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Ali BOUAFIA
Saad Dahlab University
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All content following this page was uploaded by Ali BOUAFIA on 29 December 2018.
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Génie Civil
Conception et calcul des
Ouvrages géotechniques
« Co urs et problèmes réso lus »
Ali BOUAFIA
Université Saâd Dahleb de Blida
Faculté de Technologie
Département de Génie Civil
© C o p y r i g h t E ur l Pa g e s B l e u e s I n t er na t i o n al e s
M aison d’ éd it i on pou r l’ en s eign e me nt et l a f or mat ion
ATTENTION !!
ISBN : 9 7 8 - 9 9 4 7 - 8 5 0 - 5 3 - 4
Dépôt légal : 1 3 - 2 0 0 9
Conception et calcul des ouvrages géotechniques 3
Préface
L’idée de faire un livre sur la conception et calcul des ouvrages géotechniques
est à la fois judicieuse et pertinente. C’est un beau succès qui s’explique aisément
par la qualité et la richesse de son contenu et par une alliance efficace de la théorie
et de la pratique. Il s’agit d’un outil pédagogique qui s’articule autour des deux
principaux points :
Le dimensionnement des ouvrages géotechniques ;
Les méthodes de calcul des ouvrages géotechniques. Les principes de ces
méthodes sont d’actualité. Elles évoluent rapidement dans un domaine scientifique
et technologique en plein essor.
L’auteur a organisé son ouvrage en treize chapitres, répartis entre l’étude de
comportement des fondations superficielles et profondes, l’analyse de la stabilité
des ouvrages de soutènements, ainsi que la stabilité des talus.
Le premier chapitre présente les notions fondamentales de la mécanique des
sols. Les connaissances théoriques de base mettent les lecteurs en mesure de
comprendre et d’utiliser les méthodes de calcul des ouvrages géotechniques.
Les chapitres qui suivent se chargent de détailler, de façon relativement claire,
les différentes notions introduites. Les chapitres deux, trois et quatre traitent du
dimensionnement des fondations superficielles courantes telles que les semelles et
les radiers. Les chapitres cinq et six sont consacrés au calcul des fondations su
pieux. Les dimensionnements des murs rigides, des murs souples, des parois
moulées, des murs en terre armée et des murs en gabions et batardeaux sont traités
respectivement aux chapitres de sept à onze. Les méthodes de stabilité des pentes
font l’objet du chapitre douze. Enfin, le chapitre treize donne une présentation de
quelques logiciels de calcul des ouvrages géotechniques.
Cet ouvrage est particulièrement facile et agréable à lire. Chaque chapitre est
assorti de discussions et d’une bibliographie riche et d’actualité. Les formules sont
correctes et bien écrites. L’enchaînement des différents chapitres est plutôt
cohérent dans l’optique de l’apprentissage et la mise en pratique. En outre, les
explications et les exemples sont clairs et à la portée de débutant disposant de bases
solides en mécaniques des sols. Les nombreuses illustrations et les graphiques très
sobres sont d’une grande facilité d’utilisation et contribuent à la clarté du texte. Sur
4 Conception et calcul des ouvrages géotechniques
Avant-propos
Actuellement, il est de plus en plus courant qu’on construise des ouvrages lourds
ou de configuration spéciale sur des sols médiocres ou délicats. Un tel fait est à la
fois un challenge et un stimulus continu au développement de la recherche
appliquée en mécanique des sols.
Le dimensionnement des ouvrages géotechniques se heurte souvent à une
complexité inhérente de l’interaction sol/ouvrage, due entre autres à la complexité
elle-même de comportement du sol. Variabilité spatiale, anisotropie, non linéarité
matérielle prononcée, réponse dépendant de l’histoire et du chemin de contraintes,
tels sont quelques uns de ces aspects marquant cette complexité. Cette dernière a
poussé plusieurs générations à effectuer des recherches, souvent rationnelles, mais
c’est au début du 20e siècle que les bases de la mécanique des sols en tant que
science ont été bâties, suite à la contribution de Terzaghi et ses collègues à élucider
les mécanismes fondamentaux de comportement du sol. Une telle contribution était
marquée par un mariage heureux entre l’expérimentation et la théorie.
