (631), chosez (632), lesquellez
(633), hystorez (635), jusquez (637), doubtez (708). Depuis longtemps -s et -z
représentent le même son, bien qu'au XVe siècle ils ne soient guère plus articu-
lés. L'alternance de ces deux lettres dans la graphie témoigne de l'hésitation à
choisir entre -s ou -z. Au départ, le -z était présent étymologiquement dans des
mots dont la consonne finale était -f, -d, -n, n mouillé, -/ mouillé, mais ce -z
(affriqué) s'est réduit dès le XIIIe siècle à -s. Sous l'influence du francien, où ce
-z était courant même dans des mots où il n'était pas étymologique, le picard
adopta cette finale dès le milieu du XIIIe siècle, toujours à côté de la finale -s et
37
surtout à partir du XIVe siècle. Notons que parfois le -z était la marque propre
du pluriel des mots à finale en [e] (ex. costéz 371, blédz 362) et du c.s.sg. et
c.r.pl. de certains participes passés (ex. coulchiéz 27, tombéz 46, néz 112,
demoréz 240, alléz 241, estuvéz 299, crevéz 362, passéz 372, nétz 425). De
sorte que nous accentuons le -e qui précède le z pour les adjectifs, les substan-
tifs et les participes passés afin qu'ils ne soient pas confondus avec les formes
verbales de la deuxième personne du pluriel. [NYROP, IL, $ 268 et $ 285 et
GOSSEN, pp. 94-95]
B. MORPHOLOGIE
1. Le nom et l'adjectif
38
vs 738, 739). Cette disparité est fréquente jusqu'à la fin du XVe siècle.
2. Les déterminants
59
* Pronoms personnels
Les formes des pronoms personnels ne diffèrent pas de nos formes
modernes. Exception faite de la graphie en (710) pour le pronom indéfini on,
de la graphie luy (331) ou Ly (95, 109, 164, 307, 363, 449, 464, 583, 661, 678)
pour lui, pronom personnel indirect troisième personne du singulier. Ajoutons-y
la graphie il (189, …) pour le pronom personnel troisième personne du pluriel
ils. Cette forme sans -s rappelle la forme étymologique du c.s.pl. venant de ülli.
Jusqu'au XVIIe siècle l'usage hésitera entre les formes i/, iz et ils. Néanmoins,
le texte présente un particularisme picard quant au pronom personnel féminin
singulier. En effet, le picard emploie le pronom le pour marquer le sujet et
l'objet féminin. Selon Gossen, les textes utilisent une des trois formes; or L
utilise majoritairement le pronom féminin la, sauf aux vers 160 : «le fist ouvrir,
qui fu pité» et 763 : «Prions qu'Il le [sa grâce] nous habandonne». Comme nous
l'expliquons en note, l'ambiguïté d'interprétation est peut-être voulue.
[GOSSEN, pp. 121-122]
3. Le verbe
a) Indicatif présent
* mech (460), 1re pers. sg. v. «metre» / voelch (536), 1re pers. sg. v. «voloir».
La désinence épithétique picarde -ch est la marque de l'indicatif présent pour
quelques verbes. Cette terminaison s'est généralisée dans toutes les conjugai-
sons à côté des formes étymologiques. [FOUCHÉ, pp. 185-186] (voir 2. Con-
sonantisme). Cette désinence est analogique dans les deux cas précités.
[GOSSEN, pp. 132-133]
b) Parfait
* fisent (540), 3e pers. pl. v. «faire». (< fecerunt). Dans le Nord, avant la chute
des voyelles finales, la forme *feiset < fecit a déterminé la réfection de *feirent
en feisent devenu fisent à la suite de la généralisation du radical fiz-.
[GOSSEN, p. 135 et FOUCHE, pp. 275 et sv.]
* yich (41), re pers. sg. v. «vëêoir» / euch, 1re pers. sg. v. «avoir». Le -ch
épithétique se généralise en picard au parfait des Ile, Ille et IVe conjugaisons à
côté des formes étymologiques comme faciam > fac(h). [GOSSEN, pp. 132-
133 et FOUCHÉ, p. 273]
c) Subjonctif présent
*prende (317), 3e pers. sg. v. «prendre». Le subjonctif de «prendre» varie
suivant les dialectes, ainsi dans le Nord et dans le Nord-Est on rencontre les
formes du subjonctif avec -d-. Etymologiquement la forme prende est correcte,
(< prendat). [FOUCHÉ, pp. 106-108]
40
* crainde (710), 3e pers. sg v. «criembre». Alors que sous l'influence de plain-
dre (plaigne, etc.) il y a eu réfection des paradigmes de criembre (FM crain-
dre) en craigne, certaines formes avec radical en -d- se rencontrent jusqu'au
XVIIe siècle. [FOUCHEÉ, pp. 143-144]
d) Subjonctif imparfait
* peüyst (14), 3e pers. sg. v. «pooir». (< potuisset). Après la chute du -e
protonique on obtient la désinence -sr. Bien que la réduction de l'hiatus -eü- fut
plus précoce en picard (XIIIe siècle pour la subjonctif imparfait) qu'en francien
(XIVe-XVe), ici, l'hiatus est maintenu [MARCH p. 58]
C. SYNTAXE
* Fay tant pour la mere de toy (516) : la forme «de + pronom tonique» tient
souvent la place du possessif en MF. [WILMET, $ 272 1°]
*[nitialement dont est adverbe de lieu conformément à son étymologie (< *de
unde). Il indique l'origine et se traduit par «d'où» en FM. [MENARD, $ 73 1°]:
Vèons dont nous venons naissant (197) et Dont sourt habundance de grasce
(576).
41
3. Se conjonction hypothétique
42
CHAPITRE VI : versification
a) Qualité de la rime
ICf. H. CHATELAIN, Recherches sur le vers français au XVe siècle. Rimes, mètres et
strophes, Genève, Slatkine Reprints, 1974, pp. 101 et 103 [Paris, 19081].
2Cf. E. LANGLOIS, Recueil d'arts de seconde rhétorique, Paris, Imprimerie
Nationale, 1902 (Collection de documents inédits sur l'histoire de France).
43
536, 546-549-550, 551-552, 553-555-556, 554-557-558, 562-565-566, 567-
568, 569-571-572, 570-573-574, 575-576, 585-587-588, 586-589-590, 593-
595-596, 601-603-604, 602-605-606, 607-608, 617-619-620, 657-659-660,
665-667-668, 671-672, 673-675-676, 689-691-692, 690-693-694, 695-696,
705-707-708, 711-712, 713-715-716, 714-717-718, 719-720, 721-723-724,
730-733-734, 735-736, 737-739-740, 738-741-742, 753-755-756, 762-765-
766.
-rimes léonines :
concepvoir (10) - voir (14)
dampné (11) - né (12)
fait (15) - desfait (16)
adjoindre (23) - desjoindre (24)
vermine (39) - misne (40)
assouvie (55) - vie (56)
revenir (63) - venir (64)
pardurable (71)- durable (72)
monde (73)- habonde (75)- onde (es
mort (87) -remort (88)
mirer (89)- admirer (91) - miner (92)
mirant (90) - minant (93) - donimant (94)
abregier (95) - bregier (96)
face (99) - efface (100)
terre (113) - Angleterre (116)
passé (135) - trespassé (136)
departie (151) - partie (152)
roy (153) - desarroy (155)
esmervelle (173) - velle (174)
helas (177) - las (179) - las (180)
mors (199) - remors (200)
orgoel (202) - doel (205) - oel (206)
pation (218) - compation (221)
viellesse (235) - lesse (236)
assailly (253) - sailly (254)
vers (258) - divers (261) - vers (262)
45
porcier (271) - chier (272)
atours (273) - tours (275)
tousjours (295) - ours (296)
vive (313) - avive (315)
conscience (314) - patience (317) - science (318)
depart (349) - part (350)
apalie (361) - faillie (363) - lie (364)
eulx (415) - maleureux (416)
nud (417) - mesadvenut (420)
mere (425) - amere (427)
dire (442) - maldire (445)
ancelle (506) - cancelle (510)
chier (535) - empecier (536)
mere (559) - amere (560)
desservie (561) - vie (563)
comprendre (577) - rendre (579) - aprendre (580)
misericorde (578) - recorde (581) - acorde (582)
Magdalaine (585) - alaine (587)
acors (617) - corps (619)
bienfais (745) - fais (747)
deslogier (751) - logier (752)
pardonne (761) - habandonne (763) - donne (764)
face (765) - efface (766)
Certains hiatus ont été maintenus : véons (92, 106, 197), roÿne
(147, 154, 161, 623), Olympias (154), véoir (158), suÿr (175), fuÿr (176,
177), dechèons (226), ëage (234), surgÿen (446), véoit (484), eslëu (598),
veüe (601), lÿesse (610), äourer, desäourer.
46
CHAPITRE VII : critique de l'édition Kervyn de Lettenhove
1. Introduction
47
(...) en ce qui concerne notre travail comme édi-
teur, nous nous bornerons à faire observer que
nous avons suivi l'orthographe des manuscrits, en
adoptant toutefois de préférence, lorsque le même
mot était écrit diversement, la forme qui se rap-
proche le plus de l'orthographe moderne. Quel-
ques notes ont été ajoutées pour éclaircir ou pour
compléter la narration de l'auteur. (.….) il nous
reste aussi à faire connaître les manuscrits qui
nous ont été indiqués ou que nous avons retrou-
vés. Dans un supplément à cette introduction, qui
trouvera sa place dans un autre volume, nous
mentionnerons ceux qu'auront pu nous faire dé-
couvrir, soit nos recherches ultérieures, soit les
obligeantes communications des savants, qui déjà
ont bien voulu nous apporter un utile concours et
auxquels nous adressons ici un nouvel appel.?
48
Une grande partie de ce volume était imprimée
quand j'ai découvert à Bruxelles un texte qui ren-
ferme deux cents vers de plus que celui de Paris.
Il a fallu recomposer tout ce poëme, et c'est ce qui
explique comment des chiffres supplémentaires
ont, par suite d'une impérieuse nécessité, été em-
ployés dans la pagination. (...) Enfin un manuscrit
de la Bibliothèque impériale de Paris, mentionné
plus haut, nous a offert, au moment même où ce
volume s'achève, un troisième texte, mutilé au
commencement, mais différant des deux autres
par de nombreuses variantes dont nous avons été
heureux de faire usage.6
49
dans un des manuscrits soit créés par K.d.L. (par exemple le vers 191 [+1]), de
nombreuses variantes inexplicables ou à mettre sur le compte d'une mauvaise
lecture (par exemple aux vers 375 et 641, lecture «briesfve») ainsi que des mo-
dernisations graphiques?. Voici quelques spécimens des grandes catégories de
divergences entre le manuscrit L et l'édition de K.d.L. :
ÎLe relevé exhaustif des variantes par rapport au manuscrit L peut être consulté dans le
mémoire de licence [T. VAN HEMELRYCK, Le Miroir de Mort de George Chastelain.
Edition critique, Louvain-la-Neuve, Université Catholique de Louvain/Faculté de Philosophie
et Lettres : mémoire de licence, 1994, I-XXI]. Celui-ci comporte également l'explication de
ces changements entre parenthèses ainsi qu'un tableau synthétique des différentes
divergences.
ous nous limitons à 160 vers.
50
principes d'éditions, K.d.L. devait uniformiser ces diverses graphies quel que
fût le manuscrit choisi. Cependant, sur cent soixante vers nous sommes en pré-
sence d'un magnifique mélange de trois formes différentes, à savoir fust, fu et
fut, qui sont parfois situées à un vers d'intervalle.
Ce n'est pas seulement un défaut d'édition, mais aussi une en-
torse à la logique la plus évidente. Il est suprenant que cette édition ne présente
pas de graphies uniformes des modernisations apportées. L'écart impression-
nant entre les principes d'éditions de K..d.L. et son édition nous laisse perplexe
et sans explication.
SE
CHAPITRE VII : principes d'édition
52
LE MIROIR DE MORT
CHAPTURE
VU :prineipes d'édéthome > ns ©
d à L :
55
Pie desfist premiers ma damme,
2: C strophe manquante (v. 17 - v. 24) - 17 A-Ca dame, Ch E. desfeist premier m. dame, G-J-Pa-Pi
premier m. dame, Ld E. desfit premier m. dame, M premier - 18 A-J e. honneur, Ca M. chiereté e. l'onneur
m. [+1], Ch-G-Ld-Pi l'onneur, M e. amour, Pa M. joyë e. honneur m. - 19 À soubx la lame [+1], Ca-Ch-G-
J-Ld-Pa-Pi lame, M E. adversa e. m. s. lame - 20À B. d. et bruit de fame, Ca B. doucheur 1. b. e. fame, Ch
et bruyt de fame, G-M-Pi fame, J 1. b. la fame, Ld et b. de femme, Pa B. d. le bon e. fam - 21 A-Ca-Ch-G-
J-Ld-Pi jusques à. derrain, M derrain, Pa Dieu l'avoit fait de sa main [-1] / INVERSION - 22 Ca Dieus l'a.
fait d. s. m. [-1], Ch-J faitte, G-Ld-Pi faicte, Pa Du premié jusques au derrain / INVERSION - 23 A-Ca-Ld-
M toutes vertus, Ch-G-J-Pi toutes vertuz, Pa toute vertu - 24 À vollut, Ca Q. fausse M. voulut d., Ch Q.
faulce M. voulut d., G-M voulut, J-Ld voulu, Pa Q. f. M. y voult d., Pi volu - 25 A-Pa Pou paravant, C-Ca-
Ch-G-J-Ld-M-Pi paravant - 26 A-C-G-J-Ld derrenier, Ch En s. derrenier p. [-1], M dernier [-1], Pa Ens.
dernier p. [-2], Pi deirenier - 27 A-C-J-Ld-M couchiéz, Ca L. yeulz couchiés, Ch couchéz, G L. y. arachéz
e. c. b. [+1], Pa L. y. couchiéz entre b. [-1], Pi L. yeux couchéz - 28 À Vollut q. m. dollant helas, C-G
Voulu, Ca Vollu, Ch Voulut q. m. doulant, J-Pi Voulu q. m. dolent, Ld Voulut q. m. doullant hellas, M-Pa
voulut - 29 À L. vêisse p. desesper, C-Ca-Ch-G-Ld-M-Pa-Pi veisse, J L. veisse avant son passer - 30 Ch
feist appeler, G C. celle, Ld C. me f. pour a. [-1], M fit, Pi feit appeler - 31 C E. m. d. à basse voix quasse,
Ca quasse, Ch-Pa dit, M E. m. dit à basse v. c. - 32 À M. a. regarder m. face, C-Ca-Ch-J-Pa-Pi face, G
regarde m. face, Ld regardes, M regardes m. face.
56
«Aoyez que fait dolente Mort :
ne l'oublyez desoremais !
Celle que vous aymez tant fort
36 et ce corps vostre vil et ort, 220 v° b
vous perderez pour .I. jamais.
Ce serat puant entremais
à la terre et à la vermine;
40 dure Mort toutte beaulté misne .»
3: 33 À Veez q. f. dollante M., C-J-Pa-Pi Voiez, Ca Voyés q. f. doulente M., Ch Voiez q. f. doulente, Ld
Voiés q. f. dollente, M Voyés q. faist doulante - 34 À Et n. l'oublier desormais, C Et n. l'o. desormais, Ca
Et n. l'oubliés desormes, Ch-G-J-Ld Et n. l'oubliez desormais, M Et n. l'oublyés desormais, Pa Et . l'oubliez
jamais [-1], Pi Ne l'oubliez desormais [-1] - 35 À C'est c. q. amiez sy f., C amiés, Ca amyés, Ch C'est c. q.
aymiez t. f., Ld C'est c. q. amiés si f., Pa C. q. aymiez t. f. [-1], Pi amiez - 36 À E. c. votre corps v. €. o.,
Ca viel, Pa vilz - 37 A-M V. perderés p. ung j., C-Ca ung james, Ch-Ld V. perdrez p. ung Jj. [-1], G V.
perdrés p. ungj. [-1], J V. perdrez à toujours mais [-1], Pa V. perdrez p. toutj. [-1], Pi p. à j. - 38 A-G-Ld
sera, C C. sera p. entremes, Ca C. sera p. entremez, Ch C. sera paravant entremetz [+1], J C. sera p.
entremaiz, M-Pi C. sera p. entremetz, Pa entremetz - 39 C-M sa v. - 40 À D. m. toute b. fine, C-Ca-Pi
toute beauté mine, Ch-J toute b. myne, G-Ld-Pa toute b. mine, M toute biaulté myne - 41 À Q. j. viz ce
dollant y., C-Ca Q. j. vey ce dolant ymaige, Ch veiz ce doulant ymaige, G vy ce dolent ymaige, J-Ld vis ce
dolent ymaige, M vis ce doulant y., Pa vis ce dolant y., Pi veiz ce dolent y. - 42 A-Ca-Pa Et trop, C
INVERSION Ce t. et appaly visaige, Ch-G-J Et trop p. remembrance, Ld Et tant p. remembrance, M Et tres
p. r., Pi Et trop p. remenbrance - 43 C INVERSION Et trop, Ca Ce t. e. pally v. [-1], Ch-Pa Ce t. e. apaly
visaige, G Ce t. e. appaly visaige, J Ce t. e. tant paly visaige, Ld Ce t. e. appalli visaige, M Ce t. e. a.
visaige, Pi Ce - 44 À J. n'euz n. voulloir n. couraige, C J. n'euz volente n. coraige, Ca vouloir n. courage,
Ch-Ld J. n'euz n. vouloir n. couraige, G J. n'eu n. vouloir n. couraige, J J. n'euz n. vouloir n. courage, M
voulente n. courage, Pa J. n'eulx n. vouloir n. couraige, Pi J. n'euz n. voloir n. courage - 45 A-Ld Q,. ne fust,
C-Ca-Ch fust, G-J Q. ne feust, Pa Q. ne, Pi Qu'il ne - 46 À Tumbay e. p. desplaisance, C-G-J-Ld-Pa-Pi
Tumbé, Ca Tumbé enviers, Ch Tombé e. p. douléance, M Tombé e. p. dolléance - 47 A-C J'e. moy voullu e.
rien, Ca J'e. moy volu, Ch-Ld-M J'e. moy voulu, G J'e. moy voulu e. rien, J J'e. voulu m. e. rien, Pa J'e. bien
voulu e. rien, Pi J'e. moy volu e. rien - 48 À aveuc t. d. bien, C-Pi avec t. d. bien, Ca avoec, Ch-Ld mourir
avec, G-J mourir avec t. d. bien, M mourir, Pa avecques t. d. bien [+1].
50
net qui congnissoit mon ceur
chargat qu'on me porta{s]t dehors.
Tantost aprez, par grant doleur,
92 congnissant son vray Createur,
son esperit partit du corps
et est mis ou nombre des mors
la chose la plus assouvie
56 de tout ce qu'aujourd'huy at vie.
49 À Celle q. c. m. cuer, C-Pi Celle q. congnoissoit, Ca Celle qui congnoissoit m. coeur, Ch Elle q.
congnoissoit m. cueur, G Celle q. congnissoit m. cueur, J-Pa Celle q. congnoissoit m. cuer, Ld Celle q.
congnoissoit m. cueur, M Celle quy congnoist m. cuer [-1] - 50 À Cherga quë on m. porta hors, C-G Charga
quë on m. portast hors, Ca Cherga quë on m. portast hors, Ch Charga que l'on m. portast d. [+1], J Chargea
que l'en m. portast hors, Ld Charga que l'on m. portast hors, M Charga que l'en m. porta hors, Pa Charga
que l'en m. portast hors, Pi Charga q.'o. m. portast hors [-1] - 51 A-M dolleur, C-G apres, Ca-Ch-J-Ld-Pa
apres p. g. douleur, Pi grand - 52 A-C-Ch-G-M-Pa-Pi congnoissant, Ca-Ld Congnoissans, J [Vers
manquant] - 53 C-Pi party, Ca-M parti, J L'e. partist de son c., Ld partist, Pa S. esprit departit d. c. - 54 Ca
mys, Ch E. le mist, G-M-Pa au n., J E. est ou n. d. m. [-1], Ld mise - 55 À assousfie, Ca assoufie, Ch-J-Ld
assouvye, M assouffie - 56 A-Ch-G-Ld-M-Pa-Pi a.'uy a, C D. tous ceulx q.'a.'uy ont v., Ca a, J a.'uy a vye-
57 A-C-Ch-J-Ld-M-Pa raconter, Pi racomter - 58 Ch q. j. me p. - 59 À doulceur, Ca-Ch-J-Ld-M-Pa
douleur - 60 A-C-Ch-G-J-M-Pa Dieu e. gard, Ca Dieus e. gard, Ld Dieu e. garde chescun e. chescune [+1],
Pi Dieu e. gard chacun e. chacune - 61 A-J c'est, C-Ca-M-Pa c'est 1. droite p., Ch-G-Ld c'est 1. droicte p. -
62 A-Ca Ce n'e. point jeu, C-Ch-J-Ld-M-Pa Ce n'e. p. jeu, G jeu, Pi gieu - 63 Ld l'en, Pa l'en y v. - 64 A-C-
Ch-G-J-Ld-Pa Dieu, Ca Dieus, M Dieu n. y lesse.
58
Ha lil fault morir une fois,
et ne scet on quant ne comment, nr cerlet. a Pass
et fault porter le fais et pois Étibe ra po f\
68 de ce donton a pris le chois D ON pr
pour attendre son jugement,
qui sera de joye ou tourment
dont l'ung et l'autre est pardurable :
72 joye mundaine est peu durable.
5: 65 Ca-Pa foiz, Ch Mais i. f. mourir, G-Ld mourir u. foiz, J mourir, Pi L. y f. - 66 J sceit, M l'en - 67 C-
La faiz, Ca poiz, Ch-J poix, G f. le p., M faut p. I. fait e. poid, Pa faiz e. poix - 68 A-Ch-J-Ld prins, C
prins 1. choiz, Ca choiz, G don, Pa prins I. choix, Pi donc o. a prins - 69 C-M atendre, Ch-G-Pa actendre,
La P. entendre - 70 C joie, Ca-G-Pa j. en t., Ch torment, J joye tourment [-1], M quy, Pi joie o. torment -
71 À l'une. l'autre, C-Ca-G-M-Pa l'un, J l'une - 72 A-Ca J. mondaine e. pou d., C Joie mondaine, Ch
Nostre vie est peu durable, G-Ld-M mondaine, J-Pa mondaine e. pou, Pi Joie mondaine e. pou d. -73 Ca
haïr, Ch-G-Pa Si, J S'il f. h. c. flattant m., Ld Si f. b. c. dolent, M Si faut haïr, Pi Si f. haïr - 74 À dolleur e.
ennemie, C-M ennemie, Ca D. 1. doucheur e. ennemye, Ch-Ld-Pa douleur e. ennemie, G annemie, J
ennemye, Pi Donc 1. d. ennemie - 75 J b. qu'en ce h., Ld Car le hault bien, M quy y habunde - 76 A-Ca Est
aussy, C-G-Pi Et aussi, Ch Est aussi toust, J-Ld-M-Pa Est aussi - 77 G-Ld-Pa abaissee, M quy, Pi
abbaïissie - 78 À maichie, C muchye, Ch musiee, G mussee, Ld mussé, M cose, Pa mucee, Pi m'etoit muciee
- 79 C-J-M-Pi percevoir, Ca perchevoir, Ch concevoir, G-Pa parcevoir, Ld peu parcevoir - 80 A-Ch-M
dame m'e. fist, C-Pa dame m'e. fut, Ca-Pi dame, G dame m'e. f. mirouer, J dame m'e. fust, Ld dame m'e. fut
mirouer.
59
Pour coy, pour mirer les mondains,
congnissant ma fragilité
come celly qui scet le mains,
84 ay fait et escript de mes mains,
ainsy come je l'ay trouvé,
ce traitié que j'ay compilé
et nommé le Miroir de Mort :
88 chascun en doibt havoir remort.
60
ant Uepr-3e= orfre (bus ue. 6- A... XX
7: 97À C. ou m. sy, Ca il est la glace, Ch-Ld mirouer si, G miroer, J m. est 1. g. [-1] - 98 A-C-Ca-M-Pa L.
où, Ch L. où l'on, G-Ld-Pi L. où o. v. s. remembrance, J Où o. percoit s. remembrance - 99 À choisit, Ca Là
on c., Ch O. le, Ld L'en, M Où on c., Pa L'en y c. e. cuer e. f. - 100 Pi leger - 102 A-J-M-Pa E. n. puet avoir
g., C-Ca-Ch-Ld-Pi E. n. peut avoir g., G peult avoir - 103 Ca quassee, Pi leger -104 Ch tantost, J finee, Pa
bien t. - 105 C-G-Pa donc, Ca doncq, Ch doncques [+1], J M. n. bien e. remyrons, Ld M. dont e. r. [-1] -
106 Ca-M-Pi Voions, Ch-G-J-Ld-Pa Voyons - 107 A-Ca Celui, C Celluy d. cuy, Ch-G Celuy, J-Ld-Pa
Cellui, M Cely d.quy, Pi Cely - 108 A-C-Ch-G-J-Ld-Pa-Pi champions, Ca-M campions - 109 À Ceulx q.
depuis lui, C-Ch-G-Ld-Pa Ceulx q. depuis luy, Ca Ceulz q. depuis lui, J Ceulx q. ont devant nous esté, M
Ceulx q. d. luy, Pi Ceulx q. depuis - 110 C-Ca-G-Pi Troien - 111 A-C-Pi aultres, Ca-G-Pa autres, Ch-J
autres mourir, Ld aultres mourir, M Quy f. 1. autres m. - 112À L. n. f. fait q. p. pourrir, C I. n. fu né q. p.
pourrir, Ca-M-Pi fu ». q. p. pourir, Ch-G-Ld né q. p. pourrir, J I. n. fust né q. p. pourrir, Pa né q. p. pourir.
61
Eà sont les princeps de la terre ? 221r°b
Où est Alexander d'Aillier,
chelly qui tout vollu conquerre ?
116 Où est le bon roy d'Angleterre,
Artus et son coraige fier ?
Et Lanselot, bon chevalier,
qui fut gardé de son honneur ?
120 I1z sont mors comme .IL. laboureur !
113 A-C-G-J-Ld-Pa-Pi princes, Ca-M prinches, Ch premiers - 114 À Alixandre d'Allier, C-Ch-J-Ld-M-Pa
Alixandre d'Alier, Ca Alxandre d'Alier [-1], G Alixandre d'Alyer, Pi Alexandre d'Aaliier - 115 À Celui q.
tant vault concquerre [-1], C-Ca-Ch Celluy q. tant voulu c., G Celuy, J Cellui q. tant voulu, Ld Cellui q.
tant voulut, M Cely quy tant volu concquere, Pa Cellui q. tant voult concquerre [-1], Pi Celui q. tant voulu -
116 Ca-M Engleterre - 117 A-G-J-Pa couraige, Ca-M corage, Ch Arthus e. s. couraige f., Ld-Pi courage -
118 À E. Lansselot b. chevallier, C-G-J-Ld-Pa Lancelot, Ca Lansselot, Ch E. Lancelot b. chevallier, Pi E.
Tristan le bon chevalier - 119 C-Ca-J fu, M Quy fu - 120 A-C-Ca-Ch-G-J-Ld-M-Pa ung, Pi morts c. ung -
121 A-C-G-J-Pa-Pi François, Ca C. roix d. Franchoix, Ch-Ld Charlemaigne r. d. François, M Charlemagne
- 122 À deconquist, Ca-Pa-Pi Espaingnes, G Ou, M Quy I. Espaingnes - 123 À Rolland, C Dannois, Ca
Roland, Ch Rollant e. O. 1. Dannois, G Roland e. Olivier 1. Dannoys [+1], J Roulant e. O. 1. Dannois, M
Rollant, Pi Roland e. Oger 1. Danoys - 124 À Q.'soustinrent le, € Q. soustindrent 1. f. e. poiz, Ca-Ch-Pi Q.
soustindrent le, G Q. soustindrent le f. e. poix, J-Pa Q. soustindrent le faiz e. poix, Ld Q. sousteindrent le
faix e. poix, M Q. soustinrent le faix - 125 A-Pa Avant c. q. 1. f. les m., C-G-J-Ld-M Avant c. qu'à 1. f. les
m., Ca Avant c. qu'à I. f. les mit, Ch Avant c. q. 1. mort les print, Pi les - 126À Ilz logis aussy petit [-1], C-
Ld-Pi logis aussi p., Ca logeiz aussy, Ch logeis aussi, G logeiz aussi, J Passéz sont par mort qui tout nuyt,
M Il o. L. aussi, Pa logiz aussi - 127 C-J-Ld-M-Pi aussi, Ch-G-Pa E. aussi b. p. dedans t. - 128 A-Ca-J-Ld
celui, C Comme celluy q. v. p. q., Ch-G celluy, Pa cellui, Pi cely.
62
EU le grant renommé Pompée
qui aux Rommains fist tant de biens,
que par fureur de son espée
132 leur subjuga tant de contrée
que .XXIL. roys furent siens ?
Aprez tous ses haulx fais terriens,
il est comme .I. foible passé,
136 car despiecha est trespassé.
9: 129 Ch E. I. craint r. P., Pi grand - 130 A-C-G-J-Pa bien, Ca Q. auz R. f. t. d. bien, Ch Q. au R. fit, Ld
Romains, M Quy a. Romnains, Pi feit t. d. bien - 131 Pa Qui p. force - 132 A-Ch-Ld toute c., Pi tante c. -
133 À Q. vingt et deux roix f. sien, € Q.vingt deux rois f. sien, Ca Q. .XX. et deux furent sïen, Ch Q. vingt
deux r. f. sien, G sien, J Q. .XXII. furent sien -134À A. son beau fait terrien, C-Ca-Ch-G-J-M-Pa-Pi Apres
son bien fait terrien, Ld Apres ses biens faiz - 135 A-Ca-Pi Il fu tué piteusement, C-G ung, Ch-Ld-Pa Il fut
tué piteusement, J Il fust livré à grant tourment, M Il fu tuéz piteusement - 136 À Tout ainsy qu'en ung
mouvement, C-G de pieça, Ca Ainsi come en ung mouvement, Ch Ainsi comme en ung movement, J Et
mourust bien piteusement, Ld-Pi Ainsi comme en ung mouvement, M Ainsi commé en ung moument, Pa
Ainsi commé en ung moment - 137 A-J Celui q. 1. Alpes p., C-Ca Celluy q. 1. Alpes p., Ch Celluy, G Celui
q. l. mers p. [-1], Ld Cellui q. 1. espes p., M Celly q. 1. Apes p., Pa Cellui q. 1. Alpes p., Pi Cely q. 1. Alpes
p. - 138 C Carthaige, Ca-J-Pi Cartage, Ch Hannibal, G H. 1. roy, M ducq d. Cartage - 139 À
Dollereusement devia, C-J Douloureusement devya, Ca-Pa Douloureusement devia, Ch Douloureusement
desvia, G Doloreusement trespassa, Ld Doloreusement devia, M devia, Pi Dolereusement devia - 140 A
qu'on lui donna, C-Ca l'abeuvra, Ch-Ld qu'on luy donna, G abuvra - 141 A-Ch A boire. Dont ce fut
dommaige, C fu pitié e. dommaige, Ca fu pitié e. dommage, G pitié e. dommaige, J fust pitié e. dommaige,
Ld A boire. Dont ce fut dommaige, M fu pité e. domaige, Pa pitié e. dommage, Pi Donc c. fu pitié e.
dommage - 142 À Sansson, C-G Sanson, Ca Sansson q. d. f. f. rage, Ch Sanson q. d. f. fit, J Sanson q. d. f.
f. rage, Ld Sampson q. d. f. fit, M Sanson quy d. f. f. rage, Pa Sampson, Pi feit rage - 143 A-Ca-J-Ld Il est
comme ung foible passé, C-G tué, Ch Il est com ung foible passé, M Il est comme un fleble passé, Pa Est
comme ung foible passé [-1], Pi Il est comme ung floibe passé - 144 A-Pa-Pi Car de pieça est trespassé, C
Ainsi comme en ung mouvement, Ca-M Car de piecha est trespassé, Ch Car ja pieça est trespassé, G Ainsi
comme, J Car despieça est trespassé, Ld Car despiessa est trespassé.
