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Caroline Lepage est journaliste scientifique avec une solide formation en biologie médicale. Son
blog, merseaplanete.com, a été classé dans le top 10 des Golden Blog Awards 2012, rubrique
Science.

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Cet ouvrage est une édition augmentée et entièrement mise à jour de Thyroïde : enfin le traitement
qui sauve paru aux Éditions du Moment.

Design couverture : Le Petit Atelier

© 2018 Leduc.s Éditions (ISBN : 979-10-285-1128-9) édition numérique de l’édition imprimée ©


2018 Leduc.s Éditions (ISBN : 979-10-285-1047-3).

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SOMMAIRE

Introduction

PARTIE 1

Chapitre I. Ma découverte de l’hypothyroïdie


Chapitre II. La thyroïde, comment ça marche ?
Chapitre III. Pourquoi penser à l’hypothyroïdie ?
Chapitre IV. Du côté des traitements
Chapitre V. Apprendre du passé, lointain ou proche
Chapitre VI. Et si on changeait notre alimentation ?
Chapitre VII. Mes derniers conseils

PARTIE 2

Chapitre VIII. 2 semaines de menus


Chapitre IX. Recettes

Index des recettes


Table des recettes bonus
Remerciements
Table des matières
INTRODUCTION

« Le romancier est fait d’un observateur


et d’un expérimentateur. »
Émile Zola

S
ix millions : c’est le nombre de Français dont la thyroïde est
défaillante. J’en ai fait partie. Comme eux, j’ai longtemps souffert
sans que personne ne puisse mettre des mots sur mes symptômes.
La thyroïde est une petite glande cachée à la base du cou et qui sert à
produire les hormones thyroïdiennes, essentielles au bon fonctionnement du
métabolisme du corps humain. Lorsque cette glande dysfonctionne, il y a
deux possibilités : soit elle produit trop d’hormones, c’est
l’« hyperthyroïdie », soit elle n’en produit pas assez et c’est
l’« hypothyroïdie ».

J’ai vécu des années avec une vague colopathie fonctionnelle avant que ne
soit officiellement diagnostiquée, en 2001, une maladie auto-immune qui
devait faire plonger mon organisme en « hypothyroïdie à vie ». Tout a dû
commencer aux alentours de 1986 : le 26 avril de cette année est une date
assez mémorable pour la souligner, car elle est celle de l’accident nucléaire
de Tchernobyl et de son méchant nuage se promenant au-dessus du globe
(sur tout le continent européen), souvent accusé d’avoir abîmé les thyroïdes
des humains…

Je suis donc « Hashimoto », du nom de la maladie que l’on a mis tant


d’années à me diagnostiquer. Pour faire simple, la maladie de Hashimoto
(aussi appelée thyroïdite de Hashimoto ou thyroïdite chronique
lymphocytaire) est la conséquence de l’attaque de la thyroïde par les
anticorps de l’organisme, spécifiques et trop nombreux. Cas typique de
toutes les maladies auto-immunes : pour des raisons diverses, le système
immunitaire d’un homme ou d’une femme, et ce parfois dès l’enfance, se
met à attaquer son corps au lieu de le défendre…

Moins répandue que l’hypothyroïdie, l’hyperthyroïdie n’est pas plus


réjouissante : plus dangereuse, elle transforme le corps en « bolide » en
raison de la production excessive d’hormones. Conséquence, entre autres,
de la maladie de Basedow, qui soit est traitée avec succès après des mois de
suivi médical strict, soit aboutit à une ablation de la thyroïde entraînant en
fin de compte… une hypothyroïdie à vie, et le traitement qui va avec !

Ensuite, comme s’en plaignent souvent les patients, les symptômes sont
tenaces malgré le traitement… Les endurer, en être soulagé, replonger de
manière vertigineuse, remonter de nouveau péniblement la pente et
s’accrocher avec l’espoir de rester plus longtemps en surface,
l’hypothyroïdie est une lutte au quotidien, une sorte de grand huit
moléculaire qui a des répercussions sur tout l’organisme. Lors des passages
à vide que j’ai traversés – et ils ont été nombreux –, je me surnommais
« Hashimoulue » : « moulue fatiguée », « à plat », « vidée », « sans
carburant », autant d’expressions pour décrire cette sensation où l’énergie
claque la porte sans se retourner, même après avoir avalé un bon café !

Pendant des années, ma thyroïde a donc mené la danse, me traînant


lourdement dans son sillage au gré de ses envies. Quand, apparemment
assez soulagée par le dosage de mon traitement, elle parvenait à travailler
un peu, mon état de forme restait correct. Mais lorsque ces fourbes
d’anticorps entraient en action, la thyroïde était déstabilisée, mon traitement
aussi et, inévitablement, je replongeais. Il m’a fallu beaucoup de temps pour
comprendre et accepter que ma vie ne serait jamais le long fleuve tranquille
hormonal promis par les traitements. Difficile aussi, psychologiquement, de
savoir que son propre organisme, pour une raison encore inconnue,
s’autodétruit.

Le principe du traitement prescrit depuis une éternité est simple : la


thyroïde ne produisant pas assez d’hormones, on comble cette carence par
un apport en hormones de synthèse, le fameux Levothyrox®. Au pays de la
thyroïde, tout semblerait donc assez simple grâce à la chimie, si ce n’était le
grand problème des symptômes difficiles à décrire par les patients, donc à
identifier par les médecins… Autant de difficultés qui allongent
exagérément le délai acceptable, sur un plan éthique, du diagnostic à poser :
si les professionnels de santé ont prêté serment, c’est pour soigner les gens,
et non pour les laisser traîner dans la misère physique, intellectuelle et
émotionnelle ! En hypo- ou en hyper-, on a le cerveau dans le brouillard, les
muscles et les articulations « en vrac ».

En hypothyroïdie, on est un survivant. Les patients atteints le savent. Au


début, c’est comme un trou noir qui nous aspire, avec la sensation de ne
jamais pouvoir faire machine arrière. Pour supporter au quotidien un corps
qui ne veut plus obéir, l’humour est une bonne arme qui permet d’alléger
l’épreuve et de penser à des lendemains qui chanteront mieux.

Cet humour, je l’ai choisi pour vous livrer aujourd’hui mon témoignage et
vous rassurer : il est possible de s’en sortir mais il faut s’informer.
Apprendre à connaître les symptômes, ne pas avoir peur de parler et de se
faire écouter par les professionnels de santé, décider d’avancer et vivre
différemment. Dès que le corps médical m’a donné le nom de ma maladie,
je me suis réfugiée dans la science et dans les livres. Je voulais savoir à
quelle sauce j’allais être mangée, dévorer mes symptômes avant qu’ils ne
me dévorent. Grâce à mon métier de journaliste scientifique, j’ai pu aborder
le sujet avec des médecins, des biologistes et des pharmaciens chaque fois
que j’en ai eu l’occasion. Au début, je me suis sentie bien seule puis,
progressivement, je me suis liée d’amitié sur Internet avec d’autres
« thyropatraques ». Grâce à l’anonymat, les langues se déliaient, délivrant
des messages de lassitude, de désespoir et de réelles souffrances qui ont
résonné en moi de manière violente. Je rencontrais les mêmes problèmes
que tous ces gens. Le fait d’en parler ensemble nous a donné un espoir
concret : nous nous en sortirions !

Les médecins connaissent bien sûr, par cœur, tout ce qu’il faut savoir et
faire pour détecter une éventuelle maladie de la thyroïde : son anatomie, son
fonctionnement, les examens biologiques à prescrire… Dans la pratique,
c’est une autre histoire !

D’abord et surtout parce qu’une thyroïde qui fonctionne mal n’entraîne pas
toujours des signes francs : les marqueurs du fonctionnement de cet organe
sont souvent dans les normes et, parfois, seul un indice anodin peut orienter
le praticien.

Ensuite, par manque d’écoute du patient : comme dans beaucoup de


maladies complexes, seule la personne atteinte sait ce qu’elle ressent
précisément. Trouver les mots justes pour décrire clairement ce que l’on
ressent n’est pas si facile et nécessite une oreille attentive, une vraie écoute,
et donc du temps. Or, le temps et l’écoute ne sont pas forcément ce que
peuvent mettre spontanément à notre disposition tous les médecins.
Difficile aussi pour eux de faire la différence entre l’aspect physique du
patient et l’aspect psychologique des troubles qu’il décrit. Quand on ne sait
pas et que les résultats des examens sont normaux, il est tellement plus
simple de mettre les supposés symptômes sur le dos de la psychologie…

C’est aujourd’hui tout le problème de la médecine : dans une société


toujours plus pressée, les médecins ont-ils encore le temps d’écouter chacun
d’entre nous, d’allonger la durée de leurs consultations ? Ont-ils aussi le
temps de lire régulièrement les nouvelles études, publiées en anglais, et
d’en tirer une synthèse utile pour aider les patients acculés dans des
impasses ? Pas vraiment, voilà pourquoi j’espère que mon témoignage sera
entendu par tous ! J’ai certes le devoir de faire mon travail de journaliste
scientifique qui apporte probablement beaucoup plus de crédibilité à ce qui
est écrit ici, mais j’encourage tout le monde à chercher et à s’informer en
fonction de son vécu et de ses moyens.

Avec un accès plus vaste à l’information générale, régionale, nationale,


internationale, médicale et scientifique, les patients, quand ils ne sont pas
soulagés, peuvent, grâce à cette information, combler les lacunes de leur
histoire personnelle. Même si nous ne sommes pas encore tous Alzheimer,
la mémoire nous fait parfois défaut et les journalistes, qui ne font pas que
nous parler à la radio ou à la télévision de la pluie et du beau temps,
parviennent sans le savoir, à faire des miracles sur les auditeurs, les
téléspectateurs et les lecteurs en stimulant leur mémoire. Parfois, la lecture
d’un simple article de journal, pas forcément dans les pages santé, provoque
un déclic pour celui ou celle qui s’y arrête… Lire des mots écrits noir sur
blanc sur le papier – dont l’aspect rappelle tellement les fibres de son
origine naturelle, le bois, l’arbre, la forêt – est également salvateur pour se
concentrer uniquement sur soi en se déconnectant de son smartphone.
Ainsi, plus on en apprend sur soi, plus les images reviennent à l’esprit, y
compris les souvenirs de jeunesse que l’on croyait disparus : des lieux de
joie ou de tristesse – l’écho du préau dans la cour de l’école, le son des
cloches pas toujours très calé sur l’heure de la sublime horloge de la vieille
église, les fêtes de village, un concours de tarot, un tournoi de tennis, etc., le
goût des bonbons acidulés (à la violette ou au cola…), la saveur d’un plat
typique, des odeurs dans l’air du matin… Il suffit d’un seul de ces petits
moments de vie et tout remonte à la surface. Il ne faut donc pas hésiter à
confier ses doutes et ses interrogations au médecin, certains souvenirs aussi.
Une « légende urbaine » raconte qu’avoir un problème de thyroïde, c’est
comme avoir « gardé un truc en travers de la gorge » pendant des années : il
faut que « ça sorte », il faut parler et rétablir l’équilibre de la vérité. C’est le
pari d’un système gagnant-gagnant, même dans le domaine de la santé :
parler pour stopper la maladie et, pourquoi pas, en guérir ?

À cause de la souffrance que j’ai personnellement endurée, et quitte à


bouleverser des consensus établis, j’ai décidé de partager avec vous cette
histoire et les méthodes qu’il m’a fallu explorer pendant treize ans avec le
corps médical afin de parvenir à faire tomber les handicaps et les douleurs
les uns après les autres.

Pour cela, toujours debout (« toujours vivant », comme le chante Renaud),


j’ai multiplié les expériences, testant divers dosages et traitements. En
voulant m’arracher à une profonde souffrance, j’ai certes épuisé tous les
protocoles médicaux, exigeant de mon médecin toujours plus et mieux,
mais pour arriver au but : faire baisser le seuil de ma douleur et d’une
fatigue anormale, au point de parvenir à arrêter très naturellement et sans
crainte les médicaments.

Aujourd’hui, mon organisme est stabilisé en « euthyroïdie », ce que la


science médicale pourrait plus globalement décrire comme un état
d’homéostasie : une stabilité durable de la pression artérielle, des taux de
sucre, triglycérides, cholestérol (etc.), du poids, du sommeil, de l’humeur,
de l’appétit, de la joie de vivre, me permettant de dire sans rougir que je
n’ai plus à me plaindre de ma forme physique grâce à une thyroïde
équilibrée. Même si je reste sur mes gardes. Si je devais replonger, souffrir
à nouveau de symptômes douloureux insupportables, et malgré l’affaire du
Levothyrox® (j’y reviens plus loin), je reprendrais un traitement approprié,
forcément utile lorsqu’il devient impossible de dormir, de faire son lit le
matin ou d’avoir envie de manger avant d’aller travailler…

Ce parcours qui m’a sauvé, je ne l’ai pas fait seule dans mon coin, mais
avec mon généraliste. Il m’a toujours épaulée, écoutée, et a su adapter mon
traitement aux circonstances chaque fois que c’était nécessaire. Cette
confiance qui nous a liés m’a permis d’affronter les rechutes. Je ne dirais
pas que ce médecin est plus doué qu’un autre – qu’il me pardonne ces
mots –, il est juste à l’écoute. Ça n’a l’air de rien, mais c’est vital ! Quand je
lui disais « Je replonge en hypothyroïdie », il prenait le temps de me laisser
lui expliquer mon ressenti, examinait mes résultats d’analyse puis cherchait,
avec moi, les meilleures options thérapeutiques.

À la question « Peut-on avoir l’énergie de s’en sortir ? », je vous réponds


oui. Car si on est motivé, on finit toujours par déterrer des trésors, des
archives, des « témoignages de guerre » prouvant le désarroi des « mal
soignés » ou des « pas soignés du tout », qui ont dû connaître l’enfer avant
de retrouver le bonheur ! Grâce à ma quête personnelle effrénée de
connaissances, associée à mon refus de subir une vie passable, il m’a été
possible d’inverser la soumission promise aux hypothyroïdiens. Un jour, sur
le ton du défi sympathique, on m’a lancé : « Vous, vous êtes un véritable
laboratoire expérimental ! ». Non pas parce que j’aurais travaillé pour de
grands organismes de recherche… Je dois ici en effet avouer m’être
régulièrement plongée dans les travaux du Centre national de la recherche
scientifique (CNRS) lorsque j’étais rédactrice-traductrice au service
technique d’un laboratoire irlandais fabricant des automates et des réactifs
d’analyses médicales, ou pour d’autres raisons ensuite au cours de ma
carrière de journaliste scientifique. J’ai aussi, au cours de mes études à
l’université, effectué un stage dans une unité de l’Institut national de la
santé et de la recherche médicale (INSERM) où les chercheurs scrutaient le
comportement à l’échelle moléculaire et tissulaire des cellules cardiaques
pour mieux comprendre le fonctionnement du cœur, l’organe… Donc, me
qualifier de « laboratoire expérimental », c’était juste un trait d’humour à
propos du sérieux et du temps passé à la faculté puis, plus tard, à la patience
qu’exigeait une prise de notes quotidienne sur l’évolution de ma santé à
laquelle j’avais dû me plier pour parvenir à identifier les effets des
médicaments sur mon état. En cherchant à comprendre ceux dont les effets
étaient plus indésirables qu’utiles, voire à identifier ceux qui devenaient
carrément inutiles pour mon corps – idem avec certains ingrédients d’une
alimentation inadaptée –, une sélection de ce qu’il y avait de mieux pour
moi en matière de traitement, d’activités, de loisirs, de sport et d’aliments a
fini par s’imposer.

La maladie a ainsi reculé et ce je-ne-sais-quoi que j’aurais autrefois qualifié


d’atroces « symptômes fantômes » a commencé à disparaître… C’est dans
ce jardin secret, pays des merveilles où tout n’est pas facile à supporter
mais qui m’a tant appris sur ces Français plus ou moins malades, et un peu
sur moi, que je vous invite à me suivre. Ce que j’y ai appris, d’horrible ou
de passionnant, je tiens à le partager avec les hommes et les femmes qui
savent ce que signifie toucher le fond à cause d’une maladie. Oui, nous
avons droit au bien-être et au bonheur, et même au plaisir de croquer la vie
avec gourmandise !

Caroline Lepage
1

PARTIE
CHAPITRE I

MA
DÉCOUVERTE DE
L’HYPOTHYROÏDIE

P
endant presque vingt ans, il est possible de souffrir de déprime
inexpliquée, d’être épuisé régulièrement plus que de raison, de
manquer de libido (mais pas d’affection, ni d’envie de mener une
vie sexuelle épanouissante, c’est juste le corps qui ne suit pas), et de se
croire insomniaque alors qu’on est juste en insuffisance hormonale
thyroïdienne mais sans le savoir. Oui, c’est possible et ça l’est d’autant plus
pour ceux et celles qui ont peut-être été victimes ou perturbés par un
accident nucléaire comme celui de Tchernobyl en 1986.

Il y a des incompétents dans tous les domaines, mais qui blâmer lorsque la
vérité s’est fait attendre à ce point ? Votre généraliste, qui est passé à côté
du bon diagnostic malgré vos rendez-vous répétés à son cabinet, puis chez
des spécialistes ? Vous, qui n’avez peut-être pas fait assez attention aux
signaux envoyés par votre corps torturé par le manque de plaisir à table, au
lit, au travail, dans les loisirs, bref dans la vie ? Qui est coupable, qui ne
l’est pas ? Les gens qui se taisent sur leur état et refusent obstinément de
consulter ? L’écoute et l’attention portées à leur allure suffisent à démontrer
ce qu’ils en font et ce qu’ils en récoltent… Pas besoin de médecins ? Et
puis, il y a ceux et celles qui, par peur d’affronter la réaction des autres,
refusent d’entendre ou d’accepter un diagnostic. En quelque sorte, les
cachés de la maladie… Au milieu des années 1990, les recommandations de
la faculté de médecine étaient claires : les patients sont capables d’encaisser
toute la vérité, ils doivent entendre le « verdict » du juste diagnostic !

PLUS D’UNE DÉCENNIE POUR ÊTRE DIAGNOSTIQUÉE

En 1986, j’en étais encore loin, entrant dans l’adolescence au cœur du


territoire de Belfort, cette belle région de France proche de l’Allemagne et
de la Suisse où Johnny Hallyday se promenait en voiture des années plus
tôt, comme un vrai Franc-Comtois.

En 1995, après des années de troubles intestinaux diagnostiqués « syndrome


du côlon irritable » (colopathie fonctionnelle pour les intimes) par le
médecin généraliste familial, je passais la porte du grand amphithéâtre de la
faculté de médecine de Besançon.

Ensuite, en 2001, je faisais mes discrets premiers pas de journaliste


scientifique dans le Midi, d’abord dans la presse spécialisée en « plongée »
tout en étant au passage, lors d’un job saisonnier, employée comme
technicienne de laboratoire d’analyses médicales pour y découvrir enfin que
j’étais… Hashimoto ! Soit à peu près quinze ans d’errance entre l’accident
de Tchernobyl et mon diagnostic d’hypothyroïdie… Fatigue inexplicable,
importante prise de poids, ralentissement physique et moteur, manque de
concentration, troubles de la mémoire, de l’appétit (alimentaire comme
sexuel…) sont les symptômes au quotidien des gens qui ont beaucoup
souffert d’hypothyroïdie, hélas, comme moi.

Sans entrer dans le détail ici (le fonctionnement de la thyroïde est décrit au
chapitre 2), il faut savoir que l’évaluation de l’état physiologique de la
thyroïde se fait par le dosage de trois paramètres biologiques : TSH, T3 et
T4.

La TSH est une grosse molécule sécrétée par une glande située dans la tête
mais qui communique avec la thyroïde. Le dosage de la TSH est la
première analyse demandée en cas de suspicion d’anomalie thyroïdienne.
Cela peut paraître surprenant, voire illogique pour les non-initiés – n’ayez
pas honte de vous dire que vous ne connaissez rien à la médecine, voilà
pourquoi on a inventé les diplômes, les spécialités… et la curiosité –, mais
oui, vous avez bien lu : on dose une hormone produite à l’étage du cerveau
pour commencer à se prononcer sur un éventuel problème hormonal situé à
l’étage du cou…

Une TSH élevée est d’ordinaire interprétée comme annonciatrice d’une


hypothyroïdie, mais reste à confirmer par le dosage des T3 et T4, les
fameuses hormones thyroïdiennes. Actuellement, car les chiffres ont évolué
avec le temps, une TSH est déclarée normale entre 0,4 et 4,4 mUI/L
(millième d’unité internationale par litre de sang), certains n’hésitant pas à
évoquer un taux idéal aux alentours de 1 à 2,5 sans demander d’autres
examens… Dans mon cas, je ne saurais dire si, dès les années 1990, ma
TSH était supérieure à 2,5 puisque mon sang a commencé à être examiné
sous toutes les coutures à partir des années 2000. Mais si j’en avais
conservé des archives, il y aurait sûrement des informations à en tirer. Un
jour, j’ai fini par entendre m’annoncer qu’une TSH supérieure à 2,5 (bien
que dans la norme !) pouvait être considérée comme élevée par certains
spécialistes. Les plus avertis, peut-être ?
Au fil de mon parcours, avec la maladie toujours plus prononcée du côté de
Belfort que du côté du Midi de la France, ma vie professionnelle s’est
poursuivie dans l’écriture (articles, livres), un travail qui me donnait
suffisamment le moral pour tenir le coup et supporter les aléas
d’Hashimoto, avec ses sueurs nocturnes, un manque d’énergie et une
frilosité disproportionnée à certains instants de la journée, en particulier aux
mains et aux pieds.

J’ai supporté des consultations médicales non constructives, je me rappelle


surtout une spécialiste de l’endocrinologie particulièrement décourageante
dans ses propos. Je ressortais de son cabinet sans solutions, presque
habituée à ce que l’on me dise que « tout va très bien, Madame la
marquise » puisque j’étais sous Levothyrox® à haute dose ! Sauf que tous
les ans, même au printemps, je continuais à grelotter, à éternuer et à souffrir
de problèmes de cœur, surtout des palpitations mais aussi de l’arythmie
avec des pics de tension, en prenant pourtant religieusement chaque matin
mon comprimé blanc fortement dosé en hormones thyroïdiennes de
synthèse et enrobé de lactose, le sucre du lait de vache si souvent employé
comme excipient en pharmacologie. Sur le plan physique, j’avais seulement
un goitre volumineux (bien que non dangereux), lié à l’inflammation
caractéristique de la maladie d’Hashimoto.

LE SYSTÈME IMMUNITAIRE AU BANC DES ACCUSÉS

Heureusement, lorsqu’il fonctionne correctement, le corps humain est une


merveille de la nature qui a tout prévu pour reconnaître l’ennemi, lui
résister et le jeter dehors manu militari. Et il garde encore des secrets que
les biotechnologies et chercheurs de tous bords aimeraient bien percer.
Avant qu’ils n’y arrivent, apprenons à faire confiance à notre organisme et à
prendre soin de lui.

Il est en effet remarquable par sa capacité à se protéger des agressions


extérieures. Et tout d’abord grâce à ses premières barrières naturelles que
sont la peau et les muqueuses. « À l’intérieur », c’est le système
immunitaire qui prend le relais : une organisation complexe de cellules
spécifiques en charge de la défense de l’organisme, dès lors qu’un agent
étranger et plus ou moins nocif (virus, bactéries, etc.) a réussi à pénétrer à
l’intérieur du corps… Les cellules qui nous défendent permettent de contrer
des agressions microscopiques quotidiennes que nous ne soupçonnons
même pas.

Parfois, et c’est le cas dans les maladies que l’on qualifie d’« auto-
immunes », ce précieux équilibre est rompu. Pour des raisons souvent
méconnues et diverses (facteurs héréditaires, environnementaux, etc.), le
système immunitaire dysfonctionne, se retournant purement et simplement
contre les tissus et les organes (on parle du « soi ») qu’il est censé
défendre : thyroïde, pancréas, intestin, système nerveux, etc. qui, lorsqu’ils
sont sains, produisent, pour les premiers, une juste quantité d’hormones ou,
pour le système nerveux, participent à la propagation de messages qui nous
permettent de bouger sans difficulté… et sans souffrance !

Une anomalie de fonctionnement du système de défense immunitaire se


traduit par une production exagérée d’anticorps particuliers appelés « auto-
anticorps », produits par certaines cellules du système immunitaire : les
lymphocytes B. Le tissu ou l’organe attaqué – leur cible – subit une
altération progressive et inévitable de sa fonction avec, à terme, un risque
de dysfonctionnement total pouvant entraîner, dans certaines pathologies, la
paralysie lente puis la mort.
Les répercussions de telles pathologies sur l’existence d’un individu
peuvent être considérables. Parmi les maladies auto-immunes les plus
connues, citons le diabète de type I (insulinodépendant), la maladie
cœliaque, la polyarthrite rhumatoïde, le lupus, la sclérose en plaques, etc.
Chez moi, c’est la thyroïde que mes anticorps ont prise pour cible. Il a donc
fallu « rectifier le tir »…

LA RÉPONSE IMMUNITAIRE
DANS SON FONCTIONNEMENT NORMAL

À l’état « normal », la réponse immunitaire consiste en une


défense de l’organisme par une armée de cellules
spécifiques chargées de localiser, maîtriser, gérer ou
évacuer tout élément étranger (bactéries, virus, parasites,
cellules altérées, par exemple infectées ou cancéreuses)
dès lors qu’il a pénétré dans nos tissus. Cette armée de
soldats de l’intérieur est composée de leucocytes (ou
globules blancs) qui sont au nombre de 4 à 11 milliards par
litre de sang !

En fonction de leur mission plus ou moins spécialisée, les


leucocytes sont de nature différente : on distingue
principalement les polynucléaires, les macrophages et les
lymphocytes. Sur une prise de sang, le dosage de tous ces
éléments est habituellement détaillé.

Sont dosés aussi les monocytes, des cellules susceptibles


de se transformer en macrophages. L’ensemble de ces
cellules est organisé en un système dont la complexité et
l’action sont incroyables puisqu’il a la capacité de distinguer
et de gérer (pourles détruire au besoin) les éléments
« étrangers », dits antigènes (« non soi ») des éléments
propres à l’organisme (« soi »), puis de les détruire si
besoin par deux niveaux de défense : la réponse
immunitaire innée, « non spécifique », et celle dite adaptative,
« spécifique ». Il faut donc distinguer l’immunité innée de
l’immunité acquise et ne jamais oublier que l’évolution de
l’espèce humaine a toujours une part de responsabilité
dans l’implication de l’une et de l’autre…

Ainsi, face à toute intrusion d’élément étranger dans notre


corps, la première ligne de défense est la réaction
immunitaire non spécifique (ou phagocytose) qui se met en
route, faisant intervenir certains polynucléaires et
macrophages ayant le pouvoir de capturer et détruire les
particules étrangères en plusieurs étapes. La réponse
immunitaire spécifique fait, elle, intervenir les lymphocytes
B qui produisent des anticorps spécifiques capables de
neutraliser les agents pathogènes, et présente la
particularité d’être mémorisée (en vue d’une potentielle
réapparition de cet agent dans l’organisme qui le
reconnaîtra alors immédiatement).

MALADE D’HASHIMOTO !
J’ai, pour ma part, vécu des années dans un état de santé dont j’ignorais
jusqu’à l’existence… Je n’avais rien vu venir de la maladie silencieuse et
autodestructrice. Je ne pourrais pas dire que je ne suivais pas l’actualité.
J’avais, comme tout le monde en 1986, entendu les journalistes longuement
commenter et décrypter à la radio ou à la télévision les images de l’accident
de Tchernobyl en République Socialiste Soviétique d’Ukraine dans
l’extrême-ouest de l’ex-URSS, aujourd’hui la Russie. Mais, du haut de mes
9 ans, je n’avais pas réalisé à l’époque l’ampleur de la situation et l’impact
potentiel du dysfonctionnement d’une centrale nucléaire sur
l’environnement, l’équilibre de la faune et de la flore, et sur les organismes
humains… Il a bien fallu que les chercheurs étudient tout cela ensuite et
publient leurs résultats.

Que mon ancien problème de thyroïde ait ou non un lien avec Tchernobyl,
par chance, Hashimoto est peut-être la moins invivable des maladies auto-
immunes, même si cela n’a pas toujours été une partie de plaisir. Les
frissons ont souvent parcouru mon corps, surtout aux extrémités des
membres lorsque je ne m’y attendais pas, même lorsque les températures
étaient plutôt clémentes. Et j’ai fini par comprendre. Quand la thyroïde
déraille, trop attaquée par les auto-anticorps, on est sûr de finir patraque,
« thyropatraque » en quelques jours. L’organisme, sans que l’on en ait
conscience (car les débuts de la maladie sont « muets »), manque
d’hormones. Il en souffre et s’épuise à petit feu. Comment comprendre
l’usante fatigue dès le matin, les kilos qui s’accumulent de façon anormale
lentement mais sûrement, comme l’indiquent les chiffres « effrayants » sur
la balance (alors même que l’appétit n’est plus vraiment au rendez-vous
depuis longtemps lorsqu’on passe à table), la dérangeante frilosité, surtout
le soir, l’ennuyeuse baisse de libido et finalement la déprime ?

La maladie de Hashimoto est une inflammation chronique de la thyroïde,


d’où son nom « thyroïdite d’Hashimoto ». En médecine, tout suffixe en
« ite » désigne une inflammation aiguë, mais le plus souvent provisoire :
gastro-entérite, rhinite, bronchite, otite, pharyngite, etc. La thyroïdite
d’Hashimoto, elle, est la cause la plus fréquente d’hypothyroïdie chez les
êtres humains. Il n’est d’ailleurs pas exclu de penser qu’elle affecte aussi les
animaux.

Quel est le mécanisme révélateur du problème immunitaire ? La TSH


grimpe pour stimuler la production de la glande devenue en apparence
paresseuse. En apparence seulement, puisqu’elle était depuis des années la
cible d’attaques d’auto-anticorps détraqués et en surnombre ! Au point d’y
apparaître officiellement comme preuve de l’état pathologique sur la feuille
de résultats de la prise de sang. D’où un dosage des anticorps
antithyroïdiens aussi précis que possible. Ils sont de deux types :

1. les anticorps anti-thyroperoxydase (anti-TPO), qui ciblent la


« thyroperoxydase », enzyme impliquée dans la synthèse des hormones
thyroïdiennes ;

2. et/ou les anticorps antithyroglobuline (anti-TG), qui s’en prennent à une


protéine fabriquée par certaines cellules de la thyroïde.

Cette maladie, porte le nom de son découvreur, Hakaru Hashimoto,


descendant d’une longue lignée de médecins, né en 1881 dans l’est du
Japon (où le riz est de loin la céréale la plus consommée, y compris
transformé en alcool qui se boit plus facilement que le lait de vache
lorsqu’on devient adulte).

En 1903, donc, Hakaru Hashimoto intègre la faculté de médecine de


l’université impériale de Kyushu, dans le sud du pays. Étudiant pendant
quatre années au premier département de chirurgie, il analyse les tissus de
goitres prélevés sur quatre patientes. Ce qu’il voit au microscope lui semble
tout à fait inhabituel. Il n’en trouve aucune trace dans la littérature
scientifique. Constatant, entre autres, une infiltration des tissus de la glande
thyroïde par des cellules lymphoïdes – des lymphocytes – et la présence de
follicules lymphoïdes, il décide de baptiser sa découverte Struma
lymphomatosa. Alors âgé de 31 ans, il en publie une description détaillée en
1912, dans une revue allemande.

À l’époque, ses travaux ne font guère de bruit. Ce n’est qu’en 1931 qu’une
publication d’Allen Graham, un chirurgien de Cleveland (la « ville-forêt »
de l’Ohio aux États-Unis), dans la revue Archives of Surgery, attire enfin
l’attention de ses collègues. En étudiant des thyroïdites, Graham répertorie
quelques cas dans la littérature scientifique en lien avec les descriptions
faites par Hashimoto. Le Struma lymphomatosa devient enfin plus connu
aux États-Unis et en Europe sous le nom de thyroïdite de Hashimoto. Vingt-
cinq ans plus tard, des médecins découvrent que le sérum des patients
atteints de cette maladie contient des auto-anticorps antithyroïdiens (AAT),
étude qui contribue à la découverte des pathologies auto-immunes
spécifiques d’organes. Désormais, en cas de suspicion de thyroïdite de
Hashimoto, le diagnostic est confirmé par un test sanguin de ces fameux
anticorps antithyroïdiens : les anti-TPO et les anti-TG.

LES AUTRES CAUSES D’HYPOTHYROÏDIE

Hashimoto, ce n’est effectivement pas rigolo… Mais ce n’est pas la seule


maladie ou situation susceptible de conduire à une hypothyroïdie plus ou
moins inscrite dans la durée. Dans les cas d’inflammations de la glande,
l’état d’hypothyroïdie peut être transitoire (thyroïdite subaiguë de Quervain,
thyroïdite du post-partum directement liée à la grossesse et à
l’accouchement, thyroïdite de Riedel). Il existe aussi l’hypothyroïdie
médicamenteuse, provisoire ou définitive, provoquée par les antithyroïdiens
de synthèse ou l’iode radioactif (pas celui du nuage de 1986 !).
L’hypothyroïdie peut enfin résulter de l’ablation partielle ou totale de la
thyroïde, ayant pour conséquence une cicatrice dans le cou qui est parfois
mal supportée par les hommes et les femmes opérées. Cette intervention
chirurgicale, qui a lieu sous anesthésie générale et qui laisse des traces
physiques visibles – sauf sous un bon maquillage, un épais collier ou un
tatouage ! –, est censée traiter plus rapidement l’hyperthyroïdie (maladie de
Basedow, nodule toxique, goitre, etc.), ainsi que les cancers de la thyroïde
(papillaire, vésiculaire, médullaire, anaplasique).

Les inflammations responsables d’une hypothyroïdie provisoire ne


nécessitent pas toujours la prise d’hormones thyroïdiennes de synthèse. Il
est préférable de savoir prendre son mal en patience, de rester zen,
d’adapter son alimentation et son activité à son état, en acceptant enfin
d’écouter les besoins de son organisme. Dans certains cas, comme la
maladie de Basedow, dont le risque principal est l’hypothyroïdie, un
traitement médicamenteux réussi peut permettre une stabilisation durable.
En revanche, dans la plupart des autres cas cités (ablation de la thyroïde,
cancers), la glande étant supprimée sous anesthésie générale,
l’hypothyroïdie est considérée comme définitive et oblige les « amputés » à
suivre un traitement substitutif à vie… Autant dire que patients et médecins
ne s’engagent jamais à la légère lorsqu’il est question d’une telle opération.
CHAPITRE II

LA THYROÏDE,
COMMENT
ÇA MARCHE ?

S
ituée sous le larynx, en avant de la trachée, la thyroïde est un organe
(et plus précisément une glande) « endocrine », c’est-à-dire qui
sécrète des substances à l’intérieur du corps, en direction de la
circulation sanguine.

L’organisme humain est un assemblage si sophistiqué qu’il possède aussi


des glandes « exocrines », lesquelles, vous le déduisez, sécrètent des
substances destinées à être évacuées à l’extérieur – c’est le cas des glandes
sébacées à la surface de la peau, par exemple.

UNE PETITE GLANDE EN FORME DE PAPILLON

Richement vascularisée, la thyroïde est de petite taille (environ 6 cm de


hauteur pour un poids d’à peu près 20 grammes), constituée de deux lobes
réunis par un isthme qui lui donnent des airs de papillon dont les « ailes »
entourent la trachée. En arrière, elle est aussi en contact avec l’œsophage et
les quatre glandes parathyroïdes (de la taille d’un grain de blé, placées sur
sa face postérieure), ainsi qu’avec les deux petits nerfs qui commandent la
mobilité des cordes vocales.

