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Sommaire

Préface

Introduction

Partie 1 : Qu’est-ce que la thyroïde ?


Anatomie Physiologie
L’hyperthyroïdie
L’hypothyroïdie
L’hypothyroïdie néonatale
Maladies endocriniennes auto-immunes
Nodules de la thyroïde
Cancer de la thyroïde
Dysthyroïdie et grossesse
Amiodarone et dysthyroïdie
Spécificité de l’enfant et de l’adolescent

Partie 2 : Les traitements


Traitements de l’hyperthyroïdie
Traitement substitutif de l’hypothyroïdie
Traitement chirurgical

Partie 3 : Bien vivre avec son traitement


La maladie est un message
Art thérapie
Apprendre à maîtriser son stress
Stimuler votre mémoire
Rôle des associations

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Partie 4 : Témoignages

Lexique

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DU MÊME AUTEUR

Bien vivre sans surrénales


Coaching diabète (livre + DVD)
Enfants précoces, enfants hors normes ?
Adultes surdoués : cadeau ou fardeau ?
Revivre après un cancer du sein (avec le Dr Patrick Tubiana)
Diabète et grossesse (avec le Dr Patrick Tubiana)

DANS LA MÊME COLLECTION

L’anxiété,
vaincre ses peurs, soucis et obsessions au quotidien
Dr Elie Hantouche

Ces pulsions qui nous dominent


Dr Ladislas Kiss

La Femme initiatrice dans la relation amoureuse


Catherine Delorme

Guide de la communication sensorielle


Olivia des Moutis

Insomnie quand tu nous tiens. Une méthode pour enfin dormir


Dr Michel Dib

Migraine ou céphalée ? En finir avec les maux de tête


Dr Michel Dib

Pilules de 3e génération. La santé des femmes en danger


Dr Marie-Claude Benattar

Votre cerveau en pleine forme. La méthode Brain Up


Association Brain Up

ISBN : 978-2-813-21201-6
© Editions J.Lyon, 2013

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Préface

L’histoire de la médecine, depuis Hippocrate jusqu’à nos jours, a toujours fait état de la
possibilité d’un lien plus ou moins étroit dans le temps entre troubles psycho-affectifs et
troubles somatiques ou fonctionnels en rapport avec certains événements de la vie,
stress, deuil, naissance, traumatisme, séparation, etc. Peu de chercheurs et de praticiens
scientifiques ont la sensibilité intellectuelle et le savoir nécessaires pour se risquer à jeter
des ponts entre le corps et l’esprit. Certains travaillent sur psychisme et immunité,
d’autres sur événements de vie et troubles somatiques ou sur troubles de la personnalité
et somatisation.

L’objet de cet ouvrage est double, d’une part de faire l’état des lieux de la recherche
scientifique sur la réalité des troubles psychosomatiques et d’autre part de proposer un
autre modèle intégratif bio-psycho-social pouvant expliquer les fondements de la réalité
des phénomènes « psychosomatiques ».

Dans cet ouvrage sur les pathologies thyroïdiennes, nous pensons, comme le docteur
Valérie Foussier, que l’avenir de la médecine curative et de la médecine préventive aurait
tout intérêt à mieux comprendre la genèse des maladies « ordinaires », tout comme celles
réputées psychosomatiques, sous l’angle d’une vision intégrative du fonctionnement du
corps et du psychisme. En effet, si les projections neuro-anatomiques du corps au niveau
du cortex cérébral est bien connue (somatotopie), les thérapies psychocorporelles et les
médecines traditionnelles, elles, ne sont que peu prise en compte par la médecine
scientifique. La connaissance précise du schéma corporel et de la symbolique des
organes et des tissus représente certainement un pont déterminant entre la représentation
mentale et la localisation somatique des liaisons ou des dysfonctions organiques,
tissulaires et humorales chez les malades dits psychosomatiques dont on connaît bien,
par la psychanalyse, la difficulté à mentaliser leurs affects et leurs conflits réels ou
fantasmatiques.

Cependant, explorer cet axe de recherche bio-psycho médicale demande un savoir


transversal. S’il existe un pont biologique entre psychisme et somatique, il faudrait
certainement plus s’intéresser aux rapports fins pouvant exister entre le système nerveux
central, le système de régulation hormonale et surtout le système nerveux dit
« autonome » qui infiltre, tel un maillage, tous les tissus et les organes de l’organisme
dont l’hyperfonctionnement ou l’hypofonctionnement participerait probablement à
modifier la perfusion et la croissance des organes ou des tissus. La bonne connaissance
et la reconnaissance de la balance et des dérèglements aigus et chroniques des systèmes

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nerveux « autonomes » parasympathique et sympathique est certainement le chaînon
manquant pour la bonne compréhension des phénomènes psychosomatiques et de
nombreuses maladies. Ainsi, le système nerveux autonome est-il resté totalement en
friche jusqu’à nos jours.
Délaissement profondément pernicieux à l’origine de tous les clivages transdisciplinaires
médicaux et de biens d’errements thérapeutiques.

Docteur Ladislas KISS, psychiatre


auteur de Ces pulsions qui nous dominent,
paru chez le même éditeur.

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Remerciements

A Vanessa KUS, une amie qui apporte par sa disponibilité et sa technique de Reiki, un
soulagement immédiat dans bien de mes souffrances ainsi que celles de mes patients.
A Sophie GILLOT, qui m’a invitée à écrire ce livre.
A Jean-Marc THILLOIS, un chirurgien humain spécialisé dans la chirurgie
endocrinienne avec qui j’ai grand plaisir à travailler.
A Çetin ODOBASI, un ami qui a su sonder et rhabiller mon âme, par ses profondes
discussions.

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Introduction

Prise de poids Perte de poids Fatigue Libido au ralenti


Palpitations Irritabilité Dépression.

La thyroïde vous dis-je ! Pas toujours !

L’hyperthyroïdie* se présente parfois par des troubles cardiaques conduisant à une


fausse piste. De vieilles rumeurs poussent à chercher une hypothyroïdie lorsque l’on
prend beaucoup de poids ou bien que l’on a du mal à le perdre. Lorsqu’il existe un
nodule thyroïdien, tout le problème réside dans le doute que ce soit la présentation d’un
cancer. La symptomatologie d’un patient peut faire hésiter entre une hyperthyroïdie ou
une hypothyroïdie* et l’une peut conduire à l’autre. Les dosages hormonaux
actuellement performants en font la différence. Parfois ils peuvent être déroutants. Ne
pas hésiter à les refaire. C’est le fruit d’une réflexion et de résultats de dosages qui
permet de faire un diagnostic précis.
Les maladies de la thyroïde avec toutes ses couleurs ont une influence sur la vie sociale
et nécessitent des traitements qu’il faut apprendre à maîtriser selon l’âge de survenue, à
la naissance, chez une jeune femme en âge de procréer ou bien au cours du troisième
âge. Comment vivre normalement sans thyroïde ?

Ce livre s’adresse aux médecins traitants qui sont de plus en plus confrontés à une
question relative à la pathologie thyroïdienne. Ils sont souvent en première ligne pour
prendre en charge ces pathologies à différentes étapes. L’avènement d’Internet fait que
les patients arrivent avec leur propre diagnostic « Docteur, si c’était la thyroïde ? ».
Quelques conseils pour prendre en charge ces pathologies, pour dépister les vices
thyroïdiens induits par les médicaments et avoir la bonne attitude face à un nodule
thyroïdien.
Ce livre est aussi et avant tout destiné à ceux qui sont atteints de maladie de la thyroïde
et veulent en savoir un peu plus sur la physiologie, le traitement, les origines de leur mal,
ou qui cherchent à retrouver leur état antérieur et même mieux ou quiconque
s’intéressant aux personnes atteintes de maladie de la thyroïde. Les prises en charge ne
sont pas toutes consensuelles. On a les mêmes cartes, mais chacun a ses règles du jeu ce
qui explique les divergences de traitement.

Les mots avec astérisque sont repris dans le lexique.

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1.
Qu’est-ce que
la thyroïde ?

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Anatomie-Physiologie

Anatomie
La thyroïde est une glande située à la face antérieure du cou, en avant de la trachée. Elle
est composée de deux lobes reliés par un isthme. Son poids est d’environ 20-30 g, sa
consistance souple élastique, sa couleur rougeâtre. Son volume est variable selon
l’apport en iode. Elle est vascularisée principalement par les artères thyroïdiennes
supérieures, moyennes et inférieures. Deux organes nobles sont dans son cercle : le nerf
laryngé récurrent et les glandes parathyroïdes. Le nerf récurrent est responsable de la
mobilité des cordes vocales. Les parathyroïdes sont responsables de la régulation du taux
de calcium dans le sang.

La thyroïde est responsable de la sécrétion des hormones thyroïdiennes. Le contrôle de la


sécrétion des hormones thyroïdiennes se fait par une hormone, la TSH, sécrétée par
l’hypophyse située à la base du crâne.

Physiologie-Physiopathologie
Les cellules thyroïdiennes sécrètent les hormones thyroïdiennes sous formes de tri-
iodothyronine (T3) et tétra-iodothyronine (T4) libérées de la thyroglobuline (protéine
vectrice) par une action enzymatique. L’iode est indispensable à la biosynthèse des

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hormones thyroïdiennes de même qu’une enzyme clé, la thyroperoxydase (TPO), qui
permet l’organification de l’iode. Les besoins en iode sont évalués entre 100-150 µg par
jour et jusqu’à 300 µg chez la femme enceinte. Il est fourni dans notre alimentation dans
les poissons, crustacés, sels de cuisine, laitage. L’iode subit un recyclage interne. La
pénétration de l’iode dans la cellule thyroïdienne s’effectue grâce à un transporteur, le
NIS (symporteur sodium iodure) contre un gradient de concentration. L’iode est 20 à 40
fois plus riche dans la thyroïde que le sang. Seule la T3 est l’hormone active. Elle résulte
d’une synthèse propre à 20 % et à de la transformation de T4 en T3 par une enzyme, la
désiodase dans 80 % cas. Il existe différents types de désiodases dans l’organisme, selon
l’organe, système nerveux central hypophyse, placenta, tissus cutané, tissus adipeux,
muscles. La T3 exerce son action via des récepteurs situés dans le noyau des cellules.

Les hormones thyroïdiennes sont sous le rétrocontrôle de la TSH, une hormone


hypophysaire, elle-même sous le contrôle de la TRH, hormone hypothalamique. Lorsque
le taux des hormones thyroïdiennes diminue, le taux de TSH augmente. Lorsque le taux
des hormones thyroïdiennes augmente, le taux de TSH diminue. Une diminution de la
production de TSH se rencontre dans le traitement par corticoïdes ou dans les syndromes
de Cushing (excès de production de cortisol par les surrénales). Ceci explique les baisses
de TSH rencontrées dans les situations de gros stress. D’autres facteurs ont un effet
réducteur sur la TSH comme la somatostatine, la dopamine.

En pathologie, on peut rencontrer une anomalie à tous les maillons de la synthèse


hormonale. Carence en iode, déficit du transporteur de l’iode, anticorps dirigés contre
des enzymes clé, anomalie du récepteur hormonal, mutation responsable d’une perte de
fonction ou d’un excès de fonction.

Effets des hormones thyroïdiennes

Dès la 11ème semaine de gestation, la thyroïde fœtale est fonctionnelle. Avant les besoins
hormonaux indispensables pour le bon développement cérébral, la croissance et la
maturation fœtale sont assurés par la production maternelle et le transport placentaire.

Les hormones thyroïdiennes augmentent la consommation de tous les tissus et permet le


maintien de la température centrale. Elles ont tendance à diminuer le mauvais
cholestérol, à accroître la glycémie (taux de sucre dans le sang), la dégradation des
protéines au niveau musculaire et osseux. Elles accélèrent le pouls et augmente la
contractilité cardiaque.

Exploration biologique de la fonction thyroïdienne


L’hormone TSH est produite par les cellules thyréotropes* de l’hypophyse. Celles-ci
sont extrêmement sensibles au rétrocontrôle par les hormones thyroïdiennes au point que
les taux de TSH sont corrélés avec ceux de T4 circulants selon une courbe exponentielle.
Une réduction de la moitié de T4 libre, multiplie par 100 la concentration de TSH. La
TSH est donc beaucoup plus informative que la T4 libre. Elle constitue le paramètre le

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plus précieux pour l’appréciation de la fonction thyroïdienne, à demander en
1ère intention. Son utilisation exclusive présuppose toutefois l’intégralité de l’hypophyse.

Le dosage de TSH

Il occupe une place centrale dans les détections dans les dysfonctions thyroïdiennes. Les
valeurs normales de référence se situent selon les laboratoires entre 0.3-4.5 mUI/L. Ce
dosage peut cependant être influencé par de nombreux paramètres. Les concentrations de
TSH varient au cours du nycthémère et restent cependant stables.

Les dosages, réalisés sur sérum, représentent actuellement une bonne sensibilité et bonne
spécificité grâce à l’utilisation d’anticorps monoclonaux et l’amélioration des signaux de
détection. Les méthodes utilisées sont de plus en plus remplacées par les dosages
immunoradiométriques automatisés utilisant des traceurs enzymatiques ou luminescents.
Il est possible de les garder quelques jours à 4° et quelques mois à -20°. Il existe
cependant des causes d’interférences, défauts de spécificité, interférences dues à des
protéines de liaison, des anticorps comme le facteur rhumatoïde le plus fréquent. Pour
les patients hospitalisés, les valeurs normales se situent entre 0.1-10 mUI/L.

Le taux se situe entre 0,3 à 4.5 mUI/L pour les sujets non hospitalisés. La norme
supérieure varie en fonction de nombreux paramètres comme le BMI (body mass index)
ou IMC (indice de masse corporelle), la présence d’anticorps anti TPO, le diabète,
l’hypertension, le taux de lipides et les facteurs de risques cardio-vasculaires. Pour les
patients hospitalisés, on accepte les valeurs normales plus larges entre 0,1 et 5 mUI/L.

Chez les femmes enceintes, au 1re trimestre de grossesse, le taux de TSH doit être
compris entre 0,1 et 2,5 mUI/L. Une diminution transitoire du taux de TSH peut être
observée chez 20 % des femmes sans auto-immunité thyroïdienne connue. Ceci est
secondaire à la sécrétion de HCG et son activité stimulante sur les cellules thyroïdiennes.
Il faut rester critique devant les résultats rendus et les interpréter en fonction d’un
contexte. L’interrelation entre le clinicien et le biologiste est essentielle.

Indication du dosage de TSH

Ce dosage seul est suffisant pour affirmer une hyperthyroïdie ou une hypothyroïdie
d’origine primitive thyroïdienne en présence d’un goitre simple, d’un nodule thyroïdien
isolé. Il permet d’apprécier l’équilibre du traitement aussi bien pour l’hyperthyroïdie que
l’hypothyroïdie. Il permet de dépister les dysfonctions thyroïdiennes chez le nouveau-né
par le dépistage systématique sur papier buvard à la naissance, lors la prise de certains
médicaments, amiodarone, carbonate de lithium, l’interféron, chez les patients
hospitalisés pour une maladie sévère.

On préconise un dosage tous les 5 ans à partir de 35 ans et plus fréquemment chez les
patients à risque de dysfonction thyroïdienne. On aura recourt au dosage de T4 libre et
T3 libre lorsque le taux de TSH est anormal, soit trop élevé soit trop bas. La surveillance
annuelle du taux de TSH est aussi recommandée chez les patients qui ont bénéficié d’un
traitement radio isotopique pour hyperthyroïdie et chez les sujets porteurs d’anticorps

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antithyroïdiens. Je recommande le dépistage chez toute femme ayant un désir de
grossesse car l’hypothyroïdie est présente chez 3 % des femmes enceintes et cette
situation peut être préjudiciable au développement intellectuel de l’enfant.
L’hyperthyroïdie est plus rare mais a aussi ses conséquences.

Dosages des hormones thyroïdiennes

Leur concentration est un bon reflet de la production thyroïdienne. Elles circulent sous
forme libre (LT4) et sous forme liée aux protéines. Le dosage de T3 libre est demandé
seulement en cas de diagnostic d’une hyperthyroïdie.
La LT4 est produite en totalité par la glande thyroïde. Sa concentration est un excellent
reflet de la production thyroïdienne. La T4 circule dans le sang sous forme libre 0,02 %
et liée aux protéines vectrices. La L-Tri-iodothyronine, T3, est l’hormone la plus active.
La majorité de la T3 circulante provient de la désodiation de la T4 transformée alors en
T3. Les dosages des formes libres ont supplanté ceux des hormones totales tributaires
des modifications de concentration ou d’affinité des protéines de transport (comme la
grossesse, traitement œstrogénique ou insuffisance rénale). Ces dosages sont
actuellement automatisés, mais rencontrent des problèmes méthodologiques persistants
lors de la grossesse ou l’insuffisance rénale.

Recherche de la présence d’anticorps antithyroïdiens

Les principaux antigènes thyroïdiens sont constitués par la thyroperoxydase (TPO), la


thyroglobuline (TG), le récepteur de la TSH (TRAK) et le transporteur d’iode. Ils sont
susceptibles d’induire la formation d’auto-anticorps lors de maladie auto-immune.
Les anti TPO sont généralement des immunoglobulines G dont les taux sont couramment
liés à l’abondance de l’infiltrat lymphocytaire thyroïdien. Ils sont observés dans les
maladies d’Hashimoto* à titre très élevé, mais aussi dans d’autres pathologies auto-
immunes telles que la maladie de Basedow*, thyroïdite du post-partum ou la thyroïdite
auto-immune asymptomatique.

Les anticorps antithyroglobulines apparaissent plus tardivement. Leur recherche ne doit


pas être systématique. Les anticorps anti-récepteurs se lient aux récepteurs de la TSH
présents à la surface des cellules thyroïdiennes. La majorité de ces anticorps se comporte
comme des anticorps stimulants et constitue un marqueur diagnostic et pronostic de la
maladie de Basedow. Dans de rares situations, ils ont une activité bloquante responsable
d’une hypothyroïdie avec hypotrophie de la glande. Cela explique les difficultés
thérapeutiques rencontrées chez certains patients qui oscillent entre l’hypo et
l’hyperthyroïdie sans comprendre. Leur recherche est très importante lorsque la femme
est enceinte ou a un projet imminent de grossesse car ils passent la barrière fœto-
maternelle et peuvent provoquer la maladie chez le fœtus.

Les anticorps anti thyroglobuline sont détectés principalement dans la maladie de


Hashimoto ou chez les patients ayant eu un cancer de la thyroïde.

Imagerie thyroïdienne

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L’exploration par l’imagerie est en fait assez consensuelle. L’échographie doppler reste
l’examen de choix. La prescription de la scintigraphie est sujette à de plus large
discussion. L’échographie et la cytologie sont la procédure de choix pour le diagnostic
du cancer, alors que la scintigraphie reste le test de référence dans le diagnostic des
hypersécrétions.

Echographie de la thyroïde

Les techniques en échographie qui utilise les ultrasons ont beaucoup progressé et
permettent maintenant de visualiser des nodules de la taille de 2 mm. C’est devenu un
examen de référence dans l’exploration de la thyroïde, dans la recherche de nodules ou
dans la mesure de la taille de la thyroïde. Demandée sans orientation clinique, elle peut
générer des situations inconfortables par la découverte de micronodules qui devront par
la suite être surveillés.
L’échographie thyroïdienne fournit une image en coupe, présentée en niveau de gris
d’autant mieux résolue qu’on utilise des sondes de hautes fréquences (10 MHz à
15 MHz). L’examen doit être couplé à une étude doppler qui permet de donner deux
informations, la vascularisation thyroïdienne et les flux sanguins. Certains signes
échographiques peuvent orienter vers la bénignité ou la malignité.

Le parenchyme normal est homogène et échogène. Les lobes sont bien délimités en
périphérie par une fine capsule d’aspect hyperéchogène. Les contours de la glande sont
réguliers hormis l’encoche physiologique du paquet vasculo-nerveux thyroïdien inférieur
visible à la face postérieure du lobe. Les mensurations normales des lobes sont de l’ordre
de 45 à 50 mm de longueur et de 15 à 18 de largeur. Le volume est estimé entre 16 ml
chez la femme et 18 ml chez l’homme. Un compte-rendu de qualité rapporte les
éléments suivants : la taille et le volume des lobes, l’épaisseur de l’isthme, les contours
et les structures de la glande. En cas de nodule supérieur à 10 mm, il faut préciser leur
nombre, leur taille, leur écho-structure (mixte, solide, liquide), leur échogénicité (iso,
hypo, hyper, hétérogène), leur contour et leur vascularisation. Les nodules paraissant
suspect doivent être signalés en vue d’une cytoponction. En cas de goitre, il faut préciser
le caractère plongeant et le retentissement trachéal. Un bon compte-rendu échographique
donne un schéma topographique des nodules indexés.

On distingue quatre profils de vascularisation. Nodules peu ou pas vascularisés, type 1.


Vascularisation périphérique, type 2. Vascularisation mixte périphérique et centrale,
type 3. Vascularisation centrale, type 4. Les vitesses circulatoires sont habituellement
mesurées sur les artères thyroïdiennes supérieures ou inférieures. Depuis peu, on peut
également mesurer la déformation du nodule par élastométrie ultrasonore. Le résultat est
donné en 4 classes. Nodule mou classe 1, nodule anélastique classe 4. Une dureté élevée
est associée à un risque plus élevé de cancer.

L’échographie thyroïdienne est indiquée dans l’exploration diagnostique initiale du


nodule thyroïdien et des goitres. Elle permet un inventaire nodulaire précis souvent
supérieur à la palpation et permet de fournir des éléments de présomption de malignité.
Attention, elle est aussi anxiogène chez certains patients qui s’inquiètent d’une image
sans gravité. Elle peut être couplée à la cytoponction. Cet examen à l’aiguille fine est
pratiqué lorsqu’un nodule est supérieur à 1 cm, guidée par l’échographie. Ce geste est

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plus informatif lorsqu’il est effectué par une personne entrainée. Il arrive qu’il soit non
informatif avec la présence de cellules du sang et qu’il doive être refait.

Scintigraphie

Cet examen consiste à injecter par voie intra veineuse un produit radio actif, isotope du
technétium ou de l’iode qui se fixe préférentiellement dans la thyroïde. Le patient est
allongé sur le dos. Une gamma caméra placé au-dessus du cou détecte les rayonnements
émis par le produit radio actif.

Dans certaines situations, la scintigraphie, à l’iode 123 le plus souvent, est


complémentaire de l’échographie. Elle apprécie le volume fonctionnel de la thyroïde et
est indiqué lorsque le taux de TSH est bas, pour rechercher une étiologie à une
hyperthyroïdie. Elle est indiquée dans la surveillance des cancers, ou en néonatologie
pour visualiser des thyroïdes ectopiques. Elle permet de calculer la dose d’iode 131,
lorsque le traitement par radio iode est envisagé, dans les cancers ou dans les
hyperthyroïdies.

Développée depuis les années 1950, la scintigraphie a connu une période test de
référence. Cette méthode reproductible permet d’identifier le caractère fonctionnel ou
non de la thyroïde, en fonction du pourcentage de fixation du traceur. La scintigraphie
doit être réalisée avec une caméra à scintillation équipée d’un collimateur garantissant
une résolution de 6 mm. La dose absorbée par la thyroïde est d’environ de 14 mGy. La
seule contre-indication de la scintigraphie thyroïdienne reste la grossesse évolutive et
l’allaitement.

L’exposition des sujets est négligeable, la radioactivité a presque totalement disparu


entre 12h et 24h. La fixation de l’iode est habituellement mesurée avec une sonde qui
détermine l’activité spécifique au niveau de la thyroïde. La fixation est un nombre en
pourcentage de 0 à 100 et correspond à une mesure biologique. La fixation globale
dépend du taux de la TSH et du caractère plus ou moins fonctionnel du tissu imagé et du
statut iodé. Les normes de fixation ont une grande variance et doivent être interprétées
en fonction du taux de TSH. Pour un taux de TSH normal, on trouve plus ou moins 6 %
à 120 min à Paris. Si la TSH est effondrée, la fixation physiologique est inférieure à 2 %.
La scintigraphie permet de diagnostiquer des hyper sécrétions autonomes ou liée à des
maladies auto-immunes telle que la maladie de Basedow, de fournir une classification
étiologique utile pour guider la thérapeutique ou indiquer un éventuel traitement par iode
131 à viser réductrice ou antitoxique.

Avec les progrès de l’imagerie, on découvre des nodules dans de nouvelles


circonstances : lors d’un examen de TEP par exemple, prescrit dans le cadre de la
surveillance d’un cancer. On identifie une fixation du traceur 18 SDG dans une zone de
la thyroïde. Certains nodules thyroïdiens fixent le 18 SDG. Une fixation focale peut
aussi évoquer une lésion maligne secondaire et peut bénéficier d’une cytologie écho
guidée.

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Pathologies
Les maladies de la thyroïde se regroupent principalement en 2 groupes :

• Dysfonctions thyroïdiennes
o Hyperthyroïdie, dont la maladie de Basedow d’origine auto-immune
o Hypothyroïdies, en tête la maladie de Hashimoto d’origine auto-immune

• Nodules thyroïdiens
o Nodules bénins pouvant être associés à une dysfonction de la thyroïde
o Nodules malins, ou cancer de la thyroïde, pouvant aussi être associés à une
dysfonction de la thyroïde.
Toutes ces différentes couleurs de la thyroïde sont détaillées dans les chapitres
spécifiques.

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L’hyperthyroïdie

On nomme hyperthyroïdie, l’excès de sécrétion d’hormones thyroïdiennes dans le sang.


L’hyperthyroïdie est responsable de signes cliniques dont la sévérité dépend de l’âge au
diagnostic et de l’importance du taux circulant d’hormones thyroïdiennes et de maladies
associés. La cause la plus fréquente est la maladie de Basedow*, maladie auto-immune,
secondaire à l’effet d’auto-anticorps sur la thyroïde.

Signes d’hyperthyroïdie
Elle se traduit par ces signes : tremblements, accélération du rythme cardiaque
(tachycardie), intolérance à l’effort, gène en présence d’une chaleur excessive
(thermophobie), amaigrissement, insomnie, grande fatigue. L’hyperthyroïdie est plus ou
moins sévère selon son ancienneté et la sensibilité personnelle. Les examens de
laboratoire mettent en évidence un abaissement de la TSH et une concentration élevée
d’hormones thyroïdiennes dans le sang.

Maladie de Basedow
Il s’agit d’une maladie auto-immunitaire liée à la présence d’anticorps circulants
capables de se coupler et d’activer le récepteur de TSH.
Elle touche 2 % des femmes en Europe avec un pic de fréquence entre 20 et 40 ans. Elle
est plus rare chez l’homme et souvent plus sévère.

Le corps humain se défend contre les infections par l’intervention des globules blancs,
lymphocytes et polynucléaires. Ils produisent tout un arsenal d’armes biologiques qui
détruisent les intrus. Une des armes appelée anticorps est produite par les lymphocytes.
Certains d’entre eux produisent des anticorps dirigés contre un ou plusieurs organes. On
les nomme auto-anticorps. A l’examen clinique, on retrouve un goitre* vasculaire. On a
l’impression que le cœur bat sous les doigts à la palpation du cou.

Orientation diagnostique

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Le taux de TRAK est élevé. Il s’y associe une atteinte oculaire souvent disgracieuse avec
un œdème des paupières, une exophtalmie, c’est-à-dire l’œil qui a tendance à sortir de
ses orbites, et parfois des atteintes des muscles orbitaires entraînant une mauvaise
coordination de ceux-ci et une vision double dans certains mouvements oculaires.
Cliniquement, elle est évidente dans 30 à 50 % des patients et détectable par l’imagerie
orbitaire chez près de 80 % d’entre eux.

Lorsque l’on a un doute diagnostic, la scintigraphie est l’examen de référence qui montre
une hyperfixation souvent précoce, et supérieure à 15 % à 120 min de façon inadaptée.
L’échographie thyroïdienne recherche surtout l’existence de nodule associé et apprécie la
taille du goitre. Elle est caractérisées par un aspect hyper vasculaire témoin de
hyperplasie fonctionnelle diffuse ou focale. La maladie de Basedow a un aspect très
évocateur à l’échographie doppler.

Traitement

Le traitement non codifié et la surveillance de l’hyperthyroïdie sont plus compliqués que


ceux de l’hypothyroïdie. Les antithyroïdiens de synthèse, Néomercazole® le plus
prescrit sont transitoires. Les doses sont adaptées tous les mois en fonction des résultats
du dosage de TSH et des habitudes des spécialistes. Lorsque l’hyperthyroïdie est sévère
ou que la patiente envisage une grossesse rapidement, on peut être amené à envisager
une ablation de la thyroïde et le traitement devient alors celui d’une hypothyroïdie.
Lorsque l’hyperthyroïdie se prolonge, un traitement radical est alors proposé sous forme
de radio iode ou d’ablation de la thyroïde. C’est une décision qui se prend avec le patient
et la situation clinique.

Autres causes d’hyperthyroïdie


Les autres causes sont les surcharges iodées (voir chapitre amiodarone), les adénomes
toxiques, les goitres multi nodulaires, les thyroïdites et autres causes plus rare. Le
diagnostic se fait en fonction des résultats de la scintigraphie essentiellement et de
l’absence de TRAK. Les hyperthyroïdies à fixation basse ou scintigraphie blanche, sont
des thyrotoxicoses factices, les thyroïdites subaiguës de De Quervain, ou thyroïdite
silencieuse. Ci-dessous un tableau récapitulatif avec les signes orientant vers une
étiologie donnée.

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Principales causes et éléments diagnostiques

Une complication particulière : la paralysie hypokaliémique


C’est une complication rare de l’hyperthyroïdie décrite plutôt chez l’homme d’origine
asiatique. L’hypokaliémie est une baisse de potassium sanguin, inférieure à 3.5 mmol/l,
responsable de troubles neuromusculaires pouvant entraîner des crampes et une perte de
fonction de tous les muscles ne pouvant plus se contracter jusqu’à une impression de
paralysie.

Mr M., 33 ans, est amené aux urgences pour une paralysie flasque des quatre
membres. Il est fébrile. L’examen neurologique objective un déficit moteur des quatre
membres. C’est le premier épisode. La biologie révèle une hypokaliémie* sévère à
1.8 mmol/l. L’électrocardiogramme dépiste les troubles du rythme. Il est traité par
potassium et retourne chez lui. Il revient 15 jours plus tard pour le même épisode. On
découvre alors en plus d’un taux de potassium à 1.5 mol/l, un taux de TSH effondré et
de T4l à 59 pmol/l. Toutes les étiologies de l’hyperthyroïdie peuvent être en cause. Il
s’agit d’une anomalie du transfert du potassium au sein du muscle squelettique. Le
traitement de son hyperthyroïdie l’a guéri de ces épisodes.

Hyperthyroïdies frustres ou infra clinique


On parle d’hyperthyroïdie infra clinique lorsque la TSH est en dessous de la limite
inférieure avec une T4 libre et T3 libre normales. Ces dosages sont à intégrer dans une
situation car ils peuvent être normaux dans un cas et anormaux dans un autre, ce qui
complique régulièrement la question.

20
Le taux de TSH est inférieur à la limite du dosage de référence (inférieure à 0,10 et
0,30 mUI/L selon les kits). Ceci conduit à une deuxième détermination six semaines plus
tard avec dosage des hormones thyroïdiennes. Les causes sont les mêmes que
l’hyperthyroïdie patente avec une prévalence plus élevée, de goitre nodulaire pré-toxique
et chez les personnes âgées. Il est important également de demander si le patient prend
un traitement par Lévothyrox® ou prise cachée d’hormones thyroïdiennes car un
surdosage abaisse la TSH. Un ajustement du traitement normalisera le taux de TSH.

Plusieurs études témoignent d’une altération ou de dérives du score des qualités de vie
chez les patients recevant un traitement frénateur par la thyroïde, sans signe réel de
thyrotoxicose. Le retentissement général est difficile à apprécier, les effets osseux sont
discutés et les effets cardio-vasculaires reconnus : augmentation de la fréquence
cardiaque avec extrasystole auriculaire et fibrillation, anomalie de contraction du muscle
cardiaque et augmentation de l’index de masse ventriculaire gauche. Le traitement des
hyperthyroïdies infra cliniques est à discuter en fonction d’une situation encore globale :
personnes âgées atteintes de pathologies cardiaques, femmes ménopausées, risque
d’évolution vers une hyperthyroïdie avérée. La prise en charge des hyperthyroïdies
frustres ou infra cliniques fait encore l’objet de discussion.