Une démarche pragmatique pour la prise en compte de cette complexité dans les
projets est de caractériser expérimentalement le comportement du sol au laboratoire
et/ou sur place, ce qui permet d’obtenir ainsi les paramètres mécaniques
nécessaires au dimensionnement des ouvrages.
La mécanique des sols est certes une science expérimentale, mais elle a connu
ces dernières décades un épanouissement en matière de méthodes de calcul, suite
au développement des recherches théoriques et des méthodes numériques
appliquées en géotechnique. En fait, les manifestations scientifiques internationales
jalonnent d’une richesse de publications traitant des méthodes de calcul. Cette
diversité de méthodes de calcul forme un véritable condensé d'informations,
habituellement disséminées dans la littérature technique et difficilement
accessibles, sauf au prix de recherches bibliographiques longues et fastidieuses. En
outre, l’évolution rapide de l’état de connaissances en cette discipline relativement
jeune ne rend pas aisée l’actualisation, surtout avec la cadence élevée de la tenue
des congrès internationaux traitant de la géotechnique. Il va de soi qu’un état de la
pratique de calcul géotechnique est plus que profitable pour les ingénieurs,
Ce livre vise à présenter d’une manière didactique une panoplie de méthodes
modernes de conception et de calcul des ouvrages géotechniques, notamment les
fondations et les soutènements, en s’adressant aussi bien aux ingénieurs civils ou
géotechniciens impliqués dans le calcul géotechnique, qu’aux étudiants en cycle de
formation d’ingénieur.
L’auteur reconnaît que la tâche de rédaction d’un tel livre n’est pas aisée, du fait
de la difficulté de réaliser un équilibre stable entre le besoin didactique nécessitant
une présentation détaillée destinée aux étudiants, et le besoin pratique d’acquérir
directement les outils de calcul. Néanmoins, outre la présentation des concepts de
base nécessaires à la compréhension des différentes méthodes de calcul, au premier
chapitre, chaque chapitre comporte une introduction au thème étudié. Enfin, par
6 Conception et calcul des ouvrages géotechniques
___________________________________________________________________
* Lien de téléchargement :
https://drive.google.com/drive/folders/1cnW9ZHfilhpayYuZDDlmlMuGLTU2fVoc?usp=sharing
On peut alternativement accéder à ce fichier sur simple demande adressée à l’auteur via
l’adresse électronique suivante : geoblida@gmail.com
Conception et calcul des ouvrages géotechniques 7
fondations aussi bien superficielles que profondes, la stabilité des murs et écrans de
soutènement et celle au glissement des terrains en pente*.
Les diapositives étant en lecture seule, les enseignants désirant améliorer de
telles diapositives sont invités à contacter l’auteur pour obtenir la source des
diapositives à l’adresse ci-dessous.
En outre, certaines procédures d’installation des ouvrages géotechniques, telles
que le battage d’un rideau de palplanches, le forage d’un pieu ou le coulage d’une
paroi moulée ne peuvent être concrétisées qu’à travers des séquences vidéos, ce qui
a été fait en regroupant une série de vidéos** didactiques dans Google Drive en
vue du téléchargement libre.
Enfin, le dernier chapitre comporte une présentation de quelques logiciels***
utiles pour le calcul de quelques ouvrages géotechniques. Les logiciels sélectionnés
sont en principe disponibles au large public et aucune restriction d’accès ou
d’utilisation n’a été exprimée par leurs auteurs. Ils ont ainsi été compilés et mis à la
disposition des lecteurs intéressés. Outre le manuel d’utilisation du logiciel, des
exemples de calcul des ouvrages géotechniques simples, mis au point par leurs
auteurs, afin de démontrer les possibilités de calcul numérique, y ont été inclus.
L’auteur espère qu’une tel ouvrage, aussi modeste soit-il, contribuera à la
compréhension des différentes méthodes modernes de calcul géotechnique.