Appartenant au système endocrinien et sous le contrôle d’une zone du


cerveau, l’hypophyse, son rôle est de produire les hormones thyroïdiennes.
Ces dernières sont des messagères chimiques déversées dans la circulation
sanguine et qui agissent chaque jour dans l’ensemble des organes qui en ont
besoin : cœur, muscles, tube digestif, cerveau et système nerveux
(développement et fonctionnement), appareil reproducteur, os (pour leur
croissance), cartilage, régulation de la température corporelle, du
métabolisme des glucides, lipides, protéines et même du fer, etc.

Quand on comprend combien ces hormones sont impliquées dans la


régulation des graisses et du sucre par le corps, l’évidence saute aux yeux :
il y a un lien direct entre la fonction thyroïdienne, le poids et donc,
indirectement, l’alimentation. Manquer d’hormones thyroïdiennes parce
que la thyroïde s’est épuisée lentement ou de manière soudaine, voire parce
que l’alimentation, mal choisie, interfère avec leur efficacité sur
l’organisme tout entier, c’est forcément prendre beaucoup de poids, soit sur
le long terme, soit brutalement. Inversement, lorsque la thyroïde produit
lentement ou de manière soudaine trop d’hormones, c’est forcément perdre
beaucoup de poids, là encore brutalement ou sur le long terme.

Lorsque la thyroïde va bien, le poids est stable et n’est donc pas une
préoccupation, mais en cas de choc physique ou émotionnel violent ou lent
(traumatisme, exposition à des substances interférant avec le système
endocrinien) qui resurgit du passé ou survient pour la première fois, la
thyroïde en est toute bouleversée, avec des conséquences en cascade sur la
silhouette, l’appétit, le transit, le sommeil, la peau, les cheveux, la libido,
l’humeur, la température corporelle (« j’ai froid » en hypothyroïdie, « j’ai
des bouffées de chaleur et des palpitations » en hyperthyroïdie), la vue, etc.
Cela explique que, en cas de dérèglement de la « glande papillon », le
signal d’alarme peut venir de n’importe où, surtout après des années
d’attaque lente, silencieuse et plus ou moins vicieuse… Les premières
gênes peuvent ainsi apparaître au niveau cardiaque (ralentissement avec
accélérations inattendues du rythme, hypo- ou hypertension), cérébral
(difficultés de concentration, de mémorisation, déprimes plus ou moins
passagères), intestinal (problèmes digestifs, nausées, gonflements du ventre,
etc.), douleurs musculaires ou au niveau des articulations (mains, poignets,
coudes, épaules, genoux, etc.), chute de cheveux… Tout est possible. Même
en possédant de modestes connaissances sur le sujet, qui aurait l’idée
d’accuser cette glande cachée au creux du cou lorsque commencent à
apparaître une constipation chronique, une prise de poids inexplicable, des
épisodes de fatigue extrême et une préoccupante baisse de libido ? La
thyroïde est tellement impliquée dans l’équilibre de vie que l’on ne se rend
compte de son rôle indispensable que lorsqu’elle nous pose des problèmes.
C’est valable pour les hommes comme pour les femmes.

TOUT COMMENCE DANS L’UTÉRUS

Le besoin en hormones thyroïdiennes commence dans l’utérus maternel.


Chez la femme enceinte en bonne santé, l’embryon se développe
correctement grâce aux hormones thyroïdiennes. Si leur production est
excessive ou insuffisante, il existe un risque de malformations congénitales
chez le futur bébé, voire de décès à la naissance. Concrètement, la thyroïde
ne se forme qu’à partir de la troisième semaine après la conception, tandis
que la synthèse naturelle d’hormones thyroïdiennes ne commence chez le
fœtus qu’à la fin du troisième mois. Entre-temps, au cours d’une période
aussi sensible, c’est l’organisme de la mère qui prend entièrement à sa
charge l’approvisionnement en hormones thyroïdiennes du fœtus. La
femme devant subvenir à ses propres besoins et à ceux du futur bébé, cela
explique la surveillance nécessaire des taux d’hormones thyroïdiennes chez
la femme enceinte. Question de santé pour elle, de survie pour le bébé !

Oui, les hormones thyroïdiennes sont vitales, et ce tout au long de


l’existence : pour le fœtus, pour l’enfant et son développement (croissance
des os, formation du système nerveux et du cerveau, des organes génitaux,
etc.), pour l’adolescent (épanouissement physique, intellectuel, émotionnel)
et enfin pour l’adulte (fonctionnement des muscles, du cœur, de la
digestion, sexualité, etc.).

SON RÔLE : LA PRODUCTION DE T3, T4 MAIS AUSSI DE CALCITONINE

La thyroïde est composée de 3 millions d’unités appelées follicules,


enveloppés par une capsule conjonctive. Sphérique et d’un diamètre de
200 microns, chaque follicule comporte une cavité appelée espace
folliculaire et qui est remplie d’une substance visqueuse : la colloïde. Les
parois d’un follicule sont constituées de deux types de cellules : les cellules
folliculaires (ou thyréocytes), en majorité, et les cellules C (ou
parafolliculaires), en minorité.

Les cellules folliculaires produisent plusieurs hormones thyroïdiennes :


essentiellement de la tétra-iodothyronine, encore appelée thyroxine ou T4
(quatre atomes d’iode), et de la tri-iodothyronine ou T3 (trois atomes
d’iode, comme la reverse tri-iodothyronine ou RT3, forme de T3 inactive),
ce qui explique le nom chimique de l’enzyme, l’iodothyronine désiodase,
qui transforme la T4 en T3, ainsi que de la diiodothyronine ou T2 (deux
atomes d’iode) et de la monoiodothyronine ou T1 (un atome d’iode).

Les cellules C produisent la calcitonine, hormone régulatrice du


métabolisme du calcium et du phosphore. Ces derniers, que l’on retrouve
aussi massivement dans les os du squelette et les dents, sont des minéraux
souvent dosés ensemble.

En matière d’alimentation, les mérites du phosphore et du calcium sont


souvent mis en avant dans les publicités pour inciter les consommateurs à
boire du lait de vache, un ruminant qui, à l’état naturel, du moins en Europe
(peut-être pas en Inde !), peut peser dix à vingt fois le poids d’un être
humain adulte*. Pourtant, le calcium ne se trouve pas que dans le lait de
vache…

Le rôle de la calcitonine n’est donc pas négligeable puisqu’elle inhibe la


libération de calcium dans le sang par les cellules osseuses si sa
concentration y est trop élevée. Elle a ainsi un effet préventif contre
l’ostéoporose (laquelle augmente le risque de fractures et affecte en
particulier les femmes à partir de 50 ans). Dans le cadre du cancer
médullaire, tumeur rare de la thyroïde, la glande sécrète de manière
exagérée de la calcitonine, ce qui en fait le marqueur de ce type de cancer
traité jusqu’ici comme chez les patients atteints de cancer de la thyroïde par
une intervention chirurgicale lourde : l’ablation totale de la glande
(thyroïdectomie).

IMPORTANCE DE LA VITAMINE D
ET DE LA PARATHORMONE
La vitamine D est fournie par l’alimentation (huiles
végétales, poissons gras, lait de vache, etc.) ou fabriquée
au niveau de la peau à partir d’un dérivé du cholestérol,
sous l’action des rayons UVB du soleil. Elle favorise
l’absorption du calcium dans l’intestin.

La parathormone (PTH) est une hormone qui intervient


dans l’élévation des taux de calcium et de phosphore dans
le sang (entre autres par activation de la vitamine D et
rétention du calcium au niveau des reins). Elle est produite
par quatre minuscules glandes logées en arrière de la
thyroïde : les parathyroïdes. En cas d’ablation de la
thyroïde, le chirurgien prend toujours grand soin de ne pas
toucher aux cordes vocales (cela risquerait d’affecter ou
d’éteindre momentanément la voix !), mais aussi aux
parathyroïdes pour éviter l’hypoparathyroïdie, insuffisance
de sécrétion de PTH qui perturberait le métabolisme du
calcium, donc l’équilibre de la santé osseuse.

Le phosphore est un élément constitutif essentiel de l’ADN


et de l’ARN messager (on le précise rarement), d’où
l’importance d’éviter les carences. Pour cela, mangez des
« graines » (sésame, noix, cajou, amande, pistache,
noisette), du riz complet, du poisson, du parmesan, etc.

LE SECRET DES T

T3, L’HORMONE ACTIVE, ET T4, LA FORME DE RÉSERVE


Les deux hormones thyroïdiennes indispensables au métabolisme sont la T3
(tri-iodothyronine), qui est la forme active de la T4 (tétra-iodothyronine ou
thyroxine), produite en plus grande quantité que la T3 et servant de réserve.
Si l’organisme a besoin de T3, la T4 peut être mobilisée à tout moment et
transformée en T3. Chez l’adulte en bonne santé, la thyroïde produit chaque
jour beaucoup de T4 (80 µg*), très peu de T3 (4 µg) et encore moins de
RT3 (2 µg). Au final, la T4 étant transformée en T3 et RT3, la sécrétion
quotidienne de T3, par voie directe via la thyroïde et par voie indirecte via
d’autres organes, est estimée à 31 µg.

La thyroïde produit donc seulement 10 à 20 % de T3 quotidienne, les 80 à


90 % restants provenant de la conversion périphérique de T4, par le foie et
les reins surtout, mais aussi par les muscles, le cœur et le cerveau. D’où
l’importance de pratiquer une activité physique, même douce, et de faire
travailler quotidiennement ses connexions neuromusculaires (marche, sport
d’adresse, lecture, jeux de lettres, chiffres, etc.), tous les tissus – muscles,
graisses, nerveux – étant à la fois reliés, « demandeurs » en hormones
thyroïdiennes T4 et « convertisseurs » en T3, c’est-à-dire acteurs dans la
disponibilité du carburant T3 et en même temps consommateurs pour faire
fonctionner l’ensemble de l’organisme ! Un peu comme les jardiniers du
dimanche qui dépensent de l’énergie pour faire pousser chez eux des arbres
ou des plantes dont il faut s’occuper souvent, puis qui plus tard en récoltent
les beaux fruits sucrés, qu’ils peuvent transformer en compote, tartes, etc.
De l’énergie !

Enfin, il faut souligner que la durée de vie de la T3 est limitée à vingt-


quatre heures, contre sept jours pour la T4, mais son action sur les cellules
serait quatre fois plus importante. C’est dire l’intérêt d’étudier de près le
taux de T3 chez quelqu’un dont les symptômes d’hypothyroïdie persistent
malgré un taux de T4 correct. Par ailleurs, ces chiffres et données indiquent
la nécessité de ne négliger aucun des organes de l’organisme. Si on prend
soin de son foie, de ses muscles, etc., en plus d’absorber un traitement à
base de T4, on a toutes les chances de faire remonter un taux de T3 trop bas
et de faire régresser les symptômes d’hypothyroïdie ! D’où l’importance de
garder à l’esprit les éléments indispensables à la production d’hormones
thyroïdiennes et d’adapter en conséquence, quand c’est possible, son régime
alimentaire.

LA TRH AU SOMMET

Pour remplir sa mission et fournir assez d’hormones à l’ensemble de


l’organisme, la thyroïde doit être informée des besoins de ce dernier. Elle
l’est par l’hypophyse, glande endocrine logée à la base du cerveau, elle-
même reliée à l’hypothalamus, au centre de l’organe. Du sommeil à la
sensation de faim ou de soif en passant par les émotions et le rythme
cardiaque, l’hypothalamus reste le « big boss » ! L’hypophyse étant son
bras droit, on parle d’axe hypothalamo-hypophysaire, essentiel à la
régulation des fonctions physiologiques. Hypophyse et thyroïde œuvrent
donc de concert pour équilibrer la production hormonale thyroïdienne sur
l’axe dit hypothalamo-hypophyso-thyroïdien. Et l’hypothalamus
communique avec l’hypophyse par la voie de la TRH (ou thyréolibérine).

Possédant des récepteurs spécifiques aux hormones thyroïdiennes T4 et T3,


le cerveau est informé de leur quantité en circulation et réagit en cas de
déséquilibre. Si l’hypothalamus estime qu’il en faut plus, il le signale à
l’hypophyse en envoyant des molécules de TRH qui viennent se fixer sur
les récepteurs de ces cellules. Si c’est l’inverse, il ralentit sa production de
TRH. L’ensemble fonctionne donc selon un système dit de rétrocontrôle.
LA TSH, SIMPLE MESSAGÈRE DE L’HYPOPHYSE

Recevant les informations de l’hypothalamus, l’hypophyse y répond en


libérant dans le sang – si elle y consent, selon son état ! – plus ou moins de
TSH (thyréostimuline, encore appelée thyréotropine). Une augmentation
aléatoire et ponctuelle du taux de TSH constatée sur le papier à un instant T
est donc supposée indiquer qu’il manque du carburant thyroïdien dans la
circulation sanguine au moment de la prise de sang et qu’il en aurait fallu
plus, alors que sa diminution indique qu’il est temps de ralentir la
production. Bien connue des patients atteints de dérèglements de la
thyroïde, érigée au rang d’indicateur « 100 % fiable » malgré ses limites, la
TSH produite par l’hypophyse est citée comme outil diagnostic de référence
pour les problèmes de thyroïde. Plus que la TRH de l’hypothalamus, avec
laquelle il doit pourtant lui arriver d’entrer en conflit… Peut-être une
découverte scientifique à venir et une analyse à prescrire permettront-elles
d’affiner le diagnostic ?

LES ACTEURS CLÉS DE LA SYNTHÈSE NATURELLE

L’IODE

Principal composant des hormones thyroïdiennes, l’iode est indispensable à


leur synthèse. Le corps est incapable de produire seul cet oligo-élément.
L’alimentation doit donc couvrir ses besoins qui, selon l’Organisation
mondiale de la santé (OMS), seraient de 150 µg par jour pour un adulte.
Quels aliments contiennent de l’iode ? Le sel de table (à consommer avec
modération, car il élève la tension artérielle et favorise les risques de
pathologies liées à l’hypertension), les poissons et fruits de mer, la viande,
les œufs, les produits laitiers, etc. Attention aux produits industriels,
souvent trop riches en sel. Il est plus utile de saler à sa convenance avec du
sel de qualité comme la fleur de sel, qui apporte du goût aux plats.

LES VALEURS NORMALES DE LA TSH


EN FRANCE

Les valeurs normales de TSH appliquées dans les


laboratoires français se situent en moyenne autour de 0,5 à
5 mU/L (micro-unité par litre) :

+ une TSH inférieure à 0,5 mU/L est supposée basse et


entraîner éventuellement, si des symptômes sont
observés, une recherche de diagnostic d’hyperthyroïdie ;

+ une TSH entre 5 et 10 est considérée comme modérément


élevée ;

+ une TSH supérieure à 10 est considérée comme élevée.


Ces deux dernières valeurs imposent une recherche
d’hypothyroïdie.
Autrefois, la limite supérieure de cet intervalle dit
« normal » était plus haute. Au fil des décennies et des
découvertes, la fourchette n’a cessé d’être réévaluée,
faisant à chaque fois l’objet d’âpres débats. En 2002, un
document publié par l’Académie américaine de biochimie
clinique, publié en français par l’Inserm sous le titre
L’exploration biologique dans le diagnostic et la surveillance des
maladies de la glande thyroïde, fournissait d’ailleurs la
fourchette suivante : 0,3 mU/L (THS basse) à 3 mU/L (THS
élevée).

LA THYROGLOBULINE

Protéine précurseur des hormones thyroïdiennes produite dans les


thyréocytes du follicule puis stockée dans l’espace folliculaire, sa mission
est de capter l’iode. La thyroglobuline contient beaucoup de tyrosine, un
acide aminé occupant donc un rôle majeur dans la production des hormones
thyroïdiennes. Contrairement à l’iode, la tyrosine peut être produite par le
corps humain à partir d’un autre acide aminé, la phénylalanine. On la trouve
dans l’alimentation (amandes, fromages, avocats, poissons, viandes
blanches, bananes).

Une fois dans l’espace folliculaire, les résidus de tyrosine des molécules de
thyroglobuline seront iodés grâce aux enzymes thyropéroxydases (TPO).
Ces résidus sont couplés sous forme d’éléments précurseurs des hormones
thyroïdiennes, puis recaptés par les cellules folliculaires, qu’ils traverseront
pour rejoindre un capillaire, porte d’entrée de la circulation sanguine. C’est
lors de cette traversée intracellulaire que les résidus sont découpés en T4 et
T3 par des enzymes.

LA THYROPEROXYDASE (TPO) ET L’IODOTHYRONINE DÉSIODASE (DIO2)


Autres protéines clés dans la synthèse des hormones thyroïdiennes, on
trouve ces deux enzymes : la thyropéroxydase (TPO), présente dans la
thyroïde, et l’iodothyronine désiodase de type 2 (DIO2 ou D2), localisée
dans les cellules musculaires, cardiaques, les neurones, les adipocytes et les
thyréocytes. L’action de la TPO se situe côté colloïde, à l’intérieur du
follicule thyroïdien : elle assure l’oxydation des atomes d’iode afin qu’ils
soient fixés à des résidus de thyroglobuline, futures hormones
thyroïdiennes. Le rôle de la DIO2 (ou D2) est de coupler un atome d’iode à
la T4 pour la transformer en T3.

LE SÉLÉNIUM

La DIO2 est une protéine contenant du sélénium. Le corps étant incapable


de synthétiser seul le sélénium, il doit le puiser dans l’alimentation. Présent
dans les sols en quantités variables selon les pays, le sélénium s’intègre à la
chaîne alimentaire par le biais des végétaux. On le trouve surtout dans les
noix : noix du Brésil, mais aussi noix de coco, noix de Grenoble (nos
classiques noix), noix de cajou, pistaches, noisettes, amandes et graines de
courge. Une noix du Brésil contenant environ 95 µg de sélénium, une à
deux suffisent à couvrir les besoins quotidiens. Le sélénium est aussi
présent dans la viande, les coquillages, le poisson, etc.

LES PROTÉINES DE TRANSPORT : GLOBULINE ET ALBUMINE

Une fois dans la circulation sanguine, que deviennent les hormones


thyroïdiennes ? Une fraction se promène libre. Quant à la majorité de ce
« carburant » (99,98 % de la T4 et 99,8 % de la T3), il est acheminé partout
dans l’organisme grâce aux protéines de transport, sortes de trains
moléculaires circulant à plus ou moins grande vitesse : la globuline liant la
thyroxine (ou TBG) et, dans une moindre mesure, l’albumine liant la
thyroxine (ou TBA) et la transthyrétine. Ainsi, voyageant facilement en
fonction de l’offre et de la demande, T4 et T3 constituent un stock de
réserve hormonale mobilisable et disponible en vue de fournir l’énergie
nécessaire à l’activité de l’organisme tout entier, ou avec plus de précision
au fonctionnement de tel ou tel organe. En effet Ce n’est qu’une fois
libérées que les hormones thyroïdiennes peuvent pénétrer dans les cellules
pour y exercer leur action physiologique en interagissant avec des
récepteurs situés dans le noyau. Cette interaction déclenche un effet
spécifique lié à la fonction de chaque tissu cible. Les sources alimentaires
naturelles des protéines globuline et albumine sont essentiellement la
viande rouge, les œufs et légumes secs (pois cassés, pois chiches, flageolets,
lentilles).

* Au passage, il existe une grande variété d’aliments riches en phosphore : poissons, noix, fromages,
pastèque, noix de coco, châtaigne, etc., ou en calcium : pistaches, chou, rhubarbe, mâche,
moutarde, brocolis, haricots, eau minérale, oranges, prunes, etc.
* Le symbole µg est l’abréviation pour microgramme.
CHAPITRE III

POURQUOI
PENSER À
L’HYPOTHYROÏDIE ?

A
rrêtons de croire à cette légende qui a consisté à dire, pendant des
années que seuls les enfants auraient souffert de l’accident de
Tchernobyl en 1986. Les adultes ont été eux aussi touchés, et pas
seulement dans l’est de la Russie !

TOUT LE MONDE POTENTIELLEMENT CONCERNÉ

Certes, la direction des vents qui ont poussé le nuage à faire un sacré tour
dans le ciel, la pluviométrie plus importante ici que là, la sensibilité des
corps humains différente selon le sexe, l’âge, etc., tout pourrait être discuté
pour démontrer que pas un seul terrien, homme ou femme, n’a été épargné
par ce cataclysme (dont les effets commencent heureusement à s’estomper
grâce aux efforts réalisés parfois dans le plus grand secret dans
d’innombrables domaines, et pas seulement agricoles ou industriels). Mais
la réalité est là : l’accident a laissé des traces, ne serait-ce que
psychologiquement.

Au delà de cet événement historique que l’on ne peut plus accuser d’être
déclencheur des diagnostics de désordres thyroïdiens établis en 2018, il faut
savoir que, de façon générale, l’hypothyroïdie ou l’hyperthyroïdie hypo- ou
hyperthyroïdie finissent par priver des femmes et des hommes de tout :
confiance, énergie, motivation, fierté, liberté, envie de travailler, sensualité,
désir, libido et même sommeil ! Ces symptômes « fantômes » font d’eux
des handicapés invisibles, incapables d’expliquer ce « manque » affectif et
physique qui les ralentit dans leurs relations, leur vie privée et
professionnelle… Tous sont d’ailleurs nombreux et aujourd’hui assez
informés pour se sentir la force et le courage de témoigner, même à visage
découvert ; car il n’y a pas de honte à révéler combien les désordres
hormonaux leur ont nui.

À cause de sa thyroïde fatiguée, le célèbre footballeur brésilien Ronaldo


Luis Nazario de Lima, adulé dans le monde entier, a payé le prix fort.
Double injustice, son hypothyroïdie lui a causé un préjudice incroyable sur
le plan professionnel. Deux fois champion du monde, en 1994 et 2002,
meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du monde avec quinze buts,
Ronaldo a dû renoncer à 34 ans à poursuivre sa passion, le sport de très haut
niveau. Ses ennuis de santé ont, à l’évidence, précipité les choses.
Effectivement, depuis quelques années, celui que les amoureux du ballon
rond et les médias appelaient il fenomeno, ont fini par le surnommer el
gordo (le gros !), quand le frêle et vif jeune homme du milieu des années
1990 est devenu un trentenaire en surpoids. Au top de sa forme, il pesait un
athlétique poids de 75 kg et a émerveillé des générations de supporters pour
monter plus tard à 98 kg, soit 23 kg de plus. Il souffrait forcément de
blessures à répétition, tendinites et déchirures musculaires. Voilà comment
l’hypothyroïdie, en s’attaquant à son physique – son cartilage, ses tendons,
ses muscles – et à son énergie, a ruiné la fin de sa carrière footballistique.
Ce qu’il a d’ailleurs expliqué devant les caméras du monde entier, non sans
tacler dignement ceux qui avaient critiqué son parcours de malade après
avoir adulé le jeune joueur exceptionnel. Incroyable leçon de vie d’une star
du monde sportif…

LES FEMMES UN PEU PLUS TOUCHÉES QUE LES HOMMES ?

Il n’est pas exagéré d’affirmer que l’hypothyroïdie et l’hyperthyroïdie,


perturbations de l’équilibre hormonal dans l’organisme, sont des ennemis
de l’être humain. Surtout des femmes, dit-on, peut-être parce qu’elles ont le
contact plus facile et donc moins de réticence à aller consulter que les
hommes, généralement cloîtrés dans le silence dès qu’ils ont mal quelque
part ou un « blues » facilement qualifié d’anormal ou de pathologique,
même par l’individu lui-même qui n’est pourtant pas médecin… Même si
beaucoup de gens sont persuadés du contraire, peut-être parce que la parole
ne s’était pas encore libérée, y compris face aux médecins, les hommes
étant parfois trop pudiques pour admettre qu’ils ont besoin d’aide, les
hommes peuvent pâtir d’affections de la thyroïde ! Il est urgent de le
réaliser, car ne soigner qu’une partie de la population en laissant l’autre
malade, c’est du temps et de l’argent perdu pour rien. Les femmes en sont
forcément victimes aussi, elles qui sont pourtant plus facilement
diagnostiquées en hypothyroïdie, souvent à la ménopause.

DES PERTURBATIONS POUR TOUS


L’hypothyroïdie, traitée de la même manière chez les hommes et chez les
femmes, avec des comprimés, blancs le plus souvent, peut également
affecter les carrières professionnelles et la vie affective affectif des
individus, tous sexes confondus. Et même l’intimité sexuelle des couples.
Car, par définition, un désordre hormonal est un « tue l’amour », ou au
moins, un sérieux motif de perturbation dans l’entrelacement du contact
physique entre les corps d’un amoureux et de sa dulcinée, quel que soit ce
désordre hormonal : pas seulement thyroïdien, mais même un simple
déséquilibre de la sécrétion de cortisol provoqué par une insuffisance
surrénalienne ou de la testostérone par les testicules chez l’homme,
testostérone sécrétée d’ailleurs en moindre mesure par les ovaires chez la
femme, peut provisoirement déstabiliser l’union et les rapports amoureux !
Seuls les couples stables aux fondations très solides surmontent ces
périodes de crise qui peuvent durer ou intervenir à des moments cruciaux
dans la construction de leur histoire. N’oublions pas non plus, chez les
femmes, le sujet très sensible de la maternité : risques de stérilité, fausses
couches, grossesse compliquée, dépression post-partum ou baby-blues (qui
touche aussi les pères !). Pour l’enfant, danger : risque de malformations
congénitales, mortalité à la naissance.

NON À L’ERRANCE DIAGNOSTIQUE

Combien sont ces personnes qui souffrent de ce qu’elles ne savent pas


nommer ? Ces douleurs insidieuses que l’entourage a vite fait de cataloguer
en stress, dépression hivernale, ou de lier au surpoids. Avec, à la clef, le
fameux conseil qui n’a jamais guéri personne : « Tu ferais mieux de te
bouger ! » Mais oui, dormir, marcher, courir… À force d’entendre ces mots
lancés par des personnes pas toujours bien informées, face à la réalité du
ressenti, nous en venons alors à penser que nos maux sont en fin de compte
peu de chose face à de très graves maladies.

Bouger, c’est bien cela que nous désirons faire ! Mais comment, quand nous
sommes emmurés dans un organisme qui lâche, épuisé par une douleur
devenue inavouable, inexprimable ou inaudible, physique puis
psychologique, ou l’inverse ? Quelque chose ne tourne plus rond. Mais qui
peut dire quoi ? Et comment en sortir ? La science a pourtant les moyens
d’entendre les cris lancés par les corps en souffrance qui émettent des
signaux évidents de détresse. Les plus courageux, ou plutôt ceux qui sont à
bout de souffle, écument alors les cabinets médicaux, parfois avec bonheur,
parfois avec malchance… De quoi devenir ce que la médecine, impuissante
à s’emparer du problème, a vite fait de qualifier de « patient nomade »,
facile à noyer dans des psychotropes. Or affronter la légèreté de certains
médecins qui nient l’évidence est un combat de plus et parfois une vive
blessure.

Fatigue, déprime, prise de poids, frilosité, chute de cheveux, ongles


cassants, constipation, etc., autant de symptômes qui, pris isolément, sont
en apparence banals. Certes, tous ne sont pas forcément liés à un
dérèglement de la thyroïde. C’est là toute la difficulté du diagnostic. Les
signes, symptômes et problèmes rencontrés en hypothyroïdie peuvent être
d’une diversité incroyable, présents à l’infini (voir tableau ci-dessous). Et
pour corser le tout, certains signes classiquement attribués à
l’hyperthyroïdie peuvent aussi apparaître en hypothyroïdie sous traitement
– je l’ai expérimenté avec l’insomnie ou la tachycardie.

RÉCAPITULATIF DES SIGNES


ET SYMPTÔMES DE L’HYPOTHYROÏDIE

Visage
+ Visage bouffi.
+ Peau sèche.
+ Irritation cutanée
Yeux
+ Sécheresse oculaire.
+ Irritations : sensation de grains de sable à l’intérieur des
yeux.
+ Difficultés voire impossibilité de porter des lentilles.
+ Hypersensibilité à la lumière/photophobie : douleurs
oculaires si importantes qu’elles peuvent pousser à porter
des lunettes noires, même à la maison.
+ Cernes, paupières enflées.
Oreilles
+ Sifflements, acouphènes.
Nez
+ Sécheresse.
+ Allergies.
+ Éternuements.
+ Apnée du sommeil.
Bouche
+ Langue enflée (macroglossie).
+ Inflammation et saignement des gencives (gingivite).
Cou et gorge
+ Enflé dans les cas extrêmes de goitre apparent.
+ Sensation d’aiguilles enfoncées dans la gorge.
+ Sensation d’étouffement à la déglutition.
Cœur
+ Impression d’enfoncement d’une pointe.
+ Ralentissement du rythme cardiaque (bradycardie).
+ Augmentation du rythme cardiaque (tachycardie).
+ Hypotension, hypertension.
+ Extrasystoles : sensation que le cœur tressaute.
Respiration
+ Difficultés à respirer (dyspnée).
+ Impression de manquer d’oxygène et de ne pouvoir
prendre une inspiration complète, soulagée en partie par
des bâillements forcés.
+ Essoufflements importants à l’effort.
Appareil digestif
+ Ralentissement du transit intestinal.
+ Sensation de ventre ballonné.
+ Nausées.
+ Constipation ; diarrhée.
+ Inexplicable perte d’appétit.
+ Prise de poids.
+ Hypercholestérolémie : excès de cholestérol.
Articulations et tendons
+ Douleurs articulaires parfois localisées (genou, coude,
poignet, etc.) ou touchant l’ensemble des articulations.
+ Tendinites.
+ Syndrome du canal carpien : engourdissements dans les
doigts.
Muscles
+ Grande fatigabilité (les membres semblent peser très
lourd : lever les bras par exemple, devient difficile).
+ Crises de tétanie.
+ Fourmillements.
+ Douleurs, crampes, courbatures.
+ Réflexes ralentis.
Généraux et divers
+ Névralgies intercostales.
+ Douleurs irradiantes dans tout le thorax (parfois jusque
dans le dos) avec importante sensation de brûlures.
+ Extrémités froides des mains et des pieds.
+ Frilosité exagérée (même en été) par diminution de la
température corporelle.
+ Bouffées de chaleur (surtout la nuit) ;
+ Ongles cassants, chute des poils et de la queue du
sourcil.
+ Anémie (carence en fer).
+ Sensation d’être « embrumé », dans une bulle
+ Difficultés de concentration, trous de mémoire.
+ Sensation de malaise, crise d’angoisse.
+ Phobies passagère : foule, enfermement, conduite, etc.
+ TSommeil non réparateur, insomnies.
+ Maux de tête, douleurs localisées, très brèves, comme
des « éclairs ».
+ Troubles de l’humeur : émotivité exacerbée, irritabilité,
idées noires, lassitude, déprime, épuisement.

Appareil reproducteur
+ Baisse de la libido (troubles de l’érection chez l’homme,
sècheresse vaginale chez la femme).
+ Difficultés pour avoir un enfant.
+ Cycles menstruels irréguliers avec syndrome
prémenstruel très marqué (règles douloureuses).
+ Fausses couches à répétition.
+ Galactorrhée : écoulements mammaires anormaux en
dehors des périodes d’allaitement.

LES SIGNES QUI PEUVENT VOUS ALERTER

LA FATIGUE (POUR NE PAS DIRE L’ÉPUISEMENT)

Du matin au soir, vous êtes épuisé. Vous vous sentez chaque matin au bout
du rouleau, vous n’avez plus envie de rien, ni de personne. Vous vous levez
– quand vous le pouvez ! – fatigué après une nuit de sommeil lourd, agité et
non réparateur, hiver comme été. Une dépression ! Être qualifié – quand ce
n’est pas traité – de dépressif, comme s’il s’agissait d’une insulte, alors
qu’on manque seulement d’hormones thyroïdiennes, est non seulement un
cas répandu, mais sans doute le plus ravageur. Trop facile de donner des
psychotropes ou des tranquillisants pour faire taire ce que l’on ne peut
nommer. Non seulement les comprimés ne comblent pas le manque
d’hormones thyroïdiennes qui épuise, physiquement, moralement et
obscurcit la vie, mais pire, il arrive que les molécules de synthèse affectent
encore un peu plus le mécanisme naturel de production des hormones
thyroïdiennes ! Catastrophe au niveau moléculaire cérébral pouvant se
traduire par des comportements si déstabilisants pour les « faux dépressifs »
qu’ils peuvent vraiment se sentir abandonnés, sans espoir de voir la lumière
au bout du tunnel, souffrant non seulement dans leur chair (articulations,
muscles, troubles sexuels, troubles de l’appétit et du sommeil) mais aussi du
moral…
Lorsqu’on tombe si bas que rien ne semble pouvoir soulager tant de
blessures, invisibles mais bien réelles, auxquelles tout le monde refuse
pourtant de croire, il reste heureusement toujours quelqu’un pour tenir bon
à nos côtés. Insistons sur le rôle joué par l’indispensable « moitié ».
Regarder l’autre souffrir et se sentir impuissant est très difficile. Mais il est
pire encore de partir seul dans son coin en abandonnant l’autre à son triste
sort, avec les mêmes arguments que ceux qui ne veulent pas faire l’effort
d’écouter, de parler, de poser quelques questions, de montrer un peu
d’attention, de gentillesse, un visage doux, une présence apaisante. « L’alter
ego », par amour, parvient toujours à tendre des bras accueillants à ce corps
blessé, à prononcer des mots qui sonnent juste pour aider à tenir le coup en
attendant une amélioration, à donner le courage de ne jamais lâcher en
attendant des jours meilleurs.

LE COU QUI CHANGE D’ASPECT

S’il y a bien un symptôme d’hypothyroïdie relativement aisé à identifier,


c’est le goitre, conséquence d’une augmentation du volume de la glande de
la thyroïde, parfois si importante qu’elle est repérable de l’extérieur. Si
votre cou change d’aspect, semble enflé, même légèrement, ou que vous
avez des difficultés à déglutir, un examen complet s’impose : palpation,
prise de sang, imagerie médicale. Le médecin vérifiera si ce goitre est
homogène ou porteur de nodules, et si ces derniers relèvent d’un
dérèglement de la fonction thyroïdienne. Des examens plus approfondis tels
qu’une échographie, une scintigraphie ou une cytoponction permettent de
déterminer si ces nodules sont bénins ou malins. Attention, on peut aussi
avoir des problèmes de thyroïde sans goitre apparent.
UNE PRISE DE POIDS IMPORTANTE

Vous ne vous reconnaissez pas et n’arrivez plus à vous regarder dans le


miroir. Vous ne comprenez pas, car ces derniers mois vous n’avez pas
mangé plus que d’habitude. La beauté ne se mesurant pas en centimètres,
arrêtez de vous torturer avec ce poids. Sauf si vous avez un réel souci de
thyroïde : si c’est le cas, vous avez grossi parce que vous êtes malade ! Et
pour cause : en hypothyroïdie, le métabolisme tourne au ralenti. Si, par là-
dessus, vous ne consommez pas les aliments adaptés à votre situation, et ce
depuis des années, les choses n’ont pu que s’accentuer.