Grandes lignes de traitements (voir chapitre spécifique)


Les antithyroïdiens de synthèse (ATS) restent la pierre angulaire du traitement de
l’hyperthyroïdie suivie ou non d’un traitement radical, radio iode ou chirurgie. L’arrêt du
tabac doit être vivement conseillé.

Les antithyroïdiens de synthèse (ATS)

Les ATS sont prescrits en première intention pour obtenir l’euthyroïdie avant tout autre
traitement plus radical. Ils sont dans l’ensemble bien tolérés. Les effets secondaires
surviennent généralement au cours des trois premiers mois de traitement. Il existe une
réaction croisée entre les molécules disponibles de l’ordre de 60 %. Les effets toxiques
les plus fréquents sont la baisse des polynucléaires neutrophiles, des douleurs articulaires
et une éruption cutanée, une atteinte hépatique.

Baisse des globules blancs, polynucléaires neutrophiles

L’agranulocytose, taux très bas de polynucléaires neutrophiles, survient chez 0,2 à 0,5 %
des patients. Il s’agit d’un phénomène immuno-allergique de survenue brutale à évoquer
systématiquement en cas de fièvre ou d’infection. Les facteurs favorisant sont la dose
élevée et l’âge.
L’agranulocytose est définie par une concentration de polynucléaires neutrophile
inférieure à 500 par mm3. Elle peut imposer une hospitalisation immédiate et constitue
une contre-indication formelle à la reprise ultérieure à un traitement par ATS. C’est
important de différencier la neutropénie transitoire liée à l’hyperthyroïdie de l’effet
toxique. Pour des valeurs inférieures à 1500 par mm3, une surveillance étroites de la
numération formule sanguine est nécessaire et l’arrêt du traitement s’impose en dessous
1000 par mm3. Une surveillance de l’hémogramme ou numération formule sanguine est

21
recommandée en France tous les 15 jours pendant les trois premiers mois de traitement.
Cependant, un hémogramme normal n’exclut pas la survenue d’agranulocytose. En
pratique, il est à faire devant l’apparition d’une fièvre supérieure ou égale à 39°.

Atteintes rarissimes

Quelques hépatites avec une issue défavorable ont été décrites, le bilan thyroïdien doit
être contrôlé en cas d’altération de l’état général, d’ictère ou de selles décolorées. Les
vascularites s’observent surtout chez les asiatiques. La symptomatologie inclut des
arthrites, des ulcérations cutanées, une dysfonction rénale et des troubles respiratoires.
On observe en général une régression à l’arrêt du traitement, mais une corticothérapie à
forte dose peut être nécessaire.

Traitement radical

Le traitement par la radio iode est proposé dans les rechutes de maladie de Basedow,
dans les goitres multi nodulaires toxiques ou les adénomes toxiques. L’indication
chirurgicale est posée lors de récidives de maladies de Basedow ou de désir de grossesse,
ou de contre-indication à un traitement par le radio iode.
Le traitement par radio iode, prise unique d’une gélule, est un traitement non invasif,
efficace et bien toléré, et de plus en plus employé soit d’emblée soit en cas de récidive,
particulièrement utile chez le sujet âgé pour améliorer l’état général et éviter
l’intervention chirurgicale et l’exacerbation de l’hyperthyroïdie.

Prise de poids

Il faut signaler une prise de poids très régulièrement rapportée par les patients, en
moyenne 4 à 5 kg, secondaire à l’arrêt de la dépense énergétique attribuée pendant la
phase d’hyperthyroïdie, avec retour au poids physiologique. C’est donc un retour à la
normale et non une prise de poids anormale.

Traitement de l’ophtalmopathie dans la maladie de Basedow

La prise en charge de l’ophtalmopathie relève d’une approche multidisciplinaire. Des


consultations spécialisées ont été mises en place dans la plupart des centres. Le
traitement est le plus souvent symptomatique, larmes artificielles, pansements occlusifs
nocturnes lorsque les paupières n’arrivent plus à recouvrir la globalité de l’œil. Dans les
formes sévères, une corticothérapie, une radiothérapie, une chirurgie de décompression
orbitaire peut être nécessaire. A distance, on peut proposer une chirurgie à visée
esthétique.

22
L’hypothyroïdie

On appelle hypothyroïdie, le défaut de sécrétion d’hormones thyroïdiennes dans le sang.


L’hypothyroïdie est plus ou moins sévère en fonction de son ancienneté et de l’âge de
survenue. Les symptômes sont variés peu spécifiques et le diagnostic parfois difficile.
Longtemps asymptomatique, son installation est lente et insidieuse.

Signes d’hypothyroïdie
On peut les classer en signes généraux, cardiaques cutanéomuqueux, neuromusculaires,
ORL, gynécologiques et métabolique. Le diagnostic se pose sur le taux élevé de TSH.
Signes généraux : fatigue physique, intellectuelle et psychique
Signes cardiaques : pouls lent, trouble du rythme cardiaque par trouble de la conduction
atteinte du péricarde ou du muscle cardiaque, hypertension artérielle
Signes cutanéomuqueux : épaississement de la peau du visage et du cou, visage lunaire,
peau sèche, teint pâle cireux, chute de cheveux et ongles cassants
Signes neuromusculaires : ralentissement psychomoteur, troubles de la mémoire,
dépression, syndrome du canal carpien, crampes, fatigabilité musculaire, fourmillement
des extrémités
Signes ORL : grosse langue, voix rauque, ronflements, baisse de l’audition
Signes gynécologiques : troubles des règles, infertilité, fausses couches spontanée
Signes métaboliques : hyponatrémie*, hypercholestérolémie*, anémie*

Un piège, l’alcool avec son cortège de signes confondants, diminue le pic de sécrétion
nocturne de la TSH avec une diminution de la sécrétion de T4 libre, provoquant une
interférence avec une hypothyroïdie latente.

La méconnaissance d’une hypothyroïdie expose à l’athérome et à l’angor (angine de


poitrine). L’hypothyroïdie non traitée est un facteur de risque cardio-vasculaire, majoré
chez la femme ménopausée non traitée.

Ce panel de signes est d’intensité variée : franc, de faible intensité voire absent parfois.
Cela peut être à l’occasion d’un dépistage systématique que l’on découvre un taux de

23
TSH à 10 mUI/L.

Maladie d’Hashimoto, la plus fréquente


Il s’agit d’une maladie auto-immune fréquente, médiée par des auto-anticorps qui
infiltrent la thyroïde, comme dans la maladie de Basedow. Ces anticorps,
antithyroglobuline et anti thyroperoxydase, attaquent la glande thyroïde. Ils sont
responsables d’une destruction progressive. Ce même mécanisme peut se reproduire sur
d’autres glandes pouvant aussi être associées à d’autres maladies auto-immunes :
surrénales avec insuffisance surrénale, pancréas avec le diabète, ovaires avec ménopause
précoce, testicule avec insuffisance testiculaire.

L’échographie oriente le diagnostic mais ne permet aucunement de préjuger de l’état


fonctionnel de la glande : goitre* avec accentuation de la globulation et rétraction du
parenchyme prédominant à la face des lobes. Le parenchyme est globalement
hypoéchogène et contient des zones hyperplasiques, pseudo-nodulaire. La
vascularisation est augmentée de façon modérée et hétérogène. Le diagnostic entre
bosselure ou nodule peut être délicat du fait de ces modifications d’écho structure. Les
nodules de la maladie d’Hashimoto doivent être prélevés car la fréquence du cancer
serait augmentée.

L’hypothyroïdie est souvent définitive. Quelques rares cas de récupération, surtout au


moment de l’adolescence.

Autres causes d’hypothyroïdies


• Ablation de la thyroïde ou thyroïdectomie totale : hypothyroïdie définitive.
• Iode radioactif ou irradiation externe : hypothyroïdie définitive.
• Après une thyroïdite subaiguë : hypothyroïdie transitoire ou définitive.
• Après une thyroïdite du post-partum : hypothyroïdie transitoire ou définitive.
• Prise de médicaments : antithyroïdien de synthèse, amiodarone, lithium, interféron
alpha, chimiothérapie anti-angiogénique.
• Hypothyroïdie d’origine centrale due à une maladie hypophysaire, adénome ou
hypophysite. Attention, la TSH n’est pas ou peu augmentée.

Traitement médical des maladies de la thyroïde


Le médecin généraliste est souvent confronté dans ses pratiques professionnelles à ces
affections d’une grande fréquence. Le traitement est simple, un comprimé de
Lévothyrox® par jour, LT4. Le Lévothyrox® est le médicament de référence, sous forme
de comprimés allant de 25 à 200 µg. Les doses administrées varient suivant le degré de
l’hypothyroïdie, l’âge du patient et la tolérance. La surveillance est aussi simple. La dose

24
est ajustée selon les résultats du dosage de TSH, excellent marqueur d’équilibre
hormonal, de 1,2 à 2 µg/kg par jour, ce qui correspond à une dose journalière entre 100
et 125 microgrammes par jour le plus souvent. La dose adéquate est la dose qui permet
d’obtenir un taux de TSH compris entre 1.5 et 3 mUI/L. La LT4 a l’avantage d’avoir une
demi-vie longue. Il n’a pas été montré de bénéfice à associer de la LT3.

Après un cancer de la thyroïde

On utilise le traitement freinateur pour les cancers thyroïdiens différenciés afin d’obtenir
une TSH inférieure à 0,3 mUI/L pour les cancers à haut risque. Chez les patients en
rémission ou en faible risque de récidive, la TSH peut être mise dans les normes entre
0,3 à 2 mUI/L. Chez les patients non guéris, la TSH est à maintenir à une valeur en
permanence inférieure à 0,1 mUI/L en l’absence de contre-indication.

Patients à haut risques vasculaires

Lorsque l’hypothyroïdie est profonde, le traitement peut être débuté sous couvert de
bétabloquants pour améliorer la tolérance cardiaque. Une surveillance par
électrocardiogramme est nécessaire avec parfois une hospitalisation. L’objectif
thérapeutique est de maintenir une TSH entre 1 et 3 mUI/L.

Chez le sujet âgé

L’objectif thérapeutique est différent pour éviter tout risque d’hyperthyroïdie par
surdosage délétère : TSH entre 2-5 mUI/L, selon l’état général et les maladies associées.

Contexte évocateur de pathologie hypothalamohypophysaire

Le déficit thyréotrope, hypothyroïdie centrale, n’est pratiquement jamais isolé. Le


dosage de TSH normal ou discrètement élevé est peu informatif. C’est la diminution de
la T4 en regard d’une TSH inadaptée qui permet le diagnostic. Le traitement s’effectue
avec les mêmes précautions. L’objectif thérapeutique est de ramener la T4 dans la moitié
supérieure de la valeur normale. Ceci peut se traduire par un freinage de la TSH qui ne
doit pas, dans ce cas-là particulier, être interprété comme un signe de surdosage. C’est
effectivement un piège diagnostic.

Causes de TSH élevé ou abaissé sous traitement


La cause la plus fréquente d’augmentation de TSH est une non-observance du
traitement, un déséquilibre thérapeutique, une erreur de laboratoire. La baisse du taux de
TSH peut être secondaire à un surdosage.

Déséquilibre du traitement

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Le déséquilibre thérapeutique, reflété par un taux de TSH élevé, peut être lié à un
manque de compliance, par arrêt du traitement ou oublis fréquent, ou bien la prise de
médicaments modifiant l’absorption, à rechercher systématiquement (voir chapitre
traitement de l’hypothyroïdie).

Erreurs de laboratoire

L’erreur de laboratoire est à suspecter quand le résultat est illogique. Elle existe et est
non rare. C’est pour cela qu’il faut toujours interpréter le résultat en fonction du contexte
clinique.

Voici une anecdote vécue cette année. Sonia, très mal dans sa peau, me montre un
taux de TSH à 2 mUI/L, après 1 mois d’arrêt de son traitement par Lévothyrox® 200 µg
instauré après à une thyroïdectomie pour cancer de la thyroïde. Elle a arrêté par ras le
bol. Je suis extrêmement étonnée de ce résultat avec des signes cliniques plutôt franc
d’hypothyroïdie. Je contrôle immédiatement le dosage : > 150 mUI/L. Ce résultat est
maintenant cohérent avec la clinique. Je réexplique la nécessité de ce traitement.
Sonia a compris son importance.

Pièges diagnostiques

Des taux de TSH modérément élevé sont retrouvés au début d’un traitement par
amiodarone-Cordarone®, par Métoclopramide-Dompéridone®, lors d’une insuffisance
rénale terminale avec diminution de la clairance de la TSH, en cas d’insuffisance
surrénale non traitée, exposition au froid d’arctique. On retrouve aussi une élévation très
modérée du taux de la TSH dans l’insuffisance thyréotrope* avec un taux de
LT4 diminué, et dans les résistances aux hormones thyroïdiennes ou adénomes
thyréotropes avec un taux de LT4 augmenté.

TSH basse

Un piège à connaître, celui du traitement par Lévothyrox® de l’insuffisance thyréotrope.


L’erreur serait de baisser les doses. C’est une particularité thérapeutique à connaître.
C’est pour cette raison que la surveillance du taux de TSH dans cette pathologie, ne sert
à rien sauf à embrouiller.
On peut retrouver un taux bas de TSH au cours de maladies sévères non thyroïdiennes,
chez le sujet âgé, chez les patients traités par dopaminergique, ou par corticoïdes au long
cours ou atteints de syndrome de Cushing.

Hypothyroïdies frustres ou infra clinique


Les signes cliniques d’appel pouvant évoquer une hypothyroïdie sont si nombreux que le
praticien est souvent conduit à demander un dosage de TSH très facilement. On parle
d’hypothyroïdie infra clinique lorsque le taux de TSH est modérément élevé, inférieure à
20 mUI/L et celui de la T4 libre normale. Il s’agit d’une variante d’expression de
l’hypothyroïdie classique. L’hypothyroïdie infra clinique est importante, surtout chez la

26
femme et augmente avec l’âge. La TSH est généralement supérieure à 5 mUI/L. Cette
constatation doit conduire à une deuxième détermination à un ou deux mois après avec
un dosage de T4 libres et d’anticorps anti TPO et thyroglobuline. L’existence ou non
d’anticorps est importante pour la conduite à tenir ultérieure. Les conséquences possibles
d’une discrète hypothyroïdie sur l’état général, les fonctions cognitives, le métabolisme
sont difficiles à évaluer. Les conséquences sur le système cardio-vasculaire paraissent
bien réelles. Il a été rapporté une altération de la fonction du ventricule gauche au repos
et surtout à l’effort, probablement par anomalie de la composition myocardique,
anomalie de la relaxation myocardique. La tendance actuelle est de traiter dès que la
TSH est supérieure à 8.

Forme thérapeutique des hormones thyroïdiennes


Certains utilisent la LT3 et un combiné :

• Lévothyrox® : comprimés à 25 50 -75 100 125 150 175 200 µg.


• Lthyroxine solution à 5 µg par goutte
• Lthyroxine en poudre injectable à 200 µg par ml.
• Cynomel® Ltriiodothyromine ou LT3 : comprimés à 25 µg.
• Euthyral®, association LT4 et LT3 : comprimés de LT4 à 100 µg + LT3 à 20 µg.

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L’hypothyroïdie néonatale

L’incidence de l’hypothyroïdie est de 1/2500. Les causes les plus fréquentes sont une
anomalie anatomique de la glande, inexistante (athyréose) ou développée à un autre
endroit plus haut située (ectopie). Plus rarement il s’agit d’un défaut de la synthèse
hormonale. En période fœtale et néonatale, l’hypothyroïdie engage principalement le
pronostic neuro intellectuel et dans les formes profondes, elle est responsable de
défaillance cardio respiratoire. C’est pour cette raison qu’il existe un dépistage néonatal
systématique au 3ème jour de vie, dosage sur papier buvard de la TSH.

Apport iodé
L’iode est essentiel pour la fabrication des hormones thyroïdiennes responsables du
développement cérébral du fœtus. La T4 maternelle est la seule source d’hormones dont
dispose le fœtus jusqu’à 13 à 15 semaines d’aménorrhée, date du développement de la
thyroïde. Ensuite, l’iode maternel reste nécessaire à la synthèse d’hormones par la
thyroïde fœtale. Durant la grossesse, la synthèse d’hormones thyroïdiennes augmente et
les besoins en iode sont estimés à 150 µg par jour. La carence iodée est la principale
cause de déficit neurologique fœtale pouvant être prévenue. Un déficit sévère peut
entraîner goitre, hypothyroïdie, et retard mental. En cas d’allaitement, la mère doit avoir
un apport iodé d’au moins 250 µg par jour. Pour prévenir les complicatios de la carence
iodée, on recommande un apport iodé de 200 à 300 µg d’iode durant la grossesse et la
lactation. Pour dépister une carence iodée, l’iodurie des 24h est l’examen de référence et
le dosage maternel de TSH, de T4 libre pour évaluer le retentissement sur la fonction
thyroïdienne.

Hypothyroïdie néonatale sans goitre


Une anomalie anatomique de la glande explique l’absence de goitre. Le taux de TSH
élevé et de T4l effondré font le diagnostic d’hypothyroïdie. La scintigraphie permet de
distinguer une ectopie avec une fixation souvent linguale ou sublinguale, d’une
athyréose qui ne révèle aucune fixation (scintigraphie blanche). Plus rarement, il s’agit
d’une hypoplasie ou hémiagénésie. La fixation est alors plus petite ou unilatérale sur
glande en place. L’échographie complète souvent l’exploration.

28
Hypothyroïdie néonatale avec goitre
Le goitre fœtal correspond à des dimensions supérieures à 2 écarts types sur
l’échographie fœtale. Il s’accompagne souvent d’une déflexion de la tête et d’un
hydramnios, excès de liquide amniotique, avec un trouble de la synthèse hormonale soit
chez le fœtus soit chez la mère par prise d’antithyroïdiens de synthèse. Le diagnostic se
pose sur les dosages hormonaux du liquide amniotique ou du sang du cordon ombilical.
Selon l’importance du goitre, il existe des risques de détresse respiratoire. L’injection
intra amniotique de 150-200 µg de thyroxine permet de réduire le volume du goitre. A la
naissance, la scintigraphie ne montre pas de fixation ou une fixation réduite, en fonction
du niveau de l’anomalie de la synthèse hormonale.

Hypothyroïdie néonatale sans élévation de la TSH et sans goitre


Ce sont les hypothyroïdies d’origine hypothalamo-hypophysaire, non dépistées à la
naissance car le taux de TSH est normal ou bas. Souvent, il existe des signes orientant
vers une insuffisance antéhypophysaire comme un micro pénis et des testicules
ectopiques chez le garçon, une absence de reprise pondérale, des hypoglycémies.

Hypothyroïdie néonatale iatrogène


Il existe deux situations à rechercher : la prise d’antithyroïdiens de synthèse pendant la
grossesse et la surcharge iodée. La surcharge iodée peut se faire au moment de
l’accouchement par application cutanée de Bétadine® chez la mère ou sur le bébé ou par
la réalisation d’examens radiologiques chez le nouveau-né.

Traitement de l’hypothyroïdie
La L thyroxine en goutte est le traitement à administrer le plus tôt possible, à la dose de
6-10µg/Kg/j selon la sévérité de l’hypothyroïdie. Les doses sont ensuite ajustées au taux
de TSH, compris 0.5-2 mUI/L.

29
Maladies endocriniennes
auto-immunes

Certains patients développent une autre affection auto-immune. Généralement, il s’agit


d’une autre maladie endocrinienne. Les plus fréquentes touchent les surrénales avec une
insuffisance surrénale (lire Bien vire sans surrénales), les ovaires responsable d’une
insuffisance ovarienne prématurée ou ménopause précoce, le pancréas à l’origine d’un
diabète insulinodépendant de type I (lire Coaching diabète). La peau peut être atteinte,
sous forme d’un vitiligo, dépigmentation de la peau ou d’une pelade, chute des cheveux,
cils et sourcils. Plus rarement l’intolérance au gluten ou maladie cœliaque, l’atteinte
testiculaire, la polyarthrite rhumatoïde, la myasthénie, l’anémie de Biermer, le purpura
thrombopénique, et le syndrome sec peuvent s’associer.

Un tout petit nombre de patients développe une combinaison d’affections auto-immunes


que l’on appelle polyendocrinopathie auto-immune où l’on rencontre les insuffisances
parathyroïdiennes. Il semblerait qu’il existe parfois certaines familles ayant tendance à
développer des maladies auto-immunes. Il n’est pas rare de trouver au sein d’une même
famille allant de la grand-mère aux enfants diverses pathologies auto-immunes
associées.

Attention, la ménopause guette


Même si elle est plus fréquemment associée à une insuffisance surrénale, mon
expérience d’endocrinologue me fait insister particulièrement sur ce sujet, encore trop
souvent relégué aux oubliettes, mal considéré par certains de mes confrères. Oui, vous
serez gagnées par cette ménopause physiologique vers 52 ans ou avant. C’est une
différence fondamentale entre les hommes et les femmes et un motif d’incompréhension
par ignorance chez les hommes. En effet comment comprendre que subitement sa
partenaire le délaisse dans l’intimité alors que chez lui tout fonctionne à merveille ? Ce
changement brutal de comportement chez la partenaire est dû à l’arrêt progressif du
fonctionnement des ovaires qui ne sécrètent plus l’hormone du plaisir, l’hormone de
l’envie. Cependant, vous ne ressentez pas toutes les effets de la ménopause de la même
manière et certaines n’éprouvent pas le besoin d’être traitées. Par expérience, mesdames,
ce besoin change dès lors que je vous parle de ce sujet et que j’entre au cœur de vos vies.
Messieurs, vous ne saviez pas que les petits désagréments qu’elles ressentaient étaient à
rattacher à cette ménopause. Beaucoup changent d’avis après cette information.

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J’ai aussi rencontré des gynécologues très proches de leurs patientes qui les écoutent
longuement, les traitent longtemps dans le seul souci d’assurer leur qualité de vie.
N’oubliez pas que le traitement hormonal de la ménopause protège contre l’ostéoporose.
Ce traitement n’admet qu’une seule contre-indication absolue, les antécédents de cancer
du sein personnel (lire Revivre après un cancer du sein).

La ménopause prématurée survient avant l’âge moyen de 52 ans, généralement avant


45 ans. Elle peut faire suite à une cessation précoce d’activité des ovaires par destruction
auto-immune (ovarite) ou par ablation ou lésion chirurgicale des ovaires. Les signes de
ménopause sont variables d’une femme à l’autre. Vous vous sentez âgée avant l’âge avec
une baisse de votre rendement, de votre créativité. Vous pouvez vivre avec des postures
de morts vivants. Je préfère anticiper vos connaissances à ce sujet pour vous éviter
d’errer à cette période virage de vie. Voici quelques symptômes qui vous signalent une
ménopause. Vous avez des bouffées de chaleur, surtout la nuit. Elles vous obligent
souvent à jeter vos draps et couvertures par terre. Elles entraînent des troubles du
sommeil responsables d’une fatigue et de trouble de l’humeur le jour. Un rien vous
énerve. Cette fatigue est aggravée par un manque de tonus global, une impression de
vivre avec 10 ans de plus, une sensation fort désagréable d’être ralentie, avec
l’apparition de troubles de la mémoire, de douleurs diverses et variées. Vous vous
plaignez de rapports sexuels douloureux et parfois d’absence de libido. C’est plutôt votre
conjoint qui se plaint plus que vous de votre panne de libido car vous ne vous en rendrez
pas toujours compte. Vous pouvez aussi avoir d’autres signes qui vous sont propres et
que vous rapporterez à cette ménopause une fois que vous les aurez vus disparaître sous
traitement hormonal de la ménopause (THM). Et vos fantasmes amoureux reviendront
au galop ! Non traitée, elle entraîne un risque d’ostéoporose, une maladie grave du fait
de ses risques de fractures du col du fémur et des tassements fractures des vertèbres
altérant considérablement l’autonomie des patientes atteintes et la qualité de vie.

Petit truc
Je vous conseille vivement de vous informer sur le THM et de le prendre en dehors des
contre-indications.

Elise ne fait pas son âge, 72 ans, et a encore une activité débordante comparable à
une femme non retraitée, grâce à son traitement hormonal qu’elle poursuit depuis sa
ménopause survenue à 50 ans. Jalousée même pour son envie de toujours faire. Un
suivi par mammographie annuelle est cependant indispensable. Elle n’a jamais pris de
somnifères ni d’antidépresseurs, se porte comme un charme avec son dynamisme
étonnant.

Traitement des maladies associées

L’insuffisance surrénale

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L’Hydrocortisone® et le Flucortac® (la fludrocortisone) sont les composants du
traitement substitutif. L’hydrocortisone, comprimé de 10 mg, se répartit en deux ou trois
prises à la dose de 15 à 30 mg et s’adapte en fonction des évènements intercurrents
survenus au quotidien. Le Flucortac®, comprimé à 50µg se prend en une seule dose
quotidienne, parfois pris un jour sur deux, à la dose comprise entre 25 et 100 µg le plus
souvent.

Les troubles digestifs interfèrent avec la prise médicamenteuse. Protégez-vous des


situations à risques de vomissements, la plus difficile à tolérer car cela vous expose à la
déshydratation et à une décompensation par impossibilité à avaler les médicaments. Ayez
chez vous en permanence la forme injectable de l’Hydrocortisone*.

Le diabète

Le diabète se traite sous forme d’injections multiples d’insuline. Le schéma est aussi très
individuel selon les réactions de chacun à l’insuline. L’insuline peut être délivrée par un
stylo injecteur ou bien par une pompe à insuline. La surveillance glycémique s’effectue à
l’aide d’un lecteur plusieurs fois par jour.

L’insuffisance ovarienne ou testiculaire

Ce type de déficit a deux conséquences : la carence hormonale et l’infertilité. La carence


hormonale si elle n’est pas traitée expose à l’ostéoporose.
Chez la femme, le traitement est simple, une association œstroprogestative
type Climaston®, Activelle®, Kliogest®, Divina® ou gel associé à un progestatif en
comprimé selon l’âge de la patiente, le retentissement du traitement hormonal et
l’existence de facteur de risque vasculaire. La surveillance est essentiellement clinique,
tolérance mammaire et vaginale.

Chez l’homme, la testostérone est délivrée le plus souvent sous forme d’injection
mensuelle ou toutes les 3 semaines, Androtardyl® remboursée par la Sécurité sociale, ou
bien sous forme de patch ou gel non remboursé. Les comprimés de Pantestone® sont
beaucoup moins prescrits. La surveillance est essentiellement clinique et basée sur le
dosage de testostérone juste avant la prochaine injection.
L’induction de l’ovulation ou de la spermatogénèse en vue d’une paternité est plus
compliquée et fait appel à différentes techniques sophistiquées de PMA (procréation
médicalisée assistée). Le meilleur des traitements est d’informer sur une éventuelle
ménopause précoce et d’avancer son projet de grossesse. Ne pas attendre qu’il soit trop
tard.

Traitement non hormonal


La maladie de Biermer se traite par des injections quotidiennes de vitamine B12, la
maladie cœliaque par l’éviction du gluten, en partenariat avec les gastroentérologues.

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Le traitement de la polyarthrite rhumatoïde, dispensé par les rhumatologues, peut
nécessiter des traitements lourds par le Méthotrexate®, l’Enbrel ou les corticoïdes.
Le traitement de la myasthénie, orchestrée par les neurologues est basé sur les
anticholinestérasique (pyridostigmine – Mestinon® ou ambenonium – Mytelase®).

La pelade ou le vitiligo sont difficiles à traiter. Le port d’une prothèse capillaire, la pose
d’implant pour pallier à la calvitie, le Khôl pour refaire la ligne des sourcils et cils ne
suffisent pas toujours à enrayer les perturbations psychologiques qui en découlent. La
PUVA thérapie peut apporter une aide dans le vitiligo et n’exclut pas un soutien
psychologique lorsque le vitiligo est étendu.

Les thérapies complémentaires (voir chapitre gestion du stress)


La méditation, le yoga, le massage peuvent présenter des avantages. La relaxation peut
s’avérer être un moyen de gérer un trop plein de fatigue, une tension, une irritabilité
accumulée tout au long de la journée. Les ostéopathes, les kinésithérapeutes peuvent
réduire les douleurs musculaires et articulaires dont souffrent un certain nombre de
patients suite à toutes ces maladies associées. Le Reiki peut aussi diminuer ces douleurs
articulaires.

Le Reiki est une méthode de soins non conventionnelle, basée sur des soins dits
« énergétiques » par apposition des mains. L’un des buts du Reiki est de soulager les
souffrances, d’apporter un calme mental, une paix intérieure et un bien-être en général. Il
se fonderait sur le concept du Taoïsme chinois, ainsi que celui du Zen et des arts
martiaux japonais, « énergie universelle de vie ». Plusieurs de mes patients souffrant de
douleurs d’origines diverses ont été soulagés par cette méthode rapide et non invasive.
Certains ont vu disparaître totalement leurs douleurs, d’autres ont pu diminuer les doses
d’antalgiques ou pratiquer leur sport préféré ou reprendre une activité physique.

Exercice physique
Le sport vous aide à garder votre cœur, vos poumons en bonne santé et fortifie vos os et
vos muscles. Il vous permet de rester souple, même en vieillissant, de sorte que vous
profitez plus de la vie en atténuant l’âge mûr et même la vieillesse. La marche est une
excellente forme d’exercice, activité vivifiante. Des exercices plus soutenus peuvent
alors être aussi proposés. Marathon, compétition de sport d’endurance, alpinisme,
voyages dans les endroits reculés du monde sont tout à fait possibles. Cependant,
certains restent affalés sur leur canapé et se sentent épuisés après avoir enfilé leur tenue
de sport. Mais le fait d’avoir un traitement chronique ne vous empêche pas d’être une
personne athlétique, en pleine forme.
Cependant, cela signifie que vous devez planifier vos activités physiques avec soin afin
de vous assurer que le dosage de votre traitement est en adéquation avec les exigences
physiques particulières du sport et de l’activité de loisir que vous pratiquez.

33
Nodules de la thyroïde

On appelle nodule l’augmentation localisée du volume thyroïdien sous forme de petite


boule plus ferme. Dans la population, sa fréquence se situe entre 20 et 50 %,
particulièrement élevée chez les femmes de plus de 50 ans. Environ 5 à 10 % de ces
nodules seraient cancéreux.

Cytoponction à l’aiguille fine


Depuis les années 1970, la cytoponction est utilisée en pathologie thyroïdienne comme
moyen permettant de faire un tri entre les lésions bénignes à surveiller et les lésions
douteuses suspectes ou malignes à opérer. Il s’agit d’un véritable outil diagnostique avec
des conséquences thérapeutiques immédiates, qui permet de prélever des cellules dans
un nodule. Le produit de la ponction est étalé sur des lames de verre pour analyse au
microscope.
Le développement de la pratique de cet examen permet une meilleure sélection
préopératoire des patients à risque grâce à ce geste effectué par une personne entraînée.
Il est important de dédramatiser ce geste, de prendre son temps, d’informer et au besoin
de montrer cette aguille fine. Il s’agit d’un acte anodin avec, cependant, un risque
hémorragique minime mais accru chez les patients traités par anticoagulant ou
antiagrégant à rechercher systématiquement.

Les aiguilles utilisées sont des aiguilles fines de 25 à 27 Gauge. La ponction se fait
directement pour les nodules palpables à dominance solide, et guidée par une
échographie pour les plus postérieurs, mal palpables lorsqu’il est mesuré à l’échographie
supérieur à 10 mm. La cytologie écho guidée ne s’impose au-dessous de 10 mm que
dans les situations à haut risque.

Les complications sont rares, quelques malaises vagaux ont été décrits et des hématomes
après le geste. Les résultats doivent être interprétés par des pathologistes expérimentés
en cytopathologie et maîtrisant les critères d’identification dans les pathologies
thyroïdiennes. L’expression des résultats comporte 4 catégories diagnostiques : cytologie
non significative à refaire, bénigne, douteuse ou suspecte, maligne.

34
Les prélèvements sont dits non significatifs lorsqu’il ramène peu de cellules, comportant
un contexte hématique marqué. Une nouvelle cytoponction doit alors être réalisée entre 3
à 6 mois.