63
6 sont les preux du tamps jadis
qui ferirent tans cops d'espée ?
La roÿne Semiramis ?
148 La renommée Thamaris ?
Et la belle Pantaphillée ?
certez toutte la plus doubtée,
at eubt dolente departie
152 et dure mort en sa partie.
10: 145 À O. s. I. princes de jadis, C-G-Ld ©. s. 1. preuses de jadis, Ca ©. s. 1. prouesses de jadiz [+1], Ch
p. d. jadis [-1], J ©. s. L. dames de jadis, M O. s. I. preusses de jadis, Pa O. s. IL. p. de jadiz [-1], Pé O.s. 1.
preuses de jadiz - 146 À coups, C Q. f. tant de c. d'e. [+1], Ca Q. f. tant de copz d'e. [+1], Ch Q. firent tant
de coups d'e., G-Pa Q. f. tant de coups d'e. [+1], J-Ld tant coups, M Q. firent tant de cop d'e., Pi Ou f. tant
copz d'e. - 147 Ca Semiramiz, Ch Semyramis, Pa roÿnne Semyramis - 148 Ca L. renomnée Thamariz, Ch
Themaris, G regnommée - 149 A-C-Ld-Pi Panthasilée, Ca-Ch-G Panthasillée, J Panthazillée, M Pantasilée,
Pa Penthasilée - 150 À Certes la plus doubtée [-2], C-Ca-Ch-G-Ld-Pa Certes toute, J Qui en son temps fut
redoubtée, M Certes, Pi Certe toute - 151 À A eu dollante d., C-Ca-Ch-G-Ld-M-Pa-Pi À eu, J Elle eust -
152 Ca E.d. mor[tache] - 153 Pa d'un t.r., Pi tresgrand r. - 154 A-C-Ca-Ch-G-Ld-Pi Olimpias, Pa roÿnne -
155 À Q. morut en tresgrant desroy, C-Pi Q. moru p. ung d., Ca morut p. ung desaroy, Ch Elle mourust par
d. [-1], G-Pa morut p. ung, J mourut pour ung desaroy, Ld Elle morut p. d. [-1], M Quy morut pour ung
desaroy - 156 À dollante, Ca dolante, Ch doulente - 157 À F. l'empereïs Agripine, C F. l'empereÿs Agripine,
Ca F. l'empereïs Agrippine, Ch Agripine, G F. l'emperiïers Agrepine, J F. l'emperis Agripine [-1], Ld F.
l'emperis Aggripine [-1], M F. l'emperiïs Aggripine, Pa F. l'emperris Agrapine [-1], Pi F. l'emperris Agrepine
[-1] - 158 A-C-Ch-G-J-Ld-M-Pa-Pi filz, Ca veïr - 159 Ca portéz, Ch-G-J-Ld-Pa fut - 160 À fut, Ca pitéz,
Ch Fit o. q. fut grant p., G La f. o. q. fust pitié, J fut pitié, Ld La fit o. q. fut pitié, Pa L.f. morir q. fut pitié,
Pi La feit o. que
64
Ha bonne roÿne Hecuba,
femme du noble roy Priant ?
laquelle vit et regarda
164 que Mort tous les siens ly hosta
qu'elle n'eubt riens de demorant.
Elle choisy Troye brullant
advant le tamps de son termine,
168 et puis elle devint vermine.
11: 161 G Hettuba, Pa roÿnne - 162 G-Pa Priam, J F. au bon noble r. P. - 163 C Laquele, Ca vey, J A qui
mort tous les siens osta - 164 A-Ca-Ld Q. M. tout le sien lui osta, € Q. M. tout le sien, Ch-G-Pi tout le sien
luy osta, J De fait à elle s'arresta, M tout le sien ly osta, Pa luy osta - 165 A-G-Pa Q'e. n'ot r. d. demourant,
C Q'e. n'eut r. du demourant, Ca Q.'e. n'eust r. d. demourrant, Ch-Ld n'eut r. d. demourant, J demourant,
M n'eult r. d. demourant, Pi eut - 166 A-Ch choisit, C-Pi E. choisist Troie brulant, Ca-Ld-Pa choisist T.
brulant, G choisist, J brulant, M choisit T. brulant - 167 A-C-Ca-Ch-G-J-Ld-Pa-Pi Avant 1. temps, M
Avant - 168 J Dont p. - 169 À d'Helaine 1. beaulté, C de Helaine [+1], Ch-J de Helayne 1. beaulté [+1], G
de Helesie [+1], Ld beaulté, M biauté, Pa d'Elaynne 1. beaulté, Pi de Helaine 1. beaulté - 170 À-G-J-PaS.
toutes autres n. pareille, C-Pi S. toutes aultres n. pareille, Ca Sus toutes autres n. pareille, Ch S. toutes la
non pareille [-1], Ld S. toutes femmes n. pareille, M autrez - 171 À O. e. l'onneur e. 1. clareté [+1], € ©. e.
honneur, Ca-Ch-G-Ld-M-Pa-Pi onneur, J l'amour - 172 A-Ca-Ch-G-J-Ld-Pa D. Lucresse e. s. chasteté, C-
Pi chasteté - 173 A-C-Ca-Ch-J-Ld-Pa esmerveille, G se s'esmerveille [+1], Pi chacun s'esmerveille - 174
A-J-Pi celui q. y veille, C-G celluy q. y veille, Ca Eureulkx e. cellui q. y veille, Ch Heureux e. celluy q. y
veille, Ld cil q. y veille [-1], M cely quy, Pa cellui q. y veille - 175 À-G E. qu'il congnoit q.'i. f. finir, €
sievir, Ca congnoit qui f. morir, Ch congnoit q.'i. f. finir, J finir, M E. quy congnoit q.'i. faut suïr, Pa suïr,
Pi E. qu'il congnoit q.'i. f.suir - 176 A-Ca Elas n. n. povons f., C-G povons fuïr, Ch pouvons, J n'y povons f.,
Ld Hellas n. n. povons f., M fuïr, Pa Ellas n. n'y povons f., Pi povons faillir.
65
Nous ne poons fuÿr, helas !
Ne recouvrer le tamps passé.
Chelly est bien chetif et las
180 qui ne craint le doloureux las
de l'esperit qui fu dampné,
qui par orgoel fut renversé
et tous les siens du chiel lassus.
184 Nous debvons bien penser la sus,
12: 177 À povons f. elas, C-Ch-G-Pi povons fuïr, Ca-J povons, Ld povons f. hellas, M fuïr, Pa n'y povons f.
hellas - 178 A-C-Ca-Ch-G-J-Ld-Pa-Pi temps - 179 À Celui e. b. chetifz, C Celluy, Ca Cellui e. b. chetifz,
Ch-G Celuy, J-Ld-Pa Cellui, M Celi, Pi Cely - 180 À dollereux, C crient 1. doulereux, Ca crient, Ch-Ld-
Pa douloureux, G doloreux, J les douloureux, M doulereux, Pi dolereux - 181 A-C-Ch-G-J-Ld fut, Pa D.
l'esprit q. f. dempné [-1] - 182 À Et p. orgueil f. enverssé, C-G-Ld orgueil f. enversé, Ca-Pi orgueil fu
enversé, Ch Et p. orgueil f. enversé, J orgueil, M orguel fu enversé, Pa orgueil f. enverssé - 183 A-M-Pa
ciel là sus, C-Ca-G-Ld ciel, Ch O tous les adherans L., J-Pi ciel çà jus - 184 À Bien y devons penser çà jus,
C-Ca-Ch-G-J-Ld-M devons, Pa Nous y devons b. p. çà jus [+1] - 185 A-M ceulx s. n. crééz, C-Ch-G-J-Pa-
Pi ceulx si n. crééz, Ca ceulz s. n. crééz, Ld ceulx si - 186 A-Ld leurs beaultés t. louables, C beauté t.
louables, Ca leurs beautéz, Ch leurs beaultéz t. louables, G leurs beautés t. louables, J leurs beaultées [+1],
M beautéz t. louables, Pa beaulté t. louables, Pi beauté - 187 À F. pour jamais condempnés, C EF. p. à j.
dampnéz, Ca-J F. pour jamais condampnéz, Ch-Pa F. pour jamais condempnéz, G-Pi F. pour j. dampnéz [-
1}, Ld F. pour jamais condampnés, M condampnés [+1] - 188 A-Ca-J-M soudainement transmuéz, C-G-Pi
soubdainement transmuéz, Ch transmuéz, Ld soubdainement - 189 A d'angeles ilz, C d'angeles ilz
devindrent deables, Ca angeles y devindrent deables, Ch anges ilz devindrent, G angelz i. devindrent
diables, J angres si devindrent deables, Ld-Pa anges ilz devindrent deables, M angles y devinrent deables,
Pi angres ilz devindrent deables - 190 A-Ld E. p. leur orgueil espoventables [+1], C-Ca orgueil, Ch-G-J-Pa
orgueil espoventables, Pi orgueil espoantables - 191 A-M supplisse, Ca-Pa-Pi eternellement - 192 A
dolleur, Ca doulour, Ch-J douleur, Ld amandement, Pa douleur s. admendement.
66
Bardons nous doncquez de peciet
quy est à Dieu tant desplaisant;
se nous en sommez entechiet,
196 faisons qu'il soit desembuschiet.
Vêéons dont nous venons naissant
et que nous sommes en morant;
et aprez, que nous serons mors,
200 che nous sera humble remors.
13: 193 À du pechié, C donques d. pechié, Ca doncques d. pechié, Ch doncques d. peichié, G-J-Ld
doncques du pechié, M doncques du pecié, Pa G. n. donc du pechié [-1], Pi donques d. pechié - 194 A-C
Qui, Ca Qui e. tant à D. desplaisans, Ch-G-Ld Qui . tant à, M tant à D., Pa Qui tant est à D. d., Pi Qui tout
est à D. d. - 195 A-C-G-J-M-Pa-Pi sommes entechié, Ca sommes entechiés, Ch sommes entaichié, Ld
sommes entachié - 196 A-C desembuschié, Ca desembuschiés, Ch-J-Ld desambuchié, G q.'i. nous s.
desembuché [+1], M Fasons q.'i. s. desembuchié, Pa desembuchié, Pi desembucié - 197 C Voions, Ca
naissans, Ch-J-Ld Voyons, Pa Voyons d. v. n. [-1] - 198 À devenons, Ch-G-Ld-M mourant, J E. quelz n. s.
e. mourant - 199 CE. apres quant, Ca-Ch-G-Ld-M-Pa apres, J E. apres q. n. sommes m., Pi sommes - 200
A-C-Ca-Ch-J Ce, G Se, Ld De, Pa Ce 5. h. remort, Pa Ce n. s. h. recordz - 201 A-Ch-G-J-Ld-M-Pa P.
doncques h., C-Pi P. donques h., Ca Prendons doncques h. - 202 A-C-Ca-G-Ld-Pa pechié d'orgueil, Ch
peichié d'orgueil, J-Pi le pechié d'orgueil, M leissons c. pecié d'orguel - 204 A-G Vëons, C-Ca-Pi Voions,
Ch-Pa pouvreté - 205 A-J cuer e. aura dueil, C-Pi aura dueil, Ca coeur e. avera dueil [+1], Ch cueur e. aura
deul, G cueur e. aura dueil, Ld* [vers suppl.] Et que nous sommes en mourant/ cueur en aura dueil, M cuer
e. aura duel, Pa cuer e. aura deuil - 206 A-Ca plourons de l'ueil, € plourons de dueil, Ch-M plourons d.
l'uel, G-Ld Souppirons e. plourons d. l'ueil, J pleurons d. l'ueil, Pa plourons d. l'euil, Pi oeil - 207 A-Pi
povre, C Contemplons, Ca-M brieve, Ch Contemplons n. pouvre v., J Contemplons n. povre v., Ld pouvre -
208 À Saige e. celui q. pou, C Saige e. celluy q. pou s'i f., Ca cellui q. pou, Ch Saige e. celluy q. pou s'i fye,
G Saiges e. qui p. s'y f. [-2], J Saiges e. qui petit s'i fye, Ld Saige e. cellui q. p. s'i, M celuy q. p. s'i, Pa
Saige e. cellui q. pou s'i, Pi celui q. p. s'i.
67
Ayons fiance au Createur
qui pour nous la mort endura,
à telle amertu[mlJe et doleur,
212 que la pensant dedens son ceur
habundance de (son) sang sua.
Le povre peceur que fera
quant son Dieu tant doubta la mort ?
216 Il a mestier de son confort.
14: Leçons de L rejetées : 211 A telle amertune et doleur [A-Ch-G-J-Ld-M-Pi-Pa] / 213 Habundance de
son sang sua [A-C-Ca-Ch-G-J-Ld-M-Pa]
209 À ou C., C Aions, M aux, Pi Aions f. ou - 211 À En t. amertume e. dolleur, € A tele aventure, Ca En
celle aamertune e. douleur, Ch-Ld-M amertume e. douleur, G-Pi amertume, J Et. t.-amertume e. douleur, Pa
En t. amertume e. douleur - 212 À Q. lui p. d. s. cuer, Ca coeur, Ch-G-Ld-Pa dedans s. cueur, J-M cuer -
213 A-Ch d. sang s., C-Ca-G-J-Pa Habondance d. sang s., Ld Habondance d. sang seigna, M Habondance
d. sancg s., Pi Habondance [+1] - 214 A-C-Ca-J-M-Pi pecheur, Ch-G-Ld-Pa pouvre pecheur - 216 Pa I. a
bien m. de confort - 217 A-Ca avoir, C S'il f. avoir ceste s., Ch-Pi Si f. avoir telle s., G-J-Ld-Pa Si f. avoir,
M faut avoir - 218 A-C-Ca-G-Ld-M-Pa-Pi passion, Ch tresamaire passion, J De t. passion - 219 À l'eure d.
s. dolleance, C-Ca-G-J-Ld-Pa-Pi eure, Ch eure d. la, M eure d. s. douleance - 220 À dollereuse, C-Ca-M-
Pa douloureuse, Ch-J douloureuse remembrance, G dolereuse remembrance, Ld Et douloureuse
remembrance, Pi Et en dolereuse remembrance [+1] - 221 À compacion, C-Ca-Ch-G-J-Ld-Pi compassion,
M-Pa En p. compassion - 222 A-C Afin q.'e. s. champion, Ch-G-J-Ld-Pa-Pi Affin q.'e. s. champion, M Afin
- 223 A-C-Ca-Ch-G-J-Ld-M-Pa-Pi Sathan - 224 A-C-Ca-Ch-Ld-Pi riens, G riens si p., M riens p. propise,
Pa Riens ne nous est plus proppice [-1].
68
\ | Loge nÆor ; …
N
ol € ” \
APT
rs { ; C nee jt
lu : uant nous cuidons estre plus hault,
»
X FN plus subitement dechëons. 22213
Il ne nous fault guerez d'assault :
228 ung petit de froit ou de chault
nous fait avoir les trencisons
ou les mules à nos talons,
ou tout subitement morir
232 sans regarder nostre loisir.
15: 225 À bien h., Ch cuydons - 226 A Bien soubitement, J subtivement - 227 A-Ch-Pa-Pi gueres, C
guaires, Ca-G-J-Ld gaires, M faut gaires - 228 Ca-M chaut - 229 À trenquisons, C trenchizons, Ca
trenchisons, Ch tranchaisons, G-Ld-Pi tranchoisons, J trenchesons, M trensoisons, Pa N. f. a. L. frissons [-1]
- 230 A-G mulles à noz tallons, C-Pi noz, Ca O. 1. mulles auz tallons [-1], Ch O. I. mulles à deux à deux
tallons [+2], J-Ld mulles à noz, M no tallons, Pa mulles - 231 A-Pa soubitement, Ch-G-Ld mourir, J
soubitement mourir - 232 À S. r. n'avoir L., Ch loysir, Pa S. actendre n. loysir - 233 À D. ceulx q. t. vize.
jeunesse, C D. ceulx q. t. viz e. jonece, Ca ceulz q. t. veiz e. jonnesse, Ch ceulx q. t. veiz e. jeunesse, G
ceulx q. t. v. e. jeunesse, J-Ld-Pa ceulx q. t. vis e. jeunesse, M ceulx, Pi ceulz q. t. veis e. joennesse - 234
C éaige, Ch Et e. t. aage premier an, G äaige primerain, J age primerain [-1], Ld-Pa äage primerain, Pi
primerain - 235 À vifz jusques, C jusques e. viellece, Ca-M-Pa jusques, Ch S. viz jusques e. vieillesse [-1],
G vifz jusques e. vielesse, J viz jusques ta v., Ld-Pi jusques e. vieillesse - 236 A-G-Ld-Pi laisse, Ch n.
celle, Pa Trouveras q. M n. laisse [-1] - 237 A-Ca-Ch-G N. viel n. jeune, C N. viel n. jone, J Vieille n.
jeune, Ld N. vieil n. jeune, M viel, Pa N. viel n. jeusne, Pi N. vieil n. joenne - 238 A-C-Pi santé morra, Ca
santé, Ch-G-J-Ld santé mourra, M santé moura, Pa L'u. e. santé morra - 239 À T.. en voiz souvent et assés,
CT. les vois souvent et assez, Ca-Ld-M-Pa-Pi T. en v. souvent et assez, Ch-J T. en voiz souvent et assez,
G bien souvent et a. - 240 À demourés, C-Ca-Ch-G-M-Pa demouréz, J mortz q. d. demouréz, Ld mort q. d.
demouréz.
69
Megarde où sont allez nos peres
quy ont heubt vie comme nous,
nos parens, [et] soeres et freres :
244 il ont lessies ces miseres
esquelles nous sommez trestous.
Che monde, qui nous samble doux,
est decepvant et tost passé :
248 eureux est qui l'a bien passé.
A 2 strophes manquantes (v. 241 - v. 256) - C-Ch aléz noz, G-Ld noz, Pa aléz - 242 C-Ca-Ch-G-J-Ld-Pa-
Pi Qui o. eu, M eu - 243 C-Ch-G-J-Ld Noz p. et aussi noz f., Ca Noz p. et aussy noz f., M-Pa-Pi N. p. et
aussi nos f. - 244 C-Pi I1z o. delaissié c. m., Ca laissié [-1], Ch lz o. laissés [-1], G Ilz o. laissé [-1], J Iz o.
laissé les grans m., Ld-Pa Ilz o. laissié [-1], M IIz ont leissiés [-1] - 245C-Ca-G-J-Ld-Pa sommes, Ch
prevismes tous, Pi sommes trestouz - 246 C C. m. q. n. semble estre doulz [+1], Ca Ce m. q. n. s. dous, Ch-
J-Ld-Pa-Pi Ce m. q. n. semble doulx, G Se m. q. n. semble doulx, M Ce m. q. n. s. douls - 247 C-Pi
decevant, Ca dechepvans, Ch decheant, G Et decevant est t. p., Ld Nous e. d. e. t. p. [+1], Pa En decevance
est t. p. - 248 M quy - 249 C-Ch-G-Ld-Pa passaige - 250 C-Ca-Ch-J-Ld-M-Pa Douloureux, G Doloreux,
Pi Dolereux - 251 C-Ca-Ch-G-Pa-Pi donjon, J T. n'a chasteau donjon n. f., Ld dongnon, M dongon casteau
- 252 M Quy, Pa Q. t. puist [-1] - 253 C Q. t. n'en soies a., Ca Q. t. n'y s. assailli, J-Pa-Pi soies, Ld-M n'y -
254 C-G-J-Ld-Pa auras, Ca T. averas b. d. loingz s. [+1], Ch INVERSION Quant ton esperit s'en ira, M
auras b. d. 1. sally, Pi INVERSION Quant ton esprit s'en ira - 255 Ch INVERSION Et ton corps cendre
deviendra, Pa esprit s'en ira [-1], Pi INVERSION Tu auras bien de loing sailly - 256 Ch INVERSION Tu
auras bien de loing failly, G-J-Ld-Pa devendra.
70
Eniest grant folie de parer
ce qui sera viande aux vers;
ce que tu paines d'amasser,
260 il le te fault tantost lesser
et prenre abillemens divers. at D
Tu n'aras pour tous tes blédz vers
que ta dolente sepulture
264 et ta puante poulreture.
17: 257 A-Ch C'est g. follie, C-Ca-G-J-Ld-Pa C'est, Pi C'est grand - 258 Ca auz, G à v., Ld C. que, M quy -
259 À E. que metz paine d'a., C peinnes, Ch-Ld-Pa penses, G Se q. t. peines, M-Pi peines - 260 À I. te
faulra t. laissier, C I. le f. t. delaisser, Ca I. te fauldra t. laissier, Ch-J-Ld I. te fauldra t. laisser, G laisser, M
L te faura t. leissier, Pa I. te faulra t. laisser, Pi I. te f. t. delaisser - 261 A-C-Ca-Ch-G-Ld-Pi prendre
habillemens, J habillemens, M prendre, Pa prandre habillemens - 262 À T. n'auras p. t. telz blés v., CT.
n'auras pas t. t. bléz v., Ca T. n'averas p. tes bléds v., Ch auras point t. t. bléz v., G Car t. n'auras p. t. bléfz
v., J T. n'auras p. tes bléds v. [-1], Ld auras, M T. n'averas p. tes blés v., Pa T. n'auras p. t. bléz v. [-1], Pi
T. n'auras p. t. t. bléz v. - 263 À dollante, Ch-M doulente, Pa Seulement que ta nourriture - 264 À
nourreture, C-Ca-G-J-Ld pourreture, Ch-Pa-Pi pourriture, M A t. p. poureture - 265 A-Ch-Pi dame, C-G-
Pa O jouvence d. b. dame, J strophe manquante (v. 265 - v. 272), Ld O jovente d. b. dame - 266 A-M-Pi
dittes, C-Pa dites, Ca-Ch-G-Id dictes - 267A-C Cuidiez v. 1. m. s. infame, Ca infame, Ch-G-Pa-Pi Cuidez
v. . m. si infame, Ld Cuidés v. 1. m. si infame, M si infame -268 À voulsist a. tel ame, C-G-Ld-Pa-Pi
voulsist, Ca vaulsist, Ch voulsist porter c. b., M voulsist a. c. blame - 270À avez ung, C-Ca-G-Ld-M-Pa-Pi
Certes v. n'y avez ung p., Ch Certes v. n'y a. ung p. - 271 À P. d'avantaige q'un bergier, C d'un porchier, Ca
q'un porchier, Ch-G avantaige que u. porchier, Ld avantaige qu'ung porchier, M porchier, Pa avantaige
qu'un porchier, Pi porcher - 272À E. v. aime q. aura c., C-Ca-Ch-Ld-Pa vouldra, G ait q. vouldra, M aide
quy vouldra, Pi vouldra cher.
71
4 fault laissier vos haulx atours
et vos robes à longue queue,
et vous fault oblyer les tours
276 que vous aprenez à ces cours
ou tamps que vous faittez la reue.
Vostre frescheur devenra bleue,
vostre regart ferat horreur
280 mesmez à vostre serviteur !
18: 273 A-C voz, Ca voz haulz, Ch laisser voz, G laisser voz beaux, J laisser les haults, Ld voz beaulx, M
lessier, Pa I. vous f. 1. vos atours, Pi laisser v. haultz - 274 A-C-Ca-Pi voz, Ch-J voz r. à longues queues,
Ld voz robbes, M longes, Pa longues queues - 275 A-C-Ca-Ch-G-J-Ld-Pa-Pi oublier, M oublyer - 276 A
aprenés, Ca aprendez - 277 A-C temps q. v. faites, Ca-Pa Au temps q. v. faictes, Ch-Ld-Pi temps q. v.
faictes, G Au t. q. v. faictes, J Au temps q. faisiez L. r. [-1], M Au t. q. v. faittes - 278 À Vostre frestheur
demoura b., C Vostre, Ca-G-Pa devendra, Ch-Ld deviendra, J demourra -279 A-Ld regard sera, C-J-Pi
regard fera, Ca-Pa fera, Ch sera, G regard, M fera orreur - 280 A-C-J-M Meismes, Ca-Ch-G-Ld-Pa-Pi
Mesmes - 281 À A. n. a. d. chevallier, Ca-M aroy, Ch chevallier - 282 À de t'assaillir, C-Ca-Ch-J-Pa-Pi
assaillir, G-Ld osé p. t'assaillir, M Quy e. ozézp. t'assaillir - 283 J ez, M outre - 284 J ez, M courchier, Pi
INVERSION Chascun veult devant toy fremir - 285 A-C-G-J-Pa veult, Ca voeult d. t. fuïr, Ch veult d. t.
fuyer, Ld chescun veult, M voet, Pi INVERSION Tu qui fais les aultres cremir - 286 A-Ca-Ch-Ld-Pa
autres, C'aultres, G-J faiz 1. autres, M quy, Pi INVERSION Tu devendras abhominable - 287 À demourras,
Ca-G-J-Pa devendras, Ch-Ld deviendras, Pi INVERSION Ce monde n'est pas pardurable - 288 À Ce
monde n'est point pardurable, € Joie mondaine, Ca-Ch-J-Ld-M Ce monde n'est pas pardurable, G
mondaine, Pa Ce monde cy n'est pas durable, Pi INVERSION Quant tu es dessus ton coursier.
72
[y
289 A Vous estes bien vestus d. c., C-Ca-G-Ld Estes, Ch-J estes vestuz, M quy, Pa-Pi estes vestu - 290 A-
C-G-J-Pi temps, Ca tempz, Ch-Ld-Pa Gentilz hommes d. temps - 291 J P. que vous que vous [+2], M
Pensés - 292 À scavés, Ca N. v. n. 5. tant d. c., Ch-Ld-Pi savez, G Et si ne savez, J Car vous ne savez, M
savez tourt, Pa Vous n'y savez - 293 A-C empeschement, Ca-Ch-Ld mectre empeschement, G sceult mectre
empeschement, J sceut m. empeschement, M Quy y s. m. empeschement, Pa saiche mectre empeschement
[+1], Pi sceut m. empescement - 294 A-Ch-Ld-Pa-Pi beaulté - 295 A-C saulvera, Ca amera - 296 À Vous
finirez dollant voz jours, Ca-Ld Vous finerez dolant voz jours, Ch Vous finerez doulant voz jours, G-Pi
auriez, J Vous finerez dolens voz jours, M-Pa Vous finerez dolant vos jours - 297 A-C-Ld Damps abbés n.
s. laissié, Ca Damps abbés n. s. laissiés, Ch Damp a. n. s. laissé, G Damps à. n. s. laissé, J Damp à. n. 5.
laissié, M Damps abbés n. s. leissié, Pa Pardurablement ne serez laisséz [+2], Pi Dampz abbés n. s. laissié -
298 A-Pi Aveuc 1. dame, C-G-J-Ld Avec 1. dame, Ca dame, Ch Avec 1. dame d. leurs, M avecq, Pa Avec I.
dame d. telz - 299 A-C-Ld-Pi estuvé, Ca baingniés, Ch-G estuvé o. baigné, J S'i. a escuvié ne b., M estuvés
o. bagnié, Pa Car soit estuvés o. rentéz - 300 A-C-Ch-G-J-Ld-M sera e. t. plongié, Ca sera e. t. plongiés,
Pa sera e. t. plungéz, Pi plongié - 301 Ch sera corps [-1], Pa feans - 302 A-Ca-Ch-J-Ld-M-Pa dure, C dura,
G durera [+1], Pi No v. n. durera - 303 A-C-Ca-G-J-Ld-Pa-Pi dueil, Ch deul, M duel - 304 A-Ch-Ld-Pa
Dieu, C-G-J-M-Pi Dieu s. q. e. b. pelerin, Ca Dieus s. q. e. b. pelerin.
73
He bourgois qui boit du melleur
et à tous fait chiere commune,
Mort ne ly fera plus d'honneur
308 comme à ung povre laboureur,
ou à aultre de la commune.
Il ne l'en chault où elle plume,
au grant, au petit, au moyen :
312 contre elle n'y a nul moyen !
74
Mais ce n'est pas merveil[le] grant
s'on crient chose sy tresamere.
Celly que Dieux fist revivant,
324 à qui il fist de grasce tant,
le ladre à la Marie frere,
oncquez despuis n'eult que misere
et toutte doleur à penser
328 cremant ce qu'il debvoit passer.
21: Leçon de L rejetée : 321 Mais ce n'est pas merveil grant [-1] [C-Ca-Ch-G-J-Ld-M-Pa-Pi]
A 2 strophes manquantes (v. 321 - v. 336) - 321 C-Ch-J-Ld-M-Pa merveille, Ca-G merveilles, Pi merveille
grand - 322 C-G craint c. si t., Ca Se l'en craint c. sy amere, Ch Se on craint c. si amaire, J-Ld-Pa-Pi Se l'en
craint c. si amere, M Se l'en craint cose si amere - 323 C Celluy q. Dieu, Ca Celluy q. Dieu fu ravivant, Ch
Celuy q. Dieu fit, G Celuy q. Dieu fut, J Cellui q. Dieu f. ravivant, Ld Cellui q. Dieu, M Cely q. Dieu fit
ravivant, Pa Qui fut Dieu ravivant [-2], Pi Celui q. Dieu fait - 324 C-Ch-Ld fit d. grace, Ca-G-J-Pa grace,
M quy, Pi Au quel i. feit d. grace t. - 325 Ch L. lazare à Magdaleine f. [+1], M lazre, Pi lardre - 326 C
Onques depuis n'eut, Ca Oncques depuis n'ot, Ch Oncques depuis n'eut, G-J-Ld-Pi Oncques depuis n'eust,
M Oncques, Pa Oncques d. n'ot - 327 C En toute, Ca-J-Ld-Pa-Pi toute douleur, Ch toute douleur et p., G
toute, M dolleur - 328 C-Ch-Ld-M devoit, Ca c. qui devoit, G-J-Pa Craingnant c. q.'i. devoit, Pi Creignant
c. q.'i. devoit - C-Ca-Ch-G-J-Ld-M-Pa-Pi strophe supplémentaire (v. 329 - v. 336) : texte de C.