C’est là qu’il convient de bien s’entendre sur la notion de poids idéal, qui
est loin d’être celui que nous imposent encore et toujours les clichés de la
mode – en dépit d’une légère amélioration, ces dernières années, dans la
représentation des silhouettes un peu rondes. La réalité est reflétée par les
personnes qui, à 90 ans, continuent de gambader sur leurs deux jambes,
parfois même chaussent des skis ou des tenues de randonnée. Ces gens-là
ne sont ni maigres, ni gros. Ils ne sont pas parfaits, ni Rambo, ni robots,
mais ils conservent sans grande difficulté un « poids idéal » et une bonne
santé. Ils se sentent toujours en forme et on se doute que pour aller jouer au
tennis ou au golf, nager, skier ou marcher pendant des heures, ils ne sont
pas au régime (sinon, leur organisme tomberait en hypoglycémie, surtout
dans le froid). Que mangent-ils le matin ? Au petit-déjeuner, sûrement des
sucres lents et rapides, car le corps, au réveil, a besoin de s’hydrater après
une bonne nuit de sommeil et le cerveau va être très demandeur en calories
tout au long de la journée.

Le matin, l’organisme réclame du vrai sucre ou une cuillerée de miel dans


le café, une pomme ou un jus à base de concentré d’orange, plusieurs
tranches de pain aux graines tartinées de confiture (avec de la cancoillotte
nature par-dessous) ou de purée de noisette ou de cacahuèten. De quoi
garder des os solides, des muscles oxygénés, de faire battre le cœur à un
rythme régulier et mobiliser les neurones dans des pensées constructives
pendant quatre à cinq heures. Ensuite, en milieu de journée, l’organisme
doit se recomposer un stock d’énergie disponible afin d’assurer jusqu’au
soir.

Ainsi, le poids idéal n’est pas la norme que l’on nous martèle ! La fameuse
règle des « 10 kg de moins que sa taille » : 50 kg pour 1,60 m, Madame ;
70 kg si vous mesurez 1,80 m, Monsieur. La dictature du chiffre est à
oublier… Se peser une fois par semaine – et encore, pas toutes les
semaines, parce qu’on pèse plus lourd au moment des règles quand on est
une femme – et afficher à peine 3 ou 4 kg « de moins que sa taille ». Juste
de quoi avoir envie de bouger, parler, plaisanter, rire, se promener tous les
jours sans jamais se sentir entravé dans sa liberté de mouvements, pouvoir
réfléchir aussi, en commençant par s’aimer un peu soi-même, se trouver du
charme, quitte à oser enfin porter les vêtements de ses rêves…

Rassurez-vous, après deux rendez-vous de mise au point chez le médecin,


un suivi et un rééquilibrage des repas, ces kilos pris injustement devraient
commencer à disparaître sans difficulté. En attendant, allez consulter, quitte
à insister si vous pensez que sérieusement quelque chose tourne trop rond !

FAIRE LE POINT AVEC SON MÉDECIN

Si vous souffrez de symptômes variés (fatigue chronique, cheveux secs et


tombants, ongles cassants, peau sèche, prise de poids, déprime, etc.),
n’hésitez pas à aller consulter un médecin.
BIEN DÉCRIRE SES SYMPTÔMES

Beaucoup des symptômes de l’hypothyroïdie étant présents dans une foule


de situations – de la grippe au coup de blues hivernal (moins de lumière et
de chaleur en journée, baisse dont l’impact est démontré sur le moral) en
passant par la prise de poids due aux excès « de malbouffe » ou à une
constipation résultant d’une alimentation trop pauvre en fibres –, il est
facile de les attribuer les uns après les autres à l’âge, au manque d’activité,
au stress ou au froid. Et de ne pas penser à un problème de thyroïde, en
traînant un état qui ne cesse d’empirer, car la maladie s’installe
sournoisement, durablement, jusqu’au moment où elle occupe tant de place
qu’il faut en trouver l’origine, et vite ! Un bon médecin relèvera le défi. Il
faut lui faire confiance tout en étant soi-même un bon patient, en s’étant
préparé au rendez-vous afin de lui fournir les informations qui l’aiguilleront
plus facilement vers le juste diagnostic. Le jour J, donc, il convient de
décrire tous les symptômes, quitte à en faire une liste écrite pour n’en
oublier aucun.

Il faut aussi penser à mentionner tout ce que vous estimez susceptible de


favoriser la présence d’une hypothyroïdie : antécédents familiaux
(pathologies de la thyroïde chez les parents, grands-parents, frères, sœurs,
etc.), carences alimentaires, séances de radiothérapie de la tête, du cou ou
du tronc (traitements de cancers du larynx, lymphomes, etc.), traumatismes
au niveau du cou, certaines infections virales (virus d’Epstein-Barr de la
mononucléose infectieuse, etc.), autres maladies d’origine auto-immune
(diabète de type 1, maladie cœliaque, lupus, vitiligo, endométriose,
syndrome de Gougerot-Sjögren, etc.), périodes du post-partum et de la
ménopause chez la femme, tabac, prise de certains médicaments (lithium,
amiodarone), fibromyalgie, etc.
DOSER TSH, T3 ET T4

Quand la thyroïde ne produit plus assez d’hormones, le corps entier appelle


au secours et on finit par ne plus y voir clair. Porter un mal secret, aphone,
blotti en soi, jusque dans chaque centimètre carré du corps, tenter de le faire
s’exprimer et faire les frais de certains professionnels qui n’ont pas toujours
la persévérance ou la formation nécessaires pour agir quand et là où il le
faudrait, voilà le drame de ces histoires vécues.

Il faut pourtant consulter son médecin pour aller au-delà des symptômes et
en découvrir la cause grâce à des examens approfondis. Lors de suspicion
de problèmes de thyroïde, le premier réflexe du médecin est de prescrire un
bilan sanguin basique comportant toujours la TSH, parfois la T4, ainsi que
la VS ou la CRP (au passage, même le taux de cholestérol peut représenter
un indice).

Si tout est possible, voici au moins quelques indications dans le bilan


sanguin pouvant orienter la piste vers une hypothyroïdie. Cas le plus
simple, bien sûr : une TSH qui sort de la norme. La TSH est connue des
patients atteints de dérèglements de la thyroïde, car elle est souvent décrite
comme « l’indétrônable » – à tort ? – outil diagnostic de référence.
Médecins et laborantins honnêtes devraient ajouter, dans le cadre du suivi
de malades diagnostiqués en hypothyroïdie et traités avec une TSH en
apparence « normale » mais se plaignant de la persistance de symptômes
d’hypothyroïdie, qu’il n’est pas possible d’interpréter correctement le
tableau clinique sans disposer en plus des taux de T4 et T3 sur la feuille de
résultats.

Concernant la TSH, l’intervalle de référence régulièrement controversé est


fixé par les biologistes des laboratoires au fil des décennies sur la base de la
réévaluation des normes et la mise à jour des plus récentes connaissances.
Pour faire simple, un taux de TSH élevé (ou qui a « grimpé » depuis les
derniers résultats) indique une stimulation de la production des cellules de
la thyroïde, la quantité de « carburant thyroïdien » dans la circulation
sanguine étant jugée insuffisante par rapport aux besoins de l’organisme. À
l’opposé, un taux de TSH en baisse traduit la nécessité de ralentir
l’approvisionnement en « carburant thyroïdien » T4/T3. Équilibre
parfaitement stable au quotidien chez un(e) Français(e) en bonne santé et
qui pourrait être comparé au principe de gestion du « juste-à-temps » en
entreprise : pas d’excès, pas de manque, juste ce dont le corps doit disposer
pour être en phase avec ses activités et son environnement. Ce qui est
actuellement impossible à atteindre avec le médicament, comprimé
contenant toujours le même dosage de T4 et bien sûr incapable de s’adapter
aux modifications de l’environnement et du mode de vie des patients.

EXEMPLE D’UN BILAN SANGUIN DE BASE


SUPPOSÉ REFLÉTER UNE HYPOTHYROÏDIE

+ TSH élevée ou dans la norme.


+ T4L (thyroxine libre) dans la norme ou basse.
+ VS (vitesse de sédimentation des globules rouges, marqueur
de l’inflammation) souvent élevée.

+ Taux de CRP (protéine C réactive, produite par les cellules


du foie, marqueur de l’inflammation) souvent augmenté.
+ Taux de cholestérol total augmenté, de cholestérol LDL et
triglycérides parfois élevés.

LES EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

Pour examiner la thyroïde et la nature d’éventuels nodules, plusieurs


méthodes sont utilisées.

La scintigraphie : elle nécessite l’injection d’iode 123 (radioactif, qui se


désintègre en quelques heures puis est éliminé par l’organisme). Une
caméra spécifique prend une image de la glande sur laquelle apparaissent
d’éventuels goitres ou nodules. On parle de nodules chauds, quasiment
jamais cancéreux, lorsque ceux-ci fixent bien plus l’iode radioactif que les
tissus thyroïdiens environnants. À l’inverse, les nodules froids, fixent mal
l’iode radioactif de la scintigraphie. Ils sont plus susceptibles d’évoluer en
cancer même si le cas est rare.

L’échographie : elle repose sur le passage, via un gel spécial étalé sur le
cou, d’une sonde émettant et réceptionnant des ultrasons. Le radiologue
visualise sur un écran le signal vidéo reçu et extrait des clichés de la
thyroïde.

La cytoponction : il s’agit d’un examen d’une demi-heure nécessitant


l’introduction d’une fine aiguille dans la peau du cou. Elle doit, en trois ou
quatre prélèvements, permettre de récupérer des cellules dans la zone de la
thyroïde à étudier. C’est au microscope qu’un biologiste vérifiera leur
caractère bénin ou malin.
MON EXPÉRIENCE PERSONNELLE

Si vous êtes concerné par plusieurs des signes décrits plus haut, n’oubliez
pas de tous les signaler à votre médecin qui, attentif aux détails et en
quelques questions, pourra décider de prescrire des tests sanguins.

Ordonnance en poche, ne faites pas comme moi au début des années 2000
et filez au laboratoire pour subir les examens demandés. En effet – et j’ai un
peu honte de l’avouer –, comme je travaillais dans un laboratoire d’analyses
médicales, j’avais du mal à accepter qu’un collègue prélève mon propre
sang. Ce n’est pas un examen médical qui a décelé quelque chose
d’« étrange » en moi, mais le regard d’un proche. En 2001, ma mère a fixé
ma gorge en s’exclamant : « C’est curieux, on dirait que ton cou a pris du
volume. » Sur le moment, sa réaction m’a paru disproportionnée. Pour
masquer mon angoisse, je lui réponds, agacée et avec fermeté, que pas du
tout, mon cou va très bien et moi aussi. Quelques jours plus tard, elle insiste
à nouveau : « La prochaine fois que tu vas chez ton médecin, s’il te plaît,
parle-lui de cela quand même. » Oui, oui.

Fraîchement diplômée d’une licence en biologie cellulaire et physiologie


animale (à Besançon), puis d’une maîtrise en neurophysiologie (à
Montpellier), en quête d’un job d’été, si possible en lien avec la médecine,
je suis donc engagée pour quatre mois dans un labo d’analyses médicales.
Mon travail quotidien ? Manipuler des dizaines de tubes contenant des
échantillons de sang. Je suis aussitôt contrainte à passer une visite médicale
très stricte. Ce jour-là, j’en profite pour me débarrasser de la plainte
maternelle et j’aborde frontalement cette histoire de cou soi-disant enflé…
Le médecin m’examine et, ô surprise, me dit qu’il lui trouve un petit
quelque chose d’étrange. Me voilà munie d’une prescription : VS, TSH, T4.
Je suis cependant rassurée, le docteur ayant ajouté qu’« il n’y a pas
nécessairement urgence, mais qu’il faut vérifier quand même cela ». Je teste
moi-même ma vitesse de sédimentation (VS) : 1re heure, 22 mm (valeurs
usuelles 4 à 20) ; 2e heure, 51 mm (valeurs usuelles 10 à 35). Quant à la
TSH et la T4, analysées dans un labo voisin qui possède l’automate
approprié, je fais confiance aux résultats qui nous sont envoyés : TSH
ultrasensible = 9,97 mUI/ml (valeurs usuelles 0,4 à 4,4) ; T4L = 1,01 ng/dl
(valeurs usuelles 0,89 à 1,76).

VS un peu élevée et TSH au-dessus de la norme : effectivement, il se passe


quelque chose, même si je n’ai pas spécialement l’impression de me sentir
mal cet été-là.

D’après le médecin, qui se base sur les chiffres et les recommandations


internationales, je suis peut-être en hypothyroïdie. Peut-être ? Il faut
confirmer le diagnostic. Je gagne donc le droit de refaire les analyses
quelques semaines plus tard avec, en plus, un dosage des anticorps
antithyroïdiens (anti-TG et anti-TPO) dont j’ai vu maintes fois passer les
noms sans jamais y prêter vraiment attention. En attendant, je suis décidée à
ne plus penser à tout cela et range l’ordonnance dans un coin.

Le jour J, l’angoisse surgit de nouveau. Certains tests n’étant pas réalisés


sur place, les résultats reviennent par système informatique. L’un de nous
est chargé de valider leur réception et de les imprimer pour les transmettre
aux pharmaciens biologistes. Ce jour-là, je m’en charge, impatiente de
découvrir les bilans thyroïdiens.

Pour les deux types d’anticorps, anti-TG et anti-TPO, les normes sont,
officiellement à l’époque, inférieures à 60 unités par millilitre de sang
(U/ml). Patient après patient, je vois défiler les résultats de gens que je ne
connais pas : des taux largement inférieurs à 60 U/ml pour les deux types
d’anticorps, inférieur à 60 U/ml pour l’un et supérieur pour l’autre, ou tous
les deux très au-dessus de 60 U/ml. Soudain, une feuille d’analyses
affichant des scores très au-dessus de la norme et des autres – supérieurs à
3 000 U/ml pour les anticorps anti-TPO et à 2 000 U/ml pour les
antithyroglobulines – sort du lot… Juste le temps de penser, en une fraction
de seconde, que le champion ou la championne qui détient ces résultats bat
les autres à plate couture. Devinez le nom du gagnant inscrit en haut de la
fiche ? « Lepage ». Oui, le mien… Ce genre de montée d’adrénaline, on ne
l’oublie jamais !

Pour le reste, ma TSH est alors à 7 mUI/ml, soit considérée au-dessus de la


norme. Le taux de T4, lui, se maintient dans la norme, même s’il est un peu
trop bas. Je me précipite dans le bureau du directeur du labo qui, très
gentiment, tente de me rassurer : « Cette fois, c’est sûr, vous êtes en
hypothyroïdie ! Vous avez certainement une pathologie auto-immune
appelée maladie de Hashimoto. Il faudra faire une échographie, peut-être
prendre un traitement à vie, etc. Retournez vite voir votre médecin ! » Ce
dernier confirme : « Thyroïdite de Hashimoto. À votre âge, c’est plutôt
rare ! Cette maladie touche surtout les femmes entre 50 et 60 ans. » En
dédramatisant, il m’explique qu’il me faudra avaler chaque matin un
comprimé d’hormones thyroïdiennes dont le dosage devrait être de plus en
plus fort avec le temps, ce jusqu’à un certain seuil qui serait en quelque
sorte ma vitesse de croisière.

J’écoute en essayant d’encaisser la nouvelle avec calme. Selon la théorie,


ma thyroïde en forme de papillon devrait finir par s’éteindre d’épuisement
sous les attaques répétées de ces anticorps qui ont, un jour (de 1986 ?), été
programmés pour perdre la boule. Avec l’annonce d’un tel diagnostic par un
médecin, chiffres à l’appui, les patients sont enfin informés sur la nature de
leur état et sur l’origine de leur mal-être. Reste à aller mieux !

Les diagnostiqués depuis des années, eux, ont été parmi les premiers
conscients de tout, donc d’emblée sensibles à la cause de l’écologie : un
déséquilibre intérieur hormonal fout tout en l’air ou, en tout cas, tout ce qui
contribue au bonheur des êtres humains au quotidien, du lever au coucher.
Si j’avais su plus tôt…
CHAPITRE IV

DU CÔTÉ DES TRAITEMENTS

U
ne fois le diagnostic posé, le médicament est immédiatement
brandi comme une « arme automatique » et « le miracle » est
attendu au plus vite du côté des femmes en hypothyroïdie – parce
qu’elles sont moins patientes que les hommes ? S’imaginant tirées
d’affaires, ces dames espèrent – sinon exigent – de la médecine qu’elle
fasse ses preuves le jour même de la première prise des hormones
thyroïdiennes de synthèse… C’est sans compter les effets secondaires, qui
peuvent survenir après trois à quatre semaines de traitement, une période de
transition supposée faire passer le patient de l’état de malade à celui de
« patient suivi en voie de s’en sortir ».

Très souvent, un nouvel enfer commence, même à la dose la plus faible de


25 µg. À l’époque, je comparais cette période de bombardement
d’hormones de synthèse à du volcanisme (plutôt façon Vésuve énervé à
Pompéi que puy de Dôme endormi en Auvergne), une sorte de
bouillonnement intérieur impossible à fuir puisque le comprimé a été avalé
le matin et se diffuse dans l’organisme durant des heures après l’ingestion,
le calme revenant peu à peu en fin de journée. Mais le lendemain matin,
même « bombardement », à la même dose. Oui, c’est violent, même à 25 µg
de lévothyroxine, et d’ailleurs même à un quart de 25 ! Il existe une formule
liquide moins dosée en gouttes dont on dit qu’elle est mieux supportée par
les enfants, sans le moindre doute aussi par les adultes, même si compter les
gouttes au réveil est sûrement plus compliqué que d’avaler un cachet avec
un verre d’eau.

Vous l’aurez compris, le tout début de traitement n’est pas une mince
affaire, mais les tâtonnements qui suivent pour trouver le bon dosage sont
encore pires !

LE TRAITEMENT CLASSIQUE : UN APPORT DE T4

À l’état physiologique normal – un équilibre hormonal qualifié


d’euthyroïdie –, la thyroïde produit majoritairement de la T4 (thyroxine),
forme de réserve de l’hormone thyroïdienne, dont le destin, nous l’avons
vu, est de devenir T3 (triiodothyronine), sa forme active.

LA LÉVOTHYROXINE, TRAITEMENT LIBÉRATEUR ?

Grâce à la pharmacologie, les chimistes ont su les reproduire l’une et


l’autre, mettant ainsi à disposition des médecins et des malades des
hormones thyroïdiennes de synthèse : la T4 fut appelée lévothyroxine ; la
T3, liothyronine. Le traitement de l’hypothyroïdie, ou « des circonstances,
associées ou non à une hypothyroïdie, dans lesquelles il est nécessaire de
freiner la TSH », comme l’indique la notice du médicament, consiste en
l’administration de lévothyroxine, commercialisée dès 1980, pour le
premier dosage à 50 µg, sous le nom de Levothyrox® par le géant
pharmaceutique allemand Merck. Au fil des années, le Levothyrox® a été
autorisé aux dosages de 100 µg (1982), 150 et 25 µg (1988), 125, 75 et
200 µg (1999).
Pour ma part, même si je ne m’en souviens plus très bien, j’ai dû
commencer à 25 µg en 2001*. Lorsque j’ai arrêté le traitement, une
décennie plus tard, mon corps ne supportait même plus un quart de
comprimé à 25 µg, ni même le quart du quart. Je caricature à peine.

La prise quotidienne de T4 de synthèse a pour but d’alléger la charge de


travail de l’organe défaillant et de ramener l’équilibre sur l’axe hypophyso-
thyroïdien. Ce besoin en T4 « manquante » ne se lit ni dans une boule de
cristal ni dans la TSH, on l’a vu.

Mais, d’une part, il existe un intervalle de valeurs normales de T4 qui


permet de se repérer de façon fiable sur les besoins réels de l’organisme,
masculin ou féminin – c’est forcément un peu différent : n’essayez pas
d’entrer dans le jean de votre moitié, vos morphologies sont différentes,
votre masse musculaire aussi ! D’autre part, sans doute par facilité, on ne
trouve pour l’instant que des comprimés dosés de 25 en 25, si bien que,
pour ne pas se faire de nœuds dans le cerveau ni passer une demi-heure de
consultation en plus à débattre avec le patient du premier dosage acceptable
pour son corps, il est plus rapide de dire : « On commence à 25 ou à 50 », et
hop, client suivant. Moi, c’était 25 parce que je ne suis pas un homme, mais
avec le recul et l’expérience, j’aurais préféré avoir été diagnostiquée plus
tôt et être traitée avec plus de dialogue que de chimie de synthèse.

Le but du traitement classique ? Officiellement, faire diminuer la TSH pour


que ça se voit dans les chiffres. N’oubliez pas que la sécurité sociale
rembourse les frais des actes médicaux et que la mutuelle que vous payez
rembourse en partie seulement le reste (bilans sanguins complets, soins
dentaires, lunettes, etc.). Par voie de conséquence, le taux de T4 en
circulation dans le sang – qui devait mathématiquement être affiché sous
l’intervalle des valeurs normales si le patient était bien en hypothyroïdie,
comme indiqué en théorie par sa TSH au-dessus de la norme au moment du
diagnostic – remonte et les symptômes disparaissent ou semblent s’atténuer,
même si les effets secondaires « volcaniques » sont venus sérieusement
brouiller pendant plusieurs semaines cette sensation de mieux-être tant
attendue. Entre la théorie et la pratique, il y a un monde pas toujours facile à
supporter.

En fonction de la gravité de l’hypothyroïdie initialement constatée – on


l’espère, pas seulement sur la base de la seule TSH –, le médecin doit non
seulement connaître le profil biologique du patient, mais aussi son histoire :
héritage héréditaire (cas connus d’hypo- ou d’hyperthyroïdie dans la
famille ?), métier exercé (intellectuel ou manuel, plus ou moins coûteux en
énergie quotidienne) et niveau de stabilité émotionnelle et sexuelle. Pour
que le traitement soit le plus efficace possible, il ne doit pas être une bombe
à retardement sur la vie relationnelle des patients, mais une solution fiable
sur la durée. Il faut donc, ensemble et dans la confiance, prendre le temps
d’en discuter et s’orienter au besoin vers les hormones thyroïdiennes de
synthèse T4 avec le dosage le plus approprié, à raison d’un comprimé par
jour.

Et ne jamais oublier qu’un minuscule cachet ne pourra jamais rivaliser avec


l’efficacité d’un organe entretenu et en bon état dans un corps qu’il faut
donc aimer. Oui, il faut d’abord commencer à s’aimer soi, essayer de se
sentir mieux, faire l’effort de se trouver beau ou belle, pour que la thyroïde
se sente à l’aise. Quand on se sent bien dans ses baskets comme dans ses
vêtements, la thyroïde n’est plus un ennemi et sait se faire oublier.

Pour ce qui est des hormones de synthèse – nous nous limiterons ici à la
lévothyroxine –, elles sont des copies de celles que la thyroïde produit seule
(la thyroxine). En prendre sous la forme d’un comprimé permet de combler
le « manque apparent », pas de guérir définitivement de l’hypothyroïdie.
Elle contribue plutôt à s’y enfoncer puisque l’habitude est d’augmenter le
dosage au fil des ans, comme on accepterait de se voir grossir ou s’épuiser
de plus en plus sans sourciller, « parce que c’est comme ça que ça passe
quand on prend de l’âge ».

EFFETS SECONDAIRES ET PRÉCAUTIONS D’EMPLOI

Toutefois, cela ne dispense pas de rester prudent avec son traitement. La


preuve : quand les malades répètent depuis une éternité et « comme du bon
pain » que le traitement fait maigrir, j’ai pour ma part accumulé, sous
Levothyrox®, des kilos qui me complexaient alors que, aujourd’hui, je ne
prends plus d’hormones de synthèse et que je supporte mon poids et mes
formes sans complexe. Enfin ! J’ai d’ailleurs raisonnablement maigri sans
avoir suivi le moindre régime.

Pourquoi toutes ces variations supposées sur le poids, l’humeur, etc., et ces
effets secondaires des médicaments ? Parce qu’un temps d’adaptation plus
ou moins long est nécessaire à l’organisme pour les supporter. On n’entame
pas du jour au lendemain un traitement de lévothyroxine dosé à 75 µg, 100
µg ou plus ! Sauf si on veut sentir bêtement son cœur frôler « l’infarctus de
la mort qui tue ». L’afflux en hormones thyroïdiennes de synthèse, venant
de l’extérieur, peut en effet être extrêmement brutal. Ce n’est pas ce que la
nature a prévu pour le corps, et il réagit violemment. Voilà pourquoi, côté
dosages, la plupart des médecins préfèrent prescrire le plus bas (25 µg)
pour commencer, quitte à l’augmenter progressivement sur plusieurs
semaines (souvent par paliers de 25 µg, puisque c’est le plus petit dosage
existant). « Vouloir aller plus vite que la musique », c’est aussi risquer le
rejet en bloc du traitement par le patient.
Selon les recommandations accompagnant la prise de ce médicament, pour
favoriser au mieux son absorption, il est préférable de l’avaler à heure fixe,
à jeun, au mieux avec un verre d’eau, et une bonne demi-heure avant le
petit-déjeuner. Uniquement délivrée sur ordonnance, facile à conserver, la
lévothyroxine se présente sous forme de comprimés sécables, ronds et
blancs, en boîtes de 30 comprimés pour un mois, de 50 ou 90 comprimés
pour plusieurs mois. Révolution récente qui a dû soulager de nombreux
patients car, auparavant, il fallait aller récupérer sa boîte tous les mois. Une
redoutable épreuve psychologique.

Deux mois après la mise en place du traitement, une prise de sang est
prescrite afin de pouvoir comparer l’évolution du taux d’hormones
thyroïdiennes (T4L) avant et après le traitement. Ce délai est nécessaire en
raison de la lente assimilation de la lévothyroxine par l’ensemble des tissus
de l’organisme, sa demi-vie étant d’environ une semaine… Attention, cela
ne signifie pas pour autant que l’on ne ressente pas des effets
« volcaniques » le jour même, dès les premières heures après l’absorption
du comprimé, les habitués le savent bien, sans parler de ceux qui sont
sensibles au lactose – l’excipient et non le principe actif du médicament – et
qui ont longtemps ressenti de brûlants maux de ventre dans la matinée sans
avaler la moindre goutte de lait de vache avec leur café (ni le moindre
produit laitier au petit-déjeuner) et qui, juste pour faire le test une fois et en
avoir le cœur net, ne prenaient pas le comprimé le lendemain matin, et là,
miracle, aucun mal de ventre !

Il est vital de lire les notices pour être informé de tous les éléments
pharmaceutiques liés aux précautions d’emploi des médicaments, afin de se
faire une idée honnête et objective de l’efficacité du traitement au niveau du
ressenti et des résultats d’examen.
Je vous rappelle au passage qu’un contrôle hormonal thyroïdien – une prise
de sang – doit toujours être réalisé strictement dans les mêmes conditions.
Sinon, à la lecture des chiffres entre une date et une autre, vous comparerez
des choux et des carottes. Alors, ne râlez pas lorsque le secrétaire, la
technicienne ou vice versa vous dit à 9 heures : « Vous avez pris votre
traitement ? Oui ? Ah, revenez demain, il fallait être à jeun ! » Répondez
simplement : « Mais j’ai fait toutes mes prises de sang de cette façon, en
ayant pris le comprimé une heure avant de venir. » Et là, vous pouvez
passer dans la salle de prélèvement (seulement si vous ne vous êtes pas
empiffré d’un pain aux raisins et d’un chocolat chaud avant – gardez ces
gourmandises à l’esprit pour après, cela vous fera une récompense pour
votre victoire méritée, celle de supporter ce nouveau contrôle sanguin, peut-
être le dernier ou l’avant-dernier avant la guérison totale).

Si vous ne prenez jamais le comprimé avant d’aller faire la prise de sang,


continuez : cela n’empêche pas l’interprétation des résultats de TSH, etc., ni
la comparaison des tailles des myrtilles – les carottes, c’est très bon pour
vous, les myrtilles aussi, mais leur taille et leur goût évoluent probablement,
comme celui de beaucoup de fruits et légumes, avec les variations
climatiques : d’un petit diamètre autrefois, qui serait étonné d’apprendre
qu’il en existe aujourd’hui de la taille de grains de raisin sans qu’il s’agisse
d’un OGM, autrement dit d’une intervention humaine sur le génome de ces
aliments ? Commandez donc une tarte aux myrtilles régulièrement à la
montagne et régalez-vous aussi de sirop, et vin chaud ou pas, jusque dans
les vallées…

Bref, quand on doit combattre une maladie auto-immune, on ne lésine pas


sur les moyens de gagner la bataille : on mange, et bien ! La fois suivante,
donc, souvenez-vous de ne pas déjeuner avant de vous rendre au
laboratoire, mais réservez votre envie de boisson chaude et de viennoiserie
comme une récompense pour après, afin de réellement commencer la
journée dans de parfaites conditions, tout en gardant la pêche tout au long
de la journée (même si on vous a pompé un peu d’hémoglobine et de
l’énergie tôt dans la matinée, qu’il faut bien récupérer au plus vite après).

Une fois le dosage déclaré stabilisé, et l’équilibre hormonal naturellement


rétabli par votre thyroïde –, lorsqu’elle ne vous envoie plus indirectement
sans arrêt des signaux d’alerte « mal ici, mal là, trop épuisé, rythme
cardiaque pas normal par rapport au niveau d’activité engagé », si vous
n’êtes plus exagérément complexé par quelques grotesques détails de votre
physique et que vous êtes arrivé jusqu’à en oublier l’existence du
médicament (pas dans le même sens que moi qui, dès le début, l’oubliais un
jour sur trois, comme si je n’avais pas besoin d’hormones de synthèse mais
avec pour conséquence, un « niveau énergétique » et un sommeil en dents
de scie catastrophique pour le moral !), alors les contrôles peuvent être plus
espacés. Quand tout rentre dans l’ordre au niveau du ressenti (qui compte
peut-être même plus que les chiffres), il n’y a plus de crise d’angoisse à
avoir : faire un bilan sanguin tous les quatre à six mois semble raisonnable
pour une bonne surveillance médicale.

Après deux mois d’essai, si le dosage de 25 ou 50 µg de T4 prescrit est pile


poil le bon en matière de ressenti donc et de résultats sur la feuille du
contrôle sanguin, bravo, vous avez une sacré chance ! Il semblait peu
probable de viser juste aussi vite, mais c’est comme entrer du premier coup
dans des chaussures sublimes qui ont l’air taillées sur mesure. Un bonheur
rare mais ça arrive (le plus souvent, il faut en essayer plusieurs paires,
même si elles affichent toutes la même pointure, chacun ayant sa propre
forme de pieds) !

Vous allez mieux en restant au même dosage et vous êtes supposé vous
sentir enfin revivre ? Savourez l’existence ! Croquez la vie à pleines
dents… Ce « bonheur sous hormones thyroïdiennes de synthèse » peut
toutefois être de courte durée. En effet, comme vous en avez sans doute été
informé dès le départ, « le médicament est à prendre à vie », et chaque jour
au même dosage, alors que la thyroïde a la faculté de s’adapter
naturellement aux événements prévisibles et imprévisibles… Si bien que,
« à la fin, la plupart des malades de corpulence moyenne dont la thyroïde
est absente ou inopérante se voient prescrire un dosage final aux alentours
de 100 ou 125 µg de Levothyrox® pour les femmes, un peu plus pour les
hommes ». Preuve, avant même de s’engager sur le chemin des combattants
de l’hypothyroïdie, qu’il est semé d’embûches et de rechutes. En un mot,
compliqué.

RETOUR SUR L’« AFFAIRE LÉVOTHYROX® »

Fin mars 2017, Merck commercialisait une « nouvelle formule » du


Levothyrox®. La différence tenait en une modification dans la composition
en excipients : le lactose, excipient à effet notoire (EEN) ayant été remplacé
par du mannitol – un autre EEN – et de l’acide citrique anhydre.

En septembre 2017, les médias ont relayé les plaintes de nombreux malades
– plus d’un millier de personnes – qui assuraient souffrir de symptômes
divers avec le changement de formule du Levothyrox®. Anny Duperey est
plus connue comme actrice que pour ses problèmes de thyroïde. Pourtant,
elle n’a pas hésité à s’engager en son nom, par le biais d’une lettre ouverte
adressée à la ministre de la Santé, pour dénoncer l’affaire du « changement
de formule du Levothyrox® » qu’elle a qualifié de « scandale honteux ».
Comme elle l’a raconté plus tard dans l’émission Envoyé Spécial, elle avait
en effet fait l’objet d’inquiétants malaises et vertiges. Elle est ainsi venue
soutenir la foule anonyme d’autres hommes et femmes eux aussi traités par
Levothyrox®, rapportant ce même changement d’état : des effets
probablement comparables à des symptômes d’hyperthyroïdie pour
beaucoup, mais pas seulement…

Il est possible que ce changement d’excipients ait eu un impact sur


l’absorption des hormones thyroïdiennes de synthèse au niveau intestinal.
Le mannitol, d’origine végétale ou de synthèse, qui sert aussi d’édulcorant
dans l’agroalimentaire – comme l’indique sur les étiquettes le sigle E421 –,
est un laxatif. Ce nouvel excipient pourrait peut-être expliquer les effets
indésirables observés en masse chez des malades ayant à peu près le même
le profil qu’Anny Duperey, même si on ne les a pas vus à l’écran : des
femmes soignées pour hypothyroïdie à l’âge de la ménopause, mais aussi
des femmes un peu plus jeunes et des hommes de tous âges.

LES MÉDICAMENTS PROPOSÉS


DEPUIS L’AFFAIRE LEVOTHYROX
®

+ Euthyrox (Merck) : cet équivalent de l’ancienne formule de


®

Levothyrox® avait été mis à disposition dès le 2 octobre 2017.

+ L-Thyroxin Henning® (Sanofi), importé d’Allemagne et en


attente d’autorisation pour le marché français.

+ Thyrofix ®
(lévothyroxine sodique anhydre, Unipharma).

+ TCAPS ®
(lévothyroxine sodique anhydre, Laboratoire
Genevrier). Ces capsules non remboursables doivent être
commercialisées courant 2018. Elles contiendraient l’excipient
glycérine et seraient l’équivalent du Tirosint®, médicament
disponible depuis plusieurs années en Europe et aux États-
Unis. Son avantage sera d’être disponible à des dosages plus
fins : 13, 25, 50, 75, 88, 100, 112, 125, 137, 175 et 200 µg.

Il est vrai que l’âge est un facteur important dans la mise en place d’un
traitement par hormones de synthèse : un organisme jeune le supporte
certainement un peu plus facilement – surtout au niveau cardiaque (crises
de tachycardie, extrasystoles et hypertension), peut-être moins au niveau
nervosité, les hormones thyroïdiennes ayant des liens directs avec les
systèmes musculaires et nerveux.

Un cœur jeune ayant moins été sollicité par les années qu’un cœur âgé ne
réagit pas de la même façon à l’apport d’hormones de synthèse, dans les
premières semaines du traitement.

Quant à la population qui approche ou dépasse la cinquantaine, elle est


probablement plus sensible à la chimie de synthèse*. L’usure du temps sur
les organes et les tissus est réelle, particulièrement chez les femmes en
pleine ménopause, qui se sont d’ailleurs manifestées à propos de la nouvelle
formule du Levothyrox® : on ne saurait toutefois affirmer que leur système
digestif tolère mieux le lactose que le mannitol, d’autant que l’enquête de
pharmacovigilance menée par les autorités de santé en coordination avec le
laboratoire Merck s’est montrée rassurante. Ces histoires auront néanmoins
présenté l’avantage de mettre en lumière le traumatisme des personnes
touchées par les problèmes de thyroïde, aussi bien l’hyperthyroïdie que
l’hypothyroïdie.

Signalons aussi que la nouvelle formule de Levothyrox® comportait aussi


de l’amidon de maïs, pas toujours bien toléré par l’intestin des personnes
très sensibles au gluten. Pour des raisons diverses, tout le monde ne
supporte pas les pâtes au maïs comme tout le monde ne supporte pas les
pâtes au blé, mais tout le monde a besoin de manger des pâtes et du pain
tous les jours ! Il faut donc trouver d’autres farines qui se digèrent par tous
sans souffrances.

