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Marcel DESPORTIS

ÉTUDES
ET

LIEDER
Prfface rlr FERNAND ROBERI

EDITIOÀ*S SUBERVIE
Marcel DESPORTES

DU MEME i\UTEUR
ÉTUDES
ET
CllOtX D[, POLSILS (Chcz Subqvic' 1963).

LI EDER
Pr€facc dc FERIIÂND ROBERT

E,DITIONS SUBERVIts,
RODEZ
PREFACT:

Ën 19117, prolesse r <It 11rec ù la Fuculté de Rennes,


ja rer;us utt jour lo uisilo d'un i( me$ plus ieanes i'lu-
ili<tnts qui me <léclurq : ùIonsictr, .i'ai aJtpris le. grec cn
<<

otrdnnt lcs oaches. » l:tt tel nt.,ncnt i:ample tlatts una


c«rriàre tb prolasseur : at muinlctuttl rlttt jr tommaut'
<i truoir brll«n:tp rle souoenirs, tlott{ b(Qultoup concu-
nent llen?l l)csTxtrlts, te mol-lù c,rl lortjottt's celtti tltti
repienl le yt'ntier ù nrt minroire qrund jt Pcnsc a
rxÈle oui in'o inuité, .i ,,réilttltr ici sr'.r trcrs' C'esl /c
Àot oiquel j rri trrrssi lttil ,le ttit,' pensi lt iour où il
m'trpprit ,11'il éIait poète, rut «7 ÿoèttt, t"rsl d'abord
!e boituier' t!'Euran. Non qriil soil csscttli al le mt nt poà-le
bttcoliqne ; rl l'esI ûtrssl'. son helléttisntc lt'crcltll pos
Théotrile ; mais si, ur présetrct de lu nulu'e et menqnl
la ui.e de bouuier, il a éprouvir kr hcsoin tl'upprendre le
ç1rec c'est oùanl lout parc( que l?. lfec esl utt mollen
rl'inlerroç1er la neture. de péttétrer en elle lxrr la lo11Î-
que. Le grec esl ce qtri lait le- micur pert*r que loul ce
ryui cxislr tsl inlellioiblt, ?l si l'enfatlt àorruier .s'c.sl dil
quc l'import«nl iloit da s.ttnir ln ,yec, san{ tloule eelle
lorme prisr par le hesoin dc <'t,rtt\ren rr nnnoneail-ellr
en lui les méditolions lultrcs qui alloicnl xtncenlrcr
son ellort snr la poésie philosophique dcs (irrcs. sar
la périodt oïr la poésir: lut potrr les Grecs le moycn
clc décrirc la slruclure de I'tmiucrs. It nr'« tou,iours
samblé que si Marcel l)esporles a orienlé plus lard la
partie lo plus pcrsonrtellt dr srs éltrrles urtiuersikrirts
uers les pttrseurs poà{cs tla Ia Grèct présot'raliqtte et si
fous dtoitr tésevvés
<lans sa poésie il « lcndu (i t'cttoütr.t' Ieurs uttitndes cl
@ by Matcel hsportes 1964 leurs accents, c'est bien par<:e qu'il auaït senti dès I'en-

-7 -
.*,--*r*"- -J
fance que le grec est une manière de déchillrer lc décisiue de sa uie où le grec occupait déjà'tou, ,on
monde. Préfèrera-l-on imuginq plus sîmplement que le esprit tandis quc sa sensib ilé éluil enaore nuissanle.
grec o prïs si nalurellemenl ploce dtns so ieunc eris- Eludes uniuersituires, disais-je : en lttit, enlre lcs
lence parce qu'elle élait poslon e ct que la poésie grec- ÿtlurages d'Euratt el les canps tle prisonnicrs, ses
que, comme toute la poésie médilerranéenne, a été étud.es n'ont atmp<trté qu'un lrà.s rapide contact aüec
d'abord. une poésie de pàtres ainsi que la mythologie l'Uniuercité, après quoi il lut ù ttouueau liuré ù la
lc :nggàre ? En lout cds, paî cet apprentissqe *olitaire solilude inlellectuelle, et dans quelles condilÎons ! Il
dc l'hellénisma ilans les clwmps est née une concep- aaheuait sa licence ù Rennes quatul on le mohilisa, en
tion de la poésie. Ane ad.olescence pagsanne et cham- jarn 1940 ; quelqucs jours après, prisonnier dc guene,
pêlre pendanl laquelle loule lu lormation dt Pespril il rdusstssail, à l'époque oit les camps étaient entore
ÿ, Concentru sur le gre( esl une préWrûtion rude ct en France, à enuoyer chez moi, des enoiront de Quim-
eflicace à comprend.re que tottte émotion, lout senti- per, une lellre que I'on pul m( laire paruenir clandes-
ment, loü|,e passion, toüte ongoisse, toute joie, s'énonce tinement jusqu'à mon prcpre cqmp aur enrrircns dc
en lermes rîgoureux et p cÎs. An ful poète s'inlerdira 'Iboges cl où il me demand.ail de luî indiquer un suiel
toujours d'êlre oagua, et, si jamais il lwi arriua d'être de trauail. II nous lut bîen cntendu impostible, une lois
obscut, ce nc pouma ê.lre que par un surcroit de rigueur: que l'on nous eût lranspottés dans des camps d'Alle-
il est une bonne et une mauaaise obscurité, on le saît, magne. de correspondre, mais lr sujet de tra»ail, il Ie
et I'on suit aussi que pour délînîr telle quî est bonne. trouuo loul seul, el. après cing années où il oaait
lc recours aux Gncs n'esl pas inulile. J'ai assisté au connu la cnplioilé en sloktg sorrJ sp.s ttsptrts les plus
lraaail acharné de Marcel Desportes pour éliminer durs, il m'appotta, le. jour m,ême de sa libérûion, à
toute mauuaise obscurîté : il m'a tlemandé à moi-mêmc Rennes, sa méditalion.sltr les Présocroliques, Tout dr
d'être un censeur impitogable toutes les foîs qu'îl m'a suite, à Ia fois par ùocdtion pa$sionnée de profess,tnr
luit lire det Den, et j'attesle ici les scruprr/cs aoec les- et pur nécessilé de gugner *r uic, il ensciqrru, cl. s'il
quels îl les a longuement remaniés, en un lrauail où esl uit? parDenu à l'altréflation des lellres, ('esl ?ncorc
îefloü rle pensée et de sincérîté en»ers soi se conlond par un ellorl solilaire, poursuitri en dépit de lrès' lour-
aaee la sonmission à des etillences lormelles eîtrême- dos lriehes qtolïdicnnes. Qurlque temps oprè.s, il mt
menl séoères. Ne uoulonl prononcer ici aucun mol qui lil l« confirlenre, enror( lri's saerèlt, dr sa tocation
évoque une <loclrîne ou un coümnl littéraîre et qui ris- poélique el m'apprit en nême temps qu'aganl été
Eterait ainsi de. fausser la prë,sentatîon dune æu»re où atteint de surdîté cn AllemalTne où son slalall se trott-
le poète a chanlé pour obéir à une nécessité intérieure, ottil ti proxinilé d'une rampe de l«ncemertl seruant à
sans jarnois penser à la laaon dont on pourrail Ie situer rles essais de lusies lràs brulytnls. il él«il mdnlenonl
pG tapport à rlaubes, aut parentés poélü1ttes qu'on assnré que cclle surdité alloil s'açgrarm sons cesse ef
pourrait lui trouuer, uu degré d'actuatité et de nou- deuiendrait un .iour tololc. Depuis, heureusPm?nt, une
aeauté c1u'on Iuî reconnaîtrail, je ueur se.ulement d.ire opération lui r permis d'échapper à rctlc nrcnace el
que chez lui cetle rigueur et ce goû.t de la perfection d.è retronuer dès moyens d'autlilion sttllisants pour
formelle doioent certainemenl beaucoup à la phase continuer ce mélier de ptolesseur qu'il dime ou point

-E- -9-
de ne pouooir s'en posser, mai& penddnt plusieurs
années, la mcnace élail restée implocable et absolue.
Si i'en parle, cerlaitvmenl cotûrp son gré (il lul très
diliidle- de le tléeidor ù luire constater gu'il s'agissail ORDRE DU POEME
d'ine inualidité de guerrel, l:rcl parce qa'il csl fndrs-
penmble de songer à <'( qut cps flnnéeî ont été pour
îui quand on ueut eomprendra cc qu'il a cherché el
trouié dans Ia poésie. Un qnttd rrombre de ses poèmes Hallstalr t4
ont pris forme dons la périodr or\ I'unioers sonorc
s'anienuiiait chaque jour dauanlage el constilüenl t7
comme ùn ellorl désespéré pour gorder le cotüatt uuee 2ü
les fltthmes el auee les sont. En p«rlant de nécessitë Morgcnbad 21
intérieure, Je n'emploie done pos une lormule uoirte. La chapclle ,... 24
Bien str, toute (Euorc est Dolonté r.n même tcmps que 25
nécessité ; et po.rt $e (ompoüer ainsi deuanl une telle Quand lnüne
angoisse, îl falloil trttoir cn soi I« tnème lorrc que De neigc menu-chtnuc . ... 27
oour méditer darts lrs mines dt sel srtr lcs Prësocrali- Du vaincu 29
iues ou déjà pour déeidcr loul s(ul d'apprendrc lc grcc Vcrdun n
en gordant lel lroupeaur el loul seùl y réussir. I-.icornc v
itn poàte esl un homm? d'aclion, et le nom l'[ndi- Autre Thabor 16
eue. Si ;re crot'.s que Morcel Desportes esl uraimenl )7
iloète, ce n'esl pas seulpmenl pot?p que tous les pay- Montabaur
iages. lorrs les souuenirs. loutes les pensées aussi. el Faiblesse 38
comm? on tlit. tous los lhèmes d'inspir«lion. tl«ns ce Ex-voto 39
re"cueil. montrenl aombien, tle Brelaç1ne .iasqien AIle- Brüderschaft 47
maqne, dc linlimité l«miliole jusqrt'ù lo réflerion phi Surviv.ncc......, 46
losophique. les ospetls <b s« pie les plrtr diuers prert-
neni naturellempnl lr rlllhtnt poélîquc qd I'crprimt Tristesse 47
loul entier : ('csl sttrloul lt(rc( qu'il I t en lui. depuîs Veillée ,18

I'tnf«nce, celle tnerqie qü rlussîl en dépït rlrs pltts Souvenir 49


drrrs oâslaclcs à donnrr urtt chosps êlernelles lu plts 5l
qrdnde pdtt on à sauuer du lemps les choses p«ssu- Nouvcau sourenir 51
gères, cl qtti. par lù mênre. ttt' l,"ul ma qut'r tl'èlre,
linalemenl, ctéolric"
s"gu "''....".. 54
F'en-rexo ROBERT Fraternité 56
l5 juillct 1963 Automne 57

- t0- - lt -
t07
Liturgie . .. 50 [,lalédiction
l
59 Escadrillo .
Nuit d'hiver il2
PdndÊnt Opcra
Tugdualicnnc 6) Chaos ... lt,
Vestcrburg
I l/t
Partâgcs .. 69
Paludier
ilt
Dépouillaocnt 70
Frau Endr.t
ll6
Lcs maisonr dcl corsaircs . .... 7l r l9
72
Flcrions . .

Tycho-Brahé 't 20
71
Lorelei ...
Strandbild t21
Deuuchtum
Au coin du feu . . .., 74 121
Billingen .

4f.71 FS 135 76 t24


Wald und Nachl
i\Jrain .. 77 125
L'implacable
Sillons .. 78 t27
L'épcc d'Auila
Lc publicaia subtil . . 79
Lr rêvc au châtaigoicr t29
Hornme! al coulcuvrc . 80 tll
Caulois délcndant ta mairon
Avir iacognita 8t 114
82
I août 1944
Invalidc 116
.... Lr Mè'c du Poète " "
Absolu 83 ll8
Europc u Iuquiétude
Audelà dc la brècht " l3S
Dircipliac . 85 140
87 Rcgina Castra
Illc-ct-Rancc
Lc roi dc Thulé
l4l
Calcndrier 88
Cette Pauvre Pctite villc
l4t
Nomerrclaturc 89 l,l4
90 Antée
Comp"t. .. 145
9l Heirnlchr '..
Vint à McrvcillcJa-Forêt
Thudngc 91
Chant de Jugor ,... .. . . -. , . . , 95
Dt burg en burg .. 98
VorsokratiLer 100

.-t2- -13-
Et .je tte scrais plus qu'urre ornbre
rlu ruilieu d'ornllres de soldats
Si jc ttc tne sâvâis saus uoml)re
F)ufonis sotrs rnes jettles pa§

Les trésols tlont tra t'nec est liche


Ilt qui, nro subtile |ancon,
HALLSATT Pal L: sol rnôrne dc.l'Aullichc
AltesleDl le scrr* dc ruon t)r[D.

C'e.st une inuneuse, immense ville


A iours perdus ct non vôcus,
Pâle espace, destin selvile,
Iil troupeau de peuples vaincus.
l'ou[ au loug d'tbusivcs rues,
'l'out âu loug dc faux boulevards,
Sans but, san-s firt, Inorues recrues,
Atroryttres, défa its, bavurds,

lls vorrl et voDt couleur rlc sable


l.)t I'rtil sarrs cesse all. foud des cierrx ;
l.c désastle cst intarissable
Iit I'holizon, fallacieux.
lls vclrrt à tlavers rnorr silence,
A tlavcrs mon is<llcme[t ;
I.e soleil, là-bas, sur la Frauce
r\ mes yeux se tneurt leltemellt ;

[.a portc n'csl rlrr'ttn aiglc sonrbre ;


Autour de nrrrls tlui n'en $onl l)âs
S'ellace le uroude qui sourbrc
,q,ux tloürpottes d'ahsuldts glas,

- 14
- - 15
-
l

FAL§I SIMOENTIS

CEtzingeu estle lJout-du-Pont


Et cette ânouyule livière
Est rnon authentique Liuon
$lloins la pet'r'enche et l'éperviète'

Ilelferskirchcn est Beaurranoir' ;


\'oici lc parc, voici la côte
Avec les nroissolts rle- lrlé noir
Et les tulus de Pentecôte.
Et voici nrêrtre 'frigonil
ÀYcc le rendez-vous tle chasse :
A I'sube on lèvc lc connil
Oir cloule, lt soir', la ltécusse.