75
S ‘il n'en prent moyen et refuge
à la tresoriere de grasce
qu'elle moyene vers le juge,
340 [qu'en] son tresanguisseux deluge,
lors que la voix sy sera casse,
et la vie dolente et lasse,
il puist estre lors secourru 2224" D
344 et Satham matet et vaincu.
À 2 strophes manquantes (v. 337 - v. 352) - 337 C S'i. ne prend moien, Ca-Pa ne p. m. e. reffuge, Ch-Ld-M
ne, G moien e. reffuge, J ne p. m. ou r., Pi Si n'e. prend moien - 338 C-Ca-Ch-GJ-Ld-Pa-Pi grace - 339C-
G-Pi moienne, Ca-J-Ld-M-Pa moyenne - 340 C-G Qu'en s. tresangoisseux, Ca Qu'en ce tresangousseux,
Ch-Ld-M-Pa-Pi Qu'en ce tresangoisseux, J Qu'en s. tresangoiseux - 341 C-G-J-Pi si, Ca quasse, Ch luys.
c., Ld en s. c., M Lors que la voix sera casse [-1], Pa lui - 342 Ch doulante, M doullente - 343 C-G-J-M IL.
p. lors estre secouru, Ca-Ch-Pa secouru, Ld lors estre secoru, Pi I. puissé estre secoru - 344 C-G-Ld E.
Sathan mathé, Ca-Ch-Pi E. Sathan matté, J maté, M Satan maté, Pa Sathan maté - 345 Ch-Ld-M orrible -
346 C demoustra e. s. regard, Ca S'amoustrera e. s. regard, Ch demonstra, G demonstra e. s. regard, J-PiS.
monstrera e. s. regard, Ld monstra [-1], M-Pa S. monstrera - 347 C-Ca-J-Ld-Pa-Pi Qui, Ch Qui e.
tresamaire poincture, G Qui e. t. painture - 348 C-G-Ld-Pa-Pi E. doleur angoisseuse, Ca doulour
angousseuse, Ch-J douleur angoisseuse, M doleur - 349 C-G-J-Ld-Pa-Pi ame q. craint, Ca ame, Ch ame q.
crainct, M ame q. craint et d. - 350 C traveillie, Ca-G-Pa traveille, Ch travaille et d'autre part, J L. c.
tremble de l'a. p., Ld travaille, M t. et d'a. p., Pi traveille à l'aultre - 351 C Tremble t. e. s. vigheur, Ca
vigeur, Ch-G-Pa-Pi Tremble t. e. s. vigueur, J Fremist t. e. s. vigueur, Ld Tremble t. e. est s. vigeur [+1],
M tressaut e. s. vigeur - 352 C-G-Ld-M-Pi P. habondance d. doleur, Ca-Ch-J-Pa P. habondance d. douleur.
76
Aus oultre pooir de Nature,
car elle l'habandonne lors.
Il n'a ne membre ne facture
356 qui ne sente sa poureture;
advant que l'esperit soit hors,
le ceur qui voelt crever au corps,
haulce et sourlieve la poitrine
360 qui se voelt joindre à son eschine.
23: À 2 strophes manquantes (v. 353 - v. 368) - 353 C-Ca-G-Ld-Pi Qui e. o. povoir n., Ch Qui e. o.
pouvoir, J Qui e. povoir oultre n., M Quy est o. p. n., Pa Qui e. o. par n. [-1] - 354 C-Ca-G-J-Ld-Pa-Pi
abandonne, Ch C. l'abandonne elle 1., M e. abandonne - 355 C-Ca faiture, Ch I. n'a m. n'aussi faicture, J
faitture, Ld-M faicture - 356 C-J pourreture, Ch-G-Ld-Pa-Pi pourriture, M Quy n. s. s. pourreture - 357 C-
Ca-Ch-G-J-Ld-M-Pi Avant, Pa Avant q. l'esprit [-1] - 358 C veult, Ca L. coeur q. veult, Ch-G cueur q.
veult, J ceur lui veult, Ld cueur q. veult grever, M cuer, Pa cuer q. veult, Pi veult c. ou - 359 C Haulche, Ca
Hauche e. s. 1. poittrine, Ch soubzlieve sa poictrine, G soublieve, J sa poittrine, Ld Haulse e. solieve 1.
poictrine, M Hausse, Pa soubzlieve - 360 C-Ca-G-J-Ld-Pi veult, Ch-Pa veult j. à l'e., M Quy - 361 Ch
taincte e. appalye, G taincte e. appalie, J Sa f. e. fort t. e. palie, Ld taincte e. apallie, M fache e. t .e.
appalie, Pa Sa f. a t. e. palie [-1], Pi apallie - 362 C treilliéz, Ca yeulz c. e. I. tieste, J y fonsséz, Pi yeux -
363 C L. parole luy, Ca-J-Ld lui, Ch luy e. faillye, G-Pa luy, M fallie - 364 C ou p. s. lye, Ca palaix, Ch-Pi
lye, Ld ou palaiz, M palay, Pa C. langue a paralisie [-1] - 365 € L. poulz t. e. si h., Ca L. poux t. e. s.
hallette, Ch poux si t. e. allecte, G De paour t. e. si halecte, J si hallette, Ld e. hallecte [-1], M pouls t. e. si
h., Pa si, Pi poux t. e. si hallette - 366 C-Ca-Ch-G-Ld-M-Pi preste, J-Pa fuyt 1. m. e. preste - 367 Ca-Ch-J-
Pa douleur à desmesure, G-Ld-M-Pi desmesure - 368 C-M atendant, Ch-G-Ld-Pa-Pi actendant.
41,
EUR os desjoindent à tous léz;
24: À 2 strophes manquantes (v. 369 - v. 384) - 369 Ca desjoincte, G desoingnent, J-Pi oz - 370 C-Ca-Ch-
G-J-Ld-M-Pa-Pi q.'à - 371 C Si a assault de t. c., Ca S'est assailliz, Ch S'est assailly de t. coustéz, G Si est
assailly [+1], J S'est assailly, Ld Et assailli e. de t. coustés [+1], M S'est assaly, Pa C'est à savoir par tous
costéz, Pi S'est assailly à tous costéz - 372 Ca-M congnoit, Ch congnoit t. les f. passé, J-Ld faiz, Pi
congnoit t. s. faiz - 373 C-Ca-G-J-M-Pa compte, Ch qu'il compte r., Ld De moy i. f. q. compter.-374CE.
n'a 1. qué il s'a., Ca E. n'a le I. qui s'a., Ch-Ld n'a le 1. q.'i. s'amande, G Et n'a loisir qu'il qu'il s'a., J le 1. qui,
Pa E. n'a loisir q. s'a. [-1], Pi E. n'a nul - 375 C-Ch-J l'eure e. b. e. douloureuse, Ca C. l'eure e. brieve e.
douloureuse, G-Ld eure e. b. e. doloreuse, M eure e. b. e. doulereuse, Pa eure, Pi eure e. b. e. dolereuse -
376 C-Ca-Ld-M-Pa ame, Ch pouvre ame, G pouvre ame e. doubteuse [-1], J D. la p. ame, Pi Donc s. p.
ame - 377 C--J-Pi veult, Ca-Ch-G-Ld-Pa veult mectre - 378 Ca aversaire, Pa adverssaire, Pi loy - 379 C
hydeux, Ca Q. s'amoustre hydeus et lais, Ch se demonstre hydeux, G-J-Ld-Pi se monstre, Pa se monstre
hideulx - 380 C-Ca-J-Ld-Pa espoventable o. povoir, Ch espoventable o. pouvoir, G espoventable outre
povoir, Pi espoantable o. povoir - Ca vers manquants (v. 381 - v. 384) - 381 Ch peicheur, J Disans p. t. ez-
382 C souviegne, Pa T. souvient il - 383 C-G-J-Ld-Pa-Pi temps, Ch temps q. t. a p. - 384 J ez.
78
Et sy n'a damme ne mingnon
à qui guerez de toy chaulra, = e Le,
Jueal tant soit rice ne bon,
388 chasteal, palaix, [fort] ne doingnon :
che qu'à toy fut aultruy sera,
et ton amme en torment sera
pardurable tyson d'enfer
392 en la presence Lucifer.»
Ca 2 strophes manquantes (v. 385 - v. 400) - 385 A-Ch-J-Ld-Pa Tu n'as ne dame n. mignon, C E. si n'a
dame ne mignon, G dame n. mignon, M Tu n'as damme ne mignon [-1], Pi Si n'a dame n. mignon - 386 À-
Pa gueres, C guaires, Ch gaires, G-J gaires d. t. chaurra, Ld gaires d. t. chaura, M quy gaires d. t. chaura,
Pi gueires d. t. chauldra - 387 A-M Joyau t. s. riche, C-Pi Joiau t. s. riche, Ch Joyaulx t. fort riche n. don, G
Joyel t. s. riche, J Jouel t. s. riche, Ld Joyaulx t. soient riche, Pa Joyaulx t. s. riche - 388 À Chastiau pallais
fort n. donjon, C-G-Pa Chasteau palais fort n. donjon, Ch Chasteaulx palais fort n. donjon, J Chasteaulx
palais fort, Ld Chasteau p. fort n. donjon, M Chasteaux p. fort n. donjon, Pi Chasteau pallais fort n. doujon
- 389 A-M Ce q'à t. f. autruy aura, C Ce q.'à t. fu aultrui ara, Ch Ce q.'à t. f. autruy l'aura, G Ce qui t. f.
autruy aura, J Ce q.'à t. f. autruy l'aura, Ld Ce que à t. fu a. aura [+1], Pa Ce q'à t. f. ung autre aura, Pi Ce
que à t. fu aultry aura [+1] - 390 A-C-J-M ame e. tourment, Ch-Ld ame à moy s., G corps e. tourment, Pa
E. tourment à ton ame sera [+1], Pi ame - 391 A-G-M-Pa-Pi tison, C thison, Ch perdurable - 392 Ch-M-Pa
p. de L. [+1] - 393 À laissier t. oiseaulx, C-Ld laissier t. oyseaulx, Ch laisser t. oiseaulx, G-J laisser t.
oyseaulx, M faut leissier t. oiseaux, Pa laissier, Pi laisser t. oiseaux - 394 A-Jd bracques, C bracquets, Ch-
G-J bracquetz, Pa brachetz et 1., Pi brachetz - 395 A-C-J beaulx chevaulx, Ch Tes beaulx destriers tes
beaulx chevaulx [+1], G-Pa chevaulx, Ld Tes beaulx destriers et tes chevaulx [+1], M haulx chevaux, Pi
chevaux - 396 À soubx, Ch Q. s. f. 1. saults [-1], M Quy s. t. f. L. saux, Pi saulz - 397 A L. routte d. t.
escuiers, C-G-J-Pa-Pi escuiers, Ch routte - 398 À Le nombre d. t. officyers, C-G-Pi moindres, Ch-J-M Le
moindre, Ld Le maindre, Pa Le mendre - 399 À A qui t. laissez de t. b., C-Ch-G-J-Ld-Pi A qui t. laisses de
t. b., M A quy t. lesses de t. b., Pa A qui t. laisses t. b. [-1] - 400 Ch N. t. tiendront lors q. p. f. , Ld tenroit
soit q. p. f., M N. tiennent [-1].
79
«HBien est chambgie ta fierté,
et ossy ta glore mundaine.
Le tamps que Dieu t'avoit presté
404 tu l'as perdu et degasté;
dont, pour jamez seras en paine,
et chascun jour de la sepmaine
raige de tourmens et sans fin :
408 tu fus subtil, mais moy plus fin !»
26: À strophe manquante (v. 401 - v. 408) - Ca 2 strophes manquantes (v. 400 - v. 416) - 401 € changyé,
Ch-G-J-Ld changée, Pa-Pi changie - 402 C-Ch-G-J-Ld-Pa-Pi E. aussi t. gloire mondaine, M aussy t. g.
mondaine - 403 C-Ch-G-J-Ld-Pa-Pi temps - 405 C-G-J-Ld jamais, Ch-Pa jamais s. e. peine, M painne, Pi
Donc p. jamais - 406 Ld chescun, Pi chacun - 407 Ch tormens, G rage, J En rage d. t. s. f., Ld-Pi rage d.
tormens, Pa tourment - 408 Ch et m, J T. fuz subtilz et m., Pa soubtil m. bien par fin - 409 À N. t'atens
point aux e., Ch-G-J-Ld-M-Pa N. t'atens pas aux, Pi N. t'atens p. aux Evangiles - 410 À N'à m. qu'on te fait
d., C N'à messes qu'on te f. d., Ch qu'on te, Ld que l'en saiche, M Ne m. que l'en, Pa que l'en, Pi Ne aux
messes qu'on face dire - 411 A-Ch fille - 412 A-Zd ceulx q. sont d. t. villes, C-J-Pa-Pi ceulx, Ch N. tous q.
sont d. t. villes [-1], G ceulx q. o. d. t. villes, M ceulx quy o. d. t. villes - 413 A-C-J-Ld-Pa puissent, Ch Q.
pour toy se tiengne de rire - 414 M chaut, Pi I. n. l'eüst d. leur m. - 415 À N.s. t. t'es dampné, C-Ch-Ld-Pi
tu es dampné, G tu es d., J Se t. es dampné p. e. [-1], M t'es, Pa t'ez dempné - 416 À malleureux, Ch T. seul
en le malheureux [-1].
80
ar tu t'en revas ainsy nud FREE
comme tu en ce monde vins.
IL t'est par trop mesadvenut,
420 quant tu as sy tresmal vescut
que tu n'es plaing de tes voisins.
Tu n'aras pour tous biens et vins
q'ung seul tombeau et .I. suaire,
424 et vermine pour toy desfaire.»
27: Ca strophe manquante (v. 417 - v. 423) - 417 À nu, C-Ch-G-Pa aussi nu, J C. t. en r. aussi, Ld revais
ainsi nu, M-Pi ainsi nu - 418 À Si c. e. c. monde tu v., Ch C. e. c. m. tu y vins, Ld C. en ce monde tu v. -
419 A-Ch-G-Pa mesadvenu, C-Ld-Pi mesavenu, J mal advenu, M I. t'e. trop mesavenu [-1] - 420 À vestu,
C-Ch-G-J-Ld-M-Pa-Pi si t. vescu - 421 À Q|. t. n'ez plaingz, C-Ch-G plaint, J n'ez plaint, Ld Q. ne es
plains, M plains, Pa n'ez plaint, Pi t'es plains - 422 À Et sy n'auras p. t. tes v., C T. n'auras de tous tes v. [-
1], Ch Et si n'auras de t. tes v., G-Ld T. n'auras p. t. tes v. [-1], J Et si n'a. p. t. tes vins, M-Pi Et si n'auras
p. t. tes v., Pa Ne de nulz autres tes affins - 423 A-Ch-J-Ld-M Que ton t. e. ton s., C Quë ung tumbeau e.
ung s., G-Pi Quë ung t. e. ung s., Pa Et si n'auras pour tout sallaire - 424 Ca vermée, Ch En v., G-M-Pi te,
J vermyne, Pa Que ton tumbeau et ton suaire - À strophe manquante (v. 425 - v. 432) - 425 C P. quoy f. t.
d. né, Ca P. quoy f. t. doncques né d. m. [+1], Ch P. quoy fuz oncques néz d. m., G P. quoy fuz t. donc né, J
P. quoy f. oncques né, Ld P. quoy f. t.donc né, M P. quoy fu t. d. néz, Pa P. quoy f. t. oncques né [+1], Pi O.
quoy fu t. donc né - 426 C P. douloureusement morir, Ca-Pa-Pi si, Ch si doulentement bruÿr, G-M si
doulentement mourir, J-Ld si d. mourir - 427 C-G-Pi si, Ch En doulleance si amaire, J-Ld-Pa En d. si, M
En douleance si - 428 Ca insurportable, J E. en importable, Ld-M-Pa insuportable - 429 C-Ch-G-J-Pi
jamais, Ca Q. p. jamais t. f. morir, Ld Qu'à tout jamais, M jamais t. faut, Pa jamais t. f. soufrir - 430 C-Ca-
Ld dois, Ch-G-J-Pa-Pi dois b. trembler, M doibs - 431 C-Ch-G-J-Pi E. t. ame doit b. mauldire, Ca-Pa ame
doit b. maudire, Ld ame doit b. mauldire, M maudire - 432 C L'occhoison, Ca-M L'ochoison, Ch L'achoison
de t. m. [-1], G La chancon, J-Ld-Pa L'achoison, Pi L'achoison d. si grand m..
81
Eu fus doloureuse portée
à la mere qui t'enfanta;
ta folie desordonnée
436 a ton amme desesperée
mise en torment qui ne fauldra,
en laquelle vivant morra.
Et par tes puans faulx delis
440 tous jours aura de mal en pis.»
28: A strophe manquante (v. 433 - v. 440) - 433 C-Ch-Pa douloureuse, G-J fuz douloureuse, La doloreuse,
M-Pi doulereuse - 434 Ld q. te e. [+1], M quy - 435 Ch follye - 436 C-J-M-Pi ame, Ca ame desesprée [-1],
Ch-Pa Et t. ame, G ame est d. [+1], Ld adme - 437 C-Ca tourment, M tourment quy, Pa tourment q. n.
faulra - 438 C laquele, Ca-M mora, Ch E. icelluy v. mourra, G-Ld mourra, J menrra - 439 C E. p. t. grans
puans deliz, Ca faulz deliz, Ch delictz, G pour t. p. f. delitz, J faulx puans delitz, Ld delitz, M faux, Pa
devis, Pi faultz puans delitz - 440 C-Pa-Pi auras, Ch-J auras d. pis e. pis, Ld pis e. pis - 441 C-G-J nulz,
Ca P. qu'on [-1], Ch-J n. sauroit, Ld n. saurroit, M n. seroit - 442 A-Pa-Pi porroit, C-Ca-Ch-G-Ld pourroit,
M lange n. poroit - 443 A-J-Pa-Pi crier, C P. c. ne p. s., Ca P. crier ou, Ch crier ne, G crier n. p. souppirer,
Ld crier e. p. souppirer - 444 À Renoyer Dieu et despiter, C ©. y oit D. desavoer, Ca L'en y o. D. desavouer,
Ch oit D. desavourer, J desavouer, Ld oyt D. desavouer, M L'en y o. D. desavourer, Pa L'en y oit, Pi oit -
445 A-C-Ch-G-J-Ld-Pi mauldire, Ca-M-Pa maudire - 446 À Il n'est cyrurgïen, C-Ch-Ld E. n'est cyrurgiïen,
Ca E. n'est surgïen n. mirre [-1], G cisurgïen, J E. si n'est surgien, M E. n'est surgïen, Pa E. si n'est
cyrurgien, Pi E. n'est cirurgïen - 447A alleguier, Pa Qui puist alleger [+1], Pi alleguer - 448 A-Ca-G
Seullement d'u. surseance, C-M surseance, Ch Sceust d'u. seulle surceance, J sourseance, Ld Que mectre y
sceust surceance, Pa seurceance, Pi surceance.
82
F puis ly dist : «Je sui des princeps
de l'infernale mantion.
Il te fault lessier tes provinces :
452 je t'enmenray povrez et minces
au lieu de tribulation.»
Le pecheur quy sent l'aguillon
de la Mort qui le serre et point, 223 v° a
456 ne scet là riens penser à point,
Er il est en desesperance
et en faulte de vraye foy;
alors le bon angele s'advance
460 _ et sy le mech en souvenance,
disant : «Las chretien ! recongnoy
ton Salveur qui moru pour toy,
qui est prest de te pardonner
464 se tu ly daingnez demander.»2°?
29: À 2 strophes manquantes (v. 449 - v. 464) - 449 C-Ch-Pa luy d. j. suis d. princes, Ca lui d. j. suis d.
prinches, G-J lui d. j. suis d. princes, Ld lui dit j.suis d. princes, M dyt j. s. de prinche, Pi dit j. suis d.
princes - 450 C-Pi mansion, Ca-Ch-G-J-Ld infernalle mansion, M manssion, Pa INVERSION Il te fault
lessier tes provinces - 451 C-Ld laissier, Ca laissier t. provinches, Ch-G laisser les, M I. f. laissier t. p. [-1],
Pa INVERSION De l'infernale mansion, Pi-J laisser - 452 C J. t'emmenray povres e. minches, Ca povres e.
minches, Ch emenray pouvre [-1], G enmeneray pouvre, J te merray povres, Ld enmerray pouvres, M Je te
enmenray povre et minche, Pi povres - 453 Ch-G-J-Ld tribulacion, Pa tribullacion, Pi Ou - 454 C-Ca-G-
La-M-Pi qui, Ch peicheur qui s. l'aiguyllon, J qui s. l'anguillon - 455 Ca q. se s. - 456 C N. s. à, Ca Il n. s.
r. pensser, Ch lors, G-M N. s. riens [-1], J Il ne sceit rien, Pa Il n. s., Pi N. s. riens lors p. à p. - 457 Ch est
de d. - 458 C-Ca-Pa-Pi vraie, M faute - 459 C s'avance, Ca s'avanche, Ch-G-Ld ange s'avance, J-M-Pi
angle s'avance, Pa Adonc I. b. ange s'avance - 460 C-M-Pi E. si 1. met, Ca met, Ch INVERSION Disant
crestien recongnoy, G E. en souvenance lui monstra [+1], J E. si lui met, Ld si 1. mect, Pa Qui luy donne
vraie esperance - 461 Ct'es c., Ca recongnoiz, Ch INVERSION Ton sauveur qui mourut pour toy, J cristien,
La D. crestien [-1], Pi cretien - 462 C Saulveur, Ca-Pi Sauveur, Ch Tu dois avoir en luy fiance, G-J
Sauveur q. mourut, Ld Saulveur q. mourut, M Sauveur quy mouru, Pa Sauveur q. morut - 463 C-J d. toy p.,
Ch Car il e. p. te - 464 C-Ch-G S. t. luy daignes, Ca S. t. le daignes, J Se t. le daignes, Ld Se t. lui daignes,
M li daignes, Pa luy daingnes, Pi Mais que luy daignes d. .
83
se. on pooir est incomparable,
Sa misericorde infinie.
Fay Ly honneur, et honte au deable !
468 Rends toy de ton pechiet coupable,
et humblement mercy Ly prie.
Tu aras pardurable vie,
qui es Sa povre creature,
472 pour qui la mort Luy fu tant dure.»
30: Leçon de L rejetée : 478 De claux Ses pied et mains percier [A-C-Ca-Ch-G-Ld-Pa-Pi]
A strophe manquante (v. 465 - v. 472) - 465 C S. povoir e. imcomparable, Ca-G-J-Ld-Pa-Pi povoir, Ch
pouvoir e. incomprenable - 466 J infinye - 467 C-Pi luy, Ca-J-Ld lui, Ch luy h. e. h. a. dyable, G F.
honneur honte au diable [-1], Pa Fais luy - 468 C-G-Ld-Pi Rens t. d. t. pechié coulpable, Ca Reng t. d. t.
pechié coulpable, Ch Rens t. d. t. peichié coulpable, J Ren t. d. t. pechié coulpable, M Rens t. d. t. pechié,
Pa Rendz t. d. t. pechiéz - 469 C-Ld lui, Ca merchy lui, Ch-G-Pa luy, J lui prye, M merchy li, Pi merci luy
- 470 C-Ch-G-J-Ld-M-Pa-Pi auras, Ca averas [+1] - 471 Ch-Ld-Pi pouvre, G Q. est en s. pouvre c. [+1], M
Quy - 472 C P. quy L. m. L. fut t. d., Ca-J-Pi lui, Ch P. la mort qui 1. fut, G lui fut, Ld P. la mort qui lui fut t.
d., M quy 1. m. ly, Pa fut - 473 À Dieu t'a, Ca rachetée, Ch-Ld rachapté, G rachecté, Pi rachaté - 474 A-C-
Ca-Pa Pour quoy I. n. t. v. laissier, Ch P. quoy I. t. v. laisser [-1], G-J-Pi Pour quoy L n. t. v. laisser, Ld P.
quoy I. n. t. v. laissier, M Pour quoy I. n. t. v. voet leissier - 475 A-Ca-J-Ld Lui, C-Ch-G-Pa-Pi Luy - 476 A
ton c., C P. quoy fu, Ca fu ouvers, Ch-G cousté, M INVERSION Et si se fist crucefyer, Pi fu - 477 A-Ca
crucefier, € Sy se fist Il c., Ch-G-J si s. f. crucifier, Ld si s. fit crucifier, M INVERSION De claux pieds et
mains perchier [-1], Pa si s. f. cruxiffier, Pi Et se souffry crucefier - 478 A-Ca Et d. cloux piés e. m.
perchier, C Et d. cloux mains e. piéz perchier, Ch-Pa Et d. cloux piéz, G D. cloz piéz e. m. percer [-1], J Et
d. cloux piédz e. m. perser, Ld Et de cloux piédz, M INVERSION Estendu doulereusement, Pi les piéz e. m.
percer - 479 A dolloureusement, Ca-J-Ld douloureusement, Ch estandu douloureusement, G estandu
doloreusement, M INVERSION Pour toy fu ouvert son costé, Pa estandu, Pi dolereusement - 480 A-Ca-Ch
E. batu, C-G-Pa E. batu plus p., J batu tant, M E. batut plus, Pi E. bastu plus.
84
4% a tendre char fu deschirée,
et Son virge sancg espandu
par les grans cops de l'escorée.
484 On vëêoit Sa char detrencée,
sur la pave dru et menu
les os se monstrerent au nu,
et en divers lieux descouvers
488 sy faisoyent vaines et nerfs.»
31: 481 À S. t. peau fut d., Ca-M peau, Ch-G-Ld-Pa peau fut dessirée, J chair fut decyrée, Pi peau f.
descirée - 482 A-C-Ca-Ch-Pa-Pi vierge sang, G viaire sanc, J vierge sang respandu, Ld vierge sang
espendu, M vierge - Ca 2 strophes manquantes (v. 483 - v. 496) - 483 A-Ch-G-Pa coups d. l'escorgée, J g.
neuz d. l'escourgée, Ld-Pi escorgée, M escogée - 484 A detrenchée, C peau detrenchée, Ch chair
detrenchée, G voit s. chair detranchée, J voyoit s. chair detrenchée, Ld detranchée, M L'en v. s. c.
detrenchée, Pa L'en v. s. c. detranchée, Pi detrenciée - 485 À S. le peau, C-Ld-Pa-Pi S. le p., Ch S. 1. digne
peau e. trenchu, G Sa peau, M le peau d. e. menut - 486 À Ses o. s. monstroient, C s'en moustrerent, Ch
monstroient, G s'en monstreront, Ld oz s'amonstroient, M s. monstrent a. nut [-1], Pi L. o. s'en m. tout nu -
487 Ch-Ld plusieurs, M lieu - 488 À faisoient v. e. nerfz, C Si faisoient veines, Ch Si faisoient veines e.
nerfz, G Si faisoient et v. e. nerfz [+1], Ld Et faisoient, M faisoient v. e. ners, Pa-Pi-J Si faisoient v. e.
nerfz - 489 A-Pa fut, C Le chief couronné d'espine [-1], Ch fut c. d'espines, G L. c. sa couronne, J Son c. fut
c. d'espines, Ld espines, Pi chef f. c. d'espines - 490 À Poignant jusques, C P. jusques à S. cherveau, Ch
Poignans jusques à s. serveau, G-M-Pa jusques, J Poingnants jusques, Ld Poignant jusques a s. cerviau, Pi
Poignans jusques - 491 C-Ch-G-Ld La f., M fache - 492 À Et qui est la b. d., C Et qui est la beauté d., Ch-
La E. q. est la b., G E. q. est la beauté [-2], J En q. la beaulté est divine, M E. quy est la beauté d., Pa
INVERSION Fut ressemblant à ung meseau, Pi E. quoy est la - 493 À Fut ressamblant, C-G-Pi F.
ressemblant, Ch-Ld Fut ressemblant, Pa INVERSION Cellui par avant si tresbeau - 494 À Celui paravant
sy tresbeau, C Celluy qui paravant si b., Ch Celluy paravant si tresbeau, G Celuy qui paravant si b., J Celui
paravant si tresbeau, Ld Cellui paravant si tresbeau, M Cely paravant si tresbeau, Pa INVERSION En qui
est la beaulté divine, Pi Cil qui paravant si tresbeau - 495 À Fut tout en ce point rencontré, C Fu en cest
estat rencontré, Ch-J Fut en cest e., G Fu en cest e., Ld Fut en cest e. rancontré, M Fu en cest e., Pa Fut en
tel e., Pi Fu e. c. e. encontré - 496 A-Ch-G-M-Pa Vierge, C-Ld Vierge q. l'eut, J Vierge q. l'eust, Pi D. 1.
mere.
85
ue poelt lors dire celle mere
de sy grande amertume plaine,
qu'elle ne dist : «Mon Dieu, mon Pere,
500 que je soeffre celle misere
adfin que j'alege sa paine.
Ha! Gabriel, tu me dis plaine
de grace en me nommant Marie;
504 las !je me troeve bien chambgie.»»
4 ma tresamée portée,
o Createur de ton ancelle,
o fruit de celle desolée,
508 qui [te transporta de Judée]
lors qu'elle estoit josne pucelle.
Fay moy que plus je ne cancelle,
et que je puisse soubstenir
512 celle croix qui te fait faillir.»?2
32: Leçon de L rejetée : 508 Qui .IX. moys en soy te porta [A-C-Ca-Ch-G-Ld-Pa-Pi]
A strophe manquante (v. 497 - v. 504), Ca strophe manquante (v. 497 - v. 504) - 497 C-G peult, Ch-Pi peut,
J-Ld peust, M puelt, Pa puet - 498 C-G-J-Ld-Pi si grant, Ch si grant a. pleine, M-Pi si - 499 C-M S'e., Ch
Celle sy dit, G S'e. n. dit, Ld Celle si dit vray, J Celle, Pa-Pi dit - 500 C-G-J seuffre, Ch Fay q. j. seuffre
ceste m. [+1], Ld Fay q. j. seuffre ce m., M-Pa sueffre, Pi souffre - 501 C Afin q. j'alige, Ch Affin q.
j'alleige ta peine, G-Ld-M Affin, J Affin q. j'a. ta, Pa Affin q. j'aleige s. peine, Pi Affin q. je allege ta peine
- 502 Ch diz pleine, J diz, M G. quy m. dist - 503 Ch-J e. moy n., M grasce - 504 C-G-J-Ld-Pa-Pi treuve
b. changie, Ch trouve b. changie, M troeuve - Ca vers manquants (v. 505 - v. 506) - 505 Pa tresamere - 508
A-C-Ca-Ch-G-J-Ld-M-Pa-Pi Qui te transporta de Judée - 509 A-Ch-G-J-Ld jeune, C-M jone, Ca jonne,
Pa jeusne, Pi joenne - 510 C-G-J-Ld-Pi chancelle, Ca Fais, Pa Faiz q. p. j. n. chancelle [-1] - 511 A-C-Ca-
Ch-G-J-Ld-M-Pa-Pi soustenir - 512 A-C Ceste, Ca fallir, Ch qui te faillir [-1], J pallir, Ld fault, M quy.