ET LES GÉNÉRIQUES ?

À la fin de l’année 2010, les génériques du Levothyrox®, commercialisés


par les laboratoires Biogaran et Ratiopharm, ont fait une arrivée remarquée
dans les pharmacies. Médecins et patients pouvaient désormais échapper à
l’excipient lactose, glucide issu du lait d’origine animale, que seuls les très
jeunes enfants digèrent durant une courte période après celle de
l’allaitement maternel. Les adultes ne supportent plus le lactose qu’à des
doses infimes, ayant naturellement perdu l’essentiel de l’activité
enzymatique lactase ; elle reste toutefois suffisante pour digérer de temps en
temps des produits laitiers longuement travaillés par les artisans fromagers
ou les industriels, ainsi que les bonnes bactéries lactiques qui transforment
le lactose en acide lactique dans les yaourts, etc.

En janvier 2011, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de


santé (AFSSAPS), devenue depuis Agence nationale de sécurité du
médicament et des produits de santé (ANSM), publiait une très sérieuse
liste de 77 médicaments mis sous surveillance renforcée et dans laquelle
figuraient le Levothyrox® et ses génériques, dans le cadre d’une
« réévaluation du rapport bénéfice/risque ». Cette liste allait de l’Actos®
(antidiabétique) au Cervarix® (vaccin contre le papillomavirus) en passant
par le Champix® (indiqué dans le sevrage tabagique) ou la Thalidomide
Celgene (traitement du myélome multiple). Aussitôt, la polémique a enflé :
doutes et inquiétudes du côté des patients, car de cette « liste noire »
surgissaient les termes « risques », « effets secondaires » ou « inefficacité »
qui faisaient mouche. D’autant plus qu’il s’agissait de la publication
officielle des autorités de santé. Les interrogations devenaient donc
légitimes et fortement compréhensibles du côté des patients sous
médicaments : ces produits étaient-ils utiles, superflus, efficaces ou
inefficaces ?

Que s’est-il passé en 2011 après ce tsunami pharmaco-médiatique ? Dans


les officines en tout cas, même lorsque les médecins avaient inscrit au stylo,
sur l’ordonnance rédigée par informatique, la mention « non
substituable » à côté du mot Levothyrox®, les pharmaciens ont assuré leur
mission d’information auprès de leurs clients.

Ils ont essayé de les rassurer comme ils ont pu en leur expliquant qu’il n’y
avait aucune différence entre le principe actif du princeps et celui des
génériques, que si on leur proposait un générique à la place du princeps, ce
n’était pas grave puisque l’un et l’autre contenaient la même hormone
thyroïdienne et que seuls les excipients changeaient. Pas de problème pour
ceux qui avaient immédiatement commencé sous génériques. Et ceux à qui
on avait prescrit jusque-là du Levothyrox® pouvaient aussi repartir avec
leurs boîtes de génériques au dosage habituel, sans craindre de voir leur
équilibre hormonal déstabilisé, ou alors juste le temps d’une légère
adaptation et de rechercher le dosage le plus adapté. C’est ce que la
majorité des malades ont eu à entendre quand ils ont posé la question.

Mais dans la réalité, il suffit de fouiller sur Internet, sur les forums, les
blogs, les sites d’informations médicales et ceux des médias, pour
comprendre que cela ne s’est pas exactement déroulé comme prévu. Parce
que l’intervalle de bioéquivalence (la très légère différence de vitesse
d’absorption du produit tolérée entre le princeps et le générique) n’a pas
toujours été parfaitement compris par les patients. Pas seulement pour le
Levothyrox®, mais pour n’importe quel médicament. Or, cet intervalle
explique que princeps et générique n’ont pas toujours des effets 100 %
identiques au même dosage. Maintenant, nous sommes en 2018 et vous
savez cela.

LE CHANGEMENT, TOUJOURS DIFFICILE À SUPPORTER

Pour l’hypothyroïdie, trois catégories de malades sont à distinguer : les


femmes non ménopausées (en âge de procréer), les femmes ménopausées et
les hommes. Commencer un traitement « à l’aveugle », sans savoir si la
stabilité hormonale sera au rendez-vous, est toujours angoissant. On
imagine volontiers que, pour un tas d’autres maladies légères ou dans le
cadre d’un traitement ponctuel, prendre un nouveau médicament dont les
excipients ne sont pas tout à fait identiques n’est pas tellement
problématique. Dans le cas d’une pathologie chronique, passer d’un
médicament bien toléré, connu et supporté par le patient depuis des dizaines
d’années – et pour la vie ! – peut faire basculer un équilibre clinique,
parfois précaire, obtenu au prix d’une patience infinie dans la recherche du
juste dosage, avec le risque d’avoir à affronter plusieurs semaines de reprise
des symptômes.

Générique ou nouvelle formule, le changement n’est pas sans


conséquences. Il n’est donc pas très étonnant que les personnes dont
l’hypothyroïdie était stable depuis longtemps sous Levothyrox® se soient
montrées aussi réticentes à l’arrivée des génériques. Je m’étais moi-même
habituée à celui que j’appelais en plaisantant « l’ami du petit-déjeuner »
dans une forme de fidélité et à la marque et au médicament ! Je reconnais
volontiers que la crainte de prendre un médicament à vie m’avait
immédiatement envahie à l’annonce du verdict ! C’était le « à vie » qui me
gênait, l’absence de perspective de retrouver un jour une existence au
naturel et le risque, une fois le traitement commencé, de m’installer dans
une routine, cette dépendance à un médicament en entraînant peut-être un
jour de nouvelles…

Ce qui fut le cas. Envoyée un jour chez un cardiologue pour des ennuis de
tachycardie, extrasystoles (troubles du rythme cardiaque) et pics de tension
sous Levothyrox®, celui-ci estima que j’étais en plus « bonne pour prendre
un bêta-bloquant » ! Autre genre de médicament qui m’avait été décrit dans
les mêmes termes : « Une fois qu’on le commence, on ne l’arrête plus. ».
Sous-entendu : un médicament de plus à prendre à vie puisque supposé
compenser mes problèmes cardiaques causés par le Levothyrox®. C’en était
trop, mais j’ai rapidement été rattrapée par des formes de légers malaises, à
force d’avaler, en plus des hormones thyroïdiennes de synthèse, des bêta-
bloquants. Et les baisses de tension étaient considérables parfois… J’ai
même fini, dans une sorte d’angoisse ou de dépendance – je ne saurais dire,
tant je trouve aujourd’hui cela idiot – par avoir peur de sortir ou de me
promener sans avoir à portée de main, dans un sac ou dans mon
portefeuille, des cachets de l’un et de l’autre (lévothyroxine et bêta-
bloquant), au cas où. Au cas où quoi ? Le cauchemar de l’addiction à une
substance – alcool, tabac, drogues et autres –, qui me faisait horreur depuis
toujours tant il représentait une sorte de routine étouffante, m’était-il tombé
dessus dans le cadre de la médecine, malgré toutes mes précautions ?

COMPRENDRE L’AJUSTEMENT DES DOSAGES

Il faut apprendre à écouter son corps, car si une thyroïde en bonne santé sait
répondre rapidement et avec finesse au monde qui l’entoure, une thyroïde
malade, voire « fantôme », en est incapable.
Une fois sous médicament, l’organisme reçoit ensuite toujours la même
dose d’hormones thyroïdiennes de synthèse, qui n’est plus modulable
naturellement (même si la thyroïde essaie de fonctionner comme elle peut).

Il est donc indispensable de rester attentif à tous les signaux excessifs


envoyés par le corps pour réagir à temps : problèmes cutanés, de vue,
d’audition, chute de cheveux, modification de poids, de voix, de libido, de
rythme cardiaque, etc. Il ne faut jamais oublier que, entre le moment où il y
a apparition des symptômes d’hypothyroïdie, augmentation du dosage de
lévothyroxine et, souvent, manifestation de signes d’hyperthyroïdie liée à
« l’absorption complète » de ce nouveau dosage, il peut s’écouler des
semaines. Et encore quelques autres avant que le traitement réajusté fasse
pleinement son effet et que l’organisme s’y soit adapté. Ce qu’une thyroïde
normale fait naturellement en quelques jours peut donc prendre des
semaines, voire des mois chez une personne sous hormones thyroïdiennes
de synthèse ! L’augmentation doit donc être très progressive.

Posons-nous par ailleurs cette question : si la lévothyroxine est considérée


comme une substance à marge thérapeutique étroite – et même peut-être
très étroite –, en plus des dosages classiques (25, 50, 75, 100, 125, 150,
etc.), ne serait-il pas indispensable de disposer de boîtes de dosages
intermédiaires de plus ou moins 12,5 µg (37,5, 87,5, etc.) ? C’est le cas
depuis longtemps aux États-Unis, avec les équivalents américains
Synthroid® et Levoxyl®. Industriels, pharmaciens et médecins français
feraient peut-être bien d’y réfléchir. C’est d’ailleurs à peu près ce que
j’écrivais en 2014 dans mon précédent livre, Thyroïde : enfin le traitement
qui sauve*. Le TCAPS (voir encadré p. 72) semble aller dans ce sens, nous
verrons bien l’évolution des traitements dans les années à venir. Les
millions de Français concernés par des problèmes de thyroïde pourraient
directement en bénéficier. Ce n’est pas parce qu’il existe des dosages
standards, établis par les laboratoires, que les organismes doivent eux aussi
réagir de manière stéréotypée. Nous ne sommes pas des machines.

Aux changements de situation – de saison, de région, etc. –, un certain


nombre de patients éprouvent par ailleurs le besoin de procéder à un
modeste ajustement de leur dosage de lévothyroxine : avoir un peu plus de
besoins en hormones thyroïdiennes en hiver lorsque le temps est plus froid,
neigeux, humide et gris, et un peu moins lorsque le soleil et la chaleur
reviennent, est logique.

Ce réajustement de dosage peut aussi être nécessaire à l’arrêt de la cigarette.


La fumée du tabac qui masque les odeurs naturelles peut entraîner une
réelle dégradation de l’odorat, dont on se doute qu’elle a un grave impact
sur l’appétit et le poids ! Oui, il a été démontré que le tabac déréglait la
thyroïde et, pire encore, favorisait l’apparition de – la très épuisante pour le
cœur – maladie auto-immune appelée thyroïdite de Basedow. Quant aux
fumeurs devenus hypothyroïdiens, ils auraient plus de risques de
développer un goitre, car la cigarette réduirait la sécrétion d’hormones
naturelles par la thyroïde déjà affectée.

Tous ces changements auxquels on ne pense pas peuvent influencer


l’équilibre hormonal thyroïdien ! Il faut donc apprendre à « écouter son
corps » ou sa thyroïde qui a de bonnes raisons d’être en colère si on la
déclare « malade » ou qu’elle ne fait plus que figure de « fantôme »
lorsqu’elle n’est plus tout à fait là.

J’ai moi-même eu à supporter un déséquilibre hormonal lié aux


températures. Début décembre 2005, je suis sous Levothyrox® 75, ma TSH
est de 4,34 sans que je me sente vraiment fatiguée, juste bien… Les fêtes
arrivant, je remonte dans l’est de la France passer Noël en famille à Belfort.
Grande chute de températures et d’ambiance : en deux jours, je bascule et
me retrouve clouée au lit, sans force et sans comprendre ce qui m’arrive.
Une grippe, un cancer ? Je crains le pire tant le choc est brutal. Mes parents
me conseillent d’aller voir le généraliste de mon enfance qui connaît assez
bien mon histoire pour que je lui fasse encore confiance. Il me pose des
questions sur mon état les semaines précédentes, passées dans le Sud, me
rassure et me dit que ce n’est pas un cancer ni la conséquence du froid
glacial de l’hiver du grand Est – ce dont je doute un peu, car l’écart de
température, surtout en décembre, n’est pas négligeable entre la moitié nord
et la moitié sud de la France. Le médecin de l’Est m’annonce que, pour lui,
je fais une sorte de dépression et me prescrit du Lexomil®, malgré mon
insistance : je suis convaincue qu’il doit s’agir d’un trop grand écart de
températures que mon corps ne gère pas et qu’un simple réajustement de
dosage hormonal devrait tout arranger. Rien n’y fait, il inscrit noir sur blanc
sur l’ordonnance le nom de l’anxiolytique que je suis supposée prendre en
complément de mon habituel Levothyrox®, au même dosage.

De retour dans le Sud, il fait plus chaud, il y a du soleil. Même le taux


d’humidité est différent, le vent aussi et mes besoins en hormones
probablement sont retournés à leur stabilité du début décembre. Je prends
en tremblant le Lexomil® et me retrouve très vite dans un état de mollusque
flasque, sans cerveau. Panique à bord. Complètement vaseuse et éteinte, je
comprends l’erreur et arrête tout en moins de trois jours, après une crise
d’angoisse mémorable. Je prends d’urgence rendez-vous chez mon
généraliste habituel du Midi, mon sauveur. Je lui explique tout, jusqu’à
cette grosse crise d’angoisse. Cette soudaine hausse de TSH l’interpellant, il
me fait passer de Levothyrox® 75 à 100 µg. Les semaines s’écoulent et je
remonte doucement la pente. J’avais vu juste dès le début : pas de
dépression hivernale, juste une rechute en hypothyroïdie pouvant se réguler
par un réajustement de dosage… L’énergie et la forme reviennent lentement
mais sûrement. Cela s’est vu aussi immédiatement à la prise de sang
suivante : TSH redescendue à 1, très bien selon les normes officielles.
CE QUI EST PRÉCONISÉ
PENDANT LA GROSSESSE

Peu après la naissance de son premier enfant, une amie


me fait soudain une révélation fracassante. À l’annonce
surprise de sa grossesse, folle de joie, elle s’empresse
d’arrêter son Levothyrox® 50, sans la moindre
recommandation d’un médecin ! Pourquoi ? On entend si
souvent dire que tel ou tel médicament est interdit ou
dangereux pendant cette période délicate qu’elle avait pris
les devants, pensant bien faire en écartant un danger
potentiel.

Pendant les mois qui ont suivi, aucun médecin ne lui ayant
sans doute posé la question, elle a continué ainsi jusqu’à
terme ! Augmentant du même coup ses risques de fausse
couche et de malformations congénitales pour l’enfant. Or,
dans le cadre très particulier de l’hypothyroïdie avérée, la
femme enceinte ne doit surtout pas arrêter son traitement
d’hormones de synthèse, en particulier au cours du premier
trimestre, car la thyroïde de l’embryon est en plein
développement ! De ce fait, les médecins prescrivent
parfois aux patientes de légères augmentations de dosage
en cours de grossesse pour répondre au mieux aux besoins
hormonaux des deux organismes… Les bilans thyroïdiens
sont évidemment contrôlés régulièrement et de très près !
Quelque temps après l’accouchement et l’allaitement, la
jeune maman reviendra le plus souvent à son dosage initial
ou, qui sait, n’aura plus besoin d’hormones de synthèse,
tant le bouleversement hormonal est grand à cette étape de
l’existence.

T3, LA VOIE DE LA RÉVOLUTION ?

La prise de lévothyroxine à haute dose ne soigne pas forcément les malades


de l’hypothyroïdie, puisque la « chimie de synthèse » n’est jamais aussi
efficace que la « chimie naturelle ». Un corps en parfait état n’a aucune
difficulté à transformer les hormones T4 naturelles (hormones de réserve)
envoyées dans la circulation sanguine par la thyroïde dans les tissus qui en
ont besoin et dans lesquels elles sont transformées en hormones T3
naturelles (hormones activées) : c’est le bonheur de l’euthyroïdie ! Dans un
corps fatigué par des années d’hypothyroïdie, bombardé d’hormones T4 de
synthèse par voie orale, ces dernières ne suivent pas exactement le même
trajet pour atteindre les tissus et systèmes qui ont besoin de cette
« énergie ». Elles auront également plus de mal à se transformer en T3. À
terme, résultat d’une lente dérive lié au traitement de synthèse, le bilan
biologique des patients sous lévothyroxine est souvent le suivant : un taux
de T4 élevé (proche de la valeur normale supérieure) associé à un taux de
T3 bas (proche de la valeur normale inférieure).

Comme on l’a vu, à l’état naturel, la thyroïde fabrique beaucoup de T4 et un


peu de T3, l’essentiel de la T3 étant produit dans les autres tissus en
fonction de la demande : muscles, foie, cerveau, reins, etc. La T3 étant le
véritable carburant du corps, pourquoi le traitement contre l’hypothyroïdie,
considéré comme universel, ne contient-il que de la T4 ? Et quid de l’option
peu connue T4 combinée à de la T3 ?

LA T3 DE SYNTHÈSE :
SOUS QUELLE FORME ?

Tiratricol, métabolite de la triiodothyronine (T3).


Nom commercial : Teatrois®
Actuellement commercialisé par les laboratoires Theranol
Deglaude, Teatrois® (ou tiratricol) dosé à 0,35 mg existe
depuis 1997. Non remboursé par la sécurité sociale, il est
vendu par boîtes de 100. C’est beaucoup, d’autant plus qu’il
comporte des excipients à effet notoire : lactose et amidon
de maïs. Mais il est généralement peu prescrit, en
complément de la lévothyroxine dans le but officiellement
de contrôler la TSH (en particulier pour les malades après
l’intervention chirurgicale pour traiter les cancers de la
thyroïde, mais pas seulement).

Liothyronine sodique. Nom commercial : Cynomel®


Commercialisé par les laboratoires Sanofi-Aventis, les
médecins hésitent à le prescrire en association avec le
Levothyrox®, car un surdosage de Cynomel® peut entraîner
des effets difficiles à supporter pour le cœur : fortes
palpitations, sueurs, anxiété (du même type que ceux
observés avec un surdosage de lévothyroxine mais de
survenue beaucoup plus rapide). Il a pour excipient de
l’amidon de blé (gluten) qui peut poser des problèmes aux
personnes souffrant de maladie cœliaque ou d’intolérance
au gluten.

Autre problème, chaque comprimé de Cynomel® est trop


concentré : 25 µg de T3 (contre 20 dans Euthyral®). « Rien
n’est poison, tout est poison : seule la dose fait le poison »
disait au XVIe siècle Philippe-Auréole Théophraste Bombast
de Hohenheim (alias Paracelse), médecin alchimiste
suisse. Alors, certes, il reste la possibilité de couper le
comprimé en deux ou en quatre. Mais le plus simple ne
serait-il pas de nous mettre à disposition un dosage plus
faible de 5 µg, comme cela existe aux États-Unis
(Cytomel®) ?

À force de couper mon Cynomel® au couteau pour en


extraire une dose plus légère – le morceau finissait toujours
en poudre blanche ! –, j’ai fini par comprendre qu’il serait
mieux de disposer d’un comprimé dosé sécable non pas à
5 mais à 4 µg, un quart de comprimé (soit seulement 1 µg
de cette chimie de synthèse) étant largement suffisant pour
tenir une demi-journée (comme il convient de charger les
batteries le matin avec un copieux déjeuner, de les
recharger le midi avec un bon repas, puis un dernier, plus
léger, vers 19 heures), surtout pour ceux qui souhaitent
réduire leur dose de médicament, voire un jour l’arrêter ?
L’ASSOCIATION DE T4 ET T3 DE SYNTHÈSE :
EUTHYRAL®

Autorisé en 1997 et commercialisé par Merck Serono, chaque comprimé


d’Euthyral® contient l’équivalent de 100 µg de T4 (lévothyroxine) et 20 µg
de T3 (liothyronine), de synthèse toutes les deux. Euthyral® peut être
prescrit seul ou en complément (un quart de comprimé) d’une prise
quotidienne d’un comprimé de lévothyroxine. Difficile de connaître la dose
idéale… Mais pour avoir testé l’association T3 + T4 après l’échec d’un
dosage élevé du seul Levothyrox® 125 µg (trop de symptômes
d’hyperthyroïdie), je peux témoigner qu’il est beaucoup plus prudent et
sage – c’est cependant au médecin de confirmer et d’y réfléchir avec ses
patients, dans un cas de figure similaire, de réduire d’au moins 50 la dose
de lévothyroxine si de la T3 doit y être associée – à petite dose*.

Voilà pourquoi j’ai parfois dit d’Euthyral® qu’il m’avait sauvé la vie, car il
se peut que cette modeste dose de T3 de synthèse ait été le coup de pouce
thérapeutique indispensable à la relance de la production naturelle de T3 par
mon organisme souffrant alors de symptômes d’hypothyroïdie mêlés à de
l’hyperthyroïdie (taux de T3 trop bas et de T4 trop élevé sous fort dosage de
Levothyrox®). Depuis, je ne prends plus de médicaments à base d’hormones
thyroïdiennes de synthèse. J’ai retrouvé un poids stable et un équilibre de
vie, même si je reste très attentive aux aliments que j’achète – et c’est un
plaisir – et que j’apprends à mieux cuisiner d’année en année.

Bref, l’idée du médicament Euthyral® est intéressante, mais sa


concentration est trop élevée, et en T4 et en T3 (100 µg de T4 associés à
20 µg de T3 dans un comprimé). Il serait donc intéressant d’imaginer un
dosage plus sagement adapté, par exemple à 20 µg de T4 et 2 µg de T3, qui
permettrait un traitement provisoire pour sortir définitivement le patient de
l’hypothyroïdie. Il serait aussi possible de couper le comprimé en demi-
comprimé (10 µg de T4 et 1 µg de T3), ce qui pourrait suffire à rétablir
l’état du patient à six semaines avant de réaliser le premier contrôle
sanguin. Simple piste thérapeutique !

Par ailleurs, il faut préciser qu’Euthyral® contient actuellement deux


excipients à effet notoire : lactose et amidon de maïs, dont les effets sont
peut-être grandement atténués si les patients ne prennent pas l’équivalent de
20 µg de T4 et 5 µg de T3, soit un quart de comprimé en une seule prise
avant le petit-déjeuner, mais seulement un quart de comprimé coupé en
deux (10 µg de T4 et 2,5 µg de T3). Cela ressemble à du bricolage mais
tous les patients connaissent cela en attendant le comprimé dosé avec plus
de précision, et c’est pour ma part ce genre de bricolage thérapeutique qui
m’a permis d’aller mieux et de pouvoir me passer de traitement, comme on
arrête de prendre un médicament lorsqu’une pathologie – grippe, etc. – est
enfin soignée.

Enfin, les quelques milliers de patients ayant trouvé leur équilibre – leur
salut pour certains – grâce à Euthyral® (en complément ou non du
Levothyrox®) ont régulièrement droit à quelques sueurs froides, il faut le
savoir aussi. En 2006, une rupture de stock temporaire pour cause de
changements de site de production et de présentation du produit les avait
contraints à se replier en urgence sur des solutions de secours loin d’être
satisfaisantes : constitution de stocks de boîtes auprès des pharmacies qui en
avaient encore à la vente, quête de l’équivalent Novothyral® distribué par le
même groupe pharmaceutique dans des pays voisins ou remplacement par
l’association de Levothyrox® et de Cynomel®… Tout était finalement rentré
dans l’ordre en quelques mois. Mais nouvelle panique en avril 2010 ! Cette
fois, Euthyral® se retrouvait sur une liste d’environ 150 médicaments dont il
était annoncé une diminution du taux de remboursement de 35 à 15 %, leur
service médical rendu étant jugé faible ou insuffisant par la Haute Autorité
de Santé (HAS).
Personnellement, je pense que l’association de T4 et de T3 de synthèse a été
efficace sur mon état. Très efficace, même ! Je juge d’ailleurs ce service
médical rendu si efficace que j’aurais préféré en avoir eu connaissance dès
le début des années 2000, quitte à payer de ma poche cette association
thérapeutique, plutôt que de me faire rembourser pendant presque une
décennie de la T4 de synthèse qui n’a pas su à elle seule me donner entière
satisfaction. Avec l’association T4 et T3 de synthèse, je me suis sentie
immédiatement et littéralement « revivre ». De façon spectaculaire, pour ne
pas dire émouvante, comme si je m’étais rendu compte d’un seul coup de
tout le potentiel gâché trop longtemps de mon corps mal soigné par la
pharmacologie. Un vrai bonheur corporel qui n’avait rien d’une illusion et
qui s’est rapidement traduit par l’effet attendu d’un médicament dont le
service médical rendu est jugé efficace : il faut l’arrêter parce que
l’organisme s’est remis de « sa blessure » et a pu prendre le relais. C’est
exactement ce qui s’est passé dans mon cas ! En une décennie d’Hashimoto,
mon organisme revendiquait enfin son indépendance hormonale
thyroïdienne (un peu comme un ancien fumeur dont le corps dit
définitivement stop à la cigarette) ! Un an plus tard, je ne savais même plus
ce que c’était qu’avaler machinalement un comprimé d’hormones de
synthèse. Mon organisme était libéré de ce geste et je reprenais plaisir à
manger avec beaucoup de gourmandise comme à refaire du sport. J’imagine
que c’est ce qui s’appelle être guérie !

Quant au déremboursement de l’Euthyral® en 2010, qui a été considéré


comme un scandale par les patients, l’objectif était de permettre à la
sécurité sociale de faire des économies au détriment de patients atteint
d’une maladie handicapante. Euthyral® n’a donc rien de superflu, et est loin
d’être, à mon avis, un « médicament à service médical rendu jugé faible ».
EUTHYRAL®, MA « BÉQUILLE INVISIBLE »

Oui, ce médicament a remis en route lentement mon organisme, au moment


où il touchait le fond. J’en étais arrivée à la plus haute dose de T4 de
synthèse (125 µg) et rien n’y faisait : je serrais chaque jour un peu plus les
dents sans comprendre pourquoi j’étais si épuisée – hypothyroïdie ou
hyperthyroïdie ? –, je ne dormais plus du tout et souffrais le martyre dans
tout le corps : atroces douleurs musculaires, intenses et lancinantes,
intenables le jour et plus encore la nuit. J’en étais presque à me demander
s’il ne valait pas mieux disparaître… Heureusement, je tenais encore assez
à la vie justement pour essayer de trouver une ultime solution avec mon
généraliste.

J’étais donc à 125 µg de Levothyrox®, avec une TSH à 3. En apparence,


rien d’anormal. Au contraire, auraient dit ceux qui respectent strictement les
consignes sans jamais se remettre en question : « Tout va bien, comme le
révèlent les chiffres » ! Sur cette base classique, combien dans ma propre
famille, peut-être dans la vôtre aussi, ont osé me dire, comme s’ils étaient
experts de ma maladie : « Tu n’as pas mal, tu n’as rien, tu fais du cinéma » !
Depuis l’annonce officielle du diagnostic en 2001 et les innombrables
remarques parfois blessantes sur cette situation d’Hashimoto, je me suis
parfois sentie faire partie d’un groupe de handicapés invisibles, mais j’ai
aussi appris à prendre du recul face aux paroles plus bêtes et ignorantes que
méchantes. Je me suis entourée d’une carapace que j’ai parfois changée en
armure.

Cette fois encore, mon médecin avait eu beaucoup de flair puisqu’il ne


s’était pas arrêté à la valeur apparemment normale de la TSH.

Après un contrôle supplémentaire, mon taux de créatine phosphokinase


(CPK, une enzyme musculaire) affichait un score indécent, très au-dessus
de la norme et à quatre chiffres. Quant à mon taux de T3, non demandé sur
le bilan sanguin, mais que j’avais voulu faire analyser à mes frais au
passage, il était au plus bas ! Voilà comment, en associant la description des
symptômes aux résultats du laboratoire, apparaissait sans le moindre doute
le diagnostic au nom terrifiant : une « myopathie hypothyroïdienne
hypertrophique », cadeau-surprise de Hashimoto ! Le médecin dut lire la
terreur dans mes yeux à l’évocation du mot « myopathie », mais il ajouta
aussitôt : « Pas de panique, rien d’irréversible, c’est juste une conséquence
de l’hypothyroïdie. Tout va rentrer dans l’ordre, avec de l’organisation et un
peu de patience. »

Pour faire baisser le taux de CPK, il fallait absolument faire remonter mon
taux de T3. Je l’ignorais encore à l’époque, mais c’était possible en
changeant d’habitudes alimentaires. Il faudrait seulement faire preuve de
patience. Il n’y avait alors que deux solutions : soit augmenter mon dosage
de Levothyrox® de 125 à 150 µg, mais on risquait du même coup de faire
sortir mon taux de T4 de la norme et je basculerais en hyperthyroïdie ; soit
ajouter un peu de T3 de synthèse.

C’est ainsi que je suis passée du jour au lendemain de plusieurs semaines


d’enfer physique avec un comprimé de Levothyrox® 125 µg à un mieux-
être à peine croyable – sans la moindre douleur musculaire – avec un
comprimé d’Euthyral®. Pas de miracle : dix jours plus tard, une bonne
grosse crise de tachycardie démontrait que le médicament était bien trop
dosé en T3 et qu’il était plus judicieux de tenter un quart d’Euthyral® (voire
moins) ou un quart de Cynomel® (voire moins), associé à un peu de
Levothyrox®.

De fil en aiguille, sur ce parcours aussi accidenté qu’initiatique, comme un


entraînement ou une préparation à sortir de l’hypothyroïdie de façon
intelligente, mon corps a progressivement rejeté les hormones thyroïdiennes
de synthèse. Il semblait les rejeter en même temps que la thyroïde voulait
reprendre son rôle et sa place naturelle ! Depuis des années, avec du bon
sens, au rythme des saisons et en adaptant mon alimentation, la thyroïde
« assure » toujours. Et je revis !

* À cette époque, il est probable que la lévothyroxine était prescrite à la dose de 50 µg aux hommes,
sur la base de leur plus grande corpulence ; pourtant, en hypothyroïdie, une femme peut peser plus
qu’un homme dans le même état.
* D’autant que l’agriculture, dans les années 1960-1970, produisait une alimentation plus proche de
l’agriculture biologique d’aujourd’hui que celle hautement industrialisée des années 1980-1990 et
forcément marquée en outre par l’accident nucléaire de 1986.
* Éditions du moment, 2014.
* 2,5 à 5 µg par jour semblent largement suffisants, pour devenir progressivement de trop. Lorsque le
corps se met à présenter les signaux qui prouvent son retour à une vie normale, le patient
abandonne naturellement le traitement comprenant qu’il n’en a plus besoin.
CHAPITRE V

APPRENDRE DU
PASSÉ, LOINTAIN
OU PROCHE

L
a thyroïde est connue depuis presque cinq millénaires, si l’on en
croit un mot couramment associé à l’hypothyroïdie : goitre, du latin
guttur, gorge.

UNE CONNAISSANCE ANCIENNE

Les premières références au goitre décelable par palpation du cou, voire


observable à l’œil nu, se trouvent dans les plus anciennes versions d’un
traité sur les plantes médicinales, le Pen Tsao, qui aurait été rédigé aux
alentours de 2 700 ans avant Jésus-Christ par l’empereur chinois Chen
Noung.

Pour traiter cette « bizarrerie » dans l’un des plus illustres pays du riz, la
médecine traditionnelle chinoise préconisait en premier lieu l’emploi de
végétaux : des algues – sargasses ou laminaires comme il en pousse sur nos
côtes atlantiques – et des cendres d’éponges naturelles calcifiées, créatures
marines primitives dont on ne connaissait pas encore la richesse en iode (ne
mangez pas vos éponges de cuisine pour autant, elles ne sont pas
comestibles). Plus tard, à partir du IVe siècle, certains médecins chinois
commencèrent à soigner les goitres à l’aide de glandes d’animaux : des
thyroïdes de mammifères terrestres…

C’est dire si les Asiatiques ont eu du flair et de l’avance sur les


Occidentaux. Ces derniers n’ont commencé à se réveiller sérieusement qu’il
y a seulement 500 ans… Car en Occident, sur ce point, « chi va piano va
sano ». Il faut cependant reconnaître au Grec Hippocrate, illustre figure de
l’histoire de la médecine, d’avoir été, dès le IVe siècle avant J.-C., l’un des
premiers à citer le goitre, d’abord longtemps connu sous le nom struma. Sur
son origine, il suspecte un possible lien avec l’environnement, l’eau en
particulier. Il faut boire, oui, mais pas n’importe quoi.

Plus tard, au Moyen Âge, à l’instar des Chinois, on tente de régler le


problème à l’aide d’éponges marines calcinées, voire de quelques cuillerées
quotidiennes d’eau de mer, déconseillées aujourd’hui, l’excès de sel
favorisant l’hypertension. À l’époque, l’existence de la thyroïde en tant
qu’organe n’existe pas. Sa connaissance anatomique n’apparaît pas avant la
période de la Renaissance. Deux siècles devront encore s’écouler avant
d’obtenir une très grossière description du « papillon ». Pour les détails ?
Patience.

AU FIL DES DESSINS


Au XVIe siècle, Léonard de Vinci (1452-1519), artiste et savant italien, se
penche, tel un médecin légiste ou un enquêteur de police scientifique, sur
les cadavres des hôpitaux de Florence, Milan et Rome. Ce vaste travail de
dissection contribue à faire progresser la compréhension des plans
d’organisation intérieure de notre « carcasse » d’humain.

Le maestro est d’ailleurs un pionnier dans le dessin anatomique : parmi ses


croquis figure déjà un goitre sur le cou d’un homme. Le dessin réalisé à la
main – une œuvre d’art, même si elle est liée de près à la médecine – a été
d’une aide essentielle pour faire progresser à grands pas les sciences à partir
du XVIe siècle. Il fallait au dessinateur être aussi attentif qu’appliqué et
sérieux, entraîné que talentueux, pour reproduire ce qu’il voyait sur ou à
l’intérieur de cadavres rendus muets pour l’éternité par la mort. Or, la
médecine ne peut s’accommoder d’approximations pour localiser la
position normale – ou au moins la plus courante – d’un organe dans un
corps humain : c’est la base pour donner des descriptions précises de sa
structure (même s’il s’agit de forts taux de probabilités, avec des exceptions
qui ne sont pas pour autant pathologiques) et pouvoir guérir, définitivement
bien sûr, les patients.

En 1995, quand j’ai commencé à étudier à la faculté de médecine de


Besançon, le professeur d’anatomie n’était pas seulement un enseignant-
chercheur qui donnait des cours pour arrondir ses fins de mois ou parce
qu’il y était obligé par son statut : il pouvait réaliser à la main, avec des
craies de couleur, tous les schémas au tableau ! Combien le font encore
aujourd’hui dans les facs de médecine ? La plupart des enseignants
balancent vite fait au rétroprojecteur des schémas imprimés sur des feuilles
transparentes, toujours les mêmes d’année en année. De quelle année
d’ailleurs, ces schémas imprimés ? Et tant pis si un chercheur a découvert
que tel organe était en réalité un peu plus à droite ou un peu plus à gauche
de quelques centimètres : cela ne change pas grand-chose sur la table
d’opération. On n’a pas été à l’abri de la théorie de la dérive des continents
en géographie, mais en anatomie, il ne faut douter de rien, tout reste gravé
dans le marbre.

Autre contribution importante, après Léonard de Vinci, celle de


l’anatomiste belge André Vésale (1514-1564), célébrité de l’histoire de la
médecine qui décrit les deux lobes de la thyroïde en 1543. Quant aux études
de l’italien Barthélemy Eustache (1510-1574), elles révèlent que ces lobes
ne sont pas deux parties isolées, mais reliées par du tissu qui forme
l’isthme. Un peu plus tard, l’anglais Thomas Warton (1614-1673), dans une
publication de 1656 sur les glandes, baptise l’ensemble « thyréoïde ». Du
grec thyreoeides – qui signifie en forme de bouclier –, c’est l’ancêtre du
mot « thyroïde ». En forme de bouclier ou de papillon, tout dépend de
l’image de référence choisie par le médecin pour expliquer le phénomène…

En 1750, l’anatomiste français Pierre Lalouette (1711-1792) identifie la


pyramide de Lalouette. Cette partie allongée, située dans le prolongement
ascendant de l’isthme, n’est pas forcément présente sur les thyroïdes de tous
les humains pour la simple raison qu’il s’agit d’un reliquat de tissu
organique de vie au stade embryonnaire.