I-e cot'lls sott.s ce deuil utnittci


(ne voil ci ui là d'infatnie)
Lénore, rnieux coiffée uussi,
II'évuque, ul I)eu. rlra bonne atnie.

I')t n'étâit ce tcirrt d'arsenic


Et ce criu dc Ieturue d'lIonrère,
!.n I'active !'rau N{etternich
Je bénis, de fort loiu, ma mère...
_17_
Le Malberg de pins et de mc Un iour Dasseront les Enfers.
Ou monte une foule fldèlr Ul joul iuccontbera la lraine-
A l'altitude de Gueuroc Un jour tomberont tous les feru
Fln 1'ertre-Gér'uult se modèle ! Et ce clos serâ rllon domerne.

Y telr'âssa[t utr jour I'aapic, A loisir tn'Y couronnerui


Par tlclà les rnonts de Coblence, Large peulile subtil Poète,
Au frorrlon du vctsanl à pic, Et Àa qestc r déclinerai
Je clus voil resplendir la Frauce I Ilürger"? hélàs !... enIiu. Go.. eihe'

Alleûragl}e, tes sapins verts Tel sera son ltiotttphe : lturuain'


M'ont apprls à ne pas t'admettrs, Puisse le toit de cette tell.e
À r.efuser le mot « revers » N'ôtle »us auuulé demain
A conjurer cclui de « rnaîlre » Ilor I'Ouragrl) rri lc Mvsti'rc,
Et ces feuilles joncher cucote,
A lire l'hymne d'Àpollon Oil llroute la chèvre cumuse'
A rejeter le plovisoire Ilclatantes écailles d'or',
,\ v()ucr ûu nlot de Sôlor Le ruuil oir ttton rèr'e s ûluustr'
'l'olr gr'atrd-eharrrelier... ddrisoire.

Aux limites du serpolet


(lonstruil à l'écart du village
Il est un ultime ehalel
Parnti le jaune tuseilag€.

A lr'a.yers le yerger en fleurs


La pleine lune printanière
Iincltante uu iustant nres douleur.s
Lors que je lijjoins nrfl tanièrc.

Un lomantiqtre harnronika
Dônt l'âme nc se défend guère
Irrrplole f)icu, Yémnika,
L'itnurense Natur.e, Ia Guer.rc...

-t8_ -t9-
Or la clocbe sur son râdeau
Toute noire sur Iâ nuit c.laire
Irrite à I'avent du bateau
L'impatience tlu corsaire.

DITAM I}I'IIANNIÀ Il ]uiiette un mâtlvais regard,


Et sans neur dtlcueil ni de roche
h §aûthov Il prend rrne baxlue, hagartl,
Et-de ce qu'il veul f:rire approehe.

Calme du ciel, cahne des tlots, Le ramctrr arrivc nu radeau.


Llattuc tlu pirate imruobile Puis sur I'auguste sentinelle
.\vec scs grappes de fanaux Oir I'ebbé gr'ava le credo
Sous le clair de lune tranquille. S'abat h ràme criminelle

Sans élau, sans bruil, doucerncut Il ne reste plus que l'étoc,


Lu lame (rcurne, s'efliklche Le radeau vide. el l'étendrte :
Ut si 4eu:( (st soll l)euccmenl Àu saint abhé d'r\berbrothoclr
Qu'cn silctrcc tlottc lu elocÀe, Grâce ne sera plrts reudue'
I-c sâint abbé rl'Abclbruthoch Et le corsaire su $'end mâlin
.\tnerlr.a I'ailain salulaire Rcparlit pour les mers tltr tnonde..
.\ux aspéritüs tle l'étoc Il fit un immense bulin.
Pour parlcl aux jours rle colèr'c. Puis mit le cap sttr Scotelonde.
Si les ondcs ptruveut cacher. I-e soleil un soir se voilâ
L':rbord rlc lrr cloulte mortellc, D'une épaisse nappe de htume'
lhr tocsin lr.ahit le roclrer f)u coup la tempête souflla
I)e tous les sons dc sa lutelle, Sur I'ahlme toul blane d'écume.
Iil sous les rafàles courbé Rien aux mânæuÿres ng répond.
Fuyant pal l'éldrrrenl sauvaq€,
Iil bénissarrt ic sairrt alrbé - It tonne sitôt qu'il éclaire.
L'on r.ega6;ne potl ou r.ivage.
El le pilote sur le poni
Cherche en vain l'étoile polaire.

-m- -21 -
LA CHAPDLLE
& Uhlad

QUAND MEME
Ià-haut, toot eu bord du vallon,
Veille en silenre la chapelle ;
Au fond du val I'onde étincelle ;
Âu ciel s'élàve rrne chanson.
À qrri de dire ici : « Jc vcttx » ?
Monre, là-haul, tinte le glas, I.a victoire, celles, propose ;
Grave un chæur entonne l'absoule... llnfant lenible jc dispost
Et Ie chant qui venail d'en bas Encor de certains de rrcr vrrfux.
S'esl lu. car'Ie clranteur écoute.
Au grund scûDdâlc des vairtcus,
Jeune chatrl€ur, jeune pastour. Mon insotrmissiotr lenâcc
Ful en ce val rire el voix clâire Àpparait tlotrlrne une nrenilce
Ce que va reprendre lû terre r\ux fers paisibleme nl r,ér:tts,
El que Iu seros quelque jour.
Insolent oui, rnais poinl rêveur !
En acte nr'achève mon rêvc,
Et droit au Néant courl sans trôve.
O braves gens, votre lalreur-
(Euvre juste n'est à mes yeux
Que vérilahlement humaine ;
Ainsi la province româine
Et I'exempl€ de nos aicux.
*u- -25-
Et ceci, je le dis tout bas :
Ce que je projette et commence
HéIas !tombe de chule immense
Au souflte d'absurdes comlats.
Le songe n'attend pas la main ;
Dès le départ le pied me glisse. .
Et point ne sais psrei! suPPlice DE NEIGIi ItENlI CHDIIUE
 l'éternel et faux demain.

I)e neige menu-cltenue


l)'Altenkirclrt'rr à KroPPach
La merveilleuse avenue
Ouate m,es pas.

Nervure d'oii choit futile


Un discret duvet d'eider
Ogive évoquant subtile
Hac ou Plesder.

Noir dessous si dessus blanc,


A tout rameau chaque branchc
A I'infini donne franche
Un souple élau,

Sur I'euvers et sur I'end»oit,


Noir lacis, réseau candide,
Et treillis de très limpide
Azur bleu-roi.
O colonne après colonne !
O votle sveite d'hiver !
Bst-il wai que me talonna
Un soldrt vert ?

-2ô- -27 -
Que je m'en vais rouler seul
Iln quelqLre cilerne vide
A .la renveroe, livide
Et sans Iinceul

Que .ie ne suis qu'un enfant,


Qu'u» onfanl parmi les hommes ?
DU YAINCTI
Et ou'flit
' « Aditmorl
tr:l de r:es hommes :

I'enlanl » ?
Est-il vrai qu'on nr'ait vendu ?
Qu'avant d'à jamais me taile, l) I)u vaincu. I.orsqtt'il dut truvailler ou ttrout'ir', otr le
Toi seul rne restes sur terre. le rnerrr daus Ia forêt. Sur ll hlrpt, à lrLtil cordes.
O chant perdu ?
2l Une biche aslrilait arrx sout'ces de l'Àur'ûr'e 6
I:t leul. chute ch{ntriit (lc r'{)chel err rocher'.
:» Llrrtle Ics ,.ocs neigcux !'orlllit I'on(le §onorei
Et lâ bichc sirlrs peul lruv:rit loin de l'ârcller.
1) Vint à passer un loi qui s'enfuyait tle guerret
Un vaincu pour toujours ray('du norn des Rois.
:', Muis quand il vit lq biche à la source d'cau clairea
Il cornut. ô Seigneur', Ia touche tlc 'l'on rloigt.

-?î-- -29 -
l
Puis d'une interminable corde
On y trempa Ie saint du lieu,
Et lâ pluie, ô ruiséricorde,
A choir se mit du ciel de Dieu.
C'était une bonne guilée
VERDI]N Douce : une bénédiclion,
Fraiche, abondantc, bien r.églée,
Sur la pâture et le sillon.

Terrible étâit lâ séclleresse Décrive uui pcut l'allégr.esse,


Et la brise était comme ulr gril. Andréerrs, qrti vorrs tlausporla,
La terrê pâmàit dc délr'csso Pttis voûe rtccucil et sou ivresse
Et te temps palaissait tari. Arr vieux lxris quand i[ remontâ.

D'eau ue lcst'ait quc la fontuine Certes au {ond du précipice


Ou plutôt gouffr'e tle Verdun, Il laisseit un rntlrceûu de bras.
Devaut l'égJise r:nrle incertuine §iurpoltc ; lr rrruuchot plopicc
Au milieu des tnorts du jardirl. llurs les avait rrris tl'crubarr*r.

Pas uue goutte de rosée Et dans sa niche il r.eprit place


Sous cet azur lucifétien : Au milieu d'un peuple exultaut :
Les vaches, sous I'omble embrasée, llarcnlent actiou de grâce
Dès long temps re urangeaient plus rien, liut plus de force et plus d'élan.

Pour conjurer le mal torride Cal toujours l'âverse buttârle


0n eut recours à saint André, Ànosait le puys brùlé,
Qui perrt rtr'une campagne aride Par cette t'aveur' éclataule
Abreuyer le sol âltéré. Au dolà de .ses væux comblé-

L'on porta sa vieille statuc Elle tomba tant et si druc,


A Verdun solennellement, Elle dévetsa dr tels llots
La vieille irnage velrnoulue Que la Rance Iit une crue
Au bord de Iabîme écumant, A dévaster même les clos.

-n- -3t-
J

I.e fléau tranquille, tetrflce, Ilplongea Bu, comme saint Pierre !


Allait de laboîr en iabour. Et
-longtenrps pâr' les profondeurs
Mêure il étendait se menace Explora les llalois de piemé
Aux premières maisons du l»urg. Au pér'il de ïelnous gtoDdeurs.
Sur de l'uuèIres étendues II reconnut toute la fosse
[,'uu t't,urrrreucail à voil' flotter Et rnille fois courut la mort,
D'élrangcs archcs morfondues Puis sans le l»'us spcctacle âtrôce ! --
Et des paysans piloier I I[ repalut frano de- remord.
L'on entrevoyait Iuir ces umbres Et vers Ie oercle qui I'épie,
A llavers I'iuoudation, Pleil d'orgueil et dc mâutslent
'l'andis qu'autour de fclrnes lorrrltres NarguaBt tous cos uez ri roupie
.\fflLrait'la perdition. Il lulcc d'uu ail insoleut :
Àu boul de huit à dix seuraiues « J'ui ru lc bras et la lelitlue
On se souvint dc saint André : Ave,' sa rnorrtttle ên àrgent ;
l,e liras des reliques r.ornuiues [Iais ce sela point de répliqus I --.
l'ltait dlhs le Yerdurr tombé ! Au licrr dc fingt pisloles, ceut ! »

l)irir, sultrnergeatrt tou lc ssulaie, Unc puroisse soucieus(,


I.c nrril courroux tlu sairrl patron ;
En plssc stlls tur flloi llill là ;
D'ou ce déluge, cette pluie Sous lu lafale pluvieuse
I)u Quiou jusqucs r Tri'vrou. On fit [r quête el pas d'üelat.

ll fallsit --.- orl voit d'ir:i cornme


Apaisel I'apôtre &mputé ; -
L'on elrvova dortc vers rlrr hornlne
l{abile na[eul réputé.
'l'louvûtrl la tôche pér'illeuse
Au bord tle l'opét.ation,
Le guls la voulul précieuse
lil plorrgeu dans le tourlrillon.

- tz- --rt-
A lâ tour ve s'unir lâ tour
Et la chapelle à Ia chapelle ;
Uu étage l'étage aPpelle
En un sublime tour à tour,
Ivle de rêve, ivre d'oubli
Sans fin rettait I'architecture,
I,ICORNE Et d'archaugélique sculpture
Âccomplir va I'ilaccompli.

Musique d'uccords inouïs


Puis un beau soir, puis un mÈtin,.. Cantiqtre de cantique ô glaive
De rx, lnc étlengc Bavii:re Extâse un nocturne s'élève
r\u lclnlrs tlc llr ruce ellervière Au ruilieu de cieux élrlouis.
.\ppaltrt rrrr clrâteau lointain.
C'cst l'impltcuble puretô,
\kÊu lclvenl rlbrrlres clrevaliels ? L'nrrtlacieuse ahbatiale
Sul t'(,chiquiel du Capricorne listlplier', cygnc, r.rncialc,
Ebutéettne piiftc qu'orue Oir chante l)arne Etcluité.
Une slliralc rl'cssalicls ?
Ou la Noulelle Solitlul
I)c lrrrrrl de flols cl de prairies
l\ ciel d'astlalcs alrnoirics
'['r'ûversé rlc vol d'oiseaux d'or' ?

L)'ttrr scul ct ligtruleur rllarr


Se lèr,t, I'cetrvlc suIIs nrodèle
r\iguillc autrut que ci l:ri.(elle
Ilnutri les eatrx nrit'agc lllant:
lirtvol surgi ric luchels vclts
Inat:cessihle, fabulerrse
j-t vision nrilacrrleuse
,\vec dcs reflets <l'trnivels,
_?5 _
-14 -
AU1'RIi 'I'IIAII0R w)N-t^R^rrn

Conurrc lc lrolte-Fuix dcs vottcs sidérales Un hornruc lrri nrontla le seuil dc sâ (lemeure.
tln genou sur le roc, droit de torse et do rein, II s'assit rtrr la pierlc, ei déjà solrs Ia L,cille,
§orrticrrt ir brrs nelverrx sorrticül lluque d'air'üin lftunblc, lnais [râuche pûrt, I'avait, suns nul rctard,
Lcs zorrcs de velrneil i\ flanrnrt's ves;lérales ; l.'avait, srtlrs un seul mot, servi la jertne épouse
Iucomparahlc soir. ! llarlieuse beauté !
:\ tr:N,els le lacis des sphères rnoes(ràles l,'ol rrltirrtc rltt .iorrl atttotrr de sou visagc
.\pp$rais"-cnl les Teux du IirnramenI serein, Achevail tlc lrcsser.rrrr l<licu rlc lrrmière
Cat potrl rrrrlrioler I'alrlirlut' srtzctaitr Et dÏoit IcIs I'i[connu tendant ses petits bras
N'étrrclr,lrrri rlt, l'azul r;uc Iigrrres rsllrlcs I
Son fils émelveillé dansait sul' §es genoux.