86
E mon enfant, escoutte moy :
je doy à ta dolour partir.
Mon Dieu, mon signeur et mon roy,
516 fay tant pour la mere de toy
qu'advant ta mort puisse morir,
car je ne te puis secourir,
et sy te voy tant desolé.
520 Helas ! à quoy t'ay je porté, »
33: 513 A-C-J-Ld-M-Pi escoute, Ca-G-Pa enffant escoute, Ch Mon e. escoute m. [-1] - 514 À J. vueil à t.
dolleur p., C-G-M-Pi doleur, Ca-J-Ld-Pa douleur, Ch dois à t. douleur - 515 A-C-Ca-Ch-G-J seigneur, Ld
seigneur mon t. [-1], Pa segneur, Pi M. D. souverain et m. r. - 516 Ca Fais, Ld INVERSION Qu'avant ta
mort puisse mourir, Pa Faiz t. p. l'onneur d. t. [-1], Pi F. t. que - 517 A-C-Ca-Ch-M-Pa-Pi avant, G-J avant
t. m. p. mourir, Ld INVERSION Car ne te puis secourir - 518 C Ou, Ch j. n. puis te, Ld INVERSION Et si
te voy tant desolé - 519 C-J-Pa-Pi si, Ca desollé, Ch si t. v. t. desolée, G Si t. v. je, Ld INVERSION Hellas
à quoy t'ai ge porté, M si t. voye [+1] - 520 C H. pour q., Ca t'ai ge, G pour q. tant, J j. aporté [+1], Ld
INVERSION Fay tant pour la mere de toy, M t'a je, Pa Hellas - À strophe manquante (v. 521 - v. 528) - 521
C-Ch-G-J-Pi suis, Ld suis t. mere, M Quy, Pa suit serfve - 522 C N. souffisant à, Ca souffissans, Ch-J-Ld
suffisant, G souffisant, M souffissant, Pa suffisant d. telle, Pi suffisant à t. - 523 C-Ld Elisabeth, Ch
Helyzabeth, G-Pa Helizabeth, Pi Ha - 524 C-G-M moustras, Ca moustras amour - 525 Ch mon c. - 526 C-
G-J-Pi e. tel, Ca tel horreu, Ld tel orreur, M voye e. tel - 527 C-G-M-Pi Q.'iz I. t. mieulx u. b., Ca Q'ilz 1.
t. mieulz, Ch Q.'iz 1. t. mieulx que, J Qui IL. t. mieulx, Ld Q.'iz 1. treuvent mieulx qu'u. b., Pa Qui - 528 C-
Ch-G-J-Pi Qu'iz ne font chose plus honneste, Ca Qui ne font chose plus honneste, Ld Qui ne font chose
point honneste, M Qu'ilz ne font cose plus honneste, Pa Qui est chose bien deshonneste.
87
FA croix, ingien de grant torment,
tu es chose bien inhumaine,
quant ton Createur innocent,
532 plus pur que n'est le firmament,
tu me laissez, et tu l'enmaine.
O generation humaine,
comme ton rachat couste chier,
536 lequel je ne voelch empecier.»
A strophe manquante (v. 529 - v. 536) - 529 C-Ca-M engien d. g. tourment, Ch-Ld engin, G angin d. g.
tourment, J-Pa engin d. g. tourment, Pi engin d. grand - 531 M inocent - 532 Ch P. p. que le f. [-1], J P.
purs, Ld p. cler - 533 C laisses e. t. l'emmaine, Ca-G laisses, Ch laisse e. t. l'emmeine, J laisses e. si, Ld
laisses e. on, M lesse, Pi laisse e. t. l'emmaine - 534 Ch-G-J-Ld-Pa generacion - 535 Ch cher, G Combien
t. r. c. cher, J Comment, Ld Comment t. rachapt c. cher, M rachet - 536 C veul empeschier, Ca voeul
empeschier, Ch-M veul empescher, G vueil empescher, J vueil empeschier, Ld-Pi veuil empescher, Pa
veuil empeschier - 537 À E. q. celle, C E. q. elle vite. c. [-1], Ca vey, Pi veit - 538 A-Ld Où il rendy, C-M
rendi, Ca L. qui rendy, Ch rendoit, G rendy, Pa rendist s. esprit [-1], J rendist, Pi rendy - 539 Ca-Pi
ellemens, G foiz, J ellements à u. foiz, Ld-Pa ellemens à u. foiz, M foix - 540À Firent sy dollereux explois,
C Faire si d. exploiz, Ca Faire sy douloureux esplois, Ch Firent si douloureux explois, G Firent moult
doloreux exploictz, J Faire si douloureux exploitz, Ld Firent si doloreux exploiz, M Faire si doulereux, Pa
Firent douloureux exploitz [-1], Pi Faire si dolereux exploiz - 541 A-Ch fit, Ld C'est - 542 À Pensez que la
Vierge s., C P. en s. qu'elle s., Ca Pensez q.'e. s. e. souffrist, Ch-Ld-M Pensez, G Pensez que en s. e.
souffrist, J Pensez q.'e. s. e. souffrist, Pa Pensez q.'e. s. e. soufrist - 543 À D. s. passion grant pitié, C-Ch-
Ld-Pa passion grant, Ca-J la passion grant, G-M-Pi passion - 544 À Quant vit son filz crucefié, C ame fut,
Ca-Ch ame f. crucefiée, G ame fut cruciffiée, J ame fut crucifiée, Ld ame fut crucifier, M ame f. crucefye [-
1], Pa S. ame y fut cruxiffie [-1], Pi ame f. crucifie [-1].
88
HE angoisseusement percie
avoec le costé de son fils,
ceste virge sainctifiie,
548 ceste mere tant esplorie,
souffrit trop plus que je ne dis
par le premier peciet commis
du pere de l'humain linaige;
552 qui ne le sçeut il n'est pas saige.»
35: Leçons de L rejetées : 547 Ceste virge sainctifye lu [ii] / 555 Estre trespitoyable hystore [Ch-G-Ld-Pa-
Pi]
À 2 strophes manquantes (v. 545 - v. 560), Ca 2 strophes manquantes (v. 545 - v. 560) - 545 C perchée, Ch-
G-Ld percée, J persée, M anguisseusement perchiée, Pa perciée, Pi perchiée - 546 C-J-Pa-Pi Avec I. c. d.
s. filz, Ch avecques 1. cousté d. s. filz [+1], G avecq L. cousté d. s. filz, Ld avec 1. cousté d. s. filz, M avecq I.
c. d. s. filz - 547 C Celle v. saintifyée, Ch vierge sainctifiée, G-Pa Celle vierge sainctiffiée, J-Ld Celle
vierge sanctifiée, M Celle vierge saintifiée, Pi Celle vierge sainctiffiée - 548 C-Pi esplorée, Ch C. vierge, G
explorée, J Celle m. t. esplourée, Ld espleurée, M esplourée, Pa INVERSION Souffrit trop plus hault que
ne diz - 549 C-Ld souffry, Ch diz, J souffrist t. p. q. j. n. diz, M Souffri t. p. q. j. n. dy, Pa INVERSION Par
le premier pechié commis, Pi Souffry t. p; q. j. n. dys - 550 C-G-J-M-Pi pechié, Ch peichié, Ld pechié
premier c., Pa INVERSION Du pere de l'umain lignage - 551 C-J-Ld-M-Pi umain lignage, Ch-G umain
lignaige, Pa INVERSION Celle mere tant esplourée - 552 C-Ld-M-Pi sçet i. n'e. p. sage, Ch le craint, J
sceit, Pa 1. croit - 553 C Mets a. secret d. t. memoire, Ch-Pa Mectz a. secret d. t. memoire, G secret d. t.
memoire, J Met a. secret d. t. memoire, Ld Mais a. secret d. t. memoire, M Mes, Pi Met ou secret d. t.
memoire - 554 C-Ch-J-Ld cloz, Pa clous, Pi ou - 555 C Cest trespiteablé histoire, Ch-Pa Ceste trespiteable
hystoire, G-J-Pi Ceste trespiteable histoire, Ld Ceste piteable histoire, M Cest trespitoiable ystore - 556 C-
Ld-Pa-Pi E. celle à. si notoire, Ch E. celle à. et notoire, G si notoire, J INVERSION Où fust ton Dieu
jusqu'au mourir, M celle anguisse si notoire - 557 C-Pi fu, Ch jusques au mourir [+1], G fu t. D. ja.
mourir, J INVERSION Et le tres douloureux souffrir, Ld mourir, M fu t. D. jusque au - 558 C-Ch-Pa
tresdouloureux, G tresdouloureux souppir, J INVERSION De sa tendre et piteuse mere, Ld tresdouloreux,
M tresdoulereux, Pi tresdoloreux - 559 C D. la t., J INVERSION Ta paine n'est pas si amere - 560 C-Pi T.
peine n'e. p. si a., Ch peine n'e. p. si amaire, G-Ld-M si, Pa T. peine n'en sera p. si a. [+2], J INVERSION
Graces en dois à Dieu son pere.
89
«HE aquelle tu as desservie
et ilz estoyent innocens,
et fu pour te rendre la vie, 224500
Je en grande contrition
recongnois que tu es peceur;
requiers Ly que Sa pation
572 te soit escut et campyon,
sy vray qu'il est ton raccateur.
Ne te bouptes en folle esreur,
croy qui est le piler et masse
576 dont sourt habundance de grasce.»56
36: À 2 strophes manquantes (v. 561 - v. 576), Ca 2 strophes manquantes (v. 561 - v. 576) - 561 C Laquele,
Ch-J desservye - 562 C-Ch-G-Ld-Pi-Pa estoient, J estoient innocent, M E. 1. en estoit ignocens - 563 C toy,
Ch-J Ce fut p. toy, Ld Ce fut p. t. saulver, M Ce f., Pa fut - 564 C n'est h. ne d., Ch n'as h. ne demye, G ne
demye, J n'est h. n. demye, Ld-M-Pi ez h. ne, Pi ne - 565 C-Ch-G-J-Ld-M-Pa-Pi peches - 567 C D. pres
gardéz à t. povoir, Ch-Ld pres gardé à t. devoir, G pres garder à t. povoir, J De toy garder à ton devoir, M
pres garder à t. devoir, Pa-Pi gardé à t. povoir - 568 C Desplaisir e. veulles avoir, Ch-J Crye mercy à ton
povoir, G Desplaisir e. vueilles avoir, Ld Crye mercy de ton povoir, M Crye merchy de ton pooir, Pa Crie
mercis et fais devoir, Pi Desplaisir e. porras avoir - 569 Ch-G-Ld-Pa contriction, J constriction - 570 C-G-
Ld-M-Pi pecheur, Ch peicheur, J Recongnoy q. t. ez pecheur, Pa Recongnoïz q. t. e. pecheur - 571 C-Ch-
Pa Luy q.s. passion, G-Ld Lui q. s. passion, J Requier Lui q. s. passion, M-Pi passion - 572 C-Ch-G-J-Ld-
M-Pi escu e. champion, Pa estu e. champion - 573 C-Ch-G-J-Ld-M-Pa Si v. q.'i. e. t. racheteur, Pi Si v.
q.'i. e. t. rachateur - 574 C-Ld boutes e. fol erreur, Ch-G-M-Pa boutes e. f. erreur, J-Pi boute e. f. erreur -
575 C Quoy qu'il e. l. pillier e. mace, Ch-G-Pi pillier, J pillier e. mace, Ld qu'il e. piller [-1], M piller, Pa
Crois qu'il e. 1. pilier - 576 C-G-J-Ld-M-Pa habondance d. grace, Ch grace, Pi Donc sourt l'abondance d.
grace.
90
[er
«Hng monde ne scaroit comprendre
que c'est de Sa misericorde.
Puis que ce vient à compte rendre,
580 ilte fault à morir aprendre.
Advise bien et sy recorde,
qu'il n'est peceur qui ne s'acorde
vers Ly s'il ly requiert pardon,
584 exemple par le bon laron.»
37: Ca strophes manquantes (v. 577 - v. 584) et (v. 585 - v. 587) - 577 A-Ch-G-J-Ld sauroit, M seroit, Pa
saroit comprandre, Pi scauroit - 579 À P. q. c. v. à raison r., C sans c. r., G-J-Pa au c., Pi comte - 580 Ch-
G-J-Ld mourir, M faut, Pa Il te faulra morir au prandre - 5814 Aussy bien et sy recorde, C-Ch-G-Ld-Pa si,
J-M-Pi Avise b. e. si - 582 A-C-G-Ld-M-Pa-Pi pecheur, Ch peicheur q. n. s'accorde, J pecheur q. n.
s'accorde - 583 A-J-Ld V. Lui s'i. Lui r. p., € V. Luy s'on Luy, Ch V. Luy s'i. requiert p. [-1], G V. Luy s'i.
Luy, M si le, Pa Luy si Luy - 584 A-C-Ch-G-J-Ld-Pa-Pi larron - À strophe manquante (v. 585 - v. 592) -
585 C tressainte, Ch-Pi Magdaleine, G Magdeleine, J tressainte Magdalene, Ld tresaincte Magdelaine, M
Madelaine, Pa tresainte Magdaleine - 586 C P. aultres t. q. s. nombre, Ch-G-J-M-Pa autres, Ld-Pi aultres -
587 CT. n. dois avoir poulz n'a., Ch-Pi dois avoir poux, G dois avoir pouz, J-M dois avoir, Ld doiz avoir
poux, Pa dois avoir p. n'alayne - 588 C Vertus d. nerfs povoir, Ca-G-J-Ld-Pi Vertu d. nerfz povoir, Ch
Vertu d. nerfz pouvoir d. veine, M Vertu d. nerfs, Pa Vertu d. nerfz povoir d. vayne - 589 Ca-G-Ld Qui, Ch
n. fault [-1], M Quy - 590 C chief, Ch ciel e. l'adourer, G-Pi ciel e. adorer, J ciel e. adourer, Ld-Pa ciel -
591 C Afin, Ca-Ch-G-J-Pa-Pi Affin, Ld Affin q. J. t. garde [-1], M Affin q. Jesus - 592 C ta sauvegarde,
Ca-Ch-G-J-M-Pa-Pi sauvegarde.
91
« te donra son paradis,
Hn la veüe du Saulveur,
en quoy se delittent les saincs, 224 v° a
la presence du Createur
604 leur donne suffissance au ceur
dont ilz l'äourent jointez mains,
et se sont de joye sy plains
que les angeles en leur salus
608 chantent: Te Deum laudamus.»38
38: À strophe manquante (v. 593 - v. 600) - 593 J donrra - 594 Ch deable, G-Ld diable - 595 C-J-Ld-M-Pa
paour aux ennemis, Ca paour auz ennemys, Ch paour aux ennemys, G paour aux annemis, Pi paour aux
ennemiz - 596 Ch esbahyz, Ld esbais, M Quy, Pa-Pi esbahiz - 597 C-Ch-G-J-Ld-M-Pa auras s. e. vertu,
Ca averas s. eulz vertu [+1], Pi auras s. eulz vertu - 598 C Depuis - 599 C Ton choix auras, Ca T. averas
choiz d. t. souhet, Ch-J-Ld auras, G-Pa auras choix, M auras choïps d. t. souhet, Pi auras c. d. t. souhet -
600 Ca-M parfet, Ch perfaict - 601 À E. I. v. de no Saulveur [+1], C-Ch venue, Ca-G-M-Pa-Pi Sauveur, Ld
saint S. [+1] - 602 A-C-Ca-Pa-Pi delitent 1. sains, Ch delectent 1. saints, G-Ld delictent 1. sains, M delitent
- 603 Pa En 1. p. [+1] - 604 A-M souffissance a. cuer, C souffissance, Ca souffisance a. coeur, Ch-G-Ld
souffisance a. cueur, J suffisance à. cuer, Pa suffisance a. cueur, Pi suffisance - 605 À D. i. le loent jointes
m., C D. i. äourent jointes m., Ca-G joinctes, Ch le louent joinctes, J-Ld-Pa jointes, Pi donc i. l'a. jointes -
606 A-G E. si s., CE. si s. d. joie si p., Ca E. sy, Ch-J-Ld-M-Pa E. si s. d. j. si, Pi E. sis. d. joies plains [-
1] - 607 A-C-Ca leurs, Ch anges a. leurs salutz, G angelz e. leurs, J angles e. leurs, Ld Q. leurs anges, M
angles, Pa anges, Pi angles e. leurs salutz.
92
Az ont glore sans terminer
et lÿesse parassouvie.
I1z ne font sy non Dieu lüer,
612 car ce qu'il voellent demander
ung chascun jour leur multiplie,
et voient la Virge Marie
auprez de son fil couronnée,
616 aprez Ly la plus honnourée.»
39: À 2 strophes manquantes (v. 609 - v. 624) - 609 C-Ch-G-J-Ld-Pa gloire, Ca Ils o. grant gloire s.
nombrer - 610 C-Ca-G-M-Pi leesse, Ch-J-Ld leesse parassouvye, Pa INVERSION Laquelle si est infinie -
611 € N'i. n. f. si n., Ca il, Ch-G-J-M si n. D. louer, Ld-Pi si, Pa Et n. f. si n. D. louer - 612 C-Pi q'iz
veulent, Ca De c. q.'ilz veullent, Ch-J-Ld ilz veullent, G En c. q.'ilz vueillent, M ilz, Pa Ayant ce qu'ilz
veullent d. [+1] - 613 C-Ca-M mouteplie, Ld chescun, Pa INVERSION Et toute lyesse assouvie, Pi chacun -
614 C-Ca-G-Pi Vierge, Ch voyent, J En voyant 1. Vierge, Ld-M voyent 1. Vierge, Pa INVERSION Ung
chascun jour leur multiplie - 615 € Empres d. s. filz, Ca filz couronné, Ch-G-J-Ld-M Aupres d. s. filz, Pa
INVERSION Voyant la mere de Dieu [-1], Pi Aupres d. s. filz coronnée - 616 C Apres Luy, Ca Lui L. p.
honnourée, Ch Apres Luy 1. p. hounourée, G Apres Lui 1. p. honnorée, J-Ld Apres Lui, M Li, Pa Roÿnne de
ce noble lieu, Pi Luy 1. p. honnorée - 617 Ca accordz, Ch-Ld accors, G-J accords, Pa actordz - 618 Ch Ave
regina celorum - 619 Ca B. s. 1. v. et corpz [-1], Ld-Pa-Pi benoïist - 620 C-Ca-G-J-Ld-Pi tresors, Ch sceust
c. l. tresors, M le tresors, Pa sceult c. 1. tresors - 621 C s'aombra, Ch s'enombra, G s'auombra, J s'enumbra -
622 Ch De, G-J-Ld-Pa gracia - 623 Pa roÿnne, Pi roïne - 624 C-Ca-Ld-Pa-Pi resjoist ton habitude, Ch Soit
resjoye ton habitude, G resjouist ton habitude, J ton habitude, M resjoyt ton habitude.
93
3 n'est chiel, ne terre, ne mer,
40: Leçons de L rejetées : 637 Jusquez l'esperit soit hors [-1] [C-Ca-Ch-G-Ld-M-Pa-Pi] / 638 Pry Dieu
qu'à l'heure de lors [-1] [C-Ca-Ch--G-Ld-M-Pa-Pi]
À 2 strophes manquantes (v. 625 - v. 640) - 625 C Il n'est chiel terre ne mer [-1], Ca-Ch-G-J-Ld-Pi ciel, Pa
ciel t. n. m. [-1] - 626 C-Pa N. clercs t. L. e. estude, Ca clerc t. lettré e. estude, Ch-G clercs t. lectréz, J
clercs, Ld clercs t. lectrés, Pi clercz - 627 Ca-J-Ld-Pa de my, Ch de my racompter [+1], M Quy s. d. moy -
628 C souffissant, Ca suffissent, Ch-J-M-Pi souffissent, G-Pa souffisent, Ld souffisissent [+1] - 629 C-G
Le moins, Ca Le moins d. ces, Ch-J-Ld Le moins d. ses, M ces, Pa ses, Pi L. moins - 630 C-J-Ld-Pa-Pi
graces, Ca grace, Ch-G Se s. d. graces, M grasses - 631 C-Ca-G-J-Pi Obscures à h., Ch-Pa Obscure à h.,
Ld Obscures, M à h. - 632 C-Pi choses, Ca-Ch-G-J-Ld-Pa chose, M cose d. deyté - 633 C Lesquelles si,
Ca-J-Ld-M-Pi Lesquelles te, Ch Lesquelx te [-1], G-Pa Lesquelles - 634 J P. ta f. du corps - 635 C-J pas
histoires, Ca-G-Ld histoires, Ch I. n'e. hystoire n. b. [-1], M histores, Pa pas hystoires, Pi pas histoire - 636
C-Ca-J-Ld-M-Pa-Pi soient, Ch Qui t. soient impressibles, G soient comparables - 637 C-Ca-Ch-G-Ld-M-
Pi Jusques que, Pa Jusques que l'esprit [-1] - 638 C-Ca-Ch-G-J-Ld-Pa-Pi Prie D. q.'à l'eure, M Prye D. q.'à
l'eure - 640 C-Ca-Ch-G-J-Ld gloire, Pa grace.
94
[Se tu as la grace de Dieu,
tu auras sa gloire en la fin
et verras son throsne et son lieu,
644 en paradis droit ou milieu,
environé de seraphint,
qu'il te mectra comm afin,
avec(ques) les benoitz à la dextre :
648 bienheureux [est] qui y peut estre.]
41: Strophes supplémentaires : Ch, vv. 641-656, fol. 42r° et fol. 42v°.
95
«HE 'heure est briesve de [tJon trespas, 224 v° b
LE miserable creature,
42: Leçon deL rejetée : 657 L'heure est briesve de son trespas [A-Ca-Ch-G-Ld-M-Pa]
657 A-Ca-Ch-G-J-Ld-M-Pa L'eure e. b. d. ton, C L'eure, Pi L'eure e. bresve - 658 A-Pa pourffit, C-Ca-Ch-
J prouffit, Ld I. te f. f. t. prouffit, M faut f. t. pourfit - 659 A-C-Ca-J-Ld-M-Pa-Pi peheur qui, Ch peicheur
qui, G pecheur - 660 À Comblé d. s. dollereux, C-Ch-Pa Comblé d. si douloureux, Ca Comblé d. s.
douloureux, G-Pi Comblé d. si doloreux, J Comblé d. si douloureux, Ld Comblé d. si douloureux laz, M
Comblé d. si doulereux - 661 À oyt c. q. l'a. lui dit, € Oÿr c. q. l'a. lui dit, Ca E. oit c. q. l'ame lui d., Ch E.
oyt c. q. l'ange lui dit, G anges lui, J Oyoit c. q. l'angle lui, Ld oyt c. q. l'ange lui dit, M oit c. q. l'angle li dit,
Pa oyt c. q. l'ange luy dit, Pi oit c. q. l'angle I. dit - 662 A-M-Pa puet, C-Ca-Ld-Pi peut, Ch peut s. m. ne p.,
G peult, J pot - 663 À L. le dyable dist, Ca L. le diable dist, Ch le dyable dit, G dit 1. diable, J L. le deable
dist, Ld L. le diable dit, M L. le deable dist q.'i. e. siens, Pa Le deable dit q.'i. e. sien, Pi dit - 664 A-C-Ca
soustient, Ch-G-Pa ange soustient, J-Pi L'angle soustient - Ld Et l'ange soustient [+1], M L'angle soustient
q.'i. n'y a riens - 665 Ch Ha ce [+1] - 666 À cestre, Ch celle - 667 À E. à ceste, Ch amaire poincture, Ld
INVERSION Où est la chose qui soit dure, Pa E. c. a. poincture [-1] - 668 Ld INVERSION Quant en ceste
amere pointure - 669 A-Ch-G-J-M-Pa-Pi oublié, C oubliéz, Ca oubliés, Ld No s. si est tout oublié - 670 À
N. oeil deveroit e. moullié [+1], € Noz yeulx doivent e. mouilliéz, Ch oeil devroit e. mouillié, G oeil devroit
e. moillié, J-Ld oeil devroit e. moullié, M debveroit e. mouillié, Pa oeuil devroit e. moullié, Pi oeil debvroit
e. mouillié - 671 À deverions t. frissons, C Devrions t. de frissons, Ch-G-Pa-Pi devrions trembler de
frissons, J devrions trembler frichons, Ld devroit trembler de frissons, M debveroit t. des frissons [+1] - 672
A-C-Ch-Pa-Pi Toutesfois, G Toutes les fois [+1], J toutesfoiz, Ld penssons.
96
A grand paine se saulvera
le plus juste qui au monde est;
et dont, le peceur que fera
676 quant ce terrible jour vendra,
que Dieu jugera le parfet ?
Mieulx ly vaulsist non estre fet
qu'estre en telle dampnation,
680 où est justice sans pardon.
43: À strophe manquante (v. 673 - v. 680), Ca strophe manquante (v. 673 - v. 680) - 673 C A grant peine,
Ch grant peine, G-Ld grant, J-M grant p. s. sauvera, Pa grant peine s. sauvera, Pi peine s. sauvera - 674 C
L. p. j. qué ores est, Ch-G-J-Ld-Pa q. ores est, M quy ores, Pi justes q. ores - 675 C Donques I. pecheur,
Ch peicheur, G Dont 1. pecheur lors q. f., J Adont 1. pecheur, Ld pecheur, M E. donques 1. pecheur [+1], Pa
Doncques I. pecheur, Pi Donc 1. pecheur las - 676 C-M-Pi venra, Ch-G viendra - 677 Ch perfait, G-J-M-
Pa-Pi parfait, Ld Qu'onj. tout au parfait - 678 C M. lui vausist n. e. fait, Ch luy v. n. e. fait, G lui v. n.e.
fait, J-Ld lui, M Mieux luy vausist, Pa luy, Pi Mieux 1. v. n. e. fait - 679 C tele, Ch-Ld dampnacion, G
celle dampnacion, J Que estre e. t. dampnacion, Pa dempnacion / Strophe supplémentaire : Ch vv. 681-
688, fol. 43r°.
97
À toy dont, creature humaine,
PR > Vis
Bien sera ta canchon muée :
44: Ca 2 strophes manquantes (v. 689 - v. 704) - 689 Ch-G-J-Ld-Pa-Pi donc - 690 A-C-M eure, Ch-G-J-
Pa-Pi eure d. trembler - 691 C-Pi joie - 692 À le layras, C la lairas, Ch l'auras [-1], G lairas [-1], J-Ld la
lairras, M que la lairas, Pa la lairas e. peine, Pi tout lairas - 693 A-J faiz, Ch feras [+1], M quy n. faix - 694
À doiz souppirer, C-M-Pa-Pi dois, Ch doys, G doys souppirer, J doiz, Ld dois souppirer - 695 A-Ch diz q.
t. n'ezr., G dy, J dy q. t. n'ez, Pa ez - 696 Pa feons - 697 A-Pa chance, C-J-Ld-M-Pi chancon, Ch B. toust
s. t. chance, G chanson - 698 À deviendra, Ch B. toust t. c. deviendra, G B. ton c. devendra c. [-1], J-Ld-Pa-
Pi devendra - 699 Ch B. toust, Ld oultré - 700 A-C-G-J-Ld-Pa-Pi ame, Ch B. toust t. ame - 701 A-J-Ld-Pi
fauldra, Ch B. toust fauldra, M faura, 702 A-C-Pa-Pi morras, Ch B. toust mourras come 1. moindre, G-J
mourras, Ld mourras c. 1. mandre - 703 A-J pourreture, C sera e. pourreture, Ch B. toust s. e. pourriture, G-
Ld-Pa pourriture, M sera e. poureture, Pi porriture - 704 C-Ld-Pa t'abandonnera [+1], Ch B. toust
t'abandonnera [+1], J-Pi abandonrra.
98
Éombien que tu soyes gentil, 225 r° a
combien que tu soyes mondain,
combien que tu ne crains peril,
708 combien que (tu) ne doubtez exil,
combien que tu soyes humain,
combien que l'en crainde ta main,
combien d'honneur quë on te fasse :
712 comme le vent tantost se passe.
Ca 2 strophes manquantes (v. 705 - v. 719) - 705 C-J-Pa-Pi soies - 706 J-Pa-Pi soies - 707 Ld
INVERSION C. q. t. ne doubtes exil, Pa INVERSION craigne exil - 708 A-C-Ch-M-Pa doubtes [+1], G C.
q. tu doubtes e., J doubte, Ld INVERSION C. q. t. n. craignes peril [+1], Pi C. q. t. ne doubte exil - 709 À
C. q. t. s. inhumain [+1], C-J-Pa-Pi soies - 710 À C. quë on craind t. m. [-1], Ch le o., G craigne, J-Pa
craingne, Ld creigne, Pi quëé on - 711 A-C onneur q. o. t. face, Ch-M l'on t. face, G l'onneur qui l'en t. face,
J que l'en t. face, Ld onneur, Pa C. que d'onneur l'en t. face, Pi l'onneur q. o. t. face - 712 Ch tantoust, Pi
Comment - 713 À doiz avoir, C-Ch-G-J-Ld-M-Pa-Pi dois avoir - 714 A-J Jhesus couroucier, C Jhesus
courrouchier, Ch courroucer, G Jhesus courrousser, Ld corrocier, M Jesus, Pa Jhesus courroucier, Pi
corrocer - 715 À voulloir, C-Ch-Ld vouloir, G-J-M-Pa bien vouloir - 716 A-J-Ld Dont tu te puisses d., C
D. tu te puisse decevoir [+1], Ch Dont tu te puisses decevoir, G D. tu te puisses decevoir [+1], M Dont tu te
puisse d., Pa Dont tu te puisse decevoir, Pi D. tu puisses decevoir - 717 M faut - 718 À laissier, C-G-J-Ld-
Pi laisser, Ch f. delaisser, M faut, Pa f. laissier [-1] - 719 A-C-Ch-G-J-Pa scez.
99
Fn Dieu soit ta ferme esperance,
en ce faulx monde peu t'arrest,
en vanitet et en beubance,
724 en pompe et en oultrecuidance,
en orgoel quy à Dieu desplest,
en luxure quy tout desfet,
en ire, parece et envie,
728 en avarice et goutonnie.