ON CHERCHE À COMPRENDRE

Au milieu du XVIIIe siècle, l’anatomie générale de la thyroïde est donc à peu


près décrite. Reste à savoir à quoi elle sert au juste ? Là, franchement,
mystère et boule de gomme, ça coince… Les savants mettront un temps
infini à y voir clair.

Le suisse Philippus von Hohenheim, alias Paracelse (1493-1541),


intarissable touche-à-tout, suppose d’obscures relations entre crétinisme
congénital et goitres, ou entre goitres et minéraux contenus dans l’eau de
boisson. Mais malgré ce soupçon d’éclair de génie, les idées du bonhomme,
volontiers perçu comme un hurluberlu, ne sont pas prises au sérieux.

Les spéculations continuent donc d’aller bon train. Avec du grand n’importe
quoi à la clé, au vu de ce que l’on sait aujourd’hui. Observant que la
thyroïde semble souvent avoir une forme plus « généreuse » dans le cou
féminin que dans le cou masculin, Wharton lui assigne un rôle majeur dans
les charmes de la femme. Quant à Lalouette, il suppute une influence sur la
voix par le biais de sécrétions inconnues. Les plus créatifs imaginent
carrément le papillon en réceptacle à bestioles, à vers pour être précis ! Bon
appétit ?

Plus humblement, l’illustre physiologiste français Xavier Bichat (1771-


1802) déclare dans le volume 2 de son Traité d’anatomie descriptive publié
en 1823, après sa mort : « La thyroïde est l’un de ces organes dont les
usages nous sont absolument inconnus, quoique leur existence constante
dans tous les âges et le grand nombre de vaisseaux qu’ils reçoivent ne
permettent pas de douter qu’ils n’en aient de très importants ». Pas faux !

UN DÉTOUR PAR LES GUERRES NAPOLÉONIENNES

Et, surprise, une découverte essentielle est faite en France, qui nous vient
non pas de la médecine, mais de la politique. Oui, mesdames et messieurs,
de la politique dans la santé ! Nous voici au début du XIXe siècle. Napoléon
rêve de pouvoir, lequel à cette époque ne s’obtient qu’au travers de coups
de feu pas toujours soignés. L’Empereur veut défendre son statut et étendre
son territoire, action qui réclame plus de stocks de poudre à canon. Or, pour
en disposer, il faut du salpêtre (du latin salpetrae, « sel de pierre »), encore
appelé nitre. Composé de nitrate de potassium, le salpêtre naturel est un
dépôt blanchâtre émis par des microbes sur les murs humides des bâtiments
anciens. Il se récupère par une méthode artisanale mais ô combien efficace :
en grattant les murs ! Ensuite, on le mélange à des cendres de bois riches en
potassium afin d’obtenir la poudre à canon.

Quelques décennies plus tôt, entre 1775 et 1792, sous Louis XVI, le
chimiste Antoine Lavoisier (1743-1794), à la tête de la régie des poudres et
salpêtres, avait eu pour mission de lancer la production de salpêtre à un
niveau industriel. C’est ainsi que les nitrières artificielles voient le jour.
Sous des hangars, dans des fosses, sont entreposés des mélanges de terres
enrichies en matière organique azotée favorisant la prolifération de
bactéries nitrifiantes. Leur arrosage régulier permet de récupérer des
liquides riches en nitrates à traiter aux cendres de bois (carbonate de
potassium). Le salpêtre artificiel est obtenu par évaporation.

Pour en revenir à Napoléon, il a des raisons d’être touché dans sa fierté, car
le Royaume-Uni a rompu le traité de paix en 1803 et se montre impitoyable
en mer. Le 21 octobre 1805, les vaisseaux de la Royal Navy flanquent une
raclée mémorable à la flotte franco-espagnole lors de la bataille de
Trafalgar, près du détroit de Gibraltar. La France perd ses colonies ! Qu’à
cela ne tienne. Vexé comme un pou, l’Empereur entend rendre la monnaie
de sa pièce au Royaume-Uni, d’où son idée « très aquatique » : puisqu’il se
considère en position de supériorité sur le continent, il impose un blocus
afin d’empêcher les navires anglais d’accéder aux ports européens.
Objectif ? Affaiblir économiquement ceux qui affichent leur opposition par
le biais du commerce maritime rendu plus difficile avec les pays voisins…

Quel rapport avec la thyroïde ? Tous les États n’adhèrent pas au projet de
l’Empereur. La Suède, par exemple, fait de la résistance. Les marchandises
du Royaume-Uni n’arrivant plus à bon port, certaines ressources
d’importation commencent à se faire rares, en particulier le bois dont les
cendres potassiques sont nécessaires à la préparation du salpêtre. La Suède
en est le principal fournisseur. Napoléon est donc contraint de trouver une
alternative pour nourrir ses ambitions exigeant tant de poudre à canon ! Les
chimistes sont alors priés de se pencher sérieusement sur le problème.

Ça tombe bien. Reprenant le flambeau de son père pionnier en matière de


nitrières artificielles, le pharmacien Bernard Courtois (1777-1838) possède
une nitrière chèrement acquise sur Paris. Et il a une brillante idée : à défaut
de bois, pourquoi ne pas extraire la potasse de cendres de végétaux marins ?
Après tout, des algues, ce n’est pas ce qui manque en Bretagne. Illico, le
varech est mis à contribution. En 1811, grâce à cette autre option de
production de poudre à canon, Courtois, étudiant des extraits d’algues,
découvre l’iode et ses magnifiques vapeurs pourpres. Quelques collègues
du pharmacien sont mis à contribution pour examiner de près le nouvel
élément chimique que l’un d’entre eux, Louis Joseph Gay-Lussac, baptise
iode : du grec ioeides, violet.

Moins d’une décennie plus tard, décidé à soulager une femme qui porte un
goitre atroce, le médecin suisse Jean-François Coindet (1774-1834) mène sa
propre enquête. Il sait que les cendres d’éponges et de fucus – encore une
algue – donnent des résultats. Alors, il imagine que l’iode pourrait être le
point commun entre ces deux matériaux. Poussant plus loin la réflexion, il
en vient à entrevoir les potentielles vertus médicinales associées à l’élément
pour en faire un traitement. À tester ?

En 1819, il prescrit donc de la teinture d’iode. Et les candidats sont au


rendez-vous du côté de Genève. Car en Suisse, comme dans de nombreuses
régions montagneuses (anciens habitants des Vosges, des Alpes, des
Pyrénées…), existent des zones dites « ceintures de goitres », où ils sont
plus fréquents qu’ailleurs. Pourquoi ? À l’époque, tout le monde l’ignore.
DÉCOUVERTE DE L’HYPERTHYROÏDIE… ET DES
EFFETS DE L’IODE

Dans un premier temps, le remède de Coindet connaît un certain succès.


Mais le médecin constate rapidement des contre-indications. Question de
doses ? En effet. Un apport en excès d’iode aurait des effets inattendus et
très gênants : amaigrissement, accélération de la fréquence cardiaque,
insomnies, irritabilité, etc. Symptômes qui rappelleront aux lecteurs fins
connaisseurs ceux d’une accélération du fonctionnement de la glande
thyroïde : l’hyperthyroïdie.

En 1835, en Irlande, le chirurgien Robert James Graves (1796-1853) se


trouve confronté à plusieurs individus présentant à la fois un goitre, des
yeux exorbités et des palpitations. Il décrit ces cas dans une publication
scientifique. En Allemagne, cinq ans plus tard, le médecin Karl Adolph von
Basedow (1799-1854) observe lui aussi la présence simultanée de signes
handicapants : tachycardie, exophtalmie et goitre. L’un et l’autre l’ignorent
mais chacun de leur côté, ils inscrivent leurs noms au panthéon de l’histoire
de la thyroïde pour la même raison, en découvrant l’hyperthyroïdie !

Aujourd’hui, l’hyperthyroïdie est connue dans les pays anglo-saxons sous le


nom de maladie de Graves – et de Basedow en France. Deux noms pour une
seule et même pathologie auto-immune qui implique, comme dans
Hashimoto, l’action d’auto-anticorps « casseurs » (mais aux dégâts inversés
au niveau métabolique). Basedow entraîne l’hyperthyroïdie ; Hashimoto,
l’hypothyroïdie ; mais dans les deux cas, c’est l’enfer, parfois même sous
médicaments.

En 1895, le physiologiste américain Adolf Magnus-Levy (1865-1955)


établit le lien entre les symptômes au niveau des yeux, du cœur, du poids, et
l’accélération du métabolisme par hyperactivité de la thyroïde.
Pour en revenir au docteur Coindet et à ses observations sur l’iode, elles
porteront leurs fruits jusqu’au plan international. La couverture des besoins
en iode des populations deviendra finalement un enjeu de santé publique à
l’échelle planétaire. Mieux, les médecins comprennent que si l’iode semble
si étroitement lié aux espèces marines comme les éponges ou les algues,
c’est parce que cet élément est abondant en mer, mais beaucoup moins à
l’intérieur des terres. Par conséquent, la lutte contre le goitre endémique,
répandu en montagne, doit passer par un apport d’iode par voie alimentaire.

D’ailleurs, à l’époque, en raison de ces fichus goitres et de leurs


conséquences sur l’état physique et psychologique des hommes, les
réformés au service militaire sont nombreux. Beaucoup trop, selon
Napoléon, préoccupé par ce phénomène aux allures de maladie ingérable !
Quand on mène une guerre – même contre la maladie ou le
« crétinisme » –, c’est pour la gagner ! Aussi, à sa demande, débute en 1840
une vaste enquête nationale sur la répartition géographique du goitre et du
crétinisme, terme ancien désignant l’hypothyroïdie congénitale, autrefois
très répandue. Et très mal soignée puisque le salvateur comprimé blanc
d’hormones thyroïdiennes de synthèse que l’on trouve aujourd’hui en
pharmacie n’existait pas encore.

Verdict ? Sur les 36 millions de Français que comptait le pays, 370 000
étaient goitreux, parmi lesquels se trouvaient 120 000 « crétins ». Tout un
monde impossible à envoyer au service de l’armée ! Finalement, la solution
à ce problème de santé ne passera pas par un apport direct d’iode (ce qui
sera d’abord envisagé, mais testé seulement dix ans plus tard dans plusieurs
départements), mais par un indirect via l’iodation systématique du sel de
table. Preuve qu’il est passionnant de connaître des bribes d’histoire de la
médecine, puisqu’elle s’invite encore au XXIe siècle dans toutes les cuisines
de France et d’ailleurs ! Merci qui ? Merci Napoléon Bonaparte.
PASSAGE PAR LA CHIRURGIE POUR COMPRENDRE
LA THYROÏDE

Et quid de la physiologie thyroïdienne ? À quoi sert au juste cette satanée


thyroïde dans un corps humain en bon état ? Ce n’est qu’à la fin du
XIXe siècle qu’émergent de nets progrès dans les connaissances de son
fonctionnement.

En 1836, un certain Thomas King, anatomiste anglais, pense qu’elle


sécrète… quelque chose. Il faudra patienter quelques décennies et profiter
de la témérité d’une poignée de chirurgiens pour progresser sur cette piste.
Selon les dires du chirurgien américain Samuel Gross, trente ans plus tard,
toute tentative d’extraction d’un goitre se solde une fois sur deux par la
mort du patient sur la table d’opération. Oser tenter l’intervention dans ces
conditions, c’est une lourde responsabilité qui pèse sur les épaules des
chirurgiens.

Heureusement, les résultats, catastrophiques à l’origine, n’altèrent pas


l’opiniâtreté d’un Suisse du nom de Theodor Kocher (1841-1917). Il en sera
récompensé par un prix Nobel en 1909. Avec les techniques qu’il met au
point et le soin qu’il apporte à chaque thyroïdectomie, la mortalité des
patients chute et devient presque nulle. Enfin !

Toutefois, il reste un problème de taille : à l’instar de son compatriote


Jacques-Louis Reverdin (1842-1929), qui se livre par écrit, en 1882, sous le
titre Note sur 22 opérations de goitre, Kocher constate avec désespoir de
graves séquelles chez ses « thyroïdectomisés ». À partir des transformations
physiques et psychiques qu’il observe sur ses malades, il dresse un parallèle
avec le myxœdème, décrit en 1873 par William Withey Gull (1816-1890)
comme « état crétinoïde survenant à l’âge adulte ». État facilement
identifiable à l’aspect bouffi et aux ralentissements psychomoteurs des
personnes concernées. Il lui semble que l’ablation de la thyroïde et le
myxœdème produisent les mêmes effets.

Pas découragé pour autant, un certain George Redmayne Murray, médecin


anglais a, en 1891, un éclair de génie. Pourquoi ne pas traiter les personnes
thyroïdectomisées par des injections d’extraits de thyroïde de mouton ?
Eureka ! ça semble fonctionner : le ou les ingrédients inconnus qu’ils
contiennent suppriment les symptômes semblables à ceux du myxœdème.
Les résultats sont si spectaculaires que, un an plus tard, ces extraits sont
rendus disponibles sous forme de grains à prendre par voie orale. Quel
progrès spectaculaire !

En 1896, à lire le naturaliste français Félix Régnault (1847-1908) dans les


Bulletins de la Société d’anthropologie de Paris, la médecine est sur la
bonne voie : « Le myxœdème est causé par l’ablation ou l’atrophie du corps
thyroïde. Ce dernier cas s’observe chez les crétins des pays de montagne.
Le myxœdème est caractérisé par de la bouffissure, œdème dur des
téguments ne se laissant pas déprimer par le doigt. Quand la maladie arrive
dans l’enfance, le sujet reste nain ; sa taille ne dépasse guère un mètre. Le
malade est idiot, il est lent et répugne aux mouvements. Le visage, disent
les classiques, est arrondi, le nez camus, les lèvres toujours entrouvertes, les
cheveux restent rares et rudes. […] Nous n’avons décrit que le
myxœdémateux type. Mais à côté, il convient de placer les myxœdémateux
frustes […]. L’insuffisance de la fonction de la glande thyroïde amène
simplement une nonchalance, intelligence alourdie, bouffissure légère. Les
uns sont des obèses, les autres restent infantiles. La médication thyroïdienne
chez ces myxœdémateux ébauchés a plein succès. »

DE NOUVEAUX PROGRÈS
À la fin du XIXe siècle, dans les grandes lignes, le mystère du rôle du
« papillon » du cou est élucidé. Néanmoins, en détail, des éclaircissements
sont indispensables. Le XXe siècle et l’explosion de domaines scientifiques –
biochimie, biologie cellulaire, génétique, etc. – s’apprêtent à fournir de
nouveaux éléments de réponses. La première révolution a lieu en 1914.

D’abord, en 1910, le biochimiste américain Edward Calvin Kendall (1886-


1972) entreprend d’isoler le principe actif qui se trouve au cœur de la
fonction thyroïdienne. Pour point de départ, il utilise les travaux du chimiste
allemand Eugen Baumann (1846-1896). Ce dernier, qui avait démontré la
forte teneur en iode de la glande, était parvenu à purifier en partie un
composé d’extraits thyroïdiens capable de traiter l’hypothyroïdie et qu’il
avait baptisé « thyroïodine ».

En 1912, Hashimoto Hakaru (1881-1934) décrit dans une revue scientifique


allemande le Struma lymphomatosoma, thyroïdite lymphocytaire chronique
entraînant une hypothyroïdie, connue aujourd’hui sous l’appellation de
maladie d’Hashimoto… Deux ans plus tard, en 1914, Kendall remplit la
mission qu’il s’était fixée. Grâce à elle et à ses recherches menées sur les
hormones des glandes surrénales, il se verra d’ailleurs décerner le prix
Nobel de médecine en 1950 ! Il lui aura fallu purifier trois tonnes de
thyroïde de porc pour parvenir à extraire seulement 33 grammes d’une
hormone baptisée thyroxine T4 (ou tétra-iodothyronine). Tant d’effort pour
une si petite quantité – véritable trésor biologique , mais c’est une
découverte inestimable, puisqu’elle permettra de soigner plus tard des
millions d’êtres humains !

Hélas, à l’époque, avec un rendement aussi faible, pas moyen de produire


un traitement contre l’hypothyroïdie à un tarif raisonnable pour les
innombrables malades, modestes comme fortunés. L’idéal serait donc
d’identifier la structure de la molécule, et ainsi de la reproduire en
laboratoire. Six ans plus tard, en 1927, l’Anglais Harrington y parvient :
aidé de son collaborateur Barger, il réalise la synthèse de la thyroxine, la
rendant accessible en quantité et en prix.

En 1926, l’Américain Eduard Uhlenhuth travaille sur des modèles animaux.


Il a l’intuition qu’une glande de la taille d’un pois, logée à la base du
cerveau libère une sécrétion semblant stimuler la thyroïde. Exact, cette
glande est l’hypophyse ! Et ce « quelque chose » serait produit par son lobe
antérieur : l’antéhypophyse. Trois ans plus tard, les travaux de Leo Loeb et
Max Aaron confirment. L’hormone hypophysaire en question est baptisée
TSH, en français, thyréostimuline. Il faut attendre les années 1960 pour
obtenir sa purification et la structure de sa molécule. Sans quoi la TSH
humaine recombinante, ou rhTSH commercialisée depuis 2000 en Europe
sous le nom de Thyrogen®, n’aurait pas vu le jour. La rhTSH est employée
lors de la surveillance par dosage de thyroglobuline associé ou pas à une
scintigraphie à l’iode radioactif. Elle présente l’avantage d’éviter, en cas de
cancers thyroïdiens différenciés, cette abominable plongée en hypothyroïdie
consécutive à l’arrêt du traitement hormonal nécessaire avant les examens
de contrôle.

Dans les années 1960 toujours, on découvre que la libération de TSH


dépend directement d’une hormone baptisée TRH, de l’anglais Thyrotropin
Releasing Hormone, ou thyréolibérine (encore appelée hormone
thyréotrope). L’identification de cette TRH est l’œuvre de l’endocrinologue
polonais Andrew Schally et de son confrère français Roger Guillemin. La
TRH est secrétée par l’hypothalamus, région du cerveau située au-dessus de
l’hypophyse, le premier donnant ses instructions à la seconde pour une
efficacité optimale du système endocrinien dans l’organisme. Un véritable
concert hormonal assuré en théorie grâce à la communication biochimique
entre ce duo de choc !
Cocorico, c’est un Français qui, en 1952, découvre l’autre hormone
thyroïdienne majeure vitale aux cellules de la peau, des systèmes nerveux,
musculaires, cardio-vasculaires, etc. La fameuse T3 ! Trente-huit ans après
la mise en évidence de la tétra-iodothyronine (T4 à quatre atomes d’iode),
le biochimiste Jean Roche (1901-1992) identifie sa molécule dérivée,
considérée sur le plan biologique comme 4 à 10 fois plus active et qui ne
porte plus que trois atomes d’iode, la triiodothyronine (T3).

TCHERNOBYL, FUKUSHIMA : LES NUAGES


RADIOACTIFS ?

Tchernobyl, 1986. Année du cancer de ma mère et du nuage


« accidentellement radioactif ». J’ai parfois pensé à la possibilité d’un lien
avec Hashimoto. Toutes ces histoires de guerres, de drames et d’énergie
nucléaire méritent d’être abordées. D’abord, qu’est-ce que la radioactivité ?
C’est l’émission d’énergie sous forme de rayonnements par des éléments
chimiques présents dans le milieu naturel ou créés artificiellement. Pour
comprendre la radioactivité, il faut comprendre la notion de période d’un
élément radioactif. Il s’agit du temps nécessaire pour qu’il perde la moitié
de sa radioactivité, soit 5 730 ans pour le C14 (carbone 14), 1,3 milliard
d’années pour le K40 (potassium 40), 703 millions d’années pour l’U235
(uranium 235), 30 ans pour le Cs137 (caesium 137), 2 ans pour le Cs134
(caesium 134), 8 jours pour l’I131 (iode 131 par exemple du nuage
radioactif qui contenait aussi du césium 137 ou de l’iode 132), etc.

Par le biais de la chaîne alimentaire, certains de ces éléments chimiques se


retrouvent dans les organismes vivants, végétaux et animaux. Cela a un
impact plus ou moins grave, car notre organisme est déjà radioactif (il porte
des traces de potassium 40 et de carbone 14 par exemple), par le biais de
notre consommation d’aliments : légumes, viande, huîtres, poisson, thé, etc.

La radioactivité émettant de l’énergie, les êtres humains ont eu l’idée de


l’utiliser pour produire de l’électricité, c’est l’activité des centrales
nucléaires, selon le principe de la fission (division) d’atomes lourds. La
fission nucléaire de l’uranium 235 libère du caesium 137, du strontium 90,
de l’iode 131, etc. Dans le cadre d’une activité nucléaire sous contrôle, les
déchets nucléaires sont soigneusement stockés pour protéger les
populations mais en cas d’accident (Tchernobyl, Fukushima), les éléments
radioactifs sont disséminés dans les airs ou les océans, intoxiquant ainsi les
animaux et les êtres humains pour une durée liée à la nature de l’élément
radioactif libéré et justement à sa réaction dans la nature !

Concernant l’iode, il est important d’indiquer que l’iode 131, par exemple,
est la version radioactive de l’iode stable : celui du sel de table ou celui du
comprimé à prendre en cas d’urgence nucléaire pour saturer la glande
thyroïde en iode, la protéger en théorie des risques de dérèglements
hormonaux de type hypo- ou hyperthyroïdie… L’iode 131 a, certes, une
durée de vie courte (8 jours) en cas de dispersion dans l’environnement,
mais il a le temps de commettre des dégâts sur les thyroïdes des vertébrés,
en particulier des humains. En se fixant par ce biais dans les organismes de
l’ensemble des animaux, il peut bouleverser complètement leur état
hormonal, au même titre que la préoccupante pollution chimique invisible
des perturbateurs endocriniens, pollution qui provoque par exemple, comme
cela a été démontré sur certaines espèces, des inversions de comportements
sexuels (atténuation des caractères mâles et femelles autrefois nettement
identifiables, perturbation dans les actes de reproduction hétérosexuelle
avec impact inquiétant sur la fécondité et la survie de l’espèce, organismes
mâles se féminisant ou inversement) !
Il faut aussi s’intéresser au cas du caesium 137 dont la période est de
30 ans… Selon les travaux d’un chercheur, le professeur Youri
Bandazhevsky, qui a suivi de près la population de Biélorussie après
Tchernobyl, le caesium 137 aurait déclenché dans l’organisme d’enfants des
mécanismes d’auto-immunité ! Incorporé aux cellules de la thyroïde, celles-
ci auraient été endommagées. Le système immunitaire ne les reconnaissant
plus comme « cellules amies » – « du soi », comme on en biologie –, sa
réaction aurait contribué à l’apparition de thyroïdites auto-immunes de
Hashimoto. Tiens, tiens !

Classé au plus haut niveau (7) sur l’échelle INES (échelle internationale des
évènements nucléaires), à l’instar de la catastrophe de Tchernobyl,
l’accident de Fukushima survenu le 11 avril 2011 a parfaitement démontré
la nécessité de prendre la sûreté nucléaire et toutes ces informations au
sérieux ! Après le séisme d’une magnitude 9 sur la côte Pacifique du
Tohoku, au Japon, et le tsunami qui a suivi, très impressionnant mais moins
meurtrier toutefois que celui qui s’était produit le 26 décembre 2004 dans
l’océan Indien (Indonésie, Sri Lanka, Thaïlande, Inde, Maldives, Malaisie)
et qui avait fait 250 000 disparus, la nature comme la construction de nos
infrastructures ont su rappeler à l’ordre l’humanité tout entière sur l’urgence
et le besoin de repenser le monde, de bâtir, de vivre et de consommer avec
beaucoup plus de sagesse et de raison.

Un peu comme si, en avril 2011, le Japon et ses habitants avaient été les
premiers affectés par la planète en colère, décidant de faire de Fukushima
une sorte d’épicentre monumental pour réveiller une ultime fois les
consciences écologiques partout, chez tous les peuples, chez tous les
individus, au-delà des barrières des nationalités et des langues. Le Japon
porte toujours la mémoire d’Hiroshima, blessure de la dernière guerre
mondiale, mais ne manque jamais, dans la dignité et la discrétion, de nous
confronter à la réalité de nos comportements anciens et modernes et de nous
renvoyer à nos responsabilités, ici en France, en Europe, aux États-Unis,
comme ailleurs en Asie. Faut-il commencer, après cet accident nucléaire, à
flipper d’apprendre un jour le doublement de la taille du calmar géant, un
habitué des eaux du Japon qui y fait régulièrement la star sous l’œil des
caméras et des cachalots ? Il faudra manger beaucoup de riz pour digérer
l’info sans risquer de s’étrangler avec un beignet ce jour-là !

Lors d’un tel cataclysme, l’environnement en paye le prix fort, mais les
humains aussi, touchés dans leur insouciant mode de vie auquel ils disent
adieu. Quand santé et hormones se détraquent, reste-t-il encore l’espoir de
vivre heureux, en couple, en famille, entre amis, au travail, au quotidien ?
Sur Terre tout simplement ?

DE LA NÉCESSITÉ DU CHANGEMENT

Aller vers un avenir toujours plus équilibré dans notre alimentation et


l’agriculture, c’est vital ! De même qu’il faut oser se confronter aux chiffres
qui font peur afin de mieux saisir ceux qui rassurent. Il est urgent de réagir,
autant pour réduire les pathologies hormonales de plus en plus fréquentes
que sont le diabète ou l’hypothyroïdie chez l’adulte, que pour freiner les cas
de cancer galopant chez l’adulte, mais aussi chez l’enfant et l’adolescent
(leur nombre augmente depuis quarante-cinq ans, en particulier les
lymphomes et leucémies dans les régions à forte activité agricole). Par
ailleurs, il ne faut pas ignorer les inquiétants rapports établis entre
pesticides, fertilité masculine, système nerveux ou développement fœtal. En
bout de chaîne, on peut retrouver des problèmes de qualité de sperme,
malformations des appareils génitaux ou maladie de Parkinson, etc.
Avant la seconde guerre mondiale, rien de tout ça ! Mais les substances
phytosanitaires employées étaient de type végétal (nicotine, etc.) et minéral
(cuivre, etc.). Après la guerre, les premiers pesticides de synthèse (DDT,
etc.) ont été dispersés dans les pays industrialisés. Résultat : des années plus
tard, on a découvert des traces préoccupantes de résidus de pesticides dans
les graisses des animaux et des êtres humains !

Leur concentration, particulièrement alarmante dans le lait maternel, a


entraîné l’interdiction des produits chimiques dits organochlorés à partir des
années 1970. Toutefois, ils courent toujours, d’une certaine façon avec leur
toxicité en bandoulière ! Ce qui explique que les analyses de sang
d’hommes et de femmes, aujourd’hui, peuvent révéler la présence de DDE,
principal métabolite du DDT, dans les corps, puisque présent dans
l’environnement. Satanés polluants organiques persistants !

Il faut absolument en tenir compte pour améliorer la santé de nos enfants !


En 2010, une enquête, réalisée conjointement par l’association Génération
Futures, le réseau européen Health & Environnement Alliance, WWF-
France et le Réseau Environnement Santé, a en effet livré des conclusions
qui interdisent de fermer les yeux sur le sujet.

Qu’ont fait les scientifiques ? À partir de produits issus de l’agriculture


conventionnelle achetés dans des supermarchés de la région parisienne et en
Picardie, ils ont reconstitué de A à Z, sur une journée, trois repas équilibrés
classiques (pain, lait, steak haché, saumon, riz, légumes, fromage, fruits,
bonbons, eau du robinet, etc.) avalés par un enfant.

Ce qu’ont révélé les tests menés dans des laboratoires français et belges
indépendants est stupéfiant. Focalisés sur des substances chimiques hélas
« semées comme des mauvaises graines » dans la nature depuis plusieurs
décennies par les activités industrielles (bisphénol A, phtalates, retardateurs
de flamme bromés, dioxines, furanes, PCB, polluants organiques
persistants), ces contrôles ont montré que, en 24 heures, les petits Français
pouvaient absorber 128 types de résidus chimiques ! Pas étonnant qu’en
2016, plus de trois quarts des parents, désormais informés, se prononcent
majoritairement pour l’alimentation biologique (ou les viandes, fruits,
légumes, achetés directement aux exploitations agricoles) dans les cantines.
D’ailleurs, les cuisiniers, souvent sensibilisés et obligés de préparer entrées,
plats, desserts avec des budgets serrés, disent parvenir à faire des menus pas
forcément plus chers, mais meilleurs sur les plans gustatif et nutritionnel.
Comment ? En faisant d’avantage appel aux producteurs locaux et en
misant sur les produits de saison. En somme, respect : les cuisiniers sont des
héros en tablier blanc pour les enfants !

Quant aux parents qui apprécient un peu plus la gastronomie française,


plutôt que céder à la tentation des frites ou pizzas congelées, ils devraient
prendre le relais à la maison et oser se remettre à cuisiner, même si tout
n’est pas réussi du premier coup – les vraies frites, les vrais haricots verts,
une vraie pizza, de vraies tomates farcies, une purée de pommes de terre
maison sont incomparables ! Les Français modernes, en couples ou
divorcés, consacrent actuellement 2 h 15 par jour à l’alimentation : courses
en magasins, préparation en cuisine (quand elle est fonctionnelle, agréable
et équipée) et « dégustation », pourtant trop souvent debout. Trois repas et
une mauvaise répartition de ces temps de pause essentiels… Certains
bâclent le petit-déjeuner, d’autres dévorent un sandwich jambon-beurre en
10 minutes à l’extérieur de leur lieu de travail ou mangent en silence, sans
se regarder ni se parler, devant la télévision le soir. Ce qui a des
conséquences sur la digestion et même sur la période sensible de
l’endormissement – théoriquement vers 23 heures, pour celles et ceux qui
ne sont pas connectés à leurs smartphones et qui ont la chance de
s’endormir dans l’obscurité, dans une chambre régulièrement aérée et non
polluée par le réveil lumineux d’une chaîne hi-fi ou les diodes clignotantes
des box survoltées par le trafic sur le réseau ou parce que la télé par Internet
est encore fâchée par la dernière mise à jour des informaticiens !

L’éducation au goût et à la nutrition commence très tôt et elle influence nos


rythmes de vie – ce que les spécialistes appellent la chronobiologie, dans
laquelle la question des changements d’heure en hiver et en été est
également essentielle. Sans oublier le rôle de l’intestin, notre deuxième
cerveau, lui aussi doté de cellules musculaires en lien avec les neurones.
L’alimentation est donc à repenser dans sa globalité, dans notre société
d’aujourd’hui : elle a évolué, l’espèce humaine avec !

Même le vin a droit au respect dans le pays réputé internationalement pour


la qualité de ses vignobles et le savoir-faire de ses viticulteurs : pour
l’instant, il en coûte 1,20 € de plus par bouteille pour boire un breuvage
naturel français issu de l’agriculture biologique. Selon une étude Ipsos
menée en 2015, 35,8 % de nos compatriotes disent boire du vin bio
régulièrement, contre 31,5 % pour les Allemands et 21 % pour les Anglais.
Alors, oui, dépêchons-nous de recommencer « à boire du bon », même si
c’est du cidre – du coca-cola au cidre doux, il n’y a qu’un verre – et
d’encourager l’essor du marché sans produits chimiques en France. Pas
seulement parce que notre agriculture traverse depuis trop longtemps une
période de turbulences, laquelle présente toutefois l’avantage de la pousser
à s’engager dans la voie de la transition. Mais surtout parce que moins de
pesticides, moins de perturbateurs endocriniens, moins de polluants
organiques persistants dans notre environnement, c’est plus de « bien-être »
pour les plantes cultivées dans les champs, les animaux dans les fermes et
les familles d’agriculteurs !

Les citadins ne peuvent ignorer les mutations qui ont lourdement affecté les
campagnes françaises. Il y a cinquante ans, les agriculteurs représentaient
30 % de la population active. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 2,9 % !
Pourtant, si les chiffres sont exacts, il y a 65 millions de bouches à nourrir
dans notre pays, et des emplois à créer, c’est sûr !
CHAPITRE IV

ET SI ON
CHANGEAIT
NOTRE
ALIMENTATION ?

N
’oublions pas la recommandation du Grec Hippocrate qui
préconisait à son époque, ou plutôt à ses malades : « Que ton
alimentation soit ta première médecine. » Ou, pour le dire
autrement : « Tu es ce que tu manges. »

Une idée si simple qu’on a fini par l’oublier au fil des siècles, jusqu’au coup
monumental de plus porté au « mammouth » de l’industrie agroalimentaire :
pas Mammouth, l’enseigne d’hypermarchés français disparue le 6 octobre
2009, mais le mastodonte qui regroupe tant de marques de sociétés si
difficiles à faire évoluer, de marques reliant agriculture, industrie,
commerce et politique !

Ce coup de génie est le livre publié en 2004 sous le titre L’Alimentation ou


la troisième médecine, du docteur Jean Seignalet, chirurgien chercheur
immunologue français, pionnier des greffes d’organes et maître de
conférences à l’université de Montpellier, décédé en juillet 2003.

Si l’auteur ne développe pas spécifiquement le sujet à propos de


l’hypothyroïdie et de l’hyperthyroïdie (deux maladies auto-immunes), les
lecteurs peuvent y puiser nombre d’informations sur les théories de
l’alimentation comme « troisième » médecine. Ou « première » selon
Hippocrate.

Pour ma part, avant 2010, moi qui suis officiellement diagnostiquée


Hashimoto depuis 2001, j’appartenais au groupe des sceptiques, pour ne pas
dire des ignorants, sur ce point. Il ne m’était tout simplement jamais venu à
l’esprit de façon sérieuse que je devrai un jour revoir mes habitudes
alimentaires et que cela puisse avoir un tel effet sur ma santé ! Je l’ai
pourtant fait en 2011 et ne l’ai jamais regretté.

Certes, cela ne s’est pas fait sans difficultés, ni sans quelques sacrifices –
faire une croix sur son dessert préféré n’est jamais évident pour les
épicuriens comme moi, et j’attends le jour où un pâtissier sera capable de
m’éblouir par son talent ! En attendant, je suis allée découvrir plus en
profondeur dès 2010 les produits vendus en magasins dits « biologiques » et
que l’on trouve aussi maintenant dans les grandes surfaces. Si tout est
encore loin d’être au top, cette démocratisation du « naturel » dans les
supermarchés reste quand même une heureuse nouvelle. Nous avons
longtemps ingurgité chaque jour, par le biais de pains, de viandes, de
légumes, de laitages et de fruits provenant de l’agriculture intensive, pas
moins de 120 substances chimiques (cancérogènes ou non, elles n’ont qu’à
se loger durablement et confortablement dans les parties grasses du corps
humain). Il faut donc réagir !

Au début, telle une ethnologue découvrant une nouvelle ethnie non pas à
l’autre bout de la planète mais dans l’Hexagone, j’avoue ne m’être avancée
qu’à reculons à l’intérieur de ces établissements, trop imprégnée par les
clichés « bobos » injustement propagés depuis une éternité dans la société.
J’étais en quête de ce liquide qui me semblait alors indispensable pour mon
café, parce que je l’avais toujours bu – par mauvaise habitude ? Du lait
mais sans lactose ! En effet, je ne supportais plus les violents maux de
ventre qui accompagnaient la consommation de mon café au lait de vache.
J’avais logiquement déduit que le probable coupable était le lactose.
Lactose, le sucre du lait de vache, d’origine animale à ne surtout pas
confondre avec les classiques sucre de canne ou de betterave, d’origine
végétale, vendus en poudre dans le commerce (bien lire l’indication sur les
étiquettes des paquets) !