-fcl, avcc rrroitts rie mattx, tnais trort rrtoirts dc syrletrdeuts,


Att r:oin tlu nrêttre palc ér'igeànl ses ârdeurs
L'oiscau-roi dc Samos élllouit rües plunelles !

InrttrcDse il se pavanc ; et, ses tr'ésors ouverts,


O scintillatiolrs dc scènes éteruelles !
ll prornène. salrs poids, son cycle d'Univers.

_3' _
-%*
I'ÂIBLESSE

Timidement lu Porcelaine EX.VOÎ()


À tourné : ta pôrte, san§ bruit,
sinirt"t,uvrie- s'ôulre, et Magdalènt
A belles dents mordant un fruit,
Par soir tl'r»'age et (le gratrd vent
S'avance ! Par sa rude tâche Comme u'ott frlit de te mpeslaile'
Absolbé hien avant le jour, Àmes sans mc§se et louPs brâvant,
Son pèrc, Ciel I qu'il ne se fâchc I
'I était un roulier solitaire.
N'a levé les yeui : il est sourd.

À pas menus elle biaise Ilnvers el r:ontre l'élément,


A qui jamais ne la fruPPa. Mal{r'i le chaos, malgré l'hertl e.
Et. Ia ntenotte sttl sâ chal§e,
II hàsarda sorl chârqemen I
I)ans la forôt de Hurlt-Pleute.
A mi-voix elle dit : < PaPa. >
Alors Père lève Ia tête, Il affronta tle non humains.
Il cherche, el, devûnt cett€ lleur, T'alus, garennes et tanières.
Rit, car il a, sans qtt'ott réPèle, II affronta d obscurs cltemins
Suite de douves el d'ornières.
Compris du regatd et du cceur.

Tout son visage s'illttmine, A la hauteul de Bon-Secours


(Ron-Sccours est une chaPelle :
Et I'enfûnt a lout emporté, Or faut-il «u'er terlncs fort courls
Car elle a, d'un mot, la gamine, L'hisloire jÀ vous en loppelle ;
Anéanti la surdité.

-§- -19-
Au comble d'un soudain Péril, « Comme si la Vierge, dil-il,
La Deur avânt Pris I'altelage, - Qtr'on chante ce qu-on voudra d'elle ! -
Alnironsiné de Lorgeril  ne rien faire en son courül
Aliait à Ia mort avànt l'âge ; Avâit lant besoin de chardelle ! r

À ses belles mains échapPé Et d'arracher.d'un liras lrardi


Par Ia rabine, Par Iâ vente, La clarté que protège et qu'orne
ll emportait I'enfatrt haPPô Un pouvoir' du Nom qu'il maudit,
Dans une course d'éPouvante. Pour sa grand'lanterne de corne,

A la Vierge ultime recours O vous, bonnes gens qui m§ez,


Elle nmmit ttn sanctuaire, Ce qui s'en strivit fut terrible,
Et fiit élevé Bon-Secours Ill ce qu'cn suvent nos foyers
Oir les fiers galoPs s'arrêtèrent) Passe lcs horncs dc I'horrible :

A hauteur donc de ce PourPris Un mystérieux éperon


Ârrivo Ia sombre voilure Sur place crrlrrir lcs six hôles ;
rlu milieu d'innombrables cris Âu fi'acas <Jue {it le julon
Quc déchaînait cette âventure. llerlr:ubla rafale et tempêtes.

Une espèce de Pttr sanglot Iitles six clrevaux flagollôs


Tïoua lc fracas du tonnerrc ; D'on ne sait qttels foucts et lanières
Alors s'éleiauit Ie falot En de vains efforts déctrples
Sous rrn so"ufflc estraordinaire. Dispersaienl d'horreur leurs crinières ;

Autour du noir âveuglelnent Ils se drcssair:ut. haut-écumanls,


L'homme de htasphèine en blasphème Couverls dc bave nébrrleuse,
Enfer, Trinité, Sacrernenl F)D sauvages cllrporlemenls
-Renia jusqu'à son baPtême. - Freinés de forcc fabulcrrsr,

Àvisant un cierEe allumé Et du sabot lunrultueux


Devant I'imate dc Marie, I)c leur fougue déhantachée
De mautaleni' tout enflammé, Ii)'appaient lc socle infructueux
D'infâme fureur el furie : De I'immobile chevauchée.

,,10 _41 _
- -
A donc lombarrt à rleux genoux
Pauvre pécherrr pril la Iumièrc,
Et droil sul le « priez poul Dous ,
La remil en place première.

A peine eut-il à dire « Va I » ;


S'ébranla Ie charroi paisible BRUDEBSCHAT'T
Et sans mal âu bul arrivâ
Rendant gloirc à I'aide invisiblc. dc knau

Dormaient les prés, dormaient les l;ois,


Dormail Ia routc et Ia lraverse :
Et Ia lune à verse tliverne
Argentait rivières et doir.

A travels l'espace entlormi


Rôdâit une brise légère ;
À pcine Ia jeune fougère
Ondulait d'un rcflet ami.
Dorrnait l'amouretrx mois de mai,
Dormait Ie ciel, rlormnit ll terre,
Un fin nuage solitaire
Au plus haul de I'uzttr folrné.

De sèves et de floraisous
Emanait une inrmensc lrôve :
Un sorrfflc, un songc, un cltarnre. un r'ôve
AtI cours fuynnl des lroliz,,ns.
Landes, fr-rr'êts, par nroul§, par.vaux,
Sans frein, sans fin, se lcnouvelle
Une course qui s'écheYelle
Au franc gâlop de six chevaux.
--- 12 _ _13_
Vite, vite, plus vite encor... QueI brave compagnon c'était I
Et dispâfaissâit Ie village Quand il
sonnait par la Nature
Au vol fougueux de I'altelage, Au train d'enfer de sa voiture,
A Ia voix allègre du cor. Comme chaqud feuill€ écoutait I

Ainsi passalt le tourbillon : Nuit de novembre, uuit de mai,


Le sol n'était plus qu'étincelle. Mon rlevoil veut qu'ici j'arrêle
Ainsi tout, sitôt né, ehancelle : Et lui sonne dans sa letraite
Au vent sonnait le postillon. Un air qu'entre toüs il aimait. t

A peine. passé I'ouragan, Et le souYenir inoul


S'i.l en parvenail, ô rnerveille, Retentit par le cirnetière
Au bourg paisible qu'il êveille Et le mort, tout loide en sa bière,
Un écho'lointain seulement. Au fond <le la totrbe entendit.

r\u borrl de ce joyeux élan Le cor'. alols prodigieux,


Au cocher ivre de vitesse Prit uu éctat incorupàrable :
Àpparut pourtant la lristesse Une âtrc y vilrmit innombrable
En fornre las ! de grand mur hlanc. Au-delà tics lemps et des lièux...

Sévère enclos ! Juste au milieu, Et la coursc, avail disparu


Socle envahi de plimevère, Que d'accords divirrs cristalline
Haut se dressail le noit Calvaire Etrcol tlessaillait la colliue
Or\ I'he,rhe de rnai pousse dru.
En mdmoire du deuil de Dieu,

Arrêtanl ses six palefrois,


Le gai sonueur. farouche et sombre,
A travers les dormeurs de l'ombre
A gagné le pied de la croix.
Prris aux voyageurs s'excuso[t
De I'importune e( morne pâure :
« O bonnes gens, Iéans repose
Un mien camarade gisant.

-14- -45-
SURVIVANCE
TRIS.TASSE

Loin des rouges rernous de la chose publique


Maltre, ô MaitIe, à--quoi borr, dédales enchantris,
Il est un fort vieux bourg
sous les platanes verts ; Oes jarr.lins ruervcilleux qu'épargne tout orage
Au plus secret détour de ce calme univers lit dont l'étrrrngc faunc ilterdit le parage -
trl est. calme et secrel, uu seuil mélancolique. Ainsi qu'ir l .\rnilal au Clerc épouvantés ?
Ouvre ce[ au-delà I'iuvisilile servante ;
liblouissant la dalle avec scs touches d'or 1\ euoi l-,on rnorr r.heval, qLri de la Barge *ustrale
linrerge du val ilirr. urr viènt mour.ir là flux ?
Un soleil qui rayonne au bout d'un corridor Et cette r'ét.andrh oir mon sriu. FIA'I LUX
Fait un séjoul sacré de la salle fervente, Cristallisc à son gr.é tle la lumière astrâle ?
Et I'angle du couchanl. sur la pierre meulière, O Maîtle. acceples-tu, pour'plix de mon salut,
Ayant I'air d'unc harpe, a I'air de la grandeur,
llt l'intime silence, intense de splendeur, Qu'Isclta, se rlrigagcurrt du vert hermaphrodite,
Est d'aurore et de soil unc {Euyle singulière.
l\rltv(, sou.sul)rème, à ma couche maudite,
Et quc dans un baiser connaissûnt I'Absolu,
Le maître de ce lieu, qui se plaît à ses roses Les bras tendus d'u tr,ur. vers l'aube ultérieure-
avec ses fleurs, r'avit tant de loisirs I
-.Octobre,
S'arrachant aux leçons de rares elzévirs - O_Maître, rna vieillcsse. où Donatellc etl pu
Modcler d'un éphèbe rru paürétique nu
Cultive avec amour ses ultimes écloses. Dans l'éternelle exlase el soil étieilrle, et meure ?

Or, immémorial, de I'invisible empire


Au lettré qui lui vient de l'éternel humain,
Il présente, ô surprise, une réelle main,
Simple comrae il est sage, et vrai comme iI respire.

-46- _47_
I
VEILLEE SOUVEMB

de Ktllcc

Pal la grand'lande inapaiséc


A l'opaque hotizoo se soude sourdernent Aux vcux du Sile tlu Boudou
La vôüte sans oiseau quc uul uzur ne brise ! Le soir el robc d'épousde
Aslre, plaine, martis, tout, d'une seule prise, Paraît lille plus ne sait d'ou.
A tle ce glauque gel subi le pavement.
« Ton prontis ? ô gente fiilette.
Àu fond de ma tout il mourra
Sous rnoi du fonr[ tles eaux se stylise une flore, Ou tout vif en rnon oubliette
Ill dort ltcime eucor', câptive du cristal, A la longuo mangé sera, )
Laisse de ses latleâttx déjà ptus rare éclore
Une oudine assez cltèr'c aux rives d'Héristal. Mais dans sa rcbe d'épousée
Elle est au pied de la grând'tour' ;
EIle tend son fi'olrt d'ol vers lâ dure surfâce, Ellq appclte, éoou(e, ct brisée
Et l'angoisse du jour se lit erl son regurd ; Elle en fait et refait le tour.
Et puis le double hontreur de son bandeau s'efface,
Et le dernier' éclait de l'æil est plus hagârd. Hélas ! hélas I n'a point de porte,
Et le grand vent devers Dinan,
De lu divirre nraiu lente, vàine agonie I Et le grand vent sauvage emporte
La tragiqne beauté ne pourra pus s'ouvrir ; Un cri qui vous êlace [e sang.
Mais, suprême vcrgcâttce et suprême ironie,
Sous I'herbier constellé su fotttttr va tnoutir, « Pierre ir pie[e, attends-moi, j'an:ive. »
Il cède, le Boudou ruaudit :
A minuit, tant elle s'estrive,
Elle aura son gars dans sou lit.

-48- -ry-
J

« Ah !que n'ai-je, donjor stupide,


Un vrai c<luteau de vrai bouchor
Qui s'en irrit bien plus rapide
Au r'<rrrr drr Sir'qu'ù ce rocher I )

Le Sire a peur du coup idâme :


Il ouvre vite au prisonnier.
< Mais du pays avec lui. fetnnrc, -{LI.I'ITTI SOUVENIB
Enfuis-toi sans plus en Bloguer'.
Je resterai dans mon viliage
-Où jamais je n'ai larronlé,
De venii reprcndle avant lâgc De la tour Sainte-Catherirre
Un irien qu'un lâchc m'a volt1. » Or voit à pic lc Vieur-Dinu.n,
Le vieux pnul e[ courbc fiananl
Lc cours tle la llance mat'ine.

Lir, si je vouluis, tyuelrluc idylte...


On ruantr:uvle des carlelcts ;
Sur le quui siclrent dcs lilcLs ;
Qrtelqu'un tlûvcnie à tu godillc.

Une solitaire laveuse


Essore, frottq liuce, ou bàt
Son lilge, ls pleud, et s'en va
[,c plonger dsns le lessiveuse.
Au détour dt l'onde iuvisible,
Au penchant dc lointains dorés,
Au vcrsûnt de jardins tnurés,
Paltout la paix la Plus Paisible.
Or avec ce pus tle flanelle
.4.h ! quc fâit ce fântassin blerl,
Gars â'Evral uu gals d'Aucalleuc.
(lette inutile scntirelle ?

-50_ -5t -
Un si beau temps pour la récolte !
Et dire - pourquoi ? -- qu'il répond
De l'esu qui passe sous le pout !

[-e réserviste se révolte.


'ED tlll sens oui, ruais pas dans d'autre ;
Il ruulche ; s'urrête ; r'epûrt : NOUVEAI-' SOUYENIR
Il sompte les touts du rempari ;
Il fume, l'alrne sul l'épaule.

Parcil poste uu It.rtttl sc pr'éfère : Sous leuru deux frottts. srtus letlt'seul r'êvc
Il n'a souci tlu lcndcmain, Un payrier llamtrl. ;rrlis noircil.
Bavarde âu hasard «lu chcmiu, Puis. lorttll'i de larve Lt'tive,
Et peuse, et lrouve... utais qu'y laire ? Sut' le brasier s'lni'alrlit.

Or setll qlllrlld la llllil l'econlmell('('


Il croit iecrètes sts doulcuts,
Iit la nuit, \'oil€ de ses Pletlrs,
nelentit de son dettil imntensc.

-51 -
-52-
f)evers Rüdesheim. oir ruisselle
 fleur des eaux le disque d'or,
Or'r le pont lui-rnème étincelle,
Oir le fleuve gemmc s'endort,

II repasse ltarche éclatante ;


SAGÂ El, remontflnt le cours du Rhin,
II hénit, Ie hon souverain,
th 8jjchcrt I-a grappe et la brise odorânle.

El puis rlarrs Aix. (()rlrme un patrvt'e ltomtne.


Sur le Rhin, lc Rhiu millénaile ;\rlieu, k raisil mt'tl et lrear-r !
Une suave nuit descend ; -i\ I an d'après le lin arirnre !
Ét par étâges rn ürissânl II s'ollongc dans un tombe:rrr.
S'argente la vigne lun aire.