46: Leçons de L rejetée : 730 Force d'obeyr en constrainte [A-C-Ca-Ch-G-Ld-M-Pa] / 733 Force et
virtueuse attemprance
721 Ca fiance e., J f. fiance, Pa E. D. f. ton e. - 722 A-J pou d'arrest, C t'arreste, Ca faus m. pou d'arest, Ch
a p. d'arrest, G-Ld d'arrest, M fau m. p. t'arest, Pa a pou d'arrest, Pi d'a. - 723 A-Ca-Ld-M vanité, C-Pi
vanité ne e. b., Ch vanité e. e. boubance, G vanité et bobance [-1], J vanité e. e. bombance, Pa vanité e. e.
vanitance [+1] - 724 A-Ca-Ld-Pa E. p. ne o., C E. p. ne en o., Ch Et en pensées d'oultrecuidance, G
outrecuidance, J p. en o. [-1], M ne outrecuidance, Pi n'en - 725 A-C-Ld-Pa E. orgueil qui à D. desplait, Ca
E. orgueil qui, Ch-G-J E. orgueil qui à D. desplaist, M orguel q. à D. desplet, Pi orgueil q. à D. desplaist -
726 A-C-Ch-Ld-M qui t. deffait, Ca qui, G-J-Pa qui t. desfait, Pi desfait - 727 A Envie paressë e. yre, C-
Ca E. envie preschë et yre, Ch E. paressë ire e. envye, G E. envie paressë e. yre, J E. envye paresce e. yre,
La-Pa E. envie paressé e. ire, M E. envie perechë e. yre, Pi E. envie peressé e. ire - 728 À en gloutire, C-G-
J-M-Pa-Pi n'y a mire, Ca E. a. ne a murmure [+1], Ch gloutonnye, Ld n'en gloutonnie - 729 A Forse seulle
satisfacion, Ca seulle sattisfacion, Ch F. de satisfacion, G-J-Ld-Pa seulle satisfacion, M seulle satifation,
Pi satisfaction - 730 A-C-Ca-Ld-M d'obeir e. constance, Ch-J-Pa constance, G obeir e. constraincte, Pi
obeir - 731 A-Ca-Ch-J-Ld-Pa temptacion, Pi temtation - 733 À F. vertueuse a., C atemprance, Ca-G-Pi
vertueuse, Ch F. de louable actemprance, J F. et vertueuse atrempance, Ld vertueuse actemprance, M F.
vertueuse atemprance, Pa vertueuse atemprance - 734 A-Ca-Ch-J-Ld-Pa-Pi F. c. son ignorance, C-G EF. c.
son, M ignorance - 735 À trouve, C-Ch-G-Ld-Pi treuve, Ca troeuve, J l'en s. treuve au, M l'en , Pa l'en s.
treuve.
100
Bhsande pité en advenra,
grant paine polra mieux souffrir,
grand povreté connoitera,
740 grande soufferte portera,
grande dolour jusqu'au morir,
grande patience et desir,
grande crainte et cremeur de Dieu LPS alto)
744 grande doubte où sera son lieu.
(1
#ivons en Dieu et en bienfais,
vivons errant le droit cemin,
vivons en redoubtant nos fais,
748 vivons pour regner à jamais,
vivons ainsy q'ung pellerin,
vivons pour partir au matin,
vivons pour tantost deslogier,
752 vivons où nous volons logier.47
47: À 2 strophes manquantes (v. 737 - v. 752) - 737 C pitié e. avenra, Ca grant pitié [-1], Ch pitié t'e.
adviendra, G pitié e. avendra, J pitié e. advendra, Ld pitié t'e. avenra, M avenra, Pa pitié e. aura [-1], Pi
advenira [+1] - 738 C-Ch G. peine pourra mieulx, Ca porra mieulz, G porra mieulx, J G. p. pour mieulx s.
[-1], Ld peine pourras mieulx, M poura, Pa peine porra mieulx, Pi Grand peine porra mieulx s. - 739 C
grant p. convoitera, Ca congnoistera, Ch pouvreté congnoistera, G pouvreté, J Grande p. congnoistra, Ld
pouvreté congnoistras [-1], M Grant p. congnoistera, Pa Grande pouvreté congnoistra - 740 C souffrete, Ca
souffraite, Ch souffrete pourtera, G INVERSION Grande douleur jusque au mourir, Ld souffrete porteras,
M soufrete, Pa Grant souffrette [-1], Pi souffrette - 741 C douleur, Ca-Ch G. douleur jusques au mourir
[+1], G INVERSION Grande pascience et desir, J douleur j.'a. mourir, Ld douleur j.'ou mourir, M Grant
doleur jusques au m., Pa Grant douleur j.'au mourir [-1], P£ doleur - 742 C-Ch-J-Pa-Pi pacience, G
INVERSION Grande crainte et timeur de Dieu, Ld pascience - 743 Ch craincte, G INVERSION Grande
doubte où sera son lieu - 744 Ch G. craincte, G INVERSION Grande souffrete portera, J le 1., M-Pa Grant
doubté o., Pi G. crainte - 745 Ch biens fais, G-J biens faiz, Ld-Pa bienfaiz, M bienfaix, Pi V. e. D. en
bienffais [-1] - 746 C-Ca-Ch-G-J-Ld-Pa-Pi chemin, M grant chemin - 747 C-G-Ld V. e. doubtant nostre
faiz, Ca-M-Pi V. e. doubtant nostre f., J V. redoubtant nostre faiz, Pa doubtant nostre meffaiz [+1] - 748 J-
Ld jamaiz - 749 C ainsi q'un pelerin, Ca qu'un pelerin, Ch ainsi com ung bon p. [+1], G-M-Pi ainsi qu'un
pelerin, J ainsi que pelerin, Ld ainsi qu'u. pelerin, Pa ainsi qu'un - 750 Ch Visons, Pi V. sans p. - 751 Ch
Visons p. tantoust desloger, Pa-Pi desloger - 752 C Visons o. n. voulons, Ca-Ch-G-J voulons, Ld devons,
Pa Visons o. n. voulons loger, Pi Visons o. n. voulons loger.
101
4
Mirons nous au grant Jugement,
mirons nous en la Pation,
mirons infer et dampnement,
756 mirons la mort et son tourment,
mirons nostre inclination,
mirons le monde et se fachon,
48: À strophe manquante (v. 753 - v. 760) - 753 C ou, Ch jugemement [+1], Pi ou grand - 754 C-Ca-Ch-G-
Ld-M-Pa-Pi Passion, J à 1. Passion - 755 C-Ca-Ch-G-J-Ld-M-Pi enfer, Pa enffer e. dempnement - 756 Ch-
Ld-Pi torment - 757 Ch-G-J-Ld-Pa inclinacion - 758 C-G-J-Ld-Pa-Pi sa façon, Ca-Ch façon - 759 Ca
fragilité - 760 Ca-Ch-G-J-Pa-Pi sauvé - 761 Ca qui, Pa P. Dieu [-1] - 762 A-J donne s. grace, C-Ca-Ch-
G-Ld-M-Pa-Pi grace - 763 A-C-Ch-G-J-Pa q.T. ne n., Ca P. Lui qui ne n. h. [+1], Ld P. que ne n. - 764 A-
C-Ch-G-J-Ld-Pa-Pi gloire - 765 À vëons, C-Ca-M-Pi voions, Ch voyon, Ld veyons - 766 A-C noz pechiés,
Ca-M pechiés, Ch-J-M noz pechiéz, G INVERSION Prions qu'il nous vueille garder, Pa pechyéz, Pi pechéz
- 747 A-C-Ch veulle, Ca P. que n. veulle, G INVERSION Prions que noz pechiéz efface, J veuille, Ld
vueille, M voeulle, Pa-Pi veuille - 748 A-C-G-M desfaultes, Ca-Ch-J-Ld noz desfaultes, Pa defaultes, Pi
ma desfaulte.
102
AMEN
Explicit le Miroir de Mort
à glace obscure et tenebreuse,
. là où on voit chose doubteuse
et nature de desconfort.
Deo gratias 4?
49: Ca-Pi pas Amen - A-C-M-Pa pas d'explicit - J Explicit - Ca Et matiere d. d. - Ch mirouer / l'en /
matiere - G miroer /matiere - Ld Explicit speculum mortis / Nil certius morte nec eius hora mortius - Pi l'en
/ matere - Ca-Ch-Ld-M pas Deo Gratias - G Gracias - Pa Finis.
103
D
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rss More DOTE Ur
re,
1.
NOTES EXPLICATIVES
V. 1 : Je. Ce je en tête du poème est très intéressant, car il pose toute la pro-
blématique de la subjectivité littéraire au Moyen Âge. A ce sujet, Paul Zumthor
expose dans son Essai de poétique médiévale que «la loi générale de l'imper-
sonnalité narrative pourrait s'énoncer ainsi : la poésie médiévale ignore le récit
à la première personne. Cette loi comporte un petit nombre d'exceptions (...)»
[p. 1721, à savoir tout d'abord les textes en prose, sorte de Mémoires où nous
rencontrons l'universalité morale du je (cf. Historia Calamitatum de P. Abé-
lard ou les Confessions de saint Augustin), ensuite le Roman de la Rose, et
enfin tout ce qui se rattache à la tradition du grand chant courtois. Zumthor
note que dans ces trois catégories le je n'est que sujet grammatical, il n'a jamais
de prétention biographique. Par la suite, il répertorie les différentes expressions
du je [voir tableau p. 183]. De ce classement émerge une forme lyrique non
chantée, ce qu'il appelle les «dits», «(...) discours qui fait surtout, sinon exclu-
sivement, référence à l'énonciation, et se réalise le plus souvent en style
«personnel» (...)»[p. 405]. Il donne «l'exemple le plus ancien que l'on puisse en
citer (.…) [et] l'un des plus parfaits. Ce sont les Vers de la Mort du moine ]
Hélinand de Froidmond (...)» [p. 406]. La caractéristique formelle des Vers de/
la Mort est le «lyrisme de persuasion qui tient du discours démonstratif ou
délibératif.» [p. 410] Le je apparaît dans un rôle déterminé par le thème du
poème. Nous pourrions replacer le Miroir de Mort dans la tradition poétique
formelle et thématique des Vers de la Mort. En somme, le je de cette première un
strophe est personnel (il serait même très tentant de dire que Chastelain s'est
converti suite à une expérience personnelle qu'il relate ici, comme on a pu le
faire pour Hélinand, bien que cela demeure toujours des conjectures), mais à
des fins didactiques : il sert d'exemplum vivant, il exprime une subjectivité illu-
soire pour donner plus de poids à son discours, pour interpeller et apitoyer plus
facilement le lecteur; de telle sorte qu'il n'a plus rien à voir avec le sujet stric-
tement grammatical du grand chant courtois et devient un je persuasif. Le
Miroir de Mort serait un prototype de cette forme lyrique non chantée, le dit.
indigne : nous nous attardons sur cet adjectif essentiellement en raison
de l'ambiguïté de sa signification dans un poème oral. En effet, nous ne pou-
vons déterminer si le signifiant [indigne] est un simple adjectif ou un article
indéfini (un) suivi d'un adjectif. Lors d'une première lecture nous avions lu
«indigne», mais la compréhension de cette strophe nous échappait. En effet, si
le poète s'affirmait «indigne serviteur», pourquoi introduire le vers 6 (la puni-
tion, le ravissement du bonheur) par l'adverbe mais qui marque une opposition?
il aurait été plus logique d'avoir une conjonction de coordination, par exemple
«et», qui fasse le lien entre son indignité (la cause) et sa punition (l'effet). Mais
cette lecture pose problème, car elle fait de l'amant un soupirant parmi d'autres.
De ce fait nous ne trancherons pas entre les deux interprétations. Notons que
Chastelain a peut-être sciemment joué de l'ambiguïté du signifiant.
105
serviteur : allusion au service amoureux de la courtoisie. La courtoisie
était calquée sur la féodalité : l'homme était au service de sa dame, comme le
vassal à celui de son suzerain. En somme, ce premier vers pourrait faire penser
à une chanson courtoise. Selon nous, cette amorce n'est pas innocente, car il
faut captiver son auditoire dès le début. Pour ce faire, il faut lui offrir ce qu'il
entend le plus, ce à quoi il est habitué, c'est-à-dire des chants d'amour.
V.2 : prime jonesse : prime a le sens de «premier» et il doit être pris dans son
sens canonique : la première heure du jour. Ainsi, la prime jonesse devient une
élégante métaphore du début de la jeunesse, l'aube de la jeunesse. Nous som-
mes tentée de traduire par «le printemps de la vie»; d'ailleurs, comme substantif
«prime» signifie entre autres «printemps». Ce rapprochement sémantique n'est
peut-être pas anodin.
V. 6 : ce vers, du moins ses deux premières syllabes, peut encore donner l'illu-
sion du chant d'amour, car, vu le contexte initial, l'auditeur serait plus tenté de
comprendre le signifiant [lamor] comme «l'Amors» (le -s final n'est plus que
légèrement prononcé : cf. MARCH, p. 86) et non pas «la Mort». Ce n'est qu'à
la suite du vers qu'il réagirait, puisque [lamor] est de «grande rudesse». L'audi-
teur est dans le doute, il est d'autant plus captivé par ce singulier poème
d'amour tout en apparence. Cet argument est corroboré par la dimension orale
des textes médiévaux qui est capitale. Nous ne pouvons imaginer un texte
médiéval sans lecture à haute voix; la lecture silencieuse d'un texte est une
vision moderne. Selon Zumthor, avant l'arrivée de l'imprimerie (milieu du XVe
siècle) et cent ans après, nous étions dans une période «d'oralité mixte» :
l'écriture existait, mais ne faisait pas encore autorité à côté de ce qui était dit.
106
[P. ZUMTHOR, La lettre et la voix. De la "littérature" médiévale.] Même les
textes de dévotion personnelle étaient lus à haute voix. Ainsi, saint Augustin,
dans ses Confessions, s'étonne que saint Ambroise lise à voix basse : «Quand il
lisait, ses yeux parcouraient les pages et son intelligence en scrutait le sens,
mais sa voix et sa langue se reposaient. (...) Peut-être se gardait-il de lire à
haute voix, de peur qu'un auditeur attentif et charmé, (...) ne l'obligeât à des
explications (...). Au reste, quelle que fût son intention, elle ne pouvait être que
bonne chez un homme comme lui.» [p. 1091.
V.8 : son corps : le poète insiste sur la perte physique que provoque la Mort.
La Mort n'enlève pas seulement un être, mais aussi un corps. Ce corps, ravi
par la Mort, était la base même de l'amour du poète pour sa dame, tant dans
l'optique d'une admiration platonique que dans celle d'une passion charnelle. Il
est intéressant d'envisager cet attrait pour la dimension corporelle de l'être selon
l'eschatologie : en effet, ici, le corps est vu comme primordial (comme dans une
certaine vision courtoise), alors que dans la tradition chrétienne, comme dans la
tradition philosophique d'Aristote, le corps emprisonne l'âme et va jusqu'à la
corrompre par les plaisirs de la chair dont seule la mort la délivre. Le poète
n'aborde pas explicitement cette vision du corps comme prison de l'âme, mais
par la suite le refus des plaisirs séculiers, le contemptus mundi, animera son
récit. Après la mort de sa dame, le poète se convertit et ainsi la femme, que
nous pouvions envisager comme dépréciée, acquiert ici un pouvoir de conver-
sion non négligeable. Signalons que l'ambiguïté du discours sur le corps se
rencontre également dans le domaine sacré qui, paradoxalement, représentait
sous la forme d'un petit corps l'âme s'échappant de l'être. [cf. J. LE GOFF,
«Corps et idéologie dans l'Occident médiéval», dans L'imaginaire médiéval,
pp. 123-126]
VV. 1-8 : toute cette première strophe exploite à merveille le procédé d'attente.
L'auteur captive son auditoire : tout d'abord, il introduit un thème universel
chanté par tous les poètes médiévaux : l'amour. Ensuite, il laisse planer un
doute sur le thème profond de son oeuvre (v. 6), et enfin, il ne dévoile pas
d'emblée tout le cadre du poème, il décrit par touches successives tout un cadre
qui aboutira au vers 25.
107
gure du Diable et les supplices infernaux pour faire peur et pousser à la con-
version. [Voir E. MÂLE, pp. 461-475, pour l'historique de l'iconographie de
l'Enfer et surtout J. BASCHET, Les justices de l'au-delà. Les représentations
de l'Enfer en France et en Italie (XIIe-XVe siècle), pp. 407-495]
V. 12 : sa douleur est telle qu'il va jusqu'à pécher en desirant non estre né. Il
refuse la volonté de Dieu, il nie toute création, surtout la sienne ! Nous pou-
vons interpréter ce refus soit comme la négation catégorique du processus
naturel de la vie (qui aboutit naturellement à la mort), soit comme l'expression
de la lâcheté du poète qui ne peut (ou ne veut) plus supporter de tels tourments
qui le rapprochent vivant des peines de l'Enfer. Il semblerait que sa souffrance
terrestre lui ait révélé la grandeur que peuvent atteindre les affres de l'Enfer.
Vivant, il ne peut plus supporter les souffrances terrestres qui doivent être
moindres que les peines infernales, aussi refuse-t-il de mourir. Pour éviter la
mort, il nie sa propre naissance; conduite absurde, car vivants nous ne pouvons
pas refuser notre naissance ou notre mort. Il n'y a aucune solution face à la
mort, car la vie nous y conduit tout naturellement.
108
français. En effet, c'est d'abord en Italie que l'on retrouve ce thème, dès le
premier quart du XIVe siècle dans la fresque du Campo Santo de Pise. Le
domaine italien insiste plus sur le caractère collectif de la Mort, sur l'universa-
lité de sa force destructrice, alors qu'en France elle est généralement représen-
tée par une momie noire vêtue d'un linceul blanc. Cette représentation insiste
plus sur le caractère individuel de son acte. [cf. MARTINEAU-GÉNIEYS, pp.
88-90 et MALE, pp. 347-354].
Absence d'article défini «la» due aux exigences du mètre. L'absence
d'article est fréquente devant des mots abstraits qui ne s'inscrivent pas dans un
contexte temporel et spatial déterminé. Cette absence d'article constitue le degré
zéro de la détermination. [MENARD, $ 6]
V. 20 : l'article défini le peut être interprété de trois façons distinctes : soit il est
mis pour les deux substantifs bruit et famme; dans ce cas-ci famme est de
genre masculin, soit il est article défini féminin picard se rapportant à famme
qui est dès lors de genre féminin, soit il est article masculin se rapportant au
substantif le plus proche, c'est-à-dire bruit. Signalons que dans l'ancienne
langue le substantif famme possède les deux genres [cf. FEW, IIL, 406a /
Tobler-Lommatzsch / God.].
le bruit et famme : deux substantifs dont les évolutions sémantiques
ont convergé vers la même signification, «réputation», mais dont les sens pre-
miers divergeaient. En effet, la forme fam/mJe du latin fama («le bruit qui
court») apparaît dès le XIIe siècle [F.E.W., III 405b], mais rapidement elle
sera évincée par «renommée» vers le XVe siècle. En revanche, le substantif
bruit est quelque peu plus complexe, ne fût-ce qu'étymologiquement. On le
rapproche de rugitus («rugissement»), mais rugitus aboutit à rut/ruït, aussi
explique-t-on le b- initial en le rapprochant de brugit («brame»). «Pour prouver
en outre la parenté de ruit et de bruit on avance le fait que ruit est attesté au
sens de «tumulte, trouble» (hapax,; picard, 1240) et à celui de «bruit, tumulte»
(picard, seconde moitié du XVe siècle) et qu'inversement bruit a parfois le sens
de «rut» (dans la seconde moitié du XIIIe siècle puis chez Froissart)». Même si
la pluralité des sens de bruit est vivace en ancien français, celle-ci s'est fondue
au XVe siècle dans des significations «d'honneur» et de «renommée» dont les
nuances sont multiples. [G. ROQUES, «La réputation dans la langue française
médiévale : ébauche d'un glossaire onomasiologique du moyen français», p.
50]. Ainsi, ces deux termes aux significations proches possèdent un passé
sémantique auquel Chastelain fait peut-être référence. De plus, leur sens
extrême et littéral est attesté en Picardie, terre d'accueil de Chastelain. Le bruit
devient dans cette optique une allusion grivoise au second degré.
bonté : ce terme peut signifier «chasteté de la femme» en MF [F.E.W,
I, 433a], et dans ce vers, il formerait dès lors, au second degré, un groupe
antithétique avec le substantif bruit.
109
V. 22 : allusion à la création des hommes, de la main de Dieu, ici la dame du
poète. Cf. «Alors Iahvé Elohim forma l'homme, poussière provenant du sol, et
il insuffla en ses narines une haleine de vie et l'homme devint âme vivante.»
(Gen. II, 7). Mais la dame est transformée en une figure exceptionnelle façon-
née par Dieu; elle n'est plus issue de la création du commun.
V. 32 : ami, conserve le sens fort que lui confère la tradition courtoise et signi-
fie "amant" dès le XIIIe siècle. Le substantif conservera ce sens jusqu'au XVIIe
siècle. Cette signification ancienne, érotique et amoureuse, est toujours vivante
dans des syntagmes en français moderne, surtout au féminin (cf. "son amie") et
dans des syntagmes formés avec des adjectifs, comme par exemple "ami de
coeur", "petit ami" etc. [REY, s.v. «ami»].
110
vision. Il attire l'attention de l'auditeur (v. 32), exacerbe celle-ci au v. 33, et la
satisfait aux vv. 41-43.
V. 36 : vil et ort : deux termes très négatifs pour qualifier le corps. La dame
rejette la dimension corporelle de son être, c'est elle qui suggère le contemptus
mundi au poète : elle devient la source de sa conversion spirituelle.
VV. 38-39: métaphore culinaire quelque peu morbide qui prouve que la dame
rejette la part corporelle de son être. Le corps, dans sa phase de décomposition
(cf. puant), est vu comme l'entremets (v. 38) de la terre et de sa vermine (v.
39). Outre le divertissement entre les repas, l'entremets désigne aussi le type de
plats servis après les rôtis (peut-être pendant les divertissements ?). [cf. B.
LAURIOUX, Le Moyen Âge à table, p. 132] En fait, le corps devient tant la
pâture que le divertissement de la terre et de ses vers !
V. 40 : dure Mort : nouvelle qualification négative qui laisse penser que Chas-
telain voyait dans la Mort plus un être diabolique que divin. [Voir note v. 24]
111
V. 56: aujourd'huy, loc. «le jour où l'on est». Anciennement écrite «au jour
d'huy», la soudure survint à la fin du XIVe siècle [REY, s.v. «jour»]
VV. 57-58 : la locution «il est force de» du vers 58 insiste sur le fait que le
poète doit absolument renoncer à raconter son malheur. Son évocation évite la
dimension autobiographique et se tourne vers un horizon plus didactique et
moral. Cependant, il conservera encore le je pendant trois strophes avant de se
tourner vers le nous. Le début personnel du poème est motivé, car il rapproche
le poète de son public, et il est nécessaire pour que le passage au discours
moralisateur ne soit pas trop brusque.
V. 62 : ju graphie picarde de «jeu» (< jocu > güow > güew > giew > puis i se
confond avec la consonne initiale > jeu). En picard, la diphtongue eu a pu se
réduire à 4 «par analogie avec les autres désinences en -ieu, -iu.» [GOSSEN,
pp. 77-79]
ju de passe passe : tour d'adresse des jongleurs (et spécialement, dès
Alain Chartier, «amusement, chose peu sérieuse», F.E.W., VIL 723b). Généra-
lement, par quelques astucieux mouvements, ils réussissent à subtiliser ou oc-
culter un objet, puis subitement ils le font réapparaître dans un endroit incon-
gru. Mais la mort n'a rien d'un jeu de passe passe, puisque lorsque la Mort
(joueuse) nous ôte de ce bas monde, nous n'y réapparaissons plus, car on s'en
va sans revenir (v. 63). Cette image de la Mort joueuse, donc pécheresse, se
rencontre déjà dans Les vers de la mort d'Hélinand de Froidmont.
VV. 65-66 : angoisse face à l'obligation naturelle de mourir. Le pire est que
l'homme ne sait jamais quand ni comment il mourra. Cf. Mt XXIV, 36 : «Mais
ce jour et cette heure, nul ne les connaît, ni les anges des cieux, ni le Fils, per-
sonne sinon le Père, et lui seul.» La mort, comme l'envisage Chastelain dans
Med ar + ces vers, n'a plus rien du sentiment de la «mort apprivoisée». Au contraire, ici,
il y a une mutation vers un sentiment plus personnel de la mort. Le «on» repré-
sente chaque être humain dans sa singularité devant la Mort.
VV. 67-68 : c'est ici-bas que l'homme décide (v. 68) de sa vie future et, en
attendant le Jugement dernier (v. 69), il vivra en [sup]portant (v. 67) les consé-
quences de ses actes et de ses décisions terrestres. Les choix de l'homme
séculier sont dépréciés, comme l'indiquent les substantifs fais et pois. Ceux-ci
insistent sur la charge, le fardeau que représentent ces choix. Par ailleurs, les
décisions humaines ne sont considérées comme pesantes que dans l'optique de
la mort. C'est une fois mort que nous soupèserons l'incidence de nos actes.
112
V. 69 : Pour attendre son jugement. L'eschatologie ne donne pas le Jugement
dernier comme première représentation de la fin du temps. En effet, auparavant
les morts attendaient l'Avènement du Christ avec l'Apocalypse. Les morts
dormaient paisiblement dans le sein d'Abraham, espérant l'Avènement. Même
l'iconographie restait très «optimiste». Elle ne faisait jamais allusion aux dam-
nés ou aux malédictions annoncées dans l'Evangile de saint Matthieu (XXV,
31-46). Ce n'est qu'au XIIe siècle que le thème du Jugement dernier apparaît,
toujours à côté des scènes apocalyptiques. Au XIIIe siècle, seule l'image terri-
ble du Jugement subsiste. Elle développe l'idée d'une cour de justice qui juge les
âmes des morts : le Christ préside cette cour céleste, saint Michel pèse les
âmes, la Vierge et saint Jean apparaissent comme intercesseurs. Au XIVe
siècle surgit le liber vitae, où sont consignées toutes les actions du mourant
dont il devra rendre compte devant la cour céleste. L'intervalle initial entre le
jugement et la résurrection a disparu; le mort n'est plus «mi vivant mi mort» en
attendant l'Avènement. En effet, tout se décide dans l'instant qui suit sa mort.
L'émergence du sentiment individuel de la mort, dévoilée par le jugement der-
nier, se poursuivra avec l'ars moriendi où nous assistons à une mort indivi-
duelle, car le jugement se passe alors dans la chambre du mourant. De surcroît,
l'influence exercée par l'ars moriendi est considérable, puisque le Miroir de
Mort le met en scène durant trente-huit strophes (vv. 345 à 648).
V. 76 : onde, l'onde est l'image par excellence de tout ce qui est instable, mou-
vant. L'eau ne demeure pas, elle s'écoule. Ainsi, les plaisirs du monde passent
comme l'eau; ils sont éphémères. Comme dit Héraclite, «on ne peut se baigner
deux fois dans le même fleuve» (fgt 91) ou encore, «ceux qui descendent dans
les mêmes fleuves reçoivent des eaux toujours nouvelles» (fet 12).
V. 80 : miroir, dans les textes médiévaux recouvre une symbolique très diver-
sifiée. [Nous nous inspirons de l'article de Margot SCHMIDT dans le Diction-
naire de Spiritualité (...), t. X, col. 1290-1303]. Tout d'abord, «il renvoie sa
propre image à l'homme qui s'y regarde; il sert à vérifier la propreté du visage
[etc.]; le miroir évoque ainsi la connaissance de soi avec l'idée d'une purifica-
tion (...). D'autre part, le latin speculum désigne au sens dérivé toute peinture
ou représentation (..). Le «miroir» devient ainsi moyen de connaissance et
apporte un enseignement soit purement informatif, soit normatif.» C'est généra-
lement ce dernier sens que développa toute la littérature des «miroirs» durant le
Moyen Âge (pensons au Speculum maius de Vincent de Beauvais ou au Miroir
des simples âmes de Marguerite Porete). La symbolique du miroir, basée sur le
principe de l'analogie, évoque la «manifestation du transcendant dans l'imma-
nent». Aussi, se développe-t-il des évocations traditionnelles de l'image du
Christ, de la Vierge, des saints, des anges comme miroir. À côté de cela, se
déploie également l'idée de l'homme comme miroir. Cette idée se fonde sur la
doctrine de l'homme à l'image de Dieu (Gen. I, 26). L'emploi de la métaphore
voit dans l'âme humaine «un miroir vivant qui reflète l'image de Dieu, à condi-
113
tion qu'elle soit pure». Ainsi, l'image de la dame de Chastelain comme miroir
est glorifiante pour celle-ci, sa mort devient exemplaire et pousse le poète à la
conversion spirituelle.
V. 81 : Pour coy pour mirer les mondains. Mirer, signifie «guérir». Chastelain
utilise consciemment cet homophone de «mirer» («regarder») et construit sur le
même radical que «miroir». Notons que la polysémie de ce verbe est très large,
car il peut également signifier «viser», «agresser».
VV. 85-86 : Ainsy come je l'ai trouvé. Nous décelons dans ce vers le topos
littéraire du refus de paternité de l'oeuvre. Le poète aurait découvert le texte.
Mais trouver peut également signifier «composer» [F.E.W. XIII2, 319a]. Ce
sens se retrouve dans les substantifs «troubadour» et «trouvère», qui provien-
nent tous les deux de la même racine, *tropare, et qui désignent littéralement
«celui qui invente, qui compose». L'ambiguïté du vers est certainement volon-
taire.
V. 94 : Rien n'y vault dont nom dominant. Le poète déclare qu'un nom illustre
n'aura donc pas de répercussion sur l'action de la Mort. Ce nom ne pourra pas
empêcher son action destructrice. Ce vers est très déformé par le reste de la
tradition manuscrite.
VV. 95-96 : ces deux vers témoignent de l'égalité des hommes devant la mort.
En effet, la Mort ne se soucie guère (ne ly chault, v. 95) du statut social de
celui qu'elle happe, qu'il soit roi ou berger (v. 96), elle abrège sa vie. Notons
c£2T
l'opposition entre roy et bregier. Ces deux catégories sociales représentent les
pôles de la société.
114
V. 97 : Comme au miroir y est la glace. Comme, annonçant une fausse com-
paraison, introduit une explication. [MENARD, $ 437]
VV. 98-99 : l'heure de notre mort nous nous mirons dans le miroir de mort.
Tout d'abord, nous y apercevons notre corps et notre visage (v. 99), mais cette
ramembrance s'estompe (v. 100), car ce n'est pas là notre devenir. En effet,
notre corps laissera la place au squelette.
V. 100 : Mais de legier elle s'efface. Dans ce vers, ainsi que dans les vers
suivants, le sujet elle renvoie à ramembrance (v. 98).