« TU ES CE QUE TU MANGES »

Pour vivre, chaque jour, notre cerveau, très gourmand en énergie, nos
muscles aussi ont certes besoin de bonnes graisses, de protéines mais aussi
et surtout, besoin de sucres rapides et lents, mais attention, pas n’importe
quels sucres ! Il y a des sucres dans les fruits, les féculents, etc. et donc
aussi, dans le lait maternel humain ou le lait de vache. Concernant le lactose
extrait de ce lait, il faut savoir que 70 % de la population mondiale a
naturellement une assez forte intolérance au lactose, ce qui se traduit par
des effets désagréables après son ingestion (nausées plus ou moins sévères,
tachycardie, suragitation, gêne au niveau des voies aériennes, nez bouché,
ballonnements, gargouillements, douleurs abdominales, diarrhée
épuisement, baisse de moral, etc.). Ce qui s’explique puisque seuls les
bébés consomment du lait chez les mammifères : l’activité de l’enzyme
intestinale qui fait digérer le lactose, sucre complexe du lait (en sucres
simples glucose et galactose), diminue donc rapidement dans l’enfance. La
plupart des adultes le digèrent difficilement, sauf en quantités infimes. Pour
des raisons que l’archéologie et la biologie ont révélées – des mutations
génétiques survenues une poignée de milliers d’années en arrière, héritage
d’une époque du néolithique où les populations d’Europe du Nord
commençaient à se nourrir de lait et à élever du bétail –, les Européens
digéreraient assez bien le lait mais on parle évasivement de 40 % de
Français peut-être sévèrement intolérants au lactose. 40%, c’est peu et
beaucoup à la fois. Ailleurs dans le monde où les modes d’alimentation sont
différents et où cette mutation génétique n’a pas été transmise, surtout en
Asie, l’intolérance au lactose est très répandue : plus de 95 % des
Asiatiques sont concernés ! Ne pas digérer le lait à l’âge adulte n’a donc
rien d’anormal. C’est l’inverse qui fait figure d’exception ! On oublie trop
souvent de le préciser en France.

ATTENTION À L’IODE ET AUX ALIMENTS


« GOITROGÈNES »

L’iode (qui se trouve aussi dans les produits laitiers et les œufs) est essentiel
à la thyroïde. En manquer, c’est risquer l’hypothyroïdie, car l’organisme est
incapable de le synthétiser et de le stocker. Voilà pourquoi le crétinisme
était autrefois si répandu, l’alimentation des populations étant carencée en
iode. Enjeu de santé publique mondial, le problème a été résolu grâce au sel
de table enrichi en iode, présent aussi dans les fruits de mer et les poissons
– à consommer pas plus de deux fois par semaine, les plus gras (saumons,
thon, maquereaux, sardines, anchois, etc.) accumulant les métaux lourds
dans leurs graisses. Les algues si riches en iode s’invitent parfois elles aussi
à table : quand vous mangez des sushis, vous en consommez sans vous faire
trop de souci pour la contamination en méthylmercure, la concentration de
mercure ayant triplé en 100 ans dans les océans, ce qui n’est quand même
pas une nouvelle très rassurante ! Pour les personnes atteintes de maladies
auto-immunes de Basedow (hyperthyroïdie) et d’Hashimoto
(hypothyroïdie), si l’iode est intégré à la structure moléculaire des
hormones thyroïdiennes, inutile d’en absorber plus que de raison d’une
façon ou d’une autre (par le biais de comprimés par exemple) avec l’espoir
d’améliorer son cas. Trop d’iode ne fait que renforcer l’inflammation et
aggraver une maladie auto-immune, et donc l’attaque de la thyroïde. Si
vous souffrez d’hypothyroïdie, évitez aussi les excès d’aliments dits
goitrogènes : soja, chou, chou de Bruxelles, chou-fleur, brocoli, épinards,
millet, radis, patates douces. Ils contiennent des molécules qui ont le
désavantage de favoriser l’élimination urinaire de l’iode, si essentiel à la
production des hormones thyroïdiennes.

En revanche, n’hésitez pas à consommer des aliments riches en sélénium,


zinc et tyrosine, nutriments qui activent la production et la conversion des
hormones thyroïdiennes. Surprise, la graine de citrouille contient les trois
en quantité généreuse. Enfin, l’aliment superstar en sélénium est la noix du
Brésil (200 µg par jour, soit l’équivalent de deux noix, peuvent aider, mais
attention à ne pas s’en « goinfrer » même si elles sont délicieuses car le
sélénium est toxique à haute dose, un peu comme tout en fin de compte) !
Le zinc, lui, se trouve dans les huîtres, le foie, le chocolat (tablette et cacao,
une bonne excuse pour se faire du bien !) et les amandes. La tyrosine se
cache aussi dans les amandes, les avocats, les bananes, etc.

Parmi les légumes et fruits, privilégiez ceux qui sont riches en antioxydants
et en vitamine C (oranges, clémentines et citrons). Vous trouverez
l’indispensable vitamine D dans les poissons gras, mais aussi en prenant le
soleil ! La vitamine E, enfin, est très présente dans les huiles végétales
(noix, noisettes, amandes).

FUIR LE GLUTEN
À l’état brut, dans le pain, les pâtes, les gâteaux, les desserts, mais aussi
dans des plats industriels où on l’attend moins, le gluten est partout. Or, s’il
ne convient pas à tout le monde, tout le monde a besoin de remplir son
ventre et de faire sa réserve de sucres lents plusieurs fois par jour, avec des
produits à base de farines (pain, pâtes, gâteaux). On doit donc faire face à
un sérieux problème, qui n’en est pas réellement un dès lors qu’on le
comprend : durant des années, on nous a vendus en grandes surfaces,
supermarchés et boulangeries des produits exclusivement fabriqués à base
de farine de blé !

Le gluten provient de certaines céréales : blé, seigle, orge, avoine. Combiné


à l’amidon, il est un mélange de deux familles de protéines – prolamines
(gliadine) et gluténines –, qui rendent la farine de blé panifiable, propriété
grâce à laquelle la pâte lève bien à la cuisson. Pas étonnant, donc, qu’il
fasse l’objet d’innombrables et coûteuses études dans l’industrie
agroalimentaire, l’idée étant de produire une farine relativement homogène
pour satisfaire à toutes les exigences de rendements, d’élasticité, de volume
de fabrication ou de durée de conservation. On a juste oublié de nous
préciser qu’il existe une grande variété de farines aux goûts subtils et
différents, qui plus est sans gluten : farine de lentilles, de pois cassés, de
pois chiche, de châtaigne, de noix, d’amande, de coco, de sarrasin, de riz,
etc.

Dans ces conditions, faut-il manger du pain frais ou des produits apparentés
(crêpes, gaufres, hamburgers, pizza, pâtes, etc.) tous les jours ? Bien sûr que
oui ! Vous ne ferez pas le plein de réserve énergétique avec quelques
feuilles de salade sur une escalope de dinde, accompagnée de tranches de
concombre et de quelques quartiers de pomme crue. Même si tout cela est
considéré comme diététique, il vous faut emmagasiner des calories pour
pouvoir en dépenser. Si vous mangez trop peu au petit-déjeuner, par
exemple un café et des fruits (gorgés d’eau et de vitamines, certes),
n’espérez pas faire des miracles au cours du footing qui suit. Même si vous
n’en avez pas conscience, votre organisme a réellement besoin de sucres
rapides et lents pour tenir sur la distance comme sur la durée (c’est valable
aussi pour les élèves, afin qu’ils « assurent », comme les travailleurs dans
l’entreprise, jusqu’à l’heure de midi). Autrement dit, vous tiendrez la
distance si vous engouffrez une gigantesque tranche de pain recouverte de
pâte à tartiner ou de confiture : sucres rapides et lents !

Acheter une baguette tous les jours ? Pourquoi pas, si le boulanger et la


pâtissière certifient qu’elle est sans gluten. Il est bon cependant de se
souvenir de la légende qui raconte qu’autrefois on ne jetait pas autant de
pain, qu’il était délicieux et pouvait se conserver des jours ! On a hélas
délaissé les variétés anciennes de céréales, peut-être beaucoup plus digestes
pour les innombrables Français qui découvrent, horrifiés, leur probable
sensibilité au gluten moderne. L’ultramoderne sera peut-être supportable
s’il commence à se rapprocher plus des anciennes variétés. Allez savoir…

UNE PENSÉE POUR LES PERSONNES ATTEINTS DE MALADIE CŒLIAQUE

Pire qu’une sensibilité au gluten, il s’agit d’une grave intolérance,


officiellement reconnue comme une pathologie auto-immune. Les
symptômes sont extrêmement invalidants et son diagnostic ouvre un
véritable parcours du combattant : coûteux bilan sanguin avec recherche
d’anticorps anti-réticuline, anti-gliadine, anti-endomysium et anti-
transglutaminase pas toujours remboursés, en plus d’une biopsie
intestinale ! Décourageantes le coût de la prise de sang et l’idée de la
biopsie, mais refuser de s’y engager, c’est dire non au remboursement par la
sécurité sociale des produits certifiés sans gluten – ou quasiment sans
gluten ! – par l’Association française des intolérants au gluten (Afdiag).
Oui, du pain, des pétales de céréales, des pâtes et des gâteaux remboursés
(en partie) par la sécurité sociale* !

Du coup, beaucoup testent ce que leur système digestif semble mieux


tolérer mais achètent, à leurs frais, ces produits sans gluten vendus à prix
d’or et pas toujours au point pour le pain et les pâtes (même si c’est mieux
que rien). Le choix du sans gluten, c’est moins d’envie de vomir, moins de
flatulences, de constipation ou de diarrhées (avec les rectoscopies et
analyses des selles qu’il a parfois fallu subir dans la honte et sans résultats
très concluants). Et cela ne se négocie pas ! Sur 66 millions de Français
déclarés, on compterait 0,5 million de cœliaques – 500 000 si vous
préférez – parmi lesquels seulement 10 % seraient informées de leur état.
Un chiffre qui doit évoluer d’année en année. Or, cette intolérance « à vie »
provoque de graves lésions sur les parois de l’intestin, avec mauvaises
assimilations des vitamines et nutriments contenus dans les aliments, mais
aussi nausées, vomissements, refus de s’alimenter « normalement » et
fatigue, amaigrissements préoccupants…

Ce n’est pas rien ! Au final, fuyez le mauvais gluten des céréales du


déjeuner, les « délicieux » gâteaux secs industriel, le pain, la semoule, la
pizza, les pâtes, mais aussi le cacao en poudre, la bière, le surimi, le poisson
pané, les purées et soupes instantanées, les cacahuètes grillées à sec, le
jambon sous vide, le sirop, certains médicaments, ou l’hostie du dimanche.
La liste est très incomplète. Car, cerise sur le gâteau moderne, les
chercheurs ont démontré l’existence de liens insoupçonnés – ou tus ? –
durant des années entre gluten et maladies auto-immunes, qui vont,
rappelons-le, de l’eczéma au lupus, du diabète de type 2 par destruction du
pancréas à la sclérose en plaques (par destruction de la gaine de myéline sur
les nerfs), de la maladie de Parkinson (par destruction des neurones
dopaminergiques du cerveau) à Alzheimer, dont on nous en a longtemps fait
tout un foin ! Ils hésitent encore à crier « Au loup ! Alzheimer, maladie
auto-immune… », mais les chercheurs y travaillent.

Les céréales anciennes n’étaient pas trafiquées. Le sarrasin, l’épeautre ou le


quinoa (essentiellement cultivé dans la cordillère des Andes au Pérou, en
Bolivie et maintenant aussi en France), ainsi que les légumineuses (soja,
haricots, pois, lentilles) sont donc recommandées.

GUÉRIE PAR L’ASSIETTE

Traiter une thyroïdite auto-immune, c’est donc aussi veiller à garder une
alimentation adaptée, aussi agréable à regarder dans l’assiette qu’un délice
pour les papilles ! Il ne faut pas se contenter de subir une vie sous
médicaments, de la même manière qu’il ne faut pas se laisser démolir le
moral par ceux qui clament que « manger sans gluten, c’est passer sa vie au
régime ». Archifaux, je mange de tout – même des hamburgers, des frites,
des crêpes ou des « gaufres à la pâte à tartiner bio ». Même s’il me manque
encore les mille-feuilles ou les éclairs au chocolat, je ne désespère pas. Hors
de question de museler ma gourmandise et mon envie d’aller marcher,
nager ou courir !

Études à l’appui, des médecins expliquent que l’arrêt de consommation de


gluten favorise une meilleure santé intestinale et diminue l’impact de la
maladie de Hashimoto. Car une consommation quotidienne de gluten pour
des personnes au système immunitaire affecté ou, d’une certaine façon, sur-
stimulé et qui se trouvent atteintes de thyroïdite (thyroïde en proie à un état
inflammatoire) entraînerait des attaques régulières des autoanticorps sur la
thyroïde et sa destruction à un rythme plus ou moins important, enfonçant
lentement, sûrement et durablement dans l’enfer de l’hypothyroïdie ! Ne
vaut-il pas mieux prévenir que guérir si la thyroïde, comme l’intestin, ne
supporte pas le « mauvais gluten » ?

ARRÊT COMPLET DU GLUTEN

Ainsi, pour les « Hashimoulus » déclarés, les médecins américains n’y vont
pas par quatre chemins. Ils préconisent l’arrêt définitif du gluten, arguant
qu’une alimentation sans blé « intoxiqué » par la grosse molécule protéique,
certes, ne guérira pas la maladie de Hashimoto, ne dispensera pas non plus
de continuer un peu les hormones de synthèse si cela s’avère utile, mais
aura au moins l’avantage de calmer les ardeurs des auto-anticorps et de
freiner, pour ne pas dire stopper net, la destruction annoncée de la thyroïde
(la science un jour obtiendra la réponse à cette question). Encore mieux,
selon ces médecins : plus cette nouvelle façon de s’alimenter est démarrée
tôt dans le processus de la maladie, plus la thyroïde a des chances d’être de
nouveau en parfait état durablement !

J’ai essayé en 2011, et je n’ai jamais rien vu de plus efficace pour traiter
mon Hashimoto. Après avoir lu beaucoup sur le sujet, j’ai dit adieu en
moins d’une semaine au blé rempli de mauvais gluten et au lactose du lait
de vache ! Seulement, il restait toujours du lactose dans les comprimés de
Levothyrox® et dans tant d’autres molécules vendues en pharmacie.

Ne mangeant plus de produits à base de farine de blé, j’ai également


commencé à cuisiner avec des farines naturellement vierges de gluten, plus
rustiques mais aussi plus chères (châtaigne, sarrasin, riz, poudre d’amande,
de noisette, etc.). Les changements que j’ai observés au fil des semaines
puis des mois ont été spectaculaires. Moins épuisée, ne souffrant plus des
articulations, des muscles, et sans avoir la contrainte de me sentir au
régime, je perdais enfin les kilos injustement accumulés au cours de
« l’éternité de ma maladie ». Des résultats incroyables quand on a le
malheur de n’avoir longtemps connu que des troubles de l’endormissement
et des insomnies (avec, par conséquent, risques accrus de somnolence et
fatigue diurne). Pour la première fois, je ne me sentais plus ballonnée après
les repas et avais trouvé le repos d’un sommeil apaisé !

DU FROMAGE, MAIS SEULEMENT BIEN AFFINÉ

Quant aux produits laitiers que l’on peut qualifier de « vivants » selon le
mode de préparation qui implique l’action de micro-organismes – levures,
bactéries, ferments qui transforment par exemple le lactose en acide
lactique –, je n’en consomme pas. En effet je ne mange pas de beurre,
seulement de la margarine d’origine végétale. Dans la préparation de
gâteaux, la matière grasse peut même être remplacée par de la purée
d’avocat ou de la compote de pommes.

Et je mange du fromage, mais pas n’importe lequel. J’ai là aussi beaucoup


changé mes habitudes alimentaires en découvrant que, plus le temps
d’affinage était long, le fromage de qualité et intense en goût, plus la teneur
en lactose était faible. Autre scoop : ce temps, peut-être pour des raisons de
coût autant que de goût et de réduction du taux de lactose, peut aussi être
optimisé directement dans les rayons frais des supermarchés ou dans les
boîtes à fromages de nos frigos qui prennent le relais des caves fraîches des
producteurs dans les appartements et maisons. N’hésitez pas à laisser
vieillir lentement votre réserve de fromages tout en admirant régulièrement
leurs changements de caractère et de texture (de plus en plus ferme ou
coulante), pour découvrir même, peut-être, quelques secrets de fabrication.
Bonne nouvelle aussi pour les intolérants au lactose qui constatent, surpris,
qu’ils ne digèrent pas le lait de vache liquide, le beurre, la crème, les petits-
suisses, le mascarpone et le fromage frais : il est fort probable qu’ils
puissent malgré tout consommer des yaourts nature jusqu’à plusieurs jours
après leur date limite de consommation (les bactéries ayant eu le temps de
réduire la teneur en lactose de ces produits). Enfin, ils peuvent ajouter autre
chose que du lait de vache dans leur cacao ou leur café : une boisson
végétale à base d’amandes, noisettes, riz, etc. Un mélange d’eau et de
poudre de noisettes ou d’amandes : ça tombe bien, puisque la thyroïde a
besoin de ces fruits à coque pour produire des hormones thyroïdiennes T4
naturelles !

Merci aux médecins qui ont eu la volonté d’explorer un peu plus que les
autres ces pistes du lactose et du gluten dans les maladies inflammatoires.
Après plusieurs mois de changement d’alimentation, me sentant mieux,
j’osais enfin croire qu’elle aurait un impact sur mes taux d’auto-anticorps
antithyroïdiens d’Hashimoto. Depuis l’annonce du diagnostic en 2001, tous
deux plafonnaient aux mêmes taux vertigineux d’environ 3 000 à
4 000 U/mL, quand la norme est supposée être inférieure à 60 U/mL ! En
2012, après un an d’alimentation sans gluten, mon taux d’anti-
thyroglobuline stagnait à 4 000 U/mL mais mon taux d’anticorps anti-
thyropéroxydase avait été divisé par dix (357 U/ml). L’état inflammatoire
avait donc effectivement commencé à diminuer et, parallèlement, la
thyroïde semblait s’être remise au boulot. J’en ressentais les effets au point
qu’il avait fallu progressivement arrêter les hormones de synthèse tant les
symptômes d’hyperthyroïdie révélaient que les hormones naturelles à
nouveau produites par la thyroïde renforçaient les effets de celles du
médicament !

Voilà comment, après dix ans sous lévothyroxine, j’ai pu définitivement


arrêter les hormones de synthèse. Depuis, sans que j’aie à m’en plaindre, la
thyroïde et tous les organes et tissus qui aident à la transformation des
hormones thyroïdiennes naturelles T4 réalisent de façon honnête leur travail
au quotidien.

PATIENCE ET DOUCEUR

La seule façon de quitter de façon sûre le cauchemar des maladies auto-


immunes de la thyroïde est d’accepter de faire preuve de patience et de
prendre enfin soin en douceur d’un corps trop longtemps martyrisé par les
souffrances provoquées par une mauvaise alimentation ou de mauvais choix
professionnels, amoureux, etc. On décide aussi de faire travailler
« gentiment » ses muscles en plein air. On se fait du bien au moral. On
refuse la dictature du régime pauvre en calories et en plaisir. On ne se prive
pas de tout et, informé sur le fonctionnement naturel du corps et de
l’écosystème, on privilégie les céréales, les fruits secs, les légumes et les
fruits frais, le poisson, les œufs, les produits laitiers et viandes issus d’une
agriculture responsable et écologique, qui respecte la nature, les plantes, les
animaux et les humains. Activité physique modérée en extérieur selon la
saison – natation (possible l’été au moins), vélo toute l’année (sans l’option
électrique) et marche – et repas simples ou non, faits maison !

De plus, arrêter le comprimé de molécule de synthèse, c’est un peu comme


arrêter la cigarette, qui affecte l’odorat, le goût et le souffle : on retrouve
l’appétit, l’envie de préparer à manger, de savourer, de bouger et de faire du
sport. L’objectif de l’existence n’est-il pas de pouvoir se sentir enfin chaque
jour « un esprit sain dans un corps sain » ?

Quelqu’un qui a l’impression de se goinfrer ou au contraire de se priver du


matin au soir ne se sent pas bien dans sa peau, encore moins dans sa tête,
malgré les médicaments ou surtout sous médicaments. Il est probable,
comme on l’a vu, que le premier problème qui affecte les hommes et les
femmes atteints d’hypothyroïdie soit une prise de poids importante en
raison d’un ralentissement du métabolisme et non parce qu’ils mangent
davantage. Bien que cela finisse parfois par être le cas, quand ils finissent
par être écœurés de ne pas comprendre l’origine de leurs kilos qu’ils
n’arrivent pas à perdre malgré de réels efforts. Le corps ne parvient alors
plus à gérer comme il le devrait l’énergie apportée par l’alimentation. La
digestion se fait au ralenti – constipation, ballonnements, maux de ventre –,
avec des effets néfastes sur l’humeur et la concentration en journée, et sur le
sommeil après le repas du soir. Les muscles aussi, comme en témoignent la
fatigue physique générale et une frilosité récurrente (malgré l’importance de
la masse graisseuse accumulée), ne parviennent plus à brûler correctement
les calories aux endroits du corps qui le réclament. Ce n’est pas drôle du
tout de grelotter, épuisé et ballonné, en hypothyroïdie.

* Vous trouverez plus d’informations sur le site de l’Afdiag : www.afdiag.fr


CHAPITRE VII

MES DERNIERS
CONSEILS

A
u fil du temps, les personnes atteintes de pathologie chronique,
dont je fais partie, comprennent qu’il est effectivement dans leur
intérêt de comprendre comment fonctionne un organe ou un tissu
à l’état normal. Cette comparaison est un point de repère indispensable pour
mieux soigner la maladie. Surtout, elle permet de dépasser le stade du
malade muet et docile qui refuse de s’impliquer dans un traitement qui ne
lui apporte strictement rien et peut durer des années. Quel gâchis ! Quoi de
pire que de se taire, de ne pas poser la moindre question lors d’un rendez-
vous, par peur du ridicule ou de passer pour un(e) ignorant(e) ? Ce n’est pas
constructif pour le malade, qui perd son temps et le fait perdre du même
coup au médecin, lequel ne disposera pas des renseignements utiles à la
rédaction de son ordonnance. Pas plus que vous, il ne peut rien deviner…

LISEZ ET INFORMEZ-VOUS !

J’ai lu et beaucoup étudié, en science comme en écologie, deux domaines


qui m’ont progressivement éclairée. J’ai lutté pour sortir de l’impasse
médicamenteuse et de mes périodes de crises liées au dérèglement
hormonal. Sans doute la libération de la parole des malades au cours des
différents coups d’éclat en médecine ces dernières années, le ras-le-bol du
personnel soignant dans les structures hospitalières et les scandales
alimentaires qui ont mis en lumière des pratiques plus ou moins acceptables
dans les filières industrielles et agricoles ont permis d’accélérer la prise de
conscience, pas seulement chez moi mais chez tous les Français.

CHERCHEZ L’ÉQUILIBRE…

Accepter sa silhouette, comprendre l’impact de son existence sur le monde,


comprendre aussi que vivre en bonne santé, rester d’une certaine façon
philosophe et calme sans s’en remettre toujours à la chimie pour se
débarrasser de sa mélancolie (de toute façon transitoire), c’est raisonner,
réfléchir, consommer mieux. Et même si l’on ne s’en rend pas compte tous
les jours, exercer moins de pression sur son environnement proche, ne pas
céder à toutes les modes de la société de consommation des pays dits
développés, cela permet aussi d’alléger la pression sur les pays en
développement qui, pour l’instant, souffrent le plus du réchauffement de la
planète. C’est sans doute ce qui explique ces mouvements de masse de
populations désorientées, humiliées par les brutalités de la guerre et les
impacts des changements climatiques sur les sols et les cours d’eau. Moins
de pollution ici, c’est à coup sûr moins de pollution ailleurs, plus de stabilité
dans le monde, plus de respect des peuples, plus de démocratie, à condition
de tous le vouloir ! Il est toujours délicat d’élargir à un tel niveau l’aspect
psychologique de toutes les maladies modernes – et pas seulement celles
étant liées aux hormones (cérébrales, sexuelles, thyroïdiennes, etc.) – qui
s’inscrivent dans un contexte mondial tendu. Mais on ne peut pas faire
l’impasse sur les changements physiques difficiles à supporter qu’elles
peuvent entraîner et leur tendance à brouiller les pistes jusqu’au niveau de
la confiance en soi. Il est alors facile de se perdre. Sur ce triste plan, s’ils ne
le sont pas tout à fait en droits, les hommes et les femmes sont égaux.

PARLEZ !

Ce qui est vrai à l’échelle d’une société peut s’observer à celle de


l’individu. Et ça marche dans les deux sens, la médecine le sait depuis
longtemps. Je n’oublierai jamais les professeurs d’université qui ont pris le
temps d’inscrire dans nos mémoires d’étudiants cette formule loin d’être
mathématique : « La médecine est beaucoup plus que l’art de prescrire,
habillé en blouse blanche, des substances médicamenteuses ou un placebo à
des gens qui souffrent ou se sentent mal dans leur peau… Pour guérir, il
faut parler. Pour soigner, il faut parler. » Hélas, la médecine souffre elle
aussi d’un manque de moyens, lequel affecte directement ce temps de
parole essentiel et réparateur entre médecins et patients. Satanées pertes de
temps liées à des facteurs sociaux et économiques ! Rendez-vous
impossibles à obtenir avant des mois parce que les spécialistes sont trop peu
nombreux dans un département, avec un radiologue parce que le centre
hospitalier du coin manque d’équipements, etc. Ajoutez la perte de temps
bien connue lié à l’entêtement humain ridicule qui consiste à refuser de
regarder la réalité en face, la fameuse politique de l’autruche pratiquée par
les patients eux-mêmes ! Là, vous comprenez qu’il ne faut pas attendre
l’impossible du médecin, qui ne peut pas tout et fait déjà beaucoup !

La maladie a au moins eu le mérite de m’enseigner une chose essentielle :


ne rien faire – se reposer ! – si c’est nécessaire et bien fait n’est pas
forcément perdre du temps. Peut-être que marcher une heure dans la nature
lorsqu’on souffre d’un inquiétant vague à l’âme depuis quelques jours est
plus utile que d’aller attendre des heures chez le médecin… Sur ce point, un
changement des mentalités semble s’opérer aujourd’hui dans toute la
société. Être productif, bravo, mais la meilleure façon de le devenir et de le
rester durablement est de se sentir bien dans sa peau comme dans son
boulot !
2

PARTIE
CHAPITRE VIII

2 SEMAINES
DE MENUS

E
n 2011, j’ai donc arrêté définitivement le gluten – les produits à
base de farine de blé – en deux jours, avec des résultats
spectaculaires sur mon transit intestinal et mon état de santé
général dans les jours qui ont suivi. Dans la foulée, j’ai remplacé ma
consommation de lait de vache par des boissons végétales, que je réalise le
plus souvent possible à l’aide d’un robot ou que j’achète en briques en
magasin bio ou en supermarché. Ces produits peuvent aussi bien être
ajoutés à du café qu’utilisés pour préparer une purée ou un gâteau : pour
remplacer le beurre, margarine et huiles végétales ou purée d’oléagineux,
voire une compote, apportent de l’onctuosité avec du bon goût.

Voici donc, à titre d’exemples, quelques menus et idées de recettes pour


vous lancer dans cette aventure qui n’est ni vegan, ni végétarienne, ni
végétalienne… Mangez de tout avec plaisir ! Et n’hésitez pas, à partir de
ces propositions, à inventer vous-même d’autres recettes en faisant
travailler votre imagination.
SEMAINE 1

JOUR 1 : LUNDI

Petit-déjeuner

+ Café, thé ou chocolat chaud (voir ici)


+ Jus de fruit ou fruit
+ 4 tartines (de sarrasin, châtaignes, lentilles, riz, quinoa, souchet,
noix de coco, etc.) ou 2 tranches de pain grillé

+ Confiture, pâte à tartiner au chocolat ou purée d’oléagineux (voir


ici)

+ Quelques fruits secs (amandes, noisettes, noix, châtaignes,


cacahuètes, pistaches, etc.)

Déjeuner

+ Moules marinières (voir ici)


+ Tarte aux fruits de saison (voir ici)
Dîner

+ Velouté de tomates au basilic (voir ici)


+ Tomates farcies (voir ici)
+ Yaourt maison (voir ici)

JOUR 2 : MARDI

Petit-déjeuner

+ Café, thé ou chocolat chaud (voir ici)


+ Jus de fruit ou fruit
+ 4 tartines (de sarrasin, châtaignes, lentilles, riz, quinoa, souchet,
noix de coco, etc.) ou 2 tranches de pain grillé

+ Confiture, pâte à tartiner au chocolat ou purée d’oléagineux (voir


ici)

+ Quelques fruits secs (amandes, noisettes, noix, châtaignes,


cacahuètes, pistaches, etc.)

Déjeuner

+ Escalopes de dinde panées et haricots verts (voir ici)


+ Mousse au chocolat (voir ici)
Dîner

+ Gratin dauphinois (voir ici)


+ Salade verte et vinaigrette maison (voir ici)
+ Fruit

JOUR 3 : MERCREDI

Petit-déjeuner

+ Café, thé ou chocolat chaud (voir ici)


+ Jus de fruit ou fruit
+ 4 tartines (de sarrasin, châtaignes, lentilles, riz, quinoa, souchet,
noix de coco, etc.) ou 2 tranches de pain grillé

+ Confiture, pâte à tartiner au chocolat ou purée d’oléagineux (voir


ici)

+ Quelques fruits secs (amandes, noisettes, noix, châtaignes,


cacahuètes, pistaches, etc.)

Déjeuner

+ Crêpes salées et sucrées (voir ici)


+ Cidre
Dîner
+ Ratatouille (voir ici)
+ Mousse aux fruits (voir ici)

JOUR 4 : JEUDI

Petit-déjeuner

+ Café, thé ou chocolat chaud (voir ici)


+ Jus de fruit ou fruit
+ 4 tartines (de sarrasin, châtaignes, lentilles, riz, quinoa, souchet,
noix de coco, etc.) ou 2 tranches de pain grillées

+ Confiture, pâte à tartiner au chocolat ou purée d’oléagineux (voir


ici)

+ Quelques fruits secs (amandes, noisettes, noix, châtaignes,


cacahuètes, pistaches, etc.)

Déjeuner

+ Lentilles aux lardons (voir ici)


+ Tartine de fromage (brie, edam, cantal, camembert, époisses,
maroilles, cancoillotte nature, etc.)
+ 2 clémentines
Dîner

+ 2 œufs à la coque
+ Velouté de champignons (voir ici)
+ 1 banane

JOUR 5 : VENDREDI

Petit-déjeuner

+ Café, thé ou chocolat chaud (voir ici)


+ Jus de fruit ou fruit
+ 4 tartines (de sarrasin, châtaignes, lentilles, riz, quinoa, souchet,
noix de coco, etc.) ou 2 tranches de pain grillées

+ Confiture, pâte à tartiner au chocolat ou purée d’oléagineux (voir


ici)

+ Quelques fruits secs (amandes, noisettes, noix, châtaignes,


cacahuètes, pistaches, etc.)

Déjeuner
+ Croque-monsieur (voir ici)
+ Salade de carottes
+ 1 fruit
Dîner

+ Porc aux champignons noirs (voir ici)


+ Pommes au four (voir ici)

JOUR 6 : SAMEDI

Petit-déjeuner

+ Café, thé ou chocolat chaud (voir ici)


+ Jus de fruit ou fruit
+ 4 tartines (de sarrasin, châtaignes, lentilles, riz, quinoa, souchet,
noix de coco, etc.) ou 2 tranches de pain grillé

+ Confiture, pâte à tartiner au chocolat ou purée d’oléagineux (voir


ici)

+ Quelques fruits secs (amandes, noisettes, noix, châtaignes,


cacahuètes, pistaches, etc.)
Déjeuner

+ Filets de loup aux agrumes et quinoa (voir ici)


+ Pithiviers (voir ici)
Dîner

+ Tartiflette (voir ici)


+ Salade verte et vinaigrette maison (voir ici)
+ Poires au chocolat (voir ici)

JOUR 7 : DIMANCHE

Petit-déjeuner

+ Café, thé ou chocolat chaud (voir ici)


+ Jus de fruit ou fruit
+ Croissant, chausson aux pommes, pain aux raisins ou au chocolat,
etc.

+ Quelques fruits secs (amandes, noisettes, noix, châtaignes,


cacahuètes, pistaches, etc.)
Déjeuner

+ Couscous au quinoa (voir ici)


+ Sorbet maison (voir ici)
Dîner

+ Reste de couscous
+ Salade de fruits

SEMAINE 2

JOUR 1 : LUNDI

Petit-déjeuner

+ Café, thé ou chocolat chaud (voir ici)


+ Jus de fruit ou fruit
+ 4 tartines (de sarrasin, châtaignes, lentilles, riz, quinoa, souchet,
noix de coco, etc.) ou 2 tranches de pain grillé

+ Confiture, pâte à tartiner au chocolat ou purée d’oléagineux (voir


ici)
+ Quelques fruits secs (amandes, noisettes, noix, châtaignes,
cacahuètes, pistaches, etc.)

Déjeuner

+ Rôti de porc et purée de pommes de terre (voir ici)


+ Salade de betteraves
+ Crème avocat-chocolat (recette bonus 14)
Dîner

+ Gnocchis (voir ici) avec parmesan et jambon


+ Compote

JOUR 2 : MARDI

Petit-déjeuner

+ Café, thé ou chocolat chaud (voir ici)


+ Jus de fruit ou fruit
+ 4 tartines (de sarrasin, châtaignes, lentilles, riz, quinoa, souchet,
noix de coco, etc.) ou 2 tranches de pain grillé
+ Confiture, pâte à tartiner au chocolat ou purée d’oléagineux (voir
ici)

+ Quelques fruits secs (amandes, noisettes, noix, châtaignes,


cacahuètes, pistaches, etc.)

Déjeuner

+ Salade verte et vinaigrette maison (voir ici)


+ Quiche (voir ici)
+ Fruit
Dîner

+ Blanquette de veau (voir ici)


+ Yaourt maison (voir ici)

JOUR 3 : MERCREDI

Petit-déjeuner

+ Café, thé ou chocolat chaud (voir ici)


+ Jus de fruit ou fruit
+ 4 tartines (de sarrasin, châtaignes, lentilles, riz, quinoa, souchet,
noix de coco, etc.) ou 2 tranches de pain grillé

+ Confiture, pâte à tartiner au chocolat ou purée d’oléagineux (voir


ici)

+ Quelques fruits secs (amandes, noisettes, noix, châtaignes,


cacahuètes, pistaches, etc.)

Déjeuner

+ Tomates cerise
+ Hamburger (voir ici)
+ Fruit
Dîner

+ Omelette (voir ici)


+ Tarte aux fruits (voir ici)

JOUR 4 : JEUDI

Petit-déjeuner

+ Café, thé ou chocolat chaud (voir ici)


+ Jus de fruit ou fruit
+ 4 tartines (de sarrasin, châtaignes, lentilles, riz, quinoa, souchet,
noix de coco, etc.) ou 2 tranches de pain grillé

+ Confiture, pâte à tartiner au chocolat ou purée d’oléagineux (voir


ici)

+ Quelques fruits secs (amandes, noisettes, noix, châtaignes,


cacahuètes, pistaches, etc.)