___________________________________________________________________
* Lien de téléchargement :
https://drive.google.com/drive/folders/1nxHx-kg62htVnRSNl6bYF8KlNXX_046k?usp=sharing
On peut alternativement accéder à ce fichier sur simple demande adressée à l’auteur via
l’adresse électronique suivante : geoblida@gmail.com
** Lien de téléchargement :
https://drive.google.com/drive/folders/1zu3ReaQXdWZG93FPnxxYiRKvRIOe1e2y?usp=sharing
On peut aussi contacter l’auteur via l’adresse électronique suivante :
geoblida@gmail.com
Chapitre
Déformation des
pieux
Objectif du chapitre :
Dans ce chapitre :
1. Introduction
2. Tassement d’un pieu isolé
3. Tassement d’un groupe de pieux
4. Déflection d’un pieu chargé latéralement
5. Applications
186 Conception et calcul des ouvrages géotechniques
Figure 6.1. Au cours de l’installation des fondations sur pieux en béton armé, un contrôle
de qualité est nécessaire en vue de détecter d’éventuels défauts d’installation tels que la
présence des fissures, les discontinuités dans la section du pieu, un défaut de longueur, ou
une éventuelle rupture du matériau du pieu suite à une opération du battage. Une telle
opération permet d’identifier les pieux défectueux en vue de les réparer ou de les
remplacer.
Les techniques d’auscultation d’un pieu sont diverses, la plus utilisée étant celle basée sur
la méthode d’auscultation par réflexion. La technique PIT (Pile Integrity Testing) a été
inventée par la firme hollandaise TNO au début des années soixantes. Le principe consiste
à générer une onde de choc le long du pieu par un coup de marteau en tête du pieu. La
célérité de l’onde unidirectionnelle dans le matériau béton armé est de l’ordre de 4000 m/s.
En présence d’une discontinuité du matériau ou de fissures importantes, d’une variation de
la section du pieu, de la masse volumique du matériau ou de sa compacité, un phénomène
de transmission/réflexion des ondes se manifeste au point de changement de l’impédance
du pieu. L’onde réfléchie est détectée par un signal d’accéléromètre en tête du pieu.
L’écart de temps entre le choc initial et la détection de l’onde réfléchie en tête du pieu
permet de localiser la profondeur z du changement d’impédance
L’essai PIT est simple à réaliser et n’exige qu’un seul opérateur. En outre, il est rapide et
permet de tester de 100 à 300 pieux par jour. Enfin, il est non coûteux, et permet un
contrôle de qualité du pieu à jeune âge, ainsi que la détermination de la fiche réelle du
pieu.
L’essai PIT a par contre l’inconvénient de ne pouvoir détecter des longueurs du pieu plus
grandes que 7m, dans des sols argileux raides, à cause de la forte réduction de l’énergie
des ondes de choc par le frottement latéral le long du pieu. En outre, les faibles
changements de section (<10%) ne peuvent être décelées.
Conception et calcul des ouvrages géotechniques 187
1. INTRODUCTION
On admet traditionnellement, bien que ceci manque de rigueur, le fait que le pieu
étant conçu pour transmettre les charges à un sol résistant, ses déformations sont
négligeables. La rigueur exige une analyse complète de l'interaction sol/pieu dans
un projet de fondations, le calcul de déformations étant une partie intégrante dans
une telle démarche.
L'étude des déplacements d'un pieu isolé est nécessaire dans la mesure où elle
sert de référence pour l'analyse de l'effet du groupe sur le comportement du pieu.
Mis à part les méthodes numériques, permettant un calcul du système sol/pieu à
tous les niveaux de déformations, on admet usuellement que le pieu est calculé
séparément en petits déplacements pour analyser sa déformation, et en grands
déplacements pour estimer sa capacité portante.
Outre l’approche rationnelle du problème, consistant à modéliser l’interaction
pieu/sol, ce qui aboutit à appliquer une méthode de calcul des déformations du
pieu, une approche pragmatique consiste à mesurer ces dernières par le biais d’un
essai de chargement en vraie grandeur. Le coût relativement élevé d’une telle
investigation réduit dans une certaine mesure l’intérêt pratique de cette méthode.