VV. 102-103 : ne … ne, double négation qui équivaut à une affirmation. Notre
ramembrance aurait préjudice si la glace se brisait, même légèrement, car cela
signifierait la fin de notre vie.
q13
véhicule l'idée du temps qui passe inexorablement, de la mort de tous les hom-
mes sans exception. Ce thème veut égaliser les différences terrestres, attendu
que ces prétendues disparités cessent dans l'au-delà, ce lieu qui répond à la
question Ubi est/sunt. Cette interrogation véhicule, presque toujours, une liste
de personnages illustres. Parfois ces personnages de renom correspondent aux
Neuf Preux et Preuses, ce qui est le cas dans le Miroir de Mort. La liste des
Neuf Preux apparaît en 1312 dans un texte de Jacques de Longuyon, Les
Voeux du Paon. De surcroît, ce texte est présent trois fois dans la librairie de
Bourgogne [cf. DOUTREPONT n° 110, 170 et 171], et la Bibliothèque Royale
possède encore un exemplaire du texte, ms. 11191. La liste se compose, dans
sa forme canonique, de trois héros païens (Hector, Alexandre, César), de trois
héros juifs (Josué, David, Judas Macchabée) et de trois héros chrétiens
(Arthur, Charlemagne, Godefroi de Bouillon). La liste des Neuf Preux, symbo-
les de vertu et de courage, connut un tel succès que l'on y greffa très vite celle
des Neuf Preuses. Selon Johan Huizinga [L'automne du Moyen Âge, pp. 73-
74], qui reprend Gaston Raynaud, second éditeur des oeuvres d'Eustache Des-
champs [Oeuvres complètes d'Eustache Deschamps, t. XI, pp. 221-227], ce
serait Eustache Deschamps qui ajouta la série des Neuf Preuses, ayant déjà
consacré nombre de ses poèmes aux Neuf Preux sous l'influence de son maître
Guillaume de Machaut (cf. numéros des pièces, ibidem, n. 4, p. 73). Voici un
extrait de la ballade où Deschamps introduit «ses» Neuf Preuses :
Ce dernier aurait donc tiré un groupe de sept héroïnes classiques, comme Pen-
thésilée, Tomyris, Sémiramis, Marpésie, Antiope, Hippolyte, Ménalippe, de
Justin, Teute de Pline et enfin, Déïphile du Roman de Thèbes. De plus, tou-
jours selon J. Huizinga, c'est aussi lui qui défigura quelque peu les noms de ces
Preuses, ce qui n'altéra pas leur succès postérieur. Quoi qu'il en soit, la série
des Neuf Preuses est plus mouvante. En effet, selon les textes, l'ordre et les
116
personnages changent considérablement. Aïnsi, nous ne donnerons pas la
«liste» des Neuf Preuses. Signalons néanmoins que celle-ci se compose tou-
jours de femmes légendaires, parfois bibliques. La cristallisation des Neuf
Preux et Preuses engendra rapidement toute une production artistique diversi-
fiée. Ainsi, non seulement la littérature (par exemple l'Histoire des Neuf Preux
et des Neuf Preues de Sébastien Mamerot (1460)) [Voir M. LECOURT,
«Notice sur L'histoire des Neuf Preux et des Neuf Preues de Sébastien
Mamerot», pp. 529-537], mais également la peinture, la gravure [Voir A.
WITTERT, Les Preux et la gravure à Liège en 1444] et la tapisserie [Voir
article de M. J. GUIFFREY, «Note sur une tapisserie représentant Godefroi de
Bouillon et sur les représentations des Preux et des Preuses au quinzième
siècle», pp. 103 et s5gg.] représentèrent ces sujets. Les Neuf Preux étaient
parfois le prétexte de tournois, comme par exemple à Liège en 1444 [Voir A.
WITTERT, op. cit., pp. 45-52.] ou de processions comme à Arras en 1336
[Voir Récits d'un bourgeois de Valenciennes. Edition de K.d.L. (...)., pp. 51-
53]. Bref, les Neuf Preux et Preuses faisaient partie intégrante de la culture et
des mentalités de l'époque, comme en témoignent la littérature, la gravure, la
peinture, la tapisserie et même le mobilier. Notre texte cite neuf noms mascu-
lins : Alexander d'Aillier (v. 114), Artus (v. 117), Lanselot (v. 118), Charle-
maine (v. 121), Rolant et Ogier le Danois (v. 123), Pompée (v. 129), Hanibal
(v. 138) et Samson (v. 142). Trois appartiennent à la liste établie des Neuf
Preux, à savoir : Alexandre, Arthur et Charlemagne. Bien que le poème ne
comporte pas la liste canonique des Neuf Preux, nous pensons que Chastelain a
exploité sa forme et quelques exemples (trois pour les Preux et trois pour les
Preuses). De plus, le thème s'étend sur neuf strophes, comme pour délimiter
spatialement la thématique : cinq pour les Preux et quatre pour les Preuses. A
chaque fois, que ce soit pour les Preux ou pour les Preuses, aux trois person-
nages canoniques de la liste, Chastelain ajoute six autres figures tout aussi
prestigieuses, mais de son cru. Néanmoins, notre liste parfaite pourrait être
mise en cause par les vers 106 et 108, étant donné que ces deux vers mention-
nent également deux personnages (le premier né et le Troyen aduré), ce qui
porterait à onze le nombre des Preux. Malgré tout, la liste reste intacte vu
l'indétermination qui frappe ces deux héros. En effet, nous ne pouvons convenir
de l'identité du premier né ni de celle du Troyen aduré. De plus, ils viennent
avè l'énumération des noms propres et sont dès lors hors liste. De cette ma-
nière, selon nous, la démarche poétique de Chastelain est très subtile, car cet
artifice rhétorique, l'indétermination, lui permet de ne pas fausser la liste des
Neuf Preux qu'il exploite d'une manière personnelle, et de se rattacher à un
acquis culturel. Chastelain a peut-être introduit ces deux personnages pour que
sa première strophe d'amorce ne tourne pas à vide. Quant aux personnages
féminins, ils ne sont qu'au nombre de huit. Donc, notre hypothèse d'une liste
des neuf Preuses est vouée à l'échec. Malgré tout, nous pensons que nous
pourrions considérer la dame de Chastelain comme la neuvième Preuse aux
côtés de : Semiramis (v. 147), Thamaris (v. 148), Pantaphillée (v. 149),
7
Olympias (v. 154), Agrappine (v. 157), Hecuba (v. 161), Elaine (v. 169) et
Lucrece (v. 172).
le premier né : appellation métaphorique donnée à Adam.
118
VV. 116-117 : Artus. Arthur, roi breton, fils d'Uterpendragon et d'Igerne,
époux de Guenièvre et roi de Logres (vers le VIe siècle). Champion de la
résistance bretonne et du christianisme, ses exploits légendaires furent rappor-
tés par Nennius (Xe s.), Guillaume de Malmesbury, Geoffroy de Monmouth
dans son Historia regum Britanniae (XIIe s.) et, finalement, en France par le
Roman de Brut (v. 1155) de Wace. Ce dernier inspira tout le cycle des romans
de la Table ronde, depuis les romans de Chrétien de Troyes jusqu'aux intermi-
nables continuations en prose comme le Lancelot-Graal. Lors des inventaires
de 1467, 1487 et sgq., la librairie de Bourgogne possédait un «(...) livre, cou-
vert de rouge, de la Mort du roy Artus (...)» [IDOUTREPONT, n° 227] en plus
de volumes sur la matière arthurienne. Signalons que, dans la tradition des
Neuf Preux, Arthur est le premier héros chrétien, à propos duquel Jacques de
Longuyon déclare :
V. 119 : Qui fut gardé de son honneur, «Lancelot qui fut écarté de son hon-
neur». Allusion à l'épisode de la charrette d'infamie où Lancelot choisit claire-
ment l'amour et non l'honneur, comme en témoignent les vers suivants : «Mes
Amors est el cuer anclose / Qui li comandë et semont / Que tost an la charrete
mont. / Amors le vialt et il i saut, / Que de la honte ne li chault / Puis qu'Amors
le comande et vialt.», (vv. 376-381). [CHRETIEN DE TROYES, Le chevalier
de la charrette (Lancelot). Texte établi, traduit, annoté et présenté avec varian-
tes par Alfred Foulet et Karl D. Uïitti].
119
gardé (< *wardôn, F.E.W., XVII, 514a) peut avoir le sens de
«empêcher de» dans l'expression «garder qn de» (attesté depuis le XIIe siècle).
V. 120 : Jz sont mors comme .I. laboureur, ce vers profère l'égalité de tous les
hommes devant et dans la mort. Les puissants (bellatores) meurent comme de
simples laboureurs (laboratores). La Mort rétablit les hommes dans leur égali-
té première devant Dieu. Face à tous ces héros puissants et légendaires, le
laboureur est le parfait prototype de l'homme simple et modeste.
120
n. 3, p. 616], Ogier le Danois n'a rien de danois. En effet, si on l'a appelé dux
Daniae cela équivaut à duc de Danemarche, c'est-à-dire le chef de la marche
danoise (comme Roland était celui de la marche bretonne). De plus, si on l'a
fait fils de Godefrid ou Gaufroi, roi des Danois, et ennemi de Charlemagne,
c'est par une confusion postérieure. Notons que Gaston Paris ne mentionne pas
de quand daterait cette erreur.
V. 125 : Advant ce que la foy le[s] mist: d'une part, nous y voyons une allu-
sion à la mort exemplaire de Roland, véritable mort du saint qui rend un der-
nier hommage à Dieu [cf. «Deus, meie culpe vers les tues vertuz / De mes
pecchez, des granz e des menuz, / Que jo ai fait dès l'ure que nez fui / Tresqu'a
cest jur que ci sui consoùût ! / Sun destre guant en ad vers Deu tendut.» (vv.
2369-2373)], d'autre part, nous pensons déceler une allusion à la fin de la vie
d'Ogier, lorsque celui-ci se fit moine bénédictin dans la Conversion Ogier. De
ce fait, avec l'appui des autres manuscrits, nous corrigeons le pronom person-
nel singulier en pronom personnel pluriel, à savoir Les.
VV. 126-128 : à nouveau, le poète rappelle que tous sont égaux lorsqu'ils gi-
sent en terre. Les puissants ressemblent étrangement aux pauvres mendiants.
Toutefois, Roland ne fut pas enterré, mais placé dans un sarcophage, comme
en témoignent les vers suivants de la Chanson de Roland : «Entresqu'a Blaive
ad conduit sun nevold /(...) En blancs sarcous fait metre les seignurs: (...)»(vv.
3689 et 3692). Chastelain ne se soucie pas de la valeur historico-littéraire de
son exemple, au contraire il ne l'exploite que pour appuyer le thème de l'Ubi
sunt ? grâce à des personnages connus par son auditoire.
121
V.133 : Que .XXII. roys furent siens ? lire «vingt et deux».
122
et Ogier, et il a ajouté des personnages tout aussi connus, mais relevant de son
choix personnel. Son mérite est d'avoir combiné les deux thèmes.
V. 146 : Qui ferirent tans cops d'espée. En AP, tant adv. ne doit pas être
obligatoirement suivi de la préposition de. De plus, il se décline comme un
adjectif de la première classe, ce qui explique le -s du c.r.pl. [(RAYNAUD, $
121]
123
décrit essentiellement Sémiramis comme une femme guerrière : alors qu'elle
était occupée à sa parure, on lui annonça que Babylone se révoltait. Elle ne
continua pas l'arrangement de sa chevelure et partit aussitôt remettre Babylone
sous ses lois. Cet épisode est d'ailleurs présent dans le ms. 12420 de la Biblio-
thèque Nationale. La Bibliothèque Royale possède un: exemplaire de l'oeuvre de
Valère-Maxime [ms. 9078] où nous lisons entre autre : «Pour ces tres grantes
choses qu'elle fit encore aujourd'ui la nombre l'en entre les .IX. preuses» (F
309 r°).
V. 148 : Thamaris, elle est citée dans la liste des Neuf Preuses de Sébastien
Mamerot, «VIIIe Preue, du royaume de Siche» [M. LECOURT, op. cit., p.
531], et figure également lors de l'entrée royale d'Henri II : la neuvième Preuse
est «la royne Thamaris» [B. GUENEE et F. LEHOUX, op. cit., p. 64]. Elle
semble donc faire partie de cette pseudo-liste fixe. La quarante-neuvième
rubrique du Des cleres et nobles femmes traite de «Thamire la noble, des
Sciches, aultrement diz Gechez, [qui] fut dame et royne.» (IL. 3-4, p. 161). Elle
est également présentée comme une mère vengeresse de la mort de son fils. En
effet, Valère-Maxime parle de Thamaris en ces termes :«Thamyris fit couper la
tête à Cyrus, et la plongea dans une outre remplie de sang humain, en repro-
chant à ce prince d'avoir été insatiable de carnage; elle se vengeait en même
temps de la mort de son fils, tombé sous les coups de Cyrus.» [Livre IX, chap.
10, étr. 1]
124
V. 155 : Qui morru par .I. desarroy . Olympias fut exécutée sur l'ordre de
Cassandre. Orose relate la mort d'Olympias de cette manière [cf. Historia
contra paganos. Texte établi par M. P. ARNAUD-LINDET, Paris, Les
Belles-Lettres, 1990, Livre II, 23, 31-32] : «Quamquam et ipsa Olympias
continuo meritas crudelitatis poenas luit : nam cum muliebri audacia multas
principum caedes ageret, audito adventu Cassandri diffisa Macedonibus cum
Roxa nuru sua et nepote Hercule in urbem Pydnam concedit : ubi continuo per
Cassandrum capta et interfecta est». Cependant, dans cet état du texte, Orose
ne mentionne pas le fait que le corps d'Olympias fut exposé aux bêtes sauvages
et oiseaux de proies, comme nous pouvons le lire dans une autre version de
l'Historia de preliis (Br4) : « … et si mortua iacens remansit preda feris sevis-
simis devoranda». [cf. A. HILKA, Der altfranzüsiche Prosa-Alexanderroman,
XIX et D.J.A. ROSS, Studies in the Alexander Romance, London, The Pindar
Press, 1985, pp. 174 et 179-181].
V. 156 : La plus dolente que je voy, selon nous le verbe «voir» est ici d'une
importance capitale. Il certifie que le poète mire toujours dans le miroir ce que
nous devenons lorsque nous mourrons. Mais il pourrait aussi suggérer que le
poète regarde quelque tapisserie représentant soit l'histoire d'Alexandre le
Grand, soit les Neuf Preux et Preuses. Les ducs de Bourgogne affectionnaient
particulièrement les tapisseries qui motivaient leurs élans politiques et affi-
chaient leur grandeur. Ils aimaient beaucoup les tapisseries à sujets romanes-
ques, et G. Doutrepont signale les différents thèmes qui les couvraient; par
exemple, le roi Arthur, Charlemagne, les Douze Pairs, les Neuf Preux et Preu-
ses, Alexandre le Grand, Hector et bien d'autres. [Voir M. CHEYNS-CONDÉ,
«La tapisserie à la cour de Bourgogne : contribution d'un art mineur à la gran-
deur d'une dynastie», pp. 73-89]
V. 157 : Agrappine, épouse de Claude en seconde noce, elle permit à son fils
Néron de s'unir à Octavia, la fille que Claude avait eue d'un premier lit. A la
mort de Claude, Néron fut proclamé empereur après avoir évincé le propre fils
de l'empereur défunt, Britannicus. Néron ne supporta guère l'autorité de sa
mère et il la fit assassiner en 59.
V. 160 : le fist ouvrir, qui fut pité. Le est soit le pronom personnel féminin
picard au c.r.sg., soit le pronom personnel masculin au c.r.sg. Dans ce cas,
selon nous, le pronom personnel est féminin et se réfère à Agrippine.
L'ambiguïté est certainement voulue.
Dans ses Annales, Tacite ne nous relate pas ces faits, étant donné
qu'Agrippine fut brûlée la nuit même de son assassinat et reçut une misérable
sépulture (Annales, Livre XIV, 9). Tacite raconte qu'au moment où le centu-
rion tirait son épée pour la tuer, elle s'écria : « «Ventrem feri» (...) multrisque
vulneribus confecta est.» (Annales, Livre XIV, 8). Ensuite, Néron examina le
125
corps de sa mère avant de le faire brûler : «Haec consensu produntur. As-
pexerit ne matrem exanimem Nero et formam corporis eius laudaverit, sunt qui
tradiderint, sunt qui abnuant» (Annales, Livre XIV, 9); l'attitude du fils face au
cadavre de sa mère est encore plus équivoque et morbide chez Suétone :
«Adduntur his atrociora nec incertis auctoribus : ad visendum interfectare
cadaver accurrisse, contrectasse membra, alia vituperasse, alia laudasse, siti-
que interim oborta bibisse» (Nero, XXXIV) [Notons que chez Dion Cassius, le
passage est nettement plus scabreux,; cf. Histoire romaine, LXII, 13-14]. Au
Moyen Âge nombre de légendes fleuriront sur Néron; l'une d'elles, que l'on
retrouve dans La légende dorée de Jacques de Voragine, décrit Néron poussé
par une curiosité morbide à ouvrir le ventre du cadavre de sa mère afin de voir
comment et où il fut conçu. Cette légende serait née de l'attitude controversée
de Néron devant la dépouille de sa mère telle que le rapportent Tacite, Suétone
et Dion Cassius. [cf. J. M. CROISILLE, 59, Néron a tué Agrippine, Paris,
Editions Complexe, 1994, (La mémoire des siècles, 223), pp. 90-93 et 149 /
Ce dernier ne mentionne pas la source exacte de La légende dorée].
V. 161 : Hecuba, femme du roi Priam. Pendant la guerre de Troie, elle perdit
presque tous ses enfants et vit Priam massacré sous ses yeux (cf. vv. 163-164).
Chez Virgile, elle est emmenée captive par Ulysse. Le sort d'Hécube est claire-
ment décrit dans le Des cleres et nobles femmes à la trente-quatrième rubrique.
Elle «a esté congnue et renommee par tout le monde quant la maleureuse et
contraire fortune vint contre elle.» (11. 27-29, p. 105). Quant à sa fin, Boccace
ne tranche pas, car soit elle finit sa vie folle, hurlant comme un chien, soit elle
fut emmenée en captivité par les Grecs.
126
Dieu, saint Augustin disserte contre ce suicide qu'il réprouve (cf. Livre I, chap.
19). Ce fait est mentionné dans le Des cleres et nobles femmes en ces mots :
«Selon nostre loy crestienne elle fist grant folie, si dapnee [sic], et pour ce la
reprent saint Augustin en son livre de La Cité de Dieu» (I. 119-121, p. 161).
Alors que dans la vision antique, il est perçu comme légitime, lors de circons-
tances exceptionnelles où il devient l'expression de l'honneur individuel; JeSui-
le suicidé était considéré comme la victime du Diable. C'était un être qui avait
douté de la miséricorde divine, qui avait succombé à la Desperatio. Le suicidé
était dès lors rejeté de la société, son cadavre ne recevait aucune sépulture
chrétienne (on enfermait son corps dans un tonneau qu'on laissait au gré des
flots), ses biens étaient confisqués (ce qui portait préjudice à ses parents et
enfants), et son âme était vouée à la damnation éternelle puisqu'il mourait im-
pénitent en état de péché mortel. [Voir M.-N. LEFAY-TOURY, La tentation
du suicide dans le roman français du XILe siècle, et surtout J.-CI. SCHMITT,
«Le suicide au Moyen Âge», pp. 3-28].
V. 178 : tamps passé, métonymie de tous les plaisirs vécus. Dans l'optique du
contemptus mundi, puisque, quand nous sommes morts, les plaisirs vécus
auparavant sont perdus à tout jamais, mieux vaut les éviter de notre vivant, car
ils ne nous suivront pas dans l'au-delà et nous promettent inéluctablement l'En-
fer.
V. 182 : Qui par orgoel fut renversé, référence au péché de Satan, le plus beau
des anges, qui se crut supérieur à Dieu. Pour cela il fut damné, renversé c'est-
à-dire, littéralement, ilfut mis la tête en bas pour être précipité directement en
Enfer. Seuls les écrits intertestamentaires développent le récit de la chute des
anges. Le Livre d'Hénoch (1, VI-XT), en outre, mentionne la déchéance des
anges; celle-ci est attribuée au désir de ces derniers pour les femmes des hom-
mes. Ce n'est qu'à partir du IVe siècle que la thèse de l'orgueil et de la jalousie
supplantera la première [cf. J BASCHET, Les justices de l'au-delà. Les
représentations de l'Enfer en France et en Italie (XIIe - XVe siècle), p. 256].
Le terme renversé s'oppose au sens canonique de la verticalité qui nous
met la tête vers le ciel. De même, la Mort en général «enverse» le cours de la
vie, elle nous couche horizontalement en terre, et elle peut même nous
127
«enverser» complètement en nous précipitant la tête vers le bas en Enfer. Cette
idée de désordre des positions se rencontre dans les représentations de la chute
des anges; alors que les diables sont représentés la tête en bas, les bons anges
se tiennent droits [cf. Credo de Joinville, BN, n. acq. fr. 4509 f° 2 (XIIIe
siècle) cité par J. BASCHET, op. cit, n. 82, p. 256 et aussi le f° 9 r° du ma-
nuscrit Ca où est représentée la chute des anges, têtes vers le bas].
orgoel. L'orgueil est le principe fondamental du péché, cf. L'Ecclé-
siastique (X, 12-13) : «Car le commencement de l'orgueil, c'est le péché. / Qui
s'y attache fait pleuvoir l'abomination. / Aussi le Seigneur a rendu éclatantes
leurs détresses, / Il les a enversés [nous soulignons] jusqu'au bout». En 604, le
pape Grégoire donna à l'Occident une liste des péchés capitaux. L'orgueil est la
racine du vice et de lui découlent les sept péchés traditionnels que nous con-
naissons aujourd'hui. [A ce sujet voir, M. W. BLOOMFIELD, The Seven
Deadly Sins (...)].
V. 183 : Et tous les siens du chiel lassus. I] s'agit des anges du Diable («Le
Diable et ses anges» : Mr, XXV, 41) qui furent damnés avec lui.
VV.191-192 : nous trouvons toujours cette insistance quasi méthodique sur les
peines de l'Enfer, salaire du péché et principalement de l'orgueil qui est l'origine
du péché. (cf. Si X, 12-13)
VV. 197-198 : «Voyons ce que nous sommes en naissant et ce que nous deve-
nons en mourant»: poussière nous retournons en poussière ! Ici, se développe le
thème biblique du pulvis es qui insiste sur le cours cyclique de la vie, sur le
caractère misérable de l'homme. «Tu es poussière et à la poussière tu retourne-
ras.» (Gen. II, 19).Puisque l'homme n'est que poussière, il n'est rien et il ne
peut donc pas prétendre à une vie de fastes en complet désaccord avec ses
origines. L'orgueil est en opposition avec l'origine «poussiéreuse» de l'homme.
V. 200 : remors, dans le sens d'«action de rappeler une chose». Peut-être pou-
vons-nous y voir une allusion au Jugement dernier, attendu que l'Archange
lisait le liber vitae de chaque trépassé. Dans ce livre, le Liber vitae, étaient
consignées toutes les actions de la vie de chaque homme. Et qui plus est,
Chastelain mentionne clairement que cela se passera aprez que nous serons
128
mors (v. 199). Ainsi, si le chrétien a mené une vie en parfait accord avec sa
condition de poussière, la lecture de son Liber vitae ne peut que lui être agréa-
ble (humble remors, v. 200).
VV. 203-208 : Chastelain décrit l'homme s'apitoyant sur son sort, sur la briève-
té de sa vie. Face à cette réaction, il conclut sa strophe par un épiphonème
sentencieux : Sage est celly qui peu s'y fie.
V. 213 : habundance de (son) sang sua cf. Le XXII, 44. Pendant son agonie
au Mont des Oliviers, le Christ fut saisi d'une telle tristesse et d'une si grande
frayeur que ces conditions permirent à l'hématidrose de se produire.
[Dictionnaire de la Bible, t. VI, col. 1450 - col. 14551. 4,;eut,, Aloe À
©
VV.214-215 : pour inspirer la peur de la mort, Chastelain rappelle l'attitude du
Christ devant la mort. En effet, si le Fils de Dieu doubta la mort (v. 216), lui
qui mena une vie exemplaire entre toutes, que fera donc le misérable humain ?
Cet argument par l'exemple suprême ne peut qu'inspirer la crainte au simple
mortel et le pousser au contemptus mundi. Soulignons que, sans s'être vraiment
suicidé, le Christ fut responsable de sa mort puisqu'il avait les moyens de l'em-
pêcher, mais il ne l'a pas fait pour enlever le péché du monde.
129
inlassablement dans l'exposition du contemptus mundi : les biens matériels ne
nous préservent point de la maladie, encore moins de la mort, donc oublions-
les.
V. 229 : trencisons < * trinicare, (F.E.W., XIII2, 280b). Ce sont des douleurs
très aiguës dans le ventre appelées communément coliques. Un des remèdes
proposés «contre espriensions» que nous trouvons dans une traduction du
Circa instans de Platearius [cf. P. MEYER, «Manuscrits médicaux en
français», in Romania, XLIV, 1915-1917, p.189 / ms. Sloane, 3525, fol. 177 b
et c, début du XIVe siècle] est le suivant : «Metez la poudre par dessus le
fondement avec coton; l'en le puet garder .ij. anz, mais mielz se garde avec
(177c) poivre .II. manières en sunt : domesche et salvage . Li salvages a noire
color et agüe savor, mais non quant l'en depiece le domesche, il en naissent une
branchetes,; li salvages n'est pas autresi».
V. 230 : les mules à nos talons, ce sont des engelures aux talons [cf. HU-
GUET]. Voici ce qu'un manuscrit médical du XIIIe siècle, Recettes variées,
propose contre les engelures [P. MEYER, loc. cit., p. 173 / ms. Sloane 1977,
fol. 46b]: «Pour mules. Prenés cras lart et burre de mai et jus de celoigne et jus
de racines de parele et confisiez toutes ces choses ensambles sanz metre sus le
feu».
VV. 239-240 : peut-être pouvons-nous voir dans ces deux vers une allusion
aux désastres de l'époque ? En effet, non seulement la peste, mais aussi la
guerre et les épidémies décimèrent les populations durant le XVe siècle, ce qui
rendit la mort quotidienne à tous. De ce fait, on voyait souventesfois assez /
Plus de mors que de demoréz. (vv. 239-240).
V. 241 : Regarde où sont allez nos peres. Le retour au «nous» dans ce vers
entraîne la rupture de la progression et de l'organisation des catégories gram-
130
maticales. Ce retour au «nous» s'étale sur une strophe qui développe un argu-
ment sentimental commun à tous. En effet, il s'agit de la famille représentée par
nos aïeux (nos peres, V. 241), nos parens [et] soeres et freres (v. 243). En
somme, Chastelain attise sa critique ad hominem en se mettant au même plan
que l'accusé, le «tu».
Regarde, à nouveau nous retrouvons un verbe faisant appel à la vue
(cf. vers 233). L'homme doit toujours regarder dans le miroir, «mirer» ce que
sont devenus ses prédécesseurs.
131
VV. 249-256 : première phase du contemptus mundi qui consiste à rejeter
toutes formes d'habitations luxueuses et défensives puisqu'elles ne mettent pas
l'homme à l'abri de la Mort.
V. 262 : Tu n'aras pour tous tes blédz vers. Les blés désignent toutes les
céréales formant l'alimentation médiévale. Une distinction s'opérait, et s'opère
encore aujourd'hui, entre les blés d'hiver, froment ou seigle semés en automne
et qui subissent le froid de l'hiver, et les blés de printemps constitués d'orge ou
d'avoine. [J. FAVIER, s.v. «Blés»]
VV. 265-272 : l'ouverture de la strophe est une interpellation à une jeune dame
(O jouvente de belle dame). Celle-ci semble être sur le point de mourir ou, du
moins, être très accablée par quelque maladie (cf. Et que dittez vous à ce
point? v. 266). Le poète la questionne ironiquement : aurait-elle pu imaginer la
Mort si odieuse au point de l'assaillir aussi subitement ?(vv. 267-269). Cette
interrogation oratoire souligne nettement l'attitude moralisante adoptée par
Chastelain. Il n'est nullement compatissant; au contraire, la mort est le juste
salaire de la vie inconsciente que la jeune femme a allégrement menée.
VV. 270-272 : devant la Mort, la belle dame est l'égale du porcher. Cette image
est très forte, car elle unit deux termes aux connotations rigoureusement oppo-
sées. En effet, la beauté, la propreté et la richesse, qui les séparaient initiale-
ment, ont disparu, étant donné que la Mort a aplani toutes les différences.
V. 273 : Il fault laissier vos haulx atours. Les «atours» désignent soit les
vêtements en général, soit plus spécialement les coiffures des femmes. De toute
façon ce vers rejette toute forme de coquetterie parce qu'il est dangereux que
les soins du corps prévalent sur ceux de l'âme. Avec le bouleversement vesti-
mentaire du XIVe siècle (voir vers 289) apparaît la dénonciation morale du
vêtir puisque le corps devient sexué. Le vêtement est le miroir de l'orgueil et de
la luxure, vu qu'il devient objet de séduction et ne sert qu'à montrer ouverte-
ment les détails du corps qu'il recouvre. [Voir O. BLANC, «Vêtement féminin,
vêtement masculin à la fin du Moyen Âge. Le point de vue des moralistes»,
dans M. PASTOUREAU, Le Vêtement. Histoire, archéologie et symbolique
vestimentaires au Moyen Âge, pp. 243-253.].
132
V.274 : Et vos robes à longue queue, le fait d'assimiler les traînes des robes à
des queues est courant dans le discours des moralistes. En effet, les moralistes
animalisent les parures; ils rapprochent celles-ci du monde sauvage qui ne
respecte pas l'ordre divin et qui renvoie donc aux forces sataniques. Depuis
toujours le vêtement est l'expression de l'orgueil humain, du défi envers Dieu.
De plus, la parure incite à la luxure, car son seul but est d'attirer les regards et
de provoquer le désir. Chastelain s'inscrit dans la tradition du discours morali-
sateur sur l'habillement tant par l'animalisation de l'objet que par les liens im-
plicites qu'il tisse entre l'orgueil et la luxure féminins.
V. 277 : Ou tamps que vous faittez la reue. Selon URWIN, lui-même s'ap-
puyant sur J. CORBLET et R. DEBRIE [Glossaire étymologique et compa-
ratif du patois picard, p. 546], «reue» serait un picardisme signifiant «moue».
Or, «reue» désigne simplement la roue (celle que fait le paon pour se faire
admirer. Bien sûr, le paon est symbole d'orgueil). En effet, étymologiquement
le latin rofa aboutit dans certains parlers du Nord à «reue» : [rota > riuode >
roe > ruee / reue, puis il y a eu une réfection d'après la série «rouelle». Cf.
F.E.W., X, 490a et REY, s.v. «roue»]. Ici aussi, le vêtement est synonyme
d'orgueil. Notons qu'URWIN a peut-être simplement reproduit une coquille.
Reue est à la rime avec queue (274) et bleue (278); ainsi il est révéla-
teur de la langue de Chastelain.
