Vous êtes sur la page 1sur 7

Module : Théorie de la conservation-restauration

Enseignante : Mme Drici Radia.

Résumé : Définition, Historique et objectifs

Objectif du cours

 Identifier et définir le contexte du domaine enseigné

 Appréhender les notions théoriques comme ressource qui permet de nourrir la réflexion, le
raisonnement et le discernement

 Pour une pratique optimale en matière de conservation restauration

Définitions et terminologie

Théorie: notions, ensemble de principes pour expliquer un ensemble de faits, constituant un


système d’enseignements, conceptions théoriques que l’on adopte…

Conservation-restauration

L’ensemble des mesures et actions ayant pour objectif la sauvegarde du patrimoine culturel
matériel, tout en garantissant son accessibilité aux générations présentes et futures.

• la Conservation préventive, qui crée les conditions optimales de préservation, minimiser


les détériorations, intervenir sur l'environnement d'un objet ou plusieurs objets, voire des
collections.

• la Conservation curative, qui intervient sur l’objet pour retarder ou arrêter son altération.

• La restauration, la prolongation de la vie de l’œuvre en état stable.


Une intervention directe pour remédier à ses défauts d’aspect ou de présentation et parfaire
sa lecture, sa compréhension voire sa perception.
L’œuvre risque la perte de l’intégrité et la valeur historique

La conservation-restauration fait appel à toutes les sciences et les techniques qui peuvent
contribuer à l‘étude et la sauvegarde du patrimoine ; Autant l'œuvre d'art que le témoin d'histoire.

La Conservation et restauration ne doivent plus être entendues comme deux options antagonistes,
mais comme deux modalités d’interprétation au service de la médiation de l’œuvre à travers le
temps.

1
Historique

Sens du terme ‘’restauration ‘’: c’est Reconstruction- réparation- entretien- réfection

A cette période, on conserve et on restaure donc pour le même but, il est basé essentiellement sur
l’utilitaire, l’objet doit rester fonctionnel.

Dans l’antiquité, quelques écrits témoignent d’interventions sur des objets ou monument :

Alain Schnapp, professeur d’archéologie grecque à Paris I, cite « la restauration en période


antique. Exemple de l’inscription du 13e siècle av.J.C qui mentionne la restitution et
restauration d’une statuette de culte et remise dans un temple.

Vitruve’ architecte romain du 1er siècle av.J.C propose des préconisations techniques pour la
préservation par rapport au bâtis.

Plutarque, historien penseur 1er -2e siècle « vies parallèles » cite le bateau de Thésée dilemme de
l’identité (matière et forme)

La Renaissance un début historique de la Conservation et restauration.

Il y a eu une prise de conscience du beau, une perception différente sur l’œuvre ancienne et le
fait de vouloir remettre à l’état originel toutes les œuvres altérées. L’ancien pourrait être beau et
avoir de la valeur.

 La restauration des peintures s’effectué par un artiste ou artiste restaurateur,

 Sous la terminologie suivante, lavé, nettoyé, rafraichi, des peintures dévernies et repeintes.

 Le respect de l’œuvre n’existait pas selon les tendances

 Eliminer les marques du temps, facteur d'altération, pour retrouver l’état et la perfection
originelle.

Pour Paul Philippot, acteur du fondement déontologique, la restauration est un processus dû à


un développement culturel de la société, où l’évolution est passée de l’empirisme, aux secrets
d’atelier, aux définitions des méthodes.

Au 18e siècle, le restaurateur, c’est une personne qui répare (à cette époque c’était l’artiste)
Au 17e et 18e siècle, la nomination d’un premier restaurateur chargé des tableaux et naissance
de la technique rentoilage1.
A cette même époque, au niveau des châteaux, un responsable des bâtiments du roi est nommé,
et des spécialités différentes ont vu le jour dans la restauration des tableaux, des boiseries
d’ameublement…

A la fin 18eet début 19e siècle, définition des concepts, la révision des pratiques, et la formulation
d'un code de déontologie2 auquel souscrivent les professionnels.

2
La Démarche restaurative la perfection

La Démarche conservative, continuité, passé historique

A cette période, il eut l’instauration d’une Commission de surveillance de restauration

En 1930, naissance de la science de la restauration avec des fondements scientifiques et


dogmatiques. Et professionnalisation du métier de restaurateur

En 1939, César Brandi, crée (ICR), qui rappelle de Respecter l’ordre historique et esthétique.