Sceptre d'or et châpe tl'hetmine,


,\u côlé Ie glaive rhénan,
Vers le vi6'noble s'achernine
Une espèce de reven&[1.

Bien entendu, c'est Charlemaglre :


U lient Ie elobe dans sâ rnain,
Car il fut chef du nonr lontain.
Clref de Francc et chef d'Allemngne.
f)e sa lombc d'Aix-la-Chapelle
Fidèle à son clos qui I'appelle
Et t'allèche de son parfum,
Àinsi se Iève le défunl.

Sur la vendange fructueuse


A peine, à peine se penchânt,
Il régale de I'air du champ
Sa narine voluplueuse.

-54- *55-
FR,ÀTTJRNI'fE AUTOMNE

Quand le cor?s pâr' la ref s'en va, Quel baptênre soudain rrr'lveuglc dc clarté ?
Par Ia porte de la chapellc Quelle nouvelle crâcc à tolrs mes scns rn'éveillc ?
Âu pied des tillculs vicnnent là De rluel délugc d'or ntr trtrttvir-je enchanté ?
Ceux gu'un delnier deroir appelle. .Ie ne suis plus qu'un cnil, qu'un ceil qui s'émerveille.

Viennerrt lous ceux qui l'ont connu, Ët plus je fends d'aut'ole à truvers ce lrépas,
Connu de c(tur-, conDù d'estime, Moins je soutiens les l'cux de lu fèle vermeillu,
Ilornnrc jerrne, vieillard chenu, El plus l'étrange dettil tidt c[ s'ortvre à Itres pus,
f)ebout sur Ie passage ultime. Plui je sens dans la lUult urr soleil qui somtneille.
Pensifs, Ie chapel à la main,
Leur raog sur Ie trolloir se tasse :
Aujourd'hui, c'est déjà rlemain,
Le cercueil vient, le cercueil passe...

Et c'est Jean, c'esl Pierre ou Matthieu,


C'est un peu de nous qu'on emmène,
Et n'est qui ne lui dise adieu
Sans retour sur la vie humaine.

-56- -tl--
l

NUIT D'IIII'EB
I.ITIIRGIE

Sur uIr lecf. un lr:tt ltlanc an ntig"'


Àinsi qu'un énoltttc tonttelre Immobile unc itoile d'or ;
Àrr grand galoP du Noir Venettr- Blanche la cour ; blanc le mânege'
Soudain jaillit I'immense chretrr Et blânche ltr Plaine qui dort.
De la sainte nuit millénaire.
Tout irtste trn ( orré dc lrtmière
Perdrr eous ce chanl PoPrrlaire ,\ Dei;e au-(te§stts des sillons.;
El dans c€lle foule étranger. Aui'Uttut du clos de la chaumière
Je scns je ne sais qucl danger iin ,i",t* lout dtoil solrs ses haillons'
Passer dans cetl€ hynrte solâire.
Il souffle dans sa mairr gelée,
La sombre voûle cistercienne de lui ictle les Yeux'
A mes vctls levés dispnraî|. ^utoul la clriltt constellée ;
Puis sttr
Je ne vois PIus qtr'tlne forêl I.:t puis attcnd silcncieux...
Non tnoins que Ie Monde ancicnne.
IIn atrtlc vicux traine-[lisèle
Qu'importc la cérémonie ? .\ scs côtés sut'{it enfin'
C'esl, au-delà de lo Rancon, Puis ttn autre atlx onÊles de serre'
L'âme de I'éternel Saxon Ilorrible image dc la faitn'
Par l'éternelle Germanie.
Et leur reÊârd éPouvantable
Aorandi sür I'immensité
Brloue sur I'astre de l'étable
Une-terrible ûxité.

*58- -59-
l
Le signe agonisc. Sur I'heure
ll se voile, tremble, et s'éteint ;
Et tandis qu'une femtne pleure
IIn haut vicillard ouvre soudain :

< Allez-vous en : laissez-le vivre I


âJlez chez vous dans la forêt »,
Et les Trois s'etr v(rnt sous Ie givre ;
Alors l'étoile reparalt.

-&-
l

n'tl(iDU rt LIENNE

{}llând r)ourlâi-jc, (rtllrli nt le lragtre cl I'crgastule'


ü;ii:ü i;;;.i;r:t i. crlntc néntrnhar
ifiîï;';ï;îo-1i'u"" vol rie libcllule ?
'u
Ou surtout Ioin drr jour' dans la glolte' ir l'êcart'
,"li iJi.i"*" a"- caitr en-arabesuues danse'
Iii.:; i'ili;üère. "tr Yirgile' ou llonsard
Y

la gllnd'anse'
J'aiurcrais, comnlc onlu.ll, côtoycr eu lleur
iriîiÀ* !"-pruettx rl'urrémones
ïil1Ëï1,1";;i,T-;r'lle ontluleuse cirdeuce'
Ou'il taisait bott r0vct' suus le saulc Pleureur !'
la feuille pctrsrve'
--"; ic plus bctrtt qucdoulcur'
ÿiiirri""i rii",,
hi'iï tîa" .'i'tii( '" rrruetie

.t'êtoufl ais lc t erttut's 1[e moll altpl'ut he oisive'


iiiil..nut son allli' tle cygnes au repos
i.l:ir-il ;;i";"f iu"'tie flotte errainrivc'
je tr'ui §u'tnes oiseuur
l)icu:, I depuis lrup k)llglcmp,, c et tl(: style
(l
Rcsnlentlir et ( l ('lsel l]reSitrl( qrantls .oseaux !
'dïl*pià'i-!i i"" l" t'ut'l d""
-61 --

l1
I

I
I
Àlleluia, mon ârne, ot chetrte I'inutile, O clairs frémissements d'aurores illustrés,
Ot dans mon souvetrir, blattche cscadre de l'Àrt, Dont l'hermiue à rnidi ne ravirait la gloire,
Qu'il reste le démon de mon æil versrtilc, Et qu'exalte, lc soir', le rehaut mordoré.

Iuconrpara[lc rref, ù puisse torr §rgerd mollent, vos majestés d'ivoilc,


Là-ba^s, en ce
Sans cesse rn'erseigner à poser sur le Monde Amis, au clair de lune offrent eucor }eur tlanc
Un éclair plus précis que la llèche ou le dard, Au ténébleux sortir de la ranrure noire,

Que ce col recourhi. se tecuurbant sous I'onde Voiliers ilradiés de plus <le diarnant
Iircurvc mes désirs vcrs I'Ultitnc BeautÉ, Que n'en pleure au sortir des nâppes constellées
Qui nalt, demeur.e et mettl't flexible-vegabonde, [,a ruisselante pàlc ell rrresurc érnergeant,

Oui, que ce jeu trautiquc tru scitt dtt bcatr Lathé Cygncs dc Vaucoulcul sur,rnoir.es nicilécs,
Ne gravc au fond du c'aul l'inrtrtaculé plumagc Dc rt(,.s rÔvcs souvelrt pr(,lougés à rrrirruit
Iit li clcux dc luntière en aile relevé. Sou,r'euez-votts. r.ôvertrs rk:s lteules ot:ellées.

Dépositaires purs de I'intime alliage Si jc pollrris alor.s tletrr courouncs d'eunrri,


Où le marbre ct Ia vic unissenl leur rcllet Si plus vous nr suviez rrrc r.rrrtlre l'lllüglesse,
Dans l'urne dc cristal de leur ldverse image, I-Iélas ! je l)r'esseltilis l'ot tgc qui mc uuit,

0 Cygnes, dcscendus de lrorttorrs de palais Et l'éter.rrclle strul tl'élcr.lclle rlütlessc


Oriehts oir lu perle à la ncige s'agrège liutr,c ses l-rlanchcs rnairrs tnc t{)rtul.nit le ûÊu1..
Iin duÿct plus lactê qu'une amPhore de lait. Entrr lulrt rlc clrr.l.ô ûr0rr rleuil tlt rtllr tIistcsse..,

Qui tulle devenus de chatoyaut barège Quel- r'cvels, qrrcl rlésustle aulai-jc tionc vtlcu,
Et do tulle satin puis de sa(in surnit CaptiI Irelts ] absur dt, ct par. Ics ilrtfs r.lc Flurrr.c,
De soie aussi parfois avez nrtances grège, OLsctrIs plu(icictrs, r'itirrrlut'rrr. sculpt(', vâillcu :,

Cygnes victotieux des corolles des lys, §1 sependrrnl o1'cz : l'itrvincible, Iispér,ance,
O'ious qui pâlissez. l'écunre du livage Et votle errlle atrirrrr, t) (l-r'{rtes, rrrorr errrrrLral.
Et pâlir ne sâvez qu'entre vorrs réunis, Jc suis, ;rlus rluc jurrltis, lrleirr rlc t.utl'c ll.dsqlc(, ;

Chastes, riornplrateuls de viergcs au (r'oÙt sâge, O Cygnes, crol,ez-ruoi, (i_vgnes, ne chantez pas.
O miracles, qui serrl d'oir I'avant s'est miré
Menez la parabole à multiple sillage,

-u- -65-
PÂRTÀGES

Signrr, sans s'tltrrorrvoir, de r:cttc signaturc


Et, ritlre sitrs rlaignel I'avoil jamais étô,
Rerrllc sirns rrn vâin nlot le charnp de l'avcnlrrrc
,\ lout ce rlui rr'cst pâs ru§{uste pâuvrelé,
;\ ux foilcs rlrr N(.ant rcmettl e err lolcrie
Lc nriart rlu ltusitlrl ct le uéâDt (lrt sort,
llt vels sl Part rle cicl. lc meilleur de I'troiric,
Pliparer ii sorr ârne rttt sirr et liLte cssor.
O'est l'cxcrn;lle cntle tous s(,ant et salulaile
Àu seuil rlrr scul vrai pkrs et du scnl juste tuoins
Que lègrre ii scs ncvcux, s'ils sont de bons térnoins,
I.e vieillarrl tlortl los.v-eux vont pltrs hâut qtte lrr !el|t'.
(lclul-r.i rclournâil à l'nutle bont du mou(le.
Iin bon missionnailc. à Iâ nroisson de l)icu,
Fll dtln rcgârd toul plein d'évidence profondc,
Inouhliable dorr, qrave, nre dit adieu.

-a-
;., #*]

DEIPOUILLEMENT LES ilAISONS DES CORSAIRES

llien I Sous le rnême globe une pendule sonne' Auditeurs, conseillers, syntlir:s, tous sédenlairer,
Arr tapis de la tahle il n'y a pas un pli' Sul tout ce qui voyage ils ont de larges parls.
'lit l'o, n" dirait pas que jamais sur ce lit Ils ont depuis tortjours pignr:n sur les remparts
Dans I'angle tlu rnur blanc ait reposé personne' Bl cela foime un corps de hiens hérêditaires.

Rien tt'a chanué de jour, rien n'a changé de place' Ainsi, blancs croisillons, ainsi, double fenêtle,
Êi tl,bliquc "Ël"il "u. le plancher cir'é On voit à scs trésors un peu de Saint-Malo
Proiette irn luntincux et tnobile carrti I)e tous les arts du Monde ou mettble ou bibelot
I-uire en très vieux salons oit le regard pénètre.
fui;Ënir" dàux vieux portraits reçoit la vieille
glace'

L'hôte qui sait ainsi quitter une dcmeure O fortune de mer sereine et fabuleuse !
g"t le àce à partir ions cesse préparé' O race d'arnateuts, el non pas de marins !
C,æur poinl ne lrouve place oÙt loge tant d'écrins
»u néantïc lu-chair le juste péné-tré De I'omhre avec de I'or joute méticuleuse !
Dont le corps ici-bas Be pâsse qu rl ne meure'
El c'est pourquoi ce corps a son.étal $-e grâce' L'aventure s'achève en avare vitrine...
It ne tr<iuble'de rien la ûgure
éternelle ; Allons, suis-je moi-même un vrai navigateur
Ou hicn quelque terlien, quelquc pauvre amateur'
Au seul salut d'une âme il met sa fin charnelle
Et son passage humain ne laisse pas de traee' Qui rinre, ovec des Itrols l. de lâ chose mârine ?

-m- -?t -
i

"J

IYCEO.BRAHE STRAI{DBN,I)

Sous les balcons déserts drr châleau d'Uranie' Dehout, devanl les llots, ees femmes de douleur
Lc Sund écttme atttout' de l)ri§ânts ouvragés ; Ilcdemandnient leuls rtrolts err clatttcttrs guttul'{rles,
f)u somtrre lretvédère atlx verres losangés t1t leurs appels portaisnl l'éclrt dc leur malheur
Sc chercheraient en vnin les côtes de Scanie ; Àu plus Jrrofond passd. rles plaintes ancestrales.

[,a leige sur le ciel est âvaltrnclre blême .lc rr';rviris poirrl lremblrl sous lL choc de la rncr'
Iit l'éclBt tlc son vol sur la houle de plornb, Sr Irrallt dc l)artout (:orllne ull llourreau flagelle ;
Suivant l'éhat du fol, du sotllnois Aqullon, Je n'avais nts clr peut sous lr,délugc anr,er'
\ragabonde, r'oltige, orr tombe, href emblème. Qui toulmcntâit lc rni)lc ainsi rlultne mareellt.
I-o,squc cctlo lrlatrclteur'à la trtcl s'csl ttnie' [{ais fetntnes qtrc lirssclttble rrrr sorttlrtc tcndcrrtain
Ouel est Ie souvenir d'un l'lt-rcon sttr les llols ? L'une pleulait sor gills I'autlt' plettrait son pire
(iuel rcsle rle crislal éhauche quels ilots ? Iit r)rou sûng leflrra dcvrnt ce tlerril gernrain
l)t que devicnt l'étoile aDr'ès cetlc agonie ? Qrrc tl'épave cn ipirvc Àrrionlrl'hui rlésespère.

Orranrl cherra I'Urivcls ailsi pâle vanesse. Plus inson<lublc eucor (luc lc vieil Océan,
Ôr'r sera I'amplc sein de I'Ullime Océan ? 'l'elrihlc m'apparu( uDe ilnmense tcndressc
Qu'importe ? Jc fldmis : I'image du Néant Et devant pareillc âurc cn fâce du Néant
Disçipe, Dietr ssil oir, ce que j'eus de jeunessc. Je megurai nlâ rn( r au sou de slL détlesse,

_72_ -71 -
Donc, sous un chône, ou sous un orne!
Au même instânt qu'il n'en Peut Plue,
Le porteur voil, limite énorme,
Une borne au pied d'un talus.