VV. 278-280 : à l'article de la mort, la femme doit abandonner tout ce qui fai-
sait son bonheur et sa beauté. Elle deviendra horrible à voir : Vostre frescheur
devenra bleue / vostre regart ferat horreur /mesmez à vostre serviteur. Quel
que soit son statut, elle mourra comme un porcher (cf. v. 271).
Mesmez à vostre sèviteur : touche d'ironie. La dame fera même peur à
son «serviteur», à l'homme qui l'aimait, c'est-à-dire celui pour qui elle seule
importait. Soit Chastelain critique l'amour courtois qu'il considère comme su-
perficiel puisque l'amour s'attache seulement aux apparences physiques, soit la
dame devient horrible au point que personne ne puisse plus la dévisager.
Notons que ces deux strophes s'adressent aux femmes. Dans une
certaine optique moraliste, ce sont les femmes qui ont le plus besoin de conseils
moraux. En effet, c'est Eve qui est à l'origine de la perdition humaine. De ce
fait, lorsque Chastelain s'adresse aux femmes, il espère toucher celles qui
succombent le plus facilement à la tentation.
136
C'est un cheval de guerre qui est parfois confondu avec le cheval de lance. Il est
plus petit que le destrier et répond, en campagne, aux exigences de la cavalerie
légère. [cf. GAY, t. I, s.v. «coursier»].
VV. 287-288 : la déchéance physique est le point ultime de tout être. Les plai-
sirs mondains ne sont qu'éphémères par rapport à la damnation éternelle qu'ils
promettent à celui qui s'y complaît.
V. 289 : Vous qui estez vestus de court. Le costume court émerge au XIVe
siècle (vers 1340) et remplace les longues tuniques. Il se compose d'un pour-
point court très ajusté et de chausses qui prennent alors une importance consi-
dérable. Ce genre de vêtements fut aussi la cible des moralistes. En effet, le
pourpoint et les chausses très longues mettent en évidence le corps de l'homme
et dévoilent sa nudité. Ainsi, de l'état de culture l'homme régresse vers celui de
nature, il se diabolise en quelque sorte.
V. 291 : Pensez que vous le ferez court. La locution «le faire court» signifie
«être bref». Cette petite touche ironique de la part de Chastelain rapproche la
justesse du vêtement de celle de la vie de cour ….. Il y a un subtil jeu d'homo-
phonies sur le mot [kur] dans un réseau de rimes équivoques.
V. 296 : Quant ariés force de cent ours. Quant est une conjonction adversative
lorsqu'il y a une opposition entre la subordonnée et la principale. [MENARD), $
236].
Ici se termine la seconde strophe destinée aux hommes. Notons que les
femmes et les hommes ont eu droit à deux strophes, dont la construction est à
peu près similaire. Tout d'abord, dans les premières strophes le poète interpelle
la dame (vv. 265-272) et le chevalier (vv. 281-288). Remarquons qu'il vouvoie
la dame et le courtisan, mais qu'il tutoie le chevalier. Serait-ce par familiarité
avec les gens de son rang qu'il considère comme des égaux ? Ensuite, les
secondes strophes développent des similitudes plus nombreuses : premiers vers
sur le vêtement (vv. 273-274 vs v. 289), vers sur les «tours de cour» (vv. 275-
276 vs v. 292) et enfin les vers sur la déchéance physique (vv. 278-279 vs vv.
294-295). Donc, le déroulement des couples de strophes est plus ou moins
identique. Chastelain ne sermonne pas plus les unes que les autres, même s'il
accorde à celles-ci une place de choix. Parallèlement, le thème de l'Ubi sunt
respectait la symétrie, mais alors que la préséance des hommes les glorifiait,
dans un discours moralisateur la première place accordée aux femmes a bien
sûr une tout autre incidence !
V.297 : Dampt abbé ne sera lessié : critique du clergé corrompu. Cette image
: est très courante dans la littérature médiévale. Et qui plus est, le clergé a tou-
jours été la cible favorite de la littérature profane des fabliaux. Les fabliaux se
délectaient de moines paillards et de prêtres concupiscents. Mais dans les
134
fabliaux «les conteurs ne font pas reproche au prêtre de manquer à ses voeux
de chasteté (...)», car cette conduite est normale et commandée par le genre.
[Ph. MENARD, Les fabliaux, p. 123] Or, ici Chastelain dénonce ce travers, ce
qui est conforme à tout discours moralisateur.
V. 298 : Avoec la damme de ses biens. L'abbé ne sera pas laissé avec la
damme de ses biens, c'est-à-dire avec la dame de ses plaisirs, la fille de joie.
Cette interprétation est toute motivée par le contexte général de critique du
clergé et par l'image des étuves, lieux de débauche, du vers 299. Le substantif
biens est du reste attesté dans le sens de «plaisir» [F.E.W., I, 323a]. Dès lors,
biens est vraisemblablement employé de manière antiphrastique dans le vers,
étant donné que ce substantif recouvre essentiellement une notion morale satis-
faisante (cf. l'emploi métonymique du pluriel les biens dans l'ancienne langue
qui sera supplanté par gens de biens), alors qu'ici la damme n'est pas une
personne recommandable; locataire des étuves, elle a plus le profil de la fille de
joie, la damme de ses biens, de son bon plaisir. [REY, s.v. «bien»].
V. 299: S'il est estuvéz ou baignié, image des étuves. Les étuves ou bains
publics étaient souvent présents dans les contes et fabliaux [lelien avec la
critique
du clergé se resserre !]. Ces établissements servaient tantà des fins
honnêtes que déshonnêtes. On n'y observait pas toujours les règles de la dé-
cence et, de ce fait, les autorités réservaient certains jours et heures aux fem-
mes, et d'autres aux hommes. Malgré cela, les étuves accueillaient de nombreu-
ses prostituées et étaient pourvues d'une literie importante face aux quelques
bains. [Voir J. ROSSIAUD), La prostitution médiévale, pp. 22-23 et pp. 204-
211.]
V. 304 : Dieux scet qui est bon pellerin, loc. attestée par DI STEFANCO. Ce
dernier cite Chastelain (V, 24 / VI, 59 / Chron. 90), Deschamps et Gerson en
exemples. Cette locution désigne l'omniscience de Dieu lors de notre mort, Il
reconnaît toujours le bon chrétien. Il y a une relexicalisation ironique, car le
clergé ne sort pas de son lit ou des étuves, et donc fait défaut à son rôle
(inhérent normalement) de bon pellerin.
135
(...) qui boit du melleur. Melleur, superlatif absolu désignant le vin. Le
vin est la boisson principale de l'époque. Selon J. Favier [s.v. «vin»] le bour-
geois consomme par jour un à deux litres de vin. De plus, dès le XIVe siècle il
se lance dans la production personnelle qui lui vaut un certain prestige. Les
crus les plus renommés restent ceux de Bourgogne, plus spécialement ceux de
Beaune et de Chablis.
V. 313 : Fors qui voelt bien morir bien vive. Fors adverbe possédant un sens
adversatif [MENARD), $ 274]. La morale de tout le poème est résumée dans ce
vers : celui qui désire bien mourir, c'est-à-dire avoir le salut, doit vivre selon les
commandements divins.
VV.318-319 : ceux qui observeront les commandements divins auront une vie
pardurable après leur mort. Une conduite juste durant leur vie leur garantit une
vie future, c'est-à-dire le Paradis qui les rapprochera de Dieu, tandis que ceux
qui ne se sont pas attachés à observer ces commandements (cf. v. 320) mour-
ront difficilement.
136
V. 321 : merveille. Dans la langue médiévale, le substantif «merveille» a le
sens de «chose qui étonne», alors que de nos jours il a essentiellement une
connotation positive et insiste plus sur la notion de «chose qui provoque l'admi-
ration». Dès lors, au Moyen Âge une chose «merveilleuse» pouvait autant
provoquer la joie que l'horreur.
A l'origine le vers est hypométrique en raison de la forme
merveil. Le copiste à peut-être adapté la forme de son substantif à la forme
graphique de l'adjectif épicène grant. Dès lors, il a fait varier en genre le subs-
tantif.
V. 323 : Celly que Dieux fist revivant, il s'agit de Lazare de Béthanie que Jésus
ressuscita, (/n, XI, 1-44). Il ne s'agit pas du pauvre de La parabole du riche et
de Lazare (Lc, XVI, 19-31), comme le prouve le vers 325 : «Le ladre à la
Marie frère».
VV. 326-328 : l'auteur insiste sur la peur de Lazare à l'idée de mourir, puisqu'il
a déjà vu l'horreur de la mort. [cette idée sera encore développée dans la stro-
phe suivante]. |
VV. 323-336 : la mort de Lazare est prise ici à titre d'exemplum. Lui qui était
si bon et qui avait déjà sa place aux cieux (v. 334) craignit redoutablement la
mort, car il était déjà mort. Lazare devient la preuve «vivante» qu'il faut crain-
dre la mort, de telle sorte que l'auteur conclut : que fera donques le pecheur /
137
Quant le juste en [ la mort] avoit si peur ? (vv. 335-336). Cet exemple de
conduite devrait pousser le pécheur à la conversion.
VV. 345-346 : apparition de Satan à l'homme agonisant. Ceci nous fait penser
aux illustrations de l'ars moriendi où le Diable tente cinq fois le mourant
(tentation d'infidélité, de désespérance, d'impatience, de vaine gloire et enfin
d'avarice). L'ars moriendi se divise en trois parties : l'agonie, l'assaut du Diable
et l'apparition de l'ange suivie de sa victoire. Nous pourrions croire que l'ordre
est faussé, mais ces deux vers ne sont que l'anticipation de l'assaut diabolique.
En effet, vingt-sept vers d'agonie (vv. 350-376) succéderont à cette apparition
subite du mal, puis l'attaque du Diable emboîtera le pas.
V. 350 : travelle < travelier < tripaliare, «torturer avec le tripalium». En AF,
le verbe «travaillier» signifiait, en outre, «souffrir des douleurs de l'agonie»
(sens attesté dès 1190); en MF il conserve ce sens. [F.E.W., XIIL 2, 287b et
REY, 5.v. «travailler»].
V. 357 : Advant que l'esperit soit hors, nouvelle référence à l'âme qui doit
émigrer du corps à la mort de l'homme. (cf. vers 349) : à l'amme qui crient le
depart.
138
palais. Puis, le regard descend sur le cou, s'attarde sur les veines jugulaires et
voit que le poulx tressault et sy halette (v. 365). En somme, après avoir regar-
dé ce visage, on perçoit clairement que la Vie fuit [et] la Mort est prette (v.
366).
V.371 : Assaillis est par tous costéz, nouvelle allusion à l'iconographie de l'ars
moriendi, où le mourant est réellement «assailli» (v. 371) par le Diable et ses
sbires qui le tentent une dernière fois [voir les illustrations en annexe de l'ou-
vrage de TENENTI]. Ce combat n'est pas intérieur, mais il est bien présent
dans la chambre du mourant.
V.374 : Et n'a plus loisir qu'il s'amende. Ce vers rend compte d'une certaine
optique négative, puisque pour Chastelain le pécheur ne peut plus expier ses
fautes, car l'heure est briesve et doloureuse (v. 375). Or, dans l'optique des
artes moriendi, le pécheur peut se racheter s'il se repent sincèrement, tandis
que dans le Miroir de Mort Chastelain reste négatif. C'est peut-être parce que
le bon ange n'est pas encore présenté et qu'il ne peut pas encore pousser le
chrétien au repentir final qui le sauvera. Ici, le poème reste très sombre quant à
l'avenir de l'agonisant, il laisse planer le doute sur le salut possible du pécheur,
car le mourant est assailli par les diables qui lui expriment clairement que
l'ampleur de ses fautes ne pourra jamais le rapprocher d'un Dieu dont il a sys-
tématiquement bafoué les commandements.
V. 376 : Dont sa povre amme est cremeteuse. Remarquons que c'est l'amme
qui craint l'heure de la mort. Ce mouvement de pensée est tout à fait logique,
vu que c'est bien l'âme seule qui est concernée par le passage de vie à trépas;
c'est bien elle qui subira tous les tourments de l'Enfer, ou qui se délectera au
Paradis. Le corps, misérable enveloppe terrestre, pourrira en terre.
139
VV. 377-380 : (...) L'adversaire de nostre foy (...) : intervention du Diable
hideux et noir / espoentable oultre pooir (vv. 379-380). Durant dix strophes,
le Diable va énumérer toutes les mauvaises actions du mourant et va ressasser
ce que Chastelain a déjà développé, c'est-à-dire la vanité des biens de ce
monde. Le discours du Diable veut essentiellement montrer au mourant que sa
situation est desespérée, et que jamais Dieu ne lui accordera sa miséricorde.
V. 389 : Che qu'à toy fut aultruy sera. Ce vers souligne la vanité des posses-
sions terrestres (Jueal tant soit rice ne bon / Chasteal, palaix,[fort] ne
doingnon, VV. 387-388) qui ne durent point puisque che qu'à toy fut aultruy
sera (v. 389), alors que l'âme du mourant sera damnée et subira les tourments
de l'Enfer. Les possessions terrestres ne nous apportent que la damnation
éternelle et, en plus, nous les perdons irrémédiablement lorsque nous
trépassons. Le discours du Diable supplante celui de Chastelain et se fait l'écho
du prédicateur, le Diable n'est pas effrayant, mais moralisateur.
V. 391 : tyson d'Enfer. Tyson < titio (F.E.W., XII, 356 a-b). Jusqu'au XVIe
siècle le mot a désigné une pièce de bois (sans doute à brûler). Par figure, au
XVe siècle, il désigne ce qui fait naître une passion. Chastelain exploite ironi-
quement la polysémie de ce terme.
140
V.393 : Il te fault lessier tes oyseaux. Ce vers condamne la fauconnerie, con-
sidérée comme un des grands travers aristocratiques. Le discours du clergé
rangeait la fauconnerie à côté des plaisirs mondains et il réprouvait la pratique
de celle-ci, car cette activité ludique éloignait l'esprit des réalités spirituelles
auxquelles tout homme devait consacrer sa vie. Baudouin Van den Abeele
remarque judicieusement que dans l'iconographie du Dit des trois morts et des
trois vifs, ainsi que dans la fresque du Campo Santo à Pise, les vivants sont
souvent représentés faucon au poing. Ces réminiscences iconographiques
prouvent que les oiseaux étaient considérés comme le digne attribut des plaisirs
mondains dans le registre macabre. [Voir B. VAN DEN ABEELE, La faucon-
nerie dans les lettres françaises du XIIe au XIVe siècle, p. 66, n. 177]
V.394 : Tes chiens, tes bracquez, tes levriers. Ce second vers, lié au vers 393,
fait le procès de la vénerie, autre activité mondaine des riches aristocrates et
des nobles médiévaux. Notons que la chasse était très appréciée des ducs de
Bourgogne, car Gaston Phébus, comte de Foix, dédia son Livre de la chasse à
Philippe le Hardi; cet ouvrage est présent dans l'inventaire de la librairie de
Bourgogne [cf. DOUTREPONT n° 240].
V. 398 : les moindrez de tes officiers. Officiers, ce terme désigne toute per-
sonne pourvue d'une charge. Notre usage moderne, limité aux domaines poli-
cier et militaire, n'apparaît qu'au XVIe siècle.
V. 400 : Ne te tiennent ja que pour fiens. Les sujets de tiennent sont les
escuyers (v. 397) et les officiers (v. 398). Ces gens, aimables du vivant de
l'agonisant, ne sont que des hypocrites, car au moment de sa mort ils le consi-
dèrent comme du fumier malgré les biens qu'il leur laisse. Ce vers fait le procès
de l'hypocrisie qui est l'apanage de la vie de cour. Aucune bienveillance, aucun
souci n'affleure l'esprit des ces personnes en ce qui concerne le devenir post
mortem de l'agonisant. Il va sans dire que la comparaison avec le fumier est
très éloquente du peu de cas que ces individus feront de l'âme du mourant.
VV. 403-404 : Le tamps que Dieu t'avoit presté, métaphore de la vie. La vie
de l'homme résulte exclusivement de la volonté divine, chose que l'homme
141
oublie toujours. En effet, il se croit maître du monde et de sa vie, se complai-
sant dans le péché originel. Or, Dieu a littéralement prêté la vie à l'homme le
temps de son bref passage sur la terre. Dieu lui donne le temps de vivre, lui
concède un temps à vivre, mais l'homme en fait un très mauvais usage, car il l'a
perdu et degasté (v. 404). Cf. L'Ecclésiastique (X, 12) : «Le commencement
de l'orgueil de l'homme c'est s'éloigner du Seigneur, / Quand son coeur s'est
détaché de Celui qui l'a fait.»
V. 410 : il ne doit pas attendre de messes d'intercession que son entourage (vv.
411-412) familial (parenz, ne filz,ne filles) ou professionnel (tous cheux qui
ont de tes billes) pourrait faire dire. Les proches du défunt n'ont que faire du
martyre qu'il va endurer, seul l'héritage importe. Le mourant ne pourra récolter
que des rires de moquerie (v. 413).
V. 412 : billes, s.f. «ordonnance», «requête» sens que l'on retrouve dans le
terme anglais bill. Cheux qui ont de tes billes, désigne ceux qui ont des res-
ponsabilités par rapport au mourant; ce vers affirme la thèse selon laquelle le
mourant serait un puissant puisqu'il a à son service des personnes subalternes
auxquelles il délègue des billes.
Billes peut aussi être un terme argotique désignant l'argent [cf. HU-
GUET, GOD.]: Dès lors, le mourant se mue en prêteur d'argent. L'usage d'un
terme de bas langage est peut-être motivé par le dédain que Chastelain porte à
l'argent.
142
péché et le condamne aux affres de l'Enfer. Le Diable insiste implicitement sur
le caractère effroyable de la situation en regard de la doctrine chrétienne.
VV. 422-424 : ces vers rétablissent un équilibre quelque peu sordide entre les
possessions terrestres (biens et vins, v. 422) et le tombeau, le suaire et la
vermine qui attendent l'homme pour l'éternité après sa mort. Mais ils sont mo-
tivés par la doctrine du contemptus mundi et du vanitas vanitatum.
vermine pour toy desfaire, réminiscence des vers de l'Ecclésiastique
[X, 11] : «Une fois que l'homme est mort, / Il a comme héritage les larves, les
bêtes et les vers.»
suaire : au sens de «linceul» le mot est littéraire. Il désignait initiale-
ment le linge où l'on pensait que le Christ avait été enveloppé. Ensuite, il dési-
gna tout linge enveloppant les morts. [REY, s.v. «suaire»]
VV. 430-432 : dans ces trois vers, le tu et l'amme semblent être séparés. Tan-
dis que le tu corporel tremble et frémit, l'amme maudit la cause de son martyre
éternel. En somme, l'âme maudit le corps de sa vie de débauche qui lui vaut la
damnation. Le fu n'est pas concerné par le devenir post mortem puisque son
enveloppe physique pourrira en terre, alors que c'est l'âme qui subira le Juge-
ment et les peines infernales.
V.435 : Ta folie desordonée. Expression redondante, car en soi la folie n'a rien
d'ordonné, puisqu'elle est l'expression du désordre. Il y a une rupture radicale
entre l'âme de l'homme et le fu, son corps. Ce sont les folies terrestres du fu qui
plongent l'âme, desesperée (v. 436), dans les tourments du désordre infernal. Il
y a un lien intime entre la conduite insensée de l'homme durant sa vie et son
séjour dans le royaume du désordre. Tandis qu'une vie ordonnée, ascétique, ne
peut que promettre l'ordre divin, le Paradis. En somme, il perdure dans le dés-
ordre. Cette réflexion sur la différence entre l'âme (qui survit) et le corps (qui
pourrit) a déjà été amorcée aux vers 430-432.
V. 438 : En laquelle vivant morra. Laquelle renvoie à folie; vivant est subs-
tantif masculin singulier. Le vivant meurt à cause de sa folie, c'est-à-dire à
cause de sa vie dépravée.
utilisé par les prédicateurs. Par exemple, Jean Gerson dans son A.B.C. des
simples gens parle de l'Enfer et de ses peines en ces termes : «Et si a tant
d'aultres painnes que on ne les pourroit dire, nommer ne penser.» [Jean GER-
SON, Oeuvres complètes, t. VIE I, n. 310, pp. 154-155.] # Pa
a Ans MVC ss
143
V. 444 : y, adv. de lieu, renvoie implicitement aux Enfers.
desäourer, Godefroi [t. II] qualifie ce mot de «douteux». Il le traduit
par «être désarçonné». Nous proposons une explication plus appropriée à notre
contexte. Desäourer se composerait d'un préfixe privatif des- et de aourer
(<adorare). Les variantes des autres manuscrits sont plus explicites pour
l'auditeur : À renoyer / C desavoer / Ca-Ld desavouer / Ch-M desavourer.
VV. 446-448 : Le Diable insiste sur la souffrance que l'on doit subir en Enfer.
Celle-ci est telle que l'on maudit Dieu (vv. 444-445); de plus, rien ne peut l'al-
léger. Parler de souffrance au moment de l'agonie du mourant n'est pas anodin.
Cela permet à l'homme de se représenter ce tourment futur qui sera vraisem-
blablement pire.
V. 446 : Et n'y a surgÿen ne mire. Surgÿen, [F.E.W., I1, 641a] et mire sont
synonymes; ils signifient tous deux «chirurgien, médecin». Au Moyen Âge, le
chirurgien était un barbier qui pratiquait les manipulations prohibées au méde-
cin, par exemple : les saignées, les ablations, les pansements, etc. Malgré l'op-
position des médecins qui voyaient d'un très mauvais oeil ces praticiens à bas
prix, les chirurgiens parviendront petit à petit à constituer des métiers organi-
sés. [J. FAVIER, s.v. «chirurgien»].
V. 451: Ilte fault lessier tes provinces. Les provinces désignent des posses-
sions terrestres assez importantes. En effet, la province représentait l'ensemble
des diocèses rassemblés sous l'autorité d'un évêque qui a le titre d'archevêque
depuis le IXe siècle. Ces divisions géographiques provenaient de l'Empire ro-
main, elles étaient plus des unités administratives, juridictionnelles, fiscales
(depuis le XIIIe siècle) que des entités spirituelles. [J. FAVIER, s.v.
«province»]
VV. 454-455 : (...) l'aguillon / de la Mort (...) : l'aguillon désigne le dard d'un
animal. C'est un aiguillon du même genre que saint Paul, d'après les Septante,
attribue à la Mort; Cor XV, 55 : «Mort, où est ta victoire ? Mort, où est ton
aiguillon ? L'aiguillon de la mort, c'est le péché et la puissance du péché c'est la
loi.» Dans la Vulgate nous lisons : «Ubi est, mors, stimulus tuus.»
[Dictionnaire de la Bible, t. 1, col. 309].
144
V. 459 : Alors le bon angele s'advance. Conformément à l'ars moriendi,
l'assaut du Diable laisse la place à l'arrivée de l'ange.
V. 472 : Pour qui la mort Luy fu tant dure. Image et thème de la mort du
Christ pour nous, puisque la mort du Christ rachète le péché originel. Comme
le signale l'apôtre Paul dans son épître aux Romains : «Maïs en ceci Dieu nous
prouve son amour envers nous : Christ est mort pour nous alors que nous
étions pécheurs. Et puisque maintenant nous sommes justifiés par son sang, à
plus forte raison serons-nous sauvés par lui de la colère», (Rom, V, 8-9). Bien
qu'habituellement la mort du Christ fasse jaillir la vie en conjurant la mort, ici
l'ange insiste beaucoup plus sur la mort qui fu tant dure.
145
V. 474 : Par coy Il ne te veult lessier. Vu la souffrance qu'il a endurée, à plus
forte raison le Christ ne veut-il pas nous abandonner. Ce calcul est quelque peu
sordide de la part de l'ange. En effet, l'ange envisage la souffrance du Christ
lors de Sa Passion en termes comptables; il apprécie la mort du Christ de façon
quantitative et qualitative sur le plan de la souffrance, de telle sorte que la
Rédemption de l'homme découle naturellement de la souffrance que le Christ
endura. Il supprime l'acte de bonté du Père, qui a sacrifié Son Fils pour le salut
de sa créature, et transforme l'acte rédempteur en une conséquence logique du
sacrifice vu la peine endurée.
V. 476 : Pour toy fut ouvert Son costé, allusion à la plaie du Christ à son
flanc. Seul l'Evangile selon saint Jean relate l'épisode du coup de lance qui est à
l'origine de cette plaie : «Mais un des soldats, lui perça le côté avec sa lance, et
aussitôt sortirent du sang et de l'eau.», /n, XIX, 34. Comme l'indique Christine
Martineau-Génieys [p. 100], qui reprend Emile Mâle [p. 107], dans le culte de
la Passion c'est la plaie du côté qui est la plus sainte. On pensait même en
connaître la dimension qui était donnée par celle du fer de la lance.
VV. 481-482 : ces vers donnent une véritable description anatomique et médi-
cale du corps de Jésus lors de sa Passion. La description est très visuelle et
s'inspire probablement de toutes ces oeuvres qui exprimèrent à merveille le
pathos christique du XVe siècle. Tout d'abord, la chair est déchirée et le sang
s'écoule des plaies (vv. 481-482). Le qualificatif virge pour le sang témoigne de
l'innocence du Christ que l'on met à mort, cf. les paroles de Judas : «J'ai péché
en livrant un sang innocent», (Mt XXVII, 4).
V. 483 : Par les grans cops de l'escorée. L'escorée est un fouet garni de
plusieurs lanières. En FM le mot survit sous la forme «escourgée». La variante,
escorgée, des manuscrits A-Ch-G-Pa-Ld-Pi [M *escogée], témoigne mieux de
la forme moderne. La Passion du Christ recevait tant de commentaires que
certains, comme Olivier Maillart, savaient que Jésus avait reçu 5475 coups de
fouet. La relation du Calvaire que nous fait l'ange débute par la flagellation du
Christ. Celle-ci avait été commandée par Pilate (Mt XXVII, 26) conformément
aux usages de l'époque où elle apparaissait comme préliminaire à la cruci-
fixion. Notons que les clous et le fouet étaient souvent représentés en blason.
146
V. 489 : Le chief fu couronné d'espine. (cf. Mt XXVII, 27-31; Mc XV, 16-20:
Le XXII,11 et /n XIX, 2-3). Allusion à l'épisode de la royauté de Jésus tour-
née en dérision, lorsque le Christ fut couronné d'épines. La couronne d'épines
faisait également figure de blason et, d'après le Speculum passionis, celle-ci
était faite de septante-sept épines composée chacune de trois pointes. [MÂLE,
p. 90]
espine : singulier collectif.
V. 496 : (...) La virge qui l'ot porté, l'ange désigne la Vierge Marie à qui il va
donner la parole. Par la suite, le discours de Marie se déploie comme un dis-
cours dans le discours. Cette prosopopée se développe du vers 499 au vers 536.
Toute la déclaration de la Vierge est très pathétique : l'ange fait intervenir celle-
ci pour sensibiliser le pécheur. La figure maternelle de la Vierge est capitale,
car dans ces quelques vers elle est la Mère qui s'apitoie sur le sort de son Fils.
L'apparition de la figure mariale est en accord avec la sensibilité de l'époque et
répond aux exigences de l'ars moriendi où le Christ en croix apparaissait dans
la chambre du mourant accompagné de sa Mère, des saints et de Dieu le Père.
V. 508 : la leçon de L, qui .IX. mois en soy te porta est rejetée, car elle fausse
la rime. Nous adoptons une leçon alternative : qui [te transporta de Judée].
Néanmoins, nous préférerions une leçon «qui te transporta en Judée», qui serait
plus en accord avec le déroulement chronologique de l'Ecriture. En effet, après
l'Annonciation et aux environs des jours de l'enfantement, Joseph partit en
Judée avec Marie, à Béthléem, pour le recensement, cf. Le, IL, 4. Mais ce vers
peut également être une allusion à la fuite en Egypte, après la naissance de
Jésus, pour échapper au massacre d'Hérode, cf. Mt I, 13-15. De toute façon
nous ne pouvons choisir entre ces deux hypothèses, car dans les deux cas la
Vierge est une josne pucelle.
V. 509 : pucelle, s.f. au sens moderne de «jeune fille vierge» et non celui par
extension de «jeune fille non mariée». Cette précision apportée par Marie au
vers 508 ne nous permet pas de trancher. En effet, lorsque, enceinte, elle trans-
porta le Christ en Judée, elle était vierge, de même qu'elle l'était toujours lors de
la fuite en Egypte. La conception virginale de Jésus ne nous permet pas de
mieux comprendre le vers 508.
VV. 513-520 : la Vierge veut prendre part (partir, v. 514) à la douleur de son
Fils, qui est à la fois son Dieu, son Seigneur et son roi (v. 515). La Vierge veut
trépasser avant son Fils. Ces quelques vers rendent compte du désespoir de la
mère de Dieu qui ne peut le secourir dans sa souffrance (v. 518), et qui pour
cette raison veut mettre fin à ses jours.
147
V. 520 : Hélas ! à quoy t'ay je porté, la Mère de Dieu se sent coupable de la
Passion et de la mort de Jésus, alors que celles-ci sont conformes à la volonté
du Père. Ce vers est l'antécédent de la relative du vers 521.
VV. 523-525 : allusion à la visite de Marie chez Elizabeth, lorsque cette der-
nière se rend compte que Marie porte son Seigneur. (cf. Le I, 39-45)
V. 527 : Qu'il le tiennent comme une beste. Ce vers montre la brutalité avec
laquelle les soldats maltraitent le Christ, comme une bête, c'est-à-dire comme
quelque chose sans âme, alors que le Christ est bien le seul à avoir une âme.
VV. 535-536 : le rachat de la race humaine par la mort du Christ est vérita-
blement vu en terme de transaction, car il couste chier (v. 535). La Vierge ne
peut l'empêcher bien qu'il ôte la vie à son Fils. Tout sentiment maternel qu'elle
148
ait, il est sublimé par la volonté divine de racheter la race humaine du péché
originel.
VV. 540-541 : Les elemens à une fois / fisent .I. doloureux exploit. Allusion
aux phénomènes supra-naturels qui accompagnèrent la mort de Jésus. Trois
évangélistes, Matthieu, Marc et Luc, font référence à ceux-ci. L'Evangile de
saint Matthieu (XXVII 45-54) mentionne le voile du sanctuaire qui se déchire,
la terre qui tremble, les rochers qui se fendent et les saints qui ressuscitent. Par
contre, chez Marc (XVI 33-38) et Luc (XXIII 44-46) seuls apparaissent les
ténèbres et le voile.
V. 550 : référence au péché d'Adam et Eve. Ici, l'ange considère qu'Adam est le
pere de l'humain linaige (v. 551) [Dictionnaire de la Bible, t. I, col. 170].
L'ange rappelle que la Passion et la mort du Seigneur ne sont que le fruit du
péché originel. L'homme ne doit pas oublier que la Passion nous sauve, mais
aussi qu'elle fit souffrir horriblement le Christ et sa Mère.