Dans ce qui suit, seront exposées les méthodes couramment utilisées dans la
pratique pour estimer le tassement des pieux, ainsi que les déflexions sous un effort
horizontal et/ou moment fléchissant. Dans un souci de lecture aisée, le fondement
théorique des méthodes a été omis, mais les références bibliographiques orientent
le lecteur curieux vers les sources de la méthode.
La référence 10 contient des applications diverses des méthodes exposées dans
ce chapitre, issues des projets de fondations sur pieux, sous forme de problèmes
résolus.
2.1. Introduction
Le tassement v0 en tête d’un pieu isolé, sous une charge de service Q, sert à
l’évaluation du déplacement de l’ensemble de la fondation sur pieux, une fois
corrigé par un éventuel effet du groupe. Si dans certaines configurations pieu/sol, le
tassement est faible et n’est pas considéré comme un facteur déterminant dans la
conception de la fondation, dans d’autres il est nécessaire d’en tenir compte.
Le tassement peut être déterminé expérimentalement à partir d’un essai de
chargement statique, comme il a été déjà vu précédemment, ce qui présente une
approche simple et pragmatique, dispensant de la démarche des calculs
prévisionnels, souvent entachée d’incertitudes.
On peut aussi évaluer le tassement par calcul, en utilisant les différentes
méthodes vues ci-après. Ces dernières peuvent être subdivisées en quatre
catégories principales :
- Méthodes empiriques,
188 Conception et calcul des ouvrages géotechniques
v0 = B/(30Fs) (6.2)
Quelques valeurs de Iv sont résumées pour les cas d’un sol homogène et celui de
Gibson respectivement dans les tableaux 6.1 et 6.2.
Il faut noter que le tassement à court terme est prépondérant, celui dû à la
consolidation étant négligeable et localisé seulement à la base du pieu. En effet, le
tassement du pieu se traduit d’une part par la mobilisation des contraintes de
cisaillement le long du pieu, reprises instantanément par le sol, et d'autre part par
des contraintes normales à la base, causant une consolidation locale (Poulos, 1980)
[1].
En cas d'un sol multicouche ou non homogène, Poulos (1980) a recommandé de
calculer un module équivalent Eeq égal à la moyenne analytique des valeurs de E
le long du pieu :
1 D
D 0
E eq E( z )dz (6.10)
Cette moyenne peut aussi être approchée par une moyenne arithmétique pondérée
des différentes valeurs de E(z) le long du pieu :
1
Eeq
D
Ei .(zi zi1 ) (6.11)
La large marge du rapport E/qc, comme le montre le tableau 6.3 n’est pas
étonnante du fait que chaque corrélation s’inscrit dans un contexte géologique et
géotechnique local donné. Ceci n’empêche pas de remarquer, mis à part les
propositions de Thomas, que le reste des rapports pour le sable fluctue autour d’une
valeur moyenne de 2, avec un écart-type de 0.87. Pour l’argile le rapport varie
entre 7 et 7.5.
On recommande ainsi un rapport E/qc égal à 2 pour les sables et 7 pour les
argiles. On doit mettre l’accent sur le fait que de tels rapports doivent être utilisés
avec prudence et surtout limités à une étude préliminaire des déformations des
fondations profondes.
On peut aussi profiter de l’essai de chargement statique d'un pieu pour
déterminer le module E, par un calcul à rebours à partir de ces méthodes, en
introduisant le tassement mesuré. Le module ainsi déduit servira pour calculer
d'autres pieux de géométrie différente. On prend souvent =0.33 pour un sol
pulvérulent et =0.5 pour un sol cohérent.
calcul par éléments finis ou par différences finies, mais on assiste aussi ces
dernières années à l’émergence de puissants logiciels voués à la modélisation des
problèmes géotechniques. Citons à titre d’exemple les progiciels Plaxis 2D, Crisp
et Flac 2D.
Outre le fait que la méthode des éléments finis est un outil performant de
recherche sur le comportement des pieux, elle est couramment utilisée dans les
projets de fondations sur pieux ayant des aspects particuliers, en vue d’une prise en
compte plus réaliste de l’interaction sol/pieu.
La figure 6.3 illustre un exemple de maillage d’éléments finis autour de l’axe de
symétrie verticale du système pieu/sol.