Catégorie bénigne

Elle correspond histologiquement aux nodules colloïdes des goitres, aux adénomes
macro vésiculaires dont les caractéristiques sont superposables aux lésions de thyroïdite.
Elle représente 70 % des résultats cytologiques. Les critères cytologiques en faveur de la
bénignité sont : une colloïde abondante, une architecture en placard monocouche dite en
rayon de miel, une population de cellules glandulaires au noyau rond, dense et au réseau
chromatique un peu visible.

Catégorie maligne

Les critères diagnostiques en faveur de la malignité sont essentiellement nucléaires :


noyau augmenté de volume, irrégulier comportant des incisures longitudinales,
chromatine fine et pâle et comporte des micro nucléoles multiples, colloïde dense,
présence de cellules géantes multi nucléées et hyper irrégularité d’organisation.

Cytologie douteuse ou suspecte

Les cytologies douteuses doivent faire conseiller un traitement chirurgical avec examen
extemporané du nodule et contrôle histologique pour les lésions hyperplasiques. Les
lésions hyperplasiques sont caractérisées par une richesse cellulaire et une hypertrophie
nucléaire également variable. Elles ne comportent pas d’atypies cytologiques
authentiques ni architecturales pour porter le diagnostic de lésions malignes. Elles sont
cependant associées à un risque de malignité de 5 à 10 %. Les lésions à cellules
oxyphiles appelées cellules oncocytaires ou cellules de Hürthle, peuvent être associées à
des lésions bénignes ou à un cancer. Toute la difficulté pour le cytologiste est de
distinguer devant l’existence d’atypies cellulaires non discriminantes, une lésion bénigne
d’une lésion maligne. Le cytopathologiste recherche les anomalies nucléaires en faveur
d’un éventuel carcinome. Le diagnostic cytologique ne peut pas être formel et la
chirurgie est indispensable à la recherche d’aspect d’invasion capsulaire et vasculaire
pour orienter vers la malignité. Ces lésions douteuses sont associées à un risque de
malignité de 20 à 30 %. La fiabilité de la cytoponction thyroïdienne dépend d’une chaine
de qualité impliquant en premier lieu l’équipe de prélèvement et le cytopathologiste qui
analyse les cellules. Cette méthode est simple, bien acceptée par les patients et reste un
test de référence lorsque les nodules sont supérieurs à 10 mm.

Conduite à tenir devant un nodule thyroïdien


La prise en charge d’un nodule thyroïdien constitue un problème clinique courant. Sa
présence est suspectée à la palpation du corps thyroïde et confirmé ou découvert
fortuitement à l’échographie thyroïdienne, au doppler cervical ou au scanner thoracique.

35
Examen à pratiquer

Le dosage de TSH documente une éventuelle hyper ou hypothyroïdie associée.


L’échographie confirme le nodule et recherche les éventuelles caractéristiques en faveur
de la malignité. La cytoponction à l’aiguille fine dirigée sur le nodule guidée par
l’échographie est actuellement le meilleur examen de dépistage du cancer thyroïdien et
permet de sélectionner les patients à opérer. Le nodule thyroïdien asymptomatique avec
une TSH normale et cytologiquement bénin, fait généralement l’objet d’une surveillance
échographique annuelle.

Orientation diagnostique

Dans un certain nombre de situations rares, le contexte suffit à orienter vers un


diagnostic précis : l’apparition d’un nodule douloureux en faveur d’un hématocèle.
Nodule douloureux et syndrome grippal en faveur d’une thyroïdite subaiguë à forme
nodulaire. Une hyperthyroïdie en faveur d’un nodule toxique. Nodule dur avec signes
compressifs, adénopathie satellite en faveur d’un nodule cancéreux. Si la TSH est
normale ou élevée, l’échographie est le premier examen morphologique à réaliser. Si la
TSH est basse, le premier examen à demander est la scintigraphie thyroïdienne de
préférence à l’iode 123 afin d’éliminer un nodule toxique ou pré toxique responsable
d’une hyperthyroïdie.

Quand retirer un nodule

Les nodules bénins volumineux peuvent être source de compression, d’hémorragie ou


d’hypersécrétion, de sorte qu’un large consensus existe pour intervenir au-delà de
40 mm. Si le nodule est inférieur à 10 mm, aucune exploration supplémentaire n’est
requise.

Stress et angoisse induits par l’échographiste ou médecin traitant

Il n’est pas rare de voir en consultation des patients dans une angoisse non justifiée chez
qui on a découvert à l’échographie ou échodoppler des nodules de quelques millimètres.
Attention de ne pas induire un gros stress en alertant les patients par une demande de
consultation en urgence devant des nodules inférieurs au centimètre. Cette situation ne
justifie aucunement une consultation d’endocrinologie en urgence.

Voir tableau page suivante :


Récapitulatif de la conduite à tenir devant un nodule thyroïdien

36
37
Cancer de la thyroïde

Le cancer thyroïdien est évoqué devant un nodule. Le diagnostic repose sur la


cytoponction à l’aiguille fine guidée par l’échographie cervicale. 5 % des nodules sont
des cancers. On emploie le terme de micro cancers pour les tumeurs inférieures à 1 cm.
Elles représentent 40 % des cancers opérés ; 25 % sont découverts fortuitement après
analyse d’un goitre multi nodulaire.
Les cancers thyroïdiens différenciés sont les cancers endocriniens les plus fréquents. 4 à
5000 nouveaux cas par an. Ils ont un bon pronostic malgré les récidives possibles à long
terme.

Exposition au rayonnement ionisant


L’exposition au rayonnement ionisant dans l’enfance est le principal facteur de risque
connu de cancer thyroïdien de type papillaire. Ce risque a été établi grâce au suivi des
irradiés d’Hiroshima, de Nagasaki, des populations d’Ukraine et des retombées de
Tchernobyl, ainsi que le suivi des patients ayant une radiothérapie pour une pathologie
autre. Le risque concerne les jeunes enfants. Les cancers apparaissent au plus tôt 2 ans
après une exposition avec un risque maximal 20 ans après. Il décroît ensuite mais reste
significatif pendant toute la vie. Il n’a pas été mis en évidence d’anomalie moléculaire
particulière. Le cancer de la thyroïde représente 1 % de l’ensemble des cancers, et est le
plus fréquent des cancers des glandes endocrines. Il a été retrouvé 5 fois plus fréquents
chez la femme que chez l’homme avec d’importantes disparités géographiques. Il n’est
pas rare de retrouver une glande pathologique, type goitre ou nodules autres préexistants.

Effets de la profession
Le risque de cancer de la thyroïde est augmenté chez les enseignants, les charpentiers,
les bûcherons, les agents de police, les agents des institutions pénitencières ainsi que
dans l’industrie du papier, des machines agricoles, des produits de bureau. Ces risques
pourraient être liés à des expositions répétées aux radiations ionisantes, connus chez les
dentistes, assistantes dentaires. Le travail du bois peut entraîner des expositions diverses
à des solvants, des pesticides, des polluants de l’environnement. La prise en compte des
expositions multiples à des perturbateurs de la fonction thyroïdienne constitue un enjeu
majeur.

38
Signes échographiques de présomption de malignité
Certains signes d’échographie sont significativement associés au risque de cancer
thyroïdien : nodules solides, présence de micro calcifications, contours flous ou
festonnés, caractères hyperéchogènes et vascularisation centrale. L’existence d’un
contour net péri nodulaire, pseudo capsule, est plutôt en faveur d’un processus bénin.
Toutefois, ce signe est absent dans plus de 50 % des nodules bénins et un halo incomplet
est retrouvé rétrospectivement 1 fois sur 4 dans les lésions papillaires. L’existence de
ganglions cervicales suspects supérieurs à 10 mm est un élément suspect surtout lorsqu’il
existe une nécrose intra ganglionnaire avec contour irrégulier. La taille du nodule n’est
pas en général un critère de malignité. Je rappelle que la technique de référence pour le
diagnostic de la malignité reste la cytologie à l’aiguille fine plus ou moins guidée par
l’échographie, pratiquée par une équipe spécialisée.

Marqueurs des cancers thyroïdiens


La calcitonine constitue un marqueur biologique d’un type de cancer, qu’on appelle
cancer médullaire de la thyroïde rare. Ce dosage est facilement demandé avant une
intervention chirurgicale. Certains facteurs influencent son taux sérique comme
l’hypercalcémie, l’hypergastrinémie, ou l’insuffisance rénale.
Le dosage de thyroglobuline dans le liquide de rinçage des aiguilles de ponction des
nodules du ganglion se généralise. Il révèle d’excellentes performances pour détecter des
métastases ganglionnaires en complément de la cytologie. Son dosage n’a d’intérêt
qu’après thyroïdectomie totale et destruction isotopique des résidus thyroïdiens. Le taux
de thyroglobuline doit être indétectable. Sa permanence ou sa réapparition signe la
récidive ou la métastase.

Traitement et suivi
La décision du traitement est prise en réunion multidisciplinaire en fonction de différents
critères, la nature exacte de la tumeur, sa taille et l’existence d’une extension loco
régionale ou à distance, métastases. Le traitement est d’abord chirurgical,
thyroïdectomie, (voir chapitre spécifique) associé à un traitement substitutif de
l’hypothyroïdie définitive puis d’un traitement par radio iode pour les cancers de plus de
10 mm radio sensibles.

Administration post-opératoire du radio iode

L’iode 131 isotope radioactif se fixe électivement dans le tissu thyroïdien. Les
rayonnements émis permettent de le localiser et d’agir localement pour le détruire.
L’administration de l’iode 131 a trois objectifs : détruire les cellules thyroïdiennes
persistantes après la chirurgie, les cellules cancéreuses restantes qui peuvent se situer au
niveau du cou ou à distance, pratiquer 3 à 5 jours plus tard une scintigraphie corps entier
pour contrôler l’absence de foyer tumoral. Ce traitement n’est pas indiqué lorsque le
risque de récidive est très faible après la chirurgie notamment dans les cancers inférieurs

39
à 10 mm. Ce traitement se prend sous forme d’une gélule unique dans une chambre
plombée. Il est conseillé de bien boire après la prise pour favoriser l’élimination urinaire
de l’iode radio actif. Une préparation avant la prise d’iode 131 est nécessaire pour
obtenir une fixation importante par les cellules thyroïdiennes grâce une stimulation
intense de la TSH. Deux méthodes sont proposées. L’une consiste à ne pas donner de
traitement hormonal en post opératoire immédiat et d’attendre l’élévation physiologique
de la TSH par rétrocontrôle hormonal expliquant l’hypothyroïdie profonde très mal
supportée. L’autre plus récente consiste à injecter de la TSH recombinante sans arrêter le
traitement hormonal, bien mieux supporté.

Le contrôle du taux de TSH est systématique entre les 4ème et 6ème semaines. Les doses
de Lévothyrox® sont à ajuster en fonction du dosage de la TSH. En cas de cancer
différencié, il est recommandé de maintenir un taux de TSH sous les normes inférieures,
sauf pour les micros cancers de moins d’un centimètre isolés intra-thyroïdien.

La surveillance biologique se réalise par les dosages de TSH et de thyroglobuline. Elle


n’est produite que par les cellules thyroïdiennes qu’elles soient normales ou tumorales.
Elle est donc indétectable lorsque toutes les cellules thyroïdiennes sont détruites. La
surveillance du taux de thyroglobuline est à faire 3 mois après la thyroïdectomie. Il est
important d’effectuer la surveillance dans le même laboratoire.
L’échographie en post-opératoire n’a aucun intérêt. Une surveillance échographique
annuelle associée à un scanner ou PET Scan (tomographie par émission de positons) en
cas de suspicion de métastase.

Récapitulatif
• Doser la TSH pour évaluer la fonction thyroïdienne
• Doser la calcitonine pour rechercher un type de cancer, le carcinome médullaire
• Doser la calcémie pour éliminer une pathologie parathyroïdienne associée
• Demander une échographie par un radiologue spécialisé, avec évaluation ganglionnaire.
Les signes évoquant un nodule malins sont :
- micro calcifications
- contours flous, bosselés, irréguliers
- vascularisation mixte ou centrale
• Demander une cytoponction sous échographie lorsque le nodule est supérieur à 1 cm
• Les principes de traitement sont :
- Thyroïdectomie avec curage ganglionnaire
- Traitement substitutif pour obtenir un taux de TSH bas, pour les cancers différenciés
- Traitement par radio iode
- Rares cas de radiothérapie et chimiothérapie
- Suivi régulier à vie

40
Dysthyroïdie et grossesse

L’hypothyroïdie et l’hyperthyroïdie ont une interférence avec le bien-être du fœtus. Les


traitements doivent être ajustés de préférence en préconceptionnel et une fois le
diagnostic de grossesse posé. Il paraît aussi souhaitable de dépister toute femme enceinte
au 1re trimestre ainsi que toute femme ayant un désir de grossesse.

Hypothyroïdie
L’hypothyroïdie concerne 3 % des grossesses. La cause la plus fréquence
d’hypothyroïdie durant la grossesse est la thyroïdite chronique auto-immune.
L’hypothyroïdie a des conséquences sur la fertilité maternelle, augmente le risque de
fausse couche, d’anémie, d’hypertension artérielle gravidique et d’hémorragie de la
délivrance.
Chez le fœtus, l’hypothyroïdie maternelle non traitée est responsable d’un retard de
croissance intra utérin, de prématurité et d’un retard de développement cérébral. La
concentration de TSH varie au cours de la grossesse. Au 1re trimestre, le taux sanguin de
TSH baisse en raison de l’effet TSH like de l’HCG. Les normes sont de 0,1 à 2,5 mUI/L.

Si l’hypothyroïdie est connue avant la grossesse, on doit ajuster le traitement le plus tôt
possible dès le diagnostic de grossesse. On peut être tenté d’augmenter plus facilement
une dose en péri conceptionnel avec pour objectif une TSH inférieure à 2,5 mUI/L. La
dose de LT4 doit être en général augmentée de 30 % ou plus. Les femmes ayant des
anticorps, mais une fonction thyroïdienne normale, risquent de développer une
hypothyroïdie et devront être suivies avec des dosages de TSH toutes les 4 à 6 semaines.
Après l’accouchement, la posologie de la L-T4 est celle d’avant la conception dans la
grande majorité des cas.

Laetitia, 33 ans, a une hypothyroïdie depuis 5 ans. Elle est inscrite sur un programme
de Fécondation in vitro. En attendant son premier rendez-vous, la persévérance de
son gynécologue lui a permis d’obtenir sa grossesse à la quatrième stimulation. C’est
à la faveur de mes consultations en duo avec son gynécologue développées depuis
plusieurs années que j’apprends sa grossesse. Je lui augmente sa dose de Lévothyrox®
de 125 à 150 µg. Elle conserve durant toute la grossesse un taux de TSH à 2 mUI/L,

41
prélevé en même temps que les constantes habituelles. Sa grossesse se passe très
bien. Son suivi obstétrical est mensuel.
Elle a accouché à 39 SA d’une petite fille (poids de naissance 3.2 kg) et repris ses doses
antérieures de Lévothyrox® 125 µg par jour.

Hyperthyroïdie
Si une TSH anormalement basse est détectée, l’hyperthyroïdie doit être distinguée de la
physiologie et de la thyrotoxicose gravidique. Le diagnostic de maladie de Basedow
dans 85 % des cas repose sur la présence de TRAK. Très rarement, il s’agit d’un nodule
toxique.

Maladie de Basedow

Je rappelle que la maladie de Basedow est une maladie auto immune. Elle peut être
délétère chez le fœtus lorsqu’il existe des taux d’anticorps (TRAK) élevés car ceux-ci
traversent la barrière fœto placentaire et risque de donner chez le fœtus une
hyperthyroïdie avec goitre compressif pouvant mettre en jeu le pronostic vital du fœtus.
C’est pour cette raison que l’on conseille à toutes les femmes atteintes de maladie de
Basedow de surseoir à leur projet de grossesse et de prendre un moyen contraceptif.

L’apparition d’une hyperthyroïdie pendant la grossesse peut faire suite à une maladie de
Basedow connue, récidivant ou bien apparue seulement en cours de grossesse. Elle
fluctue au cours de gestation avec une exacerbation au 1re trimestre puis une
amélioration spontanée en milieu de grossesse. Les patientes suspectes d’hyperthyroïdie
doivent avoir des dosages de TSH, T3 libre et T4 libre ainsi que des anticorps anti
TRAK. Il est important d’interpréter ces dosages en sachant que pendant le 1re trimestre,
le taux circulant de TSH est souvent abaissé. L’hyperthyroïdie maternelle augmente le
risque de prématurité, de retard de croissance, de mort fœtale. Mais le traitement de
l’hyperthyroïdie est délicat car un surdosage en antithyroïdiens de synthèse peut
entraîner une hypothyroïdie congénitale fœtale tout aussi délétère, le PTU (Proracyl®) a
été récemment accusé d’hépatoxicité tandis que le carbimazole (Néomercazole®) est
connu depuis longtemps pour son potentiel tératogène.

Traitement

Le traitement par antithyroïdiens de synthèse doit être commencé et adapté afin de


maintenir le taux de T4 libre supérieur à la norme de la femme enceinte. Le PTU est
recommandé durant le 1re trimestre puis remplacé par le carbimazole à partir du second
trimestre. Une surveillance du bilan hépatique est de rigueur. Une thyroïdectomie
subtotale peut être recommandée pendant la grossesse en cas d’intolérance aux
antithyroïdiens de synthèse ou de non compliance entraînant une hyperthyroïdie non
contrôlée. Dans ce cas, il est préférable de réaliser ce geste au cours du 2ème trimestre.
Un traitement par iode 131 ne doit pas être envisagé chez la femme enceinte ou ayant un
désir de grossesse imminent. Si un traitement a été donné par inadvertance, la patiente
doit être informée rapidement des risques encourus pour le fœtus, notamment celui de la

42
destruction de la thyroïde fœtal si le traitement a eu lieu après 12 semaines
d’aménorrhées. Un traitement substitutif doit être alors instauré.

Hyperthyroïdie fœtale
L’hyperthyroïdie fœtale est associée à un retard de croissance intra utérin, tachycardie
mesurable à l’échographie de même qu’un goitre par des échographistes entraînés. Ce
sont les TRAK qui sont responsables d’une hyperthyroïdie fœtale. Ils doivent être dosés
avant 22 semaines d’aménorrhée chez les femmes ayant des antécédents de maladies de
Basedow. Chez les femmes avec TRAK positifs (2 à 3 fois la normale), une recherche de
dysfonction thyroïdienne fœtale doit être réalisée par échographie de la thyroïde fœtale
entre 18 à 22 semaines qui sera répétée toutes les 4 à 6 semaines.

Les signes d’hyperthyroïdie fœtale sont une augmentation de taille de la thyroïde, une
avancée de l’âge osseux, une tachycardie, une dysfonction cardiaque ou respiratoire Un
traitement par antithyroïdiens de synthèse chez la mère doit être envisagé avec un
monitoring clinique, biologique, échographique car ils peuvent être aussi responsables
d’une hypothyroïdie profonde difficile à diagnostiquer. Une ponction de sang fœtal n’est
à réaliser que si le diagnostic de dysfonction fœtale n’est pas certain sur les données
cliniques et échographiques et que les informations obtenues sont susceptibles de
modifier le traitement. Tous les nouveaux nés de mères ayant une maladie de Basedow
auront à la naissance une prise en charge spécifique, à la recherche de ce
dysfonctionnement thyroïdien.

Thyrotoxicose gravidique
On l’appelle aussi hyperthyroïdie gestationnelle ou gravidique transitoire de la grossesse.
Elle est définie comme une hyperthyroïdie du 1re trimestre caractérisée par une élévation
de la T4 libre, une TSH freinée ou indétectable. Cliniquement, on retrouve des
vomissements sévères causant au moins la perte de 5 % du poids avec une
déshydratation et parfois une cétonurie. La cause de cette stimulation thyroïdienne est le
taux circulant élevé d’HCG. La grossesse gémellaire, la mole hydatiforme et les tumeurs
placentaires sont souvent associées à ce tableau. Les mutations des récepteurs de la TSH
entraînant une hypersensibilité à l’HCG ont aussi été décrites. Le diagnostic différentiel
est la maladie de Basedow bien sûr avec la recherche de TRAK qui est dans ce cadre-là
négative. Dans la plupart des cas, les patientes ne nécessitent pas de traitement par
antithyroïdiens de synthèse. Sauf dans des cas exceptionnels où la T3 est très élevée.

Nodule thyroïdien et cancer


La grossesse peut entraîner la croissance de nodule bénin ou malin par carence relative
en iode et sous l’effet stimulant de l’HCG sur la thyroïde, ou encore du fait des taux
circulants importants d’œstrogènes. Le diagnostic et la prise en charge de ces nodules ne
diffère pas de ceux de la femme non gravidique et reposent sur l’échographie et la

43
cytoponction pour des nodules supracentrimétrique. Si la cytoponction est en faveur de
la malignité, une intervention peut être proposée au cours du 2ème trimestre. Lorsque le
nodule cancéreux est découvert au cours du 3ème trimestre, on peut souvent attendre
l’accouchement pour programmer une chirurgie dans le postpartum.

Il n’y a pas de données montrant que la grossesse a un effet délétère sur le devenir d’un
cancer thyroïdien connu et traité avant la grossesse.

Thyroïdite du post-partum
La thyroïdite du post-partum est l’apparition d’une hypothyroïdie ou d’une
hyperthyroïdie pouvant être suivie d’une hypothyroïdie dans la 1ère année qui suit
l’accouchement chez les femmes sans antécédents thyroïdiens connus. Il s’agit
probablement d’une réaction auto-immune secondaire à la grossesse. La présence
d’anticorps antithyroïdiens positifs au cours de la grossesse majore le risque de survenue
de thyroïdite du postpartum de 40 à 60 %. Parfois, la différence entre la maladie de
Basedow et thyroïdite du post-partum est difficile. On a recours à la scintigraphie pour
les différencier. La captation d’iode effondrée est en faveur d’une thyroïdite du post-
partum. Le traitement symptomatique par bétabloquants en cas d’hyperthyroïdie est
souvent suffisant. Un traitement par L-Thyroxine en cas d’hypothyroïdie peut être
instauré pendant quelques mois ou parfois de façon définitive, car il existe des
hypothyroïdies séquellaires.

Les femmes ayant des taux d’anticorps peroxydases positifs devraient bénéficier d’un
dosage de TSH de 6 à 12 semaines après l’accouchement puis 6 mois du post-partum ou
en fonction d’orientation clinique. Les patientes ayant des antécédents de thyroïdite du
post-partum sont à risque de développer une hypothyroïdie dans les 5 à 10 ans.
Une surveillance annuelle de la TSH devrait être proposée. Quand la TSH est supérieure
à 10 mUI/L, ou qu’il y a désir de grossesse, un traitement par L-Thyroxine doit être
débuté. En cas de dépression du post-partum, il est important de rechercher une
thyroïdite du post-partum car le syndrome dépressif peut être un des symptômes de
l’hypothyroïdie.

Quand dépister une dysthyroïdie pendant la grossesse ?


Etant donné que les dysfonctions thyroïdiennes ont un retentissement notable sur le
fœtus, j’aurais tendance à dire que toute femme enceinte doit avoir pendant le
1re trimestre, un dosage de TSH. Il est actuellement recommandé de dépister les patientes
à haut risque d’une dysthyroïdie en périconceptionnelle ou au tout début de grossesse,
c’est-à-dire :

• Les femmes de plus de 30 ans


• Les femmes ayant un antécédent familial ou personnel de maladie thyroïdienne ou
d’irradiation cervicale sans oublier un premier épisode de thyroïdite du post-partum qui a

44
pu passer inaperçu
• Les femmes ayant un taux d’anticorps antithyropéroxidases (TPO) ou TRAK élevés
• Les femmes ayant des signes cliniques évocateurs d’hypothyroïdie
• Les femmes diabétiques de type 1 ou ayant une autre maladie auto-immune
• Les femmes ayant une infertilité
• Les femmes ayant eu un enfant né prématuré

Certains spécialistes recommandent un dépistage systématique pour toutes les femmes


enceintes à 9 semaines d’aménorrhée ou au moment de leur première visite. Certains
membres ne se prononcent ni pour ni contre un dépistage systématique pour toutes les
femmes en début de grossesse. Pour ma part, je préconise le dépistage universel à
9 semaines d’aménorrhées ou à la première visite de la grossesse ou en préconceptionel.
Les femmes à haut risque de thyroïdite du post-partum doivent être suivies par un dosage
de la TSH 6 à 12 semaines après l’accouchement.

Iris, 36 ans, sœur et fille de patientes ayant une maladie de Hashimoto, a un taux de
TSH à 8 mUI/L au moment de sa première fausse couche spontanée. Après 3 mois
d’un traitement par Lévothyrox® 75 µg, elle est enceinte. Ronan est né.

45
Amiodarone
et dysthyroïdie

Certaines molécules largement utilisées comme l’amiodarone–Cordarone® pour traiter


des troubles du rythme peuvent occasionner des hyperthyroïdies sévères ou des
hypothyroïdies. Il n’y a pas de moyens de prévoir en dehors d’un dosage du taux de TSH
avant toute administration de ce médicament et pendant sa prise. Le dysfonctionnement
résulte d’une surcharge en iode contenu dans le comprimé et ou d’une pathologie
thyroïdienne antérieure à la prise médicamenteuse.

Apports iodés Surcharge iodée


Les apports moyens en iode varient en Europe Centrale de 50 à 100 µg par jour en
moyenne. On parle de surcharge au-delà de 500 µg par jour. Les causes de surcharge
iodée sont dominées par les apports iatrogènes.
L’amiodarone-Cordarone® est l’un des premiers, suivi du carbonate de lithium et des
examens radiologiques). Le métabolisme thyroïdien de l’iode est régulé par la TSH et
par l’iode lui-même.
L’administration aiguë d’iodure induit une inhibition de l’organification de l’iode, de la
synthèse et de la libération des hormones thyroïdiennes. Cet effet est normalement de
courte durée, 48h. Il est suivi d’un phénomène d’échappement. Dans certaines conditions
pathologiques, l’autorégulation par l’iode est défaillante. L’iode peut ainsi entraîner une
dysfonction thyroïdienne par hypo ou hyperthyroïdie. En grande concentration, l’iodure
devient directement toxique pour la cellule thyroïdienne. Cela est particulièrement vrai
en cas de dystrophie thyroïdienne préexistante, et de carence iodée relative de l’Europe
Occidentale. Une nécrose des cellules thyroïdiennes peut être induite par
l’administration de quantité élevée d’iodure et s’en suit une libération de stock intra-
thyroïdien préformé. On peut parler dans ce cadre-là d’une véritable thyroïdite induite
par l’iode.

Effet de l’amiodorone-Cordarone®
La surcharge d’iode est massive. Un comprimé d’amiodarone-Cordarone® à la dose de
200 mg apporte 60 mg d’iode. La molécule s’accumule dans les tissus adipeux ce qui

46
explique l’effet prolongé de la surcharge. De plus elle a des effets toxiques sur la cellule
thyroïdienne qui s’ajoutent aux effets toxiques de l’iode libéré lors du métabolisme de la
molécule.
L’amiodarone inhibe une enzyme, la 5’ désiodase qui convertit la T4 en T3. Cet effet
conduit à une diminution de la T3. L’interprétation des dosages hormonaux au cours du
traitement par l’amiodarone-Cordarone® doit donc être prudente. Il peut y avoir une
élévation transitoire de la TSH lors d’une dose de charge d’amiodarone-Cordarone®, à
ne pas faussement interpréter comme l’apparition d’une hypothyroïdie.

Diagnostic de l’hyperthyroïdie
Il est souvent difficile dans ce contexte de pathologies cardiaques. Les troubles du
rythme cardiaque sont souvent à l’origine de la prescription de cette molécule miracle
pour les cardiologues. La traditionnelle tachycardie de l’hyperthyroïdie est absente sous
ce traitement qui ralentit le rythme cardiaque. Il faut y penser systématiquement devant
un amaigrissement, des troubles digestifs ou du comportement, une fatigue inhabituelle.

Chez le sujet âgé, les signes sont trompeurs. La tachycardie manque souvent en raison de
l’effet ralentisseur de l’amiodarone–Cordarone®. L’altération générale peut être en
première ligne avec des signes de dénutrition majeure. C’est alors un tableau
d’hyperthyroïdie apathique, une présentation dépressive qui font évoquer chez les
vieillards un cancer ou un syndrome de glissement avec perte des fonctions supérieures.
Il n’est pas rare que le diagnostic soit alors tardivement fait. Toute altération de l’état
général chez un sujet traité par l’amiodarone-Cordarone®, doit faire évoquer le
diagnostic d’hyperthyroïdie.

Hyperthyroïdie et surcharge iodée


L’amiodarone–Cordarone® est responsable d’hyperthyroïdie dans 10 % des cas. On
distingue les hyperthyroïdies par surcharge iodée dans lesquelles la thyroïde est indemne
de la pathologie sous-jacente des hyperthyroïdies avec surcharge iodée, dans lesquelles il
existe une pathologie thyroïdienne préexistante. Cette pathologie est à rechercher
systématiquement avant l’introduction de l’amiodarone-Cordarone® car elle favorise
l’aggravation ou l’émergence clinique. Cette distinction entre les deux est importante
également pour le traitement à mettre en place. L’examen clé pour faire la différence
entre dysthyroïdie par ou avec surcharge iodée est la scintigraphie. Soit il n’y a pas de
captation et la scintigraphie est dite blanche, c’est en faveur d’une hyperthyroïdie par
surcharge iodée. Soit il persiste une image de contraste très faible mais significative, en
faveur d’une hyperthyroïdie avec surcharge iodée.

Hyperthyroïdie avec surcharge iodée, type 1

Il existe une pathologie thyroïdienne avant la mise en route du traitement ou la


réalisation d’un examen radiologique comme une coronarographie. Cette pathologie peut
être une maladie de Basedow, un adénome ou un goitre nodulaire. La surcharge iodée a

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de forts risques de démasquer ou aggraver une hyperthyroïdie latente ou méconnue lors
de l’initiation du traitement. La scintigraphie est un outil diagnostic majeure dans ce
cadre. Il existe une fixation faible ou conservée en fonction du degré de stimulation de la
glande. L’aspect habituel est celui d’une captation trop faible pour une maladie de
Basedow un adénome ou goitre multi nodulaire toxique, trop forte pour une surcharge
iodée.

Madame G, 80 ans, m’est adressée par son médecin traitant car elle doit subir une
seconde coronarographie. Elle a un goitre multi nodulaire découvert après la
réalisation de sa première coronarographie il y a 3 mois en prévision de la pose de
stents pour un angor (angine de poitrine). Elle développe une hyperthyroïdie avec un
trouble du rythme cardiaque. Son bilan biologique est le suivant : TSH <0.05 mUI/L,
T4 libre 60 pmol/l, et T3 libre 20 pmol/l en post-opératoire. Rapidement son angor
réapparaît. Là se repose l’indication d’une coronarographie. C’est un véritable cercle
vicieux. Je traite Madame G par Thyrozol® avant sa seconde coronarographie. Son
hyperthyroïdie disparaît avec ses douleurs angineuses. La coronarographie n’est plus
envisagée.

Hyperthyroïdie par surcharge iodée, type 2

On note l’apparition d’une hyperthyroïdie chez les sujets sans antécédents de pathologie
thyroïdienne au cours ou au décours d’un traitement par l’amiodarone-Cordarone®. Il
n’y a pas d’atteinte oculaire. La thyroïde est de taille normale, modérément augmentée.
Sa consistance est ferme. Il s’agit d’une hyperthyroïdie par libération brutale de stock
d’hormones thyroïdiennes avec parfois des phénomènes de nécrose cellulaire. Le taux de
TSH est effondré. La T4 libre est augmentée ainsi que la T3 libre. Il n’y a pas
d’anticorps antithyroïdien. La scintigraphie est blanche.

Traitement de l’hyperthyroïdie

Ces hyperthyroïdies sont potentiellement graves et liées à leur survenue chez des patients
à l’état de cardio-vasculaire précaire et à la durée de la saturation iodée induite par ce
médicament qui peut aller jusqu’à 9 mois. L’interruption au moins temporaire du
traitement par l’amiodarone-Cordarone® doit être toujours discutée. Elle n’est pas
toujours possible. En fonction de l’existence ou non de pathologie antérieure, de la
sévérité de l’hyperthyroïdie, le traitement inclura des corticoïdes plus ou moins associés
à des antithyroïdiens de synthèse.