V. 552 : Qui ne le sceut il n'est pas saige. Nous devons savoir que c'est à
cause du péché d'Adam que le Christ fut mis à mort. Chaque chrétien doit
reconnaître que Dieu souffrit et est mort pour notre rédemption. Sachant cela
nous ne pouvons que lui rendre grâce et croire en lui.
149
pour lui-même. Au contraire, il doit sublimer sa souffrance en songeant à la
Passion.
V. 584 : Exemple par le bon laron. Selon le Dictionnaire de la Bible [t. IV,
col. 94], en français ce nom est réservé aux deux criminels qui furent crucifiés
aux côtés du Christ. Effectivement, pour Alain Rey, ce substantif n'a gardé le
sens de brigand que dans le contexte biblique. [REY, s.v. «larron»]
150
Il s'agit bien sûr du bon larron, le malfaiteur crucifié qui n'insulta pas
le Christ, mais qui lui dit : «Tu n'as même pas la crainte de Dieu, toi qui subis
la même peine ! Pour nous, c'est juste : nous recevons ce que nos actes ont
mérité; mais lui [désignant le Christ, le bon larron s'adresse au mauvais larron]
n'a rien fait de mal.» Et il disait : «Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras
comme roi.» Le Christ sera ému par cette conversion et lui déclarera : «En
vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis.» (Le XXII,
33-43). La légende du bon larron se développa considérablement au Moyen
Age. On lui donna même le nom de Dinas ou Dismas. [cf. Histoire des saints
et de la sainteté chrétienne, 1, p. 282] + pe te Pare
|
V. 585 : Par la tressaincte Magdalaine, il s'agit de Marie-Madeleine. Dans
l'Ecriture rien ne permet de l'identifier avec la pécheresse qui répandit du par-
fum sur les pieds de Jésus (Le VII, 36-50). On s'accorde cependant sur le fait
que c'est elle qui découvrit le tombeau vide après la résurrection du Christ. Au
Moyen Âge, son culte connut une grande ferveur au XIIIe siècle, surtout à
l'abbaye de Vézelay qui prétendait posséder ses reliques. Elle est devenue la
patronne des pénitentes en raison de sa vie, dans un premier temps dissolue,
puis ascétique aux côtés du Christ. [cfr Histoire des saints et de la sainteté
chrétienne, t. I, p. 276 et sqgg.] Remarquons que le discours de l'ange suit à peu
près la progression chronologique de l'Ecriture.
VV. 587-590 : toute la vie de l'homme doit être vécue à la seule gloire du Sei-
gneur tout-puissant, car Il nous la concéda. Le poulx, l'alaine (v. 587), la virtu
de nerf et le pooir de vaine forment une seule métonymie qui désigne la Vie.
Tous ces témoins de notre existence physique doivent nous pousser à louer
Dieu qui nous l'accorda.
151
(v. 600). La conduite de l'homme est contradictoire, car pendant sa vie il fait
tout pour mériter l'Enfer, alors qu'il espère toujours l'éviter. Son existence ter-
restre irréfléchie le conduit droit en Enfer, tandis que s'il menait une vie en
accord avec ses aspirations paradisiaques, c'est-à-dire une vie sobre conformé-
ment à la volonté divine, il recevrait la promesse du Paradis de son vivant.
V. 636 : fin des paroles que l'ange attribue aux saints. Cet hymne glorifiait la
Vierge et ses saintes actions. Au Moyen Age celle-ci était souvent prise comme
figure d'intercesseur auprès de Dieu.
V. 637 : Jusquez [que] l'esperit soit hors : ce vers est hypométrique à l'origine.
La leçon de C-Ca-Ch-G-Ld-M-Pi-Pa Jusques que rétablit un nombre exact de
syllabes. Jusques que est la forme renforcée de la conjonction jusque, et se
traduit par «jusqu'à ce que» en FM.
V. 638 : toute sa vie l'homme doit prier Dieu pour qu'au moment de mourir il
lui donne Sa gratitude et le salut. Cette phrase suppose que le salut et le
pardon que Dieu accorde au mourant doivent être précédés d'une conduite
152
pieuse du vivant de l'homme. Elle occulte l'impression que Dieu donne toujours
sa miséricorde à l'homme qui se repent.
Pryle] Dieu qu'à l'heure de lors : vers hypométrique dû à l'absence de
-e désinentiel à la deuxième personne de l'impératif du verbe «prier» (<
*preca). Nous ajoutons donc le -e pour obtenir un nombre correct de syllabes
conformément aux leçons des autres manuscrits : C-Ca-Ch-G-Ld-M-Pa-Pi.
VV. 659-664 : ces quelques vers closent la scène empruntée à l'ars moriendi.
Nous ne participons plus directement au débat, mais nous l'observons en ar-
rière-plan. On dirait que Chastelain laisse peu de place à la rédemption de
l'homme. En effet, le texte a développé largement le discours moral à travers
les figures du Diable et de l'ange en usant habilement de l'artifice du discours
direct de la prosopopée, mais à l'issue de cette explicitation très édifiante, le
poète évacue littéralement l'action salvatrice de l'ange en faveur du mourant. Il
insiste beaucoup moins sur cette évidente et certaine rédemption qui ne pousse-
rait pas subitement l'auditeur à la conversion et à l'ascétisme. Le peu d'insis- |
tance sur la délivrance rend le texte assez négatif et exclusivement axé sur le
péché.
V. 662 : Ne poelt sonner mot tant petit, loc. «sonner mot». Selon DI STEFA-
NO), le sens de «dire quelque chose» paraît être moins fréquent que celui de «se
taire». Dans ce vers, le premier sens l'emporte, car le mourant est littéralement
abasourdi par les paroles de l'ange. (cf. Ef ot ce que l'angele ly dist, v. 661).
VV. 663-664 : comme il a été mentionné plus haut, le salut de l'homme n'inté-
resse pas Chastelain, il n'y croit pas, de telle sorte que son discours est essen-
tiellement condamnatoire. Cette absence du salut, ou plutôt cette façon de eee
cheur, car elle était avant tout souffrance du Fils de Dieu. [J. MOLINET, Des
Faitz et Dictz. Edition de Noël Dupire, t. II, pp. 670-680]. Chastelain exprime
153
toute la sensibilité doloriste de la fin du XVe siècle, tandis que Molinet annonce
l'optimisme renaissant. [Sur le Miroir de Vie et la thématique de la mort, voir
MARTINEAU-GENIEYS, pp. 274-282.]
V. 667 : ceste amere pointure. Pointure (< punctura, F.E.W., IX, 596a-597b):
ce substantif signifie «tourment moral, souffrance», mais aussi «piqûre». La
double signification du substantif rappelle tant la douleur morale et physique
ressentie au moment de l'agonie que la piqûre, l'aiguillon de la Mort, qui pique
le mourant pour le tuer.
V. 673 : à grand paine, loc. adv. Le sens initial de cette locution fut
«difficilement». Puis elle prit le sens moderne de «pas tout à fait» dans la locu-
tion moderne «à grand-peine», qui se rencontre plus souvent sous la forme «à
peine». [REY, s.v. «peine»].
V. 674 : Le plus juste qui au monde est. Ce vers renvoie à une personne fictive
qui incarnerait la figure du chrétien parfait. L'argument par l'exemple de
Chastelain est très subtil. En effet, si un éventuel homme spirituellement parfait
accèdera difficilement au salut, que fera le pécheur ? (vv. 675-676). Chastelain
escamote à nouveau la réalité de la miséricorde divine attribuée au pécheur qui
se repent au moment de sa mort, peut-être parce que des âmes peu scrupuleuses
pourraient diriger leurs actes en fonction de cette rédemption in extremis, et
ainsi mener une vie dissolue en toute quiétude.
V. 675 : Et dont, le peceur que fera : la syntaxe est bouleversée pour la rime.
Nonobstant, en AF un procédé de mise en relief consiste à antéposer le sujet de
la proposition interrogative. [MENARD), $ 101].
V.677 : Que Dieu jugera le parfet. Que : adverbe relatif qui introduit un
complément de lieu. [MENARD), $ 71]
VV. 676-677 : (...) terrible jour/ que Dieu jugera le parfet. Selon nous, il ne
doit pas s'agir du jour du Jugement dernier vu que, comme nous le signalions
154
dans la note du vers 69, dès le XVe siècle l'image du Jugement dernier, qui
avait supplanté au XIIe siècle l'idée de l'Avènement du Christ avec l'Apoca-
lypse, fut progressivement évincée par le jugement personnel de chaque indivi-
du après sa propre mort. L'homme ne restait donc plus mi-vivant mi-mort en
attendant l'Avènement ou le Jugement, mais il était jugé individuellement après
son trépas. Cette idée du jugement personnel est très présente dans l'ars mo-
riendi qui en est l'illustration. Dès lors, étant donné que le Miroir de Mort se
base en majeure partie sur l'ars, le «terrible jour» englobe à la fois le jour de la
mort et celui du jugement puisqu'ils ne font qu'un dans l'optique de l'ars mo-
riendi.
155
lettre, dominical» [Compte rendu de l'édition de K.d.L., n. 3 p. 190]. Explici-
tons quelque peu ce qu'est un «cycle (ou une lettre) dominical». Tout d'abord,
ce cycle permettait d'établir le calendrier religieux. Dans une séquence domini-
cale, les lettres A, B, C, D, E, EF, G, désignaient un jour quelconque de la se-
maine. Etant donné que chaque année commence par un jour de la semaine
désigné par une des lettres, au bout de sept ans chaque lettre aura ouvert l'an-
née. Ainsi, après avoir placé les différentes lettres en regard des 365 (ou 366)
jours de l'année, on constate que la lettre qui se trouve en face du premier
dimanche se trouve en face de tous les autres. Dès lors, c'est cette lettre qui est
dominicale durant toute l'année; tandis que l'année d'après, ce sera la lettre
suivante (en rétrogradant) qui sera dominicale; et ainsi de suite durant sept ans.
[cf. P. LAROUSSE, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, s.v.
«dominical»] Ces sept strophes, dont la symbolique numérique fait soit réfé-
rence aux sept péchés capitaux soit aux sept sacrements ou encore aux sept
jours de la Création, forment un tout sémantique. Car, comme nous l'observe-
rons plus loin, elles entretiennent des liens étroits de signification. Qui plus est,
elles sont liées par les mêmes sujets grammaticaux, c'est-à-dire ‘4 en majeure
partie et un on générique; alors que les trois dernières, dont la symbolique
numérique fait incontestablement référence à la Trinité, ont pour initiales
V/MPP. Ces dernières, liées par un même sujet grammatical nous, ont une visée
plus générale. Ces initiales V/M/P font peut-être référence à une séquence
pascale : VictiMae Paschali [laudes]. Cette séquence, oeuvre de Wipon (f
1050), chanoine de l'empereur Conrad II, fut très populaire au Moyen Âge
dans les drames et les mystères sur la Résurrection [cf. Dictionnaire de litur-
gie, s.v. «séquence»]. De ce fait, Chastelain achèverait sa strophe en rappelant
l'axe central de son oeuvre : la Passion du Christ qui doit pousser le pécheur à
la conversion. Ces trois strophes terminent le poème par un conseil moral uni-
versel motivé par le sujet même du texte.
156
finira pourri (v. 703) ! La conclusion est que la Nature abandonnera le mou-
rant, elle ne pourra pas lui porter secours.
V. 708 : Combien que (tu) ne doubtez exil. Vers hypermétrique. Nous propo-
sons de supprimer le pronom personnel tu pour rétablir un vers de huit sylla-
bes. L'absence de pronom sujet ne nuit pas à la syntaxe ou au sens de la
phrase.
V.712 : Comme le vent tantost se passe, cette image du vent rappelle les topoi
du pulvis es et de l'Ubi sunt. En effet, l'Ubi sunt devient une «parole jetée au
vent» qui balaie la misérable poussière humaine dans un non-lieu figuré par cet
Ubi impossible. L'association de l'Ubi sunt et du vent se retrouve également
chez Villon dans sa Ballade [en vieux langage françois], cf. le refrain (qui
faisait déjà figure de proverbe au XVe siècle) : «Autant en emporte ly vens».
V. 722 : En ce faulx monde peu t'arrest. Tous les vers suivants répondent à
cette construction «peu t'arrest». Ils apparaissent naturellement comme une
énumération logique.
VV. 723-728 : ces six vers qui emboîtent le pas au verbe «peu t'arrest» déter-
minent les choses qui ne doivent point préoccuper l'homme dans ce monde
flatteur : l'orgoel (v. 725), la luxure (v. 726), l'ire (v. 727), la parece (v. 727),
l'envie (v. 727), l'avarice (v. 728) et la goutonnie (v.728). Notons que Chaste-
157
technique : SALIGIA, Superbia, Avaricia, Luxuria, /ra, Gula, Invidia, Acedia.
Signalons que le terme «paresse» se substituera au terme acedia à la fin du
XIVe siècle.
V. 728 : goutonnie, s.f. «gloutonnie». Cette graphie sans -/- est attestée par le
F.E.W. [IV, 173a] comme une forme du moyen français apparue aux environs
de 1350.
158
qu'Il nous pardonne. (v. 761). Lestrois huitains ont une optique plus générale
etconclusive. Le sujet grammatical englobe toute l'humanité, tandis que les
huitains résument en trois temps les actions justes que tout chrétien doit obser-
ver.
VV. 745-752 : cette strophe récapitule les préceptes de toute vie exemplaire.
159
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PI VII. — B.M. Carpentras, ms. 410 f° 22r° : représen tation de l’auteur.
£
GLOSSAIRE SÉLECTIF
À
abuvrer (abevrer), v. / 3e p. sg. pft abuvra :faire boire abondamment, v. 140.
adurer, v. / p.p. aduré : endurci, courageux, v. 110.
afin, adj. subst. : parent, allié, v. 646.
agrever, V. / p.p. agrevé : accablé, v. 9.
amendement, s.m. : réparation, amélioration, v. 192.
ancelle, s.f. : servante, v. 506.
[tres]anguisseux, adj. : violent, cruel, Vv. 340, 348.
*äombrer, v. réfl. / 3e p. sg. pft s'äumbra : s'incarner en parlant de Jésus-
Christ, v. 621
apalir, v. / p.p. apalie : pâli, devenu pâle, v. 361.
arroy, s.m. : manière qu'on affecte, contenance, V. 281.
assouvir, v. / p.p., [par-Jassouvi : qui a les qualités escomptées, parfait, v. 55.
*atour, s.m. : parure de femme, v. 273.
attemprance, s.f. : modération, tempérance, v. 133.
aviver, v. / 3e p. sg. subj. prés. avive : élever, exciter, V. 315.
B
bailler, v. / 3e p. sg. ind. prés. baïlle : donner, octroyer, VV. 592, 762.
basset, adv. : à voix basse, v. 31.
beubance, s.f. : faste, pompe / arrogance, v. 723.
*bien, s.m : plaisir, VV. 75, 298, 422, 715.
*biens, s.pl. : possessions / bonnes actions | aumônes, VV. 48, 75, 130, 399,
HZ TL.
*bille, s.f. : terme argotique, argent | ordonnances, v. 412.
*blédz, s.m. : blés, v. 262.
bonté, s.f. : chasteté | caresse, v. 20.
boupter, v. / 2e p. sg. ind. prés. bouptes : mettre, pousser, v. 574.
*bruit, s.m. : renommée ou rut, V. 20.
161
Œ
canchon, s.f. : chanson, v. 697.
cas, s.m. : crime, V. 7136.
chaloir, v. impers. / 3e p. sg. ind. prés. chault / nt: p. sg. fut. chaulra :
importer, VV. 95, 310, 386, 414.
chetif, adj.:malheureux, misérable, v. 179.
chier, loc. «avoir chier» : aimer, v. 272.
chierté, s.f. : bonté, charité, vv. 18, 171.
choisir, v. / 3e p. sg. pft choisist, choisy : voir, apercevoir, Vv. 99, 166.
comblé, adj. : rempli, v. 9.
combrer, v. / p.p. combré : brisé, v. 660.
comparer, v. : égaler, V. 627.
compatible, adj. : sensible (?), v. 636.
compiler, v. / p.p. compilé : disposer, rédiger, v. 86.
comprendre, v. : s'emparer de, embrasser, saisir, v. 620.
confort, s.m. : courage, V. 216.
court, «le faire court» : s'exprimer brièvement, v. 291.
court, s.f. : cour, v. 292.
cremeteus, adj. : craintif, V. 376.
crever, V. / p.p. crevéz : mourir, V. 362 ; ouvrir en faisant éclater, v. 358.
2
*dampt, s.m. : titre de dignité équivalant à «maître, seigneur, ….», v. 297.
decepvant, p.prés. : obséquieux, v. 247.
decevoir [decepvoir], v. : tromper, v. 716.
degaster, v. / p.p. degasté : ravager, v. 404.
deité, s.f. : divinité, vv. 621, 632.
delitter, v. réfl. / 3e p. pl. ind. prés. se delittent : se réjouir, v. 602.
deluge, s.m. : massacre, calamité, v. 340.
demesure, «à demesure» : outre mesure, v. 367.
demo(nystrer, v. réfl. / 3e p. sg. pft se demonstrat : se manifester, v. 346.
demorant, p.prés. : qui retarde, v. 165.
demoré, p.p. subst. : celui qui reste (?), v. 240.
departie, s.f. : séparation, départ, v. 151.
derrein, [darrain], adj. : dernier, v. 21.
derrenier [darrenier], adj. : dernier, v. 26.
*desäourer, v. : maudire, v. 444.
desarroy, s.m. : trouble, confusion, v. 155.
desembuschier, v. / p.p. desembuschiet : chasser, v. 196.
deservir, v. / p.p. desservie : mériter, v. 561.
desesperer, v. : perdre l'espoir [la foi en Dieu], v. 29.
162
desfaire, v. / p.p. desfait / 3e p. sg. pft desfist : abattre, consterner, détruire,
Vv. 16, 17, 424, 726.
despieça : VOIR pieça.
desroy, s.m. : vice, défaut, désordre, v. 382.
desvier, v. / 3e p. sg. pft desvya : mourir, v. 139.
detrencher, v. / p.p. detrencée : trancher, couper, tailler, v. 484.
doleance, s.f. : douleur, v. 46.
dolent, adj. : douloureux, malheureux, vv. 33, 151, 156, 263, 342.
dolentement, adv. : tristement, v. 426.
doubte, s.f. (parfois s.m.) : crainte, Vv. 713, 744.
doubter, v. / p.p. doubtée / impér. 2e p. sg. doubte / 3e p. sg. pft doubta :
craindre, vv. 150, 708, 720.
droit, adj. : juste, Vv. 61, 644, 746.
*duc, s.m. : chef, v. 138.
E
emperesse, s.f. : impératrice, v. 157.
entechier, v. / p.p. entechiet : affecter, v. 195.
entente, s.f. : désir, visée, v. 334.
*entremais, S.m. : entremets et divertissements, V. 38.
envers, adj. : renversé, V. 46.
envers, prép. : vers, V. 590.
enverser, v. / 3e p. sg. pft enversa : renverser, détruire, v. 19.
envis, adv. : difficilement, v. 320.
*escorée, s.f. : fouet à lanières, v. 483.
escut, s.m. : bouclier, V. 572.
esmerveiller, v. réfl. / 3e p. sg. prés. s'esmervelle : s'étonner, v. 173.
La
fachon, s.f. : construction / visage, v. 758.
facture, s.f. : forme, construction, création, v. 355.
faillir, v. / p.p. faillie / 3e p. sg. fut. fauldra : faire défaut, manquer, VV. 363,
437 ;faiblir, succomber, prendre fin, v. 512 ; v. impers. : falloir, v. 589.
failly, adj. : terminé, fini, v. 250.
faintif, adj. : fautif, v. 316.
fais, s.m. : fardeau, poids, v. 61.
*famme, s.f. et s.m. : renommée, v. 20.
*faulx, faulse adj. : perfide | païen, vv. 24, 439, 722.
ferir, v. / 3e p. pl. pft ferirent : frapper, assener, v. 146.
fiens, s.m. : fumier, ordure, VV. 301, 400, 696.
fier, adj. : fort, terrible (sens positif ou négatif), VV. 117, 283.
163
flater, v. / p.prés. flatant : séduire, tromper, v. 73.
force, s.f. : puissance morale, VV. 730-736.
fors que, loc. conj. : excepté, hormis, v. 696.
fors, adv. con]. : hormis, v. 729.
fors, adv.. : mais, v. 313.
fors, prép. : excepté, v. 157.
fort, loc. «au fort» : au bout du compte, v. 252.
*frachons, s.m. : frisson, v. 671.
fragilité, s.f. : facilité à succomber aux tentations, v. 82
fureur, s.f. et s.m. : rage, v. 131.
Œ
generation, s.f. : race, v. 534.
grevance, s.f. : préjudice, tort, tourment, v. 102.
ñ /4
*[h]Jabillemens, s.m. : équipement, habillement, v. 261.
honneur, s.m. et s.f. : honneur/ chasteté, vertu / renommée, vv. 18, 119, 171,
307, 467, 522, 524, 711.
humanité, s.f. : nature humaine / corruptibilité de la chair humaine, vv. 203,
631.
jamais, adv. [à jamais, tout jamais] : toujours, VV. 187, 748.
jamais, loc. «pour jamais» : pour toujours, v. 405.
jamais, s.m. : éternité, V. 31.
jouvente, s.f. employé adjectivement : jeunesse, v. 265.
*ju, s.m. : jeu, v. 62.
jueal, s.m. : joyau, v. 387.
Œ
*ladre, s.m. : lépreux, v. 325.
*lamme, s.f. : pierre tombale, v. 19.
las, adj. : misérable, malheureux, VV. 28, 179, 342, 461.
las, inter]. : hélas !, vv. 65, 504.
las, s.m. : corde, chaîne / pilier des fourches patibulaires, vv. 180, 660.
lassus, adv. : là-haut, v. 183.
legier (de), loc. : facilement, vv. 100, 103.
les, [léz] loc. «à tous les» : de tout côté, v. 369.
*logich, s.f. : cabane, loge | campement, v. 126.
loisir, s.m. : permission / plaisir, oisiveté, VV. 232, 374.
164
M
malice, s.f. (parfois s.m.) : méchanceté, v. 223.
mantion, s.f. : demeure / place au Ciel, v. 450.
mercy, s.f. : grâce, pitié, Vv. 469, 685.
*merveille, s.f. : chose étonnante (sens positif ou négatif), v. 321.
mesadvenir, v. impers. / p.p. mesadvenut : arriver malheur, v. 419.
mesel, s.m. : lépreux, v. 493.
mestier, loc. «avoir mestier de» : avoir besoin, être utile, v. 216.
mettre, v. : élire, v. 125.
mi(s)ner, v. / 3e p. sg. ind. prés. misne / p.prés. minant: menacer/ exterminer,
vv. 40, 92, 93.
mince, adj. : misérable, v. 452.
*mire, s.m. : chirurgien, v. 446.
mirer, v. : regarder dans un miroir/guérir, v. 81.
*miroir, s.m. : miroir/exemple, Vv. 80, 87, 89, 97.
moyen, s.m. : intercession, médiation, VV. 312, 337.
moyen, s.m. : puîné, v. 311.
moyenner, v. / 3e p. sg. sub]. prés. moyene : intercéder, v. 339.
mucier, v. / p.p. muchie : cacher aux regards, v. 78.
*mule, s.f. : engelure aux talons, v. 230.
&
ocquoison, s.f. : cause, V. 432.
ort, adj. : souillé, sale, v. 36.
oultre, prép. : au-delà de, VV. 283, 353, 380.
oultrecuidance, s.f. : arrogance, v. 724.
oultrepasse, s.m. : nec plus ultra, v. 3.
165
pité, s.f., loc. «être pité» : être source de pitié, v. 160.
pité, s.f. : misère, v. 737.
plenitude, s.f. : perfection / intégrité, VV. 624, 630, 640.
poindre, v. / 3e p. sg. ind. prés. point : piquer, éperonner| percer, v. 455.
point, s.m. : moment, V. 269 ; sujet, propos, V. 266.
pointer, v. / 3e p. sg. ind. prés. point : frapper de la pointe | piquer un tissu, v.
455.
point, loc. «à point» : à juste titre, V. 456.
pointure, s.f. : pigûre | tourment moral, souffrance, VV. 347, 667.
pois, s.m. : charge, VV. 67, 124.
pompe, s.f. : cortège / parure, VV. 395, 724.
povreté, s.f. : malheur, vv. 204, 739.
premerain, adj. : premier / printanier, v. 234.
premiers, adv. : premièrement, V. 17.
prendre, loc. «prendre en patience» : souffrir avec résignation, v. 317.
*prime, adj. : premier (première heure du jour), v. 2.
prime, s.f. : printemps, v. 2.
profit, loc. «faire son profit de» : tirer avantage de, v. 658.
*pucelle, s.f. : vierge (femme non mariée), v. 509.
É|
querre, v. : chercher, v. 128.
EL
raccateur, s.m. : rédempteur, V. 573.
rage [faire rage], v. : faire des prouesses violentes, v. 142.
rage, s.f. : douleur aiguë, v. 407.
ramembrance, s.f. : souvenir / portrait, VV. 42, 120.
recorder, v. / impér. 2e p. sg. recorde : se rappeller, v. 581.
recouvrer, v. : rétablir, v. 178.
refuge, s.f. : moyen ou personne qui met en sûreté, V. 331.
*remors, s.m. : action de se rappeler quelque chose, v. 200.
remort, s.m. : avertissement, V. 88.
requerre, v. / impér. 2e p.sg. requiers : prier, demander, vv. 571, 732.
*reue, s.f. : roue, v. 271.
route, s.f. : troupe, v. 397.
S
saillir, v. / p.p. sailly : sortir, v. 254.
sentir, v. / 3e p. sg. sub]. sente : exhaler, v. 356.
166
serrer, V. / 3e p.sg. ind. prés. serre : étouffer, v. 455.
serve, s.f. : servante, v. 521.
signe, s.f. : manifestation, VV. 158, 524.
*soere, s.f. : soeur, v.243.
soubstenir, v. / 3e p. pl. pft soubstinrent / 3e p. sg. ind. prés. soubstient :
supporter, soutenir/alléguer, VV. 124, 511, 664.
souffrance, s.f. : trêve, délai, répit, v. 101.
soufisant (suffissant), adj. : considérable, v. 522.
sourdre (sourer), v. / 3e p. sg. ind. prés. sourt : prendre son essor, v. 576.
*çsuaire, s.m. : linceul, v. 423.
subjuguer, v. / 3e p. sg. pft subjuga : assujettir, v. 132.
susseance, s.f. : suspension momentanée, V. 448.
suÿr, v. : suivre, V. 175.
E
se tenir de, loc. : s'empêcher de, v. 413.
taindre, v. / p.p. tainte : pâlir, v. 361.
tantost, adv. : aussitôt, vv. 51, 250, 260, 712, 751.
termine, s.m. : fin, V. 167.
terrien, adj. : terrestre, v. 134.
tost, adv. : rapidement, V. 247, passim.
tost, adv. circonstanciel : aussitôt, v. 77.
transmuer, v. / p.p. transmués : changer totalement, v. 188.
*travaillier, v. : tourmenter |souffrir les douleurs de l'agonie v. 350.
*trencison, s.m. : colique, v. 229.
tresoriere, s.f. : gardienne (fig.), v. 338.
tressaillir, v. / 3e p. sg. ind. prés. tressault : sauter, dépasser, VV. 351, 365.
*tribulation, s.f. : tourment moral, v. 453.
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venir, V. : revenir, partir, convenir, V. 64.
vil, adj. : abject, bas, v. 36.
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185
* Principes d'édition
186
TABLE DES MATIÈRES
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION
CHAPITRE I : l'auteur
CHAPITRE II : introduction thématique
CHAPITRE III : l'oeuvre
CHAPITRE IV : les manuscrits du Miroir de Mort
CHAPITRE V : étude linguistique de L
CHAPITRE VI: versification
CHAPITRE VII: critique de l'édition Kervyn de Lettenhove
CHAPITRE VIII : principes d'édition
LE MIROIR DE MORT
NOTES EXPLICATIVES 105
GLOSSAIRE SÉLECTIF 161
INDEX DES NOMS PROPRES 169
BIBLIOGRAPHIE mil
TABLE DES MATIÈRES 187
187
Imprimerie OLEFFE - 1490 Court-Saint-Etienne - Belgique - Tél. 010 /61.23.56
… COLLECTION «TEXTES, ÉTUDES, CONGRÈS»
publiée par l'Institut d'Études Médiévales de l'Université Catholique de Louvain
3. R. CELLI, Pour l'histoire des origines du pouvoir populaire. L'expérience des villes-états italiennes (XIe-XIIe
s.), 1980, 70 p. 300 FB
4. Ph. GODDING et J. PYCKE, La Paix de Valenciennes de 1114. Commentaire et édition critique, 1981, 142 p. +
graph. 450 FB
6. PIERRE CRAPILLET, Recteur de l'Hôpital du Saint-Esprit de Dijon. Le «Cur Deus Homo» d'Anselme de
Canterbury et le «De arrha animae» d'Hugues de Saint-Victor traduits pour Philippe le Bon. Textes établis et
présentés par R. BULTOT et G. HASENORR, 1984, 462 p. et 9 ill. h.-t. Cet ouvrage a obtenu le prix de la Grange
de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de France. 2950 FB
8. C. DELUZ, Le livre de Jehan de Mandeville. Une «Géographie» au XIVe siècle, 1988, LIX-511 p., cartes, 21 ill.
h.-t. 2200 FB
9. J. LEMAIRE, Introduction à la codicologie, 1989, XI-265 p., 67 reprod. sur 48 pl. h.-t. 1500 FB
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11. Rencontres de cultures dans la philosphie médiévale. Traductions et traducteurs de l'Antiquité tardive au XIVe
siècle, édités par J. HAMESSE et M. FATTORI, 1990, VIII-402 p. et 8 ill. h.-t. 1750FB
12. B.-M. TOCK, Une chancellerie épiscopale au XIIe siècle : le cas d'Arras, 1992, XVIII-210 p. et 8 ill. h.-t.
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13. Les problèmes posés par l'édition critique des textes anciens et médiévaux, édité par J. HAMESSE, 1992, XIII-
522 p. et 24 ill. h.-t. 2450FB
14. De l'homélie au sermon. Histoire de la prédication médiévale, Actes du Colloque International de Louvain-la-
Neuve, 9-11 juillet 1992, édités par J. HAMESSE et X. HERMAND, 1993, VIII-380 p. 1750 FB
15. Les métiers au Moyen Âge. Aspects économiques et sociaux, Actes du Colloque International de Louvain-la-
Neuve, 7-9 octobre 1993, édités par P. LAMBRECHITS et J.-P. SOSSON, 1994, XII-430 p. 2450 FB
16. Manuels, programmes de cours et techniques d'enseignement dans les universités médiévales, Actes du
Colloque International de Louvain-la-Neuve, 9-11 septembre 1993, édités par J. HAMESSE, XXII-477 p., 66
reprod. sur 15 pl. 2450 FB