La méthode des éléments finis a servi d’outil pour une étude paramétrique
poussée, lancée par Gazetas (1991) pour déterminer le tassement d’un pieu isolé
dans un massif élastique, caractérisé par trois profils possibles du module
d’élasticité, à savoir : module constant avec la profondeur (massif homogène),
module variant linéairement avec la profondeur (massif de Gibson) et module à
variation parabolique avec la profondeur [12].
Le rapport force appliquée/tassement en tête, noté Kv, dépend de l’élancement
D/B du pieu, de la compressibilité relative K pieu-sol, du diamètre B du pieu, ainsi
que du module d’élasticité du sol. Elle se formule comme suit :
Les coefficients a, b et c sont donnés au tableau 6.4 pour les trois distributions
du module de déformation du sol en fonction de la profondeur. EsD est le module de
déformation du sol à la base du pieu et K est la compressibilité relative pieu/sol,
égale au rapport du module d’élasticité Ep du pieu à celui du sol à la base du pieu.
L’équation (6.12) permet un calcul simple du tassement en tête du pieu, en
divisant la charge appliquée par la raideur Kv ainsi calculée.
2.5. Méthodes des courbes t-z, q-z ou théorie de transfert des charges
qp = R0v(D)/B (6.14)
4.B0
a (6.16)
E p .B
Dans le cas d'un sol caractérisé par une raideur B0 constante avec la profondeur,
cette équation s'intègre analytiquement et a une solution générale de la forme :
D / B
Constant 1.90 0.67 Kp
D / B
Linéaire 1.80 0.55 Kp
R0Tanh(aD)
1 (6.18)
4.Q aBE p
v0
B R0 aBE pTanh(aD)
Conception et calcul des ouvrages géotechniques 195
4.Q 1
v0
.B ( R 0 4DB 0 ) (6.19)
Dans le cas d'un sol multicouche ou d'un sol monocouche non homogène, où le
profil B0(z) est quelconque, le sol est décomposé en un ensemble de tranches
suffisamment minces telles qu'on peut supposer que B0(z) est pratiquement
constant dans un segment donné du pieu et l'équation (6.15) peut être intégrée
soit par la méthode des différences finies, soit en exploitant la solution analytique
(équation 6.17) en imposant la continuité aux interfaces des tranches.
Cette dernière procédure a été la base de plusieurs programmes sur ordinateur
tels que PIVER [6] et SETPIL [5].
Certains auteurs ont recommandé des corrélations entre les paramètres B0 et R0
et le module d'élasticité du sol. On cite à ce titre, Cassan (1978) qui s'est basé sur le
modèle d'une sphère infiniment rigide pour la pointe du pieu pour aboutir à [8]:
R0 6
(6.20)
E 1
196 Conception et calcul des ouvrages géotechniques
R0 32(1 ) (6.21)
E (1 )(3 4.)
Suite à une analyse théorique basée sur la solution de Mindlin (1936) d’une
force verticale enterrée dans un milieu élastique infini, Cassan (1978) a abouti pour
les pieux infiniment rigides à [8]:
E
B0 (6.22)
D
B(1.53Log( 2 ) 0.95)
B
Christoulas (1976) a suggéré une expression enveloppe : B0= 0.45E, dans
laquelle B0 et E sont exprimés respectivement en kPa/m et kPa.
Frank et Zhao (1982) ont recommandé de construire les courbes de mobilisation
du frottement latéral =f(v) et celle de la pression en pointe qp=g(v(D)/B), telles
que schématisées à la figure 6.5 avec :
Ces recommandations ont été adoptées par le règlement français de calcul des
fondations des ouvrages de génie civil (CCTG, fascicule 62, 1993). Il faut noter
que ces recommandations ne sont représentatives que pour des charges inférieures
ou égales à 0.7Qc, qui représentent le domaine de chargement sur lequel elles ont
été calées [7].