Ifs'ald€, s'appuie el s'acc,ote


Et toujours ious le poids du vieux
AU COIN DU FET1 À moilié d'urre horrible côle -
-Il reprend souffle de soD mieux.

Mais cette pierre est lln repèr€ ;

A I'hôpital tout d'une traite « Oui. dit I'aieul, jc parrsai Ià


Il va, soD Père §ul. son dos. Qunttd.ictrne jr" Po[lai mon 1tèr'c
Pourtlnoi les frais d'une chauette ? À I'Hôtel-Dieu. » Plus ne parla.
Il polte de plus lonrds fardeaux.
 peu quc I'autrc alors ne plcurc
« Non ! cc n'esl pas tl'une âme vile El ne défrrille en Pâmoison.
Bl comment I'avoir sur les bras ? « lit, disrrit mon père, sul I'heurc
Il s'en va bon pas vers la vilie ll le ram'nil dans sa maison. »
En se disant : « Bon débarras ! »

« Ce n'est pas ce qu'il mange et coûle


II D'est quc sale et mal poli I
C'est mon épousc qu'il dégôtlte
El mon glrs donl il pr:carl le lit. »
Mais à la fin longue cl làssânle
tist la loute à qui va coulbd
Pal la ccllc, par la descente
l.)t de telle chargc accablé.

Toujours en vain brume incertaine


A flanc de val et de coteau
Se cherche la cilé lointaine
Et I'Hospice près dn Château.

-74- -75-
487r FS 135
}TAIN

Ilorrrpu ! sans le vouloir j'ai nrenacé ma vie !


En r;oilà lc st mbole à l'instant sarts vulcur I Ma rnain de laboureul rr tlcs tlogts tortueux :
Voilà sur rnr»r cxil autrc vol tle tnnlhcttt' ! l.eurs ongles solrt dc fcl rt d'un étâu leur prise,
V<lillr molr csptit anct' clle-rnême assel'vic I Et jakrLrx dtr seul fntil ;reruris et verlueux
Du gairr rle lcul lrrbcrrl ils gardeut la rnaltrise.
(l'ritait à Lattuilott dans la foltit r:cllique ;
Lirr chiffrc, (l cc fut tout. Puis le sol allenran<l ; Cette nrain, p{r}'sluire. csl celle d'un deviu !
Uu chiffr'e... Pas lroul moi I C'était un ialisn)an, IIorr strrtffle err cllr ltottvr. une cxactc selvunte,
C'était de nron salul le seul gagle riuthentirltre. Et janrais à tua larrgue cllc oe lnontre en vâin
I-e signe qu'cn sor! jeu par' I'tspace elle iuvente.
El Ie voilà Irrisrl... Qttel importun pri,suge I

A partir <lc cc.iour, rnonyme ct fâlal Au Nord du l.r'ait yital sc cr'cu.seot tleux sillous !
i\le clrcrtlre I'rrigrrillotr r1u'écartail Ic truit:rl ; Lt prr:rrricr',,lru ct lrlcl i failc fuir lc Nloude,
Àdieu, mon bsatt lelour pleilr rle sens el (l'usirs!'. Harcclrr ccpenduni de I)lusicurs aiguillous,
C'cst le sillon du ctrtrr'. ligrre pule et profonde ;
Si ll guerlc ,n'(:(r'asc rrr ces buis colultraires.
Âu sol dorl ie.uis fait ()n ne nl('rctrrlra pas. Et l'âutle, ,r to!'t rtruri d'un dard comrne I'aipic,
l,ll les nriens, si I'on voit la 6n de ccs cornixrts, C'est non moins gé»éreux que Déméter Attique,
N'uulolt qu'rtn ccrctteil plein dc halrles nrensongèr'es. Un fr.èr'e fluiueux el penaif de l'épi,
Qui vêt rle lances rl'or I'irtrmerlsité rustiquê.
A moi, rnon avenir, rnon oiseau tutélaire I

 mr-ri Ie rlur hurin. el l'acier à gravcr !

A moi le signc hcurcux qui mc doit préserver,


Comme au col du guerrier veille le scapulaire,

-76- -77 -
LE PUBLICÂIN SI,NÿIÏL
SILLONS

et sur l'immense plahe Le Publicain subtil qui tirait les tarots


. TAfREAU » dit I'Almanac-!, tt'un seul lerrant Etala sous mes yeux loute me destinéc,
Au devaot du soleil se fond 'Et rnûniant folt hien t'ortutles et câr'reaur
Üi"-""ii" Ju unourt' puis araire et manart ia vit de tlop rle pique aux revel§ condamnée.
llr commune peltre'
Dr^"'lt ügne et le sens de
Moi dutrc. oùi l'i:cuutrris, ltlc tetlunt avetti,
Et comme i'admirais celte énorme Puissance §àr*ir. ,li"î-i". ir lleul d'ânrc et poullûnt rdrfractaire,
Ëi ;;';;;;t""ux vers la gtèbe incurvé Je choiiis tt'inhiget irrtx sorts un démerrti
6'"i. ttirüi.""tinu du jou-g et du jarrel' Qui réduirair u iiicn tltisère et colnrncDtsire'
j" quel secret je üens de ma nàrssânce'
"ooart Sur utr Doir)l lortlefois les cartcs tlirent vrai :
Êt ie coDtlus Dourquoi ua strophe invulnéralle Ôri l'L,,inrr,. lil état de rnon humeul lidèle
li,i"t ï. -ï tlt"""i t rnncue surnitaot de mots'
maux Et de nra Da(icttcr' à poursuivre, sectet.
Cr. ii o'".t de terroir, de climat de
Le plus noirte riev,rit cl Iu plus bcau rnodè'le.
ôT;;ll" ;;i JüciiÉ u" invincible écable'
vers palallèles ;
Seul. Le ieu ,,. lt t ntuit -rtlr' .l'üluut tlu laurcau
Ainsi jour aptès jout von't- rncs profondes Oue ie vôis ù l'écalt coushé daus sa prailie.
ii" ,ôii à"oii ct pàr' deux deux lurleur§lenteut§'
leurs du ÿ"r."u, tauligùtte iirfaillible hér'rtut
Et. selon Ia saison, après ces l'rince obscul et puissall. de [a graudlnétairie.
$ ôË;; i; ;ü;d rIà leurs rimes fldèles'

_79_
*79-
HOMIII'ES E1' COUI,EUVRE AVIS INCOGNIîA

I-u voilà rnainteual( lcur eaptive profonde !


Au fabuleux retour tle leut's courses pillardes
lllle vicnt, vu, rcvicrrt, sc t'ive à la l)aroi, IIs avaient apporté cet oiscau ntalheureux
.tu tir nrultipliô rle lrnce-piene adnrit A qui n'était de voix quc de râles allreux,
Ilapide rnais facite olll'e sa lignc irnrnondc, Des râles suraigus de dcux notes criardes.
Et sifllc, puis s'affole, ct frémiL : dcvant elle
Intercel)lant la feinte. ou la frrite u lâvoir, Or pal le -ieu cluel rl'utte iuttnottde nature,
S'abat triujours pr'ét:is toujours tet'rible à voir s.ins alrit sctte dtcrnelle toux,
ll r'âltiI
L'inévitable norr de lu fi'onde cruellc. Ccs quinles, cu hoquet, (ct âs[hrne qui, dc tous,
Àlors se lalentiI sa défensc inutile : Isolaient sarrs pitié I'uiseuu soull re- tort u re.
Flllc s'alrête rrridc uu bout de son effort,
ll,t r'este enlre dcux currx I'irrrage de Ia molt, On lui lit une placc à part darts la volière,
l)rrr., rous l'lrorrihle .jcrr qui veille. le rcpüle El j'rrfLri visilcr ec captif inoui
l)rnctgc, sc fau[ilc, il sr. troulc urr lrussage ! Dont jbulllirri d'abord, dtrcelles ébloui,
llélas ! ils sotrl bicrr dis, et plus faible, plus bref La monstrucuse plainte ici-bas singulière.
Sous lcs jets latéraux d'éeutnc lu foud du bicf.
Se force plus de ternl,s sorr combat ct sâ r'age, §Iais il fallut bien fuil cet horrible larnage
Et laisser :i I'exil ce fr'èr'c déchirant
Bt voici qu'à sa peltc rttt coul) a,r,an[ sufli. Travaillé lral le tic de son appel nâvrant,
Vaincu, lordtut n pir: sorr étrrnge agonie, L'intalissalrle <:ri dc I'inttttual)le iruage.
Sous les feux de l'eté nouvelle épiphanie,
L'ophidieu dessine un ilnmobilc ,e.

-80- -81 -
NvvÀI,trDD AItSOI"U

Mon couraqe ? Ah! monsietrr, de grâceI mon couragel"' Etre libre ? Je sais : avoir terre et troupeaux ;
Àooclcz. vàulez-vous ? les choses par leur rrom' Àllel bon Ditrtl btln rril au clrs de sott couragc ;
Pôùr savoir tI pour Yoir txlul d'honrme à sort ouvragt' :Lvoil dloii itn sâltlt de lollt sull entourâge,
Àitu, A ariri, nrais chut ! pas de Zénon"' Elt le soir satts t etltctds euttct en §on repo§,
",,"l
genouillères Ilôlas ! tl'urr pâuvlc bottr'Éi lu paix rnême tlépend.
Il prend sâ peine et va, rnais sul dessur Rien, pas trtôtitc muu lit, n'cst à tnoi sut'la'lerre ;
iitiu-iottc I un tourmenl - courbé deux bâtons ;
Aux obrtcs rltr passc veille cncot le mystèrc
iii ià or* l,,e*ot dcs ulrlrcs plus sept esotons'
tlu bruyère
Et le'silence r'ùdr: cu ntoi colrttnc un serpent.
I.i.:t ilês l,»rg*ternlts connu dc tlc

S'il t)ârcourt §alts I'epos l(:s routes et les rues, Iililc ? ô rnon Pèr'c, êtltr, lout sinlPlement
;Iltle ;

JaÀâi" au* carlefouis il n'a tendu [a main, S'évadel uu-tlelà dc loutes lcs frontières,
Ni rlÉrrr.dr.1 sur nlace ulci'r'es el vetrues ; Attcindre, ittttccessiblc uux itloles tltières,
C'est le travail {tr'il trouve à folcc de chemilr ; Au r:æur dr I'univels le dieu du lirmament.

Graveur'. Nul ue vct'tez de pareille manière : ...Mon inlassable cû:ur', tnes inlassables yeux
'l'racent obscurôurcnt dc têltts caractèrcs,
Il a noul ttri la itrie et lâ simplicité'. .. !)t jc connais en tnoi lcs legistres des cieux
Satrs'ltolreut' patictruraltl lli Tert'e l)urssonnlel'e'
t'{omure, gravé toujortrs au coitr de la bonté' A la sourde lueur tlc ttta laupc Ractère.

* *83 -
-82
EUROPE

Europe, sous tes lâr'ges Yeux


Tes ûls à la prurtclle claire
Au son de leur hyrnne joYeux DISCIPLINE
Dissiperrt la nuit séculaire.
Alouette de leur labour
Jaillit ce cllant d'une seule âme
,{ la rencontrc de ta llantme
Artlroncialtice dtt Jour. Je le corrsulte, il me délivre ;
Il cst à l'épreuve du temps
tr{on seul àmi nron sr:ul gland livre
t)ans le matin, dans l'unité Au climal des âpres autans.
llorulrant tnillc atrs dc léthargie,
De rrotre llom r'csstlsclte
Rerrouant l'antirlue éncrgie, Arr seuil de mon udolescence
Norrs protégelotrs du vautout' Il s'ouvrit au psuvrc ét:oller ;
L'aile de la luutiète lrumaitlc, Il sut guérir de sa puissalrce
llculcux tl'cxal Le,r sotl domailre Un veule amour dtt singulier"
A la puissunce de l'Amour.
Ilmontra lâ roule montânle
Ainsi rcstc ouvctI nolte cllceut' A I'enfant de rêve nourri
.\ toul pcup!e rlotrt ta dt'oiture Par tant de frtnchise exallanle
Epuise l'Élun d'un grand cættr Esprit et cæur bien repétt'i.
Au ulus harrt cicl de I'aventure,
.\{iri r1u'crr l,itir. trn tttitis tlivets, Mon âtne, qui rien trc profane,
Àcr:omplissaut rr<t tt e uaturc Entoure Ie guide inspiré
Un mondc à la Beauté future D'un culte encor que diaPhane
Ouvrc I'arnplcul ds I'Univers. Au tréfonds de ma vie ancré.

-04- -85-
-Iels nous sommes plus de dix mille
Au n avs des som-bres hivers ;
N;-i -i; sommes qu'une famille
Aux membres sagement divers'
Câr notreami, c'esl un -grand liwe
Arr sommet de chaque cnelrun ; II,LE.E"I.RANCE
flf "";:"*,".11x"::1,'uquT.i",l'Jli,.
Un rnarinier, dis-moi, malnan,
C'est cet homme assis à Ia barre,
A Ia barre de son chaland
Qui tl'un double r:ourant séPare
Eaux ct ciels du tanal dormânl.

Ils'agit de dirc cummenl,


Lc long de lu nraisotr llottanle
Unissent leur déroulement
Gai renouveau, saison chantante,
Et l'irnage et Ie sentiment,
Afin, rna petit€ mâmân,
Que lointains bleus, qrte verte rive
Au fll de leur divers élan
Sc mircnl dans l'ceil et le rêve
A la barre clu nonchaluut.

--E6- -87 *
I
I

Si la sereine bienvenue,
Ici le bleue! Ià Ie blê,
Enfance, vieillesse chenue,
Àu logis ue reod que comblé,

A ceux qu'Amour de son brandon


Seuls I'un vers I'autre a su proscrire CHAI\'I D,ll JUGON
Elle oftre le rare abandon
De sa merveille de sourire.