Les antithyroïdiens sont utiles dans le type 1 avec pathologie thyroïdienne antérieure
même si la saturation iodée limite leur activité. Le PTU est souvent référé en raison de
son effet bloquant sur la conversion de T4 en T3. Les antithyroïdiens sont inefficaces
dans le type 2, sans pathologie thyroïdienne antérieure, qui relève d’une corticothérapie.
Les doses de corticoïde utilisées sont de l’ordre de 1 à 2 mg par kilo et par jour.

Le Perchlorate de Potassium peut être utile dans les situations graves. Il entre en
compétition avec l’iodure au niveau de son transporteur et permet de décharger de l’iode
intra-thyroïdien non organique. La posologie est de 800 mg par jour en 2 prises. La
toxicité est hématologique : neutropénie, agranulocytose, anémie.

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Peut-on réintroduire l’amiodarone-Cordarone® lorsque l’hyperthyroïdie est
guérie ?

Lorsque l’hyperthyroïdie survient dans le cadre d’une pathologie préexistante, la


récidive est quasi certaine. Si l’indication de ce traitement est formelle, on discutera
alors une thyroïdectomie préventive ou un traitement par l’iode 131, dès que la situation
thyroïdienne le permet avant de réintroduire l’amiodarone-Cordarone®. Si
l’hyperthyroïdie est survenue en l’absence de pathologie thyroïdienne, la récidive de
l’hyperthyroïdie est inconstante. La réintroduction peut aussi entraîner une
hypothyroïdie.

Hypothyroïdie et surcharge iodée


L’amiodarone-Cordarone® est responsable d’hypothyroïdie dans 2 à 3 % des cas. Cette
hypothyroïdie avec surcharge iodée survient souvent sur une thyroïdite pathologique,
goitre ou antécédent de thyroïdite. La clinique est la même et le traitement est simple.
On peut poursuivre le traitement de l’amiodaroneCordarone® avec un traitement
substitutif. Il n’est aucunement justifié d’interrompre le traitement car l’hypothyroïdie
est un effet secondaire non grave, accessible à un traitement. Son arrêt peut avoir des
conséquences plus dangereuses. En pratique, une mesure du taux de TSH et de la
T4 libre avant la mise sous l’amiodarone-Cordarone® est indispensable y compris en
situation d’urgence.

Sujets à risque de dysthyroïdie


Certains sujets sont plus à risque de développer une dysfonction thyroïdienne en cas de
surcharge iodée ou avec la prise de certains médicaments comme l’amiodarone-
Cordarone®, le carbonate de lithium et l’interféron. Ce sont les sujets qui ont eu un
épisode antérieur de dysfonction thyroïdienne, qui ont une maladie thyroïdienne ou
maladies anti-immunes. Le dépistage biologique par le dosage de la TSH doit être
effectué. Il est recommandé d’effectuer le dosage de TSH avant tout traitement par
l’amiodarone-Cordarone®, le carbonate de Lithium, l’Interféron. Par la suite, une
surveillance semestrielle de la TSH parait raisonnable. Les dosages de T4 libre et
T3 libre ne s’imposent qu’en cas d’anomalie de la TSH ou de suspicion clinique
d’hyperthyroïdie ou d’hypothyroïdie.

Résumé : Modification hormonale possible sous amiodarone

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Spécificité de l’enfant
et de l’adolescent

La première caractéristique des enfants qui souffrent d’une maladie somatique chronique
est qu’ils jouent, comme tous les autres, et qu’il faut préserver autant que possible leur
enfance. Ils grandissent vers l’adolescence, période où ils se sentent invulnérables et où
la maladie est encore plus injustement vécue lorsqu’elle se déclare pendant cette période.
Elle impose des contraintes, entraves à leur sacro sainte liberté.

Doses pédiatriques
Les doses utilisées chez l’enfant sont fonction du poids ou de la surface corporelle. La
dose quotidienne L thyroxine est de l’ordre de 5 µg/kg/j.

Chez l’enfant
L’enfant est par excellence malléable. Il est avant tout dépendant de ses parents, du
milieu scolaire. Parents, élever un enfant ayant un traitement chronique représente une
difficulté supplémentaire. Vous allez devoir faire face à un certain nombre de questions
d’ordre pratique et d’ordre émotionnel. Vous devez être capable de surveiller son état de
santé et être vigilant à chaque fois que son traitement aura besoin d’être ajusté. Votre
enfant n’est pas toujours capable de dire ce qu’il ressent soit par son jeune âge, soit par
son incapacité à formuler les choses. Cela signifie qu’il faut que vous soyez aussi bien
informés que possible sur la maladie, ses signes, ses symptômes, sur les circonstances
qui peuvent déclencher le besoin d’augmenter le dosage des médicaments si besoin. Plus
vous discuterez de ces questions pratiques, moins vous aurez peur et plus vous vous
sentirez prêt à gérer cette situation. J’attire votre attention sur l’intérêt des associations
pour répondre à cela. La période de l’enfance évolue. Elle nécessite des doses en
constante élévation pour qu’il ait une croissance harmonieuse, une bonne concentration
et des capacités d’apprentissage identiques aux autres enfants. Vous serez confronté
également à une autre problématique celle d’apprendre à votre enfant à gérer lui-même
sa santé devenant de plus en plus grand. Apprenez-lui, dès qu’il le demande, anticipez.

50
Au tout début, le traitement chronique est pris scrupuleusement surtout lorsqu’il est
administré par les parents. Mais au bout de plusieurs années de routine, il n’est pas rare
de constater des oublis involontaires. Car justement la vie fait qu’on n’y pense plus.

A l’école

Les enfants peuvent suivre une scolarité comme les autres. Leurs capacités intellectuelles
et sportives ne diffèrent pas de celles des autres. Ils ont une alimentation normale et
peuvent manger à la cantine. Ils peuvent participer aux voyages scolaires, mais il faut
être vigilant à ce que le traitement soit bien pris. Parfois, un protocole d’accueil
individualisé est établi entre les parents, les enfants et l’établissement scolaire (chef
d’établissement, médecin scolaire, infirmière) surtout lorsqu’il y a plusieurs traitement à
prendre. Il explique notamment les besoins spécifiques de l’enfant (prise de comprimé le
midi lorsqu’il reste à la cantine) et les conditions d’intervention en cas d’urgence. Lors
des voyages scolaires, pensez à emmener sa trousse d’urgence si besoin. Certains
établissements scolaires ne vous poseront pas de problème, d’autres vous feront une
grosse grimace, parce qu’ils disent ne pas être habilités à le faire.

Ces enfants traités sont doués d’une curiosité et d’une rapidité de compréhension qui
accentue la détresse due à la différence. A cause d’un refus, parfois de l’enseignant de
faire participer ces enfants, dits plus fragiles, à toutes les activités scolaires, la différence
est perçue de façon décuplée par l’enfant et peut engendrer rapidement une souffrance,
surtout lorsqu’il est exclu de certaines activités collectives de classe.
Ces refus sont souvent expliqués par une peur de l’enseignant de ne pas pouvoir
assumer. Ces paroles cinglantes ont un impact considérable chez ces petites têtes blondes
ou brunes qui ont un cœur fragile. Un travail associatif, des explications claires aident à
faire accepter ces contraintes à l’école.

Classe de découverte

Pour organiser l’insertion d’un enfant ayant un traitement chronique dans la participation
à une classe de découverte, très souvent l’institutrice doit demander la permission à sa
directrice, qui doit en référer à l’inspecteur d’Académie qui ne manque pas de sortir son
parapluie tout rouillé, afin de se protéger de la tempête du rectorat. Ceci explique que le
train soit souvent raté et le départ remis à l’année suivante. Mais celui qui reste sur le
quai de la gare prend racine et a du mal à s’en extraire.

Les bâtons dans les roues peuvent être aussi au niveau parental, car la classe de
découverte est un moment où il faut rompre les liens maternels et remettre sa
responsabilité à l’enseignant, ce que les parents n’admettent pas toujours. C’est l’heure
de l’autonomie de l’enfant qui a été couvé, très couvé, trop couvé. Une fois l’angoisse de
séparation passée, les parents adhèrent progressivement à ce projet fabuleux.

Le refus d’insertion d’un enfant dans ce projet est une forme de maltraitance, et le
médecin est dans l’obligation de la dénoncer. Il est bien sûr recommandé d’agir avec
prudence et circonspection, mais il est certain qu’il ne faut pas laisser perdurer cette
situation de maltraitance psychologique en évitant de tout déstabiliser mais en aidant les

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parties prenantes à réaliser ce projet qui, à mon avis, est capital pour l’individualisation
de l’enfant, pour forger sa personnalité.

Fabienne, 12 ans
Les meilleurs souvenirs de l’école primaire sont ceux de ma classe de neige. C’était
pour moi extraordinaire car je n’avais encore jamais vu de neige, seulement à la
télévision. Je me rappelle, j’étais au CE2 quand notre institutrice nous annonça le
projet de partir deux ou trois semaines à La Clusaz. J’ai réussi à obtenir ma première
étoile qui était pour moi un rêve inaccessible, car mes parents ne désiraient pas aller à
la montagne l’hiver, préférant le soleil. Mon meilleur souvenir du séjour a été dans les
dortoirs où nous faisions des batailles de polochon, filles contre garçons.

Chez l’adolescent
L’adolescent doit faire un travail de séparation parentale ce qui est d’autant plus difficile
que le problème thyroïdien est survenu tôt dans sa vie. Il doit accéder progressivement
au statut de personne autonome, responsable, conscient de ses limites affectives et de ses
potentialités. Grandir, c’est se confronter à la dure réalité de la vraie vie en perdant à la
fois son corps d’enfant. Dur dur ! Grandir c’est aussi d’autres investissements amicaux,
amoureux, scolaires, professionnels. Fini les câlins de maman, il préfère les câlins de sa
petite amie. Il s’adonne à sa ou ses passions sans tact ni mesure.
L’ado, par définition, revendique sa liberté, et en même temps il vit très mal une
quelconque négligence parentale, vécue comme un abandon. S’il se sent délaissé, il attire
parfois l’attention des parents en se mettant en danger. Recourant à la transgression pour
se construire, il peut arrêter son traitement. Il peut au contraire se fondre dans la
conformité pour se rassurer. La transformation concomitante du corps qui se voit et qui
ne se voit pas, peut aussi l’inquiéter. Il est exceptionnel qu’un ado ne soit pas plus
préoccupé par sa pilosité, son acné, sa masse musculaire, sa taille et son poids que par
son traitement qu’il néglige volontiers. Un ado ayant un traitement chronique doit faire
face à de nombreuses souffrances, à des traumatismes comme cette différence à l’école,
une sorte d’injustice inconsciente ou parfois consciente. Il doit aussi faire face à
l’inquiétude de ses parents, reproches, culpabilités, et honte de la surprotection.

Les enfants soumis à un traitement chronique et son panel d’examens de surveillance


savent plus que les autres ce qu’est d’avoir un corps avec ses limites, ses exigences, ses
faiblesses. Ils se sont bien sûr posé très tôt des questions sur la mort, la séparation, le
handicap et la douleur. Après des années de bons et loyaux services, étiquetés enfants
courageux, certains ados déposent les armes tout en déclarant la guerre, comme s’ils ne
se sentaient plus la force de continuer cette route hostile. Une bonne cohésion familiale
aide à franchir ce cap Horn. À l’inverse, lorsqu’existent en permanence des conflits
familiaux, une dilution des responsabilités chez des couples séparés, l’adolescence se
passe dans l’affrontement agressif et excessif. Un dysfonctionnement familial peut aussi
être causé par cette pathologie throïdienne. Il n’est pas rare, en effet, que les parents
développent des problèmes psychologiques après le diagnostic de leur enfant, ce qui
n’arrange rien. Un soutien psychologique me paraît nécessaire pour tout le monde.

52
Il est important d’apporter à quelque niveau que ce soit toute l’aide nécessaire, même si
les intéressés nient ce besoin. Le soutien social joue un grand rôle, apporté par la famille
proche ou plus éloignée, un ami.

Adolescent

Apportez un soutien à votre adolescent. Développer une maladie chronique à


l’adolescence peut s’avérer être un double chalenge avec des nombreux défis tant pour
l’adolescent que pour ses parents, pendant cette période de doute où il se cherche et a du
mal à se forger une image adulte. Reconnaître cet état de fait lui permettra de progresser
plus rapidement. Aidez-le à gérer ces propres émotions d’une manière directe, utilisez
des émoticônes par exemple (voir plus loin). Un adolescent se prépare à devenir adulte et
à être entièrement responsable de sa propre santé, mais il n’est pas encore tout à fait prêt
à assumer tout seul et devenir cette personne adulte. Il est important de lui laisser une
liberté surveillée, c’est-à-dire le laisser prendre en charge son traitement tout en étant
présent et cadrant quotidiennement. Il est toujours difficile de se retirer au bon moment
pour le laisser se prendre en charge seul et de reprendre le contrôle lorsque vous en
jugerez la nécessité ou qu’il vous le demandera soit de façon directe soit de façon
indirecte par des comportements qui peuvent vous troubler, de mise en danger par
exemple. Encouragez votre adolescent à s’informer le plus possible sur sa maladie.
Assurez-vous bien qu’il comprenne les conséquences d’un oubli de prise
médicamenteuse ou d’un arrêt de son traitement, assez fréquent à cet âge de provocation.

Au collège

L’adolescent a l’impression de subir trop de pression, ce qui crée un déséquilibre et le


déstabilise. Cette pression apparaît également à l’école. Il doit expliquer à ses parents
leurs priorités, les choses importantes qu’il a identifiées. Les parents doivent aussi
exprimer les leurs et expliquer pourquoi.

C’est à cette période de vie qu’il prend réellement conscience de tout ce qu’il a enduré
dans le silence, dans l’obéissance. C’est à ce moment de la vie qu’il commence à se
réveiller, qu’il commence à entendre toute cette cacophonie intérieure, qu’il débute son
errance comme une feuille morte dans les airs, comme un atome désagrégé. Il aspire à un
monde meilleur où on lui parlerait avec déférence. Quand on étudie les différents
traitements dans diverses pathologies, il en ressort que les difficultés d’observance sont
reliées étroitement au manque de confiance en soi.et aux conditions de vie : familiale,
scolaire et sociale.

Règles d’or chez l’ado : garder le contact dans la tempête et attendre l’accalmie avec la
plus grande patience.

Transition dans le monde adulte


Une étape aussi importante dans la vie d’un adolescent est le passage dans le monde des
adultes avec un suivi médical par un endocrinologue d’adultes. La transition doit se

53
concevoir comme une démarche construite, lorsque l’ado est prêt, et non comme une
démarche épistolaire. Parfois l’ado refuse, ce qui explique que les pédiatres gardent leurs
petits jusqu’à des âges tardifs. Je crois qu’il faut en tenir compte tout en donnant
l’information d’un passage possible dans le secteur adulte quand il se sentira prêt.

Si un adolescent même jeune adulte est dans une phase dépressive, attendre un peu avant
de lui faire affronter un monde nouveau qu’est celui des adultes. Une consultation
conjointe pédiatre et endocrinologue permet souvent de faire ce pas vers la prise en
charge adulte.

Gérer ses émotions : Témoignage d’Emilie


Je revois Emilie fin août pour un suivi régulier de son diabète et hypothyroïdie. Elle me
raconte ses vacances en famille et sa maman aborde un sujet brûlant avec moi, la
rentrée scolaire. L’atmosphère s’alourdit. Le visage d’Emilie change, il devient plus
grave. Elle baisse les yeux pour retenir ses larmes. Elle est terrorisée par la rentrée. Je
sors de mon sac à miracle, un outil, l’émoticône magnétique. Tout en expliquant le
fonctionnement de cette planche où sont représentées différentes icônes représentant
un état émotionnel, les yeux d’Emilie et de sa maman reprennent une couleur vive.
Emilie repart toute guillerette car elle a maintenant un ami pour l’aider à affronter ses
bourreaux scolaires, essentiellement des élèves qui se sont moquées de son énurésie
associée (pipi au lit). Son travail de vacances consistait à consulter plusieurs fois par
jour ce magnétique pour définir plusieurs fois par jour deux émotions ou plus
correspondant au moment où elle consultait cet outil émotionnel et l’écrire sur un
semainier. Pendant une période de vacances à l’Ile de Ré, chez elle juste avant la
rentrée et une semaine après la reprise des cours. J’ai revu Emilie une semaine après
sa rentrée en cinquième. Je constate à ma grande joie qu’elle a changé. Elle est
souriante, heureuse de venir me rapporter ses impressions et soulagée d’un fardeau.
Je lui demande ses impressions sur la méthode utilisée et ses effets. Emilie a un
langage très élaboré pour son âge et une analyse de la situation peu commune.
– C’est bien. Cela permet de savoir ce qu’on ressent car sinon on ne se pose pas la
question, on ne sait pas comment on est. Le magnétique aide à savoir comment on
est. À l’Ile de Ré, j’étais détendue et cela m’a surprise. Avant de vous voir j’étais
stressée par la rentrée. Quand je suis sortie de votre bureau avec ça en main, j’avais
beaucoup de punch. Et surtout je ne fuyais plus. Avant, dès qu’on parlait de la rentrée
je ne rentrais pas dans la discussion J’étais FUYANTE. Je constatais que j’étais
partagée entre deux états : envie de rentrer au collège et peur d’y aller. Mais j’avais
perdu la peur d’en parler.
- Comment s’est passée ta rentrée ?
- C’était bizarre, j’avais envie de partir en courant. Je me suis dit : « il faut que je
surmonte ». Je les ai donc croisés en me disant : ce n’est pas quatre élèves qui vont
me pourrir mon année. Ils ne m’ont pas insultée ! En fait, je me racontais des films qui
ne se sont pas passés. Maintenant ils s’en foutent de moi. Avant je me sentais
différente. Maintenant j’assume.
- Je vais faire la synthèse de tout cela, tu vas me dire si tu es d’accord.
- Ok !

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- Le magnétique t’a aidée à gérer ta peur de la rentrée en te donnant un moyen de
nommer tes émotions négatives. Cela t’a permis de savoir pourquoi tu n’allais pas
bien et c’est cela précisément qui t’a fait ne plus craindre de parler de tes peurs.
N’ayant plus peur, tu as changé de comportement vis-à-vis des autres et ils s’en sont
rendu compte de suite. En les croisant et les toisant du regard, tu as pris confiance en
toi et cela suffit pour qu’ils ne veuillent plus se frotter à toi. En changeant toi, tu induis
un changement de comportement chez les autres. Maintenant que tu as compris cela,
tu souffriras beaucoup moins et surtout moins longtemps.
– Oui, c’est super… là je suis HEUREUSE sur le magnétique.

Témoignage de la maman
Cet outil est arrivé au bon moment. On est ressorties toutes les deux emballées avec
du punch plein la tête. Je n’étais plus démunie face à ma fille bouc émissaire
angoissée.
En tout cas c’est super le magnétique. Ma fille a retrouvé sa joie de vivre. On va
continuer les séances de psy pour améliorer sa confiance en elle et on se revoit pour le
suivi avec vous de toute façon. Merci.
On s’est quittées dans la joie et la bonne humeur !

Mon analyse
Emilie a adhéré rapidement et complètement à cet outil, le magnétique, ou « nommer ses
émotions ». 3 ans est un âge privilégié pour commencer à parler ce langage. Elle a fait
elle-même la découpe de ses émotions selon les thèmes et selon sa vision des choses
sans aucune aide de ma part. Sa pensée est bien organisée. Elle s’est rassurée peu à peu
en écrivant son ressenti et a pu de ce fait adapter son comportement pour être plus zen.

On peut utiliser cette même méthode pour traiter des problématiques de séparations ou
toute autre problématique médicale qui rend la personne différente des autres. Chacun
perçoit comme simple ce qu’il peut aborder sans ambages ou ombrages. Exprimer sa
pensée en prenant l’initiative est un moyen thérapeutique en soi. Cela ouvre la voie à une
relation vivante avec soi, directe et évolutive. Ce magnétique est un guide, un fil
conducteur qui donne l’inspiration à celui qui s’en sert pour aller là où il est utile qu’il
aille. J’ai vu Emilie à distance de la rentrée souriante et radieuse. Elle me dit vouloir
garder le magnétique pour pouvoir l’utiliser dans d’autres situations stressantes.

J’ai étendu cette approche à chaque situation émotionnellement difficile. C’est à chaque
fois concluant par la résolution de conflits, et dans l’obtention d’une meilleure estime de
soi.

A lire :
Devenez un parent coach, Brigitte Kramer, éditions JLyon Aider vos enfants à réussir,
Sylvie Condesse, éditions JLyon

55
2.
Les traitements

56
Traitements
de l’hyperthyroïdie

La sévérité de l’hyperthyroïdie et son intensité sont variables. Le tabagisme pérennise.


Les antithyroïdiens de synthèse peuvent être utilisés soit en traitement de fond soit en
préparation à un traitement radical par chirurgie ou par iode radioactif, plus volontiers
indiqués en cas de récidive, de goitre volumineux ou nodulaire.

Les antithyroïdiens de synthèse


Les antithyroïdiens de synthèse sont en général proposés en première intention chez les
sujets jeunes, chez l’enfant et l’adolescent.
Le traitement le plus souvent initié est le carbimazole à la dose de 20 à 40 mg ou le
thiomazole à la dose de 10 à 20 mg. Il n’est généralement pas nécessaire d’utiliser des
doses plus fortes qui n’améliorent pas les résultats à long terme et majorent le risquent
d’effets secondaires En attendant l’effet du traitement, la mise en place de bétabloquants
comme propanolol permet une amélioration rapide de la symptomatologie cardiaque. Le
taux de TSH est contrôlé toutes les 4 à 6 semaines. La normalisation est souvent obtenue
en 4 à 12 semaines. La TSH peut rester longtemps freinée et l’adaptation du traitement
se fait sur le dosage de T3 et T4. Lorsque la T4 s’abaisse, on peut soit réduire
progressivement la posologie de carbimazole, soit rajouter du Lévothyrox® dans le
cadre d’un traitement combiné. Certaines équipes utilisent l’association d’antithyroïdiens
de synthèse et de Lévothyrox®. Les doses usitées sont souvent Carbimazole 20 mg +
Lévothyrox® de 50 à 75 mg. Cette association n’a pas fait la preuve de sa supériorité sur
les taux de récidive à long terme. Elle conserve l’avantage d’éviter des alternances hypo
hyperthyroïdie, de faciliter le suivi et reste employée chez un petit nombre. Lorsque la
posologie d’entretien est définie, un contrôle trimestriel est suffisant.

La durée du traitement se situe entre 6 à 18 mois généralement et l’hyperthyroïdie


récidive dans 50 % des cas à l’issue d’un traitement médical bien conduit. Les récidives
surviennent le plus souvent dans 3 à 6 mois. Le jeune âge, le sexe masculin, le volume
du goitre, le taux élevé de TRAK sont associés au taux de récidive. La prédiction
individuelle reste cependant imparfaite. La détermination du taux de TRAK peut avoir
une certaine utilité dans la mesure où leur positivité conduira automatiquement vers une
récidive à l’arrêt du traitement. Leur négativité ne préjuge pas de l’absence de récidive.

57
Antithyroïdiens de synthèse en préparation à un traitement radical

Lorsque le choix thérapeutique s’est porté sur la chirurgie, il est indispensable d’obtenir
au préalable l’euthyroïdie grâce à un traitement de 6 semaines, associant carbimazole ou
thiomazole et bétabloquants. Le traitement est poursuivi généralement jusqu’à
l’intervention. Il faut s’assurer de la normalisation de T3 et T4 avant l’admission en
chirurgie. Les antithyroïdiens de synthèse peuvent également être employés avant
traitement par iode radioactif qui s’administre sous forme d’une prise orale unique d’une
gélule (voir chapitre cancer). Attention, le traitement antithyroïdien de synthèse peut
cependant induire une certaine radiorésistance s’il n’est pas interrompu au cours de la
semaine précédente et suivant le traitement.

Traitement des thyroïdites


Dans ce cadre, l’hyperthyroïdie est secondaire à la destruction des follicules thyroïdiens.
Cette destruction peut être d’origine virale, infectieuse, auto-immune. Cette
hyperthyroïdie est le plus souvent modérée et une récupération secondaire intervient
généralement en quelques semaines. Les antithyroïdiens de synthèse sont souvent
inefficaces et le traitement repose sur les bétabloquants associés à des anti-
inflammatoires non stéroïdiens comme l’aspirine. Les corticoïdes sont réservés aux cas
les plus sévères.

Traitement de l’hyperthyroïdie grave et crise aiguë thyrotoxique


Elle est souvent déclenchée par un évènement aigu, chirurgie, infection, traumatisme ou
surcharge iodée chez un patient dont l’hyperthyroïdie est insuffisamment traitée. Il s’agit
d’une situation grave. Les signes cliniques sont d’ordre cardio-vasculaire avec une
tachycardie, une insuffisance cardiaque et neuropsychique responsable d’une agitation,
d’un délire et troubles de la conscience associés à des signes généraux telle une fièvre,
une déshydratation. Il est fréquent de prévoir une hospitalisation dans une unité de soins
intensifs ou en réanimation. Les traitements sont avant tout symptomatique : correction
de l’hyperthermie, réhydratation, sédatif, traitements cardio-vasculaires avec souvent des
anticoagulants s’il existe un trouble du rythme. Le traitement plutôt par le PTU à la dose
de charge de 800 mg est de rigueur. Si la voie orale est impossible, le PTU peut être
administré sous forme de lavement ou par voie rectale. Dans ce cadre-là, on peut être
amené à bloquer la libération des hormones thyroïdiennes par l’administration de fortes
doses d’iodure 2 h après les antithyroïdiens de synthèse : le lugol fort 5 % 10 gouttes
2 fois par jours. Un phénomène d’échappement survient souvent après 8 à 10 jours de
traitement. Ce traitement peut être aussi utilisé en préparation à la chirurgie.

Chez la femme enceinte


La situation est différente chez la femme enceinte. La prise en charge thérapeutique doit
tenir compte des conséquences potentielles graves de l’hyperthyroïdie pour la mère et
l’enfant, un risque de surdosage en antithyroïdien de synthèse responsable d’une

58
hypothyroïdie fœtale avec ses conséquences sur le développement neuropsychologique
de l’enfant, mais aussi le possible passage transplacentaire des TRAK susceptibles de
provoquer une dysthyroïdie fœtale. Dans ce cas, on utilise en générale le
PTU. Cependant, il a été décrit des hépatopathies graves. Tout est une affaire
d’expérience. L’état de tolérance lié à la grossesse permet le plus souvent une
interruption du traitement dès le 2ème trimestre. La reprise évolutive est précoce et
constante après l’accouchement.

Récapitulatif

Antithyroïdiens de synthèse en France

Avantages et inconvénients des différents traitements

59
Sonia, 52 ans, est venue me consulter pour un second avis. A l’annonce de sa maladie
de Basedow, on lui avait programmé une intervention chirurgicale après l’obtention
de l’euthyroïdie. Sonia refuse cette intervention et sollicite mon avis. Je lui présente
deux alternatives : traitement médical long, au moins 18 mois ou radio iode dans 6
mois. Elle choisit dans un premier temps le traitement potentiellement long par ATS.

Béatrice consulte pour le suivi régulier de son hypothyroïdie résiduelle post-


thyroïdectomie. Elle déplore l’errance et la longue attente médicale à tergiverser pour
prendre cette décision chirurgicale qu’elle aurait souhaité d’emblée. Elle ne supportait
plus les alternances hypo hyper.

Je soupçonne le désir de grossesse de Kally, 38 ans, n’ayant pas encore d’enfant, en


même temps que je fais le diagnostic de maladie de Basedow. On convient
rapidement d’un traitement par ATS en vue d’une thyroïdectomie rapidement pour
réaliser son projet de vie, sous-tendu par l’horloge biologique. Dans les 6 mois, Kally
obtient sa grossesse sous Lévothyrox® 200 µg. Elle met au monde une belle petite fille
de 3.4 kg.

Le choix du traitement doit être pris en concertation avec les patients en fonction de
leurs souhaits personnels, de leurs projets de vie.

60
Traitement substitutif
de l’hypothyroïdie

Le traitement substitutif thyroïdien doit être instauré sans urgence, sauf en cas
d’hypothyroïdie congénitale, de coma myxœdémateux ou chez la femme enceinte.

Principe de traitement
Les doses administrées varient suivant le degré d’hypothyroïdie, l’âge du patient et la
tolérance individuelle. La posologie est à adapter selon les résultats du taux de TSH,
demandé après 4 à 6 semaines de traitement. La posologie substitutive moyenne est de
1.7 µg/kg/j, soit 100 à 150 µg de Lévothyrox® pris le matin à distance des repas.
L’ensemble des signes disparaît généralement dans les 3 mois.
La surveillance s’effectue par le dosage de TSH tous les 6 à 12 mois et par la recherche
de signes cliniques de surdosage : nervosité, palpitations, insomnie.

Dans certaines circonstances, toutes les précautions sont à prendre, notamment chez le
patient coronarien où les doses doivent être introduites de façon progressive et associées
à des cardio-protecteurs à une surveillance par électrocardiogramme parfois en
hospitalisation. Chez la personne âgée, le terrain polypathologique incite à la prudence.
Les traitements doivent débuter par des posologies plus faibles 25 µg de Lévothyrox® et
les objectifs du taux de TSH sont plus élevés. Chez l’adulte jeune, souvent la dose
physiologique d’emblée est instaurée entre 75 et 125 µg selon l’élévation de la TSH.
L’objectif de TSH est compris entre 0,4 et 2 mUI/L. Lorsque la TSH reste élevée, on
augmente les posologies de Lévothyrox® de 10 à 15 %. Lorsqu’elle reste inférieure aux
valeurs de référence, on réduit les posologies d’autant. Lorsqu’on traite les
hypothyroïdies d’origine centrale, on se réfère au taux de LT4 circulant. La ménopause
entraîne une augmentation de la protéine vectrice, ce qui explique parfois l’augmentation
des doses de Lévothyrox® après un traitement substitutif.

Cas particulier de la grossesse


L’équilibre thyroïdien doit être optimisé avant toute conception. En effet, une
hypothyroïdie pendant la grossesse peut interférer sur le quotient intellectuel des futurs

61
enfants. L’objectif thérapeutique est une TSH dans les valeurs basses de la normale entre
0,5 et 1,5 mUI/L. Les besoins d’hormones thyroïdiennes augmentent dès la 5ème semaine
de grossesse pour attendre un plateau de 30 à 50 % en moyenne vers la 16ème semaine.
Cette majoration des besoins est la conséquence de l’action conjuguée de l’enzyme
désiodase placentaire, de la production accrue des protéines vectrices et d’un volume de
distribution plus important. Cette conséquence obstétricale nécessite de majorer les
posologies de 30 à 50 % parfois. Certains préconisent d’anticiper l’augmentation des
doses avant le début de la grossesse. A noter, une certaine difficulté de prise
médicamenteuse lorsqu’il existe des vomissements, surtout lors du premier trimestre. Il
est important de prendre le médicament à distance des repas. Ne pas oublier d’augmenter
les doses également chez la femme enceinte substituée ayant une insuffisance d’origine
hypophysaire. Une augmentation de 15 % est souvent suffisante. Dans cette situation, le
dosage de la TSH est inutile.

Hypothyroïdie congénitale
Il s’agit d’une véritable urgence car chaque retard pris à la mise en route du traitement
peut avoir une conséquence sur le développement psychomoteur avec une perte des
chances. Il est légitime de commencer un traitement dès la suspicion clinique avant
même la confirmation biologique. La surveillance porte sur le taux de TSH et de T4 libre
mensuel pendant la 1ère année. La TSH sera maintenue dans les valeurs normales basses,
la T4 libre dans la partie supérieure de la normale.
Il est inutile de surveiller les patients par le dosage d’anticorps anti TPO ou anti
thyroglobuline.

Que faut-il faire devant la persistance des symptômes


d’hypothyroïdie malgré la normalisation de la TSH ?
Plusieurs explications sont possibles. Une erreur du laboratoire dans le dosage de TSH
faussement normale est à évoquer. Refaire le dosage. Rechercher une autre cause, autres
symptômes allégués indument à l’hypothyroïdie. Non la thyroïde n’est pas responsable
de tous les maux de la terre. Parfois, les valeurs de référence ne sont pas forcément le
reflet d’équilibre individuel, une TSH dans les normes peut ne pas traduire un bon
équilibre individuel. Ceci est extrêmement rare et doit être retenu après avoir écarté
d’autre cause. C’est pour palier à cette situation exceptionnelle que certains proposent
une association de T3 et T4.