En 1977, Paul philippot un des fondateurs d’ICCROM développe les 3 actions :

 La stabilité,
 la lisibilité,
 la réversibilité

Et rappelle l’importance de l’interdisciplinaire3dans la discipline de la conservation et


restauration. Il est clair que seule la démarche interdisciplinaire, dont la loi ne sera clairement
énoncée que dans les années 1970, permet de confronter les points de vue de l'historien de l'art,
du scientifique et du restaurateur.

Les principes destinés à la communauté scientifique se diffusent à l'échelle internationale grâce


aux nombreuses chartes élaborées. L'émergence de la conscience des enjeux internationaux en
matière de conservation-restauration s'accompagne de la volonté d'inscrire le domaine dans un
processus scientifique et de spécialisation.

Les chartes orientations et recommandations.

La Charte de Venise 1964, codifie les devoirs des restaurateurs et donne des instructions pour
préserver la lisibilité et l’authenticité.

Au 20e siècle la Constitution des disciplines à travers différentes institutions :

 Unesco 1945
 Icom 1946
 Fondation Iccrom 1956
 ICOMOS 1965 (conseil international des monuments et des sites)

Les pratiques actuelles sont fondées sur la Charte de Venise, un traité qui fournit un cadre
international pour la préservation et la restauration des objets et des bâtiments anciens. Cesare
Brandi, Théorie de la restauration, acteur de cette charte.

 la nécessité d'un entretien continu,


 l'importance de la prise en compte du cadre (urbanistique, naturel...),
 l'indissociabilité du monument de son histoire et de son décor.

3
 Les articles consacrés à la restauration :

Art.9 : la restauration doit conserver un caractère exceptionnel... elle se fonde sur le respect de la
substance ancienne... et s'arrête là ou commence l'hypothèse...
Art.10 : lorsque les techniques traditionnelles se révèlent inadéquates, la consolidation peut être
assurée avec les techniques modernes de conservation dont l'efficacité aura été démontrée...
Art.11 : les apports doivent être respectés...
Art.12 : les éléments destinés à remplacer les parties manquantes doivent s'intégrer
harmonieusement, en se distinguant des parties originales, afin que la restauration ne falsifie pas le
document d'art et d'histoire.
Art.13 : les adjonctions doivent respecter toutes les parties de l'édifice, son cadre traditionnel,
l'équilibre de sa composition et ses relations avec son environnement.
Art.16, il y est demandé que les travaux soient "toujours accompagnés de documentation précise...
déposée dans les archives d'un organisme public..."

Quel est l’objectif de la conservation-restauration


 Rendre à l’œuvre son aspect d’origine, revenir à un état antérieur réel
 Ou bien doit-elle respecter l’histoire, en tant qu’œuvre signée par :
l’artiste et les vicissitudes du temps ?

Souvent l’objectif n’est pas clairement exprimé lors de l'intervention en restauration.


L’objectif doit être clair et précis.
A travers la conservation-restauration, nous cherchons à assurer que les œuvres soient
 en aussi bon état que possible
 et que le message qu’elles contiennent soit transmis au public et aux spécialistes
aujourd’hui et demain
La condition physique et le message sont très importants dans la vie d'une œuvre.

• La restauration a pour objectif la prolongation de la vie de l’œuvre,


• Une intervention directe pour remédier à ses défauts d’aspect ou de présentation et parfaire
sa lecture, voire sa perception.
• Une intervention sur un produit de l’activité humaine afin de rétablir sa fonctionnalité
• Le but de la conservation est que l’œuvre continue à jouir de ces valeurs et les transmettre
aux générations futures.
• La conservation vise à remédier aux défaillances de la matière pour faire perdurer l’œuvre.
• L’œuvre risque la perte de l’intégrité et la valeur historique.

4
• La Conservation-Restauration ne doit plus être entendues comme deux options, mais
comme deux modalités d’interprétations au service de la médiation de l’œuvre à travers le
temps.
• La restauration s'inscrit dans une démarche plus large de conservation-restauration. Elle ne
présente pas une action isolée, mais constitue un des maillons de la chaîne opératoire qui
comprend la conservation préventive, la conservation curative action directe sur l'objet
pour arrêter une dégradation et la restauration elle-même

Déontologie :
Conserver
Veiller aux règles de conservation matérielle et de sécurité adaptées. La conservation préventive
est un élément essentiel de la politique des musées et de la protection des collections.

• Le conservateur veille à créer et à maintenir un environnement protecteur pour les collections


dont il a la garde, qu'elles soient conservées ou exposées. Il s'assure de la bonne conservation des
œuvres en dépôt ou en prêt à l’extérieur du musée. Il veille aux conditions de sécurité, de
conservation et de présentation adéquates.

• Le conservateur met en place un programme régulier de veille sanitaire, d’inspection et de


dépistage, ainsi qu’un plan de prévention des risques et d’intervention d’urgence (conflits
armés et catastrophes naturelles).