Déjeuner

+ Soupe aux pois chiches (recette bonus 2)


+ Salade de mâche aux crevettes et à l’avocat
+ Gâteau aux pommes (voir ici)
Dîner

+ Poêlée de champignons aux châtaignes (recette bonus 7)


+ Fruit

JOUR 5 : VENDREDI

Petit-déjeuner
+ Café, thé ou chocolat chaud (voir ici)
+ Jus de fruit ou fruit
+ 4 tartines (de sarrasin, châtaignes, lentilles, riz, quinoa, souchet,
noix de coco, etc.) ou 2 tranches de pain grillé

+ Confiture, pâte à tartiner au chocolat ou purée d’oléagineux (voir


ici)

+ Quelques fruits secs (amandes, noisettes, noix, châtaignes,


cacahuètes, pistaches, etc.)

Déjeuner

+ Lapin à la moutarde (recette bonus 5)


+ Fruit
Dîner

+ Lasagnes à la bolognaise (recette bonus 6)


+ Fruit

JOUR 6 : SAMEDI

Petit-déjeuner
+ Café, thé ou chocolat chaud (voir ici)
+ Jus de fruit ou fruit
+ 4 tartines (de sarrasin, châtaignes, lentilles, riz, quinoa, souchet,
noix de coco, etc.) ou 2 tranches de pain grillé

+ Confiture, pâte à tartiner au chocolat ou purée d’oléagineux (voir


ici)

+ Quelques fruits secs (amandes, noisettes, noix, châtaignes,


cacahuètes, pistaches, etc.)

Déjeuner

+ Salade verte aux noix et vinaigrette maison (voir ici)


+ Poulet rôti aux pommes de terre (voir ici)
+ Tartine de fromage (brie, edam, cantal, camembert, époisses,
maroilles, cancoillotte nature, etc.)

+ Far breton (voir ici)


Dîner

+ Purée de pois cassés (voir ici) et jambon cru ou magret de canard


+ Fruit
JOUR 7 : DIMANCHE

Petit-déjeuner

+ Café, thé ou chocolat chaud (voir ici)


+ Jus de fruit ou fruit
+ Croissant, chausson aux pommes, pain aux raisins ou au chocolat,
etc.

+ Quelques fruits secs (amandes, noisettes, noix, châtaignes,


cacahuètes, pistaches, etc.)

Déjeuner

+ Gigot d’agneau aux flageolets (voir ici)


+ Gâteau de Savoie (voir ici)
Dîner

+ Salade verte et vinaigrette maison (voir ici)


+ Pizza maison (voir ici)
+ Pommes au four (voir ici)
CHAPITRE XI

RECETTES

POUR LE PETIT-DÉJEUNER

PAIN À LA FARINE DE CHÂTAIGNE

PRÉPARATION 30 MIN • CUISSON 40 MIN

½ cube de levure fraîche du boulanger sans gluten • 30 cl d’eau


tiède • 500 g de farine de châtaigne • 1 c. à s. d’huile d’olive •
150 g de noix grossièrement hachées • sel

Délayez la levure avec 1 pincée de sel dans un récipient d’eau tiède, puis
laissez reposer 20 minutes. Ajoutez la farine et l’huile, puis mélangez avec
une cuillère en bois.

Sur le plan travail fariné, pétrissez la pâte pendant 15 minutes environ pour
obtenir une boule. Mettez-la dans le récipient, couvrez d’un torchon humide
et laissez reposer 45 minutes.

Lorsque la pâte a gonflé, pétrissez-la durant 5 à 10 minutes. Ajoutez les


noix concassées, reformez une boule que vous laissez à nouveau gonfler
durant 30 minutes à température ambiante. Préchauffez le four à 180 °C.

Humectez d’eau la surface de la boule de pâte, farinez-la légèrement et


entaillez-la au couteau. Placez un bol d’eau dans le four et enfournez la pâte
pour 40 minutes.

PÂTE À TARTINER

PRÉPARATION 20 MIN • PAS DE CUISSON

200 g de noisettes • 2 c. à s. d’huile de noisette • 200 g de


chocolat noir • 2 c. à s. de miel (ou de sucre en poudre) • extrait
de vanille (facultatif)

Mettez les noisettes dans le robot et mixez-les en faisant plusieurs pauses.


Vous obtiendrez d’abord une poudre, puis une purée au bout de 15 minutes.
Ajoutez 2 cuillerées d’huile.

Faites fondre au micro-ondes le chocolat (cassé en morceaux) avec le miel,


en prenant soin de choisir un récipient adapté. Comptez 1 minute en tout, en
mélangeant la préparation au bout de 30 secondes. Incorporez alors ce
mélange à la purée de noisette.

Conservez votre pâte à tartiner à température ambiante dans un pot à


confiture. Elle est idéale pour un solide petit-déjeuner : sur du pain grillé,
avec un fruit ou un jus fraîchement pressé, un thé ou un café (préparé dans
une cafetière classique ou une machine à dosettes rechargeables – pensez à
la planète !).

Astuce Il reste de la pâte à tartiner dans le robot ? C’est


parfait ! Ajoutez un pot de compote de pommes (ou une
banane) et quelques cuillerées à soupe d’eau (du robinet
plutôt qu’en bouteille). Mixez ! Avec le reste de votre pâte à
tartiner, vous avez réalisé cette fois une crème dessert
onctueuse, que vous pouvez verser dans des pots en verre.

Variante Pour réaliser une pâte pralinée qui rappelle le


Nutella®, il vous faut 200 g de noisettes grillées, 100 g de
sucre et 1 gousse de vanille. Étalez les noisettes sur une
plaque de cuisson et faites-les torréfier 10 minutes dans le
four préchauffé à 180 °C. Sortez-les du four et laissez-les
refroidir. Pour retirer la peau brune, placez-les dans un
torchon propre et frottez-les vigoureusement. Préparez la
pâte comme indiqué pour la recette principale.

PURÉE D’OLÉAGINEUX

PRÉPARATION 10 MIN • PAS DE CUISSON

125 g d’amandes, de cacahuètes, de noix ou de noisettes •


3 c. à s. d’huile végétale • fleur de sel • 2 c. à s. d’huile de coco •
sirop d’érable (facultatif)

Avant de mixer les amandes, cacahuètes ou autre, vous pouvez les faire
griller à sec dans une poêle et éliminer la peau, pour une saveur plus
marquée.

Réduisez-les ensuite en poudre très fine et collante, en les broyant dans un


robot. Au bout de 6 minutes, ajoutez l’huile végétale et 1 pincée de fleur de
sel, sans cesser de mixer.
La purée obtenue a pris une texture crémeuse. Faites maintenant fondre
l’huile de coco et incorporez-la à la pâte. Ajoutez un peu de sirop d’érable
si vous le souhaitez. Versez la préparation encore liquide dans un beurrier.
Elle se conservera plusieurs semaines au réfrigérateur.

SOUPES

VELOUTÉ DE TOMATES AU BASILIC

PRÉPARATION 5 MIN • CUISSON 20 MIN

1 grande boîte de tomates pelées • 2 c. à s. d’huile d’olive •


2 pincées de sucre en poudre • fleur de sel • 1 bouquet de basilic •
20 g de tapioca

Faites chauffer les tomates dans une casserole avec l’huile d’olive, le sucre,
de la fleur de sel, le basilic haché. Laissez cuire 20 minutes à feu doux.
Mixez la soupe, puis ajoutez le tapioca. Portez à ébullition et laissez cuire
encore 4 minutes.

Astuce Pour ciselez rapidement le basilic, superposez


plusieurs feuilles et roulez-les avant de les hacher
grossièrement au couteau.

VELOUTÉ DE CHAMPIGNONS

PRÉPARATION 10 MIN • CUISSON 10 MIN


200 g de champignons de Paris • 1 cuillerée à soupe d’huile
d’olive • 20 cl de préparation « amande cuisine » (ou de boisson
végétale aux noisettes maison – voir p. 189) • sel • persil • noix de
muscade

Rincez et coupez les champignons en morceaux. Faites-les revenir


10 minutes dans une poêle avec l’huile d’olive, couvrez puis ajoutez à mi-
cuisson la préparation « amande cuisine » ou la boisson aux noisettes.

Salez à votre goût, versez la soupe dans un blender et mixez. Ajoutez le


persil haché et de la noix de muscade râpée.

PLATS

BLANQUETTE DE VEAU

PRÉPARATION 10 MIN • CUISSON 30 MIN

1 bouquet garni • 4 clous de girofle • 2 carottes • 1,2 kg de


blanquette de veau • 50 g de margarine végétale • 40 g de farine
de riz • 2 jaunes d’œufs • 15 cl de préparation « amande cuisine »
• 6 à 8 pommes de terre • 400 g de champignons • sel

Mettez dans un autocuiseur le bouquet garni, les clous de girofle, les


carottes épluchées et coupées en rondelles, puis versez 1,5 litre d’eau.
Portez à ébullition.

Ajoutez la viande coupée en petits cubes, les champignons, fermez


l’autocuiseur et laissez cuire 20 minutes après le chuchotement de la
soupape.

Ouvrez la cocotte et prélevez 50 cl de bouillon. Sortez la viande et les


carottes de la cocotte et réservez-les. Faites fondre la margarine dans une
casserole, ajoutez la farine, puis versez progressivement le bouillon, en
remuant sans cesse ? Pour finir, incorporez les jaunes d’œufs et la
préparation « amande cuisine ».

Mettez la viande et es carottes dans cette sauce, salez à votre goût et


réchauffez la blanquette. Servez avec les pommes de terre cuites à part (20
minutes à l’eau ou 12 minutes au micro-ondes).

COUSCOUS AU QUINOA

PRÉPARATION 15 MIN • CUISSON 30 MIN

1 carotte • 1 poivron rouge • 1 navet • 1 courgette • 4 c. à s d’huile


d’olive • 30 cl de purée de tomates • 1 bouquet garni • 100 g de
pois chiches • viande et volaille pour 4 personnes (merguez,
escalopes de dinde, côtes d’agneau, cuisses de poulet) • 500 g de
quinoa (ou de semoule de riz) • épices • sel

Rincez les légumes et coupez-les en morceaux. Mettez-les dans un faitout


avec l’huile d’olive, la purée de tomates, 50 cl d’eau, le bouquet garni, les
pois chiches et les différentes viandes.

Salez et épicez à votre goût (cannelle, coriandre, muscade, cumin, ras-el-


hanout, etc.). Laissez mijoter environ 30 minutes à feu doux.

Rincez abondamment le quinoa. Mettez-le dans une casserole avec deux


fois son volume d’eau. Quand celle-ci commence à frémir, portez à
ébullition, puis laissez cuire 15 minutes. Coupez le feu et laissez gonfler
5 minutes.

Répartissez le quinoa, les viandes, les légumes et le bouillon dans des plats
creux. Servez sans attendre.

CROQUE-MONSIEUR

PRÉPARATION 5 MIN • CUISSON 5 MIN

8 tranches de pain de mie sans gluten • 100 g de comté râpé •


2 tranches de jambon • margarine végétale

Parsemez 4 tranches de pain de mie d’une couche de fromage râpé, ajoutez


une demi-tranche de jambon pliée en deux, puis une seconde couche de
fromage râpé. Fermez les croque-monsieur avec les tranches de pain de mie
restantes.

Tartinez-les légèrement de margarine et faites-les cuire 5 minutes dans un


gaufrier (multifonction), jusqu’à ce qu’ils soient dorés et croustillants. Bon
appétit !

ESCALOPES DE DINDE PANÉES

PRÉPARATION 5 MIN • CUISSON 15 MIN

4 c. à s. de farine de riz • 2 œufs • 5 c. à s. de chapelure sans


gluten (pain ou cracottes au sarrasin, etc.) • 4 escalopes de dinde
• 2 c. à s. de farine de riz

Disposez la farine de riz dans une assiette, les œufs battus assaisonnés (sel,
poivre et/ou noix de muscade) dans une deuxième assiette, la chapelure
dans une troisième.
Passez chaque escalope dans ces trois assiettes, en les retournant pour bien
les enrober de farine, d’œuf, puis de chapelure.

Faites chauffer l’huile dans une poêle pour y faire dorer les escalopes
5 minutes de chaque côté. Servez avec des haricots verts.

Variante Pour des nuggets, mixez les escalopes (dinde ou


poulet, à votre convenance) avec du sel et des épices, puis
façonnez-les à la main avant de les faire cuire.

Chapelure sans gluten Mixez dans un blender ou écrasez


dans un mortier 80 g de tartines craquantes au sarrasin ou
quinoa, etc. 50 g de parmesan et 1 c. à s. d’amandes en
poudre. À conserver dans une boîte hermétique.

FILETS DE LOUP AUX AGRUMES

PRÉPARATION 5 MIN • CUISSON 15 MIN

6 filets de loups (bars) • huile d’olive • sel • 1 pamplemousse •


1 orange • curry • sel

Préchauffez le four à 180 °C. Essuyez les filets de loups (appellation


méditerranéenne, on les appelle « bars » côté Atlantique), badigeonnez-les
d’huile d’olive, placez-les dans un plat et salez.

Épluchez les agrumes et coupez-les en tranches que vous disposez sur le


poisson. Couvrez de papier d'aluminium et laissez cuire 15 minutes au four.
Servez les filets chauds, saupoudrés de curry (facultatif). Servez avec du riz
nature.

GIGOT D’AGNEAU AUX FLAGEOLETS

PRÉPARATION 10 MIN + TREMPAGE 1 H • CUISSON 1 H

400 g de flageolets secs • 1 bouquet garni • 1 gigot d’agneau de


1,5 kg • huile d’olive • sel

Préchauffez le four à 220 °C. Rincez les flageolets puis laissez-les tremper
dans de l’eau chaude (portée à ébullition juste avant dans une casserole).

Après 1 heure de trempage, égouttez les flageolets, recouvrez-les d’eau


froide, ajoutez le bouquet garni, puis laissez mijoter gentiment 1 heure
après les premiers frémissements (pour gagner du temps, vous pouvez
utiliser des flageolets nature déjà cuits, congelés ou en conserve). Salez à
mi-cuisson.

Pendant la cuisson des haricots, faites rôtir le gigot. Commencez par le


badigeonner au pinceau avec de l’huile d’olive, puis mettez-le dans un plat
avec un fond d’eau. Salez.

Laissez cuire 45 minutes. Toutes les 15 minutes de cuisson, n’oubliez pas


de retourner le gigot et de l’arroser de son jus de cuisson.

GNOCCHIS

PRÉPARATION 15 MIN • CUISSON 22 MIN

1 kg de pommes de terre farineuses • 350 g de farine (riz, sarrasin


ou châtaigne) • 2 c. à s. d’huile d’olive • 1 œuf • sel
Faites cuire les pommes de terre 20 minutes dans une casserole d’eau salée,
en gardant la peau. Lorsqu’elles sont cuites – la lame d’un couteau doit s’y
enfoncer facilement –, égouttez-les, épluchez-les puis écrasez-les en purée à
la fourchette.

Faites bouillir de l’eau salée. Pendant ce temps, dans un grand saladier,


mélangez la purée, la farine, l’huile d’olive et l’œuf. Salez, mélangez avec
une cuillère puis pétrissez jusqu’à obtenir une boule de pâte chaude. Farinez
votre plan de travail et vos mains. Avec la pâte, formez deux rouleaux de
1 cm de diamètre.

Au couteau, découpez les rouleaux en tronçons de 2 cm de long. Pour


imprimer les stries sur les gnocchis, aplatissez-les avec les dents de la
fourchette.

Plongez les gnocchis dans l’eau bouillante quelques instants et laissez-les


cuire 1 minute une fois qu’ils sont remontés à la surface. Sortez-les à l’aide
d’une écumoire puis égouttez-les dans une passoire. Servez-les avec une
sauce (tomate, pesto, roquefort, gorgonzola) ou saupoudrez-les simplement
de parmesan râpé.

GRATIN DAUPHINOIS

PRÉPARATION 20 MIN • CUISSON 40 MIN

1 kg de pommes de terre • 80 g de margarine végétale • 40 g de


farine de riz • 50 cl de boisson végétale (soja, amande ou autre) •
noix de muscade râpée • sel et poivre • 150 g de comté râpé

Rincez et pelez les pommes de terre. Plongez-les dans un grand volume


d’eau froide salée et portez à ébullition. Laissez cuire 20 minutes après
l’ébullition.
Préchauffez le four à 200 °C

Préparez la béchamel : faites fondre la margarine 1 minute au micro-ondes,


dans un récipient en verre, puis ajoutez la farine en pluie et remuez. Faites
bouillir la boisson végétale, avant de la verser sur le mélange margarine-
farine. Transvasez le tout dans une casserole et remuez à feu doux pour
faire épaissir la sauce. Salez, poivrez et assaisonnez de noix de muscade
râpée.

Quand les pommes de terre sont cuites, égouttez-les et coupez-les en


rondelles de 4 à 5 mm d’épaisseur, puis répartissez-les au fond d’un plat
badigeonné d’un filet d’huile d’olive.

Versez la béchamel sur les pommes de terre, puis saupoudrez de fromage et


enfournez pour 40 minutes. Dégustez avec une salade verte.

HAMBURGER

PRÉPARATION 5 MIN • CUISSON 5 MIN

1 pain à hamburger sans gluten • 1 steak haché pur bœuf (150 g)


• 2 tranches de morbier ou de cheddar • 1 tomate • 2 feuilles de
salade • ketchup

Coupez chaque pain en deux et passez les moitiés dans le grille-pain pour
les chauffer. Pendant ce temps, faites cuire le steak haché 5 minutes au
micro-ondes. Passez ensuite le fromage quelques secondes au micro-ondes
pour faire fondre chaque tranche.

Découpez la tomate en rondelles. Déposez sur la base du pain 1 tranche de


fromage fondu, du ketchup, 1 rondelle de tomate, 1 feuille de salade, le
steak, puis de nouveau 1 tranche de fromage fondu, du ketchup, 1 rondelle
de tomate et 1 feuille de salade. Fermez le hamburger avec l’autre moitié du
pain. Bon appétit !

LENTILLES AUX LARDONS

PRÉPARATION 5 MIN • CUISSON 30 MIN

4 carottes • 400 g de lentilles • 200 g de lardons nature • 2


c. à s.de moutarde • huile d’olive • sel

Épluchez les carottes et découpez-les en rondelles. Rincez les lentilles.


Faites revenir les carottes avec les lardons et la moutarde dans une casserole
avec un fond d’huile d’olive, versez les lentilles, couvrez d’eau, salez et
laissez mijoter 30 minutes.

MOULES MARINIÈRES

PRÉPARATION 15 MIN • CUISSON 10 MIN

Moules (quantité à adapter selon le nombre de convives et


l’appétit de chacun, on compte en moyenne 500 g de moules par
personne) • 2 c. à s. de margarine • 2 verres de vin blanc • 1
c. à c. de farine de riz • persil

Grattez, lavez et triez les moules (jetez celles qui sont déjà ouvertes).
Versez-les dans une cocotte avec une noix de margarine et le vin blanc.

Couvrez la cocotte et mettez-la sur feu vif, mélangez les moules qui vont
s’ouvrir en quelques minutes.

Sortez les moules de la cocotte et répartissez-les dans des grands bols.


Remettez le jus sur le feu en y ajoutant la farine et le reste de margarine.
Laissez bouillir un instant, parsemez de persil ciselé et arrosez les moules
de cette sauce. Servez sans attendre, avec des frites.

PORC AUX CHAMPIGNONS NOIRS

PRÉPARATION 5 MIN + TREMPAGE 30 MIN • CUISSON 20 MIN

50 g de champignons noirs déshydratés • 700 g de morceaux de


porc • huile • 200 g de miel • 15 cl de sauce soja • farine de riz

Faites réhydrater les champignons 30 minutes dans deux fois leur volume
d’eau froide, puis égouttez-les bien.

Faites-les revenir dans de l’huile avec le porc coupé en lamelles, ajoutez le


miel et la sauce soja, couvrez, puis laissez mijoter 15 minutes à feu doux.
Ajoutez au besoin un peu d’eau au cours de la cuisson. En fin de cuisson,
ajoutez de la farine de riz pour épaissir la sauce. Servez avec du riz blanc.

OMELETTE

PRÉPARATION 5 MINUTES • CUISSON 5 MINUTES

2 œufs • 2 c. à s. d’eau • huile végétale • sel

Cassez les œufs dans un bol en verre, ajoutez l’eau puis battez le tout à la
fourchette. Salez.

Dans une poêle, faites chauffer de l’huile à feu vif et versez les œufs en une
fois. Remuez en ramenant les bords cuits vers le centre, puis roulez
l’omelette pour la déposer sur votre assiette.

Vous pouvez ajouter une garniture en cours de cuisson : champignons ou


lardons rissolés avant, fromage râpé ou fines herbes.
PÂTES À LA BOLOGNAISE

PRÉPARATION 5 MIN • CUISSON 20 MIN

400 g de pâtes sans gluten (sarrasin, riz, etc.) • 1 carotte • 150 g


de champignons • 150 g de bœuf haché • 800 g de tomates
pelées en boîte • huile d’olive • thym, laurier • sel

Faites cuire les pâtes dans un grand volume d’eau bouillante salée selon le
temps indiqué pour une cuisson al dente.

Épluchez la carotte, coupez-la en rondelles que vous faites revenir dans


2 cuillerées à soupe d’huile d’olive, dans une grande poêle, avec les
champignons, la viande hachée et les tomates pelées. Salez et ajoutez les
aromates. Laissez mijoter environ 20 minutes à feu doux. Égouttez les
pâtes, nappez-les de sauce et dégustez !

POULET RÔTI AUX POMMES DE TERRE

PRÉPARATION 10 MIN • CUISSON 1 H

1 poulet fermier ou Label rouge • 1 citron • huile d’olive • thym,


romarin et laurier • 20 pommes de terre environ • sel

Préchauffez le four à 220 °C.

Mettez le poulet dans un plat allant au four et arrosez-le de jus de citron


avant d’étaler le jus avec un pinceau ou du papier absorbant. Salez toutes
les faces.

Versez le reste du jus de citron à l’intérieur du poulet et ajoutez-y des


branches de thym, de romarin et des feuilles de laurier (à défaut saupoudrez
la peau d’herbes de Provence).
Épluchez les pommes de terre, découpez-les en morceaux et répartissez-les
dans le plat. Salez. Arrosez le poulet et les pommes de terre d’un filet
d’huile d’olive, mouillez avec un peu d’eau (environ 10 cl) et enfournez
pour 1 heure, en mélangeant les pommes de terre et en retournant le poulet
à mi-cuisson.

PIZZAS MAISON

Trois recettes de pâte à pizza sans gluten, à garnir avec les ingrédients de
votre choix.

Recette 1

PRÉPARATION 10 MIN + REPOS 1 H • CUISSON 15 À 20 MIN

• 5 g de levure de boulanger • 20 cl d’eau tiède • ½ c. à c. de sel •


300 g de farine (moitié riz/moitié sarrasin, châtaigne, quinoa,
millet, amande, pois chiche, etc.) • 1 c. à s. d’huile d’olive

Préchauffez le four à 180 °C. Mélangez l’eau tiède, la levure et le sel.

Dans un saladier, mélangez la farine, l’huile et la levure délayée. Travaillez


la préparation pour obtenir une pâte compacte, formez une boule, couvrez
d’un torchon humide et laissez reposer 1 heure dans un endroit tiède.

Abaissez la pâte au rouleau à pâtisserie entre deux feuilles de papier de


cuisson. Garnissez-la avec les ingrédients de votre choix, enfournez et
laissez cuire 20 minutes.

Recette 2
PRÉPARATION 5 MIN + REPOS 30 MIN • CUISSON 15 À 20 MIN

125 g de farine de pois chiches • 1 c. à s. d’huile d’olive + un peu


pour la poêle • 15 cl de lait d’amande • 10 cl d’eau • 1 c. à c. de
bicarbonate de sodium • sel

Préchauffez le four à 180 °C. Dans un saladier, mélangez tous les


ingrédients, ajoutez 1 pincée de sel, puis laissez reposer 30 minutes.

Transférez la pâte dans une poêle huilée, puis laissez-la cuire à feu doux.
Quand des bulles se forment à la surface et qu’elle perd de sa brillance,
retirez-la de la poêle et garnissez-la avec les ingrédients de votre choix.
Enfournez et laissez cuire 20 minutes.

Recette 3

PRÉPARATION 15 MIN • CUISSON 15 À 20 MIN

100 g de farine de noix de coco • 20 g d’amandes en poudre •


huile d’olive • ½ c. à c. de bicarbonate de sodium • herbes de
Provence • 2 œufs

Préchauffez le four à 180 °C. Mélangez tous les ingrédients dans un


saladier, puis travaillez-les pour former une pâte.

Abaissez la pâte au rouleau à pâtisserie, entre deux feuilles de papier de


cuisson. Garnissez-la avec les ingrédients de votre choix, enfournez et
laissez cuire 20 minutes.

QUICHE
PRÉPARATION 10 MIN • CUISSON 40 MIN

20 cl de lait d’amande • 3 c. à s. de farine de riz • 4 œufs • 100 g


de jambon • 100 g de gruyère râpé • 400 g de tomates cerises •
1 boîte de champignons • fleur de sel • 1 noix de margarine
végétale

Préchauffez le four à 190 °C. Dans un saladier, mélangez au fouet le lait


tiède avec la farine, puis incorporez les œufs un par un.

Découpez le jambon en lamelles, ajoutez-le dans le saladier avec le gruyère,


les tomates, les champignons et un peu fleur de sel. Versez le mélange dans
un moule graissé au préalable avec la margarine. Enfournez la quiche pour
40 minutes, jusqu’à ce qu’elle soit dorée. Dégustez tiède avec une salade
verte.

TARTIFLETTE

PRÉPARATION 10 MIN • CUISSON 30 MIN

2 kg de pommes de terre • huile d’olive • 200 g de lardons ou de


jambon • vin blanc (facultatif) • 20 cl de préparation « amande
cuisine » • 1 reblochon • sel

Dans une casserole, faites cuire les pommes de terre 20 minutes dans de
l’eau salée. Pelez-les, coupez-les en morceaux et faites-les revenir à la poêle
dans de l’huile d’olive, avec les lardons ou le jambon et un verre de vin
blanc (facultatif).

Versez la préparation « amande cuisine dans la poêle, salez et laissez


mijoter un peu. Disposez le tout dans un plat à gratin, couvrez de tranches
de reblochon et enfournez pour 20 minutes à 200 °C.

Bon à savoir Plus un fromage est affiné longtemps, moins il


contient de lactose, donc plus il est digeste. Temps d’affinage
en cave : au moins 1 semaine pour le fromage de chèvre ;
3 semaines pour le brie, le mont d’or ou le camembert :
4 semaines pour le saint-félicien, le saint-marcellin ou le bleu
de Bresse ; 2 mois pour le reblochon ou le morbier ; 3 mois
pour le cheddar, l’emmental, la raclette ou le roquefort ;
6 mois et plus pour le comté, le gruyère, le beaufort, au
moins 12 mois pour le parmesan, etc.

TOMATES FARCIES

PRÉPARATION 20 MIN • CUISSON 45 MIN

Huile d’olive • 200 g de viande hachée • champignons, 1 boîte


(facultatifs) • fleur de sel, épices, herbes aromatiques • mie de
pain rassis (sans gluten) ou chapelure de sarrasin • 4 tomates

Dans une poêle, faites chauffer de l’huile d’olive pour y faire revenir la
viande hachée avec les champignons émincés. Assaisonnez à votre goût
(fleur de sel, épices, herbes aromatiques), laissez cuire quelques minutes,
puis ajoutez un peu de mie de pain ou de la chapelure.

Préchauffez le four à 180 °C. Rincez les tomates, découpez en haut un


chapeau, que vous réservez. Videz les tomates avec une cuillère (vous
pouvez garder cette chair et la faire cuire avec un peu de purée de noisettes
et de l’eau pour obtenir une soupe). Remplissez les tomates de farce,
reposez le chapeau par-dessus et enfournez pour 45 minutes à 180 °C.
Dégustez avec du riz.

Variante Vous pouvez préparer sur le même principe des


poivrons, des aubergines et même des pommes de terre
farcies. Pour ces dernières, pensez à les faire précuire
quelques minutes.

ACCOMPAGNEMENTS

PURÉE (OU VELOUTÉ) DE POIS CASSÉS

PRÉPARATION 5 MIN + TREMPAGE 1 H • CUISSON 30 MIN

500 g de pois cassés • sel • jambon cru en tranches fines pour


accompagner (facultatif)

Rincez les pois cassés, puis faites-les tremper 1 heure dans de l’eau froide.
Ensuite, égouttez-les et jetez l’eau, puis laissez-les sécher plusieurs heures
avant de les réduire en farine dans un moulin à café électrique.

Mettez la farine dans une grande casserole, ajoutez de l’eau (plus ou moins
selon que vous préparez une soupe ou une purée) et faites cuire 30 minutes
en mélangeant régulièrement.

Salez et ajoutez les ingrédients que vous souhaitez : pommes de terre cuites
et écrasées à la fourchette pour épaissir la purée, margarine ou boisson
végétale pour ajouter de l’onctuosité.
PURÉE DE POMMES DE TERRE

PRÉPARATION 10 MIN • CUISSON 20 MIN

1 kg de pommes de terre (bintje, ratte, etc.) • 2 c. à s. d’huile de


noisette ou d’olive • 25 cl de boisson végétale • fleur de sel • noix
de muscade

Faites cuire les pommes de terre 20 minutes dans de l’eau salée, puis pelez-
les. Écrasez-les au presse-purée.

Ajoutez 2 cuillerées à soupe d’huile (ou de purée d’oléagineux), la boisson


végétale, un peu de fleur de sel et de noix de muscade. Mélangez au fouet
jusqu’à obtenir la consistance voulue.

Variantes Sur le même principe, vous pouvez aussi préparer


une purée de carotte, potiron, brocoli, chou-fleur, betterave,
asperges, châtaignes, pois cassés, etc. Pensez à adapter les
temps de cuisson (il faut compter 1 h 30 pour les pois
cassés).

RATATOUILLE

PRÉPARATION 10 MIN • CUISSON 30 MIN

2 poivrons • 1 aubergine • 1 courgette • 4 tomates • aromates


(thym, laurier, romarin) • huile d’olive • fleur de sel

Rincez les légumes et coupez-les en dés. Versez 4 cuillerées à soupe d’huile


d’olive dans une poêle et faites revenir les légumes 5 minutes, en
commençant par les poivrons, puis ajoutez l’aubergine, les courgettes et
enfin les tomates. Ajoutez les aromates et de la fleur de sel. Couvrez et
laissez mijoter 30 minutes.

SAUCES

BÉCHAMEL

CUISSON 5 MIN

80 g de margarine végétale • 40 g de farine de riz • 50 cl de


boisson végétale • noix de muscade râpée • poivre • sel

Dans un récipient en verre, faites fondre la margarine 1 minute au micro-


ondes. Ajoutez la farine en pluie et remuez.

Faites bouillir la boisson végétale, versez-la dans le récipient puis mélangez


pour faire épaissir la sauce (à utiliser dans la préparation des lasagnes,
gratins dauphinois, soufflés, etc.). Salez, poivrez et assaisonnez avec un peu
de noix de muscade râpée.

MAYONNAISE

PRÉPARATION 5 MIN • PAS DE CUISSON

4 jaunes d’œufs • 2 c. à c. de moutarde • 2 verres d’huile (colza,


pépin de raisin, olive, noix) • 1 c. à s. de vinaigre (de cidre) • sel

Tous les ingrédients doivent être à température ambiante. Dans un saladier,


mélangez au fouet les jaunes d’œufs avec la moutarde, puis salez.
Ajoutez progressivement l’huile en filet, en mélangeant sans cesse au fouet.

Lorsque toute l’huile a été incorporée, ajoutez le vinaigre et continuez à


mélanger pour donner plus de consistance à l’émulsion.

Astuce La mayonnaise industrielle se conserve


généralement deux mois après ouverture. Vous pouvez tout
à fait transvaser votre mayonnaise maison dans un pot en
verre munie d’un couvercle. Elle se conservera une semaine
si vous l’avez préparée avec des œufs fraîchement pondus.

SAUCE HOLLANDAISE

CUISSON 2 À 5 MINUTES

2 jaunes d’œufs • 100 g de margarine végétale • 1 c. à s. de jus de


citron • sel

Dans une petite casserole, mélangez au fouet 2 cuillerées à soupe d’eau (ou
de vin blanc) avec les jaunes d’œufs jusqu’à obtenir un mélange mousseux
(sabayon) que vous faites cuire à feu doux.

Continuez à mélanger le sabayon à feu doux, en incorporant la margarine en


morceaux. Salez et ajoutez le jus de citron (vous pouvez aussi réaliser la
sauce en 2 minutes au mixeur, à condition d’avoir fait chauffer la margarine
avant de la verser). Servez chaud avec du poisson, des asperges ou de la
volaille.

VINAIGRETTE
PRÉPARATION 5 MIN • PAS DE CUISSON

2 c. à s. d’huile d’olive • 2 c. à c. de vinaigre de cidre • 1 c. à c. de


moutarde de Dijon • sel

Dans un bol, mélangez l’huile, le vinaigre de cidre et la moutarde. Salez.

Pour accompagner vos salades vertes (aux noix), de betteraves, de tomates


(natures ou coupées en dés avec des morceaux de surimi sans gluten, de
melon et d’avocat), de pommes de terre (avec œufs durs et comté), des
carottes râpées, etc.

DESSERTS

COMPOTE DE POMMES

PRÉPARATION 10 MIN • CUISSON 20 MIN

6 pommes • 2 verres d’eau (environ 20 cl) • 60 g de sucre en


poudre • 2 gousses de vanille • cannelle moulue

Épluchez les pommes, coupez-les en quartiers et retirez les pépins. Faites


bouillir l’eau dans une casserole avec le sucre et les gousses de vanille
fendues et grattées.

Ajoutez les pommes et laissez cuire 20 minutes à feu doux. Vous pouvez
saupoudrer de cannelle (1 cuillerée à café). Servez ce dessert tiède,
accompagné de sablés dorés ou d’un gâteau de Savoie.
CRÊPES

PRÉPARATION 5 MIN • CUISSON 2 MIN PAR CRÊPE

Recette 1

100 g de farine de sarrasin • 25 cl d’eau

Dans un saladier, mélangez au fouet la farine et l’eau. Salez la pâte si vous


voulez savourer ces crêpes classiques façon galettes bretonnes, avec du
jambon, des œufs et du fromage râpé. Faites cuire les crêpes dans une
crêpière bien chaude préalablement graissée (avec de la margarine ou de
l’huile). Et ajoutez les garnitures de votre choix, salées ou sucrées.

Recette 2

50 g de farine de riz • 50 g de fécule de pomme de terre • 20 cl de


boisson végétale • 2 œufs

Dans un saladier, mélangez la farine et la fécule, ajoutez les œufs, puis


incorporez progressivement la boisson végétale.

Avec cette pâte, préparez des crêpes que vous faites cuire dans une crêpière
bien chaude légèrement graissée avec un peu de margarine ou d’huile.

FAR BRETON

PRÉPARATION 10 MIN • CUISSON 30 MIN

20 g de margarine • 1 paquet de pruneaux (ou d’abricots secs) •


100 g de farine de riz • 100 g de sucre en poudre • 2 œufs • 50 cl
de boisson végétale aux noisettes ou de lait de coco • 2 c. à s. de
rhum (facultatif) • 1 c. à c. d’extrait de vanille

Préchauffez le four à 200 °C. Badigeonnez de margarine le fond et les bords


d’un plat rectangulaire dans lequel vous répartissez les pruneaux ou les
abricots secs.