Que faut-il faire chez certains patients peu compliants ou ayant


une TSH haute ?
Cette constatation est faite devant un taux anormalement élevé malgré des doses
thérapeutiques suffisantes. Il est important d’insister sur l’intérêt majeur de la prise de
Lévothyrox®. Dans certains cas, malgré une compliance constatée en hospitalisation

62
correcte, les patients gardent un taux de TSH élevé. Il est alors essentiel de rechercher
des interférences médicamenteuses et des facteurs réduisant l’absorption digestive de la
T4, la prise de générique qui n’est pas l’équivalent du Lévothyrox® en termes de dosage
de principe actif fluctuant. Un changement de galénique peut aussi être proposé, prise de
gouttes.

Comment éviter les oublis ?


Les oublis sont inévitables et sans conséquences lorsqu’ils sont occasionnels. La demie
vie du Lévothyrox® est suffisamment longue pour que l’oubli d’un comprimé une fois
par mois passe inaperçu. Cela risque d’influencer l’équilibre quand l’oubli est récurrent
1 à 2 fois par semaine. L’oubli peut être conscient ou inconscient. Il n’est pas rare d’y
penser au travail. Alors pour éviter d’attendre la prise du lendemain matin, prenez avec
vous un pilulier ou une autre plaquette de traitement. Cela vous permet de prendre votre
comprimé oublié dès que vous y penser. Développez votre propre méthode anti-oubli.
Chacun a ses trucs.

Formes thérapeutiques : dose initiale 1.6-2 µg/kg/j

Quand majorer les doses ?

Les doses doivent être souvent augmentées dans certaines situations :


• Maladie digestive : entéropathie, affection pancréatique, cirrhose, maladie cœliaque
• Maladie rénale : syndrome néphrotique, hémodialyse
• Grossesse : majoration des besoins de 30 à 50 %
• Ascension du poids
• Prise de médicaments associés : pansements digestifs, sels de fer, sels de calcium,
sels de magnésium, inhibiteurs de la pompe à protons, acide ursodexoycholique,
cholestyramine, inducteurs enzymatiques comme le phénobarbital, carbamazepine,
phynétoïne, rifampicine
• Lors de certaines chimiothérapies dues aux vomissements

63
Traitement de l’insuffisance antéhypophysaire

Déficit en TSH : hypothyroïdie secondaire

L’hypothyroïdie est traitée par Lévothyrox® souvent à des doses moindres que pour
l’hypothyroïdie d’origine auto-immune. Dans ce cas, le dosage de TSH n’a pas d’intérêt
car il est bas.

Déficit en hormone de croissance

Le déficit en hormone de croissance se traite par des injections d’hormone de croissance


chez l’enfant. Une tendance actuelle est de prolonger ce traitement lorsque le déficit à
l’âge adulte est confirmé. L’hormone de croissance est délivrée par un stylo injecteur une
fois par jour. La dose est calculé selon le poids sur une base de 0.035 mg/kg/j et ajustée
selon la vitesse de croissance et le taux d’IGF1, marqueur d’équilibre fiable.

Déficit en hormone sexuelle : déficit gonadotrope

Ce type de déficit a deux conséquences chez l’homme et la femme : la carence


hormonale et l’infertilité. La carence hormonale si elle n’est pas traitée expose à
l’ostéoporose. L’obtention d’une grossesse est aisée (voir infertilité) malgré les
traitements sophistiqués.

Chez l’homme, la testostérone est délivrée le plus souvent sous forme d’injection
mensuelle ou toutes les 3 semaines (Androtardyl® remboursée par la Sécurité sociale)
ou bien sous forme de patch ou gel non remboursé. Les comprimés de Pantestone® sont
beaucoup moins prescrits. La surveillance est essentiellement clinique et basée sur le
dosage de testostérone, juste avant la prochaine injection.
Chez la femme, le traitement est simple, une association œstroprogestative
type Climaston®, Kliogest®, Divina®, Activelle®. La surveillance est essentiellement
clinique, tolérance mammaire et vaginale.

Traitement de l’infertilité chez l’homme et la femme

D’origine antéhypophysaire

L’induction de l’ovulation est une association de FSH (Gonal F) et LH (Ovitrelle), en


injection sous-cutanée reproduisant un cycle physiologique.

Un exemple : Injection de Gonal F 75 tous les jours du 4ème au 12ème jour avec dosage
d’œstradiol rapide pour ajuster la doses. Si le taux d’œstradiol n’est pas suffisant, les
doses sont augmentées. Un monitoring échographique est effectué pour appréciation de
la taille du follicule. Lorsque celle-ci est suffisante, Ovitrelle est administrée au
12ème jour pour déclencher l’ovulation.

64
L’induction de la spermatogénèse en vue d’une paternité est du même type que chez la
femme, mais bien plus longue à obtenir, 12 à 18 mois. Elle se fait à l’aide d’injections de
deux types d’hormones LH et FSH en sous-cutané. Les résultats sont le plus souvent
positifs.

65
Traitement chirurgical

Il existe deux types de gestes opératoires, l’ablation totale de la thyroïde, thyroïdectomie


ou l’ablation partielle de la thyroïde, lobectomie. La lobectomie ou isthmo-lobectomie
consiste à retirer un côté de la glande plus ou moins associé à l’isthme, du côté du nodule
à retirer. L’ablation simple du nodule a été abandonnée car le risque opératoire était plus
élevé et la surveillance ultérieure plus difficile.

Indications de la chirurgie
L’intervention chirurgicale est indiquée principalement dans quatre situations :
augmentation de volume du goitre, hypersécrétion de la thyroïde, nodules et cancer. Elle
est proposée dans certaines autres situations.
• Maladie de Basedow avec désir de grossesse ou allergie aux antithyroïdiens de
synthèse
• Maladie de Basedow récidivante avec contre-indication au traitement par le radio
iode ou refus du patient à ce traitement par radio iode
• Goitre compressif ou goitre mutlinodulaire avec gène cervicale ou nodule de plus de
30 mm
• Nodule suspect à la cytoponction
• Cancers familiaux rarissimes, en prévention

Chirurgie dans les goitres


La chirurgie est indiquée lorsque le goitre est disgracieux, compressif au niveau de la
trachée, avec présence de nombreux nodules souvent supérieurs à 30 mm ou bien
lorsqu’il a augmenté de taille très rapidement. La thyroïdectomie est alors proposée.

Dans 1 % des cas, il est nécessaire de réaliser une ouverture du sternum appelée
sternotomie* afin de procéder à l’exérèse de goitre volumineux plongeant profondément
dans le médiastin antérieur, souvent adressé au chirurgien thoracique.

66
Chirurgie dans les cancers thyroïdiens
Lorsque le cancer thyroïdien a été diagnostiqué en pré-opératoire ou lors de
l’intervention avec examen immédiat d’un nodule suspect, la thyroïdectomie est
complétée par un curage ganglionnaire uni ou bilatéral consistant en l’exérèse des
chaînes ganglionnaires et des principaux compartiments lymphatiques de la région
cervicale : chaine ganglionnaire récurrentielle et jugulo-carotidienne.

Technique chirurgicale
Attendez-vous à une hospitalisation de 2 à 4 jours et un arrêt de travail de 10 jours pour
une lobectomie, et 3 semaines pour une thyroïdectomie avec une visite de contrôle à 1
mois. La veille et le matin même, vous prenez une douche à l’aide d’un savon septique.
Messieurs, vous vous rasez. Le traitement est poursuivi jusqu’au jour de l’intervention.
Cette opération s’effectue généralement sous anesthésie générale. L’anesthésie locale a
été proposée dans de rares cas de contre-indication à une anesthésie générale.
La position idoine est celle de la tête en hyper extension avec un billot transversal sous
les épaules. La voie s’appelle la cervicotomie, c’est-à-dire une ouverture de la peau à la
base du cou entre 6 et 8 cm, l’emplacement idéal d’un ras de cou, pour masquer
ultérieurement la cicatrice.

La durée de l’intervention dépend du type et de l’indication. Une lobo-isthmectomie


prend entre 45 et 75 minutes, une thyroïdectomie entre 90 à 120 minutes, avec curage
entre 2 h 30 et 3 h. L’examen per opératoire ou examen extemporané demande un délai
supplémentaire de 15 et 30 minutes. La pose d’un drain de Redon permet de faire
écouler le sang pour limiter les hématomes. La fermeture de la peau se fait généralement
par fils résorbables ou colles biologiques.
Vous vous réveillez en salle de réveil sous l’œil attentif de l’anesthésiste et sous
antidouleurs. Vous vous réalimentez le soir même. Un contrôle de votre calcémie* à J1
et J2 et de vos cordes vocales est incontournable. Votre perfusion est retirée souvent le
lendemain quand tout va bien. Un traitement substitutif est instauré de suite. Votre
chirurgien vous prescrit une crème magique pour belle cicatrice.

Complications immédiates
Il est primordial de dépister par une surveillance attentive les complications immédiates
de la chirurgie afin de les traiter au plus vite. Les principales complications sont
l’hypocalcémie*, la paralysie d’un nerf contrôlant les corde vocales, le nerf récurrent,
l’hématome cervical. Cela se traduit pas l’apparition d’un œdème cervical, de trouble
mineur de la voix, de douleurs cervicales et musculaires.

L’hypocalcémie* post-opératoire

67
Il s’agit d’une complication fréquente, touchant 10 à 20 % des patients ayant eu une
thyroïdectomie. Elle est favorisée par une chirurgie longue ou difficile, hémorragique ou
une ré-intervention. Il s’agit d’une hypoparathyroïdie* par sidération des glandes
parathyroïdiennes traumatisées par leur mobilisation souvent nécessaire pour procéder à
la thyroïdectomie ou en raison d’œdème post-opératoire. Les symptômes sur viennent le
lendemain de l’intervention sous forme de paresthésie buccale, maux des extrémités,
mains et pieds, crampes, fermeture difficile de la main. Il est important de doser
systématiquement la calcémie le lendemain de l’intervention afin de corriger les
hypocalcémies ou les dépister. Le traitement est basé sur la prise orale de calcium
associé de plus en plus fréquemment à la prise de magnésium et parfois complété par
une injection intraveineuse de gluconate de calcium en cas d’hypocalcémie
symptomatique. On peut joindre de la vitamine D per os afin de fixer le calcium et
compenser une probable hypovitaminose parfois résiduelle. Il n’est pas rare également
que la calcémie* s’abaisse pendant plusieurs jours après la sortie, mais rarement au-delà
du 10ème jour.

La paralysie du nerf récurrent ou paralysie récurrentielle

C’est la complication la plus handicapante pour des patients qui génèrent de plus en plus
de procédures médico-légales du fait parfois d’une perte d’emploi, d’une reconversion
professionnelle, d’un préjudice fonctionnel majeur. Il est donc fondamental que le
patient en soit informé et qu’une prise en charge par un phoniatre soit instaurée. Son
incidence varie entre 1 à 2 % selon l’habileté des chirurgiens. Les nerfs récurrents sont
collés à la glande thyroïde jusqu’à leur pénétration laryngée où ils vont assurer la
mobilité des cordes vocales. Ils peuvent donc être traumatisés, d’autant plus facilement
que l’exérèse de la thyroïde s’avère compliquée du fait d’un volumineux goitre, d’un
cancer, d’une chirurgie hémorragique, d’une ré-intervention chirurgicale ou par des
variations anatomiques.
La paralysie récurrentielle* bilatérale, exceptionnelle, peut avoir des conséquences
dramatiques surtout quand les cordes vocales sont paralysées en adduction, en position
de fermeture. Un traitement par corticoïdes est alors instauré. Une intervention
chirurgicale destinée à élargir la filière laryngée est possible lorsque les cordes vocales
sont en position de fermeture, notamment par laser.

Lorsqu’il s’agit d’une paralysie récurrentielle unilatérale, la récupération doit être


effective dans les 6 mois avec une rééducation orthophonique spécifique. La dysphonie
se manifeste très souvent au réveil, sous forme d’une voix éraillée ou bitonale. Il peut y
être associé une dysphagie avec fausse route et sensation de blocage des aliments lors
des premiers jours. Elle disparaît spontanément et rapidement. De rares dyspnées
respiratoires ont été décrites à l’occasion d’effort. La sensation de gêne cervicale et de
corps étrangers peut persister plusieurs semaines. Le diagnostic se fait par un examen
laryngé ou nasofibroscope sous anesthésie locale dans les jours qui suivent la chirurgie.
Il ne faut pas hésiter à prolonger la rééducation qui est débutée le plus tôt possible.

L’hématome cervical

Il survient généralement dans les 24 heures. Lorsqu’il est compressif, on peut être amené
à ré-intuber le patient et le réopérer en urgence pour rechercher et traiter l’origine du
saignement. Les premières heures post-opératoires nécessitent une surveillance étroite

68
car l’apparition de cette complication est brutale avec la survenue d’un volumineux
hématome cervical, accompagné éventuellement d’un saignement par la cicatrice et
d’une dyspnée qui se majore en quelques minutes. C’est pour cette raison que la
chirurgie thyroïdienne ambulatoire ne peut pas toujours être recommandée à l’heure
actuelle. L’apparition d’un gonflement cervical, d’une dyspnée ou d’une dysphagie
justifie un avis chirurgical rapide.

Suites opératoires normales

Œdème cervical

L’œdème cervical est constant et forme un bourrelet plus ou moins volumineux autour de
la cicatrice. Il régresse en 2 à 3 semaines. Les massages péri-cicatriciels réduisent
l’œdème. Les troubles mineurs de la voix sont normaux en post-opératoire immédiat. Ce
peut être des difficultés à moduler les sons ou à crier. La récupération s’effectue après
quelques jours d’évolution. La totalité de la voix et sa puissance reviennent à leur état
précédent avec la disparition de l’œdème. En cas de persistance, il peut s’agir d’une
lésion du nerf laryngé supérieur ou d’une paralysie récurrentielle compensée pour
lesquelles il est nécessaire d’effectuer une investigation et d’entamer une rééducation
orthophonique.

Douleurs cervicales

Les douleurs cervicales et péri-cicatricielles mineures doivent s’amender ou être bien


contrôlées dans les 10 jours par des antalgiques mineurs. Les cervicalgies ou les
torticolis sont la conséquence d’une position opératoire en extension cervicale qui ne
doit pas être trop exagérée. Il est toujours utile de signaler au chirurgien des antécédents
d’arthrose cervicale, de cervicalgies ou névralgies cervico-brachiales afin d’adapter la
position opératoire. La persistance de douleurs au-delà de 10 jours associant une fièvre
doit faire craindre une infection, surtout si la cicatrice est sensible et dure.

Cicatrice

La cicatrice se modifie de jour en jour. Elle va rester gonflée pendant 10 à 15 jours puis
s’estomper progressivement entre 6 mois et 1 an selon les critères de cicatrisation
individuelle. On préconise toujours de masquer la cicatrice du soleil pendant 1 an afin
d’éviter la pigmentation. Les cicatrices chéloïdes feront l’objet de traitements
spécifiques à base de corticoïdes, mais nécessitent parfois une reprise chirurgicale. Des
nouveaux pansements type Cerederm peuvent atténuer également la cicatrice en
quelques mois.

La fatigue ou asthénie

L’asthénie, constante après toutes chirurgies, ne doit pas persister au-delà de 3 semaines.
Elle peut être le reflet d’un mauvais équilibre du traitement de l’hypothyroïdie

69
secondaire, par Lévothyox® soit par doses insuffisante soit par une mauvaise observance
du traitement.

Lobo-isthmectomie ou lobectomie
Après une lobo-isthmectomie, le lobe restant est capable d’assurer les besoins quotidiens
et la substitution n’est pas nécessaire. Quelques cas particuliers démentent ceci. Après
loboisthmectomie pour nodule toxique, le contrôle du taux de TSH bas doit être effectué
6 semaines après.
Après le retour à domicile d’un patient opéré de la thyroïde, le suivi post-opératoire est
dans la grande majorité des cas assuré par le médecin traitant.

Le symptôme de l’organe fantôme


Les personnes hypersensibles éprouvent bien plus que les autres la perte de leur intégrité
corporelle. Elles se plaignent d’un cortège de symptômes laissant supposer une certaine
mémoire du système nerveux : les neurones s’acharnent à retrouver les sensations
perdues. Ils s’activent seuls spontanément et aléatoirement. Ces sensations n’existant pas
dans la réalité, elles n’ont aucune cohérence et ces personnes ne sont pas toujours bien
écoutées.
Soyons à l’écoute et compréhensifs face à ces douleurs inattendues.

70
3.
Bien vivre
son traitement

71
La maladie est un message

Il y a des médecins qui soignent le cœur, la thyroïde, les os, la tête. Mais qui soigne le
malade ? Celui qui comprend que le corps et l’esprit sont un duo indissociable et que
toute maladie a un sens, différent pour chacun.

La thyroïde vous en fait voir de toutes les couleurs et vous pensez qu’elle est responsable
de tous vos maux. C’est assez récurrent de vous entendre, malgré un traitement bien
conduit, souffrir de fatigue ou de symptômes identiques à ceux ressentis au début de
votre maladie, sans explication de déséquilibre hormonal. Devant mon impuissance à
soulager, je me suis mise à chercher d’autres solutions que celles enseignées au cours de
mes études. J’ai découvert les médecines douces complémentaires, l’invitation au
voyage intérieur, l’accompagnement, la médecine de l’amour d’Autrui. J’ai appris à
traquer mes agacements, mes sur investissements, les images qui m’aveuglaient par
rapport à ma propre histoire pour aller à votre rencontre et découverte, chers patients.
Votre corps vous envoie un message à décoder. Vos souffrances intimes s’expriment dans
vos maladies. Recherchez le sens des maux et vous gagnerez en légèreté. Déchiffrez le
message caché. Faites l’effort de comprendre les méandres de l’inconscient, dialoguez
avec vos rêves et vous serez surpris de voir votre duo corps-esprit, cette fleur si fragile,
en harmonie. Cela vous donnera la force d’accepter cette maladie chargée de sens et de
rebondir dans l’adversité.

Mémoire corporelle
Votre corps se souvient. Même après plusieurs années. Parfois sans tri. Il se souvient des
agressions, surtout lorsqu’elles s’enchaînent. Une ablation de la thyroïde à un mauvais
moment de la vie peut être amalgamée à d’autres douleurs sans rapport. Dans les faits,
vous pouvez souffrir par évènements interposés et vous embourber dans la vraie cause de
votre souffrance. Pour traiter cette mémoire corporelle polluante, j’oriente mes patients
vers une méthode qui a fait ses preuves dans le syndrome post-traumatique, la méthode
EMDR (Eyes Movement Desentization Reprocessing. http ://www.emdr-france.org).
Cette méthode dénoue l’écheveau de laine enkysté dans un coin de votre cerveau.

Virginie, 42 ans
« Lors de mon rendez-vous avec vous, je vous ai fait part de mon ressenti très
personnel suite à la survenue de mon hypo-thyroïdie, à savoir que j’avais l’impression
de ne plus être la même ; que j’étais toujours très fatiguée et que globalement je

72
n’avais envie de rien. Vous m’avez dit que le corps avait une mémoire et vous m’avez
communiqué les coordonnées d’une personne pour envisager des séances
d’EMDR. Dès la première séance, elle a identifié l’origine des problèmes, le décès de
mon grand-père en 1975, que je n’avais toujours pas accepté. Depuis, je suis obligée
de reconnaître, après trois séances que je vais beaucoup mieux, je ne vis pas les
choses de la même manière, je ne suis plus fatiguée. J’en étais arrivée à me trouver
dans l’obligation de m’allonger le samedi et le dimanche, ne tenant plus debout. Tous
ces symptômes ont disparu ; j’ai la pêche ; tout va mieux. Un grand merci à vous ;
continuez à communiquer ses coordonnées. Que ce témoignage puisse vous conforter
et servir à d’autre patients. »

N’hésitez pas, vous serez surpris du résultat très rapide et durable sur votre bien-être.
Vous parcourerez un nouveau chemin sans vous en apercevoir, après avoir délié votre
pelote de haine.

Faire le deuil de son état antérieur


Nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le chemin de la nuit. La vraie souffrance
réside justement dans la résistance à ne pas vouloir faire le deuil d’un état antérieur, une
sorte de fidélité au passé, une chape de plomb qui vous colle à la peau. Vouloir éviter
l’inévitable, n’est-ce pas augmenter sa douleur. Vous êtes en deuil d’un avenir souriant,
de rêves. Prenez le temps de faire le deuil de votre ancienne personne pour accueillir
votre nouvelle belle personne qui ne demande qu’à éclore. Trouvez d’autres moyens de
communications pour mieux vivre. Cessez de vouloir devenir qui vous étiez. Devenez
qui vous êtes maintenant. Développez votre potentiel, vos capacités, vos dons, votre voie
qui vous convient. Votre corps et votre esprit seront alors alignés.

Changez de cap

Sortez de votre chemin qui était tracé. Changez de cap pour vous accomplir. Les
passions sont les vents qui gonflent les voiles d’un bateau. Sans elles, il ne pourrait
voguer même si parfois elles l’entraînent à la dérive. Entre les rivages des océans et les
hauts sommets, une virée secrète est tracée. Seuls les hommes justes finissent par la
découvrir. Des chemins pour gravir la montagne ne sont pas toujours les plus directs,
mais peut-être détournés pour accéder au sommet, nécessaires à la globalité de votre
parcours. Vous devez simplement transformer votre regard sur eux. Vous vivrez des
échecs. Faites de ces tragédies des contes merveilleux. Voyez-les comme l’occasion d’un
éveil, tirez des leçons au lieu de perdre toute votre énergie à ressasser les causes et les
conséquences. Une occasion de réfléchir sur votre vie, de l’appréhender autrement. Votre
calme d’aujourd’hui remporte une victoire sur votre angoisse d’hier.

Ce en quoi je pense, je crois ou espère, advient


On attire ce qui nous ressemble
Si vous croyez en vos rêves, ils vont se réaliser.

73
Apportez quelques changements

Changez votre emploi du temps. Quel ajustement pouvez-vous apporter à votre journée
pour vous satisfaire, pour prendre soin de vous régulièrement ? N’hésitez pas à vous
lancer dans la création artistique également, vous vous laisserez surprendre par votre
expression artistique ainsi que par l’explosion de votre mal-être. Cherchez votre Beau.
Vous vous trouverez touché par vous-même. Vous lancer dans la création, c’est découvrir
votre pouvoir de créativité. C’est rayonner sans contraintes, sans chichi, avec ardeur,
cette flamme intérieure. Sortez de votre camp de retraité de la vie en vous ouvrant, en
communiquant. Accouchez de la personne qui est en vous. Interrogez-vous sur ce qui
fait le plus mal dans votre métamorphose. Arrêtez de vous juger et regardez-vous avec
plus de mansuétude. Allez satisfaire votre envie intarissable d’être touché, d’être massé à
la moindre tentative d’auto-insultes. Nommez ce qui vous fait mal sans vous mentir.
Trouvez un acte de tendresse par jour, vous pouvez écrire, faire un poème. Vivre bien
avec ce que vous avez et non avec ce que vous n’avez plus.

Carpe Diem !

Cueillez le jour aujourd’hui sans vous fier à demain. Acceptez votre nouvel état. Souriez
à votre tasse de thé et vous serez en contact avec les merveilles de la vie.

Dire oui à la vie et savoir dire non


Accepter son nouvel état, c’est dire oui à la vie et savoir dire non lorsque l’on vous met
en difficulté. Nous sommes tous confrontés à un certain nombre de faits qui nous sont
imposés comme la survenue de maladie, d’accidents, d’agressions, les aléas
économiques, la vieillesse, la mort. C’est le sort de tout être humain. On peut les refuser
et vouloir que les choses soient autrement. Ce refus est tout à fait compréhensible et
légitime. Pourtant, c’est la plus belle source de souffrance. La sérénité ne s’obtient qu’à
travers l’acceptation de la vie telle qu’elle nous est donnée avec sa part d’inéluctable.

Accepter l’inéluctable, l’inévitable

Dire oui à la vie, c’est aussi dire oui à l’inéluctable, la mort. Apprivoiser la peur de la
mort, permet de mieux jouir de la vie. Chacun a ses croyances. Cherchez les vôtres si
vous n’y avez pas réfléchi. C’est un moyen de mieux vivre dans votre nouvel état.
Ecrivez les cinq choses que vous aimeriez faire avant de mourir. Réalisez-les à votre
rythme. Vous serez surpris du résultat.

La sagesse commence par l’acceptation de l’inévitable et se poursuit par la juste


transformation de ce qui peut se changer. On peut trouver un équilibre entre les deux :
acceptation de l’inéluctable et capacité à transformer ce qui peut l’être. Cela ne peut se
faire qu’à condition de sceller la paix avec le réel, sans rester englué dans les sentiments
de colère. Une maladie peut être un moteur pour développer d’autres qualités, trouver la
force dans ses faiblesses. Faites l’éloge de vos faiblesses. Le simple fait d’acquiescer
l’inéluctable procure un sentiment de plénitude. Transformer le négatif en positif autant
que faire se peut. Dire oui aux imprévus, à l’inattendu est une philosophie de vie qui

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offre de belles surprises. Cela permet de saisir les opportunités facilement, de rebondir
devant l’adversité. C’est une respiration qui permet de découvrir la fluidité de la vie.
Accepter le balancement des bonheurs et des malheurs, ces belles rencontres. La
résistance aux changements n’amène que des peines.

Connais-toi toi-même

Socrate est encore d’actualité en 2013. Lorsqu’un individu plonge dans sa nature
profonde, s’élève au-delà de ses préjugés, il peut toucher au vrai, au beau. La culture
contemporaine a tendance à réduire les objectifs du développement personnel qui
apprend à se connaître pour dominer ses émotions. Pour les philosophes de l’Antiquité,
le travail sur soi est un laboratoire d’humanité. Au départ, vous pouvez avoir un choc en
découvrant vos propres pulsions négatives et destructrices qui vous habitent. Vous avez
tendance à vouloir rejeter la faute sur un autre clan, la société… Si vous apprenez à vous
connaître, vous devenez plus compatissant, c’est un pas vers l’amour de soi et une
guérison intérieure. Vous devenez enfin libre et épris de liberté, condition sine qua none
de l’expression de votre individualité. Votre auto-estime en est augmentée. Cela permet
de développer de bonnes relations à soi et aux autres.

La fatigue fait partie de nous tous


La vie de 2013 est une vie éreintante par son cocktail de stress, de course à la
performance quasi quotidienne imposée par les difficultés économiques, le taux de
chômage à la hausse. Etablissez votre échelle de fatigue et vos raisons profondes pour
l’apprivoiser et reculer votre seuil de fatigue.

Origine de votre fatigue

La fatigue est collée à votre peau. Elle revêt différentes origines. Le manque d’activité,
la fonte musculaire de l’hyperthyroïdie. Une baisse de morale. Votre résistance
s’effiloche. Votre énergie vitale est en berne. La fatigue peut se décomposer en différents
facteurs.

La fatigue physique
« Tout ces médicaments me donnent l’impression que je suis vieille avant l’âge. »

Le corps n’a pas le temps d’assimiler toutes les agressions et votre maison n’a pas
changé d’un iota. D’où cet épuisement qui vous coupe du monde et touche toutes vos
cellules. Votre corps est éteint, meurtri. Votre énergie fuit par une brèche que vous
essayez de colmater. Ô soit sage ma fatigue. N’hésitez pas à vous allonger dès que vous
ressentez cette chape de plomb. Elle sera plus facile à porter ensuite. Essayez différents
types de repos. Respirez l’air frais. Vivez à votre rythme.
Supprimez de votre langage : « Il faut que je fasse, il faut que je finisse, il faut
absolument que j’y arrive ».

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Dès que vous employez « il faut que », c’est que déjà vous forcez. Vous avez alors
besoin d’une pause café.
Changez d’activité dès que la concentration baisse du fait de la fatigue. Changez aussi
souvent que vous en ressentez le besoin. Vous finirez en grande forme en ayant fait bien
plus de choses et avec une sensation d’être moins fatiguée. Attention, cela peut
surprendre les autres qui vous diront encore « t’en fait trop »… Difficilement
compréhensible, mais efficace. Acceptez votre fatigue en la prenant pour ce qu’elle est :
besoin de repos. Quand vous avez soif, vous n’attendez pas pour aller boire. C’est pareil
pour la fatigue. C’est le besoin vital du corps de se reposer. Vous pouvez la prévoir, mais
elle peut aussi arriver sans crier gare à un moment inattendu. C’est le plus déroutant et
difficile à accepter. Mettez les mots qui conviennent à vos maux.

La fatigue lutte, plus subtile

A force de lutter contre le sommeil parce que vous n’avez pas de lit à votre disposition,
vous aggravez votre fatigue physique même si vous avez l’impression de tenir sur vos
jambes. C’est un peu comme la douleur. Plus vous attendez pour la traiter, plus vous
avez mal. La migraine est un bel exemple. Vous pouvez pallier à cela en organisant votre
vie quotidienne de telle sorte que vous puissiez à tout moment vous allonger, ne serait-ce
que quelques minutes. Organisez votre lieu de travail pour pouvoir faire la sieste.

La fatigue révolte, encore plus subtile

Vous avez l’impression d’être dans un monde hostile avec toutes sortes de bourreaux :
hôpital, corps médical, entourage, vous-même. Pourquoi cette injustice ? Pourquoi moi ?
Vous êtes en perpétuel conflit avec vous-même ou les autres. Mêlée à cette fatigue
révolte, une fatigue culpabilité, autre versant de la révolte, énergie belliqueuse qui se
retourne contre vous, invisible et tout aussi destructrice. Vous vous bombardez de
reproches… et si j’avais fait ci et si je n’avais pas fait ça. Saupoudrez votre vie de paix et
vous verrez vous éloigner un fardeau parasite bien pesant. Le lâcher-prise prend toute sa
valeur. Vous regrettez la période d’avant le diagnostic, que vous avez tendance à
idéaliser. Vous réglez les comptes de votre vie, guerre intérieure permanente. Vous vous
battez contre des moulins à vent jusqu’à l’épuisement tout en voulant continuer vos
différents métiers : le professionnel, la vie affective, la vie de parent. Cela demande
beaucoup de courage et de lucidité pour vaincre ce dragon habile. Ce dragon vous
pousse à râler, à pester, à réclamer à l’extrême de l’attention, à exiger des autres
l’impossible, c’est-à-dire qu’ils changent, eux. Vous êtes bien sûr persuadés d’avoir
raison. Ceux sont les autres qui ont tort. Vous vous sentez victime d’une supercherie,
d’une putain de maladie et ce sont les autres qui ne comprennent rien à rien. Cette
fatigue résulte de l’énergie de guerre qui vous habite. Plus elle est grande, plus intense
sera votre fatigue. La révolte ne sème que la tempête.

Repérez que vous êtes en guerre et le calme apparaîtra. Vous pourrez alors mettre un peu
de paix dans votre vie. C’est ce dont a besoin votre corps pour lutter contre la maladie.
La fatigue s’éloignera comme un mauvais souvenir. Abandonnez votre rôle de victime.
Vous êtes acteur de votre vie et de votre bonheur. Vous avez toujours le choix d’être
heureux comme celui d’être malheureux. Personne ne sait mieux que vous ce dont vous
avez besoin. Vous avez encore cette chance de voir le lever du soleil chaque matin, cette
douceur qui vous nourrit, d’assister au coucher du soleil chaque soir, cette tendresse

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comme un baume apaisant. Pensez que le système médical fait de son mieux pour vous
rendre la vie la plus agréable. Il a aussi ses ratés comme vous dans votre travail, dans
votre rôle de parent, de conjoint, etc. « Attelez-vous à être heureux entre deux erreurs ».
Posez-vous dans votre vie. Passez en revue tous vos succès, tout ce qui vous a rempli de
joie. Faites une sorte de bilan de compétence de vie. Ce bilan de réussite ôte le poids de
la fatigue. Acceptez-vous dans cet état en cessant de lutter contre le courant. C’est
comme ça que vous allez économiser votre énergie si précieuse.

La fatigue ennui, quasi imperceptible

On ne la repère qu’avec une introspection personnelle, un développement personnel.