Si pour le style composite


Un faible en moi domine tout,
F'ors la rebellion du Gorit
Qui pour. le seul simple ruilite,
Si sur. le lac tle la Pensée
Scintille syllabes de feu
Ce que le lytlune dans ce jeu
Berce, el ruène. rl'umplc couléc ;

Plus de mot qui ue soit rnonade


A rnil le l.ayoos émel.geaDt
Vil' détail d'où le touI vivanl
lladieuse luise lrléiade ;

Soit tout vers uuité sonore


A chiasme tlélicieux ;
Si ltrreille a < soir vaporeux »,
Déchilïre, ô lno[ regrtd, < âurore » ;

Et la phlase anüques guirlandes


O Ronsard, ô h)i, Mântouan,
Sur la Loire sur I'Eridan
Se tresse au doux climat des A_ndes ;

-94 - -95-
J

Soit la stance de Pyramide La Rime dont I'humanlté


Un olan de rocs scellés si bieo Ciselle rare l'effigic,
La Rime sans cffort surgie
Que' jamais Croyant ai -Chrétien I)es doigts de la divioité,
Ùe teur joint ne- trouve la ride ;

Et tout palais eD. utre Pâge


lit dout, môme unique, l'emprunt
lierait hypocrite ce livre
Au oceui dc miroirs et d'échos Et rna vie, impossihle à vivre.
Concentre sur le seul ProPos Àveg ce rroru dans l'âme empreint I
De I'acoustique à l'éclarrage !

Bt sur ce Tout mou sceau j'appose


L'exetgue ,rit fot'ce de devise, Inaltérable un souvenir
El pour aimer notr ltrrul ltaÏr Un elcuil rlui nc veul pns ûnir
Àlr'! tte cltrtutct ûls d'Altair Et torrjouls deYânl nroi se []ose ;
Que I'immcuse llelle indivise !

En mcs vættx, oir nron ccur se leurre,


Alr r nc I'adoret quc tl'études En mes charmes, cu tres selürents,
Où la Source des Univers Je jorrgle uvec nles ûlnrânlents,
lci cascades Ià geYsers Seul à savoil ce qur. je pleure,
A l'inlini jrrillit Prcludes !

Et j'àttends qu'eû urre veillée,


.{h ! nc la servil que d'épure Sous les étoiles du I"athé
i\ nu tr'èl pur initial, Pointe l'auhe au vitrail d'été,
Génératrice d'idéal. La noble Dame, émcrveillée,
Et de nâtul'ante nature'
l)u chanteur enffn sur sa couche,
lit Dâr'toul (laos cettc genèse Âmour, par toi vaincu, brisé,
Aldle ri nrc bien disperser Du srrllrage arr plus haut prisé
Diir,,,t,,t, Dicu, Diitr tte la fotlrtraise Honore I'immortellc bouche.
A lous poète 'l'anrttlnccr !
.{ l'êruditdaDs le silerrc'e
Âuieurtémoin de la trova
D'élucider ce qu'innova
Dâns lcs soleili de la Balance

--96- -97 -
Loin de moi tout I'or de Byaance,
Aussi loin que la médisance !
O réselve à ton chevalier
(les liclrs tl'ltumairre larscsse
Et ptodigue en toutç sag"esse,
DE BURG EN BURG Achète-toi pour édleeessc
Un équitaliie chancelier I

d. futhe
Acte du Moude, qui I'inspire,
Acte dc I'Invisible Ernpire,
Âcte tlc I'l-lornme, Acte sllns firr,
De burg en burg rle plaine en plaine l[on ari, donl I'univers s'éclairc,
Ilumble écolicr du grand Hellène, Ainsi que le disgue solaile
Un vieux chanteur. devant la cour llst à lui-nrônre sol salaire
Decline la gcste sàxonne : llt trop chcr. pour. trn souvelain,
La gloile au glaivc se molssolllte,
Au foud des bois la trompc sonne, I)ontte-rrroi l){,ur k)$ un l)t.eltvir(e :
t'ju rref de roi se boit I'amour.. LIn vin rlu RIrin fnrnc de scrvafic...
Ileureux. trois fois lreuleux lc liLu
Bt sur sa prunellc hagarde Oir si douce cst la nroindre arrnrônc,
Atlâchant la salle el la sarde IJt du nrelcj que jr: tc donnc,
Il allume à l'æil du baiôn, 0 Roi, p<lur la r:icbe curtronne
Preux cl courtois, pleiu d'endavoure, ,(h !sorrge à remqrtiel Dieu. »
Une étincelle de bravoure
Et la dame err so[ oæur sâvotrlc
Une su.rvité srns nom.

Cependant r1u'opère la lyre,


Au plus sauvage du délire
II se tait.
Immense, béant,
Le si.lence met clraque brave
En face du freux et du crave
Iit lâ belle, plus belle gr.ave,
Ilu présence de sol néanl.

_90_
-99 -
I

Daus les bigcs imnraculés


Qrri loin dc sccpliques domairrcs
Âux cicrrx rarisserrt conslellés
Lc ,lrtrcheur tlo r.oulcs Irurnaints
Dans ia Iantpr' i flarnrrrc rl'ArnoLrr;
l)ans I'arrtel drr -lirut, sorr
Dütrs le Telnps. l'litrc, la 'tijuur
;
Cinèsc,
YORSOKHA 1'tKETI Et rlans Ic reflet prrrticl
f)tt trrtirne aveu rlc I'csirrèsr,,
Âu t'r'oissel consrrhstanticl :
l)ans le métier, drns lir rtrrlrr.uille
I.ouorrs rrotLe f)ItlU <larrs I't!tlrrr. El rllrns la fralchcur rln riralir ;
Àux esctrdres si luuriueuses Dalls l, r roclrr.s rrir s'agcnonille
lit, sur Ies vagues rle I'Isttr., ,\rr firrrd dcs lrois, (.r.r.r,l(. ulrliil.
l)arrs lerrls fosses vcrtigineuser ; (icrll' lllÿeusp à ecnle llcssc.
llarrs lcs ardentes piiuroisolrs I.cs suir,antcs et lir Plirrccssc
0ir tlc ruultiples irorizons Flt dâns lâ source tkrux trembiant
S'ubsorlrc vcls uridi Ia ditrrse
l,ouons-LE dals le elrrrur. rl;cipoil Quand réelles sur irrécllcs
Utrscrrrblc pro.iehr-n l l envoi
lJuc de partoul. l'ornbr.c err r:rrlencc Dr. l;r bcllc, vises (azoltcs :
Ekive darrs la paix du soir .
f)ar,s la sirr.celle cl lr. ulaierrt
l)arrs lt. lor'ôt eornnre daus l'orrde ; I)uns L.s ailes.lrr rers ',1'l ]iinràrc,
I)ltrts l'àltr,. ,r)ugr' r't 1u.lt(l rl',1t,till 1) rrs l(, §oul.irc rIc l'oierrl.
Qui ,cnlle, rllii r.rrll)âll rlrr rrlrrrdt, Dlns t.cltLi tle Ia .jerrrrc rrtc,rc
Altr:rrrc s'allrrruc et s'é{eilll ; l)tr tclrrlre irppcl (lc ses (leux lrras
Lorons-l,c duns l'{xil, drtls I'or.eiltrt' Âccrreilllrrt tle loul prt.rrricls 1ra5;
lil rluus la cololle, ou l'rrbeilll Dans I'élrier. darrs le rvrnnls,,
Àspirc l'ol du suc vital : la sptenrleur d;s ;tiï-h"Ii;;ns,
[,orrorrs-L[ darrs Ja blancire nappe ^Dt
Dans lc ciel dc la priruc cxtase,
l,)t datts I'algile et le cr'istal, Alr i rlans I'cveil rlu qai priolenrps ;
Dans l'épi, le fruit et Ia grappe ;

t00
- - -l0l-
Dans Ia neige du champ de lin,
Dans I'averÉ à perle féconde
I-ouons-LE de I'arc à Ia lyre, Et I'abfun€, ou I'atome olein
A I'inextioguible soleil Croisa son frère, el fit Îe Monde ;
Dans ce fleuve olt, quand iI expire, Dans le disr;ue âe diamant
Exulte quelque bond vermeil ; Qui mesure Ie firrnamenl
Dans l'iriadiance du Verbe Et verse à Tout vie el Iumièrp .
A trsvers Ie germe, la gerbe oars rJ aoisi ;Jùiàà rn-riii
Et Yotre renaissance, ô Chair I Qui des sæuirs Ulüme et Pr'emière
Dens l'éguinoxe, Ie soletice, Auima jour l'inerte nuit !
L'aire d'été, l'âlre d'hiver
Et Ie regue de Ia Justice. Louons-IÆ d'esDace etr esnâce
Et daDs les slx direcHons '
Louons-I.Ê dans I'oaristvs Dont I'aile, ni I'rrt;il, du rapare
Lors qud Ia déesre fervdnte, N'épuise les ext€ûsions I -
A I'heure où se ranirne Attis, Oui, sphère sans circonfêren'ce
Unit les races qu'elle invente ; ftnmense de pârlout ÿélance
Dars l'alcool, dans l'aliment, Un impérissable Aujourd,hui ;
Dans Ia joute des éIéments, A nos sens, muré par I'arête
Le puits, lâ tour, l'Amour, la Haine En choses qu'il edplil de lui.
Et darrs Ie baume salva{eur Cel éIan donne joià et fête ;
Que sur nohe douleur humaine
Epand le chaut consolateur ; Ea noue son charael horizon
Say trêve à ses conlours rebelle,
Dans le chæun Ia ronde, la stance, Afléatrtissqnt ]eur prison.
Tôl reprend sa daise si 'belle
Quand Ie miracle de nos corps Et vol ivre de liberté
Doux effort souple résistance
Articulq son jeu d'accords ; Lluenchalnable afflnité
Dans la mystique symphonie Par delà la flamme future
Oü Ie nombre, pure harmonie, Evadés pour I'êtérnité
Meurt silence et renalt concert ; Dans I'ample sein de la Nature
Dans la harde au bois sur qui veille En DIEU sacre notre unité.
-
Uu haut patriarcat de cerf
Au seuil de la saison-merveills ;

- ttz, *
-tor-
l

MÂLEDICTION

d,e U hlaod

Sur ces immensités de latreur toujours pleines


Et couvertes saus ûn de yigue et de frôrnenl,
II étail un château si près du lirmamcnt
Qu'il ravonnait Iongtemps sur lc sommeil des plaines.
Celui ryui lc lenait se disail r.r,i tles rois ;
Ilais son sceptre à elous d'or., son aiele inévitable.
Entre le farrx Iégiste et le dur corrnéiable
Etait le noir IIéau du peuple des beffrois.
Un .iour vcrs ce palais montèrcnt deux lrouvères,
L'un sous la houcle blontle el I'autne, clreveux blancs :
Et comme cct hornère âllait à p&s tremblants
Son enfant le guidait sul le flanc des calvaires.

_«_
Râppellc-toi, mon fls, disâit Ic vieux harpeur,
Nos accords el nos chanls d'amotrr et de Iumière ;
Ils doivent de ses nraux dôlivrer la chaumière
Et soustraire le pâuvt'c âu pouvoii de la Peur. »
L1æil sanglont dr: I'hiver sur. lir lu{igre câllune
Eclaire faihlement les jours riu Nord glacé ;
Lc Roi de plus de sang eut I'cil plus tiaversé ;
La Reine uuprès de Iui parut un clsir de luoe.

-107-
i

Le vieillardprit la harpe, ci du jeu de ses doigls Malheur, malheur à vous, jardins iltimités !
De plus en plus profond coulait Ie flol sonore ; Cieux ! que i'avais l'âme ravie
Alois plana la voix r1u'on cr'rl dil dr Lénore, Ouaad il chautait à voix d'azur pal les cites
Et Ie vieux reprenail rlc ll nttneul des bois. Sur le heau vcrsant de la vie I

Ils dirent le printemps sous le rorrge ravage ; Ah !maudit soit sur' {uus (lui filt lè [reurh'ier I

IIs dirent Ies corheaux sur les couchants guerriers, Quc sun rèqttc rlc gloit'e sombre,
La maltôte rapace et les vils usuriers : Autant gu'urt bluuc ttouvtlc a lc tlroit de prier,
IIs dirent Ia famine ; ils rlircnl le servage. Dâns ltr nuit éternellc sombre I »

La honle humiliait les glands et les flâtteurs, Il dit, et de sill<lns ouvolt illrluotrsément
Et courbait lco soldats sous la harpe ivoirine ; Ce qui fut le palais sur scs pentcs s'écrase ;
Or, prenant sur son oæur la rose purpurine, .{insi Dieu s'abàttânt sul lc [errpart qu'il rase
La reine en plerrrs Ja ielte aux pieds des deux chanlcurs. Eteint le loug blasphirrrrc ol le long hurlemcnt.

<Assez ! cria le r'oi. Car la mesure est pleine. »


Et la plâcc dès lors cst le lieLr de I'ortie I
.\-ul fleuvc ; nul oiscilr rri ntêrrre un arbre vert
Et voilà qu\rn dclnir, son aigle. éblouissanl. Nul vivant De suulrl rlui fut loi dtt désert.
;

Fil au fronl du jettne honrmc rrrre étoile de sanq Sa ménroile avct: Iu! s'ritartl auétutic.
Et larit le couplet de la rnmplainte humaine.

Le vent des fins de nron(lc rvcc son olifant


N'efrl pas en moins des lcmps dépeuplé ce repaire :
L'adolescent mounrt dans les hras de son père
Et lc père emporta sa harpe et son enfanl,

Mais en passant le seuil, ô harpe merveilleuse,


Il le hrisâ, terrible. aux fers tlrt pont-Ievis.
El sâns rancon, sur les pnlais. sur les parvis
Iipruisn le carquois dc sn voix pôrillouse :

« Mallreur, trois fois nrallreur à l'orgucil de ees tours


Oir péril mon nnigrre ioie !
Sûr'ez. creurs sans pitié. dcs cltietts et des vaulours
L'ignoble et lipugrante proie.