Préparez la pâte en mélangeant dans un saladier la farine et le sucre, puis


ajoutez successivement les œufs et la boisson végétale (ou le lait de coco).
Parfumez éventuellement avec 2 cuillerées à soupe de rhum. Ajoutez enfin
l’extrait de vanille.

Versez cette pâte sur les pruneaux et enfournez pour 30 minutes.

GÂTEAU AUX POMMES

PRÉPARATION 15 MIN • CUISSON 20 MIN

80 g de farine de riz • 100 g de sucre en poudre + 1 c. à s. pour le


moule • 3 œufs • 100 g de margarine • 1 c. à c. d’extrait de vanille
• 1 pincée de bicarbonate de sodium • 1 c. à c. de vinaigre de
cidre • 3 pommes • un peu d’huile pour le moule

Préchauffez le four à 200 °C. Dans un saladier, mélangez la farine, le sucre


et les jaunes des œufs (réservez les blancs), puis incorporez la margarine
que vous aurez fait fondre au préalable. Ajoutez l’extrait de vanille, le
bicarbonate de sodium et le vinaigre de cidre.

Montez les blancs d’œufs en neige ferme, avant de les incorporer à la


préparation précédente.
Découpez les pommes en dés ou en tranches. Vous pouvez garder la peau si
elles n’ont pas été traitées ou si elles sont d’origine bio ; sinon, épluchez-
les.

Versez l’ensemble dans un moule à gâteau graissé, après avoir saupoudré le


fond avec le sucre restant. Ajoutez les morceaux de pomme en surface,
joliment disposés en rosace, et faites cuire 20 minutes au four.

GÂTEAU DE SAVOIE

PRÉPARATION 15 MIN • CUISSON 30 MIN

4 œufs • 120 g de sucre en poudre • 60 g de farine de sarrasin •


60 g de fécule de pomme de terre • 1 c. à c. d’extrait de vanille •
1 pincée de bicarbonate de sodium • vinaigre de cidre • un peu de
farine et de margarine pour le moule (ou du papier de cuisson)

Cassez les œufs et séparez les blancs des jaunes. Montez les blancs en neige
ferme, au batteur électrique, tout en incorporant progressivement le sucre.

Préchauffez le four à 180 °C. Mélangez avec une cuillère en bois les blancs
en neige et les jaunes d’œufs, puis incorporez la farine et la fécule de
pomme de terre. Ajoutez l’extrait de vanille, le bicarbonate et quelques
gouttes de vinaigre de cidre.

Versez la préparation dans un moule à savarin graissé et fariné au préalable


ou juste tapissé de papier sulfurisé pour un démoulage facile.

Enfournez pour 30 minutes. Laissez refroidir, saupoudrez de sucre glace et


dégustez avec une belle coupe de compote ou une tasse de café !

MOUSSE AU CHOCOLAT EXPRESS


PRÉPARATION 15 MIN + REPOS AU MOINS 2 H • PAS DE CUISSON

1 tablette de chocolat à dessert (200 g) • 6 œufs • sel

Dans un bol en verre, faites fondre le chocolat 1 à 2 minutes au micro-ondes


avec 4 cuillerées à soupe d’eau froide.

Cassez les œufs et séparez les blancs des jaunes. Ajoutez 1 pincée de sel sur
les blancs avant de les monter en neige ferme au batteur électrique.

Versez le chocolat fondu sur les jaunes et mélangez vivement à la


fourchette.

Avec une spatule, incorporez délicatement les blancs en neige au mélange


au chocolat. Répartissez la mousse dans 6 ramequins ou dans 6 coupes.
Laissez 3 à 4 heures au réfrigérateur. C’est bon à savourer !

PITHIVIERS

PRÉPARATION 5 MIN • CUISSON 30 MIN

200 g d’amandes en poudre • 160 g de sucre en poudre • 2 c. à s.


de farine de riz • 5 œufs • 130 g de margarine végétale • 100 g de
sucre glace • ½ citron

Préchauffez le four à 200 °C.

Mélangez dans un récipient les amandes en poudre, le sucre, la farine,


4 œufs et le jaune du cinquième (réservez le blanc pour le glaçage), puis la
margarine fondue.
Tapissez de papier sulfurisé le fond d’un moule à manqué. Versez la pâte et
enfournez pour 30 minutes. Laissez le gâteau refroidir avant de le démouler.

Réalisez un glaçage en battant pendant 5 minutes le sucre glace, le blanc du


cinquième œuf et le jus du demi-citron. Quand le gâteau est parfaitement
refroidi, étalez le glaçage à la spatule.

Variantes Vous pouvez ajouter quelques fruits confits sur le


glaçage ou réaliser un décor en chocolat : faites fondre 50 g
de chocolat au micro-ondes avant d’en remplir un cornet en
papier sulfurisé (à partir d’un triangle rectangle que vous
roulez avant de découper l’extrémité du cornet), puis tracez
une spirale en chocolat en partant du centre. Avec un
couteau, tirez six traits du centre vers l’extérieur et six en
sens inverse (de l’extérieur vers le centre).

MOUSSE AUX FRUITS

PRÉPARATION 15 MIN • PAS DE CUISSON

250 g de fruits (myrtilles, framboises, fraises, groseilles, abricots,


etc.) • 50 g de sucre glace • 2 blancs d’œufs • sel

Gardez quelques fruits pour la décoration et mixez le reste avec la moitié du


sucre. Passez-les au chinois pour retirer les graines si nécessaire.

Montez les blancs des œufs en neige avec une pincée de sel. Ajoutez le
sucre restant en continuant de fouetter.

Mélangez la purée de fruits avec les blancs en neige. Répartissez dans des
verrines et réservez au réfrigérateur jusqu’au moment de déguster.
POMMES AU FOUR

PRÉPARATION 10 MIN • CUISSON 20 MIN

4 pommes • confiture • eau

Évidez le cœur des pommes avec un vide-pomme. Disposez-les dans un


plat en verre et piquez-les avec une fourchette pour qu’ils n’éclatent pas à la
cuisson.

Remplissez-les de confiture, versez quelques cuillerées à soupe d’eau au


fond du plat et faites cuire 10 minutes au micro-ondes ou 20 minutes dans
un four traditionnel préchauffé à 180 °C.

POIRES AU CHOCOLAT

PRÉPARATION 20 MIN • CUISSON 20 MIN

250 g de sucre en poudre • 4 poires mûres • ½ citron • 100 g de


chocolat pâtissier • 1 noisette de margarine

Faites fondre le sucre dans 1 litre d’eau, puis faites bouillir le sirop obtenu
afin d’y faire pocher les poires.

Pelez les poires en gardant la queue, frottez-les avec le jus du demi-citron,


puis plongez-les dans le sirop.

Portez le sirop à ébullition, puis laissez mijoter environ 20 minutes, jusqu’à


ce que les fruits soient tendres. Égouttez-les et laissez-les refroidir.

Juste avant de servir, faites fondre le chocolat dans une casserole avec
2 cuillerées à soupe d’eau et la margarine. Napper les poires froides de cette
sauce chaude et servez sans attendre.
TARTES AUX FRUITS DE SAISON

Pâte à tarte

PRÉPARATION 20 MIN EN MOYENNE

180 g de farine (riz, châtaigne, sarrasin, etc.) • 50 g de noisettes


ou d’amandes en poudre • 1 œuf • 1 pincée de sel • 5 c. à s.
d’huile + un peu d’huile pour le moule • 5 c. à s. d’eau

Mélangez dans un saladier la farine, les noisettes ou les amandes en poudre,


l’œuf et le sel. Remuez, puis incorporez l’huile et l’eau.

Pétrissez la pâte pour former une boule, entourez-la d’un film alimentaire et
réservez 20 minutes au frais.

Étalez la pâte au rouleau sur le plan fariné pour former un disque. Piquez-la
avec une fourchette. Enroulez-la autour du rouleau et déposez-la dans un
moule à tarte huilé, face piquée contre le fond du moule. Pressez le rouleau
sur les bords du moule pour couper la pâte qui dépasse, puis pincez tout le
tour avec les doigts pour faire une jolie bordure. S’il vous reste assez de
pâte, faites une tartelette sur le même modèle.

Conseil Attention, les températures de cuisson varient selon


les tartes ! Et la cuisson peut se faire à blanc, donc sans la
garniture, ou avec cette dernière.

Tarte aux pommes


Préchauffez le four à 180 °C. Versez 200 g de compote sur le fond de tarte.
Découpez 4 pommes (reinette, golden, gala ou red delicious) en quartiers
fins (sans les peler si elles sont bio). Disposez ces quartiers en rosace sur la
compote, puis saupoudrez de sucre. Enfournez et laissez cuire 45 minutes.

Tarte à la frangipane

Préchauffez le four à 180 °C. Mélangez au fouet 100 g de margarine en


pommade avec 2 œufs, puis incorporez successivement 200 g d’amandes en
poudre et 200 g de sucre. Étalez cette crème sur le fond de tarte sablée.
Enfournez et laissez cuire 30 minutes.

Tarte au flan

Préchauffez le four à 180 °C. Répartissez de la crème pâtissière (nature ou


parfumée au citron ou au chocolat – recette p. 180) sur le fond de pâte
sablée et enfournez pour 40 minutes.

Tarte aux fruits, façon pâtissière

Préchauffez le four à 180 °C. Répartissez de la crème pâtissière nature


(recette p. 180) sur le fond de tarte, décorez avec des fruits de saison
(abricots, mûres, mirabelles, poires, rhubarbe), saupoudrez de sucre complet
et enfournez pour 40 minutes.

Tarte aux fraises

Préchauffez le four à 200 °C. Faites cuire le fond de pâte à blanc pendant
20 minutes. Étalez de la crème pâtissière (recette p. 180) sur le fond de pâte
refroidi, puis disposez les fraises dessus. Gardez la tarte au frais jusqu’au
moment de servir.

Tarte aux myrtilles


Procédez comme pour la tarte aux fraises. Une fois que vous avez garni le
fond de pâte avec de la crème pâtissière (recette ci-dessous) et les myrtilles,
faites cuire la tarte 10 minutes à dans le four 180 °C. Laissez-la refroidir
complètement avant de la réserver au réfrigérateur.

CRÈME PÂTISSIÈRE

PRÉPARATION 5 MIN • CUISSON 5 MIN

100 g de sucre • 4 jaunes d’œufs • 50 cl de boisson végétale •


50 g de farine de riz • 1 gousse de vanille, ou 1 c. à c. de cacao,
ou le jus de 1 citron non traité pour aromatiser la crème

Dans un saladier, mélangez au fouet le sucre et les jaunes d’œufs. Ajoutez


un peu de boisson végétale, puis incorporez la farine et les graines de la
gousse de vanille (ou le cacao, ou le jus de citron). Mélangez le tout à la
spatule. Portez à ébullition le reste de la boisson végétale, dans une
casserole à fond épais, puis ajoutez progressivement la préparation aux
œufs. Laissez cuire quelques minutes pour que la crème épaississe, en
remuant sans cesse avec une cuillère en bois. Versez la crème dans un
récipient, couvrez d’un film alimentaire, laissez refroidir complètement puis
réservez au réfrigérateur.

SORBETS ET GLACES

Sorbet aux fruits

PRÉPARATION 15 MIN + CONGÉLATION

500 g de fruits mûrs (fraises, melons, pêches, poires, abricots,


mûres, framboises ou oranges) • 100 g de sucre en poudre •
½ citron • 1 blanc d’œuf

Coupez (et épluchez au besoin) les fruits en morceaux dans un saladier et


réduisez-les en purée (pour les oranges, contentez-vous de les presser pour
en extraire le jus). Ajoutez le sucre, le jus de citron et ½ verre d’eau, puis
mixez encore.

Montez le blanc d’œuf en neige. Incorporez-le délicatement à la purée ou au


jus de fruit, puis versez le mélange dans un bac. Laissez prendre au
congélateur en mélangeant toutes les 30 minutes à la fourchette.

Glace vanille

PRÉPARATION 15 MIN + CONGÉLATION • CUISSON 10 MIN

50 cl de boisson végétale • 80 g de sucre en poudre • 1 gousse de


vanille • 2 jaunes d’œufs.

Faites bouillir la boisson végétale avec la gousse de vanille fendue en deux.


Laissez infuser 10 minutes, puis ajoutez le sucre et les jaunes d’œufs.
Mélangez puis versez le tout dans un bac à glace. Laissez prendre au
congélateur en mélangeant toutes les 30 minutes à la fourchette.

Sorbet au café

PRÉPARATION 5 MIN + CONGÉLATION • CUISSON 5 MIN

80 g de sucre en poudre • 1 c. à c. d’extrait de vanille • 2 tasses


de café corsé.

Faites bouillir 50 cl d’eau avec le sucre. Laissez le mélange refroidir avant


d’ajouter l’extrait de vanille et le café, puis versez le tout dans un bac.
Laissez prendre au congélateur en mélangeant toutes les 30 minutes à la
fourchette.

Sorbet au caramel

PRÉPARATION 15 MIN + CONGÉLATION • CUISSON 5 MIN

80 g de sucre en poudre • sel • 1 c. à c. d’extrait de vanille

Dans une casserole, faites chauffer le sucre pendant 4 minutes à feu moyen,
avec 2 cuillerées à soupe d’eau. Versez le caramel obtenu dans un blender,
ajoutez 25 cl de litre d’eau, une pincée de sel et l’extrait de vanille. Mixez.
Versez dans un bac et laissez prendre au congélateur en mélangeant toutes
les 30 minutes à la fourchette.

Glace citron-coco

PRÉPARATION 10 MIN + CONGÉLATION • CUISSON 10 MIN

4 citrons• 100 g de sucre en poudre • 2 cl de lait de coco

Pressez les citrons pour récupérer le jus, que vous faites bouillir avec 50 cl
d’eau et le sucre. Laissez réduire 5 minutes pour obtenir un sirop. Réservez
20 minutes au réfrigérateur, puis incorporez le lait de coco. Versez dans un
bac et laissez prendre au congélateur en mélangeant toutes les 30 minutes à
la fourchette.

YAOURTS MAISON

PRÉPARATION 5 MIN • CUISSON 1 NUIT

1 litre de boisson végétale au soja • 1 yaourt nature du commerce


Mélangez au fouet, juste ce qu’il faut afin d’éviter la mousse en surface
(sinon, l’enlever à l’écumoire), la boisson végétale et le yaourt dans un
pichet gradué à bec verseur. Le yaourt participe à la fermentation : pour
votre premier essai, choisissez-le au lait de vache bio (ou une variante
végétale au soja si vous préférez). Pour les fois suivantes, vous pourrez
réutiliser jusqu’à une douzaine de fois un yaourt issu de votre propre
première fournée.

Au fond des pots, vous pouvez ajouter de la confiture ou, pour aromatiser
les yaourts, mélanger à votre liquide du chocolat fondu ou de la vanille.
Répartissez équitablement dans chaque pot à placer 12 heures dans la
yaourtière.

BISCUITS ET AUTRES DOUCEURS

BONBONS LA ROUROUTE

PRÉPARATION 15 MIN + REPOS 1 H • CUISSON 15 MIN

100 g de margarine végétale (sortez-la à l’avance du réfrigérateur


pour qu’elle ait une consistance « pommade ») • 100 g de sucre
glace • sel • 2 pincées de bicarbonate de sodium • 200 g d’arrow-
root • 1 œuf (+ 1 jaune pour dorer la pâte – facultatif) • un peu de
farine sans gluten pour le plan de travail

Préchauffez le four à 200 °C. Mélangez dans un récipient la margarine, le


sucre, 1 pincée de sel, le bicarbonate de sodium, la fécule et 1 œuf entier.
Formez une boule et réservez 1 heure au réfrigérateur.
Sur le plan de travail légèrement fariné (farine sans gluten), abaissez la pâte
à 1 cm de hauteur – si elle colle, ajoutez un peu de farine. Découpez des
biscuits ronds de 4 à 5 cm de diamètre à l’aide d’emporte-pièce.

Vous pouvez dorer ces biscuits en les badigeonnant du jaune d’œuf restant,
étalé au pinceau.

LANGUES DE CHAT

PRÉPARATION 15 MIN • CUISSON 10 MIN

60 g de margarine végétale (sortez-la à l’avance du réfrigérateur


pour qu’elle ait une consistance « pommade ») • 60 g de sucre en
poudre • 1 pincée de fleur de sel • 2 œufs • 70 g de farine de riz

Préchauffez le four à 180 °C. Mélangez la margarine pommade avec le


sucre, puis incorporez la fleur de sel, les œufs et la farine.

Sur du papier sulfurisé, formez des langues de chat et faites-les cuire


10 minutes au four.

MUFFINS FRAMBOISES-BANANE

PRÉPARATION 5 MIN • CUISSON 12 MIN

1 banane • 2 œufs • 14 framboises

Écrasez la banane dans un bol et ajoutez les œufs battus en omelette.


Mélangez bien la préparation.

Disposez les framboises au fond des moules à muffins, versez la pâte à la


banane dessus et faites cuire 12 minutes au micro-ondes.
MADELEINES AU CŒUR DE CHOCOLAT

PRÉPARATION 10 MIN • CUISSON 10 MIN

200 g de chocolat pâtissier • 40 g de margarine végétale • 2 œufs


• 30 g de sucre en poudre • 40 g de farine de châtaigne • 1 pincée
de bicarbonate de sodium • 1 c. à c. de vinaigre de cidre

Préchauffez le four à 220 °C. Cassez le chocolat en morceaux et réservez


quelques carrés.

Mettez le chocolat et la margarine dans un récipient en verre pour les faire


fondre 2 minutes au micro-ondes (en mélangeant toutes les 30 secondes).
Incorporez ensuite les œufs, le sucre, la farine, le bicarbonate de sodium et
le vinaigre.

Répartissez la pâte dans les moules à madeleines. Ajoutez un carreau de


chocolat au centre de chaque madeleine et enfournez pour 10 minutes.

ROCHERS AU CHOCOLAT

PRÉPARATION 10 MIN • CUISSON 2 MIN

200 g de chocolat pâtissier • 1 c. à s. de margarine végétale •


16 noisettes entières • noisettes concassées (ou noix de coco
râpée)

Cassez le chocolat en morceaux et mettez-le dans un récipient en verre,


avec la margarine. Faites fondre le tout 2 minutes au micro-ondes, en
sortant la préparation toutes les 30 secondes pour la remuer. Laissez-la
refroidir à température ambiante, puis mettez-la 15 minutes au réfrigérateur
pour la faire raffermir.
Formez des boules entre les paumes de vos mains, puis introduisez une
noisette dans chaque rocher avant de les rouler dans les noisettes concassées
(ou dans la noix de coco râpée). Placez les rochers au frais. Servez-les avec
un café pour conclure un repas de fête.

ROSES DES SABLES

PRÉPARATION 15 MIN • CUISSON 10 MIN

1 tablette de chocolat pâtissier • 60 g de margarine végétale •


200 g de pétales de céréales sans gluten (maïs, sarrasin, quinoa)

Dans un saladier en verre, faites fondre au micro-ondes le chocolat en


morceaux avec la margarine. Incorporez les pétales de céréales en les
remuant délicatement pour bien les enrober, sans les briser.

Sur une feuille de papier aluminium, formez des roses et placez-les 1 heure
au réfrigérateur avant de les déguster.

TRUFFES AU CHOCOLAT

PRÉPARATION 10 MIN + REPOS 4 H • CUISSON 2 MIN

200 g de chocolat pâtissier • 2 c. à c. de boisson végétale aux


noisettes • 2 jaunes d’œufs • 75 g de margarine végétale • cacao
en poudre

Cassez le chocolat en morceaux et mettez-le dans un saladier en verre avec


la boisson végétale, puis faites fondre le tout au micro-ondes pendant
2 minutes, en sortant la préparation toutes les 30 secondes pour la remuer.
Quand le mélange est fondu, incorporez les jaunes d’œufs.
Ajoutez la margarine en travaillant le mélange à la fourchette. Laissez
refroidir 4 heures, puis façonnez la pâte en truffes que vous roulez dans le
cacao pour bien les enrober.

BOISSONS RÉCONFORTANTES

CHOCOLAT CHAUD

CUISSON 10 MIN

• 75 cl d’eau ou de boisson végétale aux noisettes • 1 sachet de


sucre vanillé • 1 pincée de cannelle moulue • 100 g de chocolat
pâtissier • 2 c. à s. de cacao en poudre

Faites chauffer la boisson végétale ou l’eau avec le sucre vanillé et la


cannelle. Quand la préparation commence à bouillir, incorporez le chocolat
et le cacao. Mélangez au fouet et servez dans des mugs.

BOISSONS VÉGÉTALES NOISETTES OU AMANDES

Avec des amandes en poudre

PRÉPARATION 10 MIN • CUISSON 10 MIN

100 g d’amandes en poudre

Mélangez dans une casserole les amandes en poudre et 1 litre d’eau froide,
puis portez à ébullition et laissez frémir 10 minutes. Filtrez le mélange dans
une passoire à mailles fines ou dans un filtre à café réutilisable. Vous
pouvez réutiliser le résidu des amandes en poudre pour confectionner des
biscuits.

Avec des amandes entières

PRÉPARATION 10 MIN + TREMPAGE 1 NUIT

100 g d’amandes

Faites tremper les amandes dans de l’eau toute une nuit. Le lendemain,
égouttez les amandes et jetez l’eau de trempage. Dans le blender, mixez les
amandes avec 1 litre d’eau froide. Filtrez le mélange dans une passoire à
mailles fines ou dans un filtre à café réutilisable. Stocké dans une bouteille
en verre, ce lait conserve toutes les qualités nutritionnelles des amandes.

BAvec des noisettes entières

PRÉPARATION 10 MIN + TREMPAGE 1 NUIT

100 g de noisettes

Faites tremper les noisettes dans de l’eau toute une nuit. Le lendemain,
égouttez les noisettes et jetez l’eau de trempage. Dans le blender, mettez les
noisettes avec 1 litre d’eau froide, puis mixez. Filtrez dans une passoire à
mailles fines ou dans un filtre à café réutilisable. Stockée dans une bouteille
en verre, cette boisson conserve toutes les qualités nutritionnelles des
noisettes.

Conseil Vous pouvez utiliser le résidu des amandes ou des


noisettes pour préparer des biscuits ou une pâte sablée.
SMOOTHIE BANANE-CHOCOLAT

PRÉPARATION 5 MIN • PAS DE CUISSON

1 banane • 1 barre de chocolat • 25 cl d’eau

Mixez la banane coupée en morceaux avec le chocolat fondu et l’eau, pour


obtenir une boisson épaisse et mousseuse. Dégustez sans attendre.

SMOOTHIE FRAISES-BANANES

PRÉPARATION 5 MIN • PAS DE CUISSON

2 oranges • 500 g de fraises • 2 bananes • 4 glaçons

Pressez les oranges pour obtenir l’équivalent de 2 verres de jus.

Mixez les fraises et les bananes (pelées et coupées en tronçons) avec le jus
d’orange et les glaçons. Servez dans des grands verres et dégustez sans
attendre.

SMOOTHIE AUX FRAISES

PRÉPARATION 5 MIN • PAS DE CUISSON

1 citron • 400 g de fraises • 1 c. à s. de sucre en poudre • 50 cl de


boisson végétale • 6 glaçons

Pressez le jus du citron. Mixez les fraises avec le sucre, le jus du citron, la
boisson végétale et les glaçons. Servez dans des grands verres et dégustez
sans attendre.

SMOOTHIE AGRUMES-BANANES
PRÉPARATION 5 MIN • PAS DE CUISSON

1 kg de clémentines de Corse • 2 citrons de Menton • 2 bananes


de Guadeloupe ou de Martinique

Pressez les citrons et les clémentines. Mixez le jus obtenu avec les bananes
pelées et découpées en tronçons. Répartissez dans des verres et dégustez
sans attendre.

VIN CHAUD

PRÉPARATION 5 MIN + INFUSION 15 MIN • CUISSON 5 MIN

6 oranges (bio, car on utilise l’écorce pour parfumer le vin) • 1 l de


vin rouge • 100 g de sucre en poudre • 2 bâtons de cannelle •
2 clous de girofle • 2 étoiles d’anis (badiane)

Rincez et séchez les oranges, pressez en deux et coupez la troisième en


rondelles.

Versez le vin dans une casserole, ajoutez le jus d’orange et le sucre, puis
portez à ébullition. Ajoutez les bâtons de cannelle cassés en morceaux, les
clous de girofle et l’anis étoilé.

Couvrez, puis laissez infuser 15 minutes. Répartissez les rondelles d’orange


dans les verres et versez le vin chaud par-dessus. À la vôtre !
INDEX
DES RECETTES

Béchamel
Blanquette de veau
Boissons végétales noisettes ou amandes
Bonbons la rouroute

Chocolat chaud
Compote de pommes
Couscous au quinoa
Crème pâtissière
Crêpes
Croque-monsieur

Escalopes de dinde panées

Far breton
Filets de loup aux agrumes

Gâteau aux pommes


Gâteau de Savoie
Gigot d’agneau aux flageolets
Gnocchis
Gratin dauphinois

Hamburger

Langues de chat
Lentilles aux lardons
Madeleines au cœur de chocolat
Mayonnaise
Moules marinières
Mousse au chocolat express
Mousse aux fruits
Muffins framboises-banane

Omelette

Pain à la farine de châtaigne


Pâte à tartiner
Pâtes à la bolognaise
Pithiviers
Pizzas maison
Poires au chocolat
Pommes au four
Porc aux champignons noirs
Poulet rôti aux pommes de terre
Purée de pommes de terre
Purée d’oléagineux
Purée (ou velouté) de pois cassés

Quiche

Ratatouille
Rochers au chocolat
Roses des sables

Sauce hollandaise
Smoothie agrumes-bananes
Smoothie aux fraises
Smoothie banane-chocolat
Smoothie fraises-bananes
Sorbets et glaces

Tartes aux fruits de saison


Tartiflette
Tomates farcies
Truffes au chocolat

Velouté de champignons
Velouté de tomates au basilic
Vinaigrette
Vin chaud

Yaourts maison
TABLE DES
RECETTES BONUS

Accédez à de nombreuses autres recettes


pour diversifier vos menus : soupes, plats,
gâteaux et spécialités régionales sucrées
pour les fans de pâtisserie et les gourmands,
ainsi que des plats de fêtes.

Soupes

1. Soupe de betteraves
2. Soupe aux pois chiches

Plats

3. Côtes de veau aux pommes


4. Hachis parmentier
5. Lapin à la moutarde
6. Lasagnes à la bolognaise
7. Poêlée de champignons aux châtaignes
8. Spaghettis à la carbonara
9. Noix de Saint-Jacques à la vanille

Desserts
10. Beignets nature
11. Beignets aux pommes
12. Cake marbré
13. Clafoutis aux fruits
14. Crème dessert avocat-cacao
15. Financiers
16. Financier aux fruits rouges
17. Fondant au chocolat
18. Gâteau à la courge
19. Gâteau à la vanille
20. Moelleux aux amandes

Douceurs

21. Cannelés
22. Chouquettes
23. Cookies
24. Galette franc-comtoise
25. Macarons chocolat-noisette
26. Moelleux à la noix de coco

Plats de fête

27. Velouté aux cèpes et foie gras


28. Velouté de châtaignes aux Saint-Jacques
29. Escargots à la bourguignonne
30. Chapon aux légumes rôtis
31. Volaille aux morilles
32. Tagliatelle aux truffes
33. Bûche au chocolat
34. Galette des rois 100 % frangipane
35. Galette des rois aux pommes
36. Marquise glacée au chocolat
REMERCIEMENTS

É
crire un livre, c’est toute une histoire. Canelle, ma canaille qui me
soutient dans l’exercice solitaire de l’écrivain comme de la
journaliste et m’oblige heureusement à prendre l’air souvent,
pourrait en témoigner. Avoir un chien, ça aide. Pas seulement les
journalistes branchés à leur clavier d’ordinateur ou stylo à la main, mais
aussi les gens qui ne veulent pas perdre le lien avec la nature. Quand j’étais
petite, j’avais reçu en cadeau (et à ma demande) une machine à écrire – un
jouet, aurait déclaré un adulte en période de fêtes. Mais je remplissais déjà
en cachette des pages et des pages de cahiers en m’imaginant qu’écrire des
livres devait être un métier impossible, puis je regardais ma bibliothèque
remplie d’aventures de Fantômette, d’histoires illustrées publiées chez Walt
Disney, d’ouvrages sur les océans, des volumes reliés en cuir rouge de
l’encyclopédie Tout l’univers, etc.

Je ne rêvais pas encore de faire médecine ni de devenir journaliste


scientifique, je contemplais le globe terrestre lumineux comme la lune de
nuit posée sur mon bureau, et je rêvais de voyages… J’ai grandi, voyagé,
écrit. Un livre, c’est un voyage qui ne se fait jamais seul et qui est le fruit
d’une longue histoire, même s’il n’est pas un récit, mais le recueil
d’innombrables rencontres avec des êtres humains et des lieux : ici et là,
d’abord les gens de ma région natale, à Belfort en Franche-Comté, ma
famille, mes amis surtout, que je remercie de m’avoir encouragée à ne
jamais abandonner l’écriture, mes collègues scientifiques ou journalistes
qui, dans l’ombre et la discrétion, m’ont accompagnée depuis tant d’années
pour mieux mettre en lumière ce parcours de combattant des « malades »
qui finissent par ne plus l’être, lorsque les gens sont soignés par la
médecine – et l’alimentation ! – comme ils le méritent. La vie, c’est en
jouir, faire des choix individuels, en couple, professionnels, familiaux, sans
jamais négliger la santé. Et la sante, c’est se faire plaisir : bien manger, bien
bouger, bien travailler, bien rire, bien dormir.

J’ai eu la chance de travailler avec une équipe sympathique qui a mis le


turbo, l’audace et la simplicité au service de cette nouvelle histoire : mon
éditrice Liza Faja, ma « co-équipière » rédactionnelle Marie-Pierre Garro et
les personnes qui ont réalisé la maquette et la couverture de ce livre. Je
remercie donc les professionnels des éditions Leduc.s pour cette volonté de
participer à une vraie sensibilisation du grand public sur les questions de
santé. J’ai enfin une pensée émue et une admiration sincère pour les
médecins et les patients qui m’ont écrit courageusement sur un plan plus
personnel après la publication de mon premier ouvrage sur la thyroïde
(même si je n’ai pas toujours pu répondre à tous), pour les journalistes aussi
– ils ont été quelques-uns – et toutes les personnes qui œuvrent chaque jour
pour garder les Français en bonne santé et heureux. Merci !
TABLE
DES MATIÈRES
Introduction

PARTIE 1

Chapitre I. Ma découverte de l’hypothyroïdie

Plus d’une décennie pour être diagnostiquée


Le système immunitaire au banc des accusés
Malade d’Hashimoto !
Les autres causes d’hypothyroïdie

Chapitre II. La thyroïde, comment ça marche ?

Une petite glande en forme de papillon


Tout commence dans l’utérus
Son rôle : la production de T3, T4 mais aussi de calcitonine
Le secret des T
T3, l’hormone active, et T4, la forme de réserve
La TRH au sommet
La TSH, simple messagère de l’hypophyse
Les acteurs clés de la synthèse naturelle
L’iode
La thyroglobuline
La thyroperoxydase (TPO) et l’iodothyronine désiodase (DIO2)
Le sélénium
Les protéines de transport : globuline et albumine

Chapitre III. Pourquoi penser à l’hypothyroïdie ?

Tout le monde potentiellement concerné


Les femmes un peu plus touchées que les hommes ?
Des perturbations pour tous
Non à l’errance diagnostique
Les signes qui peuvent vous alerter
La fatigue (pour ne pas dire l’épuisement)
Le cou qui change d’aspect
Une prise de poids importante
Faire le point avec son médecin
Bien décrire ses symptômes
Doser TSH, T3 et T4
Les examens complémentaires
Mon expérience personnelle

Chapitre IV. Du côté des traitements

Le traitement classique : un apport de T4


La lévothyroxine, traitement libérateur ?
Effets secondaires et précautions d’emploi
Retour sur l’« affaire Lévothyrox® »
Et les génériques ?
Le changement, toujours difficile à supporter
Comprendre l’ajustement des dosages
T3, la voie de la révolution ?
L’association de T4 et T3 de synthèse : Euthyral®
Euthyral®, ma « béquille invisible »

Chapitre V. Apprendre du passé, lointain ou proche

Une connaissance ancienne


Au fil des dessins
On cherche à comprendre
Un détour par les guerres napoléoniennes
Découverte de l’hyperthyroïdie… et des effets de l’iode
Passage par la chirurgie pour comprendre la thyroïde
De nouveaux progrès
Tchernobyl, Fukushima : les nuages radioactifs ?
De la nécessité du changement

Chapitre VI. Et si on changeait notre alimentation ?

« Tu es ce que tu manges »
Attention à l’iode et aux aliments « goitrogènes »
Fuir le gluten
Une pensée pour les personnes atteints de maladie cœliaque
Guérie par l’assiette
Arrêt complet du gluten
Du fromage, mais seulement bien affiné
Patience et douceur

Chapitre VII. Mes derniers conseils

Lisez et informez-vous !
Cherchez l’équilibre…
Parlez !

PARTIE 2

Chapitre VIII. 2 semaines de menus

Semaine 1
Jour 1 : lundi
Jour 2 : mardi
Jour 3 : mercredi
Jour 4 : jeudi
Jour 5 : vendredi
Jour 6 : samedi
Jour 7 : dimanche
Semaine 2
Jour 1 : lundi
Jour 2 : mardi
Jour 3 : mercredi
Jour 4 : jeudi
Jour 5 : vendredi
Jour 6 : samedi
Jour 7 : dimanche

Chapitre IX. Recettes

Pour le petit-déjeuner
Pain à la farine de châtaigne
Pâte à tartiner
Purée d’oléagineux
Soupes
Velouté de tomates au basilic
Velouté de champignons
Plats
Blanquette de veau
Couscous au quinoa
Croque-monsieur
Escalopes de dinde panées
Filets de loup aux agrumes
Gigot d’agneau aux flageolets
Gnocchis
Gratin dauphinois
Hamburger
Lentilles aux lardons
Moules marinières
Porc aux champignons noirs
Omelette
Pâtes à la bolognaise
Poulet rôti aux pommes de terre
Pizzas maison
Quiche
Tartiflette
Tomates farcies
Accompagnements
Purée (ou velouté) de pois cassés
Purée de pommes de terre
Ratatouille
Sauces
Béchamel
Mayonnaise
Sauce hollandaise
Vinaigrette
Desserts
Compote de pommes
Crêpes
Far breton
Gâteau aux pommes
Gâteau de Savoie
Mousse au chocolat express
Pithiviers
Mousse aux fruits
Pommes au four
Poires au chocolat
Tartes aux fruits de saison
Crème pâtissière
Sorbets et glaces
Yaourts maison
Biscuits et autres douceurs
Bonbons la rouroute
Langues de chat
Muffins framboises-banane
Madeleines au cœur de chocolat
Rochers au chocolat
Roses des sables
Truffes au chocolat
Boissons réconfortantes
Chocolat chaud
boissons végétales noisettes ou amandes
Smoothie banane-chocolat
Smoothie fraises-bananes
Smoothie aux fraises
Smoothie agrumes-bananes
Vin chaud

Index des recettes


Table des recettes bonus

Remerciements
Des livres pour mieux vivre !

Merci d’avoir lu ce livre, nous espérons qu’il vous a plu.

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