C’est une fatigue absente de sens. Vous perdez contact avec vous-même. On ne la ressent
que si on comprend la notion de sens. Ce sont des questions sans réponses qui accablent.
Justement, cette maladie ou ces maladies n’ont pas de sens. Ecoutez votre voie
intérieure, déjà vous commencez à percevoir un sens. Lorsque vous l’aurez
complètement trouvé, cette fatigue s’envolera. C’est le grand défi de l’être humain,
trouver un sens à sa vie, le plus bel épisode de votre vie.

La fatigue absence d’envie, piège car perceptible seulement par


les autres
Vous avez perdu le sourire. Forcez-vous à rire car le sourire appelle le sourire. Faites les
mimiques du rire après des propos que vous prenez pour révoltants. Vous serez étonnée
de finir en éclats de rire et de voir votre visage de nouveau en mouvement. Visualisez
des situations joyeuses, un voyage dans une de vos destinations de rêve, un bain dans des
eaux turquoises, une sieste sur du sable blanc. Faites une liste j’aime/j’aime pas.
Imposez-vous 3 plaisirs par jour. Votre maladie n’est plus aussi mauvaise. C’est un
tremplin sublime pour accéder à votre véritable MOI. C’est un propulseur pour réaliser
vos projets de vie. Apprenez à écrire vos blessures dans le sable et à graver vos joies
dans la pierre.

Sentiments de décalage
La fatigue, la perte d’endurance et l’intolérance au stress sont bien connues. Le décalage,
lui, est complètement ignoré et source d’incompréhension. Il se traduit par des phrases
que vous vous assignez : « Je suis en train de devenir zinzin. Sont-ce les autres qui ne
comprennent rien ? » Quand vous avez envie de pleurer, les autres rient. Quand vous
voulez faire la fête, les autres sont tristes. Tout vous semble une montagne. Vous êtes
gagnés par la révolte. Et le summum est : vous vous posez les questions existentielles, et
vos maris vous apportent des mots croisés pour vous faire taire. Quand vous exprimez
des petites joies, on ne tarde pas à vous traiter de gaga. Vous constatez qu’il existe deux
mondes, vous, et les autres. Vous avec votre maladie et les autres sans maladie, vous
pensez. Vous savez, on est tous potentiellement malade. L’autre a peut-être autre chose
qu’il ne vous a pas dit, qu’il ignore. Le tout vous donne cette sensation fort désagréable
d’être en perpétuel décalage vis-à-vis des autres. Vous ne vous sentez bien nulle part.
Vous n’arrivez plus à gérer les conflits familiaux que vous percevez au centuple.

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Vous ne supportez plus l’humour qui, finalement, est souvent le reflet d’une faiblesse.
Vous avez l’âme à feu et à sang, écorchés vifs, plus sensibles aux guérillas, celles que
l’on croit qui ne feront pas mal. Vous retrouverez votre humour, que vous manierez avec
délicatesse quand vous serez prêt et quand vous aurez pris de la distance. Le temps est le
meilleur des médicaments. A consommer sans restriction et sans limite, dix fois par jour.
De nouveau, vous pourrez rire sur vous, un pas vers l’acceptation de votre nouvel état.

Il vous arrivera de pleurer parce que vous n’êtes plus en phase avec votre entourage,
parce que vous sentez incompris, seul sur terre. Gardez en tête de belles images lorsque
vous avez entamé une conversation dans la rue, cela vous aidera à vous recadrer, recaler.
A vous de trouver les portes secrètes qui mènent de l’un à l’autre. Acceptez de devoir
passer de l’un à l’autre également. Et pour ne pas vous sentir décalé, osez visiter le
monde de l’autre.
Petite astuce : prenez votre carnet, déversez-y tous vos reproches y compris les plus
injustes. Une fois que vous avez compris ce décalage de lecture, réajustez par une petite
gymnastique cérébrale. Vous verrez qu’après vous ne serez plus obligés de changer vos
verres, ils vous iront dans n’importe quelle circonstance. Vous découvrirez de nouvelles
contrées pleines d’espérance. Ayez l’énergie de vous intéresser au monde qui vous
entoure avec vos nouvelles lunettes adaptées à cette dyslexie émotionnelle. Faites ce que
vous aimeriez qu’on vous fasse et les autres vous le feront en retour. Prenez le temps
d’apprendre comment fonctionnent les autres. Bien vite, vous vous apercevrez qu’ils ne
peuvent pas deviner ce que vous ressentez si vous ne parlez pas, si vous n’exprimez pas
vos émotions. Si vous gardez tout pour vous-même alors ne reprochez pas aux autres de
ne pas vous comprendre. N’hésitez pas à chercher le chemin de vous-même. Cherchez
les mots justes pour leur expliquer en passant d’abord par l’écriture ce qui permet de
prendre du temps pour énoncer sa pensée. Vous vous apercevrez que ce que vous
reprochez aux autres, c’est vous-même simplement. Sentiments d’inutilité. Vous allez
finir par les découvrir innocents et vous ressentirez un réel émerveillement. Cela finira
par mettre de la paix au fond de vous.

Dès que ça coince, occupez-vous de vous, faites-vous vite un petit plaisir, ce qui sera une
grande victoire. Efforcez-vous de découvrir les autres de façon intime. Vous récolterez ce
que vous avez semé.

Anticipez votre fatigue

Tout vous paraît insurmontable et vous gravissez plusieurs sommets dans la même
journée. Seul Hercule peut le faire. Vous êtes Hercule. A partir de là, vous allez accepter
cette fatigue sangsue et retrouver vos forces. Vous diminuez vos interprétations fausses.
Vous sortez de votre marécage et vous vous redécouvrez une personne riche, rayonnante.
Cependant, vous avez besoin d’une main guide pour franchir le premier pas, passage
délicat, oser faire ce que vous n’avez jamais fait dans ce nouvel état. Pour cela, trouvez
une personne de confiance, quelqu’un qui n’hésitera pas à vous dire « Non là, tu
exagères » et qui aura également la bienveillance de vous dire « Oui là vas-y. » Au revoir
la vieillesse, bonjour la jeunesse. Respectez vos aversions. Reprenez votre liste
j’aime/j’aime pas. Remerciez-vous pour tout ce que vous êtes capable d’endurer, de
percevoir et de dispenser et remerciez les autres pour leur aide. Remercier, c’est un vrai
bonheur.

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N’hésitez pas à oindre ce corps perclus, avoir recours aux soins esthétiques, modelage du
visage, du corps entier. Offrez-vous ce délice pendant une période de gros stress. Utilisez
ces caresses bienfaisantes. Etre touché par des mains aimantes procure une merveilleuse
détente qui redonne confiance en soi. Ce sont des mains qui ne voient pas votre maladie
mais qui chérissent votre corps et votre personne. Non, vous n’êtes pas une pathologie
thyroïdienne, vous êtes une personne, ne l’oubliez pas, digne d’être aimée. Votre corps
n’est pas indigne malgré sa transformation, votre corps reste la plus belle des merveilles,
avide de tendresse. Grâce à ces massages, votre corps entend un nouveau message de
paix, d’harmonie, d’amour. Vous lui offrez la douceur de prendre soin de lui, si
important. Organisez-vous régulièrement des séances de soins, respectez ce nouveau
rythme et incluez-le dans votre rythme de vie régulier. Anticipez votre fatigue. Prévoyez
vos coups de chauffe en aménageant des périodes de repos supplémentaires et vous
danserez le tango !

Une pilule miracle, le rire


Le rire est comme une sorte de peau protectrice. Il empêche que l’angoisse ne déborde. Il
est comme une mère qui veille sur son nourrisson. Riez et faites rire pour recevoir un
beau cadeau : les éclats de rire d’autrui. Faire rire est une preuve d’amour. Cela vous
aide à dissoudre ou dépasser certains blocages, afin de faciliter la résolution de
problèmes. Votre vision des choses s’en trouve élargie. Mais pour faire rire, il faut aussi
oser se montrer sans fard et enlever le masque que chacun porte pour se protéger et se
cacher. Osez montrer votre visage gai qui révèle votre authenticité, soyez sincère et vous
découvrirez combien cela est apprécié par vos amis, votre famille proche.
- Il y a personne ? Alors, il y a quelqu’un d’autre ?
Rire tous les jours est un pilier porteur du bien-vivre. Lorsque vous lancez une boutade
et partez d’un grand éclat de rire, l’effet est instantané, toutes les personnes autour de
vous éclatent de rire. La glace est brisée, une communion est créée. Une belle relation
plus humaine peut de développer.
Osez rire de vous, de votre satanée fatigue. Vous créez cette distance nécessaire à
l’acceptation. Le rire fera fondre aussi l’énervement que vous avez au moment où cette
fatigue vous gagne. Une autre vertu du rire est de susciter l’émergence d’un autre réseau
pour développer l’énergie et vaincre la fatigue. On pourrait appeler cela
« l’intérioplasticité », en image à la neuroplasticité. L’humour permet de déjouer les
pièges tragiques que sont les maladies, les accidents, les désillusions, les échecs, les
déconvenues.

Prise de poids
C’est souvent un sujet soulevé en consultation : depuis que j’ai pris …depuis que je
prends… depuis j’ai été opérée… j’ai grossi. Non, il ne faut pas tout mettre sur le
compte des traitements. C’est plus souvent une reprise d’un poids perdu, la prise
d’années ou la conjonction de plusieurs situations. Peu importe l’origine, vous allez de
commentaires en commentaires, de jugements en jugements sur vous-même. Vous vous
réduisez à des chiffres sur une balance qui deviennent vite un objet obsessionnel. Vous

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quittez votre belle chrysalide pour un papillon moche. Vous avez l’impression d’avoir
troqué votre taille de guêpe pour une tour de Babel. Vous vous sentez bouffi. Malgré tout
cela, ne perdez pas votre bonheur de vous habiller. Le mieux est d’éviter de prendre du
poids par une alimentation équilibrée et un exercice physique régulier.

Faites un contrat avec vous-même pour redorer votre blason


Se faire beau ou belle tous les jours est un contrat parfois difficile à mettre en mot et à
respecter. C’est un exercice quotidien, une victoire sur soi-même. Il s’agit de remuscler
son image par un entraînement progressif régulier. La beauté a le dessus sur bien des
choses. Quand vous aurez atteint le sommet de vous sentir beau, cela vous donnera bien
sûr une belle assurance qui chasse et nettoie en vous toutes ces cellules peinées,
endolories. Quelle femme, quel homme avez-vous envie d’être ? Osez vous mettre à nu,
faites des essais et surtout ne vous limitez pas à « ça va bien comme ça, j’en fais trop ».
Vous avez tout à y gagner. N’oubliez pas que chaque jour est une grande victoire sur vos
peurs et la fatigue n’aura plus le même pouvoir sur vous. Osez vous montrer sur cette
facette, beau de corps et de cœur. Il n’y a du vent que pour ceux qui savent où aller.

Sous le miroir
Des roses écloses
La source s’épanouit.

L’exercice physique
Pour améliorer le tonus général, marchez 5 minutes malgré la fatigue, tous les jours. Au
bout d’une semaine, augmentez le temps de marche de 5 minutes toutes les semaines…
Vous allez ainsi faire reculer la fatigue. Reculer chaque jour les limites. Faites des projets
sportifs qui nécessitent un entraînement soutenu pour sa réalisation. Pour lutter contre
l’amyotrophie des quadriceps, prenez des poids et remusclez-vous dans le lit.
Commencez par des poids de 1 kg puis 2 kg. Faites du vélo d’appartement. Faites-vous
aider d’un kiné dès votre retour à domicile. Les bénéfices de l’exercice physique sont
évidents sur le poids, le moral et l’ostéoporose à venir.

Economie d’énergie
Soyez à la chasse au gaspi. Quand la mode est à la réussite coûte que coûte, parfois au
détriment de l’autre. Quand le culte de la performance revêt un caractère impitoyable
pouvant aboutir à la dépression, conséquence de l’incapacité à réaliser les objectifs
performants et de réalisation de soi sous l’influence de codes sociaux. Une conversion du
regard s’impose. Il est temps d’admettre que non seulement l’échec ou le report de
projets n’est pas un drame, mais qu’il peut bien devenir souvent un élément positif.

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Eteignez vos lumières qui chauffent et envahissent votre esprit sans remettre au
lendemain ce que vous pouvez faire le jour même. Cherchez tous les moyens pour
arriver à vos fins avec le moindre effort, sans effort. Dans la journée, il y a un moment
plus propice pour telle ou telle activité. Essayez de le repérer et de le respecter. Vous
gagnerez beaucoup d’énergie. Cette attitude aura pour conséquence de vous revigorer,
d’améliorer vos relations, et de terminer vos journées sans être épuisés, tout en pouvant
profiter un peu mieux de votre famille. Cela accroît votre confiance en vous. Il est
normal de perdre confiance en soi quand on doit prendre un traitement à vie. Il faut donc
œuvrer pour retrouver cette confiance perdue. Pour se donner le luxe de vivre ce qu’on
veut vivre. N’oublions pas que nous seuls sommes responsables de notre incapacité
d’être heureux.

La résilience ou l’art de rebondir


La résilience est un concept physique qui exprime la résistance des matériaux au choc.
Elle vient du mot latin résilio signifiant sauter en arrière, rebondir, résister à la
déformation. Cette notion a été reprise par les sciences humaines pour désigner la
capacité de notre esprit à métamorphoser la douleur, à retrouver la forme après un
traumatisme, à sortir de la dépression pour poursuivre un développement positif, et aller
plus loin en se servant de ce traumatisme pour rebondir.

Certaines personnes frappées par l’adversité semblent sortir plus fortes qu’avant.
D’autres restent dans les mailles du malheur, incapables de continuer leur chemin. Cet
art de surmonter l’adversité s’appelle la résilience. Il suppose une qualité de
communication, un sens des valeurs humaines fondamentales. Il demande de savoir
exprimer de la gratitude, de savoir pardonner et de vivre le moment présent. Cette
capacité humaine fondamentale peut s’apprendre à tout âge. Tous les individus, surtout
les enfants, ont le pouvoir de transformer leur réalité. La résilience n’a pas toujours un
caractère héroïque. Elle se vit au quotidien dans de multiples circonstances. Mais le
meilleur moteur de la résilience se trouve être la souffrance. Elle se développe autour de
certaines caractéristiques de la personne : sens de l’humour, développement de relations
saines, acquisition de ressources internes, initiatives et créativité, capacité à identifier les
problèmes et à trouver un sens à sa vie, indépendance.

L’art thérapie (voir chapitre spécifique)


Après 3 mois de Lévothyrox®, deux artistes peintres ont troqué leurs couleurs tristes
pour des couleurs plus flamboyantes et ont retrouvé leur fertilité créative, les libérant des
carcans du passé et les propulsant vers le bonheur.

Chercher, créer, chez vous est une seconde nature. C’est mis en terre ou en lumière selon
votre parcours de vie, selon votre éducation, selon vos habitudes d’utiliser ou non vos
deux cerveaux droit et gauche. Cette hampe, créativité, ne demande qu’à croître pour
nourrir votre fantaisie. Le savoir sans l’imagination est un corps sans âme. Sans le corps,
l’âme n’est que du vent, sans l’âme, le corps n’est que ruine. Le savoir est votre phare,
l’imagination votre lumière.

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La poésie est l’une de mes armes thérapeutiques, en écho à une peinture, une sculpture.

L’art de voyager
Votre vie est jonchée d’évènements douloureux. Vous ne pouvez pas liquider vos
souvenirs d’un simple coup de balai. Ils restent tapis dans l’ombre guettant le moment où
vous baisserez la garde pour ressurgir avec une force décuplée.

A lire : Libérez-vous de vos peurs grâce à l’aquathérapie de


Catherine Bouquet-Proteau (Ed. J.Lyon),
www.baliaquatherapy.com.

Le voyage permet de vous ouvrir et y déposer votre fardeau et de lâcher prise. Vous
transformez votre main en la mettant dans une autre, celle de votre receveur étranger.
J’ai pu constater la puissance conjuguée du sable et du soleil. Un voyage long courrier
est un moyen pour découvrir d’où l’on vient. A votre retour, vous êtes quelqu’un d’autre,
libéré d’une gangue, capable de vivre le moment présent, une étole de joie et de vous
projeter dans l’avenir, une étoffe de bonheur. Cela vous permet de parader dans
l’élégance et d’accroître votre potentiel de mémoire en larguant les noirs souvenirs
encombrants. Les choses sont ce qu’elles sont et seront ce qu’elles seront. Parfois vous
trouvez un sens à votre vie.

En souvenir d’une randonnée en groupe en Cappapdoce, à travers les troglodytes, où j’ai


eu l’inspiration pour ce livre dans un cadre son et lumière magique, où j’ai trouvé un
sens profond à ma vie et ses obstacles :

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Kapadokya

Cette vallée de figurines


Aux sculptures coquines
Un vrai chemin de fées
De tartes roses meringuées

Les 5 piliers du bien vivre


• Dire oui à la vie et savoir dire non ou remettre lorsqu’on est en difficulté
• Faire le deuil de son état antérieur
• Apprivoiser cette fatigue incontournable
• Rire et se faire plaisir tous les jours
• Avoir une activité physique régulière pour lutter contre les effets secondaires

Kapadokya

Cette vallée de figurines


Aux sculptures coquines
Un vrai chemin de fées
De tartes roses meringuées

Ces troglodytes ajourés


Nous enveloppent d’émoi,
Nous rappellent au chant du soir
Nous offrent son spectacle irisé

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En prenant de la hauteur
Ces vallées sable altières
Scintillent de leurs billes d’air
Des pures bulles de bonheur

La vallée rouge dès l’aube


Sort ses voilures et robes
Miroir des champs de Monet
Exhalant ses senteurs citronnées

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Art thérapie

Imaginez un paysage désertique…


Une oasis… Une tempête…

La créativité est libératrice


La créativité est le pouvoir de création, d’invention. C’est la capacité d’un individu ou
d’un groupe à imaginer ou construire et mettre en œuvre un concept neuf, un objet
nouveau ou à découvrir une solution originale à un problème, généralement sur
commande, en un court laps de temps. La créativité d’un individu ou d’un groupe est
aussi sa capacité à imaginer et produire une grande quantité de solutions, d’idées ou de
concepts permettant de réaliser de façon efficace, et plus ou moins inattendue, un effet
ou une action donné. Elle peut être plus précisément définie comme un processus
psychologique, sociologique, culturel par lequel un individu ou un groupe témoigne
d’originalité dans la manière d’associer des choses, des idées, des évènements. Le
résultat concret de ce processus, change, modifie ou transforme la perception, l’usage ou
la matérialité.
La créativité s’évalue en peinture, en architecture, en design, en musique, en cinéma, en
littérature, en humour, en mathématique, en médecine, dans l’industrie, et autres
domaines, par les délais de réponse, la rapidité de production, la quantité de solutions,
l’efficience et l’originalité l’inverse de la banalité.

La créativité est cette capacité à exprimer par n’importe quel moyen au hasard de ces
rencontres, ce que l’on pense sans forcément le voir, l’entendre, le toucher, le sentir, le
goûter. C’est aussi cette capacité à saisir les occasions qui existent en chacun d’entre
vous. C’est à vous d’aller au tréfonds la découvrir, pour la développer. L’inaction mine la
vigueur de l’esprit comme l’eau stagnante perd de sa pureté. Plus on en connaît sur un
domaine, plus on l’aime. Il faut juste penser à ce que vous aimez, en savoir plus et vous

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devenez bien vite passionné. N’omettez aucun détail qui anime votre quotidien et vous
conduit à une vie bien vécue car une vie épanouie vous conduit à une mort paisible. Ce
sont vos recherches et vos découvertes de toute une vie qui vous réjouissent
véritablement. La réalisation de soi.
Vous pouvez vous adonner à différents arts que vous exposerez ou non, pour résoudre un
conflit émotionnel, pour lutter contre la frustration.

L’art thérapie chez l’enfant


J’ai commencé l’art thérapie, notamment la poésie-peinture lorsque j’exerçais à l’hôpital
Necker (voir www.valeriefoussier.com). Les enfants sont très sensibles à ce type de
thérapie. Soit je composais des poèmes ou des peintures, selon le type de signes et
symptômes présentées par les enfants. Soit je leur demandais de faire l’un et l’autre eux-
mêmes. Soit je complétais une partie qu’ils avaient composée. Je me suis bien vite rendu
compte que développer la créativité avait un pouvoir thérapeutique notable.

Cadeau peinture

J’ai également proposé des cadeaux peintures à mes enfants ayant réussi un contrat entre
nous. J’adapte mon type d’art selon la personne et l’âge. Cela a toujours un effet très
positif.

J’ai rencontré Jeetu, un artiste peintre en Inde, avec qui j’échange depuis. Après le choc
des cultures, j’ai créé une association, Art et Education pour Tous, (AET) pour
promouvoir l’art et l’éducation dans le monde et suis retournée en Inde pour acheter ses
miniatures dans un double but, le faire connaître et exercer mon art thérapie.
L’éléphant Bonne Chance (voir www.valeriefoussier.com)
J’ai offert une de ses miniatures, l’éléphant Bonne chance, à Eva après son succès de
vaincre son énurésie à l’âge de 11 ans dans un contexte de dévalorisation scolaire, du fait
d’une dyscalculie, et d’agression au sein de son école. Elle est la sœur d’un garçon
dépisté à haut potentiel intellectuel que je suis et présente un surpoids, motif initial de
consultation. Ayant rapidement décelé les qualités artistiques d’Eva, je lui demande de
mettre en poésie ce que cet éléphant lui inspire, ensuite on comparera nos poèmes.

Eva m’apporte son poème avec un visage métamorphosé et sa maman me montre son
encadrement de cet éléphant, aussi radieuse.

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Quand tu veilles sur moi
Je le sens en moi
Mon petit éléphant
Tu es vraiment charmant.

Eva, jusque-là dépréciée, vient d’ouvrir avec ce duo poème-peinture une petite porte,
une porte vers elle-même. Elle se débloque peu à peu et va à la rencontre d’elle-même.
Depuis elle demande à sa maman d’écouter un opéra sur Arte. Elle saute à la corde à
sauter. Elle fait de la Wii et joue à chat. Elle a stabilisé son poids. Elle va à l’école avec
le sourire.
Elle retrouve son humour. Quand je lui dis : tu viens de découvrir grâce à ton poème qui
tu es, elle me répond ; oui je suis une fille avec des yeux pétillants, ce qu’elle n’aurait
jamais dit avant. Moi, j’ai une larme de joie à l’œil.

Le cheval la force
« Quand je vois ce cheval, ça m’évoque l’amour », me dit Tessa, lorsque qu’elle choisit
cette miniature. Tessa est la sœur d’Ethan, 5 ans, diabétique depuis l’âge de 2 ans. Tessa
vient à toutes les consultations. Sa maman est aussi diabétique de type 1. Elle est sortie
très heureuse avec son cheval à elle. Ce cheval m’a permis de la valoriser car on a

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discuté toutes les deux, comme je le faisais avec son frère. Elle a ressenti une nouvelle
place égale à celle de son frère. J’ai moi aussi découvert quelque chose lors de cet
échange avec Tessa. La force de ce cheval. Je lui offre mon poème qu’elle s’empresse de
prendre les joues empourprées.

Le chameau, l’amour
Cette miniature que j’ai aussi illustrée poétiquement a été choisie par Eglantine, que je
suis pour une hypothyroïdie de type I et dont les parents sont en cours de divorce.

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L’art thérapie chez l’adulte
J’ai poursuivi mon travail avec l’art thérapie chez une artiste peintre en mettant en poésie
ses toiles.

L’art dans le pays du patient

Quand je suis allée pour approfondir mes relations avec Jeetu, et ai découvert son panel
artistique, j’ai tout de suite pensé à ma première famille indienne que je connais depuis
près de dix ans et qui m’a fait connaître beaucoup des leurs. Quand je les ai revus pour le
suivi d’un diabète, et d’une hypothyroïdie, je leur ai fait ce cadeau de leur offrir l’une
des peintures sur soie de Jeetu avec mes pensées du moment en Inde. J’ai lu dans leurs
yeux tout ce que cela pouvait représenter. Lors de la consultation suivante, j’ai constaté
une meilleure observance du traitement et un meilleur équilibre du diabète.

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Une idée m’est alors venue de faire la même chose chez un artiste vietnamien avec un
marque page, du thé, des laques (www.phuongnam.com) rapporté de mon voyage au
Vietnam. Mon projet est de découvrir l’art dans le monde et l’offrir à mes patients
expatriés en France souvent en mal du pays, ne pouvant toujours y retourner.

Poésie peinture

L’éléphant signifie chez eux bonne chance. J’ai offert ce duo à quelques-unes des mes
patientes infertiles ou au nouveaux nés de mes patientes traitées pour un diabète ou
hypothyroïdie.
Elles ont obtenu une grossesse, l’une juste avant une fécondation in vitro et une autre
deux mois ce cadeau symbolique.

Poésie sculpture

Je vous fais part d’un nouveau duo, poésie-sculpture chez des patientes ayant une
hypothyroïdie et un traitement chronique.

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91
Mot du sculpteur. J’ai lu avec grand plaisir vos poèmes inspirés par mes sculptures. Je
vous félicite et vous en remercie infiniment. Ci-joint d’autres exemples.

Adonnez-vous à un art pour vous guérir


Dans la création, tout est possible. Adhérez à différents ateliers : d’écriture, d’expression
corporelle, de peinture, de sculpture, de poterie, de théâtre, d’art fleural,… Faites éclore
votre créativité enfouie que vous vous interdisez d’avoir. Reprenez votre liberté
créatrice, chaque jour sera une victoire personnelle qui vous fera regarder les autres
différemment. Donnez libre court à l’expression de vote amour pour les choses, les êtres.
Cela donne une force incroyable. La maladie vous pousse dans vos retranchements et
vous donne plus d’authenticité, plus d’amour. Vous ne verrez plus la vie de la même

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façon après un traitement chronique. Vous vous découvrez être plus en bonne santé
qu’avant. Vous serez touché par l’impact de votre créativité.

N’oubliez pas non plus de vous préparer avant de dévoiler le fruit de votre créativité qui
peut être mal reçu. Si vous n’êtes pas prêts, attendez avant de la rendre publique. Je
rappelle face à une innovation, l’existence de ces trois phases : emballement – rejet –
acceptation. Les paradigmes sont longs à changer. Méfiez-vous aussi de Dame Jalousie
qui pousse comme du chiendent souvent sans que vous ne vous en aperceviez. Quand
vous la croisez, c’est souvent à vos dépends. Une de ses facettes est le vol d’idée par les
dénigreurs d’inventions pour les reprendre à leurs propres comptes.

L’art de voyager
Un voyage vers une destination lointaine qui présente un certain risque permet par son
succès souvent d’améliorer sa qualité de vie. Vaincre une difficulté physique à distance
de la France développe l’autonomie.
A chacun de chercher et trouver sa destinée thérapeutique.

« Après l’ascension de Sa Majesté, mon cœur bat la mesure des moments de grâce. Ses
rubans de rochers nichés au milieu de ses glaciers ont levé le voile de ma fatigue en
filigrane. Je me sens une femme normale, vivant dans le stress de 2013 et non plus une
femme devant s’adapter et s’économiser en permanence pour bien vivre. J’ai pris
conscience de deux choses dans ses escarpements remplis d’éboulis rocheux et ses
étendues neigeuses qui courent jusqu’à mes pieds. Primo, la préparation à un projet fou
est fondamentale et prime sur la réalisation véritable. Secundo, l’évolution dans un cadre
mythique est plus importante que l’assaut sommital. Des jours d’été naissent dans le
creux de ma main en ce temps hivernal. Je peux maintenant accéder à la quintessence du
monde. J’ose dire que je revis normalement. Avant je disais : je vis normalement
moyennant une adaptation quotidienne. Aujourd’hui, je clame : je vis comme avant mon
insuffisance surrénale, certainement bien mieux. Peut-être que cette acclimatation s’est
insérée dans toutes mes cellules pour me permettre dans le quotidien de m’adapter sans
que je ne m’en rende compte. C’est fabuleux car c’est une sacrée économie d’énergie. Je
suis désormais acclimatée à la vie normale. Image en miroir des sportifs de haut niveau
qu’on envoie s’entrainer en haute altitude pour améliorer leurs performances physiques.

Après le safari sous tente, j’ai encore reculé le seuil de mes peurs. J’ai passé mes
dernières années à traquer ma peur, une chose naturelle dont il ne faut pas avoir peur. Un
remède pour la dominer est de dompter son imagination. Dompter son imagination est
plus aisé lorsqu’on est en situation, plongé dans son cœur. J’ai été réveillée en panique
par le carnaval des animaux, une vibration ascendante qui ébranle l’air pour se terminer
par un grognement et un soupir, des vibratos aigus de luttes et des timbres feutrés de pas
d’hyènes résonnant tout proche de mon duvet. Ces épisodes sont marqués d’une manière
indélébile dans mon esprit. Le souvenir de ces nuits, m’a délivrée entièrement de mes
terreurs visqueuses. Cette expérience est une triple victoire : réussir à gravir 5000 m,
renoncer à aller plus loin pour me protéger, et surmonter mes peurs non anticipées et
imprévisibles. Il m’aura fallu réaliser ce rêve de grande envergure pour savourer la vie et
apprendre à parer l’imprévu.

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Le bonheur n’est pas au sommet de la montagne. Il est dans la façon de la gravir. Un
calme profond aussi doux que du coton traverse toute ma peau. Je veux arrêter le temps
car je voudrais savourer ce nouveau plat, la sérénité de tout mon être. Abolition des
frontières avec le monde, l’univers. Une bouffée d’éternité fugace. Je m’en délecte
chaque minute, chaque seconde. Poussée vers la sagesse par ma faiblesse et ma lucidité,
ma vie est extraordinaire. (Extrait du livre Le Kilimandjaro sans et avec handicap de V
FOUSSIER) »

L’étoile universelle à huit bras

Un bras générosité
Avoir le cœur grand ouvert
Devant les obstacles

Un bras humilité
Savoir que l’on est toujours perfectible

Un bras prudence
Faire preuve de lucidité et de responsabilité avant
d’agir

Un bras tolérance
Accepter que ce qui est vrai dans une culture,
Ne le soit pas dans une autre

Un bras patience
Attendre la maturation du temps pour récolter
Un bras tempérance
Avoir la juste mesure dans le plaisir des sens

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Un bras contentement
Se satisfaire de ce que l’on a, savourer les choses
simples

Un bras émerveillement
Le début de la sagesse en ne cessant
Jamais d’admirer la beauté
Et l’harmonie du monde.

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Apprendre
à maîtriser le stress

Le stress, c’est la boîte à fusibles, une menace aussi grave que le cancer, le lit de la
déprime et les draps des maladies somatiques. C’est pourquoi il faut combattre ce fléau
par tous les moyens pour changer votre état d’esprit, le reconnaître pour éviter qu’il ne
dégénère en maux.

Libérer vos émotions


L’annonce d’une maladie nécessitant un traitement chronique génère bien des émotions,
aussi bien chez l’adulte que chez l’enfant. Aider ces personnes à nommer leurs émotions
facilite leur quotidien et l’observance d’un traitement que l’on peut alors mieux adapter
selon leurs émotions et non selon les injonctions médicales. Cette libération
émotionnelle améliore leur qualité de vie. Savoir nommer ses émotions au moment
crucial de l’annonce, ou bien à distance, a un effet positif et protecteur contre une
éventuelle dépression.

Qu’est-ce que le stress ?


Le stress, dont l’origine vient du grec strictus, serrement de la gorge, constitue les
réponses de l’organisme aux pressions exercées sur lui. Une adaptation est nécessaire
pour éviter un épuisement, car le stress distille nos ressources physiques qu’il soit bon ou
mauvais. Le stress positif, état amoureux, état avant une compétition de natation, par
exemple, est si exaltant que vous ne le reconnaissez pas. Mais si l’émotion est trop forte,
vous êtes sous pression. L’organisme en situation de stress développe des réactions
favorisant toutes les performances physiques pour fuir l’agression. Il y a une sécrétion
accrue d’adrénaline libérant du sucre et des graisses dans le sang, source d’énergie
nécessaire pour améliorer le rendement musculaire. Les poumons et le cœur
interviennent rapidement en accélérant la respiration et le pouls qui facilite le transport
de l’oxygène vers les muscles sollicités. Les pupilles se dilatent pour accroître la vision.
Cet état d’alerte permet de fuir devant un tigre. Les réactions face au stress ont ensuite
dérivé vers un effet plus délétère, non pas que les tigres aient disparu, mais les dangers
se sont modifiés et la force physique n’est plus en première ligne.