-lü- -100-
i

ESCADRILLT] PENDUNT OPERA

Escadrille sul c;cadrille Seul urr..derrrier. ,.lnitearr colossal el


Iitnerge I'a ffl u r rrrl,rité Â rr gré d'un perr de sat,le sublimc,,.
I)e lrlanclrt.s :lt.rnadas oü lrrille ui ,r. ,1rorq u"J îÉili"i
t lr l,tcll clcl (lc gt.and jortr rl.itrt. *'i **r' u'i"'Ï, Ë.,,, u.".
i,^ oxili"' :'.1', J' i.iï ïï lf
i -' i -'
I.'inrrorrrbr.ab le lou lc-pu issa rr(e ,^,:. fou(lroré pirrs que jurnrri5 ..iu 111(,5o.
l':rnpli l I'r.Jpac(. irll rrrri sérrrcnt l:::].r.
Au-dessus rlu Péagc, arr_dessui ,t,, lrr.iuur,"'
Et survole dc sa ctoissan,,o
Utt sol qui lr.ertrl,lc r,l,seuri-nrcnt. iiJ,:"i i",, u,,
tsL .il' l J; l, ll, i ;1 5,r* {;i,-,Ï, ""
"T
L'rrnr: tles vagues vclgeressei L'ouvragc, dc I'élarr rlr. ,urr cuile solair.e,
-arrêt
Âu-dcssus rle iroi sans l,,m1tol.te arr forrd dcs ci0rrs s,lr pyl,l,e'eitaf
Renouvelle ses forterasses
Au blond déclin tle cc
:
gué-ret HIJ:^bi:: ,, niveurr du g,ri:nron fto anr,ant :'
,tepose largcmenl sLrr l;r roclrt.angulaire.
Parait sa srrur si lencieuse
Et je suis, je suis sur eJr*-'
"",
Protil d'avance hanntrlin,,*.- Fi ii :;n.:ï" iri :,1, Tî,ï: i l, :; 1,'fi t" ^. "
Une lloltc tle vlais urir."ru1.
l,.t "uï",ï
loin de mtri, déser.l ver.s -,, I
Ln ch em i,, ;;;; l, ; ;'.:;;,,"î 1",àT
I; î.T';"""".

* ll0 _til_
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CHAOS WESTI!:RBURG

;\ux bolds si toul'urentés de ttotre marcht humaine,


Comptcr qui ? coruplcr quoi ? 'li èvt, ô Nombre terriblc,
Otr nous avons rlressé rl'âpres aligncnrents, Et dis-toi qu'ouvricr dc l'.'\tlutttique )Irrr'
Réponrl, rnais sans colèr'c et lJure de tourments, Je lime une ÂîLÂNTIDE uu lexte ptesque mûr,
Répond conrme urle s{eur une rive gelruuine. lnspiré, justerlent, de la l)cnne et du r:rible.
Entle les flg115 vclsants dc la faille impropice Cioq fois trop dc cilnent ? Qu(:l bunlr(rrnore inferrral I
Eu vain [u cherchcl'as I'at'che porte-chemin ; Pas asscz de eaillou ? Irlou petil vieux, qu'y faire ?
Apparcil ne sera, commc il ne fut de main Apprends-le : pltts le geslr: r:st sirnpls l:1 rrtachillul,
Qui joiguît les dcux pans tlu rauque précipice. Mieux l'ârne pren<I son vol en plus sublirne sphère.
Car y roulent suus fin, d'antertunte profonde, Si j'entrevois ertcor ton âpre bétonnière,
Un sourd, un sonrbte éclto de herceusc et de pleurs, O Vieillard, ce n'est plus que sous folrne d'un van :
Et sur Ioud de silerrce el sur fond de douleurs Les peuples soflt br:âssés ; la paille vole au vent ;
Hélas ! les pauvres detrils dc notre pauvre rnonde. Telle raoe combut ; telle autre est prisonoière.
Mais de u<.rs c<rurs lrt'o-vés et de uos tttuux saus notnbte O Vieilhld, si tu peux. suis io sort d'uu seul grain
Emane d'uu seul jct tel ineffal.rle pont
!
Tel est chacun de rrous dans cette étrange guerre,
Que I'arc-en-cicl de Dieu, I'incornpalable bond, Et Dieu seul, mon tmi, Diou seul est souverain
N'en esl toutes splendcurs rlue l'envcls et que l'ombre. Du mânque ou du surplus qui t'importait naguère.

-ltz- *il3-
I

_l

FRAU ENDRE§

PAI,UDIER

Quatre plâges : le Ciel ; (Justre slânces : rnon clos, Un glaive lui perç* lc creur
Qual[e hons rnurs de pierre arr folld tle murs stns nom- En secret, voici deux semaitles;
[bre; Et dès lors 5161ns elle fait peur
Une chartre, et de loiu je suis le sort d'unc onrbre, Au-delà des pâleurs lrumaitres.
Arche noire, arche blanche, au [arge ber des flols.
Elle guette en vaitr Ie fucteut';
Je cueille uu jour le ,jt-rrrl aus lrives que je Lends, Bllc pleure âprès son l)âssâge,
Je cueille à plcincs tnairrs de grève cn grève blonde Et uul pourtunt ne Yoit de plcur'$
Une manne sutts prix cc rlui reste de I'onde Couler sul ce pauvre visage.
Oir jc parque pour moi re qu'ort nornme lc 'l'emps.
Et les yeux, sutts [itt cotuurnés
'fu fais d'unnrôrne pas, ôr'['emps, choir sous la faulx Du feu des lnrmes solitaires,
Les gcôles et les gueux, lcs roses et les ohêrres ; A tout, sauf à leur rieuil fermés,
Et tu forges Ia gloire et lu ronges les chaines Sont rouges comme ceux des tnères.
llt lâ tonüre ouvle I'aubc et l'or sonûe plus faux.
A (able - uir plus ne sc dil Inot -
Quel vtin maitre rne presse àu uom de {uelsr.lins TOus autour de Ia plâce vide
Nous déchirc, soudain écho
De moi me vient nta Loi. Je suis à ce que j'aime, Dc l'immense guerrc homicide,
Une gente, unc lente et neige fleur de gemme
A qui pour stelle pure il laut la paix d€s roi§. Le sanglot, I'appel maternel
Qui dc sa toulc-horreur farouche
Au iréfonds du betceau charnel
Nous surprend eDcore, et me touche.

- il{- - lr, -
II Moi qui songe au bec du corbeeu,
Je reconnais qu'il a I'air grave I
Il avait le front pur el beau,
Dans I'ombre indécise se dresse L'æil loyal el ferme du brave.
Un portlait dc jeune inconnu,
l)ebout dans sa vague détressc Frau Endres se l qu'il n'esl point mort
.{.u rnilieu du mrrr sombre et ûu.
Que de sa belle ûancée
O rnon amour ô mon trésor
Graudes br-lttes uouleur de ueige, Ne lui vint aussi la pensée.
Ample pelisse de houzerd,
Hôte résigné de Tronège, Dans le Pli de son grand sarrau
A coup sfir rtn soldrl. du Tzat : L'un contre I'autre ils ont pris place.
Et deulsche Kiuder deutsche Irrau
Le prisonnier: ([€ l'âutre guerre, Le même deslin les enlace.
Autre victirnc du Destin,
L'æil terue, la nrine grégaire, Quant à moi, drt food rlu litrccul,
Et du soleil ct»unre incertain... Le pli du sarrau de ma mèrc,
Otr je serais à jamais seul,
lievit-il sa ferlns 611 sa ville :' Me serait une lombe amère.
0u depuis lt'entc uns est-il 1à
Parce qu'un jour sol crpur servile
A tout jamais y vucilla ?
En ce cas, galc sa urétnoire !
Un défunt n'est pas un absent ;
Oui, gare I'heure expiatoire
Àu lrès mince ûlet de sang.

III
Sul son ur:ut', au pli du sarrau
La nrère u plar'(,, douloureuse.
Son fils en tunique feldgrau
Portt'conjurel la tornhe cleusc,

-il6_ -!t7 -
l

LOAELEI
TLEXIONS
lt Eciot

De la brume crépusculaire
A con,tre-lleuve, demi-nue, Oir Ie Rlrin se tait, puis s'endort,
L'orteil au bord du guai rivé Au plus haul «lu baiser solaire
Se courbe, dos bien incurvé, Emerge une ile, une ile d'or.
Quelque solilaire inconnue,
Sur Ia falaise cou(umière
Attend, puis du milieu des eaux En flgure de dis.mant
Remonle quelque seau d'ôrable §jège la forme de lumière
Âlourdi d'onde vénéraole Unique sous le firmament.
Au boul de perches de ro:caux.
Sa cantilène lors s'élève ;
Dardé vers le seau qul ruisselle Aux souffles du soir le Désir
Apparait le ferme dessin Ecoute ému de Spire à Clève
I)'une demi-sphère dc r,ein Une harpe de Dieu frémir.
Par le bel écart de I'aisseile.
Ravi de sa barque, en extase,
A l'écueil évité toujours
Le marinier courl et s'écrase
Àu terrible surtaut d'amour,
Immense vers le ciel concave
Eo cri le chanl s'épatrouit :
Point de çadavre ; nulle épave ;
Et le charme e'évanouit.
* ll8 r-
-ttg*
æær Ir rr

« Regardez, mon pèrc, là-bas,


Ce vol de châles et d'épaules.
n'est rondc ni sabbnl
-QueLà-bas
changeant rellet de vieux saules. »

« Rien dc si pur qu'un soogc heureux,..


unursôurtm Tu refuses 1... Nul ne m'échappe. »
« Père, père, Ie speclre affreux I
d. C,athc Quels bras, quels ongles prend sa chape ! »

 grand'terreur, à grand-estrive
Qui par le vent, qui par Ia nuit Enlocés, lant Iû peul les mord I
Si lard à cheval s'aventure, l.e père à son ntcrrnil arrive
Au creux de son ccur plein d'ennui Iit ne tient plus r1u'un cnfant mort.
Que maintenanl sur sa monture ?
« Mais qu'as-tu donc vu, mon enfatrt ?
-I.à,Ah ! le Roi des Aulnes, sa lraine...
couronné d'or... qu'il est grand !
- C'esl de la brume aulour d'un frêne. »

< Viens, rnon chéri. viens, avec moi,


Cueillir les lleurs de mes rivages.
Habit tu n'auras que d'orfroi,-
Ni livre, mon ræur, que d'images. r
« O mon père, I'enteldez-vous ?
Comme je lrouve sa voix fralche !
Il n'est parole de nous
-Que venl d'auiomneautour
ei feuille sèche. »
« J'ai pour ta bouche un fruil vermeil ;
.I'ai pour la couche une caresse
Et pour charmer lon cher sommeil
Une herceuse cnchanteressc, r

-lN- -tzt-
j

BILLINGEN WÂLD I]ND NACHT

Interminable hiver !O lourd chemin de ci'oix ! Irnmonde el nocturne silence !


Par Ia brèche qui fcnd I'abruple roche bise Envers tlu iour, eüvers ries eaux,
A I'islini là-bas sous la dent de la bise D'atlreux fonds la faune s'élance
Orr voil lransir la plainc ou de lugubres bois. Ou rle la vast ou des roseaux.

Nouc ne ûnirons pas d'extraire et de pâtir, Une lutte souplc el subtile


Âdieu, toute allégresse ! adieu, la délivrance ! Âu nageur livre Ie nageur.
II faut sous le fléau, sous Ia schlague et I'outr.ance, Et le sillage du reptile
Il faul des trains entiers de basalte à bâtir. Atteint quelque part le rongeur.
Du suprême Jésus que la lllorl inclina La faim surgil, lâ mort opère !
J'entends l\rltime cri cornme à Ia troisième heure, A peine un râle, à peine un cri :
Et la terre chancelle, et Ie Bagne demeure, Le tronc dc saule est un repaire
El sur le Felsenwand brisent lei hosannah. El Ie trou n'est pas un abri.
Et je pousse ma benne entre deux iuconnus I-'ombre dc plus en plus sc ride
Que m'a PouI compagnons donnés Ia saison dure, Et n'est plus qu'agiles élans.
Âu milieu de la nuit que le jour même endure Parfois une engeance putride
Au même pas ssnglant condamoant nos pieds uus. Emerge en bonds élincel rruts.

Toute zone croise une zone


En mille duels cauleleux.
En mille cercles onduleux
La guerre vâ, grouille, foisonne
*tu- *l?3*
i

_t

Soudain parfois dressée, hagrrde,


Et l'æil ouvert sur I'inconnu,
La tête ûxement regarrie
Et croit le jour enfln vcnu.
La voix lrar Ia nuil roule et gro[de.
I,'IMPI-ÂCABLI] « O nain, dit-elle. sors, ct voi
Si le freux cncol fait sn ronde
fu R chctt Autorrr du rnondc el de rna foi.

Si l'aite sombre du mensonge


l-e Vieux, Ie pi:re ttc l'EntPilr'. Au ciel ternit I'immaculé.
Ârr fond d'un rrhri désolé Je dois retoulrrcr ir m()n suusc
Palmi la guivle, lc vampile, Un siècte enc()re errsolcelé. »''
Ici repose ensorcelé.
Car il n'est pas rnorl !il somnreille.
ll respire, vivanl tortjours :
Au fnnd de son cættr I'ârne vcille
Arr plus ténébreux des séiours.
De son lrès lrarrI tlossicr d'ivoire
Au pli de son hras décltarntl
Son clief sur lu granrl'lahle Itrtir',
.{vec le Temps s'est incline.

f,a barbe, tl'un ptrosphnre étrange.


trnondc le marbre à I'entour'
Et retombc, telle unc frange,
,,\insi qriun lierre d'une lour.

Or le Grand Dormârl sous Ia terre


A défaut d'humaine splendeur
Iln son épreuve solitaire
A des rêves pleius de grandeur.

-124_ -125_
Plus son vol abst de soldats,
Plue exultanle elle étincelle,
Offrant sa fête universelle
A I'Homme qui la posséda.
ltaig quald le Hun se crut vaiaqueur,
Il vit la danse échévelée
L'DPEE IÿAI'TILA D'une imprévisible mêlée
Le ceruer de gaieté do cbeur,

Et, sâuvage éblouissement.


On dit que des maius d'Attila Plonger sur. le Mon{ol imrnense,
L'Epée Uberall, déchaînée, Ivre de mcurtr(.ct, de déruence,
Au soir de I'ultime journée Au plus fol de I'rrclrarrrement.
Epouvantable s'€nvoh.
Plus ue s'eu coljule l'élan ;

A droite, à gauelte, iclairs sauglants, Elle se cabre, se rebelle :


Poignant d'estoc, frappant dc taille Elle travaille de plus belie
Et multipliant la bataille Et redoublc dc mâutâlent.
Elle assâillait les hommes blatrc§.
La telre devint uu billot :
Fléau de carDagc el de mort, Toute herbe s-aigrra dans ia ptaine ;
Irrésistible, inévitable. L âlr ne lul l)lus que rouge haleine
Elle envoyait, lable pâr table, lll la hordc qu'un seul caillot.
Aux longs festins du dieu du Nord.
Quand il
'I râvet'lsant
nc r.esla qu'un porcher,
fout à son implacable cntrain la passe écumante
S'ouvra[t de sinistres clairières, Uberall se muia fumanle
Ame des besognes guerrières, Iin une faille de rocher.
ElIe æuvrait sans trêve et sans û.n.
Et.toujours Dr.êt, comme un bourr.eau,
Cent d'un côté, mille par là Veille au cæur de ce r(À- ce glaive ;
PIus qu'un essaim, plus qu'urre épée Au moindre tocsin il sg leys'
C'était la faulx de l'épopée El fond sul nous dc ce fourreau.
A Ia grand'moisson d'Attila.