Les courbes de transfert de charge ci-dessus étant non linéaires, il est nécessaire
d'effectuer un calcul itératif d'équilibre du pieu pour effort donné. Il est
d'usage d'avoir recours à un programme sur ordinateur traitant de la théorie du
transfert des charges pour tenir compte de la non-linéarité du comportement de
l'interface sol/pieu ainsi que d'une éventuelle hétérogénéité du sol.
v0i est le tassement du pieu isolé sous le même effort, et est un facteur
d'interaction qui dépend de l'élancement D/B, de l'espacement relatif d/B entre les
pieux, de la compressibilité relative K, ainsi que de .
Dans le cas d'un groupe quelconque de pieux, on définit le rapport de
tassement Rs par :
Dans ce qui suit, on se limite au cas simple et fréquent d'un groupe de pieux
identiques, regroupés par une semelle rigide transmettant les efforts au sol à l'aide
des pieux seuls. On peut alors écrire que:
4.1. Introduction
Comme le schématise la figure 6.6, sous l'effet d'un effort horizontal et/ou
d'un moment de flexion, une section courante du pieu à une profondeur z donnée
manifeste une déflexion u(z) et une rotation u’(z), sous l’effet du moment
fléchissant M(z) et de l’effort tranchant T(z). L’équilibre des forces est établi entre
les efforts en tête du pieu et la réaction P(z) du sol autour du pieu (figure 6.7-a).
La formulation de l’équilibre statique du pieu dépend de la rigidité relative
pieu/sol, et de la loi de comportement de l’interface pieu/sol, liant la déflexion u(z)
du pieu à la réaction P(z) du sol, appelée aussi courbe P-Y.
La loi la plus courante est du type élastoplastique, comme le schématise la figure
6.7-b, caractérisée par une variation pratiquement linéaire dans le domaine des
petits déplacements et la convergence vers une asymptote horizontale dans le
domaine des grands déplacements, relatif à l’état d’équilibre limite du sol autour du
pieu.
Le comportement du pieu peut être expérimentalement analysé à travers un essai
de chargement horizontal en vraie grandeur, comme il a été déjà mentionné au
chapitre précédent. L’essai permet une mesure directe et simple des déplacements
en tête du pieu ou en surface du sol, à l’aide de comparateurs ou des capteurs. En
cas d’instrumentation par des jauges de déformation le long du fût, l’interprétation
permet de déterminer les profils de moment fléchissant et de l’effort tranchant,
ainsi que de la réaction latérale du sol.
Une telle approche, aussi séduisante soit-elle, est par contre onéreuse et réservée
aux grands projets, pour lesquels le comportement sous des efforts horizontaux est
un facteur déterminant dans la conception des fondations sur pieux. Dans les
projets courants, on évalue couramment la réponse du pieu à des efforts
horizontaux, en utilisant différentes méthodes vues ci-après.
Ces dernières peuvent subdivisées en quatre catégories principales :
1. Méthodes de l'élasticité linéaire,
2. Méthodes du module de réaction ou théorie des courbes P-Y,
3. Méthode numériques,
4. Méthodes empiriques.
Dans de telles méthodes, le sol est considéré comme un milieu continu élastique
linéaire, caractérisé par un module d’élasticité E et un coefficient de Poisson υ.
Il existe une diversité d’approches basées sur la théorie d’élasticité, notamment
celles de Poulos (1970), Baguelin et Frank (1977), Banerjee et Davies (1978),
Randolph (1981) et Budhu et Davies (1987).
Conception et calcul des ouvrages géotechniques 199
(a) (b)
Figure 6.7. Flexion d’un pieu sous efforts horizontaux
I YH I YM (6.26)
u0 H M0
E( D)D E( D)D 2
I Y 'H I Y'M
u0 ' H 2
M0 (6.27)
E( D)D E( D)D 3
Ep I p
Kr (6.28)
E( D)D4
Figure 6.8. Facteurs d’influence IYH, IY’H et IYM dans un sol homogène [1]
Conception et calcul des ouvrages géotechniques 201
Figure 6.11. Facteur d’influence IY’H, IYM et IY’M dans un sol de Gibson [1]
Figure 6.12. Schéma de transfert des charges du pieu au sol par des ressorts
Dans le cas d’un sol homogène, Es(z) est constant, et cette équation s'intègre
pour donner le déplacement u0 et la rotation u0’ en surface du sol, pour un pieu
libre en tête, comme suit :
H M0 (6.31)
u0 2 2
Es L 0 Es L20
M0 (6.32)
H
u0 ' 2 2
4
Es L 0 E s L30
4E p I p
L0 4 (6.33)
Es
2M 0 2M 0
u( z ) 2
D * , M(z) M0 B * , T( z ) C* (6.35)
Es L 0 L0
204 Conception et calcul des ouvrages géotechniques
H HL 0
u( z ) B * , M( z ) D * , T(z) HA * (6.36)
Es L 0 2
On retrouve le cas d’un sol homogène en posant n=0, et celui d’un sol de Gibson
en posant n=1.