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Lutter contre une maladie, surmonter une douleur sont actuellement de grands
pourvoyeurs de stress. Un surcroît d’adrénaline ralentit la réparation, le renouvellement
des cellules et diminue les sécrétions d’endorphine, antidouleur naturel et physiologique.

En 2013, le stress est un ensemble de réactions physiques, mentales et émotionnelles,


résultant de la pression, des soucis et de l’anxiété. Il est le terme communément employé
pour décrire des symptômes physiques découlant d’une tension accrue. Un degré modéré
de stress est parfaitement normal et permet de faire face aux défis quotidiens. Mais un
surcroît anormal engendre des réactions physiques désagréables et aboutit à des
maladies. Quand la tension monte, le corps est soumis à l’environnement hormonal dont
la principale actrice est l’adrénaline, suivie de près par le cortisol. Elle permet à l’homme
de fuir en cas de danger ou de le combattre. L’énergie provoquée par des stimuli
stressants reste enfermée dans l’enveloppe corporelle au lieu d’être consumée. Le stress
subsiste et le corps ne revient pas à un stade d’équilibre. Il s’adapte à cette tension
continue. Le taux d’adrénaline reste élevé et le corps demeure en état d’éveil permanent.
C’est lorsqu’un état de tension intense se pérennise qu’on se sent en état de détresse. On
a l’impression d’avoir perdu tout contrôle de soi-même, on ne peut plus faire face aux
exigences de la vie qui nous sont imposées et le mal-être s’installe peu à peu.

Voici quelques symptômes physiques caractéristiques d’un stress prolongé

Maux de tête, fatigue, difficultés de concentration, irritabilité, humeur agressive,


palpitations, brûlures d’estomac, nausées, vomissements, diarrhée, inappétence ou
boulimie, psoriasis, impuissance, bouche sèche, cou douloureux, crampes, diarrhées,
articulations douloureuses, mictions impérieuses, fourmis dans les membres ou
engourdissement. Le stress prolongé, insaisissable tant il est difficile à définir, agit aussi
sur l’humeur : impossibilité de se concentrer très longtemps, sentiment d’isolement,
difficultés à prendre des décisions, oublis et confusions répétés. Sentiment de frustration
et anxiété. Sentiment de découragement et de désespoir.

L’anxiété

L’anxiété se définit par la présence d’une peur en l’absence de raisons objectives. Elle
est parfois masquée par la consommation de drogues comme la cocaïne, l’alcool, le
tabac, un tranquillisant, mais aussi le chocolat ou autre aliment consommé en excès
(boulimie) anti-stress qui provoque une illusion temporaire d’être libéré de l’angoisse.
L’anxiété peut avoir ses sources dans l’enfance. Les graines semées dans le passé sont en
train de germer : la peur de l’échec ou du rejet, la culpabilité, la honte et un sentiment
envahissant d’anxiété, d’impuissance. Beaucoup de symptômes arrivent pour dissimuler
sa propre anxiété comme les troubles alimentaires compulsifs, au cours de soirées entre
amis, prise de drogue, absorption excessive d’alcool ou augmentation de l’intoxication
tabagique, comportement agressif.

Pourquoi est-on stressé ?

Vaincre le stress est un processus continu qui consiste à réagir à chaque situation
nouvelle. Notre capacité à vaincre les évènements stressants dépend de la façon dont on

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saura équilibrer la nature du problème et des effets qu’il produit sur nous. Un
déséquilibre trop important accentuera le sentiment de pression et empêchera
d’accomplir les efforts nécessaires pour trouver une solution. L’élément fondamental
pour gérer le stress de façon efficace et durable est de commencer par identifier les
sources des problèmes auxquels nous sommes confrontés, puis évaluer leur impact dans
la vie quotidienne. Sachez que le stress est là pour accentuer les symptômes et non les
allégés.

Exemple : si votre charge de travail est trop forte pour vous et que vous avez
l’impression de perdre le contrôle, le stress engendré vous rendra la tâche plus ardue. Les
principales sources du stress émotionnel résident dans la vie de tous les jours. Rupture
sentimentale, problèmes dans la vie conjugale, jalousie. Difficultés avec les enfants, les
parents. Problèmes à l’école. Résidence éloignée qui rend les contacts difficiles. Mauvais
état physique. Moyens de transport bondés nécessitant plusieurs heures de trajet,
nuisances sonores. Chacun est exposé quotidiennement à toute une gamme d’influences
négatives pouvant affecter l’humeur, le comportement et l’état de santé général. Une
origine peu connue de stress réside dans la dépendance face à une personne, ou les
personnes victimes de manipulations mentales. Pour parvenir à réduire le stress, il faut
adopter des stratégies d’affrontement en essayant d’abandonner les habitudes
comportementales négatives.

A lire Échapper aux manipulateurs et Les enfants de manipulateurs de Christel Petit-


Collin (Guy Trédaniel éditeur) – La fabrique de l’homme pervers de Dominique Barbier
5Odile Jacob). La connaissance de ce véritable fléau, la manipulation diminue le risque
d’en être victime et constitue une forme de prévention. Cela peut vous permettre aussi de
libérer une personne sous l’emprise.

Identifier les stress liés aux changements dans sa vie au cours de la dernière
année

L’annonce d’un diagnostic de maladie chronique génère un stress non coté sur l’échelle
de stress (Gestion du stress et travail policier, Thiboutot Jacinthe, Modulo Éditeur,
2000), que je pourrais coter à au moins 200 d’emblée : changement de vie, et
d’habitudes.

Interprétation
Le résultat indique le degré de stress que vous vivez au quotidien au cours de la dernière
année. Un score au-dessus de 250 indique une exposition élevée au stress. Cependant,
cette grille est à moduler en fonction de votre propre ressenti. Pour certains, un
déménagement est aussi stressant qu’un enfant qui quitte le foyer et pour d’autres, c’est
aussi stressant qu’une séparation. En période de haute vulnérabilité de stress,

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Évènements et Unité de changement.

Décès du conjoint ou d’un enfant 100


Harcèlement moral ou sexuel, discrimination raciale 100
Séparation 73
Emprisonnement 65
Décès d’un membre de la famille immédiate 63
Blessure ou maladie 53
Mariage 50
Licenciement 47
Réconciliation avec le conjoint 45
Retraite 45
Changement d’état de santé d’un membre de la famille 44
Grossesse 40
Trouble sexuel 39
Ajout d’un nouveau membre dans la famille 39
Changement d’ordre professionnel 39
Changement d’ordre financier 38
Décès d’un ami intime 37
Climat professionnel hostile 36
Augmentation de la fréquence des disputes avec le conjoint 35
Emprunt ou hypothèque 31
Saisie d’un bien hypothéqué ou récupération d’un prêt 30
Enfant qui quitte le foyer 29
Ennui avec la parenté 29
Réalisation personnelle remarquable 28
Conjoint nommé à un nouveau poste ou licencié 26
Changement de condition de vie 25
Transformation des habitudes de vie 24
Ennui avec le patron 23

99
il est important de prévenir les conséquences possibles. Le premier moyen est de
reconnaître le caractère stressant de certains évènements. Le second est d’utiliser une
stratégie pour amoindrir les effets.

Mon score, quand j’ai découvert cette échelle était de 450. Ceci explique ce chapitre et la
suite ! Le statut de médecin devrait être déjà coté à 300. Apprendre à gérer notre stress
pour nos patients.

Comment vaincre le stress et retrouver votre faucille d’or dans un champ


d’étoile ?

Évaluez votre stress. Tenez un journal détaillé en inscrivant chacune de vos réactions
vis-à-vis de situations stressantes. Cela détermine chez vous le niveau global de stress.
Notez sur une feuille, quotidiennement l’heure de l’évènement, le type, le sentiment
ressenti et les réactions qui en ont découlé, puis faites votre propre analyse. Notez
également les situations qui vous ont causé le plus de stress, l’ampleur du contrôle que
vous avez pu exercer sur ces situations, la façon dont vous les avez perçues et les
réactions dont vous avez fait preuve. Ceci devrait vous éclairer sur la manière dont vous
réagissez à la pression. Vous serez surpris de découvrir que les situations les plus
anodines provoquent chez vous les symptômes les plus puissants.

Vaincre le stress revient à dompter cet embrasement émotionnel quotidiennement pour


améliorer son bien-être en changeant ses attitudes et ses perceptions vis-à-vis de la vie et
des problèmes liés au stress, en parvenant à un juste équilibre entre la tension et la
relaxation.
Changez votre situation et prenez des décisions parfois radicales : déménagez, changez
de travail. Si votre travail est répétitif et peu existant, partez en vacances à l’aventure
pour épicer votre vie quotidienne.
Simplifiez-vous la vie et faites-vous plaisir tous les jours. Apprenez à maîtriser
l’usage de votre temps. Planifiez dans le temps vos tâches urgentes et moins urgentes,
respectez votre agenda, n’oubliez pas de faire une pause. Définissez vos priorités. Fixez-
vous des objectifs, n’acceptez plus de travail supplémentaire si plaisant soit-il. Utilisez
votre temps de manière créative.
Reconnaissez vos droits. Droit d’être traité avec respect. Droit de réussir, de rire, de
pleurer, de dire non, d’échouer. Droit d’exprimer ses sentiments et ses opinions. Droit de
se donner du temps, de se parler.
Faites du sport. Gérer son stress, c’est aussi être bien dans son corps. L’inactivité est
l’un des principaux facteurs de stress dans le monde occidental.
Respirez. Il existe deux types de respiration : diaphragmatique et thoracique costale. En
cas de stress, d’émotions fortes, d’angoisse, la respiration est haletante, anarchique de
type costale. On étouffe car on ne prend plus le temps de respirer. Il faut réapprendre à
respirer comme les bébés. Développez le mouvement du diaphragme, ce muscle qui
permet de faire « gros ventre ». Inspirez de façon à gonfler ce ventre, puis faites pénétrer
l’air dans le thorax qui se soulève. Prenez le temps minimum requis pour cette
manœuvre, trois secondes puis souffler pour dégonfler le tout. Le ventre régit en partie
les émotions. Posez vos mains sur votre ventre, quatre centimètres sous le nombril.
Inspirez profondément par la bouche, sentez votre abdomen se gonfler puis expirez en

100
faisant retomber l’abdomen. Renouvelez cet exercice cinq fois et vos pensées auront
changé de couleur et revêtiront un habit de détente dont vous ne pourrez plus vous
séparer. Votre regard sur la vie se sera adouci. Lors de cet exercice, coupez le contact
avec l’extérieur pour profiter au maximum de cet effet.
Arrêtez la cigarette. Devenez un non-fumeur. Choisissez vote méthode pour arrêter.
Découvrez les médecines douces. La détente musculaire est un prélude indispensable à
toute lutte contre le stress. Faites votre propre recherche pour vous détendre. Relaxation,
sophrologie, massages, réflexologie plantaire, thalassothérapie, méditation, aqua
thérapie.

Petit truc
Faites cette éblouissante aventure de rechercher la méthode qui vous sied le mieux par
rapport à votre personnalité, et niveau d’évolution spirituelle. Découvrez les méthodes
de résolution de conflits au sein des formations professionnelles continues. Un exemple,
l’analyse transactionnelle.

Quelques maladies liées au stress et répercussion du stress sur


les maladies
Le psoriasis, peau rouge recouverte de pellicule blanchâtre squameuse. C’est le peigne
qui égratigne.
L’urticaire, éruption de papules érythémateuses prurigineuses comme des piqûres d’ortie.
La pelade, chute de cheveux localisée à une zone circonscrite du cuir chevelu des
sourcils, plus ou moins large, associée au vitiligo.
L’eczéma, peau sèche, qui gratte. Les colopathies fonctionnelles, l’aérophagie, l’ulcère
duodénal. Certaines pathologies peuvent voir le jour et être déclenchées après un gros
stress, les maladies auto-immunes comme par exemple le diabète, les maladies de la
thyroïde. Il existe aussi un retentissement du stress sur certaines maladies : l’asthme,
l’épilepsie, l’herpès, la migraine, le diabète et l’insuffisance surrénale.

Lien possible entre maladies de stress et maladies auto-


immunes
Vous êtes exposés au stress de haut niveau très tôt dans votre vie. Un stress aigu génère
un pic de sécrétion de certaines hormones, comme l’adrénaline en premier, suivie de près
du cortisol et de l’hormone de croissance puis de la prolactine. L’adrénaline est
synthétisée par une partie de la surrénale (voir schéma), la médullosurrénale. Le cortisol
est sécrété par la surrénale (voir schéma), l’hormone de croissance et la prolactine sont
sécrétées par l’hypophyse.

101
Un stress prolongé peut entraîner une perturbation du cycle du cortisol et être
responsable d’une sorte de trop-plein de cortisol avec des conséquences sur la santé
possible. L’excès de cortisol entraîne une immunodépression et un hyperinsulinisme, un
excès d’insuline. On peut supposer que dans une période de stress prolongé, entraînant
un surplus de cortisol, les cellules immunitaires ne fassent pus leur travail. Chez tout
individu, on fabrique des cellules cancéreuses qui sont immédiatement détruites par le
système immunitaire. De même, on fabrique des autoanticorps également éliminés par
ces cellules protectrices. A la faveur d’une baisse de vigilance, une cellule cancéreuse ou
un auto-anticorps émergera et évoluera en une tumeur cancéreuse ou un clone
d’anticorps responsable de maladies auto-immunes.

L’hyperinsulinisme est responsable de diabète à long terme et est un des facteurs


contribuant à la formation de cellules cancéreuses. Les pics prolongés de prolactine
peuvent avoir une influence sur la survenue des menstruations, en les rendant
irrégulières ou inexistante pendant un moment. C’est aussi vrai pour les pics prolongés
de cortisol. L’hormone de croissance est une hormone de la contre régulation, sécrétée
lors de la baisse de niveau de sucre dans le sang, comme l’adrénaline et le cortisol,
potentiellement diabétogènes.
Les hormones sont finement régulées et le moindre dérèglement peut avoir une action
néfaste. Elles interviennent à différents niveaux.

102
103
Tout ceci me pousse à vous conseiller vivement de maîtriser votre stress en apprenant à
le gérer par différentes méthodes, celle qui vous conviennent le mieux. J’ai appris au fil
de mon expérience que l’apparition d’une maladie est une sorte de leçon de vie. Si vous
n’avez pas appris la leçon, l’histoire se reproduit et une nouvelle maladie peut apparaître.
La leçon réside souvent dans l’acceptation d’un changement de mode de vie qui vous est
néfaste. Il arrive que ce mode de vie délétère soit nié et la leçon n’est pas sue. Le déni est
un grand moteur de stress, encore pire que celui qui est reconnu. Je renouvelle mon
conseil : soyez à l’écoute de votre corps, regardez les clignotants autour de vous, ce sont
des béquilles de la vie qui sont là pour vous protéger et non vous faire obstacle.

Le Reiki, un bien-être au quotidien


Parce que les maux du corps peuvent être soulagés de manière naturelle pour tous. Le
Reiki est une pratique japonaise qui utilise une énergie naturelle. Etant conscients que les
maux du corps sont aussi les maux de l’âme, de plus en plus de praticiens orientent les
patients vers cette médecine traditionnelle. Le Reiki permet de retrouver une harmonie et
une paix intérieure, soulage les douleurs physiques.

La douleur physique est un générateur puissant de stress et peut conduire à un état


dépressif. Depuis que j’ai découvert pour moi-même les bienfaits de cette médecine, je
l’indique de plus en plus souvent à mes patients douloureux. Cette méthode a permis de
soulager des patients atteints de douleurs inflammatoires liées à une polyarthrite, une
arthrose, et de diminuer les doses d’antalgiques en post-opératoire.

Le Kilimandjaro psychologique
Le passé revêt sa cuirasse de fer et se bouche les oreilles avec l’ouate du vent et des ans.
On peut lui arracher ses secrets avec un défi que je nomme le Kilimandjaro
psychologique. Pour pouvoir le réaliser tout comme l’ascension du Kilimandjaro,
5896 m, il est nécessaire auparavant de franchir des étapes fondamentales (à lire Le
Kilimandjaro sans et avec handicap).

Sophie raconte

« Pour mes 50 ans, j’ai reçu un cadeau collectif, un saut en parachute. J’ai mis un an
avant de pouvoir prendre rendez-vous avec le moniteur qui allait m’accompagner
dans ce rêve fou. J’étais à la fois exaltée et angoissée juste avant le saut, pensant
flirter à 4000 m avec le Ciel. A l’atterrissage, j’ai dit : inouï, inoubliable, je veux le
refaire. Les âmes nébuleuses bienveillantes m’ont entendu et m’ont envoyé la grâce
puisque j’ai eu le droit de refaire un saut, un shoot à prix modique, parce que la vidéo
du vol complet n’avait pas fonctionné. Encore plus magique et plus intense, la seconde
fois. Le lendemain, au tout réveil, après une nuit agitée où je resautais sans répit, mon
corps était courbatu. Puis au fil des minutes, je flottais dans mon jean, j’avais
l’impression d’avoir perdu 10 kg et 10 ans. C’est comme si ces deux shoots avaient ôté
ma montagne de stress que je traînais toujours.

104
J’ai compris que la vie est simple : je veux et je ne veux pas. YOUHOU. Mon esprit a
enjambé les nuages au comble de l’humilité, au fait de ma puissance. »

La préparation d’un Kilimandjaro psychologique nécessite de museler ses peurs liées au


passé. La montée en avion ravive les peurs liées au présent. L’habillage juste avant le
saut, la peur de mourir. Durant le saut, la déconnexion avec tous ses repères, la maîtrise
de soi, l’ivresse de la chute libre propulse vers les sphères du stupéfiant-merveilleux-
magique. Les effets positifs sont immédiats : on peut soulever la besace de son existence,
en s’allégeant d’objets encombrants, de projets inutiles et de contraintes non fondées. Le
saut en parachute ou autre défi est une liqueur philosophique qui nettoie en profondeur.
A chacun de trouver son Kilimandjaro psychologique, ce chemin vivant bouillonnant qui
cogne aux murs de vos oreilles bouchées, qui s’éveille devant vos yeux fermés, qui vous
appelle incessamment.

Le rire, une pilule miracle


Ne perdez pas une occasion de rire. Offrez-vous les éclats de rire d’autrui. Le rire vous
aide à contracter des qualités de cœur qui élèvent votre conscience et relâchent vos
tensions musculaires. N’hésitez pas à dédramatiser en prenant tout ce qui se passe avec
humour, ce qui vous permet de sortir de l’expression « sérieux des choses ». Cela vous
permet aussi, en prenant de la distance, d’acquérir ainsi un nouveau point de vue sur les
événements et un nouveau regard sur la vie. Vous devenez alors légers, ce qui vous hisse
vers plus de discernement. Cela vous permet de retrouver une énergie de puissance
contenue dans une action, l’acte de faire rire renforce votre pouvoir personnel.
N’oubliez pas de faire participer votre corps à ce mouvement rieur. Votre corps est un
merveilleux collaborateur pour faire rire, inventez-vous des postures théâtrales pour
entrer dans le mouvement de l’existence.
Quand vous riez, vous dansez avec grâce. Vous dépassez certains blocages et retrouvez
une certaine puissance. Quittez vos préjugés. Ôtez vos masques Osez montrer votre
visage gai qui révèle votre authenticité. Soyez sincère et vous découvrirez combien cela
est apprécié par vos amis, votre famille proche. Faites enfin ce que vous savez faire, le
clown trop souvent enlisé par un harpagon.

- Qu’est-ce qu’un dromadaire ? : c’est un chameau qui bosse à mi-temps.


- Que dit un citron qui fait un hold-up ? : Pas un zeste, ze suis pressé.
- Quelle est la différence entre une cigarette et un ascenseur ? : aucune, tous les deux
font des cendres (descendre).
- Quel est le temps qui ne fait jamais de fautes ? : le plus-que-parfait.
- Qui peut faire le tour du monde en restant dans son coin ? : un timbre poste sur son
enveloppe.

C’est un fou qui se promène avec une passoire : que faites-vous demande
l’infirmière ? Je passe le temps.
Un fou essaie de débrouiller une pelote de laine. Son copain le voit et lui dit : eh
banane cherche pas le bout, je l’ai coupé.

Un directeur d’asile fait visiter son établissement, il s’adresse à son hôte :

105
- Au premier ce sont les fous légers, au deuxième les plus graves, au troisième les fous
dangereux.
- Et au quatrième ? demande son hôte avec inquiétude.
- C’est mon bureau.

Monsieur Duchmol téléphone à Monsieur Tartenpion :


- Allô je suis bien au 01.20.30.40.50 ?
- Ah non Monsieur, vous faites erreur, on n’a pas le téléphone.

Monsieur Duchmol entre dans une agence :


- Bonjour, je voudrais deux billets pour la lune.
- Impossible Monsieur, elle est pleine.
Une femme distinguée entre dans un grand magasin type Printemps. Elle essaie des
chapeaux. Furieuse, elle s’adresse à une vendeuse : ces chapeaux sont vraiment trop
grands !
- Mais Madame, vous êtes au rayon des abat-jour.

Un homme descend d’un taxi et demande au chauffeur : je vous dois combien ?


- 20 euros.
L’homme ne dispose que de 19 euros dans son grand portemonnaie. Il réfléchit 30
secondes :
- Vous ne pouvez pas faire marche arrière pour 1 euro ?

Deux copains vont en camping, ils installent leur tente dans une clairière et se
couchent pour dormir.
Quelques heures plus tard, l’un deux réveille l’autre et lui dit : regarde dans le ciel et
dis-moi ce que tu vois.
- Des millions d’étoiles.
- Et qu’est-ce que ça veut dire selon toi ?
- Ben il y a plusieurs solutions. Astronomiquement parlant, cela veut dire qu’il y a des
millions de galaxies et des milliards de planètes dans ce vaste espace.
Théologiquement parlant, il est évident que Dieu est tout-puissant et que nous
sommes petits et faibles. Météorologiquement parlant, il semblerait qu’il fera beau
demain.
Après s’être fait dévisagé par son copain pendant quelques minutes, il reprend :
- J’ai dit une bêtise ?
- Pauvre con, ça veut dire tout simplement qu’on s’est fait voler la tente !

106
Stimuler votre mémoire

L’encre la plus pâle vaut mieux que la meilleure des mémoires.


Proverbe chinois

Au cours d’une hypothyroïdie, responsable d’un ralentissement psychomoteur, la


mémoire et la concentration sont souvent affectées. Je vous conseille de les faire
travailler comme un muscle pour retrouver une de vos meilleures armes. Nous avons
deux types de mémoires. La mémoire ordinaire ou à court terme qui nous dit où sont nos
clés de maison ou ce qu’il faut acheter à la boulangerie et la mémoire intelligente qui est
le ciment de notre pensée. C’est celle qui nous permet de nous arrêter à un feu rouge.
Elle se constitue de trois éléments. Souvenirs : expériences, informations et
connaissances. Connexion entre les éléments. Processus cognitif qui brasse et assemble
les éléments et leurs connections.

Physiologie de la mémoire
Mémoriser est la capacité à conserver et à restituer des choses passées. Se souvenir, c’est
évoquer de manière synchrone les composantes d’un souvenir et leurs liens. La mémoire
résulte d’interactions internes qui se trouvent transformées sous l’influence d’échanges
avec l’environnement. Elle évolue de l’enfance à l’âge adulte. Elle s’adapte aux
paramètres changeants du monde extérieur. Elle mature, s’enrichit, acquiert ses propres
caractéristiques avec le temps et dépend aussi de l’humeur. On retient préférentiellement
les évènements négatifs lorsqu’on est d’humeur morose et les évènements positifs
lorsqu’on est d’humeur joyeuse. Le sommeil consolide les apprentissages.

Le stock d’informations et de souvenirs s’accroît, s’efface, se modifie. La résultante,


mémoire, est le reflet de ce que nous sommes, nous avons été et vécu. Elle est l’essence
de notre personnalité. L’hémisphère gauche est impliqué dans le stockage des
informations verbales culturelles, et l’hémisphère droit dans les informations non
verbales chargées émotionnellement. Les hommes et les femmes n’apprennent pas de la
même façon et ne se souviennent pas des mêmes choses, à l’origine de bien des conflits
(lorsqu’un homme oubli la date anniversaire de sa femme ou de son mariage). Il existe
une plus grande aptitude féminine à ressasser des souvenirs négatifs. Les hommes ont
d’époustouflantes facilités à oublier les évènements négatifs, ce qui peut exaspérer
certaines femmes. Ceci s’explique par l’imprégnation hormonale différente. La passion
stimule les capacités de mémoire. Un enfant au piètre résultat scolaire retient

107
admirablement bien le nom des joueurs des équipes de football, et est capable de
récapituler les scores de tous les matchs.
Les zones impliquées ont été mise en évidence pas à pas par les techniques de PET
(tomographie à émission de protons) scan et IRM fonctionnelle. Plusieurs structures
cérébrales sont impliquées et la dopamine est le neuromédiateur clé. Les principales sont
l’hippocampe, l’amygdale, les lobes frontaux, et temporaux. L’hippocampe situé à la
partie interne de chaque lobe temporal, responsable des apprentissages, et l’amygdale
tout proche de l’hippocampe, siège des émotions, sont intimement connectés. Les
éléments constitutifs de la mémoire sont éparpillés dans le cerveau. Evoquer un souvenir
ou une information, ce n’est pas retrouver un livre rangé sur une étagère. C’est le
reconstituer en rassemblant le plus grand nombre de pages, chercher tous les feuillets.
Cette dispersion explique la restitution longue et laborieuse d’informations, la variation
d’un souvenir chez une même personne d’un jour à l’autre et pourquoi les personnes
n’ont pas le même souvenir d’un évènement identique, à l’origine de discorde familiale
ou professionnelle.

Quelques distorsions de la mémoire

La mémoire peut se modifier par une orientation adulte, c’est la suggestibilité, ou bien
être déformée responsable d’hallucinations par la prise de toxique comme l’ergot de
seigle à l’origine de drame humain dans le milieu judiciaire. On peut occulter un
souvenir trop traumatisant pouvant être recouvré par hypnose bien conduite ou bien son
contraire : je ne peux plus oublier, je ne veux plus me souvenir.

S’imaginer faire une action peut donner la conviction de l’avoir fait. Les spécialistes de
preneurs d’idées peuvent expliquer leur comportement. En disant que c’est leurs idées,
ils mentent honnêtement.

Panel affectif et rationnel d’un souvenir

Pour récupérer un souvenir ou une information, le rôle du contexte est majeur. Une
information est d’autant mieux évoquée qu’on se retrouve dans le même état affectif que
celui dans lequel on était au moment de l’apprentissage. Un exemple historique et
littéraire, la madeleine de Proust. L’organisation des connaissances en catégorie,
hiérarchisées facilite le rappel d’un nombre élevé d’informations. Apprendre une
information à forte charge émotionnelle est plus facile à mémoriser qu’une information
neutre. En d’autres termes, apprendre avec son amoureux est bien plus efficace qu’avec
un enseignant ennuyeux.

L’oubli nécessaire

L’oubli parfois exaspérant inquiète. Cependant, il peut être vital dans des situations à très
haut niveau émotionnel. Il peut être secondaire à un climat :
• Amnésie infantile
• Information mal apprise
• Manque de motivation
• Contexte émotionnel trop marqué, traumatisme

108
• Distraction interne : fatigue stress, anxiété, maladie, médicaments, drogues ; bruits
extérieurs
• Trouble de l’audition
• Réalisation concomitante de plusieurs activités

Qu’est-ce que la mémoire intelligente ?


La mémoire intelligente se renforce avec l’expérience. Elle ne s’appauvrit donc pas au
fils du temps. Elle relie l’essentiel de ce qu’on apprend dans la vie. Elle nous aide à
rédiger un rapport au travail, à improviser un dîner, à organiser une fête d’anniversaire, à
négocier un bail de logement. Elle nous aide à résoudre les problèmes, à voir les
différentes perspectives. Elle nous permet de résoudre une énigme. Le monde nous
demande sans cesse de résonner de mieux en mieux, une sorte de course intellectuelle,
un sprint intellectuel au travail.

Cette mémoire intelligente permet de résoudre les problèmes courants et bonifie notre
savoir. Elle permet de faire naître des idées créatives : jeux de mots, façon originale
d’expliquer une procédure complexe. Elle apporte davantage de relief à notre vision des
gens et leur situation. Tout paraît plus logique ou plus clair comme celui d’un rapport
annuel. Une bonne idée ne résulte pas toujours d’un jaillissement d’énergie mentale sur
lequel nous n’avons aucun contrôle. Et elle n’est pas réservée aux génies. La mémoire
intelligente est dotée d’outils mentaux à affuter. Elle ne cesse de se développer. Les
pertes de mémoire nous gagnent vers la quarantaine et nous font oublier des faits usuels,
des noms et des visages connus. Mais la mémoire intelligente s’améliore en nourrissant
notre esprit de connaissance et d’expérience. Plus vous ferez appel à votre mémoire
intelligente au quotidien, plus vous lui trouverez d’applications.

Elle nous permet aussi de rattraper notre mémoire ordinaire défaillante. La mémoire
ordinaire est un processus apparent qui nous permet de retenir la date et les lieux, les
noms des personnes, les évènements et faits spécifiques. Quand on cherche ses clés de
voiture, on assaille sa mémoire intelligente pour les retrouver. Où ai-je bien pu les
mettre ? Hier, je suis passée par là et ai pris mon sac bleu au lieu du sac rouge habituel.
Je vais regarder dans le sac bleu. Rien. Alors Je me rappelle immédiatement que j’ai
laissé un trousseau de clés dans le tiroir de gauche de la grande armoire de la porte
d’entrée. Ce type de raisonnement nous permet non pas de retrouver les clés mais de
palier à ce trou de mémoire par un autre chemin. C’est aussi celle qui nous permet en
tant que médecin de découvrir les indices, un diagnostic en consultation. La mémoire
intelligente apporte l’idée qui sauve la situation. Vous ne trouvez pas vos clés de voiture,
mais vous vous souvenez d’avoir mis un double quelque part. Vous ne trouvez pas le
nom de la personne qui vous salue dans la rue, mais dès qu’elle dit un mot, tout revient.

De nombreuses parties différentes de la mémoire intelligente peuvent fonctionner


simultanément. Certaines bouillonnent jusque dans notre sommeil. Cette mémoire
intelligente est constamment en éveil. Aussitôt qu’elle opère, elle conserve le souvenir
de ce qu’elle fait automatiquement. Le plus souvent, on n’est pas conscient de son
fonctionnement. Elle nous permet de mieux réfléchir. Les bons penseurs ne dédaignent

109
jamais de faire des exercices mentaux. A plein régime, la mémoire intelligente est plus
rapide que la conscience. Les connections se font très vite d’une unité à l’autre. La
lumière qui jaillit soudain (l’eurêka) est l’aboutissement d’une succession de
connexions.

Perfectionnez votre mémoire intelligente


Exercez votre mémoire intelligente. Renoncez à la mémorisation machinale. Délivrez-
vous des noms introuvables. Attaquez-vous à des problèmes complexes et défis créatifs.
Progressivement le processus gagnera en rapidité, en aisance. Avec le temps, la mémoire
intelligente croquera des morceaux de plus en plus gros qu’elle digérera plus vite
produisant des pensées plus élaborées et donnant naissance à des milliers d’esprits plus
puissants.

Etendez votre bloc-notes de mémoire. Il s’agit de la mémoire la plus vive où nous


gardons sous la main les idées prêtent à l’emploi. C’est aussi le pense-bête où nous
plaçons de brefs rappels, comme songer à demander de la monnaie pour payer le
parking. Mais ce bloc-notes a ses limites. Un individu est capable de retenir seulement
7 pensées actives à la fois. Au mieux 9 pour les plus entraînés. Ce peut être 7 chiffres
mais ça peut être aussi 7 nombres de 10 chiffres. A vous de relever le défi. Ce peut être
7 lettres ou bien 7 mots de 7 lettres.
Créez vos post-it de mémoire. Développez vos réseaux d’association. Cette étape
consiste à établir de nouvelles connexions et à revigorer celles qui ont faibli ou qui sont
coincées quelque part. Il faut pour cela encourager la tendance naturelle de sa mémoire
intelligente à chercher des liens entre les idées.
Amusez-vous à résoudre n’importe quel type de problèmes que ce soit des exercices de
mathématiques, que ce soit des énigmes, que ce soit des rébus, des charades, un jeu
d’échec, une partie de Cluedo… Des livres sur le sujet à lire en fonction de vos
aspirations et intérêts.