-17Â_ -t27_
l

Rentra des clos un voisin !


Mais cet homme de passage
Ignorait de quel messaEe
On vivrait le lendemnin.
.Ie cherche I'arbre : il o'est olus
La vieille demeure est orise-
Et le trislesse me brisi
Au rcvers de mon talus.

I,D RIIVU ÀII CIIATAIGNIF]R

Sur nôtre blanche rnaison


Je I'ai revu vénérable
Immensément perdurable
fltendre su fi'orrduisou.

A deux pas du seuil heureux


Comne un balc sous Ia glycine
A nu courait la rucine
A mi-flanc du chemin creux.

Daus la paix du premiel soir


Du retour irnaginaire
A nron rePos ordinaire
Un moment j'allai rn'asseoir.

Un vol de chauve-souris
Zig-zaglril par la nuit pure
Ori s'abimait d'aveulure
Une étoile comme un cri-

-tzg_ -t29-
« LES ÈRUPLES LIBRES... r mes enfants
Qu'unime le vent de la Manche
Et le clarté d'un beau dimanche,
Mènent leur danse triomphante.

< LES PIIUPLES LIBRES... » La planète


GAULOIS DEPET{DANT SA MAISON A vécu de longs cauchemars,
(D,ts wtno DocH EINuÀL seIN) Oir I'innocent forte ta dette,
Où la plèbe doit douze parts.

Peuple libre, Jaoques Bonhomme,


ui, demande en moi le Frondeur, On t'arrache mille ans d'efforls,
Erigea le dos à la vague, Dt pour. d'iguobles châteaux-forts
Anbnyme dans sa laideur, On taille ta race économe.
Cette ingrate colonne vague ?

Il faut cher.cher l'inscription, « PIIUPLES LIIJRES...» Vers la tbrêt


Tant la dérobade est h;nteuse. Aux lueurs dc torches hurlantes
< LES PEUPLES LIBRES... » O menteuse, En pâles charrois sans alrêt
Hypocrite usurpation ! S'en vont les oharrettes sanglântes.

Qui flt plus et mieux que le France ?


Dix mille justes décharlés
Et qui du refus du néânt Jolrcheltt la clairii:re épuu vaute
Sut d'espérance en espérance Et ccnt rrrill.e sont DiétiÀés
Abatlre l'aigle au vol géant ? A t'état tlc ftnge mouvânte.
Oui, Iors quel peuple rr'u béni, De puits bordés de tombereaux
Vastc enrpire, étroite province, Montent des nappes d'aronrates,
Un nour rlue rlu fauve eranit IJt la relève des, bourrcaux
Quelque nouyeau bur.barË évince I Renuît ru fond des bois sarrnates.

ùfais passuns... Sur le piédestal, Dépouillant les suppliciés


Une plale-forme massive, Avec des libcrtés infâmes,
Autour de Ia pien.e abusive Aux chanriers ils jcttent pillés
Avec leur rire de cristal... Les blaves, les enfants, Ies ferrunes.
*tn-
-l3l _
Et des haillons se saisissant,
I.es tueuses de la tuerie
A leurs chiens font lécher le sang
De lerrr avide b<tucherie.

f)'a{l reux hauts-parleurs snns répit


Dillusen{ des chants de victoire, 8 AOt T 1944
Éit les étoiles tle la nuit
Sont des gueulcs de rrérnatoire.

« PEUPLES LIBR!]S... » Dans cette nuit,


L'on poulsuit nra laugue, mon â.Ere, Saint-Malo, sous un choc barbare,
A qui rn'altaque, à qui vous nuiÇ Aujourd'hui n'est plus qu'un brasier
Ah I luise l'aube de la prame I Et voilà trois nuits que ce Irhâre
Illumine, atroce losier-
l.a Tcrre se Lrouvle de sang ;
Alr ! ne nous couvrons pas de honte, Père, père, cetlc Chimère
Et rous, les Peuples, en chantant, A rldvori ton vieirx taissearr
Àu pas obscurs que nul ne dompte Pleure, pleure, ,lu panrrre ,rrèi'" ,
EIIe brtle ttotre berceau.
Àttachez-vorrs pour votre horrneur ;
Votre foi de la mort se rie Pflltorr, cet illetl!'i., canarde
A l'humbte cxenrple du nreneur Hexrulanum sur st»n rocher ;
Qui sert le moude, et sâ patrie. Àulock s'achurtre, Aulocli prrign artlc
Une ville sur son ht)cher ;
lVles enfantsrelr.ennent leur ronde
Autour du roo de ma victoire ! Victuose de periidie,
Qu'imporle gu'au loin le llot gronde L'Anglais y va rle son btandon.
A qui tient le rnot de I'Histoire ? Ilt fuvorise I'incendie
f)e sa mncune sans prrdon.

Dc la geôle, de [a torture
Oir jc tiens loujouls moins navré
Que révolté de nru capture,
O Ciel ! Ne sois-je délivré

-t)2- -)33-
_- ! ! l I I r r r, -q.rsb

Si de nouvelles Varsovies
De crime en crime s'allumant
Doivent menacer dans leurs vies
Au oeur d'un village fumant

Ceux que mon âme inasservie,


Ceux que ma. mémoire d'enfaDt
D'une idéale Gergovie LÂ MEBE DU POETE
Comme au premier matiu défend,

Car de moi j'offre sacrifice,


Et retombe sur moi ce væu Alors alriva I'An Quaranle
Si le terme de mon supplice Donl nous nous élions tant moqués,
A Ieur lête cotite un cheveu !
Et Ia chasse aux braves lraqués
Qui guerroyaient de guerre erranle.
À leur bravoure, à leur misère,
Ouvraient le chaumc ct le château,
Sur la foi de leur grand couleau
Rouge du sang du garnisaire.

La moins accueillante retraite


Illranges bords et bois affreux
Avec ses détours lénébreux
N'était pas Ia ferme secrète.

Soldats de l'arpent le<:onquis


Autour du gr'ând feu d'Eponinc
Ils buvaieDt la foi féminine
Et Cétaieot les gars dn maquis.
De la demeure valeureuse
(On ne saura jamais commeng l)
Un jour averti I'Allemand
Prit la famille généreuse.

-t?,l'_ -t35-
l

En tête portant la valisc


Adieu domaine adieu Linon
Venail droit le vieux chel du nom
Adieu nos morts adieu l'égliee I

SublLre ereuple de vauricn


A Tolbiac iJ dit Ia France
À I'Elbe il répondit la Rance INQUIETI]DE
A I'Homme il ne répondit rien
Juges. bourreaux et leurs suppôls
Ont joué de tous leurs supplicen ;
Après les loups venaielrl les lices. Pas un bruit, pas un chal dsns tout le bourg d'Flvran :

Après les savanls les Kapos. Lt pel'sp€ctivc s'ouvre err repus hennctiquc
Et l'on n'ouït.icmnis heure plus dôsertique
Arec plus grave son choir du halll du cadrâir.
Mort et les lèvres se cousont
L'æil garda, hagarde, vivanie. 4 r'tipres. eoill'c hlanclre, rrlerlr gr()upe noit..
Ultime lueur, l'épouvante
Au creux des orbites luisants. Âutlefois de prrtoul veuuient lès honnes femmes,
Bonrtcs s<eu rs de caltrpagne cl mainles bi-rnnes ârnes ;
Aujourrl'hui, rien : l'ahsence, el là-haut : Beaurnanoir.
Avant d'aux llarnrnes le jeler,
Le tortionnaire
féroce
Seuils fcr.més, volels clos; urr tronde, rnâis relrait,
Envova son image atroce
Iln Francc pour mieltx lourmenter. Drrns lbmble d'unc cour qualre jouerrr.s de car.tes.
Uuc place de ville avec cûdre el pal({rrles.
Ayant la pièce licu, mais profonde, cn secrel.
Et bien que reculant d'horreur,
Tremblanl on se passail la face,
O vision que rien n'eflace, Sâlls ccsse je revr.ris oe rlinrauchc évr.unnais.
Au plus haut point de la terreur. Que ce monde rn'enclrante et m'erseigne à moi-rnônre !
O, s'il fallait, Evran. «lire combien .iu t'aiure,
Enlends poul loûl a\.cu l'ennui qrrc je connflis.
Ton fils aux mains de I'ennemi,
Ce cauchemar sans sépulture,
O Mère, sans fin te torture
Et femme, lu n'as plus dormi.

-tx- _ tr7. *
REGINA CASTAA
ÂU DELA DE LA BBECHE

Au delà de Ia br'èche évite la clairièrc, Urr lrès long, très aigu, très plaintif sifllerncnt
I-rrrnchit à faire peur scs lèvres hermétiques :
El fuis ce tlésespoir d'on ne sait quel marais, Intrtc. toidc cncôr, dc fotrnes sqttelettiques.
D'on ne sait quel désert âu fotrd-de ces forêts ll gît exsangue. nu, glacé profotrrlétnent.
De lèpro el de bitume atroce fondrière.

Nul souffle ; nul oiseau i nullc ombre ; nulle Tel au milicu du lit sur Ia face ieté,
race Tel au sorlir du bac oir flotte un bloc de glace,
A jamais le silence infrairgible et sâcré ; ll sent une chaleur confuse qui I'enlace
De I'honrme en ce palud pou!. son malheur entré Et glisse sotls son col'ps un tièdc et sûr doigté.
Se perdrâient les appels et se perdrait h trace.

En vain de tes legarrls abrêgc la délresse : Sur I'angulcusc épaulc, ayant crispé les mains.
Dcs mains <le naufragé sur épave en dét'ive.
lls ont vu. Comnte rnoi, saisi de celle horrertr II épouse l'ôtleinte, en (létresse s'y rive
A jamais du Néânt malgrti toi l'éclair.cur tlt répond sans le voir à des rythmes humaius !
Tu diras qu'à tes ycux ce licu sans fin se rlresse.

Seul Dicu uavlc, s'il veut, de Darcille navrance :


Il enlrouve les yeul ! Vie ! et voici le jour !
Femme ! et voilà gu'il lrouve une bonté charnelle
Ainsi du Scigneur seul l'éclair- lreut foutlrover ! '
!

Et désespér'émelrt à la chair ntaternelle


Dc tous lrrâsiers lrurnains la nuii oeut flambôver : Il rend ce qu'il reÇoit de tendresse et d'amour.
Tous les hüchers du Monde épurg:nent I'Iispôiance.
Ut sous I'oubli divin qui le vient d'embraser
Los Médecins d'Etzel voient l'éttange inconnue
Caresser sur le front la couleur reYenue,
Un sourire très pur enlre chaque baiser.

_r30_
-119-
,.. I I I r rr . r I rr I r, '"1.,. -*- l

Alors, delnut, le vieux buveur


Epuise I'ultime délice,
Et dans une sainte fcrveur
Jette âux vagues lc (loux colice.

Il en suit le soùt inccrtain


Sur le veltige dc la [roule,
El sol regurd llolto et s'éteint
Quand I'image s'efface et coule.

I,E ROI DE THULE

do Gathe

Ilétait urr loi de Thuld


Qui de sa défunle nraîtresse
Au fond rl'urr craal ensorceld.
Gardait vivantè Ia calesse.

I-es lannes lui venaient âux yeux


Sitôt qu'il y portait les lèvres ;
Il n'eut rierr de plus pr.écieu.t
Au désespoir de ses orfèvres.
Sen(anl vcrril ses deruier.s jours.
A ses enfanls léoua I'hoirie
Fors la ct,upl d;;À ,,;;;;:
Pleine eneor de I'ombre chérie.

 l'unique, au tetrdte couverl


ll pritplace dans la grand'sa e,
En Ia haute Tour de Ià Mer,
centre de la genl vassale.
^u
_ t,(}_
- t{l -
CEîTE PÂTIYRE PDTTTE VILLE ANTEE

De la pauvre ville éventrée Pour qui ccs drapeaux et ccs lleurs ?


A flanc de côte el de côleau Qut.ri ? poul norrs, cette foule grave
Ne subsiste que Ie Châleau Quoi ? poul nous, cet accueil du brave ?
Sur tanl de demeure navrée- Et ces pères au bord des pleurs ?
Adieu la ruche radieuse, J'attends. Je pose maouscrit,
Et son éveil dès le matin Bossuel, Jcal Calvin, Lucrèce,
Comme un sourire du lointain Homère, quc chanta la Grèce,
Dàns la lumière spacieuse I Et ma grarnmaire de sanskril.
Fille du sol, irroffensive, Fini de prier en Eufer !
O fleur de songe et de Beauté Honrmes nous n'avons qu'uu visage,
Plus que mainte principauté Anrcs. qu'urr lcgard qui sans âge
Porteusc de passé pensive. Au tréfonds d'un peuple se peid.
Aujourd'hui ruine et cratère, Alors mvosotis
I{élas I de peuple n'as-tu plus - æillet
Souvenii ô surface ivresse
Que cette vieille au bras perclus Archi-millénaire se dresse
lnconsolable et solitaire ? La « Marseillaise », qui veillâit.
Il ne reste pierlq sur picrre ; Moi, qui suis à peine soldat.
Il est tonrbé, l'aigle cruel, Qui nris tant d'hauplmann err fur.ie,
Et de toi. I'atrocc duel Me sentalt face à mâ patrie
N'a fait qu'un vasle cimetière. .Ie saluai hien, ce jour-là.

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IIEtrMKËHN
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Je vais retrouver moir calme hsmeeu :


C'est Ia même brise el même carole
Et les mêmes toits oir le pigeon vole,
La même Iumière et les mêmes flots.
Süence, ô mon ânre I Après la tourmente
Sur le même quei nl'attend mon amanle.

La vague rnurmure ainsi qu'autrefois ;


Ainsi (ue jadis fuit la mêmc rive ;
Sur le vigne encor s'acharne la grive ;
Le chevreuil toujours bondit par les bois.

Silence, ô nlon o@ur ! ma tendre espérance


N'ose demander à !'ami d'enfance...

Dans ce même lac la même hauteur


Mire même neige et même vieux chêne.
Au clocher du bourg dans la paix sereine
Le même Angélus thte avec lenteur,

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D'rMpIttiirÊR
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Dépôt lésal 1964


Deuxième trimestre
No d'impression r 17

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