• Le conservateur crée ou maintient un système de gestion des collections qui permette de localiser
à tout instant les objets. Il veille à ce que les dispositifs muséographiques n’utilisent que
des produits, matériaux et procédés qui, ne nuisent pas aux œuvres, à l’environnement ou aux
personnes.

Restaurer
Toute restauration d'un bien faisant partie d'une collection d'un musée est précédée de la
consultation des instances scientifiques. Le conservateur établit un programme de conservation et
de restauration assurant le suivi de toutes les collections dont il a la charge.
Procédure de restauration. Le but principal d'une intervention doit être la conservation de l'objet
ou du spécimen. Toute procédure de conservation et de restauration doit être documentée et
aussi réversible que possible ; toute transformation de l'objet ou spécimen original doit être
clairement identifiable.
Des arguments valables du point de vue de la conservation, ou d'un point de vue historique ou
esthétique peuvent cependant justifier la suppression d'éléments lors de l'intervention. Les
fragments enlevés, historiquement pertinents, sont conservés et identifiés. La procédure doit
être entièrement documentée.
Mise en œuvre de la restauration :

5
Toute restauration est opérée sous la direction du conservateur par des restaurateurs spécialistes.
La restauration nécessite que l’œuvre soit préalablement documentée.
Elle est conduite avec des produits, des matériaux et procédés qui, correspondant au niveau
actuel des connaissances, ne nuiront ni aux œuvres, ni à l’environnement, ni aux personnes. Elle
doit être, dans la mesure du possible, facilement réversible.
Le conservateur veille à ce que chaque restauration fasse l’objet d’un dossier la documentant
(examen diagnostic, détail des interventions de conservation et de restauration). Ces documents
demeurent accessibles au musée et mentionnent les noms des restaurateurs sollicités. C’est
pourquoi le conservateur doit être attentif aux prérogatives d’ordre moral des restaurateurs,
dont les dossiers sont conservés pour de futures références.

Rôle du Conservateur-Restaurateur

Le Conservateur-Restaurateur est un professionnel qui a la formation, la connaissance, les


aptitudes, l’expérience et les facultés de compréhension pour agir dans le but de préserver les
biens culturels pour le futur et selon les considérations décrites ci-dessous.
Le rôle fondamental du Conservateur-Restaurateur est de préserver les biens culturels au bénéfice
des générations présentes et futures. Le Conservateur-Restaurateur contribue à la compréhension
des biens culturels dans le respect de leur signification esthétique et historique et de leur intégrité
physique.
Le Conservateur-Restaurateur a pour mission l’examen diagnostique, les traitements de
conservation et de restauration du bien culturel et la documentation de ces interventions.
L’examen diagnostique consiste à déterminer les matériaux constitutifs et l’état de conservation du
bien culturel, à identifier ses dégradations, à déterminer le type et l’étendue de l’intervention
nécessaire à sa préservation. Il comprend l’étude de la documentation se rapportant au bien
culturel.
La conservation préventive consiste à agir indirectement sur le bien culturel, afin d’en retarder la
détérioration ou d’en prévenir les risques d’altération en créant les conditions optimales de
préservation compatibles avec son usage social. La conservation préventive s’exerce aussi lors de
la manipulation, l’utilisation, le transport, le conditionnement, le stockage et l’exposition des biens
culturels.
La conservation curative consiste principalement à intervenir directement sur le bien culturel dans
le but d’en retarder l’altération.
La restauration consiste à intervenir directement sur des biens culturels endommagés ou détériorés
dans le but d’en faciliter la lecture tout en respectant autant que possible leur intégrité esthétique,
historique et physique.
La documentation se compose d’un enregistrement précis d’images et d’écrits de toutes les actions
entreprises et des raisonnements les fondants. Un exemplaire du rapport doit être remis au
propriétaire du patrimoine culturel ou à son représentant, et doit rester accessible. Toute exigence
complémentaire pour le stockage, l’entretien, l’exposition ou l’accès aux biens culturels doit être
précisée dans ce document.

6
Le Conservateur-Restaurateur est notamment compétent pour :

- développer des programmes et des études de conservation-restauration.


- apporter conseil et assistance technique pour la conservation-restauration des biens
culturels.
- fournir des rapports techniques sur les biens culturels en excluant toute appréciation sur
leur valeur marchande.
- conduire des recherches relatives à la conservation-restauration.
- contribuer aux programmes d'éducation et d'enseignement.
- diffuser des informations liées aux examens, aux traitements et aux recherches.
- promouvoir une meilleure connaissance de la conservation-restauration.

Vous aimerez peut-être aussi