L'équilibre statique du pieu à une profondeur donnée, combiné à l’équation
(6.29), mène aisément au déplacement et rotation suivants :
4H 6M 0
u0 (6.41)
Es D Es D2
6H 12M 0
u0 ' 2
(6.42)
Es D Es D3
18E m
Es (6.43)
4( 2.65) 3
Pour un pieu de gros diamètre (B > B0), le module de réaction est défini comme
suit :
Figure 6.14. Courbes P-Y du CCTG-93 selon la nature du chargement latéral d’un
pieu isolé [14]
Conception et calcul des ouvrages géotechniques 207
18Em B
Es (6.44)
4 B0 (2.65B / B0 ) 3B
z
0.5 1 (6.45)
D c
HL30 M L2
u( z ) A y ( z ) B y (z ) 0 0 (6.46)
Ep I p Ep I p
Les fonctions Ay, By, Am et Bm sont regroupées à la figure 6.15, en cas d’un
module de réaction variant en puissance en fonction de la profondeur,
conformément à l’équation (6.38). L0 est la longueur élastique du pieu, donnée
par :
Ep I p
L 0 n 4 (6.48)
a
5. APPLICATIONS
1. Une fondation est constituée d'un groupe de pieux en béton armé ayant
D=12 m, B= 0.8 m et installés dans le sol par un procédé de forage simple. Le
module d'Young du pieu a été estimé à 38000 MPa.
Le site est formé de l'argile saturée normalement consolidée dont le module
pressiométrique Em varie linéairement avec la profondeur comme suit:
Em(MPa)=7.52+ 1.05xz
On demande d'évaluer le facteur de tassement Iv et le tassement en tête d'un
pieu isolé pour un effort Q=1000 kN en utilisant la théorie d’élasticité de
Randolph. Considérer la corrélation E/Em 4.
Conception et calcul des ouvrages géotechniques 209
3. Un autopont doit être fondé sur des pieux en béton armé préfabriqué de 1.5 m
de diamètre et fichés par battage à 15 m par rapport à la surface d'un sol
limoneux saturé de grande profondeur. Le module d'Young du pieu est de
28700 MPa.
210 Conception et calcul des ouvrages géotechniques
z (m) 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
qc(MPa) 5.10 4.51 5.17 5.17 5.25 5.12 4.95 5.15 5.15 5.25
___________________________________________________________
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Poulos H.G & Davies E.H (1980) Pile Foundation Analysis and Design, Series
in Geotechnical Engineering, Editions John Wiley & Sons.
2. Bouafia A (2006) Essais in-situ dans les projets de fondations, Editons OPU
(Office des Publications Universitaires), ISBN : 9961.0.0692.5, 328 p.
5. Bouafia A (1996) SETPIL 1.03 : Calcul non linéaire des pieux chargés
axialement- Manuel d’utilisation, 32 p.
10. Bouafia A (2009) Calcul pratique des fondations et des soutènements, édition
OPU (Office des Publications Universitaires) Alger, ISBN : 996100849-9, 246 p.
12. Pender M. J (1993) Aseismic pile foundation design analysis, Bulletin of the
New Zealand National Society fro Earthquake Engineering, Vol. 26, No. 1,
212 Conception et calcul des ouvrages géotechniques
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Report to the University of Texas, 52 p.
Conception et calcul des ouvrages géotechniques 213
Tableau 6.B. Valeurs de Rs pour les pieux travaillant en pointe sur un substratum