Stimulez votre créativité au travail, dans les arts, et vous irez là où personne n’est jamais
allé.

Accroissez votre attention, le premier maillon de la mémoire. Si vous êtes préoccupés


par autre chose, votre mémoire vous fera défaut. Avant toute chose, l’attention est une
condition de base à l’acquisition d’une information. On en distingue deux types :
l’attention consciente et l’attention inconsciente. La première ne peut se concentrer que
sur une seule chose à la fois que ce soit un évènement mondial ou une petite idée qui
trotte dans la tête. La seconde est automatique et perçoit beaucoup de chose d’un coup et
peut suivre différents fils de pensées à la fois. Apprendre à accroître son attention aidera
à fabriquer des éléments de mémoire. Avec le renfort d’une meilleure mémoire
intelligente, cela permet de remarquer ce qui mérite de l’être. Nos sens sont soumis à un
bombardement d’informations permanent que chaque individu a développé
inconsciemment des boucliers automatiques qui préservent de toutes surcharges.
L’attention consciente filtre les pensées et empêche les idées aléatoires de venir empiéter
sur le fil principal de son raisonnement. Mais ce filtrage a un prix. Nous ne sommes pas

110
toujours capables de nous souvenir de ce qui a été décidé d’où ces problèmes de
mémoire. Prêter attention consiste à se concentrer quand il le faut et à résister aux
distractions qui menacent cette concentration.
En focalisant son attention, on implique sa mémoire intelligente qui active à son tour les
filtres de l’attention consciente et ceux de l’attention automatique. La concentration
consiste à consacrer l’ensemble de son esprit et son énergie mentale à la tache en cours.
C’est aussi un déclencheur naturel des systèmes cérébraux de consolidation des
souvenirs. Sans concours de l’attention soutenue, ces derniers demeurent fragiles et
temporaires ce qui change beaucoup de choses. Nombreuses sont les circonstances qui
rendent toutes concentrations quasiment impossibles, comme l’effet blouse blanche
lorsque vous allez chez le médecin. C’est presque normal d’oublier toutes les
explications qu’il vous a données. C’est pourquoi les écrits sont un véritable outil
thérapeutique.

Devenez votre propre instructeur et chercheur pour améliorer Dame mémoire. Cherchez
cet or en barre sans oublier Demoiselle concentration qui se rappelle à votre bon
souvenir.

A lire :
Bernard Croisile, Tout sur la mémoire, éditions Odile Jacob
Association Brain Up, Votre cerveau en pleine forme, éditions
JLyon.

111
Rôle des associations

Les associations sont souvent représentées dans diverses instances, services hospitaliers,
INSERM, congrès médicaux, Haute Autorité de Santé (HAS). Il est important de s’aider
moralement en se regroupant.
Les associations interviennent pour accélérer l’autorisation de mise sur le marché
(AMM) de certaines molécules, pour obtenir des boîtes de conditionnement de 90 jours,
pour améliorer la prise en charge dans certaines régions, pour faciliter le dépistage au
grands moments de la vie, puberté grossesse, ménopause.
Les associations souhaitent faciliter la recherche sur les maladies de la thyroïde, parfois
en lien avec d’autres associations.

Les permanences régionales ont joué un rôle considérable auprès de patients isolés en
dispensant quelques conseils. En liaison avec d’autres pairs, ils retrouvent une énergie de
vie en ne se sentant plus seuls. Ils s’entraident à mieux gérer leur maladie.
Les associations organisent des forums de discussions ou des journées d’information
pour les patients et leurs familles.

Association française des maladies de la thyroïde


BP1
82700 BOURRET
05 63 27 50 80
www.asso-malades-thyroide.org

Association Vivre sans Thyroïde


Beate Bartès
2, avenue d’Expert
31490 Léguevin
05 61 86 73 74 / 06 73 35 11 81
beate@forum-thyroide.net

112
4.
Témoignages

Jérôme
On est tous montés avec son handicap, personnellement, il y a quelques années
encore, je n’aurais pu pas le faire. Je suis super fier d’avoir monté ma « Basedow* »
tout là-haut, cela fut marquée par mon émotion en y arrivant.
Un jour, alors qu’on croit que tout va bien, la maladie arrive, on ne sait d’où, on ne
sait comment, et tout change. Dans mon cas, elle a été découverte par hasard au
cours d’une visite médicale annuelle. C’était en 2004. A l’époque, je me croyais en
bonne santé. Je ne me posais pas de questions sur mon état de stress permanent, je
mettais tous mes problèmes sur ce stress. En fait, il s’agissait de ses symptômes
(tremblements, sudation excessive, stress). Depuis, les traitements se sont enchaînés,
peut-être mieux pour mon état de santé global, mais pas pour tous les inconvénients
qui en ont résulté. Plus le traitement avançait, plus ses effets étaient difficiles à
supporter, plus le moral diminuait, plus il était dur de faire face aux autres. Je
m’enfermais dans l’isolement avec mes migraines…
A l’époque, je n’ai pas appris à vivre ou à combattre la maladie, je l’ai subie, toute
volonté me quittait peu à peu. Bien sûr, j’ai cru avoir vaincu la maladie à la suite du
premier traitement mais pour faire une rechute quelques mois plus tard. A ce
moment-là, les médecins m’ont proposé deux options, l’une chirurgicale, et l’une
médicale. J’ai choisi l’iode, avec tout ce qui va avec le mot « radioactivité » même si il
ne s’agissait que d’une faible dose. Je ne voulais pas vivre avec une cicatrice, avec les
questions des autres. Là encore, je me suis cru sauvé, mais un an plus tard, une
deuxième dose fut nécessaire. Aujourd’hui, ma thyroïde est pratiquement inexistante.
Depuis, et ce jusqu’à la fin de mes jours, Lévothyrox® est devenu mon meilleur ami. De
temps en temps, le dosage doit être adapté. L’alternance hypo/hyper est parfois
compliquée à vivre : fatigue, prise ou perte de poids. Maintenant, elle est là. Elle fait
partie de moi. Je dois accepter de vivre avec, de ne pas trop faire subir les
conséquences à mes proches : irritabilité, déprime, perte de confiance en soi. C’est
parfois difficile de garder le moral, et d’être compris. La maladie n’affecte pas
seulement le corps mais aussi l’esprit.
Pour cette spirale, il y a 3 ans, je me suis lancé le pari fou d’aller faire un trek dans le
Sahara. Beaucoup m’ont traité de fou. Une personne, une amie, m’a toutefois

113
encouragé à aller jusqu’au bout, et elle l’a fait à chaque nouvelle aventure. Après
toutes ses années, je ne sais comment je pourrais la remercier. Ce furent mes
premières vraies vacances depuis la maladie. J’ai réussi à partir en l’oubliant. Le
dernier jour de marche, on a dû traverser un grand erg, avec un vent de face,
personne n’en voyait la fin. 8 heures de marche dans un paysage de cailloux. Rien ne
change ni devant ni derrière, aucun point de repère, tout est plat. Certains ont craqué,
mais je me suis retrouvé dans cette difficulté, toujours aller de l’avant sans regarder
derrière, j’ai retrouvé ma confiance. J’ai pu aider certains à tenir pour atteindre le
bivouac et finir l’étape. Le soir, en discutant avec le guide, celui-ci nous a appris que
cette étape constituait la difficulté du parcours, sans être pour autant
exceptionnellement physique. Jusqu’à la veille, pour tout le groupe, ce trek
ressemblait plus à une grande balade dans le sable.

Depuis, j’enchaîne mes petits exploits :


• le GR20, que j’ai fini, bien que je me sois blessé dans les premiers, grâce au soutien de
tout mon groupe « Authentique »,
• une petite ascension dans l’Atlas, le Sirouat, exceptionnellement sous la neige,
• le mystique Machu Picchu au Pérou, même si je n’ai pas fait le Chemin de l’Inca,
dominer le site depuis la Porte du Soleil est un de mes plus beaux souvenirs,
• randonnée sur les bords du Nil au milieu des temples sur les traces des Pharaons,
• le camp de base de l’Anapurna, ma première rencontre avec les hauts sommets,
• tout récemment, le Kilimandjaro pour découvrir ses célèbres neiges avant qu’elles ne
soient toutes fondues.

Il n’y a pas que l’altitude qui soit grisante, certains lieux sont vraiment magiques. Ils
possèdent une aura qui leur est propre. Le Kilimandjaro, le Machu Picchu, l’Anapurna
sont pour moi de magnifiques souvenirs. Derrière ces noms se cachent de véritables
exploits et aventures humaines. Ce sont ceux qui m’ont vraiment pris les tripes en les
découvrant, sans pour autant être un défi physique insurmontable.
Comme pour mes autres voyages, cette fois encore, je n’ai pas fait de réelle
préparation physique, sans être un grand sportif, j’essaie tout de même d’avoir une
activité physique quotidienne. C’est une certaine forme d’inconscience, mais à chaque
fois, je mets mon corps au défis, par rapport à tout ce qu’il a pu me faire vivre, même
si je ne suis pas toujours rentré entier et en pleine forme.
J’ai appris autant que faire se peut à vivre avec la maladie, à ne pas trop la subir, à
écouter mon corps. Elle m’accompagne, elle évolue tous les jours, elle ne partira pas
comme une vilaine grippe, elle fait désormais partie de moi, il a fallu l’accepter. Reste
le traitement. Pour moi, il s’agit juste de prendre un petit comprimé le matin à jeun
45 minutes avant de prendre le petit déjeuner. Après avoir été plusieurs années à ne
plus manger le matin, aujourd’hui, je remange avec plaisir. Au quotidien tout n’est pas
toujours facile, mais dans ces situations plus ou moins extrêmes, j’arrive à mettre la
maladie de côté. Le jour de l’Ascension, j’avais même oublié de le prendre, comme
quoi… Au cours de ces différents voyages, aux yeux de tous, j’ai toujours été
parfaitement normal, en parfaite santé. Encore aujourd’hui très peu de personnes,
même parmi mes proches sont au courant de tout cela, c’est la première fois que je

114
me découvre par rapport à la maladie. Même si elle a la fâcheuse tendance à isoler, il
faut la combattre et aller vers les autres. La vie est faite de rencontres. Notre planète
regorge de paysages magnifiques et toute une vie ne suffirait pas à tous les découvrir.
Pour cela, il faut sortir, aller vers les autres. Le meilleur traitement, il est là ; les
autres, la confiance, les encouragements de ses proches, et bien sûr le soutien d’une
très bonne équipe médicale.

Extrait : Le kilimandjaro sans et avec handicap (V. Foussier)

Aline
J’ai été opérée en 2009 d’une hyperthyroïdie rapportée à une maladie de Basedow
diagnostiquée en 2005 à l’âge de 45 ans. Je suis actuellement traitée par Lévothyrox
100 microgrammes par jour. Cela ne fait que depuis peu que je suis bien équilibrée.
J’ai vécu des années de souffrances du fait de cette maladie capricieuse qui vous
plonge tantôt en hyperthyroïdie, tantôt en hypothyroïdie. Je ne me sentais plus en
cohérence avec mon état d’avant. J’ai pris beaucoup de poids. Je ne savais plus ou j’en
étais. Juste avant de faire le diagnostic d’hyperthyroïdie, j’avais la sensation d’être
dans un étau, une envie de pleurer sans savoir pourquoi, sans vraies raisons, alors que
j’étais d’un naturel optimiste. J’avais l’impression qu’on me serrait la gorge en
permanence. C’est très déstabilisant. Le pire était la transformation visible de mes
yeux qui était devenus statiques. J’avais l’impression que mon regard était fixe sans
vie. Je sentais le regard des autres intrigués par ses yeux qui sortaient de leurs orbites,
cerclés par des poches monstrueuses. Je me renfermais car je pensais ressembler à
une alcoolique. J’en ai voulu au corps médical de me laisser dans l’expectative trop
longtemps et d’avoir pris la décision d’intervention chirurgicale très tard. J’aurais
tellement voulu qu’on en finisse tôt après avoir subi les effets secondaires redoutés
des antithyroïdiens de synthèse, la leucopénie.

Je me plaignais de douleurs articulaires aiguës non stop, au poignet, au coude, à


l’épaule. Au début, je pensais que c’était la maladie de la souris. Puis les genoux m’ont
fait atrocement souffrir à un point tel que je ne pouvais plus conduire. Le diagnostic
de polyarthrite rhumatoïde a été retardé par l’existence de cette hyperthyroïdie et
l’apparition à peu près au même moment d’une ménopause à 45 ans.
J’ai tenté avec succès la chirurgie esthétique sur les paupières. Le résultat est très
satisfaisant. Cela contrebalance la vilaine cicatrice sur le cou que j’ai dû faire
reprendre par un chirurgien plastique. Elle reste encore bien visible. Longtemps, j’ai
été insuffisamment traitée par Lévothyrox à 75 microgrammes avec un taux de TSH, à
plusieurs reprises entre 4 et 5 mUI/L. Depuis que je prends la dose de 125
microgrammes, je me sens beaucoup mieux.

Jessica

115
J’ai subi une thyroïdectomie il y a trois ans, suite à la présence de nodules suspects sur
une hypothyroïdie déjà existente. J’éprouve une grande fatigue liée à la polyarthrite
rhumatoïde et au syndrome de Gougerot-Sjögren dont je souffre.
Les nombreux traitements que je prends (Enbrel, méthotrexate, prednisone) me
permettent de limiter les douleurs articulaires de la polyarthrite, mais le symptôme le
plus pénible à gérer est la fatigue, par périodes liées aux poussées de polyarthrite.

Depuis 2003, début de la maladie, j’ai vécu ces périodes de fatigue sans vouloir les
accepter. En effet, d’un naturel très actif, je n’écoutais pas mon corps. Je n’admettais
pas que mon corps me dicte mon activité et me ralentisse. Si j’avais en plus des
moments de stress, je développais des migraines, accompagnées de nausées et de
vomissements. Ces migraines me forçaient à m’allonger et le seul remède pour les
faire disparaître était de dormir. C’était le moyen pour mon corps de me dire de
« lever le pied ». Ces migraines se répétaient de plus en plus fréquemment, devenant
hebdomadaires, jusqu’à ce que, ne voulant pas les traiter par des médicaments, je
décide de rencontrer un médecin acupuncteur, en janvier 2012.
Je me souviendrai encore longtemps de cette première consultation où cet
acupuncteur me questionna sur ma personnalité et sur ma manière de gérer mes
maladies. C’est le premier docteur qui me reconnaissait le droit d’être stressée par
mes maladies et ce fut une vraie révélation.

Par son questionnement, il me fit prendre conscience que, étant habituée à vouloir
tout gérer dans ma vie, ma maladie échappait à mon contrôle, ce qui était source de
stress pour moi. Dès la première séance d’acupuncture, il me soulagea de mes
migraines. Quatre séances suffirent à me guérir totalement.

En fait, à partir des réflexions que l’acupuncteur suscita, j’ai progressivement changé
ma manière d’appréhender la maladie, à savoir ne plus lutter contre la fatigue mais
vivre avec elle. Admettre qu’on n’est plus comme avant, accepter de lâcher prise,
adopter un autre rythme, essayer de trouver une autre manière de vivre, en trouvant
du bonheur dans la vie de tous les jours, par des plaisirs simples. J’ai retrouvé dans
votre ouvrage et plus particulièrement dans votre chapitre « Accepter son nouvel
état », beaucoup de réflexions très pertinentes, qui rejoignent tout à fait ma
philosophie et qui constitueront à l’avenir une vraie source d’encouragement pour
continuer mon cheminement d’acceptation de la fatigue et de la douleur articulaire,
quand parfois je regrette encore l’énergie et l’habilité manuelle que je n’ai plus.

J’ai la chance, en étant mère au foyer, de pouvoir gérer mon emploi du temps, puisque
je n’ai pas de contraintes professionnelles. Quand j’en ressens le besoin, j’adapte
désormais mon activité à mon niveau de fatigue, et je ne culpabilise plus lorsque je ne
fais pas ce que j’avais prévu de faire. Mais le plus dur est de le faire admettre à mon
mari, aux enfants, aux amis qui ne comprennent pas toujours ma difficulté à les suivre
dans toutes leurs activités.

116
Je suis tout à fait d’accord avec vous quand vous conseillez de maintenir une activité
physique, même lorsqu’on est très fatigué. Je fais chaque jour une marche d’une
heure avec mon chien, ce qui me permet, outre de prendre un bon bol d’air, de
rencontrer d’autres promeneurs, de maintenir des relations humaines, en résumé
d’aller vers les autres. Ces sorties sont pour moi un moment important où je me
change les idées, même si, en rentrant, je suis épuisée.

Charlotte
Charlotte, 10ans, fait partie d’une famille hors norme, très ouverte. Ses grands-
parents n’ont pas hésité une seconde à lui faire découvrir les Canaries au printemps
malgré l’usage tout récent de sa pompe à insuline. J’ai reçu Charlotte avec ses grands-
parents qui voulaient aussi être éduqués à la nouveau mode d’administration
d’insuline. C’était pour moi la première fois que j’éduquais des grands-parents dans ce
contexte. Si cela pouvait donner des idées à d’autres grands-parents d’enfants ayant
un traitement chronique quel qu’il soit, j’en serai ravie. Je surveille aussi
régulièrement sa fonction thyroïdienne du fait de l’existence de son diabète et de ses
derniers résultats sont : TSH haute à 6 mUI/L et présence d’anticorps anti TPO ++.

Charlotte a bien voulu témoigner :

« Je suis diabétique depuis 2 ans (2011-2013) et sous pompe depuis février 2013. La
pompe a changé ma vie. Avant, je vivais mal le fait de faire 2 piqûres par jour et mes
glycémies faisaient du yoyo. De plus, l’hygiène de vie était très stricte : réveil tous les
jours entre 7 et 9 heures, repas à heure précise et pas de goûter, pourtant ma HB1AC
était à 10 %. Depuis la pompe, je peux faire des grasses matinées, je peux faire des
voyages beaucoup plus facilement et je peux faire de petits extras sur la nourriture de
temps en temps ; pourtant, ma HB1AC est descendue à 8 %. Par exemple, lors de mes
dernière vacances, je me trouvais à Barcelone en Espagne et j’ai pu prendre une glace
sur la plage avec toute ma famille alors qu’avant je n’aurais pas pu. Ma pompe a
radicalement changé ma vie de diabétique et je la conseille à tout le monde. Cet été,
je pars avec ma pompe pour 1 mois en Australie avec ma famille. L’année dernière, je
suis allée au Kenya sans ma pompe, ce n’était pas pareil, plus astreignant. »

Sabrina
Sabrina, 33 ans, me consulte pour une grande fatigue et sa vision du monde en noir.
Elle est réveillée par des cauchemars très fréquents. Depuis quelques années, elle
porte une prothèse capillaire pour masquer une pelade et se noircit les sourcils avec
un crayon, une très belle courbe. Je n’ai pas dû remarquer sa perruque. Voyant mon
étonnement, Sabrina l’ôte. Elle me montre un taux de TSH à 150mU/L et 3 mois
auparavant un taux à 9 mUI/L. Son médecin traitant lui conseille de consulter un
endocrinologue lorsqu’il constate que son taux de TSH est à 9 mUI/L. Elle a attendu 3
mois avant de prendre rendez-vous, pensant régler son problème avec des plantes et

117
une alimentation bio avec compléments alimentaires. Sa fatigue s’aggrave à un point
tel qu’elle arrive en retard au travail, ayant un mal fou à se mettre en route. J’ai mis
beaucoup de temps à la persuader de se traiter. Ce qui l’a motivée réellement à la
toute fin, c’est lorsque je lui ai donné l’explication de ses difficultés à remplir son
chèque, le ralentissement psychomoteur dû à l’hypothyroïdie profonde. Elle a
retrouvé son dynamisme intellectuel et physique sous Lévothyrox® 125 µg. Je lui ai
vivement conseillé de s’occuper de son stress. Elle obtient sa grossesse attendue
depuis 6 mois, après 6 mois de traitement, le temps d’obtenir un équilibre parfait pour
concevoir.

Marielle et Katia
Marielle, 36 ans, et Katia, 28 ans, sont sœurs. Katia l’aînée récidive sa maladie de
Basedow au cours du troisième trimestre de sa deuxième grossesse. Le taux de TRAK
est négatif. Laura est née à 3.4 kg sans signes d’hyperthyroïdie. Katia a fini par guérir
de sa maladie de Basedow après 7 ans de traitement au total. Elle a gardé sa thyroïde
et ne prend plus aucun traitement. Juste à la naissance de sa fille, Murielle développe
une maladie de Basedow. Elle souhaite une seconde grossesse. Elle est sans
traitement en euthyroïdie après 6 mois de traitement par Neomercazole®. Son taux
d’anticorps est cependant modérément positif. Elle est enceinte 2 mois plus tard,
ayant été avertie des risques de transmission fœtale de la maladie. Sa grossesse très
surveillée se passe sans encombre. Nicolas est né à 3.1 kg, sans aucun signe
d’hyperthyroïdie ni goitre.

Ainsi se termine l’histoire des deux sœurs ayant développé la même maladie,
quasiment en même temps, avec la même problématique de la grossesse.

Philippe
Philippe, 40 ans, vit dans un centre spécialisé qui veille à sa prise de Lévothyrox®. Il a
une hypothyroïdie depuis l’âge de 3 ans. Il a été très bien entouré par sa famille
pendant toute son enfance. Il a un travail et un salaire. Il ne rate aucune consultation.
Il me demande à chaque fois un certificat de présence à ma consultation pour son
employeur. Il est toujours de bonne humeur d’après la personne qui l’accompagne. Il
est heureux avec son handicap de trisomie 21.

Victor
A 43 ans, le diagnostic de cancer de la thyroïde a été très rapidement évoqué il y a un
an, devant un gros ganglion cervical et un nodule découvert à la palpation
systématique de la thyroïde. Valérie prend rendez-vous pour une ponction en urgence
du ganglion et du nodule. C’est le chirurgien, Jean-Marc, qui m’annonce le diagnostic

118
de cancer papillaire, ce qui a eu l’effet d’une bombe. Il programme lui aussi très
rapidement les examens supplémentaires et la thyroïdectomie avec curage
ganglionnaire bilatéral puis le traitement par radio iode. Tout se passe le mieux
possible. Sous ses conseils, je masse la cicatrice matin et soir avec une pommade. Je
porte un foulard durant 6 mois qui protège du soleil cette cicatrice étonnement
sensible au froid. Je peux reprendre le travail et honorer mon planning estival sans
difficulté. Surpris, je constate, quelques semaines après l’intervention chez le coiffeur,
une difficulté à mettre ma tête en hypertension, probablement suite à la position en
hyper extension imposée au bloc opératoire.

Après un an d’évolution, on cherche ma cicatrice. J’ai continué d’apprendre à


relativiser, ayant commencé au décès d’une amie à l’âge de 35 ans d’un mélanome. Je
profite plus de la vie, de mes deux enfants pour lesquels j’avais déjà réduit mon
activité professionnelle étant à 85 %, pouvant profiter d’une après-midi avec chacun
de mes enfants. Au travail, ils ont du mal à me faire croire qu’il faut que je reste après
18 h. Face à ces injonctions, je réponds : la terre ne va pas s’arrêter de tourner et je
rentre comme je l’entends chez moi. C’est un bon moyen d’éviter le burn out. C’est ce
que j’ai gagné avec ce cancer.
Je suis bien plus à l’écoute de mon corps d’un signe anodin de mon corps, vivant un
peu dans l’angoisse d’un second cancer quelque part. Peut-être est-ce aussi une
conséquence du traitement freinateur par Lévothyrox 175 µg qui me rend plus hyper
sensible avec un taux de TSH variant de 0.29 à 0.04 avec les mêmes doses. J’ai aussi
des accès d’irritabilité que je gère en m’isolant et en attendant que ça passe. C’est le
bémol de cette histoire.
C’est un cancer qui se soigne bien. L’évolution a été très favorable chez moi du fait
d’une prise en charge impeccable à tous les échelons, influençant très favorablement
le rétablissement physico psychologique.

Christine
J’ai subi une thyroïdectomie à 42 ans avec curage ganglionnaire et traitement par
l’iode radioactif il y a 7 ans. Ce n’est rien par rapport au cancer du sein qui nécessite
souvent une chimiothérapie invasive et qui est dégradant avec l’ablation d’un sein
malgré la reconstruction.
La surveillance est facile. Je déplore cependant que tous les médecins ne soient pas à
l’écoute d’une grande fatigue que j’ai ressentie après mon intervention et que je
ressens encore malgré un équilibre du traitement parfait avec à l’appui un taux de
TSH entre 0.3 et 0.5. Peut-être que cette fatigue est une mémoire de cette période
obligatoire d’hypothyroïdie profonde où on est extrêmement ralenti avant le
traitement par radio iode et accentué chez moi par la période de péri ménopause.
Quand Valérie me l’a dit, je me suis sentie comprise et écoutée. C’est important de
décortiquer l’origine d’une fatigue pour ne pas faussement l’attribuer à une cause
erronée et pour la traiter correctement. Peut-être que ce qui est le plus difficile c’est
d’évacuer cette période obligatoire d’hypothyroïdie post-opératoire.

119
En dehors d’une angoisse à l’attente des résultats d’échographie annuelle et du
dosage de la thyroglobuline, ce n’est pas, je répète, le cancer du sein qui lui ne s’oublie
jamais. Ce cancer est une fatalité qui s’oublie facilement.

120
Lexique

Anémie : manque de globules rouges avec baisse de l’hémoglobine.


Auto-immune (maladie) : terme général utilisé pour décrire un ensemble de
pathologies déclenchées par une hyper action du système immunitaire.
Bradycardie : ralentissement du rythme cardiaque.
Cellules thyréotropes : cellules de l’hypophyse qui sécrètent de la TSH. En excès, on
l’appelle adénome thyréotrope.
Diabète : trouble du métabolisme entraînant une sensation de soif extrême et de besoin
d’uriner en abondance. Il existe plusieurs types de diabète le plus répandu étant le
diabète sucré de type I et II. La glycémie est élevée et le taux d’insuline abaissé.
Diabète insipide : trouble du métabolisme entraînant également une sensation de soif
extrême et de besoin d’uriner en grande quantité. La glycémie est normale. La natrémie,
lorsque l’apport hydrique est insuffisant, peut s’élever. Il est lié à une anomalie au niveau
de l’hypophyse, l’hormone antidiurétique (Vasopressine) qui n’est pas sécrétée de façon
suffisante.
Electrolyte : concentration de différents ions dans le sang, sodium, potassium et autre
composés.
Endocrine : terme utilisé pour décrire les glandes les plus importantes du corps :
l’hypophyse, thyroïde, parathyroïde, surrénales, ovaires, testicules et une partie du
pancréas.
Glandes surrénales : deux petites glandes situées juste au-dessus des reins composées
de deux parties distinctes : le noyau interne, la zone médullaire et la coque externe le
cortex.
Goitre : augmentation de taille de la thyroïde.
Gonadotrophines : hormones sécrétées par l’hypophyse LH et FSH contrôlant les
ovaires chez la femme et les testicules chez l’homme.
Glycémie : taux de sucre dans le sang. Normalement régulé entre 0,8 et 1 g/l à jeun. Le
cortisol permet de maintenir la glycémie à des taux stables.
Hirsutisme : pilosité excessive sur les zones normalement sans poils chez la femme.
Visage, seins, ligne blanche abdomen.
Hydrocortisone® : remplace exactement le cortisol. Médicament de référence dans le
traitement de l’insuffisance surrénale.

121
Hyperkaliémie : augmentation du taux de potassium dans le sang mesurée sur le
ionogramme sanguin.
Hyperparathyroïdie : augmentation du taux de parathormone (PTH).
Hypercholestérolémie : augmentation du cholestérol dans le sang.
Hyperthyroïdie : hyperactivité de la thyroïde responsable de certains signes cliniques
comme l’augmentation de l’appétit, un pouls rapide, une intolérance à la chaleur, une
perte de poids.
Hypoglycémie : baisse du taux de sucres dans le sang. Il existe des symptômes,
réactions se produisant lorsque la glycémie baisse, malaise, vertige, confusion mentale,
voire parfois perte de connaissance lorsque l’hypoglycémie est très sévère. Des taux très
bas entraînent une faiblesse musculaire, une incoordination, des sueurs et une sensation
de confusion mentale.
Hypocalcémie : baisse de calcium dans le sang pouvant être responsable de spasmes
musculaires.
Hypokaliémie : baisse de potassium dans le sang mesurée sur le ionogramme pouvant
être responsable de spasmes musculaires.
Hyponatrémie : baisse du taux de sodium dans le sang mesurée sur le ionogramme
sanguin.
Hypoparathyroïdie : déficit en hormones parathyroïdiennes entraînant une baisse du
taux de calcium sanguin et pouvant être responsable de spasmes musculaires.
Hypophyse : régule et contrôle l’activité de plusieurs glandes endocrines : les ovaires
et les surrénales, la thyroïde. Elle est également responsable de l’harmonie de la
croissance staturale. Elle est située à l’intérieur du crâne juste derrière les yeux.
Hypothalamus : glande située au-dessus de l’hypophyse, qui lui est reliée par une tige,
la tige pituitaire. Il contrôle les fonctions hypophysaires.
Hypothyroïdie : déficit en hormones thyroïdiennes entraînant un ralentissement du
métabolisme.
Insuline : hormone produite par le pancréas jouant le rôle principal dans la régulation de
la glycémie. Un déficit entraîne un diabète sucré.
Lévothyrox® : lévothyroxine, médicament de référence dans l’hypothyroïdie.
Lobo isthmectomie : ablation partielle de la thyroïde.
Kaliémie : taux de potassium dans le sang mesuré sur le ionogramme.
Mains d’accoucheur : fermeture difficile de la main pouvant être due à une baisse de
calcium dans le sang
Maladie de Basedow : maladie auto-immune responsable d’une hyperthyroïdie.
Maladie d’Hashimoto : maladie auto-immune responsable d’une hypothyroïdie.
Nerf récurrent : nerf situé dans la thyroïde contrôlant la voix et la respiration au niveau
du larynx.
Ostéoporose : déminéralisation osseuse exposant aux risques de fractures, en cas de
chute, de chocs ou même spontanément. Un traitement est en général institué à ce stade-
là.
Paralysie récurrentielle : atteinte du nerf récurrent entraînant une modification de la
voix ou/et des troubles respiratoires.

122
Potassium : c’est un sel minéral essentiel présent dans le sang et dans le bon
fonctionnement des muscles et des nerfs.
Sodium : c’est un sel minéral essentiel présent dans le sang. Il est important pour le
maintien d’une hydratation correcte de l’organisme.
Sternotomie : ouverture chirurgicale du sternum, os médian de la cage thoracique.
Stéroïdes : terme général faisant référence à différents types d’hormones : œstrogènes,
testostérone, cortisol, aldostérone, corticoïdes synthétiques utilisés lors de traitement
médicaux.
Thyroïde : une des glandes endocrines situées au niveau du cou, juste en dessous de la
pomme d’Adam.
Thyroïdectomie : ablation totale de la thyroïde.

123
Table des Matières
Couverture 1
Page de titre 2
Table des matières 3
Page de copyright 5
Préface 6
Remerciements 8
Introduction 9
Partie 1 : Qu’est-ce que la thyroïde ? 10
Anatomie Physiologie 11
L’hyperthyroïdie 18
L’hypothyroïdie 23
L’hypothyroïdie néonatale 28
Maladies endocriniennes auto-immunes 30
Nodules de la thyroïde 34
Cancer de la thyroïde 38
Dysthyroïdie et grossesse 41
Amiodarone et dysthyroïdie 46
Spécificité de l’enfant et de l’adolescent 50
Partie 2 : Les traitements 56
Traitements de l’hyperthyroïdie 57
Traitement substitutif de l’hypothyroïdie 61
Traitement chirurgical 66
Partie 3 : Bien vivre avec son traitement 71
La maladie est un message 72
Art thérapie 85
Apprendre à maîtriser son stress 96
Stimuler votre mémoire 107
Rôle des associations 112
Partie 4 : Témoignages 113

124
Lexique 121

125

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